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15 formation dossier Actualités pharmaceutiques n° 504 Mars 2011 L e sportif doit, avant toute chose, avoir une ali- mentation satisfaisante en quantité afin que l’augmentation des besoins énergétiques liée à sa pratique soit couverte. Les glucides constituent le principal substrat pour les activités d’intensité élevée, et les lipides le principal pour celles d’intensité modé- rée, lors de l’entraînement ou le travail d’endurance. Les besoins nutritionnels du sportif Les besoins nutritionnels diffèrent selon que le sportif est en phase d’entraînement ou de compétition. Période d’entraînement La période d’entraînement doit conjuguer : – une activité régulière ; – un sommeil suffisant ; – une alimentation appropriée. Une ration d’entraînement doit, avant tout, être bien équilibrée en quantité et en qualité. Certaines erreurs doivent être évitées : consommer trop de graisses saturées, manger trop de sucres rapides et ne pas boire assez d’eau. Le sportif doit donc diminuer sa consommation de viandes, sauces et charcuteries, réapprendre à manger des céréales et des légumes secs, et boire de l’eau en plus grande quantité. Il doit prendre quatre repas par jour pour réaliser un apport régulier d’énergie. Avant la compétition Au moins 3 heures avant la compétition, il est néces- saire de consommer un repas digeste : peu de grais- ses et de protéines, et surtout des glucides comme les céréales et le pain. En cas d’épreuve matinale, il peut être conseillé de prendre : – du café ou du thé sucré ; – du pain et une noix de matière grasse ; – une portion de fromage ; – un fruit ; – un yaourt sucré. Pendant la compétition Durant la compétition, certaines règles doivent être suivies. Sports brefs et répétés : – boire souvent, en petites quantités, peu sucré ; – manger toutes les 3 heures, de petits repas légers. Sports de moyenne et de longue durée : boire souvent, en petites quantités (800 mL/heure au maximum), des boissons à 12-15 °C, peu sucrées (4 à 5 morceaux de sucre par litre) ; – prévoir, selon les habitudes, des petits grignotages. Après la compétition Après la compétition, le premier réflexe doit être de s’hydrater en buvant, au vestiaire, un verre d’eau fortement minéralisée et riche en bicarbonate, ou un verre de jus de fruit, puis de l’eau faiblement miné- ralisée à volonté. Le repas qui suit l’épreuve sportive doit être digeste, peu gras, avec peu de protéines, et ne pas être accom- pagné d’alcool. Il peut comprendre : un potage de légumes, des pâtes ou du riz avec une noix de beurre, une salade verte assaisonnée d’une cuillère à soupe d’huile, un yaourt, une compote sucrée et du pain. L’hydratation du sportif Durant l’effort, l’organisme produit 30 % de travail musculaire et 70 % de chaleur. Une variation est observée en fonction des conditions climatiques, du sport pratiqué et de son intensité, mais aussi du degré d’entraînement. Cette chaleur est surtout régu- lée par la ventilation et la sudation. L’eau perdue, non récupérée, conduit à la déshydratation. Boire en prévention En buvant, le sportif évite l’excès de chaleur (perte de capacité d’effort et coup de chaleur) et de déchets (acides lactique et urique, ammoniaque) provoquant des accidents musculaires et tendineux. Boire de l’eau La soif est un mauvais indicateur de la perte d’eau. Elle est retardée et insuffisante. L’eau est la seule boisson indispensable. Alimentation du sportif et conduite dopante L’alimentation du sportif doit satisfaire les besoins générés par les adaptations physiologiques inhérentes à l’exercice. Elle est basée sur la prise d’aliments courants dans le cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée, sous forme de repas et de collations. Il faut boire avant d’avoir soif et boire plus que sa soif. À retenir noix de des acc B L L L © Fotolia.com/Naty Stra w b e r r y

Alimentation du sportif et conduite dopante

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Le sportif doit, avant toute chose, avoir une ali-mentation satisfaisante en quantité afin que l’augmentation des besoins énergétiques liée à

sa pratique soit couverte. Les glucides constituent le principal substrat pour les activités d’intensité élevée, et les lipides le principal pour celles d’intensité modé-rée, lors de l’entraînement ou le travail d’endurance.

Les besoins nutritionnels du sportifLes besoins nutritionnels diffèrent selon que le sportif est en phase d’entraînement ou de compétition.

