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46 Cah. Nutr. Diét., 41, 1, 2006 épidémiologie épidémiologie ALIMENTATION, ACTIVITÉ PHYSIQUE ET SURPOIDS CHEZ DES ENFANTS DE L’EST ALGÉRIEN Hayet OULAMARA 1 , Abdel Nacer AGLI 1 , Marie-Laure FRELUT 2 La prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant est en augmentation dans la majorité des pays [1]. Ce phénomène concerne aussi bien les pays indus- trialisés [2] que les pays en transition économique [3, 4]. L’obésité constitue un inquiétant problème de santé publique car elle augmente notamment les ris- ques de mortalité et de morbidité à moyen et long terme [5]. Si la part de la génétique est indéniable, elle ne suffit pas à expliquer ce phénomène [6]. Les modifications du mode de vie, les changements alimen- taires et la sédentarité liés à la fois à une baisse de l’activité physique et à l’introduction d’activités sédentaires (télévision, jeux vidéo, ...), sont donc essentielles à cerner. L’observation de ces évolutions est cruciale, notamment dans les pays où une natalité élevée, une population jeune et une économie en évolution rapide représentent une conjonction de facteurs de risques. L’étude présentée a pour objectifs l’estimation de la prévalence du surpoids et de l’obésité et l’évaluation de ses facteurs de risques nutritionnels et comportementaux chez l’enfant dans une grande ville d’Algérie. Ce travail constitue la première étape de la mise en place d’une action suivie de Santé Publique. Méthodologie L’étude, transversale, s’est déroulée du 15 mars au 30 mai 2003 à Constantine, capitale de l’est algérien chez des enfants d’âge scolaire. Elle a été effectuée par questionnaire et comprend deux volets : la consommation alimentaire analysée par rappel des 24 h et fréquence de consommation des principaux aliments et l’évaluation des activités physiques et sédentaires. Population La ville de Constantine occupe une superficie d’environ 233 km 2 . La population est dense et jeune : environ 500 000 habitants dont 33 % ont moins de 20 ans (recensement 1998). Toutes les catégories sociales y cohabitent. Le taux de chômage est en augmentation (de 23 % en 1987 à 33 % en 2002). La couverture sanitaire est jugée assez satisfaisante et le taux de scolarisation élevé, à environ 90 %. L’étude a porté sur un échantillon de 251 enfants (137 filles et 114 garçons) âgés de 8 à 12 ans, scolarisés dans trois écoles primaires du centre ville. Au sein de cet échantillon, les données des enfants normopondéraux sont comparées à celles des enfants obèses et en surpoids. Six écoles ont été contactées pour participer à cette étude. Le critère de choix de ces écoles était leur localisa- tion dans trois des principales zones urbaines de Constan- tine où cohabitent toutes les catégories sociales. En 1. Laboratoire de Nutrition et de Technologies Alimentaires, DNATAA, Université Mentouri de Constantine, Algérie. 2. Centre Thérapeutique Pédiatrique, BP 6, 95580 Margency et Service d’Endo- crinologie, Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 74, avenue Denfert-Rochererau, 75014 Paris. Correspondance : M.L. Frelut, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected]

Alimentation, activité physique et surpoids chez des enfants de l’est Algérien

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46 Cah. Nutr. Diét., 41, 1, 2006

épidémiologie

épidémiologie

ALIMENTATION, ACTIVITÉ PHYSIQUE ET SURPOIDS CHEZ DES ENFANTS DE L’EST ALGÉRIEN

Hayet OULAMARA1, Abdel Nacer AGLI1, Marie-Laure FRELUT2

La prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant est en augmentationdans la majorité des pays [1]. Ce phénomène concerne aussi bien les pays indus-trialisés [2] que les pays en transition économique [3, 4]. L’obésité constitue uninquiétant problème de santé publique car elle augmente notamment les ris-ques de mortalité et de morbidité à moyen et long terme [5].Si la part de la génétique est indéniable, elle ne suffit pas à expliquer cephénomène [6]. Les modifications du mode de vie, les changements alimen-taires et la sédentarité liés à la fois à une baisse de l’activité physique et àl’introduction d’activités sédentaires (télévision, jeux vidéo, ...), sont doncessentielles à cerner. L’observation de ces évolutions est cruciale, notammentdans les pays où une natalité élevée, une population jeune et une économieen évolution rapide représentent une conjonction de facteurs de risques.L’étude présentée a pour objectifs l’estimation de la prévalence du surpoidset de l’obésité et l’évaluation de ses facteurs de risques nutritionnels etcomportementaux chez l’enfant dans une grande ville d’Algérie. Ce travailconstitue la première étape de la mise en place d’une action suivie de SantéPublique.

Méthodologie

L’étude, transversale, s’est déroulée du 15 mars au30 mai 2003 à Constantine, capitale de l’est algérienchez des enfants d’âge scolaire. Elle a été effectuée parquestionnaire et comprend deux volets : la consommationalimentaire analysée par rappel des 24 h et fréquence deconsommation des principaux aliments et l’évaluation desactivités physiques et sédentaires.

