Aes 510 2 Les Relations Locuteur Enonciateur Au Prisme de La Notion de Voix

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    Arts et Savoirs2 (2012)Les thories de l'nonciation : Benveniste aprs un demi-sicle

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    Alain Rabatel

    Les relations Locuteur/nonciateur auprisme de la notion de voix................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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    Rfrence lectronique

    Alain Rabatel, Les relations Locuteur/nonciateur au prisme de la notion de voix ,Arts et Savoirs

    [En ligne],2 | 2012, mis en ligne le 15 juillet 2012, consult le 14 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/510

    diteur : LISAA (Littratures Savoirs et Arts)http://aes.revues.orghttp://www.revues.org

    Document accessible en ligne sur :http://aes.revues.org/510Document gnr automatiquement le 14 juin 2016.Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

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    Alain Rabatel

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    [] il est probablement impossible de dmontrer quun systme de concepts est meilleurquun autre. Il y a un arbitraire irrductible dans le choix des termes dans lesquels onconoit les problmes thoriques. Mais, cet arbitraire nest pas injustifiable. Le moins quon

    puisse faire pour justifier un choix de concepts, cest montrer quil offre une solution derechange intressante un ensemble conceptuel dominant et dont il nest pas satisfaitquil le soit. Les concepts servent formuler des intuitions, et les intuitions fcondent la

    recherche. Un systme conceptuel peut effectivement tre prfrable un autre, un nouveausystme, un systme en vigueur, ds lors quavec ce nouveau systme on peut exprimer une

    intuition nouvelle.1

    1 Parmi les notions fondamentales de la linguistique nonciative, la voix reste un objetproblmatique. Comme le rappelle Verine, il y a un double paradoxe autour de la voix, dunepart emprunte au champ du discours oral alors quelle sert beaucoup lcrit pour analyser

    les phnomnes dhtrognit nonciative, dautre part parce quelle est le plus souventmise en relation non avec les instances de production matrielle des noncs mais avec lesinstances de prise en charge de leur contenu smantique et pragmatique 23. Comme je refusece double paradoxe, jai tent, notamment dansLa question polyphonique ou dialogique ensciences du langage4, dasseoir les diffrences entre locuteur et nonciateur sur la distinctionentre voix et point de vue :

    (a) Le locuteur est linstance premire qui produit matriellement les noncs. Cest pourquoila notion de locuteur peut tre rapproche de celle de voix. Elle est profre (ou crite) par unlocuteur (ou scripteur), dote dune matrialit, subordonne lexprience sensorielle.Lnonciateur est linstance qui se positionne par rapport aux objets du discours auxquels ilrfre, et, ce faisant, qui les prend en charge. La notion dnonciateur correspond une position(nonciative) quadopte le locuteur, dans son discours, pour envisager les faits, les notions, sous

    tel ou tel PDV pour son compte ou pour le compte des autres. De la sorte, lnonciateur est dfinicomme linstance aux PDV. La disjonction locuteur/nonciateur rend compte des possibilitsque le locuteur se donne, en tant qunonciateur, pour tourner autour des objets du discours,pour envisager les faits, les mots et les discours, les notions, les situations, les vnements, lesphnomnes de tel ou tel PDV, dans le prsent, le pass ou le futur, par rapport soi ou par rapportaux PDV dautrui.5

    2 Je distingue donc deux instances dnonciation, le locuteur, dun ct, dfini par la profrationou scription dune actualisation langagire de longueur variable et lnonciateur, de lautre,dfini comme un sujet modal partir duquel la construction des productions langagires estenvisage, dans une optique radicale de lnonciation, co-extensive la langue en discours,ce pourquoi jai coutume de dire que lnonciation et la rfrenciation sont une seule et mmechose, pour signifier que lnonciation ne se limite pas aux traces dun sujet modalisant sesractions dans le modusface une construction de la ralit (dans le dictum) qui chapperait la problmatique nonciative. Jajoute que si les sujets dans la langue sont la fois locuteuret nonciateur (syncrtisme), la rciproque nest pas toujours vraie et cest l un phnomneauquel on naccorde pas assez dattention : car il existe dans les discours des fragments delongueur variable qui sont profrs par un locuteur premier (L16) envisageant empathiquementles rfrents du point de vue dun nonciateur interne qui nest pas locuteur, voire mme dupoint de vue dun interlocuteur auquel L1 sadresse, non pas en parlant sa place, mais enessayant de voir les choses de sa place7. Si lon prend en compte cette nouvelle donne , lesphnomnes dhtrognit nonciative sont encore plus complexes que ce quon a coutumede dire parce que la rcursivit, frquente en beaucoup de langues, permet denchsser deslocuteurs et des nonciateurs et aussi permet aussi denchsser des nonciateurs non-locuteurs.Jentends bien les ractions mitiges de ceux qui trouvent quil est inutile de compliquer unesituation qui ne lest que trop. On peut voir les choses dun autre point de vue, en se disant que

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    la saisie de ces phnomnes souvent sous-estims permet au contraire de mettre un peu dordredans le complexe, au prix dun outillage (je ne dirai pas un appareil formel , la postritde Benveniste a montr sa fragilit) relativement simple. Mais je ne dveloppe pas davantage,mon sujet nest pas de traiter de lnonciateur ; nanmoins, comme lon ne peut poser cetteinstance que par rapport lautre, il est difficile dchapper ces quelques prcisions.

    3 La distinction Locuteur/nonciateur repose sur une lecture critique de Benveniste et surla ncessit de mettre de lordre dans son approche de lnonciation. En effet, dans ses

    Problmes de linguistique gnraleI et II, Benveniste renvoie au moins cinq conceptionsdiffrentes de lnonciation, ainsi que la tabli Aya Ono8. Lnonciation correspond tanttunephonation, ou uneprofration; la conversion de la langue en discoursdans le cadre delopposition benvenistienne smiotique (langue) vs smantique (discours en situation) ; unacte unique, individuel par lequel le je/ici/maintenant saffirme comme instance de discours; une dimension dialogique, manire dinfluencer lallocutaire ou lauditeur ;enfin, une

    actualisation de la phrase dans la ralit du discours, en lien avec la question de la rfrence9.Ces oscillations sexpliquent largement par la tentation de dfinir lnonciation partir du plan

    dnonciation personnelle, que Benveniste nomme le discours 10, tentation qui nest jamaistotalement contrebalance par la prise en compte dune autre conception de lnonciation,voque en filigrane, dans Benveniste 1969, autour des phrases nominales11, des proverbes,

    des nonciations rituelles, des noncs impersonnels.

