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AMOUROUX - spi-vds.org · moins une ressource fragile aux regards des interventions humaines. La France et plus particulièrement le Bassin de ... soubassement de la croûte terrestre

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Pierre AMOUROUX

• Vice-Président délégué de l’Eau,du Conseil Général 78

• Maire d'Epône• Président de la Commission Eau

du SPI Vallée de Seine

Le Secrétariat Permanent pour la Prévention des PollutionsIndustrielles en Vallée de Seine est un lieu d'échanges, derencontres où chaque partenaire, et institution préoccupéset concernés par les problèmes d'environnement industrielspeuvent librement expliquer et défendre leur point de vue.A la demande de ses partenaires, le SPI a élaboré une bro-chure spécifique qui présente la géologie et l'hydrogéologiede la Vallée de Seine à travers les différentes nappes d'eausouterraine, la qualité de l'eau et son utilisation afin de vousapporter des éléments complémentaires, sérieux et attractifsdans ce domaine.

Bien que le Département des Yvelines recèle d'abondantesnappes souterraines, il a par contre quelques soucis du faitde la pollution générée par les diverses activités humaines,ce qui si nous n'y prenons pas garde rendrait impropre atout usage une partie de ces ressources.

C'est en connaissant nos points faibles que nous pouvonsmieux y remédier, ce document y contribue. Le SPI s'effor-ce de sensibiliser toutes les parties concernées, collectivi-tés, industriels, agriculteurs et l'ensemble des usagers.

Chacun doit prendre conscience de sa responsabilité vis-à-vis des autres. Ainsi, tous les acteurs doivent donc mobili-ser leurs efforts vers la reconquête de la qualité de nosrivières et surtout des nappes d'eau souterraine.

L'enjeu reste essentiel pour l'avenir. «L’eau n’est pas indis-pensable à la vie, elle est la vie» écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Ne résume-t-elle pas à elle seule la situation ?

Laurent DEVER

• Hydrogéologue agréé coordinateurdes départements de Seine-et-Marne,du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seineet des Yvelines

• Professeur et Directeur du laboratoired’hydrologie de Paris XI

• Directeur-adjoint de la missionscientifique, technique et pédago-gique au Ministère de la Rechercheet des Nouvelles Technologies

L’eau douce, ressource primordiale pour la vie, est trèsinégalement répartie à la surface du globe. L’alimentationen eau potable des hommes sur l’ensemble de la planète estdonc certainement un des enjeux environnementauxmajeurs du 21e siècle. Certes, l’eau est une ressource renou-velable, dont le stock est peu ou prou modifié par les insta-bilités climatiques (a contrario des flux), elle n’en reste pasmoins une ressource fragile aux regards des interventionshumaines. La France et plus particulièrement le Bassin deParis, est dans une zone (tempérée) où la pluviométrieapparaît actuellement comme suffisante pour assurer unrenouvellement des stocks même soumis à forte exploita-tion. Le défit à relever pour les Yvelines est de pouvoir assu-rer une alimentation en eau potable dans un ratio quali-té/quantité acceptable. Cette démarche doit s’inscrire dansun contexte de traitement des eaux mais également enamont, de la protection de la ressource. Dans cette optique,la notion de «Parc hydrogéologique», zone d’exploitationen eaux souterraines dans des zones (protégées ?) à faibleimpact anthropique, doit être explorée pour le futur.

Editoriaux

L’hydrogéologieen Vallée de Seine

Secrétariat Permanent pour la Préventiondes Pollutions Industrielles en Vallée de Seine

1. GENÈSE DU BASSIN DE PARIS

La géologie p a g e 4

Le réseau hydrographique p a g e 6

L’exploitation des gisements dans les Yvelines p a g e 7

2. HYDROGÉOLOGIE

La recharge des aquifères p a g e 1 0

Les principaux aquifères p a g e 1 1

• L'aquifère de la Craie• L'aquifère de l'Eocène moyen et inférieur• L'aquifère des Sables de Fontainebleau• L'aquifère des Sables de l’Albien

3. CHIMIE DES EAUX

Le faciès chimique des eaux p a g e 1 6

• Les eaux de la Craie• Les eaux de l'Eocène • Les eaux des Sables de Fontainebleau

Les pollutions anthropiques p a g e 1 7

• Les pollutions diffuses• Les pollutions ponctuelles

LES ACTEURS DE L’EAU

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4

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19L’hy

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ne

Sommaire

L’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

4

1. GENÈSE DU BASSIN DE PARIS

La géologieLe Bassin de Paris s'inscrit au sein d'un grand bassin sédimentaire qui repose sur un socle hercynien, borné par lesArdennes, les Vosges, le Morvan, le seuil du Poitou, le Massif Armoricain et ouvert vers le Nord-Ouest, sur le Bassinde Londres avec lequel il partage pro parte les mêmes types de formations géologiques.

Socle hercynien : soubassement de la croûte terrestre formé il y a plus de 250 millions d’années.

Au Secondaire (il y a plus de 100 millions d'années) :

Le bassin sédimentaire commence à se former. Après le dépôt, durant le Jurassique, de carbonates bien souvent réci-faux et d'une alternance de marnes et de sables au crétacé inférieur (Albien), une mer, chaude (25°C), peu profon-de (0 à 200 mètres) s'installe pendant plus de 30 millions d'années (Crétacé moyen et supérieur). Des tests d'orga-nismes calcaires marins (coccolithes) vont se déposer puis se sédimenter formant ainsi une roche blanche et com-pacte : la Craie sur plus de 600 mètres d'épaisseur.A la fin du Secondaire, la mer se retire et l'Ile-de-France va connaître une période d'émersion et d'érosion(2 à 4 millions d'années), les couches de la craie les plus récentes sont alors érodées.

Test : enveloppe calcaire ou chitineuse (coquille, coque, carapace) qui protège le corps de nombreux inver-tébrés.

Coccolithe : pièce calcaire fabriquée par des algues planctoniques unicellulaires (ornant leur membrane :exosquelette). Les coccolithes des organismes morts tombent au fond des mers et s’accumulent pour consti-tuer des formations géologiques importantes. Les craies sont en majorité formées par les coccolithes.

Au Tertiaire(il y a 65 millions d'années) :

Sous un climat tropical, les dépôts de sédiments se font au rythme des transgressions et régressions marines succes-sives qui affectent la région. Les formations sédimentaires qui en résultent sont soit d'origine marine (calcaire ousable), soit d'origine lagunaire (argile, marne) ou lacustre (marne, calcaire).A la fin du Tertiaire l'émersion est quasi définitive, le bilan sédimentaire s'inverse et l'Ile-de-France rentre dans unephase d'altération et d'érosion.

