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ARCHÉO-NIL 75 n°15 - décembre 2005 Par Yann Tristant, EHESS, Centre d’anthropologie, Toulouse Fig. 1 Fouille du cimetière prédynastique de Kôm el-Khilgan Fig. 3 • Les fouilles du site de Tell el-Samara s’effectuent au pied des maisons d’un village qui s’étend de plus en plus sur la zone archéologique Fig. 2 Couteau en silex au nom du roi Den L. 48 cm et palette décorée découverts dans la nécropole de Minshat Ezzat H. 35 cm Qu’il s’ a gisse d’arch é o l ogie gréco-rom a i n e , ph a ra on i que ou pr é h i s torique, il faut recon n a î tre au delta du Nil un po ten ti el éton n a n t , mais trop lon g temps sous-estimé. Ces vingt dernières années ont marqué une étape importante dans la connaissance de l’archéologie de la région, et plus particulièrement de son passé le plus ancien (fig. 1 et 2). Elles ont aussi mon tré les dangers qui menacent les sites, les vivants rappelant toujours plu s , dans un con tex te d é m ograph i que alarmant, l eur droit à dispo s er de l’espace ( fig. 3 ) . Aujourd ’hui habité par près de 20 mill i ons de pers onnes, avec des densités de pop u l a tion parfois supéri eu res à 1800 habitants au kilom è tre carr é , le delta du Nil est la régi on la plus peuplée d’Egypte . A l’heure où la vi lle dispute to u j o u rs plus de place à la campagne, le patrimoine archéologique du Nord est menacé de dis- paraître. Et parce que les sites les plus anciens sont aussi les plus fugaces, qu’ils ne marquent pas le paysage à la manière des temples et des tombeaux plu s récen t s , les derniers ve s ti ges prédynasti ques sont inexora bl ement reco uverts par le tissu urbain, noyés sous la nappe phréatique (fig. 4) et rongés par les Le delta du Nil avant les pharaons Entre originalités locales et influences étrangères

AN15-2005-Tristant - Le delta du Nil avant les pharaons. Entre originalités locales et influences étrangères

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Le delta du Nil dans la prehistoire

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ARCHÉO-NIL 75●n°15 - décembre 2005

Par Yann Tristant, EHESS, Centre d’anthropologie, Toulouse

Fig. 1 • Fouille du cimetière prédynastique de Kôm el-Khilgan

Fig. 3 • Les fouilles du site de Tell el-Samara s’effectuent aupied des maisons d’un village qui s’étend de plus en plus sur lazone arc h é o l o g i q u e

Fig. 2Couteau en silex au nom du roi Den L. 48 cmet palette décoréed é c o u v e rts dans la nécropole deMinshat EzzatH. 35 cm

Q u’il s’ a gisse d’arch é o l ogie gr é co - rom a i n e , ph a ra on i que ou pr é h i s tori qu e , i lf a ut recon n a î tre au delta du Nil un po ten ti el éton n a n t , mais trop lon g tem p ss o u s - e s ti m é . Ces vingt dern i è res années ont marqué une étape import a n tedans la connaissance de l’archéologie de la région, et plus particulièrement des on passé le plus ancien (f i g . 1 et 2) . E lles ont aussi mon tré les dangers qu im en acent les site s , les vivants ra ppelant to u j o u rs plu s , dans un con tex ted é m ogra ph i que alarm a n t , l eur droit à dispo s er de l’espace (f i g . 3) . Au j o u rd ’hu ih a bité par près de 20 mill i ons de pers on n e s , avec des densités de pop u l a ti onp a rfois su p é ri eu res à 1800 habitants au kilom è tre carr é , le delta du Nil est lar é gi on la plus peuplée d’Egypte . A l’heu re où la vi lle dispute to u j o u rs plus deplace à la campagne, le patrimoine archéologique du Nord est menacé de dis-paraître. Et parce que les sites les plus anciens sont aussi les plus fugaces, qu’ilsne marqu ent pas le pays a ge à la manière des temples et des tom beaux plu sr é cen t s , les dern i ers ve s ti ges pr é dy n a s ti ques sont inexora bl em ent reco uvert spar le ti s su urb a i n , n oyés sous la nappe ph r é a ti que (f i g . 4) et rongés par les

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200576

rem ontées de sel s . Le co ll oque de To u l o u s e , en septem bre 2005, a été l’occ a-s i on pour de nom breux ch erch eu rs de ra ppel er à qu el point les sites du del t as o u f f rent de cet état de fait et néce s s i tent d’importants proj ets de sauvega rde .Le pr é s ent arti cle se propose de faire le bilan des con n a i s s a n ces acquises su rl’archéologie prépharaonique du delta du Nil et des perspectives de recherchesconcernant les hautes époques.

Un intérêt archéologique très récentAux grands monu m ents de Moyenne et de Ha ute - Egypte , qui ont bénéficiédans la va llée du Nil d’un envi ron n em ent très favora ble à leur con s erva ti on ,on oppose trad i ti on n ell em ent les qu el ques ruines qui pars è m ent en core ledelta égypti en , considérée trop souvent comme une régi on dénuée d’intérêta rch é o l ogi qu e , mais qui ra ppell ent su rto ut à qu el point les inon d a ti ons duNil et les sebakhs ont détruit les établ i s s em ents ancien s . Dès les prem i è re srech erches initiées dans le pays , le delta a souffert de cet te mauvaise réput a-ti on . Po u rt a n t , dès 1777, Ch a rl e s - Ni co l a s - Si gi s bert Sonnini de Ma n on co u rt ,n a tu ra l i s te et corre s pondant du Ca bi n et d'histoi re natu rell e , notait l’éton n a n ted i s po s i ti on de la régi on à fo u rnir des ve s ti ges arch é o l ogi qu e s : « l’on peut j u ger de la ri ch e s se de cet te mine d’anti q u i t é s , re couvertes par une cou che peué pa i s se de terre et de déco m b re s , pu i sq u’un homme, en moins d’une dem i - h eu re ,et sans autre instru m ent que ses mains, dont il gratta le sol au hasard , d é couvri tun morceau pr é ci eu x » (Son n i n i , 1 7 9 9 : 3 9 8 ) . Et si les monu m ents pre s ti gi eu xdu Sud ont attiré dès le 19e s i è cle les plus grands noms de l’égypto l ogi e , l e sp i on n i ers de la discipline se sont aussi essayés à l’arch é o l ogie du del t a . C ’ e s tpar exemple le cas de Je a n - Jacques Ri f a u d , qui voulait retro uver l’Egypte« pa rtout où elle a existé et où elle exi s te en co re » et a établi une liste pr é c i eu s e

Fig. 4Les remontées de la nappephréatiqueinondentrégulièrement les tombeauxprotodynastiquesde Minshat Ezzat

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de tous les kôms qu’il a vi s i t é s , m a i n tenant disparus pour la plu p a rt (Yoyo t te ,1958 : 14) ; d’Auguste Mariette, qui entreprit les premières fouilles d’envergu-re à Ta n i s ; ou de W. M . F. Petri e , qui fit à Tell el - Ya h o u d iyeh , Na u c ra tis ou Tellel-Fara'un ses premières armes sur le sol égyptien. Mais déjà Georges Foucards’insurgeait contre la disparition des sites archéologiques, littéralement rongéspar une agriculture en pleine expansion : « le développement subit de la cultureintensive a littéralement effacé du sol, depuis moins de dix ans, nombre de butteset de coms anci ens (…). J’ai donc renoncé à donner une liste de localités, d é so r-mais inu tiles à expl o rer (…). Il n’y a plus qu’à rayer ces noms de la carte , et ilm’a paru utile de le dire ici en passant » (Foucart, 1898 : 162, n.1 et 164).Cet te situ a ti on n’était pas pour déco u ra ger les plus intr é p i des ch erch eu rs , etdans les années 1920, Paul Bovi er- L a p i erre fut le prem i er à do ter la Ba s s e -Egypte d’un passé pr é h i s tori qu e . In l a s s a ble pro s pecteur (f i g . 5) , il mit en évi-den ce une indu s trie paléolithique (f i g . 6) dans la banlieue du Ca i re (Bovi er-L a p i erre , 1 9 2 5 ; 1926a) et déco uvrit le site néolithique d’el - O m a ri (1926b).Hermann Ju n ker con f i rmait au même mom ent la pr é s en ce d’une com mu-