    Le critre de lactualisation dans la distinction locuteurversusnonciateur

    4 Je ne reviendrai pas ici sur les tentatives de mise en ordre de Descls, Ducrot ou Culioli,qui ont fait lobjet de publications antrieures (Rabatel 2005a, b, 2010), je veux centrer cetravail sur la faon dont certains linguistes du courant dialogique ont trait la question. SelonBres, la distinction entre locuteur et nonciateur est capitale pour rendre compte des noncsdialogiques ; cette opinion nest toutefois pas partage par tous les linguistes qui se rclamentdu dialogisme bakhtinien, car Moirand ou Authier-Revuz nprouvent pas le besoin dune telle

    distinction. Chez Bres, lapproche du dialogisme se fait par la notion dnonc dj actualis,et non par celle de point de vue, comme chez Ducrot. Mais cela nempche pas Bres daccorder

    la plus grande importance la notion dnonciateur, en un sens diffrent de Ducrot12, puisquelnonciateur nest pas rfr lauteur dun nonc exprimant des attitudes , et non des paroles , mais renvoie lactualisation dun nonc, un nonc dialogique tant doublementactualis, en ce quil modalise secondairement un nonc pralable qui a fait lobjet dunemodalisation primaire :

    (b) Jappellerai dialogique un nonc (ou fragment dnonc) dans lequel la modalisation de E1sapplique un dictum prsent comme ayant dj statut dnonc(soit e), cest--dire ayant faitlobjet dune modalisation par un autre nonciateur, que je dsigne par e1 (Bres 1999 : 72)(c) Nous posons que lnonc dialogique se distingue de lnonc monologique de la faonsuivante : dans lnonc monologique lactualisation dictique et modale porte sur un dictum ;

    dans lnonc dialogique, cette opration seffectue non sur un dictum, mais sur (ce qui estprsent comme) un noncdj actualis (Bres et Nowakowska 2006 : 29)

    5 Cette distinction va conduire Bres (ou, dans certains textes, Bres et Nowakowska) revenir surles notions de locuteur et de voix, utiles pour penser lhtrognit nonciative, en dfinissantle locuteur comme tant linstance la source dune triple actualisation, phonique/scripturale,dictique et modale. Comme le rappelle Dendale dans sa communication au colloque deMontpellier consacr au dialogisme en langue et en discours13, ce triple paramtrage nestpas toujours systmatiquement convoqu chez Bres et les praxmaticiens : lactualisation

    dictique est voque dans Dtrie, Siblot et Verine 200114 larticle actualisation ,lactualisation modale est illustre travers des analyses dinterrogation15, dassertion, de

    confirmation16de suspension de la validation17. Quant lactualisation phonique ou graphique,

    qui est la plus souvent cite, on la retrouve dans Bres et Verine en 200218; Bres et Nowakowskaen 200519, etc.

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    6 Faut-il quil y ait triple actualisation pour quil y ait nonc ? Si lactualisation phoniqueest indispensable, en va-t-il de mme pour les deux autres ? Lactualisation dictique ntantpas obligatoire pour actualiser des noncs puisquil existe une masse impressionnante

    dnoncs non embrays, selon un plan dnonciation historique ou thorique20 ne mesemble pas devoir entrer dans la dfinition du locuteur en tant quinstance dnonciation.Peut-tre faut-il voir dans ce critre la trace des tentatives (errones) de Benvenistede rduire lnonciation lnonciation dictique. Dans le mme temps, lactualisation

    dictique joue un rle thorique et pratique fondamental : car dans les cas de discoursenchsss, la hirarchisation nonciative des noncs est telle quelle oblige le locuteurenchssant modifier les noncs enchsss (au cas o ils relveraient dune actualisationdictique) pour les faire concorder avec les seuls reprages dictiques autoriss pourfaciliter la comprhension, les siens. Malgr tout, dfinir le locuteur partir du critre delactualisation dictique est trop puissant. De plus, il faut encore sentendre sur ce quonappelle lactualisation dictique : car lnonciation personnelle est loin de se rduire au seul appareil formel de lnonciation , auJe-Ici-Maintenant, comme le montrent ci-aprs lesexemples (1) et (2).

    (1) demain, je remercierai M. de Choiseul de ses services. Je my engage positivement LOUIS

    Est-ce clair ? dit la comtesse [Madame Du Barry]. Parfaitement clair, rpliqua le marchal [Duc de Richelieu] en faisant la grimace. Eh bien, quoi, dit Jean. Eh bien, cest demain que nous aurons la victoire, rien nest encore perdu. Comment, demain ? Mais le roi ma sign cela hier. Or, demain, cest aujourdhui. Pardon, madame, dit le duc ; comme il ny a pas de date, demain sera toujours le jour qui suivracelui o vous voudrez voir M. de Choiseul bas. (Dumas Joseph Balsamo Laffont 1990 : 667)(2) - Qua-t-il promis ? cria la comtesse : de remercier Choiseul.Et voil prcisment, madame ; jai entendu, moi, Sa Majest remercier positivement le duc deses services. Le mot a deux sens, coutez donc : en diplomatie, chacun prend celui quil prfre ;vous avez choisi le vtre, le roi a choisi le sien. De toutes faons, le demain nest plus mme enlitige ; cest bien aujourdhui, votre avis, que le roi devait tenir sa promesse : il la tenue. Moiqui vous parle, jai entendu le remerciement. (Dumas,Joseph Balsamo)21

    7 En (1) et (2), le malentendu est double : dune part il porte sur le sens de demain , surtoutquand de plus lengagement nest pas dat, dautre part il porte sur le sens de remercier (voirLangages150), que les interlocuteurs voulaient interprter au sens de congdier, quand leroi la utilis en sens contraire. Le premier malentendu porte sur des erreurs de calculs parrapport la deixis, tandis que le deuxime concerne les significations que les nonciateursaccordent aux mots et au discours, tmoignant ainsi de limportance de la saisie nonciativedes phnomnes langagiers, en fonction des nonciateurs/sujets modaux.

