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TEMPS FORTS Côte d’Ivoire/Justice ________________________ p.8 Ouverture des procès des militai- res pro-Gbagbo Les grands procès de la crise post-électorale ont débuté. Des ONG espèrent qu’ils marque- ront l’édification d’un Etat de droit. RDC/Francophonie _________________________________ p.9 Kinshasa prête pour accueillir le Sommet de la Francophonie Restaurants, hôtels et centres culturels n’attendent plus que les 5.000 invités du XIVe Sommet de la Francophonie du 12 au 14 octo- bre. Guinée/Justice _______________________________________ p.21 «La peur a changé de camp» Trois ans après les événements de Conakry, des centaines de victimes attendent toujours que justice soit faite. Mais une certaine confiance s’instaure parmi la population. Niger/Inondations __________________________________ p.6 Les agences se démènent pour remettre les écoles en état L’aide s’active pour nettoyer et réparer les mil- liers d’écoles endommagées par les inondations qui ont déplacé plus de 500.000 personnes. ACTUALITE PAR THEMES Education/RDC ______________________________________p.17 L’école des camps de déplacés Au Nord-Kivu, les enfants des camps sui- vent des cours grâce au soutien d’ONG. Avec de bons résultats aux examens. Démocratisation/Madagascar ____ p.19 Madagascar demande une aide sans ingérence Le président a appelé la communauté in- ternationale à financer les élections, sans “qu’on nous dicte ce qu’on doit faire”. Environnement/Côte d’Ivoire ________ p.27 Les victimes des déchêts toxiques ne sont toujours pas indemnisées Selon un nouveau rapport, près de 6.000 victimes du scandale de 2006 attendent toujours leurs indemnités. Economie/Burundi ______________________________ p.29 Projet de mesures fiscales pour fa- voriser les investissements Un projet de loi est en cours de prépa- ration comportant des mesures fiscales pour encourager les investissements. Economie/Niger ___________________________________ p.30 La guerre de la fibre optique Orange et la société d’Etat Sonitel cons- truisent chacune son Backbone. Santé/International _______________________________ p.12 Le Fond mondial adopte un nou- veau mode de financement Afrique subsaharienne francophone DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE #6 - Vendredi 5 Octobre 2012 BéninBurkina FasoBurundiCamerounCongo BrazzavilleCongo RDCCôte d’IvoireDjiboutiGabonGuinéeMadagascarMaliMauritanieNigerRépublique Centre-AfricaineRwandaSénégalTchadTogo La Revue Indépendante des Professionnels du Développement Mali ___________________________________________________________________ p.4 L’intervention militaire toujours à l’étude CONFLIT EN RD CONGO Nouveaux cas de violations des droits humains ________p.2 Les familles d’accueil sont débordées __________________________________ p.3

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TEMPS FORTS

Côte d’Ivoire/Justice ________________________ p.8

Ouverture des procès des militai-res pro-GbagboLes grands procès de la crise post-électorale ont débuté. Des ONG espèrent qu’ils marque-ront l’édification d’un Etat de droit.

RDC/Francophonie _________________________________ p.9

Kinshasa prête pour accueillir le Sommet de la FrancophonieRestaurants, hôtels et centres culturels n’attendent plus que les 5.000 invités du XIVe Sommet de la Francophonie du 12 au 14 octo-bre.

Guinée/Justice _______________________________________ p.21

«La peur a changé de camp»Trois ans après les événements de Conakry, des centaines de victimes attendent toujours que

justice soit faite. Mais une certaine confiance s’instaure parmi la population.

Niger/Inondations __________________________________ p.6

Les agences se démènent pour remettre les écoles en état

L’aide s’active pour nettoyer et réparer les mil-liers d’écoles endommagées par les inondations qui ont déplacé plus de 500.000 personnes.

ACTUALITE PAR THEMESEducation/RDC ______________________________________p.17

L’école des camps de déplacésAu Nord-Kivu, les enfants des camps sui-vent des cours grâce au soutien d’ONG. Avec de bons résultats aux examens.

Démocratisation/Madagascar ____ p.19

Madagascar demande une aide sans ingérenceLe président a appelé la communauté in-ternationale à financer les élections, sans “qu’on nous dicte ce qu’on doit faire”.

Environnement/Côte d’Ivoire ________ p.27

Les victimes des déchêts toxiques ne sont toujours pas indemniséesSelon un nouveau rapport, près de 6.000 victimes du scandale de 2006 attendent toujours leurs indemnités.

Economie/Burundi ______________________________ p.29

Projet de mesures fiscales pour fa-voriser les investissementsUn projet de loi est en cours de prépa-ration comportant des mesures fiscales pour encourager les investissements.

Economie/Niger ___________________________________ p.30

La guerre de la fibre optiqueOrange et la société d’Etat Sonitel cons-truisent chacune son Backbone.

Santé/International _______________________________ p.12

Le Fond mondial adopte un nou-veau mode de financement

Afriquesubsahariennefrancophone

DEVELOPPEMENT SOCIETE ECONOMIE#6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Bénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centre-Africaine•Rwanda•Sénégal•Tchad•TogoBénin•Burkina Faso•Burundi•Cameroun•Congo Brazzaville•Congo RDC•Côte d’Ivoire•Djibouti•Gabon•Guinée•Madagascar•Mali•Mauritanie•Niger•République Centre-Africaine

La Revue Indépendante des Professionnels du Développement

Mali ___________________________________________________________________ p.4

L’intervention militaire toujours à l’étude

CONFLIT EN RD CONGONouveaux cas de violations des droits humains ________p.2

Les familles d’accueil sont débordées __________________________________ p.3

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2 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Les éléments de la rébel-lion du mouvement du 23 mars (M23) ont commis de sérieuses violations des droits de l’homme dans l’est de la RDC, a indi-qué mercredi 3 octobre le porte-parole de la Mission de l’ONU pour la stabilisa-tion du Congo (MONUCS-CO), Félix Prosper Basse.

Des viols, des enlève-ments, des déten-tions et taxations illégales, des actes

de banditisme, des pillages ont été répertoriés au Nord-Kivu où la situation sécuritaire demeure tendue, a-t-il déclaré.

M. Basse a par ailleurs révélé que la rébellion du M23 avait mis sur pied des mécanismes visant à contrer toute nouvelle défection dans ses rangs, en déployant notamment dans les régions sous son contrôle, des équipes de surveillance en vue de dissuader toute velléité de reddition.

La recrudescence d’actes de banditisme et d’assassinats est observée à Goma, chef-lieu de la province du Nord Kivu, a affirmé lundi 1er octobre Amisi Mambo de la société civile du Nord Kivu.

Selon lui, le week-end der-nier, un caporal a fait exploser une grenade dans une rue de Goma tuant un militaire des FARDC qui voulait le neutra-liser, et blessant plusieurs per-sonnes.

“La psychose de la peur se fait sans cesse grandissante du fait que les auteurs ne sont toujours pas arrêtés”, a déclaré M. Amisi Mambo.

Selon des sources proches de la société civile du Nord Kivu, ces attaques seraient l’oeuvre du groupe rebelle M23 qui disposerait d’éléments infiltrés dans la ville de Goma avec pour seul but de provoquer des ac-tions terroristes et de créer la terreur et la peur.

“Dans leur tentative de con-quérir la ville de Goma, les

Nouveaux cas de violations des droits de l'homme par le mouvement M23

rebelles de M23 recourent aux éléments infiltrés dans la ville de Goma. Soutenus militaire-ment par l’armée rwandaise, les hommes de M23 ne reculent de-vant rien pour commettre leur sale besogne. Ils commettent des assassinats de nuit comme de jour”, a souligné M. Amisi Mambo.

Face à cette situation alar-mante, le ministre congolais de l’Intérieur, de la Sécurité etde la Décentralisation, M. Richard Muyej Mangez a ef-fectué dimanche une visite à Goma où il a annoncé la mise en place de patrouilles mixte Police-FARDC pour neutraliser les auteurs de ces actes de ter-reur et restaurer la paix.

“La situation s’est encore détériorée”

“La sécurité dans l’est du pays s’est encore détériorée”, a confirmé Franz Rauchenstein, chef de la délégation du Comité International de la Croix-rouge (CICR) en RDC.

“Les populations des ré-gions où la violence fait rage en subissent de plein fouet les conséquences. Cette dégrada-tion rapide mais continue de la situation met encore et toujours à rude épreuve la capacité des populations à subvenir à leurs besoins”, a-t-il poursuivi.

Depuis la recrudescence des combats dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, la prise en charge par le CICR de blessés de guerre a augmenté, passant de 30 par mois en début d’année à plus de 80 par mois au cours des derniers mois. Cer-tains blessés civils ou militaires, faute d’accès à des soins appro-priés dans des zones reculées, ont succombé à des blessures qui auraient le cas échéant pu être traitées facilement, ajoute le CICR.

Le Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) a par ailleurs annoncé mardi 2 octobre qu’il avait aidé plus de 25.000 personnes à rentrer

dans leurs villages d’origine dans le nord RDC en prove-nance du Congo voisin, dans le cadre d’un programme de rapatriement volontaire lancé en mai dernier.

Les mouvements de populations inquiètent

les ONG

Les mouvements de popu-lations dans le Sud-Kivu de-meurent une préoccupation pour les humanitaires, indique pour sa part le Bureau de co-ordination des affaires hu-manitaires (OCHA) dans son dernier rapport sur la situation humanitaire dans le pays.

“Environ 195 ménages, soit 975 personnes de Bwegera et Kabunambo, se sont préven-tivement déplacés vers Sange, Luvungi, Kiliba dans les moy-ens plateaux d’Uvira et 24 ménages, soit 120 personnes de Luberizi, se sont réfugiés à Chibitoke au Burundi”, rap-porte ce document.

Ce conflit intercommunau-taire a provoqué une psychose laquelle a poussé plusieurs personnes à se déplacer pour rechercher la sécurité, ajoute le rapport, précisant que tous ces déplacements se sont produits du 20 au 24 septembre.

Plusieurs organisations hu-manitaires ont temporairement

revu leurs modalités d’accès dans la zone en raison de la volatilité de la situation, ren-dant obligatoire une escorte militaire pour les véhicules des Nations unies.

Le 27 septembre, le secré-taire général de l’ONU, Ban Ki-mon, a souligné l’urgence de trouver une solution pacifique au conflit en RDC.

“Je suis profondément préoc-cupé par les informations con-firmant de graves violations des droits de l’homme par le M23”, a déclaré M. Ban, affirmant qu’il n’y avait pas de solution militaire à ce problème.

Le secrétaire général a en-couragé par ailleurs la con-férence internationale de la région des Grands lacs à pour-suivre ses efforts pour élaborer un pacte de paix, de stabilité et de développement en vue de résoudre les questions de l’exploitation des ressour-ces naturelles, du retour des réfugiés et de l’intégration économique.

Les dirigeants de la région des Grands Lacs, qui se sont réunis le mois dernier en Ou-ganda, se sont mis d’accord sur la mise en place d’une force internationale neutre pour combattre les groupes armés rebelles dans l’est de la RDC.

Agences

T E M P S F O R T S

Directeur de la Publication: Sébastien DransLe Journal du Développement est publié par l’association Information et Développement (I&D)1, rue des Mésanges22 170 Plerneuf - FranceE-mail: editions@lejournaldudeveloppement.comwww.lejournaldudeveloppement.com

Le Journal du Développement est un hebdomadaire électronique à destination des professionnels de l’humanitaire, de la coopération et de l’économie en Afrique subsaharienne.

50 éditions par an

RD Congo

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3 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

T E M P S F O R T S

Les familles d'accueil sont débordéesRD Congo

Fuyant la guerre et les atrocités commises par les différentes mi-lices tant nationales

qu’étrangères qui sévissent dans leurs milieux d’origine, près de 50.000 déplacés vivent aujourd'hui à Bunyakiri (nord-ouest de Bukavu) dans la misère la plus totale. Et ce depuis avril 2012.

Ils viennent en grande partie des hauts et moyens plateaux de Kalehe, des territoires voisins de Shabunda, Walikale et Ma-sisi à la suite des affrontements entre les différents groupes armés - les Maï-Maï Raïa Mu-tomboki contre les FDLR alliés aux Nyatura- et à l’avancée des rebelles du M23.

Ils sont, presque tous installés dans des familles d’accueil, elles-mêmes très pauvres. “Toute ma grande famille, mes parents et sept de mes frères et sœurs, ont fui notre village et sont venus s’installer chez moi. Le coût est intenable, mais je ne sais pas les chasser”, se lamente un jeune commerçant marié et père de cinq enfants.

Pas de camps

Selon Jean Mwanuka, chef du poste d’encadrement admi-nistratif de Bunyakiri, en moy-

enne une dizaine de personnes continue à arriver chaque jour. “Il n'y a pas de camps amé-nagés pour les recevoir, ils se déversent dans des familles d’accueil au nom de l’hospitalité et des liens familiaux”, déclare-t-il.

La population de son entité étant très démunie, la situation de ces déplacés est chaque jour plus compliquée, explique-t-il. “Le gouvernement, tant provin-cial que national, ne fait rien en leur faveur”, déplore-t-il.

Survivre quoi qu’il en coûte

“Ces compatriotes sont dé-laissés, abandonnés par leur propre gouvernement”, désap-prouve aussi un prêtre d’une paroisse catholique de la région qui s'interroge sur le rôle du ministère des Affaires sociales. “Le gouvernement ne doit pas toujours tout attendre de la communauté humanitaire in-ternationale. Comme il n’est pas en mesure d’aider ces sinis-trés, qu’il mette alors fin à ces guerres inutiles. Ainsi, ces pauvres citoyens regagneront leurs milieux et vivront mieux”, fulmine-t-il.

Pour survivre, chacun fait comme il peut. “Pour trouver

un peu de sous, ma femme et moi allons travailler dans des champs d’autrui. A la fin de chaque journée de dur labeur, on nous donne 1.000 Fc (1 dollar environ). Avec ça, nous nous démenons pour trouver à manger”, témoigne Dunia, la quarantaine, venu de Ziralo, sur les hauts plateaux de Kalehe. “Et on ne trouve pas où tra-vailler chaque jour”, complète sa femme, un bébé de 3 mois au dos et un autre, d’1 an ½ traîné par la main, joues et pieds jaunâtres, signes d’une malnutrition aiguë.

“Parfois, on ne nous donne pas d’argent, mais un repas, juste pour nos quatre petits enfants en bas âge”, ajoute une autre femme déplacée, dont le mari est parti jusqu’à Walikale, dans les carrés miniers, en quête d’un peu de moyens pour faire vivre sa nombreuse famille de neuf personnes.

D’autres jeunes filles et femmes se voient obligées de se prostituer pour assurer leur survie et celle de leurs familles. “La vie est devenue intenable, je n’en pouvais plus. J’ai fini par adopter cette vie là à con-trecœur”, confesse une jeune femme de 20 ans, déplacée, venue de Shabunda, rencon-trée dans un nganda-hôtel de

Bulambika, attendant les cli-ents assise sur une chaise, une bouteille de bière à la main.

A ses côtés, de nombreuses autres jeunes femmes, dont des déplacées, qui ont toutes espoir de trouver un client. “Ça dépend de la ‘chance’, il y a de jours où je gagne 5 dollars, 10 dollars, … Avec cela, je m’occupe de mes cinq enfants”, avoue une autre jeune femme déplacée, veuve de son état.

De rares organisations hu-manitaires internationales vien-nent au secours de ces déplacés à Bunyakiri. “Les bénéficiaires, à la recherche de l’argent, sont souvent contraints de ven-dre ces vivres à des prix très dérisoires”, déplore un agent du NRC (Conseil norvégien pour les réfugiés), au cours d’une dis-tribution de vivres aux déplacés de l’axe Bulambika-Hombo, en territoire de Kalehe.

“Pour diversifier la nour-riture et pour d’autres besoins, nous sommes obligés de vendre une partie des vivres obtenus”, reconnaissent plusieurs dépla-cés qui en ont reçus. Combien de temps survivront-ils ainsi ? Ils ne savent pas. L'insécurité perdure chez eux et leur retour reste hypothétique.

Jean Chrysostome Kijana, Syfia

Bunyakiri, au nord-ouest de Bukavu, en territoire de Kalehe, compte près de 50.000 déplacés. Ces derniers vivent dans des familles d’accueil elles-mêmes très pauvres, et travaillent pour quelques francs dans les champs. Des jeunes femmes sont contraintes de se prostituer pour nourrir les leurs. REPORTAGE

Les éditions précédentes du Journal du Développement sont disponibles

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4 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’attachera au mois d’octobre à examiner la situation

au Mali, a déclaré à la presse l’ambassadeur du Guatemala aux Nations unies, Gert Rosen-thal, qui assume ce mois-ci la présidence tournante du Conseil.

Une première consultation sur le Mali avait lieu jeudi 4 octobre, afin d’établir une évaluation préliminaire de la manière dont le Conseil de sécurité pourrait faire face aux problèmes auxquels ce pays est confronté.

Au Conseil de sécurité des Nations unies, la semaine dernière, les Etats-Unis et la France ont vigoureusement soutenu l’appel pour une im-plication internationale plus grande au Mali, comme l’ont fait plusieurs dirigeants afri-cains. Mais alors que la France, l’ancienne puissance coloniale au Mali, mène depuis des mois une campagne pour une im-plication militaire étrangère, la position américaine semble moins nette.

La secrétaire d’Etat améri-caine, Hillary Clinton, a déclaré au Conseil de sécurité que la si-tuation au Mali était “non seule-ment une crise humanitaire”, mais aussi “une poudrière que la communauté internation-ale ne peut pas se permettre d’ignorer”. Toutefois, elle a semblé s’être retenue d’appeler à une intervention immédiate.

Le 1er octobre, le général Carter F. Ham, commandant en chef du Commandement des forces armées américaines en Afrique (AFRICOM), a exprimé son rejet d’une intervention militaire pour rétablir la paix dans le nord du Mali, privilé-giant une solution diploma-tique.

Après de longues négocia-tions, le gouvernement de tran-sition du Mali a officiellement accepté une force d’intervention de la Communauté économique

L'intervention militaire toujours à l'étude

des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Cette décision a mis fin au sentiment de longue date que l’idée d’envoyer des troupes étrangères au Mali, bien que paraissant de plus en plus inévitable, n’est pas né-anmoins restée politiquement inacceptable, sinon impossible, à Bamako.

Une partie de ce sentiment tient à une fierté de longue date

parmi les Maliens pour avoir chassé les troupes françaises avant l’indépendance en 1960, une période à partir de laquelle aucune troupe étrangère ne s’est stationnée dans le pays. En outre, il y a, au Mali même, une méfiance généralisée à l’égard de la CEDEAO, à cause des suspicions vis-à-vis de certains de ses membres, en particulier la Côte d’Ivoire.

Au cours du mois dernier, la CEDEAO aurait indiqué qu’elle disposait d’environ 3.300 sol-dats en attente, prêts à entrer au Mali à la suite d’un accord.

En outre, la France a offert un appui logistique pour toute intervention.

Les conséquences humanitaires

d’une intervention

L’accord de la semaine dernière a sans doute été l’étape la plus critique vers une mis-sion de paix étrangère. Mais il

stipule l’obtention de l’appui des Nations unies.

Bien que le secrétaire gé-néral de l’ONU, Ban Ki-moon, ait déclaré à l’Assemblée gé-nérale que “le Mali et ses voisins ont besoin de votre attention”, il a également prévenu que “toute solution militaire en-visagée devrait être considérée avec beaucoup de prudence”. “Cela pourrait avoir de graves conséquences humanitaires, notamment de nouveaux dé-placements et des restrictions à l’accès humanitaire”.

Les agences humanitaires,

qui tentent actuellement d’aider quelque 1,6 million de per-sonnes touchées par l’insécurité dans le nord du Mali, ont ré-pété cette mise en garde, notant qu’en plus de la situation poli-tique chaotique dans la zone, toute la région du Sahel est aux prises avec une grave crise alimentaire.

“De nouveaux combats ris-quent d’augmenter les besoins

humanitaires et d’obliger en-core plus de personnes à quitter leurs maisons, et pourraient même rendre encore plus dif-ficile l’accès des communautés à l’aide dont elles ont besoin”, a indiqué Mamadou Biteye, di-recteur régional d’Oxfam pour l’Afrique de l’ouest.

Il y a un grand risque que les opérations militaires dans le nord du Mali rendent pire une situation humanitaire déjà précaire. Au minimum, si une telle opération est lancée, toutes les mesures nécessaires

(Suite page suivante)

T E M P S F O R T S

Mag

hare

bia

Mali

Le Conseil de sécurité des Nations unies doit, dès ce mois-ci, se pencher sur la situation au Mali. Ses membres ont débattu la semaine dernière d’un plan de déploiement de soldats ouest-africains de maintien de la paix pour lutter contre l’insurrection islamiste depuis six mois dans le nord du Mali.

Les rebelles du MNLA ont été rapidement supplantés dans le nord (photo d'archives)

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5 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Le président de l'Assemblée nationale du Mali par intérim, Pr. Younoussi Touré a indiqué lundi 1er octobre que “ce qui se joue

dans l'espace Saharo-sahélien en général et dans le Nord du Mali en particulier est aussi la conséquence des luttes d'influences des grandes puissances et de leurs alliés pour le contrôle des ressources potentielles du sol et du sous-sol de cette vaste zone”.

“Les indépendantistes et les intégristes ne sont probablement que des instruments conscients ou inconscients de cette stratégie de positionnement pour le partage des richesses de cette zone”, a-t-il déclaré à l’ouverture de la session budgétaire au titre l’année 2012-2013, consacrée au vote de la loi des finances. Xinhua

T E M P S F O R T SMali

La rébellion qui a éclaté dans le nord du Mali en janvier avait été organisée par le Mouvement national pour la libération de

l'Azawad (MNLA), un mouvement nationaliste touareg qui a rapi-dement déjoué les plans d'une armée démoralisée et mal équipée, s'emparant du même coup de vastes pans du territoire.

Les revendications du MNLA en faveur d'un État indépendant ont rappelé celles des insurrections précédentes, mais ses combat-tants et ses administrations naissantes ont rapidement été sup-plantés par les mouvements islamistes radicaux.

