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Trouble de stress post-traumatique Atelier virtuel Les membres de l’AFPAD vivent une multitude d’émotions à la suite d’évènements tragiques. Ceux-ci peuvent laisser des traces à court, moyen et long terme. Face à ces situa- tions, les ressources pouvant aider les membres à compo- ser avec les effets psychologiques sont rares. C’est pour - quoi nous avons communiqué avec un psychologue afin d’animer un atelier virtuel sur le stress post-traumatique pour briser l’isolement de nos familles. Ce sujet a contribué à mieux outiller les membres à faire face aux défis psychologiques que posent les évènements traumatiques. Nous tenons à remercier chaleureusement M. Olivier Loiselle, psychologue, du temps qu’il a accordé auprès de nos membres, surtout en ce temps de pandé- mie mondiale où l’aide psychologique est à sa plus forte demande. Pendant l’atelier, nous avons eu droit à des descriptions claires à propos du trouble de stress post-traumatique (TSPT) et du trouble d’apprentissage (TA). Cela nous a amenés à mieux comprendre comment le cerveau intègre les souvenirs et les émotions qui peuvent remonter aussi vivement plusieurs années après l’évènement traumatique vécu. De plus, des exercices de gestion du stress ont été proposés, entre autres la cohérence cardiaque, la pleine conscience et la relaxation de Jacobson. Encore une fois un grand merci à M. Loiselle d’avoir rele- vé le défi de mettre sur pied un atelier web qui a permis à plusieurs de nos membres des quatre coins du Québec d’y assister à partir de leur résidence. Le contenu de cet atelier était clair et bien appuyé par une présentation sur PowerPoint. En débutant par une partie plus théorique, le formateur nous amène à comprendre comment le cerveau intègre les souvenirs (mémoire des émotions et mémoire des faits). Cette petite incursion dans l’univers scientifique était extrêmement bien vulgarisée et m’a aidée à comprendre pourquoi, même 24 ans plus tard, un simple détail peut me ramener dans un état de souffrance vive. Plusieurs facteurs et caractéristiques contribuent à rendre un événement traumatique. Sur une ligne du temps, le formateur nous présente la durée approximative des étapes qui font que le stress s’installe, s’incruste, puis risque de se re-manifester malgré tous les efforts que celui qui en souffre peut déployer pour tenter de le contrôler. Par la suite, on comprend mieux le fonctionnement de la thérapie de reconstitution de la mémoire, une innovation québécoise dont le protocole est très spécifique et dont la durée est limitée à quelques sessions. Vivant une disparition non-résolue, une telle thérapie permettrait vraisemblablement de me libérer d’une vulnérabilité constante, mais sans nier la place accordée aux souvenirs de l’événement. Pour l’instant, comprendre les mécanismes qui se mettent à l’œuvre sans qu’on en ait conscience m’aide déjà à avoir davantage de tolérance et de compassion envers moi-même. Témoignage d’appréciation d’Élaine Begin à propos de l’atelier virtuel sur le TSPT du 12 mai 2020 « » Olivier Loiselle Psychologue 819 829-0011 [email protected] www.quebecpsy.com JUIN 2020 ASSOCIATION DES FAMILLES DE PERSONNES ASSASSINÉES OU DISPARUES AFPAD EXPRESS Siège social de l’AFPAD 1686, boul. des Laurentides, bur. 203 Laval (Québec) H7M 2P4 Sans frais siège social : 1 877 484-0404 Sans frais Québec : 1 855 770-0404 Courriel : [email protected] http://afpad.ca ISSN 2369-9590 (Imprimé) ISSN 2369-9582 (En ligne)

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Trouble de stress post-traumatiqueAtelier virtuel

Les membres de l’AFPAD vivent une multitude d’émotions à la suite d’évènements tragiques. Ceux-ci peuvent laisser des traces à court, moyen et long terme. Face à ces situa-tions, les ressources pouvant aider les membres à compo-ser avec les effets psychologiques sont rares. C’est pour-quoi nous avons communiqué avec un psychologue afin d’animer un atelier virtuel sur le stress post-traumatique pour briser l’isolement de nos familles.

Ce sujet a contribué à mieux outiller les membres à faire face aux défis psychologiques que posent les évènements traumatiques. Nous tenons à remercier chaleureusement M. Olivier Loiselle, psychologue, du temps qu’il a accordé auprès de nos membres, surtout en ce temps de pandé-mie mondiale où l’aide psychologique est à sa plus forte demande.

Pendant l’atelier, nous avons eu droit à des descriptions claires à propos du trouble de stress post-traumatique (TSPT) et du trouble d’apprentissage (TA). Cela nous a amenés à mieux comprendre comment le cerveau intègre les souvenirs et les émotions qui peuvent remonter aussi vivement plusieurs années après l’évènement traumatique vécu. De plus, des exercices de gestion du stress ont été proposés, entre autres la cohérence cardiaque, la pleine conscience et la relaxation de Jacobson.

Encore une fois un grand merci à M. Loiselle d’avoir rele-vé le défi de mettre sur pied un atelier web qui a permis à plusieurs de nos membres des quatre coins du Québec d’y assister à partir de leur résidence.

Le contenu de cet atelier était clair et bien appuyé par une présentation sur PowerPoint. En débutant par une partie plus théorique, le formateur nous amène à comprendre comment le cerveau intègre les souvenirs (mémoire des émotions et mémoire des faits). Cette petite incursion dans l’univers scientifique était extrêmement bien vulgarisée et m’a aidée à comprendre pourquoi, même 24 ans plus tard, un simple détail peut me ramener dans un état de souffrance vive.

Plusieurs facteurs et caractéristiques contribuent à rendre un événement traumatique. Sur une ligne du temps, le formateur nous présente la durée approximative des étapes qui font que le stress s’installe, s’incruste, puis risque de se re-manifester malgré tous les efforts que celui qui en souffre peut déployer pour tenter de le contrôler. Par la suite, on comprend mieux le fonctionnement de la thérapie de reconstitution de la mémoire, une innovation québécoise dont le protocole est très spécifique et dont la durée est limitée à quelques sessions.

Vivant une disparition non-résolue, une telle thérapie permettrait vraisemblablement de me libérer d’une vulnérabilité constante, mais sans nier la place accordée aux souvenirs de l’événement. Pour l’instant, comprendre les mécanismes qui se mettent à l’œuvre sans qu’on en ait conscience m’aide déjà à avoir davantage de tolérance et de compassion envers moi-même.

Témoignage d’appréciation d’Élaine Begin à propos de l’atelier virtuel sur le TSPT du 12 mai 2020

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»Olivier LoisellePsychologue819 [email protected]

JUIN

202

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ASSOCIATION DES FAMILLES DE PERSONNES ASSASSINÉES OU DISPARUES

AFPAD EXPRESS

Siège social de l’AFPAD1686, boul. des Laurentides, bur. 203Laval (Québec) H7M 2P4

Sans frais siège social : 1 877 484-0404Sans frais Québec : 1 855 770-0404Courriel : [email protected]

http://afpad.ca

ISSN 2369-9590 (Imprimé)ISSN 2369-9582 (En ligne)

