426
L’ÉPAULE Une approche pluridisciplinaire

A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

  • Upload
    others

  • View
    1

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’ÉPAULEUne approche

pluridisciplinaire

Page 2: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représen-te pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine uni-versitaire, le développement massif du «Photocopillage».Cette pratique qui s’est généralisée, notamment dans les établisse-ments d’enseignement, provoque une baisse brutale des achats delivres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer desœuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’huimenacée.Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisa-tion, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites.Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adresséesà l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie,3, rue Hautefeuille, 75006 Paris.Téléphone : 01 43 26 95 35

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédésréservés pour tous pays.

Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédéque ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans autorisation del’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part,les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées àune utilisation collective, et d’autre part, les courtes citations justifiées par le carac-tère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles sont incorporées(art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).

© SAURAMPS MEDICAL, 2005Dépôt légal : juin 2005

I.S.B.N. : 2-84023-422-X

Page 3: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Congrès thématique de juinOpus XXXII

L’ÉPAULEUne approchepluridisciplinaire

11, boulevard Henri IV34000 Montpellier

E.mail : [email protected]

Sous la direction de :

Alain BLUM, Thierry TAVERNIER, Jean-Louis BRASSEUR,Eric NOËL, Gilles WALCH, Anne COTTEN, Hervé BARD

Comité Scientifique :

A. BLUMT. TAVERNIERJ.-L. BRASSEURE. NOËLG. WALCHA. COTTEN

Organisation :

H. BARDD. MONTAGNONM. BAICHÈREE. JARRY

Président d’Honneur :

Daniel GOUTALLIER

Page 4: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

G.E.L.

PRÉSIDENT : S. BIANCHI

ORGANISATION : D. MONTAGNONB. GODOC

J.-L. BRASSEUR

PÔLE PRODUCTION : M. COHENP. PEETRONSR. BARGOIN

D. JACOBN. SANS

C. COURTHALIACA. LHOSTE

PÔLE SCIENTIFIQUE : S. BIANCHIN. BOUTRY

G. MORVANE. LEFEBVREM. MOINARDC. CYTEVAL

X. DEMONDION

Page 5: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

GETROA

LE BUREAU

PRÉSIDENT (2004-2005) : B. TOMENO

VICE-PRÉSIDENT (2004-2005) : J. MALGHEM

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL : A. COTTEN

SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX-ADJOINTS : H. BARDJ.-L. DRAPE

TRÉSORIER : H. BARD

RESPONSABLES DE COMMISSION : A. CHEVROTJ.-D. LAREDO

B. MALDAGUE

MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

B. AUGEREAUChirurgien Orthopédiste

H. BARDRhumatologue

A. BLUMRadiologiste

A. CHEVROTRadiologiste

A. COTTENRadiologiste

J.-C. DOSCH Radiologiste

J.-L. DRAPERadiologiste

M. FORESTAnatomopathologiste

O. GAGEY Chirurgien Orthopédiste

J.-D. LAREDORadiologiste

B. MALDAGUERadiologiste

J.-J. RAILHACRadiologiste

J. RODINEAU Médecine physique

T. TAVERNIER Radiologiste

C. VALLEE Radiologiste

B. VANDE BERGRadiologiste

E. VIGNONRhumatologue

M. WYBIERRadiologiste

MEMBRE D’HONNEUR

G. MORVANRadiologiste

Page 6: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LES MONOGRAPHIES DU GETROAchez le même éditeur

•1989 - PATHOLOGIE OSTEO-ARTICULAIRE (épuisé)

1990 - IRM OSTEO-ARTICULAIRE (Rachis excepté)

1991 - PIED ET CHEVILLE

1992 - L’IMAGERIE OSTEO-ARTICULAIRE POST-THERAPEUTIQUE (épuisé)

1993 - IMAGERIE DES PARTIES MOLLES DE L’APPAREIL LOCOMOTEUR

1994 - EVALUATION DE L’IMAGERIE DE L’APPAREIL MOTEUR (épuisé)

1995 - IMAGERIE DE L’OS ET DE LA MOELLE OSSEUSE (épuisé)

1996 - LA COIFFE DES ROTATEURS ET SON ENVIRONNEMENT

1997 - LE GENOU TRAUMATIQUE ET DEGENERATIF

1998 - LE RACHIS LOMBAIRE DEGENERATIF

1999 - IMAGERIE DE LA HANCHE

2000 - IMAGERIE DU RACHIS CERVICAL

2001 - IMAGERIE DU POIGNET ET DE LA MAIN

2002 - IMAGERIE DU PIED ET DE LA CHEVILLE

2003 - TENDONS ET ENTHÈSES

2004 - CONDUITE À TENIR DEVANT UNE IMAGE OSSEUSEOU DES PARTIES MOLLES D’ALLURE TUMORALE

chez le même éditeur

•2003 - IMAGERIE DU COUDE

Page 7: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ASSHEUER J. : Genovevastrasse, 24 51065Koln - Allemagne

ASWAD R. : Hôpital Saint Joseph Service dechirurgie orthopédique - 13008 Marseille

AUGEREAU B. : Service de Traumatologie etChirurgie Orthopédique - Hôpital EuropéenGeorges Pompidou - 75015 Paris

AYAN J. : Service d’Orthopédie et deTraumatologie - Hôpital Henri Mondor,Faculté de Médecine de Créteil (UniversitéParis XII) - 51, av. du Mal de Lattre-de-Tassigny - 94010 Créteil Cedex

AZAIEZ-MATHARI A. : Hôpital de la Pitié-Salpêtrière Service de Radiologie Centrale -75013 Paris

BARD H. : 4 rue Léon Vaudoyer - 75007 ParisE-mail : [email protected]

BARTHELEMY R. : Groupe Clinique du Mail- 38100 Grenoble

BESCH S. : Service de médecine physique etde réadaptation - Hôpital National de Saint-Maurice - 14, rue du Val d’Osne - 94410 Saint-Maurice

BIANCHI S. : Clinique et Fondation desGrangettes, 7 ch. des Grangettes, 1224 Chêne-Bougeries, Switzerland

BLUM A. : Service d’Imagerie Guilloz –Hôpital Central – 29, avenue du Maréchal deLattre de Tassigny – 54035 Nancy Cedex

BORDALO-RODRIGUES M. : Services deRadiologie des Hôpitaux : Santa Catarina,Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. SãoPaulo, Brésil

BOUTRY N. : Hôpital Roger Salengro -Service de Radiologie Ostéoarticulaire -Boulevard du Professeur J. Leclerc - 59037Lille Cedex

BOYER T. : Service de rhumatologie - HôpitalBichat - 75018 Paris

BRASSEUR J.-L. : G.H. Pitié-Salpêtrière Scede Radiologie - Centrale 43-87, bd de l’hôpital- 75013 Paris

BRUN V. : Radiologie Service du ProfesseurGuy Frija, Hôpital Européen G. Pompidou -75015 Paris

BUSSON J. : Cabinet d’Imagerie de l’AppareilMoteur - 5, rue Alfred Bruneau - 75016 Paris

CARRASSET S. : Hôpital Saint JosephService de Radiologie et d’Imagerie Médicale- 13008 Marseille

CARRILLON Y. : Clinique St-Jean - Service deRadiologie - 30, rue Bataille - 69008 Lyon

CHAPUIS D. : Centre Thionis – 14 allée de laterrasse – 57100 Thionville

CHARRIN J.-E. : Rhumatologue, Hôpital St-Luc St-Joseph, 69002 Lyon

CHATENET T. : Service de ChirurgieOrthopédique, Clinique de La Châtaigneraie -63110 Beaumont

CHEVALIER X. : Service Chirurgie orthopé-dique - CHU Hôpital Henri-Mondor - 51, ave-nue de Lattre de Tassigny - 94010 Créteil

CHEVROT A. : Service de Radiologie B,Hôpital Cochin, GHU Paris Ouest, UniversitéParis V - 75014 Paris

CHIAVASSA-GANDOIS H. : Service centrald’imagerie médicale - Hôpital UniversitairePurpan - 31000 Toulouse

CLAVERT PH. : Service de ChirurgieOrthopédique. Hôpital de Hautepierre.Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. F -67098 Strasbourg Cedex

COHEN M. : Service d’Imagerie Médicale,Hôpital Saint-Joseph, 26 bd de Louvain -13008 Marseille, France

COTTEN A. : Hôpital Roger Salengro -Service de Radiologie Ostéoarticulaire -Boulevard du Professeur J. Leclerc - 59037Lille Cedex

COURT L. : Clinique mutualiste, serviced’imagerie médicale - 3, rue Le Verrier - 42100St-Etienne

COURTHALIAC CH. : Cabinet de radiologie,41, av. de Grande Bretagne - 63000 Clermont-Ferrand

CYTEVAL C. : Service d’imagerie médicale.Hôpital Lapeyronie - 34000 Montpellier

DAUBINET G. : Institut Appareil LocomoteurNollet - 23, rue Brochant - 75017 Paris

DAGUET E. : Service de Radiologie Centrale(Professeur Ph Grenier) – Unité Ostéo-Articulaire - Hôpital de la Pitié Salpêtrière -47, bd de l’Hôpital - 75013 Paris - E-mail :[email protected]

DECOUX E. : Service d’imagerie médicale.Hôpital Lapeyronie - 34000 Montpellier

DESPEYROUX-EWERS M. : Service centrald’imagerie médicale - Hôpital UniversitairePurpan - 31000 Toulouse

DE MAUPEOU F. : Service central d’imageriemédicale - Hôpital Universitaire Purpan -31000 Toulouse

DION E. : Service de Radiologie Centrale(Professeur Ph Grenier) – Unité Ostéo-Articulaire - Hôpital de la Pitié Salpêtrière - 47,bd de l’Hôpital - 75013 Paris

DOSCH J.-C. : Département d’ImagerieOstéo-Articulaire. Centre de Traumatologie etd’Orthopédie de Strasbourg. F - 67400 IllkirchGraffenstaden

DUPUIS M.G. : Département d’ImagerieOstéo-Articulaire. Centre de Traumatologie etd’Orthopédie de Strasbourg. F - 67400 IllkirchGraffenstaden

DRAPÉ J.-L. : Service de Radiologie B, HôpitalCochin, GHU Paris Ouest, Université Paris V -75679 Paris

FERMAND M. : Hôpital Cochin, Service deradiologie B - 75679 Paris

FEYDY A. : Hôpital Cochin, Service de radio-logie B - 75679 Paris

GAGEY N. : 3, rue de Serre - 54000 Nancy

GAGEY O. : Hôpital Bicêtre - Service deChirurgie Orthopédique - 78, rue du GénéralLeclerc - 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex

GAZIELLY D.-F. : Unité d’Epaule - CliniqueJouvenet - 75016 Paris - E-mail : [email protected]

GODEFROY D. : Service de Radiologie B,Hôpital Cochin, GHU Paris Ouest, UniversitéParis V. ; Institut de Radiologie de Paris, 31avenue Hoche - 75008 Paris.

GOLMARD J.-L. : Service de Radiologie (Pr P.Grenier) - Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière- 47-83, bd de l’Hôpital - 75651 Paris Cedex 13

GOUPILLE PH. : Service de Rhumatologie -CHU Hôpital Trousseau - Tours

GOUTALLIER D. : Service d’Orthopédie et deTraumatologie - Hôpital Henri Mondor,Faculté de Médecine de Créteil (UniversitéParis XII) - 51, av. du Mal de Lattre-de-Tassigny - 94010 Créteil Cedex France

GUERINI H. : Hôpital Cochin, Service deradiologie B - 75008 Paris

HOMSI C. : Services de Radiologie desHôpitaux : Santa Catarina, AlemãoOswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo,Brésil. Brasil Fax: 55-11-3284 1292 E-mail :[email protected]

LISTE DES COLLABORATEURS

Page 8: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

JOSÉ DA SILVA J. : Services de Radiologie desHôpitaux : Santa Catarina, Alemão OswaldoCruz et Do Coração. São Paulo, Brésil

KEMPF J.-F. : Service de ChirurgieOrthopédique. Hôpital de Hautepierre.Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. F -67098 Strasbourg Cedex

LARROQUE G. : Service d’imagerie médicale.Hôpital Lapeyronie - 34000 Montpellier

LE CONIAT Y. : Service de ChirurgieOrthopédique. Hôpital de Hautepierre.Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. F -67098 Strasbourg Cedex

LEROUX J.-L. : Service de rhumatologie,CHU Carémeau - 30900 Nîmes cedex

LEWERTOWSKI J.-M. : Hôpital Privé de l’EstParisien - 30, av 14 Juillet - 93600 Aulnay-sous-Bois

LIOTARD J.-P. : Clinique Sainte-AnneLumière - 69008 Lyon

LOUSTAU O. : Service central d’imageriemédicale - Hôpital Universitaire Purpan -31000 Toulouse

LUDIG TH. : Centre d’Imagerie Médicale – 142,route de Mittelhausbergen – 67200 Strasbourg- E-mail : [email protected]

MANSAT P. : Service de chirurgie orthopé-dique et de traumatologie - HôpitalUniversitaire Purpan - 31000 Toulouse

MARTINOLI C. : Cattedra “R” Radiologia,Università di Genova, viale Benedetto XV 8,16132 Genova, Italy

MATHIEU PH. : Cabinet d’Imagerie del’Appareil Moteur - Paris

MAYNOU C. : Hôpital Roger Salengro -Service d’Orthopédie Traumatique -Boulevard du Professeur J. Leclerc - 59037Lille Cedex

MOLÉ D. : Clinique de Traumatologie - 49,rue Hermite - 54000 Nancy

MONTAGNON C. : Centre d’échographieJomayere-Bellevue - 7, rue Thimonier - 42100Saint-Etienne

MONTAGNON D. : Clinique mutualiste, ser-vice d’imagerie médicale - 3, rue Le Verrier -42100 St-Etienne

MORVAN G. : Cabinet d’Imagerie de l’AppareilMoteur - 5, rue Alfred Bruneau - 75016 Paris

MOULINOUX P. : Service de ChirurgieOrthopédique. Hôpital de Hautepierre.Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. F -67098 Strasbourg Cedex

MOUSSAOUI A. : Département d’ImagerieOstéo-Articulaire. Centre de Traumatologie etd’Orthopédie de Strasbourg. F - 67400 IllkirchGraffenstaden

MUTSCHLER C. : Radiologie Service duProfesseur Guy Frija, Hôpital Européen G.Pompidou - 75015 Paris

NICH CH. : Sce de Traumatologie et ChirurgieOrthopédique - Hôpital Européen GeorgesPompidou - 75015 Paris

NOEL E. : Rhumatologue, Clinique Ste-AnneLumière, 69003 Lyon

NOVE-JOSSERAND L. : Clinique Sainte-Anne Lumière - 69008 Lyon

PASQUIER B. : Centre d’imagerie Médicale11, rue A. Pourcel - 42100 Saint-Etienne

PERONNE E. : Service de ChirurgieOrthopédique, Clinique de La Châtaigneraie -63110 Beaumont

PESSIS E. : Hôpital Cochin, Service de radio-logie B - 75679 Paris

PEYRE M. : Service de médecine physique etde réadaptation - Hôpital National de Saint-Maurice - 14, rue du Val d’Osne - 94410 Saint-Maurice

PRADEL C. : Service de Radiologie - HôpitalSt-Antoine - 75011 Paris.

RADIER C. : Service de Radiologie - HôpitalHenri Mondor, Faculté de Médecine de Créteil(Université Paris XII) - 51, av. du Mal de Lattre-de-Tassigny - 94010 Créteil Cedex France

RAILHAC J.-J. : Service central d’imageriemédicale - Hôpital Universitaire Purpan -31000 Toulouse

RODINEAU J. : Service de médecine phy-sique et de réadaptation - Hôpital de laSalpêtrière - 47, bd de l’Hôpital - 75013 Paris

ROUSSELIN B. : Institut de Radiologie deParis - 31, av. Hoche - 75008 Paris

SANS N. : Service central d’imagerie médicale- Hôpital Universitaire Purpan - 31000 Toulouse

SARAZIN L. : Service de Radiologie B,Hôpital Cochin, GHU Paris Ouest, UniversitéParis V. ; Institut de Radiologie de Paris, 31avenue Hoche - 75008 Paris

SARRABÈRE M.-P. : Service d’imagerie médi-cale. Hôpital Lapeyronie - 34000 Montpellier

SARRAT P. : Hôpital Saint Joseph Service deRadiologie et d’Imagerie Médicale - 13008Marseille

SCHLEMMER B. : Service de ChirurgieOrthopédique. Hôpital de Hautepierre.Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. F -67098 Strasbourg Cedex

SCHULITZ K.P. : Dorfstr.9 - 40629 Düsseldorf- Hubblrath - Deutschland

SOBOTKA A. : Radiologie Service duProfesseur Guy Frija, Hôpital Européen G.Pompidou - 75015 Paris

STUMP X. : Services de Radiologie desHôpitaux : Santa Catarina, Alemão OswaldoCruz et Do Coração. São Paulo, Brésil

TAVERNIER TH. : IRM des Sources. Cliniquede la Sauvegarde - 69009 Lyon

THOMAS TH. : Equipe INSERM E0366,Service de Rhumatologie, Hôpital Bellevue,Boulevard Pasteur, 42055 Saint-Etienne Cedex2 ; tél. : 04 77 12 76 49 ; fax : 04 77 12 75 77 ;E-mail : [email protected]

TIXIER H. : Service de ChirurgieOrthopédique, Clinique Annie Coquelet lesCézeaux - 63000 Clermont-Ferrand

VANDENBUSSCHE E. : Sce de Traumatologieet Chirurgie Orthopédique - Hôpital EuropéenGeorges Pompidou - 75015 Paris

VUILLEMIN-BODAGHI V. : RadiologieService du Professeur Guy Frija, HôpitalEuropéen G. Pompidou - 75015 Paris

WALCH G. : Clinique Sainte-Anne Lumière -69008 Lyon

WEILBACHER H. : Cabinet de radiologie, 41,av. de Grande Bretagne - 63000 Clermont-Ferrand

WYBIER M. : 5, rue Alfred Bruneau -75016 Paris

ZEITOUN-EISS D. : Service de RadiologieCentrale (Professeur Ph Grenier) – UnitéOstéo-Articulaire - Hôpital de la PitiéSalpêtrière - 47, bd de l’Hôpital - 75013 Paris -E-mail : [email protected]

ZILBER S. : Service d’Orthopédie et deTraumatologie - Hôpital Henri Mondor,Faculté de Médecine de Créteil (UniversitéParis XII) - 51, av. du Mal de Lattre-de-Tassigny- 94010 Créteil Cedex France - E-mail :[email protected]

ZEITOUN-EISS D. : Service de Radiologie(Pr P. Grenier) - Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière - 47-83, bd de l’Hôpital - 75651Paris Cedex 13

Page 9: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Anatomie dynamique de l’épauleN. GAGEY, O. GAGEY.................................................................................................................................................................................................................17

L’examen clinique d’une épaule – Une triple démarche intellectuelleJ. RODINEAU, S. BESCH, M. PEYRE ...............................................................................................................................................................................33

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitéesG. MORVAN, M. WYBIER, PH. MATHIEU, V. VUILLEMIN-BODAGHI, J. BUSSON..........................................................................39

L’ÉPAULE INSTABLE

Démembrement de l’épaule instableG. WALCH, L. NOVÉ-JOSSERAND, D. MOLÉ............................................................................................................................................................53

Apport de l’imagerie dans l’épaule instableM.-G. DUPUIS, A. MOUSSAOUI, B. SCHLEMMER, J-F. KEMPF, J-C. DOSCH ....................................................................................65

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instableJ.-F. KEMPF, PH. CLAVERT, P. MOULINOUX, Y. LE CONIAT...........................................................................................................................75

L’ÉPAULE DU SPORTIF

L’épaule du sportif - Quelles lésions, quels mécanismes ?G. DAUBINET...................................................................................................................................................................................................................................89

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur en 2005G. WALCH, L. NOVE-JOSSERAND, E. NOEL, J.-P. LIOTARD.........................................................................................................................97

Les neuropathies de l’épauleT. LUDIG, D. CHAPUIS, A. BLUM....................................................................................................................................................................................107

Pathologie microtraumatique et dégénérative de l’articulation acromio-claviculaireM. DESPEYROUX-EWERS, N. SANS, P. MANSAT, O. LOUSTAU, H. CHIAVASSA-GANDOIS,F. DE MAUPEOU, J.-J. RAILHAC......................................................................................................................................................................................123

S o m m a i r e

Page 10: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LA COIFFE DES ROTATEURS

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?H. BARD, E. VANDENBUSSCHE, M. COHEN, B. AUGEREAU ....................................................................................................................135

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateursJ.-L. BRASSEUR...........................................................................................................................................................................................................................149

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?C. MUTSCHLER, V. VUILLEMIN-BODAGHI, C. PRADEL, A. SOBOTKA, V. BRUN, B. AUGEREAU...................................171

Evaluation de la coiffe musculaire – Coupes axiales versus coupes sagittales TDM versus IRMD. GODEFROY, D. GOUTALLIER, B. AUGEREAU, L. SARAZIN, B. ROUSSELIN ...........................................................................187

Evaluation musculaire : l’échographie a-t-elle sa place ?E. DAGUET, D. ZEITOUN-EISS, J.-M. LEWERTOWSKI, E. DION, J.-L. BRASSEUR.....................................................................201

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffeD. GODEFROY, D. GAZIELLY, J.-L. DRAPÉ, L. SARAZIN, B. ROUSSELIN, A. CHEVROT........................................................209

L’intervalle des rotateurs : rappel anatomique et apport des différentes méthodes d’imagerieS. CARRASSET, M. COHEN, P. SARRAT, R. ASWAD, A. AZAIEZ-MATHARI, J-L. BRASSEUR ..............................................227

Le Petit Rond (Teres Minor) : l’oublié de la coiffeG. WALCH, L. NOVÉ-JOSSERAND, J.-P. LIOTARD., E. NOËL, TH. TAVERNIER, R. BARTHÉLÉMY.................................237

Pourquoi et quand réparer une lésion de la coiffeTH. THOMAS.................................................................................................................................................................................................................................245

Comment réparer la coiffe des rotateurs : arthroscopie ou chirurgie à ciel ouvert?D.-F. GAZIELLY.............................................................................................................................................................................................................................249

Imagerie de la coiffe opéréeL. COURT, C. MONTAGNON, B. PASQUIER, D. MONTAGNON .................................................................................................................259

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse. Une nouvelle lésion ?TH. TAVERNIER, G. WALCH, R. BARTHELEMY, L. NOVE-JOSSERAND, J.-P. LIOTARD..........................................................267

Premier signe à l’IRM d’une tendinopathie sous-acromialeJ. ASSHEUER, K.P. SCHULITZ ..........................................................................................................................................................................................279

Corrélations entre la sémiologie échographique et la douleur dans les ruptures transfixiantes de la coiffedes rotateursD. ZEITOUN-EISS, J.-L. BRASSEUR, J.-L. GOLDMARD...................................................................................................................................287

Echographie des tendons de la coiffe en mode “pulse substraction” : Les clivages sont-ils enfin visibles ?H. GUERINI, J.-L. DRAPÉ, M. FERMAND, E. PESSIS, D. GODEFROY, A. FEYDY, A. CHEVROT........................................295

Page 11: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

PATHOLOGIE SCAPULO-HUMÉRALE

Imagerie des arthropathies de l’articulation gléno-huméraleC. CYTEVAL, J.-L. LEROUX, M.-P. SARRABÈRE, E. DECOUX, G. LARROQUE................................................................................305

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)S. BIANCHI, C. MARTINOLI, M. COHEN ...................................................................................................................................................................315

Démembrement de l’omarthrose : Faut-il toujours parler d’omarthrose centrée ou excentrée ?E. NOEL, T. THOMAS, G. WALCH...................................................................................................................................................................................329

Traitement médical des omarthroses et autres arthropathies gléno-huméralesX. CHEVALIER, PH. GOUPILLE........................................................................................................................................................................................339

Imagerie préopératoire de l’omarthroseN. BOUTRY, C. MAYNOU, A. COTTEN ........................................................................................................................................................................347

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005E. VANDENBUSSCHE, CH. NICH, B. AUGEREAU...............................................................................................................................................353

Imagerie des complications des prothèses d’épauleC. RADIER........................................................................................................................................................................................................................................365

Centrage antéro-postérieur des prothèses totales d’épaule: description d’une méthode d’analyse scanographiqueS. ZILBER, C. RADIER, J. AYAN, D. GOUTALLIER .............................................................................................................................................375

RÉTRACTIONS CAPSULAIRES

Etiopathogénie des rétractions capsulaires : peut-on en faire le diagnostic clinique précocement?J.-L. LEROUX.................................................................................................................................................................................................................................383

Imagerie de la capsulite rétractile d’épauleY. CARRILLON ..............................................................................................................................................................................................................................389

Traitement des capsulites de l’épauleT. BOYER, H. BARD...................................................................................................................................................................................................................395

Intérêt de l’étude échographique du ligament coraco-huméral dans les rétractions capsulairesC. HOMSI, M. BORDALO-RODRIGUES, J. JOSÉ DA SILVA, X. STUMP ...............................................................................................403

Comment savoir si une calcification est responsable des douleurs et peut-on en prévoir la consistance ?CH. COURTHALIAC, H. TIXIER, T. CHATENET, E. PERONNE, H. WEILBACHER........................................................................411

Traitement des calcifications tendineuses de l’épaule : le pointJ.-E CHARRIN, E. NOEL, H. BARD .................................................................................................................................................................................419

Page 12: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 13: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

C’est avec plaisir et honneur que nous introduisons ce livre consacré à l’imagerie actuelle de l’épaule.

Le choix de ce sujet est un choix très judicieux à moult égards. L’épaule est une articulation en mouve-ment. Et nous ne faisons pas seulement allusion au fait que c’est l’articulation – et de loin – la plus mobi-le du corps humain, mais aussi au fait que c’est un des sites anatomiques dont l’imagerie d’aujourd’hui atellement changé par rapport à ce qu’elle était lors de la première réunion du GETROA consacrée à cemême sujet il y a près de 25 ans. A cette époque, la radiographie était la seule technique disponible. Il fautdire pourtant qu’avec l’arthrographie, et toutes les incidences complémentaires et tomographiques déve-loppées par Jacques Bernageau, les ruptures de la coiffe des rotateurs et les problèmes d’instabilitén’avaient déjà plus guère de secret.

Le choix de ce sujet est un choix très judicieux car il permet de rendre hommage à notre Présidentd’honneur Daniel Goutallier, qui a été l’un des premiers à se rendre compte de ce que l’imagerie devaits’intéresser non seulement à une articulation mais aussi à tout ce qui l’entoure et la fait fonctionner.L’évaluation indirecte de la fonctionnalité de l’appareil musculaire de l’épaule par la tomodensitométrie estet restera un modèle exemplaire d’analyse menant à des choix thérapeutiques ciblés.

Le choix de ce sujet est bien sûr aussi le choix le plus judicieux qui pouvait être fait pour le premiercongrès thématique commun unissant le groupe des échographistes du GEL à celui des cliniciens et ima-geurs polyvalents du GETROA. C’est en effet par et pour l’épaule que beaucoup d’entre nous ont prati-qué leur apprentissage de l’échographie de l’appareil locomoteur. Il faut dire que pour cette application,l’échographie développée depuis plus de 20 ans a atteint sa maturité, avec des sensibilité et spécificitéavoisinants les 100 %, du moins pour les ruptures transfixiantes de la coiffe des rotateurs. Cette maturi-té de l’échographie de l’appareil locomoteur explique qu’après avoir été initialisée par des échographistes“viscéraux” et qu’après avoir été dynamisée par des radiologues ostéo-articulaires doublésd’échographistes pointus, la maîtrise de l’échographie a maintenant sa place obligée dans toute équiped’imagerie ostéo-articulaire.

E d i t o r i a l

Page 14: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le choix de ce sujet est enfin un choix judicieux car il y a encore beaucoup de matière à déchiffrer etsurtout à pondérer. Pour donner deux exemples simples, quelle est la méthode à utiliser en premier lieupour rechercher une rupture de la coiffe des rotateurs, sachant la redondance que nous offrentl’arthrographie, l’échographie, l’IRM, et même parfois la radiologie standard ? Et quelle est la significationclinique de ces lésions longtemps ignorées que sont les “SLAP lésions”, révélées d’abord par les arthro-scopistes puis imagées avec plus ou moins de bonheur par l’arthrographie, l’IRM, l’arthroscanner etl’arthro-IRM ? Nous espérons, avec beaucoup d’impatience, entendre la voix de Daniel Goutallier etd’autres cliniciens interroger sur ces sujets ceux qui présentent les finesses séméiologiques nouvelles, enleur demandant “à quoi ça sert ?” et en nous donnant des clés pour le savoir.

Nul doute que ces journées, et leur transcription dans ce livre, permettront d’apporter des éclaircisse-ments à ces questions et à bien d’autres. Et ce sera grâce à la participation experte de chaque auteur et del’ensemble de l’équipe qui a conçu ce programme. Et ce sera aussi, oserons-nous dire presque surtout,grâce à l’efficacité de la méthode d’Hervé Bard et de notre secrétaire Marie Baichère, dont la gentillesseparvient toujours à rassembler, ce qui est un exploit, tous les textes dans les délais nécessaires.

Pr Jacques MALGHEM Dr Stefano BIANCHI

Président 2005-2006 du GETROA Président du G.E.L.

Page 15: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Page 16: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 17: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La complexité de l’épaule a suscité de multiplestravaux nécessitant souvent un abord multidisci-plinaire. Le niveau de maturité de ces travauxfourni aujourd’hui une approche cohérente dufonctionnement dynamique de ce complexe arti-culaire suspendu au thorax même si beaucoup detravail doit encore être réalisé…

Nous rapporterons, dans une première partiequelques réflexions qui se dégagent d’une étudecinématique simplifiée de l’articulation gléno-humérale pour introduire le rôle des ligaments,des masses musculaires et de l’appareil de stabili-sation passive dans le fonctionnement de l’épaule.

QUELQUES DONNÉESDE CINÉMATIQUE ARTICULAIRE

La complexité des mouvements de la scapula etde l’humérus est parfaitement illustrée parl’enregistrement cinématique de quelques mouve-ments simples grâce à des capteurs externes, ouen imagerie grâce au scanner, à l’échographie etdepuis peu à l’IRM avec un champ magnétiqueouvert. Le champ d’exploration est limité par lestechniques elles-mêmes : l’échographie n’analyseque les plans superficiels qui ne sont pas masquéspar un relief osseux, le scanner multi-barettesn’explore qu’un segment limité de l’articulation etla résolution spatiale de l’IRM dynamique resteréduite dans la mesure où l’on privilégie la vites-se d’acquisition des images au détriment de leursqualités. Il est également difficile de reproduire aucours de ces analyses tous les mouvements quel’on souhaiterait tester (amplitude, rapidité,

force…). Les informations déjà collectées méri-tent intérêt.

Étude de la rotation latérale-médiale

L’analyse du mouvement de rotation médial-latéral sur des coupes axiales en scanner permetd’observer de façon constante des mouvements“correctifs” de faible amplitude suivant des axesdivers, au niveau de la scapula et de l’humérus[8]. Pour expliquer ces mouvements, il faut rap-peler que la scapula est mobile, suspendue par unhaubanage musculaire relié au thorax par l’arc-boutant claviculaire. Pour cette raison, tout mou-vement du bras aura une résultante cinétique surla scapula qui devra être contrôlée par une activi-té musculaire. D’autres, parmi ces mouvements“correctifs”, semblent directement en rapportavec le glissement des tendons de la coiffe contrela voûte. On observe en effet au cours du déve-loppement de ce geste, un mouvement ascension-nel de la tête humérale par rapport à la glène ouinversement qui semble provenir du glissementdes tendons de la coiffe sous la voûte.L’échographie permet de bien percevoirl’importance des contacts entre le tendon dusupra-épineux et le ligament coraco-acromial,dont on observe parfaitement les déformationslors de la rotation médiale-latérale.

Une observation personnelle particulière vientconfirmer cette notion de frottement [8] : chez unsujet témoin, étudié sous scanner “Imatron” ledéfilé sous-coracoïdien avait un aspect manifeste-ment trop étroit pour permettre l’engagement

17

ANATOMIE DYNAMIQUE DE L’ÉPAULE

N. GAGEY, O. GAGEY

Page 18: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

“normal” du tendon du sous-scapulaire et de lapetite tubérosité lors de la rotation médiale. Onconstatait au cours du mouvement de rotationmédiale, que la scapula réalisait isolément unmouvement de rotation tel que l’extrémité du pro-cessus coracoïde s’éloignait lorsque la petite tubé-rosité se présentait à son contact. En échographie,il était possible de percevoir chez ce sujet témoinl’encombrement des tissus lors de leur engage-ment dans ce défilé sous-coracoïdien trop étroit.Par contre, il n’était pas possible de détecter lemouvement rotatoire de la scapula qui élargi ledéfilé sous-coracoïdien. Un tel mouvement nepeut être lié au déplacement mécanique par glis-sement du processus coracoïde sur le tendon dusubscapulaire qui aboutirait inexorablement à larupture rapide du tendon. Il existe donc vraisem-blablement dans ce cas un contrôle actif et précisdu mouvement de rotation adapté aux particulari-tés anatomiques comme dans cet exemple ; cemouvement est probablement contrôlé par le biaisde mécanorécepteurs.

L’examen cinématique IRM de l’articulationgléno-humérale dans le plan axial, au cours dumouvement de rotation médial-latéral permetdéjà plusieurs observations [33, 36] : le bord libredu labrum glénoïdien antérieur est plus mobileque le postérieur ; il peut présenter des modifica-tions de signal et il n’est pas triangulaire en rota-tion médiale. Enfin, l’utilisation d’une IRM avecun champ ouvert autorise la réalisationd’examens en position de stress [1].

Etude de l’élévation du bras dans leplan de la scapula

L’exploration de l’élévation du bras suivant l’axede la scapula sur des clichés standards ou enscanner permet de déterminer le rythme scapulo-huméral. L’analyse successive des images obte-nues permet de tracer les courbes de vitesse angu-laire respective de l’humérus et de la scapula(fig. 1). Le ratio de la vitesse d’élévation de

l’humérus par rapport à la scapula est de 1,6 à 2[8, 24, 31]. La vitesse de rotation angulaire del’humérus est constante au cours de ce mouve-ment et celle de la scapula est biphasique. Dans lapremière moitié du mouvement, le déplacementangulaire de la scapula est régulier, cinq fois pluslent que celui de l’humérus. Dans la seconde moi-tié, il s’accélère pour devenir deux fois plus lentque l’humérus. En fin de course la scapula auraparcouru environ 50° et l’humérus 110°. Lescourbes d’abaissement du bras sont superpo-sables à celle de l’élévation du bras.

Au cours de ce mouvement, le centre de rota-tion de la tête humérale est situé 6 millimètres endedans du centre géométrique et la tête huméraleglisse vers le bas d’environ 1.5 millimètre. Cemouvement de glissement pourrait être plusimportant sur la base d’études stéréophotogram-métriques [16].

On détecte au scanner un mouvement de vrillede la scapula qui correspond au glissement de lascapula sur la surface courbe du thorax [8].L’enregistrement in vivo des mouvements de lascapula par des capteurs externes confirme que lemouvement d’élévation de la scapula de 50° est

18

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Courbe d’élévation de l’humérus et de la scapula lorsde l’élévation du bras dans le plan de la scapula. La courbed’élévation de l’humérus est régulière et celle de la scapulabi-phasique avec une phase lente et une phase rapide.

Page 19: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

associé à un mouvement de rotation de 24° sui-vant un axe vertical et à un mouvement de bascu-le de 30° suivant un axe horizontal [24]. Un telchangement d’orientation de la scapula doit biensûr être compensé par un mouvement correctif del’humérus pour que la résultante globale du mou-vement ne change pas.

Ces quelques données de cinématique articulai-re prouvent, s’il en était besoin, la complexité desmouvements de l’épaule dont le déroulement har-monieux est déterminé par un équilibre dyna-mique permanent qui doit :

❍ gérer le glissement rotatoire de la tête humé-rale sur la glène,

❍ contrôler des forces d’inerties,

❍ corriger l’orientation globale de certains mou-vements,

❍ limiter l’importance des frottements.

Cet équilibre change au cours de la vie du faitde la détérioration de la fonction musculaire, duchangement de position de la scapula [4] et del’apparition de remaniements dégénératifs tendi-neux et/ou cartilagineux.

LA STABILISATION DYNAMIQUE DEL’ARTICULATION GLÉNO-HUMÉRALE

Le rôle de la coiffe des rotateurs a longtempsété considéré comme le seul qui soit significatifdans la stabilisation de l’épaule. L’évolution desconnaissances récentes a permis de mieux com-prendre le rôle des ligaments [4, 6, 9, 29, 30].

Le rôle de la capsule articulaire et desligaments

Rappel anatomique

L’appareil capsulo-ligamentaire de l’articulationgléno-humérale est remarquable par l’absence deprécontrainte lors de l’initialisation des mouve-

ments. Autrement dit, aucune structure capsulo-ligamentaire n’est tendue en position de repos.Les descriptions anatomiques isolent les liga-ments gléno-huméraux, le ligament coraco-huméral et, de façon anecdotique, le ligamentcoraco-glénoïdien.

Les traités d’Anatomie classiques décriventtrois ligaments gléno-huméraux (supérieur,moyen et inférieur), avec de façon inconstante,deux foramens qui font communiquer la cavitéarticulaire avec la bourse sous-scapulaire. Leforamen de Weitbrecht est situé entre les liga-ments supérieur et moyen et celui de Rouvière(très inconstant) entre les ligaments moyen etinférieur. Cette description, inexacte, del’appareil ligamentaire est due à la présence dereplis de la capsule articulaire que l’on observepar voir intra-articulaire à condition que le brassoit au repos (ce plissement capsulaire disparaîtlorsque le bras s’élève). Ces replis ne sont jamaisvisibles sur la face antérieure de la capsule aprèsdécollement du tendon du sous-scapulaire. Leprélèvement de l’appareil capsulo-ligamentaireet son examen sur un plan lisse ne laisse appa-raître aucun renforcement anatomique individua-lisé ni aucun pli (fig. 2).

L’examen histologique de cette nappe fibreuseantéro-inférieure de l’épaule a permis de mettre enévidence deux bandes distinctes ayant les caracté-ristiques de ligament intra-capsulaire par la pré-sence de trousseaux organisés de collagène [29].

Les corrélations anatomiques, histologiques,biomécaniques et arthroscopiques permettentaujourd’hui de désigner par ligament gléno-huméral inférieur (LGHI) la zone capsulo-liga-mentaire insérée sur la glène entre 4 heures et8 heures et qui est constitué de deux bandes detype ligamentaire (antérieure et postérieure) etune zone intermédiaire moins résistante. Ondésigne également par ligament gléno-huméralmoyen (LGHM) la portion de la capsule inséréeentre 2 et 4 heures sur la glène.

19

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Anatomie dynamique de l’épaule

Page 20: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La bande ligamentaire antérieure du LGHIentraîne un plissement capsulaire en position derepos qui est à l’origine du pli intra-articulaire queles arthroscopistes connaissent bien et qui corres-pond à la limite entre le LGHI et le LGHM.

Du point de vue fonctionnel, le LGHM est misen tension en élévation antérieure rotation latéra-le, la bande antérieure du LGHI est mise en ten-sion en abduction rotation latérale et la bandepostérieure est mise en tension lors de l’abductionrotation médial [3, 12, 28].

Le ligament coraco-huméral est le seul ligamentdirectement individualisable au niveau del’articulation gléno-humérale (fig. 3). Son inser-tion sur la face latérale du processus coracoïde estcommune avec le ligament coraco-glénoïdien. Ilse dirige en dehors et se divise rapidement endeux faisceaux. Le faisceau latéral s’insère sur lapartie antérieure de la grosse tubérosité aucontact de la capsule et du bord antérieur du ten-don du supra-épineux. Le faisceau médial se fixesur la partie haute de la petite tubérosité, le ten-don du muscle sub-scapulaire, la capsule articu-laire et le ligament huméral transverse. Le fais-ceau médial forme, avec la capsule articulaire, lapoulie de réflexion du tendon de la longue portiondu biceps brachial avant que ce tendon nes’engage dans la coulisse bicipitale. Du point devue fonctionnel, ce ligament permet de limiter larotation latérale lorsque le bras est coude aucorps (la section de ce ligament donne 20° de rota-

tion latérale supplémentaire).

Le ligament coraco-glénoïdien, tendu entre leprocessus coracoïde et le bord supérieur de laglène, n’est pas un ligament au sens propre duterme puisqu’il n’unit pas deux pièces osseusesmobiles. Il est intéressant de le mentionner afin

20

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Vue anatomique externe de la glène avec conserva-tion du LGHI. Ce ligament a l’aspect d’une nappe fibreuse.Les renforcements ligamentaires du LGHI ne sont pasdirectement visibles.

Fig. 3 : Vue anatomique antéro-supérieure de l’épaule aprèsrésection du deltoïde dégageant les faisceaux médial etlatéral du ligament coraco-huméral (tête de flèche).

Page 21: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de rappeler les variations anatomiques del’insertion du tendon du muscle pectoral mineurqui peuvent être à l’origine d’un conflit antérieurdouloureux. Dans ces cas, le tendon du pectoralmineur contourne le processus coracoïde, traver-se le ligament coraco-acromial et s’insère suivant3 modes [34] :

❍ sur le ligament coraco-huméral à coté du ten-don du muscle supra-épineux au niveau de lagrosse tubérosité pour 66 % des cas ;

❍ sur la capsule articulaire près de la tubérositésus-glénoïdienne, au niveau du bord supé-rieur et postérieur de la glène ou encore sur leligament cora-glénoïdien pour 25 % des cas ;

❍ en combinant ces deux modes d’insertiondans 13 % des cas.

Ces variations anatomiques s’observent dans15 % de la population. Ce ligament peut être consi-déré comme un vestige fibreux de l’insertion glé-noïdienne du pectoral mineur qui est le moded’insertion habituel chez plusieurs espèces de pri-mates.

Pour décrire les mécanismes qui président à lastabilisation dynamique de l’articulation gléno-humérale, nous allons isoler plusieurs situations.

Stabilité de l’articulation gléno-huméralele bras le long du corps

En position de repos, le bras le long du corps, leplan capsulo-ligamentaire est détendu, commel’illustre l’expérience de Kumar [20] qui observe,après une l’ouverture punctiforme de la capsulearticulaire, une descente de la tête humérale surplus de 1 cm. La pression négative de la cavitéarticulaire stabilise le centrage de la tête huméra-le par rapport à la glène et s’oppose aux forces detranslation antéropostérieures et supéro-infé-rieures. Le tonus spontané des masses muscu-laires au repos vient s’ajouter au mécanisme pré-cédent pour augmenter les forces de stabilisationde la tête sur la glène. Le labrum glénoïdien qui

majore les contacts entre la tête et la glène parti-cipe à cette stabilisation.

Du point de vue physiologique, ce centragenaturel de la tête humérale permet d’initialiser defaçon aussi harmonieuse que possible l’élévationdu bras.

Dans cette position, la rotation latérale forcéeest limitée par la mise en tension du ligamentcoraco-huméral et la rotation médiale forcée parla capsule postérieure [3].

Stabilité de l’articulation gléno-huméralelors de l’élévation du bras

Entre la position de repos et l’élévation maxi-male, le plan capsulo-ligamentaire passe de ladétente complète à un état de tension homogène.Entre 0 et 60°, l’élévation du bras dans le plan dela scapula se fait sans aucun contrôle ligamentai-re. Au-delà de 60° d’élévation, la mise en tensionprogressive des bandelettes antérieure et/ou pos-térieure du LGHI va guider l’humérus en rotationlatérale pour obtenir son élévation maximale parrapport à la glène (110°). Si, au cours del’élévation du bras, on maintient volontairementl’humérus en rotation médiale, l’angle d’élévationde l’humérus par rapport à la glène sera limité à85-90° par la bande postérieure du LGHI. Si enfin,on maintient l’humérus dans le plan sagittal strictlors de l’élévation, l’élévation du bras sera égale-ment limitée à 85-90°.

Au début de l’élévation, jusqu’à 45° d’élévationdu bras, la rotation latérale forcée est limitée parle LGHM puis par la bandelette postérieure duLGHI [3].

Dans toutes les positions d’élévation du bras,l’étanchéité articulaire conserve son rôle de stabi-lisation passive de l’articulation gléno-humérale[35]. Le rôle du labrum se majore : la mise en ten-sion du plan capsulo-ligamentaire en fin de mou-vement maintient plus fermement le labrum au

21

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Anatomie dynamique de l’épaule

Page 22: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

niveau de l’interligne articulaire ce qui lui permetde s’opposer à un mouvement de translation de latête humérale.

Stabilité de l’articulation gléno-huméraleen élévation rotation latérale

Dans cette position, le muscle sous-scapulaire“glisse” sur la convexité de la tête humérale detelle sorte que cette dernière n’est plus recouverteen avant et en bas que par le LGHI. Cette positonarticulaire est privilégiée :

❍ l’axe de la diaphyse humérale est perpendicu-laire à la glène ;

❍ l’élévation de l’humérus par rapport à la glèneest maximale (110°) ;

❍ les surfaces de contact entre la glène et la têtehumérale sont élevées ce qui favorise la stabi-lité gléno-humérale,

❍ le LGHI est tendu tel un hamac ; il maintientla tête humérale ;

❍ la contraction des muscles de la coiffe, du del-toïde et des autres muscles scapulo-humé-raux ou scapulo-thoraciques verrouille la têtehumérale.

Le verrouillage musculaire sera maximum, si lebras est en rotation médiale dans la mesure ou ledeltoïde antérieur et le subscapulaire retrouve unrôle fonctionnel important.

L’articulation gléno-humérale sera en positiond’instabilité si le bras est en élévation rotationlatérale avec un mouvement de rétropulsion(position de l’armé du bras).

Le LGHI peut être facilement évalué [12] par letest d’hyperabduction passif (fig. 4) :l’examinateur se tient derrière le patient et appuiefermement sur le moignon de l’épaule de manièreà ce que ce dernier reste immobile. L’autre mainde l’examinateur soulève doucement le membresupérieur dans le plan frontal strict, le coudeétant fléchi à 90 degrés et l’avant-bras restanthorizontal. Le patient doit rester détendu pendant

tout le test. Ce test d’hyperabduction passive estpositif si l’amplitude d’élévation du bras dépassenettement les 90° (105°) ; il est négatif sil’abduction ne dépasse pas ou reste voisine de 90°.

L’examen comparatif est indispensable dans lamesure où il permet de caractériser l’hyperlaxitéde l’épaule pathologique par rapport à l’épaulesaine. Il faut enfin garder à l’esprit que 5 % de lapopulation a, en l’absence de tout antécédenttraumatique de l’épaule, un test positif bilatéralqui témoigne d’une hyperlaxité constitutionnelle.

La découverte de récepteurs proprioceptifs cap-sulaires achève de donner un sens à cet appareilde stabilisation capsulo-ligamentaire sans pré-contrainte : en fin de mouvement, lors de la miseen tension de la capsule, la stimulation de ces

22

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Le LGHI limite l’élévation du bras en abduction rota-tion externe. L’allongement ou la rupture de ce ligamentpermet d’augmenter l’élévation du bras.

Page 23: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

récepteurs informe les muscles pour qu’ils contri-buent activement à freiner le mouvement ce quidonne à ces ligaments un rôle d’assistance dyna-mique à la stabilisation de l’articulation gléno-humérale.

Le rôle des muscles de l’épaule

Les principaux muscles intervenant dans la sta-bilité de l’épaule sont les muscles de la coiffe, ledeltoïde, la longue portion du biceps, le triceps,mais aussi plus à distance le grand pectoral, legrand dorsal et le grand dentelé. Dans cette fonc-tion de stabilisation, le rôle des muscles est consi-dérable. Ils doivent :

❍ Assurer le développement harmonieux desmouvements scapulo-huméraux en corri-geant les couples de torsion qui se dévelop-pent du fait de l’inertie du mouvement ;

❍ Contrôler et adapter le glissement rotatoire dela tête humérale pour limiter les frottementsqui pourraient être responsables de lésiondégénérative accélérée (rupture de coiffe dutennisman) ;

❍ Immobiliser l’épaule en fin de déplacementsous contrôle de l’appareil ligamentaire et deses récepteurs.

La myologie distingue deux types d’architecturemusculaire :

❍ Les muscles constitués avant tout de fibrescontractiles organisées au sein d’un squelettefibreux diffus qui favorise la capacité de rac-courcissement du muscle mais limite la puis-sance musculaire ;

❍ Les muscles à forte charge fibreuse internequi sont organisés en structure penniforme,semi-penniforme ou multipennée ce quiaccroît la puissance de contraction musculai-re mais limite le raccourcissement musculai-re. Une charge fibreuse importante confèreégalement à ces muscles un comportementviscoélastique particulier.

Les muscles de la coiffe

L’anatomie descriptive des muscles de la coiffe[7] donne la mesure de l’importance de leur rôledans la mobilisation de l’épaule :

❍ La puissance du volumineux muscle sub-sca-pulaire (fig. 5) est parfaitement mise en évi-dence par la présence constante de 4 à5 trousseaux tendineux intra-musculaires quis’épaississent en dehors pour former la lametendineuse qui se fixe sur la petite tubérosité.

Le muscle possède également une structurepenniforme au niveau de son attache sur lebord médial de la scapula. Les deux struc-tures fibreuses proximales et distaless’interpénètrent pendant la contraction mus-culaire ;

❍ Le supra-épineux (fig. 6 et 7) possède un ten-don intra-musculaire orienté en dehors et enavant pour se fixer à la partie antérieure de lagrosse tubérosité. Cette particularité anato-mique détermine l’axe de traction principale

23

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Anatomie dynamique de l’épaule

Fig. 5 : Vue IRM dans le plan frontal montrant les renforce-ments fibreux du muscle subscapulaire.

Page 24: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de ce muscle ;

❍ L’infra-épineux (fig. 8) possède, de façon ana-logue, un tendon intramusculaire qui dirigeles deux tiers de la force musculaire vers lapartie la plus haute de son attache tendineusesur l’humérus ;

❍ Le muscle teres mineur concentre sa puissan-ce musculaire autour d’un tendon intra-mus-culaire situé à la partie moyenne de la lametendineuse et qui ne possède pas d’orientationspécifique.

La connaissance de cette architecture fibreu-se montre à l’évidence l’importance fonction-nelle des muscles supra-épineux et sub-scapu-laire qui concentrent sur le secteur antéropos-térieur de l’articulation gléno-humérale unnombre important de tendons intra-muscu-laires. Si l’on comptabilise le nombre de cesstructures tendineuses dont la taille est voisineet qui représentent chacune un capital muscu-laire voisin, on peut déduire que le secteur anté-ro-supérieur de l’articulation gléno-huméralepossède trois fois plus de puissance musculaireque le secteur postéro-supérieur. Le sub-scapu-laire concentre pour lui seul la moitié de lapuissance musculaire.

Les études par électromyographie [13, 18, 19,21, 25, 32] confirment le rôle essentiel de ces deuxmuscles : lors du mouvement d’élévation latéraledu bras, on observe une activité électrique nette-ment marquée du subscapulaire et du supra-épi-neux entre 60° et 150° d’abduction ; au-delà de150° d’abduction l’activité du subscapulaire dimi-nue alors que celle du supra-épineux ne cesse decroître [32].

On comprend dans ces conditions pourquoi ladésinsertion du tendon du subscapulaire est maltolérée cliniquement. Il faut noter enfin quel’intervalle des rotateurs, assimilée à un pointfaible de l’épaule, est en fait une région trèsstructurée par ces tendons, et qui est renforcéepar le ligament coraco-huméral et le tendon de la

24

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Vue anatomique supérieure après résection des fibresmusculaires superficielles du muscle supra-épineux pourmettre en évidence le tendon intra-musculaire de ce muscle.

Fig. 7: Vue IRM dans le plan axial qui correspond à la figure 6.

Fig. 8 : Vue IRM dans le plan frontal montrant le tendonintra-musculaire du muscle infra-épineux.

Page 25: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

longue portion du biceps brachial. Le tout formeun authentique verrou fibreux antéro-supérieurde l’épaule (fig. 9).

Le deltoïde

Le deltoïde est également un muscle avec uneportion multipennée qui permet de mieux com-prendre son rôle fonctionnel. Ce muscle se diviseen trois secteurs, antérieur ou claviculaire, moyenou acromial et postérieur ou scapulaire. Auniveau de leurs insertions proximales les secteursantérieur et postérieur de ce muscle sont dépour-vus de tendon intra-musculaire alors que le del-toïde moyen possède 3 à 4 tendons intra-muscu-laires qui se forment dans le corps musculairepour aller se fixer sur le bord latéral de l’acromion(fig. 10). L’attache distale du deltoïde surl’humérus se fait par un tendon plat, le V deltoï-dien, formé par la convergence de cinq bandes

fibreuses distales intercalées entre les bandesproximales [11, 23].

Le regroupement de la puissance musculairesur le deltoïde moyen montre bien le rôle majeurde ce secteur musculaire dans l’élévation del’humérus suivant l’axe de la scapula et donc saparticipation au verrouillage de la position privi-légiée de l’articulation scapulo-humérale.

L’enroulement du deltoïde autour de la têtehumérale est un élément morphologique essentielà prendre en considération. Au repos, les fibresinsérées sur l’acromion sont horizontales et lesfibres insérées sur l’humérus sont verticales. Lesefforts de réalignement des fibres musculaireslors de la contraction du deltoïde moyen envelop-pe la tête humérale et participe à sa stabilisation.Les frottements entre le deltoïde et la tête humé-rale sont gérés par la bourse séreuse sous deltoï-dienne. L’enroulement du deltoïde autour de latête ne se fait pas seulement en haut, le deltoïdecoiffe également la tête en avant et en arrière. Ils’organise donc une véritable “seconde coiffe” quivient participer à la stabilisation de la tête au

25

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Anatomie dynamique de l’épaule

Fig. 9 : Schéma du verrou fibreux antéro-supérieur del’épaule. A) acromion ; B) processus coracoïde ; 1) tendondu supra-épineux ; 2) faisceaux médial et latéral du liga-ment coraco-huméral ; 3) tendon de la longue portion dubiceps brachial ; Tendons intra-tendineux du subscapulaire.

Fig. 10 : Vue IRM dans le plan axial montrant les tendonsintra-musculaires du deltoïde moyen.

Page 26: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

début du mouvement d’élévation.

Ces constatations anatomiques soulignentl’importance de la rééducation du deltoïde dansles ruptures de coiffe non opérées.

Le biceps brachial

L’insertion proximale du tendon du biceps bra-chial se fait par deux tendons distincts dont le rôleest différent.

Le bras le long du corps, le tendon de la courteportion du biceps est en situation idéale pourtransmettre les efforts de contraction du biceps,alors que le tendon de la longue portion du bicepsbrachial, par son trajet courbe a une action pluslimitée.

Lorsque le bras se porte en rotation latérale,l’axe du tendon de la longue portion du bicepsbrachial se corrige, ce qui lui permet, en limitanttout dommage tendineux, de participer à l’activitémotrice et stabilisatrice de l’épaule. Ainsi, la trac-tion exercée sur la longue portion du biceps pro-voque le recul de la tête humérale et ce quelle quesoit la position de rotation de celle-ci [15].

Le rôle stabilisateur accessoire du tendon de lalongue portion du biceps brachial est bien mis enévidence en électromyographie : on observe, chezles patients ayant une instabilité antérieure del’épaule, comparativement à des sujets témoins,un fort recrutement de ce muscle lors du mouve-ment d’abduction [13, 17] qui témoigne desefforts de compensation musculaire imposés aubiceps brachial pour lutter contre l’instabilité.

Les autres muscles

Parmi les autres muscles de l’épaule, il faut faireune place à part au grand dentelé qui bascule lascapula lors de l’élévation du bras et la maintient

contre le thorax.

L’enregistrement de l’activité électrique dumuscle grand dentelé, chez des sujets sains et despatients atteints d’instabilité antérieure del’épaule, montre que l’activité du grand denteléest réduite au cours des 120 premiers degrés dumouvement en cas d’instabilité [25]. L’auteur endéduit que la rotation de la scapula, assurée par legrand dentelé lors de l’élévation du membre supé-rieur, contribue à maintenir la congruence del’articulation gléno-humérale optimisant ainsil’action des autres moyens.

C’est donc à l’enveloppe musculaire de l’épaulequ’incombe le rôle de développer et de stabiliserles mouvements articulaires, jusqu’à être guidée,en fin de mouvement, par la mise en tension del’appareil ligamentaire. Cette double participationà la stabilité du jeu articulaire est illustrée par laclinique :

❍ L’instabilité d’épaule ne se produit pratique-ment que dans la position d’élévation maxi-male en rotation externe, c’est-à-dire lorsqueles ligaments sont mis en jeu ;

❍ L’instabilité de la tête humérale en cas de rup-ture de la coiffe s’observe au démarrage del’élévation. L’abduction contrariée (manœuvrede Leclerc) cherche à observer le décentragesupérieur de la tête humérale lié à la rupturedu tendon du muscle supra-épineux.

LA STABILISATION PASSIVE

Deux structures ont un rôle stabilisateur ou pro-tecteur de l’articulation gléno-humérale. Il s’agitdu thorax et de la voûte coraco-acromiale.

Le thorax

Le thorax limite la rotation médiale du bras dès

26

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 27: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

que le bras est en flexion si bien que l’appareilcapsulaire postérieur est moins puissant quel’antérieur. Pour cette raison on observe peu deluxation postérieure traumatique. Seule unehyper-rotation médiale forcée le bras le long ducorps, comme on en observe dans les crisesd’épilepsie, peut entraîner une luxation postérieu-re d’épaule.

La voûte coraco-acromiale

La voûte est constituée d’avant en arrière par leprocessus coracoïdien, le ligament coraco-acro-mial et le processus acromial dont nous rappelonsles descriptions (fig. 11 et 12) :

❍ L’acromion prolonge en dehors et en avantl’épine de la scapula. Il est aplati de haut enbas et présente trois bords, latéral, médial etpostérieur et deux faces (supérieure et infé-rieure). Ses bords médial et latéral se rejoi-gnent en avant pour former le sommet del’acromion. L’acromion s’articule avec la clavi-cule au niveau du segment antérieur de sonbord médial. L’acromion donne insertion aumuscle deltoïde sur sa face latérale et aumuscle trapèze sur son bord postérieur. Laprésence d’un os acromial s’observe dans

2.7 % des cas ; l’os acromial est maintenu aureste de l’acromion par un tissu fibreux réali-sant une pseudarthrose congénitale parfoishypertrophique et alors potentiellementconflictuelle avec la coiffe.

❍ Le ligament coraco-acromial est une lamefibreuse de 3 à 5 centimètres de longueur,aplatie de haut en bas et tendue en perma-nence. Son sommet tronqué s’insère sur laface inférieure de l’acromion, sur environ2 centimètres. Sa base se fixe sur tout le bordlatéral du processus coracoïde. L’épaisseur duligament n’est pas uniforme : sa partie latéra-le et sa partie médiale sont condensées endeux rubans très épais. Sa partie moyenne estmince et membraneuse. Sur son attache cora-coïdienne, les fibres du ruban latéral du liga-ment sont en continuité avec les fibres tendi-neuses du coraco-biceps réalisant une ogivefibreuse harmonieuse qui prolonge la voûtevers le bas.

❍ Le processus coracoïde a un aspect de doigtdemi-fléchi. Il donne insertion aux tendonsdes muscles coraco-brachial, pectoral mineuret au tendon du chef court du biceps brachialainsi qu’aux ligaments coraco-acromial, cora-

27

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 11 : Vue anatomique de la face inférieure de la voûte coraco-acromiale.

Fig. 12: Vue IRM dans le plan sagittal passant par la voûtecoraco-acromiale. Les différents tendons intra-muscu-laires des muscles de la coiffe peuvent être visualisés.

Anatomie dynamique de l’épaule

Page 28: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

co-huméral, coraco-glénoïdien et aux liga-ments coraco-claviculaires.

Le rôle protecteur de la voûte coraco-acromialedans l’équilibre dynamique de l’épaule est tropsouvent ignoré alors que la présence de la voûteest indispensable pour éviter la subluxation supé-rieure de la tête humérale lorsque les bras soulè-vent le corps : il existe dans ces cas une compres-sion de la coiffe sur la voûte qui peut être prolon-gée (gymnastique). Le contact des tendons avec lavoûte est en réalité permanent (fig. 13). En posi-tion de décubitus dorsal, la tête humérale à ten-dance à remonter ce qui accentue la compressiondes tendons de la coiffe sur la voûte. En décubituslatéral, la compression du moignon de l’épaulemajore le contact des tendons de la coiffe contrela voûte ; c’est dans cette position nocturne quecertains patients déclarent ou entretiennent des

douleurs de tendinopathie par conflit. En positiondebout, le contact naturel entre la voûte et la coif-fe est déterminé par le centrage de la tête humé-rale au niveau de la glène et le frottement estminimum. La présence d’une métaplasie cartilagi-neuse (en immuno-histo-chimie) à la surface dutendon du supra-épineux témoigne del’adaptation de ce tendon aux frottements.

Si l’on n’ignore plus que l’étroitesse du défilésous coraco-acromial favorise le développementd’un conflit douloureux, l’augmentation de largeurdu défilé est un facteur anatomique d’instabilité.

Critères d’évaluation de la taille du défilé

Beaucoup de travaux se sont attachés à évaluerla hauteur du défilé sous-acromial en positionanatomique sans fournir des résultats satisfai-sants dans la mesure où l’aspect relatif du défiléchange lorsque le bras s’élève [27] et que lacontraction musculaire modifie la taille du défilé[14]. Ainsi, l’évaluation directe de la taille du défi-lé apparaît trop complexe et il faut s’attacher àaborder ce problème de façon indirecte en rappe-lant qu’il existe nécessairement une adéquationentre la taille du défilé et son contenu, et celadans toutes les positions de l’épaule. On peutdonc énoncer sans erreur qu’un tendon épais cir-cule nécessairement dans un défilé large et qu’untendon mince circule dans un défilé étroit (fig. 14et 15). Dans un défilé large, le tendon pourraatteindre l’épaisseur maximum qui lui est néces-saire pour optimiser son fonctionnement biomé-canique, soit environ 5.5 millimètres. Le tissu cel-lulo-graisseux qui soutient la bourse séreuseoccupera, s’il y a lieu, plus de place. On obtientainsi, par la mesure de l’épaisseur des tendons, uncritère objectif pour apprécier la largeur oul’étroitesse du défilé sous coraco-acromial.

Voûte sous-acromiale et instabilité

28

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 13 : Vue anatomique antéro-latérale de l’épaule aprèsrésection du deltoïde. Les tendons des muscles de la coiffesont en contact direct avec la voûte.

Page 29: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

On peut, en y prêtant attention, avoir sur les cli-chés radiologiques une idée de la taille du défiléque l’on peut alors qualifier de plutôt large ou deplutôt étroit si l’aspect paraît probable. On noteraalors, sur les clichés des patients ayant une épau-le instable, que le défilé sous-acromial a toujoursun aspect plutôt large. Nous avons fait le mêmeconstat IRM [10] en évaluant la taille du défilésous-acromial chez 179 patients regroupant despatients ayant un conflit douloureux, une épauleinstable et des sujets témoins : les patients ayantune instabilité ont une voûte sous-acromiale quiprésente un aspect plutôt plus large que celles dessujets témoins dont la voûte est elle-même plutôtplus large que celles des patients ayant une épau-le douloureuses par conflit.

Parmi ces patients souffrant d’une instabilité, lamorphologie la plus typique de la voûte sous-acromiale se caractérise par un acromion courtqui remonte en dehors.

Une telle morphologie acromiale augmente lalongueur de course du deltoïde moyen ainsi quel’enroulement de ce muscle sur l’humérus. Le del-toïde est dans ces conditions en mesure de forcerl’élévation de l’humérus au-delà des 85° physiolo-gique en favorisant la subluxation inférieure de latête humérale. Ce travail musculaire expose àl’allongement du LGHI et favorise l’apparitiond’une instabilité.

CONCLUSION

La mobilité tout à fait exceptionnelle de l’épauleest due à une architecture biomécanique très par-ticulière associant le déplacement organisé del’humérus et de la scapula, un appareil ligamen-taire sans précontrainte initiale et un contrôle dela mobilité musculaire très développé.

Cette architecture articulaire va induire despathologies qui lui sont propres :

❍ L’instabilité gléno-humérale est fréquente et

29

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 14 : Vue IRM dans le plan frontal. Le tendon du musclesupra-épineux est mince : la voûte est donc étroite.

Fig. 15 : Vue IRM dans le plan frontal. Le tendon du musclesupra-épineux est épais : la voûte est donc large.

Anatomie dynamique de l’épaule

Page 30: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

est aggravée par un acromion court ou unehyperlaxité constitutionnelle entrant alorsdans le cadre de l’instabilité multidirection-nelle [2, 26] ;

❍ Le glissement sous acromial favorisel’apparition de douleur d’épaule par conflit ;

❍ Le glissement de la scapula sur le thoraxpeut entraîner une paralysie du nerf deCharles Bell.

Bibliographie

[1] BEAULIEU C.F., HODGE D.K., BERGMAN B.A. et al.Glenohumeral relationships during physiologic shouldermotion and stress testing: initial experience with open MRimaging and active imaging-plan registration. Radiology 1999;212: 699-705.

[2] BIGLIANI L.U., POLLOCK R., SOSLOWSKY L., FLATOWE.L., PAWLUK R., MOW V. Tensile properties of the inferiorglenohumeral ligament. J Orthop Res 10: 187, 1992.

[3] BRENNECKE S.L., REID J., CHING R.P. et al.Glenohumeral kinematics and capsulo-ligamentous strainresulting from laxity exams. Clinical Biomechanics 2000; 15:735-742.

[4] ENDO K., YUKATA K., YASUI N. Influence of the age onscapulo-thoracic orientation. Clinical Biomechanics 2004; 19:1009-1013.

[5] FERRARI D.A. Capsular ligaments on the shoulder.Anatomical and functional study of the anterior superior cap-sule. Am J Sport Med 1990; 18: 219.

[6] GAGEY O.J., BONFAIT H., GILLOT C., MAZAS F.Anatomie fonctionnelle et mécanique de l’élévation du bras.Rev Chir Orthop 1988; 74: 209.

[7] GAGEY N.F., GAGEY O.J., BASTIAN D., LASSAU J.P. Thefibrous frame of the supraspinatus muscle. Correlations bet-ween anatomy and MRI findings. Surg Radiol Anat 1990; 12:291-292.

[8] GAGEY N. Anatomie de l’épaule. Imagerie par résonancemagnétique du conflit douloureux. Thèse de Science OptionImagerie Médicale. Université René Descartes, Paris, 1993.

[9] GAGEY O.J., GAGEY N.F., BOISRENOULT P., HUE E.,MAZAS F. Etude expérimentale des luxations antéro-interneset érecta de l’articulation scapulo-humérale. Rev Chir Orthop1993; 79: 13.

[10] GAGEY N., RAVAUD E., LASSAU J.P. Anatomy of theacromial arch: correlation of anatomy and magnetic resonan-ce imaging. Surg Radiol Anat 1993; 15(1): 63-70.

[11] GAGEY O., HUE E. Mechanic of the deltoid muscle. Anew aproach. Clin Orthop 2000; 375: 250-257.

[12] GAGEY O., GAGEY N. The hyperabducfion test. J BoneJoint Surg 2001; 83B: 69-74.

[13] GLOUSMAN R., JOBE F., TIBONE J., MOYNES D.,ANTONELLI D., PERRY J. Dynamic electromyographic analy-sis of the throwing shoulder with glenohumeral instability. JBone Joint Surg 1988; 70A: 220-226.

[14] GRAICHEN H., HINTERWIMMER S., Von EISENHART-ROCHE R. et al. Effect of abducting and adducting muscleactivity on glenohumeral translation, scapular kinematics andsubacromial space width in vivo. J Biomechanics (in press).

[15] ITOI E., MOTZKIN N.E., MORREY B.F., AN K.N.Stabilizing function of the long head of the biceps in the han-ging arm position. J. Shoulder Elbow Surg 1994; 3: 135-142.

[16] KELKAR R., WANG V.M., FLATOW E.L. et al.Glenohumeral mechanics: a study of articular geometry,contact, and kinematics. J Shoulder Elbow Surgery 2001; 10-73-84.

[17] KIM S.H., HA K.I., KIM H.S., KIM S.W. Electromyographicactivity of the biceps brachii muscle in shoulders with anteriorinstability. Arthroscopy 2001; 17(8): 864-868.

[18] KRONBERG M., BROSTROM L.A., NEMETH G.Differences in shoulder muscle activity between patients withgeneralized joint laxity and normal controls. Clin Orthop RelRes 1991; 269: 181-192.

[19] KRONBERG M., BROSTROM L.A. Electromyographicrecordings in shoulder muscles during eccentric movements.Clin Orthop Rel Res 1995; 314: 143-151.

[20] KUMAR V.P., BALASUBRAMANIAN P. The role of atmos-pheric pressure in stabilizing the shoulder. J Bone Joint Surg1985; 67B: 719.

[21] LATIMER H.A., TIBONE J.E., PINK M.M., MOHR K.J.,PERRY J. Shoulder reaction time and muscle-firing patternsin respons to an anterior translation force. J Shoulder ElbowSurg 1998; 7: 610-615.

[22] LE GARS L., GAGEY O., SAIDANI N., BITOUN J. Threedimentional reconstruction of the fibrous frame of the rotatorcuff. Surg Radiol Anat 1997; 19(4): 265-268.

[23] LORNE E., GAGEY O., QUILLARD J., HUE E., GAGEY N.The fibrous frame of the deltoid muscle. Its fonction and sur-gical relevance. Clin Orthop 2001; 386: 222-5.

[24] McCLURE P.W., MICHENER Med P.W., SENNET B.J.,KARDUNA A.R. Direct 3-dimensional measurement of scapu-lar kinematics during dynamic movements in vivo. J ShoulderElbow Sur 2001; 10: 269-277.

[25] McMAHON P.J., JOBE F.W., PINK M.M., BRAULT J.R.,PERRY J. Comparative electromyographic analysis of shoul-der muscles durig planar motions: anterior glenohumeralinstability versus normal. J Shoulder Elbow Surg. 1996; 5:118-123.

[26] NEER C.S., FOSTER C.R. Inferior capsular shift for invo-luntary and multidirectional instability of the shoulder. A pre-liminary report. J Bone Joint Surg 1980; 62A: 897.

[27] MESKERS C.G., van der HELM FCT, ROSING P.M. Thesize of the supraspinatus outlet during elevation of the arm inthe frontal and sagittal plane: 3-D model study. ClinicalBiomechanics 2002; 17: 257-256.

30

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 31: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

[28] NOVOTNY J.E., BEYNNON B.D., NICHOLS C.A.Modeling the stability of the human glenohumeral jointduring external rotation. J Biomechanics 2000; 33: 345-454.

[29] O’BRIEN S.J., NEVES M.C., ARNOCZKY S.P., ROZ-BRUCK S.R. The anatomy and histology of the inferior gleno-humeral ligament complex of the shoulder. Am J Sport Med1990; 18: 449.

[30] O’CONNEL P.W., NUBER G.W., MILESK R.A., LAUTEN-SCHLAGER E. The contribution of the glenohumeral liga-ments to anterior stability of the shoulder joint. Am J SportMed 1990; 18: 449.

[31] POPEN N.K., WALKER P.S. Normal and abnormal motionof the shoulder. J Bone Joint Surg, 1976; 58A: 195-201.

[32] SAHA A.K. Dynamic stability of the glenohumeral joint.Acta Orthop Scand 1971; 42: 491-505.

31

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Anatomie dynamique de l’épaule

Page 32: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 33: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’évaluation clinique d’une épaule est assuréepar 2 éléments : une anamnèse rigoureuse et unexamen physique détaillé.

Le bilan porte sur le caractère de la douleur, lafonction de l’épaule ainsi que sur l’étude desamplitudes articulaires de l’articulation scapulo-humérale, la recherche de signes de coincement,l’analyse des contractions résistées des princi-paux muscles moteurs de l’épaule et l’explorationde la stabilité des 3 articulations composant “lecomplexe articulaire de l’épaule”. Il se terminepar la palpation des différentes structures suscep-tibles d’être lésées.

Elle comporte ensuite une triple démarche intel-lectuelle :

❍ analyser les symptômes, ce qui va suggérer auclinicien un certain nombre de diagnosticspossibles ;

❍ regrouper les signes physiques, ce qui va affi-ner la probabilité diagnostique ;

❍ corréler ces données avec une demanded’imagerie qui permettra une approche finedu diagnostic.

L’INTERROGATOIRE

Il précise :

Les caractères de la douleur aumoment de la consultation

❍ La localisation peut être antérieure. Elle peutintéresser tout le moignon de l’épaule. Elle

peut irradier à la face antérieure ou à la faceexterne du bras et gagner l’avant-bras, le poi-gnet et la main.

❍ Le mode de début peut être aigu, brutal, pen-dant l’activité sportive ou professionnelle ouaprès une chute sur l’épaule, le coude ou lamain. Il peut être progressif, sans causeapparente.

❍ L’intensité des douleurs est variable. Elleest généralement modérée dans la vie quo-tidienne mais peut être aiguë au cours decertains gestes sportifs sollicitant l’épaulelors d’un mouvement d’amplitude trèsimportante, dépassant parfois les limitesphysiologiques et effectué avec une grandevélocité.

❍ Le caractère mécanique des douleurs estconstant mais elles peuvent présenter desrecrudescences nocturnes.

❍ L’évolution des douleurs est variable. Ellessont généralement aggravées par les activitésprofessionnelles, physiques et sportives. Ellesdiminuent avec le repos. Dans certains cas,les douleurs peuvent devenir lancinantes etpersister au repos.

Les signes d’accompagnement

Fatigabilité du bras, faiblesse musculaire,manque de précision, impression d’instabilité,sensation de bras mort, accrochage, ressaut, peu-vent être observés au cours de l’évolution. Ils semanifestent au cours de certains gestes.

33

L’EXAMEN CLINIQUE D’UNE ÉPAULE – UNETRIPLE DÉMARCHE INTELLECTUELLE

J. RODINEAU, S. BESCH, M. PEYRE

Page 34: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les antécédents traumatiques etmicro-traumatiques

Ils cherchent à préciser les circonstancesexactes, le mécanisme, les symptômes initiaux detout traumatisme violent et unique ainsi quel’évaluation qui en a été faite, le traitement suivi,les résultats obtenus. Dans les formes à débutprogressif, il faut noter la date d’apparition desdouleurs, leurs caractères à la phase initiale et aucours de l’évolution.

L’intensité et le niveau des activités sont préci-sés ainsi que l’influence de la pathologie en causesur les capacités à effectuer un geste correct etefficace.

L’EXAMEN CLINIQUE

Il porte successivement sur la mobilité del’épaule, la recherche de signes de conflit, l’étudedes contractions résistées, l’exploration de la sta-bilité des articulations gléno-humérale et acro-mio-claviculaire et la palpation.

La mobilité du bras par rapport autronc

Elle met en jeu les 3 articulations du complexede l’épaule et s’étudie sous un triple aspect :l’amplitude des mouvements, l’apparition de dou-leurs et leur(s) localisation(s) ainsi quel’harmonie du rythme scapulo-huméral.

L’examen de la mobilité se fait comparative-ment avec le côté opposé, en actif et en passif. Onétudie successivement l’élévation antérieure,l’élévation latérale, l’abduction omoplate blo-quée, la rotation externe, la rotation interne, larétropulsion.

Pour chacun de ces mouvements, on note s’ilexiste des douleurs, dont on précise le siège :supérieur, antérieur, externe, postérieur ou

d’autres sensations, comme une appréhensionpar exemple.

L’harmonie du rythme scapulo-huméral est étu-diée au cours des mouvements actifs comparatifsd’élévation effectués latéralement dans le plan del’épine de l’omoplate (à 20 ou 30° en avant du planfrontal du corps). La main est placée successive-ment en pronation puis en supination. Le rythmeest harmonieux lorsque l’élévation du bras se faitrégulièrement sans ascension du moignon del’épaule. Il traduit une bonne synergie entrel’action ascensionnelle du deltoïde et l’actiond’abaissement et de recentrage de la tête huméra-le par rapport à la glène des muscles de la coiffedes rotateurs.

La recherche des signes de conflitinterne

Le but de ces manœuvres est de coincer un ten-don ou une bourse séreuse entre 2 reliefs ou dansun défilé [1].

Leur importance a été depuis longtemps souli-gnée par Cyriax pour qui la mise en évidence, bienqu’inconstante, d’une douleur en fin d’élévationantérieure et latérale, ainsi qu’en adduction hori-zontale, traduisait une lésion du tendon du musclesupra-épineux près de son insertion.

Neer a proposé un test de conflit (impinge-ment) qui consiste à fixer l’omoplate et la ceintu-re scapulaire d’une main et à effectuer une éléva-tion antérieure passive du bras, la main en pro-nation. La manœuvre est douloureuse en fin demouvement (vers 100-110°) en cas de conflitsous-acromial.

Le test de Hawkins se recherche le bras en élé-vation antérieure à 90°, le coude fléchi à 90°. Eneffectuant une rotation interne forcée de l’épaule,on provoque une douleur vive de l’épaule en casde conflit sous-acromial et de conflit coraco-huméral (fig. 1).

34

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 35: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’étude des contractions résistées

Classiquement elle se fait dans différentespositions :

❍ Le bras en abduction à 15 ou 20° pour tester :

➣ le muscle supra-épineux, au cours del’abduction contrariée dans le plan d’électionde ce muscle: le plan de l’épine de l’omoplatequi fait environ 20° avec le plan frontal ;

➣ les muscles grand pectoral, grand dorsalet grand rond au cours de l’adductioncontrariée.

❍ Le bras collé au corps et le coude fléchi à 90°pour tester :

➣ le muscle supra-épineux au cours de la rota-tion externe ;

➣ le subscapulaire au cours de la rotationinterne, le biceps et le triceps au cours de laflexion et de l’extension du coude.

❍ Le bras en élévation antérieure à 90° etl’avant-bras en supination pour tester lalongue portion du biceps brachial. C’est le“palm-up test”.

En dehors de ces tests, certains tendons peu-vent être étudiés dans des positions différentes :c’est le cas, en particulier, du tendon du supra-épi-neux qui peut être testé selon la méthode de Jobequi consiste à demander au patient de placer lesmembres supérieurs en hyperpronation (lespouces dirigés vers le bas), en abduction à 80/90°et en antépulsion à 30° [2]. L’examinateur deman-de au sujet, de maintenir la position pendant qu’ilappuie sur les bras du patient (fig. 2).

L’étude des muscles contre résistance donnedeux ordres de renseignements :

❍ Le déclenchement d’une douleur quitémoigne d’une atteinte du tendon ;

❍ Le degré de résistance qui peut être normal,légèrement diminué par la réaction doulou-reuse provoquée, ou fortement diminué parune véritable lésion anatomique. Cette lésionanatomique peut être située au niveau du ten-don : c’est le cas, par exemple, du déficitd’abduction et de rotation externe observédans les ruptures de la coiffe des rotateurs. Lalésion peut être située au niveau du socle

35

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’examen clinique d’une épaule – Une triple démarche intellectuelle

Fig. 1 : Le patient est debout ou assis sur la tabled’examen. Le bras est placé en flexion à 90° et le coude estfléchi à 90°. Le clinicien effectue une rotation interne pas-sive de l’épaule et note que cette manœuvre déclenche desdouleurs ou montre une limitation d’amplitude articulairedu mouvement.

Fig. 2 : Le patient est debout ou assis sur la tabled’examen. Le bras est placé en abduction entre 70 et 90°,les coudes sont en extension, les pouces sont dirigés versle bas. Le clinicien appuie sur le bras et le patient doitrésister. Le test est positif si la manœuvre déclenche unedouleur ou si le patient ne peut pas maintenir les brasdans la position de départ.

Page 36: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

osseux d’insertion du tendon : c’est le cas, parexemple, du déficit de rotation interne,d’abduction et de rotation externe observéeaprès une fracture du massif du trochiter.Enfin, la lésion anatomique peut être neurolo-gique : c’est le cas, par exemple, du déficit derotation externe observée après atteintemicro-traumatique du nerf sus-scapulaire.

La valeur diagnostique de ces tests est forte-ment dépendante de l’expérience del’examinateur et de la présence ou de l’absence dedouleurs. Cependant la sensibilité et la spécificitéde ces manœuvres restent élevées ainsi qu’entémoigne le tableau I.

L’exploration de la stabilité de l’épaule

Elle se fait au cours de différentes manœuvres :

❍ La rétropulsion horizontale de l’épaule asso-ciée à la rotation externe: c’est le geste de“l’armé du bras”. L’examinateur doit placer lebras du patient en abduction à 90° et en rota-tion externe maxima. Puis d’une main il doitpousser la tête humérale vers l’avant tout enaccentuant la rotation externe de l’épaule.Cette manœuvre déclenche une réactiond’appréhension en cas d’antécédent d’accidentd’instabilité, alors qu’elle déclenche une dou-leur en cas d’atteinte de la coiffe (fig. 3).

❍ L’instabilité de la tête humérale dans le plansagittal : elle s’explore en se plaçant derrièrele sujet debout et légèrement penché enavant, les bras parfaitement relâchés.L’examinateur empaume le moignon del’épaule du patient et mobilise la tête huméra-le d’avant en arrière et d’arrière en avant parrapport à la glène ; il perçoit une exagérationde l’amplitude du mouvement par rapport aucôté opposé (fig. 4).

36

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau : Sensibilité et spécificité des principales manœuvres diagnostiques de lésion tendineuse citées par Schaeverbeke [3].

Auteur Muscle testé Sensibilité Spécificité

Noël, 1989/Walch, 1993 Jobe/supra-épineux 90/100 90/100

Leroux, 1995 Jobe/supra-épineux 86/100 50/100

Leroux, 1995 Patte/infra-épineux 79/100 30/100

Walch, 1993 Patte/infra-épineux 92/100 67/100

Gerber, 1991 Gerber/subscapulaire 100/100 si rupture complète

Walch, 1993 Gerber/subscapulaire 59/100 si rupture complète 85/100

Leroux, 1995 Palm up test/long biceps 63/100 35/100

Walch, 1993 Palm up test/long biceps 87/100 47/100

Fig. 3 : Le patient debout, assis ou couchés le bras est placéposition d’armé (abduction à 90° et rotation externe). Le cli-nicien exerce une double manœuvre : d’une main, il poussesur la tête humérale de l’arrière vers l’avant et de l’autre, ilaugmente la rotation externe. Le test est positif s’ildéclenche une réaction d’appréhension chez le patient.

Page 37: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La laxité de la tête humérale doit également êtreappréciée le bras en abduction à 90°, le coude sou-tenu. L’examinateur mobilise le membre supé-rieur vers l’avant et vers l’arrière et peut percevoirune différence de laxité entre les 2 épaules.

La palpation

Les différents tendons doivent être palpés defaçon précise :

➣ le tendon du chef long du biceps brachial :sur le patient debout ou assis, en plaçant lepouce dans le sillon delto-pectoral, en repé-rant la lèvre externe de la coulisse bicipita-le et en s’aidant de petits mouvements derotation de l’épaule.

➣ le tendon du supra-épineux : en plaçantl’épaule en rotation interne et rétropulsionmodérée (main dans le dos) et en palpant letendon sous le bec de l’acromion (fig. 5).

➣ le tendon de l’infra-épineux : en plaçantl’épaule en légère antépulsion, adduction etrotation externe (coude sur la table, mainpoussée vers l’extérieur par l’autre main) eten palpant le tendon en dessous du rebordpostérieur de l’acromion (fig. 6).

37

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’examen clinique d’une épaule – Une triple démarche intellectuelle

Fig. 4 : Le patient est debout, penché en avant, les bras par-faitement relâchés. Le clinicien mobilise la tête de l’arrièrevers l’avant puis de l’avant vers l’arrière. Le test est positiflorsqu’il montre une augmentation marquée et unilatéralede la mobilité de la tête humérale par rapport à la glène.

Fig. 5 : Le patient est en position debout ou assise. La mainest placée dans le dos. Le tendon est palpé juste en dessousdu bec acromial. Il est positif, s’il révèle une douleur ou unemodification d’épaisseur du tendon.

Fig. 6 : Le patient est en position debout ou assise. Le brasplacé devant la poitrine, le coude en flexion, l’épaule enadduction et rotation externe. Le tendon est palpé sousl’épine de l’omoplate. Il est positif, s’il révèle une douleurlocalisée sur la facette postérieure du trochiter.

Page 38: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

➣ le tendon du subscapulaire : en plaçant lecoude au corps et le bras en légère rotationexterne et en palpant le tendon dans le sillondelto-pectoral, en dehors de la coracoïde.

❍ La bourse séreuse sous-acromio-deltoïdienneest palpée en avant et au-dessous du sommetde l’acromion dans la région antéro-externede l’épaule.

❍ Le ligament acromio-coracoïdien est repéré àla face antérieure de l’épaule, au-dessous de lacoracoïde, en prenant soin de placer le bras enrotation externe pour dégager le long biceps.

CONCLUSION

L’examen clinique de l’épaule est une source derenseignements incomparable pour identifier lastructure anatomique en cause dans une épauledouloureuse.

Cet examen doit être programmé et effectuédans sa totalité avant de faire la synthèse des dif-férents signes cliniques observés et guider le biland’imagerie.

38

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] LEROUX J.L., THOMAS E., BONNEL F., BLOTMAN F.Valeur diagnostique des tests cliniques utilisés dans le syndromedu défilé sous-acromial. Etude prospective. Rev Rhum, 1995 ;62 :447-52.

[2] NOEL E., WALCH G., BOCHU M. La manœuvre de Jobe. Apropos de 227 cas. Rev Rhum, 1989 ;56 : 803-4.

[3] SCHAEVERBEKE T., LEROUX J.L. L’examen clinique del’épaule dégénérative. Rev Rhum (Suppl), 1996 ; 63 : 15SP-21SP.

Page 39: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

L’épaule constitue un défi pour le biomécanicien,le médecin, le chirurgien et, bien sûr, pour le radio-logue. Dans cette articulation, rien n’est simple :légère et dédiée au seul mouvement, travaillantpeu en compression, sa mobilité et sa stabilitérésultent d’un jeu subtil entre muscles agonistes etantagonistes, un peu à la manière dont un cyclistequi “fait du sur place” tient en équilibre. Bien quele recours aux investigations complémentairesdans la prise en charge initiale de l’épaule doulou-reuse n’ait été validée par aucune étude contrôléede stratégie diagnostique [1], les clichés simples,de par leur contribution au démembrement desdifférents tableaux cliniques de l’épaule doulou-reuse et de par l’usage, sont difficilement disso-ciables de l’examen clinique. La position de la sca-pula, plaquée contre le thorax, ne facilitant pas leschoses, rien d’étonnant à ce que, malgré toutel’imagination des radiologues – il n’est qu’à voir lecaractère acrobatique de certains profils – lesradiographies aient du mal à étudier complète-ment cet étonnant complexe articulaire. A l’heured’une échographie performante et de l’approchecinématique des imageries en coupes, que reste-t-il des clichés simples? Quels clichés simples?

LES CLICHÉS DE FACE

Faces antéro-postérieures en doubleobliquité (“face trois rotations”)

Un grand classique, presque un automatisme. Lebut de ces “faces” à la française, en réalité des

doubles obliques, est d’étudier les pathologiesmédicales les plus fréquentes : calcifications tendi-neuses (trois rotations pour être tangent aux troistendons principaux), ruptures de la coiffe (obliqui-té ventro-dorsale et cranio-caudale pour être tan-gent à la face caudale de l’acromion et dégagerl’espace acromio-huméral), arthropathies gléno-humérales (obliquité médio-latérale pour être tan-gent à la glène et dégager l’espace gléno-humé-ral). Les critères initiaux (il n’y avait pas de scopieà l’époque) étaient une rotation du tronc de 45°vers le côté examiné, une inclinaison descendantedu rayon de 25° vers les pieds et des rotationsneutre, médiale et latérale du bras. Actuellementles inclinaisons sont déterminées sous scopie enfonction de la morphologie individuelle, mais lesdegrés de rotation de l’humérus restent toujoursimprécis. Bien que très connue (fig. 1) [2] et trèssouvent réalisée, cette triple incidence classiquen’est pas à l’abri des critiques :

❍ L’importante rotation du tronc vers le côté àexaminer entraîne un important gradientd’épaisseur entre les différentes structuresradiographiées, d’où une irradiation non négli-geable et une qualité photographique moyen-ne (surtout chez les patients corpulents, ou àforte poitrine…) malgré l’usage d’un filtrecompensateur de type “boomerang” ;

❍ L’inclinaison sagittale du rayon, variable enfonction de la position de l’acromion et de latête humérale, contribue également à aug-menter l’épaisseur des structures traversées,donc l’irradiation, et entraîne une déforma-tion de la projection des os. La variabilité de

39

LES INCIDENCES DE BASEDE L’ÉPAULE DOULOUREUSE REVISITÉES

G. MORVAN, M. WYBIER, PH. MATHIEU, V. VUILLEMIN-BODAGHI, J. BUSSON

Page 40: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

l’inclinaison rend la méthode mal reproduc-tible et l’utilisation de critères sémiologiquesstricts malaisée. Dans cette incidence, lerayon est tangent au tendon de l’infra-épi-neux et non au tendon du supra-épineux, pluscrânial.

❍ On obtient au prix d’une triple irradiation quiinclue une partie du sein, trois fois la mêmevue imparfaite de la scapula, de l’articulationacromio-claviculaire, de la clavicule, du tho-rax… Seule la projection de l’humérus varie.

❍ L’incidence est classiquement réalisée en posi-tion debout ou assise [1]. Le poids du membresupérieur qui pend le long du corps ayant ten-dance à écarter l’humérus de l’acromion,l’espace acromio-huméral ne reflète plus laseule épaisseur de la coiffe.

Face vraie en décubitus (FVD)

Bien que cette incidence soit réalisée depuislongtemps, surtout à l’étranger, c’est à Railhac et

coll. que revient le mérite d’en avoir récemmentsouligné les apports originaux [3]. Le patient esten décubitus dorsal, bras en rotation neutre et lerayon est vertical. Cette simplicité rendl’incidence facile à réaliser et très reproductible.Le rayon incident est tangent au sommet del’espace acromio-huméral, siège du tendon dusupra-épineux. Le décubitus dorsal annulant lepoids du membre supérieur, la tête remonte versl’acromion et l’espace acromio-huméral devientun reflet fidèle de l’épaisseur de la coiffe. Ledécubitus et le rayon vertical font que les struc-tures à traverser sont moins épaisses, d’où unemeilleure qualité photographique et une irradia-tion moindre. Cette incidence (fig. 2) expose trèsbien la moitié latérale de la clavicule,l’articulation acromio-claviculaire, la scapula etle gril costal supéro-latéral, mais ne dégage pasl’interligne gléno-huméral.

40

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 a-b : Face classique en rotation neutre. Reconstructiontomodensitométrique volumique (a) et cliché simple (b).

a

b

Page 41: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Etude personnelle

Une courte étude personnelle a tenté de préci-ser les avantages et inconvénients de ces deuxtypes d’incidences de face.

Patients et méthode

L’étude a porté sur 31 épaules, chez 24 patientsadressés à notre équipe pour scapulalgie. Le pro-tocole comportait pour chaque épaule les troisclichés classiques de face en double obliquité(faces 3R) (une épaule n’a pas eu de rotation laté-rale et deux n’ont pas eu de rotation neutre) et uncliché de face vraie en décubitus (FVD). En fonc-tion de la clinique différents profils furent réali-sés, non concernés par cette étude. Sur chaqueradiographie, un radiologiste (GM) analysa vingtet une structures anatomiques : la paroi supéro-latérale du thorax ; la partie latérale de la clavi-

cule ; l’articulation acromio-claviculaire ; l’épinede la scapula et la racine de l’acromion ; la facecaudale de l’acromion ; l’interligne acromio-huméral ; le pilier et l’écaille de la scapula ; soncol ; le sous-sol spongieux de la glène ; ses bordspostérieur et antérieur ; ses pôles crânial et cau-dal ; l’interligne gléno-huméral ; la position duprocessus coracoïde par rapport à cet interligne ;la tête de l’humérus ; ses tubercules majeur (tro-chiter) et mineur (trochin) ; sa métaphyse et lapartie crâniale de sa diaphyse ; la présence éven-tuelle de calcifications tendineuses ; la qualitéphotographique globale de la radiographie. Cesitems furent cotés 0 s’ils n’étaient pas analy-sables, 1 s’ils étaient mal analysables, 2 s’ilsétaient analysables, et 3 s’ils étaient bien analy-sables. Secondairement, les réponses 0 et 1furent regroupées en “non analysables” et lesréponses 2 et 3 en “analysables”.

41

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitées

Fig. 2 a-b : Face vraie en décubitus. Reconstruction tomo-densitométrique volumique (a) et cliché simple (b).

a

b

Page 42: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Résultats

Le tableau 1 exprime pour chaque item lepourcentage de cas “analysables” en fonction del’incidence.

Discussion

Cette étude comporte des limites : petit nombrede cas, un seul lecteur… Sa valeur statistique estdonc limitée.

Paroi thoracique, scapula, clavicule et acromion

La paroi thoracique latérale n’était analysableque dans 8.8 % des cas sur les 3 faces 3R (la plusperformante étant la rotation latérale), mais étaitbien visible dans 41.9 % des cas sur la face vraieen décubitus (FVD). Un centrage un peu plusmédial, ou un champ de vue un peu plus grandpermettrait l’analyse constante de cette structuresur cette incidence. L’écaille de la scapula, en par-ticulier son pilier latéral, n’était visible que dans8.8 % des cas sur les faces 3R, mais dans 100 %des cas sur la FVD. Il en était de même pour

42

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau 1

FVD Face RI Face RO Face RE Moyenne 3R

Paroi thoracique 41,9 % 6,4 % 3,4 % 16,6 % 8,8 %

Clavicule latérale 100% 22,5 % 27,5 % 20 % 23,3 %

Epine, racine de l’acromion 100 % 9,6 % 10,3 % 10 % 10 %

Face caudale acromion 93,5 % 77,4 % 89,6 % 70 % 79 %

Articulation acromio-claviculaire 100 % 3,2 % 0 % 0 % 1,1 %

Pillier, écaille scapula 100 % 9,6 % 6,8 % 10 % 8,8 %

Col scapula 93,4 % 29 % 37,9 % 33,3 % 30,1 %

Sous-sol spongieux glène 93,5 % 90,3 % 96,5 % 96,6 % 94,5 %

Bord post-glène 96,7 % 9,6 % 6,8 % 0 % 5,5 %

Bord ant glène 3,2 % 0 % 3,4 % 0 % 1,1 %

Pôle cranial glène 87 % 100 % 100 % 96,6 % 98,9 %

Pôle caudal glène 83,8 % 87 % 100 % 100 % 95,7 %

Interligne gléno-huméral 12,9 % 96,7 % 100 % 96,6 % 97,8 %

Projection corac sur interligne 0 % 100 % 100 % 100 % 100 %

Tête humérus 100 % 100 % 100 % 100 % 100 %

Trochiter 100 % 8 % 100 % 6,6 %

Trochin 0 % 48,3 % 0 % 86,6 %

Interligne acromio-huméral 93,5 % 96,7 % 93,1 % 96,6 % 95,5 %

Calcifications 0 % 0 % 0 % 0 % 0 %

Méta, diaphyse humérus 100 % 96,7 % 93,1 % 96,6 % 95,5 %

Qualité photo 100 % 83,8 % 93,1 % 86,6 % 87,8 %

Page 43: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

l’épine et la racine de l’acromion. Le col de la sca-pula n’a pu être étudié que sur 30.1 % des faces3R, alors qu’il était visible sur 93.5 % des FVD. Lapartie latérale de la clavicule (au minimum sontiers latéral) n’était visible que dans 23.3 % descas sur les faces 3R, et l’ensemble racine del’acromion-épine de la scapula que dans 10 % descas, alors que ces structures étaient constammentanalysables sur la FVD. Pratiquement jamaisvisible sur les faces 3R (1.1 %), l’articulation acro-mio-claviculaire le fut toujours sur la FVD (fig. 3).Les faces 3R méconnaissent donc régulièrementle thorax supéro-latéral, la quasi-totalité de la sca-pula et l’axe acromio-claviculaire, articulationincluse (fig. 1). C’est la première lacune impor-tante de ces incidences classiques.

Espace acromio-huméral

La face caudale de l’acromion fut bien analy-sable à la fois sur les faces 3R et sur la FVD (93 %)et l’espace acromio-huméral aussi bien visible surles faces 3R (95.5 %) que sur la FVD (93.5 %).Cependant, les renseignements que l’on peut tirerde la mesure de cet espace sur les deux typesd’incidences diffèrent radicalement. L’inclinaisonvariable du rayon dans les faces 3R fait que,l’incidence étant peu reproductible, il est malaiséde définir des critères de normalité. De fait,l’épaisseur normale de l’espace acromio-huméral

varie selon les séries (7 à 15 mm) [4, 5] avec unevaleur moyenne de 10.5 ± 1.8 mm [5], et il estdonc difficile de tirer de sa mesure des argumentsformels en faveur d’une lésion de la coiffe desrotateurs [3]. Pour Goupille [6], la constatationd’un espace acromio-huméral inférieur ou égal à 7mm a une spécificité de 97,5 %, mais une sensibi-lité de seulement 24 % pour le diagnostic de rup-ture de la coiffe. Cette faible sensibilité est vrai-semblablement liée au fait que, lors de la positionassise ou debout généralement utilisée pour la réa-lisation des faces 3R, le poids du bras pendant lelong du corps éloigne la tête de l’humérus del’acromion. La manœuvre de Leclercq, qui fait dis-paraître cet inconvénient en plaquant la têtecontre l’acromion, a une meilleure sensibilité(62 %) et une spécificité de 95 % [5], mais sa réali-sation est délicate et implique une irradiation sup-plémentaire. A l’inverse, sur la FVD, le décubitusdorsal annulant le poids du bras, la tête remontecontre l’acromion et l’espace acromio-huméraldevient un reflet plus fidèle de l’épaisseur de lacoiffe (fig. 4). Ceci est confirmé par les faits : dansl’étude de Railhac [3], la mesure de cet espaceétait un test sensible (90 %) et spécifique (95 %) derupture de la coiffe pour un seuil de 6 mm.Deuxième point important qui se dégage de cettecomparaison: la FVD est nettement supérieureaux faces 3R pour l’appréciation de l’épaisseur dela coiffe des rotateurs.

43

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitées

Fig. 3 a-b : Arthrose acromio-claviculaire (même patient) :a) face classique. L’arthrose n’est pas visible.b) FVD : arthrose parfaitement analysable notamment son coupleostéophytique caudal (flèches).

a b

Page 44: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Glène et interligne gléno-huméral

Le sous-sol spongieux de la glène (siège dessignes indirects d’arthropathie gléno-humérale)était aussi bien analysable sur les faces 3R que surla FVD (94.5 % contre 93.5 %). Sur les faces 3R, oùle rayon est tangent à la glène, les bords antérieuret postérieur de la glène étaient superposés et nonindividualisables, contrairement à la face FVD où la

glène se projetait sous la forme d’un ovale. Le bordpostérieur de la glène était analysable dans 96.7 %des cas sur la FVD contre 5.5 % sur les faces 3R (fig.5). Par contre, son bord antérieur n’était identifiableni sur les faces 3R (1.1 %) ni sur la FVD (3.2 %).Cette différence s’explique anatomiquement: lebord postérieur de la glène, dégagé, se projette surla tête humérale, tandis que son bord antérieur est

44

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

a b

Fig. 4 a-b : Rupture transfixiante de la coiffe des rotateurs :a) FVD : espace acromio-claviculaire de 4 mm.b) confirmation arthrographique de rupture transfixiante du supra-épineux.

Fig. 5 a-b-c : Chondropathie glénoïdienne postérieure :a) face classique. Le bord postérieur de la glène, superposé à son bord antérieur n’est pas analysable.b) FVD : bonne visibilité du bord postérieur de la glène, siège de géodes sous-chondrales (flèche).c) confirmation arthro-scanographique.

a b c

Page 45: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

masqué par la superposition de la glène (fig. 5). Lespôles crânial et caudal de la glène étaient un peumieux visibles sur les faces 3R (98.9 %, 95.7 %) quesur la FVD (87 %, 83.8 %). L‘interligne gléno-humé-ral était quasi constamment (97.8 %), quelle quesoit la rotation de l’humérus, visible sur les faces 3R(c’est un des buts de l’incidence). Il n’était en géné-ral pas analysable sur la FVD (12.9 %), même en casde pincement massif, ce qui constitue une insuffi-sance majeure de cette incidence, difficilementenvisageable isolément, sous peine de méconnaîtreles chondropathies gléno-humérales (fig. 6). Anoter qu’en cas de chondropathie gléno-huméralefocale, le pincement de l’interligne gléno-huméralpeut n’être visible que sur une seule des trois rota-tions classiques (en général la rotation latérale), cequi constitue un argument en faveur de la multipli-cité des incidences (fig. 7).

Processus coracoïde et extrémité crâniale del’humérus

Dans les faces 3R, le processus coracoïde se pro-jette constamment sur l’interligne gléno-huméral(fig. 1). Il empiète plus ou moins sur la tête humé-

rale, en fonction de sa longueur. Sur la FVD (posi-tion de la ponction articulaire), sa projection esttoujours plus médiale (fig. 2). La tête de l’humérusest bien analysable, aussi bien sur la FVD (100 %)que sur les faces 3R (100 %), mais la métaphyse etla partie supérieure de la diaphyse humérale sontun peu mieux visibles en FVD que sur les faces 3R,probablement en raison de la meilleure qualitéphotographique de la FVD par rapport aux faces3R. La projection de la tête en rotation neutre estlégèrement différente sur ces deux incidences enraison de l’inclinaison du rayon (fig. 8).

En synthèse, cette étude confirme notre impres-sion subjective, basée sur une expérience d’ungrand nombre de cas. Nos traditionnels clichés deface en trois rotations étudient peu ou pas les élé-ments anatomiques médiaux de l’épaule (scapula,clavicule et articulation acromio-claviculaire),sont modérément performants pour l’étude del’épaisseur de la coiffe, avec une reproductibilitéet une qualité photographique moyennes, au prixd’une irradiation non négligeable. En revanche,ces clichés détectent les calcifications, permettentd’en déterminer le type [7] et étudient bienl’interligne gléno-huméral. L’incidence de face

45

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitées

Fig. 6 a-b : Arthrose gléno-humérale :a) FVD : pas d’anomalie franche, à part les remaniements de surface du trochiter, témoins d’une enthésopathie supra-épineuse.b) Même patient. Face classique en rotation latérale. Pincement majeur de l’interligne gléno-huméral.

a b

Page 46: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

46

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 a-b-c-d-e : Chondropathie gléno-humérale focale :Sur la FVD (a) l’interligne gléno-huméral n’est pas visible. Il apparaît normal sur les faces classiques enrotation médiale (b) et neutre (c), et n’est pincé que sur la face en rotation latérale (d) (flèches).Confirmation arthrographique de la chondropathie humérale focale (flèches) (e).

a b c

d e

Page 47: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

vraie en décubitus est aisée à réaliser, reproduc-tible, de bonne qualité photographique, perfor-mante pour l’étude de la coiffe, exposant bien leséléments médiaux de l’épaule, mais ne dégageantpas l’interligne gléno-huméral. La FVD plus sen-sible et plus spécifique que la manœuvre deLeclercq [8] a détrôné cette dernière qui n’est plusrecommandée actuellement [1, 9]. Elle consistaità réaliser une incidence de face classique, brastendu en rotation latérale, avec abduction activeobtenue grâce à un poids ou à un contre appui.

LES PROFILS

Le profil sous-acromial (synonymes :de coiffe, de Lamy, de Neer)

En général, associé aux faces 3R classiquesdans l’exploration des épaules “médicales”, c’estle plus connu et le plus prescrit des profilsd’épaule en France. Le rayon incident, parallèleau grand axe du muscle supra épineux, est tan-gentiel à l’écaille de la scapula. La tête huméralese projette à l’intersection du trépied constitué

caudalement par l’écaille, dorsalement par l’épineet ventralement par le processus coracoïde (fig.9).Les critères de réussite de cette incidence dans leplan frontal sont stricts (rayon tangent à l’écaille),

47

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitées

Fig. 8 a-b: Projection de la tête humérale en rotation neutre en face classique (a) et FVD (b). L’image n’est que légèrement différente.

Fig. 9 :Profilsous-

acromial

a b

Page 48: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

mais ceux qui régissent l’inclinaison cranio-cau-dale du rayon, déterminée sous scopie, le sontmoins. Dans le profil sous-acromial, habituelle-ment réalisé en position assise ou debout, le poidsdu membre supérieur tend à abaisser la têtehumérale et à élargir l’espace acromio-huméral,comme sur les faces 3R (fig. 10). Pour cette rai-son, nous préférons réaliser ce cliché en procubi-tus. La voûte acromio-claviculaire y est bien vue(notamment la forme de l’acromion : plat, conca-ve, en crochet) [10], la partie distale de la clavicu-le est en général bien déroulée, et la position decelle-ci par rapport à l’acromion bien analysable,mais l’articulation acromio-claviculaire est maldégagée. Théoriquement, le bras est en rotationneutre. Le trochin se projette alors en avant, der-rière le processus coracoïde et on peut étudier lesrapports entre ces deux éléments. La paroi thora-cique et l’écaille de la scapula sont vues tangen-tiellement ainsi que l’espace scapulo-huméral(fracture, exostose…). La diaphyse humérale estmal analysable en raison de la superposition del’écaille, la glène n’est pas vue et beaucoup de cal-cifications distales échappent à cette incidence ense superposant à la tête de l’humérus.

Le profil axillaire

Le profil axillaire est une vue cranio-caudale del’épaule en abduction. Soit on utilise une cassette,de préférence courbe, placée dans le creux axil-laire et un rayon vertical descendant, et il estnécessaire d’obtenir une abduction de l’ordre de90°, soit la cassette est placée sur le moignon del’épaule et le rayon est ascendant, ce qui est com-patible avec une abduction un peu plus limitée.Cette incidence, délicate à bien réaliser et quinécessite un tube mobile, expose bien le trochinet sa pathologie (calcifications du tendon sub-sca-pulaire, arrachements), la morphologie del’acromion (acromion bipartite) et celle du pro-cessus coracoïde (fractures) (fig. 11). Le centrageantéro-postérieur de la tête dans la glène etl’orientation de la glène par rapport à l’écaille dela scapula sont bien analysables. Ces renseigne-ments sont importants dans le bilan d’une arthro-se gléno-humérale.

Les profils destinés à étudier larégion ventro-caudale de la glène dans

48

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 10 a-b : Lésion transfixiante du tendon supra-épineux :a) Face classique en rotation neutre : pincement franc de l’espace acromio-huméral.b) Profil sous-acromial : espace normal, lié au poids du membre supérieur.

a b

Page 49: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

les instabilités (profils glénoïdiensnormal et dépassé de Bernageau [11],incidence de Garth [12]) à la recherched’une fracture, d’un émoussement, fontl’unanimité dans l’étude des instabilités et neseront pas abordés ici.

CONFÉRENCES DE CONSENSUS

Des conférences de consensus de 1996 et de2004 sur l’imagerie dans la pathologie mécaniqueet dégénérative d’une épaule non opérée et noninstable [1, 9] on peut extraire les points suivants :

❍ La FVD, plus sensible et à peine moins spéci-fique que la manœuvre de Leclercq, pourraitremplacer cette dernière.

❍ En général, les faces préconisées sont lesfaces classiques 3R. Pour ce qui concerne leprofil, les recommandations sont moins pré-cises. Par exemple, la conférence de 1996conseille un profil sous-acromial en cas detendinopathie, mais un profil axillaire en casde tendinopathie calcifiante, différence quiparaît difficile à prévoir cliniquement. Laconférence de 2004 conseille, en cas d’épauledouloureuse chronique, des faces 3R clas-siques et un profil sous-acromial.

❍ En reprenant toutes les situations cliniques,on voit que l’association faces 2R, FVD, profilsous-acromial et profil axillaire apporte unesolution à la quasi-totalité des éventualités.

❍ Actuellement, l’échographie met en évidenceles calcifications tendineuses ainsi que lesruptures transfixiantes avec une fiabilité dansle diagnostic positif de ces dernières attestéepar une exactitude comprise entre 84 et 98 %et un rapport de vraisemblance positif supé-rieur à 10 [1]. Cette technique “ne peut rem-placer la radiographie standard et ne doit pasêtre envisagée de façon systématique dansl’exploration de première intention. Cet exa-men peut néanmoins être réalisé à ce stadeentre les mains d’un échographiste spécialiséet expérimenté, en complément de l’examenclinique en cas de doute sur l’existence d’unerupture tendineuse transfixiante” [1].

DÈS LORS, QUE DEMANDE-T-ONAUJOURD’HUI AUX RADIOGRAPHIESDE L’ÉPAULE?

❍ D’éliminer une pathologie n’affectant pasl’articulation gléno-humérale. La FVD estl’incidence la plus apte à résoudre ce problè-me.

❍ De démasquer une arthropathie gléno-humé-rale. Les faces 3R classiques répondent à cettequestion. A notre avis, les faces classiques enrotation médiale et surtout latérale, associéesà une FVD également. Il est en effet peu pro-bable qu’une chondropathie n’affecte que lapartie centrale de la glène en respectant sesparties antérieure et postérieure et ne soitvisible que sur la face classique en rotationneutre. En pratique, c’est la face en rotationlatérale qui est la plus sensible pour mettre enévidence les chondropathies gléno-humérales(fig. 7) dans la mesure où cette chondropathieest habituellement postérieure. Une très dis-crète abduction peut lui être ajoutée, qui aug-

49

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 11 : Profil axillaire

Les incidences de base de l’épaule douloureuse revisitées

Page 50: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

mente encore cette sensibilité. La FVD peutêtre comparative si, devant une épaule gelée,diagnostic clinique, on recherche une hyper-transparence osseuse régionale.

❍ De mettre en évidence un pincement franc del’espace acromio-huméral, témoin d’une vasterupture certaine de la coiffe. La FVD estl’incidence la plus apte à résoudre ce problème.

❍ Un profil est-il indispensable? Le profil axil-laire semble le plus approprié en casd’arthropathie gléno-humérale évoluée (cen-trage antéro-postérieur de la tête) et le profilsous-acromial en cas de tendinopathie (mor-phologie de l’arche acromio-claviculaire).

CONCLUSION

Nous suggérons de modifier (un peu…) noshabitudes concernant les radiographies desépaules “médicales” (en dehors d’un contexted’instabilité ou de traumatologie) et de :

❍ Remplacer la face classique en rotation neutrepar une face vraie en décubitus en rotation

neutre, avec un champ de vue suffisant pourcouvrir toute la scapula, en conservant lesfaces classiques en rotation latérale et média-le, réalisées en décubitus, un peu plus dia-phragmées qu’il est d’usage.

❍ Supprimer la manœuvre de Leclercq ;

❍ Intégrer plus fréquemment une échographie(réalisée selon un protocole strict) en complé-ment des clichés simples pour la mise en évi-dence des ruptures transfixiantes de la coiffe,des bursopathies, des lésions du tendon duchef long du biceps et des dégénérescencesgraisseuses du supra et de l’infraspinatus.

Nous proposons enfin que notre étude prélimi-naire soit prolongée par une étude multicentriquepilotée par le groupe GETROA-GEL, comparantchaque incidence de face (3R et FVD) et éventuelle-ment les profils sous-acromial et axillaire à un exa-men de référence qui pourrait être l’arthroscanneravec, comme dans notre série, l’inventaire d’itemsprécis. Ce travail fournirait une assise validée à denouveaux protocoles actualisés d’exploration radio-graphique de l’épaule douloureuse.

50

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] ANAES. Recommandations pour la pratique clinique.Modalités de prise en charge d’une épaule douloureuse chro-nique non instable chez l’adulte. ANAES, 2004, à paraître.

[2] SINTZOFF S., DUSSAULT R., FUMIERE E., SINTZOFF S.Jr, STALLENBERG B. Que penser de toutes les incidences radio-logiques simples dans l’étude de la coiffe des rotateurs? in “Lacoiffe des rotateurs et son environnement” sous la coordinationde Laredo J.D., Bard H., GETROA opus XXIII, SaurampsMédical, Montpellier, 1996.

[3] RAILHAC J.J., SANS N., RIGAL A., CHIAVASSA H., GALY-FOURCADE D., RICHARDI G., ASSOUN J., BELLUMORE Y.,MANSAT M. La radiographie de l’épaule de face stricte en décu-bitus dorsal : intérêt dans le bilan des ruptures de la coiffe desrotateurs. J Radiol, 2001, 82, 979-985.

[4] BERNAGEAU J. Roentgengraphic assessment of the rotatorcuff. Clin Orthop, 1990, 254, 87-91.

[5] COTTY P., PROUST F., BERTRAND P. Rupture de la coiffedes rotateurs. Quantification des signes indirects en radiologiestandard et manœuvre de Leclercq. J Radiol 1988, 69, 633-638.

[6] GOUPILLE P., ANGER C., COTTY P. Value of standard radio-graphies in the diagnosis of rotator cuff rupture. Rev Rhum EdFr, 1993, 60, 440-444.

[7] MOLE D., KEMPF J.F., GLEYZE P., RIO B., BONNOMET F.,WALCH G. Résultats du traitement arthroscopique des tendino-pathies non rompues de la coiffe des rotateurs de l’épaule. RevChir Orthop, 1993, 79, 532-541.

[8] LECLERCQ R. Diagnostic de la rupture du sus-épineux. RevRhum Mal ostéoartic, 1950, 10, 510-515.

[9] CAROIT M., AUGEREAU B., BERNAGEAU J., BLOTMAN F.,DUQUESNOY B., GAZIELLY D., GODEFROY D., HEULEU J.N.,MOLE D., RAILHAC J.J., TARD P., TAVERNIER T., WALCH G.Recommandations de la conférence de consensus sur l’imageriedans la pathologie mécanique et dégénérative d’une épaule nonopérée. J Radiol, 1997, 78, 321-324.

[10] BIGLIANI L., MORRISON D., APRIL E. The morphology ofthe acromion and its relationship to rotator cuff tears. OrthopTrans 1986, 10, 228.

[11] BERNAGEAU J., PATTE D. Le profil glénoïdien. J TraumatoSport, 1984, 61, 511-519.

[12] GARTH W.P., SLAPPEY C.E., OCHS C.W. Roentgenographicdemonstration of instability of the shoulder : the apical obliqueprojection. J Bone Joint Surg, 1984 (A), 9, 1450-1453.

Page 51: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’ÉPAULE INSTABLE

Page 52: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 53: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Une instabilité est une perte de contact partiel-le ou complète entre les surfaces articulaires quipeut être transitoire ou permanente. On peutégalement définir une instabilité comme unetranslation excessive de la tête humérale parrapport à la glène responsable de symptômeschez un patient conscient. Cette dernière défini-tion permet plus facilement de différencierl’instabilité de la laxité ; au genou le terme laxitéa une forte connotation pathologique et signifieune rupture ligamentaire. Au contraire, àl’épaule la laxité est le plus souvent physiolo-gique, constitutionnelle, bilatérale et ne doit pasêtre considérée comme étant pathologique.

Plusieurs types d’instabilité ont été décrits :les instabilités inférieures rapportées par Neeren relation avec l’hyperlaxité, les instabilitéssupérieures avec ascension de la tête huméralerapportées par Cofield et en relation avec lesruptures massives de la coiffe des rotateurs etenfin les instabilités plus classiques antérieureset postérieures. Dans ce démembrement, nousne discuterons que des instabilités antérieureset postérieures.

A côté des accidents d’instabilités classiquescaractérisés par les luxations et les subluxationset que nous appelons l’instabilité dynamique,nous décrirons une autre forme d’instabilitéappelée statique : cette dernière est caractériséepar une malposition permanente de la têtehumérale par rapport à la glène qui peut êtredouloureuse ou non. Leur individualisation a puse faire grâce à l’imagerie de première ou dedeuxième intention.

Notre objectif n’est pas de décrire une énièmeclassification mais plutôt de faire un démembre-ment à partir des différentes pathologies rencon-trées dans la pratique quotidienne.

INSTABILITÉ ANTÉRIEURE

Instabilité antérieure dynamique

Luxation antéro-interne première

C’est une perte de contact totale et permanenteentre la tête humérale et la glène, durant au moinsplusieurs secondes et nécessitant une manœuvrede réduction. La plupart d’entre-elles sontbanales, mais des lésions associées peuvent sur-venir qui changent totalement le traitement et lepronostic :

➣ Luxation irréductible

Il s’agit des luxations impossibles à réduire, engénéral parce que le patient est trop contracté.Une anesthésie générale peut être nécessaire.

➣ Luxation incoercible

Lorsqu’après réduction la luxation se reproduitinvariablement ; en relation avec une large fractu-re du bord antéro-inférieur de la glène, une inter-vention chirurgicale est nécessaire pour stabiliserla tête humérale.

➣ Fracture du trochiter

Cette fracture est le plus souvent détectée aprèsréduction de la luxation sur la radiographie de

53

DÉMEMBREMENT DE L’ÉPAULE INSTABLE

G. WALCH, L. NOVÉ-JOSSERAND, D. MOLÉ

Page 54: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

contrôle ; si le déplacement est supérieur à 1 cm,une ostéosynthèse est nécessaire. Le problèmeessentiel de ces fractures du trochiter est la rai-deur qui peut durer entre six et douze mois, quelque soit le traitement. Il est important de prévenirle patient. Nous recommandons une écharpe derepos pendant une dizaine de jours et après uneradiographie de contrôle éliminant un déplace-ment secondaire, il faut débuter la rééducationpassive avec des exercices pendulaires et la bal-néothérapie avec pour objectif de limiter autantque possible cette raideur.

➣ Première luxation après l’âge de 40 ans

Plus le patient est âgé, plus le risque de rupturede la coiffe des rotateurs est important et plus larupture de la coiffe est importante [4, 9, 14]. Nousrecommandons de pratiquer systématiquementune IRM ou un arthroscanner après la réductionde la luxation dans ce groupe d’âge. Il est en effetessentiel de détecter rapidement une rupture tou-chant deux ou trois tendons car après quelquessemaines ou quelques mois, les muscles peuventdégénérer et s’atrophier, la tête migre vers le hautet le patient risque de garder un handicap fonc-tionnel considérable.

➣ Luxation avec paralysie partielle ou complètedu nerf axillaire

Elle est souvent observée après luxation erectaou après luxation intracoracoïdienne. Un pre-mier électromyogramme doit être réalisé dixjours après la luxation et un second deux moisplus tard si le patient ne récupère pas. Lameilleure période pour explorer chirurgicale-ment se situe autour du quatrième mois afin deréaliser soit une suture, soit une greffe de nerflorsque cela est nécessaire.

➣ Luxation avec paralysie complète ou partielledu plexus brachial

Cette complication est aussi impressionnanteque bénigne : la récupération de la paralysie débu-

te après quelques jours et la récupération complè-te prend quelques semaines.

➣ Luxation antérieure invétérée (par définitionaprès trois semaines)

Elle est rencontrée chez les patients âgés oualcooliques. Après 65 ans, elle s’accompagne engénéral d’une rupture complète des tendons sub-scapularis, supra et infra-spinatus. Si le patientn’a pas de douleur et accepte de s’adapter, il estpréférable de proposer un traitement conserva-teur. En revanche, si le patient a des phénomènesdouloureux ou une importante limitation fonc-tionnelle, la mise en place d’une prothèse inver-sée est le meilleur traitement. La simple réductionchirurgicale avec stabilisation est source de nom-breuses complications (récidive d’instabilité,nécrose de la tête, arthrose) et les prothèses noncontraintes sont sources d’instabilité etd’impotence fonctionnelle.

➣ Luxation avec incarcération intra-articulairede la coiffe des rotateurs

Cette complication rare et grave doit être sus-pectée quand, sur la radiographie de contrôle deface, l’espace entre la tête et la glène semble troplarge (fig. 1). Sur les radiographies de profil, la

54

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Incarcération intra-articulaire de la coiffe des rota-teurs : sur le cliché de face, l’espace gléno-huméral estanormalement large. Les tendons supra- et infra-épineuxétaient luxés dans l’articulation.

Page 55: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tête humérale est en permanence subluxée anté-rieurement [20]. Un scanner doit être réalisé avecdes fenêtres parties molles ; il peut y avoir unefracture du trochin qui se trouve déplacée derriè-re la tête humérale avec l’insertion du sub-scapu-laris et une partie du supra-épineux (fig. 2) ; lalongue portion du biceps est luxée dansl’articulation. Une intervention immédiate estnécessaire pour réduire et réparer la coiffe anato-miquement. Si le diagnostic est trop tardif le trai-tement devient extrêmement difficile et les résul-tats sont mauvais. L’analyse de la radio de contrô-le après réduction est essentielle ; elle doit faireévoquer le diagnostic lorsque l’interligne huméralest anormalement large.

➣ Luxation avec fracture en deux, trois ouquatre parties de la tête humérale

Il ne faut jamais tenter de faire une réductionorthopédique dans ces cas du fait du risque dedésimpaction de la tête qui peut avoir migré dansle sub-scapulaire. Une réduction très douce etatraumatique à ciel ouvert avec une ostéosynthè-

se est recommandée si le patient est jeune et si laqualité osseuse est correcte. Dans le cas contrai-re, la mise en place d’une prothèse peut être lameilleure solution, en particulier si le patient aplus de 65 ans.

Luxation récidivante antérieure

Le bilan radiographique standard doit com-prendre trois clichés de face en double obliquitéen rotation interne, neutre et externe et un pro-fil glénoïdien de Bernageau comparatif. En casde négativité de ce bilan ou dans les formescomplexes nous préférons l’arthroscanner àl’arthro-IRM.

➣ Luxation récidivante antérieure avec ou sanshyperlaxité multidirectionnelle

Certains auteurs [6] recommandent de distin-guer les formes traumatiques (TUBS pourTraumatic Unidirectional Bankart Surgery) etles formes atraumatiques (AMBRII pourAtraumatic Multidirectional BilateralRehabilitation Inferior capsular shift and rotatorInterval closure) en fonction des mécanismes dela première luxation. Pour Neer et Matsen, lesluxations atraumatiques sont supposées être des“multidirectional instability” (MDI) et, dans cescas, les traitements standards risquentd’échouer. Plutôt que d’utiliser le mécanisme dupremier accident pour classer les luxations réci-divantes, nous recommandons de distinguer lesformes avec ou sans hyperlaxité constitutionnel-le. En effet, c’est l’hyperlaxité qui assombrit lepronostic opératoire et qui conduit à beaucoupd’échecs chirurgicaux. Nous avons proposé [16]de définir l’hyperlaxité multidirectionnelle parl’existence d’une rotation externe coude aucorps supérieure ou égale à 90° facilement quan-tifiable plutôt que le sulcus test de NEER qui estqualitatif et trop subjectif [2, 7, 8]. Cette attitudenous paraît plus logique car un patient hyperlaxe

55

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Démembrement de l’épaule instable

Fig. 2 : Incarcération intra-articulaire du subscapulaire. Letrochin était en arrière de la tête humérale.

Page 56: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

peut parfaitement présenter une luxation lorsd’une chute à ski ou d’un accident de voiture cequi pourrait faire croire, à tort, à une luxationtraumatique banale alors que l’attitude thérapeu-tique doit être discutée dans ce cas, non pas enfonction du caractère traumatique de la premiè-re luxation, mais en fonction de l’hyperlaxitéconstitutionnelle.

➣ Luxation récidivante antérieure avec rupturede la coiffe des rotateurs

Elles sont observées après l’âge de 40 ans, plusle patient est âgé, plus la rupture est importante.Elles ont été exceptionnellement rapportées chezdes sujets plus jeunes [15]. Les ruptures partiellesde la face profonde du tendon supra-épineux sontobservées autour de 40 ans et peuvent être négli-gées car elles n’influencent pas les résultats. Enrevanche les ruptures complètes d’un ou plu-sieurs tendons ont une influence directe surl’indication chirurgicale et sur le résultat. Chez lespatients de moins de 60 ans, si la coiffe est répa-rable, il est préférable d’effectuer une réparationde la coiffe des rotateurs et de stabiliserl’articulation dans le même temps. Si la ruptureest massive et non réparable ou si le patient estâgé, il est préférable de stabiliser l’articulation etfaire une ténodèse du biceps sans tentative deréparation qui risquerait de décompenser la fonc-tion (pseudoparalysie).

➣ Luxation récidivante antérieure et arthroseglénohumérale

En général observée avec une large fracture dubord antéro-inférieur de la glène (fig. 3), cetteentité n’est pas une contre indication à une stabi-lisation antérieure. Les volumineuses fractures dubord antéro-inférieur de la glène sont recons-truites avec le processus coracoïde (opération deLatarjet) ou avec une greffe iliaque. L’objectif del’intervention est de restaurer une surface glénoï-dienne correcte (glénoplastie) plutôt que de réali-ser une “butée” débordante.

Subluxation récidivante antérieure

Le patient se plaint de sensation d’instabilité,mais il n’a pas d’attitude vicieuse fixée et il n’y ajamais eu de nécessité de manœuvre de réduc-tion. Les lésions anatomiques et les données del’examen clinique sont identiques à celles desluxations récidivantes ; le traitement est égale-ment le même.

Les formes volontaires sont plus rares que leurshomologues postérieures : en contractant le grandpectoral, le patient est capable de subluxer la têtehumérale ; la manœuvre de l’armé du bras est engénéral négative sans appréhension et il ne fautpas confondre cette entité avec une instabilitéantérieure même si le patient décrit des sensa-tions d’instabilité et réclame une intervention chi-

56

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Luxation antérieure récidivante avec volumineusefracture de glène et arthrose gléno-humérale (SamilsonStade III).

Page 57: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rurgicale. La simple constatation d’une subluxa-tion antérieure reproductible de manière volontai-re est une contre-indication formelle à un gestechirurgical ; cette entité correspond toujours àune hyperlaxité multidirectionnelle et des pro-blèmes psychologiques ou psychiatriques. Le trai-tement chirurgical échoue régulièrement et cessubluxations antérieures volontaires ne doiventjamais être opérées.

Epaule douloureuse par instabilité pas-sée inaperçue

Le patient, en général un athlète, se plaint dedouleurs sans sensation d’instabilité ; l’armé dubras est douloureux sans appréhension. La dou-leur peut être rapportée à une instabilité antérieu-re seulement si l’on peut mettre en évidence unelésion d’instabilité sur l’imagerie ou àl’arthroscopie (encoche humérale ou lésion deBankart). Pour éviter les erreurs et les échecs dutraitement en cas de doute, une “instabilité” sansvraie lésion d’instabilité n’en est pas une !

Le conflit postéro-supérieur ne doit pas êtreconfondu avec l’instabilité antérieure [5] ; il s’agitd’un contact physiologique qui peut être observéchez tous les sujets et qui ne devient pathologiqueet douloureux qu’avec la répétition des mouve-ments de lancer et l’apparition de lésions typiquesau niveau du tendon du supra-épineux, du labrumet du cartilage glénoïdien postérieur. Le succès dutraitement du conflit postéro-supérieur par uneréparation ou une plicature antérieure peuts’expliquer par une très longue période de miseau repos et par une tendance à limiter la rotationlatérale et l’hyperangulation.

Subluxation antéro-supérieure dyna-mique de la tête humérale

Il s’agit d’une instabilité antérieure dynamiqueen relation avec une rupture massive de la coiffe

antéro-supérieure : subscapulaire, supra-épineuxplus ou moins infra-épineux ; le long biceps esthabituellement luxé dans l’articulation. A chaquetentative d’élévation antérieure active du bras, latête humérale se subluxe sous l’arche acromio-deltoïdienne et aucune élévation antérieure activedu bras n’est possible. Cette pathologie a étédécrite après des acromioplasties excessives,mais elle survient aussi chez des patients quin’ont jamais été opérés [17]. Quand le mode dedébut est traumatique et la réparation de la coiffedes rotateurs réalisée rapidement, les résultatssont satisfaisants ; par contre, si le traitement estretardé ou si l’imagerie montre une infiltrationgraisseuse sévère du sub-scapulaire aucune répa-ration chirurgicale n’est possible pour stabiliser latête humérale. Le traitement doit être l’abstention(les patients sont souvent non douloureux) ou lamise en place d’une prothèse inversée seulemanière de restaurer une élévation antérieureactive. La reconstruction de l’acromion ou letransfert du grand pectoral sont, dans notre expé-rience, incapables d’empêcher cette subluxationantéro-supérieure une fois que les muscles sontdégénérés et infiltrés de graisse.

Instabilité antérieure postopératoire

Toute intervention chirurgicale peut échouer. Lacause de l’échec peut être une erreur technique,une erreur d’indication ou une complication post-opératoire. L’analyse du problème est essentielleavant de ré-intervenir. En cas d’échec de répara-tion capsulaire nous recommandons de faire unebutée coracoïdienne. Et en cas d’échec de butée,nous recommandons de réaliser une greffe préle-vée sur la crête iliaque homolatérale.

Instabilité antérieure statique

Une instabilité statique est caractérisée parune malposition permanente de la tête humérale

57

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Démembrement de l’épaule instable

Page 58: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

par rapport à la glène. Il s’agit d’une définitionradiographique (radiographie simple ou scannerou IRM).

Subluxation antéro-inférieure statique

Cette subluxation antéro-inférieure statiqueest observée schématiquement dans deux cir-constances :

❍ Après une luxation antérieure avec fracturelarge du rebord glénoïdien antéro-inférieursurvenant chez les personnes âgées : sur laradiographie de contrôle, il y a un discretdéplacement antéro-inférieur de la tête humé-rale avec superposition de la tête et de laglène. Cette malposition est mieux analyséesur les radiographies simples de face que surle scanner. Si la malposition persiste quelleque soit la position d’immobilisation du bras,il faut alors proposer une ostéosynthèse de lafracture de glène. Sinon, l’évolution risque dese faire vers une arthrose rapide.

❍ Dans les prothèses totales d’épaule, une anté-version excessive de la tête humérale ou de laglène peut être responsable d’une subluxationantéro-inférieure qui est toujours de mauvaispronostic et nécessite une ré-interventionpour corriger l’anomalie de position des com-posants prothétiques.

Cette entité est différente du “décrochementgléno-huméral” observé après fracture del’extrémité supérieure de l’humérus. Dans cettedernière, il n’y a pas de subluxation antérieure dela tête humérale.

