Upload
tranhanh
View
214
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
HISTOIRE DE LA ME DECINE
« Nous sommes redevables aux anciens de la supériorité
que nous avons sur eux ». Blaise Pascal
Regroupe l’ensemble du programme d’Histoire de la médecine en PAES, assuré par le professeur Bertrand à
la Faculté de médecine de Nice
2013/2014 - Nice
UE 7 – Histoire de la médecine 1
Il n’y a pas de médecine sans l’existence de la maladie. Pour qu’il y ait la maladie :
o Elle doit exister par elle-même
o L’Homme doit la considérer comme anormale
Face à la maladie, existent deux types d’attitudes :
o Active : recherche de moyens diagnostiques et thérapeutiques, en raisonnant grâce à une étude des
symptômes
o Passive : la maladie est vécue comme une punition (divine), contre laquelle on ne peut rien
I. Le concept de la maladie
A. Risque existentiel
Au cours de la préhistoire, la maladie est vécue comme un risque existentiel étant
donnée l’espérance de vie très courte (25 ans en moyenne) :
o Des tentatives de soins sont faites : cals osseux sur des fémurs et crânes
trépanés en sont la preuve L’individu est mis en état de se soigner par la
communauté.
o Le premier acte médical est celui de la solidarité et de l’assistance envers le
plus faible
La magie shamanique joue également un rôle important dans les sociétés
préhistoriques
B. L’envoutement et la punition divine
La maladie est vécue comme une punition divine, ou comme le résultat d’un envoutement qui voudrait nuire au
malade
Ainsi si les dieux rendent malades, les prêtres soignent, c’est une médecine sacerdotale qui va peu à peu se
laïciser
1. Sumer (Babylonie)
Ce sont les dieux qui apportent les maladies (« épidémie » : activité dévoratrice du dieu)
Les soignants sont des prêtres de deux types :
o Les Baru : ce sont les devins, ils fixent le diagnostic et le pronostic
o Les Ashipu : ce sont les thérapeutes, ils soignent par des incantations et des exorcismes
Les médecins eux, ont des méthodes thérapeutiques également
Ishtar pour la reproduction
2. Égypte
La maladie y est le résultat d’un envoutement plus que d’une vengeance divine, mais ce
sont également les prêtres qui s’occupent des soins avant d’avoir une laïcisation
Imhotep (médecin du IIIème millénaire, probablement mythique) fonde les maisons de la vie
La médecine égyptienne est très spécialisée
Les dieux guérisseurs sont nombreux : Thot pour l’ophtalmie, Isis
pour les accouchements, Sekhmet pour la gynécologie
DE L’EMPIRISME A LA MÉDECINE EXPÉRIMENTALE
UE 7 – Histoire de la médecine 2
3. Grèce anté-hippocratique
Les dieux guérisseurs y sont Apollon, Hygie et Panacée. Mais ce sont eux qui distribuent les maladies
Les Asclépiades (prêtres) des sanctuaires d’Asclépios (dieu de la médecine, fils d’Apollon) fondent des dynasties
de guérisseurs en développant une thérapeutique, bien que les prières soient toujours effectuées
4. Rome, avant Galien
Au sein de la civilisation romaine, la médecine est peu importante, notamment à cause d’une
superstition très marquée. Les romains récupèrent des dieux étrangers mais selon eux il vaut
mieux éviter de les froisser sinon on s’attire le mauvais sort
On invoque des divinités salutaires : Salus, Febris, Mephistis, Valétudo, Priape, Hercule, Castor,
Polux (fertilité)
Le culte d’Esculape (ex Asclépios grec) apparaît en -293 et les Asclépiades sont réquisitionnés
pour le soin des esclaves, puis des maîtres
La médecine se laïcise peu à peu
5. Monde chrétien primitif
312 : Une grande épidémie est à l’origine d’un retour à la médecine théurgique (religieuse)
Médecine sacerdotale : les moines soignent par charité et sont souvent médecins, les
invasions barbares renforcent leur pouvoir. Le concile de Latran en 1139 mettra fin à leur
droit d’exercice de la médecine
Les saints guérisseurs spécialisés apparaissent pour remplacer les dieux guérisseurs, tel
Luc, Côme et Damien pour la chirurgie, Sébastien et Roch pour la peste, Antoine pour les
maladies de peau, Lucie pour les maladies des yeux
C. La théorie uniciste
A la fin de l’Antiquité apparaissent des mouvements de pensée, selon lesquels les maladies seraient dues à un
désordre unique :
o Selon les biophysiciens grecs des VIIIème-VIème siècles, l’Homme subirait des influences du cosmos
o Selon Empédocle, il existe 4 éléments et une maladie est un dérèglement de l’un de ces éléments
D. La théorie pluraliste
Mais il devient admis que les maladies ont pour origines différents facteurs
Théorie humorale : prônée par Hippocrate, elle indique que les maladies sont un
déséquilibre entre le tempérament et les choses non naturelles. Les choses naturelles
étant une bonne proportion entre les 4 humeurs :
o Le sang : agitation, sujet aux accidents cardio-vasculaires
o Bile jaune : anxiété, sujet aux maladies hépatiques
o Bile noire (atrabile) : mélancolie
o Lymphatiques : flegmasie, sujet aux maladies cardiaques
Le tempérament serait déterminé par la dominance de l’une de ces humeurs,
prédisposant à certaines maladies
Par opposition on retrouve les choses non naturelles, issues de l’environnement : ce qui est retenu dans le
corps, ou qui en sort, la veille et le sommeil, le mouvement et le repos, l’air, les aliments, les passions de l’âme
E. École anatomo-clinique
Cette école attribue une cause propre à chaque maladie, elle établit les bases de la nosologie et de la
sémiologie actuelles
Elle est issue d’une confrontation des signes cliniques constatés du vivant aux lésions retrouvées à l’autopsie
Ses précurseurs sont : Gottengen, Desbois de Rochefort, Desault
UE 7 – Histoire de la médecine 3
Ses principales figures sont : Laennec, Bretonneau, Louis, Trousseau et Dieulafoy en France. A l’étranger on
retrouve Bright, Hodgkin, Addison (GB), Cheyne et Stokes (Irlande), Corrigan (Ecosse), Osler et Hastedt (Canada
et USA), Biermer (Suisse)
La figure d’opposition est occupée par Broussais, pour qui toutes les maladies sont dues à un processus unique
d’inflammation, appelé phlegmasie
F. Méthode de pensée actuelle : la théorie mixte
Certaines maladies sont dues à une réaction anormalement amplifiée de l’organisme vis-à-vis de certains
agents déclenchants : ce n’est pas l’agent qui est à l’origine de la symptomatologie mais l’organisme qui a du
mal à lui répondre
Allergie : découverte de l’anaphylaxie par Richet et Portier, de l’allergie par Widal. Le corps peut agir contre
lui-même
Maladies du système : ce sont les maladies auto-immunes comme celles du collagène, entrevues par
Pautier, individualisées par Klemperer et précisées par Hargrave et Haserick
L’école anatomo-clinique reste également d’actualité
II. Le savoir raisonner et le savoir faire
A. Le savoir raisonner
Grèce hippocratique École anatomo-clinique Méthode Expérimentale (Claude Bernard)
Depuis la fin du XXème siècle
Constatation de la maladie
Observation des Symptômes
Observation de cas semblables
Recherche de lésions communes à différents cas
Description de l’entité
Recherche de la cause (découverte au hasard)
Hypothèses Expérimentation
animale
Méthode épidémiologique
Études prospectives (risque relatif, méthode statistique)
B. Élaboration du raisonnement médical
1. En Égypte antique
On y suit un raisonnement en 4 propositions :
1- Signes
2- Diagnostic
3- Pronostic (curable ou non)
4- Traitement (pour les maladies curables)
2. En Grèce antique:
Avant Hippocrate : ce sont des systèmes plus philosophiques que médicaux (Thalès, Pythagore, Empédocle et
les 4 éléments, Démocrite et ses atomes)
L’arrivée d’Hippocrate marque le début de l’observation et du « bon sens »
Aristote : le raisonnement est tout puissant, les faits importent peu (les pensées médiévales s’en inspirent)
Empiristes : l’expérience est préférable pour créer un guide de bonnes pratiques. Mais si l’on se base sur
des faits acquis et des dogmes, l’initiative est impossible
3. A Rome :
Celse participe au mouvement des néo-empiristes
Galien de Pergame souhaite appliquer à l’Homme les découvertes qu’il fait grâce aux dissections animales.
