Alain CRÉMIEUX

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u a n d

l e s " R i c a i n s "

r e p a r t i r o n t

Le journal imaginaire du nouveau millénaire

A C M E D I T I O N

© A C M EDITION, Mars 2000 67860 BOOFZHEIM (France)

Pour Edith,

qui aura cent deux ans le deux janvier 2100.

Aujourd'hui D-Day...

Les opérations des troupes anglaises et américaines ont commencé

Anne Frank, journal

6 juin 1944

CHAPITRE 1

Une année comme les autres

28 M a i 2 0 0 0

C aujourd'hui mon soixante-quatrième anni- versaire. Depuis l'âge de cinq ans me semble-t-il j 'ai su que j 'aurais soixante-quatre ans en l'an 2000. Par contre il ne me paraissait pas évident que cet "an 2000" mythique se matérialiserait un jour. C'était plutôt un repère imaginaire, dans un futur flou, qu'une date réelle. "L'an mil", avec son orthographe bizarre sur laquelle insistait mon institutrice, avait disait-on déclenché des peurs irraisonnées et son "double" pour- rait bien s'avérer pire. Il y avait aussi les prédictions de Nostradamus qui me fascinaient et qui faisaient de cette fin du vingtième siècle la fin des fins. Toujours est-il que depuis cinq mois déjà nous sommes entrés dans ce vingt-et-unième siècle dont on a dit alternati- vement qu'il apporterait le bonheur ou le malheur absolus. Personnellement je ne vois pas très bien com- ment il pourrait être pire que son prédécesseur ! Deux

guerres mondiales et quelques autres plus modestes, le nazisme, le communisme et un bon nombre de génocides lui accordent un record en la matière. Nos arrière-petits-enfants se demanderont même peut-être comment nous avons pu traverser cette période en étant, tous comptes faits, plutôt heureux que mal- heureux. Siècle du progrès ou siècle des guerres ? Celui de l'électricité, de la télévision et de l'informa- tique ou celui de Verdun, de Dresde et d'Hiroshima ? Les historiens et les philosophes du futur auront le choix !

Ce 28 Mai 2000 m'invite à commencer à écrire un

"journal". Je sais bien que beaucoup d'adolescents abandonnent le leur à quinze ans mais il n'est jamais trop tard pour avoir quinze ans.

Un journal, c'est beaucoup dire et je ne suis pas sûr de respecter l'étymologie du mot. Je ne crois pas avoir la persévérance et la régularité nécessaires pour m'y mettre quotidiennement... On verra bien.

On commence toujours trop tard. La mémoire est infidèle et on aimerait pouvoir retrouver les impres- sions de tel ou tel jour, banal ou extraordinaire, dont le souvenir se mêle aujourd'hui avec celui de la veille ou d'une autre date, plus marquante mais moins signifi- cative. Alors que je rédige la première "entrée" de ce journal je me prends à regretter de ne pas avoir écrit régulièrement quelques lignes, tous les soirs et depuis longtemps. Quelles réflexions auraient bien pu me suggérer à chaud les événements des années soixante

ou quatre-vingts ? Les sentiments que m'inspiraient directeurs de ministères, diplomates, ministres ou employés plus modestes des ministères parisiens et des ambassades que j'ai fréquentés me sembleraient sans doute désuets ou inintéressants mais peut-être aussi tel ou tel souvenir se raccorderait au présent de façon originale. Le Ministère de la Défense sous de Gaulle et Pompidou, le Londres de 1968 (les "swinging sixties"), le Washington de Reagan et l'OTAN engagé en Bosnie méritaient sûrement quelques minutes de sommeil et un peu de persévérance.

Je regrette particulièrement de n'avoir pas noté mes impressions quotidiennes, de 1994 à 1998, quand nous habitions Bruxelles et que je fréquentais quoti- diennement, à l'OTAN, l 'Ambassadeur de France au Conseil de l'Atlantique Nord. Nous nous demandions, mes collègues officiers, ingénieurs et moi-même, si l'OTAN était encore indispensable et si cette organisa- tion se survivait inutilement ou continuait à assurer la

paix en Europe ou du moins à y limiter les conflits. Les dernières années du siècle n'ont pas apporté de répon- se évidente à cette question. La guerre ne fait plus rage en Bosnie et le Kosovo vit dans la situation étran- ge d'un protectorat de l'ONU, mais est-ce grâce à l'OTAN ou aux Etats-Unis ? Grâce à Clinton, à Holbrook ou à Chirac ? Et si la guerre est terminée peut-on dire que la paix soit revenue ?

