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Magazine du 1 er Régiment de Spahis - N°10 Décembre 2006 A L’OMBRE DU Dossier PeTiT sOLdaT deVieNdRa GRaNd Première sortie terrain pour les jeunes engagés arrivés début octobre. La découverte du métier au plus proche de la réalité.

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Magazine du 1er Régiment de Spahis - N°10 Décembre 2006

A L’OMBRE DU

Dossier

PeTiT sOLdaT deVieNdRa GRaNdPremière sortie terrain pour les jeunes engagés arrivés début octobre. La découverte du métier au plus proche de la réalité.

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In mémoriamGénéral Henri BerthetLe général Henri Berthet est décédé le 30 juin 2006 à l’âge de 92 ans.

Saint-Cyrien de la promotion de 1934, chef de peloton puis com-mandant d’escadron en 1939-40, il rejoint l’Algérie en 1941 et devient chef du 2e Bureau de la Brigade Légère Mécanique du général du Vigier qui donna naissance à la 1re DB. Pendant la campagne de libération de la France, il prend également le com-mandement d’un escadron de chars au sein du 5e Chasseurs d’Afrique et combat en Alsace et en Allemagne. En Indochine, il est sous-chef opérations pendant l’opération Atlante, avant de prendre le commandement des Spahis du 8e Algériens. En Al-gérie, il commande les Spahis du 1er Marocains de novembre 1958 à novembre 1960 (alors 21e RS) et prend ensuite le com-mandement opérationnel du secteur de Constantine. Après la Guerre d’Algérie, il est adjoint, puis commandant de division. Il quitte l’institution pour s’occuper pendant neuf ans du mandat financier d’un groupe immobilier, puis se consacre, à partir de 1984, à l’amicale des Anciens de la 1re DB.

La cérémonie religieuse, célébrée par le père Jean-Louis Théron, a eu lieu le 7 juillet en la chapelle de l’Ecole Militaire à Paris. De nombreuses personnes étaient présentes pour rendre un dernier hommage à ce soldat. La nombreuse famille du général était présente. Les camarades de combat du général Berthet étaient également présents, en grande majorité ceux de la 1re DB du gé-néral Touzet du Vigier. Le général Perrier témoigna de la carrière militaire du défunt, soulignant son action lors du débarquement de Provence.

Le général de corps d’Armée Arsène Woisard est décédé le 28 juin 2006 à l’âge de 82 ans.

Les honneurs militaires lui ont été rendus aux Invalides le 5 juillet 2006. Le général Woisard a été inhumé à Villelongue de la Salan-que (Pyrénées orientales).

Dès l’âge de 20 ans, il participe aux combats du maquis. En 1945, il intègre Saint-Cyr. En 1947, il est envoyé en Indochine à la tête d’un commando de partisans. Après un retour en métro-pole, il passe sept ans en Algérie. Il commande le 1er régiment de spahis de 1971 à 1973. Il rejoint ensuite le commandement des troupes françaises à Berlin, puis en 1975 le commandement de le 10e brigade motorisée. Il devient ensuite chef de cabinet du CEMAT avant de prendre le commandement de la 1re Division blindée à Trèves de 1979 à 1981. Le général Woisard termine sa carrière comme inspecteur de l’Arme Blindée Cavalerie entre 1981 et 1984..

GénéralArsène Woisard

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Editorial

Page 4La famille spahis rassemblée

Page 9Les forces rouges d'Inch'Allah

Page 10Petit soldat deviendra grand

Page 18Etoile des neiges

Page 20Le Tace Face de retour aux affaires

Page 20L'EAS à Vigipirate

Page 21Les spahis partent pour l'aventure

Page 22Le compas solaire Cole Mark III

Page 24Les fourragères des spahis

du 1er MarocainsPage 26

La neige résistera-t-elleau feu ardent du 4

Sommaire

N°10 - Décembre 2006

Toug, tough ou tûg : hampe ornée d’une queue de cheval, portant un fanion de commandement de spahis. Elle est sur-montée du fer de toug, composé d’une sphère, “la koura”, d’un croissant, le “hilal” et d’une étoile chérifienne pour les spahis marocains.

Photos 1re de couverture : Jean-François Tixier/1er régiment de spahis ; photo 4e de couverture : Jean-François Tixier/1er régiment de spahisConception graphique et mise en page de la partie rédac-tionnelle : Jean-François TixierConception du logo : Cyril Dumont

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En cette fin d’année 2006 paraît le numéro 10 de notre magazine semestriel “A l’om-bre du Toug”.

Les activités des escadrons ont été denses depuis cet été, et les articles consacrés aux unités en soulignent le rythme et la variété. Désormais regroupé à Valence au complet pour une année entière sans projections extérieures, le régiment se tourne résolument vers la formation individuelle de ses soldats et de ses cadres afin d’anti-ciper une projection importante à l’automne 2007, dont l’état-major du régiment. La préparation opérationnelle se poursuit, fortement contrainte par la disponibilité de nos engins blindés et qui demande de tous souplesse, compréhension, anticipation, mais aussi renoncements. La désignation du régiment comme expérimentateur de la future politique d’emploi et de gestion des parcs n’est donc pas une révolution, tant le bureau opérations instruction, le bureau maintenance logistique et les unités élémen-taires ont l’habitude de jongler avec les contraintes et les impératifs. Nous saurons remplir le contrat opérationnel pour peu que l’on garde un minimum de maîtrise dans nos choix d’utilisation et d’entretien des matériels compte tenu de nos objectifs. Je souhaite souligner l’abnégation de nos équipages blindés et de nos mécaniciens qui n’ont pas actuellement les moyens de faire correctement leur métier.Au delà des unités et services fortement impliqués dans la préparation opérationnel-le, il est bon de ne pas oublier nos services “organiques”, la direction des ressources humaines et la direction administrative et financière qui font un travail dans l’ombre, mais essentiel pour tous.

L’un des temps forts de ces derniers mois a été la commémoration de notre fête régi-mentaire Uskub, placée cette année sous le signe du lien avec nos anciens et avec les familles. Notre magazine fait une large place à l’évocation de ce week-end qui a per-mis à tous de passer un très bon moment. Que tous en soient remerciés, personnels du régiment, familles, anciens.

Le dossier central du magazine est consacré à la formation générale initiale. Nos jeunes engagés sont l’avenir du régiment, et la tâche de l’encadrement de contact est immense. Nous poursuivrons les efforts entrepris.

Le colonel Gilles Faure Commandant le 1er régiment de spahis

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EvènementUskub 2006

La famille

La commémoration de la prise d'Uskub, fête du régiment revê-tait le vendredi 20 et le samedi 21 octobre dernier, un petit air de fête de famille. Ainsi l'avait voulu le régiment.

Le challenge lancé par le colonel Faure était de réunir pour cette fête une communauté régimentaire élargie aux familles ainsi qu'aux Anciens du régiment. Un gros travail de recherche des jeunes an-ciens du régiment - ceux qui ont quitté l'unité depuis 1984 - avait été effectué en amont.

Au final une belle réussite puisque de nombreux jeunes ou grands Anciens, notamment ceux de la deuxième guerre mondiale, ou encore deux anciens chefs de corps, le général Grenaudier et le colonel Moné, se sont retrouvés au régiment dès le vendredi 20 au soir. Les familles ont aussi largement répondu à l'invitation. A tel point que les grandes tribunes mises en place pour la prise d'ar-mes se sont vite révélées trop petites.

La prise d'armes revêtait un caractère inédit sur deux aspects. Outre l’étendard, figurait sur les rangs une copie du fanion du chef de corps qui commandait le régiment à Uskub, le colonel Gues-pereau. Un véritable symbole. Cette prise d’armes était également l’occasion de mettre à l’honneur les anciens du régiment de la 2e division blindée du général Leclerc. Neuf d'entre eux avaient ef-fectué le déplacement. Leur émotion fut grande lorsque le 3e esca-dron vint se ranger devant eux et entonna le chant de la deuxième DB. Debouts. Larmes aux yeux. Nos anciens se mirent à chanter avec les jeunes spahis, dans un bel élan de fraternité entre généra-tions.

Une belle journée de retrouvailles de la communauté spahis, saluée par un soleil éclatant et une température quasi estivale.

rassembléespahis

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Ci-dessus, à gauche la copie du fanion du colonel Guespereau qui entraîna les troupes lors de la prise d’Uskub. A droite, le chef de corps passe les troupes en revue.Ci-dessous de gauche à droite, les autorités saluent l’étendard, l’étendard et sa garde, le brigadier Nicolas Veyron est décoré de la valeur militaire, le brigadier-chef Coquelle de la fanfare.

