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On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire pour qu’elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi, votre lumière doit briller devant les hommes. (Matthieu 5, 15) de travail, dans leurs familles. Éclairés de leurs expériences, nous pourrons trouver où nous engager et quel témoignage por- ter. « Nous aimons notre Église, disait Mgr Guy Deroubaix (19271996), ancien évêque de Saint-Denis-en-France, et nous rêvons qu’elle soit une Église dont le peuple dira non pas “Voyez comme ils sont organisés”, mais Voyez comme ils s’aiment”. » À Assise, le 4 octobre der- nier, beaucoup se pres- saient pour apercevoir le nouveau pape. Ce qui res- sortait dans de nombreux articles est cette joie lisible sur le visage fatigué du pape François au terme d’une journée au pas de charge, enchaînant salu- tations, écoute, discours, improvisations et prières. Comme en a été touchée une Fran- çaise très éloignée de l’Église : « Il a l’air heureux ». À la suite de François, ne devons-nous pas nous aussi cultiver la joie de croire et le montrer ? Pages 2 et 3 : VIE DU SECTEUR Pages 4 à 15 : DOSSIER Page 16 : Pêle-mêle Dates à retenir. Directeur de la publication : Alain Dutertre Presbytère 1, rue Mercière 94470 - BOISSY-SAINT-LEGER 01 45 69 16 33 mail : belvedere.journal @laposte.net Comité de rédaction : Yves Aubert Jeanne-Marie Boesch Françoise Deleigne Sylvie Fabre Odile Gandon Catherine Loriferne Allez vous-en sur les places Et sur les parvis Allez vous-en sur les places Y chercher mes amis. Tous mes enfants de lumière Qui vivent dans la nuit, Tous les enfants de mon père Séparés de lui. Allez vous-en sur les places Et soyez mes témoins Chaque jour. Ce chant a bercé la jeu- nesse de plusieurs d’entre nous… Nous ne l’entendions plus dans nos églises et voilà que, soudain, les pa- roles du pape François le rendent à nou- veau d’une grande actualité. Il nous est demandé de sortir de nos murs, de por- ter témoignage. Pour réaliser ce changement de cap, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage de certains d’entre nous qui, depuis long- temps, ont fait ce chemin en s’engageant dans des associations, des syndicats, des partis politiques ou en développant des liens dans leurs quartiers, sur leurs lieux BELVEDERE Décembre 2013 N°27 ÉDITORIAL Allez-vous-en sur les places et sur les parvis

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On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau,

mais bien sur le lampadaire pour qu’elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.

Ainsi, votre lumière doit briller devant les hommes. (Matthieu 5, 15)

de travail, dans leurs familles. Éclairés de leurs expériences, nous pourrons trouver où nous engager et quel témoignage por-ter.

« Nous aimons notre Église, disait Mgr Guy Deroubaix (1927–1996), ancien évêque de Saint-Denis-en-France, et nous rêvons qu’elle soit une Église dont le peuple dira

non pas “Voyez comme ils sont organisés”, mais “Voyez comme ils s’aiment”. » À Assise, le 4 octobre der-nier, beaucoup se pres-saient pour apercevoir le nouveau pape. Ce qui res-sortait dans de nombreux

articles est cette joie lisible sur le visage fatigué du pape François au terme d’une journée au pas de charge, enchaînant salu-tations, écoute, discours, improvisations et prières. Comme en a été touchée une Fran-çaise très éloignée de l’Église : « Il a l’air heureux ».

À la suite de François, ne devons-nous pas nous aussi cultiver la joie de croire et le montrer ?

Pages 2 et 3 :

VIE DU SECTEUR

Pages 4 à 15 :

DOSSIER

Page 16 :

Pêle-mêle

Dates à retenir.

Directeur de la publication :

Alain Dutertre

Presbytère

1, rue Mercière

94470 -

BOISSY-SAINT-LEGER

01 45 69 16 33

mail : belvedere.journal

@laposte.net

Comité de rédaction :

Yves Aubert

Jeanne-Marie Boesch

Françoise Deleigne

Sylvie Fabre

Odile Gandon

Catherine Loriferne

Allez vous-en sur les places Et sur les parvis Allez vous-en sur les places Y chercher mes amis. Tous mes enfants de lumière Qui vivent dans la nuit, Tous les enfants de mon père Séparés de lui. Allez vous-en sur les places Et soyez mes témoins Chaque jour.

Ce chant a bercé la jeu-nesse de plusieurs d’entre nous… Nous ne l’entendions plus dans nos églises et voilà que, soudain, les pa-roles du pape François le rendent à nou-veau d’une grande actualité. Il nous est demandé de sortir de nos murs, de por-ter témoignage.

Pour réaliser ce changement de cap, nous pouvons nous appuyer sur le témoignage de certains d’entre nous qui, depuis long-temps, ont fait ce chemin en s’engageant dans des associations, des syndicats, des partis politiques ou en développant des liens dans leurs quartiers, sur leurs lieux

BELVEDERE Décembre 2013 N°27

ÉDITORIAL

Allez-vous-en sur les places et sur les parvis

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Vie du secteur

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Page 2 BELVEDERE Décembre 2013 N°27

Quant à nous, pèlerins, nous tardons à intérioriser le drame des d i v i s i o n s entre chré-tiens ou les malentendus d'un chemin de croix perturbé qui aurait dû nous aider à ressentir ce que fut le dramatique parcours de notre Sauveur, il y a 2000 ans. Pourtant le ciel a entendu ce que nous avions sur le cœur, il a mis sur notre chemin le Père Jean Daniel venu nous accueillir à Saint-Pierre-en-Galicante, sur les lieux du reniement de Pierre. Il nous a fait ressentir l'immense miséricorde du Sauveur à la toute fin de son épreuve terrestre, le regard posé sur Pierre prenant conscience de sa trahison, un regard qui pardonne tout, même les écarts qui n'ont pas encore été commis. Médités au fond du cachot-fosse de Caïphe où le Christ a été jeté, ces propos forcent la conversion de toute une vie. Voilà le cadeau inestimable qui nous a été donné au cours de ce pèlerinage. Soyons objectifs, en quatre ans des choses ont changé : les contrôles et les restrictions de circulation sont devenus plus discrets, les rues de Bethléem deviennent plus carrossables, l'accès à l'Esplanade des Mosquées a été possible sous condition d'omettre tout signe d'appartenance religieuse non musulmane, le site de Qsar El Yahud, au bord du Jourdain, « à Béthanie, où Jean baptisait », n'est plus terrain militaire interdit. Les

Il y a quatre ans, plusieurs paroissiens de notre secteur étaient allés en pèlerinage à Jérusalem. Pierre nous avait fait partager cette aventure dans le n°16 de mars 2010. Aujourd’hui, au retour de leur deuxième voyage, il nous propose de prolonger ce partage. Bon voyage avec lui !

Jérusalem ! Deuxième jour du pèlerinage 2013 avec le Belvédère. Ce qui s'est imprimé en moi il y a quatre ans me revient avec force : mes sensations d'alors sont ressenties à un niveau exacerbé. La fraternité du groupe est, une fois encore, un cadeau évident qui nous est accordé. Les témoignages, l'hospitalité et l'ouverture de nos hôtes sont pleins de chaleur mais, hélas, les divisions entre communautés chrétiennes, accaparant chacune leurs lieux saints, marquent douloureusement le parcours des pèlerins refoulés manu militari de la grotte de la Nativité, tout comme est blessant cet affreux mur qui s'est encore étiré, allant jusqu'à créer une longue cicatrice de béton en plein cœur de Bethléem. « Jérusalem ! Coquelicot sur un rocher » chante Salvator Adamo. « Jérusalem ! Toi qui tues les prophètes. » Jérusalem, ville de toutes les contradic-tions, de tous les espoirs et de toutes les convoitises ! Tes lieux saints et tes lieux de mémoire sont disputés. Dans tes rues on sent bien que la paix n'est pas dans les cœurs, que des rancœurs contenues supportent mal le règne apparent du vainqueur du moment qui s'empare de toi par petites touches : une fouille archéologique ici, une restauration là, un mur de protection ailleurs, des interventions qui excluent et alimentent les ressentiments.

Impressions de Terre Sainte (Suite)

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Vie du secteur

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Chaque année, les différentes instances, services et mouve-ments de notre secteur voient partir des personnes, prêtres ou laïcs pour d’autres cieux ou d’autres responsabilités. Des nouveaux sont appelés et viennent rejoindre nos équipes.

