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RHNT(}RI{}T]E OU DE LA flOI,IPOSITIOI{ ORÀT0NB ET IITTIRAIM, PAB A. DAAON. DEUxrÈMp Éormolr. ? BRUTELLES, ttBRÀrRIE polyrncuNrQun t'eua. DËce, RtE DE'! utontrrns, 9.

A.Baron - de la rhétorique

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RHNT(}RI{}T]EOU DE LA

flOI,IPOSITIOI{ ORÀT0NB ET IITTIRAIM,

PAB

A. DAAON.

DEUxrÈMp Éormolr.

? BRUTELLES,

ttBRÀrRIE polyrncuNrQun t'eua. DËce,

RtE DE'! utontrrns, 9.

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P[TilFACH.

La première édition de ee livre n'avait ni préface, niavant-propos. II me semblait que mon intention, en lecomposant, s'expliquait assez d'elle-même, et je voulaisque le public et ceux surtout auxquels l'ouvrage est plusspécialement destiné pussent se prononcer sur sa valeursans apologie ni cqmneentaire préatrable.

L'édition a été rapidemcnt épuisée; un jury cornposédes hommes Ies plus compétents lui a décerné le prixquinquennal de littérature française, et le conseil de per-fectionnementde l'enseignemént moyen I'a adopté commelivre elassique,

I)'autrepart,

quelques personnesont

parun'en avoirpas bien compris le dessein, et lui ont adressé des r€pro.

ches plus ou moins fondés.Pour répondre à l'honneur que m'ont fait et mes juges

et mes oitiques, je crois devoir faire précéder cette édi-tion nouvcllc de quelques lignes d'explieation.

{

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2 PnÉFAcE.

lrente ,ns de ma vie se sont écoulés dans les fonctions

cle professeur cle rhétorique. Cette longue expérience m'apermis, au moins je le pense, de bien connaltre la natureet les besoins intellectuels des jeunes gens qui suivent ce

cours.

Une remarque m'a frappé, et j'en appelle ici aux sou-venirs de tous ceux qui ont passé par les écoles publiques,

c'est que I'immense majorité de ces jeunes gens éprouveune invincible répugnance pour les Mtr,nuels, Traités,Coars, et en général pouf tous les écrits élémentaires surl'art qu'ils apprennent.

Cette répugnance a deux causes : presque tous ees

ouvrages affectent une forme sèche et exclusivementdidactiquer.qui rebute l'élève. On dirait qu'auxyeux de

leurs auteurs dépouiller un instant la robe doctorale et se

faire quelque peu de leur temps pour Ia formé ou pourle fond soit une sorte de sacrilége.

En second lieu, rôproduisant des préceptes déjà con-

nus, la plupart négligent d'en faire ressortir le vrai sens,l'application réelle et présente. Assurément un traité de

géométrie n?est pas une lecture plus récréative qu'un traitéde rhétorique, mais l'élève comprend toujours Ia néces-

sité du premier, rarement il voit aussi nettement celle de

I'autre.Ainsi, ennuyeux et inutile : voilà les deux griefs qu'ar-ticulent contre les traités de rhétorique ceux même aux-

quels ils sont destinés.

. Et notez qu'il ne s'agit pas ici d'espiègles écoliers que

tout livre didaetique ennuie par lui-même et quelle qtt'en

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PnÉFÂCr:. 5

soit la formel mais de jeunes gens qui comparent, dis-

tinguent, choisissent, s'intéressent à ce qui es[ vraimentintéressant. Combien de fois n'en ai-je pas eu la preuve?Combien de fois n'ai-je pas retrouvé, danb la vie, d'an-ciens élèves, devenushommes, {ui se rappelaient etmerappelaien[ ayec dôlices non pas les récréations et lesplaisirs, mais les leçons et les travaux de la rhétorique?

Avant tout donc ce livre, dans mon idée, devait êrecomposé de façon que Ia lecture en firt, sinon amusante,du moins intéressante. Non pas que je sois de l'avis deM. Cousin, lorsqu'il disait, en sa qualité de ministre e[dans une eirculaire officielle : u La rhétorique actuelle doit

être un cours de littérature générale. u Je ne confondspoint avec la théorie d'un art l'histoire universelle de cetart. Ce que j'aime en un traité de ce genre, coest uneméthode régulière, mais se détournant à dessein en quel-ques digressions rapides, et s'écartant, sans s'égarer, deslimites rigoureuses; c'est l'exposition des préceptes eonsa-

crés, mais en les expliquant, en Ies modernant, cornmedisent les architectes, en donnant toujours le cad bonoactuel, en présentant une causerie avec des lecteurs,plutôt qu'une dictée à des élèvesl c'esr un style didacri-lluer saûic doute, mais animé quand le sujet le comporte,fleuri avec réserve,

et qui garde cette couleur indivi-duelle, seul moyen de donner du relief et de la vie auxproduits de I'art.

Voilà ce que j'ai voulu; à d'autres de dire si je l,ai fait.$flais je I'ai voulu d'autant mieux que, dans ma pensée,ce livre n'est pas exclusivement destiné aux rhétoriciens,

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PNEFACE.

et que je ne vois pas pgurquoi les étudian[s des univer-

sités, les jeunes avocats, les homrnes du rnonde n'y pour-raient pas trouver plaisir et profit.Comnre cependanf l'ouvrage est redigé, avant tout, pour

la jeunesse des écoles, j'ai voulu aussi avant tout qu'il fùtmoral et féeond en bonnes e[ saines inspirations; je n'au-rais pu le vouloir autre. Mais entendons-nous bien, et

que personne ne s'y trompe. Je cornprends par rnoralitécetrle du citoyenr- de l'hornrne d'ltonneur, de l'hommeactif et pnaûique destiné à vivre et à comrnuniquer avec

les auFes hornmes, celle qui nous donne une idée saine

de nos droits comme de nos devoirs, qui inspire l'amour

de la vérité, de la justice, de l'humanité, et cet[e dignitéde bon goût qui repousse également la pruderie hypoerite

et les sophisrnes de I'impudeur. .Ie n'ai point reculé

devant certaines idées, certains faits et certains hommes.

On trouvera dans ce livre, à côté des noms de Flaton, de

Cicéron, de Fascal, de Eossuet, de Massillon, de Fléchiert

ceux d'Arisûophane, deCatulle, deMolière, de Voltaire,tle Jean Jacques, de Béranger et de bien d'autnes; parce

que, selon moi, il est ric{icule pour un homme bien élevé

d'ignorer et de blârner ce que ces derniers ont de bien t

comrne il lui serait, honteux de.rechercher et de:louer ce

qu'ils ont de mal;parce

qu'ilvaut mieux que l'élèvevoie

de telles choses avec le professeur qui saisira I'occasion

de lui apprenclne ce qui est à fuir et ce qui es[ à suivre,

que c{e les voir seull parce qu'un systèrne absolu de réti-cence, de dissimulation et de mensonge est, dans l'écluca-

tion publique, le plus pernicieux, à mon gré, de totis les

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PIIT'FACE.

systèmes. Car ce que vous croyez cacher à vol,re élève declixJruit ans,

il le sait déjà, àu le saura demain; mais,comme vous ne serez plus là, il s,en fera juge, et là est ledanger. Que le professeur montre à l,élèvÀ lé md commele bien, mais qu'il se réserve ctapprécier et de lui faireapprécier tr'un et I'autre, et l,élève s'en rapportera à lui,si le professcur est ce qu'il doit être, dest-a-àire honnête,

franc et habile.._ .Après cela, je n'ignore pas que cette franchise mêrne

demande de la discrétion et cle la mes*re; mais, cettemesure, I'ai-je gardée? En dé{initive, Ie je*ne honnmesortira-t-il de cette lecturc avec de meilleurs sentirnentset un plus vif désir d'être

homme cle bien? .tre m'en rap-porte là-dessus avec pleine conliance auxjuges impartiauxgt de bonne foi, les seuls que j,accepte, ies seuls qui ontdroit de prononeer.

Qu'il rne soit permis maintenant d,ajouter à ce peu dernots quelques réflexions qui terminaient la premiêre

édition, et auxguelles je n'ai rien à changer ,n

Je sais bien qu'il manque encore beaucoup à ce livre,t1u'il répond pal au travail que j? ,i dépense, qu'en unmotr comme bien d'autres ehoses hurnaines, institutions,révolutions et plaisirs, il ne vaut pas ce quII a eoùté, .Iern'en console en disant

avec euintilien qu'il sulTit àI'honnête hornme d'avoir eherehé à apprendr. ,u* autresce gu'il savait z id, uiro bono sntis est, d,ocuisse quod,sciret.'

ll y a ici peu de propositions réellement neuves, maisoù trouver du neuf aujourcl'hui? $lotre âge innove beau-

4.

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6 PRÉFac&.

coup dans les faits, I'ignorance seule s'imaginerait qu'il

innove dans les idées. Pour moi, en exposant ceque je

savais, je n'ai point, je l'avoue, cherché à innover, et cela

pour trois motifs. D'abord, je ne prétendais pas écrire

poor ceux qui saYent, mais avant tout pour ceux qui

apprennent : mos instî'tuti,onem professi non solurn scien'

ti,bus ï,sta, sed, etiam discentibus tradimas. Ensuite, que

bien des choses aient été clites, si je les ai pensées égale-ment, si surtout elles sont utiles et oubliées, pourquoi ne

pas les redire? Rappelons-nous le mot de la Bruyère :

* Horace ou Despréaux l'a dit avant vous. - Je le crois

sur votre parole, mais je l'ai dit cornme mien. Ne puis'je

pas penser aprês eux tlne chose vraie,et que d'au[res

encorc penseront après moi? ,, Enfin, il est cles sujets

fort anciens de leur nature, dans lesquels il n'est pas

seulement pès-dilficile, mais très-hasardeux d'être neuf.

Dans celui qui m'occupe, après avoir lu bien des an-

ciens et des modernes, je me suis aperçu que ceux-ci

suivaient presque toujours eeux-là, et que, lorsqu'ils s'enécartaient, le plus souvent ils faisaient fausse route. [Jn

critique a loué Montesquieu en disant : il fut assez pro-

fond pour n'être pas novateur. En certaines matières, si

I'on ne veut pas s'égarer, I'innovation ne doit consister

quedans une disposition différente, et dans les additions

que réclament les besoins cle l'époque. u Il y a des gens,

dit Fascal, {ui voudraient qu'un auteur ne parlât jamais

des choses dont les autres ont parlé, autrement on I'ac-

cuse de ne rien dire de nouYeau' Mais si les matières

qu'il traite ne sonl, pas nouvelles, la disposition en est,

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t

i

pnÉFacp. 7

nouvelle. J'airnerais autant qu'on I'aecusât de se servirdes mots anciens : comme

si lesmêmes pensées

ne for-maient pas un autre corps de discours par une dispositiondiffércnte, aussi bien que les mêr,nes mo[s forment d'au-tres pensées par les différentes dispositions'. ,'

Mais si je n'aspire pas au renom d'inventeur, j'ai voulu,el d'une volonté ardente et profonde, rappeler des cloc-

ffines que je crois vraies et saines à tous ceux qui s'occu-. pent des travaux de l'intelligence et sur[out aux jeunesgens, et appuyer tous mes pr'éceptes sur la nécessité defor[es et solides etudes.

La malaclie clominante de notre âge, et dont les funestessymptômes se reproduisent partout, c'est loimpatient désircle triompher avant de combattre et, de cueillir les fruitsqu'on n'a pas semés. Tout contrihue, sous @e rappoft, à

gâter la jeunesse, e[ c'es[ par là que dépérit entre ses

mains ce trésor littéraire dont elle n'a hérité que pour leconserver et I'agrandir.

La farnille gâte la jeunesse, en l'initiant trop tôt auspectacle énervant et enivrant du monde; les pères selaissent aller à I'entrainement général, et oublienide quelimmense a\rantage ont été pour eux-rnêures les habitudesde travail sérieux et retirér

[-,'école gâte la jeunesse, en faisant la part encore troplarge à I'imagination er à Ia facilirô superficielle; elleaussi suppose trop souvent qu'on peut tout apprenttrne etbien apprendre en apprenant vite, et donne des primes aucharlatanisme intéressé qui, pour fla[ter ses goùts, luiprésente chaque jour de menteuses recettes.

l

I

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I :. DfidFACE.

X,e jtpblic gàte la jeunesse. Epouvanté, et on le serait

à rnoinsl de Ia pénurie tor.rjours croissante de prerniers

sujets clans tous Iès genres, il jette à pleines mains bou-quets et couronncs à tout débutant qui laisse percer la

rnoindre'lueur de talentl il décerne au plus rnince succès

de collége I'ovation e[ le vin ctr'ironneurl les fuméex de

cetfe gloire précoce montent au cerveau des lauréats et

les étourdissent à tout jamais. Examinez ceux qui se sontacquis depuis un quart de siècle un norn dans les lettres

et môme dans les arts, et vous rernarquerez que Ie plus

souvent leur premier succès a été le sfgnal d'une rléca-

dence graduclle, Ils entraient bravement en lice, leurpremier assaut était hardi et vigoureux; mais le cirqrre a

applaudi trop fort et trop longternps, et la tète leur a'tourné; ils ont voulu redoubler, et comme leur corps

n'était pas assez endurci, ni leur pied assez affermi par

l'exercice, nous les avons vus bientôtrplier et défaillir.C'était le contraire aux deux siècles précédents.

Enfin, surtout et avant tout, les événements aetuelsgàtent la jeunesse. D'abord elle sent ce lresoin de hâtiveté,

pour ainsi dire, dont je viens de parler, et qui est un des

caractères universels et dominants du siècle. Car l'âge

présent, il faut bien le recontlaitre, n'est pas celui des

méditations prolongées et des travaux pleinement mùrislle temps n'est plus où I'écrivain consumait des dix et vingtannées sur un livre, bien sùr d'arriver toujours à propos.

Au milieu des événements qui se poussent l'un l'autre et

tles étourdissantes volte-face qui nous secouent sans cesse,

à peine a-t-on le temps dc voir, où lrouver celui cl'ap-

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il

PNEFACE.

prendre? à peine le temps d'agir, où trouver celui cle

penser? Les mor[s vont vite, disait la ballade allemantlelmaintenant ce sont les vivants qui vont vite. La dernièrefeuille encore humide de la presse, on se hàte de la jeterau public; Ie public de demain sera-t-il celui d'aujour.d'hui? Ainsi s'en vont les études sérieuses, et les arts, quine peuvent fleurir qu'avec elles, périssent en germe dans

l'atmosptrrère glacée dont les enveloppent l'apathie géné-rale et les préoccupations exclusives de la politique.

D'autre part, Ia jeunesse voit la fortune des révolutionsde toute nature élever parfois d'un tour ele roue des hérosimberbes, qui ne semblaient, ni par le génie, ni par le

travail, mériter mieux que tant d'autres ses faveurs; cha-cun dès lors réclame aussi pour soi les bénéfices de cetheureux hasard, chacun se croit aussi le droit d,être portéau faite sans peine et sans effort, et de ceux qui ne peu-vent dès les premiers pas gravir la rnontée ou percer Iafoule, les uns se découragent et s'asseyent nonchalamment

aux borcls de la route, Ies autres maudissent l'humanitéet se jettent dans Ie désespoirr' les derniers enfin, médio-crités vaniteuses, se consolent en appelant leur siècleingrat et leur génie ineompris.

Un tcl état de choses vâut la peine d'y songer sérieu-sement.

Assurément je ne moinseris pas en fâux contre Ia doc-ûrine du progrès humanitaire, mais je pense que la voieen est longue, embarrassée, sinueuse, se dérobant parfoisà notre vue bornéei je pense qu'à chaque époque l,huma-nité avance, recule, snarrête avant de reprendre sa course,

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{0 PnÉFacE'

d'après une loi générale, que j'ai désignée ailleurs (') ptt

les noms d'action, de réaction et de transaction.Si eette opinion est fondée, l'examen attentif des idées

et des faits présents peut faire croire que la jeunesse

actuelle, après tant de folies et d'inconséquenees, est des-

tinée à assister à une période que j'appellerais Ia réaction

de la raison.

En dépit donc des séduetions et des sophismes quil'attirent, qu'elle se prépare à cet avenir par cles études

graves et substantielles; qu'elle soit bien convaincue que,

à I'exception de'quelques natures éminemment privilé-

giées, et l'on sait combien elles sont rares, le [ravail est

indispensable à tousi Quer à l'exception de quelques,

natures complétement déshéritées, et le nombre en est

peut-être moindre encore, le travail est facile et fructueux

pour tous, sous deux conditions, la volonté et la méthode.

Par la volonté, on fait beaucoup; par la méthode, on faitbien.

Jeunes gens, vous surtout à qui s'adresse spécialementee livre, vous quoattendent les carrières de l'intelligence,

écrivains et orateurs de I'avenir, croyez au travail, à sa

n$cessité, à sa puissance, aux prodiges qu'il a opérés dans

tous les siècles, et qu'il doit opérer encore. Il en est

de la. rhétorique comme de la mprale, le premier pasvers la pratique du bien, c'est la foi au bien, breais' est

ùnstittr,tio aitæ honestæ beatæque, si credas, Cette foi au

travail vous rendra avares de ce trésor de votre âge' que

(t, [Itstodre ile l,u, l,ïttératu'ro frangaise.

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PRÉFÂcE, l'l

vous croyez inépuisable et qui s'épuise si vite, le temps.

Elle soutiendra votre courage, elle ranimera vos défail-lances, elle vous montrera un but que vous ne perdrez plusde vue dès que vous serez convaincus qu'on peut I'attein-dre; qui croit, espèrel habend,a fid,es est uel in hoc u,t,qui credid,erit, et sgteret. Et quand enfin, éclairés par lathéorie et fortifiés par Ia pratique, vous arriverez à Ia vie

active et militante, ne faites pas alors de vos études métieret marchandise r gu€ la plume et la parole ne soientjamais pour vous un instrument d'échange et de com-merce, ou une arme d'ambition, de cupidité et d'égoïsme.

Faites-vous une plus haute idée de la mission de l'écri-

vain et de l'ora[eur. Je ne vous dis pas assurément dedédaigner les avantages matériels et positifs du talent; Iafortune et les honneurs qu'atteignent si souvgnt I'intrigue,Ie savoir-faire, la médiocrité étroite et tenace, doivent à

plus forte raison être le prix de l'intelligence loyale etlaborieuse. Mais acceptez-les, ne les cherchez pasi ne

courez pas à eux, ils viendront à vous; qu'ils soient dansvotre vie un accident, prévu, naturel, mais un accident,jamais Ie but. N'écrivez, ne parlez que par amour delnart, par amour du vrai, par amour de vos semblables.Sans doute, les préceptes formulés dans ce livre et les

exercices qu'il reeommande sont indispensables à l'écri-vain, mais comme préparation; une fois à I'æuvre, c'està ee triple amour qu'il doit demander ïinspiration, c'estde lui seul que viennent les grandes pensées et les dignes

paroles, c'est lui seul qui donne la solide gloire et lespalmes toujoursvivantes. Foi au travail, espoir du succes,

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RT.æ wætOU DE I,À

C(IHPtlSITI(lH tlRAT(!IRE ET LITTÉBAINE"

__ærg"f

CHAPTTRE PREMItsR.

DD LA SSÉTOBIQÛA Er GÉ!rÉnÂ'&.

Une tles branches les plus iruportantes de I'ddueatiottintellectuclle est l'art de cômmtrniquer et de faire partager

aux autres nos iddes et nos sentirneutsr à I'aide de Ia parole

ou de I'écriture.' Cet ar[ se nornme Rhëtori'que.Commcnt parvenir à persuader, à Ïnstruire, à attendrir, ù

récréer, seloi les divers sujets, e[-toujours-à intéresser I'au-diteur ôu Ie lesteur : voilà le problèrne. qu'il se propose.

Mais le problème a-t-it une solution? Cette solution n'est-elle pas aniérieure à la rhétorique? En d'autres termesr qu!ooui donne les idées et leur efpression, la nature ou I'art?

La guestion n'est pas d'hier. C'est Iq même qtre posaitllorace à propos de la poésie z

-a -/cn<ni o"-S* "L fu {' o*h; e "*/-"LNatura fferet laudabilc earmen, an artcQuæsitum est..'

Et aujourtl'hui, comtne alors, l'unique réponse ptlremp-

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U* DE LA nnÉrouguu.

toire est celle d'Horace_, quand il exige la collaboration, pour

ainsi dite, de I'art et de Ia nature :'... cgo ncc studium sine divite vena,

Nec rrrde qriid possit video ingcniuml alterius sicAltcra poscit opem res...

Jz''* 4'-?*- cG çt--- rJ-- u-r q4À 'ùL F-)lÆ- JW?e- alul .vta Ltaâ.tl'tu .ti ! -'--l_u-!r---

on dit-âe ré."ifiil ôo ie rt*ffiuo{ffiffii Quicharme, qui intéresse, qu'il a du génie ou de I'esprit. Màis

en guoi consistent réellement I'esprit et le génie?Si l'on y réfléchit bien, on verra que ce n'es[ rien autre

chose que la faculté de saisir, de combiner et d'exprimer desrapports inaperçus par le grand nombre, et quc ce qu'onnomme communément pensée, styh, n'est en général qu'uneperception et une combinaison dg rapports (,).

Il est d'heureuses natures qui, de bonne heure, seutent,

imaginent et formulentvivement: c'est le très-peti[ nombre.Il est, au contraire, des natures ingrates qui semblent radi-calement inhabiles à sentir, à imaginer et à exprimer: coestencore Ie très-petit nombre. L'immense majorité de I'espècehumaine soéchelonne entre ces tleux extrêmes. C'est pourelle qu'est faite la rhétorique.

En outre, quelle que soit noLre nature, il arrive, par inter-

valles, que l'action de nos facultés est spontanémen[ proyo-quée, soit par un sentiment, un intérêt, un souvenir, soitpar la présènce d'un objet extérieur dcstiné à mettre en jeuces fàcultés. Ce phénomène intellectuel se nommelapassion,Rare dans le plùs grand nombre des individus et dei circon-stances, quanrl il survient, il illumine aussi vivement panfoisque I'oigânisation la plus heureuse. L'éclat est Ie même,

seulement il est pasiager; car Ia passion, c'est la"uatureaecidentellement surexcitée. u La nature, dit Yoltaire, rendIes hommes éloquents dans les grands intdrêts et d,ans les

(r) D'où rienl, il eertaioes dpoques où lc véritable esprit ne manque pourtaDtpai.' la vosue inexplicable du calembour ? < L'esprit, dit Arldison, étanl lc talentà" trouruil"s ressônrblances etrlre tes choscs, on a étd jusqu'â trouver <lo I'esplitdens les ressemblonces entre les mots. n

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cHÀP. t. | 5

grandes pds,siorus. Quiconque est viverncnt druu vo.it leschoses d'un autre æil que les autres hommes. ,

Or, pourtluoi la faculté de saisir et de formuler les rap-ports, eom:rune à divers degrés, organiquement ou acciden-tellement, à tous les hommes, ne pourrait-elle pas, commeles au[res, se développer par I'exercice? L'æil s'exerce àconnaitre l'étendue et lâ distance dans les corps, l'allianceet les contrastes dans les couleurs I l'oreille, à distinguer leplus ou moins d'éloignement, d'intensité, d'harmonie ou de

discordanee des sons; le gorit et Ie tact, à apprécier la natureet les degrés de la saveur, l'aspérité ou le moelleux des sur-facesl tout le monde convieut qu'il faut longtemps regarder

' pour voir, et écouter pour entendre. Eh bien, In loi du sensphysique est celle du- sens intellectuel. Lui aussi s'habitue

iar I'irsage à saisir des rapports inappréciables pour lesrrasses, à- les combiner, à ler exprimer ; il s'exerce réelle-

ment à,I'esprit ct nu génie. De là I'axiome si souvent citr!: legdnie n'est que la patience. L'histoire des grands écrivainsne confirme-t-elle pas cctte vérité?-Il est bien rare qu'aucund'eux ait débuté pàr son chef-d'æuwe. Et quand la chosearrive, trous soumes presque portés à les blâmer. Il noussemble, quelque heurèusement doués qu'ils fussent, et siloin qu'ils aient é1,é, qu'ils auraient pu gagner encore par lc

temps, la pratique et Ia ré{lexion.Unc méthodequi aide à Ia perception et à la manifestationdcs rapports, ou, en d'autres termes, à Ia découverte et àl'expression des idées, bst donc presque toujours applicable.Aiguillon' des organisations paresseuses, frein salutaire pounles csprits mieux partagés, elle est le guide de tou[ Ie reste.Elle empôche les uns dè ddsespérer d'eux-mêmes, les au[res,

de soégarer e[ de se perdre; ôlle trace la carrière, pose leslimites, rarnène dans la voie; saisissant dans leur vol, pourles soumettre à l'analyse, les inspirations les plus heureusesde la na[urc e[ de la passion, parfois elle leur arrache leursecret, et parvient à reproduire, à force de patience, les

'ruervellles de la spontanéité.Les orateurs et les poëtes ont prdcéclé, il est, vrai, les poé-

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{6 DE LÀ nnÉTonteuE.

tiques.et les rhétoriquesl mais ce fait ne prouve pas contreI'utilité de ces dernières. Si des génies exceptionnéls les ontdevinées, ce n'est pas un nrotif , pour ceux qui viennente_nsui[e, d9 og pas les étudier, de ne pas rncttre à profit ,dans leur intdrêt, les mdrites et méme les défauts dé leursprddécesseurs. Les pères de la pensée et du stytre sont desgdarrts, sans doute, et nous, rhé[eurs, des cnfantC. Mais, bienqu'on ait abusé de la comparaison, il n'en est pas moinsvr-ai gue, quand le géant a pris l'enfant sur seb épaules,

celui-ci, malgré son imbécillité, voit plus loin que l'"Herculegui !e porte, et peut indiquer à eeux qui suivent et le but, etles détours, et les écueils du chemin. r, Ce n'est point auxtraités de rhétorique, dit Quintilien, qu'on doit lïnventiondos arguments; ils ont tous étd conndsavant les règles: larhétorique n'est qu'un recueil d'observations faites sur coqui existait déjà; et Ia preuve, c'est que les rhé[eurs ne se

servent que d'exernples plus vieux que ler.lrs traités, et em-;iruntds aux ora[eurs, sans rien dire do nouveau eb qui n'aité[é pratiqué avant eux. tr es véri[ables auteurs de l'ârt sontdonc les orateurs I mais nous devons pourtarit quelque recon-naissance à ceux qui ont aplani Ies dilficultds I car toutes lesvérités que, grâce à leur génie, les orateurs ont découvertesune { une, les rhéteurs nous ont épargné la peinc de les

chercher et les ont rassembldes sous nos yeux. rr

_ Tous ceux qui écrivent reconnaissent"d'ailleurs qu'il estdans leur art, cornrne dans tous les autres, cer[ains pi.ocddésde composition , cerlains seerets de métier, une sorte demdcanisme littéraire, que l'on ne devine point, que l'on,n'apprend qu'à l'user, après bien des essais

-etdcs tâtonne-

ments. u C'est un mdtier dc faire un livre, comme de faireune pendule, disait la llruyôr'e;

ilfaut plus que de I'esprit

pour être auteur ('). ,' La rhd[orique n'efiû-elle d'autre résultat

(t) Ug rbél.eur contemporain aioute rlans le même sens ! q Rien ne s'impr.o-vise en litlérature ; car I'idée, quelque lucide qu'elle soit. n'cst lras euvru liilé-f3ile. Dès qu'on Ia.vcut.forgerr rlès gu'on la- coule duns uno'cerlaiuo frrrnre,I olreralloD est Soutnrse a (l€s lots rrgouteuses. ,

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CEÀP. I. IT

que d'aplanir les di{T}cultés tle cct, apprentissflser ceux qui

alpireàt à devenir proticiens ne devraicnt pas la -négliger.La rbétorique est donc utile, parce gne, I'intelligencehumaine étanû perfectible , I'art, ô'est-à-ilire les rnéthodesrationnelles de perfectionnement, petlt e{fieacernent venir enaide à la natui"e, c'est-à-dire anx dispositions-innées. Lanature, premier" ét indispensable éldment,. inégalemen[ dis-tribué entre les tlivers individtrs I I'art, éldment seeondaire,rnais d'une

utilitédoautant moins contcstable, qu'il peut se

morlifier d'apr'ès les natures diffdr"entes.La rhdtoriqtre est ul,ilc , parce quc, trc- sens intt'llectuel ,

auquel cllc s'adresse, ayant pour objct lcs idées et lculr expres'sioir, cocst-à-dire la pércepiion et"l'apprdciation.de ccrtainsrapports, de la ruênù manière que lc sens physique. perçoitetïpprééie des rapports d'ttn autre ordre, il.est évirlent que

si l-'ôbservation èt l'excrcice contribucnt à perfectionner

celui-ci, ils contribueront égalernent à perfec[ionner celuilà.Iïtraintenant, en quoi conliste Ia nhétôrique? et a-t-elle été

conrplise Ae rilôme en tou[ temps et par tous lcs rhdteurs?Cônsidérée dans son étyrnololie, tà rhét'olique .n'est que

l'urt tle par[er; rnais la silnifiaa[ion de ce rnot, cornrne ctdlede beauôoup ti'au!.res, s'eit rnocli{iée et dtendue en passant

de I'anûiquité aux âges modernes.

Jusqu'âprôs la gutrre du Fdloponèse, la- Grèce ne connutet n'eôplôya guèri que la parole pour produire et répandreau tlehoirs Ïes-produôtions

-del'intèlligeirce. L0 scène, la.tri-

bune, lc barreau étaielt déjà ce qtr'iË sont encolc, des licuxoù ld poëte et l'oratdur cbnrmtiniquaic=t oralernen[ leursidées dt le"rs irnpressions à leurs-concil,oyens assemblds.Sfais l'usage dc la voiN, conrrnc manifestal,iôn dc la pens.Ce

Iirtéraire,-ne s'arrôtaiI pas là. La poésic épiquerl'élégie, l'ode,l'histoire'clle-nnême sô chantaierrt et se récitaient, par les

ruesr sur les places, aux jeux d'Olyrnpie et de Némée.. -[l n'estpas jusqu'à Ia philosophie clui ne présentât ses doetrines sous

ia formô drarnàtique-du

tlÏaloguè; le lieu de Ia scène étaitun portique, une fnomcnade, ù jardin, la prison de Soct'ttte

ou le promontoirc dc Sltniurn.

2.

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18 DB LA nnÉroRtous.

Les premiers rhéteurs grecs, Ies sophistes, purent tlonc,sans

mcntir à l'étym.ologià, renfermeri dnns i,art de parlertoules.les règ'les d-e I'a'id'écrire. Et quoique la philosôphie,In poésie et l'histoire so fussent succtssii,emenû retiréôs dddomaine de la littérature orale, ceux qui vinrent plus tardne changèrent rien au rnodc consacré. I{ous les voyons, jus-que sous. les empere.urs, donner, dans le_urs nhAmitfiuesélémentuires., des préc_epies et des exemples sur touj lcsgenresr'sur l'apologue, la narra_tion, les ssniences, les

éloges,Ies licnx communs, ctc. Il suffit de parcourir les Enerci,ce'sd'Aphthoniug. La folie des sophistesi ce fut dc toucher aufond, quand ils deynient se-borner à Ia forme, et, si j,oseemployer cette expression, de couiposer la rccett-e, quan"d on

' ne lcur demandai[ que la manière-de s'en servir.'ctest ainsique les Gorgias, lci Prodicus, Ics Hippias se vantaient dcpouvoir traiter, comme les ergoteurs dri hroyen âge, do onuttre scibil.i, et qu'un Phorrnioi osait discoui.ir de-lârt de lagucrre devant Annibal.

Les Romains s'aperçurent bien vite de ce ridicule: moinsarlisl,es qrle leq Grècs, ils méprisèrent. daus l,enseiguementtout ce qui ne leur paraissait que jcux ri'imagination-et anru-senrents de vainc.us; plus pratiques sur[outlt plus positifs,ils ne vouluren[ s'ogcupe-r. riue dê.la par_tie ae la rhétôrique à

laquelle ts institutions démocratiquês donnaient une iuipor-tance réelle darrs la vie ac[ive ct publique. lls revinrent doncà I'étymologie, foudirent I'ar[ de bien dcrire dans l,art, de biendircr_et considérèrent comme code unique e[ universel dusty-lc les préceptos de I'dloquence.

Pour se faire une idéc de-la puissance de la parole à Rorne,qu-ol lise c-e que disen[ Aper ôt ]Iaternus dais cet excelleni

nigplu.g des oraterys, _c[ef-d'æurre de raison et de style,qu'il soit de Tacite, de Quintilien, ou de tout autre, préiircénatulelle de tout ouvrage_où il est question d'éloqriehce, etdont plusieurs pages semblent écritet d'hier, tant'il y a'dcrapprochements entre notre état social et politique actuel etcelui dc Rome aux derniers temps cle la ildpublique et auxpretniers tlc I'Ërnpirc. Ce rnagniliquc tablead du frour;orr ct

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cuÀP. t. l9des av-an[ages de I'art oraûoire explique parfaitcmen[ corl-ment il est arrivé que, clrez les- rhéterirs romains, chezCicéron surtout et Quintilien, cet art, par sa souverainc im-portance, ait absorbé cn lui seul toute la rhétorique.

lllais les choses sc sont modifiées dans les âges modernes ;ct.même en obéissant à I'idée romaine, au prlncipe d'utili[épositive et pratique, il est nécessaire de revènir. ùjourd'huià cetre universalité de précep[es applicables à tous l-es genreslittérairesr dont les Grècs avaient d?rnnd l'exemple, etlue la

plupart des rhéteurs ont eu tort d'abandonner poirr sé bor-ner, à I'exemple des Romains, aux règles de l'éloquence.

. Sans doute, la tribune et le barreau on0 conservdbeaucoupdc leurs anciennes préroga[ives; l'éloquence de l'avoca[ entout pays, e[ celle du représentant, dans les gouvcrnementsconsticutionr.rels, sont encore une des voies lés plus rapideset les plus srires pour arriver à Io fo.r[une.r. aux h]au[es,digni-

trls, àia considérïtion nationale, à la célé'brité europeenne Ienfin Ia socid[é rnoderne a vu naitre c[ fleurir une tioisièmébranche d'dloquence inconnue à I'antiquité, celle de laclraire.

Mais la supérioritéd'intelligence manifes[ée par des écrits,quels qu'ils soicnt, conclui[.sôuvenl au même'but que l'élo-quence proprement dite, et, sous bien des rappor[s, le pou-

yot 4e la presse a succédé à celui de la parôle. Destinéejadis à se tiansmettre, comme par traditioii, d'une oreille àI'autre, ou consignee seulement- dans quelqûes manuscrits,dont lehaut priiinterdisaiI l'acguisitiori à la grande majoritédu public, ld pensée dc I'dcriyaiir vole maintànan[ d'un-boutà l'autre de I'univers avec les livres, les pamphle[s, les joo*.naux. Le plaidoyer même et le discouis qu-e I'avocat ôu lcreprésentant scmble

n'adresser qu'auxjuges

ou à ses collè-gues, saisis par la sténographie, ônt bientôt franchi les mursde la chambrc ou de la sallê d'audience, pour péndtrer clanslcs provinces les plus rcculées.

La prcsse ! voilà donc I'instrument qu'il importe le plus. desavoir manicr pour celuiJà même à qui le nom d'orateùr som-blerait mieus convenir quc le nom ï'derivain. Aujourd'hui.

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20 DE LA ntrÉTORTQUE.

en effet, il a pour ;'uge Ie tribunal, demain il anra peut-ôtre i

la nationl aujourd'huisa parole n'est entendue que de gucl-I

gues cen[aines d'individus, demain elle sera lue par l'Europeentière.

Cetra ne signifie pas qu'il doive entièrernent oublicr sesauditeurs pour ne songer qu'à ses lecteurs. Itr ne perdr"a f)asde vue qrre la barue et la tribune sont, en définitive, Ie pre-mier tXréritre de ses cornbats et de ses victoires, le point dedépart dc sa parolel il soexercera à acquérir la spontanéitéd'iddes et doexpnessions néeessaire aux luttes journalières oùil est engagé;. il travailtrena son organe, itr ne négligera niI'dnergie, ni la gr,âee de I'aetion. lllais, attendu .la diversitédes ternps et des rnæursr il n'attaehera pas àl'improvisation,au ddbit el au geste, la hautc importance quoy me0tait l'anti-guiténomaine. Et c'es[ pour cela, et aussi parce que ces troisobje[s, pour ôtrb traités à fond, demanderaient un autre livre

tout entier, qu'itr n'en est pas qrrestion tlans celui-ci, et quecct ouvrage est plutô[ l'ar[ d'écrire que l'art de parler.Il suit de ce qua je viens de dire, que Ia rhdtoriquc em-

brasse aujourrl'hui.trn plus vaste objet qu'autrefois; orr ne Iuidemande plus senlernenû les règles ndcessaires pour discuterIes qrrest.ions poli[iquesn administratives ct jutliciaires, noaislcs précep[es de l'ar[ d'dcrire appliquris à tous les suje[s. Le

stql,e, quelque nratière que l'on tnaite d'tillcurs, Ie[tres, récits,cliaNogues , desclipLl"lt., disserlations, rdsumds , .clrarnes ,

nlæur:s, llassions, poldrnique, est dc son ressor0; elle ne doitpas craindre même d'aborder tra poésie, du rnoins en ne laconsidérant que sous les faces qui lui sont communes avec Iaflrose, e[ sanq empiétcr sur le domainc de la XtoëtiEuc pl'o-'u'-Ëirti1$ilrï,r"-

dtabïies, avant rt'entner dans les déraits,ne perdons pas de vue les obscrvations suivautes :{o La rhd[orique n'étant point une science, mais un art,

ellc exiga avant Lout et surtout la pratique. Mdthode, préceptes,théories, queique savantes qu'elles soient, touIesûsubor.lonnéà I'cxercice d.c la cornposition. Fit fabricando faber, voilà Iepremier axiome de Ia rlrdtoriquc, èornme dc la poéuique, dc

I

I

'i

Irr nrusique, du clcssin, cle [ous les arls. r, La nature est, richc,

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lI

. crrap..r. I'Itlit, Vico dans ses Institzl,ttons arataî,resu lnart pauvre, I'exer-

cice et le tlavail invincibles... Aussi, a.joute-t-il, les peintresqui veulent clevenir excellents ne s'arrêtent pas aux longueset subtiles discussions sur leur arl, mais ils passent des annéesentières à copier les tableaux des grands maîtres. u La meil-leure leçon pour l'écrivain est I'étude approfondie des bonsmodèles, et les travaux qui ont potrr but de reprodtrire lesformes de leur style. Sans le travail, et un travail obstiné,

point d'dcrivain.

"On

sait combien llorace appuie sur cetteidée dans somArtpoéttqu,e. [Jn vieux critique français, J. duBellayr l'a énergiquemeirt reproduite dans sa Défense etillus-tratton de Ia lanque françoise, a Qu'on ne m'allègue point,e'dcrie-t-ilr eue tés pôetes naissen[. Certainement, ce seroiûchose trop facile, se faire éternel par renommée, si la féli-cité.denature étoit suffisante pour faire ehose digne de l'im-mortalité.

Quiveut votrer pur les rnaiqs e[ Ies Lrouahes des

hommes, doit longuement demeurer en sa ehambre; et quidésine viwe en la mémoirc de la postérité tloit, comme morBen soi-même, suer et trembler nraintes fois, et eudurer Iafaim, la soif et de longues veilles. Ce sont les ailes dont lesécritl des hon"rnres vôlent au ciel. rr Btr pour passer duxvru siècle au xrxo, car j'aime à montrer les préceptes rdr:l[e-ment utiles et solicles maintenus à travers les âges, en dépis

des changenenls d'idées et des capriees de la rnode: u Jevoudrais, dit, le lrdros cl'un nornan moderne, rn'exprimer doprime hbond, sansfatigue, sans effor[, connrnc I'eau rnurmureet comme le rossignol chante. l Bt le raisonneur du livrelui répond avcc un grand sens : ,, Le rnurtrrure de I'eau esÉ

produit par un travail, et Ie ehant du rossignol cst un art.N'avez-vous jamais enl,endu les jeunes oiscaux gazouiller

d'une voix incertaine et soessayer cli{Iicilement à lcurs pre-miers airs ? Toute expression dtidéas, de scntimcnts e[ mbmod'instincts cxige unc- éducation. ,r

La pral,ique esù d'autant plus ndeessaire, que tra théoric,quelque profonde et varide qu'on la suppose, nc peut ern-brasser toutei les applications et prdvoir toutcs les hypothèses.Le n aitre n'enseignera jamais tout ee que l'art peuI protluire .

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22 DE LA nudTonteuo.

L'aualogie fai[ le res[e. u Quel est le peintre, dit Quintilien,

qui ai[ appris à représenter tout ce qui existe dans la nature ?Il y parvien[ cependant par l'exercice. Il y a des choses quis'apprennent , quoiqu'elles ne s'enseignent pfls. r N'oubliczpasrd'autre part, que si la ver[u des préceptes est singulière-ment puissante pour rectifier les erreurs, améliorer les.qua-Iités naturelles, et tracer des limites à leurs développements,elle I'est beaucoup moins pour trous donner les mérites qui

nous manquent. Le précep[e corrige plutôt qu'il ne produit ;la pratique crée en même temps qu'elle améliore.2' [,es préceptes n'ont pas tous le même degrd tl'intérêt.

Les uns sont essezatiels et gënërauæ; ils ticnnent à la naturemêrue de I'art, viennent à propos en toute matière, et sere[rouvent dans tous les siècles et sous toutes les lati[udes :

Arant donc oue doécrirc. apurenez à penscr...

lout ce qu'ori dit de trop'es't'fade et rëbutant... etc.

Les autres sont spëcï,auû ou locaan, ne s'appliquen[ qu'àcertains genrss, ou nc sont vrais que chez certains pcupleil'=e[ à certaiues conditions préalables :

Eovez richc et DomDeux dans vos descriotions...Gaidez

qrr'urre'voyèlle,à

courir trophâide,

Ne soitd'uncvoyclle cn son cbemin heurtée... etc.

La plupart des règles de l'harmonie, I'usage des euphémis-mes, des litotes, de l'hyperbole, du pléonasme, dcs expres-sions métaphoriques et proverbiales se rattachent à eettcclasse.

Quelques-uns enfin pourraient se nonrmer h.i,storiques,

D'une vérité contestable ou d'une médiocre portée, si l'on enfait mention, Cest qu'ils ont été admis antérieurement, etqu'à défaut de la roison, ils ont pour eux I'au[orité. Dauscette classe doiven[ sc rûnger plusieurs des définitions et dessubdivisions adoptées pm les rhétcurs ; on peut les exposer,mais non sans les discuter et les cstimer à leur valeu.r. C'estau mnitre à observer ces difrdrenccs, à les faire ressortir, et à

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CHAP. t. 23

mesurer l'attention- de l'élève à I'irnportance du précepte.3o C'est encore au maître à lui apprendre comment il falt,

clans I'occasion, savoir soécarter des règles, et -obdir, err dépitd'elles, aux inspirations. du goût, Cest-à-dire de cel,l,e faculté,moi[ié'd'instinôt, moitié'de éulture, -qui

nous fait discerner ctsentir le beau, eri tlehorç même des,lois générales et des pré-visions de I'art. . Quoique les règles, dit parfaitemen[ bienCondillac, soient le huit de l'expérience et de Ia réflexion,quelques écrivains les ont combatlues, comme si elles n'étaien3

{ue.ie vieux préjugés. Ils ont cru établir des. opinions nou-relles, en renôuvelànt les erreurs des premiers artistes, eten rabpelant les arts à leur première grossièreté. C-e n'estpas rehïre un service aux génies que de les dégager de l'as-iujettissement à la méthodé; clle est poPr.cux ce que les loissoht poor I'homme libre. u Seulement j'ajouteral avee Mon-tesguieu : n Comme les lois sont toujours justes dans leur

ê[16 Eénéral, mais presgue toujours injustes dans l'appli-eation'', de méme les règlés, toujôurs vraies dans la thsorietpeuvetrt devenir fausses- dahs lthypothèse. Quoique chaqueôffet dépende d'une cause générale, il s'y mêle tant d'autrescauses iarticulières, gue chaque effet a, en quelque façon,une carise à part. Einii l'art ilonne les règles, et Ie goût Ies

exeeptions; ie gorit nous découYre en qye-llgs occasions I'art

doit Ëoumeltre,

-et

en quellerq, occasions ildoit être soumis. u

Le maitre peut donc trâiter-dc Ia nature du gofrt, mais ne luien demanâez pas Ies règles I ce serait le plus souvent luidemander les règles de lnexce_ption.

Concluons de ée qui precède que trois éléments concouren[h Ia formation de i'éciivain : ia nature, l'art et I'exereice.C'est la doctrine d'Aristote et de Cicéron (').

(r) Aristote demande qiou. èllttttpia,t, r'eAtîtls trois m.ots sacramentels quoje i;trouve dans la belle f érioâe qui'commenôele Discottt's pour .irchias .' s Si

quiil est in me ingenii, ?[to, quod sentio quam sit exiguum ; aut si laa eterci-iatiodicenili.itttttpiav, in qua me non inficior mediocriter esse versatuml atrtsi qua lrujusce tei iatio'aliqia qb optimarum artium studlis ac disciplina pro'

ilecla, tlyr14q a qua ego nuilum .onÎleor ætatis meæ tempus ablôrruisse...1 etc'u

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CHAPITRE II.

DtVIStOEt DE ÈÂ RtÉTonteEE. * DE

L'homme mental est doud de trois grandes puissances, Iesentirnent, la volonté, I'ietelligen€e, d-ont la rdunion formel'identité mystérieuse qu'on appelle l,âme. Ces trois puis-sances, dont le coûcours est indispensable pour que I'hornme

communique elficaeement avec l'homme, sont perfectiblespar l'éducation; maiS c'est surtout l,in[elligence- que nousemployons pour transmettre aux autres nos Éensdes" et cestelle a'ussi que I'dducation peut Ie mieux dévelbpper air moyende Ia science et de I'art.

L'in[elligence, à son tour, a trois facultés capitales, Ia mé-moire, le jugemcntr llmagination; et bien qu,èlle soii en jeutout enlière dans la communication des idées,

il estfacile de

constater que chacune de res fr.uités ;t-æ;A;;;é, ;;quelque sor[e, un rôle spécial. C'est principalemcnt la iré-moire_qui conserve .et retrouve les idées I I'hornme inventepeu, il se rappelle; Ie jugement est plus utilo pour les eom-pârer, les choisir, les coordonner;-l'imaginaiiono pour lesmanifester, les embelliro les vivifier (,).

De là trois parties de la rhétoriqûe, éternellement les

, (') Remarq'ez que je nc considère point ici la nature et I'origine rleo idéesrioles constate comme existan[, et ie tlis gue, quelque opinion quol'oa se forme'deleur origine eE de leur lature, ii o'en elst pa-s mo-ins viai qu'uie fois que I'intelli.gpnce pense auæ idées (notez I'erpressioo, et distinguez-ja de celle-c'i. pense seltdées), elle ne peut que-se Ies rappeler, lesjuger. lËs comhioer, et qu!, sous c€rapport, les résultats de I'activité intellectuelle sont touiours des faitr demémpirer tles faits de jugerneut, ou des faits il'inragination,

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. CEÂP. IT. 25

mômes dcpuis Aristote jusqu'à nous, parce qu'elles sont fon-

dées sur I'essence subjective et objecl,ive tle l'intelh'gence :l'i,naentùtn, la ilisposition, l'élocution. Par I'invention, Iaonémotre re[rouve

-lefonil des idées ; par Ia disposi[ion, le

.iugement établit L'ord,re dans les idées ; par l'élocutiorr ,l'ùna-gi,natiott donne la forme aux idées." Cela posd, on cônçoit que si l'écrivain veut parvenir àcommrlniquer et à faire partager ses opinionq et ses senti-

ments, il rloit acquérir certaines connaissances et suivre unemdthode raisonnée de travaux pratigues, qui puissent exerccrsimultanémcnt, et, autarrt que possil;le, au mêrne degnd, lamémoire, le jugement et I'imagination.

I)e tous les exercices propres à agrandir et à fortifier lesfacultés intellectuelles, le plus efficace cst cet enscmbled'études dont la base est celle des langues anciennes, et au-queX nos pèrcs ont donné par excellence le norn d'humattitës.f,es humÀnités ! croit-on que ce titre si emphatique, cette dé-nomination si ambibieuse ait été adoptée à la légère, et queI'étymologie ne soit ici qu'une lettre morte ? Nos pères, enconsacranl celte expression, avaient compris et témoigné quede toutes les dtudes qui peuvent occuper Ia ieunesse, detoutes les qqntnastiques intellectuelles, celle-ci est Ia pluspuissante foir développer en même temps et ir un dgul dôgré

Ies trois facultés essentielles de l'esprit humain.Cet ensembtre d'études cornmenee per celle de Ia langue

nationale. La langue nationale es[ l'instrument ir l'aide tluquell'derivain cornmunique avec ses lecteurs" AvanI dc s'cssayerà composer sur cet instrunrent, il faut nécessairement Ie con-naître, le posséder, en avoir compris toutes les ressources.

Toute langue est un fait aetuel qui continue un fait anté-

rieur. Blle doit donc ôtre étudiée sous deux points de vue :rnéthodiquement, comme disaîent les anciensrrou dans le pré-sent I historiquement, ou dans le passé.

'D'abord, l'étude du présent, c'est-à-dire de Ia langueusuelle eb courantel cette dtude est plus facile, mieuxdéfinie,tl'une utilité plus immddiate. Elle considère les mots actuelsselon Ic vocabulaire et selon Ia grammaire 1 d'un côté les

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26 rlr la nuÉronrqur.

éléments matériels, de l'nutre, les principes et les lois cl'affi-

nité d'après lesquels ils se lient et se cbmbinent I elle fixeleur valeur précise, leur signification propre ou métnpho-riqqgr leurs- accideh-ts, Ieur- synonymie, ies règles qui letmodifient e[ les coordonnent.

- Ensuite, l'étude du- passé, non-deulement historique, dansl'ordinaire acception du mo[, mais philosophique, c'èst-à-direpartantdel'étymologie des vocables et les suivânt dans toutesleurs phases ét_-leurs transformations, ne se contentant pasde constater et dnenregistrer les faits aceomplis, mais les exirti.qu_ant, dislinguant l'imrnuable du muable, et pouvant aidèr,s'i[ en est besoin, à conclure l'avenir même de la langue.

L'étude de Ia langue na_tionale commence au berceaù I aussil'appelle-t-on également lanque maternel/e. Rien n'est, à né-g_llgg1 ici, et les plus grands maîtres n'ont détlaigné aucundétâil. Les minuties appnrentes qui se rencontren-t dans ce

travail ne nuisento comme le remarque Quintilien, qu'à ceuxqui s'y arrêtent, e1 non à ceux qui ies tiaversent pôur allerplus loin. II faut se former, et dts le princi;'e, à lâ pronon-ciation, à loaccentuation, à la ponctuation, à llorthographe,à lg grarnmaire.

_ L'étude de la grammaire doit réunir les avantages del'ana-Iyse à ceux cle la synthèse. On comrnencera parla méthode

annJytiqu.e. Dans un sy_stème de_lectures habilement gra-duées, l'élève étudiera les vocables individuellement r- euquclque sorte I il en observera ln nature, les ressemblanceset les diffdrencer (,); iI cherchera à apprécier non-seulcmenttres lois, mais les habitudes qui déterminent leurs relationsrdciprogues. En un mot, il sc fera à lui-même sa grammaire.

Non pas qu'il doive s'arrêter Ià, et que je Èannisse les

(t) J'avoue quo je tiens bnaucoup à l'étuile tlu vocabutaire; r.ien no contribueplus tarù à la facilité eù à Ia varieté dans Ie stylc comnre rl'avoir beaucou,p demots à s.a rlisposil.io.n. cette science des mots-a fait une grande parrie rÈ larenommée de (leux do nos conten:porains , MM. Nôdler et sainle.Beuve. Lisezet relisez le rlictionuaire. On peuf ri'e de ce pr'éceple; eh bien! essavez de lenrctlre eo praliqrro, e[ vous sei'ez. dtonné r]e la facitité qu'il vous donn'era pourlrouver non-seulemenl, les nrols, mais les itldes.

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cI{aP. tt. 27

Srâmmaires généralernent adoptdes; je veux seulernenl que

ces ouvrages synthétiques no viennent que lorsque l'dtudeanalytigue en aura trien fait comprendre .la significationréelle. I)ans les sciences de faits, on n'apprend bien que parI'analyse, on ne retient bien que par la synthèse. Lcs for-rnules de la synthèse dégagent les groupes d'idées, Ies déter-minent et les fixent. Quand l'élève a bien remarqué dansvingt circonstances que le mot qui exprime la qrialitC se metau même genre et au même nombre que les noms qu'il qua-

lifie, quand il a parfaitement compris tous les éléments de cefait grammatical-, quhlors la règle r l'adjectif s'accorde aaecle substantif'en genre et en, nstnbre, oa les deux mots, Deussanctus, vi-ennent résumer ces observations multipliées, etleur donncr un corps; quc l'élève apprenne cette règle litté-ralement, comme une.formule algébric1ue, comme le textcd'un article de loi I alors seulement il ne l'oubliera plus.

Dans Ies lec[ures graduées que je recommande, j'insistesur. lc prdcepte de Quintilien, qui demande qu'on s'adresse,dès Ie principe, aux auteurs de premier ordre, et qu'on relisesouvcnt les mêmes livres, si I'on veut fornrer pour la suite sapensée et son style. PIus tard, quand le jugement est biennssis, on peut sans doute aborder des écrivains douteux etinférieurs, mais avec prdcaution et sous Ia direction d'uu

maître habile. Ces lectures se ferout, au[ant que possible, àhaute voix, pour habituer à une pronouciation correcte.Quant au genre de commentaires qu'clles comportent, on entrouvera il'execllents modèles dans le Traité des Etudes cile

Rollin, et.dans la Chrestomathie française 4t.$..Viget, lemeilleur livre que je connaisse cn ce genre. A l'imitation cle

ces habiles prol'esseurs, Ie maitre l'era saisir les applications

des règles précédemment formulées, et les détails philologi-ques qui scront, à leur tour, les éléments de nouvelles syn-thèses I il s'arrêtera sur les honronymes, sur les homographes,sur toutes les dilficultds de l'orthogr"aphe usu-elle etraisonnde,sur toutes les variétés de Ia proposition grammaticale et dc laproposition logique, faisant toujours précéder la théorie dc lapratiqtrc, proscrivan t |es caeog ralthies, ddtestable nré[hode,

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98 DE L.{ nlrÉToRrQUE.;

qui apprend à la jeunesse des fautes dont elle ne se doutaitpas. Il

_s'occupera

dcs expressions figurécs, des synonymes,des rnultisenses, gte.; enfin, et comrne complémeut obligécles travaux précédents, de l'étude historiquè de la langue.

Qui apprend Ie grec ne se borne Bas nux époques de Pdri. .r

olès et d'Alexandre; il rennonte à t-I-omère, pôun redeseendre il

ensu_ite jusqu'aux derniers pères de I'Eglise; il suit I'idiornependant se_s quinze siècles de vie. Pourquoi n'en serait-il pas i

de même du français? Pourquoi l'étude de la langue natio-

nale n'embrasserait-elle pas tôut I'espace qui séparË Viilehar-douin de M. Thiers ; le rôi de Navarrè, de Oéranger ? En effet,où cornmence le f'rançais? oti s'arrête le gaùlois? QnellésoIut,iondecontirruitdasseztranchéepourdire:I,àes[Iabolner_e[l'oq .rr* va las plus loin ?Ferez-vous? par exernple,partirdc1TtrolièreIalanguedelap|aisarrteric?hIaisMolièrodonne Ia rnain à [tegnier, Qui touche à. Maro[, qui imite ,

Villon, qui se rattache à Rutcbeuf.On a justemenû remarqué que la philotrogie satisfait mieuxaux premiers besoins de l'intelligence et à la première cul-ture de l'homme. Que notre élève s'appligue donc d'abord àla, .philologie ; rnais comme il n'est point de- philologie- r

sdrieuse et approfondie sans ln connaissflnce des langùes 'i

anciennes, qu'il s'attachc surtou[ à cette partie essentielle des ,i

humanités,

-Nnlle

autre étude ne pcu[ la remplacer I et detous les e_xerciees, cclui-ci est le rnieux fait pour développer

Lu plus hau[ degré la rnduloire, le jugemcnt cl, l'imagiila-tlon.

Quant aux méthodes d'enseignement de ces langues, ilexis[e une foule de bons livres spéciaux sur Ia matiére.

-On

peut les consulter. $eulennent, gu'on ne perde pas de vue Iebut cle cette étude. Elle est des[inde surtout à exercer lesdiverses facultés. Onconçoi0 que, pour la dir"igcr en ce sens,il s'agit dg chercher à bicn eomprendrc c[ à bicn rendre leédcrivains anciens, plutôt que de prdte.ndre Iutter.,âvec eux,en composant dans leur idiorne, soit en prose, soi[ en vers.Âinsi beaucoup de gramrnaire, de lcctures , de traductionsen languematcrnelle, pou de traductions ou decompositions

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CEAP. II.:

izecn grec ou en latin, et, si l'on s'en occupe, qu'on lc,ir- donne

pour principe I'inritation et presque la reproduction li0tér'aledes formes de l'antiquitd. ]

tr'élucle approfondie de la langue maternelle, cplle tleslangue,s anciennes, voilà donc les travaux prdparatoircs à larhétorique I mais bien qu'ils soienb les premiers et d'indis-pensable nécessité, ils ne sont assurément pas les setrls.-

L'inuenti,onn'étanl autre chose que l'acquisition dqs iclées,

ou du moins la rccherched'un procéclé qui en facilite l'ac-

quisition, que l'élève, tout en s'appliquan[ à l'é[u{e de Ialângue maternclle et des langues anciennes, s'exerce à saisirles iapports des choses à lui et des choses cntre cllesl qu'ilapprcnile, à me.sure quc ses fhcultds s'étendronl, à 's'obser-

vêi lui-même, à obseiver la naûure et les hornmes {ui l'en-tourent I qu'il s'interrogc souvent sur sespropres ilnprpssionslqu'il s'habitue à soen rcndre compte, à cherchcr en

Itout

les

causels et les cffets, à nc pointvoir d'un espl_i_c distraitlet avecindiflérence les objets même les plus indifférents ef appu-rence; car tout cti gui peut occuper l'hornnre app{rtient àl'écrivain, ct lui est, à l'occasion, Eujet' de compositiotf i

QuidQuid agunt homincs, yotum, timon, ira, voluptasjGuudiu, rliscnrsu.sr nostri es[ furrago libelli.

i

On sera surpris des rdsultats que produira, proporpionnel-lerircnt âr l'âge de l'élève, cette méthode suivic avec $crsévé-rance et discernement. Ainsi : I

Fremier moyen de parvenir à l'invention : obscruQtion at-tentivc, assidue, et, autan[ clue possiblel intelligente] de soi,des hommes et des cXroses. Ï

Second moyen : la saience, c'est-à-dire I'oÛserual'ipn dansle passé, l'étuclc de ce qui nous a précédés, ajoutée à lcelle decc qui nous entoure.

I

Condorcet diû avec raison : rr Sur qlrelque genre due l'ons'exercc, celui qui a dans un autrc des lumières éteridues et

ietrlenrant .n uugoi.n[aut lc uourbrie cles iddes que t*È étuilcs

3.1

I

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f0 DE LÂ RHÉTonlçuE.

étraugères, sont utiles, elles perfectionnént I'espr.it mênre,

fiarc^e Qg'elles en exercent d'une rnanière plus égale les diver-ses facultés. r,

Chaque science éclaire l'esprit sur l'obje[ tlont elle s'oc-cupe, et I'esprit dclairé 6ur un point aperçoit mieux tous lesau[res. CéIes[es sæurs, les nil.uses se dônnent la main quandclles descendent sur Ia terre, et leur chæur'harmonieux ue

. tarde pas à pénétrer tou[ entier daus I'nsile ouver[ à l'une

d'clles.Ensnite, chaque science es[ une collection d'idées labo-ricusement accumulécs et coordonnées par les générationssuccessives. PIus on aura acquis de sciences diverses, pluson aura ouvert de sources à llnvention. ,r Connaître, a dit'madame dc StaëI, sert..beaueoup pour inven[er.

',Et Buffon :

-,.L'eslrrit hunrain ne produit qu'après avoir dté fécondé parl'expdrience

et la méditation; ses ôonnaissances sont les ger-mes de ses productions. r' Une nouvelle science acquisc est unesomme de pen_sées ajoutdes à celles que I'on possédait déjà.

- On peuten dire autant deslangues étrnngères ; des lecturesdc toute espèce, si I'on se bornle, avare iie sori temps, auxouvra_gcs instructitc ou oniginaux en'leur genre; dcs vôyages,qr.raud I'oecasion s'en prdsente, si I'on sait les utiliser, vôir,$cou[er, étudicr la nature et ses merveilles, I'homme, ses

mæurs e[ ses ouvrages. Tout cela fournit des faits, des ob-servations, des images à combiner, e[ l'invention n'es[ rienautqe chose; plus riche est la mine, plus l'exploitation est

tu.ilq et productive. Ne craignez point que plus tard l'indivi-dualité de vos idées perdo quelqùe choôe àtcfte dtude. Unetelle crainte u'est qu'une cxcuse de Ia pflr"esse. L'éruditioudirigde avec intelligence n'a jamais nui à l'originali[é. Sans

parler des écrivains anglais, italiens, allemands surtout, dontun si grand nombre peut se placer parmi les véritables sa-vants, je citerai en France Rabelais et Montaignc, Bossuet etPascal, età une époque plus voisine, Cuvier, Côurierr'Nodier,Thierry. Bn conrptez-vous beaucoup qui aient un carac[èrcrlieux-qarqué d'originalil,d? cn compl,ez-vous beaucoup deplus rdellement érudits

,

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cuaP. ll" 3l

Je -saisquellc objection on peut r

.'lc fairer et Rousseau I'a

for[ bien formulée. u Je pense, dit-il, que quand ou a unefois I'entendement ouvert par I'habicude de réfléchir, il vauttoujours micux tnouver de soi-mêrne les ehoses qu'on trouve-raif dans les livresl c'est Ie vrai sesret de les bien mouler à sa

tête et de se les approprier I au lieu qu'en les recevant tellesqu'on nous les donne, c'est presque toujours sotls une formequi n'est pas la nôtre. " 

Jean Jacques a raison, mais nous n'aYon-s pas [ort. En ap-puyaut sur-la nécessité de l'érudition, je deniande que Yousmettiez asscz de choix et d'ordre dans vos matériaux pour quevotrc intelligencene soitpas perdue dans sespropres richesses,et é'crasée sous le faix I qu'au contraire, elle Ie porte avecaisauce, et maintienne son caractère.individuel au milieu detoutes ces acquisitions étrangères. bdnelon .appuic tou[ ceque je vicns de dire. a trI n'cst pas teqrps de se préparer,

rlit-il, trois mois avant que de faire un discours public : cespréparations particulières, quelque pénillles qu'elles soient,Àont nécessairemenl [rès-imparfaites, ct un habile homme enreinarguc bientôt le faible; il faut avoir.passé plusieurs an-nées à- se faire un fond abpndant. Après cette préparationgénérale, les pr'éparations particulières coûtent peu I au lieu[ue, quand on ne s'applique qu'à des actions détachées, on

' en est rdduit à payer dé phrases et d'anti[hèses; on ne traiteI que des lieux communs; on ne dit rien qu_e de Yague; on

1 couil des lambeaux. qui qe ggnt point faits les uns pour les

i autres ; on ne montre point les vrais principes des choses II on se borne à des raisons superficielles e[ souYent fausses I

on n'est pas capable de montrer l'étendue des véritds, Irarceque toutds les iéritds générales on[ un enchaîncment-n?ces-

saire, c[ qu'il faut les connaitre Presque toutes pour en traitersolidement une en Particulier. u

Mais de l,outes lôs études préliminaires de l'éuivain, laplus import,ante est celle de la philosophie et- surtout de lalogiquc, qui enseigne la nature, les lois et les formes du rni-sonnemcnt. Àussi voudrais-jer au rcbours de ce qui se thitclans nos écoles, qtt'uttc année tlc logique et de philosopllie

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62 Du LÀ nnÉronrQun.

élémentaire_ précédât la rhdtorique. Je ne sais pourquoi ccuxqui npplaudissent âu yers

d'llorâce,Scribendi rectc sapere est et principium et fons;

et à tra traducl,ion de Boileau:

Avant donc qrre d'écrire, apprenez à penscr I

ne rétrlisent.pas dans la pratigue ce qu'ils approuvent dansla théorie (,).Le mo[ de Buffon : u La mdditation féconde l'esprit hu-

main I rr et celui de liousseau : u L'habitude de rdftdcliir ouvreI'entendement, rr nous condnisenI au l,roisième iléruent deI'invention, la mérlitatiora,' Four inventer, apprenez à méditer. [,a mdditation soap-

prcnd comme tou[ Ie reste. ftrabituez-vous d'atrorcl à vousfhire une idée vive et précise du sujet que vous aller traiter..Puis, quand vous I'rvèz dégagri de toui co qui n'es[ pas lui,attachez-vous, obstinez-vous I sa sonl.enrpliticln , dô {'açorrque rien ns vous en puisse tlistrair.e, qu'i[ absorbe toutes l'os{hcultds, qu'il devienno une de ces pensrles dominantes, pro-duites parfois en nous, soit par une passion, soit par uri évé-

1erye.ntqui met en jcu notre exisl,ence

ou nos plus chersintéréts : 'on ne sait pas assez co clue peu[ cette tràbitude dcs'identifier avec un sujet. Quand I'esprit se l'est ainsi assirnilé,potrr ainsi dile, qu'il en a fait comrne unc partie de sa sub-,.stance, alors il s'éprend pour lui d'un amour presque fana-'tigue

I et ee qu'on âppelle vaguemenb l'inspiratiôn, ri'est.rienqlre cet âmour, t,t cet arnour, seconclé par les cil.constances,crée des_ prodiges. Combien ne cite-t-on pas d'écrivains quisc sont élcvés dans ccrtaiussujets, et, quelquefoisdu prernierbond, à une hau[eur qu'il ne leur a dté donué d'atteindre

(r) Fénelon me venait eu aide tout à I'beure ; mnintsnant, c'est Cicéron etd'Àguc-sseau. < C'est en vain, dit Ie dernier, que I'oral.eur so llatto d'avoir letaleut de persuatlerlcs bonrmes, s'il u'a acguis cilui de les connall,rc... Il a falluttu Platon pour formcr rrn Dénrostl-rène, afin que le plus grand des orateurs lTthommage de toute sa rrlputation au plus grand des philosophes, r

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crraP. rr. .33

qu'une fois ? On crie alors à I'inspiration. lllais que l'on en soit6ien convaincu, Ie secret de ce[te heureuse chance a étéle plus

souvent la méditation, instinctive peut-être, mais dominantee[ obstinée; par clle I'imagination a été dmue, le cæurdchauffé, l'âmè exaltée jusqrià l'état de passion I un travailinlime, mystérieux, puissant, a fécondé le sujet. Qrland vientalors ce qu'on appetle l'inspiration, elle q'e9t qug le cotrp de

bache sur le frônt de Jupiier. Elle signale le point précis dematurité de Ia pensée. Lè coup dehrche fait sans doute jaillirMinerve, grande, adulte, arnrée de toutes pièces I nrais avantce coup dëcisif, coest la méditation qui avait congu-, nourri,équipé, en quelque sorte, ce mythé puissant de Ia penséedans Ia tôte enclolorie du Dieu.

T'andis que l'élève s'habituera de lui-même à cette sciencede la mddit-ation, que le professeur rnette entre ses mains les

livres, les discouis, les-traités le-s plus remarquablesi-tluIt

lui fasie observer et comprendre les divers méri[es et l'arti-Iice de la courposition, rion-se-ulentent sous lc rappor0 de lapensée, mais sôus celui de l'ordre e[ du style ; que souven[ ilie ramêoe sur ses pas, soit pour se rendre qu comptc plqs"

exact des intentioni de l'écrivain, soit pour mieux rcteuir'l'ensemble e[ les détails; que, dans les discnssions. politi--ques, judiciaires, philosophlques, il lui présente, au.tant qltq

fo.sinÏe, le pour èt le contré, surtout-si-la ques[ion a étdiraitée pot .i.u* rivaux diglês I'un de l'autre. L'est aprè.s

avoin lu Bschine contre Ctésiphon, qu'on suit avec plus d'in-térêt et de fruit Ia défeàse dc Dérnosthènc; Fox gagnc ati

voisinage dc Pitt, comme de nos jours RI. Guizot à selui dc

1II. Thiers, et réciproquement.Que l'éiève, ddsod côté, s'exerec à analyser, Cest'à-dire

à ràssaisir, pa'r la décompo-sition, les sen[ences.capitales,les

idées mèrôs', et"à les dégàger sussessivemen[ de tout ce quine scrt qu'à ies développ-eiet à les- embellF.-ç. premier tra-vail fait avec conscienèe et, intelligence, il fermcril le livreorigiDal pour le refaire à son tour I i[ s'efforcera de recon-smùire ai-nsi l'édifice, dont il n'utra plus rien sous les ycuxtsi ce n'est les ftrntlements qu'ilrient dc ddcouvnir.

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I

5& DE r nuÉronrgur.

Encorc. quclques avis st'* ces trtvaux prépara[oires qui

servent d'cxercice- au je_unc écrivain et rempïissent ce queI'on nomme dans les côiléges Ïa,nnée cre rhëioriqr". oou^nal'élève a beaueoup Iu et fralysé, qu,il-s'essryr-É-ôàrporr"I*i-mêrne, II conrmencera pai cé {ue j'appel"lerai àiercicesd'imiration, on rui prdsent'e Ia dcôcrifruoi au iniendie,par exemple, et il calquc sur ce tableari celui d'une inondalt'ion I d'rm lever de soleil il fait un coucher de soleil; ouencore d'après u.q

.porlrait de la colère, prenant le contre-pied de cheque idde, de chaque période, il trace celui de ladouceur. Et ainsi pour Ia nairation o ra

'dissertation.le dis-

cours. Far Ià il se- familiarise avec la for.me, et apôrend àcouler ses idées dans un moule donné. II a soin, uo àôm*.o-cernent surtout, de se renfermer strictement dâns les limitcsdtt modèle. si celui-ci, en effet, est bien choisi, r'élève com-prendra par

,cetteétude en qubi consiste la piénit'de d,un

9_"o_:lgqpument, et commell, Ia borne une fois atteiute, toutcj g.ul la dépasse est hors-d'æuvre e[ Iuxe inutile. Il passera

9.9tà

,udcs. cornpositions originales, tantôt en n'ayant que Ie

titrc du sujet à traiter, plus sduvent en s'aidant d'une mâtièrco u algu m ent qui.in d iqrf e I es idées principales et trace la marcheû survre. ues thèmes de composition seront variés ; on pré-vient ainsi l'enuui d'un travail mono[oue, e[ l,on dourniï en

rnême tenrps l'occasiou de modifier Ia pehsée et Ie styre, selonle caractère des genres divers. Narrations historiqués 6u {ic-tlves, mêléesparfois d'allocutions et de discours, dôscriptions,portraits, parallèles, Iettres, dialogues, ddveloppc*.rri d,unépenséemorale ou d'u-u mot profond, disse,rtafiônsphilosophi-gues ou litÉdraires, dloges, clitiquesj celles-ci plus'raremènt,d iscu ssio's parlementqlr! ou ; ui iciiires d'uneluesdôn rcellé

ou supposée, etc.-: voilà les cxeraiccs quc recoinmandent lesq1,o.t1yurs, l.cs q.{us gxperimentd_s. iltrais de tous ces genresd'et,ude, celui .qu'ils afrectiolnent le plus, et avec raison-, c'estl'éloquence historique. Elle développe-l'imagination, sansp,t,ltg"r, comme la ,{}tion, au-romandsQue et à iexcentiiquc;clle prés_ente tra méthode la plus erficacé pourconnaitre a i'onciles annales cles 1'euples anciêns et rnoderfies, ù leurs flus bril-

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cEÀP. il. 55

Iantes époques; en s'appuyant sur des faits, des caractères,dcs mæurs, des passions rCelles, clle éloignc du vague et dulicu commun, et Ie jeune homme accoutume son âme à com-prendre le grancl, et à penser lui-même comme les illustrespersonnages qu'il fait parler.

Aureste, quand l'élève est arrivé à ce point, il peut so déve-Ioppcr plus librement et lâcher les rênes à sa fantaisie I nousne nous plaintlrons pas si cette jeune séve déborde et poussede droite et de gauche des branches parasites. .Les rhéteurs

romainsaimaient clans l'ad.olescence ce luxe de végétation quitrahit les natures riches et vigoureuses. IIs redoutaient lesmaturités précoccs, et préféraiànt avoir d'abord à émonder età sarcler (').

Mais comprenez-les bien. S'abandonner à une exubéraneeparfois même téméraire ne signifie pas faire vite et négli-gemment. Avant tout, songez à bien faire, e[ non pas rapi-

dement et beaucoup I

Scribendi rccteo nam ut multum, nil moror...

Soyez bien convaincu que Ia facilité de bon aloi ne s'ac-guieft queparun travail sévère et obstiné. u Enécrivantvite,dit Quintilien, on n'apprend pas à bie,n dmire ; en écrivant

bicn, on appretrd à écrire vite. rr Ainsi, après Ie premierélan, revenez sur votre travail. polissez et repolissezrcomigezbcaucoup,

Ajoulez quelquefois et souvent effacez (2).

(r) e Je ne me plaindrai jamais dela surabonrlance chez les eof4nts... Permet-tons à cet âge d'ose-r be_aucoupo d'inventer et de se complaire- dans ce qu'its

inventeul, quond même leurs productions ne seraient ni assez chdtiécs, ni àssezsévères. On rcmédie aisdnrent à la féconclité; la stérilité esl uu rnal incrirable.Je n'attendrai rien de la nature d'un eofaot en qui lejugement devance I'espr it...

. Ils ne chercheot qu'à dviter les défauts, et toinben[ p-ar là même dans Iô piredes défauts, celui ile n'avoir aucune qualité. r Qulwrir,., Lnstitnt, orat, II',4.

(e) Remarquez le mot soueent, <Le côté àa sqrle (lecrayon des anciens) quiseit'à effacer est. plusgrantl que celui qui sert à-écr.ile, ntâior stvli nars oilBd.elet quam qaæ icribit, r ditiaint Jérô-me. Can la vraie rhétoriqu"e o.[ lu n,hn,udans lesrléselts rle la Thdbaïde et aux bortls de ln Seine ou tltr Tibr.e.

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CHAP. II. 37

le littér.ateur, I'drudi[ion du savaut, le coup d'æil prompt etla décision sfire de I'homme aetif, l'en[housiasme sérieux de

I'artiste solitairc, ct cet échange facile et rapide des imprcs-sions intellectuelles, cette indéfinissable finesse d'esprit qu'onne trouve e[ qu'on n'apprend h trouver que dans la société.

Sans espérer que uotre élève sera un de ces phénix_quisu{fi[ à la-gloire d'un demi-siècle, nous croyons que, biendirigé dans la voie tracée plus haut, il aura singulièrementajouté à la somme de génie inventif que lui a départie la

nature. [e voilà en état de trailer un sujet.

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CHAPITRE III.

DO GEOIX, Dr' 8I'JEÎ.

't r.l ':lt-l,ljl'l'iI .r"siIit ert$i'

,. :'r.,',ii'. Tr lii r;"t.-'-' i

;i'rir i.rtÉa'.iti' [,,,.".' ,!,,,'';-i;',n iil " ,"xi

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. . ,i, , 1', , r;i,, 1,

-'i'1j"i:iil'-lr

. Le sujet est donnd par les circonstances, ou i,éorivain letirc de son.propre fond. ,i ,,

-,

.. Dnns le premicr câs, c'es[ une nécessité qu'il faut subirlil ne reste plus qu'à Ie traiter dignement.f)ans le seeondr.vous êtes li6re, et alors Ie choix est-il

r

indifférent? Assurérnent, répondent quelques auteurs de I

notre siècle. u Nous nc reconnàissons paià ra criliqrre, disent- ,

ils ('), Ie droit de questionner l'écriiain sur sa fïntaisie. et i

dc lui tlemanrler porirquoi il a choisi tel sujet, b*y,t, téilcI

eouleur, cueilli à tel arbreo puisé à telle soirrée. L,ôuvraeeest-il bon ou est-il mauvais? Voilà totrt Ie domaine de ïacritique. Du reste, ni louanges, ni reproches pour les cou-leurs employées,

^mais seulèment pour la façon dont, ellessont employée.s. A voir les choses d'un peu hÀut, il n'y a nibons ni mnuvais sujets, mais de bons etde mauvaii écriîains.D'ailleurs, tout est sujet, tout relève dc l,art. Ne nous en- ,

rludrons donc pas d.u motif qui vous a {a!t prendre ee sujettriste ou gaj, horrible. ou gracieux, delatân[ ou sombie,étrange ou sinrple, ptutôt quelet autre. Exnminons comment ;

vous avez travnillé, no_n sur quoi et pourqtroi. n,

Nous ne saurions admel,tre cet,tc thiorie I nous ne songe-

(') Vreron Huco, Prc{nee dc's Orientales.

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I*4. GIAF; llt.

l'impo-ssible tracées en rouge et ep blcu; qu'enfin on a fait

cC-fa,paree.qu'on afait eela. u":Sophismes ! I'ar[ a ses limites. Les maitres les lui ont tra-

cées, et-leur voix ne fut.que l'dcho de la raison et de lajusticedtbrtëile. i' i

, " L'hornmc digne d'être écouté, dit Fénelon, es[ celui qui,n"e;.s9.'Seqt de Ia parolb que pour la pensée, e[ de la pensdeqïib triour Id vérité et la vertu. l Ê

,tç.,qujgt doit donq

ëfte moral, ou du moins n'arloir riende

.bont4qire à Ia moralité. Nous pouvons dire du sujet ce que laBruyëre dit de l'ouvrage : ,, Quand une lecture vous dlèveI'e$prit et, qu'elle vous inspire des sentirnents nobles et cou-rageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de I'ou-vrage : il est bon et fait de main d'ouvrier. rr Le mot de tra

Bruyère explique ce que j'entends par moralitd. Le suje0d'unc fable, d'un romau, d'un drame, dune comédie, peut

avoir ce mérite tle moralité. Quelle moralité plus haute queceffp drp Prométhée, d,e l'Oûd,ipe ù Col,oner, du Çid, d' Athalie,d'Alzh'e? plus touchante que telle du Vicaire de Wahef,eld,de Jeannot et Colin, de Paul et Yirginie, de Picciola? " Jerhe souviens, dit quelquo part lllontesquieu, qu'en. sortantcl'une pièce inti tulée E sope' a la caurl ie Tue'si pdndffé d u désird'être plus honnête homme que je ne sache pas avoir {brmé

une ré_solution plus f,orte. rr llonn-eur à Boursault qui sut,chôisir un sujet issez moral pour inspiier un'si beau'désir àunc si belle âme !

Untt grave erreur de plusieurs dcrivains actuels, mais dont,pour I'honneur du sièele, j'aime mieux accuser lcur espritque leirr cæur, c'est de s'imaginer que le crirue est un élé-mcnt nécessaire cl'intérêt pour tout drarne et toul,e liction ;

qu'il n'est point d'admiration possible pour lc héros, ou d'at-tendrissemen[ potrr la victime, si on nc Ies entourc, en façonde repoussoir, d'une bande de scdlérats, ct quels.seélérats !

quelqu e chose de nnonslrueux, d'cx cen trique, d'inima ginabl e,à faire rcculer les plus intrépides d'horreur et de dégofrt.C]es[ une grandc faute I môme httdrairement parlant, je crcrisln vcrtu plus inl,éressante que le crirne. Les drames ct lcs

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&2 DE LA nlIÉTÔnrQUE"

romans ânÛiens e[ rnodenles, que j'ai eités plus haul,, rnc

seruhlent plus aLtachants, je ne dis pas supérieurs,cornrrie

æuvrds d'artr'celnvR de soi, je dis plus attaehartts, que,toirteslcs procluctions byroniques et sataniquestles tiente dcrnièresânnees' r iJ :'r ('

Cependant lcs aberratiotrs nrême de ces dcrivaius prôuventqu'ils ne regardcnt pas le choix du sujet comme indiffdredt.Ils pensent, comme nous, que le sujet doit intéresser par lrri-nrême et indépendamment de la manière dont il est.tr-aité.Qu'ils se trompent qur Ies sources de cet intérêt, c'es[ re queje viens dc reconnaltre, mais ils adrnettent avcc raison:leprincipe. Bt, en effet, Ie sujet ne doit pas seulement ôtremoral, il doit être intëressq.rut. Un auteur n'écrit,que- poûrêtre Iu; par là même il contracte une dette envcrs celui,quiprend la peine de le lire, et il n'aqu'unmoyen de s'acquitten,c'est de lui ofrrir un strjet qui pttisse I'amuser, I'inslruir.o ou

le toucherr'qui parle à son imagina[ion, à son intelligenceou à son cæur. Quelques hommes, ceux-là sont les maltres!sont parvenus à en crrler qui réunissent ces trois éléments.Mais s'il s'agit <le choisin enore eux, nc eroyez pas queje lcsmette toqs trois sur la même ligne. Les vrais artietes deûtân.dent au moins,lë"seceintl, à défaut du dernier; le plus dner'-giqùe de toug; Quant au'premier, c'est èr lui ûue i'sttnohcnt

prineipalemen[ le vulgaire e[ les oisifs I ce noes[ donc'qulnuvulgoire et aux oisifs qu'ont paru vouloir plaire certains dcri-vains de notre siècle, les romanciers surtout, qUi en fofmentnralbeureusement Ia grandc majorité. La plupart d:entre euxn'ont songé qu'à réveiller I'intérêt d'imagination, ou plutôtI'intdrêt de curiosité. Ils croyaient avoir a[teint le but, lors-que la complication de l'intrigue, la nouveauté, l'étrângcté

même des ineidents tenaient le lecteur en haleine jusgu'àIa trin. Le plus bel éloge à leur gorit, c'était que, une fois lalecturc commencée, on ne prit Ia guitter qu'ù In dcrnièrepage. Dis[ribuaient-ils leuf récit- cn feuilletons, une desmodcs, pqr parcnthèse, les plus fatales à Ia saine littérature,ils n'oubliaient jamais de suspenffre la naruation au moment,où Ia curiositd-é0ait le plus i,ivennent piquéc, le plus nvide-

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r-i

crfaP. lll. &ï

queile $ujet admette par sa nature même deux genresopposds,

cornrhc, tc tragiqu'e et Ie comique, le roman et l'histoirc; laprose"et la poésier' la dissertation et la norration, soit qu'il yait ilisparate entre le genre d'espriû de l:auûeur eil le geûredu sujet, Ie risultat pour Ie style est un défaut d'unitd, denâtrlt'el, de solidité"-',r,8ç'Lbs sujets qdi ireposent sur une donnée fausse ou pué-dkir tla tlonnée est-elle fausse, paradoxale mêmc, Ie langage'sera'pénihle

, cmbarrassé, e[ le néologisme, obligé pourrendre des idées excentriques, augmentera I'obscurité del'ensembler Bst-elle puérile, Ia puérilité du fond rendra Iaforme plate et niaise, ou pédantesque et alanrbiqude.,' :,# Les suje[s qui ne présentent pas un intérêt ass€z géndral.iIIn homme, un palsr un fait son[ inconnus de tous, exceptédoi,f"auteur et de sa coterie; ou encore I'auteur se prend lui-mêmc pour sujet, dans des éldgics, des podsles intimcs, des

autobiographies, des mémoires signés ôû ânonyrne$5 orenfinson liwe n'éveille qu'un sentirnen[ de curiosité, saris attacherpair-,Iimportance dès choses et des personnes: $i lestyle eston,rapport avec le sujet, il est sec et'mesquin; ambitiertx etbotrrsoufld, s'il veu[ se mqtl,re trop eu rçlÈef ;'û,ûoûoùobe,danstbus'.lgs cûsr , ,' - ',,11ii)1',,'i ",1.;'-;'f r'l

.,'rMais, répondra-t-on, to"ut le monde est d'acco*d; Seule-

nrentr}'volrs voulez qu'on dise : sujctrimmoralllsu sté.rile, ouinbonciliable, soit avec le talent de lléerivain, soit avec l'éld-gance ou l'énergil Io style I et nous, nous d.isons : ouvragepernicierrx, manièr'e sèche, rléveloppemenf défec[ueux, stylepâlc et {Iasque.

Ceci devient une logomachie, et de toute façon la raisones-t encore de mon côté. La critique en efret ne doit pas seu.

lement formuler sa sentencc, elle doit la motiverr. trl ne s'agitpas de dire à un auteur : votre ouyragc est rnauvais ; il fautnjouter Ie pourquoi; et le choix du sujet est un des plus puis-sants éléments de ce pourquoi. Vous qui savez, dira Ia criti-gue, combien la moralité, outre sa valeur intrinsèqu@e côtr-tribue puissamment à l'efret d'urr dcrit5.pourquolvo,us êtroprivé de se[ énergique éldmcnt dc succù's? ou bien : Vous

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-- ---- =

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I

I

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4,6 DE LA nHÉTonrQUE.

avez de I'irnaginotion, muis quelle imagination, si brillante

qu'on la suppose, pourrait tircrquelque clrose d'un argumentsi sec et si nraigrc ? guelles sont les qualités de style athnis-siblcs en un pareil sujet? ou encore : Vous ne manquez pasde talent, mais vons n'êtes pas à la hauteur de la quesl,ionque vous avez traitée. Un sujet moins dlpvé eriq,{q{ pf u.s..à1

votre portée.Assurémen[ un tel langage nc peut nous être in[erdit.

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rhétorique , les lïeun shez eux ne e?eppriquaient-sirêrè uu'àI'art oratoire. co sont:des.so-urces où ll-bn peut prri's'cr*'deiiiar.'arr orar,oire. co sont aàs s'or.es;[i"'dùïi',;fui8-lt*-t*ri ,i

guments poup eonyaincre, plutôt que'des mtivdiii,da*hr*trher! |

*,T::H:'-:'jiT-iT::llf:^.':1t-:?ï.1t",trT{çF'-"ê,:."'r;::'i;lcicdron appelait la topiquo, ays topica I'art deltruavËË,iilèbi

""u,iiii:?,i*wffi #H;rHi#H;gffii:iwr4ffi^Â:,# crvNal[ Les trcuæ en uûernes ou [tttërieurg;'wiii.l[d115,[6isujet mêmc et ressortan[ uniquement de l'exanieh de I'lil'éeilet entri,nsèqueI ou enternes, qui, sans êtrc é[rangëtg,âtItS*'ri6t,.

&8

et-entrinsèques o\t enternes, qui, saps être Étrangeruhtiistribt,n'en proviennent point d'une mauière aussi diræte;rtb'â,is:lui;arrivent en quelque sorte du dehors. II désignriitiahs$kub'tderniers sous Ie nom.de tënto_ignages. Les térËoignages dont'divins ou bumaius : les oracleis, lés augures, IeslivFris tilo-phétiques ou sdcerdotaux, voilà-la preùière .hsre:,lebrifiis.les tiûrcs, Ies contrats, Ies dépositiôns, les aveu.r; Iâs,btCimpublics, voilàr la seconde. Quânt aax iieun iile;.ùëb. ils, ré.

pondaionû,à peu,pnèb agx catégories de la phirosopliifi,doAtis-tots; Le rhétsur alassait toutes les manièrês tt,étre posÈiblèsitous les ipluëitotnÈwæ' de'l?iddel I'essence, r'exprdssion:,Iespartiesr' les..cdnlraires;,rles ssmblables; ics alicessoires,,legefrrei l:ospèoe1'çtoiI et qluand iI'avait ap'pris à rapprridhètiurts dj e[,, d e,toue i rteb. apti el eF tle- cettÉ' uomèn ela t ur,e, Ë êi,ppnlquëF j

toutes-,leslfeeesld"ûhe'iclée à ce t.tpe communi h uiehnïoitr+ei

que chacun de côs uniuersauæ poumait fournir, il crojnaii, ci,avec- raisoni ee oee.scrnblog "avoir facilité llnvcntion --' ;7i u i :IAjoutoz {ue'tres sncieos demandaien[ aussi à l'orafærlde-

nreubler sa rnérnoile d'un recueil de pensees, de rdfrexiàns;do sentences, qu'il prTt applique* à proios aux sujets àltraiteripour les embellir et leur donner de Iâ force; dé se faire, enquelque s.ffitur.'uno. provision d'exordcs et âe péroraisons;d'avoir même des disèours entiers

faits rl'avancË et préparéipour I'occasion, sauf à laisser en blanco pour ainsi ii"è" krnoms et les circonstanoes. Les æuvres cimprètes de DéÉrostthèno contienuonû un certain nombre d'exofdes aetaehgs qtiin'étaient probablement que cles exercices de ce[te,espècb..'., r

Telle €st,nn deux'rnots la "doch.ine des anciens'rstin,ilestopiques.i r'rirr:,,,r.i!" rr:i,- ';'r,jr ).',-'

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t

r

. 'CIIAP. lY. ' l+g

. ,0,,4+i,eStr,"bcflllÇaTI.rL rdcrid,contre'coÊts mdthode; on a fait

!u,tinu,,cçtn!]?!ut.!nobje0 de blâme.et do,nisée

;on a dit que

lq tOp-tqUc;éki0lp art qui apprencl à discotrrir sans jugernent{es ehoseÊ qu'on ne sait pas; que sans doute elle ttinne àI'eryprig, quplque fdcondité, maii que cette fdcondité est clemauvais aloi,r.qu'epffn la seule topique admissibrc e-c[ la con-Wtple+ce,qdricuse et approfondiri dï strjet spdcial qu'on rloittfgtf,çtrl rul_, ,1,;r,. - ,

"l4iqqminons pourtant les choses sans prévention hostile nifuuor+blc;,,rous arriverons, me pnraît-ij. à apprécier la mé-th0dg,,$iArislote et de Cicéror à sa juite i-âleor, et, sansIlç,tal[-e.apar dclà ses mérites, à en reeoirnaitre ]'urilitd rddle.