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La famillle spahis rassemblée

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En haut, un public nombreux avait répondu à l’invita-tion du régiment.Ci-dessus et à droite, neuf Anciens de l’association Ca-lot rouge et Croix de Lorraine étaient présents.En bas de gauche à droite, adieu aux armes du capi-taine Montastier, du major Dubois et de l’adjudant-chef Jacquier, dépôt de gerbe aux monument aux morts par le major (er) Défossé et le président des EVAT le brigadier-chef Vaïtilingom, défilé après la prise d’armes.

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Retrouvaillesconvivialitéet

Retrouvailles et convivialité pourraient être les deux maîtres mots qui caractérisent les journées du 20 et 21 octobre.

Retrouvailles, car ils étaient nombreux, les “jeunes anciens” du régiment à avoir fait le déplacement dès le vendredi soir. Accueillis par le chef de corps et son épouse, par le président des officiers et par le président des sous-officiers et son épouse, ils envahirent la salle à manger de l'ordinaire. Après l'allocution de bienvenue du colonel Faure, tous échangèrent sur ce qu'ils avaient pu partager au sein du 1er spahis. Verbe haut et rires autour du buffet. Regroupe-ment entre anciens du même escadron et photo souvenir.

Pour le côté convivial, ce chapitre bien entamé le vendredi soir, se poursuivait le samedi avec l’accueil des familles. Les plus petits eurent l’occasion de s’essayer à bien des activités. Chamboule-tout,

parcours accro-branches, parcours du combattant, tir à plomb, parcours moto de la prévention routière et autres activités, accro-chaient un sourire aux plus jeunes et leur remplissaient la tête de rêves. L’après-midi du samedi se poursuivait avec un challenge mi-litaro-sportif, au cours duquel les escadrons s’affrontaient à vélo, sur roller, à pied ou dans les airs (descente en rappel et échelle de spéléo). A ce petit jeu, c'est le 4e escadron, commandé par le capi-taine Pourcelet, qui triompha. S'offrant même un tour d'honneur en brandissant la coupe du vainqueur. L'après-midi se poursuivait par une démonstration dynamique des savoir-faire du régiment.

Au final, chacun et chacune aura bien profité de ces heures cha-leureuses passées au sein du la communauté des spahis.

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En haut, vendredi soir, le colonel Faure et son épouse, accueillent leurs invités.Ci-dessus, une soirée qui est l’occasion de se retrouver entre anciens du même escadron.A droite, mot d’accueil du chef de corps.En bas de gauche à droite, le samedi après-midi, de nombreuses activités étaient proposées, tir à la carabi-ne, découverte de la section modélisme, parcours moto de la prévention routière ou encore accro-branches.

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A gauche, treillis trop large et fusil d’assaut en bandoulière, de jeunes tireurs occupaient le régiment.A droite, initiation au pilotage de voitures radiocommandées.

A gauche, pendant le challenge militaro-sportif, franchis-sement de la “rivière, un grand moment de solitude.A droite, nouvelle approche de la pratique du roller, à deux et encordés.

Ci-dessus, démonstration dynamique des savoir-faire du régiment.Ci-dessous de gauche à droite, un futur membre d’équipage s’entraîne sur simulateur, tirs et fumigènes devant les jeunes engagés d’octobre lors de la démonstration dynamique, le capitaine Pourcelet du 4e escadron reçoit la coupe du vainqueur du challenge sportif, passage d’un obstacle devant un public nombreux. P

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Retrouvailles

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4eAnciens et associationsau rendez-vous

Le rendez-vous de la commémoration d’Uskub fut l’occasion pour le régiment, d’accueillir ses Anciens.

Deux temps forts ont marqué la présence des Anciens et des associations au sein du régiment.

Dès le vendredi après-midi, La Gandoura, amicale du 1er régi-ment de spahis, avait programmé son assemblée générale. Après un mot de bienvenue du chef de corps, le major (er) Défossé ouvrait la séance. Le rapport financier présenté par l’adjudant-chef (er) Lenel était adopté à l’unanimité. Cette assemblée fut également l’occasion de procéder à un renouvellement du bureau et de confir-mer le major Défossé dans sa fonction de président. Lors de cette séance de travail, le colonel (er) Moné en a également profité pour présenter l’avancement de la rédaction de son livre. Consacré au régiment pendant la deuxième guerre mondiale et en Indochine, cet ouvrage devrait paraître dans le courant du premier semestre 2007.

Deuxième temps fort, le samedi matin. A peine la prise d’armes terminée, les grands Anciens de l’association Calots rouge et Croix de Lorraine, accompagnés d’une délégation régimentaire, se retrou-vaient en salle d’honneur. Lors d’une petite cérémonie l’association, faisait don à la salle d’honneur régimentaire d’un compas solaire Cole Mark III. L’objet très rare, est le modèle qu’utilisaient les spa-his du 1er RMSM (régiment de marche de spahis marocains) lors de leurs campagnes en Egypte, Libye, Tunisie pendant la deuxième guerre mondiale.

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En haut : le major (er) Défossé ouvre l’assemblée généraleEn bas : un auditoire attentif.

Ci-dessus : remise officielle du compas solaireA droite : les grands Anciens de Calot rouge et Croix de Lorraine devant la vitrine consacrée à leur épopée.

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1erEscadron

Le 2 octobre, les rames du 1er escadron for-mées au petit matin par le PCL, le 3e et le 4e peloton (ainsi qu’un reliquat du P1 et du P2), quittent le quartier Baquet. Direction plein sud, le pays catalan.Après 7 heures de route, le camp de Rive-saltes, quelque peu abandonné, apparaît au détour d’une friche industrielle à l’ouest de Perpignan, ce sera la base arrière de l’OPFOR2 pour toute la durée de l’exer-cice, tenue par nos camarades bigors du 3e RAMa de Canjuers.Pleins faits, munitions perçues, ce sont désormais la 1re section (lieutenant Gen-drot) et la 2e section (adjudant Duran) qui reprennent la route pour s’installer sur leurs zones respectives. Argelès-sur-Mer, camping du Roussillonnais, bord de plage, c’est le poste de commandement de la compagnie du capitaine Baranger (ou comment faire d’un local poubelle un PC compagnie…), la 1re section se contente des arcades du centre commer-cial à l’ombre des palmiers… Un p’tit goût d’OpEx…La 2e section, aux bons soins de son chef, est, elle, installée à Port Vendres, joli petit port de pêche sur la Méditerranée, dans une salle du stade de la ville.

Première semaine, mer calme, météo clémente. Les spahis du 1er fraîchement installés sur leurs secteurs respectifs en prennent pos-session et les reconnaissances des sites sélectionnés pour l’exercice s’enchaînent avec les séances d’instruction et de sport dans un décor de rêve. Des contreforts escarpés du pays catalan aux plages de Saint Cyprien les spahis ne passent pas ina-perçus et l’accueil des catalans, bien rensei-gnés par les autorités locales, est des plus chaleureux. Pendant ce temps les brie-fings quotidiens de la direction d’exer-cice permettent au commandant d’unité ainsi qu’à l’équipe régimentaire d’arbitres-contrôleurs (capitaine Cruchaudet, lieu-tenant Maurin, maréchal des logis-chef Taillefer et maréchal des logis Gonthier) de peaufiner leur accent britannique.Avec le week-end, les premiers bâtiments de guerre apparaissent à l’horizon et les premières reconnaissances aériennes de

Pendant 15 jours la région sud de Perpignan a été le théâtre d’un grand exer-cice amphibie OTAN sur terre, air, mer. Il s’agit d’évaluer la capacité opération-nelle de la NRF81.La mission des spahis du premier escadron est simple : servir de plastron à cette force de réaction amphibie sous la forme d’une unité élémentaire PRO-TERRE de 2 sections.

Les forces rougesd’Inch’Allah

l’OTAN nous survolent. Les forces avan-cées ont pu débarquer, la prudence est de rigueur, le 1er passe à l’action ! Flam-mes et panneautages rouges sont mis en place, les forces TURNAD sont prêtes à en découdre avec l’envahisseur Ota-nien… Des patrouilles de la S1 et de la S2 sont mises en place pour épier les marins et surveiller les ports de Collioure et Port Vendres tout en tenant certains points hauts de l’arrière pays.