Nous préparons pour le prochain numéro une présentation exhaustive de toutes ces personnes. Mais dès aujourd’hui, nous voudrions vous présenter le Père Faustin NZABAKU-RANA. Originaire de Butare, dans le sud du Rwanda, le Père Faustin a été ordonné prêtre en 2003 à 27 ans. Après diver-ses responsabilités dans le petit et le grand séminaire de son diocèse, il a été pendant deux ans dans une paroisse. Dans notre Secteur, Faustin est le prêtre responsable de la Pastorale des Jeunes. Il est d’autre part engagé plus particu-lièrement dans la vie paroissiale de Boissy et Limeil. Il réside au presbytère de Limeil-Brévannes.

En pastorale des Jeunes, il a comme adjointe Muriel Antou-ry qui assure le secrétariat de l’aumônerie des lycées, après Nina Brador qui, en cette rentrée, a pris une charge d’ensei-gnante à temps plein.

Le Père Barnabé Surzur, arrivé dans notre secteur l’année dernière, arrête sa mission en Pastorale de la Santé pour notre secteur. Il a été chargé par notre évêque d’une mis-sion à l’hôpital de Villeneuve St Georges. Habitant sur le plateau briard, il continue de célébrer dans les paroisses de notre Secteur, plus particulièrement dans celles de la Vallée du Réveillon où il assure divers services pastoraux.

Pierre-Marie de Cerou arrive dans notre secteur : il est en-voyé par notre évêque pour la Pastorale de la Santé. Après avoir vécu ce type de responsabilité dans divers diocèses, il est donc chargé de l’aumônerie de l’hôpital Émile Roux et de la coordination pastorale des maisons de retraite de no-tre secteur. Il prend ainsi la suite de Pascale Lageron.

Pour marquer la fin de la mission de Pascale, une fête très sympa-thique a été organisée par l’hôpi-tal E. Roux le 13 novembre. Pas-cale prend en charge l’animation des célébrations du Crématorium de Valenton, ainsi que diverses responsabilités à la paroisse de Limeil.

Bonne route pastorale à eux !

témoins que nous avons rencontrés, à Bethléem (les mêmes qu'il y a 4 ans), à Jérusalem, à Nazareth nous ont émus profondément et ont suscité de nouvelles attitudes de notre part au retour. Alors, réjouissons-nous, parcourons avec bonheur la Galilée des Nations si riche de traces évangéli-ques : quasi tropical, le climat y est délicieux, les fruits et les fleurs abondent, beaucoup de sites anciens ont été aménagés pour rendre accessible leur intérêt historique. Nous recevons ainsi une leçon d'histoire en parcourant les portes de la Palestine, Meggido, Tell Hazor, Corazin, des lieux où les pierres parlent de ces hommes venus du Croissant fertile pour entrer en Canaan ou en Israël, en commerçants caravaniers, en bergers transhumants ou en conquérants avides d'en accaparer les richesses. Du haut du Golan transformé en jardin, le regard plonge sur le Lac et les montagnes de Galilée, découvrant d'un seul coup d'œil ces lieux si chers aux Apôtres et à leur Maître. Nous évoquons les Béatitudes, la Tempête sur le Lac, le Pain en surabondance, Capharnaüm, les trois années où le Christ instruit ses Apôtres pour qu'ils nous transmettent sa Bonne Nouvelle... Césarée Maritime. Dernier jour, inondé de soleil. De ce site, frontière entre le judaïsme et le monde païen, capitale du proconsul Ponce Pilate incrustée dans la terre palestinienne, l'Apôtre Paul est parti pour son dernier voyage. C'est là aussi que Pierre s'est fait retourner par l'Esprit Saint et a lui-même osé manger chez un païen des mets païens. L'Esprit l'a travaillé au corps comme il a retourné en quelques jours la frustration des pèlerins déçus de leurs premiers jours. C'est le retour de convertis : ils n'ont pas forcément touché les pierres ou mis leurs pas dans ceux de Jésus, parce qu'il y a bien des incertitudes sur l'authenticité des emplacements commémoratifs, mais les cieux qu'ils ont vus, les monts, les lacs qu'ils ont contemplés, ce sont ceux que les yeux de Jésus ont vus, ils ont ainsi partagé quelque chose du regard de Jésus. S'ils pouvaient conserver ce regard jusqu'au jour où ils le verront, Lui, face à face !

Pierre W

Du nouveau chez nous !

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Dossier

BELVEDERE Décembre 2013 N°27 Page 4

vers cet homme-là, né à Bethléem, il y a 2000 ans. Nous sommes invités à entrer dans l’histoire de ce temps et à nous mettre à l’écoute d’un homme, parmi tant d’autres !

Et celui qui, pour des raisons bien diversifiées, se tourne ainsi vers ce passé, peut expérimenter, au plus profond de lui-même, le travail spirituel qui lui fait accueillir ce passé comme une expérience « bousculante » pour son présent : il entre en relation avec…Quelqu’un !... C’est le Ressuscité qui vient le rencontrer. Et il pourra nommer la force qui travaille en lui comme celle de… l’Esprit Saint.

Ainsi, c’est dans la chair de notre humanité que Dieu se révèle. C’est dans l’histoire de notre humanité, cette histoire que nous fuyons ou ignorons si souvent, que le mystère de Dieu se déploie pour tous les hommes.

Le mystère de Dieu, en cet homme-là, Jésus ? Mais alors, c’est bien la vie de tout homme qui est sacrée !

Cet homme, Jésus, entre en relation avec nous ? Mais alors, être en relation avec d’autres personnes, c’est bien essentiel, infiniment précieux !

C’est dans une histoire, au travers de l’Histoire, que le mystère de Dieu se révèle ? Mais alors notre histoire parfois chaotique, l’histoire qui, si souvent nous fait peur, et que nous fuyons, il nous faut au contraire la saisir à bras-le-corps !

Dans l’Histoire, dans notre histoire, au cœur des relations, en chaque personne… Ainsi, c’est bien là que le mystère de Dieu se révèle. Et nous sommes là au cœur de l’originalité de la foi chrétienne.

C’est ce dont se fait l’écho pour nous aujourd’hui, l’orientation fondamentale (le « fil rouge ») proposée cette année dans notre Secteur Pastoral du Belvédère.

Ce temps de l’Avent, la fête de l’Incarnation toute proche peuvent nous aider à vivre le fil rouge proposé dans notre Secteur Pastoral :

Dans notre histoire…

Au cœur de nos relations…

Nous voici entrés dans le temps de l’Avent, ces semaines qui nous sont données pour nous préparer à la fête de Noël et accueillir le Seigneur qui vient parmi nous.

Dans nos familles, dans nos quartiers, dans nos communes, bien des événements sont prévus qui marquent la fête de Noël. C’est impressionnant et manifeste de voir à quel point la fête de la Nativité est populaire même s’il n’est pas sûr que cela aide à aller au cœur de cette fête et à en accueillir le sens profond. Cependant, le folklore de Noël, même s’il est éloigné de ce qu’est cette fête en profondeur, révèle des attentes, un « quelque chose » auquel il faut être attentif.

Car quel est donc le sens profond de la fête de Noël ? Dans l’Évangile de Matthieu, le nom qui est suggéré à Joseph pour l’enfant qui doit naître, c’est « Emmanuel… Dieu avec nous !» (Mt.1/23). Et St Jean, au début de son Évangile, écrit avec une simplicité prodigieuse : « Le Verbe s’est fait chair ; il a habité parmi nous » (Jn1/14). Ainsi, la naissance de l’enfant dont Noël fait mémoire nous met devant le cœur du christianisme et son originalité au milieu de tant d’autres démarches et recherches religieuses qui, de manière si diversifiée, habitent notre humanité : il nous est ainsi affirmé que le mystère de Dieu qui est le Tout Autre, qui dépasse infiniment notre humanité, entre dans l’histoire humaine, prend forme et visage d’homme, se révèle au cœur de notre humanité. L’absolu vient s’inscrire en notre chair, elle dont nous

connaissons à la fois la beauté, les promesses dont elle est porteuse, mais aussi ses fragilités, sa vulnérabilité, les contradictions qui l’habitent, qui nous habitent ! De ce fait, u lt imement, pour découvrir Dieu, il ne faut plus seulement lever les yeux vers le ciel mais il importe de se tourner

Allez-vous-en sur les places et sur les parvis !