    8 Sans vouloir approfondir la conception de lnonciateur comme sujet modal, qui a tdveloppe ailleurs22, notons que les formes de subjectivit hors de lappareil formelde lnonciation sont capitales en ce quelles permettent une actualisation modaleindpendamment de lactualisation dictiquecomme le montre lexemple dUne vie, analys

    par Ducrot en 198023

    .(3) Jeanne ayant termin ses malles, sapprocha de la fentre, mais la pluie ne cessait pas.(Maupassant, Une Vie)

    9 Je me borne24 faire remarquer quil ny a pas une once de parole prononce et que lactionest cependant raconte du point de vue des impatiences et des dceptions de Jeanne. Cettedernire est donc nonciatrice/sujet modal/centre de perspective sans tre locutrice (e2). L1,le narrateur, prte sa voix Jeanne en pousant empathiquement son PDV, comme lindiquentle connecteur, le smantisme du verbe cesser , la ngation, le choix du dfini pour marquer(nous sommes dans lincipit) la saillance du phnomne de la pluie, dans la psych de Jeanne,et, last but not least, limparfait qui ouvre le champ de la saisie du procs de lintrieur parune autre puissance nonciatrice que celle du locuteur. Certes, la perception saccompagne

    de penses infra-verbalises car Jeanne est dpite de voir que la pluie contrarie encore sonprojet de dpart, mais cet embryon de parole intrieure nest pas verbalis comme parole, il

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    14 Bres et Nowakowska remarquent que que la vertu conduit ne se rduit pas unenvisagement par Agrippine (L1) de la faon dont elle imagine quAlbine se reprsente Nron :cest en fait une reprise du mot vertu dans la bouche dAlbine (vers 29-30 : Enfin Nron

    naissant/ toutes les vertus dAuguste vieillissant 33. (4) traduit donc une autre voix quecelle du locuteur/nonciateur premier, celle dAlbine (l2). Dont acte. Mais cela ne suffit pas contester la thorie de Ducrot34, cela montre simplement que lexemple pris par Ducrot estmal choisi, si on oppose cet exemple-ci celui que lon a examin en (3).

    15 Le deuxime exemple que Bres et Nowakowska contestent est emprunt Perrin :(5) Marc Dutroux, le gentil, le sauveur, le philanthrope, le philosophe, le scrupuleux, la victime,le repentant. Tel est le portrait ahurissant que laccus le plus honni de Belgique a dress de lui-mme durant son premier interrogatoire. (Le Temps 4 mars 2004).

    16 Selon les auteurs, lanalyse de Perrin est que L1/E1 utilise des termes dont il est responsable,mais qui expriment le PDV de e2, Dutroux, en rfrence la notion ducrotienne de PDV qui permet dapprhender une forme de subjectivit infra-verbale en remplacement du terme partrop incarn de voix. Bres et Nowakowska35contestent cette hypothse en sappuyant surla distinction narratologique mode/voix. Cette argumentation dautorit est vraiment fragile,quand on sait que Genette reconnat lui-mme le caractre mtaphorique de cette distinction,caractre que jai longuement dmont dans Une Histoire du point de vueen 1997 et qui a t

    galement svrement point par Fludernik36!

    (d) Pour le dire tout de go, il nous semble que la position thorique qui sous-tend lapproche delhtrognit nonciative en termes de point de vue est idaliste, savoir quelle sinscrit dans unparadigme linguistique qui considre que les mots ne font quactualiser un contenu pralablementpens (cf. dans la citation dO. Ducrot supra (16), les termes d entit smantique abstraite , de proposition au sens logique, cest--dire dun objet de pense ) qui serait donc la fois antrieuret extrieur aux mots pour le dire. On lui opposera une approche matrialiste, plus prcismentcelle de lanalyse du discours qui pose que le sens vient aux mots moins davoir t pralablementpens par le sujet parlant que dj nonc dans des discours antrieurs ; que donc linterdiscoursprcde le discours qui toujours en procde, quil ny a dextrieur au discours et il nous sembleque cette position dextriorit quoccupe la notion de point de vue dans lapproche polyphonique que pour le sujet parlant qui sillusionne37

    17 Daccord avec le fait que linterdiscours prcde le discours, tout comme avec la critique dela langue comme actualisation dun dj pens. Mais cela ne rgle rien quant au fond. Larecherche dun fragment antrieur prononc, que Bres et Nowakowska jugent matrialiste,on peut la trouver passablement nave ou ftichiste. Point nest besoin de reprendre des motseffectivement et antrieurement prononcs par autrui pour exprimer le PDV dautrui, il suffitque nous ayons de la personne une connaissance antrieure et externe pour envisager ce quilpourrait dire : cest le cas des discours directs au futur ou hypothtiques ( tu me diras que , Vous me rtorqueriez juste titre que , etc.). Encore sagit-l l de discours reprsents.Certes, dans la ralit extralinguistique qui prcde (5), Dutroux a bien parl, dress son portrait . Mais cela ne suffit pas pour faire de (5) un nonc bivocal. Ce que le journalisterapporte de Dutroux, ce ne sont pas les mots que Dutroux a expressment tenus, dont le

    journaliste rapporterait le verbatim : ce sont des positions, attitudes, des rles (pour reprendredes termes de Ducrot38), une faon de se prsenter. Il y a certes eu des discours antrieurset extrieurs, mais dans la matrialit du texte, ces discours ne sont pas prsents partir deleurs caractristiques discursives propres, au plan de lexpression, on ne peut mme pas parlerde voix reprsente par un discours reprsent direct ou par des modalisations en diresecond39. On ne peut donc mme pas parler dethos proprement parler, tout au plus dethosreprsent, et plus prcisment dune sorte dhexiscorporelle, dune mise en scne de soi. Biensr, on peut entendre des voix derrire cela : mais si on les entend, encore faut-il se garder desmtaphores. On les entend moins quon ne les imagine, car dans la matrialit des discoursil ny a rien entendre. Et si lon lit (5) en essayant de comprendre la stratgie nonciativedu journaliste, on doit me semble-t-il comprendre que ce que le journaliste veut faire, ce nest

    pas communiquer ce sur quoi Dutroux a communiqu, mais sur la construction de soi que

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    Dutroux a mis en scne, un portrait ahurissant dans lequel il pointe le dcalage entre lesmots et la ralit.

    18 Mme si la critique de lidalisme de Ducrot est convaincante, je pense quon peut substituer sa conception une conception plus matrialiste, moniste, du PDV, que jai dfendue dansHomo Narrans. Si lon pense lhistoire des individus dans la longue dure (et si donc lonnanalyse pas les changes qu laune de co-textes et de contextes limits), il faut bienenvisager lide que la masse des discours antrieurs est constamment assimile par le locuteur,

    puis restitue en tant le plus souvent reconstruite partir du contenu plutt que de la formede lexpression cest ce jappelle limputation de PDV, comme quand on dit que Platonpense que X , quand on voque la thorie aristotlicienne de lethos, la40conception

    benvenistienne de lnonciation ). Bref, linterdiscours, ce sont des mots, des formules41,des textes, dont la dimension langagire est avre, il se rduit le plus souvent des termesou des formules dcontextualiss, dactualiss, naturaliss, sans quon puisse ni ne doive lesrfrer ncessairement des discours effectivement tenus par tel ou tel. Jirais mme direque la condition de transmission et de circulation des discours passe par ces effacements dessources et des voix, et mme par leffacement des discours comme discours, car il est (il mesemble !) plus commode de construire son discours en grant des notions circulant dans lasphre publique que des discours effectifs rapports des voix identifiables et des contours

    nets42, parce quon vite des contestations de toutes sortes sur la source, la fidlit des termesou les bornes du discours43.