Transgression : mouvement de la mer qui déborde sur les aires continentales avoisinantes (variation duniveau de la mer).

Régression : retrait de la mer en-deçà de ses limites antérieures, dû soit à une baisse du niveau de la mer,soit à un soulèvement d’une plaque continentale.

Genèse du Bassin de Paris

5

Au Quaternaire (il y a 1,8 millions d'années) :

Deux types de formations continentalesapparaissent :

• les argiles à silex, formations rési-duelles issues de l'altération et de ladécarbonatation de la craie. Ellesconstituent une excellente couverturede protection pour les formationscrayeuses sous-jacentes dont ellessont issues.

• le lœss ou limon des plateaux, d'ori-gine éolienne, composé d'un mélan-ge de calcaire, d'argile et de grains desables, il est d'une épaisseur variantde quelques centimètres à quelquesmètres.

Lors de l'accumulation des différentes sériesgéologiques, la charge lithostatique augmenteet engendre à l'échelle des temps géologiques,un enfoncement du bassin lui donnant in finecette forme de coupelle, où les formations lesplus anciennes affleurent en périphérie et oùles plus récentes (Tertiaire) sont concentrées aucentre du bassin. Le centre du bassin se situe àl'Est de Paris, le socle étant, dans cette région,reconnu à environ 3000 m de profondeur.

La vallée de la Seine, en aval de Paris, recoupe les formations géologiques qui remontent en “pente douce” vers labordure Ouest du bassin. Cette remontée est moins forte sur le flanc Ouest que sur le flanc Est puisque le Bassin deParis est resté longtemps ouvert vers le Bassin de Londres.

Durant toute l'histoire géologique du Bassin de Paris, celui-ci a subi des déformations, conséquences lointaines dela tectonique alpine (Alpes et Pyrénées) à savoir :

• un basculement général du bassin avec la séparation du Bassin de Paris d'avec celui d'Aquitaine au traversdu seuil du Poitou,

• une réactivation des plis hercyniens avec la formation d'anticlinaux et de synclinaux. Dans l'Hurepoix et leMantois, les axes des plis sont schématiquement orientés Est-Sud Est/ Nord-Nord Ouest.

CAEN

LE HAVRE ROUEN

EVREUX

CHARTRES

LE MANS

TOURS

ORLEANS

GIEN

BOURGES

DIEPPE

BEAUVAIS

CREIL

MEAUX

MELUN

PARIS

REIMS

LAON

SENS TROYES

AUXERRE

CHAUMONT

BAR-LE-DUC

VERDUN

LILLE

A B

Formations Tertiaires

Craie

Albien

Jurassique supérieur

Jurassique moyen

Lias

Trias

Socle

Faille de la Seine

Synclinal

Anticlinal

Croûte terrestreSynclinalAnticlinal

Erosion

Formation des synclinaux et anticlinaux

pression

pression

L ’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

6

On reconnaît ainsi dans les Yvelines du Sud vers le Nord :

• le synclinal de la Rémarde, • le synclinal de Chevreuse,• l'anticlinal de Beynes, • le synclinal de Neauphle,• l'anticlinal de la Seine.

A cela s'ajoute l'apparition de réseaux de failles qui affectent l'ensemble du Bassin de Paris. Ces failles engendrentdes zones de moindre cohésion mécanique et donc plus sensibles à l'érosion. Ces réseaux de failles guident parfoisla forme du réseau hydrographique de surface. Dans la vallée de la Seine aval, la "faille de la Seine" à large mou-vement vertical mettant en contact les formations de la Craie avec le Tertiaire est reconnue de Maule à Vernon.

Charge lithostatique : poids exercé par les couches externes de la croûte terrestre sur les couchesinférieures.

Pli hercynien : plissement de la croûte terrestre datant de l’ère primaire (il y a plus de 250 millionsd’années).

Le réseau hydrographique

A la fin du tertiaire les écoulements provenant du Sud (paléo-Loire) traversaient le Bassin de Paris pour se déverserau Nord-Ouest de celui-ci, puis les bassins de la Seine et de la Loire se sont individualisés, la Loire s'orientant pleinOuest et le chevelu hydrographique de la Seine se mettant en place.

Lors du Quaternaire, durant chaque glaciation et, entre autre, lors de la dernière période glaciaire (Würm), le niveaude la mer s'est abaissé de plusieurs dizaines de mètres. En effet, au sein du cycle de l'eau, l'augmentation du stoc-kage d'eau douce dans les grandes calottes glaciaires engendre une baisse du niveau marin. Le niveau de base, exu-toire des écoulements de surface, est alors le plateau continental (on retrouve du reste des traces des paléo-méandresde la Seine au fond de la Manche). Cette baisse du niveau de base a pour effet de déstabiliser le profil d'équilibrede la Seine (qui jusque-là s'écoulait sur les plateaux) et donc d'engendrer un surcreusement des formations géolo-giques. Sur l'ensemble du bassin, la Seine et ses affluents (et plus particulièrement ici la Mauldre et la Vaucouleurs)entaillent l'ensemble des formations tertiaires et ce, jusqu'à la Craie. Cette érosion est, bien entendu, moindre versl'amont.

Tous les cours d'eau font donc, en fonction de l'érosion, apparaître à l'affleurement des formations géologiques deplus en plus profondes (et donc anciennes) depuis l'amont vers l'aval.

Lors de la remontée de la mer après chaque phase de glaciation (fonte des glaces), l'érosion s'estompe et la sédi-mentation l'emporte. Se dépose alors en fond de vallée une succession d'alluvions (anciennes à récentes) formantdes terrasses fluviatiles lors des reprises d'érosion. Au sein de ces dépôts alluvionnaires alternent des niveaux plusou moins tourbeux de graviers, sables et/ou argiles en fonction de la dynamique de transport, la sédimentationdevient de plus en plus fine au fur et à mesure que la vitesse d'écoulement diminue.L'affleurement, par érosion, de formations géologiques perméables et le dépôt alluvionnaire ont largement contri-bué à la répartition et éventuelle exploitation des ressources en eaux souterraines.

