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134 À la Belle Porte À la Belle Porte Ouvrez-moi les portes de la justice; j’y entrerai, je célébrerai Jah. c’est ici la porte de l’Éternel: les justes y entreront. Je te célébrerai, car tu m’as répondu, et tu as été mon salut. Psaumes 118:19-21 Dans ce chapitre, il sera question du côté sud de l’enceinte du Temple. Nous examinerons la Belle Porte, en- trée principale du peuple au Temple, et la triple porte réservée aux sacrifi- cateurs. Nous parlerons ensuite des boutiques et des bains rituels qui ont été mis au jour à proximité de cette entrée. Enfin, nous examinerons, près de la triple porte des sacrifica- teurs, le bâtiment du petit sanhédrin. L’accès normal du peuple pour mon- ter au Temple se trouvait au sud 1 . Il y avait là un grand parvis pour accueillir les milliers de visiteurs, en particulier lors des grandes fêtes: la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles. Alors que les sacrificateurs montaient sur l’esplanade du Temple en entrant par la triple porte du sud-est, le che- min d’accès habituel pour le peuple était la double porte du sud-ouest, celle qui est appelée «la Belle Porte» 2 en Actes 3:2,10 3 . On comprend pour- quoi l’escalier était beaucoup plus étroit devant la triple porte que pour la montée vers la double porte 4 : pour Ill. 33 L’accès à la Belle Porte 1 Ouverture droite murée de la Belle Porte. Sur le côté droit, l’endroit où le paralysé d’Actes 3 avait l’habitude de mendier 2 Construction datant des croisés 5 qui couvre une partie de la Belle Porte 3 Marches d’escalier vers la Belle Porte 4 Mosquée El Aksa

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134 À la Belle Porte

À la Belle Porte

Ouvrez-moi les portes de la justice;j’y entrerai,je célébrerai Jah.c’est ici la porte de l’Éternel:les justes y entreront.Je te célébrerai,car tu m’as répondu,et tu as été mon salut.

Psaumes 118:19-21

Dans ce chapitre, il sera question du côté sud de l’enceinte du Temple. Nous examinerons la Belle Porte, en-trée principale du peuple au Temple, et la triple porte réservée aux sacrifi-cateurs. Nous parlerons ensuite des boutiques et des bains rituels qui ont été mis au jour à proximité de cette entrée. Enfin, nous examinerons, près de la triple porte des sacrifica-teurs, le bâtiment du petit sanhédrin.L’accès normal du peuple pour mon-ter au Temple se trouvait au sud1. Il y avait là un grand parvis pour accueillir les milliers de visiteurs, en particulier lors des grandes fêtes: la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tabernacles. Alors que les sacrificateurs montaient sur l’esplanade du Temple en entrant par la triple porte du sud-est, le che-min d’accès habituel pour le peuple était la double porte du sud-ouest, celle qui est appelée «la Belle Porte»2 en Actes 3:2,103. On comprend pour-quoi l’escalier était beaucoup plus étroit devant la triple porte que pour la montée vers la double porte4: pour

Ill. 33 L’accès à la Belle Porte1 Ouverture droite murée de la Belle Porte. Sur le côté droit, l’endroit où le paralysé d’Actes 3 avait l’habitude de mendier 2 Construction datant des croisés5 qui couvre une partie de la Belle Porte 3 Marches d’escalier vers la Belle Porte 4 Mosquée El Aksa

135L’escalier du peuple

la masse du peuple, il fallait beaucoup plus d’espace que pour les sacrifica-teurs.

L’escalier pour le peupleL’escalier pour le peuple6 avait une largeur monumentale de 64 m7. Les 30 marches qui couvraient une diffé-rence de niveau de 6,7 m, variaient en profondeur de 30 à 90 cm ain-si qu’en hauteur de 18 à 25 cm8. Les architectes du Temple l’avaient conçu ainsi tout à fait sciemment pour qu’il soit pratiquement impossible de mon-ter ces degrés à la hâte: tous les visi-teurs étaient ainsi contraints de mon-ter au Temple d’un pas digne.Certaines marches ont été taillées directement dans le rocher du Mont Sion, d’autres ont été aménagées à l’aide de grandes pierres9.Ces marches pour le peuple aboutis-saient en haut sur une allée d’environ 6,4 m de large qui courait le long de la Belle Porte d’ouest en est. Elle était constituée d’énormes pavés, dont le plus grand retrouvé couvre une sur-face de 11 m2.

Ill. 34 Les marches devant la Belle Porte taillées en grande partie direc-tement dans le rocher.

1 Arrière-plan historique: Jérusalem à l’époque de David s’étendait sur la pente sud du Mont Sion. Plus tard, Salomon a élargi la ville vers le nord et a construit la Maison du Temple au sommet du Mont. C’est pour cela que le chemin normal vers le Temple montait depuis le sud.

2 En grec: hê thyra hê hôraia (Act 3:2) ou hê hôraia pylê (Act 3:10).

3 Dans la littérature on trouve souvent, pour la double porte et pour la triple porte, le terme de «Portes de Hulda» (p. ex. RAS-MUSSEN: Historisch-geographischer Atlas zur Bibel, p. 195). Or ce n’est pas correct. L’identification erronée de ces entrées au sud de l’enceinte du Temple avec les Portes de Hulda s’explique parce que, dans le trai-té Middoth du Talmud, les portes du sud du Mont du Temple sont appelées «Portes de Hulda» (TB middoth I:3). Mais, il faut consi-dérer que, dans le Middoth, il n’est question que de l’espace saint de l’enceinte du Temple, c.-à-d. uniquement le Carré de 500 coudées (= l’ancienne place du Temple de Salomon; cf. TB middoth II:1). Ce docu-ment ne concerne donc pas les extensions hérodiennes ! Les deux portes sur l’Ophel donnaient chacune dans un tunnel qui se prolongeait par des escaliers et débouchait sur l’esplanade du Temple devant les Portes occidentales et orientales de Hulda.

«Hulda» (hébreu chouldah) signifie «taupe». On conçoit bien que ce terme de «Porte de Hulda» n’a rien à faire avec Hul-da, la prophétesse de l’AT (cf. 2Chr 34:22). Ce nom indique seulement que pour accé-der au Carré de 500 coudées par le sud, il fallait obligatoirement passer, comme une taupe, par un passage souterrain.