Fig. 5Eléments defaucilles ramasséspar P. Bovier-Lapierre lors deses prospectionsdans le Fayoum

Fig. 6Abbasieh. Coupede la vallée du Nilau niveaud’Abassieh,schémagéologique de lasablière et bifacetriédrique duPaléolithiqueancien d’après P. Bovier-Lapierre(Alimen H.,Préhistoire del’Afrique, 1955 :fig. 30 et 35)

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nauté néolithique à Mérimdé Béni-Salâmé (Junker, 1929), sur les marges occi-dentales du del t a , tandis que les ch erch eu rs de l’In s ti tut all emand rep é rait dum a t é ri el pr é h i s tori que sur la lisière ori en t a l e , dans le Ouadi Toumilat (Sch o t tet al., 1932). Le Père Bovier-Lapierre (1926c) est aussi l’inventeur de la localitépr é dy n a s ti que de Ma ad i , qui bénéficia des campagnes de fo u i lles menées parl ’ u n iversité du Ca i re (f i g . 7) (Men gh i n , 1 9 3 1 - 1 9 3 4 ; Ri z k a n a , Seh eer, 1 9 8 7 -1 9 9 0 ) . Le matéri el mis au jour, par son ori ginalité qui con trastait tell em en tavec le mobi l i er issu des tom bes de l’aire nagad i en n e , dotait la Ba s s e - Egypted’une culture prédynastique propre (fig. 8). Alors que les archéologues anglaisd é ga ge a i ent du sable de Sa q q a ra les tom beaux des prem i ers rois de l’Egypte( Q u i bell , 1 9 1 3 ; 1 9 2 3 ; E m ery, 1938-1958) et bi en que Pierre Mon tet regret t â tque plus d’ef forts ne soi ent déployés dans le delta lui-même pour évi ter qu e« (…) l ’ E gypte pharaonique amputée de la moitié de son terri to i re co m m en ceaux Pyramides » (Montet, 1942 : 7), la première moitié du 20e siècle avait per-mis aux scientifiques de démontrer que le delta du Nil avait été occupé depuisles époques les plus lointaines de la pr é h i s toi re et qu’il po uvait ju s ti f i er à ceti tre d’un intérêt parti c u l i er dans la com pr é h en s i on des époques de form a-tion : « il faut même aller plus loin, et se demander si tout ce que l’on sait de l’his-to i re et de la rel i gion pri m i tive de l’Egypte peut s’ expl i q u er dans l’hypot h è sed’une civilisation qui se serait développée exclusivement en Haute Egypte, un peucomme dans un vase clos. Pour notre part, nous ne le croyons pas. Le Delta a cer-tainement joué un rôle important dans les origines de l’Egypte, et il semble qu’ond o ive admet tre , j u sq u’à preuve du co n tra i re , que certaines te chniques ont pun a î tre dans le No rd antéri eu rem ent aux civi l i s a tions évoluées de Ha u te Egypte »(Vandier, 1952 : 182).Les années d’apr è s - g u erre vi rent dans le delta comme parto ut aill eu rs enEgypte une ef ferve s cen ce ori ginale animer une jeune généra ti on d’égyptologues.Tandis que Labib Ha b achi ex humait les ve s ti ges ph a ra on i ques de Sa ï s ,

Fig. 7Mustafa Amer etOswald Menghindurant la premièrecampagne defouille à Maadi(d’après Rizkana,Seeher, 1989: pl. VII, fig. 1)

Fig. 8Céramiques detradition Basse-

Egypte provenantdu cimetière de

Ouadi Digla, prèsde Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1990 : pl. XXVI)

Le delta du Nil avant les pharaons

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Herm opolis ou Qanti r, Zaki Yo u s s ef Sa ad retro uvait les centaines de sépultu re sde la 1è re et 2e dy n a s ties du cimeti è re d’Hélouan (Sa ad , 1 9 6 9 ) . A la fin de sannées 1960, dans le delta ori en t a l , une roc a m bo l e s que en qu ê te po l i c i è re perm i tde démantel er un trafic d’anti quités pr é dy n a s ti ques reven dues aux mu s é e seu rop é ens et de déco uvrir des sites aussi importants que celui Minshat Abo uOmar (Müll er, 1 9 6 6 ) , fo u i llé en su i te par une équ i pe mu n i ch oise (f i g . 9) sousla directi on de Di etri ch Wi l dung et Ka rla Kroeper (Kroeper, Wi l du n g,1985-2000). L’attention de la communauté scientifique portée à laconstruction du Haut Barrage d’Assouan et aux projets des a uvega rde des monu m ents de Nu bie ne dimi-nu a i ent pas pour autant le dy n a m i s m ea rch é o l ogi que du del t a , avec lesfo u i lles menées par Ma n f red Bi et a kà Tell el - D a b’ a , celles de Mo h a m m edBakr à Bu b a s tis ou de l’équ i pe améri-caine de Men d è s . Les rech erches pr é dy-n a s ti ques con nu rent dans les deux der-n i è res décennies du 20e s i è cle un élanen core inédit. Sous la directi on de Th om a svon der Way puis de Dina Fa l ti n gs (von derWay, 1 9 9 3 ; 1 9 9 7 ; K ö h l er, 1 9 9 8 ) , l ’ é tu de de ss tru ctu res et du matéri el de Tell el - Fa ra’ i n ,l ’ a n c i enne Bo uto, permis de mieux définir lependant septen tri onal de la cultu re de Na gad a ,d ’ a bord nommé « c u l tu re de Ma ad i - Bo uto » enr é f é ren ce aux deux sites éponym e s , qu’ on qualifie aujourd ’ hui plutôt de « c u l tu res de Ba s s e - Egypte » pour mieux marqu er les va ri a bilités locales de cecomplexe culturel. Le delta oriental a été un terrain privilégié pour de grandesc a m p a gnes de pro s pecti on s , p a rmi lesqu elles le programme de l’Am s terd a mUniversity Survey Expedition, dirigé par Edwin van den Brink de 1984 à 1987( van den Bri n k , 1 9 8 6 ; 1 9 8 8 ; 1993) puis celui de l’Italian Arch aeo l ogical Mi s-s i on of the Liga bue Stu dy and Re s e a rch Cen ter of Ven i ce dirigé par R. Fa t tovi chdu rant l’automne 1987 (Ch l od n i cki et al., 1 9 9 2 ) . Près d’une centaine de site sont ainsi été repérés, parmi lesquels une vingtaine de localités prédynastiques.Depuis 1997, l ’ Egypt Ex p l ora ti on Soc i ety a en trepris de recen s er tous les site sa rch é o l ogi ques du delta (Spen cer, S pen cer, 2 0 0 0 ) . Deux grands co ll oqu e si n tern a ti onaux ont fait le point sur la pro to h i s toi re de la régi on (van denBrink éd., 1 9 8 8 ; 1 9 9 2 ) , rel ayés depuis par les ren con tres intern a ti onales deCracovie (Hendrickx et al., 2004) et de Toulouse (Midant-Reynes, Tristant éd.,2 0 0 5 ; à para î tre) con s acrées aux ori gines de l’Egypte . Avec les fo u i ll e s

Fig. 9Tombe 1590 de Minshat AbouOmar, 1ère dynastie(d’après Kroeper in Bard K.A. éd.,Encyclopedia ofthe Archaeology of Ancient Egypt,1999 : 529-531)

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actu elles menées à Bo uto (U. Ha rtu n g ) , Hélouan (C. K ö h l er ) , Kôm el - Kh i l-gan (B. Mi d a n t - Rey n e s ) , Minshat Ezzat et Tell el - Sa m a ra (S. G a br el - Bogh d ad i ) ,Saïs (P. Wi l s on ) , Tell el - Fa rkha (M. Ch l od n i cki et K. Ci a l owi c z ) , Tell el -Ma s h a’la (S. Ra m pers ad) et Tell Ibrahim Aw ad (f i g . 1 0) (W. M . Van Ha a rl em )la recherche prédynastique connaît dans le delta égyptien une vitalité toujoursplus accrue.