Deuxième semaine, mer moins calme, météo moins clémente, la guerre com-mence. La flotte de la NRF8 est au large de Port Vendres, et nargue ostensiblement les fau-teurs de trouble internationaux que nous sommes. L’adjudant Duran tient toujours les points hauts avec la S2, la S1 quant à elle va au contact et “jalonharcelera” (nou-velle mission ABC) le 1er échelon… Voire le second…Lundi 9… D-day… à 3 h 00 la S2 est en place à proximité de la zone d’héliportage du 2e RIMa.A 3 h 02, sur fond de rafales, “4R, contact !!!”, le brigadier-chef Vasco et son groupe vien-nent de faire connaissance avec les for-ces avancées qui sécurisaient la zone. La compagnie des marsouins est en cours d’héliportage, dans quelques heures le débarquement sur la plage du Racou.D’accrochages en embuscades, de prison-niers de guerres en harcèlements mari-times, nous retar-dons les marsouins, à chaque carrefour, sur chaque coupure humide en plein cœur d’Argelès ou des vil-lages alentours, sous l’œil amusé des ca-talans, qui parfois n’hésitent pas à ren-seigner les troupes otaniennes sur nos positions !

Le lieutenantGendrot donneses ordres à la

1re section

(Pendant ce temps là, à Valence…) le ca-pitaine David, nouvel officier adjoint de l’es-cadron, reçoit la coupe pour le cross régi-mentaire…S’en suivent 4 jours et 3 nuits intenses pour les spahis, qui, entre temps ont replié le PC compagnie sur Millas, au nord. Patrouilles, “coups de main”, infiltrations, embuscades, les forces rouges du 1er sont de vrais mili-ciens… avec un petit vernis TTA ! Et c’est bien fatigués, mais heureux de leur sort, qu’ils accueillent l’armistice le 12 octobre. Armistice bien accueilli aussi par la S2 qui a cru ne jamais voir l’ennemi tant les doctrines d’emploi des forces turques et grecques ont l’air éloignées des nôtres.

C’est donc fier de la mission accomplie, pleins des images de cet exercice aux di-mensions impressionnantes, que nous re-partons pour Valence, avec l’espoir - cer-tes un peu déguisé - d’être à nouveau au rendez-vous d’un tel exercice, mais cette fois… du côté des gentils !INCH’ALLAH !

1 NRF8 : Nato Reaction Force N° 82OPFOR : Force d’Opposition

Le maréchal des logis-chef Fleuret

aux commandes avec tous les moyens

trans disponibles !

Photos : 1er escadron/1er régiment de spahis

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Vous pensiez qu’il suffisait d’enfiler un treillis pour être militaire. Abandonnez cette idée, l’habit ne fait pas le moine, encore moins le militaire. Être militaire est un métier et ça s’apprend. C’est d’ailleurs le rôle de la formation générale initiale (FGI) par laquelle passe tout jeune engagé. Quatre mois d’instruction - dans l’armée de conscription on appelait ça les classes - instruction théorique et pratique sur le terrain. Un programme chargé où le jeune engagé, outre la théorie, apprend les valeurs militaires. Une formation qui permet également de développer les notions de solidarité et de cohésion. Au final, ce sont des professionnels qui sortent de cette formation. Aptes à servir un matériel toujours plus perfectionné. Aptes à évoluer dans un environnement maîtrisé. Aptes à servir, dans les meilleures conditions opérationnelles, le drapeau tricolore.

Textes et photos Jean-François Tixier

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FGI Petit soldat deviendra grand

Ils sont trois. Trois parmi cinquante deux. Trois profils différents, mais une même envie, celle de tenter l’expérience de l’en-gagement au sein de l’armée de terre. Trois jeunes hommes, nouveaux dans l’institution, qui nous livrent leurs premiè-res impressions.

Nabil Mezouar 20 ans. CAP et BEP de mé-canique en poche, a décidé de signer un engagement de volontaire défense armée de terre (VDAT). Son but, faire du terrain, voir du pays.Thibaut Roy 24 ans, a quitté l’école en 5e, effectué un apprentissage dans la métal-lurgie, puis cumulé les petits jobs. Il y a cinq ans, tenté par l’engagement, il n’a pas osé concrétiser. Puis a décidé d’aller au bout de son envie en s’engageant au 1er spahis. A l’issue de sa formation il de-viendra pilote d’engin blindé.Alexandre Hoareau 24 ans est originaire de la Réunion. C’est la première fois qu’il vient en métropole. Il a attendu de finir son parcours scolaire (CAP/BEP/BAC Pro et une année de BTS) avant de s’engager.

Tous trois ont vécu la même inquié-tude avant d’arriver au régiment. Savoir ce qu’ils allaient trouver. Finalement le contact a été beaucoup plus simple qu’ils ne le pensaient. L’hébergement est cor-rect, le cadre est joli, la “bouffe” est bonne et équilibrée. “Quand on se retrouve avec les trois sacs du paquetage sur le dos, on se dit que c’est parti” note Alexandre Hoareau.

Certes l’intégration dans le monde mili-taire génère quelques inconvénients. Il y a tout d’abord le changement de rythme, la pratique du sport qui est une découverte pour certains. Il y a aussi à intégrer le code militaire - salut, respect - et à apprendre

le parler militaire. Il y a aussi comme le remarque Nabil Mezouar à s’adapter à des choses plus pragmatiques, comme le port des rangers (les chaussures) ou les sta-tions debout prolongées.

Tous trois font également l’expérience de la collectivité et de la camaraderie. Certains camarades d’Alexandre Hoa-reau, le Réunionnais, l’ont déjà invité à venir passer les week-ends chez eux, afin de permettre à “l’expatrié” de dé-couvrir la métropole. Une solidarité qui naît aussi dans le quotidien de l’apprentissage du métier. Appren-dre à travailler ensemble, à se ser-rer les coudes, pour être plus efficaces.

Nos trois jeunes engagés avaient égale-ment en commun leur impatience du pre-mier contact avec le fusil d’assaut (le FA-MAS). “Ca m’a vraiment plu de toucher un FAMAS, je pourrais passer mon temps à le démonter” confie Nabil Mezouar. Pour Thibaut Roy “Toucher le FAMAS, c’est un grand moment. J’ai déjà tiré à la chasse, mais là c’est autre chose. C’est une arme de guerre, on est en treillis et c’est notre métier”. Alexandre Hoareau de son côté exprime un avis très posé “L’usage du FAMAS c’est très réglementé. Ce n’est pas un jouet, c’est pour servir la France. Maintenant on est des soldats, il faut être responsable”.

Thibaut Roy raconte également un autre grand moment dans la période de forma-tion. Celui du chant. Une initiation qui com-mence par l’apprentissage des Africains, le chant du régiment. “Quand on chante tous ensemble, ça fait des frissons. Il n’y a pas beaucoup de métiers où on peut avoir des frissons et des sensations comme çà” relève-t-il. Une sensation partagée par Alexandre Hoareau “On ressent quel-que chose, comme la chair de poule quand on marche au pas et que l’on en-tend chanter. On est militaire”.

L’uniforme Alexan-dre Hoareau l’avait déjà approché, avec un père sapeur-pom-pier. Pour ses deux autres camarades,

c ’es t une dé-couverte. Certains amis de Thibaut Roy lui ont dit qu’il était din-gue de s’engager, qu’il allait devenir fou. Lui constate “Pour l’instant c’est que du bon”. Nabil Mezzouar pour sa part avait déjà une perception de l’institution mili-taire au travers d’amis qui se sont enga-gés. Ou encore avec son patron de BEP, un ancien légionnaire “Avec lui, dit-il, je voyais les côtés positifs du métier, dispo-nibilité et polyvalence”.

Des savoir-faire et des savoir-être que Thibaut Roy espère bien acquérir durant son engagement. Lui dont la scolarité a été interrompue très tôt considère son

engagement comme une deuxième chan-ce. Pour travailler sur lui dans un premier temps, devenir plus calme et plus posé. Une deuxième chance pour l’avenir, car l’armée sur un curriculum vitæ c’est for-cément un plus.

Pour l’instant nos trois petits soldats vont s’attacher à devenir grands et peut-être construire leur carrière dans l’armée.