Population

La ville de Constantine occupe une superficie d’environ233 km2. La population est dense et jeune : environ500 000 habitants dont 33 % ont moins de 20 ans(recensement 1998). Toutes les catégories sociales ycohabitent. Le taux de chômage est en augmentation (de23 % en 1987 à 33 % en 2002). La couverture sanitaireest jugée assez satisfaisante et le taux de scolarisationélevé, à environ 90 %.L’étude a porté sur un échantillon de 251 enfants(137 filles et 114 garçons) âgés de 8 à 12 ans, scolarisésdans trois écoles primaires du centre ville. Au sein de cetéchantillon, les données des enfants normopondérauxsont comparées à celles des enfants obèses et en surpoids.Six écoles ont été contactées pour participer à cetteétude. Le critère de choix de ces écoles était leur localisa-tion dans trois des principales zones urbaines de Constan-tine où cohabitent toutes les catégories sociales. En

1. Laboratoire de Nutrition et de Technologies Alimentaires, DNATAA, Université Mentouri de Constantine, Algérie.2. Centre Thérapeutique Pédiatrique, BP 6, 95580 Margency et Service d’Endo-crinologie, Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, 74, avenue Denfert-Rochererau, 75014 Paris.

Correspondance : M.L. Frelut, à l’adresse ci-dessus. Email : [email protected]

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Algérie, l’école gratuite et obligatoire, est fréquentée partoutes les catégories sociales.Seules trois écoles, une par zone urbaine, ont accepté departiciper à notre étude. Les trois écoles qui ont refusé ontévoqué une possible perturbation de l’enseignement parl’intervention. Le biais introduit devrait être minime voirenul entre les écoles retenues et celles non retenues du faitde l’absence de différences de ces quartiers d’habitation.Par ailleurs, ces écoles sont mixtes, comprennent le mêmenombre de classes de tous les niveaux. Elles ont de ce fait,la même structure de répartition de sexe et de classesd’âges.Dans chacune des écoles retenues et pour chaque niveaude classe (de la 1e à la 6e année), la moitié des enfants dela classe a été incluse par tirage au sort.Tous les repas sont pris à domicile car il n’y a pas de can-tine scolaire dans ces établissements.

Méthode d’enquête

Une pré-enquête sur 20 enfants a été réalisée dans le butde tester la compréhension des questions posées. Certai-nes ont été modifiées de façon à parvenir à un question-naire clair et compréhensible.L’enquête réalisée par interrogatoire des enfants, s’estensuite déroulée du 15 mars au 30 mai 2003. Une lettreexpliquant le but et le déroulement de ce travail a étéadressée à tous les parents. Le taux d’acceptation a étéde 70 %.Le questionnaire établi comprenait 51 questions portantsur 3 domaines : les habitudes alimentaires, la consomma-tion des dernières 24 heures, l’activité physique et de loi-sir. Le même enquêteur, entraîné à ce type d’enquête, ainterrogé puis mesuré tous les enfants.De l’ensemble de l’étude, seule l’enquête alimentaire, parrappel des 24 heures, comporte des données manquantes(1,6 % de l’échantillon initial). De plus, lors de l’analysedes données, 44 enfants ayant fournis des réponses aber-rantes à l’un des questionnaires ont été exclus.

Anthropométrie

La taille a été mesurée debout par une toise SecaTM (pré-cision 0,1 cm), le poids par un pèse-personne SecaTM

(précision 0,5 kg). Ces mesures ont été effectuées lematin sur des enfants habillés légèrement selon les tech-niques recommandées [7]. L’indice de masse corporelle(IMC) est calculé selon la formule classique (poids/taille2

en kg/m2).Les références d’IMC utilisées pour le surpoids et l’obésitésont celles de l’IOTF. Les seuils définissant le surpoids etl’obésité correspondent aux centiles de l’IMC atteignantrespectivement les valeurs 25 kg/m2 (IOTF C-25) et30 kg/m2 (IOTF C-30) à 18 ans [8].Les références d’IMC françaises [9] sont utilisées pour éta-blir la prévalence de l’insuffisance pondérale (seuil du3e percentile).Le stade pubertaire n’a pu être relevé dans les conditionsde l’étude.

