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Magazine d’information sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la forêt en Afrique ISSN 0337 9515 - BIMESTRIEL - PRIX : FRANCE ET ZONE EUROPE : 6 € - ALGÉRIE : 600 DA - MAROC : 65 DH - TUNISIE : 12 DT - ZONE CFA : 3 900 F CFA N°389 - JUILLET-AOÛT 2012 L 13103 - 389 - F: 6,00 - RD SÉNÉGAL Dans le couvoir de la Seemaap P. 15 BÉNIN L’État reprend le coton P. 22 MAROC Du blé au goutte-à-goutte P. 41 CAMEROUN Le difficile problème de l’alimentation du bétail

Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

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Magazine d’information sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et la forêt en Afrique

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L 13103 - 389 - F: 6,00 - RD

SÉNÉGALDans le couvoir

de la Seemaap

P. 15

BÉNINL’État reprend

le coton

P. 22

MAROCDu blé au

goutte-à-goutte

P. 41

CAMEROUN

Le difficile problème de l’alimentation du bétail

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PAGE 3 MAI-JUIN 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

À LA UNE P.4Sommet du G8 : 45 entreprises

s’engagent à investir 3 milliards de dollars dans l’agriculture africaine

Sahel : importants déficits céréaliersRépublique du Congo : 9,8 millions

de dollars pour l’agriculture et la pêcheBanque mondiale : un président...

américainLibye, Égypte : réapparition

de la fièvre aphteuseCameroun : les bonnes œuvres

du ministre TaïgaRome : le changement climatique

au cœur du quatrième Forum paysanSénégal : des semences

aux normes internationalesDroits de douane : l’accord Maroc-UE

entre en vigueurTunisie : traque à la corruption

L'ACTU DES FILIÈRES P.14

AlgérieDr Mohamed Dahmane, président du

SNVFAP : « En Algérie aussi, nous avons des médicaments contrefaits »

SénégalDans le couvoir de la Seemaap

MarocLes petits fruits : une filière d’avenirPartenariat public-privé :

nouvelle tranche de 20 000 haLes résultats mitigés des cultures

maraîchères de primeurInitiative : Maroc, Inde et légumineuses

CamerounLa pénurie de maïs inquiète les éleveurs

GabonDes axes pour développer

l’agriculture périurbaine

BéninL’État reprend le coton

MaliMain-d’œuvre : les mines d’or

concurrencent l’agriculture

NigeriaLe cacao revit

COUP DE PROJECTEUR P.29

CamerounLe difficile problème de l’alimentation

du bétail

INFOS PRATIQUES P.38Cameroun : Sic Cacaos, 60 ans

de chocolat et toutes ses dentsCameroun : l’apprentissage

du semis directCameroun : passation de pouvoir au conseil

interprofessionnel du cacao et du caféAlgérie : le semis direct contre la jachèreCameroun : le goutte-à-goutte

à grands pasAlgérie : 1 million d’ha irrigués

à l’horizon 2020 ?Maroc : du blé au goutte-à-goutte

CÔTÉ SALONS P.44Algérie : Djazagro fête ses 10 ans

avec succèsAlgérie : l’agroalimentaire en plein boom

malgré la corruptionSiagro, Dakar : produire

et consommer sénégalaisTunisie : commerce agricole :

600 rencontres B2B

Des semences de maïs made in Africa. Voilà ce que des grands groupes semenciers internationaux pourraient bien vendre dans les mois ou années à venir. C’est en tout cas une des possibilités offertes par le prochain agrément OCDE des semences de riz et de maïs sénégalaises (voir article p. 9). En clair, ces semences seront certifiées selon les normes internationales et pourront donc être exportées hors d’Afrique, ce qui n’est pas le cas actuellement. Cela dynamisera la filière et les producteurs de semences locaux bien sûr. Cela permettra aussi à des multinationales de trouver une alternative aux semences de contre-saison produites en Amérique latine dans un environnement de plus en plus « génétiquement modifié ». Or, le Sénégal est indemne d’OGM. Bon ou mauvais projet ? Si tout le monde y retrouve son compte…

Bonne lecture à tous.

N°389 - JUILLET-AOÛT 2012

SÉNÉGALDans le couvoir de la Seemaap P. 15

BÉNINL’État reprend le coton P. 22

MAROCDu blé au goutte-à-goutte P. 41

CAMEROUNLe difficile problème de l’alimentation du bétail

LE MOT DE LA RÉDACTION

Afrique AgricultureBIMESTRIELÉditeur : ATC SA au capital de 765 680 . Siret 394 705 792 00114.Gérant : François Grandidier.Abonnement annuel, y compris les numéros spéciaux. France 36 (dont TVA 2,10 %). Dom-Tom, Afrique francophone : 36 (expédition par avion incluse). Au numéro : 6 euros. Versement par chèque en euros payable, si possible sur une banque française ou par mandat poste, à l’ordre de ATC.Éditeur délégué, rédacteur en chef : Antoine Hervé : Tél. +33 (0)1 40 05 23 11 E-mail : [email protected] de la rédaction : Nathalie Ternois.Photographie : Laurent Theeten, responsable image.Conception graphique et secrétariat de rédaction : Pixel Image-ATC.Régie publicitaire : ATC SA : directeur commercial : Mathieu Tournier : Tél. : 01 42 74 28 73 - Fax : 01 42 74 28 35.Chef de publicité : Thomas Mareau : Tél. +33 (0)1 40 05 23 20 - E-mail : [email protected]Éléments techniques publicité : Ophélie MaederATC : BP 90146 - 57004 Metz Cedex 1E-mail : [email protected] de la publication : François Grandidier.Commission paritaire des publications et agences de presse : 0714 T 85079. Tous droits de reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, réservé pour tous pays. Copyright by ATC SA - 1991.Imprimeur : Groupe Socosprint Imprimeurs, 36 route d’Archettes, 88000 Épinal.Siège social : 23 rue Dupont-des-Loges, BP 90146 - 57004 Metz Cedex 1. Tél. : 03 87 69 18 18, fax : 03 87 69 18 14.Dépôt légal : juillet 2012.Principaux actionnaires : FGCI, Idia Participations.Photo de couverture : Albert Douffissa, Antoine Hervé, Fotolia

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N°389 JUILLET-AOÛT 2012SOMMAIRE

Page 4: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

À LA UNE

PAGE 4 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

À l’occasion du sommet du G8 à Camp David les 18 et 19 mai dernier, le président

américain Barack Obama a lancé « la nouvelle alliance mon-diale pour la sécurité alimen-taire et la nutrition ». Cette initiative s’inscrit dans les tra-vaux de l’Union africaine et de son programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) du nouveau partenariat pour le développe-ment de l’Afrique (Nepad).L’objectif affiché est d’accroî-tre la production agricole par les investissements, l’amélioration des rendements, les nouvelles technologies et de sortir 50 mil-lions d’Africains de la pauvreté dans les dix prochaines années. Outre le soutien au Global Agriculture and Food Security Program (GAFSP), pour sécu-

riser des financements sur trois ans à hauteur de 1,2 milliard de dollars, l’initiative compte sur les entreprises privées. Quelque 45 entreprises locales et multi-nationales auraient signé des lettres d’intention pour investir 3 milliards de dollars en Afrique. Parmi celles-ci les américaines Dupont, Monsanto, Cargill, Diago, PepsiCO mais aussi des sociétés indiennes, israéliennes, suisses, norvégiennes et britan-niques ainsi que 20 entreprises africaines, comme Tanseed, entreprise tanzanienne de semences.Une nouvelle alliance qui, en ces périodes de difficultés budgétai-res dans les pays occidentaux, s’appuie donc en partie sur le secteur privé. Un biais contesté par des ONG, comme Oxfam, indiquant que « face au défi de

la lutte contre la faim dans le monde, les pays du G8 ne doi-vent pas tourner le dos à leurs engagements financiers, subs-tituer les financements privés aux politiques publiques et fa-voriser les intérêts de quelques multinationales au détriment des priorités des pays pauvres qu’ils sont censés aider. Les pays du G8 doivent apporter un soutien fort aux politiques agri-coles définies par les pays les plus pauvres, sans quoi le droit

fondamental à l’alimentation demeurera systématiquement nié dans de nombreuses parties du monde. » Les ONG réclament ainsi que les engagements pris lors du sommet du G8 à Aquila en 2009 en faveur de la sécurité alimentaire mondiale soient te-nus, soit les 22 milliards de dol-lars annoncés. En outre, elles s’interrogent sur la pertinence d’une telle approche si elle ne prend pas pleinement en compte les petits producteurs africains.

Sommet du G8

45 entreprises s’engagent à investir 3 milliards de dollars dans l’agriculture africaineParmi ces entreprises, à noter les américaines Dupont, Monsanto, Cargill. Il y a aussi des sociétés indiennes, israéliennes,

suisses, norvégiennes, britanniques et 20 entreprises africaines.

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Les chefs d’États lors du dernier G8.

AFRIQUE

La Banque Mondiale table sur 6 % de croissance

DR

La station alpine de Davos, en Suisse, a accueilli la 42e édition du Forum économique mondial (WEF) du 25 au 29 janvier. Sous le thème « La grande transformation, façonner de nouveaux modèles », le forum a accueilli 1 600 chefs d’entreprises, une quarantaine de chefs d’États et plus de 80 ministres. Dominée par la question de la crise économique mondiale, la rencontre s’est particulièrement intéressée à la situation européenne, continent le plus touché par la récession. Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a estimé que « ce n’est pas seulement une crise de la zone euro, c’est une crise qui peut avoir des effets collatéraux dans le monde entier. Le moment est venu pour qu’une solution soit trouvée ». Le directeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, estime que « la croissance en Europe va être faible au cours des cinq prochaines années et la question essentielle est de savoir si ce sera

seulement pendant cinq ans ou dix ans ». Face à cette situation, de nombreux représentants des pays en développement ont exprimé leurs inquiétudes quant aux conséquences de la crise européenne sur leur croissance. Les représentants des pays africains ont notamment souligné les incidences possibles sur leurs débouchés commerciaux, tout en se félicitant des perspectives de croissance de 6 % d’ici deux ans sur leur continent annoncées par la Banque Mondiale. « Nous pensons être là où l’Inde était au début des années 1990. Nous avons à peu près la même taille de population », a déclaré le Premier Ministre éthiopien, Mélès Zinaw. Durant la conférence, la ministre nigériane de l’Économie, Ngozi Okonjo Iweala, a considéré que « l’Afrique est capable de se nourrir seule », et a insisté sur l’importance d’améliorer les filières de production agroalimentaires pour diminuer les pertes.Source : Lettre Afdi hebdo n° 380

Page 5: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

Planète élevage11-14/09 - Rennes - France

L E S A L O N I N T E R N A T I O N A L D E L ’ É L E V A G ETél. : +33 223 48 28 80 - Fax : +33 223 48 28 81 - [email protected]

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À LA UNE

PAGE 6 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

Dans un avis conjoint sur la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et

en Afrique de l’Ouest, diffusé à l’issue d’une réunion de concertation tenue mi-mars à Abidjan, le Cilss, la FAO, le Pam et Fewsnet1 indiquent que « les déficits céréalier et four-rager au Sahel entraînent des crises localisées qui pourraient s’aggraver si les actions d’at-ténuation engagées ne sont pas renforcées ». L’ensemble de la zone affiche une baisse de la production céréalière de 9 % par rapport à l’année dernière. Se-lon l’AFDI, cette baisse est estimée à 26 % dans le Sahel, dont Gambie (- 56 %), Tchad (- 49 %), Sénégal (- 36 %), Ni-ger (- 31 %), Mauritanie (- 34 %) et Burkina Faso (- 20 %).L’avis souligne que « la situa-tion pastorale reste difficile dans beaucoup de régions en raison du mauvais développe-ment des pâturages, du mauvais remplissage des points d’eau, avec comme conséquence une transhumance précoce et per-turbée ». Malgré un léger tas-

sement, les prix sur les marchés restent élevés. Dans ce contexte, la malnutrition demeure une « question prioritaire et ur-gente », avec 5,7 millions de personnes qui ont besoin d’une assistance immédiate. L’avis conclut qu’« aucune situation de catastrophe alimentaire ou de famine n’est attendue au Sa-hel et en Afrique de l’Ouest, si les interventions des États et leurs partenaires sont davan-tage soutenues ». Le 9 mars, la FAO a lancé un nouvel appel de fonds de près de 70 millions de dollars « pour venir en aide à 790 000 familles prises au piège des crises alimentaires répétées dans la région du Sa-hel en Afrique de l’Ouest ». La FAO estime qu’au moins 15 millions de personnes vivent dans une situation d’insécurité alimentaire dans la région.

(1) Respectivement le Comité permanent In-ter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, le Programme alimentaire mondial et le Système d’alerte précoce contre la famine de l’Agence améri-caine pour le développement international.

Sahel Importants déficits céréaliersLes déficits céréalier et fourrager au Sahel se confirment et entraînent déjà des crises localisées, selon la FAO.

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Le 16 mai, Jyotiraditya Scindia, le ministre indien du Commerce et de l’Industrie, a indiqué que son pays explorait les possibilités de développer des accords de libre-échange avec le continent africain : « Un groupe de travail conjoint a été constitué avec la Comesa (le Marché commun de l’Afrique orientale et australe) pour examiner la faisabilité d’un accord de libre-échange ou d’un accord commercial préférentiel avec l’Inde », a-t-il déclaré. Il a ajouté que des démarches similaires sont en préparation avec d’autres régions africaines, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

LIBRE-ÉCHANGE

L’Inde plus près de l’Afrique

Le Fonds international de développement agricole (Fida) va octroyer un prêt de 9,8 millions de dollars US à la République du Congo pour aider à améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des petits producteurs.Bien que le secteur agricole du Congo emploie près de 40 % de la population économique active, le secteur ne contribue qu’à 6 % environ du produit intérieur brut du pays et guère plus de 2 % des exportations nationales. La production alimentaire nationale ne répondant pas à la demande de la population, les denrées alimentaires sont largement importées.Malgré le riche potentiel agricole du pays et de bonnes précipitations, seuls 2 % des quelque 10 millions d’hectares de terres arables et de pâturages sont exploités. Et pour cause : le secteur pétrolier domine l’économie du pays, alors que la pauvreté continue d’augmenter dans les zones rurales.Avec ce nouveau programme, plus de 3 000 villages et 55 000 familles rurales devraient avoir accès à de meilleures technologies pour l’agriculture et la pêche (production, transformation, stockage, conservation). Le programme vise notamment à réduire l’importation de produits alimentaires, à augmenter les prix aux producteurs locaux et à réhabiliter les routes rurales pour améliorer l’accès aux marchés.Depuis 1983, le Fida a financé sept programmes au Congo pour un montant total de 56 millions de dollars.

RÉPUBLIQUE DU CONGO

9,8 millions de dollars pour l’agriculture et la pêche

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« La situation pastorale reste difficile dans beaucoup de régions en raison du mauvais développement des pâturages, du mauvais remplissage des points d’eau, avec comme conséquence une transhumance précoce et perturbée. »

Page 7: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

À LA UNE

Début mars 2012, la fièvre aphteuse, maladie virale hautement contagieuse qui affecte entre autre les bovins, les porcins et les ovins, a fait sa réapparition dans des pays d’Afrique du Nord. Le 12 mars, la Libye a déclaré à l’OIE un foyer de fièvre aphteuse dans un élevage bovin situé dans la province de Benghazi à l’est du pays, relate Les notes d’alerte du Ciheam de mai 2012. Quelques jours après, l’Égypte a déclaré à son tour plus de 25 foyers dans des villages de 12 gouvernorats situés le long du Nil depuis le Delta jusqu’en Haute-Égypte. Les souches se sont révélé être du sérotype SAT2, un sérotype dit « exotique » en Égypte et en Libye que l’on ne trouvait généralement qu’au sud du Sahara. Le 19 avril, les craintes d’une propagation du virus au Moyen-Orient se sont confirmées avec la découverte d’animaux contaminés dans la ville palestinienne de Rafah, dans la Bande de Gaza, à la frontière avec l’Égypte.

LIBYE, ÉGYPTE

Réapparition de la fièvre aphteuse

Les administrateurs de la Banque Mondiale ont nommé Jim Yong Kim, le

candidat américain, à la prési-dence du Groupe de la Banque Mondiale pour un mandat de cinq ans à compter du 1er juillet. M. Kim, médecin et anthropolo-gue, a indiqué dans un commu-niqué qu’il « ferait en sorte que la Banque Mondiale fournisse des résultats pour soutenir une croissance durable (...) et am-plifier la voix des pays en déve-loppement ». Pour la première fois dans l’histoire de l’institu-tion, plusieurs candidats étaient en lice pour le poste, dont deux représentants des pays en déve-

loppement, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et le Colombien José Antonio Ocampo.Dans le contexte de la succes-sion de Robert Zoellick, l’ac-tuel président de la Banque Mondiale, les pays en dévelop-pement se sont mobilisés pour remettre en cause la règle tacite et informelle selon laquelle les États-Unis occupent la prési-dence de la banque, tandis que les Européens dirigent le Fonds monétaire international (FMI). Ils ne sont toutefois pas parve-nus à présenter et à soutenir une candidature commune.« En ce qui concerne le proces-sus de sélection, il est clair pour

moi que nous avons besoin de le rendre plus ouvert, transpa-rent et fondé sur le mérite. Nous devons faire en sorte de ne pas contribuer à un déficit démo-cratique dans la gouvernance mondiale », a réagi Okonjo-Iweala après la nomination de Jim Yong Kim.

Banque Mondiale

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Jim Yong Kim, le nouveau president.

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FINANCEMENT

Une banque brésilienne se lance en AfriqueLe 3 mai, la banque brésilienne d’investissement Banco BTG Pactual a lancé le plus important fonds d’investissement pour l’Afrique, rapporte La Lettre Afdi n° 394. Doté de 1 milliard de dollars, il supplante le fonds Hélios dont la valeur avoisine les 900 millions de dollars. « Ce sera le plus grand fonds d’investissement du pays avec un focus spécial sur le continent africain », selon Andre Esteves, le président de la banque. Il ajoute que la création de ce fonds est « une démonstration de l’énorme confiance que le Brésil a en cette région du monde ». Le continent africain présente des indicateurs macro-économiques favorables à l’investissement, et notamment une dette représentant 59 % du produit intérieur brut (PIB) et une inflation moyenne de 8 %. Le fonds devrait investir prioritairement dans les infrastructures, l’énergie et l’agriculture.