,,Bp quoi consiste-t-elle en définitive? En trois noints :,.'E$rldps générales ponr préparcr aux spécialites jzjrkrF$4-ÇXtetrngs ;"r,{.,ipmx.intqlneç. : .,.i.., _,., , !.l

. ,Et diabord, qu.and jarnais a-t-on defendu5 jc oç di5 pns auxdçs$fnfltgurs,novices, aux apprentis Feinlres,'' mais, rlrêrnc irliartiçtp. Imssg mailre, dc s exerccr,,S, reprucliriro. des têtes,dçs j4rqhes, de1 mains, deo- pnttes;, deeaiicsjirtes Srbncs;, deÉb1gLches, dçs tours, deç toits, Éans desseiar,prém;dité de lcs,appligucr à tel pnysase clonnd"; àltel:b_qiet, ù[ieAoire ou ilcgen{ç ! Quand a-t-on bldmd I'artiste_dormfuti[tier, 'èn.u,n mot,seF

É[.qdçç e[ ses cartons?):,., r , rr,;*l.J1r,r!,,,i0,. ,,(, 1rrr1r,.r, , ,,Ëh bienr-le littdrateur ne 1:eut-il pnsi,ravoi,r, luiaussir,eleseartonere[ des dtudes ? ne peut-il pai traiter i'ci de In iuiticeou:de la liberté de Ia presse, là dun lever ou d.,un côueherde soleil, plus loin dlrn_" émeute populaire, ete, I dlalrorerpo.ur ,un roman ou un discours iuraginaire un,gxordd, unepéro_rqison, un rdcit, une description-, torrs, les',détails ônfing{e Ic- h.asard, sa fantaisie_ou_uri plad ,suivi, détudes génd-rales-lui auront suggérés?_ll y aïrait, sons donte, in"habi-letd et maladresse ilprétendre irtiliser^far Ia suit' tôuks ccsesquisses, et les fairô entrcr de gré ou ds forae dans dcs ta-bleaux rdels. llais cela n'empêclic pas ces travaur nrélimi-naires d'aider l'écrivain, comme le peintre; à,invenier dansI'oecasion, et dussent-ils n'avoir. aueuhe application rigoureu.

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52

f,iqq$, plrifpsophiglles, ou dens Ia critiqtre'liùbdi:Fiif;; ruldiç#vous ccnt fois ruison , mais de vous-mêrne, sans afpuil,pe{ldans I'arène, squveni n o[re a rno ur-prgprc,rcgi*bÉridgn yqu tn'êtes en définitive qu'un des nôtres t Ttnts e fnultfqMaismettez la vCrité sous Ie patronage d'un'gran{,pojÈ, "diuneautorité irnposante, elle nc sera pas plusnpiei sanq dotrie,rnais elle sera plus vraisemlrlable, et, n'âura pas {.,,vfliqrcre, avec I'err-eur, la vanitd et, I'envie.- IpSe,f,,iæt1,,esg-pa,nflprp

un argument bien fort, sur[out si cet elase esl p.n mon[,eu,qndtrangcr. Où ai-je lu que le cardinal dé Retz, voulant entrai-

paqoles ne suffisent pll poy-vous convaipcrçr rdud!g|;ti,pç i

rdeuserez-yous pns eelles de I'oratenr romain, dans irnp ci4- ,

c_onst_ancg pareille r' ? Bt sur. ce, lc voilà improvisant dgq pëfi,q::

des de pigdrq,rl,, qui,so4t couvertes tl'applandis,seq,ç,q[$.rfi[epporten[ le'1o,tq, De retour'ehcz eux, les savants conspif|l!,qÈ 'i

çheryl1e_qc da.ns !oy[ Cicéron le merveilleux passage qqi.lglrii

avni[ {chappf,;jlsle qheffhèrent filrtlongtemps.,,.,.., ,.,r, ,li :i

Ainsi 4gn,q, rgns avouglg,cr,ddulité donq le,s p4gçpripiipnsi

des rbéleurs,anciensl:0n pQut admettrè les lieux exûerpgs, ç[.jrccornqaqdgr dans cc but l'étude altentive et çomflètç,{g i

étranger. Uu al-Je lu que le cardrnal de tlqtz, Vaglgpp,,epfrialî |

npr l-e parlement,- et royant .tgol" so.n éloquepce prèiS",d,$*-i

çhoqbp : u Bl! Messieqrs, s'éæia-t-il tout à qqup i ,ti,-,qçpi

, {'r-'i{j i.q,lii ir ir-r1,,,'1 r;11 ,, .r;1irg11rg;ril

d'ltlustre's poËt'cC,Ja'd'exclusr [ab rnême Iés proverbes I car'iIs ,fe SoUt,pirc siiLI

utililé. Cec opinious, sont., en quclque sor'lo.des témoignages publrcs'd'aulentI

tilitÉ. Cec- opinious, sont. en quêlque soltd.des lémoignages pubtrcs'â'aulent i

plus puissents, qu'ils o'ont é1é dictés niper la haiue, ni par la faïeur, irraiS guIIs I

j car'iFe rfu,Sopù*pls-sbLrignages pubhcs' d'aulenti oer la faïeur. irr'aiir cdïIsrus Purssalrtst qu us u on[ ele orcle6 nt per ta natDe, nr per la Iaveur, nrars gu rrs I

oot pour fondement la vertrr et la.vdrité. Si, par exenrple, je veux parlor.des.lmisères rle la vie, ne .forai-ie pas inrpressiou sur les ssDnils en, alléguant.la ,l

pour fondement la vertu et la.vdrité. Si, par exenrple, ie veux parlor.des.l

'ies rle la vio, ne.forai-je pas inrpressiou-sur Ies Ëspnil.-s en. aliéguant ta,lique de, ces nqtions qui plèurent-sur.ceuÉ gui uaissènt, et mête-ot la.iôic;lretique de ces nstions quf plàurent sur ccuÉ gui uaissËnt, et mêleoi la ioie ;l

sux l'unérailles? Si je veux alleudrlr les juges. scra-!-rl Lors de prôpos:"ilo '

dire qu'Àthènes, cettê ville si sage, regartlaitrentitreot tle l'ilrne, mais comme une diviniti

JUges r scra-r-u Àors oe ProPos (r€

rit la prlié non-seulenreut cou)mc uorentitreot tle l'ilrne, mais conrme une divinité? Bù ces maximcs des srpt Sugés,

de Socrale, de Caton el tki tarrt d'autres! Àussi voyuus-oous non-'sËutemlotque les orelButs sènrcot' leurs diseours des sentimeirts des poêtes, ,nrais'quel-es Philosophes même, eux qni nrdprisenl si fort tout ce qui est dtrangcc à,Ieurs-es ,philosppfres même, eur,qui nréprisent si fort tout ce qui eit dtrangcc à lçurséludes, tlaiguent em;rluntel quelluel'ols l'aulorité tl'un vers clté ir propos. uInstit. orat., \, t t. Bien entcndu gu'il f'aut éviter rlans l'emploi des anl.oritds,corume.-frartout ailleurs, I'excès eile conlre-tempsi et ne pÀs ciler Lucain el i

Calon,-i ['ropos dn D,anrlirr. C'est Ie défaut nroltel de presque l.ous les,éclivains,

Calonri 1'ropos dn Danrlin. C'est le défaul nroltel de presque tous les écr:ivainsde la tn tlu ierzièrne sièeli: et flu c,rnrmçnccmenl du dix-sërrtième. rles avocatse la tn tlu serzièrnç sièelà et du conrmenccmenl du dix-sèptièmb, rles avocats j

u,.,]lo^lt el, des prédicatcurs. lls poussèrent si loiu I'abus <lo lu citation, quiili en :

{dgoritôrcnt pour longtomps tous les esprrls raisouuablos.

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DE LÀ'n[ÉTûhtQUB"

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: ' 6BAF. lV. . 5V

rflppnoohçmen ts. On voit ^cornmen[ .'le curaotèrer:{a uposition

ei .ieu

bu t rd iverc: d og, intenlocu te'Ilro'modificnt

"Ieur'fagonridel

çûilSidéreÈ Ot {e ddinif leS ChOSeS. ', .,',.'1, , i'r 1,,'i!1r {' i'; rrrii:I } !

,i,On pdurrd remarquep, dans ces-deux d'erniers' c:rem.plest

que'ld:définltion, s?esi ngrandie-et développdor' lous'voici auu,bisièrnclliearl'énttmëiatiott, des parttes ' - ' 'i'' '

Ce topiquc se confond souvent n"ut;s;prdcédentr.et, en

e.ffotb h$anien rexactement, qu'est-ce_quela définition ? L'énu-rnéritiohi dans un ordre'régulier, dô tous les éldmelts donts,o'compose;ltobjet défini. On n'a point eu tort, cepenflant, dedislingùbr ces deux lieux I car on emploie le second ddns les

cas'nrénre où le sens et Ie signe de I'idée également connusnoudemandent ni définition, ni étynrologie'. On l'emploie,parce que de totrs les mqdes de dév_elopPlme1t, celui-ci est'tleù,qpheation

la plus fréquente et de la plus njhe fécondi[étou{p[iri,ôt parcc qu-il les réiume tous en lui oeul. " ' ' i

l,r[rïnmmëretion n?est autre chose qrte Ôette a'lr'aly$e philoso-phirfus" ce travail cle décomposition'et.de r,eeomposition des

ÏdÉt's r*i,,hautement oppréci ê, si fréquemuaelt rËcommandéparCôndillac, partie iirittaqua5lo de sa doctrineilet, qlui ia sur-?édnrh"_tOUt le

-feStg. :1. .-,i ,,1i r ,c îit'r[lir.fri].i ,igrt!rt:iu.,r"...

r Lo rhdtoriqne, comme lailogique; pe-uti9ofu,l5.Emq' lu193iet

ou,ù'idée à tràidr à cette ,;campà$ne- dqlfitri.ipablstondil,liic,

gue,,llon, onnbrasse, il est vraii dluo èoupr rdlæilg'ffi l$ rque''fonrie peut ni bien connaitre soi-même, ni expliquer uux'au'tres,Êfriiepfolsble à des hommcs en extase, oncontinue fle'voir à

lu' fqis.oette multitu de d'o Lrj ets d ifféronts, sâDs lëtudien_chaq

ue

parûie llune après l'âul,r'e. On sent, cornrne le philoiophô1que'poul avoir un-e connaissanee de cette campagnc, il,lhut arrêterles regards successivemcnt d'u n objet oul :un auÛFer-obsenvsnt.

d?aboril ceux qui appellent plrrs partieuliôrenrerrÛ IatLention,qui sont plus frapirânts, qui dominent, autour: desqdels et

four lesqirels les âùmes beilblent s'arrangot grensuito' qu.antl

ôn a la situation respective des premiersi,passa_nt'Successive-rnent à tous ceux qui remplisscnt les intbrva[lo$r; ,enlin, neddcom p osan l, ainsi (u e poui'-recorn Pos-eri afin rqu?une "foiÊ I es

connaissances aequ iicd, :lcs ehoses, "âu I ieu 4iêt're' s-u eeèssivos,

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1. I ii,

[ôl6.rll

CHAPITRE V. ",'], ,

tlEUN.- LItlIrX, ÂPDLICÂDLEB Âtf PônTIt,FDU SgtET.

rr"r' -i'rr-ir l 'i;i.i.-1ii' ," 1

.lCl(.t-r ',1 1

ou

ïr.irf,']idÉg que vous exploitez peut se rattacherà une idde plusgdnep+le, clle peut r€nfernqr cn soi uft plus CIu noins gxandpggbre d'idées spdcialeg et individuelfesç dtirdiez-lrtloncsous;'le rapport du gewer 6ous lc rapport del'espèce. .

,. Ro.venons, par exemple, à fidée république, f,'idée nepu-

bfiquc csl conrprise dans I'idée gouuérnenænt, ëtut, soctétë.tr.e developpernent de celle-ci aidera puissamment, à traiterc-çlle;lÈr,rPuis viendront les diverses aspèces tle républiques Inrist-oçratique, ddmoeratique, oligarcliique, fddéi"ative, uneet inflivisible ; républiclue de Sparte, d'Athènes, rle Rome, deVenise, de Suisse, des Btats-Unis; rdpublique de l'autiquitéayec les esclaves, du moyen âgcaveo la fdodalitdrde 95 avec

la terreur, et bien d'autres encore.,;Ce n'est pas tout. Cornment une républiqUe peut"elle naitreet sulpister, oÏ dégénérer-et,périr?-Quels sont, quels p*o-vent.être les résultats des diverses,phases de son éxisteirce?Voilà les causes, les effets,les antëcéd,ents, les aarùsëqaents,les circonstances.

Si nous ne saisissons pas bien ce.que peut être unc rdpu-

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I

6& DE LA.RHÉTonteuE. _

blique, nous le compreldrons mieux en yoyant ce qu'elle

n'est- pas. - Ce n'est, diront ses partisans, idle despôtismec_apricieux d-'un seul, ni,la tyrannie plus câpricicuse encored].u_ne aveugle multitude, ni,.. etc. Elle obéit à la loi, iuvi-sible eû toute-puissante, cornme le vaisseau à la force irrésis-tible de la vapeur qu'il cache dans ses flancs, cornme l,universau pouvoir occulte et suprême qui le dirige dans sa marche,corntne,.. etc. - Les adversairejde Ia rép"ublique trouverontd'autres æi et d'au[res comme

; etie.i

nous enirons dans lessimtli,tudes, Ies d,i,fférene.e s, les- contpar aiso ns, les contraù.es.. Voycz-vousconimer-à l'aide cles-lieun, un-sujet qui peut-être vous semblai[ aride et borné au premier coùp â'æit,s'agrandit, se féconde, se développe à l'idûni ? '

Ici, je_ nc puis m'empêcher dô-revenir sur les otrjcctions.Science dangereuse, a-t-on dit, serublable à celle dej ancienssophistes, qui apprend à soutenir indilféremment le pour etlè contre. N'est-ce pàl l_à, el effet, comme agissent Aiistote,par exer.nple, quand il dit, à propos des cotttiàires : ,r si l,onvou_s allègue les lois, appelea-en à la nature, et si I'on faitparler la nature, rangez-vous du côté des lois; u et euinti-Iien, .quand il. dévelgppe la théorie e[les règles clu urensongeoratoire, qu'il appelle, par euphémisme, ui-e couleur, colô-rem?

-

Sans doute; mais remarguez d'abord qu'Arisùote et

Quin_tilien cnsciguent à argumentèr dans une dause, et nousir-nplemen[ à développer une idée, ce qui n'est pai tout àfait la même chose:-e-t puis, nous-l'avoirons, la ihétor.iquen'est pas l'art tle se fairè des opinions justes sur les choieset les honrmes, c'est l'ar[ {e fali_e parta$er aux autres l,opi-nion quelconque que l'on s'esl, faite-. Notis ne cesserons d'ôx-horter à la bonne foi et à Ia vertu, nous la regardons cornrne

une des conditions sdrie qud, non, ùi vrai talenl; nous sorhmespersuadé.que, avant totit, il faut quc chacun'pense ce qu,ildit, que les avocats des deux partils ont I'un ôt l,autre fin-time r:onviction que la raison eit cle leur cô[é, sue le fauteur.de la répu-blique cs[ aussi sincère dans son crrcto politiqucquecelui de Ia monarchie; mais, encore uncfois,'notreïl'-fhire n'est pas de leur inspir"er des sentimentr, r*is uuique-

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CHAP. Y. 65

ment de leur apprendre à communiquer aux autres Geux

qu'ils ont. La rhétorique est cette langne d'Esope, la meil-leure ou la pire des choses, selon I'ernploi qu'on en fait; maistoujours à l'abri elle-même de [oute responsabilité, quel quesoit ou I'usage ou I'abus. Ne nous demandez pas plus quenous ne promettons. Ceci ne contredit pas, au reste, ce quenous avons dit plus haut à propos de la moralité du sujet.On peut être de bonne foi en défendant une opinion erronée,oD ne l'est jamais en soutenant une cause immorale.

L'objection qlle se fait le docteur Blair est plus spdcieuse Ije l'ai déjà touchée au ehapitre précédent. u N'a-t-on d'autrebut, dit-ilr gue d'étaler une faconde insupportable, que l'onait recours aux lieur, que l'on s'empare de tous les ruoyensqu'ils présentent, et l'on pourrai avee.la connaissance la plussuperficielle de Ia matière, discourir à perte de vue sur tousIep sujets ! Mais de telles compositions auron[ toujours quel-

que chose de faible et de conomun. Pour ê[re réellementénergique et persuasif, iI fau[ étudier long[emps son sujet etle méditer profondément. Ceuæ qwi i,nil,iquent aun jeanesgens tl'autr'es sources d,'tnaentionî,es abusôù, et en viulantdonner trop de perfection à la rlrétoritlue, ils, en font, enréalité, une étude insignifiante et puérile. rn' Nous avouons avec Blair, et nous I'avons posé en pr*incipe,

que Ia méthode d'invention la plus féconde est l'examena;rprofondi du sujet; qu'il y aurait puérilité à multiplier leslieun, à les faire entrer tous, de grd ou de force, dans chaquematière. Nous sommes convaincu que la médiuation fait jaillirdes sources imprévues et qui seraient restées rrebelles à toutesles bague[tes divinatoires de la r.hétorique. Quintilien l'a di[lui-urêne : u N'allez pas croire qu'il faille, sur chaque sujet,

sur chaque pensée, intenoger tous les lieuæ cotnutwns, lesuns après les autres, et frapper, pour ainsi dire, à leur por[e,pour voirs'ils ne rdpondraienû pas aux besoins de la question;..e qe :.Tit prouver ni expérienoe ni facilité. u A I'exenrplede Quintilien, Vico compar"e ingénieusement les li,eur à l'al-plrabet. u Ce sontr dit-ilr.k:s éléments, les lettres de I'argu-ntcnta[ion. Qui veut s'en servir, eû ne connalt pas à fond son

6.

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cuÀP. V. 67

oi'ele,,tgcotnlllalr dez lg vertu en général, r, vous ddvelopperezpar la liew gcnre. u Si toute verl,u mérite notre admiration e[

iros dlogqsjpourquoi rnépriser e[ blâmercetgi qui oublie uneiqiùre i'ec,iË t ceite chaiitd, dans son.excès mdno, nlest'ellepasunevertu?rr -:, .

-.'liidee: - lss soldats français sont brave$r -r serYira à Iafqjç de cldveloppement et de preuvc à celle'ci : tous les Fran-

çeiq, sqnt lnaoàs. ,, Spar[er irodèle de frugalité, de teqpé-iqnpe,el des plus hautes vertus, a disparu, et nous espérons

gBe.Iros empires seront dternels ! ' Ce sera le lieru espèce.i rliassillot pente que la première tentation à laquelle lesg,rapd+ soienl exposés est le plaisir. Les grands sont uneTspècerelativemeât a.t genre himain; il éÈbli[ d'abond que

leplais.ir est Ie premier fiége tendu par Ie démon aux hommesÇdr,rgdnriral.,-,ç-. {,,L,1e;ptemier écueil de notre innocence, c'est Ie plaisir.

I,sçtâ,u-l,res.passions plus tardiyes ne se développent et ne,uhûFisspnt, pour ainsi dire, qu'avec la raison; cel!ç"ci la pré-v,'içnt er et nous nous trouvons corrompusr' aya4t presqued'avoir pu connaitre ce que nous sofum€s. Ce penchant infor'tgnri;' q:ui,qouille tout le-cours de J* vie des hommes n prendtqujquts sa source dans les prernières mæuris r c?est le p-re-

ruipr Fait pmpoisonné qui 6leæe llârne,; c'eBt lui, gui efrace

Êa,ptemière beauté, e[e'est de

luique coulent ensuite tous

h ',autres vices. Mais ce premier dcueil de la vie humainedevient eomme l'écueil privilégié tle Ia vie des grands...2 €f,c. tr

r Op,roit que ce lieu reltre, sousplusieurs rapports, dans

l"lntunëratlon. C'est une observation que vous aurez occasiontle répéter à l'égard de quelques auxres. Ils se touchent sou-vent de si près qu'on peut les confondre aisément. Cette con'fusion d'ailleurs ne présente pas le moindre inconvénient.

Peu importe le mot, pourvu que vous compreniez bien lachose.

Les antëcéd,ents et les conséquenfs. $aint-Réal, dans sonHùstoire de la conjuration, des lispagngls çon.tre,.Yeni,ser-sup-prgcrtrn discours âe Renault aux pri'iieipaux conjurds. Il veutletrr prouver que le ciel protége, ordonne nrômc cet{,e entre-

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70 DE LA nUÉTORIQUE.

lling {'un, Dieu ye[Seur dtait alors éteinte clrez les Rqurnine.iL'a thrie o fo_u rb9

rin giat, calomnia teur, brigand

r,san guinair.eo I

raisonne et agit consdq-uernrnent, s,il ôst sàr de'l,imfunité dola part lgs hgrymes. Car s'il n,y a pas de Dieu, ce-monstreest son Dieu à lui-mjme; il s'immoie tout ce qutil ddsirer,outou.t,ce qui lui fait obstacle; Ies prières les plirs tendred;,ilegmeilleurs raisonnements ne peuvônt pas plud sur luigue,su-brtn lotrp affamri. r -

i.rr,., !,i1 ,

a Si tout meurt avec nous, dit Massillon ,r les iannaloe

domcstiques et la suite do nos ancêtres ne soht rlôrre,prirbquoune suite de chimères, puisque nous n,avons point d'afeufet que notrs nlaurons point cle-neveux. Les soins,dunonf.etde.la posté-ritd sont donc frivoles ; I'honneur qu,on relùd ,h Ia,mém-Oj1e des hommes illustres, une erfeur puériler, puisqu,Titest ridicule d'honorer ce qui n'est plus; Ia religion des tom-beaux, une illusion vulgaire; les eendr'es de nËs pères etdenos amis, une vile poussière _qu'i!.faut jeter auïent,,etlqui,n'appartient à personne; les dôrnières iïtentions des mou.,rants, si sacrées palmi les peuples les plus ba,rbares, le,detr-nier son d'une màchine qui se-dissqut;... etc. n , . ,., ., i

_ Ce lieu se rapproche du conséqueni corn*e le lieu c&u,sede l'antécë,dent. La_ditérence est qu'il sere plutôt à prouver, ,

et_le.conséquent à développer; eohii-ci est piutôtle post hoci

celuilà le firo4tter hoc. i.Les circonstances ea a,cce&soires, Ce lieu est encore plusvastc que tous les autres.; son principal, domainc est llélo-.quence judiciaire. C'est là surtout qu,ii s;agit d,examincr Iapcrsonne, Ia chose, le lieu, lesïacilités, lesrÀotifsr la manière, ,

Ie tempe, en un mot, tous les éléments d,anaiyse que leé'anciens rhéteurs avaient renfermés dans le fameui vers

i

,-'n"';::,,n",o,ubi,quibusauxiIiis,*o,,noo,nodo,quando.

Le diseours de Cicéron- pour llfilon est I'exemple le plus_complet_ peuhêtre et le plùs remarquable que nôus orfient ,

les unnales du ,bsrrcau de l'cmpftii clô ce lieu. Mnis là,,no,se

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' CEAP. Y. 7I

borne passon influence sur I'invention. Après I'érlumération

des'pnrties même du sujet, c'est sur collo des circons[ancesquorroulent presque tout entiers les tabloauxn les descnip-tions, les rdcits, quc le fond en soit.réel ou ficrif, les por-traits des hommes fameux en quelque genre que'ce soit, etc.

Quel intérê[ n'acquierû pas une narration des circonstancesdu.lieq et du temps où lâ scène se passe ! Cornbien ces ac-cessoires ne servent-ils pas à l'éclaircir en rnême temps qu'à.la'ddvclopper

!Pour fairc connaitre le chameau, Buffon

dri'orirs;l'Àr'abie; il peinclra le priuterups.pour y placer lafauvette.r' Nos"romanciers motlernes ont en général porté ce movendtintérêt si loin que chez eux I'accessoire, en mairlte oc('rû-

Siorlt étoulfe'le principal. Quoi qu'il en soit, ils l'emploienteontlnuéllement, comme ils font du reste do beaucoup d-'au-ûres secrets de rhétorique, qu'ils ont usés, pour ainsi dire,jusqu'à la corde, tout én paraissant en faire fi. Les exemples?1urôn pourrai[ iirer de l'eurs éerits son[ innombrablesl et

ftusierirs; il faut l'avouer aqsslr sont dignes du parallèle avecles meilleurs des siècles précédents.'N',res sém,blq,blee et tes eôntrut'res. Iie nom de ces lieux sullit

pounles définir. Ltrx sen$lables se rattacheut les comparai-ions, les simili[udes, du plns au m-oins, du moin-s au-plus,

du môme au mêmer-les apologues, les puraboles, les allégo-rie-bl etc.,Carsi ces divers poinls appartienneat plus spéciale-mcnb, par leur forme, au titre d'e L'ëlocutauta, nous devonsconsÉfer dès à présenti leur importance poun iTeveation, parIcs développemèùts d'idées qu'ils suggèreut.

Les coitiaalres comprennent tout ce que les anciens Bppc'Iricnt re'pugnantia, eontraria, opposita, d{ssim'alia. Rieu de

plus frérfueht dans-les orateurs ê[ Ies poëtes que l'usage descontrairés et des semblables,Bburdaloue s'adresse aux semblables pour développer.

I'inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gou-l. vernemeit Ae I'univers: * Il croit'qu'un Etat ne peut êtrei bien gouverné'que par la sagesse jt le conseil d?un prince; il

croitlu'gnc màison ne pcirt subsister sans la vigilalcc e[

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CHAP. 75

Mais, dit-on, ni I'un ni l'autre n'ont songé, en composantleurs, vers, aux classifications de la rhétorifuô. I,a chôse est

possible, e[ même fort.probable; mais il nten est pas moinsvrai qu'ils ont employé les lieux communs, et qu-e I'ernploide ces lieux a contribué au développemenù de leur pensée.Il n'en est pas moins vrai, comme je I'ai dit plus harit, que,si vous citez un passage quelconque d'un écrit ancien oum949r!9, pour peu quril ait quelque étendue, iI rentrerainfailliblémtnt dàns u-n ou plusieurË des lieux Oiinnis par les

rhéteurs.J'ai cherché à bien m'expliquer au commencement duchapitr"e précédent : les lieux âssurément ne sont pas lesidées, et je ne les présenfe pas comme tels I mais, s,i'i m,estpermis derevenir, à cause dè son exactltude, sur une compa.raison tirée_d'objets purement matériels, je dirai : Les com-par[iments d'un-e boutique ne sont pas nôÀ plus les marchan-

djsps, e[ cependant si lè ruarchand est priîé de ce secours,si les matériaux de son commerce gisent confusément en-tassés autour,de lui, il perdra un témps précieux avant demettre la main sur la denrée demandée-. Souven[ même,quoique présente, la cherchera-t-il vainement

. - f,a rh_qtoriq_uer'qu'on ne l'oublie pas, ne donne point lesidées; elle indique où eû eomment on peut les décoùvrirr lesdisposer, les mettre en æuyre, les retrouver au besoin.'LesIieux-sont, en quelque sorte, les cases étiquetdes où dormentles iddes acquises. Vienne l'habitude, ltcrivaiu y recourrainstinctivement et sans peine, commé le marchand expéri-menté retrouve, Ies yeux ferués, Ies divers objets dê soncommercer, selon les diversités de la demande.

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"t Ii5.rr

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cHÂp. vI.. 77

telle-hypothèse donnée, u C'est moi que j'étudie, disait Fon-t-e&ell,€rr,guand je veux connai[re les autres. l Car c'est en

nous surtout qu'il nous est pleinement loisible d?apprécier etdle suirre Ia naËure i e\ez les autres, elle s'e[veloppè souventdltn.voile que leur volonté jotte autour d'elle; et-donr il nenous estpas toujours donné de la dégager.-,rtepqndanl, , bien que ehaque individu ait en lui quelque=ahotu de typique, et soit, comme on l'a dit, un micr-ôcosme,i{-nigst:pas seul au 1ronde, et, tout en s'étirdiant soi-même,

il,r$g,çloit point pordre de vue les autres, dans les diversesniodificatiotrs que peuvent leur faire subir le climat, l'âge, lers8{er,le, tempérament, le pays, le,siècle, la religion, les-insti:tutions ltolitiques et sociales, Ies relations de fâmille, I'ddu-rcfltipn.i Jes, occupations enfin, et lcs habi[udes journalières.id QuelquÊs renarques donc _su_r les divers élémcnts que je.r,lpûb d?énumérer comme modifiant, Ie earactère gCnéiat de'f,,"buuqanité.

Les doux plus puissants sontl'dqe et lé sere..*j,,,Aùittoûe1 ùIorace, Scaliger; Vida; Ia'Er_eSnaic'Vauquêlinr-Rognûer, Boileau, tou[es les poétiques etl les rrhéûoriqùes]ota.p{ésbnté',uûe image plus lou rnoins lidèle des",modlËsati{rns5lqcpqssiqe$ quel'âge apportre à nos.mæurg ir' : rLj,",..r, r,, !r,'

_1 .!

Ire temps, qui change tout, change aussi nos humeurs,Uhaque âge a ses nlaisirs. son esprit e[ ses mæurs.

," Uri jeuie homm'e, toujours boûillant dans ses caprices,Est primpt à recevdir I'iinpression des vrscs :,

Est iain ilans ses discours, vologe e.n.sgs déÉirs,Itétif à la ceusure, et fou dans les plaisirs.L'âge viril plus' mûr inspire un'air plus saggo

ùG pousse aupres oes granûs, s'rnûrgue, se mcnage i,.. Uonl,re les coups du sort songe.à se mainÎenir;

Et loin dans ki prdsent regaitle I'avenir. . ,(ir i : .

La vieillesse c-hagrine iniessamment amasse.Gande, non pas poùr soi, les trésols qu'elle entasse I

il

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contemplationintelligente de ces portraits présentera toute

une étude de mæurs; elle aura, pour le.s siècles passés, IeinËrite des voyages quand il s'agit des contemporains, et serasdlVent plus féconde en révélations et en idées que toutes lesl,c,gpl4pÈç, Une seule visite aux salles des Antiques clu Louvrefpit-.inieux connai[re les mæu_rs grecques et romaines gue ledé$ouillement de vingt in-folio.,.,Ce ng sont pfls, en effet, les liwes sur les variété.s caractd-

fÏstiquijr des s1ièeies et rlcs'nations qui nous uranquent,l maispaqfoiql'osprit de flatterie, celui de dénigremen[,'[es pr{iugésèB"un sens quelconque ont guidé les auteurs, ou lpien ils ont,tracé des poitraits de fantaisie. Je doute qu'un Carthaginoisof tin Germain, peint dhprès Tite-Live ou Tacite,,fiit ressem-blant. .Dans tous les cas, il est rare que les écrivains suffisen0

lfprnéndjrer bien avant dans fInfiruild; en qpelque sorte,

rfun peuple.- ihËËËir,âAo préférable, à mon gré, seririt d'étudier, pourchagqe. bation, non pas seulement les écrivains qui ont pré-tendù la peindre eæ professo, mais aussi celui qui, instinc[i-vementr, a Ie mieux personnifié en lui ses concitoyens, et dontles ôùvies, comme un miroir, Ies reflèt9lt Ig plus complé-tementl de chercher, par exemple, parmiles écrivains grecs,

1om,afurs, français, anglais-celui qui est le plus. réellement etle plus complétement anglais, français, roriiain ou grec. Ense pénétrant bien de l'esprit de ce type national, on corn-Prendra et on expliquera mieux ses compatriotes't'-

Uo.u*u-ple seirleirent pour montre.r qïe d'iddes e[ qriellevaniété d'idées et par Ià même d'expressions fait naitre I'ob-servation.epprofondie du caractère d'un peuple, modifid par

)?1..

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86 DE rÀ ntrÉTOntQUE.

de Tolède, le xvr" siècle est épuisé; que llenri lV ou louis Xl

sont connus à fond, quand I'un a jtrré aentre-saùtt-gris, elque I'autre a baisé les saints en plomb de son chapeau. Demême que l'on a dit de certaines gens qu'ils sont plus cntho-ligues que Ie papc e[ plus royalistcs que le roi, il y a tles écri-vains qui, entrainés par ce clésir outré de courir après desparticularités presque toujours matérielles, se montrentplusEspagnols ou plus Romains que les Romains et les Espagnols

eux-mêmes.Evitons ees excès ridisules, N'oublions pas, comme je I'aiI

dit ailleurs ('), qu'au fond de toutes leq spJcia-lités locales ou j

temporaires repose toujours I'humanité identique et univer-|

selle; qu'avant tl'être l'homme de telle période et de-.telloI

- uv.J.lr.-v

latitude, on est l'homme; qu'exprimer ces caractères gdnéri-|

ques,.ces,passions, ces mæurs, aussi vieilles q:lc le monde,i

ces vérités non moins anciennes, qui forment le fond corn- j

rnun de l'humanité, est la condil,ion essentielle de tout, écri0 |

digne d'être lu I que plus un écrivain conserve de points deI

contact avecl'humanitéen général, plus il obéit à sa nature I I

que plus il pénètre avec profôndeur et sagacité dans le dornainaI

de tous, plus il est, fidèlc à sa mission. I

Remar(uez enfin qtie I'orateur ou I'dcrivain ne doit pas j

seulement apprécier lesmæurs dans leurs rapports avec l'arr- j

diteur ou le lecteurr'mais s'appliquer à lui-même la plupart I

des considdrations que.nous avons fait valoir. Sans parler,en effet, de l'expression, il est bien des idées qui n'auron[rien de déplacé dans la bouche ou sous la plume d'un homme,d'un qrradragdnaire, d'un soldat, d'un boutgeois, et dont unefemme, un jeune homme, un magistrat, un prêtrer devronts'abstenir. Ce parfait accord de l'âge, du sexe, de Ia position

de I'auteur avec le sujet qu'il traite, les circonstances où il setrouve, I'arrditoire ou la classe de lecteurs à qui il s'adresse,constitue le quiil ùeceat des anciens, ce que nous appelonsles biensëaniles, et se rattache évidcmment au chapitre desntæ'urs, Je ne puis qu'el[eurerce qu'i[ y aurait à dire à ce

(t)Histoîre ile la littératutifrane,aise juqa'aa xvrrri s/àcle, 1. [rr, p. v.

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CEAP. TI. 87

sujet, rnais j'insiste d'autant plus vivement sur lbbservationdes bienséances qu'au milieu du bouleversement universel

dont nous avons été témoins, le sentiment paraît s'en ê[reperdu parmi nous. On'a ri de la stupéf:rction de ce maîtredes cerémonies de la cour de Frauce, Iorsqu'il vit, au eom-mencement de la révolution, un ministre entrer ehez Ie Roiavec des souliers à cordonsl c'est que cet oubli des conve-narces était pour lui lc présage de la dissolution de Ia monar-chie; rie qui voudra, ruais l'oubli des bienséances littéraires

est pour moi le présage de la dissolution de la littérature.Le passé n'est pas si loin de nous pour que je ne puisse répé-ter'ce que je disais il y a quelqucs années: puissent lesjeunes écrivains de l'un et l'autre sexe bien comprendre queI'outrecuidance des prétentions, le ton rogue e[ magislrals'excusent à peine par l'autorité d'une virilité puissante oud'une tête blanchie; que les rdformateurs au rnaillo[ ou en

cornette fbnt sourire les personnes sensées; que le laisseraller du feuilleton ou l'échevclé, I'excentrique, le décousudes romans à la mode, il y a peu de temps encore, eontrastentpéniblenrent avcc Ia diguité de certains strjets; qu'il est deschoses que cerl,aines personnes doivent f'eindrc d'ignorer,d'ignobles et hideux spectacles qu'elles ne doivent jamais seflatter d'avoir vus; en un mot, que, si les bienséanc€s ne

sont pas la vertu, elles font supposer qu'on y croit encore,et quc, si I'on a la folie de mdpriser les autres, il faut au moinsparail,re se respecter soi-mêrne.

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cMp. Yll.

... Si vis me flere, dolendum estPrilnum iPsi tibi ...

vérité si. incontestable aux yeux de Boileau, gu'il se sontentc

de Ia traduire :

Pour me tirer des pleurso il faut que Yous pleuriez I

et ou'ailleurs, après avoir accordé à l'amour- une place-domi-

ili; d-;;-É Ëcrits, comme dans les sentiments et les ac-

tions des hommes, il ajoute :

Iltais pour bien exprimer ces caprices heureuxt

. C'est leu d'être poêtc, il faut être amoureux'

Je réponrls âvec un ancien : Sfsâ onÙne.,s! e,go::!'i1L:l,l llparti je pârtage si peu l'avis de Boileaur qÛer si l'osans' Je

dirais, en retournant son Yers :

. O'est tout d'être poëte of rien d'être amoureux'

Ouoi!ilfautguelepoëterleromancierr.Iorateuréprou-v*rit oo aient épr'ouvé tôutes ies passions qu'ils

".,11.11ooil'

muniquer ou ,*pri*tt ! Corneïle, le plus paciûque des'Ë#;i;;" aî ,àrfu"ti- la haine monstruêuse_dc Cléopâtre ;

nfofiOt..ie plus généreux, les transes ridicules de l'avare- I

iîi;il.^il"p1;r:;;piiqoâ, le relisieux enrhousiasme de

Lusienan; SËnkespeare enfin,toutes les- passtons, car en

â:iiTË .il-l.t'-it e*tppe t Le. cæur. jaloux de llxolièrei"i r

"Atefé,me dit-or; lascbne dejalousie da ll[isanthrope'

i, itï.o* bito.-M"it'dit.s-moi, { votre tour, n'a't'il pas

;;.;i Ëi.o réurui dans le Turtufe?. et soutiendrez-vous {trle

,trt a]. même .ourar qu'il a pi,is6l'abominable langage de

I'hypocrisie ?a

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cnap. vtt. s{

ù la frris misanthrope et philan[irope, Burrhus et Néron ? Eteeoendanl,de deufehosés l'une : ou l'ous ctoyez qu'il éprouve

à Ïa fois des passions exclusives loune de l'autre, p.uisqu'illes exprime é$alement bien, et aJ.91s vous admettoz I'impos-sible i ou vou-s ne croyez pas qu'il les éprouve, qrroiqu'il les

exprimc également biên, et al-ors votre précepte est obscurou virle. "

Je me rappelle avoir assisté un jour à une séance dc le

charnbre dei'représentants. L'opposition avait poursuivi un

nrinistre dcs plùs graves reproches r- d-t! injures même lesDlus sanglantàs. Ehporté par une indignation véritable etientie, cdiui-ci s'élanèe à la tribune. Il était rigoureusementalors dans les conditions exigées par Antoine : ses- yeulétaient injectés, ses joires empourprées;. il veut parler, ilbalbutie, fl pouôse deé cris corf_u_sr- sa colère réelle le suffo-oue r il iou'choit au ridicule. lllais en même temps, il ne

riranquait ni de talent, ni- d'énergique volonté; il sentit qu'ils'égaiait, il eornntanda à sa passion, I'homme fit place à

I'oiateur, ct I'assemblée émue lui prouva g-u-e, p-oïl' commu-niquer aûxautrcs son indignation, il faut d'abord la dominersoi-même.

Non pas que je nie que, en certaÏnes-circonstances, la.pas'sion neisonneltê puisse inspirer une idée, un mouvement

oratoire. un cri, uïgeste entraînalt et irrésistible. Je viens

de le tlire, et jé I'ai ieconnu dès le premier c}apitre de cetouvrûqer éttr d parfois de soudaines-illuminations, et révèledes ripports inâperçus dans l'é[at nôrmal.. J-e souticns seule-ment ôù'e[e u'eit pâs l'auxiliaire indispensable, la conditionsine qùa non de l'éxprcssion I q-u'il ne fautpas, dc néccgri!étêcre âmoureux poui peindre l'amour, ni pleurer réelle-ment pour arracfuer dés larmes aux autres. Bt grâces soient

renduês à I'auteur de la nature qui I'a permis ainsi I car onconçoit que, s'il en était autrement, -lâ

vie de l'éerivain etde i'oraÉ'eui serait la plus intolérable existence qu'on pùtimaginer.

Là vérité, à mon avis, c'est que l'écrivainqui vcut commu'niquer ou cxplimer la passion doit, non pas la ressentir, mais

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g2 nsdloRlQUE.

la com.prendre; ee qui est bîcn différent. sa devise ser.nvers de Térence :

Hopo sum, humani nihil a me alienum puto.

Il étudiera do'c Ie c(Eur" humain, non-seulenrent en luii:itj^rT les autresl il cherchera à é'explique", à Jassimit1î:l :g^g"',J.F run.ontrera, ruême 4ç bluu extenrr\ue, dp.l.",r q*ipathique à sl propre nature (,).'ni eeti;;h.sitd d'observadion,

d,iinpdrtialitd, dà'dirt"n.iio"-J, uoi, rosupposan[ une grande sensibilité théorique et:yl*i,ry_ une grande sensibitité théoriqu-e e-[ générale, pou

:lT,:1,,1i"r, dCtruir roure idée de sensibitité prariqfue €

DA t,A

ac0uelle.

au parterre. Remarquez les mots suivants :

[,a passion comprise, l'écrivain saura Ia feinfue lui-mêrnego.lu prêter aux autres.. Et bien cer.tainement, ce[te idée de{iction est au fond du précepte dcs anciens. Dans l, dri;;ir;rlest d'Horaceo ie ne vôis nolint de larmes. mais nlrrÂr

"";.;l;i11-{'{orace,

jg.n9

vôis. p.o-ipr de larmes, mais

plu;dilffii;-_

ï_-*_", J:.uvyvrù- p-rrr[r0 u.q l.|l-tlrr'È, uruts

pru[(,[ ce[ alriet ce langage tris[e gui doiven[ nous en amdcher à nous i

SDeefgf.crrns- nrrrlifarr* f oaf a,'-o aaant^^ .I^ ^l^^.^^^--^ , - ,- |pectateurs, auditeursr.lccteurs, troupe d,e pleureur+".r**; IIes appelle Diderot, qu'il_chasse de la'scènd pour lesi.eleguer

t

au parterre. Remarquez les mots suivants : vI

.l

... male si mandata.loqueris.Aut dormitsbo, aut ridèbo...'

C'est un mand,at qu'ont_accepté_!'acteur et le poetc I c,estune passion decomntand,e dont ils doiventprendrb le masqueet leg'parolesr-mais un masque d'une irréprochable fidériié,11ais

des,paroles d'une rigoûreuse convenance. N'est-ce pasurceron lui-même, ee grand champion de la passiou réelle,g.ui * dit quelque.bartr-el rapporta-nt l,opiniorr des péripatél

ticiens : * Four allumer la côlère dans i'âme de l'Ëudiieur,qua.nd m,ême oh, ne la ressentirai,t pas., il faut lu fetndre dimorus par ses paroles et son action. ,, Relisez aussi le ehapi.

* (') l" recomoande le mctprofonrl d'un des plus habiles artisles du Ttréitre-Français: ( Pour savoir bieoiire, il faut savoir'preur.";

"t 1,o,ir-r""oî"il"or.",il fuui savoir. rire. ,r

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CEAP. Vll. 93

r

tre II du Yl" livre de Quintilien, où il traite des passions;

"ooiu.tttzr quoi qu'il sàml{g, gge nous ne sommes pasloi'dr oour .otâridre. îout se rédûit à ce précepte : si I'ous n'avez

pài"iio pu..ioo, tlonnez-uou,s-la, à l'âitle d-e cette faculté qge

i* CrràË appellânt {antaiste, et nous imaginatï,om. Ai-je ditautre chose?

Au reste, vous conccvez bien que- cette intelliggnce de la.passion portéc jusqu'à l'illusioùr est le comble de l'art; vous

concevez qu*, po,rrpeindre avec-une certaine perfectionr, Ou

pour soulever et calriler à son gré ces fièvres de_I'âme, il fautI it.*i"rin des dtudes aussi o-bstinées, aussi diverses qu'au

meae.in pourreconnaitre et.guérir les maladies du corps. Je

r**ru iofioi si je voulais préftnter_ ici cctte pathologie intel-ià.tu.tt", décriie successivement les signes, les phase-s, les

.g.tr aà irutes les passions, indiquer pour Ia reprod uclioo de

.hn.no. d'ellcs leirègles et les foodèles à suivre. Jc nc l'es*

saierai mêrne pas. C'eit atr jeune dcrivain à"en rechercherlesir*ptO"r.* *t l"r diagnostics dans les maitres I qtr'il étudie

oi."'roin Ia manière iont quelques grands copistes dc la na-

ture les ont.préseutées et, nlranôéesrîont ils les orrt fait res-

.àrii" pri- t*i contrasted et les repoussoirs. Ddmosthène,

Cicéroô, Ilossuet, Mas-sillon, BotrrdÀloue, Mirabeau, les tra-qisues ânciens e[ modern.s, nos grands poëtes, rros g1a1ds

ioilanciers four.niraient milie moifèles de la passion décnitetexcitée ou calmée.--Mais,

ainsi quc lc praticien soinstruit principalement dans

ler hôpitau* ei au lif des malades, c'est surtout dans les as-

;Alriê;r politiques ou religieus.s, -daos-Ifl pla.99.9t.la voie

nublique, àg paite"re des thlâtres, dans la socicrté intime où

i;, gfrte i" truioru ou le hasard, que l'écrivain étudiera les

passions:

Seenius irritaut animos tlcmissa per auremr.

O,iu. quæ su'ut oculis sutrjecta fiilelibus"'

Un lhit donton adté témoin, un mot, un signecaractéristiqle'J"nopper a instinet à la passion, que i'obsewation les recue[lle,

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cuAp. vn. 9S

leurs aux jeunes gens, yous remùrquercz'que cette matière,purcment didactique pour les deux premiers, es[ animde par

I'attendrissement clans lll. de Fontsnes, par I'enthousiasmedans Voltairc, par l'indignationcon[re I'opinion contraire dansBoileau, et plus vivement encore dans Corneille. Eh bien,voye4je ne dis pas précisément gue d'idées neuves, mais quelant de iajeunir de vieilles idées ces quatre poëtes doivent àl'introduction de Ia passion dans leurs vers; et eomment,d'une autre par[, si vons n'êtes pas convaincu, vous regrettez

au moins de ne pas l'être.II serait dilficile d'indiquer des sujels où il soit interdit àr

l'éuivain d'introduire la passion. C'est à peine si j'excepteraisles plus sérieuses abstractions des sciences physiques et phi-losophiques. 'fout dépcnd de la manière d'user e[ du soin dene pas abuser. Les rhéteurs signalent iei quelques écueils,sur'tout dans les parages de l'éloquence.

D'abord toute matière oratoire rccompor[e pas la passion.

L'Intimé des Plaideurs, dépensant autan[ de mouvementsporrr son chien accusé du mèur[re cl'un chapon, que Cicéronôontre Ca[ilina, n'est plus qu'un personnage de comédiq.C'es[ le dévot demandan[ à Jupiter 6on tonnerre pour fou-droyer un insecte I c'ept l'enfant, rlit Quintilien, qui veutchausser le co[hurne et prendre le masque d'Ifercule. " Quel'orateur soi[ circonspect dans l'usage de la passion I c'est icisultout que du eublime au ridicule il n'y a quoun pas.

Autre-observation. Dans un livre, yous pouvez préparerle lec[eur, I'amener peu à peu à prendre vos irnpressiohs,l'échauffer insensiblement sur les sujets même les plus indiffé-rents au premier coup d'æil. Et puis, queyous n'y parveniezpas, il vous quitte sans se plaindre I la faute n'en est pas àvous, mais à lui qui, il'humeur triste, a pris un livre gai, ou

d'humeur gaie, un livre triste. Il n'en va pas ainsi de lbra-teur. L'orateul es0l'esclave de son auditoire; il doit en étu-dier les dispositionsr les flatl,err les caresser d'aborql, s'il veutensuite les gouverner à son gré. Qu'il n'aille pas se jeterbrusquement evec ses passions vraies ou feintes à la traversedcs esprits. Cicéron le comparerait à I'homme ivre qui tombe

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THAP. VIIT. t0l

Or qomment arriverà la disposition ? Comnte on es[ arrivéà l'invention. Pour dispôsertes idées, eomrue pour les,trouvgrtIe rnôyen le plus puisÀant et le plus e{ficace, c'cst d'en fairel'objeid'une inéaiia$ion co-ustalte e[ profonde. La méditation,en révélant les rapports des choses èt des êtres entre eux, a

Erandement contrifué à I'invention des idées; en révélant lesrandeme_nt con invention des idées; en révélant les

iapports des idées,entreelles, eIIe contribue égalementà leurdisposition , .

u Pour peu que le sujet soit vaste ou compliquér je reviens

toujours à Buffôn, il eit bien rare qu'on puisse I'embrasserd'u-n coup d'æil,

-oule pénétrer eu entier d'un seul et pry-

mier effort de génie; et- il est rare encore qu'après bicn des

rdflexionso on ei saisisse tous les rapports. On ne peut donctrop s'en occuper I o'es[ même le seul moyen d'affermir,d'é'tendre et d'élever ses pensées; plus on leur donnera de

sribstan.e et de force pai la méditation, plus il sera facile'ensuite

de les réaliser par l'expression. r'Le premier poino ar meAitef dans la disposition d'un ou-

orage, c'est l'rinitd. Voilà le précepte qu'Horace a miÈ en têted,el'Art poétùque :

Denique sit quorlvis simpler duntaxat e[ unum.

,Oo a distingué plusieurs espèces d'unités: l'unité d'action,

distineue point l'invention de la.disposition, tl semblo avoir prévu daus les Jelssuivarits't'ouùes les folles iuaginations tle ootresiècle. -

( fnventer, dit-il,

, Ce n'cst pag eDlassor sans dessein et eans fornre,Des mertr'bres enoemis en nn colosso dnorme...Délires insensés I fantômes monstrueux!Ces transporls déréglésn vagabonde manier-Sont I'o,:cès de la Eèire' et non pas du gdaie;

I)'Ormuzrlet d'Ariman ce sont leg noirs combttst

' Où Dartout sonfondus, la vio et lo Îrépas,Lesienèbree. le iour' la forme et la matièreLuttert sans'êtrè unis; mais I'esprit {e lumiêreFait naitre en ce chaos'la concor-de et le iourtD?éléments divieds il reconnait l'amouroLes rappelle. et Dartout, on dobsureux intervallestSeporc'e't mei en'paix leô semonces rivales. u

On oo pouvait erprimer dans uo langage plus poétique les avanLagss de Iadispositiein.

g.

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tuaF., ,vlrl. 105

Je ulexige pes non pltrs que, dans le lravail spécial des

divorsespirtiès,

ils'asîujettisseà suivre ù Ia rigueur I'ordre

qu'it s'otri iracé irimitiveinent. Une fois.Ie :plan ,bien arrêté,ii n'v a Drs d,inôonvénient à traiter tandt Unerpartie, tantôtloaufre, ielon la fantaisie et l'attrait du moment.

* Il,, y a dans cette conduite, dit Condilluc, une, mirnièrelibre qui ressemble au désordre, sans en être un. Elle délasse

iË.ïrït" .ti-loi présentant des'objets toujours différentsr'et

elte lui laisse ln iiberté de se livrer àr toute sa vivaeité. cepen'

àant ln subordination des parties fixe des points de vue quinréviennent ou corrigent les dcarts, et qui ramènent sans

à*ss. h l?objet principàI. On doit mettre soh adresse à réglerl,esprit. sais liri ôter sa liberté. Quelque ordre que les gens à

talent mettent dans leurs ouvrages, il est rare qu'ils s'y assu-

iettissent. Iorsqu'ils travaillent. u

nlÀir, âe quôtqoe façon qu'ils soy prennent, le résultat doit

,&rô iei que cha!1ue iàée èngendie en quelque sorte l'idéesuivqnte;'que celie-ci, en amànaFt.à son'tour une autre idée,

,uroe un riê*u temfs à la précédente d:explication ou de

ddveloppemeût. Ne perdez fas de+u9,'el efret, q,ue toutepropo.ition suppose trois quôstions à résoudre,: Ia chose est-àll.l oo"tqudi'est-elle ? cômment est-elle? Il faut établirnexpliquer, âévelopper. Cet ordre s'applique à tout. Un exem-

nlè mettra mieux cette doctrine en tout son jour.' Je choisis la prenière partie d'un des sermons de Massil-

lon" dans le Peti,t Carêrne, celui sur les Tents,tî,ons d'es'

orinils, ct je le choisis précisément parce que_l'enchaîne-"ment .iet idé.t, en s'y ïéveloppant-presqu-e d'u-n- bout à

loautre avec l,eiactitud-e et l'aisânce oidinaires à Massillon,n'v est cependant pas absolument irréprochable (').

îe textàesttiré'del'évangile du jour t Jésus--fat.conduit

par I'esprtt ilans le désert Ttdur y êire tenté-par lè di,able'' Dès liexorde, vous saisi'ssez s-ans peln-e lâ -penséeprinci-

pale l rr Les grânds sont les premiers objets de la fureur du

(r) Voici le texte dc Massillon que j'a-i rlivisti pa|. paragraphes pour r1u'on pûÙ

lciippoltcl plus focilement à rtrorr anulyse.

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{06 DE bA lrnÉTotrtQUË.

ddrnon; - ils doiven0 done plus que tous rutFes,se.teni+engnrdecontro la tentation et ia eorirbottre. r,'Mais

ce secondmémbrs. d-e phrqqe-r -ce con-séquent reste sous-entenduS itsera aisé de le déduire de l'enserntrle du'diseriurs; Ilr fauUavan[ to-ut s'occuper de Ie preuve et du dévelopliement''dsl'antéeédent. ; .,,,,,.-,1.,,i,*!, 1'

D'où loorateur conclut-il que tes grands sont lesipreniiérisolijets de la fureur du clémôn ? Dc'ia eonduite au itsoin n,l'dgard dc Jdsus, type éternel et universel des vcritésmoiare.sjdans chacun des actes de sa vie terrestre. L'espriL èn'ëffet,jne cherche à tenter Jdsus que_ parge qu'il préioi6:sa grnnldeur'p_Brce qug !a naissance de Jésusl ses- droitsià le-,ryou.u

Tgnne.' les prophéties qui l'annonçaient ne lul permetruslrprr$d'en douter. Tout croyant adnretlra cette preuve saùs diffr.lctltd. Puisgue Jésus-Cbrist a étd tenté, lei grandé pe[vÈÈit,donc l'être e[ Ie sont plus que d'autres. (Voyiz SS I et g.),

. lllaintenant, pourqiroi les grauds sont-iis lds prË"mier. oÉ;otsde Ia fureur du démon? j lo parce quo teïr position'llufipermet de les attaquer plus facilement ôt plus sûiement.qtibles autresij9o parce que leur chute lui rêpond .de cbllu;ittgtous eeux presque qui dépen_dent d'eux. - Il semble, auprq4ieq gppeçl, quç ce sgcopd motif, beaucoup plus puisiantquo -l'autrer. etit dû.être présenté dlabord ; mriis cdmmê,te

lq eç ï9r'gte9r,.déterminli pgr la nar_ure de i'auditqi*ç aUgupTil s'ndredser'dtait de prdveirir les chutes des grands, d'esdsur' Ia faeilité de ces chutes et le danger des séduetions â reurdgard qu'il appuie principalement ($ 3). ,

' ,,' ' '-'.'.,

o r,'sire, les signes éclatants qul avaient aceompagné ta nalssance et les com-mence'rents de la vie dc-Jdsus-chrjst ae pern-rettui"-nt par au démon d'ignorerque lc Très-Éaut nc le destinât à de grand'es cboses.

a a. PIus il entrevoit les premièreJ tueurs de sa grandeun future, plus

ilse

hite de tui dresser.des prégei.sa descendauce des "drs dc .ruda. .À" àr"ii -À'i.courortne de ses ancétres, les prophéries qui anuonçaieot qrre, dan$ les derniersl-emps, nieu-susciterait de la i"ce deDaviï le prineË de l"'pair et, le libé."ieuide son peuple, tout ce.qul annonca le giandeur de Jésus-chriit arme Ia mlllce ilulenlateur co-ntre sôn iùnoconco. .' 'r | ,.

- a 3. Les_ 6randÀ. sire, sonl les piemiers objels de sa fur.eur. prus erpàsés àuolcs'aulres hommes à ses séductions et â ses lirdges, il commence de"bo'nnô liôiiol',teir,en prcparer,.er. comme leur chute tui .Epon,t ,i" p_iarl"{iJ'.g,ê.i'gii.;il#del,cndent d'eur, il'rassemble toùs ses treits pour les 1,erdi-e.

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0EÂp. vln., ûLU

jrl{-}b, lDqgyéillçerrdl.cs tmyûttx rrrn faiblodenrslétonnCIu f,-!lr ,ri;,.r,,i, r

r.irrrri'Apprenotgfyle^llit

*-:l:^{t:j_e__ta!o-nqr : ! . j rr.,,{,'! .

.!.. I.I rron[Doussutvonslacour.'.llj;j-,].Nertous";;li;ïil;ïilËi#iia*vlvcflaiir'mÉ.,.-.ll",-." 'lr'tl Dt cecailes de feu qui ravissent une âmc . ' .' ; ,r.r-'.'i it'i''

.iu*ç Jlr ,.:,".','.i,; *u cdlcsts séjour. ':,, , îri'r i1[' !::.Ji! - ' .-'t:r[fi:J!"1, ..r.rf Ii rr, i r [1;r,r'-i-"- 1=,

Commentrqp.fait-itr que les doctes sæurs ouvrent toucleursêndsor.s ôfrertains esprits faci,les, qu i n'éprouvèrent ja mæis detryogspgrtb, puisque, d'ude autre part, Apollon ne vénd ù ceu sQuisuùuamt sa cou,rr- g'est-à-dire au poëte guel gu'il soitr lesûmiæ rdollement su'blimes qu'au prix'des veilles et des tra-sau&,? Les trraits d'Apollon-sont ïonc au[re ehose guo le$,trdsors-des doctes sæurs? - Mais, dites-vous, ce.n:'est làgulunerréponse ironique à I'dcrivain froid et indolent qui se?,t'oirâit poëte pour avoir rimé quelques vers faciles. Je Ieveul bien, mais il fallait Ie faire mieux sentir, et de toutc

,$ruiQrg il'reste quelque chose de louclre et d'inoomplet,duns ldpensée. Poursuivons. ;i',,-'i Il'. faut donc nécessairement cles veilles et des trayaux.Gest'par là qu'un proptrète fidèle allait chez les llieux inter.roger lo sort, strophe_7. Quel est ce prophète? Isaïe? moisalors pourquoi chez les Dieuæ ? et plus bas, profanunt laretraite d,es Dteur? Prométhée ; Tiiésias. 'ouî tout autrc ?

alors pourquoi f,ilèle? allusion obicure, à uion avis.C'est par là qu'Orphée retrouva Burydice, strophe E. De-tstrp,,.mirqples ne se renouvellpn t pl us;, s tnophg I nô,h I .si j lqyaisIe même pouvoir, strophe {0; je n'imiterais ni ce prophèto,ni Orphée, strophe { | I j'irais dire aux Parques que vous êtesle plus juste et le plus généreux des hommes, et qu'ellesdoivent vous rendro la santd, mêmo au prix de ma vie, stro-

phes l2-18. Je réussirais, s[rophe {9. Dès lors vous jouiriczd'une santé toujours florissante, strophe 20. ITIais, hdlas ! iln'en est pas aînsi I et les Dieux qui donnent à bhacun unepart égale de biens et dc maux, en t:ous douant de talentset de vertus, vous ont refusé Ia santé, strophcs zl-z&.Qu'im-,porûq,Éu reste? ce qui yous donsolei biest quolvotf,e Domseru imnrorlel, l?avenir connaitfar fos,ilmdritosiet vriu hauts

40.

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CHAP. YIII. {I5-tant des sujets unis et faciles, qu'en,perçantles sentiers ile lo

montagne,i'est-à:dire en s'aitdquutti à des sujetsplus

éler'és,h l'éloge du comte du Luc, par exemple. Mais à quoi revientce[te réflexion, puisquevous n'êtes vous-mêrno ni clans l'uncni dans l'autre de ces Catégories ? Vous n'êtes pas de ceuxqui suivent des guides vulgaires et ne détournent jamaisleurs pas des rou[es populaires, puisque vous vous égareztoujours loi,n ilas chemtns fiaués, D'autre parû, vous nopercez pas les sentiers tortueux de Ia montagne, puisquevous ne faites qae promener aos rhterî,es il,ans les prairtes etles bods.

Quant à Ia dernière strophe, si pompeuse de forme, ellene fait, comme pensde, que ramener asscz guuchement l'idécde l'exorde. Le dirai-je? On croir'ait presque quc ce morceaua été fait, à plusieurs reprises I le poëte aurait d'abortl écri[ lecomrnencement à part, mais n'ayant pas trouvd lratière h

toute une ode dani cette scntence pourtant si {éconde, /egénie ne s'acqui,ert qu'd, force de tràaqil, il l'aurait ensiriteienouée à l'éËge de'son'protecteur. qua'nt à ce dernicr, jcne yeux pas chicaner le poëte à son endroit. ll est bien cer-l,ain qu'aux yeux de la postérité, la santé du comte du Lucne ruérite pas un tel enthousiasme, qui Ïre ,senrblerait con-venir qu'à propos d'une maladie de Louis XIV ou do Napo-

léon. Mais en accordant que Rousseau erit eles rnotifs légitiruespour placer l'ambassadeur en Suisse au rans des donrinateursou des bienfaiteurs de l'humanité, son ode n'etrt rieq perdu,ce me semble, de son éblouissante et harmonieuse poésie,et efit gagné comme logique, si son plan eût été à peu prèscelui-ci :

Il est des génies privilégiés qui, une fois domiilés par l'en-

thousiasme poétique, font des miracles, Orphée en est unexemple. Si j'étais un de ceux-là, je demanderais au destinla santé du comte du Luc, ou du moins je lransmettrais sagloirb à la postérité. Malheureusement m-on courage e[ montalent ne vont pas si loin, et c'est ce que je regret[e et commepoëte et comme ami tlévoué de mon hdros.

Au reste, si l'on veu[ voir I'idée de I'inspira[ion poétique

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il(; DE La nrÉTonlgur.

-ù...r1:.[.+é,crfr , e.-:lr rt-,"f'I â*{4,agtn i

traitde pâr un écrivain aussi irreprrchablo dans la nensdoquhdmirablo dans

la forme.qu'on-Iise

I'ode de f,anartine aPEnthousiavne; c'est la l16 ùéditation, r,.*. . .1

I

, x.[ iiil[:T-.i'-É,ÀÏt;tI

I

I

{ e'&0.tpeffi5i}'g.ii, ,1Èâôtt?,:ii(':rtirt'! --- .14&I'rIûOfAXU e,f ElC {.

âud 'rrrcq onoïJraTmlig"to sr,lùrT nqi'rrli"lrX "rirori lfuo aei'g6r as.f i

-iiril c ueilr;raolcolfl ,i'hrtl:,:,i[.,,lui rmi,.';r]r{i:nrr xfu u.ritrn'iaitea'n[;"t$roq s\'riuia înaaÏ. nr.,e rb sfu-llfiurslûfpai,fi ,rilf.ri'! ilitôq eJtec ebillliriibJ.ioqrtnl-IUtn(I"[email protected].,igrl;ippr.l3$rcJuoTj".ru$ls r scnim al.r Ju $oilis1r.frri,5 :t[r lrttrlfir .fr::r rr,duJr;u rrJon ccvnltiË'rrlrsiln auoa rnoiriltxo 5lirrurn o[

"ar.nl:rrlarrollà auon iâl

*mrin'rnrô srlonie$iA .egrlun ùncift"ll,eu,ig;..r'r +i'{t Ac ,Jnsrnurluo j

r:Jc Ë* o a[[e'np ss sb lislrvruaasr ra ri,.;ritv fi Jo arlîennor S

$o u'rbroalrb ct in.riov rils'np e:r no"rlu;r.rigi,nf'I "inq alrbuor s5

g61frt3f! ec{B$r ,e.;[lslr1''. .rl#ii.izl,-r.,lrT ".ii,r.ri" ].+x[1j1r7 er.loV '. i

-Èx'r{is[ iuo auiJ'tcq a+ii;r 3"jt:i-;i,,i i]i.t fu -*:.:i'r$i.:Ji',

g -t,rotnn:r*j.]ibi

;rirr.i3s x i

qi aoisre q'-" :i,;ffi il ;i_i i;il ï r,i;liil, "i,f '.î#j;fr i

=TUiIri'Iq Jioe tituOf16r[ s girrl.rg;tJf rjril- .Je+*to 1:i'rôtmC.rq *J 'i5rrgiJi;I ll ,eJi:cv qorT .noihl+i$li r.r'.*t!r-)rr uh ru,lasrn l;t r! àfiqoit i

p5u{xur1 J.ri_uG 'lt rllJL|J-rr}q $ iJ:!ri,!4'} r uBj[- *16'3 .r1':r'I3Ml$.[q [iû

i

srrgiJi;I ll ,eJi:cv qorT .noihl+i$li r.r'.*t!r-)rr uh ru,lasrn l;t r! àfiqoiti

rr"1 .lçrlr Jirlai$ca e[ Ii oàtraaarsr riotl;$i;rînl[:]] iut,f$,lirqas'I I

li.r1om rfi a.l.rôJpggi aol *eacitrrrÏ Ësb ern"pit*,dorlt_grr eoàqiqeI

e'iil,?rciile ,e.ro: elliru Spniv--ttJriuii i't :r3iii.rriil eir.ul.revn egÊi

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ctraP. lx. {{9C'estuno règfe qgbyblient pl-usieurs des romanciers actuels,ceu_x. surtout- qui écrivent d'ordinaire pour le

théâtre; il6multiplient singulièremen[ Ie dialoguel l'habirude dê Iascène les emportc à chaque page. C'est une faute, à mon avis.On a remarqué, que les rnai[res ne donnent en général audialogue que le quart ou Ie cinquièrne de leur cadîe.

Point de sévérité outrée cependant pour tout ce qui tientaux proportions des diverses

-parties. 'Défendreà ltcrivain

eette libertC d'allure, ces écarts d'imagination qui vont si bienà ,oebtaines natures d'élite, c'est aftchér un rigôrisme nuisibleau talenû. Loin de m'opposer aux développements donnds àcertaines idées favorites, benjamius de lafantaisie, j'applau-dis, surtout dans le-poëme didactique et le roman, aux exeur-sions môme hors des limites du sujet, aax éptsodes, auxd,igressions, qui divertissènt l'attentiôn irop lodgtemps sou*tenue et suspendent llntdrêt sans Ie détruire. Qucl éharme

Ie rdcit des malherys d'Qrp!ée nlajoute-t,il pas à Ia descnip-tion des travaux des abeilles ! Une digression égalementin'dprochablg 4" tous p-oints c'egt,co mignifique &oge deslettres que Cicéron a jeté dans Ia défense du po-ëte Arcf,ias etque tous lcs siècles ont répété.

. La digres_sion n'est donô pgint condamnable en soi; placieà propos et bien ménagée, elle prévient la monotonie et sou.

tient l'attention. Observez seulement qu'elle soit rare et ra-pide, {S'elle ne_vienne point diver[ir ûrop souvent le lec[eur,ni, en luttant d'importance avec fidée principale, divisei.l'intérêt qui_doit è\re ûn, c-'est la règle ïuprêire.'Arrière,saus.doute, Ie compagnon de voyagé-qui ne nre laisse pasrcspirer un moment, et marche à son but avec une roidéurtoujours inflexible ! mais en lui permettant les délassements

_etla curiosité, je n'admets pas

_qu'ils'écarte

à tout propos dela route, qu'il s'arrête pour étudier ici une fleur, là une ruine,au point d'oublier le terme et de se laisser surprendre à lànuit. q l)ans le discours, dit Pascal, il ne fautpoin[ détournerI'espnj d'u-ne chose à-une autre, si ce n'est pôur Ie délasser,mais dans Ie temps où cela-est à propos et non autrement iear qui veut délasser hors tle propos, lasse. u

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â22

exploits et en ruême temps re blâmer de lkppui qu'il donne& Astyanax : -r..-- -1- "

l"

$vagt gue tous los Grecs vous parleft Dar ma voix,$9utr1gz que j'ose ici me flatter Te leur'choixo$[ guâ vos veul, seigneuro ie montre quelquô joieDe ioir te fiis d'Âchiïtà et id

""i"oo.o"de Troie. t

9*girg ses exp.toirs- nouJaailiôil;";;;î'pr. -: .iflector tomba sous lui, Troie expira sous yous, ..: j

{t vous avez',!o_qrré Érr-uo;-Ëà,i;il;;;à;;

Q_u9le ûts seut d'Achille " po rÀàïli.d;i;;-.\ ''

.ûIais, ce.qu,il n'efit pas faitr'la Grèôe avecTôotuur ' i,vous voltdu sang troyen relever le malheuro elc. . , ,i.-,

,. Lbrateur a pleinement décrit la bataille de Rocroy, il;;T;drre un mot de lavictoire de Lens. u euele prince dïcondd,s'écrie-hil, erït volontiers sauvé, ta

'iie*o'Irrro. ôÀrc Au

Fontaines ! mais il se trouva par terre, p**i rôr *iuil*r au

T,t^"ll dol[ l'Espa"gne.sent en'core ta péite. nU" nr r.vnïipæque le prince qui lui lit perdre tant tle ses vieux résimenÈ àla Journee de Rocroy en devait achever Ie reste- dans lesPl1t1e9.{e Le_ns, etc. r, ,1,r,,r.,,f.,.,

L'artifice de-ces

transitions consiste daus I'emploi d,unÀidde intermddiaire,-qui lie deux idées eontraires; d *ê,o;semblablesr.lnais- dis^tqntes, eh quelque sorte. Éacine veut

une idée qu! justifie à la foïs les coÉpliments et les rÊp.o-ches adressés à Pyrrhus; il trouve l,ôxemple d'Âchille:, -ui, comm,e ses eæploits,,. Mais, ce qu'il'n'etat pas fuit...Bossuetr en veut uné qui llppnocÉe hbahille ae hocioy decelle de Lens;-_il trouïe I'E-s'|agne vaineue à Lens comrâe àRocroy : - Elle ne sau-ait pà_s-... Il aurait pu prendre éga-lement Ia France victorieusê dans les deux jbui^nées, etc.

L'antithèse est

laforme

laplus

ordinaiie de ced bansi-tions I continuez de feuilleter l'ôraison funèbre de Condé :Pendant gue le prince se soutenait si hautement avec Ïar-ghiduc' il rendait au roi d'angleterre tous les honneurs quiIui étaient dus... Nous avons-parlé des qualitds de l,âde,venotrs maintenant aux qualités de l,esprii... Si les autreÀconqndrants ont reçu unô récornpense airssi vaine que.leurs

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lE4 DE LA RUÉTOnIQUE.

-, , ','if, i! ll[l;Ï*

Imitez les artistes. En conservant à sa statueldesrllrf,s"sFdes jambes de dimensions pareilles et également propon I

tioniés au resto du cnrps, le sculpteur a soin de: donteriilrchacun de ees membres-uirc attituïe dilférente eû dlarrivtir,'aiqsi au coutraste sans blesser la synétrie. Le pelnÛrelre*opouqse, sa lumièrt par dcs o+*T ïigoureuses;-mais':C.'estaâu même soleil ou

-dumême flambeau que proviennon0lixiii

ombres et les lumièrcs; pour les unir, il cherche à im,i$erc_ette t_ransition d'une tdints à I'autre que l'air am}iant;'-prôr*.,

duit duns la nature, et,si ses couleurs erient', si sos iourq'napillotent.:olêst quï a violé ou ignoré les principos de Ëorir

Ëri. tegé;ie do Èeethoven e[ le-talent'ae féticien 'David',r

feront sicedder au calme embaumé dtr matin lesrmugissel.men[s et les dclats de l'orage, puis ramènerout bientôt apr.ds.'

Ia-sdrénifdi:mgis ees mille bruits ss fsniront toujoursçrLioil-'dans Ia,grande:voix du ddser[, là, dans l'harrnonieuirivbr-'

sellc del-a naturQ pastorale. ii"r' it i'iiVoulez+'ous du public mériter les amours ?

Sans cesse en dcr'ivsnt variez vos discours...' fleurcux qui, dans sos vers, sait d'une vtix légèr'c,

Passcr du grave uu doux, du plaisan[ au sévèro.

ii 1-|

, ,:' !!ii,'tr,i. ,ll'rL

. rjr:.,.,,

Ou plu[ôt hçureux qui sait être à Ia fois égal et varid;,dgal'

parle tissu, varié par le dessin e[ la couleur. !-

' Choru aisez étiange! L'école appelée romantique, {ginourtant ne paetisait guère avec Bolleau et tenait ses pré-"ôeptes en médiocre esiiruo, s'avisa de prendre celui-ci Èr la;letire, et, gubçtituant la confusion à la variiété, pouçsa jus"uqu'aux dernières limites de I'hyperbole le pflssage du grqr'-c

du doux et du plaisant au sévôic. ITI. Yictof Hugo s'dtaib,fait

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I _ cËaP. trx. 125

us llr

le,ehampihn'de 'sette doctrine. Peu corrtent de laissef lo'gei

e[,ùo stitriôrr, Ie tragiquo et le comiquc,so.Illottvoirchacundans sn sphèren il prétendit les mêler, gt les ctroiser sans

cesse. Paitant du principe que le sublime sur le subÏimeproduit malaisément un eontraste, e0 qu?on_a,beeol'n de se

ieposer de tout, rnê.me du beau, il voulut {q'oh soèn- reposâtdaus le grotesque et dans le Inid. Selon lui, le beau n'atl,u'un,tyÉi Ic ldid ena mille I selon lui, le monde réel'conrmsli+uprr{è idda!, le christianisme comme Ia créationi allientiltolrtroouprDieu ct Satan, llomère et Rabclais, la belle etlâlÉteri.rsdlou,lui,eufin, comme tout ce qui est dans Ia natureecg-daos,ltartr'et que le subhme et le groteqque.se croisen[snnSrce$sedans la vie. ils doivent se croiser de même-dans la Istnsrcæse,dans la vie, ils doivent se

l[tlËonture(').u@uol quhh dise M. Victor Hugo, et de que\ua poids qud

:." ry.lir,ryll, TT Eï: llÏ1':,:t-xi-"^p^-.-:ll*:i:*"i4 quo ùYart nnes[ point Ia reprodueti6n'.fidèleæt.illirnitéedu,'h, hàture tout entière, mais-la,rcpréscntàtiiln snvanlc ctsfiÉ'n6e,r,à, certaines lois d?une neture'ehoisie gique',si'lesehoeôpr,existent ainsi confondues. danb la çie.déeltre;' ghand-el[psus'offrent à Togsr nous les separons instinctlvgragnt;,comùe,nous banniliorut un nain ou un mendiant riui vien-drnient étaler leurs plaies e.t leurs diffonmités":dans la salle

du festin etau miUeï des chæurs dg'dànso.'!'it-l1ri! r;i -'i-' ';iOn nous dit que Dantc, Shakspeare e[ Milton ont faitainsi, et que noït ot les'blâmonË 'point. Nôn 1'ptirce queleur siècleles compor[ait tels, e[ que, malgre leur imtnenscsupériorité, ils étaient e[ devaicnt être cle leur siècle. Nousne- Ies blâmons point, parce que nous les comprenolg !à o-u

r-ls sont. ltlais nous ne-conoprêndrions point aujourd'hui Ia

scène des fossoyeurs de llâmlet; mais nous nepourrions

s-upporter le hiâeux accouplemeit de Ia mori ct du péclrridaiii ivtitton I mais lc damné-de Dante qui essuie avec les chc-yeux de son ennemi ses lèvres dégouttantcsides resles desou,;surglan[ repas nous soulcverait le,cæu.r, Dn un motrr

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CHAPITRE X.

DU

-' I i ltl,

. | ..rllili: '.'i i rll

i,,1, l,,r;irtl,Ii

,lF;

r'i'it

un voyageur est debout, au centre d'un carrefour où vien,r'nent a_boutir qlusieurs chemins. Il.ignore lequcl prendro-,il va de I'un à l'au[re, craignaut rle" choisir,'ro- firauu A"s'egaTg{. D'où lui vient cettehésitation? De c'e quli ;to;;une -iddo précise du terme de sa route. Il ne'saura dt"ùpartir qu'il ne sache préalablemen[ où arriver, et, qu'il niailcomparé, dans son èsprit, les voies plus ou inoiris faciles,plus ou moins rapides qui le mèneront au but. c'est du tlcrinle.r pas sellelent gu'il peut conclure Ie premien. . | ,i

La position de _ce voyâgeur est souvent eelle de lbroteur

qui nronte à la tribunei Aé l'écrivain gui prend Ia plumo.a C'es[ fautc de plair. dit Bufron, ï'esi poor ,rà"oir pasrssez réfldchi sur son objet, qu'un hômme d'esprit se trouveembarrassé et ne sait par oû-'commcncerà écriie. lirp.tCoiià Ia fois- un grand norhbre d'idées, et comme il ne I'es d nicomparées ni subordonnées, rien ne le détermine à prélërerles unes aux autres, et il demeure dans la perplexiiéi ,,ll est bien évident,

au contraire, que, lôrs{u'il aura pro-fondément médité sur Ie dessein ôotit â .onôo.-rur le butauquel il tend, lorsqu'il aura rassemblé et mis ôn'ordre toutesles pensées essentielles à son _sujet, lorsque, eD un mot, ilse sera fait rrn plan, cette perplexité'cesseia;'car Ia plaee dupremrer mot se trouvcra déterminée sur ce flan comme cellcdes autres, et par celie rles autres; re débùt *"" lr .onèà-

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CEAP. x. l5luuence de l,ensemble et de l'idée donrinante. Aussi Antoine

tioo. tpptend,dans le ile Oratorer

-qte lorsqu'il compose uR

discouid, la première partie est toujours la deruière qui ['oc-cupe. Ei l'ôn voit que, en le citant, Cicéron partage son

roii ('). Quintilien ruerhe, quoiqu'il n'approuve pas qg'oîi6t ùi'exôrde.quand le disloirrs est termirié, vent-cependantque l?orateur nô s'en occupe qu'après avoir dtudié soigneu-

siement toutes les parties de la cause, ni,si, totis causæ pqt-tibus diliq enl,er insPectis,

Bien iavoir où i'on va, voir nettement ce que I'on veut :voilà Aoot le principe. SôÏregs, qualités, règlès du début :

c'est de là que tout âépend. L'eiorde repose, pour emplo-Ver

le mot de Cicérono dans les entrailles de la cause. C'est à la

. meAitation à I'en'faire jaillir. Voyons quelles cgnséquonces

déeou-lent de ce PrinciPe.;iiiàfo"a, le dé'but dè mut ouvrage dsit être confolme il la

onio"t de l'ouvrags. u Il faut, di[ enéore Cicéron, g.uc1t débucsoit en rapport ivec Ia maiière, comme le vestibule ou Ie

" *ïl"it"oËô.f6aince

ou le templô. 'r Sa forqe même se ré-' 'ni*" ror celle du reste de l'æuvre, ear le meilleur style de

ie[ut es[ celui qui est le plus en harmonie avec la couleur

de l'écrit tout entierllDrn, un livre didactiquc, procédan! pt* synthèso, où votts

imposez votre savoir ri, téôteur qui ie shdresserait aas,àï"'iir. r:it *avait foi à la science etàu professeur' il sulfit de

l'àxpôsition simple, clairer-précise de lâ matière; une bonne

Orinïition ser" ioui l'exorîô; u La géométrie e-st une science

aui a nour obiet la mesure de l'étenduc. - La grammaire."J fr icience"des signes de Ia parole et des règles à suivre;;il Ies emplov.t tioo.oablerient. - L'histoire naturelle,

[*ire Arns tdute son étendue,est une histoire immense

Ielle

ç1 < fd. quod, primum est dicend'umt Postrent"'n soleo coEîtaret Quo uldrBIO7A|O. D-lôJi"iï-""rsl

I'avis de Pascal. c La ilern-ière chose-qu'on

ùrouve, dit'll' en

faisant uu ouyrâge, ".tà"1""o1i-celle qn il fau! mettro Ia première.- "*{-:i::T:

i;i, """"ï.ft"iË"1quulq,i"irirl .l j" i'uvais expliqué co-mment il faut com-

prbridie c€tle assertion.

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I'q -ÇHÀE!,.X. 133

-Cricr,à,qos.Jççl"epf"s'dlu,De,voix de toçfriçprcrl -'Ii,r'r "' :"'sri" f i' ' ' '"Sd'rih'iiitb lc'vainqucrrr deb vairtqueups plg I,q,!çttç.rrr,. , i, r .,.

. Ob ! quq j'aimc bien micux cet autiur iilein d'adrôsscoXi'up *l06irrshnÈ"f*iretllahoril d-e;si haute prbmessdf :dtt' I ' ;i ' '

,turz nnshr{ipr,{'un ton aiséi douxo ôimpla;-'lurmqnieuflrc etc. ri

"t,li[t.ttril-lr; r'']'{r/!.r 'i i - ' :i '''':";;;Y,otr,s,co,tnprenez gue cette modestie, cel,te douce et har-t*iæf.lfçp,uimplicité disposent notie esprit en faYeur deJ'ny-

a!çiifrlç,trid9,çg$rasllYre i nous tlcvenons les amzt's de l'écrivnin

'rgBÈ

qç.[f;eçtàpag'tout on feu en arrriYantt

atfrll.!h a'll +rlt,Ii;iil;' : $d1"pfËi,4p,qqur leaucoup ne nous promet que iieu.

ilû lllrll .'Li-'r I.' , ''

,ût,SOUç,Hinfluence de cette première impressionr nous lc sui-r,vqir\ldqpc,,un plns vif intérêt, nous l'àdmirons davantage,

Je3ifiq,rir" ilevaôt le ton à mesure qu'il avance, il finit parrplodiguel' Ies miracles.

l,,,i$-vôc çÊtt€.modestie qui concilie It faveurr supposez, dans.liûi-r1,sr"du poëte, {a conviction _de ld I' grandonr.i do son_ syjst ;,gil"l$aJq sçn[iment dc la magnificonce dos fpits à dolui de X'im-.îtriisuhca du:narrateur" et vous aurez la source de l'ùtaoea-

'itiiitt'qtB"'d#t'laplufart des poëmes épiq'ueei se' corn-bino

-[ve,c l1eæposition. II sémble què, se détant'dclsæ forcesr le,p,ôëæ" n'ôse nborder sa nratière; Il alemande à quelque divi--nitd-dm,r*Çonter

elle-mêrne do ;si grandes choses I,t( Ddessot,,çlæp[q'.1+,i.çglèr:c d'Àchille...'' Muse, rdis**riloir'lcs êiofcursrt'Ulysse... u Un témoignage d'en haut doit confirmcr ces

me.qtr{gi[cux rdcits d'une vdrité si inwaisemblable :

"*iliiili, ' l' i: ,r '{

l.;lr,.r-i .i;,,Vencz à moi, tlc I'Olympe habitantes,llluseso volts stvcz tout, votts, tlécssesl et nuuso :i, ..1'

'' Dlortels, nc saçons rien qui ne vienne de Yoqs. , . ,.

. ,_i ,:1X , ,

L'exposition et I'invocation, puisées d,ans [naatupcl dsvien-nenf donc, à I'aidc de l'ar[, des moyens d]ris$uror u'ne hicn-'veillancc attenlive au poëte si ruod,este, au sujct si intéressant.

N'est-cc pas cncore potrr-dveillerl'at[entionr autanb-qucpour gognei la bieuvaillurce, cn prévenan[ Ia eraintc d'une

t2

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â5&

lTTtion i1fini.e, gu'Horace conseille au poëte de ne pointilaûe remonter la.ËueTr.e de Troie au dou-ble

æuf de iéda,ni le retour de Di-omède à la mort de Méléagreo mais de seiet9l. dès l'abord ar cæur même de Ïae_tion r ôue ro*d'nyuonpréfère commeneer, comrne il dit, par Ie ro*il*n*à*.oi r,t.sa spirituelle critique nc soadressé

-qu'àceux gui abusent'd'd

précepte. {t, de fait, on en a prodigieusemenfabust" commcde toutes les bonnes choses. Aujolrd'hui surtout âue I'onnous donne en mille romans la

"monnaiedu vieux' poemc

:4,!1e. ,r_oTT", en mille lirhographies e[ en rnille starùerks,celle de la.peinture.et

_d.ela sculpture, le plus mince fabricanô

oe nouyelles crolrart .4éroger en débutant tout bonnementcomme les contes de fées :-r Il était une fois un roi... ou unbrïcheron.,, Ouwel

J9premier roman'yenu,

"*r Ctdrt1. d,;trouver, après un titre plus ou moins prétântieux. quelouâchose comme ceci : u \rers la fin du mois-droctobre de'rnierriirjeg_ne \om.me_entra dans Ie Palais-Royal... ,, ou, pou*îarie*,a vers Ia fin du mois de septembre r-900, un éti.ànser arriira9:ylîtt" p.alais des Tuileriôs... u ou bieni ,,.tsiericaroriuelvoici la nuit ; remettons à demain vos réflexions sur eettelec!,ture... D ou encore : ( Yoyez ce brick !il glisse bien timide-T-r.l!.::r rtf; []). u Pourquôi user à satiéré d-e pareils moyens?891t.

simplicité,Tog.,r.ru,la. première qualiré de I'eforde,

s'fl ecommode mal de telles _a{féteries, surtdut qua nd ellcs n'onipas méme lc mérite .4e l'originalité. Banalirés pou, bana-litïfje préfèr.e denx cléburg Ule je

J_oepermetrai d,l"di["àr

a nos romancrers , en souhaitant, bien sinsèrement à lêursouvragès le.mérite et le succès de ceux dont j,extrais ces pas-fl_g_._*.

Yoici I'un : * Dans une bourgade-de ia frIanche, àont

Je ne veux pas rne rappeler le nom r-vit ait , il n,y a pas'Iong-teurps

,un

tidalgo..,,r

I €t voici i,autre i u BËs dltl Santil_lane r mon père r après hvoir longtemps porté les armes, se

(')ff;s't

en':o po,eïofJiipoîli,ilfîf .*'rhat is rhe ueual morhod, oo, o#*,u#to"'Uy vay is ro begin rvirh t'he beginning.'

.. (".) Gomme.-cemen^asderom-ansfort répandus, i[y1 quetques anndes, et dontil n'esl pas même nécessaire de citer tes-titres, '

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c[aP. x. l3Û

retira daûs la ville où il avait pris naissance. ll y épousa une

petite bourgeoise, etje

vins aumonde

dixmois après neur

mariage.,. n II est vrni que ccs romans ne se nomment niflIed[,inoclte , ni le Chemin de trauerse, ni Coucarateha, niles Mës,ndres, ni,Sozs les tilleuls, ni Au jourle jour, el,c., ettr.Gomparez à tout cela les admirables expositions de ecrtainsromdos de Walter Scott, et entre autrels eelle d'Iuanhae, lemeilleur do tous. II n'a pas toujours été aussi lteureux;cells do Wauerl,eq, parexemplc, est longue etpénible.

- D'où vient Ia iiifférence entre le début du drame et celuidu poëme épique? C'es[ que, dans Ie drame, le poë[e ne pq{'lan[ pas en soÀ nom, maii faisant parler des persoluages liésà unô action, ne peut songer au speetateur, sansblesser tou[evraiscmblance. Si , d'un ôôté, les prologues et les parabasesdo l?apçienue comédie rentraient dànslei exigences da ilëbut,de I'autre, ils étaient contraires à la nature de Ia poésie dra-

matiqua Pour elle le seul but de l'exorde, gu'elle appelleenpasi,tion, est de faire comprendre le sujet ou_-de s'eTpargPyivèment de l'imagination. Les sympathies e( Ïattention dupublic sont, acquiÀes à qui lui prouY€ immédiatement quell3irn divertissement il ne va pas lui faire une fatigue :

Que dès les premiers vers I'action prdpareoSans peine du suiet aulanisse I'entrée. .

te sujet nl.st jarËais àsscz tôt expliqué...

Oda rre signifie pas, bienentendurqu'il soit permis de venir,à la façon des prologues d'Euripitle et de plusieurs. de uosmodernes dramaturges, décliner tout bonnemen[ son nom auparterre, et lpi raconter gauchement son histoire, sous formeàe monoiogu8. Ia savanie nettetd de Racine dans Baiar,et et

dans Inhiq1nie,le erandiose d'Eschyle dans Ie Prornéthée eï'les Eûryëitid,es', o c_de Voltaire dané Brutus, le saisissant deShakspeare dans Hamlet et, Macbethn de Molière rlans ?ar-Iufe el le Lllisanthrope : voilà les sommités de l'expositiondramatique (').

(r) Un rhéteur modorne, M. Francis '!fl'oy, o ilit de bontes choses en dévelop-

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DE LÂ IIHËIOnIQUE.