Subluxation antérieure statique(translation antérieure)

Elle est en général détectée sur un scanner encas de rupture massive antéro-supérieure de lacoiffe des rotateurs (supra-épineux, subscapulai-re plus ou moins infra-épineux). La distance cora-

co-humérale est mesurée à moins de 6 mm avecparfois un contact direct entre la tête humérale etla coracoïde : l’articulation apparaît pincée enavant et ouverte en arrière avec un aspect de tri-angle clair entre la tête et la glène [10, 11]. Il y apresque toujours, comme l’a démontré Nové-Josserand, une infiltration graisseuse de stade IIIou IV du subscapulaire. Nous préférons appelercette entité subluxation antérieure statique plutôtque conflit sous coracoïdien car le primummovens est la translation antérieure statique de latête humérale (fig. 4) ; nous n’avons jamais étécapables de recentrer la tête humérale avec larééducation ou une intervention chirurgicale dansces formes. De la même manière qu’une subluxa-tion supérieure de la tête humérale par rupturemassive de la coiffe ne peut pas être corrigée chi-rurgicalement, les translations antérieures sous-coracoïdiennes échappent également au traite-ment chirurgical des parties molles. Le patient seplaint de douleurs sévères et de limitation fonc-tionnelle importante. La section arthroscopiquedu long biceps est inefficace même s’il est luxédans l’articulation ; le transfert du grand pectoralégalement. Toute tentative de réparation complè-te ou partielle de la coiffe comporte un risque desurvenue d’épaule pseudo-paralytique postopéra-toire. On peut réaliser une médialisation et unabaissement de la coracoïde pour supprimer lecontact avec la tête humérale : c’est l’opération deTrillat dans laquelle la coracoïde est fixée à laglène par une vis ou un clou. Les résultats sontbons sur la douleur mais inconstants sur la fonc-tion. Si le patient est âgé de plus de 70 ans, lameilleure solution pour traiter cette subluxationantérieure statique est probablement la prothèseinversée.

La subluxation antéro-supérieurestatique

Il s’agit de la forme terminale des ruptures mas-sives de la coiffe des rotateurs touchant les supra-

58

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 59: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

épineux, infra-épineux et subscapulaire. Cettesubluxation antéro-supérieure statique est ren-contrée chez les personnes âgées avec une éro-sion secondaire de la partie antérieure del’acromion et de la partie supérieure de la glène.Il s’agit d’une indication idéale de mise en placed’une prothèse totale inversée.

En conclusion, l’instabilité antérieure de l’épauleest habituellement en relation avec un problèmedynamique facile à traiter. L’introduction d’un nou-veau concept d’instabilité “statique” conduit à décri-re et à analyser des problèmes très variés beaucoupplus difficiles à traiter. L’imagerie joue un rôle dansl’analyse de ces deux formes d’instabilité.

59

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Démembrement de l’épaule instable

Fig. 4 : Subluxation antérieure statique de la tête humérale avec conflit sous coracoïdien.

Page 60: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INSTABILITÉ POSTÉRIEURE

Comme pour l’instabilité antérieure nous distin-guons les instabilités dynamiques et statiques.

Instabilité postérieure dynamique

Au cours des dernières années un nombre crois-sant d’articles a été publié sur les différentesformes d’instabilité postérieure dynamique etleurs traitements. Comme beaucoup d’auteurs,nous pensons qu’il est nécessaire de distinguer lesluxations et les subluxations [12].

Luxation postérieure

Elle est définie par une perte de contact com-plète et permanente des surfaces articulaires.Toujours provoquée par un traumatisme violent,elle nécessite une manœuvre de réduction sousanesthésie. Des lésions associées telles qu’unefracture du trochin ou une fracture du bord pos-térieur de la glène peuvent compliquer les pre-mières luxations.

➣ Luxation postérieure récidivante

Il s’agit d’une forme extrêmement rare qui sur-vient chez l’adulte d’âge mûr. Il s’agit de patientsprésentant des épisodes de luxations postérieuresrécidivantes ou bien d’une luxation postérieuretraumatique suivie de subluxations postérieuresrécidivantes.

➣ Luxation postérieure invétérée

C’est une luxation postérieure traumatique pas-sée inaperçue et non réduite au-delà d’une pério-de de trois semaines.

Subluxation postérieure

Il s’agit d’une entité clinique très différente etbeaucoup plus fréquente que les luxations posté-

rieures. Par définition, il n’y a pas d’antécédent deluxation ayant nécessité une réduction.

➣ Subluxations récidivantes postérieures volon-taires de l’adolescence

Elles atteignent le plus souvent les adolescentsprésentant une hyperlaxité multidirectionnelle.Ces adolescents sont capables de reproduire lasubluxation postérieure par une simple élévationdu bras et également de la réduire par unemanœuvre d’abduction rotation latérale violente etspectaculaire. Cette manœuvre peut être répétéede nombreuses fois par le patient ou l’examinateursans douleur. A l’examen clinique, on ne retrouvepas d’appréhension en adduction rotation médialeet tous les signes d’hyperlaxité sont présents.

➣ Subluxation postérieure volontaire devenueinvolontaire

Les patients ont une histoire de subluxationpostérieure volontaire dans l’adolescence. Lanature volontaire des subluxations a disparu pen-dant plusieurs années et des subluxations invo-lontaires surviennent dans les suites d’une pra-tique sportive excessive, d’un accident de voitureou d’une chute. Les patients apparaissent psycho-logiquement stables ; ils sont toujours capables dese subluxer volontairement, mais ce n’est pas lemotif de leur consultation. L’examen cliniquemontre tous les signes d’hyperlaxité, mais il exis-te en plus une appréhension en adduction flexionrotation médiale.

➣ Subluxation récidivante postérieure involontaire

Il s’agit de phénomènes d’instabilité trauma-tiques. Le patient se plaint rarement de phénomè-ne d’instabilité mais plutôt de douleurs lors de lapratique sportive ou de mouvements répétés brasen l’air. L’examen clinique met en évidence unedouleur et une appréhension en flexion adductionrotation médiale. Surtout le bilan radiographiquemontre une fracture postérieure de la glène dansprès de 70 % des cas sur l’incidence de Bernageaucomparative (fig. 5).

60

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 61: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Instabilité postérieure statique

Deux groupes méritent d’être distingués : lesdysplasies rétroversantes de la glène et les sub-luxations postérieures arthrogènes.

Les dysplasies glénoïdiennes

Il s’agit d’une anomalie constitutionnelle de lascapula caractérisée par une absence de dévelop-pement des parties inférieures et/ou postérieures

de la glène. Cette dysplasie est aussi appeléehypoplasie glénoïdienne, dysplasie rétroversanteou glène dentelée [3, 13, 22]. Par définition, onparle de dysplasie rétroversante lorsque la rétro-version glénoïdienne est supérieure ou égale à25°. Cette dysplasie peut avoir des formes cli-niques très variables depuis la découverte fortuitetotalement asymptomatique chez l’enfant jusqu’àl’arthrose gléno-humérale sévère chez l’adulte[18, 19]. Chez l’enfant et l’adolescent, il s’agit sou-vent de manifestations mineures telles que res-

61

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Démembrement de l’épaule instable

Fig. 5 :A) Fracture de la berge postérieure de la glène facilementvisible sur cliché de Bernageau.B) Fracture berge postérieure sur scanner simple.C) Fracture berge postérieure glène plus difficile à diagnos-tiquer sur l’arthroscanner opaque.

A

B

C

Page 62: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

saut ou sensation d’instabilité. Chez l’adulte, lediagnostic est souvent fait pour des symptômesapparaissant après un surmenage, un traumatis-me, ou une chute. Une simple gêne ou une limita-tion articulaire sont plus souvent présentes qu’unvéritable phénomène d’instabilité ; cependant,certains auteurs ont insisté sur la fréquence dessubluxations récidivantes dans les rétroversionsexcessives [1, 3, 23]. Ces dysplasies peuvent êtreprimitives et sont en règle générale bilatérales,touchant essentiellement les hommes. Elles peu-vent être également secondaires à une paralysieobstétricale du plexus brachial et elles sont dansces cas unilatérales, touchant d’égale manière leshommes et les femmes.

Les subluxations postérieuresarthrogènes

Il s’agit d’adultes jeunes qui se plaignent desensations d’instabilité, de douleurs progres-sives, ainsi que d’une limitation des amplitudes

articulaires. L’examen clinique, la manœuvre deflexion adduction rotation médiale est doulou-reuse et provoque une appréhension. L’unité dece tableau est faite par le profil axillaire et sur-tout l’arthroscanner qui montre une subluxationpostérieure permanente de la tête humérale avecune usure nette du cartilage glénoïdien posté-rieur, des réactions arthrosiques du rebord glé-noïdien postérieur avec condensation, géodes oukystes (fig. 7). La rétroversion glénoïdienne estmodérément augmentée avec une moyenne de15° (8° à 35°).

Le primum movens de cette affection est la sub-luxation postérieure statique de la tête huméralequi conduit à l’arthrose d’abord postérieure puisglobale. Le traitement en est difficile.

Nous avons proposé une mesure de la subluxa-tion de la tête humérale au scanner pour mieuxl’analyser. Si l’index de subluxation est supérieurà 55 % on parle de subluxation postérieure ; sil’index de subluxation est inférieur à 45 % onparle de subluxation antérieure.

62

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 :A) Dysplasie glénoïdienne de face.B) Dysplasie glénoïdienne sur le profil axillaire.

A B

Page 63: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

63

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 7 : Arthrose subluxante postérieure chez un homme de 37 ans.A) Arthrose Stade I de face.B) Profil glénoïdien montrant la subluxation postérieure avec kyste glénoïdienpostérieur.C) Arthroscanner montrant la subluxation postérieure statique avec arthrosepostérieure de la glène.

A B

C

Démembrement de l’épaule instable

Page 64: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] BREWER B.J., WUBBEN R.C., CARRERA G.J. Excessiveretroversion of the glenoid cavity. J Bone Joint Surg, 1986; 68A:724-731.

[2] COUDANE H., WALCH G. L’instabilité antérieure chroniquede l’épaule chez l’adulte. Symposium SOFCOT Nov 1999. RevChir Orthop (Suppl. I.) 2000; 86: 91-150.

[3] EDELSON J.G. Localized glenoid hypoplasia. An anatomicvariation of possible clinical significance. Clin Orthop, 1995;321: 189-195.

[4] HAWKINS R.J., BELL R.H., HAWKINS R.H., KOPPERT G.J.Anterior dislocation of the shoulder in the older patient. ClinOrthop 1986; 206: 192-195.

[5] JOBE F.W., TIBONE J.E., JOBE C.M., KVITNE R.S. Theshoulder in sports. In: Rockwood C.A. Jr, Matsen F.A. Eds. Theshoulder. Philadelphia: WB Saunders, 1990.

[6] LIPPITT S., MATSEN F. Mechanisms of glenohumeral jointstability. Clin Orthop 1993; 291: 20-28.

[7] NEER C.S. 2nd, FOSTER C.R. Inferior capsular shift forinvoluntary inferior and multidirectional instability of theshoulder. A preliminary report. J Bone Joint Surg Am 1980; 62;897-908.

[8] NEER C.S. 2nd. Shoulder reconstruction. Philadelphia: WBSaunders, 1990.

[9] NEVIASER R.J., NEVIASER T.J., NEVASIER J.S. Anteriordislocation of the shoulder and rotator cuff rupture. Clin Orthop1993; 291: 103-106.

[10] NOVE-JOSSERAND L., LEVIGNE C., NOEL E., WALCH G.L’espace sous-acromial : étude des facteurs influençant sa hau-teur. Rev Chir Orthop 1996; 82: 379-85.

[11] NOVE-JOSSERAND L., BOULAHIA A., LEVIGNE C.,NOEL E., WALCH G. Espace coraco-huméral et rupture de lacoiffe des rotateurs. Rev. Chir. Orthop 1999; 85: 677-683.

[12] SIRVEAUX F., MOLE D., WALCH G. Instabilités et luxa-tions glénohumérales. Encycl Med Chir (Editions Scientifiqueset Médicales Elsevier SAS, Paris) Appareil locomoteur 2002; 14-037-A-10, 20 p.

[13] SMITH S.P., BUNKER T.D. Primary glenoid dysplasia. Areview of 12 patients. J Bone Joint Surg 2001; 83 B: 868-872.

[14] SONNABEND D.H. Treatment of primary anterior shoulderdislocation in patients older than 40 years of age. Conservativeversus operative. Clin Orthop 1994; 304: 74-77.

[15] WALCH G., DEJOUR H., TRILLAT A.G. Luxations récidi-vantes de l’épaule après 40 ans. Rev Chir Orthop 1987; 73:609-616.

[16] WALCH G., AGOSTINI J.Y., LEVIGNE C., NOVE-JOSSE-RAND L. Luxations récidivantes de l’épaule et hyperlaxité mul-tidirectionnelle. Rev Chir Orthop 1995; 81: 682-690.

[17] WALCH G., BOILEAU P. Rotator cuff tears associated withanterior instability In “Complex and Revision Problems inShoulder Surgery”. J.P. Warner, J.P. Iannotti, C. Gerber. Ed.Lippincott-Raven. Philadelphia 1997, p. 65-71.

[18] WALCH G., BOULAHIA A., BOILEAU P., KEMPF J.F.Primary glenohumeral osteoarthritis: clinical and radiographicclassification. Acta Orthop Belgica, 1998; 64: 46-53.

[19] WALCH G., BADET R., BOULAHIA A., KHOURY A.Morphological study of the glenoid in primary glenohumeralosteoarthritis. J Arthroplasty, 1999; 14: 756-760.

[20] WALCH G., BOULAHIA A., ROBINSON A.H., CALDERO-NE S. Posttraumatic subluxation of the glenohumeral joint cau-sed by interposition of the rotator cuff. J Shoulder Elbow Surg2001; 10: 85-91.

[21] WALCH G., ASCANI C., BOULAHIA A., NOVE-JOSSE-RAND L., EDWARDS T.B. Static posterior subluxation of thehumeral head: an unrecognised entity responsible for glenohu-meral osteoarthritis in the young adult. J Shoulder Elbow Surg,2002; 11: 309-314.

[22] WALCH G., NOVE-JOSSERAND L. Anomalies anato-miques de la glène et de l’humérus. In “Anomalies Anatomiqueset pathologie sportive” Rodineau J., Saillant G., Eds, Masson -Paris, 2004 p. 33-41.

[23] WIRTH M.A., SELTZER D.G., ROCKWOOD C.A. Recurrentposterior gleno-humeral dislocations associated with increasedretroversion of the glenoid. A case report. Clin Orthop, 1994;308: 98-101.

64

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 65: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Nous savons que la notion d’instabilité est com-plexe, se conjuguant de nombreuses façons selonque l’on considère la clinique, l’étiologie, lesmécanismes ou enfin les lésions anatomiques.

Cette complexité nosologique devrait d’ailleursnous inviter à parler non pas de l’instabilité, maisdes instabilités de l’épaule.

L’imagerie, à ceux qui en ont l’habitude,s’impose mais elle doit être rigoureuse, raisonnéeet performante. Au risque de décevoir certains denos jeunes collaborateurs qui voient dans lestechniques les plus récentes et les plus sophisti-quées l’assurance d’un diagnostic indiscutable,nous avons à cœur de rappeler un certain nombrede valeurs techniques fondamentales à l’imageriedes instabilités de l’épaule.

Les incidences conventionnelles, les principesdes techniques d’arthrographie etd’arthroscanner, les exigences de l’explorationIRM étant connus, nous verrons quels sont les élé-ments de sémiologie indispensables au diagnosticet à l’évaluation de ces instabilités.

BUTS DE L’IMAGERIE

En matière d’instabilité de l’épaule, il convient,comme pour beaucoup de pathologies del’appareil locomoteur, de répondre à un certainnombre de questions :

Affirmer l’instabilité

L’instabilité étant une notion essentiellementfonctionnelle, rattachée au principe du mouvement,il sera très difficile de matérialiser ou de visualiserla genèse et la réalisation de cette instabilité.

L’imagerie fonctionnelle restant encore dudomaine quasi-expérimental, il conviendra derechercher soit par des clichés de sollicitation lasituation responsable de l’instabilité ressentie ouperçue cliniquement soit de rechercher les stig-mates osseux, chondraux, capsulaires et ligamen-taires témoignant de cette instabilité.

Évaluer l’importance des lésionsconsécutives à l’instabilité

Il s’agit là d’apporter un élément quantitatif auxdégâts, aux conséquences, voire même auxcauses de cette instabilité.

Il importera à l’imagerie d’affirmer si les lésionssont osseuses, chondrales, capsulo-ligamentairesou musculaires.

Rechercher une cause “extrinsèque” àl’instabilité

Il s’agit dans ce cas de situations relativementrares, voire exceptionnelles, mais qui peuvent expli-quer la propension individuelle à une ou plusieursformes d’instabilité. On recherchera dans cettedémarche des causes malformatives, dysplasiques

65

APPORT DE L’IMAGERIEDANS L’ÉPAULE INSTABLE

M.-G. DUPUIS, A. MOUSSAOUI, B. SCHLEMMER, J-F. KEMPF, J-C. DOSCH

Page 66: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ou dégénératives, touchant aussi bien l’articulationau sens ostéo-articulaire que l’environnement mus-culaire (neuropathie ou myopathie…).

Diriger le choix et le geste thérapeutique

L’importance et la localisation des lésions témoi-gnant d’une instabilité doivent au mieux orienterle médecin vers un choix médical (traitementfonctionnel, rééducation dirigée ou réhabilitationfonctionnelle) ou chirurgical. Dans ce dernier cas,le développement de techniques chirurgicalesmoins invasives exige une imagerie la plus per-formante et la plus ciblée possible.

TECHNIQUES

Imagerie conventionnelle

Elle reste actuellement, dans la grande majoritédes cas, l’élément de référence qui permettrad’emblée soit d’affirmer les conséquences de

l’instabilité soit de conclure à l’absence de cesmanifestations. C’est sur la base de ces informa-tions que sera posée l’indication des techniquesd’imagerie suivantes.

❍ Les incidences frontales : la rotation interne ourotation externe du bras par rapport à la sca-pula restent indispensables. C’est en effet surle cliché en rotation interne maximale que l’onmettra en évidence une encoche d’impactioncervico-céphalique de Malgaigne (fig. 1) ouune lésion du trochin (tubercule interne). Demême en ce qui concerne la scapula, on évite-ra de superposer de façon “académique” lebord antérieur et le bord postérieur de laglène. L’incidence selon Liotard, habituelle-ment réservée à l’étude de l’espace sous-acro-mial, est une bonne incidence frontale pour lavisualisation des berges glénoïdiennes (fig. 2).

❍ Les incidences sagittales : nous privilégions lesincidences décrites par Bernageau, particuliè-rement informatives pour l’étude de la bergeantéro-inférieure de la glène de la scapula.

66

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Petite encoche d’impaction céphalique de Malgaigne qui n’est démontrée que sur le cliché de face en rotation interne.

Page 67: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ Les incidences axiales (dites axillaires) clas-siques sont assez peu informatives et ne pré-sentent que peu d’intérêt.

Échographie

Plus qu’une technique, elle est une imagerie àelle seule. Elle ne sera pas abordée dans ce cha-pitre, mais nous rappellerons cependant ses privi-lèges mais également ses limites.

❍ Technique non irradiante et d’accès relative-ment facile, elle ne permet que l’explorationde l’environnement musculo-tendineux, liga-mentaire et éventuellement liminal des arti-culations acromio-claviculaires ou gléno-humérales.

❍ Elle est actuellement la meilleure approche entermes fonctionnels, mais elle requiert unetechnologie performante et une très bonnemaîtrise médicale.

Nous ne traiterons pas ici de la sémiologie écho-graphique de l’épaule instable que nous laisse-rons volontiers aux spécialistes de la question.

La scanographie

Réalisée de façon isolée et en dehors de sonassociation avec l’arthrographie (cf. paragraphesuivant), l’exploration scanographique présenteassez peu d’intérêt dans le diagnostic etl’évaluation de l’instabilité. Elle pourra être réali-sée lors de l’expression la plus sévère del’instabilité, à savoir la fracture de la glène. Dansce cas, on appréciera et l’on évaluera la taille dufragment fracturaire, celle-ci étant déterminantepour le choix thérapeutique (ostéosynthèse àfoyer ouvert ou arthroscopique).

Arthrographie et arthroscanner

Malgré les développements indiscutables del’imagerie par résonance magnétique,l’arthrographie et l’arthroscanner restent lecouple optimal pour juger des lésions consécu-tives aux instabilités de l’épaule.

Nous verrons dans le chapitre suivant les élé-ments sémiologiques fondamentaux.

Quelques éléments techniques sont à respecter :

❍ Le caractère le plus physiologique possible dugeste arthrographique : volume réduit, basseosmolarité du produit de contraste…

❍ L’impérieuse et permanente préoccupationd’asepsie.

❍ La reformation multiplanaire systématiquenon seulement dans les plans anatomiques,mais aussi dans les plans “pathologiques”.

❍ L’installation (rotation interne / rotation exter-ne) doit être réfléchie en fonction du typed’instabilité.

IRM et Arthro-IRM

Sur le plan technique et sémiologique, peu dechoses distinguent la démarche d’arthroscanner

67

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport de l’imagerie dans l’épaule instable

Fig. 2: Incidence de face selon Liotard. Notez la disparition dela projection de la moitié inférieure de la berge antérieure.

Page 68: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de celle de l’IRM et de l’arthro-IRM. Nous rappel-lerons cependant un certain nombre d’exigencestechniques pour accéder à un confort diagnosticoptimal.

Le choix de l’exploration IRM va se faire de lafaçon suivante :

❍ Exploration IRM conventionnelle en séquen-ce pondérée T1, T2 ou “T3” (saturation degraisse), en plaçant les plans d’acquisition enfonction de l’orientation de l’articulationgléno-humérale, et qu’au moins un de cesplans doit être exploré selon deux pondéra-tions différentes.

❍ L’arthro-IRM peut se concevoir de trois façonsdifférentes :

➣ L’arthro-IRM “indirecte” qui consiste àinjecter par voie intraveineuse un produitde contraste à sensibilité magnétique (ché-late de Gadolinium) en exploitant le princi-pe que ce produit de contraste pourra opa-cifier les liquides articulaires pré-existants,de façon retardée. Cette technique est deloin la moins efficace et la moins rentableen termes d’imagerie des cartilages et desstructures capsulo ligamentaires et peutêtre même source de difficultésd’interprétation en cas de pathologieinflammatoire intriquée (synovite).

➣ L’arthro-IRM T1, qui consiste à injecterdirectement dans l’espace articulaire simul-tanément ou successivement un liquide iodépermettant de vérifier la position intra-arti-culaire de l’aiguille de ponction et deGadolinium. L’injection de Gadoliniumsimple serait tout aussi efficace, mais nepermet pas de s’assurer des conditions debonne position articulaire.

➣ L’arthro-IRM T2, plus simple et moins oné-reuse, consiste à injecter dans l’espacearticulaire un liquide physiologique.Relativement séduisant “économique-

ment”, le développement de produits decontraste plus accessibles devrait voircette technique disparaître.

SÉMIOLOGIE ÉLÉMENTAIREDE L’INSTABILITÉ(ou ne rien oublier en 5 points)

Les lésions osseuses de la glène

Habituellement bien démontrées sur les inci-dences conventionnelles de face stricte ou selonLiotard (fig. 2), et surtout sur les incidencesaxiales de la glène selon Bernageau (profil deBernageau) (fig. 3), elles seront affirmées sur lescoupes scanographiques ou arthro-scanogra-phiques, axiales ou dans le plan de l’interlignegléno-huméral (fig. 4). Ces lésions osseusestémoignent de l’impaction de la tête humérale surla berge habituellement antérieure et antéro-infé-rieure de la glène lors des situations extrêmesd’instabilité, voire de luxation.

Les lésions osseuses de la tête humérale

Elles correspondent aux lésions “en miroir”des lésions glénoïdiennes précédemmentdécrites. Il s’agit de l’encoche de Hill Sachs oude Malgaigne (fig. 1). Ces encoches vont de lavéritable fracture verticale postéro-supérieurede la tête humérale (fig. 5) et de la jonction cer-vico-céphalique, jusqu’à des petites impactionstrès limitées qui pourront échapper au bilanradiologique conventionnel, mais qui devraientêtre bien mis en évidence sur les coupes scano-graphiques ou arthroscanographiques fines(fig. 1 et 6).

L’IRM apporte dans ce cas un élément dia-gnostic supplémentaire : l’œdème traumatiquepar impaction de l’os et de la spongieuse sous-chondrale.

68

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 69: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

69

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport de l’imagerie dans l’épaule instable

Fig. 3 : Profil glénoï-dien selon Bernageau :a) avulsion osseuse dela berge antéro-infé-rieure de la glène.b) à titre comparatif, lecôté opposé, normal.

Fig. 5 : Importante encoche fracturaire en hallebarde du colcervico céphalique (flèche).

Fig. 4 : Amputation osseuse et chondrale de la berge glénoï-dienne antéro-inférieure :a) coupe axiale : aspect en pan coupé (petite flèche).b) coupe sagittale oblique dans le plan de l’interligne glénohuméral : le défect est matérialisé par l’addition du produitde contraste ou contact de la glène (têtes de flèche).

a b

a

b

Page 70: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’arthrographie conventionnelle esthabituellement réalisée de façonpréliminaire à l’arthroscanner

Elle permettra de mettre en évidence sponta-nément :

❍ Des modifications de taille des récessus arti-culaires, en particulier infra-glénoïdiens,accompagnant le décollement capsulo-périos-té (poche de Broca Hartmann).

❍ Les rares lésions associées du labrum supé-rieur ou de la coiffe des rotateurs.

❍ D’éventuels corps étrangers intra-articulaires(fig. 7).

❍ Une pathologie réactionnelle du revêtementsynovial (fig. 8).

70

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Contexte d’instabilité spontanée de l’épaule :encoche de Malgaigne (flèches).

Fig. 7 : Corps ostéochondromateux intra articulaires(flèches) provenant de lésions articulaires traumatiquesdans le cadre d’instabilité.

Page 71: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’arthroscanner

Bien qu’étant réalisé en position couchée etdans des conditions physiopathologiques totale-ment différentes de celles génératricesd’instabilité, l’arthroscanner pourra mettre en évi-dence une instabilité spontanée. Celle-ci va appa-raître sous la forme d’une perte de rapport relati-vement discrète, à type de désaxation antérieure(fig. 9) ou plus rarement postérieure.

Les lésions des bourrelets peuvent prendre dif-férentes formes sémiologiques : abrasion, désin-sertion, désinsertion emportant le ligament gléno-huméral moyen, dysplasie post-traumatique(bourrelet cicatriciel).

Enfin, l’arthroscanner visera à évaluerl’importance du décollement capsulo-périosté etde la poche de Broca Hartmann. Celle-ci sera, bienentendu, magnifiée dans la position qui soulage dela tension capsulaire, à savoir en rotation interne.

Les lésions chondrales par abrasion, par chon-drolyse microtraumatique, seront particulière-ment bien mises en évidence en arthroscanner.Elles siègent indifféremment au niveau de laglène (GLAD lesion) ou au niveau de la têtehumérale (fig. 10).

71

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport de l’imagerie dans l’épaule instable

Fig. 8 : Synovite proliférative (même patient que fig. 7).

Fig. 9 : Instabilité antérieure spontanée : malgré une trophi-cité normale de l’environnement musculaire, la tête humé-rale glisse vers l’avant par rapport à la glène.

Page 72: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’exploration par résonancemagnétique (IRM)

Nous l’avons vu, cette technique a bénéficiérécemment d’importants progrès techniques et derésolution. Elle devrait progressivement rempla-cer l’arthrographie et l’arthroscanner, ne serait-ceque pour s’affranchir des problèmes d’irradiation.Le problème du caractère invasif de l’injectionintra-articulaire reste cependant entier, en casd’arthro-IRM (fig. 11), même s’il semble admisque la toxicité et le risque allergique des produitsde contraste paramagnétiques soient moindresque ceux des produits de contraste iodés.

L’IRM apporte un plus indiscutable pourl’analyse :

❍ Des ligaments, et en particulier du ligamentgléno-huméral moyen qui reste d’analyse dif-ficile ou aléatoire en arthrographie et arthros-canner (fig. 12 et 13).

❍ De la trophicité musculaire, en particulierlorsqu’il existe une pathologie neurologiquepréexistante associée ou secondaire àl’instabilité.

❍ Des pathologies péri-articulaires, musculo-tendineuses (kystes synoviaux périarticu-laires).

❍ Des pathologies intriquées, dystrophiques ouautres, de la structure osseuse spongieuse.

72

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 10 : Arthroscanner. Coupes axiales en rotation interne(a) et en reformation coronale (b) : foyer de chondrolyseglénoïdienne (flèche).

Fig. 11 : ArthroIRM (iode-gado) - Coupes coronales – T1.Définition optimale du labrum de l’apex glénoïdien et dubourrelet inférieur.

a

b

Page 73: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSIONS

L’imagerie est d’un apport important dans lediagnostic, la compréhension et la prise en char-ge de l’instabilité de l’épaule.

Elle permet d’affirmer l’existence de lésionsostéochondrales ou capsulo-ligamentaires consé-cutives aux formes accomplies et majeures decette instabilité. Elle en évalue l’importance etdirige ainsi l’attitude thérapeutique.

Elle s’appuie sur une sémiologie simple quirepose sur l’imagerie conventionnelle, nécessaireet incontournable, sur l’arthrographie etl’arthroscanner et sur l’IRM.

Le développement d’une imagerie fonctionnelle,dynamique du mouvement saura apporter des argu-ments nouveaux à l’analyse de cette pathologie.

73

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport de l’imagerie dans l’épaule instable

Fig. 12 : ArthroIRM (gado) - Coupes axiales – T2 fat sat.Désinsertion du ligament gléno huméral moyen et poche dedécollement capsulo-périostée.Le bourrelet proprement dit semble intact (document Dr Y.Carrillon).

Fig. 13: Stigmates d’instabilité chronique chez un volleyeur:a) bourrelet antéro-inférieur dystrophique (petite flèche).b) désinsertion du LGHM (flèche).

a

b

Page 74: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

74

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

La bibliographie de l’imagerie de l’instabilité de l’épaule étantparticulièrement riche et son accès étant grandement facilité parl’utilisation des portails et moteurs de recherche, nous propo-sons ci-dessous quelques ouvrages de référence et “indispen-sables” auxquels le lecteur pourra se référer pour parfaire sesconnaissances. Le nombre de références se rapportant à notresujet y est ajouté.

[1] D.W. STOLLER. Magnetic Resonance Imaging inOrthopédics and Sports Medecine. J.B. Lippincott CompanyPhiladelphia 1993, 89 réf.

[2] A. BLUM. Imagerie en traumatologie du sport. Collectiond’imagerie radiologique. Masson Paris 1998, 82 réf.

[3] A. COTTEN. Imagerie de la pathologie ostéoarticulaire.Collection d’imagerie radiologique. Masson Paris 1998.

[4] COLLECTION D’IMAGERIE RADIOLOGIQUE. Arthrographie,arthroscanner et artho-IRM (Membre supérieur et tronc). MassonParis 2000. 45 + 130 réf.

[5] M.B. ZLATKIN. MRI of the shoulder (2nd edition). LippincottWilliams and Wilkins Philadelphia 2003. 151 réf.

[6] J.-J. RAILHAC. Imagerie en traumatologie du sport.Sauramps Médical Montpellier 1996. 95 réf.

[7] D. PETERNELLI. Arthroscanner de l’épaule. SaurampsMédical Montpellier 1999. 52 réf.

[8] J.-J. RAILHAC. IRM ostéo-articulaire et musculaire. MassonParis 1997.

[9] B. ROGER, J.-L. BRASSEUR. Stratégies de l’image en trau-matologie du sport. Abrégés de Traumatologie du Sport.Masson Paris 1997.

Page 75: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

BASES BIOM�CANIQUES

L’instabilité antérieure chronique de l’épaule estune pathologie fréquente [77, 78], particulière-ment chez le jeune sportif.

La stabilité de l’épaule repose sur deux types defacteurs : statiques et dynamiques qui travaillenten synergie pour assurer le couplage bioméca-nique stabilité – mobilité de cette articulation quiest la moins contrainte de toutes les articulations.

Facteurs statiques

La concavité de la glène

Le bourrelet glénoïdien augmente, de par saprésence même, la concavité glénoïdienne. Ilcontribuerait pour environ 50 % à la profondeurtotale de la glène et augmenterait l’aire de contactde 25 %. Diverses expérimentations [34, 51] ontmis en évidence le fait que la stabilité est poten-tiellement compromise si la glène est petite ouplate, si le bourrelet est lésé ou détaché, si le car-tilage articulaire de la berge antéro-inférieure dela glène est usé, ou s’il existe une fracture du bordantérieur de la glène entraînant une altérationsignificative de la concavité glénoïdienne.

C’est pourquoi, et nous le reverrons dans lestechniques chirurgicales, la réparation anato-mique de la lésion de Bankart doit non seulementrestituer l’attache solide des ligaments au bord

antérieur de la glène, mais également contribuerà restaurer la concavité glénoïdienne, facteuressentiel de stabilité.

Les ligaments

Les mécanismes de tension capsulo-ligamentai-re vont entrer en action lorsque la résultante desforces s’appliquant sur l’articulation sort deslimites de la concavité glénoïdienne dans les mou-vements extrêmes de l’épaule [57]. Le rôle desligaments gléno-huméraux dans la stabilité a étédémontré par plusieurs auteurs [74, 76]. La miseen jeu de chaque ligament varie en fonction de laposition du bras. Il n’existe donc pas qu’une seulestructure responsable de la stabilité. Lorsque lebras est en abduction à 90°, le principal stabilisa-teur est la bande antérieure du ligament gléno-huméral inférieur (LGHI). Le reste du ligamentjoue alors le rôle d’un hamac berçant la têtehumérale lors des mouvements de rotation.

Facteurs dynamiques

Facteurs de compression

Harryman et Matsen [51] ont décrit un facteurde compression qui contribuerait à la stabilisationde l’articulation gléno-humérale au cours du mou-vement, notamment dans les amplitudesmoyennes où les ligaments ne seraient pas mis entension. Ainsi les muscles de la ceinture scapulai-

75

PRINCIPES DU TRAITEMENT CHIRURGICALDE L’ÉPAULE INSTABLE

J.-F. KEMPF, PH. CLAVERT, P. MOULINOUX, Y. LE CONIAT

Page 76: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

re exercent une compression dynamique de la têtehumérale dans la cavité glénoïde [45]. L’effet sta-bilisant de la compression dynamique d’originemusculaire peut être mis en évidence chez un indi-vidu normal lors de la réalisation des manœuvresmanuelles dites de tiroir. Si le sujet contracte lesmuscles de son épaule même de façon modérée, letiroir antéro-postérieur par la simple pressionmanuelle est virtuellement éliminé. Cesmanœuvres ne pourront être réalisées que si lesujet est complètement décontracté. Cliniquementles épaules présentant une déficience ou un affai-blissement des muscles de la coiffe des rotateurssont exposées à une altération des mécanismes destabilité [64]. Les patients présentant une hyper-laxité accusent parfois une faiblesse des musclesrotateurs externes qui altèrent les forces de com-pression de la tête humérale dans la concavité glé-noïdienne. Les exercices de renforcement desmuscles de la coiffe peuvent donc stabiliser defaçon dynamique l’articulation gléno-humérale.

Le rôle du long biceps a également été démon-tré dans la stabilité antéro-postérieure del’épaule [64] par augmentation de la rigidité entorsion lors de la rotation externe et del’abduction du bras.

L’intervalle des rotateurs [19, 21, 56, 73] sembleen outre jouer un rôle dans l’importance de lalaxité inférieure. La plicature de cet intervallediminue la laxité inférieure.

L’équilibre scapulo-huméral

Il est atteint lorsque la résultante des forcess’exerçant sur la tête humérale passe à l’intérieurde la cavité glénoïdienne. Cette situation est ana-logue à l’équilibre d’une balle sur le nez d’unphoque. Aussi longtemps que le phoque position-ne son nez dans l’axe de la balle, celle-ci resteraen équilibre sur son nez. Aucun autre mécanismen’est alors nécessaire. De façon similaire, aussilongtemps que la scapula est positionnée de telle

façon que la glène englobe la résultante desforces qui agissent sur la tête humérale,l’articulation gléno-humérale restera stable. Lacoiffe des rotateurs et les autres muscles de laceinture scapulaire doivent travailler de tellefaçon que la résultante des forces en compressionaboutisse à l’intérieur de l’arc de stabilité sous-tendu par la concavité glénoïdienne. Les musclespéri-scapulaires contribuent donc à la stabilitégléno-humérale en alignant la glène sur la résul-tante des forces passant par l’articulation.

LES SOLUTIONS CHIRURGICALES

Deux grands groupes de techniques chirurgi-cales doivent être distingués, comportant chacunde nombreuses techniques différentes :

❍ La chirurgie ouverte avec ses 2 sous-groupes :chirurgie capsulaire de type opération deBankart et ses variantes, ou butée osseuse pré-glénoïdienne de type intervention de Latarjet.

❍ La chirurgie arthroscopique.

La chirurgie ouverte

L’intervention de Bankart

Elle consiste en une réinsertion sur le bordantérieur de la glène de l’omoplate du décolle-ment capsulo-labral antéro-inférieur (= lésion deBankart), par des points transosseux (fig. 1) ouappuyés sur des ancres. Un geste de rétention yest presque toujours associé (= capsularshift).

L’intervention de Latarjet

Elle consiste en la mise en place d’une butéeosseuse pré-glénoïdienne affleurante, en situationantéro-inférieure, par transfert de la partie verti-cale de l’apophyse coracoïde et du tendonconjoint (fig. 2). Ce tendon aura un rôle fonda-

76

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 77: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

mental de par son positionnement au niveau de lapoche de décollement lors de la positiond’instabilité maximale réalisée par l’armer dubras. Patte [77] a proposé d’y adjoindre la suturede la capsule sur le moignon de ligament coraco-

acromial sur le bord latéral de la butée, réalisantainsi un triple verrouillage extrêmement efficace :verrouillage osseux par la butée, verrouillage pareffet hamac du tendon conjoint abaissé et latéra-lisé et verrouillage capsulaire.

La chirurgie arthroscopique

Elle a pour but de réaliser une intervention deBankart et une rétention capsulaire. Elle a lafaveur de plus en plus de chirurgiens orthopé-distes mais ses indications sont encore en pleineévolution.

Des ancres sont le plus souvent utilisées pourfermer le cécollement antéro-inférieur (fig. 3 et 4).

Il est important d’y associer un bon geste derétention capsulo-ligamentaire sud-nord car ilexiste presque toujours une distension associée àla lésion de Bankart [72].

S’il existe une SLAP lésion celle-ci doit êtreimpérativement traitée [59].

77

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instable

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 1 : Technique de Bankart [5]

Fig. 2 : Butée osseuse pré-glénoïdienne (d’après Walch [78])

Page 78: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’avulsion humérale du LGHI est pour la plu-part des auteurs [3, 20, 68, 85] une contre-indica-tion, mais signalons que certains, commeRichards et Burkhart, ont décrit récemment unetechnique arthroscopique [61].

En cas de distension importante du LGHI, ilest parfois nécessaire de rajouter des points deplicature raccourcissant le LGHI, prenant le liga-ment à environ 1 cm de son insertion comme l’adécrit Wolf [84]. Nous ne recommandons pas lacapsulorraphie thermique très en vogue il y aquelques années. Les risques de lésions du nerfaxillaire, de raideurs persistantes, voire de nécro-se capsulaire ne sont pas nuls et la reprise chirur-gicale en cas d’échec est très difficile [20].

Une fermeture complémentaire de l’intervalledes rotateurs [19] doit à chaque fois être discutée.Un aspect détendu doit inciter à sa plicature.Gartsman [21] a bien montré que s’il persiste enfin d’intervention une translation excessive de latête humérale vers le bas ou en direction postéro-inférieure, il est alors important de fermerl’intervalle des rotateurs. Nous réalisons cette fer-meture en extra-articulaire comme l’a décritTreacy et Savoie [73] avec un fil de PDS.

LES INDICATIONS

Nous allons successivement analyser les résul-tats des différentes techniques publiées dans lalittérature internationale puis discuter la place etles indications de ces gestes arthroscopiques dansle traitement de l’instabilité chronique antérieure.

Place de l’arthroscopie et dela chirurgie conventionnelle ouverte

Le nombre important de techniques chirurgi-cales proposées pour stabiliser une épaule pré-sentant une instabilité chronique antérieuremontre bien la difficulté à obtenir un bon résultatsur tous les critères cliniques appréciant ceux-ci :douleur, mobilité, stabilité, aptitude à reprendre lesport. Il n’en reste pas moins que les résultats destechniques arthroscopiques doivent être compa-rés à ceux qui sont obtenus par la chirurgieconventionnelle à ciel ouvert (= “Gold standard”).

78

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Libération du LGHI à la râpe

Fig. 4 : Mise en place d’une ancre Panalok™

Page 79: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La butée osseuse pré-glénoïdienne de typeBristow modifié [47] ou Latarjet, bien connuedans notre pays, reste imbattable sur le plan dutaux de récidives : celui-ci est en effet dans toutesles séries inférieur à 5 % [1, 35, 47, 50, 78]. Enrevanche, elle n’est pas dénuée d’inconvénients :difficultés à être bien réalisée, grandes difficultésà traiter les rares récidives, risque arthrogènepotentiel à long terme, mais le symposium de laSOFCOT [14] en 1999 a montré que le tauxd’omarthrose n’était pas plus important qu’aprèsune capsulorraphie à foyer ouvert. RécemmentBuyscayret et Walch [10] ont à nouveau démontréle caractère non arthrogène de la butée. Hovelius[31] dénombre dans sa série 8,5 % de récidives.

La butée osseuse a moins bonne réputationchez les auteurs Anglo-Saxons comme Rockwood[63] qui lui reprochent d’être arthrogène qu’enEurope.

L’intervention de Bankart, très populaire auxEtats-Unis, est grevée de 2 à 10 % d’échecs selonRowe [65]. Une petite limitation de la rotationexterne de l’ordre de 10° est souvent retrouvée.Hovelius [32, 33] qui a étudié les 2 techniques(butée et Bankart) avec un long recul ne retrouvepas de différences fondamentales entre ces deuxtechniques si répandues.

Les techniques arthroscopiques se rappro-chent de plus en plus du Bankart à ciel ouvert etdans la plupart des publications récentes, on trou-ve un taux de récidive de ces dernières de l’ordrede 10 %. [13, 18, 22, 25, 37, 54, 58, 66, 83]. Ryu[67] a récemment comparé les résultats de stabili-sation ouverte et arthroscopique et a estimé qu’enrespectant certaines règles techniques, mais aussides indications précises, ces deux techniques sontcomparables.

Deux études prospectives sont intéressantes.Karlsson [38] rapporte une série prospective nonrandomisée, mono-opérateur, avec un recul de2 ans et constate 15 % de récidives en arthrosco-pie contre 10 % à foyer ouvert. Fabbriciani [18],

dans une série prospective randomisée homogènede 60 patients avec 2 ans de recul, a montré quecette technique de stabilisation arthroscopiquedonne des résultats équivalents à ceux d’une tech-nique à foyer ouvert. Jorgensen [36] publie luiaussi des résultats équivalents.

Les complications et la morbidité des deuxtechniques ont été comparées par Green et al [26]qui ont noté que la stabilisation arthroscopiqueétait associée à un temps opératoire diminué(1,8 fois moins long), une diminution de la pertesanguine (10 fois moins) et une diminution de laquantité de narcotiques administrés en postopé-ratoire (2,5 fois moins). Enfin, plusieurs étudesretrouvent une diminution moins importante de larotation externe dans les techniques arthrosco-piques par rapport aux techniques convention-nelles [37, 38, 71].

Les facteurs défavorables aux techniquesarthroscopiques

Plusieurs facteurs de récidive après stabilisa-tion arthroscopique ont été rapportés dans la lit-térature.

❍ De nombreuses séries rapportaient le jeune âgecomme influent dans les résultats des stabilisa-tions arthroscopiques. Pour Lafosse [42] le tauxde récidive était plus important chez les sujetsde moins de 25 ans. D’autres auteurs [4, 39, 59,97, 170] allaient dans le même sens, sans pourautant fixer un âge limite. Les raisons expli-quant le taux élevé de récidive dans cette popu-lation seraient la pratique plus intensive desport à risque et le manque d’observance desconsignes d’immobilisation et de rééducationpostopératoires. Dans notre expérience person-nelle, nous avons trouvé un taux de récidivesplus élevé chez les moins de 25 ans (22 %) quechez les plus de 25 ans (7 %), mais la différencen’est pas significative, probablement en raisond’un effectif insuffisant.

79

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instable

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 80: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ L’influence de la forme clinique initiale estplus contestée. Alors que certains [25] trouventplus de récidives dans le groupe des subluxa-tions, d’autres ne rapportent aucune différencesignificative. Pour notre part, nous ne trouvonsaucune différence significative entre le groupedes luxations et le groupe des subluxations.

❍ Le nombre de luxations ainsi que le délai deprise en charge peut être un facteur péjoratifpour certains auteurs [26], et n’a aucuneinfluence pour d’autres [79].

❍ La stabilisation arthroscopique de l’épauledépend pour beaucoup de la qualité des tissusréinsérés. De nombreuses études ont montréles mauvais résultats des réinsertions en casde lésions capsulo-ligamentaires importantesou une rupture du LGHI du côté huméral [27,68, 79].

Cette qualité reste difficile à apprécier parl’imagerie (arthro-scanner ou arthro-IRM).Dans notre expérience, 41 % des patients pré-sentaient des distensions capsulo-ligamentaireset le taux de récidive était de 21 % dans cettepopulation contre 7,4 % pour les autres.

❍ La notion d’hyperlaxité semble être un facteurde récidive après stabilisation antérieure del’épaule comme le montre l’étude multicen-trique de la Sofcot de 1999 [40]. Mais l’analysede la littérature concernant cette notion doitêtre très prudente car la définition etl’évaluation de l’hyperlaxité peuvent être trèsdifférentes selon les auteurs. Dans notre propreexpérience, 23 % des patients hyperlaxes ontrécidivé contre 7 % pour les autres. Pour amé-liorer les résultats des stabilisations arthrosco-piques chez les patients hyperlaxes, certainsartifices techniques, comme la fermeture del’intervalle des rotateurs [21] ou les plicaturesintra-ligamentaires, peuvent être utilisés, maissont encore en cours de validation. La capsulor-raphie thermique ou shrinkage reste encore trèscontroversée. Rappelons enfin que l’hyperlaxitéet le jeune âge vont souvent de pair !

❍ De nombreux auteurs s’accordent à penser queles patients pratiquant des sports d’armer oud’armer contact sont à haut risque de récidived’instabilité après stabilisation antérieure del’épaule [60, 62]. O’Neill [58] rapporte la sériela plus conséquente avec la technique arthro-scopique. Uhorchak [75] et Pagnani [60] rela-tent la supériorité de la capsulorraphie à foyerouvert par rapport à la stabilisation arthrosco-pique. Enfin Dagher et Walch [15], en étudiantune population homogène de rugbymen aurecul de 7 ans, montrent que la butée sembleêtre le traitement le plus adapté dans cettepopulation, compte tenu de la fréquence et del’importance des lésions osseuses. Dans notrepropre expérience, le taux de récidive de18,7 % rejoint les données de la littérature etnous laisse perplexes quant à la pertinence del’indication de la stabilisation arthroscopiquedans cette population.

❍ Les lésions osseuses doivent attirer notre atten-tion car elles peuvent être évaluées en préopé-ratoire et sont peu accessibles au traitementarthroscopique.

➣ Pour la fracture de Hill-Sachs, l’influence sur lerésultat final (score Duplay, taux de récidive)est rapportée de manière très variable dans lalittérature [28, 66, 79] et est encore très discu-tée. Burkhart et De Beer [11] notent plutôt lanature engageante, en abduction rotationexterne, de la lésion comme facteur de récidi-ve. Dans notre série, les lésions de stade 3 dansla classification de Calandra [12] altèrent signi-ficativement (p < 0,05) le score Duplay sanspour autant influencer le taux de récidive. Lamesure scanographique précise de la lésion deHill-Sachs ainsi que l’étude systématique de lanotion d’engagement doivent être prises encompte dans notre décision thérapeutiquepour améliorer nos résultats.

➣ L’existence de lésions osseuses du bord anté-rieur de la glène semble être un des facteursles plus importants de récidive d’instabilité.

80

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 81: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La plupart des auteurs, même les plus ardentsdéfenseurs de la technique arthroscopique,s’accordent sur cette notion [46]. Comptetenu de la fréquence très élevée de ceslésions, il nous semble primordial de considé-rer et d’analyser cet élément. Burkhart et DeBeer [11] rapportent un taux de récidive de61 % chez les patients présentant une lésionantérieure donnant à la glène une forme depoire inversée lors de l’arthroscopie alors queWalch [79] différencie les fractures (taux derécidive = 70 %), des éculements (taux de réci-dive = 42 %). Compte tenu du caractère sub-jectif de l’évaluation du défect osseux sur uncliché de profil glénoïdien de Bernageau, nousavons préféré une mesure plus précise del’amputation de la surface articulaire faite surune reconstruction scanographique dans leplan sagittal (fig. 5) et reposant sur une analy-se biomécanique de Gerber [24]. L’analyse sta-tistique a montré que les patients ayant unéculement important (rapport de la longueurdu pan coupé/diamètre de la glène = x > 0,5)avaient un risque de récidive significativement(p < 0,01) plus important, atteignant 38 % ! Enexcluant les patients ayant un éculementimportant selon cette mesure, le taux de réci-dive tombe à 2,2 %. Le score de Duplay despatients ayant un éculement important(x > 0,5) était de 63,8 points et était diminuéde façon significative (p = 0,01) par rapportaux patients (= 91 points) ayant un éculementmineur (x < 0,5).

Les lésions osseuses significatives de la glènereprésentent pour nous une contre-indication àla stabilisation arthroscopique d’une épauleinstable et leur évaluation quantitative par unscanner (ou éventuellement un arthroscannersi l’on souhaite par ailleurs objectiver deslésions capsulo-ligamentaires) pré-opératoireest indispensable.

PLACE DES STABILISATIONS ARTHRO-SCOPIQUES DANSLES PREMIØRES LUXATIONS (INSTABILI-T�S AIGUŁS)

Les premiers chirurgiens à réaliser des stabili-sations arthroscopiques lors du premier épisodesont ceux qui avaient à traiter les jeunes cadetsde l’école militaire de West-Point aux États-Unis[2, 82]. La décision d’opérer des premières luxa-tions ne peut se prendre qu’en connaissantl’évolution spontanée des instabilités antérieuresnon opérées.

Les travaux d’Hovelius [31] qui a suivi pendantplus de 15 ans des patients ayant présenté uneinstabilité antérieure non opérée, sont, dans cesens, fondamentaux [31]. Les points importants àretenir sont que dans une population générale,l’étude de l’histoire naturelle montre que plus dela moitié (52 %) des patients ne récidivent pas etque seulement un quart des patients (23 %)auront besoin d’une chirurgie stabilisatrice après10 ans d’évolution.

81

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instable

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 5 : 3 sutures restaurant le bourrelet et la concavité glé-noïdienne et retendant le LGHI.

Page 82: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Pour Hovelius, ces données ne justifient pasl’indication de stabilisation arthroscopique pré-ventive lors d’une première luxation, même chezle sujet jeune. Cependant, l’extrapolation desrésultats à une population jeune et sportive doit

être faite avec prudence. Hovelius lui-même amontré que le taux de récidive était de 50 % avant22 ans [89].

En se fondant sur les études publiées, Boileau[7] a calculé que le taux de récidive chez un jeunesportif était approximativement de 67 % aprèstraitement par immobilisation et rééducation,taux que cet auteur met en balance avec le tauxplutôt favorable de récidive des stabilisationsarthroscopiques dans les instabilités aiguëspubliées (15 %) et de l’absence de complicationsrapportées [2, 16, 41, 43, 82].

L’étude prospective randomisée, faite parKirkley et rapportée avec deux reculs différents[41], est particulièrement intéressante : le taux derécidive après stabilisation arthroscopique aug-mente légèrement dans le temps (16-27 %)comme après traitement fonctionnel (45 % avec2 ans de recul - 60 % avec 5 ans de recul).

Ainsi, bien que l’évolution naturelle après trai-tement orthopédique soit favorable dans la majo-

82

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Aspect détendu de l’intervalle des rotateurs.

Fig. 7 : Mesure de l’amputation de la surface articulaire de la glène selon Gerber [65] : x = PC/D

Page 83: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rité des cas, mais expose néanmoins au risqued’arthrose gléno-humérale à long terme [49] nouspartageons l’avis de Boileau [7] qu’il existe uneplace pour la stabilisation arthroscopiqued’emblée chez une population spécifique dejeunes sportifs pratiquant des sports à risque(avec armé contré du bras et contact).

EN CONCLUSION

Il est bien sûr trop tôt pour dire si ces progrèstechniques et les meilleures indications nous per-mettront de comparer les techniques arthrosco-piques aux meilleures séries de techniques chi-rurgicales ouvertes. Les auteurs ont néanmoins laconviction que l’avenir du traitement chirurgical

de l’instabilité chronique antérieure est arthrosco-pique si certaines contre-indications sont respec-tées : lésions osseuses surtout ; amputation signi-ficative de l’anneau osseux glénoïdien ou formeengageante de la lésion de Hill-Sachs ; et dansune moindre mesure l’âge, un sport très exposé.Sur le plan lésionnel, il faut impérativementsavoir tout réparer et dans le cas contraire préfé-rer une technique à ciel ouvert. Avec les possibili-tés actuelles de rétention, l’hyperlaxité ne noussemble plus être une contre-indication absolue.Par contre, un ligament gléno-huméral antéro-inférieur de mauvaise qualité, voire rompu en sonmilieu ou désinséré à l’humérus, doit, en l’étatactuel de nos connaissances, faire là aussi préfé-rer une technique ouverte.

83

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instable

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] ALLAIN J., GOUTALLIER D. AND GLORION C. Long-termresults of the Latarjet procedure for the treatment of anteriorinstability of the shoulder. J Bone Joint Surg Am, 80(6) 1998:841-52.

[2] ARCIERO R., WHEELER J., RYAN J., MCBRIDE J.T.Arthroscopic Bankart repair versus nonoperative treatment foracute, initial anterior dislocation of the shoulder. Am J SportsMed 1994 ; 22 : 589-94.

[3] BACH B., WARREN R., FRONEK J. Disruption of the lateralcapsule of the shoulder : a cause of recurrent dislocation. J BoneJoint Surg Br 1988 ; 70 : 274-6.

[4] BACILLA P., FIELD L.D., SAVOIE F.H., 3rd. ArthroscopicBankart repair in a high demand patient population.Arthroscopy 1997 ; 1 : 51-60.

[5] BANKART A. The pathology and treatment of recurrent dis-location of the shoulder joint. Br J Surg 1938 ; 26 : 23-9.

[6] BIGLIANI L., KURZWEIL P., SCHWARTZBACH C., WOLFEI.N., FLATOW E.L. Inferior capsular shift procedure for ante-rior-inferior shoulder instability in athletes. Am J Sports Med1994 ; 22 : 578-84.

[7] BOILEAU P. Instabilité antérieure de l’épaule. Apport etplace de l’arthroscopie. In Conférence d’enseignement 2002, pp.77-112. Edited, 77-112.

[8] BOILEAU P., LAFOSSE L. Traitement arthroscopique del’instabilité antérieure de l’épaule : résultats d’une étude multi-centrique, rétrospective de la Société française d’arthroscopie.In : Perspectives en arthroscopie. Berlin : Springer Verlag ; 2002.p. 180-3.

[9] BOKOR D.J., CONBOY V.B., OLSON C. Anterior instabilityof the glenohumeral joint with humeral avulsion of the glenohu-meral ligament. A review of 41 cases. J Bone Joint Surg 1999 ;81 : 93-6.

[10] BUSCAYRET F., EDWARDS T.B., SZABO I., ADELEINE P.,COUDANE H., WALCH G. Glenohumeral Arthrosis in AnteriorInstability Before and after Surgical Treatment: Incidence andContributing Factors. Am Journal Sports Medicine ; 2004,32 :1165-1172.

[11] BURKHART S.S., DE BEER J.F. Traumatic glenohumeralbone defects and their relationship to failure of arthroscopicBankart repairs : significance of the inverted-pear glenoid and theengaging Hill-Sachs lesion. Arthroscopy 2000 ; 16 : 7 : 677-94.

[12] CALANDRA J.J., BAKER C.L., URIBE J. The incidence ofHill-Sachs lesions in initial anterior shoulder dislocations.Arthroscopy 1989 ; 5 : 254-7.

[13] COLE B., L’INSALATA J., IRRGANG J., WARNER J.Comparison of arthroscopic and open anterior shoulder stabili-sation. J Bone Joint Surg Am 2000 ; 82 : 1008-14.

[14] COUDANE H., WALCH G. L’instabilité antérieure chro-nique de l’épaule chez l’adulte. Symposium de la Sofcot, Paris,1999. Rev Chir Orthop 2000 ; Suppl I : 86 : 91-150.

Page 84: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

84

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[15] DAGHER E., SONNERY-COTTET B., NOVé-JOSSERANDL. and WALCH G. Latarjet procedure for anterior shoulder insta-bility in rugbyman, 11th ESSKA congress and 4th worldcongress on sports trauma. Athens, European Society of SportsTraumatology Knee Surgery and Arthroscopy, 2004.

[16] DE BERARDINO T., ARCIERO R., TAYLOR D., UHOR-CHAK J. Prospective evaluation of arthroscopic stabilization ofacute, initial anterior shoulder dislocations in young athletes.Two to five year follow-up. Am J Sports Med 2001 ; 2 : 586-92.

[17] EDWARDS T.B., BOULAHIA A. and WALCH G.Radiographic analysis of bone defects in chronic anterior shoul-der instability. Arthroscopy 2003 ; 19: 732-9.

[18] FABBRICIANI C., MILANO G., DEMONTIS A., FADDA S.,ZIRANU F. and MULAS P.D. Arthroscopic versus open treat-ment of Bankart lesion of the shoulder: a prospective randomi-zed study. Arthroscopy 2004 ; 20: 456-62.

[19] FIELD L.D., WARREN R.F., O’BRIEN S.J., ALTCHEK D.W.,WICKIEWICZ T.L. Isolated closure of rotator interval defects forshoulder instability. Am J Sports Med 1995 ; 23 : 557-63.

[20] FIELD L.D., BOKOR D.J., SAVOIE F.H. Humeral and gle-noid detachment of the anterior inferior glenohumeral liga-ment : a cause of shoulder instability. J Shoulder Elbow Surg1997 ; 6 : 6-10.

[21] GARTSMAN G., TAVERNA E., HAMMERMAN S.Arthroscopic rotator interval repair in glenohumeral instability :description of an operative approach. Arthroscopy 1999 ; 15 :330-2.

[22] GEIGER D., HURLEY J., TOVEY J., RAO J.P. Results ofarthroscopic versus open Bankart suture repair. Clin Orthop1997 ; 337 : 111-7.

[23] GERBER C. Les instabilités de l’épaule. In : Mansat M, Ed.L’épaule douloureuse chirurgicale. Cahiers d’enseignement dela Sofcot n° 33. Paris : Expansion Scientifique Française ; 1988.p. 51.

[24] GERBER C. and NYFFELER R.W. Classification of gleno-humeral joint instability. Clin Orthop 2002 ; 400: 65-76.

[25] GILL T.J., MICHELI L.J., GEBHARD F., BINDER C. Bankartrepair for anterior instabilty of the shoulder. Long term outco-me. J Bone Joint Surg Am 1997 ; 79 : 850-7.

[26] GREEN M., CHRISTENSEN K. Arthroscopic versus openBankart procedures : a comparison of early morbidity and com-plications. Arthroscopy 1993 ; 9 : 371-4.

[27] GREEN M.R., CHRISTENSEN K.P. Arthroscopic Bankartprocedure : two- to five-year follow-up with clinical correlationto severity of glenoid labral lesion. Am J Sports Med 1995 ; 2 :276-81.

[28] GUANCHE C., QUICK D., SODERGREN K., BUSS D.D.Arthroscopic versus open reconstruction of the shoulder withisolated Bankart lesions. Am J Sports Med 1996 ; 24 : 144-8.

[29] HATTRUP S.J., COFIELD R.H., WEAVER A.L. Anteriorshoulder reconstruction : prognostic variables. J. ShoulderElbow Surg, 2001 ; 1 : 508-13.

[30] HILL S.A., SACHS M.D. The grooved defect of the humeralhead : a frequently unrecognized complication of dislocation ofthe shoulder. Radiology 1940 ; 35 : 690-700.

[31] HOVELIUS L., AUGUSTINI G., FREDIN O., JOHANSEN O.,NORLIN R., THORLING J. Primary anterior dislocation of theshoulder in young patients : a ten years prospective study. JBone Joint Surg Am 1996 ; 78 : 1677-684.

[32] HOVELIUS L.K., SANDSTROM B.C., ROSMARK D.L.,SAEBO M., SUNDGREN K.H., MALMQVIST B.G. Long-termresults with the Bankart and Bristow-Latarjet procedures: recur-rent shoulder instability and arthropathy. J Shoulder ElbowSurg 2001 ; 10(5): 445-52.

[33] HOVELIUS L.K., SANDSTROM B.C., SUNDGREN K.H.,SAEBO M. One hundred eighteen Bristow-Latarjet repairs forrecurrent anterior dislocation of the shoulder prospectively fol-lowed for fifteen years : study I-clinical results. J ShoulderElbow Surg 2004 ; 13 (5) : 509-516.

[34] HOWELL S.M., GALINAT B.J. The glenoid labral socket : aconstrained articular surface. Clin Orthop 1989 ; 233 : 122-6.

[35] HUGUET D., PIETU G., BRESSON C., POTAUX F. ANDLETENNEUR J. Instabilité antérieure de l’épaule chez l’athlète:A propos de 51 cas de stabilisation par l’intervention de Latarjet-Patte. Acta Orthop Belg 1996 ; 62(4): 200-6.

[36] JöRGENSEN U., SVEND-HANSEN H., BAK K., PEDER-SEN I. Recurrent post-traumatic anterior shoulder dislocation -open versus arthroscopic repair. Knee Surg Sports TraumatolArthrosc 1999 ; 2 : 118-24.

[37] KAILES S.B., RICHMOND J.C. Arthroscopic versus openBankart reconstruction : a comparison using expected valuedecision analysis. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc 2001 ;9 : 379-85.

[38] KARLSSON J., MAGNUSSON L., EJERHED L., HULTEN-HEIM I., LUNDIN O., KARTUS J. Comparison of open andarthroscopic stabilization for recurrent shoulder dislocation inpatients with a glénoïdienne lesion. Am J Sports Med 2001 ; 29 :538-42.

[39] KEMPF J.F. Chirurgie arthroscopique de l’épaule. In :Conférences d’enseignement 1994. Cahiers d’enseignement dela Sofcot n° 46. Paris : Expansion Scientifique Française ; 1994 ;p. 105-19.

[40] KEMPF J.F., LACAZE F., HILA A. Instabilité antérieure ethyperlaxité de l’épaule. Instabilité antérieure chronique del’épaule chez l’adulte. Symposium de la Sofcot, Paris 1999. RevChir Orthop 2000 ; Suppl I 86 ; 132-7.

[41] KIRKLEY A., GRIFFIN S., RICHARDS C., MINIACI A.,MOHTADI N. Prospective randomized clinical trial comparingthe effectivness of immediate arthroscopic stabilization versusimmobilization and rehabilitation in first anterior dislocation ofthe shoulder. Arthroscopy 1999 ; 15 : 507-14.

[42] LAFOSSE L. Traitement arthroscopique de l’instabilitéantérieure In : Perspectives en arthroscopie. Berlin : SpringerVerlag ; 2002 p. 194-196.

[43] LARRAIN M.V., BOTTO G.J., MONTENEGRO H.J., MAUASD.M. Arthroscopic repair of acute traumatic anterior shoulderdislocation in young athletes. Arthroscopy 2001 ; 1 : 373-7.

[44] LAZARUS M., SIDLES J., HARRYMAN D.T. 2ND, MAT-SEN F.A. 3rd. Effect of a chondral-labral defect on glenoidconcavity and glenohumeral stability. J Bone Joint Surg Am1996 ; 78 : 94-102.

Page 85: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

85

Principes du traitement chirurgical de l’épaule instable

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

[45] LIPPITT S., VANDERHOOFT J., HARRIS S. et al.Glenohumeral stability from concavity compression : A quanti-tative analysis. J Shoulder Elbow Surg 1993 ; 2 : 27-35..

[46] LO I.K., PARTEN P.M., BURKHART S.S. The inverted pearglenoid : an indicator of significant glenoid bone loss.Arthroscopy 2004 ; 20 : 169-174..

[47] LOMBARDO S.J., KERLAN R.K., JOBE F.W., CARTER V.S.,BLAZINA M.E. and SHIELDS C.L. Jr. The modified Bristow pro-cedure for recurrent dislocation of the shoulder. J Bone JointSurg Am 1976 ; 58(2): 256-61.

[48] MALGAIGNE J.F. Traité des fractures et des luxations.Paris : JB Baillière ; 1855.

[49] MARX R.G., MCCARTY E.C., MONTEMURNO D., ALT-CHECK D.W., CRAIG E.V., WARREN R.F. Development ofarthrosis following dislocation of the shoulder : A case-controlstudy. J Shoulder Elbow Surg 2002 ; 11:1-5..

[50] MATTON D., VAN LOOY F. and GEENS S. Recurrent ante-rior dislocations of the shoulder joint treated by the Bristow-Latarjet procedure. Historical review, operative technique andresults. Acta Orthop Belg 1992 ; 58(1): 16-22.

[51] MATSEN F., LIPPITT S., ISERIN A. Mécanisme patho-ana-tomique de l’instabilité glénohumérale. In : Mansat M, Éd.Instabilité chronique de l’épaule. Cahier d’enseignement de laSofcot n° 49. Paris : Expansion Scientifique Française ; 1994. p.7-14..

[52] MOLE D., COUDANE H. Traitement arthroscopique del’instabilité antérieure de l’épaule. Symposium de la Sociétéfrançaise d’arthroscopie, Nancy 1993. Rev Chir Orthop 1994 ;80 : 560-5.

[53] MORGAN C., BODENSTAB A. Arthroscopic Bankart sutu-re repair : technique and early results. Arthroscopy 1987 ; 3 :111-22.

[54] MORREY B.F., JANES J.M. Recurrent anterior dislocationof the shoulder. Long term follow-up of the Putti-Platt andBankart procedures. J Bone Joint Surg Am. 1976 ; 58 : 252-6.

[55] NERISSON D., KEMPF J.F., BONNOMET F., GASTAUD F.Traitement arthroscopique de l’instabilité antérieure chroniquede l’épaule par capsulorrhaphie avec agrafage. Rev Chir Orthop1996 ; 82 : 275-87.

[56] NOBUHARA K., IKEDA H. Rotator interval lesion. ClinOrthop 1987 ; 223 : 44-50.

[57] O’BRIEN S., SCHWARTZ R., WARREN R., TORZILLI P.A.Capsular restraints to anterior-posterior motion of the abductedshoulder : a biomechanical study. J Shoulder Elbow Surg 1995 ;4 : 298-308.

[58] O’NEILL D.B. Arthroscopic Bankart repair of anteriordetachments of the glenoid labrum. A prospective study. J BoneJoint Surg Am 1999 ; 8 : 1357-66.

[59] PAGNANI M.J., DENG X.H., WARREN R.F., TORZILLI P.A.,ALTCHEK D.W. Effect of lesions of the superior portion of theglenoid labrum on glenohumeral translation. J Bone Joint SurgAm 1995 ; 77 : 1003-10.

[60] PAGNANI M.J. and DOME D.C. Surgical treatment of trau-matic anterior shoulder instability in american football players.J Bone Joint Surg Am, 84-(5): 711-5, 2002.

[61] RICHARDS D.P., BURKHART S.S. Arthroscopic humeralavulsion of the glenohumeral ligaments (HAGL) repair.Arthroscopy 2004 ; 20 : 134-141.

[62] ROBERTS S., TAYLOR D., BROWN J., HAYES M., SAIESA. Open and Arthroscopic Techniques for the treatment of trau-matic anterior shoulder instability in australian rules footballplayers. J Shoulder Elbow Surg 1999 ; 5 : 403-9.

[63] ROCKWOOD C.A., MATSEN F.A. The shoulder.Philadelphia: W.B. Saunders 1990, 577-581.

[64] RODOWSKY M.W., HARNER C.D., FU F.H. The role of thelong head of the biceps muscle and superior glenoid labrum inanterior stability of the shoulder. Am J Sports Med 1994 ; 22 :121-30.

[65] ROWE C., PATEL D., SOUTHMAYD W. The Bankart proce-dure : a long-term end result study. J Bone Joint Surg Am 1978 ;60 : 1-16.

[66] ROWE C., ZARINS B., CIULLO J. Recurrent anterior dislo-cation of the shoulder after surgical repair. J. Bone Joint SurgAm 1984 ; 66 : 159-68.

[67] RYU R.K. Open versus arthroscopic stabilization for trau-matic anterior shoulder instability. Sports Med Arthrosc Rev ;2004, 12 : 90-98.

[68] SCHIPPINGER G., VASIU P.S., FRANKHAUSER F., CLE-MENT H.G. HAGL lesion occuring after successful Bankartrepair. Arthroscopy 2001 ; 1 : 206-8.

[69] SNYDER S.J., KARZEL R.P., DELPIZZO W., FERKEL R.D.,FRIEDMAN M.J. SLAP lesions of the shoulder. Arthroscopy1990 ; 6 : 274.

[70] SNYDER S.J., BANAS M.P., KARZEL R.P. An analysis of140 injuries to the superior glenoid labrum. J Shoulder ElbowSurg 1995 ; 4 : 243-8.

[71] SPERBER A., HAMBERG P., KARLSSON J., SWäRD L.,WREDMARK T. Comparison of an arthroscopic and an openprocedure for postraumatic instability of the shoulder : a pros-pective randomized multicenter study. J Shoulder Elbow Surg2001 ; 1 : 105-8.

[72] TAURO J.C. Arthroscopic inferior capsular shift and advan-cement for anterior and inferior shoulder instability : techniqueand results at 2- to 5-year follow-up. Arthroscopy 2000 ; 1 : 451-6.

[73] TREACY S., FIELD L., SAVOIE F. Rotator interval capsule clo-sure : an arthroscopic technique. Arthroscopy 1997 ; 13 : 103-6.

[74] TURKEL S.J., PANNIOS M.W., MARSHALL J.L., GIRGIS F.G.Stabilizing mechaniums preventing anterior dislocation of theglenohumeral joint. J Bone Joint Surg Am 1981 ; 63 : 1208-17.

[75] UHORCHAK J.M., ARCIERO R.A., HUGGARD D. and TAY-LOR D.C. Recurrent shoulder instability after open reconstruc-tion in athletes involved in collision and contact sports. Am JSports Med, 28(6): 794-9, 2000.

[76] URAYAMA M., ITOI E., HATAKEYAMA Y., PRADHAN R.L.,SATO K. Function of the 3 portions of the inferior glenohumeralligament : a cadaveric study. J Shoulder Elbow Surg 2001 ; 1 :589-94.

[77] WALCH G., MOLE D. Instabilités et luxations de l’épaule(articulation glénohumérale). Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris).Appareil locomoteur, 14-037-A-10.1991 : 14 p.

Page 86: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

86

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[78] WALCH G. La luxation récidivante antérieure de l’épaule.Table ronde. Journées de printemps de la Sofcot. Estoril, 1990.Rev Chir Orthop 1991 ; 77 : Suppl 1 : 77-148.

[79] WALCH G., BOILEAU P., LEVIGNE C., MANDRINO A.,NEYRET P., DONELL S. Arthroscopic stabilization for recurrentanterior shoulder dislocation : results of 59 cases. Arthroscopy1995 ; 1 : 173-9.

[80] WARNER JJP, BEIM G. Combined Bankart and HAGLlesion associated with anterior shoulder instability. Arthroscopy1997 ; 13 : 749-52.

[81] WEBER S.C. Arthroscopic suture anchor repair versusopen Bankart repair in the management of traumatic anteriorglenohumeral instability. Arthroscopy 1996 ; 12 : 382.

[82] WHEELER J., RYAN J., ARCIERO R., MOLINARI R.N.Arthroscopic versus nonoperative treatment of acute shoulderdislocation. Arthroscopy 1989 ; 5 : 213-7.

[83] WIRTH M.A., BLATTER G. and ROCKWOOD C.A. Jr. Thecapsular imbrication procedure for recurrent anterior instabilityof the shoulder. J Bone Joint Surg Am 1996 ; 78(2): 246-59.

[84] WOLF E. Arthroscopic capsulolabral repair using sutureanchors. Orthop Clin North Am 1993 ; 24 : 59-69.

[85] WOLF E., CHENG J., DICKSON K. Humeral avulsion ofglenohumeral ligaments as a cause of anterior shoulder instabi-lity. Arthroscopy 1995 ; 11 : 600-7.

Page 87: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’ÉPAULE DU SPORTIF

Page 88: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 89: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le complexe scapulaire est l’association de cinqarticulations auxquelles il faut ajouter le rachiscervical. Les membres inférieurs (flexion, exten-sion), la hanche et le rachis dorsal (rotation) ontun rôle important pour faciliter les mobilités sca-pulaires. La pathologie de l’épaule des sportifs estdirectement liée au type de sport et à leurs trau-matismes. Les sports de contact ou de chuteentraînent des pathologies ostéo-articulaires etligamentaires (fracture, luxation), des contusions,mais également des lésions neurologiques par éti-rement, souvent méconnues ou masquées parl’importance de la symptomatologie douloureuseau stade initial. Les sports où le geste d’armé estprédominant (tennis, handball, volley-ball, base-ball…) génèrent une pathologie spécifique.L’épaule se détériore très progressivement parmicro-traumatismes répétés. L’histoire naturellede ces épaules commence à être mieux connue.L’analyse de la physiologie de ce mouvement per-met de mieux comprendre la pathologie.

LES SPORTS D’ARMÉ

Le geste de l’armé est fréquent dans les sportsde balle et de raquette et il varie peu en fonctiondu sport. Depuis longtemps, nous nous interro-geons sur l’étiopathogénie des douleurs scapu-laires dans les sports d’armé. Progressivement,l’étude des mécanismes, de la physiologie dumouvement, les études électromyographiquesintégrées au geste sportif, les constatationsarthroscopiques, ont permis une meilleure com-

préhension de la physiopathologie, comme entémoigne un certain nombre de publicationsrécentes. Les muscles de la coiffe des rotateursassurent une stabilisation dynamique et partici-pent de façon importante au contrôle instantanéde la mobilité de la tête humérale et de la scapu-la. L’extrême mobilité, la force et la vélocité dugeste de l’armé soumettent les structures stabili-satrices à des tensions ou tractions importantes etles rendent vulnérables. La mise en place de pro-tocole de prévention permet de juguler partielle-ment l’évolution naturelle inéluctable de ce typed’épaule.

Pour un même lancer, la physiopathologie varieen fonction des antécédents pathologiques inhé-rents ou non au lancer, à l’ancienneté et à la fré-quence de répétition de ce geste.

Les différentes phases du lancer [7, 8]

Le lancer a été bien étudié d’abord chez lejoueur de base-ball puis chez le joueur de tennispar différents auteurs nord-américains. Nousprendrons comme référence le base-ball bien qu’ilne soit pas très développé en Europe. Le lancer sedécompose en 3 phases : l’armé, le fouetté etl’accompagnement ou phase de décélération.

L’armé

Pendant cette phase du lancer, le membre supé-rieur s’élève jusqu’à une position de rétropulsion

89

L’ÉPAULE DU SPORTIF -QUELLES LÉSIONS, QUELS MÉCANISMES?

G. DAUBINET

Page 90: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

horizontale et de rotation latérale (RHRL) maxi-males. Cette phase dure 1,5 seconde et représen-te 80 % de la séquence totale du lancer. Ce tempsest cependant variable selon les joueurs. Cettephase consiste à placer tous les segments ducorps pour obtenir une vélocité maximale dumouvement (rotation latérale des épaules, rota-tion latérale maximale et rétropulsion horizontalede 30° de la scapulo-humérale).

Le début de l’armé nécessite une contractiondes trois faisceaux du deltoïde, une contractionimportante du supra-épineux et moindre del’infra-épineux.

La fin de l’armé nécessite une contractionexcentrique très importante des rotateursmédiaux (subscapulaire, grand pectoral, granddorsal et dentelé antérieur (grand dentelé)). Danscette phase, l’activité du supra-épineux restestable et celle du biceps brachial est modérée.

A la fin de l’armé, les freins de la rotation laté-rale sont la contraction excentrique importantedes rotateurs médiaux et la tension de la capsuleet des ligaments gléno-huméraux, notamment legléno-huméral inférieur.

Pendant toutes ces phases d’armé, le deltoïde etla coiffe assurent en coordination un bon centra-ge de la tête humérale. Le dentelé antérieur assu-re la fixation de la scapula en abduction sur le grilcostal. Le grand pectoral recouvre la moitié infé-rieure de la tête humérale en position de RHRL.

Il est important de remarquer qu’un déficit dela coiffe va entraîner une déstabilisation de latête humérale pendant ce geste de l’armé. Cettedéstabilisation peut provoquer une impactionsous-acromiale et provoquer un conflit antéro-supérieur.

Par ailleurs, une mauvaise fixation de la scapu-la sur le gril costal entraîne une orientation anté-rieure de la glène et modifie la physiologie de latête humérale pouvant déclencher également unconflit antéro-supérieur.

Le fouetté

C’est la phase explosive d’accélération durantenviron 50 millisecondes. Elle représente 2 % de laséquence totale du lancer. Elle nécessite unecontraction concentrique importante des rotateursmédiaux et une contraction excentrique de l’infra-épineux. Les rotateurs médiaux assurent le freina-ge de cette accélération à la fin du fouetter.Pendant cette phase de propulsion, la fixation dela scapula est primordiale pour orienter correcte-ment la glène et donner une bonne accélération enrotation médiale de la tête humérale. D’autresmuscles participent à ce fouetté. Il s’agit du trapè-ze moyen et des grand et petit rhomboïdes, qui ontune contraction excentrique, et du dentelé anté-rieur, du trapèze supérieur et de l’élévateur de lascapula qui ont une contraction concentrique.

L’accompagnement

C’est la phase de décélération du membre supé-rieur ; elle dure environ 350 m/sec et correspond à18 % de la séquence totale. Le membre supérieurest placé en antépulsion, rotation médiale etextension, pronation du coude. Les rhomboïdes etle dentelé antérieur assurent par leur contractionle freinage de l’abduction de la scapula. La coiffedes rotateurs, le petit rond, le deltoïde postérieurassurent le freinage de la rotation médiale de lascapulo-humérale. Tous les muscles ont unecontraction excentrique.

Dans cette phase d’accompagnement, il existe uneffort harmonieux entre la gléno-humérale et lascapulo-thoracique. Toute raideur ou dysfonction-nement scapulaire de la gléno-humérale entraîneune diminution de la participation de cette articu-lation au mouvement d’accompagnement, une aug-mentation de l’abduction de la scapula et parconséquent des étirements importants des struc-tures capsulaires postéro-inférieures.L’augmentation de l’abduction de la scapula entraî-ne une irritation du nerf supra-scapulaire et unehyperactivité des fixateurs de la scapula.

90

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 91: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Etude EMG comparative du lancerentre amateurs et professionnels

Cette étude a été réalisée par Gowan en 1987 [5]chez le joueur de base-ball. Il montre que le recru-tement musculaire est bien différent en fonctiondu type de joueur, professionnel ou amateur. Lavitesse de bras est supérieure chez les profession-nels. Au début de l’armé, il existe une faible acti-vité musculaire chez les professionnels et uneactivité modérée du deltoïde, du dentelé antérieuret du biceps brachial chez les amateurs. En find’armé, l’activité musculaire est importante uni-quement chez le professionnel, surtout au niveaudes rotateurs médiaux (subscapulaire prédomi-nant). Chez les amateurs, il existe une participa-tion importante des rotateurs médiaux, mais éga-lement du biceps et des muscles de la coiffe.

Etude électromyographiquede l’épaule du lanceur dansles laxités humérales

Cette étude, réalisée par Glousman en 1988[4], montre des différences notables de recrute-ment musculaire et permet de déduire desmesures de prévention ou des attitudes théra-peutiques. Le biceps présente une activité trèsaugmentée pendant toutes les phases. Ce facteurimportant augmente la stabilité gléno-humérale.Le deltoïde ne présente que peu de différence. Lesupra-épineux a une augmentation d’activité trèsimportante en fin d’armé. Ceci conforte l’idéebien connue qu’il stabilise de façon dynamiquela tête humérale. Les rotateurs médiaux ont unediminution d’activité dans toutes les phases etnotamment en rétropulsion horizontale-rotationlatérale ce qui augmente la force luxante anté-rieure. Le dentelé antérieur et le trapèze ont éga-lement une activité diminuée.

L’orientation de la glène n’est donc pas parfai-te et la physiologie de la tête humérale est modi-

fiée. Il existe une augmentation des forcesluxantes par diminution de l’activité des rota-teurs médiaux et des fixateurs de la scapula.L’augmentation de l’activité du biceps et dusupra-épineux montre la déstabilisation de latête humérale. Cette étude permet de mettre enévidence l’importance du travail excentrique desrotateurs médiaux et des fixateurs de la scapuladans ce type de laxité ou plus communémentchez le sportif professionnel dans le cadre desépaules potentiellement luxables.

Mécanisme de stabilisation antérieure

Turkel en 1981 [13] a réalisé des dissectionscadavériques. Il montre qu’en rotation latéralemaximale, la stabilité est assurée à 0°d’élévation latérale par le subscapulaire, à 45°par le subscapulaire et les ligaments gléno-huméraux moyen et inférieur, à 90° par le liga-ment gléno-huméral inférieur uniquement. Cedernier n’est pas uniquement l’entité anato-mique communément décrite. Il faut y ajoutertoute la poche axillaire qui un rôle très impor-tant dans la stabilisation de la tête huméralenotamment dans la position de l’armé.

Turkel [13] confirme les travaux de De Palma[in 13] : la bande supérieure ou ligament gléno-huméral inférieur anatomique est absente dans25 % des cas. Il souligne donc la grande impor-tance de cette poche axillaire. Il étudie plus parti-culièrement cette entité gléno-humérale inférieu-re et la compare à un doigtier japonais.

Pendant l’abduction, il existe une tension de lapartie postéro-inférieure et une ascension de lapartie antéro-supérieure qui se place en avant dela tête humérale. Il montre également qu’il fautune section de tout le ligament gléno-huméralinférieur pour entraîner une luxation de la têtehumérale par une rotation latérale dans toutes lespositions.

91

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’épaule du sportif - Quelles lésions, quels mécanismes ?

Page 92: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Centrage de la tête humérale

Dans le plan frontal, Poppen et Walker en 1976[16] ont montré que le centrage de la tête humé-rale était parfait dans toute l’élévation sauf entre0 et 30°. Il existe un glissement de 3 mm de la têtehumérale vers le haut à partir d’une position desubluxation inférieure.

Dans le plan horizontal, Howell et al. [6], en1988, étudient le centrage de la tête humérale pardes profils axillaires sous différentes rotations.Cette étude est faite sur des épaules normales etdes épaules subluxables.

❍ chez les sujets normaux, le centrage est parfaitsauf en position de rétropulsion horizontale-rotation latérale où il existe un recul de 4 mmde la tête humérale. Ceci sous-entend que, dansles gestes répétitifs chez un sujet normal, ilexiste une irritation du labrum glénoïdien pos-térieur et de la capsule postérieure.

❍ dans les laxités, il existe au contraire une avan-cée de 4 mm de la tête humérale. Dans ce cas,c’est la partie antérieure de la capsule et dulabrum glénoïdien qui sont irritées, voire lésées.

Geste de l’arme et lésions capsulaires[10, 14]

L’augmentation de la rotation latérale passive etla diminution de la rotation médiale passive sontdes conséquences naturelles de l’épaule du pit-cher. La coiffe stabilise de façon dynamique latête humérale surtout par des contractions excen-triques, soit pour limiter la rotation latérale lorsde l’armé, soit pour limiter la translation anté-rieure de la tête humérale lors de l’accélération oude l’accompagnement. Un déficit de coiffe ou desfixateurs de la scapula entraîne une mobilitéexcessive de la tête humérale vers l’arrière puisvers l’avant, avec ses conséquences patholo-giques. Les forces de traction capsulaire repré-sentent 80 à 110 % du poids du corps. Deux fac-

teurs diminuent les forces de traction dans dessituations différentes : 1) l’augmentation de laflexion du coude en RL/RH au moment du lâcherou de la frappe de la balle ; 2) la diminution de larotation latérale et la diminution de l’abduction enposition d’armé.

LES SPORTS DE CONTACTOU DE CHUTE

Les sports de contact ou de chute sont bien sûrà l’origine d’une pathologie ostéoarticulaire etligamentaire traumatique. Les lésions sont pro-portionnelles à l’inertie du choc et dépendent dutype de traumatisme. Nous ne développerons queles lésions neurologiques souvent associées etméconnues en raison de l’importance de la symp-tomatologie initiale.

Les lésions neurologiquesdans l’épaule traumatique

Lors de la pratique du ski, les chutes sont fré-quentes, violentes, survenant sur une neige dedureté variable. Elles entraînent des lésionsostéo-articulaires, volontiers associées à deslésions neurologiques. Ces dernières sont souventméconnues, masquées au début par l’importancede la symptomatologie douloureuse. L’examen cli-nique sera répété pour un bilan précis et pour sur-veiller la récupération. Les associations lésion-nelles compliquent l’analyse clinique. Le praticiendevra s’aider d’examens complémentaires pourapprécier toutes les pathologies et prendre lesdécisions thérapeutiques.

Le bilan neurologique

Le premier bilan, forcément limité devant uneépaule impotente, douloureuse, tuméfiée, ecchy-motique s’efforcera de répertorier les musclesintacts ou déficitaires dans la mesure du possible.

92

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 93: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Un bilan précis ne peut être envisagé avant quin-ze jours et un pronostic raisonnablement portéavant le deuxième mois. L’examen physiquerecherche la présence d’un hématome, de déficitsmoteurs et sensitifs puis d’une amyotrophie. Ilsera répété aussi souvent que possible pourapprécier l’évolution (tous les huit jours pendant1 mois puis tous les mois). L’électromyogramme aun rôle important dans le diagnostic et la sur-veillance de la récupération.

Nous envisagerons les différents tableaux cli-niques en sachant l’importance des variationsanatomiques du plexus brachial, la fréquence desatteintes incomplètes ou associées et/ou récupé-rant de façon différente.

Dès 1965, Leffert et Sedon [9] proposent uneclassification des atteintes du plexus brachial :

❍ diffuse,

❍ plexus postérieur,

❍ plexus antéro-externe,

❍ plexus antéro-interne.

Travlos en 1994 [12], à propos de 28 cas cli-niques, utilise une autre classification :

❍ diffuse,

❍ plexus infra-claviculaire,

❍ atteinte isolée du nerf axillaire (circonflexe),

❍ atteinte du nerf axillaire et du faisceau latéral(tronc secondaire antéro-externe),

❍ atteinte du faisceau postérieur (tronc secondai-re postérieur) et du faisceau médial (troncsecondaire antéro-interne),

❍ atteinte du faisceau médial (tronc secondaireantéro-interne).

La paralysie complète du plexus brachial

Le membre supérieur est totalement impotent.L’examinateur évalue la force des muscles proxi-maux, de manière à avoir le niveau lésionnel. Lebilan sera répété dans le temps, tant sur le planmoteur que sensitif :

a) motricité :

❍ le dentelé antérieur : son innervation estvariable de C4 à C7.

❍ le trapèze : innervation C2, C3, C4.

❍ les grand et petit rhomboïdes, l’élévateur de lascapula (C4, C5).

b) sensibilité :

La sensibilité superficielle est habituellement laseule à être explorée. La sensibilité profondeapporte pourtant beaucoup de renseignements(sensibilité osseuse par percussion, sensibilité à lapression forte, position spatiale d’un segment demembre). D’ailleurs, la récupération commencepar la sensibilité profonde, même lorsque cetterécupération n’est que partielle [2]. Travlos [12]propose une classification pour suivre la récupé-ration sensitive :

❍ stade 0 : rien,

❍ stade 1 : perception de la pression profonde,

❍ stade 2 : perception de la pression profonde etlocalisation de la sensibilité superficielle,

❍ stade 3 : discrimination de la sensibilité super-ficielle de 10 mm, paresthésie importante,

❍ stade 4 : paresthésie moyenne,

❍ stade 5 : normal.

Le syndrome C5-C6

❍ moteur : atteinte du supra-épineux, de l’infra-épineux, du deltoïde, du petit rond, du biceps,du brachial (b. antérieur), du brachioradial(long supinateur), du supinateur (court supina-teur). Il s’agit d’une atteinte de l’élévation et dela rotation latérale du bras et une atteinte de laflexion active et de la supination du coude. Legrand pectoral est un muscle intéressant à tes-ter, son innervation étant C5-C6 pour le fais-ceau supérieur et C7-C8-D1 pour les faisceauxinférieurs.

❍ sensitif : dermatome C5-C6.

93

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’épaule du sportif - Quelles lésions, quels mécanismes ?

Page 94: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le syndrome C5-C6-C7

❍ moteur : c’est une atteinte C5-C6 avec uneparalysie radiale : déficit d’extension du coude,du poignet, des métacarpo-phalangiennes, dupouce.

❍ sensitif : dermatome C7.

Le syndrome C8-D1

❍ moteur : atteinte des intrinsèques de la main,main plate, atteinte des muscles fléchisseurssuperficiels et profonds des doigts et du flé-chisseur ulnaire du carpe (cubital antérieur).

❍ sensitif : dermatome C8-D1.

Le syndrome C7-C8-D1

❍ moteur : l’épaule est sub-normale. Il existe undéficit d’extension et de pronation du coudeassocié à un déficit C8-D1.

❍ sensitif : dermatome C7-C8-D1.

L’atteinte du tronc secondaire postérieur

C’est une atteinte des nerfs radial et axillaire(circonflexe) :

❍ motrice : atteinte des muscles deltoïdes, petitrond (teres minor), grand dorsal, subscapulaireet grand pectoral, avec une atteinte dans le ter-ritoire radial.

❍ sensitive : peu spécifique.

L’atteinte du tronc secondaire antéro-externe

Il donne naissance au nerf musculo-cutané et à labranche latérale du médian. Son atteinte est rare:

❍ motrice : déficit des muscles biceps brachial,brachial (brachial antérieur), faisceau clavicu-laire du grand pectoral et rond pronateur.

❍ sensitive : déficit du territoire du nerf musculo-cutané et atteinte du nerf médian.

L’atteinte du tronc secondaire antéro-interne

Elle est très rare. Il s’agit d’une atteinte médio-cubitale haute, avec conservation de la pronationassurée par le rond pronateur (faisceau latéral duplexus brachial ou tronc secondaire antéro-externe).

Discussion

Les lésions neurologiques sont souvent mécon-nues ou difficilement évaluables correctementlors d’un traumatisme de l’épaule au stade initial,en raison des phénomènes douloureux et del’impotence fonctionnelle. Les traumatismes àl’origine d’une atteinte neurologique sont princi-palement les luxations antéro-internes, les luxa-tion-fractures, les mécanismes avec abaissementet/ou rétropulsion de l’épaule, les traumatismescomplexes avec fracture de la clavicule, de la sca-pula ou de l’extrémité supérieure de l’humérus.La luxation antéro-interne ou la luxation-fracturesont les causes les plus fréquentes.

En 1910, Delbet et Cauchoix [3] en font une pre-mière description montrant une récupérationspontanée dans la grande majorité des cas. La fré-quence de survenue d’une atteinte neurologiquedans ces luxations est variable, de 5 à 14 % suivantles auteurs. Cette fréquence est plus importantedans les luxation-fractures, allant de 21 à 45 % [2].

Le plexus chemine en bas et en dedans et enavant de la tête humérale. Il est comprimé, étiré ourompu au cours de la luxation ou de la luxation-fracture. Les lésions neurologiques sont variablesen intensité en fonction de l’atteinte nerveuse :neurapraxie (paralysie sans lésion des fibres ner-veuses), axonotmesis (interruption de l’axoneavec conservation du stroma nerveux), neurotme-sis (interruption complète des fibres nerveusesavec dégénérescence du segment distal).

Les associations lésionnelles sont très variéesdans différentes études :

❍ Jerosch [in 12] : luxation antéro-médiale +atteinte du nerf thoracique long (nerf du granddentelé ou de Charles Bell) + atteinte du nerfdes rhomboïdes et de l’élévateur de la scapula.

❍ Travlos [12] : luxation antéro-médiale + attein-te du nerf du circonflexe et/ou atteinte du nerfsupra-scapulaire.

94

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 95: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ De Laat [2] : luxation antéro-imédiale ou luxa-tion-fracture + atteinte du nerf circonflexe(37 %) ou atteinte du nerf musculo-cutané ouatteinte du nerf radial (22 %) ou atteinte dunerf supra-scapulaire (29 %).

Les variations de fréquence dans les différentesstatistiques s’expliquent facilement par le typed’examen effectué pour rechercher la lésion neu-rologique. De Laat [2] avec 45 % de lésions a réa-lisé au moindre doute un électromyogramme,alors que d’autres ont réalisé un EMG unique-ment sur le deltoïde ou se sont contentés d’unsimple examen clinique.

Les lésions neurologiques sont probablementlargement sous-estimées, mais est-il nécessaire dedemander un EMG au moindre doute, en sachantque la plupart des lésions ont une récupérationspontanée favorable?

Il nous semble préférable de réaliser un bilaninitial soigneux et une surveillance clinique régu-lière. Nous demandons un EMG en l’absence derécupération clinique après 3 semaines ou poursurveiller la récupération ultérieure, en sachantque l’EMG ne nous apportera pas d’élément pourdifférencier une axonotmésis et une neurotmésis.

La plupart des lésions neurologiques récupè-rent spontanément en 3 à 4 mois [2]. L’atteinte dunerf circonflexe a le moins bon pronostic puisquela récupération est évaluée par les différentsauteurs à 12 mois [2, 12]. Classiquement la récu-pération s’effectue sur la sensibilité profonde,puis la sensibilité superficielle, puis sur la motri-cité [12]. Pour d’autres auteurs, le déficit sensitifn’est pas synonyme de lésions motrices impor-tantes. Certains patients ont une lésion motrice à

l’EMG sans atteinte sensitive. D’autres ont undéficit sensitif sans lésion motrice à l’EMG [2]. Laplupart des auteurs soulignent l’importance de larééducation pendant l’atteinte neurologique pourentretenir les amplitudes articulaires (en fonctiondes lésions ostéo-articulaires) et la contractilitédes muscles atteints.

L’association rupture de coiffe et atteinte duplexus brachial pose un problème diagnostique etthérapeutique particulier, surtout en l’absence derécupération rapide. Différentes associations sontpossibles avec le nerf supra-scapulaire [15] et lenerf circonflexe, avec d’autres atteintes du plexus[9]. La lésion neurologique masque l’atteinte de lacoiffe. On peut se poser deux questions :

❍ la lésion de la coiffe existait-elle auparavant?

❍ a-t-elle été provoquée ou aggravée par le trau-matisme?

L’évolution clinique et le bilan paraclinique(EMG, échographie, IRM) permettront derépondre en partie à ces questions.

CONCLUSION

Toute épaule traumatique ou microtraumatiquegénère son lot de pathologies spécifiques. Ellessont proportionnelles à l’importance du trauma-tisme et à l’ancienneté des microtraumatismes,donc de la pratique sportive. Il est donc essentielde connaître les gestes à l’origine de technopa-thies et les traumatismes propres à chaque sportexposant l’épaule.

95

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’épaule du sportif - Quelles lésions, quels mécanismes ?

Page 96: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

96

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] BURKHART S.S., MORGAN C.D., KIBLER W.B. The disa-bled throwing shoulder: Spectrum of Pathology: Patho-anatomyand Biomechanics. Arthroscopy 2003; 19: 404-420.

[2] DE LAAT E.A., VISSER C.P., COENE L.N., PAHLPLATZ P.V.,TAVY D.L. Nerve lesions in primary shoulder dislocations andhumeral neck fractures. A prospective clinical and EMG study. JBone Joint Surg 1994 ; 76-B, 381-3.

[3] DELBET A., CAUCHOIX J. Les paralysies dans les luxationsde l’épaule. Rev Chir 1910, 41, 237.

[4] GLOUSMAN R., JOBE F.W., TIBONE J.E., MOYNES D.R.,ANTONELLI D., PERRY J. Dynamic electromyographic analysisof the throwing with gleno-humeral instability. J Bone JointSurg, feb 1988, 70A : 220-6.

[5] GOWAN I., JOBE F.W., TIBONE J.E., PERRY J., MOYNESD.R. A comparative electromyographic analysis of the shoulderduring pitching. Am J Sports Med 1987; 15 : 586-90.

[6] HOWELL S.M., GALINAT B.J., RENZI A.J., MARONE P.J.Normal and abnormal mechanics of glenohumeral joint in thehorizontal plane. J Bone Joint Surg, 1988; 70A : 227-37.

[7] JOBE F.W., MOYNES D.R., TIBONE J.E., PERRY J. An EMGanalysis of the shoulder in pitching. Am J Sports Med, 1984, 12:218-20.

[8] JOBE F.W., TIBONE J.E., PERRY J. An EMG analysis of theshoulder in throwing and pitching. Am J Sports Med, 1983, 11 : 3-5.

[9] LEFFERT R., SEDDON H. Infraclavicular brachial plexusinjuries. J Bone Joint Surg, 47-B, 1965, 9-22.

[10] MEISTER K. Injuries to the shoulder in throwing athletebiomechanics, physiopathology, classification. Am J Sports Med2000; 28: 265-275.

[11] PAPPAS A.M., ZAWACKI R.M., SULLIVAN T.J.Biomechanics of base-ball pitching. Am J Sports Med, 1985, 13:216-22.

[12] TRAVLOS I., GOLBERG I., BOOME R.S. Brachial plexuslesions associated with dislocated shoulder. J Bone Joint Surg,1990; 72-B: 68-71.

[13] TURKEL S.J., PANIO M.W., MARSALL J.L., GIRGIS F.G.Stabilising mechanisms preventing anterior dislocation of theglenohumeral joint. J Bone Joint Surg 1981; 63A : 1208-17.

[14] WERNER S.L., GILL T.J., MURRAY A.T., COOK T.D., HAN-KINS R.J. Relationship between throwing mechanics and shoul-der distraction in professional base-ball pitchers. Am J SportsMed 2001; 29: 354-358.

[15] ZOLTAN J. Injury to the suprascapular nerve associatedwith anterior dislocation of the shoulder: case report and reviewof the literature. J Trauma. 1979; 19: 203-6.

[16] POPPEN N.K., WALKER P.S. Normal and abnormal motionof the shoulder. J Bone Joint Surg Am. 1976 Mar; 58(2):195-201.

Page 97: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les douleurs de l’épaule chez les sportifs de lan-cer (volley, tennis, hand, base-ball…) ont toujoursposé des problèmes diagnostiques et thérapeu-tiques. De nombreuses hypothèses ont été formu-lées pour expliquer ces “tendinites chroniques”mais aucune d’entre elles n’a permis d’expliquerl’ensemble des lésions observées au niveau dubourrelet glénoïdien et de la face profonde de lacoiffe des rotateurs.

HISTORIQUE

Lombardo en 1977 décrit des lésions posté-rieures de la glène chez des lanceurs profession-nels (base-ball) opérés : il attribuait ces lésions àdes tractions répétées exercées sur la capsule pos-térieure lors de la phase ultime du lancer [15].Barnes en 1978 décrivait lui aussi des lésions glé-noïdiennes postérieures observées chez desjoueurs de base-ball qu’il nommait “lésions deBennett” : il s’agissait d’exostoses situées à la par-tie postéro-inférieure de la glène et souvent asso-ciées à une déchirure du bourrelet glénoïdien ;Barnes attribuait ces lésions soit à des séquellesde déchirures capsulaires, soit à une subluxationhumérale postérieure passée inaperçue [3, 4].

Le conflit sous-acromial, théorie développée parNeer en 1972, a été tenu responsable des “tendi-nites chroniques” des lanceurs par de nombreuxauteurs et a conduit à réaliser des acromioplas-ties ; les résultats furent décevants et dans la sériede Tibone rapportée en 1985, seulement 22 % deslanceurs avaient pu reprendre leur sport au mêmeniveau [23].

C’est en 1985 aussi que Andrews rapporta desruptures partielles de la face profonde du sus-épi-neux constatées en arthroscopie chez des lan-ceurs de base-ball ; il attribuait ces ruptures par-tielles à des tractions excessives et répétées surles tendons lors des mouvements de lancer ; unsimple “débridement” des lésions sous arthrosco-pie associée à une rééducation intensive pendanttrois mois avait permis une reprise sportive dans85 % des cas [1].

La mise en évidence des lésions de la coiffe desrotateurs et la constatation d’une douleur préciseen abduction-rotation externe a conduit FranckJobe à développer en 1987, la théorie del’“instability with secondary impingement” expli-quant les lésions de la coiffe par une compressiondes tendons sous la voûte acromiale lors de l’armédu bras ; il proposait de les traiter comme desinstabilités antérieures et de réaliser des capsu-lorraphies antérieures [11, 12].

Walch et Chris Jobe développèrent en 1991 leconcept de conflit postéro-supérieur ; ce conflitinterne (“internal impingement”), par oppositionau conflit externe sous-acromial de Neer, se pro-duit entre le versant articulaire profond des ten-dons de la coiffe et le bord postérieur de la glènelorsque le bras est en abduction – rétropulsion –rotation externe [24, 25, 26]. Chris Jobe avait misen évidence ce contact sur des épaules decadavres congelées dans la position d’armé dubras et nous l’avions constaté sous arthroscopieen reproduisant le geste de lancer chez des ath-lètes jeunes présentant une rupture partielle de laface profonde du sus-épineux [8, 9, 10].

97

LE CONFLIT GLÉNOÏDIENPOSTÉRO-SUPÉRIEUR EN 2005

G. WALCH, L. NOVE-JOSSERAND, E. NOEL, J.-P. LIOTARD

Page 98: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Plus tard, Franck Jobe (le père de Chris)reconnaissait cet “internal impingement” plutôtque le conflit sous-acromial, comme la cause desdouleurs chez les lanceurs, mais pour lui ceconflit était provoqué par une instabilité anté-rieure frustre [6]. Selon lui cette instabilité estresponsable du conflit interne par une subluxa-tion antérieure minime ou par hyperangulationde l’humérus par rapport à l’omoplate (rétropul-sion forcée) autorisée par une distension capsu-laire progressive.

En 1990, Snyder décrivait les “SLAP lesions”(Superior Labrum Anterior and Posterior) quisont des lésions de la partie supérieure du bour-relet glénoïdien et qui peuvent aussi expliquer lesdouleurs chroniques des lanceurs [21, 22]. Enfinen 1998 Morgan et Burkhart développaient unenouvelle théorie “d’instabilité postéro-supérieure”pour expliquer les lésions du bourrelet postéro-supérieur chez le lanceur [5, 17].

LE CONFLIT GLÉNOÏDIENPOSTÉRO-SUPÉRIEUR

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur ou“internal impingement” est le contact qui se pro-duit entre le trochiter et le bord postéro-supérieurde la glène durant l’abduction – rétroplusion-rota-tion externe du bras – (fig. 1). Ce contact est phy-

siologique puisqu’il est observé sur l’immensemajorité des individus. Chez les sportifs de lancer,la nature répétitive de ce contact peut entraînerdes lésions glénohumérales, tendineuses,labrales, cartilagineuses.

Malgré la nature physiologique de ce conflit,quatre étiologies ont été proposées comme fac-teurs favorisant ou aggravant :

❍ L’instabilité antérieure responsable soitd’une translation antérieure excessive(F. Jobe) soit d’une hyperangulation anté-rieure lors de la rétropulsion (Ch. Jobe) soitd’une rotation externe excessive lors del’armé forcé (J. Andrews) [2, 10, 18].

❍ L’instabilité postéro-supérieure proposée parMorgan et Burkhart : une translation postéro-supérieure de la tête humérale crée un décol-lement (Peel Back) du bourrelet postéro-supérieur puis des lésions de la coiffe [5, 17].

❍ La théorie mécanique que nous défendonsretient le seul contact physiologique répétécomme responsable des lésions anatomiquesobservées. Une rétroversion humérale faibleou absente peut constituer un facteur favori-sant [7, 19, 20, 26].

❍ La dernière théorie est celle du dysfonction-nement musculaire défendue par Kibler [13,14]. Une faiblesse des muscles péri-scapu-laires peut entraîner une projection antérieu-re de l’omoplate et l’insuffisance des rotationsscapulaires postérieure et supérieure favorisele conflit postéro-supérieur.

ANATOMOPATHOLOGIE

Initialement ont été rapportées des ruptures par-tielles de la face profonde du supra-spinatus et deslésions du bourrelet glénoïdien postéro-supérieur.La réalisation de plus en plus fréquented’arthroscopie chez les sportifs de lancer (volley-ball, tennis, waterpolo, hand-ball, javelot…) ou effec-tuant des mouvements forcés, répétitifs en abduc-

98

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Mécanisme du conflit postéro-supérieur.

Page 99: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tion-rotation externe (body-building, natation, gym-nastique…) nous a permis de mieux connaître lesdifférentes lésions produites par ce conflit.

Les lésions de la face profondede la coiffe

Elles atteignent préférentiellement le supra-épi-neux mais peuvent dans certains cas toucher aussil’infra-épineux. Il s’agit de ruptures partielles de gra-vité variable allant de la simple éraillure de la cap-sule articulaire jusqu’à la rupture emportant les 2/3de l’épaisseur du tendon. Elles peuvent avoir unetraduction arthrographique sous la forme de flam-mèches ou de nuages à l’intérieur du tendon. Sousarthroscopie, on constate une zone d’os à nu sur letrochiter immédiatement en arrière du biceps.

Les lésions de la face profondedu tendon du biceps

Des ruptures partielles de la face profonde de lapartie intra-articulaire de la longue portion dubiceps peuvent être causées par le frottement dutendon sur le trochiter intra-articulaire mis à nupar les désinsertions de la face profonde dusupra-épineux (fig. 2).

En abduction à 90°, lors des mouvements deRE-RI du bras, le tendon du biceps “roule” enarrière sur l’os à nu provoquant ainsi l’abrasionde sa face profonde qui peut conduire au maxi-mum à la rupture. Il s’agit d’une perte de stabi-lisation externe du long biceps qui conduit àune instabilité externe du tendon. C’est unmécanisme très différent des subluxationsinternes du biceps beaucoup plus classiques etmieux connues.

Les lésions de la berge postérieurede la glène

L’incidence radiographique de Bernageau (pro-fil glénoïdien), le scanner, l’arthroscopie nous ontpermis de retrouver des lésions variables.

- Les ossifications ou spicules osseux, ou épe-rons périostés peuvent prendre l’allure d’une frac-ture parcellaire de la berge postérieure de la glènesur la radiographie simple (fig. 3 et 4).

- L’éculement de la berge postérieure est surtoutvisible sur un scanner simple, éventuellementcomparatif et à l’arthroscopie (fig. 5).

L’arthroscanner masque le plus souvent cespetites lésions à cause du produit de contraste.

99

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur en 2005

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 2 : Mécanismes des lésions de la face profonde et latérale du tendon du long biceps dans le conflit postéro-supérieur.2A) en abduction, lors du mouvement de rotation interne, la longue portion du biceps se subluxe en arrière sur la zone d’os ànu résultant de la désinsertion du supra-épineux (2B et 2C).

A B C

Page 100: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

100

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Eculement de la bergepostérieure de la glène bienvisible sur cette incidence deBernageau comparative.

Fig. 4 : Condensation de la berge postérieurede la glène visible à l’arthroscanner.

Fig. 5 : Eculement de la berge postérieurede la glène au scanner.

Page 101: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

- La chondromalacie du cartilage de la glènereconnaissable à l’arthroscopie peut revêtir diffé-rents aspects :

❍ le ramollissement cartilagineux palpable avecle palpateur,

❍ des mini-crevasses parallèles au bord pos-térieur.

La caractéristique de toutes ces lésions posté-rieures est de siéger à la partie haute de la glène,ce qui les différencie de la lésion de Bennett quisiège à la partie postéro-inférieure.

Les lésions du bourreletpostéro-supérieur

En fonction de la forme méniscale ou non dubourrelet, plusieurs aspects lésionnels peuventêtre rencontrés.

Sur un bourrelet d’allure méniscale

Le bourrelet peut être normalement inséré surla glène, protégeant le supra-épineux d’un contactdirect avec le bord tranchant de la glène, physio-logiquement non inséré ou encore désinséré parle contact répété. Il peut être déchiré, ou déchi-queté avec de multiples franges flottantes. Il estimportant lors de la manœuvre d’armé du brassous arthroscopie (abduction-rotation externe,rétropulsion) de tester le bourrelet supérieur et devoir s’il reste ou non au contact de la glène. Lalésion du bourrelet peut s’étendre vers le haut etintéresser aussi l’insertion du biceps qui peut êtrelésée et en imposer pour une SLAP.

Sur un bourrelet non méniscal

Il faut rechercher une désinsertion ou unedéchirure à la jonction cartilage-bourrelet quin’apparaît souvent que lors de la manœuvred’armé du bras.

Toutes ces lésions du bourrelet ne sont pasidentifiables ou analysables avec l’arthroscanner.Nous n’avons pas l’expérience de l’IRM dansl’analyse de ces lésions.

Les lésions du cartilage de la têtehumérale

Elles sont rares mais peuvent être suspectéessur la radiographie simple ou le scanner(géode). Elles siègent à la partie postéro-supé-rieure de la tête au-dessus du sulcus et corres-pondent à des aspects de fractures ostéochon-drales de tailles limitées. Facilement différen-ciées des encoches humérales de l’instabilitéantérieure, nous ignorons leur pathogénie carnous n’avons jamais réussi à reproduire uncontact avec la glène lors de la manœuvred’armé. Il est possible que leur origine soit trau-matique et qu’elles se produisent lors de mouve-ments forcés, violents, mais elles peuvent aussiêtre des réactions osseuses arthrosiques à descontraintes excessives.

ETUDE CLINIQUE

Les jeunes adultes sont plus fréquemment tou-chés entre 15 et 40 ans. Il s’agit de sportif decompétition ou de loisir pratiquant un sport delancer (tennis, volley, hand, javelot…) et qui seplaignent de douleurs chroniques au niveau dubras dominant, résistantes au traitement médicalclassique et qui peu à peu empêchent toute pra-tique sportive. Les douleurs sont réveillées parl’activité et peuvent se prolonger dans la nuit sil’effort sportif a été intense. Cette douleur estlocalisée à la partie postérieure de l’épaule, maispeut également irradier dans le bras. A la phasede début, ces douleurs disparaissent avec lerepos mais elles peuvent devenir permanentesdans la vie quotidienne lorsque les lésions de lacoiffe évoluent.

101

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur en 2005

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 102: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

A l’examen clinique, les amplitudes articulairespassives et actives sont normales et on trouvemême une augmentation de la rotation externe ducôté pathologique ; cette augmentation n’a rien despécifique puisqu’on la retrouve chez beaucoupde sportifs de lancer. On retrouve des signes desouffrances de la coiffe des rotateurs et en parti-culier du supra-épineux : manœuvre de Hawkinspositive, manœuvre de Jobe douloureuse ou posi-tive avec perte de force. La force en rotationsexterne et interne est normale.

Les tests de laxité sont symétriques, parcontre la manœuvre d’armé du bras (abduction– rétropulsion – rotation externe forcée) réveillela douleur du patient. En fonction du sport pra-tiqué, du type de geste d’armé effectué par lepatient, de la topographie des lésions de la coif-fe des rotateurs, la manœuvre d’armé sera plusou moins douloureuse entre 90° et 160°d’abduction. Plus les lésions sont antérieuressur la coiffe, plus l’abduction devra être impor-tante, plus les lésions sont postérieures (infra-épineux) moins l’abduction sera importante.Cette douleur en abduction-rotation externe estsoulagée par le “relocation test” : patient endécubitus dorsal, l’examinateur dans un pre-mier temps porte le bras en abduction rotation

externe forcée ce qui produit la douleur ; dansun deuxième temps, il repousse la tête huméra-le vers l’arrière et reproduit l’abduction rotationexterne forcée : la douleur a alors disparu, car lasubluxation postérieure de la tête huméraleempêche le conflit postéro-supérieur de se pro-duire. La palpation est négative et ne réveillepas de douleur.

EXAMENS PARACLINIQUES

La radiographie simple de face dans les troisrotations met en évidence une condensation avecsclérose ou géodes du trochiter dans la moitié descas (fig. 6). Le profil glénoïdien comparatif deBernageau montre des lésions minimes maisindiscutables de la berge postérieure de la glènesoit à type d’éculement soit à type de spicule ouremaniement ostéophytique.

L’arthroscanner opaque ou l’IRM recherche unerupture partielle de la face profonde des supra etinfra-épineux sous forme de flammèche de liqui-de de contraste à l’intérieur des tendons ou sousune forme nuageuse. A l’arthroscanner on retrou-ve les anomalies de la berge postérieure de laglène situées à la partie haute.

102

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Condensation et géode dutrochiter en relation avec un conflitpostéro-supérieur.

Page 103: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Enfin l’IRM peut-être demandée en positiond’abduction-rotation externe, et elle montreraalors très bien le contact entre le tendon supra-épineux (plus ou moins lésé) et la berge posté-ro-supérieure de la glène (fig. 7). Cette inciden-ce, bien que très explicite, n’est pas essentiellecar elle ne fait que montrer ce qui existe à l’étatnormal.

L’arthroscanner comme l’IRM peuvent montrerdes aspects variables du bourrelet postérieur ousupérieur mais ces aspects ne peuvent être recon-nus comme spécifiques du fait de l’extrême varia-bilité de forme de cette structure.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL

Il faut éliminer toutes les causes de douleurschroniques de l’épaule chez l’adulte jeune :

❍ Une petite raideur d’épaule avec une perted’amplitude de 10° peut être responsable dedouleurs identiques.

❍ Une arthropathie acromio-claviculaire micro-traumatique sera facilement éliminée par lapalpation non douloureuse de l’articulationacromio-claviculaire.

❍ Une cervicalgie doit également être éliminéesur un examen normal de colonne et la présen-ce de signes radiographiques caractéristiques.

103

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur en 2005

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 7A et 7B : IRM réalisée en position d’armé du bras (Abduction – Rotation externe) qui reproduit le conflit postéro-supérieur.

A B

Page 104: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ Une lésion de Bennett peut présenter la mêmesymptomatologie, mais l’imagerie montrerades lésions postéro-inférieures de la glène.

❍ Une instabilité antérieure frustre à forme dou-loureuse sans appréhension, par accidentsd’instabilité passés inaperçus, sera dépistéepar la présence d’une lésion du bord antérieurde la glène sur le profil glénoïdien ou par unelésion de Bankart à l’arthroscanner.

❍ Une SLAP lésion isolée (lésion du bourreletsupérieur) est extrêmement rare. L’imageriemoderne n’est pas suffisamment fiable pourles affirmer et en cas de doute c’estl’arthroscopie qui permettra ou non de relierla lésion du bourrelet supérieur au conflit glé-noïdien postéro-supérieur.

❍ Une compression du nerf sus-scapulaire auniveau de l’échancrure coracoïdienne ou auniveau du ligament spino-glénoïdien peut êtredouloureuse à la phase de début et constitueun diagnostic différentiel difficile d’autantqu’elle peut co-exister chez des sportifs delancer. L’absence d’atrophie importante de lafosse sous-épineuse, la négativité de l’EMGpermettront de l’éliminer

TRAITEMENT

Conservateur

La mise au repos sportif en évitant le geste delancer mais aussi tout travail prolongé ou répétéavec le bras en l’air pendant une période d’unmois est indispensable dès l’apparition des symp-tômes. Les AINS toujours prescrits ou auto-pres-crits peuvent calmer les douleurs au début maisse révéleront rapidement inefficaces de mêmeque les infiltrations.

La physiothérapie anti-inflammatoire et antal-gique peut être efficace si elle est associée au repos.

La rééducation spécifique pour un renforce-ment statique et dynamique des rotateurs

internes et externes en évitant toute abduction,rétropulsion, et en évitant la rotation externe for-cée, est nécessaire pour l’entretien musculairependant la phase de repos. Le renforcement mus-culaire devra toujours rester infra-douloureux etéviter de solliciter le supra-épineux pour favori-ser sa cicatrisation.

La modification du geste de lancer, bien que dif-ficile à obtenir, sera également indispensable sil’on veut éviter la récidive des lésions et des dou-leurs à la reprise du sport. Un entretien avecl’entraîneur ou le préparateur physique est sou-haitable pour bien disséquer le geste de lancer etfaire comprendre au sportif où se situe le problè-me : un geste d’armer correct comporte abductionet rétropulsion du bras, mais lors de la mise enrotation externe, il doit y avoir une avancée ducoude pour éviter l’association rétropul-sion–rotation externe forcées. C’est cette dernièreassociation, plus que la rotation externe isolée,qui coince véritablement l’insertion trochitérien-ne du supra-épineux contre le rebord glénoïdienpostéro-supérieur.

Enfin le travail statique et dynamique desadducteurs de l’omoplate (rhomboïdes) est néces-saire pour que le sportif apprenne à faire très viteune adduction de l’omoplate lors du lancer etainsi éloigner le bord postérieur de la glène dutrochiter.

Arthroscopique

L’arthroscopie a un rôle diagnostique, pronos-tique et thérapeutique.

Diagnostic

Le patient est installé soit en décubitus latéralsoit en position demi-assise sous anesthésielocorégionale (bloc interscalénique). L’optiqueest introduite par voie postérieure. L’explorationarthroscopique est réalisée de manière systéma-

104

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 105: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tique : long biceps, bourrelet supérieur puis anté-rieur avec recherche d’une lésion de Bankart,ligaments gléno-huméraux supérieurs, moyen etinférieur, sous-scapulaire. A la partie basse oncontrôle le bourrelet inférieur et le récessus axil-laire, puis l’optique remonte en arrière de bas enhaut permettant d’explorer le bourrelet posté-rieur, le sulcus postérieur de la tête humérale,l’insertion des infra et supra-épineux. La voied’abord instrumentale antérieure est réalisée dededans en dehors en utilisant le clou deWissinger ; s’il existe une rupture partielle de lacoiffe, le clou de Wissinger sera poussé à traversla paroi antérieure en passant au-dessus du longbiceps. S’il n’existe pas de lésion de coiffe, leclou de Wissinger est poussé dans le “triangle”formé en haut par le tendon du biceps, en baspar le tendon du sous-scapulaire et en dedanspar la glène.

Un palpateur est introduit pour tester le bourre-let antérieur et surtout les bourrelets postérieur etsupérieur ; on recherche une désinsertion dubourrelet, on apprécie sa forme méniscale ou nonméniscale ; on inspecte le cartilage postéro-supé-rieur à la recherche d’une abrasion, de crevassesou d’un aspect ramolli chondromalacique.

La face profonde de la coiffe est ensuite palpéepour évaluer la profondeur et l’étendue deslésions.

Le bras du patient est porté en rotation externeforcée-rétropulsion avec différents degrésd’abduction de 90° à 160° pour mettre en évidenceun contact entre les lésions tendineuses etlabrales. Le degré d’abduction est noté ainsi quele type de contact avec les structures impliquées :supra-épineux, infra-épineux, bourrelet supé-rieur, bourrelet postérieur et cartilage glénoïdien.

Pronostic

Il va dépendre de l’importance des lésionsconstatées sur la coiffe et du type de contact

observé. Si le contact se fait par l’intermédiaired’un bourrelet méniscal encore bien inséré etintact, l’évolution sera moins défavorable que si lecontact se fait directement entre tendon et cartila-ge glénoïdien.

Thérapeutique

Avec un instrument motorisé introduit par voieantérieure, un nettoyage et un avivement deslésions tendineuses et labrales est réalisé pour sti-muler la cicatrisation. Toute languette tendineuseou labrale est réséquée ; en cas de désinsertion dubourrelet, le bord postéro-supérieur de la glèneest avivé.

Dans les suites postopératoires, le patient estplacé dans une écharpe simple de repos pendantune semaine. Il peut ensuite l’enlever et utiliserson bras dans la vie quotidienne en évitant touterotation externe pendant un mois puis toute rota-tion externe forcée pendant le deuxième mois.Pendant ces deux mois, la même rééducation quecelle qui avait été prescrite en préopératoire estréalisée avec pour objectif une reprise progressi-ve des activités sportives au cours du troisièmemois et retour au même niveau sportif entrequatre et six mois.

Chirurgical

Il n’est proposé que dans des cas extrêmes :échec du traitement médical et arthroscopique,sujet jeune de moins de 28 ans, sportif de trèshaut niveau ou professionnel qui ne veut pas arrê-ter son sport. Le principe de l’opération estd’éviter le contact postéro-supérieur en rotationexterne forcée en réalisant une ostéotomie humé-rale de dérotation avec plicature capsulaire anté-rieure. L’immobilisation est de 45 jours et larééducation se poursuit jusqu’à la fin du sixièmemois où la reprise du sport de compétition estautorisée progressivement.

105

Le conflit glénoïdien postéro-supérieur en 2005

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 106: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

Le conflit postéro-supérieur a été reconnu chezl’athlète de lancer comme une cause de lésion dela face profonde de la coiffe des rotateurs et dubourrelet postéro-supérieur. Ce conflit corres-pond à un contact physiologique qui ne devientpathogène que par la répétition incessante desmouvements d’armer et/ou par un geste d’armerinadéquat combinant rotation externe-abduction

et rétropulsion forcées qui ne laisse aucune chan-ce à la coiffe des rotateurs pour éviterl’écrasement répété.

Le traitement repose sur la mise au repos del’épaule, l’arrêt ou la modification du gested’armer-lancer.

L’arthroscopie a un rôle diagnostic, pronostic etthérapeutique en permettant un débridement deslésions et une mise au repos deux à trois mois.

106

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] ANDREWS J.R. The Throwing arm. Kennedy Lectureship.Presented at the 67th AAOS Meeting, Orlando, Florida,February, 2000.

[2] ANDREWS J.R., BROUSSARD T.S., CARSON W.G.Arthroscopy of the shoulder in the management of partial tearsof the rotator cuff : a preliminary report. Arthroscopy 1985; 1:117-122.

[3] BARNES S.A., TULLOS H.S. An analysis of 100 symptoma-tic baseball players. Am J Sports Med, 1978; 6: 62-67.

[4] BENNETT G.E. Elbow and shoulder lesions of baseballplayers. Am J Surg 1959; 98: 484-459.

[5] BURKHART S.S., MORGAN C.D. The Peel-back mecha-nism : its role in producing and extending posterior type II SLAPlesions and its effect on SLAP Repair Rehabilitation.Arthroscopy 1998; 14: 637-640.

[6] DAVIDSON P.A., ELATTRACHE N.S., JOBE C.M. et al.Rotator cuff and posterior-superior glenoid labrum injury withincreased glenohumeral motion : a new site of impingement. JShoulder Elbow Surg. 1995: 4: 384-390.

[7] EDWARDS T.B., WALCH G. Posterosuperior glenoid impin-gement : is micro instability really the problem ? OperativesTechniques in Sports Medicine 2002; 10: 40-46.

[8] JOBE C.M., SIDLES J. Evidence for a posterior glenoidimpingement upon the rotator cuff. J. Shoulder Elbow Surg.1993: 2: S19.

[9] JOBE C.M. Posterior-superior glenoid impingement : expan-ded spectrum. Arthroscopy 1995; 11: 530-536.

[10] JOBE C.M. Superior glenoid impingement. Clin. Orthop.1996; 330: 98-107.

[11] JOBE F.W., BRADELEY J.P. The diagnosis and nonoperati-ve treatment of shoulder injuries in athletes. Clin Sports Med,1989; 8: 419-437.

[12] JOBE F.W., TIBONE J.E., PINK M.M. et al. The shoulderin sports. In “The Shoulder” - Second edition. CA Rockwood -F. Matsen eds WB Saunders Company. Philadelphia. 1998:1214-37.

[13] KIBLER W.B. Current Concepts : the role of the scapula inathletic shoulder function. Am J Sports Med 1998; 26: 325-337.

[14] KIBLER W.B. Management of the scapula in glenohumeralinstability. Techniques in Shoulder and Elbow Surgery. 2003; 4:133-139.

[15] LOMBARDO S.J., JOBE F.W., KERLAN R.K., et al. Posteriorshoulder lesions in throwing athletes. Am J Sports Med, 1977; 5:106-110.

[16] McFARLAND, HSU C.Y., NEIRA C. et al. Internal impinge-ment of the shoulder : a clinical and arthroscopic analysis. JShoulder Elbow Surg 1999; 8: 458-460.

[17] MORGAN C.D., BURKART S.S., PALMERI M. et al. Type IISLAP lesions : three subtypes and their relationships to superiorinstability and rotator cuff tears. Arthroscopy 1998; 14: 553-565.

[18] PALEY K.J., JOBE F.W., PINK M.M. et al. Arthroscopic fin-dings in the overhand throwing athlete : evidence for posteriorinternal impingement of the rotator cuff. Arthroscopy 2000; 16:35-40.

[19] RIAND N., LEVIGNE Ch, RENAUD E., WALCH G. Resultsof derotational humeral osteotomy in postero-superior glenoidimpingement. Am. J. Sports Med., 1998; 26: 453-59.

[20] RIAND N., BOULAHIA A., WALCH G. Conflit postero-supé-rieur de l’épaule chez le sportif. Résultats du débridementarthroscopique. A propos de 75 cas. Orthop 2002; 88 :19-27.

[21] SNYDER S.J., KARZEL R.P., DEL PIZZO W. et al. SLAPlesions of the shoulder. Arthroscopy. 1990; 6: 274-279.

[22] SNYDER S.J., PACHELLI A.F., DEL PIZZO W., et al. Partialthickness rotator cuff tears : results of arthroscopic treatment.Arthroscopy 1991; 7: 1-7.

[23] TIBONE J.E., JOBE F.W., KERLAN R.K. et al. Shoulderimpingement syndrome in athletes treated by anterior acromio-plasty. Clin Orthop 1985; 198: 134-140.

[24] WALCH G., LIOTARD J.P., BOILEAU P. et al. Un autreconflit de l’épaule. “Le conflit glénoïden postéro-supérieur”.Rev. Chir. Orthop. 1991; 177 : 571-574.

[25] WALCH G., BOILEAU P., NOEL E. Impingement of the deepsurface of the supra-spinatus tendon on the postero superiorglenoid rim. An arthroscopic study. J. Shoulder and Elbow Surg.1992; 1: 238-245.

[26] WALCH G. Perspectives in postero-superior impingement.Arthroscopic Association of North America - Meeting 14thAnnual Fall Course. - San Antonio - Texas (Personal communi-cation) December 7-10, 1995.

Page 107: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les lésions nerveuses responsables de douleursatypiques de l’épaule sont peu fréquentes (entre0,4 et 2 %) et de diagnostic difficile [1, 2]. Lestraumatismes itératifs de certains gestes, profes-sionnels ou sportifs, combinés à la présenced’éléments anatomiques prédisposant sont autantde facteurs susceptibles de générer une souffran-ce nerveuse.

Ces lésions regroupent surtout des atteintespériphériques comme celles du nerf suprascapu-laire (l’essentiel de notre propos), du nerf axillai-re, du nerf thoracique long, du nerf spinal acces-soire ou du nerf musculo-cutané.

NEUROPATHIES SUPRASCAPULAIRES

De l’importance de l’anatomie

L’incisure scapulaire : un véritable piègeostéo-ligamentaire

La forme de l’incisure scapulaire est variableallant de celle d’un ‘U’ ouvert jusqu’au ‘O’ com-plètement fermé selon la classification établie parRengachary [3-5]. La forme en ‘U’ (type III) repré-sente environ 50 % et la forme en ‘V’ large (type II)environ 30 % des cas. Les types morphologiquesIV, V et VI, beaucoup moins fréquents, offrent plusde risque compressif pour le nerf (fig. 1).

Le risque compressif est également lié à la fer-meture de cette incisure par le ligament transver-se scapulaire supérieur. Lors de certains mouve-ments du moignon de l’épaule, ce ligament agit

par effet de cisaillement sur le nerf suprascapu-laire (fig. 2). Les variations anatomiques ligamen-taires sont nombreuses ; la classification deBayramoglu distingue 4 types [6]. Le type 1 (plusde 50 %) correspond à un ligament unique plus oumoins étalé et épais. Le type 2 correspond àl’association avec le ligament coracoscapulaireantérieur, le type 3 à un ligament bifide (15 %) etle type 4 à un ligament ossifié (10 %) [7-9].

Le nerf suprascapulaire, branche collatérale dutronc supérieur du plexus brachial, est un nerfmixte, essentiellement moteur. Il émerge desracines C5 et C6 (avec parfois une contributionde C4), croise le triangle cervical postérieur endirection de l’incisure scapulaire, en passant enarrière du muscle omohyoïdien et en avant dumuscle trapèze. Il s’insinue ensuite dans la fossesupra-épineuse par l´incisure scapulaire sous leligament transverse scapulaire supérieur. Le nerfdonne deux branches motrices au muscle supra-épineux et franchit le défilé spinoglénoïdal pourinnerver l’infra-épineux (fig. 3). Parfois, la bifur-cation nerveuse se fait en amont de l’incisure sca-pulaire, la branche destinée au supra-épineuxpassant au-dessus de ce canal ostéofibreux ; cettebranche nerveuse échappe ainsi à la compressioncanalaire, pouvant expliquer un tableau cliniquedissocié de compression haute et d’atteinte neu-rologique basse [10].

L’artère suprascapulaire passe habituellementau-dessus du ligament, mais elle peut avoir un tra-jet intracanalaire (2,5 % des cas) pouvant compri-mer le nerf [11, 12]. Des lésions artérielles com-pressives, lors de mouvements forcés et répétés

107

LES NEUROPATHIES DE L’ÉPAULE

T. LUDIG, D. CHAPUIS, A. BLUM

Page 108: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de l’épaule, pourraient produiredes micro-emboles et ainsiengendrer des lésions ner-veuses ischémiques (obstruc-tion des vasa nervorum) [13].

D’autres structures anato-miques sont susceptiblesd’engendrer des compressionsnerveuses. Ainsi, le développe-ment local de varicosités pour-rait comprimer le nerf dansl’incisure comme au niveau dudéfilé spinoglénoïdal [14]. Demême une hypertrophie dusubscapulaire, à la partie anté-rieure de l’incisure scapulaire,peut également être à l’origined’une compression nerveuse, àcondition toutefois d’être asso-ciée à une activité sportivegénératrice d’hypertrophie(volley-ball, base-ball) [15].

108

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Les différents types de morphologie de l’incisure scapulaire selon Rengachary[3-5]. Le type III est le plus fréquent représentant près de la moitié des cas.

Fig. 2 : Dissection. Vue postéro-supérieure des fosses supra-et infra-épineuses. Trajet en chicane du nerf suprascapulai-re (petites flèches) que l’on voit franchir l’incisure scapulai-re sous le ligament transverse scapulaire supérieur (flèche).