PAGE 7 JUILLET-AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

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Page 8: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

À LA UNE

PAGE 8 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

De Kribi à Limbe, en pas-sant par Edéa, Douala, Ngaoundéré, pendant une

semaine, du 24 mai au 1er juin, le Dr Taïga, ministre de l’Éle-vage, des Pêches et des Indus-tries animales (Minepia) depuis décembre, a passé en revue les principaux problèmes qui en-travent la bonne marche du secteur de l’élevage, en appor-tant des appuis, en procédant à la mise en place des différentes filières ou en réhabilitant cer-taines structures longtemps en veille. À Kribi, au Sud, le mi-

nistre a remis du matériel de pêche aux pêcheurs et des por-celets aux éleveurs des porcs ; il a aussi procédé à la mise en place de la nouvelle structure faîtière nationale des éleveurs de porcs. Dans la région du sud-ouest à Limbe, le Dr Taïga a présidé le comité de pilotage de l’Institut des arts et métiers nau-tiques et de la pêche du Came-roun. À Douala, il a présidé les conseils d’administration de la CDPM (Caisse de développe-ment de la pêche maritime) et de la Midepecam (Mission de

développement de la pêche du Cameroun), structure en veille depuis 7 ans. Il a aussi visité le laboratoire d’analyse des den-rées alimentaires situé dans l’enceinte de la délégation ré-gionale du Minepia à Mboppi et le projet pilote d’aquaculture intensive en circuit fermé, dans le quartier Logbaba à Bassa. Ce périple a pris fin le 1er juin par la campagne de vaccination lancée mercredi à Ngaoundéré, région de l’Adamaoua.

SILAS BAYEBANE

CamerounLes bonnes œuvres du ministre TaïgaLe ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales a effectué une tournée de travail dans les services extérieurs

de son département fin mai. Notre correspondant l’a suivi.

Les représentants de producteurs agricoles du monde entier ont tenu leur 4e Forum paysan au siège du Fonds international du développement agricole (Fida) à Rome, fin février.Cette année, ce forum s’est penché sur les liens entre la lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et le développement agricole durable. Les 92 leaders des organisations paysannes ont convenu de la nécessité d’aborder conjointement les défis mondiaux liés à l’insécurité alimentaire et au changement climatique. Les petits paysans des pays en développement souffrent le plus des changements climatiques et de la dégradation des ressources naturelles. Ils vivent et tirent leurs moyens de subsistance dans les milieux les plus vulnérables au monde sur le plan environnemental et climatique. L’augmentation des incertitudes, les nombreux changements climatiques, la pénurie d’eau, l’érosion et la baisse de fertilité des sols ajoutée à une salinisation accrue des terres arables minent la production agricole dans de nombreux pays en développement. « Les solutions aux défis liés aux changements climatiques et l’amélioration d’un environnement durable ne sont pas uniquement une question de technologies, mais également de politiques plus adaptées », explique Jean-Philippe Audinet, qui dirige le travail du Fida avec le Forum paysan.Le Forum paysan est né en 2005 pour institutionnaliser un dialogue entre les petits exploitants et les producteurs ruraux, le Fida et les gouvernements des États membres.

ROME

Le changement climatique au cœur du quatrième Forum paysanLes autorités chinoises ont annoncé à l’occasion du Forum sur la

coopération commerciale sino-africaine, le 19 mai, que les échanges commerciaux agricoles entre la Chine et l’Afrique ont augmenté de 40,2 % entre 2010 et 2011 et qu’ils ont été multipliés par 7,7 depuis 2001. D’après la Lettre Afdi (n° 396), le volume de ces échanges a atteint 4,78 milliards en 2011 : la Chine a exporté vers les pays africains 2,45 milliards de dollars de produits agricoles, soit une hausse de 35,7 % entre 2010 et 2011. Et, elle a importé d’Afrique 2,33 milliards de denrées agricoles en 2011, soit une augmentation de 45,2 % sur un an.

COMMERCE AGRICOLE

Toujours plus d’échanges entre la Chine et l’Afrique

DR

Page 9: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

PAGE 9 JUILLET-AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

À LA UNE

Sénégal

Des semences aux normes internationalesLes semences de maïs et de riz sénégalaises devraient être agréées aux normes OCDE d’ici fin 2012. Cela permettra

l’exportation de ces semences. Et cela permettra aussi de trouver une alternative à la production de contre-saison en

Amérique du Sud en proie aux OGM pour les semenciers européens.

Le Sénégal va être le pre-mier pays d’Afrique de l’Ouest à être ainsi agréé :

après deux ans de travail, il devrait obtenir son agrément OCDE pour la production de semences de maïs et de riz - dans un premier temps ? - d’ici fin 2012. C’est en tout cas le souhait partagé de Amadou Moustapha Djigo, le président de la Fédération des producteurs de semences sé-négalais, de François Burgaud, le directeur de l’Interprofes-sion française des semences et partenaire du ministère de l’Agriculture sur ce dossier, de François Dobbelaere, diri-geant d’une entreprise semen-cière française au Sénégal et de Aliou Dia, député à l’As-semblée nationale et président du mouvement « Force pay-sanne ». Les quatre hommes s’étaient retrouvés le 9 mai dans un restaurant de Dakar pour présenter l’état d’avan-cement des travaux de cette

mise aux normes à la presse sénégalaise et internationale. « Cette mise aux normes in-ternationales des semences sénégalaises de maïs et de riz comporte trois avantages, a expliqué François Burgaud. Cela permettra d’abord de poursuivre l’amélioration de la qualité des semences sénégalaises. Cela permettra aussi au Sénégal de jouer un rôle de leader dans la mise en œuvre de la réglementation harmonisée de la Cedeao et d’exporter ses semences sur le marché européen. »François Dobbelaere a de son côté parlé de « cercle ver-tueux ». « Une semence de qualité permet une production de qualité », a-t-il dit. Avant d’expliquer que ces meilleu-res productions permettront aux producteurs sénégalais de « dégager un meilleur re-venu ». Et que ce dernier per-mettra au producteur sénéga-lais « d’investir dans son outil

de travail et dans ses produc-tions pour alimenter le marché intérieur ou extérieur. »L’agrément devrait aussi profiter aux entreprises de semences internationales, et notamment européennes, puisqu’elles pourront produire

de la semence à contre-saison dans un pays indemne d’OGM contrairement à l’Amérique du Sud qui, jusqu’ici, fait figure d’eldorado aux pieds d’argile dans cette production de se-mences de contre-saison.

A. HERVÉ

De gauche à droite : François Dobbelaere, François Burgaud, Aliou Dia et Amadou Moustapha Djigo.

A. H

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DÉVELOPPEMENT

Syngenta investit 500 millions de dollars en AfriqueSyngenta a annoncé, le 18 mai, son intention de développer ses activités en Afrique pour les porter à un chiffre d’affaires de 1 milliard de dollars d’ici une dizaine d’années.« L’Afrique est devenue une région d’une importance stratégique pour notre entreprise, explique Mike Mack, le directeur général de l’entreprise de produits phytosanitaires, parmi les leaders mondiaux du secteur (plus de 26 000 personnes dans une centaine de pays). Notre ambition est de contribuer à transformer l’agriculture africaine dans le cadre d’une approche associant paysans, terre et technologie. Notre objectif est d’augmenter la productivité et de réduire la pauvreté. »

Syngenta annonce qu’elle investira « plus de 500 millions de dollars » et « recrutera plus de 700 nouveaux employés avec un haut niveau de spécialisation en agronomie ».Le groupe bâlois indique aussi qu’il « mettra en place des réseaux de distribution, d’infrastructures logistiques et d’unités locales de production pour permettre aux petits producteurs et aux grandes exploitations d’accéder plus aisément à la technologie ». L’objectif du groupe est de « toucher plus de 5 millions de producteurs » et de « réaliser des gains de productivité d’au moins 50 % pour les 10 prochaines années ».

Page 10: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

Le 1er juillet marque l’entrée en vigueur du nouvel accord agricole entre le Maroc et

l’UE. Ratifié le 16 février par le Parlement européen, cet ac-cord lèvera 55 % des droits de douane sur les produits agri-coles en provenance du Maroc au lieu de 33 % actuellement et 45 % des droits de douane

des produits en provenance de l’UE sur une période de dix ans contre 1 % actuelle-ment. Ainsi, sur les marchés des 27, les contingents de to-mates marocaines passeront de 233 000 t à 285 000 t, à l’ho-rizon 2014. Les exportations de clémentines arrivent en se-conde position avec 175 000 t

Droits de douane

L’accord Maroc- UE entre en vigueurAu 1er juillet, le nouvel accord agricole entre le Maroc et

l’Union européenne devrait booster les exportations maro-

caines et consolider le partenariat Maroc-UE.

AHMED OUAYACH

« Cet accord est équilibré »Président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural, la Comader, Ahmed Ouayach trouve que les résultats de cet accord sont « satisfaisants ».

« Les professionnels marocains ont été associés de manière indirecte aux négociations sur l’accord agricole entre le Maroc et l’Union européenne. Et les résultats sont satisfaisants. À mon avis, la dernière mouture de cet accord validé en février par le Parlement européen est équilibrée. Elle porte des mesures de libération maîtrisées en matière de produits

agricoles pour les deux partenaires. Il y avait au départ des réticences de la part des professionnels étant donné que le Maroc devrait protéger son agriculture, ses denrées de première nécessité, notamment les céréales qui constituent l’essentiel des superficies agricoles au Maroc. Il était aussi question de protéger d’autres secteurs comme les viandes rouges, l’aviculture, l’agro-industrie, les conserves, le sucre et le lait. Et l’objectif est à mon avis est atteint. Le second objectif atteint étant l’amélioration des exportations, notamment les tomates, la fraise, les agrumes, l’huile d’olive, les fruits et les légumes. Et là, le Maroc s’en sortira bien puisqu’il a commencé la diversification de ses produits exportables depuis cinq ou six

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À LA UNE

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ans. Outre l’amélioration de nos quotas à l’export sur le marché européen, cet accord permet aussi l’amélioration des exportations européennes vers le Maroc dans un cadre maîtrisé et la baisse des droits de douanes appliqués à l’entrée de ces produits de part et d’autre. Il reste aujourd’hui, à voir en tant que professionnel le document officiel de cette dernière mouture de l’accord agricole liant le Maroc et l’Union européenne. Il faut aussi s’adapter à la nouvelle donne et de fait, renforcer la mise à niveau de notre agriculture pour faire face à cette ouverture dans les deux sens. L’accord devrait par ailleurs donner une impulsion au Plan Maroc Vert. »

Recueilli par Amal Bami

Des augmentation de quotas pour les produits « sensibles »

Comparaison des termes du nouvel accord agricole par rapport à l’actuel accord pour ce qui est des produit soumis à quotas et à prix d’entrée

Tomate Courgette Concombre Ail Clémentine Fraise

Contingent actuel 213 000 t 20 000 t 6 200 t 1 120 t 142 700 t 100 t

Ce qui est prévu pour la 1re année du

nouvel accord

253 000 t

+ 19 %

50 000 t

+ 150 %

15 000 t

+ 140 %

1 500 t

+ 34 %

175 000 t

+ 22 %

4 600 t

+ 450 %

Ce qui est prévu à partir de la 5e année

du nouvel accord

285 000 t+ 34 %

56 275 t+ 180 %

16 883 t+ 172 %

--

--

--

Source : ministère de l’Agriculture

contre 130 000 t aujourd’hui. La même tendance haussière est enregistrée pour d’autres produits, tels que le concom-bre (de 5 600 t à 15 000 t), la courgette verra son volume d’exportation doubler, soit de 25 000 t à 50 000 t. Les exporta-tions d’ail passeront de 1 000 t actuellement à 1 500 t, tandis que de nouveaux contingents sont autorisés comme pour la fraise (3 600 t en avril). L’ac-cord agricole profite également aux produits européens qui accéderont plus facilement au marché marocain, notamment pour les produits comme le lait et ses dérivés, le blé, la viande bovine et ovine. En tout, pour le Maroc, 67 % de son offre agricole, en valeur, sera immé-diatement libéralisée après la ratification, sauf pour les six produits « sensibles » que sont la tomate, l’ail, la clémentine, la fraise, le concombre et la courgette qui seront soumis à des quotas améliorés. 98 % de son offre agro-industrielle

sera immédiatement libérali-sée, de même que 100 % de ses produits de la pêche. Pour l’UE, ce sont 67 % des produits agricoles, 92 % des produits de l’agro-industrie et 90 % des produits de la pêche qui ne su-biront plus aucune restriction. En chiffres, cela représentera, selon le ministère de l’Agricul-ture et de la pêche Maritime, un gain immédiat net de 1 milliard DH (MM DH) pour le Maroc, correspondant à la différence entre le gain réel qui est de 1,7 MMDH et les retombées des concessions accordées à l’UE de 700 millions DH. L’accord permettra un gain fiscal de près de 285 MDH dès la première année de son application dans la mesure où les opérateurs éco-nomiques marocains devront économiser 362 MDH en droits de douane à la faveur des condi-tions préférentielles et que les exportateurs européens auront à débourser 77,3MDH de moins. C’est gagnant-gagnant…

AMAL BAMI

À LA UNE

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C’est un signe ! La moi-tié de la conférence de presse du 5 mai tenue

par le ministre de l’Agricul-ture tunisien Mohammed Ben Salem a été consacrée aux dossiers de corruption exami-nés par l’Inspection générale du ministère. Ces dossiers se rapportent à des dépassements, aux détournements de fonds ou à la mauvaise gestion. Ils concernent différentes direc-tions générales du ministère de l’Agriculture y compris le cabinet du ministre. Les délits révélés ont eu lieu avant la ré-volution.Au total le ministre a fait état de 42 dossiers et 12 ont été transmis aux instances judi-ciaires compétentes. « C’est le début d’une longue lutte contre une corruption qui était répandue à tous les niveaux et dont les frais étaient payés par les régions les plus défavori-sées », a souligné le ministre. À titre d’exemple, 2 millions

de dinars ont été prélevés sur le budget d’un projet japonais destiné au boisement forestier dans les gouvernorats de Kas-serine, Kef et Siliana au profit du palais présidentiel de Car-thage du temps du président déchu. Une autre somme de 1,2 million de dinars, qui était destinée à effectuer des travaux de conservation des eaux et du sol dans d’autres régions dés-héritées, a été détournée pour faire les mêmes travaux mais dans un lot de terre dédié au fils du président déchu dans une zone touristique à Sousse.Au cours de cette conférence de presse, le ministre a fait sa-voir que l’Inspection générale au ministère de l’Agriculture a ouvert 27 dossiers de cor-ruption concernant le cabinet du ministère de l’Agriculture et plusieurs directions géné-rales et centrales, relevant du ministère, ainsi que de certaines sociétés agricoles. Ben Salem a par ailleurs an-

noncé l’interdiction de l’utili-sation des voitures administra-tives (145 voitures), relevant de toutes les directions générales, en dehors des horaires admi-nistratifs. Il a passé en revue des dossiers de corruption concernant certaines direc-tions générales telles que celle

des forêts ou les dépassements s’élèvent à plus de 6,5 millions de dinars selon les estimations de l’Inspection générale du ministère. Parmi les illégalités dénichées, l’achat de tracteurs d’une très haute puissance dont deux ont été mis à la disposi-tion de l’ancien directeur de la

Tunisie

Traque à la corruptionDu détournement d’un budget japonais à l’octroi illicite de crédits, le ministre de l’Agriculture fait état de 42 dossiers

de corruption dont 12 ont été transmis aux instances judiciaires compétentes.

À LA UNE

PAGE 12 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

Vendredi 11 mai, le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a approuvé les « directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale », rapporte la Lettre Afdi (7 au 13/5). Le texte, ayant fait l’objet de consultations et de négociations entre pouvoirs publics, secteur privé et société civile depuis trois ans, a finalement été adopté par 124 pays. Ces directives non contraignantes mettent particulièrement en avant la protection et la reconnaissance des droits informels sur le foncier, l’accessibilité des systèmes administratifs des terres, les droits des populations autochtones ou encore l’importance de

la transparence des procédures d’investissement. « L’accord des pays sur ces toutes premières directives mondiales sur une gouvernance des régimes fonciers représente une percée historique », a estimé le directeur général de la FAO, José Graziano Da Silva. Les ONG présentent au sein du CSA se sont également réjouies de l’adoption du texte tout en regrettant que les États ne soient pas obligés de le respecter. L’absence de caractère contraignant semble néanmoins avoir facilité les négociations puisque les pays de l’Union Africaine, qui disposaient déjà de leur propre texte, et la Chine, premier pays investisseur en matière de foncier, paraissaient réticents en début de discussions. À partir de ces directives, la FAO devrait préparer à présent des outils techniques permettant aux pays de les adapter à leurs contextes locaux.

FAO

124 pays adoptent des directives foncières

Mohammed Ben Salem, ministre de l’Agriculture tunisien, veut faire la chasse à la corruption en agriculture.

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garde présidentielle du président déchu, Ali Seriati qui les exploitait gratuitement dans sa ferme. Le ministre a relevé, par ailleurs, que le secteur de l’aviculture était aussi touché par la corruption. En fait, une ex-directrice générale de la société tuni-sienne avicole (Sotavi) s’est fait octroyer un salaire mensuel supplémentaire sans l’autorisation des autorités de tutelle. Par ailleurs, à Ras El Aiin, pour camoufler une mauvaise gestion, le directeur du centre avicole a procédé à la destruction illicite de 286 000 œufs et à la falsification de documents.

Dissolution d’un conseil

d’administration

Bien que positive pour les uns, les initia-tives du ministre de l’Agriculture demeu-rent aux vues de certains encore insuffi-sante, ne comblant pas encore toutes leurs attentes. Car, disent-ils, d’autres dossiers plus cuisants touchant aux groupements interprofessionnels, à l’Office des terres domaniales et à l’Office des céréales n’ont pas été ouverts.Au sujet du dossier de la Coopérative centrale des services agricoles et des grandes cultures (CCSAGC), Ben Sa-lem a précisé qu’elle a consommé plus de mille fois son capital et que ses dettes à l’Office des céréales (OC) s’élèvent à plus de 270 millions de dinars. Cependant son conseil d’administration, qui vient d’être dissous, a refusé d’admettre son échec et a continué à décaisser des primes au profit de ses membres. Le ministre a souligné, qu’en dépit de ses difficultés financières la coopérative n’a pas cessé de payer des salaires élevés et des primes allant jusqu’au 18e mois de salaire. Les membres du conseil d’administration ont participé à sa ruine en s’approvisionnant en semences et autres intrants qu’ils ne payaient semble-t-il pas, et en s’octroyant illégalement des crédits.Le ministre a enfin mis l’accent sur la nécessité de faire preuve de rigueur en-vers les responsables impliqués dans les dossiers de corruption financière et ad-ministrative appelant à changer de men-talités et de comportements vis-à-vis des biens publics. « Quiconque détient des informations, fondées et vérifiables sur des affaires de corruption est prié de les communiquer à l’Inspection générale » a annoncé le ministre en ajoutant que « c’est à elle qu’incombe la tache de trouver les preuves d’inculpation ».

AMJED BA

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 14 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

Qu’elle est la situation zoosanitaire en Algérie aujourd’hui ?

Mohamed Dahmane : Pour le moment, elle est satisfaisante. Tous les cas des maladies du cheptel couramment signa-lées1 sont bien pris en charge. À noter l’apparition d’une ma-ladie qui n’est pas commune en Algérie : la bronchite équine. Mais elle a été bien prise en charge.

Qu’en est-il du contrôle des prix du médicament vétérinaire ? Est-ce un aspect qui préoccupe la profession ?