Pour Bamako, le principal ennemi ne prône plus la sécession, mais un engagement rigide en faveur d'un islam salafiste qui n'a pas sa place au Mali. Par ailleurs, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui est généralement présenté comme l'organisation qui chapeaute et finance les autres mouvements islamistes radicaux dans le nord du pays, dispose de vastes réseaux de trafic et de kidnapping dans la région. Selon certaines informations, ces réseaux auraient été mis en place avec la connivence discrète de certaines sections de l'armée malienne et des forces de sécurité algériennes.

La taille, la puissance militaire, les structures internes et les ré-seaux de soutien des trois principaux mouvements - Ansar Dine, le Mouvement pour l'unité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et AQMI - ont fait l'objet de toutes sortes de conjectures, mais les informations fiables se sont souvent révélées difficiles à obtenir.

Selon des observateurs qui se sont rendus dans le nord du pays, les dirigeants d'AQMI sont très présents, mais ils sont extrême-ment mobiles. Ce sont généralement des chefs de guerre qui se déplacent fréquemment. Il semble aussi que le MUJAO soit en train d'accroître son influence, mais que cela soit dû, dans une large mesure, à l'intervention d'Africains de l'Ouest qui ne sont pas originaires du Mali. IRIN

Le leader touareg Iyad Ag Ghali, à la tête du groupe islamiste Ansar Dine

Mali(Suite de la page précédente)

doivent être prises pour éviter des victimes civiles et assurer le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

Des groupes “de plus en plus répressifs”

Oxfam prévient également contre le fait de se focaliser sur la situation au Mali uniquement à travers l’objectif limité de lutte contre le terrorisme, soulignant qu’une paix durable et la pros-périté dans le Sahel signifient qu’il faut s’attaquer aux condi-tions de la pauvreté chronique, de la faim et de l’exclusion.

Human Rights Watch a pu-blié la semaine dernière un nou-veau rapport prévenant que les groupes armés islamistes sont devenus “de plus en plus répres-sifs”, y compris le fait d’avoir

Qui a la main sur le nord du Mali?

recruté plusieurs centaines d’enfants pour combattre.

HRW a indiqué que, sous le contrôle des islamistes radi-caux, “les lapidations, les ampu-tations et les flagellations sont devenues des pratiques cou-rantes qui s’inscrivent dans une tentative manifeste de forcer la population locale à accepter leur vision du monde.”

Selon des diplomates, qui considèrent qu’un conflit est probable, voire inévitable, une intervention hâtive pourrait être catastrophique, notam-ment parce que des doutes subsistent quant à la capacité de la CEDEAO de mener cette opération.

La CEDEAO a-t-elle les moyens?

Des États membres impor-tants comme le Sénégal sem-blent peu enthousiastes face à la perspective d’une intervention au Mali. Le Nigeria, qui est lui-

même confronté à sa propre menace fondamentaliste avec le mouvement radical Boko Haram, pourrait faire face à des pressions internes et refuser de participer à l’intervention.

Les soldats de la CEDEAO qui ont une bonne expérience des combats dans le désert sont rares. La Mauritanie, qui, par le passé, a critiqué le Mali pour son “laxisme” face au “terrorisme is-lamique” et envoyé ses propres troupes sur le territoire malien pour mener des opérations de contre-insurrection, n’est pas membre de la CEDEAO.

L’Algérie, accusée par de nombreux Maliens d’avoir don-né naissance aux mouvements djihadistes et aux réseaux de trafic et de kidnapping qui ont joué un rôle destructeur dans le nord du Mali, ne fait pas non plus partie de l’organisation régionale.

D’après l’International Cri-sis Group (ICG), ni l’armée malienne ni la CEDEAO ne parviendront à faire cesser l’afflux d’armes et de soldats

en provenance de la Libye vers le nord du Mali par le sud de l’Algérie et le nord du Niger sans un “engagement clair des autorités algériennes”.

La CEDEAO a clairement fait comprendre qu’elle avait besoin d’un soutien solide de l’extérieur et qu’elle s’attendait à l’obtenir, notamment pour le transport aérien des troupes vers les zones de combat. L’organisation a laissé entendre que la France et les États-Unis pourraient jouer un rôle critique. Comme on pouvait s’y attendre, les deux pays minimisent leur importance.

La France s’inquiète du sort réservé à ses otages qui sont toujours détenus par des isla-mistes radicaux. Washington a officiellement suspendu ses re-lations militaires avec Bamako lorsque le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), dirigé par le capitaine Amadou Sanogo, formé aux États-Unis, a pris le pouvoir le 22 mars. Agences

"Une lutte pour le contrôle des ressources"

IRIN

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6 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

T E M P S F O R T S

IRIN

Le gouvernement du Niger et les agences d'aide humanitaire se démènent pour net-

toyer et réparer les milliers d'écoles endommagées par les inondations dues aux pluies de juillet et d'août, qui ont déplacé plus de 500.000 personnes et fait plus de 80 victimes, afin que les enfants retournent à l'école le plus vite possible.

Les régions de Dosso au Sud-Ouest, de Tillabéri à l'Ouest et la région de Niamey, où se trouve la capitale, ont été les plus gravement touchées. Au total, 150 des 366 communes du pays ont été affectées par les pires inondations que le pays ait connues depuis 80 ans, selon Oxfam.

La réponse humanitaire a été déployée rapidement par le gouvernement et les agences d'aide humanitaire : des mil-liers de colis de produits ali-mentaires et non alimentaires ont été distribués, selon Modibo Traoré, chef du Bureau de la coordination des affaires hu-manitaires des Nations unies (OCHA) au Niger, mais les besoins de relèvement sont sous-financés.

Environ 1,5 million de per-sonnes ont été déplacées ou ont perdu leur logement dans les inondations qui ont touché l'Afrique de l'Ouest lors de la dernière saison des pluies, selon OCHA.

Besoins de relèvement précoce

Le gouvernement a préparé un plan de relèvement précoce, “mais il a besoin de finance-ment”, a prévenu M. Traoré.

Le Fonds central d'interven-tion d'urgence (Central Emer-gency Response Fund, CERF) a versé environ 2,5 millions de dollars afin de répondre aux inondations, mais aucun fonds n'a été décaissé pour la réhabili-tation des écoles, car l'éducation n'est pas considérée comme étant “nécessaire à la survie”.

Le Programme des Nations

Nombre de personnes affectées par les inondations à la mi- septembre:NIGER : 527,471 (81 décès)TCHAD : 465,896 (34 décès)SENEGAL : 287,384 (19 décès)NIGERIA : 134,381 (173 décès)BURKINA FASO : 44,706 CAMEROUN : 29,591 (14 décès)GAMBIE : 20,822 (6 décès)RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : 13,700 (4 décès)MALI : 11,161 GHANA : 2,491 MAURITANIE : 505 TOGO: 134

unies pour le développement (PNUD) va recevoir un mil-lion de dollars pour réhabiliter 1.000 centres de soins de santé endommagés, situés pour la plupart dans les régions de Dosso et Tillabéri.

Les écoles étaient censées ouvrir leurs portes le 27 sep-tembre, mais la rentrée risque d'être différée - de plusieurs semaines pour certains étab-lissements - indiquent des travailleurs humanitaires. “Il y a encore beaucoup de choses à faire. Il nous faudra plus de deux semaines pour y arriver”, a expliqué Weifane Ibrahim, coordinateur du programme Éducation d'Oxfam au Niger.

Suite aux inondations, des familles déplacées se sont réfugiées dans 80 écoles et bâtiments publics, mais la plupart de ces bâtiments ont été évacués ; les familles, qui ont reçu des bons d'achat et des produits de base, ont été encouragées à s'installer chez des familles d'accueil.

“Plus vite les écoles seront évacuées, plus vite nous pour-rons reprendre les cours”, an-nonce Hima Achana, secrétaire en communication du Syndicat national des enseignants au Niger.

“Le relèvement précoce est une priorité - les logements, les écoles, les centres de soins de santé, les centres commu-nautaires, les mosquées et les points d'eau doivent être recon-struits”, souligne M. Traoré.

Environ 7.000 hectares de cultures ont été détruits dans les inondations, et les fermiers ont besoin d'outils et de grai-nes afin de reprendre leurs activités.

Réinstallation forcée

Un nombre trop important de familles vivent sur des terres inondables situées le long du fleuve Niger et doivent être relogées, indique le gouverne-ment. Bon nombre d'entre elles bloquent les eaux de ruisselle-ment du fleuve, aggravant ainsi

les inondations, tandis que certaines familles de la région de Niamey se sont installées sur le lit de la rivière, qui est asséché pendant une grande partie de l'année.

Aichatou Boulama Kane, gouverneur de Niamey, a an-noncé que les familles seraient relogées au cours des prochains mois, soulignant que le gou-vernement avait identifié des lieux adéquats.

Cette approche s'est révélée infructueuse par le passé ; en 2010, quelque 900 familles ont reçu 1.000 dollars pour se reloger, mais elles se sont finalement réinstallées sur leur ancien lieu d'habitation, qui se trouvait près de la rivière et était donc adapté à l'agriculture irriguée. Cependant, le gou-vernement (à l'époque un gou-vernement de transition) est aujourd'hui bien en place et

l'opération devrait être un suc-cès, a avancé M. Traoré.

Les milliers de familles origi-naires de Niamey et qui ont perdu leur logement appellent aujourd'hui le gouvernement à les aider à trouver des abris temporaires et à entamer la reconstruction.

À Saga 1, un village situé au bord de la rivière en périphérie de Niamey, bon nombre de familles sans logement se sont installées chez des proches ou des amis et attendent l'aide. “Ils nous ont demandé de quitter les écoles qui nous hébergeaient, mais pour l'instant personne ne nous a montré le site où nous allons nous installer”, raconte Mahamane Issa, 40 ans.

Le gouvernement a promis de répondre à leurs attentes avec l'aide de ses partenaires.

IRIN

Les agences se démènent pour remettre les écoles nigériennes en état

Inondations

Bilan des inondations

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7 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Environ 60.000 per-sonnes au total sont touchées par les in-

ondations survenues depuis août dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Came-roun et parmi ces sinistrés, 11% se retrouvent dans des sites de relocalisation, a annoncé jeudi 27 septembre à Yaoundé le sys-tème des Nations unies dans le pays, qui a mobilisé un million sur plus de 6 millions de dollars de besoins.

Cette grave catastrophe, qui a poussé le président camerou-nais Paul Biya à se rendre dans les régions concernées, fait peser la menace d’une crise humanitaire, eu égard à son ampleur accompagnée de dif-ficultés d’accès dans certaines zones des inondations, a affir-mé la coordinatrice par intérim du système des Nations unies, Charlotte Faty Ndiaye, au terme

d’une mission d’évaluation sur le terrain.

“Le gouvernement camerou-nais fait déjà beaucoup et nous, nous devons encore faire mieux (...) On a pu sauver des vies, puisqu’on a déplacé les popula-tions sinistrées”, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse dans les locaux de la représen-tation camerounaise du Pro-gramme alimentaire mondial (PAM) dans la capitale.

Sur les 60.000 sinistrés recensés, 40.200 se trouvent dans le Nord et 20.000 dans l’Extrême-Nord, d’après l’Onu. 52% de cette population est constituée de femmes et plus de 18.000 enfants sont dénom-brés, a précisé Faty Ndiaye qui a fait état du “risque d’épidémies si nous n’agissons pas”, étant donné une forte prévalence de choléra, de méningite et de fièvre jaune dans les deux

Cameroun : 11% des victimes placées dans des sites de relocalisation

régions.Principalement, a-t-elle dit,

les interventions des agences spécialisées onusiennes sont concentrées sur les personnes regroupées dans des sites de relocalisation (quatre dans l’Extrême-Nord et deux dans le Nord), lesquelles sont évaluées à 6.600, soit 11% de la popula-tion totale des victimes de la catastrophe.

Les femmes enceintes prises gratuitement

en charge

En plus des réponses aux besoins urgents de tous les sinistrés concernant les abris, l’alimentation, la santé puis l’hygiène et l’assainissement, “toute femme en état de gros-sesse dans les sites de relocali-sation va être prise en charge gratuitement”, a expliqué la

responsable onusienne, qui a également mentionné la mise à disposition de 20.000 moustiquaires imprégnées d’insecticide.

Pour sa réaction face à la catastrophe, le gouvernement camerounais avait annoncé le déblocage d’une aide d’urgence de 1,5 milliard de francs CFA (3 millions de dollars), complétée par une enveloppe de 300 millions de francs (600.000 dollars) accordée par le couple présidentiel, sans oublier un stock de vivres et de matériels divers.

En marge de la solidarité internationale, beaucoup de soutiens se sont manifestés, dont une aide de 5 millions de francs CFA (10.000 de dollars) de l’ambassade de Chine à Yaoundé et un don chiffré à un million de dollars offert par les Etats-Unis. Xinhua

La Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)

a octroyé un montant de 300 millions de francs CFA (environ 577.000 dollars) au Bénin, en vue d’appuyer les efforts des autorités béninoises pour venir en aide aux jeunes agriculteurs des villes du nord du pays, dont les champs de cultures ont été dévastés, suite aux inondations qui les ont frappés, a annoncé vendredi 28 septembre M. Cheikhe Hadjibou Soumaré, président de la Commission de l’UEMOA.

“La Commission de l’UEMOA souhaite, par ce geste, contribuer aux mesures visant

L'UEMOA donne 300 millions FCFA au Béninà soulager les difficultés des populations bé-ninoises sinistrées”, a expliqué M.Cheikhe Hadjibou Soumaré.

Ce don de 300 millions de FCFA servira, entre autres, à assurer l’approvisionnement des producteurs en semences de riz et de cultures maraîchères ainsi qu’en équipe-ments divers.

“Ce don permettra également de sou-tenir la reconstruction des habitations et des champs emportés par les inondations”, a-t-il précisé.

De sources proches du ministère bé-ninois de l’Intérieur et de la Sécurité

publique, les conséquences néfastes des changements climatiques se sont traduites cette année par des inondations dans la partie septentrionale du Bénin, notamment dans les communes de Karimama, Malan-ville, Kandi, Ségbana, N’Dali et Parakou.

Ces inondations ont entraîné la des-truction d’infrastructures économiques, l’effondrement de 10.000 habitations, la destruction de 6.000 hectares de riz, 3.765 hectares de maïs, 2.700 hectares de sorgho, 1.025 hectares de mil et 240 hectares de cultures maraîchères.

Xinhua

T E M P S F O R T SInondations

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8 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Pour certains obser-vateurs, le “rouleau compresseur” de la justice se met main-

tenant en marche contre les auteurs des violences et crimes post-électoraux.

“Passé le temps des enquêtes, passé le temps des témoigna-ges, la justice va maintenant faire son travail”, a estimé le

président de l’ONG Justice pour tous, Soumahoro Foungbé.

“Le procès qui a commencé à la Cour d’appel est le début d’un processus qui va permettre de faire la lumière sur tout ce qui s’est passé et qui a endeuillé le pays”, a ajouté M. Foungbé

Selon le rapport de la Com-mission nationale d’enquête sur les violences postélectorales,

dont les enquêtes ont couvert la période du 30 octobre 2010 au 15 mai 2011, sur 15.875 per-sonnes auditionnées, 13.344 se sont révélées être des vic-times ou leurs proches. Elles ont perdu un des leurs, ou ont été enlevées, torturées ou ont subi d’importants sévices corporels.

Le rapport indique que, sur

3.248 personnes tuées pendant la période, 1.452 meurtres ont été commis par “les forces pro-Gbagbo”, dont 1.009 exécutions sommaires, indique le rapport qui épingle aussi les groupes d’autodéfense ou miliciens pro-Gbagbo. Ils seraient auteurs de la mort de 57 personnes.

En outre, 727 personnes ont été assassinées par les

Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara à l’époque) dont 545 exécu-tions sommaires. Et 200 autres personnes ont été tuées par les chasseurs traditionnels dozos (supplétifs des FRCI), ajoute le rapport.

A tout cela, s’ajoutent 8.141 cas d’atteintes à l’intégrité physique, 345 cas de torture, 194 viols, 265 disparitions forcées et 260 cas de détention arbitraire.

“En raison du fait que cer-tains corps de victimes n’ont pu être identifiés, nous pouvons avancer que ces chiffres sont en-deçà de la réalité”, souligne Paulette Badjo, présidente de la Commission nationale d’enquête.

“Un tournant décisif pour le pouvoir en place”

Face à des membres de l’opposition qui crient à une “justice des vainqueurs”, le président ivoirien Alassane Ouattara a à maintes occasions rassuré les uns et les autres quant à sa volonté de garantir une justice équitable à tous.

“Des enquêtes ont été dili-gentées et quelque soit le bord politique des personnes recon-nues coupables, elles seront sanctionnées conformément à la loi”, a promis Alassane

Côte d'Ivoire : Justice des vainqueurs?

Ouattara.Des organisations de défense

des droits de l’homme telles que la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) se sont réjouies de cette promesse, et ont exhorté les autorités ivoiri-ennes à traduire en actes la fin de l’impunité afin que tous les coupables répondent de leurs actes devant les tribunaux.

Pour des observateurs de la vie politique ivoirienne, il s’agit à travers la mise en marche de la machine judiciaire et de l’édification d’un Etat de droit.

“La reconstruction du pays doit se faire avec des insti-tutions judiciaires fortes et indépendantes”, insiste l’un d’eux.

“Nous sommes à un tour-nant décisif pour le pouvoir en place”, estime Adama Konaté, enseignant de philosophie dans un établissement privé à Abi-djan. “Si des poursuites sont engagées et qu’elles concernent seulement un camp, notamment celui des Pro-Gbagbo, comme nous avons pris l’habitude de voir, ce serait sans intérêt”.

Ce sont les poursuites con-tre des proches du président Ouattara qui sont très atten-dues par l’opinion publique, indique-t-il.

Agences

Les grands procès de la crise post-électorale ivoirienne ont débuté avec la comparution mardi 2 et mercredi 3 octobre de cinq officiers de l’armée, proches de l’ancien président Laurent Gbagbo. Des ONG espèrent que le processus marquera la mise en marche de la machine judiciaire et l’édification d’un Etat de droit.

Une vue du quartier d’Attécoubé, à Abidjan, le 24 février 2011

ON

U

T E M P S F O R T SCôte d’Ivoire

Que fait Patrick Roméro, un quadra flamboyant, dans le monde de l’humanitaire international? Il dirige un vaste programme de santé de l’ONU au Congo, pays grand comme l’Europe de l’ouest, dévasté par le conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. Pour mener à bien son projet de lutte contre le SIDA, il dispose d’un pactole de 250 millions de dollars. Il se lance à l’assaut du pachyderme onusien, mène une guérilla contre les sacro-saintes procédures et se bat pour faire passer sa stratégie innovante aux forceps.

Peut-on rouler en Jaguar et aider sincèrement les pauvres ? L’aide internationale, il y croit ou il en croque ? Un jeune flic formé à la lutte contre la fraude financière internationale en est persuadé : il en croque. Et il le traque. Les malades congolais attendront… La distribution des médicaments est inter-rompue jusqu’à nouvel ordre.

Au-delà du roman ONU soit qui mal y pense, c’est aussi des pintes de réflexion à consommer à l’apéro quand on refait le monde et une adaptation au théâtre sous le titre La Jaguar et l’éléphant, comédie onusi-enne.

Bonne lecture ! Roberto Garcia Saez

Plongez dans les eaux troubles de l’aide humanitaire !!

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9 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

C O N T I N E N T

Le s d r a p e a u x d u XIVème Sommet de la Francophonie flot-tent de part et d’autre

le long des grands boulevards de la capitale congolaise. Ils sont couplés à ceux de la RDC pour annoncer la “fête du fran-çais” que Kinshasa se prépare à abriter du 12 au 14 octobre prochains.

A quelques jours de la tenue de ce grand rendez-vous, la ville est en effervescence. “Nous attendons plus de 5.000 per-sonnes. Nous sommes déjà en mesure de les loger toutes. Nous allons démontrer à la face du monde notre capacité d’organisation. Comme lors du combat de boxe Ali-Foreman en 1974 et le Sommet de l’Union africaine en 1967 sous Mobutu”, explique le responsable Médias et communication du XIVème Sommet de la Francophonie, Jean-Marie Kassamba.

Le commissaire général du comité national d’organisation, le professeur Isidore Ndaywel, est tout aussi formel. “Loger les invités ne posera pas de problèmes, les sites choisis sont presque prêts”, rassure-t-il. Et de préciser qu’ils ont sélectionné les établissements qui présentent un certain con-fort dans trois zones : Gombe,

Kinshasa se dit prête pour accueillir le Sommet de la Francophonie

Ma campagne et Lingwala où auront lieu les principaux événements. Une évolution importante, car, il y a dix ans, trouver une chambre dans un hôtel de qualité était un casse-tête à Kinshasa.

A chaque événement im-portant, les délégations venues d’ailleurs ne savaient pas où loger. Seuls le Grand hôtel Kinshasa (ex Intercontinental) et le Memling (ex Sabena) af-fichaient alors toujours com-plet. Mais, ces cinq dernières années, la capitale connaît de nombreuses nouvelles cons-tructions hôtelières réalisées par des étrangers et quelques nationaux.

Descente présidentielle sur le terrain

A une semaine de l’événe-ment, pour être fixé sur la capacité du gouvernement congolais à héberger, restaurer mais aussi divertir les chefs d’Etat et de gouvernement et tous les autres invités attendus au Sommet, le président Joseph Kabila a voulu s’assurer en per-sonne qu’officiels, opérateurs économiques, journalistes et invités de l’Organisation inter-nationale de la Francophonie (OIF) se plairont à Kinshasa.

Le 17 septembre, il est des-cendu lui-même sur les lieux, accompagné du Premier min-istre et de quelques membres du gouvernement. Pendant sept heures, ils ont fait le tour des hôtels, restaurants, sites culturels, visiblement déjà prêts pour le Sommet.

C’est ainsi qu’au Fleuve Con-go Hôtel (ex CCIC), le président a découvert un complexe hôte-lier cinq étoiles de 22 niveaux avec 240 chambres. Il y a visi-té les suites présidentielles, le restaurant-bar panorama et la salle des conférences.