Enquête alimentaire

Elle comprend deux volets : – l’estimation quantitative de la consommation alimen-taire est évaluée par la méthode du rappel des 24 heures.Sont passées en revue chronologiquement du matin ausoir les prises alimentaires au cours ou en dehors des

repas de la veille. Les quantités ingérées sont décrites pardes mesures ménagères usuelles convertibles en poids[10] ;– les habitudes alimentaires ont été évaluées sur la base de35 questions faisant référence à l’environnement du repas(prises, lieux, entourage) et aux fréquences de consomma-tion habituelles d’aliments à partir d’une liste pré établiecorrespondant aux habitudes locales. Les fréquences deconsommation ont été classées en trois catégories selon lenombre d’occasion de consommation par semaine : sou-vent (5 à 7 fois/semaine) parfois (2 à 4 fois/semaine) oujamais (0 à 1 fois/semaine).Les données alimentaires du rappel des 24 heures ont per-mis l’estimation de la consommation journalière des prin-cipaux macronutriments et de calcium à l’aide de tables decomposition des aliments. Certains aliments ne figurantpas dans la table choisie pour référence [11], celle-ci a étécomplétée par les tables Régal-Ciqual [12] et africaine [13].Pour certains aliments traditionnels, des données locales,établies par l’Institut de Nutrition, Alimentation et Techno-logies Agro-Alimentaires (INATAA, Université de Constan-tine), ont été utilisées.

Évaluation de l’activité physique

L’éducation physique n’est pas obligatoire dans les écolesprimaires de Constantine. L’enquête a donc porté sur ladurée et la fréquence des jeux extérieurs et intérieurs etdes activités sportives. Le questionnaire portait sur : 1) lafréquence et la durée d’activités physique et sportive horstemps scolaire ; 2) la distance parcourue pour aller àl’école et la durée correspondante ; 3) la durée des activi-tés sédentaire évaluée sur la base du temps passé à regar-der la télévision et à jouer aux jeux électroniques.

Statistiques

Les logiciels utilisés pour la saisie et le traitement des don-nées sont Epi-Info version 6TM et StatView version 5 (Aba-cus ConceptsTM, Berkeley, USA). Les comparaisons nonappariées ont été effectuées par ANOVA et test t de Stu-dent. Le test du Khi2 a été utilisé pour les comparaisonsde fréquences et les régressions simples et multiples pourles liens entre les variables mesurées.

Résultats

Prévalence du surpoids et de l’obésité

Un échantillon de 251 enfants dont 137 filles et 114 gar-çons âgés de 10,3 ± 1,2 ans a été inclus. Le tableau I enprésente les caractéristiques anthropométriques.La prévalence totale du surpoids et de l’obésité est de21,5 % (IC 95 % : 16,4 % - 26,6 %). La prévalence chezles filles (25,5 % ; IC 95 % : 18,2 % - 32,8 %) tend(p = 0,088) à être plus élevée que chez les garçons(16,7 % ; IC 95 % : 9,9 % - 23,3 %). Le surpoids seulconcerne 15,9 % (IC 95 % : 11,4 % - 20,4 %) des enfantsavec 17,5 % (IC 95 % : 11,1 % - 23,9 %) des filles et14,1 % (IC 95 % : 7,7 % - 20,5 %) des garçons (p = 0,60).L’obésité touche 5,6 % (IC 95 % : 2,8 % - 8,4 %) desenfants, soit 8 % (IC 95 % : 3,5 % - 12,5 %) des filles et2,6 % (IC 95 % : 0 % - 5,5 %) des garçons (p = 0,66).Aucune fille n’a un IMC inférieur ou égal au 3e percentiledes courbes françaises, alors que 3 % des garçons sontdans cette catégorie (tableau II).

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Habitudes alimentaires

La prise alimentaire journalière se divise en trois repasprincipaux (petit déjeuner, déjeuner et dîner) et un goûterl’après-midi.Le petit déjeuner est le repas le moins consommé : 66 %des enfants le prennent régulièrement, 25 % parfois et9 % jamais. Les filles sont plus nombreuses à ne jamaisprendre de petit déjeuner (13 % contre 4 % des garçons,p = 0,0179). Les enfants en surpoids sont moins nom-breux que les enfants normopondéraux à prendre souventun petit déjeuner (48 % contre 71 %, p = 0,0084). Quinzepour cent n’en prennent jamais.Le petit déjeuner se compose en général de lait (89 % desenfants) ou d’un produit laitier (5 %), de pain (45 %)accompagné de matière grasse (9 %) et/ou d’un produitsucré (sucre, confiture, chocolat, miel). Vingt-trois pourcent (23 %) des enfants consomment des viennoiseries et15 % des enfants mangent des gâteaux. Les garçons ajou-tent plus souvent du sucre dans les laitages que les filles(89 % vs 80 %, p = 0,046).Les enfants en surpoids sont moins nombreux à consom-mer du lait que les enfants normopondéraux (85 % vs90 %, p = 0,033). Les garçons en surpoids consommentplus souvent des viennoiseries que les normopondéraux(32 vs 23 %, p = 0,052) (fig. 1).Le déjeuner est consommé par la majorité des enfants(88 %). Les aliments les plus souvent consommés sont : lepain (68 %), les produits céréaliers (25 %), les légumineu-