Mais cela pose problème quand la physiologie de l’animal diffère de celle de l’Homme
UE 7 – Histoire de la médecine 4
4. Après la chute de l’Empire romain d’Occident :
Les connaissances médicales se déplacent dans l’empire romain d’Orient, vers Alexandrie, où se développe une
école de chirurgie particulièrement connue
En Occident c’est le monde arabe qui réintroduira la médecine, les arabes acquièrent des connaissances par
leurs conquêtes sur l’Empire byzantin
Les savants juifs jouent le rôle de relais entre le monde chrétien et le monde arabe, ce sont eux qui amènent
les connaissances grecques en Occident.
5. Dans l’Occident médiéval
Les universités phares se situent à Salerne et Montpellier
La méthode d’enseignement se base sur la scolastique de Saint Thomas d’Aquin, qui est surtout appliquée à
Paris et gérée par l’Église.
6. A la Renaissance
D’importantes avancées en anatomie sont réalisées mais la pensée médicale ne subit aucun renouveau
Ce sont d’autres domaines de connaissances qui tendent à se développer
7. Aux XVIIème et XVIIIème siècles
Ces deux siècles marquent une transition, à l’origine du développement de la médecine scientifique
Il faut néanmoins supporter un héritage assez pesant :
o Descartes et son rationalisme
o De nouveaux systèmes de pensées, sans support expérimental Iatrochimiste et iatromécanicien
Mais c’est le début d’une tendance expérimentale
Harvey fait d’importantes découvertes sur la circulation
Lavoisier met en évidence la mécanique respiratoire
8. Aux XIXème et XXème siècles
Méthode anatomo-clinique : Laennec
Histopathologie : Virchow
Méthode expérimentale : Claude Bernard
UE 7 – Histoire de la médecine 5
L’hôpital n’a pas toujours existé, il n’a pas toujours eu la même fonction, mais il est progressivement devenu le centre
de notre système de santé
I. Les hôpitaux et leurs missions
A. Apparition et développement des hôpitaux
1. Antiquité
a) Égypte ancienne
Il y existe deux structures dévouées à la santé :
o Les maisons de la vie : hôpitaux de jour, pour les consultations, mises en place par Imhotep pour soigner
les plus pauvres. Les malades devaient signaler aux prêtres si le traitement avait marché
o Les maisons de la mort : lieux d’embaumement Développement des connaissances en anatomie
Ces structures sont gérées par les prêtres
Des sanctuaires d’Imhotep ont existé, les gens s’y rendaient et subissaient
une cure thérapeutique
b) Grèce antique
Les Asclépéion (sanctuaires d’Asclépios) accueillent les malades, ce sont
des termes, avec un théâtre. Les patients sont accueillis, préparés puis ils
dorment (première fois que l’on dort dans la structure de santé) et au
cours de la nuit ils sont visités par Asclépios
Les Asclépiades (prêtres) gèrent ces sanctuaires. On a des dynasties de
prêtres (dont serait issu Hippocrate)
c) Dans la Rome antique
Les Asclépiades sont faits esclaves lors de la conquête de la Grèce par Rome
(-293). Le culte d’Asclépios est alors transformé en culte d’Esculape.
Les Asclépiades sont d’abord réquisitionnés pour soigner les esclaves puis les
maîtres infirmeries
Le valetudinarium est un hôpital de guerre, une infirmerie de garnison
offrant des soins chirurgicaux et infirmiers aux blessés
d) Byzance
Byzance devient le gardien des traditions de médecine gréco-latine après la chute de l’Empire d’Occident
325 : le concile de Nicée marque l’acte de fondation de l’hôpital dans le monde chrétien. Il oblige la présence
de Xénodochion dans chaque ville hébergeant un évêché
Les xénodochion sont des lieux d’accueils pour les pèlerins, ils peuvent y manger et recevoir des soins infirmier.
Leur porte s’ouvrira aussi aux locaux par la suite Mission caritative
Les grands noms de la médecine sont des ecclésiastiques
Le premier hôpital est fondé en 368 à Césarée de Capadoce par Saint Basile.
En l’an 400 l’impératrice Faviola de Rome mets en place les soins infirmiers en hôpital
À Jérusalem est fondé l’hôpital de saint Jean d’où naîtra l’ordre hospitalier
L’HISTOIRE DE L’HÔPITAL
UE 7 – Histoire de la médecine 6
2. Le moyen-âge
a) Byzance
Il s’y développe un système de santé publique basé sur les xénodochion. Deux acteurs principaux :
o Grand orphanotrophe : conseiller de l’Empereur (ministre de la santé), au niveau civil et militaire.