Puis est venu le tour du

Palais du peuple, siège du Parle-ment et du Sénat, où sont pré-vues la cérémonie d’ouverture et les plénières du Sommet. Les visiteurs ont retrouvé le lieu plus beau qu’avant, avec des salles qui subissaient alors la dernière retouche.

Juste à côté, le stade des Martyrs où est érigé le village de la Francophonie, qui sera bientôt riche de 111 stands ré-partis entre institutions, expo-sitions commerciales et cultu-relles. Ici chaque pays vendra son image et sa culture.

A l’aéroport de N’Djili, les visiteurs ont apprécié les travaux de renforcement et d’élargissement de la piste d’atterrissage. La rotonde, la salle de récupération des bagages, la tour de contrôle et le hangar technique ont aussi été visités.

Aux entrepôts des ITPR (Infrastructures, travaux pub-lics et reconstruction) dans la commune de Limete, étaient garés des véhicules flambant neuf destinés au transport des participants. La tournée d’inspection s’est achevée à la Cité de l’Union africaine où logeront les chefs d’Etat, égale-ment rénovée.

Les attentes des ONG

“Nous attendons de ce Som-met des résolutions concrètes pour offrir à la RDC des fa-cilités à réaliser l’inventaire forestier, faire la cartographie et le zonage, renforcer la gestion forestière, juguler la pauvreté des riverains des forêts riches et des peuples autochtones…”, espère Omar Kabasele, éditeur du journal Le monde vert et

coordonnateur du Réseau des communicateurs en environ-nement (RCEN).

Pour lui, le Congo, avec ses 145 millions d’hectares de forêts denses, a des réponses à donner sur le changement climatique.

Avocat et coordonnateur national de l’ONG Action con-golaise pour l’accès à la jus-tice (ACAJ), Georges Kapiam-ba attend lui autre chose du Sommet de Kinshasa qui aura pour thème : “Francophonie, enjeux environnementaux et économiques face à la gouver-nance mondiale”. “Les Etats membres de l’OIF doivent rap-peler au gouvernement de la RDC ses obligations de respect-er la démocratie et les droits de l’homme”, dit-il.

De son côté, Serge Mamba, menuisier de la commune popu-leuse de Barumbu, apprécie, lui, la propreté qui s’installe petit à petit dans Kinshasa. La ville est en effet entrain de revêtir sa plus belle robe. Aucun coin de la capitale ne veut laisser une mauvaise impression aux hôtes attendus. Les grandes places sont réhabilitées, à l’image de la Place des artistes à Matonge et la Place du cinquantenaire au centre-ville. Les artères princi-pales sont balayées chaque jour et une campagne initiée par le maire apprend aux habitants à sourire aux invités.

Depuis 1991, la RDC espérait accueillir un Sommet de la Francophonie. C’était alors le IVème. Mais, à cause de soucis liés au contexte politique de l’époque, le Sommet avait été transféré en France. Cette fois-ci, Kinshasa tient son sommet.

Didier Kebongo, Maurice Mulamba, Syfia

A Kinshasa, hôtels, restaurants et sites culturels n’attendent plus que les quelque 5.000 invités au XIVème Sommet de la Francophonie qui se déroulera du 12 au 14 octobre prochains. Les craintes initiales sur la capacité de la RDC à organiser cet événement semblent appartenir au passé.

Nos éditions précédentes sont disponibles sur notre site Internet :

www.lejournaldudeveloppement.com

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10 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

ON

U

UNHCR : La Syrie ne doit pas éclipser le Mali, la RD Congo et le SoudanLa communauté interna-

tionale devrait élargir l’horizon de ses préoc-

cupations vers d’autres pays que la Syrie, car il existe encore “bien d’autres crises humani-taires à travers le monde, qui sont totalement tombées dans l’oubli”, a indiqué le haut com-missaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres.

Lors d’une interview accor-dée à Xinhua, M. Guterres a mis l’accent sur les appels à l’aide envoyés par l’Afrique à la com-munauté internationale, appels malheureusement estompés par la crise syrienne. Le Mali, le Soudan ou la République démocratique du Congo (RDC) “ne reçoivent aucune atten-tion, n’ont fait l’objet d’aucun débat” à l’Assemblée générale de l’ONU, a-t-il déploré.

“Nous recevons moins de

financements pour ces pays, et nous devons lutter pour faire face à un immense défi, tandis que des millions de per-sonnes souffrent dans des cir-constances dramatiques dans différentes parties du monde”, a-t-il souligné.

Les récents rapports de l’ONU ont signalé une “montée inquiétante” de l’extrémisme au Mali, accompagnée de graves violations des droits de l’homme, d’une extrême pau-vreté, et d’une contrebande om-niprésente d’armes, de drogue et d’êtres humains dans le nord du pays.

A propos de la RDC, le se-crétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a quant à lui rap-pelé lors d’une réunion de haut niveau que des centaines d’enfants avaient été “recru-tés de force pour être utilisés comme combattants ou comme

esclaves sexuels, et parfois même tués”.

“J’espère que les hommes

politiques pourront se pencher sur ces questions (...), et que les agences humanitaires seront

en mesure de venir en aide à ces populations, de la même façon que l’on tente d’aider les réfugiés syriens”, a conclu M. Guterres.

M. Guterres a estimé très important pour les hommes politiques et la communauté internationale de mettre en per-spective chaque pays en crise de manière individualisée.

Pour ce faire, il convient entre autres d’attirer davan-tage l’attention des médias sur les populations malienne, soudanaise et congolaise, a-t-il rappelé.

M. Guterres, ancien Premier ministre portugais, était à New York pour assister à une série de réunions de haut niveau en marge du débat général de la 67e session de l’Assemblée gé-nérale de l’ONU, qui durait une semaine et s’est achevée lundi 1er octobre. Xinhua

Q U A R T I E R S G E N E R A U X

Antonio Guterres, Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés

Une délégation de jeunes cadres de l'Afrique de

l'Ouest et du Centre a lancé samedi 29 septembre à Abidjan un plaidoyer pour la création, à l'ONU, d'un fonds mondial pour la jeunesse et l'emploi des jeunes, afin de résoudre le problème du chômage de cette frange de la population.

Selon le chef de la délégation de ces jeunes réunis au sein du “G25 Afrique”, Luc Cidimu, le chômage des jeunes étant

Le "G25 Afrique" appelle l'ONU à créer un fonds pour la jeunesse et l'emploi des jeunes

devenu un fléau mondial qui n'épargne aucun pays, y com-pris les plus riches, il importe de sensibiliser le monde entier en vue d'une “solution mondiale à un fléau mondial”.

Le “G25 Afrique” réunit des jeunes cadres des 15 pays de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des 10 pays de la Commu-nauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

Pour Luc Cidimu, de même

que l'ONU a créé un fonds pour lutter contre le sida ou préser-ver l'environnement, la com-munauté internationale doit se mobiliser pour ses jeunes.

La mise en place de ce fonds apparaît comme “la solution la plus efficace qui permettra aux jeunes d'obtenir des finance-ments pour promouvoir l'auto-emploi, participer à la relance économique et à croissance de leurs pays respectifs”, a pour-suivi Luc Cidimu.

Le “G25 Afrique” a lancé une croisade auprès des décideurs politiques du monde entier qui devrait déboucher fin décembre sur “l'appel d'Abidjan” puis sur “l'appel de Paris” afin que l'année 2013 soit dédiée à la mise en place du fonds.

“Un tel fonds sera le signe palpable de l’intérêt que porte la communauté internationale au problème de la jeunesse”, a-t-il estimé.

Xinhua

L'Algérie et la Mauritanie réclament un siège permanent africain au Conseil de sécurité de l'ONUL'Afrique doit disposer d'un siège permanent au sein du

Conseil de sécurité de l'ONU, ont réclamé les représen-tants de l'Algérie et de la Mauritanie dans leurs interventions samedi 29 septembre à New York, dans le cadre du débat général à l'Assemblée générale de l'ONU.

“Les méthodes de travail du Conseil de sécurité doivent être révisées pour assurer la démocratisation. Ses membres doivent augmenter”, pour qu'il compte “de nouveaux membres permanents

et non permanents du monde en développement, notamment de l'Afrique, berceau de la civilisation”, a indiqué le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci dans son discours.

Pour sa part, le chef de la diplomatie mauritanienne, Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, a déclaré que son pays soutient l'élargissement du Conseil de sécurité qui, selon lui, doit accorder non seulement un membre permanent à l'Afrique, mais un autre encore au groupe arabe.

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11 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

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12 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Le Fonds mondial adopte un nouveau mode de financement

Le Conseil d’admi-nistration du Fonds mondial a adopté les principes directeurs

du modèle lors d’une réunion qui s’est tenue à Genève à la mi-septembre. Les détails du modèle sont encore en cours d’élaboration, mais certains éléments clés sont déjà connus, comme l’attribution des fi-nancements à des pays regrou-pés en fonction de la charge de morbidité et de la capacité de payer.

Selon les décisions prises lors de la réunion, les plans

stratégiques et les cadres d’investissement nationaux pour les trois maladies qui fe-ront preuve d’une optimisation des ressources détermineront de plus en plus l’allocation des financements.

Le Comité de la stratégie, des investissements et de l’impact du Fonds mondial s’empresse de mettre au point les der-niers détails du modèle pour les présenter au Secrétariat du Fonds avant le 15 octobre. Selon les membres du Conseil d’administration y siégeant, la direction du Comité prendra part à de multiples consulta-tions, en personne ou à dis-tance, pour connaître les réac-tions des parties prenantes, et ce, jusqu’au 10 octobre.

Affectation des financements

La création de ce nouveau modèle a été décidée après l’examen du système de con-trôle de dépense des subven-tions du Fonds mondial par

un groupe d’experts de haut niveau. Cet examen faisait suite à des allégations de fraude par des bénéficiaires des subven-tions dans des pays comme le Mali, la Mauritanie et la Zambie.

Entre autres changements, le nouveau modèle regroupera les pays par catégories en fonc-tion de la charge de morbidité et du niveau de revenu établi selon les données de la Banque mondiale.

Le Fonds mondial lutte contre trois maladies, mais il prévoit de regrouper les béné-

ficiaires par catégories de pays plutôt que par maladie. Le nombre et la composition des groupes n’ont pas encore été déterminés.

Selon Andrew Hurst, res-ponsable des relations médias du Fonds mondial, le Fonds a décidé, en l’absence de con-sensus concernant la façon de mesurer la charge de morbidité s’appliquant aux trois maladies, qu’il baserait l’allocation des financements pour chaque maladie sur les chiffres utilisés auparavant, pour une période maximale d’un an, jusqu’à ce qu’une nouvelle méthode de répartition des fonds soit mise au point.

Cette décision a soulevé des protestations de la part de certains groupes, notamment ceux qui luttent contre la tuber-culose, une maladie à laquelle le Fonds affectait traditionnel-lement 16% de ses ressources. À l’approche de la réunion du Fonds mondial en septembre, les porte-parole de ces groupes ont fait pression pour que cette

proportion soit augmentée. Ainsi, le Partenariat Halte à la tuberculose a avancé que si la part des fonds alloués à cette maladie était déterminée par sa mortalité, les programmes de lutte contre la tuberculose recevraient environ 34% de la somme totale des financements du Fonds mondial.

“Concrètement, ces faibles niveaux de financement ris-quent de creuser encore davan-tage le déficit de financement mondial de la lutte contre la tuberculose, qui s’élève déjà à plus de deux milliards de dol-lars, et pourrait mettre fin à l’augmentation des diagnostics et des traitements de la tuber-culose, voire inverser la ten-dance”, a déploré le Partenariat Halte à la tuberculose dans un communiqué publié peu avant la réunion du Fonds mondial en septembre.

Depuis, le groupe a rédigé un nouveau communiqué dans lequel il exprime le souhait qu’une meilleure méthode d’attribution des financements soit adoptée à l’avenir.

“Nous ne pouvons pas nous réjouir de la décision de fixer, au départ, les niveaux de fi-nancement pour chaque mala-die en fonction des attributions antérieures, mais il est impor-tant de remarquer qu’il s’agit d’une mesure temporaire qui ne devrait durer qu’un an et que le niveau d’attribution des subventions pour la tuberculose n’est pas gravé dans le marbre”, ont réagi dans une déclaration commune Lucica Ditiu, Secré-taire exécutive du Partenariat, et Mario Raviglione, directeur du Département Halte à la tuberculose de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

“Nous comprenons égale-ment que cette mesure a été proposée afin de pouvoir en-gager une discussion sur un modèle qui permettra au Fonds

mondial d’allouer ses subven-tions de manière plus straté-gique.”

Un système de subventions plus flexible

Le nouveau modèle pour-suit également l’abandon du système de séries, selon lequel les appels à candidature étaient publiés de manière périodique, et l’adoption d’une approche qui conditionne davantage l’attribution des subventions au niveau de préparation des bénéficiaires.

Dans le cadre de cette nou-velle approche, le Fonds au-torisera les pays à présenter leur candidature tout au long de l’année en fonction de leur calendrier budgétaire national. Les notes conceptuelles auront par ailleurs une importance croissante, ce dont se réjouis-sent de nombreuses organisa-tions de la société civile comme l’Alliance du SIDA et des droits pour l’Afrique australe (AIDS and Rights Alliance of Southern Africa, ARASA).

“L’un des éléments fonda-mentaux du nouveau modèle pour les candidats sera la présentation d’une note con-ceptuelle. Plus succinct que les candidatures employées par le passé, ce document permettra d’obtenir très tôt dans la pro-cédure un avis du [Comité technique d’examen du] Fonds mondial, d’autres donateurs et d’experts techniques quant aux éventuels ajustements que pourrait nécessiter la note con-ceptuelle”, a expliqué le Fonds mondial dans un communiqué. “Cette démarche devrait di-minuer les temps d’attente et améliorer les taux de réussite généraux des candidatures.”

Le Fonds mondial n’ayant pas toujours des ressources à sa disposition, le Comité mettra

S A N T E

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a dévoilé les premiers détails concernant son nouveau modèle de financement, qui changera la façon dont les pays sollicitent des fonds. Toutefois, alors que le Fonds mondial s’emploie à parachever ce modèle avant l’année prochaine, la société civile critique le processus qu’elle estime précipité et pas assez transparent.

(Suite page suivante)

Dans le cadre de cette nouvelle approche, le Fonds autorisera les pays à présenter leur candidature tout au long de l’année en fonc-tion de leur calendrier budgétaire national.

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13 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

S A N T E

en attente les propositions qui, même si elles sont solides, ne peuvent être financées immé-diatement. Ces propositions seront à nouveau examinées lorsque de nouvelles ressources seront disponibles, mais leur degré de priorité reste à clari-fier.

La société civile demande d’“appuyer sur pause”

Alors que le Fonds mondial peaufine les détails de son nou-veau modèle, de nombreuses organisations de la société civile africaines ont fait part de leur mécontentement concernant la

Fonds mondial(Suite de la page précédente)

rapidité et le manque de trans-parence du processus.

Fin août, l’ARASA et World AIDS Campaign, une organisa-tion basée en Afrique du Sud, ont lancé la campagne baptisée “Appuyez sur pause”.

Soutenue par près de 40 ONG africaines, la campagne exhortait le Fonds mondial à mettre au point un processus de communication et de consulta-tion plus solide et ouvert autour de l’élaboration du nouveau modèle.

Selon Lynette Mabote, res-ponsable de la défense des droits de l’ARASA, la majorité de la société civile africaine ignore complètement qu’un nouveau modèle est en cours d’élaboration et les conséquen-ces que cela aura pour eux en

tant que maîtres d’oeuvre. “Ils n’ont aucune idée de

ce que c’est et de ce que cela représente”, a regretté Rukia Cornelius, directrice de pro-gramme pour World AIDS Campaign. “Les principaux bénéficiaires [de subventions] du Fonds mondial ont des palpitations, car l’ancien mode d’attribution des subventions était déjà très contraignant et technique”.

World AIDS Campaign et l’ARASA ont rapidement con-sulté près de 60 ONG présentes en Afrique et ont découvert qu’en raison de l’absence de communication de la part du Fonds mondial, elles ignoraient presque toutes qu’un nouveau modèle était en cours de réali-sation.

“En deux semaines, nous avons consulté 56 organisations - et ceci sans aucune ressource”, a rapporté Mme Cornelius. “Il est inconcevable qu’un système de financement international comme le Fonds mondial, qui dispose de ressources, soit in-capable d’effectuer un travail de qualité en matière de con-sultation”.

Mme Mabote est du même avis. “Les discussions ont eu lieu à huis clos et la société civile n’a pas été mise dans le secret (...) Le Fonds mondial doit nous expliquer comment nous en sommes arrivés là, fournir une chronologie des événe-ments et expliquer les étapes qui ont mené à l’adoption de ce modèle”.

IRIN

Madagascar ouvre un centre de santé pour les adolescents

Congo : Vaccin

BRAZZAVILLE - Le gouvernement congolais, en collaboration avec l’OMS et l’UNICEF ainsi que d’autres partenaires, vient d’introduire un vaccin gratuit contre la pneumonie dans son calendrier vaccinal national à partir d’octobre.

Au Congo, la pneumonie est la troisième cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans, après le paludisme et les maladies diarrhéiques.

Madagascar : Rage, peste et polio

ANTANANARIVO - Le ministère mal-gache de la Santé vient de se doter d’un appui matériel, d’une valeur d’un million de dollars, pour la lutte contre la rage, la peste et la poliomyélite, selon un communiqué du ministère publié samedi 29 septembre.

Ce don, composé de fournitures de santé et de matériels informatiques provient de la Banque Africaine de Développement (BAD), de l’organisation Mondiale de la santé (OMS) et de l’Institut Pasteur à Madagascar (IPM).

Un centre interdisciplinaire de santé des adolescents sera ouvert

prochainement à Antananarivo, dans le cadre d’une convention signée lundi 1er octobre avec l’UNICEF.

Ce centre va être mis en place par les centres hospitaliers universitaires (CHU) d’Antananarivo qui devront, en même temps, s’engager à former le personnel de santé et d’appui sur les particularités des adolescents et sur la communication adaptée aux adolescents, indique un communiqué de l’UNICEF.

En parallèle avec cette mise en place du centre, un programme d’enseignement sur la “santé des adolescents” auprès des étudiants en 3ème année d’études paramédicales et un programme de formation rela-tive à la santé des adolescents seront également mis en oeuvre.

L’UNICEF va assister technique-ment et financièrement la mise en oeu-vre de ces projets tandis que le CHU

Vaudois et l’Université de Lausanne en Suisse vont appuyer dans la documen-tation, la formation et la recherche sur la santé des adolescents.

Cette convention multipartite a été signée par les CHU d’Antananarivo, la direction des Instituts de formation paramédicale, la Faculté de médecine d’Antananarivo, le CHU Vaudois (Suisse), l’Unité multidisciplinaire de santé des adolescents et la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne et l’UNICEF.

Madagascar compte plus de quatre millions d’adolescents âgés de 10 à 19 ans, soit 24% de la population totale.

“Il est important de nous pencher ensemble sur les besoins particuliers des adolescents afin de préserver leur santé et leur offrir un environnement avec lequel ils vont pouvoir bâtir un avenir plus sûr”, a déclaré la ministre de la Santé publique Johanita Ndahi-mananjara, lors de la signature de cette convention.

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14 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

S A N T E

Fadimatou Badjam Kaka, la présidente du comité de veille du quartier,

installé en février au quartier Briqueterie de Yaoundé, par le ministère camerounais de la Promotion de la Femme et de la Famille, et trois autres femmes du comité contre les MGF, vont de maison en maison pour sen-sibiliser les femmes, environ deux fois par semaine. Et le 3 juillet, elles avaient échangé avec cinq femmes d’une famille en fufuldé (ou peul), une langue locale du Cameroun.

“Nous leur expliquons les méfaits des MGF sur la santé physique et mentale. Nous les informons également qu’elles peuvent contribuer à les réduire en dénonçant ceux qui le font ou ceux qui planifient de le faire”, explique Badjam Kaka.

Selon l’Organisation mondi-ale de la santé (OMS), une muti-lation génitale féminine est une ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme: la vulve, les grandes et les petites lèvres, le clitoris, le prépuce ainsi que les orifices urinaires et vaginaux.

Le plan d’action national pour l’élimination des MGF au Cameroun, élaboré en décem-bre 2011, indique que la préva-lence des mutilations est de 1,4%. La prévalence des types de MGF est de 4% pour les incisions sans ablation, 85% pour les ablations couramment appelées excisions et 5% pour les infibulations.

Les MGF se déroulent gé-néralement dans les régions du Sud-Ouest, de l’Extrême-Nord du Cameroun et dans le quartier Briqueterie à Yaoundé, majoritairement habités par des populations musulmanes. Ce qui explique l’installation des comités de veille sur ces lieux.

“Avant, il y avait au moins une mutilation chaque mois.

Depuis notre installation, il y a eu un seul cas. Le père de la fille a été dénoncé à la police, mais il a déménagé avant qu’on ne puisse l’arrêter. Depuis ce jour, les autres ont pris peur”, se réjouit Aïssatou Lawal, une femme membre du comité de veille du quartier.

Le rapport 2010 du Fonds des Nations Unies pour la popu-lation (FNUAP) sur le pays précise que le taux de MGF de 1,4% s’applique aux femmes de 15 à 49 ans. Cependant, les

MGF touchent 0,4% des filles âgées de 15 à 19 ans, et 1,2% de femmes âgées de 35 à 39 ans.

Mais selon le FNUAP, la prévalence des MGF est de 2,1% en zone rurale et de 0,9% en zone urbaine. Les interventions effectuées par les exciseuses et les accoucheuses tradition-nelles, les femmes âgées et autres praticiens locaux sont de 89%.

Par contre, les interven-tions médicales effectuées par des professionnels de la santé représentent 4%. Au Cameroun, en effet, des hommes riches font venir des infirmières à domicile pour pratiquer discrètement les MGF et qui reviennent quelques jours après pour vérifier que la cicatrisation se passe bien.