' trI en ssl,'do rnônro, ge Te sennblerrnais pounun autrc rmotifiridans I'dloqucnce sacrée. Le

ministrô dc Uieu,paraiss.rnt

danéla chaire de Viritd pour distribuer la rnanirô célc.ste à desfidèles altdrés de sa parole,

-.roi*u-l" cerfdes .o"""i*r; n,upas b-esoi? ile réelamer une faveur drrn[ il ess assuré ,l'.yo*ru,car c'cst à des frèrcs qurl.9'gd1e-ssÇ r ni de u" ronriiiuu i.Éesp:its par la_modcste sïrnplicité- du lengage, .au.bsf ùo prùË,puissant que lui qui commànde I'a[tentiin]T'out plein du nieuiq'i parle par

i?bouche, il pcut, dès I'abord

]entonncr Ie

cnan[ Ou prophè[e : .j riri,it

Cienx, dcoulez ma voixl terrc, préte.l'oreillc.'"'l1r .';t-t;ll

'I tl,ltfl

La chaire française se dis[ingue par Ia nragnificence dsquclqu.es exordes. ceux dc Ïoiva',rôn, fimèbrt' ,ti io rsù&eq:!Xg!!tt{re, de Y0raison funlbrg de ,i'urcnne, du ScmnoTt

oe .bourdrtlolle poru le jour tlc Friques, Bu,fferi,t, non estnec, sonr.d'admmablcs. m11{$es. euand ftIassillon est appeléàfaire.l'dloge do Louis SIV, soriesprit rrrppe J" rïrniserecte toutes les'grandgrls humaines, cbnnparé-e-s & Ia erandeurde D.Jclr !ro.u3q.oe ddbut rdellement sublime cn facË du cer.cueil de r*Bwig le Grundr*Dieu seul est grancr, *ôr r"orurirt

r I -'psnt ces p.lceptes : n

D'ordinaire le début est uno initiation, ll ne rloit pas abusor1"_p:lllr il oL, doit pur t" iÈ;oy"". ru"r;;-;; crrercrrcra votre dessËiu, nroinsonra[;[en.1ll.ta rumière, plus oa s'iatércssera vite à vos iuventiors. Il cst, doncnrar4(rrortr.d etrt.mer un recit par-un point qui reode ndcessairs uu granrl nombro.,exp.rcarorsr_de conhden-ces, d.'expositio's, car Ie lecteur lgnorint eucoro ceque I'on.fera de ôes marériaux épar's clue riô ;; À;;A;;;il"o;;Ë; Ë.

"oo*t-3"ïi.ï,Il'ff ïî."iii,"-Ë,1."u'T"",t;*i:-n'"nl;*t.;ilii:,r::lliiii*;i*your de l'écrivain., Ies auditcurs I qui liniriaii"" -""q"-l-jo-#"olon nrotirpour s'intérecser à des crroses vu6uËs et générares à;lill";pir";t]iTtr.," u.tinconuue...

*:.P:P.:j"i-qï_lrrdparerlon8uemenrereumulr,iplianrlesexplicarionsTeddnori-'TTt"Llj.l_ti1.1g:]:: Iecrcurs .rro soupçouneir pas encoie, c'esr les reburor,s-ut. fu,,,quo"

reur mcmoire' c'est,risquer enûn d'dtglJIir eurre ces préambules eire ronû qu:,uJer un^edisprop.o.rtion qui lui soit défavoraLle et lË rende moinsrmporùatrt. uuaquetotsq.n€,ô'éparguantces prdparations, ces conûdeuces sansintzr'ôr' I'on pùr tout à'abori .À'tr." a"".i"'"ira"l''*ti;;,ï;; br"n <lq refaire, rluitre fi ptarluer gE."r U Jos fr;;;;;;. d,er,posirion, à l,heure où ils..evreuo.oot, Deccssùi..esr_et traus un morue'r, où le lcctôur r)ortera .léià un ibtrirêtassea vifBu suje t qui so ddroulo pour.tldsircr tou, tor?,.roi.[;;;;;i:';ftiblebr,r

RHDIOnIQUE.

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..

{38 DE LA nSÉTORIqUE.

ou argunenis d'espèce diverse, la division la partage enpl,usicurs poi_1ts,

Quelest, par

eieynple, I'exord* ào r.r.ondéjir cité de lïlassillon sur ies Tentaiioits des urar?ds? uneproposition : g Le dérnon tente surtout les Er.aids: rr et unedivision : u Il les tente de trois manières : pin te plâisir1 parI'adulationr pflr l'ambition. u ces tleux foimes ôu rottipie:,ments d'exorde se rencontrent chez presque [ous nos poboi-caceurs. Bourdaloue et Massillon h'y -manquent

jâmais.Ilossuet en uso beaucoup plus rareme"nt. on dirait goe sonpuis-sant, ggnie-se sent nnal à l'aise dans ces liens; iI prrifèroconduire l'auditeur au but par I'enchaînement'seu'I et.laprogression des idées et fondrè tout son discours d,un mêrnojct. Fénelon va plus loin; il blâme toute espèce de division.Tout en avounnt avec lui que, sans la division, loorateur aquelque ehose dc- plus spontané, de plus tibre en son allure,jc reconnais aussi les avantages-de c'erte fbrme. BIIe soutieni

l'attention, soulage Ia mcmoire de l'auditeur, réeularise lanrarcbe du discours, e[ oppose à ses éearts une iontraintesalutaire. ll ne s'agit que

-d'éviterles défauts. eue la àivl-

sion soit complèter-c'esù-à-dire qu,il n,y manque- aueun desrnembres qui font récllement paitie di l,idée,'et d'un autrecôtér.que ceux-ci ne-soient pas nrultipliés au point de dissi-per l'attention au lieu de là fixcr, où ne reirtrent pas l,un

dans I'autro de fuçon à subs[ituôr une svnonymid à u,,uanafyse 1 gu'elle soit, naturelle, c,est-à-dii.e que lcs meû-brcs se prdsentent avec aisance à l'esprit, et, ne'soient jamaisrapprochés forcément par les exi$euces d'une vrine ctpudrile. syTdtric; enfiu, qu'elle sin bien graduée, c,ost-à-.clire que.le secoud memlrtr cnchérisse, a"utant qûc pos-sible, .sur_ le premier, le troisiènre sur Ic second, ït *insi

de suite (,).

- (') !-u Bruyère a sPiritnetlemeuL tourné en ridicule les ddfauts des rlivisionsdans la prédicaLion.de son- temps. u Les énumérateurs,- dit-il, ont loujourr,d'nne nécegsité indisPe$ablc e1 géornétrique, trois suiets admirables ôc vosattentiols; ils prouvent une telle cbose dans la première

-partiede leur discours.

c ette autre dans la seconde partie, ct ce[le aulre encorc d'aus la troisième. Âiusivou! 56r€? conyaincu d'aborrl d'une certaine véritdn et c'esl, leur Premicrpoint;,

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CHAPTTRE XT,

r'iri ,'"'f,i,f, -,- r:AE CO&PB Dt L'OUûRA.GE. - NÀnRATtrOlt,

-f i',,, .,,,: !

:Lldcrivaiu û exposé lo sujet, il a eherché à so,coricilier Iahie_queillancc, l'atten[ion, la docilité I il entre en uratière.Rappelons ici ce qui a dté dit précédemment. ,

Une fois la pensée mère, celle qui donne l'unité de dessein,bien comprise et bien saisio, il s'agit, disions.nousride dis-poser les principales idécs dans leurs justæ proportiotrs av,ec

cetto penséo première, et de grouper? ensuite, seloû,los mômesrap,poxt$, Ies idées accessoires autoûr des idées principales,en sor,[r que chacune d'elles amène Ia suivante, et gue ielle-ci se ratlache étroitement à la précédente. C'æt cet enchaî-ûorhontr,qui constitue Ie corps de I'ouvrage. Mais existe-t-iluûordre normal pourdisposer Ies principaux groupes d'iddesselon Iss divers genres d'dcrits ? et chaque groupe ainsi

disposé a-t-il un caractère spécial déterminé par des règlesIixes ?Répondre complétement à cette question, ce serait donner

la théorie de tous les genres. Chacun d'eux, en effet, chacunemêmc de leurs subdivisions a en quelque sorte sa rhéloriqueou sa poétique particulière. Que de traités dû poëme épique!quc de yolumes sur Ia tragédie et la comédie ! que d'Bssoab

,13

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sur,J€s,' él0gosr gisur,l'dlogucnee de Ia chairqt slrrl larrntanièrbcloécrire I'lristoire, surla critique !

Quede Liores de l'Arq,tewtri

depuis'Gieeron jusqu'ài Timon et Gorgias (rll IIly a'phls'Ë ilserait ippossible de bien saisir Ie côté théorique.dlun,'gemtoquelcohgue, sûns en prdsenter en même temps le, côtrfi his[er,ilquerla théorie en efrôt a éte ct dqvait être modifiée,d'oaprôs,ldsidées littéreires qui on t successivemen;t d orn ind d ann les lsièolecet lçs pays divers. Vous traiterez mal du poëmel'épiquplbi irmeobservations n'embrassent ir la fois l'épopée indiennb,,e[ald

chansons d,e geste, épopée du moy€n âger,I?OdEsseeynlsRolnnd et la Messiade; votre poétique do la comédie ssrdineourplôte, si je n'y puis'rattacher Aristophane'î.rtorrrnûdMolière; Shakespeare et Calderon, comme Beaumdrçh*i$,,olM., Scribe. La rhétorique renfermerait dons, tou,te lihis.tri,sslittéraire. J'ai déjà dit que la prdtention me pardit exagdrdûlot, poup.rn& parto jo ne vise pas.si haut. Je ne.,sotrtirA'i Bo6ût

dcs eénéralités de la composition et mêmo de la,eompositlon

l4(t DE LA auÉrotQtlo.

dcs généralilés de.la composition,et mêmo de la,eomppittqqse1lprose.,'dinslir à propos du rdoi$, par ex€nople,trpoi4rttrdritraitd,sur lar.manisre d'écrire l'histoire ou Ie',ûomarù."illaiÉraiid nsur tar.rninisre d'éæire l'histioire_ ou Ie',nomÂrri"rr-laig

-quelquestion"eh

Ilerûcnt., E t ainsi des au tres gonfosrL lY,o gons; llengiroblo. de,, l'ouvrage, nou3 dssqondrorlsr eusurie

et,cn groupani les éléments lrornogènesl de l?autrer gpr€$

I'exnoJition. le næud et le dénofiment. iTlaisdans

les livre.s'exposition, le et le dénofrment. iTlaisdans

lei livre.s

ptes sur la disposition etla forme,do,.lqcrannao

'e,!'ollqoonetitue Ie liwe lui.mênnorinOr'rr !-rr'y

i'Dans'iles'$onits, qui n'ont d'autre objet que llexposÉioUrdgcer,hiins r iifaits ;' rsssa1és, ou dialo gués, histoire rp rg rhane lépolrpder."dname, ete., llordre chronologique ou la gradatiat,d'çI'intérêt semblent traser la marche à suivre r.d'une- Fqrb,,lasérib des,faits, en rattachant'toujours les.effets qu6 çqueesri

didactiqueso dans l'éloquence ddmonstrntivc, délibérativc'leû.judiciaiie, tra dépendanee réciproque des iddes, comne on Rr

pu le conélurc dê toutce qui piécède, ne s'acconimodelgr,rèùq

, r.,[rlU'fltt!.

-ç'1i.e'trtrre à", oiot"orr, par TtMoN, lz" érlii.i Bruxeltes, r;lirf; i8ldl-EîoEuence èt iwpr.avisatlon, ait da In parole oratoire, par Gonore's1 Faris,r rt46l:

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, eHÂP. Xl' LIbg

que' par,l'interrnddiaire de deux personnases'dont lzun rloitdvoir', intérêt

àinstruire, l'autrè à appientlre;-'La clahté

déperrd'alors de la conception du plan totlt:ehtier. Ettrdiezted grantls maîtrcs, Racine surtouf. Yoyea''bommb' il réduitIe$'faits les plus compliqués à leur expression Ia plus sim_ple,aomme il y jette des traits de lumière, dès qu'il voit qq_elqtre

ombarras à-éviter,

quelque nuaËie à dissiper; co_mme il sus-pcnd'la curiosité pour là satisfaire à propos, enfin comme ilÊsitlén-,rnême temps faire servir à I'ornement de Ia narrationtmiû cc-qu'il emploie pour l'éclaircir. '

-

I"a aràisemhlànce êtlaprëcisebn eont'ribuent à la clarté.'.1 l. 't' i

jii;f lf vrai peut quelquefois noêtre pas vraisemblable,

dih Éoileau, et dès lors il cst inintelligible. Par le choix eB

Itopportunilé des accessoires dans les chosesr Pûr I'analyse

dbàl-carnctères dans les hommes, la uarration ou la thèsep'révïent les objections, rdpond d;avanee à tou[es les- qucs-'tTt

ns. rend. p*obtbl.t ies"eo*ontres

les plus mervcilleusesolës :ddsertioni les plus paradoxal es. Etiutn inwcdibile'solerti'aeffi,ctt sÊpe uedibile esse, elit Scaliger;'Leb rdcit$ les plusdïrnng..'deviennent admissibles, tla"ns I'bistoite, rlès qt'ondchéldnne eonvenablement les oir"cortstances

te["les, fu oyens

tllcxdcution I dans le poëme et Ie romanl ilës qtttbit y 'sërneces détails de la vie commune et positive qui leur donrrentun'àïÈ de franchise, et les font descendre'des fégions dc lalic[ion dans celles de la réalité.

'Iloileau a dit encore à propos du rdcit :

Soyez vifet plcssé dans vos narrations I

et florace â propos de la thèse :

.,'.,,, qui.quid præcipie,sr csto brcvisi.. .

gHÂp. xl,

ilifc,,ysvisndrai sur Ia précision, quand il sera question du

43.

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crtap. xl,' rbs

lld tttnr-l t $tëtr/' s' v' fa i t uardon ncr m ritai sg rirc'd t.'g i T Trn cl6ùiJi t

les-tlitnbr'gniisl ics tipittrètes eommtrncs sottt donutant'plus iiredoutepqu'elles s'olfrent sans eesse : IeÈ vcrtes prairies, plrrsdti'jnioihs-'émaillécs de'fleurs, les forêts'mystéi'ieuscs, Ies

nd[tJ+S']$oulclllbuseË'o' le tristal des ' fleuvesi lês 'cÏètri aeu'rés, etc.,JrToutôs cès,jolies choses si souvent cxaltdcs affa-diséent le caractère doune dcscription et font qu'clle ressernblcà tout. n

Maissongez=y,bien.L,a fuite du communet du.banal.mèno

souvent soît a'ir recherché et à I'exeentrique, com'rno dans'no[rê sièctre, soit à I'ampotrlé et à Ia périphrase acadénriqueocomrne dans Ie xvttto, êi fécond en poëmcs descriptifs, et sistérile en bonnes descriptions. Ce dernier défau[ cst lc plusdangercux dc tous ;*llii8tl '- i'1

,r rr,'l [; . .,

,1,j" , flty.qt la pcur d'un malnous conduit dans un

pire':

JLi;'ï rr- :r l' :i i' I ii"': ,lli'4 '''1 tr tc 'r

Ua'vrtriêté ct l'orieinalité dépendent surtou'Û du'stylc,'eT jerscornmanderni "i.otu

ici l'e proôddé dssiprcin'trcrs;'Quand,pan,le mdlange des conleurs, ils parviennen't; en r éttidianticrttptrleuseuient h natujre, à'variôr les nuances' È''l'infi ni, Levor{loû'le bleu, ce revêbrndnt dd Id 'ûêrffelrôt dtllrgis}rlçgiùt6-

difibnt.' eoptin uellemen t su ivàrit' r lesl cliinats;' Ies raHison$;rles

jotrkg'163bcures même du jour, sâns cessdr'pottr{ânt drétreïu'bieurc[ clu vert. Trouvez-sui' tôtre palotte-ces nriIIc cspè-

ces dô ver[ e[ de bleu que vous donne là nature ; trouvezJesdnnsrùn style à la foiË net et flexibler_dans une profondeconahissanôe et une Erande habitudc des ressoufc€s dc lalangue, dans un voc-abulaire d'une étendue considérable,

qui-pei'mette de rendre, tout en évitant'le néolo_gismcr'lesiuances les plus légères et les plus fugitives. 'lïfais pourreproduirc ainsi les-diversités dè la natirre par celles de lapa-rolc, il est indispensable d'avoir beaucoup r'û, cle s'ôtroôred par'l'étude des ôar[ons remplis dc toute sorte d'esquisses.,

de',joirldre entn à une organisâtlon lÏne et obser'vatrice et à

unËiraison assez vAste po-ur Contenir, SâhS dôrlftlsiôfi des la-

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{57

pro,qe.toprs qui ont lo rnieux su rattsohçn',lB seutimdnt Èr'Ia

iteseription sonb d'abord J. J. Rousseau r_ vdritable chef,diécolo i6ous,' 0e râpporf,, puis tsornapdin,ide''$*inh?'icrret, Cha'ûepu,briantl, \Valtâr Scolt, &lanzoni, -ot

; qublrlues-utts denôs.rrômanciersnnodernes. 'r" rr i

.:r,Unb deseniption se passionne naturellernent, gu-aud le nar''rtteunr'd,orniird Iui:même par Ia passion, ne voit, dans les

:divereôs,iinages quis'offrent à lui, qu'un seul étrer l'objet de

rgéD,,spour iou dé sa haine, auquel il"raruènetous les détailst

'gi,dontlil cornmutligue ainsi la vie à tout le reste. Dans la;pompcu$o cdrérnoni-c de I'apot'héose de Vespasien, Btréniceàoru-oit,qoe lf,ittrs I mais tous les traits épars de In descrip-

-,tlo'nrBe viennent se eoncentrer sur lui que pour en rayonner,.elu{uite:'et,'illumincr tout ce gui loenvironne :

-.J,[lltl ;'r'1 ;'l_l '-llllIl+'rpn

hette nrrit, Phdnico, as-tu îu lo splendeur? -Suurirt',fie$'y0ux nc sont ils paô tout pleins dè sa grandeur ?;lrt:-rtirl';!feé voux nc sont-ils pas tou[ pleins de sa grander

"ilr irr l0es,ûambeuuxr ce trùther, cette nuit eqflamméeo,ilt:Jfti-li;'{.'es.youx nc sonf,-us pas [otrt ]rlellrs us sil BrauuEu'r-:ril, .i,r :ffes,ûambeuuxr ce trùther, cettenuit enflamqée' , :.r :

,,.,,,i,'.,,Çgi q1fitqr,. cesfaisceauxo ce pgupleo felle 1|mjçr,,,,,,.  , " 'Ces'aieles.ces faisceaux, ce lteupleo cette armd

'il!l:rr :rrddtte ïoulc de roiso ces donsùlsr-ce. sérrat, ' . ""1!!r;Ir :') r/rr1re^fbtilcde roiso ceb consulso ce sérrat, " ','

131r''i'i "' ;$ui'tous de nron.à1anJ _._tq;.1r-ll1i-.:rtleur.dclat I'rl -r r; Ii'ûel,,te,pourplo'"eet ort:e['te Fourplor-eet or, que rôhaussait,sa gloirer

St ceslauricrs eneor trimoils de. sa tie[oire :".,',,. ,,ustceslauricrs eneor triinoins de sa-tietoiie: ,

. , , ' f qlis ces yeux qtt'on 1'oya it vctrir de totttes parts . , .' 't Toirs ces veux qu'on vovait vctrir de totttes pqrts

'1. 1' . ConfondrË sur liriseul Ëurs avides regards.l.

,it,llfi ii1 , r[',,r,.1 i ' , ', ,ir ,,' ,_, '',t, ,,I

,ùJJrlîl.lll; r','1 ,1""'r ,, tt'|t'

",' ,fDnFqoler,sBÇ .de Troie, Andromaque ne \toit que Pyrrhuso.leusuig.pgrtout des yeux, et à mesuve qu'elle le suitr,lesqbjols ,çe lèvent en quelque sorter mais Y€lgtles et confus,,âulour. du mourtrier d'Ilector, dont les traits seufs sontfçrmes et bien accusés i

,:.

Songeo songe, Ceiphise, à eette nrrit eruelle '

ir.r .. QuiTut pou-r lout-un peupleunc nuit éteruellcl..: .r . !ïiuure-tbi Pvrrhus. les vôux *étincelants,

"iiii !'Ën"trant à la"lueur âe nris palais brfilant!,Sur tous mes frères morts

-se faisant uq passage, "'rLr ,rr''Et,dg.sang tout couvert, échauffant lecriruag,é.' ";'',.1: -'..';i

"t.,,S.onga aux"cris des vainqircurs, €ongc aux.criédcs.rn'outântsr

tl lh

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lS8 DE LÀ nr{dr0nrQt]E..

' Dans la llumrne dtouffds, sous lc fer c.rpirnrrts.Pcins-toio dans ces horreurs, Andromaque éperdue ..

i,

Los rhdteurs, toujours disposés àr multiplicr les ,ufrairi-sions, ont assigné à chaque espèce de description un nonngpéaial, en les rangeant mal à propos, ce me semhle, parniles fignres de pensée. Ainsi la

-descrip[ion du lieu s'est afpeléctop o g rap hæ, ccl le_d u temps, chr o nog r aph,ie, celledes perso n-

\e:, 'p.rosopogyaphig('),

_quand il né s'agit gue de I'cxtérieur,ëtQopge, quand- on s'attache surtout au moral. "La descriptiorrcolorée, énergiquc, qui fait d'un tablcûu une soène vivànte,comme, par exemple, la tiladc d'Andromaque que nousveno.ns d_e citer, a pris le nom d'hgpotypose.-Exallé par lapassion, le poëte oul'ornteur ddcritliir nïn plus ce que nous,voyons avec"lui, mais ce qu'il voit seul dans sa penséc;reproduit-il, non la réalitd des choses, mais les fantômcs cle

I'irnagination I rlvoque-t-il pour les fainc mouvoir, agir, rd-pondr.e, interrogerr les àbsents, lcs morts, les êtres inanimrlset surnaturels; c'est la prosopoytde. Àinsi, quand la Phèdrsde Racine, poursuivie par les icmords, fuit jusqu'au fond dcsenfers, e[ y trouveson pèrequi tient l'urne futale cbirrge torrsIes pâles hunrains I ainsi quand Ie Fabricius de Jean Jaequescherehe vainement dans la Ilome de mar.bre ct d'or, esclave

et énervéer-ces_toits de chanme et ces foyers rustiqués qu'ha-ll,itaient jadis la modération eû la vertu I ainsi quand tout àI'heure illassillon nols montrait, en frissonnant Iui-mêmc, letableau terrible du jugement dernier.

Voqs vemez) quand il scra question dcs Iigures, pour-quoi de [outes ees formes la prosopopée qui -substitue

dcsé[res fantastiques aux êûres rdels est la seule qui me parai-

trait pouvoir se rattacher au st,vle figuré, en sô plaçant nu-près de l'alldgorie. Ce que j'cn dis ici suftrit pour la fairceolnâilre. Quapt àr la classification dcs rhétcurs, jc pens{.:qu'on peu[ réduire toutcs leurs espècesde description àr deux,

(,) Quetques rhdleuls ont lorl, à rnon avis, dtdcrire proxgrapltie, nu lieu deprtropttgraphie.

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celle des quiqviedtô1{xrro'tp*fr do5"t

nes, gg-sïïppcrre"JsTpl84nous nllons nous oûoupsrr

ilër'

-ivibclup .esl rrilclillurtr r; 21lvgr,yaib atrloflno$ *a"rrslbrlt eoJ'morr uu noitqiruasb sh o"t'i,in.'r lLll,$ril É bnpir4r'lno ianoiainnsq ,cldmea sm 33 ,eorir,-i1t l; Tirri'l^JnÊsglçi asf .ne .lci*bqasùlsqile Jae*e. scil-nb noilq?'i'ra'ri' r,l rrril ll- .3e?nlrl sb as'rrg[l asf-noarisg' ae h ellcc,rîr\i1nr ç, n l irr' l i n "; r i o r r.vi u [' -lrl,[s'i

"-l'ïo\qwtpotltl

.

,rusirbJxc'l ch eup lipr'e1168-lr i.r*,riri

1r *l-' : riiritqlr'tqocy!"i.qrtf

reofitroilqirceolr nJ'.lgrl,ott tr.,i;tlJr]1'rr1.'i ;r1i-!lillii:-: fl{j.[tffliup .tkqos\tt. ,CùOtviv enela g$U llnlrislr.l ;tlr i'.iit,t irlfr -.'ruFilii1fi;-r .'.rl-rrn[OS

ëuoo ôrp ellpsmorlinJ,"L,',['r.',i] or,..r!llttirzri,lt{ ecrlltftdtel req bilnxfl'.gatrtt*1"!nt1çt'1'Ii "rti,rt ]:i aitrg'r ;'rlli'r tl[t znurtl'?. .

et,od 6Ûp cr ell[q nron ,ii-'li'l'rlrlr lrl+-llrrtt'i ltu olSirrl 9l .noizr'.i,ri

;cbansq:na ensb'lgre jltr l;"t]tr, .tt ;:inm ..irl :lcY$ efio?pveb acn{ôtsel asl aii;nl ,"ilsar*r$*-n*'Értiilnn rl rron ,li-lir.rho'rql'r.-br ,rign 6:iovlronr r"rir,t z*.1 "iiiqtl ti-l-eupoYb lnoiJrini'gurni'l'allrninnni as'{Jô ar[. I

pJrtrnr a-l[,alnsedn aol nrsgttrrelni,c'rbnoqertrôd{I Àl brurrp (ianih "*\t1tu1uau"tt1 sl Jzr'r ; alsrulna:rua'fpèub bnoT rs'upari. Jin'l ,alrroriroi arl 'rrg e i.riuzluoq rsn'i:rntr eb'a

noJ egu'1'!c. *[str'i Dfi .tû' I Jrmii J i ri p q'rôq rnra svrr]lJ Y,ls, atsl no'aeupcC[ Àrol ob auiri'rdil! c[ lrnnnp ianin I esirrrurl aclnu,ell'evc-lcae ,"ro'I] J.e sr-dïcrn sb rnrgfl nl aflsb Jncrnsnisv crlstedc

-er{'rrp.zÀupilent a-'rcïr'l a$s te onttlct{s cI? aliot "5s-rsôvreuU Jg'

. É lrioi lrnnllp iarric f ilJis\i'rilJ.l soiJerbhom el_aibn[ Jrreislidsf, rornôm-iuI lnsonoaai'rt ne rJitttqr,uû euofi nolliaanlû sruul'l

"trin'-u[:r tnorn;rpu i uFr cldirtsi u scldç]-Tûoq'ras'rpgil e*[r noilecIJF ïr'tt?. li nlnHllp -rs$'Ilgv sfl0ï-1;esb gr*itadra iup îr:trltit6utu':.1 tr[ 4rrmtoï 'eur asJuoJ cb Ïulrp . '

-îsrsq sffi iffp elt,'rz i,l .tr'' al.'.,'r iin,lô z-rt; asupiJasJtel zyrlà .

_- -trB tÀn'.rrlq-rz ric ,n:;rgll rl'ile irlitrr.rl:rntts't ca-riil;rrgoq iitlrt.' crirl nl-rullq tïtlre i:i!: :,ili r:r'i ^-trlp.cS .oirc,glillo'l cb'eÔ'lq$aneq +[ .-e'ruitid'r, arÏr ririi.isritria.etlc .r{ É '}rtsuS .urlÎrinno:r

.xogb.rÉ noitqin:"reob *lias*4qait d:trsl e$Jnol s'rirhàs Juer; no'up .

' uf, o"if us .s\dqn-rx,rzot.t *:rirrà't ,.,0. flot,l Ê rlr.\ei'lno -r".t,d]"iii{lfulPojl*'

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CHAP. 4(;r

ilcintre, ce n'es[ en génÉrcrl qu'ttnc simple esquisse, q-uelqucs

irnits énergiques , ineffaçables, deux ou trois touches qui

détermineà't ïne'physionomie. Au dix-septième siècle, audix-huitième surtôut, les Successeurs de rl[olière a]rusèrentdu portrait I tlans Destouches et Gressetr_ itr remplaça l'action.Cetic faute Îu[ aussi celle des jeunes prddicateurs après Bour'daloue. Un portrait rnoral bien tracé relève et varie Ie dog-nna'

l,ique d'un ôermon' Btlurdaloue l'avait^ senli, il excella dans

ce'genre I mais ses portraits ne sont poirlt des hors-d'oeu,vre,

ils "servent toujouri tle preuve ou dé conséqutlce-à quelquovérité prrlalabl-eroent étâblie. Les débutants à la chaire ne lccomprirent pas assez. Frappés du coloris cle ces tableanx de

m*ù"s, du l2iquant de ces ïdtails qui présentaicnt la vie des

homrnis au- nà[urel, ils voulurenC les reproduire , nnais au

lieu rte ra[tacher, comme l'avait fait Bourdaloue, leurs por-trdits'à des principes, ils firent de l'accessoire le principalr et

d'urte. petitô partier-le tout. !e portrait en eflet doit ê[retcoinme Ia description, le {étail et non loensembl.e; un moyenet non un but.-Dans'Ies livres mênoe quio sous le norn de

ûaraetères, présentent la satire généraleïe.la s-ociété, je veuxque, comm ti chez la Bruyère, ilË entrent dans les pleuves'oudrtrÉ 1.. développementsl et ne soicnt jamais le fond rnérne de

I'ouvrage. J'adm'ettrais bien une galeiie de portraits histori-ques:

à'unnoins

yapprend-on quelque cho,se de positif,

-etfintérêt d'unc étude rdelle fai[ pard-onner Ia monotonic duseftre; rnais guant aux recueilso ôommè celqi de Théophrastcëu tte iU. ac lioudeauville, où les portraits géndraux ou indi-viduels, étant.le livre même, se slrceèdent sans interrup[ionet sans'lien comnrttn, je.n'en suis guèrc plus partisûn qucd'un salon de peinturei qui ne renfermerait qu'une suitc deportraits bourgeois ou de figures allégoriques.

_

- Pour qu'un portrai[ soit admissible cn qu-elque_-ouvrâgeque ce soÏt, il fàu[ d'abord quc le lec[eur lc ctésire et l'attende,cc qui supposequcle personnage mdriteles honneurs clu.por-trail par Ëdn carïctère, sa positi-on, son inf!.uence sur les thi[s.Tracôz l'imagc d'trn Canning, d'uri Guizot, d'un Rob,ert Fecl,je le conçois; rnais à quoi [on tn'arrê[er sur tous les conn-

t&.

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102 nHETOIilQrrE.

::iifP#h it'rr,.par leur cnraetère plus privd, ptur,i,ilifiq1fe com,portelt tuicux que l'histoire proprement ditç;r v,qj'çSaint-Simon,,ot:le canelinal de Retz (,)..

-Yous remâr,guerez qtJo, tout en conservant Ia resseqll

blancel il faut-varier Iô dessin et lc coloris, non-seuienénides portr*rits des d,i{fdreqts personnages dans le même l-ivrg,(î}

,.

i'.r'll,

(') On a cilé Ie poltrait de Mms do Looguevlllo dans le cardinal daRetaia Elle avait uoe laneueur dans ses manières qui touchail plus que te brillànt Teceiles mêmequi étaiËnt lbs plus bellei; elle eù'avait une tËé*eiunr l'esprltriuiavait ses chaimes, parce qrielle avait des révoils lumineur et surpreoaniç. Elfeeût eu peq de délhuts, si Ë galaoterie ne lui eo erit donné beaucoirp. Comnre sapassion I'obligea de ne meitrc sa politigue qu'en second dans sa conduite,héroine d'un grand parti, elle en devint I'aventurière. > Le gland miritq de,çerportraits est la précision originale de la forme unie rl Ia vériie du fond. Yoiùi lrnporlrait litùéraire de llloe de Maintenor, gui, lous ce rappotl, esù erquis à nro4gorût. f..l est, de M. Vrnet. <r lllmo de Maint?non, rualice'eï secret à Louii XtV,en 1685, moios vive el, moins piquante quo Mmo de Sévigné, se distingue parI'esprit d'observation, le nalurel et la prccision. On croit senlir ttaus ses lettrtisla circonspection d'une position éguivôque, et la dignrté d'une haute destiude.:i

(3) Les portraits de M. de Lamartino dans ses ouyrages bistoriques, si brillantsrl'aillcurs, pècheot par la rnonotonie de la folme. Celte lbrne ccpendunt. est lameilfcure;-c'cst le'poqtrai| nziætc, c'est-à-dire celui qui p.éseu'te ù ta.fois lephysique et le,urornl-de I'individu. rr Le portrail, plrvsiqïe rtul. dit qvec rarsupÎtt. Goïniot (Nonrel c:rVosé de la compo'sition titiéiait:e, nnrralion it'ctesel;p,

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'' cHÀP. xtl;  '' cgÀp. xt1. {6"

nicrls' Bbs frortrai tb'du môrne individb,' tietrod'qq:trls' $r]ht dds*tinds àr uue histoire, à des lTlérnoires''ou"o rqûelqrte ættireflodlôquënce. Comparez le Catilina de Salltrstg'c[ celui dcCicérôir'; 'Condé ei Tttreone, dans Ie cardiriel'tle'Itetz, dansHobsuet ôt dans tr'['o de Sdvi$né. Bossuet met'dâns ses por'-tr'riit*, eonrme ailleurs, une énergie et un çntraÏn qni ne sontotùâ lui. Vous rappelez-vous ceui de Cromrvell et deGustave-Âdolplie? Dmts dejui de Condé, pour mierrx faire saisirleëltflti€tère'tle .son béroso il le met en oppositionnvebTurenne

èt[lêS're]èvc âinsi tous dcux par Ie contraste.ItrTêtte:tltrnièr'o forme prenri le nom dcpurallè/e. Plutarquoest classique en ce genic. ITlais commd il s'était astreint'àloÂrrplirruei à tous les grands hommes de l'antiquilé sansexcep-ti'o'tr, it:emit di{Iicile [u'il n'cût poiut quelquc uniforrnité, ctqttt palfois les rapprôchements ire fusscnt tbrcis I c'est ce quiêSt-]ârfil,é.

La parallèle est ex cellent, par exenlpl e, pour fairc appr'écieriCSn deiiactèrcs littéraires du- àrtistiqgesi I gu'on ! ne,, juge bicn&tû'ë- rra'n,comparaison. illais cornrnô itr couslstertout entler en

.-i*ilitud.. ei .o contrastes, il entrdîne à'illa'b$s'desLaflti-thèses, à la recherche du piquant et de'fingdnieux, plutôtUiie du na[urel et du vrai. Par lui on est encliii à'ex'agÉrerr à

cbritotrrner, à forcer cer[a in s rapprochementu Que'rle phnascis

creuse$ ou fausses débitées depuis qu'il y a des critiqueseô

des'iuEements sur Esclryle et Corncilleo Sophocle et Ptacine,nefiiôiinene ct, Cicdron, Raphaël ct S{ictict-Ànge !. sans plrlcrtu;fl3ç10e Ia ruauvaisc fui gui dénature à plaisir (').

i'.i rv.; ;'

tio,.)'. est insuffisant; Ie nor.tlait moral esl trop abstrait; il fatigue s'il est vul-Hairéi s'il est original, il est nral compris; s'jl est chargé tle trop de (létûils' ilï"r."titl,tu À un tvrË. il est iucd inrpossib'le. Mais le portrait pbysique ol morrl à

ln foisien,blc réirioàuite ,tL Ëtr" r'éel, quaud rrrérne'il serait-tl'iuvinIion,..y'4tir

li,i: Gladiareur dùs lord BrnoN, Childe'Harolcl's pilgrimage, cant. lVl st. tdo.Idi.

'r. (r) L'utrlenr àes Leeons cle Iittérature, cilanl un parallèle enlre Corneillcct

Rû'cïne. oir éttate une i,urtialité revollanle cn I'aveur du prenrier, s'cst cru r'rbligé'p.our. la làire conrDrcnire, de siguer t'alticlo: Fotl,1g5rrlLq. neveu de Corneilte,fi|. êbuniot *o " i'uit scntir lesildfarrts. tl cile un excellent parallèle rl'Arrg-ustee['d-e,L,oois XlV. exlrait de l'Âhrëgé' chrunologiqtte d.e l'-histo,ii'e dc ltl'ancedù piéiideut HÉrtrulr.

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1644 DD r,A nlrÉT0ntQûlJ.

Jlai pnoscrit de I'hist,oire le por[rait de fantaisie; il n1est, àsa plaqe {Uc 4ans Ie roman; e_ncore.a-t-il ses lois. D'abordpr-risque, par sa nature même, il ne peqt être vrai, c'est à-direreprdsenter un personnage réel, qutil soit du moins vraisern-blahle. Nlallez pas exagérer le vicè ou la vcrtu, la bcauté oula laitlcur, au poinf que le.lecteur se récrie et cldclare vo[recrdation.impossiblg; et_ d'une aul,re part cependant, que laIigure-soit assez originale ct les trai[s àssez bien accuÀds pourquc I'ipagina_tio.n les aecepte à l'instant, et que la mdmoile

les retienne fidètrement. Ce sont Ià les deux rndrites dés.lgrands romanciers, des Cervantès, des Walter Scott, deq,,Lesage, de deux ou trois de noscontemporains. tr,eur dassin"jest si naturel, leur colorissi vrai, que vôus croycz avoir cldjà

'

vu quclque par[ ce qui n'existe que dans leun pensée, que,lvous rcconnaisscz lcur modèlei sans l'avoir jannais eonnurct.,qu'une fois ad_mis dans votre irnagination, il u'en sprt lllqç.i ;

La tourbe des aonteurs peint dés monstres, ou des,ir4qgg$, I

vagues, confuses, dont il ne reste point de traces; elle'd-es= i

cend dans des ddtails puérils et minutieusemen[ aiTectés (l) I .,

elle tornbe encore clans un autre vice, c'est de multiplicr'sËé '

por[raits à I'infini. Yous avez lu cle ôes rornaûs où iauteurr,,peu coTrten{ dlesquisle-r jusqu'au personnage le plus çufup1.- ;

tBrne, revient vingt fois surles acteursprincipaux, lcs repro- iduit de

face, dc pr6fl, de trois quarts, sôus toùs teiaspecti(.);

--(,) f9 p.ourrais cilcr-une foule d'exemples; je me contenterai d'oo p"rrugu'ddM. de Balzsc., si habile pourtant dans èertaiùs portraits, mais qui, -ceUe-fois,

ddpasse le ridicnle de l'Àstrée 91 ds l!t[e de Scuiléry. Il s'agit d'ûne dame dontou veut faire appr'écier le caracl.ère par sa manière ile prooùnc"r ,

. rr Lc soullle de son linre sc diployait, dans les replii tlcs syllabes, comme.lerson se divise dans les ctefs tl'uneihiie; il expirait o,ràrrleu.emdnt ù l'oroille, d'oirll préclpitait I'acl.ion rlu sang. Sa façon de dile les termiraisons en i I'aisalt

croire à quelque chant d'oisèaui le-ch prononcé par eile élait comrûe uoe,

caresse, et la manière dorrr elle attaquait lés t accusail le despotisme tlu cæur. nIci toute critigue est superllue, il sriffit de citer.

(r) Nos romsnciers feuilletonistes doooent s[rtout dans ce travers, et c'ela seconçoit..Quand^uu auteur. avaut môme de s'ôtre tracé un plann el, n'ayaot parfois:l-Tu"go,ul,lu":

idée.s.prcmières, s'esLengagé ùrem,plirclaquejou.r, dri r*' jauvier.au ôI décenrbre, tlir colonnes d'uo roman-feuilleton, faut-il bieo encore <iue,pour donncr â-choque numero la mcsur e erigée, il pro6te de tôul et ire laisse lJien'echapper, suulr lo dernièrequinzaioe venue, à tronquer et à mutiler letlénotrrrrerit.

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csAP. xrr. t6s

le héros ne poumâ ni nnarclter, ni s'asseoir, -nÏ se nnouvoir

en âucun sens, sans que son atcitude soitldnguement'e8

minutieusement, déerite. i,

Fuyez dc ccs auteurs I'aboudancc stérile. ;

Ne vous semble-t-il pas d'ailleurs que c-es por[raits en-profaaso où I'nuteur ai'r'ête le perconnage dans sa marehepotir le faire poser, en quelguè sorte, ont presque

-t-oujoursje ne sais quoi d'apprêtô et de déclanratoire, eÛ qu'il est unmoyen bien pltrs.nàturel de faire apprécier le héros, coest

I'actibn et le ilialoque?Que vos perôofinages agissent ou parlent eux-mêmes, et

je les connaîtrai mieux Eue par tout ce que Yous n'-e-n p_ogl-

ie, dire. Ai-je besoin qutHofoère trace lè portrnit d'Achilleet'doAgann*oino", aprèË ce tlialogue si earactéristique oti, dès

I'ouveiture du poëme, I'un a déployé son dgoïsrne tout-royal,I'riutre eettc indomptable eolèrc que l{inerve seul peut

Pliren? ('). ''

Voud ôemanrlerez peut-ôtre quelquesrèglcs de dispositionpour Ie dialogue, corime pour

-lerécit, li deseùiption et le

ilorFait. Ccs-règiesr vous ias savez d'avancel car elles décou-ient du môme tùincipe. Vous presscntez, ptr exernplc, que

Ie dialogue narratif ôu dramafique doit, ainsi que le drameet la na-rral,ion elle-nême, avoir un objet, tendre à un but,aller au fait,

rr.Les :écarts du dialogu,e dans le drame, dit hlarrnontel,viennentcornrnundmentilela stérilité du fond de la scèneetd'uu vice de constitution dans le sujeb. Si Ia disposition cndtait telle qu'à chaque scène on partit d'un poln[ pour arriver

à un point détut*ibé, en sor'[e que Ie diato-gue ne dfit servir(,) L'action ou !e ilialogue est en même temps une excellente méthode pour

évitâr les lonsueurs. a ch-aque tbis. dit Û1. Wei, qu'à I'aide d'un iucident rat-taché au rrlan"sénéral. on niu[ dépeiodlc un pe-"soinagc, le caractériser. Ic faireconnuil.e'. il firt nrofire. lle ce tioveo uaturËl et nréférer I'actiou au récit des-criptif. C"ttu fo.*à dramatiquc, uoiffut, est ta plùs cottcise, la plus saisissanteet.il pf,gs ogréable au lecterir,.à qui.clle donne la satisfaction d'apBrécior Pui-méméo d'erôrccr son esplit et de dcviner son héros. > ,

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tbap;' xlr. t67

gtrefois' tlan$ les sujc Ls ph ikrsoptriqu es'ct li [t éraircs. Dllc nous

iilïiiio;ii"tiq,,itÏi, "i t toton e-n est rcsté I'dærnelnrodôlc.

Ëà elte se conçôit. t'antiquité vivait en plcin sili I €tux l,ayons

eiinC.ie*ts dti solell o ouïoms les frais ôinbrages dc-s jnnlins

oublics et privés o le Grec , à la fois ingdnieux e[ Ioquace t

ilfirii to.i haut.'Tout le monde_ se connnissait I et lj, daus

ffi;;;;;orrô, so.totc rencontrait quelque jeqng débnuché

i;fÈf*intore ,idoooée , ou quelque âpprrcnti philosophc, il

tngttali "ron bâton en'traveis du chèmirt, la--conversatiotl

S;i;$'Saril', "t le dialogme se.renouait naturellement nu fildes iaê'es du

'enseureotr:tmunicalif. Au rnoyc_n âgc et aujour-

àat iti:*Cru, ler méditations solitaires seflrblent nrieux, con-

;bfiif a nottd climat e[ à nos m@urs. Nos dialogtres pliloso-uli'i-ou.r. ceux de Ilems[erhuis, par cxenlple, ce Hollandais

fii'Ol Ûirrit né à Paris au xvttu siêcle,, semblent, sous lo rap-

Ëùtifa,

-f,f"*ru, un" imitation , plutôt, qu'unc @uvre oligi-

[aiô. ]Au reste, f,o.rirtit ou créntion, le ïialogue didactique-J*"-ùi.egf.., ,o**r lc dialogue narratif ou-dramatiq5e"- îril;?d" if-nr f*ot I'ernplôyer que q*end I'obscurité et Ia

n,iilVénoie'des cloctrines, l vàriété et la force des:obiections

ïii-o.i,nO* leur être opposées exigent que l'on'évite'ainsi la

ùOùotonie de Ia dissertation. Laisscz alors Vos'adYersalres

il;;toit."x-mênres leur cause g'mais commo clesfivo_tf: qui

irgt"iîrs pr*t.r, n'allez pas trouquer l'attaque.i ni la défenseà-ffi;,d i** ddveloppements toute l?étendue qu:ils lcuraJfiirftéra;en[ eux-rnême-si gardez-Yous surlout de feur prèter

àeStetfuÀrn[s évidemmdn-l, faux ou vides qui ne sembleraient

;l;ffiâ ou* poor facililer votre victoire; on 1,e voi[ que trop

àF;ÀË Ailàouuion* où I'intcrlosuteur joue Ie rôle de cornpère,

ctldonrle eomplaisamment la replique à I'auteur'-"

i;îi;t;dË Oia*rique esr ufilc-aussi pour:dclairer quel-qucs t ointJnt sco6 de'l'histoire I ainsi l'adminatrle diatogue

âi S,il" ti cl'Eucrate, dans R1ontcsquieu, où, quoi qu?en 4ise

fu*Éio,rt.l, le philosôphe-ne tlaite pas.le proscripl,cttt' âvcc

trop de reipeci, mais lui parle av-ec la convenance' d'un

hôÉime libic et.bien éIevé qui discute avscrun,tlranr sans

;[bli;" que ce tynan est un grand homrns. Iia dée]anlation

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CIIAP. XII. {û9

,opiniols, 4o votre esprit, en appliquarrt, seulemcnt à ceu, vrl qyyrrYusrr

gcnry lcs règles générales de I'art-d'dcrire.

';Ainsi donC, sans uous arrêter sur I'ipistolographie , ternri-n0n6 ce que nous avo-ns à dire de Ia nÀrration et- des forrnes

i s'y rattachent, par quelques remarques sùr un mode deqt q'y rattaclrent, par quelques remarques sur un mode de

,ddveloppement qui- peu[ s'appliquer nôn-sèulemen[ à cette

t1.en effet, dans une tnuwe didactique ou oratoire,

ilkii,ïiil;;iH',iXi,iffi;,lj:liili#,iif;iË::'.',i;Iesfls on ne peut assez appuyer, cômme, dans un récit,cer:tains faits qu'il faut agrindii, ôu au c:ontraire atténuerparJa manière-dont on les préserite. Recourez alors it ce queles Lnl,ins appelaient amplificatto.:-; rr.Ir'amplification, dit, Ciôéron, est une énergique exposi-

tion dcs choses, qui, en remuant I'âme, détermlnè Ia persua-

sion. " Et ailleurs: r, C'es[ une manière de dire vdhémente{u,rr par la force des paroles et I'énumération des circon-

. e lances, ddmontre ou la dignité et la grandeur, ou I'indignitéet l'atrocité d'une action. rr Bt c'est en conséquence de iettcdouble vertu qu'il distingue, avec Aristote, tleux espcccsd'amplification, celle qui igra'nd it et dlève, et'celle qui a baisseet attinue, quod, ag,let, non so-htm ad, auqenilzutt

-aliqr.r,i,rlet

tollendttnt' itttus dicendo, seil etiant ad, e"rtenuaniluni atqueabjtaiand;unt.Pour comprendre cette distinction, relisez la fablc des

Ani,maun mulad,es de Ia peste.

Un mol qui rdpand la terueur,lltal que'le ciei en sa fureur

lnventn pour funir les crimes de la terre,

La pestc, puisïu'i! fautl'appeler parson nom.Capïhle tl'ônric'hir en un jàirr I'Achéron,' Faisait nux arrimiuila guerre.

Voilà I'amplifieation qui agrandit I Ia coufession dc l'âne est. cclle qui attdnue.

Ne croyons clonc pûs, avec lcjésuite Colonia, dans son

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" CBAF. Xt!. ûv',l

Qrrû,.le,:lninlstee':Necher, pour remédier à I'cmbarras tles

flua,r,eosr,uD denrandait rien moins que Ie quart de Ia fortune

de,elnqque eitoyen ; songez quellc opposition clcvait, soulevcrotsnlrilevci réelletnent l'idde cl'un si forrnidablo irnpôt; songez,.qrbo'I'arateur avait dCjùr parlé trois fois dans ln séancc, qu'il.dtait r'plus de qualre hcufesn ce qni 'répond à six ou à septd,ans ''uos,habitudes actuelles, que I'attention de tous dtaitfati$nde;réppisée par Ia longueur et la violence clc la cliseus-"sionr G'est alons que illirabeatr, détarnniné à ernporter Ie,vote,,+[n,jou reF,oisivoir Condé en face des gros bataillons t\a'tr'ewffiôedi"BspagùerJ'+"- prend la parole pour la quatrième fois, et,que,,mtùnassànt'toutes ses forces, il prononce cette triompban-teeknplificntiou, un tles plus beaux monuments de l'éIoquence,uréienrre ebmoderne. Vous la trouverea parlout; remarEuonsdoutrnrnent:cpre la pdrornison de ce ruorccau nous donne prr!-qTstiruentrïeicmple d e I'anrpl ifi cat ion qui rcste amgtlifi,cation,et:'dgcelle qui devient, d,éclantalian. , ',.. xl, ,, ) ,,.lour,r,rDbl messieurs ! à propos d'une ridicule motiorn tluPalais-

. ..Ro$nlgrd'unc risible insurrection, qui ntut jamais diir'npor-+."nsa quc d*ns les imaginations faiblesr'ou duns lcs desseins

"pÈrïers dc quelques hommes de nauvaise l'oi1 ,vous ,il$ez+utcndu naguèrc ces mcts foroenés : Catilina,est aux poltes,et dn d,élibere ! Et certdnbrneût il, n'y avait'nutoub d'e nous n"i

:Cqlilinà; ni 1Érils, ni I'actions, ni Romei..:r '',

ir' rPtir oonséquc'nt I'annplifieation dtait mauraise, puisque les,riifirôsnstan'ee$'ne Ia justifiaient pns; tandis quc quand lllira-Jrcau ajoute;, c Slais aujourd'hui la banqueroute, la hidcuse'ùa4q,meroute esl, là; clle ulenace de consumer tout, vos pro-.pn!étdi{, votrc honneur, e[ votrs' délibérez ! r' I'amplifica[ior'lost exeellenle, parce qu'elle est à sa place, conme eelle de

îite-Live qu'ellé rappélle si bien z t Ante portas est bellum;sd inde non Xtellttur, janz tzttra mcenta erit, et arcern et Capi-toliunt, scandet, el, in, tlomos oeslt'ct.$ u 0s persequelflel, ; la guerrre

'gt$û1ulrx portes I qu'on ne l'en chasse pas, etrlc sera,trieiltôt.dausrnos ururs, cllc rnonter'a au Cupitole;;elle occupcra ln"giûhdclle, elle vor,ls poursuivra jusqug dans vos maisons,. n. ''*rrlroih donc de blâmer I'amplilication, quarld. au^lieu diôtre

CBAF. Xt!.

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172 DE.[a nrÉToruQUE

tun hors*rfl'æuvrei ellc se lie et se rattache parfuiternent à uusujet solidc e_t digne

d'cllc, clisons, avcc cicèron, flliJnrs clleest le triomphe-du

style, sanlmg laus eloqu,entt'ceàmptif,carerena arncc'indo. c'csÉ èIle qui, chez res Rdmains comhtj ohcur

!gr yo,{*nes, distin gue l,lionime éloqu ent cle l,bonim;ddùï

l'::!,gllq, qni donne ir la,prose la gràndeur, la hardiessel IÉ.poesre o-expression, _aerba pr}pe poetarant. r)ans DÉmos-ll..nu, dans Bourdaloue, dhns pascal, dans le comto de

{aistre,dans Lamennaisr. elle fortifie i'argu^ent*iàn',

etiâll.oqte au_ raisonnement- âe l,ampleur et aË t,eo.rsi.. ,Dflnscicdron" da_ns Bossuet, dans ilIassillon, dans noussËnu, aorrtIlernardin cle saint-Pierue, dans chatea'utrriana, ritu ,tâo..r"oplutôt au .lentirnenf ou à ltimagination. yryrrrîoo. Bossuci{coume ellc fait relentir.jusqu'au fond du cæu, lcs coupsmultipliés qui frapp_ôrent ftr-en_riette de France, et le tonnerre

$n1eyqui tua. Henriette d'Angleterre, voyez la manière

oont rtousseau clémoutrc, pan l,amplification, que le duel estI'acte d'unc bête féroce, 'qïc le suicide *r ûti à"i*" .r-"Ëïll société et contre Dieri, Que I'homme ne doit pas selourrirtde la chair des aniruaux, eic. --- r---

, _TL*,n" snemploie pjs ieulement-dans l'éloquence et,la phi+

[9-.1onfie ; que d'amplifi ea tiorrs- p_oéoigues danï Hom ère, d'ans

,Ytrgtle, O3n9 Rgqile, dans lord B_yron, daus_Lamartine, dans

f'auteur d.e Ia Diutnc Epopëe et de Jeanne tl,Arcl : tJe sais gge bien des- pïetes ont dtrangement abusé de ce

To.Iql de développcrnent; quc certainàs amplifications deCrébillo-n, p_ar exèmple, dê Corncille lui-mêde, ie ne verrxpas parler de-s contemporains, sont de véritabtâË déclama-tions.

-lTlais, d'autre_part, je né voudrais pas, avec condillaclluuelques autres rhéteurs, montrer au'poÉrc une sévérité

{eplacée, et.le trai[c1 poigs_ en poëte Qu,en philosophe.Plusieurs _critiques, Fdnelon à leur t'ête, ont viveheni blânéIe récit de Thdramène dans plùilre..Thérarnène, disent-ils, se plaît trop.à déerire les corraes menaçuntes, IeJ écailtesxou'nissantes et la croupe qui, se reeourbe. Il devrai[ diresimplement ct tl'une ïoii en[recoupde r - flippolvte estmor[, un monstre I'a fait pdrir; ie l,a1 vn. _ Il'est iisé de

DE' [a ullrilonrqua.

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crIAI', Xtr. 171

rrlponclre à ces critiques, et Voltaire I'a fait avec beaucoup

dciustessc. Il n'oseo ilest vraio

défendro niles cornes metra-

çan1es, ni les écailles jaunissantes I soit, et j'accorde queitaciné airoublié, dans ec récit, sa sobriété habituellel mais,d'uno autre part, se borner à I'asscrtion lacouiquede Fénelon,c'eût dté, eh guelque sorte, désappointer le_lecteurr {-Etcommc thrlsée, demande des détails, c'est-à-dire l'amplifi-co[ion, T]éramène dit précisérnen[ ce que Fénelon désire, etilile dit, on nroins de mots encore : ,r Hippolyte n'esû plus. u

Le père s'écrie ; Thérarnène ne reprentl ses sens que pourdirô: u J'ai vu des morlels périr Ie plus aimable. , Et ilajoule ce vers si nécessaire, si toucbant, si désespérant pourThésde:: rl [!t ,

:-,'ii,-,r-rEt j'àsc dire encof? seigneur, le moins coupable.

i;'Ëi-n"tion est pleinement observrle, Ics nuatces se fontsmûir- l?une après I'autrer Le père attentlri dennande ' a guelDieurlui a ravi son fils, quelle foudre soudaine?,.. r' E[ il n'dpas le courage d'acheverl il reste muct',dans,grl, dotrlour;,lliUend'ce récit fatal; le public ,l?attmd de même..Théramènedoftfrépondrer On lrri deinande dos détaila ; it doit en donnetr.; r

Quêl est le specl,ateur qui voudraiû ne lcs,'pas entendre, !epas jouir du plaisir doulourèux d'éeouter les.sireons[ancee dc,la mor[ drt{ippolyte? i

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CHAPITRN XIM"

DII GO&DS DE L'OtVRJlGt.- Â'RcttIl[ENtrÂEIOItt,

aÉ!'ûTÂEtoN.

,!r.,'i I; rll,it: J . .i(jli

. ' ;r f, r,: .r.ti ii!. ,_.r.:;r tl:,lll

I r;t,.-j.i:r[-r:

, r rii, !i-tril1:llicoNFrsrffÂrrogt

. rl t,.t[-!l-----''j! i "flill[{r'l' " liritli',

' 'il, ti :lll.l,,.' . ''. .'-È

, ! rlrtj _t

' i,.; 1 1 1,-r In

La narration et les genres que nous y avons rattach&,; élêS,Jcription, portrait, dialogue, eic., formént souvent I'errseniÏitfF

de f'ouvrage, -mâjs souvent âussi ils n'en son[ eu tJublQudrsorte que le fonrlement, ct alors l'édifice lui-même:êst tirUt,entier rlans Ia confiruxatiotx: , ' ; .:, l.'rrp Jrr

La confirma[ioir renfermc les preurses ou arqxnttettts,t'Orc'est dans I'argumentation que réside toute l'idres$é ,et'.lar

tolgr fe !?éloqrrcnce judiciairê, d'une grande partie dri'genfeidélibératil; d" l_" poléurique, de la pl-upart d-es dcrits p:hiloj:

sophiques et didaciicgues. ll est donc impïrmnt dc s'y afréter.lNous avons rlit què la science, l'expérïence et Ia rùéditatïort'donnent le_fo.nd-,

-etla logiquc-la foi.me de I'argurnentation'.I

Pour cctte derlnière partidnôus pourrions clonc icnvoyer airx,.traitds en prafesso sur Ia matière. On cornpreud ruaiirtcnahtpourquoi.nous demandiotrs que cette étudc prdcède eellerdella _rhétorique. Quand les rh-éteurs, en effei, dissertent dtt',

syllogisme et des autres mauifestations du-raisonnernett,ils_ne peuvent le fairc que d'nne manière superficicllc; ilisc bornent forcclment à un rapide aperçu dc la logique

'[ar";

yyl.le, toujours incomplôte et tloitcuie, sans la logi{uè réblte ,iItraispuisque-, en dépif de tsoileau, on n'epprcnd paË à punser,iaaant que d,'ricrire, farce nous e-st, tout e:n con{èssani ntifit5insu{Iisanae, dtindiquer au moins sonlrnaircmcild,lbs prinhl-

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CHÀP. XIIT. rr'û

pes d'argumentation, c[ Ies principaux termes a{fectrls auxdiverses espèces d'argnnncnts.

Avant tout, il faut bien savoir quelle nature d'argumenta-tion est applicable aux iddes que l'on veut communiquer ctfaire admettre.

Ecarl,ons d'abord eertaines. vérités d'instinet, dlntuition,de besoin, de sentiment, qui n'e se démontrent ni ne se con-teg.[gn[' dont tou[ être régulièrernent organisé a laeonsciencc,qtiÏ'nè' sont niées que par les monstres et les malades,

comrne Ia ltrrnière par I'aveugle. Ici point d'argumentation;enlevez la cataraete ou taisez-yous. Bornons-nous aux véritdsqui sont du donnaine du raisonnement.

Pourquoi admettez-vous que elans tout triangle la sommedes trois angles est dgale à deux angles droits? Parce quc' y4!tF dhdu,tsez cette vdrité d'une série de propositions succes-qtrpment dvidentes d'où elle découle invineiblemcnt,. Yous

nxqrppjlqe4'vous trompeq, parqe -qu'ici lc principe étant enTpil{,gr"Jorlqs€n connaissez Ie résultat dans.sa raidon d'ôtre,et qu'il ne peut vous par.aître autre gulil n'est. " r ;

rrPqurquoi admettez-vous qu'uno quantité donnde d?acidenifqigu,e - d[ssout, une quantitd correspondante : diargenl, ?P+[se, que vous inilaisez, ectte vdrité d'un aertain nomlircd-?cxpérÏenees gui vous ont toujours présenté le mênte résul-

tal..,Mouspourez vous tromper, ptrrce qu'ici le lhit dtant horsde..y*qs, tlien qu'ac[trel et suscep[iblc de se vérifier, Yous neleuqonnaissgz pâs dans sa raison c['être, ct qu'il peu[ vouspapaitre autre qu'il n'est.

, ,Bsu4rluoi adrnel,tez-vous qu'Alexandre a vaineu les Perscs,cltqug le castor vit en socidtd? Parco quc vous n'avez ûucunmotil' valable de révoquer cn dou[e I'autorité de eeux quivous

onttransmis ces

vdrités, etquoen conséquence vous

croyez'à,leur témoignage. Vous pouvez vous tromper, pârcequiici Ic fait étant non-seulement hors do vous, mais tel quele,temps ou la distance ne yous permet pas do Is vdrifierpçqspnnellement, vous ne le conuaissez pas dans sn naisond'Êfu,:ql çt quoon a pu vous Ie prrisenter.autrc qu'il n'est.

'II',f, a dpnc cles vdritds d'dvidence, (X,(to nous adruel,tôns

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47t DE LA nUET0ntQUB.

immrldiltenrent, ou quc nous ddduisons par la déruonstral,ioncl'autres vdrités'préôdrtemmen[ admisci; tels sont les axio- |

meà, lcs propositions mathématiques. On peut mêqe ranger. I

parmi elles les principes fondamentaux de Ia métaphysiqueI

et tle Ia morale. u Fourquoi Archela[is cst-il à plaindre? -,arcc que, dit Socrate dfns le Gorgias, il vaut niicux soqlfrir j

I'injnre que de In commettt'e. - Pourquoi ? - Parce qu'illn'{ " pns dc bonheur sans vertur e-t Ugil.existe unê jus-,ticelqui exige l'accord entre la verl,u et la félicité. u

' Il y i ,hr vérités d'expérience, que nous révèle Ie tdmoi-{gnose de nos sens ct I'analyse, et que nous géndralisons,'après un certaiil nombre de faits recueillis, pour en cklduiree'ns;ritc tous les faits homogènes I telles soot i.s vérit'ég phy,1XtulÏ"î

n dï vérités de rémoignage,,qui..rous olr é(;d#;nrises par d'autres, et que nous n'admettous qu'après âvôtï,

pe,sé ei contrôlélei.autôrités sur lesquelles eilËs s'ippuienu yjtclles sont les vérités }istoriques. . , , :r; . ir

. Voilà troïq ordres d'assentiment auxquels on peut irippô1--,ter les propositions de toutc nature.

on rônirirquera que fàs trôis àrAres sb rencontrdiit àh u'Ârpoint r poser dbs ûiiversaux e[ en déduire l'hypofhèsb à ëta;btir; sôulement, dans les deux clerniers, ta"rÏéduôtïoh,rl est

prdcëclée d'une analyse, d'un examen, d'une induction'dontle prcmier se pâsse; il n'a pas besoin d'arnener ses prémis-ses; il lui su{fit, de les énonccr, ' :

On remarque aussi qu'il n'est point dc déduction possible,tant qu'on n'cst pas arrivé à une idée universelle à laquelleon puisse rattachcr I'hypothèse. J'énonce cette proposition:Milon, meurtri,er d,e Cf,oiLïus, est i,rutocent. Si vous vous re-fusez à I'admettr"e, c'est que Ie rappolt cntre le sujet e[ I'at1tribut vous échappe, c'est-ir-dire que vous ne silvez commentrângcr l'iddc individuclle z frtrî,ktn , meurtri,er d.e Clod,ius,dans l'idée gornér"alc ùtnoc'e'nt. Pour ob[enir votre assenti-mgptr je cherche une idée intermédiaire dont Ia relatioriav-ec i'ùns et l'autre soit dvidcnte ou préalablernent dér,hoh;tréô, p'èdp,i1i{iqq qp.i gpit manifestemeit eonprise tla ns W!fto.,.-

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oûAp. xur- 1,77

cenî, el qiii, ir son tour, comprenne manifestemen[ trIilon,

nieiirtrîei ile Cloihfus. Je troirve, par exemple , quiconqttefruppe dans u,n, but de lëqitime défense. Apiès av-oir étudid'cetic' idde, il moapparaît qù'eile est $ l'égard ile I'idée innoceptdans Ie même rappor[ que le contenu à l'dgard du contenant,

' eÏ'à l'égartl de'ltclée'fr'tilon'nrcurtrier â,e Clorlius dans lemême rropport que le contenant à l'égard du contenu; que lacatégorie tneurtriws d,ans le bwt de lëgttùne d'éfense doit être

"rng"ée dans eelle d'innocents, et qri'à solt t'our I'individuIfilôn est au nombredes meu,rtrteri dans le but de l,egitimedéfense, d'où je conclus qu'il est au nombre des innocents,ce-qui était à clémontrer ; et je formule ma déduction parI'àrltment suivant : u Quiconque frappe dans fe but de légi-timé-ddfense est innocent; or Milon a tué Clodius dans le butde tégitime défense; doné Milon, meurcrier de Clodius, estinhoeent. l

L,a déelusiion ainsi formulée sc nomme syllogï,sme.I,'axiome suivant constitue donc la raison du syllogisme,

rôiiéiaere du moins dans sa forme ortlinairc: Tout ôe qùi peuû

êlre affirmé ou nié universellemen[ d'une idée peut être a{firméou,nié de_ ehaque eppice particulière et de ôhaquc individucômpris dans cette idée.

Si maintenant nous analysons le syllogisme? nous y trou-vons trois propositions, composécs chacune de deux termesqui s'y' refrésàntent tléux fois. Lcs deux premières proposi*tions

-senomment prémï,sses, parce qu'elles précèdent et

anrênent la dernière-. Celle-ci n'est autre que la proposition.uië.e à ddurontrer, qui prend alors le nohr de caniéquence'ou conclusion. Lapremière prémisse s'appelle ze ajearerp&rcequ'elte énonce la proposition générale, ou, en considérant'

lès terrnes, parce que, avec l'idée intermédiaire, elle contientIa plus étendue des deux autres idées1 Ia.seconde s'appellem,ineu.re, parce qu'elle érionce Ia proposition particulièrenou, suivan[ les termes, parce qu'elle eontient, outrc I'idéeintermédiairc, la moins étendue des deux auttes idéès. Dansle Ëy[ogisme brdinaire, I'attribut de la prcmière prémisserenicrnie donc en Iui les cleux autres termes, aussi Ié dirons-

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{78 DB t nndTOnrQUE.

noxyqrsnd e:xtrême; Ie sujet de la seeoncle'est donc renfeirnddans'les dcux autres ternrei, aussi

le clirôns-nou speiit errtr"ê:itrdieltfin Ie:sujqtr dc Ia prernière, dtant I'attribut'de,la seeorrde,,;esl eontenu d'une pait et coniient, de l'autre, ausdi leldirbris.lnous mo'tJen terlne. '' "; r1l,!;1-$

,I,e syllogisme.est catë gorîqtie, eon diti,onnel, ou d,tsjonei'if;selon gue sû nlâteure est une proposition simple, cbnditiOn-nelle ou disjonctivc. L'exempte ôité est un sj,ltogisine ëelérg0nqÛC. ': ' r' r;l lLr

Si ilfilon a tué Clodius dans Ie but de légirinre ddfensèf{i-in'est pas eoupable; or il I'a tué, etc., donel iI n,cst pas edirtpable I svlloglsnre conditionnel.- - luilon a tué clôdius audans lo but do ldgitim-e défense, ou par tou[ aulre'motifidans le pre.pigr eàs, il n'est pns eoripable, il l:e$t ilànCif;isecond; or il l'a tué, ete., donô, etc. Syilogisme disjoùt{id

G.n voit que ces deux dernières'formes-peulent sêJrâmen{p

toujoprsàlapremiôre. ,,r,r:Irr"o'souvcnt l'?une où I'autre des prémisses a besoin eilc"ur&iiE'd'une démonstration, d'u n d éve)oppern ent. L,ex emple doiin dici en esl Ia preuve. car il faut dêinontrer qrr'eri ô{ret ii ustpe.rmis {o !u.er dans le cas de ldgitimc défense, et qu,cn elf6[Milon. n'a fait que se ddfcndre e"ontre unc injuite agressiorr;le syllogisme ainsi ddveloppé prend le nom d'épichérè,tna;-ti

si au contrnirc une primlssé est tellemcnt év'identcqu GItëpuisse être supprimde sans dinninuer Ia force cle l'arwimeii-tation , r'etranchez-la . cet te proposition : Tou t être raisônnablect libre est responsable deies-actions, donc clodius est rësJporsable 4o !9r actionso- suppose que-l'on tient pour démrih:tré.qu.e Clodius n'est lrivé

-rii0e

-rai.son, ni dô libertd, f,iisyllogisnre ainsi resseiré se nommc entlryinèrne. ' 1 ,.'

une autnc méthode abrdgée de raisonieuent, syilogistf{rl.tiest, cle néunir un assez graid nornbre de uroposftion"s telic-nncrrI lides cnsenrble qul l'attribuI dc I'un'e tlôviennc' conti-nuellcmcnt le sujet de.ôelle qui Ia suit., jusqu'à ce qu'on arriveil une conelusr()n en réunissant Ie sujct de la première à I'àt.ltribut rlc tâ dernière. Je veux p*nir"er quË Uieu,iq,rriq,ûÛtou[-puissani, nc peuI pas fÀire cdq*i inrpriilue."niioâiciiôiil

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CHAP. XIII, t79

.|f,.d,i.ç,;,t r; Dieu est tout-puissant -uo étra tout-pui,ssant estgg.lui qui peut faire tout cê qui cst possible

-Ge qui est possi.

!le"pst ce qui n'implique pas contrndiction - donc Dieu pcuttq[pg tout, ou ne peu0 faire que - ee qui n'implique pas con-tradietion. r' On appelle sorite cette suite de syllogismesko4quds; , .,

--r.E".nfiq Ia dcrnière espèce de syllogisme es[ le clilemnte, llsiggit, dnn.s le dilemme, de pr.ouvei une assertion, en éta-btrissant l'absurdité ou Ia fausseté de loasserûion contraire dans

gqutg,hypothèsc possible. Le majeure du dilemme so formediUnt proposition conditionnellc dont I'antécédenI est llasser.fion qui doit ê[re niée, e[ le conséquent l'dnumération dchUtes tgq,hypothèses qui peuvent amener cet,te assertion ; IaEippgre reje[te ensuite l,outes trcs suppositions contenues dansIçieg,nséquent, et dès lors il ne reste plus dans la conclusiong.gÀ,Iejeter l'antécédent lui-même, e'est-à-dire à poser la

vérité contrairc à cet antécédent,. Vous voulez prouvèr par ledllpmrue que Dieu a créé Ie monde parfait en Ëon espèce r-q,tl{qÀewrq.'Si Dieu n'a pas crdé Ie monds parfair, cela nep"eut;qeçir quc d'un défaut de volontd ou d'un rdéfaut deprrissqnce ; - Minewre r mais cela ne vient ni d'un défaut deygJontér_car alops il serait niéchant, Ces[-à+dire il ne seraiùpas pieu; ni d'ur! défaut de puissance, cm alors il'serait

iEpuissan[, c'est-à-dire encore il ne serait pas Dieu 1--Con-c@flqry,: donc it a crdé le monde parfai[ cn ôon espèc'e. n

t,ile paqsg d'autres espèces d'argumen[s ;i co ]ivie n'est pasuq JrAité de logique I rnais ce peu de rrro[s peut suffire; cenrc,semble, à établir le principc e[ les modes les plus ordi-naires de Ia logique fornrelle.

Maintenant que restc-t-il à faire à l'dcrivain? Bien déter-miner d'absrd à quel ordre de véritds appartient la proposi-tion à démonf,rcr, et.celle-ci une fois classéerarrilrer'à I'idéeSÉnérale dont il déduira I'h.vpothèse avec nelteté et précision.,,.-ËiÊtl çnpendu que quand je parle dc remopteraux généra-litæ, il.ne s'agitpas de donner dans le lieu commun, mais de

dÉg+Sçf l'qspril, dc Ia question spécialerlonsqu'il,teûd rà b'yrfr$,s,g5r,gfr:pour le laisser se ddployet à l'aiso "dans,Ie.vas[e

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{80 " DE rA nrrÉlonrQuE.

glo*p"9:: univer$au1. .. Qo! ne sait"traiter que tr'espèce, djllico, diffère au1ant d_e celui gui s'ereve J_usqu.au genre qul

l'homme qui voit les objets de huit et au hanibeau-rtifrère'dicelui gui les contemplaà la lumière du soleil. ,, eurnd olpeu-lr dans une causè particulière, dans une discilssion nr,tuelle, rat,l,acher.son ar$um.entation-à quelque grand principeà quelque vérité d'un-ordre érevé, ioit'"o ilorni"'r-soit erpolitiquer on lui dglng une gravité, une autoritd, uie rlroq9pr.% que les spécialitrls nè comportent pas. N6us ve*onr

bientôt qu-e, d^'après Buffon, la généralisatiàn des idées est lrfl_u.-r ln,pl,u.l'réquente de la sublimitd du to.n. Ellc l,est égaIement de la pujssan_ce de I'argumentation. tllevezragrnnd-issfz 11

TaJeure tlu syilogisme. Tel a été, de nos jours, Ie secre,.tu ._ty.lg des doctrinaires. Et, quelque ridicuie quâ I'on ai,attaehé à ce nom, les discours dej Rover-Collard et'dàs Guizot

iygltr.ly Ia su_périorité de leu.r9 $dnéIalisations, une ptacr

i,I^i-,i ii1r,1 :r99:r9n ce partemen taire. Remarquez au ssi qurc?st Ià un des mérites de Bossuet.Bnfin iI ne sulfit pas d'avoir trouvé ses preuves et dner

avoir reconnu Ia nature, sachcz encore les c'hoisir, làs dis.poser, les traiter., cicér'on, au deuxième livre' de I'oruteur, donne sur Jt

choiæ d,es Ttreuues d'excelrents préceptes. Il iaut ;;i"; comp.

1*:. 3.yg _p.:,:i l":argu men t s, tiu m

eiand_a

.minu s qu am p on-cxeranda r._s'il est des oecasions ori l,on doive s,occïper âe Iaquantitd plus encore que de la guarité, c'estseutr*LdilorrquoIes preuvegr faiblespàr elles_-m-êmes, ne peuvent, eomme lessarments du faisceau-de laTable, a.cfiudrir ae_roice que part^-g'll_i

:':.,t _qlTd^on espère qde teirr eusembtà t"ir,irpnàr,ou chacune à part erit été impuissante :

Et quæ non prosunt singula, multa juvant I

c'est enfin guando ne pouvant renverser comme la foudre.on,veut.du moins, compg la grêle, frapper à coups;à;-:Dres, enanù s?, non ut ful,mûte, tanten, ut grandinà. Mais entout état de cause, rejetez toirtes les preirves positivement

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ÛEÂP. XIII. {81fiivolesr-vulgaires, mêlées de bon et de mauvais, utiles d,,uncôté,

nuisibles de l'autre, toutes celles qui pourraient donnerà vos paroles une âpparence de contradictiôn et de mensonge.Aygz soin eneore dè-ne pas vous arrêter aux proposifions quenul ne songe à contester, allez irnmédiatemenf a" næuddeIa controverse ou de Ia cause. Toute discussion, eommetoute narration, a son poïnt cwlmi,nant C'est là qub doiventse coneentrer toutes-les forces de_ l'arguqrjntation. Quintilien,au commeneement du septième Iivreo ddveloppe minutieuse.ment cetteidée dansses rapponts avecl'éloqueïee du barreau._ L,es arguments choisis, commcnt les disposer et les traiter?La disposition dépend presque toujours dei circonstances. Laseule TèSlg I p.o près un-iverselle, et que la nalure enseigne,ay11rt les rhdteurs, c'est de garder les ârguments lcs pluJAe-cisifs pour les- derni_crs, soit en employant simplefoent lagraclatton, soit en frappanû d'aborù uri grand cbup, et enlaissan_t passer ensuite les preuves médiocies, pour feimineravee plus de force'et da solidité guc I'on n'avÀit oommencé.C'est, c.e qug Quintilien appelle-ingenieusemen| la tacttqwehomérique. Le vieux Nestor, dans Homère, met au preniierrang sa cavalerie et ses chars, au dernier. sa nombreuse etvaillantc infauterie, au milieu ses plus faibles soldatse ;caxo,igFèg pëoaov il'asoo.

Quant à Ia manière de traiter les preuves, je devanceraipar-une .seule observation les règles gd!érales de style appli-cables à l'argumentation comrne à tout le reste, et atxqueilesnous amivons bientôt. Que l'écrivain, Iogicien roujoursiévèrepguq le _fond, emploie rarement les forrnes rigôureuses dcI'école. Feu de sujets en admet[ent la roideurr-peu de lec-teurs en supportent Ia monotonie. Que son syllogisme dérive

le plus souvent à I'dpichérème de Cicéron ou à ltenthyurèrnede Démosthène; que Ia majeure ne soit pas invariablemcnsuivie de la mineurer-et-de concert avec elle n'amène pasinvariablement la conclusion ; qu'il supprime certains rnern-lres de l'argumentation faeiles à suppléer, ou que, cn les{éveloppant, il en intervertisse l'ortlre normal. Lriuritaûion,l'habitude, la passion exerecn[ une puissante influence sun

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t82 DE r,A nSriTOnrQUE.

les hommes I qu'i! ait sonvent recours à l'induction et à

I'exemple, parfois mêrne à I'argument personnel, urgumen-tum ad h,om,'inem, qui tourne les vices et les torts de nos ad-versaires con[re ]eurs doclrines et lcurs prétentions I qu'ilpréfère Ia gradation au sorite; qu€ I'amplification soit fré-quente, Ie dilemme rare, peu de eirconstances perrnettentde le produirc à coup sûr, En un mot, qu'il n'o'ublie pas queles natures et les institutions humaines sont ehoses flexibles

et onfloyantes, ne comportant guère que les demi-vérités, ets'acrommodant rarernent de la rigueur de l'expression lo-gique. Celle-ci serait moins irrésisl,ibtre, si elle était toujourset partout de mise.

-Au reste, on conçoit qu'il faut se trier ici au coup d'æil del'écrivain, comme, dans les préceptes de la tactique, flu coupd'æil du général. C'es[ une observation commune à tou[e la

rhétorique. Bien gue les plusgrands

orateur"s etles plus

grands capitaines n'aient pas dddaigné la théoric, ce n'cs[fourtant pas prdeisément pour les Mirabeau qu'on[ éeritCicéron ctQuintilien, non plus que Yégèce et Folqrd pourIes Napoléon. Les règleq sont subordonnées à Ia matièrer a,ttx

circonstances, à I'occasion, à Ia néccssité. C'est à I'écrivain à

comparer, à peser les prcttves, à se déûerrniner dans leur or-dre ét leur choix d'après son propre discernement, à sc Inou-

voir, en un mot, en sens divers selon les vicissittldes du sujet.a La rhétorique, dic avec raison Quintilien, serait chosc partrop facile, sion-pouvaitla renfermen tout entière dans qugl.qoËr prg.. de règies... Ses prée.eptes nc sont p-as_des lois ei despténisciies dont on ne puisse s'écarter. C'est le besoin qui lesâ faits ce qu'ils sont. .Ie ne nie pâs que le plus souvent ils nesoient utilés I autrement jen'écrirais pas. Mais si ccttemême

utilité nous éonseille de nous en écarter, il faul la préférer àloutes les règles. )t

Cette remarque s'applique ù la rëfittation, qrui consiste à

combattre les aigumenfs de l'adversaire, à détruire ses objec-tions contre norprincipe$.r ses allégations contre no[re pgr-sorlne. Que, selon les circonstances, la réfutation suive oupréeècle Ia eonfirmation, souvent même l'accompngne et se

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{B& DE LÀ nHÉTOR!qUE.I

.l

enfin toutes les espèces de sophismes et cle paralogismeç.Lc paralogusme

,ïelonplusieïrs, tlilfère du^soplùime, e\

ce q-ue, de_ces deuxrafsonnements également fauf , tre secondest le résultat de la mauvaise foi eid'un parti pris, Ie pre-nnier celui de l'erreur eû d'un défaut de ôciencb ou d'atten.lon.-D'aul,res_logiciens nhdmettent point cette dis[inction.Peu irnporte; Ie point essentiel est dô bien saisir l,dquivoquequi est au fond de tout mauvais raisonnement et de la mettredans tout son jour.

Dans la réfutation de eertains sopbismes dont I'absurclitésaute aux yeux, e! en gdnéral touted les fois que l,adversairep_eut prêter au ridicule, Ia réfutalion ironique est souventplus puissante _quc les iaisonnements'(r). Cbst elle qu'em-ployait Aristophane pour eoruhattre Iès sophismes cle sonsiècle, parfois si sembl-ablesà ceux du nôtre. Socrate etCiceronla prirent sous leur patronage I mais ee mode de réfutation

apparti_ent_surtout aux Français, et ressort, dès I'origine, dugénie d_e la nation. Les vieux -eontes de nos trourërej, leroman da Renard, les bibles, lcs nefsr les ô/asoms du moyenâge n'dtaient _nutre chose qûe des'afégories ironiqucs i").Sa4s _parler tles satires prôprement diies, depuis- l'iauiËed'Archilo-que, jusqu'à cetui aê m. Barbier, la meilleure partiede la

^Satare /;rci1tpéerqui donna plus d'aâhérents à genri IVqu_e

Ie gain d'une bataille, n'est qu'une réfiltation par Ie ridi-culc. N'est-ce pas surlout à I'ernploi de I'ironie què les pro-uinciates de Pâscal doivent Ie privilége si rare pôur un écritpoldrnique de survivre jusquàujourd'hui aux ïirconstancesqni les inspirèrent ? Fasèal èst sriivi au xvnre sièele de Mon-tesquieu, de,Beaumarchais, de Voltaire sur0out, Ie plus habilegn cg gerlre ; au xrxe, de Paul-Louis Courier, dont Ia naïvetéfirt si malicieuse, l'érudition si piquante, ei d'autres publi-cistes dignes de marcher surles traôesde leursprédécesseurs;

(t) .... ridiculurr acriForrius ac meri ua masnas o,ïiîlïïïr:,

,-('). sur ces_divers genres de. sarire allégorique consuttez mon Eistoire de Iattttëratr,reJi.anmise jasqu'aaNtrra sièclen t. [o c. B, p. 8o.

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|]HAP; XIII" ,r8s

je ne parle pas des poëtes. Voilà les maîtres à suivre dans la

réftrtation par le ridicule.La liberté de Ia tribune et de la presser consaerée par uosIois et nos mæurs, scmble donner toutc licence à cet égartl,el, certains journaux de petit format, enfants perdus de lapolitique, ont annplement profité de Ia pernlission. Mais c'cstnar eela même gue l'orateur et l'écrivain doivent se mettreàn gurde contre-l'abus, et ne jamais perdre de vue ces excel-lentl préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rienajouter : a Nous avertirons I'orateur, dit Cicé1on (')r den'employer la raillerie ni trop souvent, ear il deviendraitun bôuffon I ni au préjudice dcs mæurs, il dégénérerait enacteur de mimes I ni saus nresure, il paraî0rait méehant; nicontre le malheur, il serait cruel l ni contre le crime, il s'ex-poserait à exciter le rire au lieu de Ia haine I ni enfin sansôonsulter ce qu'il se doit à lui-même, ce qu'il doit aux juges,

ou ce que les circonstances demandent, il manquerait auxconvenances. ll évitera aussi ces bons mots prdparésr mé-ditds longtemps, et gu'on apporte tout faits; laplupart sontfroids et insipidés. gu'il respecte surtouI I'amitié, la dignité;quiil craigne de faire des blessures mor[elles ; que tous sestiaits soieut tournés contre loennemi I et encore ne doit-il pasattaquer toutes sortes d'adversaires, ni toujours, ni par tous

Ies moyens. Qu'enfiu il ne rnanque jamais d'assaisonner se$railleries de ce sel fin et délicat, qui est une des propriétésde I'at0icisme. rt

On voit, par tout ee qui précède, que Ia co!firmation etla réfutation forment Ie corps réel du discours dans presquetoutes les subdivisions de l'éloquence. Aussi me paraît-il quec'est ici lelieu de mentionner du moins la classification adopuée

par les rhéteurs, bien que j'y attache réelleurent peu d'im-por[ance.-Quelques-uns divisent loéloquenee en divers genres d'après

lcs lienx où eltre s'exerce, la tribune, le barreau, la chaire,l'acatlérnie. On leur objecte que ce[te division esû toute maté-

(,) Au e6" chapitre de l'Oratetc.

{6.

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18t DE LÂ nUdTOnIQUE.

rielle-; qu'clle se rat,l,nche à des signes extdrieurs, c[ non auscns in[ime du discours; on

louldemande

d'où iis font rcs-sorlir I'éloquencc des livres qui présente souvent les diffd-Le.lt. gcnres..'Ils-pourraient rdpondr_e que, par lli mêrne,l'dloquence des lir,'rcs ren{,re nàturelleràeni 'clans l,un oul'autrc cles genres intliqués, ct qu'en prenant le signc porr lacltose signifide, par unc mdtonj'nrie qu'assurdment la rbéto-riquc ne eondamner.â pas, Ieur divisiôn est aussi rationnelleque toutc autre.

.Et,

el .{ut,,si nous ne l'admettons pas, c,estpa^r d'autr_es motifs qui nous font rejeter" égalernent -une clas-sifica[ion beaucotrp plus répanduc.-

.. Aristote, et après.lui la plupart des traités de rhétorique,diviscnt I'dloquence en trois gènreso leclélibëratif,le dëmons-tra.til'.e1, le jutlicîaire. Les défenseurs de ccttc'division ap-puient principalement sur les considérations suivantes. EiIese. fonde, disenl,-ils : {d sur les objets de Ia pensée : I,hon-

nête, l'utile e[ leurs contrairos son[ Ia matièrô clu genre ddli-p$tjf; le vrai, Ie jus-te et.leurs-_contraires, celle" du gcnreiudiciuire I le beau.et le laid, ccllc du _genr:e dérnonstiatif ;2o sur Ia situation de celui qni dcoute : dàns Ie ddlibératif, iid_coute pour approuver ou reJeterl'avis proposf ou combqttir ;rlans le judiciaire, 'pour absoudre ou conrlamner I'individriaccusé ou ddfendu I dans le dénnons[ratif, pour irnil,er ou

fuir les ex.emples louds ou-blârnds I 5o sur les di{férents poin[sde la durée : Ia délibération porte toujours sur l,averiir, lejugement sur Ie passé, l'éloge-ou lc btâùre ordinairernent surie préscnt.

. Je réponds qu'il n'es[ pas rare qu'on délibère sur dos intd-rêts actuels, e[ que, si lc jugernent por[e touiours sur lcpassé, il en es[ for[ souvent de même. dû l'éloge ou du blôme,qui'ne son[ en définitive qu'une

gu],ôg.gde jugcment,

sau!'lasanction pdnnlei,l'-où il suit aussi qu'il y apiesque torrjoursd.n dëmonstratit'', c'est-à-dire dc l'éloge-ou du blârne dàns Iejud-iciaire et.même dans le délibératif; que letlélibératif, entraitant de l'honnête, peut par là même aborder le vrai et lejuste aussi bien ilue Ie judiciaire i que si le beau du dérnons-tratif esI purement ar[istique, c'es[ !.esser.rer le genre clans

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TItrAP. XIII. t87

dcs borues trop étroitcs I s'il est- moral , il renl,re. dans lo

vrai. leiuste ét l'honnête tles deux autres genres;

-quettunair quË t.r deux p*erniers ont un double _é]éuocnt, d'unc;;;i:1"'àestination ,irs ouot.s oratoires à telle ou tellc tri-[oo;, A; liautrc la nature des idées, Ie démonst-ralif n'a-qu-e

,"à.i;ri*r, ce qui jegte une sorte-dé confusion dans la divi-;il;que'd,ailleuri si cette division pouvait paraitre com-

"faîJrri"tiantiquitéo elle ne I'cst pas pour nous, car à quel

^gil* rittacher l^'éloquence de la chaire, qui n'a assurément

iiuo â;ilJi.i"ir., qdi peut passer pour un rnélange du déli'';ilfif ti d; aouiroh.t*otif,'sans êire absolument ni l'un niI'autre, et dont il serait pêut-être tnieux de faire un qua-

trième genre que l'on potirrait nornmer prolreptï,gue ot hor'tatif'? qî'enfin-o et c'est là l'objection principalgjr mon grc,

ti;i;.fu--Ë carictère tle chacuh de ces-gonrgi,diffère de celui

des autres sous certains rappor[s, cette clifférence n"es[ pas

"r**r *.rJquée pour que les^môrn-ers préccptes ne s'appliquentuas ésaler;ent â tous les trois.. XI est évident, en efl-e[n que

i.. lfir de la narration ôA- .le la description ne sout pas

.àff.. de l,argumentation; qûe les règles-qui gouvernent le

cornûtencemen[ ne gouvernènt pas lf fln I lnais qu'on loue,

q"t- iieitodtr,qo'oi pr'opose, qu'on cxhorte, ou que, dans

un sens opposer on ittatit*, bd accuse, on. réftrtq on tlé-

tooro., teË'précôptes d'inveÉt'ion,de disposition, d'élocution

même, seront à feu Près semblables.Si i;ai donc peisé ie pouvoir passer sous silencc une divi-

ri*{JariJo u[ euUi t ctbs. lc-priicipe, eb qu etan t de rhd teLrrs

à"i-tôgnodée comrne copitalô, d'u| autr'é côté, je n'ai point

ffi d;i;irr- dans un livrle did'actique, admel,tre comme fon-

;;;;;J;'une division dont l'influence sur la purtie didac-

tique me parait si lhible.

-''F;.,f,ttiË;;l;;."t une clivision ? ce dontje ne se.ns poiut,ie l'avoue, la nécessi[é, je préférerais-encore [a premleret sous

i;;;""r'iï; h ii"tu*e aËr genres tlivers, et des pr'éeeptes" ir

;;;lù'r;;" .t i" distinsueraÏs l'éloquence de la tribuqe, du

baireau, âc la chairc,-de l'académie, e[ tle la pressc'

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CHAPTTftE XX\i.