Le personnel médical est mixte
o Parabolani : corps d’infirmiers de l’armée chargés de ramasser les blessés
1112 : l’hôpital monastique de Pandocrator est fondé
b) Monde musulman
Nestor s’exile après être entré en désaccord avec les chrétiens, en amenant avec lui bon nombre de savants et
médecins. Il fonde alors la ville de Gundishapour en Perse. Les musulmans récupèreront la tradition nestorienne
Il récupère l’organisation du système byzantin, ainsi les hôpitaux (Morestan) sont rattachés à l’école coranique
(Madrassa) et à la Mosquée Système « tricéphale » proche de la religion
On a un système de clinique ambulatoire pour les milieux isolés qui n’ont pas accès à la médecine des cités
Haroun Al Rachid fonde 8 hôpitaux à Bagdad en 1100, ces hôpitaux sont organisés par spécialité et une
hiérarchie rigoureuse les administre puisque les meilleurs médecins de l’époque s’en occupent
c) Dans l’Occident médiéval
Le système romain a beaucoup pâti des invasions barbares
C’est auprès des monastères que naissent les premiers hôpitaux :
lieux d’accueil pour les pauvres et les nécessiteux
Le système reste lié à la religion, on y trouve un hôtel-Dieu dans
chaque ville dotée d’un évêché, et une maison-Dieu pour les
villes plus petites
512 : Fondation de l’Hôtel-Dieu de Lyon par Childebert (vaste
pièce dotée de lits situés en périphérie)
B. Missions de l’hôpital et évolution
Rôle caritatif C’est le premier rôle attribué à l’hôpital, pour l’accueil des pèlerins, des plus démunis (xénodochion)
Rôle curatif N’apparaît qu’aux Vème /VIème siècles, d’abord des soins infirmiers puis médicaux et chirurgicaux Le curatif et le caritatif resteront liés jusqu’en 1851 (séparation hospice/hôpital)
Rôle pédagogique
Dès les VIIème/IXème siècles, l’enseignement se fait au lit du malade dans le monde musulman Dans le monde arabe (pas uniquement musulman), l’enseignement hospitalier débute au Xème siècle
avec Al Magusi En Europe, enseignement hospitalier au XVIIème (Boerhaave), apogée au XIXème (anatomo-clinique) D’abord à Leid (Pays bas), puis à Vienne et enfin à Paris
Recherche Il prend une place de choix au XIXème siècle avec les anatomo-cliniciens
Rôle d’isolement
(Moins avouable)
Au moyen-âge : Lèpre : propagée (et non importée !) par les croisades Lépreux isolés dans des lazarets des villes portuaires, ou dans des léproseries à l’écart des villes où ils perdent leurs droits et sont « soignés » par les clercs
Mal des ardents/feu de Saint Antoine/ergotisme : maladie
due au seigle aux symptômes proches de ceux de la lèpre, si bien que les malades finissent dans des léproseries
Malades mentaux : au début orientés dans les hôpitaux normaux, puis sont créés des hôpitaux spécialisés
UE 7 – Histoire de la médecine 7
Rôle d’isolement
A la renaissance :
Syphilis (grande vérole) : ramenée d’Amérique par les conquistadors en échange de la variole (les Français la récupèrent à Naples) Ouverture du premier hôpital de francisé (vérolé) à Ferrare
Enfants abandonnés : le premier hôpital pour les recueillir est créé à Florence, Saint Vincent de Paul en créé un à Paris
Hôpital général : il est fondé par Louis XIV pour isoler les miséreux de la cour des miracles, bientôt étendu au reste du Royaume. Il fonde aussi l’hôpital des Invalides pour les anciens combattants
Malades mentaux : des hôpitaux spécialisés sont créés où les aliénés sont enchaînés jusqu’à l’arrivée de Philipe Pinel qui les en délivrera. Le 1er hôpital psychiatrique est fondé en Allemagne en 1726
II. L’hospitalisme infectieux
A. Définition et facteurs de risques
L’hospitalisme infectieux regroupe toutes les affections de nature (en général) infecteuse qui sévissent
électivement dans le milieu hospitalier Infections nosocomiales
Facteurs de risque :
o Patient : l’hôpital regroupe des patients qui sont dans un état de promiscuité échange de germes
o Personnel : il est vecteur de transmission des germes
o Thérapeutique : les soins lèsent souvent la barrière de la peau, créant des sites propices à l’infection
B. Evolution de l’hospitalisme infectieux
Facteurs liés au malade : ce n’est qu’au XVIIIème siècle que les patients sont séparés par pathologie et non par
sexe (structure pavillonnaire) Promiscuité
Facteurs liés au personnel soignant :
o Ce sont souvent des sœurs religieuses qui s’occupent des soins Florence Nightingale, fondatrice
de la première école infirmière
o La notion de contagiosité n’est pas connue Ali Ibn Al Khatib et Ali Ibn Khatima Al Ansari : notion
de contagion directe d’Homme à Homme (XIVème) Fracastor : notion de contagion indirecte
Facteurs thérapeutiques :
Les locaux sont mal ventilés et ne sont pas entretenus faute de moyens
La quasi-totalité des patients ressort de l’hôpital avec la gale, 20% de chance de mourir à l’Hôtel-Dieu
Plus de 90% des femmes sont atteintes de fièvre puerpérale à l’accouchement
Le rapport Dionis notifie ces conditions mais sans réel succès
Cabanis au XVIIIème siècle
C. Les grandes avancées de lutte contre l’hospitalisme infectieux
Lavage des mains L’antisepsie L’asepsie Le gant chirurgical
Préconisé par Semmelweiss avant chaque accouchement Non écouté en son temps
Lister préconise la stérilisation du champ opératoire, des mains et des instruments à l’acide phénique
Pasteur (chimiste) met fin au mythe de la génération spontanée. Il préconise la stérilisation du linge et des instruments à la chaleur
Inventé par Halsted pour lutter contre l’allergie à l’acide phénique. La généralisation de son utilisation permettra une baisse de la mortalité
III. Situation actuelle Le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales permet de mettre en place des mesures de protection
La mise en place du service d’hygiène hospitalière dans tous les hôpitaux, donc la mobilisation d’un service
entier dans cette lutte, a permis de faire baisser le taux d’infections nosocomiales
UE 7 – Histoire de la médecine 8
Le Moyen-âge s’étend sur environ mille ans, de la chute de l’Empire romain d’occident (476) à celle de Constantinople
(1453). Cette période est habituellement décrite comme noire et stérile mais il faudrait plutôt la considérer comme
riche et pleine de progrès.
Il faut néanmoins noter un décalage important entre le monde Occidental et le monde arabe.
I. La médecine dans l’Occident chrétien
A. La médecine monastique (476 an Mil)
Les invasions barbares ont effacé la structuration et l’organisation de l’administration romaine, seule l’Église et
ses monastères ont été épargnés
La profession de médecin n’est plus distincte pendant le haut moyen-âge, il n’y a plus d’enseignement officiel
médical.
Le dernier auteur du monde gréco-latin à avoir écrit une œuvre notoire en matière de médecine est Oribase au
IIIème siècle (+++)
1. Les sorcières
La médecine parallèle est importée par les germains. Elle est pratiquée par les femmes pour soigner les guerriers. Elle donnera naissance
au mythe de la sorcière, tant combattu par l’Église catholique.
Cette médecine durera jusqu’à la naissance des universités où ne pouvaient s’inscrire les femmes, elles furent donc progressivement
remplacées par des moines
2. La médecine officielle religieuse du Haut moyen-âge
Ce sont les monastères et les églises qui possèdent les manuscrits, à l’initiative de Saint Benoît de Nursie. Les
moines copistes s’emploient à acquérir une connaissance médicale, mais il n’y a pas d’initiative scientifique car il
s’agit de recopier les textes des médecins de l’Antiquité Cluny, Sitot, Clernaut, dans les pays germaniques
Il n’y a pas de profession médicale, les moines soignent mais par charité chrétienne.
Saint Benoît de Nursie (IVème-Vème) fonde l’Ordre des Bénédictins. Il fonde le monastère du Mont Cassin qui
deviendra un foyer de culture médicale, détenteur du savoir médical en occident. C’est de là que viendront les
premiers enseignants laïcs de l’école de médecine de Salernes.