    19 On est chez Bres (et Nowakowska) devant un forage, comme si tout discours = voix, oucomme si voix = dire actualis par un locuteur. On les exemples (3) et (5) ne relvent pas decette analyse. Car il existe des phnomnes de reconstruction empathique qui ne passent paspar du discours44. Dans ces cas-l, dun point de vue matrialiste (linguistique, associant uneforme dexpression et une forme du contenu), il semble plus correct de considrer que le ditest imput par L1/E1 un nonciateur second, source dun PDV, et non une voix, puisquecette voix nest pas audible ni lisible. Bref, le recours la voix nest gure convaincant, sonpouvoir explicatif est faible, son poids heuristique discutable, car la notion de voix sert rejeter la notion de PDV juge mtaphorique tout en faisant elle-mme lobjet de glissements

    qui la rendent elle aussi passablement mtaphorique.

    Le glissement de la voix aux discours 20 Il y a plus problmatique encore. Le terme de voix, dans le type danalyse que nous

    menons, nest nullement indispensable et [] on peut parfaitement dfinir le dialogismecomme orientation du discours, constitutive et au principe de sa production comme de son

    interprtation, vers dautres discours45. Il est tonnant de ferrailler pour poser la notion devoix (contre celle de PDV) pour labandonner aussitt au profit de la notion de discours, auxcontours si vagues. Et les exemples qui justifient le maintien de la voix de lnonciateur ( Parisinquit, Paris malmen, mais Paris qualifi ) ne sont gure pertinents pour la dmonstrationcar il y a une allusion tellement vidente la voix et au discours de De Gaulle quil y a bien voix

    ajoute, en sorte que lallusion est bien la trace dune incontestable bivocalit, bien diffrentedes exemples (3) et (5).

    21 Quoi quil en soit, ces propos de 2006 sont difficilement conciliables avec laffirmation de2007 :

    (e) Ce qui semblait pousser O. Ducrot implicitement remplacer voix par point de vue, savoirla trop grande matrialit du terme, est exactement ce qui nous incite le retenir : le dialogismese manifeste notamment comme htrognit discursive, cest--dire comme interaction daumoins deux discours. Cette interaction prend des formes linguistiques extrmement diverses, maisse manifeste toujours de la mme faon : par limpression que lnonc dialogique est habit parune/dautres voix que celles du locuteur-nonciateur L1/E1 : voix mime dun autre locuteur l1 ;mais aussi, bien plus frquemment et mtaphoriquement, voix attribue ce/ces discours avecle(s)quel(s) interagit le discours du locuteur-nonciateur L1/E1.46

    22 La question, qui nest pas tranche par les auteurs, cest celle de la distinction entre des discoursqui prennent la forme de discours directement indexs les locuteurs/nonciateurs et ceux

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    qui sont attribues par L1 des nonciateurs dont le PDV est exprim par L1 alors que cesnonciateurs e2 ne disent rien. Tout est discours, mais dans le discours, les choses ne se disentpas de la mme faon Et donc en concluant que sans faire de voixun terme conceptuel ilnexplique rien , on le conservera dans lanalyse pour ce quil dit de la faon dont les discourssont apprhends par les sujets : comme faisant entendre, aussi mtaphoriquement cela soit-il,une/plusieurs voix, qui signe(nt) la matrialit des discours 47, il me semble que lon retrouveune mtaphore qui masque les diffrences entre des PDV qui passent par des paroles explicites

    et dautres PDV qui sexpriment indpendamment de la mdiation du discours reprsent oudes noncs pris en charge par lnonciateur premier.

    23 Peut-on nanmoins sauver la notion de voix, et en quel sens ? Cest du ct de sa dfinitioncomme origine de la profration ou de la scription quon peut trouver des arguments, sansentrer dans la question du mimtisme de la voix. Et cette rcupration de la notion na desens quarticule celle, complmentaire, dnonciateur et de PDV, prcisment pour rendrecompte de la diversit linguistique des formes dexpression des PDV.

    La voix comme dimension locutoire de lactedactualisation , comme signature sonore

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    Bres et Nowakowska dfinissent la voix comme la dimension locutoire delactualisation , telle que les pose la phontique (hauteur, intensit, dure, timbre), savoir comme une signature sonore, qui fait que les interlocuteurs lidentifient, dans son

    irrductible individualit 48. Cette dfinition comme signature dfinit au fond la voix par sescaractristiques idiosyncrasiques. Les auteurs voquent le fait qu lcrit, on puisse reproduirecette idiosyncrasie par la dimension mimtique de la parole, sous des formes plus ou moinsdrlatiques (bgaiements (v vo-us dites), accents (vous voyez lgliseuh ), tirements( merrrde ! ), dfauts de prononciations (arrtez de suoter), fautes ( vous disez , Omarma tuer ), idiomatismes ( peuchre ), etc.

    25 Bien sr, la voix se caractrise par ces dimensions. Mais la question nest pas de nier cela, elleest de se demander si ces caractristiques expressives ou idiosyncrasiques49sont indispensablespour dfinir une voix en tant quinstance dnonciation. Ma rponse est ngative, car cescaractristiques vocales nont pas de valeur au plan des instances. En revanche, elles offrentbien videmment des indications majeures, en tant associes dautres valeurs, qui dbordentde la voix acoustique vers le sujet, dune part le sujet modal, dautre part le sujet parlant.

