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actualités | cardiologie 4 OptionBio | lundi 9 novembre 2009 | n° 426 U n diagnostic rapide d’un infarctus du myocarde faci- lite la prise en charge rapide, l’instauration du traitement et amé- liore le pronostic du patient. Le dosage des marqueurs de nécrose en urgence a constitué une amélio- ration considérable de la prise en charge des individus ayant une dou- leur thoracique, avec en particulier la mesure de la troponine cardiaque. Une faible sensibilité dans les premières heures Les marqueurs de nécrose conven- tionnels ont une valeur diagnostique importante, mais leur sensibilité est faible dans les premières heures après le début d’une douleur tho- racique. Afin de pallier cette défi- cience, une nouvelle génération de troponines cardiaques a été mise au point récemment. Une étude réalisée par une équipe de chercheurs amé- ricains a permis d’évaluer l’intérêt de l’utilisation de la troponine I sensible dans le diagnostic précoce de l’in- farctus aigu. Plus de 1 800 patients ayant une suspicion d’infarctus du myocarde ont été enrôlés dans cette étude. Plusieurs dosages ont été réalisés dans les trois à six heures suivant leur admission : la tropo- nine I sensible, la troponine T et les marqueurs de nécrose myocardique traditionnels. Une amélioration dans le diagnostic d’urgence Les résultats montrent que le dia- gnostic d’urgence d’infarctus est amélioré grâce à cette troponine I sensible, par rapport aux autres marqueurs, y compris la troponine T. La sensibilité clinique de ce nouveau marqueur est de 90,7 % et la spé- cificité de 90,2 %. Chez les patients présentant une douleur thoracique ayant débuté depuis moins de trois heures, un dosage unique de la tro- ponine I sensible a une valeur pré- dictive négative de 84,1 % et une valeur prédictive positive de 86,7 %. Un taux de troponine I supérieur à 0,04 ng/mL est associé de manière indépendante à un risque aug- menté d’un autre épisode dans les 30 jours. L’utilisation de cette nouvelle tro- ponine I sensible permet donc d’optimiser le diagnostic précoce d’un infarctus myocardique et d’en évaluer l’importance dès le début des symptômes cliniques à type de douleur thoracique. Des études ulté- rieures permettront de déterminer si une prise en charge précoce amé- liore le recours rapide aux stratégies thérapeutiques invasives. | OPHÉLIE MARAIS Médecin biologiste, Paris (75) [email protected] Source Keller T, Zeller T, Peetz D et al. Sensitive tropo- nin I assay in early diagnosis of acute myocardial infarction. NEJM 2009 ; 361(9) : 868-77. L’ excrétion augmentée d’albu- mine dans les urines est un facteur de risque de morta- lité, de survenue d’événements car- diovasculaires et de manifestations rénales dans la population générale, et particulièrement chez les patients atteints de diabète, d’hyperten- sion et d’autres types de maladie cardiovasculaire. L’augmentation de l’albuminurie, marqueur de nombreuses anomalies physiologiques Un dépistage d’une augmentation de l’excrétion d’albumine est donc recommandé chez ces patients atteints de diabète et d’hyperten- sion afin d’évaluer l’intensité de la pathologie et d’instituer un traite- ment adéquat. Cette augmentation de l’excrétion peut être le marqueur de lésions vasculaires diffuses, d’une inflammation systémique, d’une activation du système rénine-angio- tensine, d’une altération de l’hémo- dynamique glomérulaire ou d’une anomalie des fonctions tubulaires rénales. La plupart de ces anomalies physiologiques surviennent aussi au cours de l’insuffisance rénale. La mesure du ratio albumine urinaire sur la créatinine urinaire (urinary albumin to creatinine ratio ou UACR) dans un échantillon d’urines repré- sente une méthode de détection d’une augmentation de l’excrétion d’albumine. Jusqu’à présent la pré- valence et l’importance pronostique d’un ratio élevé au cours de l’in- suffisance cardiaque n’étaient pas connues. C’est pourquoi une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs américains. Un facteur prédictif pronostique d’une insuffisance cardiaque Ce ratio a été mesuré au départ et durant le suivi pour plus de 2 300 patients atteints d’une insuf- fisance cardiaque. Les résultats montrent que 58 % de ces patients ont un ratio normal, 30 % ont une microalbuminurie et 11 % une macroalbuminurie. Les patients ayant un ratio élevé sont plus âgés, ont plus de comorbidité cardiovascu- laire, une fonction rénale plus altérée et une plus forte prévalence de dia- bète et d’hypertension par rapport à ceux ayant une albuminurie normale. Un ratio élevé est associé à un risque augmenté de survenue de décès en général. Une augmentation de ce rapport représente donc un élément important dans le pronostic d’une insuffisance cardiaque. | O. M. © Phanie/Beinat Troponine I sensible dans le diagnostic précoce de l’infarctus Albuminurie et insuffisance cardiaque chronique Stabilité des dépenses en biologie Selon la Lettre de la CNAMTS du 24 septembre 2009, la croissance des dépenses d’analyses médicales à fin août 2009, s’établissant à + 2,4 %, un taux considéré comme stable, un peu inférieur à celui des soins de ville en général (+ 2,9 %). | E. G. Source Jackson C, Solomon S, Hertzel G et al. Albuminuria in chronic heart failure: prevalence and prognostic importance. Lancet 2009 ; 374 (9689) : 543-50. économie de santé

Albuminurie et insuffisance cardiaque chronique

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4 OptionBio | lundi 9 novembre 2009 | n° 426

Un diagnostic rapide d’un infarctus du myocarde faci-lite la prise en charge rapide,

l’instauration du traitement et amé-liore le pronostic du patient. Le dosage des marqueurs de nécrose en urgence a constitué une amélio-ration considérable de la prise en charge des individus ayant une dou-leur thoracique, avec en particulier la mesure de la troponine cardiaque.