4 Flavius Joseph mentionne ces accès du mur sud, mais sans indication de nom (FLAVIUS: Antiquités Judaïques XV:11.5).

5 RITMEYER: The Archaeology of Herod’s Temple Mount, p. 14.

6 Cet escalier est mentionné dans le TB be-rakhoth 58a.

7 RITMEYER: Reconstructing Herod’s Temple Mount in Jerusalem, p. 36.

8 BEN-DOV: In the Shadow of the Temple, p. 113.

9 RITMEYER: The Archaeology of Herod’s Temple Mount, p. 13.

136 À la Belle Porte

Le massif rocheux du Mont SionEn relation avec les marches taillées dans le rocher apparent, on peut en-core signaler que tout le sous-sol du Mont du Temple est un seul massif ro-cheux. Le mot hébreu pour ce phéno-mène géologique est sela’.Dans plusieurs passages de l’AT, Dieu, qui offre sécurité et certitude aux hommes qui lui font confiance, est désigné par le mot sela’ 11. De ce point de vue, les versets d’introduc-tion du psaume 40, régulièrement chantés par le chœur du Temple ac-compagné par l’orchestre des lévites, revêtent une signification tout à fait particulière et spécifique, Psaumes 40:1-4:

Ill. 36 Esquisse archéologique de la Belle Porte1 Linteau de la Belle Porte encore visible aujourd’hui avec, au dessus, l’arc de décharge10 2 Porte murée 3 Linteau de l’époque islamique 4 Espace caché par un édifice de l’époque des croisés 5 Porte gauche de la Belle Porte

Ill. 35 Le plus grand pavé devant la Belle Porte (11 m2)

137L’escalier du peuple

[1] J’ai attendu patiemment l’Éter-nel;et il s’est penché vers moi,et a entendu mon cri.[2] Il m’a fait monter hors du puits de la destruction,hors d’un bourbier fangeux;et il a mis mes pieds sur un roc [sela’],il a établi mes pas.[3] Et il a mis dans ma bouche un cantique nouveau,la louange de notre Dieu.Plusieurs le verront et craindront,et se confieront en Éternel.[4] Bienheureux l’homme qui a mis en l’Éternel sa confiance,et ne s’est pas tourné vers les or-gueilleuxet ceux qui se détournent vers le mensonge!

Ill. 37 Tirza Liebi (6 ans) sur les marches d’origine, taillées à même le roc du Mont, qui montaient à la Belle porte. Sur ces marches, Jésus le Messie et ses apôtres montaient et remontaient régulièrement vers le Temple.

10 L’arc de décharge reportait le poids des pierres du linteau vers ses extrémités sou-tenues par les poteaux de la porte. Cette construction assurait la solidité du linteau de l’ouverture de la porte.

11 Quand l’AT parle de Dieu comme du rocher, c’est souvent le mot sela’ qui est utilisé mais aussi le mot tzour. Les deux expressions se recouvrent partiellement. Cependant, quand on les oppose, elles peuvent avoir les sens suivants: sela’ indique plutôt le massif rocheux, tzour désigne plus précisément un bloc de roche en particulier. Il est intéres-sant de remarquer que les deux histoires si-milaires du début et de la fin du voyage d’Israël dans le désert, où chaque fois l’eau a coulé d’un rocher, se distinguent juste-ment par ces notions: en Ex 17:6, on trouve le mot tzour et en Nomb 20:8, le mot sela’; tzour devait être frappé, mais pas sela’, Moïse devait lui parler.

D’après 1Cor 10:4, le rocher en Exode 17 symbolise Christ: c’est le Christ humilié (cf. Phil 2:5-8) qui devait être frappé par Dieu à la croix (cf. És 53:10). De là, devait jaillir la bénédiction divine (l’eau du rocher). Après sa résurrection, Christ élevé au-dessus de tout (Phil 2:9-11; cf. le massif rocheux en Nomb 20:8) ne doit plus jamais mourir, ni être frappé (Rom 6:9-10). Toutefois nous pouvons nous adresser à lui par la prière.

138 À la Belle Porte

La citadelle du Temple sur le massif rocheuxFondé sur sela’ de Sion, tout le com-plexe du Temple entouré de ses ro-bustes murs d’enceinte, se présentait comme un bastion protecteur12 face aux attaques militaires. En hébreu, on peut aussi désigner un tel édi-fice par le terme metzoudah (= lieu fort de montagne, refuge). Les ver-sets suivants de l’AT, dans lesquels les deux mots sela’ et metzoudah13 font ensemble référence à Dieu, méritent d’être spécialement mentionnés:

2 Samuel 22:2 et Psaumes 18:3a:L’Éternel est mon rocher [sela’] et mon lieu fort [metzoudah],et celui qui me délivre.

Psaumes 31:3-4: [3] Incline vers moi ton oreille,hâte-toi, délivre moi;sois pour moi un rocher [tzour], une forteresse,une maison [qui me soit] un lieu fort [beth metzoudoth]14 afin de me sauver.[4] Car tu es mon rocher [sela’] et mon lieu fort [metzoudah];à cause de ton nom, mène-moi et conduis-moi.

Psaumes 71:3: Soit pour moi un rocher [tzour]15 d’habitation, afin que j’y entre continuellement;tu as donné commandement de me sauver,

Ill. 38 La triple porte murée au début de l’époque islamique (VIIe siècle) marque l’emplacement de l’ancienne porte sud des sacrificateurs. Cette porte avait une largeur de 15,2 m17 et, par un tunnel et un escalier, menait à la Porte orientale de Hulda, sur l’esplanade du Temple. À droite de l’entrée, il y avait une salle immense (aujourd’hui appelée les écuries de Salomon) qui servait, peut-être, pour du stockage18.1 Unique pierre d’origine du poteau de la porte des sacrificateurs

139À propos du nom de la Belle Porte

car tu es mon rocher [sela’] et mon lieu fort [metzoudah]16.

À propos du nom de la Belle PorteGrâce au dessin de reconstitution de la Belle Porte (ill. 41), on com-prend le sens du nom19 donné à l’ac-cès principal au Mont du Temple. En effet, après la porte, l’intérieur de la construction était orné de coupoles légèrement bombées, magnifique-ment décorées (cf. ill. 40) et soute-nues par des colonnes. Les ingénieux motifs géométriques et végétaux étaient profondément taillés dans la pierre. On trouve ici, pour la première fois dans l’histoire de l’architecture,

Ill. 39 Le linteau d’origine de l’entrée droite de la Belle Porte1 Linteau d’origine avec, au dessus, l’arc de décharge 2 Décors du linteau de l’époque islamique

12 Cf. en Dan 11:31, le terme utilisé pour l’en-ceinte du Temple est «forteresse» (ma’oz).

13 Bien sûr, le terme metzoudah, dans les pro-pos de David, se réfère à la «caverne d’Adul-lam» et à «la forteresse de Sion» (cf. le mot metzoudah en 1Sam 22:4,5 et 2Sam 5:7). Mais il existe aussi une connexion avec le Temple. C’est David lui-même qui a rédigé, sous l’inspiration de l’Esprit saint, le rouleau du Temple avec les plans de construction d’un Temple fortifié sur le Mont Sion (1Chr 28:11&s.).

14 metzoudoth = pl. de metzoudah.15 Il sera question plus loin de la signification

du terme tzour en relation avec le Rocher qui se trouve dans l’actuelle Mosquée d’Omar.

16 Pour metzoudah v. aussi: Ps 91:2; 144:2.17 Par ailleurs cela correspond aussi à la lar-

geur de l’Arche de Robinson. L’ouvrage sui-vant concernant la porte des sacrificateurs sur l’Ophel est intéressant et riche en expli-cation: RITMEYER: Reconstructing the Triple Gate, p. 49-53.