La thérapeutique repose sur :
o L’usage des plantes médicinales cultivées dans les jardins simples Usage de l’herbier de Dioscoride
o La prière Recours aux saints guérisseurs
Le Concile de Nicée de 325 recommande la création de lieux de soin (xénodochion) :
o Des Hotels-Dieu dans les villes d’évêché
o Des Maisons-Dieu dans les cités de moindre importance
Création d’un maillage avec un hôpital tous les 30km.
Certains ordres religieux apportent leurs soins dans leurs propres monastères et certains se spécialisent :
o L’Ordre de saint Antoine (1095) pour le mal des ardents
o L’Ordre de saint Lazare (1187) et les Franciscains pour les lépreux
o L’Ordre de saint Jean de Jérusalem (1100), l’Ordre des hospitaliers
3. Moines médecins connus
Cassiodore (Vème siècle) en Italie
Isidore de Séville (VIème siècle) en Espagne
Bede le vénérable (VIIème siècle) en Angleterre
Hildegarde de Bingen (XIIème), à l’origine d’un ouvrage regroupant des remèdes à
base de plantes liber simplicis medicinae
LA MÉDECINE AU MOYEN-ÂGE
UE 7 – Histoire de la médecine 9
4. Restructuration de la médecine
Avec l’arrivée au pouvoir de Charlemagne, l’enseignement se laïcise peu à peu
par la mise en place d’écoles palatines
Alcuin (ministre) réorganise la médecine grâce à deux capitulaires :
o Le capitulaire de Thionville (805) qui fait mention de l’art de guérir
o Le capitulaire d’Alcuin (805-807) qui réorganise la profession du
physicien avec un programme d’étude
Au XIIème siècle, une série de conciles va progressivement interdire aux moines
l’exercice de la médecine : Concile de Clermont (1130), de Latran (1139), de
Tours (1163)
Fin du monopole de l’exercice de la médecine par les religieux et laïcisation progressive
B. L’émergence des universités
Auparavant l’apprentissage se faisait auprès d’un sénior mais on a un tournant majeur au cours du XIIème
siècle : la 1ère renaissance médiévale
Le 3ème concile du Latran de 1179 stipule que toute église ou cathédrale doit entretenir un maître chargé
d’instruire les clercs de l’Église Développement des universités
1. L’école de Salerne
Au XIème la première université laïque, est créée par des enseignants du
mont Cassin, on n’y traite que médecine
Le collège d’enseignants comprend 10 médecins avec à leur tête un
doyen : le « praepositus »
Selon la légende, les 4 pères fondateurs sont de 4 origines différentes :
La dissection y est autorisée, faisant de l’université un haut-lieu aux
frontières du monde occidental et arabe
De nombreux souverains viendront se faire soigner à Salernes, tel Charles le simple, …
L’influence arabe et juive a bien pénétré à Salernes, tel Constantin l’africain (polyglotte) qui traduit les données
musulmanes pour l’école de Salernes
L’université accueille les femmes, telle Trotula qui devint enseignante dans l’université
Les productions scientifiques de l’école de Salerne :
o Antidotarium (collectif)et le flos medicinae vel regimen sanitatis salernitanumRégime salernitain
o Des aegritudinum curatione Traitement des malades
2. L’école de Montpellier
1181 : Fondation officielle à l’initiative de l’école de Salernes, aux confins du monde chrétien et arabe
(Espagne), et comme Salernes propice aux échanges.
Le corps enseignant (12 médecins) possède un chancelier à sa tête (doyen) nommé par l’évêque
Les grands noms associés à l’école de Montpellier sont :
o Arnaud de Villeneuve (XIIIème) : réécrit des ouvrages et met l’expérience au cœur
de la médecine
o Henri de Mondeville (XIIIème) : chirurgien de Philippe le Bel et de Louis le Hutin
o Guy de Chauliac (XIVème)++ : auteur de Chirurgia magna, il est chirurgien des
papes d’Avignon. Il prône l’apprentissage de l’anatomie par la dissection
(privilège de Montpellier)
Un grec : Pontus Un italo-romain : Salernus
Un juif : Hélinus Un sarrasin : Adela
UE 7 – Histoire de la médecine 10
3. Autres universités
L’université de Paris est créée par volonté du Roi et de l’autorité religieuse
Des universités naissent : Bologne, Oxford, Cambridge, Orléans, Padoue (anatomie++), Naples, Toulouse
C. L’enseignement : la scolastique
La scolastique est un vaste mouvement culturel occidental. Son application varie selon les universités mais doit
toujours être conforme aux dires de la religion.
Principe : l’âme dirige l’Homme, on se base sur Aristote pour qui un bon raisonnement sur les faits l’emporte
sur les faits eux-mêmes
Grands noms de la scolastique : Albert Lergrand et Thomas d’Aquin (ecclésiastiques)
La méthode d’enseignement repose sur 4 niveaux :
1- La lectio : explication par le maître, lecture d’Hippocrate et Galien
2- La quaestio : analyse d’opinions contradictoires à l’initiative du maître
3- La disputatio : les étudiants sont mis à contribution via le problème posé, amenant le débat
4- Le quodlibet : grand débat dans toute l’université et dans toutes les matières
La méthode scolastique est appliquée de partout SAUF à Montpellier et à Salernes
D. Le maillage sanitaire
1. Les médecins et les chirurgiens
Ils ne sont pas accessibles pour tout le monde
Les femmes sont rarement médeciennes et souvent sages-femmes
Le cursus des médecins et des chirurgiens est différent :
o Le médecin est un intellectuel ayant eu le cursus universitaire
o Le chirurgien barbier est l’exécutant ayant obtenu l’apprentissage pratique
Le baccalauréat permet d’exercer à la campagne
La licence permet d’exercer dans les villes
Le doctorat (grade supérieur) : permet d’exercer et d’enseigner dans toutes les
universités européennes
2. Les chirurgiens barbiers
Lanfranco publie l’un des premiers ouvrages d’anatomie humaine
On distingue deux types de chirurgiens :
o Les chirurgiens de robe longue : peu d’interventions mais nombreuses connaissances
o Les chirurgiens de robes courtes/barbiers chirurgiens : actes simples
1260 : fondation du Collège de Saint-Côme donnant un enseignement universitaire aux chirurgiens
E. L’approche de la santé
Le clergé est habitué à la pratique infirmière Médecins et chirurgiens n’interviennent qu’occasionnellement
1. Conception de la pathologie
Théorie des humeurs: la santé résulte de l’harmonie entre les 4 humeurs et l’environnement qui les entoure
L’examen médical comporte :
o L’inspection, la palpation
o La mire des urines et des divers excréments ou excrétions
2. La thérapeutique
L’hydrothérapie : cure thermale qui donnera lieu à la création d’étuves importées du proche orient par les
croisés (endroits malpropres)
Le régime : moyen naturel de conserver ou retrouver la santé Régime salernitain
UE 7 – Histoire de la médecine 11
Les traitements médicamenteux : la pensée est analogique et non logique. On se base sur la théorie des
signatures, les fruits, les légumes ont un aspect qui les indique pour telle ou telle pathologie
Les traitements chirurgicaux : la saignée est très pratiquée et fait l’objet de quelques avancées
o Anesthésie : utilisation d’éponges imprégnées de sucs (pavot, jusquiame, mandragore, belladone)
introduites dans les narines ou la bouche de l’opéré Efficace mais dangereux
o Les interventions réalisées sont la réduction de fractures ou luxations, l’ablation de tumeurs
superficielles, la cure de la hernie, le drainage de suppurations, la suture de plaies, l’ablation de pointes
de flèches, de calculs de la vessie par taille, les trépanations
II. La médecine arabo-islamique Cette médecine englobe la médecine pratiquée dans les pays de confession musulmane
Elle connaît une évolution en 3 temps : Initiation / Épanouissement (Xème) / Diffusion à l’occident
Contexte historique : débutant en 622 (hégire) l’Islam va se diffuser vers le Nord où il sera stoppé en 732 à
Poitiers puis vers la Chine, l’Ouest, Madagascar, la Sicile, l’Insulinde et l’Espagne
A. Héritages de la médecine arabe
1. Sources byzantines de médecine arabe
Les sources de la médecine arabe sont essentiellement gréco-latines avec :
o Le corpus hippocratique
o Les traités de Galien
o Le traité d’Oribase (Archimède, Dioscoride,
Antilus)
o Jacques le psychrist
o Alexandre de Tralles (description de l’amibiase
hépatique, des effets du pavot dans la toux)
o Surtout Paul d’Egine (mort en 690)
L’occident n’a pas accès à ces sources, ce qui donne l’avantage à la médecine arabe
2. L’héritage nestorien
Au Vème siècle, suite au concile d’Éphèse, Nestor (patriarche de Constantinople) est destitué et fonde alors la ville de
Jundi-shapour avec de nombreux savants, pour fonder une école de médecine de renom. Ils sont rejoints par des
athéniens 100 ans plus tard.