Il n’y a pas beaucoup de métiers où on peut avoir des frissons et des sensations comme çà

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La formation générale initiale (FGI), point de passage obligé de tout jeune engagé, dure 9 semaines. Cette formation “tronc commun” est complétée dans la foulée par la formation de spé-cialité de 6 semaines.La première semaine de la FGI ressemble étrangement à ce que les appelés pouvaient connaître au début de leurs classes. Il faut percevoir son paquetage, faire rectifier la coupe chez le coiffeur, être déclaré apte chez le médecin, rencontrer le direc-teur des ressources humaines. Régler tous les petits problèmes administratifs encore en suspens. Puis très vite interviennent les “amphis”, séances d’informations générales, comme celle où le chef de corps s’adresse aux jeunes engagés.Commence alors la phase instruction proprement dite. Elle re-pose sur une alternance de cours théoriques et d’applications pratiques sur le terrain. En parallèle le démarrage des séances de sport s’effectue avec une montée en puissance progressive. Le programme d’instruction des jeunes engagés balaie large. Cours de règlement sur le tir et instruction pratique, cours sur les risques nucléaires, bactériologiques et chimiques. Connais-sance générale de la défense, cours sur les traditions. Instruc-tion théorique et pratique sur le combat. Education civique et expression écrite (particulièrement la pratique du compte-ren-du). Sans oublier les entraînements à l’ordre serré - marcher au pas çà s’apprend - pour être prêt lors de la première prise d’armes. Un programme dense qui éloigne souvent les jeunes engagés du quartier (la caserne) pour les terrains de manœu-vre. Des sorties appréciées, car le contact avec le terrain est intense, fort en émotions. On y apprend à écouter et voir la nuit. On y apprend à communiquer par gestes. On y apprend à se camoufler. Une école du combat grandeur nature.Au final ces 9 semaines se vivent à un rythme soutenu dans un cycle où les permissions sont les bienvenues pour se ressour-cer et se retrouver le lundi matin frais et dispos. Prêt à appren-dre encore et toujours a petit soldat à grandir.

Dossier

FGI

En haut, le rituel de la retouche de la coupe de cheveux chez la coiffeuse du régiment.Ci-dessus, un chariot bien rempli avec les trois sacs du paquetage. L’indispensable équipement du militaire.

A gauche, premiers “amphis” sur le déroulement de carrière.Ci-dessous, faire de l’ordre serré et marcher au pas, çà s’apprend.

UNe PeriOde d iNteNseactIviTe

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Petit soldat deviendra grand

En haut à gauche, cours armement sur le FAMAS. En haut à droite, première perception du FAMAS pour un exercice terrain.

Ci-dessus, exercice de rampé du parcours d’obstacles.A droite, exercice du franchissement d’un obstacle en hauteur.

Ci-dessus, premier bivouac et découverte des rations de combat.

A droite, exercice terrain, la mise en application des savoir-faire acquis lors

des cours théoriques.

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Première sortie terrain pour les jeunes recrues du contin-gent d’octobre 2006. Les jeunes engagés postés apprennent à observer et à rendre compte. Voir et délivrer la bonne information au bon moment.

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Dossier

Gérald Amberny, 25 ans, est brigadier. Engagé depuis quatre ans et demi, il a servi au 4e escadron, puis au 1er escadron avant de rejoindre le peloton formation générale initiale comme aide-moniteur.Son rôle assuré auprès de 9 jeunes en-gagés est surtout un rôle de contact. “Je suis là pour les booster, leur donner le goût dans ce qu’ils font”.Dès le début de cette session de forma-tion, il a parlé avec chacun des jeunes engagés afin d’apprendre à connaître leur parcours, détecter leurs problèmes éventuels. Une expérience humainement enrichissante, l’occasion de découvrir des gens de cultures ou de milieux sociaux

différents.La contrainte majeure pour lui est d’être confronté à des jeunes gens qui, s’ils sont vêtus d’un treillis, n’en sont pas pour autant encore des militaires, d’où la néces-sité de plus d’attention et de se mettre à leur portée.A l’instar de l’adjudant Mohammed, son chef de peloton, le brigadier Amberny est très satisfait d’avoir en face de lui de jeunes soldats motivés et souriants malgré l’effort. “Il fallait les voir lorsqu’ils ont reçu leur premier treillis, touché le FAMAS (Ndlr : le fusil d’assaut) ou lors de la première sortie terrain, ils étaient heureux comme des gamins”.

Dans quelques mois le maréchal des logis Nebois, 25 ans, quittera l’institution, “j’ai commencé en faisant mes classes, je termine en faisant faire leurs classes à d’autres, la boucle est bouclée”. Il assume son rôle de chef de groupe et d’instruc-teur comme un devoir. Celui de restituer à de plus jeunes ce qu’il a lui-même appris et capitalisé en expérience. Il encadre 9 jeunes engagés, aidé dans cette tâche par deux aides moniteurs.Gabriel Nebois se partage avec les autres moniteurs les différents cours théoriques. Il assure l’instruction sur les mines, les explosifs, l’identification et les traditions. Mais son rôle ne s’arrête pas en quittant la salle de cours. Il faut faire la jonction entre les jeunes engagés et le chef de peloton. Et aussi assurer l’encadrement général, inculquer aux jeunes un savoir-être, un savoir-vivre et d’une manière générale la discipline militaire. La fonction de chef de groupe demande plus de présence qu’en

escadron de combat. “Ils sont jeunes, dé-couvrent le milieu militaire qui est différent du milieu civil, ils ont plein de questions à poser” constate le maréchal des logis.Comme la plupart des membres de l’en-cadrement de la FGI, Gabriel Nebois se heurte à la difficulté de se mettre au niveau des jeunes engagés. “Ce qui nous paraît très simple peut leur sembler insurmonta-ble”, dit-il. Ajoutez à cela le changement de rythme auquel ils sont soumis lors de leur arrivée dans le milieu militaire, et une confrontation à l’autorité, que certains découvrent.Au final la tâche est quand même valori-sante. “Les jeunes prennent conscience que c’est ensemble que l’on avance, et l’on voit l’esprit d’équipe émerger”. D’autre part, le maréchal des logis Nebois, dont c’est la troisième expérience d’encadre-ment d’une formation, peut mesurer l’écart qui sépare le civil qui est arrivé, du militaire qui rejoint son escadron.

Chef degroupe

L’adjudant Mohammed est l’un des deux chefs de peloton en charge de la formation générale initiale des jeunes engagés d’oc-tobre 2006. A 33 ans et après 16 ans de carrière, Abdelghani Mohammed, sous-of-ficier issu du corps des engagés volontai-res, se retrouve à animer une équipe d’une dizaine de cadres de contact chargés de former les 26 jeunes engagés du peloton.Son rôle est proche de celui de tout chef de peloton. Organiser l’emploi du temps de chacun, traiter les aspects administratifs, gérer les petits problèmes du quotidien.Mais être chef d’un peloton d’une forma-tion initiale est également un rôle plus dé-licat. La fonction nécessite un gros travail de contact avec les jeunes engagés et une présence souvent assez tardive.Le plus dur, confie-t’il c’est de se remettre à un niveau civil. “Ces gens sont des civils,

ils n’ont pas encore vécu la vie militaire. Il faut donc s’adapter notamment pour le langage, bannir les abréviations et d’une manière générale le jargon militaire”. Le “parler” militaire s’apprend petit à petit.En contrepartie le plus captivant pour lui est de se retrouver en face de jeunes soldats très motivés, qui après les deux premiers jours passés sur le terrain en redemandent. Les jeunes s’aperçoivent dès la première sortie terrain que la théorie délivrée par leur encadrement est utile sur le terrain.Heureux de son rôle, l’adjudant Moham-med prend un réel plaisir à redistribuer un savoir que d’autres lui avaient transmis, sans jamais perdre de vue qu’il y a seize ans il était à la place de ces jeunes enga-gés. Petit spahi est devenu grand !

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Petit soldat deviendra grand

ODT : Mon colonel, pourquoi une for-mation initiale aussi longue ?Colonel Faure : La formation initiale est à la fois trop courte et trop longue.Trop longue pour nos jeunes engagés qui voudraient d’emblée être employés dans la spécialité pour laquelle ils ont été recrutés sans passer par un moule de formation commune. Mais l’engagé est avant tout soldat avant d’être spécialiste. Il doit pouvoir être projeté dès la fin de la période probatoire, en toute sécurité. Par ailleurs, le rythme des escadrons de combat est intense, le jeune engagé doit prendre le train en marche et pour cela avoir acquis suffisamment de savoir-faire élémentaires et d’autonomie.Trop courte de l’avis de personnels plus anciens qui ont sûrement le sentiment d’avoir été beaucoup plus éprouvés à leur époque. Mais on ne fait pas un soldat de métier en 9 semaines ni même 4 mois. La formation est continue et permanente.