18 BEN-DOV: In the Shadow of the Temple, p. 91.

19 En fait, dans la littérature spécialisée, la «Belle porte» a été identifiée par erreur à d’autres portes du Temple:

1. la Porte orientale du Carré de 500 cou-dées (Porte de Shushan ou Suse)

2. la porte orientale de la Cour des femmes 3. la Porte de Nikanor, l’accès depuis la Cour

des femmes vers le Camp de la Shékhinah (cf. MARSHALL: The Acts of the Apostles, p. 87)

À mon avis, toutes ces identifications sont incorrectes:

En effet, il ressort d’Act 3:3 que c’était par la «Belle Porte» qu’on entrait dans l’enceinte du Temple (en grec hieron). Selon Act 3:2,3,8 et 10, le paralysé à la Belle Porte se trouvait à l’extérieur de l’hieron. Or la Porte orientale de la Cour des femmes et la Porte de Nikanor se trouvaient à l’intérieur de l’hieron. (Même si on pense qu’hieron pour-rait aussi avoir un sens plus étroit et dési-gner les parvis intérieurs de l’enceinte du Temple [cf. FLAVIUS: La Guerre des Juifs V:5.2], cela ne change tout de même rien à ce fait. On doit considérer, en effet, que d’après l’inscription trouvée par C. Clermont Ganneau, tout le domaine à l’intérieur du mur de séparation est désigné par le terme hieron). La citation d’Actes 3 ne convient donc certainement pas aux portes (2) et (3).

140 À la Belle Porte

cette manière très spéciale de réali-ser des coupoles20. Ainsi le tunnel qui faisait suite à la Belle Porte était un véritable hall d’exposition des capaci-tés architecturales de la haute civili-sation de l’époque21.Quatre de ces coupoles n’ont pas été détruites22 en 70 ap. J.-C. mais les non Musulmans n’y ont absolument pas accès. La double porte et la triple porte ont été murées en 1536-1538, quand les Turcs ont construit le mur d’enceinte actuel de la vieille ville.

La guérison de l’infirme à la Belle PorteLa guérison du paralytique a eu lieu en haut de l’escalier monumental de-vant la «Belle Porte»; elle est décrite en Actes 3:1-11:

[1] Pierre et Jean montaient au temple23 à l’heure de la prière, la neuvième24, [2] au moment où l’on portait un homme infirme de naissance, qu’on installait tous les jours à la porte du temple appe-lée la Belle25, pour demander l’au-mône à ceux qui entraient dans le temple. [3] Voyant Pierre et Jean sur le point d’entrer dans le temple, il leur demandait l’aumône. [4] Mais Pierre fixa les yeux sur lui, ainsi que Jean, et dit: Regarde-nous.[5] Il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir d’eux quel-que chose.[6] Mais Pierre dit: Je ne possède ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne: Au nom de Jésus

Ill. 40 La coupole richement décorée avec des motifs géométriques et végé-taux dans le tunnel de la Belle Porte, en dessous de la Mosquée El Aksa

141La guérison de l’infirme à la Belle Porte

le Messie, le Nazaréen, lève-toi et marche.[7] Puis il le saisit par la main droite, et le fit lever: à l’instant, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes; [8] d’un bond il fut de-bout et se mit à marcher; il en-tra avec eux au temple, marchant, sautant et louant Dieu. [9] Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu; [10] on le reconnaissait: c’était bien lui qui était assis, pour de-mander l’aumône, à la Belle porte du temple; alors ils furent remplis de stupeur et d’un profond étonne-ment à cause de ce qui lui était ar-rivé. [11] Comme lui ne quittait pas Pierre et Jean, tout le peuple, stu-péfait, accourut vers eux au por-tique appelé portique de Salomon.

Signification de la guérison de l’infirmeLe paralysé de la Belle Porte sym-bolise tout simplement tous les hu-mains. Il était incapable de se mou-voir et d’agir. En réalité, du point de vue de Dieu, nous sommes par nous-même, dès notre naissance, sans force et incapables de marcher et d’agir en conformité avec la Loi de Dieu26.Le paralysé pouvait rester assis à l’extérieur devant l’entrée, mais il n’avait aucune possibilité d’aller au Temple avec ses propres forces pour rencontrer Dieu. Il en est de même pour nous, si nous considérons notre position naturelle devant Dieu, nous sommes dehors, devant la porte27.Mais le Ressuscité, Jésus le Messie, a donné au paralysé la capacité de se lever et d’entrer dans le Temple. C’est uniquement par une rencontre personnelle avec Jésus-Christ, que l’homme peut recevoir d’en haut la capacité de marcher dans la com-

La Belle Porte est mentionnée, en Act 3:2, avec l’article déterminé la porte du Temple (en grec hê thyra tou hierou). Cela convient très bien à la porte du sud-ouest sur l’Ophel parce qu’il s’agissait de l’accès principal au Temple pour le peuple.

La Porte orientale (= Porte de Shushan) se trouvait placée légèrement plus bas que l’actuelle Porte Dorée (il en sera question plus loin). Certes, elle menait directement dans le Carré saint de 500 coudées, mais ce n’était absolument pas un accès normal pour le peuple. Cela se déduit de middoth I:3, où il est souligné que les Portes de Hul-da et la Porte de Coponius étaient destinées à l’entrée et à la sortie alors que la Porte de Shushan était spécialement réservée au souverain sacrificateur. Comme nous le ver-rons plus tard, c’est par cette porte que l’on sortait le bouc émissaire, le grand jour de propitiation, lors d’une marche solennelle, pour qu’il emporte le péché d’Israël dans le désert. De même la génisse rousse était amenée par cette sortie vers le Mont des Oliviers pour y mourir en sacrifice pour le péché. Cet endroit était certainement parti-culièrement protégé à cause de la pureté ri-tuelle. D’autre part la Porte orientale était peu accessible depuis la ville pour de grandes foules, car on n’y accédait que par un étroit couloir entre le mur du Temple et le rempart situé à quelques mètres (cf. ill. 31). Pour des raisons «stratégiques», cette porte n’aurait donc pas convenu à un men-diant comme le paralysé d’Actes 3. Un men-diant est placé là où passent le plus grand nombre de personnes, et l’accès principal du Temple, à la double porte de l’Ophel, était justement l’endroit idéal.

On peut encore ajouter ceci: en Act 3:8 l’en-trée du paralysé guéri est décrite comme un long processus: «(...) d’un bond il fut de-bout et se mit à marcher; il entra avec eux au temple, marchant (partic. prés.), sautant (partic. prés.) et louant (partic. prés.) Dieu». (Le participe présent indique une ac-tion concomitante au verbe principal [«il en-tra»]). Cela convient très bien au long tun-nel après la porte du sud-ouest de l’Ophel.

20 RITMEYER: The Archaeological Develop-ment of the Temple Mount in Jerusalem, p. 240-242.

21 RITMEYER: Alec Garrard’s Model of the Sec-ond Temple, p. 12.

22 On trouve des photographies dans: RIT-MEYER: Reconstructing Herod’s Temple

142 À la Belle Porte

munion avec l’Éternel et vivre selon Dieu28.Celui qui avait été guéri sauta de joie devant la Belle Porte et loua Dieu (Act 3:8). Du fait des dispositions architec-turales de l’accès principal au Temple, il n’était vraiment pas évident de sau-ter à cet endroit. Mais je suppose que nous comprenons sans peine la joie qu’éprouvait celui qui avait rencontré le Messie à la Belle Porte.Aujourd’hui aussi, chaque fois qu’un homme rencontre le Ressuscité et s’attache à lui par une foi vivante, ce qui est ordinaire et quotidien acquiert une tout autre dimension; c’est une guérison qui rehausse tout.