La répartition des sites prédynastiques du delta : une image fausséeA l’idée trop répandue que le delta du Nil n’a pas fo u rni une doc u m en t a ti ontrès abon d a n te aux arch é o l og u e s , les déco uvertes réalisées sur le terra i ndu rant les deux dern i è res décennies perm et tent donc aujourd ’ hui der é pon d re qu e , avec plus d’une soixantaines de sites répertoriés pour lesp é ri odes pr é ph a ra on i ques (f i g . 1 1) , on dispose désormais d’un en s em ble dedonnées con s é qu ent et aussi import a n te du point de vue scien ti f i que que lesi n form a ti ons issues de Ha ute Egypte . La carte de réparti ti on des localités estto utefois très marquée par l’histoi re de la rech erch e , avec deux foyers où secon cen trent la majorité des gi s em en t s , l’un dans la régi on mem ph i te , l ’ a utredans le delta ori en t a l . Ce déséqu i l i bre s’ ex p l i que d’abord par l’intérêt port édepuis la naissance de l’égypto l ogie à la zone des gra n des pyra m i de s , d ’ Abo uRawach à Saqqara, où les monuments protodynastiques ont été retrouvés lorsde la fo u i lle des tom beaux ph a ra on i qu e s , et par l’idée que le delta ori en t a lcon s ti tuait par sa po s i ti on une zone d’éch a n ges privi l é giée avec le Leva n t . E nf a i t , la majorité des sites ont été repérés là où on les a ch erch é s . Q u’il s’ a gi s s edes gisements d’el-Omari ou de Maadi, découverts par P. Bovier-Lapierre lorsde ses pro s pecti ons dans les grands ouadis du sud du Ca i re ; M é rimdé Béni-Sa l â m é , repéré dans les années 1920 au co u rs d’une ex p é d i ti on menée su rto ute la bordu re du delta ori en t a l ; ou des sites du Ouadi Toumilat iden ti f i é spar une expédition allemande en 1930 puis par le survey organisé en 1983 parCa rol Redmount (Sch o t t et al. , 1 9 3 0 ; Red m o u n t , 1 9 8 6 ) . Les grands su rveys

Fig. 10Mobilier

céramiqueprovenant

des tombesprotodynastiques

de la zone B à TellIbrahim Awad

(d’après BelovaG.A., Sherkova

T.A., AncientEgyptian Temple

at Tell IbrahimAwad :

Excavations andDiscoveries in

the Nile Delta,2002 : photo 6)

Le delta du Nil avant les pharaons

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des années 1980 ont permis la déco uverte de la plu p a rt des sites con nu sa u j o u rd ’ hui dans le delta ori en t a l , dans les provi n ces de Daqahliy ya et deS h a rq iy ya : Tell el - Ai n , Tell el - Is wi d , Tell Gandiya , Tell Gezira el - Fa ra s , TellG h eri er, Tell Ibrahim Aw ad , Tell Umm el - Za iya t , Kôm Umm el - Si r, Tell Abo uHu s a , Tell Abou Shiei s a n , Tell ed - Di b a , Tell el - Fa rk h a , Tell el - Ma s h a’la et Tellel-Dab’a el-Qanan. Si on enlève du corpus les découvertes faites au hasard desfo u i lles en treprises sur les grands sites ph a ra on i qu e s , Bo uto, Sa ï s , Tell el -Fa ra’ u n , Kôm Abou Bi ll o u , Kôm el - Hisn ou Men d è s , les déco uvertes inop i-nées se rédu i s ent à seu l em ent une douzaine de site s , comme Kafr Ha s s a nD a o u d , el - Am i d , Kôm Milis ou Minshat Ezzat, repérés lors de travaux agri-co l e s . La carte de distri buti on des localités du delta corre s pondant parf a i te-ment à la logique des campagnes de prospections et à l’histoire des recherchesdans la régi on , on peut espérer, si le dével oppem ent urbain et les aménage-m ents agri coles le perm et ten t , que d’autres secteu rs du delta con s ervent en coredes témoins insoupçonnés du passé préhistorique de la région.O utre l’histoi re de la rech erch e , l ’ a utre facteur à pren d re en com pte dans lad i s tri buti on des sites et la po s s i bilité de les retro uver est celui de la géom or-phologie du territoire. Le delta du Nil est un terrain relativement jeune, formédu rant le 6e m i ll é n a i re avant notre ère . C’est en ef fet à partir de cet te époqu eque le système des bra n ches anti ques du fleuve s’est créé et que le limon de sc rues a com m encé à ferti l i s er les terres égypti en n e s . E n tre 20 000 et 8 0 0 0 B P,la plaine alluviale qui occupait l’em p l acem ent du delta actu el , re s s em blait àune steppe sabl euse stéri l e , pon ctuée ici et là d’une végétati on très ra re , d a n sl a qu elle serpen t a i ent les ch enaux du Ni l , à sec une bonne partie de l’année. Ara i s on d’envi ron 9 mm par an, le niveau de la mer a augm enté très ra p i de-ment entre 18 000 et 8 000 BP, entraînant une progression de la bande côtièrede cinquante kilomètres vers l’intérieur des terres. Le climat était plus humidequ’ a u j o u rd ’ hu i , mais le delta restait en core une régi on de steppe sabl eu s e ,d é nu d é e , i n ondée régulièrem ent par des crues catastroph i qu e s . K . But zercon s i d è re to utefois que l’envi ron n em ent n’était pas com p l è tem ent hostile àl ’ occ u p a ti on hu m a i n e , et que des ve s ti ges paléolithiques po u rra i ent très bi en

Fig. 11Carte derépartition dessites pré- etprotodynastiquesdu delta égyptien

Yann Tristant

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y être retro uv é s , mais sous une épaisseur de plus de 10 m d’argile (But zer,2 0 0 2 : 8 5 ) . Vers 6000 BC, le niveau de la mer, s i tué alors à 12 m sous le nive a uactu el , com m ençait à s’ é l ever vers ses limites modernes (f i g . 1 2) . Pour la pre-mière fois le taux d’accumulation des sédiments fluviatiles, dont le dépôt étaitf avorisé par une pen te plus faible des bras du Ni l , dépassa les ef fets de l’éro-sion marine. Au gré des crues annuelles, les limons pouvaient dès lors s’amon-celer et constituer le sol du delta tel que nous le connaissons (fig. 13) (Stanley,Warne, 1993 : 437-438 ; Butzer, 2002 : 85-89). A raison d’un millimètre par anen moyenne, les limons des inondations ont recouvert les sites sous une chapede sédiments que seuls des moyens d’inve s ti ga ti ons perfecti onnés perm et ten td ’ a t tei n d re . C’est ainsi que des son d a ges profonds ont récem m ent révélé de sco u ches néolithiques à Sa ï s , à une profon deur de pre s que 7 m (Wi l s on ,G i l bert , 2 0 0 2 : 1 2 ; Wi l s on , 2 0 0 3 : 571) ou que les niveaux pr é dy n a s ti ques deTell el - Fa ra’ i n / Bo uto ont été fo u i llés à plu s i eu rs mètres sous le niveau du solavec l’aide de pom pes très puissantes pour évac u er les rem ontées d’eau de lanappe phréatique (fig. 14).

Fig. 12Le delta du Nil

durant la périodeprédynastique

(d’après Butzer,2002 : 88,

fig. 4.5)

Fig. 14Installation de

pompes à Tell el-Fara’in/Bouto pourpermettre la fouille

des niveauxprédynastiques

(d’aprèsvon der Way,

1997 : pl. IIIa)