Fig. 3 : Vue postérieure de l’épaule. Schéma tiré et adaptéde Netter Collection of medical illustrations, Vol 8, Part I,musculo-skeletal System, anatomy, physiologic and meta-bolic disorders by FH Netter, MD, Novartis PharmaceuticalCorporation, US. 1) muscle supra-épineux. 2) nerf supra-scapulaire. 3) muscle deltoïde. 4) muscle teres minor. 5)nerf axillaire. 6) muscle infra-épineux.

Page 109: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le défilé spinoglénoïdal : canal ou pas ?

Après s’être appuyé sur la base du processuscoracoïde, le nerf franchit ensuite le défilé spino-glénoïdal délimité par la face postérieure du colde la scapula, le bord externe de l’épine et le liga-ment transverse scapulaire inférieur. La présencede ce ligament est variable, trouvé chez 87 % dessujets masculins et seulement chez 50 % desfemmes [16]. La nature de ce ligament est discu-tée comme celle de son homologue sus-jacent,allant d’un simple renforcement aponévrotique,en passant par un septum, à un réel ligament [17-19]. Le défilé peut donc être transformé en unvéritable canal.

Le nerf, avant de s’arboriser en un bouquet debranches motrices destinées à la face profonde dumuscle infra-épineux, est accompagné des vais-seaux suprascapulaires qui passent avec lui sousle ligament transverse scapulaire inférieur. Lesveines peuvent se dilater, former un réseau vari-queux et comprimer le nerf [14].

Innervation sensitive et cutanée [20-22]

Quelques centimètres avant son passage dansl’incisure scapulaire, le nerf suprascapulaireabandonne une branche sensitive articulairesupérieure qui chemine parallèlement à lui entrela face dorsale de l’apophyse coracoïde et lemuscle supra-épineux. Cette branche se divise endeux rameaux, l’un à destination de la boursesous-acromiale et la partie postérieure de la cap-sule de l’articulation acromioclaviculaire, l’autrevers le ligament coraco-huméral et la région cap-sulaire adjacente.

Plus bas, après s’être appuyé sur la base duprocessus coracoïde à laquelle il laisse quelquesrameaux périostés, le nerf suprascapulaire émetun rameau sensitif vers le ligament coraco-clavi-culaire. À hauteur de l’épine de la scapula, sedétache une branche articulaire sensitive infé-

rieure relativement constante en direction de lapartie inférieure et postérieure de la capsule del’articulation gléno-humérale. Un contingentsensitif cutané inconstant innervant le versantlatéral du tiers proximal du bras a été décrit dans15 % des cas.

Etiopathogénie

Les causes de compression ou d’atteinte dunerf suprascapulaire sont très diverses ; ellessont souvent multifactorielles : facteurs anato-miques variés (cf. ci-dessus) associés à un sur-menage sportif ou professionnel, facteurs vulné-rant iatrogènes ou non, ou encore compressionstumorales.

Les pratiques sportives telles que le volley-ball, le tennis, l’haltérophilie, les sports de lan-cer (pitchers au base-ball…) impliquent desmouvements répétés, amples et violents [23].Ces mouvements sont complexes pouvant com-biner l’antépulsion et la rotation médiale del’épaule, la rétropulsion du bras et une rotationlatérale excessive de l’épaule, l’adduction etl’élévation du bras.

Chez les athlètes, ces compressions dyna-miques intéressent plutôt le nerf au sein du défi-lé spinoglénoïdal. Cette atteinte d’origine fonc-tionnelle, souvent indolore et donc bien toléréeparce que ne lésant que les branches motrices àdestinée de l’infra-épineux, est liée à des méca-nismes d’étirement, d’angulation et de compres-sion du pédicule vasculo-nerveux sur la base del’épine de la scapula [23]. Chez les non sportifs,le nerf est plus souvent lésé à hauteur del’incisure scapulaire [24].

La compression nerveuse peut être liée à la pré-sence d´un kyste spinoglénoïdal [8, 9]. Ceskystes sont une entité assez rare. Dans un certainnombre de cas, il s’agit de kystes communicantsavec l’articulation au travers d’une fissure labra-le et se développant ensuite dans l’espace spino-

109

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les neuropathies de l’épaule

Page 110: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

glénoïdal. Ils peuvent également être la consé-quence d’une SLAP-lésion de type 2, voire d’uneanomalie capsulaire ou d’un kyste mucoïde dontla communication avec l’articulation n’est pastoujours démontrée [25, 26]. Dans d’autres cas,l’étiologie peut être liée à la présence d’unetumeur de la scapula ou des parties molles quicompriment le nerf suprascapulaire, d’une lésiontraumatique post-chirurgicale ou d’une fracturede la scapula [27-30].

Un diagnostic clinique parfois difficile

L’examen clinique est souvent peu contributif etaspécifique, en particulier chez les athlètes.Lorsqu’une douleur est présente, elle est plutôtprofonde, postérolatérale et souvent majorée lanuit. Elle est parfois réveillée par la pressionappuyée de l’incisure scapulaire et par l’élévationen adduction du bras (cross-body adduction test)[31]. La gêne fonctionnelle est modérée, se tra-duisant habituellement par une faiblesse del’épaule en rotation latérale, parfois difficile àapprécier en raison de la suppléance de l’infra-épineux par le teres minor (petit rond) et enabduction [32]. Classiquement, l’atrophie atteintles muscles infra- et supra-épineux lorsque le nerfest lésé au niveau de l’incisure scapulaire. Elleatteint uniquement l’infra-épineux lorsque le nerfest lésé à hauteur du défilé spinoglénoïdal (fig. 4).L’atrophie supraspinale est difficile à évaluercompte tenu de la situation profonde sous le tra-pèze. Le diagnostic différentiel inclut toutes lesanomalies de la coiffe comme les ruptures tendi-neuses ou les simples tendinopathies, les tendino-pathies calcifiantes, les capsulites rétractiles (faci-lement individualisées par la limitation des ampli-tudes passives dans tous les axes), les radiculopa-thies d’origine cervicale et les lésions trauma-tiques. Ceci explique peut-être la latence assezlongue et variable entre le début de la symptoma-tologie et la réalisation de l’électromyogramme(EMG) [33].

Electromyogramme

L’EMG est en principe l’examen de référence,permettant d’établir le diagnostic positif. Il met enévidence, en cas d’atteinte nerveuse, une aug-mentation des latences distales motrices, dessignes de dénervation (majoration de l’activitéspontanée, fibrillation, activité polyphasique etdiminution de l’amplitude des potentiels évoqués)et précise régulièrement le niveau lésionnel [34-36]. Mais, il n’est pas toujours prescrit en premiè-re intention dans la séquence des examens com-plémentaires, l’IRM conduisant à la réalisation decelui-ci dans près de la moitié des cas [33].

110

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Vue postéro-latérale de la région scapulaire.Amyotrophie de la fosse infra-épineuse, bien visible à jourfrisant (flèche).

Page 111: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’EMG est un examen invasif, opérateur-dépendant, qui peut être pris en défaut [37, 38].En effet, le diagnostic de neuropathie peut êtreévoqué cliniquement et à l’IRM mais l’EMG, enraison de l’amyotrophie marquée du supra- et/oude l’infra-épineux, peut mesurer l’activité mus-culaire normale du deltoïde. Un EMG dont lerésultat est négatif n’exclut pas le diagnostic[31]. D’autre part, un kyste spinoglénoïdal peutn’affecter qu’une seule des branches du bouquetà destination de l’infra-épineux, nécessitant demultiplier les sites d’exploration électromyogra-phique et pouvant être à l’origine de faux néga-tifs (fig. 5) [39].

Enfin, le kyste peut ne toucher qu’une desbranches sensorielles du nerf suprascapulaire,rendant l’atteinte symptomatique (douleur) maisnon analysable par la mesure des latencesmotrices [39].

Imagerie diagnostique

L’apport des techniques d’imagerie est variable.

Radiographie standard, échographie etscanner

Les clichés standards ne montrent que trèsrarement des anomalies dans ces pathologiesnerveuses compressives, hormis les rareslésions tumorales à point de départ osseux quiconduisent de toute manière à d’autres investi-gations radiologiques. Ils mettent rarement enévidence une calcification du ligament transver-se scapulaire supérieur et renseignent difficile-ment sur la morphologie de l’incisure scapulai-re. Une érosion osseuse du rebord glénoïdienpostérieur peut faire suspecter un kyste dulabrum mais ce signe est de faible valeur dia-gnostique.

L’échographie est une bonne méthode de dia-gnostic pour les kystes spinoglénoïdaux. L’atteintelabrale postérieure n’est pas régulièrementvisible. Les signes de neuropathie peuvent êtresuspectés devant un muscle globalement hyper-échogène et atrophique, justifiant souvent uneétude bilatérale et comparative [40, 41].

111

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les neuropathies de l’épaule

Fig. 5 : Kyste de l’incisure scapulaire avec extension inférieure en vue 3D (flèches) (a). Œdème de l’infra-épineux. Noterl’atteinte musculaire profonde (flèche) témoignant d’une lésion d’une seule branche motrice. Kyste (petite flèche) (b).

a b

Page 112: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le scanner et l’arthroscanner sont de valeurdiagnostique médiocre. En effet, bien que cestechniques puissent donner des renseignementsquant à la morphologie de l’incisure scapulaire(fig. 6), elles ne permettent pas de démontrer lesyndrome canalaire. L’œdème musculaire n’estpas visible, seules l’amyotrophie et la dégénéres-cence graisseuse peuvent être soulignées maissans qu’elles soient spécifiques d’une atteinte ner-veuse. Les kystes spinoglénoïdaux sont fréquem-ment méconnus en raison d’une part du durcisse-ment du faisceau de rayons X, et d’autre part del’absence habituelle de pénétration du produit decontraste en leur sein. La mise en évidence d’unerupture labrale est inconstante et n’implique pasl’existence d’un kyste spinoglénoïdal. L’IRM estsupérieure au scanner dans le diagnostic de ceskystes spinoglénoïdaux (fig. 7) [42, 43].

L’arrivée des scanners multicoupes a permisune nette amélioration de la résolution spatiale(en particulier dans l’axe Z) et de la résolutiontemporelle : les petites structures vasculairesdeviennent analysables, sans pollution veineu-se. L’artère suprascapulaire, relativement grêle,bénéficie de ces avancées et ses variantes ana-tomiques sont maintenant accessibles (fig. 8)

[11]. Cependant, malgré ces avancées, lesvariantes ligamentaires transverses scapulairessupérieure et inférieure restent encore mécon-nues en imagerie [19].

112

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Coupe axiale FSE T2 et saturation du signal de la graisse (a). Kyste spino-glénoïdal en hypersignal franc (flèche noire)associé à une rupture labrale postérieure (flèche blanche). Œdème du muscle infra-épineux (petites flèches). Coupe sagittaleoblique SE T2 (b). Kyste spino-glénoïdal (flèche noire) associé à un œdème du muscle infra-épineux (flèche blanche), témoi-gnant de l’atteinte nerveuse dans le défilé spino-glénoïdal.

Fig. 6 : Reconstruction coronale oblique. Morphologie en U(flèche), de type III selon Rengachary, chez une patienteprésentant un syndrome de l’incisure scapulaire.

a b

Page 113: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

IRM et signes de neuropathie

L’IRM, avec des séquences en SE T1 (coupesaxiales et sagittales obliques), FSE T2 et satura-tion du signal de la graisse (coupes axiales, fron-tales et sagittales obliques), est l’examen clef,apportant un diagnostic positif, topographique etétiologique de neuropathie. Trois éléments sémio-logiques simples contribuent au diagnostic deneuropathie : l’œdème musculaire, l’amyotrophieet la dégénérescence graisseuse. L’ordre danslequel sont signifiées ces anomalies n’est pas for-tuit et correspond à l’ordre chronologique de leurapparition en cas d’atteinte nerveuse [40].L’amyotrophie et la dégénérescence graisseuseapparaissent manifestement comme des signestardifs de neuropathie. L’œdème musculaire, plusprécoce, semble être un signe nettement plus sen-sible et plus spécifique pour affirmer un diagnos-tic positif de neuropathie.

L’œdème est retenu lorsqu’il existe un hypersi-gnal musculaire diffus au sein du supra et/ou de

l’infra-épineux en pondération FSE T2. La topo-graphie de l’œdème permet de déterminer le sited’atteinte nerveuse. L’œdème musculaires’expliquerait, pour un muscle dénervé, par desmodifications de l’hydratation du corps musculai-re avec augmentation du contingent hydriqueextra-cellulaire [40, 44-46]. Les modifications designal des muscles en pondération T2 apparais-sent de façon précoce dès le quinzième jour aprèsle début de la neuropathie. Cette constatation estcorroborée par l’étude expérimentale de Küllmeret al. portant sur la section complète du nerfsuprascapulaire chez le lapin [40]. Il constate unhypersignal musculaire croissant dès J15 en pon-dération T2 avec un pic maximal entre J21 et J35après section nerveuse. Avant J15, les modifica-tions de signal ne sont pas perceptibles. À partir deJ64 après la section du nerf, le signal musculairese normalise en pondération T2. L’expérience cli-nique, quant à elle, semble révéler la présenced’un œdème musculaire au-delà de 2 mois (neura-praxie versus section nerveuse) [33, 47, 48].

L’œdème musculaire devient spécifique lorsqu’ilest diffus et homogène et lorsque les données cli-niques et IRM excluent d’autres lésions orga-niques [49-52]. Le signal de ces deux musclesdoit être comparé à celui des muscles adjacents(deltoïde, subscapulaire et teres minor) et dutissu graisseux sous-cutané afin de s’assurer quela systématisation de cet œdème correspond auterritoire nerveux moteur concerné (fig. 9).Cependant, la spécificité de cet œdème doit êtrediscutée ; en effet, celui-ci peut exister dansd’autres circonstances qu’une neuropathie, lorsd’un effort musculaire intense ou après hémorra-gie intramusculaire, par exemple [44]. L’œdèmemusculaire peut aussi être présent en cas de poly-myosite, de tumeur, d’une rhabdomyolyse,d’infection ou d’inflammation aiguë ou encore enrelation avec les effets de radiations ionisantes[44]. Enfin, dans le syndrome de Parsonage etTurner, il existe une atteinte musculaire préféren-tielle du supra et de l’infra-épineux mais aussi des

113

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les neuropathies de l’épaule

Fig. 8 : Reconstruction 3D vasculaire mettant en évidencel’origine de l’artère suprascapulaire et son passage au seinde l’incisure scapulaire (flèche).

Page 114: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

autres muscles de la ceinture scapulaire [53].Cependant, dans la grande majorité de ceslésions, cet œdème est hétérogène et atteint éga-lement les tissus cellulaires sous-cutanés et/oud’autres groupes musculaires innervés par desnerfs différents.

La trophicité musculaire et la dégénérescencegraisseuse sont appréciées sur les séquencespondérées en SE T1 sans saturation de la grais-se, de préférence en coupe sagittale oblique [44].Les études expérimentales ont montré quel’amyotrophie peut être observée commel’œdème musculaire au cours des phases aiguëset subaiguës de neuropathie avec une diminutiondu diamètre musculaire à l’échographie et àl’IRM dès la troisième semaine après dénerva-tion [40]. La valeur topographique localisatricedu niveau d´atteinte anatomique reste la mêmeque celle de l’œdème musculaire. Enfin,l’amyotrophie, lorsqu’elle est diagnostiquée à laphase aiguë ou subaiguë, n’évolue pas forcémentvers la dégénérescence graisseuse [44]. La dégé-nérescence graisseuse est évaluée selon la clas-sification de Goutallier en 5 stades : les stades 0et 1 sont considérés comme normaux et lesstades 2, 3 et 4 comme pathologiques.

Cette classification traduit le degré d’infiltrationgraisseuse du corps musculaire lors d’une explo-ration scannographique [54]. Elle peut être trans-posée facilement à l’IRM (fig. 10). Comme Fuchset al., on peut simplifier cette classification en3 stades : normal (stades 0 et 1), dégénérescencegraisseuse peu sévère (stade 2) et sévère (stades 3et 4) [55]. L’analyse permet ainsi de constater queseulement 20 % des muscles présentent une dégé-nérescence graisseuse peu sévère et encore moinsune dégénérescence sévère (seulement 5 % envi-ron) en cas de neuropathie chronique. Il sembledonc que ce signe ne soit pas très sensible dans ladétection des neuropathies (25 %) [55].Cependant, il faut noter l’aspect irréversible etrelativement stable de cette infiltration graisseusemusculaire chez les patients porteurs d’une neu-ropathie chronique.

Traitement

En fonction du type d’atteinte et du bilan lésion-nel (clinique, imagerie et EMG), le traitementvarie. Il sera médical et/ou chirurgical. Le traite-ment médical sera proposé en première intention,en particulier dans les formes de neuropathie par

114

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Coupe coronale oblique FSE T2 et saturation du signal de la graisse (a). Coupe sagittale oblique FSE T2 et saturation dusignal de la graisse (b). Œdème des muscles infra et supra-épineux (flèches) en rapport avec un syndrome de l’incisure scapulaire.

a b

Page 115: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

étirement. On insistera sur le repos et, chez lessportifs, sur l’arrêt du geste nocif. La rééducationest poursuivie jusqu’à récupération complète, gui-dée par des bilans électriques successifs. Ce trai-tement doit être appliqué sur une durée de 6 mois.Son efficacité est variable en fonction du délai deprise en charge (15 à 80 %). Le traitement chirur-gical se fait par abord postérieur et consiste enune section du ligament transverse scapulairesupérieur, avec d’excellents résultats.

Dans les cas de neuropathie par compressionkystique, on proposera l’aspiration percutanéeécho- ou scannoguidée du kyste. On y associeral’injection intra-kystique d’un corticoïde. Cettetechnique offre de très bons résultats sur la dou-leur, mais expose à la récurrence du kyste.L’arthroscopie permet de traiter la cause du kyste,par débridement des lésions labrales mais aussi

l’exérèse du kyste. En cas d’échec, on proposeraun abord chirurgical à ciel ouvert.

ATTEINTE DU NERF THORACIQUELONG

Le nerf thoracique long prend son origine desracines C5, C6 et C7 ; il est en contact étroitavec les muscles scalènes moyen et inférieurpuis avec les deux premières côtes avant des’arboriser dans le muscle dentelé antérieur.Son atteinte peut être iatrogène par chirurgie :résection de la première côte, curage ganglion-naire axillaire ou mastectomie. Son atteintepeut être liée à un geste anesthésique ou à untraumatisme scapulaire [56]. Dans la pratiquesportive, elle est essentiellement due à un étire-ment répété du nerf. La lésion se produit lors dela rotation et l’inflexion latérale du rachis cer-vical du côté opposé au bras dominant tandisque celui-ci subit un violent mouvementd’antépulsion (service au tennis, lancer du jave-lot). D’autres mécanismes ont été incriminés etces lésions peuvent survenir lors de la pratiquede sports de combats, de l’haltérophilie ou dubowling. Le diagnostic est clinique, l’inspectionmontrant une bascule de la scapula avec uneascension de son angle inférieur (fig. 11a).

L’aspect en imagerie est similaire aux autresneuropathies avec œdème musculaire, amyotro-phie et éventuellement dégénérescence graisseu-se musculaire du dentelé antérieur (fig. 11b). Ilest indispensable de bénéficier des renseigne-ments cliniques pour placer correctementl’antenne, l’exploration “standard” de l’épauleavec son antenne dédiée n’étant pas suffisanteen terme de couverture. Le pronostic est relati-vement favorable, mais en cas d’échec du traite-ment conservateur (repos, rééducation pendant6 à 12 mois), une stabilisation chirurgicale de lascapula semble nécessaire, soit par greffe mus-culaire ou fusion scapulothoracique.

115

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Les neuropathies de l’épaule

Fig. 10 : Coupe sagittale SE T1. Aspect concave des musclessupra- (flèche noire) et infra-épineux (flèche blanche) audécours d’une neuropathie de l’incisure scapulaire.Dégénérescence graisseuse de stade 2 selon Goutallier desdeux muscles correspondant.

Page 116: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ATTEINTE DU NERF AXILLAIRE

Le nerf axillaire est la branche terminale exter-ne du tronc secondaire postérieur (faisceau posté-rieur) du plexus brachial (C5-C6). Ce nerf rejointl’artère circonflexe postérieure sur le bord infé-rieur du muscle subscapulaire. Il franchit l’espaceaxillaire latéral ou espace quadrilatère (bordé enhaut par le muscle teres minor, en dedans par lalongue portion du triceps brachial, en dehors parle bord médial de l’humérus et en bas par lemuscle teres major) cheminant au-dessus del’artère, juste en dessous de la capsule articulaireglénohumérale et contournant le col chirurgicalde l’humérus (fig. 3). Il se divise en donnant unebranche destinée à la face profonde du muscledeltoïde. L’autre branche, mixte, est dédiée auxfaisceaux inférieurs du muscle subscapulaire, aumuscle teres minor (petit rond) et à l’innervationcutanée de la partie postérolatérale de l’épaule.L’innervation sensitive de la capsule articulaire estassurée par une à deux branches collatérales.

Classiquement, le syndrome de l’espace quadri-latère est lié à la compression du paquet vasculo-nerveux par la présence de bandes fibreuses inter-musculaires. L’origine de ces bandes fibreusessemblerait être la conséquence de traumatismes

répétés notamment sportifs (lancer du javelot oule handball) [57]. Le diagnostic est habituellementconfirmé par angiographie démontrant une occlu-sion de l’artère humérale circonflexe postérieuredans les manœuvres d’abduction et de rotationlatérale [58]. Cliniquement, on peut noter des dou-leurs du moignon de l’épaule, une faiblesse del’abduction, une amyotrophie éventuelle du deltoï-de et du teres minor [59].

Sofka et al. soulignent l’incidence relativementélevée d’atteinte isolée du teres minor. Cette inci-dence s’élèverait à 3 % des patients ayant réaliséune IRM de l’épaule [57]. Seul le teres minor pré-sente des signes de dénervation à l’IRM alors quele deltoïde est intact, la branche motrice antérieu-re étant épargnée. Ceci reste à démontrer, un seulEMG ayant été réalisé dans cette étude rétrospec-tive [57]. Les causes d’atteinte nerveuse décritessont variées : traumatisme de l’épaule avec luxa-tion antéro-interne ou inférieure, interventionchirurgicale capsulaire, lésion labrale avec kysteparalabral à développement inférieur, irritationnerveuse chronique par étirement le long du teresminor ou du triceps brachial chez les sportifs,modifications biomécaniques de l’épaule aprèsrupture de la coiffe pouvant engendrer un étire-ment du nerf [57, 60, 61].

116

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 11 : Aspect de décollement de la scapula droite par atteinte du nerf thoracique long (a). Coupe axiale FSE T2 et saturationdu signal de la graisse. Œdème du muscle dentelé antérieur (flèche) par atteinte du nerf thoracique long (b).

a b

Page 117: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’IRM permet de montrer les anomalies muscu-laires d’une neuropathie (œdème, amyotrophie etéventuellement dégénérescence graisseuse) sys-tématisée cette fois au territoire du nerf axillaireavec atteinte spécifique du teres minor et/ou dudeltoïde (fig. 12) [59, 60]. L’EMG confirmera lediagnostic si nécessaire.

Le traitement est dans la plupart des cas conser-vateur par anti-inflammatoires non stéroïdiens,infiltration locale de corticoïdes et physiothéra-pie. Le traitement chirurgical est parfois justifiéen l’absence d’amélioration (décompression ner-veuse par section des bandes fibreuses).

ATTEINTE DU NERF MUSCULO-CUTANÉ

Le nerf est issu du tronc secondaire antérolaté-ral du plexus brachial (racines C5, C6 et parfoisC7) en commun avec la racine latérale du nerfmédian. Les rapports anatomiques de ce nerfsont à hauteur de l’épaule les suivants : il chemi-ne dans le creux axillaire en dehors du nerfmédian et de l’artère axillaire, se dirige vers lebas, le dehors et l’avant pour perforer le musclecoracobrachial. Il chemine ensuite entre lemuscle brachial et le biceps. Il assurel’innervation motrice du coracobrachial, dubiceps et du brachial. De nombreuses variationsanatomiques sont possibles [62].

L’atteinte nerveuse se traduit par un déficitmoteur bicipital, associé ou non à une amyotro-phie de la loge antérieure du bras, et de troublessensitifs sur le bord radial de l’avant-bras. Lesmécanismes lésionnels peuvent être directs (chi-rurgie de l’épaule, blessure…) ou indirects parélongation nerveuse (luxation de l’épaule…).L’élongation peut se produire alors que le bras esten abduction et rotation latérale forcée (postureanesthésique, effort violent…). L’atteinte peut éga-lement se produire lors d’efforts musculaires iso-métriques du coracobrachial comprimant le nerfet sa vascularisation au sein du muscle lui-même.Les facteurs prédisposant sont représentés parl’hypertrophie musculaire, les nombreusesvariantes anatomiques de pénétration du nerfdans le coracobrachial, voire la présence d’unestructure aponévrotique intramusculaire jouantun rôle de véritable guillotine sur le nerf [62].

117

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 12 : Coupe sagittale FSE T2 et saturation du signal dela graisse. Œdème du muscle deltoïde et teres minor(flèches) par atteinte du nerf axillaire. Courtoisie duDocteur Moinard – Hôpital Pellegrin – Bordeaux (a). Coupesagittale SE T1. Amyotrophie et dégénérescence graisseusede stade 3 selon Goutallier par atteinte isolée du teresminor (flèche). Le deltoïde est intact (b).

a

b

Les neuropathies de l’épaule

Page 118: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’EMG confirmera le diagnostic d’atteinte ner-veuse. L’imagerie n’a peut-être pas de rôle en pre-mière intention, mais comme pour les neuropa-thies suprascapulaires, elle peut permettred’orienter l’EMG et de préciser les variantes ana-tomiques locales.

ATTEINTE DU NERF ACCESSOIRE

La racine spinale du nerf accessoire assurel’innervation motrice du muscle trapèze et dumuscle sternocléidomastoïdien. Obliquementdirigée en bas, en dehors et en arrière, cettebranche croise la veine jugulaire interne à la sor-tie du trou déchiré postérieur, passe en arrièredes muscles stylohyoïdien et digastrique et abor-de la face profonde du sternocléidomastoïdien.Cette branche croise ensuite, de haut en bas etd’avant en arrière, le creux supraclaviculaire oùelle est longée et en grande partie recouverte parles nœuds lymphatiques de la chaîne du nerf spi-nal. Enfin le nerf s’enfonce sous le trapèze à 2 ou3 centimètres au-dessus de la clavicule, et des-cend, appliqué sur la face profonde de ce muscledans lequel il se termine.

La course relativement superficielle du nerf lerend particulièrement vulnérable. Les lésions

iatrogènes après chirurgie pour curage ganglion-naire dans le triangle cervical postérieur sont lescauses les plus fréquentes de neuropathie. Il enrésulte un déficit moteur du moignon de l’épaule,en particulier en abduction. Le décollement de lascapula est plutôt supérieur et médial (droopyshoulder) (fig. 13a) alors qu’il est plutôt inférieuret médial en cas d’atteinte du nerf thoracique long[63]. L’aspect en imagerie de cette neuropathien’est pas différent des autres avec œdème, amyo-trophie et dégénérescence graisseuse (fig. 13b).Le positionnement de l’antenne sera centré sur lemuscle trapèze. L’exploration en décubitus estgênée par l’effet d’écrasement des structures ; enprocubitus, on sera gêné par les artéfacts respira-toires. L’évolution est souvent favorable en 6 à 18mois. Le traitement est fonctionnel. Si la lésion estvue d’emblée lors d’un geste chirurgical, uneréparation immédiate par suture ou greffe amé-liore singulièrement le pronostic [63, 64].

CONCLUSION

Les neuropathies de l’épaule ont une présenta-tion clinique parfois fruste. L’IRM est l’examen dechoix permettant un diagnostic positif, topogra-phique et étiologique de neuropathie.

118

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 13 : Vue postérieure. Décollement de la scapula par atteinte du nerf spinal accessoire (a). Coupe axiale SE T2 et saturationde la graisse. Œdème du trapèze (flèche) (b).

a b

Page 119: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’œdème musculaire, visible sur les séquencespondérées T2 avec saturation de la graisse, est lesigne le plus précoce d’une neuropathie en corré-lation avec l’EMG. La valeur prédictive négativede l’IRM est particulièrement élevée : en élimi-nant une étiologie tumorale (kyste, tumeur…),elle permet d’affirmer un syndrome compressifcanalaire (cf. annexe).

L’œdème est cependant inconstant dans lesformes chroniques où l’amyotrophie et la dégéné-rescence graisseuse musculaire prédominent.L’atrophie musculaire, qui est un signe déjà présentà la phase subaiguë de la neuropathie, sembleréversible après traitement adapté. Quant àl’involution graisseuse musculaire, souvent dedegré peu sévère, elle apparaît irréversible et fixée.

119

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] VASTAMäKI M., GöRANSSON H. Suprascapular nerveentrapment. Clin Orthop 1993; 11: 135-143.

[2] PADUA L., LOMONACO M., PADUA R., GREGORI B.,VALENTE E.M., TONALI P. Suprascapular nerve entrapment.Neurophysiological localization in 6 cases. Acta Orthop Scand1996; 67: 482-484.

[3] RENGACHARY S.S., BURR D., LUCAS S. et al.Suprascapular entrapment neuropathy: a clinical, anatomical,and comparative study. Part 2: anatomical study. Neurosurgery1979; 5: 447-451.

[4] RENGACHARY S.S., NEFF J.P., SINGER P.A., BRACKETTC.E. Suprascapular entrapment neuropathy: a clinical, anatomi-cal, and comparative study. Part 1: clinical study. Neurosurgery1979; 5: 441-446.

[5] RENGACHARY S.S., BURR D., LUCAS S., BRACKETT C.E.Suprascapular entrapment neuropathy: a clinical, anatomical,and comparative study. Part 3: comparative study. Neurosurgery1979; 5: 452-455.

[6] BAYRAMOGLU A., DEMIRYUREK D., TUCCAR E. et al.Variation in anatomy at the suprascapular notch possibly cau-sing suprascapular nerve entrapment: an anatomical study.Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc 2003; 11: 393-398.

Les neuropathies de l’épaule

Œdème musculaireAmyotrophie et/ou Nerf atteint Site de compression Cause

Dégénérescence graisseuse habituelle

Infra-épineux Supra-scapulaire Défilé spino-glénoïdal Etirement sportif

Infra et supra-épineux Supra-scapulaire Incisure scapulaire Compression par kyste –étirement sportif

Dentelé antérieur Thoracique long 2e côte Chirurgie –étirement sportif

Teres minor Axillaire-branche Espace quadrilatère Traumatisme –motrice postérieure étirement sportif

Teres minor et deltoïde axillaire Espace quadrilatère Compression vasculo-nerveuse(bandes fibreuses)

Coraco-brachial, Traumatisme –biceps et brachial musculo-cutané muscle coraco-brachial hypertrophie musculaire

du coraco-brachial

Trapèze Accessoire – Creux Chirurgiebranche spinale supra-claviculaire (curage ganglionnaire)

Annexe : Tableau récapitulatif

Page 120: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

120

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[7] ALON M., WEISS S., FISHEL B., DEKEL S. Bilateral supras-capular nerve entrapment syndrome due to an anomalous trans-verse scapular ligament. Clin Orthop 1988; 234: 31-33.

[8] COHEN S.B., DINES D.M., MOORMAN C.T. Familial calcifi-cation of the superior transverse scapular ligament causing neu-ropathy. Clin Orthop 1997; 334: 354-373.

[9] TICKER J.B., DJURASOVIC M., STRAUCH R.J. et al. Theincidence of ganglion cysts and other variations in anatomyalong the course of the suprascapular nerve. J Shoulder ElbowSurg 1998; 7: 472-478.

[10] SPINNER R.J., TIEL R.L., KLINE D.G. Predominant infras-pinatus muscle weakness in suprascapular nerve compression. JNeurosurg 2000; 93: 516.

[11] MISHRA S., AJMANI M.L. Anomalous origin of suprascapu-lar artery – a case report. J Anat Soc India 2003; 52(2): 180-182.

[12] CUMMINS C.A., ANDERSON K., BOWEN M., NUBERG., ROTH S.I. Anatomy and histological characteristics of thespinoglenoid ligament. J Bone Joint Surg 1998; 80-A(11) :1622-1625.

[13] RINGEL S., TREIHAFT M., CARRY M., FISHER R.,JACOBS A. Suprascapular neuropathy in pitchers. Am J SportsMed 1990; 18: 80-86.

[14] CARROLL K.W., HELMS C.A., OTTE M.T., MOELLKEN SMC,FRITZ R. Enlarged spinoglenoid notch veins causing suprascapu-lar nerve compression. Skeletal Radiol 2003; 32: 72-77.

[15] BAYRAMOGLU A., DEMIRYUREK D., ERBIL M. et al.Hypertrophy of the subscapularis muscle might be an etiologicfactor for suprascapular nerve entrapment at the suprascapularnotch. Neuroanatomy 2002; 1: 5-6.

[16] KASPI A., YANAI J., PICK C.G., MANN G. Entrapment ofthe distal suprascapular nerve. An anatomical study. Int Orthop1988; 12: 273-275.

[17] BEKTAS U., AY S., YILMAZ C., TEKDEMIR I., ELHAN A.Spinoglenoid septum: a new anatomic finding. J ShoulderElbow Surg 2003; 12: 491-492.

[18] IDE J., MAEDA S., TAKAGI K. Does the inferior transversescapular ligament cause distal suprascapular nerve entrapment?An anatomic and morphologic study. J Shoulder Elbow Surg2003; 12: 253-255.

[19] DEMIRHAN M., IMHOFF A.B., DEBSKI R.E. et al. The spi-noglenoid ligament and its relationship to the suprascapularnerve. J Shoulder Elbow Surg 1998; 7: 238-243.

[20] AJMANI M.L. The cutaneous branch of the human supras-capular nerve. J Anat 1994; 185: 439-442.

[21] ASZMANN O.C., LEE DELLON A., BIRELY B.T., MCFAR-LAND E.G. Innervation of the human shoulder joint and itsimplications for surgery. Clin Orthop 1996; 330: 202-207.

[22] OZER Y., GROSSMAN J.A., GILBERT A. Anatomic observa-tions on the suprascapular nerve. Hand Clin 1995; 11: 539-544.

[23] FERRETTI A., DE CARLI A., FONTANA M. Injury of thesuprascapular nerve at the spinoglenoid notch. The natural his-tory of infraspinatus atrophy in volleyball players. Am J SportsMed 1998; 26: 759-763.

[24] MONTAGNA P., COLONNA S. Suprascapular neuropathyrestricted to the infraspinatus muscle in volleyball players. ActaNeurol Scand 1993; 87: 248-250.

[25] FEHRMAN D.A., ORWIN J.F., JENNINGS R.M.Suprascapular nerve entrapment by ganglion cysts: a report ofsix cases with arthroscopic findings and review of the literature.Arthroscopy 1995; 11: 727-734.

[26] CHOCHOLE M.H., SENKER W., MEZNIK C., BREITENSE-HER M.J. Glenoid-labral cyst entrapping the suprascapularnerve: dissolution after arthroscopic debridement of an exten-ded SLAP lesion. Arthroscopy 1997; 13: 753-755.

[27] SHAFFER J.W. Suprascapular nerve injury during spinesurgery. A case report. Spine 1994; 19: 70-71.

[28] IANNOTTI J.P., RAMSEY M.L. Arthroscopic decompres-sion of a ganglion cyst causing suprascapular nerve compres-sion. Arthroscopy 1996; 12: 739-745.

[29] MALLON W.J., BRONEC P.R., SPINNER R.J., LEVIN L.S.Suprascapular neuropathy after distal clavicle excision. ClinOrthop 1996; 329: 207-211.

[30] ZANOTTI R.M., CARPENTER J.E., BLASIER R.B., GREEN-FIELD MLVH, ADLER R.S., BROMBERG M.B. The low inciden-ce of suprascapular nerve injury after primary repair of massiverotator cuff tears. J Shoulder Elbow Surg 1997; 6: 258-264.

[31] CALLAHAN J.D., SCULLY T.B., SHAPIRO S.A., WORTHR.M. Suprascapular nerve entrapment. A series of 27 cases. JNeurosurg 1991; 74: 893-896.

[32] HAMA H., MORINAGS T., SUZUKI K. et al. The infraspi-natus test : an early diagnostic sign of muscle weakness duringexternal rotation of the shoulder in athletes. J Shoulder ElbowSurg 1993; 2: 257-259.

[33] LUDIG T., WALTER F., CHAPUIS D., MOLé D., ROLAND J.,BLUM A. MR imaging evaluation of suprascapular nerve entrap-ment. Eur Radiol 2001; 11: 2161-2169.

[34] LIVESON J.A., BRONSON M.J., POLLACK M.A.Suprascapular nerve lesions at the spinoglenoid notch: report ofthree cases and review of the literature. J Neurol NeurosurgPsychiatry 1991; 54: 241-243.

[35] MIKAMI Y., NAGANO A., OCHIAI N., YAMAMOTO S.Result of nerve grafting for injuries of the axillary and supras-capular nerves. J Bone Joint Surg [Br] 1997;79: 527-531.

[36] TAKAGISHI K., SAITOH A., TONEGAWA M., IKEDA T.,ITOMAN M. Isolated paralysis of the infraspinatus muscle. JBone Joint Surg [Br] 1994; 76: 584-587.

[37] SALLOMI D., JANZEN D.L., MUNK P.L., CONNELL D.G.,TIRMAN PFJ. Muscle denervation patterns in upper limb nerveinjuries: MR imaging findings and anatomic basis. AJR 1998;171: 779-784.

[38] SKIRVING A.P., KOZAK TKW, DAVIS S.J. Infraspinatusparalysis due to spinoglenoid notch ganglion. J Bone Joint Surg[Br] 1994, 76: 588-591.

[39] MOORE T.P., FRITTS H.M., QUICK D.C., BUSS D.D.Suprascapular nerve entrapment caused by supraglenoid cystcompression. J Shoulder Elbow Surg 1997; 6: 455-462.

[40] KÜLLMER K., SIEVERS K.W., REIMERS C.D. et al.Changes of sonographic, magnetic resonance tomographic,electromyographic, and histopathologic findings within a 2-month period of examinations after experimental muscle dener-vation. Arch Orthop Trauma Surg 1998; 117: 228-234.

Page 121: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

121

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

[41] MARTINOLI C., BIANCHI S., PUGLIESE F. et al.Sonography of entrapment neuropathies in the upper limb(wrist excluded). J Clin Ultrasound 2004; 32: 438-450.

[42] FRITZ R.C., HELMS C.A., STEINBACH L.S., GENANTH.K. Suprascapular nerve entrapment: evaluation with MR ima-ging. Radiology 1992; 182: 437-444.

[43] TAKAGISHI K., MAEDA K., IKEDA T., ITOMAN M., YAMA-MOTO M. Ganglion causing paralysis of the suprascapularnerve. Diagnosis by MRI and ultrasonography. Acta OrthopScand 1991; 62: 391-393.

[44] FLECKENSTEIN J.L., WATUMULL D., CONNER K.E. et al.Denervated human skeletal muscle: MR imaging evaluation.Radiology 1993; 187: 213-218.

[45] POLAK J.F., JOLESZ F.A., ADAMS D.F. NMR of skeletalmuscle: differences in relaxation parameters related to extracel-lular/intracellular fluid spaces. Invest Radiol 1988; 23: 107-112.

[46] POLAK J.F., JOLESZ F.A., ADAMS D.F. Magnetic resonan-ce imaging of skeletal muscle: prolongation of T1 and T2 subse-quent to denervation. Invest Radiol 1988; 23: 365-369.

[47] GRAINGER A.J., CAMPBELL RSD, STOTHARD J. Anteriorinterosseous nerve syndrome: appearance at MR imaging inthree cases. Radiology 1998; 208: 381-384.

[48] YU J.S., FISCHER R.A. Denervation atrophy caused bysuprascapular nerve injury: MR findings. J Comput AssistTomogr 1997; 21: 302-303.

[49] FLECKENSTEIN J.L. (Dys-) functional MR imaging of ske-letal muscle: a cautionary note. Radiology 1998; 206: 305-307.

[50] INOKUCHI W., OGAWA K., HORIUCHI Y. Magnetic reso-nance imaging of suprascapular nerve palsy. J Shoulder ElbowSurg 1998; 7: 223-227.

[51] UETANI M., HAYASHI K., MATSUNAGA N., IMAMURAK., ITO N. Denervated skeletal muscle: work in progress.Radiology 1993; 189: 511-515.

[52] SUMMERS R.M., BRUNE A.M., CHOYKE P.L. et al.Juvenile idiopathic inflammatory myopathy: exercise-inducedchanges in muscle at short inversion time inversion-recoveryMR imaging. Radiology 1998; 209: 191-196.

[53] HELMS C.A., MARTINEZ S., SPEER K.P. Acute brachialneuritis (Parsonage-Turner syndrome): MR imaging appearan-ce. Report of three cases. Radiology 1998; 207: 255-259.

[54] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., BERNAGEAU J., LAVAU L.,VOISIN M.C. Fatty degeneration in cuff ruptures. Pre and postoperative evaluation by CT scan. Clin Orthop 1994; 304: 78-83.

[55] FUCHS B., WEISHAUPT D., ZANETTI M., HODLER J.,GERBER C. Fatty degeneration of the muscles of the rotatorcuff: assessment by computed tomography versus magneticresonance imaging. J Shoulder Elbow Surg 1999; 8: 599-605.

[56] EBRAHEIM N.A., LU J., PORSHINSKY B., HECK B.E.,YEASTING R.A. Vulnerability of long thoracic nerve: an anato-mic study. J Shoulder Elbow Surg 1998; 133: 458-461.

[57] SOFKA C.M., LIN J., FEINBERG J., POTTER H.G. Tersminor denervation on routine magnetic resonance imaging ofthe shoulder. Skeletal Radiol 2004; 33: 514-518.

[58] CAHILL B.R., PALMER R.E. Quadrilater space syndrome. JHand Surg 1983; 8: 65-69.

[59] LINKER C.S., HELMS C.A., FRITZ R.C. Quadrilateral spacesyndrome: findings at MR imaging. Radiology 1993; 188: 675-676.

[60] SANDERS T.G., TIRMAN PFJ. Paralabral cyst: an unusualcause of quadrilater space syndrome. Arthroscopy 1999; 15(6):632-637.

[61] VAD V.B., SOUTHERN D., WARREN R.F., ALTCHEK D.W.,DINES D. Prevalence of peripheral neurologic injuries in rota-tor cuff tears with atrophy. J Shoulder Elbow Surg 2003; 12: 333-336.

[62] BENAIM J., ASWAD R., ICARD D., LEGRé R., MAGALONG. Neuropathies proximales du musculocutané. Chirurgie de lamain 2004 (article in press).

[63] NOVAK C.B., MACKINNON S.E. Patient outcome after sur-gical management of an accessory nerve injury. OtolaryngolHead Neck Surg 2002; 127: 221-224.

[64] FRIEDENBERG S.M., ZIMPRICH T., HARPER C.M. Thenatural history of long thoracic and spinal accessory neuropa-thies. Muscle Nerve 2002; 25: 535-539.

Les neuropathies de l’épaule

Page 122: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 123: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

L’articulation acromio-claviculaire est une arti-culation synoviale superficielle qui compte tenude son anatomie est fréquemment à l’origine desyndromes douloureux. Elle fait partie intégrantede l’articulation de l’épaule. Sa situation sous-cutanée explique la prépondérance de la patholo-gie traumatique mais elle est également le siègede pathologies inflammatoire, infectieuse, dégé-nérative et malformative.

Les douleurs de la région scapulaire, cause fré-quente de consultation, sont attribuées dans lamajorité des cas à des pathologies de la régionsous acromiale ou de l’articulation gléno-huméra-le. Les articulations acromio-claviculaire, sterno-claviculaire et scapulo-throracique ont tendance àêtre oubliées. Pourtant l’ostéoarthrite del’articulation acromio-claviculaire représente unecause fréquente de douleur de l’épaule trop sou-vent méconnue et négligée. Le but de cet articleest d’exposer la pathologie microtraumatique etdégénérative de l’articulation acromio-claviculai-re après un rappel de l’anatomie et de la biomé-canique de cette articulation.

ANATOMIE ET NOTIONSDE BIOMÉCANIQUE

L’articulation acromio-claviculaire s’articuleentre l’acromion et la portion distale de la clavi-cule. Il s’agit d’une diarthrose. La surface articu-laire de l’acromion est concave orientée en avantet en dedans vers l’extrémité distale de la clavi-

cule. L’articulation est ensuite maintenue par unecapsule renforcée par les ligaments acromio-cla-viculaires en antérieur, postérieur, supérieur etinférieur. Le ligament acromio-claviculaire supé-rieur se trouve en continuité avec les aponé-vroses des muscles deltoïde et trapèze. Les struc-tures de renforcement supérieur sont ainsi pluspuissantes que les structures de renforcementinférieur [1]. Entre les surfaces articulaires, ontrouve un ménisque qui renforce la congruencearticulaire. Il peut toutefois être absent ou incom-plet. L’absence de ménisque pourrait contribuer àl’apparition précoce de modifications dégénéra-tives de l’articulation [2]. L’évolution progressivevers la pathologie dégénérative à la fois del’articulation et du ménisque fibro-cartilagineuxcorrespond à une évolution naturelle liée à l’âgequi débute progressivement après la deuxièmedécennie [2].

La face inférieure de l’articulation est directe-ment en contact avec la bourse sous-acromio-del-toïdienne et la coiffe des rotateurs. Ce contactétroit explique le développement de lésions de labourse et des tendons de la coiffe des rotateurs encas de conflit sous-acromial secondaire à despathologies de l’articulation acromio-claviculaire.

Le complexe ligamentaire coraco-claviculairecomprend deux ligaments, le trapézoïde et leconoïde qui sont attachés de la portion supérieu-re du processus coracoïde à la portion inférieurede la clavicule. Le ligament conoïde présente untrajet médial par rapport à celui du trapézoïdeselon un trajet antéro-postérieur alors que le tra-pézoïde présente un trajet médio-latéral.

123

PATHOLOGIE MICROTRAUMATIQUEET DÉGÉNÉRATIVE DE L’ARTICULATION

ACROMIO-CLAVICULAIRE

M. DESPEYROUX-EWERS, N. SANS, P. MANSAT, O. LOUSTAU,H. CHIAVASSA-GANDOIS, F. DE MAUPEOU, J.-J. RAILHAC

Page 124: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Trois types de mouvements sont autorisés parcette articulation [1, 3] :

❍ Un glissement antéro-postérieur de la scapulasur la clavicule ;

❍ Un mouvement d’abduction et d’adduction dela scapula sur la clavicule ;

❍ Et un mouvement de rotation selon le longaxe de la clavicule.

Les amplitudes de ces mouvements sont del’ordre de 5 à 8 degrés. Certains auteurs pensentque le mouvement de rotation en association avecles forces compressives et de cisaillements exer-cés par le deltoïde pourraient contribuer au déve-loppement de l’atteinte dégénérative del’articulation acromio-claviculaire.

L’articulation acromio-claviculaire est parailleurs en mouvement chaque fois que les autresarticulations de la ceinture scapulaire le sontaussi. A 60° d’abduction de l’articulation gléno-humérale, la coiffe des rotateurs est en contactavec la surface inférieure de l’articulation acro-mio-claviculaire, et à 70° d’abduction l’humérusarrive directement au contact de l’articulationacromio-claviculaire. Des ostéophytes développésaux dépens de la face inférieure de l’articulationacromio-claviculaire, vont logiquement diminuerl’espace libre sous-acromial et être à l’origined’une irritation du tendon du supra-épineux [2].

Les contraintes multiples et intenses quis’appliquent sur cette articulation expliquent ledéveloppement de déformations ou de modifica-tions dégénératives prédisposant aux syndromesdouloureux. La pathologie de l’acromio-clavicu-laire touche d’ailleurs en priorité les athlètes et lestravailleurs manuels qui sollicitent de manièrerépétée cette articulation [4].

Il existe également une pathologie propre liée àla présence d’un os acromial. L’acromion est eneffet formé par la fusion de plusieurs noyauxsecondaires d’ossifications. Sa formation s’achève

à l’âge de 25 ans. Le défaut de fusion ou la fusionincomplète de ces noyaux d’ossification acces-soires peut être responsable du développementd’un os acromial. La pathologie liée à la présenced’un os acromial sera développée ultérieurement.Elle est secondaire à une mobilité excessive del’os acromial alors source de conflit avec les ten-dons de la coiffe des rotateurs sous-jacents [4].

PATHOLOGIE DÉGÉNÉRATIVEDE L’ARTICULATIONACROMIO-CLAVICULAIRE

C’est la plus courante mais également la plusconnue des pathologies de l’articulation acromio-claviculaire. La pathologie arthrosique est biensûr extrêmement courante mono- ou polyarticu-laire et concerne avec une prévalence élevéecette articulation [4]. Elle peut être primitive(idiopathique) ou secondaire à des conditionsanatomiques préexistantes, des antécédents trau-matiques, infectieux, inflammatoires, à un dys-fonctionnement mécanique ou à un désordremétabolique.

La plupart des traumatismes sont à l’origine demodifications dégénératives de l’articulation, qu’ils’agisse d’un traumatisme majeur comme unefracture ou une luxation, ou des microtrauma-tismes mineurs secondaires à des mouvementsrépétés chez des travailleurs manuels ou des spor-tifs pratiquant notamment la natation. La gravitédes lésions dégénératives augmente bien sûr avecl’âge. Les premiers signes dégénératifs apparaî-traient vers la deuxième décennie, sans qu’il exis-te forcément une relation évidente entre lessignes radiologiques et de réels symptômes cli-niques [5]. L’incidence d’apparition des signes estéquivalente entre les hommes et les femmes, maisles signes dégénératifs apparaissent plus précoce-ment chez les hommes.

Il s’agit d’une pathologie reconnue comme res-ponsable de douleurs de l’épaule, même si des

124

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 125: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

examens IRM réalisés chez des patients asympto-matiques peuvent révéler la présence d’anomaliesdégénératives isolées [6]. L’atteinte dégénérativeisolée de l’articulation acromio-claviculaireconcernerait 7 % des patients se plaignant d’unedouleur de l’épaule [4]. De plus, ces lésions dégé-nératives seraient associées à un conflit sousacromial ou à des lésions de la coiffe des rotateurs(tendinopathies, ruptures).

Les signes radiologiques trouvés sont les sui-vants :

❍ ostéosclérose sous-chondrale,

❍ géodes sous-chondrales,

❍ ostéophytes à développement surtout infé-rieur principalement sur le versant claviculai-re (fig. 1),

❍ pincement de l’interligne articulaire.

L’examen tomodensitométrique fournit un bilanlésionnel encore plus précis. Sur les coupes tomo-densitométriques, on trouve fréquemment en plusdes signes vus sur les radiographies standards, unehypertrophie des pièces osseuses plus ou moinsassociée à une présence d’air intra-articulaire.

L’IRM permet de retrouver les signes del’atteinte dégénérative :

❍ pincement de l’interligne articulaire,

❍ irrégularités sous-chondrales,

❍ distension de la capsule articulaire,

❍ formations ostéophytiques, érosions,

❍ géodes présentant un signal liquidien en T2ou ponctué parfois d’une zone en “asignal”correspondant à la présence d’air intra-géo-dique, mais aussi des signes d’inflammation,responsable d’une exacerbation des phéno-mènes douloureux comme:

➣ un œdème intra-médullaire situé dans l’ossous-chondral en hypersignal T2 ou STIRou prenant le contraste après injection degadolinium en T1 Fat sat,

➣ ou la présence d’un épanchement liquidienen hypersignal T2 au sein de la cavité arti-culaire sur les séquences pondérées STIR,Rhô Fat sat ou T2 Fat sat,

➣ un aspect de synovite avec un net rehaus-sement de la membrane synoviale aprèsinjection de gadolinium sur les séquencesT1 Fat sat.

La scintigraphie osseuse permet de confirmerles remaniements osseux inflammatoires del’articulation en révélant une hyperfixation modé-rée au niveau de cette articulation.

Les diagnostics différentiels à évoquer corres-pondent aux autres pathologies de cette articula-tion et qui seront développés ultérieurement :l’ostéolyse de l’extrémité externe de la clavicule,les modifications dégénératives liées à la présen-ce d’un os acromial, les atteintes tumorales maisaussi les pathologies traumatiques et notammentles luxations et fractures de l’articulation.

125

Pathologie microtraumatique et dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 1 : Pathologie dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire.Radiographie de face de l’épaule montrant un ostéophyteagressif vis-à-vis de l’espace sous-acromial (flèche).

Page 126: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

OSTÉOLYSE DE L’EXTRÉMITÉEXTERNE DE LA CLAVICULE

Il s’agit d’un diagnostic clinique et radiologiquecaractérisé par une résorption osseuse del’extrémité distale de la clavicule. Initialementdécrite après un traumatisme direct de l’épaule [7,8], il est maintenant acquis que cette pathologiepeut être également d’origine post-traumatique(hypersollicitation) ou secondaire à une patholo-gie systémique (étiologie infectieuse, métaboliquenotamment l’hyperparathyroïdie, maladie de sys-tème, myélome multiple, et syndrome de Gorhamnotamment). Hawkins et coll. ont même décrit3 cas d’ostéolyse distale de la clavicule sans aucu-ne relation avec ces 3 types de pathologie [9].

La physiopathologie précise de ce syndromereste inconnue. Plusieurs hypothèses ont été pro-posées comme une résorption ostéoclastique, uneréaction synoviale post-traumatique, une hyper-hémie, ou un dysfonctionnement du système neu-rovégétatif comme on le rencontre dansl’algodystrophie.

Les deux étiologies les plus fréquemmentretrouvées sont l’étiologie post-traumatique etl’hypersollicitation. L’ostéolyse de l’extrémitéexterne de la clavicule post-traumatique est leplus souvent observée après un traumatismemineur, en l’absence de luxation ou de fracture del’articulation acromio-claviculaire [10].

L’ostéolyse de l’extrémité externe de la clavicu-le par hypersollicitation est d’origine microtrau-matique donc secondaire à un stress chronique[10]. On trouve une corrélation non négligeablede ce type de pathologie chez des sportifs prati-quant des sports de lancer, en particulier les lan-ceurs de poids, des sports de raquettes, ou chezles body builder [11].

Ces deux catégories post-traumatiques oud’hypersollicitation sont en général considéréescomme distinctes dans la littérature, mais nousadopterons une description radiologique commune.

Données cliniques

Sur le plan clinique, les symptômes del’ostéolyse distale de la clavicule sont fréquem-ment confondus avec ceux retrouvés dans lesconflits sous-acromiaux et l’instabilité. Pourtantd’une manière générale, la douleur est clinique-ment bien localisée à l’articulation acromio-clavi-culaire et à l’interrogatoire on trouvera fréquem-ment des antécédents de traumatisme ou de stressrépétés.

Aspects radiologiques

Des signes cliniques évocateurs ainsi que ladécouverte d’une résorption ostéolytique del’extrémité distale de la clavicule peuvent être suffi-sants pour poser le diagnostic (fig. 2). A un stadeprécoce de la maladie, on peut avoir recours àd’autres types d’imagerie comme la scintigraphieou l’IRM.

Les signes radiologiques sont :

❍ une résorption osseuse localisée,

❍ une résorption sous-chondrale et/ou des éro-sions de la portion distale de la clavicule,

❍ dans les stades avancés un élargissement del’interligne articulaire acromio-claviculaire.

L’atteinte débute au niveau de l’os cortical puiss’étend progressivement au spongieux. L’acromionà un stade avancé peut aussi présenter des lésionsérosives.

Moore [12] propose une classification en cinqstades radiographiques :

Grade 1 : Lyse corticale claviculaire externe infé-rieure à 50 %

Grade 2: Lyse corticale comprise entre 50 et 100 %

Grade 3 : Lyse corticale égale à 100 %

Grade 4 : Lyse de la corticale et de l’os spongieuxsous-jacent

126

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 127: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Grade 5 : Aspect effilé de l’extrémité externe de laclavicule.

L’IRM serait plus sensible que la radiographiestandard en mettant en évidence une augmen-tation du signal intra-médullaire de la portiondistale de la clavicule sur les séquences sen-sibles à l’œdème (en T2 Fat sat) ; cette zoneapparaissant en hyposignal sur les séquencespondérées en T1, se rehausse sur les séquencesT1 après injection de Gadolinium. Il s’agit d’unsigne sensible mais non spécifique [13]. Ce sontsouvent les données de l’IRM réalisée chez despatients présentant des douleurs rebelles del’épaule qui permettent parfois de mettre enévidence un hypersignal intra-médullaire auniveau du tiers distal de la clavicule et de poserle diagnostic d’ostéolyse distale de la clavicule.A posteriori, les données de l’IRM permettent

de retrouver des signes précoces sur les radio-graphies standard passés inaperçus à la pre-mière lecture.

Cet hypersignal T2 de la portion externe de laclavicule a été trouvé dans 12,5 % d’une série de761 IRM par Fiorella et coll. ; examens relus demanière rétrospective sans qu’il soit retrouvé sys-tématiquement une relation avec les symptômescliniques [13]. C’est pourquoi on parle d’un signesensible mais peu spécifique.

D’autres signes IRM ont été décrits comme nonspécifiques :

❍ anomalies corticales (amincissements, irrégu-larités, kystes sous-chondraux),

❍ hypertrophie ou distension capsulaire,

❍ présence de tissu fibreux péri-articulaireapparaissant sous la forme d’un signal inter-médiaire en T1 et en hyposignal T2 [10],

127

Pathologie microtraumatique et dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 2 : Pathologie dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire :a) Radiographie de face de l’épaule : Ostéosclérose sous-chondrale modérée avec présence d’un ostéophyte inférieur (tête deflèche). Tuméfaction des parties molles associée (flèches).b) IRM en coupe sagittale en pondération T2 montrant le développement d’un kyste péri-articulaire en hypersignal responsablede la tuméfaction sous-cutanée.

a b

Page 128: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ élargissement de l’interligne articulairesecondaire à la résorption de la portion dista-le de la clavicule,

❍ épanchement intra-articulaire,

❍ hypertrophie des tissus mous péri-articulairesen relation avec l’ostéolyse distale post-trau-matique.

L’IRM est bien sûr plus sensible que les radiogra-phies standard pour la détection de l’ostéolyse dela portion distale de la clavicule. Elle permet égale-ment de suivre l’évolutivité des lésions et peut révé-ler une hypertrophie synoviale réactionnelle.

La scintigraphie osseuse permet de mettre enévidence une hyperfixation localisée à l’extrémitédistale de la clavicule.

Traitement

Il est essentiel de détecter précocement cetteatteinte afin de mettre en place au plus tôt un trai-tement conservateur qui est efficace à la phaseprécoce de l’affection. Il consiste à éliminer le fac-teur déclenchant de la maladie, à prescrire untraitement anti-inflammatoire per os et un pro-gramme de physiothérapie adapté.

En cas d’échec d’un traitement médical bienconduit, certaines équipes ont proposé une injectionsous guidage tomodensitométrique ou sous scopiede corticostéroïdes et d’anesthésiques locaux [14].

Enfin, en dernier recours, on peut proposer un trai-tement chirurgical avec une résection de la portiondistale de la clavicule selon la procédure de Mumford[15]. Le traitement chirurgical peut être proposé enpremière intention aux malades qui ne peuventsuivre un traitement conservateur long en raisond’un arrêt trop prolongé de leurs activités [16].

Certaines équipes proposent également unetechnique chirurgicale arthroscopique qui permetune mobilisation plus rapide et surtout un risquemoins élevé d’instabilité acromio-claviculairepost-chirurgicale.

PATHOLOGIE LIÉE À LA PRÉSENCED’UN OS ACROMIAL

L’acromion est le siège de variantes anato-miques qui résultent des variations de son ossi-fication. Quatre noyaux accessoiresd’ossification sont responsables de sa formation[4, 17]. Ce n’est qu’après l’âge de 25 ans quel’anatomie définitive de l’acromion est achevée.On parle d’os acromial lorsque la fusion de cesdifférents noyaux d’ossification est incomplète.Il peut être séparé de façon distincte del’acromion par une véritable articulation syno-viale ou être attaché par un simple fibrocartila-ge. Park et coll. [18] ont décrits 7 types diffé-rents d’os acromial. Il s’agit d’une pathologierare avec une incidence dans la populationgénérale qui est évaluée autour de 8 % suivantles séries radiologiques et cadavériques aprèsl’âge de 25 ans [19]. Un os acromial bilatéral estrarissime. Les patients sont le plus souventasymptomatiques mais peuvent aussi présenterune symptomatologie en rapport avec l’os acro-mial, son caractère mobile pouvant être respon-sable de douleurs isolées ou d’un conflit sous-acromial avec les tendons de la coiffe.

En effet, le muscle deltoïde prend son origineau niveau de l’acromion ; lors des contractionsde ce muscle, le fragment libre correspondant àl’os acromial se déplace vers le bas réduisantainsi l’espace sous-acromial à l’origine d’unconflit sous-acromial. Des modifications dégé-nératives se développent secondairement enprésence d’un os acromial du fait des anomaliesde mouvement entre le fragment libre etl’acromion à l’origine d’une aggravation duconflit sous-acromial. Les remaniements hyper-trophiques de l’articulation, le développementd’ostéophytes et la fibrose qui se forme à lajonction de l’os acromial et de l’acromion sonteux aussi à l’origine d’une réduction de l’espacesous-acromial et d’un conflit sur les tendons de

128

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 129: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

la coiffe des rotateurs pouvant aller jusqu’à larupture tendineuse. L’incidence des symptômesdouloureux de l’épaule en relation directe avecle fragment libre de l’acromion est inconnue,mais il est possible que les mouvements propresde l’articulation acromio-claviculaire soient àl’origine de syndromes douloureux dont se plai-gnent les patients [4]. De plus, le ligament cora-co-acromial peut s’insérer sur l’os acromial, cequi prédispose soit à l’instabilité del’articulation acromio-claviculaire soit au déve-loppement d’un conflit sous-acromial.

Traitement

Le traitement peut être conservateur compre-nant des mesures de physiothérapie, des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des infiltrationsintra-articulaires. En cas d’échec des traitementsconservateurs on propose une prise en chargechirurgicale consistant en une excision du frag-ment libre de l’acromion si le fragment est de peti-te taille ou à un enclouage pour obtenir sa stabili-sation s’il est de plus grande taille.

Imagerie

Le profil axillaire correspond à l’incidenceradiologique qui permet le mieux de voir un éven-tuel os acromial. Lee et coll. ont décrit deuxsignes évocateurs de la présence d’un os acromialsur des radiographies standard. Le profil axillairen’est parfois pas réalisable ou peut méconnaîtreun os acromial si la zone non fusionnée de laphyse est parallèle à la limite postérieure de lacorticale de la tête ou du col huméral, se superpo-sant ainsi avec celle-ci sur les clichés. Ces auteursproposent deux signes radiographiques suggé-rant la présence d’un os acromial [20] :

❍ Le signe de la double densité sur les clichés deface (fig. 5a).

❍ La présence d’une irrégularité corticale sur leprofil de coiffe en regard de l’insertion du ten-don du supra-épineux.

L’examen tomodensitométrique avec desreconstructions multiplanaires permet facile-ment de mettre en évidence la présence d’un osacromial.

L’IRM permet de le détecter dans tous les cas. Leplan axial est très intéressant mais souvent lenombre de coupes lors de l’examen ne permet pasd’explorer l’articulation acromio-claviculaire surtoute sa hauteur ; les plans coronal et sagittal per-mettent alors un complément d’explorationexhaustif [21]. Dans le plan sagittal, on décritclassiquement le signe de la double articulation(fig. 5c) correspondant à la présence d’un os acro-mial articulé en postérieur avec l’acromion et enantérieur avec la clavicule [18].

Plusieurs signes IRM sont décrits fréquemmenten association avec la présence d’un os acromialcorrespondant à des remaniements osseux enrelation avec la présence de l’os acromial etexpliquant en partie la symptomatologie doulou-reuse [21] :

❍ en utilisant des séquences sensibles àl’œdème, on peut retrouver un hypersignalintra médullaire,

❍ sur des coupes sagittales des remaniementshypertrophiques de l’articulation acromio-claviculaire,

❍ une hypertrophie de la pseudo-articulationacromio-claviculaire,

❍ la présence d’érosions et d’images kystiquessous-chondrales.

129

Pathologie microtraumatique et dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 130: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

130

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Pathologie dégénérative de l’articulation acromio-claviculairea) Coupe tomodensitométrique révélant la géode sous-chondrale et la présence d’air au sein de celle-ci.b) Coupe axiale IRM en pondération T1 fat sat après injection de gadolinium : hypersignal “inflammatoire” de l’articulation acro-mio-claviculaire. La zone en asignal (flèche) correspond à la géode aérique visualisée en scanner.

a b

Fig. 4 : Ostéolyse de l’extrémité externe de la clavicule ostéolyse.Sur la radiographie (cliché de gauche) on met en évidence une résorption osseuse intéressant la corticale et l’os spongieux sous-jacent ; il existe d’autre part un élargissement de l’interligne articulaire acromio-claviculaire. L’ensemble de ces éléments estconfirmé par l’examen tomodensitométrique (cliché de droite).

Page 131: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’OSTÉOARTHROPATHIEACROMIO-CLAVICULAIRE

L’ostéoarthropathie acromio-claviculaire est unepathologie peu connue qui touche de façon préfé-rentielle le sujet jeune pratiquant une activité phy-sique soutenue [22]. Contrairement à l’ostéolysepost-traumatique de l’extrémité externe de la cla-

vicule, on ne trouve pas de lyse radiologique danscette pathologie. Des géodes finement cerclées, leplus souvent localisées au niveau de la partie supé-ro-externe de la clavicule, permettent de porter lediagnostic. Le versant acromial de l’articulationest a priori indemne, sans géodes en “miroir”, pluscaractéristiques de l’arthrose. L’interligne articu-laire n’est jamais pincé et on ne visualise pas

131

Pathologie microtraumatique et dégénérative de l’articulation acromio-claviculaire

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 5 : Os acromialRadiographie (a) mettant en évidence le signe de la double den-sité par projection de l’os acromial (flèches).Coupes d’arthro-IRM axiale (b) et sagittale (c) en pondération T1montrant l’os acromial et le signe de la double articulation(flèches).

a b

c

Page 132: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

d’ostéophytes péri-articulaires. L’évolution estfavorable avec la diminution ou l’arrêt de l’activitéphysique en cause [23].

CONCLUSION

L’articulation acromio-claviculaire ne doit pasrester l’articulation “oubliée” de la ceinture sca-

pulaire. L’atteinte isolée de cette articulation est àl’origine de syndromes douloureux intenses,expliquant parfois des douleurs de l’épaule sanspathologie de la coiffe associée.

En dehors de la pathologie traumatique pure etde l’atteinte dégénérative, elle est le siège depathologies propres qui sont bien plus rares maisqu’il convient de connaître.

132

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] RENFREE K.J., WRIGHT T.W. Anatomy and biomechanics ofthe acromioclavicular and sternoclavicular joints. Clin SportsMed 2003; 22: 219-37.

[2] BUTTACI C.J., STITIK T.P., YONCLAS P.P., FOYE P.M.Osteoarthritis of the acromioclavicular joint: a review of anato-my, biomechanics, diagnosis, and treatment. Am J Phys MedRehabil 2004; 83: 791-7.

[3] SHAFFER B.S. Painful conditions of the acromioclavicularjoint. J Am Acad Orthop Surg 1999; 7: 176-88.

[4] GORDON B.H., CHEW F.S. Isolated acromioclavicular jointpathology in the symptomatic shoulder on magnetic resonanceimaging: a pictorial essay. J Comput Assist Tomogr 2004; 28:215-22.

[5] BONSELL S. Detached deltoid during arthroscopic subacro-mial decompression. Arthroscopy 2000; 16: 745-8.

[6] CHANDNANI V., HO C., GERHARTER J., NEUMANN C.,KURSUNOGLU-BRAHME S., SARTORIS D.J. et al. MR findingsin asymptomatic shoulders: a blind analysis using symptomaticshoulders as controls. Clin Imaging 1992; 16: 25-30.

[7] WERDER H. Posttraumatische Osteolyse desSchlüsselbeinendes. Schweiz Med Wochenschr 1950; 34: 912-913.

[8] PATTEN R.M. Atraumatic osteolysis of the distal clavicle:MR findings. J Comput Assist Tomogr 1995; 19: 92-5.

[9] HAWKINS B.J., COVEY D.C., THIEL B.G. Distal clavicleosteolysis unrelated to trauma, overuse, or metabolic disease.Clin Orthop 2000; 370: 208-211.

[10] DE LA PUENTE R., BOUTIN R.D., THEODOROU D.J.,HOOPER A., SCHWEITZER M., RESNICK D. Post-traumaticand stress-induced osteolysis of the distal clavicle: MR imagingfindings in 17 patients. Skeletal Radiol 1999; 28: 202-8.

[11] CAHILL B.R. Osteolysis of the distal part of the clavicule inmale athletes. J Bone Joint Surg Am 1982; 64: 1053-1058.

[12] MOORE T., KATHOL M., FLOOD M. Traumatic osteolysisof the distal clavicle. In: Radiological Society of North America;1991; Chicago; 1991.

[13] FIORELLA D., HELMS C.A., SPEER K.P. Increased T2signal intensity in the distal clavicle: incidence and clinicalimplications. Skeletal Radiol 2000; 29: 697-702.

[14] SOPOV V., FUCHS D., BAR-MEIR E., GROSHAR D. Stress-induced osteolysis of distal clavicle: imaging patterns and treat-ment using CT-guided injection. Eur Radiol 2001; 11: 270-2.

[15] MUMFORD E.B. Acromioclavicular dislocation: a new ope-rative treatment. J Bone Joint Surg Am 1941; 23: 799-802.

[16] BROOKE L., GAJESKI D.C., NORMAN W., KETTNER D.C.Osteolysis of the distal clavicle: serial improvement and norma-lization of acromioclavicular joint space with conservative care.Journal of Manipulative and Physiological Therapeutics 2004;27: 480e1-480e5.

[17] SANMARCO V.J. Os acromiale: frequency, anatomy, andclinical implications. J Bone Joint Surg Am 2000; 82: 394-400.

[18] PARK J.G., LEE J.K., PHELPS C.T. Os acromiale associatedwith rotator cuff impingement: MR imaging of the shoulder.Radiology 1994; 193: 255-257.

[19] STOLLER D.W. et al. Os acromiale, in Diagnostic ImagingOrthopedics, Amirsys, Editor. 2004. p. I, 118-121.

[20] LEE D.H., LEE K.H., LOPEZ-BEN R., BRADLEY E.L. Thedouble-density sign: a radiographic finding suggestive of an osacromiale. J Bone Joint Surg Am 2004; 86-A: 2666-2670.

[21] URI D.S., KNEELAND J.B., HERZOG R. Os acromiale: eva-luation of markers for identification on sagittal and coronaloblique MR images. Skeletal Radiol 1997; 26: 31-4.

[22] TONETTI J., SAILLANT G., ISERIN A. L’ostéoarthropathieacromioclaviculaire. A propos d’une série de 17 cas traités chi-rurgicalement. J Traumatol Sport 1996; 1: 1-7.

[23] SANS N., RAILHAC J.J., GALY-FOURCADE D., JARLAUD T.,CHIAVASSA H., GIRON J. Imagerie de l’omoplate et de la clavi-cule. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Radiodiagnostic -Squelette normal, 30-370-A-10, 1998, 9 p.

Page 133: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LA COIFFE DES ROTATEURS

Page 134: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 135: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les lésions des tendons de la coiffe des rota-teurs sont à la fois fréquentes et variées. Cettevariété s’exprime à la fois dans la localisation ausein du tendon que dans le nombre de tendonsconcernés, atteinte isolée ou associée à un oudeux tendons adjacents, voire à la totalité des ten-dons. Les tendinopathies débutent par une lésionmicroscopique infra-clinique ou indécelable parl’imagerie actuelle et peuvent aller jusqu’à la rup-ture complète du tendon. Entre ces deuxextrêmes existent divers types de lésions : tendi-nose, ruptures fibrillaires puis fasciculaires (pou-vant n’intéresser que la face superficielle ou laface profonde ou même rester intratendineuses),clivages ou dissections lamellaires, rupturestransfixiantes ou complètes [5, 15, 31, 50]. Lestendinopathies calcifiantes entrant dans le cadred’un rhumatisme à hydroxyapatite, de physiopa-thologie différente, ne seront pas envisagées,ainsi que la pathologie tendineuse qui n’est pasd’origine mécanique ou dégénérative.

Il est essentiel de comprendre les mécanismesqui interviennent dans la genèse de ces lésionstendineuses pour les prévenir si possible et enaméliorer le traitement. Les causes sont multipleset souvent intriquées si bien que désigner le cou-pable est difficile. Au banc des accusés il y aquatre suspects : le tendon lui-même, son envi-ronnement anatomique, son utilisateur (lepatient) et, dans un certain nombre de cas, le thé-rapeute. Les mécanismes des lésions tendineusestraumatiques ou microtraumatiques sont bienconnus et au nombre de trois : une traction exces-sive (par surcharge ou surutilisation), un conflit

intrinsèque ou extrinsèque et plus rarement unecontusion directe [5]. La rupture des fibres de col-lagène (type 1), qu’elle soit microfibrillaire, fibril-laire ou fasciculaire survient soit parce que le tra-vail demandé au tendon sain dépasse sa limite derésistance, soit parce que le tendon est fragilisépar un ou plusieurs facteurs qui peuvent êtreconstitutionnels, dégénératifs, métaboliques ouiatrogènes. En cas de conflit entraînant un frotte-ment répété sur le tendon, il existe primitivementune bursopathie ou une péritendinite. Les tendi-nopathies par contusion sont rares et d’évolutionfavorable [5], mais ce mécanisme lésionnel pour-rait être discuté pour le tendon du supra-épineuxdans les chutes ou les micro-traumatismes entraî-nant une compression du tendon sur la voûteacromiale [31].

La coiffe des rotateurs est un site anatomiqueprivilégié d’étude de la physiopathologie des ten-dinopathies car elle présente l’ensemble de cesmécanismes lésionnels avec une complexité bio-mécanique expliquant la difficulté de cerner laresponsabilité de chaque facteur. Ces tendons ontnon seulement pour fonction d’assurer la trans-mission de la force exercée par le muscle àl’humérus et de supporter les contraintes en tra-vail excentrique, mais surtout de stabiliserl’articulation gléno-humérale. Selon Friedman, cetravail de stabilisation relève de quatre méca-nismes : tension musculaire passive, contractionmusculaire cooptant les surfaces articulaires, sol-licitation dans le mouvement des ligaments misen tension, effet “butée” des muscles contractés[14]. En outre, les tendons de la coiffe des rota-

135

TENDINOPATHIES DELA COIFFE DES ROTATEURS:

QUI EST COUPABLE ?

H. BARD, E. VANDENBUSSCHE, M. COHEN, B. AUGEREAU

Page 136: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

teurs assurent une véritable fonction de surfacearticulaire dans l’articulation avec la voûte acro-mio-coracoïdienne, aidés par la bourse sous-acro-miale. Le lecteur se réfèrera au chapitre consacréà l’anatomie fonctionnelle et à la biomécanique dela coiffe des rotateurs au début de cet ouvrage.

Voyons ce que l’accusation et la défense peu-vent dire sur chacun des suspects avant de tenterde formuler un jugement.

LE TENDON

Le tendon est bien sûr hors de cause dans lesruptures tendineuses traumatiques sur coiffesaine qui sont exceptionnelles. Celles-ci se voientchez le sujet jeune, pas forcément sportif, audécours de traumatismes violents : chute sur lemoignon de l’épaule ou abduction contrariée ; letendon, en général celui du supra-épineux, sedésinsère seul ou avec un petit fragment osseuxdu trochiter ; la taille de ce fragment dit “opercu-laire” ne préjuge en rien de la taille réelle de larupture. En revanche, les ruptures tendineusesspontanées ou traumatiques sur coiffe dégénéréesont beaucoup plus fréquentes. Quelle est la partde responsabilité de ces lésions dégénératives?

La dégénérescence tendineuse

La responsabilité de la dégénérescence tendi-neuse est de plus en plus mise en avant dans laphysiopathologie des lésions de la coiffe des rota-teurs [21]. Les arguments sont nombreux : raretédes lésions de la coiffe avant 40 ans (fig. 1), bila-téralité fréquente des tendinopathies, absencedans la moitié des cas environ d’une activité phy-sique intensive ou d’antécédents traumatiques[31]. Cependant, il ne faut pas perdre de vue quecette dégénérescence n’est pas liée uniquement àdes facteurs de sénescence. Comme l’arthrose, latendinose répond autant à des facteurs structu-raux qu’à des facteurs mécaniques (tableau 1).

Certains tendons “vieillissent” plus vite qued’autres parce qu’ils sont mal utilisés.Expérimentalement, un tendon de la coiffe prove-nant de sujets de la sixième ou septième décadeest capable de supporter des charges 3 fois supé-rieures à celles auxquelles il est soumis dans desactivités normales [31].

De nombreux auteurs ont étudiél’anatomopathologie des tendinopathies de lacoiffe, mais la mise en évidence de lésions dégé-nératives ne préjuge pas de leur cause, âge ou“surusage” [9, 15, 21, 31, 50]. Les lésions rencon-trées, désorientation et amincissement des fibrescollagènes, dégénérescence myxoïde ou hyaline,métaplasie chondroïde, prolifération vasculaire,calcifications, infiltration graisseuse avec absencede réaction inflammatoire n’ont rien de spécifiqueà l’épaule. Nos connaissances du métabolismedes cellules tendineuses (ténocytes), des facteurscellulaires et humoraux intervenants dans la qua-lité de la substance fondamentale et dans la pro-duction des fibres collagènes sont très en retardsur celles qui concernent le cartilage et plus enco-re si on se réfère au métabolisme osseux. Il n’y a

136

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Rupture de la face profonde du supra-épineux chezun homme de 35 ans découverte 4 mois après une chute enski ayant aggravé une épaule douloureuse pré-existante,sans autre activité physique ou sportive que la natationquotidienne.

Page 137: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

pas de raison de penser que la balance entre pro-cessus de régénération et de destruction soit trèsdifférente de ce que l’on constate au sein d’autrestissus comme l’os ou le cartilage. Contrairement àce dernier, le tendon a l’avantage d’être vasculari-sé et innervé. Il est capable de cicatriser et de seréparer [5, 28]. On connaît notamment la capaci-té de certains tendons, comme le tendon calca-néen, de se réparer spontanément, même aprèsrupture plus ou moins complète, grâce à la pré-sence d’une gaine péritendineuse, pour peu qu’onne contrarie pas ce processus. Cette capacité decicatrisation spontanée n’existe pas apparemmentpour les tendons de la coiffe, qui ont une face pro-fonde articulaire et une face superficielle en

contact avec une bourse séreuse et qui sont sou-mis à une tension permanente [11, 15, 16, 50]. Lecontact direct avec le cartilage et le liquide articu-laire sont certainement des facteurs empêchanttout processus spontané de réparation tendineu-se, en plus d’une vascularisation moindre.

Pour expliquer les lésions de la face profonde

du tendon du supra-épineux on évoque deux fac-

teurs en plus de cette difficulté à cicatriser. L’un

est mécanique, faisant intervenir une enthésopa-

thie des faisceaux profonds de ce tendon soumis

à des contraintes plus élevées que les faisceaux

superficiels (voir plus loin) ; l’autre est anato-

mique, par des modifications structurales de la

137

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Facteurs mécaniquesConflit, hypertraction, contusion

Régénérationadaptation

Réparationcicatricielle

Tendinose

Guérison anatomique Guérison clinique Rupture

Facteurs structurauxMorphologiques, cellulaires, métaboliques

Ruptures fibrillairesLésions cellulaires et matricielles

Tableau 1 : Physiopathologie des tendinopathies mécaniques d’après H. Bard [5].

Réparation

Page 138: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

face profonde, siège d’une métaplasie cartilagi-

neuse. Celle-ci est probablement plus diffuse et

récemment démontrée dans une série de 34 cas

non seulement dans l’aire de la lésion tendineuse

mais aussi dans le tissu avoisinant [19]. Les

contraintes en compression supportées par le ten-

don du supra-épineux pourraient être en cause

dans cette métaplasie chondroïde [31].

Si la responsabilité de facteurs dégénératifs nefait aucun doute, cela n’explique pas pourquoicertaines lésions tendineuses de la coiffe des rota-teurs restent ou redeviennent totalement asymp-tomatiques. Les processus d’adaptation ne sontpas toujours mis en faillite.

Le facteur vasculaire

Le rôle d’un facteur vasculaire a été mis enavant depuis de nombreuses années et restecependant discuté.

En 1963, F.H. Moseley [in 3] découvre qu’ilexiste en adduction de l’épaule une portion dutendon du supra-épineux qui est hypovasculari-sée. Cette zone dite “critique” siège au niveau del’anastomose intratendineuse des artères venuesdu trochiter et du corps musculaire du supra-épi-neux ; située à 1 cm de l’insertion osseuse du ten-don, elle est le siège préférentiel des phéno-mènes inflammatoires, des dépôts calciques etdes ruptures.

En 1965, H.R. Rothman [41] confirme ces don-nées et élargi cette notion de “zone critique” enaffirmant que si elle existe sur le tendon du supra-épineux chez 63 % des patients, on la trouve aussisur l’infra-épineux et le subscapulaire dans res-pectivement 37 % et 7 % des cas. En 1970,J.B. Rathburn [39], après avoir rappelél’appauvrissement vasculaire avec l’âge et la vul-nérabilité à l’étirement et à la compression destendons plats par rapport aux tendons ronds irri-gués à partir du paratendon, corrobore les travaux

précédents en montrant que le tendon du supra-épineux a une microvascularisation moindre quecelui de l’infra-épineux, elle-même inférieure àcelle du subscapulaire. Pour ces auteurs,l’utilisation intensive de la coiffe, ce d’autant quele patient est âgé, crée des phénomènes de nécro-se ischémique intratendineuse. Celle-ci débutantau niveau des zones critiques précédemment défi-nies peut être localisée ou étendue, mais est tou-jours à l’origine d’une réaction inflammatoire devoisinage qui peut elle-même être entretenue pardes facteurs mécaniques associés.

Cependant, on sait qu’en cas de lésion tendi-neuse traumatique ou microtraumatique, unenéovascularisation apparaît, même en zone initia-lement moins vascularisée. D’autre part, surd’autres tendons, les lésions ne surviennent passystématiquement ou préférentiellement sur leszones hypovascularisées. Celles-ci sont souventpurement fonctionnelles, dépendant de la posi-tion du tendon. Enfin, l’imagerie actuelle montreque la plupart des lésions tendineuses du supra-épineux débutent à l’insertion ou dans la partietoute proche de celle-ci et non au niveau de cettezone dite critique [32].

Capital tendineux et facteursbiomécaniques

On acquiert au cours de la croissance un capitaltendineux qu’il est difficile d’entretenir oud’améliorer au cours de la vie adulte, contraire-ment au capital musculaire [5]. La résistance à latraction d’un tendon sain dépend de son anato-mie, de sa physiologie et de facteurs bioméca-niques parmi lesquels le type de contraction mus-culaire et l’axe du travail tendineux sont impor-tants [5, 28, 31]. Le mode de contraction muscu-laire joue en effet un rôle essentiel. Les contrac-tions excentriques sollicitent davantage le tendonque les contractions concentriques et isomé-triques. On connaît la fréquence des tendinopa-thies chez les sportifs, liées à une surcharge en

138

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 139: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

course excentrique. Il s’agit certes habituellementde tendons extenseurs et bi-articulaires, mais cetravail en excentrique existe aussi sur les tendonsde la coiffe, et non seulement dans le geste du lan-cer ou lorsqu’un sujet se rattrape par le bras pouréviter une chute (fig. 2). Sa responsabilité n’aguère été envisagée à notre connaissance bienque cet aspect soit évoqué par Matsen et al. [31].

Indépendamment d’une fragilité liée à des phé-nomènes dégénératifs, il ne faut pas perdre devue le rôle de facteurs constitutionnels. Certains

patients ont incontestablement une fragilité ten-dineuse constitutionnelle favorisant des tendino-pathies multiples ou récidivantes, fragilité liée àune anomalie du collagène et/ou de la matricetendineuse. Une hyperlaxité ligamentaire diffuseà l’origine d’un syndrome d’hypermobilité articu-laire est aussi un facteur favorisant les tendino-pathies [5]. Des tendinopathies multiples chez unmême sujet doivent faire discuter également lerôle de facteurs métaboliques, environnemen-taux ou liés au mode de vie. Enfin, on rappellera

139

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Fig. 2 : Schéma de la coiffe des rotateurs, vue supérieure,montrant le travail excentrique de la jonction supra-épi-neux/infra-épineux en rotation médiale puis du subscapu-laire et de la partie antérieure du supra-épineux en rotationlatérale :a) rotation neutre b) rotation médiale c) rotation latérale(modifié d’après Matsen, Arntz et Lippitt [31]).

a b

c

Page 140: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

que le tendon peut être le siège d’affections plusrares, inflammatoires, métaboliques (calcifica-tions, maladies de surcharge), infectieuses ettumorales [7].

Plusieurs auteurs se sont intéressés aux pro-priétés biomécaniques des tendons de la coiffe etprincipalement du supra-épineux, à l’aide demodèles expérimentaux [6, 23, 40, 47]. Les ten-sions exercées sur le tendon varient entre lesfaisceaux superficiel et profond et selon le degréd’abduction. Ces études montrent, au moins invitro, que la face profonde articulaire du tendondu supra-épineux près de son insertion supportele stress maximal durant l’abduction [47].Toutefois, le travail de Bey et al. [6] en imageriemagnétique sur un modèle expérimental va àl’encontre de ces données car il semble montrerque la contrainte maximale dépend plus de laposition de l’articulation que de la partie du ten-don sollicitée. Cette contrainte est maximale à60° d’abduction.

Enfin le muscle supra-épineux a des particulari-tés anatomiques qui ont pour but de le renforceret qui peuvent être insuffisants chez certainssujets. Outre le classique renforcement en crois-sant de Burkhart, Gagey et al. ont soulignél’existence d’un squelette fibreux dans les ten-dons de la coiffe des rotateurs participant au ver-rou fibreux avec les ligaments coraco-huméral etgléno-huméral supérieur [17].

L’ENVIRONNEMENT DES TENDONSDE LA COIFFE

Le tendon fonctionne dans un environnementdestiné à faciliter son travail, avec des structuresde glissement comme les bourses séreuses, lesgaines synoviales ou le paraténon [5]. On peutdiscuter le rôle pathogène éventuel de ces struc-tures. Néanmoins le tendon est exposé à desconflits possibles avec d’autres structures de voi-sinage (acromion, face inférieure de l’acromio-

claviculaire, glène de la scapula et son labrum),soit parce que celles-ci présentent des anomaliesanatomiques potentiellement agressives ou sour-ce d’instabilité, soit parce qu’un geste ou un mou-vement conduit le tendon à un contact anormal ourépété avec ces structures. On peut donc opposerles conflits structurels ou anatomiques auxconflits mécaniques ou fonctionnels.

L’environnement ostéo-articulaire

Les conflits avec la voûte acromio-coracoïdienne

Ces conflits sous-acromio-coracoïdiens peuventsurvenir à deux niveaux. On décrit ainsi un conflitsous-acromial antéro-supérieur et un conflit sous-coracoïdien antéro-inférieur.

L’histoire du conflit sous-acromial débute en1968 quand, à la suite de A.F. de Palma [13],P. Dautry et J. Gosset [12], après avoir défini l’arcfonctionnel préférentiel de l’épaule, c’est-à-direl’élévation dans le plan de l’omoplate en rotationinterne de 30°, précisent les rapports de la voûteacromio-coracoïdienne avec la coiffe sous-jacen-te. Le bord supérieur du subscapulaire, le bordantérieur du supra-épineux et la portion intra-articulaire du biceps recouverte par le ligamentcoraco-huméral entrent en rapport avec l’ogivefibreuse tendue du bord libre du ligament acro-mio-coracoïdien au bord externe du coraco-biceps (fig. 3). Quant au tendon du supra-épineux,il est situé dans un défilé ostéo-fibreux plus étroiten avant qu’en arrière, formé en bas par la têtehumérale et en haut par le ligament acromio-coracoïdien. En 1972, C.S. Neer II [33], en attirantl’attention sur le rôle vulnérant du bec antéro-inférieur de l’acromion, redonne un élan à la théo-rie “mécaniste”. En 1978, D. Patte [37], C.J.Petersson [38] puis, plus tard, M. Watson [48],considérant que d’éventuels ostéophytes del’acromio-claviculaire peuvent être agressifs pourle supra-épineux à sa jonction musculo-tendineu-

140

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 141: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

141

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Fig. 3 : Schéma de l’épaule en coupe sagittale illustrant l’articulation sous-acromio-coracoïdienne avec l’ascensionprogressive de la tête humérale contre la voûte acromio-coracoïdienne (d’après Matsen, Arntz et Lippitt [31]).

Page 142: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

se, incluent cette articulation dans la voûte acro-mio-coracoïdienne. En 1985 enfin, A. Apoil [1], àla suite d’une étude anthropométrique mettant enévidence des variations de longueur etd’orientation de la portion horizontale de la cora-coïde, et C. Gerber [18], au décours d’une étudetomodensitométrique, précisent les rapports anté-ro-internes de la coiffe.

Deux zones conflictuelles existent donc : unezone antéro-inférieure à la pointe de la coracoïdeen regard de l’ogive ; une zone supérieure sous leligament acromiocoracoïdien, le quart antérieurde l’acromion et l’acromio-claviculaire. Le conflitantéro-interne dénommé également conflit anté-rieur sous-coracoïdien a fait l’objet de publica-tions récentes [36].

Ces conflits, lorsqu’ils sont serrés chez certainsindividus, peuvent être à l’origine de réactionsinflammatoires de la coiffe avec dégénérescencesecondaire. Mais cette théorie “mécaniste”n’explique pas tout, contrairement à ce qu’a long-temps laissé entendre C.S. Neer II [34]. Sinon,comment expliquer au sein des ruptures partiellesla nette prévalence de celles siégeant sur le ver-sant articulaire ou en plein tendon rapportéesdans les observations autopsiques de E.A.Codman [11], H.K. Uhthoff [46] et H. Fukuda[16]? Il semblerait donc que l’on puisse, en fonc-tion de la vascularisation différente de chacun destendons et du caractère plus ou moins serré dechacune des zones conflictuelles, individualiserdeux mécanismes pathogéniques différents.

En avant, ce sont les facteurs mécaniques quiprédominent ; ils sont responsables d’une intenseréaction inflammatoire au niveau du tendon cor-rectement vascularisé. La nécrose est secondaireet bien souvent limitée. En arrière, ce sont les fac-teurs vasculaires qui seraient au premier plan. Laréaction inflammatoire est bien moins explosive ;la nécrose est primitive et souvent étendue. Lesfacteurs mécaniques n’entrent en jeu que secon-dairement, aggravant l’étendue des lésions.

Cette pathogénie semble mieux corrélée avecles données cliniques et opératoires :

❍ les lésions antérieures sont rapidement trèsalgiques et aboutissent à des petites oumoyennes ruptures ;

❍ les lésions postéro-supérieures sont plussouvent paralytiques et créent de grandesruptures.

Les conflits internes ou labro-glénoïdiens

Ces conflits ont été mis en évidence plus récem-ment, grâce à l’arthroscopie et à l’IRM dans despositions extrêmes. La face profonde de la coiffevient au contact du labrum et de la glène lorsquele bras est placé aux limites de sa mobilité [31].Walch [48] et C. Jobe [27] ont décrit en 1991 leconflit postéro-supérieur qui fait l’objet d’un cha-pitre particulier de ce livre. Ce conflit est plusmécanique que structurel, puisqu’il est généré parun mouvement physiologique mais extrême etrépété en position d’armé du bras, propre auxsports de lancer. Il se produit entre le versant arti-culaire profond des tendons de la coiffe et le bordpostérieur de la glène lorsque le bras est enabduction – rétropulsion – rotation externe.

Budhoff, Nirschl et al. [8] constatent une gran-de fréquence des lésions labrales supérieuresdans les ruptures de la face profonde du tendondu supra-épineux et non seulement chez des lan-ceurs, ce qui va à l’encontre des constatationsd’Halbrecht et al [20] qui n’en découvraient paschez des sujets non lanceurs, mais dans une étudefaite en imagerie magnétique et uniquement cor-rélée à la clinique.

Dysplasie gléno-humérale

L’attention s’est portée récemment surl’orientation de la cavité glénoïde dans les instabi-lités (voir les chapitres consacrés à l’épaule

142

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 143: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

instable). Hughes et al. [24] ont publié en 2003une étude sur cadavre montrant l’associationd’une pente glénoïdienne plus importante (98,6°)sur les épaules ayant une rupture complète de lacoiffe versus 91° sur les épaules sans rupture. Plusrécemment, d’autres auteurs montrent qu’unerétroversion plus grande est prédictive d’unelésion antérieure de la coiffe alors qu’une anté-version favorise une lésion postérieure [44]. Laresponsabilité de l’orientation de la cavité glénoï-de et le rôle d’une rétroversion ou d’une antéver-sion humérale demandent à être confirmé pard’autres travaux.

La bourse sous-acromio-deltoïdienne

Si la présence d’une bursite sous-acromio-del-toïdienne est très fréquente dans les tendinopa-thies et les ruptures des tendons de la coiffe desrotateurs, sa responsabilité dans la physiopatho-logie de ces lésions n’est pas prouvée. Elle estdavantage responsable des douleurs, victime elle-même du conflit sous-acromial. Néanmoins untravail récent de Machida et al. [30] suggèrequ’une bursite adhésive sous-acromiale pourraitaccentuer le conflit entre l’acromion et l’insertiondes tendons de la coiffe.

L’environnement musculaireet capsulo-ligamentaire

Le conflit sous-acromial décrit par Neer ne per-mettant pas d’expliquer toutes les lésions, F. Jobe[26] a développé la théorie d’une instabilité àl’origine du conflit (“instability with secondaryimpingement”). Cette instabilité peut avoir plu-sieurs origines : dysplasie gléno-humérale, laxitécapsulo-ligamentaire et déséquilibre musculaire.L’évaluation musculaire est surtout envisagéedans l’indication des réparations des ruptures dela coiffe. Cependant, le rôle d’une déficience ou

d’un déséquilibre musculaire est discuté et sansdoute insuffisamment évalué. On connaît l’intérêtde la rééducation des muscles abaisseurs de latête humérale. Un déséquilibre entre rotateurslatéraux et médiaux peut favoriser un conflit ouun surmenage tendineux.

Un dysfonctionnement musculaire est volon-tiers mis en évidence dans les conflits sous-acro-miaux, mais il est difficile de dire si ces anoma-lies sont primitives ou secondaires [29]. Les fac-teurs musculaires ont été bien étudiés par l’écolede Montpellier [29]. Les rotateurs médiaux pré-dominent sur les rotateurs latéraux chez le sujetnormal. Le muscle subscapulaire est le plus puis-sant des muscles de la coiffe. Il est certain quel’équilibre entre rotateurs latéraux et médiauxest nécessaire au centrage correct de la têtehumérale.

Le rôle stabilisateur du complexe capsulo-liga-mentaire n’est plus à démontrer [14, 25].Nobuhara et Ikeda en 1987 [35], puis Augereau en1990 [4] ont décrit une lésion de l’intervalle desrotateurs, véritable déhiscence antéro-supérieurede la coiffe, pouvant expliquer des épaules dou-loureuses avec instabilité inférieure et qui ont ététraitées chirurgicalement avec succès.

Place de l’innervation

Le rôle de l’innervation dans le dysfonctionne-ment musculaire ne doit pas être négligé. Vad etal. [46] ont étudié la prévalence des lésions ner-veuses périphériques dans les ruptures trans-fixiantes de la coiffe chez 25 patients et ont trou-vé 7 examens électrophysiologiques anormauxavec 4 atteintes du nerf axillaire, 2 du nerf supra-scapulaire et une radiculopathie cervicale,l’atrophie musculaire étant plus importante en casd’atteinte neurologique. Des tendinopathies dusupra-épineux peuvent être associées à une para-lysie du nerf supra-scapulaire [2].

143

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Page 144: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’utilisateur

Il est incontestable que les tendinopathies de la coif-fe sont favorisées par certaines activités physiquesqu’elles soient sportives, professionnelles ou de loi-sirs. On a vu l’importance des sports de lancer. Onconnaît la fréquence des lésions de la coiffe chez lespratiquants de sport de raquette. L’épaule du sportiffait l’objet d’un chapitre de ce livre et une revue surles lésions de la coiffe des rotateurs a été faite parCleeman et Flatow [10]. Dans l’activité quotidienne,la pratique du travail sur ordinateur et notammentle maniement de la souris dans de mauvaises posi-tions est sans doute générateur de conflit antérieurfonctionnel. Les patients souffrant d’une tendinopa-thie de la coiffe des rotateurs sont fréquemmentgênés dans leur sommeil en décubitus homolatéralet plus rarement en décubitus dorsal. Dans cetteposition, l’absence de pesanteur et la subluxationstatique postéro-supérieure de la tête huméraleentretiennent le conflit sous-acromial, comme lemontre bien l’incidence décrite par Railhac (voirchapitre consacré aux incidences de base). Le rôlepathogène éventuel des positions de sommeil ouleur responsabilité dans l’entretien des symptômesou dans l’aggravation des lésions n’est pas connu,mais il est sans doute nul ou faible, un facteur pos-tural n’étant en principe pas suffisant pour générerune tendinopathie, à moins de faire intervenir unmécanisme d’ischémie par compression prolongée.

Le thérapeute

L’évolution des lésions tendineuses de la coiffedes rotateurs dépend également des traitementsentrepris. Une prise en charge précoce, basée surune bonne analyse des lésions et de leur cause,est certainement importante pour éviterl’aggravation des lésions tendineuses. A l’inverse,la répétition des injections sous-acromiales deglucocorticoïdes, l’usage de dérivés cortisoniquesinadaptés (fluorés ou retard), une mauvaise loca-lisation (intra-tendineuses) et l’absence de repos

temporaire après celles-ci favorisent l’aggravationdes lésions [5]. Certains médicaments sont incri-minés à l’origine de tendinopathie (fluoroquino-lones, corticoïdes, anabolisants, statines) [23].

Le jugement : qui est coupable?

Faire la part de ces différents facteurs dans laresponsabilité d’une lésion tendineuse de la coif-fe est donc un challenge difficile qui repose surune analyse clinique soigneuse oùl’interrogatoire a une part essentielle, sans négli-ger l’examen physique. Celui-ci a le mérited’affirmer en général que la symptomatologievient bien de l’articulation de l’épaule prise ausens large, même si la sensibilité de la plupartdes tests explorant les tendons et recherchant lesconflits est supérieure à leur spécificité, au moinsen l’absence de rupture complète d’un tendon. Ilne faut pas perdre de vue que le premier respon-sable est la grande mobilité de l’épaule et notam-ment de l’articulation gléno-humérale, articula-tion de l’organisme ayant la plus grande amplitu-de, ce qui expose nécessairement l’appareil ten-dineux dont le rôle de coaptation et de centragede la tête humérale sur la cavité glénoïde estessentiel mais non exclusif [14]. Sur son versantsuperficiel, la coiffe des rotateurs s’articule avecla voûte acromio-coracoïdienne, deuxième sour-ce de pathologie tendineuse.

Les données récentes sont loin de simplifier leproblème. Le rôle de la zone critique est battu enbrèche par l’équipe de D. Resnick [32]. Les fac-teurs à l’origine d’un conflit sous-acromio-coracoï-dien sont multiples faisant discuter le bien-fondéde l’acromioplastie quand un facteur musculaire,neurologique ou capsuloligamentaire est en cause(tableau 2). Les lésions ostéophytiques acromialessont secondaires au conflit, l’aggravant certes,mais non primitivement responsables de celui-ci,ce qui n’est peut-être pas le cas de l’arthrose acro-mio-claviculaire. Les études anatomopatholo-giques et biomécaniques montrent que les fais-

144

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 145: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ceaux profonds et superficiels du tendon du supra-épineux n’ont pas les mêmes fonctions et lesmêmes propriétés, ce qui explique probablementles clivages ou les dissections lamellaires intra-tendineuses. Les parties antérieure et postérieuredu tendon du supra-épineux différent égalementdans leur structure et leur biomécanique. L’axe detravail, essentiellement fonction du degréd’abduction (mais aussi de rotation), les relationsavec le cartilage de la tête humérale etl’hypovascularisation jouent un rôle importantdans la genèse des lésions de la face profonde. Leslésions intra-tendineuses du supra-épineux sontencore mal comprises [15]. Depuis Codman [11],l’insertion du supra-épineux sur le trochiter a faitégalement l’objet de travaux sans que l’on puisseencore en tirer des conclusions sur l’importanced’une enthésopathie primitive [31, 42, 43]. Le rôlede l’intervalle des rotateurs et du chef long du

biceps brachial semble important, mais encoremal défini, de même que celui des contraintes encourse excentrique des parties antérieure de lacoiffe en rotation latérale et postérieure en rota-tion médiale (fig. 2). Enfin, les conflits internesavec le labrum et la glène sont actuellement discu-tés, les lésions du bord supérieur du labrum sem-blant fréquemment associées aux lésions de laface profonde du tendon du supra-épineux, nonseulement dans des situations particulièrescomme le conflit postéro-supérieur, mais aussidans une population générale ayant une activitésportive de loisirs. [7]. Ainsi on peut dire qu’il y abeaucoup de responsables mais pas de vrai cou-pable et que la survenue d’une tendinopathie de lacoiffe est la conséquence d’une faillite des proces-sus d’adaptation et de réparation faisant intervenirdifférents facteurs mécaniques et structuraux(tableau 1).

Chez un sujet jeune, dont les tendons sont apriori sains, et pratiquant un sport sacrifiant lastabilité de l’articulation, la physiopathologie faitintervenir les muscles, la répétition des mouve-ments et la nocivité de certains gestes sollicitantles tendons dans des positions extrêmes ouconflictuelles [10].

Chez un sujet d’âge mûr ou plus âgé, les lésionsdégénératives jouent bien sûr un rôle important,mais elles ne doivent pas faire oublier larecherche d’un mécanisme lésionnel accessible àun traitement, qu’il s’agisse d’un conflit anato-mique ou fonctionnel, d’une instabilité ou d’undysfonctionnement myotendineux. Des facteursconstitutionnels tels qu’une dysplasie glénoïdien-ne, une insuffisance tendineuse, une laxité liga-mentaire ne doivent pas être négligés.

En dernier lieu, si les tendons de la coiffe desrotateurs jouent le premier rôle, ils ne résumentpas toute la pathologie de l’épaule et les articula-tions acromio-claviculaire et scapulo-thoracique,sans oublier la sterno-claviculaire, sont desseconds rôles à ne pas oublier.

145

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Tableau 2 : Différents conflits invoquésdans les tendinopathies de la coiffe.

Zones de conflit

➣ Voûte acromio-coracoïdiennesous-acromial ou antéro-supérieur

sous-coracoïdien ou antéro-inférieur

➣ Labro-Glénoïdiens ou internespostéro-supérieur

antérieur

Causes du conflit

➣ AnatomiqueAnomalies de l’acromion ou de la coracoïde

Ostéophytose acromio-claviculaire

Laxité capsulo-ligamentaire (instabilité)

Dysplasie gléno-humérale

Calcifications

Tendon du chef long du biceps brachial rompu

➣ FonctionnelPostural

Mouvement extrême répété

Déséquilibre ou dysfonctionnement musculaire

Bursopathie adhésive sous-acromio-deltoïdienne ?

Page 146: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] APOIL A., RENOUX S., MONET J., PUPIN P., COLLIN M.,GASC J.P., JOUFFROY F.K., DOURSOUNIAN L. Preliminarynote on biometric date relating to the human coraco acromial.Arch. Surg. Radiol Anat., 1986, 8, 189-195.

[2] AUGEREAU B., D’YTHURBIDE B., APOIL A. Syndrome dela coiffe des rotateurs de l’épaule par paralysie du nerf sus-sca-pulaire. Approche pathogénique et conséquences thérapeu-tiques. Ann Chir 1983 ; 37 : 689-91.

[3] AUGEREAU B. Traitement chirurgical des ruptures de lacoiffe des rotateurs. Cahiers d’enseignement de la SOFCOT.Conférences d’enseignement 1989, pp. 161-178.

[4] AUGEREAU B., Robin H. Instabilité antéro-supérieure del’épaule : à propos d’un cas. Rev Chir Orthop Reparatrice AppMot. 1990 ;76 : 598-601.

[5] BARD H. Physiopathologie, réparation, classification destendinopathies mécaniques. In Bard H., Cotten A., Rodineau J.,Saillant G., Railhac J.J. “Tendons et enthèses” GETROA opusXXX, Sauramps, Montpellier, 2003, p. 165-178.

[6] BEY M.J., SONG H.K., WEHRLI F.W., SOSLOWSKY L.J.Intratendinous strain fields of the intact supraspinatus tendon:the effect of glenohumeral joint position and tendon region. JOrthop Res 2002 ;20 : 869-74.

[7] BOUTRY N., COTTEN A., BARD H. Pathologie rare des ten-dons et des bourses séreuses. In Bard H., Cotten A., Rodineau J.,Saillant G., Railhac J.J. “Tendons et enthèses” GETROA opusXXX, Sauramps, Montpellier, 2003, p 347-356.

[8] BUDOFF J.E., NIRSCHL R.P., ILAHII O.A., RODIN D.M.InternaI Impingement in the Etiology of Rotator Cuff TendinosisRevisited. Arthroscopy ; 2003 ;19 : 810-14.

[9] CLARK J.M., HARRYMAN D.T. Tendons, Ligaments, andCapsule of the Rotator Cuff: gross and microscopic anatomy.JBJS 1992 ; 74-A : 713-25.

[10] CLEEMAN E., FLATOW E.L. Classification and Diagnosisof Impingement and Rotator Cuff Lesions in Athletes. SportsMed Arthroscopy Rev 2000 ;8 :141-57.

[11] CODMAN E.A. The shoulder rupturee of the supraspinatustendon and other lesions in or about subacromial bursa, pp. 123-177. Boston, Thomas Todd, 1934.

[12] DAUTRY P., GOSSET J. A propos de la rupture de la coiffedes rotateurs. Rev. Chir. Orthop., 1968, 55, 157-160.

[13] DE PALMA A.F. Surgical anatomy of the rotator cuff andthe natural history of degenerative peri arthritis. Surg. Clin.North Ati., 1963, 43, 1507-1520.

[14] FRIEDMAN R.J. Biomechanics of the rotator cuff. In D.Gazielly, P. Gleyze, T. Thomas, eds, The Culf Elsevier, Paris,1997, p. 34-38.

[15] FUKUDA H., HAMADA K., NAKAJIMA T., TOMONAGA A.Pathology and Pathogenesis of the Intratendinous Tearing of theRotator Cuff viewed From En Bloc Hjstologic Sections. ClinOrthop 1994 ; 304 : 60-67.

[16] FUKUDA H., MIKASA M., YAMANAKA K. Incompletethickness rotator cuff tears diagnosed by subacromial bursogra-phy. Clin. Orthop., 1987, 223, 51-58.

[17] GAGEY O., ARCACHE J., WELBY F., GAGEY N. Le sque-lette fibreux de la coiffe des rotateurs. La notion de verroufibreux. Rev Chir Orthop 1993 ;79 : 452-55.

[18] GERBER C.H., TERRIER F., GANZ R. The role of the cora-coid process in the chronic impingement syndrome. J. BoneJoint Surg. [Br.], 1985, 67, 703-708.

[19] GIGANTE A., MARINELLI M., CHILLEMI C., GRECO F.Fibrous cartilage in the rotator cuff: A pathogenetic mechanismof tendon tear? J Shoulder Elbow Surg 2004 ;13: 328-32.

[20] HALBRECHT J.L., TIRMAN P., ATKIN D. Internal impinge-ment of the shoulder: comparison of findings between the thro-wing and nonthrowing shoulders of college baseball players.Arthroscopy 1999 ;15(3): 253-8.

[21] HASHIMOTO T., NOBUHARA K., HAMADA T. Clin OrthopRelt Res 2003 ; 415 : 11-20.

[22] HAYEM G. Tendinopathies iatrogènes. In Bard H., CottenA., Rodineau J., Saillant G., Railhac J.J. “Tendons et enthèses”GETROA opus XXX, Sauramps, Montpellier, 2003, p 357-362.

[23] HUANG C.Y., WANG V.M., PAWLUK R.J. et al.Inhomogeneous mechanical behavior of the human supraspina-tus tendon under uniaxial loading. J Orthop Res 2005 (souspresse). elsevier.com.

[24] HUGHES R.E., BRYANT C.R., HALL J.M. et al. Glenoidinclination is associated with full-thickness rotator cuff tears.Clin Orthop. 2003 ;407: 86-91.

[25] ITOI E., BERGLUND L.J., GRABOWSKI J.J. NAGGAR L.,MORREY B.F., AN K.N. Superior-inferior stability of the shoul-der: role of the coracohumeral ligament and the rotator intervalcapsule. Mayo Clin Proc 1998 ;73(6): 508-15.

[26] JOBE F.W., PINK M. The athlete’s shoulder. J Hand Ther1994 ; 7(2): 107-10.

[27] JOBE C.M. Superior glenoid impingement. Clin. Orthop.1996; 330: 98-107.

[28] LEADBETTER W.B. Cell-matrix response in tendon injury.Clin Sports Med 1992 ;11 : 533-578.

[29] LEROUX J.L., THOMAS E., HEBERT P., BONNEL F.,BLOTMAN F. The importance of the muscle factor in shoulderrotator cuff pathology. In D. Gazielly, P. Gleyze, T. Thomas, eds,The Cuff Elsevier, Paris, 1997, p. 23-24.

[30] MACHIDA A., SUGAMOTO K., MIYAMOTO T., INUI H.,WATANABE T., YOSHIKAWA H. Adhesion of the subacromialbursa may cause subacromial impingement in patients withrotator cuff tears: pressure measurements in 18 patients. ActaOrthop Scand 2004 ; 75(1): 109-13.

[31] MATSEN F.A. III, ARNTZ C.T., LIPPITT S.B. Rotator Cuff.In Rockwoood and Matsen. The shoulder 2nd ed, Saunders,Phlidelphia, 1998, 755-777.

[32] MOHANA-BORGES A.V., CHUNG C.B., ABBASOGLU P.,RESNICK D. Location of Rotator Cuff Tears: MR imaging study:How critical is the critical zone. RSNA 2003 abstract 193.

[33] NEER C.S. II Anterior acromioplasty for the chronic impi-gement syndrome in the shoulder. Preliminary Report. J. BoneJoint Surg. [Am.] 1972, 54, 41-50.

[34] NEER C.S. II, CRAIG E.W., FUKUDA H. Cuff tear arthropa-thy. J. Bone Joint Surg, 1983, 65-A, 1232-1244.

146

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 147: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

[35] NOBUHARA K., IKEDA H. Rotator interval lesion. ClinOrthop Relat Res 1987 ; 223 : 44-50.

[36] NOVE-JOSSERAND L., BOUHALIA A., LEVIGNE C., NOELE., WALCH G. Espace coraco-huméral et rupture de la coiffe desrotateurs de l’épaule. Rev Chir Orthop 1999; 85, 677-683.

[37] PATTE D., GOUTALLIER D. Chirurgie de la coiffe des rota-teurs. Encycl. Méd. Chir., Techniques chirurgicales, orthopédieet traumatologie, 44285, 49-06.

[38] PETERSSON C.J., GENTZ C.F. Rupture of the supraspina-tus tendon : the significance of distally pointing acromio clavi-cular osteophytes. Clin. Orthop., 1983, 174, 143-148.

[39] RATHBURN J.B., MACNAB I. The micro vascular pattern ofthe rotator cuff. J. Bone Joint Surg. [Br.], 1970, 52, 540-553.

[40] REILLY P., AMIS A.A., WALLACE A.L., EMERY RJH.Mechanical factors in the initiation andpropagation of tears ofthe rotator cuff: quantification of strains of the supraspinatustendon in vitro. J Bone Joint Surg 2003 ; 85B :594-9.

[41] ROTHMAN H.R., PARKE W. The vascular anatomy of therotator cuff. Clin. Orthop., 1965, 41, 176-186.

[42] RUOTOLO C., FOW J.E., NOTTAGE W.M. TheSupraspinatus Footprint: An Anatomic Study oftheSupraspinatus Insertion. Arthroscopy 2004 ; 20 : 246-49.

[43] SANO H., UHTHOFF H.K., BACKMAN D.S. et al.Structural disorders at the insertion of the supraspinatus ten-don. J Bone Joint surg 1998 ; 80-B : 720-5.

[44] TETREAULT P., KRUEGER A., ZURAKOWSKI D., GERBERC. Glenoid version and rotator cuff tears. J Orthop Res 2004 ; 22:202-7.

[45] UHTHOFF H.K., LOEHR J.F. The pathogenetic mechanismof degenerative rotator cuff tears. Munich, SICOT, 1987,Abstracts (579).

[46] VAD V.B., SOUTHERN D., WARREN R.F., ALTCHEK D.W.,DINES D. Prevalence of peripheral neurologic injuries in rota-tor cuff tears with atrophy. J Shoulder Elbow Surg 2003 ;12(4):333-6.

[47] WAKABAYASHI I., ITOI E., SANO H. et al. Mechanicalenvironment of the supraspinatus tendon: a two-dimensionalfinite element model analysis. J Shoulder Elbow Surg 2003 ;12:612-7.

[48] WALCH G., LIOTARD J.P., BOILEAU P. et al. Un autreconflit de l’épaule. “Le conflit glénoïden postéro-supérieur”.Rev. Chir. Orthop. 1991; 177 :571-574.

[49] WATSON M. The role of the acromio clavicular joint in cuffdegeneration. Berne, SECEC, 1988, Abstracts.

[50] YAMANAKA K., FUKUDA H., HAMADA K., NAKAJIMA T.Histology of the supraspinatus tendon with reference ta rotatorcuff tears. In D. Gazielly, P. Gleyze, T. Thomas, eds, The CulfElsevier, Paris, 1997, p. 15-18.

147

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tendinopathies de la coiffe des rotateurs : qui est coupable ?

Page 148: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 149: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Le terme de périarthrite scapulo-humérale(PSH), souvent utilisé, est bien commode pourdécrire toute douleur d’épaule ne correspondantpas à une atteinte articulaire ; il faudrait pourtantle faire disparaître du vocabulaire médical car ilregroupe de manière tout à fait artificielle despathologies dont le support anatomique et le trai-tement sont fondamentalement différents.

En cas d’épaule douloureuse, le but des investi-gations d’imagerie est de déterminer la cause decette douleur, ce qui n’est pas toujours facile, et lagrande erreur est de s’arrêter à la première imagepathologique découverte en oubliant que de nom-breuses lésions (ruptures et calcifications parexemple) sont souvent asymptomatiques [1-2].

Dans cette démarche diagnostique, plusieurséléments sont à prendre en compte ; ainsi l’âge dupatient est important à considérer, en particulierparce que la prévalence des ruptures symptoma-tiques, mais surtout asymptomatiques, augmenteprogressivement pour devenir très fréquenteaprès 65 ans [3-4].

Le stade évolutif de découverte est égalementdéterminant dans l’analyse d’une douleur puis-qu’une calcification provoque une crise hyperal-gique lorsqu’elle disparaît [5] alors qu’une ruptu-re entraîne une symptomatologie lorsque le ten-don se déchire pour devenir le plus souventasymptomatique par la suite [1].

Enfin, les différentes pathologies des tendons etde leur gaine sont parfois multiples ce qui com-

plique encore la détermination du facteur doulou-reux ; ainsi le caractère hypertrophique d’uneenthésopathie peut-être à l’origine d’un conflitantéro-supérieur lui-même générateur de bursite.

Le bilan étiologique d’une douleur d’origineprésumée de la coiffe n’est donc pas uniquementla recherche d’une rupture ni un bilan préopéra-toire, c’est beaucoup plus complexe si l’on sou-haite effectuer un démembrement correct despathologies douloureuses pour orienter le traite-ment de manière satisfaisante.

Voyons dans quelle mesure l’échographie estcapable de nous apporter certains éléments deréponse à la seule question importante au départ :quelle est la cause de la douleur du patient ?

POURQUOI L’ÉCHOGRAPHIE?

Après l’examen clinique, la stratégie diagnos-tique en cas d’épaule douloureuse fait toutd’abord appel aux clichés radiographiques stan-dards mais cette association est rarement suffi-sante pour démembrer les différentes étiologiesdouloureuses de la coiffe [6-8].

Cliniquement, la différenciation de ces patholo-gies est difficile car, même si certains élémentssont spécifiques, la même lésion a souvent unesymptomatologie fort différente d’un patient àl’autre et d’autre part, la disposition anatomiqueen couches superposées des éléments de la coiffelimite la discrimination clinique car une palpationdouloureuse peut correspondre soit à une bursitesoit à une tendinopathie [1, 9-11].

149

APPORT DIAGNOSTIQUEDE L’ÉCHOGRAPHIE DANS LA PATHOLOGIE

DE LA COIFFE DES ROTATEURS

J.-L. BRASSEUR

Page 150: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les clichés radiographiques standards sontindispensables pour voir l’interligne articulaire etéliminer une pathologie sous-jacente, mais dansle cadre des lésions de la coiffe ils ne montrentque 2 pathologies : les larges ruptures trans-fixiantes anciennes (défilé sous-acromial aminci)[7] et les tendinopathies calcifiantes (calcificationarrondie et/ou nuageuse) [8]. Pour le reste, cesont des signes indirects orientant vers une patho-logie de la coiffe qui sont présents : irrégularitédes facettes, densification sous-acromiale [8, 11].

Ensuite, pour choisir une imagerie permettantd’explorer correctement une coiffe, certains pré-requis sont indispensables car la technique utili-sée doit être capable :

❍ de différencier les différents éléments anato-miques situés entre les facettes d’insertion etle deltoïde,

❍ de montrer les 2 versants (articulaire et bur-sal) de la coiffe

❍ et la structure même des tendons.

Seules 2 techniques répondent à ces impératifs :l’échographie et l’IRM (ou l’arthro-IRM).

Outre le caractère non invasif et non irradiant,les avantages de l’échographie sont bien connus :

❍ la disponibilité,

❍ et le prix (10 fois moins cher !), mais il fautégalement ajouter dans le cadre de ces lésionsde coiffe,

❍ l’importance de sa résolution spatiale (fig. 1),

❍ son caractère dynamique fort utile dansl’étude de cette articulation de mobilité.

De plus, à l’épaule, l’existence de très nom-breuses lésions asymptomatiques (fig. 2) [1-4]impose un examen bilatéral. Ce dernier point estcapital, souvent méconnu, et c’est pour cette rai-son que l’on s’arrête souvent à la première imageanormale découverte sans rechercher la véritableétiologie douloureuse.

Son principal désavantage est sa grande diffi-culté à l’origine de sa réputation d’examen opéra-teur-dépendant. Elle nécessite un long apprentis-sage et l’utilisation d’une machine très perfor-mante ; ces 2 éléments sont fondamentaux et leurméconnaissance est à l’origine de bien desdésillusions [12-14].

150

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Importance de la résolution spatiale del’échographie pour différencier les différents éléments pos-térieurs.

Fig. 2 : Rupture transfixiante ancienne asymptomatiquechez un patient présentant des douleurs gauches.

Page 151: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Pour ces raisons, les autres limites évoquéessont le plus souvent des problèmes de confianceen l’opérateur et de compréhension des images,cette méfiance étant confortée par les nom-breuses erreurs rencontrées.

Il ne faut par ailleurs jamais oublier quel’échographie de l’épaule ne fait jamais un bilanglobal de cette articulation et que son utilisationisolée est dangereuse et répréhensible. Elle estutile, après les clichés standards, lorsque l’examenclinique suspecte une pathologie de la coiffe et abeaucoup moins d’intérêt dans l’instabilité, maispeut être utile en cas de pathologie articulaire [15].

COMMENT FAIRE UNEÉCHOGRAPHIE DE LA COIFFE?

Il faut le répéter, c’est un examen difficile quipour être performant nécessite un long apprentis-sage et l’utilisation d’un matériel performant [12,14, 16].

Il est donc indispensable, dans un premier tempsd’apprendre à faire cette échographie sur de nom-breuses personnes asymptomatiques, d’âgevariable et de morphologie différente avantd’envisager d’examiner un patient ; les nombreusesvariantes doivent être connues avant d’aborder lapathologie car il est impossible sans ce prérequisd’affirmer qu’une image est anormale.

Pour la même raison, l’examen débute systéma-tiquement par l’épaule supposée saine pour voircomment sont, chez ce patient, les structures ana-tomiques non douloureuses. Des bourses peuventêtre épaisses, des épanchements sont visibleschez un nombre non négligeable de personnes etil existe de nombreuses calcifications asympto-matiques (fig. 3). De plus des remaniements desinsertions tendineuses sont pratiquement systé-matiques chez les patients ayant eu une activitésportive ou manuelle importante. On connaît éga-lement le nombre élevé de ruptures asymptoma-

tiques, partielles ou transfixiantes, dont le pour-centage progresse en fonction de l’âge.

Quels que soient la topographie douloureuse etle diagnostic clinique présumé, l’examen doit êtresystématique, réalisé toujours de la même maniè-re pour être complet et ne pas s’arrêter à la pre-mière image anormale rencontrée ; la plus grandeerreur en échographie est de mettre directementsa sonde sur la région douloureuse.

Il faut rendre des images-clefs toujours iden-tiques, bien annotées, compréhensibles par touset susceptibles de faire l’objet d’une relecture. Lenombre de ces images peut être limité mais tousles éléments pathologiques intéressant le dia-gnostic doivent y figurer. Il faut être capable defaire le compte rendu de l’examen uniquement ense basant sur les documents remis au patient ; eneffet même au sein d’une séquence dynamique, ilest toujours possible d’individualiser le cliché ins-tructif et les clichés d’échographie doivent pou-voir être relus comme dans les autres techniquesd’imagerie.

L’utilisation d’un appareillage performant estégalement indispensable. Il est étonnant de

151

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Fig. 3 : Volumineuse calcification arrondie, bien régulière, àl’attache du supraépineux sans bursite surajoutée ; décou-verte fortuite.

Page 152: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

constater qu’il n’existe aucun impératif en cedomaine et que des machines incapables de diffé-rencier les différents éléments de la coiffe soientcouramment utilisées pour leur étude !

Dans ce cadre, il ne faut jamais oublier lors duchoix d’un appareil d’échographie que l’aspectréflexogène du tissu sous-cutané progresse demanière importante en fonction de l’âge dupatient et de l’épaisseur essentiellement graisseu-se de ce tissu. Les belles images faites sur lesmannequins n’ont donc aucun intérêt car ce nesont pas celles que l’on obtient en pratique. Il fautessayer les appareils sur des personnes âgées depréférence obèses !

Le meilleur critère de choix d’une machine pourune étude de la coiffe des rotateurs est de pouvoirdifférencier chez tous les patients (et donc princi-palement chez les obèses et les personnes âgées)la limite entre le versant superficiel du supra-épi-neux et la bourse sous-acromio-deltoïdienne(BSAD) ; cette différenciation est capitale carc’est l’un des éléments principaux de l’orientationde la thérapeutique (voir plus loin).

DÉMEMBREMENT DES ÉTIOLOGIESDOULOUREUSES

Après ces éléments indispensables :

❍ suspicion clinique de lésion de la coiffe,

❍ clichés standards effectués,

❍ opérateur compétant,

❍ effectuant un examen bilatéral,

❍ et utilisant un appareillage performant,voyons dans quelle mesure l’échographiepeut différencier les différentes étiologiessymptomatiques.

Il faut en premier lieu séparer les pathologiesaiguës des chroniques car leur présentation cli-nique, mais surtout leur sémiologie échogra-phique diffèrent fondamentalement.

Les différentes atteintes aiguës

Que la lésion aiguë soit post-traumatique,qu’elle survienne “dans un ciel serein” ou consti-tue l’aggravation brutale d’une atteinte chronique,l’examen clinique est souvent difficile et l’apportdiagnostique de l’échographie quasiment toujoursméconnu. Différents types de lésions peuvent êtretrouvés : les lésions tendineuses et bursales sontanalysées mais aussi les lésions osseuses et capsu-lo-ligamentaires parfois associées, dont la détec-tion complète le bilan échographique [16-18].

Les lésions osseuses et ostéo-articulaires

Si l’os spongieux et les interlignes articulairesne sont pas analysables, les lésions de la corticaleosseuse sont parfaitement vues par l’échographiequi montre de façon très nette les imagesd’interruption, en particulier en cas de fracture dutubercule majeur. Ces lésions sont souvent igno-rées par le bilan radiographique, fréquemmentnégatif au stade précoce sur les incidences habi-tuelles. La fracture se détecte à l’échographie parune interruption de la ligne hyperéchogène de lacorticale s’accompagnant parfois d’un déplace-ment et dans l’immense majorité des cas d’unezone hypoéchogène de voisinage (fig. 4). Celle-ciest importante parce qu’elle différencie les lésionsanciennes des récentes [19].

Outre les fractures avec ou sans déplacement,de nombreuses petites solutions de continuité cor-ticale, très rarement soupçonnées sur les clichésstandards, sont observées après un traumatisme :minimes interruptions de la ligne corticale hyper-échogène. Ces lésions sont électivement doulou-reuses au palper échoscopique et cernées d’unefine ligne hypoéchogène. Elles s’accompagnentsouvent d’un épanchement bursal hématique etdans certains cas d’une désinsertion des fibrespériphériques du supra-épineux (fig. 5). Il fauttoutefois signaler que certaines de ces contusions

152

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 153: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ne sont visibles qu’en IRM lorsqu’elles nes’accompagnent d’aucune modification de la péri-phérie de l’os.

Des images de désinsertions des noyauxd’ossification peuvent se retrouver chezl’adolescent, en particulier à l’attache du subsca-pulaire ; c’est la comparaison au côté opposé quipermet de détecter ces lésions se marquant par

une bande hypoéchogène détachant le versantsuperficiel de la corticale. Leur consolidation estrapide à cet âge si on prend soin d’interdire toutmouvement de rotation externe du bras.

Les impactions sont également correctementdécelées, et en particulier celles du versant posté-ro-supérieur de la tête après luxation antéro-infé-rieure (fig. 6). Leur découverte est intéressantepour confirmer une luxation spontanémentréduite, mais le rôle de l’échographie est surtoutde vérifier l’intégrité du tendon adjacent.L’examen ultrasonore n’est par contre en aucuncas capable de faire le bilan global d’un accidentd’instabilité car l’atteinte du labrum n’estqu’incomplètement vue, en particulier en anté-rieur, mais une mobilité anormale est par contrebien analysée sur une coupe axiale postérieureen échographie dynamique.

Les épanchements et les bursites

En échographie, les épanchements sont dessignes indirects orientant le diagnostic vers unepathologie intra ou péri-articulaire. Leur recon-naissance est impérative en pathologie aiguë.

153

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Fig. 4 : Fracture-arrachement sans déplacement du proces-sus mineur ; interruption de la ligne hyperéchogène de lacorticale et zone hypoéchogène de voisinage.

Fig. 5 : Impaction post-traumatique de la facette antérieuredu processus majeur (non visualisé sur les clichés stan-dard) ; une désinsertion partielle des fibres périphériquesdu supra-épineux avec bursite de voisinage se superposedans ce cas.

Fig. 6 : Encoche postéro-supérieure de la tête huméraleaprès luxation antéro-inférieure sans lésion associée dutendon de l’infra-épineux.

Page 154: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’examen étant réalisé en position assise,l’épanchement intra-articulaire se traduit par lasurvenue d’une distension du récessus bicipitalentraînant l’apparition d’une zone anéchogèneentourant le long biceps au niveau de sa coulisse.Dans certains cas, l’épanchement est égalementvisible à la partie postérieure de l’interligne(essentiellement en rotation externe) venant sou-lever le versant profond de l’infra-épineux [20].

La détection des bursites (épanchements péri-articulaires) peut s’effectuer à plusieurs niveaux.On connaît l’image classique de la bourse disten-due en regard du versant superficiel du supra-épi-neux et se prolongeant le long du versant latéralde l’humérus. Toutefois, on observe égalementcertaines bursites sous le ligament acromio-cora-coïdien ou au-devant du versant inférieur du sub-scapulaire (la bourse subscapulaire communiquedans la plupart des cas avec les bourses sous-acromiale et sous-deltoïdienne) (fig. 7) [21].

En aigu, la présence d’un double épanchement(coexistence d’un épanchement intra et d’unépanchement péri-articulaire) est quasimentpathognomonique de lésion transfixiante de lacoiffe des rotateurs puisque l’existence de cedouble épanchement signifie soit qu’il existe unecommunication entre les 2 compartiments, soitune double pathologie (fig. 8) [22-23].

Outre son rôle de signe indirect, une bursitepost-traumatique, dont la symptomatologie appa-raît quelques heures après le traumatisme, peutêtre à elle seule à l’origine des douleurs dupatient ; ce type de lésion survient essentiellementlors d’une chute sur la main ou le coude lorsque latête humérale vient percuter le versant inférieurde l’acromion.

Les lésions capsulo-ligamentaires

Au niveau scapulo-huméral, les atteintes liga-mentaires ne sont que très rarement repérées lorsd’un examen échographique de l’épaule et lesligaments gléno-huméraux sont très mal visuali-sés. On peut par contre rechercher une désinser-tion du ligament coraco-huméral au niveau de sesattaches sur la partie haute de la coulisse bicipita-le. Ces lésions se marquent par une petite avul-sion osseuse entourée d’une zone hypoéchogène(fig. 9). Ce sont des signes à rechercher en casd’abaissement de la tête sur les clichés de face carce ligament, appelé également suspenseur de latête, vient amarrer la zone de réflexion supérieu-re du chef long du biceps brachial.

154

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Importante distension bursale au-devant du subsca-pulaire.

Fig. 8 : Coupe sagittale antérieure montrant un doubleépanchement à la fois intra (recessus bicipital) et extra-arti-culaire (BSAD).

Page 155: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les lésions capsulo-ligamentaires del’interligne acromio-claviculaire sortent du cadrede cette étude des lésions de la coiffe, mais sontfréquemment méconnues en l’absence de lésionosseuse associée et sont toujours bien accessiblesà l’échographie. Ce sont les décollements capsu-laires à l’origine d’un manchon hypoéchogèneentourant l’extrémité de la clavicule qui entraî-nent des douleurs les plus importantes (fig. 10),mais de simples distensions articulaires sont éga-lement visibles.

Les pathologies tendineuses

Elles sont souvent à l’origine de lésionsd’importance et de localisation différentes dont ladétection et la quantification sont importantes àfaire en phase aiguë pour ne pas retarder la miseen route du traitement. C’est la principale indica-tion de l’échographie post-traumatique.

Ruptures transfixiantes

Les lésions transfixiantes récentes du supraet/ou de l’infra-épineux sont difficiles à voir carles critères classiques (irrégularités de la sur-face d’insertion, méplat et/ou disparition tendi-neuse) ne sont jamais présents à la phaseaiguë. Les berges d’une atteinte récente sontsouvent mal définies et il existe le plus souventune simple tuméfaction hypoéchogène diffusedu tendon au sein de laquelle la zoned’interruption n’est pas visible (fig. 11). Desmanœuvres d’étirement et de compressiondevront être réalisées afin de démasquer aumieux cette rupture traversant le tendon et fai-sant donc communiquer les deux comparti-ments articulaires par une zone anéchogènequi constitue le seul signe sémiologique directà ce stade (fig. 12) [16].