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Dossier

BELVEDERE Décembre 2013 N°27 Page 5

Évangélisons nos relations

(ou une belle formulation suggérée ultérieurement : «Vivons l’Évangile dans nos relations »)

Dans la famille… dans le quartier… au travail….

Car c’est bien là où nous sommes en relations avec d’autres personnes, dans nos chemins d’humanité, là où nous faisons histoire avec eux et lorsque nous nous accueillons les uns les autres dans notre unicité, c’est bien là que nous découvrons et sommes transformés par la Bonne Nouvelle de l’Évangile.

C’est ce dont se font l’écho les si divers témoignages et articles

de réflexion que nous propose ce numéro de Belvédère. Bonne

lecture et bonne route dans l’accueil du mystère de Dieu qui

s’est fait chair !

Alain Dutertre

Côme, qui vient d’avoir 3 ans, ramasse des noix et il découvre qu’il y a quelque chose de bon à croquer à l’intérieur. Je lui casse une noix en la lançant sur une marche de l’escalier, elle rebondit et tom-be dans un tas de feuilles. Je me baisse pour la récupérer et je trou-ve un escargot : « Regarde, Côme, la noix

s’est transformée en escargot ! » Ses yeux, avec des tas de petites étincelles, se met-tent à pétiller d’émerveillement ! Côme prend l’escargot dans sa main et le regarde rempli d’admiration. Philomène, sa sœur qui arrive : « C’est une noix transformée en escargot ! - Alors, c’est un escargot magique ! » Et ils restent en contemplation devant l'escargot qui sort timi-dement ses cornes. Je les regarde avec émotion, et je me dis : « Si nous ne sommes pas capables de nous émerveiller comme des enfants devant les splendeurs de la Création et le mystère de la vie, de l'amour… comment pourrons-nous entrer dans le mystère des merveilles de Dieu et en être les témoins ? » « Si vous n'êtes pas comme des petits en-fants, vous n'entrerez pas dans le Royau-me de Dieu » !

Odile

La noix et l’escargot !

Après une vie professionnelle bien remplie, j’ai éprouvé le besoin de donner un peu de mon temps libre et je me suis engagée au Secours Catholique. Le besoin de bénévoles est perma-nent et puis, c’est bien modestement suivre la parole de Jésus « Ce que vous ferez aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous le ferez. » (Mt 25,40)

Distribuer des vêtements, c’est un geste sim-ple, mais au-delà de combler un besoin essen-tiel, c’est communiquer avec toutes ces fem-mes et ces hommes par un sourire, un geste gentil, demander des nouvelles des enfants, choisir avec eux le vêtement qui leur ira bien, qui leur redonnera « une bonne image d’eux-mêmes », alors que la vie les maltraite.

Pendant plusieurs années, j’ai ressenti un véri-table échange – même silencieux – avec les habitués. La religion n’était jamais évoquée, mais on ressentait le respect de l’autre, l’aboli-tion de la différence et j’étais pleinement heu-reuse le soir en rentrant chez moi.

Au fil du temps, malheureusement, le nombre des personnes inscrites a beaucoup augmenté et, à la fatigue physique due au tri et à la mani-pulation des vêtements, s’est ajoutée la diffi-culté énorme de communication, barrière de la langue, peu de temps à consacrer à chacun, faire face à l’impatience, voire à l’agressivité verbale entre eux et vis-à-vis de nous.

A la fin de la journée, je me suis posé la ques-tion « Qu’ai-je fait de mon après-midi ? Qu’ai-je apporté à tous ces gens ? »

Je me suis sentie très frustrée de ne pas pou-voir les « accueillir » vraiment.

J’ai été contrainte de faire une pause et cela m’a permis de réfléchir.

Récemment la lecture d’une phrase de l’Évangi-le selon St Luc a remué beaucoup de choses en moi :

« Nous sommes des serviteurs quelconques – nous n’avons fait que notre devoir » (Lc 17,10)

Michèle G.

Accueillir vraiment

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De Fatima à Boissy-Saint-Léger : que du bonheur !!!

Depuis plus de trente ans, le quartier du Bois Clary à Boissy Saint Léger abrite une communauté portugaise dynamique, qui ne se contente pas de vivre en autarcie pour maintenir les liens du pays, mais qui œuvre aussi, souvent sans le dire, pour faire vivre la chapelle du Sacré Cœur, seul lieu de culte du quartier et participer aus-si, diversement, aux manifestations paroissiales.

La chapelle du Sacré-Cœur du Bois Clary abrite, en ef-fet, une statue remarquable de Notre-Dame de FATI-MA, (offerte par la communauté), objet d'un culte per-manent particulier et toujours aussi vivace et de mani-festations majeures qui retentissent sur la vie de l'en-semble de la paroisse mais aussi sur celles environnan-tes (Limeil-Brévannes). Les deux principales sont axées sur les dates d'appari-tion de la Vierge à FATIMA le 13 mai (la première) et le 13 octobre (la dernière). Pour le 13 mai, sont organisées deux processions aller et retour entre la chapelle et l'église Saint-Léger avec transport en grandes pompes et cérémonial liturgique traditionnel de la statue de la Vierge de FATIMA à dos d'hommes. La fête se termine par un repas en plein air très bien servi par la cuisine portugaise (et ses cuisiniers) et tout ce qui l'accompagne, ceci dans la joie et la bonne hu-meur. Tous les paroissiens y sont invités. Une petite centaine de personnes y participe (suivant la clémence du temps) !

La seconde fête est plus dis-crète mais tout aussi priante. Elle reprend en particulier la pratique du chapelet. Pour ces « opérations », la communauté prend en charge toute l'organisation et les four-nitures, en particulier les fleurs qui inondent la chapelle. Mais elle ne se contente pas d'agir pour ces opérations

cultuelles majeures. Elle intervient en permanence, en liaison avec le respon-sable du site, pour le bon fonctionne-ment de la chapelle, entretien, décora-tion florale, accueil, animation en por-tugais lors des cultes et bien d'autres choses encore. Dans la discrétion, elle organise aussi le 14 juillet, une petite fête nationale afin de montrer sa sympathie pour son

pays d'accueil. Dans le même état d'esprit, les talents de bâtisseurs de certains membres de la communauté ont permis de réali-ser bon nombre de gros travaux : aménagement de l'au-tel et du tabernacle, pavage du parvis (400 mètres car-rés), seuil d'accès sur la rue pour les handicapés et les grilles d'entrée, la paroisse n'intervenant que pour une partie des fournitures matérielles. Ces mêmes talents ont été aussi mis à profit pour d'autres lieux de culte parois-siaux dont la chapelle Notre Dame de la Plaine. Si la communauté portugaise considère la chapelle du Sacré-Cœur du Bois Clary comme une « seconde mai-son », elle ne reste pas repliée sur elle-même, elle reste ouverte et participe activement à beaucoup de manifes-tations paroissiales (cuisine lors des fêtes, entretien et fonctionnement des autres lieux de culte paroissiaux) et a ouvert la porte à l'entrée de la communauté polonaise de Boissy-Sucy dans la chapelle. Elle demeure le « ferment de foi » du quartier et montre par ses actions de tous les jours qu'elle n'a pas d'exclusi-ve.

Synthèse des textes et propos recueillis de Maria et Ma-nuel, Carlos et Gloria, Philomena, Henrique et Maria,

Graciosa, Vicente, Lourdes.

BELVEDERE Décembre 2013 N°27

« Le Royaume de Dieu

consiste en des relations humaines

réussies. » Karl Rahner, théologien allemand (1904-1984)

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BELVEDERE Décembre 2013 N°27

Dossier

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Á l’occasion de la « Journée du refus de la misère » célébrée le 17 octobre, aux salles paroissiales de Boissy-Saint-Léger, vingt-deux personnes ont participé à une rencontre qui s’est déclinée en quatre temps.

- Un accueil ponctué d’un buffet, où boissons et petits gâteaux furent à disposition, ce qui permit la ré-ception conviviale des personnes présentes, au fur et à mesure de leur venue.

- Un stand, dédié à la remise de documentation pré-parée à cet effet, a favorisé les échanges relatifs aux aides possibles pour les personnes en difficultés maté-rielles, soumises à la précarité.