DE EA, FtN, 'l

j

I

En lisan[ certains prosateurs et surtout certains poëteJconl,emporains, on remarque quelques pièces terËinéerbrusquement, sans que lc sujet soit achevé, ni I'idée princi.g-af 9

comptétenoent, développe.e, sâns-qu,on puisse irdàginer

même--quer motif les ddtermine à s'a*êtei, on diraii desmurailles de Carthage dans Virgile:

... pendent opera interrupta...

Pourquoi-Ie_morceau finit-il précisément Ià ptutôt quoavanr911 aprô.9?._Je-ne sais 1. pÇur-être l,ignorent-iis eux-hêmes.$'I avait-il,.plus rien à

-dire ? Non i c'est uniquement quli

lgu" _"plu. d'éerire le mot Fin. Anaéréon et ltrôr,aee oftànt,il est vrai, ,quelques exemples de ce procédé, et ie le croié

fort admissible dans les æuvres de peu d'importance, dansles. badinage6, dans les caprices Oê la fantiisie, da;s ces

poésies quej'appellerais,

pai un emprunt au laneâEe ascéti-,gu.er no.gsi.qs jaur,Iatoh"es. itflais nos aùteurs I'ont piriéjusqu,à{ab_gsr ils l'ont étendu à des morceaux de pluslorigue hitcine;de l'exception jls- ont fait la règle. À lôur dcriiôre ligneivous êtes ten[d de. tourner la pigc pour chercher Ia .u"ite;I'esprit est déroutd, ddsapp-oiftr- cômrne le serait l'oreilleisi un compositeur s'avisail de s'arréter sur un accord dissoi

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cEÀp. xlv.EÀp. xtv, {8$

nant dont iI n'auraitpas fait entendre Ia résolution. Bn vér'itét

il est des précerrtes ôi simples qu'il semblequ'en les formu-

lanI on rrâô.r lËs bornes dô la na'iveté, et pour[ant faut-il bienles énoneer; celui-ci est dr.l nombre,

-qui resuTe toutes les

rèEles sur Ia maniène de terrniner un éorit I Parlez tant qu'ilv i quelq.,e ehose d'utile à dire; dès qu'il noy a plus rien à

âioti ne parlez plus.Vôus ioyez par là que je ne demande pas non plus, eomme

enrnusiquô, dès

fnale,des c-odarpour toute sorte rl'ouvTagg;

i'exiee sdotr*uot gu'on ne s'arrêtè que lorsqu'on a touehé leiui."*luoliarui italtam!.,. je finis le traitë des fiefs où lanlunart des auteurs I'on[ sommencé : r' voilà la seule con-h,,.iir" de Montesquieu pour les trente et, un liwes de l'"Bs-

irit tles tozs. Et il-a raiôon, en effet, de briser là, sansplusâe facon; cctte brusquerie

'originalcn'est

'ullemcnt {Apl*

"eu,il.oivu que l:esirit du.leelteur.soit réellemen[ satisfait ;

qo'fl ôntoprenie queia rnatière est épuisée etque toute addi-tion serait suPerfluc.

Sr"r doutà Ia fin d'un ouvrage, quelqug. no.m qu'on,luidonn e, épiloqu e, eonclu sion, catastr opt he, d'éna'Ûtnte n't, p e.ro-

raisott, ôst rine des par[ies les plus importantes, qui préoc-cupe eL doit préoceuper dès l'abord et I'auteur et le lecteur-;

ell'c est le brit o et lôs autres ne sont que les rnoyens. Sfais

c'es[ Dar là même gue plusleurs I'ont regardée comme unedes pius faciles et qùi ex-ige le moins de.r.ègles'

Dins lc poônre épiquq dans la tragédie, dans Ie romanl

" le ih,énottnrcnt, dit ft'I. Wey, éÛant p-repare de longue maln

et to*t, irocé par les situatiohi dont il ressort,, eomme I'effet

ressort de Ia ïause, l'auteur, s'il a disposé avec. art, Ies fils de

,à" àirÀ., n,a rien à chercher quanùil en a*ive là. L'hési-

ilii*

-"é

Étu*tit l'atteindre, le

-choix

desprocédés ne I'em-

ù;;;r; plus, il n'a qu'à obéir au sujet, etâ.tirer des événe-ments nnié*i*"r une consdquence prévue. trl a pris de haut

.àn iton. il nc lui reste qu'à ie laisser descert4rer sans dévier.Àinsi Ie'dénofinrent dei ouvrages bien conduits est toujoursconvonable ct lhcile : s'il se pr?sente mal, c'es[ que Ia char-pente cs[ nlal montée. Il est aisé de prévoirn dès Ic mornen[

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c90 DE LÀ RHÉTOR|QUE.

où l'action s'engage, comment etrle se délicra : si les fils sonlembrouillds,

siI'intrigue est char.gée de complications,

liddnofrment sera forcé, ou, cornmelton dit vulgaireruent, lir{par les cheveux : ce[te conséquence est obligde. !r

,

Je ne conteste rien de tout cela, et pourtant il suffit diavoirun pgu Iu pour savoir combien il est malaise souvenf fl1terminer convenablernent un ouvrage. rt Cnest chose dilfieileidit lllontaigne, de fermer un propos"; et n'est rieu où la forcid'un cheval se connoisse plus qu'ir faire un arrêt rond et neû

Enlre les pertinents môme, j'en vois qui veulent et ne peuvendéfaire de leur course. Cependant qtr'ils cherchent le poinde clore Ie pas , ils s'en vont balivernant e[ traînanô, eommrdes homrnes qui ddfaillent de foiblesse.

'rQuelqucs reorarques clonc sur Ie tlénofirnent. Il arrive par

fois que le dénoùment conclut pcrfaiternent loaction princi,pale, mais ne clonne pas également le dernier mot des faih

accessoires. Britaunieus esû ntort. mais que devienclra JuuieltrIorace a prouvd, par Ie meurtre cle sa siæurr {ue l'amour dlla patrie triomphe des sentimen[s de la naturô, mais périra.t-il lui-même? Rome entière le dCsavouera-t-elle en le con'damnant ? Dans les dénoriments sernblables , Ie lccteuldemandc ce que les rhéteurs appelleû11'achèuenaelzt, c'est-à,dire lcs suites de l'évdnemcnt qui tldnoue I'intrigue. Le suje

tlc l'Odyssée est le rdcit des erreurs e[ des soufrranceld'Ulysse sur terre et sur rner, jusqu'à son retour dans sipatrie. Âu treizième chant il revoil trt,haque, mais on conçoi,gue le poëme n'est pas fini, tant que tous les pr.étendant]n'ont point payé de leur tête leur insolente usuppation, tan,qu'Eumée n'a pas reconnu son maîtrc, Tdlépaquc son père1

Pénélope son époux, Lnërte son filsr le peuple entier son roilLe dénoûnnent

etl'achèvernent de l'Odyssée occupent doncj

en réalitC, la moitié du poëme, et pourtanû il n'y a rien d1

trop; le récit n'ost et ne peut ôtre ooruplétcment ferminlqu'à Ia _n" 4y vinghquatriôme ghaqt ('), II n'en cst pas 4!rnêsre de l'iliade. tr,a fa[nle colère d'Achilie, qui causl tanl

(r) Arrstotc a traité cette qucsiion rlans lu Pot)tiq.ua,;

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tI

i

"cuaP, xtv. {91

de maux aux Grccs, s'apaise au dix-neuvième chant, que les

vleux textes ont in[ituld cn conséqucnc@ tvliyrdcc ù,toif,ia4; ieconçois' cependant que l'achèvement puisse nous cohduire à'la fiir du vingrdeuiième I mais quani attx deux derniers, ilest évident qu'on peut les regardercomme supcrflus. Ngl pluque je veuillè mutiler de pareilles conc-lusions, eelle de l'[liaderiroiirs que toute autre,levingt-quabrième chant est peut'êtreee qu'ltrbmèrc a fait de plus lreau; mais je prdfère le dénori-

mentqui d'un seul e[ mêmc coup tranche toutes les branches

-rlc l'action. Ainsi celui dc Rodogune, celui d''Andromaquetun chef-d'æuvre ! Aiirsi celui tle ltEnéide. On a neproché à ce

dernier d'étre trop brusqua ; on a eu tort. La morb de Turnttsfixe ddffnitivement Ia situation de tous les pcrsonnages, ctrcmplib toutes les promesses de l'exposition. L'auteur noatvait

rien-à ajouter. Virgile, avee le tact parfait qtri le-caractérise,l'n for[

-biencornpris, et l'idée d'un treizièrue livrc est unc

honffonnerie digne du chanoine Mafco Vegio ou rtru rnail,rcd'hôtcl Villanova qui I'ont réalisée.

J'excuse pourtant dans les narrations inffnies du xvtlu etdu xrxu siècies, quand de nouveaux personnages ont surgi à

ebaque chapitrc, quand rnille intrigues se sont croisécs etcom'rrliquées, guand la morâlité à r'ecueillir cle l'ouvragedemànde un'réiumé final pour êtrc mise dans triuI sotr jour,

joexcuse, il le fant bien, f ëy.ilogrye_t.ou ce que nos écrivains'burlesqùes nommentlapasliace. Mais ce que je ne pardonnepas, cô sont lcs supeliétations qrti, dnns cet'tains romans,iiennent s'ajouter au strje[ pour en altdrer I'e-sprit et en

détruire I'unitd I ce sont les queues, commc on les a appg-Iées, soudées plus ou moins mal adroitement au corps de

l'ouirage. Torit le monde connait le roman de llaniel de Foe,

l'immoitel Robinson Crusoe. Il est bien évident que tout cequ'il y a de hau[e et d'ingénieuse moralité dans cettefictionccsse au premlcr retour- de Robinson en Europe. Totrt lereste, lu i'isite à I'ile, la colonisation de I'ile, les-combalsdontr'e les sauvageso les voyages en Chine et en TarÉarie,

coest-à-clire au mo-ins Ia lnoitié du livre, ne prdscnl,e plus niintérêt, ni originalité, ni rapport avec l'idée fondamentale I

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â92 DE LÀ REÉTOn|QUE"

gt.qo3_nd- enfin l'auteur s'arrôto, on ne sai[ pas pounquoi il lefait;

iln'a aucun mo_tif pour

ne pas contiÀuer, pour ne pasojouter _autant de volumes qu'en- peut admettre un voyûgeautour du rnoncle.

^ 9o.." beaucoup discuté sur Ie ddnorirnent de la tragédie.Doib-il être a{fligeant, peut-il être consolant? Aristote sedéclarc pour la premièro opinion. Selon lui, point de cldnorï-ment sans catastrophe, soit d-qns Ies fables {u it appellesina-pïes, où le [réros est conûinuellement rnalheirrcux, iuscfu'à ee

qu'un dernier-.cor-rp mette !e comble à son inforluné, soittlans celles gu'il nomme iruplenes, où lc sort des personnasesglange à l*.-no par une pëiipétie. Somate, au ôontruireietFJaton,. philosophes-plutôt_qu'artis[es en ce[ entlroit, pro-clament Ia loi que plus tard nos mdlodranres tlu boulevardont religicusement suivie : réeompense pour Ia vertu, châ-timent pour Ie crime, ut bono_bene, nrul6 ntal,e sit. Quôstionoiseuse, ee m€ semble. Que Ie dénofiment soit heureux oumalheureux, n'importe, pourvu qu'il attendrisse, épouvanteou rnoraliselcspectateur. Le Cdd,ei Cinna n,en sonî pas rnoinspathdtiqq.es, quoiqu'ils se terminent à Ia satisfaction géndraleet sans elfusion de saug.

Ce qu'on a.droit, d'exiger -tlans toute {iction, drarne on

roman, c'est.tl'abord que le dénoriment slri[ anteiû. c,es[-à-

dire, cornnoe Ie veut Aristote, que lcs évdnements nc vien-nent pas -simplement les uns- après les au[res, rnais qu,ilsnaissent les uns des autres; c'gst e-nsui0c qu,autânt que pos-sible il soitimpréuu; le prernier dlémenttde I'intérêt, ô,cstpour ainsi_dire cc balancement de l'âme suspen'Jue en[r"o laerainte et, I'espoir jus"qu'à ce que

Doun.secret tout à coup la véritd eounucChange tout, donne à t-out une face imprévue.

,. ftIais I'imprdvu lui-mêrne e ses règles. Le ehancelierd'Aguesseau les a parfaitemont établies (;). ,, tr,e poë[e, dlt-itr,

{a) Renarques sua' le discours gui tr poila. titre : De l'irnitation par rappoft

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doit fnire en sonte que le conrnleneemant ct lc næud de latragédic sbrvent comme d'ombre et cle contras[e à l'événe-nre-nt imprévu par lequel il doit achever de nous ehanner Imais il n'oublie pts que si ttotts aimons la stlrpriser nousrndprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutesIes-règles de la vraisemblaneel il évite donc de mettre lespecl,ateur cn droit de lui dire :

Quodeumqrreostendis mihi sic, iucredulus odi;

il ne change point Procné en hirondelle , ni Cadmus en ser-pent, c'estlà-dire qu'il n'invente point un dénoriment fabu'ieu*, et qui, suivânt l'expression de Plutarque-r franchissctrop'audaéieusement les bornes du vraisernblable. Il saitconcilier Ic gorit que les hommes on[ pour l'apparence même

de la vdrité avec le plaisirque Ia surprise leur cause, etil

tempère avec tant d'art Ie mélange de ces deux sortcs desa{,isfaction, qu'en trornpant lerrr a[tente il ne révolte pointIeur raison i Iâ révolution de la fortune de ses hCros n'est nilente ni précipitéer.et le passagc de I'une à l'autre situationétant r,tip".o'tnt 6nns êt1re inéroyable, il fait sur.nous uneimpressioir si vivc par. l'opposition de ces deux étatsr {uenous croyons prcsque éprouver dans nous-même une révo-

lution semblab=le à celle que le poëte nous présente. rr

Enfin le dénoûment dôit êtré rarement iris en dehors deInaction, et s'il en est ainsi, que l'intervention de I'agentétranger et supérieur soit toujours justifiée par Ia ndce..sité :

Nec Deus intersit, nisi iligu'rs viudice noilus.

Molière, si admirable en toutes les parties deloart, n'excellepoint dand le ddnofiment. Il en a pourtant d'irréprochables,

À la tregédie, t. XVI, p. c{3 rle l'éilition in-8o. Ce que le pur et judlcieur écri-vain rlit ici de Ia tragédie s'opplique parfaitement au romaDr au po€rne et à l,outeespèee d'ouvrage,

i7

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DE LA nr!ÉTORtQUE

et sclrlegel a9u. tor[ de blârirer entre autrcs cerui de Tartuf"e,

Le poëte

-avnit

à pcindre le monde tel qu,il est

Ior, dans'le

monde, l'astuce, -l'égoïsqe, Iïmpudence triompirent pr"squetoujours de la bonne foi obstinée et maladioite. T.rùf.devait donc triompher; mais, d'autre part, I,hypocrisie, danstout le développement e{9 luj donne Tarrufeiêst si odieuse,{gre la rnoralité unirerselle, la conscience dû genre hurnairiréclamait contre ce vice -une peine exemplaire". pracé entreces deux néccssités, la vérité rlu tableau

-etles exiEences de

Ia morale, ne pouvânt ni faire succomber Tartufe sois Orgonou sous cléante, ni éviter de lui infliger Ie châ[iment qu'àxi-geait_la vindicte ptr_blique, Dlolière f dri faire partir d'e plushautle coup--qui Ie frappe; là ou jamais, en effit, se rencon-trait la eondition imposée par Hoince. Le norn dé louis XIVétait la seule arme àemployerpour trancher un næud contrelequel toute autre se serait émoussée.

Mais si I'on peut admet',re le deus en machtnû, ee dieu,en aucun cas, ne doit être le hasard. Aristote demande avecraison qle, dans les erdations de I'art , le hasard lui-mêmene pa_raisse. qg-e- c.omm_e une providence, une volonté , un{es5_ein- préruddité. a- Lorsque-dans Argos, dit-il, la statucde.Dlytis.to*!g fortuitement sans douté srir celui qui avaittué ce 1nêgre Mytis, et I'écrasa ûu moment qu'il la ôonsidd.

rait, cela fit une grande impression, parce que cela semblaitrenfermer un "clessein, llne volonté.,' Schiller a mis sur Iascène Ia conjuration de Fiesque, Considérez le dénorïmentque lui donnait lohistoire. Tout le plan de I'entreprise estdéfinitivement arrêtér-tous les conjuiés à leur postei armes,vaisseaux, r.nots de ralliement, esprits ct couiages, tout cstqr.êt;.on n'attend pfus qu-e Ie si$nal, et Ic si$nal va êtredonné au lcver du jour. Il est minuit; Fiesquà, le chef dela conjuration, visite une dernière fois sa flotte 1'en passarrtd'un navire à l'aul,rcr l_e pied lui manque, il t_onlbe e[ dispa.rait à jamnis sous les flots; c'est-à-dire {ue Ie hasard inin-telligent, brutal , vient anéantir en un instant, sans lut[epossible, toutes les combinaisons des passions et des volontéshumaines. Ce dénoûment donné par-l'histoire, l,art Ic pros-

nnÉronrçur,

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cuÀP. xlv.lraP. xlv. {95

crivait; salriller sentit qu'il n'y avait pas de drame- possible,

s'il ne Éubstituaitau haiard la-volontéde Verrina (')'

Le hasard d'ailleurs peut donner l'imprévu, mais.il est'

bien rare qu'il donnc le^patbét1que ; eelui-ci, son nom-Ie clit

assez. n'acàompaene guèie que lâ passion. Or le mdrite essen-

tiel rlu dénorîmeit, é'est dtrnouvoir et d'entraîner. q, Tunc

e st csntmouendum il wa tr um', sclon Q u i ntilie'r, quSun a en'hnn

est ad ipntm, illucl quo aeieres tragæiliæ elaudan'turr'n et

e;est porir cela qu'il'eompare au déïofiment dramatique la

udrofaison qui termine lei æuvres oratoires.'. A lrttibui., tt, effe[, au barreau, h la-chai.rgrlS-përorai-soÀ est, ro*ru le dénoriment au théâtrer le véritable temain

du patÉétisue. Sn portantcette loi, les aneiens n'or'tt été que

les interprôæs cle lâ nature. Aussi est-ce alors qu'ils permet-

tent d,orivrir toutes les sources de l'éloqueûce, et de.mettretoutes voiles au vent t hic, si, u,sqt+u,m, totos eloquetût'æ ape-

rire fontes licet, tota p1sswntus pandete uela. Uomme lt s'agt[à ce'monnent décisifTe frapper les derniers coups, eommc

l?auditeun s,est échautré à vôtre feu., idenûifré avec vos senti-ments, tout alors vous est pcrmis_, iours animés, expressions

dnergiques, figures brillantes et hardiesr hypgtyPoses2 pro-sopofidËs, invdeûtion de la nature entière, animée ou. inani'm?ieieoun mot, tout ce que la,passion brrilant_e, ilnpétueuset

orut oour fournir pour ênfoncér Ie trait dans lesâtnes, pour

?aire jouer les deui grands ressorts tragiques, la terreur cÉ

la pitié.

f r) r La calastrophe véritable de.ce comploù, où uo aeciâent malbeureux reo-,";J";;. l;;.;"ât""o-tuvenaitd'atteùdre le but deses projets, a drî êùre

ehaosée. iu u"io." du drame ne comporte point I'action du hasard' out Pour;;;t"i;";;u"i. i'ioi"i""otion imoËdiate àe la Providence. Je m'étonnerais

it;;;";;;;-pô'etu ttueique n'sit encore tralté ce suiet, si ie n'eo. trouvais unir.ifi"rmr""tT"o. "" liéiorôment antidramatique. i.es eslrits élevés savenL

airà.r fU. Ot. t". pto, JgliUr A'oo évéuement â travers la trime de I'ensemb&s

des choses, et les rïttacheol peut-être aux limites les plus-reculdes.de I'avenir

"ïa" Ë.fJ.ùoéo, t"odis qu"iu

"o-,noodes hommes Ëe sait voir là gu'un faiÈ

i"ofA"rr

milieo du fifr." "lp"* a" I'unive.s. Mais I'artiste travaitle poîr la vue

rari""iotr [es horrmes qu'ii veut lostruire, et non paslour_la touteluissanoeclairirôiante qu'il chcrdhe à connaitre. I Scglr,r.un, l)ie (crscltworung sca

3\esco"su G"' â , a ; f'orrede.

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t96 DE LÀ nHÉTOATQUE.

- Ciedron, en_effet, distingue, dans l'éloquence du barrcau,deux espèe.-"S de péroraisoni pathétiques :ia pdroraisorr véhd-nrente, ùM,ignatùo, et la pdroraison suppliante, conquestio,cotnmiseratio ; il développe les éléments de loune et del'autre,ne donnant _pas moins detreize moyens poursoulever l'indi-Slstr-on, et de huit pour exciter la pitié. Sans entren dans cesdétails, pour lesquels l'étude des nn-odèles et six mois de pra-lique- valent mieux que vingt pages de préceptes, je diiai :La pdroraison, c,omme l'exordeo peut se tirer paifoisdes objets

inanimés dont Ia vue frappera-souvent l'âme du spectatêurplus vivement quo toutes-lès paroles: c'est Manlius montrantle Capitole du haut duquel son bras précipita les Gaulois, ouMirabeau, Ia fenêtre dbù I'exécrable Challes IX {,ira sur sessujets I c'egt l'orateun grec levant Ie voile de Phryné, ouMarc.Antoine eomptant les marques du poignard des con-jurés. Illais la péror"aison, comrne l'exordefse tire le plus

souvent {e la personne du client, ou de loadversaire, ou desjuges et dc I'auditeur, ou enfin de I'orateur lui-rnêmé.Sans quitter Cicdron, nous trouverons dans ses diseours

de notablcs exernples de ces divers genres de péroraison.Je ne_citerai que lès Verûnes et la llïilônianne. Dans celle-ei,c'es[_ la péroraison suppliante , cornrniseratio; il termine pârle tableau le plus pathétique des douleurs de son client, dàu-tantplus

habilcici, que, eonnaissantla fier.té du caractère dellIilon, il prend pour lui-même ce rôle de suppliant que dé-daignait l'accusé; et après lui avoir ainsi conciiié l'intérêt de.ses juges, s'il le fait parler, les paroles qu'il lui prête ne sontplus empreintes que dtrne dignité affectueuse et d'une tou-chan[c fermel,é. Dans l'autre, c'est la péroraison véhémcnte,indignatto. 4 ln- fin de I'admirable hârangu e De suppliciisil'ora teur fou droie Ver.rès, cn invoquant sueôessivemerif,contre

Iui tous les dieux et toutes les dée1ses, dont ce brieand avaitpillé les temples, et en appelant le ciel même à son aÏde contreson sacrilége adversaire. Les séances de la Convention, cesformidableË joutes de Ia paroles, où, à chaque partie, chacunrnettai[ sa-tête pour enjeu, abondent en péroraisons I'dhd-mcntes. C'est Vergniaud contre Robespierrc, c'est Louvet

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cHÀP. XlV. I97.con11.e l'infâme Mara[. .dprès avoir lancd cogtre ce dernier Ioplus terrible philippiquc, pendant laquelle il avait toujour.s

i*n* "o réseric Iàïtim 'riaudit de son ennemi, comme s'ilcfit craint de souiller ses lèvres en le prononcant, Louvet

termine ninsi: ,r J'insistc surtou[ pour qu'à l'insl'ant vousprononciez sur un homme de sang, dont les crirnes sont prou'id.. qo. si quelqu'un a le courage de le défendre, qu'il monte

à *.tË 1,.ibdne.'Pno* moio je dàmande sur l'heure un désret

d'accusation contrc Marat... Dieu !je l'ai nonorné! r'

- U" bcau nrodèlede péroraison tirée de la personne du juge,c,est celle clu Mémoirô tte Pélisson en faveur de Fouguet, leseul morceau peut-être réellement éloquent qu'ait produiI Ie

9*o1'g judiciaire cn France au xvllo siècle. L'appel au souvenirio r*"io."t prononcé par le roi, lejour de son sacre' a.quelque

chose de poinpcux, de grandiose.èt d'émouvant tou[à la.foist

que l'on o. tto.ooire nîlle -part à ce[te époqûe. rt.En c,e. iour,

Sir., avan[ que Yo[re Majésté reçfit cette onction divine toonn't qu'clle'efit revê[u cé manteau_royal qui .ornait bien

i"oinr ùotlc iïlajesté qu'il n'dtait orné dc Votre SXajcsté même,

avant qu'elle eït ptÏs de l'autel, c'est-à-diro de l.a plopremain dô Dieu, cettle couronne, ce- sceptre, ce[te. main d_e_jus'

tice, cet, annéau qui faisait ltindissoluble mariage de Vo[reMaiesté c[ de .oo ioy*ume, cette épde nue et flamboyanle,

to,it" vic[orieuse sur les ennemis f toute-puissantesur les

roi.ir. nous vîmes, nops enlendimes Yotre Rlajesté , envi-t"i*Oô des pairs et âes premiôrcs dignités de I'E[at, au milieu

àcs prières, entre les bénédictions ét tes cantiques, à la face

des âutels, devant Ie siel et la terre, lcs hommes et les angest

nroférer dô sa bouehe sacréc ces belles et magnifiques paroles,

àio"r. cl'être gravées sur le bronze, mais plus eûcore dans le

.*"u",f'""si g"rand rci : ,Ie

iu-reet promets d'e gariler e! fairc

oarcler l'ëquitë et m'iséricorde en' tous lugeme'utt, q'fitu qrae'Dtr*, clëÂ,en't et m,tséricorcl,ieur, répand,e sur mo'i et s'ur aous

sa nùséricorile. " . fVfni* où I'oratcur rencontre sotlvent les accen[s les plu-s

natlidtiaucs, e'est lorsqu'il sc nrc[ lui.grêrne en scènc, ct qu'il

il;ril,,ilqiô L-i'ourfiioirc ccrtc énergie de la personnali[é

47'

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ctraP. xtï. t09

conlme en exordes remnrquablcs. On cit'c .ccl.!.c,du d'i'scou'rs

aiÀ'à.|,:iuî"oi-

iiirttr-ùeCoi,,stan'tinople et'

-dc J'ëtog.e

de saz:nt

Basi1e, par Grégôire deNazianzer celles de laplupart des orûl-ro* frinlAnres dËBossuet e[ des sérrnons d_c ]Iassillon, celle du

;il.;;;; pereâà neuvitte sur tt pltl1! yt'oyle,lt-l-a.péro-raison si touôhanle de YiDcent de Paul, tirée de la persoune

du client, lorsque, nnontrant aux dames,pieuses qul.compo-

snien[ son auditoir'r ler provrcs pel,its orplrelins dontil s'était

fait le uèrc" près d'expiier devant elles, si elles ne Ieur vc-

naient en aide, il s'écriai[ 3 ,t Or sus, mcsdam-q9, la compas-sion et la cfuanité vous' ont fait adopter ces petites créatufespour vos cnfants. \rous avez étd leurs mèreô selon la grâcc''O-pirtr q* i.otr rnèrcs selon la nature les on[ abandonnés.

iôy,, ulraintenant si vous voutez aussi les abantlonner" pour

toujours' Cessez à- présent d'être leurs mères pour devenir

i;;i.;'ffi.r il;"" vià et leur nort sont entre vos mains. Je

;ili,;irË;Jr* i"r"oix er les suffrages. 1csr remps.dcproooo... leur arrêto et de savoir" si v:ous ne voulez plus

il;;;;;-*ltJti.àtJ.'pru* eux. Les voilà dcvant vous ! lls;il;;;; ;i;;; ;"ntiiou*, d'en avoir un soin charitable;

mais. iô vous le déclare devan[ Dieu, ils seront tous morts

demiiri, si vous les ddlaissez. u

a Cettc"oortorion,

ïii m. Leclerc, lc modèle des_pér'orai-

,onr îinCiil;; *i te succèsqu'éUe méritait : Ie môruc

il;. à;;Ë;Àit" tstitt, au même instant, l'hôpitul cles

i;irh;. i;rute., qoi ;isquâ-ta périssaient dans les rucs, thtIbndé à Faris et rÏotdtle'qoot,odte rnillc livres 6t rsa1s. " Il.ri *o*r. sans doute, qut i'éloquence évangélique, si s'*rblimc

il.li; Joit, ofrti.noé à.r résuliars aussi positil's.. On nc pcut

Ë"Ërïrïï.o.fi.", sous cc rapport, de lf péroraison de sai'[

iio.."t^tieFaulo'que la scc-oirde partie du beau sernron' en'

iàii"i At ta tbnit'iion d;u* lrcs.tiàe pgx,!' Ies nuil'i,tai,res et les';rê;;;;i#;;; p;nongé au xr'rtt" iiècte par l'abbé-dc B.is-

mont ctans uue *Ë-r.*nte. des dnrnes de la c'harité. Telle lut

it"il"rttti-"."

ïu-- pt*ie du prédicate ut' tli"-lX, :T,:.':::lsuivit son sermoir rapporta ccub cinquante mrlle lwres en

souscrip[ions.

ctraP. xll'.

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CHAP. XIY.HAP. XrY. 20'l

I'unitd du dcssein: {ui, bien connprise, rdpand sur toutes lesidées

lemôme jodrïvôc des teinles Yariécs, et_donne à clra-

cune sa valeur"; la chalourr par l'étroil enchaînement de[outes les idées, qui, en les râpprochant, 'les fortifie et leséchaufre l'une pir'l'aûtre. La dilfosition enseigne les justes

proportions à observer entt'e toutes les.parties d'un ouvrage,Î'ntiifi.u 4e la gradation, des transitions, des préparationsoratoires. Passait ensuits aux diverscs parties, elle'trace lesrègles du clébut, montre connment il dépend.{e I'ensemble,

q,iâlles dispositions il doit faire nal[re dans I'esprït du lec-t'eur ou de i,audi[er-lr ; elle en indique lcs différentes espècesn

les sources, les mér'ites et lcs délhuts. Elle procède de mêmepourles auitet rnembres dont se compose Je.corpg de,i'écritôu du discours : nagation ou thèse, description des chosès,descrip[ion des honrmes, présentée 19Is l? forme duportrait,du parallèlc o* du dirfoguc, amplification, -quand^elle

es[

tleniandée par la grandcùr des-tableaux ou I'entrainementdes passioni, argtirnentation qui-eontient Ia conûrmation etIa réfutation, etlui fait passer dans Ia rhétorique toute larigueur de ia m3thode iytlogistique. Elle donne enûn lesIois aui rèelent toute conclusiin e[- en déterminent la natured'apr'ôs celie de l'ouvragc entier. Le dév-elopp-cment de ces

nréïeotes ddmoutre que-la disposition ou I'art d'ordonner les

idées'n'est pas moiud essentielle à l'écrivain quel'iuventionet l'éloeutioï, qui l'aiclen[ I'r.lne à les découvrir, loautre à lesformuler.

.Que l,dlùve s'habitue à résurner ainsi les ouvrages clidacti-quei qu'il aura lus, il lui sera plus lhcile de suivre ensuitepour ses propres écrits, si luilmêrne s'atlache au genreËé*i*u", lcs rôgles 4e récapitulation, de conclusion, tracées

par la raison et lcs rhéteurs.

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CITAPITRE XV"

lrt LrÉLOC!t1'tO8t.

voici une n'uvelle preuve de I'infirmitd de Ia pr,roldhnmainer un nouvel exemple de ra nécessitd de divisei.dans

Ie-langage des choses indivisibles de leur nature. Je sdpareici, avec tous les rhéteurs, l'élocution de l'inaenlabæ et de lddisposttion, comme j'ai séilaré celres-ei I'une de I'autre. EÊeepencla-nt ces trois_ parties sont si étroitement unies en réa=Iité, qu'elles semblèraien[ ne devoir jamais étre dis[inctes;mônre dans leurs applications les prus iariées. si I'on rd.*[ientre elles une division fictive, ce n'est que pour y€Drr eolaide à notre faiblesse,

et nous faire mieui sais"ir tes a*licæ'et les dé.fauts qui,rffectent plus spécialement chacune'd,ellegi

quand l'une ou I'autre n'aflteint-pas

le but connmun. L,unité,est d'ailleurs l'indispensable condition d'existence de eettetrinitd oratoire. u.En effetr dit Cicdron, le discours se.o^-,posant de Ia pensée et de l,expressionr'l'expression n,existe,pas, s! vous retranchez la pensfe; la pônsce' ne se mnnifes[e'pas, silous supprimez l'exprcssion. u-Ce qui revient à l,iddede Buffon : t, Bien dcrire est tout à Ia fois'bien penser. biensentir et bien rendre I c'est avoir à Ia fois de' l'esprit, del'âme et du gorit (,). n

' ' - -r-

_ (t) uu.rles gdnies les plus sagaces de l'Italie contenrporaine, lo comtc Giacorno&eopaf.dir dans son dialo6ue lrrtitulr! : fl parinàtta- DeIa Gloire, û.dit. rlsrrs

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9}t+ DE LA nUÉTORTQUE.

plus habiles; ces clroses sont hors de l'homrne, le style cstI'hommeméme.r ' - -.i

Cette dernière idde mérite explication.Expression, dlocution, diction, style : voilà les terrnes

ordinainement ernployés pour clire la manifestation de Ia' pensée par des signès. Mais il faut distinguer entr; ";;ermes.Erpres,sioæ e.s.t.le nrot_gjndrique; le cri, les pleurs, Ie

qeste son[, aussi bier.r" Çue.l écriture ou Ia parolerl'-e*Ttressîon,

d'un sentiment ou d'une idée.Elocut'ion s'appliq'e plus spécialement au discours écri[gu parlé. Ce- mot représente, comtne en latin, ce que lesGrecs appelaient gpboq.

..Dïction s'emploie quqnd_ il s'agit des qualitds générales d*discours, clarté, purcté, harmonie, ou de cettés du débitoratoire ou thédtral.

Quant au rnot, style, sans m'ûrrêter à son étymologie, ilme semble prdsente-r un caractère en quelque s"orte ifrAivi-duel. J'entends par style le procédé pioprê à chaque dcri-vain pour exp-rimer ses idées. Le style dépend donc non pasde la natureïu sqje!2 mais encond et sulrtout du tempéia-gen!, du cæur, de I'esprit, du golit de I'dcrivain, le loutforcément modifié par I'influence ilu siècle ct du pavs. yoilàIe sens du mot de

Buffon : Le style est l'homme. ie"style estee.gue I'on'nomme, dans les ai[s, la manière, le fuire, eequidonne -au peintre et au-sculpteur 5qn gachet, ôe qui Iodistingue. des autres et constitue son originalité. Célui qui ncsait pas écrire n'a pas de style; celui qui sait écrire en a unqui lui est propre, etn'en a qu'un, que l'on reconnaî[ partcut.La premièrc ambition de l'écrivain doit être d'avoir àinsi unstyle à soi (').

(t) M. I'rarcis'Wey a dnoucé et tléveloppé la même opinion quei'avais écrlroe! professée lon_gtem_ls av-ant la publicatiôu de son ouvrïge. Ma'is eï partageantles opioions-.Ie IIt. tYeyr je poose.qu'ilje trompe_ en se cràyant ici en ippostitionayec les doclrines uuiversitaires de la France ei de notre pavs. on neui trouverau moins le germe de ses idées et des miennes dans les rhéioiiques di tIM. Amaret Leclerc, profcsseurs à I'université. M. Géruzez, égalemeot irof"sseut à I'uni.versité, n'a pas moins bien compris Ie mot de Buffon. "Le ityle est l,homme

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cllAP' xv' zÛii

Il suit de là qu'on ne peut diviserle.style en catdgorics,

doaprès la naturîe des clivers sujets,mais seulement d'après

L*iit*tr dcrivains, et pan là même qu'il est inu[ile de-cher'eher à établir des classifications de stylc. Chaque espèce en

àfàiou.ootienclraic guère qu'un indivldu, elles se multiplie-*ri.ot ao". à l'infinil et l'aienir en eouYerait autant que le

;;;;e enlur"it faif éclore. trl suit encore- qrle--l'on a mal

il.ffi"ËbËno. A'Urlicarnasse, Cicéron et, Quintilien quand

;;i;;i"éiâttit' a'nprès eux lbs distinction de style s ublime,

simple et tentpëré ('rD,abord, pourqrlJi ces catdgories en_.rhétoriqu.e? .Les re-

*oonrit-ôn'dins l'a critique del arts? S'il en était ainsi, lcs

ù*.ô.r.r de Teniers aipartiendraient sans doute au sl,yl.e

|t"ett,

et les grandes p"t*.t de -Rubensau sub/ime' Ot il

r"ff,J tir i.i.* ïur yeux-su-"r ces d_ernières pour voir qu'elles

;;;t;;"tilnt phis de Teniers lui-même g.T.e de Raphaël'

or" r*^u*ple. Ainsi encore le Ch,apeau d,e_pai'ller -la Descenl,e'd, ;r;i;: le lllartyre ile saint .i,iëuin du 1oi des peinl,res

ffi;;di ottrr.t frlus d'analogie avec- sa tlaosse qu'avec la

iii^nq'"ration du h Fornaitna. C'_est que ccs diverses

toiles hé sont ni du style sublime, n-i du t-eqné1é l.les unes

;;;; d;;iyt. at Rubens, llrs autres duityle deRapiaël'II en eËt de même eir littérature. Le sublime de Pascal

mème signifre, ùit-il , que le style menifesto la nature P"9lte de l'in-telligence

oui le produit. f." penlJe ..t,Éou. ains.idire, gérrérale-etlnrpersonnelle, elle

"Llè""h* l'humanité; le slyle relève de I'homme seul et I'exlrrme'

'ï;;b*i;""o,i.'a" i.iuoltu ..t l: signe er Ia mesuro ile I'intelligence: la

-ir"î r$eJà.i1" ""f*"ri" oi- noble, selon l"a vulgarité ou la noblesse,le l'e,sprit

qui la met en ouvre.-L'intelligence est, comme le moule de la PeDsee' Éue est

il.""t1a." qti*Uuot.. ou qui?éprécie la matière gu'elle a rcçue' D

(r) ouclaues rhéteurs oot éta jusqu'à admettre, pour certains genres d'ou-

" r:;""*ï .i;; ;;;-d;;;i

-ioipôuvai t iamai s suf pose.r pour. q uali té d i sti nc-

;r"."ât;;;;i;;.il+;;; ;; c"i""té'e qui tâujo-u1_s ei partout est uo.rléfaut. on"

*ià"ii-it, une fois te style sec inveité, il a fallu trouver un modèle' un tyPe

noun celui-tà comme po*'|". autres. on a nommé Àristote! Àristotc Deryeuf,

#;;t;Ë'Ët""iî-p,1, it"';;;i; sache, et qui' si parfoi'.en P.ou1 lu.i rep'oc5cr

la sécheresse. n'est pas plo, ù'i-it"t alols quË Ie plus méchrnt d.crivain' Le style

;.";Ë;';,É.,i.ii,i""ï,ïfl" part. L'abbé dâ Co_u-rn_enil, qui publia en,r78t un

p;ê;;-â""St"le.r, p_oétioue asscz superficielle dc'certains gen'es' distingue

quàtre styleso te s*rpte,-Ie-lro"irur, là sublime, le sontbre. Vous voyez l'in-ôertitude-de toutes ces doctrines.

4g

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.208 DB LA nHÉTonrQUB,

q1:-,1r,. rotres {ïgures de.mots, poilrvu que les phrases soienÉcoupecs e[ touJours taciles, et les expressiomè conformcs

àl^i.îgl-l9T: ]:r ryéraphor,es ne soien!.pr. rrop hardies, nircs ilgures oe pensée tnop ambitieuses. L'orateur ne fera nôintparler Ia république, n'dvoquera poinI les morts, n,affe'àterapornr ces rrches énumérations qui se lient dans une seulcpé..io*::. Et pourquoi tout celat pour le même motif quitur a tait proscrire tout à l,heure lès figures de répdtitirin.u {-es ornements supposcnt cl_aæs la uoir tine aëhémeice qu,on

ne doit attenrlre ni-exiger de lui; il sera ;ffiffi;n' sondébit commo dans son s rlle. .. Son'o àttàr, ir-iii;';i;;;gù -;,:^r.!,!!!::!:1_1,1:' .des festus ruod,érés et t;iti-d,i"ii^sase, irpro0urra une vive impression; e[ s''re,9 grïriotace, il fera"v'oir

naturellement dans quel sens ir faut l'c#tendrà,1.r-oto. )rIl en est de même.i, propos,dcs autres genres rie slytre. Jeme crois clonc autorisé

-à..a'ppliquer.ees différent, pr,ir.ptl,

au.ton..Mais je vais prus loïn, èt cicéron n'ayant iiÀs a.inniIe ro-nr;'adopte pour ce mot la délioition de Buffon'i ,Lë tonn'est que Ia convenance du style à la na[ure du sujet. II naitranaturcllemcnt du fond même dc ta chose, et aépËnâr" bruo-:ggp do poin.t de généraliré auquel on aura porÉ ses pànsdes.Dr t'on s'es[ érevé aux idé.es res plus généf.ares, et Ëi I'objeten lui-même est grand, Ie ton poori" s'élevei I to meoreO8U[Ottf. tt

ceci me semble aussi juste qu'intelrigibre.^ La générarisa-

lit:_*:i{i:..9."e.r.d g. la grindeur du-sujer, er le ron, à

1îl 11 iil _.stdérermi né. par et le., comme, loriqû,on parle, In

orsposr[ron prus ou.moins passionnée de l'esprit déirend'deIa srandeur des intérêts rnis en jcu, et déter.mine à Ëon tourle ton de Ia voix. on rootp.oh ui.émeni qoË-t-,Àïà p.urs'dlever à des vues très-générales dans

un rir;rt .orÀun etldger, et en mêrne lernpi que là où I'ou s'dl#;;;;;ou, gé-niralesr_on ne peu[ garcler un tou simple et vuteaire-

{3ue voltaire traite u.n sujet sérieux sur Ie ton-de la plai--:j:ij? :e,ci

anwrtient à si manière d,cnvisage" tr, ;irffi;;mars il est bicn évidcnt que s'il a pris le ton.sîmple ou t.m-péré, rlui es[ cclui de Ia ftaisa'terïc, ctsrq;tiË,i;;r'!r, ,,,

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c[ÀP. XV. 2ûS

I'intention de s'élever aux idées générnles, et s'il,lui arrive,

.nt*in faisant,d'agrandir sl peisée, son ton s'élèvera for-

cément dans la mênie proportion. Remflrquez d'ailleurs quetàorr ioo. ces degrds ,iivei"r, le style restera toujours lc style

de Voltairc.Mais, pcu impor[eo dira-t-on, que vous appeliez ton ce

que d,airti.es rppôlle" l' style ; les résu-ltats, les preceptes seront

iouiours les nidmes.-IÏ importe beaucoup, au contraire.ô'aborcl, si Ia plus rigour.euse propridté d'expr,ession est

nér.6oi*r quelquË partr'c'est assuiément lorsqtte l'on traitede I'art d'écrire.--noruit.,

Ia distinction que je propose-une fois admiser,Ie

i.o* frooime, à qui I'on'recdmmande de se faire un_style,

ï;-à6;dtri pl,ïs lequel il doit pre-ndre, du siurple,-du*"fti*. ou du tômpéréi lequel des [rois constitue ce que I'on

neut a0Deler un b-on ou un mauvais style. Car remarquez

i"ô, t.i.i en s'individualisant, Po* ainsi dire-,.Ie style neierdi nas ses caractères générarix. On peut fort bien dire que

à;ili; ààrt.ior écriviins est du maùvais s6yle, e[ celui de

ilIM. Villemain ou Guizot, du bor-r s[yle, e0 expliquq1 potÏ-;ï;i. LË iron. hornme ne'demandera plûs pouryuoi I'on cite

ô*m* riblimr tout à la fois et le style de Pascal avec ses

;;;""tgaires

et sa pdriode né3ligéeiet le style de,Thornas

avec ses ihrases et sês expressions ambitieuses' Sacha{q-u.e

il;il;';J-q"t tt .oovettàoce du style au sujet, c[ qu'il dé-p.oâ tir"-seirlement de la nature dé-celui-ci, mais.aussi du

iliri-a;;énéralité auquel on a por'té ses pensées, il ne s'ef- '

i'rïrcm-oiuJ .l*r obieciions faitôs aux développements des

*nËiunr i'hétuu** sui cctte ma[ière, ni du vague. qu'entrainentces développements lnal comprrs. S;il a pu coÀfonrire le sublhne

; ;;. l. t;,Æ'i ob t ;rrrt,i t le tlis t in guera sai s peine du ton' sub li'me'

ll rlira {ue lc c1u'ii mo6rùt èst sublimé, mais n'appar[ien[nas pluiau ton sublime qu'au ton simple, car cet admirablcËri,Ï. dévouement à l'hoineur et à la patrie noa rien de com'

*i,o *".r la généralisation des idées I qu'au con[raire, il y tt

à la fois subli"me et ton sublime dans lès vers de Joad :

' Celui qui rncl, utr frcin à la fureur cles llots"' e'tc'

48.

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cltaP. xv. 2l,t

illais comprenez bien mes paroles, et quandjc ree-ommandc

de songer sul[outau fond, parce que le plus souv_ent il cntraîne

la forËe, n'allez point, fôur colî rnépriser l-a forme I n'imi-tez pas lé supcrbe dédain qu'affec[ent poul le style cerl,ains

écrivains qui n'en ont pas, èt qui nous répètent qu'il ne fau[iamais s'ocïuper que dô l'idée iqo* la recherche de I'expres-iion est vainq ois?use, indign-e â'un esprit sér'ieux ct' inutileaux autres. uÛn beau stylcl répond adrninablcment {uffo1tn,est tel en effet que pai Ie nombre infini cles véritds qu'ilprésente I toutes lels bôautés intellectuelles 8!i s'y trouvent,ious les rapports dont il est composé sont autant dc uéritésaussi, utilei àt paut-être plus prëiieu,1es p1ur I'esprit lrum,ain'que celles qui-peuvent lâire [e fond du sujet. n*

SecondeÀeni. Proposez-vous certains modèles à imiter.Je sais que le modèlï nc donne point ces.vertus premièresque l'onïe doit qu'à la nature et au travail personnel, I'es-

$rig, l'inventionria force, la facilité; T3is, en fait de. styleti'i*itrtioo est d'une graide utilité; elle es[ le premier pas

dans la carrière I seulément-it y fau$ de la circo_nspection et

du discernement. Quintilien-est iei un excellent guide.

D,abord il est maniféste gue l'imitation toute seule ne sulÏitpas; s'attachcr aux traces â'un maitre, si l'on n'a pas l'ambi-tioo Ar marcher bicntôt de pair avec lui, de le devanccr

même, s,il est posSible, c'est ie condamner à une dternelleinfériorité , neiesse est sempe.r sit_posterior qu,i,seqwitw'.L'irnitation ne doit donc paS êlre absoluei sans eela, ce n'es[

plus rivalité, mais_ servilité, ô imttatorcs? serLiu"nL pecus!' Vouu comprendrez ce qu'e-st l'inrita[ion, en comprenattt

bien cc qu'eile n'est pas. imiter n'est poin1 copicr les vices

du moclèle :

Ouand sur une Dersonne on prétend sc t'dgler,û'est par les trcùx côtds qu'ii lui faut ressernbler'

Stralhcureuscment, il est in{inimen[ plus aisé d'imitcr lc nr*l

i quc Ic bien. Intiter n'est pas se laisser allcr pa,r une pentc' ùr*nrible dc la qualité qir'on veu[ atteinclre dans Ie vice

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DE LA nrrÉTOaIQUE.

voisin ,. tlo- I'abontlancc dans Ia diffusion, do Ia concisiondans la sdcheresse, dc I'audace dans Ia térndrité, de la. simlplicité dans la-ndgligence. trmiter n'es[ pas s,arrêter a unevaine ncssernblance rie rnots c[ de formès, prendre I,appalrence pour la réalité, I'ornble pour Ie corÉs. L'antiquite'seraille avcc raison .do ceux. qul :e croyaicnû des sirlluste,quand ils avaient saupoudrc un chapitrà d'une rlincée d.'arjchaisrues, ou des cicdron, quand iisàvaient dosïne rrériodopar un nonflant esse atdeahur. I_,,imitation n'est ni un 'calque,

ni un pasticbc. L'imital,ion es[ une g.yrnnastiquc" une l'uttéavec un modèle, dans laquelle on èherche fr faire commeIui, pour arnver, quand on est srïr dc soi, à faire rnieux, s,ilse peu[, en faisan[ autrsment.

Enfin, le poin[ eapital, c,est le choix du motlèle. Etudiezles prosateurs français qui ont le mieux conûu le génie delalangue: ûq xyre siècle,.$p.yut,- lTlontaigne, du Eeilay; au

xvuer. Fascal, Bossuet, F'léchier, la Bruyàrer-madarne rie'Sé_vigné; malgré. les reproches que la _ciitiqûe a pu arlresseraux [rois derniers, jo les recornrnande poùn l'cfcellence deLeur formel au xvr'e, les.quatre ruaitresivoltaire, Rousseau,

f ytron et $lontesqujeu ; j'ajouterais volon[iers Ie dûc de saintl$imon Iu avec prudence.

_, Y9l. v9ez que je ne parle li des poëtes, ni des anciens,

1id.9s

contemporains. Je ne dis rien- des poëtes; car'il'és'agit pas ici de poésie, ct.je n,adrnets pasie stylô podtique

fn"tlr.oseIIalec[ure des poëtes'est cxccllente pour prdpaier

a ecnre, pour rne[lre en train, en qucique sorte. J'ai tou-Jours remarqué qu'un beau morceau de podsic, lu avant deg9pp",Tu1, eI tout haut, s'il est possible, éveille ltirnagination,eclra.utt-c lecæurr.transporte dans les régions de J,idéal. C,csi

lll,s,q.uc Ie sculpteur Bouchar'clon s'inspirait

à la lcc[ure(l'flonrerc. Prosateurs, usez cles poëtes comtrle llouchartlon Ile rnôrue sen[irnen[ sous une exfrcssion toute ttifférente. Ja;ne recommande poinl, les anciens pour le mêrne motrl. Etu-dfez sans doute nuit et. jour.les enemplairgs grecs et latins,pour I'inveuûion e[ la. dispositiorr, rnais n'ailez" poinû forurervotre sl,yle sur la pdriode liviennc ou cicéroniônnc, ou sur

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CEÀP. XYr 2t6,

Ia concision de Taciter notre langue y répugne; autant vau-

drait prendre pour modèles de-dietion française Gæ[he ou'Waltei, Scott. dnfin ie passe sous .6ilence les contemporains,et voici pourguoi. J-e ire prétends pas établir un parallèIeentre les ancièns et les modernes, e[ ne veux point dire queIe français des hons écrivains de notre temps soit inférieur,com*e français, à celui des âges précédents; ce n'es[ pas làla question.

-ilÏais songez que, par ln pensée et jusqu'à un

certiainpoint par

Iaforàre, t-out écrivain appartient toujours à

son siècie, et he peut se ddrober à I'influenee du rnilieu danplequel il vit. Orf si vous'joigne-l.à cette inévitable homogd-néité avec ce qui vous entoure l'étude à peu près-exclusivedes contemporains, il ne vous restera plus-rien d'original;car quel éléincnt eri vous ou hors de vous s'opposera alors à

Ia eômplète reproduction de vos modèlcs? Les idées de'Lamartine, par exemple, ou de Victor.tlggor sont celles de'

plusieurs ésfrits distinguds do notre siècle-; en les vulgari---sant,ils les ont fait_parÉager par un plusgrand nornbre €ocor€i ,

elles sont, en quelque sorté, dans l'air_que nous respirons.Maintenant, lislez Àssidrïrnent Yictor flugo ou Lamartine;vous aviez déjà leurs idées, vous.aurez eneore leurs formesr-

vous serez iiritateur en tiépi[ de vous. Au con[raire, étu-diez obstindment lcs fornes d'un autre siècle-r. et vous ne

serez jarirais amené à une reproduction- complète, . tl'abordpar ceia même qu'elles sont d'un autre siècle, et puis, parceqoc vous lcs antlliquerez aux idées du vô[re, et les fondrezdans la teinte"générale de votre âge dont vous êtes- forcé-ment imbu. BnÉn vous donnerez ainsi plus de souplesse etde solidité à votre langue, en la retrempant aux sources

antiques, et par cettc aliiance des idées d'aujourd'hui et des

forrnes d'auti'efois, l'étude si utile du modèle compromel,trabeaucoup moins votre originalité. Je répéterai donc le motd'André Chénier :

Sur des pensers nouveaux faisons des,vers antiques.

Encore une remarquo qni se rapporte à' celle-ci. Qui se

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CHAP. XV, 215

maitrcs de joindre à la grandeur de leur sujet autant decouleur, autant de mouvement, autant d'illusion qu'il leur

plaît, et que dcvant toujours peindre et toujours agrandir lesôbjets, ils doivent aussi parûout ernployer toote la force etdébloyer toute l'étendue de leur génie. u

ïflaÏntenant, il nous res[e à étudier les quali[és essentiellesde l'élosution, c'est-à-dire celles Qui conviennent à tous lestons; les qualitds accidentelles, coest-à-dire celles qui ne con-viennent que dans tel ou tel ton I et enfin les ornements dont

I'élocution est susceptible, et que l'on comprend sous le nomgénéral defigures.

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CÏIAPITRE XVT.

DES QUÂLITÉS ESSEN'fIELLE9 III' gTTT,I!,

-

CLÀn,TÉ, PI,RSTÉ.

[a g]alité so_uve-raine du style, toujours et partout indis-pensable, coest la clartë. u Summa uiitus oratioits ert orrr-gicr1i1t1,s., rr dit Quintilien, dès le premier livrà-dâ-;;,Institutionf r pour revenir sur cette ïé"ité r" Àoine.u i1 ltob-is.prhna -sit

airtus perspicuttas. u Le discours, selonIur, doit être_ clair comme la lumière du soleil, u occuîrat onanimum awilterytis oratio, sicut sol in ocalos.'u

Mais la clarté de l'expressiol _s.uppose une conception{tJtle des idées, e[ une mérhode habilô dans Ieur aisfosition.

II faut donc d'abord se rappeler ici ce que nous avôns clit àpropos de l'invention et dè I'ordre:

9e _que loon conçoit bien s'énonce clairement.Et les nrots pour Ie dire arrivent aisément ; '

ou du poins finissent, a_vec Ia nrdditationr pâI, aruiver e[ seranger dans I'ordr_e voulu.

eueles

penséés'soient vagues etp_t :o:çres, que leur arrangement- soit pdnible ou iirégu_lrer, vor"_s avez beau travailler l'expression, elle reste obscureet mal dessinée. Je parlc non-se-ulement de la .on..ptiàn,nrais de l'arrangemeht cleÈ idées. lle perdez pr, à.

"uu,u

second point dont Boileau ne parle pâs, maiô qu'il suppo-sait sans doute. Il ne su{fit pai en

"nf o* conievoir bien

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pour énoncer clâirem€trt. u Dans un cas, comme lc fait ob-

berver Condillac, toutes les idées se prdsentent à la fois àI'espritl dans I'autre, elles doivent sc montrer'successive-ment. Pour bien écrire, ce n'est donc pas assez de bien con-cevoir: il faut encore apprendre I'ordre dans lequel vousdevez comrnuniquer I'une après l'autre des iddes que vousapercevez ensemble, il faut savoir analyser votre pensée.Accou[umez-vous de bonne trreure à concevoir avec netteté,

etfamiliarisoz-vous

enmênre temps avee le principe de

Iiplus grande liaison des idécs. n- On a soutenu cepenclant gr.l'il est des matières où Ia clartén'est pas indispensable, et dans lesquelles nnême une certaineobscurité ne messied pas.

- Sans doute quelcluei ouvrages scieltifiques demandent auIecteur, avec des connaissances préalables, une plus grandeattention que d'autres, e[ je ne prétends pas gue la Mécani-que céleste de Laplace soit obscure, parce que le commun clesieeteurs ne la comprend pas. Mais dans tout ce quin'est poin[sciénce pure et spéciale, dans tou[ ce qui s'adresse à l'huma-nité en général r-danp toutes les ques[ions philosophiques,politiques, littéraires, la clarté est innpérieusement exigCe ,èt j'aj-oute que l'on peut toujoups'y parvenir par le travail.L'obsôurité, comme Ia diffusion, nai$ le plus souvent de Ia

pr€cipitation ou de la paresse. N'est-ce point Pascal qui dcri'vait à- un ami : u Excusez la longueur de cette lettre I je n'aipas eu le temps de la faire plus cour[e r'? tr a ptrupart de nosâuteuns nébuleux pourraient dire également : Exc-usez l'ob-sc-urité de cet ouvrage, je n'ai pas eu la patience d'ét're plusttïi;

dès Ie principe, l'auteur a soin, qu'and ses conceptions

sont'absolument neuves, de lixer et de bien définir sa termi-nologie: quand elles ne le sont pas, de-se

conformer au lan-age reçu, et d'éviùer, autant qire possible, le charlatanismecs tcrmes techniques e[ l'afrectation des formes étrangesr il

ser;a eompris de tous les hommes intelligents, et son ouYragegagnertt en mérite et enrenommée, même auprès des masses.Ôn se trompe, en effet, si I'on croit que le bon peuple sc

Â9

(}Dd

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DE LA BHEÎ0IilQUE. ,

laisse toujours dhlouir, et applaudit tout harangueur uu,iln'en[encl.point. Aux sriphismôs de ceux qui

tui ,iùnt-, dt,lIe lreau ! le bon sens de la majori_té rdpond avec Dairclin : c'est" le laicl_; e[ l'écrivain obscur ire devieirt jamais pàpuiriro. r.uvrai talent est de contenter à la fois la"foule *i iË, Èoro*rstl'élite, d-e se_fairg entendre des plus vulgaires, il; faisantestimer des plus habiles.

sc trompe encore si-l'on croit que_l'oh.qsupilf ajoute àl'éner$ie ou à l'élégance de la pensde.',, t, ;lo"t;lîit t*Or_bien Vauvenargueq orne les peïsées p*ofonAàr. ,;' "certains écrivains allemands ont ïne prédilection touteparticulièrg.pour les ténèbres du hngng.;-l.r int,riig.nàà;les plus obstindes s'rrsent à vouloir t.s flaieiren 6;i; vanitéde leurs adeptes fasse une ver[u de ce"viàe, t; Ë *"çoif; iÀrenom de comprendre--seur ce qui est ininieriigilie au resteou monoe cnatou.rlle l'amour-propre. Mais les esprits sains

rlédaigneronr. roujours ce gotit ,ies aocrrinàs ariiei;qùiî,comme parlaient les ancienls, qui _fait des véritès ies'plusessentiellcs à rous le privilége êxclusif de quelquà, i"iiiurlet une lettre close poui

la. màjorité de ceux'*orià-qui veujIcnt les dtudicr. La véritd es[ nue , attrayante de sa' proprebeauté, tout à la fois fière et pudiqu'e ;.ce i,est qo. rn laïndta,le mensonge ou-la fausse sciehce gïi é'eoo"t"pe'."tâ. tant de

*rl:.i:,9y:_, -qu'on puisse dire en,faveur de, io'gogriphes phi_rosopnlques ou. sociaux., un écrivain obscur seia-toujourô, àmes yeux, un dcrivain ineomplet. Je laisserais memri au aéudu.fihin, sans m'en

9r.gyq-eT âukement, cettemanie du mys-ticisine et de I'inintelligiible," si elle ne prr*iilu?d;'ê;accueillie pal qy_elqucs-uns de nos auteuis qui oublient léi.:j^:il*i de Voltaire : u Ce qui n'esr pas iteir n,esr paslrûncars. ,t

Cé qui n'est pa_s clair n,est pas français, parce qu,il sembleque crraque peupre lrant_reçu de la providence-sa missionsur rfl terre r-_celle de la f'rance soit de répandre toutes lesgrandes-et utiles vérités lil que , pour maintenir dignementcette noble pro.pagande, iI faùt sâv:oir rendre ln oariiJ:rnooireste et aceessibre à tous. or c'est là un des carætères du

DE LA nuÉlontqun.

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CEAP. XVI. ztt'g

sénie francais. Aillcurs, comme en France, on fai[ des décou-

iertes, on a des idéesr'on crée des _systèmes,onétablit des

théoriés; en France seûlement on vul$arise tout cela. Ailleurson écrit âes volumes; cc n'est qu'en Fiance, cle I'aveu dc toustque l'on sût faire u,n livre.' Drn, uo oidte d'idées moins élevé, ce qui n'est pas clairn'es[ pas français, non parce que la langue française est en

elle-même plus claire qu'une autrer.mais, au contrare, parce

au'elle prêË davanhgd à l'obscurité, parcc que la rigueur tle

J.r rooôtructions et lë peu d'élasticité-de sa phraséologie exi'n.oi aut'ecrivain les dlus minutieuses précautions pour être

iouiours entendu, et ïu'il doit veiller sur Ia clart'é aYcc unc

aiiËntion d,autant pluË inquiè[e qu'elle est toujours près de

lui échapper.Au reïte, il est rare que I'obscurité soitr-en France, commc

.n-Àllt-tghe, Ie résuliat d'u!-parti pris deJa p.ar[ de l'éffi-

orio. [e pius éouvent elle n'affectc qire les détails, et uait dediverses causes.

Tantôt, Ces[ I'ignorance ou I'otrbli des règles de Ia. gra1:maire. lei phraseË équivoques (Rl mal construites, l'emploide mois obôolètes ou iuconuus, l'impropriété absolue ou rela-

tive des termes.Tantôt, Cest I'alfechtion de la brièvete :

J'évite d'êtro long etje deriens obscun;

ou bien, tout au coutrairé, la diffusionr les périodes intcrnri-nables r'l'accumulation dds parenthèses, des épisgtles, tlcs

idéur"dcæsoires qui embarrassent le lecteur etlui font pcrdrede vue I'idée principale

Dnfin, Cest le déôir excessif dc montrer de fespritàr tout

prôpos ef hors de propos. u Quand on court aprèq I'esprit, rlitilIoitesquieu o on-attiape la sottise. " J'aioute qu'on att*apeaussi I'dbscur et le Ealiiratias. Que d'écrivains auxquels s'ap'

Blique'le paraeraph"e de la Bruyère sur acis, le beau parleur !

i, q1.,€ dit'es-vôusf comment ? jo n'y suis pas : vous.plairait'ildélrceommencer ? J'y suis en-core-rnoins. Je tlevinc enfin.

CEAP. XVI.

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222 DE LA nnd'IoRrQUE"

rature de ramcner à leur sens natif les vocables quc Ie tcmpscn a'détournds. Mais l_{,. comme

ailleurs,je

demânàrl;;;fiet^la circonspection. s'il est d_es pertes à iegretter, tréph;*même, autant que possible, il mô semble rîdicule'de gilva-l_rser,

en quelque.sortoi des mots que la raison, le gdrit oulc sentiment de I'harmonie ont tuês dcpuis lorietefr,ps. Jeprends un seul exemple. Fourquoi *rploy.*, nËii, it-tt,u lieu,de tio-it, dû:ih L'usage a crerendu avec ruison decontondre dans une seule e[ mêrne signification deux motsdont le sens rdel est tout à fait distinc[.

"II go est, qui ne se contenten[ pas, commc sailuste et, Tacite

:rl.:,.r:: ancrens, de. ressusciter quelques mots surannés, e[l:^.og,ryt]rr. ttes.pertes dans le fumier d,Dnnius; ils vont plusIoinr ils écrivent des volumes lout entiers en viôux langage ;ainsi voiture, Naudé, Fcllisson, au xvrru sièelet J-8. Rous-

il_""_r_auxynro I ill. de Balzacr-de nos jouls; j'e ne cite que

res mctilenrs. A rnon sens, ils ont, tort. D'abord, pourqiroiquitter uû idiomc adulte pour revenir aux nrgisstïnents deI'enfance ? pu'o-l se permeite, comme Ia BruyÀËer-uoe a"migage de ce je11 d'esprit, je le véux bien ; maisin rivre àntier.!-ut-purs, quelles que soient l'érudition et l,habitude de I'dcri.vain, est-il possible de connaîtrc assez à fond les phases de Iafiq::, Po,ur ne pas prê.ter au xye sièclcr par eiemple, lcs

lg:ylioy du,xrv", et réciproquement; ce qùi cst une grandetaute dans l'cspècc ? Enfin, ne court_on point risq:ue de

litlllrp. gauche et. empesé sous ce[ habir dtemprunt i qubnrte revet cependant!tr$e poul se donner unair niïfct dêgîgé?

__iyt te'bibliophile i-vair i";cnil dtq;;-;ï;;;

îc prus!^*,*_rlguu:^tt

eruployait dans son récif les lormes conternpo_

l1t1esrnrêmc les plus aua,,c!es, ctdans son rlialoguc Ic styte

qu'on nompe nragert. d,ge.Auttnt vauclrait, quaid la scdneest eD anglcterre ou en,Aile*agne, faire pârie' res person-

nilges en anglais ou en allcmandl r

{e nc- connais guqTe qu'une cir.constance où ces pasticlrcsprrrssenI s'excuser. c'est ecllc où se trouvait paul-.Lduis cou-IiT q_u.r"d il se,servait de la languc d,Arnyot pourcor"ige"Ies contre-sens d'Amyot, ou pouiajouter à- la [raductionîc

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DE LA nHÉT0R|QUE.

,(On peut, le pardonner aux femmes, il est indigne d,unr

nomme. prus un peupre est futite e[ corrompu, plu"s

it a dejargons. rr Ia ce coinpte, notre siècle xrxo es[ assurdment un des prus,conompus et des plus futiles qui

-aient;*orri, prË iro$

dans lei annales de i'humanité. .ià o.r pr*îu po, ,io Jargoûprovincial, du patois. De tout temps, il fitp;À'is L r', .o*e.{lle, au roman même, de reproduire ce lairgage corrompu,sans do u te, m ais d

1. m9i qs générarem"n t inir"tii'gintË.' noro*,les âges vraimenr Iittérairàs n'accordent p;iri;;l fro.u*sans eondition, Je ne sais si Horace pnraoioaii À-ptrote tesscènes en parois earrtrraginois de son pô ?ri;';;;;rJr, î",ij,.i-Ëdisait, de l{Iolière: u nïe r"i;;;;qié"ô;îâtoiæ"rËyr"sooet d'écrire purement; ,' gr 1Tlarmrntdt,

"rijo.tinroîàliluo*

sur ce pointlvlolière, Dufresny, Danco'urt,it, dî.c*u trait"nos vaudevillisres du jou{r ne' perruet-pôuriant lt;ù; ùijargon villageois, mênic dâns tri coméd'iqï;[ d;;;'rondÈ'rons:

s'rr eontribug.ag go-miqge de situatiofr, ou s,il marsueune nuance de simplicité daniles mæurs, comme a^rl;i:iîii!:!:fr:': :p

ar eiempl e., où it serr à àiJn;;i;; i;îirpr ici régrossièr'e de Geor.gerte de -Ia naïveté $'4sËQr. ut it i;ouiàavec raisor ! * L'ingénuité, le naturer, Ii riroprilile Ëooràn'o1c rien qui se refu-se à la ôorree.tioo du lro!rË;. ;-

. Quantà la seconde catégorie de jargons, ceuî îont on con-vjert pour se parter- sans-êrre .oiroiu{';; ;"rô que rarhétorique ne les admelre nuile port.-[oé-;.-t*t";usrèmeh uma n iia ire ren fermr db;..u ;;t.i àil rriJ, -,Ëi..i liffi mr, ;ais, pou_r Dieu .!-qu. ces mcssieurs se lassent [radurre enfrançais.! Les meiilôures idées du monde;fr;Ëù;liorton-tiane, de garantisryg,_ de simpli^ste it;iîdffinà;," rebu-

fi1llles, esprits."délicats. N,T a_t_u

donc pas moyen deITI_orr râ rangue d-ule science qu'on nofrme-sociale,"proba-lrlement parce qu'elle est ceile-de toute h;;ié;d,',To profy?13glgl13:". ceue de rachimic à; d; ;rdiïËs"d r,u rau[-' crorre' avec-ses ennemis, -gue la forme n,est]bar-bare que p.f.rce çre le fona est ansuiAà r 'sv " vu

Quoi qu'il en soit, I'argot de ces mcssieurs n?cst gue ridi.

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cnaP. xvr. 227

cule I celui du vol e[ du meurtre cst odieux. .Ie ne vois dans

nomé ancienne littéra[ure que Villon qui s'en soitrendu

coupable: celui-là du moinls avait ses raisons. Condamnédeux foisî Ia potence, il parlait à ses camarades de la pinceeb du croc, sâ langue et leur langue. Mais que no_s roman-ciers aien[ poussé-le fétichisme d]e la couleur locale jusqu'àsalir leurs récits de ee hideux jargon; qu'à Ia suitc d'unhomme d'imagination, la tourbc servile des imitateurs se

soit ruée dans-cette vôie , voilà ee qui était indigne et abo-

minable, ce qu'aucune théorie d'art ne peut justifierr e.e quela rhétoriquel comme la morale, repousée av-ec dégoirt!

Auprèsïe'cet immonde argot, lds jargon-s de-la troisièmeespècé, les ramagesde société, sont un parler- eharmant; ce

qdi oe nous em*pêche pas, sinon de leé ana[hématiserr- au

àoins de les reconduirè pôliment jusqu'à la frontièrc de la

langue, sauf àr en couronnier quelques-uns de fleurs, comme '

faisiit Élrtoo de son poëte. Ainsi l'èuphui,snte du temps d'Eli-sabeth, dont plusietùs scènes de Shâkesp-eare nous donnentI'idée,

'ainsi lôs conversations musquées-du

Pastor ftdg, des

bergers du Lignon, des prèmières-précieuses,

les précieuses

véri"tablesrcelÏes aû dictionnaire de-Somaise et des lettres dcVoiture, âinsi les nouvelles sentimentales de quelques ro-mancieÉ allemands, ne sont que des jargons, gracieu-x à leur

orisiDe" mais dont ia licence va bientôt si loin qu'il ne fautriet môins que Ie holàr d'un illolière pour le-s arrêter- Toutcola s'est eniolé avec la mode. Parlerai-je du jargon d'Al-mack sue nous ont fait connailre BYron et les romans de lahaute ôie anqlaise, ou de celui des sàvants dont Sterne a dit:,t De tous lei jargons jargonnés-9ans ce- monde jargonn-ant,

le plus assomËan-t, sa"ns éontredit, est le jargon du pédan-

tisme? r,Depuis que notrelangue a été étudiée, chaque.a.-tr:iè.t.t

en Frincei a eu son jar[on. Au xvlu, les savants de la Renais'sanee, et ies ra{finéi éclhappés aux guerres d'Italie I au xvrte,

les précieuses et les marquis- de Mascàrille I au xYlller les rouéset lès Pompadours ont criployéune langue à part et en dehorsdu vulgairi. Pour nous, nous en avonl eu tiois ou quatre à

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CITAPITTiE XVffi.

&'Eg Qnar.nTés EscE$rrE&1,8g DIt crY!.E.

-

pROFRXÉeIÛj t

peÉcrsrolr, wacunEr,.

r Entre toutes les différentes cxpressions qui peuven[

rendre unc seulo de nos pensdes, dit la Bruyère, il n'y en aqu'une qui soi[ Ia bonne: on ne la rencontre pas toujoursen parlant or en dcrivantl il'estvrai néanmoins qu'elle existe,que tout ce qui ne l'est point est faible, et ne satisfait pointun homrne d'esprit qui veut se fairc entendrc. u

La propriéld consilte à rencontrer cette expression qui estlaboùnej c'est dire que la propriétô contribue singulièrement

à Ia clarté du style, en même tcmps qtr'à son énergie, cartoute expression vague est toujours faible et tout à Ia foisobscurcii ln pensée."* Les termôs, dit I'Encyclopédie, sont lcportrait des itlées: un terme propre rend l'idée tout en[ière Iun terme peu propre ne la rend qu'à demi I un terme im-propre la rend moins qu'il ne la défigure. Dans le premierôas, ott saisit I'iclée; da'ns le second, ôn la cherche ;-dans Ie

troisième, on la méconnait. nOr, poul aequérir la propriété des termes, pour en décou-vrir la valeur prdcise, il ne sulfit pas d'en chencher une déIi-nition tellc qïelle dans le preniier lexique venu ; il fautrecourir à leur étymologie, el les suivre d'époque en époq_ue

à travers les significations diverses qu'ont pu leur donner lesbons écrivains. Sous ce rapport, il manque encorc à notrc

90

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0HAP. XVll. 2"tl

professeur à faire ohserver ces nuances, ir rpultiplier les

exemples.":itil;'; des synonimes ainsi conçue est du plus hautiote**, "o*r.,il..ent

comrpe une ôes conditions du bon

Ï;Ë:"ilË'à;;il;'Ëo'

â"dore plus élevé' u apprendre à

àiffid; Ët ;t;; àit rort bien M' Vinet, c'esLapprcndre

;'àiti"*er- les ch'oses; Cest exerccr la sagacité de notre

ffiï. ;*i""tr- àl;;etfeté de toutes les notibns I c'est tirer

in-iniioiophiedu scin de la philologie' Tout'e l.t$,o" est une

;,t fi;rilffi;"i "o. trogue iarfaità s.erait 19 véritd même. u

Enfin, poo, prr"à"ir"a, lâ clarté., il faut, âvons-nous di[r.

reu"i*{f,i pu*.d.i li" p"op"iétéiaprëci{ion, et tre nutotel

ou la aéri,té du style.La erande "tti'"

At h précî'sï'on, ô'est de tlolner à I'idée

uoË-uir',Ë--4ià;*-; .o ôoop*nt de droite et de gauche lcs

*oi, q* .*friri"*oi r" rirarche et ne permetÙent pas à

I'espri[ de la suivre :

Est brevitate opus? ut currat sententia, neu 8e

rmpediar verbis rassas onerafiïl.iiiilli,, ,0. ù

Rienrencffetrd'insgplror.tablecommelels,rlqerlltritésdu

disôur's. Dllcs ôni l, l'âr'priu ce qu'une nourribure indigesteoù fiop abondante est au corps 3 \

Tout.ce su'on di[ de trop cst fade e[ rebutaut'. Lnesprit iassasié le rcjetle à I'instant'

Mais sachons bien ce que I'on doit entendre par ptécision'

* Ln orécision, àit mi.tàte, necousiste pas

|être-rapide et

à""rii-.îir l',ii*"ce qu'il 6u0, et ni plus ni moirl-s qu'il rre

faut, oiti yUp 'evzuïLh Ao","6

,i â rÇ ta24it, à rQ ouilôPl,i,ç' t\l'h' rÇ plrpius' tt

eommeutateur traduit le terte, d'unlouù à l'autreren un aulre tatin, aû'eclant. touiours d'dviter f"r" i"r-.i-âunt I'auleur s'est servi, c'est-à-dlle habituant

i'il6;; t une iopropriété coniinue d'cxpressionst

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232 DE tA nudToRtQUE.

N'oubliez pa! .uu.e la pr_écision' cst un des ércrnents de Inclarté, et qu'ainsi c'cs[ aller

contre sa nafure que de retranlcher des nrots qui éclairciraient votre idée. En certaines cir-constances le développement peut être plus rapide que Ierésumé. c'est surtout ôn rh4toi.ique que li risoei*oiË;;.;;pas toujours Ie plus court chemin. uie route"riante et unicp-arait- moins rongue, l)arce rlu'elle fatigue moins, gu'un sen-tier réellemcn[ plus c-ôurt, ruais rude it ruboterix'. I,a coÀ-paraison est dc Qulntilien.

. trr prfqtsion, çomme. tan0 d'autres qualitis, dépend donede Ia méditation première qui choisit, ilétc"*ine, ^àirconscritles. iddes.et par errnséqucnt les mots. a qui s,rdià.re l'écri-vain, et d.a1s quelles circonstances : consitlération dôminantesur la précision, comme sur bien d'autres qualités.

Examineu d'abord Ie car"accère et les dispôsitions de l,audi-toire. u L'orateur romain, dit l,ancien rhéteur Severianus.

doit être plus.abondan[. qrle l'orateur a[tique, pro. preri.JuËI'asiatique , Àu,ieo copiosior, Asiatico prelssiôi. n A' ,o juserpar ce- qui nous reste des orientaux, $everianus disait ;isie.Dans leur, podsie lyrique, pâr exemple , chaque verset selorme de deux parlres, donc Ia seconde ne fait- le plus sou_vent que reproduire cn cl'autres ternnes I'idée de Ia premièrà.,,.

PT.o9r_gr.

psaume quelconqucr_ vous me comprendrez à

r rns[an[. yorcl Ie commencenten[ du second :{. _Pourquoi les nations se sont-elles soulevées avec ungrandbruit? - Etpourquoi lcs peuples ont-ils formé devains desseins ? -

2. Les rois dc Ia terre sc sont soulevds contre le seigneur.

- Etjes princes ont conspiré ensembre cointre son crfist.3. fiompons, disent-ils, leurs liens, - Et rejetons loin de

nous reurJoug.

-. *. jgloi qui .demeure dans les cieux se rira d,eux, _Et le Seigneur s'en tnoquera.

,^T_:I_I.l.urparlera alôrs dans sa colèrer-- Et lesrernplira

de trouble dans sa fureur... Et ainsi de suite.Que dites-vous de cette phrase de I'dvangile de saiot Jcan,

c. l, v,20? les Pharisiens demandent àîean-Baptiste s,ii

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28& bB [a nsdîoÀtQuË.

Adorant daus leurs fers le Dicu qui tres clrâiie,Ta-ndis quc vutne main sur eux.afipesantie

A lcurs pcrsécuteurs les livrait siris seeours,lIs conjuraient ce Dieu de veiller sur vos iorrrs.De rornpre des méchants les tramcs criminsllej"Lle mettre votre trône à I'abri de ses ailcs.

lxarmrntel dtablit qoe proline cst re contrairc depressé,!,!,che d,e fe.rme, périoiiquà de concis, ,till;; i; eiùtr1 peur-

crre ees drvcrs lermes- comportent-ils un pcu plus d,élasti-citd. Quoi qulil gryoir, le bourrairo de ra prdciision àsr niencertainenrenI la diffuston et la l,troli'nité, r:elle-ci plutôt dausia pcnsCe, et cclle-lir dans les rnôh. On a'pu dire de8d.nè,I;;;qu'il était r\ la f,is prolixe et concis,- c',cshà-dire prodffid'idées j*squ'ir la proi'usion, économc tle

'rotsiusqùâ l'aîa-

rrcc. La concision dans le style laisse querque ôhoie à devi-ncr au.lectcurl la.pr'écision

le satisfuii si-pleinement, qu,iln'imagine ricn au. delà. Ellc es[lc rapport eiact de la p'eËsée

..id?. Tg.h,, le juste milirru enrrc ^là trrièveté affecrtàluitouche à l'obscuritd, et la diffusion .qui y rnènc égalemeu[.,en jctant, selon l'expression de Vol[aire, ,

,

Un ddluge ie nots sur un désert d'iddes.

On conçoit gug .s^i la prdcision n'est qu'un parfai[ tempd-rament cn[re Ie défaut et_l'e-xeès, y.etpi.,s.-elle est par là mômeinséparalr-le du naturel, _!e.ta tri:ià) aô ra jusËsse cle style,trois qualités qu'on a dis[inguées ct ctrui réellemont us sonûqu'unc.

iTI. de la sochefoucauld cru[ f,aire lc'plus grand éloge demadame de Ia Fayette- en créant pour elle r*fltu .*prcu.Too ,

c'est unc femme aru,ie, c'est adssi rnettre un crcrivain bien,haut que de dire de son style : C,est un style arad.Le- s[yle wai est cette iaçon de dire t"ellement d'accord

avec Ia nature de la.per_sonné qui parler ra positron où ellesetrouve, le_ milicu où elle $it; Icô circbnstances qui I'affec-tcnt, que le Iecteur ne se figure pas In possibilité ïe penser.ou de s'exprimer autrementl que"rien d'i'clique la rôcher",

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crxap. xYil!. 2t*l

littdraturc dcritc commc dcla lit[érature parléc. Car puisquel'écriture peut e[ doit toujours en dernier rdsulta[ sc ramenerà Xa parole, dont elle n'est que l'imagevisible, Ie monument,comrue I'appelle Quintilien, il est évident qug les règlcs d'har.uronie du disc.ours écrit ne seront autres que celles du dis-cours parlé.

Depuis la fameuse seène da Bourgeoi,s gentiltrtornme sur Iaprononciation des lettres, il sembtre qu'aussitôt qu'on parlevoyelles ou consonnes, cn se trouve dans la position des augu-

res do Cicdron qui ne pouvaient seregarder sflns rire. trl n'enesû pas moins vrai porrrtant que si Ie maître de philosophieest un personnage burlesque, ce qu'il dit u'a rien dc ridi-cule (').

D'ôù vient que Ie retour fuCqueut de l'a' et de I'æ est plusdisgraeieux à l'oreille que celui des autres voyelles ? C'cs[quô'l.r lèvres ,. ,r.utrr.ït de l'o à,l'i, ets'allongent cle l'a à

l'er d'après l'échelle suivante

c, e, Q,, ot oli

qu'il y a, par consdquent, un peu plus d'effort dans I'tlmissiondes d-eux

-voyellesèxtrêmes que dans celle des médiales. Si

ce principe eËt vrai, I'a serai3 ia plus euphonique, comrne elI.e'es[

la plus sonore des voyelles I et, dans le fait, n'en est-il pasainsi ?

Cel,te même observation ne ssrt-clle pas à expliquer lcsrègles en apparence si capricieuses de l'htatus? Toute ren-coitre de voyelles n'es[ pâs essentiellement dissonan[e; celledes diverses médiales a même une certaine grâce : Danaë,

(r) Tout ce true dit le maître de n[ilosophie est textuellemenl. ertraiI d'unouui'ngo de Gatàoti, Inort en t!78, ci surloril du livre de Cortlemoy. rle l'Àca-démie--fnaoçoise, inlitutri f)iscoiirs physique Ce la parole. Cc discours, d,'tliéau roi, tut i,ublié en t668, et la premiêre i'eprésentaiion'du lloutgeois genttl'hontme datô de 167o. Ce n'cst donc pas la lôçon en ellc-nrétue qui est -r'idicule,c'est l'âgeet ta prriition de cclui qui li reçoit.'< Aht la bclle choù qtre dc savoirquclque"choset'r s'écrie IIl. J,rurilain. ni it " raison, itlais l\tolièrÀ lui répontlavec llloutaigne: <r La sotle chuse qrr'un vicillard alrécédairc; on pcul. conlinueren lout te nrlis l'dtude, non pas l'dcôlagc. n F'oirle lllolicre d'À;rné lllartin,

2,4

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2t*2 DE La nHÉronlqur.

Fh,aon, Méléugre_. On peu[ en dirc autant du rapprochemen[des extrêrncs et tles ruédiales dans l'ordre

indiqùé prus rraut,il y cstr-'il y a, Lëon, etc., [andis que, au côntrnire, leuirapprochement en ordre inverse nous est antipathique, e[ne- s'admet guèrc que dans les onomatopées, h.aonsi lûra,QaTr, etc. Fourquoi ? C'est que celui-ci exïge un mouvementdc lèvres un peu plus péni6le. \'ous dites? y a, tandis euepour-ne point prononcer y-a-il, vous jetez éntre les diuxderniers sons un t insignifiant, et que l'cuphonie seule ex-plique et justifie. La piésence-de I'e-muet <ievant une autrevoyelle, la r_épétition de la mêrne voyelleo a,-q,, e-o,, e-d, nouschoquent tellement que nous préférons ou anéantir Ia pre-mière lQfelte par ÏÀpostrophé , l'd,me, l'ange, l'esprit, otrmcne raue un solectsme, e[ mettre au masculin ce qui est nuféminin tnon, d,nte, m,on épée (.). Il suit de là que si lô rhéteurvous dit : la phrase, il àl\o-à, Athènes, pècËe contre I'har-monie I c'esr comme s'il disait ; la répétition de Ia mêmeémission de voix fatigue I'oreille qui écoute, parce qu,ellefatigue l'orgape qui flrononce. Les-règles de ia ïersifiôationperme[taien[ à Racine le vers suivant:-

Allez donc, et portez cette jode ô mon frère...

l_l.q eu tort de profiter de la permission, l'euphonie lc luidéfendait. Àu contraire, il a eï raison atbéir I l,euphonicen dépit des lois de la grammaire, quand il a faitïire àAgamemnon,

J'écrivis en Argos.,.

_ Vons comprenez pourquoi I'hiatus est absolument interditdans les vers (,). La prose, moins exigeante, ne doit pourtanl

(r) Le vi-ce ile-laoga$-e, qu'on appetle vutgairement trt cuir(ne vous récriesnas trop, l'Àcailémie i'est àvisée âà donner-ù ce mot le droit ùe bourseoisie) .19 quir donc prouve en favour de la délicatesse tlo I'o.eille francaise. bi t'oo'"défiol I'hypocrisie un hommage que le vice renil ù la vertu, on Ëeut ddffuir lecuir un hommage que rend I'lgnorance au senl,iment de I'harmonio.

(e) Il me semble même que la règle est.trop rigoureuse. pourquoi a'admet-on

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2&&

Prencz donc gardc dgalement à la rencontre des cûnsonnes

rudes ou siffiantes, eomme les r, les dcntoles, les gutturules :Quintilien proscrivai[ avec raison erercttus Xeræis, arn stu,-d,iorum, etc. ; à la rdpétition ctes mêmes finalei dans lesnornbres voisins I'un de I'autre :

Du desJe'n des Lalizs expliqucnt les oracles... I

auretour trop

multipliédes

mômes articulations :ApprendsJui qu'il noes[ roi, qu'il nnest né que pour eux...

clans /a trtrenrîatle de Voltaire, et dans Lemierre, au G)mmen-cement du second acte de Guillaume Tell :

J

Qui,seign_euro c'es[ iei

;c'cst du moins rers ces lieux,

Non loin de co château, sous ccs rocs sourcilleux (,) ...;

fuyez enfin tout concours de rpauvais sons, toute cacophonie,,Au reste, ces lois d'harnnonie ne sont pas plus univèrselles

qu_e les autres. Tout dépend ici, comme âilleurs, clu gdnie dela langue. Si les mots, iI alla ù,Athènas, m'offenÀent l-orcille,

Rolrou : -J'avsis, gÀns cq discours. agsez de connolssancoDe loadn'ese d'Ulysse e! tle son eloquence;Dlais il éprouvcra'lt, en un nareil erinui, 'Qoe le sung cst eneôr plus àloqoent gue lui.

S'il Ie faut, ilif, IpLigénle â soo père, je suis prête à mourir rlignement. -Racine:

Je so_urai, slil lg fqul., victime obéissante,Tendre Ru fcr de Calahas unc tdte innocènlc.E_t rcspoctaut lc coup plr vous-mêmc ordonné,Youe isndre tout lcïdng que vous m'avez donné.

Rol.rou : -Lo sang qui sortira do ce scin innocentProuveia'malgré vous Êa sourco cn se yersûnt.

(r)Parmi.let poëtes_français, Chrpelain, Lamotle! Cré[illon. Lemierre, parais-cent avoir étd comyrlil.ement étr.angbrs à lout sen[iment d'harmouie. Jo nè parlepas de quelrlues-u'ns de nos coniemporains qui semblcnl, I'ôtro un peu plutencore.

RITEIORtQUE.

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cuAP. xl'til. 2L5

iI est probnble que les Latins du siècle d'Augusl,e ne trou-

vaien[ rien depénible dans ces vers de Virgilé (') :

Arma amens capio...Flumina amem s;-lvasque inglbrius...

Une voyelle brève suivie d'une longue et réciprogugment neddplaisait, pas à Quintilien, il trouvàit même

-uncertain air

de grandeurà des phrases

o,ommecelle-ci : pwlctrwa orationeacta omnhr,o jaetare. Rappelez-vous ici ce que nous avons diû

à-propos de Ia quretC du langage. La natuie des divcrs peu-ples est modilide par une foule de circonstanccs. tr,idiomecontracte des habitudes, résultat de ces circonstances et clela nature, et l'ensemble de ces habitudes fornre cc qu,onappelle le__génie _de Ia langue. T,es règles de l'harnrônic,eonrme celles de Ia gramnraire spéciale, ne sont le plus son-vcnt, que les formules du gé11ie dc la langue. Ce qrli fatiguel'organe et p_qr consdqucnt blesse l'oreille au i$nidi nc pro-duira pas au Nord le même efrct.

Nous avons distingué l'ouphonie et Ie rhythme, sonus etnunæras, comrne dit CicCr^on. l)'après-tout ce qui-a é[é dit,un moment d'attention su{Hra pour échelonner- en quelquésorte les langues sous ce dor.lblc rappor[.

trl est évident que plus un idiome abonde en voyelles eCsurtout en voyelles sonores, e, o, e,2 plus il multiplie led lubialeset les liquides, plus il évite Ia frdquonce et la rencontre desdentalès, des sifllantes et_ des gut0urales, plus il rapprocheIes consonnes en raison de lcur nature et tle leur dèlaré deforce, plus cet idiome est cuphonique. tr,es langues aù nfiUile sont beaucoup plus que Ie. f'rançais et les langues du Nord.

En mêrne temps, elles ont un rh.ythme ct une prosodie,c'est-à-dir"e des sons grayes ou aigtrs, longs ou brefs, déter-minés par des règles {ix,es et un uÀage constant. Les iangues

(,).le dis les Latins du siècle d'Auguste, car plus vous rlescendcz. DIus çousremarquez d'exagération dans la susceptibilitc di l'o'cille. ou lira 5o'o ver.s desùite dans claudien. sâns y renconlrei une élision. crrci anrène Ie plus granrlricc en lrarnronic, comme ilans tout le resrc, I'unilbrrni[é, mèr.c rle l'i'nnrri.

21.