155

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Fig. 9 : Arrachement du ligament coraco-huméral à sonattache sur le versant latéral du pôle supérieur de la coulisse.

Fig. 10 : Décollement capsulo-périosté du versant médial del’acromio-claviculaire droite avec épanchement articulaireréactionnel.

Fig. 11 : Rupture transfixiante récente ; zone hypoéchogè-ne diffuse ne permettant pas à elle seule un diagnostic decertitude.

Page 156: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les signes indirects sont donc les plus impor-tants à repérer, permettant de soupçonner cettelésion transfixiante :

❍ la présence d’un épanchement de part etd’autre du tendon, c’est-à-dire à la fois enintra-articulaire et au sein de la bourse sous-acromio-deltoïdienne (signe du double épan-chement) [22-23].

❍ l’absence de jonction entre le versant superfi-ciel du supra-épineux et la partie latérale de lazone d’insertion : ce signe du dédoublementde la ligne est comblé par la BSAD qui se pro-longe, distendue, au versant latéral del’humérus (fig. 13).

❍ le signe d’alerte que constitue un cartilage“trop bien vu” qui n’est pas un signe formel derupture transfixiante, mais indique l’existenced’un tendon pathologique (trop trans-sonore).

Ruptures partielles

Les atteintes partielles vues en aigu peuventaffecter l’un des 2 versants de la coiffe (articulai-re ou superficiel), voire entraîner un clivage intra-tendineux ne rejoignant pas l’une des 2 surfacestendineuses [16, 24].

❍ Au versant articulaire, la lésion siège quasi sys-tématiquement à la jonction du cartilagecéphalique et de la zone d’insertion; elle estvisible à ce stade sous la forme d’une plagehypoéchogène mal systématisée associée à unépaississement tendineux et à un épanchementlocalisé uniquement en intra-articulaire (c’est-à-dire dans le récessus bicipital). La zone hypo-échogène ne traverse en aucun endroit le ten-don laissant subsister un contingent fibrillairenormal en superficie du tendon (fig. 14).

156

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 12 : Rupture transfixiante récente ; la lésion anéchogè-ne occupe toute l’épaisseur du tendon.

Fig. 13 : Signe du dédoublement : le versant superficiel nerejoint pas la facette (flèches blanches).

Fig. 14 : Rupture partielle au versant articulaire du supraé-pineux ; la lésion siège à la jonction du cartilage et de lazone d’insertion ; elle respecte les fibres du versant superfi-ciel et est à l’origine d’une hypertrophie tendineuse.

Page 157: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ Les ruptures partielles affectant le versantsuperficiel du supraépineux et entraînant lasurvenue d’un épanchement dans la BSADsont des désinsertions des fibres périphé-riques survenant isolément ou, le plus sou-vent, en association à une contusion latéraledu tubercule majeur. Elles sont souventméconnues et, en cas d’épanchement unique-ment péri-articulaire, le versant périphériquedu supra-épineux doit être analysé soigneuse-ment voire recontrôlé. A noter que ces lésionsaiguës non transfixiantes du versant périphé-rique sont en fait des désinsertions et non desruptures (à l’inverse des atteintes chroniquesqui siègent plus à distance de l’insertion)(fig. 15).

❍ Les clivages purement intra-tendineux sontrares en aigu ; ils accompagnent le plus sou-vent une fracture du tubercule majeur, le cli-vage prolongeant en quelque sorte le trait defracture. Aucun épanchement n’est détectédans ce type de lésion.

Les désinsertions

* Subscapulaire

En dehors des arrachements chez les adoles-cents (voir plus haut), l’importance de la désin-

sertion du subscapulaire est souvent difficile àpréciser à l’examen échographique réalisé enphase aiguë, ne se marquant que par une tumé-faction hétérogène et hypoéchogène mal circons-crite jouxtant la facette d’insertion du tuberculemineur. Cette désinsertion peut être partielle oucomplète, mais comme pour les autres lésionstendineuses, on observe à ce stade une tuméfac-tion et non un méplat.

C’est surtout la luxation associée du cheflong du biceps venant chevaucher le tuberculemineur qui retient l’attention en sachant qu’ilpeut également se luxer dans l’épaisseur dusubscapulaire. Il est donc indispensable devérifier si le tendon du chef long du biceps esten place à la partie haute de la coulisse et si lesubscapulaire s’insère jusqu’à son voisinage.Le signe le plus important à rechercher est laprésence du triangle hypoéchogène au versantmédial de la partie supérieure de la coulisse. Ilest constitué de tissu collagène et disparaît dèsque le tendon vient s’étaler sur la berge internede la coulisse. Ce signe du triangle est doncindispensable pour affirmer la position correc-te du chef long du biceps dans sa coulisse(fig. 16) [25].

157

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Fig. 15: Désinsertion (post-traumatique dans ce cas) des fibrespériphériques du supra-épineux avec bursite réactionnelle.

Fig. 16 : Signe du triangle ; le tendon du chef long dubiceps est en position normale séparé du versant médialde la coulisse bicipitale par un triangle hypoéchogène(flèche).

Page 158: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

* SLAP (Superior Labrum Antero Posterior)

L’analyse de la jonction du chef long du bicepssur le bourrelet supérieur peut être difficile en casd’attache postérieure et constitue une des limitesde la technique. La vue de cette insertion nécessi-te une rétropulsion du bras et une rotation exter-ne maximale afin de dégager le pôle supérieur dela tête. Une désinsertion partielle du chef long dubiceps (rentrant dans le cadre des SLAP) estdétectée si une image hypoéchogène est visible auvoisinage de son attache glénoïdienne supérieure,en sachant que l’échographie ne peut que suspec-ter une telle lésion dont le bilan sera effectué parl’arthoscanner ou l’arthro-IRM. L’échographiepeut par contre innocenter cette jonction si elleest individualisée de manière parfaite sans rema-niement hypoéchogène de voisinage.

La luxation du chef long du biceps

Cette luxation accompagne le plus souvent uneatteinte du subscapulaire mais peut également sur-venir lors d’une lésion isolée de la sangle ligamen-taire de l’intervalle des rotateurs. Dans ce cas, le ten-don du biceps est visible à la face antérieure du sub-scapulaire et celui-ci ne présente aucun remanie-ment; il est parfaitement suivi jusqu’à la coulisse etsa structure fibrillaire est normale (fig. 17) [26-28].

La calcification

Il peut être étonnant de citer la calcificationdans le cadre des atteintes aiguës, mais la modifi-cation de la structure cristalline de la calcificationou la migration entraîne, dans certains cas, uneréaction hyperalgique importante (crise de pseu-do-goutte) et le patient se présente en urgenceavec une épaule “gelée”, inexaminable.

Le caractère “actif” d’une calcification semarque par son aspect fragmenté,s’accompagnant d’une réaction hypoéchogènesouvent hypervascularisée du tendon de voisina-ge. De plus, en cas de migration, le versant super-ficiel du tendon est interrompu, et une partie aumoins de la calcification a migré dans une BSADépaissie et hétérogène (fig. 18). La présence deboue hyperéchogène (lait calcique) peut même yêtre retrouvée ainsi qu’une importante hypervas-cularisation des parois bursales lors de l’étude enDoppler Couleur [29-30]. Un chapitre de ce livreest consacré à ce sujet.

Les différentes atteintes chroniques

En dehors de l’atteinte aiguë, 2 situations cli-niques s’observent présentant chacune une sémio-logie échographique particulière : il s’agit de la

158

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 17 : Luxation du chef long du biceps ; le tendon est sortide sa coulisse, luxé en médial au versant superficiel du sub-scapulaire après lésion de la sangle ligamentaire del’intervalle des rotateurs.

Fig. 18 : Calcification en phase de migration dans la BSAD ;la calcification est irrégulière et siège partiellement au seind’une bourse dont les parois sont épaissies.

Page 159: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

douleur par hyperutilisation du sujet jeune et del’atteinte dégénérative du patient plus âgé. Dansles 2 cas, le point le plus important est de détermi-ner si la cause de la douleur est d’origine tendi-neuse (en général non inflammatoire) ou d’originebursale (inflammatoire), sans oublier d’éliminer lapossibilité d’une arthropathie ou d’une capsulitedébutante.

L’enthésopathie

Fréquemment retrouvée dans la pathologied’hyperutilisation, l’atteinte de l’insertion du ten-don sur l’os se marque essentiellement par unremaniement hypoéchogène parfois hypertro-phique de l‘ensemble d’une zone d’insertion nes’accompagnant le plus souvent d’aucun épanche-ment intra-articulaire (fig. 19). Plus tardivement,on observe la survenue d’une fine calcificationcurviligne ou de petits spicules ossifiés rejoignantla corticale (souvent irrégulière dans ces cas) aucentre de la zone d’enthésopathie (fig. 20). C’estla pathologie du jeune sportif surentraîné, de lareprise sportive chez les patients plus âgés, maiselle est en fait extrêmement fréquente après30 ans en particulier chez les travailleursmanuels. Son caractère symptomatique ne peutdonc être affirmé qu’avec beaucoup de prudenceet après comparaison au côté opposé [1, 16, 31].

Cette enthésopathie correspond à une dissocia-tion des fibres de collagène suivi d’une transforma-tion chondroïde de la zone d’insertion et ne com-porte donc aucune composante inflammatoire.

Les conflits

3 types de conflit sont retrouvés au niveau de lacoiffe des rotateurs et leur détection est facilitéepar la spécificité dynamique de l’échographie quimontre dans ce cas non seulement les consé-quences de ces conflits, mais aussi son siège exactet son origine.

Antéro-supérieur

Conflit le plus fréquent, il résulte d’un contactanormal entre le versant superficiel du supraépi-neux et la voûte constituée en postérieur del’acromion et en antérieur du ligament acromio-coracoïdien. Il entraîne un épaississement desparois de la bourse sous-acromio-deltoïdienne àl’origine de la symptomatologie douloureuse dupatient [16, 32, 33]. Il se dépiste en échographiedynamique, les différentes manœuvres montrantune déformation du versant superficiel du tendonavec épaississement focal des parois de la BSADen regard du siège du conflit (fig. 21).

159

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 19 : Enthésopathie du supraépineux ; la zoned’insertion du supraépineux sur la facette antérieure dutubercule majeur est diffusément hypoéchogène.

Fig. 20 : Enthésopathie chronique du supraépineux; présen-ce d’un spicule hyperéchogène au centre de la zoned’enthésopathie témoignant du caractère chronique del’atteinte.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 160: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Classiquement, la cause de ce conflit antéro-supérieur est l’aspect saillant du versant inférieurde l’acromion ou de l’interligne acromio-clavicu-laire venant “agresser” le versant superficiel dutendon (intérêt du profil de coiffe), mais unehypertrophie du contenu de l’espace sous-acro-mial peut également intervenir dans la formationde ce conflit. On détermine ainsi plusieursgroupes pathogènes.

* Les facteurs tendineux

Une tendinopathie hypertrophique peut interve-nir mais l’expérience montre qu’elles sont rares etque, dans la plupart des cas, ce sont les calcifica-tions venant hypertrophier le tendon et déformerson versant superficiel qui sont en cause. C’estl’étiologie la plus fréquente du conflit antéro-supérieur.

* Les facteurs osseux

Une saillie ostéophytique du versant latéral dela zone d’insertion, mais aussi un décrochage

d’une facette d’insertion après fracture du tuber-cule majeur sont également des facteurs de conflitet c’est dans ces cas que le “ressaut” observé lorsde l’échographie dynamique est le plus net aupassage du supra-épineux sous le ligament acro-mio-coracoïdien.

* Les facteurs morphologiques

La présence d’un ligament acromio-coracoï-dien de longueur peu importante (inférieure à20 mm) peut constituer un facteur favorisant leconflit. La partie “souple” de la voûte est en effetréduite dans ce cas au profit de sa partie “rigide”(acromion).

* Les facteurs cicatriciels

On observe souvent, après section (et enl’absence d’ablation) du ligament acromio-coracoï-dien, une cicatrice hypertrophique venant “refor-mer” ce ligament à l’origine d’un nouveau conflitavec le versant superficiel du supraépineux.

Conflit antérieur

Il correspond à un contact anormal entre leversant antérieur du subscapulaire et la coracoï-de ; il se dépiste par la manœuvre de rotationinterne (fig. 22). Il résulte classiquement d’unediminution de l’espace séparant la pointe de lacoracoïde de l’humérus mais, en fait, une tendi-nopathie calcifiante hypertrophique de la por-tion haute du tendon du subscapulaire constituele plus souvent le facteur étiologique du conflit[16, 34].

La conséquence dans ce cas estl’épaississement de la bourse au-devant du sub-scapulaire. En revanche, tout épanchement ausein de cette bourse n’est pas un signe de conflitantérieur étant donné sa communication fréquen-te avec la bourse sous-deltoïdienne.

160

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 21 : Conflit antéro-supérieur ; déformation du versantsupérieur du supra-épineux et surtout de la BSAD nette-ment épaissie lors de l’épreuve dynamique au passage sousle ligament acromio-caracoïdien.

Page 161: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Conflit postéro-supérieur

Ce conflit décrit par Walch [35] est de topogra-phie différente puisqu’il intéresse le versant arti-culaire de la portion postérieure du tendon dusupra-épineux et la partie haute de celle de l’infra-épineux. Il survient essentiellement dans lessports de lancer : le tennis, le base-ball… et entraî-ne une atteinte non transfixiante du versant arti-culaire du tendon et une irrégularité du contourosseux adjacent. Il est souvent associé à un épan-chement intra-articulaire.

Les ruptures

Les ruptures tendineuses étant très fré-quentes, en particulier après 50 ans, les buts del’analyse ultrasonore sont la détection, le bilanprécis et, surtout en cas de rupture chronique, ladétermination de l’origine de la symptomatolo-gie douloureuse [1, 13-14, 16, 36-39]. Plusieursétudes ont montré que la sensibilité et la spéci-ficité de l’échographie étaient similaires à cellede l’IRM dans le cadre des ruptures trans-fixiantes [40-42].

On sépare classiquement ces ruptures en fonc-tion de leur topographie par rapport aux versantsdu tendon.

La rupture transfixiante

Elle est souvent bien tolérée lorsqu’elle restelocalisée à la partie moyenne et postérieure dusupra-épineux, en particulier chez les patientsdont le deltoïde est d’épaisseur satisfaisante. Eneffet, dans ce type de rupture limitée, la portionantérieure du supra-épineux protège en quelquesorte le chef long du biceps, et les haubans anté-rieur (subscapulaire) et postérieur (infra-épineux)sont respectés permettant une stabilité satisfai-sante de la tête dans le plan antéro-postérieur.

Ces ruptures se marquent en échographie, austade chronique, par un méplat si l’atteinte est depetite taille (fig. 23) et par la disparition del’image tendineuse remplacée par une capsulo-bourse (avec parfois contact entre le processusmajeur et l’acromion) si la rupture est très large etle tendon fort rétracté (fig. 24). Cette image doitêtre différenciée d’un tendon simplement amincimais continu, comme on le rencontre dans lespolyarthrites ou après luxation antéro-inférieure.

La rupture peut survenir progressivement.Cette lésion en cours de constitution est doulou-reuse et à l’origine d’une symptomatologie chro-nique en particulier lorsqu’il persiste des fibrestendineuses résiduelles sur lesquelles se repor-

161

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 22 : Conflit antérieur ; épreuve de rotation inter mon-trant le conflit entre le subscapulaire épaissi par une calci-fication et la coracoïde.

Fig. 23 : Petite rupture transfixiante ancienne du supraépi-neux avec présence de l’image typique du méplat et dispa-rition de l’image fibrillaire du tendon.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 162: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tent toutes les forces de traction (fig. 25). Parcontre, lorsque cette rupture est constituée, cen’est pas le “trou” dans le tendon qui est doulou-reux mais ce qui se trouve autour de cette “inter-ruption” (tendons adjacents, BSAD…) et ce sontces éléments qui sont intéressants à analyserpour déterminer les causes de la symptomatolo-gie douloureuse. Pour cela, comme les rupturessont fréquemment bilatérales, l’élément essentieldu bilan est l’analyse de la coiffe opposée, carc’est la différence entre les 2 ruptures qui per-mettra de déterminer quel est le facteur àl’origine de la douleur.

Pour effectuer un bilan de rupture, on la mesu-re dans le plan frontal puis dans le plan antéro-postérieur et on détermine le nombre de tendonslésés. Pour savoir si l’infra-épineux est atteint,comme ses fibres rejoignent celles du supra-épi-neux, on se base sur l’angulation entre les facettesdu tubercule majeur pour déterminer si la ruptu-re se prolonge au hauban postérieur de l’épaule,ce qui est un facteur de gravité. Il s’agit des rup-tures dont la taille antéro-supérieure dépasse2 cm car c’est en règle générale la largeur del’insertion antéro-postérieure du supra-épineux.La détection d’un fragment de supra-épineuxantérieur préservé est par contre un élément favo-rable car, par son épaisseur, il protège en quelquesorte le chef long du biceps des contacts avec leversant inférieur de l’acromion.

La présence d’épanchements est un facteur dia-gnostique moins important qu’en aigu commesigne indirect de rupture, mais l’existence d’unebursite est un élément essentiel à rechercher carelle explique la symptomatologie douloureusedans un grand nombre de cas.

Dans le cadre de ce bilan de rupture chronique,d’autres éléments doivent également être évalués :

❍ la présence d’une tendinopathie associée duchef long du biceps (autre cause de douleuren cas de rupture), en particulier en regard dupôle supérieur de la tête humérale (voir cha-pitre tendinopathie).

❍ l’existence d’un éventuel clivage postérieurdans l’épaisseur du tendon de l’infra-épineux àrechercher en utilisant les fréquences harmo-niques et surtout la rotation externe du brasafin de ne pas collaber les berges de ce clivage.

❍ une désinsertion associée du subscapulairedont la présence peut modifier la stratégiethérapeutique.

❍ une instabilité antéro-postérieure en effectuantune manœuvre de rotation sur une coupe axia-le postérieure car une tête humérale instableest un signe d’évolution défavorable.

162

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 24 : Large rupture transfixiante ancienne avec dispari-tion de la coiffe, remplacée par une capsulo-bourse etcontact acromio-trochitérien.

Fig. 25 : Persistance de fibres résiduelles au sein de cetterupture transfixiante d’apparition progressive ; elles peu-vent expliquer la symptomatologie douloureuse.

Page 163: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ une dégénérescence graisseuse des corpscharnus du supra et de l’infra-épineux carleur présence peut faire récuser une répara-tion chirurgicale.

L’absence de visualisation complète du musclesubscapulaire constitue par contre un facteurlimitant de l’échographie et ne lui permet pas defaire un bilan complet de la rupture lorsqu’elleprésente un prolongement antérieur.

Ces ruptures transfixiantes entreprennent rare-ment l’infra-épineux de manière isolée sauf aprèsluxation antéro-inférieure en regard del’impaction décelée au versant postéro-supérieurde la tête humérale. La sémiologie échographiqueest alors similaire à celle décrite ci-dessus.

Quant aux désinsertions chroniques du subsca-pulaire, elles peuvent survenir isolément, en par-ticulier lorsqu’un antécédent traumatique (chutearrière, crise d’épilepsie…) est trouvé àl’anamnèse. Le plus souvent, elles prolongent unerupture du supra-épineux, ce qui constitue un élé-ment de pronostic défavorable car le chef long dubiceps est atteint ainsi que la stabilité antérieurede l’articulation en raison de la perte de ce hau-ban antérieur. L’aspect échographique à ce stadeest la disparition du tendon “dénudant” la facetteantérieure du tubercule mineur.

Les ruptures partielles

Les ruptures d’un des versants du supra-épi-neux, comme les désinsertions partielles du sub-scapulaire, sont aussi fréquemment asymptoma-tiques et leur fréquence augmente avec l’âge despatients. C’est donc également dans ces cas que lacomparaison au côté opposé permettra d’affirmerle caractère symptomatique de ces ruptures, ainsique la présence d’un épanchement intra ou péri-articulaire [1, 16, 24].

Les lésions du versant articulaire siègent à lajonction entre le cartilage recouvrant la tête humé-rale et la partie médiale de la zone d’insertion.

Cette topographie permet de la différencier desenthésopathies dans lesquelles toute la zoned’insertion est entreprise. Le tendon est souventépaissi et cette lésion se prolonge parfois par unclivage intra-tendineux. Ce type de lésion siègeparfois au niveau de l’attache de l’infra-épineux,où son aspect est identique, alors que les désinser-tions partielles du subscapulaire entraînent soitune plage hypoéchogène jouxtant la corticaleassocié à un épaississement diffus du tendon, soitun amincissement d’une des portions du tendon(fig. 26).

Les lésions du versant superficiel sont pratique-ment toujours situées au supraépineux. Deuxtypes d’images échographiques peuvent êtrevisibles, s’accompagnant systématiquement d’unebursite lorsque la lésion est symptomatique :

❍ une irrégularité, voire une zone de creusementen cas de conflit antéro-supérieur chronique“abrasant” le versant superficiel (fig. 27).

❍ une désinsertion périphérique similaire àcelle décrite dans le cadre des lésions aiguës.

163

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 26 : Désinsertion partielle du subscapulaire avec amin-cissement focal du tendon au niveau de son insertion sur leprocessus majeur.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 164: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Ces 2 types de lésions doivent être différenciéscar le deuxième (la désinsertion périphérique) nes’accompagne d’aucun conflit lors de l’épreuvedynamique et son traitement est donc différent.

Des atteintes purement intra-tendineuses sontégalement parfois objectivées sous la forme d’unezone hypoéchogène centrale se prolongeant par unclivage intra-tendineux respectant les versants péri-phériques du tendon. Ce type de lésion est mieuxdépisté lorsque le tendon est détendu en légèreabduction. Aucun épanchement ne se surajoutedans ces clivages intra-tendineux et leur caractèresymptomatique est donc difficile à affirmer.

La maladie calcifiante du tendon

Des images de calcifications sont fréquemmentretrouvées sur les clichés radiographiques ; onconnaît la prédominance féminine de ces imagesqui affectent principalement les épaules despatients âgés de 30 à 60 ans. Une origine vascu-laire est parfois avancée pour expliquer la surve-nue de ces calcifications qui dans notre expérien-ce prédominent (comme les ruptures) plus fré-quemment à la partie postérieure du supra-épi-neux. L’existence d’un cycle évolutif a été propo-

sée pour expliquer la survenue et la disparition deces calcifications qui passent successivement parun stade de formation puis une phase d’état où lacalcification est stable pour en arriver au stade defragmentation permettant la résorption desdépôts calciques [5].

Outre la douleur accompagnant la phase derésorption (voir plus haut), cette calcification peutêtre symptomatique de 2 manières différentes :

❍ en “irritant” le tendon de voisinage quidevient hypoéchogène et parfois hypervascu-laire en Doppler Puissance quand la calcifica-tion se fragmente et se résorbe (fig. 28).

❍ lorsque la calcification est hypertrophiqueà l’origine d’un conflit antéro-supérieur(fig. 29).

L’échographie permet également de guider uneéventuelle ponction de calcification et de préciserla topographie de cette calcification qui peut êtreen superficie du tendon (et donc facilement acces-sible à une ponction-lavage) ou située plus pro-fondément au voisinage du versant articulaire[16, 28-29, 45].

164

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 27 : Rupture partielle du versant superficiel du supraé-pineux qui présente une abrasion focale associée à unépaississement de la BSAD.

Fig. 28 : Calcification “active” avec réaction hypervasculairedu tendon de voisinage.

Page 165: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La tendinopathie

Elle est rare et une origine vasculaire est parfoisévoquée pour l’expliquer ; elle nous sembleconstituer un stade de pré-rupture chez certainspatients.

D’un point de vue échographique, ce remanie-ment de l’échostructure du tendon fait alterner lesplages hyper et hypoéchogènes à l’origine d’unaspect nettement hétérogène [38, 44-45]. Unehypertrophie tendineuse diffuse est parfois notée,par comparaison au côté opposé pouvant être àl’origine d’un conflit antéro-supérieur (fig. 30).

Tardivement, des calcifications hyperéchogènesdiffuses interrompant rarement l’onde ultrasono-re peuvent apparaître faisant suite à une réactionde nécrose acidophile ; elles correspondent à unstade de dégénérescence du tendon qui est alorstrès fragile. Ces calcifications ne doivent pas êtreponctionnées. Cet aspect de ponctuations cal-ciques est totalement différent de la maladie cal-cifiante du tendon précédemment décrite.

De plus, ce caractère hypertrophique du tendondans ce cas doit bien être différencié d’un tendon

normal recouvert d’une bourse épaissie comme onle voit en cas de conflit car l’orientation thérapeu-tique est différente; cette tendinopathie ne compor-tant pas de lésion inflammatoire comme la bursite.La visibilité parfaite du versant superficiel du tendonest donc extrêmement importante pour différencierces 2 types de lésions (voir chapitre technique).

La tendinopathie bicipitale est d’origine diffé-rente, et est souvent à l’origine d’importantesdouleurs inflammatoires en raison de son revête-ment synovial. Outre les lésions de l’insertionsupérieure vue dans certaines SLAP, ces tendino-pathies surviennent essentiellement dans 2 cir-constances :

❍ Lorsque le tendon est “agressé” chronique-ment contre le versant inférieur de l’acromionen cas de rupture transfixiante entreprenantle versant antérieur du supraépineux ou seprolongeant par une désinsertion atteignantla partie haute du subscapulaire [16, 27].

❍ En cas de désinsertion complète ou partielledu subscapulaire lorsque le chef long dubiceps est subluxé ou surtout étalé sur laberge médiale de la coulisse [25-26] (fig. 31).

165

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 29 : Calcification hypertrophique à l’origine d’un conflitantéro-supérieur en raison de l’hypertrophie tendineusequ’elle entraîne.

Fig. 30 : Tendinopathie hypertrophique du supra-épineux àl’origine d’un conflit antéro-supérieur.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 166: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Cette tendinopathie se marque par un épaissis-sement hypoéchogène et hétérogène du tendondont les contours deviennent arrondis (et nonovalaire comme est le chef long normal) ; unépanchement intra-articulaire au sein du récessusadjacent est rarement présent. Le tendon est enfait souvent difficile à détecter dans ce type delésion et c’est la comparaison au côté opposé quipermet d’affirmer le diagnostic en particulier eneffectuant des coupes axiales comparatives dutendon en regard de son passage au pôle supé-rieur de la tête humérale (fig. 32).

En cas de malposition du tendon, le signe leplus important à rechercher est la disparition dutriangle hypoéchogène normalement présententre le tendon et le versant médial de la coulisse.

La capsulite

Fréquente chez les diabétiques, mais pouvantégalement survenir chez d’autres patients en par-ticulier en post-opératoire, après un traumatismeou dans les suites d’une maladie voire d’un chocémotionnel, la capsulite se bilatéralise souvent.Elle évolue environ pendant 2 ans en débutantpar une phase d’allure inflammatoire affectant

l’ensemble des structures de l’épaule (tendon,synoviale, bourse, capsule) pendant laquelle lasymptomatologie clinique est souvent bruyante,contrastant avec la pauvreté des signes décelés àl’échographie :

❍ Halo hypoéchogène entourant le chef long(fig. 33).

❍ Vascularisation plus importante de l’intervalledes rotateurs et de la région du récessus sous-coracoïdien (fig. 34).

❍ Bursite sans conflit lors de l’étude dynamique.

❍ Epaississement irrégulier à contours flous dela capsule postérieure.

Ces signes sont inconstants et c’est plus la dis-proportion écho-clinique qui doit attirerl’attention et faire suggérer le diagnostic qu’il estimportant de poser à ce stade inflammatoire pré-coce, permettant de le confirmer parl’arthrographie et de débuter rapidement le traite-ment [16, 44].

Ensuite, la phase de rétraction s’installe et lediagnostic est purement clinique ; seule uneimportante omarthrose facilement découverte surles clichés standards pouvant également être àl’origine d’une telle raideur douloureuse.

166

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 31 : Tendinopathie du chef long du biceps étalé sur laberge interne de la coulisse en raison d’une désinsertionpartielle du subscapulaire ; à noter la disparition du trianglehypoéchogène présent à l’état normal entre le tendon et laberge interne.

Fig. 32 : Détection d’une tendinopathie du chef long dubiceps ; réalisation de coupes axiales comparatives enregard du pôle supérieur de la tête montrantl’épaississement du tendon droit.

Page 167: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

Examen difficile mais très performant,l’échographie de l’épaule est un complémentidéal des clichés radiologiques standard. Ellefait le bilan des lésions tendineuses et permet dedémembrer le terme fourre-tout de péri-arthritescapulo-humérale. Elle explique souvent lacause exacte de la symptomatologie douloureu-se permettant d’orienter le traitement de façonspécifique. Elle nécessite par contre une granderigueur, une systématisation dans la conduite del’examen et surtout un appareil de haut degamme qui seul permet d’étudier de manièrefiable ces pathologies.

167

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 33 : Signe indirect d’une capsulite : halo hypoéchogèneentourant le chef long à la partie haute de la coulisse.

Fig. 34 : Signe indirect d’une capsulite à la phase inflammatoire ;hypervascularisation de l’intervalle des rotateurs.

Bibliographie

[1] BRASSEUR J.L., LUCIDARME O., TARDIEU M. et al.Ultrasonographic rotator-cuff changes in veteran tennis players:the effect of hand dominance and comparison with clinical fin-dings. Eur Radiol 2004: 14: 857-64.

[2] SHER J.S., URIBE J.W., POSADA A., MURPHY B.J., ZLAT-KIN M.B. Abnormal findings on magnetic resonance images ofasymptomatic shoulders. J. Bone Joint Surg Am 1995 : 77 : 10-5.

[3] MILGROM C., SCHAFFLER M., GILBERT S., VAN HOLS-BEECK M. Rotator-cuff changes in asymptomatic adults. Theeffect of age, hand dominance and gender. J Bone Joint Surg1995: 77B : 296-8.

[4] TEMPELHOF S., RUPP S., SEIL R. Age-related prevalence ofrotator cuff tears in asymptomatic shoulders. J Shoulder ElbowSurg 1999: 8 : 296-9.

[5] UHTHOFF H., SARKAR K. Calcifying tendonitis. InRockwood CA, Matsen, FA eds. The Shoulder, Philadelphie: WBSaunders, 1990, 774-90.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 168: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

168

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[6] LEROUX J.L. Imagerie diagnostique et pré-thérapeutique(médicale ou chirurgicale) devant une épaule douloureuse avecsigne de conflit. Réflexions Rhumatol 2001 ; 5 : 13-9.

[7] RAILHAC J.J., SANS N, RIGAL A. et al. La radiographie del’épaule de face stricte en décubitus dorsal : intérêt dans lebilan des ruptures de la coiffe des rotateurs. J Radiol 2001 :82 :979-85.

[8] SINTZOFF S. Valeur diagnostique des radiographies simplesdans la pathologie de l’épaule (calcifications, tendinopathies,ruptures de la coiffe, capsulite rétractile, instabilité, arthrose) :incidences nécessaires et suffisantes, coût, irradiation. RevRhum 1997 :64(2bis) : 3S-10S.

[9] DINNES J., LOVERMAN E., MCINTYRE L., WAUGH N. Theeffectiveness of diagnostic tests for the assessment of shoulderpain due to soft tissue disorders : a systematic review. HealthTechnol Assess 2003:7(29), III, 1-166.

[10] LEROUX J.L., THOMAS E., BONNEL F., BLOTMAN F.Diagnostic value of clinical tests for shoulder impingement syn-drome. Rev Rhum Engl Ed 1995: 62 : 423-8.

[11] NAREDO E., AGUADO P., DE MIGUEL E. et al. Painfulshoulder : comparison of physical examination and ultrasono-graphic findings. Ann Rheum Dis 2002: 61 : 132-6.

[12] RAILHAC J.J., FOURCADE D., SANS N. et al.Radiographies dans les ruptures de la coiffe des rotateurs. RevRhum 1996 : 63(1suppl) : 22SP-7.

[13] ALLEN G.M., WILSON D.J. Ultrasound of the shoulder. EurJ Ultrasound 2001 :14 : 3-9.

[14] BRASSEUR J.L. Valeur de l’ultrasonogaphie dans la patho-logie de l’épaule. Rev Rhum (Ed. Fr.) 1997: 64(2bis) : 11-8.

[15] MARTINOLI C., BIANCHI S., PRATO N., PUGLIESE F.,ZAMORANI M.P., VALLE M., DERCHI L.E. US of the shoulder :non-rotator cuff disorders. Radiographics 2003:23 : 381-401.

[16] BRASSEUR J.L., MONTAGNON D., HACQUARD B., TAR-DIEU M. Echographie ostéo-articulaire: l’épaule. J Radiol 2000:81(3 Suppl) : 330-45.

[17] FARIN P.U., JAROMA H. Acute traumatic tears of the rota-tor cuff: value of sonography. Radiology 1995: 197 : 269-73.

[18] TEEFEY S.A., MIDDLETON W.D., BAUER G.S., HILDE-BOLT C.F., YAMAGUCHI K. Sonographic differences in theappearance of acute and chronic full-thickness rotator cufftears. J Ultrasound Med 2000: 19 : 377-8.

[19] WANG C.L., SHIEH J.Y., WANG T.G., HSIEH F.J.Sonographic Detection of Occult Fractures in the Foot andAnkle. J Clin Ultrasound 1999: 27 : 421-5.

[20] SCHWEITZER M.E., MAGBALON M.J., FENLIN J.M.,FRIEMAN B.G., EHRLICH S., EPSTEIN R.E. Effusion criteriaand clinical importance of glenohumeral joint fluid: MR Imagingevaluation. Radiology 1995: 194 : 821-4.

[21] VAN HOLSBEECK M., STROUSE P.J. Sonography of theshoulder: evaluation of the subacromial-subdeltoid bursa. Am JRoentgen 1993: 160 : 561-4.

[22] HOLLISTER M.S., MACK L.A., PATTEN R.M., WINTERT.C. 3RD., MATSEN F.A. 3RD., VEITH R.R. Association of sono-graphically detected subacromial/subdeltoid bursal effusion andintraarticular fluid with rotator cuff tear. Am. J. Roentgen 1995:165 : 605-8.

[23] ARSLAN G., APAYDIN A., KABAALIOGLU A., SINDEL T.,LüLECI E. Sonographically Detected Subacromial/SubdeltoidBursal Effusion and Biceps tendon Sheath Fluid: reliable Signsof rotator cuff Tear. J Clin Ultrasound 1999: 27 : 335-9.

[24] VAN HOLSBEECK M.T., KOLOWICH P.A., EYLER W.R.,CRAIG J.G., SHIRAZI K.K., HABRA G.K., VANDERSCHUERENG.M., BOUFFARD J.A. US depiction of partial-thickness tear ofthe rotator cuff. Radiology 1995: 19 : 443-6.

[25] AZAïEZ-MATHARI A., LEMARY J.B., ZEITOUN-EISS D.,BRASSEUR J.L. Echo-anatomie du tendon du chef long dubiceps in Brasseur J.L., Zeitoun-Eiss D., Dion E., eds. Actualitésen échographie de l’appareil locomoteur. Montpellier :Sauramps Médical, 2004 : 229-45.

[26] PTASZNIK R., HENNESSY O. Abnormalities of the bicepstendon of the shoulder: sonographic findings. Am J Roentgen1995: 164 : 409-14.

[27] ZANETTI M., PFIRRMANN C.W. Biceps tendon disorders:ultrasound, MR imaging and MR arthrography. Radiologe 2004:44(6) : 591-6.

[28] FARIN P.U., JAROMA H., HARJU A., SOIMAKALLIO S.Medial displacement of the biceps brachii tendon: evaluationwith dynamic sonographic during maximal external shoulderrotation. Radiology 1995: 195 : 845-8.

[29] SARRAT P., COHEN M., CHARASSET S., GODDE J.,FRANCHESCHI J.P., ASWAD R. La lithotritie focalisée dans letraitement des tendinopathies calcifiantes. J Radiol 2004: 85 :1721-5.

[30] FARIN P.U., JAROMA H. Sonographic findings or rotatorcuff calcifications. J Ultrasound Med 1995: 14 : 7-14.

[31] ZANETTI M., HOLDER J. Imaging of degenerative andposttraumatic disease in the shoulder joint with ultrasound. EurJ Radiol 2000: 35 : 119-25.

[32] BRASSEUR J.L., LAZENNEC J.Y., TARDIEU M., RICHARDO., ROGER B., GRENIER P. Echographie dynamique de l’épauledans le conflit antéro-supérieur. Rev Im Méd 1994: 6 : 629-31.

[33] READ J.W., PERKO M. Shoulder ultrasound: diagnosticaccuracy for impingement syndrome, rotator cuff tear, andbiceps tendon pathology. J Shoulder Elbow Surg 1998: 7 :264-71.

[34] GERBER C., TERRIER F., ZEHNDER R., GANZ R. The sub-coracoid space. An anatomic study. Clin Orthop 1987: 215: 132-8.

[35] WALCH G., LIOTARD J.P., BOILEAU P., NOEL E. Le conflitglénoïdien postéro-supérieur : un autre conflit de l’épaule. RevChir Orthop 1991 : 77 : 571-4.

[36] JACOBSON J.A., LANCASTER S., PRASAD A., VANHOLSBEECK M.T., CRAIG J.G., KOLOWICH P. Full-thicknesssupraspinatus tendon tears : value of US signs in diagnosis.Radiology 2004: 230: 234-42.

[37] TEEFEY S.A., RUBIN D.A., MIDDLETON W.D., HILDE-BOLT C.F., LEIBOLD R.A., YAMAGUCHI K. Detection andquantification of rotator cuff tears. Comparison of ultrasonogra-phic, magnetic resonance imaging, and arthroscopic findings inseventy-one consecutive cases. J Bone Joint Surg 2004: 86-A:708-16.

[38] VAN MOPPES F.I., VELDKAMP O., ROORDA J. Role ofshoulder ultrasonography in the evaluation of the painful shoul-der. Eur J Radiol 1995: 19: 142-6.

Page 169: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

169

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

[39] WOHLWEND J.R., VAN HOLSBEECK M., CRAIG J., SHI-RAZI K., HABRA G., JACOBSEN G., BOUFFARD J.A. The asso-ciation between irregular greater tuberosities and rotator cufftears: a sonographic study. Am J Roentgenol 1998: 171: 229-33.

[40] BRYANT L., SHNIER R., BRYANT C., MURRELL G.A. Acomparison of clinical estimation, ultrasonography, magneticresonance imaging and arthroscopy in determining the size ofthe rotator cuff tears. J Shoulder Elbow Surg 2002:11 : 219-24.

[41] KLUGER R., MAYRHOFER R., KRONER A. et al.Sonographic versus magnetic resonance arthrographic evalua-tion of full-thickness rotator cuff tears in millimeters. J ShoulderElbow Surg 2003:12 : 110-6.

[42] SWEN W.A., JACOBS J.W., ALGRA P.R. et al. Sonographyand magnetic resonance imaging equivalent for assessment offull-thickness rotator cuff tears. Arthritis Rheum 1999: 42: 2231-8.

[43] AINA R., CARDINAL E., BUREAU N.J., AUBIN P., BRAS-SARD P. Calcific shoulder tendinitis : treatment with modifiedUS-guided fine-needle technique. Radiology 2001: 221 : 455-61.

[44] BRASSEUR J.L., TARDIEU M. Echographie du systèmelocomoteur. Paris : Masson, 1999.

[45] MISAMORE G.W., WOODWARD C. Evaluation of degene-rative lesions of the rotator cuff. A comparison of arthrographyand ultrasonography. J Bone Joint Surg 1991: 73A : 704-6.

Apport diagnostique de l’échographie dans la pathologie de la coiffe des rotateurs

Page 170: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 171: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’IRM permet, dans un même temps,l’évaluation des muscles et tendons, des surfacesarticulaires et de l’environnement osseux. Cesqualités en font une technique de choix dansl’exploration de la coiffe des rotateurs.

De nombreuses études attestent de ses perfor-mances pour le diagnostic et le bilan pré théra-peutique des ruptures de la coiffe des rotateurs.Cependant, malgré une technique rigoureuse,l’IRM peut aussi être mise en défaut. Il est indis-pensable de bien connaître les limites de cet exa-men afin de proposer, le cas échéant, une explo-ration complémentaire avec injection intra-articu-laire de produit de contraste.

TECHNIQUE

Positionnement

Le patient est installé en décubitus dorsal, lebras le long du corps en rotation neutre. Le bras nedoit pas être placé en flexion sur l’abdomen carcette position augmente le risque d’artéfacts demouvement liés à la respiration. Attention, la rota-tion interne du bras peut créer des images piègespar superposition des tendons supra- et infra-épi-neux (voir paragraphe piège et artéfacts) [1, 2].

L’épaule explorée doit être placée le plus prèspossible du centre de l’aimant. Ceci permetd’obtenir une meilleure homogénéité de la satura-tion du signal de la graisse.

Les séquences sont acquises avec une antennede surface adaptée à la taille de l’épaule.

Plans de coupes

Le plan axial

Les coupes doivent s’étendre de l’articulationacromio-claviculaire à la fosse infra-glénoïdienne.

Le plan coronal oblique

Les coupes sont placées sur une coupe axialedans le plan perpendiculaire à la glène. Ce planest parallèle au grand axe du muscle supra-épi-neux en rotation neutre. Les coupes doivents’étendre des muscles et tendons teres minor etinfra-épineux en arrière aux tendon et musclesub-scapulaire en avant.

Le plan sagittal oblique

Les coupes sont placées sur une coupe axialedans le plan parallèle à la glène. Elles sont per-pendiculaires au plan coronal défini précédem-ment, au grand axe des tendons de la coiffe et àla longue portion du biceps dans son trajet hori-zontal. Elles doivent s’étendre de la racine del’apophyse coracoïde à la corticale latérale del’humérus.

Pour l’analyse de la trophicité et de la dégé-nérescence musculaire il faut obtenir descoupes sagittales obliques plus médiales, cen-trées sur la racine de l’épine pour obtenir lacoupe dite “en Y”.

171

IRM DE L’ÉPAULE DANSLA PATHOLOGIE DE LA COIFFE :

QUELLES SÉQUENCES ? QUELLES LIMITES ?

C. MUTSCHLER, V. VUILLEMIN-BODAGHI, C. PRADEL, A. SOBOTKA, V. BRUN, B. AUGEREAU

Page 172: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Séquences

L’exploration en IRM de la coiffe des rotateurs apleinement bénéficié des avancées technolo-giques. La diffusion des appareils haut champ (1.5tesla), des antennes en réseau phasé et quadratu-re de phase et le développement de nouvellesséquences ont considérablement amélioré la qua-lité des examens [3].

Les séquences en écho de spin (SE), pourl’IRM simple sans injection intra articulaire, onttotalement supplanté les séquences en écho degradient [4].

Les séquences Fast SE, plus rapides, permet-tent, pour le même temps d’examen, d’augmenterla matrice et le nombre d’excitations et ainsid’améliorer la résolution spatiale et le rapportsignal/bruit [5, 6]. La graisse a un signal plusélevé en fast SE qu’en SE classique ce qui peutgêner l’analyse et le diagnostic des lésions par-tielles de la face superficielle des tendons [7].L’utilisation des techniques de saturation dusignal de la graisse permet d’amender cet effet.

Les séquences en densité de proton (DP) ont unmeilleur rapport signal/bruit que les séquences àTE long. Elles seraient, de ce fait, plus sensiblespour le diagnostic des ruptures partielles [7].Cependant les séquences en densité de proton sontsensibles à l’artéfact de l’angle magique. Un boncompromis est l’utilisation de séquences fast SEavec un TE intermédiaire entre 50 et 70 ms et satu-ration du signal de la graisse. Cette séquence estréalisée dans les trois plans précédemment décrits.

Le protocole d’exploration comprend égalementune séquence en pondération T1 sans saturation dusignal de la graisse dans le plan sagittal oblique ouaxial pour l’analyse de la trophicité et de la dégéné-rescence graisseuse des muscles de la coiffe.

L’épaisseur de coupe doit être la plus fine pos-sible en général de 3 à 4 mm avec un espace intercoupe de 0.3 à 1 mm, un champ de vue de 14 à16 cm et une matrice élevée.

RÉSULTATS ET LIMITES

Les ruptures de la coiffe postéro-supérieure : tendons supra et infra-épineux.

Sémiologie

Les ruptures complètes ou transfixiantes (RT)intéressent toute l’épaisseur du tendon (“fullthickness tear”) et mettent en communication lacavité articulaire avec la bourse sous acromio-deltoïdienne. En IRM, elles sont reconnuescomme une interruption complète du tendon rem-placé par un hypersignal de type liquidien franc.L’IRM devra s’attacher à préciser la taille de larupture dans les deux plans (coronal et sagittal),le degré de rétraction et la qualité du moignontendineux (fig. 1). Le terme désinsertion est réser-vé aux ruptures de la portion distale du tendons’insérant sur le massif tuberculaire.

Les ruptures partielles (RP) n’intéressentqu’une partie de l’épaisseur du tendon (“partialtear”) soit sur son versant superficiel (ou bursal),

172

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Coupe coronale T2 Fat Sat : rupture complète dutendon supra-épineux (stade II +) avec rétraction et clivagedu moignon tendineux proximal.

Page 173: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

soit sur son versant profond (ou articulaire). Ellespeuvent être isolées ou accompagner une rupturetransfixiante. En IRM, ces ruptures seront évo-quées devant des anomalies de morphologie dutendon (amincissement, ulcération, irrégularité)avec une interruption focale du versant profondou superficiel du tendon par un hypersignal francproche du liquide. La taille et surtout l’épaisseurrestante du tendon atteint sont les élémentsimportants de la décision thérapeutique pour ceslésions [8]. L’arthroscanner méconnaît totalementles ruptures partielles de la face superficielle enl’absence d’opacification de la bourse sous-acro-mio-deltoïdienne (fig. 2).

Les clivages intra-tendineux sont fréquem-ment associés aux ruptures de coiffe qu’ellessoient transfixiantes ou non. Ce clivage corres-pond à une dissection lamellaire du tendon etsépare le tendon en un feuillet superficiel et unfeuillet profond. La couche profonde serait la plus

sollicitée mécaniquement et la moins résistante cequi expliquerait sa rupture première. Le clivagesurvient à un niveau variable de l’épaisseur tendi-neuse et peut se prolonger jusqu’à la jonctionmusculo-tendineuse [9, 10]. Lorsque le feuilletprofond du tendon est rompu, son extrémité serétracte et devient quasiment invisible ou visiblesous forme d’une petite saillie de la face profondedu feuillet superficiel (fig. 3). Tous les tendons dela coiffe peuvent se cliver.

Un clivage du tendon infra-épineux est fréquem-

ment associé aux ruptures du supra-épineux.

Le diagnostic de clivage est important car sa

présence va modifier la trophicité du muscle, la

réparation chirurgicale et par conséquent son

résultat [9, 10]. D’autre part, ce clivage, lorsqu’il

est intra tendineux, peut s’étendre vers la face

superficielle et/ou profonde et finalement aboutir

à une rupture complète.

173

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Fig. 2 : IRM coupe coronale T2 Fat Sat : rupture de la face superficielle du tendon supra-épineux intéressant plus de 75 % del’épaisseur du tendon en IRM. Double épanchement articulaire et de la BSAD. Arthroscanner normal chez la même patiente.

IRM A°TDM

Page 174: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les résultats

De nombreuses études ont testé les perfor-mances de l’IRM pour le diagnostic des lésionspostéro supérieures de la coiffe. La grande majo-rité de ces études sont anciennes et n’ont pas étéréalisées avec les antennes et les séquences dis-ponibles aujourd’hui. Ces études montrent unebonne sensibilité (84 à 97 %) et une bonne spéci-ficité (jusqu’à 99 %) pour le diagnostic des rup-tures complètes (RT) en IRM. Pour les rupturespartielles (RP), la sensibilité est nettement infé-rieure, variant de 35 à 75 % avec une spécificité de85 % [11-13]. De plus, si la corrélation inter obser-vateur est bonne pour les ruptures complètes(Kappa : 0.8), elle est mauvaise ou médiocre pourles ruptures partielles (Kappa : 0.1 à 0.4). Certainsauteurs ont montré qu’il existe une “courbed’apprentissage” pour le diagnostic des lésionspartielles : les lecteurs seniors obtiennent unemeilleure concordance avec les constatations opé-ratoires que les lecteurs juniors. Cette différenceentre lecteurs juniors et seniors n’existe pas pourles ruptures complètes [12, 14].

Les limites

Plusieurs raisons ont été évoquées pour expli-quer les faiblesses diagnostiques de l’IRM, en par-ticulier pour les lésions partielles. Toutes sontliées au manque de spécificité des modificationsdu signal intra-tendineux. Celles-ci peuvent êtreen rapport avec une lésion tendineuse ou certainspièges et artéfacts.

Pièges et artéfacts

L’artéfact de l’angle magique

Cet artéfact n’existe qu’avec les séquences à TEcourt : T1 et densité de proton (DP). Cet artéfactcrée, dans le plan coronal oblique, un hypersignalau sein du tendon supra- épineux, environ 1 cmavant son insertion trochitérienne (fig. 4), zone oùil est à environ 55° par rapport à l’axe du champmagnétique (B0) [15]. Cet artéfact n’est pas modi-fié par la saturation du signal de la graisse. Il a étéparfois interprété à tort comme correspondant àla “zone critique” intra-tendineuse définie histolo-giquement [16, 17].

174

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Même coupe coronale en IRM T2 Fat Sat et en arthroscanner montrant la saille du faisceau profond rétracté d’unerupture partielle de la face profonde du tendon supra-épineux.

a b

IRM A°TDM

Page 175: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’anatomie et les variantes des muscles et ten-dons de la coiffe.

Les muscles de la coiffe possèdent plusieurslames tendineuses. Le tendon du muscle supra-épineux est plus épais dans sa portion antérieure.Cette lame tendineuse antérieure est parfoisappelée tendon central. Le grand axe de ce ten-don central est discrètement oblique en avant parrapport au grand axe du muscle (fig. 5).

Des fibres musculaires sont fréquemment visiblesdistalement à la partie postérieure du tendon, entre-mêlées avec les lames tendineuses. Ces caractéris-tiques anatomiques expliquent une variation del’aspect du tendon sur les coupes coronales [18].

D’autre part, l’orientation différente des fibrestendineuses des tendons supra et infra-épineuxpeut créer une bande de signal intermédiaire loca-lisée à l’union distale des 2 tendons (fig. 6). Ceci

175

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Fig. 4 : Même coupe coronale oblique en T1, T2 1er et 2e écho.Hypersignal au sein du tendon supra épineux sur lesséquences à TE court (T1 et premier écho du T2) correspon-dant à l’artéfact de l’angle magique. Cet artéfact disparaît surla séquence à TE long.

T1 T2 E1

T2 E2

Page 176: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

peut être trompeur en particulier si l’épaule estexplorée en rotation interne [1].

Enfin, selon certains auteurs, la présence demodifications locales de la vascularisation pour-

rait être responsable d’hypersignaux non patholo-giques des tendons [18, 19].

Ces pièges bien connus et référencés peuventêtre reconnus et évités.

176

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 5 : Coupes sagittale et axiale T2 Fat Sat montrant le ren-flement antérieur du tendon supra-épineux dénommé “tendoncentral” (flèche longue) comparativement à la partie posté-rieure de ce tendon (flèches courtes) et à l’infra-épineux dontle squelette tendineux peut prendre un aspect très variable(flèche double).

Fig. 6 : Coupe sagittale T2 Fat Sat montrant l’orientation distale différente des fibres tendineuses du supra- et infra-épineux etl’image piège réalisée sur la coupe coronale correspondante.

{SE

IE{

Page 177: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Limites intrinsèques de l’examen

Le manque de résolution spatiale et l’absencede distension articulaire sont les deux limites lesplus importantes de l’IRM. En particulier la dis-tinction entre tendinopathie évoluée et fissura-tion transfixiante dégénérative étendue “à clairevoie” sans rétraction. Ce type de lésion corres-pond vraisemblablement à une étape évolutiveentre rupture partielle avec clivage dégénératifintra-tendineux et rupture complète avec rétrac-tion tendineuse. Dans ce cas, la fissuration mil-limétrique au sein d’un tendon dégénératif estde taille inférieure à l’épaisseur de la coupe (3 à4 mm) et de ce fait méconnue ou prise à tortpour des modifications de signal intra- tendi-neux (fig. 7 et 8). Cette difficulté évoquée dès lespremiers temps de l’IRM reste d’actualité mal-gré les progrès techniques [20]. Il faut être par-ticulièrement vigilant devant ce type de lésioncar la sanction thérapeutique est radicalementdifférente.

Deux signes doivent attirer l’attention :

❍ Un double épanchement, intra-articulaire etde la bourse sous acromio deltoïdienne seraitun signe indirect en faveur d’une rupturetransfixiante. Mais la sensibilité et la spécifi-cité de ce signe ne sont pas connues. Savaleur est relative car un épanchement faibleou modéré peut être observé chez des sujetsasymptomatiques (66 % dans la série de15 volontaires de Mirowitz [17], 20 % dans lasérie de 55 volontaires de Neumann [2], maischez aucun des 30 volontaires de Kaplan [16])ou chez le patient symptomatique présentantune rupture partielle (fig. 2).

❍ La présence d’un kyste dans l’épaisseur du ten-don, du muscle (fig. 7 et 8) ou le long du fasciamusculaire, constitué par l’accumulation deliquide articulaire doit faire évoquer la présenced’une lésion partielle, le plus souvent de la faceprofonde du supra-épineux ou de l’infra-épi-neux, avec clivage intra-tendineux dans lequels’insinue le liquide qui reste piégé [8, 21, 22].

177

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

IRM A°TDM

Fig. 7 : IRM coupe coronale T2 Fat Sat : Epaississement et hypersignal intra-tendineux du supra-épineux : tendinopathie ?Double épanchement articulaire et de la bourse sous acromio-deltoïdienne et image kystique intra-tendineuse faisant craindreune fissuration dégénérative transfixiante avec clivage intra-tendineux. Arthroscanner chez la même patiente confirmant la fis-suration transfixiante et le clivage du tendon supra-épineux.

Page 178: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

178

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 8 : IRM Coupes coronales et sagittales en T2 Fat Sat et coupes correspondantes de l’arthroscanner réalisé 10 jours plus tard.IRM : Hypersignal intra-tendineux diffus du supra- épineux avec vraisemblable fissuration partielle de la face profonde (flèche)et kyste à la jonction myo- tendineuse de l’infra-épineux (flèche double) faisant évoquer la présence d’un clivage. Epanchementde la bourse sous acromio-deltoïdienne (BSAD) sans épanchement intra-articulaire.Arthroscanner : Fissuration transfixiante avec opacification de la BSAD et clivages étendus des supra- et infra-épineux avecopacification du kyste de l’infra-épineux (flèche double).

IRM

A°TDM

Page 179: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

179

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Fig. 8 (suite)

IRM

A°TDM

Page 180: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les avantages

L’IRM permet de diagnostiquer les plus rares RPisolées de la face superficielle des tendons [23]. Ceslésions étant occultes en arthroscanner, il faut, pourles mettre en évidence, réaliser une bursographieen complément de l’injection intra-articulaire.L’injection intra-articulaire de produit de contraste,quelle que soit la technique, est idéale pour affirmerle caractère transfixiant d’une rupture en montrantle passage du produit de contraste de la cavité arti-culaire vers la bourse sous acromio-deltoïdienne.Mais elle connaît également certaines limites :

❍ En l’absence de rupture complète l’injectionintra-articulaire permet uniquementd’augmenter la détectabilité des lésions par-tielles de la face profonde [24].

❍ Si l’opacification de la bourse sous acromio-deltoïdienne permet d’affirmer le caractèretransfixiant de la rupture, son absence ne per-met cependant pas de l’exclure formellement.

L’intégrité de la capsule articulaire gléno-humérale supérieure qui recouvre la face pro-fonde des tendons de la coiffe peut rendrecompte des faux négatifs de l’injection intraarticulaire en arthrographie et arthroscanner,alors que l’IRM montrera l’interruption com-plète du tendon en T2 [20, 25, 26]. De même,dans les désinsertions de la face profonde destendons supra et/ou infra- épineux ne respec-tant qu’une fine lame tendineuse superficielleou le péri- tendon, l’opacification de la cavitéarticulaire n’entraînera pas d’opacification dela bourse sous acromio-deltoïdienne.

L’IRM permet certains diagnostics différentielscomme la compression du nerf supra-scapulairedans la gouttière supra- scapulaire ou spino-glé-noïdienne par des kystes juxta articulaires.

Les lésions du biceps

La description des lésions du sub-scapulaire etdu biceps en imagerie est plus récente [27, 28].

180

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Coupes sagittale et coronale en pondération T2 Fat Sat montrant une large rupture de coiffe postéro-supérieure avecascension de la tête humérale et tendinopathie de la longue portion du biceps dans son trajet intra-articulaire (flèches).

Page 181: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Pourtant les lésions du biceps sont fréquentes, pré-sentes dans 45 % des ruptures de coiffe [29]. Lespremières études publiées concernant les lésionsdu biceps montrent une sensibilité et une spécifici-té moyennes de l’IRM avec une faible concordanceinter- observateur en particulier pour les tendino-pathies [30] (fig. 9). Une grande variabilité du dia-mètre du tendon normal rendrait ce diagnostic dif-ficile [31]. La présence d’une petite quantité deliquide dans la gaine du biceps est physiologique etretrouvée dans toutes les études en IRM réaliséeschez des volontaires asymptomatiques [17]. Laprésence de liquide de manière circonférentielleautour du tendon dans la gaine du biceps serait unsigne de tendinopathie. Ce signe ne peut être rete-nu qu’en l’absence d’épanchement intra-articulaireet de rupture postéro-supérieure de la coiffe [16,30, 31]. Un hypersignal liquidien pénétrant la sub-stance tendineuse sera retenu comme fissurationpartielle ou complète. Une rupture complète dutendon est évoquée devant l’absence de tendondans la gouttière et sur les coupes sagittales dansson trajet intra-articulaire. La sensibilité de l’IRMserait de 52 % avec une spécificité de 86 % selonune étude récente [32].

Les lésions du subscapulaire

Les lésions du tendon sub-scapulaire peuventêtre d’origine post-traumatique ou résulter del’extension antérieure d’une rupture de coiffesupérieure, parfois en association avec un conflitantérieur coraco- huméral. Elles sont souventméconnues en IRM [33].

Les désinsertions seront reconnues sur lescoupes axiales par la présence de liquide articu-laire en avant du trochin (fig. 10). Une rupture enplein corps du tendon avec rétraction d’un moi-gnon peut également survenir avec la mêmesémiologie que les ruptures postéro-supérieures.

Les malpositions de la longue portion du bicepsà son entrée dans la gouttière sont le signe d’uneatteinte du complexe ligamentaire ligament

gléno-huméral supérieur/ligament coraco-humé-ral (LGHS/LCH) réalisant une véritable poulie deréflexion plus ou moins associée à une désinser-tion de la partie haute et latérale du sub-scapulai-re. Cette lésion autorise le déplacement médial dutendon bicipital en avant, dans l’épaisseur ou à laface profonde du tendon sub-scapulaire (fig. 11).Une malposition du biceps ne doit être reconnue,comme en arthroscanner que sur une coupe où lagouttière bicipitale est bien formée. Du fait de laplus grande épaisseur de coupe, ce diagnostic estmoins fiable en IRM (coupes de 3 ou 4 mm) qu’enarthroscanner (coupes de 1 mm ou moins). SelonSpritzer et coll. si la malposition du biceps est vuesur deux coupes axiales contiguës (4 mm/1 mm)la sensibilité de l’IRM serait de 89 % et la spécifi-cité de 90 % [30]. Il faut noter que le tendon de lalongue portion du biceps est presque toujours aucontact de la face interne de la gouttière bicipita-le sur la coupe axiale la plus haute sur laquelle lagouttière apparaît bien formée (fig. 10), sansdépasser son rebord antérieur. Une subluxationest diagnostiquée si le tendon dépasse ou che-vauche ce bord interne. L’analyse cinétique ou enrotation interne dans le plan axial permettrait cer-tainement d’augmenter la capacité diagnostiquede l’IRM pour ce type de lésion.

181

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 10 : IRM coupe axiale T2 Fat Sat : rupture étendue dusous-scapulaire avec la présence anormale de liquide enavant du trochin. Long biceps en place.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Page 182: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La sensibilité et la spécificité de l’IRM pour lediagnostic des lésions du sub-scapulaire n’ont pasété étudiées à notre connaissance. Bernageau etGoutallier rapportent, sur 5 cas de confrontationarthroscanner/IRM, les faiblesses de l’IRM en par-ticulier pour le diagnostic des désinsertions par-tielles [28].

Une fausse image de désinsertion haute avecsubluxation du biceps dans l’épaisseur du tendonsub-scapulaire peut être créée par le complexeLGHS/LCH et le bord supérieur du sub-scapulai-re. Cette fausse image apparaît le plus souventlorsqu’il existe une rupture postéro-supérieure etun épanchement abondant. Le diagnostic de sub-luxation du biceps ne doit être retenu que lorsquela gouttière bicipitale est formée (fig. 12).

LES TENDINITES CALCIFIANTES

Aucune IRM de coiffe ne devrait être interpré-tée en l’absence de documents radiographiques

afin de ne pas méconnaître le caractère calcifiéd’une tendinopathie. En effet, une calcification,classiquement en hyposignal T1 et T2 peut êtreméconnue si elle est de petite taille ou sous-éva-luée au sein de la réaction inflammatoire associée(fig. 13).

LA TROPHICITÉ MUSCULAIRE

L’appréciation du degré d’involution musculai-re, atrophie et dégénérescence graisseuse, est unélément important du choix thérapeutique et seratraitée dans un autre chapitre de cet ouvrage.

Centrage et cartilage

L’analyse, pour être exhaustive, devra appré-cier le centrage de la tête humérale dans lesplans frontal et axial, l’orientation de la glène etl’état des cartilages de la glène et de l’épiphysehumérale.

182

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 11 : Coupes axiales T2 Fat Sat successives : Rupture de la portion supérieure et latérale du sub-scapulaire et de la poulieavec luxation de la longue portion du biceps à la face superficielle du tendon sub-scapulaire (flèche).

Page 183: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

183

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

A B

IRM

A°TDM

Fig. 12 : IRM coupes axiales T2 fat Sat et coupes correspondantes de l’arthroscanner réalisé 3 semaines plus tard. A) Fausseimage de subluxation de la longue portion du biceps dans un pseudo clivage du sous-scapulaire réalisée par le complexe liga-mentaire LGHS/LCH (flèche). La gouttière bicipitale n’est pas formée. B) La longue portion du biceps est en place sur la coupela plus haute où la gouttière bicipitale est à peine formée. Epanchement de la BSAD en rapport avec une rupture complète dutendon supra-épineux non montrée. L’arthroscanner confirme la bonne position du biceps.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Page 184: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

L’IRM permet un diagnostic fiable des largesruptures de coiffe. Elle peut, par contre, être miseen défaut pour le diagnostic des lésions partielles,des clivages intra-tendineux et de certaines fissu-rations dégénératives. Devant ce tableau, il

convient d’alerter le clinicien sur les limites del’examen réalisé et de proposer en fonction desimplications thérapeutiques, un examen avecinjection intra-articulaire de produit de contraste.L’analyse des tendons sub-scapulaire et de lalongue portion du biceps est plus difficile et doitêtre particulièrement attentive.

184

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 13 : IRM coupes sagittale et axiale T2 Fat Sat :Epaississement et hypersignal hétérogène de la moitiéinférieure de l’infra-épineux et du teres minor. Clichéd’épaule de face le même jour montrant une volumineu-se calcification dans le même territoire.

Page 185: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] DAVIS S.J., TERESI L.M., BRADLEY W.G., RESSLER J.A.,ETO R.T. Effect of arm rotation on MR imaging of the rotatorcuff. Radiology. 1991 Oct; 181(1): 265-8.

[2] NEUMANN C.H., HOLT R.G., STEINBACH L.S., JAHNKEA.H. JR, PETERSEN S.A. MR imaging of the shoulder: appea-rance of the supraspinatus tendon in asymptomatic volunteers.AJR Am J Roentgenol. 1992 Jun; 158(6): 1281-7.

[3] MAGEE T., SHAPIRO M., WILLIAMS D. Comparison ofhigh-field-strength versus low-field-strength MRI of the shoul-der. AJR Am J Roentgenol. 2003 Nov; 181(5): 1211-5.

[4] PARSA M., TUITE M., NORRIS M., ORWIN J. MR imagingof rotator cuff tendon tears: comparison of T2*-weighted gra-dient-echo and conventional dual-echo sequences. AJR Am JRoentgenol. 1997 Jun; 168(6): 1519-24.

[5] CARRINO J.A., MCCAULEY T.R., KATZ L.D., SMITH R.C.,LANGE R.C. Rotator cuff: evaluation with fast spin-echo versusconventional spin-echo MR imaging. Radiology. 1997 Feb;202(2): 533-9.

[6] NEEDELL S.D., ZLATKIN M.B. Comparison of fat-saturationfast spin echo versus conventional spin-echo MRI in the detec-tion of rotator cuff pathology. J Magn Reson Imaging. 1997 Jul-Aug; 7(4): 674-7.

[7] SINGSON R.D., HOANG T., DAN S., FRIEDMAN M. MRevaluation of rotator cuff pathology using T2-weighted fast spin-echo technique with and without fat suppression. AJR Am JRoentgenol. 1996 May; 166(5): 1061-5.

[8] BENCARDINO J.T., GARCIA A.I., PALMER W.E. Magneticresonance imaging of the shoulder: rotator cuff. Top MagnReson Imaging. 2003 Feb; 14(1):51-67.

[9] AUGEREAU B. Pathogénie des ruptures de la coiffe des rota-teurs de l’épaule. Ann Radiol. 1992; 35(3): 109-11.

[10] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., LAVAU L., BERNAGEAU J.Clivages des tendons de la coiffe. in La coiffe des rotateurs et sonenvironnement, Montpellier, Sauramps Medical, 1996 : 45-49.

[11] FARLEY T.E., NEUMANN C.H., STEINBACH L.S. et al. Fullthickness tears of the rotator cuff of the shoulder: Diagnosiswith MR imaging. AJR Am J Roentgenol 1992; 158: 347-351.

[12] BALICH S.M., SHELEY R.C., BROWN T.R., SAUSER D.D.,QUINN S.F. MR imaging of the rotator cuff tendon: interobser-ver agreement and analysis of interpretive errors. Radiology.1997 Jul; 204(1): 191-4.

[13] RAFII M., MINKOFF J. Advanced arthrography of theshoulder with CT and MR imaging. Radiol Clin North Am. 1998Jul; 36(4): 609-33.

[14] ROBERTSON P.L., SCHWEITZER M.E., MITCHELL D.G.,SCHLESINGER F., EPSTEIN R.E., FRIEMAN B.G., FENLIN J.M.Rotator cuff disorders: interobserver and intraobserver variation indiagnosis with MR imaging. Radiology. 1995 Mar; 194(3): 831-5.

[15] ERICKSON S.J., COX I.H., HYDE J.S., CARRERA G.F.,STRANDT J.A., ESTKOWSKI L.D. Effect of tendon orientationon MR imaging signal intensity: a manifestation of the “magicangle” phenomenon. Radiology. 1991 Nov; 181(2): 389-92.

[16] KAPLAN P.A., BRYANS K.C., DAVICK J.P. et al. MR ima-ging of the shoulder: Variants and pitfalls. Radiology 1992; 184:519-524.

[17] MIROWITZ S.A. Normal rotator cuff: MR imaging withconventional and fat-suppression techniques. Radiology. 1991Sep; 180(3): 735-40.

[18] VAHLENSIECK M., POLLACK M., LANG P., GRAMPP S.,GENANT H.K. Two segments of the supraspinous muscle: causeof high signal intensity at MR imaging? Radiology. 1993 Feb;186(2): 449-54.

[19] CARROLL K.W., HELMS C.A. Magnetic resonance imagingof the shoulder: a review of potential sources of diagnosticerrors. Skeletal Radiol. 2002 Jul; 31(7): 373-83.

[20] VAHLENSIECK M. MRI of the shoulder. Eur Radiol. 2000;10(2): 242-9.

[21] COATES M.H., BREIDAHL W.H., MARKS P. Intramuscularfluid collections and their association with longitudinal rotatorcuff tears. Australas Radiol. 2001 Nov; 45(4): 423-6.

[22] SANDERS T.G., TIRMAN P.F., FELLER J.F., GENANT H.K.Association of intramuscular cysts of the rotator cuff with tearsof the rotator cuff: magnetic resonance imaging findings and cli-nical significance. Arthroscopy. 2000 Apr; 16(3): 230-5.

[23] TAVERNIER T., WALCH G., NOEL E., LAPRA C., BOCHUM. IRM de la coiffe des rotateurs : Evaluation d’une nouvelleclassification sémiologique. J Radiol. 1995 May; 76(5): 251-7.

[24] HODLER J., KURSUNOGLU-BRAHME S., SNYDER S.J.,CERVILLA V., KARZEL R.P., SCHWEITZER M.E., FLANNIGANB.D., RESNICK D. Rotator cuff disease: assessment with MRarthrography versus standard MR imaging in 36 patients witharthroscopic confirmation. Radiology. 1992 Feb; 182(2): 431-6.

[25] GRANT L.B. Full-thickness supraspinatus tendon tears withintact superior glenohumeral capsule. Arthroscopy. 1993; 9(2):186-9.

[26] BLANCHARD T.K., CONSTANT C.R., BEARCROFT P.W.,MARSHALL T.J., DIXON A.K. Imaging of the rotator cuff: anarthrographic pitfall. Eur Radiol. 1998; 8(5): 817-9.

[27] PATTEN R.M. Tears of the anterior portion of the rotatorcuff (the subscapularis tendon): MR imaging findings. AJR AmJ Roentgenol. 1994 Feb; 162(2): 351-4.

[28] BERNAGEAU J., GOUTALLIER D. Lésions isolées du tendonsubscapularis et malpositions internes du tendon long biceps: Apropos de 45 observations. J Radiol. 1997 Dec; 78(12): 1255-63.

[29] WALCH G. La pathologie de la longue portion du biceps.Cahiers d’enseignement de la SOFCOT 1993, pp. 57-69.

[30] SPRITZER C.E., COLLINS A.J., COOPERMAN A., SPEERK.P. Assessment of instability of the long head of the biceps ten-don by MRI. Skeletal Radiol. 2001 Apr; 30(4): 199-207.

[31] ZANETTI M., WEISHAUPT D., GERBER C., HODLER J.Tendinopathy and rupture of the tendon of the long head of thebiceps brachii muscle: evaluation with MR arthrography. AJRAm J Roentgenol. 1998 Jun; 170(6): 1557-61.

[32] BEALL D.P., WILLIAMSON E.E., LY J.Q., ADKINS M.C.,EMERY R.L., JONES T.P., ROWLAND C.M. Association ofbiceps tendon tears with rotator cuff abnormalities: degree ofcorrelation with tears of the anterior and superior portions ofthe rotator cuff. AJR Am J Roentgenol. 2003 Mar; 180(3): 633-9.

[33] TUNG G.A., YOO D.C., LEVINE S.M., BRODY J.M.,GREEN A. Subscapularis tendon tear: primary and associatedsigns on MRI. J Comput Assist Tomogr. 2001 May-Jun; 25(3):417-24.

185

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

IRM de l’épaule dans la pathologie de la coiffe : Quelles séquences ? Quelles limites ?

Page 186: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 187: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Il est admis depuis une quinzaine d’annéesqu’une rupture d’un ou de plusieurs tendons de lacoiffe des rotateurs entraîne l’apparition d’unedégénérescence (ou involution) graisseuse etd’une atrophie des corps charnus des musclescorrespondants. La survenue de ces modificationsmusculaires diminue notablement la qualité desrésultats opératoires [3].

Il persiste cependant des imprécisions concernantles méthodes d’évaluation selon l’examen réalisé(scanner ou IRM) et les plans de coupes auxquels onse réfère (coupes axiales ou coupes sagittales).

Nous envisagerons donc l’historique des tra-vaux et les problèmes qui continuent à se poseractuellement.

HISTORIQUE

En 1989, Daniel Goutallier et JacquesBernageau [5] ont montré que la rupture d’un oude plusieurs tendons de la coiffe des rotateurspouvait retentir sur la coiffe musculaire et entraî-ner l’apparition de bandes ou de plages de tonali-té graisseuse parallèles au grand axe du musclebien visibles sur des coupes de scanner. Cetteconstatation radiologique a ensuite été confirméehistologiquement.

Une classification en 5 stades a été proposée àpartir des coupes axiales de scanner, les autresplans de coupes de scanner (coupes sagittales)n’étant pas facilement disponibles à l’époque etl’IRM étant encore peu utilisée pour faire le bilanpréopératoire des ruptures de coiffe.

➣ Stade 0 : Muscle complètement normal, sanslignes graisseuses.

➣ Stade 1 : Présence de quelques rares lignesgraisseuses. Ce stade est considéré commeencore normal car il peut se voir sur des épaulesstrictement asymptomatiques.

➣ Stade 2 : Infiltration graisseuse franche mais lasurface de graisse reste inférieure à la surfacedu tissu musculaire.

➣ Stade 3 : Infiltration graisseuse identique ensurface au muscle restant.

➣ Stade 4 : Infiltration graisseuse plus abondanteque le tissu musculaire.

Les stades 0 et 1 correspondent à la normalité etsont retrouvés sur des épaules asymptomatiques,non arthrosiques et non neurologiques.

Nous rappellerons brièvement la technique demesure déjà décrite dans les livres du GETROA [1].

Le stade du supra-épineux est déterminé sur lacoupe axiale qui montre en totalité son corpscharnu.

Celui de l’infra-épineux et du subscapulaire estdéterminé par la moyenne de deux coupes axialespassant l’une juste en dessous de l’implantationexterne de l’épine de l’omoplate et l’autre par lapartie inférieure de la glène. L’évaluation est faitesur l’ensemble du muscle. Il est donc nécessaireque la coupe soit suffisamment large et intéressele bord spinal de l’omoplate. La graisse situéecontre l’écaille de l’omoplate est intégrée dansl’évaluation de la dégénérescence graisseuse.

187

EVALUATION DE LA COIFFE MUSCULAIRECOUPES AXIALES VERSUS COUPES SAGITTALES

TDM VERSUS IRM

D. GODEFROY, D. GOUTALLIER, B. AUGEREAU, L. SARAZIN, B. ROUSSELIN

Page 188: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’index de dégénérescence graisseuse globalede l’épaule (IDG) a été introduit secondairementpar Goutallier. Il correspond à la moyenne desdégénérescences graisseuses des trois musclessupra-épineux, infra-épineux et subscapulaire.

Des travaux ultérieurs des mêmes auteurs [6, 7,8, 9, 10] ont apporté différentes précisions :

❍ La dégénérescence graisseuse musculaire varied’un patient à l’autre et ne correspond pas unemaladie de la vieillesse musculaire si l’épauleest exempte de toute atteinte arthrosique ouneurologique.

❍ L’absence de dégénérescence graisseuse d’unmuscle ne permet pas d’éliminer une rupture deson tendon.

❍ La valeur fonctionnelle d’un muscle est corréléeavec sa dégénérescence graisseuse. Une dégé-nérescence supérieure à un stade 2 de l’infra-épineux sans rupture de son tendons’accompagne d’une limitation franche de larotation externe active.

❍ La dégénérescence musculaire est vraisembla-blement en rapport avec l’ancienneté de la rup-ture tendineuse bien que celle-ci ne soit pas tou-jours évidente à préciser. Elle peut apparaître enquelques mois (parfois même très rapidementen 2 ou 3 mois) et augmente avec le temps.

❍ La dégénérescence graisseuse dépend del’étendue de la rupture :

➣ le supra-épineux peut ne présenter qu’unetrès faible dégénérescence graisseuse lorsquesa rupture est isolée et que les autres tendonssont respectés. La dégénérescence graisseuseest cependant en règle le reflet de l’étenduede la rupture tendineuse et de l’extension dela rupture aux autres tendons.

➣ Lorsque la rupture s’étend aux autres ten-dons, la dégénérescence du supra-épineuxs’aggrave et intéresse progressivement lesmuscles des autres tendons lésés.

➣ L’infra-épineux est très sensible. Une dégéné-rescence graisseuse de son muscle peut se voiren présence d’une rupture antéro-supérieureétendue même si son tendon lui-même n’estpas rompu. Un clivage tendineux de son ten-don peut favoriser la survenue d’une involutiongraisseuse de son muscle.

➣ Une rupture du tendon du subscapulaire secomplique d’une dégénérescence graisseusequi se limite souvent à la partie de muscle cor-respondant à la zone de la rupture tendineu-se. Une rupture de la partie supérieure du ten-don peut entraîner une dégénérescence grais-seuse limitée à la partie supérieure du muscle.

❍ Après intervention chirurgicale avec suture ten-dineuse, une dégénérescence graisseuse modé-rée du supra-épineux peut régresser. Enrevanche, la dégénérescence graisseuse del’infra-épineux et du subscapulaire ne semblentpas régresser et peuvent même continuer às’accentuer. Il semble donc logique de suturerles larges ruptures de coiffe avant que ne soitapparue une dégénérescence graisseuse tropimportante et irréversible. Le stade 2 représenteun stade charnière. La dégénérescence graisseu-se du supra et de l’infra-épineux influence lerésultat fonctionnel et la fréquence des re-rup-tures après suture chirurgicale. Lors d’un sym-posium à la SOFCOT avec révision multicen-trique, aucune coiffe fermée par suture simpledont l’IDG préopératoire dépassait 2 n’a étéretrouvée étanche au contrôle à distance. Parmiles coiffes étanches, le résultat fonctionnel étaitd’autant moins bon que l’IDG préopératoire étaitimportante. La présence d’une dégénérescencegraisseuse de l’infra-épineux et du subscapulai-re représente un facteur pronostique défavo-rable dans l’évolution des ruptures de coiffe.

A la suite de ces premiers travaux, d’autresauteurs se sont intéressés à ce problème et ont cher-ché notamment à établir des critères pour quantifierl’atrophie musculaire qui s’associe à la dégénéres-cence graisseuse en cas de rupture tendineuse:

188

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 189: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Nakagaki en 1995 [12] étudie les modificationsmorphologiques du supra-épineux sur des coupesfrontales obliques en IRM passant par le grandaxe du corps charnu. Il calcule le rapport du corpscharnu du corps charnu du supra-épineux (lon-gueur/largeur) et confirme que les bandes grais-seuses intramusculaires s’intensifient en mêmetemps que la rétraction tendineuse.

Thomazeau propose en 1996 [11, 16, 17] uneméthode pour mesurer l’atrophie du supra-épineuxsur une coupe sagittale oblique obtenue par IRMen calculant le taux d’occupation du corps charnudu supra-épineux par rapport à la fosse osseuselimitée en haut par l’extrémité de la clavicule. Surun travail anatomique chez le sujet normal, ilmontre que le rapport d’occupation maximum estobtenu sur une coupe située entre le bord médialde la coracoïde et le bord latéral de l’échancrurespino-glénoïdienne. Cette coupe est appelée la vueen Y. Chez les sujets asymptomatiques, le tauxd’occupation est de l’ordre de 0,7 (70 %). Chez lessujets pathologiques, le taux d’occupation de lafosse diminue notablement avec le nombre de ten-dons lésés et avec la rétraction tendineuse dans leplan frontal. Il diminue peu en cas de tendinopa-thies (0,62) mais diminue très franchement en casde rupture transfixiante (0,44 en moyenne) surtoutsi plusieurs tendons sont rompus (0,36 si la ruptu-re intéresse le supra et l’infra-épineux et 0,32 si larupture intéresse plus de 2 tendons). La diminutionde ce taux d’occupation est aussi corrélée avec larétraction tendineuse (0,30 pour une rétraction à laglène du supra-épineux). Pour l’auteur, un faiblerapport d’occupation nécessite une capsulotomielarge pour pouvoir réinsérer directement le tendonsur le trochiter. Il propose une classification dutaux d’occupation de la fosse supra-épineuse en 3stades:

➣ Stade 1 : Taux d’occupation supérieur à 0,6 :muscle normal ou très faiblement atrophié.

➣ Stade 2 : Taux d’occupation entre 0,4 et 0,6 :atrophie modérée.

➣ Stade 3 : Taux d’occupation inférieure à 0,4 :atrophie sévère.

Cette évaluation de la surface musculaire pré-sente l’avantage d’être quantitative. Elle imposecependant une mesure assez précise et fastidieu-se sur la console de scanner ou d’IRM et neconcerne que le supra-épineux. Il est évident deplus que la surface d’occupation correspond à lasurface de coupe du muscle qui est très étroite-ment corrélée à la rétraction tendineuse dans leplan frontal. Ceci explique pour une bonne partque le taux d’occupation augmente après réinser-tion de la coiffe. On retiendra cependant qu’unstade 3 (taux d’occupation inférieur à 0,4) traduitune rupture étendue dans le plan sagittal et fron-tal avec un risque majeur de re-rupture aprèsréinsertion.

PROBLÈMES ACTUELS

On voit que tous les travaux insistent surl’importance d’évaluer la dégénérescence grais-seuse et l’atrophie musculaire puisque ces deuxfacteurs conditionnent pour une grande part lepronostic postopératoire et donc les indicationsthérapeutiques.

Se posent en fait plusieurs problèmes qui res-tent encore imparfaitement résolus :

❍ Comparer les résultats obtenus sur des coupesaxiales (méthode de mesure initiale) et sur descoupes sagittales obliques en Y (méthode queproposent actuellement certains auteurs).

❍ Apprécier la corrélation entre la dégénérescen-ce graisseuse et l’atrophie musculaire qui repré-sentent deux altérations légèrement différentes.La dégénérescence graisseuse correspond àl’apparition de bandes graisseuses ou de zonesd’involution graisseuse à l’intérieur du corpsmusculaire alors que l’atrophie se traduit parune diminution de la surface de section dumuscle.

❍ Comparer les résultats obtenus en scanner et enIRM. Les coupes de scanner ou d’arthroscanneront servi de référence pour les travaux initiaux

189

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation de la coiffe musculaire

Page 190: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de Goutallier et Bernageau. L’arthroscannerreste encore l’examen préopératoire de basepour bon nombre de chirurgiens en France.Mais il est indéniable que l’IRM ou l’arthro-IRMsont plus répandues ailleurs [15, 18, 19, 20] etgagnent du terrain en France. Il convient doncde vérifier si les mesures établies sur lesarthroscanners sont transposables sur les IRMou les arthro-IRM ou si elles ne le sont pas.

En 1999, Fuchs et Gerber [2] comparent sur41 patients les résultats obtenus en scanner et enIRM pour vérifier la correspondance entre ladégénérescence graisseuse mesurée par la tech-nique de Goutallier sur des coupes axiales descanner et l’atrophie musculaire mesurée en IRMsur la coupe en Y décrite par Thomazeau. Onnotera que ce travail fait intervenir plusieursparamètres différents qui rendent en fait difficilela comparaison. La reproductibilité inter-observa-teur et intra-observateur se révèlent être tout àfait satisfaisantes (contrairement au travail deLesage publié ultérieurement). En revanche lacorrélation entre scanner et IRM est modéréemême en ramenant à 3 les 5 stades de Goutallier.Les auteurs concluent qu’ils convient donc d’êtretrès prudent pour passer d’une techniqued’évaluation à l’autre.

En novembre 2000, nous avons présenté à laSOFCOT un travail préliminaire [4] cherchantégalement à comparer la dégénérescence grais-seuse mesurée sur des coupes axiales et sagittalesde scanner et à apprécier les rapports entre dégé-nérescence graisseuse et atrophie. Il s’agissaitd’une étude rétrospective de 40 scanners ouarthroscanners réalisés dans le cadre du bilanpréopératoire de ruptures de coiffe. Sur lescoupes axiales, la dégénérescence graisseuse dusupra-épineux, de l’infra-épineux et du subscapu-laire était quantifiée selon la méthode classiqueen 5 stades de Goutallier. Sur les coupes sagittalesobliques, les mesures ont été réalisées sur2 coupes références. L’une dite distale correspon-dait à la coupe la plus externe où l’omoplate

prend la forme d’un Y (coupe proposée parThomazeau). La seconde dite médiale était situéeau tiers moyen de l’écaille de l’omoplate. Sur cesdeux coupes sagittales, il a été mesuré la dégéné-rescence graisseuse du supra-épineux, de l’infra-épineux et du subscapulaire, la surface de coupedu supra-épineux et le rapport de sa surface aveccelle de la fosse supra-épineuse.

Les résultats peuvent se résumer ainsi :

❍ Pour le supra-épineux :

➣ 10 n’avaient pas de dégénérescence graisseu-se sur les coupes axiales. La section de muscleavait un aspect normal et sa surface de coupeétait supérieure à celle de sa fosse osseuse surles 2 coupes sagittales.

➣ 30 avaient une dégénérescence graisseusesupérieure ou égale à 2 sur les coupes axiales(dont 8 à 3 ou 4). La dégénérescence grais-seuse était toujours supérieure ou égale à 2sur les coupes sagittales distales (mais 12 foiségale à 3 ou 4). La dégénérescence graisseusen’était que 23 fois égale ou supérieure à 2 surles coupes sagittales médiales (4 fois à 3 ou 4)mais était évaluée 7 fois à 1. La coupe distaleen Y proposée par Thomazeau a donc tendan-ce à majorer la dégénérescence graisseusepar rapport aux coupes axiales, tandis que lacoupe médiale la minore. Le rapport surfacedu muscle sur surface de la fosse était 19 foisinférieur à 1 sur la coupe distale et seulement6 fois sur la coupe médiale. En cas de rétrac-tion tendineuse, la forme en cône du musclesupra-épineux explique que son aspect et sonvolume puissent être notablement différentssur deux coupes sagittales distales pourtantséparées de moins de 1 cm. Cette constatationexplique que la reproductibilité des mesuresinter et intra-observateur puisse paraîtresatisfaisante lorsque la coupe sagittale deréférence est déjà sélectionnée, mais qu’elledevient médiocre lorsque chaque observateursélectionne lui-même la coupe référence.

190

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 191: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ 19 infra-épineux avaient une dégénérescencegraisseuse moyenne supérieure ou égale à 2 surles coupes axiales, 18 sur les coupes sagittales.Le volume musculaire est difficile à quantifierpuisqu’il n’y a pas de référence osseuse.

❍ 8 subscapulaires avaient une dégénérescencegraisseuse supérieure ou égale à 2 sur lescoupes axiales et 5 sur les coupes sagittales.

La dégénérescence graisseuse apparaît doncnotablement plus importante sur les coupes dis-tales que sur les coupes médiales. Il existe unebonne corrélation entre la dégénérescence grais-seuse mesurée sur les coupes axiales et sagittalessi on prend la précaution de faire la moyenneentre les 2 coupes sagittales.

En revanche, dégénérescence graisseuse etatrophie musculaire sont associées sans être par-faitement corrélées. La coupe distale montre uneatrophie nettement plus importante que la coupemédiale lorsque la rétraction tendineuse estfranche. La dégénérescence graisseuse etl’atrophie musculaire peuvent prendre desaspects différents selon que le muscle a tendanceà s’atrophier et à s’entourer de graisse ou a ten-dance à conserver un certain volume mais às’infiltrer de graisse. Cette distinction apparaîtnettement sur les coupes sagittales.

Les coupes axiales et sagittales semblent donccomplémentaires (fig. 1 à 4). Les coupes axialespermettent une mesure plus précise et plus repro-ductible de la dégénérescence graisseuse. Lescoupes sagittales donnent d’emblée une idée del’atrophie musculaire surtout en ce qui concernele supra-épineux. Rappelons cependant quel’évaluation de la dégénérescence graisseuse del’infra-épineux ainsi que très vraisemblablementcelle du subscapulaire se révèlent être les plusimportantes en pratique clinique.

Un travail comparant les résultats obtenus pararthroscanner et arthro-IRM a été également étérapporté en novembre 2000 à la SOFCOT par

A Blum [14]. Ce travail se réfère à 203 patientstoutes pathologies confondues (et non précisées)ayant eu le même jour un arthroscanner et unearthro-IRM. Les muscles de la coiffe ont été ana-lysés sur des coupes axiales d’arthroscanner etd’arthro-IRM et cotés selon la classification deGoutallier et Bernageau par deux lecteurs indé-pendants sans connaissance des données cli-niques ni des résultats de l’autre technique. Lareproductibilité inter-observateur est apparuebonne tant pour le scanner que pour l’IRM en cequi concerne l’analyse du supra-épineux, del’infra-épineux et du subscapulaire. La concor-dance inter-méthode était bonne pour ces troismuscles mais faible pour le petit rond. Les auteursconcluent que la classification de Goutallier etBernageau établie sur le scanner pourrait êtretransposée à l’IRM. Les auteurs ne précisentcependant pas le type de pathologie (instabilité,coiffe, etc.), ni le degré de dégénérescence grais-seuse. On sait que la zone charnière sur le planpronostique est représentée par la frontière entrele stade 2 et le stade 3. Les stades 0 et 1 qui sontnormaux et les stades 4 qui sont très patholo-giques sont faciles à identifier et présentent moinsd’intérêt. Il faudrait donc surtout vérifier la bonnereproductibilité inter-observateurs et inter-méthodes chez les patients dont la dégénérescen-ce graisseuse correspond à des stades 2 et 3.

Dans un travail actuellement en cours, nouscherchons à comparer les résultats obtenus enarthroscanner et en arthro-IRM dans une popula-tion de patients présentant une rupture trans-fixiante de la coiffe. Les premières informationstirées de ce travail semblent montrer une corres-pondance à peu près satisfaisante entre lescoupes axiales des arthroscanners et les coupesaxiales T1 sans suppression de graisse des arthro-IRM (l’étude statistique n’est pas encore termi-née). La dégénérescence graisseuse apparaîtpeut-être légèrement plus marquée en arthro-IRM(fig. 5 à 7).

191

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation de la coiffe musculaire

Page 192: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

192

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 01 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux sans atrophie ni dégénérescence graisseuse du muscle (stade 1) :a) La coupe frontale passant par le corps charnu du muscle montre sa forme ovalaire et son épaisseur variable selon le niveauauquel serait située une coupe sagittale.b) Coupe axiale passant par le supra-épineux.c) Coupe axiale passant par la partie supérieure de l’infra-épineux et du subscapulaire.d) Coupe axiale passant par la partie inférieure de l’infra-épineux et du subscapulaire.e) Coupes sagittales passant par la naissance de la coracoïde, l’incisure scapulaire et la fosse supra-épineuse. Noter la différencede forme et de surface de la tranche de section du muscle supra-épineux sur les différentes coupes.

a

b

d

ec

Page 193: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

193

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation de la coiffe musculaire

a

b

c d

e f

Fig. 02 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux avec dégénérescence graisseuse du muscle.a) Coupe frontale montrant la forme du muscle qui est atrophique et rétracté.b) Coupe axiale passant par le supra-épineux : dégénérescence graisseuse franche du muscle (stade 2).c) Coupe axiale passant par la partie supérieure de l’infra-épineux et du subscapulaire. Absence de dégénérescence graisseusede ces deux muscles.d) Coupe sagittale passant par la partie externe de l’épine : Atrophie franche et dégénérescence graisseuse du supra-épineux.Sur cette coupe latérale, la graisse est plus abondante que le muscle.e) Coupe sagittale passant un peu en dedans de l’incisure scapulaire. La graisse et le muscle ont une surface à peu près identique.f) Coupe plus médiale passant au tiers moyen de l’écaille de l’omoplate : la graisse est moins abondante que le muscle.L’aspect du muscle supra-épineux, l’importance de son atrophie et de sa dégénérescence graisseuse dépendent fortement duniveau où a été réalisée la coupe sagittale. Il est donc préférable de faire la moyenne entre deux coupes sagittales, l’une latéra-le et l’autre plus médiale.

Page 194: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

194

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 03 : Rupture transfixiante des tendons du supra-épineux et de l’infra-épineux avec dégénérescence graisseuse des deuxmuscles.a) Coupe axiale passant par le supra-épineux : dégénérescence graisseuse franche du muscle (stade 4).b) Coupe axiale passant par la partie supérieure de l’infra-épineux et du subscapulaire. Importante dégénérescence graisseusede l’infra-épineux (stade 4). Le subscapulaire est normal (stade 1).c et d) Coupes sagittales passant juste en dedans de l’incisure scapulaire (c) et 2 cm plus médialement (d). Dans la fosse supra-épineuse, la graisse et le muscle ont une surface à peu près identique sur la coupe latérale alors que le muscle est nettementplus abondant sur la coupe médiale. Dans la fosse infra-épineuse, la dégénérescence graisseuse de l’infra-épineux est très mar-quée sur les deux coupes avec une graisse plus abondante que le muscle.

a b

c d

Page 195: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

195

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation de la coiffe musculaire

Fig. 04 : Dégénérescence graisseuse du muscle infra-épineux :a) Coupe axiale passant par la partie supérieure de l’infra-épineux et du subscapulaire. Dégénérescence graisseuse franchestade 3 de l’infra-épineux. Aspect normal du subscapulaire.b) Coupes sagittales à deux niveaux différents : La dégénérescence graisseuse du muscle infra-épineux est discrète sur la coupesupérieure passant juste en dedans de l’incisure scapulaire, alors qu’elle est beaucoup plus marquée sur la coupe inférieure pas-sant par le milieu de l’écaille de l’omoplate.

Fig. 05 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux avec discrète dégénérescence graisseuse du muscle.a) Coupe axiale T1 sans suppression de graisse en arthro-IRM.b) Coupe axiale en arthroscanner.L’aspect est assez superposable et la dégénérescence graisseuse peut être évaluée à un stade 2 sur les deux examens. Elle paraîtpeut-être très légèrement plus marquée en arthro-IRM.

a

a b

b

Page 196: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Plusieurs remarques s’imposent cependant :

❍ Les coupes axiales doivent avoir une largeursuffisante pour permettre une étude desmuscles jusqu’au bord spinal de l’omoplate.Ceci ne pose pas de problème technique enarthroscanner. En revanche, la partie médialedes coupes axiales d’arthro-IRM est parfoisfranchement artéfactée par l’éloignement del’antenne lorsque celle-ci est placée un peu laté-ralement et par le mouvement des poumonsquel que soit le sens de la phase (antéro-posté-rieur ou droite-gauche) si le patient respire unpeu trop amplement. L’analyse des muscles etnotamment l’analyse du subscapulaire peutalors être rendue plus difficile et aléatoire.

❍ La dégénérescence graisseuse se mesure facile-ment sur des coupes d’arthroscanner représen-tées en fenêtre “molle” de l’ordre de 500/50.L’acquisition est naturellement la même que

celle qui a servi à obtenir les coupes permettantl’étude des tendons. Il n’en est pas de même enIRM ou en arthro-IRM. Ces examens doiventobligatoirement comporter des coupes axialeset si possible sagittales T1 sans suppression degraisse qui sont donc différentes des séquencesqui explorent les tendons. Il est en effet bienévident que la dégénérescence graisseuse nepeut en aucun cas être quantifiée sur descoupes T2 ou des coupes T1 “fat sat” dont le butest de supprimer le signal de la graisse.

❍ Le produit de contraste injecté dans la cavitéarticulaire fuit parfois un peu par le point deponction dans le corps charnu du muscle sub-scapulaire. Cette fuite est peu gênante enarthroscanner puisque le produit de contrasteiodé est blanc et se distingue bien del’involution graisseuse musculaire qui estpresque noire. Les artéfacts engendrés par ladensité du contraste iodé restent habituelle-

196

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 06 : Très discrète dégénérescence graisseuse du muscle supra-épineux.a) coupe axiale T1 en IRM. La dégénérescence graisseuse peut être évaluée à un stade 2.b) coupe sagittale T1 en IRM. Discrète dégénérescence graisseuse et discrète atrophie du muscle avec aspect rectiligne de saface supérieure et présence de graisse entre le bord antérieur du muscle et l’écaille osseuse.

a b

Page 197: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

197

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 07 : Rupture transfixiante des tendons du supra-épineux et de l’infra-épineux :a et b) Coupes axiale et sagittale T1 sans suppression de graisse en arthro-IRM.c et d) Coupes axiale et sagittale en arthroscanner.La dégénérescence graisseuse du supra-épineux semble un peu plus marquée en arthro-IRM qu’en arthroscanner sur les coupesaxiales. Il en est de même pour l’infra-épineux sur les coupes sagittales mais la coupe IRM est légèrement plus latérale que lacoupe scanner.

a

c

d

b

Evaluation de la coiffe musculaire

Page 198: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ment discrets. Sur une arthro-IRM en revanche,une telle fuite peut perturber grandement lacotation d’une dégénérescence graisseuse dusubscapulaire puisque le produit de contraste(gadolinium) et la graisse ont tous les deux, unsignal élevé et apparaissent de tonalité blanchesur les séquences T1 réalisées sans suppressionde graisse (fig. 8).

Compte tenu de l’importance de la mise en évi-dence d’une dégénérescence graisseuse dans lescorps musculaires, certains auteurs [13] cher-chent à quantifier celle-ci de façon plus précise etautomatisée. Cette mesure par spectoscopie restelongue et compliquée actuellement. Elle pourraitdans l’avenir trouver tout son intérêt dans lesformes intermédiaires de stade 2 ou 3 pour lespatients chez qui se discute une intervention chi-rurgicale avec suture tendineuse.

CONCLUSION

L’importance de la mise en évidence de la dégé-nérescence graisseuse musculaire représente une

découverte importante des 15 dernières annéespuisqu’elle conditionne en partie le pronostic etl’indication opératoire d’une rupture de coiffe.

Une mesure précise et reproductible est impor-tante. La zone charnière se situe entre le stade 2et le stade 3.

Une atrophie accompagne habituellementl’involution graisseuse du muscle. Ces deux fac-teurs sont fréquemment associés sans être parfai-tement corrélés. Les coupes axiales et les coupessagittales ne fournissent donc pas exactement lesmêmes informations.

La classification de cette dégénérescencegraisseuse a été établie sur des coupes axiales descanner. Il semble possible le plus souvent de latransposer en IRM et vraisemblablement aussi,bien que de façon moins constante, en arthro-IRM sur les coupes axiales T1 sans suppressionde graisse qui doivent faire partie de tout proto-cole d’examen. Ces séquences explorant lesmuscles sont donc différentes de celles quiexplorent les tendons.

198

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 08 : Désinsertion du subscapulaire. Coupes axiales en arthroscanner (a) et en arthro-IRM (b).La dégénérescence graisseuse est bien visible en arthroscanner. Elle est beaucoup plus difficile à apprécier et à quantifier enarthro-IRM car il est presque impossible de faire la part entre la fuite du produit de contraste (gadolinium) dans les fibres mus-culaires et la dégénérescence graisseuse.

a b

Page 199: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] BERNAGEAU J., GOUTALLIER D., POSTEL J.M. Etude den-sitométrique des muscles de la coiffe des rotateurs. In : Imageriedes parties molles de l’appareil locomoteur. Chevrot A., KhanM.F., Morvan G. Montpellier Sauramps Médical 1993 : 277-281.

[2] FUCHS B., WEISHAUPT D., ZANETTI M., HODLER J.,GERBER C. Fatty degeneration of the muscles of the rotatorcuff:Assessment by computed tomography versus magneticresonance imaging. J Shoulder Elbow Surg 1999; 8: 599-605.

[3] GERBER C., FUCHS B., HOLDER J. The results of repair ofmassive tears of the rotator cuff. J Bone Joint Surg 2000; 82A:505-515.

[4] GODEFROY D., GOUTALLIER D., AUGEREAU B., SARA-ZIN L., CHEVROT A. Dégénérescence graisseuse et atrophie dela coiffe musculaire. Comparaison des renseignements fournispar les coupes scanner axiales et sagittales. Communication à laSOFCOT, 6 novembre 2000, Paris. Rev Chir Orthop 2002 ;88 :84.

[5] GOUTALLIER D., BERNAGEAU J., PATTE D. L’évaluationpar le scanner de la trophicité des muscles de la coiffe des rota-teurs ayant une rupture tendineuse. Rev Chir Orthop 1989, 75suppl I, 126-127.

[6] GOUTALLIER D., BERNAGEAU J., PATTE D. Assessment ofthe trophicity of the muscles of the ruptured rotator cuff by CTscan in surgery of the shoulder. Mosby Year Book, Ed Chicago,1990, 11-13.

[7] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., BERNAGEAU J., LAVAU L.,VOISIN M.C. Fatty muscle degeneration in cuff ruptures. Pre andpostoperative evaluation by CT scan. Clin Orthop 1994; 304: 78-83.

[8] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., LAVAU L., BERNAGEAU J.Influence de la dégénérescence musculaire du supra- et de l’infra-spinatus sur le pronostic des réparations chirurgicales de la coiffedes rotateurs. Acta Orthopedica Belgica 1998 ;64 suppl II : 42-45.

[9] GOUTALLIER D., LE GUILLOUX P., POSTEL J.M., GLEYZEP. La dégénérescence musculaire graisseuse. Symposium de laSOFCOT 1998. Rev Chir Orthop 1999 ;85 suppl II: 132-136.

[10] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., GLEYZE P., LEGUILLOUXP., VAN DRIESSCHE S. Influence of cuff muscle fatty degenera-tion on anatomic and functional outcomes after simple suture offull-thickness tears. J Shoulder Elbow Surg 2003; 12: 550-554

[11] LUCAS C., THOMAZEAU H., ROLLAND Y., DUVAUFER-RIER R., LANGLAIS F. Evaluation de la trophicité des musclesde la coiffe des rotateurs. In :La coiffe des rotateurs et son envi-ronnement. Laredo J.D., Bard H. Les monographies duGETROA opus XXIII, Sauramps médical Eds., 1996,Montpellier, 225-231.

[12] NAKAGAKI K., OZAKI J., TOMITA Y., TAMAI S. Fattydegeneration in the supraspinatus muscle after rotator cuff tear.J Shoulder Elbow Surg 1996; 5: 194-200.

[13] PFIRRMANN C.W., SCHMID M.R., ZANETTI M., JOST B.,BERBER C., HODLER J. Assessment of fat content in supraspi-natus muscle with proton MR spectroscopy in asymptomaticvolunteers and patients with supraspinatus tendon lesions.Radiology 2004; 232: 709-715.

[14] POSTEL J.M. 7e réunion du groupe d’étude de l’épaule etdu coude (GEEC). Rev Chir Orthop 2002 ;88 :84-91.

[15] SHAEFER O., WINTERER J., LOHRMANN C., LAUBEN-BERGER J., REICHELT A., LANGER M. Magnetic resonanceimaging for supraspinatus muscle atrophy after cuff repair. ClinOrthop 2002; 403: 93-99.

[16] THOMAZEAU H., ROLLAND Y., LUCAS C., LANGLAIS F.Atrophy of the supraspinatus belly. Assessment by MRI in 55patients with rotator cuff pathology. Acta Orthop Scand 1996;67: 264-268.

[17] THOMAZEAU H., BOUKOBZA E., MORCET N., CHAPE-RON J., LANGLAIS F. Prediction of rotator cuff repair results bymagnetic resonance imaging. Clin Orthop. 1997; 344: 275-283.

[18] TINGART M.J., APRELEVA M., LECHTINEN J.T., CAPELLB., PALMER W.E., WARNER J.J. Magnetic resonance imaging inquantitative analysis of rotator cuff muscle volume. Clin OrthopRelat res. 2003; 415: 104-110.

[19] YAO L., MEHTA U. Infraspinatus muscle atrophy: implica-tions. Radiology 2003; 226: 161-164.

[20] ZANETTI M., GERBER C., HODLER J. Quantitative assess-ment of the muscles of the rotator cuff with MR imaging. InvestRadiol 1998; 33: 163-170.

199

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation de la coiffe musculaire

Page 200: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 201: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

La place de l’échographie est en progressionconstante dans le bilan des tendinopathies de lacoiffe des rotateurs. Sa sensibilité et sa spécifi-cité dans l’évaluation des ruptures tendineuses[1, 2, 3] ont été démontrées. Toutefois, cet exa-men reste encore souvent insuffisant en pré-opératoire par rapport à l’arthroscanner et àl’IRM car un des éléments pronostiquesmajeurs des ruptures tendineuses est réputéinaccessible en échographie : l’évaluation de laqualité des muscles (dégénérescence graisseu-se ou atrophie).

Goutallier, dès 1989 [4], a soulignél’importance de la dégénérescence graisseusedes muscles de la coiffe, correspondant au ver-sant musculaire d’une atteinte globale musculo-tendineuse. La qualité des muscles est forte-ment corrélée au résultat fonctionnel et àl’incidence des ruptures secondaires [5, 6] audécours de la chirurgie réparatrice des rupturestransfixiantes.

Goutallier a validé une méthode d’évaluationqualitative de la dégénérescence graisseuse enscanographie, méthode complétée par le calcul del’Indice de Dégénérescence Globale (IDG) [7].

Nous avons débuté un travail dont le but estd’évaluer l’échographie dans la cotation de ladégénérescence graisseuse des muscles supra- etinfra-épineux en se référant aux données tomo-densitométriques.

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Notre étude est rétrospective. Nous avonsactuellement inclus 44 muscles de 22 patients,9 femmes et 13 hommes avec une moyenne d’âgede 55,1 ans. Il s’agit d’une série chirurgicale. Tousles patients avaient été opérés d’une rupture decoiffe, avec dans leur bilan préopératoire à la foisun arthroscanner de l’épaule et une échographiede la coiffe des rotateurs. Les patients aux anté-cédents tumoraux, neurologiques ou chirurgicauxde l’épaule concernée étaient exclus.

Les examens échographiques avaient tous été réa-lisés par un radiologiste ostéoarticulaire ayant unegrande expérience dans l’échographie de l’appareillocomoteur (JLB) avec des appareils de haut degamme équipés de sondes linéaires de haute fré-quence (> 10MHz). L’interprétation était faite entemps réel par le radiologue pratiquant l’examen. Ilévaluait pour les muscles infra- et supra-épineux ladégénérescence graisseuse en s’inspirant des cri-tères de Goutallier décrits en scanographie:

❍ Stade 0 : Echogénicité musculaire homogènenormale (fig. 2).

❍ Stade 1 : Présence de quelques traînées degraisse hyperéchogènes (fig. 3).

❍ Stade 2 : Bandes graisseuses hyperéchogènesplus importantes, le muscle restant plus abon-dant que la graisse (fig. 6).

❍ Stade 3 : Présence d’autant de graisse que demuscle (fig. 8).

❍ Stade 4 : La graisse est plus importante que lemuscle (fig. 10).

201

EVALUATION MUSCULAIRE :L’ÉCHOGRAPHIE A-T-ELLE SA PLACE ?

E. DAGUET, D. ZEITOUN-EISS, J.-M. LEWERTOWSKI, E. DION, J.-L. BRASSEUR

Page 202: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les arthroscanners avaient été réalisés avec desmachines différentes, mais comprenaient tous descoupes en double fenêtrage. En fenêtre musculai-re, les coupes étaient uniquement orientées dansle plan axial (pas de coupe en Y), leur épaisseurvariant entre 1 et 2,7 mm. Le champ d’explorationcouvrait l’ensemble des muscles de la coiffe desrotateurs. Les coupes en fenêtre osseuses étaientmillimétriques (0,9 à 1 mm), orientées dans lesplans axial, sagittal et coronal avec un fenêtrageadapté au contraste intra articulaire. Leur lectureétait rétrospective par un radiologue senior et uninterne n’ayant pas connaissance des résultats del’échographie.

Ils évaluaient la dégénérescence graisseuse pourles muscles infra et supra épineux en utilisant laméthode décrite par Goutallier [7]. Le supra-épi-neux étant coté au niveau de la coupe passantdans la fosse supra épineuse où le muscle paraît leplus large, l’infra épineux étant coté deux fois : auniveau de la coupe passant sous la pointe de lacoracoïde et au niveau de celle passant par le bordinférieur de la glène (ce qui explique des valeursnon entières comme 0,5 ou 3,5). L’échelle de cota-tion utilisée était la suivante :

❍ Stade 0 : Pas de graisse dans le muscle (fig. 1).

❍ Stade 1 : Présence de quelques traînées degraisseuse (fig. 4).

❍ Stade 2 : Bandes graisseuses plus impor-tantes, mais le muscle reste plus abondantque la graisse (fig. 5).

❍ Stade 3 : Présence d’autant de graisse que demuscle (fig. 7).

❍ Stade 4 : La graisse est plus importante que lemuscle (fig. 9).

Seule la partie distale du muscle subscapulairepouvait être visualisée en échographie. Nousn’avons donc pas pu l’évaluer dans cette étude.

202

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Arthroscanner. Infra-épineux stade 0.

Fig. 2 : Echographie. Coupe sagittale postérieure de la fosseinfra-épineuse - Stade 0: muscle globalement hypoéchogène.On visualise les ramifications tendineuses hyperéchogènes.

Page 203: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

203

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation musculaire : l’échographie a-t-elle sa place ?

Fig. 3 : Echographie. Coupe sagittale postérieure de la fosseinfra-épineuse - Stade 1 : présence de quelques traînées degraisse hyperéchogènes.

Fig. 4 : Arthroscanner. Supra-épineux stade 1.

Fig. 5 : Arthroscanner. Supra-épineux stade 2.

Fig. 6 : Echographie. Coupe frontale supérieure de la fossesupra-épineuse. Supra-épineux stade 2.

Page 204: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

204

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Arthroscanner. Infra-épineux stade 3.

Fig. 8 : Echographie. Coupe sagittale postérieure de la fosseinfra-épineuse. Infra-épineux stade 3.

Fig. 9 : Arthroscanner. Infra-épineux stade 4.

Fig. 10 : Echographie. Coupe axiale postérieure de la fosseinfra-épineuse. Infra-épineux stade 4.

Page 205: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

205

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation musculaire : l’échographie a-t-elle sa place ?

RESULTATS (tableaux 1, 2, 3)

Tableau 1 : Résultats muscles supra-épineux

Supra-épineuxArthroscanner

Stade 0 Stade 1 Stade 2

Stade 0 12 5 2 19

Echographie Stade 1 1 1 2

Stade 2 1 1

12 6 4 22

Tableau 2 : Résultats muscles infra-épineux

Infra-épineuxArthroscanner

Stade 0 Stade 0,5 Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 3,5

Stade 0 12 2 4 1 19

Stade 1 1 1

Echographie Stade 2 1 1

Stade 3 1 1

Stade 4

12 2 6 1 1 22

Tableau 3 : Résultats totaux

TotalArthroscanner

Stade 0-1 Stade 2 Stade 3 Stade 3,5

Stade 0 35 2 1 38

Stade 1 2 1 3

Echographie Stade 2 1 1 2

Stade 3 1 1

Stade 4

38 4 1 1 44

Page 206: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’échographie a été capable d’évaluer la dégé-nérescence graisseuse de l’infra- et du supra-épi-neux en parfaite concordance avec le scannerdans 100 % des 24 stades 0.

Sur 12 muscles cotés 1 en TDM, 9 ont été sousévalués en stade 0, 2 ont été correctement cotés et1 infra-épineux a été sur-évalué d’un stade.

Sur 4 muscles cotés 2 en TDM, 3 ont été sous-évalués (2 en stade 0, 1 en stade 1) et 1 a été cotécorrectement en échographie.

Concernant le seul muscle coté 3 en TDM,l’échographie l’a coté correctement.

Le muscle infra-épineux coté 3,5 en TDM aquant à lui été sous-évalué en stade 0.

Si l’on regroupe les stades 0 à 1 (même pronos-tic), on observe une excellente concordance entreles deux techniques d’imagerie utilisées.

DISCUSSION

L’importance majeure de la dégénérescencegraisseuse dans le pronostic des traitements chi-rurgicaux des ruptures de coiffe a été largementdémontrée par les travaux de Goutallier [6-8]. Dèsque la dégénérescence graisseuse dépasse 1, laprobabilité de rupture secondaire après suturesimple, sans plastie tendineuse ou musculaire,augmente de façon significative. Le risque de rup-ture secondaire est corrélé à la dégénérescence ducorps musculaire du tendon réparé et, dans le casdu supra-épineux, ce risque est aussi corrélé à ladégénérescence graisseuse des muscles adjacents(infra-épineux et subscapulaire) [6]. L’évaluationde la dégénérescence graisseuse musculaire estdonc capitale pour le choix de la prise en chargedu patient et doit faire partie du bilan initial, aumême titre que la taille de la rupture, le degré derétraction et la présence d’un clivage.

L’échographie, examen dynamique, non inva-sif, non irradiant, plus disponible et moins cherque l’IRM et l’arthroscanner a prouvé qu’elle

permettait une analyse fiable des rupturestransfixiantes et qu’elle peut montrer deslésions partielles, y compris superficielles (àl’inverse de l’arthroscanner) [1, 2, 3]. L’enjeu estde montrer que l’échographie peut être un exa-men capable à lui seul de fournir tous les élé-ments pour la prise en charge thérapeutique enpermettant aussi une évaluation fiable de ladégénérescence graisseuse.

En échographie, la graisse a une échogénicitéimportante. Les plages d’infiltration graisseuseforment de véritables travées hyperéchogènes ausein du tissu musculaire qui est globalementhypoéchogène avec sa structure fibrillaire carac-téristique. Comme en arthroscanner, une erreurfréquente consiste à confondre travées grais-seuses et ramifications tendineuses intramuscu-laires. En échographie, celles-ci sont hyperécho-gènes et linéaires comme les premières maisl’examen dynamique permet de les caractérisercar elles sont continues et fusionnent à la partieproximale du tendon. On remarquera qu’avec lessondes actuelles l’étude ultrasonore des musclessupra- et infra-épineux est toujours réalisable,indépendamment de l’épaisseur de la couche adi-peuse sous-cutanée.

Comme en arthroscanner, l’infra-épineux estparfois difficile à analyser en échographie lors-qu’il est atrophique. On peut alors observer la pré-sence d’une plage graisseuse entre la scapula et lemuscle (fig. 11). La situation extra-musculaire decette graisse n’est pas toujours facile à détermineret peut conduire à une surestimation de la cota-tion de la dégénérescence.

Notre série est encore insuffisante pour uneanalyse statistique fiable. Plusieurs biais sont àdéplorer, certains étant propres à ce type d’étuderétrospective, comme la sélection de la populationétudiée. Le recrutement chirurgical introduit unetrès faible représentation des muscles en dégéné-rescence graisseuse marquée (plus de 2) car cespatients sont souvent récusés par les chirurgiensavec qui nous travaillons.

206

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 207: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Toutefois, les premiers résultats observés mon-trent que l’échographie est capable d’évaluer defaçon fiable les muscles infra- et supra-épineux neprésentant pas de dégénérescence graisseuse signi-ficative (inférieure à 2). En raison du faible recrute-ment dans cette étude basée sur des patients opé-rés, il n’est pas possible pour le moment d’évaluerles performances de l’échographie dans le cas desdégénérescences graisseuses évoluées. Nous nepouvons notamment pas encore déterminer de

valeur prédictive négative qui permettrait des’affranchir des autres modalités d’imagerie en casd’aspect normal des muscles.

Enfin, la limite la plus importante reste la non-accessibilité de l’ensemble du corps musculaire dusubscapulaire en échographie pour des raisons ana-tomiques. Si l’évaluation de la trophicité de cemuscle a parfois été sous-estimée, Goutallier a bienmontré que la dégénérescence graisseuse du sub-scapulaire était corrélée au risque de rupture secon-daire du supra épineux [6], réservant l’échographieaux ruptures à développement postérieur.

CONCLUSION

L’évaluation de la qualité des muscles reste lepoint faible de l’échographie dans le bilan des ten-dinopathies chroniques de la coiffe des rotateurs.Dans notre série chirurgicale, l’échographie s’estmontrée capable d’évaluer de façon fiable lesmuscles infra- et supra-épineux ne présentant pasde dégénérescence graisseuse (inférieure à 2). Enraison de la population étudiée, il n’a pas encoreété possible de valider sa valeur prédictive négati-ve et ses performances dans l’évaluation desmuscles ayant une dégénérescence graisseuseplus avancée en raison de la population étudiée.

De plus, comme le muscle subscapulaire n’estpas visible en échographie, cette technique sera,dans le cadre d’un bilan préopératoire de dégéné-rescence graisseuse des muscles, toujours limitée àl’analyse des ruptures à développement postérieur.

207

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Evaluation musculaire : l’échographie a-t-elle sa place ?

Fig. 11 : Arthroscanner. Infra-épineux stade 2, atrophiqueavec présence d’une plage graisseuse extra-musculaireentre la scapula et le muscle.

Bibliographie

[1] FARIN P.U., KAUKANEN E., JAROMA H., VAATAINEN U.,MIETTINEN H. and SOIMAKALLIO S. Site and size of rotator-cuff tear. Findings at ultrasound, double-contrast arthrographyand computed tomography arthrography with surgical correla-tion. Invest Radiol 1996; 31: 387-94.

[2] VAN HOLSBEECK M.T., KOLOWICH P.A., EYLER W.R. et al.US depiction of partial-thickness tear of the rotator cuff.Radiology 1995; 197: 443-6.

[3] BACHMANN G.F., MELZER C., HEINRICHS C.M., MOH-RING B. and ROMINGER M.B. Diagnosis of rotator cuff lesions:comparison of US and MRI on 38 joint specimens. Eur Radiol1997; 7: 192-7.

Page 208: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

208

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[4] GOUTALLIER D., BERNAGEAU J., PATTE D. L’évaluationpar le scanner de la trophicité des muscles de la coiffe des rota-teur ayant une rupture tendineuse. Rev Chir Orthop 1989; 75(supp I) : 126-7.

[5] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., LAVAU I., BERNAGEAU J.La dégénérescence graisseuse des muscles de la coiffe tendi-neuse rompue de l’épaule. Rev Rhum 1995; 62 : 439-46.

[6] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., GLEIZE P., LEGUILLOUXP., VAN DRIESSCHE S. Influence of cuff fatty degeneration onanatomic and functional outcomes after simple suture of full-thickness tears. J Shoulder Elbow Surg 2003 ;12: 550-4.

[7] GOUTALLIER D., Le GUILLOUX P., POSTEL J.M., GLEYZEP. La dégénérescence musculaire graisseuse. Symposium de laSOFCOT 1998. Rev Chir Orthop 1999; 85 (suppl II) :132-6.

[8] BERNAGEAU J., GOUTALLIER D., POSTEL J.M.Postoperative arthrography and CT arthrographic study of therotator cuff. In: Gazielly DF, Gleyze P, Thomas T, eds The cuff.Paris: Elsevier; 1997: 103-5.

Page 209: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le diagnostic des ruptures de coiffe repose surdes arguments cliniques et surtout sur les don-nées de l’imagerie (clichés standards, échogra-phie, IRM). Dans le but d’obtenir un diagnostic etun bilan plus précis, les cliniciens et notammentles chirurgiens ont tendance à demander un exa-men plus invasif avec injection intra-articulairecomme l’arthro-TDM (arthroscanner) ou l’arthro-IRM. La tolérance de ces examens se révèled’ailleurs bonne en pratique [1].

L’arthroscanner garde de nombreux adeptes enFrance car cet examen est bien connu des chirur-giens et a largement fait la preuve de son efficaci-té en pratique clinique en cas de rupture trans-fixiante. Il s’agit cependant d’un examen incom-plet en cas de rupture non transfixiante puisqu’iln’explore que la face profonde de la coiffe. On setrouve donc parfois confronté à un arthroscannernormal en apparence alors qu’une lésion de coif-fe existe sur la face superficielle. Certains ontalors proposé de prolonger l’examen par unburso-scanner [2] dans le seul but d’explorer laface superficielle de la coiffe.

L’arthro-IRM est largement pratiquée depuisplusieurs années dans les pays anglo-saxons. Elleest autorisée en France depuis un an et demi. Leséquipes francophones qui en ont une bonne habi-tude sont peu nombreuses.

Nous avons donc souhaité comparer les résul-tats obtenus par ces deux techniques dans le dia-gnostic et le bilan pré-opératoire des ruptures decoiffe afin de voir si l’arthroscanner devait garder

la place d’examen de référence qu’il a actuelle-ment en France ou si le temps était venu pour luide laisser la place à l’arthro-IRM.

Nous n’envisagerons pas la comparaison desinformations obtenues avec l’échographie etl’IRM simple qui ont le grand mérite d’être destechniques diagnostiques non invasives, mais quetoutes les publications considèrent encore actuel-lement comme moins performantes dans le bilanpré-opératoire [3, 5].

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Nous avons retenu une série de 50 patientsadressés en grande majorité durant l’année 2004par le même chirurgien ayant une pratiqueexclusive de la chirurgie de l’épaule. La plupartde ces patients (42 au total) étaient adressés avecune forte suspicion clinique de lésion de la coif-fe. L’examen demandé avait donc un double but :confirmer (ou infirmer) le diagnostic de lésionde coiffe, et faire le bilan pré-opératoire éventuelde la lésion. Les huit autres patients étaientadressés pour bilan pré-opératoire d’une omar-throse ou d’une instabilité connue de l’épaule.Pour ces derniers, nous ne rapportons dans cetravail que les informations qui concernent lacoiffe des rotateurs.

La technique d’examen a été identique pourtous les patients (chez qui avaient été clairementexpliquées les raisons de ce double examen). Ona systématiquement réalisé :

209

COMPARAISON ARTHRO-TDM ET ARTHRO-IRMDANS LES RUPTURES DE COIFFE

D. GODEFROY, D. GAZIELLY, J.-L. DRAPÉ, L. SARAZIN, B. ROUSSELIN, A. CHEVROT

Page 210: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ des clichés standards de l’épaule,

❍ une injection intra-articulaire de produit decontraste associant 5 ml de produit decontraste iodé (Héxabrix®) et 5 ml de gadoli-nium dilué (Artirem®),

❍ les clichés habituels d’arthrographie (clichés deface avec quatre rotations et un profil de coiffe),

❍ un scanner (arthroscanner) réalisé entre unquart d’heure et une demi-heure aprèsl’injection intra-articulaire, avec une acquisi-tion spiralée et des reconstructions dans lestrois plans habituels avec filtre osseux et filtrede parties molles,

❍ puis une IRM (arthro-IRM) réalisée ensuite,c’est-à-dire entre une demi-heure et uneheure après l’injection. Cette IRM comprenaitsystématiquement 5 séquences : coronalesobliques pondérées T1 et T2, (les 2 avec satu-ration du signal de la graisse), axiales T2 avecsaturation de graisse et T1 sans saturation dela graisse, sagittale oblique T2 avec saturationde graisse. Les séquences T2 avec saturationde graisse sont considérées comme perfor-mantes [8] et nous semblent indispensablesnotamment pour étudier l’espace sous-acro-mial lorsque la coiffe est continente. Laséquence axiale T1 sans saturation de graisseest également indispensable pour étudier lacoiffe musculaire.

La relecture a été effectuée a posteriori sur filmsou sur consoles par deux radiologues établissantun consensus. Une discussion ultérieure dechaque dossier sera faite avec le chirurgien enfonction des résultats opératoires.

Seulement 14 patients ont été opérés à la dateoù ces lignes sont écrites en raison du caractèrerelativement récent de cette étude.

Les critères retenus pour la relecture des exa-mens ne concernaient que l’arthroscanner etl’arthro-IRM à l’exclusion des clichés standards etdes clichés d’arthrographie qui étaient communsaux deux techniques.

❍ Une rupture transfixiante correspond pardéfinition à une rupture intéressant la totalitéde l’épaisseur d’un tendon. En imagerie, unerupture transfixiante se traduit par le passagedans la bourse séreuse sous-acromio-deltoï-dienne (BSAD) du produit de contraste injec-té dans la cavité articulaire. Nous connaissonsnaturellement les causes de faux-positifs oude faux-négatifs de ce critère. L’étendue fron-tale de la rupture transfixiante est évaluéeselon les critères classiques [4] de rétractiontendineuse (distale, intermédiaire, à la glène).Le nombre de tendons rompus est mieuxapprécié dans le plan sagittal.

❍ Une rupture non transfixiante (ou partielle) estune fissure ou une ulcération qui n’intéressequ’une partie de l’épaisseur du tendon. La per-sistance d’une certaine épaisseur de tendonempêche donc la communication entre la cavi-té articulaire et la BSAD. Une lésion non trans-fixiante qui se développe à partir de la face pro-fonde du tendon se remplit du produit decontraste injecté dans l’articulation. Enrevanche, une lésion tendineuse non trans-fixiante de la face superficielle ne peut naturel-lement pas être opacifiée par le produit decontraste injecté dans l’articulation, que ceproduit soit de l’iode ou du gadolinium.

❍ Le clivage intra-tendineux correspond à unedissection lamellaire située à l’intérieur dutendon. Il peut être isolé ou prolonger unerupture transfixiante.

❍ Une lésion du tendon du subscapulaire se tra-duit soit par une rupture partielle à type defissurations soit par une désinsertion du ten-don avec présence de produit de contraste à laface antérieure du trochin, cette désinsertionintéressant la totalité de la hauteur du tendonou se limitant à une partie de l’insertion leplus souvent la supérieure.

❍ Le tendon du long biceps peut être normal,épaissi, clivé, subluxé, luxé en avant du tuber-cule mineur (trochin), ou rompu.

210

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 211: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ La dégénérescence graisseuse a été évaluéeselon la classification de Goutallier etBernageau sur les coupes axiales de scanneret sur les coupes axiales T1 sans suppressiondu signal de la graisse de l’IRM. L’atrophiemusculaire donne une information prochemais légèrement différente de la dégénéres-cence graisseuse. Elle est appréciée sur lacoupe sagittale en Y. Ces notions font l’objetd’un chapitre différent du livre.

RÉSULTATS

Nous avons donc revu cette série de 50 patients(23 hommes et 27 femmes) en ne retenant quel’aspect de la coiffe des rotateurs. Parmi ces50 patients, 42 étaient cliniquement suspectsd’avoir une lésion de coiffe. Les huit autres patientsétaient adressés pour bilan d’une instabilité oud’une omarthrose centrée. L’âge moyen était de54 ans. Les âges extrêmes étaient de 25 et 78 ans.

Les résultats seront brièvement exposés car ilsferont l’objet d’une publication plus précise lors-qu’un nombre plus élevé de patients aura été opéré.

❍ 24 ruptures transfixiantes ont été mises enévidence par opacification de la bourse SADà partir de l’opacification articulaire.23 l’étaient sur l’arthroscanner et 24 sur laséquence coronale T1 avec suppression dusignal de la graisse de l’arthro-IRM. Parmi ces24 ruptures transfixiantes, 9 ont été considé-rées comme distales, 11 comme intermé-diaires et 4 “à la glène” de façon un peu diffé-rente en arthroscanner et en arthro-IRM. Lapartie distale du tendon rompu est plus facileà étudier en arthro-IRM notamment sur lesséquences T2 car celles-ci montrent directe-ment l’image du tendon alors quel’arthroscanner n’en dessine que les contours.L’aspect d’une rupture transfixiante est à peuprès identique en arthro-IRM sur lesséquences T1 et T2 (fig. 1). La rupture estapparue souvent plus étendue dans le planfrontal en IRM qu’en arthroscanner. Les 24ruptures transfixiantes intéressaient le supra-épineux et la jonction supra/infra-épineux.L’extension en arrière semble plus facile àpréciser sur l’arthroscanner en raison de labonne résolution spatiale et du bon contraste

211

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 1 : Rupture transfixiante de petite taille du supra-épineux chez une femme de 62 ans.Arthro-IRM : coupes coronales T1 “fat-sat” (a) et T2 “fat-sat” (b).L’aspect de ces deux séquences est très proche et les informations fournies sont à peu près identiques lorsqu’il existe une rup-ture transfixiante faisant communiquer la cavité articulaire et la bourse SAD. Les remaniements tendineux sont mieux visiblesen T2. La communication entre la cavité articulaire et la bourse SAD n’est pas visible en totalité sur ces coupes.

a b

Page 212: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

qui existe entre le produit de contraste et letubercule majeur (trochiter) sur les coupessagittales externes. Ces coupes sont plus diffi-ciles à étudier en arthro-IRM. L’extensionantérieure au biceps et au subscapulaire (4patients) se voit bien sur l’arthroscanner etsur l’arthro-IRM. La position et la rétractiondu subscapulaire sont plus facilement préci-sées sur l’arthro-IRM qui montre directementle tendon et non simplement ses contours.

❍ Parmi les 16 ruptures non transfixiantes,8 ruptures de la face profonde étaient visiblesen arthroscanner et en arthro-IRM. Les8 lésions de la face superficielles’accompagnaient 4 fois d’un épanchementdans la bourse SAD et ne se voyaient naturel-lement que sur les séquences T2 avec sup-pression de graisse de l’arthro-IRM.

❍ 4 épaississements tendineux avec modifica-tion du signal du supra-épineux ont été mis enévidence en arthro-IRM, alors quel’arthroscanner était considéré comme nor-mal.

❍ La coiffe a été considérée comme normale6 fois en arthroscanner et en arthro-IRM.

❍ Un cas de rupture itérative après suture a étébien étudié de façon à peu près identique par

212

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Rupture itérative de la coiffe chez une femme de 63 ans.Arthroscanner : coupe coronale (a). Ascension de la têtehumérale à la face inférieure de l’acromion. Rupture itérativefranche avec rétraction du supra-épineux en regard del’interligne gléno-huméral (flèche). Empreinte del’articulation acromio-claviculaire sur la bourse SAD et sur lacoiffe (tête de flèche).Arthro-IRM T2 “fat-sat” (b) et T1 “fat-sat” (c). Les informa-tions sont pratiquement identiques mais les structuresosseuses sont moins bien visibles que sur l’arthroscanner. Lesartéfacts engendrés par l’intervention ne gênent pasl’interprétation des images. Noter la trace des ancres de réin-sertion à la jonction tête/trochiter sur la séquence T1.a

b c

Page 213: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

les deux techniques (fig. 2), sans artéfactgênant sur les séquences avec suppression degraisse de l’arthro-IRM [7].

❍ Une rupture transfixiante de la coiffes’accompagnait d’une altération débutante ducartilage glénoïdien, nettement mieux visiblesur l’arthroscanner que sur l’arthro-IRM.

❍ Un cas de kyste para-glénoïdien a été mis enévidence sur les séquences T2 de l’arthro-IRMalors qu’il était pratiquement invisible surl’arthroscanner.

❍ Les 50 arthroscanners ont tous été de bonneou très bonne qualité. Tous étaient facilementinterprétables. La qualité des arthro-IRM aété plus inégale selon le morphotype despatients, leur âge, leur respiration plus oumoins calme, ou un certain degré de claustro-phobie. Une arthro-IRM a été pratiquementininterprétable chez un patient dyspnéïque de77 ans.