Aquifère de la Craie

Craie

Argiles du Sparnacien

Argiles vertes

Formation Eocène Aquifère del'Eocène

La Seine

Alluvionsmodernes

Alluvionsanciennes

Sources

Coupe géologique de la Vallée de la Seine

Sables deFontainebleau

Aquifère des Sablesde Fontainebleau

Genèse du Bassin de Paris

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Exploitation des gisements dans les Yvelines

Exploitation de carrières

1. De calcaire et de craie

Le calcaire a depuis longtemps été exploité pour la construction, ladécoration (Arc de Triomphe, Cathédrale de Chartres, etc.), la consoli-dation des soubassements de chaussées et de voies ferrées. En valléede Seine des Yvelines, la craie est exploitée pour la fabrication deciment (Guerville).

2. De silice

Les formations siliceuses (meulières) ont été utilisées, pendant plu-sieurs siècles, pour la construction d’habitations du fait de leur carac-tère alvéolaire qui lui confère un très grand pouvoir isolant.

3. De gypse

Le gypse est un sel (sulfate de calcium hydraté) qui, chauffé vers 120-160°C, après déshydratation et broyage, donneune poudre blanche : le plâtre.Outre l'emploi du plâtre pour les revêtements, le gypse est également utilisé comme floculant en métallurgie et dansla fabrication de ciments, dans certaines industries (textiles, peintures, bâtons de “craie”) et en agriculture (fertili-sants).Dans les Yvelines, seules les carrières souterraines témoignent d'une exploitation ancienne de gypse (butte del’Hautil).

4. D'argiles

L'argile, mélangée à la craie peut servir à la fabrication des ciments.Dans la partie Est du bassin parisien, les argiles sparnaciennes sont exploitées pour les industries de la céramique etdes réfractaires : briques, tuiles, faïence, porcelaine. Dans les Yvelines, seule l'entreprise Tuiles Lambert auxMureaux exploite encore cette ressource.

5. De sables

Les sables stampiens, très fins et siliceux, sont utilisés essentiellement dans l'industrie du cristal et du verre ainsiqu’en fonderie. Dans les Yvelines, compte tenu de leur qualité, ils sont exploités principalement à Breuil-en-Vexin,Auteuil, Flacourt et Plaisir pour la constitution de remblais.

6. De sables et graviers alluvionnaires

Ces matériaux sont utilisés principalement, en fonction de leur granu-lométrie pour la fabrication de mortiers (sables grossiers) ou de béton(cailloutis et graviers). Les exploitations se font en eau à l'aide de dra-guelines ou hors eau.Dans les Yvelines, la quasi-totalité des ressources est située dans lesterrasses alluviales de la Vallée de la Seine.

Société Ciments Calcia à Guernes

Société Chagnaud à Achères

L ’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

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Couverture constituée de 2 couches géologiques imperméables

Réservoir constitué d'une roche poreuse et perméable

Stockage de gaz souterrain

La géologie d'Ile-de-France joue ici un rôle passif dans l'approvisionnement en ressource énergétique. Il s'agit dustockage, dans des anticlinaux, de gaz naturel en provenance de Norvège, Sibérie, Hollande, Algérie, etc. Le prin-cipe consiste à reconstituer un gisement en injectant le gaz dans des vides interstitiels de la roche par déplacementde l'eau contenue.

Pour cela, il faut comprimer le gaz à une pression 1,2 à 1,4 fois supérieure à la pression hydrostatique. Les carac-téristiques géologiques de la structure doivent être : une “couverture” imperméable (formant le dôme du réservoir)à fermeture (hauteur du dôme) suffisante et un réservoir poreux et perméable. Il existe, dans les Yvelines, deux sitesde stockage de gaz souterrain de méthane à Beynes et à Saint-Illiers exploités par GDF et un stockage de propaneà Gargenville exploité par la société GEOVEXIN.

Genèse du Bassin de Paris

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ERE PERIODE ETAGE

Sous-Etage

FACIES

Bassin de Paris Ouest Bassin de Paris Est

IV 1,8 Ma Lœss - Aluvions fluviatiles Lœss - Aluvions fluviatiles

III

II

PLIOCENE5 Ma

Sables de Lozère Sables de Lozère

MIOCENE23 Ma

AQUITANIEN Calcaire et meulière de Beauce Calcaire et meulière de Beauce

OLIGOCENE33 Ma

EOCENE50 Ma

PALEOCENE65 Ma

CRETACE100 Ma

STAMPIEN

LUDIEN

Stampien Meulières de Montmorency/Calcaire d’EtampesSables et grès de FontainebleauMarnes à huîtres

Sables et grès de Fontainebleau

Sannoisien Calcaire de SannoisCalcaire et meulière de BrieArgile verte de RomainvilleGlaises à Cyrènes

Argile et meulière de Brie

Argile et marnes vertes

Marnes blanches de PantinMarnes bleues d’ArgenteuilGypse et marne intercaléesCalcaire de Champigny

Marnes blanches de PantinMarnes bleues d’ArgenteuilCalcaire de ChampignyMarnes de Pholadomyes

LUTETIENSupérieurMoyenInférieur

Marnes et CaillassesCalcaire à CérithesCalcaire à MilliolesCalcaire grossier

Marnes et Caillasses

Calcaire à MilliolesCalcaire grossier

YPRESIEN

THANETIEN

CuisienSables de CuiseSables de Breuillet

Sables de Cuise

Sparnacien Argile plastique Argile plastique

Sables de Bracheux Sables de Bracheux

DANOMONTIENMarnes de MeudonCalcaire “pisolitique”

Marnes de MeudonCalcaire “pisolitique”

SENONIEN Craie blanche à silex Craie blanche à silex

TURONIEN Craie blanche Craie blanche

BARTONIEN

Marinésien Sables de MonceauCalcaire de Saint-Ouen Calcaire de Saint-Ouen

Auversien Sables de Beauchamp Calcaire lagunaire/Sables

( (

Etapes et faciès géologiques

Les différences de type de formation entre l’Est et l’Ouest marquent bien les variations de faciès qui ont émaillé l’histoire géologique du Bassin de Paris surtout au Bartonien, Ludien et Stamien inférieur.

Les étapes géologiques marquées en bleu révèlent des “ roches réservoirs” potentiellement aquifères.

Les étapes géologiques marquées en rouge représentent des niveaux “ imperméables” qui délimitent les différentsréservoirs.

L ’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

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2. HYDROGÉOLOGIE

La recharge des aquifèresLes nappes d'eaux souterraines constituent des réservoirs tampons dans le cycle de l'eau entre les précipitations etles écoulements dans le réseau hydrographique de surface (une part infime des eaux retournent aux océans via leseaux souterraines).

Les réserves en eau souterraine se reconstituent au travers des pluies de la période hivernale. En zone tempéréeocéanique, la recharge (pluies utiles) s'établit de novembre à mars. Durant cette période, la hauteur de lame d'eauprécipitée est supérieure à la hauteur de lame d'eau renvoyée vers l'atmosphère par l'évapotranspiration qui prendplace dans le premier mètre de sol.