M. D. : En Algérie, il n’y a pas de problèmes pour le contrôle des prix des médicaments vé-térinaires car cela n’est pas nécessaire. Effectivement, sur notre marché, il existe une concurrence accrue qui per-met une certaine régulation. Globalement donc, cet aspect n’est pas un sujet de préoccu-pation comme pour d’autres pays africains.

Dans le domaine du médicament vétérinaire, existe-il des problèmes de contrefaçon en Algérie ?

M. D. : Effectivement, le problème de la contrefaçon a été constaté aussi en Algé-rie. Il concerne une filière de contrebande qui n’a pas encore été localisée, opérant à partir de toutes les frontières, no-tamment celles avec le Sahel. Les médicaments vétérinaires contrefaits sont en circulation sur le marché algérien, mais nous ne disposons pas encore de chiffres estimatifs.

Comment jugez-vous l’évolution de la profession de vétérinaire, que ce soit du secteur public ou privé ?

M. D. : Cet aspect comporte deux volets. Pour les vétéri-naires du secteur public, il y a une nette amélioration de leur situation socioprofes-sionnelle avec l’adoption, le 28 avril 2010, de leur statut particulier et l’élaboration du régime indemnitaire en 2011. Le deuxième volet concerne les vétérinaires du secteur privé. Là, la situation reste critique. Il n’y a aucune amé-lioration. Cela est lié surtout au blocage du projet de création d’un ordre vétérinaire.

Justement, qu’en est-il de cet ordre vétérinaire ?

M. D. : Le blocage est maintenu par le ministère. Je vous rap-pelle qu’en 2006, la profession a entamé une organisation gé-nérale. Trois avant-projets d’or-dre vétérinaire ont été élaborés à l’initiative du SNVFAP, de l’ANV (Association nationale vétérinaire) et d’un groupe de vétérinaires du secteur privé. Actuellement, ils sont tous dans le tiroir du ministre. Le SNV-FAP compte réactiver bientôt ce dossier avec énergie.

Comment évolue le projet d’autonomie des services vétérinaires du secteur public ?

M. D. : L’organisation se pour-suit. Globalement, le vétérinaire du secteur public souffre tou-jours d’un manque de moyens (transport, failles dans la com-munication, manque d’instru-ments de travail…). Nous espé-rons remédier à cette situation

par l’aboutissement du dossier de proposition d’autonomie des services vétérinaires que nous avons déposé, en février 2012, au ministère de l’Agri-culture. Ces propositions visent à l’amélioration de l’exercice de la médecine vétérinaire dans le secteur public. Il s’agit no-tamment de faire bénéficier de plus d’autonomie pour ces vé-térinaires. Ils disposeront d’une direction de wilaya, au lieu de dépendre des Directions des services agricoles de wilaya. Cela facilitera leur activité en réglant les problèmes de man-que de moyens et d’entraves dans leur pouvoir de décision.

Le mandat sanitaire pose-t-il problème ?

M. D. : Non, il ne pose pas de problème concernant la vaccination du cheptel. Cette opération est à la charge des vétérinaires du secteur privé depuis 2008 et cela se passe pour le mieux. À noter que les vétérinaires du secteur public ont été sollicités pour effec-tuer un rétrocontrôle. Ils ont refusé car la base de l’éthique médicale vétérinaire repose sur la confiance et l’entraide

entre tous les médecins vété-rinaires. Reste que le mandat sanitaire est détenu par le mi-nistère de l’Agriculture (vac-cination du cheptel, contrôle des abattoirs…). Il pose le problème de la différence d’autorité entre les vétérinai-res du secteur public recrutés par le ministère de l’Agricul-ture, dépendants de la Direc-tion des services agricoles et ceux recrutés par le ministère de l’Intérieur, dépendants des Bureaux d’hygiènes commu-naux. Ces derniers ne pouvant bénéficier de la même autorité que leurs collègues des DSA, que ponctuellement, dans le cadre de missions spécifiques. À ce niveau, il y a un problème que notre syndicat étudie pour le solutionner.

SARA BENABDELAZIZ

(1) : D’après les derniers bilans de la situation zoosanitaire publiés par les pouvoirs publics, les principales maladies au sein du cheptel algé-riens sont : la Blue Tongue (fièvre catarrhale du mouton), la clavelée, la brucellose et la tuberculose bovine, la brucellose caprine, les pathologies avicoles (salmonelloses), les patholo-gies apicoles (varoase, loque améri-caine et européenne) et la rage.

DR MOHAMED DAHMANE, PRÉSIDENT DU SNVFAP

« En Algérie aussi, nous avons des médicaments contrefaits »Président du syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l’administration publique (SNVFAP), le Dr Mohamed Dahmane décrypte la situation zoosanitaire et l’organisation de la profession de vétérinaire dans son pays.

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Dr Dahmane Mohamed, président du syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l’administration publique (SNVFAP) : « La contrefaçon concerne une filière de contrebande qui n’a pas encore été localisée. »

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 15 JUILLET-AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

SÉNÉGAL

Dans le couvoir de la SeemaapAvec une capacité de 100 000 poussins d’un jour par semaine, 7 000 à 8 000 œufs à couver par jour et 600 tonnes d’aliments pour volailles produits chaque mois, la Seemaap fait figure de poids lourd dans le paysage avicole sénégalais.

Francklin Noël Jaovelo, directeur technique de la Seemap : « Nous produisons 7 000 à 8 000 œufs à couver chaque jour ».

d’ li t

Dans le groupe Seemap/Fappo, le grand patron se montre discret avec la

presse. Pourtant, cet importateur de pétrole a monté une belle en-tité agricole à Pout, à une soixan-taine de kilomètres au nord-est de Dakar, au Sénégal.Bovins, volailles, moutons, chèvres, autruches, abattoir de poulets, jusqu’à un élevage d’oiseaux, sa passion : tout y est pour constituer une exploitation agricole performante et exporta-trice. Sans oublier les 250 ha de terre et les cultures de bananes, sorgho, riz et autres céréales destinées à la vente ou à l’ali-mentation des animaux. L’ali-ment est fabriqué dans l’usine… de la maison à raison de 3 t/h. Il complète le maïs, les farines de poisson et autres tourteaux d’arachide et de soja importés d’Europe ou d’Amérique du Sud. Tout cela sans compter les six forages de 150 à 300 m de profondeur qui alimentent l’exploitation. Forages creusés par… la société de forage du groupe.

En aviculture, l’entité s’appelle Seemaap comme Société d’ex-ploitation de l’entreprise des minéraux, des acides aminés et des prémixes. Créée en 2007, elle offre aujourd’hui une ca-pacité de production d’environ 100 000 poussins d’un jour par semaine (élevage maison plus importations) et 7 000 à 8 000 œufs à couver par jour sans compter la production occasionnelle de poulets de chair (42 jours). Résultat : cette entreprise arrive en deuxième position des élevages avicoles sénégalais en matière de pro-duction de poussins d’un jour. Il est vrai loin derrière la Sedima avec sa vingtaine d’incubateurs et sa capacité de chargement de plus de 17 millions d’œufs par an.Mais force est de constater que la ferme monte en puissance. Il n’y a qu’à faire le tour du propriétaire. Quatre bâtiments aux équipements dernier cri sortent de terre. « Dès mi-2013, ils pourront accueillir une production supplémentaire

de 20 000 œufs à couver par se-maine », explique notre hôte du jour. Les bâtiments sont « dy-namiques ». L’ambiance est contrôlée par une armoire élec-trique (température, hygromé-trie, ventilation, brumisation). La fabrication est, pourrait-on dire, « cosmopolite » : les équipements sont allemands, espagnols, français, hollan-dais, sud-africains… Quant aux dirigeants de la Seemaap, ils sont aussi « cosmopolites » : le gérant est français. Les deux directeurs sont… malgaches. Ce couple de vétérinaires, formé au Sénégal et ayant effectué des stages en France, dirige une équipe de six personnes dont trois vétérinaires et un respon-sable des approvisionnements. « Ici, le poulet de chair est une bonne spéculation car c’est en-core la viande la moins chère », explique le docteur Francklin Noël Jaovelo, le directeur technique de la Seemaap. Sa femme, le docteur Fara Ra-talala, directeur commercial,

évoque de grosses périodes de vente « pendant le Ramadan et les fêtes de Noël et du nouvel an ». En quittant les lieux, nous passons devant un autre bâti-ment en construction : « C’est un centre de formation », montre Francklin Noël Jaovelo. L’édu-cation et le social, en plus de la technique et de la production, sont effectivement toujours les bienvenus...

ANTOINE HERVÉ

A. H

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

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PAGE 16JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

I ntroduits récemment au Maroc, les petits fruits sont constitués d’espèces

arbustives fruitières comme le groseillier, le cassissier, le framboisier, le myrtillier et le mûrier. Cultivées dans les zones tempérées froides et humides, ces espèces ont pris une importance grandissante ces dernières années en raison des possibilités d’extension de leurs cultures dans les zones à climat à hivers doux, comme les pays du bassin méditerra-néen. Parmi ces espèces, trois sont particulièrement prisées par les producteurs-exporta-teurs des fruits en raison de

la demande mondiale grandis-sante, il s’agit du framboisier (Rubus idaeus), du mûrier (Rubus spp) et du myrtillier (Vaccinum sp.) qui s’adaptent parfaitement aux conditions agroclimatiques du Maroc. Elles y sont d’introduction récente, et constituent une excellente alternative pour diversifier la production frui-tière dans certaines régions, notamment le Gharb et le Loukkos. Comme pour la fraise, la myrtille, la framboise et la mûre sont parmi les pe-tits fruits les plus appréciés par les consommateurs euro-péens, les clients traditionnels

du Maroc et également par le marché américain. Elles sont exportées sous forme fraîche ou transformées moyennant les mêmes infrastructures et les mêmes circuits de com-mercialisation que la fraise et leurs prix sont parmi les plus élevés sur le marché mondial des fruits et légumes. À noter que bien que plusieurs pays européens soient produc-teurs de petits fruits, leurs pro-ductions n’arrivent sur le mar-ché qu’à partir de juin-juillet. Pendant le reste de l’année, l’approvisionnement se fait à partir du Chili, du Mexique et plus récemment de l’Espagne.

Le Maroc cherche alors à se faire une place sur le marché européen sur la période de no-vembre à avril. Et ce même en présence d’autres concurrents de taille, car sa proximité avec l’Europe lui confère un avan-tage considérable par rapport aux pays de l’Amérique latine. Il est aussi compétitif par rap-port à l’Espagne en raison du faible coût de la main-d’œuvre et peut aisément profiter des infrastructures déjà existantes pour le conditionnement et la transformation de la fraise pour booster la filière des pe-tits fruits.

AMAL BAMI

MAROC

Petits fruits, filière d’avenir…Le groseillier, le cassissier, le framboisier, le myrtillier et le mûrier ont de plus en plus la côte. Ils sont prisés par les producteurs-exportateurs des fruits en raison de la demande mondiale grandissante.

MAROC

Partenariat public-privé : nouvelle tranche de 20 000 ha La quatrième tranche du partenariat public-privé autour des terres agricoles du domaine privé de l’État, lancée en juin, porte sur près de 20 000 ha.

F in juin a été donné le coup d’envoi de la quatrième tranche du partenariat

public-privé autour des terres agricoles du domaine privé de l’État. Cette tranche concerne une assiette foncière d’envi-ron 20 000 ha. Elle est carac-térisée, selon le ministère, par la prédominance des petits et moyens projets (de moins de 20 à 100 ha). Ils représenteront près de 90 % du nombre total de projets prévus pour cette tran-che. Celle-ci vient enrichir le partenariat public-privé autour des terres agricoles qui a couvert, au terme de ses trois tranches, une superficie globale de près de 95 000 ha répartis sur 560 pro-jets. Les investissements prévi-

sionnels pour les trois tranches devraient porter sur 22 milliards DH, dont 9 MDH seront réser-vés aux investissements dans les unités agro-industrielles.La Commission interminis-térielle chargée du partenariat public-privé autour des terres agricoles note un bon avance-ment de la première tranche notamment pour les superfi-cies consacrées aux agrumes et oliviers. Néanmoins, parmi les 163 projets lancés dans le cadre de cette première tranche, 12 en-registrent un retard en matière de réalisation des investissements. Ils font l’objet de résiliation des conventions de partenariat les concernant et le retrait des terres conformément aux pro-

cédures contractuelles prévues. La commission a adressé des avertissements à 30 projets qui connaissent une évolution moyenne. Elle a promis aussi de régler les problèmes des attribu-taires des projets de la 3e tran-che qui n’arrivent pas encore à accéder aux terres en raison de

leur occupation par les ex-loca-taires. Ces attributaires n’ayant pas complété leurs dossiers sont considérés comme ayant désisté. Résultat : l’ensemble du foncier, objet du désistement, sera versé dans le patrimoine foncier de la 4e tranche du partenariat.

AMAL BAMI

Cette ferme, près de Fès, fait partie de cette nouvelle tranche. D

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 17 JUILLET-AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

L a filière maraîchère de primeurs assure une pro-duction de 6,74 millions

de tonnes sur une superficie moyenne de 260 000 ha. Les cultures maraîchères de saison produisent plus de 5 millions de tonnes de divers fruits et légu-mes et permettent de satisfaire les besoins du marché local en légumes de toutes saisons. Elle contribue au renforcement des exportations agricoles notam-ment en légumes de contre-sai-son et à l’approvisionnement des unités agro-industrielles en légumes destinés à la conser-vation et à la transformation. De leur côté, les cultures de primeurs (hors saison) occu-pent une superficie moyenne de 30 000 ha localisées le long du littoral atlantique allant de La-rache à Safi et dans les plaines de Souss-Massa. Elles assurent une production totale de près de 1 500 000 t de fruits et légu-mes, dont 580 000 t exportées vers l’Union européenne, la Russie et l’Amérique du Nord et depuis peu vers l'Afrique de

l’Ouest subsaharienne. Elles se caractérisent par la prédomi-nance de la tomate (61 % de la production), suivi de la pomme de terre ainsi que par sa diversi-fication naissante (haricot vert, courgette, poivron, piment fort, fraisier, melon, etc.). Pour Sa-mir Tazi, membre du bureau de l’Association des producteurs et exportateurs des maraîchers et primeurs Aspem, les résul-tats à l’export sont aujourd’hui mitigés. « Globalement, les ex-portateurs ont changé leurs ap-proches commerciales. Ils sont plus présents sur les marchés et développent un commerce de proximité pour mieux répondre aux clients et mieux gérer les fluctuations des marchés », ex-plique-t-il. Il précise aussi que la filière maraîchère est en bonne santé. « Grâce à la stratégie nationale du Plan Maroc Vert (PMV) nous sommes en train de travailler sur la mise à niveau des producteurs maraîchers. Nous sommes en phase finale, car les campagnes de sensi-bilisation et de vulgarisation

sont finies. Aujourd’hui, nous sommes à la phase de l’agré-gation des producteurs autour d’entités viables comme stipulé dans le cadre du PMV… », ajoute-t-il. Ceci étant, la filière est, actuellement, fortement li-mité par le manque d’eau dû à la forte concentration des produits à haute valeur ajoutée (100 % export) essentiellement dans le Souss. À cela s’ajoutent le coût élevé des facteurs de production

et l’insuffisance de la recherche appliquée. Les quotas imposés par l’Union européenne et les prix d’entrée assortis de pé-nalités en cas de non-respect du seuil, mettent également la filière en mauvaise posture sur-tout que ce marché concentre l’essentiel des exportations ma-rocaines. La campagne passée, l’UE a absorbé plus de 92 % des expéditions de primeurs.

AMAL BAMI

MAROC

Les résultats mitigés des cultures maraîchères de primeurLes cultures maraîchères de primeurs (saison et hors saison) occupent 4 % de la surface agricole utile et participe à hauteur de 20 % du chiffre d’affaires agricole. Elle est limitée par le coût élevé des facteurs de production et les quotas imposés par l’UE.

INITIATIVE

Maroc, Inde et légumineusesEn marge du dernier Salon Siam, le Maroc et l’Inde ont signé une convention pour développer leurs productions respectives de légumineuses. Déficitaires en la matière, ces deux pays souhaitent augmenter de 15 à 20 % leurs productions de lentilles, fèves et autres plantes à nodosités d’ici 2016. Pour l’heure, le Maroc cultive 370 000 ha de légumineuses, soit environ 5 % de sa SAU. Le rendement moyen est de 6,2 quintaux/ha, largement améliorable selon les spécialistes. Le projet est censé toucher 10 000 agriculteurs au Maroc, en plus de la création d’une dizaine d’entreprises d’agri-business. Le Maroc importe, pour l’instant, 350 000 quintaux de légumineuses et en exporte 70 000 quintaux.

La tomate représente 61 % de la production maraîchère du Maroc.

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 18 JUILLET-AOUT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

C es pénuries de maïs plombent notamment la filière avicole. Certains

aviculteurs ne savent plus à quel Saint se vouer pour nour-rir leurs animaux. « Ce pro-blème est poignant, explique François Djonou, secrétaire général de l’interprofession avicole du Cameroun. Les aviculteurs n’achètent plus les poussins et les poulets se vendent de moins en moins, certains accouveurs vont même jusqu’à étouffer les poussins au couvoir. »Concernant en grande partie les petites exploitations avi-coles du pays, le projet maïs du Minader, le ministère de

l’Agriculture et du Dévelop-pement rural, n’arrive pas à couvrir les besoins nationaux estimés à environ 700 000 ton-nes. L’État a même accordé, ces dernières années, des sub-ventions à l’interprofession avicole pour l’importation de ce précieux sésame afin de désamorcer cette crise. Mais, malgré toutes ces me-sures, le problème ne trouve pas encore de solutions. Ces derniers temps, le prix du kg de maïs oscille entre 225 et 235 FCFA.François Djonou, directeur de l’entreprise Socavb, société spécialisée dans la produc-tion des poussins d’un jour et

CAMEROUN

La pénurie de maïs inquiète les éleveursLe Cameroun connait depuis cinq ans de graves pénuries de maïs, produit qui rentre à plus de 60 % dans la composi-tion des aliments des animaux. Les éleveurs sont inquiets. Heureusement, des solutions, telle que la ferme Agrobio, se mettent en place.

Travaux de déforestation à la société Agribio.

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

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secrétaire général de l’inter-profession avicole du Came-roun (Ipavic), tente de relever ce défi en lançant un vaste projet de culture de maïs dans le département du NDE, ré-gion de l’ouest du Cameroun sur une superficie d’environ 3 000 ha. Il ambitionne même d’étendre cette superficie à 5 000 ha dans les cinq années à venir.Autre projet : Agribio. Cette exploitation agricole se lance dans la culture intensive du maïs. Les travaux de terras-sement ont démarré en fé-vrier 2012. « Avec la création de cette exploitation agricole de deuxième génération, on espère que le poulet sera à la portée de toutes les bour-ses au Cameroun dans les jours qui viennent », explique François Djonou, le Directeur d’Agribio.