ses (lentilles ou haricots) (21 %), les frites (21 %) et un pro-duit d’origine animale : viande rouge, volaille, poisson,(22 %). Les autres féculents (riz, pomme de terre hormisles frites) sont consommés par 12 % des enfants et leslégumes par 11 %. Le dessert est composé de boissonssucrées chez 26 % des enfants, de fruits chez 9 % ou delaitage chez 8 %. Les filles déclarent consommer plus delégumes (15 % vs 7 %, p = 0,0537) et de fruits (15 % vs7 %, p = 0,046) que les garçons.Les garçons en surpoids et obèses déclarent moins sou-vent consommer des frites (24 % vs 9 %, p = 0,036) etplus souvent des produits d’origine animale (31 % vs26 %, p = 0,034) (fig. 2).Les enfants sont nombreux dans tous les groupes à prendreleur repas devant la télévision (32 % des enfants obèses eten surpoids vs 23 % des normopondéraux, p = 0,19).Le goûter est pris régulièrement par 45 % des enfants. Lesfilles sont plus nombreuses à ne jamais prendre de goûter(27 % vs 20 % des garçons, p = 0,045). La compositiondu goûter est proche de celle du petit déjeuner. Les fillessont plus nombreuses à consommer des laitages que lesgarçons (5 % vs 1 %, p = 0,058).Les filles obèses et en surpoids sont plus nombreuses àdéclarer ne jamais prendre de goûter (40 % vs 22 % desfilles normopondérales, p = 0,0343). Les enfants obèseset en surpoids sont moins nombreux à déclarer consom-mer du lait (53 % vs 68 %, p = 0,04) et du sucre (51 %vs 66 %, p = 0,045) (fig. 3).

Tableau I.Caractéristiques anthropométriques des enfants.

Filles (N = 137)

Garçons (N = 114)

p

Âge (ans) 10,3 ± 1,2 [8-121] 10,4 ± 1,2 [8-121] NSPoids (kg) 34,8 ± 9,4 [19-77] 32,7 ± 7,3 [21 à 57] 0,0464Taille (m) 1,35 ± 0,1

[1,14-1,75]1,35 ± 0,1

[1,13 à 1,65]NS

IMC (kg/m2) 18,9 ± 3,5 [14,1-34,7]

17,9 ± 2,7 [10,5 à 26,4]

0,0082

IMC = Indice de masse corporelle ; Résultats exprimés en moyenne ± écart type ; [] = extrêmes ; NS = non significatif.

Figure 1.Fréquences de consommation des aliments (en % des enfants)

composant le petit déjeuner en fonction de la corpulence.

Figure 2.Fréquences de consommation des aliments (en % des enfants)

composant le déjeuner en fonction de la corpulence.

Tableau II.Répartition des corpulences des enfants

selon l’indice de masse corporelle.

Total (%)

Filles (%)

Garçons (%)

p

Insuffisance pondérale* 1,6 0 3,5

Normopondéraux 76,9 74,5 79,8 NS

Surpoids** 15,9 17,5 14,1 NS

Obèses** 5,6 8,0 2,6 NS

Surpoids + Obèses** 21,5 25,5 16,7 0,088

* = références françaises ; ** = seuils de l’IOTF ; NS = non significatif.

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Le dîner est consommé par la presque totalité des enfants(90 %). Les aliments le composant sont semblables à ceuxdu déjeuner (fig. 4). Toutefois, dans le dîner, comparé audéjeuner, les fruits (19 % des enfants, p = 0,043) et lesboissons sucrées (41 % des enfants, p = 0,0002) sontplus souvent retrouvés au contraire des légumineuses(12 % des enfants, p = 0,003).Au dîner, les filles sont plus nombreuses à consommer deslaitages (13 % vs 5 %, p = 0,035) et consomment moinssouvent de légumineuses (8 % vs 18 %, p = 0,007). Il n’ya pas de différences significatives entre les fréquencesdéclarées de consommation des aliments des enfants obè-ses et en surpoids et celles des enfants normopondéraux(fig. 4).Quarante-huit pour cent (48 %) des enfants déclarent gri-gnoter souvent en dehors des repas. Les aliments les plusfréquemment consommés sont les confiseries (bonbons,chocolat) pour 82 % des enfants, la pizza (68 %), lesgâteaux (62 %) et les laitages (62 %) (fig. 5). Les garçonssont plus nombreux que les filles à déclarer grignoter despizzas (73 % vs 60 %, p = 0,027). Les enfants en surpoidssont moins nombreux à déclarer grignoter (41 % vs 52 %,p = 0,0494) (fig. 5).

Apports énergétiques et en macro nutriments

Le tableau III présente les apports énergétiques et ennutriments journaliers (rappel des 24 heures), par sexe eten fonction du degré de surpoids ainsi que les quintilescorrespondants.