Le delta du Nil avant les pharaons

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Un mode d’occupation privilégié de l’espace : les gezirasAvec une pen te très do u ce vers la Méditerra n é e , le delta du Nil fait partie de ce s« plats pays » où la moi n d re dénivell a ti on modifie les con d i ti ons de l’occ u p a ti onhu m a i n e . Dans un pays tra n s formé en un gi ga n te s que étang au mom ent de lac ru e , les seuls ref u ges of ferts aux habitants du delta étaient de peti tes lev é e ss a bl euses formées par les bras du Ni l . Les auteu rs grecs ont été les prem i ers àrem a rqu er l’étra n geté de ces habi t a ti ons installées sur des levées natu relles et à lesqu a l i f i er d’îles, un sens que la term i n o l ogie ara be « ge z i ra » con s erve en corea u j o u rd ’ hu i . Ces but tes sabl euses sont des form a ti ons géologi ques con s ti tu é e sdu rant le Pléistocène Moyen , en tre 700 000 et 200 000 BP. Lors de la cru e , l’eau duNil déposait sur les ber ges de ses ch enaux le sable de sa ch a r ge de fon d , le limon etl ’ a r gile en su s pen s i on , p lus légers , étant en traînés be a u coup plus loin dans lesplaines d’inon d a ti on (f i g . 1 5 a) . De lon gs bo u rrel ets sabl eux se sont ainsi con s ti-tués le long des bras et des ch enaux niloti qu e s , au bord de larges plaines d’inon d a-ti on . Du rant le Pléistocène Final (200 0 0 0 - 1 0 000 BP), ces sédiments ont su bi lesef fets de l’éro s i on provoquée par un niveau très bas de la mer, qui forçait les ch e-naux à creu s er leur lit. L’ a b a n don de certains d’en tre eux a en traîné une ex ten s i onm a s s ive des plaines, au détri m ent des bo u rrel ets sabl eu x . Lors que la Méditerra n é es’est stabilisée à son niveau pr é s en t , et que le delta actu el s’est formé pendant l ’ Ho l oc è n e , les bras récents du Nil ont progre s s ivem ent reco uvert d’argiles et del i m ons les levées rédu i tes alors à de petits îlots sabl eu x . La sédimen t a ti on a en fo u iles ge z i ras les plus peti tes sous une épaisse co u che d’alluvi ons laissant seules lesp lus gra n des émer ger en core au-de s sus des inon d a ti ons (f i g . 1 5 b ).

Fig. 15Schéma deformation desberges sableusesd’un chenalnilotique dans le delta. a : pendant lacrue, le sable se dépose à proximitéimmédiate, le limon et l’argile plus loindans la plained’inondation. b : au fur et àmesure desinondations, laplaine d’inondations’étend et leslevées sableusessont enfouies sousle limon et l’argile.

Fig. 13Croquismorphologique dudelta du Nil actuel.Seules deuxbranchesnilotiques sontencore actives(d’après SanlavilleP., Le Moyen-Orient arabe. Le milieu etl’homme, 2000 :156, fig. 63)

a b

Yann Tristant

Fig. 16Reconstitution de

la gezira deMinshat Abou

Omar dans sonenvironnementnaturel. Coupe

géologique de labordure de la

gezira (d’aprèsAndres W.,

Wunderlich J. invan den Brink éd,

1992 : 160 et162, fig. 3 et 5)

In s t a llées sur ces ge z i ras (f i g . 1 6) , à l’abri des crues de s tru ctri ce s , les com mu-n a utés pr é dy n a s ti ques bénéficiaient d’une eau en qu a n tité dans les ch en a u xenvi ron n a n t s , ainsi qu’une gra n de diversité d’espèces animales et végétales,dont on retro uve les re s tes lors des fo u i lles arch é o l ogi qu e s . Dans ce milieum a r é c a geu x , elles prof i t a i ent des re s s o u rces natu relles dispon i bles qu’ ell e scom p l é t a i ent avec une produ cti on agri cole sem ble-t-il rédu i te . L’ é l eva ge(f i g . 1 7) occupait une place pr é pon d é ra n te , avec des tro u peaux de porcs etd ’ ovi c a pri d é s , de bovidés dans une moi n d re proporti on , qui dispo s a i ent degra n des zones de pâtu res en péri ode de basses eaux. Mais il n’ en re s te pasm oins que les marais con s ti tu ent des milieux plutôt hostiles à l’hom m e , o ùl’on ne trouve pas toutes les ressources nécessaires. C’est par exemple le cas dus i l ex , de la pierre , des métaux et autres mati è res prem i è res qui provi en n en ti n du bi t a bl em ent de gîtes souvent très éloi gn é s . Les éch a n ges étaient fac i l i t é spar les mu l tiples ra m i f i c a ti ons des bras du Ni l , f acilitant la navi ga ti on et lescon t act s , d ’ a utant que l’inon d a ti on tra n s formait la régi on en un gi ga n te s qu eétang.

Fig. 17Scène pastoraledans le delta duNil. Mosaïqueromaine dePalestrina, musée PrenestinoBarberiniano(d’aprèsVercoutter J., A la recherche del’Egypte oubliée,1986 : 23)

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 85●n°15 - décembre 2005

Des industries résiduelles très anciennes sur les margesH é ri ti er d’une histoi re lon g u e , dans laqu elle le fleuve a joué un rôle tr è si m port a n t , et d’une histoi re plus co u rte , m a rquée pri n c i p a l em ent par l’an-t h rop i s a ti on progre s s ive du milieu , le delta égypti en con s ti tue de par sa natu reun espace mouva n t , prop i ce aux mut a ti ons les plus va ri é e s , et qui of f rea u j o u rd ’ hui une phys i on omie qui n’a pas to u j o u rs été la même. Les tra n s for-m a ti ons qu’il a su bies depuis la pr é h i s toi re ont profon d é m ent modifié sestraits les plus caract é ri s ti qu e s . On com prend mieux dès lors que les seuls ve s-ti ges paléolithiques retro uvés en Ba s s e - Egypte se con cen trent uniqu em en tsur la péri ph é rie du del t a . Si des pop u l a ti ons de ch a s s eu rs cuei ll eu rs ont puf r é qu enté un espace alors ex tr ê m em ent marécageu x , les indices qu’ils on tlaissés sont aujourd ’ hui en fouis à gra n de profon deur sous peut - ê tre plu s i eu rsdizaines de mètres d’alluvi on s . C’est donc sur les marges déserti ques et dansla régi on cairo te qu’il faut rech erch er la plus ancienne pr é s en ce hu m a i n edans le nord de l’Egypte . A 10 m de profon deur dans une carri è re d’Abb a s i eh(f i g . 6) , près du Ca i re , P. Bovi er- L a p i erre mit en évi den ce , en 1925, de sbi f aces massifs de forme tri é d ri qu e , qu’il attri bua à une indu s trie du Pa l é o l i-t h i que ancien (Bovi er- L a p i erre , 1 9 2 5 ) . Il a aussi iden tifié dans les dépôts degravi ers pléistoc è n e s , datés par R. Saïd en tre 120 000 et 90 000 ans ava n tn o tre ère , des pièces arch é o l ogi qu em ent in situ, avec des nu cléus à peti te sf acet tes et en l è vem ents tri a n g u l a i re s , ainsi que des éclats all ongés à plan def ra ppe facet t é , sur lesqu els ont été taillés des gra t toi rs convexes ou con c ave s ,des lames à coches et des per ç oi rs . Sur la péri ph é rie ori en t a l e , les ch erch eu rsde l’In s ti tut all emand ont retro uvé dans les années 1930 qu el ques pièces ens i l ex qu’ils ont attri bué au Pa l é o l i t h i que moyen (Schott et al., 1 9 3 2 ; Va n d i er,1 9 5 2 : 4 2 ) . Une autre stati on fut plus tard repérée en 1940 à Abou So uwei r,près d’Is m a ï l iya , au débo u ché du Ouadi Toumilat (Bovi er- L a p i erre , 1 9 3 9 -1 9 4 0 ) . Son matéri el se ra t t ache au Pa l é o l i t h i que moyen et su p é ri eu r, to utcomme celui du gi s em ent d’Héliopo l i s , pro s pecté en tre 1939 et 1942 (Mon tet -Wh i te , 1 9 5 7 ) . P lus récem m en t , en 1977, c’est sur la bordu re occ i dentale dudelta qu’une équ i pe américaine a repéré deux autres sites du Pa l é o l i t h i qu em oyen (Ha s s a n , 1 9 7 8 : 6 ) .La régi on mem ph i te a quant à elle été le cad re de déco uvertes singulières qu ilaissent encore aujourd’hui en suspens la question des relations entre l’Egypteet le Levant à la vei lle de l’épanouissem ent du Néolithique dans la va llée duNi l . Au sud de la capitale, la peti te bo u r gade d’Hélouan, d é s ormais intégrée àla grande banlieue du Caire, était réputée à la fin du 19e siècle pour l’établisse-ment thermal du Dr W. Reil. Celui-ci identifia dans les environs, entre 1871 et1 8 7 2 , des peti tes poi n tes de flèches à en coches latéra l e s , qui ont ga rdé dep u i sl ’ a ppell a ti on de « poi n tes d’Hélouan » (f i g . 1 8) . Ces pièces font partie auProch e - O ri ent des éléments les plus caract é ri s ti ques du Néolithique pr é c é ra-mique (Pre-Pottery Neolithic ou PPN). Elles ont été ramassées dans le secteurpar les co ll ecti on n eu rs de curiosités au co u rs des vingt dern i è res années du1 9e s i è cl e , p a rmi lesqu els des pr é h i s tori ens de ren om comme G. S chwei n f u rt hou J. de Morgan. Ce n’est qu’en 1918 que P. Bovier-Lapierre (1926b) entrepritla prem i è re pro s pecti on méthod i que de la régi on , su ivi par G. Ca ton - Th om p s on(1922), K.S. Sandford (1934) et F. Debono (1948 ; Debono, Mortensen, 1990).Ce dern i er a sans do ute rec u ei lli les dern i ers témoins de cet te indu s tri e , ava n tqu’une base militaire et l’ex p a n s i on urbaine con d a m n ent définitivem ent l’accès aux sites. Le lithicien allemand K. Schmidt a eu l’opportunité d’étudierles 3000 pièces de la co ll ecti on Debon o, dont la loc a l i s a ti on est aujourd ’ hu i