Période d’entraînement

La période d’entraînement doit conjuguer :– une activité régulière ;– un sommeil suffisant ;– une alimentation appropriée.Une ration d’entraînement doit, avant tout, être bien équilibrée en quantité et en qualité.Certaines erreurs doivent être évitées : consommer trop de graisses saturées, manger trop de sucres rapides et ne pas boire assez d’eau. Le sportif doit donc diminuer sa consommation de viandes, sauces et charcuteries, réapprendre à manger des céréales et des légumes secs, et boire de l’eau en plus grande quantité.Il doit prendre quatre repas par jour pour réaliser un apport régulier d’énergie.

Avant la compétition

Au moins 3 heures avant la compétition, il est néces-saire de consommer un repas digeste : peu de grais-ses et de protéines, et surtout des glucides comme les céréales et le pain.En cas d’épreuve matinale, il peut être conseillé de prendre :– du café ou du thé sucré ;– du pain et une noix de matière grasse ;– une portion de fromage ;– un fruit ;– un yaourt sucré.

Pendant la compétition

Durant la compétition, certaines règles doivent être suivies. Sports brefs et répétés :

– boire souvent, en petites quantités, peu sucré ;– manger toutes les 3 heures, de petits repas légers. Sports de moyenne et de longue durée :

– boire souvent, en petites quantités (800 mL/heure au maximum), des boissons à 12-15 °C, peu sucrées (4 à 5 morceaux de sucre par litre) ;– prévoir, selon les habitudes, des petits grignotages.

Après la compétition

Après la compétition, le premier réflexe doit être de s’hydrater en buvant, au vestiaire, un verre d’eau forte ment minéralisée et riche en bicarbonate, ou un verre de jus de fruit, puis de l’eau faiblement miné-ralisée à volonté.Le repas qui suit l’épreuve sportive doit être digeste, peu gras, avec peu de protéines, et ne pas être accom-pagné d’alcool. Il peut comprendre : un potage de légumes, des pâtes ou du riz avec une noix de beurre, une salade verte assaisonnée d’une cuillère à soupe d’huile, un yaourt, une compote sucrée et du pain.

L’hydratation du sportifDurant l’effort, l’organisme produit 30 % de travail musculaire et 70 % de chaleur. Une variation est observée en fonction des conditions climatiques, du sport pratiqué et de son intensité, mais aussi du degré d’entraînement. Cette chaleur est surtout régu-lée par la ventilation et la sudation. L’eau perdue, non récupérée, conduit à la déshydratation.

Boire en prévention

En buvant, le sportif évite l’excès de chaleur (perte de capacité d’effort et coup de chaleur) et de déchets (acides lactique et urique, ammoniaque) provoquant

des accidents musculaires et tendineux.

Boire de l’eau La soif est un mauvais indicateur de la perte d’eau. Elle est retardée et insuf fisante.

L’eau est la seule boisson indispensable.

Alimentation du sportif et conduite dopante

L’alimentation du sportif doit satisfaire les besoins générés par les adaptations

physiologiques inhérentes à l’exercice. Elle est basée sur la prise d’aliments courants

dans le cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée, sous forme de repas

et de collations.

Il faut boire avant

d’avoir soif et boire

plus que sa soif.

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Celle provenant du robinet peut convenir, ainsi que les eaux de source et faiblement minéralisées. Il est conseillé de boire 800 mL/heure au maximum, ce qui correspond à ce que l’estomac tolère, par petites quantités (1 verre à la fois), souvent, et à la tempéra-ture de 12 à 15 °C.Il peut être recommandé au sportif de boire :– en période d’entraînement, au moins 1,5 à 2 L/jour ;– en période de compétition, de - 3 heures (dernier repas) à - 0,5 heure, de l’eau ou du thé (800 mL/heure au maximum) sucré ou non (4 à 5 morceaux/L) ;– pendant la compétition, souvent et peu à la fois (avec 4 à 5 morceaux de sucre/L au maximum) ;– après la compétition, 300 mL d’eau minéralisée alcaline, puis de l’eau minérale à volonté.

Les compléments alimentairesLe sportif, dans sa quête de performance, est souvent en recherche de produits susceptibles d’optimiser ses capacités physiques. Confronté à de telles demandes, le pharmacien doit savoir conseiller judi-cieusement son athlète de patient. Dans la jungle des compléments alimentaires, il est important de distin-guer les produits efficaces et sûrs des nombreuses “pilules miracles” (tableau 1).