3. Héritage chinois et indien
Des plantes sont ramenées de l’extrême orient, à la suite de conquêtes (chanvre indien)
B. Grands noms de la médecine arabe
En Orient En Occident
Jean Mésué (IXème) Ali ibn Rabban al Tabari (IXème) : Rhazès : auteur du continent (bible de la médecine médiévale) Avicenne (Xème) : auteur des canons de la médecine
Abulcasis (Xème) : chirurgien et auteur de al tarsif Avenzoar (XIème) Averroes (XIIème) Ibn al Khatib (XIVème): contagiosité directe de la
peste Ibn Nafis(Damas, XIIIème) : 1ère description de la petite circulation
C. Apport des arabes à la médecine occidentale
Les occidentaux redécouvrent les manuscrits gréco-latins grâce aux arabes, notamment par l’intermédiaire de
Constantin l’africain et des médecins juifs
Un mode original de l’enseignement de la médecine est mis en place :
o En 932 le Calife Al Mukhadir impose la possession d’un diplôme pour pouvoir exercer la médecine.
o L’enseignement au lit du malade se développe en Europe, alors qu’il n’était que théorique auparavant
Les arabes contribuent à des avancées dans les connaissances de la chimie et de la thérapeutique :
o Meilleure connaissance des maladies infectieuses et de la chirurgie Cautère pour les hémorragies.
o En thérapeutique : distillation, sublimation, filtration et calcination Développement de la galénique
UE 7 – Histoire de la médecine 12
III. Médecine et médecins juifs
A. Contexte historique : la diaspora
135 : Chute de Jérusalem Diaspora = migration des juifs dans toutes les parties du monde
589 : concile de Tolède stipulant que seule la religion chrétienne n’est admise en occident Migration en
orient
1148 : arrivée des Almohades en Espagne Migration de juifs en Provence et dans le Languedoc
Les médecins juifs jouent le rôle de maillon entre l’occident et l’orient
B. Les connaissances médicales juives
1. Les bases du savoir médical
Les juifs puisent leurs sources dans le Talmud (Vème siècle), où figurent des règles d’hygiène individuelle et
collective. Celles-ci ne seront pas suivies par leurs contemporains
2. Les écoles juives
En orient : des écoles rabbiniques sont fondées aux Vème et VIème siècles comme à Tibériade ou enseigne Assaph
En occident : des écoles talmudiques sont fondées dans le Languedoc et en Provence (Narbonne, Bézier, Lunel
ou Avignon)
3. Les médecins juifs célèbres
Assaph le juif : issu de l’école de Tibériade centenaire selon la légende
Isaac l’hébreu (Xème) : auteur de traités sur les fièvres ou l’uroscopie et d’un guide du médecin
Maimonide (XIIème) : Médecin personnel de Saladin
Les médecins juifs sont recherchés aussi bien dans le monde occidental qu’oriental. Ils sont médecins des
souverains chrétiens, musulmans et même des papes
C. Apports des médecins juifs à la médecine occidentale
1. Les influences incontestables
Transmission du savoir grec et de la médecine arabe à l’occident par le biais de Salernes et de Montpellier
2. Les influences possibles
Les juifs pourraient avoir contribué à la prévention des épidémies (via le Talmud), ce qui aurait influencé la prise
en charge de la lèpre ou de la peste en occident
IV. Les pathologies au moyen-âge
A. Les pathologies infectieuses
La peste de Justinien : elle débute à Pelouse en Égypte en 541, une part d’Alexandrie qui va atteindre l’Espagne
et l’autre part d’Antioche qui atteint Constantinople, Raguse, Rome et Marseille Côtière
La Peste noire de 1347 : elle part de la mer Caspienne et va jusqu’en Norvège, tuant 30 à 40% de la population
Disparition de bon nombre de foires
Réorganisation démographique
La lèpre : mesures d’isolement de la société.
B. Les maladies de la nutrition
Ergotisme
Le scorbut : carence sélective en vitamine C Diffus au cours des
croisades
UE 7 – Histoire de la médecine 13
Ces siècles sont marqués par une structuration scientifique de la médecine et un progrès vers la médecine
actuelle (avec l’école anatomo-clinique). Cette médecine reste tributaire d’un passé important.