Fig. 18Exemples de pointes re t rouvées à Hélouan(d’après Schmidt, 1996 : 130, fig. 2)

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i n con nu e , et a fo u rni un bilan com p l et sur le su j et (Sch m i d t , 1 9 9 6 ) . Sel on lu i ,le matériel réunit plusieurs complexes du Paléolithique supérieur ainsi que dum a t é ri el épipaléolithiqu e , dominé par des outils sur lamell e s , des dem i - lu n e s(ou « c roissants de type Hélouan ») et des pièces tri a n g u l a i res à reto u ch eabrupte. Il rattache ce matériel aux industries récentes du PPN dans le Levant,en insistant sur la faible pr é s en ce de poi n tes d’Hélouan dans les assem bl a ge s .Ces dern i è res se ra pproch era i ent des déco uvertes faites sur les sites du Leva n tSu d , à Nahal Lavan 109, Nahal Bo ker, Abu Madi III ou Ujrat el - Meh ed , to u sdatés du PPNB. Pour K. S ch m i d t , le matéri el d’Hélouan est très proche de latrad i ti on PPNB du Si n a ï . Le schéma de diffusion proposé par A . G oph er(1994) con f i rme la po s s i bilité d’une intru s i on PPNB en Egypte aux alen to u rsdu 9e m i ll é n a i re . La déco uverte d’une peti te poi n te de flèche près d’Is m a ï l iya( Al bri gh t , 1947) su gg è re une voie de passage par le del t a , même si le Désertoriental reste aussi un candidat possible.

Les premières communautés agricolesLes atterri s s em ents du Nil ont com p l è tem ent bro u i llé le passé pr é h i s tori qu edu delta, et c’est une fois de plus sur son pourtour qu’il faut chercher les tracesdu prem i er Néolithique égypti en . Ces ve s ti ges provi en n ent d’abord du

Fig. 19Matériel lithique

provenant duFayoum (d’aprèsCaton-ThompsonG., Gardner E.W.,

1934 : pl. 11)

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 87●n°15 - décembre 2005

Fayoum, à 80 km au sud-ouest du Caire. Entre 5400 et 4400 BC, un millénairea près les gro u pes de ch a s s eu rs - c u ei ll eu rs qui fréqu en t a i ent déjà les rives dul ac Qaro u n , les prem i ers agri c u l teu rs du Fayo u m i en ava i ent adopté tous lesc a ract è res du Néolithiqu e : c u l tu re des céréales (blé et or ge ) , é l eva ge des ani-maux (bœuf, porc , ovi c a pri n é s , ch i en) et céra m i qu e . La chasse et la pêch econ s ti tu a i ent en core une part import a n te des re s s o u rces alimen t a i re s . Ce spop u l a ti ons con s erva i ent leu rs produ cti ons dans de va s tes install a ti ons degren i ers , où les arch é o l ogues bri t a n n i ques ont mis au jour dans les années1920 plu s i eu rs centaines de fo s s e s , des foyers et des récipients de stock a ge( Ca ton - Th om p s on , G a rd n er, 1 9 3 4 ) . Leur outi ll a ge lithique (f i g . 5 et 19) , avecdes éléments de faucill e s , des poi n tes de flèches à base con c ave et des hach e spo l i e s , se distingue rad i c a l em ent des indu s tries épipaléolithiques à lamell e s .La po terie regro u pe des formes ouverte s , réalisées dans une pâte gro s s i è re ,jamais décorée (f i g . 2 0) . Le Néolithique du Fayoum synthétise des trad i ti on strès différen te s . Les ovi c a prinés app a rti en n ent à un co u rant de néolithisati onvenu du Proch e - O ri ent mais l’indu s trie lithiqu e , avec ses poi n tes de flèch e s ,de petits obj ets réalisés sur des coqu i lles d’œuf d ’ a utru ch e , ra ppelle plutôt leNéolithique du Sahara oriental.E n tre 5000 et 4100 BC, c’est sur la bordu re ouest du delta égypti en , que ses i tue le deuxième foyer néolithique de Ba s s e - Egypte . On retro uve sur la loc a-lité de Merimdé Ben i - Salâmé (Eiw a n ger, 1984-1992) les caract è res d’une éco-n omie de produ cti on to ut aussi abo uti e , les stru ctu res de stock a ge et le maté-ri el su gg é rant une écon omie to u rnée vers l’agri c u l tu re , l ’ é l eva ge et la pêch e .Les poteries étaient peu décorées, le mobilier funéraire très rare (fig. 21). Maislà en core , on re s s ent dans les trad i ti ons locales un ti ra i ll em ent en tre unedo u ble influ en ce . Les espèces ori entales dom e s ti quées (mouton s , ch è vre s ,

Fig. 21Sépulture deMerimdé Beni-Salâmé (d’aprèsEiwanger J.,MDAIK, 35,1979 : 27, fig. 2)

Fig. 20Céramique duFayoum. H. 8 cm ;diam. 16,5 cm.University CollegeLondon, UC 2500

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200588

porc s ; blé et or ge ) , un décor en « a r ê tes de poi s s on s » (f i g . 2 2) sur la céra-m i que ou de peti tes statu et tes modelées dans la terre crue (f i g . 2 3) ra ppell en tle Néolithique du Levant ; mais le matériel lithique et les harpons en os à bar-belu res sont plutôt issus d’un arri è re - fond sahari en (Eiw a n ger, 1 9 8 4 : 5 3 ;1988 : 42-46).Au sud du Caire, la localité d’el-Omari constitue le troisième foyer néolithiquede la péri ph é rie del t a ï que (Debon o, Morten s en , 1 9 9 0 ) . On retro uve ici lesmêmes espèces animales et végétales dom e s ti qu é e s , avec un attach em en tpeut - ê tre plus grand aux re s s o u rces halieuti qu e s . Mais la localité se différen-cie des deux complexes précédents par une évolution locale de ses traditions àp a rtir d’un fond épipaléolithique indigène et une influ en ce exogène moi n sm a rqu é e . Dans la nécropo l e , les défunts étaient inhumés au fond de fo s s e sova l e s , en po s i ti on fœtale sur le côté ga u ch e , dans des nattes ou des peaux a n i m a l e s . Le mobi l i er funéra i re , l ors qu’il ex i s te , se réduit à un petit pot enc é ra m i qu e , qu el ques coqu i ll a ges perc é s , des perles en coqu i lle d’œuf d ’ a utru ch e ,en os ou en ivoi re . Le faible inve s ti s s em ent des com mu n a utés néolithiques deBa s s e - Egypte en mati è re funéra i re marque déjà au 5e m i ll é n a i re la différen ce

Fig. 22Céramique de la

phase la plusancienne

(Urschicht) deMérimdé Beni-

Salâmé (d’aprèsEiwanger J.,MDAIK, 35,

1979 : 33, fig. 3)

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 89●n°15 - décembre 2005

la plus flagra n te avec les pop u l a ti ons du Su d . En Moyen n e - Egypte , la cultu reb ad a ri en n e , prem i er élément du Pr é dy n a s ti qu e , se distingue en ef fet à lamême époque par l’opulence de ses sépultures et des objets qui accompagnentles mort s : po teries ro u ges polies à bord noir aux formes très va ri é e s , mu l ti tu ded ’ obj ets en os et en ivoi re (statu et tes zoom orphes ou anthropom orph e s ,cuillères, peignes, godets, bracelets), palettes en schiste, instruments en cuivre,etc . La qu a n tité et la va riété des of f ra n des faites aux défunts caract é ri s ent unu n ivers sym bo l i que d’une ri chesse inouïe, ref l et de l’émer gen ce d’une élitesociale qui contrôle les productions agricoles.