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Comme plusieurs d’entre vous le savent déjà, ma mère Francine Bissonnette a été assassinée le 5 juin 2016 par son conjoint de l’époque. Mis à part la détresse, l’anxiété et la peine immense que j’ai dû expérimenter et que j’expérimente toujours à plus petites doses aujourd’hui, j’ai souvent pensé à ce qui aurait pu changer cet événement tragique. Qu’est-ce qui aurait pu inciter ma mère à quitter plus tôt? Après y avoir mûrement réfléchi, l’une des raisons que ma mère évoquait pour ne pas quitter était la peur de tout perdre. La peur de partir et qu’il ait changé les serrures, vendu ou détruit ses biens, laissé partir ses animaux ou pire. Bref, la peur de se retrouver sans rien à 62 ans, après avoir travaillé fort toute sa vie.C’est ainsi que m’est venue l’idée d’un service d’aide au déménagement pour les femmes victimes de violence, pour qu’elles se sentent en sécurité lorsqu’elles prennent la déci-sion de quitter et n’aient pas à laisser derrière leurs précieux souvenirs, leurs biens et leurs animaux. Pour qu’elles puissent partir en sécurité et avec dignité. Pour celles que le conjoint a isolées de leur famille et qui se sentent mal à l’aise de leur demander de l’aide, soit par honte ou par peur pour leur sécurité.Quand une victime de violence prend la décision de quitter, cela constitue un tournant dans sa vie et elle doit se préparer à ce qui viendra au niveau de la justice, mais sa vie est égale-ment mise en danger à ce moment précis où elle a un risque accru d’être victime d’un homicide. L’accompagnement et l’aide à la relocalisation sont donc essentiels.J’ai découvert, via un article dans La Presse, qu’un organisme sans but lucratif existait déjà au Canada proposant exacte-ment ce service. Cet organisme opère déjà dans plusieurs villes au Canada telles que Toronto, Vancouver, Halifax et Ottawa. Il se nomme Shelter Movers et offre le déménage-ment et l’entreposage gratuitement aux femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants. Le service fonctionne par référence d’un autre organisme qui appuie la femme, tel qu’une maison d’hébergement, une ligne d’urgence telle que SOS Violence Conjugale, un intervenant social ou les services policiers. C’est presque exactement ce à quoi j’avais pensé, sauf qu’une grosse partie du travail de mise en place de procédures avait déjà été faite! En plus, l’équipe de Toronto supporte l’implan-tation de nouvelles antennes de l’organisme dans d’autres villes. C’était comme si les planètes s’alignaient.

Création d’un service d’aide au déménagement

pour les victimes de violence

Je les ai contactés vers la fin 2018 et depuis ce temps je travaille à mobiliser des partenaires communautaires pour démarrer le service ici, dans la grande région de Montréal. Une tâche colossale qui ne peut être effectuée par une seule personne.Depuis environ un an, j’ai travaillé fort pour monter une équipe prête à amener ce service ici, en s’installant dans un premier temps sur la rive sud de Montréal. Notre équipe est solide et nous travaillons d’arrache-pied pour la mise en place de Transit Secours (notre nom au Québec). Deux maisons d’hébergement se sont manifestées pour être les premières desservies et d’autres ont aussi démontré de l’intérêt, souli-gnant que c’est un service nécessaire et en demande. Évidemment notre service demandera l’implication des services policiers et pourrait être implanté à grande échelle à travers la province si les effectifs et le financement sont au rendez-vous. Voici un exemple des différents types de services que nous prévoyons offrir :• Sortied’urgence : La femme habite toujours avec l’agres-

seur et elle doit quitter d’urgence. Elle est accompagnée par des bénévoles de Transit Secours, un agent de sécu-rité et/ou la police pour la durée du déménagement. Ses biens sont mis en entreposage, si nécessaire.

• Accompagnement : La femme doit retourner dans la résidence où habite toujours l’agresseur pour chercher ses biens. Elle est accompagnée par des bénévoles de Transit Secours, un agent de sécurité et/ou la police pour la durée du déménagement. Ses biens sont mis en entreposage, si nécessaire.

• Nouveau départ : La femme est prête à quitter une maison d’hébergement et à s’installer dans sa propre résidence ou une maison de 2e étape. Les bénévoles de Transit Secours se chargent de récupérer ses biens en entreposage, si nécessaire, et les transportent à sa nou-velle résidence.

Nous avons officiellement inauguré notre page Facebook le 10 mai 2020, jour de la fête des Mères. Une symbolique importante pour moi, puisque c’est ma mère qui m’a inspiré le démarrage de ce service et c’est donc grâce à elle qu’il sera bientôt offert. Nous espérons pouvoir offrir nos services d’ici la fin de l’été 2020, donc très bientôt, si évidemment nos pré-visions de financement se réalisent. La pandémie nous rend la tâche plus difficile, autant au niveau de la possibilité de tenir des levées de fonds que pour la disponibilité des fonds auprès de partenaires. La question ultime maintenant : est-ce que ma mère aurait vraiment fait appel aux services de Transit Secours si cela avait existé? Je crois que c’est possible, et sans pouvoir en être absolument certaine, je suis convaincue que chaque obstacle enlevé du chemin d’une femme qui réfléchit à la possibilité de quitter est un pas de plus vers une reprise de pouvoir sur sa vie.Si vous voulez en savoir plus sur Transit Secours, suivez-nous sur Facebook à https://www.facebook.com/TransitSecours/. Vous pouvez également nous supporter en faisant un don via notre page web en visitant le site https://sheltermovers.com/donate/ et en sélectionnant ‘Montréal’.

Geneviève Caumartin Directrice de succursale Transit Secours [email protected]

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Bonjour chers membres de l’AFPAD,

On m’a demandé d’écrire quelque chose sur le syndrome post-traumatique que j’ai vécu après le meurtre de ma sœur.

Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants. Nous étions une famille tissée serrée où nous avions beaucoup de plai-sir, une famille toute québécoise comme on dit. Mais en 1996 la terre bascula et nous fumes projetés dans un puits sans fond. Ma petite sœur Sonia Raymond venait d’être découverte sans vie sur la plage de Maria en Gaspésie. À ce moment-là, on ne savait pas ce qui s’était passé, c’était le samedi 27 juillet au soir. Étant donné que je demeurais à Rimouski et que toute ma famille habite à Causapascal dans la Vallée de la Matapédia, je descendis le dimanche retrouver ma famille et c’est le soir que nous apprenions la triste vérité qu’elle avait été assassinée.

À partir de ce moment, ma terre à moi bascula. La peur, la peur de m’asseoir et de pas ne pas voir ce qui se passait en arrière de moi. Il fallait toujours que je sois bloqué par quelque chose pour empêcher quelqu’un de me prendre par-derrière. Même dans mon travail je vérifiais toujours si quelqu’un ne me suivait pas. J’ai vécu avec cette peur très longtemps. Je la transmettais à ma fille cette peur-là. À cette époque, je jouais beaucoup au tennis et je me souviens d’avoir dit à mes amis que si je n’avais pas eu une raquette dans les mains pour frapper la petite balle jaune, j’aurais eu une carabine et j’aurais tiré tous les agresseurs sexuels.

Mais un deuil, quand il n’est pas fait, peut devenir une lame à deux tranchants. C’est ce qui s’est passé dans mon cas, car de 1997 à 2002 je fis cinq entorses lombaires. Tout ça dû au stress et pour ne pas aider ma cause, je vivais beaucoup de harcèlement psychologique de la part de mon employeur. Je me suis battu et je me bats encore. Tranquillement cela s’est refermé à double tour dans mon cerveau. Mais la pé-riode noire est revenue durant l’hiver 2008 où ma famille avait passé à l’émission « Qui a tué? » animée par Claude Poirier et Jean-François Guérin. C’est comme si la plaie se rouvrait. Et en mai 2009, je fis un AVC qui se logea dans mon œil gauche où je perdis la vision.

En 2011, je fis une grosse dépression. On m’offrit de me mettre invalide ce que je fis, car j’étais tanné de tout ce que j’avais vécu et ce qu’on m’avait fait endurer dans mon milieu de travail. Mais je n’étais pas au bout de mes peines, car en revenant d’une formation de l’AFPAD à l’Hôtel Classique de Québec, j’appris que ma fille de 35 ans avait la leucémie. En 2014, nous apprîmes que le meurtrier de ma sœur avait été arrêté grâce à l’opération Mr Big. Cela en était encore trop, car à la mi-avril j’attrapai un virus qui me brûla à 90% de mon corps. La peau des mains et des pieds tombait en lambeaux. J’étais comme un lépreux. Avec des soins appro-priés, je réussis à remonter la pente, mais pendant ce temps ma peau devenait blanche et tombait partout, comme de la cendre, à tel point que ma femme a presque sauté la balayeuse centrale. Tout ça relié à ce drame.