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cuap. xYlll. 2t*7

lieu d,un iarnbe , elc. Bnfin, sougeant aux rdsul[ats souvcnt

otoalot.u* de toutesces coml,ina"isons, il arrivc-à cette con-

â"ri;i-i;.rovult*: lu bcauté du sr,ylê ne consiste ni dansl'heureux c,hoix des expressions, ni dans la savante construc'

iion àt. phrases, rnais dans l'trrarmonie à laquelle le poëte et

I'ora ûeur-d oiv ent tout sacrifi er.Youlez-vous saisir du premier coup d'æil la distance q.ui

séparc les Lnt,ins tles Grecs sous le rapport de-l

narmonlet

ra'pnrochez Cicdron et Quintilien de Denys_d'Halicarnassc.

A;'r'fi;;r ies deux rhé-teurs latins ne négligent Plf l'6ar-;fi . ;lii n, a nnt iî-'i'; i;ë A; l' or at em", l'a"u tic, a û J ivre IXAit n'ttçrriionr, disscrtent lorrgu_emeni aussi sur la valeur

Jr. oi.a.. tlans ia poésic conrmô dnns la proso, sur l'arran-

ffiilt-àË" tytlob.'t, sun Ie pouvoir d'une longue ou d'une

Ërève mise ôn .* plor., *ui lc charme des Jarnbes, dcs

o*onr. dcs crétiquci, hnbilemcnt distribués. lllais compârcz

il;;ô".lo"i* â r*it" du rhôtcur grec : u Ne sacri{ionsjamais un mot à I'e-uphonie, dit Quintilien, qul".d- ::- T:!estiusl,c e[ cxrrrcssif, car il n'en est pas cle st eplneux q-ur

;i;G; t* iiut*t'conYenablement' 'r Dt Cicérsp 3 'r La

"c.Ërr.ù.coniinuelle du nombre e.tdel'harmonie.finit par

;;i;;â, t;élnqu.nce, surtout à- celle du 5arreau, elle lui ôte

tout caractèrô de vérité et de bonnc foi. ': rqo;r inilà, eolnme Yous voyez, bien loin, de

D91{td'flalicarnasse, mais, à rnon sensr bicn plus près dc Ia ratson'.Dt aujourd'hui que dirons-nousr à notre tour, au ";euneécrivain français?

Votre langùe cst un instrument ingrat, gui pal lui-mênre

o oào-àr-roËorité ct n'en acquicrt que-sous la main de I'cxé-

à,it."tl1r*ooifiw done à lùi doniel get-tc qualité qui lui

il;q"ô. Mais, enmême temps.,l:

Sé*iqrle votre

lonry:-*lesseniiellement stlrieux e[ positif ; n'at[ribuez dona.pas. ,ani*t,mooi* uue valeur exagêrée, ne lui sacrifiez jamais ni la

iustesse, ni l'éncrgie de l'eÏprcssion. Evilez l'hiatusr.le bâil-

iàpenlr'tn répétitïon des rnêmes sons, la rencontre des con-

rôoo.r'rudes^et silllantes, cn un mot toutes lcs variétds dc

;;."plr;riàr inAiqoées plus haut, mais évitcz-les ttaturellc-

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cHÂP. XVI|I. 2t*9

dit T^qrgot ('), la prose est suscoptible cl,une harmonie qui,sans

être aussi nrarquée,-aussi mdlbdieusg que celle des "ôr*jst cependanû_très-sensibtre po_ur toute oreillà un peu cldlicate.Le choix ou l'arrangenrent des sons plus ou .ôior dou*, rcrnélange rtes,svllabcÀ lo_ngues ou brèvïs, la position des ât-cents, eelle des repos., Ia gradation ou une sôræ de symétrieda's la longueurr-soil de-s mots, soit des membres-hont la' pertode est c_ornpo_séc, son[ les moyens dont I'ora[eur se sertpour flatter lbreille. r'

, Vous voyez que, se.lon Turgoi, la composiûion.de la périodedans.les g'!nres.qui I'admettont est undes points auxrluelsl'écrivain doit s'attacher^ tlavantage. Et en effet , I'Enc;ïcIo_pédie drr xv*u siègle définit Ia péiiode une phrase conrfioséede plusieurs rnernbres lids entrô eux, non-seulement far lesens, mais parl'h.arrnonie. C'est ce que n,ont pas assez com-pris guelques rbétcurs rnodernc.s. lrs appctleirt pértotle unezuite de phrases qwi peament se détaehôi, n'ioei mar.chantdans un même sens et vers un même but. La définition neme semtrle pas juste. Toutes les phrases au contnaire doivent'être tellement enchaînées dans ia période, qu'oll ne plrisseen détacher une seule sans détruirê l'ensemtjlu. La pôriodàn'est donc ni une dnumdration par progression asccndanteou descentlante, ni une analyse prdcl+aoî ou suivie de syn-

thèse. EIle est ûn cnchaînenjrent'de phrsierr"r *rÀrrres dcp\Tq:r symétricluernen[. combinés pouT former un tou[ quisatisfesse l'oreille- en même temps que l,esprit.

Dans Ia rhé[orique srecque eI laliner la pdriode ne pouvai[avoir moins de deux mem6res, ni plurde quatre. on recon-naissait pour ldgitimes la périotte à^rre", q-u"iroio, d* t"oi,ou quatre membres bien distincts l,un de i,autre; la pdriode

ronde, rotantla, où les membres dtaient plus étroiicmen[liés et enchâssés; la période croisée, decussàtu, où tres mem-bres se corr.espondaient par antithèées symétriques.

ce fut au commencemènt du xyrru sièdle que Iï pdriode fut

(f) quncor' sur la versification arlemande, tom. tx, p, zz7 àe ses oùu,rescomplètes.

L

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CEAP. XVIII. 2b3Bossuet va tout à I'heure noûs offrir Ie pendan-t : et il n,y aguère.de fable dans I'un

ou de discours d.or rtut"à qui"nàfournisse des exemples de. ce[te harrnonie, ll ..utà qo'i ,j-rite réellement ce nom d'écho dw sens, uyé 1gi donni: p"p;.lt:1ryry:t_ir.rly* ptusieurs périodei âe nÈchiea qui'tbegatement portfg à un haut {*gjé, cntre

lutr_e-s le magnifiqueexortle de l'oraison funèbre deïurenne. Etudiez,.r rËoaoËrlcherchez à substituer aux tprr_nes employés p.r ià"rîuur dessynonymes qui n'aient, pat Ia. même niadeice, E

àe"r"gr"I'orrlre des mo[s, -à multiplier, à retrancher uu  aeprrcer lesreposr _et ee travail poun ainsi dire anatomique voui fera pé-nétrer Ie se-cret, et vàus donnera le moyen ae pr"oduir;à-;.il*tour des efrets semblables. vous y appiendr.?, .u*ioot l,artsindcessaire et si diflicih,

.1:, fait d,harôonie, commàdËpro.e"c.t d'expressionr-de conôilier la vérité et l'ÉniÉ, tluoitii arn.l'harmonie gé-nérale, la vdrité dans I'har.monié.spéciale. Ici

ln .eTemple dira plus et mieux que tous les pré^ceptes. Jecnorcrs encore dans Rossuet I'admirable rdeit de ta baiaille deRocroi,

' " a Ia nurl .qu'il fallut passer en pré-sence des ennemisr,c3mrr.te un vigilant.eapitaihe, le duô d'Enghien reposa Ied.l,Ti.Tl mais jamaTs. il ne.Igposa plus pai-siblemen't. A laveule g:,uo l, E?nd jour etdès Ia première batailleo il est

tranquitle, tant il se trouve dans son naturel l -et l,on iait que[1-'t:"^lrgh l]]nr"."q marqude, il farrur ,Aiuiii* a-'u*o pro_rond sommeil cet autre alexandre. Le voyez-vous comnie ilvole ou à la victoire ou à la mo*t ? aussitôi qu'it eoi pôrÉ cle

Iinq:11tql:o.deur dout il érair animé, rin te vir presquego T-rm".,temps pous_ser I'aile droite des-ennemis, iou[e-nir.la nôtre ébranléer -rallier le Français à demi vaincu, me[[re

:ï:,:: iï1qifli1 1ytg1ieu1, porrer parrour la rerreur, ereronner de- ses regards étinfelants eeux qui échappaient àîescoups. Restait cette redoutable infanterie ile.l'armt!ô d,Espagnedont les.gros bataillons serrés, semblabrer à ;utu;t d!'mu"r.mais à des tours qui sauraien[ réparer leurs brèches, aor*ulraient inébranlablès au milieu deiont le reste ro déioutr, .tlançaient des feux tle toutes parts. Trois t'"is re ;e,rÀ vain_

L)E

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251. DB LA ngÉTonreuo.:l

gyeqT 1'efforça de.rompre ces intrépides combattants, troi(fois il fut repous*.p*;

Iev-aleureux

comte de Fontâinesjqu'ol voyait porjé dans.sa.chaise, et malgré ses in{irruitésjmontrer qu'unejâme-ggeruièr_e est inaitressë du corps qu'ellqanime. Mais enfin, il-faut eéder..., etc. u

I

Meltons de côté pour un momerit la suite e[ la convenancqdu récitr_la couleur et l'énergie de l'expression I n,examinon({Ile Ie..rhythme e_t-le mouùement, eù nous verrons quellqvaleur I'harmonie bien comprise aj-oute au diseours. Shr d(lui-même et du lendemain, Condé s,est enrlormi à Rocroicomme il efrt fait à Chantilly, et Bossuet, pour le peindreJtrouve des phrascs'aussi calrnes, aussi repolsées que le som-meil du héros; Ia première qui é'éteint m-ollemeni avec I'aû-yjrb.e- final, l'ggtre- qui se fond en quelque sorte dans lesli_quides dont elle abonde. Mais déjà a-lexairdre réveilré s'esldlancé dans.les plaines d'Arbelle, èt voilà que, brusquement,

sans transition, la forme interrogative nous airache-aussi arilit du duc d'Enghien, et nous jelte d'un seul bond à traversla mêlée ori l'emporte la témérâire intrépidité de sa jeunesselet llpç fois-làr_ ygygz les phrases coupées, Ie cliqïetis deÉantithèses, l'infinitif qui se multiplie ei coûrt de tôus côtdscomme le prince. Entrez dans les détails, eherchez,Dar exem-ple", à remplacer lemot étincelant dansie nrembréïephrase

qrri couronne si -bien Ie tout ! Bt remarquez pourûau[, carc'est Ià_ la grande loi ! tandis que vous le diriez excrusivemintoccupé de I'image et de I'harmonie, Bossuet ne leur sacrifierien du sens. L'dpithète que nous venons de louer, nous Iablâmerions, si ell-e n'était-en effet historique autant que pit-toresque, si tous les Mémoires du temp.s n,a-ttestaientcdregardd'aigle du grand Condé, et l'espèce dtblouissement qu'iliau-sait à qui l'affrontait pour la première

fois.',

- CryT{rlt,ju milieu de tout ce tumulte, je vois surgir laformidable infanterie de l'ar"mée d'Espagnéo-et la phrase vacha-nger d'aspect, comme Ie fai[. Une hyfer6arc auôsi hardiequ'heureuse présente dabord le verb-el à h suite duquel,d'une marehe pesante, inébranlable et adtive à la fois, sdvan-eent le sujet et ses compléments. La plaine est balayée par

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CEAP. XVtIl. 2S5

cette rnasse qui vomit Ia mort de toutes parts; mais la furiefrançaise est a_ussi infatigable

quc Ie sang-ïroid'espagnol, et lemouvement de la parolé de Bbssuet reËroduit éÀaïendnt Iatriple attaque et la triple résistance. cir observËz la variétéde ces consl,ructions toujours harmonieusement imitatives.Les premières phrases commençale_qt paT lq forme adverbiale,l'apostrophe interrogative a succédd, iuis le verbe, pour ainsidrer eD vedette I maintenant vient la répétition du nom denombre,

iulgg'à.ceg.u'en{n ces tours vivantes, ébranlées par

une imésistible impétuosité, ne puissent prué réparer leirsbrèches, et que tout semble s'écroulr" rou', .*, oiot, ,ecs e[brefs, gui portent le coup décisif : mais enfi,n il fau.t cëder.

Je pourrais poursuiwe cet[e analyse. Ouê les ôrofesseurset les hommes de gorÏt me pardonnent d'avoir essïyé de for-muler ce_qurls sentent ausii bien que moi. eue les jeurresgens surto_ut soient bien convaincus- d,une vérité, c'eit que

les génies les pl's -vastes e-[ les plus dlevés, .om-" les pïusspontands dt Ies pl'rs naïfs, n'ônt point estimd au-dessoued.*u1 les plus minutieuses prescriptlons de I'art I c,est qu,ils4'on! pas cru que l'étude de toutes ies délicatesses du nofrbrenuisit aux sublirnes inspirations de la pensée I c'est qu,enfin,s_ans jamais sacrifier ni Ie sens, ni ltexpresôion, il's ont sudonner au discours les charmes d'e l,euphônie etdÉ rhphme,

et n'ont.êT.r {dgligé, dans I'occasion', aucun des embel[slsements variés de l'harmonie imitative.

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CHAPTTRE XIX.

Dtc QuÂLrTÉS AGGDEIIEEL'ES Dlt s'frtt. - Noar.DgSE,nrcEtssnr Érvencre, oûrr.rtnE,

Ainsi clarté, puretë, propriëtë, préekion, naturel, harrns-æa'e, voilà les qu:atités dê style ndcessaires partout et toujours,dans l'oraison-ftnèbre cotume dans le roman bourgeois, dans

les écarts du dithyrambe comme dans les naÏvetds de I'irlylle.Mais voqs n'av'ez pas oublié ce qui a été dit plus haut sur

la convenanee du t-on. Cette eonvenance, loi suprêrne de

toute composition, exige que chaeun des gery-es extrêrnes;

en guelguô sorteo- et iles lntermédiaires qui les séparent,aiouie à tes vertui uommées essentielles, parce qu'elles con-viennent à tous, un caractère propre et des qualités spéciales,Tel sujet veut la noblessg,

-lamagnificence, l'én-ergieo la

vdhéménce; tel autre, l'dlégance, la fing.qse-, la<lélicltesse;I'un rejette le ton plaiôant aâmis sans difficulté dans l'autre,C'est iôi que la diiision des genre,s, en simple, sublime e1

tempéré" iïstement proscrite plus hau[, pour"rait trouveret

placï. Oir dira for[ bien en efret que, selon la nature-du sujet'

ia forme adoptée, la classe de lecteurs ou d'auditeurs aux'quels on s'fôress'e, les mæurs? les circonstances, et€., It

ri.n". d'éerire sera plus nu ou-plus fleuri, plus négligé or

flus châtié, plus fainilier.ou plys noble.-.Il y a lnême de,

iujets qui sûpportent le mélangê tles tons divers. Mais ceux'

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ctrÀP. xlx.là sontrares et demandent une habileté qui nel'est pas moins.

Parfois ln lettre familière peu[ monterlusqu'à l'ëloquence,et I'orateur chrétien deseeÀdre jusquoà ôoni'erser fariitièrelment avec son auditoire. Ne sc- reneontre-t-il pas des ocea-sions où Ie sourire se glisse au milieu des laimes? Mais,encore une fois, de la circonspection sur ce point, ct ne perdezp*a.s de yye le.s précepte_s expôsés dans un iles chapit*er de l.Dïspositioæ, à propos du vèrs de Boileau :

Passer du grave au dour, du plaisant au sévèra.

En général les liwes. gui traitent d,intdrêts série.x, quiont pour-objet rhumanitéo la patrie, les hautes doctrinôs ïeIa société, tous les ouvrages diïactiques, religieux, moraux,politiques, historiques, eligent la graviié du"ton, ia digniÉdu langage, uneréiervescrùpuleuse"dans re choix des termes.

II ne s'agit pas, bien entendu, d'être roide et collet montd;je ne demande qu'une aisancé décente, une rdpugnance dé!_on gorit porr-le trivial ct Ie bouffon. u Le style [rave, ditVoltaire, évi[e-les saillies, Ies plaisanteries : s,ii s,éiêve quel-gy"foir au sublime, si dansl'oc'casion il est touchant, il rentre,bientôt dans cette.sagesse, dans cette simpricité nobre quifait son eaTctère; il a de lâ{orce, mais peù^ de hardiesse. ïapf-ur S"3lde dilliculté est de n,étre point monotone. n DeThog, I'tlospital, d'Aguesseau, M. Griizot, sont d'excellentsmodèles de ce que j'appellela ttrautté. '. Une observation. Ne metteZ pas la gravité dans les sujetsqui ne la,mdritent pas, ne craignez las de Ia mettre dinsceux qui la compor[ent. L'un efl'autie défaut vient d'unemême source_r- I'1-our-propre. II est des écrivains qui sc

figurent que l'univers eritiei. s'occupe -4g æ qui les occupe,gui prennent un air rogue pour ddbiter d-es vétilles, ftuif'lppesantissent sur de minutiôux détails historiquer ou'pËi-lologiques, à peine dignes d'êtrc efleurés, gui inontent enchaire.et prêchent, quantl il faudralt causdr. D'autnes, aucontrahe, redoutanl. par-dessus tout Ie reproche de pédan-tisme, affectent le langage badin dans les llus graveô ques-

22,

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258

tions, croien[ de bon ton de traiter toutes cboses d'une façon

leste et ddgagée, ou sèment les fleurs et les pailrettes ro" tdpoulpre et les robcs de deuil. présentez l'hiitoire des dieu!p.iror et rl_eleurentourage sous la formede Lettres d, Emilielje Ie veux bien, le correspondant est à la hauteur tlu suietimais s'il s'agit de chimie ou d,astronomie, faites-moi g*4.Éde-votre prose légère et de vos bouque[s à chloris. Les unset les autres tombent naturellement ét de bonne foi dans ce.burlesque que le

xvru siècle présentait sous deux faces, l'uneparlant-plaisamment de choies sérieuses, I'au[re pomreuse-ment dè choses communes ou insignifiantes. Éou"'eoiià*toute ggpèce de burlesque, ayez soin que votre ton soit tou-joqrs d'accord avec votie s-ujét.

. La gravité du style, à mesure que le sujet s,élève ets'agrandil, peu[ arriver à Ia noblesse, à la riehôsse, à Ia ma.gnificence : la noblesse, quj n'emploie-quc Ies termés les plusgénéraux et les lournureé les plui poHès et les plus digies;la rtchesse, gui I ajoute l'éctat des images, l,ab'ondande aeÉornemenls, le nombre-cle la plrrase, ou qui eneore renfermesous peu de mots dcs idées fecondes ; la magnï,ficence, gui estla grandeur dans Ia richesse. II est liien évideirt que ioits tetsujets et'tous les tons n'admettent pas ces quali[é's.

Quelques-uns cependant ont raigé la nloblesse parmi les

vertus générales du style. Ils s'aflpuient sur Ie' mot deBoileau,

Le style le moins noble a pourtant sa noblesse,r

Illais rema.rquez quc Foileau dit sa noblesse et non point, /onoblesse. Aussi quancl les rhéteurs en viennent à eipliquer

ce vers, tous _leurs préceptes et leurs exemples se bofneit ànous apprendre qu'il faut, en cer[ains g-enres, éviter desiddes, des images, des expressio-ns farnilièies et'presque tri-viales, Qui pourraient cependant se supportèr ailleurs.D'Aguesseau, selon Crévier, ayant à discufe] les droits desprdtendants à la succession dun acteur de Ia Comédie ita-lienne, ne se permit pas de le ddsigner par son nom de comé-

DE LA nnÉrontçûr.

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200 DE LA nuÉronreug. I

dans I'esprit, ou, .si. quelque circonstan€e . reur en présente

I'idée etlès oblise |_tlei!.iàer,,re Àor propre quire"disidàest eensé leur êt"re-in1od,o,or gt ô'est parïn mot ie leur ranguehabituelle quoils y surrpléent. r

*ll lf I pius, de notilàss* en Francer- poJiriquemenr parlant Imais aucun décret, que je sache, n'à banni la noËlesse déI'art et de la scienee.- porir ceux qui ont obtenu ôu ïeotentobtenir cet anoblisrcp*rlt littdrair'e, il est, .or*u;rai; ù;es nobles

dc race, des idées bassei et vrilsairàs qïi ;"^,loi-vent.pas Ieur 'enirà I'esprit, et si le sujet" tes aniène forcé-

T",o.tr I'expression- propre est ôensée aussfleur être incànnue.Noblesse oblige. Je veux que les écrivains respectent leurslecteurs en se respectant eux-mêmes I qu'ils nê s'imaginent

tillî1 lylowd'hgi moins que jamair,'q,i oo ". pui* [r"fr"g1ry t9.sens pop,ulaire sans emprunter le langagè de la popu-tace, et que la bassesse du style en aug,rcnte f,énerEiê.

iescontemporains de corneille Ié brâmaie[t d'avoir dit tl"u sénatromain: '

Pont plus de la moitié piteueemmt étaleUne indigne eurée aux vautours de pharsale

Q_u'auraient-ils dit, bon Dieu ! d'un ministre adressant àCharles-Quint une bien au0re rnélaphore : -. ,,-

Et I'aigle jmpérial qui jadis, sous ta toi,uouvralt Ie monde entier de tonnerre et de flamme.Cuit, pauvre oison plumé, dans leur marmite infÂnâ 1).. .

.Âe{larqu.ez-, au reste, quelque valeur

que nous attaehionsà la drgnité du style, que nous ne eonfondons poin[ la no_

(! Vtcron Eqqo, {an1 Ryy llas, up des ouvrages qui prouvenl Ie mieux ùquel .excès d.e ridicule l_", d,:ïujl systémarigu.e poir tâ oôuo.à a"-rào p.otiljJ,"f,fr,lii.*iïn:j:g'fii,*esl vrai suà re'miuisrre donr ir à.t i.rluuirioo

Je I'ai conuu laqueis avant qu'il frît commis.

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crrAP. xtx. 261bles-se réelle, celle qui vient du cæur et du gorït, avec cettenoblesse qui n

":lque pruderie et rnisérableztiquette.

Nousavons déjà touché cette observa[ion en parlant ïu naturel.Nons condamnons eomplétement-les prdj'gds en vogue, sousce rapport, ûu commencernent du xvrrtsiècle. Ils 6nt égaréIe gorit de la nation ; par un respect mal entendu Dou"r lanoblcsse du style_, ils ont banni d'e la poésie et mêmi de laprose une foule de mots justes, prdcis-et parfaitement fran-çais, pour y substituer del termej vaguss et de rot oention (,).IIs ont surtout 9gl".r. la critiq_ue. Q1-eongoit, en p{fct, d'apiést_gut ce qui a dté dit', gu. la noblesse vari'e nécessairementd'après les époques, les -lieur , lei circonstances, Ies conve_nalces.de-personnes et de c'hoses; que ces nuancesse multi-plient à I'infiii; que l.a,pême id-fe, ia môme expression a puêtre tour à tour anoblie ou avilie par l'opiniodr ; qu'ainsi iI.t:t.. p9\près impossible dc-pronohcer à'cer égârâ, quand

il s'agit, des auciens et des dtrangers. Dans res-choéejtle lanature ct de I'ar0, dans les nomi, par exemple, de certainsanimaux, de certaines professions, iu ærtrii;hétrilr de lavie humaine, tel mot qti nous parâit bas et trivial ne l'étaitpas sans doute pour les Grecs e[ les Latins, ni mêrne pour lesFrançais d'une autre époque, et ne Ie serâit pas auiôurd'huipour les anglais ou Ies allemands. c'est ce que la" critique

du xvrru siècle n'a pas compris, et ses faussôs iddes so"'lanoblesse du style lui ont fâit mal juger de tout ce qui s'yrattache. -- d-o-- -- :-

.,ToIr nous, nous dirons à l,écrivain : poin[ de pruderiedédaigneuse, mais cette bie'séance qu'on doit garâer pourles pa.roles ggmmg pour les habits, eiqui r.loin te blessbr Iavérité, est elle-même un élément âe vêriÉ; cette dignité delangage

r {uerecommande Cicéron et gue

'comporteît

tous(t).c La langue eut, comme-la cour, sa sévère eù vétilleuse étiquette, ses

grandes et petites eotrées pour les mots rJui avaient fait leurs p"uoiu. de no-blesse, ses -exclusions pour les bourgeois ei les vitains. En coaséiuence les troisquartc du diclionnaire f'urent traités en gens de bas étase e[ de bauvelse com_pagnie_; l'autre guart eut seul les honnàurs du Louvreldes discours acarléml-guesr tlo Ia pros-e soutenuo et des beaur vors. D DB RnrrrruBnao, Intiic;iluctionqur lrecons de littératureo

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262 DE La ntrdronreug.I

les ar[s (');.n un mot ce fumi,rier nobre, eornme lappeilerfirarmonrel,

{uitou[

en nrodifiant le discours d'aprèi les,tg*p: et les personnes, ne re laisse jamais se déÀiader et,8-avlrrrr et eonserve avec In nature une ressemblan"ce, maiscette ressemblance embellie, sans laquelle il n,y ; pil;d'art.

, souvent le sujet, pour être d.ignement traité, demande avecra noDlesse de l'expression les images les plus vives et lespsy*u9 les ptus brillantes; parfois rË grandiàrà

a*rîa., utra naureur des vues exigent qu.e le langage-, pour y répondre,sltilèye etr s'agrandisse cîmmè la pensd"e.itÀt-rioi, o"i. t. tooattemt ra Nchesse et la'magnificence. songez biei que cesd,eux quatités le sonr admisiinf* dans la fi;;;-q;u"il;ielles existent dans Ie fond. Jeter aes mots ébrorïirsrots .tsonores sur des idées pauvres et stériles, ce n'est pius de Iarichesse, oc'est une pa-rure de faux nririanti .-'Ë.'t-Ë clio-quant des aeteurs sur un théâtre. Dans les sujets même quidemandent la plus grande ri hesse ao toïr"iécraîne aoite[re ni lhstueux ni continu : I'ostentation déplaît, I'unifor_mitd fatigue. Quglques pages de cicdron, d;tlo;;i.-àe FIé-cnrerr-de_Hernardin de sain_t-pie*e, de vèrgniaud, db Lamen.nais,_ de Lamarrine, sont des_modèlçs 49 ïtriirià; in grandn_ombre de passageé des prophères, ae_m*tàn r-âïh"ii'oî, a"

llirabeatr, de l'A-thalie dà Ràcine ,'du Cosmos â. M. à; Hum-bol d t, l'eiorcle_ de I'ora ison fu nèb're de ï ;;i ;; â'.t o [t-utu"*r,f"ff::rli:rl_d: cette de co.n$é* sonr desmàaâr, J."à agni!fic'ence,..La magnifie_ence est à I'esprit ce que Ie sublime estau sentrmen_l r res lllus hautes conceptions du Eénie revêtuesocs_ptus briilantes couleurs de I'ima$ination.

voulez-vous comprendre la richesie du styte ? ouvrez I'ad-mirable sermon dé Féneronsur kt *xitïii'ét,:.inàires. rl::j^lgtg::i .gjlu idée : Les missionnaires ont pénËtré jil:gu'aux cxtrémités de I'orien[. - 11 Que reste-tiit r peuiles

(t) o Eo offe-t, dtt cicéron, il ne suffit par au 8tadiateur et à r,athlère de frapper.avec force et de parer avec a,{resse, it aiir .u Ëoo"oi.1oo;;;;î.oî; gïd.u: ,src?!;i!i" guidem àil optam compositionem ac decenliaû, sententiis aeio ad gra-ildtem orationis utitur orato'r. n Ds Onlt., tI[, roo.

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CHAD. XTJ(.

de I'ertrérnité de l'Orient, vo"tre heure est venue. Alexandre,

ce conquérant rapide que.Danieldépeint eomme ne touchant

pas la ierue de sôs piedsn lui qui fut si jaloux de subjuguerie monde entier, s'a:rrêta bien loin en deçà d-e vous.l mais lacharité va plus lbin que l'orgueil. Ni les sables brrilants-,-niles déserts,'ni les moirtagnes, ni la distance des lieuxr- ni les

tempêtes, iti tes éeueils de tint de mers, ni'l'intempérie de

l'air'o ni [e milieu fatal de la ligne où I'on découwe un cieloouur.u, ni les flottes ennemfes, ni les côtes barbares,ne

peuvent ârrêter ceux que Dieu envoie. Qui sont ceux-ci cluiiolent comme les nuéeË? Vents, por[ez-les sur vos ailes. Quele midi, que I'orient, que les îles inconnues les attendent etIes regûrd'ent en silenc-e venir de loin. Qu'ils sont beaux les

niedsîe ces hommes gu'on voit arriver du haut des monta-Ào.r. apporter la paix,'annoncer les biens éternels, prêcherÏe saiut, àt rlire r Ô Si6n ! ton Dieu régnera sur toi ! n

cependant la richesse du stylc ne consiste pas toujours danscette'brillante abondance de-développements. on peut direaussi qu'il y a richesse toutes les fois qu'une phrase, un motmêmùévdiile plusieurs idées profondes, découwe un vaste

tableau, oir faif saisir à I'instarit des rapports qui semblaientne devÉr se révéler qu'à la réflexion ou à une lesture longue

et variée.

On a cité le vers de la Fontaine, dans Philërnon etBau,ais :

Rien ne trouble sa fin, c'est le soir d'ûn beau,jour I

le fameux vers de Lemierre, celui qu'il appelait modestementIe aers ilu siècle :

Le trident de Neptune est le sceptre du monde'

Victor HuEo rencontre souYent ces sortes de vers'i;rpprttËrai également riches ou fécondes ces phrases de

Florus que loue llontesquieuFlogis nous représenie en peu de paroles toutes les fautea

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i%lt& DE LA REÉTonrQuE. ,i

d'annibal : u Lorsqu'ir. pôuvait, dit-ir, se servir de Ia vic.,f"if;i!,aima mieux en jôuir; q;r"*;;;t;ri;î;;;r;;4 l;;1Il nous donne.une idée de toute f3 gurrre de- Macécloine,

guqnd-il^ dir : u ce fur vaincre qou a y'*oirri l"tiiiiiàr, utr-torta fuit. "II nous donne tout lespect_aclo de. Ia vie.de Scipion, guandil dit.de sl le-gpgspe : ,, Cbst le Scifron qui croî[ pour Ia des-trucrion de l'afrique; htc erl,t scipto

qâi';îi.;#;;; afrtcæcrescit. n Vous eioyéz voir un fii;"i"q;[ ;;i;';i s,étèvecomme un géant.Enfin il nôus fait voir Ie grand caractèrc d'Annibar, Ia situa.tion de I'univers, er, rouJË la granà-e; d"ïËil,rfr.in,

lorsqu'il dit : u Annilat .fugitif".frà".[njt;; ";r,i;i"'rom*in

un ennemi par rour l_llil*, i guit p*f"i^ iiiii.ti", nortem_popalo romano toto orbe qùæieioat.,r

vorcl maintenant un paTa$e de Massillon qui pent, ce mesemble, donner ye idrie *gl, ils;ifi*;;;ïi; l'ryili parcequ'ilcxprime- une. glan de .idée pari' e ;;il; ilffi]r une farale révoruuion, uoô_*rpidiË-q""ïlîuo"àrréte,

enr*aine rour dans rcs abîmes ao i;èràrniïa; Ëiioiies. I.sgdnérations,les empir.es, tout v* ,e p*à;;-d.* ffioon.;out y entre et rien n'en sort: nos ancêtres nous en olrt f^iétre

ehemin et ùous allons le.frayerdour,ro ruoment à ceux guiviennent après nous: ainsi reË âg'es se rcnouveilent, ainsi rafigure du mondc change sans eËsse ;;r,;;îl;;"Jr?ti er lesvivants se succèdent efse rempracen[ co'tinueilement : rienne demeure. tout r'g*, tout sidteint. Dieu ,rof *.t ioujoursIe même, et ies r":1.^-_--r:lrfrr*r'poinû,; l" ;oÀil âî, ag*uet des srècles coure deva't r.r y*u*'; et il voit-avàr uîui, ouvcngeance et de fureur defaibres mortels, _d;n; ù-'t.*p,même qu'ils^sont entraîués_par rà-eours r.inù-i{nuirrt*u .npassant, profiter dc ce seul'moment pour aérhouoi-r sonnoûlr- et tornber au sortir de rà entre tds orainr-at.*uiro, u,sa colère et dc sa justicc. " massihon r p*s.nie:àîo* roi* r*même idée à_peu irès dnns Ë;e;rs termes, dans un desEermons da Grand, carême, et dansià

-D;;r;;r;;rloi,oncl d

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cHAp. xlx. 265

une bénëdi,ction iles tl,rapeaun du réqùnent dc Cutinut. Enpoésien j'ap pelle ntag ni,

iquescer[aineis broph es d e' J. -8. Rous'

sæu, .ie r,,iuoun, dËldniartine,la strophetélèbre de Lefrancde Pompignan : l

Le Nil a vu sur ses rivaEesLes noirs babitants deslésertsInsulter par des cris sauvageEL'astre éôlatant de I'univeri.

, Cris imnuissants. fureurs bizarucs!Tandis ùue ces nionstres barbaresFoussaieït doinsolentes clameurs,Lo dieu, poursuivant sa carrière,Versait dtis torrents de lumière

- Sur' ses oltscurs blasphémal,eurs I

et cctte strophe de Béranger qui la vaut bien :

Joai vu la paix descendre sur la terre,Semant dc I'or, des fleurs ot des épis.L'air était calme, et du dieu de la guerreElle étouffait les foudres assoupis.a Ah ! disait-elle, égaux par laïaillance,Français, Anglais', BllgeiRusse ou Germain,Pcuples, formez une sainte alliancet-Et

donnez-vous la main. u

Vous remarque z qre Ie passage de ÏIassillon, ci_té plus haut,réun it à la nra$nificênce u ne siÀ gulièr_e énergi e -d'expression.C'es[ un rndrite rare. En efre[, ces deux qualités, magnifi-ccnce et richesse, supposent plutôt, en général, la dignitéque lft foree I l'écrivain-qui les déploie a sans doute été ému,ihspird, en[housiasnré par une graide idée, mais il a dfi rester

"r.ô" -.it"ede

luipou* l" pénérer dans toute sa profondeur,

pour la développer dans [oute son étendue_ et toute sa pompe.L'énerqie et li-uéh,érngnc-e sont-plutôt le langag.e._de la pas-siou, ëie la spontanéité, du besoin d'entraîner, dùt-on-ne pas

savolr jusqd'où I'on ira, de frapper fort, dfit-on flapp.grmoins. juste. ,r L'énergicr ait lTlontaigne, enfouce la.signifi-catiorr des ruots. 'r C'èst pour cela que la eoncision l'accont-

.23

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266 DE LA RHÉTOnIQUE.

pâgnç le p'lus souvent, sans en être cependant, comme l,ontp.elsé quelques-uns, la condition indispensable.

Une propo-sition peuj étre largcment développéel et ne pas mgnque.rpour[ant d'éncrgie. Quel cst en eliét lé but du îtyle energr-gue ! De produire sur notre esprit une.action vive-et intens"e.Condenser le sentiment ou Ia pensde est assurémen[ unmoyen de lui donner cette force ét ee ressort I mais il arrivesouvent aussi qu'il reçoit la même efficacité d'un rnouvementprolongé ou d'une suite de mouvements ddpendant d'un prin-cipe unique-d'action. Aussi la répétition, qui ne s'accbrdeguère avec- la brièveté du discouls, peul fôrt, bien être unélément d'él_e_rgie. Quand la concisioir'contribue à l'énergie,c'est lorsqu'elle concentre sur peu de mots une masse d'id--éeÉou de sentiments. C'est là le

-seeretdu style de Pascal, de

Moltesquieu dans la Grand,eur et d,ëcailence cles Romaîns,de Tacite surtout. En appréciant Ie caractère de la concision

dans les éerivains Iatins qui se sont distingués par cette veltu,{on pourrait dire qu'clle est grave dans Sallusteo obscnrédan^s Perse, piquante dans Sénèque, énergique dan's Tacite.

On a renrarqué ayec raison que l'énerÀie résulte souventaussi du contraite des idées, Le-vers de C6rneille,

Cinna, trr tten souviens, et veux moassassiner,

reçoit toute son énergie de la longue énumération des bien-faits d'Auguste mis en opposition- avec cette insratitude delinga qu'ory ne_poumcrtt iimais s'imaginer. L'aniithèse entrela gloire et la chute d'un-empire, d'un-souverain, d'un héros,ne peut manquer d'être énergique, c'est-à-dire de produirésur l'âme une impression vive et profonde.

Parfois la métaphorea le rnéme rdsultat qu.e-I'antitlÈ.u,c'est-à-dire que I'image communique la force tr l'idée. Ainsi

Ies vers de Corneille dans Othon, en parlant des courtisansde Galba:

Je les _voyais tous trois se hâter sous un maltre,Qui, chaigé d'un long âge, a peu.de temps à l'êti'e,

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Et tous trois à I'envi s'empresser ardemment

A qui dévorernit ce règue-d'un moment-

267

de dernier nrontre fort bienoltaire, à propos de cc dernier_ yc-r"sr- nlontre,Ior[ blencomment ltnergie par I'image peut dégénérer en abus-, lors-qu'un désir intimpérant d'oT'iginalïté fousse à forcer la mé-

'taphore.'u La beauté tle ce vers, dit-il, consiste dans cette méta- '

phore rapide du mot il,éuoreî ; tout autre terme erit été faible:

à'est là un de ces mots que Despréaux appelait trouués.Racine est plein de ces exprèssions dont il a enrichi la langue.Mais qu'arrive-t-il? Bien-tôt -ces

t-ermes- neufs et originanx,emploi'és par les écrivains les plus médiocres, perdent leot,iniËt éôtat qui les distinsuai[; ils deviennent familiers:irlors les hommès de génie s6nt obligés d-e chcrcher cl'autres

expressions, quisouv-ent ne sont pù ti heureuses

Ic'est ce

qui produitie style forcé et sauvage dont nous sommes inon-,i9.. lt en est à fleu près comme dés modes : on invente pourune princessc une pàrure nouvelle, toutes les ferùmes I'adop-æntj on veut ensùite renchérir, et on invente du bizarreplutôt que de I'agréable. u' Lebùarre, IeToreé, le sauvage, comme I'appelleÏoltaire,sont les pluq'grands énnemis dé i'énergie réelle. Un enfant

touche lègèr;ment un ressortr la maehine commence à fonc-ti.onner ef révèle son activité latente; encouragé par ce pre-mier succès, il appuie davantage, et la machin-e olleissante

déploie loute sa pt isïance; ce n'eIt pas assez, il-pèse plus fort,enôore, encorel... mais-alors le-ressortse brise, vole en

éclats, et ne laidse devant l'imprudent qu'unc masse inerteet indtilc, On ne peut trop le redire aux jeunes gens : lc

mieux est l'enncmi du bie-n. Portées à lnexcès, la gravité etla noblesse deviennent de Ia roideur ; la richessc et la magni-ficenee, de loenflure I l'énergie, de la dureté; la véhémencetde la déclamation.

On tlistingue la aéhémence de l'énergie. La véhémence

dépend moits de ta force de l'ex'ression que de la vivaciLe

et ie Ia varidté du [our et du mouvenrent de la phrase. Des

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OuaP. xtx. 9{i9

uour ce que j'oserai appeler ta véhémengc ttljP?rde, pour

illh il l,Ïisforien, ilu iroëte, du dramatistel.il1'en est plus

il';}*; m,' itilautàtuditt, poo" ainsi dire, sol impé-i"oritO, la réSier de maUière à frodulne I'effet voulu., sans

;;;;;A;"t laiJser apercevoir les'moyens employés I lh s'ap-

plïque autant qu'à l-'odc Ie vers de Boileau :

Chez elle un beau désordre est un elfet de I'art'

Cependant en &vûnçant dans ces hautes tqqtl":jl style,-nousioici tout près du subli,me I arrêtons-nous. Ceci est un

tiurà ,rr.otiellerirent didactique, et le sublime ne s'enseigne

Das. On " b.nuràup écrit sôr éette matière clepuis Lon.gin

il;"tà ";ur;r*ir bul que je sache ne s'est avisé de traiter

ifïirre,to ru'nU*e ; entiepr:endre un tel sujet serait avouer

ou'on ne le comprend Pas.

=".i"oo*fià rufiiÀà, ed tittératurc, I'expression vraie de touIg"tiËËoïrr;ftièt;i'nàÀ*" au'déssus'de lui-même, en luiirirr."i fa ôonscience de cette élévation. Ce qui comporte le

;tÀiii;;, ce n'est pas seulemeg! 9e -que.l'hommene Pzut

atteindré par sa natirre, comme I'infini e' éte_ndue, en dureet

en ouissance; mais encore et surtout cc qu'il ne Peut attein-

a""tJ";Ë"î âii..n*"t tout à fait de sa pirtie animale et de

*" i"ai"i4ualitéo pour n'admettre quc i'idée pure et le sen'iiÀ*iOesintéreésê. Presque toujours il y a dâns lo sublime

un contraste entre nous e[ l'idée ou lc speetacler mats un con'

traste qui, loin de nous rabaisser, ious agiandit par l.a

réflexio'n. [e sublime, c'est Dieu, l'éteruité-, I'océan , la nuttà*, t", plaines immenses-,,o. leé glaciers,d,es Alpes resplen-àiur*i"i soleil, opposés à I'humriité si chétive êt si bornée,

ài-crpalfe pourian'tl en dépit de son infirmité,. de sentirune

telle'grandiur; c'eét aussï le courage, lg dévouernent, lasénér6sité, la grandeur. d'âme extrêures de quelques-u-ns-t

Ëooo.Oi à lâ crainte, à l'amour de la vie et, de la personnalité,

à'lâ répulsion instinctive de la 4ouleur et du sacrifice r c_o.ml

*unr I I'ho*rnité si dgoiste, et h laquelle po.urtant, en dépitâl-rôn égoisme, appaitiennênt ses âmes |l'élite. C'est donc

23,

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27t DE LA nuÉToNQttE.

moins encore Ia ndgation de rq_nature humaine que sa pcr.fection iddale. Le mlot

de Ia Bible: I, que la lumiârà ,àiif ,Ia lumière fur r,, le Jupirer _d,HomèrË db;o;l;;;-folt;t$*11,:qT,j_r,_t*, soir sublimes_ sans dourr, pn"r. qu,rnomme ptysiqxe sent tou[e sa faiblesse devant ia'rluissanersurnaturellc qui^fait si sirnplement de si grauder' ,horr. rmars Soerâte et Bailly en face de Ia mort o mais Rdeulus ailsénat de Ronne et Bôissy d'Anglas à la crinveniio""u, ,o"rpas

loins_sublimes, parôe que ï,hom*u

*orni seot Ëutu .sfaiblesse devant Ia puissan*é surhumaioe ,Iui, r u uoài, r.ltsi simplement de sl grandes choses.analysez tous les faits, toutes les choses, toutes les paroles

gue vors regardez ou qubn vous.donne cornmc sublirïes, elvorrs trouvetez au fond cet éldment d,une rare buissancep.hysique ou morale qui contraste avec h f;ibt-*Ë Ëii,i*rr*cillitd de tout le reste. si ce caractère ne vous frappe pas, Ie

*ot, {a ..hqfrr_ I'acte ne mériten[ pas te nom dô"s,r'ltimr.:ru:3,I. Je qT. le mot, je n'entends que le sentimcn[ nrani_reste. Le sublime. en effct, tel que je le conçois, n,es[ jamais

lT-r, j.-pression. L'expressioo'pà,ii y ffi;;';ir, ii pru, yaJou[er.

, Lo:rgin, qui fair-mal à propos rentrer dans re sublime tan[oe cnoses qul ne lui apparliennent pas, et jusqu,à l,ode de

ùapno, ta plus brûlante ,flpression de l,amour sensuel,to.ost" cite, comme modèrô de- ce qu'il no*** iuil,tmi,!:!::g_!,_"9 pl.,.oq. d'Euripide,_où phébus cherche à guider,dans son téméraire voyage, phaéton ddjà lancé dins leécieux :

I,c père eependant, plein doun trouble funesle.t e volt rouler de loin sur la plaine eéleste,

Lui montre encor-sa route, ei ao ptui nait des cieurl ï;ïf iJl il,nll fl '*lal,:lunl,.l.i t,nl; : l

-

u Ne vous sernble-t-il paq.ajouteLongin, que l,âme du poëtemonte sur le char avec pbàéton, pai;ta$e'tous ses pdrils etvole dans I'air avec les chevaux? u'SanËaouie,,tiJtrUl*ro

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clraP. xlx.naP. xlx. 6)7 4

est saisissant de vérité. Mais la forme à partr-.quel père n'efrt

irfiît i"é*- 1'1r l. sublime n'est donc "f,tt ti' lt ïi-dnnsle

iu'il mourû,t'di vieil t{oracer parce gu'il est pli's halt que

l"d;;;it pèr" qoi peu t immoier spontanément le sen timent

n*irr.f a" Ë patôrniié au sentiment surnaturel du patrio-

tisme et de l'honneur-"'Stj; toi, it sublime-supp-ose toujoursr. dans I'objet qui

I'insnire, I'inielligence; dans le sujet qui l'eprouver lû eon-

;;id;;â; ffi;fig1itd.Je n'ai jamïis ieconnu, comme e{ret

âï-rr[fiÀà,_1ot*àl fr délire, l'exaltation.fiévreuse, ni

"o--. .ruté du subliÉre, la puiséance maté1ielle, p.rovenan[

à;;;;il mrteriàiie, â'on'poignard ou d'un urillion (,) ;

iamais le nral surtôuto ôuelquô exiraordi'airer_ quelque puis-"sant qu'il soit. Le mal, comme le bien-, pcut, il est vrart nous

*-po-it o hors de noire naturel mais le mal nous emporte

"ojd".r"us,pour ainsi dir_e; le 6ien nous élève au-dessus.

ôiest que lâ'deroiùr" dæ Qputes peut faire le mal et ôter la

"i"ï ù^ài. n.n;it n'v a gué-i'ioteliigence unie à la puissance

qui'puisse dônner lâ vie et faire le bien'Marmontet frouvà sublirne le mo[ dc Macduffdans Shake-

,e;;;q;ancl Mac-duff ^apprendque l1lacbeth a fait r'abs*-

.i'.* *n ftimme e[ ses enfants, ct que, se cherchant-tine ven-

;;;;;;.-ll st.ti. rlans un mornè désespoir 3 -"- Il n'a pas

i'enfants ! :r Le mot es[profond, tragique, terriblet non pas;"b1il;:'Cléopâtre, orôte, Âtrée, l-e tomtc de Fayel, Lu-crèee Borgia, marié Tudor ne sont tlgt Tol*tltÏ*;--

mai. te"mai'tyr ànthousiaste, lc pâtriote dévoué, le cheva-

(t)Unesit,uationpeut.êtree[coreplussaisissanteestcel|edeGuillaumeTel|,si arimirabloorent

"eo.lne-pï.i" .".iqù" de Rossini, au mon,e'L où le malheureur

;è;;;à;;.;à son fi I s sei derni ères

-recomnandatiors :

Reste immobile' et vers la terre

. Abaisso un regard suPPliant"'

fe\ Le fabulerrx Monte-Chrislo, tout ruissetant d'o-r; n'est pasplus sublime

o"ïÏrili4ii.iËiir""i. O,f ln. Al. Dumos, au milieu de ses inubnrbral,les volu-

â;;;;;;;;i.a l" t"uri-",-";"it

tl"nt le r'o.mun intitulé Tingt a.ns ap*is' Quio.n

i:;ï; 3r; ;[" n;t u, li'Fiic"-niy"tu;

le lieu, I'heure, ta s'rluetio-n, .les antécé-'#;Ë Ë ;;;';i;;;il;-;;"i;ii;'' re dis qu'il v a là uu pathétique qui va

jusrlu'au sublimo.

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lier héroîqu_g, te tnonarque mai,tre d,e soi, cômme de I'wtùtersiPolyeucte,

{ora_cer_.Rodrigu,er Auguste, sont sutriimàs , iT i peut4tre plus haut que éela. .uÛn échafàu'dage venàit de s/denorrler fnrrf. enf.fpn fTna oo,,r^, un,échafau.{age venâit de s/dcrouler tout entier. uae seule ,l

planche restait, à cinquante pieds au-dcssus du sol r.€t sur ,i

272 nE LA nnÉtoatguo.

cette planche deux_ otwiers.'La plauche, assez roriâ. pour .l

en soutenir un seul , allait se briier sous'un aounre pôias. i

"Les deux .horlmes. se regardent, ils avaient toui.oràpoie, ,l

*{"1,Pierre,-dit le plu{ jeune-à son carnarade,

c,esi à

^moi.

'l'orr tu as une tbmmo et des enfants. n tst il se lrdcipite sur ,

le pa_vé. r- ---r-Réel ou inventé, ie ne connais rien au-dessus du mot de

I'ouwier. Mais où é.t-corlmgnt de paryils rotr *torrieo*"t-

,Jtz !ryt": est quod' facit. .cee penietis.rà ri*oo*niào"ræor.!,4 rhétorique ne peut que se,taire ct adorcr. r:r..;rl

':' .' ,,t" ,: : t: : ., i:,:i,t=t'. ,!.i. -i 'tl' ,:.il,Iir ', ,iN i ,1, , - , r " .-:, ,.,, ....!.f .. ;,.1ij-;

'.r a.rL,r.... 1i-:i ... . .! , r ..:, .r,i..i.,J:}:._ -. .,? ...,'rt-.] r1,.,,:. . ; i,{rtr), .r.ri..l

..,.:r.,,. .l t ï , -..-.-. . ,,.',

,,,,,r,,;,r,1;r,,,r'-l r, r,r! j r,. ,1,r i , r.i f:irn,_,

i i','4 i1,t.-rl{irë" tr.',;i j i._,,'.!:i',f;

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CHAPIÎRE XX.

DDs euar.rcÉs ÂcclDEftfrt&Lcc Dtt sTgLE' - ÉrÉcawce '

'' frlvasgE, wanvnrÉ, tlttognmÉrgf '

Dans les ouwages qui appartieÎPent au .genre,tempéréet

même au genre il*piu, là'première qualité spéciale, Cest

l'éIë.qance.

  ni.o a.r rhéteurs modernes ont parlé de l'élégance , et ontdi;à ; p;pot- aot choses non-sedlement justei, mais fines

àt aetir"i*si et pcut-être, malgrf -tgut,ne font-ils pas encore

il;;pùrd*lir* à. qu'elle est "réellemênt. Je m'en ticndrais

tàio"i'i,'r'i"t à l'étymôlogie, el;i,gere'-, choisir' L'élégance est le

choix. le choix. en tout, choix de pensées r chotx d'expres-

;i;;;"ù;i;î; hurs, cÉoix de noinbres' Ajo-uter à. la jus-

;;;;;; ;;;t*.1 , à lâ facitité, l'agrément e-u la distinction 'c'cst ôe su'on tto**e, dans lei chbses d'esprit et de raisontyiiit;;à: dans lcs ch6ses de sen[iment, Ia grttce' -t-I.grâce

a

donË un éaractère plus instinctif , plus naif que l'élégance t

iiles*l" s'apprenà .mieux que ia-grâc,e ; celle-ci provient

piotfit de la naiure, I'autre de-l'ar[; au p^hysique, on dira un

àostume élëqant, éD une tournure graci,eusel les.cntants cn

géuéral sont"gracieux, ils cessen[ de l'être quand ils devtcn-uen[ élégants.

Illaître Corbeauo sur un arbre perchd,Tenait dans son bec un fromage"'

Voilh qui est naturel et facile'

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274 DE LA RnÉTontquË.

Du palais d'un jeune lapinoDame belctte, u"n beau riratiir,ù'empara I c'eqt une rusée.&lle porta chez lui ses,pénates, un jour

Qu'il était allé faire à r aurore sa courParmi le thym et Ia rosée.

Voilà I'dldgance. Et rnaintenaut, voici Ia grâce :

Deuxpigeons s'aimaient d'amour tendre.

i

Lnun detx, s'ennuyant au iogis,Fut assez fou pour e-ntrepreu"dre

iUn voyage en lointain pâys...

ftIais ce choix même, qui constitue l'éléganco, suppose uutravail serup_uleux et une grande attentionE-aeiiiil".t *'.rtpourquoi l'éIégance n'esr fas une quarite rr.ÀiilË hàu, nu

::::q::i:.pæ-_llSou"eusemenr dans tes æuvres d,enrrain, despontanéité, quand l,idde est si vaste-qq,el!g absorbe en quet-

lT."_:îilî-I_expression, si haure q.u etle la aeOaide. iHrir'p;rou[ arlleurs, même dans les nairyetés et le co"mique, t,?le_q3pc9 nous semble presque toujours indispensabrd. oire sert$'gprire, en effer, pourdire tu, pru*iO"À;'h;;iliJTËooro,i,r^ltî,iï,1et pour les dire comme tout Ie monde ? Je partage

bren I'avis de Ia BruyèIr-;.j"^pg$q- bien, comnle hii, queq'and acis veur direi l fâi; qôia, il àoï ',tË;Ti fril froïd;mais ce que je ne vois pas , c,est i, ndrôrriie a" pràïa* ro#u"Tg pour éerire - il fait froid. Je n'admettrai 'pas . avec,vormrc, q.ue_Ic poëtc doive jamais sacrifier Ia pcirséc à

i;,;:q:_n.r de l'expression;-._rnais s,il désespère dô trairereregamment une idée, qu,il suive I'avis dtlforace, qu,il yreDonce,

Desperar tracrara ni turr.ru llJsl,uËrinq ui r 11.

. (t) " Les écrivainc mérliocres et outrecuidants rrotesr.ent, noo-*"olu-"nt rlansIa prarigue, mais en principe,"ootr" "uËr;;Ë irii;;;l;;.oî;tî.Ëiootoo- ,

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CHAP. x,x. 278

Au reste, il est rarc qu'une idder-quclle qu'elle soit, se

montre obstinément rcbelle autravail qui vcut la polir, et

le clédaih de l'élégance noest le p_lus sorryent qu'une-excusede la paresse oilde la vanité. Yoyez Racinel. quand il est

forcé de mettre en scène des personnages moins tragiq_ues,

ruoins intéressan[s gue les antres, ne sait-il pas les faircpasser à la faveur dè r:ette êlégance soutenue, qui souventhoon* un charme aux idées les plus vulgaires, aux détails les

plus insignifiants ? Pradon bâti4 c.omm{Racine, unetragédie

àe Phèdie; comme Racine, il y introduit une Aricie aiméenar Hinpolyte" et cet amour a[fond ne m'intéresse pas plus

àans I'irh qie d.os l'autre" Mais-qu'ils viennentà s'exprimer,mon indifiérence se change ici

-enapathie, là en intérôt.

L'Ilippolyte de Pradon ose dire à Aricie :

Denuis crue ie vous vois, i'abandonne la chasse,

ntte nt aitrËfois mes plâïsirs les plus douxr.Et quand j'y vais, ce d'est quo poirr pemer à vous'

Comparez à ces plntitudes lcs vers de Racine :

llon arco mes javelots, mon char, tout-m'importuneoJe ne mé souvÏens phis rles legons de Neptune"'

et toute la suite, un dialogue d'une gxqgls-e élégance'-En vain dira-t-on gue ée n'est poinf là le ton dramatique,

que le théâtre tragi{ue ou comique es[ Iimage de la vieËumaineo que leshômmes entre eux ne_parlent pas ainsi, e.tc.

.lr rApo"aùut quand Ie cæur, l'espril, Itimagination, l'oreille*ont àhrt*éi par cette harmoirieuse élégance, quand elle fait

reux sacriffces. Pourquoi vouloir qu'ils repoussent ce gue I'inspiralion leur."n*a*f Leur espritîJ-"oo.""tu-tlil P"t t'out ce qu'il p'roduit? foutefois les

ir;ffi; a-u-sàriiirt ceite c.uuuté; ils pensent qutTg iâée qui ne- saurait être

;;;î;il ;;.: "s.é-;;.idé""o"" <ioit dtre impiioyallement sacrifiée.. Le rlrolt

â;r"Jdil;""ià"""pii." rls forme serait un-e diipense de talent. Il cst vrai

q;,;;';;;il"i. iâ déiit o'ut roge-pas la loi, et-on esr autoris6 à dir.e que

eette prstique est un empiétentent"el'une profanalion' n GEnuzEz, Cours de

tritlérature.

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27$ Do ra REÉTOnrgun.

naitro.l'intér.ét q'i se refuserai[ i'r ra chose clle-mêrne (,)

ir,:lr_lTpossirrreque toutes nos

facultds prenncnt. ainsi'i-change et s'abusent sur ce qui les charme; que ce nbsû rdellemenb pas Ia peine de consiruire un thdâtie, cl,y réunir tou,Ies prestiges des arts, d'y convoqucr l'élit'e ae ta sociétépour y faire entendrc les cbnversati-ons du coin cle la rue,

Depuis que je yous vois, j'abandonne Ia chasse,

ou encore:

Qem-ain-, vingt-einq iuin mit six cent cinquante-sept.Quclqu'-un q-ue lorô broehil t autrefois .Ë,;.iss, i i"'''4ttend de granrl matin lèdit lord aux Tfltds h,ues.I'rès de la halle au vin, à I'angle des deux rues 1z;'.

Je l'ai. dic vingt fois et ne puis assez le redire : rien d'in.supportable comme l'affectd et Ie prdcieux, rien de fadeconrme le langourcux et l'efféminé; ùais enfin entre les ridi-cules d'un htcroyable ou d'un céridon et les trivialitds cl'unbourgeois ou d'un rustre, il y a, me semble_t-il, I,aisanc(distinguée de I'homme coium"e il'faut. choisir pro-i l.r dé"u.Ioppements de Ia pensdeJes plus.naturers et les plus dignes,

parnri les.expressiôns celles qïi réunissent à la jutrcsse f,najmonie et le. coloril:. parmi.les tours les plus facites et les p'lusy3rié.q, voilà_le_mérire de l'é*ivain érégiut. Racine, Fléch"iàr,Massillon, M. villemain, casimir Delaiigne, dans Ées bonnespages, son[ ]es meilleurs modèles de l,éiêeahce du style.

Le style fleuri fait vers l'afféterie et laîroiler.u ud pas de

. (t) Il esl driilent qu-e le iléfaut d'intérêt ou la froideur tienl fort souveut aut:::1 :.: la.diction; platitude ou-alFectation, le résultat esr te méme. Les grande

loTl:T:ot. même deg passiops d-eviennent aussi froids gnand ils sont erfirimésen teranes vulgaires et dénués d'imagination, que torsqï'ils le sont €n termesam.poules.et emphariques. a Le style troiil, dit Voltairer-et il enùend par là celuiqur rous laisse li'oids, vient tantôt de la stérilité, tantôt de I'intemdérnnce desloees' souvent tt'une diction trop commune, quelquefois d'une d'lction troprecherchée. >

(e) Vrcton ElEÊo, Crotnweil, act, rr sc. !.

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crraP. xx. 277

plus 'gue l'élégant. Il y touche dc si près qu'il ne convient

guère-qu'aux églogues, aux dcscriptions champêtres des sai-ion*, ries jardiisr-à ceitaines pièces {t pg" agrément. Vol-taire donne pour modèle du style fleuri ces jolis vcrs de

Quinault daus l'opéra d'.Ise's ."

Ce fut dans ces vallons, où par mille détoursInachus prend plaisirà prolonger son eours'

Ce fut sur son charmant rivageQue so ûlle volage- Ille promit de m'aimer toujours.

Le zéphir fut témoin, I'onde firt attentivc,

fi iîJf"g,îTînHlr:,ol"t"':nfi,îT;,îl""t.'Ont bientdt ômpoité les sermenliqlr'elle a faits.

'J'ai trouvé du stylefleuri dans André Chénierr poëtc beau'coup moins naïf et inventeur qu'on ne l'a cru et qu'on ne I'aditr-à l'époque o.ù ses @uvres furent réimprimdes. Il a été plusjustenoent apprécié depuis."

Vous voui rappelei ee que nous avons dit dc-loesprit,

qu'iln'est autre chosê qu'une perception vive et soudaine de rap-ports inaperçus pq te vrilgairé. Si, dans l'expression de ces

rapportso-vous ue dites pas tout, si, sans affectation, vous

laGez rine arrière-peuséè à demi voilée, une expl,icationsous-entendue, votrê style ne-sera pas seulement ingénieux,il atteindra la /fnesse et Ia ilélicatesse.

La f,y,esse eit une qualité que I'on aime à rencontrer dans

un aùtèur, non-seulefrent parce que I'esprit plait générale-ment, mai6 parce que I'amo-ur'plopre est flatté par.celui q-ui

nous a cru dapable-d'entendre plus qu'il ne Tous disait. a La

finesse, dit Ybltaire, est _une énigme dont les gens d'esplitdevinent tout doun coup le mot. ri Les lecteurs savent gTé à

l'écrivain qui paraît lei estimel gens d'esprit, drit'-il y êtretrompé lui-hême; car tous,ne devjnen! Pas.le mot. Le car-dinaf nubois, après avoir fait, I'dduc"lioq du -Régent, dtaitdevenu son pieriisr ùrinistre I Fontenelle lui adressa ce coru-

pliment, aulsi {in que déplacé : u Monseigneur, vous avez

2h

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278 DE LA RHIITORIQUE.

travailld dix ans à vous rcndrc inutile. r Les contrefacteurs

de llotrlande, n_e.comprenar_r! pas l,ùûgwe d, d,eviner, la pri-rent pour unc bévue de l'éditèur de Fâris, et subsilfuèrerht :ù,vous reruIre util'e. trl ne faut pa_s êtlelibraire hollandais pouren faire au[ant. Et c'est pour cela que lcs dnama0istes cxôrcésévitent Ia trop grande {ïuesse dc pensde et' d'exprcssion. trtrsconnaissent treur parterre et s'en rnéfient. [In,arni de voltairelui indiquait un vers dont la s'ppression erït donné olus definesse à la pensée.,r

J'y avais sorifé, répondit-il, et ie I'eusseretranché, si le parterre_é[ait comfolé dô juges cdmrËe vous.,rL,es Froaerbes de Th. Lecler_cqr- charmânis dans un salon,ne seraient pas apprécids au thé-âtrc. lJn Gérard L)ow ou unIIIùerts ne doivent pas être vus à la môme distanee qu,un Mi-chel-Ange ou 'l'r. ^Rrrôens..Quand lïfarivaux fit jouer Jes pièees,Ieur finesse, fatigantc d'ailleurs, parce qu'eire est coritinuej

.c,ch,annqit

aux premières représentations.- L es act eu"s, q o on dils la saisissaient,.ee _qui .nàrrivai[ pas toujours, appiryaientsur elle, c'eshà-dire lui ôtaient unépartie-de s6n'câr,aïtère,pour la faire saisir du publie. Grâce à- ce contre-sens, celui-cifinis.sait peu à peu par comprendre et par applaudir,

L'homme qui a eu de nos jours Ia plus eiande renomméede finesse d'epprit, et qr.ri I'a le mieux ùéritée, est assuréruent

}|.

ao Talleyrand. Lcs reparties ingdnieusei qui lui appar.-

tiennent réellemen0 ou quton lui attrïbue sont iinombrâlôlcs.9o lu prête qu'aux riches ; et il en a étd de son espriû corumede Ia- viggeur d'ftrercule, à qui l'an[iquité fit hbnneur desgxploi!9__{e_ tous ses contemporains. bn sait qug quandLouis XVIIX revint de Gand âprès les ce't.jou"s,iu tiire leplus-puissant aux faveurs du-fo_uvoir dtait â,avoir accompa-gné Ie roi dans son court exil-. Un solliciteur disait à M. de

Talleyrand pour- appqyer sa demande: u E[ notez, monsei-gneur, que je suis allé à Gand.-En êtes-vous bieri strr? luirépond le prince I c'est que nous y sommes allés deux outrois cents, et nous en somlnes revenus deux ou trois mille.,,Napoléon lui fit comprendre un iour que I'orisine de sagrantle fortune était zuspecte à bien des gcns. -"., Rien deplus facile à expliquer, sire 1j'ai beaueoup-acheté la veille du

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cgaP. xx. 279

l8 brumaire, et j'ni tou[ revendu le lendemain. u On ne pou-

vait se tirer d'afraire avec plus de finesse. Une flatterie-plusdéIicate, parce qu'elle pouvait être sincère, es[ celle de cetofficier français à Marie-Thérèse. Il anivait de Saxe. -,r Ehbien! lui dit I'impératrice, vous ayez vu Ia princesse ***.Croyez+ous qu'elll soit, cômme on le dit, la frtrus bellc per-sonnd de I'Allemagne? -- Madame, je le cruyais hier. r'

Entre la finesse et la délieatesqe je retrouve à peu près ladistinction établie entre l'élégance Ët

la grâce. La'ddiôatesseest Ia finesse du cæur, la finesse est la délicatesse de l'esprit;celle-ci suppose donc dans celui à qui elle s'adresse la sagacitéde l'esprit, l'autre, la sagaci[é du cæur. La finesse va mieuxà l'épigramme, la délieatesse au madrigal. loutes dcux son-rient, mais si je ne craignais de donner moi-même dans lemaniéré, je dirais que loune sourit des lèvres, I'autre des yeux.La finesse laisse deviner la pensée, la délicatesse ménage le

sentiment; eJle désire à la fois et craint d'être comprise Ic'est, la Galatée de Yirgile,

Quæ fugit ad salices, et se cupit ante viileri.

!l y o des ddlicatesses de générosité, de lierté, de scnsibi-

ltér dg pu$errrr- d'amour. Rappclez.vous les reproches si doux

de Didon à Enée :

Si bene quid de te menrio fui0 aut tibi quidquamDutce mèum...;

le mot d'Iphigénie, quand Agamemnou veut l'obliger à re-noncer à Achille

Dieux plus doux, vous u'aviez demandé que ma vio !

le mot de Chimène à Rodrigue :

' Va, je ne te hais point...,

et tant d'aùtres, [e rôlc d'Andronraquc, eelui tle Bdrénice,

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280 DE LA nuÉTomerrc. ,

sont p.lein_s. de ces sortes de délicatesses. En voiei un exemple

dans /a Mère coquette de Quinault. De faux rapports de val'etsgagnés par la mèie coquet[e out commencé à brouiller Acantheavec Isabelle sa mai[resse. Celle-ci lui écrit: ,

Jo voudrais vous parler et nous voir seuls tous deux, i

Je ne conçois. pad bion.pourquoi je le ddsire iI

rre no sats ce quo.le Yous Yeux,llais n'auriez-vous rien à me dire?

'l

- Parmi les prosateurs français, on peut citer pour Ia fi"..r* ,

du style Montaigne, la Rochefoucauld, la Brriyère, Pascal,Fontenelle, Montesquieu, Marivaux, Beaumarchais, MM, No-dier, Scribe et Alfred de Musset. La délicatesse est plus rare;je ne la rencontre guère que tlans la Fontaine, dans Yauve-nargues, dan_s MM-"' de-Sévigné et de Ia Fayette, dans

qucl-qu-T plg_gs de- Fernardin de Saint-Fierre, de Florian, de

Collin d'Harleville et de Xavier de Maistre._ N_e demandez pas à Ia rhétorique unethéorie, une méthodede finesse et deâélicatesse. Torit ce qu'elle péut faire, c'estde morrtrer, par l'analysc des pensées- où se rencontrent cesqualités, so_us quelles formes ellcs se produisent. Tantôt coestune_ rpdtaphore og une allusion, tantôt une antithèse, uneuphdrnisme, unelitote, plus loin un parndoxe ou une naïvetéqppg_c.ntc, e[ toujours le soin de laisler' à deviner une par[iede I'idéc. On aura déjà reconnu l'un ou l'autre de ces carac-tères dans le peu d'exemples que nous avoos cités,

La rhétorique âpprend surtout à distinguer l'espri[ vraiclu faux, à conserver dans la finesse le naturll et la sobriétC,à ne pas être ingénieux hors de propos, à ne point tomber

dans Ie prétentieux, à ne jamais peidre de vùc le vers deGresset :

L'esprit qu'on veut avoir gâte celui qu'on a.

_ C'est ainsi que Condillac parvicnt par l'analyse i\ tlonnerla formule géndrale dc ces pcnsôes qui veulent, êure fines ct

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ingénicuses, et ne sont, dans le fait qqe communes, obseures.

et-afrectées. u Yoicir dit-il, tout Ie secret de ces tours recher-chés. Prenez une pensée comrnune, expriu:ez-la d'abord avecobscurité, devenez ensuite votre commentateur; vous avez Iemot de l'énigme, mais ne vous hâtez pas de le prononcer i

, faites-le deviner, et vous paraîtrez pensèr d'une manière fort' neuveet fort finé ('). n Lô urofesseûr trouvcra dans les écri-

vains rnême'Ies pitis ingdnieux, dans la Bruyère et dans Ia

Rochefoucauld, la justilieation de la remarque de Condillac.Que, sous sa direction, les élèves soumettent à I'analybe cesfaux semblants d'originalité et de finessel Ia science dcs appa-rcnces est un grand pas vers celle des réalitds.

On remarquera aussi que quelques écrivains, après avoircxprimé finement une pensée, démeutent en quelque sortclcur finesse, en donnan[ immédia[emenb le rno0 de l'énigure.On a cité la Fontaine, dans la fable de l'Homnte et [cr' Cou-leuare

A ces mots I'auimal pervers,cr-J rô'JËip."t d; f" iàiii'ai'"..."

Àrrêtcz-vous là, il y a finesse de s[yle; tra pensée est à moitiévoilde. Mais l'auteur ajoute:

Et non I'homme, on.pouilrait aisément s'y tromper.

Lu!-méme enlève le voile. S'il I'a fait, Cest sans doute que,en sB qualité de fabuliste, il a voulu que la finesse fit bienvite place à la naiueté, qui rentre beaucoup rnieux dans lecaractère de Ia fable.

L,a première cependant présente parfois, comme je I'ai di't

0) n ll y a d.es écrlvains, alit-il encore, qul veulent toujours être énergiques etingénieuf. lls croiraient ne pas bien écrire, s'ils no ternrinaionL pas chaquearticle par uo trait ou par uaé maxime, et, dès la première ligne, on volt, qu'ilspréparenl, le mot par lèquel ils veuleot fnir. lls foat continuellement violenceà lÀ liaison rles iiliics : tônr stvle est motrotono, coutrainl , cni}arrassé. >.24r,tI'écrire, chap. XI.

24.

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282 DE LÀ nHÉîOnrQUE.

plus hautr"l'apparence dc la seconcle. Un dvêque, connu pour

devoir tou[e son éloquence. au tqleni de son fterétaire, riisaitun jour à Piron : ,iEh bien, M. Firon. avez-vous [u monldernierrnandement? --_ Non, monseigneurl et vous? n QuelFiron n'y erit pas

_mis de maiicer.la réponsé ser"ai[ .. q#oo,nonnme une naTuetlzul- mo-t-qui dehappe spon[anément, soittà I'ignorance, s-oità la franchisï, et qubh voudrait rrp".nd".,gyand on a réfléchi ou appris..c'eit pour cela que ôermineédistraetions

rcssemblent à âes naïvetéi ou à deimatices (.j.Lenalf est, tout près, selon Boileau, du plat et du boufrriri;

I)e ce styleà la fin la cour désabuséeDédaignâ de ces vers I'extravasance aisée.Distingua le naîf du plat et dulouffon... '

selon Monte_sq'rieu, rlu bas et de l'ignoble. u Une des ehoscsqui.nous.plalt le plus-, dit.Mo.utesqlieu,

c'est Ie naif, maisc'es.t aussi le. style le plus di{cile à âttraper: Ia raison en estqu'il est precisdment entre le noble et [e bas; il est si prèsdu lras, qurl est très-diIficile de Ie côtoyer toujours saus ytomber. r' De part ni d'autre, l'appréciâdon nô me pr"rftrrgoureusement juste. C'est, ce me semble, confondre lâ naî_veté, d'un côté-avec tre_conlique, de l,autré avec Ia simplicitdet le naturel J'aimerais mieux ôire que le_naif est toui prèsde.ce que la &Ionnoye appelait Ie styie niai,s, et dont il rion-nai[ pour type la ehansôn de M. de la pahsie. Le naif n,cstpas naturelrou du moins c'est le naturel qui s,ignore, qui n,apas la

-conscien_cedo soi. Le naturcl est ofposdîu reéhàrché,

Ie naif au réfléchi. assurément tous ieï personnages déIllolière sont naturcls, agnès est naïve. sa'rettre à ftoraceest un chof.d'æuvre, comme véritd, et, si j'ose Ie dire, comme

tour de force. Rien, en effet, dc-touchànt et cle gi.acieux,

_li)$""^l,t;-{ri:_L",|:qyïe, ce.ue veuve a raconté rous les rlcitails de la longuemataofe et des teroters momeEts de son marir.et.que lc Distrait, gui a pËrul'écouter.arc_c laplus grande aueution, rui répond raii."."-1nï-iï frhtJi""-rou.que corur-rât D evidemmetrt' iI n'a rien écorrtê, il a répondu à sa pensée quis'occupa-it d'un.tout autre obiet. Il.n'y a Ià ni mdchancc'té, ni o"i*âtu, ou, ,ir on veut en votrr te hasard seul a été nalt'ou malieienx.

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cHap. xx. 983

nrais aussi rien de di{ficile à reproduire, comnre la naTveté,

quand l'ignorance est l'inuocenee. Certains poëtes grecs,Ilomère, Euripide, Théocrite, ont une naiveté inimitable (').On rencontre le même mérite chez quelques vieux trouvères,chez Marot, chez la Fontaine surtout, parfois même chezScarron. Plus la litl,érature vieitli[, plus les auteurs naïfsdeviennent rares. L,a naivctd es[ Ie moindne défaut des vieil-lards. Je ne connais guère d'écrivain de notre siêcle auquel

on puisse appliquer I'épithète de nai[.[,e naif es[ donc difificile à attraper? non point, comme ledit s?ontesquieu, parce qu'il es[ précisément entre le nobleet le bas, mais parce qu'il cst [rès-difficile d'exprimer, ce queI'on ne peut prévoir, ce qui s'ignore soi-même, ce dont lepremier carac[ère esl le spontanér l'inat[endu. Dire au jeuneécrivain : tâchez d'être naif, coest presque lui dire : réflé-chisscz à être irréfléchi. Par son caractère essentiellemen$

instinctif, Ia naîve[é dépend tout entière du génie de l'écri-vain I la rhétorique y est'aussi impuissante qu'à l'égard dusublime. Le seul précepte à donner, quand il est absolumcnbndcessaire de reproduirc la naiveté, c'est que l'auûeur dtudiealors sou personnage au point de faire, plus que partout ail-leurs, abstraction de sa propre nature, potrr sldentifier Gotn-plétenrent avec lui.

L'enjouententrla dernière variété de style don[ nous ayonsà traitôr, semble plus facile à acquérir. Sans'doul,e I'enjoue-ment, comnle la narveté, doit ê[re sponl,ané I la gaieté véri-table est dans le cæur et le caractère I rien de moins commu-nicatif que le rire forcé, et la grimace ou la boufronnerie decommande n'amuse que la populace. Slais les deux eondi-tions de l'enjouement, Ie naturel et l'à-propos, se rencontrcnt

plus fréquemment.Il est peu de choses, en cfret, si sdrieuses quoelles soient,

(t) Oseral-je dire qn'ils ouù aussi parfois le défsut de Isur gualité? Nausicaa estcbàr'mante, mais rluand Téldmaque dit à Mentor qu'il n'a pu arnver en lthaquoqu€ par mer, pnisque ltbaque est une ile, la naïveté est un peu lbrto. Il fautbien dirc qu'Euripitle a un as6ez bon nombre de traitsde ce genre, Co n'esl pluslà de la nalvetd, cc sonl tles naTrelës, ce qui n'est pas la même chose.

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28lL ' Dn le nuÉ'ronreug.

qui n'aient un côté plaisant. Or le burlesque, une des plus

vastes subdivisions du comique, n'est autre chose, nousI

I'avons vu, que I'art de saisir et de faire ressortin ce côté;

plaisant, ou au contraine de dorinen à des choses plaisantes :

ou insignifiantes par elles-mêmes une valeur et une gravité,

qu'ellein'ont poirit réellement. Lc rire, eette faculté siessen- |

tiellement humaine, n'es[ poin[ l'expression des joies extrê-mes; Ie triomphe ou l'entière satisfaction des grandes pas-

sions, si rare d'ailleurs, a plutôt quetrque chosc de sCrieux.';La gaieté accompagne des satisfactious moindres, des joiesd'un ordre infdrieur, et par là même plus fréquentes. Le rirenait surtout à. l'aspect des dCfauts physiques ou moraux,guand ils ne vont pas jusqu'à la terreur ou la pitié: la lai-deur réelle ou simulée, les chutes, I'embarras, les désap-pointcments, la sobtise, certains vices même qui ne nuisentle plus souvent qu'à cclui qu'ils possèdent, la gourmandise, I

Ia poltronnerie, la forfnnterie, l'avarice, voilà les causes ordi-o*i*es du rire.'Il éelate encore devant ies distractions, I'ori- |

ginalitd, en général tout ce qui fai[ contraste ou saillie surI

ituni et i" prl"u des choses ,ie ce monrle. Nous avons dgale- '

ment remarqué la singulière puissance du rire pour eouperlsouvcnt les grandcs afraires, pour vaincre la sévérité, la'colère, la douleur même, u J'ai ri, nne voilà désarmd,

'es[ |

un mot qui revient sans eesse. Ce n'est done pas I'occasion I

et l'à-propos qui manquent au style enjoué. ' I

Quan{, au naturel, quel génie ne sc prête à l'enjouement?lLes plus puissants sont peut-ê[re ceux qui y excellent ou y I

visent davantage. Sans parler d'autres grantls homrnes quilont porté jusqu'à l'extrême la manie du quolibet et du ca-lembour, Quintilien affirme que ce n'est pas le bon vouloir

qui manquait à Dérnosthène pour êûre plaisant; Ia réputationde Cicéron dtait si bien établie sous ce rapport que CatonI'appelait Ie consul facëtieuu,Ilomère a chanté Ie eombat desrats et des grenouilles sun la même lyre qui chantait ceuxdes héros et des dieux I I'auteur des Pensées est celui desFroutnctales1 I'auteu r del' Espri,t iles loisrcelui des "f, ettres per-sanes; si Horace, le Pindare de Rome, en est aussi le premier

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cEaP. xx. 285

satiriquei gui aiguisa l'épigramme mieux que J.-8. Rousseau

et Le6ruiites i'tus sériôux lyriquesde France avant Lamar-

tine? te ioëte du Ciil a éciit'le rt{enteur, celui d'Athalie,tes Ptatileurs, eelui de Brutus el de Mërope, .ees ilnombra-bles facéties qui resteront les éternels modèles du genre.Ir'or et l'argeit sont les urétaux avec lesquels le mercure a le

: plus d'affinité.-Et cela s'explique. L'exeellent dans la plaisanterie ue peut

guère avoir lieu'sans une observation aÀsidue, sans. des ré-flexions intenses et qui supposent une nature sérieuse etméditative. On a remirqué qire les actcurs les plus éminem-ment comiques, Molière en tête, étaient d'un carac[ère pres-que rnélancôlique. Les facéties qui nous plaisen-t le-plus.sont,

far h loi du côntiasl,e, celles qùe leur auteur débite sérieu-sement ou qui viennent de grdves personnages. Il-en est des

nations comme des individus. C'àst au m-ilieu du flegme

anglais et de la roideur espagnole que sont nés Falstaff et,Huldibras, Lazarille et Sanôho Fançâ, l'enjou_ement le plusnaturel et le plus sympathique. Sans prétendre donc, avecVictor Hugo, que le grotesque et le graver Aarchlnt si souventde front dani la naturc, dbivent êfrc aussi mêlés et confon-dus dans l'art, nous pouvons dire qu'il est peu- de sujets etpeu de génies qui ne le prêtent à l'enjouement du qtyfet qge

Îa langue de la plaisantlerie forme presque -la moitié de lalangue populaire, gu'il faut donc l'étudier soigneusement, etque si en elfet le style enjoué demande plus de naturel encoreriue le sérieux, æ[t" étuïe bien dirigéô ne servira. qu'à per-fectionner la nature.

En vousy appliquan[, vous remarquerez que? comme PIJ9'que toutes

-tedi1uilités

-dustyle, I'enjouement prend ditré-

ients caractèrei suivant les"temps ét les lieux.Sensuel,

folâtre, poétique en ltalie, à la fois bourgeois et fantastiqueen Allériagne, observateur, positif, je dirai presque instruc'tif en Espigné, il présente en Rn$têterre qtelque chose deplus spéôiù aô plûs national encoie et qui ne peut s'exp1i-iner que pai le inot anglais lui-même; car ce qu'onappellghwaw,r n'est ni le fhceturn, ni le salsumr ni lc di,car, ni

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286 DE LA nuÉTorueurr.

aucune des subdivisions de Ia praisanterie anarysdcs paQuintilien.

En France, toujours marin et sensé, l'enjouernent a varilavec les dpomres. Au xvr€ siècle, qt.t une jooiffi Apnir*originale,- éridite ; €u xvro,-une'

plaisa;Ëlï ;Ër"îne, ptuid écente, d'u ne

ip.Jl'j:lig" i,r r,"ii

r-àrrrri;;rËffi #ile par.fois jusq-u'à la mignardise I au xvrr", une ironie mordante ephitosopliquc. J-g ou rer6r*roàirâir à;;;'il r'i;irariordc I'enjôueirent du xvr" rt"r ,jn;cepr-e ra sai,tre lVrénippëe,lltrais au xvre" sans parlel ir., pieçrr_r., ;;ù;1.;'lo pro.,abondenr ' madamd

_ae sévidd,-13'g*y*Ël"iiiJhton, r,Roman comîque,Ç*_p_!as qui] prinrie o-r"J irir;riËr; annéedu règne-de-Louis XfVl. qppâ$."t pour la forme comm€pour le fond au xvuu siècrb'p,!ur._ôt .iut" *or:rr{p*mi lescontenrporains. ie trouve MM.ïodie*, courià'a-une.ïoute uepamphlèts et de journoui * ià"'p,i"rrrit pïirurîpreined

3.ry;-et- s! t,d:r veur des romai;tô";"riirrrir'ae côrdM' PauI de Koct et ses imitaùurs, en ddpit des ridicuresiIrléeryiques de Ia prcss_e rogtrir*; ;rtiaîqilài*i"mu. $réri-mée, A-lexandre DuiasalhutËur de,Iérôme paturo,t, etc.

Ce n'es[ Euère qu,el France ,r" p.1"..fti,; ;iâoou Ie!?!*oqrrpius légir, plus déii.ar ;;. r^enJouemenr, qui prend:,t^Tî*_t_lpparence.riu sérieux, Ër n.ot, son masquc qu,à Ia

oernlere scêne.lmitez de Dlarot l'élégant badinage,

imitez celui d'Hamiltonr.cerui de Gres.se[, mais soyezcireon-

iffii*r.U*sceue imitaiion, er là pù. ilhill.Ti, ,ài*;, ,

C'est dansl,enjouement -r -en efiet , qu,il est difficile desavoir s'aruêter; ldrire es[ sf bonne ctrbrË oe;-il;;;i.ii ,

-sembleà plusicurs que t'us ies moyens sontbons pou*repro- |vog]re-r. r - --

Mais qu'on v Dr€.pne_gT{ui Igs ggng.de goût ne sonr passi facilei à ém"ouioir en cet dndroït. Irs restent froids auxplats guolibets, aux fades éq*i";,r;us, aux mauvais jerrx cre

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r çI|AP. XX. 287

ruots, aux parades vulgaires ; ils s'indignent aux ignoblesparodies

, auxgrossiers sarcasrnes,

aux trivialités surl,out etaux iirdécences. Il faut que le ealembour même et les plai-santeries sur les noms propres viennent bien naturellementet bien à propos porrr qu'ils les pardonnent. Quintilien agrand'peine à justifier Cicéron dc toutes les facéties que luia fournies le nom de Verrès.

Le même rhéteur intlique avec dé[ail les occasions où l'écri-vain e[ l'orateur qui se respecten[ doivent s'abs[enir de touteplaisanterie. Ses préceptes, sous ce rapport, sont de tous lestemps et de tous les lieux. Ecrivain, ne vous permettez jamaisde raillerie olfensante, et ne soyez pas de.ceux qui perdraieotvingtamisplutôt quoun bon mot I n't4tendez point votre satireà une nation , à une fraction sociale tout entière, sans direau moins un mot des exceptions : toute règle en a, e[ souventde nombreuses; Molière, qui su[ clistinguer si bien le vraidévoû du tqrtufe, devait croire que tous les médecins n'étaientpas des Diafoirus et des Purgon. Avocat ,ne riez nj du mal-hcur, ni du crime ; l3un est sacré, l'autrô exécrable; si vousê0es homme, Ie premier doit vous at[endrir, le second vousindigner, et le rire s'allie mal à l'horrcuret à la pitié. Hommed'Etat, publiciste , journaliste , n'oubliea pas la dignité devotre caractère et de votre mandat; il est des institutions

tellement graves, des réputations tellement pures, gue toutebouffonnerie doit tomber devant elles. Attaquez, combat[ezces choses ou ces hommes, si leur chute est nécessaire autriomphe' des opinions que vous croyez justes et utiles et duparti que vous défendez, mais ne les raillez pas; les respec-ter, c'est vous respecter vous-méme.

Énfin, outre les qualités essentielles et aecidentelles, il est,

avons-nous dit, certaines formes de langage qui ajoutentbcaucoup à la grrflce ou à l'énergie du style. C'est ce qu'onnoTnme les f,gures. Leur étude est indispensable au rhéto-rrclen.

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CHAPTT'RE XXI.

DDS FTCgBES.

D'abord pourquoi ce mot de fioures? '

On en a dooo'é plusieurs défihitions ('). Sans prétendrc cprésenter une nouvelle, je crois pouvoii définii les figurtdes formes par[iculières de langage qui manifestent l'iddd'uno manière plus noble, plus énergique, plus élégante qriles formes ordinaires, ou qui indiquent mieux que celles-ci I

mouvement de la pensée et la vue de l'esprit. Cette physicnomie distinctc que prend la pensée dans les figures perm(nar là méme de les reconnaitre et de les classer. Comnre lorl

ôu'il se trouve dans une foule de peuple des soldats en unifbrme, vous les distinguez immérliatement et les rapportdaux divers corps auxquels ils appartiennent I ainsi, dans ur

livre ou dans un discours, vous reconnaissez à ccrtains signl

(r) Tout le monde connall, le tralté des Tropes cle Dumarsais, beaucoup trc

""à[é.À mon avis, qui n'a ui méth<rde, ni stylo, el, qui gagne à être lù tlar

l'édition et ayec les remarques de llt. Fonlani-er. Dunrarsais tlonne des fgur

une idtio iuste au fond, mais qui pourraiL étre mieur présentée : c Les figureldit-il, sont des maniètes de parler distinctement des autres pdr u,ne modi6crtion particutière, qui faft qu'on les réduit chacune à une espèce à part, et 4rles r-enil ou plus vives, ou plus nobles, ou plus agréables queles manières r

parler drri eiprimentle même fond ile pensée, sans avoir d'autre modificatiqiu*iruoiiar.".ri P.éfér""-"ous la déffnition tle 1lI. Fontaoier? a Lei Ëgures d

âi."ou". sont los traits, les formes ou les tours plus ou moins renlat'quaLles t

d'uu effet nlus ou moins lreureux, par lesquels le tliscours, rlqns I'explesçi1des idées,'des pensées ou des seulimïnts, stloigne plus ou -nroioç de cè qui',ierût étél'expression simple et comtrlune. u Tout cela me semble long ed'gêrtÉ.I

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989

caractéristiques une métaphore, une_$postrophe, une hyper-

bole, etc.l les mo[s ou les phrases doit eilès se composentont une forme ou figu,re qui leur cst propre, toujours la mêmee[ ne se confondant pas avec d'au[res.

Il est inutile de dire_que lo jeuue nhdl,oricien ne doit pasi_gnorer le vocabulaire du laugage ûgure. eue tous ccs tennes

, dr sgneedoqzte, de-catach,rèse, ûanl,ônaruase, etc., aient quel-' que chos'e de pédantesque et de barbare, guc eertains rhé-

teurs les aient multipliés outrc mesure,enËubdivisanl sansnéeessité les_espèce!-, je n'gn disconvicns pas; rnais ce n,est

pqs un motif pour affecter à l'dgard de cetté nomenclalure undédain déplacé. Est-ce pédantisme que de ne pas vouloirsoexposer à prendre ! comme Pradon , Ia méton'ymie et lamé[aphore pour des termes de chimie ?

La connaissanco desJiguncp ajo_ute un charrnô de plus auxbeautds du langag-'e. a Dans les

-champset dans leslardins,

dit M. Geruzez, les fleuns plaisenb à- I'ignoranf comrne aubotaniste-par letrr parfum et l'éclat de leurs couleursl maisle na[uraliste qui sait leurs.!oms, qui-counai[ leurs fariilles,Ies retrouve comme de vieilles connaissancos avec un senti-TeTt qui tient-de l'amitid. La rhétorique sera pour les fleursdu langag! {u'on appelle $gures-ce qut ta botanique es[ pourIes fleurs des clramps et des jardins. o

L'étude théorique_des figures est donc indispensable à touthomme bien élevd; l'dtudé pratique l'est plus bncore à I'éui-yain. Arrôtons-nous sur ce trloint.

lfoliere a dit dans Ie fllisànth,rope:

Cc sfyle liguréo dont on fait vanitd,Sort rlu bon caractère et de la vdritd;

!gn'es.t

quejeux

tfe rnols, qu'affectaiion pure,. bl,ce u'csf pas alosr que parlc [o, nature.