Les boutiquesLe long du mur sud de l’enceinte du Temple, à droite et à gauche de la

double porte et de la triple porte, ain-si que le long du mur ouest, il y avait de nombreuses boutiques. C’était très pratique, tout particulièrement pour ceux qui venaient de loin pour les grandes fêtes du Temple, comme de la Galilée ou même de l’étranger.La proximité directe du quotidien et de la sainteté du Temple pourrait sembler étrange à l’un ou l’autre des lecteurs. Mais il y a dans ce fait même une instruction importante: une vraie vie de foi ne sépare pas le quotidien du divin. La foi biblique conduira jus-tement à réaliser la présence de Dieu dans tous les détails de la vie, en fai-sant des courses, en faisant le mé-nage, en changeant un bébé, en tra-vaillant au bureau, en se promenant, enfin partout et toujours. La commu-nion avec l’Éternel ne peut pas se ré-

Ill. 41 Dessin de reconstitution de la Belle Porte

Ill. 42 L’endroit exact, où le paralysé mendiait à l’entrée de la Belle Porte

143Les boutiques

duire à certains domaines de la vie. Il est merveilleux de constater qu’un Dieu si grand s’intéresse non seule-ment aux grandes choses de notre vie, mais aussi aux petites choses du quotidien qui nous apparaissent par-fois un peu grises et répétitives.Plus loin, nous verrons comment le Seigneur Jésus a chassé les ache-teurs et les vendeurs dans le Portique Royal29. Il est bien compréhensible que le vacarme de ce marché soit in-compatible avec le recueillement de-vant Dieu. En fait – du moins lors de la seconde purification –, cette situa-tion constituait aussi une concurrence déloyale, faisant du Temple une «ca-verne de voleurs». Par principe cela ne pouvait être toléré. Les purifica-tions du Temple par Jésus ne sont donc pas en opposition avec la mise en pratique des principes spirituels.

Ill. 43 Lors de la destruction du Temple en 70, l’incendie a fait de gros dégâts. Au centre: le mur sud avec, à droite de la triple porte pour les sacri-ficateurs, la voûte d’accès d’une bou-tique maculée par les traces du feu. C’est encore bien visible en regardant de près.

Mount in Jerusalem, p. 38-39; SHANKS: Ex-cavating in the Shadow of the Temple Mount, p. 31.

23 Grec hieron; = l’enceinte du Temple dans son sens global, c.-à-d. la Maison du Temple et l’ensemble de tous les parvis et les bâti-ments annexes. Ainsi aussi dans les versets 2, 3, 8 et 10.

24 C.-à-d. vers 15h00, à l’occasion de l’of-frande de l’holocauste quotidien du soir. Les heures de prière des sacrifices quotidiens étaient aussi observées en dehors du Temple (cf. Mat 6:5). Cela explique pour-quoi Corneille était en prières vers la «neu-vième heure», selon Act 10:3,30.

25 Grec hôraia. En latin, l’adjectif aurea (= do-rée; fém.) sonne de la même façon. Cette proximité de consonance eut un effet éty-mologique pour le peuple qui créa le nom latin de porta aurea («porte dorée»). Mais, jusqu’à aujourd’hui, c’est l’accès oriental conduisant au Carré de 500 coudées qui fut désigné ainsi à la suite d’une double erreur (une traduction inexacte et une identifica-tion inexacte).

26 Cf. Rom 5:6; 3:9-12; Act 15:10.27 Cf. à ce sujet És 59:2. Les murs du Temple marquent distincte-

ment la séparation entre le domaine du «dehors» et le domaine du «dedans». C’est aussi parfaitement valable pour l’Église se-lon 1Cor 5:12-13 et Col 4:5.

28 Jean 14:6; Gal 2:20.29 Mat 21:12-17; Marc 11:15-19; Luc 19:45-

46; Jean 2:13-22.

144 À la Belle Porte

Les bains rituelsLe bâtiment directement à droite de l’escalier monumental était une mai-son publique de bain rituel. Selon la Torah, celui qui désirait rencontrer Dieu dans le Temple devait d’abord se purifier. Parmi les différentes possibi-lités de purification, les bains rituels pour le corps et les vêtements te-naient une place primordiale. Le quo-tidien juif en était formellement im-prégné30.

La souillure selon le livre du LévitiqueIl convient de faire ici quelques re-

marques essentielles sur la souillure et la purification rituelles selon les instructions de Moïse. Ce sujet est très complexe en lui-même, mais on peut saisir de façon simple le mes-sage symbolique qui s’y trouve si on établit avant tout que les souillures lévitiques sont pratiquement toutes, au sens le plus large, liées à la mort et à la naissance31. Préparés par ces symboles, deux enseignements bi-bliques essentiels, développés dans le NT, deviennent parfaitement clairs:

L’homme naît dans le péché. Cela veut dire qu’il vient au monde

Ill. 44 Ruines des boutiques le long du mur ouest du Temple

145Les bains rituels

avec une nature pécheresse, pervertie et souillée, héritée d’Adam, qui le pousse au mal si bien qu’il prend l’habitude de pécher32 (cf. Rom 5:12&s.; dans l’AT: Ps 51:6; Job 14:4).

La mort est le salaire du péché33 (Rom 6:23).

La souillure lévitique enseigne de fa-çon tout à fait générale que le pé-ché rend l’homme impur et sale34. Les possibilités de purification rituelles selon la loi de Moïse indiquent dans un langage symbolique le chemin du salut prévu par Dieu; ce chemin tire l’homme hors du dilemme de la souillure du péché et le conduit à la communion avec l’Éternel.

Ill. 45 Bain rituel public à côté de l’es-calier monumental1 Chemin large pour descendre 2 Chemin étroit pour monter 3 Sépa-ration entre les deux chemins 4 Bas-sin de purification

30 Cf. Lév 14:8,9; 15:5,6,7,8,10,11,13,16,18,21,22,27; 16:4,24,26,28; 17:15; 22:6; Nomb 19:7,8,19,21; Deut 23:11; Jean 13:10; Tite 3:5; Héb 6:2; 9:10; 10:22.

31 Cf. p. ex. Lév 12: accouchement; Lév 15: flux découlant des organes génitaux; Nomb 19: contact avec un mort etc.

32 La lettre aux Romains enseigne dans sa pre-mière partie (1:18 à 5:11) que tous les hommes ont péché. Mais, par la foi person-nelle en Jésus-Christ et son œuvre rédemp-trice à Golgotha, la grâce divine offre à tous le pardon et la justification devant Dieu.

La deuxième partie (5:12 à 8:39) expose que tous les hommes ont une nature péche-resse («le péché», «la chair»; = ce qu’on appelle le péché originel). Mais l’œuvre de salut de Christ à la croix a aussi apporté la solution divine à ce problème.

33 Selon Nombres 19, le contact avec les morts provoque la souillure rituelle. Pour com-prendre ce langage symbolique, il faut sa-voir que dans la figure de style appelée mé-tonymie, on remplace la cause par la conséquence (le résultat). On parle alors de «métonymie de cause» (cf. p. ex. en És 53:4: «langueurs» et «douleurs» signifient ici «péché» (cf. BÜHLMANN/SCHERER: Sprachliche Stilfiguren in der Bibel, p. 72&s.). La mort est le résultat ou la consé-quence, du péché (la cause). De la même façon en Nombre 19 la souillure par la mort signifie la souillure par le péché.