L'excédent de pluie par rapport à l'évapotranspiration participe au ruissellement de surface (en fonction de l'inten-sité des pluies) et à la recharge des aquifères. Les pluies de printemps et d'été, si elles satisfont la plante, ne partici-pent pas à la reconstitution des réserves en eau souterraine (sauf très grosses pluies orageuses).

Dans le Bassin de Paris, sur une pluviométriede l'ordre de 700 mm, seuls 250 à 350 mmrechargent la nappe et ce, en fonction du typed'occupation des sols (et donc de la produc-tion de matière sèche). Il n'est pas pris ici enconsidération les surfaces anthropisées oùl'imperméabilisation réduit la recharge à qua-siment zéro millimètre.

En fonction des périodes de recharge et dedécharge, on enregistre donc une fluctuationannuelle du niveau piézométrique desnappes.

Evapotranspiration : l’évapotranspiration est lacombinaison d'un phénomène purement phy-sique, l'évaporation et d'un phénomène biolo-gique, la transpiration des plantes.

Lame d’eau : volume écoulé, en hauteur d’eausupposée uniformément répartie, sur un bassin-versant.

Niveau piézométrique : niveau auquel peut mon-ter l'eau d'une nappe souterraine dans un tube(piézomètre) enfoncé dans le sol jusqu'à cettenappe. Pour une nappe libre, ce niveau seconfond avec celui de la surface de la nappe.Pour une nappe captive, chapeautée par unecouche imperméable, le niveau piézométriquepeut être plus élevé que la surface de la nappe,du fait de la pression que cette couche exerce surl’eau. On dit alors que la nappe est en charge.

Précipitations

Ruissellement

Evapotranspiration

Le cycle de l'eau

750 mm

200/250 mm50/100 mm

450 mm

126

124

122

120

118

116

Côte NGF en m.

Sept. Nov. Janv. Mars Avril Juillet

Niveau piézométrique de Septembre 1999 à Août 2000

Courbes enveloppes des niveaux mensuels et maximums observés de 1970 à 1999

Variation du niveau piézométrique de la craie

Hydrogéologie

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Les principaux aquifèresDans la vallée de la Seine aval, on recense trois aquifères principaux :

• L'aquifère de la Craie

• L'aquifère de l'Eocène moyen et inférieur(Bartonien/Lutétien/Cuisien)

• L'aquifère des Sables de Fontainebleau

L'aquifère de la Craie

Caractéristiques

C'est l'aquifère le plus important dans le Bassin de Paris qui s'étend sur plus des 2/3 de sa surface. La Craie présen-te une porosité totale de l'ordre de 41-42 % dans la partie supérieure du réservoir.

Cette porosité est double et est constituée par :

• une microporosité matricielle, entre les grains de coccolithes, qui est entièrement interconnectée.Cette porosité de matrice représente l'essentielle de la porosité totale (40 %). Les pores sont trèspetits puisque leur “ rayon équivalent” est de l'ordre de 0,375 µm avec une répartition unimodale,

• une porosité de fissures (1 à 2 %), entre des blocs décimétriques, qui a une ouverture de l'ordredu mm.

D'un point de vue hydrodynamique, la craie présente une particularité, que ce soit en milieu non saturé (i.e. au-des-sus du niveau piézométrique) ou dans la nappe, la microporosité est pleine d'eau. La seule variation entre la zonenon saturée et la nappe réside dans la porosité de fissures qui est soit sèche, soit pleine d'eau. L'eau dans la micro-porosité migre très lentement (de l'ordre d'un demi-mètre par an) et ne peut être mobilisée par les pompages. Seulel'eau contenue dans la porosité de fissure peut être “exploitée” par pompage. Ceci a pour résultante que c'est ladensité du réseau de fissures qui détermine la productivité de l'aquifère.

Zone non saturée

Zone saturée“Aquifère"

Niveau Piézométrique

Fissures

Aquifère de la craie

L ’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

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Sens d'écoulement

L'aquifère de la Craie s'écoule schématiquement vers la Seine qui sert d'exu-toire à la nappe. Les deux affluents au sud de la Seine, la Mauldre et laVaucouleurs, jouent également le même rôle dès que l'érosion a permis l'af-fleurement de la Craie. Les inflexions des courbes piézométriques indiquentclairement que les rivières drainent la nappe.

Exploitabilité

Les caractéristiques physiques de la craie contraignent son exploitabilité àsavoir que :

• seules les quelques dizaines de mètres sous le niveau piézométriquesont productifs, en profondeur les fissures sont fermées (à 600 mètresde profondeur la porosité totale n'est plus que de l'ordre de 5%)

• la Craie est peu productive sous les formations du Tertiaire, la pression lithostatique qu'exercent ces der-nières refermant le réseau de fissures. Il existe cependant quelques exceptions de forages productifs sousles formations du Tertiaire lorsque ceux-ci atteignent une craie fracturée dans des zones de failles majeures(exemple faille de la Seine).

L'aquifère de la Craie est donc exploité lorsque celui-ci est à l'affleurement (ou proche de l'affleurement). Cet affleu-rement de la Craie résulte de l'érosion des formations sus-jacentes par le réseau hydrographique de surface (cf. plushaut). Les zones d'exploitation sont alors essentiellement localisées dans la vallée de la Seine et dans la partie avaldes affluents de rive gauche de la Seine (la Mauldre et la Vaucouleurs). En aval de Poissy, les alluvions de la Seinereposent directement sur la Craie, il existe alors une continuité hydraulique entre l'aquifère de la Craie et celui desalluvions. Les forages, dans la plupart des cas, sollicitent l'ensemble (champ captant de Croissy/Le Pecq, deFlins/Aubergenville et de Rosny). C'est également le cas dans les parties avals des vallées de la Vaucouleurs (champcaptant de la Vaucouleurs) et de la Mauldre (Forages d'Aulnay et de La Falaise). Dans une même zone relativementrestreinte, les productivités des forages peuvent être très différentes (en fonction de la densité du réseau de fissuresdu réservoir).

Porosité matricielle : propriété d’une roche à comporter des pores, c’est-à-dire des vides interstitiels, entreles grains qui la composent, interconnectés ou non.