DISCUSSION

❍ Le diagnostic de rupture transfixiante a étéporté par l’apparition dans la bourse duproduit de contraste injecté dansl’articulation. En théorie, ce diagnosticaurait dû être identique sur l’arthrographie,l’arthroscanner et l’arthro-IRM. En fait, letemps IRM a été réalisé pour des raisonspratiques entre un quart et trois quartsd’heure après le scanner, le patient s’étantrhabillé puis redéshabillé. Ces conditionstechniques expliquent très vraisemblable-ment le fait qu’une rupture transfixianteétait visible sur l’arthro-IRM alors qu’ellene l’était pas sur l’arthroscanner. Elle n’étaitque très peu communicante à travers untendon remanié et “poreux”.

❍ Le diagnostic de rétraction tendineuses’apprécie selon les mêmes critères enarthroscanner et en arthro-IRM (fig. 3, 4 et 5).

L’image est cependant différente et l’arthro-IRM semble majorer l’étendue de la rupture parrapport à l’arthroscanner. Des remaniementstendineux apparaissent en effet sur l’arthro-IRM qui montre le tendon lui même alors quel’arthroscanner ne montre que ses contours.Tout se passe en effet comme si l’arthroscannerne montrait que l’orifice de la rupture alors quel’arthro-IRM montrait la rupture et les remanie-ments tendineux autour de la rupture par péné-tration partielle du produit de contraste dansles zones remaniées du tendon. Cette distinc-tion est vraisemblablement importante à consi-dérer et trouvera peut-être une confirmation etune explication lorsqu’un nombre plus impor-tant de patients aura été opéré. Le délai diffé-rent avec lequel ont été réalisés les deux exa-mens peut aussi expliquer pour une part cettedifférence si les tendons remaniéss’imprègnent progressivement de produit decontraste et notamment de gadolinium.

❍ L’étendue de la rupture et le nombre de ten-dons concernés dans le plan sagittal sont plusfaciles à apprécier sur l’arthroscanner (fig. 6et 7). Celui-ci permet d’utiliser des coupesplus fines et plus faciles à orienter a posterio-ri dans l’axe sagittal des facettes du tuberculemajeur. De même, la présence d’un clivagedans l’infra-épineux se révèle nettement plusfacile à voir sur l’arthroscanner vraisembla-blement en raison de la faible épaisseur descoupes et des reconstructions qui supprimenttout effet de volume partiel. Il est possible quel’introduction de nouvelles séquences IRMpermette dans les années à venir de bénéficierd’une meilleure résolution spatiale et deséquences plus stables qu’actuellement.

❍ La présence d’une lésion de la face profondedu supra ou de l’infra-épineux se voit de façonà peu près identique sur l’arthroscanner et surl’arthro-IRM. L’image est plus nette et moinsdiscutable sur l’arthroscanner. Mais l’arthro-IRM permet d’étudier de plus la face superfi-cielle du tendon (fig. 8).

213

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 214: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

214

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Rupture transfixiante avec rétraction intermédiaire du supra-épineux chez un homme de 69 ans.Arthroscanner : coupes axiale (a) et coronale (b).Arthro-IRM T2 “fat-sat” : coupes axiale (c) et coronale (d).Les images obtenues en arthroscanner et en arthro-IRM sont pratiquement identiques et fournissent les mêmes informations.L’empreinte de l’arthrose acromio-claviculaire est un peu mieux visible sur l’arthroscanner.

a b

c d

Page 215: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

215

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

. Fig. 4 : Rupture transfixiante de petite taille du supra-épineux chez une femme de 60 ans.Arthroscanner : coupe coronale (a) et sagittale (b).Arthro-IRM : coupes coronale T2 “fat-sat” (c), corona-le T1 “fat-sat” (d) et sagittale T2 “fat-sat” (e).Sur l’arthroscanner, la rupture tendineuse est bienvisible en regard du pôle supérieur de la tête huméra-le. La communication (têtes de flèche) paraît un peuplus étendue sur l’arthro-IRM, notamment sur laséquence T1. L’amincissement et l’altération du tendonen regard du bec acromial sont mieux visibles enarthro-IRM. Sur les coupes sagittales, les images sontplus fines sur l’arthroscanner que sur l’arthro-IRMmais les informations fournies sont identiques.

a b

c d

e

Page 216: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

216

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 5 : Rupture transfixiante de petite taille du supra-épineux chez une femme de 65 ans.Arthroscanner : coupes coronale (a) et sagittale (b).Arthro-IRM : coupes coronale T2 “fat-sat” (c), corona-le T1 “fat-sat” (d) et sagittale T2 “fat-sat”.Les informations sont du même ordre sur les deux exa-mens. Les images sont plus fines sur l’arthroscanner.L’état du tendon et les remaniements qui accompa-gnent la rupture sont mieux visibles sur l’arthro-IRM.Les séquences T1 et T2 sont identiques.

a b

c d

e

Page 217: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

217

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

. Fig. 6 : Rupture transfixiante du supra et de l’infra-épineuxchez un homme de 59 ans.Arthroscanner : coupes coronale (a) et sagittale (b).Arthro-IRM : coupes coronale T1 “fat-sat” (c), coronale T2“fat-sat” (d) et sagittale T2 “fat-sat” (e).Les informations fournies par les coupes coronales T1 et T2sont identiques. La rétraction intermédiaire et l’aspectbiseauté du tendon du supra-épineux (flèches) sont un peumoins bien visibles sur l’arthroscanner.Sur les coupes sagittales, le siège exact et l’extension de larupture à l’infra-épineux sont mieux visibles surl’arthroscanner (flèches) ; La tête de flèche indique la jonc-tion supra/infra-épineux sur le tubercule majeur.

a b

c d

e

Page 218: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

218

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Rupture transfixiante du supra-épineux avec clivagede l’infra-épineux chez une femme de 45 ans.Arthroscanner : coupes coronale (a) et sagittale (b).Arthro-IRM : coupe coronale T2 “fat-sat” (c), coronale T1 “fat-sat” (d) et sagittale T2 “fat-sat” (e).La rupture tendineuse (tête de flèche) et le clivage dansl’infra-épineux (flèche) sont bien visibles sur l’arthroscanner.L’arthro-IRM montre une rupture de plus grande taille dansle plan coronal bien que les plans de coupes semblent super-posables. L’étendue de la rupture dans le plan sagittal et laprésence d’un clivage dans l’infra-épineux sont difficiles àpréciser.

a b

c d

e

Page 219: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

219

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 8 : Rupture non transfixiante de la face profonde de la jonction supra/infra-épineux chez un homme de 59 ans.Arthroscanner : coupe coronale (a) et sagittale (b).Arthro-IRM : coupes coronales T1 “fat-sat” (c) et T2 “fat-sat” (d).L’arthroscanner montre bien l’ulcération de la face profonde (flèches) et son siège exact sur la coupe sagittale.L’arthroscanner et l’arthro-IRM T1 ne montrent que la face profonde de la coiffe, sans préciser l’état de sa face superficielle.L’arthro-IRM T2 montre bien les deux faces de la coiffe, avec l’ulcération profonde, l’amincissement du tendon, l’empreinte dubec acromial sur sa face superficielle et l’épanchement dans la bourse SAD.La séquence T2 est donc la technique la plus performante lorsque la rupture n’est pas transfixiante.

a

b

c

d

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

Page 220: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

220

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Rupture non transfixiante de la face superficielle du supra-épineux chez une femme de 57 ans.Cliché d’arthrographie (a).Arthroscanner : coupe coronale (b).Arthro-IRM : coupe coronale T1 “fat-sat” (c), coronale T2 “fat-sat” (d).Le cliché d’arthrographie et la coupe coronale d’arthroscanner ont un aspect pratiquement normal. L’espace sous-acromialconserve une bonne épaisseur malgré la présence d’un bec acromial (flèche).La séquence T1 de l’arthro-IRM (c) ne montre pas de communication franche entre la cavité articulaire et la bourse SAD. Lediscret hypersignal relatif de la bourse (flèches) peut s’expliquer soit par un très minime passage à travers une coiffe remaniéeet “poreuse”, soit plus vraisemblablement par une constitution chimique du liquide modifiant son signal.La séquence T2 (d) montre nettement la présence d’un épanchement abondant dans la bourse SAD (flèches), un amincissementet des remaniements francs du tendon du supra-épineux (têtes de flèche) prédominant sur le versant superficiel de la coiffe enregard du bec acromial.L’arthro-IRM, grâce à sa séquence T2, se révèle nettement supérieure à l’arthroscanner.

a b

c d

Page 221: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ En effet, les modifications de la face superfi-cielle des tendons (rupture superficielle nontransfixiante, empreinte d’un bec acromialsur la face superficielle de la coiffe et épan-chement dans la bourse) échappent totale-ment à l’arthroscanner. Huit foisl’arthroscanner avait un aspect normal alorsque la face superficielle du tendon était anor-male voire très remaniée par une rupturesuperficielle étendue qui creusait nettement letendon et ne laissait en place qu’une fine lametendineuse profonde. Sur ce point, l’arthro-IRM se révèle être un examen beaucoup pluscomplet et performant que l’arthroscanner sion prend la précaution de toujours réaliserdes séquences T2 avec suppression de graisse(fig. 9). Le diagnostic de tendinopathie échap-pe également à l’arthroscanner.

❍ Les lésions du subscapulaire ont été plusfaciles à voir et à étudier sur l’arthro-IRM [9]que sur l’arthroscanner, le tendon étant direc-tement visible en hyposignal à l’intérieur du

liquide articulaire qui est en hypersignal surles séquences T1 et T2 (fig. 10 et 11).

❍ Nous ne discuterons pas les avantages etinconvénients respectifs bien connus del’arthroscanner et de l’arthro-IRM concernantle coût plus élevé de l’IRM, son accès plus dif-ficile, mais à l’inverse le caractère irradiant del’arthroscanner. Ces arguments sont trèsimportants à prendre en compte dans uncontexte diagnostique “tout-venant”, maisdoivent s’effacer devant les performancesintrinsèques de chaque examen lorsqu’ils’agit d’établir un bilan pré-opératoire précisqui doit faire relativiser le coût et le risque deces examens [6].

❍ On retiendra cependant la bonne qualitéconstante des 50 arthroscanners et la qualitéplus inégale et moins constante des arthro-IRM. Cet argument est important et doit inter-venir dans le choix d’un examen chez lespatients âgés, dyspnéïques et surtout claus-trophobes.

221

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 10 : Rupture transfixiante du supra-épineux et désinsertion du subscapulaire chez un homme de 68 ans.Coupe axiale d’arthroscanner (a) et d’arthro-IRM T2 (b). La désinsertion du subscapulaire est nettement mieux visible surl’arthro-IRM qui montre directement l’image en hyposignal du tendon dans le défilé coraco-huméral, contrastant nettementavec l’hypersignal du contraste. L’arthroscanner ne montre que la présence de produit de contraste de part et d’autre du tendon.Le produit de contraste iodé se distingue d’ailleurs assez mal de la corticale antérieure du tubercule mineur (trochin) car lesdensités respectives du produit de contraste et de la corticale osseuse sont proches.

a b

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

Page 222: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

222

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 11 : Désinsertion de la moitié supérieure du sub-scapulaire et rupture profonde non transfixiante dusupra-épineux chez un homme de 63 ans.Arthroscanner : 4 coupes axiales (a1, a2, a3, a4) etcoupe coronale (b)

a1 a2

a3 a4

b

Page 223: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

223

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 11 (suite) :Artho-IRM : 4 coupesaxiales (c1, c2, c3,c4), coupes coronalesT2 “fat-sat” (d) et T1“fat-sat” (e).La désinsertion et lesremaniements dutendon du subscapu-laire sont mieuxvisibles sur l’arthro-IRM.La rupture profondenon transfixiante dusupra-épineux a unaspect à peu prèsidentique sur les 3images coronales.Sur l’arthro-IRM T2,il est difficile de pré-ciser si la rupture esttransfixiante ou nontransfixiante du faitde la présence d’unpeu de liquide dans labourse SAD.

c1 c2

c3 c4

d e

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

Page 224: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

Bonnes indications respectives de cesdeux examens

Au-delà de quelques chiffres qui pourront êtreaffinés lorsqu’un plus grand nombre de patientsaura été opéré, on peut retenir dès maintenantcertaines informations importantes en pratiquecourante.

Le problème est en fait radicalement différentselon que la rupture de coiffe est transfixiante(avec opacification de la bourse SAD) ou nontransfixiante (sans opacification de la bourse).

❍ Dans les ruptures transfixiantes, la face pro-fonde et la face superficielle des tendons sonttoutes deux visibles en arthroscanner et enarthro-IRM. Les deux examens sont perfor-mants pour faire le diagnostic positif et préci-ser les différents facteurs importants àconnaître avant une intervention éventuelle.L’arthro-IRM montre mieux l’état du tendonrompu. L’arthroscanner précise mieuxl’existence éventuelle d’un clivage dansl’infra-épineux. L’arthroscanner est un exa-men bien connu des radiologues et des chi-rurgiens. Sa bonne qualité est pratiquementconstante, sans mauvaise surprise (ce quin’est pas toujours le cas de l’arthro-IRM). Lebilan d’une rupture transfixiante peut doncencore se faire dans de très bonnes conditionsen arthroscanner.

❍ Dans les ruptures non transfixiantes,l’arthroscanner n’étudie que la face profondedes tendons. On ne peut donc pas apprécierl’état de leur face superficielle et on évaluetrès mal leur épaisseur. Ces remarquess’appliquent également aux séquences T1 del’arthro-IRM. Mais l’arthro-IRM est un exa-men plus complet puisque les séquences T2(qui doivent être systématiques) visualisent laface superficielle des tendons supra et infra-

épineux lorsqu’il existe un épanchement dansla bourse SAD, ce qui est fréquent en cas deconflit sous-acromial.

En d’autres termes :

❍ L’arthroscanner reste actuellement un excel-lent examen si son indication est bonne ; sabonne indication se résume actuellementdans ce contexte au bilan pré-opératoired’une rupture de coiffe qu’on sait de façonformelle être transfixiante. Quand sait-onque la rupture est bien transfixiante ? C’est lecas pour les formes évoluées avec diminutionde la force musculaire et ascension de la têtehumérale, mais on insiste actuellement àjuste titre sur l’intérêt des diagnostics plusprécoces. Dans les formes plus limitées,l’examen clinique reste souvent trompeurmême s’il est fait par un spécialiste expéri-menté. Il permet simplement de dire qu’ilexiste probablement une lésion de la coiffesans préciser si la lésion est transfixiante ounon. Le diagnostic de rupture transfixiantene peut alors être valablement affirmé que siune échographie ou une IRM simple ont étéréalisées auparavant.

❍ En pratique courante, on voit encore trop sou-vent un arthroscanner demandé devant uneépaule douloureuse à la recherche d’unelésion de la coiffe. C’est une très mauvaiseindication car ce tableau clinique peut corres-pondre à plusieurs types de lésions anato-miques et notamment à une rupture superfi-cielle non transfixiante impossible à voir enarthroscanner. Devant l’absenced’opacification de la bourse SAD au tempsarthrographique, le radiologue pourrait éven-tuellement rectifier en réalisant une IRM(avec les séquences T2) à la place du scanner.C’est en fait assez difficile en pratique en rai-son des plannings IRM très chargés. Dans cestableaux d’épaule douloureuse, il faut mieux

224

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 225: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

que le clinicien demande d’emblée unearthro-IRM qui est un examen complet avecses séquences T1 et T2 permettant d’étudierl’ensemble de l’épaule et notamment les deuxsurfaces tendineuses.

❍ On pourrait même se demander si à l’avenir ilne serait pas logique de privilégier l’IRMsimple (sans injection) qui suffirait dans lamajorité des cas même si on la sait moins per-formante et de ne demander un examen avecopacification articulaire qu’en cas

d’insuffisance de cet examen notammentdans le cadre d’un bilan pré-opératoire derupture de coiffe. On réduirait ainsi le nombred’examens invasifs à un petit nombre depatients sélectionnés en fonction de leurpathologie et du traitement qui pourrait endécouler. Il n’est en effet pas logique de réali-ser une ponction articulaire avec les risquesfaibles certes mais toujours possibles de com-plications septiques ou allergiques sil’examen ne débouche sur aucun geste chi-

225

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] BINKERT C., ZANETTI M., HODLER J. Patient’s assessmentof discomfort during MR arthrography of the shoulder.Radiology 2001; 221: 775-778.

[2] FAURE C., NOEL E., GIROD S., STREICHENBERGER F.,PEYRET-DIDIER S., BOCHU M. Intérêt du burso-scanner dansles lésions de la coiffe des rotateurs. J Radiol 2001 ;82 :51-54.

[3] FLANNIGAN B., KURSUNOGLU-BRAHME S., SNYDER S,KARZEL R, DEL PIZZO W, RESNICK D. MR arthrography ofthe shoulder : comparison with conventional MR imaging. AJR1990; 155: 829-832.

[4] GAZIELLY D.F. Ruptures de la coiffe des rotateurs del’épaule. Cahiers d’enseignement de la SOFCOT, ExpansionScientifique Française, Paris, 1997, pp. 165-185.

[5] HODLER J., KURSUNOGLU-BRAHME S., SNYDER S.J. etal. Rotator cuff disease: assessment with MR arthrography ver-sus standard MR imaging in 36 patients with arthroscopicconfirmation. Radiology 1992; 182: 431-436.

[6] MAGEE T., WILLIAMS D., MANI N. Shoulder MR arthro-graphy: Which patient group benefits most? AJR 2004; 183: 969-974.

[7] MOHANA-BORGES A.V., CHUNG C.B., RESNICK D. MRimaging and MR arthrography of the postoperative shoulder:spectrum of normal and abnormal findings. RadioGraphics2004; 24: 69-85.

[8] PALMER W., BROWN J., ROSENTHAL D. Rotator cuff: eva-luation with fat-suppressed MR arthrography. Radiology 1993;188: 683-687.

[9] PFIRRMANN C.W., ZANETTI M., WEISHAUPT D., GERBERC., HODLER J. Subscapularis tendon tears: detection and gra-ding at MR arthrography. Radiology 1999; 213: 709-714.

Comparaison arthro-TDM et arthro-IRM dans les ruptures de coiffe

Page 226: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 227: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Neer a été le premier à utiliser le terme“d’intervalle des rotateurs” en 1970 [1] pour dési-gner une région antéro-supérieure de l’épaule oùla capsule gléno-humérale est dénuée de renfor-cement par la coiffe des rotateurs. La mêmeannée, les premières descriptions des lésions del’intervalle des rotateurs (IR) sont publiées parNobuhara et Ikeda [2]. Depuis, de nombreuxauteurs ont étudié le rôle de cet espace dans dif-férentes pathologies de l’épaule en mettant enexergue d’une part sa participation dans la rétrac-tion capsulaire mais aussi, à l’opposé, en cas delaxité son implication dans les instabilités, en par-ticulier postéro-inférieures. Sa fonction bioméca-nique exacte reste cependant discutée.

Une meilleure connaissance de l’anatomie et del’imagerie normale de cette région doit permettreun diagnostic plus approprié de la pathologie del’IR qui apparaît plus comme un ensemble delésions qu’une seule lésion isolée.

ETUDE ANATOMIQUE

L’IR est un espace anatomique de formeapproximativement triangulaire compris entre lestendons des muscles subscapulaire et supra-épi-neux, fermé superficiellement par le ligamentcoraco-huméral (LCH) et profondément par leligament gléno-huméral supérieur (LGHS) et lacapsule articulaire. La base de ce triangle estconstituée par le processus coracoïde. La pointedu triangle est représentée par l’apex du silloninter-tuberculaire. Le LCH et le LGHS fusionnent

latéralement formant une poulie de réflexionmédiale pour le tendon du chef long du bicepsbrachial (TLB) avant que celui-ci ne s’engagedans le sillon inter-tuberculaire. Le ligamenthuméral transverse (LHT) qui transforme le silloninter-tuberculaire en coulisse ostéo-fibreuse pourle TLB est parfois considéré comme la limite infé-ro-latérale de l’intervalle (fig. 1 et 2).

227

L’INTERVALLE DES ROTATEURS:RAPPEL ANATOMIQUE ET APPORT

DES DIFFÉRENTES MÉTHODES D’IMAGERIE

S. CARRASSET, M. COHEN, P. SARRAT, R. ASWAD, A. AZAIEZ-MATHARI, J-L. BRASSEUR

Fig. 1 : Schéma anatomique de la cavité articulaire gléno-humérale en vue latérale :1) tendon du chef long du biceps, 2) ligament gléno-humé-ral supérieur, 3) ligament coraco-huméral, 4) foramen deWeitbrecht, 5) ligament gléno-huméral moyen, 6) ligamentgléno-huméral inférieur, 7) subscapulaire, 8) supra-épi-neux, 9) infra-épineux, 10) teres minor.

Page 228: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Selon Neer, le ligament coraco-huméral (LCH)est une structure bien définie dans 95 % des dis-sections cadavériques [3]. Son insertion médialese fait sur la base du processus coracoïde ets’étend sur 18 mm en moyenne sur sa face latéra-le. Le LCH est considéré par certains auteurs [4]comme un reliquat embryonnaire du tendon dupectoralis minor. Latéralement le LCH est consti-tué de deux faisceaux: un faisceau latéral insérésur le tubercule majeur au niveau de l’insertion dubord antérieur du tendon supra-épineux (encoreappelé LCH latéral) et un faisceau médial (LCHmédial) inséré sur le tubercule mineur au niveaude l’insertion des fibres supérieures du tendonsubscapulaire. Les fibres tendineuses (supra-épi-neux et subscapulaire) ainsi que les fibresd’insertion humérale du LCH sont intimementintriquées avec la capsule articulaire. Le LCH pré-sente ainsi une forme de Y horizontal à l’extrémitéduquel émerge le TLB avant de s’infléchir etd’entrer dans le sillon inter-tuberculaire.

Si le LCH est une structure bien développée, leLGHS est plus souvent rudimentaire. Jost [5] surune étude cadavérique de 19 épaules retrouve unLGHS bien défini dans 7 cas, contre 12 cas deLGHS présent mais défini comme “rudimentai-re”. Le LGHS présente une insertion médiale surle labrum glénoïdien supérieur à proximité del’insertion du TLB. L’insertion latérale s’effectueà la partie supérieure du tubercule mineur. Surson trajet proximal, le LGHS chemine le long dubord inférieur du TLB, en profondeur par rap-port au LCH. Sur son trajet distal, le LGHS et leLCH fusionnent en une poulie de réflexion ten-dineuse ouverte en haut et en arrière dont lafonction est de s’opposer au déplacement inféro-médial du TLB.

Ce même auteur sépare l’IR en deux parties :

❍ L’une latérale (se projetant en dehors du carti-lage d’encroûtement de la tête humérale) quiest constituée de 4 couches :

➣ les fibres superficielles du LCH rejoignantles insertions tendineuses du subscapulaireet du supra-épineux ;

➣ les fibres tendineuses du subscapulaire etcelles du supra-épineux qui s’entrecroisententre elles et avec la partie distale du LCH ;

➣ les fibres plus profondes du LCH dont lamajeure partie s’insère sur le tuberculemajeur et l’autre partie sur le tuberculemineur ;

➣ le LGHS et la capsule articulaire.

Les trois couches les plus superficielles for-ment un plan fibreux qui recouvre la partielatérale de l’IR.

❍ L’autre médiale ne comprenant que deuxcouches : le LCH en superficie, le LGHS et lacapsule articulaire en profondeur.

Le tendon du chef long du biceps dans son tra-jet intra articulaire (extra-synovial) traverse l’IRdans son grand axe. Il y est entouré par la syno-viale articulaire et en rapport étroit avec la poulie

228

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Schéma anatomique de l’intervalle des rotateurs envue antéro-supérieure (section de la partie centrale du liga-ment coraco-huméral) :1) tendon du chef long du biceps, 2) ligament gléno-humé-ral supérieur, 3) ligament coraco-huméral, 4) subscapulaire,5) supra-épineux, 6) ligament huméral transverse.

Page 229: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

formée par la fusion du LCH et le LGHS. Celle-ciest située immédiatement en dedans du change-ment d’orientation du TLB. Les rapports entre leLCH, le LGHS et le TLB constituent donc un élé-ment anatomique fondamental de l’IR.

Enfin, il faut signaler l’existence d’un recessusarticulaire antérieur ou bourse subscapulaire quireprésente une expansion physiologique del’articulation scapulo-humérale entre les liga-ments gléno-humeraux supérieur et moyen (fora-men de Weitbrecht). Cette bourse se présentesous la forme d’un sac chevauchant la partie anté-ro-supérieure du tendon subscapulaire. Elle doitêtre différenciée de la bourse sous coracoïdiennequi est opacifiée de façon pathologique en cas derupture antérieure de la coiffe des rotateurs [6].

IMAGERIE NORMALE

L’imagerie normale de l’IR peut se réaliser paréchographie, par IRM ou mieux par arthro-TDM,voire arthro-IRM.

En échographie, l’IR fait partie intégrante del’examen standard, et est étudié par des coupessagittales obliques du versant antéro-supérieur del’épaule. Le sujet est le plus souvent assis, bras enrétropulsion et rotation interne (paume de la mainsur la crête iliaque homolatérale). Ces coupes per-mettent de reconnaître les tendons supra-épineuxet subscapulaire ainsi que le TLB comme desstructures échogènes fibrillaires disposéescomme un arc à convexité antérieur reposant surl’épiphyse humérale proximale et son cartilage(fig. 3). Les limites tendineuses de l’IR sont alorsmatérialisées par le bord échogène du supra-épi-neux en haut et en arrière et le bord échogène dusubscapulaire en bas et en dedans. Le TLB estsitué à égale distance de ces deux bords et doitapparaître échogène et de forme ovale sur lacoupe de référence. L’obliquité de la coupe estfonction de la morphologie du sujet. Le déplace-

ment médio-latéral de la sonde permet de consta-ter le resserrement du triangle vers sa pointe laté-rale. C’est à ce niveau qu’est visualisée la pouliede réflexion du LCH et du LGHS. Dans des condi-tions normales on reconnaît cette poulie sous laforme d’un U ouvert en haut et en arrière entou-rant le TLB (fig. 4). Il s’agit d’une structured’environ 1 mm d’épaisseur, échogène et moinssensible à l’anisotropie que le TLB. A partir de cepoint, la rotation du bord latéral de la sonde per-met de suivre le TLB en restant perpendiculaire àson grand axe. Cette manœuvre permet de suivrel’inflexion du tendon jusqu’à son entrée dans lesillon inter-tuberculaire et d’observer l’insertiondu LCH. Sur la coupe de référence, il existe par-fois une fine couronne hypoéchogène entourantle TLB, interprétée comme la synoviale péri-ten-dineuse. Dans le même plan de coupe tout en sedirigeant médialement, on visualise le LCH enavant du TLB et le LGHS sous la forme d’unestructure arrondie et échogène, entre le bordantérieur du TLB et le bord supérieur du tendonsubscapulaire. Plus médialement encore, la visua-lisation des limites et du contenu de l’IR devientplus aléatoire et imprécise.

229

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’intervalle des rotateurs : rappel anatomique et apport des différentes méthodes d’imagerie

Fig. 3 : Echographie de l’épaule droite : coupe sagittaleoblique passant par la partie latérale de l’IR.1) LCH, 2) LGHS, 3) TLB

Page 230: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En coupe axiale obliquée, en prenant pour repè-re le processus coracoïde médialement et le tuber-cule majeur latéralement, on peut suivre le LCHselon son grand axe.

Un déplacement crânio-caudal très progressifde la sonde positionnée selon le grand axe du TLBdans son trajet intra-articulaire permet d’explorerl’IR depuis le tendon supra-épineux jusqu’au ten-don subscapulaire.

Dans le sillon inter-tuberculaire le TLB se situelatéralement par rapport à la crête médiale dusillon quelle que soit la position de l’épaule.

De manière générale, l’exploration échogra-phique de l’IR normal est favorisée par les mêmesfacteurs morphologiques et tissulaires quis’appliquent à l’exploration des tendons de lacoiffe des rotateurs.

En IRM une étude anatomique réalisée sur 20cas montre que le TLB est visualisé dans tous lescas, le LCH dans 12 cas et le LGHS n’est jamais

correctement visualisé [7] De ce fait, l’injectionintra-articulaire de produit de contraste permetpar la distension capsulaire une meilleure défini-tion des limites de l’intervalle des rotateurs.

En arthro-TDM comme en arthro-IRM, le planélectif pour explorer l’IR est le plan sagittal obli-qué, perpendiculaire à l’axe des fibres tendi-neuses du supra-épineux. Sa visualisation estcependant fonction du morphotype du sujet, dudegré de remplissage articulaire et de l’état de lacoiffe des rotateurs. Ainsi les reformatages dansle plan sagittal en arthro-TDM comme les acquisi-tions sagittales natives en arthro-IRM doivent êtresystématiques pour explorer le plan capsulo-liga-mentaire antérieur.

En arthro-IRM, l’épaisseur capsulaire mesuréedans le plan sagittal au niveau du TLB et latérale-ment au processus coracoïde est de 1.7 à 2 mm.Après arthro-IRM, le TLB le LCH et le LGS sontvisualisés dans tous les cas sur une étude cadavé-rique portant sur 32 épaules [7]. Si ces trois struc-tures sont bien identifiables à la partie médiale del’IR, les insertions latérales des deux ligamentssur les tubercules mineur et majeur sont plus dif-ficiles à mettre en évidence en arthro-IRM ouarthro-TDM (fig. 5 et 6). Ce point constitue unedifférence significative entre l’échographie et lesautres méthodes d’imagerie (meilleure différen-ciation de l’échographie en latéral et des examensarthrographiques en médial).

LES DIFFÉRENTS TABLEAUXPATHOLOGIQUES

Si les limites anatomiques de cet intervalle sontgénéralement admises, son application à la patho-logie semble moins rigoureuse. Notamment, leslésions intéressant le bord antérieur du tendonsupra épineux ou le bord supérieur du tendonsubscapulaire sont souvent considérées commedes lésions de l’IR.

230

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Echographie de l’épaule droite : coupe sagittaleoblique passant par la partie latérale de l’IR.1) tendon supra-épineux, 2) TLB, 3) LCH, 4) LGHS, 5) ten-don subscapulaire.

Page 231: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Instabilité de la gléno-humérale etrôle stabilisateur de l’IR

Plusieurs structures anatomiques contribuent àla stabilité de l’articulation gléno-humérale. Denombreuses études [4-5] ont évalué le rôle desstructures capsulo-ligamentaires antérieuresnotamment celui de l’IR dans la stabilité del’articulation gléno-humérale. En particulier, uneétude cadavérique réalisée par Harryman [4] a misen évidence le rôle stabilisateur de l’IR dans lesmouvements postéro-inférieurs de l’articulationgléno-humérale. La section du LCH augmentel’amplitude des mouvements de flexion,d’extension, d’abduction et de rotation externe.

Une capsule articulaire intacte est nécessaire aumaintien d’une pression négative intra-articulairequi joue un rôle dans la stabilité de l’articulationgléno-humérale. La pression négative intra-arti-culaire qui est maintenue par la présence d’unLCH intact, stabilise le déplacement supéro-infé-rieur en rotation neutre et interne [8].

Habermeyer [9] a montré l’importance de lapression négative pour le maintien de la têtehumérale dans la cavité glénoïde en mettant enévidence sur une étude cadavérique un déplace-ment postérieur de 1 cm de la tête humérale aprèsponction de la cavité articulaire.

Après section de l’IR, Neer a démontré dansune étude cadavérique que la section du ligamentcoraco-huméral augmente la rotation externe.

Gagey a identifié le LCH comme étant unestructure anatomique qui limite le mouvementmaximum de flexion antérieure et de rotationexterne de la tête humérale [10]. Nobuhara [2] amontré une diminution de l’instabilité postéro-inférieure de l’articulation gléno-humérale en fer-mant et renforçant la capsule de l’IR.

Cet IR apparaît donc être une structure essen-tielle à la limitation des mouvements inférieur etpostérieur de l’épaule en adduction. Le rôle de

231

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’intervalle des rotateurs : rappel anatomique et apport des différentes méthodes d’imagerie

Fig. 5 : Arthro-TDM de l’épaule gauche : coupe sagittaleoblique médiale :1) TLB, 2) LGHS, 3) LCH, 4) foramen de Weitbrecht, 5)LGHM, 6) récessus subscapulaire, 7) tendon subscapulaire,8) ligament coraco-acromial, 9) processus coracoïde.

Fig. 6 : Arthro-TDM de l’épaule gauche : coupe sagittaleoblique latérale :1) TLB, 2) LGHS, 3) tendon subscapulaire, 4) LCH, 5) pro-cessus coracoïde, 6) ligament coraco-acromial.

Page 232: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

l’IR est de limiter la translation inférieure del’articulation gléno-humérale en adduction etdonc de fournir une stabilité de cette articulationcontre la luxation postérieure.

Les épaules instables en translation inférieurelors de l’adduction ou instables en translationpostérieure en flexion peuvent donc bénéficierd’une retension de l’IR.

La rétraction capsulaire

La capsulose rétractile ou adhésive, correspondà un tableau clinique de limitation des mouve-ments actifs et passifs de l’épaule en rapport avecun épaississement de l’IR notamment (capsulearticulaire mais aussi du LCH) qui est responsablede la limitation en rotation externe et rétropulsiondans cette pathologie [11]. La capsule de l’IR et leLCH ne sont pas les seules structures anato-miques intéressées dans la capsulose mais ellesont une importance dans le développement decette pathologie [12]. Les études histologiquesdans la capsulose rétractile ont montré un épais-sissement capsulaire, mais également un épaissis-sement fibreux et rétractile du LCH [11]. Certainsauteurs ont recommandé la section du LCH afind’augmenter les mouvements de l’articulationdans le cadre d’épaule gelée [4].

En arthrographie standard, qui est l’examenradiologique de référence, la cavité articulaireprésente dans la capsulose une diminution devolume inférieure à 10 ml de contraste avec obli-tération du récessus axillaire.

L’arthro-IRM en distendant la capsule articulai-re permet de mieux visualiser les composants del’IR ainsi que les contours capsulaires. Les amin-cissements ou les déchirures de la capsule peu-vent donc être diagnostiqués.

Emig [13] a trouvé en IRM une sensibilité de70 % dans le diagnostic de capsulose en montrantune épaisseur de la capsule supérieure à 4 mm.

Les résultats sont contradictoires avec l’étudearthro-IRM de Manton [14] qui montrait une cap-sule articulaire dont l’épaisseur était plus fine quedans le groupe témoin non pathologique. Cettedifférence était attribuée au phénomène de dis-tension de la cavité articulaire par le produit decontraste. Par ailleurs, elle ne retrouvait pas deréduction significative du récessus axillairecomme critère diagnostique de capsulose rétracti-ve. Cette étude de Manton concluait que l’arthro-IRM ne fournissait pas de critère significatif audiagnostic de capsulose rétractile.

L’échographie ne permet pas d’évaluer le volu-me articulaire et la visualisation de la capsule estpartielle. Cet examen n’a pas d’indication recon-nue dans la capsulose rétractile.

Conflit coracoïdien antéro-médial

Plusieurs auteurs [12] considèrent le conflitcoracoïdien comme une des pathologies de l’IR. Ilse rencontre chez des patients présentant unedouleur antérieure majorée par l’adduction et larotation interne qui ferme l’espace coraco-humé-ral. Cette fermeture intervient en dehors des rup-tures de la coiffe des rotateurs qui entraîne unemigration antérieure de la tête.

La distance minimale de l’espace coraco-humé-ral en TDM est mesuré à 6,7 mm en rotationinterne et à 8,6 mm le bras le long du corps, enIRM cette distance minimale a été mesurée à11 mm [15]. Ce conflit coracoïdien peut êtremécanique, secondaire à des calcifications dutendon subscapulaire, des processus coracoïdestrop longs ou des cals osseux post traumatiquesde la coracoïde, plus rarement à un tendon pec-toralis minor aberrant.

Les études scanographiques ont montré unrétrécissement de l’espace coraco-huméral ainsique la présence de petites formations kystiquesau niveau de la corticale du tubercule mineurdans les confits coracoïdiens. A l’inverse d’autres

232

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 233: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

études considèrent peu contributifs les résultatsde la TDM ou de l’IRM dans cette pathologie [15].

L’échographie permet de mesurer la distancecoraco-humérale et d’apprécier dynamiquementles relations entre le processus coracoïde, le ten-don subscapulaire et la bourse sous-acromio-del-toïdienne en rotation.

Un autre type de conflit coracoïdien plus discu-té est celui secondaire à une distension ou uneperforation de l’IR [15]. Il peut être d’autant pluscontroversé qu’il est établi que l’IR contrôle lesmouvements postéro-inférieurs de la tête humé-rale et qu’il n’est pas certain que la faiblesse del’IR soit responsable de mouvements antéro-supé-rieurs de la tête humérale nécessaire à la créationd’un conflit coracoïdien.

Rupture isolée de la capsule articulaire

Les ruptures sont mises en évidence par les exa-mens arthrographiques.

En arthro-IRM, une étude [6] montre bien ladistinction entre la bourse sous-coracoïdienne etla bourse subscapulaire ou récessus subscapulai-re qui représente un récessus normal del’articulation scapulo-humérale entre les liga-ments gléno-huméral supérieur et moyen.

La bourse sous-coracoïdienne, localisée entre leprocessus coracoïde et la face antérieure du ten-don subscapulaire ne communique pas normale-ment avec l’articulation gléno-humérale maispeut communiquer avec la bourse sous acromiale.

Les perforations de l’IR peuvent être respon-sables d’une instabilité postéro-inférieure.

Des études arthroscopiques [16-9] ont rapportéde bons résultats sur des épaules instables aprèssuture de ruptures isolées de l’IR.

Cole [17] retrouve des défects capsulaires de l’IRdans la moitié des études anatomiques réaliséessur des fœtus de 14 semaines, suggérant la possi-bilité d’une origine congénitale des defects de l’IR.

Les lésions du TLB et les fissurationsde la partie haute du tendonsubscapulaire

Les études anatomiques rappellent les moyensde fixité du TLB:

❍ Dans le sillon inter-tuberculaire, le TLB estmaintenu par le creusement du sillon et par leligament huméral transverse qui transformele sillon en une coulisse ostéofibreuse.

❍ Dans l’IR, le TLB est maintenu par une pouliede réflexion constituée par la coalescence del’insertion du tendon subscapulaire et desLGHS et LCH.

La structure la plus importante assurant la sta-bilité du TLB dans l’IR est la poulie formée par lecomplexe ligamentaire LCH-LGHS, la section duligament huméral transverse isolée ne permettantpas la subluxation du TLB [18].

Walch [19] a décrit les lésions latérales de l’IRsous le terme de lésions “cachées” car elles néces-sitent pour être visibles une ouverture chirurgica-le du sillon inter-tuberculaire sur son bord médial.Actuellement les techniques arthroscopiques per-mettent de visualiser ces lésions [18].

Walch distingue les luxations des instabilitésdu TLB.

Pour les luxations il distingue :

❍ Les luxations en avant du tendon subscapu-laire de cause traumatique qui sont associéesà des lésions des tendons supra et infra-épi-neux.

❍ Les luxations contre le tubercule mineur. LeTLB luxé se situe sous le tendon subscapulai-re, les fibres profondes du subscapulaire res-tent intactes, et la luxation donne l’impressiond’une dissection du tendon subscapulaire.

❍ Les luxations intra-articulaires associées àdes ruptures extensives de la coiffe des rota-teurs incluant le tendon subscapulaire.

233

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’intervalle des rotateurs : rappel anatomique et apport des différentes méthodes d’imagerie

Page 234: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le complexe ligamentaire LCH-LGHS est tou-jours déchiré dans les luxations [19].

Les instabilités ou subluxations du TLB sontsecondaires aux lésions de l’IR. Elles incluentles déchirures du tendon subscapulaire qui peu-vent coexister ou non avec une lésion du com-plexe ligamentaire gléno-huméral supérieur etcoraco-huméral. L’évolution de ces subluxationsse fait vers la luxation en avant du tuberculemineur entraînant une dissection du tendonsubscapulaire [19].

Si le complexe ligamentaire est intact avec unedéchirure du tendon subscapulaire, le tendon dubiceps ne peut pas se luxer dans l’articulation[20]. A l’inverse, des lésions du complexe liga-mentaire peuvent être présentes entraînant unesubluxation du TLB mais sans atteinte du tendonsubscapulaire.

L’échographie est un examen simple et perfor-mant dans le diagnostic de subluxation et de luxa-tion du TLB. La luxation est affirmée devant ladécouverte d’un sillon inter-tuberculaire vide.L’autre diagnostic possible dans ce cas est la rup-ture du TLB mais dans ce cas le tendon est alorsretrouvé dans la loge brachiale antérieure. Ledéplacement médial du TLB luxé est plus oumoins important (depuis le versant antérieur dutubercule mineur jusqu’à l’interligne gléno-humé-ral). Dans la subluxation, tout ou partie du TLBchevauche la berge latérale du tubercule mineur.

En IRM [21] l’étude de la morphologie et de laposition du TLB montre que le signe diagnostique

de son instabilité est la position “à cheval” sur laberge médiale du tubercule mineur. La morpholo-gie du TLB n’a aucune valeur, bien que l’instabilitéentraîne des déchirures partielles ou des tendino-pathies du TLB [19].

En Arthro-TDM, Walch décrit comme signed’instabilité, la présence de produit de contrasteau contact du tubercule mineur à la partie hautedu sillon inter-tuberculaire. L’imagerie réalisée enrotation externe doit accentuer la mise en éviden-ce des subluxations du TLB que ce soit en écho-graphie ou en arthroscanner. Cependant, Walch aprouvé que la position du TLB semblait indépen-dante de celle de la tête humérale [19]. Azaiez-Mahtari dans une étude cadavérique sur20 épaules retrouve un sillon inter-tuberculaireplus large et moins profond dans les 9 cas de sub-luxation et luxation. Le facteur favorisant danscette étude semble plutôt être un siège antérieurde l’insertion du TLB sur la glène [22].

CONCLUSION

L’IR est un espace anatomique de l’articulationgléno-humérale dont les limites et le contenu sontaccessibles à différentes méthodes d’imagerie. Ilparticipe à de nombreuses pathologies de l’épauleintéressant non seulement la capsule articulaire etla coiffe des rotateurs mais également la stabilitédu TLB. Une reconnaissance plus systématiquedes structures anatomiques de l’IR doit permettrede mieux appréhender sa pathologie.

234

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 235: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

235

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

L’intervalle des rotateurs : rappel anatomique et apport des différentes méthodes d’imagerie

Bibliographie

[1] NEER C.S. II Displaced proximal humeral fractures, I : clas-sification and evaluation. J Bone Joint Surg Am 1970; 52: 1077-1089.

[2] NOBUHARA K., IKEDA H. Rotator interval lesion. ClinOrthop. 1987; 223: 44-50.

[3] NEER C.S. II, SATTERLEE C.C., DALSEY R.M., FLATOWE.L. On the value of the coracohumeral ligament release.Orthop. Trans 1989; 13: 235-236.

[4] HARRYMAN D.T., SIDLES J.A., HARRIS S.L. The role of therotator interval capsule in passive motion and stability of theshoulder. Journal of Bone and Joint Surgery 1992 ;74: 53-66.

[5] JOST B., KOCH P.P., GERBER C. Anatomy and functionalaspects of the rotator interval. J Shoulder Elbow Surg. 2000; 9:336-41.

[6] ANDREW J., GRAINGER A.J., PHILLIP F. MR Anatomy ofthe Subcoracoid Bursa and the Association of SubcoracoidEffusion with Tears of the Anterior Rotator Cuff and the RotatorInterval. AJR 2000; 174: 1377-1380.

[7] CHUNG C.B., DWEK J.R., CHO G.J. Rotator cuff interval:evaluation with MR imaging and MR arthrography of the shoul-der in 32 cadavers. J Comput Assist Tomogr. 2000; 24: 738-43.

[8] ITOI E., BERGLUND L.J., GRABOWSKI J.J. Superior-inferiorstability of the shoulder: role of the coracohumeral ligament andthe rotator interval capsule. Mayo Clin Proc. 1998; 73: 508-15.

[9] GARTSMAN G.M., RODDEY T.S., HAMMERMAN S.M.Arthroscopic treatment of anterior-inferior glenohumeral insta-bility. Two to five-year follow-up. J Bone Joint Surg Am. 2000l;82-A: 991-1003.

[10] GAGEY O., BONFAIT H., GILLOT C., MAZAS F. Etude dela mécanique de l’élévation de l’épaule. Rôle du ligament cora-co-huméral. Rev chir. orthop. 1985 ; Suppl 2 : 105-107.

[11] TETRO A.M., BAUER G., HOLLSTIEN S.B., YAMAGUCHIK. Arthroscopic release of the rotator interval and coracohume-ral ligament: An anatomic study in cadavers. Arthroscopy. 2002;18: 145-50.

[12] FITZPATRICK M.J., POWELL S.E., TIBONE J.E. The ana-tomy, pathology, and definitive treatment of rotator intervallesions: current concepts. Arthroscopy. 2003; 19 Suppl 1: 70-9.

[13] EMIG E.W., SCHWEITZER M.E., KARASICK D. Adhesivecapsulitis of the shoulder: MR diagnosis. AJR 1995; 164: 1457-1459.

[14] MANTON G.L., SCHWEITZER M.E., WEISHAUPT D.Utility of MR arthrography in the diagnosis of adhesive capsuli-tis. Skeletal Radiol. 2001; 30: 326-30.

[15] DUMONTIER C., SAUTET A., GAGEY O. Rotator intervallesions and their relation to coracoid impingement syndrome. JShoulder Elbow Surg. 1999; 8: 130-5.

[16] L.D. FIELD, R.F. WARREN, S.J. O’BRIEN. Isolated closureof rotator interval defects for shoulder instability. Am J SportsMed. 1995; 23: 557-63.

[17] COLE B.J., ROMEO S.A., O’BRIEN S.J. The anatomy andhistology of the rotator interval capsule of the shoulder. ClinOrthop. 2001; 390: 129-37.

[18] BENNETT W.F. Visualization of the anatomy of the rotatorinterval and bicipital sheath. Arthroscopy. 2001; 17: 107-11.

[19] WALCH G., NOVE-JOSSERAND L., BOILEAU P.Subluxations and dislocations of the tendon of the long head ofthe biceps. J Shoulder Elbow Surg. 1998; 7: 100-8.

[20] BENNETT W.F. Subscapularis, medial, and lateral headcoracohumeral ligament insertion anatomy. Arthroscopicappearance and incidence of “hidden” rotator interval lesions.Arthroscopy. 2001; 17: 173-80.

[21] SPRITZER C.E., COLLINS A.J., COOPERMAN A.Assessment of instability of the long head of the biceps tendonby MRI. Skeletal Radiol. 2001; 30: 199-207.

[22] AZAIEZ-MAHTARI A., LEMARY J.-B., ZEITOUN-EISS D.,BRASSEUR J.-L. Echo-anatomie du tendon du chef long dubiceps. In Actualités en échographie de l’appareil locomoteur,Sauramps médical, Montpellier, 2004, 229-245.

Page 236: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 237: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Le muscle Teres Minor est anatomiquementreconnu comme constant ; il a souvent été étudiévoire confondu avec l’infra-épineux tant pour cequi concerne sa fonction de rotateur externe,que son évaluation clinique et ses lésions trau-matiques ou dégénératives. Bien que le TeresMinor soit responsable de 40 % de la force enrotation externe, la plupart des auteurs ontnégligé ce muscle dans l’examen clinique et dansl’analyse des lésions du fait de sa «petite taille»et de l’absence de signe clinique clairement enrapport avec son intégrité ou sa rupture.L’imagerie moderne (échographie, scanner etIRM) a permis de différencier son corps muscu-laire de celui de l’infra-épineux et de mieuxexplorer sa pathologie propre.

ANATOMIE

Situé immédiatement au-dessous de l’infra-épi-neux, le Teres Minor est un muscle allongé maiscourt. De forme cylindrique, légèrement aplatid’avant en arrière, il s’étend de la fosse sous-épi-neuse à la grosse tubérosité de l’humérus [5]. Lemuscle Teres Minor s’insère sur l’omoplate pardes fibres charnues et quelques courtes fibres ten-dineuses sur la surface d’insertion du petit rondsituée à la moitié supérieure de la partie de lafosse sous-épineuse située entre le bord axillaireet la crête du muscle infra-épineux (fig. 1). De cesinsertions, le corps charnu se dirige obliquementen dehors et en haut en longeant le bord inférieur

de l’infra-épineux avec lequel il est plus ou moinsconfondu près de ses origines scapulaires (fig. 2).Le muscle se termine d’une part par son tendonsur la facette inférieure du processur major,immédiatement au-dessous des insertions del’infra-épineux, et d’autre part directement pardes fibres charnues sur une distance d’environ 1.5à 2 cm jusqu’au col chirurgical de l’humérus ; cesfibres charnues peuvent s’isoler du muscle pourconstituer le muscle Teres Minimus de Gruber.

237

LE PETIT ROND (TERES MINOR) :L’OUBLIÉ DE LA COIFFE

G. WALCH, L. NOVÉ-JOSSERAND, J.-P. LIOTARD., E. NOËL, TH. TAVERNIER, R. BARTHÉLÉMY

Fig. 1 : Omoplate et humérus, vue postérieure. Insertionsmusculaires du Teres Minor.

Page 238: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’innervation vient de la branche postérieure dunerf axillaire qui se divise en une branche sensiti-ve et une branche pour le petit rond. Cette inner-vation spécifique explique que le Teres Minor nesoit pas touché en cas d’atteinte du nerf supra-scapulaire et devienne alors le principal rotateurexterne. D’autre part, en cas d’atteinte du nerfaxillaire, la paralysie du Teres Minor n’a pasd’influence directe sur la force en rotation exter-ne dans la mesure où l’infra-épineux est préservé.

ETUDE CLINIQUE

Le Teres Minor étant un rotateur externe, on leteste en évaluant la force en rotation externe.Lorsque l’infra-épineux est présent, aucun testspécifique ne permet de distinguer ces deuxmuscles. En revanche, en cas de rupture complè-te, paralysie ou infiltration graisseuse sévère dusupra-épineux et de l’infra-épineux, le testing duTeres Minor prend toute son importance [24].

La force en rotation externe coude au corps à45° de rotation externe est diminuée lorsquel’infra-épineux n’est pas fonctionnel, conduisantau maximum au dropping sign décrit par Neer(fig. 3) [14, 15]. C’est dans ce cas que la force enrotation externe à 90° d’abduction (RE2) ren-seigne sur l’état du petit rond (fig. 4). En casd’absence du petit rond (rupture, dégénérescencegraisseuse ou atrophie) le patient ne peut pastenir la position de rotation externe à 90°, la maindu patient tombe constituant ce que Hertel adécrit sous le terme de Drop sign (fig. 5) [8]. Si lepetit rond est fonctionnel, on peut faire un testingde la force en rotation externe dans cette positionà 90° d’abduction ; la valeur fonctionnelle du petitrond est parallèle à la force développée.

238

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Vue postérieure de l’épaule montrant le muscle petitrond, l’espace quadrilatère traversé par le nerf axillaire etl’artère circonflexe postérieure.

Fig. 3 : Force en rotation externe coude au corps (RE1).3A) on place l’avant-bras à 45° de rotation externe et on demande au patient de résister à la pression exercée par l’examinateur.3B et 3C) l’avant-bras est placé à 45° de rotation externe (ou plus si possible) ; si le patient ne peut maintenir cette position etle bras repart automatiquement en rotation interne, on peut conclure à une paralysie ou rupture complète de l’infra-épineux(Dropping sign décrit par NEER ou rappel automatique en rotation interne décrit par D. Patte).

A B C

Page 239: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’insuffisance ou la disparition des deux rota-teurs externes donne naissance à un signe cli-nique connu sous le nom de “signe du clairon”(fig. 6) le patient ne peut plus mettre la main à labouche sans lever le coude au-dessus de la main

(il ne peut jouer que du clairon par opposition à laflûte par exemple qui se joue en rotation exter-ne) ; c’est la paralysie complète de la rotationexterne. Très handicapante dans la vie quotidien-ne pour manger, boire mais aussi dire bonjour,tendre un objet…, elle s’accompagne d’une pertede force en élévation du bras qui reste cependantpossible lorsque le sous-scapulaire est intact.

239

Le petit rond (teres minor) : l’oublié de la coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 4 : Force en rotation externe à 90° d’abduction dans leplan de l’omoplate (RE2). L’examinateur supporte le coudedu patient fléchi à 90° avec l’épaule en rotation externemaximale. La deuxième main de l’examinateur est utiliséepour tester la force de rotation externe.

Fig. 5 : Drop sign de Hertel. En cas de paralysie ou rupture complète des infra-épineux et Teres minor, le patient ne peut main-tenir la position à 90° de rotation externe en abduction (RE2) (fig. 5A), le bras tombe (fig. 5B).

A B

Fig. 6 : Signe du Clairon. Pour mettre la main à la bouche, plu-tôt que d’utiliser la rotation externe (6A) le patient doit lever lecoude au-dessus de la main (6B).

A B

Page 240: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

IMAGERIE

C’est grâce à l’imagerie moderne que le TeresMinor a été mieux analysé. A la différence desautres muscles de la coiffe, on ne peut pas identifierd’insertion proprement tendineuse sur l’humérus.

Lorsque l’infra-épineux est intact, on peutmettre en évidence de rares altérations isolées dupetit rond mais c’est surtout en cas de dégénéres-cence graisseuse sévère (stages III et IV) del’infra-épineux que l’analyse du Teres Minorprend toute son importance [23].

Plan horizontal

En cas de rupture massive de la coiffe touchantles supra et infra-épineux, la classification dedégénérescence graisseuse de Bernageau etGoutallier est difficilement applicable sur le TeresMinor. Il nous semble plus intéressant de distin-guer quatre aspects (fig. 7).

➣ Normal : le petit rond naît très tôt et très hautsur la crête postérieure du trochiter et ad’emblée un aspect musculaire sans termi-naison tendineuse ; il croise la face posté-

240

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Evaluation scanographique de l’aspect du muscle petit rond dans les ruptures massives de la coiffe desrotateurs avec infiltration graisseuse stades 3 ou 4 de l’infra-épineux.

Absent Atrophique

Normal Hypertrophique

Page 241: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rieure de l’articulation de l’épaule. Les rap-ports du muscle vis-à-vis de la glène peuventêtre perturbés en cas d’ascension de la têtehumérale (rupture massive de coiffe), mais lemuscle s’étend de haut en bas sur toute lahauteur de la glène débordant fréquemmentau-dessous. D’avant en arrière son épaisseurest d’environ la moitié du diamètre antéro-postérieur de la glène.

➣ Hypertrophique : En cas d’absence anciennede l’infra-épineux, le Teres Minor peuts’hypertrophier et avoir alors une épaisseurdouble de la normale.

➣ Atrophique : Le muscle est aplati en antéro-postérieur et on voit des traces d’infiltrationgraisseuse dans son corps.

➣ Absent : Soit il y a eu rupture complète sur letrochiter, soit il y a une dégénérescence grais-seuse complète stade IV du muscle, mais onn’arrive plus à identifier le muscle en arrièrede l’articulation gléno-humérale.

Plan sagittal

Au niveau de la coupe en Y, le relief du TeresMinor apparaît dans une forme arrondie de taillevariable. Lorsque l’infra-épineux est présent, il estdifficile de distinguer les deux muscles, mais en casd’infiltration graisseuse sévère, l’analyse du TeresMinor est là aussi extrêmement facile (fig. 8).

PATHOLOGIE DU TERES MINOR

Ruptures de la coiffe des rotateurs

C’est dans les ruptures massives de la coiffe desrotateurs que l’atteinte du Teres Minor est la plusfréquente. Son atteinte survient en associationavec une rupture totale des tendons supra etinfra-épineux.

Dans une large série de 227 ruptures de coiffeayant eu une imagerie par arthroscanner ou IRM,nous avons individualisé 91 patients ayant une

241

Le petit rond (teres minor) : l’oublié de la coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 8 : Aspect du Teres minor sur la coupe en Y (saggital oblique)a) Teres minor absent.b) Hypertrophie du petit rond avec infiltration graisseuse stade IV des infra, supra-épineux et de la moitié supérieure du sous-scapulaire.c) Infiltration graisseuse isolée du Teres minor stade 3.

a b c

Page 242: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rupture complète des tendons supra et infra-épi-neux avec infiltration graisseuse sévère de l’infra-épineux [23]. Le muscle du petit rond pouvaitalors être parfaitement étudié. Il était normal 59fois, hypertrophique 16 fois, atrophique 11 fois etabsent 5 fois. Ces différents aspects du TeresMinor ont été corrélés avec les signes cliniques etradiologiques de ces mêmes patients et des corré-lations statistiques fortes ont montré l’importancede ce muscle qui est un abaisseur de la tête humé-rale et un rotateur externe puissant (Tableau I).

Syndrome de l’espace quadrilatère(ou espace axillaire latéral)

L’espace axillaire latéral est situé à la partieinférieure et postérieure de l’articulation gléno-humérale et il donne passage au nerf axillaire etaux vaisseaux circonflexes (fig. 2). Cet espaceest limité en haut par le muscle petit rond, en baspar le muscle grand rond en dedans par le longchef du triceps et latéralement par la diaphysehumérale.

La compression du nerf axillaire lorsqu’il passedans cet espace est connue sous le nom de “syn-drome de l’espace quadrilatère” caractérisé clini-quement par une douleur sourde et intermittenteà la partie latérale de l’épaule [3, 7, 9]. L’insertion

postérieure du Teres minor est habituellementdouloureuse à la palpation et une atrophie du del-toïde et du Teres minor a été rapportée [10]. Cesyndrome s’observe chez les sportifs de lancer etest en relation avec une compression du nerf axil-laire par une bande fibreuse dans l’espace quadri-latère [4, 11, 16, 19]. Bien que ces bandesfibreuses soient les plus fréquemment en causedans les compressions du nerf, des syndromes del’espace quadrilatère ont été observés après frac-ture de l’humérus, de l’omoplate ou après luxa-tion antérieure ou postérieure [20, 25]. Des com-pressions du nerf axillaire dans l’espace quadrila-tère par des hématomes, des tumeurs ou deskystes du bourrelet glénoïdien inférieur ont étéégalement rapportées [12, 17].

Atteinte du nerf du Teres Minor

La paralysie et l’atrophie sélective du muscleTeres Minor a été décrite en cas de compressionou atteinte isolée du nerf du petit rond issue de labranche postérieure du nerf axillaire.

La branche du Teres Minor naît de la branchepostérieure du nerf axillaire immédiatement aucontact de la capsule inférieure à la partie inférieu-re de la glène. Le nerf du petit rond court ensuite lelong de la capsule inférieure et postérieure de

242

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

TABLEAU I :Influence du muscle petit rond dans 91 ruptures massives de la coiffe des rotateurs

avec infiltration graisseuse stades 3 et 4 de l’infra-épineux

Etat du Nombre Force RE1 Signe Distance Arthrosemuscle de en en du clairon acromio-humérale (Hamada stades

petit rond cas abduction degrés positif en mm ± SD III, IV, V)

Absent 5 cas 1.2 kg -8° 5 cas 100 % 1 + 1.7 4 cas (80%)

Atrophique 11 cas 1,5 kg -6° 8 cas 73 % 1.6 + 1.7 8 cas (80%)

Normal 59 cas 1,8 kg 19.2° 6 cas 10.2 % 3.2 + 1.9 20 cas (35%)

Hypertrophique 16 cas 3 kg 36.2° 1 cas 6.3 % 3.8 + 1.7 3 cas (20%)

« p » value 0.02 < 0.0001 < 0.0001 0.002 0.001

RE1: Rotation externe coude au corps

Page 243: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

l’articulation gléno-humérale sur une distanced’environ 20 mm avant de pénétrer le muscle à sonbord inférieur [1, 22]. Ces rapports expliquent lesrisques de lésion du nerf du petit rond durant lesinterventions à ciel ouvert (capsulorraphie, oubutée postérieure [2, 13]), mais surtout lorsd’interventions arthroscopiques (plastie capsulairepostéro-inférieure, plicature thermique [6, 18]).

Sofka a récemment rapporté une série de66 patients présentant une atteinte isolée du TeresMinor sous forme d’œdème, d’atrophie oud’infiltration graisseuse (fig. 9) [21]. Sans avoir depreuve électromyographique formelle, il attribueces aspects IRM à une dénervation isolée de cemuscle par une atteinte de la branche du TeresMinor provenant du nerf axillaire.

243

Le petit rond (teres minor) : l’oublié de la coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 9 : Infiltration graisseuse isolée du Teres minor.

stade 1 stade 2

stade 3 stade 4

Page 244: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

EN CONCLUSION

Le muscle petit rond est un rotateur externepuissant et un abaisseur de la tête humérale quidévoile son importance lorsqu’il existe une attein-

te complète du muscle infra-épineux. Sa patholo-gie isolée est rare, en revanche son atteinte dansles ruptures massives de la coiffe des rotateurs desfréquente. Il mérite d’être individualisé tant en cequi concerne l’examen clinique que l’imagerie.

244

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] BALL C.M., STEGER T., GALATZ L.M., YAMAGUCHI K. Theposterior branch of the axillary nerve: an anatomic study. J BoneJoint Surg Am 2003; 85: 1497-1501.

[2] BIGLIANI L.U., POLLOCK R.G., MCLILVEEN S.J., ENDRIZ-ZI D.P., FLATOW E.L. Shift of the posteroinferior aspect of thecapsule for recurrent posterior glenohumeral instability. J BoneJoint Surg Am 1995; 77: 1011-1020.

[3] CAHILL B.R., PALMER R.E. Quadrilateral space syndrome.J Hand Surg Am 1983; 8: 65-69.

[4] CORMIER P.J., MATALON TAS, WOLIN P.M. Quadrilateralspace syndrome: A rare cause of shoulder pain. Radiology 1988;167: 797-798.

[5] DUGAS J.R., CAMPBELL D.A., WARREN R.F., ROBIE B.H.,MILLETT P.J. Anatomy and dimensions of rotator cuff inser-tions. J Shoulder Elbow Surg 2002; 11: 498-503.

[6] DUNCAN R., SAVOIE F.H. 3rd. Arthroscopic inferior capsu-lar shift for multidirectionnal instability of the shoulder: a preli-minary report. Arthroscopy 1993; 9: 24-27.

[7] FRANCEL T.J., DELLON A.L., CAMPBELL J.N.Quadrilateral space syndrome: diagnosis and operative decom-pression technique. Plast Reconstr Surg 1991; 87: 911-916.

[8] HERTEL R., BALLMER F.T., LAMBERT S.M., GERBER C.Lag signs in the diagnosis of rotator cuff rupture. J ShoulderElbow Surg 1996; 5: 307-313.

[9] LESTER B., JEONG G.K., WEILAND A.J., WICKIEWICZ T.L.Quadrilateral space syndrome: diagnosis, pathology and treat-ment. Am J Orthop 1999; 28: 718-722 and 725.

[10] LINKER C.S., HELMS C.A., FRITZ R.C. Quadrilateral spacesyndrome: Findings at MR imaging. Radiology 1993; 188: 675-676.

[11] MC KOMAN H.C., VOORHIES R.M. Axillary nerve entrap-ment in the quadrilateral space. J Neurosurg 1987; 66: 932-934.

[12] MENDOZA F.X., MAIN K. Peripheral nerve injuries of theshoulder in the athlete. Clin Sports Med 1990; 9: 331-342.

[13] MOWERY C.A., GARFIN S.R., BOOTH R.E., ROTHMANR.H. Recurrent posterior dislocation of the shoulder: treatmentusing a bone block. J Bone Joint Surg Am 1985; 67: 777-781.

[14] NEER C.S. Cuff tears, biceps lesions and impingement. In:Neer CS, ed. Shoulder reconstruction. Philadelphia, ed: W.B.Saunders Company 1990: 41-142.

[15] NEER C.S. Anatomy of shoulder reconstruction. In: NeerCS, ed. Shoulder reconstruction. Philadelphia, ed: W.B.Saunders Company 1990: 1-39.

[16] REDLER M.R., RULAND L.J. III, MCCUE F.R. III.Quadrilateral space syndrome in the throwing athlete. Am JSports Med 1986; 14: 511-513.

[17] SANDERS T.G., TIRMAN PFJ. Paralabral cyst: an unusualcause of quadrilateral space syndrome. Arthroscopy 1999; 15:632-637.

[18] SAVOIE F.R. 3RD, FILED L.D. Thermal versus suture treat-ment of symptomatic capsular laxity. Clin Sports Med. 2000; 19:63-75, VI.

[19] SCHULTE K.R., WARNER JJP. Uncommon causes of shoul-der pain in the athlete. Orthop Clin North Am 1995; 26: 505-528.

[20] SHANKMAN S., BELTRAN J. MRI of the shoulder. CurrProbl Diagn Radiol 1995; 24: 201-225.

[21] SOFKA C.M., LIN J., FEINBERG J., POTTER H.G. Teresminor denervation on routine magnetic resonance imaging ofthe shoulder. Skeletal Radiol 2004; 33: 514-518.

[22] UNO A., BAIN G.I., MEHTA J.A. Arthroscopic relationshipof the axillary nerve to the shoulder joint capsule: an anatomicstudy. J Shoulder Elbow Surg. 1999; 8: 226-230.

[23] WALCH G., EDWARDS B.T., BOULAHIA A., NOVE-JOS-SERAND L., NEYTON L., SZABO I. Arthroscopic tenotomy ofthe long head of the biceps in the treatment of rotator cuff tears:clinical and radiographic results of three hundred seven cases. JShoulder Elbow Surg (sous presse).

[24] WALCH G., BOULAHIA A., CALDERONE S., ROBINSONA.H. The “dropping” and “Hornblower”’s signs in evaluation ofrotator cuff tears. J Bone Joint Surg Br 1998; 80: 624-628.

[25] WEINBERG J., MC FARLAND E.G. Posterior capsular avul-sion in a college football player. Am J Sports Med 1999; 27: 235-237.

Page 245: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La rupture de la coiffe des rotateurs est unelésion anatomique dont le retentissement algo-fonctionnel est très variable, allant d’une épauleasymptomatique à une épaule pseudo-paralytiqueet/ou douloureuse jour et nuit. C’est dans cecontexte qu’il faut replacer la question de savoirpourquoi et quand réparer cette rupture tendineu-se en gardant à l’esprit que la « cicatrisation » dela lésion n’est pas une absolue nécessité pourobtenir un résultat clinique satisfaisant pour lepatient. Il est donc actuellement admis que le trai-tement médical antalgique et anti-inflammatoirelocal ou général associé à une prise en chargerééducative reste le traitement de première inten-tion, qu’il constitue le seul traitement ou la phasepréparatoire d’un traitement chirurgical ultérieur.Il faut cependant noter que très peu d’études éva-luent cette thérapeutique médicale dans le casprécis des ruptures de coiffe dans des conditionsexpérimentales solides. On peut citer, parexemple, les résultats d’une étude rétrospective,contrôlée et non randomisée, indiquant une amé-lioration algofonctionnelle à 4 mois d’un pro-gramme de rééducation dit en recentrage dyna-mique de la tête humérale comparativement à uneabsence de rééducation chez 60 patients souffrantd’une rupture tendineuse transfixiante démontréearthrographiquement [1]. En pratique, le traite-ment médical ne peut être considéré comme fon-damentalement différent de celui applicable àl’ensemble des tendinopathies. La place de la chi-rurgie dépend-elle ensuite uniquement des résul-tats du traitement médical ou existe-t-il d’autresfacteurs justifiant ou au contraire écartant

l’indication de réparation tendineuse indépen-damment de ces résultats ?

FACTEURS PRONOSTIQUESDES RÉSULTATS DU TRAITEMENTCHIRURGICAL

Une partie de la réponse vient de la mise en évi-dence de facteurs pronostiques défavorables à lachirurgie. Il faut citer d’emblée l’absolue nécessitéde récupérer une épaule souple avant d’envisagerune intervention car le risque d’épaule douloureu-se et enraidie chronique post-opératoire est trèsimportant [2]. Il faut également rappeler, à l’instard’autres chirurgies notamment rachidiennes, lecaractère très péjoratif d’une situation de compen-sation financière et ce quel que soit le systèmesocial en place [3]. La littérature ne fait actuelle-ment état d’aucune étude prospective, contrôlée etrandomisée validant l’efficacité d’un traitementchirurgical des ruptures symptomatiques des ten-dons de la coiffe des rotateurs. Des déterminantsdu résultat de la chirurgie réparatrice des lésionstransfixiantes ont néanmoins été identifiés [4-7].Certains pourraient être influencés par le délaid’évolution : étendue de la rupture, infiltrationgraisseuse et atrophie musculaire de la coiffe desrotateurs, arthropathie gléno-humérale secondai-re. Les trois premiers sont susceptiblesd’apparaître dans les semaines ou mois suivant lalésion tendineuse et pourraient rendre compted’une incapacité résiduelle et de ruptures tendi-neuses itératives en post-opératoire.

245

POURQUOI ET QUAND RÉPARERUNE LÉSION DE LA COIFFE

TH. THOMAS

Page 246: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

EXTENSION DES RUPTURESTENDINEUSES

Les constatations anatomiques sur séries cada-vériques ou non indiquent une prévalence crois-sante des ruptures dégénératives des tendons de lacoiffe des rotateurs avec l’âge [8]. Un suivi depopulations par arthrographie ou échographieconfirme cette évolution à plus court terme [9],avec près de 80 % des ruptures partielles devenanttransfixiantes dans une série suivie pendant 2 ans[10]. On considère actuellement qu’une fois ladéchirure installée, on n’a aucune donnée suggé-rant une quelconque cicatrisation spontanée [11].Le caractère symptomatique des lésions et leurévolution restent cependant incertains, à partir dequelques études préliminaires avec de faibleseffectifs. Ainsi, sur un groupe de 45 ruptures decoiffe asymptomatiques découvertes à l’occasiond’une échographie pour épaule controlatéraledouloureuse, 51 % étaient devenues symptoma-tiques [9] avec, dans ce cas, une plus grande ten-dance à l’extension de la rupture parmi cellesayant été réévaluées par échographie de contrôle(9 sur 14 versus 2 sur 9). Dans une autre étude, lescore algofonctionnel moyen de 40 ruptures tendi-neuses partielles profondes s’était amélioré soustraitement médical après 14 mois de suivi. Enrevanche, la comparaison arthrographique pré etpost-thérapeutique mettait en évidence une exten-sion de la rupture dans 32 cas (80 %) dont 11 rup-tures transfixiantes [10]. Ce score était en moyen-ne légèrement supérieur en l’absence de progres-sion lésionnelle, mais il était meilleur en cas derupture devenue transfixiante, suggérant une cer-taine discordance radio-clinique.

DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSEDE LA COIFFE DES ROTATEURS

Il a été décrit dans l’évolution d’une rupture ten-dineuse de la coiffe des rotateurs le développe-ment d’une infiltration graisseuse du tissu muscu-

laire révélée par tomodensitométrie et classée en5 stades [12,13]. La dégénérescence graisseusepeut intéresser tout élément de la coiffe des rota-teurs dont le tendon est rompu, mais l’atteinte del’infra-épineux a également été observée lors derupture isolée du supra-épineux. Elle n’apparaîtque très peu réversible et conditionne la qualitéde rotation externe active ainsi que l’étanchéité dela coiffe après chirurgie réparatrice. Les stades lesplus évolués sont associés aux ruptures étendues– tri-tendineuses – et à une durée prolongée dessymptômes en pré-opératoire. Ainsi, dans cesétudes tomodensitométriques, la dégénérescencegraisseuse de l’infra-épineux ne dépassait pas lestade II avant 6 mois d’évolution.

ATROPHIE MUSCULAIRE DELA COIFFE DES ROTATEURS

L’atrophie des fibres musculaires de la coiffe desrotateurs est un élément associé au processus tis-sulaire d’infiltration graisseuse et corrélé àl’étendue de la rupture tendineuse sur des don-nées IRM [5]. Les données d’imagerie sont appa-rues elles-mêmes bien corrélées aux observationsanatomiques sur cadavres [14]. Cette atrophie estun facteur prédictif de rupture itérative post-opé-ratoire dans les 2 ans qui suivent l’intervention.L’indépendance de ce facteur et son délaid’apparition restent cependant à déterminer.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE FACEÀ UNE RUPTURE DE LA COIFFE DESROTATEURS

Le principe d’un traitement médical de premiè-re intention au cours des ruptures de la coiffe desrotateurs peut être retenu à partir d’une argu-mentation non spécifique. Il comprend un traite-ment médicamenteux général (antalgiques etanti-inflammatoires non stéroïdiens), injectionsradio-guidées ou non de dérivés corticoïdes dans

246

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 247: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

la bourse sous-acromiale, rééducation. Des don-nées rétrospectives montrent sur de petites sériessuivies pendant au moins un an des résultatssatisfaisants dans 60 à 70 % des cas [10,15]. Cesrésultats semblent cependant se détériorer avec letemps, comme le suggère l’évaluation de popula-tions de très petite taille [16].

La mise en évidence de déterminants du pro-nostic chirurgical potentiellement influencés parle délai entre rupture tendineuse et traitement està considérer dans la stratégie thérapeutique glo-bale. Elle aboutit à la nécessité de définir unelimite temporelle à partir de laquelle l’échec de laprise en charge médicale doit faire envisager entoute rigueur les possibilités de réparations ana-tomiques. Sur la base des données disponiblesconcernant les délais d’apparition de la dégéné-rescence graisseuse, cette limite ne semble pasdevoir dépasser 6 mois en terme d’expression cli-nique au cours des ruptures transfixiantes. Laconnaissance de tels facteurs pronostiques et del’évolution anatomique des tendinopathies pour-rait également conduire à la surveillance séquen-tielle en imagerie des ruptures tendineuses nontransfixiantes pendant leur prise en charge médi-cale. Ceci étant dit, la discordance radio-cliniqueobservée, la bonne tolérance de rupture de coiffepourtant associée à une cinématique perturbéedu complexe ostéoarticulaire de l’épaule [17],l’incidence croissante avec l’âge des ruptures decoiffe asymptomatiques sont autant d’argumentspour ne pas proposer une réparation chirurgicaleà visée purement anatomique, décidée selon lesconstatations radiologiques. L’âge physiologique,la motivation du patient, son niveau d’activité etdonc de sollicitation de son épaule sont des para-mètres également importants à rentrer dans cettedifficile équation de l’indication du traitementchirurgical.

Schématiquement, lorsque le sujet est jeune, cequi est volontairement une tranche d’âge floue(on retient souvent 50 ans), le traitement chirur-gical est à proposer d’autant plus que la taille de

la rupture, l’état tendino-musculaire et articulairepermettent d’avoir des objectifs de récupérationsur la douleur, la force et la fonction de l’épaule.Dans ces conditions, un résultat satisfaisant semaintenant dans le temps est attendu dans plusde 80 % des cas [6]. Il faut tenir compte dans ladécision des possibilités et de la volonté d’unereprise d’activité professionnelle chez despatients exerçant souvent des travaux de forceimpliqués dans la survenue de la lésion tendineu-se par hyper-sollicitation.

Lorsque les objectifs de la chirurgie sont pluslimités, face à des ruptures massives, avec uneatrophie et/ou une infiltration graisseuse impor-tante, c’est souvent la persistance des douleursqui guide la décision chirurgicale car la récupéra-tion de la force voire des amplitudes articulairesest souvent incomplète avec un résultat non satis-faisant 3 fois sur 4 [6] et un risque de rupture ité-rative dans plus de 50 % des cas [18]. La discus-sion sur l’indication chirurgicale peut aller d’unsimple geste palliatif de ténotomie bicipitale, avecdes résultats le plus souvent satisfaisants [20], àun geste de reconstruction complexe par transfertde groupe tendino-musculaire.

La situation la plus difficile est finalement celledu sujet âgé actif chez lequel se télescopent deuxfacteurs de mauvais résultats, l’âge et la moinsbonne qualité tendino-musculaire, avec les sou-haits d’une vie active (sport, jardinage, bricolage)sollicitant beaucoup les épaules et rendant plusaléatoire les résultats du traitement médical.

Au-delà de ces grandes tendances, il faut bienévidemment garder à l’esprit que les différentescombinaisons entre l’âge physiologique, la moti-vation du patient, les caractéristiques des lésionsanatomiques et les pratiques de l’opérateur ainsique la présence de contre-indications éventuelles(épaule neurologique, béquillage au long cours,paraplégie) font de chaque cas une particularitédont dépendent les possibilités de réparation chi-rurgicale et le choix de la technique opératoire.

247

Pourquoi et quand réparer une lésion de la coiffe

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 248: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] LEROUX J.-L., THOMAS E., AZEMA M., BONNEL F.,BLOTMAN F. Functional pattern of 115 rotator cuff tears. PMR1993 ; 3 : 242-7.

[2] GAZIELLY D.-F., GLEYZE P., MONTAGNON C., BRUYÈREG., PRALLET B. Résultats fonctionnels et anatomiques aprèstraitement chirurgical des ruptures de la coiffe des rotateurs.Rev Chir Orthop 1995 ; 81 : 8-26

[3] HAWKINS R.J., MORIN W.D., BONUTTI P.M. Surgical treat-ment of full-thickness rotator cuff tears in patients 40 years ofage or younger. J Shoulder Elbow Surg. 1999 ; 8 : 259-65.

[4] WALCH G., MARECHAL E., MAUPAS J., LIOTARD J.P.Surgical treatment of rotator cuff rupture. Prognostic factors.Rev Chir Orthop 1992 ; 78 : 379-88.

[5] THOMAZEAU H., BOUKOBZA E., MORCET N.,CHAPERON J., LANGLAIS F. Prediction of rotator cuff repairresults by magnetic resonance imaging. Clin Orthop. 1997 ; 344 :275-83.

[6] COFIELD R.H., PARVIZI J., HOFFMEYER P.J., LANZERW.L., ILSTRUP D.M., ROWLAND C.M. Surgical repair of chro-nic rotator cuff tears. A prospective long-term study. J BoneJoint Surg Am. 2001 ; 83-A : 71-7.

[7] GOMOLL A.H., KATZ J.N., WARNER J.J., MILLETT P.J.Rotator cuff disorders : recognition and management amongpatients with shoulder pain. Arthritis Rheum. 2004 ; 50 : 3751-61.

[8] DROMER C. Epidémiologie des lésions de la coiffe des rota-teurs. Rev Rhum 1996 ; 63 (Suppl) : SP7-9.

[9] YAMAGUCHI K., TETRO A.M., BLAM O., EVANOFF B.A.,TEEFEY S.A., MIDDLETON W.D. Natural history of asympto-matic rotator cuff tears : a longitudinal analysis of asymptoma-tic tears detected sonographically. J Shoulder Elbow Surg.2001 ; 10 : 199-203.

[10] FUKUDA H. The management of partial-thickness tears ofthe rotator cuff. J Bone Joint Surg Br. 2003 ; 85 : 3-11.

[11] GOUTALLIER D., POSTEL J.-M., BERNAGEAU J., LAVAUL., VOISIN M.-C. Fatty muscle degeneration in cuff ruptures.Pre- and postoperative evaluation by CT scan. Clin Orthop.1994 ; 304 : 78-83.

[12] GOUTALLIER D., POSTEL J.-M., GLEYZE P.,LEGUILLOUX P., VAN DRIESSCHE S. Influence of cuff musclefatty degeneration on anatomic and functional outcomes aftersimple suture of full-thickness tears. J Shoulder Elbow Surg.2003 ; 12 : 550-4.

[13] TINGART M.J., APRELEVA M., LEHTINEN J.T., CAPELLB., PALMER W.E., WARNER J.J. Magnetic resonance imaging inquantitative analysis of rotator cuff muscle volume. Clin Orthop.2003 ; 415 : 104-10.

[14] GLEYZE P., THOMAS T., GAZIELLY D.F. Compared resultsof the different treatments in reparable, full-thickness tears ofthe rotator cuff. In : Gazielly D.F., Gleyze P., Thomas T. eds, Thecuff. Elsevier, Paris, 1997 ; 324-9.

[15] ITOI E., TABATA S. Conservative treatment of rotator cufftears. Clin Orthop. 1992 ; 275 : 165-73.

[16] YAMAGUCHI K., SHER J.S., ANDERSEN W.K.,GARRETSON R., URIBE J.W., HECHTMAN K., NEVIASER R.J.Glenohumeral motion in patients with rotator cuff tears : a com-parison of asymptomatic and symptomatic shoulders. JShoulder Elbow Surg. 2000 ; 9 : 6-11.

[17] GERBER C, FUCHS B, HODLER J. The results of repair ofmassive tears of the rotator cuff. J Bone Joint Surg Am. 2000 ;82 : 505-15.

[18] KEMPF J.F., GLEYZE P., BONNOMET F., WALCH G.,MOLE D., FRANK A., BEAUFILS P., LEVIGNE C., RIO B., JAFFEA. A multicenter study of 210 rotator cuff tears treated byarthroscopic acromioplasty. Arthroscopy. 1999 ; 15 : 56-66.

248

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 249: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

Nous ne parlerons que de la réparation d’unerupture dite “transfixiante” d’un ou de plusieurstendons de la coiffe des rotateurs telle qu’elle aété définie dans le cadre du Symposium de laSOFCOT de 1998 [1]. Nous excluons de notre pro-pos les ruptures partielles de la coiffe des rota-teurs qui représentent une entité anatomique par-ticulière dont le traitement est encore aujourd’huisujet à discussion.

Réparer la coiffe des rotateurs, quelle que soit latechnique utilisée, à ciel ouvert ou par arthrosco-pie, c’est rattacher sur son lieu d’insertion anato-mique au niveau du trochiter, un ou plusieurs ten-dons rompus de la coiffe des rotateurs, par ordrede fréquence, le supra-épineux, l’infra-épineux, lesubscapularis. La désinsertion des tendons a pourconséquence anatomique la mise à nu, plus oumoins importante, du cartilage de la tête huméra-le qui vient frotter contre la face inférieure del’acromion et du ligament coraco acromial (fig. 1),à l’origine de douleurs, et pour conséquence bio-mécanique la perte de la force de coaptation de lacoiffe à l’origine d’une diminution de la forcemusculaire du bras. La rééducation pré-opératoi-re d’une durée optimale de 3 mois restaure lesamplitudes articulaires passives et actives [2]. Laréparation chirurgicale de la coiffe des rotateurs apour objectifs complémentaires de supprimer ladouleur et d’améliorer la force musculaire.

Le développement actuel de la chirurgie mini-invasive, lié à une demande croissante despatients sensibilisés au risque d’infection nosoco-

miale, justifie l’interrogation à laquelle nous ten-terons de donner des éléments objectifs de répon-se : Faut-il réparer la coiffe des rotateurs pararthroscopie ou à ciel ouvert ?

LES CONDITIONS “ANATOMIQUES”DE LA RÉPARATION

Si la décision est prise de réparer une rupturede la coiffe des rotateurs, l’objectif doit être que laréparation soit assez solide pour permettre unemobilisation passive postopératoire immédiate etprévenir l’enraidissement de l’épaule. La répara-tion doit par ailleurs être assez fiable pour garan-tir la pérennité de la réinsertion anatomique àmoyen et à long terme. L’analyse des résultats cli-niques et radiologiques à plus de deux ans derecul doit permettre de savoir si ces objectifs ontété atteints.

249

COMMENT RÉPARER LA COIFFEDES ROTATEURS:

ARTHROSCOPIE OU CHIRURGIE À CIEL OUVERT?

D.-F. GAZIELLY

Fig. 1 : Aspect peropératoire “à ciel ouvert” d’une rupture dela coiffe des rotateurs découvrant la longue portion dubiceps.

Page 250: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La solidité et la fiabilité d’une réparation de lacoiffe des rotateurs vont dépendre de trois fac-teurs anatomiques : la qualité du tendon rompu, lestade de dégénérescence musculaire graisseuseen amont de la rupture, et le degré de rétractiondu tendon par rapport au trochiter [3] :

❍ Plus le tendon rompu sera aminci, dégénéra-tif, ou le siège de plans de clivage, plus laréparation chirurgicale sera logiquement dif-ficile dans sa réalisation et aléatoire dans sapérennité.

❍ L’influence de la dégénérescence graisseusedes muscles de la coiffe des rotateurs sur lepronostic des réparations chirurgicales de lacoiffe des rotateurs a été démontrée parGoutallier [4] : le risque de rupture itérativeaprès réparation est important si la dégéné-rescence graisseuse du muscle en amont dutendon rompu a dépassé le stade 2.

❍ Le degré de rétraction du tendon rompu parrapport à son lieu d’insertion anatomique surle trochiter est un élément pronostic impor-tant de la rupture. Dans le plan frontal, laclassification de la rupture en trois types, dis-tale, intermédiaire, et rétractée à la glène,selon le degré de rétraction “statique” du ten-don supra-épineux sur un cliché de faced’arthro-TDM ou d’arthro-IRM a été proposéeà l’origine par Pasquier [5] pour la méthodo-logie du Symposium de Saint-Etienne en1996, puis repris pour le Symposium de laSofcot en 1998 [1], et dans tous les sympo-siums organisés par la Société Françaised’Arthroscopie. Le degré de rétraction “sta-tique” du tendon objectivé par l’imagerie pré-opératoire peut être supérieur au degré derétraction réelle : la coiffe rompue peut avoirgardé une souplesse suffisante pour rendre laréparation plus facile et plus fiable que ne lelaissait supposer une rétraction radiologiqueimportante. Une typologie sagittale des rup-tures a été proposée par Thomazeau [6] selon

le degré d’extension antéro-postérieure de larupture sur l’IRM. La typologie frontale etsagittale de la rupture est un facteur pronos-tique important : le risque de rupture itérativeest d’autant plus élevé que la rupture à répa-rer est plus rétractée et plus étendue [7-8].

TECHNIQUES DE RÉPARATIONDE LA COIFFE DES ROTATEURS

Techniques de réparation à ciel ouvert

Dans son livre édité en 1934, Codman [9] décritla réparation de la coiffe des rotateurs sans yassocier une acromioplastie.

En 1972, Neer [10] démontre que les lésions dela coiffe des rotateurs sont dues à un conflit méca-nique avec le rebord antérieur, plus ou moinsagressif, de l’acromion. Pour lui, l’acromioplastieantérieure avec résection du ligament coraco-acromial doit être obligatoirement associée à laréparation de la coiffe des rotateurs.

La voie d’abord antérieure non traumatisantetransdeltoïdienne, l’acromioplastie antérieuresans désinsertion du deltoïde antérieur, la résec-tion des ostéophytes claviculaires inférieurs, lasection du ligament coraco-huméral en cas delimitation de la rotation externe, les principes dereconstruction de la coiffe des rotateurs enappuyant les points sur une tranchée osseuse, lamobilisation passive postopératoire immédiatedu bras opéré et les différentes étapes parfaite-ment codifiées de la rééducation, ont été lesapports fondamentaux de Neer dans le domainede la chirurgie de réparation de la coiffe des rota-teurs. Ces principes ont guidé les chirurgiens del’épaule des cinq continents pendant 25 ans.Nous-même, avons appris, auprès de Neer en1985 la réparation à ciel ouvert des ruptures de lacoiffe des rotateurs dont nous avons publié en1989 les premiers résultats [11]. Nous n’avons

250

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 251: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

jamais utilisé, pour aucun de nos patients, latechnique de la grande libération antérieure GLAproposée par Didier Patte dans les années 1980parce qu’elle nous apparaissait trop délabrantesur le plan musculaire.

Pour diminuer le taux de ruptures itérativesaprès réparation, estimé globalement à 25 % [7-8],nous avons proposé dès 1989 le concept de ren-forcement de la coiffe des rotateurs par un implanten polypropylène tressé RCR® [12-13]. Nous enreparlerons dans le chapitre des résultats.

La réparation à ciel ouvert de la coiffe des rota-teurs a été la technique de référence dans lemonde entier jusqu’au début des années 1990.Elle est encore bien entendu largement utilisée enparticulier par des chirurgiens orthopédistes nonhyper spécialisés dans la pathologie de l’épaule.

Matsen [14] a montré, en se référant à l’articleoriginal de Codman [9], et à partir d’une étudeportant sur 96 réparations à ciel ouvert revuesavec un recul de 2 à 10 ans, que l’acromioplastiene devait pas être obligatoirement associée à uneréparation de la coiffe des rotateurs.

Techniques de réparation arthroscopique

C’est dans les années 1980 que l’arthroscopie del’épaule se développe aux USA avec la premièreétude présentée en 1985 par Harvard Ellman surles résultats obtenus à 2 ans avec l’acromioplastieréalisée par technique arthroscopique. Ellman aété le pionnier du développement de la chirurgiearthroscopique de l’épaule avec Lanny Johnsonqui rapporte la même année les premiers résultatsde la réparation arthroscopique de la coiffe par latechnique d’agrafage. C’est véritablement dansles années 1990 que les techniques de réinsertionarthroscopique de la coiffe se développent avecGene Wolf, Steve Snyder et Gary Gartsman. Lesoptiques, les caméras et les instruments devien-nent de plus en plus performants. Les techniques

de réinsertion utilisent des ancres placées dans letrochiter d’où partent des sutures qui permettentdes réparations de plus en plus solides et de plusen plus fiables. Les premières réparations arthro-scopiques de coiffe sont réalisées en France aumilieu des années 1990 [15-16].

L’acromioplastie est réalisée par techniquearthroscopique dans le même temps que la répa-ration lorsque l’acromion antérieur est courbe oucrochu. Cependant Gartsman [17] a publié en2004 une étude prospective et randomisée à pro-pos de 93 ruptures de coiffe associées à un acro-mion courbe et réparées par arthroscopie danslaquelle il montre que le résultat fonctionnel obte-nu avec la réparation n’est pas modifié selon laréalisation ou non d’une acromioplastie. Danstous les cas, aujourd’hui, l’acromioplastie est réa-lisée à la demande et sans aucune résection duligament coraco-acromial, afin de préserverl’arche supérieure coraco-acromiale.

Les avantages de la réparation arthroscopiquepar rapport à la technique à ciel ouvert ne sontpas négligeables : morbidité moindre avec en par-ticulier un risque infectieux pratiquement nul dufait du lavage permanent de l’articulation, moinsde douleur postopératoire, préservation dumuscle deltoïde, absence de cicatrice, hospitalisa-tion plus courte. Par ailleurs, la réparation arthro-scopique de la coiffe permet de faire dans lemême temps une exploration complète del’articulation gléno-humérale.

Les inconvénients de la réparation arthrosco-pique de coiffe sont d’ordre technique et sont liésà la nécessité de l’apprentissage, qui peut êtreplus ou moins long selon l’expérience du chirur-gien en matière de chirurgie de la réparation dela coiffe à ciel ouvert et de l’arthroscopie del’épaule : techniques de réinsertion proprementdite avec passage des sutures dans le tendon etréalisation d’un nœud chirurgical fiable et repro-ductible (fig. 2).

251

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Comment réparer la coiffe des rotateurs : arthroscopie ou chirurgie à ciel ouvert ?

Page 252: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

RÉSULTATS

L’analyse des résultats après réparation de lacoiffe des rotateurs, quelle que soit la techniqueutilisée, à ciel ouvert ou arthroscopique, doitreposer, pour être valable, sur deux critères :

Critère clinique

La revue des patients avec un recul suffisantdoit permettre d’apprécier le résultat sur la dou-leur, la mobilité active et la force musculaire. Lescore fonctionnel de Constant [18] est aujourd’huile score de référence.

Critère anatomique

Il est nécessaire de vérifier si la coiffe réparée estétanche ou s’il existe une rupture itérative. L’idéalest de réaliser une arthrographie parce quel’injection d’un produit va permettre de mettre enévidence ou non une fuite du produit de contraste

entre l’articulation gléno-humérale et l’espace sous-acromial (fig. 3). Cependant, un contrôle échogra-phique peut être considéré comme fiable s’il est réa-lisé par un radiologue ayant une bonne expériencede l’échographie de la coiffe opérée et disposantd’un échographe de haute définition [7-8].

Ces deux critères d’analyse sont suffisants etnécessaires si l’on veut savoir s’il existe ou nonune rupture itérative de la coiffe réparée, quelleque soit la technique utilisée. On sait qu’unConstant à 65 points/100 évoque une rupture ité-rative [8] mais le critère clinique ne suffit pas.En effet, il a été mis en évidence que l’on pouvaitavoir un très bon résultat fonctionnel, en parti-culier avec un Constant à 80 points/100, alorsqu’il existait une rupture itérative de la coifferéparée [7, 8-15]. Cela s’explique par le rôleantalgique de l’acromioplastie associée à la répa-ration de la coiffe, surtout lorsqu’elle a été réali-sée pour supprimer un acromion crochu particu-lièrement agressif.

252

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Réparation arthroscopique d’une rupture distale du supraspinatus :a) Vue arthrographique pré-opératoire.b) Réinsertion du tendon rompu avec des ancres et des sutures.

a b

Page 253: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En réalité nous verrons que peu d’études rap-portent dans la littérature internationale les résul-tats anatomiques après réparation de la coiffe,quelle que soit la technique. La grande majoritéde ces études sont françaises et ont été réalisées àl’occasion de symposiums organisés par laSociété Française d’Arthroscopie [23, 24] ou deChirurgie Orthopédique [1]. L’immense majoritédes études nord-américaines rapportent unique-ment les résultats cliniques, sans analyse desrésultats anatomiques par une imagerie postopé-ratoire [19, 20, 21].

Résultats anatomiques après réparationà ciel ouvert

Harryman et coll. [7] ont analysé les résultatsanatomiques des coiffes réparées à ciel ouvert enréalisant une échographie postopératoire. Ils

retrouvent 57 % de coiffes intactes lorsqu’il s’agitde ruptures atteignant les tendons du supra et del’infra-épineux. Moins d’un tiers des rupturesconcernant les 3 tendons, supra et infra-épineuxet subscapulaire, sont intactes au moment de larevue des patients.

Gazielly et coll. [8] ont fait le même typed’analyse en réalisant également une échographiepostopératoire. Ils trouvent 10 % de ruptures ité-ratives lorsque la rupture à réparer est distale etconcerne uniquement le supra-épineux, 40 % deruptures itératives après réparation d’une ruptureatteignant supra et infra-épineux, et 70 % de rup-tures itératives après réparation d’une ruptureatteignant les 3 tendons principaux de la coiffe.Dans cette étude, le taux de rupture itérative aug-mente avec l’âge. Par ailleurs, il existe une corré-lation significative entre la taille de la rupture àréparer et la taille de la rupture itérative. Enfin les

253

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Comment réparer la coiffe des rotateurs : arthroscopie ou chirurgie à ciel ouvert ?

Fig. 3 : Contrôle arthrographique après réparation arthroscopique d’une rupture distale du supra-épineux :a) Vue frontaleb) Vue sagittale

a b

Page 254: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

auteurs ont montré une corrélation étroite entre lescore fonctionnel de Constant à la révision etl’état anatomique de la coiffe réparée : une ruptu-re itérative s’accompagne d’une baisse du scorede Constant proche de 60 points sur 100, voireplus bas.

Les travaux du Symposium de la SOFCOT de1998 [1] ont mis en évidence la même proportionde ruptures itératives après réparation à cielouvert. Le contrôle de l’étanchéité de la coiffe aété réalisé par arthro-TDM ou arthro-IRM. Il a étéretrouvé 28 % de ruptures itératives après répara-tion des ruptures distales et intermédiaires dusupra-épineux. Le taux de ruptures itératives étaitplus élevé (38 %) dans les ruptures du supra-épi-neux avec extension antérieure ou/et postérieure.Enfin 52 % des ruptures du supra et infra-épineuxn’étaient pas continentes à la révision.

Après mise en place d’un renforcement de coif-fe type RCR® [12-13] le taux de rupture itérativeest nul pour les ruptures distales du supra-épineux(46 cas revus avec échographie) et de 4,2 % aprèsréparation d’une rupture à rétraction intermédiai-re des tendons supra et infra-épineux (72 casrevus avec échographie). Le score fonctionnel deConstant est en moyenne de 86,2 points sur 100.

Résultats anatomiques après réparationarthroscopique

Gazielly et coll. [16] présentent une étude por-tant sur 15 cas de ruptures distales du supra-épi-neux réparées par arthroscopie. Le résultat anato-mique évalué par arthroscanner et échographie aobjectivé une coiffe continente dans 93,3 % descas. Le score fonctionnel de Constant est enmoyenne de 87,6 points sur 100.

Wolf [22] a étudié les résultats d’une série per-sonnelle de 54 réparations arthroscopiques de lacoiffe, réalisées entre 1990 et 1994, et revues avecun recul moyen de 27 mois. Un contrôle arthro-scopique de la réparation a été possible chez

23 des 43 patients opérés ; la cicatrisation étaitcomplète chez 16 patients (70 %).

Gleyze et Thomazeau [23] ont rapporté en 1997une étude multicentrique faite au sein de la SociétéFrançaise d’Arthroscopie comprenant 87 répara-tions de la coiffe des rotateurs sous arthroscopieavec contrôle anatomique à la révision. Tous typesde ruptures confondus, 52 % des coiffes étaientétanches à la révision. Le taux de ruptures itéra-tives était de 17 % après réparation d’une rupturedistale, 42 % si la rupture s’étendait en arrière de lamoitié antérieure de l’infra-épineux, 59 % en cas derétraction intermédiaire de ce tendon. Les résultatsanatomiques apparaissent comme dépendant de lataille et du siège de la rupture.

Flurin et Landreau [24] ont rapporté au derniercongrès de la Société Française d’Arthroscopiequi s’est tenu à Bordeaux en décembre 2004, lesrésultats d’une étude rétrospective multicentriqueportant sur 576 cas de réparation arthroscopiquede ruptures transfixiantes de la coiffe. Les résul-tats anatomiques ont été contrôlés par arthro-TDM, arthro-IRM et IRM. 74,7 % de coiffes sontcontinentes (55,7 % ont un aspect normal, 19 %montrent une fuite intra-tendineuse). 25,3 % decoiffes sont non continentes. L’étanchéité de lacoiffe mesurée à l’arthro-IRM et à l’arthro-TDMest significativement liée au type de rupture(p < 0,001), à la localisation de la rupture(p = 0,001) et au clivage (p = 0,0012) du supra-épineux et à celui de l’infra-épineux (p = 0,042).L’étanchéité de la coiffe est aussi liée à l’extensionà l’infra-épineux (p< 0,001). Enfin, l’étanchéité dela coiffe est significativement liée à la dégénéres-cence graisseuse (p< 0,001) et à l’ancienneté de lalésion (p= 0,01). Le score de Constant est passéen moyenne de 46,3 à 82,7 points sur 100.

Yamaguchi et coll. [25] rapportent les résultatscliniques et anatomiques de 18 ruptures de coiffelarges et massives réparées par arthroscopie. Dix-sept patients présentent une rupture itérative àl’échographie postopératoire. Soixante-douze

254

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 255: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

pour cent des patients ont un très bon résultat cli-nique. Les auteurs attribuent ces bons résultatscliniques, contrastant avec le taux élevé de rup-tures itératives, aux gestes pratiqués par arthro-scopie (ténotomie du biceps, débridement) et à laqualité de la rééducation postopératoire.

DISCUSSION

Les résultats cliniques et anatomiques obtenusavec les deux techniques de réparation, à cielouvert et arthroscopique, sont globalement com-parables dans toutes les études rétrospectives.

❍ Les résultats cliniques, subjectifs et objectifs,sont superposables dans les deux techniques.Ils sont bons dans plus de trois-quarts des cas.

❍ Les résultats anatomiques mettent en éviden-ce 74,7 % de coiffes continentes réparées sousarthroscopie [24] pour une moyenne de 69 %avec les réparations à ciel ouvert.

❍ Quelle que soit la technique, la coiffe cicatrised’autant mieux que la rupture est distale, limi-tée au tendon supra-épineux et qu’il n’existepas de plan de clivage.

❍ L’étanchéité de la coiffe est significativementliée à l’âge [8, 24] quelle que soit la technique.Mais les sujets âgés vont mieux si la coiffe estréparée et cicatrisée et les techniquesd’anesthésie locorégionale permettent delimiter le risque opératoire.

Si la réparation à ciel ouvert reste la référenceen terme d’ancienneté et de recul, la réparationarthroscopique offre des avantages non négli-geables : morbidité moindre, douleur postopéra-toire moins importante, préservation du muscledeltoïde, avantage esthétique.

En terme de réalisation technique, la réparationarthroscopique est plus difficile et demande, pourêtre aussi fiable que la réparation à ciel ouvert,une bonne expérience de la part de l’opérateur.

Il reste le problème de la taille de la rupture.Peut-on réparer toutes les ruptures de coiffe pararthroscopie ? Les résultats cliniques et anato-miques sont tout à fait équivalents pour lespetites ruptures. Mais la technique arthrosco-pique est plus sensible dans sa réalisation à lataille et au type anatomique de la rupture. PourGleyze et Thomazeau [23], “l’opérateur doit selimiter aux réparations endoscopiques des rup-tures distales du supra-épineux voire parfoisaux ruptures distales des supra et infra-épineuxassociés”. C’était en 1997 à propos de 85 cas.Sept années plus tard, Flurin et Landreauconcluent en 2004 à la suite de leur étude rétros-pective portant sur 576 cas : “la taille de la lésionn’est plus un facteur limitant l’utilisation del’arthroscopie car les résultats obtenus sur lesruptures larges sont équivalents à ceux obtenusen chirurgie ouverte tout en limitant de façontrès importante le risque de perte de la mobilitéactive en postopératoire”. Flatow et coll. [26]rapportent les résultats de la seule étude pros-pective aujourd’hui publiée sur l’étanchéité dela coiffe après réparation arthroscopique et àciel ouvert à propos de 55 cas. Les résultats cli-niques sont équivalents. L’étanchéité de la coiffeest la même quelle que soit la technique pour lespetites ruptures, de moins de 3 cm, mais le tauxde rupture itérative dans les ruptures de plus de3 cm est deux fois plus élevé après réparationarthroscopique. Ces résultats sont comparablesà ceux obtenus par Yamaguchi et coll [25] quiretrouvent un taux très élevé de ruptures itéra-tives après réparation arthroscopique des rup-tures larges et massives de coiffe.

Mais les patients présentant des ruptures largestraitées par arthroscopie sont améliorés clinique-ment même s’il existe une rupture itérative. Larupture de coiffe symptomatique devient asymp-tomatique.

Dans notre expérience personnelle, nous avonscommencé les réparations de la coiffe par tech-nique arthroscopique en 1994 [16]. Aujourd’hui,

255

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Comment réparer la coiffe des rotateurs : arthroscopie ou chirurgie à ciel ouvert ?

Page 256: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

nous réparons par arthroscopie toutes les rup-tures distales et intermédiaires du supra-épineux,et du supra et infra-épineux associés. Pour ce quiconcerne les ruptures massives et rétractées, nousprivilégions le traitement conservateur avec uneauto-rééducation efficace lorsque le sujet est actifet le traitement arthroscopique palliatif chez lesujet âgé. Nos indications de lambeau deltoïdienou de lambeau dorsal dans ce type de rupturemassive sont aujourd’hui exceptionnelles et réser-vées à des sujets jeunes, actifs et très motivés.

CONCLUSIONS

La réparation arthroscopique de la coiffe doitêtre préférée à la réparation à ciel ouvert à partirdu moment où l’opérateur est expérimenté danscette chirurgie difficile qui demande une longuecourbe d’apprentissage.

La réparation arthroscopique des ruptures de lacoiffe doit être considérée comme une variante tech-nique susceptible de simplifier les suites postopéra-toires. Mais elle ne doit en aucun cas mettre en jeula fiabilité de la réparation anatomique des lésions.

256

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] AUGEREAU B., GAZIELLY D.F. Les ruptures transfixiantesde la coiffe des rotateurs subscapularis inclus. Symposium SOF-COT. Réunion annuelle, novembre 1998. Suppl. II. Rev. Chir.Orthop. 1999, 85, 87-139.

[2] GAZIELLY D.F. In : L’épaule au quotidien, SaurampsMédical, 1999 : 65-91.

[3] GAZIELLY D.F. La rupture de la coiffe des rotateurs. In :Conférence d’enseignement 1997. Cahiers d’enseignement de laSofcot. Paris : Expansion scientifique française. 1997 : 165-185.

[4] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., LAVAU L., BERNAGEAU J.Influence de la dégénérescence graisseuse des muscles supra-épineux et infra-épineux sur le pronostic des réparations chi-rurgicales de la coiffe des rotateurs. Rev. Chir. Orthop.Réparatrice Appar. Mat. 1999 : 85 : 668-76.

[5] PASQUIER B., GAZIELLY D.F. Double contrast arthrograpyand CT arthrography in rotator cuff parthology. In : The cuff. DFGazielly, P. Gleyze, T. Thomas eds. Elsevier, Paris, 1997 : 131-134.

[6] THOMAZEAU H., BOUKOBZA E., MORCET N., CHAPE-RON J., LANGLAIS F. Prediction of rotator cuff repair results bymagnetic resonance imaging. Clin. Orthop. Related Research,1997, 344 : 275-283.

[7] HARRYMAN D.T., MACK L.A., WANG K.Y., JACKINS S.C.,MATSEN III F.A. Repair of the rotator cuff. Correlation of func-tionnal results with the integrity of the cuff. J. Bone Joint Surg(Am). 1991 : 982-9.

[8] GAZIELLY D.F., GLEYZE P., MONTAGNON C. Functionaland anatomical results after rotator cuff repair. Clin Orthop Rel.Res. 1994 : 304 : 42-53.

[9] CODMAN E.A. Rupture of the supraspinatus tendon andother lesions in or about the subacromial bursa. In; TheShoulder, Boston: Thomas Todd, 1934.

[10] NEER C.S. II. Anterior acromioplasty for the chronic impin-gement syndrome in the shoulder. A preliminary report. J BoneJoint Surg (Am) 1972 : 54A : 41-50.

[11] GAZIELLY D.F., RIFFAT G., ALEXANDRE C., PRADES B.Résultats et indications de la chirurgie dans les ruptures dégé-nératives de la coiffe des rotateurs. A propos d’une série de 40malades. Revue du Rhumatisme 1989 : 56 (12) : 823-830.

[12] GAZIELLY D.F., CONSTANT C.R., MONTAGNON C.,JULLY J.C. The use of a reinforcement in rotator cuff repair. Apreliminary report. J Shoulder Elbow Surg, vol 3, n° 1, abstracts529, n° 41, 1994.

[13] GOUTALLIER D., POSTEL J.M. ET LE GUILLOUX P.Fermeture chirurgicale des coiffes non réparables par suturesimple. Encycl. Méd. Chiru. Techniques chirurgicales.Orthopédie-Traumatologie, 44-285, 2000, 14 p.

[14] GOLDBERG B.A., LIPPITT S.B., MATSEN F.A. III.Improvement in comfort and function after cuff repair withoutacromioplasty. Clin Ortho Relat Res 2001, 390: 142-50.

[15] GLEYZE P., KEMPF J.F. Résultats cliniques et anatomiquesd’une série de ruptures de la coiffe des rotateurs réparées paragrafage endoscopique. Acta Ortho Bely 1995 ; 61 : 32-6.

Page 257: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

257

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Comment réparer la coiffe des rotateurs : arthroscopie ou chirurgie à ciel ouvert ?

[16] GAZIELLY D.F., GLEYZE P., MONTAGNON C., THOMAST. Arthroscopic repair of distal supraspinatus tears withRevoscrew ™ and permanent mattress sutures. A preliminaryreport. J. Shoulder Elbow Surg 1997 ; 199-200, 229-30.

[17] GARTSMAN G.M., O’CONNOR D.P. Arthroscopic rotatorcuff repair with and without arthroscopic subacromial decom-pression: a prospective, randomiged study of one-year out-comes. J Shoulder Elbow Surg 2004, Jul. Aug, 13 (4) : 424-6.

[18] CONSTANT C.R., MURLEY ANG. A clinical method offunctional assessment of the shoulder. Clin Ortho Rel Res 1987,214 : 160-4.

[19] ELLMAN H., KAYE S.P., WIRTH M. Arthroscopic treatmentof full-thickness rotator cuff tears : 2–to 7-year follow-up study.Arthroscopy 1993, 9 : 195-200.

[20] GARSTMAN G.M. Arthroscopic rotator cuff repair. ClinOrtho Rel Res 2001, 390, 95-106.

[21] MURRAY T.F., LAJTAï G., MILESKI R.M., SNYDER S.J.Arthroscopic repair of medium to large full-thickness rotatorcuff tears: Out come at 2- to 6-year follow-up. J. Shoulder ElbowSurg, 2002, 11, 1, 19-24.

[22] WOLF E.M. Arthroscopic rotator cuff repair.Communication to the speciality day of the ArthroscopyAssociation of North America. San Francisco. 1997, 71-4.

[23] GLEYZE P., THOMAZEAU H., ALLAR M., GAZIELLY D.F.,FLURIN P.H., LAFOSSE L. Réparation des ruptures de la coiffedes rotateurs par technique endoscopique. Etude multicentriqueavec contrôle anatomique à la révision. 87 cas. Ann. Soc Fr.Arthroscopie 1997 ; 7 : 63-72.

[24] FLURIN P.H., LANDREAU P. et la SFA. Réparation arthro-scopique des lésions transfixiantes de la coiffe. Etude rétrospec-tive multicentrique de 576 cas. Rev. Rhum. Franc. 2005. Aparaître.

[25] GALATZ L.M., CRAIG M.R., TEFFEY S.A., MIDDLETONW.D., YAMAGUCHI K. The outcome and repair integrity of com-pletely arthroscopically repaired large and massive rotator cufftears. JBJS, 86-A, 2, 219-24.

[26] BISHOP J., LO I., KLEPPS S., BIRD J., GLADSTONE J.N.,FLATOW E. Cuff intefrity following arthroscopic versus openrotator cuff repair: A prospective study communication atAmerican Academy of Orthopoedic Surgeons, 71st AnnualMeeting, mars 2004, San Franscisco.

Page 258: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 259: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La place de l’imagerie dans le bilan pré-opéra-toire des ruptures de coiffe est maintenant biencodifiée. L’échographie, l’arthro-scanner et l’IRMont fait la preuve de leur utilité. Leur place res-pective dans l’exploration des coiffes opéréessymptomatiques est toutefois moins bien établie.

Le premier impératif pour le radiologue est debien connaître la technique chirurgicale utilisée:acromioplastie, sutures tendineuses trans-osseuses,sutures tendineuses avec mise en place d’ancres,chirurgie à ciel ouvert, mini-open ou arthroscopie.

Le second est de connaître le délai depuisl’intervention, certaines anomalies tendineusesn’ayant pas la même signification à 2 mois qu’à2 ans de la chirurgie.

Le troisième est de garder à l’esprit que bonnombre de patients asymptomatiques conserventdes anomalies tendineuses ou osseuses long-temps après la chirurgie, ce qui nécessite la plusgrande prudence lors de l’interprétation [1].

Le bilan d’imagerie aura pour but d’identifierune des multiples causes de douleurs résiduellesaprès chirurgie de coiffe : tendinopathies, ruptureitérative, mobilisation de matériel d’ancrage,lâchage de suture, persistance d’un conflit sous-acromial, mais également d’objectiver des compli-cations (hématomes, infections).

TECHNIQUES CHIRURGICALES

La connaissance du compte rendu opératoireest indispensable pour le radiologue avant la réa-lisation et l’interprétation du bilan d’imagerie,

qu’il soit radiographique, échographique, arthros-cannographique ou IRM.

Qu’elle soit réalisée par voie classique, mini-open ou arthroscopique, la réparation a pourobjectif, en règle générale, d’obtenir une coiffeétanche après l’intervention. Elle comprend habi-tuellement une bursectomie avec acromioplastie,un avivement des berges tendineuses (fig. 1) afind’obtenir des bords tendineux sains, une mise ànu de l’os spongieux du tubercule majeur, enfin lasuture tendineuse proprement dite avec réimplan-tation sur le tubercule majeur, soit à l’aided’ancres, soit de points trans-osseux.

Le type et le nombre d’ancres (biorésorbables,radiotansparentes…) doivent être connus, ainsi queles tendons concernés par la chirurgie, notammenten cas de ténotomie ou de ténodèse du biceps.

259

IMAGERIE DE LA COIFFE OPÉRÉE

L. COURT, C. MONTAGNON, B. PASQUIER, D. MONTAGNON

Fig. 1 : Avivement des berges tendineuses sous arthroscopie

Page 260: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

BILAN RADIOGRAPHIQUE

Quelle que soit la technique chirurgicale utili-sée, le bilan radiographique reste indispensabledans le suivi des coiffes opérées.

Le premier bilan sera réalisé en postopératoireimmédiat, répété à 1 mois ; il comprend 3 clichésde face (rotations interne, neutre et externe) ainsiqu’un profil de Lamy (fig. 2). Il permet de voir laposition des ancres et d’évaluer la qualité del’acromioplastie. Cette évaluation reste difficiledu fait de la faible reproductibilité des incidences(variation d’angle du rayon incident), beaucoupmoins fiable qu’un scanner volumique qui n’a tou-tefois pas sa place dans ce bilan initial, lequel ser-vira de référence pour les examens ultérieurs :

❍ position des ancres et des tranchées de réin-sertion,

❍ distance acromio-humérale et ascension de latête humérale sur le cliché de profil,

❍ calcifications.

ECHOGRAPHIE

Depuis les débuts de l’échographie, la chirurgiede coiffe s’est considérablement développée.Parallèlement, le matériel d’échographie a faitd’énormes progrès avec l’utilisation, devenue leminimum requis, d’appareils haut de gamme et desondes hautes fréquences.

Comme les autres techniques, l’échographie estconfrontée à des structures osseuses et tendi-neuses remaniées, souvent en cours de cicatrisa-tion. Elle nécessite encore plus que l’IRM unelongue courbe d’apprentissage en collaborationétroite avec le chirurgien.

L’examen du tendon opéré devra être systéma-tique, reproductible d’un patient à l’autre. Il débu-te par la détection des zones de réimplantationosseuse du tendon. Les orifices de forages sontrepérés. Ils se présentent sous la forme d’une irré-

260

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Sutures tendineuses avec mise en place d’ancre

Page 261: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

gularité corticale en regard du tubercule majeurréalisant une petite dépression (fig. 3). L’ancren’est pas visible si son implantation est profonde.Si elle affleure, elle est vue sous la forme d’unpetit liseré hyperéchogène renforçant les échos.Le tendon est ensuite suivi sur l‘ensemble de sontrajet dans les 2 plans habituels. La réparationtendineuse s’accompagnant en règle généraled’une acromioplastie, la “fenêtre acoustique” estplus grande que sur une coiffe non opérée, ce quifacilite son étude. L’épaisseur du tendon est mesu-rée, puis on recherche un défect tendineux, unméplat et une éventuelle rétraction du tendon. Letendon reste longtemps hétérogène, rendant qua-siment impossible le diagnostic de rupture par-tielle, de fines lames liquidiennes pouvant êtretrouvées au sein du tendon, sans valeur patholo-gique formelle. Une bande hypoéchogène esthabituellement trouvée en lieu et place de la bour-se sous acromio-deltoïdienne qui a été réséquée.Dans notre expérience et au vu de séries IRM [1],

elle ne semble pas présenter de caractère patho-logique en dessous de 2 mm (fig. 4). Les fils desutures sont repérés sous forme de fins liseréshyperéchogènes (fig. 5). La continuité entre lesdifférents tendons est étudiée dans le plan sagit-tal. Le biceps est enfin recherché dans sa gouttiè-re. Une gouttière vide pouvant être le signe d’unerupture du tendon après ténotomie – ténodèse dela longue portion du biceps (fig. 6).

L’échographie permet également de diagnosti-quer des complications plus ou moins précoces dela chirurgie comme des hématomes, des collec-tions potentiellement infectieuses, mais égale-ment la mobilisation des structures d’ancrage.

Peu de série a été publiée dans la littérature [2,3, 4, 5] sur les performances de l’échographie dela coiffe opérée. La plus récente [2] retrouve unesensibilité de 91 % et une spécificité de 86 % sur44 patients opérés symptomatiques, le “gold stan-dard” de la série étant l’arthroscopie. Ces perfor-

261

Imagerie de la coiffe opérée

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 3 :(a) Suture trans-osseuse du supra spinatus, suture du sous-scapulaire avec mise en place d’ancre.(b) Ancres de profil dans le cadre d’une réparation du supra-spinatus

a b

Page 262: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

mances sont donc voisines de l’IRM, Magee trou-vant une sensibilité de 100 % et une spécificité de87 % pour l’IRM versus arthroscopie.

L’échographie après un apprentissage indispen-sable est donc une méthode non invasive, peucoûteuse et fiable pour faire le bilan d’une coiffeopérée.

ARTHROSCANNER

La technique arthrographique est la même quepour l’épaule pré-opératoire. Le scanner est éga-lement réalisé en acquisition volumique inframil-limétrique avec reconstructions multiplanaires enrotation neutre.

La capacité articulaire peut être légèrementdiminuée, le diagnostic de raideur restant dudomaine de l’examen clinique (limitation de larotation externe passive notamment). La coiffeopérée doit normalement être étanche, toutefoisun passage de produit de contraste au sein du ten-don, ainsi que de petites lésions transfixiantes nesont pas forcément corrélées à la symptomatolo-gie clinique comme le montre une série IRM chezdes patients asymptomatiques [1]. Des tendonsirréguliers ou une opacification de la bourse sous-acromio-deltoïdienne, notamment quand le pas-sage est filiforme (passage au sein d’une suture)n’ont pas de valeur pathologique.

Les reconstructions multiplanaires permettentd’objectiver une mobilisation intra-articulaire ouau sein de la BSAD du matériel d’interposition.Elles permettent de voir la rétraction du moignontendineux en cas de lâchage des sutures (fig. 7et 8). L’état osseux est contrôlé, les reconstruc-tions volumiques permettant de mieux apprécierla qualité de l’acromioplastie.

Enfin, comme lors du bilan préopératoire, latrophicité musculaire, ainsi que sa composantegraisseuse devront être évaluées et comparées aubilan pré-opétatoire. On pourra utiliser la classifi-cation décrite par Bernageau [7, 8].

262

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Zone d’ancrage (flèche)

Fig. 5: Petite lame d’épanchement (flèche) en regard de la BSADchez un patient asymptomatique 6 mois après la chirurgie.

Fig. 6 : Supra spinatus opéré, fil de suture.

Page 263: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Stade 0 : absence d’infiltration graisseuse.

Stade 1 : quelques traînées graisseuses.

Stade 2: graisse en proportion inférieure au muscle.

Stade 3 : graisse équivalente au muscle.

Stade 4 : graisse plus importante que le muscle.

L’infiltration graisseuse est définitive et nerégresse pas après l’intervention, elle ne progres-se plus après une réparation tendineuse satisfai-sante [7], son aggravation peut donner des argu-ments pour une récidive ou une réparation nonfonctionnelle.

I.R.M

Le rôle de l’IRM dans le bilan d’imagerie post-opératoire n’est pas encore bien établi à ce jour.Comme les autres techniques, elle se trouveconfrontée aux importants remaniements de lastructure tendineuse qui peuvent persister long-temps après la chirurgie. Comme l’ont montréSpielmann et coll. [1], les anomalies de signal ten-dineux ne sont pas forcément corrélées à la symp-tomatologie clinique. En effet, dans cette sérieportant sur 15 patients asymptomatiques avec unrecul d’un an et demi à cinq ans, des anomalies designal sont trouvées dans 90 % des cas, sousforme d’hypersignaux T2 diffus non liquidiens,sans solution de continuité tendineuse (53 %), destructures liquidiennes intra-tendineuses (17 %)et de ruptures transfixiantes dans 20 % des cas,un œdème du spongieux (43 %), un épanchementliquidien au sein d’une néo bourse sous-acromio-deltoïdienne (67 %). L’ensemble de ces anomaliesprésentes chez des patients asymptomatiques doitrendre l’interprétation prudente.

On utilise les mêmes séquences qu’en pré-opé-ratoire, tout en tenant compte de la présence dematériel ferromagnétique responsable d’artéfact(fig. 9).

Les séquences T1 turbo spin écho permettentd’évaluer la trophicité et l’infiltration graisseusemusculaire notamment dans le plan coronal(fig. 10). Les séquences T2 turbo spin écho avecsaturation de graisse sont utilisées dans les3 plans (axial, coronal oblique et sagittal oblique).Ces séquences sont les plus performantes, maisrestent très sensibles aux inhomogénéités de

263

Imagerie de la coiffe opérée

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 7 : Gouttière bicipitale vide en faveur d’une rupture dela longue portion du biceps.

Fig. 8 : Rupture transfixiante du supra spinatus

Page 264: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

champs, majorées par la présence de matériel.Ces artéfacts peuvent être minimisés en utilisantdes séquences T2 spin écho 2 échos, plus longueset moins sensibles, mais moins gênées par la pré-sence de matériel. Certains auteurs [10] préconi-sent des séquences STIR fortement pondérées T2qui réduisent les inhomogénéités de champs. Lesséquences en écho de gradient, comme en pré-opératoire, ne sont plus utilisées et ce d’autantplus qu’elles sont très sensibles aux artéfacts desusceptibilité magnétique, problème majeur enpostopératoire.

Une des causes de douleur récurrente ou delimitation fonctionnelle peut être un lâchage desuture ou la mobilisation d’une ancre de fixation[11]. Les ruptures de sutures se traduisent par undéfect tendineux en hypersignal T2. L’ancre peutavoir migrée, parfois en situation intra-articulaire.L’IRM sera alors particulièrement utile notam-ment pour certaines ancres biorésorbables par-fois radio-transparentes, quasiment invisibles surle bilan radiographique classique (fig. 11).

Comme en échographie, la présence de liquideen regard de la bourse sous acromio-deltoïdiennen’est pas spécifique en dessous de 2 mm. Elle estfréquemment retrouvée même à distance del’intervention [1]. Les lésions partielles non trans-

264

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Rupture compléte du supra spinatus après chirurgie,ancre en place.

Fig. 10 : Séquences T1 FS Gadolinium : Artéfacts liés à laprésence de matériel.

Fig. 11 : Amyotrophie et infiltration graisseuse étenduenotamment du sous scapulaire (stade 4).

Page 265: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

fixiantes restent d’interprétation délicate comptetenu des remaniements tendineux postopéra-toires, la rupture partielle ne pouvant être diffé-renciée d’une dégénérescence œdémateuse dutendon [11].

Selon les séries [12, 13, 14], notamment cellespour lesquelles une confrontation arthroscopiquea été réalisée, la sensibilité de l’IRM est de 91 à100 % pour une spécificité de 25 à 87 % dans lediagnostic de re-rupture, ce qui la place commeune méthode de choix dans cette indication.

CONCLUSION

L’imagerie de la coiffe opérée, comme celle desautres tendons reste d’interprétation délicatedevant les importants remaniements de structuretendineuse, la présence de matériel, la corrélationfaible entre l’imagerie et la symptomatologie cli-nique. Le bilan radiographique standard resteindispensable. L’échographie grâce aux évolutionstechnologiques et à la constante progression deséchographistes de l’appareil locomoteur est unmoyen non invasif, peu coûteux, facilement dispo-nible très performant dans l’évaluation de la coiffeopérée. Elle permet facilement de mettre en évi-dence des complications postopératoires commeles hématomes, mais également les ruptures éten-dues. L’IRM est indiquée dans la recherche d’unepathologie infectieuse, d’une algodystrophie, oud’une mobilisation de matériel (ancre radiotrans-parente) ; elle permet également d’évaluer la répa-ration tendineuse. L’arthroscanner sera réservé aubilan avant reprise chirurgicale.

Ces techniques ne peuvent toutefois pas pré-tendre à ce jour différencier une lésion partielle,d’une tendinopathie ou de remaniements post-opératoires persistants. Elles seront tout à faitadaptées à la reconnaissance de ruptures trans-fixiantes ou de désinsertions tendineuses. Quelleque soit la technique utilisée, elle nécessitera unecollaboration étroite avec le chirurgien.

265

Imagerie de la coiffe opérée

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 12 : Migration intra-articulaire d’une ancre biorésor-bable. Séquences T1 Fat Sat Gadolinium coronal oblique.

Page 266: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

266

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] SPIELMANN A.L., FORSTER B.B., KOKAN P., HAWKINSR.H., JANZEN D.L. Shoulder after rotator cuff repair : MR ima-ging in asymptomatic individuals-initial experience. Radiology.1999; 213: 705-8.

[2] TEEFEY S.A., HASAN S.A., MIDDLETON W.D., PATEL M.,WRIGHT R.W., YAMAGUCHI K. Ultrasonography of the rotatorcuff. A comparison of ultrasonogaphic and arthroscopic fin-dings in one hundred consecutive cases. J Bone Surg Am. 2000;82: 498-504.

[3] PRICKETT W.D., TEEFEY S.A., GALATZ L.M., CALFEE R.P.,MIDDLETON W.D., YAMAGUCHI K. Accuracy of ultrasoundimaging of the rotator cuff in shoulders that are painfull post-operatively. J Bone Surg Am. 2003; 85-A: 1084-9.

[4] MONTAGNON C., GAZIELLY D.F. Post operative ultasound :investigation of the rotator cuff. The Cuff. Elsevier Ed. 1997

[5] CAMMERER U., HABERMEYER P., PLENK A., HUBER R.Ultrasound assessment of reconstructed rotator cuff.Unfallchirurg. 1992 ; 95: 608-12.

[6] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., LAVAU L., BERNAGEAU J.L’évaluation par le scanner de la trophicité des muscles de lacoiffe des rotateurs ayant une rupture tendineuses. Rev ChirOrthop. 1989 ; suppl. I, 126-127.

[7] BERNAGEAU J., GOUTALLIER D., POSTEL J.M. Imageriede la coiffe opérée. GETROA opus XXIII Sauramps Medical Ed.1999.

[8] TEEFEY S.A., RUBIN D.A., MIDDLETON W.D., HILDEBOLTC.F., LEIBOLD R.A., YAMAGUCHI K. Detection and quantifica-tion of rotator cuff tears. Comparison of ultrasound, magneticresonance imaging, and arthroscopic findings in seventy-oneconsecutive patients. J Bone Joint Surg Am. 2004; 86-A: 708-16.

[9] REINUS W.R., SHADY K.L., MIROWITZ S.A., TOTTY W.G.MR diagnosis of rotator cuff tears: value of using T2-weightedfat saturated images. AJR 1995; 164: 1451-1455.

[10] ZANETTI M., JOST B., HODLER J., GERBER C. MR ima-ging after rotator cuff repair: full-thickness defects and bursitislike subacromial abnormalities in asymptomatic subjects.Skeletal Radiol. 2000; 29: 314-19.

[11] MAGEE T., SHAPIRO M., HEWELL G., WILLIAMS.Complications of rotator cuff surgery in which bioabsorbableanchors are used. AJR 2003; 181: 1227-31.

[12] MOTAMEDI A.R., URREA L.H., HANCOCK R.E., HAW-KINS R.J., HO C. Accuracy of magnetic resonance imaging indetermining the presence and size of recurrent rotator cufftears. J Shoulder Elbow Surg. 2002; 11: 6-10.

[13] TEEFEY S.A., RUBIN D.A., MIDDLETON W.D., HILDE-BOLT C.F., LEIBOLD C.F., YAMAGUCHI K. Detection and quan-tification of rotator cuff tears. Comparison of ultrasonograpic,magnetic resonance imaging, and arthroscopic findings inseventy-one consecutive cases. J Bone Joint Surg Am. 2004; 86-A: 708-16.

[14] OWEN R.S., IANNOTTI J.P., KNEELAND J.B., DALINKAM.K., DEREN J.A., OLEAGA L. Shoulder after surgery: MR ima-ging with surgical validation. Radiology 1993; 186: 443-7.

Page 267: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Nous rapportons dans cette étude rétrospectivenotre expérience à propos de 25 cas d’une lésionrare et à notre connaissance non publiée, à savoirla lésion isolée de l’infra-épineux à la jonctionmyotendineuse.

C’est l’IRM qui nous a permis de déceler ce typede lésion et la définition est donc avant tout unedéfinition d’Imagerie par Résonance Magnétique.

Il s’agit d’une lésion localisée dans tous les casà la jonction myotendineuse de l’infra-épineux(fig. 1), se traduisant par une déchirure (ou dila-cération) dans le sens des fibres, se prolongeantplus ou moins loin au sein du tendon en zone plusdistale et plus ou moins loin au sein du muscle enzone plus proximale. Parmi nos critèresd’inclusion, cette lésion devait être isolée, sansautre rupture tendineuse (notamment du tendonsupra-épineux). Cette lésion, que l’on peut rap-procher sur le plan de l’imagerie des lésions trau-matiques rencontrées dans d’autres régions ana-tomiques (notamment les ischio-jambiers ou lequadriceps) évolue en plusieurs phases. Au début,la lésion s’accompagne d’une importante infiltra-tion œdémateuse ou œdémato-inflammatoire dumuscle infra-épineux qui peut persister plusieursmois. La constatation de cet œdème musculairefaisait également partie de nos critèresd’inclusion. Les séquences T2 fat-sat sont les plusadaptées pour la détection de cet œdème muscu-laire [1]. Chez les patients ayant eu une injectionI.V. de gadolinium, on notait une prise de contras-te (fig. 1d) en lieu et place des hypersignaux T2. Ils’y associe de façon extrêmement fréquente, bien

que non constante, une rétraction myotendineuseplus ou moins focalisée, située le long du squelet-te fibreux intramusculaire, apparaissant hypo-intense sur toutes les séquences (fig. 1a et 1c).Cette rétraction myotendineuse plus ou moinsvolumineuse va persister tout au long del’évolution lésionnelle, prenant par la suite unaspect de cicatrice fibreuse intramusculaire. A unstade plus tardif (fig. 2) (qui dans certains de noscas était le stade de découverte), l’œdème muscu-laire diminue et va apparaître d’une part une atro-phie, d’autre part une dégénérescence graisseusedu muscle infra-épineux. Dans le même temps,l’hypersignal T2 à la jonction myotendineuses’estompe et la zone de dilacération se comble pardu tissu cicatriciel. A un stade ultime, l’œdèmemusculaire a disparu et l’on va retrouver d’unepart une importante atrophie et dégénérescencegraisseuse du muscle, d’autre part la cicatriceintramusculaire. Un certain nombre de patientsprésentait lors de leur première IRM cet aspectmais ils ont été exclus de l’étude du fait del’absence d’œdème musculaire. On peut néan-moins penser que la lésion de départ était biencelle qui nous intéresse, mais que l’IRM était troptardive (disparition de l’œdème musculaire).

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Il s’agit d’une étude rétrospective intéressant25 patients présentant sur leur IRM d’épaule unelésion isolée de l’infra-épineux répondant à ladéfinition sus-décrite. Cette étude porte sur 7 ans

267

LÉSION ISOLÉE DE L’INFRA-ÉPINEUXÀ LA JONCTION MYOTENDINEUSE.

UNE NOUVELLE LÉSION ?

TH. TAVERNIER, G. WALCH, R. BARTHELEMY, L. NOVE-JOSSERAND, J.-P. LIOTARD

Page 268: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

et concerne deux sites IRM (IRM des Sources,Lyon et Clinique du Mail, Grenoble), à l’exceptiond’un cas que nous devons à l’IRM Sainte-AnneLyon (Dr Y. Carrillon).