“Nous avons rencontré des cas à Mamfé, dans la région du Sud-Ouest et dans l’Extrême-Nord. Les parents disent qu’ils s’adressent aux infirmières pour minimiser les risques de trans-

mission de maladies”, confirme Comfort Effiom, présidente de la branche camerounaise de l’ONG Comité interafricain de lutte contre les pratiques tradi-tionnelles affectant la santé de la femme et des enfants.

Bien que les filles et femmes soient affectées par ce phéno-mène de leur naissance jusqu’à leur premier accouchement, il n’existe pas de données sur les filles de moins 15 ans car c’est généralement à l’occasion des consultations prénatales,

des accouchements ou des complications médicales qu’on découvre souvent la MGF chez les femmes.

Mais, beaucoup de femmes affirment avoir été excisées sans leur consentement. “On m’a excisée au village quand j’avais 11 ans, une semaine avant mon mariage. Je ne le voulais pas, mais c’était une exigence de mon mari qui avait déjà trois autres femmes. C’est une vieille femme du village qui m’a cou-pée et jusqu’à ce jour, je n’ai pas oublié cette douleur”, déclare Awa Kaldaoussou, une femme du quartier Briqueterie.

Dr Emile Mboudou, gyné-cologue obstétricien à l’Hôpital général de Yaoundé, explique

que les MGF, notamment les interventions traditionnelles, affectent la santé physique et mentale de la victime. Elles sont, par exemple, à l’origine de com-plications à l’accouchement, des kystes, des abcès, des in-fections au tétanos ou au VIH/SIDA à cause des outils non stérilisés et peu fiables utilisés pour plusieurs personnes.

Il y a parfois des conséquen-ces graves comme le décès à la suite d’une hémorragie, ou encore les fistules obstétricales qui constituent un problème de santé de plus en plus préoccu-pant chez des femmes excisées, explique Mboudou.

Au Cameroun, il n’existe pas de loi spécifique aux MGF. Mais, certaines dispositions du Code pénal comme la mise en danger de la vie d’autrui, les coups et blessures, l’homicide involontaire, peuvent être ap-pliquées pour poursuivre les auteurs de MGF.

“Nous avons pensé à un projet de loi spécifique aux MGF, mais nous avons finale-ment opté pour une révision du Code pénal en y intégrant de nouvelles incriminations. La procédure de révision est en bonne voie”, déclare Jean-Pierre Makang, sous-directeur de la promotion des droits de la femme et du genre au ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille.

“Pour améliorer nos ré-sultats, il faudrait créer des comités de veille dans tous les quartiers, car les gens pour-raient aller s’installer ailleurs pour continuer les MGF”, sug-gère Badjam Kaka.

IPS

L'action des femmes plus efficace pour réduire les mutilations génitales

Depuis qu’un comité local de femmes veille, depuis le début de l’année, pour dénoncer les cas de mutilations génitales féminines (MGF) dans un quartier de Yaoundé, la capitale du Cameroun, les MGF se raréfient et leur nombre est tombé à un seul cas enregistré ces quatre derniers mois.

On m’a excisée quand j’avais 11 ans, une semaine avant mon mariage. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas oublié la douleur.

- Une habitante du quartier Briqueterie à Yaoundé

Les éditions précédentes sont disponibles sur notre site Internet :

www.lejournaldudeveloppement.com

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15 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

ON

U

Koffi Annan : Le Printemps arabe enseigne la sécurité alimentaire

A L I M E N T A T I O N

Selon l'ancien secrétaire général des Nations unies, la pénurie ali-mentaire a été l'un des

déclencheurs des manifesta-tions dans les pays d'Afrique du nord et du Moyen-Orient qui ont conduit à la chute du prési-dent tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, en janvier 2011 et de ce-lui d’Egypte, Hosni Moubarak, en février de la même année.

Annan s'exprimait lors du Forum sur la révolution verte en Afrique (AGRF) qui s’est déroule à Arusha, en Tanzanie, du 26 au 28 septembre. L'une des issues du forum, était de développer des plans d'action concrets pour la croissance du secteur agricole en Afrique et de promouvoir la sécurité ali-mentaire sur le continent.

“Je pense que si les dirigeants africains faisaient attention et comprenaient que les systèmes démocratiques doivent marcher en Afrique, nous devrions ac-cepter l’alternance démocra-tique périodiquement et écouter le peuple et la société civile. Ainsi, nous pouvons éviter les crises que nous avons connues en Afrique. Rappelez-vous, il ne s'agit pas que des aliments, il est question de systèmes alimentaires et politiques”, a indiqué Annan.

Plusieurs centaines de délégués - représentant des gouvernements africains, des

Nations unies et des organisa-tions donatrices, ainsi que des entreprises agroalimentaires transnationales comme Yara et Cargill - se sont réunis à Arusha, pour discuter de la transforma-tion de l'agriculture en Afrique. Même certains fermiers afric-ains étaient présents.

Des analystes agricoles et économiques au forum ont expliqué que la sécurité ali-mentaire en Afrique peut être assurée seulement si les pays travaillent et échangent en-semble sans restriction.

“La région d'Afrique de l’est a un énorme potentiel pour le développement agricole. Le seul environnement favo-rable pour s'assurer qu'il y a la sécurité alimentaire, c’est d'harmoniser les questions de politiques afin d'éviter des interdictions sur l'exportation de produits agricoles, et de prévenir l'imposition de taxes insupportables”, a déclaré Anne Mbaabu, la directrice du Pro-gramme d'accès aux marchés de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA).

Le ministre tanzanien de l'Agriculture, de la Sécurité alimentaire et des Coopératives, Christopher Chiza, a fait écho de ses sentiments.

“Il est important de noter qu’avec les problèmes de sé-curité, il n'est pas facile pour les pays voisins d’échanger

aisément, même si votre voisin est dans une profonde crise alimentaire”, a-t-il indiqué, se référant à la situation en So-malie, qui a rendu difficile, pour les organisations humanitaires,

d’apporter l’aide alimentaire lors de la récente famine qui a frappé la Corne de l'Afrique.

“Nous devrions faciliter les choses pour que les gens in-vestissent dans nos pays sans problème”, a ajouté Chiza.

L'objectif de ce forum, a déclaré Annan, était de persévé-rer pour passer d'un point de basculement à l'augmentation

de la t ransformat ion de l'agriculture africaine.

“Dans le passé, les gouverne-ments africains ne se concen-traient pas sur l'agriculture, mais aujourd'hui, elle offre une opportunité pour nourrir, employer et créer la sécurité alimentaire à travers le monde”, a-t-il indiqué, ajoutant que l'objectif est de soutenir la transition des petits fermiers africains de l'agriculture de subsistance à la gestion de leurs fermes comme des entreprises, produisant un surplus pour la vente.

L'Afrique renferme la ma-jorité des terres viables mais non exploitées au monde. Et les terres qui sont exploitées sont sous-utilisées. La clé pour as-surer les moyens de subsistance ruraux, renforcer la sécurité ali-mentaire, et pour que l’Afrique prenne une bonne place dans le système alimentaire mondial, comprend des investissements dans les infrastructures rurales, l'expansion de l'adoption de meilleurs engrais, semences et techniques par les agriculteurs africains, petits et grands. “C'est ce dont nous avons besoin”, a ajouté Annan. “Pour nous assurer que les fermiers sont bien organisés et bénéficient des connaissances et d’un appui pour jouer pleinement leur rôle dans la transformation”.

Isaiah Esipisu, Terna Gyuse, IPS

Les dirigeants africains devraient prendre note des leçons tirées du Printemps arabe et réaliser que garantir la bonne gouvernance et la sécurité alimentaire évitera des crises sur le continent, déclare Kofi Annan, président de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA).

Koffi Annan : “Il ne s'agit pas que des aliments, il est question de systèmes alimentaires et poli-tiques.”

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L’Organisat ion des Nations unies pour l ’ a l i m e n t a t i o n e t

l’agriculture (FAO) a annoncé lundi 1er octobre le lancement d’une grande initiative interna-tionale afin de mieux compren-dre le rôle de l’aquaculture dans la sécurité alimentaire des pays pauvres.

Le projet, financé par l’Union européenne (UE) à hauteur d’un million d’euros, est géré par la FAO en partenariat avec une alliance mondiale de vingt organismes de développement, gouvernements et universités.

L’initiative aidera les pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine à élaborer des politiques durables pour amé-

Etude d'impact de l'aquaculture sur la sécurité alimentaire

liorer les moyens d’existence de millions de pauvres.

“Les partenaires du projet travailleront en étroite collabo-ration avec les communautés de pêcheurs et se concentreront sur la recherche sur le terrain dans de nombreux pays en développement où l’aquacul-ture est un secteur porteur. [Le projet] élaborera des outils et des méthodologies visant à aider les partenaires à éla-borer des politiques axées sur une meilleure contribution de l’aquaculture à la sécurité alimentaire et nutritionnelle”, a déclaré Rohana Subasinghe, coordinateur du projet, dans un communiqué de presse.

Le poisson représente la principale source de protéines

pour 17% de la population mon-diale - et pour près de 25% des habitants des PFRDV.

Il est aussi une source im-portante d’acides gras oméga-3 qui contribuent au développe-ment du coeur et du cerveau et protègent des risques de mala-dies cardiovasculaires.

50% du poisson consommé vient de

l’aquaculture

Près de 50% du poisson que nous consommons aujourd’hui est issu de l’aquaculture. Bien que l’aquaculture soit considé-rée comme ayant un rôle central dans la lutte contre la faim, on ne connaît pas exactement son impact sur la sécurité ali-

mentaire et nutritionnelle et sur la réduction de la pauvreté dans les pays en développement.

Compte tenu des projections de croissance démographique, des demandes croissantes de produits de la pêche et de la production stable des pêches de capture, l’aquaculture devra être développée pour satisfaire la demande future de poisson.

Le partenariat représente les régions du monde où l’aqua-culture joue un rôle majeur et contribue aux moyens de sub-sistance de millions de petits pêcheurs. Il comprend égale-ment des institutions clés do-tées d’une vaste expertise dans la recherche, la mise en oeuvre des projets de développement et la vulgarisation. Xinhua

A L I M E N T A T I O N

Burundi : L'UE apporte 8 millions d'eurosL’Union Européenne a signé

le 2 octobre un accord de financement du Programme pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PROSANUT) du Burundi à hauteur de 8 mil-lions d’euros.

“Cette convention que nous venons de signer témoigne en-core une fois de l’importance que l’Union Européenne accorde au Burundi en vue d’assurer une sécurité alimentaire et nu-tritionnelle durable à travers le développement d’un dis-positif d’information agricole et la promotion de chaînes de valeurs pour une alimentation

diversifiée, ce qui contribuera à la réduction de la pauvreté et de la malnutrition au Bu-rundi”, a souligné le ministre burundais des Finances et de la Planification du développement économique, Tabu Abdallah Manirakiza, lors de la signature de l’accord.

Un programme de 5 ans

Le programme sera mis en oeuvre pendant une durée de cinq ans par le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage, qui s’attend à atteindre au moins 9 indicateurs clés de réussite.

Parmi ces indicateurs, le ministre a cité le suivi de la pluviométrie et du déroule-ment de la campagne agricole, un système d’informations sur les marchés dans tout le pays, une centrale de gestion des informations agricoles, le suivi-évaluation du Programme National d’Investissement Agri-cole, le renforcement visible de la chaîne de valeurs des produits riches en nutriments et la sensibilisation des pro-ducteurs et des consommateurs sur l’amélioration et l’ adoption des pratiques alimentaires per-mettant une bonne nutrition

humaine.La directrice pour l’Afrique

subsaharienne et les questions horizontales relatives aux pays ACP à la direction générale pour le développement humain et la coopération à l’Union Eu-ropéenne, Francesca Mosca, a procédé à la signature de cette Convention du côté de l’UE.

Elle effectuera des visites de terrain qui lui permettront de se rendre compte des réalisations accomplies à travers la coopéra-tion entre l’UE et le Burundi en vue d’une meilleure program-mation des initiatives futures, a-t-elle dit. Xinhua

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17 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

E D U C A T I O N

“J’ai encadré pendant trois mois plus de 50 élèves déplacés

venus des territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale. Dans cette classe, 49 ont réussi au Tenafep ! (Test national de fin d’études primaires, Ndlr)”, se réjouit André Semahore, enseignant, lui-même déplacé venu de Masisi au camp de Mugunga 2, dans les environs de Goma (Nord-Kivu). Plus de 4.500 élèves déplacés ont ainsi passé leurs examens après avoir rattrapé leur scolarité grâce à l’éducation en situation d’urgence qui se fait dans dif-férents camps.

“Malgré le retard, 98% de ces élèves ont réussi”, confirme Ga-briel Bahati Mutimatonda, chef de la sous-division de l’EPSP (Enseignement primaire, se-condaire et professionnel) du territoire de Masisi.

Cette initiative, en zone de conflits, du ministère de l’EPSP, financée notamment par l’Unicef, le Comité interna-tional de la Croix-Rouge (CICR) et le Haut commissariat aux

réfugiés (HCR) contente les parents dont les enfants ont pu en bénéficier.

Inquiétude pour l’avenir scolaire

Néanmoins, l’insécurité per-siste dans les villages du Nord-Kivu. Aussi, ces parents sont-ils inquiets pour l'avenir de leurs enfants. “Mon fils a fait un bon résultat au Tenafep, mais je ne vois pas comment il va pour-suivre ses études”, se soucie Laurent Kagufi, qui vit dans le camp de Mugunga 2.

Ces heures d’école impro-visée protègent malgré tout les enfants de certains risques. “Il y a trois ans, deux jeunes qui auraient dû être scolarisés, se baladaient dans la brousse aux alentours d’un des camps de Mugunga. L'un d’eux est mort en marchant sur une bombe qui n’avait pas explosé”, se souvient Ndabaro Buyana, chef de quar-tier de Mugunga, à proximité des camps 1, 2 et 3.

Du coup, même les enfants qui n’ont pas l’âge d’aller à

l’école sont encadrés par des ONG. “Pour diminuer leurs traumatismes, nous en réunis-sons environ 250 dans les camps de Mugunga pour leur apprendre l’alphabet et faire différentes distractions”, témoi-gne une maîtresse de Mugunga 1, dont l’activité est prise en charge par le CICR.

Même si certaines salles n’ont pas de bancs et que les élèves doivent s’asseoir sur des nattes en plastique tendues à même le sol, ces derniers s’y font et sont contents de ces activités. “Non seulement ils apprennent l’alphabet, mais ils y prennent leur repas de midi grâce aux vivres fournis”, souligne Amisi Omande, un déplacé père de famille de six enfants venu du territoire de Walikale.

L’aide se limite au primaire

A plus long terme, la guerre au Nord-Kivu détruit les pers-pectives d’éducation dans une proportion sans précédent à l’est de la RDC, explique Gabriel

Masumbuko, vice-adminis-trateur des camps de déplacés de cette province. D’autant que l’Unicef n’a pas mandat pour s’occuper du secondaire. “Dans notre partenariat avec le gouvernement congolais, nous soutenons seulement les élèves de l’école primaire. Ceux qui sont passés au secondaire, même s’ils sont dans les camps, nous ne les aidons pas”, précise Marceline Eboma, chargée de l’éducation en situation d’urgence à l’Unicef.

Une centaine d’écoles ont été détruites dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale à cause de la guerre, indique un rapport de l’Unicef publié le 3 septembre dernier, date de la rentrée scolaire en RDC.

“Malheureusement, le sec-teur de l’éducation ne reçoit actuellement que 2% de l’aide humanitaire, c'est insuffisant”, s’inquiète Elly Bahati, coor-donateur d’ASVI, une ONG italienne qui aide à l’éducation en situation d’urgence.

Cosmas Mungazi, Désiré Bigega, Syfia

Au Nord-Kivu, dans les camps de déplacés proches de Goma, les enfants suivent des cours grâce au soutien d’ONG. Malgré leurs bons résultats, cette aide est limitée au primaire. Avec l'insécurité persistante, les perspec-tives de reprendre une scolarité normale sont minces.

Nord-Kivu : L'école des camps de déplacés

L'Institut supérieur d'études de protection civile de

Ouagadougou (ISEPC), inau-guré, mardi 2 octobre, vise à former des acteurs chargés de la sécurité des personnes et de la protection des biens en Afrique subsaharienne.

Fruit de la coopération en-tre la France et le Burkina, cet institut qui a coûté prés de 500 millions de F CFA, a bénéficié d'un soutien financier à hauteur de 128 millions de F CFA de la France qui se manifeste en ap-puis logistiques, à la rénovation des locaux, au financement des stages régionaux et à la lutte contre l'incendie.

Bâti sur une superficie de 7 hectares située dans la partie ouest de la capitale burkinabé, l'Institut permettra de former d'une part les officiers et sous-

Burkina : Un institut sur la protection civileofficiers des sapeurs-pompiers au commandement et à la co-ordination des opérations de secours et d'autre part, les cadres des unités de protection civile à l'analyse, la prévention et la couverture des risques.

Dans un contexte de change-ments climatiques, le chef d'état-major de l'armée burki-nabé, le général Honoré Nabéré Traoré a indiqué que la réalisa-tion d'un tel centre permettra aux pays africains de préserver

la paix, gage d'un développe-ment durable.

17 établissements ouverts dans la région

La première session de for-mation initiale des officiers de sapeurs-pompiers accueille déjà 20 stagiaires issus de onze pays d'Afrique de l'Ouest.

Cet outil emblématique de la coopération de sécurité et de défense initié par la France

depuis 1998 compte désormais 17 établissements répartis dans dix pays africains partenaires et assure la formation de près de 2.500 stagiaires par an.

Ce centre s'inscrit dans les perspectives des stratégies in-ternationales de réduction des catastrophes et d'amélioration des capacités de résilience pour l'atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développe-ment (OMD).

Xinhua

Bénin: Ecole obligatoire pour les moins de 16 ansLe président béninois Boni Yayi a annoncé lundi 1er octobre, premier jour de la rentrée scolaire , que

son gouvernement rendait désormais l’école obligatoire pour les enfants de moins de 16 ans.Aux termes de la Constitution béninoise, l’école est obligatoire et l’Etat devra progressivement

assurer sa gratuité. Depuis trois ans, le gouvernement a rendu gratuit les enseignements maternel et primaire. “Aucune démocratie ne peut marcher si l’école est défaillante”, a souligné Boni Yayi qui a annoncé une réunion prochaine du Conseil des ministres pour prendre des dispositions dans le cadre de ces nouvelles mesures.

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18 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

L'ecole tchadienne face à ses faiblessesE D U C A T I O N

Début août, le Premier ministre Emmanuel Nadingar a annulé par-

tiellement les résultats du bac 2012 (27% de réussite pour près de 70.000 candidats), à cause d'un niveau d'admissibilité qu’il jugeait trop bas. Mais après avoir revu les listes d'étudiants reçus, le jury n'a finalement confirmé admis que les can-didats ayant ont obtenu une moyenne supérieure ou égale à 10/20, ramenant ainsi le taux de réussite à 9%...

Et les repêchés etaient ap-pelés à repasser les épreuves du bac à partir du 2 octobre 2012, suspendant ainsi les cours quelques jours seulement après la rentrée.

Ce nouvel épisode illustre une fois de plus les problèmes du système éducatif tchadien.

Lors du dernier forum de réflexion sur l’Education le mois dernier, beaucoup d'autres faiblesses ont été relevées: inégalité dans la répartition des ressources; inadéquation de la formation à l'emploi; retard et mise en œuvre impar-faite du cadre institutionnel et du bilinguisme (le français et l'arabe); traitement insuffisant de l'éducation en milieu défa-vorisé nomade, chez les filles et les personnes handicapées.

En ce qui concerne la ré-partition des ressources, 80% des écoles communautaires et des écoles publiques sont implantées en milieu rural. Elles accueillent 67% des élèves sur l'échelle nationale, selon un document intitulé “Princi-paux éléments de diagnostic du secteur de l'éducation au Tchad”, publié en mars dernier par les quatre ministères en charge de l'éducation au Tchad (Enseignement primaire et éducation civique; Enseigne-ment secondaire; Formation professionnelle, arts et métiers; et Enseignement supérieur).

Des écoles sans salles de classes

Mais le milieu rural de-meure défavorisé en termes d'infrastructures et d'accès à l'école. On y trouve des écoles sans salles de classe, où des élèves prennent des cours à même le sol sous des hangars en paille ou en tiges de mil, révèle le document. Le personnel en-seignant y manque également cruellement.

“Le défi majeur auquel le système éducatif tchadien est confronté dans le cycle primaire porte particulièrement sur la situation de l'achèvement qui

reste faible et évolue très lente-ment”, explique le document.

Le faible taux de réussite dans le primaire est en réalité entretenu et perpétué par une faible capacité du système édu-catif à garder en son sein les enfants jusqu'à la fin de leur cursus scolaire.

“Le taux brut de scolarisa-tion est certes passé de 53% en 1990 à 91% en 2011 au primaire, et le ratio élèves-maîtres a baissé de 133 à 66% au cours de la même période, ainsi que le ratio élèves-classe de 130 à 68%”, a confié Faïtchou Eti-enne, ministre tchadien de l'Enseignement primaire et de l'éducation civique.

Mais le taux de redouble-ment est de 22% et le taux d'achèvement à l'école primaire est de 37%, alors que la moy-enne du taux d'admission en Afrique subsaharienne est de 64%, a-t-il déploré.

En matière de qualité des enseignements, les indicateurs sont faibles au Tchad. “Cela est dû, en partie, à l'insuffisance d'enseignants qualifiés”, a ex-pliqué Faïtchou Etienne. Au Tchad, le nombre des maîtres communautaires et des ensei-gnants vacataires représente plus de 70% de l'effectif total.

“Mon département est en

train de finaliser une straté-gie qui prévoit un recrute-ment massif d'enseignants formés dans les Écoles nor-males d'instituteurs (ENI) et les Écoles normales supérieures (ENS), couplée à la formation continue diplômante des maî-tres communautaires”, a promis le ministre. Des dispositions sont également prises pour un recrutement d'enseignants de matières scientifiques.