En mars 2017, le procès s’ouvrit et dura jusqu’au 2 mai où il fut condamné à la prison à vie et ça, sans libération condi-tionnelle avant 25 ans, donc il aura 80 ans. Malheureuse-ment tout n’était pas terminé, car le 3 mai ma fille rentra à l’hôpital pour y mourir le 19 juin 2017 du cancer. Encore là ma terre bascula et je me disais que je ne voulais pas refaire ce que j’avais fait avec Sonia et que j’allais vivre mon deuil. Et non, je ne l’ai pas vécu ce foutu deuil, car fin septembre tous mes problèmes lombaires refirent surface et je perdis 10 livres, moi qui n’en n’ai pas beaucoup sur le plumage.

Mais bon, avec une force de caractère je savais que j’allais m’en sortir, surtout en 2015 après le virus. Ma famille était venue me voir et croyait que j’allais mourir. J’avais des frissons, incapable d’avancer, car j’étais trop fatigué, j’ai même pris 25 mg de chimio en pilules. Mais moi je sa-vais que j’allais m’en sortir, je ne savais pas quand, mais ce n’était qu’une question de temps et vous savez pourquoi. Parce que je suivais les consignes de ma dermatologue. C’est comme le coronavirus, on va tous s’en sortir, car ce n’est qu’une question de temps en suivant les consignes. Aujourd’hui je suis un homme nouveau libéré de mes démons. Merci de m’avoir lu.

Témoignage

Les conséquences d’un choc post-traumatique

Marc-André Raymond Frère de Sonia Raymond, assassinée en 1996

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De nouvelles activités

à distance

En raison de la pandémie actuelle, nous vivons une période d’isolement à laquelle nous n’avons pas le choix de nous adapter. Cette contrainte s’ajoute à la multitude d’émotions que vous vivez suite à la perte de votre proche assassiné ou disparu. Pour vous accompagner en cette période difficile, l’AFPAD vous invite à vous joindre à un premier atelier d’art-thérapie virtuel qui sera donné par Mia Hébert le mardi 23 juin de 10 h à 12 h 15 sur la plateforme ZOOM.

Le but de cet atelier est d’honorer la relation que vous aviez avec votre proche. C’est un espace pour vous exprimer et vous connecter avec vos émotions. Un maximum de 8 personnes peut participer à l’atelier (une personne par famille). Voici un aperçu du déroulement : 1- Présentation de l’art-thérapeute et des participants / 2- Explication des consignes / 3- Réalisation de l’activité d’art / 4- Chacun présente son œuvre / 5- Échanges entre les participants et Mia Hébert / 6- Évaluation orale de l’activité / 7- Clôture de l’atelier

Pour vous inscrire, veuillez communiquer avec Raymonde Hébert au plus tard le 19 juin : [email protected] ou 514 396-7389. Une confirmation d’inscription vous sera envoyée avec les instructions de préparation à l’atelier.

Atelier d’ art-thérapie en ligne

La pandémie reliée à la Covid-19 ne demande pas seulement une réorganisation au niveau de la santé publique, mais aussi pour toutes les associations. Et, comme l’AFPAD se donne comme mission de briser l’isolement, d’inviter les participants(es) à échanger sur leur vécu, leur senti du moment, leurs préoccupations ou tout simplement sur divers sujets d’actualité, une brillante idée de notre coordonnatrice, Mme Andrée Champagne, fut d’instaurer des rencontres « café-causerie » via la plateforme Messenger. La réponse des participants(es) ayant été favorable, deux café-causeries d’une durée d’une heure chaque ont été expérimentés dans la région Saguenay - Lac-Saint-Jean jusqu’à présent.

Ce fut l’occasion de chacun de pouvoir s’exprimer sur l’isolement, le confinement et tout ce que cela pouvait engendrer comme désagrément, angoisse, anxiété ou à l’opposé, si quelque chose de bien pouvait en ressortir. Les échanges ont été empreints de respect, chacun s’est exprimé à sa guise, il y eut même place à l’humour. Le temps alloué a été amplement suffisant pour s’assurer que l’essentiel du moment ressorte de la conversation. Il y eut entente qu’un intervalle de deux à trois semaines entre chaque rencontre serait appropriée et qu’en cas de besoin, une rencontre supplémentaire serait planifiée en dernière minute. Par cette forme de dialogue, les liens sont maintenus et, malgré l’absence de rencontres, la solidarité et l’entraide du groupe sont toujours mis de l’avant.

C’est une belle initiative et je convie les autres membres de l’association d’y adhérer à des fins de continuité d’échanges. Maintenir les acquis peut constituer un grand défi, donc développons des stratégies pour conserver l’équilibre…

Déjeuner-causerie et confinement

Nicole Bau Ambassadrice des déjeuners-causeries de la région du Saguenay - Lac-Saint-Jean

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L’article 2 de la Loi sur l’indemnisation des victimes d’actes criminels (ci-après : «Loi») énonce que toute victime d’un crime peut se prévaloir de celle-ci et bénéficier des avan-tages qui y sont prévus. Ceci étant, est-ce qu’une victime d’un acte criminel peut intenter une poursuite civile contre son agresseur alors qu’elle a reçu des prestations de l’IVAC et a été compensée pour ses séquelles?

Selon l’article 8 de la Loi, la victime d’un acte criminel peut, à son choix, réclamer le bénéfice des avantages prévus à l’IVAC ou exercer une poursuite civile contre la personne responsable du préjudice subi.

Par ailleurs, l’article 10 de la Loi énonce « que rien, dans la présente loi, n’affecte le droit du réclamant qui a choisi de réclamer le bénéfice des avantages de la présente loi de re-couvrer de toute personne responsable du préjudice matériel, de la blessure ou de la mort les montants requis pour équiva-loir, avec l’indemnité, à la perte réellement subie ».

Toutefois, il est important de souligner que si la victime choisit de réclamer en vertu de l’IVAC, elle conserve le droit de poursuivre uniquement pour le supplément d’indemni-té, c’est-à-dire la différence entre le préjudice réellement subi et les sommes déjà reçues de l’IVAC.

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, organisme responsable de la Direction de l’IVAC, sera alors de plein droit subrogée aux droits du réclamant jusqu’à concurrence du montant qu’elle pourra être appelée à lui payer (article 9 de la Loi).

Prenons l’exemple suivant : si, après avoir analysé la preuve factuelle et médicale au dossier, le Tribunal estime que les dommages non pécuniaires s’élèvent à 30 000 $ et que la victime en question a déjà reçu une somme de 9 000 $ de l’VAC, cette somme sera déduite et seule la différence (21 000 $) sera versée, eu égard au fait que la CNESST bénéficie d’une subrogation aux droits de la victime jusqu’à concurrence de l’indemnité versée.

Les dommages accordés à une victime en vertu de la res-ponsabilité civile extracontractuelle, ayant une fonction compensatoire, doivent tenir compte de la perte effec-tivement subie et du gain manqué, tel que mentionné précédemment. Des dommages exemplaires peuvent également être réclamés, mais ceux-ci ont une vocation principalement punitive et réprobatrice. Une atteinte illicite et intentionnelle à un droit garanti par la Charte des droits et libertés de la personne devra alors être prouvée (art. 1621 C.c.Q., art. 49 de la Charte).