Apports énergétiquesLa distribution des apports énergétiques journaliers est unimodale mais déviée vers la droite. Nous avons comparésnos résultats aux apports nutritionnels conseillés (ANC)pour la population française [14], pour des enfants demême sexe, poids et taille, en fonction du niveau d’activitéphysique (NAP).Les apports énergétiques moyens sont proches desapports conseillés pour un NAP bas. Chez les filles, 44 %des sujets en surpoids et obèses et 54 % des sujets depoids normal sont au-dessus de ces apports conseillés.Chez les garçons, 53 % des garçons en surpoids et obèseset 48 % des garçons de poids normal sont au-dessus deces apports.Seuls 24 % des filles et 27 % des garçons en surpoids etobèses et 29 % des filles et 28 % des garçons de poids

normal sont au dessus des apports énergétiques conseilléspour un NAP moyen (ns). Seize pour cent (16 %) des filleset 20 % des garçons en surpoids ainsi que 18 % des filles et16 % des garçons normopondéraux sont au-dessus desapports énergétiques conseillés pour un NAP élevé (ns).Il n’y a pas de différence significative entre les apports calo-riques des enfants en surpoids et ceux de poids normal.

Apports protéiquesLes apports protéiques, largement couverts, proviennentessentiellement de produits d’origine végétale (68 % chezles enfants normopondéraux et 59 % chez les enfants ensurpoids, p = 0,11). Les protéines animales proviennentessentiellement des viandes et œufs (14 % de la rationprotéique des enfants normopondéraux et 22 % de laration protéique des enfants en surpoids, p = 0,029) et dulait (10 % de la ration protéique des enfants de poids nor-mal et 9 % de la ration protéique des enfants en surpoids,p = 0,48). Les quantités, exprimées en valeurs absolues, nediffèrent pas (67 ± 29 g chez les enfants de poids normalet 75 ± 35 g chez les enfants en surpoids et obèses,p = 0,14). Le pourcentage d’énergie provenant des pro-téines est supérieur chez les enfants en surpoids et obèses(16 % vs 14 %, p = 0,0007) dans les deux sexes.

Apports glucidiquesIl n’y a pas de différence significative, en valeur absolue,des apports glucidiques totaux entre les deux groupes

Figure 3.Fréquences de consommation des aliments (en % des enfants)

composant le goûter en fonction de la corpulence.Figure 4.

Fréquences de consommation des aliments (en % des enfants) composant le dîner en fonction de la corpulence.

Figure 5.Fréquences de consommation des aliments grignotés (en % des enfants)

en fonction de la corpulence.

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épidémiologie

Tableau III.Apports nutritionnels en fonction de la corpulence et du sexe.

M ± ETPercentiles

10 25 50 75 90

Énergie (kCal) obèsesF (n = 23) 1 770 ± 896 1 129 1 206 1 507 1 909 2 818G (n = 16) 2 008 ± 868 1 362 1 441 1 670 2 216 3 144mincesF (n = 87) 1 889 ± 799 1 207 1 378 1 680 2 226 2 969G (n = 81) 1 978 ± 751 1 241 1 461 1 783 2 273 2 795

Glucides (g) obèsesF 288 ± 192 152 172 205 300 500G 282 ± 157 178 196 228 314 561mincesF 297 ± 153 168 199 259 340 469G 321 ± 139 180 223 286 394 493

Lipides (g) obèsesF 34 ± 22 8 17 32 47 66G 58 ± 29 24 35 58 67 101mincesF 44 ± 28 17 23 38 58 81G 45 ± 26 18 28 39 62 80

Protides (g) obèsesF 67 ± 27 35 46 59 83 111G 88 ± 42 49 53 73 115 157mincesF 64 ± 26 37 48 59 76 97G 70 ± 31 37 49 66 81 108

Glucides (% énergie)

obèsesF 63 ± 14 41 48 68 73 79G 55 ± 13 35 48 54 65 70mincesF 62 ± 10 49 56 62 68 75G 64 ± 10 53 58 63 70 77

Lipides* obèses(% énergie) F 18 ± 10 6 9 17 24 35

G 27 ± 11 11 19 27 37 40mincesF 21 ± 9 7 14 20 27 35G 21 ± 9 9 14 21 29 34

Protides obèses(% énergie) F 16 ± 5 11 12 14 20 23

G 17 ± 4 13 14 16 20 24mincesF 14 ± 4 9 12 13 17 19G 14 ± 4 10 12 14 16 20

Calcium (mg) obèsesF 437 ± 211 212 293 385 572 695G 537 ± 402 209 246 413 600 1 036mincesF 461 ± 298 158 241 393 604 851G 501 ± 240 186 316 537 650 802

M = moyenne ; ET = écart type ; F = filles, G = garçons ; minces = normopondéraux ; obèses = surpoids et obésité ; *lipides : contenu des aliments –hors lipides ajoutés pour la préparation.