34 Le Seigneur Jésus a expliqué en Marc 7:17-23 que la souillure rituelle n’est pas en elle-même une souillure due au péché. Elle est seulement une image de la souillure par le péché. Dans ce passage, sont donnés des exemples de ce qui rend les hommes réelle-ment impurs (Marc 7:20-23): [20] Puis il dit: Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme; [21] car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent mau-vaises pensées, fornications, vols, meurtres, adultères, [22] cupidité, méchancetés, fraude, impudicité, œil méchant, injures, orgueil, folie: [23] toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme.

146 À la Belle Porte

Signification des ablutions rituellesÀ l’époque du Second Temple, la pu-rification résultait d’un lavage qui consistait à retirer tous ses vête-ments35 et à se plonger complète-ment dans un bain rituel contenant 40 se’ah (environ 292 litres)36 d’eau.37

Il y avait des instructions rabbiniques précises concernant la construction des bains rituels et la qualité de l’eau de purification38. Ce n’est qu’en res-pectant ces règles que l’eau était considérée comme pure39. La «doc-trine des ablutions» par ces bains ri-tuels appartenait en quelque sorte au b-a-ba du judaïsme (cf. Héb 6:1-2).

Les deux cheminsL’illustration 45 est la photo d’un bain rituel40 original de la maison publique de purification, situé à côté de l’es-calier monumental. On note que les marches qui mènent au bain sont di-visées par un muret en un chemin étroit et un chemin large. Impur, on descendait par le chemin large. Après s’être plongé dans le bassin, on faisait un demi-tour et, purifié on remontait par le chemin étroit41.On ne trouve pas cette disposition de chemin large et étroit dans tous les bains rituels. Mais on la trouve très souvent et à des endroits aussi diffé-rents que, par exemple, à Qumran et

Ill. 46 Bain rituel avec les deux chemins: un accès étroit (à droite) et un accès large (à gauche). Sur l’image, cela ne se voit pas clairement, parce que le che-min gauche n’est que partiellement visible. Situation: dans la proximité immé-diate de l’Arche de Robinson

147Les bains rituels

dans les excavations du quartier juif de la vieille ville de Jérusalem42. On a découvert qu’à l’époque du Second Temple, les bains rituels étaient ex-trêmement nombreux. On a même déterré, un peu plus loin dans le quartier juif, deux bains rituels où les accès aux chemins de l’impureté et de la pureté sont marqués par deux portes juxtaposées43.Dans un autre bain rituel mis au jour dans la proximité immédiate de l’Arche de Robinson, on voit aussi les marques d’emplacement pour deux accès (ill. 46). Il y a un large accès à gauche et, à l’opposé, le passage sur le côté droit semble une «porte étroite».La relation avec les paroles du Sei-gneur Jésus dans le Sermon sur la montagne saute tout simplement aux yeux, Matthieu 7:13-14:

[13] Entrez par la porte étroite; car large est la porte, et spacieux le chemin qui mène à la perdi-tion, et nombreux sont ceux qui s’y engagent; [14] car étroite est la porte, et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux sont ceux qui le trouvent.

Purification par la parole de DieuLa signification symbolique de l’eau du bain rituel est expliquée en re-lation avec la purification de l’Église chrétienne par Christ, en Éphésiens 5:25-27:

[25] Maris, aimez votre femme comme aussi le Messie a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, [26] afin qu’il la sanctifie, en la purifiant par le lavage d’eau par la Parole; [27] afin qu’il se pré-sente l’Église à lui-même, glo-rieuse, n’ayant ni tache, ni ride ni

35 TB yoma’ 70a.36 TB themourah 12a; TB ’eirouvin 35b.37 TB miqva’oth I:7.38 Cf. en part. le traité du Talmud miqva’oth (=

bains rituels).39 Cf. Héb 10:22: «et le corps lavé d’eau

pure.»40 Hébr. miqveh; pl. miqva’oth.41 TB sheqalim VIII:2.42 AVIGAD: The Herodian Quarter in Jerusa-

lem, passim.43 AVIGAD: The Herodian Quarter in Jerusa-

lem, p. 25, 57-59, 74. À ce sujet, il y a dans le TB bava’ metzi’a’ 84a un passage très in-téressant, où il est parlé d’un Rabbi qui s’as-seyait «à la porte du mikve».

148 À la Belle Porte

rien de semblable, mais afin qu’elle soit sainte et irréprochable.

D’après Éphésiens 5:26, l’eau de pu-rification est une image de la Parole de Dieu. Quand nous lisons la Bible, Dieu nous y révèle nos péchés et nos impuretés. Cette lecture doit toujours nous amener à reconnaître que Dieu nous purifie de nos péchés, exacte-ment selon 1Jean 1:9:

[9] Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous par-donner nos péchés et nous puri-fier44 de toute iniquité.

Par principe, l’homme doit un jour consciemment décider de quitter le chemin large de l’impureté et du pé-ché en changeant complètement de direction, une volte-face de 180° vers le chemin étroit qui mène à la vie. C’est ce que l’Écriture Sainte appelle la «conversion»45.Cependant la personne convertie doit aussi constamment examiner46 sa vie en présence de Dieu et se lais-ser corriger par la Bible. En 1 Corin-thiens 11:28 et 31, Paul appelle cela «s’éprouver soi-même» ou «se juger soi-même». Exactement comme le bain rituel faisait partie du quotidien normal dans le judaïsme (Héb 6:1-2; 9:10), ainsi l’autocontrôle et la puri-fication quotidiens à la lumière de la Bible font absolument partie de la vie chrétienne normale47.

Purification par le sang de JésusL’eau des bains rituels représente, d’une part la mise en évidence des pé-chés par la Parole de Dieu et d’autre part le sang de Jésus-Christ qui puri-fie des péchés (1Jn 1:7). Le lien entre l’eau et le sang n’est pas éloigné, car

le sang est composé d’un très grand pourcentage d’eau48. Ainsi les pas-sages faisant allusion aux bains ri-tuels deviennent bien plus compré-hensibles dans le NT. Dans le chapitre d’introduction du dernier livre du NT, le Sauveur victorieux est loué par son peuple avec ces mots chaleureux, Apocalypse 1:5b-6:

[5] À celui qui nous aime, et qui nous a lavés49 de nos péchés dans son sang [6] – et il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père –, à lui la gloire et la force aux siècles des siècles50! Amen.

Dans la deuxième partie d’Apocalypse 7, Jean voit une foule innombrable de rachetés de toutes nations et tribus et peuples et langues. On lui explique de qui il s’agit, Apocalypse 7:14:

[14] Il me dit: ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation51; ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.

Dans les bains rituels juifs on lavait le corps et aussi les vêtements52 rituel-lement souillés. À cet égard, le pas-sage cité d’Apocalypse 7 est remar-quable, puisque c’est précisément de cela qu’il est question. Les vêtements évoquent notre apparence et nos ha-bitudes quotidiennes. Pour nous hu-mains, ces domaines sont aussi en-tachés d’iniquités (cf. Jude 23) et ont besoin de la purification divine par l’œuvre expiatoire du Seigneur Jésus.

Le bain de la nouvelle naissanceEn Tite 3 la nouvelle naissance d’un homme à sa conversion est liée à l’image du bain rituel, Tite 3:4-7:

149Les bains rituels

[4] Mais, quand la bonté de notre Dieu sauveur et son amour en-vers les hommes sont apparus, [5] il nous sauva, non sur la base d’œuvres accomplies en justice que nous, nous aurions faites, mais selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération53 et le renouvellement de l’Esprit saint, [6] qu’il a répandu richement sur nous par Jésus, le Messie, notre Sauveur, [7] afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous deve-nions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle.

