CHRONIQUE

ACTIVITÉS DES SOCIÉTÉS FÉDÉRÉES DURANT L'ANNÉE UNIVERSITAIRE 1970-1971

La Société aixolse d'Etudes historiques

Elle a poursuivi et développé durant cette année 1970-71 une activité scientifique brillamment commencée l'année précédente, préparant le congrès de la Fédération qui s'est tenu à Aix au début de novembre 1971 et présentant un cycle de conférences sur l'histoire régionale. Cette société est maintenant dotée d'un bulletin ronéotypé, annonçant et rendant compte de ses séances.

Le 23 octobre 1970, Maurice Gontard évoquait Hippolyte For/ou/, premier doyen de la Faculté des Lettres d'Aix (1846-1849 J. Cette confé· rence a paru sous forme d'article dans Provence Historique, fase. 82 (1970), p. 375-397.

Le 6 novembre, Edouard Baratier présentait, sous le titre Produc~ tion et commerce de la laine en Provence du XIIIe au XIV" siècle, le sommaire d'un rapport préparé pour le colloque de Prato du printemps 1969 (voir fasc. 82 de Provence Historique, p. 421, le résumé de cet exposé).

Le 4 décembre, Monique Cubells traitait des usurpations de noblesse en Provence. Etude très documentée, qui a paru dans le fasc. 81 (1971) de Provence Historique, p. 234·301.

Le 5 janvier 1971, François Salviat donnait avec projection de photos et de plans un compte rendu des fouilles du cours des Minimes à Aix, fouilles qui ont permis de retrouver ou confirmer la trace des grands axes de la ville antique. A cette même séance, Jean-Paul Coste présen­tait un résumé de sa thèse sur la Société à Aix d'après un r61e de la capitation de 1695. Ce document permet de situer les catégories sociales dans leurs maisons, rues et quartiers; associant ainsi étroitement pour cette époque relativement lointaine l'histoire sociale et l'histoire de l'urbanisme.

Le 5 février, M. RipoU retraçait la vie aixoise dans les Rougon-Mac­quart d'Emile Zola, et notamment d'après la conquête de Flassans. Iden­tification, très précise, très érudite des personnages et des "affaires" alors célèbres auxquelles le roman fait allusion. Il s'agit cependant de recompo­sition d'après des modèles et Don d'un roman à clefs.

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Le 5 mars, M. Mantran parlait de la découverte de l'Orient par les Occidentaux au Moyen Age. Les chroniques des premières croisades reflè­tent un état d'esprit peu amical, notamment à propos des rapports entre Latins et Grecs. Puis, après la perte de Jérusalem et la liquidation des Etats latins d'Orient, une nouvelle phase apparaît, marquée d'abord par des entreprises politiques ou religieuses, des ambassades vers les Mongols et les Iraniens, mais sans grand succès. L'apparition des Turcs ottomans et leur progression en Europe orientale et balkanique causent une vive inquié­tude, témoignée par l'organisation de croisades visant non plus à la recon~ quête des Lieux Saints, mais à l'éviction des Turcs d'Europe : c'est la « défense de la Chrétienté >. Durant toute cette période, du XI' au XV, siècle, la connaissance des Latins sur l'Islam a été des plus médiocres, et rares sont les voyageurs, les missionnaires ou les chroniqueurs qui ont essayé de peindre un tableau objectif du monde musulman. Mais à partir du XV" siècle, on peut noter que petit à petit l'intérêt, la compréhension, la tolérance commencent à se faire jour : la science « orientaliste » appa­raît, qui va se développer avec la Renaissance et conduire à la connais.­sance et à l'étude des peuples et des pays de l'Orient.

Le 2 avril, Maurice Agulhon traitait le sujet suivant : Allégories fémi· nines et monuments civiques en Provence sous la III" République. Etude de l'opinion républicaine en Provence, suivie dans ses représentations figurées . Imagerie ancienne et aussi jusque vers 1875, présence d'allégories féminines vivantes (<< déesse de la Liberté »). Puis on se contente d'ériger des bustes sur des fontaines. Les inscriptions sont souvent significatives ou curieuses. Est-ce expressionnisme para ou pseudo-religieux ? ou volonté d'imitation des décors des grandes villes?

Le 7 mai, François-Paul Blanc étudiait l'anoblissement en Provence sous Louis XIV. L'anoblissement par lettres a existé et l'auteur en donne une statistique complète, mais curieux trait de mentalité: une lettre d'ano­blissement apportant évidemment la preuve qu'on était roturier ... antérieu­rement, certains bénéficiaires ont dédaigné d'user de ce titre authentique pour s'accrocher à des preuves traditionnelles et contestables.

La Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie de Marseille

Avant d'examiner les conférences présentées par cette société, rappe­lons l'atribution de la médaille Paul Paret 1971 à M. Jean Pourrière, et l'excursion archéologique aux Arcs et à Taradeau organisée le 7 mai 1971.

Le 26 novembre 1970, pour. clore l'année saint Louis, Edouard Baratier a traité des rapports de saint Louis avec le comté catalan de Provence. En 1234, le roi de France épouse à Sens Marguerite, fille aînée du comte Raimond Bérenger V, mais il n'a visité la Provence qu'une seule fois, débarquant en 1254 à Hyères, au retour du Levant. Il a joué un rôle de médiateur entre son frère et leur commune belle-mère Béatrice de Savoie. Devenue veuve, Marguerite réclame à Charles d'Anjou une part de l'héri· tage provençal et finit par obtenir en 1289 une rente viagère.

Le 21 janvier 1971, le R.P. Amargier présentait le Dominicain Robert d'Uzès et son livre des visions, écrit vers 1291, et qui dénote un incontes­table talent d 'écrivain. Le conférencier s'attacha à scruter à partir de

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quelques passages de cet ouvrage la personnalité de son auteur. Voir à ce sujet l'édition et le commentaire publiés dans le Nouveau Commerce (1971), n° 20, p; 41-70.