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épidémiologie

d’enfants. Le pourcentage d’énergie provenant des gluci-des est de 62 à 64 % chez les normopondéraux et de 55à 63 % chez les enfants en surpoids et obèses. Alors qu’iln’y a pas de différence chez les filles, la proportion desglucides apparaît inférieure chez les garçons en surpoidset obèses (55 % vs 64 %, p = 0,0015).Les glucides proviennent essentiellement des céréales,féculents et légumineuses (66 % de la ration glucidiquechez les enfants en surpoids et 67 % de la ration glucidi-que chez les normopondéraux, p = 0,80). Les apportsglucidiques fournis par les gâteaux et viennoiseries (14 %de la ration glucidique chez les enfants en surpoids et13 % de la ration glucidique chez les normopondéraux),les sucres et produits sucrés (8,3 % de la ration glucidiquechez les enfants en surpoids et 7,7 % de la ration glucidi-que chez les normopondéraux) et les produits laitiers(4,4 % de la ration glucidique chez les enfants en surpoidset 3,7 % de la ration glucidique chez les normopondéraux)sont semblables entre les deux groupes d’enfants envaleur absolue et en pourcentage de la ration glucidique.

Apports lipidiquesNotre enquête n’a pas permis d’évaluer les lipides ajoutéspour la préparation des aliments. Les apports lipidiquesrapportés ne concernent donc que les lipides de constitu-tion des aliments et sont donc inférieurs à la réalité. Onnote cependant que la variabilité des apports lipidiquessemble très importante : leur proportion est multipliéepar 4 entre le 10e et le 90e percentile. Le pourcentaged’apport chez les garçons en surpoids et obèses (27 %) estsupérieur à celui des garçons normopondéraux (21 %)(p = 0,0149). Les enfants obèses et en surpoids déclarentmoins consommer certains aliments riches en lipides :viennoiseries, frites.Aucune corrélation significative entre apport énergétique,apports en macronutriments et surpoids n’est retrouvée,ni globalement ni après ajustement sur l’âge et le sexe.

Apports calciquesLes apports calciques moyens sont très faibles quel quesoit le niveau pondéral des enfants : 479 ± 275 mg/j (45à 1632 mg/j) avec une médiane de 436 mg/j. Quatrevingt treize pour cent (93 %) des enfants ont un apportcalcique inférieur aux ANC.

Activité physique

Seuls 36 % des enfants déclarent pratiquer une activitéphysique ou sportive régulière. Les garçons sont plusnombreux à faire du sport que les filles (58 % des garçonsvs 18 % des filles, p < 0,0001). Les enfants en surpoidssont également moins nombreux que les enfants normo-pondéraux à pratiquer une activité sportive (22 % vs40 %, p = 0,018).Quatre-vingt-douze pour cent (92 %) des enfants de poidsnormal et 83 % des enfants en surpoids ou obèses vont sou-vent à l’école à pieds (p = 0,0019). La durée moyenne esti-mée du trajet est plus importante chez les enfantsnormopondéraux (14,4 ± 0,9 mn) que chez les enfants ensurpoids ou obèses (9,6 ± 1,4 mn, p = 0,0107). La distanceparcourue est jugée aussi plus importante chez les normo-pondéraux (288 ± 258 m vs 189 ± 201 m, p = 0,0097).Le temps moyen consacré à regarder la télévision et joueraux jeux vidéo est le même dans les deux groupes :2,2 ± 1,4 heures/jour (0 à 6 heures) chez les normopon-déraux, et de 2,2 ± 1,2 heures/jour (0,5 à 3,5 heures)

chez les enfants en surpoids ou obèses. Trente huit pourcent (38 %) des enfants normopondéraux et 48 % desenfants en surpoids et obèses passent de 2 à 4 heures parjour devant la télévision (fig. 6).

Liens entre alimentation et activité physique

Sur l’ensemble de l’échantillon, les apports énergétiquessont corrélés à la durée du sport (r = 0,137 ; p = 0,049)et au temps passé à jouer dehors (r = 0,221 ;p = 0,0014). Il n’a pas été retrouvé de corrélation entrele temps consacré aux activités sédentaires et la consom-mation alimentaire.

Discussion

L’objectif de cette étude est de déterminer la prévalencede l’obésité et du surpoids et de caractériser la consom-mation, les habitudes alimentaires et l’activité physiquedes enfants algériens vivant dans une grande ville.Notre étude fournit des données nouvelles obtenues chezdes enfants en milieu scolaire par une enquête qui asso-cie plusieurs méthodes. Des limites sont à souligner : lasaisonnalité n’a pu être prise en compte, le question-naire utilisé n’a pas été validé par des méthodes plus pré-cises (pesée, interrogatoire des parents) difficiles àmettre en place dans le contexte de ce tout premier tra-vail.