On va progressivement passer d’une notion qualitative à une notion quantitative dans l’appréhension des
maladies
XVIIème siècle : début des sciences exactes
XVIIIème siècle : début de la médecine préventive et de la santé publique
I. L’héritage du passé Le poids du passé est très important et l’héritage des anciens encore d’actualité
A. De l’Antiquité
Biophysiciens : conception de l’univers, influence astrale sur les maladies
Empédocle : théorie des 4 éléments (terre, air, eau et feu)
Pythagore : les temps critiques
Hippocrate : les 4 humeurs et leur influence sur le tempérament avec l’environnement
Aristote : il prône la scolastique, privilégiant le raisonnement aux faits
Galien : les 4 tempéraments et la pharmacopée
B. De la Renaissance
Imprimerie : elle permet aux médecins praticiens d’accéder aux textes
Connaissances de l’anatomie : grâce à de nombreuses autopsies (écoles de Padoue et de Bologne qui décrivent
l’anatomie descriptive)
Paracelse : médecin du XIVème siècle qui va apporter à la médecine l’utilisation plus scientifique de la chimie
II. La médecine au XVIIème siècle
A. Le raisonnement médical
La raison pure : la médecine sera victime des systèmes philosophiques, à l’époque prédominants sur les faits
La défense de la tradition gréco-latine
L’esprit de recherche : hérité de la Renaissance
Les systèmes médico-philosophiques : conception dualiste de Descartes, pour qui « l’âme est toute
puissante et le corps obéit ». À l’origine d’une vision mécanistique de l’Homme
1. Le conflit des systèmes
Iatromécaniciens Iatrochimistes L’Homme est une machine animée par une pensée. La maladie est le résultat d’un dérèglement mécanique :
Tout est chimique, les pathologies sont donc dues à un dérèglement chimique
Hoffman : l’organisme est sensible à l’environnement Tension et relaxation des fibres
Bellini : l’infection provoque une stagnation mécanique aboutissant à un épaississement du sang perturbant la physiologie
Thomas Willis Jean-Baptiste Van Helmont Pierre Chirac : prône la saignée, les lavements, … Nicolas de Blegny
Tentative de conciliation des deux théories par Boerhaave (de l’école de Leide)
qui révolutionne l’apprentissage de la médecine avec l’enseignement au lit du
malade
LA MÉDECINE AUX XVIIème et XVIIIème SIECLES
UE 7 – Histoire de la médecine 14
2. Mise au point de nouvelles méthodes
Naissance de la nosologie : 1ère classification des maladies aigues
et chroniques notamment grâce à Sydenham (à gauche). On lui
que l’on doit l’examen clinique tel qu’il est pratiqué aujourd’hui.
Naissance de la tendance expérimentale : William Harvey (à
droite) démontre expérimentalement l’existence de la circulation
du sang. Cela donnera lieu à la bataille des circulateurs
B. État des connaissances de l’Homme sain
Anatomie
Harvey Description de la circulation sanguine (avec aux travaux de Ibn Nafiz, Servet et Colombo)
Pecquet Circulation lymphatique
Malpighi Capillaires pulmonaires
De La Boe (=Sylvius) Anatomie et fonctionnement cérébral (avec l’aide de Willis et de Vieussens)
Physiologie Lower Hématose
Borelli Motilité automatique et volontaire
Mayow La respiration est une combustion
Embryologie De Graaf Fonctions de l’ovaire, rupture du follicule
Malpighi Santorini Décrivent le corps jaune et le rôle des spermatozoïdes dans la nidation
Leeuwenhoek Vers spermatiques
Dogmes sur la génération des humains :
o Préformation : le coït déclenche l’ovulation mais le fœtus préexiste soit dans l’œuf (ovisme), soit dans le
sperme (animaculisme)
o Épigénèse (Harvey): toute vie animale vient d’un œuf. Il ne préexiste pas, il se forme organe par organe
C. Connaissances de l’Homme malade
1. L’examen clinique et le rite médical
Au début du XVIIème siècle, l’examen clinique est encore assez sommaire. On regarde les signes, les selles, les
urines. Certains médecins vont développer la pratique clinique tels :
o Thomas Sydenham : à l’origine d’une pratique qui porte son nom
o Thomas Willis : relation entre les symptômes et les troubles anatomique se et physiologiques
o Hermann Boerhaave : enseignement clinique au lit du malade
2. Les premiers examens complémentaires
Mesures physiques, qui commencent à la fin du XVIIème siècle :
o Floyer : il compte le pouls
o Boerhaave : fait la mesure de la température
Mesures chimiques :
o Thomas Willis : il établit la notion de diabète sucré ou insipide
o Van Helmont : il décrit la présence de sels d’ammoniac dans les urines
Débuts de la microscopie : Van Helmont décrit les animacules
3. La thérapeutique
Thérapeutique médicale
Développement des découvertes des siècles antérieurs : mercure pour la syphilis, laudanum pour les pathologies nerveuses, ipécacuana pour la dysenterie et les vomissements
D’autres thérapeutiques sont découvertes : le quinquina ou remède des jésuites (paludisme)
Thérapeutique chirurgicale
Opérations : hernie étranglée, bubonocèle par Gendry, fistules anales par Félix Tentative de transfusion sanguine animal-homme par Denis
Obstétrique Louise Bourgeois : enseignement aux sages-femmes François Mauriceau : maladies des femmes enceintes Chamberlain : invention du forceps
UE 7 – Histoire de la médecine 15
D. Organisation des soins
On distingue :
o Les médecins régents (mieux formés) et les médecins externes (forains)
o Les maîtres chirurgiens et les chirurgiens externes/barbiers
Les sages-femmes et les soignants sont essentiellement des religieuses
Les hôpitaux sont supervisés par des médecins ou des chirurgiens régents, mais l’essentiel des soins est assurés
par des religieuses
Création de l’hôpital général par Louis XIV
E. Les grands fléaux
La mortalité est principalement due :
o À la mortalité fœto-maternelle
o Aux épidémies : peste, variole, dysenterie, paludisme La lèpre a disparu
o Aux maladies carentielles : à cause des famines, de la navigation intercontinentale + petite ère
glaciaire
F. Querelle des circulateurs
L’opposition est progrès est stigmatisée par la querelle des circulateurs, après la publication des travaux de
Harvey sur la circulation sanguine
o Les opposants sont : Jean Riolan, Guy Patin, Descartes
o Les partisans sont : Vieussens, Lower et Descartes
Louis XIV invite Dionis à enseigner cette théorie au jardin du Roi, ce qui légitime la découverte
III. La médecine au XVIIIème siècle
A. Courants de pensée au XVIIIème siècle
Le mouvement encyclopédique mené par Diderot et Voltaire, apporte une culture scientifique
Le Stahlisme (de Georges Stahl) : prédominance de l’âme
Le Brownisme (de John Brown) : qui fait la distinction entre les maladies sthéniques = excitation (opium) et
asthéniques = fatigue (alcool)
Le vitalisme mené par Théophile Bordeu et Paul Barthez
Tentative de classification des maladies par William Cullen et Boissier de Sauvage (Pathologia medica)
Conception mixte de Boerhaave et Théodore Tronchin (l’un de ses élèves)
Persistance de la croyance iatrochimiste et iatromécanicienne
B. Principales pathologies du XVIIIème siècle
Épidémies :
o Peste : Marseille en 1720, Moscou en 1789
o Variole : 1ère maladie à faire l’objet d’une prévention efficace par la variolisation