- Un peu plus loin, à l’aide de deux panneaux agré-mentés de deux poèmes en lien avec l’événement, un débat s’engagea autour de la problématique de la mi-sère, de son refus et de la volonté de s’y opposer. Les arguments développés furent notés sur ces deux ta-bleaux au fur et à mesure de leur énonciation.

- Enfin, dans l’autre partie de la salle, aménagée de chaises, d’un vidéo projeteur, de matériel de sonorisa-tion et de musique, un temps de prière musical et convivial permit de partager la Parole autour de passa-ges de la Bible.

Après cette manifesta-tion de ferveur religieu-se et d’échanges fruc-tueux, les participants se séparèrent dans l’at-tente de se retrouver afin de tirer les leçons de cette réunion.

Didier P.

À la croisée des chemins.

Inspiré par les Évangiles, notre Évêque François Frétel-lière nous avait envoyés : « Soyez des Compagnons d’Humanité » dans votre quartier.

Cet envoi a donné la force d’être audacieux, ce qui à permis à certains de réaliser tous les ans une fête de quartier où chacun se retrouve avec des moments de paix partagés. Ce sont des temps précieux où l’expres-sion de la Bonne Nouvelle peut se vivre et se pronon-cer.

À la lumière de l’Évangile du « Bon Samari-tain » (Mt 25-40) : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus pe-tits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. » Comment ne pas répondre à l’appel des sans-abri ?

Le 17 Octobre, journée du Refus de la misère, un temps de prière a eu lieu le soir, à Boissy. Une liste d’a-dresses utiles a été réalisée pour permettre aux habi-tants en situation difficile de connaître les aides qu’ils peuvent obtenir. Parmi ces bonnes adresses, citons « le 115 du Particulier ». En effet, pendant ce temps de prière, il a été cité la présence d’un SDF tout proche qu’il faudrait bien héberger ! Les recherches de sites d’hébergement ont permis l’hébergement d’un autre SDF au « 115 du Particulier ». C’est une joie profonde qui anime ceux qui parviennent à sortir une personne de la misère et c’est aussi une très grande joie que d’aider ceux qui travaillent dans ces centres d’héberge-ment. Vous imaginez bien que « le 115 du Particulier » a besoin d’aide… Soyez assurés du plaisir que vous au-rez vous aussi à les aider…

Bernard

« Quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus,

il découvre que Celui-ci attendait déjà sa venue

à bras ouverts »

Exhortation apostolique du pape François

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BELVEDERE Décembre 2013 N°27 Page 8

Deuil et espérance.

Comme texte d'Évangile, nous avons proposé celui de la mort de Jésus dans St Jean. C'est un récit auquel tout le monde peut adhérer, autant du moins qu'un autre récit antique de Cicéron ou de Tacite. Et j'ai prêché sur le sens de la vie : « Pourquoi vit-on ? Qu'est-ce qui don-ne sens à notre vie ? Qu'est-ce que la mort ? » Une ré-flexion que tout le monde peut partager, en apportant néanmoins in fine la réponse de notre foi : « Et la gran-de force du message chrétien est de nous ouvrir à l'Es-pérance, de nous donner une réponse à nos interroga-tions existentielles. Le chemin de lumière que vous avez dessiné, et qui mène du cercueil à la croix, la croix de douleur, est, pour les chrétiens, un chemin vers la Lu-mière, la lumière de Dieu.» Car nous devons toujours « être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect. » (1 Pierre 3, 16-16) Point d'aspersion d'eau bénite, qui rappelle trop le bap-tême, ni de signe de croix sur le cercueil. Seulement un geste pour toucher le cercueil en se signant soi-même si on est baptisé, signe qui a été immédiatement com-pris des quelques chrétiens qui étaient dans l'assem-blée, et qui l'ont repris. J'étais en aube et étole violette, comme il se doit, signe de mon ministère d’Église, pour accueillir dans l'église du lieu, même ceux qui ne sont pas baptisés, et sans ostentation aucune, qui aurait pu être mal interprétée comme moment de « récupération idéologique », j'ai parlé de l'espérance chrétienne, message qui me sem-ble bien adapté à ce moment-là. Lors de cette célébration, nous, les chrétiens, avons montré notre foi et montré aussi que nous savons aussi accueillir, contrairement à ce qui se passait ne serait-ce

qu'il y a 50 ans, tous ceux qui au mo-ment du deuil veulent, sans doute sans le savoir eux-mêmes, une parole qui leur parle d'espérance. La famille nous a montré ensuite, et à plusieurs reprises, sa grande satisfac-tion d'avoir eu une célébration digne, belle, émouvante, qui faisait « chaud au cœur » dans ce moment de cha-grin. Pour le reste, c'est l'Esprit-Saint qui agit ! Ce n'est pas nous.

Jean-Pierre Baconnet, diacre.

L'église de Santeny était remplie ce lundi-là pour les obsèques d'I...., 44 ans, enseignante bien connue dans le village, laissant un fils de 14 ans. Le maire, le conseil municipal, tous ses collègues enseignants et les nom-breux amis des associations auxquelles elle participait étaient venus lui rendre, comme on dit, un dernier hommage. I.... n'était pas baptisée ; son papa, avec qui j'ai préparé la célébration avec Annick, nous l'a confirmé. Lui-même se disait agnostique, mais sans aucune hostilité envers l’Église. Comment préparer une célébration d'obsèques pour un non-baptisé, avec une assemblée peuplée d'in-croyants, alors que tous les signes du rituel chrétien rappellent le baptême et la foi chrétienne ? Telle était la question à résoudre. Quels textes choisir ? Comment annoncer dans ces conditions la « Bonne Nouvelle » de Jésus-Christ sans heurter ni choquer, telle était l'équa-tion. Pourquoi s'adresse-t-on à l’Église si on n'est pas croyant ? Telle était aussi la question sous-jacente. Depuis l'aube de l'humanité, l'homo sapiens s'est distin-gué de son cousin l'anthropopithèque par sa capacité à réfléchir sur les événements, à s'émouvoir lors de la mort d'un proche, à couvrir sa dépouille de pierres pour abriter son corps des bêtes sauvages, un tas de pierre qui deviendra plus tard un cairn, une stèle, un mausolée, une tombe. L'homme est l'être qui s'interro-ge sur sa propre vie au moment de la mort. Avant d'être un rite chrétien, les obsèques ont un fondement anthropologique que ne prévoit pas, ou si peu, notre société sécularisée. C'est sans doute pour cela que, mê-me dans ces circonstances, on s'adresse à l’Église pour, je dirais, son « savoir-faire ». Pour rejoindre ceux qui ne peuvent man-quer de s'interroger à ce moment-là, nous avons choisi de disposer, depuis le cercueil jusqu'à la croix bien visible, un chemin de lumière. Ce geste parle par lui-même, comme les briquets que les jeu-nes allument spontanément lors d'une veillée, pour être en communion dans la nuit, même si ces briquets ont tendance à être remplacés maintenant par la lu-mière des smartphones. Pas de cierge pascal, mais la croix, la croix des chré-tiens, représentation de la mort de Jésus.

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Le chant est en pleine évolution : qu’il soit liturgique, reli-gieux, sacré, il tient une place importante dans l’institu-tion ecclésiale, faisant jouer à la fois la transversalité pa-roisses- communautés, l’identité générationnelle, l’appar-tenance communautaire. La liturgie est plutôt prévue pour des pratiquants régu-liers, familiers, bref, « pour les initiés ». Elle est une ren-contre avec Dieu qui conduit à la contemplation et à l’ami-tié profonde avec Lui. À travers la liturgie, Dieu désire ma-

nifester la beauté incom-parable de son amour immense et éternel pour nous et nous, en réponse à ce don, nous désirons offrir ce qu’il y a de plus beau dans notre prière à Dieu. Dans ce merveilleux échange, le salut est à portée de main, invitant à

la repentance et à la conversion du cœur. Nouvelle Évangélisation ou Évangélisation Renouvelée ? Les chants traditionnels, où le texte prime sur la musique, peuvent déconcerter les personnes « sur le seuil » alors qu’un genre musical nouveau, Musiques Actuelles Chré-tiennes, joue sur l’émotion et l’ambiance musicale : chants du FRAT, communautés nouvelles (Emmanuel, Verbe de Vie, Renouveau, etc… ; groupes musicaux.) Comment ces chants peuvent-ils aussi remplir une fonc-tion liturgique ? Les chants de ces dernières années s’inscrivent dans une relation duelle (« je » à « tu ») et verticale de l’homme avec « son » Dieu. Or la liturgie est personnelle et com-munautaire, et permet à chacun de se situer vis à vis de Dieu et d’être unis à ses frères. L’auteur-compositeur d’un chant, qui peut être aussi in-terprète, n’est plus un spécialiste ni de l’écriture de texte, ni de l’exégèse biblique ou des Pères de l’Église, ni de l’é-criture musicale (mélodie, prosodie, harmonie, rythme…), recherche une certaine unité dans son œuvre, propose un répertoire consensuel, caractérisé par une neutralité du texte, de la musique. Le respect de l’écriture musicale vient parfois heurter celle de la tradition orale, certains chants connaissant des mo-difications substantielles, qui peuvent les déprécier. Le chant grégorien, sujet tabou car musique préconciliai-re, vit aujourd’hui une renaissance, à constater les nom-breux ateliers grégoriens qu’ils soient cultuels ou cultu-