En ce qui concerne le délai de prescription, le Code civil du Québec prévoit, à son article 2926.1, que « l’action en réparation du préjudice corporel résultant d’un acte pouvant constituer une infraction criminelle se prescrit par 10 ans à compter du jour où la victime a connaissance que son pré-judice est attribuable à cet acte. Ce délai est toutefois de 30 ans si le préjudice résulte d’une agression à caractère sexuel, de la violence subie pendant l’enfance, ou de la violence d’un conjoint ou d’un ancien conjoint. En cas de décès de la victime ou de l’auteur de l’acte, le délai applicable, s’il n’est pas déjà écoulé, est ramené à trois ans et il court à compter du décès. »

Toutefois, récemment, la ministre de la Justice Sonia LeBel a déposé un projet de loi intitulé Loi modifiant le Code civil pour notamment rendre imprescriptibles les actions civiles en matière d’agression à caractère sexuel, de violence subie pendant l’enfance et de violence conjugale (projet de loi 55) visant à abolir le délai de prescription pour les pour-suites des victimes d’agressions sexuelles au civil. Le projet de loi prévoit également que les victimes dont l’action en justice a été rejetée en raison du délai de prescription au-ront la possibilité, dans un délai de trois ans, de présenter à nouveau leur action. L’introduction de dispositions, dans le Code civil du Québec, encadrant la présentation d’excuses par une personne qui a causé un préjudice à autrui ou qui pourrait en être tenue responsable est également prévue.

Force est de constater que nous assistons à un vent de changement avec l’abolition du délai suggérée au civil et la mise en place d’un programme d’aide et de soutien aux victimes de violences à caractère sexuel, l’objectif ultime étant de protéger leurs intérêts, de les accompagner dans leurs démarches et surtout de faciliter leur accès à la jus-tice. Il s’agit d’une avancée positive pour les victimes et d’une forme de reconnaissance et de considération de leur situation de vulnérabilité ainsi que de leur hésitation face à la dénonciation d’une agression sexuelle. Restez à l’affût!

Je suis victime d’un acte criminel, est-ce que je peux intenter une poursuite

contre mon agresseur?

COLLABORATEURJURIDIQUE-DESROCHESMONGEONAVOCATS

Pourconsulterd’autrestextes:https://desrochesmongeonavocats.com/publications

Me Stéphanie Hazan Avocate spécialisée dans la défense des intérêts des accidentés du travail et de la route

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événement pareil et le besoin de tendre la main à d’autres dans la même situation s’est fait sentir. Quelques années plus tard, elle concrétisait ce besoin au sein d’un podcast intitulé Mourning the murdered (faire le deuil de victimes d’assassinats).

Ceux qui comprennent l’anglais pourront y retrouver un contenu nettement plus sensible à la situation des proches. Si les histoires d’homicides se retrouvent évidemment en toile de fond, elles servent principalement à en faire ressortir des témoignages chez l’entourage des personnes assassinées. On y passe par toutes sortes de gammes d’émotions. Mais en bout de ligne, on comprend que la motivation principale et ses buts y sont franchement atteints. Des entrevues pleines de dignité et de sensibilité.

Seule ombre au tableau cependant, elles sont peut-être un peu longues; il n’est pas rare qu’elles dépassent largement les 45 minutes. Bref, il faut vraiment pouvoir trouver un long moment propice à l’exercice sans être dérangé.

Onpeutenfairel’écouteauliensuivant:https://mourningthemurdered.podbean.com

UNAUTRESTYLEBIENPARTICULIER

Du côté francophone, l’un des podcasts les plus près de nous est sans contredit celui de la journaliste en affaires judiciaires, Isabelle Richer. Après 25 années passées au cœur des homicides qui ont bouleversé le Québec, elle se sert aujourd’hui de la plateforme de Radio-Canada pour en revisiter ceux l’ayant le plus marquée :

« Au fil des ans c’est devenu une passion, une sorte de fascination… mais pas une fascination tordue pour le malheur des autres ou une obsession pour le côté sombre de l’humain. Non, une vraie passion, celle qui fait qu’on essaie de com-prendre comment ça fonctionne et pourquoi ça fonctionne comme ça. La justice c’est pas simple. C’est un système avec des règles, certaines rigides, d’autres souples. Un système qui est imparfait, avec des failles. Au début de ma carrière, je voyais les choses de façon assez unidimensionnelles; d’un côté il y avait les accusés, de l’autre les gardiens de l’ordre.

Mais entrer dans les coulisse du palais de justice, c’est entrer dans un véritable labyrinthe. Comme une sorte de galerie des miroirs où tout n’est pas tout à fait ce qu’on pense. Et ce labyrinthe-là, je continue d’y vivre. Je continue de l’explorer parce ce que, quand tu entres là-dedans, y’a pas vraiment d’issue. Et c’est vraiment pour ça que j’avais besoin de retour-ner là. De retourner dans les traces, de refaire mon parcours.

Homicides

Depuis quelques années, les podcasts sont devenus àlamodeet fontmaintenantpartiedenotrequotidien.Ceuxconcernantleshomicidesnefontpasexceptionàla règle.À première vue, cela peut paraitre choquant.Maisilestparfoistrèsétonnantd’endécouvrirleconte-nu.Tourd’horizonsurtroistypestrèsdifférents.

Si l’on cherche par simples mots clés, soit ‘‘homicide’’ et ‘‘podcast’’, on tombera presque automatiquement à une série intitulée tout simplement Homicide. Il s’agit d’un pro-duit européen. Un style un peu voyeur, avec une musique voulant créer un certain suspense mais qui tombe bien sou-vent dans des accords offrant un vif et irritant contraste. Les auteurs ont pris comme concept ou bien d’interviewer des gens de la rue et des individus qui veulent assister au procès, ou encore de faire l’épisode en racontant les événements comme on le ferait dans une série à la sauce américaine. La série est donc un peu décousue autant dans sa présentation que son contenu. Il faut ajouter que, les événements s’étant déroulés loin d’ici, il ne semble pas pouvoir répondre à quelque intérêt que ce soit de ce côté de l’Atlantique, à part peut-être pour les friands de docu-mentaires policiers pouvant provenir de tout azimut.

D’autres sites, toujours faciles à trouver par une brève valse de doigts sur le clavier, vont cependant beaucoup plus loin. Certains, souvent amateurs, poussent même l’odieux jusqu’à parler des meurtres ‘‘les plus populaires’’. Ces sites ne font souvent aucun effort pour mieux comprendre les crimes, par exemple en ajoutant un expert pouvant venir faire de l’éducation et de la prévention visant la réduction des homicides et ne tiennent aucunement compte des cruelles réalités que vivent les gens au cœur de ces drames. Pour des raisons évidentes, ce ne seront pas les liens que nous publierons dans un journal dédié aux proches de victimes.

UNPODCASTPOURLESPROCHES

Mais alors, existe-t-il des podcasts qui peuvent répondre à leurs besoins? Heureusement, oui!

Récemment une dame du nom de Kelly Fraser a contacté l’AFPAD pour lui faire connaitre le sien. Si tous les épisodes traitaient d’homicide, sa vision se voulait pourtant nette-ment différente. Son but était de réunir des proches de victimes de meurtre, afin de pouvoir leur donner une plate-forme pour enfin exprimer et partager leur vécu. L’idée lui est venue après qu’elle ait elle-même connu une personne assassinée en 1999. À partir de ce moment, elle a réalisé qu’elle n’était certainement pas la seule à avoir vécu un

et podcast

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De revoir les procès qui m’ont marquée et qui ont marqué toute la société, Je voulais essayer d’y voir plus clair et de voir ça avec mon regard d’aujourd’hui, de livrer mon témoignage, en fait de donner ma version des faits. »

Et elle y parvient de manière magistrale! C’est en effet avec un doigté exceptionnel qu’elle nous ramène non seulement dans les événements, mais surtout dans tout ce qui les a entourés autant sur le plan légal, sociologique et humain. Et contrairement à ce style neutre, voire froid, que le jour-nalisme professionnel doit souvent imposer, Isabelle Richer fait ici preuve d’une sensibilité étonnante et revisite le tout d’une manière profondément humaine.