Entrée en présence de Dieu après le bain de purificationEn Hébreux 10, les rachetés de Christ sont encouragés à entrer dans la pré-sence directe de Dieu dans le sanc-tuaire céleste, ceci est possible en tout temps par la prière. Là aussi la purification de la souillure du péché est mise en évidence grâce à l’image du mikve, Hébreux 10:19-22:

[19] Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, [20] par le chemin nouveau et vi-vant qu’il a ouvert pour nous à tra-vers le voile, c’est-à-dire sa chair, [21] ayant aussi un grand sacrifica-teur [établi] sur la maison de Dieu, [22] approchons-nous avec un cœur vrai, en pleine assurance de foi, avec des cœurs par aspersion purifiés d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’eau pure.

Baptême chrétien et bains rituels juifsLe baptême chrétien54 ne doit pas être confondu avec la pratique juive des bains rituels ancrée dans la loi de

44 Le mot grec katharizô qui se trouve ici dans le Texte fondamental est un terme tech-nique pour la purification rituelle (cf. tous les passages où l’on trouve ce mot dans le NT: Mat 8:2,3; 10:8; 11:5; 23:25,26; Marc 1:40,41,42; 7:19; Luc 4:27; 5:12,13; 7:22; 11:39; 17:14,17; Act 10:15; 11:9; 15:9; 2Cor 7:1; Éph 5:26; Tite 2:14; Héb 9:14,22,23; 10:2; Jacq 4:8; 1Jn 1:7,9).

45 Cf. p. ex. Act 3:19; 11:21; 14:15; 15:3; 26:18.

46 Cf. la prière de David aux Ps 19:13-15 et 139:23-24.

47 Cf. des passages comme 2Cor 6:16 à 7:1 et Jude 23. Dans ces versets, la souillure lévi-tique par le contact avec un impur (cf. p. ex. Lév 5:2-3; Nomb 19:11,13,16) est appli-quée spirituellement à la vie chrétienne.

48 On peut remarquer, comment Jean 19:34-35 attire l’attention sur le fait que le sang du Seigneur Jésus s’était séparé en sang et en eau (la sédimentation du sang prouvant la mort; cf. aussi 1Jn 5:6-8).

49 Selon le TMNT (ROBINSON/PIERPONT); NESTLE-ALAND dit: «délivré».

50 = éternellement au sens absolu du mot.51 Dans le contexte, la foule innombrable des

rachetés de tous les peuples qui ont passé par la Grande Tribulation (Apoc 7:9-17) est distinguée de ceux qui sont scellés des 12 tribus d’Israël (Apoc 7:1-8).

52 TB miqva’oth X:4. Dans l’AT: Lév 11:25,28,32,40; 15:5,6,7,8,10,11,13,17, 21,22,27; 17:15; Nomb 19:7,8,10,21.

53 Ce passage ne permet pas d’enseigner une régénération par le baptême (ceci est faus-sement suggéré dans certaines traduc-tions). Dans Tite 3:5, il est parlé d’un «la-vage» (loutron) et non d’un «baptême» (baptisma), c’est donc une allusion aux bains rituels.

54 Cf. Act 2:38,41; 8:12-13,16,36,38; 9:18; 10:47-48; 16:15,33; 18:8; 19:5; 22:16; Rom 6:3-4; 1Cor 1:13-17; 15:29; Gal 3:27; Éph 4:5; Col 2:12; 1Pi 3:21.

150 À la Belle Porte

Moïse. Il ne faut toutefois pas négli-ger les connexions existantes. Natu-rellement ceci est aussi valable pour le baptême de Jean55.À côté des nombreuses significations du baptême chrétien, il faut en par-ticulier mentionner le symbolisme du lavage du péché et de l’impureté. Ananias de Damas a ainsi encouragé Saul après sa conversion à recevoir le baptême, Actes 22:16:

[16] Et maintenant, pourquoi tardes-tu? Lève-toi, sois baptisé, et lave-toi de tes péchés, en invo-quant son nom.

Baptême de la foule le jour de PentecôteLe jour de Pentecôte dont parle Actes 2, l’Esprit Saint est descendu du ciel.

Suite au vigoureux sermon de Pierre, 3000 Juifs se sont convertis. Ils ont tous été immédiatement baptisés au nom de Jésus-Christ (Act 2:38,41).On demande parfois: Où a-t-on bap-tisé cette foule, sachant qu’à Jérusa-lem il n’y a ni rivière ni lac? Mais il y avait les innombrables bains rituels, comme nous le confirment les fouilles entreprises de 1967 à aujourd’hui!On peut faire la remarque suivante: Pierre a commencé son sermon un peu après 9h0056 (Act 2:15). C’est l’heure approximative où l’on termi-nait l’offrande de l’encens57 et où l’on mettait l’holocauste quotidien du ma-tin sur le feu de l’autel58. À cette oc-casion, le peuple se rassemblait dans les parvis du Temple pour la prière et la bénédiction donnée par les sacrifi-cateurs59 (Nomb 6:22-27). Le minu-

Ill. 47 Bains rituels sur l’Ophel, au sud de la Belle Porte

151Les bains rituels

tage divin était parfait: juste à ce mo-ment-là, quand le peuple a afflué en grande foule à la Belle porte pour par-ticiper à la prière du matin, il a été confronté au miracle des langues60 de la Pentecôte et aussitôt après au ser-mon messianique de l’apôtre Pierre.Sur l’Ophel, c’est-à-dire sur la pente sud du Mont du Temple, devant la Belle Porte, – comme nous venons de le voir –, les excavations ont mis au jour des douzaines de bains rituels. Il y en a aussi de nombreux autres un peu plus loin, près de l’Arche de Robinson. Pour la foule affluant au Temple, il y avait donc aux abords de la Belle Porte, tout ce qui était né-cessaire à l’organisation d’un gigan-tesque baptême.

Signification de la fête de la PentecôteLa fête de la Pentecôte avait lieu 50 jours après celle des prémices61 que l’on célèbre lors de la récolte de l’orge (cf. Lév 23:16). Elle est aussi appe-lée «la fête des Semaines» (hébreu shavou’oth; Deut 16:10). La Pente-côte était l’une de trois grandes fêtes annuelles pour lesquelles chaque Juif était tenu de se rendre au Temple (Deut 16:16).