prônée par Tronchin (photo) Une des grandes avancées du siècle avec le
mouvement hygiéniste +++
o Typhus, paludisme, dysenterie bacillaire Propagée par les guerres
La vaccination est mise en place par Jenner
C. Les courants thérapeutiques
Découvertes thérapeutiques ai XVIIIème siècle :
o La tisane de colchique : pour la goutte
o La scille : utilisée dans le traitement de l’insuffisance cardiaque
o La digitale pourprée : efficace dans l’insuffisance cardiaque congestive
UE 7 – Histoire de la médecine 16
Héritage galénique : thériaques
Le mouvement réformiste des hygiéno-diététiciens +++ :
o Nouvelle thérapeutique et nouvelles façons de les appréhender
o Diètes conseillées, conseils de bon sens : rôle curatif, conservatif et préservatif
o Adaptation des thérapeutiques au cas par cas
D. Politique de santé et formation des médecins
Nouvelle vision de l’homme et du malade
Premières mesures de santé publique :
o Boîtes d’Helvétius pour aider les populations isolées et pauvres (boîtes de pharmacie)
o La prévention des noyades grâce à des postes de secours
On instaure le principe de prévention avec la lutte contre la variole
L’organisation de secours aux civils par le maire de la ville, en cas de catastrophe naturelle ou d’épidémie
plan ORSEC (1790)
Formation des médecins : fondation d’académies (références hors université) Académie royale de chirurgie
sous l’impulsion de Vicq d’Azyr(1780) car leur formation se faisait par compagnonnage auparavant. Information
de l’académie de médecine en cas d’épidémie
À la Révolution (1793) toutes les académies sont supprimées. Les écoles de santé de Paris, Strasbourg et
Montpellier sont créées en 1794
UE 7 – Histoire de la médecine 17
I. Introduction : Rupture franche avec les siècles passés par un renouveau intellectuel et scientifique
Contexte historique particulier : industrialisation (nouvelles maladies), mouvements sociaux importants,
émergence du capitalisme
Un certain nombre de progrès décisifs :
o Structuration de l’examen clinique (palpation, percussion, auscultation) et neurologique (La
salpêtrière)
o Acquisition de la nosologie et abandon de la médecine humorale
o Début de spécialisation de la médecine (notions de milieux intérieurs et de glandes endocrines)
o Progrès déterminants en thérapeutique médicale (alcaloïdes) et chirurgicale (anesthésie, anti
douleur, asepsie)
II. Les grandes écoles de la pensée médicale au XIXème siècle
A. L’école anatomo-clinique
1. Les principes de l’école anatomo clinique
Noter sur le vivant un certain nombre de signes cliniques, dont la correspondance pathologique
sera confirmée par l’autopsie Identification de différents syndromes
Précurseur : Giovanni Battista Morgagni (XVIIIème siècle) Sa Majesté anatomique. Il aurait fait 2000
autopsies qui lui permettront d’écrire du siège et des causes des maladies étudiés grâce à
l’anatomie.
Description des anévrysmes, des lésions tuberculeuses et de la syphilis.
Invention du mot cirrhose pour désigner la dégénérescence fibreuse hépatique
Le continuateur de l’œuvre de Morgagni est Xavier Bichat. Il individualise la notion entièrement
nouvelle de tissus, il écrira traité des membranes et notions physiologiques de la vie et de la mort
2. Les grands noms et les acquis de l’école anatomoclinique
1ère moitié du XIXe siècle, l’examen clinique va être complété par 2 nouveaux modes
d’investigation :
o Percussion thoracique : préconisée par Nicolas Corvisart des Marets (s’inspire du travail
Hoenbruger++++)
o Auscultation pulmonaire et cardiaque : découverte par René Laennec (stéthoscope)
Traité des maladies de poitrines, Traité de l’auscultation médiate
Autres noms illustres :
o Pierre Bretonneau : description de la fièvre typhoïde et la diphtérie
o Gaspard Bayle : première description de la tuberculose
o Jean Baptiste Bouillaud : il décrit le rhumatisme articulaire aigu
o Joseph Récamier : il met au point le spéculum vaginal en 1812
o Pierre Charles Louis : met au point la méthode numérique (suivre l’évolution des maladies
en notant régulièrement toutes les variations des constantes cliniques)
B. La médecine expérimentale
Elle est à l’origine d’une meilleure connaissance de la physiologie et de l’essor de la biologie Découverte du
milieu intérieur et de l’endocrinologie
Elle va s’intéresser à l’établissement du fonctionnement normal des organes (physiologie) et de leur
fonctionnement pathologique (physiopathologie)
François Magendie : Il réalise bon nombre d’expérimentations animales cathétérisme cardiaque du cheval,
fonctionnement sensitif et moteur des nerfs rachidiens
LA MÉDECINE AUX XIXème SIECLE
UE 7 – Histoire de la médecine 18
Claude Bernard : la physiologie doit s’appuyer sur des preuves obtenues dans la physique et la chimie
appliquées au domaine particulier de la vie Introduction à l’étude de la médecine expérimentale.
La médecine expérimentale donne naissance à la biologie fondamentale Notions de milieu
intérieur et d’homéostasie. La maladie est désormais définie comme un trouble du milieu intérieur
précédant la lésion cellulaire ou tissulaire
Les grands noms liés à la médecine expérimentale :
o Justus Liebig : il met au point la valeur calorique des médicaments
o Charles Bell : réalise tracés électriques des organes, fonctions motrices et sensorielles des nerfs rachidiens
o Auguste Chauveau : réalise le premier ECG
o Jules Marey
o Charles Brown-Sequard : un des 1ers endocrinologues, utilise extraits d’organes pour traiter les carences
o Ivan Pavlow : une réaction physiologique peut être conditionnée (sécrétion, salivation)
C. La médecine cellulaire
En 1838, la notion de cellule est définie par Schwann et Schleiden
Pathologie cellulaire : spécialité fondée par Rudolf Virchow, il démontre que les cellules donnent une spécificité
à chaque tissu
Les anomalies des tissus (tumeurs) sont la conséquence des proliférations anarchiques cellulaires
Jean Cruveilhier va être le 1er enseignant de cytologie et de pathologie cellulaire
III. Les acquisitions en matière d’examen clinique
A. L’examen clinique
1. Premier tiers du XIXème siècle
Inspection, palpation, percussion et auscultation
Examen de l’abdomen par Mac Burney
Point de la cholécystite (vésicule biliaire) : Courvoisier et Murphy
Palpation thoracique par Bard
2. 2ème partie du XIXème siècle
L’examen neurologique : examen des réflexes ostéo-tendineux complété par Erb et Westphall, Vulpian,
Déjerine, Pierre Marie et Argyl Robertson pour le réflexe photomoteur
L’équilibre, la coordination, la sensibilité et la mobilité par Duchenne, Romberg et Babinski
Le tonus par Charcot et Parkinson
La raideur méningée par Kernig
B. Les mesures physiques en médecine Signes de pancarte :
Comptage du pouls : depuis l’invention par Floyer de la montre à compter le pouls
Température corporelle : nécessité d’un thermomètre suffisamment pratique (Wunderlich, Albett et Jacoud)
La température du corps humain de Lorain
Mesure de la pression artérielle : par Ludwig ne passe dans la pratique médicale courante qu’à la fin du
XIXème siècle, appareillage commode avec Pachon
C. Les examens paracliniques
Examens biologiques :
o Dosage de l’urée dans le sang