Prévalence du surpoids et de l’obésité

La prévalence du surpoids incluant l’obésité est de21,5 %. La majorité des enfants sont en surpoids simple,15,9 % et 5,6 % des enfants sont obèses. Les différencesstatistiques entre filles et garçons ne sont pas significati-ves dans cette tranche d’âge. L’absence de déterminationdu stade pubertaire ne nous permet pas d’évaluer sonéventuel impact, en particulier chez les filles les plusâgées.Ces données sont les premières à être publiées en Algérie.Les seules données disponibles sont très partielles et nepermettent pas d’établir de comparaison. Quoique nonreprésentative de l’ensemble du pays, nos données per-mettent de situer l’Algérie à des valeurs proches de cellede la France en 2002 et du nord et du centre de l’Europeentre les années 1990 et 2000 [2]. En effet, en France,16 % d’enfants âgés de 7 à 9 ans étaient alors en surpoids

Figure 6.Répartition des durées de télévision en fonction de la corpulence.

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et obèses [15]. Par contre, nos valeurs restent très infé-rieures à celles du sud de l’Europe [2, 16] et des États-Unis, où elles atteignent ou dépassent 30 % [17].Les prévalences publiées dans le Maghreb et l’Afrique duNord semblent inférieures à celles de notre étude [16].Toutefois, ces données sont difficilement comparables dufait de l’hétérogénéité des références et de plus suscepti-bles d’avoir évolué. Ainsi, en Tunisie, Ben Slama et al.[18], dans une étude portant sur des écoliers de 6 à 10 ans,ont montré une prévalence d’obésité de 3,7 % (3,4 %chez les filles et 3,9 % chez les garçons). Au Maroc, en1992, 7 % des enfants âgés de 0-5 ans étaient obèses[19]. En Égypte, en 1997, Ibrahim et al. [19] indiquent,chez des enfants âgés de 10 à 19 ans, des prévalences de4 % d’obésité seule et 14 % de surpoids et obésité.Sur les rivages européens de la Méditerranée, les préva-lences de surpoids et obésité, exprimées selon les mêmescritères, dans des tranches d’âges très proches, sont beau-coup plus élevées [2, 16]. En Italie, la prévalence est esti-mée à 36 % [16], en Grèce, à 30 % [19]. En Espagne, laprévalence du surpoids chez les enfants de 6-7 ans estpassée de 23 % à 35 % entre 1985/1986 et 1995/1996[20].La situation algérienne actuelle semble donc différente decelle de l’Europe du Sud. Néanmoins, la surveillance de laprévalence demeure indispensable pour caractériser uneéventuelle épidémie dans ce pays qui fait face, commetous, à une période de transition nutritionnelle et de stylede vie.

Alimentation

Le questionnaire relatif aux habitudes alimentaires met enévidence des différences entre les enfants normopondé-raux et en surpoids. En effet, les enfants en surpoids sontmoins nombreux à prendre un petit déjeuner. Ce compor-tement classique a été rapporté dans différentes études surla relation entre le petit déjeuner et la prévalence de l’obé-sité dès l’enfance [21, 22]. Moins d’enfants en surpoidsdéclarent grignoter. Les aliments consommés lors du gri-gnotage (confiseries, pizza et gâteaux, fruits oléagineux)sont surtout des aliments à haute densité énergétiqueriches en glucides et lipides. Ce comportement est un fac-teur de risque, parmi d’autres, de l’obésité infantile [6, 23].L’analyse des données de l’enquête alimentaire n’a paspermis de mettre en évidence de différence, en termed’énergie ingérée, chez les enfants selon leur degré decorpulence. La sous-déclaration par les enfants obèses estprobable et classiquement rapportée [24].La quantité moyenne de protéines consommées est éga-lement semblable chez les enfants en surpoids ou obèseset normopondéraux. Par contre, exprimée en pourcentagede la ration énergétique, la différence est significative. Lesenfants en surpoids et obèses tirent une proportion légè-rement (2 %) plus importante de leur énergie des pro-téines. Toutefois le phénomène de sous-estimation, plusfréquent chez les obèses, porte surtout sur les alimentsriches en sucres et/ou graisses ce qui aboutit en généralà une surestimation du pourcentage de protéines [25].Dans notre étude, les protéines consommées sont à plusde 50 % d’origine végétale et donc de valeur inférieureaux protéines d’origine animale. Les enfants obèses et ensurpoids consomment un peu plus souvent de viande-poisson et œufs. L’excès de protéines, essentiellementanimales, au cours de la petite enfance, est mis en causedans la genèse de l’obésité [26]. Nos résultats ne permet-

tent de tirer aucune conclusion à cet égard mais souli-gnent la difficulté d’établir si un nutriment joue un rôle perse ou en tant que marqueur d’une série de différences.Les apports lipidiques rapportés ne concernent que leslipides de constitution des aliments puisque la méthoded’enquête utilisée ne permet pas de prendre en compteles matières grasses ajoutées lors de la préparation des ali-ments. Néanmoins, malgré cette sous-évaluation, 9 % desenfants ont des apports lipidiques supérieurs à 35 % dela ration énergétique. Il est donc vraisemblable qu’unefraction non négligeable de la population a des apportslipidiques excessifs. Les enfants obèses et en surpoidsdéclarent par ailleurs consommer moins souvent des friteset des viennoiseries. La réalité de cette assertion mérite-rait d’être contrôlée. Elle pourrait déjà refléter une restric-tion cognitive. Des investigations complémentaires, dontle niveau de revenu et la catégorie sociale de la famille,sont aussi nécessaires pour en cerner les possibles raisons :faible coût des matières grasses, palatabilité, influence desmodes, informations nutritionnelles insuffisantes, tradition.Le fort pourcentage (90 %) d’enfants consommant moinsdes ANC pour le calcium est préoccupant. Cette insuffi-sance, en particulier, l’accès aux produits laitiers, sourceprincipale de calcium dans l’alimentation algérienne, estun problème qu’il conviendra d’approfondir, en lien avecle statut en vitamine D.