Elle nous emmène non seulement dans les coulisses des palais de justice mais également dans la vie même des victimes et de leurs proches, à qui elle donne carrément une voix en nous faisant comprendre qui étaient vraiment ces personnes. Encore mieux qu’une voix, on dirait qu’elle leur donne une âme! Elle nous étonne franchement avec des phrases surprenantes comme : Je m’identifie beaucoup à Julie Boisvenu. Julie Boisvenu, ça aurait pu être moi! Une affirmation qui donne le ton à l’œuvre lorsqu’elle la décrit comme une belle fille à la peau de pêche, sociable, indé-pendante, libre, travaillante et fière du chemin qu’elle avait accompli malgré son jeune âge.

À travers des archives sonores de l’époque et quelques notes de musique savamment pianotées et formidable-ment bien dosées, les interventions de la journaliste nous font connaitre des côtés de l’histoire souvent insoupçon-nés; par exemple, les images qu’elle conserve dans sa tête de certaines scènes et qui ne furent pas partagées au public, les policiers la tenant à l’écart. Elle n’hésite pas non plus à faire part de sentiments qui l’ont parfois envahie mais qu’elle ne pouvait vraisemblablement pas partager en ondes. Ou encore, de souligner le courage et les gestes posés par les proches.

En même temps, ses explications quant aux circonstances entourant les procès démystifient les tenants et abou-tissants d’un système de justice souvent difficile à com-prendre pour le commun des mortels et qui frappe de plein fouet les proches de victimes qui s’y trouvent bien malgré eux. Elle est bien consciente que c’est grâce à leurs té-moignages qu’elle pourra enfin livrer la vérité au public. Une responsabilité importante mais également lourde à porter surtout quand on sait que, le lendemain, ces mêmes proches seront assis tout à proximité dans la même salle de cour.

À travers les récits, Isabelle Richer vulgarise les étapes juridiques qu’exigent un procès de manière à ce qu’ils soient faciles à comprendre. Pour y arriver, elle ne se contente pas que de les énumérer mais leur donne vie en présentant les manières de faire de chaque intervenant. On a presque envie de retenir notre souffle quand elle nous explique à quel point un procureur devait minutieusement choisir tous les mots de son discours d’ouverture qui teinteront de manière indélébile tout le reste du procès. Et on comprend qu’il n’a qu’une chance… pas deux!

Sa vision d’un procès? Un ‘‘casse-tête auquel il manque des morceaux mais dont on finit par deviner un peu l’image’’. Évi-demment, les circonstances du décès font partie de cette triste histoire à reconstituer. Parce qu’il faut les connaitre pour comprendre le crime, l’autrice doit évidemment les expliquer. Mais elle le fait sur un ton honnête et sobre, en se basant sur les faits tel que les rapports d’autopsie.

Finalement, si elle parle de la douleur vécue publiquement par les proches, elle souligne au passage celle vécue par la population du Québec tout entière, souvent consternée et dépassée par de tels événements qui ont su rester gravés dans la mémoire collective.

On peut donc affirmer que ce podcast se trouve à la croisée des chemins; un récit des faits évidemment durs, mais vu à travers la lunette de la partie humaine de la journaliste les ayant couverts et pour lesquels elle n’hésite pas à affirmer: « C’est une expérience incroyable qui m’a plongée au cœur de la nature humaine mais surtout au cœur de ses excès ».

BaladoMaversiondesfaitsavecIsabelleRicherhttps://ici.radio-canada.ca/premiere/balados/7110/

isabelle-richer-histoire-judiciaire-revisite

ENCONCLUSION

Tout se fait dans la vie, mais il y a une façon de le faire. Et si certains podcasts se veulent parfois une manière franche-ment simpliste et peu dispendieuse de rejoindre un public assoiffé de récits sanglants, il n’en demeure pas moins que l’on peut en trouver qui reflètent l’autre versant des choses.

Louise-Marie Lacombe Recherchiste en affaires et programmes de justice

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Nous vivons actuellement une période bien particulière en lien avec la pandémie du COVID-19. Il faut tenter de s’adapter à cette situation qui amène différents chan-gements en société, mais également dans la vie quo-tidienne de chacun. Vivre un deuil par homicide en ces temps de pandémie ajoute des particularités qui rend difficile le vécu de ce deuil. Le contexte de la pandémie dans lequel on vit présentement aura nécessairement des répercussions sur la façon dont les endeuillés vi-vront la mort d’un proche.

Chacun vivra son deuil de façon unique. Cependant, il est possible de dégager certaines particularités du vécu d’un deuil par homicide tout comme il est possible de dégager des particularités au niveau du vécu d’un deuil dans le contexte de la COVID-19.

LESPARTICULARITÉSDUVÉCUD’UNDEUILDANSLECONTEXTEACTUEL

Lors d’un homicide s’ensuit des démarches judiciaires qui impliquent généralement la présence des proches. Ces démarches sont parfois longues, complexes et elles viennent ajouter une lourdeur à ce vécu. En plus des démarches à faire au niveau judiciaire, les proches d’une victime d’homicide doivent également com-poser avec l’organisation des rites funéraires. Dans le contexte actuel de la pandémie, il n’est pas simple de réaliser les funérailles. On offrira l’option de reporter les rites à plus tard, de visionner les funérailles à distance à partir de visio-conférence ou de limiter le nombre de personnes présentes à la fois. Dans tous les cas, les proches doivent vivre avec des démarches complexes au niveau judiciaire et maintenant ils doivent égale-ment prendre des décisions difficiles en lien avec les funérailles.

Il est possible également que les proches endeuillés par homicide vivent de l’anxiété en lien avec ce type de deuil. Parfois, la peur de la mort, la peur de l’agresseur, d’être victime soi-même ou la peur pour ses proches de-viennent des pensées qui peuvent être envahissantes. Il ne faut pas sous-estimer le contexte de la pandémie qui amène son lot de stress puisque plusieurs change-ments ont eu lieu en peu de temps. Si ces changements touchent par exemple certaines activités qui font géné-ralement du bien et qu’on n’y a plus accès à cause de la pandémie, il se peut que ce contexte ajoute un stress supplémentaire.

Enfin, comme les situations d’homicide sont générale-ment médiatisées, les proches peuvent d’autant plus être tentés d’écouter les médias d’information. Les nouvelles concernant les deuils par COVID-19 prennent

énormément de place actuellement et les endeuil-lés auront également accès à cette information. Il est tentant de penser que les autres types de deuils sont moins importants actuellement puisqu’on parle beau-coup des endeuillés par COVID. Les endeuillés par ho-micide peuvent donc avoir la tendance à banaliser leurs propres émotions ou réactions quant à leur propre deuil en se comparant.

Non seulement certaines particularités du deuil par homicide auront de l’influence sur la façon de le vivre, mais il faut également prendre en considération l’influence que le contexte de la pandémie aura. Il est bien de comprendre le contexte et ce que ça peut ame-ner au niveau du deuil, mais qu’est-il possible de faire pour minimiser les impacts négatifs ?

LESMOYENSPOURFACILITERLEVÉCUDUDEUILDANSCECONTEXTE

D’abord, il est primordial d’identifier dans son réseau des gens qui aident à se sentir mieux. Que ce soient des confidents ou des gens avec qui vous souhaitez vous changer les idées, il sera important de vous entourer. En temps de pandémie, s’entourer pourrait signifier de devoir se voir par vidéo ou de parler par téléphone. Prévoyez des moments peu importe le moyen.

Il faudra également se questionner à savoir si l’accès à divers médias d’information est plus aidante que nuisible dans votre deuil. Est-ce que d’être confron-té aux différentes nouvelles liées à l’homicide ou à la pandémie vous amène à vous comparer? Si oui, il serait bien de diminuer son temps d’écoute. Bien que nous parlons beaucoup des endeuillés par COVID actuelle-ment dans les médias, il faut savoir que chaque type de deuil a ses particularités et qu’on ne peut les comparer.