Chant liturgique et nouvelle évangélisation.

rels. Quelle attention est portée dans le choix des chants d’une célébration, à l’assemblée présente, au lieu, aux moyens ? Lors des liturgies sacramentelles (baptêmes, mariages, or-dinations), mais aussi lors des funérailles : accepte-t-on les demandes parfois décalées des familles, pour faire plaisir ou évangélise-t-on ? Quelle attention est portée dans le choix des chants d’une célébration, à l’assemblée présente, au lieu, aux moyens ? Si les chorales abondent dans les villes et les villages, favo-risant le lien social, la chorale paroissiale est parfois déser-tée au profit de la chorale de « concert », qui propose un programme de musique sacrée… chantée dans l’église pa-roissiale. La paroisse n’est plus ce qu’elle était : la personnalité du prêtre, le style de la liturgie, le répertoire musical devien-nent des éléments déterminants pour choisir son lieu de culte. Et l’on peut se poser la question de savoir si un « communautarisme liturgique » procède de l’avenir de l’É-glise ? Par ailleurs, les chants de la catéchèse aident-ils les enfants à s’inscrire dans la tradition de la musique sacrée ou à les isoler de la communauté paroissiale ? Enfants et adultes sont à accueillir avec bienveillance en les accompagnant dans une relation de confiance. Il est nécessaire de prendre soin de la communauté en la pre-nant là où elle est afin de la faire grandir.

Marie-Noële

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suis engagé (après et avec beaucoup d’autres) auprès des familles qui vivaient dans d’abominables bidonvilles dans la ville universitaire où j’ai fait des études, je me suis engagé dans la coopération au nom de la non-violence, puis dans l’alphabétisation des travailleurs im-migrés, puis auprès de jeunes de banlieues ghéttoïsées, puis comme parent d’élèves, puis auprès des personnes habitant la rue qu’on appelle SDF… Enfin bref… Je ne vais pas détailler plus, tout en disant très sincèrement : rien d’extraordinaire.

La politique.

J’avoue que toutes ces activités, je ne les ai jamais faites au nom d’un idéal politique. Je dois aussi avouer que ce ne fut pas non plus au nom de ma foi, car la plupart d’entre elles ont été réalisées lors de période de ma vie où j’étais athée.

Je suis profondément un humaniste. Pourquoi ? Je ne sais pas, je suis né comme ça. Cet humanisme a trouvé chez moi un immense écho (même sans la foi) dans le message que nous a laissé Jésus dans les Évangiles.

L’Évangile est un texte révolutionnaire, c’est beaucoup plus qu’un programme politique. Ce texte a été mis en pratique par celui qui l’a inspiré et qui a été atrocement tué au nom de ses valeurs. Et, comme je l’ai dit, il a été trop trahi par la religion.

Je ne me suis jamais engagé dans un parti politique, je n’ai jamais été encarté, non pas par choix, plus par man-que de temps. L’engagement politique (tant décrié au-jourd’hui) s’il est basé sur les valeurs que j’essaye de défendre, est à mes yeux un acte citoyen noble et essen-tiel.

Je suis un homme de gauche, voire un peu à gauche de la gauche, sans extrêmes. Mais, comme je l’ai dit plus haut, je suis d’abord un humaniste. J’avoue avoir ren-contré beaucoup d’humanistes à droite, ne serait-ce que dans ma famille, mais, là aussi, pas aux extrêmes.

Pourquoi je suis de gauche, (même si à certain moment je suis déçu) ? Peut-être parce que j’aime l’histoire de la gauche, même si elle n’a pas toujours été glorieuse. J’ai-me les grandes figures de gauche qui, dans tous les pays où elles ont vécu, se sont battues, avec leurs peuples, pour la justice, la liberté, la dignité humaine…

Y a-t-il une relation entre ma foi, mes engagements et mon positionnement politique ? Je pense que oui, mais les uns ne se réduisent pas aux autres.

AL

Témoigner de ma foi en lien avec mes engagements poli-tiques... Comme c’est la première fois que j’écris sur moi, même sous couvert d’anonymat, j’ai beaucoup hésité avant de dire oui. En réalité, écrire ces quelques lignes m’a permis de faire le point sur ce sujet et si cela peut aider d’autres personnes à cheminer dans ce sens, pour-quoi pas ?

Je vais utiliser la méthode qu’on m’apprise à l’école en reprenant l’énoncé mot à mot.

Ma foi.

Ma foi d’aujourd’hui est à l’opposé de celle de mon en-fance transmise par une famille ultra catholique. Entre temps, elle est passée par le doute, puis l’athéisme, puis par l’indifférence… Tout en reconnaissant que c’est la religion, en l’occurrence catholique, qui m’a transmise la foi, je pense sincèrement (et là je généralise) que les reli-gions, dans leur organisation, sont des puissants contre témoignages de la foi. C’est au nom de Dieu qu’on a le plus tué dans l’Histoire, c’est au nom de Dieu que les pi-res atteintes aux droits de l’homme ont été commises, c’est au nom de Dieu que les femmes ont été humiliées, j’arrête…

J’ai souvent l’occasion de dire que je n’ai pas de ligne di-recte avec Dieu. Dieu, on l’a tellement mis à toutes les sauces, que je ne sais pas qui il est vraiment. Par contre j’ai découvert Dieu à travers des hommes. Le premier d’entre eux : Jésus fils de Marie et de Joseph qui a vécu il y a environ 2000 ans. Il m’a dit (il nous a dit) que Dieu était notre Père, c’est un Père qui pardonne. J’avoue que cela me va bien et je ne vais pas chercher plus loin. Pour moi, Il n’est plus le Tout Puissant, il n’est plus Celui qui a tout fait et qui continue à tout faire. C’est parfait.

Oui je crois au Dieu de Jésus, mais aussi à celui de person-nes que j’admire beaucoup. Je crois au Dieu de l’Abbé Pierre, à Celui de Monseigneur Jacques Gaillot, à Celui de Nelson Mandéla (je ne sais pas s’il croit…), je pense que c’est le même Dieu.

Mais j’ai aussi la foi de Jésus quand il dit : « Père pourquoi m’as-tu abandonné ? » Si je fais partie d’une Église, c’est celle du doute, celle du cheminement, sans totale certitu-de.

Mes engagements.

J’arrive à un certain âge. Il est vrai qu’aujourd’hui mes engagements tournent beaucoup autour de mes activités de grand-père. Mais il est non moins vrai que l’addition de mes engagements dans ma vie est assez lourde. Je me

L’Évangile... un texte révolutionnaire.

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cessité ; "on ne comprend absolument rien à la civili-sation moderne si l'on n'admet pas tout d'abord qu'el-le est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure" (Jean-Louis Servan-Schreiber).

L'engagement a valeur d'entrainement par l'apprentis-sage et l'exemplarité. C'est le vœu formulé par la "Commission pour l'éducation du 21ème siècle" prési-dée par Jacques Delors : "apprendre à vivre ensemble, à vivre avec les autres, apprendre à être". Il doit concourir à éclairer l'avenir et permettre une pédago-gie de la prospective. Cet engagement est impératif et sans retour.

Dans le temps présent, il y a nos devoirs. Nous devons les exercer quelles que soient nos attaches et nos rayonnements ; dans l'entreprise, dans l'action publi-que, dans l'associatif, l'accompagnement social, le culturel et le caritatif ; qu’elles sont belles ces petites communautés qui dans les quartiers rayonnent d'amour, d'accueil et d'espoir !