Deux récoltes par an

« Étant moi-même aviculteur, je vis ce problème au quoti-dien, continue-t-il. Avec ce projet, je suis convaincu qu’il y aura un début de solution dans la crise du maïs dans notre pays », poursuit-il l’air rassurant. Le choix a été porté sur un maïs à très haut rende-

ment d’origine sud-africaine. Il peut produire 8 tonnes à l’hectare selon le fournisseur. Pour rendre optimale la pro-duction, un projet de mise en place d’un système d’irriga-tion est en vue pour arriver à obtenir deux récoltes par an avec une moyenne de 6 t/ha, soit 36 000 t par an. Cela devrait apporter un début de solution à la filière avicole du Cameroun.

Tracteurs, bineuses et semoirs

François Djonou a recruté un expatrié français bien impli-qué dans l’agriculture tropi-cale. Celui-ci a commencé par la déforestation pour la mise en place de l’exploitation. Plus de 650 ha sont déjà mis en valeur et 150 autres prêts au labour et au semis. Deux agro-nomes font partie de l’équipe. Le projet aura à sa tête un Sud-Africain. Un service de montage et de maintenance des équipements sera mis en place. Une convention a été si-gnée avec les firmes italiennes pour former des maintenan-ciers et conducteurs.Côté financier, la Socavb fi-nance l’exploitation Agribio à près de 60 %. Il y a aussi d’autres partenaires locaux tels Propme, un organisme financier qui soutient les PME camerounaises, la CBC et le gouvernement.Côté matériel, les négocia-tions pour l’acquisition d’un équipement moderne avec deux firmes italiennes sont bien avancées, dont l’une (Same Deutz) a déjà livré des tracteurs de 75 ch et 165 ch. L’autre fournira notamment des bineuses et semoirs. Agri-bio a aussi tendu la main au gouvernement camerounais pour l’acquisition d’une mois-sonneuse. Les négociations sont en cours. Le Minpla-dat (ministère du Plan et de l’aménagement du territoire) soutient aussi le projet, nous a confié le directeur d’Agribio.

SILAS BAYEBANEDR

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L'actualité DES FILIÈRES

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C ette mission a été confiée à l’Institut gabonais d’ap-pui au développement

(Igad) qui développe et struc-ture un groupe cible de maraî-chers urbains professionnels. L’un des axes du projet sera d’identifier et de suivre les données économiques des dif-férents bassins de production et de réappliquer la démarche dans les différentes provinces du pays. Objectif : amorcer un développement agricole local puis favoriser l’accroissement de l’approvisionnement des marchés urbains en produits frais locaux à partir d’une agri-culture sédentaire et protectrice du milieu.

Développer un tissu agricole périurbain

Cette démarche devrait favo-riser à court et moyen terme l’émergence de producteurs

agricoles privés dans les zones périphériques des marchés ur-bains et l’amélioration de leur revenu.

Des ateliers pilotes de transformation du manioc

Les résultats attendus sont : 217 exploitations agricoles supplémentaires dans les zones périurbaines (120 maraîchers, 81 vivriers et 16 élevages) ; une production additionnelle générée pour la production ma-raîchage : 660 tonnes, vivrière : 740 tonnes et viande… Mais aussi 400 producteurs enca-drés ; 1 004 personnes formées et 1 500 exploitants appliquant le système de culture sur plan-tes de couverture.Les objectifs du projet sont de développer un tissu agri-cole périurbain de type privé à partir d’une agriculture séden-taire et protectrice du milieu,

mais également d’augmenter l’approvisionnement des mar-chés urbains en province, par-ticulièrement de Tchibanga, Makokou et Koulamoutou, en produits frais locaux. Ce projet est le prolongement des activités du Projet d’appui au développement de l’agricul-ture périurbaine (Padap) dans les trois provinces non prises en compte par le financement de l’Agence française de déve-loppement (AFD).L’Igad s’attellera à installer trois ateliers pilotes de transfor-mation de manioc au profit des femmes et mettra en place 3 pé-rimètres maraîchers de 15 ex-ploitations chacun, 45 emplois directs seront créés, 594 tonnes de produits maraîchers addi-tionnels pourront être produi-

tes. En outre, 180 personnes seront formées.

ANTOINE LAWSON

GABON

Des axes pour développer l’agriculture périurbainePour pallier son insuffisance alimentaire, le Gabon vient de mettre au point des systèmes de production sédentarisés grâce au Projet d’appui au développement de l’agriculture périurbaine (Padap). Objectif : toucher la population urbaine pour qui l’agriculture constitue un complément de revenu indispensable.

LIBREVILLE ABRITE PLUS DE 50 % DE LA POPULATION

Explosion démographiqueLe Gabon est situé au cœur du bassin forestier du Congo. Il évolue dans un environnement préservé, mais qui subit une pression croissante sur les ressources environnementales. Le pays connaît également une explosion démographique qui doit être prise en compte dans le développement de son agriculture. L’immigration et l’exode rural sont importants : 85 % de la population réside en ville. La capitale, Libreville, abrite plus de 50 % de la population, une tendance qui s’accentue depuis 1993.

1993 2008 2020

Gabon 1 014 976 1 500 000 1 924 828

Libreville 419 596 750 000 1 209 850

Libreville/Gabon 41 % 50 % 63 %

LAIT, VIANDE, CÉRÉALES…

Un pays très dépendant des importationsLa forte dépendance du Gabon aux importations alimentaires a créé une inflation importante. 250 Mds de Fcfa en produits alimentaires importés en 2008. L'influence est plus ou moins forte selon les produits.

On constate un déficit de production important en viande, céréales et produits laitiers.

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Manioc Banane Légumes Viandes Céréales Lait Œufs Sucre

Production locale Importations

L’Igad s’attellera à installer trois ateliers pilotes de transformation de manioc au profit des femmes.

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L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 21JUILLET - AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

À Libreville, il est prévu de créer 3 périmètres maraîchers ; 113 exploitations maraîchères ; 9 périmètres vivriers ; 46 exploitations vivrières ; 30 indépendants maraîchers ; 70 indépendants vivriers ; 66 élevages et un atelier de transformation de manioc.

À Oyem et Bitam (nord du pays) : 1 périmètre agricole ; 3 exploitations maraîchères ; 1 exploitation vivrière ; 10 indépendants maraîchers ; 15 indépendants vivriers ; 13 éleveurs indépendants ; 11 élevages ; 7 ateliers de transformation de manioc.

À Lambaréné (centre du Gabon) : 1 périmètre maraîcher ; 8 exploitations maraîchères ; 2 indépendants vivriers ; 2 élevages

À Port-Gentil (ouest du Gabon) : 1 périmètre maraîcher ; 25 exploitations maraîchères ; 32 indépendants maraîchers ; 4 éleveurs indépendants ; 10 vivriers.

À Mouila et Lebamba (est du Gabon) :

1 périmètre maraîcher ; 10 exploitations maraîchères ; 1 périmètre vivrier ; 10 exploitations vivrières ; 2 éleveurs indépendants ; 15 vivriers à Lébamba.

À Tchibanga (est du Gabon) : 1 périmètre maraîcher ; 10 exploitations maraîchères ; 1 atelier de transformation de manioc ; 2 vivriers indépendants.

À Makokou (sud-est du Gabon) : 1 périmètre maraîcher ; 10 exploitations maraîchères ; 5 indépendants vivriers ; 1 atelier de transfo manioc.

À Koulamoutou (sud-est du Gabon) : 1 périmètre maraîcher ; 10 exploitations maraîchères ; 5 exploitations vivrières ; 1 atelier de transformation de manioc.

À Franceville (sud-est) : 1 périmètre maraîcher ; 10 exploitations maraîchères ; 1 élevage volaille ;

À Okondja (sud-est) : 1 périmètre maraîcher ; 5 exploitations maraîchères.

À Moanda (sud-est) : 1 périmètre maraîcher ; 5 exploitations maraîchères ; 1 élevage de volaille.

Le Projet d’appui au développement de l’agriculture périurbaine a été lancé en 2004. Le financement a été réalisé par l’Agence française de développement et l’État gabonais.

État gabonais 733 M Fcfa

Pret AFD 3 870M FcfaSubvention AFD et MAE 340 M Fcfa

Total 4,943 Mds FcfA

APPUI AU DÉVELOPPEMENT

Igad : bien mais peut mieux faire…Créé en juin 1992 pour développer le tissu agricole périurbain de type privé, approvisionner les marchés urbains en produits frais locaux et valoriser les potentialités agri-coles et para-agricoles du Gabon, L’Institut gabonais de l'Appui au développement (Igad), membre du réseau Agrisud International, pré-sente un bilan honorable, même s’il peut mieux faire. L’Igad en 2011, c’est 40 collaborateurs ; une inter-vention sur les 9 provinces du Ga-bon ; 2 projets en cours (Prodiag et Afop). Les bailleurs de fonds sont publics : l’État gabonais, l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et privés (fondations, entreprises…).Le bilan des actions menées par l’Igad peut se résumer ainsi :

1 200 TPE agricoles familiales depuis 1992

2 000 emplois durables Nette amélioration des revenus

(deux à trois fois), pérennité de l’activité, autonomie économique et sociale.La vocation de l’Igad est d’insé-rer dans le circuit économique des personnes en situation de précarité, en les aidant à devenir des petits entrepreneurs, en particulier dans le domaine agricole. Cela permettra de contribuer à la sécurité alimen-taire par la création de très petites entreprises ancrées sur des marchés porteurs. C’est aussi une approche agro-écologique. Cette alternative privilégie une agriculture durable, respectueuse de l’environnement, économiquement performante et socialement porteuse de dévelop-pement et d’équité. Ces actions menées à travers le pays per-mettent d’apporter des réponses d’ordre technique pour concilier la productivité, la faible pression sur l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles (eau, sol, plante).

DANS TROIS DES NEUF RÉGIONS

Un projet d’extension en maraîchageL’État gabonais envisage également de mettre en place un Projet extension maraîchage dans trois des neuf provinces : Nyanga, Ogooué Ivindo et Ogooué Lolo avec pour lignes directrices :

développer un tissu agricole périurbain de type privé à partir d’une agriculture sédentaire et protectrice du milieu ;

augmenter l’approvisionnement des marchés urbains de Tchibanga, Makokou et Koulamoutou en produits frais locaux. Ce projet est le prolongement des activités du Padap dans les trois provinces non prises en compte par le financement de l’AFD. Ainsi, au bout du compte seront créées :

217 exploitations agricoles supplémentaires dans les zones périurbaines (120 maraîchers, 81 vivriers et 16 élevages) ;

une production additionnelle générée pour la production. Maraîchage : 660 tonnes, vivrière : 740 tonnes et viande : 85 tonnes ;

400 producteurs encadrés ; 1 004 personnes formées ; 1 500 exploitants appliquant le système de culture sur plantes de couverture.

DE LIBREVILLE À FRANCEVILLE

Les créations agricoles par région

AFD, ÉTAT, MINISTÈRES

Un financement tri-partite

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L'actualité DES FILIÈRES

C hangement de tai l le dans la filière béninoise de coton. À la surprise

générale, les autorités ont annoncé, fin avril, la reprise en main du secteur jusque-là

BÉNIN

L’État reprend le cotonFace aux soupçons grandissants de détournement des subventions d’intrants agricoles, le gouvernement a décidé de reprendre en main la gestion de la filière coton confiée jusque-là au secteur privé.

géré par des acteurs privés. Désormais, « l’État va as-surer lui-même la mise en place des intrants coton par les structures centrales et dé-centralisées du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche avec l’appui des préfets, des maires et de l’armée », indique le com-muniqué du 30 avril.Cette décision fait suite aux

soupçons grandis-sants de détour-

n e m e n t d e subventions a g r i c o l e s destinées à la campagne c o t o n n i è r e

qu i v i en t de commencer. En

effet, sur la base d’un décret signé

en 1999, la gestion de la filière coton est confiée aux opérateurs

privés, notamment l’Association inter-professionnelle du coton (AIC) et la Centrale de sécuri-sation des paiements

et de recouvrements (CSPR). Les respon-

sables de ces structures sont accusés de mauvaise

gestion des 12 milliards de francs CFA de subventions

pour des intrants agricoles accordées

par l’État au titre de la cam-pagne cotonnière 2012-2013. Plusieurs semaines après le début de la campagne, les engrais, fertilisants et autres insecticides n’étaient tou-jours pas acheminés dans les champs, suscitant la colère des cotonniers et la prise en main du dossier par l’État. Pointés du doigt, les responsables de ces structures réfutent tout détournement et imputent la responsabilité à l’État.

Retour à la case départ

L’affaire préoccupe les Bé-ninois car le coton reste la principale source de devise du pays. Il contribue à plus de 70 % des recettes d’ex-portation. Le retour du coton aux mains de l’État n’est pas un fait nouveau. Avant les

années 1990, les pouvoirs publics avaient entièrement à charge la gestion de cette filière, mais ils ont dû la li-béraliser dans le cadre de la mise en œuvre des réformes préconisées par la Banque Mondiale. Dans ce sens, un décret, signé en 1999, insti-tuait le transfert de l’appro-visionnement des intrants agricoles coton aux privés.Force est de constater que les résultats de cette libéra-lisation qui visait à redyna-miser le secteur et à réduire les coûts des interventions de l’État sont mitigés. Le secteur peine toujours à redécoller véritablement. Les résultats de la campagne 2010-2011

ont certes redonné espoir aux producteurs en raison d’un léger bond de la pro-duction qui s’est établie à 150 000 tonnes. Toutefois, ce bilan reste bien loin de celui des années glorieuses où le pays produisait 350 000 t/an en moyenne.Au regard de la nouvelle donne, beaucoup s’interro-gent sur l’avenir de la filière coton béninoise. S’il est pour l’heure difficile de sa-voir de quoi demain sera fait, beaucoup estiment qu’il est quasiment impossible pour le Bénin d’atteindre son ob-jectif initial de doubler la production au terme de la compagne en cours.De son côté, l’État n’a pas donné l’impression d’avoir exclu définitivement les ac-

teurs privés de la gestion de la filière du coton. Il pré-cise dans son communiqué qu’il entend mettre en place « un cadre de discussion dans une vision partenariat public-privé pour la filière coton. »En attendant, le temps presse. Les producteurs attendent avec impatience que les en-grais leur soient acheminés. Les superficies emblavées dépendant fortement des dis-ponibilités d’engrais, il faut agir vite pour éviter que la campagne agricole ne soit un fiasco, comme le craignent nombre d’acteurs de la filière de l’or blanc.

DIGO AKAKPO-AHIANYO

Désormais, l'État va assurer lui-même la mise en place des intrants via les structures

du ministère de l'Agriculture.

Force est de constater que les résultats de cette libéralisation qui visait à redynamiser le secteur et à réduire les coûts des interventions de l’État sont mitigés. Le secteur peine toujours à redécoller véritablement.

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L'actualité DES FILIÈRES

AFRIQUE DE L’OUEST

La production générale de coton augmenteSelon l’USDA, si les événements climatiques ont affecté les superficies cultivées et les rendements, la production de coton de cette campagne d’Afrique de l’Ouest « pourrait être trois fois plus importante que le niveau de production de l’année dernière ». Dans cette mouvance, le nouvel agenda régional 2011-2020 pour le coton comporte cinq objectifs dans la zone de l’UEMOA : améliorer la productivité de l’industrie du textile/coton ; améliorer la qualité ; soutenir le développement et la promotion du coton et des textiles sur les marchés régionaux et internationaux ; développer la transformation locale de fibre de coton et enfin, encourager le développement et la promotion des graines de coton.La production a connu une augmentation considérable au Mali, significative en Côte-d’Ivoire et au Burkina Faso, tandis qu’elle baissait au Tchad et au Sénégal.

PAGE 23 JUILLET - AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

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La production a connu une augmentation considérable au Mali, significative en Côte-d’Ivoire et au Burkina Faso.

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Dans une interview accordée à Jeune Afrique mi-mars, et rapporté par la Lettre Inter-réseaux, le directeur de la Société burkinabé des fibres textiles (Sofitex), Jean-Paul Sawadogo défend la politique d’ouverture aux OGM menée par la Sofitex. Cette prise de position pro-OGM fait du Burkina Faso une exception en Afrique. Jean-Paul Sawadogo met notamment en évidence la

moindre pénibilité du travail et des effets positifs sur l’environnement. Pour lui, le coton OGM « ne nécessite que deux traitements phytosanitaires par hectare, contre six à huit pour une semence classique ». Le directeur de la Sofitex n’hésite pas à affirmer que « si cela ne tenait qu’à eux, les producteurs cultiveraient du coton transgénique à 90 % ». Affaire à suivre…

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P lacé sous la présidence du ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire, M. Mamadou Sangofowa Coulibaly,

cet atelier a enregistré la participation des responsables de réglementations et d’homo-logation du comité sahélien des pesticides (Cilss), de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Comité phytosanitaire d’Afrique centrale de la Cemac, et de IFDC-MIR Plus chargé de la mise en œuvre du projet commun de la Cedeao et de l’Uemoa pour l’harmoni-sation des réglementations phytosanitaires. L’atelier a bénéficié de la contribution des spécialistes en réglementations de CropLife AME1 et de CropLife International, des re-présentants des associations nationales de la zone AOC de CropLife AME, du Cole-cap-Pip, des représentants d’organisations internationales et locales telles que la coo-pération allemande (GIZ), IFDC-1000+ et le Firca.Les échanges ont porté sur le besoin de ren-forcer le partenariat public-privé en vue de promouvoir une gestion saine et responsable des pesticides afin d’en maximiser les avan-tages et d’en minimiser les risques. L’atelier a reconnu la responsabilité partagée de tous les acteurs dans la gestion des pesticides. Ainsi les réglementations phytosanitaires en AOC quelque peu dépassées bénéficient de l’initiative globale « Principes de réglemen-tations (PdR) » de CropLife International pour une amélioration dynamique, ce qui les positionnerait aux standards internatio-naux de l’UE, des USA, du Japon et du Canada. Les autorités réglementaires ont

identifié des faiblesses dans les systèmes actuels et proposé des axes d’amélioration à travers des actions conjointes à mener par les autorités réglementaires, l’industrie et la société civile.

UN APPEL AUX AUTORITÉS

L’atelier a lancé un appel aux autorités ré-glementaires pour la mise en œuvre effective de telles réglementations basées sur les PdR. Lesquelles contribueront à la promotion des droits de propriété intellectuelle pour la pro-tection des patentes, des marques, des don-nées, secrets d’affaires et droits d’auteur.M. Éric Bureau, PCA de CropLife AME a indiqué le « besoin vital et crucial pour des procédures d’homologation transparentes et la nécessité de faire respecter les régle-mentations en place par tous et pour tous les produits, afin de stimuler les investisse-

ments dans les innovations en protection des cultures ». Cet appel découle des récentes proliférations de pesticides contrefaits et illégaux dans les pays AOC entraînant des préoccupations grandissantes du fait des risques pour la santé humaine et l’environ-nement ainsi que des pertes financières et économiques pour les États.L’atelier a également discuté du besoin de collaboration pour les activités stewardship visant à promouvoir la lutte intégrée et l’uti-lisation responsable des pesticides, le code de conduite international, la gestion des em-ballages vides et des stocks obsolètes, ainsi que la gestion de la résistance aux pestici-des. Dr Rudolf Guyer, Directeur Général de CropLife AME, a invité les associations na-tionales membres de CropLife à « se struc-turer et se renforcer pour se positionner en leadership dans lesdites activités ».