N’hésitez pas à demander de l’aide que ce soit à vos proches ou à des professionnels, l’aide existe et il importe de nommer vos besoins. Si vous sentez le besoin de parler à un professionnel de ce que vous vivez en lien avec votre deuil, vous pouvez contacter Deuil-Jeunesse qui est un organisme pour les petits et les grands.

au temps du Covid-19Vivre le deuil d’ un proche

Niky Panayotopoulos Travailleuse sociale Deuil-Jeunesse https://deuil-jeunesse.com

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Ligne d’écoute

Deuil-Jeunesse a été reconnu par le ministère de la Santé et des Services sociaux comme l’un des organismes pouvant soutenir les endeuillés de tous âges du Québec par une ligne d’écoute et comme étant l’organisme d’intervention.

Disponible de 8 h à 20 h, 7 jours sur 7, ce service est offert jusqu’au 30 juin 2020.

Un livret de ressources pour les parents de préadolescents

La préadolescence est une étape cruciale dans la vie de votre enfant. En transition de l’enfance vers l’adolescence, celui-ci va vivre plusieurs changements. En tant que parent, vous souhaitez le soutenir dans ces transformations, le guider dans ses choix et assurer sa sécurité. Nous avons donc conçu ce dépliant afin de vous accompagner, vous et votre enfant, dans cette nouvelle étape! Il vous permettra de vous familiariser avec cette nouvelle phase de la vie et vous proposera de judicieux conseils et activités à réaliser avec votre préadolescent, le tout basé sur notre programme novateur AIMER. https://www.missingchildrensnetwork.ngo/

wp-content/uploads/2020/06/RER_Safety-Brochure2020_FR_Finale_LR.pdf

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Sedonnerledroitd’êtremalheureux-Marc-André Dufour« Le bonheur, c’est comme le sucre à la crème, quand on en veut, on s’en fait ! » Mais alors, si la vie était aussi simple que cette formule le laisse entendre, com-ment expliquer la présence d’autant de détresse dans la population ? Et pour-quoi plus d’un millier de Québécois mettent-ils fin à leurs jours chaque année ? Après vingt-cinq ans sur le front de la détresse psychologique, Marc-André Dufour n’offre pas la recette du bonheur perpétuel, car elle n’existe pas. Dans ce livre, il aborde les raisons pour lesquelles l’évitement des émotions douloureuses et la vulnérabilité de longue date peuvent avoir de lourdes conséquences. Cet ouvrage à la fois profond et accessible est le fruit de ses nombreuses années d’expérience auprès de personnes désespérées qui ont repris goût à la vie. Ainsi, loin en amont de la crise suicidaire, il nous outille dès aujourd’hui pour mieux traverser les incon-tournables malheurs de l’existence.

Promets-moiunprintemps- Mélissa PerronFabienne a 30 ans et tout pour être heureuse. Indépendante de fortune, elle est peintre et sa carrière est prometteuse. Sa maison, construite sur un grand terrain boisé, au pied de la montagne, est flanquée d’un atelier, son «phare». Mais à quoi bon tout cela, désormais? La dépression a fauché la jeune femme. Du gros chat orange errant qu’elle nourrit, elle dit : «Celui-là était comme moi : perdu.» À tra-vers des passages difficiles, Fabienne en apprend beaucoup sur elle-même et sur sa propre histoire, et parfois bien plus qu’elle l’aurait souhaité. Grâce à son art, elle tente d’exorciser les angoisses et les peurs qui la tenaillent. Et elle sent monter en elle un irrésistible désir de se sentir utile qui l’amène à franchir le seuil de la Maison du Sentier… Malgré la dépression, malgré un hiver qui n’en finit plus, Fabienne refuse de baisser les bras et s’entête à rêver de la première tulipe du printemps. Une fiction forte et touchante autour d’une maladie plus taboue que jamais.

Lectures suggérées

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Le 27 septembre 1963 fut la pire journée de ma vie, car ma sœur Diane a été portée disparue. J’avais 7 ans et j’étais l’aîné de la famille. Diane avait 6 ans et nous avions aussi deux petits frères de 3 ans et de 18 mois. À cette époque, ma famille demeurait à Québec, dans la Basse-Ville, près de la Place Royale. Les circonstances de sa disparition ont toujours été très difficiles à vivre pour moi en particulier, car sans le vouloir, j’étais en quelque sorte la cause de sa disparition.

J’avais 7 ans et comme tous les enfants de mon âge, je partais jouer avec mes amis et à travers nos jeux, nous perdions souvent la notion du temps… Ce jour-là, on était rendu à l’heure du souper et je n’étais pas encore revenu à la maison pour prendre mon repas avec ma famille. Mes parents ont donc demandé à ma petite sœur Diane de venir me chercher à l’endroit où je jouais. Entre temps, je suis revenu à la maison et ma sœur n’était pas revenue; en fait, je ne l’ai jamais rencontrée sur le chemin du retour.

Mes parents sont devenus très inquiets et après une demi-heure ma mère a appelé la police pour signaler la disparition de Diane. Les policiers ont fait des recherches près des quais, car des personnes avaient dit y avoir souvent vu ma sœur qui aimait regarder les pêcheurs. Malgré les recherches dans ce secteur et dans les environs, me sœur Diane est demeurée introuvable.

Ce grand drame m’a beaucoup marqué, car mon père m’a souvent dit que c’était de ma faute si ma sœur avait disparu et que si j’étais rentré à l’heure pour le souper, elle n’aurait pas eu à sortir pour venir me chercher. J’ai intégré en moi ce reproche et pendant toute ma vie, je me suis senti coupable de la disparition de ma sœur. Avec le temps, j’ai compris que mon père avait très mal agi en me rendant responsable du drame et j’ai fini par lui pardonner mais ça a pris beaucoup de temps.

Après la disparition de ma sœur, ma mère pleurait tout le temps et c’était mieux de ne pas parler de ce sujet. En secret, nous vivions tous dans l’espoir de la retrouver un jour. J’avais promis à maman que je la retrouverais et que je lui ferais le cadeau de la ramener à la maison. Malheureusement, ma mère est décédée en 2012 lors de l’éclosion de la maladie de la légionellose dans la région de Québec, elle en a été la 11e victime. Le décès de ma mère m’a énormément affecté, car j’aurais telle-ment voulu lui faire ce cadeau.

Sept ans après la disparition de Diane, mon père l’a fait déclarer décédée et il a pu accéder à son assurance-vie. Il a fait ensuite une réunion de famille pour nous dire qu’il avait un acte de décès concernant ma sœur. Ensuite, il nous a dit : « il va falloir oublier votre sœur, elle est décédée »…

Même après toutes ces années, ce drame ne s’oublie pas et je n’ai jamais oublié ma sœur et je peux dire que je n’ai jamais lâché prise et que je continue à être actif en ce qui concerne la disparition de Diane. Pour m’aider à trouver des outils et être en mesure de parler avec d’autres familles qui ont vécu la disparition d’un proche, je suis devenu membre du Réseau Enfants- Retour et de l’AFPAD. Cela m’a permis de maintenir un certain équilibre en sachant que je ne suis pas seul à vivre cette angoisse de ne pas savoir où est ma sœur et si elle est vivante quelque part dans le monde. J’ai aussi donné mon ADN au cas où ma sœur serait retrouvée.

J’ai également participé à des émissions de télé comme la série « Où es-tu? » au canal Moi et Cie pour racon-ter mon histoire. Je me disais que cela pourrait peut-être délier des langues dans le cas où il y aurait eu des témoins de la disparition de ma sœur; je demeure convaincu que quelqu’un sait quelque chose dans cette histoire.

En plus de la grande culpabilité que j’ai vécue et pour laquelle je lutte tous les jours, le drame a eu plusieurs autres conséquences sur ma vie. À l’école, je restais dans mon coin et je ne me mélangeais pas aux autres. J’ai été longtemps habité par une peur et j’étais hyper vigilant. Pendant plusieurs années, j’analysais le com-portement des personnes et tout ce qui se passait autour de moi au cas où une situation ne devienne suspecte ou menaçante.