Les cultures de Basse-EgypteAlors qu’en Haute-Egypte la culture de Nagada se caractérise dans la premièrem oi tié du 4e m i ll é n a i re par un form i d a ble proce s sus d’acc é l é ra ti on soc i a l e ,dont témoignent des sépultures qui reflètent l’émergence d’une élite nouvelle,les cultu res de Ba s s e - Egypte se singulari s en t a co n tra ri o par leur rel a tive uni-form i t é . Ce com p l exe cultu rel corre s pond à l’en s em ble du delta et se retro uveju s qu’à Sed m ent (Petri e , Bru n ton , 1 9 2 4 : 9) et Ha ra geh (Wi ll i a m s , 1 9 8 2 : 2 2 0 ,n . 2 8 ; E n gel b ach , 1 9 2 3 : p l . 3 0 - 3 ) , à 80 km au sud du Ca i re . Les fo u i ll e sm enées ces dern i è res années sur les sites de Bo uto, Tell el - Fa rk h a , Kôm el -Kh i l ga n , Tell el - Is wi d , H é l i opolis et Ma adi ont permis de recon n a î tre de spop u l a ti ons d’agri c u l teu rs et d’éleveu rs faibl em ent hiéra rch i s é e s , peu inve s-ties dans les pra ti ques funéra i re s . Le cimeti è re de Kôm el - Kh i l gan (Mi d a n t -Reynes et al. , 2003) a livré pour cet hori zon cultu rel des sépultu res tr è sm ode s te s , simples fosses creusées dans le sable d’une ge z i ra , dans lesqu ell e sles défunts étaient déposés sur le côté, en position contractée, sans orientationpr é f é ren ti ell e , envel oppés dans une natte ou une envel oppe en cuir, accom p a-

Fig. 23Visage modelé ena rgile provenant de Merimdé Beni-Salâmé. H. 12 cm.Musée Egyptien, Le Caire, JE 97472(d’après Eiwanger,1 9 9 2 : pl. C)

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200590

gnés dans de ra res cas par une céra m i qu e , p a rfois deux (f i g . 2 4) , d ’ u ncoqu i ll a ge niloti que (f i g . 2 5) ou d’une lame en silex . Les mêmes pra ti ques seren con trent dans les nécropoles de Ouadi Di gla (f i g . 2 6) , près de Ma ad i , etd ’ H é l i opolis (f i g . 8 et 27) . Les seules va ri a n tes con cern ent la pr é s en ce dansquelques cas seulement de palettes et de vaisselle en pierre, ainsi que de sépul-tu res de ch è vres (f i g . 2 8) et de ch i ens (Debon o, Morten s en , 1 9 8 8 : 1 0 - 2 2 ;Rizkana, Seeher, 1990 : 97-105).Les sites d’habitat dom i n ent dans un mon de où les nécropoles font figure dep a rent pauvre . Q u’il s’ a gisse de Ma ad i , de Tell el - Fa ra’ i n / Bo uto ou de Tell el -Is wi d , les types d’install a ti on les plus co u rants sont de peti tes stru ctu re sl é g è re s , con s tru i tes avec des parois en matériaux péri s s a bl e s , n a t tes ou trei ll i s

Fig. 24Sépulture S264 de tradition Basse-Egypte àKôm el-Khilgan

Fig. 25Sépulture S277 de tradition Basse-Egypte àKôm el-Khilgan. Le mobilier de latombe se réduit à une valve demoule du Nilplacée derrière la tête du défunt

Fig. 26Extrait du plan

des tombes de tradition

Basse-Egypte du cimetière de

Ouadi Digla,secteur Ouest.

Les défunts ont été inhumés

sans position ou orientationpréférentielle

(d’après Rizkana,Seeher, 1990 :

fig. 11)

2 4 2 5

en boi s , su pportées par des po te a u x . E lles carac-térisent un univers domestique dont l’emprise ausol est plutôt faibl e , avec qu el ques dispo s i ti fs decom bu s ti on et de stock a ge (f i g . 2 9) . Les stru c-tu res sem i - s o uterraines de Ma adi (f i g . 3 0) , c reu-sées dans la roche ju s qu’à 3 m de profon deu r,accessibles par des escaliers, et aménagées pour certaines avec un parement enp i erre sur les paroi s , s’ oppo s ent com p l è tem ent à ce mode d’appropri a ti on del’espace. Ce type d’excavation, unique en son genre sur le sol égyptien, rappel-le plutôt les maisons con tem poraines du Sud Levant (Levy et al., 1 9 9 1 ; Perro t ,1 9 8 4 ) . Le matéri el trahit lui aussi des rel a ti ons avec cet te régi on dans la pr é s en ce de céra m i ques palesti n i ennes (f i g . 3 1) , à la pâte et aux formes bi ens p é c i f i qu e s , d ’ en cen s oi rs , de belles lames régulières en silex mais su rto utd’une très importante quantité de cuivre (Rizkana, Seeher, 1989 : 13-18). Qu’ils’ a gisse de lingots ou de petits obj ets (hach e s , h a m e ç on s , a n n e a u x , etc . ) ,aucun autre site pr é dy n a s ti que n’a révélé une pr é s en ce de métal aussi impor-

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 91●n°15 - décembre 2005

Fig. 28 • Sépulture de chèvre dans le cimetière d’Héliopolis(d’après Debono & Mortensen, 1988 : pl. 12,1)

Fig. 27Céramiques de tradition

Basse-Egypteprovenant

d’Héliopolis, de Ouadi Digla

et de Maadi(d’après Seeher J.,

PraehistirischeZeitschrift, 65,2,

1990 : 136, fig. 5)

Fig. 29Fosses et vases de stockages surle secteur d’habitatde Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1 9 9 0 : pl. XI,2)

Fig. 30Structure

semi-souterrainede Maadi

(d’après Dossiersd’Archéologie,

307, 2005 : 12)

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200592

Fig. 31Formescéramiquespalestiniennesretrouvées àMaadi (d’aprèsSeeher J.,PraehistirischeZeitschrift, 65,2, 1990 : 140, fig. 8)

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 93●n°15 - décembre 2005

Fig. 33Clous en terrecuite provenant de Tell el-Fara’in/Bouto (d’après von der Way,1997 : pl. XX)

Fig. 34Brasserie de Tell el-Farkha(d’après CialowiczK., Dossiersd’Archéologie,307, 2005 : 33)

tante (fig. 32). On ne retrouve pas à Bouto les installations excavées de Maadi,mais des liens avec la Pa l e s tine sont to utefois attestés dans les stra tes les plu sa n c i ennes du site , avec des récipients d’ori gine gh a s s o u l i enne et d’autre sformes étra n g è re s , comme des ja rres à large ouvertu re , des bols et des va s e sdécorés de spirales. Outre le matériel céramique et lithique de facture autoch-tone qu’ on retro uve aussi à Ma ad i , de grands gra t toi rs en silex évoqu ent de sl i ens avec le Proch e - O ri en t , to ut comme les peti tes qu a n tités de cuivre qu ipo u rra i ent provenir du Si n a ï . Des rel a ti ons en core plus lointaines sont atte s-tées par la pr é s en ce d’un éclat d’ob s i d i enne provenant d’An a tolie mais su r-to ut par une série de clous en terre cuite d’ori gine mésopo t a m i enne (f i g . 3 3)(von der Way, 1993 : 34-35 et 67-75 ; Guyot, 2004). A Tell el-Farkha, des cuvesen terre cuite su pportées par des ch en ets se tro uva i ent dans un grand bâti-ment rectangulaire, détruit par une inondation. Il s’agit de la plus ancienne etde l’unique bra s s erie (f i g . 3 4) déco uverte ju s qu’à pr é s ent dans le delta du Ni l(Chlodnicki, Cialowicz, 2003).Q u’il s’ a gisse de l’univers dom e s ti que ou du mon de funéra i re , les cultu res deBa s s e - Egypte pr é s en tent des traits cultu rels très peu con tra s t é s . Si une hiéra r-ch i s a ti on peut éven tu ell em ent se déga ger du statut plus « ri ch e » de cert a i n e ss é p u l tu re s , m i eux po u rvues que les autres en matéri el funéra i re , on n’ a pproch epas ici le do u ble ph é n omène d’acc u mu l a ti on et d’osten t a ti on vi s i ble à lamême époque en Ha ute - Egypte . Il re s s ort su rto ut de l’analyse du mobi l i erf u n éra i re que les produits et les matériaux qui font l’obj et d’éch a n ges en tre les