BAMA O. YAO, CROPLIFE AME, [email protected]

(1) : CropLife AME est une organisation profes-sionnelle représentant les sociétés R-D opérant en Afrique et au Moyen Orient dans le domaine des pesticides agricoles des semences et bio-technologie. Elle est représentée dans plus de 30 pays par des associations nationales. Les sociétés membres sont Arysta LifeScience, BASF, Bayer CropScience, Cheminova, Dow AgroSciences, Dupont, FMC, Monsanto, SIPCAM-Oxon, Su-mitomo Chemicals et Syngenta. Elle est affiliée à la fédération mondiale CropLife International dont la mission est de promouvoir la contribution des produits de la protection des végétaux et des biotechnologies pour une agriculture durable et la production alimentaire.

AFRIQUE DE L’OUEST ET CENTRALE

CropLife défend l’excellence phytosanitaireCropLife Afrique Moyen Orient (AME) a tenu son atelier annuel de la zone Afrique de l’Ouest et centrale (AOC) les 24 et 25 avril à Abidjan en Côte d’Ivoire. L’enjeu : rechercher l’excellence en réglementations phytosanitaires à travers la collaboration entre le gouvernement et l’industrie.

M. MAMADOU SANGOFOWA COULIBALY

« Renforcer la formation et l’éducation »Durant cet atelier, le ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire M. Mamadou Sangofowa Coulibaly, reconnaissant les faiblesses des systèmes réglementaires actuels et du contrôle de conformité sur le marché, a promis des réformes visant à améliorer lesdits systèmes. Le ministre a par ailleurs insisté sur l’importance de la collaboration pour « renforcer la formation, l’éducation et la prise en compte des préoccupations des producteurs dans les politiques de distribution des pesticides » ce qui favoriserait « l’émergence d’une agriculture entrepreneuriale et contribuerait à limiter l’utilisation de pesticides frauduleux, soutenant ainsi les efforts de l’administration à lutter contre ce crime organisé ».

Les participants autour du ministre de l’Agriculture de Côte d’Ivoire M. Mamadou Sangofowa Coulibaly.

PUBLI-RÉDACTIONNEL

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

PAGE 25 JUILLET - AOUT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

C omme Fodé Traoré, pré-sident de l’Union des so-ciétés coopératives de la

zone ODRS, ils sont de plus en plus nombreux à se plain-dre de la « désertification » des rizières.Sélingué, lundi 12 mars, 11 heures : le directeur général de l’ODRS, Ousmane Maïga, et ses collaborateurs se pré-parent à lancer la campagne de contre-saison. Non sans un grand pincement au cœur. C’est Fodé Traoré qui, dans sa courte intervention, exprime cette « amertume » : « nous sommes ici au lancement de la campagne de contre-saison. Mais nous avons un sérieux problème de ressources humai-nes. Tous nos bras valides sont partis dans la mine d’or et cette année, nous devons puiser au plus profond de nos ressources pour produire le riz. Nous en appelons aux chefs des villages et aux élus communaux, afin qu’ils sensibilisent les jeunes et les femmes. Sans eux, nous allons vers une catastrophe ».

« Fermer la mine »

Le sous-préfet de la localité lui emboîte le pas. « Depuis le mois de décembre, nous ne cessons de lancer des appels aux bras valides qui ont aban-donné les périmètres irrigués. Cela nous inquiète, et nous sommes tous interpellés par le retard observé par rapport au calendrier. Nous continuerons à organiser des rencontres de sensibilisation, pour que les gens comprennent que nous al-lons à la mort de la production rizicole ». Plus radical, le chef du village des pêcheurs deman-dera aux dirigeants de l’ODRS

de « retirer les parcelles à ceux qui les ont abandonnées et de fermer la mine, afin que les gens reviennent à la terre ».

Association Benkadi : l’espoir

Le manque criard de ressour-ces humaines à Sélingué, Nfa Boubakar Dravé le vit au jour le jour. « J’exploite une par-celle de 0,50 ha. Dans une saison normale, je récolte 40 sacs. Mais la dernière campa-gne ne m’a permis d’en avoir que 37. Aujourd’hui, notre plus grand problème est celui des travailleurs. Nous n’en avons pas, car la mine d’or a tout ra-flé. Souvent nous sommes obli-gés d’aller chercher des gens ailleurs », affirme-t-il. M. Dravé ajoute « avant, pour repiquer 0,50 ha, on payait 20 000 Fcfa. De nos jours, les prix oscillent entre 25 000 et 30 000 Fcfa. Cela nous oblige à faire travailler nos enfants qui, du coup, ne peu-vent plus aller normalement à l’école ». M. Dravé en a deux, de 6 et 3 ans, qui sont pleine-ment engagés dans les travaux champêtres.

Dans la période sombre que traversent les périmètres irri-gués de Sélingué, l’Association Benkadi, dirigée par Sata Kéïta, fait preuve de bravoure et d’ob-jectivité. De bravoure, car les

femmes qui composent cette association ont décidé, contre vents et marées, de parcourir plus de 6 km par jour et de tra-vailler d’abord la terre avant de se consacrer à toute autre activité. D’objectivité, car ces femmes estiment « qu’avant la ruée vers l’or, il y avait le riz. Et c’est ce riz qui a donné à la localité sa valeur ». « Je demande à toutes les femmes, et surtout à nos enfants, de venir nous rejoindre. Si nous cessons de cultiver, même ceux qui cherchent de l’or n’auront pas à manger. Je voudrais aussi ajouter que cet or, que cer-taines personnes croient très important, ne nous rapporte

de l’argent que pour un court laps de temps. Alors que nos périmètres, nos rizières, sont là pour la vie », a lancé Sata Kéïta. Plus techniquement, le DG Ousmane Maïga a expliqué que

la campagne de contre-saison 2012 procède de la volonté de l’ODRS « d’organiser au mieux la production agricole, de manière à renfoncer la sé-curité alimentaire des ména-ges à revenus faibles ». C’est pourquoi l’ODRS s’est attelé à lancer un programme spécial maraîchage, il y a deux mois. Le DG a, en outre, insisté sur « la bonne organisation de la contre-saison du riz dans la zone de Sélingué ». Une sai-son qui porte sur 1 000 hecta-res environ, pour une produc-tion attendue de 6 000 tonnes, soit 6 tonnes à l’hectare, en moyenne.

PAUL MBEN

MALI

Main-d'œuvre : les mines d’or concurrencent l’agricultureDepuis plusieurs mois, les périmètres irrigués de l’Office de développement rural de Sélingué (ODRS) sont vides. Raison : les mines d’or avoisinantes attirent plus les bras valides.

« Si nous cessons de cultiver, même ceux qui cherchent de l’or n’auront pas à manger. Je voudrais aussi ajouter que cet or, que certaines personnes croient très important, ne nous rapporte de l’argent que pour un court laps de temps. Alors que nos périmètres, nos rizières, sont là pour la vie », selon Sata Kéïta.

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jectivité. De bravoure, car les Ousmane Maïga a expliqué que

« Avant, pour repiquer un demi-hectare de riz, on payait 20 000 Fcfa, maintenant, les prix

oscillent entre 25 000 et 30 000 Fcfa », Nfa Boubakar Dravé, agriculteur à Sélingué.

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

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A près avoir abandonné du-rant plusieurs années le secteur du cacao, le Ni-

geria affiche depuis 2005 sa vo-lonté de relancer la production grâce, notamment, à la mise en place d’un programme de re-nouvellement des cacaoyers. De 160 000 t en 2006-2007, la production est passée à 210 000 t en 2007-2008. Pour la prochaine campagne, elle est attendue une hausse d’environ 15 %. L’ambition du pays est d’atteindre 600 000 t en 2012. Pour réaliser cet objectif, le gouvernement nigérian, par le biais de la banque centrale, vient de débloquer 131,5 mil-liards de nairas, soit un peu plus de 800 millions de dollars qui seront prêtés aux planteurs qui produisent en quantité com-merciale et qui sont inscrits au ministère de l’Agriculture et du développement rural.

Miser sur l’agriculture

Selon le rapport 2011 de la Banque centrale du Nigeria CBN, 105,5 milliards de nai-ras (662 millions de dollars) ont été prêtés à 122 agricul-teurs qui sont en train de cor-donner 148 projets agricoles. Aussi 26 des 36 États de la fédération ont bénéficié d’un prêt de 26 milliards de nairas (163 millions de dollars) à hauteur d’un milliard de nairas par État. Les États bénéficiai-res sont : Adamawa, Anambra, Bauchi, Enugu, Gombe, Kebbi, Kogi, Imo, Kwara, Nasarawa, Niger, Ondo, Sokoto, Taraba, Zamfara, FCT, Akwa Ibom, Rivers, Plateau, Edo, Kano, Benue, Bayelsa, Ogun, Cross River and Osun. Cet argent servira à finan-cer les coopératives et autres organisa t ions agr ico les dans ces différents États.

À l’instar du gouvernement fédéral, plusieurs États de la fédération consacrent près de 20 % de leur budget au déve-loppement agricole. C’est le cas de l’État du delta, dans le Sud (un des États de la région pétrolière) dont le gouverneur Emmanuel Uduaghan a dé-caissé 1,2 milliard de nairas, quelque 7 millions d’euros, pour relancer l’agriculture.

Rompre avec la forte dépendance du Nigeria au pétrole

Un fonds de développement agricole de 100 millions de nairas, soit 600 000 euros a été mis en place en décembre dernier. Le directeur des fonds, Ben A. Okobaroh, estime que plus de 4 000 paysans ont été sélectionnés pour être formés et ont bénéficié des microcrédits pour un meilleur rendement, l’engrais est subventionné à hauteur de 65 %, 200 moto-cyclettes ont été distribuées à quelques paysans. L’État d’Ondo dans le Sud-Ouest a mis l’accent sur la pro-duction du cacao en mettant en état trois usines de traitement de cacao. Il a même lancé une campagne sur le thème « man-ger du chocolat ». Pour la cam-pagne 2010-2011, quatorze des 36 États de la fédération ont produit 173 000 tonnes de cacao sur environ 750 000 hec-tares. Dans le but de doubler cette production pendant la campagne 2011-2012, un Co-mité national de développe-ment du cacao (NCDC) a été mis en place. Ce comité prévoit la distribu-tion gratuite d’insecticide aux paysans et de faire passer les surfaces plantées à 1 million d’hectares dans les dix prochai-nes années. L’État d’Osun, tou-

NIGERIA

Le cacao revitFace aux troubles sociaux qu’entraîne le pétrole qui constitue plus de 85 % de ses exportations, le Nigeria a entrepris, depuis quelques années, d’explorer d’autres pistes, dont la relance de la filière cacao…

Après avoir abandonné durant plusieurs années le secteur du cacao, le Nigeria affiche depuis 2005 sa volonté de relancer la production grâce, notamment, à la mise en place d’un programme de renouvellement des cacaoyers.

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ALGÉRIE ANGOLA BENIN BURKINA FASO BURUNDI CAMEROUN CAP-VERT CENTRAFRIQUE COMORES CONGO CÔTE D'IVOIRE DJIBOUTI ETHIOPIE GABON GAMBIE GUINÉE GUINÉE-BISSAU GUINÉE-EQUATORIALE MADAGASCAR MALI MAROC MAURITANIE MOZAMBIQUE NIGER NIGERIA OUGANDA RWANDA SAO TOMÉ SÉNÉGAL SOUDAN TANZANIE TCHAD TOGO TUNISIE ZAIRE

L'actualité DES FILIÈRES

jours dans le Sud-Ouest, a aussi mis le cap sur la culture du cacao en injectant dans le secteur près de 2 millions d’euros.À l’origine de cet engagement sans précédent des autorités ni-gérianes, la série de crises traver-sées par ce pays de 920 000 km2 qui dispose de 79 millions d’hectares de terre arable et surtout les violences dans le Delta du Niger, la riche région pétrolière du Sud, qui, dans le passé, ont affecté la production nationale d’or noir mettant à mal l’économie du Nigeria. C’est pourquoi l’État fédéral a com-mencé à investir beaucoup plus dans l’agriculture qui assurait 70 % du produit national brut (PNB) avant le boom pétrolier des années 1970. Dès 1999, l’ancien président Olusegun Obasanjo décidait de rompre la forte dépendance de son pays au pétrole en diversi-fiant l’économie par la restruc-turation du secteur bancaire, la libéralisation de la filière des télécoms, etc. Pour soutenir le secteur agricole, il avait pris des mesures plus strictes pour interdire l’importation de cer-tains produits agroalimentaires (huiles, riz, produits à base de café et de cacao, etc.), avait fait redémarrer la banque de déve-loppement agricole, négligée sous les régimes précédents. Son successeur, Yar’Adua (2007-2010), a creusé le même sillon, en mettant entre autres l’accent sur la recherche agronomique. L’objectif était d’accroître la production pour atteindre l’autosuffisance ali-mentaire et exporter les surplus. Cependant le président Goo-dluck Jonathan qui a succédé à Yar’Adua en 2010, après le décès de ce dernier, a décidé de mettre un accent particulier sur la culture de cacao afin que l’agriculture retrouve sa place d’antan au Nigeria.Mais la Cocoa Processors As-sociation of Nigeria (Copan) interpelle le gouvernement depuis plusieurs années sur les difficultés du secteur de la trans-

formation au Nigeria qui souffre notamment du coût élevé des fèves de cacao et des coupures d’électricité. D’environ 18 uni-tés de transformation d’une capacité de 200 000 t en 1986, elles ne sont plus que quelques-unes, et transforment moins de 40 000 t par an.

La Copan pointe du doigt la dé-régulation du secteur avec des prix au producteur déterminé par les prix internationaux du cacao et de la fluctuation du naira. Les prix internationaux élevés du cacao ont conduit à une hausse de plus de 50 % du prix domestique sur les cinq dernières années, conduisant plusieurs unités de transforma-tion à fermer. Un autre point de grief réside les délais de paiement de l’Export Expansion Grant (EEG). Cette dernière est une incitation fi-nancière accordée par le gou-vernement pour favoriser les exportations non pétrolières et la transformation locale. Face à cette situation, la Copan estime que les unités de transformation pourraient délocaliser leur pro-duction, à l’image de Cargill qui a quitté le Nigeria il y a trois ans pour s’implanter au Ghana avec une unité d’une capacité de 60 000 tonnes. Néanmoins, Multi-Trex, basé à Lagos, pré-voit d’augmenter sa capacité de broyage à 60 000 t dans les 12 prochains mois pour alimen-ter en produits transformés les marchés asiatique, américain, sud-africain et ouest-africain, mais aussi pour produire sa pro-pre branche de boisson à base de cacao.

DAOUDA ALIYOU

p

Le président Goodluck Jonathan a décidé

de mettre un accent particulier sur la culture

de cacao afin que l’agriculture retrouve

sa place d’antan au Nigeria.

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CamerounCOUP DE

PROJECTEUR

AU SOMMAIRE30 ■ L’alimentation du bétail, problème n° 1

31 ■ Un fléau nommé Bokassa grass

32 ■ D’autres plantes sont aussi nuisibles aux pâturages

34 ■ La fin des pâturages de l’Adamaoua... et de ceux soudano-sahélien

36 ■ Certains animaux en arrrivent à manger du… plastique

Le difficile problème de l’alimentation

du bétailPAR LE DR ALBERT DOUFFISSA,

VÉTÉRINAIRE

LE 10 MAI DERNIER, S’EST TENU À L’HÔTEL DJEUGA PALACE DE YAOUNDÉ, UN ATELIER DE VALIDATION DE L’ÉTUDE DEVANT CONDUIRE À L’ADOPTION D’UN CODE PASTORAL. LE PROCESSUS DEVRAIT SE CONCRÉTISER PAR L’ADOPTION D’UNE LOI ET DE DEUX OU TROIS DÉCRETS D’APPLICATION AFIN D’IMPRIMER UNE ÉVOLUTION ENCADRÉE DU PASTORALISME ET DE L’ÉLEVAGE DES ANIMAUX DE RENTE, SPÉCIALEMENT CEUX QUI DÉPENDENT DE LA TERRE. L’OCCASION POUR NOUS DE CONSACRER UN DOSSIER COMPLET SUR CE QUI EST DÉSORMAIS LA PRÉOCCUPATION PREMIÈRE DES ÉLEVEURS CAMEROUNAIS, À SAVOIR L’ALIMENTATION ET L’ABREUVEMENT DU BÉTAIL. CEUX-CI TOURNENT PARFOIS AU TRAGIQUE LORSQUE LES ANIMAUX NE TROUVENT PAS EAU OU PÂTURAGES SUFFISANTS.

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COUP DEPROJECTEUR

Au Cameroun, chaque saison sèche s’apparente

à un cauchemar : les éleveurs paraissent

désemparés et abandonnés à eux-mêmes face aux

multiples problèmes liés à l’alimentation et

à l’abreuvement de leur bétail. Éclairage.

L’alimentation du bétail, problème n °1

A vec l’éradication de la peste bovine de la planète, le plus grand fléau a disparu. Mais, pour les élevages

camerounais, elle laisse la place à d’autres problématiques. Des grandes pathologies constituent encore de sérieux handicaps pour l’élevage bovin, telle la trypanosomose ou la fièvre aphteuse qui, à travers de nouveaux sérotypes, est devenue plus meurtrière et débilitante pour les animaux. Mais face aux maladies, les éleveurs admettent que les vétérinaires leur offrent des solutions, à travers des trypanocides, des vaccinations ou des antibiotiques. En revanche, ces mêmes éleveurs paraissent totalement désemparés et abandonnés à eux-mêmes face aux multiples problèmes liés à l’alimentation et à l’abreuvement du bétail. Chaque saison sèche paraît être un cauche-mar pour beaucoup d’éleveurs. Même la saison des pluies n’est plus aussi généreuse que par le passé. Nous venons de parcou-rir en ce mois d’avril les régions d’élevage bovin de l’Est, de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord. Les observations, les complaintes et témoignages des éleveurs sont pathétiques. Au regard de son potentiel pour l’élevage bovin, le Cameroun dispose de plusieurs zones agro-écologiques. Du Nord au Sud, on distingue la zone agro-écologique soudano-sahélienne, avec une pluviométrie comprise entre 500 et 1 200 mm par an et une période de croissance de végétaux de 110 à 180 jours ; la zone des hautes savanes guinéennes qui englobe l’Adamaoua et la partie nord de la

région administrative de l’Est, caractérisée par une pluviométrie comprise entre 1 200 et 1 600 mm avec une période de croissance végétale de 180 à 240 jours ; les hauts pla-teaux de l’Ouest avec une pluviométrie comprise entre 2 00 et 3 000 mm et une période de croissance végétale de 240 à 290 jours ; la zone forestière humide à régime pluviométrique monomodal avec plus de 3 000 mm de pluie par an et enfin, la zone forestière à régime pluviométrique bimodal, qui couvre la région du Centre, une partie du Sud et de l’Est, recevant 1 600 à 3 000 mm de pluies par an. Cet ensemble offre plus de 20 millions d’hectares de pâturages, plus ou moins en état, plus ou moins exploitables.La région de l’Est est recouverte sur toute sa partie méridionale par la grande forêt équa-toriale, peu propice à l’élevage du gros bétail. Une partie des départements de la Kadei et du Lom et Djérem, entre l’Adamaoua et une ligne reliant Bertoua à la RCA est constituée de savanes humides. Celles-ci, contrairement à la zone soudanienne, offrent de bons pâturages de saison sèche, grâce aux repousses de grande valeur nutritive qui surviennent après les feux de brousse. Les experts estiment qu’en saison sèche, ces savanes peuvent maintenir plus de la moitié des effectifs du bétail qui y paît en saison des pluies, alors que les savanes soudaniens ne peuvent en supporter que le quart ou moins. Même en saison pluvieuse, la productivité potentielle des graminées des savanes gui-néennes est supérieure à celle des savanes soudano-sahéliennes.