Un sportif survitaminé

Le sportif serait-il particulièrement sujet aux carences diverses ? Cette croyance, très populaire chez les athlè-tes, les pousse à consommer en masse des complé-ments enrichis en fer, magnésium, vitamines variées et minéraux, en prévention d’une éventuelle déplétion. Une carence en fer peut compromettre les perfor-

mances. Il faut, en cas de fatigue inexpliquée, surtout chez les végétariens, éviter toute automédication avec des suppléments en fer. Une consultation médicale doit

être conseillée afin d’explorer le statut martial. Toute supplémentation préventive est également inutile. Le magnésium est l’autre grand classique de l’armoire

à pharmacie du sportif. Plusieurs études ont démon-tré que sa prise empirique était inutile pour prévenir l’appa ri tion des crampes, celles-ci étant plutôt liées à une mauvaise hydratation. Ne sera donc conseillé un supplément en magnésium (200-300 mg/jour) que dans le cas d’une hypomagnésémie avérée : crampes, spas-mes musculaires, dépression, asthénie… Quant aux cocktails multivitamines/multi-

minéraux, ils ne présentent un intérêt potentiel que chez l’athlète végétarien ou chez les sportifs soumis à des régimes stricts. En dehors de ces situations, une alimentation équilibrée et diversifiée couvre parfai-te ment les besoins. Pire, la prise massive de ces complé ments peut mener à des hypervitaminoses.

Faire du sport, quel stress !

Supplémenter le sportif en antioxydants afin de préve-nir les dommages oxydatifs musculaires et la fatigue préco ce peut sembler de prime abord une idée judi-cieuse. Mais, s’il a bien été prouvé que l’exercice physi que augmente la production de radicaux libres, ce stress oxydatif n’a rien de comparable à celui retrouvé dans des situations pathologiques. En effet, il est transitoire et il existe, chez les sportifs, un phéno-mè ne d’adaptation avec une augmentation du taux d’antioxy dants physiologiques. Dès lors, il faut s’inter-roger sur les bienfaits des vitamines C et E, des flavo-noïdes, du zinc ou du sélénium dans ce contexte.Il semblerait même qu’un apport exogène excessif devienne pro-oxydant ! On ne saurait que trop éviter une supplémentation, la réponse se trouvant encore une fois dans un régime alimentaire équilibré.

Protéines, des muscles en poudre ?

Les suppléments protéiques, sous forme de poudres , barres ou gels, et les préparations d’acides aminés sont les produits diététiques pour sportifs le plus vendus . Bien que les besoins en protéines augmentent avec la pratique sportive (par une synthèse protéique muscu-laire accrue), ceux-ci sont largement couverts par des apports raisonnables en viandes, œufs, poissons et produits laitiers. Une supplémentation hyperprotéinée est donc rarement utile, excepté chez les végétariens. De plus, un excès de consommation peut entraîner la formation de graisses de réserves et une charge supplémentaire pour le foie et les reins.En revanche, les boissons et barres “de récupération”, associant protéines et hydrates de carbone, peuvent jouer un rôle dans la reconstitution des réserves post-exercice. Ce type de produit est donc tout indiqué dans la demi-heure suivant l’effort.

Tableau 1 : Indications et contre-indications des supplémentations

Doit-on supplémenter ? Conduite à tenirAntioxydants Non Alimentation équilibrée

Caféine, guarana De façon ponctuelle 3 à 4 mg (dose journalière maximum) une heure avant l’effort

Créatine Pas de façon systématique Peut être intéressant dans certains sports

2 à 3 g/jour à débuter une semaine avant une compétition

Fer Non Dosage sanguin, surtout chez le végétarien

Ginseng De façon ponctuelle Cure courte

Magnésium Pas en préventif, uniquement en cas d’hypomagnésémie avérée

200 à 300 mg/jour si hypomagnésémie

Protecteurs articulaires

Pas chez le sportif sain Possible chez le sujet âgé ou arthrosique

Extraits d’harpagophytum

Protéines Non (à discuter chez le végétarien)Intéressant pour la récupération

Régime riche en viande, œufs, poissons, lait Une barre ou boisson riche en protéines et hydrates de carbone dans les 30 mn suivant l’entraînement

Vitamines et minéraux

Non Alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes

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La prise en charge du sportif à l’officine

Des articulations à toute épreuve

Chez le sportif, dont les articulations sont très solli-citées (tennis, ski, sports de combat…), la consom-mation de “protecteurs articulaires” est courante, l’effet espéré étant de limiter les dommages liés à une pratique sportive intensive. S’il a été démontré que ces compléments n’apportaient aucune protec-tion en amont d’une lésion, ils peuvent être inté-ressants chez le sujet âgé ou ayant des problèmes arthrosiques.L’association chrondroïtine sulfate/glucosamine n’ayant que peu démontré son efficacité, l’harpago-phytum lui est préféré.