Fig. 32 • Matériel en cuivre provenant de Maadi (d’après Rizkana, Seeher, 1989 : pl. 3-4)

pop u l a ti ons du delta et le Leva n t , comme le cuivre , le vin ou l’hu i l e , ne se retro u-vent pas dans les tom be s , t é m oi gnant sinon d’une société éga l i t a i re comme onl’a peut - ê tre trop souvent décri te , d’une autre po l i ti que funéra i re , dans laqu ell en’ en trent pas les produits pr é c i eux (Mi d a n t - Rey n e s , 2 0 0 3 : 2 2 4 ) . La qu a n tité et lad iversité du matéri el étra n ger retro uvé sur les localités néolithiques et pr é dy n a s-

ti ques trahit to utefois une intégra ti on très pr é coce du delta égypti en dans unréseau d’éch a n ges à longue distance , vers la Pa l e s tine et la Méditerra n é e , m a i saussi vers la va llée du Nil et les désert s . A la liste des produits importés duLevant dans le delta (céra m i ques à pied , à co l , à anse (f i g . 3 5) , à décor enm a m el on s , lames en silex dites « c a n a n é en n e s » , vases en basalte , obj ets en

c u ivre , etc.) on peut assoc i er celle des produits égypti ens déco uverts dansl’aire proch e - ori entale (arêtes de nageoi res de poi s s on s - ch a t s , p a l et te s , t ê tes de

m a s su e , co uteaux en silex et vases nagad i en s , etc.) qui con f i rme le statut d’inter-m é d i a i res des localités du delta dans les rel a ti ons en tre le mon de nagad i en et leProch e - O ri en t .

Le delta du Nil à l’époque nagadiennePour autant, les liens entre les cultures de Basse-Egypte et la sphère nagadien-ne sont eux aussi anciens et bi en atte s t é s . Si on ne retro uve que très ra rem en tles produ cti ons typ i ques du Nord sur les sites de Ha ute - Egypte , le matéri elméridional est quant à lui importé ou copié sur l’ensemble du delta. C’est parexemple le cas des palettes et des têtes de massue coniques retrouvées à Maadi.La céramique de cette localité est décorée pour quelques spécimens de formesvégétales et, sur un récipient seulement, d’une figure masculine pourvue d’uné tui ph a ll i que (f i g . 3 6) . Ces pei n tu res ra ppell ent les vases décorés du sud del ’ Egypte à la même époque (Ri z k a n a , Seeh er ; 1 9 8 7 : p l . 4 6 , n ° 8 ; p l . I V. 1 ) . Le sMaadiens ont aussi copié la technique du black-topped, sans en maîtriser com-p l è tem ent les su btilités de cuisson , et , dans un cas, un vase ger z é en (Ri z k a n a ,Seeher, 1987 : 27-28). Les vases en pierre, réalisés dans un matériau local, rap-pell ent par leu rs formes les vases barils à anses tu bu l a i res de Ha ute - Egypte(fig. 37). Les imitations marquent aussi le matériel lithique, avec des couteauxsur lames con nus dans la sph è re nagad i enne sous le nom de « co uteau d’Hemamieh ».

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200594

Fig. 35Jarre à ansed’originepalestinienne avecgraffiti découverteà Minshat EzzatH. 13,5 cm

Fig. 36Tesson peintd’inspirationnagadiennedécouvert à Maadi(d’après Rizkana,Seeher, 1987 : pl. 46)

Fig. 37Vases en pierre de

Maadi (d’aprèsRizkana, Seeher,1988 : pl. 104)

On assiste au milieu du 4e m i ll é n a i re à une fusion discrète des trad i ti on sa utoch tones et nagad i ennes sans qu’ on puisse vra i m en t , dans l’état actu el de srech erch e s , percevoir les moti fs et les dy n a m i ques de ces mut a ti on s . A la finde la phase Na gada II, la cultu re nagad i enne s’ é tend progre s s ivem ent à l ’ en s em ble de la va llée du Ni l , vers le nord ju s qu’au del t a , et au-delà de la Pre-m i è re cataracte dans le su d . Les trad i ti ons autoch tones de Ba s s e - Egypte dispa-ra i s s en t , rem p l acées définitivem ent par le matéri el et les pra ti ques cultu relles de sNa gad i ens (f i g . 10 et 38) . On con s t a te ainsi sur les habitats des tra n s form a ti on sdu mode d’occ u p a ti on de l’espace : les bâti m ents en bri ques crues (f i g . 3 9) seg é n é ra l i s ent au détri m ent des install a ti ons légères pr é c é den te s . Ce ph é n om è n eest perceptible dès Nagada IIC-D à Tell el-Farkha ou à Tell el-Fara’in (Bouto).On dispose malheu reu s em ent d’une doc u m en t a ti on insu f f i s a n te con cern a n tles habitats pour ju ger conven a bl em ent du ph é n om è n e . Il est to utefois é vi dent qu’à partir de Na gada III certains sites acc u ei ll ent des bâti m en t si m port a n t s , peut - ê tre même des com p l exes d’en trepôts et de résiden ce s ,fortem ent marqués par les éch a n ges à longue distance . C’est le cas à Bo uto,vers la Mésopotamie et la Palestine, et à Tell el-Farkha, avec le Levant. Mais ce

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 95●n°15 - décembre 2005

Fig. 38S é p u l t u re S188

de traditionnagadienne à Kôm

el-Khilgan. Ledéfunt était inhumé

dans un coff re ent e r re cuite fermépar un couverc l e

Fig. 39Bâtiment nagadienen briques cruessur le KômOccidental de Tellel-Farkha (d’aprèsCialowicz K. inHendrickx et al.éd., Egypt at itsOrigins. Studiesin Memory ofBarbara Adams,2004 : 381, fig. 5)

b a s c u l em ent est plus net tem ent vi s i ble en core dans la place pr é pon d é ra n tequ’ occ u pent alors les cimeti è res dans la doc u m en t a ti on arch é o l ogi qu e . L’ uti-l i s a ti on de la bri que crue pour la con s tru cti on des tom bes (Minshat Abo uO m a r ) , l ’ a u gm en t a ti on de leur taille (f i g . 4 0) et l’acc roi s s em ent du nom bredes of f ra n des (Minshat Ezzat) témoi gn ent du ren forcem ent du poids de sélites. Du point de vue des nécropoles, c’est à partir de Nagada IIIA, mais sur-to ut de Na gada IIIC, que se situ ent les ch a n gem ents les plus import a n t s . Seu lle site de Minshat Abou Omar a livré du matéri el funéra i re Na gada IIC-D. Ma i squand on con s i d è re cet te dern i è re localité sous l’angle des trad i ti ons funé-ra i re s , on rem a rque que la po s i ti on pr é f é ren ti elle de dépôt des cad avres sur lecôté droit, prépondérante pendant les deux premières phases d’activité du site( M AO I et II), corre s pondant aux cultu res de Ba s s e - Egypte et au début del’influence nagadienne selon les archéologues allemands, change avec la phaseM AO III, corre s pondant à Na gada IIIA. C’est le côté ga u che qui est en su i teprivi l é gi é . L’ i n hu m a ti on sys t é m a ti que sur ce côté est un trait nagad i en , qu’ onretro uve sur to utes les nécropoles de cet te trad i ti on (Ki rs ch en bi l der, 2 0 0 5 :2 9 - 3 0 ) . D’ a utre part , le dépôt dans les tom bes MAO I et II de va lves decoqu i ll a ges et de céra m i ques en forme de citrons caract é ri s ent plutôt les c u l tu res de Ba s s e - Egypte . La pr é s en ce de mobi l i er nagad i en dans ces tom be spo u rrait donc plutôt rel ever seu l em ent d’import a ti ons d’obj ets de Ha ute -Egypte que de marqueurs d’un changement culturel plus important, la transi-ti on se situant plutôt vers Na gada IIIA (MAO III). C’est d’aill eu rs à ce