L'aquifère de l'Eocène moyen et inférieurCaractéristiques

C'est un aquifère qui inclue les forma-tions calcaires du Lutétien, ainsi queles marnes et caillasses et les sables duCuisien. Ces formations affleurent enflanc de vallées et reposent sur la craiepar l'intermédiaire des Argiles duSparnacien qui constituent un niveauimperméable (appelé “mur” de l'aqui-fère). Ces argiles relativement épaissessont présentes sur l'ensemble du bas-sin et isolent bien l'aquifère de la Craiede celui de l'Eocène.

Si la nappe de l'Eocène est librelorsque les formations affleurent, elleest captive sous les plateaux.

Niveau piézométrique

Niveau piézométrique

Nappe des Sables de Fontainebleau

Nappe de l'Eocène

Marnes et ArgilesDrainance

Phénomène de drainance

Sens d’écoulementde l’aquifère de la Craie

Hydrogéologie

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L'aquifère de l'Eocène est alors recouvert par un complexe argilo-marneux (Argiles vertes et Marnes bleues etblanches) sur lequel reposent les Sables de Fontainebleau. Les marnes et argiles sont imperméables et constituent letoit de l'aquifère. Cette série de marnes et d'argiles isole l'aquifère de l'Eocène de celui des Sables de Fontainebleausus-jacent. La recharge de la nappe s'effectue directement par la pluie utile sur les zones d'affleurement, mais éga-lement par drainance depuis l'aquifère des Sables de Fontainebleau au travers des argiles et marnes.

Ce phénomène de drainance “descendante” de la nappe des Sables de Fontainebleau vers l'Eocène n'est possibleque lorsque le niveau piézométrique de la nappe de l'Eocène est en-dessous du niveau piézométrique de la nappedes Sables de Fontainebleau. Pour des raisons topographiques (flanc de vallée, etc.) ou anthropiques (pompage, etc.)la drainance peut-être ascendante lorsque l'altitude relative des niveaux piézométriques s'inverse.Les vitesses de circulation des solutions par drainance au travers des niveaux argileux et marneux restent faibles auregard des vitesses de percolation dans les aquifères. Aussi, d'un pur point de vue hydrodynamique, les argiles etmarnes demeurent considérées comme imperméables. Toutefois, ces phénomènes peuvent avoir une importance surla qualité des eaux (cf. § Chimie des eaux).

Sens d'écoulement

L'aquifère de l'Eocène est drainé par les cours d'eau lorsque ceux-ci ontpermis, par érosion, l'affleurement des horizons géologiques de l'Eocène.L'aquifère est ainsi “morcelé” en plusieurs unités séparées par les rivièresdrainantes. On enregistre, de part et d'autre de ces unités, des sens d'écou-lement vers l'Est ou l'Ouest (champ captant de Cressay), l'ensemble étantdrainé au Nord par la Seine (champ captant d'Achères).

Exploitabilité

L'aquifère de l'Eocène est plus ou moins exploitable suivant que l'on solli-cite sa partie inférieure (les sables) ou sa partie supérieure (les calcaires).Dans les sables, la récurrence ou non de niveaux argileux (qui ne rendentpas cependant l'aquifère multicouche) détermine sa productivité. Dans lescalcaires, c'est la fréquence des passages marneux et la présence ou nonen partie sommitale de marnes et caillasses qui rendent l'aquifère plus ou moins productif.Ici, c'est le faciès géologique du réservoir qui est à l'origine des variations de productivité et non son recouvrementpar les formations oligocènes. A noter que le caractère captif ou libre de l'aquifère influe sur la chimie de ces eaux.

Aquifère de l'Eocène

Marnes et Argiles

A B C B

Niveau piézonétrique de l'aquifèredes sables de Fontainebleau

Drainance ascendante (A) d’origine naturelle Drainance descendante (B) (C) d’origine anthropique

Niveau piézonétrique théoriquede l'aquifère de l'Eocène

Aquifère des Sables de Fontainebleau

Sens d’écoulementde l’aquifère de l’éocène

L ’ h y d r o g é o l o g i e e n Va l l é e d e S e i n e

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Aquifère libre et captif : un aquifère est dit libre lorsque sa recharge peut s'effectuer par infiltration despluies (i.e;. que la roche réservoir est affleurante) et captif lorsque l'aquifère est surmonté d'un horizonimperméable (cas de l'Eocène sous les plateaux).

Aquifère multicouche : terrain perméable, poreux permettant l’écoulement de plusieurs nappes souter-raines, qui se superposent, et permettent le captage de l’eau.

L'aquifère des Sables de Fontainebleau

CaractéristiquesC'est un aquifère qui couvre une grande partie des Yvelines, surtout au sud de la N12. A proximité de la vallée dela Seine, on ne retrouve plus que quelques buttes témoins sur le sommet des plateaux limités par la Vaucouleurs etla Mauldre. L'aquifère est alors de faible extension. Le réservoir est constitué par les sables de Fontainebleau quipeuvent atteindre 60 m à 70 m d'épaisseur. C'est un sable fin extrêmement bien classé (i.e. sa granulométrie est trèshomogène), quartzeux avec quelques zircons ; ce sable est très peu carbonaté.

L'aquifère repose sur les Marnes et Argiles vertes qui constituent le mur de l'aquifère. Celui-ci est le plus souventconsidéré comme libre bien qu'il soit recouvert de façon discontinue par les Argiles et Meulières de Montmorencyet/ou les limons des plateaux. Ces formations bien que pro parte argileuse ne peuvent être considérées comme réel-lement imperméables. Sous les zones de plateaux, le niveau piézométrique peut se trouver à 10 voire 20 mètres deprofondeur.

Cette zone non saturée confère une relativementbonne protection vis-à-vis des pollutions (diffusesou ponctuelles). A cela s'ajoute qu'une grande par-tie de l'aquifère des Sables de Fontainebleau estlocalisée sous la forêt domaniale de Rambouillet.Ce type d'occupation des sols renforce la protectionde la réserve. L'aquifère devient plus vulnérable surles flancs de vallée où le sable affleure directementet où la zone non saturée est beaucoup moinsépaisse.

L'aquifère se décharge en alimentant le réseauhydrographique de surface au travers de sources(dite de débordement) qui prennent place aucontact des sables avec les argiles vertes sous-jacentes.

Sens d'écoulementL'aquifère des Sables de Fontainebleau s'écoule schématiquement de façonradiale à partir des dômes piézométriques, situés au “milieu” des plateaux,vers les rivières qui ont entaillé ces derniers (ex. Yvette, Rémarde, Mauldre,ru de Gally).

Au sud de Versailles, les Sables de Fontainebleau constituent une entité beau-coup plus homogène qu'au Nord où il ne reste que quelques buttes témoinsrecelant des aquifères de faible extension.