Sans doute Ie sonnet d'Oronte et Ics façons de dire des mar-quis de Mascarille n'étaient poi*t le langage des honnê0ssgens dur(v-rJ" siècle, e[ cc n'esb pas ainsi {'uàparlaien[ i?Ion-tausier, Boileau ou Fdnelon I màis, Ioin dttrd un résultat clu

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990 DE LA RHÉToRrQuE.

ralïinement social, !9 -que _les rhdteurs nommen[ en gdndra

le stale f,guré est si bién dans la nature, qu'on ne reneontreguère de peuple prirnitif qui n'en use et nbn abuse en toute- occaçion. La ,Sacourttala du thdâtre indien, les auteurs desGhazel _arabesr-_des .Bo_salers pe_rssns, des G'uzlu illyriques,Ies-prophètes d'Israël, les bardes scandinaves, les ôfrefi Ueétribus mexieaines ou canadiennes, ne chanteni, ne pleurent,ne_ racontent, ne_ Io^uent et,ne maudissen t qu'avec une inépui-sable_profusiorr de figures. Dans les sociétds civilisées, ce siyleeg!_ pJus familier aux diverses eonditions, à mesure qu'eliess'éloignent moins de l'état sauvage, de ce que l'on est eon-venu d'appeler loétat de nature. ,, ITIétaphorb, alldgorie, mé-t_onynie, ce sont, dit illontaigne, titres qui touchcnt le babilde votre ehambrière. u S-elo1 Quintilien, en effet, Ie stylefrgurd, e[ surtout la partie de ce style qui se rattâche à lasimilitude, nous est si naturel, quc les ignorants eux-mêmesen fortt un fréquent usage sansle savoirl translatio itaestahipsa nobts

^coicessanafura, ut .indoccù quaqae ac non sen-

tientes. ea frequenter utantur (,).D'ori vieut donc que Ie style figuré se présente ainsi tout à

la fois comme naturel et comme opposé à Ia nature? Cettecontradiction n'est qu'apparente, et il est aisé de l'expliqueq.Si I'on peut. en effet hasarder quelques conjectures sur les

origines- du langage, on est poité à-croire {ue les honmesn'ont point donné arbitrairement et au hasart desnoms auxobjets q-ui les frappaient le plus vivement et le plus souvent,Il est probable que ces noms ont été en grande partie déter-minés par ce penchant à l'imitation, à l'o-bservation des rap-ports et des similitudes, qu'Aristote proclame le père dtsarts, et plr cel,te liaison des idées, ce réveil de l\rne par'I'au[re, qui est aussi un des éléments de notre nature int-el-lectuelle. Ainsi tout objet rendant un son quelconque a dté

(t) Et c'est précisément parce gu'ils sont ignorants qu'ils sont ainsi. ( LegpaJrsans onL l'esPrit trop tourné ù .la métephorà pour ne las devioer très.vlte lesexpressions f6urées. > Obscrvation 6ne il\rn écrivain de iotre siècle qui a étudiéle peuple, quoiqu'il I'ait-malheureusemenr, llatté avec autant d'eragé"aiion qu'oaflatte tous les autres tyrans.

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cHaP. xxt. 291

représeuté pal un mot, analogue a|.t son produit : le serpent a

iifr,a,le bôurdon a bou,rd,onnér l'ondea rn:urnùut'e, le ton'

';é;;L-i qriiaa. La première d-e toutes .les figures,. chrono'ilfu d#;ot p.rf ont i eFI I' onom,atopée, c' est-à-d ire l'i nn i ta ti on

;il;Ë;ild1fulÉ son arricuté. EUe a.presque devancé Ia

parole, e[ les premiers vocabulaires n'auraien[ ete r sans

houte, qu'un reôueil d'o-nomatopgtt:.. , -rp-r r-- .

Un acte souvenf répété, und habitude, un effft' toujours

id;ti;;" oluttoeaooi ot être quelco.lque,

T!-q91r1:

à *til;;;ï;rom. on prétend qulen sïnscrit Ie mot employé pouràésigne, la grenôuille si$nifie littéralement sauteur; pour

rrlfirr., su,îe-fteirt po.'ri.l'oiseaur- hôte de I'ai'r; pour le

nuase, aerse-e?,u, et-ainsi de suite' Et nous remarquons

."rËr,i aujourd,hui un procédé pareil dans les noms propres

des sauvages.---C*it"oô*enclature par simili[ude s'es[ étenduc- à plus forle

*oi*o oo* iOées abstra'ites I les ruo[s consacrés à-leur expres-.io" ô"i-até dérives du nom tles choses sensibles avec les-

ou.ft.. ori leur trouvait quelque analogie' Le ,eourage de

lihomme a rappelé celui clu lion, et I'on a donne à t'fiomm*

L;;;;a fort'lb ";;d; i,io,r; oâ a été enfla,rym* de cotère'

quanil on s'es[ aperçu que cctte passion produisait dans tout

riotre être quelque chose d'analogue à la sensatlolr pnystque

én"ouoé. ro rontr.i-de la flarnmé. L,,es noms consacrés aux

""Ui-t^À"tiriàf. n"t sans dou[e p*ecédé coux qui expriment

i;J;bthili;;;, tà-À. auns le discoPrs les.gès!e1$!.Ptq-cédé Ia parole,'"oÀ*r les hiéroglyphes ont, precédé l'écri-

ffi." ;ùf'tàti,i"". îtnl I'or i g i neïôilc du*vi-", I ql,'é, vo il à

cornmint on pèut tlire qu'il est éminemment naturel.

A mesure que l'hommc a découvertun plu;.glgdnombre

d'objcts, à rnêsure que d-eg rapports.ptut^.*tl14l:lsr1vecses

semblable, oo o"r. ^.es objets'ont fai[ naitre en lui des senti'ments nouveaux, il lui a frittu créer des mots.pour rendre les

uns et les autres, et il a procédé à ces nouvelles créallons paT

h ;;iift;âeid u*ptofé.. u Dans tgg-tes les. Iangues, dit

Voltairc, le"àor-irh,te,

te cotlrase s'allume, .les.yavx étin-"àitiàîiiftusprft est accablé, il se ylartaqe, il s'épwi,se; le bang

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999 DE LA nEÉî,oRtQUE.

se glace, la tête ss renaersel on est enflé d'orgueil, eninré daYengeance, etc. r)

a ce penchan! à l'irnitation cû à r'association, premièreî-1l1lg

du style figuré,. ajourez la prrissante innudnôâ qu'unàrmagrn€uon encore vierge et des passions libres et iaivesexerçaient sur I'homnre primitif. cette fraicheur d'émotionsque faisait naîtrc en lui le spectacle tout

"r,,raes pneno-

mènes du mondc exrdrieur, ce'relicf À,;Eiq;â, ,Ëriti*untque Ie frottem.ent social n'avait point *nrirà uséo tlonnaient

a son exprcssion un coloris, une vivacité, un pittoresque,une spontanéitc de rapprochemen[sn une'énersie de toursqui nous semblent aller jusqu'à l,exagCrrtiro.--"-- --

_^?_11.,E."lreparr, la sfirilitd forcéJdu langage naissant, la

paresse ct'invention naturelle au sauvâge et à'lTrabitant dé Iazone [1"epicale, Ia commodité qu'il hôuvait à ernployer lesmots existants en les détournant de-leur.rnr pri'*i[ir, .olieu de.pr_endre ta peine d,en créer d;;;u;;;#,'iïur.on-tnbua à donner un. plu.! grand développement au langagefqu*g, et c'est ainsi quà ïbnomatopd;:i à Ëioeùoilor" ,,;orgnrrent tout naturellement l,hyperbole , Ia prosbpopéc,I'apostropùeo I'in_version, Ia catach"reser €b, r '. ilIais plus le b-esoin fturtipria et par rà même facirita retrav-ail, tant intellectuel que nratdriel, plus les tanÀues se

perfectionnèrent avec Ia cii,ilisation, Ell'es'devinrent tiut à Ial'ois plus abondantes et plus précises. On préfér" fu o*it.ij*::lqoqre à l'éctar ôu au piqunntdo ralproc[urr"l, oooemanda à crraque idée son expression individuelle. Bn mémeremps, ta raison mieux

_exercée par l,exp_drience et, l,analysedissipa les illusions de l'imagindtion. côlle-ci se blasa p;'".ÀLi_:ir des phénomènes don[ Ia nouveauté ai,ait pu euthou-srasmer re monde.

enfant , mais avec lesquels I'habitude lafamiliarisait, tandis que la scicnce res ruieipriqr;ir (li:iùfu":

(t),Yoici une.r€ma*Ju€ aussi jnsre que profonde rr'un tlcs plrrs savanrs rrom-mcs oe nolre srècle: k Dée que-I'honrme, èn inl.erroseanl, la âeture, nesercort-lorte p.as,d'olrserver.,-mais gir'ir fair naître des phÉnàmè;", ,;;;,i;; lJoutrioo.oerern)rneesi dês gu-ir recueille et enregistre lei foits.pour ri_tendrè t.tnvestiga-tlon au delà de la courr.o durrÉs da son Ëristerrce, t" l,liitoropïiJitïti.i.,or" ro

DE LA nuÉronlquo.

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9s5

sion avait toujours eu le défaut d'êl,re un peu vaguer elle cut

celui de devenil commune. Les passions, dc leur côtd, appri-voisdes par les relations plus étendues e[ plus suivies deshontrnes en[re eux, refréndes pan les lois, 'les coutumes, lesbienséanees sociales, perdirent de l'dnergie de leurs mani-festations. On accusa la métaphore de vulgarité, I'hyperboletI'exclamationr l'apostroplre multipliées, de nrauvais [on ; ceuxqui avaien[ I'esprit droit et juste et le sentiment des conve-

ri.n.ess'éloignirent clu

styiefiguré des premiers ?ges, non

point qu'il nefiit nal,urel, mais.parce qu'il ne l'était plus. Entrser cttait retourner aux hiérogl;.phes après I'invention del'écri[ure.

Il en est de ce langage comme de la poésie dont.il est undes caractères distinc[iÈ. A mesure qu'uh peuple s'éclaire ctvieillit, la littérature tourrte à la prose. La poésie e,st Ia lan-gue des enfants et des dieux, la piose est eelle des hommes.

5i parfois la poésie fait encore en[endre de nos jours une voixaulsi pure et aussi'brillante que dans les temps _antérieurs,cene sont que des acccnts personnels, en quelque sorte,presque toujours sans écho, perdus dans Ia foule qui ne lesilcoufe pas, èt auxquels renonce Ie poëte ltri-même, à mesurequ'il avànc'e dansli société et se méle à la vie aetiv'e et rdelle.ivaltcr Scott, Ie barde écossais , a fini par d'admirables

romans et de rnauvaises histoires, e[ si lord B.vron etrt vécuplus longtemps, la seconde partie de ses æuvres se coûlpo--serait

sais doï,te de disco.urÀ au parlement, de compositionshistoriqucs eù d'innpressions de voyage, comme iI est aYenude Larnartine e[ de Victor lIugo.

dépouille des formes vqsues et poétiques qui lui onl opPertenu dès son origine;

ellËadonte uo caraclère-plus séière,-elle

itèsela valeu] des observatious, elle

ne devin'e plus, etle "o-'lrin* et raiionne. Alors les spergus dogmatigues dessiècles aotérieurs De se conscrveDt que daus les prdiuSés du pettple el des classes

qui lul ressenrbleot par leur -uoqr'e de lumièrei; ils se perpctuent surtout dans

Ëu"tou"r rloclrrnes 'ttui , pour ca'cfter leur faiblesse, ai-nreit à se couvrir d'un.v'oilc'mystique. Les i"ngit". surcborgdes d'cxprccsions ligurdes portent.lonS-temls lÉs tr'aces de ces "nrernièrcs irrs'titulions. Un petil, nôIulre {e symboles,prààuif, rl'une heurerrseinslrirution de-s tenrps primiiifs, pre'uent peu.â peu der

Îornres rnoins vagues; mieui interprétés, ils se conservent mêtne daus le langa6ssciontifiquc. ,' I)E HûIIBoI.DT, Cosmos, lr' Partie.

2S.

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.99û,DE LA NBÉTORIQUE.

Les réflexions qui précèdent éclairciront cd que j,ai à dirrdu style

/îguré.,Si I'oh n'eir perd de vue ni l'ôri5{ine , ni Ienature, il sera facile d'en apprécier le but, d'en rléûermineret d'en linriterhr^cage, d'cn

-sàisiret doen signaler les défauts

Remarguons d'aboi.d qu'i[ est un. assez $rand nombre dlfigures dont il su{fit d-e connaitre ia noménclature, dont i,ne_reste plus rien à dire.dès qu'on en fl exposé Ia ddfinitiorct l'étynrolggtr, pârce gu'ellef ne comportint que certainerphrases stéréotypées, en quelque sorte, par I'usage, der

espèces d'idiotismes don[ il n'est pas perrnis de s'écarter Iparce que, en rrn mot, elles ne sont, comme je I'expliqueraiplus tard, que des catachrèses. Celles-là, si notre définitionest- exacte, méritent à peine le nom de figures. Car, puis-qu'elles son[ forcées et, imposées par Ia lângue , commenldonneraient-elles au discours l'énérgie, l'élégance , la nou.veaulé ? Les figures vraiment dignes de ce titre sont celles

qui se reproduisent à chaque pai sous une foule de forrneidiverses, que l'écrivain peut traiter librement, manier à sougré, et dont par lir même I'ernploi est soumis à des règles etplêtg aux observations du rhéteur, la nrétaphore, par cxem.ple, Ia périphrase, I'antithèse, erc. CellesJà'doiveuî être soi-gneusement étudiées.

Bien quc nous 'venions en e{fet de constater les modifiea-

[ions et les res[rictions que les progrès de la raison et de IaInngue apportent à l'usage des ligures, cela ne signifie, enaucune façon, qu'il faille les bannir du style. Ellcs son[ fon-dées, nous I'avons dit anssi, sur des qualités ou des besoinsdc notre nal,ure, penchant à l'imication, association dIdées,imagination, passion, ètc. I leurs avantages, sous ce rapport,sont incontestables. Réveiller une idée principale au moycu

d'idées accessoires, déguiser des pensées tristes, pénibies,inconvenantes même, mais indispensables au sujebf enrichi.ila langue par des alliances de mbts ina[tendues, donner aus-tyle: soit par le piquant des rapprochernents e[ des opposi-tions, soit par Ie tour et le mouvement de la phrase, plus declarté , d'énergie, d'élégance, de vivacitd, dè noblcËse , denouveauté, d'intér'êt: voilà des mérites que nous leur recon.

DE LA nnÉronrgue.

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295

naissons avec tous les critiques. Sans-les {'rgures, le.langage t

sec et iucolore, peu0 parler^eneore_à

la raiôon , mais.il laisse

iilûilrri* ftôiar àt inanimée. Sans les figures, des idéesoàuÈ-6C*t, rnais point de style; u'e esquisse, mais point de

i.bt;rr; âu desËin, mais p"oinÉ de coulzur I il ne faut donc

i* -"ïegliger l'étude. l,riin de lùr ; plus Ie temq.s en a rcndui,emploi d'illicile, plus elles exigent de soins et d'attentton'- -ilË;l;-

i".priàr plus ancicis, les rhéteurs étaient tlivisés

.ot r*t-gt;G; les 'espèces, le nornbre, le nom mêrne des

fieures: ces suesiioor^ét"iunt, 4,, sièclé de Quintilicn, uuc#*; inmriËsable de chicanes et de subtilités, et l'on ne

À'accorde guère mieux aujourd'hui. Ce que le.s uns_nomment

hApallaqel les autres I'appellent ,métonymier' certaines. synec-

d"oisu,es," qui chez ccux-ci r.estenù synecdoques, deviennent

m&Ooan ies ou antonotnûses chez ccttxJà. Ajoutez quc sou-

i'à"i

"i.tocution uuique comprend en elle plusieurs figures,

commc nous avons reinarqoé plus haut quc les divcrs topi-oues rentrcnt souvcnt I'uu-danl I'autre. Les rhéteurs lesplus

.insér de_l,antiquité latine, Cicéron urême e[Quintitien, ont

beaucoup trop multiplié tei _Iigures, e[ souverr[ ont donné ce

;;* tcà qui'r*it t. fbnd de I'iâée e-[ n'a rien de {iguré, c'es[-

a-Ai*e rieri qui s'écar[e du langage ordinaire ou de I'expres-

sion propr..'.[,eur sxcuse .cst', colnme ils nous l'apprennent

"u*-i,"Ches, que leurs prddécesseurs et l*lry con[emporains,Visetii*, nutilius, Cécilius, Cornificius, Celsus- et tant d'au-tres

"oriéntétd beaucoup plus loin, e[ rangeaient parmi les

figtl;* presquG toutes ieô parties-du dis'cours, ou plutôt le

dTseouri trgu t'cntier, sentendes, narration, confi rrnal,ion, c[c., Quoi qu'il en soii, voiei le.système J...plu: généralement

.adJpté jrisqu'ici pour les divisio-ns et suhdivisions de figures :-oilËs pàrtagô

enfigu,res

d,e tnots etf,gures

d'.2gensees'

Les f,gures de m,ots aflec[en[ unrquemeD[ l'expresslon.Blles conrprennen[ :

{" Les 'ftrturut ile d,i,cttom ov da grumnaaire qui rnodifient la, forme mritéricllc des mots',;',rg' t es f,gures ile canstructiaru ou ù,e syntung'qui rnodifient,leul arrangemen[ I

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, ,5o Les figures de rnots proTtrentent dttes, soit que les voea"

Dles y eonservent leur signilieation essentieller-5oit qu'ils5prcnnent un autre sens que leur sens primitif, cc qire l,o!

nomme aussi tropes.Les figu'es de'pensëes tiennent uniquement à I'idde, queil

que soient d'ailleurs les rnots qui la rendent (,). ' 'I

- En général, comme je l,ai déjà dit, ie fais asiéz bon marehddes nomenclatures, persuadé que dans toutes les sciences d(créalion humaiue e[ qui n'oni point pour objet ra naturi

réelle, le point essentiel est de bien saisir re fohd des idées:et laissant d'uilleurs âux gens du métier liberté entière de

langer et de elasser à.leur glfit. Je ne puis cependant omettrdici quelques obscrvations. -

996

ro Par atlrlilion deslcttres ou

DE r. nsdronl0ur.

D'abord il me semble que ce qu,on appelle figures de dic-tion djit êlre compléterndnt relégué dani ta grimmaire. Lesmodi{ictrtions qui ir'a{Iectent que" le du signe pal

des additions, des retranchefrents ou des déplaeerËentjdeIettres, n'appartiennenû.pas plns aux figures, que les altéra-tions semblables produiies duns Ie coips dés'mots par lesrèglcs des ddclinaisons et des coujugaison. (,). r - .

,^(:l.l_.-l_"r:r,ï fii":h, qui s'est occupd des ffgures, celui-rloor le livre présenrere Irrus de nrcthode el, rle développements, car il ne rerferme guère nioios dotrois forts volurnes in-r e,-M. Fouianier, divise touûes t"r rgur.. Ëo ,upl"urru, r

-ro.6gures de diction; zo de consrrucrion : eil.es "o""u.pooaloia i" "iJ.riu""tiooralrituelle; 3u ffgures-rt'd/o cution ; {" àu sg.f,, s"l,i;;;i"-r*i;; ris;à.ïrair"iru,l,:--rolt q"opremcnt drtes, Ies premières n'atfectanr.qoe quelquei rDols ou par_lles-do plrrase, ies sccorrrles, ernbrassaut l'énonciition- tolàte de ta pensee:

?:_1S,9]::1: ligntication;6o d'erpressio.,n; ce sonr les tropes.. les primières::Illllutit à.un seul.mol, les secontles à une proposilion '7o enfrnr âgures de

fff,:"r"rJ.:absolumeul inddpendantes rles mors,ies-nr6ures qire cbez'lei autrss

(a) sans entrer dans les d,étails, jq me, conre_ntcrai. rre présenter aur jeunesgens' curieux <les lermes techniques] le tablcau des métaplàsntes, ot attéririoos

fl.i:..1"1:.."3: r_:l';.,f ". -:rs. Je choisis en géndral -"-. "iu-plui d"o.i" t""!""ralnrer orr rts sont beaucoup plus l'réguents gue daos la nôtre-. Les mots peuvlnts'altérer :

prusthèse, au commencement des mots, Falrt,{J t)ournatus. C'est ainsi que nuus uvàns ojrrufé uu€ aux mots espace, esprit, ftrrné's-du latinspatiumr.ipirltus.

epenthèsc1 au milieu des motr, relligio pour relî6io.pdrdg(ge, à la fin des nrots, annriîr pàlu, ornori.

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Enstriteo la seconde classe des figurcs tle mots, où ln con-

slruetion seule est modifiée, devrait com[rrendre l'apostt"opheoI'exclamation et autres formes que I'on a mal à propos ran-gées par.mi les figures de pensée, puisque l'idée n'y est pas

filus âffectée quele mot, e[ que tout leur artifiee nc cortsiste

ôrre dans le tour ou le mouvement donné à la phrase.^ Bnfin, à propos de la troisiôme classe cle figures de.mots-,je demandËrai^conrment on peut donner ce nom à celles où

ies-vocables conservent leur iignification essenticlle; s'il n'ya rroint certaines figures qui porten[ à la fois sur le séns etsuï Ie signe de l'idée; si Ïa niétaphorer figg-te de mots, noaf-

fecte pai la pensder-en la rapprochant tl'une autre, en Iadoublant en quelquô sorte, tandis que la métonymic et lasynecdogue, domme il sera prortvé plus tard, ne sont ct nepcuvent èlre, d'après leur ràcine mêmc, quc des figures de

inots;si l'apôstrophe, figure de pensécrrt'afre-ete pas-le mot,

eo mb,lifiairt son inflexîon ; si I'antithèse n'appartient pasévidemment aux deux classes, puisqu'elle oppose les motsaux mots, aussi bien que les pcnsées-aux pensées-; s'il n'efitpas.fallu par conséquént ajouter à cette nomenclature une

1 oBfiérèse, au commenc€meot des PolE, Posit*'ff, pour

rc par ,"t"uo"lr.-l srncope, ""{;1ii:.:f o,o.,, amarit pour amaaertcment des lettres | -. Èn fraoçais gaîté, enjoiiment, pott gaietétou

L,enionentent.

1 PæoPet' Ïi:l-"lt1ts'achilli Yout.'Ichittis''tEn"

' { antithèse, une lellre Pour uno a\Lîe, olli pour d//i'3o Par chanqenrent I nëtathèse, deux tettrei qui se remPlaceut mutuellementt

tles lettres"ou , t{,,!::^P:.;, tT ntber,Yrne. }En', X' 394;

I eo flançais, E-aout're polut Eanover'

4'J;iJ;xïI"' I ëtiërèse, anlat:, aitaT2 poar aule, oitæ.I synërèse ousTnisèse, auras pour aar?is, ômnïa en dauz( " - syllabes your limnlil, Ytne., .lÛn., !1, 33.

'i.- * I Les deux lettres rostcnt rlans l'dcriture; enÀo.Par,c.ooûaclloo,l lï.ançai s.pdon polur pan.deslof'tresou | "rot",

peculîpoaipecuiii.L'ioedeslettresdisparaitf dens l'écriùule; en français, otilt pour uoûit.

' \ synalèphe ou élision, arma' athens; en frangais.Ouio jo viens danc son tsaryk adûsr l'Éterael.

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298 DE ra nnÉTonr0ue.

catégorie de 4gures nnixtes, amphibies, pour ainsi dire, qul

louchent à la fois et à la pensée et aux mo[s, e[ souvent mêmgau tour de Ia phrase. I

Je ne prétends établir aucun système, rnais iI me semlrl€que I'on pourrait en trouven un plus rationnel. I

Si, au Iieu de nous préocôuper de l'élément du discourslrnot, pensée, tour ou construction, qu'affectent les figureslnous pénétrons dans leur essence même, et ne nous attachonsqu'à leur but e[ aux moyens employés pour y alriven, nousverrons que, destinées à donner au langage l'énergie, loéld-gance? la variétd, l'intérêt, elles y parviennent par un desmoyens suivants:

{o En r.approchant deux iddes, pour en faire mieux sentirou la ressemblance, ou l'opposition : à Ia première classeappartiennent toutes les. formes de la comparaison, méta-phore, métouymie, synecdoque, allégorie, allusion, lryper-

bole, litote, métalepse, prosopopée, e[c.1 à la seconde, l'anti-thèse, l'ironie, la correclion, la prétérition, etc.l

Èo Bn développant ou en abrdgeanl, I'expression de l'idée:on la développe par toutes les variétés de I'amplifieation,périphrase, synonymie, gradation, pléonasme, répétioion;on I'abrége par la disjonction, l'ellipse, la syllepse, I'auaco-Iu[he;

5o Enfin, en changeant Ia forme de I'idée, et en substi[uanlir l'énonciation simple ou r'égulière l'interrogation, l'excla-rnation, I'apostrophe, l'hyperùate, la suspeùsion, e[c.

Ainsi, on pourrait ranger toutes les figures sous ciuq gran-des bannières que j'appellerai :

Trope et antithèse;Pléonasme et ellipse;

Mutation ou inversion.Avant d'entrer dans les détails, e[ sans vouloir, je lerépète, imposer mon systènre, je recommanderai seulemen[à celui qui étudie les ligures, d'abord, de ne point perdre davue dans son travail la division que je viens d'indiquer, d'envérifier I'exae[itude par I'exarnen des faits, et, à mesure quese présente un terme nouveau, de Ie ramener sous ce que

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j'ai appeld sa bannière I cette attention lui facilitera I'intelli-

g.n*ô'et le souvenir déchaque figur-e

Iensuite de mettre à

[art, d'un côtd, celles qui ne sontf selon Ia remarque.eonsi-gndé plus haul, que des idiotismes consacrés par l'usage,àle simples catae-hrèses, n'adntettant par conséqtrent.aucunprécepie, aucune modification r en- un m-ot, choses. de mé-hoire et de théorie: de I'autre, celles qui sont entièrementabandonndes au libre arbitre de l'écrivàin, et par là même

obligent le rhéteur à en régler-l'emploi, à en détcrminer les

limites, choses de réflexion-et de pratique.

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CTIAPII'RE XXII.

DES FICUREBO Ê FI@UN'EB DAN, RAPPBOCETTAENIf O'rOÉUE

SDMII.ABLIiS.

Nous avons établi que les figures de la prenrière crassdeonsistent dans des rapprocherÀents d'idées.' urres d,trlvenidonc 0ou[es de Ia c.gm\idra3sora; Ia comparais* o.t ie p",iuJtrable de toutes les.lo'nes de. rangage quà r'o" n[p*ti* rrnprr.!9,*nu"r" en.efret n'est autre àhôse'que

"opliiocherd,unel

tclee, pour Ia laire mieux saisir, uae au[re iddè'analogue à lalpremière. - -------o-|

ï:,a comparaison, nous I'avons prouvé, est dans no[re natt*e"lmars, pour qu'elle_ soit_littéraire, la rhdtorique pose certaiuei,

rordrrlons j -que les c_loses comparées aieàt entre elles unel1l9.1ogtr reelle ! qge I'écrivain connaisse parfaitement celle'qu'il compare et celle à lq{uelle il eompare, et rende les rap-ports saisissables à premièie vue; qu'il'évite drn. l,exprression

$: t,l::ff11i_sonies arnbiguitér, læ t*goàurs; I;i d;;;il;fi.^,1T_._o,lTences i gue Ia,comparaison eiiconserive I'objetjt'eclarrctsse, I'ayive en Ie doublant, comme une,eËfés.gp,grposée augmente

la chaleur et la soliditô db;; auæedtolfe.outre ces lois dictées par la raison, observez que Ia cor'-

naraison varic 5eloq les tèmps et les gônr.s diverË. ia poésies'en accommode mi.e.qx q'e'ra proseirdr"qod;-*ùx queI'histoire; Ie genre_didacfique n'e t. aéa.igil;*, iu .uitun.uacqurerr par ette plus dc netteté et, d'dnergic I les Essayistes

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501

anglais loont souvcnt employée avec un bonheur extrême Ichèz les poëtes et les orateurs, elle sera plus brillante et plusdlastiquc; chez les philosophes e[ les historiens, plus signi-ficativc et plus rigoureuse.

Dans la podsie $recque, les iddes rapprochées par la com-paraison ne cadrent souvent que doun s,eul côté; le reste estià comme ornemen[ au tableau, pour délasser I'esprit, pourvarier le ton. Ce sont ces compàràisons d,longue queue, rqtri,au xvtte siècle, faisaient tantrire 1lI. Perratllt, et que lll. Des-

préaux soutenait avec trop de raison pour qu'il efit besoin d'y-mettrede I'aigreur. Assurément, les guerriers cl'Homère se

précipitant en tumulte dans la plaiue ne ressemblent guère,si ce n'est par le nombre et le bruit, à un essaim de mouchesqui, dans un beau jour de printemps, fond sur une jatte delâit. Uais ce lil su{fit pour attaclter l'une à l'autre les deuximages, et ees échappdes sur le calme dc la natttre champêtre

rafraichissent l'âme fatiguée de luttes e[ de combats.PIus tard, on devint"plus sévèrc. Les comparaisons des

dcrivains latins sont déjh plus étroi[ement liées à leur sujet Iet les prosateurs, comme les poëtes des deux derniers sièclesde nofre filtérature, en présentent un grand nombre à la foisrishes et exactes, brillantes et correctes. On a souvent eitéles admilables comparaisons qui se rencontrenf dans nos

grands poëtes et nos grands orateurs. En voici une tirée d'unôuvrage didactique qui me semble bxcellente, et qui vienttout à fait, à propos dans un livre comme celui-ci. Contlillacveut faire sentii quelle fiarmonie et quelle variété amènedans un écrit cette étroite liaison des idées dont j'ai parléen traitant de la disposition. n Les rayons de lumière, dit-il,tombent sur les corps, et réflécbissent des uns sur les autres.

Par là les objets se renvoient mutuellenrentleurs eouleurs.

lI n'en est point qui n'emprunte des uuances, il n'en est pointqui n'en prête I et aucun d'eux, lorsqu'ils sont réunis, n'aexactenrent la coulcur qui lui serait propre, s'ils dtaielt sépa-rés., I)e ces reflets nait cette dégradat'ion de lurnière qui,dtun objet. à I'autre, conduit Ia vue par des passages imper-ceptibfes. Les couleurs se mêlent sàns se confondre I elles

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802 DE LE nuÉronrQUro

contrastent sans tlureté, elles s'adoucissont nnutucllemenIe

elles se donnent mutuellennent de l'r9clab, et [out t'ernbellit.L'art du peintre est de copier cetf,e harmonie. C'est ainçigue nos pensécs s'embellissènû rnutuellenren[1 aucune n'eÀtpar elle-rnêmc ce qu'elle est avec le secours de celles qui Iaprécèdent et qui la suivent. Il y a en quelque sorte entreelles dos reflets qui portent des nuances dc liunc sur l'autrelet chacune doit à celles qui I'approchent tout le charme deson coloris. L'ar[ de l'écrivain est de saisir cette harmonie :

il faut qu'on aperçoive dans son style ce ton qtri plait dansun beau tableau, )r

Aujourd'hui cnfin l'on demande encore mieux. La compa-raison ne doit plus être seulement jus[e et suivie, nous Iavoulons neuve, rapide et piquante. Tout a vieilli. L'habitudea affadi toutes ces similitudes tirdes de Ia mythologie, dusoleil et de Ia lune, des montagnes et des plaines, des lions

et des vâgues, des tenrples et des palais. Blles sont faites pourrelever lïdée, et ne servent souvent qu'à lui comrnuniquerleur vulgarité. Qui se les permet doit au moins les rajeunirsingulièrement par la forme. Mais si nous exigcons que lacomparaison soit imprdvue sans être tizawerassez développdcpour s'appliquer il I'idée par tous les points et en méme tempsassez précise pour lui donner plus de solideet de pénétnaut,

qu'en conclure?Qu'il faut ê[re sobre de comparaisonso pâtreque l'excellent dans Ie dilfisile est chose rare; qu?il rfuut,d'une part, dédaigner presque toujours ces similitudos telle-ment à portée qu'il suffit, dirait-on, de se baisser pour lesprendreo de l'autre, ne jamais courir après celles qui se déro-bent ou qu'on doit ehercher trop loin ('). ,

-- (r) Volci encore un précepl.e de détail parfaitoment iuelc, qne ie trouvo danr*'.lT;"<le comparer les obiets gue vous prétende4 faire valoir avec d'autres

objete de moindro împortance.'Âssimiler la 'tune À un fromage est unô assez I

pairvre invention. Que il'auterrrs tornbent daps cc défaut de convenaocç! - Nous voici dens IeJAlpes, Ies-nuages ee soulèvenln de-vasles comPagpes sPlls'raissento lo spectaelo csl, magnifiguo... Quel panorama! s'écrie-le Yoyag€ur. D

lr Yoilà comparer la lune avec un fromage. - < Get admirablo paysage praittout le presligC à'rua déeor d'opéra,.. r Àutre fromage; sottise la plus' granile

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Abrdgez la comparaison, retranchez-en les ternres solen-

nels quil'accompa$n ent, de m,êrne qae, ai,nst, comruer-tel-q.ue,s.ubstituez enfin aù sign-e de l'idée coniparée cclui de I'idéeh laquelle vous comfarez, et vous aruivez. au trope. Voiciune conrparaison : comme en creusant la pierre ou-le métaloo y grait des earactères qui deviennent înefraçables, ainsij'ai-eËerché à retenir vos paroles de maniôrc à nc plus lesôublier. - J'ai gravé vos paroles dans rnon e-sprit : voilà lotrope.

Qu'avonsJlousfait âans le trope? Après une_compa-

rniion mentale entre une idée et une autre, ei une fois.leuranalogie constatée, nous avons transporté ! fl première I'ex-pressi-on de la seconde. Aussi la meilleure définition du tropeôst encore celle de Quintilien : le trope consiste à transporterun mot ou une phrase de son sens propre dans_ un autre,pour donner plus de valeur au discours. L'étymologic es0 Ieïerbe grecr tiê"r, is tourne. Est-ce parce que l'rdée tourn'e,

en que'ique sorter- pour se présenter sous unc autrc faee ?est-ôe pârce que le-mot se déplace ettowrne ailleurs? On I'aoxpliqué des deux façons. , I _

'Dertous'les tropes, Ie plus fréquent, le plus richco Ie-tropeparioxcellence et dans lequel rentrent tous les.aut-res, c'est la'métaphore. ll y a métapliore, en efret, toutcs les fois que.r enwrtri d'une eo"mparaisoi m*nttle, on'empl-oie le signé d'une

-idée;pour exprimcr une autre idée, semblable ou analogue àcertains égards.-rriiToutes Ies parties du discours, substantif, adjectif, verbe,phrfioipe. adverbe mêmc" peuvent être prises dans un sens

-inOtnpnoiique. La métapLôre s'applique à tous les objets dela pensCe, physiques ou moraux, absl.raits ou soncrets, uatu'

et la plus commuo€ de toutes.Quelle

gtoirq pour le Créateur' d'avoir assez

Drôpremeot copté MM. Ciceri. Pbilastro et Cambon !. ' c Âssimiter ies prairies à des pièces tl'étoffe, les cieux ù rlu velours épinglé''les roouta8oes-ù dà'la broderie, c'est faire la part trop belle aur fabricants doLvon e! de Malines- 1t En'reo"uche, votts rapprochet'ez élégammeot d'arabesquer gotbiques ouvrées

.rà,itldl lgs plub merveilleu-sËs guipûres,--les

rlenteltes les plus délicates : les arlswïiænt êtie comparés entre dux] et c'est donner-uoo bauie opinion de la ûnesse

. it'lart;tr"sqeil cn'pierre, quc d'éveillor à ce propos l'irlée d'un tissu de lulle, ou'rf ua;desbiù piqdé ir l'eigïill€. D

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60e DE LA RaÉTonreun.

rels ou artiftciels, réels ou ir-naginaires. La mdtaphore est

partout : ici, tellement familière qu'elle se confonâ avea lelang_age-comûrun;- là, si neuve et s-i brillflnte qu'elle réveillepar Ie piquant et éblouit par l'éclat de ses trails. itlagicienneuniverselle, elle transforme, au gré de l'écrivain, tiut êtreet toute chose, et la nature'entière lui offre à prôfusion lesimages et les couleurs qui vivifient les idées.

Tantôù les êtres animés changent entre eux les signes quiles expriment.

-L'assassinemprunte au tigre son nom-eomme

ses mæurs, Fénelon et Bossuet ne son[ plus des orateursharmonieux ou sublimes, ce sont des c;'gnes ou des aigles:

Cas tigres à ces mots tombent à ses genoux...Le cygne dc Cqmbrai" l'u,igte brillani de illeaux...

Tantôt le mêmc échange a lieu entre les objet inanimds, phy-siques ou moraux:

Je nc sens plus le poârÀ. ni les glnces de l'âge.

Quelquefois on transportc l'expression d'une chose innnimCeà une chose animee :

tst de David éte'înt rallurna.lc flambeau,

et réeiproquement :

Le llot qui I'apportarecule tlpouuanté.

De Ià quatr_e espèces de mdtaphores, auxquellcs ou pourraiten ajouter d'autres et Ies subdiviser encorc. Ainsio la méta-phore est parfols élevée, en quelque sorte, à la seconde puis-Fance. Boiieau dit à Seignelay:

Tu soufires la louange adroite ot délicate,Dorrt la trop forte o.d6ur n'ébranle point lés sens ;.

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cnAP. xxfr, 505

et Yictor

lugo,

à propos de Napoldon :

ll a plncé si huut son aire impériale...-

Qu'est-ce quel'odeu,r il'une louonge, eI l'utre dc N-apolëon?Vous voyeàque les deux poël,cs laissent au lecteur Ie soin defaire mentalement entre la louange e[ l'encens, entre l{apo-ldon et I'aigle, une comparaison qui amène.la métaphor.g

elliptique, foui' ainsi dir'ô, qu'ils ont'employée-..Onconçoit

gu'une figure si infinie donne au style une éléganccr.un

"hurme,[ne énergie, une vivacité eitrêmc I mais.cn même

tcmps gue, par sa-vcrtu mêmer'elle prê0e singulièrernent à

I'abirs ei à tldm"etation. Aussi n'eir est-ilïucune sirr laquelle lesrhéteurs se soient plus longuement et plus utilement arrê[és.

. Il rrlsulte dc Ia déÊniti6n même dè la mdtaphore qu'elledoit être uraie, c'esi-à-dire fondée sur une ressenrblance

réelle et non poin0 dquivoque ou supposée; lumin9rcset ensorte quc cettè véritd et cette justesse de

-rapports-frappent

I'esprii à I'instant, et n'y laissèn[ jamais la uroinrlre arnbi-guiié 1 noble, qu'on ne Ia tire poinfd'objets bas, dégorÏtants,i-nconvenanÉ,

-defaçon à déparer le discours qu'elle doit

orner 1 natuieller {u"'elle ne tôit ni pdniblemen.t recherctrrée,ni muitipliée sans mesure et sans besoin l prëparé-e.r-quand

le terme substitué n'a pas une analogie assez sensible aveccelui qu'on nejette, qu'il soit amené par d'autres-qui ména-gen[ lâ transilion cntre l'expression propre- et l'expressionfrgurée 1 soutenwe enfin, c'est'ir-tlire que, si-la urétaphore se

piolonge, elle soit touj<lurs d'accord avec elle-même _et^que, ses termes ne ssrnblenl pas soexclure mutuellement. ,r ll f-aut,

dit Quinoilien, avoir soin d'être conséquent, et ne pas faire

ionlrne beaucoup de gens qui, aprôs avoir commencé parune leurpôtc, finisscn[ par un incendie ou une ruine I cc qui-es[ extrdmemen[ vicieux ('). r Condillac explique ce que c'cs[

(t) <t Multi autem quum inilittttt a tempeslate sunîpseruntr,jncendlo autruiio frniant; quæ e-stin"oos"q,reotia rerunt fæd-issima, u Quintilien prdvoyait'il doo'c las ouies de cr.étlrt éptiisées , le clmr tle I'E[a! ddpoulvu de, p_thtte, el_

aul,res nrétalrholes Ilus ou m,tlos lrurlerrrculaires, lncon'sèquentieU,fedissimrc?

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f06 DE LA nnÉTonreuc.

{!'une pétaphore prépayée, en_ci[ant matlame do Sévigné:

u Yous êtes bonne quand vous dites quo vous avez peui deshjaux esprits. Hélas ! si vous saviez c-ombien ils sont empê-chés de leur personne, et, eontbi,en ils sont petits de piès,vous les renrettriez bientôt à, hauteur d,'ufipui. ,' tloità,ajoute-t-il , ce que j'appelle une figure prépârée. En voici iau contraire, une tle ln Bruyère qui ne l'est pas. u On voilpeu d'esprits entièrement stupides j I'on en voit encore moins

qui soien[ sublimes et transcendants. Le commun des horu-mes naqe entre les deux extrdnrités. rr .Le mot naqer vientmal aprês- ces -deux classes d'esprits : cette figure avËit besoinu'Iiiltu.nï;;epæs

sonr inconr,esrables, er les grands mai-tres-les ont presrlle toujours religieusement suiiis; mais eiparfois ils les perrtnt de vue, ce sont leurs fautes même quela critique doit relever le plus

vivcment,puisque

leur supé-riorité rend leur exemple plus contagieux. C'est I'applicationdu mot de Salluéte: Iit riaæuma firtuna minwniâ lf,centiaest.

Tout Ie monde, par exemple, connait et admire le char-mant petit poëme de la f'ontaine, Philëmon et Bau,eis. Maisest-ce un- nrotif pour lui pardonner les ûgures qui déparentles premiers vers ?

Ni I'or ni la grandeur ne nous rendent heureuxlCes deux divinités n'accordent à nos væux

Que des bieus peu ccrtains,-gu'un_plaisir peu tranquille ;l)es soucis dévbrants c'est I'd-ternel-asile,Véritable vautour. que ls fils de JanetBeprésente, euchain'é sur son triste'sommet.

D'abordon ue se figure guèle l'or sous Ia forme d'uue divi-nité, comme la grandeur. Cer[ains obje[s sont si essen0ielle-

ment matériels qu'il es[ malaisé d'en arimettre la pensonni-fication ('). iltrais si I'or est une divinité, il ne 'peu.t êre

(t) Je ne sais si I'habitude rle persodni6cation et rl'allégorie, qui est Ia naturernênre de la fabld, a'a pas enlralnri parfois la Fontaine â-donnei la vie, lesenti,ment, juequ'aut nlæurs de la civilisalion à des êtros si essenticllement mqtériels

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cEÀp. xxtr. 607

immÉdiatoment après un asile, et à plus forte^raison , un

vautour. $traintenant, comment Prométhde, le fils de Japet,rêprésente-t-il un vautour ? Que Prométhée dévoié par unvaïtour soit l'emblème de l'lronrme arnbitieux et cupide, jele veux bien; mais que l'or soit tout à la fois une divinité,un asile et un vautoùr reprësenté par Prontéthée ! c'est toutautre ehose. Rapportela-tlon éternel asile à btens et.pl-aisîr ?

il y a ambiguîté, eb de toute.façon la fin de.la période sera

viéieuse. Eiponntant la Fontaine avaitassurément Iu-

Quinti-lien, il en raffolait même à eertaine époque, comme il raffolade Platon et de Baruch.

J'en dirai autant de Lamar[ine. Assurénient, il y a dans lespoésies de l,amartine de riches c[ brillantes descriptions, des

ianations buaves e[ totrchântes, des morceaux lyriques aussiirrtéprochables qu'élevés, mais, en même te+Pl il s'y trouvedes bassages, eÇ entre autrcs, une, certaine dédicace à llîariuAnria Elzlsa où s'accumulent les métaphores les plus fausseset les plus incohérenteÈ que l'on puisse rcncontrer :

Doux nom de mon bonheurr si je pouvais inscrire

0'est le tien que'mon c<nur écrirait avanf moi,Ce nom où vil ma vie et gui double mon âme IIlais Rour lui conserver sir chaste ombre de fémrnco

Je ne l'écrirais que pour toi.

Lit d'ombrage et de fleurso où lbnde de ma vieCoule seerètément, coule à demi iarie,Dont les bords trod souvent sont attristés par moi,Si quelque pan dri ciel par moment sny drivoile,Si ôuelôue

-flot ychante en roulant uneétoile,'Quô ce muimure monte à toi I

st pdssilÉ, qne Dous faisons de vaios efforts pour noue préter à l'illusion. Jc meraËpelle ui buisson qui établit une maison de commerce en 'société avec unceiird; ce Luissoo a ôes comptoirso des cornmis, des vaisseaur qui lui r-appor-tëot des denrées cotoniales. Àilleurs, c'est un cierge gui, envieur d'une.brique'nrétend. comme elle, rlurcir au feu, sur co, quitte son chandelier' e1t noatsel'EmpédnCle, s6préciplte dans uu brasier. Tout cela oe vous semble-t-il pûs un

- perfForcé. et vdos fifrurez-vous bien ncttement l'élan tlu cierge et les lettres de

âhào=" du buisson nEqociant. qui fait falllite et est prét à porter le bonnel oerl?II est"dimcilU de mettie sur un buissoo un bounet tle qucique cotrlour qu'rl sr.riL.

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508 DE LÂ RuÉronrqrto.

Abri dans Ia tourmenteo où I'arbre du poëteSous unciel déià sombie obscurément végèten

Et d'où la sdve"monte et coule encore eû moriSi qrrelque vert débris de ma pâle couronneRelieurit aux rameaux et tombe aux vents d'automne,

Que ces feuilles tombent sur toi !

Je conçois que, si la femme aimée vous rend parfaitemenlheureux, vous puissiez dire que son nom est celui de votr€

bonheur I mais ce queje

ne eonçois pas, Cest que votre cæurdcrive e,ua,nt uous le chiffre de ce norn, et que yous pré[endiezconserver à ce chiffre ou à ce nom une ch,aste ombre de femme.Je conçois que la femme dans laquelle vous avez mis toutevotre existence soit le lit orï coule le fleuve de vofre vie I maisje ne conçois pas ce que c'est qu'un ltt il'ombrage, je ne con-cois pas que, si Ie flot de votre vie y chante en roulant unedtoile

lun flotqui, ch,ante en roulant une étoile!), le murmure

de ce flot puisse montsr au, Iit du fleuve. Je conçois que cettefemme, nom de bonheur e[ lit d'ombrage, puisse encore êtroI'abri so-?rs lequel végète le poëte, ou, puisque vous le préfé:rezrl'arbre dw poëte; mais je ne conçois pas que jamais la sévepuisse rnonter de I'abri pour couler en I'arbre, je ne conçoispas qre les feuilles aertes qu,i refleurtssent aux rameaux tom-bent, e[ tombent sur I'abri,.

Et qu'on ne dise pas que soumottre Ia poésic à un si mintr-tieux exâmcn? c'est glacer l'imaginatiou, froisser les ailcs dupoë[e entre les gros doigts de l'analyse, ,1',,i

Et lrasarder la muse à sécher cle langueurt '

,,

':

Non, mille fois non; je soutiens qunavec du travail on peut

être dlégant, brillant, hardi, témdraire même, sâns cess€rd'être correc[ et sensé; que tous les vrais poëtes de tous lesâges, et eutre au[res lTI. de Larnartine lui-même, I'ont prouvésurlbondamment, ct que la source de ces non-sens n'est niI'ignorance, ni I'impuissance, mais Ic dédain pour les r'èglos;ict sur'tout la précipitation paresseuse qui saerifie porfois lebien fairo au besoin de faire vitc.

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GHAP. XXlt. 509

Deux siècles se sont moquds dc Benserade pour avoir dit

à. propos du déluge dans sei Métamorph,oses d,'Ovide en ron-de.aun:

Dieu lava bien la tête à son image,

traduction libre de Tertullien qui appelait le déluge Ia lessivegénérale,!" Jr nature, diluuium,, inwræ generaîe linï,uùrm.

Ce style de buanderie me rappelle ItI. Auguste Barbier I

l! oft, il est sur lerre une infernale cuve,Orr la nomme Paris; c',ef t urre large étrrvé,Une fosse dc-pierre aux imrncnses contoursoQu'une eau jàune et terreuse enferme à triiltes tours :C'est un volean fumcux et touiours en halèiueQui remue à longs flots de la mïtière humaine... etc.

Tout cela fail bondir Ie cæur, et je pourrais citer dansSI. Barbier.plusieurs passages de'ce gdnré, sans même parlerde ceux où rI pousse jusqu'au cynisme le plus effronté.1ïI. Bar-bierr qui,voulut clépa_sser Juvdnal en hyperboles et en cruditéd'expression, est-un homme d'un talent remarquable, mais ila dans ses vers, Ic même défaut que Timon ltthdni'en dans

sa prose. -fi g"l deux écrivains olnt infiniment d,esprit, deverve.et d'origin_alité de style, ce son[ bien, d,autre fart, tesplus étranges -fabricateurs de figules trivialcs que Ë Franceait produits. C'es[ dans le Li,vre d,7s CIrateurs qu'ôn trouve queIes orateurs pathétiques ( doi,vent tenir. I'assbmblée dans znélat de rnoùteur et d,e peau, assoupliel rr Quc le style de ltr. deKératry rr n'est pas sairs une sortë d,ùnsuifl,ation chhafte, mais

ëchaulfhnte, u ô[c., etc.L'aul,eur da Chemi,n de truuerse sait, aussi bien que tousces messieurs, et il I'a mon[ré daus bien des pase$ excôilentes,quela m.étaphore est ddfectueuse quand elle esï forcée, quandl'analogie en!.r-c les idées comparées n'est ni assez naiu'relle,ni assez seusible, et cepenrlantll a ésrit : u On voyait au bouldu jardin, dunc o7 auuit I'air tl'être le dogu,e lidèier le Rhône

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5{0 DE LA nUETOBIQUE.

qui se dérouhit en aboyant... le Rhône a une grande voit

êt,Jc grantls bras, il eit limpide, il étineclle , il marehe à'grandà pas, touionïs er?, poste, faisant claqu-er son, -fouetconune un qentî,lltotnme en u&cûnces f... " Le Chemin, dc tra.aerse est efi partie dans cc gorï[. Mais le sublime, le nec pIuBu,ltru du genrc, s'est undes"cr![iques de notre siêcle dont lesr

excenûrieités métaphoriques rempliraient des volumes. Jdn'en citerai qu'un exemple. Il s'agit de prouver Ia supérioritd

du stylede

ilI.[,éon Gozlan sur eelui de MM. les vaudevi'lJ

listes"en général. a A la représentation de cet[e pièce (TroisRois et ttni,s Dames)on épr-ouvait, ditle critique, des voluptésde syntaxe à écouter ces phrascs bien assises sur leurs han-ches, cheminant dnune allure preste sans chopperr sans s€

prendre les jambes dans les plis de.lqurs robes,'sans piquelh,, o*r en [Ërre, au lieu deË périodeb bancales', des afrrtuxtortillards enchevêtranl, Ieurs pivots de mandragore, qui se

démènent hideusement dans le style de ces messieurs; ,r Icjil n'y a plus rien à souligner. Il faudrait des italiques d'uitbout à I'autre. "r l

Encore quelques observa[ions. Evitez avec soiu dans vôsrnétaphores l'anachronismo et I'abus des mots techniques.

'rJ'appelle o nachronisrre I'application à un siècle d'une imngd

qui sê rattache rux idécs d'un autre siècle. Traitez-vorrs, da

liautiquité ou du moyen âge, arrière, je vous prie, toute rnéjtaphoi'e tiréc de la poudrè à canon, et à plus {brte raison du

"oion-po,,dre, de ia vtp.or, du frogrè's des- lumières; du

gouvefnement constitutionnel ou du télégtaphe éleat'riqueri{e parlez pas d'un sourire stëriotypé sur les lèvres de l}iantde boitieri, ni de lu sdlh,oueffie âe "tienri IV, etc. ..',' .,,r ,it:l

La sciencc beaucoup plus répandue de nos jours, I,esidéj

couvertes enLrées rapidènren[ dans Ie dornaine public onlenrichi la langue d'une foule de métaphores_dontr les'ésrilyains des deux derniers siècles, les eussent'ils counugsi .s(

seraien[ soigneusernent gardds r parce qu_e_ leurs lecJeuns rnt

les auraient-poin[ compiises, et qu'en-définitive, il 4qtaupas lioublierfle pnemier mérite, quand on parler'os[ -d'êt'n

ênteudu. Nntts pbuvons nous fermetl,r'c benucoup plus sout

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caap. xxlt. 3llce-rapporgl n'allez point cependant amonceler dans un ou-vragc d'imagination toutes Iès

bribes technologiques d'archi-tecture, de peinture, de chimie ou de botaniquê, gue vousaurez ramassées dans les cours de Ia faeultd od aand te feuil-letou de la veille. \'_rn usez que d'urgenee, à longs intervalles,sans afldte_rie ni pé,dan[ismel et la clarté éauve."Ayez surtoutau moins les premières notions de Ia science à lafiuelle vousempnrn[ez vos métaphores. On a blâmé Ie vers de i.-8. Rous-seau:

Et les jeunes zéphyrs de leurs chaudes haleinesOnI fonl,u lréCorce des eaux I

ear si Ia glace qui eouvre Ia surfaee de I'eau peut jusqu'à urrcertain point se coml)arer à une écorce, on 3e figùre mal dclldcorce fondue comrne du métal. ÛIais que dira-tlon de deuxe_xemples cités par $I. Wey ? I'un est-d,un romancier nro-derne qui, dddian[ son livre à un peintre, et voulan0 lui fuircsentir que tous deux contribuenl, à-propn$er les mêmes idées,chacun dans son genre, s'exprime âinsi:-u vous et moi, I,r.rnavee son pinceau, I'autre avec sa plume, nous suivons-deuxlignes purullèles, qui aboati,ssent au même poi,nt,:, Roman-cier, mon ami, accordez-vous avec [I. Leeendre qui dit au

$. xn :- u Deux lignes sont dites parallèles, lo-rsqu,étairt situdesdnns le même plan, elles ne_^péuven[ se rencoitrcr d,quelquedistance qu,?onles Ttrolonge I'ane et I'autre, r, L'autre ést diuncritiquo qui, disjertant str les comédiesde tllolière, compareAgnès. r à cette leur exoti que,qqi, se dëuelopqtc enun moment,et qu'un jardinier mal avisé'a mise soui eloche. Un beaujour, fa fleur fait_éclater sa prison d,e qserre, sous les yeux

de sou gardien.--n-Connaissez-ious aucune fleur, même exo-tique, qui possède eette merveilleuse propriété, et aucunjardinier, bien ou mal avisé, qui ait jarirai6 éprorivé pareillcd.éconvenue ?

.,Le poë|,e, le romancier, Ie critique nc sonl, point, sans

doute, de.s-savants de profeision, maiS qui les obli$c de frarlerda ce qu'ils ignorent? Je ne leur par-donne gu{rne Ëspèce

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5t2

d'erreurs scien[ifiques, eelles que consaere la fable ou lipréjug( populaire; car eux auÀsi sont du peuple.

Ainsi, Ie!naturalisles ont beau se rdcrier, je n'interdirai à- Ia métaphordni le laurier bravant la foudre, ni les larmes du crocôdilc,ni le chant {q cygne, ni loaiguillon à la gueuc du serpent, nil'influence léthifère du manlenillier, 91!. .lgrso-nne ne. cioi!assurément qu'une rivière, une fois mêlée à I'Océan, pulsse Ti

conserver la douecur et Ia limpidité de ses eaux; mais ddgque lu fgble a doué Ia fontains Aréthuse rle ce piivildge, ilest-permis à Yoltgire,de dire à propos de llornaj,, restd furet intègre au milieu de la corruption des cours :' '

Belle Ardthuse, ainsi ton onrle fortrrnéoRoulc au sein furieux d'Arnphitrite dtoundeUn cristal touiours pur ct dbs flots touiours clairsQue jrmais rrË corro'mpt I'amertume dËs mers.

Si la mdtaphore est une comparaison abrégderl'.allégorie,es[ une mCtaphore continuée. Il fut un [emps ori I'allcgorieétait de mode par toute l'Europe. Toute doctrine religieuse,morale, scientifique, politique, le drame comme le sermon,la thèse comme la poésie, sc pnlsentrien[ alors sous formede parabole. On avait des songes, d,es d,octrïnals, des nefs,

des ttergters, des danses, sans parler des vingt-cinq millevers du Roman d,e Ia Rose, ou du Roman du Renard,, donlles diverses branches en eomptent, près de quutre-vingt mille,Boileau a faitl'histoire duburlesquerla mode de son tcml;s;s'il erit traité du moycn âge, il auiait écrit celle de l'alldgorie.Elle se prolongea jusqu'à Ia fin du xvru siècle I Ia monstrueuseépopée de Rabelais n'est pas autre chose, et tous cn dtaient, si

bien persuadés gue les annotateurs sont tombes dans les bé-vues les plus boufronnes, en s'obstinant à ramener à l'allé-gorie les passages mêmcs'où I'écrivain, Iaissant là Ie doubiesens, s'abandonne à tous les dgaremcnts de la fantaisie. Il ya mieux : on a vu plus tard le Tasse, I'auteur de l'Astrée,Chapelain et Coras, les meilleurs comme les pires, se eroireobligés, pour assurer le snccès de leurs livres; de supposer

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cEtAP. XXil. al c)

I'alldgorie lh où elle n'était point, et s'en servir eomme d'un

passe-port utile à Ia circulation.II va de soi quoil ne s'agit pas iei des allégories de cet[eespèee, pas plus quc de l'apologue ou dc la fablel ce sont Iàdes genres dc composition et non des ligur.es de stylc. L'allé-gorie dont je veux parler n'est qu'un dérail jeté dans unpoëme ou dans quelquc autre ouyrage, unc image vivc e[diaphane dont on revêt une pensde, soi[ pour l'emhellir et Iarendre plus sensible, soit pour présenter aycc ménagernentguelque vdrité utile, mais sdvère. Loesprit charmd s'arrêled'abord à la surface I mais pour peu que I'allégorie ait la jus-tcsso c[ la transparence exigdes, il pénètre bientôt plus avante[ saisit ehaque rappor[ entre la pensée e[ l'image. Au pre-mier rang des allégories classiques, je trouve les Pra?res etla Ceintu,r'e d,e'Vënus dans Homère, la Renommëe de Virgile,la lllollesse da Lutraz; ailleursle Fanattsmerle Temps,lcSomuteil, cte,

Souvent loallégorie rernplit à elle scule une petite piècc toutentièrc cle prose ou dc poésie. Ainsi lcs jolis vers de madameDeshoulières à ses enfants,

Darrs ees prés fleurisQrr'arrose' la $eino...n

ce qnoelle a fait de mieux, à mon goût. Ainsi, dans les Mëili-tations sur l'Iiuangile de Bossuef, le cheval clonrpté pan leeavalier, qui repnisente si bien le chrétien sous la main deDieu, e[ dans les Sermons, cette magnifique image de la viehumaine, donl, on peut rapprocher, le style de Bossue[ àpil[ r un passage ingénieui des Inducti,ons morules et plry-siolagiques de llt. de Kératry, où le monde est un palais dontIe maitre invisible accueille des voyageurs qu'y conduit unpouvoir inconnu. Àinsi, avant tout, la belle ode d'Ilorace :

io''iii;::::frrcnt ïn mare tc novî

le chcf-d'æuwe peut:-étre cles allégories. Comme tout y cst, à

9,7

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51,& DE LÂ RBdTOnIQUE.

la fois juste et poétiquu ! ,o**, chaque mot s,applique biene'! au.

,vaisseauqrri veut afrronter enc-ore

Ia tem'pêtel et à tdrépublique que menacent de nouvelles guerres civilei ! com.lparez à cette admirablo-allégorie des ftorceaux de quelquevaleur, sans doute-, pals _qul sont loin de cette periecdôn,par exernple, le palais ttre l'Amoar dans lu lfienrtàtle,

Sur les bords fortunds de I'antique ldalie..,

et vous comprendrez mieux l'incontestable snpérioritd d'[Io-race.

. Qqelqqe_s .rhéteurs distinguent, l'allëqorisme de l,allëqo-rie. [a d!frdrence, selon eu], Cest que", dans I'allégoriei Iedouble-.sens, littéral et_métaphoriquô, ée poursuit iusqu aubout; l'image., quoiqu'elle ne-serve réettem'enI qu,à ënoôtop-p_cT u,nj pensée, a cependant,

en quelque sorte, ia vie proprect indépendante. Je puis, dans.Iloracle , ne voir que lô'vdis-s-eau-, la description en est exaete et eomplète I è'est la ré-fl.exion

_q-ui-p"- fait pénétrer au delà et mô mont*e la répu-blique. L'allégorismè, au_contrairer_ne prdsente qu,un objet,sous un nom emprunté. Par exemple, quand Mithridateveutplouver que, s'opposant scul aux invasions des Romains, sonsalut estnécessaire à tous les peuples :

lls savent gue, sur eux prêt à se ddborder.9e torrent, soil m'eutraîireo ira tout, inonder.Et vous les verrez- tous, prévenant son ravage,Guider daus l'ltalie ou Suivre mon passage.

Évidemment le sens figuré me frapp'e à l,instant, et je ne

puis distinguer ce- to_rrent du peuple r-omain Mais irourquoialo!: a(,Lëgork.tne ? N'est-cc pls là une vraie mdtaphôre ?-

. { pl est qui appe leut rnythologùsmeles ailégorics tirdes dela fable païenne I mais dohne-t-ôn un nom s[eciat. à cellesque fourhissent. i'Écriture sainte, l'histoirc iotur".tte, Iessciences, la sociétd, etc.?

J'en dirai autant dc deux figures que quclques rhétcurs

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CEAP. XXII. 515

regardent comme des subdivisions de la mrltaphore ou tle

fallégorie, ce sont la personnificatdon et la sæbTecttlîcation.Ce dernier mot est une création de ftI. Fontanier. La person-nificati,on, disenù-ils, eonsiste à faire d'un être absirait unètre réel par une simple fqçon de parler, par une fiction

i toute aerba.le, en guelque sorte; et la subjeeti,ficatîon, à direi d'une partie ou d'un attribut, de l'individu ee qrri ne peut

s'entenclre que de l'individu lui-mem.e.

Exemples donnés par M. Fontauier : Personnifications :

Argos vous tcnd, Ies bras, et Sparte vous appelle...On sait gue sur le trône une b'r"isue insolmteVeut plater Aricie et,le sanq de"Pallante...Quel êst ce glaive eufiu qui lraarche dcvant cux ?...Le chagrin rnonte en croupc et galope avec lui...Les vainqueurs ont parlé, l'esclatage en sileneeObéità kiur voix, dâns côtte ville immcnse...

- Subjectifications :

Quand tos bras combattront frour son temple atlaqudoPar tros l,arm.es du moins il pèut être invoqud...Le silence de Phèdre épargric lo coupable...

Eh bien ! analysez ces divers exemples et, les passages ana-loguesr-et il vous sera aisé de voirqu'ils reDtrrcnt, ioit dansla métaphore, soit dans la métonymie ou Ia synecdoque dontnous allbns traiter. J'aimerais r,rico* r.attacËer à l'ailégorie,la prosoytopde qui n'en est le plus souvent qu'un dévelôppe-ment, comme je I'ai dit, plus haut.

Quard _l'allégorie peu[ se peindre, elle prend souvent Ie

nom d'emblème. Rernarquez, en passant, que Voltaire et aprèslui le D"Blair ont affirmé que toute métaphore doit nécessai-re'ment offrir une image sensible, que le crâyon même ou lepinoeau puisse figurer à l'æil. Le eiitique elément, M. Fon-lanier et moi, nous ne somnles pas de cet avis. Bien des mé-taphores tirées de lbuïe, de I'odorat, du gorit, des êtresinauimés et abstraits, ne peuvent se peindre, ct n'en sont

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5!6 DD LA RuÉronteu',

pas moins_{es métqf!''ores. Les exernples en sont innombra_

bles dans Yoltaire lui-même.L'allusi,on est aussi-une espèced,allégorie ou de métaphore,L'écrivain,

1.p"opor_d'u_ne idée, en réîeiile tout à coup uneautre dans I'esprit du lccteur, et cet autre est un fait hism-rique, une fiction rrythologique, une opinion en yogue, unpaqgagg connu_ de quelque-écrivain, c'ést ce qu'on-apfellel'alluston rëelle; ou bieir, il emploie à dessein un mot sus-

g.e41ibted'un

_sens diffdrént de ielui qu,il lui donne, e,estI'all,usion uerbale; et dans tous les caî ce rapprochemen[ina[tendu ajoute de l'énergiè, du piquant, de la iouveauté àsa penséo ou à son expression. Les auteurs qui joignent I'es-prit de comparaison à-lrcaucoup d'ohservatiôns ït ie lecturesabondent en allusions..Montnigne en cst plein, sans parlermême des citations positives, {u'il sait fonire si hahitômentdans son texte. MiraÈeau, menaôé par lcs tribunes de l'assem-blée, s'dcrie : u Je n'avais pas beôoin de ce0te leçon pour sa-voir qu'il n'y a qu'un pas dù Capitole à la roche Târpéienne. nEt dans un do ses admirables diicours aux états de brovence:a A.insipérit le.dernier des Gracques de la main des patri-cieis; mais qglsi.t d'un_coup morttl, il lança de la pouisièrevers le ciel en attestant les Dieux yetrgeûrsr'et de ceite pous-sière- naquit lllarius, lTlarius ! moins g"rand pour avoir exter-miné les cimbres que pour avoir abittu daïs Rome l'aristo-oratie de la noblesse. Ir Vo.yez Rousseau dans !,Emile, [,anécessité d'endurcir de bonnê heure l'enfance à Ia fatigue tuirappelle Achille plongé dans Ie Sbyx; celle de la euéiir desteyeu-rs pur'riles, le peti[ Astyanai riui, à la vueîu cimierétincelant d'Hec[or, se rejetté en pleurint sur le sein de sanounice. veut-il peindre lôs orageides passions qui grondent

dâns te cqgr du Jeune hornme, à I'approche de Ia puberté,.,Ulysse, s'écrie-t-il, ô sage [ilysie, prèuds gartle à toi; Ies oujtres qu.e.tu fermais avee lant ile sdin sont o-uvertes ; Iés ventssot_t déjà déchaînés; ne qui[te plus un monent lô gouver-nail, ou tout est perdu. u-Bt dans son-cinquième livr:e, quelcharme n'ajou[e pas I'allusion au tableau de Ia viçite'desophie dans l'atel-ier du rirenuisier où travailre Eurile? * La

DD LA nuÉronrquo,

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folâtre essaye même doimiter Emile. De sa blanche et débile

main elle pousse un rabo[ sur la planche, le rabot glisse etno mord point. Je erois voir I'Amour dans les airs rire etbattre des ailes; je cr"ois I'entendre pousser des cris d'alld-gresse et dire z Eercu.Ie est aengé ! n

Souvent, par I'qllusion, le liersonnage mis en seène rap-lle à son insu aux lecteurs un fait gu'ils connaissent, maiselle à son insu aux lecteurs un fait q issent, mais

rment où seuquel ils ne sougeaient pas, parceuquel ils ne sougeaient pas, parce gue, au moment

pûsse l'action, ce fait est eocore dans l'avenir.Enfantso qinsi .toujours puissioz-vous être unis,

dit Joad à Joas et à Zacharie, que désuniront plus tard leshaines religieuses I et dans la Henriaile :

Ton roi, icunc Biron, te sauve enfin lo vieoTu vis !... souge du ruoins à lui roster fidèlc !...

L'allusion ddfraye une partie des devises, des inseriptions,dcs épigraplres, des épitaphes nrêlre, Ab utto d,tsce omnes :voilà l'dpigraphe du lVIanuel ilu libraire de Brunet. M. Le-maire songeait aux nymphes d'Ovide guand il préparait les

cent tinqu"ante volumËs de sa Co\Iectioù des classiqties latins,uniformes par Ie caractère et Ie format, variés par les corl-mentaires confiés à diverses mains.

... Facies non omnîbus unaNec tliuersq tumen...

Une mèr"e désespérde écrit sur la tombs de son enfant lenrot fatal de la Bi6le : Et noluit consolq,ri,; une mère rési-gnée, le mot consolant de l'Evangile : Jarlssez aeni.r dt m,oi lespetits enfanl,s. On voit bien, dirait Jean Jacques, que ce n'estpas I'académie dcs inseriptions qui a fait celles-là.' Remarquez que I'allusibn rdelie doit rnppeler des faifs; desidées, des opinions, des mots généralement conrtqsr et appar'-

27'

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5rB DE LÀ ntrÉTOnrQUE.

tenant en quelque sorte au domaine public. Dès qu'elle réclame

un commentaire, une note explicative, elle est ddfectueuse;c'est là levice radical de certains ouvrages écrits du point devue d'une soeiété ou d'une coterie. Chacun, à charg,e de re-vanche, bien entendu, y fait allusion à une foule de bellespensées et de ûnes reparties profondément ignorées de toutce qui viû et se noeut en dehors de la coterie. Ces écrivainsont aussi tout un système d'allusî,ons aerbales, qui n'est pas

moins déplacé. Il en est de leurs plaisanteries comme desromans allésoriaues et de eertains livres sur les mæurs etcaractères; floor tæ pénétrer, il faut avoir la clef. Cçci re-tombe dans les jargons de société dont j'ai parlé plus haut.

L'allusion verbaleo en efret, n'est à proprementparler qu'unjeu de mots, uneéquivoque fondée sur une expression suscep-tible d'un double sens.'( De quelle langue voulez-vous vous

servir avec moi? dit Pancrace à Sganarelle. -Eh, parbleu !delalangucque j'ai dans ma bouche. u Deux seigneurs, dontI'un perilait et I'autre gagnait chaque jour dans la favcur duprince, se rencontrent lhee à face sur les escaliers du palais :

_,, Quoi de neuf ? demande l'un. - Ri_en, répondl'autre, sinonque vous montez et que je ilescend,s. u Les auteurs tAno,attribueut à Molière un mot qu'il n'a probablement jamaisprononcd, mais qui rentre parfaitement dans les allusionsverbales : u Messieurs, aurait-il dit un jour à son public, nousvous avions.promis Tartufe pour demain I nous regre[tonsd'être forcés de vous manquer de parole I monsieùr le pre-mier président ne veut pas qu'on /e joue. u

On peut placer parrni les allusions verbales la figure nom-mée par les rhéteurc syllepse oratoi,re, pour Ia dis[inguer dela syllepse grammaticale,. dont il sera Lrientôt ques[ion. La

syllepse oratoire, en efret, consiste à prendre un mot dansles dèux sens, au propre et au figuré, dansune même phrase.Sertorius veu0 dire que les ventus romaines, l'esprit romain,Ia pensée puissante qui donne à Rorne la vie et la gloiret-n'est plus dans les rnurailles même de Rorne, mais dans soncamp :

Rune n'csl plus dans Rôme, elle est toute où je suis.

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OEnonc dit à Pbèdre qu'un père, même dans ses rigueurs,

ne ddpouille pas tout sen[iment de tendresse paternelle :

Un père en punissant, matlame, eet toujourspèr'e.

Cette fgure est fréquente, mais défiez-vous-en Elle rappro-che sowcnt à I'aide d'un mot des idées complétement dispa-rates. et eourt risgue de tomber alors dans des allusions ver-

bales'qu'un goùt djfficile n'approuve pas toujours. Je n'airneuas Pvrrhus" réunissant danà'le mêuie vers"l'incendie tiès-irosifif de Troie et lesflammes métaphoriques de son amour :

Brû,ld de plus de fewæ que je nnen allumai I

et ee n'est quoà la brusquerie comique du Misanthrope que je

passe sa syllepse à l'atlrcsse de Philinl,e :

' La chutaen est j"li.,:i;iÏ;r., admirable !

ALCESlE.

La ueste de ta chute. empoisonneur au diable !

En âusscs-tu fait un'c à tb casser le nez.

Tout le mér'ite de ees phrases et des allusions verbales, engdndial, es[ dans l'heureux emploi du mo$ à double euten0e Ilresprit sourit à ces jeux que la raison ne désavoue pas, qriandle seus du-mot se trouve égalernent juste dans les deuxaceeptions, et qu'ils sont d'ailleurs dans le ton de l'ouwuge.

Boilcau lui-même n'a-t-il pas dit:

Ce n'est Das guelquefois qu'une muse un peu fiueSur un niot, ôn prissant, rie joue et no badine IEt d'un scns détourné n'alruse avec succès :Slais fuyez sur cc point un ridicule excès.'.Î

Je passerai dons de loin cn loin unc allusion verbale fine-

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520 DE ra nn!:ronlQug.

ment touchée, e.omme j'applaudis à la parodie spiri[uelle de

quelque gr.and écrivain I mais quan_t aux centonl: lux paro-nolnases ('), aux Ttointes, aux quolibets, aux calembours, onne trouvera pfls mauvais qne Ia rhétorique s'abstienne de lesranger parmi les sujets dont elle s'occupe.

J'airne mieux ternriner ce chapitre en rec(,mmandant vive.r_nenl à Ia jcuuesse de se garder-avcc un religieux scrupulede tout jeu dc uo[s obscène, tle [oute équivoque graveleuseou même iuconvenante. Sans

vouloir assurément faire de nosjeunes auteurs les émules des prdeieuses, je n'aime pas voirun homnoe sdrieux prêter, même par inadvertanôe, auxépaisses gaillardises de quelques boulfons. Tout le mondesail que Cicéron ne dédaignait pas le mot pour rire, car sonaffranchi Tiron, ou quelque au[re, avaitpirblié troisvolumesde ses bons nro[s et rpparties facétierrses. Eh bien, il recom-mande d'éviter même la rencontre des syllabes qui, par lenrréunion, pourr_aient réveiller des idées déshonnêt es 1-qaï,a, sidta diceretur, obwænius concu,rrerent litteræ.

Ori s'est faiL-une fausse idde du latin sous ce rapport. Parceque plusieurs modernes orrt dit en lalin des impertinencesqu'ils n'auraien[ osé dire en françnis, oD s'es[ imagiué quec-'était Ià Ie génie de la langue larine, et on a pris à"la let'treIe vers de Boileau :

Le lltin daus les mots' brare l'bonnôte[d.

C'est un préjugé. Tous les rhéteurs latins, Cicéron, Varron,Quiutilien, font une loi impérieuse de la plus sévère décencedans les parolcs, comme dans la condui[e. Quintilien va siloin qu'il ne veut pas nrêrne développer. ce point. Il est, selon

(t) Centons. Pièce de poésie, plus ou moins longuc, composée de vels oufragmeots de vers pris dô quelguï auteur célèhre, riais détor,inés de leur sensprinritil.'- Pcironomase. Figure qui consiste à emplover dans une même pbrase, en lesl'aisanL cootrasler, des mots dont le son est ù peu près sernblable, mais le sensrliferent. Son rime se remplit <l'erreurs et de teireuis I amantel, antentes; ùuml,ario, Perco; traduttore, ttnd,itore, elc.

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Iul, dê ile.purléur ramaine, rcmarquez I'expression ! de ne

_ r€tomurander l'honnêteté du langage gue par le silencc t Egoromani pudoris m,ore' contentusTerecimiltam sLentio uiniit-cuôo: Prôndre pour type des mæurs antiques Martihl, Juvénal,

tEaP. xxll.

nôtres d'apres Parny, Pir,on, ou lespprécien lesdes'roman-

ciers de là,R.égeuce èt de nolge qièe-ler De tout t-€.Fps l'éctt-vain qul s'est respecté lui:mêhe a respecté Ia désende. Toute

slluslon ihconvenante répugne à sa dignité, [[ rougirait, s'illui était anrivé, même à son insuo d'exciter un nire indécent,La chasteté nahrelle dans Io langagaannonco fhonme biendlevé et de bon Eoût. comme In chusteté volontaire dans lesolontaire dans les.levé et de bon gott, comme Intæurs indique,la puigsmge'et I'dnergie dq tralent, '

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CIIAPITRE XXIII.

DE8 DIOUBDS. _ TEOD'ES D'INIZENTIOil rr ïN,OPUS D'ÛgAGg.

I

Nous avons fait obs_ervgr que certaines ûgures enurent tcllc]utent dans les habitu_des du âiscour., rpp.*ii.nnent si intime.ment au gdnie de la langue, que le rLéiËur n'a presque rien â

qrre sur leur emploi,et qu'il su{fit de les énôneer et de lerdélinir. ce sont celles que Pabbc de Radonvilliers (,) appellr

tropes l,-'usage or de- l.a lanqu,e, pour les distiirÉo,ir ael

!yy? d,jtwry,tion otd,e L'éwiuain, dont le mouvcm"ent plurlibre, a, besoin par Ià même d'être guidé dans sa routè elmodéré dans ses écarts.- il n'y a nùl mdrite, sans doute,rnais aussi nulle chance d'erreur, dans lemploi'de ces formetconsacréesr,aussi vieilles, semblé-t-il, que ie français nnême,

dont tout le rnonde use, salls y son$er, en parlant ou enécrivantr-et qui n'en. soni pourtdnt pai moins'des 1igures :tl es[ enfiamnté de co.rrouxl lisez ctcéronr. donnez-irtoiunpet0t uerre ; clt'euauclter sur un bâton, ctc. siais quantl ltacinetlit :

:

Quel est ce glaùue euliu qui marche devant eux;

quand corneille crde I'expression que nous ayons drljà remar"quée: -'-"---

Et tous trois à I'envi snempressaient ardemment i .'.

A qui iléuorerarI ce règne'd'un moment ; :,

(r) Traitë de Ia maniëre d.,apptrendre les langaes,paris, r76g, in-rr.

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CEAP. XXilr. 723

quand, doautre part, des hommes dc talent se laissent en-trainer aux vicieuses métaphores que nous avons signalées

plus haut, il est bien évident que ce ne son[ plus là desfigur"es de domaine public, dont on ne doit tenid aucuncornpte à l'écrivain I elles appar[iennent en propre à celuiqui les a créées, et peuvent, en conséquence, ôtre étudiéescomme formes à imiter ou à fuir._ Parmi les tropes d'usage ou de la langue, il faut rangerbien des métaphores, mais un plus grand nombre encore demétonymies et de synecdoques, et toutesles catachrèses. Jene sache pas qu'on ait rendu nettement raison de ce fait, quitient à la nature même des diflérentes figures que je viens den0mmer.

Remarquons d'abord que les trois dcrnières se rattachent àla prcmière. En effet, avons-nous ditr-il y a mdtaphore toutesles fois gue

ren vertu d'une comparaison mentale

,on

emploie le signe d'une idée pour exprimer une autre iddesemblable ou analogue à certains égards. Or tel est aussile earaetère de la métonymie, de la synecdoque et de lacatachrèse; la différence, coest que, pour celles-ci, Ia simplesimilitudc ou analogie ne su{fit plus, et qu'il faut ajouter unautre élément à la eomparaison, Entrons dans quelquesddrails.

La métonymie est une métaphore dans laquelle les expres-sions substituées au mot propre supposent non-seulementune similitudc quelconque, mais une corresponilance bienmarquée entre les deux objets comparés. Si jê dis, à proposd'un soldat : C'est un lion dans les combats, je ne prétendsétablir qu'une simple ressemblance entre le courage impé-tueux du lion et celui de ce soldat I c'es[ we métaplaore. Mais

si j'exprime la cause pour l'effet, le'contenant pourle contenu,le signe pour la cbose signifiée, il y a entre les deux idéescorrespondance posilive, et qui existait préalablement à macomparaison I c'est une métonym.ie. Ainsi:

Métonymies de Ia cause pour I'effet ou l'instrument, : Bccc-clms, Cérès, pour vin et blé; André Chénier a osé dire:

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DE LÂ REdlORl0UE.

Allez sondcr les fllncs rlu plus lointain Nët'ée..,lltte CubàIeueuve et cent moudes diverso

Aux véux de nos Jasons sortis du sein des mers;

Ifontère, pour Ia collecfion des æuvres-de.cepoëte; 4thalie,pour la'tragédie dont cette reine est lohéroîne; un Rubens,pour un. tableau de Rubens I

Je I'ai vu cette nuit ee malheureux Sévère,

La aengeance à la main...

pour l'épée, instr-ument de vengeance.' Métonyniics dri l'effet ou de-l'instrumen[ pour la cause :

Cheveu,n"blancs, pour vieillessel la pd,Ie mor-t, parce qu'ellerend pâle1'

O mou frls,ô nzn

ioîe,6 l'honneur de mes jours !

... Sa main désespéréeSl'a fait boire Jc mort dans la coupc sacrdc;

un grand pinceau,,vnephnneexercée, nnbon aiolon, unefindlunie, porir lc peintre, i'écrivain, le violoniste, le spadassinl

Métônvmies tlu dontenan[ pour le contenu z Le uerre, 14

bou,teillel pour Ia liclueur qui y est renfermée II

J'entcnds à hautc vaixtottt mon cdnxp qui m'appellet

pour les sold-ats ttrli s'1 trouvaient i tn cqchemira, iluloar'our les soldats'qui s'y trouvaient i tn cachetnira, rl'u boar

g o s1y, o,.y

ou r l' é to lre,et

-

t9 Il, !l'_ Ii î"::ït 9 :.î::.t'3:i1'::Ieboitîque,le Lycée, pour-les philosophes réunis dans ee{

Iieux ; denéue, R6me, pour les doclrines religieuses dont ce{

esleel

'Iieux;

deux villes son[ le centret

Je nc déciile point entre Genèue et frome,

les professions civile s ; l'ëPée,

seefitre, Ia couronne, pouf la

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cEAp. xxilt. 'ô25

le cardinalat; les bonnets rouqes et les talons rouqes, pour lesdémagogues et leô aristocratel

;les parties du

coipj,'pour lesens ou le sentiment dont elles son[ ou dont on l-es'sirpposeI'orgar_re :l'æi,l, !]greille, pour la vue. et I'oure ; le cæut , ii ter-uelle,les entrailles, poui le courage, I'esprii, la senjibilité,

M,es entrailles pour lui se troulrlent par avanee,

lllétonymies du_

Taîtreou du patron pour la chose elle-

même : Sainte-Gutlule, Saint-Pierie, pour-l'église qui leur estconsacrée ; un lguig, trn napolëon, pour la pïèce de monnaiequi porte I'effigie de ces princes.. -

La métonymie exige dônc que -les deux objets métaphori-quement- comparé_s.se correspondent mutuellement, chaeund'eux existant d'ailleurs indépendamment I'un de l,autre I lasynecdoque vf plus loin, sa côndition essentielle est une con-

n_exion, une cohésion des deux idées; non-seulement leeobjets cornpapés. se eolrespoLdg!0, mais ils ne forrnent qu'untout. Qu'il s'agisse d'un individu, d'une gsp{ce, d'un genrequeJconque, la. synecdoque

-suppg-seI'emploi du irlus piur te

motns, ou motns pour Ie plus, d'une partie pour une autre,dans un objet unique.

,,, Tantôt la-.partie est prise pour Ie tout : La tête1 pour.

Inomme entter,J'ignore le destin d'ane têtesi chère;

on paye tant par tête; le toit, le seuil, le fouer, le fea lai-pême, pour_.la maison : ce village compte tânt de feun ; laPorte, pour I'empire ottoqran, expression qui serattaéhe aussià

la métonymie I cent uoiles, pour cent vaisseaux ; un fleuveou une ville, pour un royaume et ses habitants,

Seine a des Bourbonsrle Tibre a des Cdsars;

une .saison , pour toute I'année : il compte quinze .prh-Lempsr'etc. .

28

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526 DE LÀ nnÉlontquu.

Ou Ie tou[ pourla partie : lorsqu'on dé_signe, par exemple.t

un ins[rument ou un objet pan le nom de la matière dont ilest fait : le fbr, pour l'épée ou les chaines, e[ en combinantencore la sfneôdbque avec Ia mdtonymie, pour l'esclavage,

Tu tlors, Brutus, et Rome est drins les fers;

l'airain, pour les trompettes, lcs cloches, Ie

fouqère, pour le veme fait avec la cendre'casior pb,i* uo chapcau de poils de casûor;

I

I

I

cânon, etc.; ld

de fougère; ul

L'iaoi,re trop hâté deux fois rompt sur sa tête, etc.

Tantôt le singulier remplace le pluriel et réciproquement:le Françaisr le-Belge, le iichc, le pawure, pou? les Fra.nçais,e Français,Iehelqe, le iichc, le pawure, pou? les Français,

lcs Belg"es r'eLc.; les trlaci,ne, l,es Corneitle,-pour Co-rneille eivg ryvrbwp, vav. , vvu L.wvv.vv, I. - -- --- -- --

Racine"; l;ennem,i vient à nous, pour les ennemis-; il est écritdans Jes Proythètes' pour dans un prophète; il I'a dit ainglfois norrr rrn

-nnrnhre indétcrminé de fois('). IIfois pour un'nornbre indétcrrniné -{e fois(]).Soïvent Ie genre est ernployé au lieu

-dei'espècer- et I'espècq

au lieu du génre: dans lâ Fontaine, le qaadrupèd,e-écume1l'urbre tient bon.-pour Ie lion écurne, le ehêne tient bon; au!'arbre tient bonr.pour Ie lion écurne, lc chêne tient bon I au

contraire, dans Boileau : iEt vit-on" comtne luio les ou,rs et les panlhèresS'efrrayer follement de leurs propres chimèresn

pour les animaux en général. La poésie latine, Iloraee sur'iout, emploie continuèllement ce[te synecdoque' '

I

fr'l Voici un piquant exemple de la syuecdoque du nombre. Panurge eopsuttl,ol'.oo maricie ie philosopËe Trouillôgan. ,lPanurge. Ile dois-je marier? -iiririttiji". if y iao t'"ppareoce. -iPororg".

Ut-sl ;e ne me inarie pointi

- Trouillosan. Je n'v vois inconvénieot aucuu. - lanurge. Vous D y etr voyet

noint? - irouillogai. Nut, ou la vue nte déçoit. - ?anurge' Je y en trouvlil". a" cinq centi. - Troutllogan. Comptcz--les. - Panurg'e.-tre tlis improeprement periant, et prenant nomble êertain poar inùertain' dële,|'.ninëlrou,l7ndétcrrninè, c'est-à-dire, beaucoup, o

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cHAP. XXlll. 527

Tout ce gue i'ai dit rle Ia synecdoque prouYe qu'il y fuut

conrprenclr6 la

-figurequ'on a souvent appelée a'nt9no,t!!!e^t

qui iubstitue un nom comrttun à un nom propre, c[ reclpro-guement, ou encore un nom propre ou cornmun à un au[re

Ë"i"rèrËrterait

la même iddè, rnais d'une manière moins '

Ëitioi-ro"", moins mé[aphorique. Tou[ cela n'est- que le'n.otu o.i,tr i'espèceo I'espèèe pour te genrer une fraction pour

Ën. *uttt, dans la'même unité abst'raite'Ainsi vrius direz : le ph;Iosopâe, pour Platon l lepoëte'pour

Uomète i le Carthaginai,s, pou1.{nnibal; ou, au contrairer'un Catoi, pour un Ëog. ;

'ttit,Mëcène, pour un-protecteur des.

^*t ; ii'ir:ittorqou îu un, Zoile, poui un critiquc impartial"ou odieusement euvieux t

lrux Sattmaâses futurs préparer des tortures'

Ainsi Yoiture , s'adressant au duc d'Enghien, -lui dit : 'ï1*à"".r û"; ô Cësar, q.e ie vous. parle àvec cette libertér.,r..r'*, les louâng*t qni iouË solt d!es, etsouffrez qte I'on'rende à César ce iui âppartient à César' " Boileau s'intitule'i ri-tnê.. grand chroniriueur des ggsteq tAlenqnd,re,' et cet

Alexandreî'est et ne peut être que Louis xIV; et Ie Gilbert"

at-"oitt âge, Hégésiirpe lloreair, fait.répondre .par Joseph

Bonaparte à ceux qui voulaient lhrracher à sû retrûIt0, pourtrui donner un trône i

.'. Itrsenséso qrtcl cspoir vous anime?Pourquoi dans son j'ardin troubler Abdolonyme ?

Ainsi I'on nommc iuif ou arabe eelui dont on veut bl{rn9r

I'imoitovable avariË"i'qr'rr, l'homme qui trompe au jcu;

^^, ^':rn '-^t.,i -,,i -o.h.'rl.h..'lo snlitrrda : hénédicLùt. l'hommeiiirliit, Ëàtoi qui rech'erthc ia solitude ;-bën'ëdi'cxùt, l'hommeernl?,|,e, celur qur rectrersevant et studietrx', etc.

Appelon. ro.o"é sytr,ecdoque, et.non m'étonynùe, l'cmploi

ae iàbrtrrit pour le"concreq si_fréq*ent dani.la poésieo e[

n$gç dans lâ prose frangaise- En.efrêt, {ulld Racine t par

exômpb, voulân[ ddsigner Athalic par cette périphrase I

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5ZB DE ra nflÉronreug. i

ld|.9::,-,":1

1p3ysuiv ir avee fu reur p en da n r vo rre enfa ncel

-.s exprrme alDsl

Celle dant la fu,reur poursuivit ugtre enfa,nce,

it subsiitue un attribut, une qualite, en un moto un accidenldu sujet au sujer rui-méme. oï it es[ nir, .r-iritie-ràccidentest moindre. que l'être, et dès gue I'on rempldce le second

par re premrer, que celui-ci soit relatif ou abiolu, individuelp,:j:lu.rl! .u n'en est pas moins,-malgré la personnificationoI'emplol du moins pour re plus, d'unripartid pour Ie tout, eipar conséquent uné synecdoqub.

, .Qooi qu'il en soit,"et

que ïous préfdriez l,une ou l,autredenomma.tronr ob,servez qu'il--nc faut pas abuser de eettepersoanification des subslantifs abstraitso ni .rploy*, ooo

Rly: i 19Tt propos Ie rom.des parties du corps ou tles qua_trl,es mornles au lie' dF. gujet_ même. ou des. dronoms qrii lure.mplac-ent.