Les tâches sont parfois ingrates mais le service aux autres ne se calcule pas, ne se quantifie pas. Il est l'ad-dition de ces petits riens qui mis bout à bout donnent un sens à l'action... se jugent à la fin et donnent un sens au quotidien.

Enfin, l'engagement est libérateur et touche à l'essen-ce de notre condition humaine comme l'exprime si bien Christine Singer : "permettre à Dieu de travailler en nous est l'essence de l'existence humaine… nous ne sommes jamais les gardiens d'un accompli mais tou-jours les co-créateurs d'un devenir".

Didier Giard

L'Évangile porte les valeurs de générosité, de confiance, de charité, de discernement et d'aide à tous ceux qui en ont besoin. Ce message est universel, c'est la significa-tion du mot catholique. Le christianisme est bien une écoute, il invite à l'engagement tant au sein de l'Église qu'au delà.

L ' e n g a g e m e n t , c'est le service aux autres qui facilite la thérapie sociale et mène à la construction de la fraternité. Ai-der les plus fai-bles et les plus démunis, travail-ler à résoudre ensemble les pro-blèmes, agir entre

le souhaitable et le possible, entrainer les autres dans la confiance, faire œuvre de pédagogie constante et déga-ger de la cohérence sont les éléments moteurs qui contribuent à bâtir le monde en libérant les énergies et les forces créatrices.

La qualité de l'engagement permet de "transformer toute hostilité en tension fraternelle" (Père Gilles Fran-çois).

S'engager, c'est admettre que l'on ne peut être heureux seul car l'humain doit être constamment porté. Nous touchons là à l'essentiel, oui, la fraternité s'apprend.

Tout commence par le don, car "tout ce qui n'est pas donné est perdu " (Père Pierre Ceyrac). En décidant de s'impliquer en donnant, on apprend aussi à aimer ce qui ne nous convient pas chez les autres. C'est un enga-gement de foi car l'équilibre humain ne tient qu'à un fil, tout doit être défendu et jardiné sans relâche avec dis-cernement. Nous sommes dans l'ordre de l'urgente né-

L'inépuisable richesse de l'engagement.

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Évangélisons nos relations

L’Évangile est lumière, l’Évangile est force, L’Évangile est feu, l’Évangile est chemin,

L’Évangile est joie, l’Évangile est vie… Chrétiens, chrétiennes, nous vivons une vie ordinaire, marquée par des relations de toutes sortes. Il suffit d’ouvrir les yeux et le cœur, alors vos semblables viennent à vous avec leurs joies mais aussi et surtout peut-être leurs difficultés et leurs misères. C’est celui qui a perdu son travail et ne sait comment faire face aux besoins des siens, C’est la famille, victime de la tempête et qui voit son abri de fortune s’effondrer sous un arbre déraciné, C’est celui qui ne peut faire confiance à son avocat dans un conflit qui le mine… Ce sont les retrouvailles inespérées après 3 ans de séparation. C'est la personne âgée qui se repose sur le banc de la place pu-blique avant de reprendre son caddie. C’est la future naissance d’un enfant longtemps désiré. C’est le sans abri qui se voit offrir un modeste studio qu’il consi-dère comme un palais. C’est la caissière méprisée par un client qui est soutenue devant sa direction. C'est l'appel aux bonnes volontés d'un club de soutien aux jeu-nes du quartier... Qui restera aveugle, indifférent et muet devant de telles situa-tions ? Oui, parfois on peut être tenté de s’esquiver : les pleurs dérangent, rappellent des situations inextricables dans lesquel-les on refuse de se situer et ceux qui sont heureux n'ont pas besoin de vous ! Nous avons tous le souvenir de nos retours sur nous-mêmes, de nos indifférences et parfois, de la lâcheté qui pèsent lourd en nous. Mais, croyants, nous avons la chance de recevoir lumière, force, feu, chemin, joie, vie… Beaucoup, appuyés sur leur sentiment d’humanité, sont capables de faire un pas vers l’autre et le font généreusement. Il peut nous être donné de faire ce même pas parce que la force qui est en nous ne vient pas de nous. Évangélisons nos relations ? Oui, surtout évangélisons notre

cœur. A nous, religieuses, la prière communautaire est une

chance et une aide. Elle nous permet d'intérioriser toutes ces

rencontres, de les présenter au Seigneur. Ainsi notre cœur se

sent plus fort pour écouter en profondeur, comprendre le frère

qui souffre et s’unir à celui qui est dans la joie. Comme saint

Paul le recommande aux Romains

(12,15) :

« Partagez la joie de ceux qui sont

joyeux et les larmes de ceux qui pleu-

rent. »

Alors, rien de ce qui est humain ne

nous est étranger.

Les sœurs de la Providence

de la Pommeraye,

Notre-Dame-de-la-Plaine

Sauf à regarder sur la boite à lettres où il est écrit : Communauté religieu-se, rien ne différencie ce petit pavil-lon des autres dans ce quartier au 29 rue des Mésanges. Pourtant, il y a là un oratoire avec une petite lampe rouge qui indique une présence parti-culière. Chaque matin, nous offrons au Seigneur les personnes qui habi-tent ce quartier, celles que nous al-lons croiser durant la journée. Le soir, nous lui présentons toutes les personnes rencontrées, leurs difficultés, leur souffrance, leurs espoirs, leur joie. Mais notre présence ne passe pas inaperçue. Quelques petits exemples : le facteur « J’aime venir chez vous, vo-tre sourire me fait du bien » , les éboueurs qui jettent un œil vers le pavillon à la recherche de l’une où de l’autre car ils savent qu’ils auront un bonjour ou un signe de la main. Notre rue a été en travaux de longues semaines et il faisait très froid. Le midi, après leur repas, nous ou-vrions notre porte et offrions aux ouvriers un café bien chaud. Très vite, nous avons compris que cette attitude ne leur était pas habituelle et a entrainé beaucoup de questions sur notre présence là. Il y a aussi la voisine d’en face qui a du mal à monter la côte, alors nous faisons du covoiturage, et cette autre qui nous demande de veiller sur son pavillon en son absence … Dans ce quartier se trouvent aussi les Restos du Cœur. Si je m’y suis engagée une matinée par semaine, c’est bien pour être avec de nombreux autres bénévoles au service du frère dans le besoin. A quelques pas de là, au 62 rue Émile Zola, se trouve le Secours Catholique. Chaque mardi après midi et chaque jeudi, une quinzaine de bénévoles donnent de leur temps, de leur énergie et de leurs compétences pour ac-cueillir tout homme et toute femme qui se présente. C’est entre 35 et 40 personnes qui vont être accueillies, écoutées, aidées chaque mardi. Le jeudi, d’autres vivront un temps de convivialité autour d’un bon repas. « J’avais faim… soif… j’étais nu… étranger ou en prison et vous m’avez donné à manger, vêtu et visité… A chaque fois que vous l’avez fait aux plus petits de mes frères, c’est

à moi que vous l’avez fait » (Mt, 25) Le pape François nous invite à sortir de nos murs, à aller aux périphéries. M’engager dans ces lieux est ma manière d’évangéliser et c’est au nom de la commu-nauté que j’y suis présente. « Tout homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu »

Sœur Annie Leclaire, Sœur de la Présentation de Broons,

Limeil-Brévannes

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Le père Philippe Raimbault a été à la paroisse Sainte-Madeleine

de Limeil-Brévannes pendant 18 ans, prêtre accompagnateur de

l'équipe d’aumônerie de l'hôpital Émile Roux, et de l'équipe des

responsables du mouvement chrétien des retraités. Au moment

où il quittait notre Secteur pour St Mandé, où il réside mainte-

nant tout en gardant des liens avec notre Secteur, un problème

de santé a nécessité une hospitalisation.

- Quel découragement était le vôtre, Père Philippe quand

vous disiez votre souffrance à ceux qui venaient vous voir

lors des premières journées de votre hospitalisation ! Et com-

me l’évocation de certaines humiliations et rebuffades de la

part d’un personnel, qui ne croyait pas au mal que vous endu-

riez, vous était douloureuse ! Et vous avez très vite appris, et

là ce fut un coup de massue sur le crâne, que votre chute

était due à un problème cardiaque et que vous seriez toujours

obligé de suivre un traitement !

- Ma colère était là, prête à exploser… On ne me respectait pas, on ne m’écoutait pas… J’ai même menacé de porter plainte ! En fait, j’étais victime d’un mauvais diagnostic, car on s’est rendu compte plus tard que j’avais non pas une fê-lure, mais une fracture… Et une fracture, ça fait très mal !