Entre Versailles et Ablis, l'aquifère des Sables de Fontainebleau présente undôme piézométrique schématiquement aligné sur la RN10, avec un écoule-ment vers l'Est jusqu'aux vallées de l'Yvette et de la Rémarde où l'aquifèrealimente les sources et un écoulement vers l'Ouest jusqu'aux vallées de LaVesgre, La Mallorne et La Drouette, affluents de l'Eure.

Source de débordement

Sens d’écoulement de l’aquifèredes Sables de Fontainebleau

Hydrogéologie

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Dans la zone médiane (Rambouillet) le dôme présente un gradient piézométrique extrêmement faible, où il est dif-ficile de cerner les sens d'écoulement qui fluctuent en fonction de la pluviométrie et des zones de recharge maisaussi en fonction des prélèvements par pompage effectués aux alentours.

ExploitabilitéL'aquifère des Sables de Fontainebleau est exploitable sur l'ensemble de ces zones d'affleurement, il ne délivrecependant que très exceptionnellement des débits supérieurs à 100 m3.h-1. L'exploitabilité de l'aquifère dépend enpremier lieu de la fréquence des horizons de sables argileux dans le profil des Sables de Fontainebleau. Un facièsde sables plus noirâtres a été reconnu dans la partie inférieure de la formation (matières organiques non oxydéesdans une zone anaérobie). Ceci n'influe pas directement sur les débits d'exhaure mais engendre des variations dela chimie des eaux.

Dans des forages relativement anciens situés au sud de l'anticlinal de la Rémarde, des erreurs d'interprétation deprofil géologique estiment les sables grossiers reconnus en fond de forage comme étant la base des Sables deFontainebleau, alors qu'il s'agit des sables de Breuillet (Eocène) sur lesquels reposent directement les Sables deFontainebleau. Il en découle une variation du chimisme des eaux exploitées dans ces horizons.On rajoutera à cette liste des réservoirs exploitables dans la Vallée de Seine un aquifère bien particulier, les Sablesde l'Albien.

L'aquifère des Sables de l’Albiens

CaractéristiquesC'est un aquifère très profond. Dans les Yvelines, on reconnaît cette formation à des profondeurs de l'ordre de 300à 400 m. C'est un aquifère captif sous les Marnes de Brienne et sous plusieurs centaines de mètres de craie com-pacte et improductive. Le réservoir est constitué de sables très fins, glauconieux avec des passages argileux. Ces der-niers définissent un aquifère multicouche (Sables verts, Sables de Frécambault, Sables des Drillons) d'environ 80 md'épaisseur totale. L'aquifère, au début du siècle, était très nettement artésien, sa surexploitation progressive aengendré un rabattement du niveau piézométrique théorique de la nappe. Dans la région de la vallée de Seine, cer-tains forages sont encore légèrement artésiens.

Sens d'écoulementLe sens d'écoulement n'a pour l'aquifère des Sables de l’Albiens que très peu d'importance, l'aquifère étant com-plètement “déconnecté” du réseau hydrographique de surface. Notons simplement ici que l'écoulement se faitschématiquement du Sud vers le Nord. L'altitude piézométrique passe de + 80 m NGF dans la région de Rambouilletà + 20 m NGF dans la vallée de la Seine.

ExploitabilitéL'aquifère des Sables de l'Albien est exploitable en tout lieu du bassin. Cependant l'exploitation de cette réserve,considérée comme réserve stratégique, est soumis à autorisation au titre de la Loi sur l’Eau par les services de l’Etat(DRIRE), la densité de forage et les volumes prélevés étant contingentés. De part son caractère captif sous une impor-tante formation imperméable, l'eau délivrée est complètement préservée de toutes pollutions anthropiques. De parsa profondeur et ses conditions anaérobies, l'aquifère délivre une eau qui nécessite parfois des traitements pour seconformer aux normes de qualité pour l'eau potable (décret 2001-1220 du 20 décembre 2001 qui transcrit la direc-tive européenne 98/83/CE du 03 novembre 1998).

Artésianisme : position au-dessus du sol, du niveau piézométrique théorique d'une nappe captive qui permet lejaillissement naturel de l'eau du forage.

Réserve stratégique : l'aquifère de l'Albien est considéré comme réserve stratégique, afin de pouvoir approvi-sionner la population de la région parisienne en eau potable (uniquement pour le volet alimentaire) en cas depollution (radioactive, bactériologique, etc.) des eaux de surface et des eaux souterraines et de faible profondeur.

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3. CHIMIE DES EAUX

Le faciès chimique naturel des eauxLa chimie des eaux souterraines est issue des interactions entre l'eau et la roche durant son transfert dans l'aquifè-re. La chimie des eaux est donc directement liée à la minéralogie du réservoir. Le faciès chimique d'une eau est défi-ni par les concentrations respectives des huit éléments majeurs :

Bicarbonate HCO3- Calcium Ca2+ Sulfate SO4

2- Magnésium Mg2+

Chlorure Cl- Sodium Na+ Nitrate NO3- Potassium K+

Auxquels il convient d'ajouter les quelques éléments traces qui peuvent avoir, de par leur concentration, une cer-taine importance (Fluor, Fer, Phosphate, Baryum, Bore, etc.)

Faciès chimique : ensemble des caractères chimiques typiques d’une espèce minérale (ou d’une eau),qui renseigne sur son origine.

Les eaux de la Craie

Le réservoir étant à 99 % composé de carbonate de calcium (CaCO3) pratiquement pur, le faciès chimique des eauxest bicarbonaté (HCO3

-) - calcique (Ca2+). Les teneurs naturelles en sodium et chlorure sont très faibles et pro-viennent essentiellement des teneurs dans les eaux de pluies, teneurs légèrement enrichies par l'évaporation proparte de l'eau de pluie dans les sols (voir recharge des aquifères). Les teneurs naturelles en sulfate sont très faibleset proviennent de l'oxydation des nodules de sulfure de fer (F2S) disséminés dans la craie sous forme de chalcopy-rite. Les teneurs en potassium sont toujours extrêmement faibles et les teneurs naturelles en nitrate sans apportsanthropiques devraient avoisiner les 5 mg/l. Le faciès chimique naturel des eaux de la craie est extrêmement stabletant dans le temps que dans l'espace.

Les eaux de l'Eocène

Le réservoir étant constitué de calcaires et de sables légèrement carbonatés, le faciès chimique des eaux est égale-ment bicarbonaté calcique mais avec des variations notables liées aux types de réservoirs sollicités.