ODT : Pourquoi un socle commun de formation de spécialité “cavalier porté” ?Colonel Faure : Certaines spécialités (maintenance, administration, trans-missions, restauration) nécessitent des stages internes ou à l’extérieur du régiment dont la planification ne peut pas toujours correspondre à la fin de la FGI. Il convient alors de donner au jeune en-gagé une formation de spécialité initiale (FSI) qui permet d’attribuer un certificat pratique (CP), de clôre la période pro-batoire, et de permettre la projection du soldat. On a donc choisi la FSI cavalier porté qui est le socle de notre métier majeur. Cette formation est différenciée selon les métiers et la conjoncture des possibilités d’envoi en stage. Lors de la FGI, un examen personnalisé par le DRH et le chef de peloton d’instruction permet de prendre des décisions au cas par cas. Ainsi, il y a une différenciation des formations à partir de la fin de la FGI, quelques engagés étant inscrits sur une FSI technique ou administrative, certains sur une FSI de tireur ou pilote, d’autres sur une formation de cavalier porté

ODT : Comment est sélectionné l’en-cadrement de l’instruction ?Colonel Faure : Le peloton d’instruc-tion du régiment, inscrit au DUO, est constitué de cadres et militaires du rang, désignés pour une année, à un moment propice de leur parcours professionnel et au vu de leurs qualités. Pour le sous-officier actuellement en place, le poste futur au bout d’un an est très clairement un peloton de combat pour lequel il sera prioritaire. Compte tenu des charges de formation initiale et élémentaire au régiment, le seul peloton d’instruction n’est pas suffisant. Chaque escadron fournit donc à tour de rôle l’encadrement d’un peloton pour une durée de 4 mois (FGI) ou 6 semaines (FGE). Le régiment fait effort pour que cette mission, aux yeux de cet encadre-ment, se transforme d’une contrainte en une période d’autonomie et de liberté d’action pour le chef de peloton.

L iNFORecruTementL iNFORecruTementen direct

Vous souhaitez en savoir plus sur le 1er régiment de spahis. Consul-tez le site internet :www.1er-regiment-de-spahis.fr

Des informations générales

Des informations sur le métier et les spécialités proposées

ou consultez la cellule recrutement du régiment à l’adresse suivante :Cellule recrutement du 1er régiment de spahisQuartier BaquetBP 100826015 Valence cedex

Tél : 04 75 78 63 53

email :[email protected]

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Portrait

Skieuse de haut niveau, réserviste sous l’étoile des spahis

Aussi à l’aise en treillis, étoile chérifienne du 1er spahis sur la manche, qu’en combinaison de ski, Christelle Douibi, réussit à concilier avec talent, sport, études et engagement militaire. Skieuse de haut niveau, presque née aux des planches aux pieds, un pied en Afrique du Nord, l’autre en Europe, à l’instar des spahis chez qui elle sert, portrait d’une surdouée.

Etoile des neigestexte et photo Jean-François Tixier

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Etoile des neiges

24 novembre 1985, naissance à Echirolles

avril 2005, intègre la réserve du 1er régiment de spahis

février 2006, participe aus jeux olympiques d’hiver à Turin

juin 2006, obtient une licence de langues

1er août 2006, devient maréchal des logis dans la réserve

A peine 21 ans et déjà près de 20 passés sur les planches. Ne pensez pas croiser Christelle Douibi dans un quelconque cours d'art dra-matique. Ses planches à elle, une paire de skis, ne pardonnent pas la moindre erreur quand elle dévale les pentes enneigées à près de cent trente kilomètres/heure.

Christelle évoque avec un grand sourire ses débuts sur des “pati-nettes” à l'âge d'un an et demi. “Mes deux grandes sœurs faisaient du ski, alors j’ai cassé les pieds à mes parents pour qu’ils acceptent que j'en fasse également”. Le début d'un parcours tout schuss qui l'a amenée jusqu’aux jeux olympiques d'hiver de Turin en février dernier. Titulaire en descente et super G de l'équipe d'Algérie. Née d'un mariage mixte - son père d’origine kabyle est venu en France à l'âge de 22 ans - Christelle Douibi est française et algérienne. Lors de la saison 2004-2005, elle réalise de bons résultats, la presse s'intéresse alors à elle et mentionne sa double nationalité. Aussitôt l'ambassade d'Algérie la contacte et les fédérations françaises et algérienne de ski se mettent d'accord pour sa participation aux JO sous les couleurs algériennes. Seule femme de l'équipe, elle en sera le porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture.

Ne croyez pas pour autant qu'il s'agisse d'une place “au rabais” pour les JO. Christelle malgré son jeune âge - la maturité d'une descendeuse est plutôt vers 30 ans - aurait pu prétendre à figurer dans la sélection de l'équipe de France. En 2002, un choc frontal avec un canon à nei-ge après la rupture d'une fixation, la laisse sur le bord de la piste avec un traumatisme crâ-nien. Loin des pistes pendant un an, elle ne peut espérer être à son meilleur niveau pour les JO. Un bel exploit déjà de revenir si vite à ce niveau international alors que les médecins la donnaient perdue pour le ski. Christelle ne renonce jamais. Sa première question sur son lit d’hôpital a été de savoir quand elle pourrait reprendre le ski. Une ténacité qui remonte sans doute à sa première fracture tibia-péronnet, faite lors d’une chute sur une bosse, à l’âge de 2 ans.

Une ténacité qu’on retrouve chez elle au quotidien. Elle aurait pu se contenter d’une carrière de sportive de haut niveau et s’écarter de la voie des études. C’est mal connaître sa force de caractère. Déscolarisée du circuit classique en 5e pour intégrer une classe sportive, elle abandonne définitivement l’apprentissage tradition-nel au lycée. Ses années lycées, alors même qu’elle débute sur les compétitions internationales, seront des années de cours par cor-respondance. BAC scientifique en poche, elle se lance dans une

licence de langues étrangères appliquées (arabe, anglais), qu’elle obtient en juin dernier. Aussi boulimique dans ses études que dans le sport, elle vient de s’attaquer à une licence d’histoire.

Comme ses activités scolaires et sportives lui laissent encore du temps, Christelle Douibi se découvre une autre passion, l’armée. L’apprentissage du milieu, amorcé lors de sa journée d’appel de préparation à la défense (JAPD), se poursuit avec une préparation militaire commando. Puis il y a deux ans, Christelle décide de s’en-gager dans la réserve. Ce sera le premier spahis, dont l’histoire et les traditions l’attirent. Sortie major de promotion de la formation militaire initiale, Christelle Douibi est vite proposée pour intégrer le corps des sous-officiers. Elle devient maréchal des logis en août 2006 après un stage à Saint Maixent. De ses activités militaires, Christelle Douibi, confie qu’elles lui permettent de se ressourcer. “Dans l’armée, contrairement au ski, il n’y a pas d’esprit de compéti-tion, c’est même tout le contraire puisqu’il y a plutôt de la cohésion”. Mais les deux milieux présentent aussi des similitudes. Grande dis-

ponibilité, exigence de toujours plus de per-formance, ou encore confiance réciproque.

L’avenir, Christelle Douibi, l’évoque d’abord dans l’immédiateté. Au programme, ski, en-traînements avec l’équipe de France et cham-pionnats du monde en Suède. Et toujours l’objectif récurrent de se faire plaisir. Le ski, elle reconnaît avoir réussi à en vivre cette an-née. Sponsoring, primes de compétitions et invitations diverses lui permettent d’assurer le quotidien. Mais son envie la pousse à en-visager un avenir militaire. Elle ambitionne de présenter en 2007 le concours d’entrée de Saint Cyr en spécialité langue. Pour devenir officier... de cavalerie. Et bien sûr avec son

caractère bien trempé, elle n’envisage pas à un seul moment que l’armée puisse ne pas vouloir d’elle. Embrasser le métier des armes la contraindra sans doute à faire un choix. La carrière est difficile-ment compatible avec un sport de haut niveau comme le ski (cinq heures d’entraînement quotidien sont nécessaires chaque jour en hiver).

Hyperactive, Christelle Douibi, vit sa vie et ses passions à toute allure et avec la réussite qui sied aux gens de caractère. Skieuse de haut niveau, étudiante appliquée, nul doute qu’elle saura trouver une place de choix dans l’institution militaire. Elle renouera ainsi avec son grand-père, dont elle a découvert récemment qu’il avait été... spahi.