Le président veut la “renaissance de l’école”

Au Tchad, 10,4% du bud-get général de l'Etat en 2012 sont consacrés à l'éducation. La stratégie intérimaire pour l'éducation et l'alphabétisation, étalée sur trois ans, prévoit la construction de 1.300 salles de classe.

Lors du forum national de réflexion sur le système édu-catif, le président Idriss Déby Itno a lancé la “renaissance de l'école tchadienne”. Selon lui, la nouvelle école tchadienne doit être le cadre de brassage des Tchadiens où sont enseignées l'écriture, la lecture, mais égale-ment les valeurs morales de tolérance et de respect d'autrui. Elle doit être un lieu du culte de l'excellence et un système d'éducation et de formation qui tienne compte des réalités du monde de l'emploi.

“Pour marquer le départ de la nouvelle école, le gouverne-ment procédera à l'application de la loi d'orientation, dès la prochaine rentrée scolaire”, a déclaré le président Déby Itno.

“Pour maintenir le nouvel élan, je demande au gouverne-ment d'amplifier ses efforts en faveur de la condition des ensei-gnants, des structures d'accueil, des équipements, des matériels pédagogiques et du pilotage de sa politique en la matière. Tout doit être mis en œuvre pour que cessent le démarrage tardif et l'arrêt précoce de l'année sco-laire”, a-t-il conclu.

Xinhua

La rentrée scolaire a été lancée au Tchad, avec déjà une suspension, pour faire repasser le baccalauréat à des candidats admis, puis rejetés... Un événement de plus qui reflète les nombreuses faiblesses du système éducatif.

Togo : Des prêts scolaires pour ne pas brader les récoltesLe gouvernement togolais a mis à disposition

environ 700 millions de francs CFA destinés à des prêts scolaires aux paysans afin de leur éviter de brader leurs stocks de céréales pour répondre aux besoins de leurs enfants à la rentrée scolaire, a déclaré vendredi 28 septembre le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche.

Les paysans bénéficiaires rembourseront les prêts obtenus par des compensations en maïs ou en riz, au terme de la campagne agricole 2012-2013 qui, selon le gouvernement, devrait enregistrer un excédent céréalier.

L’octroi de ces prêts scolaires est indiqué comme une sécurisation des stocks de céréales individuels que les paysans ont constitués pour des besoins de subsistance dans une perspective d’autosuffisance alimentaire et de réduction de la pauvreté.

La politique de prêts scolaires aux paysans vient renforcer l’appui à la production céréalière par la mise à disposition des engrais subvention-nés pour soutenir la relance du secteur agricole et maintenir les excédents enregistrés depuis quelques années.

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19 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

ON

U

Madagascar demande une aide sans ingérence

D E M O C R A T I S A T I O N

Le président de la transi-tion malgache Andry Rajoelina a appelé les

partenaires internationaux et tous les pays membres de l’ONU à soutenir l’organisation d’élections “crédibles et trans-parentes” qui, selon lui, est la voie la plus démocratique au monde, selon un communiqué rendu public vendredi 28 sep-tembre.

“Je lance un appel à la solidarité internationale à acheminer cette transition vers la construction d’un ave-nir plus prometteur, sans nous asphyxier”, a-t-il par ailleurs déclaré dans son discours pro-noncé la veille à New York, lors de la 67e Assemblée générale des Nations unies.

Il a toutefois précisé que “le peuple malgache a besoin de son indépendance pleine et entière pour parvenir à des

élections transparentes, donc démocratiques. La meilleure façon de nous aider consis-terait à nous faire confiance, à respecter vos engagements et à nous laisser assumer nos responsabilités”.

Pour Rajoelina, la non in-gérence et le respect de la sou-veraineté sont parmi les moyens à la fois essentiels et pacifiques pour la construction d’une paix durable.

“On aimerait qu’on nous aide, mais qu’on ne nous dicte pas ce qu’on doit faire et ce qu’on ne devrait pas faire. Madagascar a, quand même, pu éviter la guerre civile, nous avons pu développer le pays pendant la période de la transi-tion. Cela fait trois ans et demi qu’on est en transition où on n’a pas reçu des aides inter-nationales ; aujourd’hui, nous voulons notre souveraineté”,

a-t-il indiqué. Selon lui, malgré la sus-

pension des aides et des sub-ventions internationales, qui représentaient 60% du budget

de l’Etat, la transition a pu faire fonctionner l’administration normalement et honorer tous ses engagements ainsi que ses dettes. Xinhua

Andry Rajoelina, lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU

L'ancien président malgache Marc Ravalomanana, qui s'est exilé en Afrique du sud depuis 2009, sera de retour à Mada-

gascar avant le 18 octobre prochain, a indiqué lundi 1er octobre le chef de la délégation de sa mouvance, Mamy Rakotoarivelo, joint au téléphone par Xinhua.

La date du 18 octobre correspond à la fin du délai de 60 jours donné par la Troïka de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC).

Marc Ravalomanana reviendrait afin de participer à l'élection présidentielle du mois de mai 2013, a-t-on précisé.

Son retour au pays est décrit dans l'article 20 de la feuille de route pour la sortie de crise malgache, signée le 17 septembre 2011. Selon cet article, la transition doit permettre à tous les citoyens en exil pour des raisons politiques de rentrer à Madagascar sans conditions, et la transition devra fournir la sécurité à tous les exilés rapatriés.

Plusieurs tentatives ont été effectuées par le camp Ravaloma-nana mais l'autorité de transition actuelle estimait que l'arrivée de Ravalomanana n'apporterait pas l'apaisement espéré en période de transition.

Une crise politique s’est déclenchée à Madagascar suite à une opposition entre l'ancien président et l'ancien maire de la capitale devenu le président de la transition actuel, Andry Rajoelina, en décembre 2008.

Des manifestations de rue ont duré pendant près de trois mois et Ravalomanana s'est exilé en Afrique du sud après avoir remis le pouvoir à un directoire militaire, qui l'a confié ensuite à Rajoelina en mars 2009.

Xinhua

Le recensement électoral a débuté lundi 1er octobre, a indiqué la Commission électorale nationale indépendante pour la

transition (CENIT).Plus de 23.000 agents recenseurs répartis dans les 1.549 com-

munes de la Grande île sont activés pour sensibiliser les citoyens malgaches âgés de 18 ans révolus à s'inscrire sur la liste électorale afin de pouvoir participer aux élections de 2013.

Ce recensement durera un mois, selon le calendrier et le chro-nogramme de la CENIT. Une enveloppe de 346.000 dollars va être débloquée par les Nations unies pour l'opération de recensement tandis que l'Etat malgache a déjà décaissé 1,780 milliard d'Ariary (près de 890.000 dollars) pour la formation de ces agents recen-seurs sur les opérations de recensement électoral, a-t-on précisé auprès de la CENIT.

Selon le calendrier électoral concocté par les experts des Nations unies et la CENIT publié début août, le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu le 8 mai 2013, le second tour, jumelé avec les élections législatives sont prévus le 3 juillet 2013 et l'élection municipale le 23 octobre 2013.

Début des opérations d'enregistrement

Ravalomanana de retour avant le 18 octobre

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20 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

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ONU Femmes et les trois organismes des Nations unies en charge de l’ali-

mentation et de l’agriculture basées à Rome ont lancé con-jointement jeudi 27 septembre, un programme commun des-tiné à rendre plus autonomes les femmes rurales pauvres par des initiatives d’intégration économique et de sécurité ali-mentaire.

Intitulé “Accélérer les pro-grès vers l’autonomisation économique des femmes ru-rales”, le programme est une initiative étalée sur cinq ans et lancée par l’Entité des Nations unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU Femmes), le Fonds international pour le dével-oppement agricole (FIDA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Pro-gramme alimentaire mondial (PAM). Il sera mis en oeuvre dans un premier temps au Ni-ger, au Rwanda, en Éthiopie, au Guatemala, au Kirghizstan, au Libéria et au Népal, indique un communiqué de presse de

L'Onu lance un nouveau programme d'autonomisation des femmes rurales

la FAO.Le programme portera sur

quatre objectifs: améliorer la sécurité alimentaire et nutri-tionnelle, accroître les revenus,

améliorer le leadership et la participation au sein des ins-titutions rurales, et créer un environnement de politique plus réactif au niveau national et international.

Le travail commun d’ONU Femmes, de la FAO, du FIDA et du PAM créera des syner-gies permettant d’exploiter les

mandats de chaque organisme afin de faire avancer l’égalité entre les sexes, indique le com-muniqué.

“ L ’ a u t o n o m i s a t i o n e t

l’élargissement des droits des femmes rurales, ainsi que leur accès aux terres cultivables, aux pouvoirs, aux opportunités et aux choix, permettent de développer les économies, ren-forcer la sécurité alimentaire et améliorer les perspectives pour les générations actuelles et futures”, a expliqué Michelle

Bachelet, directrice exécutive d’ONU Femmes.

Les femmes sont un élément crucial du développement des zones rurales et des économies nationales. Elles constituent 43% de la main d’oeuvre agri-cole dans le monde, et jusqu’à 70% dans certains pays. Elles ont des horaires de travail plus lourds que les hommes, et ce sont elles aussi qui s’occupent des enfants, des personnes âgées et des malades.

De nombreuses femmes rurales sont aussi des chefs d’entreprises et des investis-seurs qui consacrent l’essentiel de leurs revenus au bien-être de leurs familles et de leurs sociétés.

Cependant, en dépit de pro-grès certains, la plupart des filles et des femmes rurales sont encore aux prises avec de nom-breux problèmes. Les obstacles qu’elles doivent surmonter par rapport aux hommes pour accéder aux services publics, à la protection sociale, à des emplois décents, aux marchés et autres institutions, sont tou-jours plus nombreux.

Xinhua

F E M M E S

Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’Onu Femmes

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21 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

IRIN

Guinée : "La peur a changé de camp"

Trois ans après le massacre perpétré au stade de Conakry, dont le bilan s’élève à

plusieurs centaines de morts, de blessés et de femmes violées, la fin de l’impunité semble avoir sonné pour les militaires res-ponsables de la répression des manifestations contre la can-didature à l’élection présiden-tielle d’un militaire putschiste, Moussa Dadis Camara.

Victime d’une tentative d’assassinat en décembre 2009, M. Camara a quitté le pou-voir, ouvrant ainsi la voie à l’organisation des premières élections présidentielles dé-mocratiques crédibles: en décembre 2010, Alpha Condé a été élu président. Depuis, le report répété des élections lé-gislatives s’est traduit par un ac-croissement des tensions dans la capitale, et des affrontements éclatent régulièrement entre l‘opposition et les partisans du gouvernement depuis le mois de septembre.

En février, la justice guinée-nne a inculpé un haut respon-sable de l’armée, le colonel Moussa Tiégboro Camara, pour son rôle présumé dans le mas-sacre perpétré au stade le 28 septembre 2009.

Après le massacre, les vio-lences se sont poursuivies. Le jeune guinéen Thierno Ous-mane Diallo est l’un des hom-mes qui auraient été torturés par des gendarmes en 2010 après les troubles survenus dans le cadre d’une campagne houleuse pour l’élection prési-dentielle.

Cette année, les groupes de défense des droits de l’homme nationaux et internationaux ont déposé plainte pour ces violences et les graves répres-sions des manifestations par les forces de sécurité en 2007. En mai 2012, la justice guinéen-ne a pris deux réquisitoires introductifs permettant ainsi l’ouverture d’informations ju-diciaires relatives aux actes de

torture de 2010.Les inculpations prononcées

en mai se sont inscrites dans le cadre d’une série d’actions en justice que les Guinéens auraient jugées “impensable” il y a seulement deux ans.

Aujourd’hui, M. Diallo per-

çoit un léger changement de ton chez les responsables de la sécurité qui s’expriment à la radio. “Je note une légère dif-férence”, dit-il. “Ils n’ont plus l’air aussi sûrs d’eux”.

Ce nouveau ton est peut-être l’une des manifestations de ce que les Guinéens perçoivent comme le présage d’un change-ment dans la lutte pour la pri-mauté du droit.

“Germe du doute”

Le 13 septembre 2012, un autre responsable militaire, le colonel Abdoulaye Chérif Diaby, a été inculpé pour sa par-ticipation présumée au massa-cre perpétré au stade. Les deux responsables figurent parmi les

personnes qui pourraient être déclarées pénalement respon-sables, selon une commission d’enquête des Nations unies.

“Les actions en justice in-tentées contre certains respon-sables de la sécurité – dont plusieurs étaient considérés

comme intouchables – ont semé le doute dans l’esprit de ceux qui, par le passé, auraient pu commettre des violences sans y réfléchir à deux fois”, note Hassane II Diallo, un magistrat de Conakry qui dirige un projet de réforme judiciaire pour le ministère de la Justice.

Depuis l’obtention de son in-dépendance il y a 54 ans, la Gui-née a enregistré d’innombrables actes de torture, de viols et d’autres violations commises par les forces de sécurité, en toute impunité. Le seul fait que la justice guinéenne ait prononcé des inculpations est remarquable, selon les Gui-néens.

Mamadou Alpha Barry, agent des communications à

la Gendarmerie, le reconnaît: “Des réformes sont mises en application au sein des forces de sécurité. Nous travaillons avec la population, et les relations entre les forces de sécurité et la population sont bien meil-leures”.

Si les inculpations pronon-cées à l’encontre des respon-sables anciens et actuels ont “semé le doute” dans l’esprit des membres des forces de sécurité, elles rassurent les victimes et renforcent leur détermination à porter plainte contre leurs agresseurs, ont confié des per-sonnes blessées lors des vio-lences perpétrées dans le stade et à d’autres occasions.

“La peur a changé de camp”, déclare Aliou Barry, président de l’organisation de défense des droits de l’homme ONDH [Ob-servatoire national des droits de l’homme], qui a été violemment battu par des soldats lors des violences survenues lors des élections en 2010. “Les autori-

J U S T I C E

Trois ans après les événements de Conakry, des centaines de victimes du massacre, des viols et autres abus commis par les forces de sécurité attendent toujours que justice leur soit rendue. Pourtant, les ONG s’accordent à reconnaître que la justice guinéenne a fait de considérables progrès, et gagne la confiance de la population.

(Suite page suivante)

En 2009, des centaines de personnes ont été tuées ou blessées et des centaines de femmes violées dans ce stade

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22 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

IRIN

J U S T I C E

tés sont désormais conscientes que la justice peut être rendue en Guinée. J’ai tout simplement été étonné qu’un juge guinéen nous reçoive”, dit-il.

Selon lui, les progrès réalisés dans le secteur de la justice ont encouragé les victimes à ne pas céder aux manipulations et à ne pas accepter l’argent proposé en échange de leur silence; autre-fois, les familles les acceptaient, car elles ne voyaient pas l’intérêt de s’adresser à la justice.

Une femme qui a préféré conserver l’anonymat a mon-tré les cicatrices sur ses bras et ses jambes, indiquant que des soldats l’avaient attaquée à coups de couteau alors qu’ils la violaient dans le stade le 28 septembre 2009. Elle est dé-terminée à témoigner et à faire tout ce qu’il faudra pour que justice soit rendue.

“Mon souhait le plus cher est de voir mes violeurs derrière les barreaux. Je me bats pour retrouver ma dignité”, dit-elle.

Il serait faux de dire que les victimes n’ont plus peur ou que les forces de sécurité ne commettent plus d’abus. M. Diallo, qui a été torturé, indique qu’il reçoit régulière-ment des menaces en personne et par téléphone depuis que des inculpations ont été pronon-cées. Certains des responsables inculpés, comme M. Camara, ont gardé leur poste au sein du gouvernement.

La Guinée n’a pas toujours

mis en place de mécanisme visant à protéger les victimes et les témoins, rapporte Louis-Marie Bouaka, directeur ad-joint du Bureau des Nations unies aux droits de l’homme en Guinée.

“La justice guinéenne ne

changera pas en un jour”, ajoute la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un récent rapport. “Mais un cli-mat différent semble désormais prévaloir” au sein de la justice, du pouvoir exécutif et de la société civile.

Une barre placée très bas

La FIDH travaille en col-laboration avec des groupes de défense des droits de l’homme et a déposé des plaintes au nom des victimes de torture et d’autres actes de violence.

“Nous partons de tellement loin – la barre est placée très bas”, explique le juge Diallo. “Ces efforts sont loin d’être suffisants. Tant que ces in-culpations ne seront pas sui-vies d’actes concrets, personne ne prendra les autorités au

sérieux”.

Confirmer les avancées

Selon Foromo Frédéric Loua, avocat et président de l’ONG Mêmes Droits pour Tous (MDT), les inculpations ne veu-lent pas dire grand-chose. “Rien n’a été fait de manière officielle pour véritablement poursuivre les personnes coupables de vio-lations des droits de l’homme. Il y a encore beaucoup à faire. Et les violations se poursuivent”.

En effet, bon nombre de Gui-néens disent qu’ils continuent à

subir des mauvais traitements de la part de la police et des gendarmes. Ils ne perçoivent pas de changement de climat ou de progrès dans la lutte contre l’impunité.

Le secteur de la justice, qui fait face à un manque important de personnel et de ressources matérielles, a encore beaucoup à faire.

Ce n’est qu’en août 2012 que les juges guinéens qui enquêtaient sur le massacre du 28 septembre 2009 ont reçu du matériel, comme des ordina-teurs et d’autres équipements nécessaires à leur travail.

Seulement 0,29% du budget national est alloué à la justice, selon le juge Diallo.

“La justice est toujours sous-financée”, regrette Corinne Dufka, une chercheuse afric-aine de Human Rights Watch (HRW), qui a mené une étude approfondie sur l’impunité en Guinée. “Pour améliorer la primauté du droit, il faut disposer de fonds adéquats, former et équiper la police ; il faut financer la justice”.

Dans une déclaration da-tée du 27 septembre, HRW a indiqué que les juges chargés des enquêtes sur le massa-cre du 28 septembre ont fait “d’importants progrès”, notam-ment en interrogeant plus de 200 victimes et en inculpant M. Camara et M. Diaby.

HRW indique toutefois que “plus de 100 victimes attendent de pouvoir faire leur déposition auprès des juges d’instruction, et une enquête doit encore être réalisée sur de possibles fosses communes (...) Le gouverne-ment guinéen doit renforcer son soutien vis-à-vis de l’enquête menée à l’échelle nationale, afin que les responsables de ces crimes puissent être traduits en justice sans plus attendre”.

Les juges n’ont toujours pas interrogé Moussa Dadis Camara, qui était au pouvoir en Guinée après le coup d’État militaire de décembre 2008, et le capitaine Claude Pivi, que les groupes de défense des droits de l’homme accusent d’avoir participé aux violences et qui occupe toujours son poste de ministre de la Sécurité prési-dentielle.

IRIN

Guinée(Suite de la page précédente)

Des membres de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, qui aide les victimes à traduire les coupables en justice, échangent avec des survivants de l’attaque

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23 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

En bref...Niger : Stratégie de sécurité et de développement Congo: Indemnités

BRAZZAVILLE - Le gouvernement congolais a décidé d’allouer la somme de 25 millions de F CFA (environ 49.200 dollars) aux familles de chaque personne décédée, et un dédommagement mensuel de 140.000 F CFA (plus de 270 dollars) à vie aux personnes rendues invalides lors des explosions du dépôt de munitions de l’armée le 4 mars dernier à Brazzaville, a annoncé lundi 1er octobre le ministre des finances, Gilbert Ondongo.

Par ailleurs, la reconstruction des mai-sons endommagées va démarrer l’année prochaine, a-t-il ajouté.

A ce jour, le gouvernement congolais a déjà déboursé près de 66 milliards de F CFA aux titres d’“allocations d’urgence” versées à 20.000 personnes sinistrées, à raison de 3 millions de F CFA par personne.

Les explosions du 4 mars au quartier Mpila à Brazzaville ont fait près de 300 morts, 2.500 blessés et quelque 17.000 sans-abri.

Congo: Recrutement de jeunes fonctionnaires

BRAZZAVILLE - Le gouvernement prévoit le recrutement de près de 3.000 jeunes en 2013 dans la fonction publique, a annoncé lundi 1er octobre le ministre des Finances Gilbert Ondongo, précisant que “2013 est l’année de l’éducation de base et de la formation professionnelle et pour ces deux sous-secteurs de l’enseignement, le gouvernement prévoit d’injecter 300 milliards F CFA de crédits”.

“Il s’agira de s’engager à mieux préparer les jeunes pour une meilleure qualification dans le but d’obtenir des opportunités d’emplois”, a conclu le ministre congolais Ondongo.

Rapatriement de 1,000 Africains

GENEVE - L’Organisation interna-tionale des migrations (OIM) a annoncé mardi 2 octobre le début d’un programme de rapatriement volontaire pour plus de 1.000 migrants en provenance d’Afrique subsaharienne actuellement bloqués au Maroc.

Les migrants sont en majorité origi-naires du Cameroun, du Nigéria, du Séné-gal et de la Côte d’Ivoire et seraient venus au Maroc dans l’espoir de pouvoir rejoindre l’Europe.

Le Premier ministre nigérien Brigi Rafini a procédé lundi 1er octobre

au lancement officiel de la stratégie de développement et de sécurité dans les zones sahélo-sahariennes du Niger (SDS Sahel Niger).

Cette stratégie a pour objectif de contribuer au développement économique et social dans les zones à vocation pastorales. C’est une initia-tive du gouvernement nigérien pour sécuriser et développer ces zones à travers la protection des biens et des personnes, leurs accès aux opportuni-tés économiques, notamment.

D’un coût estimé à environ un mil-liard de FCFA, ce projet couvrira six des huit régions du Niger (Tillabéry, Tahoua, Agadez, Maradi, Zinder et Diffa), pour une durée de cinq ans.

Selon M. Brigi Rafini, la question de sécurité est d’une actualité brulante avec tous les foyers de tension qui entourent le Niger.

“Les situations qui prévalent dans certains pays voisins sont des sources de préoccupations majeures. Ces zones sont affectées par des trafics nation-aux et internationaux illicites, qui contribuent à leur marginalisation”, a dit le Premier ministre, allusion faite

au nord Mali voisin occupé depuis plusieurs mois par des mouvements islamistes et autres trafiquants et le nord Nigéria, également frontalier du Niger, théâtre de violences meurtrières perpétrées par les combattants du groupe Boko Haram.