Les prémices de la récolte du fromentCe jour-là, une délégation repré-sentative du peuple, apportait au Temple, comme offrande de gâteau, deux pains avec du levain, faits avec les prémices de la récolte du froment (Lév 23:16-17; 2:12). Dans tous les autres cas, l’offrande de gâteau de-vait être sans levain (Lév 2:11). Le levain est dans l’Écriture une image du péché (cf. Mat 16:6,12; 1Cor 5:8). Cependant, l’effet du levain est neu-tralisé par la cuisson. Cette offrande

55 Cf. Mat 3:1&s.; Marc 1:4&s.; Luc 3:1&s.; Jean 1:19&s.; Act 1:5; 11:16; 13:24-25; 19:3-4.

56 Le jour (hébr. yom), au sens de la période lumineuse, dure de la première lueur du matin à l’arrivée des étoiles (Néh 4:21). À l’époque des évangiles, on divisait cette pé-riode en 12 heures (Jean 11:9; Mat 20:1&s.). Le jour le plus long en Israël dure 14h12 et le plus court 9h48. Malgré cette différence, le jour naturel était résolument divisé en 12 heures, tout au long de l’année. De ce fait, les heures ont été longtemps di-versement calculées (KEIL: Biblische Ar-chäologie, p. 345 et 348). Au jour le plus long, la durée de l’heure était de 71 minutes et au jour le plus court elle était de 49 mi-nutes. Ainsi, à la Pentecôte, «la troisième heure» d’Act 2:15 correspond à environ 9h30 du matin dans notre décompte ho-raire. À l’équinoxe de printemps comme à celui d’automne, le jour naturel s’étendait évidemment de 6h00 à 18h00.

57 Cf. Ex 29:38&s.58 Du thargoum qoheleth 10:16&s. (dans:

MIQRA’OTH GEDOLOTH, vol. V), on peut déduire qu’on ne mangeait rien au début du jour jusqu’à l’offrande de l’holocauste du matin. L’heure du petit déjeuner se situait donc vers la quatrième heure (environ 9-10h00).

59 Cf. Luc 1:10; thargoum shir ha-shirim 4:16 (dans: MIQRA’OTH GEDOLOTH, vol. III).

60 Le parler en langues n’a rien à voir avec le bégaiement et les sons incompréhensibles. Les premiers chrétiens étaient qualifiés par l’Esprit Saint pour parler parfaitement sans les avoir jamais apprises des langues in-nombrables, et même des dialectes (Act 2:4-11). Ce phénomène devait représenter pour Israël un «signe» très clair (cf. 1Cor 14:21-22): depuis ce jour-là, une nouvelle période de l’histoire sainte a commencé, dans laquelle Dieu ne parle plus dans une seule langue à un seul peuple, mais dans toutes les langues possibles pour atteindre tous les peuples (cf. LIEBI: Herkunft und Entwicklung der Sprachen, Kapitel 9: Zum Sprachenreden im NT).

61 Grec hê pentêkostê [hêmera]; = le cinquan-tième [jour] (1Cor 16:8; cf. Act 2:1; 20:16).

152 À la Belle Porte

est une image merveilleuse de l’Église chrétienne formée de pécheurs convertis. Le jour de Pentecôte, les croyants ont été constitués en un corps par l’Esprit Saint, le «corps de Christ» (1Cor 12:13). C’est ainsi qu’il peut être dit en 1 Corinthiens 10:17:

[17] Car nous, qui sommes un grand nombre, sommes un seul pain, un seul corps (...)

Quand Paul écrivit qu’il présentait comme une offrande de gâteau les personnes venues à la foi en Dieu par son service, il faisait clairement allu-sion à l’offrande de gâteau de la Pen-tecôte, Romains 15:15-16:

[15] Mais, en quelque mesure, je vous ai écrit avec plus de har-diesse, frères, comme si je ré-veillais vos souvenirs, à cause de la grâce qui m’a été donnée par Dieu [16] pour que je sois ministre [leitourgos] du Messie Jésus en-vers les nations, exerçant le sacer-doce [hierourgeô] dans l’évangile de Dieu, afin que l’offrande [pros-phora] des nations soit agréable, étant sanctifiée par l’Esprit Saint.

L’offrande des premiers fruits Dès la fête de Pentecôte, on com-mençait à apporter les premiers fruits au Temple (Ex 23:19; Nomb 18:13; Deut 26:1&s.). Ce prélèvement se

Ill. 48 Le petit sanhédrin à côté de l’escalier des sacrificateurs menant au Mont du Temple

153Les bains rituels

faisait entre la fête de la Pentecôte et celle des Tabernacles62. D’après le droit coutumier, selon ce qui est dit en Deutéronome 8:863, cet impôt était dû sur les sept produits du pays. Chaque propriétaire allait par les champs et attachait autour de certains fruits précoces un brin de jonc, ou un fil, et proclamait solennellement:

«Voici, ceux-ci sont les prémices!»64

L’offrande de ce prélèvement se dé-roulait selon les dispositions solen-nelles décrites en Deutéronome 26:1-11.Il est intéressant de constater que les croyants de l’Église fondée par Dieu le jour de Pentecôte (Act 2), sont ap-pelés dans le NT les «prémices» ou les «premiers fruits»65, par exemple en Jacques 1:1866:

[18] De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la véri-té, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures.

En Romains 8:23, les résultats pra-tiques de la délivrance que nous pos-sédons dès aujourd’hui sont appe-lés des «prémices» parce qu’ils sont un avant-goût de la pleine délivrance à venir. La délivrance complète du corps n’aura lieu qu’au retour de Christ (Rom 8:23b).Les premiers croyants d’une région sont aussi appelés les «prémices» (Rom 16:5; 1Cor 16:15). L’avant-garde du résidu croyant d’Israël re-çoit cette même appellation en Apo-calypse 14:4.

62 TB bikkourim I:3.63 ibid.64 TB bikkourim III:1 (trad. RL ).65 Grec aparchê.66 C’est ainsi que les rachetés du temps pré-

sent sont vus comme l’avant-garde de la ré-colte finale de tous peuples, tribus et lan-gues (cf. Apoc 7:9&s.).

154 À la Belle Porte

Le petit sanhédrin à l’entrée du TempleMitoyen de la maison publique de bains rituels mentionnée plus haut, à côté de l’escalier monumental, se trouvait un autre bâtiment (ill. 48). On peut l’identifier comme étant le palais de justice où siégeait le petit sanhédrin67 composé de 23 membres. Dans le TB sanhedrin 88a, il est clai-rement écrit qu’il y avait «à l’entrée du Mont du Temple» une cour de jus-tice de 23 membres.Lors des excavations sur l’Ophel vers les portes sud du Temple, on a décou-vert deux fragments d’une plaque sur laquelle est encore visible une partie du mot zeqenim (= anciens)68.Dans Tosephta II:6 du traité du Tal-mud Sanhedrin69, on dit que Rabbi Gamaliel avait l’habitude de s’asseoir avec les anciens sur les marches du Mont du Temple70.

Le petit sanhédrin que l’on trouvait aussi dans toutes les grandes villes juives71, est à distinguer du grand sanhédrin composé de 71 membres sous la présidence d’un souverain sa-crificateur.On parlera plus loin en détail de la plus haute instance judiciaire juive, le grand sanhédrin du Temple.La découverte suivante, faite par l’au-teur, confirme l’identification du bâti-ment précité comme le siège du petit sanhédrin: Ritmeyer72 a pu localiser exactement la Salle aux Pierres Tail-lées où siégeait le grand sanhédrin jusqu’en l’an 30 ap. J-C.73. En recher-chant les symétries sur le plan du Se-cond Temple, je me suis rendu compte que le bâtiment à gauche de la triple porte était exactement dans l’aligne-ment de la Salle aux Pierres Taillées (ill. 49). Quel peut être le sens pro-fond de cette particularité architectu-

Ill. 49 Le petit sanhédrin sur l’Ophel se trouvait dans l’alignement du grand sanhédrin dans la Salle aux Pierres Taillées (la perspective trompe un peu).