“Dans l’armée, contrairement au ski, il n’y a pas d’esprit

de compétition, c’est même tout le contraire puisqu’il

y a plutôt de la cohésion”

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2eEscadron

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Après quatre semaines de permissions amplement méritées (retour du Sénégal oblige !), le vaillant 2e escadron du 1er régi-ment de spahis, réintègre ses locaux fraî-chement repeints en ce début octobre. Faisant fi du peu de temps pour préparer une sortie terrain, les cadres, sous l’im-pulsion du capitaine Fernex de Mongex montent un exercice en quatre jours qui emmène le “2” au camp des Garrigues, près de Nîmes, du 10 au 12 octobre. Une bonne façon de se retrouver tous ensem-ble et de renforcer la cohésion après les changements intervenus lors du plan an-nuel de mutation d’été : deux nouveaux chefs de peloton (lieutenants Da Silva et Guérin) et un nouveau “SPITZ” (adjudant Pomarel) entre autres... Au programme : de l’instruction, du combat (TTA ou VBL), et beaucoup de tirs. Mais pas le temps de s’éterniser, le service régimentaire arrivant dès le 13.

Ensuite, malgré le nombre de personnels consommés par le service, l’investisse-ment de tous permit à l’escadron d’être au rendez-vous pour la commémoration d’Uskub, qui fut un grand succès. Cette belle énergie, les hommes au sweat rouge en ont fait étalage lors du challenge spor-tif dont ils remportèrent la deuxième place avec brio.Il faut se le dire, le TACE FACE revient aux

affaires. Menant de front l’instruction de ses personnels et de nombreuses activi-tés sur le terrain jusqu’à la fin de l’année, il se montre fidèle à sa devise et assume en toute discrétion les rendez-vous qui lui ont été proposés : TECH PHIB à Toulon, EXTEL dans la Drôme...Après sa projection au Sénégal, le “2” se retrouve à Valence, plein de courage pour affronter de nouveaux défis.

Du 27 juin au 12 juillet 2006, une compa-gnie mixte de l’escadron d’administration et de soutien et de l’escadron de com-mandement et de logistique, renforcée d’éléments du 5e escadron, a été enga-gée sur une mission VIGIPIRATE à Paris. L’objectif : participer à la surveillance des gares sud de la capitale (Montparnasse, Austerlitz, Bercy, et Lyon). Avec un rythme assez soutenu – deux jours de garde, un jour d’alerte au Fort de l’Est, et un jour de repos – les deux semaines sont passées très vite. Cette opération intérieure a été prise avec rigueur et professionnalisme par l’ensemble du détachement. Les ba-gages abandonnés ou colis suspects, lots quotidiens des patrouilles, n’ont jamais échappé aux regards acérés des trinômes, et faisaient systématiquement l’objet d’un compte-rendu aux forces de police. Cette collaboration avec les forces de l’ordre a ainsi porté ses fruits, puisque le première classe Machele a participé à l’appréhension d’un voleur à la tire.Les quelques jours de repos ont été consacrés à la remise en condition des

personnels, mais aussi à la visite de la ca-pitale – de jour comme de nuit – et à la commémoration de nos grands anciens. Les deux sections ont en effet participé à tour de rôle au ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe. Les spahis, jeunes ou moins jeunes, ont pu rencontrer des vété-rans, et quelques personnalités connues, telle le judoka David Douillet, qui s’est plié avec gentillesse et un profond respect, à

la traditionnelle corvée de la photo sou-venir.La mission terminée, riche de nouvelles expériences, le détachement est rentré sans encombre sur Valence pour repren-dre son travail habituel dans les différents services.

Brigadier Mickaël Boyer

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3eEscadron

Mardi 31 octobre, rassemblées sur la place d’armes du Centre d’Entraînement Commandos de Givet, les sections com-mandos du 3e escadron du 1er régiment de spahis récupèrent leurs équipements et s’enfoncent dans les brumes ardennai-ses. La mission commence…Aux huit kilomètres commandos succède l’instruction menée à un rythme soutenu ; combat en forêt, combat en localité, TIOR, franchissement de coupure humide, rap-pel, escalade, pistes d’audace, explosif. Notre bagage de connaissances techni-ques et pratiques s’alourdit aussi vite que notre sac à dos, qui se fait chaque jour plus pesant sur nos épaules.Le week-end salvateur permet de rechar-ger les batteries… allongés sur nos lits pour certains d’entre nous, attablés aux bonnes tables de Givet pour d’autres !Le dimanche après-midi, l’escadron se rassemble à La Horgne devant le monu-ment en l’honneur des spahis tombés au champ d’honneur. Après l’évocation par Monsieur Georges Marchand (membre de l’association la Gandoura) , un pas-sionné de l’histoire des spahis, des com-bats qui se déroulèrent au cœur de ce village ardennais le 15 mai 1940 entre la 3e brigade de spahis et une division de panzers allemande, chacun se place der-rière une stèle du carré militaire. Après les couleurs, les noms des morts pour la Fran-ce s’égrènent tels un chapelet, hommage émouvant des jeunes à leurs anciens.Deuxième semaine… l’instruction continue mais, la nuit, le fort de Charlemont est fébrile et les activités nocturnes s’enchaî-

nent. Les meutes de commandos verts sont lâchées contre les miliciens ennemis.

Lundi 6 novembre au soir, les deux sec-tions franchissent ensemble la Meuse puis abordent la berge avant de porter leurs far-deaux pendant une marche éreintante. Le lendemain soir une course effrénée se joue sur la piste d’audace : échelle de fortune, tyrolienne, pont de brousse, filet d’abor-dage, les gestes appris de jour sont resti-tués de nuit comme des automatismes… Les journées et les nuits s’enchaînent : rappel, coup de main, toute la théorie est mise en œuvre à échelle réduite pour pré-parer minutieusement le raid synthèse de la dernière semaine.Lundi 13 après-midi : enfin le grand jour ! Les groupes s’infiltrent par les sentiers

boueux et sombres pour une mission de soixante-douze heures où vont être resti-tués tous les savoir-faire et toutes les tech-niques acquis au cours de l’instruction. L’infiltration est longue et sinueuse et les sections laissent derrière elles les objec-tifs en flammes et les miliciens ennemis en désarroi. La colonne progresse… et ne s’arrête qu’aux pieds des remparts du fort de Charlemont où sont alors remis les brevets d’aguerrissement.Ce stage aura permis à chacun d’être placé en situation de commandement à son niveau, d’améliorer ses capacités techniques et tactiques, d’entrevoir ses limites et de s’aguerrir, toujours dans la logique de la devise de l’escadron, “Faire Face” aux futures missions qui nous se-ront confiées.

Entré en service le 1er mars 1995 au 1er régiment de spahis, le brigadier-chef Guénand a d’abord occupé les fonctions de chef de pièce 20 mm au PPIR jusqu’en 1999, puis de conducteur au PRCM de 1999 à 2003, avant de servir au 3e esca-dron.Pilote VAB TRANS et surtout fidèle adjoint de l’OAL, il ne se distingue pas au “Faire Face” que par ses qualités d’organisation et de disponibilité.Il s’est en effet lancé depuis 2002 dans la course de fond longue distance, disputant des épreuves de plus en plus relevées. En 2005 il court le marathon de Lyon en 3 h 50 et parti-cipe à la “6000D”, un trail (course nature avec dénivelé) de 55 km se tenant à La Plagne, et comportant 3000 mètres de dénivelé positif (D+), et 3000 mètres de dénivelé négatif (D-). Il y réalise un temps de 8 h 03.

En 2006 il participe à nouveau au marathon de Lyon, et passe ensuite à la très longue distance. “Ultra Trail” du Verdon en juin : 80 km, avec 4000 mètres de D+ et 4000 mètres de D-, dans un chrono de 16 h 26. Enfin il prend en septembre le départ des mythiques “100 km de Millau”. Dans des conditions climatiques très difficiles, il réalise un temps de 11 h 34, et se classe 355e sur 1700 partants.Le brigadier-chef Guénand ne compte toutefois pas s’arrêter là, et a pour objec-tif en juin 2007 l’”Ultra Trail” du Verdon par étapes. Au programme 4 jours de course et 180 km d’effort. Les spahis du “3” lui souhaitent beaucoup de courage et de réussite dans ce projet : son goût de l’ef-fort et sa volonté de se dépasser sont un exemple pour tous !

Les Spahis partent pour l’aventure…

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Copyright Thierry Moné 26.09.06

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CS.01. Compas solaire fabriqué en Afrique du Sud par la firme Philips Orient vers 1940.

CS.02. Devant l’adjudant Painault, le compas solaire de la Marmon Herrington du chef d’escadrons de Kersauson. 1. Index fixe, extrémité de la monture du compas qui est fixée parallèlement à l’axe

du véhicule.

2. Plateau circulaire rotatif en bronze nickelé de 20 cm de diamètre (1060 g).

3. Ellipses des latitudes coupées par les lignes horaires (heure solaire). Ce compas est spécialement prévu pour une utilisation entre l’équateur et une ligne passant à hauteur de la partie sud de la Sardaigne (de 0° à 39° de latitude Nord).