o Recherche de sucre dans les urines (Fehling), recherche d’albumine dans les urines Bright ++ fait
le rapprochement entre maladies des reins et présence d’albumine dans les urines et œdème ++
UE 7 – Histoire de la médecine 19
Les analyses hématologiques : globules rouges identifiés
Composition cellulaire du sang : déterminée par Vietodt et le comptage des cellules sanguines par Malassez
D. L’endoscopie
Mise au point par Filippo Bozzini, le problème de l’époque est l’éclairage, parce que la bougie devra être
remplacée par une ampoule électrique après son invention Systoscopie
E. L’émergence de la radiologie
Rayons X découverts en 1895 par William Roentgen
Les premières unités de radiologie apparaissent avec Antoine Béclère (le Laennec de la
radiologie) apparaissent Description des lésions radiologiques
Fin du siècle : utilisation, des corps radioactifs avec
o Henri Becquerel pour l’uranium
o Pierre et Marie Curie avec la découverte du radium
F. La mesure des premiers courants électriques humains
Einthoven++, inventeur du galvanomètre à corde à la fin du XIXème siècle, puis de l’ECG Triangle d’Einthoven
IV. Acquisition de la nosologie
A. La spécificité
Notion de spécificité d’abord macroscopique grâce à l’école anatomo-clinique puis microscopique en identifiant
le rôle de la biologie cellulaire et des germes dans la genèse de la maladie
1. Sur le plan macroscopique
École anatomo-clinique : identification des différentes lésions des organes, à l’origine de maladies spécifiques
Avec Bichat, la responsabilité des tissus dans la genèse des maladies s’oppose à la théorie
humorale
François Broussais : Histoire des phlegmasies ou inflammations chroniques. Il élabore la
théorie des phlegmasies : toutes les maladies sont dues à un phénomène d’irritation à point de
départ gastro-intestinal
À la fin du XIXème et au début du XXème
o Auto-immunité et anaphylaxie (Richet et Portier) Remise en question du dogme de la
spécificité
o Transmission passive de l’immunité par Richet
o Découverte de l’effet toxique des tentacules de l’anémone de mer chez le chien : Richet et Portier
2. Sur le plan microscopique
a) La biocell
Virchow et Cruveilhier Cf. plus haut
Le XIXe va voir l’émergence de l’embryologie :
o Hertwig montre que la fécondation résulte de la fusion du noyau des gamètes mâle et femelle
o Von Baer décrit le développement de l’œuf
b) La microbiologie
Louis Pasteur (CHIMISTE) prouve l’inexistence de la génération spontanée
Pasteur et Robert Koch vont découvrir de nombreux microbes Spécificité des maladies infectieuses va être
démontrée et vont naître 2 nouvelles sciences : la bactériologie et l’immunologie
UE 7 – Histoire de la médecine 20
V. Les progrès dans les thérapeutiques médicales et chirurgicales
A. L’essor des thérapeutiques médicales
1. L’amélioration des connaissances galéniques
Fabrication de capsules, de comprimés
Premières injections sous-cutanées (Pravaz) en 1853
2. L’amélioration des procédés d’extraction chimique de principes actifs des plantes
1806 : Opium Morphine 1817 : émétine (Pelletier et Caventou) 1819 : colchicine 1820 : caféine et quinine 1831 : chloroforme 1848 : papavérine isolée de l’opium 1860 : cocaïne isolée à partir de la feuille de coca en
1860 Effet anesthésiant découvert par Freud
L’acide acétylsalicylique o 1827 : Leroux isole la salicine o 1853 : Von Gerhardt transforme l’acide
salicylique en acide acétylsalicylique o 1899 : Hoffman refait la synthèse
3. Fondation des premiers grands laboratoires pharmaceutiques
Pfizer en 1849, Bayer et Hoerst en 1863 Fiabilité de la fabrication des médicaments
Hahnemann pose les bases de l’homéopathie en 1810
B. Les thérapeutiques chirurgicales
1. Le contrôle de l’hémorragie
Mise au point des pinces hémostatiques à partir de 1864 en particulier avec les pinces de Péan
Pince hémostatique à griffes de Théodore Kocher
L’aiguille de Jacques Reverdin et les écarteurs de Louis Farabeuf permettent de réaliser des interventions
allant jusqu’à l’ablation d’un certain nombre d’organes (gastrectomie de Péan, appendicectomie de
Dieulafoy)
2. Le contrôle de la douleur, naissance de l’anesthésie
L’anesthésie générale va permettre la réalisation d’intervention de longue durée
Trois produits sont essentiellement utilisés : éther, protoxyde d’azote, chloroforme (Soubeiran 1831)
En 1844 : le dentiste Wells applique à la pratique de dentisterie les effets du gaz hilarant
En 1846 : le chirurgien Warren anesthésie un patient aux à Boston en lui faisant inhaler de l’éther (+ fiable)
En 1853 : Yong endort la reine Victoria avec du chloroforme
3. Lutte contre l’infection (antisepsie, asepsie)
4. Grands chirurgiens
Dominique Larrey : chirurgien de la Grande armée, il réalisera 80 amputations à la
bataille de Wagram
Dupuytren : contribue au développement de l’orthopédie
Lisfranc
UE 7 – Histoire de la médecine 21
VI. Médecine et politique sanitaire au XIXe
A. La formation du personnel de santé
1. Les médecins
1793 : dissolution de toutes les académies, sociétés savantes par convention
1794 : un décret décide de la fondation de trois écoles de santé : Paris, Strasbourg et
Montpellier
Réforme universitaire élaborée par Guillotin
1797 : les écoles de santé sont intégrées dans la nouvelle université
1802 : internat des hôpitaux
Sous la Révolution, le consulat et l’empire, l’enseignement médical est complètement rénové et uniformisé
Mise en place :
o D’une formation pratique obligatoire dans les services hospitaliers et dans les salles d’autopsie
o D’un enseignement commun aux étudiants en médecine et chirurgie, nécessité d’obtenir un
doctorat dans une école de médecine pour pouvoir exercer. Toutefois pendant tout le XIXe siècle
persiste le corps des officiers de santé formés pendant la révolution
2. Le personnel infirmier
Florence Nightingale (1854) : les soins infirmiers apportés au cours de la guerre de Crimée provoquent une chute
de la mortalité Fondation écoles infirmières
B. L’essor de la santé publique
Mise en place des toilettes personnelles
Sous l’impulsion des médecins : Fodéré, Franck, politique d’hygiène publique et de salubrité dans le
département de la seine
C. Les hôpitaux
Dissolution des congrégations : le budget n’est plus financé par l’Église mais par les pouvoirs publics
En 1796 : établissement hospitalier public/commune
Hôpitaux généraux :
o Construction de structures pavillonnaires
o Modifications de salles d’opérations
Hôpitaux psychiatriques : Pinel et Esquirol enlèvent leurs chaînes aux aliénés Charcot de la Salpêtrière
Création des sanatoriums : lieux propices pour le soin de maladies chroniques
Fondations reconnues d’utilité publique Croix rouge internationale par Henri Dunant (blessés de guerre)
VII. La pathologie au XIXe siècle
A. Maladies autochtones
Tuberculose : Bayle, Laennec, Koch
Alcoolisme : Magnus Huss (++) va employer ce terme pour la première fois.
L’alcoolisme chronique se répand avec la production industrielle d’alcool (gnôle)
B. Rachitisme
Elle frappe les sociétés industrielles, notamment les enfants mineurs Huile de foie de morue par Trousseau
Laveran isole l’hématozoaire de naissance