Toutes les IRM comportaient au moins une

séquence transversale pondérée T1 et au moins

deux séquences pondérées T2 fat-sat (plan coro-

nal et transversal). Les autres séquences utili-

sées étaient des séquences T2 SE (2 échos) et/ou

des séquences T1 fat-sat Gadolinium I.V. Tous les

dossiers ont été revus et analysés en commun

par deux radiologues spécialisés en ostéo-articu-

268

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Aspect typique de la lésion en IRM. Séquences T2 fat-sat dans les trois plans (1a, 1b, 1c) et séquence coronale T1 fat-sat avec injection I.V. de gadolinium (1d). Rupture-dilacérationde l’infra-épineux à la jonction myotendineuse (1a et 1c,flèches longues). Collection liquidienne dans la zone de ruptu-re (1b, flèche courte). Rétraction myotendineuse intramuscu-laire (1a et 1c, têtes de flèche). Œdème musculaire (1a et 1c, étoiles). Réhaussement par le produit de contraste (1d). La partiedistale du tendon infra-épineux n’est pas lésée (1a, flèche courbe).

a

b

c

d

Page 269: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

laire (T.T, R.B) et au moins un clinicien (G.W,

L.N.J, J.P.L). Certains patients (16/25) ont béné-

ficié d’un suivi IRM sur une durée variant de

3 mois à 3 ans. Huit patients sur 25 ont bénéficié

d’un arthroscanner en plus de l’IRM. Neuf

patients ont eu un E.M.G. Enfin, 4 patients ont

été opérés.

Dans tous les cas où le dossier clinique étaitincomplet, les patients ont été rappelés par télé-phone pour informations complémentaires.

RÉSULTATS

Il s’agit de 25 patients, 13 femmes et12 hommes, dont l’âge variait entre 30 et 69 ans(moyenne : 48 ans). La lésion siégeait sur l’épauledominante dans 56 % des cas (14/25).

Les circonstances cliniques amenant lespatients à consulter étaient des douleurs aiguësou chroniques de l’épaule plus ou moins associéesà une diminution de force. A l’examen clinique,

269

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse - Une nouvelle lésion?

Fig. 2 : IRM à un stade plus tardif. Séquences T1 (2a et 2c) et T2 fat-sat (2b et 2d). L’œdème musculaire (séquences T2 fat-sat)est beaucoup moins marqué. Le muscle infra-épineux est atrophié et est le siège d’une dégénérescence graisseuse de stade 3(séquences T1). Cicatrice fibreuse intramusculaire (flèches).

a b

c d

Page 270: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

étaient constamment retrouvées des douleursavec une diminution de force en rotation externeet, de façon plus inconstante, un test de Jobe posi-tif et/ou douleurs en RE1 ou RE2, et une atrophiede la fosse infra-épineuse.

On peut séparer la population de patients endeux groupes en fonction du mode de début dessymptômes, progressif ou aigu.

Le mode de début était progressif pour11 patients (44 %), les patients présentant desdouleurs de l’épaule depuis de nombreux mois ouannées sans que l’on retrouve de scèned’aggravation aiguë des symptômes ; dans cegroupe, le délai entre le début des symptômes etl’IRM décelant la lésion de l’infra-épineux étaitdifficile à préciser, mais le délai moyen était de 18mois avec des extrêmes allant de 5 mois à 48mois. Le deuxième groupe comprend 14 patients(56 %) pour lesquels le mode de début était aigu ;dans ce groupe, le délai moyen entre le début dessymptômes et l’IRM était de 4,5 mois avec des

extrêmes allant de 1 à 16 mois. Dans ce groupe“aigu”, une notion de traumatisme direct ou indi-rect était le plus souvent trouvée (tableau 1).

Neuf patients sur 25 (36 %) présentaient ouavaient présenté sur leurs radiographies des cal-cifications tendineuses (de tout type). Ces tendi-nopathies calcifiantes étaient plus nombreusesdans le groupe “progressif” (6/11) que dans legroupe “aigu” (3/14).

Deux patients (un dans chaque groupe) ontbénéficié d’une Ponction Lavage Aspiration(P.L.A.) de calcification.

Dix-sept patients sur les 25 (68 %) ont eu une ouplusieurs infiltrations de l’épaule, les circons-tances de réalisation des infiltrations étant le plussouvent floues. Les patients infiltrés étaient signi-ficativement plus nombreux dans le groupe “pro-gressif” (10/11) que dans le groupe “aigu” (7/14).De même, le nombre d’infiltrations par patientsétait plus important dans le groupe “progressif”que dans le groupe “aigu” (tableau 2).

270

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau 1 : Circonstances de survenue des symptômes pour les patients à “mode de début aigu”

Mécanisme de traction sur le membre supérieur, de haut en bas : 3 cas

Effort de soulèvement : 3 cas

Choc direct sur l’épaule : 2 cas

Efforts inhabituels (jardinage, travaux manuels) : 2 cas

Chute avec réception sur la main : 1 cas

Traumatisme dans les vagues : 1 cas

Douleurs aiguës après ponction lavage aspiration : 1 cas

Crise douloureuse aiguë : 1 cas

Tableau 2 : Nombre d’infiltrations par patient

Groupe “progressif” Groupe “aigu”

1 1 patient 1 patient

Nombre 2 2 patients 5 patients

d’infiltrations 3 6 patients

4 1 patient

5 1 patient

Page 271: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Il n’y avait pas de différence d’âge significativeentre le groupe “progressif” (âge moyen : 49 ans)et le groupe “aigu” (âge moyen : 47 ans).

Pour ce qui concerne l’analyse des examensd’imagerie (IRM, arthro-IRM, arthro-TDM), uneprécision s’impose quant au caractère “isolé” dela lésion de l’infra-épineux : nous entendons parlà, qu’il ne s’agissait pas d’une lésion associée àune rupture transfixiante de la coiffe des rota-teurs ni d’une dissection lamellaire (ou clivage)du tendon infra-épineux se prolongeant en direc-tion du muscle. L’analyse des autres tendons de lacoiffe montrait dans la majorité des cas un aspectnormal ou une tendinopathie du tendon supra-épineux. Il existait également quelques cas(3 patients) de rupture partielle de la face profon-de de ce tendon supra-épineux et 1 cas de ruptu-re partielle de la face superficielle ; on note aussiune rupture partielle de la face profonde du ten-don infra-épineux (arthroscanner) ne communi-quant pas avec la lésion spécifique qui nous inté-resse. Dix patients sur 25 ont eu soit une arthro-IRM (2 cas), soit un arthroscanner (8 cas) en com-plément de l’IRM. La lésion du tendon infra-épi-neux à la jonction myotendineuse ne communi-

quait avec l’articulation gléno-humérale que dans2 cas sur 10 ; cela conforte l’impression que l’on aen IRM, d’une lésion tendineuse très proximale necommuniquant que rarement avec l’articulation.Dans les deux cas où la communication existait,on constatait une pénétration massive du produitde contraste dans la lésion, aussi bien à la jonc-tion myotendineuse qu’au sein des fibres muscu-laires de l’infra-épineux (fig. 3).

L’œdème du muscle infra-épineux a été analy-sé en IRM et coté à 1+, 2+ ou 3+ en fonction deson intensité et de son étendue. On constate(tableau 3) que l’œdème est d’autant plus mar-qué que le délai entre le début des symptômes etl’IRM est court.

L’analyse du délai de disparition de l’œdèmemusculaire nous est apparue plus difficile en rai-son de la difficulté de dater le début exact de lalésion (surtout pour le groupe “progressif”) etégalement en raison du caractère très inconstantdu suivi IRM (16/25 patients), avec des délais trèsvariables entre la 1re IRM et la ou les suivantes. Sil’on s’en tient au groupe “aigu”, l’œdème sembledisparaître entre le 6e et le 12e mois.

271

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse - Une nouvelle lésion?

Fig. 3 : Arthroscanner réalisé chez un des patients de notre série. Reconstructions MPR transversale (3a) et sagittale (3b). Lalésion de l’infra-épineux (flèche longue) communique avec l’articulation glèno-humérale. Le produit de contraste iodé pénètreau sein des fibres musculaires (étoiles).

a b

Page 272: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En ce qui concerne la dégénérescence grais-seuse du muscle infra-épineux, nous avons utili-sé la classification TDM de Goutallier [2] dont ila été démontré qu’elle était applicable en IRM[3]. Seuls ont été pris en compte les patientspour lesquels nous avions un suivi IRM supé-rieur à 6 mois (11 patients). Les IRM de contrôlefaites entre le 9e et le 12e mois (9 patients) ontmontré une évolution vers la dégénérescencegraisseuse de stade 4 dans 8 cas (88 % des cas).Les IRM de contrôle faites entre le 4e et le 7e mois(2 patients), ont montré une évolution vers ladégénérescence graisseuse de stade 3 dans les2 cas. Au total, sur les 11 patients suivis avec suf-fisamment de recul, 10/11 (91 %) ont évoluéd’une dégénérescence graisseuse de stade 0 à2 vers une dégénérescence graisseuse de stade3 à 4 dans l’année qui a suivi le diagnostic delésion isolée de l’infra-épineux à la jonctionmyotendineuse. Le 11e patient a été contrôlérécemment avec un recul de 7 ans et ne présen-te qu’une discrète dégénérescence graisseuse destade 2 de son muscle infra-épineux.

L’analyse des IRM montre également quel’aspect de rétraction d’un moignon myotendi-neux au sein des fibres musculaires de l’infra-épi-neux est très caractéristique (22 cas/25 ; 88 % descas) sans toutefois être constant. Lorsquel’œdème a disparu, l’aspect persiste le plus sou-vent sous la forme d’une cicatrice fibreuse intra-musculaire.

Quatre patients ont été opérés. Pour l’un, legeste a simplement consisté en une acromioplas-tie sous arthroscopie et la lésion de l’infra-épi-neux n’a pas été décelée. Pour un autre la chirur-gie à ciel ouvert a mis en évidence une rupturepartielle de la face superficielle des tendonssupra-épineux et infra-épineux (suture latéro-latérale) mais la lésion de l’infra-épineux à lajonction myotendineuse n’a pas été retrouvée.

Pour les deux autres patients, les lésionsdécrites dans le C.R.O (tableau 4) cadrent tout àfait avec le diagnostic de lésion de l’infra-épineuxà la jonction myotendineuse. Le descriptif fait parles chirurgiens retrouve dans les deux cas descoiffes “étanches” avec capsule intacte ; l’un parled’un “tendon infra-épineux dilacéré entre la cap-sule intacte et la partie musculaire” ; l’autre parle“d’une sorte de rupture de la totalité du tendoninfra-épineux avec des fibres désorganisées for-mant différents petits lambeaux”. Dans les deuxcas, le muscle infra-épineux est décrit commerétracté en arrière ou comme absent (avec visua-lisation des fibres du muscle petit rond en des-sous). Le premier patient a bénéficié d’une IRM à15 mois de l’intervention ; cette IRM montre quemalgré les réparations réalisées, l’évolution a étédéfavorable pour le muscle infra-épineux (pasd’atrophie ni de dégénérescence graisseuse enpré-opératoire ; atrophie +++ et dégénérescencegraisseuse de stade 4 à 15 mois de l’intervention).

272

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau 3 : Œdème du muscle infra-épineux constaté sur la 1re IRM

Groupe “progressif” Groupe “aigu”

Importance + 4 patients 2 patients

de l’œdème ++ 2 patients 2 patients

+++ 5 patients 10 patients

Page 273: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

DISCUSSION

La lésion isolée de l’infra-épineux à la jonctionmyotendineuse est diagnostiquée par l’IRM. Sadéfinition est précise. La plupart du temps elle necommunique pas avec l’articulation gléno-humé-rale et ne sera donc pas détectée par un arthros-canner. Le mécanisme de survenue de cette lésionreste mal connu. On peut toutefois noter qu’ilexiste deux populations : soit des patients présen-tant de longs antécédents de souffrance del’épaule avec parfois des calcifications tendi-neuses et de multiples infiltrations ; soit despatients avec ou sans antécédent de douleur oud’infiltration chez lesquels on retrouve une notionde traumatisme à l’origine de la symptomatologie.Dans les deux cas, on peut penser qu’il s’agitd’une lésion de dilacération survenant sur un ten-don fragilisé, la dilacération se faisant soit à basbruit, soit sur un mode aigu.

L’aspect IRM ressemble en tout point à celuiconstaté dans les lésions traumatiques d’autresrégions anatomiques, notamment des ischio-jam-biers ou du quadriceps [4, 5, 6, 7]. Cette similitudenous conforte dans l’idée que, et même si l’on neretrouve pas toujours à l’interrogatoire de trauma-

tisme ou de scène douloureuse aiguë, cette lésionde l’infra-épineux correspond bien à une déchirureà la jonction myotendineuse. Pour ce qui concerneles autres régions anatomiques (ischio-jambiers ouautre), l’évolution classiquement décrite dans la lit-térature [4, 8, 9, 10] se fait également en plusieursphases avec au départ un œdème intense plus oumoins associé à une rétraction myotendineuse(complète ou d’un faisceau musculaire), puis pro-gressivement une diminution de l’œdème, unecicatrisation avec ou sans cicatrice fibreuse hyper-trophique, et comme complication possiblel’évolution vers une atrophie et/ou une dégénéres-cence graisseuse du muscle lésé [4, 5, 8, 11, 12, 13].Mais dans notre série, on est frappé par l’extrêmefréquence (91 % des cas) d’évolution vers cettecomplication dramatique de dégénérescence grais-seuse (même chez un patient opéré).

Dans le groupe des patients “à mode de débutprogressif”, on peut s’étonner de la présence d’unœdème musculaire chez certains patients décri-vant des signes douloureux apparus parfois plu-sieurs années avant l’IRM. En effet, dans la litté-rature, l’œdème accompagnant les lésions trau-matiques de la jonction myotendineuse disparaîtaprès quelques mois [4, 5, 6]. De plus, dans notre

273

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse - Une nouvelle lésion?

Tableau 4 : Extraits des C.R.O de deux patients opérés

Mr Eric D. (chirurgien : G.W.)

Voie d’abord verticale externe, ouverture deltoïde. Coiffe saine en superficie. Ouverture qui permet de retrouver une très vastedilacération du sous-épineux entre la capsule intacte et la partie musculaire que l’on retrouve en arrière. Le tendon avait commedisparu. On libère le muscle en arrière ainsi que la capsule et on va suturer le sus-épineux en avant avec le muscle sous-épi-neux que l’on remonte en haut et en avant. On arrive ainsi à reconstituer une bonne coiffe des rotateurs.

Mr Noel L. (chirurgien L.N.J.)

Voie d’abord antérieure dans les fibres du deltoïde. La partie antérieure du sus-épineux a l’air fine. En arrière, il existe une rup-ture de la totalité du tendon du sous-épineux avec des fibres désorganisées formant différents petits lambeaux. La capsule arti-culaire est intacte si bien que l’articulation n’est pas ouverte. En dessous, on aperçoit très nettement les fibres musculaires dupetit rond. En rotation interne forcée, on n’aperçoit pas de corps musculaire dans la fosse sous-épineuse correspondant à cemuscle. Il existe un tissu désorganisé clair. Mise en place de deux doubles points en U inversés, permettant de fixer les inser-tions tendineuses de la partie postérieure du sus-épineux et/ou de la partie supérieure du sous-épineux avec l’insertion du petitrond. Mise en place de points permettant de rapprocher le muscle petit rond du muscle sus-épineux (± sous-épineux). Onobtient ainsi une continuité musculaire.

Page 274: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

étude, pour le groupe des patients à “mode dedébut aigu”, l’œdème disparaissait toujours entrele 6e et le 12e mois. On peut donc penser que pources patients du groupe “progressif”, la lésion del’infra-épineux est survenue dans ce délai, mêmesi l’interrogatoire ne permet pas de retrouver descène clinique inaugurale. Notre étude rétrospec-tive a d’ailleurs retrouvé un certain nombre depatients chez lesquels on constatait une cicatricefibreuse intramusculaire et une dégénérescencegraisseuse de stade 4 sans aucun œdème; cespatients exclus de l’étude ont vraisemblablementprésenté la même lésion isolée de l’infra-épineuxmais l’IRM était pratiquée trop à distance de la“déchirure” (plus de 12 mois), ceci expliquantl’absence d’œdème.

Pour ce qui concerne les possibles diagnosticsdifférentiels, une étiologie neurogène à cettelésion nous semble pouvoir être exclue. En effet,sur les 9 EMG pratiqués, 8 étaient normaux ; deplus l’aspect IRM dans les souffrances muscu-laires neurogènes n’est pas du tout le même [3,

11, 14, 15]. L’œdème musculaire est diffus ethomogène sur l’ensemble du muscle, sans zoneliquidienne focalisée intramusculaire, sans désor-ganisation des fibres, sans lésion tendineuse, sansimage de cicatrice fibreuse (fig. 4). Le contexteclinique et l’aspect IRM n’étaient pas du tout enfaveur des autres pathologies susceptibles de setraduire par un œdème musculaire : polymyosite,myosite infectieuse, rhabdomyolyse, myosite ossi-fiante à la phase aiguë, radiothérapie, syndromede loge [1, 7, 8].

Cette lésion nouvelle de l’épaule sembleatteindre quasiment exclusivement le muscle etle tendon infra-épineux. Nous avons toutefoisrépertorié une patiente qui a présenté deux ansavant sa lésion de l’infra-épineux à la jonctionmyotendineuse, une lésion identique du supra-épineux. Cette lésion du supra-épineux (fig. 5)se présentait comme une déchirure partielle àla jonction myotendineuse avec rétraction mus-culo-tendineuse de la moitié supérieure dumuscle associé à un important œdème et une

274

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Diagnostic différentiel : souffrance du nerf supra-scapulaire. Séquences T2 fat-sat transversale (4a) et sagittale (4b).Aspect différent de la lésion tendino-musculaire décrite dans notre série. L’œdème des muscles supra-épineux et infra-épineux(hypersignal T2) est diffus et homogène, sans zone liquidienne ou fibreuse, sans désorganisation des fibres musculaires.

a b

Page 275: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

prise de contraste des 2/3 supérieurs du muscle.L’IRM réalisée deux ans plus tard (au momentde la lésion de l’infra-épineux) montrait la dis-parition de l’œdème mais l’apparition d’uneatrophie et d’une dégénérescence graisseuse destade 4 du muscle supra-épineux (fig. 6). Aucuncas d’atteinte similaire du subscapulaire n’a étéretrouvé. Pourquoi cette atteinte préférentielle

de l’infra-épineux ? Ce tendon est-il anatomi-quement plus fragile ? Les infiltrations répétées(surtout lorsqu’elles sont pratiquées sanscontrôle radioguidé) fragilisent-elles cetendon ? Une étude prospective ultérieure avecdes contrôles IRM réguliers et standardisésdevrait permettre de lever les nombreux pointsd’interrogation restants.

275

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse - Une nouvelle lésion?

Fig. 5 : Mme K. Lésion du supra-épineux à la jonction myotendineuse. Séquences T2 fat-sat (5a et 5c), Rhô (5b) et T2 (5d). Onretrouve la même sémiologie que pour les lésions de l’infra-épineux : déchirure partielle à la jonction myotendineuse avecrétraction de la moitié supérieure du complexe muscle-tendon (flèches droites) et important œdème musculaire (étoiles).Collections liquidiennes dans la zone de rupture et autour du moignon de rétraction (flèches courbes).

a b

c d

Page 276: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

276

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Même patiente (Mme K.) que figure 5, deux ans plus tard. Séquences T2 fat-sat (6a et 6b) et T1 (6c et 6d). Lésion de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse (6a, flèche courte), la partie distale du tendon étant respectée (6a, flèche courbe) ; œdèmemusculaire (6b) et rétraction myotendineuse (6a et 6b, flèches longues). La lésion du supra-épineux constatée deux ans plus tôta évolué vers la dégénérescence graisseuse de stade 4 (étoiles).

a b

c

d

Page 277: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

Notre étude décrit une lésion nouvelle auniveau de l’épaule, que nous avons appelée“lésion isolée de l’infra-épineux à la jonctionmyotendineuse”. Il s’agit d’une véritable déchi-rure située à la partie proximale du tendon et seprolongeant au sein des fibres musculaires,s’accompagnant d’un important œdème muscu-

laire persistant de nombreux mois et d’une zonede rétraction myotendineuse plus ou moinsvolumineuse (qui persistera le plus souvent sousla forme d’une cicatrice fibreuse). L’évolutionest le plus souvent péjorative avec apparitiond’une atrophie et surtout d’une dégénérescencegraisseuse sévère du muscle infra-épineux. Laou les étiologies de cette lésion ne sont pasencore clairement élucidées.

277

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] HERNANDEZ R.J., KEIM D.R., CHENEVERT T.L., SULLI-VAN D.B., AISEN A.M. Fat-suppressed MR imaging of myositis.Radiology 1992 ; 182 : 217-219.

[2] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., BERNAGEAU J., LAVAU L.,VOISIN M.C. Fatty degeneration in rotator cuff ruptures. Pre-and postoperative evaluation by CT scan. Clin Orthop 1994 ;304 : 78-83.

[3] LUDIG T., WALTER F., CHAPUIS D., MOLE D., ROLAND J.,BLUM A. MR Imaging evaluation of suprascapular nerve entrap-ment. European Radiology 2001; 11 : 2161-2169.

[4] PALMER W.E. Myotendinous unit : MR Imaging. Diagnosisand Pitfalls. In : Syllabus RSNA. Editors Buckwalter KA,Kransdorf MJ. 2003 : 25-36.

[5] DEUTSCH A.L., MINK J.H. Magnetic resonance imaging formusculoskeletal injuries. Radiol Clin North Am 1989; 27 : 983-1002.

[6] FLECKENSTEIN J.L., WEATHERALL P.T., PARKEY P.W.,PAYNE J.A., PESHOCK R.M. Sports-related muscle injuries :evaluation with MR imaging. Radiology 1989 ; 172 : 793-798.

[7] DE SMET A.A. Magnetic resonance findings in skeletalmuscle tears. Skeletal Radiol 1993 ; 22 : 479-484.

[8] MAY D.A., DISLER D.G., JONES E.A., BALKISSOON A.A.,MANASTER B.J. Abnormal signal intensity in skeletal muscle atMR Imaging : Patterns, Pearls and Pitfalls. Radiographics 2000 ;20 : 295-315.

[9] PALMER W.E., KUONG S.J., ELMADBOUH H.M. MrImaging of myotendinous strain. AJR Am J Roentgenol 1999 ;173 : 703-709.

[10] SHELLOCK F.G., FLECKENSTEIN J.L. Magnetic resonan-ce imaging of muscle injuries. In : Stoller DW, ed. Magnetic reso-nance imaging in orthopaedics and sports medicine. 2nd ed.Philadelphia, Pa : Lippincott-Raven, 1997 ; 1341-1362.

[11] FLECKENSTEIN J.L., WATUMULL D., CONNER K.E. et al.Denervated human skeletal muscle : MR imaging evaluation.Radiology 1993 ; 187 : 213-218.

[12] KAWAKAMI Y., MURAOKA Y., KUBO K., SUZUKI Y.,FUKANAGA T. Changes in muscle size and architecture follo-wing 20 days of bed rest. J Gravit Physiol 2000; 7: 53-59.

[13] PFIRMANN C.W., SCHMID M.R., ZANETTI M., BUEHLERM., JOST B., HODLER J. Routine proton MR-spectroscopy ofthe supraspinatus muscle ; assessment of fat content and corre-lation with appaerance on T1w MR-images in asymptomaticvolunteers and patients with supraspinatus tendon lesions.Radiology 2002 ; 225 (P) : 602.

[14] BELTRAN J., ROSENBERG Z.S. Diagnosis of compressiveand entrapment neuropathies of the upper extremity : value ofMR imaging. AJR Am J Roentgenol 1994 ; 163 : 525-531.

[15] BREDELLA M.A., TIRMAN PFJ, FRITZ R.C., WISCHERT.K., STORK A., GENANT H.K. Denervation syndromes of theshoulder girdle : Mr imaging with electro-physiologic correla-tion. Skeletal Radiol 1999 ; 28 : 567-572.

Lésion isolée de l’infra-épineux à la jonction myotendineuse - Une nouvelle lésion?

Page 278: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 279: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

OBJECTIFS

Les douleurs de l’épaule sont responsablesd’une grande partie des invalidités. Après lesmaladies de la colonne vertébrale et du genou, lesmaladies de l’épaule sont au troisième rang descauses des invalidités au travail.

A part les traumatismes et les affections rhuma-tismales et, plus rarement cancéreuses, les dou-leurs de l’épaule sont pour la plupart causées parla dégénérescence de la coiffe des rotateurs,accompagnée et suivie d’une inflammation destissus sous-acromiaux et d’un déchirement partielou complet de la coiffe. La thérapie est conserva-trice au début de la maladie. Dans les stades plusavancés, l’intervention chirurgicale peut êtreindispensable selon les activités du patient etl’intensité de ses douleurs [1, 2, 3]. D’où l’intérêtde déceler assez tôt le début du conflit sous-acro-mial (impingement).

Neer décrit trois stades de cette maladie [4].Stade I : œdème et hémorragie occasionnelle dutendon supra-épineux, stade II : fibrose et tendi-nite accompagnées d’une inflammation de labourse sous-acromio-deltoïdienne, stade III : fis-sures partielles ou complètes de la coiffe, souventen présence d’un ostéophyte sous-acromial etd’une sclérose du tubercule majeur. D’aprèsNeer, le conflit sous-acromial est d’origine méca-nique, dû soit aux microtraumatismes surtoutchez les jeunes athlètes, soit au déséquilibre desforces musculaires qui centrent la tête del’humérus [1, 5]. Les structures anatomiques quipréservent la coiffe pendant le glissement sous

l’acromion et le ligament coraco-acromial sont labourse sous-acromio-deltoïdienne et une zonegraisseuse qui couvre la moitié latérale dumuscle supra-épineux et s’étale jusqu’au bordlatéral de l’acromion [6, 7, 8]. Il nous semblelogique que ce tissu graisseux disparaisse au furet à mesure que l’espace sous-acromial devientplus étroit et que cette disparition précède lesautres signes d’un conflit sous-acromial commela bursite et les fissures de la coiffe.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Dans une étude rétrospective, nous avons étu-dié les signes d’un conflit sous-acromial reconnusen IRM : bursite, dégénérescence du tendonsupra-épineux, ruptures partielles, ruptures com-plètes, distance entre la tête de l’humérus etl’acromion, forme de l’acromion, épanchementgléno-huméral, hypertrophie de l’articulationacromio-claviculaire, ostéophytes à la base del’acromion et présence du tissu graisseux sous-acromial. L’étude portait sur les IRM de469 patients consécutifs au cours des années 2003et 2004 se présentant avec une épaule douloureu-se. 188 étaient exclus de l’étude à cause d’un trau-matisme de l’épaule, d’une intervention chirurgi-cale récente, d’arthrite rhumatismale connue etde tumeurs de l’épaule. Les patients étaient grou-pés selon l’âge : 1) moins de 21 ans, 2) de 21 à40 ans, 3) 41 ans et plus et d’après leur sexe. Legroupe contrôle était composé de 20 volontairesasymptomatiques dont 12 hommes âgés de 25 à45 ans et 8 femmes âgées de 20 à 50 ans.

279

PREMIER SIGNE À L’IRMD’UNE TENDINOPATHIE SOUS-ACROMIALE

J. ASSHEUER, K.P. SCHULITZ

Page 280: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Tous les examens étaient faits avec une IRM de1,5 T (Magnetom Siemens). Le protocole compor-tait une série d’images en transversal (STIR2500/160/20), en coronal parallèle au tendonsupra-épineux et, après injection intraveineuse degadolinium, en transversal et coronal (GE 500/11en opposition de phase et T1 pondérée) et ensagittal (SE 800/20). La dimension du voxel étaitfixée à 0,92 mm x 0,92 mm x 3,0 mm. Pourl’examen, les patients étaient allongés sur le dos,les bras en position neutre. Une antenne de surfa-ce était placée à l’épaule. L’interprétation desimages était faite par deux radiologues et unorthopédiste connaissant l’âge, le sexe et la duréedes symptômes des patients. Une bursite étaitconstatée si le signal de la bourse sur la séquenceSTIR était élevé et si les parois de la bourseétaient rehaussées par le gadolinium. La coiffeétait considérée comme pathologique quand, surles images en opposition de phase, le signal étaitélevé en plaque ou en lamelles avec des bordsirréguliers. Un rehaussement par le gadoliniumétait interprété comme une dégénérescence avecune fissure partielle. Une rupture transfixiante estmise en évidence par la disparition du tendon et lerehaussement du bord de la rupture par le produitde contraste. Le tissu graisseux sous-acromial seprésentait sur la séquence T1 pondérée en oppo-sition de phase avec un signal élevé. Une hyper-trophie de l’articulation acromio-claviculaire étaitconstatée quand elle marquait son empreinte surle muscle supra-épineux. L’articulation était consi-dérée comme inflammatoire quand la capsule oula synoviale étaient rehaussées par le gadolinium.La distance acromio-humérale était mesurée surl’écran.

RÉSULTATS

Dans le groupe contrôle, 4 hommes âgés de 35à 45 ans et 3 femmes âgées de 35 à 50 ansn’avaient plus de couche graisseuse sous-acro-miale ; elle était présente chez les autres membres

du groupe. La distance acromio-humérale était de5,9 mm en moyenne chez les 4 hommes et de6,1 mm chez les 3 femmes sans couche graisseu-se visible ; elle était de 7,2 mm en moyenne chezles 8 hommes et de 7,3 mm en moyenne chez les5 femmes ayant une couche graisseuse. Parmi les281 épaules examinées, 6 seulement ne présen-taient aucun signe pathologique avec présence dutissu graisseux. Une épaule avait en même tempsune légère dégénérescence du tendon. Dix-septpatients présentaient seulement une bursite, dont2 avaient une couche graisseuse intacte.Quarante-huit patients avaient une bursite et unedégénérescence du tendon, parmi lesquels2 avaient une couche graisseuse intacte. Chez80 patients, nous avons trouvé une dégénérescen-ce du tendon avec un ostéophyte acromial ou unépaississement de l’articulation acromio-clavicu-laire accompagnée d’une bursite (fig. 1a et 1b). Lacouche graisseuse était visible chez 4 de ces der-niers. Vingt-neuf patients avaient une rupturecomplète de la coiffe avec une bursite et, chez27 d’entre eux, nous avons détecté un ostéophyteacromial ou un épaississement de l’articulation.La couche graisseuse était intacte dans un casuniquement. Cinquante-neuf patients avaient unepathologie sous-acromiale comme une dégénéres-cence du tendon, une rupture, un ostéophyte ouune hypertrophie de l’articulation acromio-clavi-culaire, mais sans bursite apparente (fig. 2). Dansce groupe, il y avait 3 couches graisseusesintactes. Un épanchement gléno-huméral parallè-le se trouvait chez 30 % des patients. La distanceacromio-humérale était de 5,6 mm en moyennepour tous les patients. Il n’y avait pas de différen-ce significative parmi les groupes composésd’après l’âge, le sexe ou la pathologie sous-acro-miale. La distance acromio-humérale moyenne deceux qui ne se présentaient qu’avec la disparitionde la couche graisseuse était de 6,2 mm, maiscette mesure ne différait pas de manière significa-tive des autres groupes. La forme 3 de l’acromionde Bigliani [9] ne se trouvait que chez 12 patients(tableau 1).

280

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 281: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

281

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Premier signe à l’IRM d’une tendinopathie sous-acromiale

Fig. 1a : Enfoncement des structuressous-acromiales par une ostéophyteacromiale. La couche graisseuse sous-acromiale a disparue. (FE 500/11 phaseopposée).

Fig. 1b : Bursite sous-acromiale et sous-deltoïde accompagnant l'enfoncementostéophysaire (FE 500/11 phase oppo-sée après application intraveineuse degadolinium).

bursitesous-deltoïde

bursitesous-acromiale

tendon

tendon

ostéophyte

ostéophyte

couche graisseuse

couche graisseuse

Page 282: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En résumé, sur les 281 patientssouffrant d’une affection del’épaule sans traumatisme anté-rieur, sans inflammation rhumatis-male et sans tumeur, 18 seulementavaient une couche graisseusesous-acromiale intacte. Cinq deces 18 patients ne présentaientaucune autre pathologie del’épaule à l’IRM. Chez 42 des281 patients (15 %) la couchegraisseuse n’était pas visible ni enpartie, ni complètement (fig. 3). Lamajorité (32 sur 42) avait moins de40 ans, dont 12 avaient moins de20 ans. Sur ces 12 patients, 9 pré-sentaient une hypertrophie de lamusculature de la coiffe et prati-quaient un sport comme le tennis,volley-ball, waterpolo etc. (fig. 4).

282

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Hypertrophie de l'articulationacromio-claviculaire avec disparitionpartielle de la couche graisseuse etépaississement du tendon.

Fig. 3 : La distanceacromio-humérale estavec 5,6 mm en des-sous de la mesure de6.04 mm qui estregardée comme nor-male. Il n'y a pasd'autres signes patho-logiques (FE 500/11phase opposée).

clavicule

épaississement du tendon

acromion

tendon

humérus

couche graisseusesous-claviculaire

disparition partiellede la couche

Page 283: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

283

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Premier signe à l’IRM d’une tendinopathie sous-acromiale

La répartition de l’existence ou absence de la couche graisseuse sous-acromiale en présence des différentes pathologies sous-acromiales

< 20 ans 21 - 40 ans > 41 ansmasc. fem. masc. fem. masc. fem.

Couche graisseuse 2 2 2sous-acromiale

présentesans autres signes pathologiques

Couche graisseuse 12 12 8 8 2sous-acromiale 2° 2° 1° 4° 1°

absentesans autres signes pathologiques

Couche graisseuse 2 7 4 4sous-acromiale 2° 2° 1°

absente 2*avec bursite

Couche graisseuse 1 2 8 4 17 16sous-acromiale 1° 2° 1° 6° 8°

pas absente 1* 1*avec bursite et tendinopathie

Couche graisseuse 1 1sous-acromiale

absenteavec bursite et rupture du tendon

Couche graisseuse 1 1 9 3 34 23sous-acromiale 3° 1° 22° 9°

absente 1* 2*avec bursite, tendinopathie et ostéophyteet/ou hypertrophie de l’articulation acromio-claviculaire

Couche graisseuse 2 4 1 2sous-acromiale 1° 1°

absenteavec bursite et ostéophyte et/ou hypertrophie de l’articulation acromio-calviculaire

Couche graisseuse 13 14sous-acromiale 9° 11°

absenteavec bursite et ostéophyte et/ou hypertrophiede l’articulation acromio-calviculaire

Couche graisseuse 1 2 5 2 5 4sous-acromiale 1° 1° 2°

absente 1*sans bursite, mais tendinopathie

Couche graisseuse 1sous-acromiale 1°

absentesans bursite, mais rupture du tendon

Couche graisseuse 1 2 5 6sous-acromiale 1° 2° 2°

absentesans bursite, mais tendinopathie et ostéophyteet/ou hypertrophie de l’articulation acromio-claviculaire

Couche graisseuse 1 1 14 1 4 4sous-acromiale 1° 2° 2°

absente 1* 1*sans bursite, mais et ostéophyte et/ou hypertrophiede l’articulation acromio-claviculaire

° nombre des cas avec une affection de la capsule glénohumérale antérieure en même temps parmi le nombre total du groupe.* nombre des cas avec la couche graisseuse intacte en même temps parmi le nombre total du groupe.

Tableau I :

Page 284: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

DISCUSSION

D’après la littérature, la couche graisseusesous-acromiale ne semble pas être de grand inté-rêt clinique. La recherche électronique ne faitapparaître que deux articles sous les mots clés“fat pad, shoulder”. Ils décrivent l’anatomie de lacouche basée sur la dissection, sur l’imagerie Xou magnétique et indiquent des implications cli-niques. D’après Vahlensieck et al. [7], la couchegraisseuse commence au milieu du muscle supra-épineux médial et s’étend jusqu’au bord latéral del’acromion où son diamètre vertical est minimal,mesurant 3,2 ± 0,8 mm. La définition de cettecouche graisseuse varie dans la littérature.Mitchell et al. [10] la décrivent comme une struc-ture qui s’étend le long de la bourse sous-deltoï-dienne du tubercule majeur jusqu’en dessous del’acromion. D’après Monu et al [11], elle com-mence avec le corps graisseux entre le muscle tra-pèze et le muscle supra-épineux et se termine au

niveau du tubercule majeur entre le muscle del-toïde et la coiffe. Un grand nombre d’auteursnomment la couche péribursale ou sous-acromio-deltoïdienne et la décrivent comme une envelop-pe de cette bourse [2, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18].Peu d’auteurs font la différence entre une couchegraisseuse sous-acromiale et sous-deltoïde [8, 19,20]. Nous n’avons étudié que la couche sous-acro-miale car le problème posé était les douleurs del’épaule dues à un conflit sous-acromial.L’importance de cette couche est controversée.Certains auteurs n’attribuent pas une grandevaleur clinique à sa disparition car ce signe setrouve chez 47 % à 98 % des volontaires asympto-matiques étudiés [13, 16, 18, 19, 20, 21]. Mais laplupart des auteurs décrivent la disparition com-plète ou seulement focale au niveau de la boursesous-deltoïdienne. Dans notre groupe contrôle, lacouche sous-acromiale n’était pas visible chez7 de nos 20 volontaires (35 %) et Needel et al. [17]ne la trouvaient pas que chez 4 % des volontaires

284

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Hypertrophie des muscles. L'espace sous-acro-mial est petit en relation du volume du muscle sus-épi-neux. La couche graisseuse sous-acromiale a disparu(FE 500/11 phase opposée).

humérus

tendon

muscle trapèze

muscle supra-épineux

couche graisseuse

acromion

Page 285: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

asymptomatiques examinés. D’autre part, beau-coup d’auteurs voient dans la disparition de lacouche graisseuse sous-acromio-deltoïdienne, unsigne auxiliaire d’un conflit sous-acromial en par-ticulier en présence d’une rupture transfixianteou partielle de la coiffe [10, 11, 12, 15, 17, 20, 22,23, 24]. La démonstration d’une couche intactesemble être prédictive d’une coiffe intacte [8, 12,15, 17]. Dans notre étude, la couche graisseusesous-acromiale était rarement intacte (18 cas sur281 examens d’épaules douloureuses) et5 patients sur les 18 ne présentaient aucun autresigne de pathologie sous-acromiale. Le résultat leplus étonnant est le grand nombre des patients(42 sur 281) chez qui nous n’avons trouvé qu’uneoblitération complète ou partielle de la couchegraisseuse. La distance acromio-humérale de6,3 mm en moyenne ne différait pas de manièresignificative de la moyenne de 5,6 mm du restedes patients. Dans la littérature une distance entre6,05 mm et 8,7 mm en position neutre et 7,6 mmà 30° d’abduction est considérée comme normale[25, 26, 27, 28]. Vingt patients sur 42 étaient âgésde 21 à 40 ans et 12 avaient moins de 20 ans. Neufparmi ces 12 pratiquaient un sport avec élévationdu bras pendant plus de 14 heures par semaine etavaient une musculature des rotateurs hypertro-phique. Ces 42 patients se plaignaient comme lereste des patients de douleurs antérolatérales del’épaule. Sans autre signe d’un conflit sous-acro-mial, la disparition de la couche graisseuse peut

être une des premières altérations des structuressous-acromiales, précédant la dégénérescencetendineuse et éventuellement les ruptures de lacoiffe. La couche protège le tendon supra-épineuxet facilite le glissement sous-acromial comme lefait la bourse sous-acromio-deltoïdienne. Quandl’espace sous-acromial devient plus étroit, cettecouche fonctionnelle est sacrifiée comme lescorps graisseux des canaux intervertébraux pen-dant la dégénérescence discale. Dans notre étude,la distance acromio-humérale moyenne chez lespatients était de 5,6 mm, inférieure à la valeurminimale moyenne publiée qui est de 6,05 mm. Ladiminution de cet espace peut être la conséquen-ce d’une instabilité, d’une hypertrophie del’articulation acromio-claviculaire, d’ostéophytesou d’un épaississement du ligament coraco-acro-mial. L’hypertrophie musculaire peut être égale-ment à l’origine de la disparition de la couchegraisseuse.

CONCLUSION

Bien que la couche graisseuse sous-acromialene soit pas détectable chez un tiers des volon-taires asymptomatiques, sa disparition chez 94 %des patients ayant des douleurs de l’épaule et sur-tout chez 15 % des patients sans autre signe depathologie sous-acromiale semble être un premiersigne d’un conflit sous-acromial.

285

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Premier signe à l’IRM d’une tendinopathie sous-acromiale

Bibliographie

[1] NEER CS. Anterior acromioplasty for the chronic impinge-ment syndrome in the shoulder. J Bone Joint Surg (AM) 1972 ;54-A :41–50.

[2] RESNICK D. Internal derangements of joints. In :Diagnosisof Bone and Joint Disorders, Philadelphia, W.B. Saunders, 1995 :2899-3228.

[3] STOLLER D.W. The shoulder. In : Magnetic ResonanceImaging in Orthopaedics and Sports Medicine, Philadelphia,J.B. Lippincott, 1993 : 511-632.

[4] NEER C.S. Impingement lesions. Clin Orthop 1983 ; 173 :70-77.

[5]TIRMAN PFJ, SMITH E.D., STOLLER D.W., FRITZ R.C.Shoulder imaging in athletes. Semin Musculoskelet Radiol.2004, 1, 29-40.

Page 286: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

286

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[6] GAGEY O. Anatomie et rôle physiologique des structures deglissement (bourse et gaines tendineuses). In : Bard H., CottenA., Rodineau J., Saillant G., Raillac J.J. Tendons et Enthèses,Sauramps, Montpellier 2003 : 283-28.

[7] VAHLENSIEK M., WIGGERT E., WAGNER U., SCHMIDTH.M., SCHILD H. Subacromial fat pad. Surg Radiol Anat. 1996 ;18 : 233-36.

[8] GAGEY N., RAVAUD E., LASSAU J.P. Anatomy of the acro-mial arch : correlation of anatomy and magnetic resonance ima-ging. Surg Radiol Anat. 1993 ; 15 : 63-70.

[9] BIGLIANI L.U., MORRISON D.S., APRIL E.W. The morpho-logy of the acromion and its relationship to rotator cuff tears.Orthop Trans 1986 ; 10 : 216-228.

[10] MITCHELL M.J., CAUSEY G., BERTHOTY D.P., SARTORISD.J., RESNICK D. Peribursal fat plane of the shoulder:Anatomic study and clinical Experience. Radiology 1988 ; 168 :699-704.

[11] MONU JUV, PRUETT S., VANARTHOS W.J., POPE T.L. Jr.Isolated subacromial bursal fluid on MRI of the shoulder insymptomatic patients: correlation with arthroscopic findings.Skeletal Radiol 1994 ; 23 : 529-533.

[12] ZLATKIN M.B., EICHER M.A., KELLERHOUSE L.E.,McDADE W., VETTER L., RESNICK D. The painful shoulder :MR imaging of the glenohumeral Joint. J Comput Assist Tomogr.1988 ; 12 : 995-1001.

[13] KAPLAN P.A., BRYANS K.C., DAVICK J.P., OTTE M., STIN-SON W.W., DUSSAULT R.G. MR imaging of the normal shoul-der: variants and pitfalls. Radiology 1992 ; 184 : 519-524.

[14] SEEGER L.I. Magnetic resonance imaging of the shoulder.Clin Orthop 1989 ; 244 : 48-59.

[15] FARLEY T.E., NEUMANN C.H., STEINBACH L.S., JAHN-KE A.J., PETERSEN S.S. Full-thickness tears of the rotator cuffof the shoulder : diagnosis with MR imaging. AJR 1992 ; 158 :347-351.

[16] LIOU JTS, WILSON A.J., TOTTY W.G., BROWN J.J. Thenormal shoulder: common variations that simulate pathologicconditions at MR imaging. Radiology 1993 ; 186 : 435-441.

[17] NEEDELL S.D., ZLATKIN M.B., SHE J.S., MURPHY B.J.,URIBE J.W. MR imaging of the rotator cuff : peritendinous andbone abnormalities in an asymptomatic population. AJR 1996 ;166 : 863-867.

[18] NEUMANN C.H., HOLT R.G., STEINBACH L.S., JAHNKEA.H. Jr, PETERSEN S.A. MR imaging of the shoulder : appea-rance of the supraspinatus tendon in asymptomatic volunteers.AJR 1992 ; 158 : 1281-1287.

[19] CHANDNANI V., HO C., GERHARTER J., NEUMANNC.H., KURSUNOGLU-BRAHME S., SARTORIS D.J., RESNICKD. MR findings in asymptomatic shoulders: a blind analysisusing symptomatic shoulders as controls. Clin Imaging 1992 ;16 : 25-30.

[20] WILLIAMS M.P., CHANDNANI V.P., BAIRD D.E., REEVEST.Q., DEBERADINO T.M., SWENSON G.W., HANSEN M.F.Shoulder impingement syndrome: diagnostic accuracy ofmagnetic resonance imaging and radiographic signs. AustralasRadiol. 1994 ; 38 : 265-271.

[21] MIROWITZ S.A. Normal rotator cuff: MR imaging withconventional and fat-suppression techniques. Radiology 1991 ;180 : 735-740.

[22] RAFII M., FIROOZNIA H., SHERMAN O., MINKOFF,WEINREB J., GOLIMBU C., GIDUMAL R., SCHINELLA R.,ZASLAV K. Rotator cuff lesions : MR imaging. Radiology 1990 ;177 : 817-823.

[23] ZLATKIN M.B. Rotator cuff disease. In : MRI of the shoul-der, Raven Press, New York 1991 : 55-97.

[24] ZLATKIN M.B., IANNOTTI J.P., ROBERTS M.C., ESTE-RHAI J.L., DALINKA M.K., KRESSEL H.Y., SCHWARTZ J.S.,LENKINSKI R.E. Rotator cuff tears: diagnostic performance ofMR imaging. Radiology 1989 ; 172 : 223-229.

[25] GRAICHEN H., BONEL H., STAMMBERGER T., ENGL-MEIER K.H., REISER M., ECKSTEIN F. Sex-specific differencesof subacromial space with during abduction with and withoutmuscular activity, and correlation with anthropometricvariables. J Shoulder Elbow Surg 2001 ; 10 : 129-135.

[26] ROBERTS C.S., DAVILA J.N., HUSHEK S.G., TILLETTE.D., CORRIGAN T.M. Magnetic resonance imaging analysis ofthe subacromial space in the impingement sign positions. JShoulder Elbow Surg 2002 ; 11 : 595-599.

[27] HEBERT L.J., MOFFET H., DUFOUR M., MOISAN C.Acromiohumeral distance in a seated position in persons withimpingement syndrome. J Magn. Reson. Imaging 2003; 18 : 72-79.

[28] TASU J.P., MIQUEL A., ROCHER L., MOLINA V., GAGEY O.,BLERY M. Evaluation of factors predicting the development ofrotator cuff tears. J Comput Assist Tomogr 2001 ; 25 : 159-163.

Page 287: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les examens de première intention réaliséschez un patient se plaignant de douleurs d’épaulesont les radiographies standards. L’échographiepeut être également indiquée si l’examen cliniqueoriente vers une pathologie de la coiffe. En effet,lorsqu’il est réalisé par un échographiste spéciali-sé et expérimenté, cet examen présente une sen-sibilité de 58 à 100 %, une spécificité de 85 à100 %, une valeur prédictive positive de 86 à100 %, une valeur prédictive négative de 75 à100 % et une exactitude diagnostique de 84 à 98 %pour les ruptures transfixiantes de la coiffe desrotateurs [1-5]. Ces ruptures peuvent être symp-tomatiques ou asymptomatiques ; elles sont alorsde découverte fortuite lors d’un examen échogra-phique de l’épaule qui est toujours réalisé demanière bilatérale et comparative.

Le but de notre étude était de mettre en éviden-ce les critères morphologiques échographiquesdéterminant le caractère douloureux d’une ruptu-re transfixiante.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Une étude prospective a été réalisée chez120 patients, 64 hommes et 56 femmes, âgés de 42à 91 ans, (moyenne : 67,5 ans). Les échographiesont toutes été réalisées par un opérateur entraîné(J.-L. Brasseur), entre juillet 2004 et décembre2004, dans 2 centres différents : à Montfermeil età l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Les échographesutilisés étaient des appareils de haut de gamme,équipés de sondes linéaires de haute fréquence(> 10 Mhz).

Cent soixante-quatre épaules présentant unerupture transfixiante de la coiffe des rotateursd’allure chronique ont été incluses dans notreétude. Seules les ruptures transfixiantes chro-niques ont été incluses compte tenu de la difficul-té à diagnostiquer et surtout à quantifier leslésions aiguës de la coiffe avec un indice deconfiance suffisant : en effet, le tendon, à ce stade,présente un aspect tuméfié, hypoéchogène diffus,avec des berges mal définies et une zoned’interruption souvent non visible [6].

Ont été également exclues les ruptures en rap-port avec une pathologie rhumatismale.

Les critères échographiques de rupture tendi-neuse chronique étaient ceux décrits classique-ment : présence d’un méplat tendineux pour lesruptures de petite taille, disparition de la structu-re tendineuse, remplacée par une capsulo-bourseavec rétraction tendineuse en cas de large ruptu-re (fig. 1 et 2) [6].

Les échographies ont été réalisées pour biland’épaule douloureuse uni et/ou bilatérale et, pourun patient, bilan d’une tuméfaction antérieure del’épaule. Chez tous les patients étaient notés lecôté dominant, le côté de la rupture et la notiond’un antécédent traumatique. La douleur étaitclassée en trois stades chez les patients sympto-matiques : 1) douleur à l’effort ; 2) douleur perma-nente ; 3) douleur insomniante.

L’analyse des images échographiques était faiteen temps réel par l’opérateur pratiquant l’examenet respectait le plan suivant :

287

CORRÉLATIONS ENTRE LA SÉMIOLOGIEÉCHOGRAPHIQUE ET LA DOULEUR

dans les ruptures transfixiantes de la coiffe des rotateurs

D. ZEITOUN-EISS, J.-L. BRASSEUR, J.-L. GOLMARD

Page 288: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ Localisation de la rupture tendineuse :

➣ Pour le tendon du muscle supra-épineux, lalocalisation exacte (partie antérieure, moyen-ne et/ou postérieure) était précisée.

➣ Pour les tendons de l’infra-épineux et du sub-scapulaire, le caractère partiel ou total de larupture était précisé (fig. 3). La séparationentre le tendon du supra-épineux et celui del’infra-épineux se basait sur l’angulation entreles différentes facettes du tubercule majeur.

➣ En l’absence de rupture du tendon infra-épi-neux, la présence d’un clivage intra-tendi-neux était détectée, bras en adduction-rota-tion externe pour ne pas collaber le clivage.

❍ Mesure de la rupture (en centimètre) dans un plansagittal (antéro-postérieur) et frontal (fig. 4 et 5).

288

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineuxdans un plan frontal, d’allure chronique. Disparition de lastructure tendineuse (rétraction du tendon) remplacée parune capsulo-bourse.

Fig. 2 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux(signe du méplat). Mesure dans le plan frontal (en cm).

Fig. 3 : Rupture partielle du tendon subscapulaire (désin-sertion des fibres profondes). Plan transverse. Aspect sub-luxé du tendon du chef long du biceps, étalé sur la bergemédiale de la coulisse bicipitale et disparition du trianglehypoéchogène.

Fig. 4: Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux.Mesure dans le plan antéro-postérieur (en cm). Présence d’unépanchement dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne.

Page 289: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ Analyse du tendon du chef long du biceps :

➣ La présence d’une tendinopathie (aspectépaissi, hypoéchogène, hétérogène et arron-di du tendon) ou d’un tendon rompu étaitprécisée.

➣ La différence était faite entre un tendon enplace au sein de la gouttière bicipitale (fig. 6),subluxé (disparition du triangle hypoéchogè-ne entre le tendon et la berge interne de lacoulisse) (fig. 7), ou luxé (tendon hors de lagouttière bicipitale) (fig. 8).

La présence d’un épanchement intra-articulaire,visible dans le récessus bicipital (fig. 9 et 10), étaitdifférenciée en trois stades: 0) pas d’épanchement;1) épanchement peu important (n’entourant pascomplètement le tendon du chef long du biceps auniveau de la coulisse) ; 2) épanchement important(entourant complètement ce tendon).

La présence d’un épaississement de la boursesous-acromio-deltoïdienne était également préci-sée et mesurée (en millimètre). Elle était classéeen 3 stades : 0 : < 3 mm ; 1 : 3-5 mm ; 2 : > 5 mm.

289

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Corrélations entre la sémiologie échographique et la douleur…

Fig. 5 : Rupture transfixiante du tendon du supra-épineux.Plan frontal. Berges nettes des moignons tendineux restants.

Fig. 6 : Position normale du tendon du long biceps, au seinde la coulisse bicipitale. Présence du triangle hypoéchogè-ne contre la berge médiale de la coulisse. Plan axial.

Fig. 7 : Subluxation du tendon du chef long du biceps, étalésur la berge médiale de la coulisse bicipitale et disparitiondu triangle hypoéchogène. Plan transverse.

Fig. 8 : Luxation du tendon du chef long du biceps (coulis-se bicipitale vide). Plan transverse.

Page 290: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Cette étude descriptive a été suivie d’une étudestatistique afin de mettre en évidence les diffé-rences statistiquement significatives dans le cadred’une étude monovariée.

Les critères échographiques suivants étaientanalysés sur un mode différent :

➣ Pour le tendon du chef long du biceps bra-chial, trois variables étaient étudiées : sa posi-tion normale, intra-articulaire ou non ; la pré-

sence ou non d’une tendinopathie ; la présen-ce ou non d’une rupture.

➣ L’épanchement intra-articulaire, ainsi que laprésence d’un épanchement dans la boursesous-acromio-deltoïdienne, étaient cotés 0 ou1 selon qu’ils étaient présents (1) ou non (0).

➣ L’épaississement de la bourse sous-acromio-deltoïdienne était coté 0 s’il était strictementinférieur à 3 mm, et 1 s’il était supérieur ouégal à 3 mm.

❍ Analyse statistique :

Les relations entre la présence ou l’absence dedouleur et les signes échographiques ont été étu-diées en analyse univariée par des tests du chicarré et des tests de Fisher. Dans un secondtemps, une régression logistique pas à pas a étéréalisée. Comme deux signes avaient une sensibi-lité observée de 100 %, cette analyse n’a été réali-sée que chez les patients ne présentant aucun deces 2 signes, pour des raisons numériques. Lesautres signes entrés dans la régression étaientceux qui avaient un degré de signification < 5 %dans l’analyse univariée. L’analyse statistique aété effectuée à l’aide du logiciel SAS V8.

RÉSULTATS

Cent cinq ruptures chez des patients sympto-matiques et 59 découvertes sur des épaules nondouloureuses ont été analysées. Parmi les105 patients ayant une rupture symptomatique,59 étaient unilatérales (sans lésion controlatéra-le), 8 étaient bilatérales et 34 avaient une ruptureasymptomatique controlatérale. Un patient pré-sentait une rupture bilatérale non douloureuse(celui étudié pour tuméfaction antérieure). Lanotion de traumatisme sur le côté rompu étaitretrouvée dans 5,1 % des cas des ruptures asymp-tomatiques et dans 18,1 % des coiffes rompuessymptomatiques. Au sein du groupe symptoma-tique (n = 105), 27 patients (25,7 %) évaluaient

290

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Epanchement dans le récessus bicipital (stade 2).Plan sagittal. Noter également la présence d’un épanche-ment dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne.

Fig. 10 : Epanchement dans le récessus bicipital (stade 2).Plan transverse. Position normale du tendon du chef longdu biceps.

Page 291: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

leur douleur stade 1 (à l’effort), 61 patients(58,1 %) stade 2 (permanente) et 17 patients(16,2 %) stade 3 (insomniante). Parmi les patients

stades 3, 9 présentaient une subluxation du ten-don du chef long du biceps dont 4 avec tendino-pathie, un seul avait une tendinopathie isolée. La

291

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Corrélations entre la sémiologie échographique et la douleur…

Tableau 1 : Localisation de la rupture de coiffe

Ruptures asymptomatiques Ruptures symptomatiques

Tendon supra-épineux• Total 19/59 = 32,2 % 82/105 = 78,1 %• Antérieur 0/59 = 0 % 3/105 = 2,8 %• Moyen 3/59 = 5,1 % 0/105 = 0 %• Moyen et postérieur 30/59 = 50,8 % 12/105 = 11,4 %• Postérieur 5/59 = 8,5 % 4/105 = 3,8 %

Tendon infra-épineux• Total 14/59 = 23,7 % 23/105 = 21,9 %• Partiel 5/59 = 8,5 % 30/105 = 28,6 %

Tendon subscapulaire• Total 10/59 = 16,9 % 22/105 = 20,9 %• Partiel 1/59 = 1,7 % 24/105 = 22,8 %

Clivage intra-tendineux 49/59 = 83 % 10/105 = 9,5 %de l’infra-épineux

Tableau 2 : Aspect et localisation du tendon du chef long du biceps

Ruptures asymptomatiques Ruptures symptomatiques

Tendon normal 5/59 = 8,5 % 45/105 = 42,8 %

Tendon rompu 6/59 = 10,2 % 7/105 = 6,7 %

Tendinopathie 0 % 15/105 = 14,3 %

Tendon luxé 5/59 = 8,5 % 4/105 = 3,8 %

Tendon subluxé 0 % 9/105 = 23,8 %

Subluxation + tendinopathie 0 % 7/105 = 6,7 %

Tableau 3 : Présence d’un épanchement articulaire/épaississement de la bourse sous-acromio-deltoïdienne (BSAD) :

Ruptures asymptomatiques Ruptures symptomatiques

Epanchement articulaire• 0 52/59 = 88,1 % 58/105 = 55,2 %• 1 7/59 = 11,9 % 38/105 = 36,2 %• 2 0 % 9/105 = 8,6 %

Epaississement de la BSAD• 0 100 % 32/105 = 30,5 %• 1 0 % 66/105 = 62,5 %• 2 0 % 7/105 = 6,7 %

Page 292: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

bourse sous acromio-deltoïdienne (bsad) étaitépaissie chez 15 d’entre eux ; les 2 patients avecune bourse normale présentaient une subluxationavec tendinopathie du chef long du biceps. Parmiles 5 patients avec un épaississement de bsadstade 2, 2 patients avaient un tendon du chef longdu biceps normal.

Un patient asymptomatique présentait une rup-ture transfixiante isolée et totale du tendon dusubscapulaire, 4 patients symptomatiques présen-taient ce même type de lésion.

❍ Analyse statistique :

DISCUSSION

Les paramètres les plus significatifs des rup-tures douloureuses sont donc la tendinopathiedu chef long du biceps et l’épaississement desparois de la bourse sous-acromio-deltoïdienne,dans la mesure où tous les patients présentantau moins une de ces deux caractéristiques écho-graphiques avaient une rupture transfixiantedouloureuse. D’autres variables statistiquementsignificatives dérivent également de ces facteurs.La malposition du tendon du chef long du biceps(subluxation ou luxation complète) entraîne unconflit entre le tendon et la berge médiale de lacoulisse bicipitale, à l’origine d’une tendinopa-thie. La rupture du tendon du subscapulaires’accompagne fréquemment d’une malpositiondu tendon du long biceps puisqu’il joue un rôledéterminant dans le maintien de ce tendon ausein de la gouttière bicipitale. En cas de rupturede ce dernier, on peut déduire qu’à plus ou moinslong terme, on aboutira à une malposition puis àune tendinopathie du chef long du biceps. Eneffet, chez 22 patients symptomatiques présen-tant une rupture totale du subscapulaire, seule-ment 3 avaient un tendon du chef long du bicepsnormal ; chez 24 patients symptomatiques ayantune rupture partielle, 4 avaient un tendon dulong biceps normal. Les 4 patients ayant unerupture totale et isolée du tendon du subscapu-laire avaient tous un tendon du chef long dubiceps pathologique.

La présence d’un épanchement intra-articulai-re, visible au sein de la gouttière bicipitale enéchographie, peut résulter d’une tendinopathiebicipitale mais aussi d’une atteinte du versantarticulaire de la coiffe ou d’une arthropathie(dont l’étiologie ne peut être déterminée enéchographie).

L’épanchement dans la bourse sous-acromio-deltodienne est le témoin d’une bursite, de mêmeque l’épaississement des parois, à l’origine d’unedouleur de type inflammatoire.

292

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Variable p

sexe 0,21 (NS)

Coté dominant/coté rupture < 0,0001

Rupture du tendon supra-épineux < 0,0001

Dont segment antérieur < 0,0001

Rupture du tendon infra-épineux 0,0366

Clivage tendon infra-épineux < 0,0001

Rupture du tendon subscapulaire < 0,0001

Tendinopathie bicipitale < 0,0001

Malposition du tendon du chef long du biceps < 0,0001

Rupture du tendon du chef long du biceps 0,42 (NS)

Epanchement intra-articulaire < 0,0001

Epaississement BSAD < 0,0001

Epanchement BSAD 0,004

Antécédent de traumatisme 0,026

NS: Non significatifSeuls six patients n’ayant ni tendinopathie duchef long du biceps ni épaississement de la bour-se sous-acromio-deltoïdienne présentaient unerupture douloureuse. Une analyse statistique desautres variables sur ces patients a également étéréalisée. Les facteurs les plus significatifs étaientles suivants : rupture du tendon infra-épineux (p= 0,001), rupture du tendon du subscapulaire (p= 0,0008), clivage du tendon infra-épineux(p = 0,0048), épanchement intra-articulaire (p< 0,0001), épanchement dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne (p = 0,0011).

Page 293: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En effet, l’analyse descriptive met en valeur lefait que chez 17 patients présentant une douleurd’intensité 3 (insomniante), 15 avaient un épais-sissement de la bourse sous-acromio-deltoïdien-ne ; les deux autres avaient une tendinopathie duchef long du biceps, donnant classiquement éga-lement des douleurs nocturnes.

La prévalence importante des ruptures du ten-don du supra-épineux à sa partie postérieure et/oumoyenne chez les patients asymptomatiques com-parés à la prévalence des ruptures totales chez lespatients symptomatiques souligne le rôle impor-tant du segment antérieur du tendon du supra-épi-neux dans la genèse de la douleur chez les patientsprésentant une rupture transfixiante de la coiffe.Cela s’explique par le fait que ce segment anté-rieur sert d’interface entre le tendon du chef longdu biceps et le versant inférieur de l’acromion, cequi permet d’éviter la survenue d’une tendinopa-thie bicipitale douloureuse (par un conflit entrel’acromion et le tendon du chef long du biceps).

D’autres facteurs dans l’anamnèse du patientsont statistiquement significatifs : la notiond’antécédent traumatique (essentiellement s’il estrécent dans notre expérience) et la corrélationentre le côté dominant et le côté rompu sympto-matique (en raison des efforts plus importants ducôté dominant?).

La rupture du tendon infra-épineux et le clivageintra-tendineux sont également significatifs ;cependant, notre analyse statistique ne différen-cie pas les tendons rompus des tendons unique-

ment clivés. Cette donnée est donc difficilementinterprétable. L’analyse descriptive, quant à elle,serait plutôt en faveur du rôle non déterminant duclivage intra-tendineux dans la douleur (83 % desruptures asymptomatiques présentent un clivageversus 9,5 % chez les patients symptomatiques).De même, l’analyse statistique réalisée sur les sixpatients douloureux n’ayant ni tendinopathie dulong biceps ni épaississement de la bourse sous-acromio-deltoïdienne peut être critiquable comp-te tenu du faible nombre de ces patients.

On retrouve également dans cette étude unnombre important de ruptures asymptomatiques(plus d’un tiers) alors que l’analyse porte sur despatients se plaignant d’au moins une épaule.

CONCLUSION

La douleur au cours d’une rupture transfixiante dela coiffe des rotateurs est liée à des caractéristiquesanatomiques analysables en échographie. Les fac-teurs les plus significatifs sont la présence d’une ten-dinopathie du chef long du biceps et d’un épaissis-sement de la bourse sous-acromio-deltoïdienne. Lesautres caractéristiques anatomiques déterminant laprésence d’une douleur sont le plus souvent dérivésde ces deux facteurs. Le nombre important des rup-tures asymptomatiques limitées à la partie moyenneet postérieure du supra-épineux nous semble confir-mer l’importance de l’intégrité de la portion anté-rieure de ce tendon dont l’épaisseur protège le ten-don du chef long du biceps.

293

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Corrélations entre la sémiologie échographique et la douleur…

Bibliographie

[1] MILGROM C., SCHAFFLER M., GILBERT S., VAN HOLS-BEECK M. Rotator-cuff changes in asymptomatic adults. Theeffect of age, hand dominance and gender. J Bone Joint Surg1995: 77B: 296-8.

[2] TEMPELHOF S., RUPP S., SEIL R. Age-related prevalence ofrotator cuff tears in asymptomatic shoulders. J Shoulder ElbowSurg 1999: 8: 296-9.

[3] BRYANT L., SHNIER R., BRYANT C., MURRELL G.A. Acomparison of clinical estimation, ultrasonography, magneticresonance imaging and arthroscopy in determining the size ofthe rotator cuff tears. J Shoulder Elbow Surg 2002: 11: 219-24.

[4] KLUGER R., MAYRHOFER R., KRONER A. et al.Sonographic versus magnetic resonance arthrographic evalua-tion of full-thickness rotator cuff tears in millimeters. J ShoulderElbow Surg 2003: 12: 110-6.

[5] SWEN W.A., JACOBS J.W., ALGRA P.R. et al. Sonography andmagnetic resonance imaging equivalent for assessment of full-thickness rotator cuff tears. Arthritis Rheum 1999: 42: 2231-8.

[6] BRASSEUR J.L., LUCIDARME O., TARDIEU M. et al.Ultrasonographic rotator-cuff changes in veteran tennis players:the effect of hand dominance and comparison with clinical fin-dings. Eur Radiol. 2004: 14: 857-64.

Page 294: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 295: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

L’échographie devient l’examen de premièreintention dans l’exploration d’une coiffe douteu-se. Elle permet un débrouillage rapide et écono-mique permettant de diriger le patient vers untraitement médical ou vers le chirurgien. Les cli-vages intratendineux sont réputés inaccessiblesen échographie et sont pour certains, l’un dessérieux point faible de la technique.

Les nouvelles machines permettent unemeilleure visualisation des lésions tendineusesgrâce aux modes harmoniques [1]. Cette techno-logie nous a permis de découvrir une nouvellesémiologie et d’individualiser des lésions évoca-trices de clivages. Le but de cette étude est dedémontrer leur visibilité en confrontant les résul-tats de l’échographie aux examens opacifiés(arthroscanner, bursoscanner et arthro-IRM).

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Etude prospective comprenant 52 patientsayant tous bénéficié d’une étude échographiquedes tendons supra et infra-épineux pour suspi-cion de lésion de la coiffe des rotateurs.L’examen était réalisé en position Crass et Crassmodifié [2]. Tous les patients ont ensuite bénéfi-cié, dans un délai allant de 0 à 92 jours, d’unexamen en coupe avec opacification qui consti-tuait notre gold standard. Il s’agissait toujoursd’une opacification gléno-humérale suivie, enfonction des résultats de l’échographie, d’un

scanner, d’une IRM (séquences FSE pondéréesen T1 Fat sat dans les 3 plans et en frontal pon-déré en T2 fat sat) ou d’une opacification de labourse sous acromio-deltoïdienne (BSAD) avecbursoscanner (en cas de lésion superficielle).Les examens opacifiés étaient interprétés pardes seniors autres que celui qui réalisaitl’échographie. On considérait comme corréla-tion positive un clivage opacifié (18 cas) quelleque soit sa topographie (supra ou infra-épi-neux). L’échographie était réalisée par un seulopérateur avec une sonde large bande 7-15 MHZ(Aplio Toshiba), en mode pulse soustraction.Nous avons défini un clivage comme une finebande hypoéchogène, intratendineuse dansl’axe du tendon ayant comme point de départune fissure transfixiante ou partielle. Cettebande hypoéchogène devait être retrouvée dansles 2 plans (frontal et sagittal). Nous avons éga-lement estimé la présence d’une bande de ren-forcement hyperéchogène (fig. 1).

RÉSULTATS

Nous avons dépisté 18 clivages sur 52 examensopacifiés. Il s’agissait de clivages sur lésionstransfixiantes dans 12 cas (fig. 2) et sur lésionspartielles dans 6 cas. Sur les 18 clivages,l’échographie n’en avait décrit que 10 dont 5 surlésions partielles et 5 sur lésions transfixiantes.

Il existait donc 8 faux négatifs et parmi eux7 clivages sur lésions transfixiantes, et un surlésion partielle. Il s’agissait de :

295

ECHOGRAPHIE DES TENDONS DE LA COIFFEEN MODE “PULSE SUBSTRACTION” :

LES CLIVAGES SONT-ILS ENFIN VISIBLES ?

H. GUERINI, J.-L. DRAPÉ, M. FERMAND, E. PESSIS, D. GODEFROY, A. FEYDY, A. CHEVROT

Page 296: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ 4 patients obèses et peu échogènes (3 lésionstransfixiantes et une partielle).

❍ 2 ruptures transfixiantes avec importantesrétractions tendineuses.

❍ 2 ruptures transfixiantes chez des patientsdéjà opérés pour une lésion de la coiffe.

Nous avons retrouvé deux faux positifs dont1 cas de lésion non communicante impossible àopacifier. L’autre cas correspondait à une rupturetransfixiante pour laquelle la bourse sous-acro-

miale avait été confondue avec un clivage. Le ren-forcement hyperéchogène soulignant la bandehypoéchogène était présent dans 7 cas sur 10.

Au total, l’échographie a une sensibilité de 55 %et une spécificité de 94 % pour le dépistage desclivages. Sa valeur prédictive positive est estiméeà 83 %, sa valeur prédictive négative de 80 %.

DISCUSSION

Le mode pulse soustraction correspond à uneévolution du mode harmonique tissulaire. Lemode harmonique permet d’éliminer un grandnombre d’artéfact du mode fondamental aboutis-sant à une meilleure résolution en contraste etdonc une meilleure différenciation des inter-faces. A l’origine le mode harmonique n’était dis-ponible que sur les sondes abdominalesconvexes. Il existait trois obstacles à son utilisa-tion “en routine” pour l’exploration des partiesmolles. Le premier était la nécessité de concevoirdes sondes hautes fréquences “large bande” quia été résolu avec des sondes 7-15 Mhz, permet-tant de recevoir les échos au double de la fré-quence émise (fréquence dite harmonique). Ledeuxième était la faiblesse du signal harmoniquerésolu par le mode pulse soustraction. En émet-tant deux pulses en opposition de phase, il per-met d’éliminer la composante fondamentale pol-luante et de réceptionner le double du signaldans les fréquences harmoniques qui nes’annulent pas (fig. 3). Le troisième obstacle étaitla cadence image réduite par deux à cause del’émission de 2 pulses, mais l’informatique a per-mis de résoudre ce problème. Désormais, il estdonc possible de réaliser un examen en modeharmonique avec un signal et une cadence imagecomparable au mode fondamental.

Notre étude permet de décrire une nouvellesémiologie échographique des clivages. Elle per-met également d’attribuer à l’échographie uneexcellente spécificité et valeur prédictive positive

296

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : définitionUn clivage se définit comme une ligne hypoéchogène(flèche noire) en plein corps du tendon dont le point dedépart est une lésion tendineuse (étoile). Il est parfois sou-ligné par une bande de renforcement hyperéchogène(flèche blanche) et doit être visible dans les deux plans(frontal (fig. 1a) et sagittal (fig. 1b).

a

b

*

Page 297: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

297

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie des tendons de la coiffe en mode “pulse substraction”

Fig. 2 : Rupture transfixiante et clivageCoupe frontale d’arthroIRM pondérée en T1 fat sat (a) mon-trant une rupture transfixiante du supra-épineux (flèches).Les coupes axiales (b) et frontales (c) d’arthroscanner mon-trent le clivage étendu à l’infra-épineux (flèches). Lescoupes frontales d’échographie (d) correspondantes(flèches) montrent le clivage au sein du tendon supra-épi-neux (têtes de flèches) et la rupture évoluée (e).

a b

d

c

e

Page 298: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rendant fiable le diagnostic positif de clivage parcette technique. La sensibilité reste toutefoisinsuffisante, en particulier à cause des patientspeu échogènes (obèses, patients opérés des ten-dons de la coiffe) et des ruptures transfixiantesanciennes avec tendons rétractés. Nous avonspris le parti de dépister les clivages sans préjugerde l’opérabilité des patients. Il ne fait pas de douteque la sensibilité serait améliorée si l’on ne consi-dérait que les lésions de petites tailles (exemple :5 des 6 clivages sur lésions partielles ont été dépis-tés). Or le dépistage des clivages n’a d’intérêt quechez ces patients, les ruptures transfixiantes évo-luées ou les patients souffrant d’obésité n’étanthabituellement pas opérés. Ceci est confirmé par

l’étude de Daguet E. [3] qui retrou-ve une meilleure sensibilité (78 %)mais uniquement chez des patientsopérables (et opéré). L’échographienous a permis d’orienter le bilanarthrographique dans de nom-breux cas. Les lésions évoluées dela face superficielle des tendonsont bénéficié soit d’un arthro-bur-soscanner soit d’une arthro-IRMafin d’explorer les deux faces ten-dineuses. Nous avons ainsi décou-vert des clivages sur lésions pro-fondes (fig. 4) ou superficielles(fig. 5). Nous n’avons retrouvé que2 faux positifs dont un cas paraîtcorrespondre à une lésion ne com-municant ni avec la face profonde,ni avec la face superficielle expli-quant l’absence d’opacification(fig. 6). Nous avons considérél’opacification du clivage commegold standard ce qui est discutable,seules l’échographie et l’IRM enséquences pondérées en T2 per-mettent l’analyse de ces lésionspurement intratendineuses.

Nous avons utilisé une méthoded’exploration classique des ten-

dons supra et infra-épineux. Le bras était posi-tionné derrière le dos en position Crass et Crassmodifié [2, 4]. Certains auteurs préconisent uneadduction-rotation externe du bras pour ouvrirles berges des clivages [3]. Nous n’avons pasestimé l’étendue des clivages mais il semble quela corrélation soit convenable. Il n’y avait qu’unseul opérateur en échographie ce qui constitueun biais. Nous avons réalisé nos examens entiè-rement en mode harmonique ce qui ne nous per-met pas de les comparer au mode fondamental.Cependant, plusieurs exemples nous ontdémontré que le mode harmonique permettait ladétection de clivages à peine visibles en modefondamental.

298

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Pulse soustraction : PrincipeA) La composante fondamentale est éliminée grâce à une 2e émission d’un deuxiè-me pulse en opposition de phase.B) Réception du signal d’harmonique émis par les tissus qui n’est pas linéaire ets’additionne permettant ainsi un gain en intensité de signal et une meilleurepénétration.

A

B

Page 299: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

299

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie des tendons de la coiffe en mode “pulse substraction”

Fig. 4 : Lésion de la face profonde et clivageCoupe frontale d’arthro-IRM pondérée en T1 (a) et T2 fat sat (b) montrant une lésion de la face profonde du supra-épineux pro-longée par un clivage tendineux (flèches). Les coupes sagittale (c) et frontale d’échographie (d) montrent parfaitement la lésionrespectant la face superficielle ainsi que le clivage correspondant aux coupes d’Arthro-IRM.

a b

c d

Page 300: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

300

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 5 : Lésion de la face superficielle et clivageIRM en coupe frontale pondérées en T2 (a) montrantparfaitement une lésion de la face superficielle, quasi-transfixiante (flèche) du supra-épineux. L’échographie confirme le diagnostic et met en évidence un clivage (flèche) dans leplan frontal (b) et sagittal (c). Le bilan préopératoire est donc réalisé par arthro-bursoscanner. L’arthrographie confirme quela lésion n’est pas transfixiante et conduit à opacifier la bourse sous-acromiale (d) dans un second temps. Le scanner objec-tive la lésion superficielle (e) et le clivage (flèches) dans le plan frontal (f) et sagittal (g) correspondant à l’échographie.

a

d

b

c

e

f

g

Page 301: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

301

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie des tendons de la coiffe en mode “pulse substraction”

Fig. 6 : Lésion intra-tendineuse non communicante et clivageL’échographie (a) et l’IRM pondérées en T2 fat sat (b, c) en coupes frontale et sagittale objectivent une lésion tendineuse (*) avecun clivage (flèches). La lésion ne communique pas avec la face profonde du tendon en arthroscanner (d). Ce cas a été classédans les faux positifs car le burso-scanner réalisé après une infiltration de corticoïde dans la BSAD était également négatif. Lalésion tendineuse ne communique donc ni avec la face superficielle ni avec la face profonde du sus-épineux.

a

b

c d

Page 302: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

La visualisation des clivages est désormaispossible grâce aux sondes hautes fréquences etaux modes harmoniques (type pulse soustrac-tion) qui améliorent nettement la visibilité desinterfaces. Cette étude est l’une des premières àle démontrer. La sensibilité, toutes lésions

confondues, reste encore insuffisante pour sepasser des examens opacifiés en préopératoire.Toutefois, si l’on considère uniquement leslésions peu étendues et donc opérables,l’échographie semble performante. Il nous paraîtdonc important d’utiliser l’harmonique tissulairepour un examen de la coiffe, a fortiori en pré-sence d’une lésion tendineuse.

302

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] STROBEL K., ZANETTI M., NAGY L., HOLDER J. Suspectedrotator cuff lesions : tissue harmonic imaging vs conventionalUS of the shoulder. Radiology 2004 Jan.

[2] CRASS J.R., CRAIG E.V., FEINBERG S.B. The hyperexten-ded internal rotation view in rotator cuff ultrasonography. J ClinUltrasound 1987; 15: 416-420.

[3] DAGUET A., ZEITOUN-EISS D., DION E., BRASSEUR J.-L.Corrélation Echo-TDM des clivages de l’infra-épineux et de ladégénérescence des muscles de la coiffe. Actualités en échogra-phie de l’appareil locomoteur. Sauramps. Déc 2004.

[4] FERRI M., FINLAY K., POPOWICH T., STAMP G., SCHU-RINGA P., FRIEDMAN L. Sonography of full-thickness supras-pinatus tears: comparison of patient positioning technique withsurgical correlation. AJR Am J Roentgenol. 2005 Jan; 184(1):180-4.

Page 303: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

PATHOLOGIESCAPULO-HUMÉRALE

Page 304: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 305: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’épaule est constituée par plusieurs articula-tions qui permettent la mobilité très importantedu membre supérieur. L’articulation gléno-humé-rale prend en charge une grande partie de cettemobilité et est exposée à une pathologie médicaletrès riche au premier chef de laquelle on retrouvel’arthropathie dégénérative secondaire auxlésions des tendons péri-articulaires. Cette articu-lation est relativement fréquemment atteinte parles processus inflammatoires (en particulier dansle cadre de la polyarthrite rhumatoïde) et peutégalement être le siège de tous autres typesd’arthropathies au même titre que les autres arti-culations de l’organisme.

LES OMARTHROSES

L’omarthrose centrée [1]

Malgré la relative fréquence de lésions cartila-gineuses minimes visibles au niveau del’articulation gléno-humérale, l’arthropathiedégénérative primitive centrée de l’épaule estinhabituelle (4 % des localisations de l’arthrose) ;elle est le plus souvent secondaire à un traumatis-me ayant entraîné une instabilité chronique del’épaule ou secondaire à une fracture ancienne dela tête humérale. En dehors d’un contexte post-traumatique, une dysplasie épiphysaire ou uneostéonécrose de la tête humérale peuvent être res-ponsables de la survenue de cette arthrose.

Les ostéophytes le long des attaches capsu-laires de la tête humérale et de la ligne

d’attachement du labrum sur la glène représen-tent l’anomalie osseuse la plus fréquente (fig. 1).Ces ostéophytes proviennent des tractions cap-sulaires et prédominent à la partie antérieure etinférieure de l’articulation, le plus évident étant

305

IMAGERIE DES ARTHROPATHIESDE L’ARTICULATION GLÉNO-HUMÉRALE

C. CYTEVAL, J.-L. LEROUX, M.-P. SARRABÈRE, E. DECOUX, G. LARROQUE

Fig. 1 : Omarthrose centrée avec une ostéophytose exubéran-te en particulier à la partie inféro-médiale du col huméral.

Page 306: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

situé à la partie inféro-médiale de la tête humé-rale. Ils sont au mieux visibles sur une radiogra-phie de face, le bras en rotation externe et res-semblent à un collier hyperdense entourant colhuméral. D’autres proliférations osseuses sontvisibles autour de l’articulation : en particulierau niveau du tubercule majeur (secondaires auxaltérations de la coiffe des rotateurs même endehors d’une rupture), du tubercule mineurainsi que des berges de la gouttière bicipitale(secondaires à la tension du ligament huméraltransverse). Ces derniers peuvent entraîner unrétrécissement de la gouttière conduisant àune tendinopathie du long biceps voire à desruptures. Les ostéophytes peuvent être exubé-rants et rentrer dans le cadre d’une maladiehyperostosante.

La seconde anomalie accompagnantl’arthropathie est l’éburnation focale de la surfa-ce articulaire de la tête humérale qui succède à ladestruction progressive du cartilage (fig. 2). Cette

éburnation est visible sur les radios sous formede sclérose sous-chondrale ; elle ressemble par-fois à celle d’une ostéonécrose. L’amincissementdu cartilage articulaire prédomine à la portion dela tête humérale qui vient au contact de la fosseglénoïde quand le bras est en abduction entre 60et 100°. Sur une radio de face, en position neutre,cette zone est située dans la partie supéro-média-le de l’humérus, il n’est donc pas rare quel’éburnation secondaire de l’os sous-chondralsoit visible, en premier lieu, à la partie supérieu-re et au milieu de la tête de l’humérus. Desaspects similaires sont plus évidents à la partiecentrale de la fosse glénoïdienne de la scapula,région où le cartilage hyalin est plus fin et reçoitle maximum de stress pendant les mouvementsdu bras. Des fragments ostéo-chondraux intra-articulaires détachés ne sont pas rares.

L’omarthrose excentrée

Il existe une association significative entre lesépaules dégénératives et les lésions de la coiffedes rotateurs, 75 % des épaules avec un cartila-ge dégénératif présentent également une lésionde la coiffe des rotateurs sur les études autop-siques [2]. Dans une étude arthrographique,plus de 90 % des épaules avec une arthropathiedégénérative présentent une lésion de la coiffedes rotateurs [3]. Il est difficile de dire si une deces pathologies est secondaire à l’autre ou sielles représentent toutes les deux un phénomè-ne fréquent survenant avec l’âge. Peterson [2]analyse l’omarthrose excentrée comme secon-daire à la rupture de la coiffe des rotateurs quiprovoque une fuite du liquide synovial réduisantla pression intra-articulaire diminuant la perfu-sion du cartilage articulaire. Neer [4] décrit lamigration supérieure de la tête humérale secon-daire à la disparition de la coiffe qui entraîneune instabilité et augmente les contraintes dessurfaces articulaires.

306

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : IRM en densité de protons avec saturation de grais-se. Aspect totalement aspécifique d’une omarthrose asso-ciant une disparition du cartilage et des ostéophytes.

Page 307: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les lésions radiologiques visibles sont cellesd’une arthrose (décrites au paragraphe précé-dent) associées à une élévation de la tête huméra-le par rapport à la glène entraînant, de face, unerupture du cintre gléno-huméral inférieur et unediminution de l’espace compris entrel’articulation acromio-claviculaire et la partiesupérieure de la tête humérale (considéré commepathologique s’il est inférieur à 6 mm sur uneradiographie de l’épaule de face). Le conflit sous-acromial qui en résulte provoque des remanie-ments de l’os sous-chondral : érosions associées àde lésions kystiques sous-chondrales de la têtehumérale au contact avec l’acromion qui peut pré-senter un aspect inversé de la convexité normalede sa partie inférieure (fig. 3) [5].

LES ARTHRITES INFLAMMATOIRES

La polyarthrite rhumatoïde

La destruction progressive de la surface cartila-gineuse de la cavité glénoïde et de la tête humé-rale par le processus inflammatoire de la synovia-le, conduit à un pincement diffus de l’interlignearticulaire (fig. 4). Secondairement, une déforma-tion avec aplatissement des surfaces articulairespeut apparaître [6]. Le pincement articulaire peutêtre accompagné d’érosions marginales, delésions kystiques sous-chondrales, et d’une sclé-rose des surfaces en contact ; quant aux ostéo-phytes, rares dans la polyarthrite rhumatoïde, ilspeuvent être retrouvés au niveau de l’épaule.Même si les érosions osseuses peuvent se voir auniveau de la cavité glénoïde, elles sont prédomi-nantes autour de la tête humérale [7].Particulièrement caractéristiques sont les irrégu-larités corticales superficielles associées à deslésions érosives profondes et des kystes à la par-tie supéro-latérale de la tête humérale proche dutubercule majeur. Ces anomalies osseuses res-semblent aux encoches de Hill-Sachs, on lesretrouve dans d’autres processus inflammatoiresde la synoviale tels que la spondylarthrite ankylo-sante. Les érosions osseuses peuvent égalementse développer à la partie médiale du col chirurgi-cal de l’humérus par pression anormale du bordde la cavité glénoïde adjacente. L’extension desérosions conduit progressivement à l’atteinte del’ensemble du col, et peut entraîner desfractures du col huméral ou plus rarement, desluxations spontanées de l’articulation habituelle-ment accompagnée de l’élévation de l’humérus,secondaire à la rupture de la coiffe des rotateurs.

La dégénérescence de la coiffe des rotateurs ousa rupture sont fréquentes lors des polyar-thrites rhumatoïdes évoluant depuis longtemps,secondaires à l’inflammation synoviale à la surfa-ce inférieure du tendon supra-épineux proche deson insertion sur le tubercule majeur. L’arthro-

307

Imagerie des arthropathies de l’articulation gléno-humérale

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 3 : Omarthrose excentrée montrant la disparition totalede l’espace sous acromial et la déformation concave de lapartie inférieure de l’articulation acromio-claviculaire.

Page 308: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

scanner retrouve la communication anormaleentre la cavité articulaire et la bourse sous-acro-mio-deltoïdienne. Ces cavités articulaires présen-tent des défects correspondants à des petitesinclusions nodulaires, un aspect irrégulier de lacapsule et un drainage lymphatique rapide et pré-coce. Bien que ces anomalies radiologiques soientdifficiles à distinguer de celles associées aux rup-tures de la coiffe des rotateurs ou résultantesd’autres causes, l’association de la subluxationsupérieure de la tête humérale à un pincementdiffus de l’interligne articulaire de l’articulationgléno-huméral est très suggestive d’une patholo-gie synoviale inflammatoire (fig. 5). La polyarthri-te rhumatoïde peut conduire à l’apparition dekystes synoviaux dans les tissus mous avoisinants(fig. 6) [8].

308

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Polyarthrite rhumatoïde avec atteinte bilatérale des épaules. Les radiographies standards retrouvent le pincement desinterlignes sans ostéophytose et l’élévation des têtes humérales par rapport aux glènes, secondaires aux ruptures des coiffes.

Fig. 5 : Polyarthrite rhumatoïde ancienne ayant entraînéune fusion de l’articulation.

Page 309: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Il faut différencier de ces arthrites rentrant dansle cadre d’une polyarthrite rhumatoïde, les « pseu-do-polyarthrites rhizoméliques » que l’on retrou-ve chez des patients âgés présentant des arthral-gies inflammatoires des deux épaules dans uncontexte biologique d’inflammation et qui peu-vent être associées à la découverte d’une maladiede Horton. Dans ce dernier cas il n’existe pasd’arthropathie visible à la radiographie standard.

L’arthrite infectieuse

Il faut distinguer les arthrites bactériennes quisurviennent volontiers après un geste local etdont la symptomatologie est aiguë, des arthritestuberculeuses qui réalisent une arthropathiechronique [9].

Les premiers signes radiographiques del’arthrite bactérienne permettent de suspecter unépanchement, sous forme de modification desimages graisseuses péri-articulaires bien que lesradiographies puissent être normales au début del’infection. Puis surviennent après la premièresemaine, une déminéralisation régionale suivied’un pincement articulaire diffus plus ou moinsrapide accompagné d’érosions non cerclées(fig. 7). Au stade d’épanchement, la confirmationest facile en échographie qui permet, de plus, deguider la ponction diagnostique.

Les arthropathies tuberculeuses doivent êtreévoquées de principe devant une érosion épiphy-saire mal limitée siégeant à la partie supérieure dela tête humérale à l’endroit où la synoviale seréfléchit. Il s’y associe une déminéralisationosseuse et un pincement articulaire modéré.

309

Imagerie des arthropathies de l’articulation gléno-humérale

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 6 : IRM en densité de protons avec saturation de graisse d’une épaule rhumatoïde. a) Pincement de l’interligne articulaire ;b) Rupture de la coiffe des rotateurs et volumineux kyste articulaire développé dans les parties molles.

a b

Page 310: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LES AUTRES ARTHROPATHIES

L’épaule sénile hémorragique

Elle se rapproche de l’arthropathie hémophi-lique car elle est secondaire à des hémarthrosessuccessives répétées qui détruisent progressive-ment l’articulation. Cette arthropathie secondairequi peut progresser très rapidement, est observéechez les personnes très âgées (spécialement lesfemmes) ayant une rupture importante de la coif-fe des rotateurs [10]. La radiographie retrouveune désorganisation totale de l’articulation qui estdéformée avec un pincement majeur associé àune destruction osseuse et une sclérose sous-chondrale. On retrouve des débris osseux intra-articulaires. Les ostéophytes et les lésions géo-diques sont relativement peu fréquentes.

L’association à la rupture de la coiffe des rotateursentraîne une élévation de la tête humérale. Leplus souvent on retrouve un épanchement articu-laire abondant souvent sanglant [11].

L’arthropathie secondaire à des dépôts de cristal d’hydroxy-apatite de calcium : l’épaule de Milwaukee

Pour Mac Carty [12] le processus pathologiqueexpliquant la relation entre aspect dégénératif dela coiffe et de l’articulation est l’accumulationanormale d’hydroxy-apatite qui se développedans le tissu synovial de la capsule et dans le car-tilage dégénératif entraînant des relargages decollagénases et de protéases neutres qui attaquentles tissus péri-articulaires y compris la coiffe derotateurs. L’arthropathie dégénérative évidente,appelée « l’épaule de Milwaukee », ressemble àune arthropathie rhumatoïde ou à une arthropa-thie neurologique.

L’arthropathie secondaire à des dépôts de pyrophosphates de calcium(chondrocalcinose)

Les calcifications articulaires et péri-articulairesde pyrophosphates de calcium sont fines,linéaires ou curvilignes et peuvent être localiséesdans le cartilage (chondrocalcinose), la synoviale,la capsule, les tendons, les bourses, les ligaments,les parties molles et les vaisseaux. Les dépôts car-tilagineux sont volontiers parallèles à l’os sous-chondral dont ils restent séparés. Les calcifica-tions des tendons des bourses et des ligamentssont parfois très à distance des corticalesosseuses. Les dépôts synoviaux, quant à eux, sontvolontiers nuageux, apparaissant à la périphériede l’articulation et peuvent simuler une ostéo-chondromatose. Des fragments de cartilage plusou moins calcifiés, de synoviale calcifiée peuventêtre détachés au sein de l’articulation [13].

310

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Arthrite septique après 1 mois d’évolution. La radio-graphie montre la destruction majeure de la tête huméraleavec une volumineuse encoche corticale à la zone deréflexion supérieure de la synoviale.

Page 311: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’arthropathie peut apparaître en l’absence decalcifications visibles au voisinage ou à distance.Ces lésions sont assez similaires à celles d’unearticulation dégénérative associant pincementarticulaire, sclérose osseuse et géodes sous-chon-drales bien limitées (fig. 8). Certains élémentsdoivent faire évoquer cette étiologie : l’atteintevolontiers bilatérale d’une articulation non por-tante d’évolution très rapide ainsi que l’aspect desgéodes, nombreuses et qui peuvent atteindre destailles considérables. Elles sont typiquementsous-chondrales, groupées et entourées par desbords sclérotiques et peuvent entraîner des frac-tures. L’ensemble entraîne un collapsus osseuxsous-chondral rapide avec fragmentation et appa-rition de petits corps étrangers intra-articulaires.Ces signes, qui ressemblent à ceux des ostéo-arthropathies neuropathiques, peuvent être com-binés avec de larges éburnations osseuses, unedésorganisation de l’articulation en dehors detout déficit neurologique. La formationd’ostéophytes est variable : ils peuvent être larges,irréguliers ou absents.

L’ostéochondromatose synoviale

L’ostéochondromatose peut être secondaire àune arthrose, ou primitive correspondant à unemétaplasie de la synoviale articulaire ou de labourse sous-acromio-deltoïdienne. Cette derniè-re, d’origine inconnue est caractérisée par laproduction anormale de tissu cartilagineux pardes cellules du tissu conjonctif sous-synovial.Les nodules cartilagineux ainsi créés devien-nent sessiles, puis pédiculés puis, se libérantdans l’articulation, corps étrangers. Elle estpresque toujours unilatérale. On observe dans2/3 des cas, des calcifications irrégulières seprojetant dans l’aire de l’articulation et autourdu tendon du long biceps. Dans 35 % des cas, leschondromes sont trop peu calcifiés pour êtrevisibles spontanément. L’épanchement articulai-re est constant. Il existe souvent un élargisse-ment paradoxal de l’interligne. L’arthro-TDMmontre alors l’existence de lacunes intra-articu-laires, régulières. L’IRM est de moindre intérêt :les chondromes sont hypo-intenses en T1 ethyper-intenses en T2, comme le liquide danslequel ils baignent. L’injection de gadolinium, enrehaussant la synoviale, peut aider à identifierles chondromes.

Les arthropathies nerveuses

Elles sont dominées par la syringomyélie. Lecontexte clinique est très évocateur devant unearthropathie indolore chez un sujet jeune qui pré-sente à l’examen clinique une dissociation ther-mo-algésique. L’arthrose est « caricaturale » asso-ciant une ostéolyse de la tête humérale et des ossi-fications des parties molles.

Dans le cadre d’un traumatisme crânien oud’une tétraplégie, une para-ostéo-arthropathiepeut se développer, avec apparition d’ossificationspara-articulaires.

311

Imagerie des arthropathies de l’articulation gléno-humérale

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 8 : Chondrocalcinose. géodes, nombreuses, sous-chon-drales, groupées et entourées par des bords sclérotiques.

Page 312: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’arthropathie amyloïde et du dialysé

L’épaule est un site privilégié de l’arthropathiedu dialysé, elle est le plus souvent associée à desdépôts d’amylose. Elle est en règle générale bila-térale et peut être exacerbée lors des séancesd’hémodialyse. Il existe un épaississement de lacoiffe des rotateurs responsable d’un conflit anté-ro-supérieur. L’amylose entraîne progressivementde volumineuses encoches aux zones de réflexionsynoviales ou d’insertions capsulaires ou liga-mentaires (fig. 9). Ces encoches sont rencontréeschez 50 à 60 % des patients traités par hémodia-lyse depuis plus de 10 ans. Elles débutent engénéral au col anatomique puis s’étendent à latête humérale et au tubercule majeur, la glène estégalement assez fréquemment touchée.

L’arthropathie hémophilique

L’hémophilie correspond au déficit d’un facteurde la coagulation. Quel que soit ce déficit, lesmanifestations cliniques et radiologiques sont

identiques, caractérisées par des saignementsprolongés et répétés et par leurs conséquencessur les os, les articulations et les muscles.

L’hémarthrose se manifeste par une augmenta-tion de la densité des parties molles liée à la fois àl’œdème de la capsule et à la distension synovialepar l’hémarthrose. On retrouve un aspect refoulédes fascias graisseux péri-synoviaux en particu-lier au niveau du coude, de la cheville et du genou.Chez l’enfant, l’hémarthrose peut également êtrevisualisée sous forme d’un élargissement del’interligne articulaire par rapport au côté sain.

La répétition de poussées d’hémarthrose entraî-ne un gonflement persistant de l’articulation parépaississement des bourrelets synoviaux qui sontdessinés par la graisse sous-capsulaire. Leur sur-charge en hémosidérine accroît leur densité cequi peut simuler des calcifications. Survientensuite progressivement un pincement del’interligne articulaire. Les irrégularités corticalesse situent d’abord dans les zones de réflexionsynoviales en regard du panus. La corticale sous-chondrale devient ensuite progressivement irré-

312

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 9 : Amylose chez un patient dialysé depuis 12 ans. a) La radiographie standard montre les très volumineuses géodes auxzones de réflexion de la synoviale ; b) l’IRM montre l’absence d’hypersignal important du contenu des géodes qui correspond àun dépôt amiloïde amorphe.

a b

Page 313: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

gulière avec des brèches en regard de géodesintra-osseuses sous-chondrales. Les épiphysessont élargies et hypertrophiées par augmentationde la vascularisation locale due à l’hyperémiesynoviale. Leur transparence est accrue avec unspongieux à larges mailles d’orientation horizon-tale. Les corticales diaphysaires sont amincies,des stries d’arrêt de croissance (ligne de Harris)sont toujours présentes dans les métaphyses, ellesrésultent du stress sévère entraîné par les épi-sodes d’hémarthrose. A la phase tardive, il existeune ostéophytose marginale inférieure de la glèneet de la tête humérale ainsi qu’un aspect déformé

de la tête humérale hypertrophique puis atro-phique aplatie. Des lésions kystiques peuvent sevoir de part et d’autre du cartilage [14].

CONCLUSION

Les arthropathies de l’épaule peuvent être decauses très variables et le contexte clinique et bio-logique est indispensable au diagnostic. La radio-graphie standard reste l’examen d’imagerie leplus important et il est parfois le seul nécessairepour confirmer une étiologie.

313

Imagerie des arthropathies de l’articulation gléno-humérale

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] KERR R., RESNICK D., PINEDA C., HAGHIGHI P.Osteoarthritis of the glenohumeral joint : a radiologic-pathologicstudy. AJR Am J Roentgenol. 1985 May ; 144(5):967-72

[2] PETERSSON C.J. Degeneration of the gleno-humeral joint.An anatomical study. Acta Orthop Scand. 1983 Apr ; 54(2):277-83

[3] KERNWEIN G.A. Roentgenographic diagnosis of shoulderdysfunction. JAMA. 1965 Dec 6 ; 194(10):1081-5

[4] NEER C.S. 2ND, CRAIG E.V., FUKUDA H. Cuff-tear arthro-pathy. J Bone Joint Surg Am. 1983 Dec ; 65(9):1232-44

[5] JENSEN K.L., WILLIAMS G.R. Jr, RUSSELL I.J.,ROCKWOOD C.A. Jr. Rotator cuff tear arthropathy. J Bone JointSurg Am. 1999 Sep ; 81(9):1312-24. Review

[6] DIJKSTRA J., DIJKSTRA P.F., vd KLUNDERT W.Rheumatoid arthritis of the shoulder. Description and standardradiographs. Rofo. 1985 Feb ; 142(2):179-85

[7] BABINI J.C., GUSIS S.E., BABINI S.M., COCCO J.A.Superolateral erosions of the humeral head in chronic inflam-matory arthropathies. Skeletal Radiol. 1992 ; 21(8):515-7

[8] CUENDE E., VESGA J.C., BARRENENGOA E., GALDOS G.,GOMEZ M., MERINO A. Synovial cyst as differential diagnosisof supraclavicular mass in rheumatoid arthritis. J Rheumatol.1996 Aug ; 23(8):1432-4.

[9] GARCIA J. Imagerie des infections de l’appareil locomoteur.J Radiol, 1990, 71 : 641-655

[10] LEQUESNE M., FALLUT M., COULOMB R., MAGNET J.-L.,STRAUSS J. Rapid destructive arthropathy of the shoulder. RevRhum Mal Osteoartic. 1982 May ; 49(6):427-37

[11] MASSIAS P., SALLIERE D., CLERC D., LANGUILLE D.Rapid destructive arthropathy of the shoulder. Clinical, radio-graphic and anatomopathological data. Rev Rhum MalOsteoartic. 1982 Jun ; 49(7):547-8

[12] McCARTY D.J., HALVERSON P.B., CARRERA G.F.,BREWER B.J., KOZIN F. « Milwaukee shoulder » association ofmicrospheroids containing hydroxyapatite crystals, active colla-genase, and neutral protease with rotator cuff defects. ArthritisRheum. 1981 Mar ; 24(3):464-73

[13] RESNICK D., NIWAYAMA G., GOERGEN T.G., UTSINGERP.D., SHAPIRO R.F., HASELWOOD D.H., WIESNER K.B.Clinical, radiographic and pathologic abnormalities in calciumpyrophosphate dihydrate deposition disease (CPPD) : pseudo-gout. Radiology. 1977 Jan ; 122(1):1-15

[14] KERR R. Imaging of musculoskeletal complications ofhemophilia. Semin Musculoskelet Radiol. 2003 Jun ; 7(2):127-36

[15] RAILHAC J.-J., RICHARDI G., FOURCADE D., SANS N.,ASSOUN J. Pathologie médicale de l’épaule Imagerie ostéo-arti-culaire. Laredo J.D., Morvan G., Wybier M. 1998 Flammarion.959-962

Page 314: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 315: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’examen de la coiffe des rotateurs de l’épaule estune des indications les plus fréquentes del’échographie musculo-squelettique. Avec un maté-riel approprié entre des mains expérimentées,l’échographie a une sensibilité et une spécificité de90 à 95 % dans le diagnostic des ruptures tendi-neuses partielles et transfixiantes [1, 2]. L’IRM, lescanner et l’arthroscanner sont les méthodesd’imagerie de référence pour l’exploration de lamajorité des lésions non tendineuses en raison deleur caractère multiplanaire, leur excellent contras-te et leur sensibilité particulière dans l’étude desstructures osseuses et intra-articulaires (cartilage etlabrum). Toutefois, l’échographie présente un inté-rêt certain dans le diagnostic des pathologies arti-culaires traumatiques, inflammatoires, dégénéra-tives et infectieuses ainsi que dans les pathologiespara-articulaires de l’épaule. Les lésions du tendondu biceps, les compressions nerveuses et les syn-dromes de masse sont également accessibles àl’examen. Le caractère dynamique de l’échographieet la possibilité d’examiner le patient dans diffé-rentes positions sont un avantage bien connu del’échographie. L’objet de cet article est de présenterune vue d’ensemble des principales pathologiesnon tendineuses accessibles à l’échographie.

TRAUMATISMES ARTICULAIRES

Le diagnostic positif de luxation gléno-huméra-le (GH) repose sur les clichés radiographiquesconventionnels appropriés. L’évaluation préopéra-toire du labrum et des ligaments gléno-humérauxest obtenue par l’arthroscanner ou l’arthro-IRM.

Néanmoins, l’échographie peut évoquer une luxa-tion postérieure de l’articulation GH ayant étéméconnue sur un examen radiographique stan-dard non satisfaisant techniquement [3]. Lescoupes échographiques axiales antérieures oupostérieures réalisées sur un patient confortable-ment installé, évoquent la luxation postérieure dela tête humérale, indépendamment de la positiondu bras, devant une modification de la distanceentre le rebord de la glène et la corticale anté-rieure ou postérieure de la tête humérale. Une foisle diagnostic posé, un scanner est habituellementréalisé pour rechercher la présence d’une fractu-re de la tête humérale ou de la glène.

En raison des structures osseuses environ-nantes, l’échographie a une sensibilité variabledans la visibilité des différentes portions dulabrum glénoïdien. Celui-ci apparaît sous la formed’un triangle hyperéchogène homogène couvrantle pourtour de la glène [4]. Une technique écho-graphique précise a été décrite pour le labrumantérieur [5]. Le labrum postérieur peut être faci-lement examiné sur des coupes postérieures à lahauteur du tendon infra-épineux. Le labrum supé-rieur est très difficile à examiner.

Chez les patients jeunes victimes d’une luxationaiguë ou récidivante, la littérature indique unesensibilité de 88 à 95 % et une spécificité de 67 à100 % dans le diagnostic échographique de ruptu-re du labrum sur les signes suivants : zone hypo-échogène de plus de 2 mm à la base du labrum,aspect tronqué ou absence de labrum, mobilitéanormale du labrum sur les coupes dynamiques[5]. Les fractures-impactions de Hill-Sachs et

315

ECHOGRAPHIE DE L’ÉPAULE PATHOLOGIQUE(À L’EXCLUSION DE LA COIFFE DES ROTATEURS)

S. BIANCHI, C. MARTINOLI, M. COHEN

Page 316: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

McLaughlin peuvent être associées à une luxationaiguë de l’articulation gléno-humérale et sont dia-gnostiquées en échographie avec une sensibilitéde 91 à 100 % et une spécificité de 89 à 100 % [6-8]. Les coupes échographiques analysent la tailleet l’aspect de la fracture. Il est important de ne pasconfondre une fracture de Hill-Sachs avec les irré-gularités corticales (plus petites et superficielles)secondaires à une tendinopathie de la coiffe ouavec la dépression normale représentée par le colanatomique [2]. Dans la fracture de McLaughlinsecondaire à une luxation postérieure, il existe undéfect osseux sur la surface antérolatérale de latête humérale à la face profonde du tendon dusubscapulaire. Les avulsions du tubercule majeurou mineur peuvent être présentes dans les trau-matismes et les instabilités de l’épaule. Elles sontdétectables par l’échographie (fig. 1) [9]. Bien quel’aspect échographique soit très suggestif, nouspensons que l’examen de référence est la radio-graphie avec repérage de ces lésions sous scopie,permettant de réaliser les clichés radiographiquesdans la position du bras la plus appropriée.

L’instabilité post-traumatique de l’articulationacromio-claviculaire (AC) peut être responsablede douleurs pouvant mimer une rupture tendi-neuse. L’échographie montre le plus souvent ungonflement de la capsule supérieure induit par un

hématome ou par un épanchement intra-articulai-re. Une surélévation de l’extrémité latérale de laclavicule est parfois présente. Quelques travauxont tenté de quantifier l’instabilité aiguë et chro-nique en échographie et de la corréler à l’échelleradiographique de Tossy [10, 11].

PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES,DÉGÉNÉRATIVES ET INFECTIEUSES(articulation et bourses synoviales)

L’échographie est utilisée en pratique courantedans les pathologies synoviales de l’épaule. Unebonne connaissance anatomique de l’articulationet des récessus synoviaux ainsi qu’une techniqueéchographique appropriée sont un pré requispour que l’examen soit contributif.

A l’état normal, l’espace articulaire est virtuel,donc non visible en échographie. La présenced’un épanchement peut être détectée au niveaudes récessus axillaire, antérieur et postérieurainsi qu’au niveau de la gaine synoviale du tendondu long biceps (fig. 2). En pratique courante, lerécessus bicipital est le plus facile à étudier : leliquide entoure le tendon du long biceps (TLB)hyperéchogène. L’échogénicité d’un épanchementvarie selon sa nature.

316

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Fracture avulsion du tubercule majeur. Coupe longitudinale (a) et transverse (b) à 12-5 MHz chez un patient ayant euune luxation GH. Solution de continuité de la tête humérale (têtes de flèche) non visible sur les radiographies standards etconfirmée par le scanner. SS = tendon supra-épineux, GT = tubercule majeur.

Page 317: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’échographie bénéficie d’un intérêt croissantdans l’évaluation des pathologies inflammatoiressynoviales. La polyarthrite rhumatoïde est le rhu-matisme inflammatoire le plus fréquent del’épaule. Elle peut atteindre l’articulation GH,l’articulation AC et les bourses synoviales péri-arti-culaires. L’échographie est en mesure de dépisterprécocement les synovites et parfois de différen-cier une hypertrophie synoviale d’un épanchement[12, 13]. Dans la polyarthrite rhumatoïde, la bursi-te sous-acromio-deltoïdienne est présente dansplus de 69 % des cas. L’atteinte de l’articulation GHexiste dans 58 % des cas et la ténosynovite du TLBdans 57 % des cas [14]. La distinction entre unépanchement liquidien et une hypertrophie syno-viale peut être difficile car la compression exercéepar la sonde n’entraîne pas toujours une mobilisa-tion du liquide compte tenu de l’hyperpressionintra-articulaire. D’autre part, les épanchementspeuvent apparaître échogènes par la présence dematériel interne solide. Le doppler couleur peutmontrer une hyperhémie du pannus en faveurd’une inflammation aiguë [12] alors qu’une syno-viale fibreuse apparaît moins vascularisée.

L’intérêt des produits de contraste échogra-phiques dans l’exploration de la polyarthrite rhu-matoïde de l’épaule en pratique courante n’est pasencore établi. Les érosions articulaires margi-nales apparaissent comme un défect corticalcontenant un pannus hypoéchogène (fig. 3) [13].L’aspect inhomogène et l’amincissement du carti-lage articulaire sont plus difficiles à mettre en évi-dence. En guidant avec précision une biopsie ouune injection de corticostéroïdes, l’échographieaméliore ces procédures interventionnelles endiminuant la douleur et en réduisant le risqued’injection dans une structure inappropriée.L’atteinte de la cavité articulaire et des structurespéri-articulaires dans la pseudopolyarthrite rhizo-mélique a été constatée en échographie [15-17].

L’arthrose de l’articulation GH peut être primiti-ve ou secondaire à une rupture ancienne étenduede la coiffe des rotateurs. Dans le second cas,l’échographie montre des anomalies osseuses enrelation avec le conflit sous-acromial (excrois-sances, ostéophytes) et un épanchement articulai-re. La subluxation humérale supérieure et l’aspect

317

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Fig. 2 : Epanchement intra-articulaire détecté dans le récessus bicipital. Coupe longitudinale (a) transverse (b) à 12-5 MHz auniveau du récessus bicipital montrant un TLB normal et régulier (têtes de flèche blanches), entouré par une collection liqui-dienne anéchogène de liquide synovial (astérisque).

Page 318: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

arrondi du tubercule majeur peuvent être obser-vés sur des coupes coronales. Le cartilage humé-ral apparaît aminci et irrégulier particulièrementau niveau du versant postérieur de la tête. La fric-tion chronique de la tête humérale sur le versantinférieur de l’articulation AC conduit à une ruptu-re du plan capsulo-ligamentaire inférieur AC met-tant en communication l’articulation GH etl’articulation AC et autorisant le passage de liqui-de synovial vers l’articulation AC. L’augmentationde pression dans l’articulation AC entraîne sou-vent la survenue d’un kyste arthro-synovial dansles tissus mous au versant supérieur de l’épaule

décrit comme le signe du “geyser”. Il peut êtreconsidéré comme pathognomonique d’une ruptu-re étendue et ancienne de la coiffe des rotateurs.Les kystes acromio-claviculaires sont générale-ment transsonores, mais ils peuvent présenterune échostructure mixte due à la présence de cloi-sons et de parois épaissies. Dans ce cas, ils peu-vent mimer une tuméfaction solide. Une autreapplication de l’échographie dans l’arthrose del’épaule est la recherche de corps étrangers intra-articulaires qui se présentent le plus souvent sousla forme d’images hyperéchogènes avec ombreacoustique postérieure. Parfois, une fine couche

318

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Polyarthrite rhumatoïde. (a) coupe transverse et (b) sagittale à 12-5 MHz réalisée à la face postérieure de l’épaule révé-lant une masse hypoéchogène dans les tissus mous : pannus synovial dans le récessus GH postérieur (astérisque). Noter ledéfect de la corticale postérieure de la tête humérale correspondant à une érosion (têtes de flèche). IF = tendon infra-épineux,PR = tendon petit rond. (c) coupe sagittale et (d) transverse sur le versant antérieur montrant d’autres érosions (têtes de flèche)et le pannus comblant le récessus axillaire (astérisque). Ssc = tendon subscapulaire, G = glène, H = humérus.

Page 319: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

de cartilage hypoéchogène peut recouvrir la corti-cale échogène de ces corps étrangers [18]. Lessites privilégiés pour rechercher ces fragmentssont le récessus axillaire et la gaine du TLB.

Chez les patients atteints de chondrocalcinose,l’échographie visualise les dépôts de pyrophos-phate de calcium au sein du cartilage huméralsous la forme de liserés hyperéchogènes irrégu-liers (fig. 4) parallèles à la convexité de la têtehumérale [19].

Les arthrites septiques de l’épaule sont le plussouvent secondaires à une procédured’arthrocenthèse contaminante. La sémiologieéchographique est généralement insuffisantepour différencier un épanchement septique d’unépanchement stérile [20]. Le diagnostic définitifrepose sur l’analyse bactériologique del’épanchement dont le prélèvement peut êtreguidé par échographie (aiguille de 16 à 18gauges). Dans les arthrites septiques AC,l’échographie objective un bombement supé-rieur de la capsule articulaire, un élargissementde l’interligne avec érosions des berges et laprésence d’éléments échogènes se déplaçantlibrement dans la cavité articulaire [21].

La bourse sous-acromio-deltoïdienne (BSAD)est localisée à la surface des tendons de la coiffequ’elle recouvre largement [22]. Elle apparaît enéchographie comme une structure de 2 mmd’épaisseur, composée d’un film liquidien centralhypoéchogène compris entre deux coucheshyperéchogènes de graisse péri-bursale [23].

Un épanchement de la bourse tend às’accumuler dans sa partie déclive donnant unaspect caractéristique en “larme” [23]. Les épan-chements minimes peuvent être méconnus si laBSAD n’est pas explorée en début et en find’examen car les différents mouvements du brasnécessaires à l’exploration des tendons entraînentune mobilisation de ces petites collections (fig. 5).Quand l’épanchement est plus abondant, il occu-pe la lumière de la BSAD en avant de la gouttièredu TLB. Il doit alors être différencié d’un épan-chement articulaire qui est situé quant à lui, àl’intérieur de la gaine du TLB. Il n’est pas toujoursaisé de différencier une bursite septique d’unearthrite septique. La bursite septique peut appa-raître sous la forme d’une collection liquidienne, àparoi épaissie et à contenu hétérogène dû à la pré-sence de cloisons et de débris [22, 24]. Lors duprélèvement bactériologique d’une bursite sep-

319

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Fig. 4 : Chondrocalcinose. (a) coupe échographique coronale et (b) radiographie de face de l’épaule d’un patient atteint d’unechondrocalcinose. Le versant superficiel du cartilage de la tête humérale (TH) présente un liseré hyperéchogène (flèches vides)dont la courbure est parallèle à la convexité de la corticale osseuse. SS : supra-épineux.

Page 320: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tique isolée (sans atteinte articulaire GH), la pro-cédure échoguidée permet d’éviter une contami-nation involontaire de l’articulation GH en contrô-lant l’extrémité de l’aiguille afin qu’elle ne fran-chisse pas la paroi postérieure de la BSAD.

PATHOLOGIE DU TENDONDU LONG BICEPS

En raison de son trajet curviligne et de sa réflexionautour de la tête humérale, le TLB est enclin à undéplacement médial. Le tendon est maintenu dans

son trajet anatomique par des éléments osseux (pro-fondeur de la gouttière bicipitale) et le ligamenthuméral transverse (LHT) en distalité. Le ligamentcoraco-huméral (LCH) et le ligament GH supérieurmaintiennent le TLB en proximalité.

Le TLB entre dans l’articulation GH parl’intervalle des rotateurs entre le tendon subsca-pulaire et le tendon supra-épineux. Dansl’intervalle chemine également le LCH qui passeau-dessus du TLB et bifurque latéralement pourfusionner avec les tendons adjacents et la capsulesous-jacente. Le faisceau antérieur du LCH s’unit

320

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 5 : Hypertrophie synoviale et épanchement dans la BSAD. (a) Coupe sagittale à 12-5 MHz sur le ligament acromio-coracoï-dien (têtes de flèche blanches) révélant un épanchement de la bourse (têtes de flèche vides) recouvrant le tendon supra-épineux(SS). Acr = acromion, Cor = processus coracoïde. (b) à un niveau plus latéral, la BSAD (têtes de flèche vides) contient une syno-viale épaissie et recouvre le versant supérieur du tendon supraspinatus (SS). TB = tendon du long biceps. (c) coupe coronaleoblique sur le tendon supraspinatus (SS) et (d) coupe transverse sur la gouttière bicipitale, montrant la BSAD (têtes de flèchevides). Sur (d) noter que le récessus bicipital contient un minime épanchement GT = tubercule majeur, PT = tubercule mineur.

Page 321: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

au ligament GH supérieur pour former une solide“poulie de réflexion” qui s’insère sur le tuberculemineur et s’oppose au déplacement médial duTLB avant son entrée dans la gouttière bicipitale[25, 27].

Pour optimiser l’examen de l’intervalle des rota-teurs, le patient doit être examiné avec le bras enrétropulsion, coude fléchi, la face palmaire de lamain posée sur le versant supérieur de l’aileiliaque. Cette position permet un étirement destendons au-dessus de la tête humérale et uneouverture de l’intervalle des rotateurs. Les coupessagittales obliques sont les plus appropriées pourvoir l’intervalle des rotateurs car elles visualisentla limite antéro-inférieure (bord supérieur du ten-don subscapulaire) et la limite postéro-supérieure(bord antérieur du tendon supra-épineux) del’intervalle. La partie proximale du TLB a uneforme en croissant et repose sur le cartilagehuméral. Le LCH apparaît comme une bandeépaisse, homogène et échogène recouvrant leTLB. Il mesure 2 à 3 mm d’épaisseur et peut êtredifférencié du TLB par sa moindre sensibilité àl’anisotropie. Le TLB est également plus fibrillai-re. La différenciation entre le LCH et le ligamentGH supérieur n’est pas actuellement possible enéchographie bien que dans cet ensemble ligamen-taire, le ligament GH supérieur dans sa partielatérale soit en rapport avec le versant profond duTLB. A l’état normal il n’existe aucun épanche-ment dans l’intervalle des rotateurs. Quand leLCH est rompu, le TLB peut être cerné de liquideet surélevé par rapport au cartilage huméral.Dans ce cas, les modifications dynamiques obte-nues par la rotation intermittente du bras peuventmontrer une mobilité accrue du TLB dans le plansagittal oblique. Les micro-traumatismes chro-niques peuvent entraîner une tendinopathie dégé-nérative pouvant évoluer vers une fissuration.Celle-ci peut siéger au versant inférieur du TLB etpeut évoluer vers une rupture partielle ou totaleparfois associée à une rupture partielle du bordsupérieur du tendon subscapulaire [28]. Au fur et

à mesure que l’examen progresse en direction del’insertion du TLB, la visibilité de l’intervalle desrotateurs et de son contenu devient plus aléatoirece qui représente une limite importante del’examen échographique à ce niveau. Par ailleurs,la limite profonde de l’intervalle représentée parle plan capsulaire n’est actuellement pas identi-fiable et aucune étude n’a, à notre connaissance,évalué l’échographie dans la rupture traumatiquede l’intervalle.

Le ligament huméral transverse (LHT) estformé par les fibres les plus superficielles du ten-don subscapulaire qui passent en pont sur letubercule mineur et le tubercule majeur, transfor-mant la gouttière bicipitale en un tunnel ostéofi-breux. Le LHT ne semble pas mécaniquementfondamental puisque sa section chirurgicalen’entraîne pas d’instabilité du TLB excepté en casde rupture du LCH [27, 28]. En échographie, LeLHT est une fine bande échogène facilementvisualisée sur des coupes axiales, passant par letubercule majeur et le tubercule mineur. En raisonde son inflexion précédant son entrée dans lagouttière bicipitale, le TLB se place contre la paroimédiale de la gouttière et présente un aspect ova-laire. La position exacte et la forme du tendon à ceniveau sont deux critères de stricte normalité. LeTLB est dit subluxé quand il est situé en avant dela crête latérale du tubercule mineur (bergemédiale de la gouttière), et luxé lorsqu’il se situehors de la gouttière (fig. 6 et 7) [29, 30].

Le TLB se subluxe ou se luxe le plus souvent àla faveur d’une rupture du tendon subscapulaireet du LCH. Dans ce cas, la rupture du tendon sub-scapulaire autorise le déplacement du TLB enavant du tubercule mineur dans la cavité articu-laire GH. Le TLB se situe alors dans une positionplus ou moins médiale. Il convient de ne pas sys-tématiquement envisager une luxation du TLB enprésence d’une gouttière bicipitale vide sansavoir éliminé une rupture de ce tendon. En cas derupture du TLB, l’examen le localise à la jonctionmyotendineuse dans la loge brachiale antérieure.

321

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Page 322: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Si la gouttière est vide et la jonction myotendineu-se normale mais entourée d’un épanchement hypo-échogène, le TLB n’est pas rompu et la sonde est ànouveau dirigée proximalement en essayant desuivre le trajet du tendon luxé. Il existe deuxsources possibles d’erreur dans ce diagnostic.D’une part, le tendon luxé peut être difficile àretrouver s’il est déplacé profondément et médiale-ment dans l’articulation. D’autre part, des élémentsfibreux échogènes peuvent mimer la présence d’untendon dans la gouttière [30]. Une technique cor-recte permet de vérifier dans ce dernier casl’absence de structure fibrillaire sur ces formationséchogènes en utilisant également le phénomèned’anisotropie [1]. La subluxation intermittente duTLB peut être mieux appréciée en rotation latéraleet médiale maximale [31]. L’échographie peut éga-lement mettre en évidence un aspect plat de lagouttière prédisposant à l’instabilité tendineuse[32]. Toutefois, la profondeur de la gouttière peutdiminuer progressivement par comblement aprèsla luxation du tendon, ce qui fausse l’interprétationpouvant être donnée à ce signe.

Indépendamment de l’instabilité tendineuseprécédemment décrite, le TLB peut être le sièged’une tendinopathie. Celle-ci survient volontiersdans les suites d’une rupture de la coiffe et du ten-don supra-épineux en particulier. Deux facteursresponsables de la tendinopathie sont la compres-sion et la tension chronique. Les signes échogra-phiques de la tendinopathie sont l’hypertrophie,l’hypoéchogénicité et l’hétérogénéité. Ces signespeuvent débuter au niveau de la réflexion du ten-don en amont de son entrée dans la gouttière bici-pitale. Un épanchement dans la gaine du tendonest parfois associé (fig. 8). Il convient de ne pasporter le diagnostic de tendinopathie du TLB enprésence d’un tendon écho-structuralement nor-mal, sous prétexte qu’il est entouré d’un épanche-ment. Ce dernier traduit la présence d’un épan-chement gléno-huméral. Les modifications écho-graphiques intra-tendineuses sont nécessaires audiagnostic de tendinopathie.

322

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Subluxation du tendon du long biceps. Coupe (a)transverse et (b) sagittale 12-5 MHz sur le tubercule mineur(PT) montrant le TLB (têtes de flèche) déplacé en avant dutubercule mineur. Noter la gouttière inter-tuberculaire vide.

Fig. 7 : Luxation du tendon du long biceps. Coupe transver-se 12-5MHz montrant le tendon luxé (tête de flècheblanche) déplacé médialement entre le processus coracoïde(Cor) et le tubercule mineur (PT). Le tendon subscapulairen’est pas facile à voir car complètement rompu. Noter lagouttière inter-tuberculaire vide (tête de flèche vide).

Page 323: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La rupture partielle du TLB est souvent difficileà différencier d’une tendinopathie. La rupturecomplète du TLB est cliniquement évidente enprésence d’une douleur brutale, d’une ecchymosebrachiale et d’une masse antérieure du bras avecdiminution de la force en flexion et en supination

de l’avant-bras. Toutefois, l’examen clinique peutêtre difficile chez les patients obèses.L’échographie constate la rupture tendineuse dontle siège est souvent intra-articulaire. Elle objecti-ve également la rétraction distale (fig. 9).L’association d’une gouttière vide et d’un muscle

323

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Fig. 8 : Tendinopathie du biceps. (a) Coupe transverse et (b) sagittale 12-5 MHz sur le versant antérieur de l’épaule montrant unTLB épaissi et irrégulier (têtes de flèche blanches) entouré par un épanchement. Noter les signaux vasculaires (têtes de flèchevides) dans la gaine synoviale confirmant le diagnostic de ténosynovite.

Fig. 9 : Rupture complète du tendon du biceps. Coupe (a) transverse et (b) sagittale 12-5 MHz Doppler couleur réalisé au niveaudu versant antérieur de la métaphyse humérale proximale montrant l’extrémité du tendon rompu rétracté et épaissi (tête deflèche blanche) entourée de liquide (astérisque). CCB = muscle court biceps.

Page 324: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

rétracté globuleux est pathognomonique d’unerupture complète. La rétraction peut être évaluéepar l’atrophie musculaire et la dégénérescencegraisseuse en comparant l’aspect de la longue etde la courte portion du biceps. L’hypotrophieentraîne une réduction de la surface axiale dumuscle. L’infiltration graisseuse se traduit par unehyperéchogénicité musculaire diffuse avec dispa-rition partielle des septa intra-musculaires. Dansles cas anciens, le contraste d’échogénicité entreles deux chefs du biceps donne l’aspect “blackand white” classique. Dans les ruptures aiguës,l’échostructure musculaire est encore normale. Letendon rétracté apparaît comme une structurehyperéchogène entourée d’un halo hypoéchogèneou d’un hématome au pôle supérieur du chef longdu biceps. Exceptionnellement, la rupture siège àla jonction myotendineuse et le TLB est présentdans la gouttière.

L’échographie peut diagnostiquer les cas raresde rupture du tendon grand pectoral intéressantla jonction myotendineuse ou l’enthèse [33].

COMPRESSIONS NERVEUSES

Une rupture du labrum peut être à l’origined’un kyste para-glénoïdien. Le kyste, s’il est desiège supérieur ou postérieur, peut occuper tota-lement ou partiellement l’échancrure supra-spi-nale (coracoïdienne) ou l’échancrure spino-glé-noïdienne à la face profonde du supra ou del’infra-épineux [35-36]. Il peut ainsi comprimerle nerf supra-scapulaire entraînant des douleurset une amyotrophie. Si le kyste atteintl’échancrure supra-spinale, il entraîne uneamyotrophie du supra et de l’infra-épineux. S’ilatteint l’échancrure spino-glénoïdienne,l’amyotrophie de l’infra-épineux est isolée [37].De tels kystes nécessitent des coupes échogra-phiques focalisées en profondeur à des fré-quences plus basses pour être visualisés. Ils

apparaissent arrondis ou ovalaires, bien limités,hypoéchogènes, ne changeant pas ou très peude siège et de forme lors des mouvements del’épaule [35]. Le nerf, soumis à la compressiondu kyste n’est en général pas visible en raison desa petite taille et de sa profondeur. Les musclesatteints par la dénervation sont hypotrophiqueset hyperéchogènes par involution graisseuse. Laponction à l’aiguille du kyste peut être réaliséesous guidage échographique (fig. 10) [35, 36].

Plus rarement, l’extension d’un tel kyste peutse faire vers l’espace quadrilatère et comprimerle nerf axillaire [38].

TUMÉFACTIONS DE L’ÉPAULE

Le diagnostic échographique des massessuperficielles de l’épaule, comme les lipomes oules kystes sous-cutanés, est en général effectuésans difficulté (fig. 11). L’élastofibrome dorsalest une pseudo-tumeur réactive, souvent bilaté-rale, fréquente chez les travailleurs manuels.Elle siège électivement dans la région para-sca-pulaire entre les muscles dorsaux extrinsèqueset le plan costal. L’élastofibrome dorsal estconstitué par une alternance de couchesfibreuses et de couches graisseuses [39]. Cettecomposition donne à la tuméfaction un aspectéchographique strié qui reproduit la structuremacroscopique avec alternance de filets hypo-échogènes graisseux et couches échogènesfibro-élastiques [40]. Dans un contexte cliniqueévocateur, cet aspect caractéristique permet deposer le diagnostic d’élastofibrome dorsal surles données échographiques sans avoir recoursà une autre méthode d’imagerie ou à une biop-sie. Les lésions expansives plus profondes, plusétendues ou atypiques ne peuvent généralementpas bénéficier d’un diagnostic échographique decertitude et nécessitent souvent le recours àd’autres examens d’imagerie.

324

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 325: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

325

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

apparaît hyperéchogène et aminci par compression chronique du nerf supra-scapulaire due à un kyste para-glénoï-dien. (d) coupe IRM en pondération T1 dans le même plan que (c) confirmant les signes échographiques.

Fig. 11 : Lipome. (a) Coupe coronale 12-5 MHz et (b) en Doppler couleur centré sur le tendon supraspinatus tendon (SS)montrant une masse bien limitée, située dans le plan cellulaire sous-cutané et correspondant à un lipome. Noterl’absence de flux vasculaire interne (b).

Fig. 10 :Amyotrophie lorsd’une compres-sion du nerfsupra-scapulairedans l’échancrurespino-glénoïdien-ne. Coupe écho-graphique trans-verse 12-5MHzsur le (a) petitrond (PR), (b) lemuscle infra-spi-natus et (c) sagit-tale sur les deuxmuscles. Le PRapparaît normalet l’infra-épineux

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Page 326: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Bibliographie

[1] TEEFEY S.A., MIDDLETON W.D., YAMAGUCHI K.Shoulder sonography: state of the art. Radiol Clin North Am1999; 37: 767-785.

[2] BOUFFARD J.A., LEE S.M., DHANJU J. Ultrasonography ofthe shoulder. Seminars Ultrasound CT MR 2000; 21: 164-191.

[3] BIANCHI S., ZWASS A., ABDELWAHAB I. Sonographic eva-luation of posterior instability and dislocation of the shoulder. JUltrasound Med 1994; 13: 389-393.

[4] SCHYDLOWSKY P., STRANDBERG C., GALATIUS A., GAMA. Ultrasonographic examination of the glenoid labrum of heal-thy volunteers. Eur J Ultrasound 1998; 8: 85-89.

[5] HAMMAR M.V., WINTZELL G.B., ÅSTöM KGO, LARSSONS., ELVIN A. Role of US in the preoperative evaluation ofpatients with anterior shoulder instability. Radiology 2001; 219:29-34.

[6] FARIN P.U., KAUKANEN E., JAROMA H., HARJU A.,VääTäINEN U. Hill-Sachs lesion: sonographic detection.Skeletal Radiol 1996; 25: 559-562.

[7] PANCIONE L., GATTI G., MECOZZI B. Diagnosis of Hill-Sachs lesion of the shoulder. Acta Radiol 1997; 38: 523-526.

[8] DELIMAR D. Hill-Sachs lesion in recurrent shoulder dis-location: sonographic detection. J Ultrasound Med 1998; 17:557-560.

[9] PATTEN R.M., MACK L.A., WANG K.Y., LINGEL J.Nondisplaced fractures of the greater tuberosity of the humerus:sonographic detection. Radiology 1992; 182: 201-204.

[10] TOSSY J.D., MEAD N.C., SIGMOND H.M.Acromioclavicular separations: useful and practical classifica-tion for treatment. Clin Orthop 1963; 28: 111-119.

[11] KOCK H.J., JÜRGENS C., HIRCHE H., HANCKE J.,SCHMIT-NEUERBURG K.P. Standardized ultrasound examina-tion for evaluation of instability of the acromioclavicular joint.Arch Orthop Trauma Surg 1996; 115: 136-140.

[12] ALASAARELA M., ALASAARELA ELI. Ultrasound evalua-tion of painful rheumatoid shoulders. J Rheumatology 1994; 21:1642-1648.

[13] GIBBON W.W., WAKEFIELD R.J. Ultrasound in inflamma-tory disease. Radiol Clin North Am 1999; 37: 633-690.