- Mais, Père Philippe, lors des deux réunions du Mouvement

chrétien des retraités à Limeil puis à Boissy, après votre sor-

tie de l’hôpital, vous disiez le bonheur que vous avait apporté

ce long séjour en milieu hospitalier ! Que s’est-il donc pas-

sé... et qui a tout changé ?

- Il est vrai que très vite, j’avais perdu tout espoir de me sor-tir de là !

On parlait d’abord de huit jours d'hospitalisation… puis on me disait que ce serait bien plus long !... Il me fallait bien l’accepter… Alors j’ai commencé à ouvrir les yeux autour de moi et j’ai eu à cœur de bien accueillir à ma table ceux que les autres repoussaient, en particulier un homme défiguré par un cancer de la face… Autour de moi il y avait tant d’au-tres souffrances !

Puis j’ai demandé le sacrement des malades parce que j’a-vais vraiment besoin d’aide ! Cette aide m’est venue plus tard… Elle est venue le 8 septembre, jour de la Visitation !

Rappelez-vous lors de la venue de Marie, Élisabeth sent re-muer l’enfant qu’elle attend et le signe que lui fait cet enfant provoque en elle un acte de Foi. Elle salue en Marie la future mère du Messie qui laisse alors éclater sa joie en louange pour le Seigneur. On était passé d'une visite à une Visitation.

A la lecture de cet Évangile, une question s’imposa alors à mon esprit :

« Et moi, qu’est-ce qui bouge en

moi, dans ma vie ? » Et j’ai commencé à regarder autrement les membres du personnel hospitalier. J’ai vu avec quelle pa-tience infinie et quelle douceur ils accompagnaient avec pré-caution les malades, les conduisant à la salle à manger ou à leur chambre… avant, je ne les voyais pas ! Un jour, le profes-seur que j'allais consulter au sujet de mon scanner me ré-conforta et me conseilla de la kiné… et, en me regardant, il me dit « Lève-toi et marche » ! Un sacré rappel !

J’ai pris conscience que, pas un seul jour de mon séjour, je n’avais manqué de visite… Je n’étais pas abandonné, il y avait tant d’amour, d’amitié autour de moi ! … Le personnel s’en est aperçu et se demandait « Tant de visites… Pourquoi ? »

Au début, les gens venaient me voir, je pensais par pitié, mais non c’était par compassion et par amitié… puis de conversa-tions « entre malade et visiteur », nous sommes passés à de véritables échanges et je refaisais « mon boulot de prê-tre » ! Peu à peu, j’ai compris que ce qui me faisait bouger, faisait aussi bouger le personnel qui venait me parler, me confier ses problèmes et ses préoccupations… et j’ai beaucoup appris de leur vie ! Alors des visites, je suis passé à la Visita-tion, comme Élisabeth ! Je découvrais que je pouvais être heu-reux et, comme Marie, je louais le Seigneur.

Le soir de mon départ, je me demandais bien comment je pou-vais remercier tous ceux qui m'avaient soigné et si bien entou-ré... un infirmier passa me dire bonsoir et je lui dit combien je regrettais de ne pouvoir tous les voir… quand tout le monde fut couché et que le silence se fit... Il y eut un bruit insolite dans le couloir... et les cinq aides-soignants et infirmiers de l'équipe de l'après-midi ont déboulé en riant et chahutant dans ma chambre, portant une gros gant de chirurgien gonflé comme un ballon avec des inscriptions sur chaque doigt : « Vous allez nous manquer », « Ne nous oubliez pas », « Revenez nous voir » !

Quel bonheur tout ce monde dans ma chambre, riant, chahu-tant joyeusement... Alors j'ai pu leur dire ce dont je voulais absolument leur parler, mais hélas, je ne savais pas cœur le texte de l'Évangile de la Visitation... Un infirmier a alors sorti son portable sur lequel il était transcrit... et je pus le leur lire, l'expliquer et leur dire ce que cet Évangile avait été pour moi... jusqu'à en remercier le Seigneur !

Tout cela m'a rendu vraiment heu-reux. J'avais de la joie plein le cœur, car là aussi on était passé d'une simple visite à une Visita-tion !

Père Philippe Raimbault, interviewé par Jacqueline, Pierre et Odile

De visites… en VISITATION !

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Page 14 BELVEDERE Décembre 2013 N°27

Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière ! Là où est la tristesse, que je mette la joie !

Il faut « nous déplacer vers les périphéries de l’existence, nous déplacer d’abord vers nos frères et sœurs les plus éloi-gnés, ceux qui sont oubliés, qui ont le plus besoin de com-préhension, de consolation, d’aide ». (Discours place St Pier-re, 3 avril 2013) Il insiste : le Christ nous demande de « sortir de soi-même, d’une façon de vivre la foi de façon habituelle, de la tenta-tion de s’enfermer dans ses propres schémas qui finissent par fermer l’horizon de l’action créative de Dieu. Dieu est sorti de lui-même pour venir au milieu de nous. Ayons le courage de “sortir ” pour porter cette joie et cette lumière, en tous lieux de notre vie ! » Il exhorte à « à ne pas céder à l’amertume, et au pessimisme auxquels le diable nous pousse chaque jour ». Lorsqu’il évoque le concile Vatican II : « Après cinquante ans, s’est-il demandé, avons-nous fait tout ce que nous a dit l’Es-prit-Saint dans le Concile ?» dans cette « continuité dans la croissance de l’Église qu’a été le Concile »? « Non, nous fê-tons cet anniversaire » en érigeant une sorte de « monu-ment » au Concile, mais nous nous inquiétons surtout « qu’il ne nous dérange pas. Nous ne voulons pas changer. » Et même, « il y a plus : certaines voix veulent revenir en arriè-re. Cela s’appelle “être des nuques raides”, cela s’appelle vouloir “domestiquer l’Esprit-Saint”, cela s’appelle être “des cœurs lents et sans intelligence”. » (17 avril 2013) «Les Églises ne sont pas des bureaux où présenter des docu-ments et de la paperasse quand on demande d’entrer dans la grâce de Dieu.». (Homélie à Ste Marthe, 6 juin 2013). Ou encore le cas d’une fille mère qui va à l’église pour de-mander de baptiser l’enfant et s’entend répondre «par un chrétien ou par une chrétienne» : « Non, tu ne peux pas, tu

n’es pas mariée». «Jésus s’indigne quand il voit cela », a conclu le pape. « Et nous demandons au Seigneur que tous ceux qui s’approchent de l’Église trouvent les portes ouvertes pour rencontrer cet amour de Jésus.» (Homélie à Ste Mar-the, 6 juin 2013)

Le pape a souhaité que les chrétiens «révolutionnaires» pro-pagent l’Évangile par leur «témoignage ». «Aujourd’hui, un chrétien, s’il n’est pas révolutionnaire, n’est pas chrétien !» a-t-il affirmé. «Je ne comprends pas les communautés chrétiennes qui sont fermées», a confié le pape avant de s’exclamer : «Dans l’Évangile, il est beau le passage qui nous raconte que le ber-ger revient, s’aperçoit qu’il lui manque une de ses 99 brebis et part la chercher… » « Frères et sœurs, mais si nous en avons une seule, il nous en manque 99 !» … « Nous devons demander au Seigneur la générosité, le courage et la patien-ce pour sortir et annoncer l’Évangile» … «Il est plus facile de rester à la maison avec notre unique brebis, pour la brosser et la caresser, mais nous les prêtres et tous les chrétiens, le Seigneur veut que nous soyons des pasteurs, pas des bros-seurs de brebis.» «Il y a eu beaucoup de révolutionnaires dans l’histoire, mais aucun n’a eu la force de la révolution apportée par Jésus, une révolution (...) qui change en profondeur le cœur de l’homme», a encore affirmé le pape face à une salle enthou-siaste.