_Ç_lest,un défaut du système podtique âu a.'rni.,

siècle. M. Delille y retombe .ros clsre. ceË ro*nies, sobrementadmise,s,. contribùenr sans doute à irjéd;;;Ëlù:Ë, maislmultiplides outre nresurer-elles.entraî.Ënt- à d.r i[,ngo"urr,en doublant sans nécessité'res sujets et les régimàs. ii

"it

,rrir,en,,efretr.que si vous dites: cellà dont Ia fi.ticur,,u iiru a* ,celle qu'i, vous avez deux sujets au lidu dù. pourruive"arn-srr et le lecteur, sanspouvoirpeuhêtre s'en rendre eomp[e,finit par s_entir je ne sÂis quelle impression de vasue et detraînant. J'ouvre le poëme de Ia pitiërje tombe sur"l'histoired'une jeune fille qui consaerait son éxistenee t\ ràigor, ,onvieux père :

Son dme, ddvouée à ces doux exercices,A son vieux d-omestiqu_e enviait

"",services;

lgt plo.. humbles em-plois flailaient son tenilre orsueil,.uue-même avec âr[ dessina Ie fauteuiloQui, par undouble appui, souteDant sâ foilrteesr.ly.r w _trïple coussin iopôsait sa oietlleise ;Elle.même à soz père olhaitses vêtements...

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CBÀp. XXsl 629

Un peu plus loin, la jeune tille dit qu'elle préfère cette vie

de sicrifrces S toutes-les joies du mariage :

, Pour moi, mon cæun iouitdes biens qu'ilse refuselJe iouis.quand leiour, appuye sur rnon oras,

IIIàs sec6ui's atteutifs aident se.s faibles pas ; ,

Dans des licns nouvea:urrno' ieunesse engagée-

Par deux objets chéris se verrait partagée"' ctc'

Je ne Darle pas de la confusion des pronom$ possessifs' des

,frut:iiiàr'.i de's constructions équivo(ues qui embarrasscnt

;;b;;;;;issent ta pnr..e, mais;éelle'mentbn a peine à lire

"rà.â"trinede ";tlt;ù

le sujet et le rdgiPe sont. perpétuel-

Ër"t ;;tprt.et" pt; d* .Ëti*àtiio o{, l'â''nu, l'6tgùeil' Ia

faiblesse, ld uiei,tlesse, Ie cæut', Ies secoul'l, I'e-s pa's, Io' Jeu-'rrrrrrretô. Bncore une fois., cette substit'ution n'est assuremen[

lrr-uhà-f"ute, souvenf même elle est une beauté ;mais quandiout un poëm'e est écrit dans ce-goiltr it devient tl'une insup-

portable monotonie.''";;;ttt;h"*is plutôt à la métorymie lg-fiSytt

qu'o-n nomme

métalepse. nt, ."'àtrLt, la métaleise n'était quê l'emploi de

I'antée'édent, du conséqucnt, d'un accessoire queteoDque.oe

i'tJé";;* tiidéc elle-même, ôu la substitution de I'expression

iu;irdrc à I'expression diré-cte, elle prése"F.bttl ce carac'lèr. d. trope pâ, lo...rpondanôe, qui est celui de la métony=

mie. ta diherence .ïr'"i les deui frgtttes, c]es-t Que Ia rnéto-

nymie ne consist;6; dans un mot-, la. inétalepse embrasse

;Ë;îffi;iè;.. b'ailleurs on a trôp étendu, à mon aris, le

dffiiilffi;î;érrl.;;;. si-"ou,la rrouvez dans la scène où

plrèdre àvoue ron n*àur à Hippolyte, en paraissant ne parler

oue de Thésée, p"u*qooi nc laï'erraisie pâs dans ces portraitsË;; il;r-ffii'.t* ,'*.ociers, des qâtiiiqug.s,.$ui cachent à

aà*ia,uo ooite"li"g*ique

I'image d'un individu réel? a ce

;;ï î"u ro u Ë ;"hll;1t "T,d'i'llésoritt

1, 1:'1fl^1T,'ntso d

Ir,otrtinem, tournès ae *aoièie à poùvoir irier làpplicationt

ces fornres des càiniques: Je ne ills pas^cela"'-0h! moi''

;;;t;;;;;; rl^t:::;;hmin" eomérlies même, presque d'ttn

98.

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550 DË r,A nHÉToRtQUii.

bout à I'autre, ne seraient qr.lc tre longues métalepses. Mag-l

caron en aurait signalé lui--môrne une Jublime, loriquer dansiun de ses sernlons, rappelant à .t ouis xtî' l,iristoiie cfe Na-it-han, envoyé- tle Dieu-pour annoncer'à Davia te etrôtiment$e

son lctultj!!: il ajou[a ces- remarquables paroles de saincr.Bernn'd I u Si le respect, que j'ai.pouf vous ne ore pcrme[.der

9i:: Ii-*

él'i gd,-U u9 .soû

s d eË. enïetôppes-, it_fa

u r q" d;;;;i,;;!ry: q9 penetratiop que je n]gi de hardiesse, er que vôus:en[endrez plus que je nc vous

dis.n

Je bornerais volontiers la mé[alepse à I'une de ses appli-:-lllf ,"lr plus ingénieuse, er en mêine remps la ptus haiàie,à cette tbrme par laquelle un écrivain semble e-ffectuer luiimémc ce qu'il ne fait que racouter ou décrire. Ainsi l,Homèred'Audré CÏénier

Qu_and bientôt à l,emnos sur I'enclume diviue.

ll forgeait cette trame irrdsistibls et fineAutant quc d'Aracbné les piéges inconnus,st dans ce fer mobil e empùsohn@d, Vdnus !Et quand il reuéttt d,oune pîerre soudainà-

-

La lière Niobd, cette mère thdbaine... etc.

Avec M. Fontanierr--je rattaeberais encore à ceil,e ligure letour par lequel le

-poôte, au lieu de raconter, tra chosË faite,se xransporte ,sur Ie lieu de l'action , s'en rend rnai[re, etord.onne, qu'elle se fasse. Far exemple, yoltaire, dans lePoënte de Fontenoy :

Maison du roi, ntor"chezrassur.ez In victoire !...Venez, vaillaulc élite, honncur de rros armdes :Parlez, flèchcs dc fcu, grenndes errflurnmées...r'etc,

, Tnfi.nr lorsque, en raioon de sa nouveautd, de I'usagc oucle toute autre calrse, une idée n'a poin[ ou n,â plus deiigncpropre-et exclusif dans la langue, ôn est forcdo po.t" I,exËri-merr.d'ernploye_r un signe ddjà afrecté àr une au'tre idée.'one[end la vertu de ce signe, comrne nous I'avons remarqud àpropos cles multisenses; non-seulenrenl on €n use, mais on

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cltrar,. xxur. 551

en. abuse, et I'on en abuse forcément. C'est ce gu'on.nomme

cqtachrèieo trgpe par lequelun mot est pris, de nécessité,

dans un sens irtitatif, extensif, abusif.De tous ceux qui ont traité des figure-s, $. Fontanier a le

mieux tléveloppd la théorie de la ca[achrèse i.il r fort bienréiuté, sous Tà rapport, la doctrine incom-plète et parfoiserroné'e de Dumarsâii. Fâisons, comme lui de la catachrèse,

moins un trope spécial qu'un accident des autres tpopes;distinguons dàs citachrèsàs de métap.hore, des*catachrèses

de svi'ecdoou€" des catacltrèses de métonymie. Vous dites :lebârreaur-laboarse, un Ru'ber?sr'Yous dites: diner à tantpar tête, voilà de beâux bronzes)-un tel est un épic-ttrien;iotrs dites : une feuille de papiero les ailes d'un moulin, unmérite ëclatantries fr,qures âu disèoursr un cleval ferrë d'ay.gento etc, Vous di{e"s ainsi, et votts ne pouvez dire autre-fr.nt. Voilà donc des mdtaphores, des-synecdoquesr.tles

métonymies obligées et inév-itables, voilà des ca[,ach,rèses.Mais rârnarquez :'ia catachrèse vous renferme dans un cercletellement reîserré "

gu'âYec ellc I'emploi même des synony-mes est le plus souvent interdit' Substituez à unc flotte de

cent voiles ûne flot[e de cent mdts, vous êtes inintelligible;'' rernplace zles entra1'Iles paternelles pnr les h9yaun paternels,

oooË êt*r ridicule. ou 6 donné le pourquoi ilc ees diverses

expressions I le vrai pourquoi, c'es[ l'usàge, Cest I'habitude,.eûte s"*ond'e nature, plui puissante parfois que la première,dans la langue comÉô aillôurs. Une flotter-dit-on présente à

la vue ses îoiles plutôt que ses mâts; cela-es[

vrai.l mais'pourquoi cent voilcs poui cent vaisseaux? Cent vaisseaux

iupposent quatre ou cinq cents voiles. Il )'a plus : tel est ledeifotisnre ïe l'usagc, que le trope est dsvenu avec le temps

plus intelligible presque quc le mot propre;vo.us serez mieux

ôornpris eri clisaht url bon aiolon, dix nrillc chevaun, que sioour ,liuiez un bon uioloni,sle, dix mille caualîers.

Vous conelurcz de tout ccci que plus la- comparaisolr gtflest la basc clu tropc, est rigourouse èt entière, moinstelui-ciIaisse place h l,arbitraire dans son emploi 1-plus, au.con[raire,clle esi I'âgue et indéterminéc, plus I'rlcrivain a de latittrde

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pour créerr-modifier et façonner à son gré les applications drltrope.

Ainsir- de tous les tropes, la catichrèse Ër?te iil;ir;au,caprice de l'écrivain, et'pa'r tir même aui précàrrte, durnereur, parce q_u-elle suppose, non pas simplemènt arialogie,comme.la métaphore, cor.respondanôe, *o!n.c U mAtonyrËie;conncxionr.comme la synecdoque, enire les deux idéàs com-||eefr mais, pou.r ainSi dircr-absorption presque totale d,undes stgnes dans l'autre, _de façon que Ié sedond se mettecomplétemen[ à Ia placedu

premier qui n,existepas rée[e,ment, ou est supposé tre pas exister... Dbù j'arrive àla forurùresuivante : un trope étantdonné;il est t'rope d'usage ou de langue, en raison airicte aË-sa com-prenensron.r-et inverse de son extensionl et, au eontraire, ilest trope d'invention o_u d'dcrivain, en râison dirccte àu donextension et inverse de sa compréhension. yous rr"r, ,equ'on appelle en logique eætensdori d'une idée, par opposition'!r? t?.t"?.rëh,ension,. .L'extension d'une idée ttêpend dï nom_bre drndividus auxquels elle. s'applique; sa côrnpréhension,dc,la quantité d'élé-Tents qu'eil"

".otaroie t -t ôil; on reprevort arsemen[r.I'uue est toujours en raison inverse deIau0re. rr'roee anzntnc, par exemple, ne supposant dans uui{tyidf qre la vie e[ Ie mouveirent, a *ôius de.o.pr+hension, et par conséquenl do.* d,exténsion que l,idée gu,a_

(rupèd!, qui ajoute à"ta p"rËmiè";;;iË;;;;Ë;;;fi;; -"r-formation.

752 DE LA nnÉronrquo. i

L'élève eonnaitra Ia thdorie des tropes d'usage, parce qulldoit savoir Ia technologie_ d_e la grarimairr ri âô ia rhéto-riqueo le mécanismc d-e Ia lanErË: rnais il srpvpr,r.ono À t.iqupr le mécanismc di la languË I mais it r'"*er*a à la!]"1tj9"" : _9q:

t1:pf..,4'inven

ti on i pgrce gu.e,_p our [i *-J.rire,tr oorr avotr eructre Ia nature et I'emploi du style figurd. Iiremar.quera enfin que les tropes mômï les plus"Iargei et lesplus,libres prdsente.nt, drll i'applicatioo, àur phriscs .on-sacrees auxqueltes il est défendu de to_ucher. Là mdtaphor.enous en a donné des exemples, l,s en a donné des exemples, l'hyperbole nous en donïera.

Iryperbole vaut autant-qu'éxag"é'ration. conir*u l" *àm-onirme la mdta-pJr.o"u, l'hyperbole compardl rnais" au lieu a, .oÀpr*o ù desidées semblables, elle cornpare. à des idées plus grancles ou

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oJ/& Dn LA nHÉTOR|QUE.

Quand Voltaire, à propos de la Saint-Barthélemy, ya jusqu'àotre :

Et des flcuves fran_cais les eaux cnsangtantéesNe portaient qrre dês morts aux mers?pourantdes,

I'idée que nous nous faisons dc I'exdcrable nuit de I DZ2 nousempêchj. de voir aucune exagéra_tion dans cette image exfl-qéré_c. si vous lis_ez. de_sang-froid les diseours des danton,des Isnard, des saint-Just àt de tant d'autres orateurs de rdLégislativegt de la Convention, I'emphase vous parait portéeau delà de toutes les borncsi _mais transportez-vous 'par

lapensee dans_cetbe atmosphère de sang, assistez à ces terriblesparties_ori chacun_avai[ sa tête pour enjeu, mettez-vous à Iapface de ces gladiateurs désespérés lirttaut à mort avec leglaive de la parole, et I'hyperbole ne sera plus ponr vous

que le langagc naturel. Lle telles circonstancôs sorit heureu- '

sement fort rares I aussi, et quel que soit i,entrainement deI'imagination on de la pnssion, en-général, si vorrs passez lqcroyance, ne passez.pas Ia mesure, e[ ne pouvant être dansIa vérité, restez du moins dans Ia vraisenrblanee: qu,arywisest onm,is hyperbole u,Itra fi,ùem, non tamen dehet esse ultralnod,am^

u L'hyperbotre, dit la Bruyère, exprime au delù de la véritéPgrl" ramerer I'csprit à Ia mieux connaitre. Les esprits vifs,pleins 4u _f.g et qu'une vaste irnagination emporti hons de6règles de la justesse, ne peuvent s'assouvir del,hyperbole. ,r

EIle est le vice dominant des dcrivains de I'Oriend,-de I'Afri-que, de I'Espagne et de I'ltalie. L'hyperbole clâssique deJuvénal est encore surpassée par celle de Sdnèque'et de'Lucain, deux Espagnols. Les Pères

de I'Eglise, fertullien,saint CyprienrsainI Aug_rrstin, n'en sont pas plus exempts quéts profanes. C'est en ltalic et en Espagne que nos âurcursdes.premières anndes du xvnu siècle l'onipuisée, je ne dis paeseulement les Théophile, Ies Scudéry et

-lesBer;gerac, mïis

Balzae, mais corneille surtout, ir qui Boileau Ïa Ji jusfernent.

reproehée, mais Raeine lui-rnôme, qui doune quclquifois dûns '

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crrAP. xxtil. 555

l'hyperbole du selrtirnent, comme les autres darrs celle de lapensée.

Ecou[cz lphigénie :D'un æil aussi contento drun cæur aussi soumisoQue j'accepla_is I'dpoux que vous m'aviez promis,Je sarrai, s'il lc fa-ut, viôtime obéissanter'Tendre au fer de Calchas une tête innoceirte...

Aussi soumise, soit ; mais aussi corete nte! L'Ilthigénie cl'Euri-pidc n'est pas

moins [ouchante, et elle es[ piuslvraie. frfonpère, j'ai paur! dans la ,Iui,ve, fait ftissonnei.Pensez-vous ce que vous dites? croyez-vous ce que vous

affirmez ? pierre dô touche rle l'hyperbole, dit avdc raisonMarmontel. Malherbe décrit les etièts des-larnres dc saintPierre :

C'est alors que ses cris cn [onnerres s!éclatcn[.

Ses soupirs .sc font venf s qur les chênes comttatlent,Et ses pleurs, qui tantôt dèsccndaieul motlemurt, 'trtessenibient ari torrsnt qui, des hautes montagrres,Ravageant e[ novant les i'oisines camnacnes.Veut"que tou(l'Inivers ne soit quoun âtdineni.

Il était impossible à Malherbc lui-même de s'imaginer depareilsrésultats, qt dès que nous nc le croyons pas convflincu,

nous I'estimons ridicule.Le sontraire de l'hyperbole, c'est la litote. Four donneruno juste idée cle Ia vdrité, l'hyperbole allail au delà ; la liroeereste en deçà. Chimène ne peut mieux faire comprendre sonamour à Rodrigue qu'en lui disant toute en larmes :

Va, je nc te hais point...

des déndgations répétécs tle la Fontaine:

Cen'était pas rln sot, non, non, e[ croyez-m'en,Que le chien de Jean de Nivelle,

je conclus Ia haute sagacitd du pru.dent anirnal qui nc venait,pas quand on l'appelait I

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566

I Nec sum adeo informis...I

je ne suis pas si laid, ,, dit le berger de Virgile qui se eroyailsans doute un fort beari berger. L'hyperbole et la litote,I'exagér'ation qui agrandit et celle qui atténue, sont tout à faitdans les rnæurs et les passions humaines. Lcs écrivains sd.rieux, comme les comiques, en donnent des preuves et desexernples. Fléchier en parlant de Turenne:

u Qui fit jamais de si grandes choses? Qui les dit avec plusde retcnue? Remportait-il quelque avantage? A I'enteudre,,ce n'était pas qu'il fût habile, mais l'ennemi soétait trompé.Rendait-il compte d'une bataille, il n'oubliait rien, sinon gueCétaft luiqui I'avait gagnée. Raeontait-il quelques-unes de cesactions qui I'ont rendu si célèbre, on erit dit gull n'en avaitdtdque le spectateur, et l'on doutait si c'étaitluiqui se trompait oula renommfs. r La litote est la figure favorite de la modestie

et de la préventioo, comme lorsque Molière, à l'imitation deLucrèce, prouve, dans le Misantltropte, que Ia passion saildonner des noms favorables même aui défauts des personnesaimées,

La pâle est au jasmin en blancheur comparable... etc.

On a rapproché de la litote l'euphémisnæ etl'ant$ù,rase,le premier qui se con[ente d'adoucir I'idée par l'expression,I'autre qui dit précisément le contnaire de ce gu'elle veut dire.Tous les exemples donnds de ces deux figures prouvent qu'ellesrentren[ l'une et I'autre dans la eatachrèse, Ia périphrase etla métalepse, Vous nommez le boumeau l'enëcuteur d,es

h.autes @u1)res, euphémisme I au[refois, quand un pauvre

demandait l'aumône, et qubn ne pouvait ou qu'on ne vou-Iait pas la lui faire, on lui répondait : Dteu aous assiste,euphénrisme; il a uécu, disaient les anciens, pour il est mort,euphémismc, c'est-à-dire périphrase ou métalepse.

Les anciens qui avaient des mots fastes et des mots néfastes,des vocables dont l'énonciation était de mauvais augurc, pra-tiquaient volontiers loeuphdmisme et l'antiphrase. Cette der.

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l

:

CBAP. Xxlll. 13'î

(t).Uoe des plus strsulfères aatiphiaear'est celle de"lal Y.ulsal.e sui emoloieplùiews lois bénir su-tleu de màdtre., blasphémer. Àu tlli livrà iles.&orb,chap, XXI , des calomuiateurs accus.eD.t. Nsboth d'avoir blasbhémé Disu et le\cI t Viri diabolict dùæerûnt contra. eum testimonium coràm_multîtadine;-baasdir;r llabath I)eum et ReEem; Lo mot hébreu se preril'dqiisles dour ceas,au 1rr,gpregtr par antiphrare, jq no coigl ce qui est ce-rtai4 t'sct,qutaucnue destfàductions eo lausue vulsalre quo'ihi-consultées ne eoosbryê cetts antlnhraso.I!''dlenaudr'llsdgliis, Iosfraguof, lCraliel' le frauçols trâdqisooi.toast illaltoth

i 04açphçrr,r.ai;il n'y a guo le-hollaailaic gui fe s_ewe ilu uolûdai (gpæg"!d).llçi ii,-riii.-'. ., -,-i

'i , ,1,:"',

r!1 !; i;j.',r, ":i,".. ,i

' ,5a:l:-r!'lJ"'r, I;ir,asJeet"in Q,ii,ti! r'+i.r r.-- --,n'

-tiTf[ Ê:]"Jru8itr; "i{-Li' fi i ùi,,r.'lf lr rIl"i.i Li,i t ,iii,.

-,- "'rl t:,-t;,- ti ,' it "i-,'.,r !i. :,,f]r:. - l"',.r1,."',1',.-r L r,fi,..,.j .;6,

:) l r,]-trr :;,t ,.:,i)i;. l,"j., ,t',.,, '-.,, 1.r, d

'.-' - ' / fr,, -r, ii',j-,,i : 'r{r,, ll; ! r. rr, ,' .-,ê ,

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CHAPXTR.E XXIV.

DEg $"!EANES.- FICI'E8Ir PÂIr n,ÂPPR,OqEEUESTT D,rDÉTS

OFPOSÉEÉ!.

observez ici comme tout se lie dans I'esprit humain. parla compa.rgisoryet toutes les figurcs gui _s'y' *attachenï, nousnous plaisions à rapprocher deîx idéàs hrimosènÀ.-.r ,*tt"

1,,:-T:-gliiilé.arrivait

gradueilement à ce poin't quu lu cata_

i!l^r::: y!i:11i,t gar tes confiondre en une- seutei puis, parI'ltyperbol,e etla litote x,o.us rapprochions deux idées toujolrssemblables, mais dont loune é'Ëit ptus grande il pl;; pelircque I'autre. Eufin_ nous voici parïenus a rapprocher creuxidées contraires.

.L'antiphyase ïoos *ènu i'f;ài-iîiiase, ernous trouvons autant de charmes dans l'opposition que dans

3:rq1rJl,*tdyu. I'anl,ir,trèse q.ue dans d fuet.pnàË, prr..que, des deux. parts, Ia rhétorique ne fait que àonstatôr resIors unlverselles de Ia nature.

rr Les couleurs vives 6'uIr9 dr.aperie, dit condiilac, don-nent de I'dclat à un beau teint, lôs couleum somb"à.'loi **donnent encore. euagd il ne s,âmbellir pas; dd"ôù;nt dcsnuances aÏx.oljots qui l'approchent, il s'ènnbellit par Ie con-traste. u voilà une imagê-sensibreîes comparaiions et clesantithèses.

L'antithèse noest donc que le rapprochemcnt des contrasl,es,ggmr-g la comparaison est le rap-piochement des semblabres.r,-antrtnese, sr fîéquente dans la nature, ne peut manguer del'être dans ie discôurs.

. I)eux vérités opposées s'éclairen[ en se rapprochant. commedeux eouleurs opposées se font ressortir I'ùie I'autr.l *e*-

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CBÀP-. KXIV. 559

ples : Laieunesse vit d'espdranee, la vieillesse de souvenir.l

"j;;;i;;a pas les placàs qui fionorent leshomm-es, mais

f.r ior*.r qi,i honoient leô places. - Pourq'oi la formedc la phrare br chercherait-ellô pas à exprirner un contrastc

ou."o*oorte

si bien le fond de l'idde ?

'-ô;;,iïià*, eompare la Rome des emper.eurs à cette

Roile naissante qui $ortait ses væux au Capitole,pour la

àànquête de Ti5ui et"de Préneste, devenus depuis les mai-

;;Ë;ôr.i.no.àoo peuple'roi; quand

$us5.lgdemande

aux ieunès gens d'écou[er urt vieillard que les Yielllards ecou-taieËt lorst]u'il était jeune, audite, .iutten'esr,sutent quern

izeuenent stires au,ilieré; quand Bossuet rappelle 1geéan l'ra-'yersé tant de fois par la rline d'Angleterre dans des lbrtunes

ri-aitl.À.r, I'oppoiition dans les faits amène nécessairemenÊ

l'antithèse dans les mots.-ôô*li*de fois n'est-il pas arrivé que deux. sentiments

contraires se partagent notrï âme, queïeux opiuions, deurnoints de vueïifféients divisent des individus ou une assem-

tf., *"tiere i LGntithèse naît ioi d.'elle-même. C'est ellq Uuifriifu plo, ,o.t".n[ tout l'artifiec du monoloSue et,fg dialo-

Sue dr'ontatiqueo que les interloculeurs se nomment Narcisse

;;il;;i**, ôo Âtô*ste eL Philinte I e'est sur elle que roulent

ia strophe él l'antistrophe des ehæurs grecs e[ les imitations

;;;;;;; rtiitt les môderncs. connaislsez'vous rien de plusil"d quo I'antithèse de Soprate soadressant à ses iÙges :

i tttriotàoant retirons-nousr, moi pour mourir, e[ vous pou,r

viotàf ,, rien de plus touchant qu-e celle d'Hérodote : a Fré-iér;;io"loot* la'paix à la guerre; car pe-nd9ni Ia paix, les

enfants ensevelissônt leurs !ères, et pendant la.guerrer-ce;;il;t oèt.. qui ensevelissènt leurs e-nfants I rr lieu de plus

gracieux'que céile de Quinault:Vous iuriez autrefois que cetleonde rebelloÉ" iutËifo"ts sa source'une route nouveller-etii t& quoon nc verrait vdtre cour dégagé:Vovez coûler ces flots dans cette vaste- platne, .

" C'eit le même penchaut qui toujours les entttine l' ." 'Leùr cours Dc ôhange poiutr et vous avez cnûnge"'

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5&0 DE LA RuriTonrQue

L'antithèse est la vraie expression du sentimen[, toutes Ie{

1o^o^q,ur fesprit,est tellaneit frlppé d,un contrasie qu'il nepeu_[ f e rendre d'une autre manière. Telle es[ la situa]tion de

fglriguer au premier acte da Cirt. Son monôfogu; ;r peut_être un peu long, mais il est vrai et naturel,

Puisque son père est lnoffensdEt I'offèuseur lé père de Chimèrie.

[,'antithèse est alors aussi bien placde dans la pompe d,unetragédie que dans ln simplicité dtune lettre. clvôemriestre varetourner en.Argos aprgs-ra- mort de sa fiilé qu'erte avaiûanrenée pour l'hymen d,Achille ;

llt moi qui I'amenai triomphante. adorée.Je rn'eu-r'etournerai seule et désesuéréeiJe verrai les ehemins encol tout pa'rfurodsDes fleurs don[ sous ses pas on le's avait semés...

ftladame de sévigné ne dira pas autrenlent que cly[enrncstrc :

T U:o,T* J'ar passe sur ces cheruins, j,étais combléc rle joiedans I'espérance de vous voir et de vous embrasser; e[ enretournant sur mes pas, i'ai une tristesse mortelle .ians le

cæur, et j,e regarde avec énvie les sentiments que j'avais ence ternps-là. rDans tous ces exemples, l'antithèse n,esD gue Ie reflet dc

I'opposition qui cxis[e riéellement dans tls idée's, les faits, lessentimeots I et ce rapprochement préarable enire les chôsesne pcut que gagner. en clarté, en force, en grâce, en pathd_tlque, âu rapprochement entre les mo[s.

D'ori vient donc que tant de rhéteurs blâment l,antithèse,et que plllieurs volL prglgye jlsqu,à la bannir des sujetisérieux ? C'est que si l'anuithèse déplacée est un vice, elle'estun vice aimable et clécevant, d,ulce attiu.nt, disai[ euintilienà propos_de Sénèque; qu'en conséquence i beaucoip à,écri-vains et.des plus ingénieux se sont laissé pi.endre à ôes char-mes, qu'ils on0 torturd les choses pour rqrprocher les mots,

DE LA nuÉronrgur.

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qu'ils ont abusé de I'antithèse, comme d'au[res de l'ellipset

de la métaphore, de l'hyperbole,de-la périphraser cho-se.9

e la métaphore, de l'hyperbole, -de,lapériphr-ase, choses

également bonnes en soi I et qu'enfin la peur de l'abus a fajtpioscrire I'usage I c'est que, d'une autre part, le tour de-phrase,

dans l'àntithèse, ét"lt toujours Ie-même,

cette symé-irie incessante amène I'uniformité, que de l'uniformité nalttoujours I'ennui, et qu'on pardolne tou-t plutô[ qqe l'ennui.

fout auteur de pôrtraiis et de parallèles, tout bel-esprit,en prenant même lè mot dans son meillcur sens, penche vers

I'aniitbèse. Pascal et Corneille en ont de sublirnes; Pline lcjeune, Sénèque, Fléchier, Marivaux, devives et d'ingénieuses;-mais

ées deiniers ne peuYent s'en rassasierl e[ ils en devien-nent faux et fatigants. Fléchier veut dire que mademoisellede Rambouillet ff[ preuve d'une sagesse au-dessus de sonâge. u Qui ne sait qir'elle fut adruirée^ dalrs un- âge où les

a[tres ne sont pas encore connues; qu'elle eut de tra sagesse

dans un temps-où l'on n'a presque pas eneore del-a raiso-n;qu'on lui conha les secrets ies plus import-ants, dès gg'eJlefut en âge de les entendre; que son naturel heureux ltri tintlieu d'eïpérience dès ses piui tendres annéesr- et qu'elle futcapable d'e donner des conseils en un tem-ps où fe9 autres son[à.$eine oepables de les reccvoin ? ,r Il est évident que lavéi'ité, comme la variéte, a été sacrifiée à cet[e synonyrnie

antithétique.Parmi-nos contemporainsrlVM. Jules Janin et Vicl,or Hugo,le dernier surtouto Àont les plus efrrénés partisans de l'an[i-thèse.tles cnuvres de critique-et de théâtre de M. Yictor llugoen fourmillent. Ensemble et détails, but et moyensr actionset caractères, déeors même, machines, ornements, costume,s,

tout lui esl, riratière à contraste, à bat'teries et à cliquetis de

mots. Il les prend de droite, de gauche,à

t-o{et-à-xravers.

C'est une grindc faute, et qr-li, dans-un génie d'ailleurs si

fécond e[ s-i puissant, gâte beaucoup de bonnes pages.

On a distingué diverses espèces d'antithèses.Sait-on revénir les mots sur eux-mômes dans deux propo'

sitions successives et opposées l'une à l'autre, l'altithèseprend le nom de rét'erii,on, Ainsi Bourdalotte : 'r Nous nc

qcr

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GEAP. XXIV. ô4ô

e't Virgile avait mis dqns Ia bouche de Didon cette parole si

touchante :

Non ignara mali, miseris succurrere disco.

triallteureuseo j'appris à plaindre lc malheur !

De Belloy, profitant de I'idée de Yirgile et de la fo'rme deITlolièrer"en'a fai[ tlans le Siége de Ca{uis un enthyrnémisrneremarquable:

ltous ffites malhertreuxo et vous êtes eruel !

Vous voyez que'M. Delille, dans sa traduction du vers de

Virsile" orrpose à I'adjectif malheureu.se un substantif appar-tenÀ'nt $ ti meme racirre. Cette espèce d'antithèse se uommcd,ëriaation, quand les mots, différents entre eux, ont une

origine communç,

Ton bras est ânuaîncumais non pas iwsùncîbtre,.,Et la combat cessa fuute d,e combattants ;

et pol,yptnte, quao,l ce sont diverses formes du même mot :

ll plaôt à'tout le nrondeo et ne saurait se plaàro.

Et ton nom dcviendra, dans ls race futureo' .A.un plus enuel,s tyrans la plus cruelle injure.

Bnfirr l,e paradoæïsme est une antithèse d'idées formulée à

laide d,une alliance de mots qui semhlent soexclure mutucl-lemeut. Ainsi le fameux vers de Corneille:

Et monté sur le faite, il aspfire ùt, descenilre;

ainsi plusieurs Yertl de Racine :

Et Dieu trouvé fril,èle en toutes scs rnenaces....Dsns une lonede enfance ils l'auraient' fait vîeîlltr,,,Pour réparertres ans l'irrëparable outrage... etc'

i ^' , .:L ,

. Y:'! ,!.* u"1..',;, / .,' ; i ', ;.14 r- . : !-, ,'^-- tttr,;'4.",

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f&I* DE LA nuÉronreugn I

Les-hcureux paradoxismes de ce genre son[ une des formes

antithétiques les plus ingénieuses.-Mais, qubn me pardonnede me répéter toujours, évi[ez encore icf I'abus et I'affecta-tiun, et ne rapprochez pas ces mots qui, comme on lra. dit:

llurlentdoeffroi de se voir accouplés.

Les figures dont il vient doêtre question expriment, commevous voyez, une opposition réelle entre les idées ou entre les

sentiments, reprdsentéepal une antithèse entre les mots. Meisn'y a-t-il pas une autre sorte d'opposition ? Quand un dcrivaindit, ou.rlu moins parait dire lê-contraire de ce qu,il pense,quand il e.onseille, prescrit, ordonne même le côntraire déce qu'il veut, quand il prétend ne pas énoneer ce qu,en effet'il dnonce, s'adresser à l'un quand il s'adresse réeilement àl'autre, ne reconnaît-on pas dans tous ces contrastes entre

I'expression et la pensée une antithèse intemcr. en quelguesorte, qui-mérite notre a[tention? Pour que cettd figùreajo-ute au tliscours de la valeur et de l'énergid, elle devraitreprésentée de façon_que le lecteur tre puissé manquer, d'unepart, d'interpréter les paroles dans le sens voulu, et se plaise,de l'autre, au facile trâvail de cette interprétadôn.

Voilà donc de nouvelles formes d'antitlèses. Ce sont celles

gl'91nomme,

en rhétori que r,î,ronie, ëpitrope, asté.isme, prti-t érition, rëtr o action, correctt on,, aommitn icâ,tion, etc.Tout Ie monde sait_ce que lbn entend par i,ronier. j,en ai

ddjà parlé, à propos de la-rCfutation, et Iè mot, comme lachoser-appar_tient au langage usuel. Cette contre-vdrité, partraquelle on loue en apparence ce qu'on blâme en réilité,trouve aussi bien sa place dans le ton noble.et sérieux que

' dans Ie plaisant et le I'amilier. Prenez la scène troisième-dudeuxième acte de Tartuf'e, tlepuis. ces mots de.Dorine :

Nonrnon, je ne veux rien; je vois que vous youlezEtre à monsieur Tartufe,

- -

jusqu'à ceux où Ia naïve douleur de Mariane fait si bien res-sortir l'dnergique puissance rle l'ironie :

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cEÀP. xxtv. ll*5

... Ah ! tu me fais mourir ;

rapprochez-en I'admirable strophe d'llermione, ætc IY,scène 5, d' Anrlrowùaque :

Est-il justeo après tout, qu'un conquérant s'abaisse...

jusqu'à la fin I et vous pourrez vous faire une idée de Ia va-i"ui de l'ironie dans le'genre tragique comme daus le plai-sant.

Vous la comprendrez encore mieux, si vous avez vuAndromaque, je ne dirai pas j ouée, mais exdcutée, accompl ie,perfornrcil,, cônome 1'arlent les Anglais, par i}Itte Rssfusl.-^t'ironie y est poussée jusquoav s&rca,sme, qui, selon la défi-

nition de nobCrtson, n'est qu'une ironie amère, irri's'io anra,-rulenta. Averl ce rôle d'Hermione, un des modèles de I'ironiesarcastique sérieuse, car j'aurais trop à ciber dans le plai-sant, esi une pièce de Corneille, que je regarde comtne unedes

.plusétonirantes productions ïe son génie , Nicornède,

Quand on relit cette pièee, on ne s'étonne pas que Mu" Clai-ron ait toujours regretté de ne pouvoir jouer le rôle prin-

cipal. Ce fut un des triomphes de Talma. Cette ligure deTalma, d'ordinaire si sombre et si tragique, prenait ici unsingulier caractèred'audacieuse jovialité. Tandis que la fiertéindbmptable et la térnéraire ardeur de la jeunesse respiraientsur son front et dans ses regards, l'amère ironie, le profondmépris pour Rome et la cour esclave qu'elle s'asservissait, se

peilnaiônt dans les coins relevés de cette bouehe dédaigaeuse.Ceux qui ont eu l'heur de l'entendre se rappellent de quelton il disait à Flaminius :

Attale a le cæur grand, I'csprit grand, loâme grande,Et toutes les granTeurs don[ on fait un grand roi...E[ si Flaminius en est le capitaineNil ; i,;d" "i-r,i

i' ti"i,;;'î;-Ë

à! r ra s i m è n e. . .

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à Attale

Yous avez de I'esprito si vous unavez du ceur...

à Laodice, après son entretien avec I'ambassadeur de Ro.rr;

Vouiat-il conseilld beaucoup cle lâchetés, i

Madame ?...i

e_t paq dessus tout cette scène 5 de l,acte II, où Corneille ai

donné tout ln gran_diose.de la tragédie à un caractère comiqueque Ia comédie ellc-même semble avoir craint de toucËeraplls lui, le railleur.

Non-seulernent I'ironie paraît louer ce qu,on blâme en1effpt, mais elle conseille le contraire de ce qir,on veutl pourmieux faire sentir toute I'horreur du nai, elle derirândegubn l'exagère jusqu'au ddlire t

-,

.,. Pours-uis, Ndron : avec de tcls ministres, I

Par des faité glorieux tu varte iiÀrtur: I

Poursuis I tu-n'as pas fait ce pas four réculer;

et â la frn d'Anilrom'qquer :

Grâee aux dieux, non nralheur passo mon espérance (r), ;

&t je te loue, ô ciel ! dc ta persévérance.

Cette fqqon -d'ilgnie se nomme épitrope. Deux observa[ions,.lpplicables à l'épitrope comme à I'irônie : c'est d'abord de

i

les présenter rle façon-que_

Ie lecteur ou l'auditeur ne s,ytrompe pas, nes'avise point deprendrevos paroles à la lettrd,el .ne puisse qg.. supposer_ un instant que vous parleisérieusement.

C'est enslrite, dalls les sujeti graves r'd,en-,noblir tr'ironie par la hau[eur avec laquêIle dn ressâisit le,

^(r.)E-spérance e-st-il l-9 -9t propre? Des critiques l'ont bldmé. C,est einsi gue

Quintilien reproche à -virgile-: Nee hntum poiui spe''.re d.olorem. Esperance ,

n'est pas le synonyme d'attànte. Je ne m'aviserai pai de proooncer entrô virqile '

et Quiotilien: mais. quant à Raeine, le ton généràlenrerit irooique du morcËeu I

justifie pfeineruent à mes yetir t'cnrploi ,J'esférance pow attentà,I

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CHAP. XXli. fI*7

ton sérieux. Nûcwnède est encore un modèle sous ce rapport.

On voit que l'ironie qui blâme en paraissantlouer esttrès-fréquente, celle qui loue en paraissant blâmer est plus rare,et ne s'adme[ d'ailleurs que dans les ouvrages légers. OnI'appclle astéisme. Ainsi ces paroles du Lu,tr"in où la lllol-Iesse, en regrettant I'heureux siècle des rois faindants, fait leplus bel éloge de la triomphante activité de Louis XIY; ainsiplusieurs pflssâges du mênne Boileau dans scs Epitres au roi,

Grand roio cesse du vain.ru, ou je ggsedïiôFilb, etc.

qui rappellent la lettrc de Yoitrrre au duc d'Enghien , aprèsIa hataille de Rocroi. C'est la l&1.", qui n'est qu'un longastë,isnte du premier mot au dernier

.l"ai dit qu'il y a beaucoup tl'autrcs formes où la penséecontraste avee la parole. Ici l'on affirme ou I'on rappcllecertaines itlées, certains faits, tout en disant qu'on les passerasous silence, prëtërition;là, on f'eint de s'être laissé empor-ter à la passiôn', ou d'avoir mal apprécié les choses, e[ l'onrevient à dessein sur ce que l'on a dit pour le forl,iûer,I'adoucir, le rétraeter méme et produire ainsi plus d'effetncmrectton, rétroaction,, ëpanortho.se i on a loair tantôf d'ad-mettre jusqu'à un certain point les objections tle l'adversaire

ct de reculer devant lui, pour reprendre bientôt après ous'assurer imrnédiaternent un avantage décisif , concesston,p-rëoccupatton, prolepse i tantôt de Ie consultcr , d'entrerdans son opinion, de partager ses erreurs, afin de l'amenermoins pdniblement à l'aveu ou au repentir, comm,unicatton;plus loin, on sernble mettre en question cc que I'on a dCjàirrévocablemeut décidé, délibératio??, ; oa encore s'enquérir

de ce que l'on sait fort bien, interrogatiott, ; sibien Tême quesouvent, après avoir fait Ia demande, on fait lir réponse, auIieu de I'attendre, subjection,

Analys'ez toutes ces figures, et vous conclurez que toutes serattachent à l'ironte, en ce sens que l'idée exprimée n'y estpas à elle-même son but, et qu'il-noen est aucune à laguellene puisse s'appliquer le mot fameux de Talleyrand : , La

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i

548 DE rÀ hrrÉTonrqur.

parole a été donnée à l'homme pour déguiser sa pensde. ,' ffs

perdez pas de vue ce caractère de double ententel c'est luilui justifie non-seulement le rang que j'assigne à ces formesdu discours, mais le nom. même da figwres que j.g leurdonne.En eIfet, que la coneessionr par exemple, soit réeller {u0yous cornpreniez vous-même et cônfessiez votre erreur, ouencore que vous soyez positivement incertain et ne sachiezen vérité quel parti prendre, il n'y a plus figure. L'expres-

sion d'un aveu ou d'une hésitation de bonne foi n'est pas plusune figure que celle d'un eonseil, d'une demande, d'uneplainte, d'un éloge, d'un remerclment, en un mot de tous lessentiments et de toutes les opinions humaines (').

Autres exemples : Agamemnon, ddplorant le coup fatalqui frappe Iphigénieo est interrogé tour à tour par A,rcas etpar Clytemnesl,re. Arcas, éveillé par son roi, Iui demandequel bêsoin

luia fait devancer l'aurore, quels malheurs lui

aruachent les lannes qu'il verse, s'il pleure Clytemrtestre oubien lphigénie. Arcas interroge parce que réellement iIignorel pôint de figure, emplofforcé de la formuleusitée enfiançais lour l'inteirogation-. Mais quand plus tard Clytem-nestre le presse de ces questions redoublées:

Pourcuoi feindre à nos veux une fausse tristesseP

'Pense'z-vous par des pleurs prouver votre tendresse?Où sont-ils cès combâts que vous avez rendus IOuels flots de sang pour -elle

avez-vous répandus ?

Ôuel ddbris uarle Tci de votre résistancc ? -

Quel ctramp'couvert de morts me condamne au silence

fieure alors; ear toute cette tristesse d'Agamemnon n'est dansla"pensée d'e Clytemnestre qu'une odiéuse hypo-crisie; elle

saif fort bien qu il n'y a eu ni combats, ni flots de sang, nl(r) Et c'ost pourquoi. sprès avolr retranché des figures toutes les variétris d{

ta àéscriptioni i'en retranùe encorc' comme I'avait-déià fait Itl. Fontaniel. l{comminâtion, iimprécation, l'optation, la iléprécation, le serment' la dubitdttionrla licence, eir un mot tout'es les formes consacrées pour exprimerun seni; ;;;J;;t:,i; i" i -""ai i,

-t"- i iài i ài,s àor1pod", esù'un e i bpré"e tion. sani

doute, mais n'*est pas plus rine figuro que la formule inLerrogative t Conzmeùlt'ous portez-aous?

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ÊnoNstATton sttnprE.

Peuilant la nuit, de la Saint-Borthélemy oa n'entendit gtrel€ tumulte'et les cris, le sangruisselait de tous côtés ilaniParis3 on trouvait Ie fils assas-siné sur le corps de son père,le frère mort aiec la sæufet lefills avec sa nàre.

CHAP. IXIV.

,Énonctatron rrcunÉE.

Prétérition:Je ne voue peindrai point le tuurulte et les erie,!e qgng do ioos oôtéri ruissslant dans Paris;Le ffls àssoesiné sur lo corps ile gon oère.Le frêre avec la Bæur, la Êlle avec ss mêie...

Yor.rarrn, Eenriade.

8eg

débris, ni eh.ampg eouverts de morts, et, qu'il n'y a point deréponse

lossibleà ses questions.

Ily a{Sutg quqnd Massillon,. dans le Sermon sur le petitnombre d,es ëlus, interroge et répond en même temps,'touten conseryant Ia forme interrogative : u Quelle est, selonI'Ecritur_e, la voie qui eonduit il-la mort? n'est-ce pas celleoti marche le plus grand nombre? Quel est le parti des ré-prouvés? n'est-ce- pas c_elui 4u li multitude? :l -dssur6ment,

Cest comme s'il disait : Ia voie où marshe Ie plus grand nom-bre conduit à la mort, le parti de la multitùde elt celui desréprouvés. Mais cette incôrtitude apparente sur ce qu,il saitmieux gue personne, cette modestie feinte avec laquelle ilsemble vouloir s'éclairer des lumières de son auditoiie, et sefaireun d'eux pour prévenir leurs objections, tout cela âonneau discours une tout autre énergie que s'il se contentait dela simple affirmation.

- Ily a double, triplq figure, i,nterrogatton, communicatian,d.ëlihëra,tton, prétéri,tion, dais Boileairo lorsque, déterminé Édécrire Ie ridicule accoutrement de la femmè avare" et le dé.erivant en-efret, iI a I'air dnalfirmer qu'il ne le fer"'ù, touten demandant à son lecteur s'il doit ie faire , '

Décrirai-je ses bas en trente endroits percds,

Ses soulièrs grimacants vinet fois rapeiassds ?Peindrai.je sîn jufon bigarié de latin...? etc.

Un- seul exemple de chacune de ees figures en fera mieuxapprécier Ia nattre que toute dissertatioi.

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550

J'avais un ûls que j'almals

plus que ma vlo; ou me I'a dd'iobé, pl"ignez moo iufortune.

Les voyageurs étrangers io-sultent Rôme. et les Romains,eu lieu de s'inillgner il'uu sf-front si sanglant, sourieot auharbalo. lui vendent leur soleilqu'il aime. Loin de rougir, ilsbriguent une frivole gloire, et

triàmphent de ce qu'on ebanteencorË au pied du-Capitole, etqle ce quo', à la Plaie du ferde leuri ancêtres.-la lyre et lepinceau chargent leurs faiblesorains.

J'ai bcaucoup à vous direcontre les meurt-riers de César,

dit Àntoiue au peuple romaio 3

ils prétendent que c'est pourservir l'etat qu'ils ont percéle llaoc de votre dictateur, etque. malgré les bieufaiis dontii lss avait comllds. ils se sontteints de son saDB. Mais Céssro'était coupable d'aucun crimecul nrît foicer der Romains à

ât"ôup

détestable. En effet, il

n'a jamais appesanlison

Po!-voir sur vous, il-n'a pas gardénour lui le fruitde ses couquê-ies, il couronnait vos ]ôtes-desddpouilles du nondeo etc.' etc.

Sl Jésus-Christ paraissaitdaus ce l.entple porrr vous irt-ger, ie suis bien pe-rsuadé que

Ie plus grend nombre de ceuxqui m'écoutent ne serait Pssnlacé À sa rlroito... Ilieu seulSait ceux qui lui appartien-nent, mais si personne tre con-naiù csux qui appartiennent à

Dieu, tout lc monde sait durnoias gue les pécheurs ne luiappeltieu neot.pas.

DE LA nnÉTOATQUE.

Corecl îon, rélnoaction, épnnortlnse :J'airnals un ffls plos gue ma vie.

Je n'ai que lui ; qus disi-je ? liélas t je ne I'ai plus l'On mc I a dérobd. plaignez mon infottune.l,.r Fonrrrnun FableetlK, l.

Et tu souflres sans honte un affront si songlant!Oue dis-ie? tu souris au barbare insolenttfo lui veids lcs rayons de lon astro qu'il oime !Rousis !... mais noi : brisuant un€ slbire frivole,Trio'inohe ! on chrnte encîre au piei[ du Capitolo IA la oloce du fer. ce sceptre des-Romains'

-

La lyre et lo pindeau chrirgent tes faibles mains...Lturnrrnol Pêlmîange tHorolù 13.

Cancession, préoccupalion, prol'rrye :Contre eeg meurtriers je n'ai rien ù vous dir-e;C'est àservirl'Etat qu"e leur grand cæur ospire.

I)e votre dictateur ilè ontpcrcé le fllnc;

Conrblds de ses bienfaits, ils sont teints de sot stng.poup f,'rcer rles Ronrains t cc coup ddtestoble'-Sans doute. il fallait bien que Ccsar filt couptble.Jc le crois.'llaifen6n Césai a-t-il j.rmals-De son pouvoir sur vous oppesanli le lhix fA-t-il eirdé pour lui lo fruit de ses eonquètes?Des deftouillés rlu.nronde il eouronooit ios tstcs'.,Bto., eto.

Yor.uIÈB! t4 Motl de Qésar, iot,l,

Llsez lc discours iusqu'à Ia Gn, et la c-onclu-

gion sora l l)onc Céiarï'étoit pas coupable, etloin ile n'ovoir rien à dire contre ses meurtrlers,

ie dis qu'tls sont d'iofdmes assassins.

Communâcation:Orr.ie vous le demande, et ie Yous le demanile

avec térrenr, ne séparan! Pas en ce poitrt monsort tlu vôtre, et mi mettaot dans la mérne dis'

position oùje souhaiteque vous eotriez, si Jésus'Cbristparaiisait dans ce templo pour nous iugertcroy"rlvooe que le plus g.raïd nombre, tle toutco due nous sommes ici fût placé à se droite?...Je ious le dcmande; vous l'ignorez el, je I'ignoremoi-même. Yous seul, ô mon l)ien! connaisseaceur qui vous appartiennent. Mais si uous og

connaiisons pas ceuf, qui lui apparl,ienoenl. I

nous savons Tu moins riue lo. pétheurs ne lulappartieonent pas.

!ilresn,ror, Oupattt

nonbredes êlwe.

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Go n'est qnten falsanS desheureux quo- les grands.peu-veut êtro beuieur eux-mômes,car touLos lss autres iouissancergu'ils croiraient pouvoir reti-ren d eleurs grandeurs sônt tou.JOûrS accoErPEgne€s de mautôn d'inconvéniente qui cban-geot eo ?ourments l& ptaisirs

gn'lls ospéralent,

",f, -

i.-it eit bie.n èortaia que tort

dcrivcin viùt mÉrit"" l'"-ourdu iulblia et dviter la cenrure;e_htùlenl pour y parveuirl ildolt varier Bans cesse ses dls-eolrrô, e! 6ti€ ù lul: Bôme uncrltique sévàre de ceo ptopres'-ouyrages.

[ '- :' AsititéDent, I'ineeadio ds

I Bonre et de I'ltalfe me font md-I priser Sylla, et puisque j'ab-I horrs Âttlla . je aladmlrerai' pas Aler,andre.

al -,-..,., {

â'11;'l- ! ' ",r

l:eêtf:i!r''t : _

Èrf 3{rot! r:.t ,i'_ -,..-. lugttrrlil'rrui'"'( i,. - ': ,:

l.n'I gà aTilÈr1,1;,T r{ :-,, - " .

:rrb f"h Ttr{q i. 1 :"; ,.'-.

egÀP. xxlY. âsl

Communica'tien, dôlibération, interroga-tion, subjectrbil, ajoutant uu intdrêt plus

vif au lieu énunûratton des partïes :Mais quel usago plos dour et plns llalteur'mes frèris. pouËi"i-oous fsire ds çotre éléva-liorr et do iotre oputeuce ? Yous attirer deslrommases? Mals I'oiEueil lui-môme s'en lasse.Commùdpr sux hotimec, et lbur donner deelols? Mair ce sont IÂ les colne ile l'autorité. càn'en est pas le plaisir. Yolr auto'ùr'de vous mul-ùiplier â'l'ln6nÎ vos serviteure et vo3 esclavss?Miis ce soot des Lémoins qoi vous embairassonù

el îous gôoeot, plutôt qo'uine pompe qdi vourddcoro. Habiter dèr pelais somptueur? Mois voueédifrez, dlt Job, des soliludos, où lec souèls etles noirs çhagrios viennenl, bientôr habiter avecvous. Y rarcehbler toue les plalsirs? Ils peuvent.remplir...os easl,es édiûcesr. rsis ils laisseroaùtoujours votre cæur virle...t etc.

lfrssruorrPatù kr&w.

:- -_.

- i'

Quoi t llome el I'ltalie eu ceodrelfe feronS honorer Sylla?J"admirerais daas AlerandreCe quojocbborro eu Artlla?

J.-8. Roûrssau, Ode à la fetuno.

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CHAPIîRE XXV.

DDg FICUAES.- FTCUn,TS PÂ.lr DÉI/IILOPDEMEIïT ET PÂAA3RÉVIÀTION.

r.e rapprochement des idées semblables ou opposées' est

assurdmont la source Ia.plus fdeolde de_s figurôddu style,mais nous ayons dit qu,elle n'était pas la sëule; i,écriiaiipeut encore donner au discours l,dnergie ou l,élégance, soiten développallr soit en abrégean_t I'exfression de ïa peisée;et pgu.r. l'ampJifier comme pour la cgn-denser, la rhdtoriquéemploie des formes spécialès dont il est util'e de connaiirele nom et I'usage. Qdbn se rappelle d'abord ce qui a été

eSposé plus haut à..propos de l'âr-nplifieation et de ia préci-sion en général, il, T._ s'agira plui ici que d,en énu'mdrerquerques lormes spécrales.

Un des premiers moyens d,ampliûcatiou est la périphrase.

, Qui dit qértphrase dit circonl-oeution. Le but'de fa péri-phrase est de fixer l'attention sur certains attributs de I'idée,eontenus, saus dou.te, mais soufusé_ment avec tous les autresidans

-lemot qui

frexprime,, et qq Ies mettre en lumière parun développement particulier. Là est toute ra thdorie dti tapériphrase. Toute circonlocution dans Ie discours est-elle undéfaut ? Oui, quand elle résulte uniquement d,une délica-tesse outrée, -d'une horreur déplaeée pour Ie mot propre,quand elle nh en.vue g:ult.pqqpe er_re luxe aes farritesiguand elle obscurcit au fieu d'éslaiier, délaye au lieu de eir-

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CEAP. XXY. octconscrire; non, quand elle n'a pour but que de mieux fairesaisir lIdée sous

certain point de vue, d'en signaler certainséléments, de remplacer eifin Ie mot tûi-même-par une défi-nition ou une deseripl,ion utile et oppor[une. Pdriphrase ana-lytiqu.e, bonne et louable forme; périphrase emphatique,faute à mon gré, toujours et partout.

I.a périphrase doit servir à caractériser l'idée. Si je dis :Dieu fait la loi aux rois; Dieu arrête les complots des mC-clants,

-joénonee_deux vérités, mais je ne câractérise pas

Dieu e! tant que dominant les rois ou réprimant Ie crime,et mes deux vérités courent risque de passer inaperçues. Maisqu'au lieu du mot Dieu, Bossuet dise avec sa pârole magni-!qo": ,, Celui qui règne dans les cieux e[ de qui relèvent [ousl_es empireo, à qui seul appartient Ia gloire, la majesté et l'in-dépendance, u il expligue par eette périphrase comment e[pourquoi Dieu u es[ aussi le seul qui se glorifie de faire la

loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plait, de grandeset de terribles leçons. rr Que Racine désigne Iiieu -parces

mots :

Celui qui met un frein à la fureur des flots,

nous coneluons duplus au groins ou du mêmo'au même que

celui-làSait aussi des méchants arrêter les complots.

Et observez, ayee Condillac, que si, en cïnservant les idéesprincipales, vous substituez I'une des périphrases. à l,autre,toutes de.ux vous paraitront froides et-déplacées, paroe quele caraetère donné à

Dieu n'aura plus asséz de râpport avecson actidn dans l'une et I'autre cirLonstance. .

QorpÈ la_périphrase ne caractérise pas l'idée, elle doitcaractdriser le sentiment de l'écrivain ou du pQrsbnnage enscène, J'entre dans une église ; elle est tendue-'d'étoffe ioiresemée d'armoiries et de larmes d'argent, un ôatafalques'élève au milieu du'chæur, dcs millieride ôicrges brûIeni à

30.

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oD4i

I'entour, ou chante les dernières prières. J'interroge un assisrtant qui me répond

:u C'est

le frince***, mort"il y a deuxSoursr.et .qu'on va porter en terre, l'office terminé. u C,estun.intlifférent qui annotrce une nouvelle à un indifférent; joT'li -p.as_

besoin-de

dire qu'ici toute périphrase serait torifàfait déplacde. Mais quandB_ossuet veui faiie sentir aux grandsdu monde tout le néant des grandeurs humaines" le"s fairepâlir et frisso-nner à I'idée desTormidables coups dé surprisede la mort, ah I ce n'est plus alors Henriette d'Angleterre que

I'on va porter â Saint-Dênys; !e sentiment deman'dera ta pé-riplrrase: ,r Encore ce reste tel quel va-t-il disparaitre, célteombre d-e gloire va s'dvanouir, e[-nous l'allons v'oir depouittéeruême de cette triste décoration. EIIe va deseendrb à cessombres lieux-,. à ces demeures souteruaines, pour y dormirclans la poussière, ovec les grands de Ia teriel com-me parleJob, avec ces rois_et ces prînces anéantis, paimi lesquels à

peine peut-on la placer, tdut les rangs y sôni pressés, îant lamor[ est prompte à remplir ces placês ! u Ést-ce lô mêmeorateur qui s'était_ éerié quelques iroments plus tôt, e[ sanspériphrase cette fois : u lTlaâame se meuri, Madame estmorte ? rr Deux impressions difrdrentes à prodiuire sur I'au-diteur avaient détciminé ici l'absenee, lâ i,usage de la pdri-p,hrase. ,, II y e,n a, dit Faseal, qui masquent to-ute la naïure.

-Il l? 3 rytin1 de roi pour euxr-mais r-ri auguste monarqueipoint de.lgrjs, mais une capitale du royaurùe. Il y a deien-droits où il faut appeler Paris, Paris,

-e[d'autres où il faut

I'appeler capitale ïu royaumô. n _-ll fait nuit et Didonveille. - On_comprend que le sentiment dennande une péri-pbrase pour Ia prômièreidde, et que cette périphrase eipri-mera nécessairement le contraste entre le repos sileneieux dela nature entière

et I'orageuse insomnie de i,infortunée :

C'dtait I'heure où tout dort dans une naix nrofonde:Un calme universel assoupissait Ie mrinde : 'Ni les flots deJa mer, ni ies feuilles des b6isN'exhalaicnt un murmure, ul)o plainte, une voix:Les étoiles glissaienI dans ie eiei taciturueol,es trorrpeaux rdunis sous le bercail nocttrrne,

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CEAP. XXY.

[,es oiseaux colordso les voyagcurs errantsOui peritrlcnt les for-êts ou les-lacs transparcnts,

i-lolli'meirt engourdis dans lcurs muets ilomaines,Savoursient lô repos et I'oubli de lcurs peines,ITlais la fille de I'yr vcille avec ses ennuis (r).

Sans doute, vous vCIus rappelez bien des périphrases pou{rendre ces mots z i,I fait n?tit; comparez-les ensernble, etr.sielles appartiennent h de vrais écriv.ains, vo_us -remarqr_erezcomment elles se modi'fient d'apiès l'analogie des idéest

d'après Ia nature dcs sentiments, et enfin d'après le carac-tèrê des ouvrages; car ce sont là les trois influences aux-quelles doit obéir la péripbrase. Vous souvenez'Yousr parexemple, du commencement de cetle charmante petite co-médiè d-e iUotière, le Sici,lient ou, I'Amour peintre, le.seulouvragc peut-être ên vers blancs qu'ait produit le xvtru siècle?

ll fait noir comme dans un fouroLe ciel s'est babillé ee soir eu scalamouche,

Bt je ue vois Pas uue étoileAui montle le bout' de son nez.

Enfin, on euiploie souvelt Ia périphnase rtgiquement pourajouter â I'dlégance du discou_rs1 mais icir elle m'est presquc

tôtriours suspe-cte. Si la périphrasc ne ser[ pas Èr earactériserla frensée o.i le sentirneit d-'après les lois de la liaison des

idé'es et le ton de l'ouvrage o p-oint de périphrase; je préfèreIe mot propre, toutes lesTois du-fgin: que.les bienséances

ne s'y oppôsetit pas; et quand je dis les bienséances, j'entendstes rUetiôs et lei vraies] et non celles des précicuses ou des

classiques exagérés, ce qui est tout un.

i ,,', Ces vers de Barthélemy sonb singulièrement heureux tl'élégance et d'har-i -ôtii"; Ie dernier seul est i'aibte aupiès du cri admirable de Yirgile:

Al noo infelir anini Pbænissat.,.

voltaire a mieur compris Ie tour latiu; et, malgré l'iucoucevalle dlstraclion gu!

lui a fait prendre, coùme au sioge rle la Fonlaine, lo nom d'un pOrt Ponr nanom d'homme, ie prélèro sa forme,

Phdr,îsse reille et pleure 1...

-r!oôDit

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ôs6 DË LÀ nHÉTOntQUE.

-Le dix-huitième siècle a tué la périphrase par l,étrangl

abus qu'il en a fait. L'écolede

Boiieauet de haci'e la liiavait léguée, mais il a dissipé l'héritage avec une inconcevab(

profusion. C'est un _4^es pbints par lesquels M. de Chateau-!1ia"nd appar[ient à l'époque quï t'a vdnaitre, surtout dans,.A,tal,a etle Génie du Christtanisme. Ahtsù eh6,ntai,t l,ancien,d'es hornm,es vaut-il mieux que: ainsi-oarlait le vieilrardr-3êmc_{,qs- ce ql'on nomme prose poéiique? J'en doute fort.Dans IIIM. Delille, Fontanesr-Legouvé, eic,, c'est autre choseencore. r.a périphrase est pour àux une espêce d,énigme pro-ipgség au lecteur'. Ils ont l'air de lui dire: voici une-idée, ehbien !je parie Ia présen[er si adroitement que vous en dâvi-nerez I.e m$r sans_gue je le-prouonce. par èxemple, devinezcecil c'est Henri IV qui parlô:

{9.v.eu1 enfin gu'au jour marqué pour le repos,L'hôte laborierix dcs-modesteshanieauxSur sa table moins humble ajt, pa-r ma bienfaisance,Quelques-uns de ces mets résériés à I'aisance,

Le prenrier v_ers signifie : je veux que le dimanche.-Bien !-Le second : chaque paysan.

-Très-bien ! - Et les deux der- ,

niers : mettc la poulc au pot.-Parfaitement bien. Henri Iv

Iui-même ne l'aurait peu[-être pas deviné.-yous vous mo-quezi mais sans cette périphrasô, le mot si caractéris[ique du r

bon roi.ne pouvai[ entier dans une tragédie. - Dh bien ! il r

fallait l'omettre plutôt que de Ie iléfigùrer ainsi. III. Delille'lveut exprimer qu'il va prendre son caTé. tt ne peut décern- i

men6 dire en vers: ma [asse, mou café et moir sucle sont j

prôts. Comment s'y prendra-i-it ? i

IlIa co.upe, mon nedtarrle miel amdricain 'pue du suc.des roseaux exprima I'Africain,Tout est prét...

i

soitl I'esprit sourit volontiers à ces tours de force" ooo"ro.lqu'ils ne soient ni déplacés, la passion vive et les roniàances !

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0HAP. XXV. 557

historiques les admettent rarement I ni énigmatiques, comme

MM. Delille et Chateaubriand s'en permettent parfois ('); uitrop multipliés. Juvénal veut dire : tandis que je ne suis paseucore Yleux,

Dum nova eanities. dum nrima et recta senectus"Dum superest LacÉesi qu-od torquest, et pedibus mcPolto mèis, nullo dextra'm subeûnæ Éaciûo.

Boileau traduit i

Tandis que, libre enoor, malgré les destinées,Mon corbs noest Doin[ courbé-sous le faix des-anndes.Oubn nô voit priint mes pas sous l'âge chanceler.Et qu'il reste à la Parque-encor de qu6i ûler.

On peut soutenir, sans être trop rigoriste, que le prerniervers de Juvénal et le second de Boileau suffisaient pour ex-primer compléternent l'idée; Ie troisième surtout pa-rait tout

(r) te demandais à un ami ce quo signiliaient, À Eon EeEô, duo"".r.

où llelllledéerlt les travaut de cerlaiqs prisonniers r

,.

Et dtun art inventif l'éléganto mervellleS'en va reudro plus purCou la boocho ou ltoreills.

Cet aml était mosicien: q Ce cont des chronomètres, D me rdponilir-il. Delilleveut parler lout bonnemeut des cure-dents et des cure-oroilles-. Mais ces sortesde péripLrasos Eont commo los hiéroglypbes qui reçoivent divors sens, seloo lestlivers sujets traiùés. II est certain que si 1V[. Delille appelle uu cure-dentsl'étë-gante merecille d'un drt inventtfe quelle périphrasé réservera-t-il pour lesdentelles de Bruxelles ou le^s bijoux de ûligraoe? La manie de la pénphraseénigmatique mèae souvent fort loin. On a cité, par exemple, ces veri du-vieuxMaynard. Un père veut dire qu'il pleu-re sa ûlle morte, tanTis que, selon les loisdo la nature, c'est elle qui dovrait le pleurer :

Sur mon tombeau ma lille devrait faireCe que je fais maintenant sur le gien.

Lo P. Bouhours trouye ceta fort joli. Je trouve le P. Bouhours aucsl Impertlaentque le poëte Mayoard. Mais en allant aioei, nous voilÀ alux précieàses. Onte mouôhe, plus là chaudelle, oz retranche le supe4flu de I'aril,eit; on n'ayanceplus un siég,a, onot iture les commodités de la-coi.'ersation; on no prend plusunô prise de tabac, on insinue la rotondité do ses doigts orbiculairbs danls lagrenier labachîque, elc.

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5ts8 DE LA RndronIQtIB.i

3r fait superflu dans les deux poëtes. rr Lû règle, dit forl bie!Condillac, est que, quand on veut exprimer une mêure chos{

par plusieurs périphrases, les images soient dans une certain(gradation, qtr'elles ajoutent suscessivement les unes flux âtrrtres, et que-tout ce qu'elles exprimen[ convienne dgalementlnon-seuli'men[ à la chose dont on parle, mais encore à e(

qu'on en dit. r , i-On a appclé pronominati,on Ia pdniphrase qui remplaee ur

seul nom. Ainsi le vers de Racine,'i

eelui qrri met un frein à la fureur des ffots,i

substitué au mot unigue Dteu. Subdivision inutile,_à moiavis. J'en dis autant des deux figures proposées par M. Fonltanier, laparaphrase et l'é.pùphiase. Il cite comme exemplide paraphrase les vers d'Iphigénie:

Ce destructeur fatal des tri.stes LesbiensoCct Achille, lnauteur de tes maux ct des miens,Dont la sanglante main m'enleva prisonnièrenOui m'arradha d'un couD ma naisèance et ton pèrenÛe qui iusques au nom iout iloit m'être odieui,E.t il i"uj i"t .ort.ts le plus clrer à mes yeui '

.i

et comme exenrple d'épiphrase les deux dernierspassage de Fhedre

Et ouisse lon sunnliee à iamais effrayerToris ceux qui" cbïnme to"i, par de lâôhes adtesses,I)es urinees mâlheuleux ilriurrissent lcs faiblessesoLes ioussen[ au pencltantoù leur cættrcst enclin,

Et ldur oscnt du èrime aplanirle chetnin,

Détcstables flatteurs. rrrésent le plus funesle'Quc prrisse faire aux'iois la eolèie céleste !

vers de elI

r-i

I

,l

I'l

I

'l]jl

Flais il est bien évident gue Ia prenrière strophe n'est quluqRecumulatiou tle périphrâses, rine dnumération des idéesco{tenues dans le niot Àchille, et les deur Yer$ qui termine!

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CIIÂP. XXY. ôJiI

la secontle, une sorte de périphrase-additionnelle. Pourquoi

dono grossir inutilement lanbmenclaturs ?

- ôuà'nt à Ia paraphrase pl.oprement dite, puraplrase des

n.oi,111ur, paràplràse d'ui arïicle de loi, etc', ce n'e-s[ plus

ià uoe filrire cl'e rhétori{uoz c'est un commentaire plus ou

ilil eËq"eut ou logiqùe d'un texte; rous n'avons point à

en parler.fl n'est pas toujours néeessaire 4e développel I,a Pensée

pour lui faÏre proïuire tout son effet, yo$ a.t'tgindrez sou-

ig;a t. même Ëut, en vous contentanû de la répéter._Il suffi tparfois" poor

".énerla conviction, de rcproduire touiours

i.r tr6fuàr preuves; pour entrainer dany notre sentiment,d,appuyer sâns cesse s[r les mêmes idées et les mêmes e.lPres-

sions. C'est en ee sens que Napoléon disai[ â4 Sainbe-Hélène :

iÏ;àJùïdr rftbrrtq,iài* qris éloquente est la répétition. n

Rëp\tition

-Ls mot définit la chose :

Eurvdice" Cesttoî qu'appelaitson amourt - -

Toi,"qa'ilfoleurait la nuitr fo'i qu'il plzurait le jour'

Dans Massillon : r,.Ce monde ennemi dc Jésus-Christr-ce

*iod,tqui ne connait pas Dieu, ee m,ond'e qui app.elle le bien

"r-*rt

ii r. mal un biett, ce- mond,e, tnul' mond'e qu'il-est,

,r.prræ .ncore la aerta, envie quelquefois le bonheur de loTir'ù. inéronà mo".nt un asile ei unê consolation auqrès des

;ililù; iit"uertwrrend même des honneurs publics à lcûert1t.tr--toutitu

de s'arrêter à Ia répétition, ni d'en énumérer toutes

t.r;;iétés intliquées pm lô rhéterirs. Nlais disons un mot à

"âoropor

des réôétitions qui échappent involontairement. En

géiO*âf , it fau[ ô'en gardei. Oès qirè reparaitun_mot qui s'est

ir*ÀrtÉ peu aupara"vant, oe retoûr monotone esl un signe de

iéntis.nô tlanô l'éqivain. Cherchez à substituer un autre

t*";;. Le travail de syuon_vmie qu'exigeront vos scrupules

ooor rcru utile comrne étuaê de vosabulaire. Souvon[ llrême

iu âim"otté de trouver un équival_ent convenable vous obli-g.rn h *uranier toute la pens?e I tant mieux ; il est rare qu'on

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360 DE LÂ RUÉÎORIQUE.

se repente doavoir ainsi remis son ouvrage sur Ie mdtier nouJle polir et_le corriger..yous ne vouliez"q"; j'ù;;illaurez.amélioré, et la rdvision vous aura iaoate *Ë id'é, q,r

ne s'était pas offerte d'abord. voilà la règle;-'ori,-jie o,.spas plus.que d'autres sans exception. u qiand, doos un dis.cours, dit avec raison Pascal, on_ trouve àæ rôtr repetes, àrqu'essayant de les cqyjSel3 b1 l-es trouve sr propres, q#o;gâterait le disgo_urs, il fùt ies laisser I c'en .ri l*'*ùque, elc'est Ia.pfr.t.de I'envie qui est aveugte, et qui nâ sait p'", quocette. répétition g'e;tpas faure en ier endiàit; ;;i;ir o'y epoint de règle générale. ,

1: lp.de répéter. Ie mor, gqu-vgnt on répète l,idée, eqaccumulant soit des idées semblabres, ce.quï les rhétâurqappellent, erpolttio.n, soit les divers sijnes ,iui e*p"iÀent la.qT. idée, ce..qu'il-s nomment syno.nymie oi métàbole. Eip.pojyte

'

se justifiant. auprès de Thésée , emploie huit orr.^ à

Iui prouverque ce noest pas tout à coup, maii insensiblemenl:1 qT lggrés, qu'une âme vertqeusË devient e.p"trte a,ongranû crtme :

Examinez ma vie, et voyez qui je suis.Quelgues crimes toujouis pr'écdTeni les grands crimes.lJurcolque a pu tFanchir les bornes léeitimesPeut violer aussiles droits les plus saciés.Ainsi quo Ia verruo lu .liryç a Ëes degrdilEt jamâis on n'a vri ta timiee ionocuocePasser subitement à I'extrênre licence.Vn seul j-our ne fait pas d'un mortel yertueuxUn pertide assassino un lâche incestueux.

Voilà l'eæpolttion. ,

. .Voicil!

.synonymie :Cicéron

veut faire comprendre latuite soudaine et inattendue de catilin a t Abiît^, ercessit ,eaasùt, erupit. -- --- ' -'-'

... Va, cours, vole of nous venge,

dit Ie vieux don Diègue. J'ajouterai avec presque tous mes

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préddccssours I'cxemple de la Fon[aine dans la fablc dûCh,ar'

latunCe cltarlatan sc vantait d'êtreEn éloorience un si graltd maïtre,Qu'il rèndrait disert un ltatlattd,Ûn manant. un rustre, un lourdaud I

Oui. rnessieuFs, un louldaud, un animalo ttn âne.Oue lbrr mtamène un àtreo trn ànc renforcé,

Je le rendrai mailrc Prssé'..

Yous remarquez dans ces deux derniers exemplqs ule sor[Û

de crescendo dàns la synonynnie. trl en est presque toujoursainsi. etla méta$ole Àagne à cette gradation ascenclantc ou

deseendantc..I'ai déià traitd dc Ia gradation I cellc que lcs ttrots

renrésentent si biei s'appelle alirnun, du ntot grec qui veutdiie, échelle, degrds. nÏ. Géruzez a trouvé un remarquablc

exemple de ôtimâr dans la Satire Ménippé7t .:.* d'Aubrayrappeiant au peuple de Faris tout ce -qu'a fai[ po.ur luiIlËriri Iltr: uTu n'ai pu supporten ton roi débonnaire, si facile,si familier, qui s'était reiûu conrrne concitoyen.et bourgcois

de ta ville, {u'it a enrichie, qu'il- a embellie de somptueux

bâtimentsr'nô"roe de forts et-sriperbes renrparts, ornée de pri-viléses et ôxempfions honorablês i que dis-je ? pu supporter !

Cestbien pis" tir l'as chassé de sa ville, de sa maison, de sonlit! euoi ôh"i.é? tu l'as poursuivi !-Quoi poursuivi ? tu l'as

urr.Ëioé" canonisél'assasùna[eur et fait des fcux de sa mort!nL'expoiition sans gradal,ionr cornme celle de Raeirre que

nou"oàorns de citeir peut souvent paraitre-un p\ëonasma,

*ê*" en prenant le rrbt dgns qa. p_ire.acception. Cette criti-que cepenâant s'appliquerait rnal à Racine. t]argy.Pent d'$ip'

Ëolvtdest lc ptuË'puissant, presque le seul qu'il ait à faireialôir. Il devait appuyer ênergiquernen_t sur.ce[te preuve.trl v a d'ailleui'd rriusieurs ésÈèces de pldonasme, e[ I'on

a dù "le pressentir il'après ce que j'ai -dit e-n traitant de lnpr'écision-. II me su{Iila

-doncd'ajouÛer ici quelques lignes sur

àctte figure donl, j'ai fait le ternrc générique de toutcs cclles

Qui pràcèden t pa-r ddveloppement d'iclée.

3l

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. ,!"^l!j::r,r1_r,jys le langage ordinaire,_consisre à ajourela--ra prrase_ des mqtr qyi lui sont ou qui

lui sembl"ni inu.]tiles. iïIais dès que I'onïistingue ces deùx espè.*, , ir""nato.jl11y9

o91f emproyer, pour Ies exprimel, deùx reÉnes ditrd.]

3$2 DE LA nnÉlonrquu.

Je I'ai oz, dis-je, au, d,e rnes propres yeuæ au,Ce qu'on appeïIé uui.. 1t1,

et l'imprdcation de Camille:

Puissé-je de mes yeut y ooar tomber, la foudre !

Voltaire blâme les deux vers de Nicomède:

Troiq sceptre_s à son trône attachds par mon brasParleroni au lieu d'elle, et ne se tairont pas,

rgnjs, selon que les hoF- superflus Ie sont -é;iË;; ,,1seulement en apparence. Elle appellera périssologte, battolo.,gier,tautob.git; les -adjonctionide mors qur n.a.;outent rien àI'idéer_ et-réservera lc.nom lepléonasmeà eelles qui lui don.nent de I'énergie ou de l'élégance.

Quand on dit dans la con-versation : mont ez en haut, des.cen,4ez en ba_s, il n'a seulement qu'à dire , s'entr,aidàr nur.-tuellem,ent, il s'est porté à la dernière ertrémicé, ;k";;uandon parle,.comme ceitains pamphlétaires, dc l,économià dh*;;tique d: lg ma,tson,

_ce -qùi péur se rraduire pii i-àir"nnr_m.ent de la maison de la màison de lo maisok,-ilt;;;ir;-ment périssologæ. Mais j'appelle pléonasme le mot"dorgon :

_ !') Er.sce oculis egomet ?idi ,- disait Tdronce o.employant quatre mots , oùcésar n'en mettait go'lo. s Et ceta est fondé en rais_onl aii v""$ul"rf p,

lorsq.ue nous .vou.Iois bluo

"..or""ut,

"m"-u",roo crrose, it ne su{Ët

,"ïil ï"";simplement, je,l'ai au, je I'a-i out, puisgue bieo souvelt ti"r", iirile avoirvu eL our (res cuoses que, st r-on nous-.pressait d'en dire la vérité, uous nrose_rions assurer. Il faur donc dire , ie tlài otu de mes ïeuæ, j. l,if-iit de m"soreilles, plur ne lalsser_aucun sujet de douter que"celu ou'.oif"i-ori. no oo

Tfll-l-::F,::T_"]^iï_d,::,-r\il.:i.die plos que u'aurre, p";?;;;;Ï; ntice de,

P^t_"o::_t:::-(1oil,à Dolre p.eriss.otogie), qui c^oa_siste à ne dirà qu'une méme choseen parores drfiereutes et orsives, sans qu'erles eye,nt une siguification ur plusrggenTu''e ni plus.forre que les p.rim-rèresli ii6"i lire_t-outeîerre reiiarque de ,

Yaugelae ' qui est la 16oo, sur-les formes, unir ensembl", iot.r-oi-ïiàrr, *t .

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CHAP. XXY. 366

Il compare ce dernier hémistiche aux dictons de M. de la

p"iit.à". ifue l'ensemble de Ia métaplore soit.répréhensr-trle'3r f;*r.oilfe, mais Voltaire, loin de îoir u.n-e périssologie dans

ie secoo4 vért, y eirt trodvé une- opposition énergique, s'ilen crït napproehê celui qui précède :

Et quand il forcera la nature à se taire'

u Mon pèreo dit Nicomède, pourra faire tairela nature dans

son cæur, mats *es cooqoête-s parleqontr- elles parlerontioujours, .oor.t*tu; quelque choèe qui anriver,celles-là du

moîos ,ré ,e taironi 'pni." i. oe vois ià qu'un pl.éonasme de

bon aloi. c'estl,avisôe Ù1. Fontanier qui, en généralr montredu eofit et de Ia saeaôi#. Le même rhéteur-ajoute-au p!go-

"otilïat"i autres"fignres' l'apposï,ti,on et l'enplëtion' C'est

tropsubdiviscr. Je nCvois pas ia nécessité de mettre aH rang

à.ing"r* qoétqo.r substnhtifs employés au lieu d'adjectifspour qualifier,

Lorsque César, l'amour et l,'effrod ila la terre ;

ou quelques adjectifs qui précèdent le substantif plutôt que

de le suivre :

Telle. aimnble en son air, mais.si'mple.!'ags son slyle'

Doit éclater sans pompe une élégante idyue'

ouanc à l,emploi de certains mots redondants en-ilpparencct

Ëiii' qJi- -Jritr"t réellement à l'énergi".dti1 p,hrase : Sai-

*i..erinor'ïepetit vaurien

, ieaous É traiterài de la bclle

manière;

Prends-moii lo bon parti, laisse-là tous les livres' etc.'

anoelez,ces idiotismes eæplétionsrje ne m'y oppo-si point';

iiifr'i-, ffiL ffi; ie fait,'de vraid fléonasnies que I'oa peut

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76& DE LA nilÉToalQug.

"analyser,ou des espèces d,interjections, conrmunes à tou[eqles langues. ------'-' vv""squwù'

,

comrne nous venons d'adrne[[re des figures par resqueneel'idde acquiert de la force en ru âJo.roppant, nous en reconjnaîtrons qui la -fortifient en ra co'densâDt et en Ia resser-raDt. ces dernièrcs se 'renferrncnt sous Ie nom gé"é".rd'elltpse.L'èlltpse est Ie contnaire,du préonasme. pour donner. plusde rapidité au diseou^, .iru *.ippii* un ou prusieurs mo[s

et quelqucfois même une idé'e. .le trorrve, 'an- arrt, uneellipse dIdée dans l,/rt poétique d,Horace : '

eui purgor birem suh ".r;iï"tgi.fffill.rr,Non atrus faceret meliora poémaia...;

et dans Tartwfe :Si I'on vient nour .lne voir, je vnis aux. prisonniers  Des aumôncs'que j'ai porii6i"r'lËîouor"rs.

,r Maladroit gue je-suis, dit Horace, à propos des poëtes:I::ol"igues er chevelus cie son rempj, *,fo fâ, _êmes ridi_:1tj :'^:.T r"i:.lil1 I r, Tf : r,., éposuesl Éal a droi f I uî j. .uir,,:i": flyr^{?::^y!,*rt tottt te mmde, 9!ri.rne pu"ge à liappro-9le du prrntemps; sctns cela, si je ne faàsaùs-pai comrnetautre menq,erJe sera,$ répu-té te Ttremîer d,es poèitês, nul ne feraitres vers mteux que moi. r - t( Si l,on iient pour. mc voir,dir Tarrufe,-dites A!e_ ie ry'U su.is por, puri; ï;;î"îfu po_tager mes deniere-auf prisônnierô. u

En fait d'ellipse. dernot, tout re rnonde se rappeile re fa-meux vers de fdacinc dans'Ândromqque

Jo toaimais inconstant, quoaurais-je fait fidèlel

. l'ellipse ajoutc. infinirnent de vivacité à Ia narration, sur.-tout t\ la narrabion familière. Irc'utez te commônecmcnt

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d'un petit réci[ rlc cctte espèce : Un io1r1 Yo trafiquant per-san, s'en allant en commerce, mit en dépôt chez s^on_voisin,

eenî ltares de fer. Vau,ilri,ez'uoxcs nre rendre uon fcr? dit'iltquand it fut de retour, - lrsvg me d,emandez votte fet,i'A;pondit,le uoisitt l il n'est plus... Yoisi maintenant ce quel'ellipse fera de cette phrase I

ch ez son

""i;,"Y'*,lii

TiliiÏ'"|,iffih.",AIit en dépôt un cent de l'er uu jour.Mon fer ! Tit-il, quattd il fut de retour. -Votre fer, il n'ésI plus...

'Plusieurs appellent d,ialogisme cette. es-pèce d'ellipsc qui

supprime dani-le courant ôu mênne dès le commencementau hiatogue les fornnes qui exprimeut-qu'un interlocuteurprend la"parole ou succèdè à un-autre. z il'il'ilrrëpondi't'il'retc.

' L'ellipie peut avoir ses défauts. Elle ne sait pas toujourséviter li dureté, l'obscurité et Ie solécisme.' J'appelle elliÉe dureo laborieuse, cglle, par exemple, dela Fohiaine luilmême àia fable 2 dtl livle-Xrl'Hornme et laCoaleua.re. C'es[ l'homme qui répond au serpent :

Ic nourrais ilf Ë:f :iîË :,',* J*ii,i;rr ienr,\laÏs rapportorrs-nous.en - Soit faiir dil, le reptilc.

Rapportons-nous-en .. à qui?que n0as prendronE poar Juge.Latins.

Le vers si souvent cité :

sous-entendu : ri quelqu'ttrtDuriot ellipsis, diraient les

Le crime fait Ia honte et non pas l'échafqild,

est une ellipse obscure, quoi qu'en pense Condillac. Car Iapremière idée que portc Il'espiit ]a construetion "gramrnati*èale de Ia plrra6e, c-'est que le mirn-e ne fait pas l'rlchafaud,comrûo on-dit : lc pcintrô fait Ie tableau et nou pas la statue,

34.

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566

tanclis que l'autelr a vonlu dire gue l'échafaud ne fait p*, tn j

houte. On pentblâmer, pour le même motif, I'ellipse d'e Ca-

I

simir Delavigne dans l'Ecole des 'uieillartls; i

:

J'ai voulu par le luxe en imposer un Deu.Jedis un pèul beaucoup, jtime croira'is c'oupable.

_ Eg{in le pire défaut de I'ellipse, c'est le solécisme. Corneillecf it dans Sertorius, acte III, sôène 4 :

Ce n'est pas snafrranchir, qnnun moment /a paraîtrc.

M. de Balzac a écrit, rlans un de ses premiers romans oùil gardait I'anonyme, cette phrase incrbyables n lllonsieur,rdfondit Charles Servigné, ô'est moi qui"interroge et ne tôsuis jaqais. r' Nc sous-èntendez.jamais-dans Ie seàond mbm-

brede

laphrase

un mot qui n'a pas été littéralement exprimédaTs le premier, ou ne Ie remplacez point, par un pronornqui ne-peut le représenter régulièrement (,).

Qqelques-uns joignent àr I'ellipse Ia figtrre que I'on remar-que dans les phrases latines suivantes :

Hic currirs i;rl.'"illius arma'

Utiuam aut'tric surdus, aut h'æc mata fucto sit.

Deux substantifs gouvernent un verbe qui, grammaticale-

(r) On rencontre, ou commencement mêmo du xvrru siècle, une loculioncur-ieuse, dont on ne peut guère rendre compte que par I'ellipse; ciest: ef,qn'ainsi ne soit, pour dire t ce que jeotou,s d,is est si ntrai que, elc. Lolièred,ans Pourceaugnac, acte I, sc. a, faiL dire à uu mddecio que ii't. tle Pourceau-gnac est atteint et coqvcincu de la maladie qu'on appclle-mélancolie hypocon-

àriaque, << et qu'ainsî ne soit, aioute le méd'ecin, pàrir diagnostic iocoitLstablede ce que je rlis. vous n'avez gu'à considécer ce grand sérieur, otc. a La Fontaine,dans Belphègor :

Ctest lo ceur Beul qui peut rendre tranquille:Le cæur fait, tout, lô rebts est inutilo;Qrlaï,nsd ze ooit, ioyons d'outres étati, otc.

L'ellipseer;rli_quecette façoo de_parler, en voici la constructior pleioe : et qfnq,.e aous ne disiez point que cela ne sùit pas ainsi, aoS-ons ailleurs, etc.

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ctraP. xxv. 567

ment, ne se rapporte qu'âu dernier des deux. Ils nornment

cet0e forme Beu,gtne. Est-ce à elle qu'rl faut rappor[er ceslocutions toutes raciniennes :

A son heureu;TïH:i î11,fÏ,î,, unàe...Ce héros qu'arnibra I'amour et ta raison,..Quelles snùvages m(Eurs, quelle haine endurciePourrait en vôus voyant n'être poinl ad,oucie ?

Enfiu, on peut rattacher au pléonasme et à I'ellipso deuxIigures, laconjonction et la disjonction, qru.eje mentionne,comme j'en ai cité plusieurs autres, moins pour leur valeurréelle, que pour ne pas laisser ignorer auxjeunes gens desformes et des noms qu'ils pourraient rencontrer.

Pour ajouter plus d'énergie au style, multipliez-vous lesparticules conjonctives, i[ y aconjonction. Illadame de Sévigné

veut exprimer Ia douleur de madame de Longueville ùr Iamort de son fils : c îout ce que la plus vive douleur peutfaire et par des convulsions, et par des évanouissements, etpar un silence mor[el, et par des cris étoufrés, et par deslarmes amères, eN par des élans vers le cielret par des plaintestendres et pitoyables, elle a tout éprouvé. u

Il y a ilisjonctiono au contraire, quand pour donner plus

tle rapidité à la construction, vous supprimez toutes les par-ti_cules conjonctives. Ainsi dans Bossue[ : ( Le roi, la reine,frfsnsieur, toute Ia cour, tout le peuple, tout esÏ abattu, toutest désespéré. n

N'est-ce pas aussi à I'ellipse qu'apparbient l'anaeoluth,e,littérafement,, absence de compq,gnorz, construction où I'au-teur laisse désirer certains mots qtri régulièrement devraient

accornpagner les autres? Beauzée prétend que l'anacolutheu'existe pas en français ('). M. Fon[anier, au contraire, la

(r) ElIe est fréquente en lal,in. Cepenilant il faut distinguer. Par exomple, oncite parmi les auacoluthes ces vers de Yirgile I

Sarq vocant ltali me<Iiis quæ in ûuctibus arÉ...'Urbem quam slûtuo Yestra ost...

pour Hrà.r guam stcttuo. J'aimerais mieur appoler ces formes antiptose, uo cas

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568 DD LA nuÉronreun.

rnultiplie à l'infini. Qui, nu,Ir'd,'autres, le premier, le seul,

heuraus! ctc., sans substan[if exprinné, tout eela,s,nq,colutl?,e.i,

J'en citerai un seul exemple, le vers de Boileau : i

Sans songer où je vais, je mc sauve où jo puis.