155Le petit sanhédrin à l’entrée du Temple

rale? Cette disposition géométrique des bâtiments exprimait évidemment que le petit sanhédrin correspondait dans sa jurisprudence à son modèle, le grand sanhédrin.

Le petit et le grand sanhédrin dans le Sermon sur la montagneDans le Sermon sur la montagne (Mat 5-7) il est question du petit et du grand sanhédrin. Le Messie Jésus expliqua en Matthieu 5:21-30 la si-gnification exacte des 6e et 7e com-mandements du Décalogue74. En re-lation avec le commandement «Tu ne tueras pas!»75 le Seigneur a expliqué que l’interdiction de tuer ne se limi-tait pas au fait de faire mourir illéga-lement un homme. Le 6e commande-ment est déjà transgressé dans son principe quand un sentiment de haine se lève dans le cœur. Le Messie a pris les choses à la racine et a expliqué comment le péché de meurtre prend naissance dans le cœur sous forme de colère et que, bien longtemps avant d’en venir au meurtre, il se mani-feste par des injures méprisantes et basses. Voici le texte de Matthieu 5:21-22:

[21] Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens: «Tu ne tueras pas»; et celui qui tuera sera pas-sible du jugement76. [22] Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère légèrement contre son frère77 sera passible du jugement [krisis]; celui qui dira à son frère: «raca»78, sera passible du juge-ment du sanhédrin [synedrion]; et celui qui dira «fou»79, sera passible de la géhenne du feu [geenna tou pyros].

67 «sanhédrin» = prononciation hébraïque du grec synedrion (= rencontre). La version la-tinisée est «synedrium».

68 BAHAT: The Illustrated Atlas of Jerusalem, p. 42.

69 Texte dans BAR ILAN’S JUDAIC LIBRARY.70 Autres passages où cet escalier est men-

tionné: TB shabbath 115a; TB sanhedrin 11a.

71 Dans les passages du NT où l’expression sy-nedrion est utilisée au pluriel, elle désigne les petits sanhédrins qui existaient dans beaucoup d’endroits (cf. Mat 10:17; Marc 13:9).

72 RITMEYER: The Tempel and the Rock, p. 60.73 TB shabbath 15a; TB rosh ha-shanah 31a;

TB sanhedrin 41a; TB ’avodah zarah 8b.74 Décalogue = les dix commandements; cf.

Ex 20 et Deut 5. 75 En Ex 20:13, le verbe utilisé ratzach signi-

fie: assassiner, tuer illégalement.76 L’expression grecque krisis désigne ici la

justice locale à 23, c.-à-d. le petit sanhé-drin. Il en est de même dans le verset sui-vant.

77 Le terme «frère» (hébr. ’ach) n’est pas l’équivalent de «prochain» (hébr. rea’ ) dans l’usage juif. Le «frère» indique un membre de la communauté religieuse israélite alors que le terme «prochain» a un sens beau-coup plus large (cf. STRACK/BILLERBECK: Kommentar zum Neuen Testament aus Tal-mud und Midrasch, vol. I, p. 276.)

78 Dans le Texte fondamental, on trouve ici un mot araméen transcrit en grec racha (= reqa’ = cavité, tête creuse, vaurien, idiot), un terme revenant souvent dans la littéra-ture rabbinique.

79 Grec moros. Ce mot signifie avant tout «stupide» ou «idiot» («insensé»). Mais, dans le langage rabbinique, ce terme (mo-ros ou mora’) est surtout utilisé comme un synonyme de «athée» (sans Dieu, quelqu’un qui ne tient aucun compte de Dieu) (corres-pondant au mot hébreu naval) ou « anar-chique» (sans loi) ou «impie» (sans foi) cor-respondant au mot hébreu rasha’ (STRACK/BILLERBECK: Kommentar zum Neuen Tes-tament aus Talmud und Midrasch, vol. I, p. 279-280).

156 À la Belle Porte

Cette déclaration en trois étapes est telle qu’elle atteint, avec la fin du ver-set 22, un sommet hyperbolique80:

Qui laisse la colère se lever dans son cœur, est passible du jugement devant le petit sanhédrin, la cour de justice de 23 membres qui a autorité pour punir de mort le crime capital.

Celui qui laisse sa colère s’exprimer en paroles qui méprisent l’intelligence de son frère, devra rendre des comptes devant l’instance des 71, c’est-à-dire devant la plus haute cour de justice juive sur terre.

Mais celui qui traîne dans la boue la dignité morale et religieuse de son frère dans la foi en usant de termes injurieux comme «athée» répondra directement devant la justice divine qui condamne à la damnation éternelle81.

Ordre d’entrée et de sortieAprès la Belle Porte, on marchait à droite dans le tunnel pour arriver en-suite par les escaliers sur la place du Temple, devant la Porte occidentale de Hulda. Quand on ressortait, on n’empruntait pas le même passage mais on devait utiliser celui du côté gauche [vu de l’extérieur]82. L’idée de cet ordre était évidemment inspi-rée d’Ézéchiel 46:9 qui révèle les ins-tructions pour le Temple du temps de la fin.

Aide spirituelle dans le tunnelToutefois, celui qui avait des diffi-cultés pouvait entrer dans le tunnel par la gauche. Pourquoi? C’était afin que tous ceux qui sortaient sachent que cette personne se trouvait dans une détresse intérieure. Il était usuel

pour ceux qui quittaient le Temple de se renseigner sur leur bien-être res-pectif. Cela donnait l’occasion d’en-courager la personne en difficulté et de la consoler83. C’est ainsi que les Juifs exerçaient dans le Temple, l’un envers l’autre, l’entraide spirituelle. C’est exactement ces soins mutuels responsables qui sont normaux et doivent être habituels dans l’Église chrétienne. Paul écrit à la jeune église de Thessalonique:

1 Thessaloniciens 4:18: Consolez-vous donc l’un l’autre par ces pa-roles. 1 Thessaloniciens 5:11: C’est pour-quoi exhortez-vous les uns les autres et édifiez-vous l’un l’autre, comme aussi vous le faites.

1 Thessaloniciens 5:14: Nous vous y exhortons, frères: avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, soyez patients envers tous.

On apprend par là que l’aide spiri-tuelle ne doit pas être seulement l’af-faire de spécialistes84. Non, il s’agit de quelque chose qui appartient intrinsè-quement et tout à fait naturellement au quotidien du peuple de Dieu.Si cela est pratiqué quotidiennement dans l’Église, ce traitement préven-tif permettra le plus souvent de ré-gler bien des problèmes avant qu’ils ne deviennent tels qu’ils nécessitent la consultation de spécialistes doués et formés à l’aide spirituelle.N’est-il pas remarquable que l’on puisse aussi apprendre quelque chose à propos de l’aide spirituelle au moyen de l’archéologie biblique?

157Ordre d’entrée et de sortie

80 STRACK/BILLERBECK: Kommentar zum Neuen Testament aus Talmud und Midrasch, vol. I, p. 275-276.

81 Accessoirement, on peut remarquer que chez les rabbins renommés du judaïsme, dénigrer (déprécier) une personne était également considéré comme une violation du 6e commandement (cf. CHILL: Die Mizwoth, p. 71 et 72).

82 TB middoth II:2.83 ibid.84 En parlant de «spécialistes», je pense aux

pasteurs qui, selon Éph 4:11, sont donnés par Christ à l’Église.