(Aux prêtres de Rome, 17 juin 2013). « Beaucoup d’entre nous, et moi aussi, nous sommes déso-rientés, nous ne sommes plus attentifs au monde dans le-quel nous vivons, nous ne prenons pas soin de ce que Dieu a créé pour tous, et nous ne sommes plus capables, non plus, de prendre soin les uns des autres. (...) Qui est responsable du sang de ces frères et sœurs ? Personne ! Tous, nous ré-pondons : ‘‘Ce n’est pas moi, ce sont les autres. » Mais Dieu demande à chacun d’entre nous : “Où est le sang de ton frère qui crie vers moi ?’’ Aujourd’hui, personne ne se sent responsable. Nous avons perdu le sens de la responsa-bilité fraternelle. Nous sommes tombés dans l’attachement hypocrite du prêtre et du serviteur de l’autel, dont parle Jésus dans la parabole du Bon Samaritain : nous regardons le frère à demi-mort sur le bord de la route. Peut-être pensons-nous “le pauvre !“, et nous continuons notre chemin. Ce n’est pas notre affaire. Et cela nous suffit. La culture du bien-être, qui nous conduit à penser avant tout à nous-mêmes, nous rend insensibles au cri des autres, nous fait vivre dans des bulles de savon, qui sont belles, mais qui ne sont rien, qui sont l’illusion du futile,

Quel beau présent nous est fait par l’Esprit : le pape François continue de vivre avec une simplicité évangélique et met la Parole de Dieu au centre de sa prédication ! Prédication pleine d’espérance dont voici quelques extraits.

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BELVEDERE Décembre 2013 N°27 Page 15

Dossier

Encore quelques paroles du pape François « Le chrétien ne peut pas ne pas être missionnaire et cette exigence ne peut se vivre en profondeur et vérité sans une attitude de disciple »

Cardinal Bergoglio

« Les personnes âgées sont aussi le futur d’un peuple parce qu’elles transmettent la sagesse de la vie. Les personnes âgées ont la sagesse de l’histoire, de la famille »,

« Rappelons-le-nous toujours : c’est seulement quand nous sommes capables de partager que nous nous enri-chissons vraiment ; tout ce qui se partage se multiplie !

La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux, qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! »

« Un chrétien sait affronter les difficultés, les épreuves, même les échecs avec sérénité et espérance dans le Sei-gneur »

Twitt 31/10/2013 « Si les biens matériels et l'argent deviennent le centre de la vie, ils nous happent et nous rendent esclaves. »

Twitt 29/10/2013 « Nous participons trop souvent à la mondialisation de l'indifférence ; cherchons au contraire à vivre une solidarité mondiale. »

Twitt 26/10/2013 « Pour connaître le Seigneur, il est important de le fré-quenter : l'écouter en silence devant le tabernacle, s'ap-procher des sacrements. »

Twitt 21/10/2013 « Suivre Jésus veut dire le mettre à la première place, se dépouiller de beaucoup de choses qui étouffent notre cœur. »

Twitt 19/10/2013

du provisoire qui porte à l’indifférence envers les autres, et conduit ainsi à la mondialisation de l’indifférence. Nous nous sommes habitués à la souffrance de l’autre. Elle ne nous regar-de pas, elle ne nous intéresse pas, ce n’est pas notre affaire ! (...) La mondialisation de l’indifférence nous rend ‘‘innommables’’, responsables sans nom et sans visage. (...) Je voudrais vous demander : qui parmi nous a pleuré pour ces faits, pour la mort de ces frères et sœurs ? Qui a pleuré pour ces personnes qui étaient sur les barques ? Pour les jeunes ma-mans qui portaient leurs enfants ? Pour ces hommes qui dési-raient quelque chose pour faire vivre leurs familles ? Notre société a oublié l’expérience des pleurs, du ‘‘souffrir avec’’ : la mondialisation de l’indifférence ! (...) Durant cette liturgie de pénitence, demandons pardon pour l’indifférence envers tant de frères et sœurs, (...) et pour ceux qui, par leurs décisions au niveau mondial, ont créé des situations qui conduisent à ces drames. » (Extrait de l’homélie du pape François à Lampedusa (Sicile), le lundi 8 juillet 2013.) « Rappelons-le-nous toujours : c’est seulement quand nous sommes capables de partager que nous nous enrichissons vrai-ment ; tout ce qui se partage se multiplie ! « La mesure de la grandeur d’une société est donnée par la façon dont elle traite celui qui est le plus nécessiteux qui n’a rien d’autre que sa pauvreté ! » « Marie est plus importante que les Apôtres (...), que les évê-ques. Une Église sans femmes serait comme un collège aposto-lique sans Marie. » « L’Église est féminine, mère, et la femme, ce n’est pas seulement la maternité, la mère de famille. » « Nous, chrétiens, ne pouvons faire comme Pilate et nous en laver les mains. Nous ne le pouvons. Nous devons participer à la politique car la politique est une des formes les plus hautes de charité chrétienne parce qu’elle cherche le bien commun. Les laïcs chrétiens doivent donc s’engager en politique. Ce n’est pas facile ; la politique est devenue trop sale. Mais je m’interro-ge : pourquoi est-ce devenu sale ? Peut-être parce que les chrétiens ne s’y impliquent pas, dans un esprit évangélique. Travailler pour le bien commun est un devoir chrétien, et bien souvent la manière de travailler à cela se fait par la politi-que. » (Rencontre avec les jeunes des écoles jésuites.)

« Je vois l’Église comme un

hôpital de campagne après la bataille. Ce qui est le plus ur-

gent, c’est de soigner des bles-sures et de réchauffer

le cœur des fidèles. Soigner les blessures…

Il faut commencer par le bas. Les réformes structurelles sont

secondaires. La première réforme doit être

de la manière d’être. Le peuple de Dieu veut des pasteurs,

pas des fonctionnaires. »

En librairie, 195 pages, 15 euros, éd Flammarion

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Pêle-mêle

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Toi qui es le maître qui nous a embauchés

Peux-tu nous dire dans quel champ nous devons travailler

Quelles semences nous devons sélectionner

et quel est le temps des semailles

que nous devons respecter ?

Ne pourrions-nous pas avoir à notre disposition

un kit tout préparé pour notre mission ?

Il nous faut une formation, des mots à trouver,

des tas de textes à étudier…

Il nous faut savoir parler !

« Mes champs sont vastes et variés,

le temps venu, je saurai vous guider.

Il vous suffit de sortir, de marcher

sans vous encombrer

d’aller de l’avant et tout simplement de témoigner !

Les mots simples sont ceux qui ont le plus de portée

Car tout le monde peut les comprendre sans difficulté !

Soyez porteurs d’amour, la Foi ne se démontre pas

Elle se voit comme une lumière ici-bas.

Vous serez mes passeurs de Foi tous terrains,.

Si vous êtes joyeux, c’est que vous êtes sur le bon chemin

Vous apprendrez à entrer

dans les différences de vos frères

et à élargir votre horizon, car vous êtes dépositaires

d’un Amour à transmettre, celui de Dieu incarné

au milieu des hommes qui est venu nous rencontrer !

les semeurs de graines de Foi sont des semeurs de Joie,

reflet du bonheur éternel auquel tout homme est appelé,

plus aucun de vous n’est seul ou abandonné !

Aussi grosse qu’une graine de moutarde,

chaque graine de Foi saura s’enraciner

quel que soit le sol qui la reçoit.

N’avez-vous jamais vu une fleur éclore

dans la fissure d’un rocher

Ou s’épanouir dans la boue ou dans un sombre coin retiré ?

Au travail, les semeurs de grains de moutarde ou de sénevé !

Vous ne pouvez pas savoir si abondante sera la moisson

Ni comment résonneront les appels

que vous lancerez en tout lieu

C’est le secret de la liberté humaine et de l’amour de Dieu

de Dieu qui seul reste le Maître de la Moisson !

Odile

Les semeurs de graines de moutarde…

Notre peur la plus grande n'est pas d’être inca-pable. Notre peur la plus grande est que nous sommes puissants au delà de tout. C'est notre lumière et non notre ombre qui nous effraie le plus. Nous nous disons : "Qui suis-je pour oser être brillant, incroyablement beau, talentueux, extra-ordinaire? Mais en fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être? Vous êtes un enfant de Dieu. Et le fait de vous diminuer ne sert pas le monde. Jouer petit ne rend pas service au monde.

Il n'y a rien de sage à rétrécir pour que les autres ne se sentent pas menacés par notre présence. Nous sommes tous faits pour briller, comme le font les enfants. Nous sommes nés pour manifester la gloire de Dieu qui est en nous. Et cela n'est pas réservé à quelques uns : chacun la porte en soi. Quand nous laissons briller notre lumière, nous donnons inconsciemment à d'autres l'autorisa-tion de faire de même. Quand nous nous libérons de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les au-tres.

Nelson Mandela en 1994

Notre peur la plus profonde