Activité physique et sédentarité

Parmi les autres facteurs de mode de vie associés à l’obé-sité, on note une faible participation des enfants ensurpoids à des activités physiques ou sportives de niveaumoyen ou élevé, rapporté récemment en Europe [27]. Laréduction de l’activité et les prises alimentaires inadéqua-tes qui y sont associées sont un facteur de risque avéré deprise de poids [27]. Le temps moyen consacré à la télévi-sion (2,2 heures/j) est supérieur à celui publié en Franceen 2000 (1,8 heures) [28] mais reste inférieur à celui desÉtats-Unis (4,5 heures) [29]. La télévision, de diffusioncroissante en Algérie, apparaît bien l’une des clés del’obésité infantile. Son utilisation fréquente au cours desrepas chez tous les enfants confirme le lien complexeentretenu avec l’évolution du style de vie.

Conclusion

Ces résultats mettent en évidence l’existence de prévalen-ces élevées de surpoids et d’obésité dans un échantillonde la population des enfants d’âge scolaire d’une grandeville algérienne. Notre étude a relevé des dérives délétèresdans le comportement alimentaire et le style de vie de cesenfants citadins. Sont retrouvés l’absence de petit déjeu-ner, le grignotage fréquent des aliments riches en glucideset lipides, l’absence d’activité sportive chez la majorité desenfants en surpoids ou obèses (78 %), la place importantede la télévision. Ceci indique un changement majeur demode de vie et confirme que l’Algérie, comme d’autrespays, se trouve confrontée au problème de l’obésité. Lesproblèmes nutritionnels ne sont plus du seul ordre descarences mais aussi des excès et des déséquilibres. Unepolitique de prévention active, des investigations pluspoussées et une surveillance épidémiologique sont doncdésormais nécessaires.

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Résumé

La prévalence de l’obésité et du surpoids lors d’uneenquête transversale a été mesurée dans un échantillon de251 enfants âgés de 8 à 12 ans dans la populationurbaine de l’est Algérien. Les références utilisées sont cel-les de l’IOTF. Les profils alimentaires et l’activité physiqueont été évalués au moyen de questionnaires adaptés auxenfants.La prévalence du surpoids et l’obésité est de 21,5 %. Lesurpoids seul touche 15,9 % et l’obésité 5,6 % desenfants. Plusieurs caractéristiques différencient les enfantsen surpoids et obèses des enfants normopondéraux : lesobèses sont moins nombreux à prendre souvent un petitdéjeuner et à consommer du lait et grignotent plus sou-vent des aliments riches en glucides et lipides. Les apportscaloriques totaux des deux groupes sont semblables. Lepourcentage d’énergie provenant des protéines mais pasleur quantité absolue est supérieur chez les enfants ensurpoids et obèse et l’apport lipidique est supérieur chezles garçons en surpoids. La majorité des enfants ensurpoids ne pratique aucune activité sportive (78 %).Après ajustement sur l’énergie, les apports lipidiques sontcorrélés à la durée du sport. La prise des repas ou le gri-gnotage devant la télévision sont fréquents.Cette première étude suggère que l’obésité infantile estdevenu un problème de santé publique en Algérie.

Mots-clés : Enfant – Obésité – Prévalence – Alimentation– Activité physique – Télévision – Algérie.

Abstract

The prevalence of overweight and obesity were measu-red in a sample of 251 children aged 8 to 12 year inan urban area of the Eastern part of Algeria. IOTF refe-rences are used in order to define overweight and obe-sity.The overall prevalence of overweight and obesity is21.5 %. 15.9 %. Overweight alone is found in 15.9%and obesity in 5,6 % of the children. Obese childrenconsume less often a breakfast and less milk than thatnormal weight children and eat more often high fat,high carbohydrates foods. Mean caloric intakes aresimilar. Meals and snacking take often place whilewatching television. Energy percent derived from pro-teins but not their absolute amount and fat intakes arehigher in overweight children. Most of the overweightchildren (78 %) do not practice any sport activity. Fatintake adjusted on energy intake is positively correla-ted with sport duration.This preliminary study suggest that childhood obesityis now a public health threat in Algeria.

Key-words: Children – Obesity – Prevalence – Food –Physical activity – Television – Algeria.

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