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200596

Fig. 40 • Tombe en briques crues de Minshat Abou Omar (Tombe 2275 d’après Kroeper K. in van den Brink éd, 1992 : 135, fig. 7)

m om ent là que le matéri el autoch tone disparaît com p l è tem ent sur l’habi t a tde Tell el - Fa rk h a . On peut donc se dem a n der si le ph é n omène d’unificati onc u l tu relle de l’Egypte co u ra m m ent situé vers Na gad a IIC n’est pas en fait plu st a rd i f , et ne doit pas plutôt être ra t t aché à la phase Na gada III. C’est en ef fetdu rant cet te péri ode qu’ on assiste à l’écl o s i on de tous les grands cimeti è re sn a gad i ens du delta ori ental et que le com m erce leva n tin prend to ute sonampleur. Quand on considère les nécropoles de Basse-Egypted’un point de vue diach ron i qu e , en écartant Mi n s h a tAbou Omar pour les ra i s ons évoquées pr é c é dem-m en t , c’est d’abord dans la régi on mem ph i te , du ra n tla séqu en ce Na gada IIIA- B, qu’ a pp a ra i s s ent les pre-m i ers cimeti è res de trad i ti on nagad i en n e , avecHélouan et les nécropoles de la rive occ i den t a l e . D a n sle delta du Ni l , s eules les localités de Minshat Abo uO m a r, Kôm el - Kh i l ga n , Beni Am i r, Kafr Hassan Daoudet Tell el - Fa ra’un atte s tent d’une activité à cet te époqu e .Al ors que d’Abousir à Abou Raw ach se con s tru i s ent lesgrands tom beaux mem ph i tes du rant la phase Na gada IIIC,on assiste dans le delta ori ental à un dével oppem ent sans pr é-cédent des sites nagadiens. Avec Minshat Abou Omar, Beni Amir,Kafr Hassan Daoud, Tell el - Fa ra’ u n , Kôm el - Kh i l ga n , Mi n s h a tEzzat, Ezbet et-Tell, Tell Abou Daoud, Tell el-Dab’a el-Qanan, Tell el-Fa rk h a , Tell el - Is wid (Su d ) , Tell el - Ma s h a l ’ a , Tell el - Sa m a ra , Tell Ibra-him Aw ad et Men d è s , ce ne sont pas moins de qu i n ze site s , en ne com p-tant ici que ceux pour lesqu els la doc u m en t a ti on est su f f i s a n te , qu ifon cti on n ent simu l t a n é m en t . L’ ad m i n i s tra ti on et le po uvoir royal (f i g . 4 1)jouent en arrière plan un rôle fondamental dans cette expansion et on ne peutd é t ach er cet te ef ferve s cen ce d’une vo l onté po l i ti que de favori s er le po ten ti ela gri cole de la régi on et de dével opper le com m erce avec le Leva n t . Les établ i s-sements du delta oriental sont peut-être alors liés à la présence de grands per-s on n a ges inve s tis de po uvoi rs ad m i n i s tra ti fs qui s’ i n s t a ll ent dans le delta etcon tri bu ent à rel ayer l’autorité du roi dans la régi on . Dans ce sen s , o utre lesf acteu rs natu rels et l’histoi re de la rech erche arch é o l ogi qu e , la su rrepr é s en t a-ti on des sites dans le delta ori ental peut se com pren d re comme l’une de scon s é qu en ces de l’ex p a n s i on du com p l exe nagad i en et le ren forcem ent del’autorité administrative régionale.Les dével oppem ents récents de la rech erche sur le terrain en ga gent plus qu ejamais à continuer les travaux dans le delta et à multiplier les opérations avantque ne disparaissent inéluctablement les derniers vestiges de l’occupation pré-pharaonique du nord de l’Egypte. La recherche des sites bénéficie aujourd’huide méthodo l ogies nouvelles alliant à la fois une réflex i on arch é o l ogi que etg é ogra ph i qu e . La géo-arch é o l ogi e , ou l’étu de des proce s sus sédimen t a i res qu iont affecté les ve s ti ges arch é o l ogi qu e s , des pays a ges du passé et des proce s su sgéomorphologiques liés, propose l’élaboration de modèles associant l’hommeet son envi ron n em en t , ainsi des qu e s ti ons rel a tives à la natu re , l ’ é vo luti on etles impacts re s pecti fs de l’homme et des ph é n omènes natu rels sur le pays a ge .A la charnière des sciences naturelles et des sciences humaines, cette disciplineutilise les méthodes et les techniques de la géologie appliquées à l’archéologie.Dans le delta du Ni l , ce type de démarche fac i l i te l’analyse des proce s sus àl ’ ori gine des stra t é gies de peu p l em ent et d’occ u p a ti on de l’espace , les réseauxet les territoires, ou encore les structures hiérarchiques qui les sous-tendent.

Le delta du Nil avant les pharaons

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Fig. 41Empreinte desceau en terrecrue découverte à Tell el-Samaramentionnant peut-être le nom du roiHor-Aha. H. 5 cm

Yann Tristant

ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 200598

Fig. 42Prospection géo-électrique à Kôm el-Khilgan

Fig. 43 Carte magnétiquede Tell el-Farkhafigurant les zonesfouillées entre1998 et 2002(d’après Herbich T.in Hendrickx et al.éd., Egypt at itsOrigins. Studiesin Memory ofBarbara Adams,2004 : 390, fig. 1)

Des outils performants de pro s pecti on , tels que les son d a ges géo-électri qu e s(f i g . 4 2) ou géo-magn é ti ques (f i g . 4 3) , f ac i l i tent la loc a l i s a ti on de con tra s te ssédimentaires ou de vestiges archéologiques profondément enfouis. Des cam-pagnes de prospections systématiques dans le delta central et occidental pour-ra i ent seules con f i rm er si la con cen tra ti on de sites dans la régi on est correspond à une réalité ou à une déformation archéologique. L’enfouisse-m ent des gi s em ents à gra n de profon deur dans ces régi on s , du fait d’une sédi-m en t a ti on plus import a n te dans le delta moyen , peut être pallié par la miseen place d’une méthodo l ogie de pro s pecti on com binant à la fois de sm é t h odes trad i ti on n elles de rech erche et des tech n i ques géophys i ques plu sé l a bor é e s . E n f i n , l ’ é l a bora ti on d’un véri t a ble Système d’In form a ti on géogra-ph i que (SIG) doc u m en t a i re regroupant l’en s em ble des données arch é o l o-gi qu e s , g é om orph o l ogi ques et paléo-envi ron n em entales con cernant les site spré- et pro tody n a s ti ques du delta du Ni l , perm et trait de dre s s er une carted é t a i llée de l’arch é o l ogie de la régi on , afin de mieux répon d re aux probl é m a-ti ques de rech erche des différen tes missions intern a ti onales qui co ll a boren tsur le terrain.

Dans des pers pectives plus arch é o l ogi qu e s , le su j et principal des étu de sactu elles con cerne les qu e s ti ons liées à l’acc u l tu ra ti on des trad i ti ons autoch-tones et des rythmes auxqu els cet te fusion de l’univers nagad i en sur l’en s em bl edu delta s’est op é r é e . La doc u m en t a ti on re s te en core silen c i euse à ce propo s ,mais la con f ron t a ti on des données ra s s em blées sur les localités voisines deKôm el - Kh i l gan et de Tell el - Fa rkha perm et tra peut - ê tre bi entôt de mieu xpercevoir les proce s sus d’acc u l tu ra ti on qui ont con duit à la généra l i s a ti on dum odèle nagad i en sur l’en s em ble du terri toi re égypti en (f i g . 4 4) . ■

Le delta du Nil avant les pharaons

ARCHÉO-NIL 99●n°15 - décembre 2005

Fig. 44 A Kôm el-Khilgan,la tombe S128 detraditionnagadienne(Nagada IIIA-B)recoupe la tombeS69 de traditionBasse-Egypte

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ARCHÉO-NIL ● n°15 - décembre 2005102

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Yann Tristant