    26 Il y a bien des paramtres acoustiques de la voix (frquence, hauteur, mlodie, intensit, dure,pauses, timbre) qui caractrisent la voix. La plupart de ces paramtres ont une valeur indiciaireprimaire (au sens peircien), le plus souvent non intentionnelle. Comme signature vocale ,

    ils renseignent sur le sexe50, lge, lorigine gographique ou sociale des sujets parlants,voire certains troubles psycho-pathologiques. Si lon dploie les distinctions peirciennes entreindice, signal et icne, on peut aussi considrerla voix comme un signe isomorphique associantun signifi et un signifiant : ainsi, lintensit de la voix peut indiquer lintensit dunsentiment. Les caractristiques idiosyncrasiques ou expressives fournissent des indications sur

    les motions, les affects, et ont en ce sens une dimension symptomale. Mais ces valeurs nefont sens que corrles aux situations, aux cultures, au contenu et aux genres des discours

    et donc sont rarement isolables. Cest ainsi que Fonagy51souligne quon peut avoir biendes incertitudes et des doutes quant linterprtation correcte de tel ou tel trait articulatoireou prosodique . Bref, il est difficile dinterprter coup sr les paramtres phontiques dela voix, que Konopczinski52met en relation avec le corps organique et le corps socio-culturel et le corps psychique . On passe insensiblement de la voix au sujet parlant, selon des relations partie-tout, ou plutt attribut (la voix)-tre total 53. Les travaux sur lethos54

    comme parole incorpore sont au cur de cette problmatique.27 Dfinir la voix par c/(s)es lments expressifs est coteux, car une chose est danalyser

    certaines manifestations de la voix dites expressives, autre chose de dfinir la voix partir de

    ces formes. Mme si Bres et Nowakowska55ou Perrin56ne disent pas que la voix ne se dfinitque par ces formes, tout se passe pratiquement ainsi, puisque ces formes seules sont invoques

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    comme traces de la voix, comme si elles taient les seules la dfinir. Et cest bien l questle problme : traquer la voix dans ses manifestations marques, que fait-on de la voix enlabsence de ces mmes lments, dans les voix blanches , neutres , non marques ?Cest pourquoi je ne suis pas totalement convaincu non plus par les analyses de Perrin57:

    La premire opposition qui va nous intresser concerne deux sortes de subjectivits smantiquesdistinctes, associes respectivement la prise en charge des formes et des contenus. La voix tient lacte locutoire consistant noncer des mots et des phrases, tandis que le point de vue tient au

    fait dassumer ce qui est dit, les contenus qui sy rapportent. Le point de vue nest en fait quuneprojection plus abstraite de la subjectivit nonciative, qui sajoute et se combine celle de lavoix, une projection fonde sur ce qui est dit, plutt que directement sur les mots et les phrases.58

    Quant au locuteur, outre le fait quil se trouve directement associs, dans la prise en charge oule rejet des points de vue associs aux contenus, saprsence lintrieur du sens se manifesteessentiellement par le truchement dune voix associe lemploi lnonciation des mots,expression, phrases et autres configurations discursives plus vastes, aux proprits locutoires quisy rapportent. Telle quelle sera aborde dans cette tude, la voix du locuteur tient au fait quele langage est fait de mots, expressions, phrases ont lemploi instaure une forme de subjectivitdistincte de ce qui est exprim au plan des contenus. Ainsi un mme point de vue, associ un contenu peut tre pris en charge, concd ou rejet par le truchement dune voix plusou moins loquente, prcieuse, vulgaire, ou autre ; les proprits stylistiques, ce qui a trait auregistre, aux diverses connotations associes aux termes, manent de la voix. Cette dernire ne

    tient pas ce que les mots disent mais ce quils montrent (Perrin 2008), ce quils apportentau sens en vertu de leur prsence matrielle, indpendamment de ce quils expriment, de leurfonction dnotative ou conceptuelle, qui contribue llaboration des contenus et points devue. La voix est prsente partout par dfaut, mais elle peut chaque instant tre accentueostensiblement, comme un indice ostentatoire de la subjectivit qui sy rapporte. Les diversesformes de modalisations autonymiques, dhtrognit montre selon Authier-Revuz (1995), nesont autres que des formes marques daccentuation ostensive de la voix, par simple activation dela fonction mtalinguistique du langage dcrite notamment par Jakobson (1963 : 217-218).59

    28 Dans ces deux derniers extraits, Perrin apporte un clairage intressant en distinguant formeet contenu de lexpression, ou sens dit et sens montr, la voix tant du ct de la forme delexpression ou du sens montr. Sans discuter ici la faon dont il oppose sens dit et sensmontr, il y a un problme rcurrent dans la dfinition de la voix par lostension et lostentation

    dlments marqus, expressifs, mimtiques, idiosyncrasiques.Mutatis mutandis, il en va demme avec ce quon juge subjectif : est-ce dire que des noncs objectivants ne seraient paseux aussi, mais sur un mode spcifique, la trace un autre niveau de la subjectivit de leurauteur, et des calculs qui expliquent le recours des tournures objectivantes pour, dans certainscas, mieux faire partager son PDV ? De mme encore pour le style, rduit parfois des traits

    discontinus expressifs, au dtriment de lensemble de la matrialit discursive60. Ce qui fait lavoix en tant quinstance dnonciation, cest une suite sonore ou graphique qui actualise desunits significatives, indpendamment de ses dimensions expressives/mimtiques.

    29 Ces dimensions idiosyncrasiques et expressives sont encore plus problmatiques pour dfinirla voix comme instance si lon prend en compte la distinction voix reprsentante (du locuteurpremier) et voix reprsentes des locuteurs seconds. La question se pose dans tous les cas,y compris avec les discours directs, qui sont toujours une reprsentation/recontextualisationde L1, mais plus encore avec les lots textuels ou les modalisations en dire second. Danstoutes ces situations, les paramtres prcdents cits en i) deviennent des signaux intentionnels,retravaills par le locuteur premier qui reprsente en la stylisant la voix dun locuteur second61.Comme le souligne Barbris62, le signal participe la fabrication de la persona enchsse[qui] repose en particulier sur le phnomne de stylisation . La forme reprsente vise identifier, caractriser, stigmatiser ou parodier une personne, un discours idologique, commele montre Verine 2007 et comme jai aussi tent de le montrer propos de reprsentationsdidiolectes des fins parodiques63. Or cette stylisation que Bakhtine a mise en valeurdborde la reprsentation des voix, elle peut aussi passer par des descriptions ou narrationsitratives qui mettent en relief des gestes, des comportements, des actions symptomatiquesdun individu64. Dans tous les cas, ce qui est construit, cest un sujet (modal). Ce sujet a certesune grande importance, loin de moi lide de nier son rle : mais ce rle nest pas dfinitoire

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    de linstance dnonciation locuteur/voix pour la raison que cette instance de la voix existeindpendamment de ces marques idiosyncrasiques/expressives.

    30 Dun autre ct, Vincent et Dubois 1997 : 20 montrent qu loral, les locuteurs gardent peude traces des accents, des tics des locuteurs cits et prfrent mettent en vidence le contenu,sauf volont de mettre en relief certaines caractristiques vocales, ce qui se fait alors audtriment du contenu .