Le 18 mars, Madeleine Villard, utilisant un registre inédit de la corres­pondance de l'intendant Thomas Alexandre Morant, montrait les répercus­sions à Marseille et en Provence de la révocation de l'édit de Nantes de 1684 à la fin de 1685. L'intendant peut se flatter de conversions quasi géné­rales, mais il a peu d'illusions sur la sincérité de ces abjurations massives et forcées. .

Le 9 mai, Mlle Demians d'Archirnbaud commentait avec diapositives les résultats des nouvelles fouilles qu'elle a dirigées à Saint-Victor, dans l'an­cienne sacristie et chapelle Saint-André des cryptes, et sous la tour d'Isarn. Ces fouilles ont été poursuivies jusqu'aux grandes surfaces de la carrière hellénistique dans laquelle furent implantées dès le Premier siècle de puissantes constructions en grand appareil. La chapelle Saint-André est élevée au Ve siècle sur cet emplacement; à la fin du Xe siècle elle est partiellement revoûtée et couverte d'un toit en tegulae, encore bien con· servé. Dans la nef, dans une très importante stratification de sépultures en sarcophages (sur 7 niveaux), on a découvert et dégagé un superbe sarco­phage sculpté (qui serait du V~ siècle), contenant une inhumation habillée, inviolée.

L'Institut Historique de Provence

Cette société a poursuivi régulièrement le cycle de ses conférences, alternant tous les mois à la salle du Palais de la Bourse avec celles de la Société de Statistique, d'Histoire et d'Archéologie.

Le 22 octobre 1970, Lucien Gaillard traite des ouvriers typographes à Marseille de 1848 à 1879. L'imprimerie marseillaise compte une douzaine d'ateliers pourvus d'un matériel moderne mais qui impriment surtout de petits journaux et d'innombrables brochures. Dès 1847 les typographes groupés en « Société typographique» réclament de hauts salaires. En 1848. ils obtiennent le tarif de 5 francs par jour ou 5 francs du mille; nouvelle grève en 1868, mais les actions de cette chambre syndicale demeurent étroitement corporatives et locales.

Le 17 décembre, Pierre Guiral rappelait l'entrée des Italiens dalls Rome le 20 septembre 1870 et le rôle de la diplomatie française qui jus­qu'à la guerre avait soutenu le pouvoir temporel du pape. La défaite con­damne la France à une certaine passivité, mais les sympathies des conser· vateurs sont acquises à la cause pontificale, cc qui pourrait expliquer en partie les sympathies italiennes pour la Commune et la double hostilité de Bismarck contre Je Saint Siège et la France.

Le 25 février 1971, Maurice Gontard parlait d'un Provençal, ministre du Second Empire, Hyppolite For/oui, déjà présenté à la Société aixoise comme doyen de la Faculté des Lettres d'Aix (1846-1849). En janvier 1849, H. Fortoul est élu député des Basses-Alpes à l'Assemblée législative. au lendemain du coup d'Etat de 1851, il est nommé ministre de l'Instruction publique et des Cultes et le restera jusqu'à sa mort le 7 juillet 1856. Minis­tre autoritaire mais réformateur, qui donne aux sciences une place égale aux lettres dans le programme des lycées.

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Le 22 avril, Antoine Olivesi retraçait les péripéties de la Commune de 1871 à Marseille, ajoutant quelques nouveaux éléments au li'ire publié il y a vingt-cinq ans par cet auteur sur ce sujet. Sur le plan sociologique il souligne la croissance rapide de la population et la prolétarisation des banlieues nord, est et sud (68 % d'ouvriers à la Belle de Mai) . La Corn· mune, d'après une statistique portant sur 224 personnes identifiées, a été marquée par une forte participation ouvrière.

Le 17 juin. Jacques Billioud examinait le commerce de la viande à Marseille aux XVII"-XVI/l e siècles. Monopole municipal auquel s'ajoute une taxe de 6 deniers par livre; d'où importante contrebande pour introduire des bestiaux en fraude. On ne peut élever des moutons dans le terroir sinon pour en engraisser les terres, et encore faut-il les déclarer. Quelques privilégiés (Clergé, hôpitaux, galères, garnisons) échappaient à cet impôt indirect.

CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION HISTORIQUE DE PROVENCE

Le XXle congrès aura lieu à Antibes les samedi 7 el dimanche 8 octo­bre 1972.

Les séances de travail qui auront lieu le samedi seront consacrées :

le matin à des communications intéressant l'histoire et l'archéologie d'Antibes et de sa région; l'après-midi aux problèmes des communautés d 'habitants en Provence orientale. (Finances et budgets communaux en relation avec la vie économique et sociale.)

Les personnes désireuses 'de présenter une communication à ce congrès, dans le cadre des thèmes retenus, sont priées de le signaler à M. Baratier, Secrétaire de la Fédération , Archives des Bouches-du-Rhône, Préfecture, Marseille (6').

Le XXII- congrès sera un congrès commun Provence-Ligurie, et aura lieu à Albenga, à l'automne 1973. Le thème retenu est celui des relations maritimes entre la Ligurie génoise et la Provence.

COLLABORATEURS DE CE NUMÉRO

Martine EHLINGER, maître en histoire, 3, allée de la Désirée, Mar. seille (IX' ).

Emile LLORCA, agrégé d'histoire, 10, rue Masséna, 06 . Vence.

Jean·Marie ROUX, agrégé d'histoire, Musée Arbaud, 2 a, rue du Quatre·sep tembre, 13 - Aix-en-Provence.

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DANS LE TERROIR DE BARCELONNETTE

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