Les calcaires du Lutétien délivrent une eau franchement bicarbonatée calcique mais avec des teneurs de plus en plusmarquées en sulfate vers le Nord, les passages gypseux (CaSO4) dans les calcaires devenant de plus en plus fré-quents et importants vers le Nord/Nord-Est. A cette augmentation de sulfate est souvent associée une augmentationdu magnésium et baryum (éléments traces dans le gypse). Les calcaires du Lutétien recèlent aussi dans leur matricedu fluor, que l'on retrouve en quantité non négligeable (mais en dessous de la norme de potabilité) dans les eaux etqui détermine la signature chimique typique des eaux du Lutétien.

Les sables du Cuisien donnent une eau également à faciès bicarbonaté calcique mais beaucoup moins marqué.La glauconie qui est associée aux sables dans le réservoir génère des teneurs en fer non négligeable dans les eaux,surtout lorsque l'aquifère est captif et donc sous conditions anaérobie (le fer ferreux Fe2+ étant mobile alors quesous conditions oxydante le fer est sous forme ferrique Fe3+ et précipite sous forme d'hydroxydes).

L'ensemble de ces caractères implique qu'il peut exister une grande variabilité spatiale et temporelle du facièschimique des eaux de l'Eocène.

Glauconie : association de minéraux argileux (smectite/illite) à forte teneur en fer. Elle se présente sousforme de grains verts foncés.

Chimie des eaux

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Les eaux des Sables de Fontainebleau

Les Sables de Fontainebleau quartzeux mais très légèrement carbonatés, délivrent une eau bicarbonatée calciquemais faiblement minéralisée, avec des teneurs en silice significatives. Là encore la pureté du sédiment (tout du moinsdans la partie supérieure de la formation) donne une eau avec des teneurs naturelles en sulfate, magnésium, sodiumet chlorure faibles. Le sable n'étant pas glauconieux et l’aquifère libre étant sous conditions aérobies, le fer se pré-sente en concentrations très faibles voire nulles. Les eaux issues de la partie basale de la formation (où le sable estde couleur noirâtre) peuvent avoir des concentrations en sulfate ou éléments traces plus importantes, surtout lorsqueles Sables de Fontainebleau reposent directement et en continuité hydraulique sur les Sables de Breuillet (Sud de laRémarde), ces derniers contenant plus “d'impuretés”.

Les pollutions anthropiquesEn région fortement anthropisée (urbanisation, industrialisation, mise en culture), le faciès chimique des eaux sou-terraines ne peut se résumer aux seules concentrations naturelles issues des interactions eaux-roches; il faut doncprendre en compte les apports chimiques anthropiques.

On discernera deux types de pollutions anthropiques:• les pollutions diffuses qui intéressent l'ensemble de l'aquifère ;• les pollutions ponctuelles résultant d'un déversement accidentel ou chronique d'un produit polluant.

Les pollutions diffusesLes pollutions diffuses sont essentiellement celles dues aux pratiques culturales. Elles résultent d’épandages de pro-duits minéraux et/ou organiques qui améliorent la croissance de la plante : apports en engrais (NPK : azote, phos-phore, potassium) et en produits phytosanitaires (biocides azotés). C'est bien évidemment l'excès d'azote minérali-sé sous forme de nitrate que l'on rencontre le plus souvent. Mais ces pollutions peuvent aussi, parfois, être liées àl’industrie. Des infiltrations de produits de natures variées se sont, par le passé, déroulées sur plusieurs années (voiredes décennies).

Les nitrates

Les augmentations de teneurs en nitrate s'associent souvent à des augmentations de teneurs en sulfate (le sulfateétant associé à la composition de certains engrais minéraux) et de chlorure provenant de la dissociation de la sylvi-te (KCl). Le chlorure de potassium, étant extrêmement soluble, il se dissocie rapidement dans le sol; le potassiumainsi libéré se fixe sur les fractions argileuses du sol et est disponible pour la croissance de la plante, le chlorure,lui, élément conservatif, migre vers la nappe. Les augmentations des teneurs en sulfate et chlorure restent faibles etengendrent des teneurs bien en-dessous de la norme.

Des augmentations des teneurs en nitrate sont enregistrées depuis les années “ soixante” avec des taux d'augmen-tation variant de 0.1 mg/l/an à 1.5 mg/l/an. Les améliorations des pratiques culturales permettent sur quelques zonesde certains aquifères une stabilisation des teneurs en nitrate. Cependant, le stock d'azote en excès dans les sols esttel que les actions menées actuellement ne porteront leur fruit que dans quelques années.

Les nappes captives sont, bien entendu, mieux protégées des intrants anthropiques et de plus, les conditions anaé-robies qui y règnent, permettent une dénitrification naturelle par réduction des nitrates par les bactéries.

A l’affleurement, les aquifères de la Craie dans la vallée de la Seine et de l'Eocène sont vulnérables. L'aquifère desSables de Fontainebleau l'est également mais le type d'occupation des sols (une grande partie de l'aquifère est loca-lisée sous la forêt domaniale de Rambouillet) permet une relativement bonne protection contre les intrants anthro-piques (hormis dans les zones où la forêt est “mitée” par les zones de culture).

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Les phytosanitaires

De façon concomitante aux augmentations de teneurs en nitrate, on enre-gistre des augmentations des teneurs en atrazine et dans une moindremesure en simazine. Là encore, les stocks dans les sols sont importants etla dégradation relativement lente de l'atrazine en désethylatrazine nefavorise pas une diminution des concentrations. Les aquifères les plus vul-nérables sont également les aquifères libres, le caractère captif d'un aqui-fère le protègeant des percolations directes (les conditions anaérobiquesn’influencent pas les teneurs en phytosanitaires).

Les eaux usées

Les dysfonctionnements éventuels des stations d’épuration et la dégradation de la qualité de leurs rejets n’intéres-sent pas directement la qualité des eaux souterraines, l’impact se focalise alors essentiellement sur les eaux de sur-face. En revanche, les fuites de réseaux d’eaux usées représentent, en certain endroit, une source non négligeablede pollution diffuse. Ceci se traduit par une augmentation dans les eaux souterraines du nombre de germes maiségalement de coliformes et/ou de streptocoques fécaux.

Les pollutions ponctuelles

Les pollutions ponctuelles n'intéressent qu'une zone restreinte d'un aquifère dans un espace temps limité. Si lesaquifères captifs sont extrêmement bien protégés vis-à-vis des pollutions ponctuelles, ce sont les aquifères libres quisont les plus vulnérables. La vulnérabilité des aquifères libres reste une fonction de l'épaisseur de la zone non satu-rée qui surmonte le niveau piézométrique. En effet, dans cette zone où la percolation per descensum est relative-ment lente, les polluants peuvent présenter un affaiblissement du signal soit par rétention de surface aux interfacesavec la roche, soit par biodégradation des produits par les microorganismes.