On connaît bien la stratégie des éleveurs Peuls : devant la dégradation des pâturages de la zone soudano-sahélienne et de l’Ada-maoua, sous les effets conjugués de l’aug-mentation du cheptel, de la démographie qui pousse les agriculteurs à cultiver de plus en plus d’espaces autrefois réservés aux ani-maux et de la sécheresse, ils optent pour la migration à la recherche de nouveaux pâtu-rages. Les pâturages de l’Est paraissaient alors offrir des conditions pour l’expansion des zones d’élevage. Les éleveurs de l’Ada-maoua, et en particulier ceux du Mbéré voi-sin, y faisaient des incursions saisonnières ou tentaient de s’y implanter durablement dans les années 1960 et 1970. Mais, le grand handicap de ces pâturages de l’Est, c’est leur contexte pathogène, constitué par la trypanosomose et des parasitoses diverses, favorisée par la végé-tation et la pluviométrie. C’est pourquoi, il a fallu attendre l’arrivée de trypanocides curatifs et prophylactiques efficaces (Béré-nil®, Trypamidium®…) pour que les éle-veurs puissent, à partir des années 1970 et 1980, transhumer longuement sur les pâturages de l’Est et plus tard y séjourner en permanence. Avec un bon programme prophylactique contre la trypanosomose et les parasitoses gastro-intestinales, les pâturages de l’Est permettaient le maintient en bonne santé des animaux et leur assuraient une pos-sibilité de reproduction toute l’année, et donc une croissance de cheptel plus rapide.

ALBERT DOUFFISSA

Un éleveur fait boire ses chèvres à Djougui, au nord du Cameroun.

A. D

OU

FFIS

SA

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Un fléau nommé Bokassa grassDans la région de Batouri, des villages entiers d’éleveurs sont abandonnés à cause de l’envahissement de leurs pâturages par le Bokassa grass.

A ujourd’hui, les savanes de l’Est ne sont plus une zone rêvée pour l’éle-vage. La mauvaise exploitation de ces

pâturages par le bétail, mais surtout l’arrivée de la Chromolaenaodorata, plante vulgaire-ment connue sous le nom de Bokassa grass ou Bokassa, a gravement mis en danger ces pâturages. Cette plante serait arrivée par l’est du Cameroun, en provenance de la Centra-frique voisine où elle a été introduite entre 1960 et 1963, comme plante de couverture dans des plantations. Une autre voie d’entrée à partir du Nigéria, au début des années 1960, expliquerait aussi son développement sur la côte et la partie occidentale du pays. Originaire des Antilles, cette plante aurait ensuite été introduite en Asie du Sud-Est vers les années 1880. C’est de la Thaïlande

qu’elle serait arrivée au Nigéria, où elle est repérée pour la première fois en 1937. En Centrafrique, elle serait arrivée à partir du Laos, d’où son autre nom : herbe du Laos.Le climat africain lui a permis de devenir une plante buisson. Les rameaux lignifiés peuvent atteindre 2 à 4 m. Ils s’enchevêtrent en fourrés denses, entraînant une incidence néfaste dans le domaine pastoral dès les années 1980. En effet, dans les savanes pastorales, le mode d’exploitation des par-cours par les troupeaux, sans gardiennage ni rotation, favorise le développement de peuplements denses de cette composée, au détriment de la strate herbacée. Les akènes (les graines) de cette plante se fixent sur les poils des animaux qui la disséminent le long des pistes à bétail, vers les points d’eau, les

parcs, etc. Les camions et le train également jouent un rôle dans la propagation.Dès le début des années 1980, le géographe Jean Boutrais tire la sonnette d’alarme. Puis en 1988, E. Tedonkeng Pamo, spécialiste en agrostologie, pointe la « faiblesse des moyens mis en œuvre pour faire face à ce

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Touffe de Bokassa grass.

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COUP DEPROJECTEUR

problème ». Il prétend que : « les instances hiérarchiques n’ont perçu ni la gravité ni l’urgence qu’il y a à intervenir (…) vers la résolution de ce problème fondamental du secteur pastoral ». Au milieu des années 1990, Sipowo Thomas, un agrostologue éga-lement, rapporte que, dans cette région, le degré d’infestation des pâturages varie de 20 à 80 %. Étant adaptée à tous les types de sols, aujourd’hui, elle a envahi tout le pays, jusqu’à une distance de 100 km au nord de Ngaoundéré. Seul le climat sec au nord de ce point pourrait arrêter sa progression vers les pâturages soudano-sahéliens.Dans le n °10 du Trimestriel de Merial en Afrique centrale, ancêtre de la Revue vétérinaire d’Afrique centrale, je décrivais les méfaits de la dégradation des pâturages sur le bétail en ces termes : « La saison sèche 2006/2007 a été particulièrement meurtrière. D’après le délégué provincial de l’Élevage de l’Est, ses services ont enregis-tré 10 000 bovins morts. Les gens attribuent cette hécatombe à la famine, consécutive à la surpopulation des pâturages due à l’arri-vée massive des animaux centrafricains, emmenés par les éleveurs qui fuyaient l’insécurité. Cette rareté d’herbes appé-tées est d’autant plus accentuée qu’une bonne partie des pâturages est envahie par Chromolaena odorata, le fameux Bokassa grass, une herbe non consommée par les animaux, qui tue les graminées et autres légumineuses utiles au bétail, formant des buissons denses. » En fait, ces mortalités sont dues à l’effet direct de la sous-alimenta-tion et à ses conséquences indirectes, notam-ment le fait que, à cause de cette surcharge des pâturages, les animaux ont dû aller très profondément dans les galeries forestières pour trouver de l’herbe, s’exposant du coup à des attaques plus importantes des glossines et donc à une incidence plus élevée de la trypanosomose.Cette année, comme il y a 30 ans, dans la région de Batouri, des villages entiers d’éle-veurs sont abandonnés à cause de l’envahisse-ment de leurs pâturages par le Bokassa grass. Un élevage visité aux alentours de Gbakim se trouvait entièrement cerné de fourrés de cette plante envahissante. Heureusement, l’éleveur, un des rares à résister à l’envie de départ, s’est engagé dans la culture fourragère.

ZTA. D.

D’autres plantes sont aussi nuisibles aux pâturagesSurpâturages et feux de brousse provoquent le remplacement des bonnes graminées par des espèces médiocres mais résistantes à la pâture.

A u Cameroun, le Bokassa grass n’est pas la seule plante nuisible pour les pâturages. Sur les plateaux du

Nord-Ouest, le géographe Jean Boutrais a relevé une longue liste de plantes nui-sibles.Dès les années 1940, les rapports ad-ministratifs notent que les pâturages du Bamenda (tout le Nord-Ouest) sont sur-chargés. Sous l’effet des feux de brousse, cette surcharge provoque le remplace-ment des bonnes graminées par des espèces médiocres mais résistantes à la pâture comme Sporobolus africanus. Ensuite, ces espèces ne couvrent plus le sol aux endroits très fréquentés par le bétail (aires de stationnement, pistes à bétail…). C’est dans ce contexte que, par endroits, s’installent des plantes indési-rables. Certaines sont simplement enva-

hissantes comme le Solanum incanum, plante épineuse qui produit de gros fruits jaunes non comestibles. Le Sida, que les Peul appellent saldori (celle qui refuse - de se déraciner) ou baaji (les cordes) envahit les zones de stationnement du bétail. Quoique pouvant être consommée sans danger par le bétail, cette plante tue les graminées et les légumineuses de bonne qualité. Des arbres tels que le goyavier, le Croton macrostachyus, et bien sûr Harungana madagascariensis, Hymenocardia ou les annones du Séné-gal, réduisent fortement le couvert her-bacé des espaces pastoraux, en formant des buissons denses.D’autres plantes sont toxiques. C’est le cas du Spondianthus preussii, kangoy en langue gbaya (tue-chien). Cet arbre pousse dans les bas fonds. Lorsqu’il

■ EN PLUS DE BOKASSA GRASS

Une fougeraie à Tadu, dans le nord-ouest du Cameroun.

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est haut, ses feuilles sont inaccessibles aux animaux ; mais, abattu par les agricul-teurs pour créer des champs, il produit des rejets luxuriants et attractifs pour le bétail mais très toxiques et mortels. Au Nord-Ouest, c’est surtout la progression des fougères Aigle, Pteridium aquilinum, qui est aussi préoccupante que celle du Bokassa grass. En ef-fet, dès lors que les graminées nobles comme les Hyparrhe-nia cèdent la place au Sporo-bolus suite au surpâturage, les fougères colonisent l’espace, au point de constituer des fou-geraies homogènes, laissant peu de place à l’herbe.Pour contrôler les fougères, des essais de lutte par des herbicides ou la fauche régu-lière ne donnent pas de bons résultats car ils demandent un travail acharné de plantation et d’entretien. Pourtant, dès

l’époque coloniale anglaise, des essais d’introduction de plantes fourragères furent tentés dans les stations de recherche de Bambui et de Jakiri. Des différentes plantes introduites, seul le Kikuyu grass (Pennisetum clandesti-num), une graminée rampante originaire des hauts-plateaux kenyans, réussit à s’adapter. Grâce à une intervention mus-clée de l’administration, et ne nécessitant pas un effort par-ticulier pour sa mise en place, elle s’implanta et, aujourd’hui encore, elle est visible dans de nombreux parcs à bétail. Si les techniciens n’avaient pas abandonné le travail d’enca-drement des éleveurs dans ce domaine, nul doute que le développement du Kukuyu grass serait une solution aux adventices de toutes sortes, et en particulier aux fougères.

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Mal gérés, les feux de brousse peuvent nuire gravement à l’alimentation du bétail.

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COUP DEPROJECTEUR ■ SOUS L’EFFET D’UNE EXPLOITATION DÉRAISONNÉE…

Les riches pâturages de l’Adamaoua, qui ont attiré les éleveurs Peul du nord du Cameroun et du Nigéria, sont aujourd’hui un lointain souvenir...

S ous l’effet d’une exploitation dérai-sonnée, les savanes arborées claires ont laisser place à un paysage dégradé

de savanes arbustives et arborées, puis de savanes densément arborées et, in fine, de forêts claires.Ces paysages, qui ont d’abord proliféré dans le Mbéré, atteignent aujourd’hui les autres départements de la région et ne per-mettent plus de maintenir le bétail sur place toute l’année, poussant ainsi les animaux à transhumer en saison sèche vers le sud du plateau, les plaines de tikar ou de kou-tine. Les études publiées par Ripptein au milieu des années 1980 établissaient déjà que les zones encore vierges en Adamaoua ne représentaient que 10 à 15 % du pla-teau, tandis que 25 % représentaient des zones de pâture de saison sèche, 25 % des zones de pâturage modéré permanent et

30 % des zones « entièrement dégradées ». Aujourd’hui, la situation a sérieusement empiré, avec l’ouverture au pâturage des zones de l’ouest de l’Adamaoua mises en défens forcé du fait de leur envahissement par les glossines, puis libérées par la lutte contre ces mouches vectrices de la trypano-somose, d’une part et l’avancée du front de peuplement de Chromolaena d’autre part.Des études de production de viande sur les pâturages de l’Adamaoua dans les années 1960 ont montré qu’il y avait des varia-tions de poids importantes entre la saison des pluies et la saison sèche. Les animaux qui gagnent 100 à 150 kg de poids vif en saison de pluies en perdent la moitié en saison sèche. Chez les animaux qui ont terminé leur croissance pondérale, vers 7 ans pour les bœufs de l’Adamaoua, le poids repris en saison favorable est reperdu

en saison sèche, soit des pertes de poids de 700 à 800 g par jour, jusqu’à 1 kg par jour pour les animaux les plus lourds. Si on ajoute la perte en rendement de carcasse, le préjudice causé par la saison sèche sur la production de viande est très lourd, pouvant atteindre 20 % de la valeur des animaux.

A. D.

■ SÉCHERESSE, AIRES PROTÉGÉES, CULTURES

... et de ceux soudano-sahéliensLe changement climatique affecte les pâturages de l’extrême nord du Cameroun. Pour faire face, les éleveurs élaguent des arbres et donnent des compléments à leurs animaux.

L a situation de l’extrême nord du Came-roun est la plus difficile en termes de pâturages. Et cela pour plusieurs rai-

sons. Le changement climatique, avec un déficit pluviométrique chronique, réduit régulièrement les pâturages. Chaque année, la saison sèche est une rude épreuve pour l’élevage. Au nord de Garoua, les Hyparrhe-nia et les Andropogonées ont cédé la place à un couvert d’annuelles sans grande valeur et produisant une faible masse fourragère. La disparition progressive du lac Tchad et certains aménagements agro-pastoraux entrepris pour la riziculture entraînent une modification de l’écosystème pastoral de cette région, avec une production de moins

en moins abondante de ces pâturages par-ticuliers des zones exondées que sont les yaérés. Le nombre impressionnant des ani-maux transhumant dans cet espace, avec notamment des troupeaux de bovins et de moutons venant du Nigéria et du Niger, ne peut plus se satisfaire du couvert herbacé et s’attaque au fourrage aérien. Dans ces zones, on voit régulièrement les transhu-mants, moutonniers ou bouviers, élaguer les arbres ou, pire, abattre des Faidherbia pour mettre leurs feuilles à la disposition de leurs animaux, contribuant ainsi à la déser-tification et à l’aggravation des difficultés d’alimentation du bétail pour le futur.Autre facteur de raréfaction des pâturages :

l’extension sans cesse croissante des zones cultivées. À Mokolo ou dans le pays tou-pouri, par exemple, il n’y a plus d’espaces libres ; tout est champ ou habitation. Si on ajoute à cela l’augmentation du cheptel suite au contrôle puis à l’éradication de la peste bovine notamment, on comprend que les pâturages de l’extrême nord ne peuvent plus supporter un élevage traditionnel extensif, créant les conditions du déclin de l’élevage. On note aussi un rétrécissement à 50 % de surface pâturable dans le Mayo-Louti et 40 % dans la Bénoué. Le Mayo Rey et le Faro disposent encore d’espaces, mais ceux-ci sont très disputés entre exploitants : agri-culteurs, éleveurs permanents et transhu-

La fin des pâturages de l’Adamaoua...

Les riches pâturages de l’Adamaoua - ici une zone de pâturage permanent modéré - sont aujourd’hui un lointain souvenir.

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mants, mais surtout aires protégées (parcs, réserves, zones d’intérêt cynégétique). Les 60 % du Faro sont occupés par les parcs et les zones de chasse, les pâturages ne repré-sentant qu’environ 18 %. Les conséquences de cette situation sont l’amaigrissement important des animaux en saison sèche, des conflits avec les cultivateurs, en saison des pluies et les propriétaires des zones de chasse (en saison sèche), à l’issue parfois dramatique.Dans ces régions, les cultures apportent un appoint important avec les tiges des céréales et les fanes des légumineuses. Dans le cadre de l’embouche ovine et bovine en milieu urbain, les résidus agricoles jouent un rôle de premier plan. La vente de fanes d’arachide, de haricot, des tiges de sorgho et même d’épis de mil, à côté du fourrage aérien (tiges de figuiers notamment) est un business flo-rissant dans toutes les villes du nord et de l’extrême nord. De leur côté, les industries agroalimentaires mettent à la disposition des éleveurs quelques sous-produits utiles à l’alimentation du bétail : tourteau du coton, sous-produits de riz, drèches des brasseries.L’exploitation de ces sous-produits engendre d’énormes frustrations chez les éleveurs. Le

cas du tourteau et de la coque du coton est scandaleux. Alors que c’est le ministère en charge de l’Élevage qui devrait assurer la promotion de l’utilisation des sous-produits agricoles et agro-industriels dans l’alimenta-tion animale, ce sont les industries agroali-mentaires qui décident seules de la politique de l’utilisation de ces sous-produits. Résul-tat : ceux-ci sont progressivement devenus l’objet de spéculations par des commerçants acoquinés aux services commerciaux de ces entreprises. En avril dernier, le tour-teau de coton Nutribet était vendu 11 000 F le sac de 60 kg à Maroua et la coque de coton, 3 000 F pour un sac de 40 kg pour un aliment de très faible valeur nutritive. En Adamaoua, les études menées par les

chercheurs ont montré que, pour mainte-nir le poids d’un animal pendant la saison sèche, il faut lui apporter un complément de tourteau de coton de 300 g/100 kg de poids vif, c’est-à-dire environ 1 kg de tour-teau pour animal pesant environ 350 kg. Pour le nord et l’extrême nord, cet apport de supplément devrait être plus important, compte tenu de la rareté d’herbe de saison sèche. Comment donc, dans ces conditions, produire de la viande à un prix accessible au consommateur lambda ?

ALBERT DOUFFISSA

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Tourteau de coton et fanes d’arachides sont parfois nécessaires pour maintenir le poids des animaux.

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Élagage d’un acacia, entre Mokolo et Maroua.

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COUP DEPROJECTEUR ■ D’AUTRES DÉFIS LIÉS À L’ENVIRONNEMENT

Certains animaux en arrivent à manger du… plastiqueDes animaux qui mangent du plastique ou des herbes intoxiquées par les herbicides ; d’autres qui passent leurs journées à chercher des points d’eau : la situation des animaux d’élevage est pitoyable à chaque saison sèche.