La SDS permettra de renforcer la présence de l’Etat, de consolider la paix, la sécurité, d’assurer l’éducation, la santé, la couverture des besoins en eau, l’emploi, l’accès à l’alimentation; en somme, du bien être des hommes, et pour le bétail. Elle contribuera également à l’effort de solidarité et de cohésion nationale.

Cette stratégie, a indiqué le chef du gouvernement nigérien, traduit l’ambition d’un espace sahélo-saha-rien où l’insécurité est éradiquée de manière durable, avec l’appui des acteurs locaux, nationaux et interna-tionaux soucieux des conditions de bienêtre individuel et collectif des nigériens.

En outre, elle permet d’assurer la réinsertion socio-économique des jeunes et contribuer ainsi à la synergie sous-régionale pour la restauration de la sécurité, et le maintien de la paix.

Xinhua

Côte d'Ivoire : Vers le retour des journalistes exilés ?

solution heureuse”, a-t-il noté par ailleurs.

Le Secrétaire général du Médiateur de Côte d’Ivoire Pannan Coulibaly a recommandé la mise en commun des efforts pour rassembler les fils et filles du pays.

“La nécessité pour les exilés de ren-trer constitue une conditionnalité pour rechercher le dialogue”, a relevé M. Coulibaly, faisant état de l’importance de régler les questions de la réconcilia-tion et de la cohésion sociale.

Plusieurs milliers d’Ivoiriens proches de l’ancien président Laurent Gbagbo parmi lesquels des journalistes ont pris le chemin de l’exil au plus fort de la crise post-électorale qui a secoué le pays. A maintes occasions, le président ivoirien Alassane Ouat-tara a appelé les Ivoiriens refugiés à l’extérieur à revenir pour prendre leur part au processus de reconstruction du pays.

Le président du Réseau d’appui des journalistes à l’intégration

africaine (RAJIA) Aristide Kouassi a plaidé mercredi 3 octobre à Abidjan pour le retour des journalistes exilés suite à la crise post-électorale.

M. Kouassi, qui conduisait une délégation de journalistes africains chez le Médiateur de la République de Côte d’Ivoire, a souhaité un “élan de pardon” du chef de l’Etat ivoirien afin que les acteurs des médias qui se sont refugiés dans d’autres pays suite au conflit post-électoral puissent revenir pour prendre part au processus de reconstruction du pays.

Le président du RAJIA a envisagé des missions pour sensibiliser les ac-teurs de médias exilés et les persuader de rentrer au pays.

“Nous souhaitons également que la situation des journalistes en prison dans le cadre de la crise soit examinée afin que nous puissions aboutir à une

S O C I E T E

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24 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

S O C I E T E

Pour les quelque 20 mil-lions de Camerounais, le marché du gaz do-

mestique n'offre que 1.200 tonnes de mètres de cubes de production mensuelle, de sources officielles. Comparée à la consommation estimée à cinq fois plus, soit 6.000 tonnes par mois, cette production fournie par la Société nationale de raffinage (SONARA, étatique) ne représente que 20% des besoins.

Pour combler le gap, il est fait recours aux importations. Mais, un autre problème se pose à ce marché, celui des capacités d'entreposage très limitées de la Société came-rounaise des dépôts pétroliers (SCDP, également étatique) : contre 1.200 tonnes de mètres cubes à Douala, la métropole économique, cette entreprise ne permet de stocker que 500 tonnes dans ses installations de Yaoundé.

“Habituellement, je reçois 1.200 bouteilles (de 12 kilos, ndlr) par jour pour les besoins du marché des trois régions de ma zone de compétence : Cen-tre, Sud et Est. Mais à présent, la SCDP ne me livre que 400 à 500 bouteilles. Vous comprenez donc qu'il m'est impossible de satisfaire tout le monde au même moment. Je suis obligé par conséquent de procéder à une répartition géographique de la distribution”, confie un

opérateur du secteur, sous cou-vert d'anonymat.

Augmentation des prix des bouteilles de gaz

Pour les consommateurs, aux pénuries du produit vient s'ajouter la spéculation, parfois volontairement entretenue par des commerçants sans scru-pules. De 6.000 francs CFA (12 dollars) la bouteille de 12 kilos, les prix agréés vont jusqu'à franchir la barre des 10.000 francs (20 dollars), lorsque le client arrive à découvrir un stock disponible, après bien des turpitudes à travers les lieux de vente.

La brigade de contrôle et de répression des infractions du ministère du Commerce a beau jeu d'annoncer des opérations “coup de poing” pour lutter contre cette pratique, rien n'y fait. “On a le sentiment que c'est de la poudre aux yeux. En dehors de quelques résultats positifs, il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité du contrôle et la répression déclarés”, s'indigne Jean, habitant de Yaoundé.

Sur les marchés, hors micro, certains commerçants affir-ment volontiers profiter de la cupidité de quelques agents de la structure ministérielle qui, en échange de leur silence, se laissent plutôt corrompre.

C'est un comportement qui offre aux hors-la-loi une sorte

d'impunité dont ont également pu bénéficier des personnels de l'entrepôt de la SCDP à Yaoundé, après avoir été pris en flagrant délit de siphonage de bouteilles de gaz par la brigade de contrôle et de répression en 2010.

Depuis lors, aucune suite judiciaire n'a été rapportée concernant l'action menée à l'encontre de ces personnels indélicats. D'ailleurs, “actuel-lement, les bouteilles de gaz vendues aux consommateurs pèsent 10 kilos, au lieu de 12 kilos. Ce qui est étonnant, ce que personne ne lève son petit doigt pour dénoncer cela”, observe un autre habitant de la capitale camerounaise.

Retour aux puits et à une eau non potable

Egalement rationnée, la dis-tribution de l'eau courante par la Société camerounaise des eaux (CDE, acquéreur marocain de l'ex-Société nationale des eaux du Cameroun, privatisée) provoque à son tour des récrim-inations des consommateurs.

Bien avant les perturba-tions du réseau de distribu-tion annoncées ces derniers jours en vue de la réfection des équipements jugés vétustes, les coupures d'eau étaient déjà légion dans les grandes villes du pays, y compris à Yaoundé. Des quartiers entiers sont au

régime sec pendant de nom-breux jours voire des semaines ou des mois.

Réduites au système D, les populations se retrouvent à parcourir, récipients en main, de longues distances à pied à la recherche de l'eau potable. Le recours à des puits et autres sources non désinfectés expose au risque de contamination à di-verses maladies, telles le choléra reconnu comme une maladie endémique au Cameroun.

En l'absence de prise de po-sition des autorités, c'est aussi par une sorte de résignation que les populations elles-mêmes se montrent affectées par cette situation déplorable.

A leur décharge, les respon-sables de la CDE et les pou-voirs publics évoquent l'offre disponible en eau de consom-mation courante inférieure à près de la moitié d'une demande estimée à 300.000 mètres cubes par jour pour la seule ville de Yaoundé.

Les autorités comptent sur le prolongement du projet chi-nois de traitement de l'eau d'Ayato au profit des habitants de Douala, puis les chantiers d'extension des réseaux en cours viendront résorber dès 2013 le déficit observé. Même discours sur l'augmentation de la production locale de gaz et des capacités d'entreposage du gaz domestique.

Raphaël Mvogo, Xinhua

Cameroun : Le gaz et l'eau rationnésUn des produits de grande consommation au Cameroun, le gaz domestique, est devenu un casse-tête pour les

ménages confrontés à un marché qui ne parvient pas à combler leurs besoins. Au point d’ imposer des rationne-ments.

Niger et RDC s'engagent à accroître l'accès à l'eau potableLe ministre nigérien en charge de l'Hydraulique, Issoufou Issa-

ka, a procédé vendredi 28 septembre au lancement d'une vaste opération de branchements sociaux pour permettre à terme l'accès à l'eau potable à plus de 600.000 personnes appartenant aux couches défavorisées dans la capitale et à l'intérieur du pays.

Cette opération vise, pour les deux années à venir, la réalisation de 50.000 branchements sociaux dont 30.000 dans la capitale Niamey, et 500 bornes fontaines dans les quartiers périphériques des centres urbains.

L'opération nécessitera la mobilisation d'environ 8 milliards de FCFA (environ 15,6 millions de dollars), répartis entre la Banque mondiale pour 4,850 milliards de FCFA, l'Agence française de développement (AFD), pour environ 1,1 milliard de FCFA et la société d'exploitation des eaux du Niger (SEEN), pour environ 2 milliards de FCFA.

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) s'est engagé à accroitre le taux de desserte en eau po-

table de 27% à 40% à l'horizon 2016, a indiqué jeudi 27 septembre à Kinshasa Célestin Vunabandi, ministre du Plan et du Suivi de la mise en oeuvre de la révolution de la modernité, à l'ouverture des journées portes ouvertes du secteur de l'eau.

Selon lui, la reforme doit passer par la restructuration du cadre juridique et institutionnelle, la promulgation du code de l'eau, la redynamisation de structure de coordination et par la promotion du partenariat public-privé.

Célestin Vunabandi a également appelé les partenaires au développement et tous les acteurs du secteur de l'eau à oeuvrer et à s'aligner selon les orientations du gouvernement inspirée par le DSRP.

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25 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Plusieurs milliers de per-sonnes ont observé un sit-in pour dénoncer la

récente hausse de 36% du prix du gaz domestique, à l’appel de trois organisations de la société civile mercredi 3 octobre devant le ministère du Commerce et de la Promotion du secteur privé de la capitale togolaise.

Les organisations à l’ori-gine de la manifestat ion - l’Association togolaise des consommateurs (ATC), la Fé-dération des travailleurs du

bois et de la construction du Togo (FTBC) et la Fédération syndicale des travailleurs du transport du Togo (FESYTRAT) - réclament du gouvernement une révision à la baisse des prix du gaz domestique, des autres produits pétroliers et des produits pharmaceutiques indiqués plus élevés que dans les pays frontaliers du Togo.

Elles demandent la restau-ration de la “dignité du con-sommateur” togolais, “plus de justice sociale” et une “meil-

leure qualité de vie” pour la population.

“Revoir la politique sociale”

“Il faut que le gouvernement revoit sa politique sociale”, ont indiqué les organisateurs, pour qui ce message est également adressé aux partenaires au développement.

Au terme de la récente hausse des prix, notifiée par aucun communiqué du gouvernement,

le prix de la bouteille de 12 kg du gaz butane est passé de 4.055 à 5.500 francs CFA et celui de la bouteille de 6 kg est passé à 2.640 contre 1.945 francs CFA.

L’intervention du gou-vernement sollicitée passe par l’urgence d’un contôle de l’Etat dans la fixation des prix afin d’éviter des flambées arnar-chiques des prix qui rendent le niveau de vie de plus en plus chère dans le pays.

Xinhua

L e prix du gaz domestique a subi une hausse de l'ordre de 7,2% pour le compte du mois d'octobre par rapport au prix affiché

au mois précédent, indique un communiqué du ministère béninois du Commerce obtenu mardi 2 octobre.

“Pour le compte de ce mois d'octobre, le gaz domestique sera vendu à 645 francs CFA le kilogramme, soit 3.870 francs CFA la bouteille de 6 kilogrammes contre 3.630 francs CFA la même quantité au mois précédent”, indique le communiqué.

Comparativement, les autres produits pétroliers, notamment

Togo: Sit-in contre la hausse des prix du gaz

Le prix du gaz augmente aussi au Béninl'essence, le pétrole et le gasoil, n'ont pas connu une quelconque augmentation de prix, ajoute le communiqué. Ainsi, pour le compte du mois d'octobre, l'essence sera vendue à 640 francs le litre, et le gasoil à 650 francs le litre.

Selon cette même source du ministère béninois du Commerce, en procédant à cette revue des prix, le gouvernement a agi sur les droits de douanes et autres taxes. “L'augmentation de ces prix des produits pétroliers au Bénin est surtout liée à la hausse du prix du baril et du dollar”, a-t-on expliqué.

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Aminata Traoré, ancienne ministre malienne de la Culture :

"Recentrer le développement sur les besoins"

Qu’est-ce qui expli-que selon vous ces cri-ses multiples (politiques, économiques etc.) en Afrique?

Aminata Traoré : On as-siste à l’effondrement d’un système économique et poli-tique et, depuis trois décennies, nos pays ont mis en oeuvre ces politiques économiques qui ont aggravé considérablement le chômage et la pauvreté.

Par exemple, le nord du Mali qui fait l’actualité, était aussi soumis à ces politiques économiques qui expliquent les difficultés auxquelles l’ensemble des populations de notre sous-région sont confrontées. Et ce sont ces difficultés qui font, aujourd’hui, le terreau de ce qu’on appelle le terrorisme, l’islam radical, etc. Les gens sont désespérés.

Y a-t-il dans ces condi-tions de crises tous azimuts une voie pour le développe-ment de l’Afrique ?

Aminata Traoré : Si nous procédons à une lecture beau-coup plus globale en se deman-dant par exemple, concernant le cas du Mali : pourquoi ces gens [les islamistes] ont pu, à partir de Kidal, venir jusqu’à Tombouctou, Gao? L’on com-prendra que ce n’est pas seule-ment du fait de la défaillance de l’armée malienne. Et cela nous aidera à poser le débat sur nos armées nationales, à savoir : de quelle armée disposons-nous ? Pourquoi tant de coups d’Etat en Afrique...?

Quelle est donc, pour vous, la solution ?

Aminata Traoré : Pour moi, le pouvoir de la culture,

c’est le pouvoir des peuples et, cela veut dire qu’il faut qu’on recentre le développement sur les gens, sur leurs besoins. J’ai l’impression que nos di-rigeants ne le comprennent pas. Or, valoriser la dimension culturelle du développement et de la démocratie, c’est donner davantage de pouvoir aux gens. Que les gens comprennent dans quel système économique mon-dial nous sommes et quelles sont les crises qui agitent le système.

Pourquoi les décideurs des pays à démocratie dite avancée qui sont confrontés eux-mêmes à de graves crises économique, se posent en donneurs de leçon de démocratie chez nous? C’est parce que nous mêmes avons le sentiment que nous n’avons pas de réponse à nos propre maux. Donc, l’Afrique doit pouvoir

redresser la tête en remettant en question des comportements de gaspillage, le mimétisme, la volonté de rattraper coûte que coûte d’autres. Et c’est cette volonté de rattrapage qui nous oblige à acheter constamment chez les autres alors que nous ne leur vendons rien. Dans ces conditions on ne peut pas s’en sortir. Propos recueillis par Xinhua

A Dakar au mois d’août pour animer une conférence publique sur les “fondements culturels pour le développement de l’Afrique dans un contexte de crise mondiale”, l’altermondialiste et ancienne ministre malienne de la Culture, Aminata Traoré, a plaidé pour un recentrage du développement sur les besoins des populations.

S O C I E T E

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26 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

E N V I R O N N E M E N T

Un projet de 3,1 mil-lions de dollars, visant à protéger la biodiver-

sité de deux parcs nationaux burundais, est actuellement en phase de démarrage, se-lon Jean Mugishawimana, di-recteur général intérimaire de l'Institut burundais pour l'Environnement et la Conser-vation de la Nature du Burundi (INECN).

Le projet baptisé “Améliora-tion de l'efficacité du système de gestion des aires protégées pour la conservation de la bio-diversité à travers l'engagement des parties prenantes”, à mettre en oeuvre sur quatre ans, con-cerne le parc national de la Ruvubu (est) avec une superfi-cie de 58.000 hectares et celui de la Kibira (ouest) couvrant 40.000 hectares, a expliqué M. Mugishawimana.

Concrètement, a-t-il souligné, ce projet vise à réduire les me-

naces des populations riveraines et autres parties prenantes sur ces parcs nationaux, à augmen-ter les revenus des ménages, à leur apprendre à s’adapter aux changements climatiques et à assurer l’intégration régionale par les efforts de conservation transfrontalière avec les pays voisins, notamment le Rwanda et la Tanzanie, a-t-il explicité.

Des menaces multiples et variées

Le gouvernement burundais doit débloquer 700.000 dollars pour ce projet, alors que le Pro-gramme des Nations unies pour le développement (PNUD) ac-cordera 1,6 million de dollars, et le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), 859.090 dol-lars.

Le projet, qui s'est assigné comme objectif le développe-ment des modèles de gestion et

d'aménagement participatifs, pourrait s'étendre ultérieure-ment à d'autres aires protégées du Burundi, a-t-il précisé.

Pour lui, les facteurs qui sont à la base de la problématique de la gestion des aires protégées au Burundi sont multiples.

Il s'agit principalement des pressions exercées sur les res-sources naturelles par les com-munautés locales, les agents de l'administration territoriale, certains agents de la police burundaise et les peuples au-tochtones, afin de satisfaire leurs besoins multiples tels que le bois, les champignons, le miel, les plantes médicinales et le gibier.

M. Mugishawimana a égale-ment déploré la prise de cer-taines décisions politiques non appropriées pour la préserva-tion de la diversité biologique.

D'autres facteurs défavora-bles, a-t-il dit, comprennent

la population galopante, le ra-patriement massif des réfugiés burundais sans infrastructures d'accueil planifiés d'avance, le braconnage orchestré notam-ment par des ressortissants tanzaniens armés, l'insuffisance des gardes forestiers, certaines lois lacunaires inadaptées à la situation actuelle, l'exploitation anarchique des minerais dans les aires protégées, la coopéra-tion transfrontalière dans la gestion des aires protégées non effective et les feux de brousse, notamment pour le parc na-tional de la Ruvubu, dont plus de 80% de la superficie brûle chaque année.

Les ressources naturelles burundaises, constituées de 14 aires protégées, totalisent une superficie de 157.662,85 hect-ares, soit 5,6% de la superficie du territoire national.

Xinhua

Un projet de protection de la biodiversité dans deux parcs burundais

Le WWF satisfait de son programme à MadagascarLe Programme Holistique de Conservation des Forêts (PHCF)

implanté sur 7 sites de Madagascar, affiche un bilan positif et des perspectives d’avenir après 4 ans d’activités, selon un com-muniqué du Fonds mondial pour la nature (WWF) reçu mercredi 19 septembre.

Le PHCF a pour objectifs de réduire la déforestation et la dégra-dation des forêts, de participer au développement des communau-tés locales tout en protégeant la biodiversité unique de Madagascar, ainsi que de faire avancer les connaissances scientifiques sur le carbone forestier.

Ainsi, 34.000 ménages ont été sensibilisés à des alternatives durables aux cultures sur brûlis, dont 5.000 ont déjà adopté au moins l’une des techniques proposées par le projet.

Le programme a permis de restaurer 23.000 ha de paysages forestiers, reboiser 2.200 ha, et de créer 470.000 ha de nouvelles aires protégées, visant à conserver les forêts et leur biodiversité.

Par ailleurs, 110 transferts de gestion des ressources naturelles aux populations couvrant 322.990 ha, parmi lesquels 32 déjà of-ficialisés, ont été effectués, a précisé le WWF.

En outre, le travail scientifique mené avec de nombreux parte-naires a permis de ressortir une estimation de réduction des émis-sions de Co2 de 35 millions de tonnes sur 20 ans.

Le programme a été lancé en 2008 par Air France, la Fondation Good Planet et le WWF sur une superficie de 500.000 ha à Andapa (nord-est), Bealanana (nord), Marolambo (est), Ivohibe (sud), Fandriana, Vondrozo, et Fort-Dauphin (sud-est).

Burundi : Lancement d'un programme énergétiqueLe Burundi a lancé vendredi 21 septembre le programme régional

“Partenariat Energie et Environnement avec l’Afrique australe et orientale” qui consiste à contribuer à la résolution des problèmes énergétiques tout en sauvegardant l’environnement.

Au cours d’une cérémonie de lancement du programme, tenue à Bujumbura, le coordonnateur national du programme, Moise Makuwa, a expliqué que les priorités du programme, appuyé par la Finlande, l’Autriche et la Grande-Bretagne, sont la diversification des sources d’énergie à travers la promotion des énergies renou-velables, l’amélioration de l’accès à l’électricité pour les ménages et les entreprises, et le renforcement de la gouvernance et des capacités dans ce secteur.

Le Burundi fait face à un immense défi, puisque la population burundaise ayant accès à l’électricité ne dépasse pas le cap de 10% et que le pays accuse un déficit énergétique de 25 MW. Il importe à 46% l’énergie hydroélectrique et utilise à plus de 94% la biomasse dont principalement le bois.

Un tel programme est déjà exécuté depuis 2010 par le Botswana, la Tanzanie, le Kenya, la Zambie, le Mozambique, l’Afrique du Sud, le Swaziland et la Namibie.

Nos éditions précédentes sont disponibles sur notre site Internet :

www.lejournaldudeveloppement.com

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27 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

E N V I R O N N E M E N T

Nouma Camara, un couturier de 40 ans, se souvient s’être réveillé le 20 août

2006 par une odeur qu'il a décrite comme quelque chose de catastrophique.

Sa maison dans le village d’Akouédo, à Abidjan, se trouve à côté d'un grand dépotoir à ciel ouvert où des déchets toxiques avaient été déversés

la nuit précédente. Presque immédiatement, les symptômes ont commencé à apparaître: nausée, maux de tête, irritation des yeux, et des ampoules qui se formaient sur la partie de sa peau qui était exposée.

Sa femme, qui portait une grossesse de huit mois à l'époque, avait fui vers un village dans le nord du pays, préoccupée par la sécurité de leur enfant. Camara avait fina-lement quitté aussi pendant un bref moment.

Six ans plus tard, des am-poules se forment encore régu-lièrement sur ses mains.

Bien que d’importantes som-mes d’argent aient été allouées à l’indemnisation dans le cadre des accords relatifs au déverse-ment de déchets toxiques sur 18 sites différents de la capi-tale économique, Camara est l'une des nombreuses victimes

qui n'ont jamais reçu un seul dollar.

Selon les autorités ivoirien-nes, la décharge de déchets toxiques de Trafigura, la firme multinationale basée en Europe qui a importé ces déchets, a fait au moins 15 morts et poussé plus de 100.000 habitants d'Abidjan à suivre un traite-ment médical.