4. Couronne d’affichage du cap vrai (par rapport au Nord géographique, également appelé Nord vrai).

5. Planchette coulissante supportant l’embase du gnomon et la barre d’ombre. Elle permet d’afficher la date en amenant un repère en face d’une échelle graduée. Ici, le repère de bas de planchette est réglé pour une utilisation à la date du 24 octobre.

6. Barre d’ombre. Réglée toutes les quinze minutes, elle vient se placer à l’intersection de l’ellipse de latitude et de la ligne d’heure solaire. Ici, 30° N et 8 heures du matin.

7. Embase du gnomon. De nuit, en vissant un autre gnomon à hauteur de la graduation 180° et en alignant les deux gnomons sur l’Etoile Polaire, on s’oriente par rapport au Nord.

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Copyright Thierry Moné 27.09.06

CS.03. Le compas solaire vu de profil.

L’ensemble pèse 1930g.

La monture en bronze porte l’index et un cardan permet de régler l’horizontalité du plateau.

CS.05. Au 2e escadron, le sous-lieutenant Candy ajuste le compas solaire “Cole Mk3”

de son automitrailleuse Marmon Herrington, dans le

secteur sud d’el Alamein.

Quelques jours plus tard, le 24 octobre 1942,

il sera tué devantl’Himeimat.

CS.06. Sur un extrait de lacarte de l’Himeimat, l’exemple de navigationchoisi. A droite (CS.07), cette montre régléesur l’heure solaire a été utilisée à el Alamein

par le sous-lieutenant Alain Gayet.

CS.04. Le compassolaire avec samonture fixéeparallèlementà l’axe du véhicule.

Axe du véhicule

Axe du véhicule

L’exemple suivant reprend les mêmesdonnées de base que celles de la pageprécédente. Imaginons que le sous-lieutenantCandy ait voulu se déplacer au cap 315 enpartant à 8 heures du matin, le 24 octobre 1942.

Après avoir affiché les éléments, il dirige son conducteurafin que le soleil projette l’ombre du gnomon sur la barred’ombre. A ce moment, le véhicule est orienté au cap 315.

Si le paysage comporte des points caractéristiques, lechef de voiture en repère un sur son cap (le plus loinpossible) et s’y dirige sans s’occuper de l’itinéraire oudu compas. Parvenu à ce point, il répète l’opération demise en direction du véhicule, reprend un repère etainsi de suite.

Si le paysage est entièrement désertique, le chef devoiture doit diriger son conducteur pour que l’ombre dugnomon demeure sur la barre d’ombre.Toutes les quinze minutes environ, il doitégalement régler la position de la barre d’ombre.

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1 Après avoir obtenu une deuxième palme au titre de la Croix de guerre, les Spahis du 1er Marocains gagnent tout d’abord la fourragère initiale, telle que définie en 1916 (aux couleurs du ruban de la Croix de guerre). Avec la quatrième palme gagnée lors du même conflit, le régiment remplace cette fourra-gère par celle aux couleurs du ruban de la Médaille militaire.

2 Aucune fourragère nouvelle n’est créée. Il n’existe donc pas de fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 39-45, même si l’on a pu ob-server ici et là des fourragères de ce type qui n’ont pas lieu d’être.

Traditions

En avril 1945, il est décidé de reprendre le système de la Premiè-re Guerre mondiale au profit de la Seconde, pour les régiments ou unités formant corps ayant obtenu au moins deux citations à l’ordre de l’armée au titre de la Croix de guerre 39-45. Aucune fourragère nouvelle n’est créée, seul un système d’olives permet de distinguer l’origine des citations2. Pour les fourragères acqui-ses au titre de la Première ou de la Seconde Guerre mondiale, les corps appartiennent donc forcément à l’un des trois cas sui-vants :

- la fourragère a été obtenue uniquement en 14-18 et ne com-porte donc aucune olive ;

- une fourragère a été obtenue en 14-18 et une autre en 39-45 et seule la fourragère de rang le plus élevé est portée (en fait, celle de 14-18, aucun corps n’ayant obtenu un rang de fourra-gère supérieur en 39-45) avec deux olives au dessus du ferret (l’olive se rapportant à la Grande Guerre étant placée au plus près du ferret) ;

- la fourragère a été obtenue postérieurement au 2 septembre 1939, elle est du modèle de celles définies en 1918, mais avec une olive aux couleurs de 39-45.

Enfin, le 27 novembre 1954, une circulaire vient réglementer les dispositions relatives à la fourragère spéciale aux TOE : couleurs de la Croix de guerre TOE pour 2 ou 3 citations, de la Médaille militaire avec olive TOE pour 4 ou 5 citations, de la Légion d’hon-neur avec olive TOE pour 6, 7 ou 8 citations, de la Légion d’hon-neur (base et tour de bras) avec branche supérieure TOE pour 9, 10 ou 11 citations.

A l’origine, la fourragère n’est qu’une simple cordelette portée en sautoir sur l’épaule par les cavaliers qui l’utilisaient pour lier le fourrage destiné à leurs chevaux. Mais le 21 avril 1916, la four-ragère devint une distinction et prit sa forme actuelle : “Il est créé un insigne spécial destiné à rappeler d’une façon perma-nente les actions d’éclat de certains régiments et unités formant corps cités à l’ordre de l’armée. Cet insigne sera constitué par une fourragère aux couleurs de la Croix de guerre”. En 1916, il n’existait donc qu’une seule fourragère, aux couleurs du ruban de la Croix de guerre. Afin d’augmenter l’émulation, une circu-laire du 22 février 1918 définissait six configurations de la four-ragère, en fonction du nombre de citations à l’ordre de l’armée (palmes) gagnées au cours de la Grande Guerre. Le système uti-lisait les couleurs du ruban de la Croix de guerre et de la Médaille militaire, ainsi que celle du ruban de la Légion d’honneur ; cette fourragère pouvait être simple ou double et comporter ou non un tour de bras1. En 1924, le ministre de la guerre André Maginot fit codifier la cérémonie de remise de la fourragère, après avoir constaté que l’insigne était distribué aux recrues sans leur en expliquer la signification.

En juillet 1925, est créée une fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre des Théâtres d’Opérations Extérieurs (TOE), destinée à récompenser les unités citées plusieurs fois à l’ordre de l’armée. En 1926, il est décidé que cette fourragère sera aux couleurs du ruban de la Médaille militaire à partir de quatre cita-tions ; dans ce cas, la fourragère recevra une olive aux couleurs du ruban de la Croix de guerre des TOE, placée au dessus du ferret.

Les fourragèresSpahis du 1er Marocains

par le colonel (er) Thierry Moné

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Les fourragèresportéesaujourd’huiparle1er RégimentdeSpahis

MM

Cx39-45

Cx14-18

TOE

La “fourragère”de droite estcelle de l’Ordrede la Libération,un insigne spécialinstitué en 1996et qui ne suit pas lalogique ayant présidéà la création desfourragèresdepuis 1916.

MM

auxcouleursdu ruban

de laCroix deguerreTOE

(TOE)

MM

Olive TOETOE

LH LH

LH

2 ou 3 4 ou 5 6 à 8 9 à 11

2 ou 3 4 ou 5 6 à 8 9 à 11 12 à 14 15 et plus

Le système des olives défini en avril 1945

Les dispositions de novembre 1954 relatives àla fourragère spéciale aux TOE

Les fourragères définies en février 1918

aux couleurs du ruban

de la Croix deguerre14-18

(Cx 14-18)

aux couleurs du ruban

de la Médaille militaire

(MM)

à la couleur

du ruban de la

Légion d’honneur

(LH)

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Cx14-18

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Cx14-18

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1914 - 1918

1939 - 1945

au plus près du ferret

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Copyright Thierry Moné 17.08.06