    31 loral toujours, on peut entendre une voix sature de traces expressives idiosyncrasiques,

    sans pour autant en faire quelque chose, dans les cas o lauditeur ne connat pas cette voix :en ce sens, les donnes idiosyncrasiques najoutent rien de plus la notion de voix commemission, sauf informer de notre non-connaissance du locuteur, ce qui nest pas rien, certes,mais qui ne savre pas dterminant ou obligatoire pour dfinir une voix.

    Conclusion32 Il me semble quil faut sen tenir prudemment la voix comme instance dmission, sans

    chercher aller plus loin dans la matrialit expressive du dire. Parce que par un curieuxparadoxe, plus on sattache la matrialit expressive/idiosyncrasique de la voix, plus onconstruit un sujet (modal), un nonciateur. Je ne dnie pas leur importance ces marques, jenie en revanche quelles soient utiles pour dfinir le locuteur, surtout si on tient distinguer

    locuteur et nonciateur, distinction que je partage avec Bres, Perrin ou Nlke et avec tantdautres encore. Autrement dit, jaurais tendance dfinir le locuteur (et la voix) par le faitdtre linstance lorigine du dire et par le fait de dire. Cela sentend trs limitativement :la question de lorigine doit tre soigneusement distincte de celle de la prise en charge de cequi est profr ou crit ; elle nexclut pas que ce qui est dit ait t dit avant, par dautres,des collectivits, des institutions, que ce qui est dit le soit dit en toute connaissance oumconnaissance de cause. Que les discours nous dpassent, cest entendu. Mais cest quandmme toujours par notre voix quils passent et cest au propritaire de cette voix que londemande toujours des comptes, quelles que soient les traces dexpressivit de son discours, ety compris en labsence de ces traces.

    33 Bref, face au tout PDV (plutt que la voix) ou au tout voix (plutt que le PDV) ,

    je suis en faveur de larticulation de ces notions. Dans cette affaire, je suis proche deDucrot et de la Scapoline par limportance accorde la notion de PDV. En revanche, si jemaintiens limportance de la notion de PDV, je le fais avec des proccupations discursiveset interactionnelles que, pour le coup, je partage avec Bres. La solution propose par Perrinparat a priori une solution dquilibre, mais je ne la partage pas totalement dans la mesureo son fondement, lancrage de la voix dans la forme dexpression, amne privilgier desmoyens expressifs ; on retrouve par un biais les errements de Benveniste : dans un cas ilsagissait de survaloriser lnonciation dictique, dans le second des moyens expressifs : maisle reste est trop grand, quil sagisse des nonciations non ancres (nonciation historiqueou impersonnelle) ou des voix non marques, neutres, etc. Cest pourquoi je men tiens une notion de voix purement matrielle : une origine profre, loral, ou graphique,

    lcrit, indpendamment de sa forme dexpression. Quant la forme dexpression, puisquelleconstruit une position nonciative, un sujet modal, un centre de perspective, elle renvoie lanotion dnonciateur, solidaire de la notion de PDV. Je conclurais en disant quil est tentantdentendre des voix, mais quil faut savoir (en bon matrialiste) raison garder. Les seules voixsont celles quon peut ramener un locuteur effectif, rel. En dehors de cela, on nest pas face des voix auxquelles on peut demander des explications, des comptes, on est devant des voix

    reprsentes, parfois devant des mtareprsentations cognitives65qui ne sont pas des voix, maisdes positions nonciatives ou des PDV, cest--dire devant des simulacres de locuteurs, qui nesont que le pendant de cet autre simulacre quest leffacement nonciatif... Cest pourquoi ona besoin dans sa besace de linguiste des notions de locuteur et de voix dun ct, dnonciateuret de sujet modal de lautre.

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    1 Jean-Luc Petit, Repenser le corps, laction et la cognition avec les neurosciences ,Intellectica1-2,n 36-37, 2003, p. 17.

    2 Bertrand Verine, Usons de la dimension vocale jusqu la corde : la voix du locuteur enchss dansle discours rapport direct , Cahiers de Praxmatique49, 2007, p. 159.

    3 Sur le Web, la date de parution du n 49 des Cahiers de Praxmatiqueest 2009. Mais la revue papierindique 2007, conformment au rythme thorique de parution de la revue, qui fait foi en la matire.

    4 Alain Rabatel, Retour sur les relations entre locuteurs et nonciateurs. Des voix et des points de vue ,in Marion Colas-Blaise, Mohamed Kara, Laurent Perrin, Andr Petitjean (dir.),La question polyphoniqueou dialogique en sciences du langage, Metz, Celted/Universit de Metz, 2010.

    5Ibid. p. 370.

    6 Par convention, je note les locuteurs et nonciateurs premiers L1 et E1 et marque le syncrtisme parun slash (L1/E1). Jutilise les minuscules et le chiffre 2 pour les locuteurs nonciateurs seconds, l2/e2ou e2 en cas de PDV sans parole. La question de savoir comment reprsenter de multiples locuteurset nonciateurs connat des flottements : L2, L2, E2, E3, ou l2, l3, l4 vient immdiatement lesprit.Ce mode de reprsentation commode se heurte au fait que les l3, l4 sont aussi des locuteurs secondspar rapport linstance premire. Comme cette donne me semble structurante, je prfre utiliser descodages ad hocdans les situations de polylogue ou de discours rapports multiples. Un codage qui tientcompte de ces diffrents paramtres serait de combiner les chiffres pour la relation entre instances etdes lettres pour coder la diversit des locuteurs ou nonciateurs, soit en numrotant partir de A, soit(et ce serait plus simple) en prenant les initiales des locuteurs. Mais cette solution de bon sens pour leslocuteurs fait problme pour les nonciateurs, car un locuteur varie frquemment de position nonciative,y compris au plan auto-dialogique.

    7 Entre parenthses (en loccurrence, en note), ce mouvement empathique peut correspondre desmotivations varies(effort vers lautre, ruse, etc.) qui ne relvent pas de lordre de lanalyse linguistique.En revanche, au plan pragmatique, il entrane des consquences qui mriteraient sans doute dtreanalyses prcisment. Car je fais lhypothse quil est plus compliqu de rpondre quand on estconfront leffort de qui essaie de se mettre notre place que lorsquon est face quelquun qui a laprtention de parler notre place. Je vise ici moins des motivations psychologiques que des stratgiescommunicatives et argumentatives dans et par le discours. Voir Rabatel nonciateur, sujet modal,modalit, modalisation ,in Maury-Rouan Claire, (dir.), nonciation, interaction, discours. Hommages Robert Vion, Aix-en-Provence, Publications de luniversit de Provence, 2012.