Gonflés à bloc avec la créatine

Cassons d’emblée un mythe : la vente de créatine est autorisée en France et ce produit n’est pas consi-déré par les instances sportives comme dopant. Naturellement présent dans l’alimentation (en parti-culier dans la viande), ce nutriment est également synthétisé par l’organisme à partir d’acides aminés.La créatine est “le” complément “star” aux effets annoncés miraculeux, mais ceci est très exagéré. Les études ne confirment, en effet, en rien une quel-conque action sur l’endurance ou la récupération, la prise de masse n’étant due qu’à une rétention hydrique.En revanche, la créatine joue un rôle important de substrat pour la contraction des fibres muscu-laires rapides lors d’efforts violents et explosifs. Elle présen te, de ce fait, un intérêt dans les exercices brefs, durant moins de 15 secondes, ou intenses : sprint, lancer ou ceux comportant de nombreux chan-gements de rythme (sports de combat).Aucun effet négatif, y compris cancérigène, d’une prise de créatine n’a pu être démontré à ce jour. La prudence est cependant de mise en ce qui concerne son utilisation à long terme.Une supplémentation, à raison de 2 à 3 g/jour la semaine précédant une compétition chez certains athlètes, serait donc intéressante.

Un café avant de partir

Que ce soit sous forme de compléments enrichis ou d’extraits de guarana, la caféine est l’alliée du sportif. Des études sérieuses confirment que celle-ci augmen te l’endurance par une épargne de glycogène1, 2, 3. De plus, il semblerait que la prise de cette subs-tance associée à un effort de longue durée accélère la combus tion des graisses corporelles.Une heure avant l’effort, 3 à 4 mg/kg (dose journalière maximale) de caféine peuvent être conseillés ; mais gare aux surdosages qui entraîneraient tachycardie, tremblements, nervosité et insomnie.

Des cures courtes de ginseng peuvent également garantir des effets stimulants intéressants aux périodes les plus difficiles de la saison sportive.

Dopage et conduites dopantesLa prise de conscience récente du problème du dopage a incité le mouvement sportif, mais égale-ment le législateur, à fixer des règles visant à proté-ger la santé des athlètes, et à défendre la morale et l’éthique du sport.

Définition et répression du dopage

Lors de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport organisée, le 4 février 1999 à Lausanne (Suisse), le Comité international olympique (CIO) a adopté la définition suivante du dopage. « Est qualifié de dopage :1. l’usage d’un artifice (substance ou méthode) poten-tiellement dangereux pour la santé des athlètes et/ou susceptible d’améliorer leur performance ;2. la présence dans l’organisme de l’athlète d’une substance ou de la constatation de l’application d’une méthode qui figure sur la liste annexée au présent code. »Cette définition, admise par la plupart des fédérations sportives internationales, ne s’applique qu’aux spor-tifs pratiquant un sport institutionnalisé et prend en compte de manière forte la question de santé publi-que induite par le dopage.La loi, en matière de dopage, dispose d’un volet répressif et d’un volet préventif. Le premier s’appuie sur une liste de substances et de procédés inter-dits, mais aussi sur des contrôles diligentés par le ministère des Sports ou les fédérations sportives qui peuvent être réalisés lors des compétitions ou des entraînements. Les sportifs convaincus de dopage s’exposent à des sanctions sportives et les pour-voyeurs à des sanctions pénales.

Conduites dopantes

Une “conduite dopante” a été définie par Patrick Laure4. Elle se définit par la consommation d’un produit pour affronter ou surmonter un obstacle réel ou ressenti par l’usager ou son entourage, dans un but de performance (psychique ou physique).

Internet, des courses à haut risqueEn cas de recours aux compléments nutritionnels, il convient d’être vigilant vis-à-vis de la

pureté des produits consommés. La législation en matière de sécurité alimentaire étant

plus souple dans certains pays, notamment aux États-Unis, il n’est pas rare de trouver

des substances dopantes (éphédrine) ou dangereuses (métaux lourds) dans les produits

achetés sur internet. Il est donc fortement recommandé de n’acheter que des produits de

marques réputées, et de fuir les achats en ligne. Il est également possible de se référer à

un label, le Wall-Protect, qui garantit la qualité des compléments pour sportifs.