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4eEscadron

Mission VIGIPIRATE

Dans le cadre de la préparation au stage du CIECM de Barcelonnette, l’escadron a effec-tué, du 13 au 15 juin 2006, un raid en Ardè-che.Après avoir été déposés dans la région de Mi-rabel, nous devions atteindre à l’issue de la première étape, notre zone de bivouac sur les bords de l’Ibie.Ce havre de fraîcheur nous a permis de nous laver, et comble de bonheur pour les suppor-ter, le PCL mit en place une popote, d’où nous avons pu suivre le premier match de l’équipe de France.Le lendemain matin une nouvelle étape de 25 kilomètres sous un soleil de plomb. En fin de matinée une halte est effectuée sur le site du Pont d’Arc, où encadrés par le bureau des sports, nous profitons de la fraîcheur de l’Ar-dèche.Après s’être remis en condition, l’escadron s’engage sur le GR42 pour 13 kilomètres. Mal-gré la difficulté du terrain et l’ardeur du soleil de juin, le 4e escadron fait face et achève cette deuxième étape par un dénivelé positif ahuris-sant.Le soir tout le monde peut profiter d’un barbe-cue escadron après une journée éprouvante. Pendant ce temps, dans la fumée des merguez le brigadier-chef Charleux infirmier escadron met en œuvre toutes ses compétences pour éteindre l’ardeur du feu qui anime les pieds de l’escadronEnfin, le jeudi matin, les pelotons partent de St Marcel d’Ardèche pour une dernière étape de 10 kilomètres, jusqu’au bois du Gorbier, avant de rejoindre Valence.Le lundi 3 juillet le 4e escadron se met en route pour le centre d’instruction et d’entraînement au combat en montagne (CIECM) de Barce-

lonnette. Nous avons tout juste posé pied à terre que les moniteurs nous font percevoir le matériel spécifique nécessaire à notre séjour. Les activités du lendemain nous permettent de nous familiariser avec ledit matériel : escalade, rappel, voie équipée type via ferrata sont au menu. Puis dès le mercredi la première course (nom donné aux balades en montagne) nous rappelle la dure loi de la gravité : monter c’est dur. 1100 mètres plus haut le paysage est ma-gnifique et justifie les litres d’eau transpirés sur le parcours. Le jeudi application en site na-turel des savoir-faire acquis au gymnase dans les domaines du rappel, de l’escalade et des passages équipés. Puis installation en bivouac 1500 mètres au dessus du lac de Serre Ponçon. Le soir au bivouac le capitaine aperçoit les aiguilles de Chabrière et se dit qu’une photo escadron à 2800 ça serait pas mal. Il n’en fallait pas plus pour que dès le lendemain IGNEUS ARDENS se mette en route, gravisse la mon-tagne jusqu’au sommet et clic-clac c’est dans la boîte !

Le samedi repos ! Non mais ça va pas ! Y’a le challenge escalade inter-pelotons qui compte pour le trophée sportif IGNEUS ARDENS. A l’issue des trois épreuves le 2e peloton prend une légère avance dans la conquête du tro-phée notamment grâce au brigadier Goenvic dit l’homme araignée ! L’après-midi l’escadron se rafraîchit avec l’eau de l’Ubaye lors d’une séance de rafting.Après le repos dominical bien mérité la semaine est consacrée à la restitution, bivouac et plusieurs sommets sont au programme. Les 3200 mètres sont franchis pour une partie de l’escadron et la tradition, qui veut que les personnels trempent leur fesses dans la neige la première fois qu’ils passent le cap des 3000 mètres, est respectée. La neige a donc bien fondu sous le feu ardent du 4e escadron. Voici venu les temps des réintégra-tions et du retour sur Valence, au revoir barcelo et à la prochaine !

Le 2e et le 3e peloton

Du 20 septembre au 4 octobre 2006, le 4e es-cadron arme une compagnie PROTERRE à deux sections pour participer à l’opération VI-GIPIRATE en Île-de-France.

Le 18 septembre matin, un détachement pré-curseur composé du capitaine Pourcelet, de l’adjudant Vizier, du lieutenant Bur et du lieu-tenant Abry quitte Valence pour participer à la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’arc de triomphe. Anciens combattants et touris-tes, présents en nombre, réservent un accueil chaleureux aux quatre spahis dont la présence en ce lieu hautement symbolique ne passe pas inaperçue. L’effet Burnous est une fois de plus vérifié !Le 19 septembre la compagnie, au complet, prend ses quartiers au Fort de l’Est à Vincen-nes. L’heure est à la préparation de la mission. Le 4 relève un détachement du Train. Trans-mission des consignes, transfert du matériel, reconnaissance des sites, dernier briefing. Tout le monde est prêt !Le 20 septembre, la mission commence : surveiller

durant la semaine la Défense et le Louvre et durant le week-end Eurodisney et le Louvre. Les deux sections se succèdent sur ces trois si-tes pendant deux semaines. Chaque jour, une section surveille deux sites pendant que l’autre demeure en alerte au Fort de l’Est ou se re-pose.Le contexte de rentrée n’est pas favorable et plusieurs éléments - déploiement des premiers éléments français au Liban, réactions consé-cutives aux déclarations du Pape - renforcent la menace qui pèse sur ces sites stratégiques. Les spahis, conscients de leur rôle, prennent leur mission à cœur et vont arpenter sans re-lâche les galeries souterraines de la Défense, les cours intérieures du Louvre et les accès à Eurodisney.Le brigadier-chef Giraud, en mélomane aver-ti, ne manque pas de se recueillir devant la fi-gurine d’Elvis à Eurodisney !Les jours de repos sont partagés entre le sport et les activités de détente. Sortie cinéma, bai-gnade à l’aquaboulevard, visite des Invalides, du musée du Louvre, du musée de la Marine

permettent à tout le monde de se changer les idées. Chaque section participe également une fois au ravivage de la flamme. Cette cérémo-nie, que beaucoup découvrent, sera un des moments fort du séjour à Paris.Le 3 octobre, après deux semaines de patrouille sans incident majeur, le 4 passe le flambeau à la batterie du 35e RAP venue le relever. Tout le monde rentre à Valence le 4 au matin avec le sentiment du travail bien fait et l’esprit déjà tourné vers les activités à venir.

Le 4 à Lutèce

La neige résistera-t-elle au feu ardent du 4

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Flash info

653. C’est le nombre de visiteurs qui ont rendu visite au 1er régiment de spahis dans le cadre des journées européennes du patrimoine les 16 et 17 septembre dernier. Le public a pu découvrir différents aspects du passé des spahis. Au programme histoire du régiment avec la visite de la salle d’honneur. Puis découverte plus large de l’histoire des unités de spahis au travers des salles patrimoine. Le bâtiment principal du quartier Baquet, un ex-petit séminaire était également à découvrir lors de cette opération. Cette immersion dans le patrimoine militaire s’est faite, en partenariat avec la ville de Va-lence, sous forme de visites guidées et commentées par des cadres du régiment.Entre autres retombées de ces journées du patrimoine, une classe de l’école Montaigne, dont l’enseignante avait découvert le régiment lors de ces journées, est venue visiter les salles patrimoine et la salle d’honneur, quelques jours avant le 11 novembre.

Le 16 novembre, le général Clément-Bollée, commandant la 6e brigade légère blindée, était en visite au 1er régiment de spahis pour une première prise de contact. Après une présentation du régi-ment par le chef de corps et les chefs de services en salle d’honneur, le général s’est adressé aux cadres du régiment réunis en salle polyvalente. Le temps de midi a été l’occasion pour le général d’aller au contact des différents chefs de services, capitaines commandants, chef de pelotons et représentants de catégories autour d’un buffet. Lors de ce repas a également été remis en cadeau au général un calot. Un cadeau qui est allé droit au cœur du général Clément-Bollée dont le père fut spahi. L’après-midi a été consacré à la visite des installations. Durant cette visite le général Clément-Bollée a pu rencontrer les stagiaires CME ainsi que les jeunes engagés d’octobre de la FGI.

Journées du patrimoine

Le combrigade en visite

Il y a environ un an le centre d’information et de recrutement de l’armée de terre (CIRAT) de Perpignan recevait des effets historiques (boléro de spahi, gilet, bottes d’officiers et divers documents) des mains d’un ancien spahi. Après un contact entre le CIRAT Perpignan et le CIRAT Valence, ce dernier se mettait en rapport avec la cellule recrutement du régiment afin d’organiser le rapatriement sur Valence de ce don. Au final le jeudi 9 novembre, le lieutenant Maurin du 1er escadron (qui s’est chargé du rapatriement des effets), l’adju-dant Chabrol du CIRAT Valence, l’adjudant Gourlet de la cellule de recrutement régimentaire, étaient réunis en salle d’honneur pour une remise officielle de ce don. Un bel exemple d’action coordonnée entre la chaîne recrutement et le régiment au profit du patrimoine.

La chaîne recrutement au service du patrimoine

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Symboles SpahisLe fanion de

commandement

Le fanion est le symbole du commandement d’un escadron. Chez les spahis, on l’appelle également toug, tough ou tûg. Il est fixé sur une hampe ornée d’une queue de cheval, surmontée du fer de toug, composé d’une sphère, “la koura”, d’un croissant, le “hilal” et d’une étoile chérifienne pour les spahis marocains.