P hénomène récurrent, éternel, dirait-on : la faible production de la bio-masse fourragère est entièrement

consumée par les feux de brousse, dès les mois d’octobre et novembre, sans espoir de repousse avant le retour des pluies en mai-juin. Sur certains espaces, on se demande comment les animaux tiennent toute la saison sèche, si ce n’est grâce au pâturage aérien et à quelque paille mira-culeusement épargnée par les flammes.Dans ces conditions de rareté d’aliments et surtout de leur pauvreté en éléments nutritifs tels que les vitamines et les sels minéraux, les animaux sont contraints de manger les plastiques dont l’usage comme emballage s’est développée de façon pro-digieuse ces dernières décennies. Créant parfois de l’obstruction intestinale, cette plaie de l’environnement cause la mort de quelques bêtes. Malheureusement, il y a

peu de solutions. Il faudrait éliminer ou recycler ces plastiques. Voire… prohiber leur production. Une autre insécurité pour le bétail est née de l’utilisation généralisée d’herbicides : les animaux s’intoxiquent en broutant sur des espaces pulvérisés. Un éleveur rencontré sur l’île de Koffia, près du lac Tchad témoigne : « Si vous n’empêchez pas les cultivateurs d’utiliser les herbi-cides, le service de l’Élevage n’aura rien fait pour les éleveurs. » Ajoutons à ce drame de rareté d’aliment, celui de l’insuffisance des points d’abreu-vement du bétail. Les cours d’eau et les marres sont à sec une bonne partie de l’année, de janvier à fin avril ou mi-mai. Les forages et autres puits ne suffisent généralement pas pour l’approvisionne-ment des ménages en eau, a fortiori pour abreuver les bêtes. Conséquence, les

animaux, affamés et assoiffés, passent la journée à parcourir de longues dis-tances à la recherche d’herbe et/ou de points d’eau. Au total, la situation des animaux est pitoyable à chaque saison sèche. Cela appelle un changement fondamental dans le système d’élevage et les équipements destinés à cette activité. Les questions de cultures fourragères, de la lutte contre les plantes envahissantes, de la bonne ges-tion des parcours et des feux de brousse, de l’équipement des zones d’élevage en infrastructures hydrauliques, celle de la législation foncière, etc. doivent rece-voir les réponses adéquates, sans quoi l’élevage du gros bétail est condamné, à long terme, sinon à disparaître, du moins à voir sa place devenir marginale dans l’économie rurale.

A. D.

Un âne mangeant du plastique  au nord du Cameroun.

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Parfois des animaux s’intoxiquent en broûtant sur des espaces pulvérisés par des insecticides

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C réée en 1952, la société industrielle camerounaise de cacaos (Sic Ca-caos) est la seule industrie de trans-

formation des fèves capable de valoriser le cacao du Cameroun. Elle fonctionne sous la tutelle du groupe Cacao Barry, une entreprise française spécialisée dans la transformation du cacao fondée en 1842 par Charles Barry.Le groupe Barry Callebaut, le plus grand chocolatier du monde, dont la produc-tion atteint un million de tonnes par an avec 55 filiales dans le monde, est né de la fusion des entreprises Cacao Barry et Callebaut, une entreprise belge spécialisée dans le chocolat créée en 1850.

Dans sa politique de modernisation de son usine de Douala depuis 2008 (ins-tallation de nouvelles presses), la Sic Cacaos a atteint en 2012 un niveau de broyage de 30 000 t de fèves de cacaos et obtient la certification ISO 9001 ainsi que la certification BRC (British retail consumption).En créant le QPP (Programme partenaire de qualité) et Cocoa Horizons, l’entreprise a pris en charge ses fournisseurs afin de les encourager à une production croissante et qualitative, pour établir un partenariat à long terme et renforcer leurs capacités en techniques agricoles et financières en vue d’obtenir un cacao de meilleure qualité et d’améliorer les conditions de vie et l’environnement social du planteur. L’objectif global étant de rendre durable le marché du cacao.Les fèves de cacao du Cameroun ont un goût acide et une odeur fumée. Mais la société industrielle des cacaos vient de mettre en place un système d’expérimen-tation contrôlée qui permet d’améliorer ce goût et de faire ressortir la couleur unique rouge des fèves du Cameroun. Quant à la méthode de fermentation contrôlée mise en place par la Sic Cacaos, elle présente un double avantage : pour l’entreprise, des fèves de qualité ; pour les planteurs, l’amélioration de leurs revenus. Ces der-niers bénéficient d’une prime pour la qua-lité des fèves et reçoivent gratuitement

les produits utilisés pour la fermentation contrôlée. Ces fèves de qualité sont uti-lisées pour réaliser un chocolat 100 % made in Cameroon. Il est labellisé Cocoa Terra, l’une des marques rencontrées dans le marché du chocolat.La préservation de l’environnement est aussi de mise. Les coques brûlées et tous les déchets sont absorbés directement dans l’usine pour éviter des émissions de gaz à effet de serre. Un audit environnemental est d’ailleurs mis en place chaque année par le gouvernement camerounais.Il devient urgent d’interpeller les autorités camerounaises pour la relance de la ca-caoculture. La production cacaoyère du pays reste très faible alors que la demande extérieure en chocolat est très forte. Le Ca-meroun, qui pourtant dispose d’une grande diversité écologique, de terres propices et d’un climat favorable, peine à atteindre le cap de 250 000 t de cacao. Il arrive bien loin derrière des pays comme le Ghana, ou la Côte d’Ivoire. Ce pays produit 1 400 000 t de fèves dont presque la moitié (600 000 t), est transformée localement.

SILAS BAYEBANE

CAMEROUN

Sic Cacaos, 60 ans de chocolat et toutes ses dents

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infos PRATIQUES

WINNING TOGETHER

Un programme d’entraideLe Winning Together est un programme déve-loppé par la Sic Cacaos. Il vise à mobiliser ses employés autour des projets sociaux et un es-prit communautaire et d’entraide. À travers ce programme, la Sic Cacaos a pour projet la construction d’écoles, de centres médicaux, de points d’eau, de centres d’excellence (planta-tions respectant les normes phytosanitaires) pour atteindre un rendement de 700 à 800 kg à l’hectare, le financement des petits commerces des femmes des cacaoculteurs, l’octroi d’une prime exceptionnelle pour le premier mariage de chaque employé. Et, dans le cadre du « gra-duate Training Program », des jeunes sont re-crutés et formés pendant deux ans dans les fi-liales du groupe Barry Callebaut en Afrique, aux États-Unis, en Europe et en Asie.

S. B.

La société industrielle camerounaise de cacaos vient de fêter ses 60 ans. L’occasion d’un coup de projecteur sur cette entreprise emblématique.

La Sic Cacaos a été créée en 1952.

L’assemblée lors de la cérémonie des 60 ans.

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A u Cameroun, les petits exploitants agricoles - près de 90 % des agri-culteurs - apprennent à mieux pra-

tiquer la technique dite du semis direct, c’est-à-dire sans labour. À travers le Pro-gramme national de recherche et de vul-garisation agricoles (PNRVA) et le Pro-gramme national d’appui à la filière maïs, les experts du ministère de l’Agriculture et du développement rural (Minader) les forment à faire des lignes de semis.« Les agriculteurs sèment souvent en dé-sordre dans les champs. L’écartement des lignes recommandé ainsi que la densité de semis sur les lignes ne sont pas respec-tés. Les plantes ne sont pas alignées », explique Samuel Yen, un agronome du Minader. Conséquence de cette pratique : la production n’est pas abondante. « Les agriculteurs n’obtiennent pas le nombre de plants requis », soutient-il.En outre, ces producteurs accusent un manque à gagner sur le coût d’entretien de l’exploitation, le prix à payer pour le désherbage étant en fonction des superfi-cies. « Un agriculteur qui ne pratique pas du semis direct en lignes a moins de plants. Mais pour une même surface, il paye la même somme qu’un propriétaire de champs avec lignes », poursuit Yen. Autres inconvénients de la pratique du semis di-rect sans ligne : « Pendant la dissémination des engrais, certains plants sont oubliés ». A contrario, dans un champ où les cultu-res sont en lignes, l’agriculteur peut cir-culer librement entre les plants pour ad-

ministrer des intrants, assurant ainsi une croissance homogène à ses plantes.

Maîtriser les herbicidesAu nord du Cameroun, une meilleure connaissance du mode d’utilisation des herbicides en semis direct permet aux pe-tits exploitants agricoles d’améliorer la productivité de leurs cultures, notamment le coton et les céréales. La non-maîtrise des traitements herbicides est l’un des handicaps majeurs de la réussite du semis direct, explique un expert qui reconnaît cependant que « cette technique est en pleine expansion dans cette partie du pays depuis plus d’une décennie ».

Les spécialistes recommandent aux pay-sans du Septentrion d’éviter d’appliquer les herbicides totaux (la paraquat et le glyphosate) sur les cultures à cause de leur caractère non sélectif. Ils préconisent de les pulvériser sur les adventices déjà levés à partir du stade jeune, en évitant de trai-ter lorsqu’il menace de pleuvoir. La même précaution doit être observée s’il y a du vent, afin d’empêcher la dérive des pro-duits sur les cultures voisines. Ces bonnes techniques permettent aux paysans qui sèment sans labourer d’augmenter leur rendement après le nettoyage de leurs par-celles avec des herbicides.

ANNE MATHO

CAMEROUN

L’apprentissage du semis directCultures en ligne, utilisation rationnelle des herbicides… Deux raisons qui font augmenter la pratique du semis direct au Cameroun.

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infos PRATIQUES

CAMEROUN PASSATION DE POUVOIR AU CONSEIL INTERPROFESSIONNEL DU CACAO ET DU CAFÉ

« Un agriculteur qui ne pratique pas le semis direct en lignes a moins de plants », estime Samuel Yen, du ministère de l’Agriculture.

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Omer Gatien Maledy devient le nouveau secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) en remplacement de Pierre Tsimi Evouna.La passation de pouvoir a eu lieu mi-avril à Douala sous la houlette de Luc Magloire Atangana Mbarga, ministre du Commerce. « Je voudrais dire que la seule évocation de son nom renvoie à la libération des filières cacao et café dans notre pays, a dit le ministre. Il restera à jamais gravé dans les annales de ces deux filières. Qui saurait nier que sa longue et riche carrière au service de ces filières a fini par faire corps avec le Conseil interprofessionnel du cacao et du café qu’il a porté sur les fonts baptismaux aux côtés du président Ndongo

Essomba. M. Pierre Tsimi Evouna s’est, avec constance et détermination, attelé à bâtir une interprofession forte et crédible. »De lourds défis attendent le nouveau secrétaire exécutif. Expert comptable de formation mais connaissant bien les filières, Omer Gatien Maledy devra affronter des défis tant nationaux qu’internationaux compte tenu des exigences du marché en matière de qualité, de traçabilité et de durabilité. En effet, nos exportations sont absorbées à 80 % par l’Union européenne, ce qui renforce de plus en plus le dispositif normatif. Après, il conviendra de juger le maçon « au pied du mur » comme a dit le ministre.

SILAS BAYEBANE

Page 40: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

L e Dr vétérinaire Mahmoud Benelb-jaoui, chef de l’entreprise Axium, travaille activement au développe-

ment d’une agriculture moderne qu’il définit lui-même comme la « promotion de la rentabilité alliée à une orientation vers une agriculture raisonnée, donc durable ».Ce que confirme Ali Zeghida, en affir-mant qu’« en Algérie, les grandes cultu-res, qui constituent l’essentiel des acti-vités, sont surtout conduites sous un régime pluvial, notamment les céréales qui occupent principalement la zone semi-aride. Alors que les superficies emblavées avoisinent les 2 900 000 à 3 500 000 ha/an, seulement un tiers se situe dans l’étage bioclimatique rece-vant une pluviométrie moyenne supé-rieure à 450 mm/an ».Il ajoute que : « la partie nord de l’Al-gérie est exposée au grave phénomène de perte de terre, avec une érosion spé-cifique annuelle moyenne variant entre 2 000 à 4 000 tonnes/km, car le climat est caractérisé, en plus de l’irrégularité des précipitations, par des pluies tor-rentielles ou des averses de forte inten-sité, très fréquentes en automne, moment où le couvert végétal est faible ».

Alors, selon lui, « les activités de prépa-ration du sol traditionnelles ont conduit à une altération des conditions du sol (création de semelles de labours), favo-risant en plus des pertes d’eau par ruis-sellement, des pertes de sol, aggravant le phénomène de baisse de fertilité et accentuant l’érosion ». Des informations importantes qui permettent de s’interro-ger : quelles bonnes pratiques agricoles en céréaliculture peut-on adopter en l’Al-gérie ? Et de donner cette réponse : pour-quoi ne pas utiliser le semi-direct, puis-que Axium a réussi à le concrétiser pour lutter contre la jachère ?Dans le même ordre d’idée, « l’agricul-ture de conservation et la résorption de la jachère », est un thème qui a été pré-senté l’année dernière par Matthieu Ar-chambeau de Farming Communication. Cette thématique avait suscité une grande attention de la part de l’assistance.Dans la même orientation Axium a dé-marré, en 2006, un programme de ré-sorption de la jachère par l’alternance des céréales avec les lentilles. Avec 73 ha au départ et près de 9 300 ha pour la saison 2010/112, il faut croire que « Kenzi », la lentille « made in Algeria » d’Axium, a un bel avenir devant elle

puisque les objectifs de 10 000 ha an-noncés l’année dernière ont pratique-ment été atteints.

SARA BENABDELAZIZ

(1) : Axium est une entreprise essentiellement semen-cière (céréales). Actuellement c’est le délégataire ex-clusif et officiel de Proseme pour une gamme de varié-tés de blé dur (Colosso, Simeto, Colosseo & Canizzo) et de blé tendre (Anapo & Anforerta). Sa nouvelle acti-vité, le machinisme agricole, lui a permis de nouer un partenariat avec Maschio Gaspardo - Herculano - Fer-pinta - Omb Euro - Spend -Tecostar. Axium importe et distribue en exclusivité leurs produits (tracteurs...).

ALGÉRIE

Le semis direct contre la jachèreEn Algérie, un ambitieux projet de coopération agricole pour lutter contre la jachère via le semis direct, a été mis en exergue par l’entreprise Axium1. Nous faisons le point.

PAGE 40 JUILLET - AOÛT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

infos PRATIQUES

C’est un ensemble de techniques culturales qui recouvrent un grand nombre de pratiques agricoles et mettent en œuvre des outils très divers. Le dénominateur commun est la suppression du labour. Le travail superficiel du sol se caractérise par une profondeur de travail de 5 à 10 cm. Les résidus de culture sont mélangés à une faible quantité de terre nécessitant de prendre un certain nombre de précautions.POURQUOI ?Le labour dans certaines cultures est souvent remplacé par un travail du sol superficiel.Le but est de limiter les interventions mécaniques afin d’en minimiser les coûts et d’économiser du temps. L’implantation des cultures est ainsi accélérée. Ces techniques développent un sol plus homogène, avec une matière organique concentrée en surface sur 5 à 10 cm. Les techniques culturales simplifiées (TCS) permettent d’augmenter l’activité biologique de surface, de diminuer le lessivage d’azote, de freiner l’érosion et de diminuer la consommation de fuel.

LA TECHNIQUE Les TCS ne sont pas généralisables (type de sol, type de culture). Exemple : les pommes de terre, ne sont pas adaptées aux TCS. Les autres grandes cultures : céréales d’hiver, de printemps, maïs,

tournesol, pois de printemps et colza peuvent être implantées avec des techniques simplifiées sans grandes difficultés si les conditions agronomiques s’y prêtent.LES DIFFÉRENTES FORMES DE TRAVAIL DU SOL SIMPLIFIÉES

La simplification partielle : implantation de certaines cultures de la rotation sans labour (ex : implantation des céréales à paille en automne après du pois ou du colza avec un simple déchaumage et un semis réalisé avec du matériel classique).

La simplification totale en continu : abandon total du labour, utilisation du semis direct (il y a 10 points fondamentaux pour réussir la simplification du travail du sol).

S. B.

FICHE TECHNIQUE QUE SONT LES TECHNIQUES CULTURALES SIMPLIFIÉES ?

Mahmoud Benelbjaoui : « Nous sommes passés de 73 hectares de lentilles en 2006 à environ 10 000 hectares aujourd’hui. »

A. H

ER

Page 41: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

« Inéluctablement, le sys-tème goutte-à-goutte deviendra la technique

d’irrigation la plus utilisée au Cameroun », prédit Fran-çois Nkeng Peh, spécialiste en génie rural au ministère de l’agriculture et du Dévelop-pement rural (Minader).Depuis trois ans, des kits d’irrigation sont employés avec succès par des petits producteurs à l’Ouest et dans le littoral camerounais. L’expérience tarde pourtant à s’étendre, faute d’inves-tisseurs pour commander et importer les kits en grande quantité afin de satisfaire la demande. Ces outils consti-tués de packages avec filtres, de tuyaux avec goutteurs et d’accessoires ont une capa-cité d’arrosage « pouvant atteindre jusqu’à 12 litres d’eau par heure », indique le spécialiste.

Économiser l’eauComme son nom l’indique, le système goutte-à-goutte per-met d’irriguer les champs en distillant une petite quantité d’eau. « Chaque culture ne reçoit de l’eau que goutte par goutte », explique le spécia-liste. Contrairement aux ar-rosoirs et canons d’aspersion utilisés respectivement par les petits producteurs et les sociétés agro-industrielles, le système permet de faire une économie d’eau. « Les mau-vaises herbes ne reçoivent pas d’eau. Elles s’assèchent et meurent », souligne Fran-çois Nkeng Peh.Le système est même moins contraignant. « Avec les arrosoirs, il faut toute une journée pour arroser ma-nuellement 2 000 m2. Avec le goutte-à-goutte, on peut programmer le temps d’ar-

rosage en ouvrant la vanne et quitter le champ pour s’at-teler à d’autres activités », estime le spécialiste en génie rural. En plus, le système per-met d’apporter aux plantes une quantité suffisante d’eau. « Elle est apportée directe-ment à l’endroit nécessaire, au niveau des racines », pré-cise-t-il.

50 % de rendement en plusDans un rapport intitulé « Le système goutte-à-goutte à basse pression : une nécessité vitale dans les zones arides et semi-arides », un groupe d’experts relève notamment que « la distribution de l’eau dans le champ est uniforme ». Conséquence : le producteur obtient une croissance homo-gène de ses plantes. Toutes choses qui favorisent l’aug-mentation tant qualitative que quantitative du rendement. « Avec le goutte-à-goutte, le producteur obtient en moyenne 70 tonnes d’oignons par hectare, contre 40 tonnes avec l’irrigation classique », souligne le rapport.Le système d’ i r r igat ion goutte-à-goutte favorise également la conservation

des sols contrairement aux canons à eau qui « agres-sent » plus les sols pouvant aller jusqu’à provoquer de

l’érosion voire, dans des cas extrêmes, le déchirement de certaines feuilles.

ANNE MATHO

CAMEROUN

Les premiers pas du goutte-à-goutteImporté par le gouvernement camerounais en 2009, le système d’irrigation goutte-à-goutte a été testé et introduit avec succès en milieu paysan.

PAGE 41 JUILLET - AOÛT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

infos PRATIQUES

Le goutte-à-goutte est réellement utilisé depuis 2009 au Cameroun.

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A. H

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Page 42: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

E n 2000, les surfaces irriguées en petite et moyenne hydraulique ne cou-vraient que 300 000 ha en Algérie.