    8 Aya Ono,La notion dnonciation chez mile Benveniste, Limoges, ditions Lambert-Lucas, 2007.

    9 Pour les rfrences prcises aux articles de Benveniste, voir Aya Ono, Ibid., p. 50-57 et Alain Rabatel, Retour sur les relations entre locuteurs et nonciateurs. Des voix et des points de vue , op. cit.,p. 359-360.

    10 Voir Gilles Philippe, Lappareil formel de leffacement nonciatif et la pragmatique des textes sanslocuteur,in: AmossyRuth, (d.),Pragmatique et analyse des textes, Universit de Tel-Aviv, 2002. Voirgalement Alain Rabatel, La part de lnonciateur dans la construction interactionnelle des points devue ,Marges linguistiques9, 2005.

    11Homo homini lupusnest pas une variante de la phrase avec verbe (Homo homini lupus est), maisrelve dun mode d nonciation distinct (mile Benveniste, Problmes de linguistique gnrale,Tome 1. Paris, Gallimard, 1966, p. 166) : la phrase prdicat nominal sans verbe ni copule est uneassertion nominale, complte en soi , qui pose lnonc hors de toute localisation temporelle ou modaleet hors de la subjectivit du locuteur (ibid., p. 159-160).

    12 Voir Oswald Ducrot,Le dire et le dit, Paris, ditions de Minuit, 1984.

    13 Patrick Dendale, Oui, il y a encore du pain sur la planche propos de la notion dnonc dansla thorie du dialogisme de Bres ,in Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Jean-Marc Sarale (dir.),Dialogisme : langue, discours, Berne, ditions Peter Lang, 2012.

    14 Catherine Dtrie, Paul Siblot, Bertrand Verine (dir.) Termes et concepts pour lanalyse de discours.Paris, ditions Champion, 2001.

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    15 Jacques Bres et Aleksandra Nowakowska 2005 : 141, "Dis-moi avec qui tu dialogues et je te diraiqui tu es" De la pertinence de la notion de dialogisme pour lanalyse des discours ,Marges Linguistiquesn 9, p. 137-153. http///www.marges-linguistiques.com.

    16 Jacques Bres, Sous la surface textuelle, la profondeur nonciative. Ebauche de description desfaons dont se signifie la dialogisme de lnonc ,in Rita Therkelsen, Andersen Nina Mller, HenningNlke (dir.), Sproglig polyfoni. Texter om Bachtin and Scapoline,Aarhus, Aarhus Universitetsforlag n 39, 2007.

    17 Jacques Bres, Bertrand Verine, Le bruissement des voix dans le discours : dialogisme et discours

    rapport ,Faits deLangues, n 19, 2002.18Ibid., p. 163.

    19 Jacques Bres et Aleksandra Nowakowska 2005 : 140, "Dis-moi avec qui tu 'dialogues' et je te diraiqui tu es". De la pertinence de la notion de dialogisme pour lanalyse des discours ,Marges Linguistiquesn 9, p. 137-153. http///www.marges-linguistiques.com.

    20 Alain Rabatel, La part de lnonciateur dans la construction interactionnelle des points de vue ,Marges linguistiquesn 9, 2005, p. 117.

    21 Dumas,JosephBalsamo, ditions Laffont, 1990, p. 668.

    22 Voir Alain Rabatel,Homo narrans. Pour une analyse nonciative et interactionnelle du rcit. Tome 1.Les points de vue et la logique de la narration. Tome 2. Dialogisme et polyphonie dans le rcit, Limoges,ditions Lambert-Lucas, 2008. Voir galement du mme auteur, Prise en charge et imputation, ou laprise en charge responsabilit limite , Langue franaise, n 162, 2009. Ainsi que : De lintrt

    de distinguer sujet modal premier et sujets modaux intradiscursifs pour lanalyse des relations entreinstances de prise en charge et de validation ,Le Discours et la langue, 2012.

    23 Oswald Ducrot, Analyses pragmatiques , Communications, n 32, 1980.

    24 Voir Alain Rabatel, La valeur dlibrative des connecteurs et marqueurs temporels mais, cependant,maintenant, alors, et dans lembrayage du point de vue. Propositions en faveur dun continuumargumentativo-temporel , Romanische Forschungen, 2001, p. 157. Cet article est repris dans AlainRabatel,Homo narrans. Pour une analyse nonciative et interactionnelle du rcit. Tome 1. Les pointsde vue et la logique de la narration. Tome 2. Dialogisme et polyphonie dans le rcit, op.cit., p. 157.

    25 Alain Rabatel, Prise en charge et imputation, ou la prise en charge responsabilit limite ,Languefranaise, n 162, 2009.

    26 Voir aussi Barberis Jeanne-Marie, Subjectivit, subjectivit dans le langage ,in Catheiine Dtrie,Paul Siblot, Bertrand Verine, (dir.), Termes et concepts pour lanalyse de discours, Paris, Champion,

    2001. Et galement voir Alain Rabatel, La part de lnonciateur dans la construction interactionnelle despoints de vue, Marges linguistiques, n 9, 2005, p. 118-119 ; et du mme auteur Prise en charge etimputation, ou la prise en charge responsabilit limite ,Langue franaise, n 162, 2009 et 2012b

    27 Jacques Bres et Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , Cahiers de Praxmatique, n 49, 2007.

    28 Oswald DucrotLe dire et le dit, op. cit., p. 204.

    29 Oswald Ducrot, Analyses pragmatiques , op. cit., p. 44.

    30 Jacques Bres et Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , op. cit., p. 112.

    31 Voir Alain Rabatel,Homo narrans. Tome 2. Dialogisme et polyphonie dans le rcit, op. cit., et aussi Les paradigmes entrecroiss des instances nonciatives et des points de vue ,Actes du XVIIe sminaireinternational de didactique universitaire de Constanta, ACLIF, Cluj-Napoca, Echinox, 2011, p. 103-105.

    32 Alain Rabatel, Idiolecte, ethos, point de vue : la reprsentation du discours de lautre dans le discoursdego , Cahiers de praxmatique, n 44, 2005, et du mme auteur, La dialectique du singulier et dusocial dans les processus de singularisation : style(s), idiolecte, ethos ,Pratiques, n 135-136, 2007.