Mardi 25 septembre, Am-

nesty International et Green-peace International ont publié les résultats d'une enquête conjointe de trois ans, qui tente de raconter toute l'histoire du scandale.

Le rapport recommande que le Royaume-Uni poursuive des enquêtes criminelles contre Trafigura et exhorte la Côte d’Ivoire à revoir un accord de 2007 pour 200 millions de dollars avec la firme, qui lui garantissait l'immunité contre des poursuites dans le pays.

Le rapport décrit le chemin tortueux de ces déchets depuis les Emirats Arabes Unis à Abi-djan en passant par l'Europe, et accuse Trafigura d'avoir exploité des faiblesses dans l’application du droit international pour es-sayer de s'en débarrasser. Mais Gaughran déclare que cela ne constitue pas une excuse pour que les crimes qui ont été com-

mis restent impunis.“Ce qui s'est passé ici est que

les lois internationales n’ont pas été bien appliquées parce que nous avions affaire à un ac-teur qui se déplaçait de juridic-tion en juridiction et de pays en pays”, souligne Gaughran. “Ce sur quoi nous travaillons, c’est la pleine responsabilité afin que les victimes reçoivent l’indemnisation à laquelle elles ont droit”.

Selon le rapport, Trafigura a soumis de grandes quantités d'une essence non raffinée ap-pelée “naphta de cokéfaction” à un processus de génération de déchets appelé lavage caus-tique. Elle a ensuite tenté de décharger les déchets dans di-verses localités en Europe puis au Nigeria avant qu’une filiale ne s’associe avec une société nouvellement agréée pour les décharger à Abidjan.

Les déchets ont été déversés dans au moins 18 sites différents à travers la ville, y compris près de maisons et d’écoles.

6.000 victimes n’auraient encore rien reçu

Amnesty International et Greenpeace International ont déclaré que bien que Trafigura n'ait pas déversé les déchets elle-même, elle a joué un rôle qui “n'a jamais fait l'objet d'une procédure judiciaire complète”.

Dans une réponse envoyée à Amnesty International et plus tard sur le site web de la multinationale, Trafigura af-firme que le rapport contient “d’importantes inexactitudes et déformations”.

Elle déclare également que le rapport “simplifie à l’excès les questions juridiques dif-ficiles, les analyses sur la base d’hypothèses mal fondées et tire des conclusions sélectives qui ne reflètent pas convena-

blement la complexité de la situation des procédures judi-ciaires”.

“Les tribunaux dans cinq juridictions ont examiné dif-férents aspects de l'incident, et des décisions ainsi que des accords ont été pris. Il est tout simplement faux de suggérer que les problèmes n'ont pas bénéficié d’un examen judi-ciaire scrupuleux”, a indiqué Trafigura.

La firme conteste en outre le nombre des victimes dé-nombrées par le gouvernement ivoirien, et affirme que les déchets pouvaient avoir causé seulement des “symptômes de grippe et d'anxiété de faible niveau”.

Trafigura est d’accord sur le fait que la mise en œuvre des programmes d’indemnisation ait été parfois “regrettable”. En 2007, Trafigura et la Côte d’Ivoire avaient conclu un ac-cord selon lequel la société verserait environ 200 millions de dollars pour le dédommage-ment et le nettoyage tout en bénéficiant d’une immunité contre les poursuites.

Mais Gaughran déclare qu’un programme gouvernemental de répartition a dû être arrêté pour des “allégations d'irrégularités”, et qu’on ne sait pas clairement si toutes les victimes identifiées par le gouvernement ont reçu de paiements.

En 2009, Trafigura avait ac-cepté de verser 45 millions de dollars pour régler une plainte déposée par 30.000 victimes au Royaume-Uni, mais la réparti-tion a été de nouveau corrom-pue - cette fois dans un scandale qui a conduit à la démission, en mai 2012, du ministre ivoi-rien de l'Intégration africaine, Adama Bictogo.

Quelque 6.000 victimes dans cette affaire n'ont pas reçu l'argent qui leur est dû, selon le rapport. Robbie Corey-Boulet, IPS

Abidjan: Les victimes des déchêts toxiques attendent toujours une indemnisation

Amnesty International et Greenpeace viennent de publier les résultats d’une nouvelle enquête sur le scandale des déchets toxiques de 2006. Selon le rapport, de nombreuses victimes n’ont toujours pas été indemnisées, bien que la société européenne incriminée ait versé des dédommagements au gouvernement ivoirien.

Nouma Camara, l’une des victimes, sur la décharge d’Akouédo

IPS

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28 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Congo : Guichet unique de dédouanementE C O N O M I E

Le gouvernement congo-lais a décidé d'instituer l'année prochaine “un

guichet unique physique avec une caisse unique pour l'ensemble des formalités et de paiement liés au dédouanement des marchandises”, a annoncé samedi 29 septembre son porte-parole, Bienvenu Okiemy.

De plus, “les nombreux pré-lèvements et autres frais exigés jusqu'à présent pour le dédoua-nement, alourdissant à l'excès les coûts d'importation et donc le prix de vente des marchan-dises importées, sont désor-mais supprimés”, a déclaré

Au total, 4.909 agents fictifs percevant illégalement plus de 8 milliards de F CFA (environ 15,6 millons de dollars) par an, ont

été décelés dans la fonction publique congolaise, à la suite de con-trôles menés dans les diverses administrations, a révélé samedi 29 septembre le porte-parole du gouvernement, Bienvenu Okiemy.

“Il en est résulté de grandes irrégularités qui se rapportent notamment aux indemnités et primes indument perçues, à l'usage de faux textes d'intégration, à l'usurpation de grades de militaires et policiers, à l'usage de fausses décisions d'engagement, soit un total de faux et fictifs agents civils et militaires de 4.909, représentant une incidence financière annuelle de 8.312.575.488 francs CFA, au détriment de l'Etat”, a-t-il précisé .

En 2010 et 2011, le ministère congolais des Finances avait entre-pris le contrôle physique des fonctionnaires émargeant au budget de l'Etat, en vue de la maîtrise des effectifs de la masse salariale et

Le gouvernement congolais a décidé de créer une taxe spécifique sur les boissons alcoolisées et sur le tabac, selon une décision

prise vendredi 28 septembre.Cette “taxe spécifique sur les boissons et le tabac, affectée à la

couverture des dépenses de santé et de sport”, est fixée à 25 F CFA par bouteille ou autre unité d'emballage pour les boissons et à 50 F CFA par paquet pour le tabac, a fait savoir le porte-parole du gouvernement Bienvenu Okiemy.

La taxe est la première du genre au Congo, gros importateur de boissons alcoolisées.

Le gouvernement congolais a adopté vendredi 28 septembre le projet de budget de l'Etat pour l'exercice 2013 qui dépasse

4.091 milliards de F CFA, a annoncé le lendemain son porte-parole, Bienvenu Okiemy.

Selon un compte rendu du Conseil des ministres, le projet de budget est arrêté en recettes à la somme de 4.091.197.000.000 F CFA, et en dépenses à la somme de 3.035.000.000.000 F CFA.

“Il se dégage, en conséquence, un excédent budgétaire prévi-sionnel de 1.056,1 milliard F CFA”, a-t-il précisé.

“Il conviendra de remarquer que les dépenses d'investissement seront fiancées, en 2013, à hauteur de 17.775 milliards de F CFA”, a ajouté M. Okiemy.

Okiemy dans un compte rendu du Conseil des ministres du 28 septembre.

Suppression de prélèvements et frais

Au nombre de ces prélève-ments et autres frais supprimés, une trentaine au total, il a cité, entre autres, les prélèvements effectués par la gendarmerie, la marine nationale, la po-lice nationale et la direction de la surveillance du terri-toire, les services de santé et de l'économie forestière; les frais d'immatriculation provisoire

des véhicules; les frais de dépo-tage au profit des douaniers; les frais de manutention à bord.

Les seuls droits et taxes ainsi que les frais de pres-tation retenus sont le droit de douane; la taxe portuaire; les frais d'acconage; les frais d'inspection des marchandises importées avant embarque-ment; les frais du bordereau électronique de suivi des cargai-sons (BESC); les frais de pres-tation des commissionnaires en douane agrées; les frais de livraison du conteneur; les frais de magasinage et de surestaries; les frais de transfert du conte-

neur au dépôt douane.Par ailleurs, dans le souci

d’alléger les formalités adminis-tratives, la carte de commerçant sera supprimée à compter de janvier 2013.

“Pour lutter contre l'usage abusif des dispositions légales, il est mis un terme à la mauvaise pratique des autorisations tem-poraires d'exercice (ATE) des activités commerciales”, a-t-il affirmé.

“Désormais donc, aucune en-treprise n'a le droit de bénéficier du régime ATE au-delà de douze mois maximum”, a-t-il conclu.

Xinhua

Le budget 2013 porté à 4.000 milliards FCFA“Le plus gros de l'investissement ira aux infrastructures de

base. Le deuxième poste de dépense d'investissement, en 2013, sera le sous-secteur éducation, dans sa composante éducation de base et formation professionnelle. L'effort d'amélioration des soins de santé se pursuivra, de même que seront poursuivis les investissements dans le secteur de l'énergie”, a-t-il déclaré.

Ce projet de budget, qui sera transmis au Parlement, est en hausse de 156.197.000.000 F CFA par rapport au budget rectifié 2012 qui se chiffre à 3.935 milliards de F CFA.

Une fois adopté par le Parlement, il sera le plus important budget que le Congo ait jamais connu depuis son accession à l'indépendance en 1960.

5.000 agents fictifs dans la fonction publique

Taxe sur l'alcool et le tabac

des effectifs de la fonction publique qui compte quelque 60.000 agents civils et militaires.

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29 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Burundi : Des mesures fiscales à l'étude pour favoriser les investissements

E C O N O M I E

Un projet de loi rela-tive aux impôts sur les revenus, en cours

de préparation au Burundi avec l'appui du Fonds Moné-taire International (FMI) et de l'International Finance Corpo-ration du groupe de la Banque mondiale, prévoit des mesures d'incitations fiscales pouvant favoriser les investissements.

Thomas Dubut, expert du FMI qui a fait une analyse du système des incitations fiscales à l'investissement, a présenté jeudi 27 septembre son rapport, dans lequel il pro-pose l'exonération temporaire d'impôt sur les bénéfices des sociétés et la déduction im-médiate des dépenses relatives aux opérations de prospection ou de recherche de substances minérales avec report des pertes

sur cinq années. Plus précisé-ment, il s'agit d'un amortisse-ment accéléré de 40% pendant la première année pour les investissements supérieurs à 50 millions de Fbu (plus de 32.800 dollars).

L'exonération temporaire d'impôt sur les bénéfices des sociétés est proposée pour les investissements supérieurs à 10 milliards de Fbu (environ 6,5 millions de dollars).

Parmi les autres mesures pouvant favoriser indirecte-ment les investissements, il est proposé la réduction du taux de l'impôt sur les bénéfices des sociétés de 35% à 30%, la suppression de l'imposition des dividendes versés entre sociétés résidentes, l'extension de la période de report des pertes de 3 à 5 ans, la suppres-

sion progressive de l'impôt forfaitaire minimal de 1% et la simplification du régime des amortissements.

Des mesures actuelles “discrétionnaires”

Les principales incitations fiscales actuelles comprennent le régime des zones franches qui accorde une exonération totale d' impôt sur les sociétés pendant 10 ans suivie de taux spéciaux, couplée à d'autres exonérations et avantages fiscaux divers, et le crédit d'impôt de 37% du mon-tant des biens amortissables investis dans l'entreprise.

Existent également des ex-onérations des bénéfices qui sont destinés à être réinves-tis dans l'enseignement, des produits réalisés par les en-

treprises agricoles et d'élevage ainsi que des bénéfices réalisés par les exploitants du transport par bus, minibus et microbus.

L'inconvénient de ces inci-tations fiscales spéciales est la longue procédure d'approbation. L'autre problème est le carac-tère discrétionnaire de l'octroi de l'avantage, qui est aussi opaque et qui peut favoriser la corruption.

“La suppression du pou-voir discrétionnaire dans l 'application des mesures d'incitation fiscale et l'adoption de politiques qui encouragent l'investissement sont des fac-teurs-clé pour le développement du Burundi et la lutte contre la corruption. Ainsi, ces efforts devraient être une priorité”, a affirmé M. Dubut.

Xinhua

Les pays émergeants doivent améliorer leurs cadres politiques et reconstituer leurs remparts politiques pour maintenir une certaine résistance face aux nouveaux chocs éventuels,

qu'ils soient d'origine intérieure ou étrangère, a déclaré jeudi 27 septembre le Fonds monétaire international (FMI).

“Les soubresauts des conditions de négociation sur les marchés émergeants et dans les économies en développement pourraient s'accroître en cas de chute des cours des matières premières. De nouvelles envolées d’incertitudes au niveau mondial sont possibles, et des arrêts brusques pourraient survenir à nouveau si une mon-tée de l'aversion pour le risque entraîne des fuites de capitaux”, a déclaré le FMI dans les chapitres analytiques de son rapport sur les Perspectives économiques mondiales.

FMI : Nouveaux chocs en perspectiveLe rapport souligne que des vulnérabilités intérieures pour-

raient également apparaître et que la forte croissance du crédit sur certains marchés émergeants et dans certaines économies en dével-oppement, vraisemblablement poussée par la demande intérieure, pourrait susciter des inquiétudes sur la stabilité financière.

“Il n'y a aucune garantie que le calme relatif dont ont bénéficié les économies émergeantes au cours de ces deux dernières années se poursuivra”, a déclaré l'économiste du FMI Abdul Abiad lors d'une conférence de presse. Si la situation est différente d'un pays à l'autre, les économies émergeantes doivent d'une manière générale reconstituer leur marge de manoeuvre politique afin de pouvoir réagir si la croissance ralentit de manière plus brusque que prévu, a-t-il ajouté. Xinhua

FMI : L'économie ivoirienne en "forte croissance"Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a ap-

précié lundi 1er octobre à Abidjan la “très bonne” situation de l’économie ivoirienne et entrevoit une “une forte croissance” en 2012, au terme d’une mission sur la revue du programme économique et financier conclu avec le gouvernement ivoirien.

“Nous sommes convenus de la très bonne situation de l’économie en particulier avec une forte croissance en 2012, plus forte que ce qui avait été envisagé jusqu’à maintenant avec un maintien global de la stabilité des prix, avec aussi un très bon bud-get qui va s’exécuter dans de très bonnes conditions”, a déclaré le chef de délégation, Michel Lazard, au sortir d’une rencontre avec le président ivoirien Alassane Ouattara.

Selon l’expert du FMI, “cette situation devrait se traduire par des effets très positifs pour la population ivoirienne”.

“La croissance devrait créer des emplois et le budget permet de financer un nombre important de dépenses qui bénéficient aux

catégories les plus défavorisées de la population”, a-t-il indiqué.Michel Lazard a salué les efforts réalisés dans le cadre des ré-

formes pour améliorer l’efficacité de l’économie ivoirienne “même si beaucoup reste à faire”, notamment dans le secteur de l’énergie pour parvenir à “moderniser l’économie”.

Il estime que l’économie de la Côte d’Ivoire est “une économie qui se développe très aisément qui est sur un rebond important qui la place en très bonne position sur le moyen terme pour améliorer non seulement la croissance mais l’emploi et les conditions de vie des populations”.

Démarrée le 19 septembre, la revue de programme s’est achevée le 2 octobre.

Au terme de la mission, la Côte d’Ivoire pourrait bénéficier d’un décaissement de 50 milliards FCFA après l’approbation du conseil d’administration du FMI en novembre.

Xinhua

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30 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Niger : La bataille de la fibre optiqueE C O N O M I E

La bataille qui oppose la société nigérienne des télécommunications (Soni-tel), société nationale du Niger, et sa filiale Sahel-com, aux opérateurs privés de la téléphonie mobile, notamment Airtel Niger et Orange Niger, au tour de la problématique de la réalisation des infrastruc-tures de la fibre optique, continue de défrayer la chronique. Et la situation est loin d'être résolue au regard des derniers évène-ments.

Les opérateurs privés, très puissants, profi-tant d'une situation embrouillée concer-

nant le droit de l'exploitation de la fibre optique, ont entrepris des travaux de pose de fibre optique à coté de celle déjà ins-tallée par la Sonitel, au mépris de toutes les mises en garde de l'autorité en charge des télé-communications au Niger.

Le 2 mai dernier, l'Assemblée nationale a adopté les lois auto-risant l'Etat du Niger à rena-tionaliser la Sonitel et Sahel-com, après un long plaidoyer du ministre de la communication et des nouvelles technologies de l'information Salifou Labo Bouché, et l'échec constaté par le gouvernement dans la priva-tisation des deux sociétés.

Ces nouveaux textes juridi-ques accordaient à ces deux

entités de l'Etat le monopole des appels internationaux et de l'internet haut débit (fibre optique) pendant un temps transitoire de cinq ans.

Trois semaines plus tard, le gouvernement renvoyait, en seconde lecture, à l'Assemblée nationale la même loi sur la nationalisation de ces deux entreprises pour modifier cer-taines dispositions relatives notamment à ces privilèges octroyés à la Sonitel, et ceci, suite à une lettre de protesta-tion que les responsables des deux opérateurs étrangers de la téléphonie mobile auraient adressée au président nigérien Mahamadou Issoufou.

Selon la loi modifiée, adop-tée par les parlementaires, la Sonitel ne bénéficie plus de l'exclusivité dans le développe-ment de la fibre optique.

Cette volteface des élus du peuple avait suscité la colère des travailleurs de Sonitel et de sa filiale Sahelcom, qui ont manifesté le 25 mai dernier devant les locaux de l'Assemblée nationale.

Autorisation donnée à Sonitel

Par la suite, le gouvernement nigérien a autorisé Sonitel à construire le réseau de trans-mission Backbone national en fibre optique de Niamey à Zinder, sur plus de 900 km.

Pour ce faire, deux missions

ont été effectuées par le ministre de tutelle, Salifou Labo Bouché, et ses collaborateurs, en Chine et en Algérie, qui ont abouti à des accords de principe pour le déploiement de la fibre sur les axes stratégiques définis par le Niger.

C'est ainsi que pour mar-quer toute la détermination et l'engagement du gouvernement à la réalisation du Backbone national en fibre optique, pour le compte de la Sonitel, le prési-dent nigérien Issoufou a donné le coup d'envoi, le 12 août passé, à Dosso, 140 km à l'est de Nia-mey, des travaux de la pose de la fibre optique.

Orange construit son propre Backbone

Comme pour défier l'autorité, Orange Niger démarre au même moment, les travaux de pose de sa fibre optique sur le tron-çon Niamey-Dosso-Malanville (frontière du Bénin), alors même que ces infrastructures sont déjà réalisées par la Sonitel, sur cet axe, selon ses responsables.

Aussi, face aux agissements persistants de ces opérateurs étrangers à vouloir coûte que coûte poser la fibre optique, la convergence des syndicats du secteur de télécommunications a demandé aux autorités natio-nales d'interdire “la duplication” des infrastructures en fibre op-tique par ces opérateurs.

Les syndicats du secteur des

télécommunications ont exigé du gouvernement l'interdiction formelle de la duplication des infrastructures en fibre optique par Airtel et Orange.

Ils ont lancé un vibrant appel au Président de la république pour qu'il accorde une attention particulière à même d'arrêter “cette mise en scène dans le secteur des télécommunications et donner toute la plénitude à la Sonitel et SahelCom de jouer le rôle du pionnier dans ce secteur au Niger”.

Au Niger, le secteur des té-lécommunications joue un rôle éminemment important dans l'économie nationale, en termes de consommation, de mobilisa-tion des ressources et surtout de génération des revenus.

Pour le gouvernement, la construction du Backbone na-tional par la Sonitel lui procure des sources importantes de revenus estimés à plusieurs dizaines de milliards de FCFA par an.

Le retrait de l'exclusivité ou le retard dans la construc-tion du Backbone national en fibre optique, aura comme con-séquences, entre autres, la non rentabilité de l'investissement sur le Backbone fibre-optique de Sonitel. Ce qui engendrerait, une perte drastique de la valeur de Sonitel et affecterait néga-tivement l'intérêt que suscitera la reprivatisation auprès des repreneurs.

Xinhua

Le Congo entend mettre la fibre optique en service en 2013 sur l'ensemble de son territoire et la connecter aux pays voisins, a

annoncé lundi 1er octobre à Brazzaville le ministre congolais des Postes et Télécommunications Thierry Moungalla.

“Nous voulons que l'année 2013 soit une année de réalisation concrète du projet de couverture nationale (...) au moment où nous sommes en train de déployer physiquement la fibre optique entre Pointe-Noire et Brazzaville, [et que] nous puissions lancer courant 2013 le choix des opérateurs qui vont nous permettre d'assurer la construction physique de l'interconnexion avec les voisins”, a déclaré M. Moungalla qui a reçu la coordination du projet Central African Backbone (CAB), qui vise à accroître la disponibilité de la connexion Internet.

Le ministre s'est félicité de la “bonne exécution du projet”, qui est à 77%.

Selon le ministre Moungalla, le projet CAB est cofinancé par la Banque mondiale et le Congo, à hauteur de 15 milliards de F CFA

(environ 29 millions de dollars).“L'année dernière, nous avons décaissé pour la partie congolaise

un milliard de F CFA. Cette année, nous allons décaisser dans le cadre du budget 2013 une somme qui peut être autour de 3 mil-liards de F CFA”, a-t-il conclu. Xinhua

Congo : Fibre optique sur tout le territoire en 2013

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31 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

Des experts suggèrent une coopération public-privé dans les énergies vertes

E N E R G I E S

Po u r f a i r e f a c e a u x problèmes énergétiques en Afrique de l'ouest, des

experts suggèrent une coopéra-tion entre les Etats et le secteur privé afin d'investir dans les énergies renouvelables, seules alternatives à cette crise, selon eux.

Cette suggestion a été faite à Dakar lors de la première édi-tion du Forum d'investissement en énergie renouvelables, or-ganisé les 27 et 28 septembre par le Centre régional pour les énergies renouvelables de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), en partenariat avec la Banque africaine de dévelop-pement (BAD).