L'Europe est toujours secouée par des crises que l'on dit mineures mais qui ne doivent pas l'être pour les intéressés. Au cours des cinq dernières années on

s'est battu "un peu" dans tous les pays fragiles. Demi- paix en Irlande, incidents de frontière entre la Grèce et la Macédoine ou entre la Grèce et la Turquie, guerres oubliées dans le Caucase, coups de feu en Corse ou au Pays Basque espagnol sans compter les bombar- dements de l'OTAN sur la Serbie. Ses environs immé-

diats ne sont pas plus calmes, de l'Algérie à l'Irak et aux républiques d'Asie centrale.

L'Europe des "Quinze" cependant ne va pas trop mal. Le chômage diminue lentement mais régulière- ment dans l'ensemble des pays de l'Union. La monnaie unique se tient raisonnablement bien et le Parlement commence à exister. Les anciens pays de l'Est qui vont être accueillis dans le club d'un jour à l'autre ont toutes raisons de se féliciter d'entrer dans une maison plutôt bien rangée où il ne fait pas si mal vivre.

Je me souviens de cette conversation entre mon

père et mes oncles qui doit dater de 1945 ou 1946. La France était de nouveau libre et le bavardage du dimanche autour du poulet rôti ou du gigot évoquait à la fois l'avenir et le passé. La question était de savoir s'il était bien raisonnable de continuer à vivre dans

cette Europe qui venait de traverser deux guerres en moins de trente ans. Quand j'ai entendu parler de l'Australie je suis devenu subitement inquiet. Mon horizon de l'époque se limitait, en dehors d'un court voyage chez mes grand-parents à Paris, aux environs immédiats de Villeneuve-sur-Lot et je n'avais nulle envie d'aller jouer avec les kangourous ! Dès le lundi matin les projets de la veille étaient oubliés et mon

père serait bien étonné de savoir que ce souvenir m'est resté présent si longtemps.

En France c'est la continuité dans la continuité. On

s'ennuie un peu (comme en 1967 lorsque personne ne prévoyait mai 68 !). Aux élections de 2002, si rien ne change d'ici là Chirac et Jospin devraient se retrouver au second tour après l'élimination attendue d'Arlette Laguiller (encore elle), de Mégret et de Le Pen, et peut- être d'une candidate féministe ou d'un homosexuel porte-parole des victimes du SIDA. Je regrette le Coluche de 1981.

Aux Etats-Unis, dont je suis toujours l'évolution politique, la situation est pour le moins étrange. Bill Clinton termine son mandat en ayant réussi à faire oublier le Monicagate, Hillary est candidate à New York. Les coups politiques de Clinton ont finalement éclipsé ses aventures sexuelles. Son dernier succès aura été de réussir à faire abandonner aux chefs du cartel de Medellin leur projet de réaliser dans la jungle amazonienne quelques explosions nucléaires expéri- mentales. Je me demande bien ce qu'il leur a donné ou promis en échange mais il semble que je sois le seul à me le demander !

La semaine dernière, au Royaume-Uni, Charles a passé la main. On l'a convaincu d'abdiquer en même temps que sa mère (ou trente secondes plus tard pour être exact) en faveur de son fils William. Les Anglais trouvent toujours une solution aux situations les plus extravagantes ! Charles les avaient poussés à bout en

se remariant non pas avec Camilla, à laquelle ils avaient fini par s'habituer, mais avec une Japonaise végétarienne et "catholique". L'argument final des roya- listes a été que le peuple britannique était un peuple majeur, libre de choisir son destin, qui passerait éven- tuellement un jour de la royauté à un autre régime par un vote de ses représentants librement et démocrati- quement élus et qu'il n'y avait aucune raison de tenir compte des qualités ou des défauts d'un monarque par- ticulier pour prendre une telle décision dans la préci- pitation. Une conception originale et finalement assez sympathique de la monarchie au service du peuple.

Aujourd'hui même, les Suisses viennent une nou- velle fois de refuser d'entrer dans l'Union. Il est vrai que les accords passés depuis quarante ans font qu'ils en ont pratiquement tous les avantages sans en avoir les inconvénients ou du moins sans en ressentir ce

qu'ils considéreraient comme des inconvénients. Il va pourtant bien falloir un jour que les démocraties occidentales se débarrassent de leurs paradis fiscaux, alpins ou pas. Mais j'arrête là l'expression que je sais excessive de mon racisme anti-helvétique qui doit remonter à 1959 lorsqu'un brave gendarme à l'accent genevois m'a collé une contravention pour "excès de vitesse", qui est devenu un fleuron de ma "deux che- vaux" !

Il se fait tard. J'arrête là ce premier exercice d'écri- ture de mon journal sans trop savoir s'il n'aura été qu'un essai sans suite ou le début d'un vrai journal.

28 J u i n 2000

U mois déjà ! Et un mois sans me remettre à mon journal ! Il s'en est pourtant passé des choses dans le Monde.