    33 Jacques Bres et Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , op. cit., p. 118.

    34 chaquepoint de vue, je relie un nonciateur, prsent comme la source de cepoint de vue, ou, enfilant la mtaphore, comme lil qui voit. (Oswald Ducrot, Quelques raisons de distinguer locuteurset nonciateurs ,Polyphonie Linguistique et littraire, n 3, p. 20).

    35 Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , op. cit., p. 117.

    36 Monika Fludernik, New WineinOld Bottles ? Voice, Focalization and New Writing ,,New LiteraryHistoryXXXII-3, 2001

    37 Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , op. cit., p. 118.

    38 Oswald Ducrot,Le dire et le dit, op. cit.

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    Arts et Savoirs, 2 | 2012

    39 Alain Rabatel, Les paradigmes entrecroiss des instances nonciatives et des points de vue ,Actes du XVIIe sminaire international de didactique universitaire de Constanta, ACLIF, Cluj-Napoca,Echinox, 2011)

    40 On a vu plus haut que larticle dfini est bien singulier

    41 Des mots ftiches, selon Badir, Polis et Provenzano, dans ce colloque.

    42 Alain Rabatel, nonciateur, sujet modal, modalit, modalisation , in Claire Maury-Rouan(dir.),Enonciation, interaction, discours. Hommages Robert Vion, Aix-en-Provence, Publications deluniversit de Provence, 2012.

    43 Je renvoie aux nombreux travaux dAuthier-Revuz sur les relations entre Discours indirect etreformulation.

    44 Bien sr, le terme empathie peut choquer pour rendre compte de (5). Mais il faut ne pas tomberdans le travers qui fait de lempathie le double chic et moderne de la sympathie. Une part essentiellede lempathie revient se mettre la place dautrui (empathie cognitive), sans pour autant partagerses valeurs, sentiments (empathie relationnelle) : voir Alain Berthoz, GrardJorland (dir.),Lempathie,Paris, Odile Jacob, 2004. Voir galement Serge Tisseron Tisseron, Lempathie au cur du jeu social,Paris, Albin Michel, 2010 ; et Alain Rabatel, Les paradigmes entrecroiss des instances nonciativeset des points de vue,Actes du XVIIe sminaire international de didactique universitaire de Constanta,ACLIF, Cluj-Napoca, Echinox, 2011 et Empathie, points de vue, mta-reprsentation et dimensioncognitive du dialogisme, ditions Bor, paratre.

    45 Jacques Bres,Aleksandra Nowakowska, Dialogisme : du principe la matrialit discursive ,

    in Perrin Laurent (dir.),Le sens et ses voix. Dialogisme et polyphonie en langue et en discours, op. cit.46 Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher le dialogisme la mtaphore , op. cit., p. 128.

    47Ibid., p. 128.

    48Ibid., p. 122.

    49 Plus encore quidiolectales : voir Alain Rabatel, 2005, dans le n 44 des Cahiers de praxmatique.

    50 Sexe biologique ou gender : voir Mlissa Barkat-Defradas, Franoise Dufour, La mimsis vocale :un phnomne dialogique ? , Cahiers de praxmatique49, 2007, p. 71-72.

    51 Yvan Fonagy,La vive voix, Paris, Payot, 1983, p. 193.

    52 Gabrielle Konopczynski, La voix : mono-support ou multi-support ? , Cahiers de praxmatique,n 49, 2007.

    53 Jeanne-Marie Barbris, Prsentation , Cahiers de praxmatique, n 49, 2007, p. 12 et BertrandVerine, Usons de la dimension vocale jusqu la corde : la voix du locuteur enchss dans le discoursrapport direct , Cahiers de Praxmatique49, 2007, p. 178.

    54 Domnique Maingueneau, Ethos, scnographie, incorporation ,in Ruth Amossy (dir.),Images desoi dans le discours. Lausanne, Paris, Delachaux et Niestl, 1999.

    55 Voir Jacques Bres, Aleksandra Nowakowska, Voix, point de vue ou comment pcher ledialogisme la mtaphore , op. cit.

    56 Voir Laurent Perrin, La voix et le point de vue comme formes polyphoniques externes ,Languefranaise, n 164.

    57Ibid.

    58Ibid., p. 62.

    59Ibid., p. 63.

    60 Sur cette base il faudrait reprendre la question de lethos. Mais la place manque Il est certain quily a un lien entre voix,corps et ethos. Voir Constantin de Chanay Hugues, La polyphonie au servicede lthos ,in Marion Colas-Blaise, Mohamed Kara, Laurent Perrin, Andr Petitjean (dir.),La questionpolyphonique ou dialogique en sciences du langage,op. cit.

    61 Voir Bertrand Verine, Usons de la dimension vocale jusqu la corde : la voix du locuteur enchssdans le discours rapport direct , op. cit.; voir galement Cyril Trimaille, Stylisation vocale et autresprocds dialogiques de la socialisation langagire adolescente , Cahiers de praxmatique, n 49, 2007.

    62 Jeanne-Marie Barbris, Prsentation, op. cit., p. 14 ; et du mme auteur : Voix et oralit danslcrit : la reprsentation graphique de la parole populaire dans les textes chansonniers , Cahiers depraxmatique, n 49.

    63 Voir Alain Rabatel, Idiolecte, ethos, point de vue : la reprsentation du discours de lautre dans lediscours dego , Cahiers de praxmatique, n 44.

    64 Voir Alain Rabatel,Homo narrans.Pour une analyse nonciative et interactionnelle du rcit. Tome1. Les points de vue et la logique de la narration. Tome 2. Dialogisme et polyphonie dans le rcit, op. cit.

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    65 Voir Louis de Saussure, Mtareprsentations et hirarchisation des contenus,in Marion Colas-Blaise,Mohamed Kara, Laurent Perrin, Andr Petitjean (dir.), La question polyphonique ou dialogique ensciences du langage,Metz, CELTED, Universit de Metz113, 2010 ; Voir galement dans le mmeouvrage larticle de Pierre Larrive, Laurent Perrin, Voix et point de vue de la ngation , p. 193-195 ;et Alain Rabatel, Empathie, points de vue, mta-reprsentation et dimension cognitive du dialogisme,op. cit.

    Pour citer cet article

    Rfrence lectronique

    Alain Rabatel, Les relations Locuteur/nonciateur au prisme de la notion de voix ,Arts etSavoirs[En ligne], 2 | 2012, mis en ligne le 15 juillet 2012, consult le 14 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/510

    propos de lauteur

    Alain Rabatel

    Universit Claude Bernard Lyon 1, ICAR

    Droits dauteur

    Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

    Entres dindex

    Mots-cls :voix, locuteur, nonciateur