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Abreuvé de vains sarcasmes - static.fnac-static.com · Puis toujours les fils d’Eole ... j’ai pris mon quart à la passerelle ... Après avoir longuement pris une douche Luxe

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Abreuvé de vains sarcasmes Inondé de tant de larmes, Assailli de tous ces démons Abruti de tous les sermons, Mon âme erre en pénitence Abusant de toutes les patiences, J’ai entendu toutes les injures Venant de gens parjures, Mécréants au demeurant Plus stupides que méchants, Hurlant parmi les meutes Des vils chiens qu’on ameute, Pour détruire l ’innocence Et monter des potences, Alors je suis parti au loin Mais je n’ai plus de destin, Je chemine le cœur en otage Par les vallées sous les orages, Le soleil n’existe plus pour moi Il ne me reste que ma Foi, Souffrez qu’ici je cesse Et garde ma détresse…

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J’ai tant d’amertume Qui en moi se résume, Aux vents de folie Qui frappèrent ma vie…

Puis parfois lors d’accalmies J’ai eu juste un peu de répit, Puis toujours les fils d’Eole Reprenaient leurs farandoles…

Alors dans ces vents malsains J’ai tracé mon triste destin, Et ce soir devant se bilant Je préfère en rire simplement…

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J’ai vu l’aurore sous les tropiques Le soleil couchant des Amériques, Ma vieille méditerranée vibrante Calme, limpide puis très violente… J’ai désiré des femmes ardemment Mais les ai-je aimées vraiment, Le sang de ma belle jeunesse Bouillait de tant d’allégresse… J’ai franchi bien des détroits Vu l’océan intense et le froid, Glaçant nos veines ma peine Inutile pantin de porcelaine…

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Puis enfin la cote bretonne Tout là bas elle nous étonne, La plus belle qui soit aux marins Dans la douceur de son air marin…

Et là sur le quai, les gens attendaient Ils nous regardaient manœuvrer, Les yeux fixés d’une admiration Qui nous donnait une émotion…

Le bateau roulait très furieusement Exténué et gelé en fin de quart, J’ai vu le visage du copain de relève Blême livide, comme sur sa réserve…

Je lui ai dit retourne te coucher Tu me remplaceras en plongée, Il a bredouillé un merci et a vomi La mer ça ne fait pas que des amis…

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Elle est entrée avec cet air-là Que vous ne connaissez pas, Elle a défait sa robe sans hésiter Et je serai le coupable parfait ?

Elle m’a pris entre ses bras Comme vous ne savez pas, J’ai senti son parfum d’orient Et je ne serai pas innocent ?

Puis ivres de baisers et d’étreintes Elle m’a demandé sans feinte, Allons dîner j’ai un peu faim Et je te revois absolument demain…

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En franchissant les passes La grande rade s’ouvrait, Au grand large qui dépasse Toute mesure incontrôlée, Par la vue d’un homme Qui ne peut pas s’imaginer, Une telle et intense immensité Dans son esprit bien étriqué… En passant sous le cap Cépet Toute la mer éclatait de beauté ; j ’ai pris mon quart à la passerelle Avec déjà en main mes jumelles, Pour guetter et encore épier L ’horizon où un risque peut arriver…

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N’ayant de ma vie plus aucun espoir J’attends de partir par un beau soir, Vers le vil néant définitif de l’oubli Qui ne sera aucunement le paradis…

Puisque dans mon cœur pourchassé Tout ce que j’ai fait sera démonté, Homme encore et toujours honni Je finirai comme un malappris…

Pas de sermon ni d’oraison funèbre Je ne suis aucunement célèbre, Car seront vite tombées sur moi Les culpabilités malgré ma foi…

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Il y avait un vent violent sur la rade À peine les pieds posés sur le quai, J’ai regardé avec mes camarades Les lumières attirantes de la cité…

Après avoir longuement pris une douche Luxe extrême pour des sous-mariniers, Nous allions remettre nos âmes farouches Entre les bras de nos compagnes aimées…

Demain au réveil nous aurions enfin le sourire De celles qui portent nos cœurs fébriles, De nos vies de marins dans leurs délires Où souvent on cache le plus difficile…

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Le parfum de l’enfance Hante ma conscience, Comme une odeur de bien être Qui ne peut pas disparaître…

Les lents retours des écoliers Par les longs sentiers cuivrés, Dans la splendeur de l’automne Enivraient ma petite personne…

Aujourd’hui, je le sais, Jamais je ne revivrai, Ces moments d’insouciance Qui bercent l’adolescence…

Dans la campagne qui palpite Aux premiers souffles du printemps, A l’heure où l’âge hérite De la force des quinze ans, Nous partions par les vals et les ruisseaux Heureux de vivre comme des moineaux…

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Elle m’avait dit écoute ma chanson Ses doigts pinçaient sa guitare, Qui vibrait entraînant à l’unisson Les mots de son chant Cathare…