Le prernicr hérnistiche est complet, noais, dans le second, Ienrot oei manque de son co.mpagnon, ld.; r( sans songer_où,dans quel endroit, je vais, je me sauve /d ori je puis. u Mais,en vérité, toutes ces forrnes sont-elles autre chose que desidiotismes que l'on rencontre à chaque ligne et qui relèventuniquenrenê du gdnie dc la langue? J'aimerais mieux appelcranacoluthrcs ces phrases où l'absence de certains mots changeIa construction sans la blesser, sert à varier la marche d'unepériode, et à donner de la grdee au style. Ce sont là secretsdu métier à l'usage exclusif des habiles. Yoici une tonstruc-

tion de Racine [ui, e,e rne semble, me fena comprendre.C'est dans ïphigënie ,

."

ll rne représenta I'honneur et la patrie,Tout ce-peuple, ces rois à mes orTres soumis,Bt I'emp'ire i'Âsie à la Grèce promis;De quel-front immolant tout lttat à ma fille,Roisansgloire, j'irais vieillir dans nrn famille,..

ou lroe désinence pour une arrùre. Eo'ontle. le professeur fera remarquer. queI'antiptose ne doit'nas so conf,oudre avee l'heltëÀiszre vulsairenrent Domme rnsd'att'raction. Le ca's d'atlraction affecte le relalif; l'antipioseri'antécédent. Dèsque i'ai paùé d'hellén$me, ou construction imitée du grec, on conçoitquechaque langue peut uvoir ainsi des conslruc[ions singulières empruutdcs â uneautre langue; qne le fi'ançais est susceptible d'hellénismes, de Jatinismes, degermanismes. ètc. Rangerâ-t-on toutes ces formes parmi les figures? C'est

. augmetrter inutilement une nomenclature déjà fort longue. Si I'on y tient cepen-

daot, ou peutleurdonner à toutes un seul nom, celul cl'imitation, par gxemplc,.et y joindre les conslructions hors de l'usage commun, mdis empruntées pour-tant ù nne époque ou à un écrivain de la langueelle-mérue, comme en françalsle lll.arotisme. C'est ce qu'a fait 1lI. Fontanier. Âu reste, il n'y a ici presquo

.aucuno règle à douner. Le gorit, l'intelligence du gdnie do la langue et lc ton rleI'ouvruge sont les seuls guitles à suivre tlans ces irrfractions aux lois ordinaires.

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CIT.APITRE XXVI.

DEg E.rCltRES. - FreItREs FAn MITBASXOII Br INVER,$IOE.t

Enlin les rhéteurs rflngent encore parmi les ligures cer-

taines forrncs de langagc, certains tours de phrase par les-guels l'idde n'es[ ni rléveloppde, ni abrdgée, ni rapprochéed'aueunc autre, mais senlement modi{iée dans sa manifesta-tion. Ces tours et ces forrncs font saisir d'une manière plusvive que les fornncs positives et'les.tour-s habituels, le noou-vement de l'âme et la vue de I'esprit

,, Il y a pour chague sentiment, tlit Contlillac, un mot

propre h en réveiller l'idée; tels sont : uimer, /aoâr. Quandje dis donc : j'aime, je hais, j'exprirne un sentiment, maisCes['l'expression la plus faiblg.

r, En eharrgeant la forrne du discours, on modifie Ie senti-ment, et. on le rond avec plus de vivacité . Si, je I'aime ! si je'le hais/ exprirne conrbieir on aime, combieË on hait ; mit,je ne I'aimerais pas! moi, je ne Ie h,atrais SrosI fait sentir

combien oh croit avoir de raisons d'aimer ou de hair.,'

Yoilà Ia raison rrlelle de cette dernière catégorie de figures,gue j'ai comprises sous le titre gdnéral de mutattonou inaer-ston,, et à I a q uelle se rnppor t ent l' e æ clamali,on, l' ëpiph,onème,l' ap o stro'it ltc, l' i nt er r u pt ion,, la " su sp en sdorz, l' i n teirô ga tion ella sulljeetion, quand clles n'ont point pour but de dissimulenIa pensée, ct prcsque touû €c quc les rhdteurs appellent

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vérité apparait à un puissant roi, homme de génie; si aumilieu des erandeurs, des plaisirs. des études. chàoue ddcou.ilieu des gra , des plaisirs, des études, chàque décou-verte , chaque succès, chàgtre volupté nouvelle Ià lui con-

firme, ce n'est plus une idée qu'il formulera, Cest un ori'il formulera, Cest un oripresque involol[aire qu! Iui échappera : t O vanité desvanités ! vanité des vanil,és ! n

Qu'à l'occasion d'un faif ou d'une observation, une sen-tence courte et vive, un trait d'esprit ou d'iruagination sedétaehe de l'ensennble en affec[ant le plus souvent la formeexclamaf,ive ('), cette espèce d'exclamation senomme éptpho-nème:

Tant de fiel entre-t-il dans lnâme des dévots !

s'écrie Boileau en parodiant Yirgile; e[ la Fontaine à proposdes deux coqs:

Deux coqs vivaienten paixl une poulc survint,

Et voità la guerre altumée. 'Amour, tu perdii Troie !...

Ces trois rnots charmants sont gros de figures I mais malheuran rhéteur et ir son art, quand il lui aruiye de tomber sur de

(t) La forme orclamative nrest lrRs même nécessaire pour constitrrer l'épiplro-nènre, pourvur commo I'a remarqué

M.Fontanier, que la sontence se détachtl

bien, n'amène pas nécessairement ce qui suit ou ne découlo pas forcément de cqqui précède. Ainsi j'appello épiphonénre les vers imprimés eï caractère italiquede co passage do la .F ontaine, dans sa belle rilégic aux NXrmphes de ïlauc : ')

Insplrez ô Louis cette même doueeur:La'plu,s belle oictoire est d,eoaincre son [email protected] est à présent uo obiet de cldmenco:Snil a cru les'conseile doune"aveugle puisganco,ll ost ssscz puni por sot sort rigôuréux,Et e'cs, être 'innoeent qwe d'être rnalhoureuæ !

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CHAP. XXTI. 571

tels exemples. Amour, tu perdis Troie! est pour" l'homme degout la plus heureuse rencontre d'itlée et d'expression

àla

fgi_s- g.rqqiquse, piquante et rapide. N'est-ce pas pitié tl'êtreobli,Sé d'ajouter.clg'il y a là guâtre ligunes réùniei, allusiott,eæc(,amation, épi,phonème et apostroplte? C'est pourtnnt vrai,mais oubliez bleir vite que jeïous l;ai ditl ne vous souvenezq.ue doune_chose : Amaur, tu perd,is Troî,e, - et passons àI'apostrophe.

.,, L'apostrophe, dit Dlarmontel, consiste à ddtourner tout

Èr -coup- Ia parole et à lnadresser, non plus à I'auditoire ou t\l'interlocuteur, maig aux absents, aui morts, aux.êtres invi-sibles ou inanimés, et le plus souvent à quelqu'un ou à quel-ques-uns des assistants, n

-Il fait remarquer.guez dans- cc derni_er cas, l,apostropheest une des armes les- plus puissantes de l'éloqueice ; Cestl'adversaire, lc j.uge, l'une ou I'autre classe d'audil.eurs, que

l'orateur interpelle tout à -99!p, -qu'il prend à partier'qù'ilatteste, qu'il terrasse ou qu'il implôrc. Lepremicr empioi deI'apostrophe peut être paihétiquè, quand Ie sujet la sôu[ientel -gug Ia situa[ion l'inspire; elle_êst Ia c-ompagne presqucobligée de la prosopopée, mais elle touche soùveni alors àl'emphase et à la déclamation.

Un mol maintenant qur quat-re figures_ de cette classe que

I'on.peut confo_ndre aisément z la parenthèse, l,,interruption,la réticence et Ia suspensdonPar I a p arenth è s.a'et l' interruption, I'dcriva i n suspentl loex-

pression T'u-ne idée, en y inteicalant une autre iàde, maisavec l'intention de revenir à la première et de I'achev-er : laqeule difrérence, c'est que Ia parenthèse a pour but.d,éclaircir.* q" compléter ee commencement de -pensée, tandis quel'interruplign ne fait qu'y ajouter de

l'dnergie, en y jetantun cri de I'âme tout involontaire, et qui lui échÀppe irrcsqueà son insu. Dans laréticence, au ôontraireo les prèirie:rs motsd'une phrase ont bien été prononcés, niais ùe réflexion asurgi qui a ordonné de Ia trancher net pour ne plus Ia re-prendre, et pour y substituer une autre idée. Erifin la s,us-pension consiste à disposer Ia phrase sans l'intenompre, de

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872 DB LA hr{ÉTOnrQUE.

{roisièrrre'corrp (car il s'en.dqlqL deux qui n' n'é[,rient pas mor-

telle sorte gue lc lecteur, en Ja commençân[, n'en prdl'oiei

pas la frn, èt à reculer asscz le dernier mot pour que l'at-iiention soit soutenue ou la curiosité piqude.Je lis dans lale[[re de madame de Sévigné sur Ia mort del

Vatel : u Yatel rnonte à sa chambre, met son épée contre laporte et se la passc au trav-crs du cæur"; T.i9.t9 ne fut qu'àu[roisièrrre'corrp (car il s'en .donql- deux qu.i n'é[nient pas mor-tets) qu'il toinba mort.-rr. voilà une véritable par"enfhèse.els I gu-lr [olnDa Inol.u. )r YUtla Lluç Yqtt'rÛdurs PdrErruIItfDç.

Je nlai qu'un précepte à donner. :.n'ennployezjannais la paren-

thèse sans une absolue nécessi[é I ne la multipliez point, et

surtout ne vous avisez pasr commc certains prosateurs, de

grefier, en quelque sor[e ,-parelthèsc sur parentllèse , 4etnçon à'déroriter Ie lecteur, qui, à travers toutes aes superfd-taiions, perd de vue la plrraÀe principale f ).

Voi ci in ai n t ena n t une- interr uptto n clans B ossu et, en parlant

dela reine tl'Angleterre : ( conibien de fois a-t-elle remercié

Dieu trrumblemeit de deux grandes grâces: l'une de l?avoirfaite chrétienne I l'autre...

-Messieurs,-qu'affien-dg3-vggs!

Peut-être d'avoir rétabli les afraires du roi son fiIs? Non, Cest

de l'avoir faite reine malheureuse. 'Vous voyez que la pensée -iulgrr.qmpue

un instant est

bientôt repi.ir.; mais qûaud Àthalie dit avec fureur à Joad :

.[e devrais sur loautel où ta main sacri{ie'Ic ... $Iais du prix qunon rnooffre il faut me coutenter :

Cq qu: [u ttt'âs'promis songe à I'exécul'er'

(r) It. Fontanier propose nno nouvellc espôce rlc.perenthèq: qu'il appell<

inàidence, et dans la{uefe il range loulcs-ces Ilopositions elliptiques.ou crpli'cites que i'on iette à

"lraqueinslint dans la phrase Pour en affecter I'asscrtlon'

p,ai ,àafoi, j"e I'avo,re, puisg'c';1 12trt Ie dirc, croJ'ez'm'en, le clirai-ie, etc'

îoutes ees formes, quoi qu'il en dise-.ne rne Paruisseut l'ien aulte cllose quo (lel

intcriections orr rle ycliLulles parentlrèses, tlui ne mtiritent pas qtr'on crée urrlàu;;ii;;t;torès pour elles. Yoicir selon fui, un esemple -'l'incldence dans llFîntaiue; c'eit leienard qui parle :

Pourquoi sirc Jupin uroa-t-il donc appeléAu mèticr de rcnrird? Je lura les puissaneeeDe l'Olgmpe ct du Sryæ, il en sera parlé.

Mais ators, autant proposer une nouvelle figure qu'on appellero,ll'rrrrmelr311aconrprendia les ntorltleu, les atentre-Sainl-grist los Pecairc, lel CAdeA.S, t4

j ariigoy, ct bies C'autres choses.

,

i

i

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CHAP. XXVI.

Cet ertfanto,re trdsor qu'il faut qu'on me remette,Où sont-ils ?...

il est, clair que Ia rôflexion a banni sflns retour eette idde demeurtre quoun prernier rnouvement dc rage avait inspirée;il y a réticence, Bicn cntendu que quand la rdticence estaffectée, quand l'interruption n'es0 point l'cfret na[urel de lapassion, nrais un dcssein prémédibé de faire entendre, parle peu qu'on a dit, ce gu'on affecte de supprimer, e[ mêmesouvent beaucoup au delà, elle n'appartient plus alors auxfigures dont nous traitons ici, et doit se ranger, à la suitede l'ironic, parrni cellcs qui tbrrt contraster la parole avec lapensee.

Pour donner I'idée de Ia suspensiotx, je rappellerai unexemple de eette {igure, c'est une singulière période deBrébeuf, souvent citée en pareil cas : clle se.trouve dans ses

Entreli,vns sllttaï,resr livre trI , chap, 5. Le poëte s'adresse àDieu;

Les ombres de la nuit à la clartd du jorrr,Les l,ransports de la rage aux douceurs.de I'amour,rI loétroitô arnitié la diJcortle e[ I'envie,Le plus lrruyanl, orûse .qu cnlme lc plus doux,Lr ilouleur iu plaisii, le trépas à la vren

Sont bien moius opposés quri le'pdcheur à vous.

M. de Lamartine a donné un bien plus poétique et bienmeilleur exemple de suspension dans ses Earm,onies,liv. Ill,orle 5.

Au reste, ces quatre dernières figures, pour mieux expri-mer I'intentiou ou le sentiment de l'écrivain, arrêtent la

marche de la phrase, mais sans y jeter le désôrdre I cellesdont il nous reste à parler portent de plus graves atteintes àla construction ou à Ia syntaxe. Avant donc de les aborder,il fau[ s'ê[re fait unc idde bien nette de la syntaxe et de Iaconstruction.

L4'.construcl,ion est loarrangement des mots d'une phrase,Ia àytntare, I'accortl de ces mots entre eux, I'un e[ I'autre

32

o'l î

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37 t* DE ra RuÉTonreûÉ.

ddterminés par certaines règles et par l'usage. Des btens que

l,ui a ilonnës Dïew iouit Ie saqe modërën+erat,mauvaise con-

, t! .. I tu , . -r- . ,--.- -- ^ ^.^-- h^.^^- ,^-^'

'ï'*tr*; i; ;, s; "j;;ii àoiiii*àilt ites bierc .que Diew twilo'oonxÉ,'faute Te"syntaxel enfin le_ sage iou'if moilërëm,e-rùI DONNri, laurc te syntaxe; enilndes biens que-Dieu lui' a donnës,es bieis que Dieu lui a ilonnës, phrase correcte selon lesrègles de irosition, comme selon celles de concordance, danssa construôtion comme dans sa syntaxe.

On es[ tl'accord sur les prineipes de la syntaxe, on I'estmoins sur ceux de la'construction. La construction est-ellefondée sur la nature môme de l'esprit humain, ou n'est-elleque le résultat du génie de chaque langue? Q.uelle estJa plusnaturelle de ces phrases z Des rois gouaernèrent d,-abord' la '

uille d,e Rorne, ou'IJrbem Rornam a pri,ngipig rege! habuere;Aleqaniler t:i,éit Dariurn, av Dariuni uicit Aleæander ? Ques-tion longuement controversée au xYute siècle. Le Batteuxr,Chomprôo Pluche, Condillac ('), soutenaient que tout dépend

du géiie'de la langue; Duniàrsais et l'Encyclopédie étaientd'ui avis contraire; et la raison, ce me'semble, est pour euxtcomme l'autorité.

Remarquez en elfet. Tant que la pensée reste dans l'esprità l'état de simple concept, elle est une et indivis-e, elle formeun l,out qui nb point de parties et noen.a.pas besoin.i maisaussitôt {u'on veït Ia manifester.à l'extérieur^par Ia parote,

il est bien évident qu'on ne le peut sans la diviser pour enprésenter successivèment les divers membres. C'est en ce

iens qu'on a appelé les langues des méthode.s analytiqùes.Or cfoyez-vouf, que cette succession de parties puisse êtrearbitraire, au moÎns dans ses principaux éléments? Admet-tez-yous rine qualité ou un actè danË un sujetr-sans avoir étdinstruit d'aboid de l'existence de ce sujet ? L'idée de I'acte

n;éooqutra-t-elle pas naturellementr-qùand il est traP:itif;celle -de l'objet qiri en est afrrccté? La-cau_se

ne précétlera-rt-elle pas l'efiet? èt, par conséquent, ne faudra't-il pa^s mettr(

(r) C'est du moins I'avis do ce dornier dans I'Jqssaisur l'origine des connaisr.

to)é"i hiiatn"s, part. z; mais ll se réfute lui-même 8u lê 9t au -r{e chapitrjdel,lrt d'ëcrireiir il Établit beaucoup mieur, à mon gré, la théorie dellcoustructlon.

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CEAP. XXV|. îtcnëcessairem,ent Ie sujet avant le verbe, le verbe avant son

rdgime, loantéeédent avant son conséquent? Telle sera euefret la suite forcée des mots dans les langues où leur succes-sfon peut seule faireapprécier leurs relat-ions logiques. Il estsans doute des idiomes où l'on est libre de renvenser cetordre, mais alor_s on doit le_remplacer en indiquant les rap-ports par des inflexions ou désinenccs qui modifient les voca-bles eux-mêmes. Et comment détermiuer ces désinences, si

I'esprit n'a préalablement arrêté les relatlons entre les idéesdans I'ordre que jc viens d'énoncer (,pRappelez-vous Ia fameuse phrase de M. Jourdain : " BeIIe

marqaise, uos beau,æ Ueufi me font m,ourir d,'amoar., Lemaitre de philosophie, après avôir retourné cette phrase dequatre ou cinq façons, lui dit bien que de tou[es ôes façonsIa meilleure est celle qu'il a employde tout du, prentier coup;mais il ne lui dit pas pourguoi; Or, ce pourquoi, c'est dvi-demment que, ne pouvaut exprimer paf des variétés de ter-minaisons la variété des rapports logiques qui lient ces motsentre eux , il a dû le faire en les plaçant dans une successionrégulière I Ces[ qu'il lui a fallu indiquer I'exis[ence des yeuxavant leur action, puis leur action en général avant le

-seus

spécial dans lequel elle devait être eoùprise ici. Cette con-struction, que l'on a nommée construction strnple, naturelle,nécessaire, s_tgnif cattue, énoneiattae, prdexisté dans l'espritcomme fondement de toutes les autres, aussi bien dans-lesIangue-s synthétiqug ou transpositives, que dans les languesanalytiques ou analogues. Elle rend plus sensibles que tôutetglre les rapports mutuels des mots, image de la relation des.idées que cès nrots expriment. u Ctst drette seule, dit avec

- (t) 4 y a ptus, les esprits sévères ont voutu conserver cet ordro naturel même. daos lee langues syntbétiques ou lransposil,lves. C'est ô oux que s'adresse Ouln-tilien au livie tx-: tr ceptndaut ie n'ôprouve pas, dit-il, lâ serupule de-"euxqui yeulent que le nom niarche to"uiouri ïwnt lô ver.be, Ie verbe avànt I'adverbe,le suhstantifàvant I'adiectif et le piouom; ear souvent le contraire a beaucoup

9q g,ô"u. n.Les- LatiuJ croyeienù Tonc aussi À I'orclre _na_lurel;, s'ils s'en écaf .

_ taient, be n'cltait point par-raisou, mais pour ajouter ûela grdce au discours;. et.do ceur-lâ du_ iroios-t'on ne peut dire ôe que i'on a dit des-rhéteurs moderneit.do ceur-lâ du. iroios't'on ne peut dire ôo queL.do ceûx-Ir du- moios I'on ne peut dire co que l-on a dat des rhéteurs modornes

qui partageot noire opinionr guiils sont enlËioés par I'haLitn,tode l" càostrrrc-tion li.ancai.qe.rançaise,

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676 DE LA nUÉTORIQUE.

raison I'Bncyclopéclie, que les autres constructions enlprun-

tent la propïiétê qu'elle-s ont de signifier, nu point que si laeonstruôtioir nécesïaire ne pouvait pas se retrouver daus les

autres sorteS doénonciatiols, celles-ci n'exci[eraient aucun

sens dans I'esprit, ou n'y exciteraient pas celui qu'on vou-drait y faire naitre. n

La iang'e française, la plus claire des-langues analytiques,

suit en gé"néral cei ordre ùtu_rel, dont elle s'dcarterai[ cepen'

dant biËn plus souvent, si elleavai[ moyend'y,supp]éer par

cles terrninïisons variées. Ainsi pourquoi dit-elle : Ïos yeunme fontmowrir? ct nc pcut-ellc pas dire : 17os yeux M' Jotlr-daiit font mou,rir? ['cst que Ia forme Hxe av lteu dcTe otr lnor

indiquant ndcessairemen[ I'objct de I'ac[ion, puisq.uer par une

t*tti[ioo bicn rare en français, ce rnot se tldcline, I'esJrrit

le re'place naturellement après le verbe qti exprittle cette

actioi. !len est dc même pour Ia position des rela0ifs. Enfin

dans toutes les langucs anïlytiquei, en anglnis, en italicn,en espâgnol, cornri'e en fraiçaÎs, lé génie 4t lir lang'uc, lcpoint'dË vu'e où l'on sc p!gc.è poy qpPiécier-lcs. relutiorts

iosioues entre les mots, Ia liaison des idées surl'out, Iol sou-

".ioio.dc toutc construction, justifient, exigen[ mêtne, cn

certains cils, ces sor[es cle coniraventions à la construeÛion

naturellc. niais on pcut touiours, rue serublo-t-il, les expli-

quer fuciiement cl'après ce qïe j'ni dit, et elles ne détruisentnas Ie orinciue.' Uo.it l..lion po'r.tanI se présente. Si réellemen[ il existe

uoe .onsîructiod nahtreile àt, néccssaz're, pourquoi donc tlorsque d'ailleurs ln liaison des idées nc réclalrte pas unc

**..,ittit", n. p*t la suivre aussi bien quarltl t.a lgrpinaisoqdes firsls est vai"iable q'ue quand elle ne I'est poiut ? Pourquoi

nc dit-trn l)fls en françïis 2 aosYewû font-utouri! n:e, commeon dit , vôu yto* fbdt mou,iti i9[,,tr'ou,rdain? C'r:s[ quc, touten admettrt,ï h riécessité originellc de eette construction,on conçoit aussi gue I'obligatio-n 0e glr confofmer partou['e6

i*puri nt.r..*u'it le prifrcipe de I'hirrrnonie et celrri dc la

ur*iétd I et qtre Ia va*idtd ct I'harmonie é1untr,aussi bicn quc

la clartÉ, dei besoins de notre esprit, lc génie dc chague

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cu.{P. xNvI. ;Ianguc a fal[ unc loi cl'introduirc les unes [outes les foisqu'on le peut snns nuire à l'aulre.

Or,mieux un idiomc

indi-que les diverses relations des idées enfre elles par lcs dési-nences diverscs des mots, plus souven[ il s'dloighe dc la con-struction naturelle pour adoptcr cellc qu'on nomme usuelle.La construction naturclle est dvidernment . uos ueltfi font ntou-rtr nrcl si la construction usuelle, aas ye'ufi ùe f'orit,tnourtr,

.s'en écnr[e, coest que, grâce àr la (brme"tou[e spdciale rJe me,elle satisfait à I'harmonie, sans blesser la clartd. Vos yewr

font mourir M. ,Iourd,u,in, voilà la construction à l[lbisnaturellc et usuelle. Supposons maintenant que, comme engrec et en latin, Ies désinenccs expriment encore mieuxtoutes Ies rcla[ions possibles, la cons[ruction usuelle s'él,en-dra bien davan[age etse permettra beaucoup plus de liberté.Cieéron écrira indifldrem'nr ent z uccepi luas Ïiûeras oalitterastuas; Iitteras tuas oatuas litteras aôcepi; tuas ncceTt,i litteras

ou ldtteras accelti tuqs,' Uue fois les relàtions clairerirent indi-quées par les terminaisons, qu'imporl,e Ia place des mots? C'estainsi que, dans les langues même lès plus analytiques, il est ungrand nom bre de qualifi cat ifs, de complémcn t s r-d'incidcntes,dont la position dans une phrase est parfaitenren[ indiffd-rpnte?€t n'obéit plus {U'aux lois de Ia variété, 9u du rhythme,ou encore de l'intérêt et de la passion, i4fluences diverses

qui déterrninent les subdivisions tle la ôonstructi on usuelle'.Euphonique, la construction usuelle, par l'enchninementet la proportion des mots ettrc €llx, par une certaine conve-nance de syllabes, cherche uniquemcn[ à flatter l'oreille. Ellebalance les membres d'une période, en déroule lesplis, repré-sente les idées par les sons, et, eonl,ribue ainsi à l'harmônieimitative. Racine e[ Buffon sont les modèles de cette espècede construction.

-Antitlr,ëtique, el\e.s'adresse à I'esprit plutôt qu'à I'oreille,elle choque tes mots concre les môts pour eri fnire mreuxjoillir I'opposition des pensdes:

i

' '. Romrius conlrc Romaius, parcnl,s contrc pnrerrls,, i,' UourLritl,taieul, follcmclrt poùr f c choix des tyrans.

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f78 DE LA nEÉTontQUE'

Bt mieux encore dans ces deux rats du bon Horace :

Rusticus urbanum tuurem mus paupere ferturDxcepisse cavo, veterem vetus hospes amtcum.

E[uiliez sous ce rappor[ Fléchicr et la Bruyère.Ei,storiq'ae, elle irréfère à I'ordre des rapports logiques Ia

successiori ehronoloEigue des choses ex.prirnées, comme tout

àI'heure la phraseîô Tacite z (Irbe'yn- Rorno,tn

-a

princ.tpioreges habueie.Il fallait que la ville de Rome existrât préala-blément pour que des rois pussertt la gouverpel. C.etlg con-

structiof,se reicontre à chàque page des écrivains latins (').

(,) un seul exempte, la prenrière phraco du chap. ter du l_ivre IY de Quinte-Cu'r6e : s l)arius, ianti nâodo eæeicitus ret, qu.!, triumpha-ntis magis quam

dimicantis mole ' currrc sablimis , lnierat prælium t Per loca' t -Çuæprope '

immensis agmèniÛu's compleeerat, iam inania et ingenti..solitulJry oasta'

ia,eiebat. o bpport, à ce pessage un; coosl"uctlon toute différente rle Justint""ài.-"ttil-.it" -a."iàée, â"propos de xerxès, livre II, chap' rB : Q Eretiit "riiiàri-ù

àieia, et esta"aûo"à sortis hamanæ t'erurn anriètata miranda''ti'"iWi

i iià"iàk, i au i nav ig i o, q ke m p au I Io ante oi æ æg u or om ne c api e ba t ;corenie^ etidn omni seraorum mini s terio, cuj u s exervÎt'12 n'?Itel mut ti tu-dinem terris graves erant.D Et voyez cepeniantt -matgré

là défaut ile.désl-nences signiffcativei, la construction française r maniée Par un grantt- ecrlvalntécale. siËllu o" la surpasse, touts la puissânce de la construction latioo; rap-i"o"Ë"r. en effet. -ile Oiinte.Cu.ce et dï Justin le phrase magniffque de Bossuett

i;;t.;;; ;;" l;;À;"-iaeu, o O voyage bien difféi.ent ile cel-ui qu'ette avait fai!

.""'f" -a-" -"", lo..qour venauù [rindre possessionduscepùre-de la Grande-

Bretagne, elle voyait pôur ainsi diie les oo,les se courber sous elle et soumeltrem"i"|fuir*

""no"".à ia domiuatrlce des siers! maintenattt chassée, poursuivie

;;";;t;;;di:l-pi"""bl"t, qui avaient eu l'audace de lui faire son procès,

iantôt sauvée, tantô't presque p'rise, changeant-rle fo-rtune-à.chague guart d'beuretn'avant pour'elle q"dfri"ii

"t'.oucour"fe inébranlablo, elle ntavalt ni assez de

'

r.itr, .ï".r""

àu ioitur poo" favoriser ia fuite précipité-e. r_ Le rapprochementà" ces constructions dive^rses, suivant le différeni géoie des laugues

-etiles écri-

vains. n'est pas moins intéroisant pour lo ieuoe rh?toricien que la comperalsoades idées et'tles expressions que n-ous- avo-ns {r!ià recommandée. M-ais observez

"o--e-utemps la iingulièreiusceptibllité de li taogue française ! Bossuet lui-

;ê;;, en vou'laot attdindre I'iotérât de la construction historigue,. ne parvientoas touiours à en éviter les embarras et l'obscurité, témoin cette Phrase de'i'àr;;t;;-i;"ani ai è;àJ '

ilio.i, Ians les plaines do Lens, nom agré.able à

la France-, I'archiduc, contre son dessein, tiré d'un Po_ste invlncible-Pâr I'aPPât

d'un succés trompeur. par rrî soudain mouyement du princer qui Iui o'Posedes trouoes fraîchËs à la'place des troupes fatiguées, est contrainl' à Prerdre 18

f;iË; ô;"oii

ir"tOai"iement quo !e i'approàhe-ent des deax par, dont I'un'

se rapporle"u

p.emiei membro dà la périàâe, et I'autre au socontl, rend la oon-struciibn pdniËle.

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cIIAP. XXVI.

Pathétiqac, coest à l'âmc qu'elle parle ; elle se conformeoon plus à I'ordre des faits ni à l'ordre logique, mais à celuides impressions que ressent ou veut exciter l'écrivain ; celle-ciest plus familière à I'orateur e[ donne au style I'dnergie, lavivaeité, I'entraînement.

Eqfio, Ies saillies de l'imaginationr le concours d'une fouled'idées {ui se présentent ensémble ei se heurtent en quelquesorte pour se faire passage, la fougue, l'impacience, le délirede la passion qui s'èmporte, et jettent le désordre dans

l'esprit, peuvent engager l'écrivain à enlever les mots à leurplace ordinaire, et à bouleverser mêrne des phrases entières.Nous voici à la coustru elion f,gurie à laquelle appartiennentIes formes dont il me reste à parler.

L'hyperbate ou intsersion. Cette figure distrait les mots deIeur place naturelle et les transporte dans une autre pourdonner à la phrase plus de vigueur, d'élégance ou d'har-

monie ('). Quintilien compare ingénieusement l'amangeur dc

(r) Je n'enterds ùonc parler tcl 9i de ce que les anciens appelaient anastrophe,qoi-consistait à traosposer deur mots me çum ptorlr cum me ; his accensa super;ni de ce qu'ils nommaient tmèse, qui coupait ua mot en deux :

... hyperboreo se|ûeûù aÛlbieo|@ ffio,tti ;ni même de l'hXrpallage, ffgure par laquelle on attribue À certains mots d'unephrase des inflexions ou modilicÀtions qui appartiennent réellement à rl'autres

mots, sans cependant gu'il soit possible â" r"'titéptoodre au sens :

lbaûobceurd solc eub Docte por ombram,

pout obscura soti;

Et cal,igantem n'igrc, forrnùlàne locum,

potac etlformidatum nigm caligina, etc. Ces llcences de constructlon n'eppar-tiennent gu'aux langues transposilives. Carj'ai l'impertinence, je I'avoue, detrouyer assez ridicules les exemples il'hypallago donnés par I'Académie, iusquedans la dernière édition de soi DictidrinairË. '. On dii (c'est l'Àcadéniie {uiparle): il n'avaitpoint de sonliers dans ses pieds, au lieu de: il n'avait pointses pied,s dans des souliers ; eLl. enlfoncer son' chapeau d,ans sa téte, aa lieir de :eryfoncer satêta d,ans sôn clupeau. n tre ne saib si /'oz dit cela, el, si I'un vautmleux que I'autre; mais ce que ie puis affi.rmer, c'est que los honnêtes gens nsdisert ii I'un ni I'autre. EoÀnéies gens, bien entenrlu,- est pris ici dans"Ie seosdu xvur" siècle, les persoones gue la contlitlon, la fortune 6u le mérito é[èventau-dessus du vulgaire, et qui ont I'esprit cultivd par la lecturo, par lo réflexionet par le commerce avec les persotrnes qui ont les mémcs avantages,

379

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phrases ctde pdriorles (et notre orgueil a beau en munnurer,

ô'est là plus ou moins ie lot de toùt éerivain)o àI'ouwier qui

construi0 un mur avec des pierres bru[cs" qui essqye, quionstrui0 un mur avec des pierres bru[cs, qui essaye, quiI

rej"ettc r. qiri rcprend , tantô[ I'une, .tantô! l'aul1: , jlsgu'à,ee

i

qu'il aic-placé-

chacune à l'endroit convenable ct çù elle,s'agence le mieux. r, Seulcment, ajoute-t-il, nous nc sonnrnes j

580 DD LA nuÉtontque.

phrases ctde pdriodes (et notre orgueil g b9a.u en_-murmurer

pas res marde les poli

Ies maîtres, nous antres auteurs, de taillcr les ntots e[lde les polir pour les lier convenablement ensemble i noûsroomrnes forcrr de lcs prendrc tels qu'ils sonI et de lcur choisir;

uue bonne place I et l'un des moyens les plus e{Ticaces pourirendre Ia phrase nombreuse, gracieuse, énergigu_c, c'est de,savoir intervertir à propos l'ordre des mots, nec aliu'd.potesti,serntonem fucere nunterosurn quùm, opportu'na ordin'ùs tnu'',tut[,o (').

Natrirellernent les langues transpositives se prêtent beatt-coup mieux à ces inveisions què les langues analogues.

Celles-ci cepcndaut ne les proscriven[ pas absolument.Le frança^is en admet un très-grandïombre en poésic :

Ln rrompetiË'rllt"ut"Xîi,lin"frJ,ï1i",""r,.^ , i, .,Du tcnrfle, orné partout de festons mngrri{iqucsot,e peufle ôaint eh foule iuondoit les pô'rtiqrics .. :i

Muis lrii-nrêruc dtonué tl'une fuite si promptet

Parcomlrietr.de sermentso dont je n'ai ptt douter, ,'

Vicnt-il dc ue convaiuere el de nous arr'éter ! .-,, ,

On voit qne cette liberté de changerloordre analytique, ctde faire du preruier vers le seeond et, du second lc premierajou[e à l'éldgance et à l'harmonie. Aussi ne peut-on lire dix

(r) Voilù qui suffir'ait I prouvor ce gue nous disious tout à l'heure. que latangue latine, si libre qu'elle roit dans son allure, recoouaissait Pourtûu! unqconitructioo naturelle-et usuelte. Pour qu'il Y uit en effet inversiour'iulerver-sion, ordlnrs miltatio, il faul supposer itrdalilllemenl un certain ordre néccs-saire, donl, la raison ou I'usage dei'eï,| dei'dcarter. C'esi ce qu'on peut conclurqrl'ailleurs des plus auciens co-nrtrrentgteurs latins; ordo e-st, disent-ilpr loutep fqqlois qu'ils verilenu expli.luer une pLrase diflicile eo rétablissant la consLrucliou.Bt ptcsque toujours cËtte- construôtion rétoblie représcnte à 1cu près eractcmonticelle gue I'on emploierait on fi'ançais. . ! ,r

1

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cEap. xxvl.

vers frûnçais sans y rencontrerl'hyperbate. La prose cst plus

rigoureuse. L'hyperbal,e cependunt, uait, comme dans cl'au-tres langues, sous la plume tle nos grancls prosateurs. Jepourrais multiplier les exenrples; je rne coutenterai dc citerune phrase de Fléchier : u Déjà prenait l'essor', pour se sùuververs les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avai[ d'abordeffrayé nos provinces (') I n et cctte belle construction dcBossuet déjir citée, qui reprodui[si bicn, par lahardie trans-position du verbe et par le poids dc toute la phrase la forrni-dable pesanteur de I'objet à peindre : * Restai[ eette redou-tablc infalrterie de I'armée d'Dspagne... €[c. 'r Souvent, sansinversion précise, la coustruc[ion de l}ossuet donne à saparole un charme extrême. Yoyez dans I'Oraisou funèbre dela duchesse d'Orldans: u ilIadanre cependant a passd du matinau soir, ainsi que l'herbe dcs ehamps I le matin elle fleuris-sait , avec quelle grôee ! vous le savez I le soir nous la viuressdchée I e[ ces for[es expressions, par lesquelles l'Ecril,uresainte exagèrc I'inconslance dcs choses humaines, devaientôlre pour cette princesse si précises et si littérales. n Essayezde mettre : u Vous savez avec queltre gnâce clle teurissait lematin ! n

Bn génénal cependant Ia prose française est avarb d'inver-sions. Fénelon lui en lhit le rcproche. t l\olrc langue, di0-il,

cst trop sevère sur ce point; elle ne perme[ que des inycr-sions douccs I au contraire , les anciens faeilitaient par desinversions fréquen[es les belles cadences, la variété et leseîpressions passionnées; les inversions se tournaient engrnndes figures, et tenaienl l'esprit suspendu dans I'attentedu merveilleux. u

(t) a Prenait I'essor est la prineipale aclion, c'est celle qu'il faut pcinrlre surlo dcvant du tablcau. Dëjà e{t-une circoostance nécessaild, qui vieirdrait tr.optard si elle os commencait pas la lrhlase. L'action se pelnt avec toute sa pr'omp.titude_ rlans : I)_éjàpreâail'l'esso'r; clle se ralentirail, si on disair': i!'p".nàttdëjà l"essor. Poui se sauoer aers les montagnes est ùno action snhordonnée,et ce r'est pas sur elle que le plus granrl jour doit tonrber. Si Fléchier eût dit Ipour s.e s.rueer oers les -monlagne-s-déj! prenait I'essor, le coup de pinceaueût été uranqué. EnÊo, dont Ie z'ol lzardi àoait d'ubord, elJi,a:'é n-os provinces2est nne aclion encore plus éloignde; aussi l'oralcur la r,'jr:it.:-t.il à la hn, coulrue

58!

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Tout cela est vrai, mais Cest une nécessité des languesl

analytiques , qu'il est diffieile et hasardeux de faire fléclir ;I

illlt'.t:,:g:"i:l::^t*T':-t:lli.':#elî.Tlî3t":::'.,*î:l

382 DE La nuÉtonrqun.

point prévues.

ordinaire, mélange et confusion.La oassion seule peut iustifie,

r:t mal assisesl lfphrase s'embarrassait ou s'interroinpalt à;

chenue nas nar dôs inversions laborieuses. des parenthèsed

-Ce ie sont plus là des hyperbates, mais plutôt ce que les:

rhéteurs appellent synchyse, coest-à-dire, _non-seulementinversion r-mais renverse-ment complet de la construction

ireur, tôuiours avec seience et réserve. D'autres sont venuslensufte, {ui n'étaient pas des maitres, et qui o_nt voulu alleriplus loin.-Mais ignorant à la fois et le principe de la construc'i[ion et le génieïe Ia langue, ils sont tombés dans tous lesexcès du ridieule. Le typtr sous ce rapport, es-t I'auteur d'uni

romanfameux,

ily a quètque trente ans, Ie Solitatre; dans ce

Iiwe, comme ttans /e Renëqatrdans /o lllortetl'Amour, ete.2:

du même éerivain, on trouve des cons[ruc[ions fabuleusesiei des inversions que le maitre même de M. Jourd,ain n'a

La passion seule peut jrrgtifier la synchyse. C'est quandl'âme.est bouleversée que la phrase peut l'être à -ce poi!!.'âme.'est bouleversée què la pbrase pêut lrêtre ù ce poi!!.Ainsi le commencemeni du discours àe Pacuvius à sôn filsFerolla dans Titc-Live r u Per ego te, fili , quæcumque jur_a

Iiberos juttgunt parentï,bus... eie. n Ctest assez dire que IasvnchyËe eËt pre'sque inadmissible dans les langues anâ1y1i-

qïes. Ïe trouve forèe synchyses dans le français du xvtu siècler'ùais alors les règles de eonstruction étaient--encorclvagues

chague pas par des inversions laborieuses, des parenthèseqinftn-ies--des allonpes. en ouelcue sorte. Eauchement soudéeSnfi n-ies,

-desàl lon ges, en q uel qu e- sorte, gauch emen-t sog

à I'aide'de relatifiet-depiépositious. Ce ne son[ plus là ded

fiEurcs, ce sont des fautes de 'construction don[ quelques

Iaiguespeuven[s'accommoder, mais qui choquent la nettetéfrafiçaisô. M-u de Sévigné, qui se rat-tache pâr tant de côtésau xiru siècle, fournit-quétqtes exemples âe synghyse. Envoici un dans son admirable lettre sur la mor[ de Turenne I

dans !a partie fuyante; olle n'est là que f ou;. eonl.rastcr, pour fairo ressolliddawntagà I'action-principale. u Gonur.leèr -ârt d'ëctire' c. 14. ;

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cHAp. xxvr. 385

r, Chacun conte I'innocence de ses m(Durs, la pureté de ses

intentions, son humilité éloiguée de toutes sortes d'affecta-tions, la solide gloire doni il était plein, sans faste et sansos[entation, aimant la vertu pour elle-même , sans se sou-cier de l'approbation des hommes, une charité généreuse etchrétienne. u \

L'ënallage est une figure de syntaxe. EIle substitue untemps à un autre ('). D'énallage se rencontre en français danscertaines locutions familières t Si tu parles, tu es mort I el

dans un ton plus élevé, quand pour donuer à Ia phrase duûlouvement et de la vivacité, on substitue :

{o Le présent au passé : sTurennetneurtrtout se confonù,la fortune ch,anceller la victoire se Jasse... etc.l u

2" Le présent au futur I dans Boileau :

.. Dès que nous I'aurons Drise;

ll ne faut qu'un boË vent et Carthage'est cônquise ;

3o Le passé aq présent ou au futur I dans Racine :

Bientôt ton iuste arrêt te sera prononcé:Tremble ! sôn jour approcher'et ton rè{ne est possé.

J'appollerais volontiers ënall,age da mode l'emploi de I'infi-nitlf au lieu de l'indicatif, dont les Latins usaient si souventrous le nom d'inf,niti,f histori,que? e|, qui se rencontre parfoiseu français :

Ainsi dit le renard, et flatteurs d'applaud,ir.

(r) A tout moment les poëtes latlns .remplacent le présont, rle I'inffaitif par

le parfait: Bsochstur yates, magnum si pectore possit.Eoææoissa Deuo...

lforaco .est encore plus hardi :

Nune es, bibendum, nunc perle liberoPulsanda tellue. nunc saliôribuc

Ornare pulcinar DeoromTenrpus eiar dapibus, sodales,

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I

il

38& DE LÀ RnÉlonlQtta. rl

I

Quclques-uns expliqttent eetle fttrme pnr l'ellipse.i

tr 'éuallage cle nombrc et tle personne remplace tu' par ttortsrl

s'il la eroit ficlèle, ellô cst pcrÊde. , C'es[ une syllepse dq

genrc. En voici une dc nombre, dqns R'acinc : ' i

Errtrc le pauure er votts vous prendrez Dieu.pour jugeo

Vous rappclrntn mon fils, que caché sous cc ltlto , ,.Comme euæ vous lùtes puuvrer e[ comme eux orpnelln.

tr 'duallage cle nombrc et tle personne remplace-tll' par 1t0t{srl

te par nouÉ, ernploie la seconde personne pour" la troisièrnerl'-ou-latroisièrnè pour la secctnde, etc. Les exemples en sotltl

continuelsU;;;"tre figure qui affccle égalem-ent- la syntaxe est la

sttllepse ou c.oitpréhcnsion. L'esfirit dominé lar une itlédo"ublie la concordance grammaticale, et rapporte un mot noniplus aux rnots précédents, mais à l'idée qui lc préoccupo e[

dans laquelleil' csmftrenil,, il absorbe ce mot. Voici une joliosvllepse dans la Briryèrci u Une femnre infi1èle, si elle es!

."onnuu pour tclle de [a personne intéressée, n'es[ qu'infidèle;

:'l- il

Et dans Bossuet: r, Quand le peuple hébreu entra tlans I:d

terre piomise, tout y célébrait léurs ancêt [res. rr Enfin, FénelodrJ*ii la syilépse a'., g."*t tt celle de-nombre, Urltin[ il'feidrtire h Meniori * Il fa"ut envoyer dnns les guerres étrangères

la j ewn e_ noblesse. Ceyæ!ù qufli,se.nt pour entretenir, touÛe'Id

naiion dans une érnulation de gloire, etc. rr lrt\. l',,. Il

M. Fontanier donne à cetté figure le nom de synthèisg;pour empêchen r dit'il , qu'on ne Ia confonde avec le' tiripaâppelé sùtltpte, dont nots avons parlé. illais comme Id môtiiti"llrAii"sdeÀitové aussi dans unï autre significatio'n part€l

r"hétorique, I'in-convénient cst égal des deux parts, et je pré'

fère encïrela ddnomination consacrée, parce que réellemenl

comnrëh,erzsaon n'est pas comfrosition. Si vous voulez distin-gu.i I.r deux syllepsès, appelez--celle don[je parle ici syl'i,tnse granmaticale, et I'atttrc syllepse oratotre.

'Je iermine par ces aûomalieé ce que j'ai à ^dire du stylefiEuré. J'aioutêrai seulement une observal,ion. on a reprochriâ'irresgueioutes lesrtrrétoriques ou tl'attacher trop peu d'im'

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Dortanee âux Êgurcs r ou de- les multiplicr sans nresurc'

ôomme sans nrorif:"ii-i, -;;"tÉ I'un

'ct

I'autre excès,le

il;i;; **t"utr i"'n"i* le croire' frIais quelque.longue que

soit ma oo..nrt*tiit"' it-p;i" t*t jeu'ôes Îecleurs d'ètre

îî'ï*àeï ,t";l; Ë;aii'qi'e :o-"31u

"bien des détails' sans

barler, en effe[ , de totites-les figures dont j'ai'

tlans I'occa'

Àion, annoncé le #*";h;-entl et de tout"es éelles que j'ai

reietdes clans lcs ili;:-"; j1'ù1Àib pu nommer l'épi'thèIe et

iiËliiÏiirË*r,.;;l*; ; ahâ er à ce pionosd'évi ter I es ép i thè tes

failes, oiseuscs ., àËp"fià?di; d"'r dlifauts les plus énervants

ill" ffiril;;ji,i ;dËita i rômen t ol-blié r' adi oit ction, ra con'

q I ob ation, t, ot,ot rii i ilàîiirt rrt, l' h a, tnoniism,e, ctc. E I q u e

éernit''ce si des nenï;j;qit ét"it'o*nu ûux- espèees ! si dans

i; ,* fi ;i h* \ ;il t ils"" é t?.plo*'!

n tu q nte' re m é s o z eu g m e et

l' hy po eett grr, ; o "t' I'oî o m ato p ée' I aTlitéra\î'on' l' a I s on'att'ce

e:, l, a nt a no r,o, u,' Ti ;r" i16i;dqe *.,- l' inî,tï, ati, , l' inl' eri e c tif

et re terntin alif ; ffi; ù iéfieti tioo' f anaTthor-e t t-iy^iy hore'l' ë p q'na I ertsc ou' iiieËi"iiï", .t2 iy ntploqu e'o.u colt'ca t' ë na-

trdradircôteetindiie#TitïÂàatetos!'r'a'po'7"{9:J::sais-je?Cest une minc irrq'ïitïUfe et qlue je seïais assurément bien

fâché d'avoir dPuisée'

Quoi qu'tl unioit, le-jeune rhétoricien aura facilement

eompris,je t'cspËi;

illtiitfiq:i1t doivent princi paletnenr

fixer son atæntroi, ât^ o'ôtt" àmployées par lui qu'avec unsouvcnir intelligàl i;t;;è;gpi"t qoi.t'y iattachen-t' la méta'

;ffi;; ï ,n.ti ;r, èË'ii ffi à'; rfgiiii:-ti,u'' nÉ.'o:e ; c e

-1:- : In t p I u s

là seulement des ornemcnts dc style' Cest lresquc le style

tout cntier. '

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nÉsumÉ.

ClIIPIT.HE PREIrIIEB.

Larhëtorique est l'art de communiquer et dgQiry_

parta:ser aux autfes nos idées et nos sentiments à l'aide de lailarole et de l'écriture.'

Cet art serait impuissant sans la nahr,re, c'est-à-dire sunscertaines facultés irinées qui nous font saisir et formuler lesrapports dans Ie dornaine intellectuel, comme les scns per-çoivent et apprécient les rapports dans le domaine physique.

Or, ces facultés existent à divers degrés, orgaliquement

ou aéciclentellement, dans I'immense majorité de l'espècehumaine, et elles sontperfectibles par la méthoil,e et l'erercice.

La rhétorique qui comprend cette méthode et cet exerciceest donc possible et utile.

Consirlérée étymologiquemept, elle ne signifie quel'art d,e

parler, rnais le sens de ce mot s'est modifié et étendu, etèxprime aujourd'huil'art iI'ë,crire tout entier, quel que soit

le sujet traité et la forme employée..La rhétorique suppose donc:La natare ou les facultés innées,Laméthode ou I'exposition raisonnée des règles et des pré-

ceptes,La pratique orr I'exercice de la composititin à laquelle se

rattache l'élude et l'imitation des modèles.

[.'.,..I

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DE LA RE TORIEUB.

CHAPITBE I[.Les fac.ultés innées indispensables à la rhétorique et qui

constituent I'intelligence , sont Ia mémoire ,le jugem,ent etl'imaqinutton.

La"mtémoi,re sonserve et retrouve les idées;Le .foqement les compare, les choïsit, Ies coordonne iL'

iïtiqtfl,ationles manifeste, les cm bellit, les vivifie.

Avant"d'aborder la rhétorique, il faut dd,nc avoir eÉercépréalablement ces trois lhcultéË, De tous les cxercices propresà les agrandir et àr les lbrtifier, Ie plus efficace est cet ensem'ble d'études auquel on a donnd le nom d'h,umanitds eT quis'itccupe surtou[ rlc la langue n'ati,onale ct dcs langues an'ciennes.Il fau[ étudier ccs-langues dans leur vocabulalrc e[dans leu.r gramrnaire, rnéthodiquernen[ et lristoriquement,e'est-ir-dire dans le présent cD Ie passé.

La rhél,orique es[ le eomplémenb des humanités.Ellc se diviie en trois parities corrdlatives aux trois facultés

prineipales dc l'intellig-ence :,L'inaentiom, la disposïttan et'I'ëlocutton

Les préceptes ele I'inaentionvicnncnt en aitle àla mértoirepour

"ôtrouver

le lbnd, des i.ddes; I

I c.u* de Ia dispasition aa jujentent pour dta.blir I'o.rd,redans les itlces;

Ceux del'éiaeutian àl'inmgùnatron pour donner la farmaaux idées.

L'ùtaentioru consiste donc dans I'acquisition des idées ou duruoins dans la rechcrche des procétlds qui cn faciliteut,l'qg-quisitiun. ,-

Il y a plusieurs noyens de parvenir à I'invention.Leirrrernier est I'abs eraatioit, a[tentive, ussidue et .intelli-gentcïe soin des homrues et des choses. I" L" second est la science, c'ost-à-dire l'observatiou ldans le

Ptï.l'r*oisièmcest lo mëd;itation des iclées acquises e[ de

celles qu'on veut lraiter"

I

I

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Le quatrième est l'ëtude analytiqae_ et syntltëtique dcsouvragcs bien penscs et bien écrits, etles ererctces de cont-

posùtton, graduellemen t distribués.

ndsuuÉ.

CHAPITBE III.

Dès que I'élève a ajouté par ces moyens aux facultés inven-tives que lui a données la nature, il peut traiter un sujet.

Le choi,æ ilu sujet n'est pas indiffércnt. Le sujet doit pré-senter les conditions suivantes:rttre moral, ou du moins n'avoir ricn de contraire à la mo-

ralité;rtwê in téressant,c'est-à-dire, amuser, ins[ruire ou toucher,

et, s'il es[ possible, rdunir ces trois qualités ou au moins deuxd'entre elles;

Îlwefécond,

c'est-à-dire susceptible de développeruentslÎllre en rapport aaec Ie talent et les forces de l'écrivain IPrêter à lâ 'grâce

ou à la puissancc da style.Sout incompatibles avec la grâce ou la puissance du style:Tout sujet qui n'u pas un caractère bien tranché;Tou[ sujet qui implique la confusiondes genres;

^Tout sujet qui repcise sur une donnéefausse ou puérile;Tout sujet qui ne présente pas un intérêt ass€z général.

gIIAPITRE lll.^ (

T;'.tF-;"r..;n..'' -. {or* "'1'!;,'ir_r i"i.rt une.fois choisûr.i1 pbç ït. le d,éaelo1t1ter.

f *'fn-\ t"Ji.n -.

isi. il reste à ITous les préliminaires indiqués pour l'invèntion du sujet,

observation, connaissânces, médital,ion, exerciccs, préparcnt

également à I'invention des développcments.tlqrt y ajoute ce que les anciens appelaienttopi,ques,, on lieun cornnru,ng.' ' I,-a théorie des topiques consiste en trois points:,,, Iitud,es générale.s' pbur prdparer aux spéôialités;

Lieun enternes, comprenflnt tout ce qui, en dehors

33.

589

Iteus

du

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DE LA nEÉTOnrQUE.

iet, peut cependant s'v rapporter: témojices et ouyrages sur la matière h traiter.

autoritdso

tous lessont au

- Lieaæ internes, pris dans le sujet même et ressortant uni-quement de son examen, phénomènos de I'idde. Ces dernierspeuvent se diviser en dcux classes:

D'abord les lieux internes applicabtes à presquesujets, et_à I'ensemble aussi bidn qu'aux paities. Ilsnombre de frois:

4," La dëf,nition,

Ie signe;2" Lu notatî,on otl'idée est le sens;

ou explication de l'idde dont le mot esû

ét'ymologie, explication du mot dont

3" L'analysg_ou énumërution des partùes do l'idée, h la-quelle on procéde de trois manières:

Ou lilnalyse es[ prdcédée d'uge synthèse iOu elle est suivie d'une synthèse;

Ou elle est placée entre deux synlynthèsee.u elle est placée entre

GHAPITBE U.

Ensuite, les lieux in[ernes applicables seulement à ccrtainssujets et aussi plutôt aux parties qu'à I'ensemble du sujet.On peuû }es réduire aux suivants :

Le genre et l'espèce;Les antécëilents et les cons,ëquents;Iaa cause et I'effet;Les circonstanaes au accessoires ILes sarvûlables eT, les contraù'es,L'idée à traiter peut gagner beaucoup en.développements,

si on la rapproche sueceSsivement de chacurl de ces topiques,et si I'on emploie ceux cl'entre eux qui peuvent lui être appli-cables.

CHAPITBE UI.

L'étude des mæu,rset despossz'oros n'est pas'moins fécondepour l'inventiort, puisqrre les observations à cet égard ont

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Ii

ti

nÉsuiud. 59{

pour-objet I'homme et la nature dans un lemps, un lieu e[des circonstances données, et que Ie sujet le plùs habituel de

l'écrivain est nécessairement la nature-et l'hômme.Pour conuaître et reproduire la nature, l'écrivain doitl'étudier dans ses phenomènes réguliers et irréguliers.

Pour connaitre 7' homme, l'écrivain doitr d'aËord s'étudierIui-même, puis étudier les autres dans les diverses modifica-cations e.ue leur font subir les éléments suivants : l'dqe, leseûe , Ie tempërament , le climat, le pa_ttrs , le siècl"e ,' la

religion, les instdtutiois politi,ques' et soc'i"ales, l'ëducaiion,Ies trapauæ et les habttuiles jou,rnulières, enfin, la cornbi-naison de tous ces élémeuts aiec les objed naturels ou artifi-ciels qui les environnent, ce qui constitue la couleur locale.

L'auteur doit ajouter à cette étude celle de ses propres râp-ports avec ses auditeurs ou ses lecl,eurs, ce gui èonstitue lecbiensëances.

cllIPITRE vlt.

L'étude des mæurs considère I'individu dans son dtat nor-mal et habitueJ, l'étude des passabrus cônsidère I'espèce dansles accidents identiq,ues qui iaffectent, en semodifiant d'aprèsles circonstances iuilividirelles.

-Dansles passions, comme dans les mtnurs, I'écrivain doit

s'étudier d'abord; inais eotnrne il n'es[ pis absolumentnécessaire, pour peindre ou inspirer la passion, de l'éprouverou de l'avoir éprouvée soi-même, et qu'il sulfit de la biencomprendre, il doit l'étudier aussi dans les autres, dansIes assemblées publiques, dans la société intime, enûn, dansIes écrivains qrii ont iu lé mieux la traiter.

Il romarquera dans ces écrivains non-seulement I'art do

peindre ou d'inspirer Ia passion, mais aussi ce que nouslppellerons le taleït de palsstonnt ro sujet, c'est-àldire d'yintéresser le lecteur, eri s'y intéressant vivement soi-même.._ Presque-tousles sujets sont susceptibles depossabra, maisif fagt savoir préparer Ia passion, ne pas en abulser et ltdviterlà otÏ elle serâir iléplaeéel

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5r),

iI

pdt{r arr-.t ( otba c) i }.#^-,,,t rn.! vr s-rsr,6

E 1onuÉton'rguu'

GH!! t*,r*u trN.

féveloppement.I lrC'est là ce qtï ôbrt ià -." îiri constitue l' enchal'nernent des iil'ées'illlh'r:.:-J-,,-:'- a+ rtaa onqlwsec neisnnnées de diver lf C,eSt là Ce gUi COnStf[Ue l'engn&L|zeY{Le'n't' uaù uuvvùt

f llbJJ'ré;,,*eË ,rààs analyses raisonnée,s .de ,tliverl écri!1

Eiinii"*t l,élève à reconnaîire et à neproduire lui-môme ce[l- , -t- -.!- ^-^-a

I I

bnchainement.

CHAPITBE M.

Les règles ayant pour principes la -satisfactionde no$ bc-

or intËllu.triels, ei notrï espiit ne demandant point.l,*,oloËoins

ùioo*tonte" qui .ootittt à établir dans un émit un point firei

Ë;fi;i ffii ù-;E,ùrre, un bur unique vers lcquel tour sci

ilirige.i

[-iP*ite de desseinbien délerminée, on distribuelesgroupes i

h'iddcs. ct ensuite les détails de ces groupes, on assrgno *|

chaque'idde sa place d'après lcur génératistct-le-ur depen-|

ô"'Jirù"guâ plu.iuors espèaes d'u-nités : u'ité d'action,

d'intérêt,ddmæirrs,,9..P1*lI"^!Y'.!i:^3*t:i'**#T:

| ôn se'fait dnbord un plan général dans lequel n'entregue les premières vues e[les pènsées pri-ncipales',.'La quïlité esseniielle à donner t gP plll

"'"tr.r.'Tn]!!:.,.-

*Jni ;dffi;t;t'ô* que ehacune soi[ à sa place etproduise

son effe[, n'est pas moins indispensable que l'mveluon'

'-b; se'fait dinbord un plan général dans lequel n'entrent

ouand on a trouvé tou[es ou presque toutcs- les iddes qui

floiient entrer dans un sujet, il t'$lq de.les-disposer', o4f

" ïi àx ià i*i oo, q" iî.-t-a.'is t" ii ées l'or dre"i lT:Hl1:i

dfi;; idde sa place d'après lcur génératistct-Ieur dépen-

ù;;Ë;; c'est-à-dire de ôanière que chacune d'elles arnèsc

[r r"i*"ù, e[ que celle-ci, conduisant à son tour à une autre,

;;t* ,o oiêo,.'temps à ia précédente d'explication ou de

;ffii lù;iié ri tin.n*i""*rtit des idées, mais encore I'hàr'Innoir, ia varidté et ln gradation, it fatit aussi s'occupe.b.fles

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nÉsuuÉ. 595

Juste étcnùue de I'ouvrage, en sorlie quoil ne soit ni [rop

vaste ni trop resserr'é il;#e;;b iitton dei parties de l'ouvrlgtt !t tltletlles' et

dans leuir ripport avec I'ensernble et la l'orme adoptee;"-Eo'it;d;t-'ài-âtgrussaons,

admissibles, pourvu qu'ils ne

r"tfi;il;equ*ft, ni longs, ni trop étrangers au sujet, ni

déplacés;--',ii.à"ttions,auxquelles I'enchainement parfait d.cs idées

dispense presque toujours d'ayOirreco-urs, la transt'tt'ora ar-

tîhiiîtli iarii néceËsaire qire quand deux idées ou absolu-ffi;;ipù;;; * t*t I riit sômntables, doivent être rsp-prochéôô, ici sâns monotonieo là, sans disparate ; .-'^"Cîritlràrr*, "tii* pour éviier'la- trop $rande uniformité,..i"-qJii i*',rt rÀpioyrt avcc ménagômént et sans exagé-

ration I--Cîohotionet prëparat-ton oyatgirg, presque toujouns indis'

pensable, surtout {uand il s'agit d'entraîner los espril,s oudc neindre les passions.--d;Ë

àtt oËtttuations qui s'appliquent à l'ensemble de

I'ouvrage, il y cn a cle spétiates-pour

les _divcrscs partics,

;poutl""adnunencementrli ruil'ieu et^la f'n d'un écrit'

THAPITRE [..'!

Lc eotnntanccmcnt ov débUt i['un ouvrage doit ôtre con-forme à la na[ure de l'éc'rit Ûout etttier.

I)ans les ouvrages didactiques et narratifs, il suftit en

séuéral de définiriu d'exposer clairement le suje!'" D*o. tes autres il faut en ontrc chercher à inspircr au

lecteur la btenasi,Ilance, l'attention, la docï'l'ité.- C"r deux principes rênferment toutes les règles du.ddbut.Le début'du pôëme épique consiste dans I'eæposi,t;on el

l'î,nuocatibn.,' l,u clrame se contente de l'orposi'tton' iliuloguëe'

iàr air"à*r a" la chaire coinmencent pai'-la prnpositi,ott'

"tfu rrtu,itioi, qui doit être cumplète, nwl'in'elle el gtaduëe'

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3g& DE LA nEÉTORIQU'I.

Le début dans ldloquence de la tribune et du barreaunomme enorde,

_ tarfois on le supprime et lbn entre imnnédiatenrent dansle fait ou dans la passion. cette â*nière-m"À"'i,îr,.,.n"exorde ey-g,brup-to.

Cette delnière forme s,appelle

Quand I'exorde est indis-pensaLrle, eomme il arrive presquerhéteurs en indiouenf, o.inn

-o.rr'.lr.oouioujours au barreau, Ies rhdteu* doiodrq;;rin[ioorr*difiérentes. L'orateur Ie tire :,

ou de lui-même et de soncrient, ou des adversaires, oudes juges,..ou de la cause, ou de q,i.rqoe rir.*rd; exÉ-rieure qu'il rattache à Ia'cause.

ILe début, .quel qu,il soit, ne doit être :.Nr arop oreuq,nt et trop étuilié:

"_..!i uulga,ire, e,est-à-dire pouvînt appartenir à plusieurssu.;ets;- Ni.cam,mun, c'est-à-dire pouvant étre également

employépar I'adversaire;_Ni ëtranger a:r .sujet, ou mêrne d,isparate dans ses rap_ports avec le sujet.

cH[PtTnE Xf.

{Rrès l'exorde, on entre dans Ie sujet même.sans vouloir donner les règles de"disposition de chaquegroupe d'iddes.dans tous les génres posribler, ui rn * tro"-nant aux plus importants, on ïemarque que :

Dans les dcrits qui ont _pou{ objei I'eiposition des faits,raco_ntés ou dialoguésr l'o-rdre chroiologiqic ou tr grraîiioride l'intdrê[ traee l"a mârche à suivro.

,,_?iT^ $ :gïd,.trto^ drd;iffis er oraroires, ir y aorverses maDleres de procéder:ou I'on commence pâr une synthèse que ddveloppe ensuiteYanalysel , .i11,,.î

ou l'on saisit un détail del'anulyse, et de rlétail en ddtailon parvient à Ia manthèse; i

ou I'on opposé à une .thèse, r'opinion contraire qrie Ion

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aÉsuud. 595

appelle antithèse, et l'on concilie les deux opinions par une

troisiènre qui prend le nom de synthèse.Mais Ia méthode la plus ordinaire es[ d'exposer dhbord Iefait ou Ia doctrine-, en.suite de les développgr et de les prou-ver, enfin de combattre_ Ies opini^ons op-posées : c'est ce gubnnomme narratton'ou tlcèse, confirmation et réfutatùon.

La narration doit être clai,re , précise , araisenblable,ùttëressante,

- On.parvienl à ces,qualités en-saisissant bien e[ en ne per-dant jamais de-v_ue_le potnt culminant, c'est-à-dire le but,I'objet principal de la nan'ation ou thèse.

À la narration qui est l'exposé des faits, iI faut ajouter ladescription qui est loexposé des choses.

En gdnéral, la description se rattaehe à la narration et nedoit s'y montrer que lorsqu'elle y est utile et opportune.

Blle doit être d'aillelor:s

-claire,précise, aari,éà, orïgtnale,

et, s'il est possible, pathéti,que.Les rhéteurs nomment la deseription des lieux topographie,Celle du temps, ahronographtd,Celle des personnes l prosopographi,e et éthopée,La description vive, colorée, animée, hypotytiose,La narration ou description dans Iaquelle I'auteur s'exalte

jusqu'à faire agir ot parler les ê[res animds et inanimés,

prosopopée.

ËHAPITBE TII.

La description iles personnes, nomulée aussi carnctère ouportraît, peut représenter au physique, au moral, ou sous

les deux aspects, un être récl ou imaginaire.....f,.r por[raits, admis surtout dans lg genre didactique,l'éloquènce et I'histoire, ne doivent offrir que d,es ftqarestlignès dn fiæer I'attention,, ètre ou fidbles, ôu araiieinbla-ô/às, s'ils iont inventés, opportuns ei ua,rùes.

Deux caractères mis en opposition se nommentparallàIes.Souvent on peint mieux les per"sonnages en les faisant

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5{}6

l'incertitude.

DE r nndronreun.

parler gie par des portraits proprement dits. C'est ce qu'on

nomme d,î,acoque.Le ilialoqué Ooit être naturel, c'est-à-dire, conforme au

carrctère et'à la ,position des interlocuteurs, aller au but, nese produire qu'd pr-opop quand il n'est pas lui-mênle le sujetde loæuvre. \ 'S.lir.rr't,$'-l'Î+:y+t"*t: i2ru

Le dialogue ili,dactùqu e dv-phik;s opliïqîiine\it s'employer.daus les questions importantes ; il doit, au[an[ que possible,

aboutir à tn resultet positif, e[ ne pas laisser l'espri[ dans

Au dialogu€ se rattache le genre ëpistolai,re,Les règles du d,ialogue parlé s'appliquent presque toutes

aax lettres ou épî,tres qui sonÇ en général, une sorte de dia-Iogtre par écrit.-Enfiï, quand on veut, par Ia narratïon ou la descriptiono

remuervivement l'âme 'et déterminer la pcrsuasiou, on

ernploie l'u,mplification, qui n'est qu'une exposition 'éner*Eiqte des ehbsès' destinée à en fairc mieux scntir ou laiiËnité et la granôeur, ou la fa'iblesse et l'indd.gnité. Dbù.il.uit, qn'on aâmet deux espèces d'arnplifioaoioî, celle q"ui

agrandifi, et eelle qui atthrue,

GHAPITNE XIII

Quand la narration et les ge{rres que nous y âvous rattaehésne forment pas eux-mêmes l'ensemble de l'æuvre, eclle-ci se

trouve alorË presque tou[ entière dans la eonfî,rmatton,La confirmation rcnferme les preaues ou &rguntents.

. Potrr argurnenter, il s'agit d'âbord de ddteimincr à quel

ortlre de v?rités arrpartient la thèse à ddmontrer.Il y a trois ordrôjde vérités susceptibles de ddmons[ration :

Lei vérites d' ëui;ilence,i,

Les véritd s d' erpërience,Les vérités detém,oignage. l

La formule Io plus"géiéralc de tlémonstrationr-qui pose

les u,niaersaun et en,déduit les hypothèses, sc nommc syllo'

gisme.

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-It

nÉsuuli. 397

Le syllogisme est catëgori,que, conditionnel ou disionctif.Les principales forrpes de raisonnement gui se ratltachent

au, syllogisme sont I'epichérème,l'enthymèrie,le sortte er, le

""ffiTtitsles preuves trouvées et leur nature reconnue, il

faut apprendre à les choisir, à les dâsposar, à les tra,tter, enlylnt soin de remonter le plus sonvent possible aux gënéra-lités.

- Oqp.eut. considérer comm€ une partie de Ia confirmation,

la.^réfutatiolt. qu! consiste à combattre les arguments, Éréfuter les objections des adversaires, à ddvoilei tou[es iesespèces de paralogismes et de sophisrnes.

La réfutation est sérùeuse ou iionique, ou réunit quelque-fois les dèux caractères.

La confirma[ion et la réfutation formant le eorps du dis-cours dans presque tous les genres d'éloquence, c'èst ici que

I'gn p.eut mentibnner les classifications- du .génre oratoireadoptées par les rhéteurs.Leq uns divisent l'éloquence en divers genres, d'après les

lirux-p.ù elle s'exerge, là tribune,le btrreaw, la'chaire,l'aéail,ëmie; l

-.-lu. lltr_e.s, d'après le but_qu'elle se propose, en genre rJd-libér atif, ilémonsiratif et jad.ictadr e.

II est bon de connaitre-ees divisions sans leur donner uneimportanee exagérée

'';; ÉcHÀprTnE ilu.

Enfin, il est des règles pour terminer loouvrage, eomme

pour le commencer et le poursuivre.I)ans l'épopée, dans le roulan, dans Ia tragédieo la conelu-

sion, que I'on appelle d,ënouement, doit terminer d'une ma-nièreeolnplète au moins I'aetion princip_alel seulement guandil est nécessaire de donner aussi le -dernier

mot dei faitsAeçssqirps, on y ajoute une partie nommée achèaement. Le

Bt*

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---598 DE LA NHÉTONIQUE.

CHAPITRE TU.

dénouement doit toujours êfie amené, imprëuu, autant quepossible, pris rarement en dehors de l'.action, et n'ê[re jamais

l'efret du hasard.La conclusion des æuvres d'éloquence se nomme pérorai-

80n^La péroraison est presque toujours 7tath,ëtique, soit uéhë-

rnente, soit, str,ppliante, Elle se tire le plus souvent de Iapcrsonne du client, ou de l'adversaire, ou du juge, ou deI'auditeur, ou enfin de I'orateur lui-même.

On peut terminer certains discours, de même que Ia plu-part des ouvrages didactiques, philosophiques et historiquestpar une sorte de sommaire, récayti,tulati,on oa épi,logue, quirésume les points principaux pour Ies mieux graver dansl'esprit des auditeurs et des lesteurs.

La troisième et dernière partie de Ia rhéqÈique estl'élocu-tï,on, qui s'occupe del'e*presston de la pensëe, da style pro.prement dit.-

Le style, dans la véril,able acception de ce mot, es[ le pro-

cédé prôpre à chaque écrivain pour exprimer sa pensée. Onne peut donc, comme plusieurs l'ont fait, subdiviser le style,d'après Ia nature du zujet, en style stmple, sublim,e et tem-pëië. Cette division s'appliquerait plutôt au ton, qui n'est'réeHement que la convenance du style à Ia nature du sujet.

Pour réussir dans l'élocutionril faut :{o Se form,er un style, en ne perdant jamais de vue la

relation intime entre ltexpression et la pensée, et en imitant,sans. servilité, les meilleurs modèles.

2" Saisi,r le ton conaenqble à Ia nature du sujet et att butde I'écrivain. 'ï

3o Etud,ier læ quo'litéE essantùelles et aceid'entelles de l'dlo-cution, et les ornbmeuts tlont elle est,susceptible, et que I'oncomprênd sous le nom de f'gures.

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" CHAPITNE TUI.

Les uuatitëi æsentï.etles de l'élocution sont celles qui con-

,vienneit à tous les tons et dans tous les sujets., l,r première et la plus indispensable est la clartë.

ta biarté de l,exprèssion suppose d'abord une conception

nette de I'idée'L'obscurité vient généralement ou de l'ignorance de lalangue, ou de I'entbirras et de la longq-eur d.es phrases, ott

,d,uie ôoncision extrêJ-ne ou enfin de l'afrectation tle l'esprit.Les aualités opposées à ces divers défauts et, par consé-

ouent.'les élémenis de la clarté du style sont la pareté,la, ôron iëté, la précî'si,on et le natwrel.' '

ianuieté ôonsiste à n'employer gue les termes et les con-

: structions conformes aux lôis "de lâ raison et à celles de Ialangue.

Elle évite ésalement:Le barbari{me qui pèche contre le dictionnaire,Le solécisme qu:i pèche contre la grammaire et Ia syn-

taxe tlu'ârchaisme, ou I'abus des mots vieillis,

GHAPITRE TUII.

La proprïdti consiste- à employe^r toujours- l'qxpression la

plus jisttipour reldre la peniée. on;'i habitue par l'étude'des

iunonum,es et des oriqines des différents mots.t{nrëitsioza consiste"à dire ce qu'il faut e[ ni plus ni

moiub'qu,il. ne fau[. Le coil[rairc de la précision est la tl'ifftt-sion etla Ttrolinité.

Le néoloqi,sm,e' orr l'abus des mots nouYeaux,i-' Lp àn,rnËl- orr-l'cmnloï du lansase corrompu de certaines- Le iarqon, ou l'emploi du langage comompufractiôns-de Ia société.

Elle évite aussi Ie pardsme qui est l'exagérationpureté.

lac

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Le naturel ou Ia aéritë du styre consiste dans un parfai

î:riid,,"ltr: I'expression cr ta ,râto*u-Aà lt,,';i"rl";-àri .uj.èt de l'idée. lei défauts opposés au style ortùrrif ,iit,i;!!"{ :t:^!,t"yp!

a s e, t' a ffë t e r ti e1 r'a b u s d e" c é il;;; ; pi;r ù i;

400 DE LA nnÉronrqur.

style soateiu,

CHATITRE XUIII.

Enfin, la dernière qualité essentielle du stylemonte.

est I'lwr-

Il.T,r deux sortes d^'harmouie, I'barmonie qénérale quin€jconsidére les so's -qu'en erq--êtoer .i rr^ti.;1il"ïjË d;I'idde, et l'harmoniê spécia\u eu imitatiue-i;iG;"sidèredans leurs rapports a'iec res pensées .t'i.r',toii.Jnts cx-rprrmes.

, L'harmolie gënëraledépend, soit de la nature individuelleûes,sons, clest ce qu'on -lopme euphonie, soit de leur allianceier oe feur successio_n, d,ori naît le rh,ythme.

L'euphonie dvite Ieconcours des m"auvais sons, par consd-iquen! I'hiatus etle bd,tllement, c'est-à-diru rr-

"âriàot"edei

:TFilur v,orelles. et d-es syllabes nasares, rt r.1iàï.r ."o-,sonnes rudes et silllantes.

., L*, rhy.thrye consis[e dans-la trisposition, seron res rois dcireupnonre, de tous les mots d'une phrase, et dans la construc-lrron qespertodes_, dont les anciensrhéteurs distinguaient trois i

:t_ïi11p::n:ipales: la période carrëe, ta période-rond,e, ettai

penoqe croesee.,

-. t'4rrponie speciale ouimitati,uedépend dela représenta_ i

tron de.Ia pensée, ou par le son mêrne-des motso cé qui con- |

stluue t'onomutopëe, ou par te mo-uvernent de ra irtrraje. .t|onomatap.ie, sans être à dédaigner, quand'elle se nré- i

sente naturelleruen[, ne doit pas étre recherchée; il faut i

s'appliquer_specialement à I'esfèee d'harmonià iriiÀti", o"i i

ifli9..--"!u rrdée par le mouvemenr de_ la phrase, qui faitïe,l'expressionr en que_lr,Ye *Ite, l'dcho du sêns, ctfurie tous les igrands dcrivains-ont êtudiée,' - ---i

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nÉstrud, I*Oi

GHAPITRE XlX. ,Outre ces qualités essentielles à-toute espèce d'écrits, les'

différents g.o*.r e{igent chncundes qualités spéciales, que

nous nornm ons qualt'és accîdentelles du stvle'En général , É., ï*l.pf. , tôot livr_e qrii trgrt. d'intérêts

.d;;;; fittia't d.'otn,it lâ grauité du ton' Unesimplieité

ooÏi..st fË prineipal caractère'da style gra,a!.Il faut y éviter

la froideur ui 6 r'ànotonie, e[ ne pa"s l'ilagércr surtout dansIes sujets qui ne l'exigent pas absolument'--Li'nobtàsse,

qua6té relàtive et qui se modifie ieaucoup

selon les circonsiances, consiste à n'employer quc les-termes

i", pl"r g;ttér.o* rt les tournures les pluJ polies et les plus

dignes."4, m.rurc que le sujet s'élève, on peut affiver à la richesse

et à la nmqnilicence :il ri,ch'essle qui ajoute à la noblesse l'éclat des imagcs,

I'abondance dei ornëments, le lombre de la phrase, ou quiencore renl'erme sous peu de mots des idées fécondes;

Lamaqnifr,cencequi est la grandeur dans la richesse'

io p".iioi, Ia spàqtanéitél le besoin d'entraîner deman-

denl, l' énerqi,e et la uélt érnence.--L'ir;t;'g;é t" ptoaqit, quelquef,is en développant, plussouvent .orooo.ns*ni ld sentiôent ou la penséc. lille.résulte

uarfois du con1raste des idécs ou de la hardiesse des images.'- ii aehëmen'cedépencl moins de la force de l'expression que

dela vivacité e[ aË m variété du tour et du mouvement de

la phrase. t"" tP*té;;à l'excès, la gravité etla noblesse deviennent dela

,"îAoiii-tu ti*neuJ. et"la magnificcnce lg !'enflyrell'éner-

gie, de la du'etë; la véhérucncer d,e la d'éctamahon''"'Ï;;l"t danaé hauteur de pensée et' de style constitue le

t"UU'oii, qfri ot eu dehors -dôspréceptes de llttlf :l g{3,"

Deut déhnir, en littérature, I'expression vraie de touU scntl-'*;;-Ë io.*. làe. qui élèvc'l'homme au-dessus de lui-même'

Bi.

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t*02

C}IAPITBE XX.

Pryr les ouvrages.qui appartiennent au genre ternpérd et ,imeme au genre srmpre, re première qualité spdciale eËtl,élë- '

9a?gg:

,.1.i.élég.ance ajorte aux quarités essentieiles l,agrément et Iadrstfnctron, et efle y parvient par le clwin des"pensées, descxpressions, des tours, des nombres.

L'élégance, dans lés choses de sentiment, se nonnme lagrdce.L'dlésanee extrême en certains genres deyient le stylc

fleu,ri,'Les écrivains ingénieux, gui perçoivent rapidemeut des

:,Tqgry: inaperçus p{r tq.-vgtgaire,-_ont pour qualirés dis_

ûinctives l-a [inesse et la dëlicatesse, la premièrà di vient

plutôt.de I'e-sprit, Ia seconde, du cæûr. Ë ;;;;lJ*u"âL l,unee[ de t'autre est de'e poin[.exprimer I'idée tout entiè"., *id'en laisser deviner unb partie.D'aulres auteurs_se foirt remarquer par la naftaetérqui se

rapproche du_naturel, avec cctte différen.e que le naiiret estopposé aa recherchg, 9t Ie naif au réf,échi. ià

"n,rËl oéces-sairement spontané, inattendu. L'eicès cle ra naiveté seraitta nlatserle.

La dernière_ qualité accidentelle du style cst, l,enîouentent.qui renl'ernre Ie comiqwe, le plaisant, ld barlesquu", te boiiri'.xl doit être naturel et- opporiut, ca" il varic .oio*iii*, pny,et lcs sièeles, ct, en mairite occasion, n'est poinï admissible.

a

THAPITNE XTI.

.ll ",étédit qubutre leu qortitds essenrielles et acciden-

telles du s[yle il laut étudier les frqures.Les f,guræ.qqnt des forme.s pâriiculières de langage qui

mnnifcstent I'idée d'une manièrè plus.noble, plus dùËiqûr,plus élégante que les formes orclinaires, ,iri qui inàiquent

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nÉsunrd. &05

mieux que celles-ci le mouYement de la pensée et la vue de

I'esptit.La connaissance des figures est nécessaire à tous etsurtoutà l'écrivain

Le stale fr,qurë est dans la nature tle I'homme, car ilprend st sotice dans des qualités et des besoins bornmuns

à tour, penchant à I'imitatiôn, assoeiation d'iddes, innagina-

tion. nas^siono el,c. Il se modifie avec la civilisation.-Lés'rhéteurson[ divisé les figures de diflérentes manières.

I,e système le plus généralement adopté les partage enFi,qit'res de Pensëes elu

fiqures ileTnots qui comPrennent:Lei ligures de ilictioru ou de grammaire,Les fiÉures ùe constraction ou de xtrntaæe,

Les fifiures d,e mots proprement di[es auxquelles se ratta-clrent les tropes.

Il sembldqu,on pourrait substituer à cette division Iasuivante :

Figures po,r rappro.chement il'i,dées semblables ou con'

traires, troqe et antithèse;Fieures'pat d'ëueloppement ou ubrérti,atiuc des expres-

sionsi plëonasme et elli'Pse;

, Fié,iilt par changetÇreni des formes de I'idée , m'u'tation

oa ïnaeTseon.

CHÂPITRE XTII.

Les fiuures de la première classe, consistant en rapproche-ments dYTdées, dérivent toutes de la comparaison.

La comparâison doit être-;aste et suiute,et autan[ que

possibleo neuue, rapide et piquante.-La comparaison àbrégée se nomme trope.Le trope aonsiste à trlnspor[er un trto-t ou uTe pFrase de

son Bens propre dans un aûtre, pour donner plus de valeurau discours.'

Lc plus important de tous les tropes'est la naëtaphore'

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40tt DE LA nuÉtonlqua.

Il y a mdtaphore, toutes les fois qu'en vertu d,une comr J a ruurapuure, roules tes tots gu.en verhraison mentale,

on emploie le signe ôhne idée.rrËuu r[çrruaIG,

uu culljrulË re slg-ne o-Ung ldee p0ur eXDflmeiun-e autre idée, semblable ou aiialo-sue.à certains égarlds.I

1,1._é

!1!h gI:, p q,l1 êt re b o n ne, d-oi t étre a-r qi e, limin eu s e)

ngbler.natureller, préparée, soutey,ug. Elle doit éviter tâo.lchronisrne e[ I'abus des mots technioues. Ibronisrne e[ l'abus iles mots techniques.  wLtLvurùrrru uû r qt Ltû ttEù luutD lrruuulqus$.

\ :î ;'n La métaphore eontinuéeldevient l,àIlësorie..',: .";' L'alldgoric qui peut se pcindre prendie nom cl,,f , lr(r ruçr,.|lrlruf'tr uulrtluutrçliuËylËuL I q,clgqor?,e. i

,.'. ' .,: L'alldgoi'ie qui peut se peindre prendie nom d,emblème. '

,". ,_.i -L'allusiorpeuf se rappiocher de l,allégorie

et de la métaiphore.Elle est réelle ou aerbale. '

Réelle, à propos d'une idée elle réveille dans I'esnrit uueautre idée, qui est ordinairement un fait historique. undfiction, une opinion, un passage connu d'un écriv aini uei.bare,elle ernploie à desscin un mot- susceptible d'un sens'difrérenide celui qu'elle lui donne.

on range parmi les allrrsion-s verbalesla syllepse oratoirelqui consiste à prendre, dans la même phraie, ûn mot daniles deux sens, au propl:e et au fgurC. Dans iemploi de ccifigures il faut-surtôutïesp&ter tiujours te gorïiài i* rp"iYe'ances'

" '.-'' ' ,g3-rr"-' {: | '. , .f ' -' '' i! 'r"

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C$lAplTAE XXlll.i'','.r.';1,-::' 1-"1''',v r.,l

I

_ 4p"9r avoir distingué parrni les tropes, ceux d,'usage oulde Iu langue qui entrent dans les habitudes qommunés duidiscours, et ceux ù'ùwentton ou de l'ëa,iaain, qui appar-ltiennent plus spécialemcnt à celui qui les emploiê, on f,eutirattacher à la métaphore:

La rnëtonymier_ espèce de métaphore dans laquelle lesiexpressions substituées au mot propre supposent une cones-|,pondan_c^e préalable entre les objets comfarés, Ia cause pourll'effet, I'efret p_our la- ca!r-sÇ: Ie contenant pour le pontenï, lelsigne pour la chose signifiée, etc.

I

. ,!,a synectlogye qui-va plus loin, gui cxigc enl,re les deuxltdees rapprochees, non-seulement une correspondance, nais

I

ti

I

I

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nÉsuuÉ. 405

une connexion, une cohésion en un objet unique, le moins

pour le plus, Ie plus pour le moiris, une partie pour une autreou pour Ie tout, l'abstrait pour le concret, etc.i''antonomase, sorte de synecdoque, qui substitue un nom

eommun à un nom propre, et réciproquement, ou bien unnom propre ou commun à un autre moins expressif I

La rnélalepse qui emploie l'antécédent, le conséquent, uneaccessoire queleônque de I'idée pour l'idée elle-mênre;

La catach,rèse, qtû, prenant un rnot dans un seus extensif,abusif, I'applique à- unè idée qui, elle-même, n'a point ou n'anlus de siene propre et exclusif dans la langue;' Iu'hypeibofel qrii compare, comme.la rnétîphôre, une idéeà des"idéæ rôoibhbles', mais d'une manière exagérée, enallant au delà de la vérité, pour Ia faire mieux saisir I

La litote qui, dans la même intention, reste au eontraireen deçà de la vérité;

L'euphémisme et l'antiph'rase que I'on rapproehe de Ialitote, ic premier se contèntant d'adoucir l'idée par I'expres-sion, I'au[re disant précisément Ie contraire de ce qu'elle veutdire.

c]tÂPTTRE XXIU.

Toutes les ûgures dont on vient de- parle_r rapprochen8des idées sem6lables. L'a,ntiplurase mène ù l'anti.thèse quirapproche des idées orrposées.

Ïemptoi cle I'antithêie est très-fréquent et irréprochableen uue foule d'occasions. Seulement il n'en fau[ pas abuser.On en distingue diverses espèees :

Larëuersiôn qui fait revenir les mots sur eux'mêmes dansdeux propositions successives et opposées l'une à I'autrt i ".r .,

.

L'eùthymënùsme qui rapproche vivement les deux mem- r{.1'.

bres d'uri enthymème ou syllogisrne tronqué I ,f ,''u

Le paroilo*is*e, antithêse d'idées formulée à loaide d'une 'i' '.,

ailianâe de mots qûi semblent stexclure mutuellement. Tti'"Il y a aussi dans I'expression des itldcs une au[re sorte - . - *'

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406 DE LA REÉTORIQUIJ.

l!.drgnie,, quând on loue en apparenee ce qu'on blâme..en).-' , 'r'- {-. "-i, '. ,': 'it,r !i 'i",réalité.. ti:. -:p-*:: i ,;"*1,:'r ..-.-.,:, ,:.-', 'r'. {i'-.i;'.:':

-j/,*

- !' té''..'

L'ëpitrope, quand,on conseillb le coutraire de ce {u'on veut.

demande, on fait la'

it en abrégeant I'expressioir de la pensée.Un des premiers moyens de développement ou d'amplifi-

d'opposition qu'ou pourrait appeler antithèse intente, et qui

a lieur lorsqu'on dit le contraire de ce qu'on pense, ou qubnprétend ne pas dire ce que I'on dit réellement. Voici cesformes d'antitbèses :

,.,:;;ll;': ' L'âstëi,smé, iuantl on loue réellement en paraissait blâmer.v'!' s./Èt {?'q' La prétét"ition, quand on dnonce les iddes

en disantquoon

n'en parlera pas.La correcl,i,on, la rétroaction, Eip*rærtkose, où I'on feint

de se laisser aller tro! loin, et où-l'on revient à dessein surcg qde l'on a dit.

La concessùon, la prëoceupation, la prolepse, où I'on a l'aird'admettre les objections, pour reprendre bientô[ l'avantage.

La commundcation, ori I'on paraît entrer dans loopinion de

l'adversaire, pour Ie ramener à ses propres idées.La dëIibératton, où l'on sernble remettre en question ce

que l'on a décidé.- L'interrogation, où I'on soenquiert de ce gue loon sait for[bien. !

Si le rapprochemen[ dcs idées semblables ou opposées estla souree la plus féconde des figures de style, on donne enf,orean discours de l'énerEie et de l'éléeance. soit en dévelounant.u discours de l'énergie et de l'élégance, soit en développant,

soit en abrégeant I'expression de la penséc.

cation est la pértphrase par laquelle on substitue au motpropre une courte définition ou description, en la nnodifiantd'après l'analogie des idées, la na[ure des sentiments et Ieearac[ère de l'ouvrage.

$ouvent, au lieu de clévelopper la pensée, on produit de

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- nÉsuud. L07

l'éfret seulement en la répétant. Il y a diverses espèces clerêpéti,tions

:^,^9.o,1'91

rep.roduit plusieurs fois exactement le même mot,e'est la repëtitùon proprement dite.

Ou I'on reprodujc piusieurs fois Ia même pensde,soit en accumulant des idées semblab-les, ô'est l, erpolition, ;soit en accumulanr diveru signesldô Ëi'il; ffi-c'est Ia

synomtrmie ou mëtabole. '

.Quandr_dans la métabole,

on obserye

,une

çyrad,atio*, ascen-dante ou desccndânte, elle se nomme eldmai.-- Le nom générique de toute figure par laquelle on ajoute àI'expressioÀ de t'iJi és est pl ëonàôn*'silàr i"o trïàuib,,on tréellement superflus, Ie pléonasme devient eob-ïiù1r.Le con[raire du-pldonasme est l,ellipse qui, poui. doon""tlt l,{-n_:rgie au {irgo"_*Jl- supprirne

"ooo ptusieurs mors,

e.u quetquelbis une idée. II faul éviter dans l,ellipse la cluretéiI'obscurité et Ie solécisme.

, On appetrle conjonction la figure qui multiplie dans unel-l-lif: particutes conjoncrives; disjonctùon, celle qui aueonmarre tes supprime.

on rattache âùssi à l'ellipse l'anaaoluthe, construction oùI'auteur laisse à ddsirer côrhins mots qûi réeutièrementdevraient toujours en accompagner d'auhàs.

- -o-----

GHAPITNE XXUI.

Enfin on range pqrmi les ffgures certiines formes de lan-