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Actualités pharmaceutiques n° 504 Mars 2011

Certaines situations peuvent être évocatrices de l’uti-lisation de certains produits :– une augmentation anormale de la masse muscu-laire, le plus souvent associée à une augmentation de la masse maigre (n’étant ni en rapport avec la crois-sance du sujet, ni corrélée à un accroissement ou un changement de schéma d’entraînement), et une augmen ta tion anormale de la puissance musculaire peuvent faire suspecter une consommation d’hormo-nes de croissance (GH) ou d’Insulin-Like Growth Factor-1 (IGF-1), et/ou de stéroïdes anabolisants ;– une bradycardie excessive en période d’entraînement intensif, par rapport à une fréquence cardiaque de réfé-rence (en période hivernale), associée à une augmenta-tion anormale des capacités de transport en oxygène (évaluée par la VO2max), est en faveur d’une utilisation d’érytropoïétine (EPO) ou de molécules apparentées, en l’absence de stage d’entraînement en altitude.Dans tous les cas, les produits suspectés sont recher-chés, la plupart du temps dans les urines ; les condi-tions de recueil doivent être drastiques de manière à être certain de la provenance des urines…

Complications des conduites dopantes

En dehors des complications connues liées à l’utili-sation propre de chaque produit, les risques pour la santé liés à la consommation de produits dopants sont peu identifiés en raison :– des protocoles très spécifiques mis en place (certai-nes substances sont utilisées à des doses extra-thérapeutiques, certains protocoles font intervenir des polyconsommations…) ;– du manque de recul par rapport à l’usage de nouvel-les molécules ;– de la méconnaissance de l’incidence de ces usages chez le sportif, durant ou au décours de sa carrière sportive. Des cas de iatrogénie sont régulièrement rapportés

par la littérature médicale internationale, sans que la preuve soit établie que ces complications (mort subite, coma, infarctus du myocarde, insuffisance rénale aiguë…) sont liées à tel ou tel produit. Outre les complications somatiques, des conséquences psychiques graves peuvent être observées à plus ou moins long terme, tels les troubles du comportement (violence hétéro- ou auto-agressive), les évolutions dépressives, mais également les dérives addictives.

Certaines substances disposent d’un potentiel

addictogène propre (comme les stupéfiants), alors que d’autres n’entraînent pas de pharmacodépen-dance, mais sont surtout utilisés dans un contexte addictif. Le passage de l’usage à la dépendance survient chez des sujets présentant des facteurs de vulnérabilité psychologique (troubles somatiques ou psychiques pendant l’enfance, événements de vie traumatiques, dépressivité…), ce d’autant que le début des consommations a été précoce et qu’elles entrent dans une spirale cognitivo-comportementale où l’automédication devient une habitude en raison de l’effet renforçateur d’une victoire obtenue sous produit. La prévention, basée sur une information claire

des enfants, des parents et de l’encadrement dans les clubs sportifs, est capitale.Pour mémoire, la législation (décret 99-790 du 8 septem bre 1999) définit trois catégories de produits.Certaines substances sont interdites : stimulants (amphétamines, cocaïne, éphédrine), narcotiques (opiacés), agents anabolisants (testostérone et dérivés), diurétiques et hormones (de croissance, EPO).Des méthodes sont également interdites : dopage sanguin (transfusions, EPO, augmentation de l’oxygénation tissulaire) et manipulations pharma-cologiques, chimiques, physi ques (dissimulation d’un sachet d’urines, produit empêchant les subs-tances dopantes de filtrer dans les urines telles le probénécide…).D’autres substances sont soumises à condition : alcool, cannabinoïdes, anesthésiques locaux, corticostéroïdes et bêtabloquants.

ConclusionLe pharmacien doit être vigilant face aux demandes des sportifs. Il est primordial de rappeler au patient qu’une alimentation bien équilibrée est générale-ment suffisante et que l’augmentation des perfor-mances par une prise de compléments alimentaires est souvent illusoire. Face à des conduites abusives, pouvant amener surdosages, voire dopage, le rôle de prévention de l’officinal trouve toute sa place, dans un conseil raisonné et adapté. �

François Pillon

Pharmacien, Dijon (21)

[email protected]

Camille Screve

Étudiante en 6e année, Faculté de pharmacie, Lille (59)

[email protected]

SourcesDécret n° 2010-134

du 10 février 2010

portant publication de

l’amendement à l’annexe

de la convention contre

le dopage, adopté le

18 novembre 2009

à Strasbourg, et

à l’annexe 1 de

la Convention

internationale contre

le dopage dans le

sport, adopté à Paris

le 28 octobre 2009.

Journal officiel n° 0036

du 12 février 2010,

p. 2527.

Société française

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and 6 h after caffeine

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3. Graham TE.

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4. Laure P. Dopage et

société. Ellipses, 2000.

Espérance de vie du footballeur américainLa longévité du footballeur américain était de 55 ans en 1993, alors que celle

de l’Américain moyen était de 71,8 ans ; cet abaissement de l’espérance de vie chez ce

sportif a été rapproché de l’usage fréquent de stéroïdes anabolisants dans cette discipline.