Elle m’avait dit écoute mon cœur Si tu veux y prendre toute ta place, Pour construire notre bonheur Je t’en ferai un unique palace…

Elle m’avait dit reviens de la mer Je serai là sur le quai à t’attendre, Je serai pour toi comme la Mère Des enfants que je vais attendre…

Elle m’avait dit embrasse mes lèvres Tu y trouveras la saveur suprême, Pour enfin y calmer ta fièvre Loin de tes chemins de Bohême…

Elle m’avait dit de revenir vers elle Que de ma vie je n’aurais le repos, En vidant toute mon escarcelle Dans les rêves et les jeux de tripots…

Elle m’avait dit si tu pars loin de moi Un jour tu sauras ce que tu as manqué, Et puis quand tu comprendras pourquoi Moi je ne serai plus qu’un conte de fées…

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Parfois je fais des voyages Vers des pays sans rivages, Je vois l’océan de nos aïeux Parfois vert, parfois bleu…

Parfois je marche sur des plages Sans trouver de coquillages, Je vois le visage de ma Mère Qui m’appelle sans colère…

Parfois j’entends le silence Qui tout en moi ensemence, Ces mots que je pose en vain Sur la dalle de mon destin…

Parfois je pleure sans larmes Loin du fracas des armes, J’ignore où vont mes pas Et l’heure de mon trépas…

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Elle m’avait dit, je suis ton amour comme [tu n’en retrouveras pas

Elle m’avait dit, tu ne pourrais jamais ne pas [te souvenir de moi,

Et aujourd’hui que le temps est passé, cet amour [je le pleure encore

Vous ne pouvez imaginer cela à l’abri de tout ce qui [fait vos décors…

Elle m’avait dit, personne ne t’aimera jamais [comme moi

Désormais je le sais, il y a longtemps qu’elle n’est [plus là,

Alors j’arpente ma vie par tous ses travers sombres [et inutiles

Je vais de par les villes, sans ne rien faire d’autre que [de futile…

Elle m’avait dit, tant de soirs tu t’endormiras en [pensant à moi

Où tu respireras encore intensément l’encre [de mes doigts,

Où tu entendras l’écho de ma voix toujours en [ta conscience

Et là tu sauras enfin pourquoi je suis ton éternelle [absence…

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Traduction d’un extrait d’un poème de Rafaël Leon : Elles m’ont raconté hier les langues à double langage Que tu t’es mariée y’a un mois et je suis resté calme. Que si aux pieds des autels mon nom tu as effacé, Pour la gloire (souvenir) de ma Mère je ne te garde

[pas rancœur. Parce que sans être ton mari, ton fiancé, ni ton amant Je suis celui qui t’as le plus aimé avec ça j’en ai assez. Plus que n’est riche ton maître Je te vends cette prophétie, Toi chaque nuit dans tes sommeils tu rêveras que

[tu m’aimais, Et tu te rappelleras l’après midi où ta bouche

[m’a embrassé Et tu t’appelleras lâche (trouillard) comme

[je t’appelle moi Tu penseras : ce n’est pas certain, ce n’est rien

[et je sais ce que je suis en train de rêver Là bas dans l’aube tu te réveilleras en pleurant, Pour celui qui n’est pas ton mari Ni ton fiancé, ni ton amant, mais celui qui t’as

[le plus aimée Et avec ça j’en ai assez !

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le vent soufflait coupant comme du silex Les veilleurs à la passerelle, perplexes Pointaient leurs jumelles vers l’horizon Grelottant de fièvre dans leurs blousons…

L’océan rugissait de plus en plus fort Le bâtiment se secouait dans l’effort, Plongeant dans la plume traîtresse Tout en luttant avec vive hardiesse…

Il n’y a pas de place pour le mal de mer Sur un navire pour les matelots amers, Qui tardent à s’amariner au plus vite Pour eux le vrai risque c’est la suite…

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Chantez pour moi mes anciennes amantes Vous rappelant de nos belles nuits démentes, En ces jours de retour de mer euphorique En souvenir de tous ces moments épiques…

Chantez pour mes copains disparus Que vos voix parviennent aux nues, Versez-vous de cette bonne liqueur Que nous buvions les soirs de bonheur…

Chantez encore pour les vieux matelots Qui terminèrent leur vie dans un bistrot, Abandonnés depuis tant et tant de temps Par des femmes vénales au demeurant…

Chantez toujours chères filles aimantes Pour qu’en nos cœurs enfin s’apparente, L’illusion d’avoir vécu en ce monde perdu Aux confins de nos amours disparus…

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« Dicen que el hombre no es hombre, mientras que no se ha oido su nombre de labios de una mujer »

On dit, que l’homme n’en est pas un, tant qu’on n’a pas entendu son nom des lèvres d’une femme