[14] ALASAARELA E., LEPPILAHTI J., HAKALA M. Ultrasoundand operative evaluation of arthritic shoulder joints. Ann RheumDis 1998; 57: 357-360.

[15] LANGE U., TEICHMANN J., STRACKE H., BRETZEL R.G.,NEECK G. Elderly onset rheumatoid arthritis and polymyalgiarheumatica: ultrasonographic study of the glenohumeral joints.Rheumatol Int 1998; 17: 229-232.

[16] KOSKI J.M. Ultrasonographic evidence of synovitis in axialjoints in patients with polymyalgia rheumatica. Br J Rheumatol1992; 31: 201-203.

[17] CANTINI F., SALVARANI C., OLIVIERI I. et al. Shoulderultrasonography in the diagnosis of polymyalgia rheumatica: acase-control study. J Rheumatol 2001; 28: 1049-1055.

[18] BIANCHI S., MARTINOLI C. Detection of loose bodies injoints. Rad Clin North Am 1999; 37: 679-690.

[19] PEETRONS P., RASMUSSEN O.S., CRETEUR V., CHHEMR.K. Ultrasound of the shoulder joint: non “rotator cuff” lesions.Eur J Ultrasound 2001; 14: 11-19.

[20] CARDINAL E., BUREAU N.J., AUBIN B., CHHEM R.K.Role of ultrasound in musculoskeletal infections. Rad Clin NorthAm 2001; 39: 191-201.

[21] WIDMAN D.S., CRAIG J.G., VAN HOLSBEECK M.T.Sonographic detection, evaluation and aspiration of infectedacromioclavicular joints. Skeletal Radiol 2001; 30: 388-392.

[22] BUREAU N.J., DUSSAULT R.G., KEATS T.E. Imaging ofbursae around the shoulder joint. Skeletal Radiol 1996; 25:513-517.

[23] VAN HOLSBEECK M., STROUSE P.J. Sonography of theshoulder: evaluation of the subacromial-subdeltoid bursa. AJR1993; 160: 561-564.

[24] LOMBARDI T., SHERMAN L., VAN HOLSBEECK M.Sonographic detection of septic subdeltoid bursitis: a casereport. J Ultrasound Med 1992; 11: 159-160.

[25] WEISHAUPT D., ZANETTI M., TANNER A., GERBER C.,HODLER J. Lesions of the reflection pulley of the long bicepstendon: MR arthrographic findings. Invest Radiol 1999; 34:463-469.

[26] WERNER A., MUELLER T., BOEHM D., GOHLKE F. Thestabilizing sling for the long head of the biceps tendon in therotator cuff interval: a histoanatomic study. Am J Sports Med2000; 28: 28-31.

[27] PATTON W.C., MCCLUSKEY III. Biceps tendinitis and sub-luxation. Clinics Sports Med 2001; 20: 505-529.

[28] BENNETT W.F. Subscapularis, medial and lateral headcoracohumeral ligament insertion anatomy: arthroscopic appea-rance and incidence of “hidden” rotator interval lesions.Arthroscopy 2001; 17: 173-180.

[29] PTASZNIK R., HENNESY O. Abnormalities of the bicepstendon of the shoulder: sonographic findings. AJR 1995; 164:409-414.

[30] FARIN P.U. Sonography of the biceps tendon of the shoul-der: normal and pathologic findings. J Clin Ultrasound 1996; 24:309-316.

[31] FARIN P.U., JAROMA H., HARJU A., SOIMAKALLIO S.Medial displacement of the biceps brachii tendon: evaluationwith dynamic sonography during maximal external shoulderrotation. Radiology 1995; 195: 845-848.

[32] FARIN P.U., JAROMA H. The bicipital groove of the hume-rus: sonographic and radiographic correlation. Skeletal Radiol1996; 25: 215-219.

326

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 327: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

[33] LEE J., BROOKENTHAL K.R., RAMSEY M.L., KNEELANDJ.B., HERZOG R. MR imaging assessment of the pectoralismajor myotendinous unit: an MR imaging-anatomic correlativestudy with surgical correlation. AJR 2000; 174: 1371-1375.

[34] FEHRMAN D.A., ORWIN J.F., JENNINGS R.M.Suprascapular nerve entrapment by ganglion cysts: A report ofsix cases with arthroscopic findings and review of literature. JArthroscopic Rel Surg 1995 11: 727-734.

[35] HASHIMOTO B.E., HAYES A.S., AGER J.D. Sonographicdiagnosis and treatment of ganglion cysts causing suprascapu-lar nerve entrapment. J Ultrasound Med 1994; 13: 671-674.

[36] CHIOU H.J., CHOU Y.H., WU J.J. et al. Alternative andeffective treatment of shoulder ganglion cyst: ultrasonographi-cally guided aspiration. J Ultrasound Med 1999; 18: 531-535.

[37] LOOMER R., GRAHAM B. Anatomy of the axillary nerveand its relation to inferior capsular shift. Clin Orthop Rel Res1989; 243: 100-105.

[38] SANDERS T.G., TIRMAN PFJ. Paralabral cyst: an unusualcause of quadrilateral space syndrome. Arthroscopy 1999; 15:632-637.

[39] KRANSDORF M.J., MEIS J.M., MONTGOMERY E.Elastofibroma: MR and CT appearance with radiologic-patholo-gic correlation. AJR 1992; 159: 575-579.

[40] BIANCHI S., MARTINOLI C., ABDELWAHAB I.F., GAN-DOLFO N., DERCHI L.E., DAMIANI S. Elastofibroma dorsi:sonographic findings. AJR 1997; 169: 1113-1115.

327

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Echographie de l’épaule pathologique (à l’exclusion de la coiffe des rotateurs)

Page 328: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 329: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Littéralement une omarthrose est définie par laprésence de lésions cartilagineuses au niveau del’articulation gléno-humérale, à la fois sur le ver-sant huméral et sur le versant glénoïdien.

Dans la pratique quotidienne, il existe des omar-throses secondaires à une rupture de coiffe (deloin les plus fréquentes) ou à d’autres pathologieshabituellement sans ruptures de coiffe (ostéoné-crose aseptique, arthrite inflammatoire ou infec-tieuse, séquelle de fracture, instabilité opérée) quenous n’aborderons pas ici et des omarthroses ditesprimitives qui peuvent parfois s’associer à unelésion de la coiffe, toujours de petite taille etjamais à l’origine des lésions arthrosiques.

L’état de la coiffe tendino musculaire représentedonc une différence fondamentale entre ces deuxentités, que l’on dénomme classiquement omar-throse centrée (sans rupture de coiffe) et omar-throse excentrée (secondaire à une rupture éten-due et ancienne de la coiffe des rotateurs).

Nous allons étudier successivement et distincte-ment ces deux entités, et nous verrons en conclusionsi cette terminologie classique doit être modifiée.

OMARTHOSES SECONDAIRESÀ UNE RUPTURE DE LA COIFFEDES ROTATEURS

Elle est, par définition, toujours la conséquenced’une rupture ancienne et massive de la coiffe desrotateurs. Elle est caractérisée sur le plan radio-graphique, par un pincement de l’espace sous-acromial (distance mesurée, sur un cliché stan-

dard de face en rotation neutre, entre le bordsupérieur de la tête humérale et le bord antéro-inférieur de l’acromion) s’accompagnant deremaniements dégénératifs de type arthrosiquede la partie supérieure de la tête humérale et del’extrémité inférieure de l’acromion. Cette arthro-se sous-acromiale peut évoluer et aboutir à laconstitution d’une néo-articulation sous-acromia-le (fig. 1). Il s’agit donc d’une excentration de basen haut de la tête humérale par rapport à la glène.

329

DÉMEMBREMENT DE L’OMARTHROSE :FAUT-IL TOUJOURS PARLER D’OMARTHROSE

CENTRÉE OU EXCENTRÉE ?

E. NOEL, T. THOMAS, G. WALCH

Fig. 1 : Arthrose sous-acromiale avec perte du cintreomo-huméral et néo-articulation sous-acromiale

Page 330: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’évolution peut se faire soit vers une ostéolyseprogressive de l’acromion et/ou de la tête humé-rale à l’occasion de crises hyperalgiques de typeépaule sénile soit vers l’association avec unearthropathie gléno-humérale, réalisant alors letableau complet de l’omarthrose excentrée ouarthrose sur rupture massive de la coiffe des rota-teurs (fig. 2 et 3).

La constatation d’une omarthrose excentrée enconsultation conduit toujours le praticien à trou-ver à l’interrogatoire un tableau ancien de dou-leurs et de gêne fonctionnelle de l’épaule, corres-pondant à une rupture transfixiante de la coiffedes rotateurs.

Ceci amène donc à évoquer l’évolution naturel-le des ruptures transfixiantes de la coiffe.

Evolution naturelle des rupturestransfixiantes de la coiffe des rotateurs

Elle est mal connue, car sa connaissance néces-site un suivi prolongé. A ce jour, aucune étudeprospective n’a permis de suivre la dégradationprogressive des lésions tendineuses de l’épaule audécours d’une rupture de la coiffe des rotateurs,et en particulier n’a permis de déterminer letemps que met une épaule pour se dégrader etévoluer vers une arthrose sous acromiale.

Dans les études rétrospectives, les rupturestransfixiantes de la coiffe traitées médicalementont assez rarement bénéficié d’une imagerie ini-tiale, fiable et analysable a posteriori (arthroscan-

330

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Omarthrose excentrée avec arthrose sous-acromiale

Fig. 3 : Omarthrose excentrée avec conservation du cintreomo-huméral, arthrose sous-acromiale et arthrose gléno-humérale

Page 331: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

ner ou IRM) car ce genre d’explorations est clas-siquement réservé au bilan préopératoire.

La pathologie dégénérative tendineuse étantlentement évolutive, il faut avoir un recul suffi-sant pour pouvoir juger de son évolution.Cependant, les travaux publiés avec un reculsupérieur à 4 ans sont peu fréquents. Lesquelques publications existant dans la littératuresur le sujet montrent une aggravation fonction-nelle avec les années et indirectement (évolutionradiographique) une aggravation anatomiquemême si aucune étude d’imagerie non radiogra-phique ne l’a clairement démontré. Ainsi, Wallace[1] a montré que, sur une population de 36 tra-vailleurs manuels (75 % ayant eu une arthrogra-phie), 81 % gardaient des douleurs et avaient uneforce au Cybex diminuée en moyenne de 60 %avec un recul moyen de 5 ans.

Caroit [2], sur une série de 71 patients, retrou-vait 40 % de bons résultats dans une étude multi-centrique (évaluation selon l’indice algo-fonction-nel de Patte), avec un recul moyen de 6 ans. Danscette série, seulement 21 % des patients avaienteu initialement un diagnostic arthrographique.Les meilleurs résultats existaient chez les sujetsayant eu une amélioration clinique à court termeet les moins bons chez ceux ayant eu le plusgrand nombre d’infiltrations.

Itoi et Tabata [3] ont publié une série de62 épaules ayant une rupture de la coiffe des rota-teurs prouvée par arthrographie, avec un reculmoyen de 3,4 ans. Selon les critères de Wolfgang,82 % avaient un excellent ou bon résultat,23 épaules ayant un recul supérieur à 5 ans. Ilsont montré que le résultat se dégradait à partir dela 6e année suivant le diagnostic initial. La compa-raison rétrospective des bons (n = 15) et des mau-vais résultats (n = 8) avec un recul moyen de6 ans montrait que les patients ayant à l’exameninitial les meilleures amplitudes actives et uneforce en abduction au testing manuel conservée,avaient les meilleurs résultats.

Bokor [4], a publié une série de 53 patientsayant une rupture de coiffe prouvée par arthro-graphie et revus avec un recul moyen de 7,6 ans.Subjectivement, 74 % des 39 patients interrogésétaient satisfaits. Trente-quatre ont été revus cli-niquement et évalués selon le score de l’UCLA,56 % avaient un résultat satisfaisant. Ce résultatpassait à 63 % pour ceux pris en charge dans les3 premiers mois suivant le début des symptômeset s’améliorait à mesure que le recul augmentait.Ainsi, 61,5 % des 13 malades ayant un recul deplus de 9 ans avaient un résultat satisfaisant pourle score UCLA. Objectivement, à la révision, 94 %présentaient une perte de force et 56 % une amyo-trophie significative.

En 1993, nous avions étudié rétrospectivement[5] une population de 90 épaules avec rupturearthrographique. L’évaluation était faite selon lescore de Constant, avec un recul moyen de 4,7 anspar rapport au début des douleurs. Les excellentset bons résultats représentaient 40 % de la popu-lation. Nous avions retrouvé 72,5 % d’espacesacromio-huméraux réduits par rapport à la radio-graphie initiale (recul moyen de 3,8 ans). Ce quitémoigne indirectement de l’évolution des lésionstendineuses.

Nove Josserand [6] a étudié les paramètres quifavorisent cette ascension de la tête huméraledans les suites d’une rupture de la coiffe des rota-teurs. Deux cent soixante-quatre ruptures trans-fixiantes de la coiffe des rotateurs (ruptures dusupra-épineux isolées ou associées à des rupturesde l’infra épineux et/ou du subscapulaire) opéréesentre 1984 et 1994. Parmi cette population initia-le, 84 épaules ont eu un arthroscanner permettantl’analyse a posteriori des lésions de la coiffe et del’état musculaire, ces lésions ayant ensuite toutesété confirmées lors de l’intervention chirurgicale.L’auteur a trouvé une relation significative entre lahauteur de l’espace acromio-huméral (EAH) etl’ancienneté des symptômes d’une part (p < 0,05),ainsi qu’entre l’ancienneté des symptômes etl’EAH (p < 0,05). La hauteur moyenne de l’EAH et

331

Démembrement de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 332: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

le pourcentage de pincement de l’espace sousacromial (< à 7 mm sur un cliché standard enposition neutre) variaient en fonction de la lésionanatomique de la coiffe (tableau 1).

Pour ce qui concerne la longue portion du bicepsbrachial (LPB), seule une luxation de celui (endedans par rapport au trochin) s’accompagnaitd’une réduction significative de l’EAH moyen(LPB non rompu: EAH moyen 9,2 mm, LPBrompu: EAH moyen 9 mm et LPB luxé : EAHmoyen 5,5 mm et 71 % d’EAH < 7 mm).

Par ailleurs, l’état des muscles de la coiffe et enparticulier leur dégénérescence graisseuse [7]peut dans certains cas influencer fortement lahauteur de l’EAH. Il existait une relation modéré-ment significative (p < 0,05) entre la dégénéres-cence du supra-épineux et la diminution de l’EAH[6]. Il n’existait pas en revanche de relation entrela dégénérescence musculaire du subscapulaire etla diminution de l’EAH, alors qu’il y avait une trèsforte relation entre la dégénérescence graisseusede l’infra-épineux (stade IV) et la hauteur del’EAH (EAH < 7 mm dans 100 % des cas et EAHmoyen = 2,2 mm).

En résumé, ces constatations de dégradationfonctionnelle (douleurs et fonction) et de réduc-tion de l’espace sous acromial avec les années quipassent, laissent supposer que l’évolution d’unerupture transfixiante de la coiffe se fait vers uneextension de la rupture. Cette extension

s’accompagne, plus ou moins rapidement selon lalocalisation de la rupture et l’âge du (de la)patient(e), d’une ascension de la tête humérale(arthrose sous acromiale) puis d’une arthropathiegléno-humérale, (ostéophyte huméral dont lataille augmente progressivement sans, puis avecpincement gléno-huméral).

Présentation clinique

Sur le plan des symptômes, ces omarthrosespeuvent se présenter sous plusieurs aspects :

❍ Etre peu symptomatiques chez des patientsqui se sont bien adaptés et qui ont peu de dou-leurs, gardant une élévation antérieure activenormale et ayant essentiellement une perte deforce matérialisée par une fatigabilité àl’effort, bras au-dessus du niveau des épaules.

❍ Se traduire par des douleurs mécaniques dansla journée avec une recrudescence nocturne.

❍ S’exprimer par une perte de force maximaleavec soit une épaule pseudo-paralytique(fig. 4), soit une perte de force complète enrotation externe se traduisant par le “signe duclairon” (fig. 5).

❍ Evoluer par crises hyperalgiques sur un fonddouloureux chronique, ces crisess’accompagnant d’un épanchement intra-arti-culaire de l’épaule et parfois d’un hématomedans le cadre de la classique épaule sénilehémorragique décrite initialement par de Seze.Ce type de tableau avec quelques minimesvariantes a été repris et décrit ultérieurementpar d’autres auteurs (Milwaukee shoulder,Epaule destructrice rapide, Cuff tear arthropa-thy). Chaque crise douloureuse s’accompagned’une aggravation de l’état radiographiqueavec en particulier une ostéolyse progressivede l’acromion et/ou de la tête humérale.

A l’examen clinique, les amplitudes passivesdiminuent à mesure que l’atteinte de l’articulationgléno-humérale progresse.

332

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

EAH % d’épaule avecmoyen en mm EAH < 7 mm

Sus-épineux 9,5 mm 4,5

Sus + sous-épineux 7,5 mm 28

Sus + sous-épineux+ sous-scapulaire 5,4 mm 63

Tableau 1 : EAH moyen et pourcentage d’EAH inférieurà 7 mm en fonction de la lésion de coiffe [6]

Page 333: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Par ailleurs, outre la perte de force parfoismaximale avec épaule pseudo paralytique ousigne du clairon (perte de force complète sur lesrotateurs externes), il existe de façon constanteune amyotrophie bien visible à l’œil nu de la fossesous épineuse et palpatoire de la fosse sus épi-neuse. Il est important de rechercher une rupturedu biceps, car dans ce type de pathologie s’il n’estpas rompu il peut être luxé ou subluxé et respon-sable d’importantes douleurs.

Lors des “crises articulaires”, un volumineuxhématome de l’épaule et du bras peut être présent(épaule sénile hémorragique), alors qu’une tumé-faction avec épanchement peut être présente demanière chronique dans certains cas.

333

Démembrement de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 4

Fig. 5 : Signe du clairon = disparition complète de la rotation externe active

Page 334: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La présence d’un kyste acromio-claviculaire(fig. 6) est classique mais rare ; ce kyste peut êtrede taille variable (aspect pouvant varier d’uneprune à un pamplemousse), il traduit la présenced’un important épanchement articulaires’échappant à travers l’articulation acromio-clavi-culaire pour former cette tuméfaction (mêmemécanisme que pour le kyste poplité).

Evolution radiographique

Une fois l’omarthrose installée, elle va évoluerradiographiquement avec une vitesse variable, enfonction de paramètres mal connus. Cette évolutionva se faire soit sur l’articulation gléno-huméraleavec évolution de l’arthropathie, soit sur l’acromionavec phénomènes d’ostéolyse progressive del’acromion (fig. 8) lors des crises articulaires.

OMARTHOSES “PRIMITIVES”

Les omarthroses dites primitives sont beaucoupplus rares (3 % des arthroses) que les omar-throses secondaires à une rupture de coiffe.

334

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 6 : Kyste acromio-claviculaire compliquant une rupturede la coiffe des rotateurs

Fig. 7 : Volumineux kyste acromio-claviculaire - Vue en IRM

Fig. 8 : Aspect d’ostéolyse de l’acromion apparue au décoursd’épanchements articulaires à répétition sur une épaule pré-sentant une rupture massive de la coiffe des rotateurs

Page 335: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Elles se définissent radiologiquement (fig. 9) par:

a) Un ostéophyte céphalique huméral qui appa-raît en premier et dont la taille va augmenteravec le temps.

b) Un espace sous acromial conservé [8], ce quitraduit indirectement l’intégrité de la coiffe.

c) Un pincement de l’interligne gléno-huméral,d’apparition plus tardive. Lorsque le pince-ment gléno-huméral s’accompagne d’uneexcentration vers l’arrière (subluxation posté-rieure de la tête humérale avec usure du bordpostérieur de la glène), il peut apparaître surun cliché de face une fausse impression dediminution de l’espace sous-acromial.

Mécanismes pathogéniques

Ils sont mal connus.

La survenue de ces arthroses n’est pas plus fré-quente, en règle général, chez les patients ayant

une hyperutilisation professionnelle. Elles tou-chent plus volontiers le sexe féminin et dans 70 %des cas, elles ne s’intègrent pas dans un contextede polyarthrose. La présence d’une omarthrosebilatérale est très significative puisqu’elle existedans 40 % des cas.

Une prédisposition anatomique (rétrotorsionhumérale et rétroversion de glène) a donc large-ment été évoquée et recherchée.

La rétroversion glénoïdienne est mesurée partomodensitométrie. Elle est définie par la valeurangulaire mesurée entre la perpendiculaire àl’axe de l’omoplate et la tangente aux bords anté-rieur et postérieur de la glène [9]. Cette valeursemble en moyenne un peu supérieure dans lesépaules arthrosiques par rapport aux épaules nor-males. Badet [10] retrouve une grande variationde cette rétroversion glénoïdienne au sein des 2populations (arthrosique et non-arthrosique).Dans une série de 113 omarthroses centrées pré-sentant les caractéristiques épidémiologiqueshabituelles de cette pathologie et évaluées partomodensitométrie, Walch [11] rapporte unevaleur moyenne de 16° (extrêmes de –12° à 50°)avec une variabilité satisfaisante de 1 à 3° en intraet de 4° en inter-observateur.

Pour Randelli et Gambrioli [12], la valeur nor-male est comprise entre 0 et 8° alors queFriedman [9] rapporte une valeur normalemoyenne à 2° d’antéversion. Il existe donc unetendance moyenne à l’exagération de cette rétro-version mais celle-ci ne semble qu’un facteurfavorisant car beaucoup d’omarthroses se déve-loppent sur une glène sans anomalie d’axe.

La rétrotorsion humérale est également mesu-rée par tomodensitométrie. Elle correspond àl’angle compris entre le grand axe de la têtehumérale et l’axe de l’épiphyse humérale distale(palette humérale), elle n’apparaît pas non pluscomme un facteur discriminant. Dans le travail deWalch [11], la valeur moyenne était abaissée à8,4° comparée au 18 à 30° habituellement rappor-

335

Démembrement de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 9 : Omarthrose centrée

Page 336: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tés dans les études anatomiques.Cependant, il existait une dispersiontrès large des valeurs individuelles de– 32° à 40° et une reproductibilité de lamesure médiocre avec un intervalle deconfiance à 95 % variant entre 8° et 11°selon l’observateur. Il est donc diffici-le de conclure à un quelconque rôle deces deux paramètres.

Toutes ces études morphométriquestomodensitométriques ont permis dedistinguer 3 grands typesd’omarthrose primitive [11] (fig. 10) :

❍ Les formes centrées avec uneusure symétrique de la glène plusou moins profonde selon la duréed’évolution (60 % des cas) (A1, A2).

❍ Les formes asymétriques avecsubluxation postérieure de la têtehumérale et rétroversion de glènesecondaire à l’usure postérieure(30 % des cas) (B1, B2).

❍ Les formes dysplasiques primi-tives avec rétroversion dyspla-sique de glène supérieure à 25°(10 % des cas) (C).

Présentation clinique

Elle est non spécifique, et très long-temps bien tolérée avec quelques dou-leurs épisodiques combinées à unemobilité subnormale.

Les douleurs initialement méca-niques peuvent devenir nocturnes etparfois permanentes. L’enraidissementva s’installer progressivement parallè-lement à la dégradation radiologiquede l’interligne gléno-huméral.

Le tableau clinique peut se décom-penser de manière assez brutale àl’occasion d’une poussée congestive.

336

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 10 : Classification des omarthroses centréesselon la morphologie glénoïdienne

Page 337: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Evolution radiographique

Outre l’aggravation du pincement gléno-humé-ral avec le temps, c’est surtout l’évolution sub-luxante postérieure qui pose problème. Elle estégalement mal comprise et peut poser un problè-me de descellement glénoïdien, si la mise enplace de la prothèse se fait tardivement. La sub-luxation postérieure peut être préalable et consti-tuer un facteur favorisant des omarthroses enparticulier chez les sujets jeunes [13]. Dans cettepopulation de 13 épaules (sujets en moyenne de40 ans), les auteurs ont observé que malgré diffé-rentes techniques chirurgicales, les patients pré-sentaient une persistance ou une récurrence deleur subluxation postérieure, avec une atteintearticulaire évolutive pour celui dont le suivi étaitle plus long (46 mois).

Le rôle d’un glissement postérieur descontraintes exercées sur la glène lors des mouve-ments en rotation externe lors d’une omarthrosedébutante pourrait également être capital dansl’évolution [14]. Des paramètres géométriquesosseux mais aussi biomécaniques tendino-muscu-laires pourraient concourir à ces altérations abou-tissant à un véritable cercle vicieux lésionnel.

CONCLUSIONS

En matière d’omarthrose certains points sontclairement définis et consensuels et d’autresmoins :

❍ La rupture de coiffe évolue vers une omar-throse en plusieurs années, avec une excen-tration vers le haut (arthrose sous acromiale)puis un pincement gléno-huméral (véritableomarthrose excentrée). Les mécanismes quiinfluencent cette évolution et sa rapidité res-tent mal connus. Dans le domaine thérapeu-tique, les moyens utilisés qu’ils soient médi-caux ou chirurgicaux sont purement sympto-matiques. Le traitement préventif se situantau niveau de la rupture de coiffe initiale(nécessité d’un diagnostic précoce et d’uneprise en charge adaptée).

❍ L’omarthrose primitive, n’est jamais secondai-re à une rupture de coiffe, cependant elle peutparfois être associée au cours de son évolu-tion à une petite lésion de la coiffe. De nom-breux facteurs prédisposants ont été évoquésmais aucun ne ressort clairement pourl’instant. Le terme d’omarthrose centrée neparaît pas adapté, puisque son évolution estmarquée par une excentration antéro-posté-rieure avec subluxation postérieure, qui nemanque pas d’ailleurs de poser des problèmesthérapeutiques si l’indication de prothèse estenvisagée trop tardivement.

Plutôt que de parler d’omarthrose centrée ouexcentrée, il semble donc plus logique d’utiliser laterminologie suivante :

❍ omarthroses secondaires à une rupture de lacoiffe des rotateurs (ou à une autre pathologie),

❍ omarthroses primitives.

337

Démembrement de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] WALLACE W.A., WILEY A.P. The long-term results ofconservative management of full-thickness tears of the rotatorcuff. J. Bone Joint Surg., 1986, 68 (B), 162.

[2] CAROIT M., ROUAUD J.P., TEXIER T., GAUDOUEN Y., DEL-CAMBRE B., DELOOSE F. Le devenir des ruptures et des perfo-rations complètes de la coiffe des rotateurs de l’épaule non opé-rées Rev. Rhum., 1989, 56, 815-821.

[3] ITOI E.J., TABATA S. Conservative treatment of the rotatorcuff tears Clin. Orthop. 1992, 275, 165-173.

[4] BOKOR D.J., HAWKINS R.J., HUCKELL G.H., ANGELOR.L., SCHICKENDANTZ M.S. Results of non operative manage-ment of full-thickness tears of the rotator cuff. Clin. Orthop.,1993, 294, 103-110.

[5] NOEL E. Les ruptures de la coiffe des rotateurs. Résultats dutraitement conservateur. In SIMON L., PELISSIER J., HERIS-SON Ch., Actualités en rééducation fonctionnelle et réadapta-tion, 19e série, pp 113-118. Masson, 1994.

Page 338: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

338

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[6] Nove-Josserand L., Levigne C., Noel E., Walch G. The acro-mio-humeral interval. A study of the factors influencing itsheight. Rev Chir Orthop 1996, 82(5), 379-85.

[7] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., BERNAGEAU J., LAVAU L.,VOISIN M.C. Fatty muscle degeneration in cuff ruptures. Preand post operative evaluation by CT scan. Clin. Orthop., 1994,304, 78-83.

[8] Cofield R.H. Degenerative and arthritic problems of the joint.In: Wood CA Jr, Matsen FA III, eds. The glenohumeral shoulder.Philadelphia: WB Saunders, 1990: 678-742.

[9] Friedman R.J., Hawthorne K.B., Genez B.M. The use of com-puterized tomography in the measurement of glenoid version. JBone Joint Surg Am. 1992, 74: 1032-7.

[10] Badet R., Boileau P., Noel E., Walch G. Arthrography andcomputed arthrotomography study of seventy patients with pri-mary glenohumeral osteoarthritis. Rev Rhum Engl Ed. 1995, 62:555-62.

[11] Walch G., Badet R., Boulahia A., Khoury A. Morphologicstudy of the glenoid in primary glenohumeral osteoarthritis. JArthroplasty. 1999, 14: 756-60.

[12] Randelli M., Gambrioli P.L. Glenohumeral osteometry bycomputed tomography in normal and unstable shoulders. ClinOrthop. 1986; 208: 151-6.

[13] Walch G., Ascani C., Boulahia A., Nove-Josserand L.,Edwards T.B. Static posterior subluxation of the humeral head:an unrecognized entity responsible for glenohumeral osteoar-thritis in the young adult. J Shoulder Elbow Surg. 2002, 11: 309-14.

[14] Buchler P., Ramaniraka N.A., Rakotomanana L.R., IannottiJ.P., Farron A. A finite element model of the shoulder: applica-tion to the comparison of normal and osteoarthritic joints. ClinBiomech. 2002, 17: 630-9.

Page 339: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

TRAITEMENT MÉDICALDE L’OMARTHROSE

Deux points méritent d’être soulignés en avantpropos. Même si l’histoire naturelle del’omarthrose est mal connue, l’invalidité desmembres supérieurs est souvent beaucoup mieuxsupportée que celle des membres inférieurs,notamment si l’arthropathie affecte le bras nondominant. Ceci laisse donc une place importante àla prise en charge médicale de l’omarthrose, lachirurgie étant plutôt réservée aux formes rebelles(à la fois douloureuses et handicapantes) del’omarthrose. Les indications des prothèses sont,bien entendu, fonction du caractère centré ou non

de l’omarthrose mais aussi de l’état de la glène etde l’âge du patient. Malheureusement nous ne dis-posons que de très peu d’études concernant le trai-tement médical de l’omarthrose, qu’elle soit cen-trée ou excentrée. De ce fait, aucun traitementmédical de l’omarthrose n’a été clairement validé,singulièrement en ce qui concerne les modalitésdes traitements par injection intra-articulaire.

Cette constatation est probablement, au moinsen partie, liée à la faible prévalence de l’affection.Ainsi, une étude portant sur 400 épaules avec cli-chés radiologiques (200 patients âgés en moyennede 84,4 ans) a montré que 190 épaules étaient nor-males; 62 épaules étaient associées à un pincementsous-acromial (espace acromio-huméral inférieur à

339

TRAITEMENT MÉDICAL DES OMARTHROSES ETAUTRES ARTHROPATHIES GLÉNO-HUMÉRALES

X. CHEVALIER, PH. GOUPILLE

POINTS FORTS

❍ La différence essentielle entre omarthrose centrée et excentrée est constituée par la présence d’unerupture massive et ancienne de la coiffe des rotateurs dans l’omarthrose excentrée.

❍ Aucun traitement médical n’a été clairement validé pour l’omarthrose (centrée ou excentrée).

❍ Le but est de restaurer ou d’améliorer le confort et la mobilité articulaire.

❍ Dans l’omarthrose excentrée, le traitement doit rester purement symptomatique.

❍ La viscosupplémentation est en cours d’évaluation dans l’omarthrose centrée.

❍ Dans les autres arthropathies, les injections de corticoïdes et les synoviorthèses (isotopiques) trou-vent leur place.

❍ Dans tous les cas il faut tenir compte de l’âge, de la pathologie et de l’état de la coiffe des rotateurs,enfin de la demande du patient avant d’envisager de passer au traitement chirurgical en cas d’échecdu traitement médical.

Page 340: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

7 mm), mais seulement 8 d’entre elles (2 % de lapopulation étudiée) répondaient à la définitiond’omarthrose excentrée (arthrose gléno-huméraleassociée à un pincement de l’espace acromio-huméral) ; 10 épaules présentaient une omarthrosecentrée, soit une prévalence de 2,5 % [1].

Faut-il différencier en terme de prise en chargethérapeutique l’omarthrose centrée (sans rupturede coiffe dont la définition radiologique est biendéfinie) de l’omarthrose excentrée (synonymed’une large rupture de coiffe avec un pincementconstant de l’espace acromio-huméral et un pin-cement gléno-huméral inconstant) ?

L’existence dans l’omarthrose excentrée d’unelarge rupture de la coiffe des rotateurs, à l’originede l’évolution arthrosique, conditionne l’évolution,le pronostic et surtout les possibilités de traitementchirurgical. Cette différence entre les 2 typesd’omarthrose conditionne aussi, dans une certainemesure, les objectifs du traitement médical qui nepeuvent être les mêmes. Schématiquement, la priseen charge d’une omarthrose excentrée avec largerupture de la coiffe des rotateurs visera essentielle-ment à obtenir une antalgie satisfaisante, la restau-ration de la fonction et de la force paraissant illu-soires. A l’inverse, au cours de l’omarthrose cen-trée, si le contrôle de la douleur est toujours unobjectif essentiel, il paraît envisageable d’améliorer,dans des proportions liées à la sévérité de l’atteintegléno-humérale, la force et la fonction.

Dans tous les cas, il faut tenir compte de l’âge,de la pathologie et de l’état de la coiffe des rota-teurs, ainsi que de la demande du patient avantd’envisager de passer au traitement chirurgical encas d’échec du traitement médical.

DE QUELS TRAITEMENTSDISPOSONS-NOUS?

Très schématiquement, il faut distinguer lesméthodes préventives et les mesures sympto-matiques.

Méthodes préventives

Prévention de l’omarthrose

Dans l’omarthrose centrée, certaines activitésprofessionnelles favorisantes ont été listées, parmilesquelles le maniement d’outils à air comprimé,l’activité de scaphandrier… Il est donc utile de sur-veiller étroitement cette population, de réaliser desexamens complémentaires en cas de symptômesdouloureux et, éventuellement, de proposer unchangement ou une adaptation de poste de travailen cas de détection de signes d’omarthrose cen-trée débutante. Certains sports comme le golf oules sports de lancers peuvent générer une omar-throse souvent d’origine mixte par lésion articulai-re et lésion de la coiffe des rotateurs. Dansl’omarthrose excentrée, la mesure préventive fon-damentale consiste à détecter précocement cetterupture de coiffe des rotateurs et à proposer uneprise en charge adaptée visant à prévenir le déve-loppement d’une arthrose évoluée.

Prévention des symptômes

Il faut clairement recommander d’éviter le portde charges lourdes et certaines activités sportivesqui sont de nature à aggraver la symptomatologieet les lésions.

Mesures symptomatiques

Le traitement médical de l’omarthrose est cal-qué sur celui des arthroses des membres infé-rieurs. La place du traitement non pharmacolo-gique est, en dehors des conseils d’hygiène arti-culaire, relativement limitée.

Traitement pharmacologique

Il apparaît logique de respecter le principe despaliers en débutant par des antalgiques (niveaux1 et 2) puis d’additionner si besoin des AINS.

340

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 341: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Antalgiques

Leur utilisation est logique en première inten-tion, pour autant ils n’ont pas été évalués.

Anti-inflammatoires non stéroïdiens

Là encore, aucun d’entre eux n’a fait l’objetd’une évaluation. En raison des effets secondairespotentiels, il paraît logique de les réserver auxéchecs des antalgiques, ce d’autant que la popula-tion traitée est volontiers âgée et atteinte de co-morbidités.

Injections intra-articulaires et sous-acromiales de corticoïdes

L’injection intra-articulaire de corticoïdes n’estpas validée dans l’omarthrose. Par analogie avecla gonarthrose il semblerait logique de la propo-ser en cas d’épanchement (mais on sait qu’ellepeut aussi être efficace dans le cas de gonar-throses sèches). Néanmoins l’épanchement defaible ou de moyenne abondance à l’épaule n’estpas toujours facilement cliniquement détectable.On peut s’aider d’une échographie. De plus, pourcertains auteurs, la présence d’un épanchementdans une omarthrose très évoluée avec chondro-lyse avancée pourrait être de nature à diminuerles symptômes liés au contact os-os. Pour lagonarthrose, la durée moyenne d’efficacité d’uncorticoïde en intra-articulaire est de 2 à4 semaines. Il faut probablement ne pas enattendre plus pour l’épaule.

Il semble préférable, après échec d’une injectionréalisée “à l’aveugle” au cabinet de consultation,de pratiquer une injection sous contrôle scopiquestrictement intra-articulaire avant de conclure àleur inefficacité. En effet, un travail portant surl’injection intra-articulaire de l’épaule couplantl’injection d’un corticoïde à celle d’un faible volu-me de produit de contraste, réalisée sans contrôle

scopique, a permis de montrer que l’injectionn’était strictement intra-articulaire que dans seule-ment 42 % des cas et que, dans ce cas, elle se révé-lait plus efficace sur les symptômes, notammentsur la raideur, la fonction et les mobilités (flexion,abduction) [2]. Il en est de même pour les infiltra-tions sous-acromiales où le repérage échogra-phique permet d’obtenir à la fois un meilleur posi-tionnement de l’aiguille dans l’espace sous-acro-mial et un meilleur résultat clinique [3]. Dans uneétude contrôlée comparant (20 patients par grou-pe) l’effet de l’injection en sous acromiald’hexacétonide de triamcinolone soit en aveugle,soit sous repérage échographique, le résultat cli-nique était meilleur dans le groupe échogra-phique. L’injection s’est révélée être réalisée dansle groupe aveugle 7 fois dans le deltoïde, 6 fois enintra-tendineux, 3 fois dans la bourse sous-acro-mio-deltoïdienne, 3 fois dans la bourse et le deltoï-de et 1 fois non détectée ; dans le groupe échogra-phie (n = 21), la localisation de l’injection était : 1fois dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne et ledeltoïde, 1 fois dans la bourse sous-acromio-del-toïdienne et le tendon supraspinatus, et 19 foisdans la bourse sous-acromio-deltoïdienne.

Radiothérapie anti-inflammatoire

La méthodologie des travaux qui préconisentcette modalité n’est pas assez rigoureuse pourconclure quant à son intérêt et son efficacité. Deplus, elle n’est pas dépourvue de risques notam-ment leucémogènes au long cours. Elle a été éva-luée chez 85 patients souffrant d’arthrose, parmilesquels 17 avaient une omarthrose (pour un totalde 27 articulations), et suivis à long terme (4 ansen moyenne, extrêmes de 1 à 10 ans) [4]. Lespatients recevaient 2 séries de 6 grays à intervallede 6 semaines à raison de 3 séances par semaineet étaient évalués à 6 mois et à long terme. Uneamélioration des symptômes a été constatée chez46/73 patients (63 %), une amélioration du scorede Constant étant observée pour 16/27 (59 %)

341

Traitement médical des omarthroses et autres arthropathies gléno-humérales

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 342: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

épaules douloureuses. Un autre travail, publié en2001, a évalué l’efficacité d’une irradiation de6 grays sur 10 épaules douloureuses (la patholo-gie incriminée n’était pas précisée) [5].L’évaluation a été réalisée à J0, J7, 7 semaines et àlong terme avec une amélioration de l’intensitédouloureuse respectivement de 72 %, 85 % et 93 %associée à une amélioration significative desmobilités. Il apparaît clairement qu’il n’est paspossible, sur les résultats d’études avec une telleméthodologie, de recommander cette modalitéthérapeutique.

Synoviorthèses isotopiques

La synoviorthèse isotopique est une modalitéthérapeutique non évaluée au cours del’omarthrose. Néanmoins, elle pourrait apparaîtrelogique en cas d’omarthrose très hydarthrodialeou associée à une arthropathie microcristalline.

Anti-arthrosiques symptomatiquesd’action lente

Aucune étude n’est disponible et les omar-throses ne font pas partie des indicationsactuelles de ces produits.

Injections intra-articulaires d’acidehyaluronique

Les données sont, pour l’instant, très prélimi-naires, et une étude est en cours pour évaluerl’Hylan-GF20 dans l’omarthrose centrée. Deuxtravaux en ouvert ont été publiés antérieurement[6, 7]. Un travail a évalué le Hyaluronate desodium chez 62 patients (28 hommes, 34 femmes ;âge moyen : 65,4 ans) ayant une épaule doulou-reuse (sans précisions) [6]. Une injection de25 mg a été réalisée chaque semaine pendant5 semaines (soit dans l’articulation gléno-humé-rale soit dans la bourse sous-acromio-deltoïdien-

ne), des injections supplémentaires étant éven-tuellement effectuées en cas de persistance dessymptômes. La durée moyenne du traitement aété de 8,16 ± 0,88 semaines, le nombre moyend’injections de 6,05 ± 0,61 ampoules ; une amélio-ration significative a été observée concernant ladouleur au repos (75 %), la douleur à la mobilisa-tion (73,7 %), la douleur à la pression (78,8 %), lesmobilités et les activités quotidiennes. Un deuxiè-me travail a évalué l’efficacité de 3 injections de10 mg d’acide hyaluronique à 3 jours d’intervallechez 29 patients ayant une épaule douloureuse(dont 23 avaient une arthrose ; âge moyen :61 ans). Une évaluation a été effectuée aprèschaque injection et 11 jours après la dernière ; uneamélioration significative a été observée concer-nant les mobilités, l’intensité de la douleur et laconsommation d’antalgiques [7].

Cette modalité d’injection intra-articulaired’acide hyaluronique a par ailleurs été essayéedans des études ouvertes avec des effectifs faiblesau cours des capsulites rétractiles [8].

Lavage – débridement arthroscopique

Il ne s’agit pas d’une modalité thérapeutique àproprement parler médicale mais qu’il convientde connaître. Elle comprend soit un lavage arti-culaire avec débridement, ablation des corpsétrangers et souvent bursectomie sous acromialeet/ou ténotomie de la longue portion du bicepssoit des modalités plus lourdes qui incluent à desdegrés divers la résection des ostéophytes, lacapsulotomie, l’acromioplastie voire une ostéoto-mie glénoïdienne. L’indication de ces interven-tions arthroscopiques s’adresse plus volontiers àdes patients jeunes porteurs d’une omarthrosepour lesquels la survie au long cours de la pro-thèse d’épaule pose problème, ou à des patientsâgés avec une forte comorbidité contre-indiquantla chirurgie lourde. La plupart des auteursrecommandent de pratiquer ce débridement-lavage dans des omarthroses avérées mais pas

342

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 343: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

trop avancées. Les résultats sont bons sur lessymptômes dans 60 % des cas [9]. Une étude por-tant sur 17 patients (64 ans en moyenne, ayantdes pathologies gléno-humérales diverses et deslésions chondrales stade IV) opérés par un gestearthroscopique limité (lavage et débridement)montre à 2 ans 82 % de bons résultats [in 9]. Enréalité les résultats de ces études sont conflic-tuels et restent à valider. Il s’agit d’étudesouvertes avec des modalités chirurgicales diffé-rentes, des lésions de stades différents, despathologies diverses à la lecture desquelles il estimpossible de savoir quel traitement apparaît leplus adapté et pour quelle indication [9].

Technique de rééducation

Dans l’omarthrose centrée, l’insuffisance mus-culaire semble globale, portant à la fois sur lesupras-épineux, l’infras sous-épineux, le deltoïdeet les rotateurs internes. Les objectifs sont doncde contrôler la douleur, puis d’envisager unerééducation globale ciblée sur les rotateursexternes, les rotateurs internes et les muscles élé-vateurs. Toutefois, cette rééducation sera bien sûrlimitée par le degré de raideur de l’épaule liée àl’atteinte structurale de l’articulation ; les objectifsde ce travail rééducatif seront donc relativementmodestes.

Au cours de l’omarthrose excentrée, l’élémentanatomique principal est constitué par la rupturemassive de la coiffe ; il sera donc illusoire de vou-loir améliorer la force et la fonction et une réédu-cation trop active pourra même majorer la symp-tomatologie douloureuse. Il sera donc plus adaptéde se contenter d’une balnéo-kinésithérapievisant à obtenir un certain degré d’antalgie et unentretien des amplitudes articulaires.

Dans tous les cas, il paraît important de débuterpar une phase d’éducation rélaisée par le kinési-thérapeute qui pourra contrôler les amplitudes etrespectera la règle de la non-douleur.

TRAITEMENT MÉDICALDES AUTRES ARTHROPATHIESGLÉNO-HUMÉRALES

Nous n’envisagerons que quelques modalitésthérapeutiques plus spécifiques à certainespathologies.

Arthropathie de la polyarthriterhumatoïde et des rhumatismesinflammatoires destructeurs(psoriasique notamment)

Il faut rappeler que dans la polyarthrite rhuma-toïde, l’atteinte de l’épaule est fréquente (50-90 %des cas). Il faut être vigilant sur l’apparition d’unpincement gléno-huméral, véritable tournant thé-rapeutique du fait de sa rapidité d’évolution et quipour certains chirurgiens, signe l’indication chi-rurgicale de la prothèse totale d’épaule avant quel’arthropathie trop évoluée (destruction de laglène) ne rende impossible cette intervention.

Le traitement médical comprend bien entendule traitement de fond de la maladie et les mesuresgénérales couplant antalgiques et AINS. Les trai-tements locaux sont dans le cadre d’une synoviteactive particulièrement recommandée. On aurarecours dans un premier temps aux intra-articu-laire de corticoïdes (1 à 2 injections à 3-4 semaines d’intervalle) à réaliser sous scopie[10]. Dans la PR, il peut s’agir d’une bursite sousacromiale inflammatoire facilement repérable paréchographie. Les synoviorthèses isotopiques sontutiles avant un stade de destruction trop avancé eten cas de synovite rebelle (détectable par IRM).Elles utilisent soit un ß émetteur pur (Yttrium 90)ou pratiquement pur (Rhénium 186) avec uneinjection intra-articulaire. Il est utile de vérifier aupréalable la continence de la coiffe. Les résultatssont globalement comparables avec ceux d’autresarticulations (60-70 % de bons résultats) [10]. Lessynovectomies au début réalisées à ciel ouvertsont maintenant réalisables par arthroscopie (la

343

Traitement médical des omarthroses et autres arthropathies gléno-humérales

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 344: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

bursectomie peut compléter ce geste). Il s’agitd’un traitement plutôt chirurgical, mais qu’il fautmentionner comme la suite logique de l’échec desmodalités du traitement intra-articulaire. Dansune revue de 54 synovectomies à ciel ouvert, lesrésultats à 5,3 ans de recul montraient une amé-lioration de la fonction dans 84 % des cas et lemaintien de l’indolence chez 20 patients sur les31 revus à 11 ans [11].

Les indications sont fonction des symptômes etde l’état radiologique de l’articulation.

En cas de douleur sans épanchement et sanspincement de l’interligne gléno-huméral, la suitelogique est celle d’injections intra-articulaires decorticoïdes puis, si échec d’une synoviorthèse,après avoir prouvé l’existence d’un pannus puis,si échec d’une synovectomie. Dans le même casde figure mais en présence d’un épanchement, ilfaut en préciser le siège par échographie. S’ils’agit d’un épanchement de la bourse sous-acro-miale, ponction et injection intra-bursale et siéchec bursectomie chirurgical. S’il s’agit d’unépanchement intra-articulaire ou d’une synovite,le traitement comportera les corticoïdes en intra-articulaire puis, en cas d’échec, la synoviorthèsevoire la synovectomie plus ou moins bursectomie.Dès qu’il y a un pincement gléno-huméral, la sur-veillance radiologique ne doit pas laisser passerl’heure de la prothèse totale d’épaule après avoirvérifié l’état de la coiffe. Dans des épaules déjàdétruites, l’état de la coiffe des rotateurs est sou-vent difficile à apprécier par IRM, et est souventsous-estimé par rapport aux dégâts anatomiquesmacroscopiques [12]. Dans ce cas de destructionavancée, le traitement est palliatif médical ou chi-rurgical par la mise en place d’une prothèsesimple humérale [10].

Arthropathies destructrices de l’épaule

Ces arthropathies rapides sont marquées parune douleur souvent atroce contemporaine de

l’ostéolyse, une destruction prédominant sur leversant huméral qui laisse une épaule ballantesouvent limitée mais pas forcément algique. Lerecours aux corticoïdes (intra-articulaire voire peros) est souvent insuffisant et n’est pas recomman-dé en cas d’hémarthrose en raison du risqueinfectieux.

Les synoviorthèses isotopiques ont été évaluéesau cours de ces arthropathies destructrices micro-cristallines dans le but de tarir un épanchementarticulaire rebelle [13]. Trente patients(57 épaules ; 25 hommes, 5 femmes ; âge moyen76,1 ± 8 ans ; dont 24 avaient une chondrocalci-nose articulaire (CCA) certaine ou très probableet 6 une arthropathie d’allure métabolique sanspreuve de CCA). Tous les patients avaient unépanchement, hémorragique dans 50 % des cas,récidivant malgré les injections de corticoïdes etont reçu une injection de 186Rhenium.L’assèchement de l’épanchement (absence derécidive) était observé chez 1/3 des patients(n = 10) à 6 mois mais chez seulement 2 patientsà 12 mois.

Dans le cadre de ces épaules dites deMilwaukee, 2 patients ont été traités avec succès(avec un recul de 4 et 10 mois) par un lavage arti-culaire (1 litre) couplé à l’injection d’un corticoïdeen fin de lavage et un fibrinolytique (acide tra-nexamic) [14]. Le rationnel étant de laver et dedébarrasser l’articulation des débris cartilagineuxet de microcristallins.

Arthropathies hémophiliques

L’hémarthrose aiguë est traitée par substitutionde facteurs, immobilisation et interdiction d’AINSet d’aspirine. La ponction peut se discuter en casd’épanchement abondant. Les gestes locaux sontindiqués en cas de synovite chronique. Les iso-topes sont contre-indiqués chez l’enfant etl’adolescent. Ces gestes doivent être précédésd’une perfusion de facteurs anti-hémophiliques.

344

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 345: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

En cas de synovite rebelle on peut proposer lasynovectomie et le nettoyage articulaire arthro-scopique, voire une hémiarthroplastie.

Arthropathies neurologiques

Elles concernent essentiellement l’épaule de lasyringomyélie. Il s’agit d’une prise en charge déli-cate car l’épaule détruite est souvent vue à unstade avancé, souvent très hydarthrodial. Lerecours à la chirurgie est impossible dans cesépaules ballantes avec dégâts à la fois ostéo-arti-culaire et ligamentaire. Les infiltrations de corti-coïdes sont utilisées et parfois on a recours auxsynoviorthèses isotopiques en cas d’épanchementabondant récidivant.

CONCLUSION

La différence primordiale entre omarthrosecentrée et excentrée est l’existence d’une largerupture de la coiffe des rotateurs au cours de cettedernière dont il faut tenir compte pour la prise encharge thérapeutique.

Les objectifs du traitement médical des omar-throses sont relativement modestes et les modali-tés thérapeutiques peu ou pas du tout évaluées.Toutefois, les injections, notamment au cours del’omarthrose centrée, de corticoïdes et d’acidehyaluronique méritent d’être mieux évaluées etleur utilisation doit être optimisée.

345

Traitement médical des omarthroses et autres arthropathies gléno-humérales

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] NOEL E., TAVERNIER T., NOVE-JOSSERAND L., LEVIGNEC. Omarthrose excentrée. In Laredo JD, Bard H, La coiffe desrotateurs et son environnement, monographies du Getroa opusXXIII, Sauramps ed, Montpellier, 1996, pp 249-58.

[2] EUSTACE J.A., BROPHY D.P., GIBNEY R.P. et al.Comparison of the accuracy of steroid placement with clinicaloutcome in patients with shoulder symptoms. Ann Rheum Dis1997 ; 56: 59-63.

[3] NAREDO E., CABERO F., BENEYTO P. et al. A randomisedcomparative study of short term response to blind injection ver-sus sonographic-guided injection of local corticosteroids inpatients with painful shoulder. J Rheumatol 2004 ; 31: 308-14.

[4] KEILHOLZ L., SEEGENSCHMIEDT H., SAUER R.Radiotherapy for painful degenerative joint disorders.Indications, technique and clinical results. Strahlenther Onkol1998 ; 174: 243-50.

[5] MISZCZIK L., WALICHIEWICZ P., SPINDEL J. Use of radio-therapy in treatment of painful scapula-humeral periarthritis.Chir Narzadow Ruchu Ortop Pol 2001 ; 66: 67-71.

[6] ITOKAZU M., MATSUNAGA T. Clinical evaluation of high-molecular-weight sodium hyaluronate for the treatment ofpatients with periarthritis of the shoulder. Clin Ther 1995 ; 17:946-55.

[7] LEARDINI G., PERBELLINI A., FRANCESCHINI M. et al.Intra-articular injections of hyaluronic acid in the treatment ofpainful shoulder. Clin Ther 1988 ; 10: 521-6.

[8] TAMAI K., MASHITORI H., OHNO W., HAMADA J., SAKAIH., SAOTOME K. Synovial response to intra-articular injectionsof hyaluronate in frozen shoulder: a quantitative assessmentwith dynamic magnetic resonance imaging. J Orthop Sci 2004 ;9: 230-4.

[9] SAFRAN M., BAILLARGEON D. The role of arthroscopy inthe treatment of glenohumeral arthritis. Sports MedArthroscopy Rev 2004 ; 12: 139-45.

[10] NOEL E. Le traitement de l’épaule rhumatoïde. Rev Rhum1997 ; 64 (Suppl pédagogique): 272-4.

[11] PAHLE J.A., KVARNES L. Synovectomy of the shoulder. In:Arthroplasty of the shoulder, 1994 ; Friedman RJ, Thieme medi-cal Publishers, N.Y, 113-25.

[12] SOINI I., BELT E.A., NIEMITUKIA L., MAENPAA H.M.,KAUTIAINEN H.J. Magnetic resonance imaging of the rotatorcuff in destroyed rheumatoid shoulder: comparison with fin-dings during shoulder replacement. Acta radiol 2004 ; 45: 434-9.

[13] GIRAUDET-LE QUINTREC J., JOB-DESLANDRE C.,MENKES C.J. Arthropathies destructrices de l’épaule.Traitement par synoviorthèses isotopiques. Rev Rhum 1989 ; 56:111-4.

[14] CAPORALI R., ROSSI S., MONTECUCCO C. Tidal irriga-tion in Milwaukee shoulder syndrome. J Rheumatol 1994: 21;1781-2.

Page 346: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 347: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’arthrose gléno-humérale (ou omarthrose) estbeaucoup moins fréquente que l’arthrose de lahanche ou du genou. En outre, la grande majoritédes omarthroses est longtemps bien tolérée clini-quement avant de nécessiter le recours à unearthroplastie. Lorsque l’indication opératoire estretenue, le bilan d’imagerie pré-opératoire reposeessentiellement sur les radiographies etl’arthroscanner. Il demeure classique de distinguerl’omarthrose centrée de l’omarthrose excentrée.

OMARTHROSE CENTRÉE

Il s’agit classiquement d’une omarthrose à coif-fe continente. Cependant, omarthrose centrée etrupture de coiffe peuvent coexister (cf. infra).L’omarthrose centrée (fig. 1) ne représente que2 % de l’ensemble de la pathologie arthrosique.Radiographiquement, elle associe un pincementde l’interligne gléno-huméral et une conservationde l’espace sous-acromial (≥ 7 mm). L’omarthrosecentrée peut être primitive ou secondaire (ostéo-nécrose de la tête humérale, arthrite, fracture,intervention chirurgicale pour instabilité, micro-traumatismes répétés…). L’omarthrose centréeprimitive est bilatérale dans 40 % des cas. Ellesemble plus fréquente chez la femme [1]. Elles’intègre dans une atteinte arthrosique polyarticu-laire dans seulement 30 % des cas. Pour mémoire,citons la dysplasie glénoïdale. Cette dernière cor-respond à l’absence d’ossification des 2/3 infé-rieurs de l’anneau glénoïdal et du col de la scapu-la, habituellement bilatérale. L’étiologie en estinconnue. La dysplasie glénoïdale peut être res-

ponsable d’une omarthrose centrée précoce [2].Cliniquement, l’omarthrose centrée associe enrai-dissement et douleurs. Au contraire des autresatteintes arthrosiques, les douleurs sont volon-tiers permanentes, mal soulagées par le repos.

L’imagerie préopératoire de l’omarthrose cen-trée repose sur les radiographies etl’arthroscanner. L’IRM et l’arthro-IRM n’ont guèreleur place dans cette indication. Par comparaison

347

IMAGERIE PRÉOPÉRATOIREDE L’OMARTHROSE

N. BOUTRY, C. MAYNOU, A. COTTEN

Fig. 1 : Omarthrose centrée

Page 348: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

au scanner, l’arthroscanner permet en outred’explorer la coiffe des rotateurs et d’analyserl’état du cartilage.

Radiographies

Le bilan radiographique comporte habituelle-ment un cliché de face selon les 3 rotations, à larecherche d’ostéophytes de la tête humérale et unprofil axillaire. Un cliché complémentaire centrésur l’articulation acromio-claviculaire peut êtreréalisé, à la recherche d’une arthrose acromio-claviculaire.

➣ Sur le cliché de face, on objective :

❍ une ostéophytose marginale de la tête humé-rale et de la glène à l’insertion du labrum.L’ostéophytose débute et prédomine à la par-tie antérieure et inférieure de l’articulation[3]. La taille des ostéophytes serait corrélée àla durée d’évolution de l’omarthrose mais pasà sa sévérité [4].

❍ un pincement gléno-huméral dont l’importanceest parfois majorée en rotation latérale.

❍ une ostéocondensation sous-chondrale, foca-le ou globale. Elle prédomine à la partie supé-ro-médiale de la tête humérale et à la partiecentrale de la glène. Les géodes sous-chon-drales sont rares.

❍ un respect de l’espace sous-acromial(≥ 7 mm). Une subluxation postérieure de latête humérale peut cependant être respon-sable d’une diminution de cet espace alorsque la coiffe des rotateurs est continente.

❍ un aplatissement de la tête humérale et unraccourcissement du col huméral à un stadeavancé.

➣ Sur le cliché de profil axillaire, on rechercheune subluxation postérieure de la tête humé-rale et un excès de rétroversion glénoïdale(cf. infra). Ce dernier est cependant mieux

apprécié au scanner. L’intérêt du profil deLamy est surtout d’éliminer des signes deconflit sous-acromial.

Arthroscanner

Il permet d’apprécier :

❍ le capital osseux de la glène, élément fonda-mental dans le choix de la prothèse la mieuxadaptée (fig. 2).

❍ une subluxation postérieure de la tête huméra-le, facteur péjoratif dans l’évolution de lamaladie [11]. Elle est indépendante de la rétro-version glénoïdale, mais elle induit une usurepostérieure de la glène qui favorise à son tourun excès de rétroversion glénoïdale ou majoreune dysplasie glénoïdale pré-existante.

À noter qu’une classification basée surl’aspect morphologique de la glène a été pro-posée [6] (cf. Tableau 1).

348

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Omarthrose en arthroscanner. La tête humérale estsubluxée en arrière. Noter l’usure postérieure de la glène(flèches).

Page 349: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

❍ un excès de rétroversion glénoïdale [6-10],classiquement arthrogène. Physiologiquement,la glène est légèrement rétroversée c’est-à-dire qu’elle regarde vers l’arrière. La rétrover-sion glénoïdale est normalement compriseentre 0° et 8° (fig. 3). On parle d’excès derétroversion glénoïdale au-delà de 10°. En casd’usure postérieure marquée de la glène, il estparfois difficile de distinguer un excès primi-

tif de rétroversion glénoïdale d’un excèssecondaire. On considère qu’au-delà de 25°, larétroversion glénoïdale n’est pas due à laseule usure arthrosique de la glène [6, 9].

❍ une diminution de la rétrotorsion humérale.Elle correspond à l’angle formé par l’axe de latête humérale et l’axe épicondyle latéral – épi-condyle médial [10]. Elle est normalementcomprise entre 18° et 30° mais s’avère délica-te à mesurer en raison des remaniementsarthrosiques de la tête humérale. Son intérêtpratique est limité.

❍ l’importance de la chondrolyse (fig. 4).

❍ la présence éventuelle d’ostéochondromes.

❍ une rupture de la coiffe des rotateurs. Cettedernière est habituellement intacte dansl’omarthrose centrée. Il peut cependant exis-ter une petite rupture transfixiante du tendonsupra-épineux dans 7 à 23 % des cas [6]. Lesautres tendons de la coiffe des rotateurs sontle plus souvent normaux. À signaler cepen-dant que certaines omarthroses centrées sontassociées à d’importantes ruptures de la coif-fe des rotateurs, en particulier lorsque la rup-ture est survenue après le développement del’omarthrose. L’existence éventuelle d’unedégénérescence graisseuse de la coiffe desrotateurs et en particulier de l’infra-épineux

349

Imagerie préopératoire de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tableau 1 : Omarthrose centrée :classification de l’aspect morphologique de la glène (d’après Badet et coll. [6]).

Type A (60 % des cas) Tête humérale centrée

Type A1 Usure glénoïdale centrale

Type A2 Protrusion de la tête dans la glène (aspect en cupule)

Type B (30 % des cas) Tête humérale subluxée en arrière

Type B1 Pincement, ostéocondensation sous-chondrale et géodes postérieures

Type B2 Usure postérieure de la glène qui présente un aspect biconcave

Type C (10 % des cas) Rétroversion glénoïdale > 25°

Fig. 3 : Rétroversion glénoïdale. Elle se mesure au 1/3moyen de la glène et se définit de la manière suivante :α = 90° - ß. L’angle α correspond à la rétroversion glénoïda-le. L’angle ß correspond à l’angle formé par deux droites : lapremière droite joint les bords antérieur et postérieur de laglène ; la deuxième droite joint le milieu de la droite précé-dente au bord médial de l’écaille de la scapula [10].

Page 350: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

doit être précisée car elle grève le pronosticde l’arthroplastie [12]. La trophicité dumuscle deltoïde serait également un para-mètre important à prendre en compte.

❍ une arthrose acromio-claviculaire. Elle néces-site d’être prise en charge en même tempsque l’omarthrose pour éviter les douleurs per-sistantes.

OMARTHROSE EXCENTRÉE

Il s’agit d’une omarthrose à coiffe rompue.Radiographiquement, elle associe pincement del’interligne gléno-huméral et diminution del’espace sous-acromial (< 6 mm) (fig. 5), notam-ment en décubitus dorsal. L’omarthrose excentréerésulte habituellement d’une large rupture de lacoiffe des rotateurs. À noter que la luxation dutendon de la longue portion du muscle biceps bra-chial et la dégénérescence graisseuse du muscleinfra-épineux sont également corrélés à une dimi-nution de l’espace sous-acromial. Des remanie-ments microtraumatiques et dégénératifs de la

partie supérieure de la tête humérale et de la faceinférieure de l’acromion vont progressivement sedévelopper et aboutir dans certains cas à laconstitution d’une néoarticulation acromio-humé-rale. Cette arthrose sous-acromiale peut se com-pléter d’une chondrolyse gléno-humérale, réali-sant un tableau complet d’omarthrose excentrée(arthrose sous-acromiale et gléno-humérale).L’atteinte gléno-humérale se caractérise clinique-ment par un enraidissement articulaire.

L’imagerie préopératoire de l’omarthrose excen-trée repose également sur les radiographies etl’arthroscanner. Là encore, l’IRM et l’arthro-IRMn’ont guère leur place. L’arthroscanner représentel’imagerie de choix pour d’une part, quantifierl’atteinte de la coiffe des rotateurs (taille et topo-graphie des ruptures tendineuses, importance dela dégénérescence graisseuse, trophicité muscu-laire, anomalies du tendon de la longue portiondu muscle biceps brachial) et d’autre part, jugerdu stock osseux glénoïdal.

350

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Omarthrose en arthroscanner. La tête huméraledemeure centrée dans la glène. Noter l’ostéophytose humé-rale (flèches) et l’importance de la chondrolyse.

Fig. 5 : Omarthrose excentrée. Noter la condensation sous-chondrale de la partie supéro-médiale de la tête humérale.

Page 351: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

À noter qu’une classification des omarthrosesexcentrées, basée sur les radiographies, a été pro-posée par Hamada et coll. [13] (cf. Tableau 2).

TRAITEMENT CHIRURGICAL

Il consiste en la mise en place d’une prothèsed’épaule. Trois paramètres essentiels influencentle choix prothétique : 1) le stock osseux glénoïdal(qui va déterminer la qualité de l’ancrage osseux)2) l’état de la coiffe des rotateurs et 3) l’âge dupatient. En cas d’omarthrose centrée, un stock

osseux glénoïdal satisfaisant, une coiffe des rota-teurs continue et un âge supérieur à 50 ans sontune bonne indication de prothèse totale (implantscéphalique et glénoïdal). À défaut, une prothèsehumérale simple (implant céphalique seul) seraretenue. En cas d’omarthrose excentrée, une rup-ture massive de la coiffe des rotateurs, la présen-ce d’une néo-articulation sous-acromiale sontautant d’arguments en faveur d’une prothèsehumérale simple (avant 70 ans) ou d’une prothè-se contrainte (après 70 ans). Une ténodèse ou uneténotomie de la longue portion du muscle bicepsbrachial est parfois associée au geste prothétique.

351

Imagerie préopératoire de l’omarthrose

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Tableau 2 : Omarthrose excentrée :classification de Hamada et coll. [13]

Stade 1 Respect de l’espace sous-acromial (> 6 mm)

Stade 2 Diminution de l’espace sous-acromial (< 6 mm)

Stade 3 Diminution de l’espace sous-acromial (< 6 mm)

Acétabulisation de la face inférieure de l’acromion

Stade 4A Diminution de l’espace sous-acromial (< 6 mm)

Pincement gléno-huméral

Absence d’acétabulisation de la face inférieure de l’acromion

Stade 4B Diminution de l’espace sous-acromial (< 6 mm)

Pincement gléno-huméral

Acétabulisation de la face inférieure de l’acromion

Stade 5 Diminution de l’espace sous-acromial (< 6 mm)

Nécrose massive de la tête humérale

Page 352: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

352

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] NAKAGAWA Y., HYAKUNA K., OTANI S., HASHITANI M.,NAKAMURA T. Epidemiologic study of glenohumeral osteoar-thritis with plain radiography. J Shoulder Elbow Surg 1999; 8:580-584.

[2] SMITH S.P., BUNKER T.D. Primary glenoid dysplasia. Areview of 12 patients. J Bone Joint Surg 2001; 83-B: 868-872.

[3] RESNICK D. Degenerative disease of extraspinal locations.In D Resnick. Diagnosis of bone and joint disorders. SaundersEd.2002. 4th ed. p 1271-1381.

[4] BROX J.L., LEREIM P., MERCKOLL E., FINNANGER A.M.Radiographic classification of glenohumeral arthrosis. ActaOrthop Scand 2003; 74: 186-189.

[5] IANNOTTI J.P., NORRIS T.R. Influence of preoperative fac-tors on outcome of shoulder arthroplasty for glenohumeralosteoarthritis. J Bone joint Surg 2003-A; 85: 251-258.

[6] BADET R., WALCH G., BOULAHIA A. L’examen tomodensi-tométrique dans l’omarthrose centrée et primitive. Rev Rhum1998 ; 65 : 203-210.

[7] EDELSON J.G. Localized glenoid hypoplasia. An anatomicvariation of possible clinical significance. Clin Orthop 1995; 321:189-195.

[8] FRIEDMAN R.J., HAWTHORNE K.B., GENEZ B.M. The useof computerized tomography in the measurement of glenoidversion. J Bone Joint Surg Am 1992 ; 74 : 1032-1037.

[9] WALCH G., BADET R., BOULAHIA A., KHOURY M.D.Morphologic study of the glenoid in primary glenohumeralosteoarthritis. J Arthroplasty 1999 ; 14 : 756-760.

[10] BERNAGEAU J. Scanner et arthroscanner de l’épaule.Technique et aspects normaux. Encycl Méd Chir (Paris, France),Radiodiagnostic I, 30360 C20, 6-1990, 8 p.

[11] IANNOTTI J.P., NORRIS T.R. Influence of preoperative fac-tors on outcome of shoulder arthroplasty for glenohumeralosteoarthritis. J Bone Joint Surg 2003-A; 85: 251-258.

[12] EDWARDS T.B., BOULAHIA A., KEMPF J., BOILEAU P.,NEMOZ C., WALCH G. The influence of rotator cuff disease onthe results of shoulder arthroplasty for primary osteoarthritis. JBone Joint Surg 2002; 84-A: 2240-2248.

[13] HAMADA K., FUKUDA H., MIKASA M., KOBAYASHI Y.Roentgenographic findings in massive rotator cuff tears: a longterm observation. Clin Orthop 1990; 254: 92-96.

Page 353: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

La raison d’être du membre supérieur estl’exploration de l’espace, permise par le cône decircumduction de l’épaule. Cette liberté del’articulation gléno-humérale est permise par uneimportante incongruence des surfaces articu-laires. Bien que n’étant pas une articulation por-tante, elle supporte des contraintes importantesqui sont considérables à l’effort. Cette énarthroseest sous contrôle de structures capsulo-ligamen-taires et surtout tendino-musculaires périarticu-laires. C’est la restitution de l’anatomie osseuse etsurtout fonctionnelle de la coiffe des rotateurs quiconditionne le résultat des arthroplasties del’épaule. Ceci explique que le bilan d’imagerie pré-opératoire doit comprendre idéalement des radio-graphies standard (face, profil axillaire et profil deLamy) et une imagerie de type arthroscanner per-mettant outre l’étude du squelette osseux l’étudede la coiffe des rotateurs permise par les coupesen reconstruction. La faillite des structures tendi-no-musculaires périarticulaires explique les résul-tats franchement moyens des premières arthro-plasties et la traditionnelle méfiance des patientscomme des médecins dans leurs indications. Desurcroît l’arthrose gléno-humérale est assez long-

temps relativement bien tolérée, car l’articulationgléno-humérale ne prend en charge qu’une partiede la mobilité globale de la ceinture scapulaire. Entraumatologie et dans les affections dégénératives,le nombre des arthroplasties d’épaule implantéesen France augmente régulièrement mais faible-ment au fil des ans. Il reste très loin derrière celuides arthroplasties de hanche et de genou, dont lesrésultats fonctionnels et radio-cliniques sont trèssouvent excellents et stables dans le temps, aumoins à court et moyen terme. Le but de ce travailest de faire état en 2005 des différents types deprothèse d’épaule actuellement implantées et deleurs indications respectives, qui sont en perpé-tuelle évolution.

HISTORIQUE

La littérature médicale fait débuter l’histoire desarthroplasties de l’épaule avec la prothèse d’épaulemise en place à Paris en 1892 par le Dr Péan pourune tuberculose de l’épaule. Les matériaux utilisés,caoutchouc et platine irridée, assemblée par un pro-thésiste dentaire, étaient plus biocompatibles que letraditionnel ivoire dont les qualités mécaniques etde défense vis-à-vis de l’infection restaient incer-taines. Sa prothèse resta implantée 2 ans.

353

PROTHÈSES DE L’ÉPAULE :LES DIFFÉRENTS TYPES

ET LEURS INDICATIONS EN 2005

E. VANDENBUSSCHE, CH. NICH, B. AUGEREAU

Page 354: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Peu de publications existent sur le sujet entre

les deux guerres.

Judet en 1951 proposa un modèle en acrylique

calqué sur sa prothèse de hanche, en utilisant la

voie delto-pectorale proposée par Cadenat.

En 1955, Neer publia des résultats encoura-

geants des 12 premiers cas de fractures de

l’extrémité supérieure de l’humérus traité par

implantation d’une prothèse humérale simple en

vitallium, avec une réelle mobilité attestée par des

résultats radiologiques. C’est le véritable début

des arthroplasties de l’épaule.

Neer eut le mérite de décrire les gestes tech-

niques de résection de la tête humérale, de prépa-

ration du fût diaphysaire, de plastie du tendon du

sub-scapulaire pour gagner en rotation externe

(une plastie d’allongement avec la capsule permet

de gagner 20° de rotation externe par centimètre

d’allongement), et la nécessité de respecter une

rétroversion anatomique de 20 à 35°. Son nom

restera d’autant plus indissociable de la chirurgie

de l’épaule, qu’à cette avancée technique majeure,

s’associe un démembrement de toute la patholo-

gie fracturaire et dégénérative de l’épaule, avec

des indications codifiées selon des nouvelles clas-

sifications.

De nombreux auteurs suivirent de près ou de

loin le concept de Neer et de multiples modèles

prothétiques virent le jour. Il fallut néanmoins

atteindre 20 ans avant que les premiers résultats

de ces prothèses totales d’épaule sur omarthrose

dégénérative soient rapportés.

Le problème du remplacement prothétique de

la glène par un composant en polyéthylène ne

bénéficia qu’en 1973 de l’expérience de

l’utilisation du ciment (polyméthylméthacryla-

te) proposé par Charnley en 1970 dans les pro-

thèses totales de hanche. En cas de rupture

majeure de la coiffe des rotateurs, les résultats

furent très rapidement moins bons avec migra-

tion supérieure de la prothèse. De nombreux

concepteurs dont Neer avec sa prothèse inver-

sée choisirent de résoudre ce problème en aug-

mentant la congruence prothétique. Ainsi virent

le jour de nombreux implants dits contraints,

voire “à charnière”, offrant une plus grande sta-

bilité prothétique au prix d’importantes sollici-

tations sur les zones d’ancrage osseuses notam-

ment glénoïdiennes. La trop grande fréquence

des complications mécaniques (rupture des

pièces, descellement précoce) fit vite abandon-

ner ces implants contraints. Il n’en demeure en

France qu’un modèle mis au point à Dijon par le

Pr Grammont, qui a trouvé sa place dans les indi-

cations d’omarthrose excentrée, une fois résolus

les problèmes mécaniques initiaux de fixation de

la glénosphère sur la méta-glène vissée. Hormis

cette exception dont quelques copies voient le

jour, les prothèses non contraintes sont actuelle-

ment utilisées de façon quasi exclusive sous la

forme soit d’une prothèse humérale simple, soit

d’une prothèse totale d’épaule remplaçant les

deux versants articulaires.

LES DIFFÉRENTS TYPESDE PROTHÈSES

Prothèse humérale simple monobloc

La plus connue et implantée reste la prothèse de

Neer, dont le dessin du composant huméral

remonte… à 1973…, date à laquelle il avait été

modifié pour se conformer à l’implant glénoïdien.

Il existe 3 diamètres de tige et deux hauteurs, de

15 et 22 mm, de tête prothétique pour un rayon de

courbure unique de 50 mm.

En pratique traumatologique courante, cette

prothèse est toujours utilisée car de faible prix par

rapport aux nouveaux implants modulaires.

354

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 355: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Prothèse totale d’épaule non contraintemonobloc

La prothèse totale de Neer se compose dumême implant huméral que celui pour fracture etd’une pièce glénoïdienne en polyéthylène dehaute densité. Les deux pièces prothétiques sontcimentées. Les rayons de courbure de la têtehumérale et de la partie glénoïdienne sont iden-tiques ce qui autorise une grande stabilité intra-prothétique mais également une faible mobilitéintrinsèque de la prothèse.

Prothèse humérale simple modulaire

Pour tenter d’améliorer le résultat fonctionnel,de nouveaux implants ont été introduits pour res-tituer au mieux l’anatomie osseuse. Des travauxrécents ont en effet apporté d’importantes préci-sions sur l’anatomie de l’épiphyse humérale.Parmi ceux-ci la découverte de la notion de déportmédial et postérieur de la tête humérale : le centrede la tête humérale n’est pas situé sur l’axe du

355

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005

Prothèse humérale simple monobloc

Prothèse totale d’épaule non contrainte monobloc

Page 356: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

cylindre diaphysaire mais en dedans (déportmédial) et le plus souvent en arrière (déport pos-térieur) de lui. Le déport médial est relativementconstant d’environ 5 mm. Le déport postérieur esttrès variable de 12 mm en arrière jusqu’à 3 mm enavant, avec une moyenne voisine de 5 mm enarrière. Par ailleurs, l’angle cervico-diaphysaire,qui avoisine classiquement 130°, est lui aussivariable d’un sujet à l’autre, de 125 à 140°. Enfin,la rétroversion humérale est en fait sujette à detrès importantes variations de 0 à 55°, d’un sujet àl’autre et même d’une épaule à l’autre chez unmême sujet, avec une rétroversion un peu plusimportante de 5 à 7° du côté dominant. Au coursd’une arthroplastie humérale, il faut idéalementreproduire la rétroversion humérale. En cas defracture, on ne devrait théoriquement se baserque sur celle de l’épaule controlatérale, mesuréepar tomodensitométrie, puis la corriger en fonc-tion du côté dominant du patient. Il faut égale-ment tenir compte de l’existence du sens d’uneluxation éventuelle associée à la fracture.

Toutes ces bonnes raisons ont conduit de nom-breux auteurs à proposer des implants modu-laires, avec une gamme importante de tailled’implants, permettant de reproduire le plus fidè-lement possible l’anatomie. Ces systèmes ditsmodernes d’implants permettent divers réglagesde hauteur, d’angulation de rétroversion, avec dif-férents rayons de courbure. Le principe de cadrancéphalique excentré a ainsi permis de s’approcherde la restitution du déport médial et postérieur dela tête par rapport à la tige prothétique.

En fait, le bénéfice de ces implants reste encoreà ce jour plus théorique que perceptible clinique-ment. Le résultat fonctionnel d’une arthroplastieen traumatologie dépend beaucoup plus de laqualité de la restitution de l’anatomie (réglageoptimal de la hauteur et de la rétroversion del’implant) et de l’ostéosynthèse des tubérosités,entre elles et à la diaphyse, soit en pratique del’expérience de l’opérateur, que du design ou de lamodularité de l’implant.

356

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Prothèse humérale simple modulaire

Page 357: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Prothèse totale d’épaule non contraintemodulaire

Les avantages théoriques de la modularité inté-ressent bien évidemment les arthroplastiestotales. Elle permet d’ajuster au mieux la tensiondes parties molles autour de l’arthroplastie.

Toutefois cette modularité fait apparaître desproblèmes potentiels de corrosion ou mobilité desdiverses interfaces, de désassemblage desimplants.

Côté huméral, les implants sont souvent lesmêmes que les prothèses humérales simplesmodulaires décrites ci-dessus. Les implants aveccône morse inversé permettent un accès plus faci-le sur la glène après dépose de la tête modulaire.

L’implant glénoïdien a également été le siège denombreuses innovations, pas toutes très heu-reuses, comme l’adjonction d’un metal-back.

Comme il constitue à moyen et long terme lemaillon faible des prothèses totales en raison deson descellement progressif, il a été l’objetd’attention particulière. Il en existe ainsi toutpolyéthylène ou avec metal-back, avec quille, visou plots de fixation dans le col de l’omoplate, derayon de courbure identique ou différent de celuide la tête humérale prothétique (mismatch), avecou non renforcement postéro-supérieur.

Prothèse humérale simple dite pourfracture

En Traumatologie, la reconstruction huméraledoit être la plus exacte possible. Ceci nécessite lerétablissement de la longueur humérale, unerétroversion prothétique correcte, le rétablisse-ment de l’encombrement épiphysaire, une fixa-tion prothétique stable et une ostéosynthèse soli-de des tubérosités. Or la plupart des implants

357

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005

Prothèse totale d’épaule non contrainte modulaire

Page 358: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

huméraux ont une partie métaphysaire volumi-neuse qui constitue un obstacle évident à laconsolidation des tubérosités, ce qui est aggravépar la présence d’un aileron prothétique empê-chant une réduction satisfaisante du trochiter,souvent déjeté vers l’arrière.

Cette spécificité trauma-tologique a incité certainsauteurs à développer desimplants et ancillaires spé-cifiques pour fracture, quise distinguent des pro-thèses humérales simplesmonobloc ou modulaire.

La différence porte notamment sur le dessin de lamétaphyse prothétique, volontiers plus affinée enexterne pour diminuer la quantité de métal auprofit du spongieux des tubérosités ou del’autogreffe, voire ajourée par une fenêtre méta-physaire pour permettre une meilleure consolida-tion des tubérosités entre elles par adjonctiond’une autogreffe spongieuse encastrée.

Prothèse intermédiaire

Encore appelée arthroplastie bipolaire d’épaule,elle a initialement été développée comme inter-vention de sauvetage après chirurgie complexe.Le dessin de ces prothèses visait à créer une arti-culation supplémentaire entre la cupule cépha-lique et la tige humérale, à la manière des pro-thèses intermédiaires de hanche, dans le but delimiter les frottements sur la glène. Un secondobjectif de remplissage de l’espace sous acromialétait souhaité dans les ruptures anciennesmajeures de la coiffe des rotateurs.

358

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Prothèse humérale simpledite pour fracture

Prothèse intermédiaire

Page 359: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les résultats cliniques obtenus sont en fait dequalité moyenne, sans grande différencenotable avec ceux des implants monoblocs oumodulaires dit anatomiques, hormis peut-être legain en rotation externe coude au corps. Aprèsun engouement certain il y a quelques annéesdans des indications de ruptures de coiffemajeures, le nombre d’implantations redevientconfidentiel.

Elle constitue une bonne alternative à l’arthrodèsecomme solution de sauvetage dans les cas de repri-se de prothèse avec destruction de la glène.

Prothèse totale de resurfaçage

Elles diffèrent des prothèses à tige de type Neerpar leur concept. Celui-ci repose sur le principed’une résection osseuse minime avec remplace-

ment uniquement des surfaces articulairesendommagées, sans tige diaphysaire.

En cas de cal vicieux métaphysaire majeur nepermettant pas l’implantation d’une tige huméra-le classique, elle constitue une solution prothé-tique de secours élégante, dont les résultats cli-niques, bien que plus récents, n’ont pas à pâlir deceux des arthroplasties conventionnelles.

Non cimentées, elles mettent à l’abri des com-plications diaphysaires des prothèses à tiges,notamment des fractures périprothétiques. Leurdiffusion est toutefois faible malgré les avantagescertains de la conservation du capital osseux.

Prothèse totale d’épaule inversée

Elle repose sur le concept d’une pièce prothé-tique sphérique (glénosphère) implantée sur laglène via une embase vissée (métaglène) et d’unetige humérale supportant une pièce prothétiqueen cupule. Elle a été imaginée en 1986 par lePr Grammont, chirurgien Dijonnais, qui cherchaitune réponse dans les importantes forces decisaillement générées par des sollicitations nonphysiologiques en raison de la rupture de la coif-fe des rotateurs qui descellent les glènes prothé-tiques dites anatomiques.

En fait, l’idée de l’inversion avait déjà été ima-ginée par d’autres auteurs comme Neer, Kessel,Koelbel ou Lannelongue. L’idée originale deGrammont a été de se servir au mieux del’intégrité du deltoïde en médialisant et abaissantle centre de rotation de l’articulation prothétique.Cette nouvelle disposition des forces vectoriellesaboutit à un renforcement de l’abduction en aug-mentant le bras de levier deltoïdien et à unemeilleure coaptation prothétique tout en dimi-nuant la composante ascensionnelle des arthro-plasties anatomiques.

Les erreurs conceptuelles techniques des pre-miers implants ont été corrigées pour aboutir àune prothèse maintenant fiable dans sonassemblage.

359

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005

Prothèse totale de resurfaçage

Page 360: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LES INDICATIONS

Fractures de l’extrémité supérieure del’humérus

En Traumatologie, la prothèse humérale simplescellée reste le recours en cas d’ostéosynthèseimpossible techniquement ou de fracture expo-sant à un risque de nécrose important.

Les résultats fonctionnels des prothèses sontinconstants et leur avenir menacé d’usure de laglène, de rupture secondaire de la coiffe, voire dedescellement. Ces incertitudes incitent à les réser-ver à des patients de plus de 65 ans en raison dela qualité et de la comminution osseuse, qui seprêtent mal à l’ostéosynthèse chez les sujets âgéset à traiter les sujets jeunes par ostéosynthèse, auprix d’un risque élevé de nécrose céphalique quidépend du type fracturaire. Celle-ci, en effet,peut-être bien tolérée, sous réserve d’une réduc-tion épiphysaire exacte. Cette attitude Françaisefonction de l’âge, diffère en effet de celle desauteurs américains, partisans de la prothèse à

360

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Prothèsetotale

d’épauleinversée

Page 361: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

tout âge, en raison de la fréquence des échecsd’ostéosynthèse et des moins bons résultats desprothèses de deuxième intention. Il est vrai que lerespect assez récent des impératifs techniquespermet d’espérer de meilleurs résultats fonction-nels et peut-être une plus grande longévité desprothèses.

En pratique quotidienne, dans les deux indica-tions, les erreurs diagnostiques, stratégiques ettechniques sont fréquentes et se cumulent. Onpeut en décrire de nombreuses. La connaissan-ce de l’anatomopathologie, un examen cliniqueet notamment vasculo-nerveux systématique,une imagerie adaptée et analysée avec rigueur,des indications raisonnées et le respect des prin-cipes thérapeutiques permettent d’en éviter uncertain nombre.

Certaines fractures comminutives associées dela glène posent un problème particulier. En effet,l’impossibilité de fixer les fragments détachésexpose à l’instabilité prothétique. On peut dans cecas discuter d’emblée une butée voire la totalisa-tion de la prothèse.

Hormis cette situation et les rares cas oùd’importantes altérations du cartilage glénoïdienexistent avant le traumatisme, la prothèse totalede type anatomique n’est pas justifiée dans lesfractures récentes.

Dans les cas de rupture de coiffe majeure asso-ciée, a fortiori en cas d’omarthrose excentrée pré-existante, la prothèse totale inversée commence àavoir des indications en traumatologie, qui nesont pas encore bien codifiées pour la majoritédes auteurs. Cette voie de recherche doit tenircompte des mauvais résultats à moyen et longterme de ce type d’implant en raison des compli-cations glénoïdiennes.

Les premiers résultats des prothèses dites pourfractures ont été présentés récemment… par lespromoteurs de ces implants. Il est actuellementdifficile d’affirmer que seul le dessin de ces nou-

veaux implants explique l’amélioration réelle desrésultats. La codification de la technique opératoi-re, le soin apporté à la restitution de l’anatomiehumérale, à l’ostéosuture des tubérosités au grosfil non résorbable, l’immobilisation postopératoi-re de 4 à 6 semaines, l’attention portée à la réédu-cation volontairement décalée dans le temps pourpermettre au mieux cette consolidation dans uncentre rompu avec cette pathologie sont autant defacteurs qui ne permettent pas de dire que seule laqualité de l’implant est primordiale.

Les omarthroses primitives centrées

L’indication préférentielle et logique est le rem-placement des deux surfaces articulaires :l’arthroplastie totale de l’épaule est l’indication dechoix.

S’il est acquis que les prothèses totales ont unrésultat fonctionnel objectivé par un score deConstant meilleur que les prothèses huméralessimples, en raison du gain sur la mobilité et sur ladouleur, toutes les omarthroses dites centrées nerelèvent pas d’une prothèse totale.

C’est en raison des résultats cliniques et radio-logiques avec un recul moyen court de 3 à 5 ansqui ont montré d’importants problèmes de tenuedu composant glénoïdiens (environ 10 % de des-cellements et près de 60 % de liserés dont la moi-tié est stable à deux ans) que les indications sontà moduler selon le degré de subluxation posté-rieure de la tête par rapport à la glène.

Si l’omarthrose est dite centrée dans le plancoronal, elle n’est pas toujours centrée dans leplan axial. Le démembrement des usures de laglène permet d’aboutir à une classification del’usure selon sa morphologie dans le plan hori-zontal ou axial sur le scanner, permettant de dis-tinguer des glènes concaves (dite de type A), desglènes biconcaves (de type B) et des glènes dys-plasiques (de type C).

361

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005

Page 362: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’influence de la morphologie de la glène surles résultats cliniques des arthroplasties invite àproposer une prothèse totale dans les glènesconcaves de type A. En revanche, les indicationsactuelles deviennent beaucoup plus nuancéessur les glènes de type biconcave de type B : iln’est pas recommandé d’implanter une prothèsetotale en cas de rétroversion supérieure à 20°. Lamajorité des auteurs recommande pour lesglènes dysplasiques de type C de ne pas implan-ter de glène en sachant les mauvais résultats àterme engendrés par les subluxations posté-rieures sur la glène.

Le problème des omarthroses primitives avecsubluxation postérieure fixée en pré-opératoireresponsable le plus souvent d’une usure glénoï-dienne de type B voire C reste donc la difficultémajeure en raison du déséquilibre musculo-tendi-neux avec le risque de se trouver dans la mêmesituation qu’en préopératoire malgré un position-nement optimal des implants, expliquant pourcertains, l’abandon de l’idée d’implantation d’uneglène que ce soit après fraisage antérieur ou auto-greffe postérieure.

Il vaut mieux une prothèse humérale simplequ’une prothèse totale dont la glène est mal scel-lée et laisse persister une subluxation postérieuredangereuse pour le long terme.

Les nécroses avasculaires traumatiquesde la tête humérale

Les étiologies sont dominées par les nécrosesidiopathiques, puis les nécroses post-corticothéra-pies et les nécroses alcooliques. La classificationradiologique est basée sur celle de Arlet Ficatadaptée à la tête humérale par Cruess, qui dis-tingue 5 stades. Les indications peuvent être cor-rélées au stade radiologique. Les stades I et II relè-vent du traitement médical. Le stade III doit faireproposer une arthroplastie humérale simple. Lestade V fait indiquer une arthroplastie totale. Les

indications pour le stade IV oscillent entrel’arthroplastie humérale simple et l’arthroplastietotale. En cas d’âge avancé, d’une raideur pré-opé-ratoire importante, d’association à une rupture decoiffe et surtout d’un collapsus massif responsabled’une impaction de la tête, la prothèse totale doitêtre préférée à la prothèse humérale simple.

Par ailleurs, il existe deux formes particulièresde nécrose : d’une part, les formes frontières avecles arthropathies destructrices rapides appeléesépaule sénile hémorragique par De Sèze, cuff teararthropathy par Neer ou épaule destructrice rapi-de par Lequesne, qui se caractérisent par une dis-parition très rapide sur quelques semaines de latête humérale ; ces formes rapides doivent fairepréférer une arthroplastie totale. D’autre part,une forme particulière de nécrose que sont lesnécroses après irradiation. Ces épaules se présen-tent sous forme de nécrose typique dans la moitiédes cas mais parfois sous forme atypique avec unpincement articulaire complet, centré, sans frac-ture ostéochondrale, ni collapsus de la tête humé-rale. Les résultats objectifs après arthroplastietotale sont le plus souvent mauvais avec un tauximportant de sepsis, même si les résultats subjec-tifs sont satisfaisants.

Les arthropathies inflammatoires

La polyarthrite rhumatoïde

La classification radiographique de Levigne etFranchesci distingue les formes concentriques,les formes ascendantes et les formes destructives.Une rupture de l’infraspinatus, une dégénéres-cence graisseuse de stades III et IV de l’infra supi-natus et un espace sous-acromial inférieur à 6 mmsont des facteurs de mauvais pronostic qui doi-vent faire préférer une prothèse humérale simplequi donnera un résultat fonctionnel meilleurqu’une arthroplastie totale.

362

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 363: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les autres arthropathies inflammatoires

L’épaule de la spondylarthrite ankylosanteentraîne une importante limitation des amplitudesarticulaires surtout en rotation externe. Cette chi-rurgie expose à un risque d’ossifications péri-pro-thétiques qui doivent être prévenus par un traite-ment anti-inflammatoire non stéroïdien. Lesépaules d’arthrite psoriasique posent égalementle problème de la récupération de la rotationexterne sur des épaules très raides. Les épaulesde sclérodermie ou de lupus érythémateux don-nent de mauvais résultats objectifs mais satisfai-sants sur le plan subjectif.

Prothèses d’épaule en cas d’affectionneurologique

L’épaule parkinsonienne se présente comme uneomarthrose centrée avec une raideur prédominan-te, donne des résultats satisfaisants sur la mobilitébien que le score de Constant soit plus faible.

L’épaule du paraplégique est fréquemmentassociée à une rupture transfixiante de la coiffe,par sur-utilisation du membre supérieur pour lestransferts et la propulsion de la chaise roulante.Les résultats sont décevants sur le plan objectifavec un faible score de Constant mais satisfaisantpour les patients pour la douleur.

L’épaule de dyskinésie athétosique a commeparticularité une hyperlaxité secondaire aux mou-vements involontaires de grande amplitude.

Toutes ces arthroplasties sur terrain neurolo-gique justifient une surveillance postopératoireradio-clinique accrue.

Autres indications rares de prothèsed’épaule

L’épaule pagétique ramène schématiquement àune situation d’omarthrose primitive.

La chondromatose synoviale à coiffe épargnéeest une indication d’arthroplastie totale en cas dedégénérescence cartilagineuse.

La dysplasie épiphysaire multiple (chondro-dysplasie) épargne la coiffe, intéresse l’adultejeune et justifie une arthroplastie totale.

L’acromégalie avec la tête humérale en formede champignon.

Les séquelles d’arthrite septique.

Arthroplastie et tumeur osseuse. Chaque casest un cas particulier, qui peut justifier unereconstruction massive par allogreffe. Lesrésultats confirment le meilleur résultat fonc-tionnel à moyen terme de la prothèse inverséeDelta par rapport à une arthroplastie totaleanatomique.

Prothèse d’épaule sur omarthroseséquellaire d’une instabilité antérieure

Dans ce contexte, il convient de distinguer troissituations :

➣ Arthroplastie après luxation antérieurede l’épaule sans chirurgie

Il s’agit volontiers d’hommes, aux luxations ité-ratives nombreuses, avec un premier épisode sur-venu avant 40 ans, chez lesquelles s’est dévelop-pée lentement une omarthrose sur 30 ans, sansatteinte de la coiffe. L’âge moyen à l’interventionest la soixantaine. Les résultats postopératoiressont bons. En cas de premier épisode survenuaprès 40 ans ; il s’agit plus volontiers de femmes,avec très peu d’épisodes de récidive de luxation,et une histoire d’omarthrose rapide évoluant surquelques années. L’âge moyen à l’intervention estplus élevé. L’atteinte concomitante fréquente de lacoiffe des rotateurs explique les mauvais résultatspostopératoires.

363

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Prothèses de l’épaule : les différents types et leurs indications en 2005

Page 364: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

➣ Après chirurgie pour instabilitéantérieure

Malgré des difficultés techniques opératoiresimportantes en raison de la rétraction des partiesmolles antérieures, les résultats sont comparablesaux omarthroses centrées.

➣ Luxation antérieure invétérée

Les difficultés techniques sont liées aux pertur-bations de l’anatomie lors de la voie d’abord, jus-tifiant de repérer les structures vasculo-ner-veuses, à l’importante rétraction des partiesmolles antérieures et au défect antérieur glénoï-dien constant nécessitant une reconstructionosseuse à l’aide d’une crête iliaque, voire de latête humérale. Les complications sont fréquenteset les résultats objectifs médiocres.

Omarthrose avec rupture massive nonréparable de la coiffe des rotateurs

Cette entité touche fréquemment les femmes âgéesavec une fréquente altération osseuse d’évolution

rapide. Les différents aspects de l’acromion peuventêtre une lyse ou fracture, un amincissement del’acromion, un aspect normal voire un acromionhypertrophique. L’usure de la glène dans le plan fron-tal permet un classement en glène normale E0, glèneà usure centrée E1, glène à usure supérieure E2 évo-luant vers un aspect de double cavité, et une grandeusure à concavité supérieure et aspect de cotyle E3.En raison de l’incertitude sur le scellement glénoï-dien à terme, il faut préférer l’utilisation d’une hémi-arthroplastie, même si les résultats des prothèsestotales sont meilleurs sur la douleur.

L’indication idéale est actuellement chez le sujetâgé la prothèse Delta inversée de Grammont. Lesrésultats sont brillants à court et moyen terme,avec une élévation active globale d’environ 120°, cequi était jusqu’alors inconnu avec les implants ditsanatomiques. Toutefois le gain en rotation externereste faible, de 5°, comme celui en rotation interne.En revanche, les résultats radiologiques se dégra-dent rapidement à moyen et long terme avec 2/3 deconflit entre la pièce humérale et la scapula sous lapartie inférieure de la glène ayant donné lieu à uneclassification par Nérot des scapula notch et untaux conséquent de liseré à moyen terme sous lamétaglène dans certaines séries.

364

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Pour en savoir plus :

MANSAT P, HUSER L, MANSAT M, BELLUMORE Y, RON-GIERES M, BONNEVIALLE P. Shoulder arthroplasty for atrau-matic avascular necrosis of the humeral head: nineteen shoul-ders followed up for a mean of seven years. J Shoulder ElbowSurg 2005, 14: 114-20.

BOILEAU P, AVIDOR C, KRISHNAN SG, WALCH G, KEMPF JF,MOLE D. Cemented polyethylene versus uncemented metal-backed glenoid components in total shoulder arthroplasty: aprospective, double-blind, randomized study. J Shoulder ElbowSurg 2002 ;11: 351-9.

COLLINS D.N., HARRYMAN D.T. 2ND, WIRTH M.A. Shoulderarthroplasty for the treatment of inflammatory arthritis. J BoneJoint Surg 2004 ; 86-A: 2489-96.

LEVY O., COPELAND S.A. Cementless surface replacementarthroplasty (Copeland CSRA) for osteoarthritis of the shoulder.J Shoulder Elbow Surg 2004 ;13: 266-71.

MESTDAGH H., PETROFF E., MAYNOU C., FORGEOIS P.,SINGER B. Influence de l’état de la coiffe des rotateurs sur lesrésultats de l’arthroplastie de l’épaule. Rev Chir Orthop1997 ;83(6): 522-30.

NEER C.S. 2nd. Neer hemiarthroplasty and Neer total shoulderarthroplasty in patients fifty years old or less. Long-term results.J Bone Joint Surg 1999 ;81-A: 295-6.

SIRVEAUX F., FAVARD L., OUDET D., HUQUET D., WALCH G.,MOLE D. Grammont inverted total shoulder arthroplasty in thetreatment of glenohumeral osteoarthritis with massive ruptureof the cuff. Results of a multicentre study of 80 shoulders. JBone Joint Surg Br 2004, 86: 388-95.

WALCH G., BOILEAU P. Prosthetic adaptability: a newconcept for shoulder arthroplasty. J Shoulder Elbow Surg1999 ;8: 443-51.

WALLACE A.L., PHILLIPS R.L., MACDOUGAL G.A., WALSHW.R., SONNABEND D.H. Resurfacing of the glenoid in totalshoulder arthroplasty. A comparison, at a mean of five years, ofprostheses inserted with and without cement. J Bone Joint SurgAm 1999 ;81: 510-8.

WORLAND R.L., ARREDONDO J. Bipolar shoulder arthroplas-ty for painful conditions of the shoulder. J Arthroplasty 1998 ;13:631-7.

Page 365: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les principales indications des prothèsesd’épaule sont l’atteinte dégénérative ou rhumatis-male de l’articulation gléno-humérale,l’ostéonécrose et certaines fractures del’extrémité supérieure de l’humérus. Même si lesrésultats sont le plus souvent satisfaisants (plusde 90 %) par l’antalgie qu’elle apporte, le taux decomplication est d’environ 15 % [1, 2, 3, 4]. Ondistingue trois types de complications, infec-tieuses, mécaniques précoces et mécaniques tar-dives. Les complications infectieuses peuvent êtreimmédiates, et ne pas poser de problème dia-gnostique, ou secondaires, et l’infection sera alorsévoquée devant une évolution secondaire défavo-rable. Les complications mécaniques opératoiresou postopératoires précoces sont de diagnosticfacile. Les complications mécaniques postopéra-toires lointaines sont suspectées devant une dimi-nution de la fonction. L’examen clinique permetd’orienter le diagnostic vers une atteinte de lacoiffe des rotateurs ou un problème mécanique del’os (fracture, lyse osseuse) ou des implants (luxa-tion, descellement, usure de l’implant).

LES DIFFÉRENTES TECHNIQUESD’IMAGERIE

La radiographie standard

C’est l’examen essentiel et de première inten-tion. Les incidences demandées habituellementsont, sous contrôle fluoroscopique, les faces3 rotations (double obliquité), le profil de coiffe(Lamy) et le profil axillaire. Les clichés sont prati-

qués à 3 mois, un an, puis tous les ans pour dépis-ter un descellement glénoïdien. Ils permettent depréciser la position des implants prothétiques,l’existence d’un liseré péri prothétique, d’uneostéolyse, d’ossifications péri-articulaires etl’aspect et la position des tubérosités [5].

L’imagerie en coupes

L’exploration des complications des prothèsesd’épaule par les techniques d’imagerie en coupeest souvent difficile par la présence du matérielmétallique qui génère de multiples artéfacts quece soit en scanner ou en IRM.

Le scanner

Le scanner n’est pas toujours facile à interpré-ter : les images sont très artéfactées par lespièces métalliques avec des aspects de bandesautour de l’implant masquant les structuresadjacentes. Les scanners récents permettent dediminuer les artéfacts liés au métal en utilisantles fenêtres élargies pour l’étude de l’os de voi-sinage. Pour l’étude des parties molles, les arté-facts sont toujours présents. L’arthroscanner,avec son risque infectieux, pourrait être utilisépour rechercher les lésions transfixiantessecondaires de la coiffe, mais si les larges rup-tures sont facilement repérables sur les clichésd’arthrographie, l’arthroscanner ne permet pasune analyse fine des lésions en raison des arté-facts (fig. 1).

365

IMAGERIE DES COMPLICATIONSDES PROTHÈSES D’ÉPAULE

C. RADIER

Page 366: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’IRM

Les implants métalliques ne contre-indiquentpas la réalisation d’une IRM, mais ils sont respon-sables d’artéfacts gênant l’interprétation des par-ties molles surtout proches comme les tendons dela coiffe ou le cartilage glénoïdien pour les pro-thèses humérales simples. Cet artéfact se traduitpar une zone vide de signal débordant largementles limites théoriques de l‘implant. Des séquencessont en cours d’évaluation pour minimiser lesartéfacts en particulier la chute de signal auniveau de l’implant et au voisinage du métal. Cesséquences permettraient une meilleure visibilitédes tendons de la coiffe et du cartilage glénoïdiendans les prothèses humérales simples [6].

L’échographie

C’est un examen facilement accessible, repro-ductible et non invasif. La qualité des systèmes

d’échographie s’est nettement améliorée, mais cetexamen est opérateur dépendant. Pour pouvoir leréaliser dans de bonnes conditions, il faut quel’épaule soit suffisamment mobile pour permettrel’accès aux tendons, en particulier au supra épi-neux et à l’infra-épineux. Son interprétation enpostopératoire immédiat est difficile. Mais à dis-tance de l’intervention, l’échographie peut êtreune aide précieuse pour apprécier l’état de la coif-fe. Elle permet de rechercher facilement un épan-chement. C’est une technique intéressante en pre-mière intention, en complément de l’examen cli-nique et des radiographies standard [7, 8].

LES DIFFÉRENTES PROTHÈSESD’ÉPAULES

Il existe différents types de prothèses d’épaulequi sont exposées dans un autre chapitre de cetouvrage.

Les prothèses gléno-humérales peucontraintes

L’implant huméral de la prothèse d’épaule estancré dans la diaphyse humérale. Il peut êtrecimenté ou non. C’est un élément métallique avec,actuellement, une tête humérale le plus souventmodulaire. Cette tête humérale s’articule soit avecla glène native en cas de prothèse huméralesimple, soit avec une glène prothétique dans lesprothèses totales. Les prothèses huméralessimples sont mises en place lorsque la glène car-tilagineuse est normale (c’est le traitement habi-tuel des fractures de l’extrémité supérieure del’humérus). L’implant glénoïdien peut s’appuyersur une embase métallique qui est généralementvissée, ou être tout en polyéthylène et alorscimenté. Les résultats des prothèses d’épaule peucontraintes dépendent surtout de la valeur fonc-tionnelle de la coiffe et de sa tension qui doit êtreéquilibrée pour tous ses éléments [9].

366

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Coupe scanographique passant par la tête huméraleprothétique. Les artéfacts gênent l’analyse de l’os de laglène et de l’humérus.

Page 367: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les prothèses inversées typeGrammont

Ce sont des prothèses contraintes qui stabilisentl’articulation lorsque la coiffe n’est plus présenteou fonctionnelle. La partie sphérique convexe estfixée sur la glène et est appelée glénosphère. Lapartie concave (cupule) est fixée sur l’implanthuméral. En médialisant le centre de rotation dela néo-articulation, l’action du deltoïde est aug-mentée tout en réduisant les forces intra-articu-laires verticales de cisaillement dues à son action.Ces forces de cisaillement sont impliquées dansles processus de descellement glénoïdien [9].

LES COMPLICATIONSDES PROTHÈSES D’ÉPAULE

Les infections

La fréquence des infectionsn’est pas négligeable (1,8 % enpremière intention et 4 % dans lesreprises). Le diagnostic repose surla clinique et les examens complé-mentaires, en particulier la ponc-tion pour identifier le germe.

Le traitement, outrel’antibiothérapie adaptée, com-porte le plus souvent une reprisechirurgicale avec ou sans miseen place d’une entretoise tempo-raire aux antibiotiques et unerepose prothétique [10, 11].

Les fracturespériprothétiques

Ces fractures surviennent enperopératoire ou en postopéra-toire. Même bien traitées, ellespeuvent grever le devenir fonc-

tionnel et anatomique de la prothèse [12]. Ellespeuvent concerner l’humérus ou la glène.

Les fractures de l’humérus sont des fracturespeu fréquentes (1 à 3 % selon la littérature). Lerisque de fracture est plus élevé au cours desreprises que lors de la mise en place initiale de laprothèse. On trouve comme facteur favorisantl’âge avancé, l’ostéoporose, l’existence d’unepolyarthrite rhumatoïde ou d’un enraidissementarticulaire préopératoire [13, 14, 15]. Les frac-tures de l’humérus sont classées en quatre typesen fonction de la position du trait :

❍ type 1 : trait tubérositaire

❍ type 2 : fracture métaphysaire

❍ type 3 : fracture diaphysaire passant par laqueue de la prothèse

❍ type 4 : fracture diaphysaire passant sous laqueue de la prothèse.

Du type de fracture et du dépla-cement fracturaire dépendent letraitement chirurgical ou non(fig. 2).

Les fractures de la glèneposent des problèmes différents.Le resurfaçage de la glène parmise en place d’un implant glé-noïdien est pratiqué chez lespatients qui présentent uneatteinte du cartilage glénoïdien.La perforation des corticales parla quille ou les plots d’ancrageest assez fréquente et souventbien tolérée, mais elle peut com-promettre la stabilité de la glèneprothétique et le résultat fonc-tionnel ultérieur. Ces perfora-tions peuvent être antérieuresou postérieures. Leur fréquenceest au moins de 2,5 % [2, 16]. Onpeut également mettre en évi-dence de vraies fractures per-

367

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie des complications des prothèses d’épaule

Fig. 2 : Radiographie de l’épaule et del’humérus de face. Contrôle d’une répara-tion, après fracture de l’humérus au bordinférieur de la queue de la prothèse, par

Page 368: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

opératoires, marginale antérieure, postérieure oucomminutive. Leur prévention repose sur un bilanprécis de l’anatomie de la glène en préopératoirepour apprécier sa position, son capital osseux etla morphologie des ostéophytes, et en peropéra-toire sur une bonne exposition de la glène [16]. Lediagnostic, s’il n’a pas été fait en peropératoire oupour le confirmer, repose sur le scanner. Lesmachines récentes avec l’utilisation de “fenêtre devisualisation élargie” diminuent les artéfacts liésau matériel métallique. Le scanner permet de pré-ciser la topographie et le type de fracture malgréla présence de l’implant (fig. 3) [16].

Liseré et descellement

Les liserés clairs autour de l’implant glénoïdiensont fréquemment observés. Certains sont immé-diats, en rapport avec un mauvais scellement,d’autres sont secondaires. Leur fréquence varieselon les séries de 30 à 90 % [17]. Le descellementglénoïdien, défini par une bascule, une migrationde l’implant ou par la présence d’un liseré supé-rieur à 2 mm, n’existerait que dans 0 à 44 % descas selon les séries [17].

Concernant l’implant huméral, les liserésseraient décrits dans 14 % à 56 % des cas et lesdescellements seraient de 1, 4 % dans la sériemulticentrique coordonnée par G. Walch [18]. Ilssont rares dans les prothèses scellées, plus fré-quentes dans les non scellées.

L’implant glénoïdien

Pour essayer de préciserl’évolutivité et l’importance du liseré,une méthode d’analyse du liseré a étédécrite sur les radiographies standard[1, 2, 5]. Le composant glénoïdien aété divisé en 6 zones (fig. 4).L’existence, la topographie etl’épaisseur du liseré doivent être éva-

luées. L’épaisseur du liseré doit être donnée à 0.5mm près. Le descellement est indiscutable s’ilexiste une mobilisation de l’implant. Il est pro-bable si le score du liseré est supérieur à 12. Al’inverse, un score inférieur à 6 témoigne del’absence de descellement. Entre 6 et 11 un des-cellement est possible (fig. 5). L’évolutivité du lisé-ré sera également prise en compte.

368

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Coupe scanographique passant par la tête huméra-le prothétique avec des fenêtres de visualisation élargies.L’analyse de la glène met en évidence un liseré autour dela quille de la prothèse avec une fracture de sa face anté-rieure.

Fig. 4 : Schéma de la cotation du liseré périprothétique. La glène est divisée en6 zones.

Page 369: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’implant huméral

Les liserés et les descellements de l’implanthuméral peuvent être en rapport avec un défautde cimentage ou à une absence de repousseosseuse s’il n’était pas scellé. Les liserés del’implant huméral sont retrouvés dans 14 % à56 % des cas selon les séries [1, 2, 19]. Les signesde descellement sont présents dans 1,4 % des cas.

Les instabilités

L’instabilité est une complication fréquente audécours d’une prothèse totale d’épaule, atteignant29 % dans certaines séries. Parfois post-trauma-tique, elle est le plus souvent spontanée et sontraitement est difficile. Les facteurs favorisantsl’instabilité les plus fréquents sont les lésions dela coiffe et la malposition des implants prothé-tiques [20, 21]. La compréhension des méca-nismes d’instabilité est essentielle pour prévenirsa survenue au cours de l’acte chirurgical ou pourla traiter. La reprise chirurgicale donne des résul-

tats décevants avec 60 % de récidive. La directionde l’instabilité est définie par le déplacement ducomposant huméral par rapport à la glène. S’ilpersiste un contact entre les deux éléments, ils’agit d’une subluxation ; s’il n’existe plus decontact entre les deux, il y a luxation. Ces anoma-lies peuvent être vues sur la radiographie stan-dard à condition de faire des clichés de face et enprofil axillaire ou une incidence de Garth. Lescoupes axiales tomodensitométriques permettentde préciser la position des implants.

On distingue les instabilités antérieures, posté-rieures et supérieures. L’instabilité antérieure estle plus souvent liée à une rupture du tendon dusubscapulaire favorisée par une grosse tête (87 %),plus rarement à une antéversion anormale descomposants glénoïdien ou huméral [20, 21]. Ellespeuvent être précoces ou tardives, spontanées oupost traumatiques, et surviennent surtout sur lesprothèses totales non contraintes ou les hémi-arthroplasties [20, 21]. Les instabilités posté-rieures sont bien moins fréquentes que les insta-bilités antérieures (fig. 6). Le facteur favorisant

369

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie des complications des prothèses d’épaule

Fig. 5 : Liseré périprothétique bien visible autour de laglène. Le liseré touche toutes les zones avec une épaisseurau moins égale à un millimètre témoignant d’un descelle-ment probable.

Fig. 6 : Coupe scanographique : subluxation postérieure dela tête humérale témoin d’une instabilité postérieure.

Page 370: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

est surtout la malposition des composants prothé-tiques. L’instabilité supérieure entre dans le cadredes grandes ruptures secondaires de coiffe (fig. 7)[9, 20].

Pathologie de la coiffe

Rupture secondaire du tendondu subscapulaire

Les problèmes secondaires de coiffe sont domi-nés par la rupture du subscapulaire en se souve-nant que la majorité des prothèses d’épaule sontmises par voie antérieure avec section de cemuscle. Cette rupture est souvent précoce, avant12 semaines [9, 23]. Le diagnostic est le plus sou-vent clinique par la libération de la rotation exter-ne et le Belly Press test si la rotation médiale pas-

sive est suffisante. Les facteurs favorisants sont lasuture sous tension du subscapulaire après posed’une prothèse trop volumineuse et la luxationantérieure de la prothèse encore que celle ci puis-se être la conséquence du lâchage du subscapu-laire [9, 23]. L’échographie permet de confirmercette rupture [3, 6]. La reprise chirurgicale donnedes résultats très décevants [9, 23].

Rupture secondaire des tendons dessupra-épineux et infra-épineux

Le diagnostic est le plus souvent clinique devantune perte de l’élévation active et de la rotationlatérale. La radiographie standard peut mettre enévidence une ascension de la tête humérale avecune diminution de la hauteur acromio-humérale[23]. L’étude musculaire par scanner permet dedétecter une augmentation de la dégénérescencegraisseuse par rapport au statut pré-opératoire.La pose d’une prothèse inversée en est le plussouvent le seul traitement [23].

Usure du cartilage puis de l’osglénoïdien dans les prothèseshumérales simples

L’érosion de la glène est une complicationpropre aux hémi-arthroplasties. C’est une compli-cation qui peut survenir précocement (18 mois enmoyenne, extrêmes 2,5-50).

Les principaux facteurs favorisants semblentêtre la raideur de l’articulation gléno-humérale,un mauvais centrage de la tête prothétique et sur-tout l’atteinte préopératoire du cartilage glénoï-dien. La reprise chirurgicale avec mise en placed’un implant glénoïdien si la coiffe est intactesemble être un bon traitement. Sinon, il faut poserune prothèse inversée. Le scanner permetd’évaluer le capital osseux glénoïdien restantavant traitement (fig. 8) [20, 25].

370

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 7 : Coupe scanographique de l’épaule en reconstructioncoronale : Ascension de la tête humérale au contact de lavoûte acromiale témoin d’une instabilité supérieure.

Page 371: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les complications propres auxprothèses inversées de Grammont

Ces prothèses présentent les mêmes complica-tions que les autres : descellement, instabilité,infection… Une complication est spécifique :l’apparition progressive, parfois rapide, d’uneencoche du pilier de l’omoplate à la partie infé-rieure de la glène sur les radiographies standard.

Ces encoches sont cotées de 0 à 4 ; grade 0 :absence d’encoche ; grade 1 : petite encoche ;grade 2 : encoche avec condensation osseusestable ; grade 3 : encoche évolutive atteignant lavis inférieure de la glène ; grade 4 : encoche évo-lutive dépassant la vis inférieure de la glène (fig. 8et 9) [26, 27].

Complications peu rapportéesdans la littérature

Une étude tomodensitométrique des prothèsesd’épaule a permis de montrer l’existenced’importantes lyses développées sous la tête humé-rale (fig. 10) et surtout autour des glènes prothé-tiques en polyéthylène (fig. 11), peut-être entraînéespar des débris d’usure du polyéthylène (fig. 12).

CONCLUSION

Jusqu’à récemment les radiographies standardétaient l’examen de référence pour la recherchedes complications. Elles restent indispensables enpremière intention et pour le suivi. L’utilisation del’imagerie en coupe est rarement rapportée dansla littérature. Cette pauvreté s’explique parl’importance des artéfacts liés au matériel métal-lique. Les nouveaux scanners permettent de limi-ter ces artéfacts par l’utilisation de fenêtres élar-

371

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie des complications des prothèses d’épaule

Fig. 8 : Usure et érosion osseuse au bord inférieur de la métaglène au niveau du col.

Fig. 9 : Prothèse de Grammont. Encoche stade IV

Page 372: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

gies. En IRM, de nouvelles séquences sont endéveloppement visant à diminuer les artéfactspour permettre l’analyse des tendons et du carti-lage. Enfin, l’échographie est une bonne indica-tion pour le bilan des parties molles en premièreintention en complément de l’examen clinique etdes clichés conventionnels. Toutes ces évolutionsassociées à la collaboration des équipes radio-chi-rurgicales devraient permettre de mieux détecterles complications des prothèses et de les traiterplus efficacement et plus rapidement, d’autantplus que l’examen clinique est exceptionnelle-ment normal dans les prothèses d’épaule noncompliquées.

372

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 10 : Radiographie de l’épaule de face : lyse au niveau dela glène osseuse et de l’humérus

Fig. 11 : Radiographie de l’épaule de face. Lyse au niveau dela glène avec enfoncement de la glène prothétique qui estusée. Lyse humérale associée.

Fig. 12 : Photographie d’un implant glénoïdien après révi-sion chirurgicale : Irrégularités de contours de la surface dupolyéthylène.

Page 373: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

373

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie des complications des prothèses d’épaule

Bibliographie

[1] Hasan S.S., Leith J.M., Campbell B., Kapil R., Smith K.L.,Matsen F.A. 3rd. Characteristics of unsatisfactory shoulderarthroplasties. J Shoulder Elbow Surg 2002; 11: 431-41.

[2] Lo IKY, Bishop J.Y., Flatow E.L. Revision Shoulder arthro-plasty after Failed Shoulder arthroplasty. Operative TechniqueOrthop 2003 ; 13 : 277-289.

[3] Burroughs P.L., Gearen P.F., Petty W.R., Wright T.W.Shoulder arthroplasty in the young patient. J. Arthroplasty2003; 18: 792-798.

[4] Torchia M.E., Cofield R.H., Settergren C.R. Total arthroplas-ty with the Neer prothesis : long term results. J Shoulder ElbowSurg 1997; 6: 495-505.

[5] Miletti J., Boardman N.D. 3rd, Sperling J.W. et al.Radiographic analysis of polyethylene glenoid componentsusing modern cementing technics. J Shoulder Elbow Surg 2004;13: 492-498.

[6] Sperling J.W., Potter H.G., Craig E.V., Flatow E.L., WarrenR.F. Magnetic resonance imaging of painful shoulder arthro-plasty. J Shoulder Elbow Surg 2002: 11: 315-21.

[7] Sofka C.M., Adler R.S. Original report. Sonographic evalua-tion of shoulder arthroplasty. AJR. 2003; 180: 1117-20.

[8] Westhoff B., Wild A., Werner A., Schneider T., Kahl V.,Krauspe R. The value of ultrasound after shoulder arthroplasty.Skeletal Radiol 2002; 31: 695-701.

[9] Goutallier D., Postel J.M., Zylber S., Van Driessche S.Shoulder surgery: from cuff repair to joint replacement. Anupdate. Joint Bone Spine 2003, 70: 422-32.

[10] Antuna S.A., Sperling J.W., Cofield R.H., Rowland C.M.Glenoid revision surgery after total shoulder arthroplasty. JShoulder Elbow Surg 2001; 10: 217-24.

[11] Coste J.S., Boileau P., Trojani C., Bernard E. Les infectionsaprès prothèse d’épaule. In Walch G., Boileau P., Mole D., 2000prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans, Sauramps médical,Montpellier 2001.

[12] WILLIAMS G.R. Jr, IANNOTTI J.P. Management of peripros-thetic fractures: The shoulder. J Arthroplasty, 2002, 17: 14-6.

[13] Campbell J.T., Moore R.S., Iannotti J.P., et al. Periprosthetichumeral fractures: mechanisms of fracture and treatmentsoptions. J Shoulder Elbow Surg 1998, 7: 406.

[14] Trojani C., Boileau P., Benchik E.l., Fegoun K., Coste J.S.Intra operative humeral fractures in shouler arthroplasty. InWalch G., Boileau P., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Reculde 2 à 10 ans, Sauramps médical, Montpellier 2001.

[15] Trojani C., Benchik El Fegoun Kim, Coste J.S., Boileau P.Humeral fractures after shoulder arthroplasty. In Walch G.,Boileau P., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10ans, Sauramps médical, Montpellier 2001.

[16] Boileau P., Walch G. Intra-operative glenoid fractures intotal arthroplasty. In Walch G., Boileau P., Mole D., 2000 pro-thèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans, Sauramps médical,Montpellier 2001.

[17] Molé D., Neyton L. Glenoid loosening. In Walch G., BoileauP., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans,Sauramps médical, Montpellier 2001.

[18] WALCH G., BOILEAU P., MOLE D., eds. 2000 prothèsesd’épaule… Recul de 2 à 10 ans, 1 vol, Sauramps médical,Montpellier 2001.

[19] Trojani C., Boileau P., Coste J.S., Walch G. Aseptic humeralloosening in aequalis shoulder arthroplasty. In Walch G.,Boileau P., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10ans, Sauramps médical, Montpellier 2001.

[20] Warren R.F., Coleman S.H., Dines J.S. Instability afterarthroplasty. The Shoulder. J Arthroplasty 2002; 17: 28-31.

[21] Ahrens P., Boileau P., Walch G. Anterior instability afterunconstrained shoulder arthroplasty. In Walch G., Boileau P.,Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans,Sauramps médical, Montpellier 2001.

[22] Ahrens P., Boileau P., Walch G. Posterior instability afterunconstrained shoulder arthroplasty. In Walch G., Boileau P.,Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans,Sauramps médical, Montpellier 2001.

[23] Deprey F. Problème de coiffe après prothèse d’épaule. InWalch G., Boileau P., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Reculde 2 à 10 ans, Sauramps médical, Montpellier 2001.

[24] Trojani C., Benchik E.l., Fegoun K., Coste J.S., Boileau P.Glenoid erosion after shoulder arthroplasty. In Walch G.,Boileau P., Mole D., 2000 prothèses d’épaule… Recul de 2 à 10ans, Sauramps médical, Montpellier 2001.

[25] Hertel R., Lehman O. Glenoid erosion after arthroplasty ofthe shoulder. In Walch G., Boileau P., Mole D., 2000 prothèsesd’épaule… Recul de 2 à 10 ans, Sauramps médical, Montpellier2001.

[26] De Buttet A., Bouchon Y., Capon D., Delfosse J. Grammontshoulder arthroplasty for osteoarthritis with massive rotatorcuff tears; report of 71 cases. J Shoulder and Elbow surg 1997:6(2): 197.

[27] Valenti P., Boutens D., Nerot C. Delta 3 reversed prothesisfor osteoarthritis with massive rotator cuff tear: long termresults (> 5 years). In Walch G., Boileau P., Mole D., 2000 pro-thèses d’épaule… Recul de 2 à 10 ans, Sauramps medical,Montpellier 2001.

Page 374: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 375: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

RÉSUMÉ

Introduction

Les radiographies standards de l’épaule per-mettent une analyse précise du centrage frontaldes prothèses totales d’épaule (PTE) mais limitéedu centrage antéro-postérieur. Le scanner, quioptimise l’analyse des liserés et descellementsglénoïdiens par rapport aux radiographies, pré-sente également l’avantage de quantifier le cen-trage antéro-postérieur selon une méthode quenous décrivons.

Matériel et méthodes

28 PTE posées pour traiter 9 arthrites inflamma-toires et 19 omarthroses centrées ont été revuesavec un recul moyen de 6.5 ans (1 à 17 ans). Toutesles PTE ont été implantées par voie supérieuretrans-acromiale trans-supraspinatus. L’étude tomo-densitométrique du centrage antéro-postérieur aconsisté à mesurer la distance entre le point decontact de la tête humérale prothétique et le centrede la glène (th/go) en rotation médiale, neutre etlatérale. La th/go est positive si le point huméral esten avant du point glénoïdien et négative s’il est enarrière. L’excentration a été définie par une distan-ce supérieure à 10 mm sur au moins une rotation.

Résultats

Le score de Constant moyen non pondéré aurecul maximal était de 61.5/100 pour un score pré-

opératoire moyen de 27.5/100. L’espace sous-acro-mial moyen était de 12.7 mm au recul maximal.Les th/go moyennes étaient à –3.15 mm en rota-tion médiale (–19.4 à 7 mm), –2.26 mm en rotationneutre (–12.2 à 5 mm) et 0.9 mm en rotation laté-rale (–7 à 10 mm). Trois PTE étaient excentréesen arrière, 2 en rotation médiale avec une th/go à–19.4 et –11.1 mm et l’autre en rotation neutreavec une th/go à –12.2 mm.

Discussion

Le centrage antéro-postérieur des PTE n’est pasétudié dans les séries publiées. Il s’agit pourtantd’un facteur probable de descellements glénoï-diens par “effet de cheval à bascule” dans le plantransversal. Outre l’analyse des liserés périglénoï-diens, le scanner permet une analyse précise ducentrage antéro-postérieur des PTE selon unetechnique simple.

INTRODUCTION

L’imagerie des prothèses totales d’épaule (PTE)est basée dans la littérature sur des clichés radio-graphiques standard de l’épaule de face et de pro-fil axillaire permettant de dépister les subluxa-tions supérieures de l’humérus [1] et les liserésglénoïdiens et huméraux [2]. Le scanner est utili-sé dans le bilan préopératoire pour apprécierl’usure osseuse, en particulier glénoïdienne,quantifier la version glénoïdienne et la torsionhumérale, et vérifier la qualité des muscles de lacoiffe des rotateurs [3]. Badet et al [4] ont décrit

375

CENTRAGE ANTÉRO-POSTÉRIEURDES PROTHÈSES TOTALES D’ÉPAULE:

description d’une méthode d’analyse scanographique

S. ZILBER, C. RADIER, J. AYAN, D. GOUTALLIER

Page 376: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

une méthode de mesure du centrage scanogra-phique de la tête humérale sur la glène osseuse enrotation neutre en préopératoire (fig. 1). Nous uti-lisons le scanner pour le suivi des PTE. Il est supé-rieur aux radiographies standard pour le dépista-ge des liserés glénoïdiens [5] et nous permet dequantifier le centrage antéro-postérieur de la têtehumérale prothétique par rapport à la glène enrotation médiale, neutre et latérale, selon uneméthode simple.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Vingt-huit PTE ayant un suivi clinique (score deConstant non pondéré) [6] ont eu d’un examenscanographique en coupes fines (2.7 mm tous les1.5, pitch : 0.5) avec des reconstructions MPRaxiales perpendiculaires à la glène permettantl’analyse du centrage antéro-postérieur de la têtehumérale prothétique par rapport à la glène(fig. 2). Il s’agissait de 24 patients, 5 hommes et19 femmes, dont 4 ont été opérés des deux côtés,et 11 du côté dominant. Toutes les PTE ont été

implantées par voie supérieure trans-acromialetrans-supraspinatus [7]. L’âge moyen à l’opérationétait de 61 ans (38 à 78 ans). L’épaule était attein-te 9 fois d’arthrite inflammatoire (7 polyarthritesrhumatoïdes et 2 spondylarthrites ankylosantes)et 19 fois d’omarthrose centrée primitive. Lespatients ont été revus à 6.5 ans de recul moyen(de 1 à 17 ans). Le score de Constant préopératoi-re moyen était de 27.5/100 (de 2/100 à 54/100).L’espace sous acromial [8] moyen préopératoiremesuré sur les radiographies standard de faceétait de 11.2 mm (de 5 à 17 mm). La glène était,sur les radiographies de profil axillaire, de typeA1 dans un tiers des cas et de type A2 dans deuxtiers des cas (fig. 3) [9].

L’étude du centrage antéro-postérieur sur lesscanners a consisté à mesurer la distance entre lepoint de contact de la tête humérale (th), zone oùl’espace gléno-huméral est le plus fin, et la pro-jection du centre de la glène sur la droite parallè-le à la glène passant par le point de contact de latête humérale (fig. 1). Le centre de la glène était

376

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Méthodes de mesure du centrage antéro-postérieur gléno-huméral (avant en haut) :a) méthode de Badet et al [4], mesure du rapport x/y (taux de subluxation, pas de subluxation si rapport égal à 50 %). Méthodeapplicable aux épaules natives en rotation neutre.b) méthode applicable sur les PTE quelle que soit la rotation de l’humérus.- th = point de contact de la tête huméral (point ou l’espace gléno-huméral est le plus fin).- go = centre de la glène.- th/go = distance entre th et la projection de go sur la droite parallèle à la glène passant par th.

a b

Page 377: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

facilement définissable en cas de repère métal-lique. En l’absence de repère radio-opaque, lepoint était défini par le centre de la quille glénoï-dienne ou le centre de la glène osseuse (go) enl’absence de quille visible. La valeur de la distan-ce entre ce point de la tête humérale (th) et lecentre de la glène (go) était positive si th était en

avant de go et négative si th était en arrière de go.Une distance entre th et go (th/go) supérieure à10 mm a été considérée comme une excentrationantérieure, une th/go inférieure à –10 mm a étéconsidérée comme une excentration postérieure.La th/go a été mesurée en rotation neutre et enrotation médiale et latérale maximale.

377

Centrage antéro-postérieur des prothèses totales d’épaule

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 2 : Scanner de 2 PTE en rotation médiale : a) th/go nulle (pas d’excentration) ; b) excentration postérieure (th/go < - 10 mm)

Fig. 3 : Classification morphologique préopératoire de la glène selon Walch et al. [8].

a b

Page 378: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

RÉSULTATS

Le score de Constant moyen à la révision étaitde 61.5/100 (de 31/100 à 80/100). L’espace sous-acromial moyen était de 12.7 mm (de 4 à 19 mm).Aucune PTE n’était luxée. La th/go moyenneétaient –3.15 mm en rotation médiale (–19.4 à7 mm), –2.26 mm en rotation neutre (–12.2 à5 mm) et 0.9 mm en rotation latérale (–7 à10 mm). Elle était comprise entre –10 et 10 mmdans 89 % des cas (fig. 4). Trois PTE étaientexcentrées en arrière, 2 en rotation médiale avecdes th/go à –19.4 et –11.1 mm et l’autre en rotationneutre avec une th/go à –12.2 mm. Chacune de cesPTE a été implantée sur une glène de type pré-opératoire A2. Aucune excentration antérieuren’a été constatée. En valeur absolue, la th/go étaitla plus grande 10 fois en rotation médiale, 8 fois

en rotation neutre et 5 fois en rotation latérale.Quatre PTE avaient une th/go identique quelleque soit la rotation de l’humérus, 3 PTE avaientune th/go égale en rotation neutre et latérale, etune PTE avait une th/go égale en rotation neutreet médiale.

DISCUSSION

Le centrage antéro-postérieur tomodensitomé-trique de la tête humérale sur la glène osseuse aété étudié sur des épaules sans lésion articulaireet des épaules arthrosiques centrées dans le planfrontal [4]. La mesure décrite est précise et repro-ductible mais ne peut s’effectuer qu’en rotationneutre. Le décalage postérieur de la tête huméra-le par rapport à la glène, décrit sur les omar-

378

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : Résultats des th/go en rotation neutre, médiale et latérale sur les 28 PTE. La th/go est comprise entre 10 et –10 mm dans9 cas sur 10. Elle est inférieure à –10 mm dans 3 cas (excentration postérieure).

Page 379: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

throses centrées primitives, a été retrouvé surl’étude du centrage des PTE. L’excentration pro-thétique, définie arbitrairement comme une dis-tance supérieure à 10 mm, a été trouvée 3 fois. Ils’agissait à chaque fois d’une excentration posté-rieure. Il s’agissait deux fois sur trois d’une excen-tration postérieure en rotation médiale. Les 3 PTEexcentrées avaient été implantées sur des glènesnatives A2. Il nous semble que l’excentrationantéro-postérieure des PTE est un phénomènedynamique et que l’analyse du centrage soitnécessaire non seulement en rotation neutre,mais aussi en rotation médiale et latérale.L’analyse de la distance entre le point de contactde la tête humérale et le centre de la glène permetune étude du centrage quelle que soit la rotationde l’humérus.