Pourtant, les pouvoirs publics projettent de doubler ce chiffre par l’aménagement de 1 million d’ha irrigués à l’horizon 2015/2020, dont près de 500 000 en grands périmètres irrigués, 280 000 ha en petite et moyenne hydrauliques pour le nord du pays et 220 000 ha pour les régions saha-riennes.Est-ce réalisable ? Dans le cadre de ce programme, les autorisations budgétaires d’investissement dans le secteur de l’eau, incluant l’hydraulique agricole, ont doublé depuis quelques années. Le recyclage des eaux usées pour l’irrigation est intégré à cette stratégie de développement (construc-tion de 100 stations d’épuration et réha-bilitation des stations à l’arrêt). Le volume actuel des eaux usées déversées par l’ac-tivité industrielle est estimé à 750 millions de mètres cubes. Ce dernier devrait même atteindre 1,5 milliard de mètres cubes en 2020. Le volume actuel des eaux épurées destinées à l’irrigation est de 570 millions de m3/an.Structurellement, l’agriculture est consi-dérée comme le domaine le plus consom-mateur d’eau avec 65 % des ressources hydrauliques1, alors que les superficies irriguées n’occupaient que 5 à 7 % des superficies cultivées (7,8 millions ha), en 2011. La surface irriguée algérienne se subdivise en grands périmètres : des bar-rages sont aménagés pour les plus petites et les moyennes hydrauliques relevant du secteur privé (eau souterraine). Les grands

périmètres irrigués représentent 15 % des superficies irriguées (120 000 ha sur 700 000 à 800 000 ha).

40 % des besoins satisfaitsLe constat des scientifiques n’accrédite nullement qu’un tel programme soit réa-lisable, en effet B. Mouhouche et M. Guemraoui relèvent dans leur étude2

que : « sur les 173 000 ha des 17 grands périmètres irrigués - plus de 500 ha d’un seul tenant - seulement 40 000 ha ont été effectivement irrigués durant les 20 der-nières années ».On constate aussi un manque crucial de ressources en eau - volume disponible inférieur à 200 millions de m3 pour des besoins de 500 millions de m3 à raison de 5 000 m3/ha - et seulement près de 40 % des besoins sont satisfaits.

Les organismes de gestion traversent des difficultés financières et les tarifs actuels de l’eau ne couvrent que la moitié des charges d’exploitation des offices. Cel-les-ci subsistent uniquement grâce à des activités annexes. À noter aussi des défauts d’entretien qui se traduisent par des pertes en eau élevées dans les réseaux ainsi que la dégradation des infrastructures. Un pa-trimoine de l’État, dont la construction a coûté entre 8 000 à 10 000 dollars/ha. Il y a aussi un manque de planification des ouvrages. De même, les frais d’entretien des ouvrages, des réseaux de drainage et d’assainissement ne peuvent être pris en charge par les offices compte tenu du tarif de l’eau.Par ailleurs, l’eau allouée à l’irrigation est en concurrence avec l’eau potable et l’eau industrielle. En outre, en 2002 un des constats alarmants du Plan national d’ac-tions pour l’environnement et le dévelop-pement durable relevait l’état d’envase-ment grave des barrages et les 50 % de pertes des eaux destinées à l’irrigation, pour ne citer que l’essentiel des problèmes de ce secteur. La question reste sans ré-ponse : est-il raisonnable, voir réalisable, de prétendre aménager 1 million d’hecta-res irrigués à l’horizon 2015/2020 ?

SARA BENABDELAZIZ

(1) : chiffre tiré du Plan national d’actions pour l’envi-ronnement et le développement durable (PNAE-DD).(2) : « Réhabilitation des grands périmètres d’irrigation en Algérie. », 2004.

ALGÉRIE

1 million d’ha irrigués à l’horizon 2020 ?L’Algérie souhaite passer de 300 000 à un million d’hectares irrigués à l’horizon 2020. Belle ambition ! Mais est-ce réalisable ? La question se pose car beaucoup de problèmes persistent dans la gestion de l’eau et le réseau d’irrigation algérien.

PAGE 42 JUILLET- AOÛT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

infos PRATIQUES

Près de 50 % de l’eau d’irrigation est perdue suite au mauvais entretien des réseaux.

Le projet pilote de Réseau des irrigants méditerranéens (RIM) édite un rapport de bilan et de perspectives intitulé : « RIM – Réseau des irrigants méditerranéens. Appui aux petites et moyennes exploitations agricoles au Maghreb : bilan d’une expérience de formation professionnelle ».Rappelons que le RIM a pour vocation d’expérimenter des formations professionnelles au Maghreb sur les économies d’eau en irrigation et le développement des filières, au bénéfice de groupements d’agriculteurs (coopératives et associations d’irrigants). Le projet RIM, soutenu par la fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (Farm), repose sur un partenariat rassemblant des organisations professionnelles agricoles, des institutions de recherche et des bureaux de conseil spécialisés dans les approches participatives du sud et du nord de la Méditerranée.

MAGHREB LE RAPPORT DES IRRIGANTS MÉDITERRANÉENS

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L e jeu en vaut-il la chandelle ? C’est la question que l’on peut se poser en voyant l’expérience de blé arrosé au

goutte-à-goutte à Sidi-Kacem, à 45 kilo-mètres au nord-est de Meknès au Maroc. Et pourtant si, si l’on en croît le maître d’œuvre de l’opération, la société Végéta-lis, dont le siège est à Casablanca, l’inves-tisseur architecte marocain de renom qui possède 680 hectares irrigués de légumes, fruits, semences et céréales.« Regardez ce blé, nous visons les 80 quin-taux/ha, ce sera le meilleur de la région », explique Medhi Benchoukroun, le jeune directeur de projet. L’ingénieur montre une parcelle aux lourds épis et parsemée de goutteurs. La vision est inhabituelle. Tout comme cette autre vision de deux ouvriers en train de retirer les goutteurs avant la moisson.« Vous savez, ici, on faisait du blé sans irrigation et on obtenait près de 50 quin-

taux/ha, ce qui était déjà bien », poursuit l’ingénieur. Et pour cause : dans cette ré-gion agricole du nord-est marocain, il pleut entre 400 et 600 millimètres par an et la pluie est bien répartie.L’exploitation tire son eau de onze forages de 140 à 260 mètres de profondeur. « À cette profondeur, l’eau est claire et peu saline, il n’y a même pas besoin de filtre à sable », explique un technicien qui s’af-faire auprès de l’imposante station de pom-page (deux pompes de 75 CV, une de 100 CV, trois bassins de rétention). À côté, une citerne de solution nutritive assure la ferti-irrigation des cultures.Reste la question du coût : « De 7 000 à 12 000 dirhams/ha selon la culture », indi-que Abdel Moumen El Amiri, chef de chan-tier à la CMGP, la Compagnie marocaine de goutte-à-goutte et de pompage, qui four-nit la prestation. Mais il y a un joker : les installations d’irrigation sont subvention-

nées à 80 % depuis l’instauration du Plan Maroc vert. De plus, le goutte-à-goutte est dans l’air du temps. Il permet une économie d’eau de « 60 % par rapport à des pivots en blé », selon Abdel Moumen - et des passa-ges de tracteurs pour épandre l’engrais ou les produits phytosanitaires. Quant à la ren-tabilité finale de ce blé, rendez-vous pour les comptes d’après récolte.

ANTOINE HERVÉ

MAROC

Du blé au goutte-à-goutte

PAGE 43 JUILLET - AOÛT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

infos PRATIQUES

La société Végétalis espère tirer 80 quintaux/ha en moyenne de ses 139 hectares de céréales de multiplication.

Près de Meknès début mai : des ouvriers retirent les goutteurs avant la moisson.

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Page 44: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

O rganisé pour la première fois en Algérie en avril 2003, Djazagro, Salon algérien ne ciblant au départ

que les équipements et les emballages agroa-limentaires, la boulangerie, la pâtisserie et la restauration, avait reçu 4 000 visiteurs pour 130 exposants dont 27 algériens sur une surface de 2 000 m2. En 2012, pour ses dix années d’existence - du 23 au 26 avril à Alger - et dans le contexte plutôt favorable des industries agroalimentaires en Algérie (lire ci-dessous), 12 000 visiteurs et 334 ex-posants d’une vingtaine de pays, dont 70 entreprises algériennes, sur 12 000 m2 ont participé au Djazagro/Djazagri.Christophe Painvin, directeur du Salon, est satisfait : « Ce Salon permet de tisser des

relations de partenariat entre les profes-sionnels algériens, les fabricants et constructeurs internationaux et de répondre aux besoins des investisseurs et porteurs

de projets. La particularité du Djazagro 2012 est la réservation d’un espace dédié au machinisme agricole et aux équipements agricoles ».Ce Djazagri a été l’occasion de présenter des agro-équipements en Algérie (travail du sol, semences, fertilisation, irrigation, ré-coltes et stockage). Les organisateurs affir-ment que c’était le bon moment pour lancer Djazagri : « Disposant de 8,5 millions d’ha de SAU et d’un million d’exploitations et connaissant une forte augmentation de la production agricole, l’Algérie fait face à une demande d’assistance technique im-portante notamment dans la conduite de projets et l’aide à la production ».

SARA BANABDELAZIZ

ALGÉRIE

Djazagro fête ses 10 ans avec succès Pour ses dix ans, le Salon agroalimentaire Djazagro a atteint les 12 000 visiteurs et plus de 330 exposants. Un bon cru avec, en prime, la naissance du petit frère Djazagri consacré au machinisme agricole.

PAGE 44 JUILLET - AOÛT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

côté SALONS

ALGÉRIE

L’agroalimentaire en plein boom

malgré la corruptionFort de quelque 17 000 entreprises privées et publiques, et malgré la corruption qui continue de le ronger, le secteur de l’industrie agroalimentaire algérien ambitionne de devenir exportateur dès 2014.

R este que ce programme tracé par les pouvoirs publics semble assez inac-cessible à moyen terme, ce secteur

étant encore balbutiant et l’environnement macro-économique n’encouragent en rien d’éventuelles mises à niveau pour l’export. En outre, selon le ministère de l’Industrie et des Mines, le secteur agroalimentaire algérien se caractérise par « des carences importantes dans les domaines de la trans-formation, de la conservation, de la valo-risation et de la distribution des produits agroalimentaires ».Le marché interne algérien de l’agroa-limentaire est évalué à 5,4 milliards $ (2003/2009)1. Il mobilise environ 22 % du budget des ménages algériens. Les impor-tations annuelles de l’Algérie en produits agroalimentaires étaient de 10 milliards de dollars fin 20112. À côté de cela, les expor-tations sont dérisoires (120 millions $/an). Dans ce cadre, le plan de développement des pouvoirs publics vise sur : « l’amé-lioration de l’offre nationale de produits

agricoles transformés ». Comment ? En modernisant la compétitivité industrielle des entreprises et en créant de la richesse et de l’emploi : accroître la contribution des industries agroalimentaires dans le PIB industriel (de 50 % en 2009 à 60 % en 2014). Pour atteindre cet objectif, il faudrait « la réalisation annuelle de 5 000 contrats industriels-agriculteurs, la créa-tion de 500 entreprises au sein d’agropôles et de 100 000 emplois entre 2010 et 2014 », soutient le ministère. Ainsi, 500 entreprises devraient être mises à niveau, dont 200 sont éligibles à la norme Iso 22 000 et devraient l’obtenir en 2014. Enfin, ce programme vise à multiplier par dix les exportations agroalimentaires en 2014. Pour cela, cinq consortiums d’exportations devraient être créés. Ce programme est doté de 50 mil-liards de DA.Mais, la réalité du terrain nous est vite rappelée par des études telle cette thèse du Ciheamm3. L’auteur y relève quelques tristes conclusions dont voici un panel : « La

coexistence de deux secteurs juridiques : un secteur public en parfaite régression, compensé par un secteur privé émergent (...). La qualité institutionnelle dans la-quelle évoluent les entreprises en Algérie est très mauvaise (...) et caractérisée par l’existence de la corruption. Des pratiques de pots de vins sont reconnues par la plu-part des entreprises (...). Ces entreprises agroalimentaires maintiennent la qualité de leur gouvernance à des niveaux très bas (...). Pour finir : les réformes écono-miques suivies en Algérie ont instauré un environnement institutionnel peu favorable à l’amélioration des standards de gouver-nance d’entreprise. » Cela dit, entre projet de transformation ambitieux et réalité crue, la différence est là. Attendons 2014.

SARA BENABDELAZIZ

(1) : chiffre du ministère de l’Industrie et des Mines. (2) : la facture des

produits alimentaires a diminué de 3,08 milliards $ US durant les

quatre premiers mois 2011 à 2,76 milliards $US, selon le Centre

national de l’informatique et des statistiques des Douanes. (3) Thèse

de Master of science du Ciheam - IAMM n° 104 - 2010.

A. H

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La Chine était très présente à Djazagro.

Page 45: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

A u Sénégal, la filière agroalimentaire connaît, depuis quelques années,

une croissance remarqua-ble. Bon nombre de petites et moyennes entreprises (PME) s’activent dans la transforma-tion des produits agroalimen-taires.Majoritairement, ce créneau porteur est investi au Sénégal par les femmes, presque tou-tes membres de groupements d’intérêt économique (GIE). C’est donc une minorité seu-lement de ces opératrices éco-nomiques d’un genre nouveau, qui développent d’admirables stratégies commerciales spéci-fiques un peu partout dans le pays. Très actives et surtout très efficaces, elles montrent ainsi tous les jours la voie à suivre pour un meilleur positionne-ment des produits locaux sur le marché domestique où les den-rées vitales, mais importées, se sont toujours très bien ancrées dans les habitudes.

Caravanes de consommationHeureusement pour l’avenir, il y a un début de prise de conscience générale, nourrie par d’intenses campagnes de sensi-bilisation, expliquant sans cesse aux populations les bienfaits de

ces produits naturels et surtout locaux, pour une réelle mutation des habitudes alimentaires. Les activités de transformations des fruits, légumes et autres produits laitiers se sont accrues, même si les Sénégalais hésitent encore à en faire leur alimentation. Et si beaucoup préfèrent les produits importés, c’est parce qu’ils les croient, parfois à tort, de meilleure qualité.Loin de baisser les bras, des ini-tiatives comme celles de Pierre Ndiaye comptent venir à bout de cette croyance des consomma-teurs sénégalais, qui persistent à croire que le meilleur vient toujours d’ailleurs. Fondateur et directeur des Mamelles Ja-boot, une entreprise spécialisée dans la transformation des pro-duits laitiers, incite les popula-tions à consommer local, tout en permettant aux agriculteurs de vivre de la vente des produits transformés localement. Pierre Ndiaye propose des produits traditionnels à base de lait natu-rel - thiacry1, sombi2, fondé3… - dans un conditionnement en plastique, facilement transpor-table et financièrement acces-sible. « Consommons ce que nous produisons ! », explique Pierre Ndiaye. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais en ont pris conscience, sachant que les

produits locaux sont naturels, moins chers et doivent pou-voir efficacement lutter contre la malnutrition dans le pays. À ce titre, le fondateur de Mamel-les Jaboot a d’ailleurs dans ses projets de mettre en place des caravanes de consommation qui seront installées dans les écoles et les lycées. Objectif : encourager l’utilisation des produits transformés dans les cantines des écoles pour accroî-tre la bonne santé de la jeune génération. Toutefois, quand on sait que l’État pourrait mieux

faire en soutenant d’avantage la production agricole et la trans-formation des produits locaux, on ne peut s’empêcher de se de-mander : « Quel avenir pour le consommer local sénégalais ? » L’avenir nous le dira car, aussi longtemps que la bonne santé des populations restera une priorité pour tous, l’espoir est permis.

EVE G. SOKENG

(1) et (3) : sorte de bouillie de mil accompa-gnée de lait caillé sucré. (2) : sorte de bouillie de riz accompagnée de lait caillé sucré (genre riz au lait commun).

SIAGRO, DAKAR

Produire et consommer sénégalais

Au Salon Siagro de Dakar, début mai, l’accent était mis sur la production et la transformation locale.

Exemple avec l’entreprise Mamelles Jaboot qui exposait des produits laitiers transformés.

PAGE 45 JUILLET - AOÛT 2012 AFRIQUE AGRICULTURE

côté SALONS

Quelle affluence ! Pas moins de 35 exposants français - plus du tiers - figuraient parmi les 84 exposants du dernier Salon international des industries et techniques agroalimentaires, Salon qui s’est tenu du 8 au 11 mai dernier à Dakar au Sénégal. Venues sous l’égide de l’Adepta, l’Association pour le développement des échanges internationaux de produits et techniques agroalimentaires, les Français sont venus représenter divers secteurs allant de la génétique animale au matériel d’élevage à d’irrigation en passant par divers équipements agricoles et agroalimentaires ou encore des panneaux solaires pour équiper hangars et autres bâtiments ruraux. Reste que le Siagro a aussi été, et a d’abord été, une belle vitrine du développement de l’agriculture africaine.

ZOOM LES FRANÇAIS EN FORCE AU SIAGRO

L’entreprise Mamelles Jaboot propose des bouillies traditionnelles à base de lait, de riz, de mil et de maïs produits et transformés au Sénégal.

A. H

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A. H

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Le ministre de l’élevage visite un stand français au Siagro.

Page 46: Afrique Agriculture N° 389 - JUILLET-AOÛT 2012

D’ un côté, une trentaine d’opéra-teurs étrangers étaient venus de Libye, de Jordanie, d’Algérie, de

France, d’Australie, d’Italie, d’Espagne et de Turquie. Ils représentaient des sociétés agricoles, des fournisseurs de technologie et des sociétés de commerce international spécialisées dans l’écoulement des produits agricoles. De l’autre 135 Tunisiens issus du secteur privé et public, mais opérant tous dans l’agriculture et l’agroalimentaire, s’étaient rendus à Hammamet pour rencon-trer en vis-à-vis les personnes qu’ils avaient préalablement choisis et avec lesquelles des rendez-vous étaient fixés d’avance. Cepen-dant, malgré le dispatching organisant les contacts, aucun, surtout du côté tunisien, ne s’est plaint d’un engouement anarchi-que sur certains opérateurs étrangers qui a perturbé les entretiens et causé parfois

un excès de confiance chez l’interlocuteur étranger. À ce propos M. Hchiha, directeur de la société agricole Sotam, venu chercher un partenariat pour la commercialisation de ses fruits, a insisté sur l’importance de trai-ter d’égal à égal avec l’opérateur étranger à qui « il ne faut pas donner l’impression qu’il est très sollicité », explique-t-il. Afin de tirer un maximum de profit de ce genre manifestation, M. Hchicha propose aux organisateurs d’aménager des jour-nées de partenariat spécialisées auxquel-les prennent part des opérateurs d’un seul secteur.Toutefois, même s’il est encore trop tôt pour annoncer des résultats concrets, on peut dire qu’un sentiment de satisfaction était perceptible chez les organisateurs et chez les participants. Sentiment amplifiait du fait que cette manifestation fût une des premiè-

res organisations de l’Apia et qu’elle a été une réussite de par le nombre et la qualité de ses participants tunisiens et étrangers, majoritairement professionnels.

AMJED BA

TUNISIE

Commerce agricole : 600 rencontres B2BPlus de 600 rencontres professionnelles entre des hommes d’affaires tunisiens et étrangers ont eu lieu à l’occasion des deux journées de partenariat organisées par l’Agence de promotion des investissements agricoles (Apia) à Hammamet les 9 et 10 mai dernier.

côté SALONS

PAGE 46 JUILLET - AOÛT 2012AFRIQUE AGRICULTURE

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