“L'énergie joue un rôle im-portant pour le développe-ment. Or en Afrique de l'Ouest, on note les consommations énergétiques les plus faibles au monde”, constate Ibrahi-

ma Ndiaye, commissaire de la CEDEAO.

Et pour combler ce gap, poursuit-il, “il faudra nous mettre ensemble avec le secteur privé et trouver des finance-ments”.

Pour Kurt Lonsway de la BAD, les Etats de l'Afrique de l'ouest doivent créer les conditions d'accès à l'énergie. Mais, “comme les moyens des gouvernements africains sont limités, il faut encourager le partenariat public et privé pour attirer les investisseurs”, pro-pose Lonsway.

Le secteur privé est donc le levier sur lequel veulent s'appuyer les Etats de l'Afrique de l'ouest pour résoudre défini-tivement la crise énergétique à laquelle ils sont confrontés. D'ailleurs pour le conseiller technique en énergies renou-velables du ministre sénégalais de l'Energie, Boubacar Mbodji,

les investisseurs privés doivent s'impliquer parce que “l' énergie est à la base de l'économie”.

D'après les experts, les éner-gies renouvelables constituent un moyen important de rédu-ire la pauvreté par la création de richesses. Elles permettent également de mettre au point des systèmes énergétiques du-rables.

Des services de qualité et la création d’emplois

Mieux, “les énergies renou-velables représentent un point d'entrée pour une transition réussie vers une économie verte, à la fois en assurant la fourniture de services énergé-tiques de qualité et en générant de l'emploi”, a fait savoir la représentante résidente de la BAD au Sénégal, Leïla Mokad-dem.

D'après elle, 92% de la popu-

lation rurale en Afrique de l'ouest n'ont pas accès à une énergie de qualité, alors que cette sous-région à un potentiel hydroélectrique important.

Les pays de la CEDEAO ont un potentiel hydroélectrique estimé à 23.000 mégawatts, concentré dans 5 des 15 pays de la région, selon les experts. Et seuls 16% de ce potentiel ont, à ce jour, été exploités à cause de barrières techniques, financières, économiques, ins-titutionnelles, juridiques et d'expertise.

La BAD a annoncé qu'elle va débourser 170 millions de dollars pour financer un projet d'interconnexion énergétique entre la Côte d'Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée.

Le Sénégal et la Gambie se-ront sur la liste pour des projets de pipelines avec des centrales éoliennes et solaires.

Xinhua

Avec un taux national de cou-verture de 37,2% en 2011

contre une prévision de 43,9%, le Bénin est loin d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans le domaine énergétique, où beau-coup reste à faire surtout en matière d'accès à l'électricité en milieu rural, a déploré mardi 2 octobre la ministre béninoise de

Le Bénin loin d'atteindre les OMDl'Energie, Sofiatou Onifadé.

“La situation énergétique du Bénin est essentiellement caractérisée par un taux moyen national d'électrification en milieu rural de 3,82% en 2011 contre une prévision de 14,1%, un taux moyen national d'accès des ménages à l'électricité de 27,93% en 2011 contre une prévision de 36,6% et un taux

moyen national d'électrification des centres urbains de 53,85% en 2011 contre une prévision de 60%”, a-t-elle souligné.

Pour la ministre, ce ta-bleau peu satisfaisant exige des mesures spécifiques pour accé-lérer l'électrification des zones rurales, au risque de voir la moitié des populations exclues de l'accès à l'énergie.

Dans ces conditions, a-t-elle estimé, d'importants défis sont à relever, notamment : rendre l'énergie disponible, acces-sible et acceptable aussi bien pour les populations des zones urbaines et rurales que pour le secteur productif et favoriser le développement du commerce sous-régional des services éner-gétiques. Xinhua

L'Union européenne (UE) envisage d'allouer de nouveaux montants significatifs pour développer l'énergie en Afrique,

en particulier pour les années à venir, a annoncé Hoa Binh Ad-jemian, chef de la section infrastructures de la délégation de l'UE au Bénin, lors d'un entretien accordé à l'Agence Xinhua mardi 2 octobre à Cotonou.

“Les perspectives de financement par l'UE de l'énergie et de l'accès à l'énergie en particulier pour les années à venir sont encore plus prometteuses. Il est de plus en plus probable que l'énergie soit choisie comme secteur de concentration pour le 11ème Fonds européen de développement dans un certain nombre de pays africains et pour certaines sous-régions”, a-t-il confié.

Selon lui, l'UE a contribué lors des cinq dernières années en Afri-que de l'Ouest, à hauteur de 450 millions d'euros pour des projets énergétiques, d'un coût total de plus de 1,5 milliard d'euros.

Malgré ce financement, le défi à relever est gigantesque, a-t-il estimé. “Plus de 70% de la population n'a pas accès à l'électricité en Afrique subsaharienne et malgré des efforts importants, le nombre de personnes sans accès augmente encore, du fait de la croissance démographique”, a-t-il déploré.

Il a également regretté le fait que cette situation soit encore plus grave dans les zones rurales, où les taux d'accès ne dépassent pas 10% dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest et Centrale.

Aujourd'hui, a-t-il affirmé, l'énergie est au carrefour de trois défis globaux, notamment la transition énergétique, nécessaire pour faire face à la volatilité et au renchérissement des produits pétroliers, le combat contre le changement climatique en s'adaptant à ses impacts et en limitant les émissions des gaz à effet de serre dues à la production et à l'utilisation de l'énergie fossile, et enfin et surtout, l'accès à des services énergétiques modernes. Xinhua

L'Union Européenne compte accroître son aide

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32 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

A G R I C U L T U R E

Selon le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), la production

céréalière attendue dans la ré-gion Sahel et Afrique de l’ouest, pour la campagne agricole 2012-2013, se situerait entre 57 millions et 64 millions de tonnes, ce qui correspondrait à un accroissement de 5 à 17% par rapport à la saison dernière.

“Selon certaines études, environ 30% des productions céréalières sont perdues pen-dant et après les récoltes du fait des techniques inappropriées de récolte, de battage et de conservation; on comprend donc mieux notre position d’optimisme modéré”, affirme Roland Béranger Béréhou-dougou, responsable régional des catastrophes et réponses humanitaires de Plan Interna-tional à Dakar.

Oxfam, basée en Grande-Bretagne, et le Réseau des organisations paysannes et de producteurs en Afrique de l’ouest déclarent que c'est la troisième crise alimentaire de grande ampleur qui frappe la région en moins d'une décen-nie.

Capacités de production et réserves alimentaires

Pour éviter que la prochaine sécheresse ne se transforme en une urgence humanitaire, les bailleurs et les Etats doivent soutenir l'investissement dans les capacités de production des petits producteurs et dans les réserves alimentaires qui permettraient de réagir rapide-ment aux crises futures, et aider les communautés à gérer la volatilité, soulignent ces ONG.

Oxfam rappelle que, même pendant une “bonne année” agricole, 20% de la population souffre de malnutrition et de faim tandis que 230.000 en-

fants meurent de causes liées à la faim dans les pays du Sahel.

En outre, l'instabilité au Mali risque d’entraîner une baisse de la production de riz dans le nord du pays de 30% par rapport à une année normale, et la moitié de tout le cheptel pourrait être perdue dans certaines régions, prévient Oxfam.

Augmenter la résilience

“Une année sur deux, nous sommes en (...) crise, donc même si l’année est bonne, 20% de la population du Sahel con-naissent toujours des problèmes d’insécurité alimentaire; donc il faut soutenir les petits pro-ducteurs pour augmenter leur résilience; donc l’accès aux semences, aux intrants devrait être le point focal”, explique Issiaka Ouandaogo, respon-sable humanitaire au bureau de Oxfam au Burkina Faso.

Du fait des crises alimen-taires successives, certains ménages ruraux sont souvent très endettés et une partie de la production céréalière ira directement au remboursement des dettes rurales avec des taux de change défavorables à ces ménages, indique Béréhou-dougou.

Dans certains villages de la région de Tillaberi (ouest du Niger), les paysans se sont en-dettés auprès des commerçants locaux en vendant par avance leur production de mil à 5.000 ou 7.000 francs CFA (environ 14 dollars) le sac, alors que le prix réel du sac immédiatement après la récolte est de l’ordre de 10.000 à 15.000 FCFA (en-tre 20 et 30 dollars), selon Béréhoudougou. “Le même sac peut même aller jusqu’à 36.000 FCFA (72 dollars) pendant la période de soudure”.

“Il faut pouvoir mettre fin au cycle infernal d’endettement des ménages ruraux par des

actions diverses comme le cash transfert, le cash for work, la micro-finance, les banques de céréales...”, suggère-t-il.

“Au Burkina Faso, il y a des appuis mais qui ne répondent pas à l’attente des producteurs sur le terrain. Car il faut respon-sabiliser les petits producteurs sur la gestion des semences améliorées et engrais subven-tionnés”, plaide Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Faso.

Selon Dao, 80% des petits producteurs n’ont pas accès à ces appuis distribués par des structures étatiques. Ce sont des engrais et semences an-noncés chaque fois en début de saison pour les producteurs, mais qui ne reçoivent rien ou une très petite quantité (un ou deux sacs) d'engrais pour toute la campagne, affirme Dao.

Des prêts avantageux

Dans l’ouest du Burkina, Ox-fam a aidé, sous forme de petits prêts, les paysans à accéder à des quantités d’engrais et de se-mences améliorées à travers un fonds de roulement qui a com-mencé en 2010 avec 10 millions

FCFA (20.000 dollars).Selon Dao, le système

d’Oxfam a permis d’aider 120 producteurs dans l’ouest du Burkina en 2010 grâce à ce fonds. Aujourd’hui, ce sont 184 producteurs qui bénéficient d’une aide de 23 millions FCFA (46.000 dollars) pour acheter les intrants agricoles après le remboursement de l’aide par les premiers bénéficiaires.

“Ces personnes arrivent à produire 2.000 tonnes de céréales aujourd’hui. Certains ont pu s’acheter des animaux et sortir de la pauvreté”, souligne Dao qui préconise un système de crédit adapté aux revenus des petits producteurs.

“Aucune des banques clas-siques ou des institutions de micro-finance ne correspond à nos conditions de crédit...” que Dao considère plus souples pour les petits producteurs.

Par exemple, dit-il, pour un hectare, il faut un crédit de 20.000 à 30.000 FCFA (de 40 à 60 dollars), et pour deux hectares, entre 100.000 et 115.000 FCFA (entre 200 et 230 dollars), en fonction du type de sols et de cultures.

Brahima Ouédraogo, IPS

Maintenir l'appui aux petits producteurs du Sahel, malgré les bonnes perspectives

Malgré une abondance des pluies qui annonce de bonnes récoltes agricoles pour la campagne 2012-2013, des ONG et de paysans appellent à maintenir l’appui aux petits producteurs en vue d’une éradication de l’insécurité alimentaire au Sahel.

Le Journal du Développement recherche

des agents commerciaux

à temps plein ou partiel dans les pays de sa zone de couverture, et en particulier :

FRANCE, BELGIQUE, SUISSE,MAURITANIE, SENEGAL,

COTE D’IVOIRE, MADAGASCAR, RDC et CAMEROUN

Envoyez une lettre de motivation et un CV à: [email protected]

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33 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

A G R I C U L T U R E

Le gouvernement ivoirien a fixé à 725 franc CFA le prix du kilo de cacao pour

la campagne de commercialisa-tion qui s’est ouverte mercredi 3 octobre sur l’ensemble du pays, premier producteur mondial de cacao.

Selon le communiqué d’un Conseil des ministres tenu mardi, le gouvernement a ap-prouvé “le barème et un prix garanti de 725 FCFA/Kg aux producteurs pour la campagne principale 2012-2013”.

“Le prix payé aux produc-teurs a été fixé à 60% du prix CAF (coût, assurance et fret) de référence, 22% de ce prix revient aux intermédiaires et 18% à l’Etat de Côte d’Ivoire”, précise le communiqué qui af-firme la “ferme volonté” du gou-vernement de voir appliquer le prix garanti aux producteurs sur l’ensemble du territoire ivoirien.

Le gouvernement a instruit le Conseil du Café-Cacao (CCC,

organe public de gestion de la filière) de prendre “toutes les dispositions opérationnelles”, y compris “les sanctions appro-priées” pour le respect “strict” du prix aux producteurs.

La campagne de commer-cialisation du cacao 2012-2013 est la toute première depuis le retour au système de stabilisa-tion des prix et de vente par anticipation.

La fin du prix indicatif

Lors de la campagne précé-dente, c’était un prix indicatif que le gouvernement d’Alassane Ouattara, à peine en place, avait conseillé d’appliquer au kilo de cacao payé par les acheteurs aux planteurs (1.000 FCFA). Mais il n’avait eu aucun moyen de le faire appliquer.

Cette année, l’Etat peut im-poser un prix minimum obliga-toire au producteur, non pas parce qu’il a vendu lui-même par anticipation la récolte de

cacao, comme au Ghana, mais parce qu’il a mis aux enchères, tous les jours depuis janvier dernier, des droits de tonnage sur la nouvelle récolte.

Sur chacun de ces tonnages, les exportateurs qui ont rem-porté l’enchère se sont engagés sur un prix à l’export. C’est la moyenne de ces prix quotidiens qui a servi de base pour le calcul du prix minimum que devra verser l’acheteur au planteur pendant toute la campagne, une fois ôté un forfait fixe pour les coûts de transports et les intermédiaires.

Un prix bord-champ minimum au paysan

L’Etat se contentera de com-

penser les différences de prix d’enchères entre deux expor-tateurs pour leur permettre de verser le même prix bord-champ minimum au paysan. Il ne s’agit donc pas d’un retour à l’ancienne Caisse de stabilisa-

tion. Mais on tente de réguler le système archi-libéral qui a prévalu depuis près de vingt ans.

La plupart des acheteurs ont accepté ces nouvelles règles du jeu après des négociations ar-dues sur la prise en compte de leurs coûts dans un barème fixe qui désavantage les acheteurs de l’intérieur du pays – ce qui risque d’occasionner de leur part un peu de rétention ou de contrebande de fèves. De même, les décotes pour fèves mal sé-chées seront interdites et de-vront être refusées, ce qui risque aussi de retarder l’écoulement de la production.

Mais globalement, le pari que fait l’Etat ivoirien et celui que font les exportateurs est le même : encourager les plan-teurs à améliorer la qualité de leur production par un prix minimum obligatoire à l’abri des fluctuations. Encore faut-il que ce prix leur convienne.

Xinhua, MFI

Côte d'Ivoire : Le cacao fixé à 725 FCFA/kilo

Bénin : Accroître la production de maniocLe gouvernement béninois

envisage d'accroître la production du manioc

de 2.809.000 tonnes en 2007 à 8.500.000 tonnes en 2015, en vue de satisfaire la demande intérieure et participer à terme aux échanges régionaux et in-ternationaux, a annoncé lundi 1er octobre à Cotonou le direc-teur de cabinet du ministère béninois de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, Dr Idrissou Touré Yacoubou.

“L'atteinte de cette ambi-tion des autorités politiques béninoises nécessite de relever le niveau de production et de productivité moyenne à l'échelle nationale (passer de 13 tonnes à l'hectare à 22 tonnes à l'hectare) par l'adoption de technologies

performantes, de variétés à haut rendement par les paysans, l'augmentation des superficies et la conquête des marchés à travers la promotion des produits dérivés et le soutien des opérateurs économiques du sous-secteur”, a déclaré le Dr Idrissou Touré Yacoubou.

Selon lui, le projet passe également par l'accès des pro-ducteurs aux engrais, aux bou-tures de bonne qualité, à la transformation du manioc, le stockage des produits dérivés et le désenclavement des zones de production.

“Le manioc se cultive dans tous les départements du pays sauf le littoral qui se limite à la ville de Cotonou”, a-t-il indiqué, ajoutant que le manioc est l’une

des plantes les plus cultivées et consommées dans les mi-lieux ruraux et périurbains au Bénin.

La deuxième source de glucides, après le maïs

D'après les tendances de consommation alimentaire sur cette dernière décennie, une étude réalisée par la direction de programmation et de pros-pectives du ministère béninois de l'Agriculture indique que le manioc apparaît comme la deuxième source de glucides au Bénin après le maïs. “Cette cul-ture a le double avantage d'être aussi bien une culture vivrière que de rente”, révèle l'étude.

Selon cette même source,

l’importance du manioc s'est traduite par la mise en place d'un certain nombre de projets et de programmes de promo-tion.

“Les actions de ces dif-férents projets, notamment l'amélioration des rendements et la perspective d'une utili-sation diversifiée du manioc dans la transformation agro-alimentaire pour la fabrica-tion de farine panifiable, de l'amidon et des boissons (alcool et sirop de manioc) ont permis un regain d'intérêt pour cette spéculation”, souligne l’étude, qui estime que la recherche sur les équipements de transforma-tion et les technologies de con-servation du manioc a réalisé d'importants progrès. Xinhua

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34 - LE JOURNAL DU DEVELOPPEMENT - N° 6 - Vendredi 5 Octobre 2012

A G R I C U L T U R E

Tchamba, à quatre heures de route de Lomé, la capitale togolaise. Un

camion-benne reconverti en transport de personnes ar-rive en cahotant sur une route en latérite et se gare devant un immense hangar. Sur une grande pancarte, on peut lire : “Bienvenue à Cajou Espoir, la promotion de la filière cajou, l’espoir de l’Afrique noire de demain”.

Tchamba se trouve dans le nord-est du Togo, dans une des régions les plus arides, les plus déshéritées aussi. Une région productrice des noix de cajou mais qui, jusqu’en 2004, ne possédait aucune usine de transformation.

Une situation malheureuse-ment classique en Afrique où 90% des noix de cajou produites sont exportées essentiellement vers l’Inde pour y être transfor-mées, synonyme d’une perte de valeur ajoutée pour les paysans africains.

Les estimations de l’Alliance africaine de Cajou sont élo-quentes : si 25% de la produc-tion de cajou africaine était

transformée sur le continent, cela générerait localement plus de 100 millions de dollars de revenu supplémentaire pour les paysans.

Un Franco-Togolais

déterminé Créer de l’emploi et générer

des revenus dans la région de production, c’est exactement le but de François Locoh-Donou, un Franco-Togolais, expatrié aux Etats-Unis pour poursuivre une brillante carrière dans les télécommunications.

Depuis 1998, Locoh-Donou a mis en action ses principes. Il veut s’investir en Afrique et créer des entreprises. Ce sera d’abord la Ferme de l’espoir, une ferme d’élevage de poulets et de production d’œufs.

Un projet décevant en matière de création d’emplois - seule-ment une vingtaine de postes pourront être créés - et dont le manque d’infrastructures locales - ni eau, ni électricité - engloutira les fonds des inves-tisseurs. L’état déplorable des routes, ne permettant parfois

même pas aux œufs d’arriver entiers à leur destination, finira par avoir raison du projet.

Mais c’est sans compter la détermination de Locoh-Donou qui, entre-temps, revenant d’une visite au centre Song-haï au Benin, découvre que le Togo ne possède aucune usine de transformation de noix de cajou.

Des résultats tangibles

sur la réduction de la pauvreté

C a j o u E s p o i r n a î t f i n

2004, avec une quarantaine d’employés qui transformeront 12 tonnes de noix de cajou en 2005.

“A l’époque, les femmes vivaient du ramassage du bois, il n’y avait aucune activité dans la région. L’usine a réduit l’exode rural”, se rappelle avec émotion Alidou Abdourahmane, le maire de Tchamba. “Quarante em-plois, c’était nourrir quarante familles!”

Au fil des ans, Cajou Espoir s’est développé et devrait at-teindre en 2012 les 1.200 tonnes

de noix de cajou traitées par 350 employés.

Les répercussions écono-miques et sociales sont mul-tiples : sur la vie quotidienne, sur la santé et sur l’éducation.

“Avant Cajou Espoir, nom-breux étaient les enfants qui n’avaient pas de quoi déjeu-ner. Aujourd’hui tout le monde a de quoi manger”, explique Affo Bérégéti, professeur et directeur de l’école centrale de Tchamba.

Dominique Palanga, le préfet de Tchamba, a vu évoluer Cajou Espoir et insiste: “C’est la fierté de toute la préfecture !”

Le développement exem-plaire de cette petite PME a aussi convaincu les financiers de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), qui, pour soutenir son développement, vient de lui accorder un prêt de 1,2 milliard de francs CFA, soit 2 millions d’euros. François Locoh-Donou est déterminé : “L’agro-transformation regorge d’opportunités, c’est à nous, Africains, de les saisir et de re-bâtir l’Afrique !” D’après MFI

Cajou Espoir, la première usine de transformation de noix de cajou implantée au Togo, vient de recevoir un prêt exceptionnel de deux millions d’euros accordé par la Banque d’investissement et de développement de la Cédéao. L’agro-transformation, secteur clé en matière de création d’emplois, a le vent en poupe.

Le cajou, filière d'excellence au Togo

Que fait Patrick Roméro, un quadra flamboyant, dans le monde de l’humanitaire international? Il dirige un vaste programme de santé de l’ONU au Congo, pays grand comme l’Europe de l’ouest, dévasté par le conflit le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale. Pour mener à bien son projet de lutte contre le SIDA, il dispose d’un pactole de 250 millions de dollars. Il se lance à l’assaut du pachyderme onusien, mène une guérilla contre les sacro-saintes procédures et se bat pour faire passer sa stratégie innovante aux forceps.

Peut-on rouler en Jaguar et aider sincèrement les pauvres ? L’aide interna-tionale, il y croit ou il en croque ? Un jeune flic formé à la lutte contre la fraude financière internationale en est persuadé : il en croque. Et il le traque. Les mal-ades congolais attendront… La distribution des médicaments est interrompue jusqu’à nouvel ordre.

Au-delà du roman ONU soit qui mal y pense, c’est aussi des pintes de réflexion à consommer à l’apéro quand on refait le monde et une adaptation au théâtre sous le titre La Jaguar et l’éléphant, comédie onusienne.

Bonne lecture ! Roberto Garcia Saez

Plongez dans les eaux troubles de l’aide humanitaire !!

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