Nous pensons que l’utilisation de la voie supé-rieure pour l’implantation d’une PTE limite cettetendance à la subluxation postérieure grâce aurespect des “haubans” gléno-huméraux posté-rieur (infra-spinatus) et antérieur (subscapula-ris) [5]. La voie delto-pectorale affaiblit lemuscle subscapularis [10] et expose à un désé-quilibre tensionnel entre subscapularis et infra-spinatus après implantation de la prothèse. Nous

pensons que le déséquilibre provoqué par cettevoie antérieure peut être à l’origine d’une excen-tration antéro-postérieure des PTE responsabled’un effet de cheval à bascule [11] dans le plantransversal pouvant être à l’origine d’un descel-lement glénoïdien (fig. 5). Une étude du centra-ge de PTE implantées par voie antérieure per-mettrait de vérifier cette supposition si lesexcentrations y étaient plus fréquentes.

379

Centrage antéro-postérieur des prothèses totales d’épaule

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 5 : “Rocking horse effect” dans le plan transversal. Uneexcentration postérieure de la tête humérale provoque unebascule de la glène (descellement glénoïdien).

Bibliographie

[1] NEER C.S. II, WATSON K.C., STANTON F.J. Recent expe-rience in total shoulder replacement. J Bone Joint Surg, 1982; 64A: 319-37.

[2] TORCHIA M.E., COFIELD R.H., SETTERGREN C.R. Totalshoulder arthroplasty with the Neer prosthesis: long-termresults. J Shoulder Elbow Surg, 1997; 6: 495-505.

[3] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., BERNAGEAU J., LAVAU L.,VOISIN M.C. Fatty muscle degeneration in cuff ruptures. Pre-and postoperative evaluation by CT scan. Clin Orthop, 1994;304: 78-83.

[4] BADET R., BOULAHIA A., WALCH G. Mesure tomodensito-métrique de la subluxation humérale antéro-postérieure. RevChir Orthop, 1998; 84: 508-14.

[5] GOUTALLIER D., POSTEL J.M., ZILBER S., VANDRIESSCHE S. Shoulder surgery: from cuff repair to jointreplacement. An update. Joint Bone Spine, 2003; 70: 422-32.

[6] CONSTANT C.R., MURLEY AHG. A clinical method of func-tional assessment of the shoulder. Clin Orthop, 1987; 214: 160-4.

[7] DEBEYRE J., PATTE D. Une technique de réparation de lacoiffe musculo-tendineuse de l’épaule. Voie d’abord transacro-miale et désinsertion de corps charnu du sus-épineux. PresseMéd, 1961; 69: 2019-20.

[8] NOVE-JOSSERAND L., LEVIGNE C., NOEL E., WALCH G.L’espace sous-acromial. Etude des facteurs influençant sa hau-teur. Rev Chir Orthop, 1996; 82: 379-85.

[9] WALCH G., BADET R., BOULAHIA A., KHOURY A.Morpholigic study of the glenoid in primary glenohumeralosteoarthritis. J Arthroplasty, 1999; 14: 756-60.

[10] MILLER S.L., HAZRATI Y., KLEPPS S., CHIANG A., FLA-TOW E.L. Loss of subscapularis function after total shoulderreplacement: a seldom recognized problem. J Shoulder ElbowSurg, 2003; 1: 29-34.

[11] MATSEN F.A., LIPPITT S.B., SIDLES J.A., HARRYMAND.T. Practical evalution and management of the shoulder, pp151-219. Philadelphia, WB Saunders Company, 1994.

Page 380: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 381: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

RETRACTIONSCAPSULAIRES

Page 382: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 383: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Pathologie décrite pour la première fois il y aplus d’un siècle, la capsulite rétractile de l’épaulereste la source de beaucoup de discussions tantsur le plan de la définition clinique que sur le planétiopathogénique. Il existe, en effet, une grandeconfusion dans la littérature française et surtoutanglo-saxonne, ce terme ayant tendance à êtreutilisé pour désigner toutes les formesd’enraidissement de l’épaule. Ainsi, sur 150arthroscopies d’épaule réalisées chez des patientschez qui avait été porté le diagnostic d’épaulegelée, Wiley [1] retrouve une autre cause que lacapsulite dans 113 cas.

ETIOPATHOGÉNIE DES RÉTRACTIONSCAPSULAIRES

L’étiopathogénie de la capsulite rétractile del’épaule demeure en grande partie mystérieuse etles nombreuses dénominations utilisées entémoignent : périarthrite (Duplay [2]) ; capsuliteadhésive (Neviaser [3]) ; péricapsulite (Codman[4]) ; bursite sous-acromiale (Painter [5]) ; téno-synovite bicipitale (Lippman [6]) ; cheiroarthro-pathie (Fitzcharles [7]) ; “check rein shoulder”(Quigley [8]). Ces différents termes rendentcompte du caractère non univoque de la structu-re anatomique en cause : rétraction et épaississe-ment de la capsule articulaire (Neviaser, 1945[3]) ; rétraction des bourses séreuses sous-acro-miale (Duplay [2]) ou sous-scapulaire (Wiley[1]) ; rétraction de l’intervalle des rotateurs et duligament coraco-huméral (Ozaki [9]).Actuellement, la plupart des études montrent des

aspects histologiques identiques à ceux rencon-trés dans la maladie de Dupuytren avec hyperva-cularisation, matrice collagène dense et désor-donnée et tissus riches en fibroblastes et myofi-broblastes (Bunker [10], Kilian [11]). La diminu-tion de la présence ou de l’activité des métallo-protéinases matricielles, responsable d’une aug-mentation de synthèse et de déposition du colla-gène dans les tissus conjonctifs, pourrait être encause. Ceci est suggéré par l’observationd’Hutchinson [12] dont 6 des 12 patients traitéspar un inhibiteur spécifique des métalloprotéi-nases dans certains cancers gastriques ont déve-loppé une capsulite rétractile ou une maladie deDupuytren. Des progrès dans la compréhensiondes lésions semblent pouvoir être fait grâce àl’apport de l’IRM, montrant, à un stade précoce,une hypervascularisation capsulo-synoviale. Cesujet est abordé dans un autre chapitre du pré-sent ouvrage et ne sera pas développé ici.

Enfin, la capsulite rétractile a de nombreuxpoints communs avec l’algodystrophie, cependantl’aspect scintigraphique (Clunie [13]) et IRM n’estpas celui habituellement rencontré dans les algo-dystrophies.

PEUT-ON EN FAIRE LE DIAGNOSTICCLINIQUE PRECOCEMENT?

Le terme d’épaule gelée (frozen shoulder) a étéintroduit par Codman en 1934 [4] qui en a décritla présentation habituelle “de début progressifavec douleur à l’insertion du deltoïde, impossibili-

383

ETIOPATHOGÉNIE DES RÉTRACTIONSCAPSULAIRES: PEUT-ON EN FAIRE

LE DIAGNOSTIC CLINIQUE PRÉCOCEMENT?

J.-L. LEROUX

Page 384: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

té de dormir sur le côté lésé, douleur et limitationde l’élévation et de la rotation externe, et aspectradiologique normal”. Cette définition paraît tropgénérale puisque la cause la plus fréquented’épaule douloureuse, l’impingement syndrome,satisfait cinq des six critères cliniques deCodman; la différence étant la perte de la mobili-té passive, et particulièrement de la rotationexterne, qui est très réduite dans l’épaule gelée.Selon Neviaser [14], ce terme est impropre etregroupe deux entités dont la présentation cli-nique doit être distinguée : la capsulite rétractileque certains auteurs qualifient de forme primitived’épaule gelée et l’épaule enraidie et douloureusequi relève quant à elle de causes multiples.

L’épaule enraidie et douloureuse

L’épaule enraidie et douloureuse regroupe eneffet un certain nombre de causes d’épaules dou-loureuses responsables d’une limitation apparen-te de la mobilité. Le terme “apparente” est impor-tant, car chez ces patients il n’existe pas de véri-table rétraction capsulaire. Les causes d’épauledouloureuse et enraidie sont nombreuses(tableau I) : tendinopathie calcifiante (aiguë etchronique), tendinopathie non calcifiante de lacoiffe des rotateurs (aiguë et chronique ; avec ousans rupture, rupture partielle ou complète), téno-synovite bicipitale, arthrose de l’articulationgléno-humérale ou acromio-claviculaire, arthrite,

384

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau I : Les causes d’épaule douloureuse et enraidie

RAIDEURS D’EPAULE

❍ Associées à une altération radiologique de l’interligne gléno-huméral

➣ Omarthroses centrées ou excentrées

➣ Arthrites rhumatismales, métaboliques ou infectieuses

➣ Arthropathies (Hémophiliques)

❍ Sans arthropathie gléno-humérale

➣ Capsulite rétractile primitive

➣ Autres causes

AUTRES CAUSES DE RAIDEURS D’EPAULE

❍ Causes locales :

➣ Pathologie de la coiffe (dégénérative ou calcifiante)

➣ Pathologie synoviale

➣ Traumatismes (contusion, fracture, luxation, chirurgie articulaire ou extra-articulaire) ou micro-traumatismes

❍ Causes loco-régionales :

➣ Chirurgie thoracique ou mammaire

➣ Infarctus du myocarde

➣ Tumeurs médiastinales

❍ Causes générales :

➣ Inflammatoires : pseudo-polyarthrite rhizomélique, polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante

➣ Endocrinopathies : Diabète, Dysthyroïdies

➣ Neurologiques : Hémiplégie, maladie de Parkinson

➣ Métaboliques : Dépôt amyloïdes chez les dialysés, calcinose tumorale

Page 385: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

luxation et hémarthrose. Toutefois, il est parfoisdifficile de différencier ces situations cliniques dela véritable capsulite rétractile. Certains élémentsd’anamnèse ou d’examen clinique peuvent aider.Dans l’épaule enraidie et douloureuse, les dou-leurs ont un début volontiers plus aigu et sontplus sévères ; l’épisode douloureux est déclenchépar des activités répétitives au-dessus de la têteou des traumatismes ; l’examen ne met pas en évi-dence d’obstacle mécanique à la mobilisation pas-sive mais une résistance du patient à la mobilisa-tion pour se protéger de la douleur. Si la radio-graphie standard élimine facilement une tendino-pathie calcifiante ou une arthrose gléno-huméra-le ou acromio-claviculaire, dans les autres cas,seule l’arthrographie atteste de la présence ou del’absence de la rétraction capsulaire en objecti-vant la rétraction du récessus axillaire inférieur etla diminution de la capacité articulaire (inférieurà 10 ml au lieu des 15-18 ml habituels).

La capsulite rétractile (forme primitived’épaule gelée)

Les données épidémiologiques

Elles sont bien argumentées dans la littérature[15, 16]. L’épaule gelée touche habituellement lafemme entre 40 et 60 ans, concerne fréquemmentle côté non dominant et l’atteinte est bilatéraledans plus d’un tiers des cas. Les sujets sédentairessont plus souvent concernés que les travailleursmanuels. La récidive sur la même épaule estexceptionnelle [17]. L’association au diabète estfréquente [18, 19]. L’incidence de l’épaule geléechez les diabétiques est de 15 à 20 %; elle atteint36 % chez les diabétiques insulino-dépendants.42 % des patients présentant une épaule geléebilatérale sont diabétiques. L’association à lamaladie de Dupuytren a également été soulignée(18 % des cas de Meulengracht & Schwartz [20] ;12 % des cas de Schaer [21] et 58 % des cas deBunker [10]). Cette association témoigne de la

similitude entre les deux affections. Les lésionshistologiques de la capsulite se rapprochent decelles du Dupuytren [10] : matrice collagènedense, tissus riche en cellules (fibroblastes etmyofibroblastes) et hypervascularisation [22].

La présentation clinique

La douleur se projette souvent à l’insertion dudeltoïde et le patient éprouve des difficultés à dor-mir sur son épaule touchée. La douleur nocturneest notée dans 2/3 des cas [17]. Le début est le plussouvent progressif (85 % des cas [17]). La notionde traumatisme net est rarement retrouvée [17].

A l’examen clinique, la limitation de la mobilitéactive et passive concerne les trois plans del’espace mais de façon inégale réalisant ce queCyriax [23] et Troisier [24] appellent le schémacapsulaire. La perte d’amplitude est plus marquéepour l’élévation antérieure et la rotation externeque pour l’abduction et la rotation interne. Le blo-cage articulaire est mécanique avec impression debutée. La raideur est définie par la perte de mobi-lité par rapport à l’épaule controlatérale. Lorsquel’atteinte est bilatérale, il est nécessaire de dispo-ser de valeurs de référence qui doivent tenir comp-te de l’âge et du sexe. L’importance de la raideurest variable. Des patients douloureux peuvent nepas avoir de limitation mesurable et les patientsles plus limités sont souvent non douloureux.

L’imagerie

La radiographie standard permet surtoutd’éliminer une autre pathologie. Dans certainscas, elle met en évidence un aspect déminéraliséde la tête humérale attestée par la densitométrie(Leppala [25]). L’arthrographie objective la rétrac-tion capsulaire en montrant la rétraction du réces-sus axillaire inférieur et la diminution de la capa-cité articulaire (inférieur à 10 ml au lieu des 15-18 ml habituels). Cet examen n’est cependant pas

385

Etiopathogénie des rétractions capsulaires : peut-on en faire le diagnostic clinique précocement ?

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 386: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

utile au diagnostic qui reste clinique. La scintigra-phie osseuse peut montrer une discrète hyper-fixation qui se focalise sur le bord interne de latête humérale, l’acromion et l’apophyse coracoïde(Clunie [13], Waldburger [26]). L’IRM, qui seradéveloppée dans un autre chapitre, apparaît trèsintéressante. Outre l’apport pathogénique déjàévoqué, elle aurait un intérêt diagnostique, mon-trant l’épaississement capsulo-synovial. Ellepourrait avoir également un intérêt dans la déci-sion thérapeutique.

Les particularités évolutives

L’épaule gelée est aussi caractérisée par sonévolution. Elle se fait classiquement en troisphases : 1) Phase douloureuse ; 2) Phased’enraidissement ; 3) Phase de résolution.Codman [4] affirmait “la résolution de la plupartdes cas dans un délai d’environ 2 ans, avec ousans traitement”. Cette affirmation a eu pourconséquence une approche quelque peu négativede l’affection pendant de nombreuses années,Miller [27] incitant même le patient à être“patient”. Les travaux plus récents ont remis encause cette notion de restitution ad integrumspontanée. Dès 1949, Simmonds [22] affirmait“qu’une rétrocession complète n’est pas fréquentedans son expérience”. De Palma [16] mentionnait“il est erroné de penser qu’une restauration de lafonction est obtenue dans tous les cas”. Peu detravaux ont étudié l’histoire naturelle de la capsu-lite [28, 29]. Grey [29] a évalué à 2 ans le devenirde 25 capsulites rétractiles non traitées, une seulereste douloureuse et limitée. Shaffer et coll. [17]ont évalué à 7 ans 68 capsulites rétractiles traitées

selon des critères à la fois subjectifs et objectifs.Subjectivement, la moitié reste symptomatique etgarde une légère douleur et/ou une raideur.Objectivement, plus de la moitié garde une limita-tion articulaire mesurable. Celle-ci porte surtoutsur la rotation externe et s’accompagne dans plusde 10 % des cas d’une gène fonctionnelle séquel-laire. Des évolutions prolongées sur plus de dixans sont possibles. L’atteinte de l’autre épauleapparaît 6 mois à 7 ans après le début de la symp-tomatologie de la première épaule touchée [17].Les symptômes de l’autre épaule régressent plusrapidement, probablement parce qu’ils sontreconnus et traités plus rapidement [17].

Au total, la conception étiopathogénique actuellede la capsulite rétractile de l’épaule l’apparente à lamaladie de Dupuytren. Toutefois, l’affection restepar ailleurs mystérieuse à bien des égards [30].

Il n’y a pas de consensus sur les critères cli-niques de diagnostic de capsulite rétractile.Shaffer [17] propose une douleur et une raideurde l’épaule évoluant depuis au moins un mois,sans autre cause identifiée associée à une diminu-tion de la mobilité passive globale inférieure ouégale à 100° pour l’abduction et inférieure de 5 %par rapport au coté opposé pour la rotation exter-ne. Son diagnostic précoce, à la phase prodro-mique douloureuse notamment, est difficile.L’imagerie moderne (IRM) pourrait représenterune aide précieuse à la reconnaissance précoce del’affection permettant la mise en jeu rapide d’untraitement efficace susceptible d’en écourterl’évolution spontanée souvent longue et parfoisémaillée d’un enraidissement séquellaire.

386

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 387: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

387

Etiopathogénie des rétractions capsulaires : peut-on en faire le diagnostic clinique précocement ?

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] WILEY A.M. Arthroscopic appearance of frozen shoulder.Arthroscopy 1991 ; 7: 138-143.

[2] DUPLAY S. De la périarthrite scapulo-humérale et des rai-deurs de l’épaule qui en sont la conséquence. Arch Gén Med1872 ; 20: 513.

[3] NEVIASER J.S. Adhesive capsulitis of the shoulder. A studyof the pathologic finding in periarthritis of the shoulder. J BoneJoint Surg 1945 ; 27: 211-222.

[4] CODMAN E.A. Tendinitis of the short rotators. In: CodmanEA editor. Ruptures of the supraspinatus tendon and otherlesions in or about the subacromial bursa. Boston: Thomas Toddand Co, 1934.

[5] PAINTER C.F. Subdeltoid bursitis. Boston Med Surg 1907 ;156: 345-349.

[6] LIPPMAN R.K. Frozen shoulder - periarthritis, bicipital ten-dinitis. Arch Surg 1943 ; 47: 283.

[7] FITZCHARLES M.A., DUBY S., WADDELL R.W., BANKS E.,KARM J. Limitation of joint mobility (cheiroarthropathy) inadult non-insulin dependent diabetic patients. Ann Rheum Dis1984 ; 43: 251-257.

[8] QUIGLEY T.B. Check rein shoulder, a type of frozen shoul-der. N Engl J Med 1954 ; 250: 188-192.

[9] OZAKI J. Pathomechanics and operative management ofchronic frozen shoulder. Ann Chir Gynaecol 1996 ; 85: 156-158.

[10] BUNKER T.D., ANTHONY P.P. The pathology of frozenshoulder. A Dupuytren-like disease. J Bone Joint Surg 1995 ; 77-B, 677-683.

[11] KILIAN O., KRIEGSMANN J., BERGHAUSER K., STAHLJ.P., HORAS U., HEERDEGEN R. The frozen shoulder.Arthroscopy, histological finding and transmission electronmicroscopy imaging. Chirurg 2001 ; 72 : 1303-1308.

[12] HUTCHINSON J.W., TIERNEY G.M., PARSONS S.L.,DAVIS T.R. Dupuytren’s disease and frozen shoulder induced bytreatment with a matrix metalloproteinase inhibitor. J BoneJoint Surg 1998 ; 80-B, 907-908.

[13] CLUNIE G., BOMANJI J. Technetium-99m-MDP patterns inpatients with painful shoulder lesions. J Nucl Med 1997 ; 38,1491-1495.

[14] NEVIASER R.J., NEVIASER T.J. The frozen shoulder.Diagnosis and management. Clin Orthop 1987 ; 223: 59-64.

[15] BRUCKNER F.E., NYE CJS. A prospective study of adhesi-ve capsulitis of the shoulder (“frozen shoulder”) in a high riskpopulation. Quart J Med 1981 ; 198: 191-204.

[16] DE PALMA A.F. Loss of scapulohumeral motion (frozenshoulder). Ann Surg 1952 ; 135: 193-204.

[17] SHAFFER B, TIBONE JE, KERLAN RK. Frozen shoulder. Along-term follow-up. J Bone Joint Surg 1992 ; 74-A: 738-746

[18] BRIDGMAN J.F. Periarthritis of the shoulder and diabetesmellitus. Ann Rheum Dis 1972 ; 31: 69

[19] LEQUESNE M, DANG N, BENSASSON M, MERY C.Increased association of diabetes mellitus with capsulitis of theshoulder and shoulder-hand syndrome. Scand J Rheumatol1977 ; 6: 53-56

[20] MEULENGRACHT E, SCHWARTZ M. Course and progno-sis of periarthritis scapulohumerale. Acta Med Scand 1952 ; 143:350-360

[21] SCHAER H. Die ätiologie der periarthritis humeroscapula-ris. Ergebn Chir Orthop 1936 ; 29: 11

[22] SIMMONDS F.A. Shoulder pain with particular reference tothe «frozen shoulder». J Bone Joint Surg 1949 ; 31-B: 426-432

[23] CYRIAX J. Textbook Orthopaedic Medicine. Londres:Baillière Tindall, 1981

[24] TROISIER O. L’épaule enraidie. In: Simon L, Rodineau Jeditors. Epaule et médecine de rééducation. Paris: Masson,1984: 103-108

[25] LEPPALA J., KANNUS P., SIEVANEN H., JARVINEN M.VUORI I. Adhesive capsulitis of the shoulder (frozen shoulder)produce bone loss in affected humerus, but long-term bonyrecovery is good. Bone ; 1998, 22 : 691-694

[26] WALDBURGER M., MEIER J.L., GOBELET C. The frozenshoulder : diagnosis and treatment. Prospective study of 50cases of adhesive capsulitis Clin Rheumatol 1992 ; 11 : 364-368

[27] MILLER M.D., WIRTH M.A., ROCKWOOD C.A. Thawingthe frozen shoulder: The «patient» patient. Orthopedics 1996 ;19: 849-853

[28] BINDER A.I., BULGEN D.Y., HAZLEMAN B.L., ROBERTSS. Frozen shoulder: a long-term prospective study. Ann RheumDis 1984 ; 43: 361-364

[29] GREY R.G. The natural history of «idiopathic» frozen shoul-der. J Bone Joint Surg 1978 ; 60-B:354

[30] BUNKER T.D. Frozen shoulder: unravelling the enigma.Ann R Coll Surg Engl 1977; 79: 210-213

Page 388: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 389: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

La capsulite rétractile idiopathique est unemaladie autonome de l’épaule. Elle se caractéri-se par l’apparition progressive de douleurs etd’un enraidissement de l’articulation gléno-humérale. Cette maladie, d’évolution lente, durele plus souvent plus d’un an. Elle se décomposeen deux phases distinctes : une première phasedite “chaude” où s’associent douleurs et raideur,une seconde phase dite “froide” où la douleurs’estompe progressivement avec persistanced’une raideur invalidante. La maladie se terminepar une guérison totale sans séquelle. La récidi-ve sur le même bras est exceptionnelle mais uneatteinte controlatérale peut se produire secon-dairement. Le plus souvent on ne retrouve pasde cause connue au déclenchement de la mala-die. Le stress, des chocs psychologiques ou phy-siques (chirurgie cardiaque ou thoracique) ainsique le diabète ont été considérés comme pou-vant favoriser cette maladie [1]. La femme estplus souvent atteinte, surtout pendant sa6e décade. Depuis les travaux de Duplay [2], denombreux auteurs se sont intéressés au méca-nisme physio-pathogénique de cette maladie. Ilsont constaté la présence d’une zoned’inflammation et de fibrose intéressant la cap-sule et la synoviale de l’articulation gléno-humérale [3-5]. Cette fibrose prédomine enavant de l’articulation, dans l’intervalle des rota-teurs en haut, et dans le recessus axillaire enbas. Certains auteurs ont montré qu’il pouvaitcoexister une inflammation de la bourse sous-acromio-deltoïdienne. Le diagnostic clinique estle plus souvent facile. Par rapport aux autresmaladies de l’épaule, la raideur de la capsulite

se singularise par une mobilité passive réduite,non seulement de la rotation interne mais sur-tout de la rotation externe.

Pour cette raison, les examens d’imagerien’ont en théorie qu’un rôle secondaire dans lacapsulite rétractile idiopathique d’épaule. Ilspeuvent cependant avoir un intérêt en cas dediagnostic difficile, lorsqu’une autre pathologiey est intriquée (rupture de coiffe, tendinopathiecalcifiante…). Ils peuvent aussi avoir leur intérêten cas de résistance au traitement médical etqu’une option chirurgicale est envisagée.L’intervention est une capsulotomie, geste quiconsiste au débridement de la fibrose del’intervalle des rotateurs et de la cavité articulai-re antérieure. Cette chirurgie ne doit s’effectuerque pendant la phase froide de la maladie afind’éviter toute récidive.

Le but de cet article est de faire le point surl’imagerie de la capsulite rétractile idiopathiqued’épaule et d’en donner les principales indications.

LA RADIOGRAPHIE SIMPLE

La radiographie est plus souvent normale dansla capsulite rétractile. Elle permet de confirmerque la hauteur de l’espace sous-acromial estconservée et qu’il n’existe pas de remaniementtubérositaire pouvant évoquer une rupture decoiffe. La découverte d’une calcification tendineu-se est un élément orientant vers le diagnostic decapsulite secondaire sur tendinopathie calcifian-

389

IMAGERIE DE LA CAPSULITERÉTRACTILE D’ÉPAULE

Y. CARRILLON

Page 390: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

te. Dans de très rares cas, on peut mettre en évi-dence une augmentation localisée de la transpa-rence osseuse de nature pommelée et de topogra-phie sous chondrale de la tête humérale évoquantle diagnostic.

L’ÉCHOGRAPHIE

Peu d’articles sont retrouvés dans la littératuresur la capsulite rétractile en échographie. A notreconnaissance, il n’existe pas d’article décrivant lessignes directs de cette maladie qui sontl’épaississement des structures capsulaires etsynoviales. Elle permet en revanche de montrerqu’il n’existe pas de signe de rupture de coiffe.

L’ARTHROGRAPHIE,L’ARTHROSCANNER

En théorie, en raison de l’inflammation et de lafibrose capsulo-synoviale, le volume de

l’articulation gléno-humérale est diminué dans lacapsulite rétractile. Le volume, habituellement de20 ml, peut être réduit jusqu’à 4-5 ml. Cette dimi-nution se fait aux dépens de l’ensemble des com-partiments articulaires. Les recessus sous scapu-laire et sous coracoïdien apparaissent de petitetaille [6] de même que le recessus axillaire.L’injection arthrographique est alors douloureuseet se fait avec une forte pression. Il n’est pas rarede noter une extravasation de produit iodé à tra-vers une brèche créée par l’hyperpression auniveau du recessus coracoïdien. Cette brèche estd’ailleurs retrouvée habituellement au cours desdistensions capsulaires “thérapeutiques”.

Il est cependant difficile de corréler la taille desdifférents recessus avec la valeur des amplitudesarticulaires (fig. 1).

L’arthroscanner ne présente pas d’autre intérêtque celui de l’arthrographie. L’épaississement desstructures capsulo-synoviales est difficile à analy-ser avec cette technique.

390

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 1 : Arthrographie de face en rotation neutre de deux cas de capsulite. rétractile idiopathique.Les deux clichés sont en rotation indifférente. Dans les deux cas, le recessus sous scapulaire est de taille normale (flèches) (rotationexterne inférieure à 20° dans les deux cas). Dans les deux cas la chambre articulaire antérieure apparaît réduite et frangée.

Page 391: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

LA SCINTIGRAPHIE

De nombreux articles ont démontré l’aspect enscintigraphie osseuse réalisée au Tc 99m de lacapsulite rétractile idiopathique [6-8]. Pendant laphase chaude, il existe une importante hyperfixa-tion se projetant sur la région coracoïdienne etl’intervalle des rotateurs. Dans certains cas, unediscrète hyperfixation peut aussi se rencontrer auniveau de la tête humérale. Ces constatations ontlongtemps fait discuter l’hypothèse d’une algody-strophie, cause possible de la capsulite rétractileidiopathique. Il apparaît aléatoire, sur ces simplesconstatations, d’affirmer une cause sympathiqueà ce processus ; d’autant que les parties mollesextra-articulaires sont le plus souvent épargnées,ce qui n’est pas le cas dans les autres algodystro-phies. Exceptionnellement, il a été noté la présen-ce d’une hyperfixation intéressant l’épaule maisaussi la main et traduisant une forme particulièrede capsulite rétractile idiopathique : le syndromeépaule-main.

L’IRM

L’IRM est un examen performant pour analyserles différentes pathologies de l’épaule. Nous dis-tinguerons deux techniques : l’IRM sans injectionarticulaire de produit de contraste et l’IRM avecinjection de produit de contraste ou arthro-IRM.

L’IRM simple

Dans la capsulite rétractile idiopathique, l’IRMpermet d’éliminer une éventuelle rupture de coif-fe. Les séquences classiques ne permettent pas undiagnostic positif de capsulite. L’épaississementdes structures de l’intervalle des rotateurs et de lacapsule articulaire antérieure et inférieure sontdifficiles à apprécier avec cette technique.

En revanche, nous avons montré que lesséquences T1 avec effacement de graisse et injec-tion intraveineuse de Gadolinium permettaient deporter le diagnostic positif de capsulite rétractile

391

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie de la capsulite rétractile d’épaule

Fig. 2 : Séquence T1 avec effacement de graisse et injection intraveineuse de Gadolinium axiale et frontale chez un patient de50 ans présentant une capsulite rétractile idiopathique dans sa première phase. On note une prise de contraste sévère de toutela région de l’intervalle des rotateurs (flèche noire), du recessus axillaire (flèche blanche) et de la bourse sous acromio-deltoï-dienne (flèche orange).

Page 392: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

dans sa forme “chaude” par la mise en évidenced’une prise de contraste du recessus axillaire etsurtout de l’intervalle des rotateurs (fig. 2, 3) [9].Cette prise de contraste peut être modérée oumassive en fonction de l’état inflammatoire. Plustard, lors de la deuxième phase “froide”, la fibro-se responsable de la raideur ne prend plus lecontraste, elle est considérée comme inactive. Ace moment, les capsulotomies chirurgicales ont leplus de chance d’être efficace sans risque impor-tant de récidive.

Il est enfin possible de retrouver dans certainscas de noter une prise de contraste de contrastepommelée de la tête humérale, comparable à seque l’on peut voir sur les radiographies, faisantdiscuter un mécanisme algodystrophique.

L’arthro-IRM

L’arthro-IRM au Gadolinium articulaire permetpour certains auteurs [10-13] de mettre en éviden-ce l’épaississement des structures de l’intervalledes rotateurs et en particulier le Ligament CoracoHuméral. Comme en arthrographie, la valeur desdimensions des différents recessus, en particulieraxillaire est discutée, puisque certains auteurs neretrouvent pas de variation de volume, même danscertains cas de raideur importante [10].

EN CONCLUSION

La capsulite rétractile idiopathique de l’épauleest une maladie de diagnostic clinique. L’imagerie

392

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 3 : Séquence T1 avec effacement de graisse et injection intraveineuse de Gadolinium axiale chez une patiente de 58 ans pré-sentant depuis plus de six mois des douleurs en rapport avec une tendinopathie calcifiante du supra-épineux. La patiente pré-sente depuis quelques semaines un enraidissement douloureux de son épaule. Les clichés objectivent une prise de contraste del’intervalle des rotateurs (flèche blanche) et du recessus axillaire (flèche orange). Il existe une prise de contraste pommeléemodérée de la tête humérale. Le tout traduisant une capsulite secondaire à la tendinite calcifiante.

Page 393: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

conserve cependant un intérêt dans les casd’intrications lésionnelles et lorsqu’une uneoption chirurgicale est envisagée. L’IRM avecinjection intraveineuse de Gadolinium est alors latechnique de référence. Elle met en évidence les

zones d’œdème et de fibrose active de la premiè-re phase de la maladie. Les autres techniquesd’imagerie ont une valeur discutée pour la miseen évidence d’un éventuel épaississement desstructures capsulo-synoviales.

393

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Imagerie de la capsulite rétractile d’épaule

Bibliographie

[1] NOEL E., THOMAS T., SCHAEVERBEKE T., THOMAS P.,BONJEAN M., REVEL M. Frozen shoulder. Joint Bone Spine.2000; 67(5): 393-400.

[2] DUPLAY S. De la périarthrite scapulo-humérale et des rai-deurs de l’épaule qui en sont la conséquence. Arch. Med. 1872,513-42.

[3] NEVIASER T.J. Adhesive capsulitis. Orthop Clin North Am1987, 18, 439-43.

[4] BUNKER T.D., ANTHONY P.P. The pathology of frozenshoulder : A Dupuytren like disease. J Bone Joint Surg 1995, 77(B), 677-83.

[5] SIMON W.H. Soft tissue disorders of the shoulder. Frozenshoulder, calcific tendinitis and bicipital tendinitis. Orthop ClinNorth Am 1975, 6, 532-8.

[6] BINDER A.I., BULGEN D.Y., HAZLEMAN B.L., TUDOR J.,WRAIGHT P. Frozen shoulder: an arthrographic and radionu-clear scan assessment. Ann Rheum Dis. 1984 Jun; 43(3): 365-9.

[7] CLUNIE G., BOMANJI J., ELL P.J. Technetium-99m-MDPpatterns in patients with painful shoulder lesions. J Nucl Med.1997 Sep; 38(9): 1491-5.

[8] SENOCAK O., DEGIRMENCI B., OZDOGAN O., AKALIN E.,ARSLAN G., KANER B., TASCI C., PEKER O. Technetium-99mhuman immunoglobulin scintigraphy in patients with adhesivecapsulitis: a correlative study with bone scintigraphy. Ann NuclMed. 2002 Jun; 16(4): 243-8.

[9] CARRILLON Y., NOEL E., FANTINO O., PERRIN-FAYOLLEO., TRAN-MINH V.A. Magnetic resonance imaging findings inidiopathic adhesive capsulitis of the shoulder. Rev Rhum EnglEd. 1999 Apr; 66(4): 201-6.

[10] MENGIARDI B., PFIRRMANN C.W., GERBER C., HODLERJ., ZANETTI M. Frozen shoulder: MR arthrographic findings.Radiology. 2004 Nov; 233(2): 486-92.

[11] EMIG E.W., SCHWEITZER M.E., KARASICK D., LUBO-WITZ J. Adhesive capsulitis of the shoulder: MR diagnosis. AJRAm J Roentgenol. 1995 Jun; 164(6): 1457-9.

[12] LEE M.H., AHN J.M., MUHLE C., KIM S.H., PARK J.S.,KIM S.H., KIM S.M., KANG H.S. Adhesive capsulitis of theshoulder: diagnosis using magnetic resonance arthrography,with arthroscopic findings as the standard. J Comput AssistTomogr. 2003 Nov-Dec; 27(6): 901-6.

[13] MANTON G.L., SCHWEITZER M.E., WEISHAUPT D.,KARASICK D. Utility of MR arthrography in the diagnosis ofadhesive capsulitis. Skeletal Radiol. 2001 Jun; 30(6): 326-30.

Page 394: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de
Page 395: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le traitement de la capsulite rétractile idiopa-thique, en raison de son évolution naturelle vers laguérison est habituellement médical [5, 20, 26, 38].Cette évolution favorable sans ou avec un traite-ment minime est soulignée par le travail de Griggset al. [15] qui ont étudié de façon prospective ledevenir de 75 capsulites rétractiles en phase II trai-tées simplement par un programme d’étirementsdans quatre directions avec une évaluation moyen-ne à 22 mois. Quatre-vingt-dix pour cent despatients sont satisfaits et 10 % ne le sont pas, maisseulement 7 % ont bénéficié d’un traitement inter-ventionnel (mobilisation et/ou capsulotomie).

La longueur de l’évolution, l’intensité des dou-leurs dans la phase initiale chez certains patients,l’importance de la gêne fonctionnelle dans lesépaules gelées prolongées ont conduit à recher-cher des thérapeutiques susceptibles d’arrêter lecours évolutif de l’affection, de soulager plus rapi-dement la douleur ou d’en accélérer la guérison.

Plusieurs méthodes thérapeutiques sont utili-sées : les traitements médicamenteux par voiegénérale, les injections intra-articulaires, la phy-siothérapie, la kinésithérapie, l’arthro-distension,la mobilisation sous anesthésie et la capsuloto-mie arthroscopique. Les problèmes particuliersposés par les capsulites secondaires seront expo-sés à la fin.

LES TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUX

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sonthabituellement inefficaces et cette inefficacité est

d’ailleurs un argument en faveur d’une capsulitedébutante devant une épaule douloureuse récen-te. La corticothérapie par voie générale a été pro-posée. Binder [4] note une amélioration à courtterme mais aucune différence significative au cin-quième mois par rapport à une série témoin. Cerésultat est confirmé par une étude australiennerécemment publiée où le bénéfice d’une cortico-thérapie à 30 mg/j pendant 3 semaines n’est signi-ficatif qu’à très court terme, puisqu’à 6 semainesce bénéfice n’est déjà plus significatif et ne semaintient pas au-delà, sauf pour le gain fonction-nel [6]. A 12 semaines, l’analyse tend même à êtreen faveur du groupe placebo.

Ce traitement peut être utilisé au début dans lesformes très algiques, voire bilatérales, en cas decontre-indication ou de refus des injections locales.Les antalgiques sont, bien entendu, très utiles etsont prescrits en fonction de l’intensité douloureu-se (palier 1 ou 2, rarement morphiniques). La cal-citonine semble inefficace et n’a d’ailleurs pasd’AMM dans cette indication. Cette inefficacitéapparaît dans l’étude randomisée de Walburger[38] dans laquelle il n’existe pas de différencesignificative entre un groupe traité par physiothé-rapie seule contre un groupe traité par physiothé-rapie associée à la calcitonine de saumon.

LES INJECTIONS INTRA-ARTICULAIRES

Les injections, essentiellement de cortisoniques,dans la cavité articulaire représentent une possi-bilité thérapeutique. La première remarque est la

395

TRAITEMENT DES CAPSULITES DE L’ÉPAULE

T. BOYER, H. BARD

Page 396: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

difficulté technique de l’injection non radioguidéepuisque celle-ci, contrôlée par injection de produitopaque, n’est réellement intra-articulaire quedans 12 % des cas pour Weiss [in 31]. Les résultatssemblent pourtant meilleurs lorsque l’injectionest réellement faite dans l’articulation [12].L’efficacité de ces infiltrations intra-articulaire estcependant discutée. Lee [22] ne trouve aucunedifférence par rapport à une série témoin de80 patients. Ces résultats pessimistes sontappuyés par les travaux de Williams et deHollingsworth [in 31]. Troisier [35] fait d’ailleursde cette inefficacité un critère diagnostique. Enrevanche, Carette et al. [7] ont trouvé qu’unesimple injection radioguidée d’hexacétonide detriamcinolone suivie d’exercices faits à domicilepar le patient était supérieure à la physiothérapieet au placebo. Une étude randomisée contrôléetrès récente a comparé l’efficacité d’une injectionde 20 mg de triamcinolone isolée ou associée àune physiothérapie versus placebo montre lebénéfice à 6 semaines de l’injection de cortiso-nique, celui de la physiothérapie sur la récupéra-tion de la rotation externe, mais à 16 semaines iln’y a plus de différence entre les groupes [33].

D’autres travaux ont étudié les résultatsd’injections mixtes dans la bourse sous-acromiale etdans la cavité articulaire. Richardson [in 31] en par-ticulier a comparé des injections de corticoïdes avecdes injections de sérum physiologique et n’a retrou-vé aucune différence significative. A l’inverse,Corbeil [9] et Jacobs [19] font de l’injection intra-articulaire de corticoïde l’élément déterminant del’efficacité des distensions capsulaires.

En dehors des cortisoniques, l’acide hyaluro-nique a été récemment essayé dans les capsulites.Une étude ouverte, sur un petit nombre de cas, nepermet pas de conclure [34]. Rovetta [32] aconduit une étude randomisée sur 30 patientsavec un groupe traité par 8 injections d’acide hya-luronique (Hyalgan®), hexacétonide de triamci-nolone et physiothérapie versus corticoïdes etphysiothérapie. A six mois, douleur et mobilité

sont améliorées dans les deux groupes, ce quin’est pas surprenant, avec un léger bénéfice dansle groupe acide hyaluronique sur la récupérationde la rotation interne et de l’abduction.

LA KINÉSITHÉRAPIE

La rééducation doit être entreprise dès que ladouleur le permet. Dans la phase douloureuse,elle est réduite à une auto-rééducation pendulai-re. Elle est surtout utile à la phased’enraidissement lorsque la douleur s’est estom-pée et à la phase de régression pour éviter lesséquelles. L’évaluation de l’efficacité de la kinési-thérapie est difficile, d’autant que les techniquesutilisées sont variées.

La physiothérapie à visée décontractante peutêtre un appoint utile bien que son efficacité nesoit pas clairement démontrée [31]. Dans l’étudede Carette déjà citée, l’adjonction d’une physio-thérapie dite supervisée à une injection intra-arti-culaire de cortisonique accélère seulement larécupération des amplitudes articulaires [7].

La méta-analyse de la Cochrane databasemenée par Green et Buchbinder [14] sur l’épauledouloureuse indique que seul le laser, pourtantguère utilisé, serait efficace dans la capsuliterétractile, ce qui n’est pas le cas des ultrasons. Lesauteurs concluent au peu d’intérêt de la physio-thérapie isolée dans cette affection.

LES TRAITEMENTSINTERVENTIONNELS

En dehors des infiltrations, trois traitementsinterventionnels ont été proposés : arthro-disten-sion capsulaire, mobilisation sous anesthésie,capsulotomie arthroscopique. Le but de ces tech-niques est de rompre la capsule afin de retrouverde la mobilité. Contrairement à une opinionrépandue, il ne s’agit pas de rompre de préten-

396

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 397: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

dues adhérences qui n’existent pas dans cettemaladie [16] comme nous le constatons régulière-ment sous arthroscopie (fig. 1 et 2) [5]. Nousdécrirons ces méthodes thérapeutiques avantd’envisager leurs indications.

L’arthro-distension

La technique consiste à injecter 9 à 30 ml selonles auteurs d’un mélange associant anesthésiquelocal, corticoïde et produit de contraste afin de dis-tendre, voire de rompre la capsule articulaire [24].Cette technique a été décrite initialement parAndrèn [1] puis par Ekelund [11], Duralde [10],Mulkalhy [24]. En France, Laroche [21] a proposéun protocole justifiant une hospitalisation de5 jours: la distension est complétée par une mobili-sation active en abduction, élévation et rotations; lebras est ensuite placé dans un coussin d’abductionet une rééducation est entreprise immédiatementsous couvert d’une prise d’antalgiques puissants. Larevue de la littérature est difficile car le typed’enraidissement, les méthodes de distension, lescritères et les délais d’évaluation sont très variables.Mazières [18] en a cependant effectué une revuequi figure dans le tableau 1.

Selon Laroche [21], il existe une améliorationsignificative dès J+5 sur la douleur et la mobilité(abduction et rotation externe). L’amélioration sepoursuit de façon non significative entre J5 et J30.Il n’existe pas de corrélation entre la rupture desrécessus (obtenue dans 25 cas sur 40 dans cettesérie) et l’amélioration clinique. Cette étude n’estcependant pas contrôlée, ne permettant pas deconclure à l’efficacité de la distension.

Gam [13] dans une étude randomisée (sur depetits effectifs) comparant distension et corticoïdesà corticoïdes seuls ne trouve pas de différenceconcernant la douleur mais la distension procureune amélioration significative sur les amplitudes etparticulièrement sur la rotation externe.

Inversement Corbeil [9] dans une étude contrô-lée en double aveugle a comparé distension pluscorticoïdes et corticoïdes intra-articulaire seuls. Ilconfirme l’efficacité des techniques, mais ne trou-ve pas de différence significative entre elles.Jacobs [19] qui compare distension, distension +corticoïdes et corticoïdes seuls montre unmeilleur résultat dans les groupes comportantune injection de corticoïdes.

Piotte et al. [29] ont pratiqué trois arthro-dis-tensions avec corticoïde à 3 semaines

397

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Traitement des capsulites de l’épaule

Deux vues arthroscopiques d’une capsulite montrant l’aspect érythémateux caractéristique sur la paroi antérieure et dans lazone du chef long du biceps brachial et de la coiffe.

Page 398: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

398

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Tableau

I: Traitem

ent d

e la capsu

lite rétractile de l’ép

aule p

ar arthrograp

hie – d

istension

– mobilisation

.R

evue d

e la Littératu

re (Mazières et coll. R

ev Rh

um

1999; 66 (1bis): 41S

-45S)

CS

:infiltration intra-articulaire de glucocorticoïdes. +

: la rupture n’a pas été systématiquem

ent recherchée, mais a pu se produire au cours de la distension. M

obilisation: m

ouvements passifs au cours

de l’arthrographie pour libérer l’épaule. AB

D: m

ise en abduction de l’épaule après la mobilisation. R

ééducation: variable dans sa durée et ses m

odalités. Indice doul.: indice de douleur (variant enrègle de 0 à 3 ou 0 à 5). R

ésultats suj.: résultat subjectif non détaillé. Constant: score de C

onstant d’évaluation des épaules. M: m

ois. J: jour. M

O+

: évaluation dans les 24 heures suivant l’arthrographie

Au

teurs

No

mb

reA

rthro

-A

nesth

ésie C

SD

istensio

nR

up

ture

Mo

bilisatio

nA

BD

Rééd

ucatio

nE

valuatio

nS

uivi

Résu

ltats

de cas

grap

hie

locale

Andrén

64+

+-

+-

-M

obilitéM

0+S

i raideur modérée : 2/3 récupèrent

1965R

ésult. Subj.

Si raideur sévère : 1/5 guérit, 2/5 s'am

éliorent,

2/5 se dégradent (répétition du geste)

Loyd33

++

++

± (21 cas)

+-

+ (dom

icile)Indice doul.

8 mois

Am

élioration notable dès 4-6 semaines

1983M

obilitéen

Am

élioration max ou retour à norm

ale

Fonction

moyenne

en 3 mois

Fareed20

-+

++

+-

-+

Mobilité

J15, J30, M6

90 % guérison à M

1

1989F

onctionà 10 ans

6 cas ont eu 2e

geste à J15

Résultat m

aintenu à distance

Corbeil

45 :+

-+

--

--

+Indice doul.

M1, M

3A

mélioration dès M

1 comparable

199220-25

++

++

±-

-+

Mobilité

dans les deux groupes

Ekelund

23+

Sous A

G+

++

+-

+Indice doul.

M1

A 4-6 sem

: 100 % d'am

élioration mobilité dont 83 %

1992M

obilité2 à 7 ans

de normalisation, 100 %

d'amélioration douleur

dont 87 % disparition. R

ésultat maintenu à distance

Rizk

16+

++

++

++

+Indice

M0+

, M0, 5,

81 % d'am

élioration de douleur

1994doul.

M1, M

2, M3

et mobilité dès M

0+

Mobilité

M4, M

5, M6

100 % à M

6

Mulcahy

38+

++

++

+-

+M

obilité<

M4

56 % d'am

élioration si fissure de la coiffe

1994R

ésult.associée (16 cas)

Subj.

73 % d'am

élioration sinon (22 cas)

Noël

50 :+

-+

--

--

+C

onstantJ45, J90, J180

Am

élioration régulière des différents paramètres

199525-25

+-

++

--

-+

Mobilité

sans différence entre les deux groupes

Résult. S

ubj.

Andrieu

20+

++

++

+-

+C

onstantM

0+, M

1, M3,

69 % d'am

élioration à M1

1997M

obilitéM

6, M12

92 % d'am

élioration à M3

Laroche40

++

++

(25 cas)+

++

+Indice doul.

J5, J30D

ouleur : 90 % d'am

élioration à J30,

1988M

obilité2,5 ans

46 % de douleurs m

odérées à 2,5 ans

fonctionF

onction à 2,5 ans : 50 % guérison, 50 %

gène discrète

Page 399: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

d’intervalle chez 15 sujets, sans groupe contrôle.L’amélioration est nette après la première, mais laseconde apporte un bénéfice significatif bien quemoindre, ce qui n’est pas le cas de la troisième.

Au total, l’arthro-distension isolée n’a pas fait lapreuve de son efficacité. L’adjonction d’un corti-coïde intra-articulaire et d’une rééducation pro-grammée semble apporter une amélioration. Ellea moins d’intérêt dans la phase froide (phase 3)[37]. Le fait de réaliser une rupture des récessus,en particulier sous-scapulaire, ne semble pasdéterminant. Il convient d’ailleurs de noter que,lorsqu’il existe une fuite de produit de contraste,c’est à l’évidence la zone de faiblesse capsulairequi se rompt et non la zone rétractée responsablede l’enraidissement.

La mobilisation sous anesthésie

La mobilisation sous anesthésie [17, 18, 20, 28]peut se faire sous anesthésie générale ou locoré-gionale par bloc interscalénique. Elle doit êtreprudente en raison du risque de fracture del’humérus voire de luxation de la tête humérale etd’incidents neurologiques. Elle doit être réaliséedans toutes les directions. La mobilisation enabduction est relativement facile ; la récupérationdes rotations est plus difficile. Les lésions capsu-laires obtenues par ce type de mobilisation ont étéexaminées à ciel ouvert et en arthroscopie [36]. Ils’agit essentiellement d’une déchirure de la cap-sule inférieure. Pour Ogilvie-Harris [27] la paroiantérieure serait aussi déchirée avec une lésiondu tendon du sub-scapulaire dans 18 de ses20 cas. A l’inverse, Pollock [30] ne retrouvejamais de lésion du tendon sub-scapulaire ce quicorrespond à notre propre expérience. Les résul-tats de cette technique isolée proviennent de tra-vaux anciens ; ils sont jugés bons par les auteurs,mais il n’est pas possible de conclure en l’absencede comparaison avec l’évolution naturelle et lelong recul des patients revus.

La capsulotomie arthroscopique

Selon les auteurs, cette technique peut être iso-lée ou suivre un échec de mobilisation.L’anesthésie est soit générale soit locorégionalepar bloc interscalénique. Un bilan articulaire estréalisé et l’aspect de la cavité articulaire montre lestade évolutif de la maladie [16, 25]. La section dela capsule se fait par introduction d’instrumentspar voie antérieure dans l’intervalle des rotateurs.Les instruments utilisés peuvent être mécaniques(ciseaux, pinces) ou électriques (bistouri). La cap-sule est progressivement sectionnée depuis lepôle supérieur jusqu’au pôle inférieur. Desmanœuvres de rotation du bras permettentd’apprécier la libération. La capsule antérieure (etparticulièrement le ligament gléno-huméralmoyen) est très épaisse et fibreuse au stade tardif.Ogilvie-Harris [27] associe à cette section undébridement de l’intervalle des rotateurs et unesection du tendon sub-scapulaire. Le geste estsuivi d’une rééducation immédiate sur attellemotorisée puis par rééducation traditionnelle.

Dans la littérature, l’analyse des résultats decette technique est particulièrement difficile.Warner [39] a pratiqué une capsulotomie chez23 patients qui ont résisté à un traitement médicalde 4 mois et qui n’ont pas été améliorés par unemobilisation. Le diagnostic de capsulite n’a pasété confirmé par une arthrographie et les auteursmentionnent un signe et un test de Neer positifdans 4 cas, ce qui laisse supposer la présenced’enraidissements non capsulaires dans cettesérie. De plus les résultats sont analysés avec unrecul moyen de 39 mois, à un stade où toutes lescapsulites ont guéri.

Pollock [30] présente une série de 30 cas dont12 seulement sont des capsulites idiopathiques.La capsulotomie a toujours été combinée à unemobilisation sous anesthésie et a été associée10 fois à un geste sous-acromial concernant unconflit, une calcification ou une lésion acromio-claviculaire. La durée moyenne des symptômes

399

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Traitement des capsulites de l’épaule

Page 400: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

avant l’arthroscopie est de 14 mois et les résultatssont analysés avec un recul moyen de 31 mois.

Beaufils [2] a rapporté les résultats d’uneenquête multicentrique de la Société Françaised’Arthroscopie concernant la capsulotomie. Lasérie comporte 26 cas d’enraidissement del’épaule dont 13 cas individualisés de capsuliteidiopathique. Dans ce sous-groupe, la capsuloto-mie n’a été associée que 2 fois à un geste complé-mentaire. Les résultats subjectifs sont bons dans69 % des cas. Les résultats fonctionnels ne le sontque dans 58 %. Ces résultats, obtenus avec undélai moyen de 7 mois, concernent cependantl’ensemble de la série. Les auteurs mentionnentseulement que les meilleurs résultats concernentle groupe capsulite.

Berghs [3] rapporte son expérience sur 25 casde capsulotomies et note une amélioration por-tant sur les douleurs et surtout sur les amplitudespassives dans toutes les directions : élévationantérieure (73° en moyenne en pré-opératoi-re/163° en postopératoire), rotation externe(10°/46°) et rotation interne (gain de 9 niveaux).Une étude ouverte et rétrospective fait état derésultats montrant l’efficacité d’une mobilisationsous anesthésie, suivie d’une capsulotomiearthroscopique puis d’un programme de rééduca-tion intensive dans une cohorte de 40 capsulitesrétractiles résistantes à un traitement pharmaco-logique et physiothérapique [8].

CAPSULITES SECONDAIRES

Le traitement des capsulites secondaires (post-traumatiques, du diabétique, iatrogènes) présentequelques particularités par rapport à la forme pri-mitive. Les formes post-traumatiquess’accompagnent plus volontiers d’une extension àla main et se rapprochent plus d’une algodystro-phie classique. La calcitonine, bien qu’aucuneétude à notre connaissance ne le montre, pourraitêtre plus volontiers indiquée.

Chez le diabétique, nous avons mentionné lecaractère insidieux de la maladie et la contre-indi-cation des tentatives de mobilisation ou de capsu-lotomie. Il faut signaler que le contrôle de la gly-cémie n’influence pas le cours de la capsulite.

Dans les formes iatrogènes, l’arrêt des barbitu-riques est nécessaire ; par contre, l’arrêt del’Isoniazide n’influence pas le cours de la capsuli-te et le traitement peut par conséquent être pour-suivi. Les capsulites survenant chez des patientsinfectés par le VIH et traités par des inhibiteursdes protéases guérissent aussi malgré la poursui-te du traitement.

CONCLUSIONS –RECOMMANDATIONS

Devant un enraidissement de l’épaule, enl’absence d’arthropathie à la radiographie, il fauten premier lieu insister sur la nécessité d’établirde façon formelle le diagnostic de rétraction cap-sulaire car le traitement est spécifique. Ce dia-gnostic peut être clinique dans les formes idiopa-thiques caricaturales. Il doit être étayé au mini-mum par une arthrographie dans les cas difficiles.

A la lumière des données de la littérature, il estpossible de proposer un guide du traitement descapsulites rétractiles. Aux stades douloureux, letraitement médical non interventionnel (antal-giques en particulier) est la règle et suffit souventà attendre une guérison programmée parl’évolution naturelle. Lorsque la douleur est inten-se et insomniante, une infiltration corticoïdegléno-humérale radioguidée sans ou avec unearthro-distension suivie d’une rééducation peutêtre proposée après cédation correcte des dou-leurs. Il n’y a pas, en principe, de place pour lesmobilisations ou capsulotomies en phase doulou-reuse. Au stade d’enraidissement persistant au-delà des limites de l’évolution naturelle ou en casde gène fonctionnelle majeure et mal tolérée, etaprès avoir reconsidéré le diagnostic de capsulite

400

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 401: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

idiopathique, une mobilisation sous anesthésielocorégionale ou générale peut être effectuée. Sicette mobilisation ne permet pas d’obtenir immé-diatement une libération complète de la mobilitéarticulaire, elle pourra être complétée dans lamême séance opératoire par une capsulotomiearthroscopique. Celle-ci sera pratiquée d’embléequand la mobilisation sous anesthésie est trop dif-

ficile et fait courir un risque de fracture. Ces libé-rations doivent être suivies immédiatement d’unerééducation intense sous surveillance médicale.Les capsulites diabétiques ont une évolution par-ticulièrement longue et il peut être tentant de pro-poser des mobilisations et des arthrolyses. Lesrésultats en sont cependant nettement moinsbons que dans la capsulite idiopathique.

401

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Traitement des capsulites de l’épaule

Bibliographie

[1] ANDRéN L., LUNDBERG B.J. Treatment of rigid shouldersby joint distension during arthrography. Acta orthop Scand1965 ; 36 : 45-53.

[2] BEAUFILS P. Arthrolyse arthroscopique gléno-huméralepour raideur de l’épaule. A propos de 26 cas. Rev Chir Orthop1996 ; 82 : 608-11.

[3] BERGHS B.M., SOLE-MOLINS X., BUNKER T.D.Arthroscopic release of adhesive capsulitis. J Shoulder ElbowSurg. 2004 ; 13: 180-5.

[4] BINDER A.I., BULGEN D.Y., HAZLEMAN B.L., ROBERTS S.Frozen shoulder: a long term prospective study. Ann rheum Dis,1984, 43, 361-364.

[5] BOYER TH, DORFMANN H., FRANÇOY P. Le conflit sous-acromial et son traitement arthroscopique. L’actualité rhumato-logique 1992 In : S de Sèze, A Ryckewaert, MF Kahn, D Kuntz,A Dryll, Cl Guérin, Expansion Scientifique Française, 1992, p.325-337.

[6] BUCHBINDER R., HOVING J.L., GREEN S., HALL S.,FORBES A., NASH P. Short course prednisolone for adhesivecapsulitis (frozen shoulder or stiff painful shoulder): a randomi-sed, double blind, placebo controlled trial. Ann Rheum Dis2004 ; 63: 1460-9.

[7] CARETTE S., MOFFET H., TARDIF J., BESSETTE L.,MORIN F., FREMONT P. et al. Intraarticular corticosteroids,supervised physiotherapy, or a combination of the two in thetreatment of adhesive capsulitis of the shoulder: a placebo-controlled trial. Arthritis Rheum 2003 ; 48: 829-38.

[8] CASTELLARIN G., RICCI M., VEDOVI E. et al. Manipulationand arthroscopy under general anesthesia and early rehabilita-tive treatment for frozen shoulders. Arch Phys Med Rehabil2004 ; 85: 1236-40.

[9] CORBEIL V., DUSSAULT R.G., LEDUC B.E., FLEURY J.Capsulite rétractile de l’épaule : étude comparative del’arthrographie avec corticothérapie intra-articulaire avec ousans distension capsulaire. Can Assoc radiol J 1992 ; 43 : 127-30.

[10] DURALDE X.A., JELSMA R.D., POLLOCK R.G., FLATOWE.L., BIGLIANI L.U. Arthroscopic treatment of resistant frozenshoulder. Arthroscopy , The Journal of arthroscopic and relatedsurg. 1993, 3, 345.

[11] EKELUND A., RYDELL N. Combination treatment foradhesive capsulitis of the shoulder. Clin. Orthop., 1992, 282,105-109.

[12] EUSTACE J.A., BROPHY D.P., GIBNEY R.P., BRESNIHANB., FITZGERALD O. Comparison of the accuracy of steroid pla-cement with clinical outcome in patients with shoulder symp-toms. Ann Rheum dis. 1997 ; 56 : 59-63.

[13] GAM A.N., SCHYDLOWSKY P., ROSSEL I., REMVIG L.,JENSEN E.M. Treatment of “Frozen shoulder” with distensionand glucocorticoïd compared with glucocorticoïd alone. Scand JRheumatol 1998 ; 27 : 425-30.

[14] GREEN S., BUCHBINDER R., HETRICK S. Physiotherapyinterventions for shoulder pain. Cochrane Database Syst Rev(2):2003CD004258.

[15] GRIGGS S.M., AHN A., GREEN A. Idiopathic adhesive cap-sulitis. A prospective functional outcome study of nonoperativetreatment. J Bone Joint Surg 2000 ; 82-A: 1398-407.

[16] HA’ERI G., MAITLAND A. Arthroscopic findings in the fro-zen shoulder. J. Rheumatol ; 1981, 8, 149-152.

[17] HAINES J.F., HARGADON E.J. Manipulation as the prima-ry treatment of the frozen shoulder. J Royal coll SURG Edimb1982 ; 27 : 271-5.

[18] HILL J., BOGUMILL H. Manipulation in the treatment offrozen shoulder. Orthopaedic 1988 ; 11 : 1255-62.

Page 402: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

[19] JACOBS L.G., BARTOU M.A., WALLACE W.A., FERROU-SIS J., DUNN N.A., BOSSINGHAM D.H. Intraarticular disten-sion and steroids in the management of capsulitis of the shoul-der. BMJ 1991; 302 : 1498-501.

[20] JANDA D.H., HAWKINS R.J. Shoulder manipulation inpatients withadhesive capsulitis and diabetes mellitus: a clinicalnote. J Shoulder Elbow Surg.1993 ;2 :36-38.

[21] LAROCHE M., IGHILAHRIZ O., MOULINIER L.,CONSTANTIN A., CANTAGRAL A., MAZIERES B. Retractioncapsulaire de l’épaule : traitement par l’arthrographie avec dis-tension synoviale, corticothérapie intra-articulaire et kinésithé-rapie immédiate. Etude ouverte de 40 cas. Rev Rhum 1998 ; 65 :339-45.

[22] LEE P.N., LEE M., HAQ A.M. Periarthritis of the shoulder:trial of treatments investigated by multivariate analysis. Ann.rheum. Dis. 1974, 33, 116-119.

[23] MAZIERES B., CONSTANTIN A., LAROCHE M., CANTA-GREL A. Traitement de la capsulite rétractile de l’épaule pararthrographie-abduction-rééducation. Rev Rhum 1999 ; 66 : 41-5.

[24] MULCAHY K.A., BAXTER A.D., ONI OOA, FINLAY D. Thevalue of shoulder distension arthrography with intra articularinjection of steroid and local anaestetic : a follow-up study. Br JRadiology 1994 ; 67 : 263-6.

[25] NEVIASER J.S. Arthrography of the shoulder joint.. Studyof the findings in adhesive capsulitis of the shoulder. J. Bone.Joint Surg. 1962 ; 44 : 1321-30.

[26] NOEL E. Le traitement des tendinopathies calcifiantes et dela rétraction capsulaire de l’épaule. Rev Rhum 1997 ; 64 : 705-15.

[27] OGILVIE-HARRIS D.J., BIGGS D.J., FITSIALOS D.P.,MACKAY M. The resistant frozen shoulder manipulation ver-sus arthroscopic release. Clin Orthop Related Res 1995 ; 319 :238-48.

[28] PARKER R.D., FROIMSON A.I., WINSBERG D.D. et al. fro-zen shoulder Part II: Treatment by manipulation under anesthe-sia. Orthopedics, 1989 ; 12 : 989-90.

[29] PIOTTE F., GRAVEL D., MOFFET H. et al. Effects of repea-ted distension arthrographies combined with a home exerciseprogram among adults with idiopathic adhesive capsulitis of theshoulder. Am J Phys Med Rehabil 2004 ;83: 537-46.

[30] POLLOCK R.G., DURALDE X.A., FLATOW E.L., BIGLIANIL.U. The use of arthroscopy in the treatment of resistant frozenshoulder. Clin Orthop 1994 ; 304 : 30-6.

[31] ROCKWOOD C.A., MATSEN F.A. The Shoulder. 1990, 2 vol.Saunders Ed. Philadelphia.

[32] ROVETTA G., MONTEFORTE P. Intraarticular injection ofsodium hyaluronate plus steroid versus steroid in adhesive cap-sulitis of the shoulder. Tissue React 1998; 20: 125-30.

[33] RYANS I., MONTGOMERY A., GALWAY R., KERNOHANW.G., MCKANE R. A randomized controlled trial of intra-articu-lar triamcinolone and/or physiotherapy in shoulder capsulitis.2005, Jan 18, Rheumatology (Oxford).

[34] TAMAI K., MASHITORI H., OHNO W., HAMADA J., SAKAIH., SAOTOME K. Synovial response to intra-articular injectionsof hyaluronate in frozen shoulder: a quantitative assessmentwith dynamic magnetic resonance imaging. J Orthop Sci 2004;9: 230-4.

[35] TROISIER O. L’épaule enraidie In : Simon L ; Rodineau J.Epaule et médecine de rééducation 1 Vol Paris Masson Edit1984, p. 103-108.

[36] UITVLUGT G., DETRISAC D.A., JOHNSON L.L., AUSTINM.D., JOHNSON C. Arthroscopic observations before and aftermanipulation of frozen shoulder. Arthroscopy The Journal ofarthroscopic and related Surgery, 1993; 9, 181-185.

[37] VAD V.B., SAKALKALE D., WARREN R.F. The role of cap-sular distention in adhesive capsulitis. Arch Phys Med Rehabil2003 ;84: 1290-2.

[38] WALBURGER M., MEIER J.L., GOBELET C. The FrozenShoulder; Diagnosis and treatment. Prospective study of 50cases of adhesive capsulitis. Clin. Rhumatol, 1992, 11, 364-368.

[39] WARNER JJP, ALLEN A., MARKS P.H., WONG P.Arthroscopic release for chronic refractory adhesive capsulitisof the shoulder. JBJS 1996 ; 78A : 1808-16.

402

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 403: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

INTRODUCTION

La diminution de la mobilité articulaire gléno-humérale dans la capsulite rétractile primaire estdue à la prolifération du collagène de type III, defibroblastes et de myofibroblastes dans le liga-ment coraco-huméral et dans l’intervalle des rota-teurs, ce qui provoque leur rétraction, leur épais-sissement associés et la perte de netteté de leurslimites par rapport aux autres structures capsulo-ligamentaires et myotendineuses de ce site anato-mique. De telles altérations histologiques sonttrès semblables à celles retrouvées dans la fibro-matose superficielle de Dupuytren. La capsuliterétractile présente une autre particularité commu-ne à la maladie de Dupuytren, elle est très répan-due chez les patients diabétiques [1-4].

L’étude par imagerie de cette pathologie est biendécrite en arthrographie classique. Celle-ci montreune réduction du volume intra-articulaire par lebiais de critères bien établis dans la littérature [5].L’arthro-IRM permet également de montrer laréduction du volume du récessus axillaire etl’épaississement capsulo-synovial dans cetterégion [6]. Une étude récente démontre, au moyende l’arthro-IRM, un épaississement du ligamentcoraco-huméral et de la capsule articulaire dansl’intervalle des rotateurs, en plus d’une oblitéra-tion du plan graisseux sous coracoïdien chez lespatients qui souffrent de capsulite rétractile [7].

L’aspect échographique du ligament coraco-huméral normal a été décrit dans une étude por-tant notamment sur l’évaluation de la variationanatomique de l’insertion du muscle petit pecto-

ral. Dans cette variation, les fibres terminales dece muscle, au lieu de s’insérer sur l’apophysecoracoïde, la dépassent et glissent sus sa facesupérieure vers l’intervalle des rotateurs, suivantun parcours similaire à celui du ligament coraco-huméral [8].

Comme l’échographie permet de visionner leligament coraco-huméral et les changementsmacroscopiques de cette structure en présenced’une capsulite rétractile, nous avons décidé demener une étude dans le but d’évaluer si le liga-ment coraco-huméral est visible et épaissi. Cetteétude a porté sur trois groupes : des patientsatteints de capsulite rétractile, des patients souf-frant de douleurs d’épaules et finalement despatients asymptomatiques.

MATÉRIEL ET MÉTHODE

Des examens échographiques ont été réaliséssur 498 épaules chez 306 personnes d’un âgemoyen de 47,4 ans (15 à 92), Il s’agissait de194 femmes et 112 hommes (308 épaules chez lesfemmes et 190 épaules chez les hommes). L’étudea porté sur l’identification et l’épaisseur maxima-le du ligament coraco-huméral. Un seul opérateurtrès expérimenté en échographie a réalisé les exa-mens. Trois groupes d’étude ont été établis :

1) Un groupe de 121 épaules asymptomatiques(sujets volontaires sains ou épaule controlatéraleasymptomatique de patients explorés en échogra-phie à la recherche d’altérations myotendineuseset/ou bursales de l’épaule douloureuse).

403

INTÉRÊT DE L’ÉTUDE ÉCHOGRAPHIQUEDU LIGAMENT CORACO-HUMÉRAL

DANS LES RÉTRACTIONS CAPSULAIRES

C. HOMSI, M. BORDALO-RODRIGUES, J. JOSÉ DA SILVA, X. STUMP

Page 404: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

2) Un groupe de 360 épaules douloureuses pro-venant de patients adressés pour recherche écho-graphique d’une éventuelle anomalie myotendi-neuse ou bursale.

3) Un troisième groupe de 17 capsulites, le dia-gnostic ayant été porté en arthrographie classiquesur la présence d’au moins deux des critères sui-vants : volume de contraste injecté inférieur à8 ml, réduction importante du volume du récessusaxilaire et aspect irrégulier du contour articulaire.

Les examens échographiques ont été réalisésavec des sondes linéaires de haute résolution, defréquences entre 5 et 13 MHz (Philips-ATL HDI5000, Siemens-Elegra et GE Logic700). La tech-nique utilisée, celle du balayage du plan axialoblique (angle caudal du faisceau ultrasonore enpositionnant le transducteur sur le bord latéral dela coracoïde) a permis d’obtenir une image coïnci-dant avec l’axe longitudinal du ligament coraco-huméral. Dans cette coupe, les mouvements derotation de l’épaule aident à identifier le ligamentcoraco-huméral en raison de son étirement et desa rectitude en rotation externe et de sa détente enrotation interne (fig. 1). Le balayage du ligamentcoraco-huméral a également été réalisé dans unplan sagittal à partir de la coracoïde jusqu’àl’intervalle des rotateurs, l’épaule étant placée enrotation externe, ce qui permet d’obtenir desimages dans l’axe transversal du ligament (fig. 2).

Le ligament coraco-huméral apparaissaitcomme une bande d’échogénicité plus faible parrapport au tissu adipeux environnant. L’épaisseurmaximale du ligament coraco-huméral étaitmesurée sur les deux coupes perpendiculaires(axiale oblique et sagittale), à l’exclusion del’insertion du ligament sur l’apophyse coracoïde.

Dans les groupes asymptomatiques et porteursde capsulite rétractile, les examens échogra-phiques ont été réalisés après le consentement ver-bal des individus. Ce consentement n’a pas éténécessaire pour le groupe des épaules doulou-

reuses étant donné qu’il y avait une indication cli-nique et que l’examen avait été demandé ; parailleurs, le balayage du ligament coraco-huméral etde la variation anatomique du muscle petit pectoralest une démarche de routine dans nos services.

ANALYSE STATISTIQUE

Tout d’abord nous avons établi, pour chaquegroupe, la fréquence de visibilité du ligamentcoraco-huméral à l’examen échographique. Laprésence de la variation anatomique de l’insertiondu muscle petit pectoral, dont les fibres dépassentl’apophyse coracoïde et s’étendent sur l’intervalledes rotateurs, a été considérée comme une absen-ce de visualisation du ligament.

L’épaisseur maximale moyenne du ligamentcoraco-huméral sur les deux coupes perpendicu-laires réalisées (axiale oblique et sagittale) a étécomparée aux trois groupes d’étude afin de véri-fier l’existence de différences statistiques impor-tantes par le biais d’analyses descriptives et parinférence. En ce qui concerne l’analyse descripti-ve, les données ont été comparées sur destableaux et graphiques. Le test non paramétriquede Kruskal-Wallis a été utilisé pour l’analyse parinférence dans le but de comparer les groupesdeux à deux (p < 0,0085).

RÉSULTATS

Le ligament coraco-huméral était visible dans92 des 121 épaules asymptomatiques (76.0 %),dans 227 des 360 épaules douloureuses (63.0 %),dans 15 des 17 épaules avec capsulite rétractile(88.2 %) et dans 334 des 498 épaules en général(66.9 %). La variation de l’insertion du musclepetit pectoral était visible dans 11 des 121 épaulesasymptomatiques (9,09 %), dans 43 des360 épaules douloureuses (11,94 %), dans 2 des17 épaules avec capsulite rétractile (11,76 %) etdans 56 des 498 épaules en général (11,24 %).

404

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 405: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

405

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Intérêt de l’étude échographique du ligament coraco-huméral…

Fig. 1 :A) Position correcte de la sonde pour obtenir le plan axial oblique du ligament coraco-huméral (LCH).B) Plan axial oblique avec rotation externe de l’épaule. Le ligament coraco-huméral se présente comme une bande hypoécho-gène (têtes des flèches). Apophyse coracoïde (flèche).C) Plan axial oblique avec rotation interne de l’épaule. Le ligament est détendu et tortueux (têtes des flèches) à côté del’apophyse coracoïde (flèche).D) Plan axial oblique. LCH épaissi dans le cadre d’une capsulite adhésive (épaisseur maximale de 3.3 mm). Apophyse coracoï-de (flèche).

A B

C D

Page 406: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Le tableau 1 présente un résumé des données

concernant les mesures d’épaisseur maximale du

ligament coraco-huméral dans chaque groupe.

Le graphique 1 est un diagramme à surfaces des

résultats de chaque groupe.

Le tableau 2 présente les résultats du test deKruskal-Wallis utilisés dans la comparaison entreles groupes deux à deux (une valeur inférieure à0,0085 est significative). Ceci permet de conclureque le groupe “capsulite” est statistiquement dif-férent des autres groupes et que ces deux autresgroupes ne sont pas différents l’un de l’autre.

406

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 :A) Démonstration de la position de la sonde pour obtenir leplan sagittal du LCH.B) Plan sagittal. Le LCH normal est visible sous la forme d’unebandelette hypoéchogène (flèches).C) Plan sagittal. LCH épaissi dans le cadre d’une capsuliteadhésive (3.1 mm d’épaisseur).

A

B

C

Tableau 1 - Résumé des mesures de l’épaisseur du ligament coraco-huméral.

Groupe Moyenne Médiane Écart type Minimum Maximum Échantillons

Capsulite 3,00 3,25 0,85 1,05 3,85 15

Douleur 1,39 1,25 0,54 0,70 4,10 227

Asymptomatique 1,34 1,30 0,32 0,80 2,30 92

Page 407: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

DISCUSSION

En échographie le ligament coraco-huméralconsidéré comme normal se présente sous laforme d’une bande hypoéchogène en raison del’hyperéchogénicité relative du tissu adipeux etdu phénomène d’anisotropie dû à l’incidenceoblique du faisceau ultrasonore sur les deuxcoupes perpendiculaires utilisées (fig. 3). Les alté-rations macroscopiques du ligament coraco-huméral dans la capsulite rétractile peuvent éga-lement intervenir dans son hypoéchogénicité. Lesdeux tiers proximaux du ligament coraco-humé-ral ont été identifiés avec les fenêtres acoustiquesutilisées. L’évaluation échographique du tiers dis-tal du ligament coraco-huméral à proximité del’intervalle des rotateurs est un sujet qui doit êtreabordé séparément, comme cela a été souligné auRSNA’2004 [9].

La fréquence globale de visualisation du liga-ment coraco-huméral (66,9 %) est assez satisfai-sante si l’on tient compte du fait que les examensont été réalisés dans la routine clinique journaliè-re et de façon prospective pour les groupes

407

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Intérêt de l’étude échographique du ligament coraco-huméral…

Graphique 1 - Le rectangle contient les valeurs des mesures desdeux quartiles centraux (50 % des valeurs) ; le premier et le qua-trième quartiles sont représentés par les lignes des extrémités,la médiane étant la ligne horizontale à l’intérieur des rectangles.

Tableau 2 - Niveaux descriptifs des tests de Kruskal-Wallis pourcomparaison des groupes deux à deux par rapport à l’épaisseurdu ligament coraco-huméral – les différences statistiquementsignificatives se trouvent hachurées

4,5

4,0

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

Ep

aiss

eur

(mm

)

Fig. 3 : A et B) Anisotropie, dans le plan axial oblique, la portion proximale du LCH est hypoéchogène (A) avec l’obliquité desondes ultrasonores (flèches) et hyperéchogène (B) avec des ondes ultrasonores perpendiculaires (flèches).

A B

Groupe Capsulite Douleur Asymptomatique

Capsulite 0.0001 0.0001

Douleur 0.0001 0.4816

Asymptomatique 0.0001 0.4816

Page 408: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

d’épaules douloureuses (63 %) et asymptoma-tiques (76 %). La difficulté du positionnement etde la mobilisation des épaules douloureuses peutêtre l’une des raisons de la visualisation moinsfréquente de ce ligament par rapport au groupeasymptomatique. Dans les cas de capsulite rétrac-tile, la fréquence de visualisation du ligamentcoraco-huméral s’est avérée la plus élevée(88,2 %) en raison d’une augmentation de sonépaisseur et de l’analyse sélective et dirigéeauquel ce groupe a été soumis.

Les valeurs moyennes de l’épaisseur du liga-ment coraco-huméral dans les groupes “douleurs”et “asymptomatique” (1,23 et 1,34 mm) sont trèssimilaires à celles observées dans la thèse deMaster [10] qui a étudié l’anatomie et l’histologiede ce ligament sur 60 épaules disséquées(cadavres frais). L’épaississement du ligamentcoraco-huméral et de la capsule articulaire ausein de l’intervalle des rotateurs, rapporté dansune étude arthro-IRM da la capsulite rétractile[7], concorde avec nos observations échogra-phiques (fig. 4).

Le fait de reconnaître la variation anatomiquede l’insertion du muscle petit pectoral est fonda-

mental étant donné que ses fibres distales, quidépassent l’apophyse coracoïde, peuvent êtreconfondues avec un ligament coraco-huméralépaissi (fig. 5). Le glissement de ses fibres surl’apophyse coracoïde pendant les rotations inter-ne et externe de l’épaule rend l’observation écho-graphique plus facile [8].

Tous les examens échographiques ont été faitspar un seul opérateur (CH) très expérimenté dansce domaine. Il n’y a donc pas d’étude interobser-vateur, ce qui constitue une limite de ce travail. Ilserait donc intéressant de valider ce nouveau cri-tère diagnostique échographique dans d’autrestravaux.

L’échographie de l’appareil musculo-squelet-tique est une méthode qui dépend de l’opérateuret qui présente une courbe d’apprentissagelongue, il gêne sa diffusion dans la pratique cli-nique journalière mais ne réduit pas sa valeur dia-gnostique intrinsèque. Notre étude a montré lacapacité de cette méthode à objectiver, de façondirecte et non invasive, des altérations morpholo-giques du ligament coraco-huméral chez despatients atteints de capsulite rétractile [1-4, 7]. Savalidation clinique est un défi à relever.

408

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 4 : A et B) L’échographie (A) et l’arthro-IRM (B) d’une épaule avec capsulite rétractile démontrent l’épaississement du LCH (flèches).L’arthro-IRM montre aussi l’oblitération du triangle graisseux sous coracoïdien (*) et l’épaississement capsulaire (tête de flèche).

A B

Page 409: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

409

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Intérêt de l’étude échographique du ligament coraco-huméral…

Fig. 5 : A, B, C et D) Aspect échographique (A et C) et IRM (B et D) de la variation anatomique de l’insertion du muscle petitpectoral (tête de flèche) dans son grand axe (A et B) et dans son petit axe (C et D). Noter que ses fibres dépassent l’apophysecoracoïde (flèche).

A B

C D

Page 410: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

L’échographie est capable d’évaluer le ligamentcoraco-huméral et de mesurer son épaisseur.

Un épaississement du ligament coraco-huméralétait beaucoup plus fréquent dans le groupe

d’épaules où l’arthrographie a prouvé la capsuliterétractile que dans les groupes des épaules“asymptomatiques” et “douloureuses”.

L’échographie est une méthode prometteusepour l’évaluation de patients porteurs de capsuli-te rétractile, la distinguant d’autres causes dedouleur d’épaules.

410

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] BUNKER T.D., ANTHONY P.P. The pathology of frozenshoulder. A Dupuytren-like disease. J Bone Joint Surg Br 1995;77: 677-683.

[2] OZAKI J., NAKAGAWA Y., SAKURAI G., TAMAI S.Recalcitrant chronic adhesive capsulitis of the shoulder. Role ofcontracture of the coracohumeral ligament and rotator intervalin pathogenesis and treatment. J Bone Joint Surg Am 1989; 71:1511-1515.

[3] OMARI A., BUNKER T.D. Open surgical release for frozenshoulder: surgical findings and results of the release. J ShoulderElbow Surg 2001; 10: 353-357.

[4] NEER C.S., 2ND, SATTERLEE C.C., DALSEY R.M., FLATOWE.L. The anatomy and potential effects of contracture of the cora-cohumeral ligament. Clin Orthop Relat Res 1992: 182-185.

[5] NEVIASER J.S. Adhesive capsulitis of the shoulder (the fro-zen shoulder). Med Times 1962; 90: 783-807.

[6] LEE M.H., AHN J.M., MUHLE C. et al. Adhesive capsulitis ofthe shoulder: diagnosis using magnetic resonance arthrography,with arthroscopic findings as the standard. J Comput AssistTomogr 2003; 27: 901-906.

[7] MENGIARDI B., PFIRRMANN C.W., GERBER C., HODLERJ., ZANETTI M. Frozen shoulder: MR arthrographic findings.Radiology 2004; 233: 486-492.

[8] HOMSI C., RODRIGUES M.B., SILVA J.J., STUMP X.,MORVAN G. Aspect échographique des anomalies d’insertiondu muscle pectoralis minor (petit pectoral). J Radiol 2003; 84:1007-1011.

[9] MARTINOLI C., PODESTA R., MORAG Y., JACOBSON J.,MILLER B., BIANCHI S. Ultrasound of the reflection pulley ofthe long biceps tendon. In:Annual Meeting of the RadiologicalSociety of North America. Chicago, USA, 2004.

[10] BERNARDES J. Estrutura anatômica macro e microscópicado ligamento coracoumeral - Estudo em 60 ombros dissecados.In: Département d'Orthopédie de la Faculté de Medicine. SãoPaulo, Brésil: Université de São Paulo, 1996.

Page 411: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

GÉNÉRALITÉS

Les calcifications de l’épaule sont essentielle-ment constituées par des dépôts de cristauxd’hydroxy-apatite. Cette pathologie se retrouvedans environ 2,5 % à 7,5 % [1,2] de la populationmais n’apparaît symptomatique que dans 30 à40 % des cas selon les études. Une tendance à labilatéralisation est diversement appréciée (de 24 à46 %) [1, 3]. L’âge moyen de survenue est de 40 anset cette pathologie est plus fréquente chez lafemme. Leur origine reste difficile à préciser ensachant que deux hypothèses principales sontavancées : la première [4] s’orienterait plutôt versune origine dégénérative avec dépôt de calcium auniveau de cette région ; la seconde, qui paraît laplus vraisemblable, est basée sur un concept pro-posé par Uhthoff [5] de maladie calcifiante àmédiation cellulaire avec quatre phases succes-sives : une métaplasie fibrocartilagineuse éven-tuellement en rapport avec la zone hypovasculai-re, à laquelle succède une phase de production cal-cifiante de durée variable et aboutissant à unephase de quiescence. Lui succède une phase derésorption génératrice d’une néovascularisation etd’une réaction macrophagique favorisant la lysecalcique. Ces calcifications vont évoluer de façonvariable dans le temps, la plupart d’entre ellesayant tendance à disparaître dans les trois ans(90 %). Après résorption, le tissu tendineux restantva se cicatriser par production de collagène qui sedéveloppe dans le sens des fibres natives consti-tuant ainsi la dernière phase. Quoi qu’il en soit, ils’agit d’une pathologie bénigne dont l’histoire

naturelle conduit à la guérison spontanée, les cal-cifications étant rares après 70 ans. La douleursurvenant dans ce contexte de calcification tendi-neuse paraît difficile à expliquer puisqu’aucunecellule inflammatoire n’est trouvée au sein du ten-don lors des analyses histologiques : des facteurschimiques, mécaniques, voire inflammatoires auniveau de la bourse doivent donc co-exister.

Il existe plusieurs classifications des calcifica-tions d’apatite. En radiographie standard, on seservira de la classification de la société françaised’arthroscopie (SFA) [6] qui différencie 4 groupesde calcification : calcification de type A : calcifica-tion dense, homogène à contours nets (fig. 1) ;

411

COMMENT SAVOIR SI UNE CALCIFICATIONEST RESPONSABLE DES DOULEURS

ET PEUT-ON EN PRÉVOIR LA CONSISTANCE ?

CH. COURTHALIAC, H. TIXIER, T. CHATENET, E. PERONNE, H. WEILBACHER

Fig. 1 : Calcification de type A localisée dans le tendoninfra-épineux (sous-épineux) sur ce cliché de face en rota-tion interne.

Page 412: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

type B : calcification cloisonnée plus hétérogène,polylobée (fig. 2) ; type C : calcification inhomo-gène à contours flous (fig. 3) ; type D : calcificationde l’enthèse. L’échographie constitue un moyensimple d’écarter les lésions transfixiantes maiselle ne permet pas d’éliminer une rupture partiel-le profonde en raison des ombres acoustiquesprovoquées par les calcifications. Elle va surtoutpermettre d’apprécier la localisation exacte de la

calcification par rapport à la surface tendineuse[7]. Sa taille est facilement appréciée lorsqu’elleest très échogène et de taille modérée alors qu’ilexiste quelques écueils en cas de volumineuse cal-cification [8] ou de calcification peu échogène, seconfondant avec l’échogénicité normale du ten-don. En échographie, l’équipe marseillaise [8] adéfini 3 types de présentation des calcifications ;le stade 1 correspond à une formation hyperécho-gène typique avec cône d’ombre pur (fig. 4), lestade 2 à une formation échogène avec côned’ombre impur (fig. 5) et enfin un stade 3 où le

412

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 2 : Calcifications de type B aux contours irréguliersdans le supra-épineux.

Fig. 3 : Calcification de type C irrégulière, inhomogène ausein du supra-épineux.

Fig. 4 : Calcification échographique avec cône d’ombre pur(stade 1).

Fig. 5 : Calcification échographique avec cône d’ombreimpur (stade 2).

Page 413: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

cône d’ombre est absent (fig. 6). Il semble que l’onpuisse y associer un stade 4 représentant une for-mation calcique pseudo-kystique.

Nous allons essayer de préciser la séméiologieradiologique en fonction des différents tableauxcliniques qui accompagnent ces calcifications ten-dineuses avant d’envisager l’appréciation radiolo-gique de la consistance calcique.

COMMENT SAVOIR SI UNECALCIFICATION EST RESPONSABLEDE LA DOULEUR?

Il convient de distinguer deux tableaux cli-niques qui n’ont pas la même implication théra-peutique et dont la présentation radiologique estbien différente.

Poussée douloureuse aiguë

Il s’agit de la classique “épaule hyperalgique”décrite par de Sèze [9]. Elle représente la phasede résorption décrite par Uthoff et correspond àun accès aigu microcristallin survenant dans lecadre d’une tendinopathie calcifiante. Il s’agitd’un ramollissement de la calcification d’hydroxy-

apatite en une bouillie semi-liquide qui va se déli-ter le plus souvent dans la bourse sous-acromio-deltoïdienne, mais elle peut rester intra-tendineu-se, voire se dissoudre en intra-osseux créant ainsiune érosion corticale.

Le cliché radiographique montrera le plus fré-quemment une calcification de stade C voire B dela classification de la SFA, avec des contours flouset surtout une nette modification de l’aspect parrapport aux éventuels clichés de référence.L’échographie, quant à elle, révélera une bursiteéchogène le plus souvent (lait calcique) avechyperhémie intense, une calcification peu échogè-ne avec une ombre acoustique impure ou l’absencede cône d’ombre stade 2 ou 3 [8] associée à unehyperhémie périphérique (fig. 7). Parfois, au seinde cette calcification liquéfiée apparaît une zonehypoéchogène liquidienne (fig. 8). Chiou et al. [10]ont constaté que plus la douleur était intense, plusl’hyperhémie Doppler était importante. Cettehyperhémie est liée au développement d’une néo-vascularisation capillaire péri-calcique.

Le scanner est rarement réalisé dans ces condi-tions ; il permet de localiser la calcification etrévèle un aspect flou avec une densité calciquealtérée sur laquelle nous reviendrons plus loin(fig. 9 et 9 bis).

413

Comment savoir si une calcification est responsable des douleurs…

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 6 : Calcification échographique sans cône d’ombre(stade 3).

Fig. 7 : Calcification intra-tendineuse de type 3 avec hyper-hémie périphérique.

Page 414: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Enfin l’IRM, dont l’accès en urgence est encoredifficile, n’a que peu d’indication dans ce contex-te d’épaule hyperalgique et enraidie. Sur lesséquences avec saturation du signal de la graisse,on recherchera une bursite en hypersignal TSET2 avec un rehaussement de ses feuillets en TSET1 avec injection de gadolinium (fig. 10).

414

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 8 : Calcification plutôt de topographie bursale avec unezone de liquéfaction centrale.

Fig. 9 et 9 bis : Localisation de la calcification au niveau tendineux : partie inférieure de l’infra-épineux ; localisation d’une volu-mineuse calcification de type A dans le 1/3 postérieur du supra-épineux et dans l’infra-épineux.

Figure 9

Figure 9 bis

Page 415: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

L’hypervascularisation intra-tendineuse témoi-gnant de l’œdème sera identifiée avec parfoismise en évidence d’une migration intra-osseusede la calcification avec un œdème du spongieux[11]. Si cette érosion osseuse survient dans uncontexte carcinologique (sein), la connaissancede ce type de migration peut éviter bien des inves-tigations. Ce cadre nosologique est évidemment leplus simple à gérer puisque le délitement calciqueresponsable des douleurs aboutit à la guérison dela tendinopathie calcifiante lorsque la calcifica-tion s’évacue en totalité dans la bourse sous-acro-mio-deltoïdienne. Cependant cette dissolutionspontanée n’est pas toujours complète, notam-ment quand elle se produit dans les parties mollespéritendineuses ou en intratendineux.

Douleurs subaiguës et chroniques

Le problème paraît plus compliqué en cas dedouleur chronique ou subaiguë en présence d’uneou plusieurs calcifications sur les radiographies.

Toute calcification n’étant pas symptomatique,le but des examens est donc de découvrir d’autrespathologies, dont la rupture de coiffe. La coexis-tence de calcifications tendineuses et de rupturecomplète est rare, mais il peut exister une ruptu-re partielle profonde (4 %). Les lésions trans-fixiantes paraissent plus rares (1 %) en Europe etaux USA [6].

Le but des différents examens est de fournir desarguments permettant d’affirmer le caractèresymptomatique de la calcification.

Apport des clichés standards

On recherchera une calcification tendineusedont l’aspect sera noté selon la classification de laSFA. On appréciera la déformation des contoursdu tendon qui peut favoriser un conflit antéro-supérieur (supra-épineux) ou antéro-interne (sub-scapulaire) secondaire comme en témoignel’aspect inflammatoire rougeoyant des feuillets dela bourse souvent constaté en arthroscopie. Lesiège de la calcification sera précisé, la localisa-tion au sein du tendon supra-épineux étant la plusfréquente (51 à 82 % selon les études) et la locali-sation au sein du subscapulaire, la plus sous-esti-mée (intérêt de l’incidence de Chevrot) (fig. 11).Les chirurgiens ont constaté qu’une calcificationdense, en début de phase de résorption, était souspression lorsqu’on l’aborde à l’aiguille. Cettehyperpression intra-calcique peut donc engendrerune hyperpression intra-tendineuse favorisant unconflit [6]. Pour certains auteurs [4], les calcifica-tions de plus de 15 mm deviennent le plus souventsymptomatiques.

415

Comment savoir si une calcification est responsable des douleurs…

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 10 : Calcification au sein du tendon supra-épineux avecbursite réactionnelle (séquence TSE T2 Fat Sat).

Page 416: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Apport de l’échographie

L’équipe canadienne de Cardinal [12] a proposédes seuils surfaciques permettant d’incriminer lacalcification comme responsable des douleurs :une surface moyenne de 38 mm2 était retrouvéedans la population asymptomatique pour162 mm2 en cas de douleur. Un aspect arciformecurviligne, régulier de la calcification est moinssouvent corrélé aux épaules douloureuses [9]notamment nocturnes. Par ailleurs, l’apportdynamique de l’échographie permet de recher-cher un conflit avec le ligament acromio-coracoï-dien ou, en cas de calcification du subscapulaire,avec la coracoïde dans l’espace coraco-huméral.Ce conflit est rendu possible par l’épaississementglobal du tendon secondaire à la présence de lacalcification ; il favorise un épaississement desfeuillets de la bourse sous acromio-deltoïdienne(fig. 12). Enfin, on peut retrouver une hyperhé-mie péri-calcique, témoin direct de la réactiontendineuse de voisinage.

Apport des autres techniques

Il semble qu’elles n’aient pas leur place, saufpour éliminer formellement une rupture partielleprofonde ou transfixiante. Dans ce cas, ons‘appuie davantage sur l’arthroscanner précédééventuellement d’un scanner sans injection. Desétudes portant sur des tendinopathies calcifiantesen IRM ont été menées, mais plus pour apprécierle retentissement d’une méthode thérapeutique,en l’occurrence la lithotritie, que pour analyser lacalcification avant traitement [13]. Aucune étude,sur une série suffisante, n’a traité de l’injectionintraveineuse de gadolinium dans les tendinopa-thies calcifiantes. Il existe cependant certainspoints d’incompréhension : en effet plusieursessais thérapeutiques portant notamment sur leslithotrities, ont montré une amélioration dessymptômes cliniques malgré dans quelques cas lapersistance de la calcification [13, 14], alors qu’enarthroscopie, la priorité est à l’éviction complètede la calcification, la persistance d’un résidu cal-cique pouvant être source de douleurs en post-

416

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Fig. 11 : Calcification de type A discrètement irrégulière ausein du tendon subscapulaire (incidence de Chevrot).

Fig. 12 : Calcification, déformant les contours tendineux,responsable d’un épaississement de la BSAD qui présentede plus une hyperhémie.

Page 417: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

opératoire. Selon les équipes et dans certains cas,une acromioplastie est également effectuée (calci-fication de stade C, rupture partielle ou trans-fixiante associée, calcification non découverte etsurtout signes de conflit sous-acromial) [6].

PEUT-ON PRÉVOIR LA CONSISTANCEDE LA CALCIFICATION?

La consistance de la calcification permetd’apprécier la phase dans laquelle se trouve la cal-cification: phase de construction, de stabilité ou derésorption. Cet aspect va notamment influer sur lechoix thérapeutique en fonction de l’évolution dansle temps. L’échographie, permet, par l’examencomparatif découvrant fréquemment une calcifica-tion controlatérale, de rechercher des différencesde structure (cône d’ombre ou non), de contour, devascularisation différenciant la calcification active,de la calcification asymptomatique. Farin [15], en1996, a comparé la consistance de la calcificationen échographie, radiographie standard et scanner

avec, comme référence, la sensation provoquée àl’impact de la calcification lors du traitement parponction à l’aiguille. Il a ainsi confirmé la plusgrande spécificité du scanner par rapport auxautres techniques en sachant que l’échographieconstituait un moyen fiable. L’équipe de Sarrat [8],en étudiant l’effet des ondes de choc sur les calcifi-cations en échographie, radiographie et TDM, amontré une bonne corrélation entre ces différentestechniques avec des densités élevées en cas de cal-cifications de type A, voire B ou de calcificationavec cône d’ombre en échographie, alors que lesdensités sont inférieures à 600 UH en cas de calci-fication de type C ou d’image sans cône d’ombre enéchographie (stade 3 de leur classification écho-graphique). L’exploration tomodensitométriquereste bien sûr le gold standard, avec, par contre,une valeur seuil variable selon les études [8, 15], lavaleur de 600 UH paraissant la plus adaptée (fig. 13et 14), ce qui correspond à notre expérience. Parailleurs le délitement ou la liquéfaction pré-rupturepeut parfois être identifiée en échographie en réa-lisant des manœuvres de compression.

417

Comment savoir si une calcification est responsable des douleurs…

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Fig. 13 et 14 : Densité calcique en TDM : calcification de densité modérée au sein du subscapulaire avec un aspect irrégulier etcalcification bursale sous forme de lait calcique à l’occasion d’un accouchement d’une calcification.

Page 418: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

CONCLUSION

La présence de calcifications de faible densité,de stade C avec une bursite hyperhémique dansun contexte d’épaule hyperalgique ne laisseaucun doute sur leur caractère symptomatique.En revanche, dans un tableau plus chronique, ilconvient de rechercher une pathologie articulaireou de ab-articulaire (rupture de coiffe) parallèle-ment à l’étude des caractéristiques de la ou descalcifications : une volumineuse calcification detype A qui déforme le tendon, voire s’associe à unépaississement bursal, tout en restant stable dansle temps (3 mois pour les chirurgiens) avec per-

sistance des douleurs, est vraisemblablement lacause des douleurs. Dans les autres cas, il n’estpas toujours facile de trancher et la surface de lacalcification pourrait représenter un élémentdéterminant. La densité calcique va orienter leclinicien vers une phase d’état si cette densité estimportante ou vers une phase de constructionvoire de résorption en cas de faible densité. Unaspect irrégulier fragmenté en radiographie stan-dard plaidera en faveur d’un stade de résorption,ce d’autant que la calcification était connue. Desétudes complémentaires et bien conduites sem-blent toutefois nécessaires pour valider ces diffé-rents signes.

418

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Bibliographie

[1] WELFLING J., KAHN M.F., DESROY M., PAOLAGGI J.B.,DE SEZE S. Les calcifications de l’épaule. Rev Rhum 1965; 32:325-34.

[2] AMOR B., CHEVROT A., DELBARRE F. Le rhumatisme àhydroxyapatite (maladie des calcifications tendineuses mul-tiples). I : Etude clinique. Rev Rhum 1977 ; 44 : 301-8.

[3] BOSWORTH B. Calcium deposits in the shoulder and sub-acromial bursitis. JAMA 1941; 116: 2477-82.

[4] CODMAN E.A. Bursitis subacromialis, or periarthritis of theshoulder joint. In: Publications of the Mass Gen Hospital,Boston 1909; 2: 521-91.

[5] UHTOFF H., SARKAR K., MAYNARD J. Calcifying tendini-tis. A new concept of its pathogenesis. Clin Orthop 1976; 118:164-68.

[6] MOLE D., KEMPF J.F., GLEYZE P., RIO B., BONNOMET F.,WALCH G. Résultats du traitement arthroscopique des tendino-pathies non rompues de la coiffe des rotateurs II : les calcifica-tions. Rev Chir Orthop 1993 ;79 :532-41.

[7] FARIN P.U., JAROMA H., SOIMAKALLIO S. Rotator cuff cal-cifications: treatement with US-guided technique. Radiology1995; 195: 841-843.

[8] SARRAT P., COHEN M., CARRASSET S., GODDE J., FRAN-CESCHI J.P., ASWAD R. La lithotritie focalisée dans le traite-ment des tendinopathies calcifiantes de l’épaule. J Radiol 2004 ;85 :1721-5.

[9] DE SEZE S., WELFING J. Tendinites calcifiantes.Rhumatologie 1970; 22: 5-14.

[10] CHIOU H.J., CHOU Y.H., WU J.J., HSU C.C., HUANG D.Y.,CHANG C.Y. Evaluation of calcific tendonitis of rotator cuff:Role of color Doppler ultrasonography. J Ultrasound Med 2002;21: 289-295.

[11] CHAN R., KIM D., LILLET P., WEISSMAN B. Calcifyingtendinitis of the rotator cuff with cortical bone erosion. Skeletalradiol 2004; 33: 596-599.

[12] AINA R., CARDINAL E., BUREAU N., AUBIN B., BRAS-SARD P. Calcific shoulder tendinitis : treatementt with modifiedUS-guided fine-needle technique. Radiology 2001; 221: 455-461.

[13] CYTEVAL C., BARRON-SARRABERE, JORGENSEN C.,COTTIN A., BENIS J., SANY J., TAOUREL P. Etude IRM avantet après lithotrities des tendinopathies calcifiantes de l’épaule. JRadiol 2003 ; 84 : 681-4.

[14] CHARIN J.E., NOEL E.R. Traitement des tendinopathiescalcifiantes de la coiffe des rotateurs par lithotritie extracorpo-relle avec repérage échographique. Rev Rhum 2001 ;68 : 420-4.

[15] FARIN P. Consistency of rotator-cuff calcifications :Observations on plain radiography, sonography, computedtomography, and at needle treatement. Invest Radiol 1996;31(5): 300-4.

Page 419: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

Les tendinopathies calcifiantes de l’épaule peu-vent être asymptomatiques, ou se manifester parune douleur mécanique, par un conflit sous-acro-mial lié à la calcification, éventuellement majoréepar des conditions anatomiques (étroitesse dudéfilé sous-acromial) ou fonctionnelles (activitéprofessionnelle ou sportive favorisante), ou enco-re par des crises hyperalgiques par résorptionpartielle ou totale de cette calcification dans labourse sous-acromiale. Le traitement initial esttoujours médical et suffit dans plus de 90 % descas. Il repose sur les antalgiques, les anti-inflam-matoires, la rééducation fonctionnelle, avec ousans physiothérapie, et les infiltrations cortiso-niques. Parfois les douleurs évoluent sur un modechronique et impliquent un traitement radicalvisant à supprimer la calcification. Les plus prati-quées sont la ponction-lavage-aspiration radio-guidée et l’exérèse arthroscopique. Les essaisd’agents chélateurs du calcium n’ont pas donnéde résultats satisfaisants [17]. D’autres tech-niques peuvent être utilisées, notamment lesondes de choc extracorporelles, d’apparition plusrécente, les ultrasons et plus rarement la radio-thérapie anti-inflammatoire.

EPIDÉMIOLOGIE ET PATHOGÉNIE

Les tendinopathies calcifiantes d’épaule sontfréquentes, représentant 7 % des épaules doulou-reuses, dont 20 % entre 31 et 40 ans, avec unelégère prédominance féminine, mais rares après70 ans [17]. Des calcifications sont présentes surles radiographies dans 3 à 8 % des épaules asymp-

tomatiques. Elles sont moins fréquentes chez lestravailleurs manuels que chez les sédentaires.Elles sont bilatérales et symptomatiques dans 15 à25 % des cas, mais des calcifications asymptoma-tiques sont présentes une fois sur deux surl’épaule controlatérale et à la hanche, entrantdans le cadre du rhumatisme à apatite. Ellesconcernent le supra épineux dans 90 % des cas.La pathogénie de ces calcifications constituéesd’apatites carbonatées reste inconnue. La théoriedégénérative initiale a été contredite par la théo-rie dystrophique de Uhthoff et Sarkar [34], quidécrivent un cycle évolutif en quatre phases. Lapremière, pré-calcifiante avasculaire, serait due àune hypoxie localisée, correspondant à la forma-tion de foyers de métaplasie fibrocartilagineusedans le tendon. La seconde est calcifiante où lescristaux calciques remplacent progressivementles zones de fibrocartilage. Après une période destabilisation ou d’inactivité débute la troisièmephase de résorption, la plus symptomatique, sui-vie de la dernière phase de cicatrisation avecréparation complète du tendon, laquelle peut sedérouler en même temps que la précédente. Cettethéorie n’explique pas toutes les formes de tendi-nopathies calcifiantes dont certaines relèventd’un processus métabolique comme dansl’ostéodystrophie rénale ou l’intoxication par lavitamine D. Des facteurs génétiques peuventintervenir. Plusieurs classifications ont étédécrites selon l’aspect radiologique. Les auteursallemands utilisent celle de Gärtner qui comportetrois types : type I structure homogène à contoursnets, type II structure hétérogène à contours netsou homogène à contours mal définis, type III

419

TRAITEMENT DES CALCIFICATIONSTENDINEUSES DE L’ÉPAULE : LE POINT

J.-E CHARRIN, E. NOEL, H. BARD

Page 420: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

structure hétérogène à contours mal définis quicorrespond à la calcification en cours de résorp-tion ou de migration [17]. Celle proposée par laSociété Française d’Arthroscopie [16] classel’ensemble des calcifications de l’épaule en 4types : type A, calcification homogène à contoursnets ; type B, calcification hétérogène polylobéeou fragmentée à contours nets ; le type C, calcifi-cation hétérogène sans contours nets, qui peutsuivre les précédents types ou survenir après untraitement percutané à l’aiguille ; et le type D quiest une enthésopathie calcifiante.

TRAITEMENTS INTERVENTIONNELS

Les traitements interventionnels sont aunombre de trois. La chirurgie à ciel ouvert qui estdésormais rarement pratiquée au profit de la chi-rurgie arthroscopique et la ponction-lavage-aspi-ration à l’aiguille [11]. Ces deux derniers traite-ments ont été exposés à plusieurs reprises dansles monographies du GETROA (opus XXI etXXX). Nous ne reviendrons pas sur les aspectstechniques. La principale nouveauté est la possi-bilité de faire les ponctions lavages sous guidageéchographique. L’apport de l’échographie à laprise en charge des tendinopathies calcifiantes del’épaule fait l’objet d’un autre chapitre de ce livre.Les avantages, les inconvénients et les résultatsde ces traitements interventionnels seront rappe-lés plus loin dans la discussion et comparés àceux des traitements physiques externes.

TRAITEMENTS PHYSIQUESEXTERNES

Les traitements physiques externes des tendi-nopathies calcifiantes utilisent également troistechniques, les ondes de choc extra-corporelles,les ultrasons et la radiothérapie à dose anti-inflammatoire. Si cette dernière est d’utilisationancienne, elle a bénéficié d’un regain d’intérêt

par une étude récente. Les ondes de choc extra-corporelles ont suscité de nombreuses études,non seulement dans le traitement des tendino-pathies calcifiantes, mais aussi dans d’autresindications orthopédiques (pseudarthrose) etrhumatologiques (tendinopathies non calci-fiantes) qui ne seront pas abordées ici [1, 2, 19,28, 29].

Les ondes de choc extracorporelles

Principes et mode d’action

Les ondes de choc extracorporelles (OCE) sontsonores et discontinues, différentes des ultrasons(ondes sonores continues), courantes dans la vie,qu’il s’agisse du tonnerre lors d’un orage, dubruit d’un avion franchissant le mur du son, ouplus simplement d’applaudissements. Elles peu-vent être générées à l’état microscopique lors del’éclatement de bulles de gaz dans un liquide.Une énergie peut ainsi être transmise à des dis-tances variables à travers différents milieux liqui-diens ou gazeux l’eau ou la gélatine étant lesmeilleurs conducteurs [2, 4]. Une onde de choc adeux composantes actives : une première pres-sion hautement positive ne dépassant pas10 nanosecondes, qui est suivie d’une baisse depression formant une onde ductile (extensible)responsable de la phase de cavitation. La cavita-tion est la production et le mouvement de bullesdans un tissu ou un fluide provoqué par le retourà l’état gazeux de gaz normalement dissous dansle liquide. La cavitation intervient très rapide-ment après l’application de l’onde. Cette conver-sion de phase liquide en phase gazeuse est unprocessus puissant pouvant altérer des structuresmême solides. Les OCE ont des effets directs etindirects. La réflexion de l’onde de choc sur l’osva provoquer un effet échogénique qui peutamplifier l’effet direct et majorer l’action de cavi-tation au sein du tissu cible. La transmission del’onde est aussi fortement influencée par le tissu

420

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 421: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

traversé et par l’interface entre l’électrode et lapeau. L’air étant un mauvais conducteur, uneinterface par gel échographique est indispen-sable [1, 4, 18]. Il est évident que l’action recher-chée en pathologie ostéo-articulaire, en dehorsde la fragmentation ou de la dissolution des cal-cifications tendineuses, n’est pas la destruction,mais la stimulation des processus de réparationassociée à un effet antalgique. Le mécanismed’action sur le tendon est encore imprécis, mais ilsemble que les OCE influencent les processus decicatrisation, en favorisant l’apoptose, la produc-tion de cytokines, puis la formation et le recrute-ment des fibroblastes.

Les différents générateurs d’ondesde choc

Si le principe de base est le même, différentsappareils sont disponibles présentant desvariantes concernant le mécanisme de productionde l’onde de choc, l’énergie délivrée, le nombre dechocs et de séances, la profondeur de pénétration,la focale des OCE et le repérage ou non de lalésion à traiter. Il n’y a pas de consensus surl’ensemble de ces paramètres et les comparaisonssont difficiles entre les appareils. Les OCE peu-vent être produites par un système électrohydrau-lique (système de référence), électromagnétiqueou piézoélectrique [3, 19, 26]. Les OCE ont desénergies variables, soit basses (< 0,1 mJ/mm3)avec surtout un effet antalgique, soit hautes (0,2 à0,4 mJ/mm3), mais les chiffres correspondant àcette énergie peuvent varier en fonction de laméthode de mesure. Le nombre d’OCE varie selonles protocoles entre 1 500 et 5 000 par séance [13,14, 25, 30, 32].

Effets secondaires et contre-indications

Des hématomes superficiels sont fréquents,sans gravité et d’évolution favorable [3]. Les OCE

sont douloureuses, mais l’intensité de la douleurvarie selon l’énergie utilisée. Les OCE restentcontre-indiquées lors de traitement anticoagu-lant, de diathèse hémorragique et chez lesHémophiles. La présence d’un stimulateur car-diaque et la grossesse sont des contre-indicationsdu fait de l’absence de données suffisantes,d’effets néfastes possibles sur le cartilage, ellessont contre-indiquées chez l’enfant etl’adolescent, mais cela repose sur des étudesfaites en urologie ; il n’y a pas de données en rhu-matologie [1, 13, 22, 26, 29].

Résultats

Les OCE sont utilisées pour traiter les calcifica-tions de type A ou B supérieures à 10 mm [3, 18,22]. Les différentes équipes pratiquent en ambu-latoire en une à trois séances de 1 500 impulsionschacune, espacées de 8 à 20 jours, parfois avecune anesthésie locale ou sous bloc plexique. Unerevue faite par Bard et coll. [1] dans l’ActualitéRhumatologique 2000, montre qu’il n’y a pas desupériorité de ce traitement sur l’aspiration àl’aiguille et l’arthroscopie en termes de résultat àmoyen terme. Les OCE montrent dans 70 % descas de bons résultats à 6 mois, avec 15 à 35 % dedisparition de la calcification à 6 mois. En termesde disparition de la calcification, Loew et coll [13]ont montré dans une étude prospective que lesrésultats étaient dose-dépendants et atteignaient85 % versus 5 % dans le groupe contrôle après2 séances à haute énergie avec anesthésie locale.L’étude menée par Peters et coll. [22] confirmel’effet dose-dépendant des résultats et l’absenced’effets secondaires notables à hautes énergiesen dehors des hématomes superficiels. Dansnotre étude prospective ouverte, 65 épaules chez64 patients présentant des calcifications type Aou B ont été traitées avec un appareil à repérageéchographique [4]. A 12 semaines, les résultatssubjectifs montraient 63 % de patients guéris ouaméliorés de plus de 50 %. Sur le plan radiogra-

421

Traitement des calcifications tendineuses de l’épaule : le point

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 422: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

phique, nous avons observé une disparition ouune diminution de plus de 50 % de la calcificationdans 29,2 % des cas avec 9,2 % de disparitioncomplète de la calcification. Rompe et coll [27]ont fait une étude prospective et quasi randomi-sée sur une cohorte de 79 patients comparant letraitement de tendinopathie calcifiante isolée dusupra-épineux par chirurgie à ciel ouvert et parondes de choc (appareil électromagnétique,3 000 coups, énergie de 0.6 mJ/mm2, repéragescopique et anesthésie régionale). La randomisa-tion dépendait en fait du remboursement ou nondu traitement par ondes de choc par l’assurancemaladie des patients. Ceux qui n’étaient pas prisen charge choisissaient la chirurgie. Les résultatsétaient bons ou excellents dans le groupe chirur-gie dans 75 % des cas à un an et dans 90 % à2 ans, pour respectivement 60 % et 64 % dans legroupe traité par ondes de choc. 85 % despatients opérés n’avaient plus de calcification àun an pour 47 % dans l’autre groupe. Les résul-tats cliniques à deux ans sont statistiquementsignificatifs en faveur de la chirurgie, qui estsupérieure dans les calcifications homogènes,mais équivalente aux OCE dans les calcificationsinhomogènes. Le traitement par OCE des tendi-nopathies calcifiantes de l’épaule semble nécessi-ter une haute énergie. Dans ses conditions, lesrésultats semblent bons dans 60 à 70 % des cas àun et deux ans, ce qui n’est pas supérieur à laponction-lavage-aspiration à l’aiguille et est infé-rieur à la chirurgie à ciel ouvert ou arthrosco-pique. Les crises hyperalgiques dans les 15 jourssuivant le traitement sont rares (inférieures à10 %). La tolérance globale est bonne, limitéeparfois par les douleurs. Des hématomes superfi-ciels sont fréquents, il est signalé 4 % de criseshyperalgiques, et un faible pourcentage de cap-sulite rétractile [14, 33].

En théorie, ce traitement par OCE peut être réa-lisé dans d’autres localisations de tendinopathiescalcifiantes, notamment trochantériennes, maiscela a été fait de manière anecdotique.

Ultrasons et physiothérapie

Les ultrasons sont largement utilisés pourleurs effets thermiques, se manifestant à hautefréquence en mode continu (réduction de la dou-leur, des contractures musculaires, de la raideurtissulaire et augmentation de l’extensibilité tis-sulaire) et leurs effets non thermiques (effetanti-inflammatoire discuté, recrutement desfibroblastes, action sur l’angiogenèse et sur lacicatrisation) présents lors des basses fré-quences et en mode discontinu ou pulsé [1, 5].Expérimentalement, les ultrasons pourraientfavoriser la résorption des calcifications. Desauteurs autrichiens, Ebenbichler et coll. [5], ontpublié une étude randomisée en double insu, del’effet des ultrasons contre placebo chez63 patients consécutifs (70 épaules) dont 54 ontterminé l’étude. Ils ont utilisé un appareil dephysiothérapie par ultrasons classiques, enmode pulsé, avec une fréquence de 0.89 MHz etune intensité de 2.5 W/cm2, au rythme de 24 ses-sions de 15 mn, réparties sur 5 jours par semai-ne pendant 3 semaines puis 3 fois par semaine,pendant 3 semaines. Le placebo a été réalisédans les mêmes conditions, sans émissiond’ultrasons. L’intensité des ultrasons était à unniveau les rendant imperceptibles par le patientqui en cas d’atteinte bilatérale pouvait avoir l’unou l’autre des traitements, selon le tirage au sort.Les auteurs notent à 6 semaines une disparitiondes calcifications dans 19 % versus 0 % dans legroupe témoin et une réduction de volume d’aumoins 50 % dans 28 % dans le groupe traitécontre 10 % avec le placebo. A 9 mois, la dispari-tion est constatée dans 42 % des cas contre 8 %et une diminution de volume dans 23 % versus12 %, mais l’amélioration clinique n’est plus dif-férente à 9 mois. Ce traitement, anodin s’il estcorrectement pratiqué en évitant de hautesintensités pouvant léser les tissus, semble aiderla résorption des calcifications et apporte uneamélioration clinique à court terme.

422

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 423: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

D’autres méthodes de physiothérapie ont étéévaluées. Une étude canadienne randomisée endouble insu a comparé l’effet d’une physiothéra-pie avec ionophorèse à l’acide acétique versusplacebo sans mettre en évidence de différencesignificative, même si les résultats sont meilleursdans le groupe traité [12]. Tout récemment Greenet coll. [8], dans une méta-analyse de la baseCochrane, confirment l’efficacité antalgique de laphysiothérapie notamment dans les tendinopa-thies calcifiantes de la coiffe, mais ils notent que,dans toutes les séries, le nombre de patients estrestreint (nombre moyen de 48). Le principalinconvénient de ces traitements est leur durée,posant un problème de coût et d’observance,même s’ils ont l’avantage de n’avoir aucun effetsecondaire et notamment aucune irradiation [1].D’autres études dont nécessaires pour évaluer laplace de la physiothérapie et principalement desultrasons dans cette indication.

La radiothérapie anti-inflammatoire

La radiothérapie anti-inflammatoire est utiliséedepuis de nombreuses années, mais les quelquestravaux sur ce sujet sont anciens et ne bénéficientpas des méthodologies exigées actuellement. Uneétude contrôlée contre placebo en 1952 n’avaitpas montré d’efficacité avec un faible recul [1].Un travail plus récent par Ollagnier et coll [20],rétrospectif, sans groupe témoin et avec un tauxélevé de perdus de vue, fait état de résultats favo-rables dans 68 % des cas et d’une disparition de lacalcification dans 58 % des cas, avec un reculmoyen de 29 mois. Une efficacité est aussi consta-tée dans les calcifications de type C. Les doses uti-lisées allaient de 600 à 1 200 Roentgens, délivréesen 5 à 9 séances, sans effets secondaires.

DISCUSSION

L’analyse est délicate concernant le résultat deces différents traitements des calcifications tendi-

neuses, d’autant plus que l’histoire naturelle estspontanément favorable. Il est difficile de savoir àquel stade évolutif le traitement intervient, laradiographie ne permettant pas de déterminer laconsistance de la calcification. De plus, lors d’uneponction-lavage-aspiration à l’aiguille, suivied’une infiltration de dérivé cortisonique, il n’estpas possible de savoir quelle partie du geste estefficace : perforation de la calcification favorisantson évacuation dans la bourse, effet de masse,induction de la résorption, ou action du produitcortisonique. Rodet et coll. [24], dans une étudeprospective randomisée comparant les résultatsd’une ponction-lavage-aspiration à ceux du traite-ment arthroscopique ont pratiqué une infiltrationradioguidée préalable systématique de cortivazoldans la calcification, qui a donné 57 % de bonsrésultats, confirmés avec 12 mois de recul. Cesrésultats étonnent dans la mesure où la cortico-thérapie locale est incriminée dans la genèse decalcifications et où beaucoup pensent qu’elle peutgêner la résorption, sans parler de l’effet éventueldélétère sur le tendon. Par ailleurs, les premiersrésultats ne montrent pas de différence entre laponction-lavage-aspiration et l’arthroscopie, maisl’effectif est trop réduit pour des conclusions défi-nitives. La ponction-lavage-aspiration, sous anes-thésie locale, est utilisée depuis 1913. Le taux desuccès retenu est de 60 à 70 %, mais non corréléau volume résiduel de la calcification [1, 21]. Unconsensus a été établi sur la nécessité d’évitertoute trituration nuisible au tendon. La calcifica-tion n’est jamais enlevée en totalité, mais elle serésorbe progressivement en quelques semainesdans la bourse sous-acromiale. L’arthroscopie afait l’objet d’une revue par T. Boyer [3]. Le taux desuccès est d’environ 90 %, sans complicationnotable en dehors de la capsulite rétractile, qui nesemble pas plus élevée qu’après ponction-lavage-aspiration. Mais les douleurs postopératoires sontfréquentes et plus durables. La reprise del’activité se fait à 3 mois, avec une épaule redeve-nue indolente à 6 mois [1, 3, 17]. Ce geste est pluslourd, plus coûteux, mais plus radical sur la calci-

423

Traitement des calcifications tendineuses de l’épaule : le point

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Page 424: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

fication, sans toutefois aboutir à une guérisonplus rapide. Par contre les ondes de choc ontl’avantage d’être une technique non invasive, sansrisque septique, sans risque de complicationimportante, sans injection cortisonique, à condi-tion qu’elle soit pratiquée sans anesthésie locale,ce qui est souvent le cas en France. En revanche,les résultats sont plutôt décevants concernant letaux de disparition de la calcification tendineusede l’épaule. Indiscutablement la technique estperfectible avec nécessité de définir de meilleursschémas thérapeutiques. En effet, aucune étuden’a comparé les résultats des appareils avec etsans repérage. Malgré tout, Haake et coll. [9] ontmontré, dans les tendinopathies calcifiantesd’épaule, de meilleurs résultats lorsque les OCEétaient bien ciblées sur la calcification. Rompe[26] a montré que les résultats pouvaient varierselon le type de calcification. L’imagerie n’est pasencore capable de prédire de façon fiable la“dureté” de la calcification. Il est possible que lescanner ou l’IRM soit une piste intéressante pourrépondre à cette question [7]. Maier et coll. [15]montrent l’intérêt de l’IRM avec injection deGadolinium, les meilleurs résultats des OCE étantobtenus chez les patients ne présentant pas deprise de contraste autour de la calcification. Ladose délivrée joue probablement un rôle qui resteà définir. Dans ce but, le travail de Seil et coll [31]a comparé une basse énergie (3 séances de5 000 coups, énergie comprise entre 0,004 et0,12 mJ/mm3) et une haute énergie (1 séance de5 000 coups, énergie supérieure à 0,12 mJ/mm3 etune analgésie intraveineuse). Les résultats obte-nus à 3 mois étaient significativement améliorésdans les deux groupes (p < 0,05). Les taux de dis-parition totale ou sub-totale de la calcification

étaient respectivement de 32 % et 48 %.Globalement, il n’y avait pas de différence signifi-cative entre les deux groupes. D’autres auteursconfirment que les résultats obtenus sur la dou-leur et la diminution ou disparition de la calcifica-tion sont plus importants avec une haute énergie(0,28 mJ/mm2) [6, 23]. Le coût des appareils oudes consommables est pour l’instant très élevé,bien que Haake [10] ait montré qu’il était bieninférieur à celui de la chirurgie pour les tendino-pathies du supra-épineux.

CONCLUSION

Dans la majorité des cas, le traitement médicalest suffisant pour les tendinopathies calcifiantesde l’épaule, et ce n’est que dans les formes chro-niques résistantes que le choix reste entre laponction-lavage-aspiration ou l’exérèse arthro-scopique sans acromioplastie. La radiothérapieanti-inflammatoire pourrait être évaluée, notam-ment dans les calcifications de type C. Les don-nées actuellement disponibles objectivent uneefficacité antalgique et anti-inflammatoire desondes de choc extracorporelles sans effet délétèresignificatif, mais décevante en terme surtout dedisparition de la calcification. Il semble nécessai-re de définir des schémas thérapeutiques précis(dose totale et nombre de séances). L’apparitionsur le marché français de très nombreux appa-reils, son coût et l’absence de cotation et donc deremboursement incitent à avoir une approchepragmatique en réalisant les études nécessairespour déterminer les meilleurs schémasd’utilisation et les bonnes indications si l’on veutqu’il vienne enrichir notre arsenal thérapeutique.

424

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

Page 425: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

425

Traitement des calcifications tendineuses de l’épaule : le point

© S

aura

mp

s M

édic

al. L

a p

hot

ocop

ie n

on a

uto

risé

e es

t u

n d

élit

.

Bibliographie

[1] BARD H., VIGNERON A.-M. Traitements physiquesexternes des tendinopathies calcifiantes (pp 437-449). In : KahnM.F., Kuntz D., Meyer O., Bardin T., Orcel P. L’ActualitéRhumatologique 2000, Elsevier, Paris, 2000.

[2] BARD H., CLERC-WEYL D., BARDIN T. Ondes de chocextra-corporelles en pathologie ostéo-articulaire (pp 328-42).In : Kahn MF, Kuntz D, Meyer O, Bardin T, Orcel P. L’ActualitéRhumatologique 2002, Elsevier, Paris, 2002.

[3] BOYER TH. Traitement arthroscopique des calcifications del’épaule (pp. 311-318). In : S. de Sèze, A. Ryckewaert, M.F. Kahn,D. Kuntz, A. Dryll, O. Meyer, Th. Bardin, Cl. Guérin. l’Actualitérhumatologique 1993, Paris, Expansion Scientifique Française,1993.

[4] CHARRIN J.E., NOEL E.R. Traitement des tendinopathiescalcifiantes de la coiffe des rotateurs par lithotritie extracorpo-relle avec repérage échographique. Rev Rhum [Ed Fr] 2001 ; 68 :420-4.

[5] EBENBICHLER G.R., ERDOGMUS C.B., RESCH KL,FUNOVICS M.A., KAINBERGER F., BARISANI G. et al.Ultrasound therapy for calcific tendinitis of the shoulder. N EnglJ Med 1999 ; 340 : 1533-8.

[6] GERDESMEYER L., WAGENPFEIL S., HAAKE M., MAIERM., LOEW M., WORTLER K. et al. Extracorporeal shock wavetherapy for the treatment of chronic calcifying tendonitis of therotator cuff : a randomized controlled trial. JAMA. 2003 ; 290 :2573-80.

[7] GOUPILLE P., LEROUX J.-L., NOËL E. Les calcifications dela coiffe des rotateurs. La Lettre du Rhumatologue. Supplémentau numéro 271, avril 2001.

[8] GREEN S., BUCHBINDER R., HETRICK S. Physiotherapyinterventions for shoulder pain. Cochrane Database Syst Rev.2003 ; (2) : CD004258.

[9] HAAKE M., DEIKE B., THON A., SCHMITT J. Exact focu-sing of extracorporeal shock wave therapy for calcifying tendi-nopathy. Clin Orthop 2002 ; 397 : 323-31.

[10] HAAKE M., RAUTMANN M., WIRTH T. Assessment of thetreatment costs of extracorporeal shock wave therapy versustreatment for shoulder diseases. Int J Technol Assess HealthCare 2001 ; 17 : 612-7.

[11] HURT G., BAKER C.L. Calcific tendinitis of the shoulder.Orthop Clin North Am. 2003 ; 34 : 567-75.

[12] LEDUC B.E., CAYA J., TREMBLAY S., BUREAU N.J.,DUMONT M. Treatment of calcifying tendinitis of the shoulderby acetic acid iontophoresis : a double-blind randomizedcontrolled trial. Arch Phys Med Rehabil. 2003 ; 84 : 1523-7.

[13] LOEW M., DAECKE W., KUSNIERCZAK D.,RAHMANZADEH M., EWERBECK V. Shock-wave therapy iseffective for chronic calcifying tendinitis of the shoulder. J BoneJoint Surg 1999: 81(B) : 863-7.

[14] LOEW M., JURGOWSKI W., MAU H.C., THOMSEN M.Treatment of calcifying tendinitis of rotator cuff by extra corpo-real shock waves : A preliminary report. J Shoulder Elbow Surg1995 : 4 : 101-6.

[15] MAIER M., STABLER A., LIENEMANN A., KOHLER S.,FEITENHANSL A., DURR H.R. et al. Shockwave application incalcifying tendinitis of the shoulder, prediction of outcome byimaging. Arch Orthop Trauma Surg. 2000, 120, 493-8.

[16] MOLE D., KEMPF J.F., GLEYZE P., RIO B., BONNOMET F.,WALCH G. Société Française d’Arthroscopie. Résultats du trai-tement arthroscopique des tendinopathies non rompues de lacoiffe des rotateurs. 2e partie des calcifications de la coiffe desrotateurs. Rev Chir Orthop 1993 ; 79 : 532-541.

[17] NOËL E. Le traitement des tendinopathies calcifiantes et dela rétraction capsulaire de l’épaule. Rev Rhum 1997 ; 64 : 705-15.

[18] NOËL E., CHARRIN J.E., VAN MULLEN X., TONNEL F.,DUQUESNOY B. Lithotritie extra-corporelle avec repérageéchographique et tendinopathies calcifiantes de la coiffe desrotateurs : résultats cliniques et radiographiques à 3, 6 et12 semaines. Rev Rhum 1999: 11 : 680.

[19] OGDEN J.A., ALVAREZ R., LEVITT R., CROSS G.L.,MARLOW M. Shock wave therapy for chronic proximal plantarfasciitis. Clin Orthop 2001. 387 : 47-59.

[20] OLLAGNIER E., BRUYÉRE G., GAZIELLY D.F., THOMASTH. Medical treatment of calcifying tendinitis of the rotator cuff.Results of a series of 47 cases of calcifying tendinitis (p.147-51).In : Gazielly DF, Gleyze P, Thomas T. The Cuff, Amsterdam,Elsevier, 1997.

[21] PARLIER-CUAU C., CHAMPSAUR P., NIZARD R., WYBIERM., BACQUE M.C., LAREDO J.D. Percutaneous treatments ofpainful shoulder. Radiol Clin North Am. 1998 ; 36 : 589-96.

[22] PETERS J., LUBOLDT W., SCHWARZ W., JACOBI V.,HERZOG C., VOGL T.J. Extracorporeal shock wave therapy incalcific tendinitis of the shoulder. Skeletal Radiol. 2004 ; 33 :712-8.

[23] PLEINER J., CREVENNA R., LANGENBERGER H.,KEILANI M., NUHR M., KAINBERGER F. et al. Extracorporealshockwave treatment is effective in calcific tendonitis of theshoulder. A randomized controlled trial. Wien Klin Wochenschr.2004 ; 116 : 536-41.

[24] RODET D., LABORIE Y., GOUIN F., HUGUET D.,GLÉMAREC J., DAUTY M. et coll. Etude prospective randomi-sée ponction-fragmentation-lavage versus exérése sous arthro-scopie des calcifications tendineuses de l’épaule : résultats préli-minaires sur 38 patients revus à un an (résumé). Rev Rhum [EdFr], 1999 ;66 : 679.

[25] ROMPE J.D., RUMLER F., HOPF C., NAFE B., HEINE J.Extracorporeal shock wave therapy for calcifying tendinitis ofthe shoulder. Clin Orthop 1995: 321 : 196-201.

[26] ROMPE J.D., BÜRGER R., HOPF C., EYSEL P. Shoulderfunction after extracorporeal shock wave therapy for calcifictendinitis. J Shoulder Elbow Surg 1998: 5 : 505-9.

[27] ROMPE J.D., ZOELLNER J., NAFE B. Shock wave therapyversus conventional surgery in the treatment of calcifying tendi-nitis of the shoulder. Clin Orthop 2001, 387, 72-82.

[28] ROMPE J.D., HOPF C., NAFE B., BURGER R. Low-energyextracorporeal shock wave therapy for painful heel : a prospec-tive controlled single-blind study. Arch Orthop Traum Surg.1996, 115, 75-9.

Page 426: A00 1res pages - La SIMSJOSÉ DA SILVAJ. : Services de Radiologie des Hôpitaux : Santa Catarina, Alemão Oswaldo Cruz et Do Coração. São Paulo, Brésil KEMPF J.-F. : Service de

426

L’épaule : une approche pluridisciplinaire

[29] ROMPE J.D., HOPF C., KULLMER K., HEINE J., BURGERR. Analgesic effect of extracorporeal shock wave therapy onchronic tennis elbow. J Bone Joint Surg 1996, 78 (B), 233-7.

[30] SCHMITT J., HAAKE M., TOSCH A., HILDEBRAND R.,DEIKE B., GRISS P. Low-energy extracorporeal shock-wavetreatment (ESWT) for tendinitis of the supra spinatus. A pros-pective, randomized study. J Bone Joint Surg (Br). 2001, 83-B,873-6.

[31] SEIL R., RUPP S., HAMMER D.S., ENSSLIN S., GEBHARTT., KOHN D. Extracorporeal shock wave therapy in tendinosiscalcarea of rotator cuff : Comparison of different treatment pro-tocols. Z Orthop Ihre Grenzgeb 1999 ; 137 : 310-5.

[32] SPEED C.A., HAZLEMAN B.L. Calcific tendinitis of theshoulder. N Eng J Med 1999 ; 340 : 1582-84.

[33] SPEED C.A., RICHARDS C., NICHOLS D., BURNET S.,WIES J.T., HUMPHREYS H., HAZLEMAN B.L. Extracorporealshock-wave therapy for tendinitis of the rotator cuff. J BoneJoint Surg 2002, 84 (B), 509-12.

[34] UHTHOFF H.K., SARKAR K. Calcifying tendinitis. ClinRheumatol. 1989 ; 3 : 567-581.