Une faible sensibilité dans les premières heuresLes marqueurs de nécrose conven-tionnels ont une valeur diagnostique importante, mais leur sensibilité est faible dans les premières heures après le début d’une douleur tho-racique. Afin de pallier cette défi-cience, une nouvelle génération de troponines cardiaques a été mise au point récemment. Une étude réalisée par une équipe de chercheurs amé-ricains a permis d’évaluer l’intérêt de l’utilisation de la troponine I sensible dans le diagnostic précoce de l’in-farctus aigu. Plus de 1 800 patients

ayant une suspicion d’infarctus du myocarde ont été enrôlés dans cette étude. Plusieurs dosages ont été réalisés dans les trois à six heures suivant leur admission : la tropo-nine I sensible, la troponine T et les marqueurs de nécrose myocardique traditionnels.

Une amélioration dans le diagnostic d’urgenceLes résultats montrent que le dia-gnostic d’urgence d’infarctus est amélioré grâce à cette troponine I sensible, par rapport aux autres marqueurs, y compris la troponine T. La sensibilité clinique de ce nouveau marqueur est de 90,7 % et la spé-cificité de 90,2 %. Chez les patients présentant une douleur thoracique ayant débuté depuis moins de trois heures, un dosage unique de la tro-ponine I sensible a une valeur pré-dictive négative de 84,1 % et une valeur prédictive positive de 86,7 %. Un taux de troponine I supérieur à 0,04 ng/mL est associé de manière indépendante à un risque aug-menté d’un autre épisode dans les 30 jours.L’utilisation de cette nouvelle tro-ponine I sensible permet donc d’optimiser le diagnostic précoce d’un infarctus myocardique et d’en évaluer l’importance dès le début des symptômes cliniques à type de douleur thoracique. Des études ulté-rieures permettront de déterminer si une prise en charge précoce amé-liore le recours rapide aux stratégies thérapeutiques invasives. |

OPHÉLIE MARAIS

Médecin biologiste, Paris (75)

[email protected]

SourceKeller T, Zeller T, Peetz D et al. Sensitive tropo-

nin I assay in early diagnosis of acute myocardial

infarction. NEJM 2009 ; 361(9) : 868-77.

L’excrétion augmentée d’albu-mine dans les urines est un facteur de risque de morta-

lité, de survenue d’événements car-diovasculaires et de manifestations rénales dans la population générale, et particulièrement chez les patients atteints de diabète, d’hyperten-sion et d’autres types de maladie cardiovasculaire.

L’augmentation de l’albuminurie, marqueur de nombreuses anomalies physiologiquesUn dépistage d’une augmentation de l’excrétion d’albumine est donc recommandé chez ces patients atteints de diabète et d’hyperten-sion afin d’évaluer l’intensité de la pathologie et d’instituer un traite-ment adéquat. Cette augmentation de l’excrétion peut être le marqueur de lésions vasculaires diffuses, d’une inflammation systémique, d’une activation du système rénine-angio-tensine, d’une altération de l’hémo-dynamique glomérulaire ou d’une anomalie des fonctions tubulaires rénales. La plupart de ces anomalies physiologiques surviennent aussi au cours de l’insuffisance rénale. La mesure du ratio albumine urinaire sur la créatinine urinaire (urinary albumin to creatinine ratio ou UACR) dans un échantillon d’urines repré-sente une méthode de détection

d’une augmentation de l’excrétion d’albumine. Jusqu’à présent la pré-valence et l’importance pronostique d’un ratio élevé au cours de l’in-suffisance cardiaque n’étaient pas connues. C’est pourquoi une étude vient d’être réalisée par une équipe de chercheurs américains.

Un facteur prédictif pronostique d’une insuffisance cardiaqueCe ratio a été mesuré au départ et durant le suivi pour plus de 2 300 patients atteints d’une insuf-fisance cardiaque. Les résultats montrent que 58 % de ces patients ont un ratio normal, 30 % ont une microalbuminurie et 11 % une macroalbuminurie. Les patients ayant un ratio élevé sont plus âgés, ont plus de comorbidité cardiovascu-laire, une fonction rénale plus altérée et une plus forte prévalence de dia-bète et d’hypertension par rapport à ceux ayant une albuminurie normale. Un ratio élevé est associé à un risque augmenté de survenue de décès en général. Une augmentation de ce rapport représente donc un élément important dans le pronostic d’une insuffisance cardiaque. |

O. M.

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Troponine I sensible dans le diagnostic précoce de l’infarctus

Albuminurie et insuffisance cardiaque chronique

Stabilité des dépenses en biologieSelon la Lettre de la CNAMTS du 24 septembre 2009, la

croissance des dépenses d’analyses médicales à fin août

2009, s’établissant à + 2,4 %, un taux considéré comme

stable, un peu inférieur à celui des soins de ville en général

(+ 2,9 %). |

E. G.

SourceJackson C, Solomon S, Hertzel G et al. Albuminuria

in chronic heart failure: prevalence and prognostic

importance. Lancet 2009 ; 374 (9689) : 543-50.

économie de santé