Les principaux polluants sont :

• les hydrocarbures, liés aux développementsindustriels et à la densité des voies de circula-tion (accidents routiers, dépotages des pro-duits, etc.).

• les solvants (organiques) dérivés des activitésindustrielles, bien souvent reliés à desdéfaillances dans le stockage, le transport oul’utilisation des produits et/ou à des défauts detraitement et de rejets.

La rapidité des diagnostics et des interventions de dépollution sur des événements accidentels de ce type reste undes meilleurs moyens de protection de la ressource en eaux souterraines.

Dénitrification : transformation des nitrates jusqu’au stade de l’azote gazeux (N2) par des bactéries anaé-

robies (en absence d’oxygène).

Les acteurs de l ’eau

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LES ACTEURS DE L’EAU

Agence de l’Eau Seine NormandieUn des principes de gestion de l’eau concerne le découpage de la France selon lesbassins versants des fleuves et des rivières. Une seule agence se voit ainsi confier lagestion de toutes les eaux entre lesquelles peuvent exister des relations.Les agences de l’eau doivent faire face à des activités multiples. Elles assurent la ges-tion du bassin afin d’améliorer la qualité biologique et physico-chimique des eaux souterraines et de surface. Ellesjouent également un rôle de mutuelle entre les usagers afin de lutter contre les pollutions. Pour ce faire, elles per-çoivent des redevances auprès de ceux qui prélèvent, consomment et polluent l’eau et réaffectent les sommes pré-levées dans la réalisation d’ouvrages ou de projets destinés à l’amélioration de la qualité de l’eau.

Conseil RégionalLes principes de l’action régionale sont les suivants : une logique de projets, unelogique de concertation et de partenariat avec des projets communs et des contratsd’objectifs et comme moyens d’actions, principalement la subvention des projets.Ainsi, les Conseils Régionaux peuvent intervenir financièrement pour aider les com-munes et leurs groupements, ce qui leur confére un puissant pouvoir d’initiative ou de mise en cohérence.Les grands objectifs de cette action régionale sont la maîtrise des cycles de pollution et la protection des ressources,la préservation et la mise en valeur des milieux naturels, la valorisation économique et son aspect social. A noterqu’un programme d’études sur la gestion durable de la nappe de l’Albien a été lancé en 1998 sous l’égide desConseils Régionaux d’Ile-de-France et du Centre ainsi que des Agences de l’Eau Seine-Normandie et Loire-Bretagne.

Direction Régionale de l’Environnement (DIREN)Service déconcentré du Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, elleassure la cohérence de la mise en œuvre de la politique de l’eau sous ses aspects régle-mentaires et techniques.

Direction Régionale de l’Industrie, de laRecherche et de l’Environnement (DRIRE)

Elle a en charge la police des eaux thermales ainsi que celle de la nappe de l’Albienet des horizons géologiques plus anciens. Dans le cadre de l’instruction des dossiersd’Installations Classées pour la Protection de l’Environnement, elle contrôle les rejetsindustriels dans l’eau et prend en compte les objectifs de la loi sur l’eau de 1992.

51, rue Salvadore Allende92027 Nanterre cedex✆ 01 41 20 16 00

35, boulevard des Invalides75007 Paris✆ 01 53 85 56 26

18, avenue Carnot94234 Cachan cedex✆ 01 41 24 18 00

10, rue Crillon75194 Paris cedex 04✆ 01 44 59 47 47

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Conseil GénéralDans sa politique de préservation de la ressource, le Conseil Général desYvelines apporte des aides financières aux collectivités et pilote des études etdes actions pour la valorisation des milieux naturels. Il mène également desactions en faveur de la protection des zones de captage d'eau potable ainsi quede contrôle et de soutien technique aux collectivités pour l’exploitation des stations d’épuration des eaux usées.De plus, pour faciliter la programmation des stations d’épuration des petites communes, des contrats départemen-taux sont conclus entre l’Agence de l’Eau et les Conseils Généraux. Ils permettent de financer des opérations d’ad-duction d’eau potable et d’assainissement.

Direction Départementale de l’Agricultureet de la Forêt (DDAF)

Dans les Yvelines, la DDAF pilote la Mission Interservices de l’Eau (MISE) quiconstitue un guichet unique auprès de tous les usagers permettant de mieuxcoordonner les services de l’Etat compétents dans le domaine de l’eau. Elle aen charge la police de l’eau dans la partie Ouest du département où elle régle-mente les prélèvements et les rejets d’eau dans les cours d’eau non domaniaux, les étangs et les rigoles au titre dela loi sur l’eau de 1992.

Direction Départementale des AffairesSanitaires et Sociales (DDASS)

Elle a en charge tous les aspects relatifs à l’eau potable ainsi que ceux relatifs auxnappes peu profondes et superficielles. Le décret du 20 décembre 2001 fixe lafréquence et la nature des analyses du contrôle sanitaire de l’eau prélevée dansle milieu naturel et destinée à la consommation. Ces analyses sont effectuées parla DDASS et les résultats sont envoyés aux collectivités locales pour affichage en mairie.

Direction Départementale de l’Equipement (DDE)Elle a en charge la police de l’eau dans la partie Est du département où elle régle-mente les prélèvements et les rejets d’eau dans les cours d’eau non domaniaux,les étangs et les rigoles au titre de la loi sur l’eau de 1992 et s’occupe du contrô-le des réseaux d’assainissement.

Service de Navigation de la Seine (SNS)Elle a en charge la police de l’eau sur les cours d’eau domaniaux du département(Seine et Oise) où il réglemente les prélèvements et les rejets d’eau.

50, rue de Noailles78011 Versailles cedex✆ 01 30 84 30 00

11, rue des Réservoirs78007 Versailles cedex✆ 01 30 97 73 00

23, Ile de la Loge - BP 5278380 Bougival✆ 01 39 18 23 45

2, place André Mignot78012 Versailles cedex✆ 01 39 07 78 78

3, rue de Fontenay - BP 75478007 Versailles cedex✆ 01 39 25 23 30

Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles en Vallée de Seine5 et 7, rue Pierre Lescot • 78000 Versailles • Tél. 01 39 24 82 52 • Fax 01 30 21 54 71

Site internet : www.spi-vds.org • E-mail : [email protected]

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