La dernière fois je parlais des Suisses. Cette fois- ci, très exactement dimanche dernier, ce sont les Norvégiens qui ont pour la troisième fois dit "NON" à l'Union. Le Premier Ministre a immédiatement démis-

sionné et il faudra à l'avenir un sacré courage à un homme politique norvégien pour se lancer à nouveau dans une telle aventure. Tous les ans, des Scandinaves se rendent en moins de trois heures d'avion sur les

bords de la Méditerranée et pourtant ils croient tou- jours être loin des épicentres politiques et pensent pouvoir vivre heureux en restant à l'écart. Ils semblent vraiment avoir oublié avril 1940, Quisling et Manner- heim.

Tout va toujours aussi mal en Russie où l'on doit regret ter Eltsine, Gorbachev et même peut-être Krouchtchev et Staline. Quand même pas Staline, mais les autres certainement. Poutine n'a tenu que quelques mois avant de passer la main à Alexandrov qui ne semble a priori ni particulièrement doué ni vraiment dangereux. Depuis le départ d'Eltsine les choses n'ont fait qu'empirer que ce soit sur le plan politique ou économique. L'inflation n'a cessé de pro- gresser, les organisations mafieuses sont toujours aussi agissantes, la production stagne, les exporta-

tions se limitent aux matières premières. Où est le temps où les industriels français de l'automobile croyaient que les Italiens avaient lancé définitivement l'industrie soviétique qui allait nous inonder de véhi- cules Lada, robustes et bon marché ?

Mais surtout l'insécurité s'est encore accentuée et

une guerre que l'on n'ose plus qualifier de "larvée" fait rage de plus en plus près de Moscou. On découvre que ce n'était pas seulement l'Union Soviétique qui était un "Empire éclaté", comme l'avait prévu Hélène Carrère d'Encausse, ni même la fédération de Russie qui comprenait des Tchétchénes décidés à faire séces- sion. Au sein de la Russie centrale elle-même, des forces centrifuges se développaient et se développent encore. En combien de pays plus ou moins indépen- dants va se décomposer ce qui fut l'URSS avant qu'un nouveau Pierre-le-Grand ou un nouvel Ivan-le-

Terrible... Ce ne serait pas si grave, du moins pour nous, si des groupes mafieux ne développaient pas des ramifications vers Marseille et Pigalle et si l 'arsenal nucléaire de Moscou ne se montait pas toujours à plus de dix-mille têtes. Parfois je me demande s'ils n'en construisent pas encore. Par habitude et par routine.

Les stratèges du nucléaire avaient bien imaginé que l'arme atomique puisse un jour se retrouver entre les mains d'un fou, voire d'un criminel, ou des deux à la fois, mais l'éventualité d'un arsenal nucléaire entre les mains d'un gouvernement de fortune, sans légiti- mité ni autorité, dépasse l'imagination des stratèges les plus originaux. Je reste stupéfait qu'aucun colonel

responsable de la sécurité d'une quelconque base nucléaire n'ait encore été tenté de faire fortune en vendant quelques têtes aux services secrets d'un état voisin ou aux représentants d'un mouvement terroris- te, d'une organisation mafieuse ou d'une secte.

14 Ju i l le t 2000

Hier, discours de Chirac. On notera qu'il se repré- sente en 2002 et l'annonce avec deux ans d'avance. Cela nous promet deux années intéressantes. J'espère que cela ne va pas le paralyser ; au contraire il peut en tirer une sorte de légitimité à plus long terme.

Encore un discours européen qui risque de n'avoir que bien peu d'écho outre-Rhin et outre-Manche. Que ce soit à Berlin ou à Londres, on semble ne penser qu'à l'économie. Chez nos voisins Allemands, les nou- veaux "länder" ne décollent toujours pas vraiment. En Grande-Bretagne, plusieurs régions font figure de zones sous-développées en Europe. Ce n'est pas pour dire, mais il fait encore meilleur être pauvre à Toulouse ou à Bordeaux qu'à Manchester, Birmingham, Leipzig ou à Dresde. Il est vrai qu'il vaut mieux par contre être riche à Londres ou à Berlin qu'à Paris. Nous avons passé le dernier week-end dans la région londonienne où la disparité entre le centre ville bourdonnant d'acti- vité et les faubourgs tristes, sales et surpeuplés, m'a beaucoup frappé. Encore un pays où il vaut mieux être jeune, riche et bien portant que vieux, pauvre et mala- de ! (Fernand Renaud ne me démentirait pas)

Jospin parlait lui aussi, mais à Lille. Finalement, il a dit la même chose que le Président, juste un peu différemment. Son Europe ressemble plus à celle de Chirac qu'à celles de nos voisins allemands ou britan- niques. Est-ce si étonnant ?