Pendant plusieurs années, j’ai eu des problèmes de paralysie du sommeil et cela m’a occasionné beaucoup de stress, car quand je me réveillais, j’étais incapable de parler ni de bouger, comme si je n’habitais pas mon corps. Ma famille et moi avons aussi dû faire face au jugement des autres et cela a été très difficile pour nous. Certains disaient que ma mère n’aurait pas dû envoyer ma sœur seule pour aller me chercher, etc.

Malgré tout ce que la disparition de ma sœur a pu avoir pour conséquences sur notre famille, je garde espoir de la revoir un jour et de pouvoir connaître l’histoire de sa disparition. Elle aurait 63 ans aujourd’hui et je sou-haite de tout mon cœur la retrouver pour enfin tourner la page et faire un deuil complet. Pour tous ceux qui, comme moi, vivent la disparition d’un proche, je n’ai qu’une seule phrase à vous dire c’est : « Ne lâchez pas et gardez l’espoir! ».

Témoignage

Adolphe Carrier Frère de Diane Carrier, disparue en 1963 à l’âge de 6 ans

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Cikakw a d’abord été un être humain avant de se réincarner en moufette. Pendant sa vie d’être humain, c’était une personne très bien éduquée. Ses parents et ses grands- parents lui avaient inculqué de bonnes valeurs. Respectueuse et très aimable envers tout le monde, elle était pleine de connaissances.

Un jour, elle prit conscience qu’elle pouvait dominer et contrôler les autres. Au début, cette position était séduisante, merveilleuse agréable et confortable. Les années passèrent, Cikakw grandi en pratiquant sa doctrine de contrôler les autres en oubliant ainsi com-plètement les enseignements de ses parents et de ses grands-parents. Ses amis commencèrent à quitter son groupe.

Elle finit par se rendre compte qu’elle se retrouvait seule. Elle se demanda pourquoi ses amis l’avaient quitté. Elle décide d’en surprendre un pour tenter de savoir la vérité. Elle en choisit un au hasard et sous ses émotions de colère et de haine, elle suit son idée de le questionner sur la raison de leur départ.

Alors, un bon jour, elle se cacha dans un buisson et lorsque son ami marcha devant le buisson, elle sauta sur lui en le battant et le frappant jusqu’à ce qu’il tombe par terre. Elle continua de le frapper encore et encore en lui demandant pourquoi ils étaient tous partis.

Ce dernier répondit « Ce n’est pas parce qu’on ne t’aime pas qu’on est parti. C’est ton comportement qu’on n’aime pas. Tu fais du mal à tout ce qui est autour de toi et en dedans de toi. C’est pour ça qu’on est parti. Tu

nous faisais du mal à nous et à toute la communauté. C’est pour ça aussi que tout le monde se cache lorsque tu arrives au village, de peur que tu nous fasses encore du mal. »

C’est la réponse qu’elle reçut de son ami.

Lorsque la terre connut un grand bouleversement et que tout était mort, s’ensuivit la réincarnation de l’homme. Et l’homme qui s’appelait Cikakw s’est réincarné en un vrai Cikakw (moufette).

C’est pour ça que la moufette est toujours seule, se promène seule. Elle s’est réincarnée avec les mêmes comportements développés dans sa vie antérieure. Juste sa senteur fait fuir tous les autres animaux et les hommes.

La morale (enseignements) de cette légende nous rappelle de faire attention à soi-même et de surveiller ses comportements vis-à-vis et envers les autres pour ne pas devenir comme la moufette. Pour ne pas non plus devenir comme un cannibale en soi qui se ronge de l’intérieur comme une personne en état dépressif. Prendre conscience de notre propre orgueil sur nous-mêmes.

Paul-Yves Weizineau Guide spirituel Atikamekw

La légende de Cikakw

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À travers son Programme de soutien en santé, le Conseil de la Nation Atikamekw offre un service d’agents d’aide et ressources culturelles - Résolution des pensionnats indiens (RPI) - Femmes et filles autochtones disparues ou assassinées (FFADA)

Service d’agents d’aide Atikamekw

RESSOURCES

MadeleineBasileSuperviseure

Conseil de la Nation AtikamekwServices Atikamekw Onikam290, rue St-Joseph, C.P. 848

La Tuque, QC G9X 3P6Téléphone : 819 523-6153

Télécopieur : 819 676-8965

DeniseCoocooAgente d’aide RPI – FFADA Wemotaci

Services Atikamekw Onikam6, rue Acokan, C.P. 215

Wemotaci, QC G0X 3R0Téléphone : 819 666-2469 Télécopieur : 819 666-2603

RaoulQuitishAgent d’aide RPI – FFADA Manawan

Services Atikamekw Onikam250, rue Mistassini

Manawan, QC J0K 1M0Téléphone : 819 971-1417

Télécopieur : 819 971-1411

Mariette-CécileAwashishAgente d’aide RPI – FFADA Opitciwan

Centre Santé d’Opitciwan15, Wapictan

Opitciwan, QC G0W 3B0Téléphone : 819 974-8822

Télécopieur : 819 974-8876

Aînés(ressourcesculturelles)

Fernand NiquayRoger EchaquanCarmen Petiquay

Lignesd’écoute(d’urgence)24/24heures

PI : 1 866 925-4419FFADA : 1 844 413-6649

CLIENTÈLESETTERRITOIRES

Les agents d’aide Atikamekw RPI – FFADA assurent un service dans les communautés de Manawan, Opitciwan et Wemotaci, ainsi qu’un service pour les anciens élèves des pensionnats indiens et leurs familles à La Tuque, Joliette et Roberval.

SERVICESOFFERTS(DEFAÇONCONFIDENTIELLE)

• Soutien émotionnel de première ligne• Facilitation/coordination d’autres services de soutien

contemporains et/ou culturels• Services d’aiguillage vers des intervenants

communautaires contemporains et/ou culturels• Présence aux audiences du Processus d’évaluation

indépendant• Réseaugage et création de liens• Présentation de rapports• Tenue et suivis de dossiers

De plus, pour les individus et les familles qui souhaitent entamer, poursuivre ou renforcir leur processus de guérison, des activités seront offertes par le programme de soutien en santé :

• Enseignements de l’étoile• Cercle de partage• Évènements communautaires

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Il y a de cela quelques semaines déjà, plusieurs manifestations aux États-Unis et ailleurs dans le monde entier ont débuté, afin de dénoncer le racisme et la brutalité policière suite à la mort de George Floyd le 25 mai dernier, un Afro-Américain de 46 ans. Le Québec n’est malheureusement pas à l’abris de profilage racial et de violence systémique, bien que la plupart des cas de figures, ici comme ailleurs, ne sont habituellement abordés que l’instant d’un court moment. Le fait que la plu-part de ces familles attendent encore des réponses et répara-tion, et ce, parfois des années après le drame, rend plus diffi-cile leur processus de guérison. La mort tragique de monsieur Floyd, ayant donné lieu à des accusations de meurtre à divers degrés contre les policiers impliqués, a visiblement enclenché un éveil collectif et a permis de donner une voix à des individus qui n’en avaient pas. Toutefois, il arrive plus souvent qu’au-trement que de telles causes médiatisées sont à la mode et tombent aux oubliettes du jour au lendemain, lorsque le sujet ne fait plus sensation au bout de quelques jours. Un dialogue a donc été amorcé, mais il importe désormais de le poursuivre.

Par le passé, la mobilisation des communautés noires du Canada contre la violence et l’intimidation raciste par des policiers a été confrontée à l’hostilité du public1. La stigma-tisation des Noir.e.s est tellement courante que même les expressions les plus spectaculaires de la violence d’État sont rarement reconnues comme telles et ne suscitent générale-ment guère d’inquiétudes ni de protestations dans l’opinion publique1. Pourtant, le profilage racial, tout comme la plupart des autres manifestations de la discrimination, prend surtout des formes subtiles et insidieuses2.

Le profilageracial est défini comme l’ensemble des interac-tions et des interpellations fréquentes qui découlent d’une surveillance policière plus étroite de certaines populations en raison de stéréotypes raciaux, ethniques ou religieux1. Le profilage racial constitue une forme de violence incessante, car il empêche, dans ce cas-ci, les Noir.e.s de se déplacer li-brement sans craindre l’espace public et la rencontre policière qui pourrait mener à une répression terrifiante1. Même quand le profilage ne débouche pas sur une arrestation, des actes de violence ou la mort, il reste destructeur en soi : il peut entre autres provoquer des troubles anxieux, comme le trouble de stress post-traumatique, et ces impacts peuvent affecter les personnes concernées directement, ainsi que leurs familles1. Au Canada, l’usage de la force policière contre des personnes noires et contre des Noir.e.s souffrant d’instabilité ou de ma-ladie mentale est particulièrement préoccupante1; il existe de nombreux exemples d’interventions policières violentes qui ont mené au décès de ces personnes dans ces circonstances (pour plusieurs exemples récents voir Maynard, 2018). Dans tous les cas, aucune accusation n’a été retenue contre les policiers concernés1. À ce jour, il est impossible de détermi-ner le nombre exact de personnes noires qui ont été tuées par des policiers au Canada, puisque cette information n’est pas divulguée1.

Tout cela nous a donc amenés à réfléchir à la notion complexe de justice. Pour entamer des réflexions personnelles sur la jus-tice, il faut d’abord comprendre certains concepts théoriques, dont l’inégalité, l’égalité et l’équité. Alors que l’inégalité renvoie au fait que tous n’ont pas accès à des opportunités, son contraire, l’égalité, signifie une distribution de ressources de manière uniforme pour tous. L’équité implique donc l’identification et la distribution personnalisée des ressources

pour adresser l’inégalité. Ainsi, la justice devrait en pratique permettre d’adresser les enjeux d’une institution ou d’un système pour parvenir à offrir à la fois un accès équitable aux ressources et aux opportunités. Ce faisant, si la plupart des hauts de grades de la police persistent à nier fermement les allégations de profilage racial ou de racisme systémique1, il est difficile de parler de justice pour les victimes et leurs familles dans ce contexte.

Cependant, la mort tragique de monsieur Floyd a, pour la première fois, engendré par la force des choses, certaines discussions qu’il faut poursuivre. D’ailleurs, plusieurs membres de la société canadienne, dont des hauts dirigeants de corps policiers et même le gouvernement fédéral, militent dans les rues, dénoncent et condamnent ouvertement aujourd’hui le racisme et la discrimination systémique. Si nous désirons poursuivre la conversation demain, il faut minimalement outrepasser le malaise entourant ce sujet délicat et, surtout, faire preuve d’empathie et d’écoute active envers les individus qui en sont victimes pour faire face à cette réalité qui perdure par des actions concrètes.

En conclusion, considérant que des familles de personnes assassinées ou disparues proviennent de communautésmar-ginalisées, comme celles de collectivités noires, il importe de les écouter pour savoir comment nous pouvons faire mieux. D’abord, en tant que citoyen membre de la société québécoise et canadienne, nous devons nous mobiliser collectivement pour nous attaquer aux problèmes liés au racismestructurel; nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte auxpréjugésqui alimentent le racisme et la discrimination systémique2. Ensuite, en tant que policier, intervenant, organisme com-munautaire ou décideur2, nous devons écouter leurs expé-riences pour mieux comprendre les injustices auxquelles ces personnes sont confrontées au quotidien, afin de parvenir à mieux répondre à leurs besoins et/ou à ceux de leurs familles.

Cet article visait donc à fournir de l’information sur certaines notions théoriques pour susciter certaines réflexions, mais surtout, à élever les voix des personnes Noir.e.s, minoritaires et marginalisées, afin que toutes injustices, vécues sur la base de la race et/ou encore par le statut précaire de victime, en viennent à cesser en continuant d’en discuter.

Références

1 Maynard, R. (2018). NoirEs sous surveillance : esclavage, répression et violence d’État au Canada. Mémoire d’encrier. (Note : Pour certains extraits du livre, vous pouvez consulter https://liguedesdroits.ca/deni-de-justice)

2 Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). (2011). Profilage racial et discrimination systémique des jeunes racisés: Rapport de la consultation sur le profilage racial et ses conséquences. Repéré à http://www.cdpdj.qc.ca/publications/Profilage_rapport_FR.pdf

Poursuivons la conversation

Audrey Deschênes B.Sc. psychologie Université de Montréal | Candidate à la maîtrise en criminologie, Université de Montréal

Marika Lachance Quirion LL.B. droit Université Laval | Candidate à la maîtrise en criminologie, Université de Montréal

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RemerciementsChronique bénévolat

Remerciement à France Ainsley

À l’automne dernier, nous avons lancé un appel à tous pour obtenir du soutien bénévole dans le cadre de la promotion du nouveau guide « Retourner à l’école après un drame » et de la campagne de financement « Tirage 2019 ». L’appel a été entendu par France Ainsley, membre de l’AFPAD, qui a généreusement donné de son temps, à raison de quelques heures par semaine pendant trois mois, pour accompagner notre responsable des communications dans des tâches administratives pour ses deux projets d’envergure.

Nous lui sommes très reconnaissants de son implication. Par son dévouement, elle a contribué positivement à la réalisation des projets de l’AFPAD. Son rire éclatant nous a apporté une grande chaleur humaine et ses talents administratifs nous ont permis de lui déléguer des tâches en toute confiance. Merci France!

Merci!

Nous sommes très heureux de vous informer que l’AFPAD travaillera sur le développement d’un nouveau guide au cours de l’année grâce à une subvention du ministère de la Justice du Québec par le biais du Programme de subvention pour favoriser la recherche, l’information, la sensibilisation et la formation en matière d’aide aux victimes d’actes criminels. Cette année, la thématique explorée sera celle de la fratrie : le deuil des frères et sœurs à la suite d’un drame.

Ce guide se veut une suite logique de notre série de guides pratiques où le deuil et ses conséquences sont analysés largement, que ce soit à la suite d’une maladie, une mort soudaine, un suicide, un homicide ou une disparition. Des experts en psychologie, criminologie et des intervenants sociaux seront consultés pour la création de certaines sections spécifiques relatives à l’intervention et l’aide psychologique octroyées aux frères et sœurs. Nous souhaitons remercier la ministre de la Justice Sonia LeBel et l’équipe du Bureau d’aide aux victimes d’actes criminels (BAVAC) de leur appui renouvelé pour la création d’un outil novateur.

Merci! Nouveau projet de guide sur la fratrieRemerciement au ministère de la Justice du Québec

Page 16: AFPAD EXPRESS JUIN 2020afpad.ca/wp-content/uploads/2020/06/AFPADExpress_Juin2020_We… · cela constitue un tournant dans sa vie et elle doit se préparer à ce qui viendra au niveau

JE DOIS MAINTENANT APPRENDRE À SURVIVRE

À CETTE TRAGÉDIE

Ma soeur a été assassinée

par son conjoint...

Grâce à votre générosité, l’AFPAD offre des services depuis près de 15 ans à ces personnes

qui ont perdu un être cher à la suite d’un homicide ou d’une disparition, afin d’améliorer leur qualité

de vie au niveau psychologique, émotionnel, financier et social.

Perdre un frère ou une sœur c’est en quelque sorte perdre une grande partie de soi. La souffrance est grande et parfois même indescriptible. La perte d’un membre d’une fratrie c’est aussi le deuil de l’avenir. À vrai dire, certains d’entre nous ressentent une profonde culpabilité qu’il est difficile à partager avec notre entourage. On a beau connaître des gens, avoir une famille et des amis, face au drame on se sent désespérément seul. Malheureusement il en résulte un profond silence bien enfoui qui devient lourd à porter au fil des années. La douleur est tout simplement ravalée.

- Témoignage d’une femme à propos du féminicide de sa soeur par son conjoint

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