Le 14 Juillet 1995 la guerre sévissait en ex- Yougoslavie. Cinq années plus tard, la guerre y sévit toujours de façon endémique. Elle se déplace de pro- vince en province, évitant soigneusement la Voïvodine où tout le monde prédisait depuis longtemps une ré- volte des magyarophones. Certaines personnes vivent dans des camps depuis près de huit ans. Sarajevo, Pristina, Mostar, vivent en alternance des périodes presque normales et des semaines folles où, brusque- ment et sans raison apparente, des tirs de snipers reprennent. Quant à la Slovénie, elle devrait entrer dans l'Union Européenne d'ici peu.

Aux commémorations du 14 Juillet, les pays fran- cophones étaient représentés comme à l'accoutumée mais tout le monde n'avait d'yeux que pour le nouveau Roi du Maroc. Son rêve serait de faire entrer le Maroc dans l'Union Européenne et je me demande s'il n'y réussira pas. Au fond je me sens plus "chez moi" à Casablanca qu'à Helsinki ou à Vilnius. En tous cas pas moins !

31 Ju i l le t 2000

L apporte sa dose de catastrophes : catas- trophes routières ici et là, vagues de chaleur meur- trières en Asie et en Amérique du Nord, accidents de ferries surchargés et même une collision au-dessus de l'Atlantique (la première à ma connaissance) entre un Boeing et un Airbus. Pour l'instant les représentants des deux sociétés se taisent et les bavards habituels

restent prudents. Le record du nombre de morts dans une catastrophe arienne a été battu et on annonce une augmentation des tarifs des compagnies d'assurance.

Justement le nouvel Airbus vient de voir son ave-

nir conforté par plusieurs commandes en provenance d'Asie et en particulier de Chine (soixante appareils) et du Japon (soixante-cinq appareils). Il se passe de plus en plus de choses dans cette partie de la planète.

La Chine et le Japon viennent de terminer bril- lamment une sorte de conférence politico-économique qui va très loin. On trouve dans l'acte final le lot habi- tuel de grands projets et d'accords commerciaux entre grandes entreprises mais surtout le "yuan", unité monétaire principale de la Chine, est définitivement rattaché au yen japonais qui devient ainsi la première monnaie mondiale par son nombre d'utilisateurs.

Il y a trente ans les Japonais voulaient "battre Kodak" et ils ont réussi. Ils ont ensuite voulu "battre IBM" et y ont réussi un peu moins bien. Ils se sont maintenant mis dans la tête de "battre le Dollar et l'Euro" mais peut-être vont-ils s'apercevoir que, pour

la deuxième fois, et cette fois-ci pacifiquement, ils vont à nouveau avoir "réveillé le géant endormi", comme en 1941 avec l 'attaque suicidaire de Pearl Harbour. La crise de 1998 est bien oubliée et les gou- rous de l'économie reviennent à leurs vieilles lunes.

Ils ne comprendront jamais que l'économie a des lois mais que les hommes n'en ont pas.

15 A o û t 2000

L campagne électorale commence à prendre une curieuse allure aux Etats-Unis. Al Gore, finalement, ne se présente pas. Il faut dire que les mésaventures de Clinton qu'il a observées silencieusement mais aux premières loges en auraient dégoûté plus d'un. Les Démocrates, poussés par leur aile gauche viennent de se choisir un candidat, ou plutôt une candidate, non conformiste et vont droit à la déroute électorale. Jane

Washington me plaît assez. Elle a toutes les qualités pour faire un bon Président et a même choisi pour compléter son "ticket" un robuste Texan bien blanc, self-made-man, riche, protestant, assidu au culte et vieux routard du parti et qui s'appelle Jefferson. Cela ne suffira jamais pour qu'une majorité d'Américains votent en faveur d'une mère célibataire qui refuse de dire qui est le père de son enfant, d'une noire et d'une militante des droits des minorités. Je vois "HCL" élu haut la main en Novembre.

Tout cela me paraît bel et bon. Jean-Paul III a annoncé que l'exemplaire original du traité, avec toutes les signatures, serait en bonne place au Musée du Vatican, choisi comme dépositaire de l'acte.

Il reste à attendre les réactions des opinions publiques.

8 octobre 2001

L réactions dont je parlais hier sont positives dans toutes les capitales. Les parlements envisagent des ratifications accélérées pour avant la fin du mois d'octobre. Le premier novembre devrait voir une réunion formelle des chefs d'état et de gouvernement à Rome pour la proclamation de la mise en vigueur du Traité que tous les médias ne nomment plus que "le Traité". Cette date du 1er novembre devrait devenir fête nationale européenne.

8 Octobre, minui t .

J allumé la radio quelques minutes avant d'al- ler me coucher. Le Chancelier Faust a été assassiné.

Ce livre a été réalisé par

21 lotissement la Roseraie

67860 BOOFZHEIM

Achevé d'imprimer sur presse numérique

le 16 mars 2000

Dépôt légal : mars 2000

ISBN 2-84087-108-4