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AND #4 . Janvier–Février 2015 . Scène nationale – . Scène conventionnée musique et théâtre

AND - Janvier / Février 2015

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Le journal du Tandem Douai-Arras

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1Projet artistique unique

1Site Internet

Plaquette de saison Journal AnD

7Créations

17Coproductions

30Navettes gratuites

entre les deux villes

80Spectacles

160Levers de rideau

6Salles de spectacle

2Festivals

Les Multipistes & Happy AnD

2Villes

Douai & Arras

12Résidences

+Une multitude

de rendez-vous autour des spectacles

DouaiHippodrome / ArrasThéâtre

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Cher public,

Le TANDEM n’est pas une expérience banale. Essentielle était, pour nous, la réponse du public, et vous êtes venus nombreux tout au long de ce dernier trimestre 2014. Merci pour votre confiance !

Le TANDEM est une histoire de rencontre, d’abord, mais aussi et surtout, de mise en mouvement. Une manière de réunir les énergies, les moyens, les compétences pour développer des expériences inédites… Pour souffler du neuf, trouver de nouvelles connexions, donner d’autres points de vue, faire tomber certains modèles.

Le TANDEM est une invitation à circuler autour de rendez-vous artistiques forts, faisant évoluer la notion de territoire et la présence artistique, redessinant le paysage culturel…

C’est en développant le collaboratif, que l’on peut avancer plus loin. Être relié à l’autre n’est pas une aliénation, mais une chance ! Pour citer Tchekhov, « nous ne vivons ni avec la vérité, ni avec la beauté, mais avec les autres hommes ».

Je vous souhaite une très belle année 2015 !

Gilbert Langlois, directeur

04 RencontRe Camélia Jordana devient Mimi !

08 Buzz Ces artistes qui montent, qui montent…

10 entRetien Mohamed El Khatib, Donner à voir le monde tel qu’il est !

16 PoRtfolio Marion Poussier, Corps de ballet

22 DossieR L’Europe vue par… Milo Rau et andcompany&Co.

28 coulisses Les artistes en résidence

30 RenDez-vous

DouaiHippodrome / ArrasThéâtre

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Camélia Jordanadevient Mimi !Révélée au grand public par l’émission Nouvelle Star en 2009, Camélia Jordana a depuis publié deux albums, dont l’excellent Dans la peau (sorti en septembre dernier) et fait ses premiers pas sur grand écran, notamment dans Bird People de Pascale Ferran. Véritable touche à tout, la chanteuse de 22 ans s’essaye aujourd’hui au lyrique en tenant le rôle-titre de Mimi, scènes de la vie de bohème, une adaptation réjouissante de l’opéra de Puccini. Rencontre et interview.

MiMi, ScèneS de la vie de bohèMeLibrement inspiré de La Bohème de Puccini /

Opéra en italien, allemand, français. Mise en scène Guillaume Vincent /

Musique Frédéric Verrières / Livret Bastien Gallet Coproduction Tandem Douai-Arras

ArrasThéâtre Lundi 19 et mercredi 21 janvier / 20:00

Mardi 20 janvier / 20:30

Navette gratuite au départ de Douai, le 20 janvier à 19:45 Tarifs de 9 à 20 €

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J’ai relevé chez elle une part tragique dans la voix, un peu

comme une chanteuse de fado ou de flamenco. Je pensais qu’elle

pouvait l’exploiter dans cet univers lyrique où elle chante en italien.Guillaume Vincent, metteur en scène

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votre premier souvenir... c’est celui de votre mère chantant Carmen dans une église anglicane d’Hyères. vous voilà dans le rôle titre de Mimi, opéra librement inspiré de La Bohème de Puccini. comment y êtes-vous venue ? Par le metteur en scène Guillaume Vincent, dont j’aime énormé-ment le travail et à qui je ne peux rien refuser. Sur les conseils de mon tourneur, Guillaume était venu me voir sur la tournée de mon premier album. À cette époque, je passais des concerts entiers, accrochée à mon pied de micro, sans avoir encore conscience que des gens payaient pour venir me voir sur scène. Guillaume m’a aidée et beaucoup conseillée et nous sommes devenus amis. Un jour, il m’a proposé de passer le casting pour Mimi. Il fallait que je chante deux morceaux, l’un jazz et l’autre lyrique. Et donc j’ai chanté St James Infirmary puis Casta Diva de Bellini. Et voilà !

vous y partagez la scène avec dix musiciens, la soprano Pauline courtin, le baryton christophe Gay ou la chanteuse caroline Rose… comment vivez-vous cette expérience ? Comme une formidable aventure, riche et très dense musica-lement et humainement. Nous venons tous d’horizons extrê-mement divers. Pauline Courtin, Judith Fa, Christophe Gay et Christian Helmer sont des chanteurs lyriques. Caroline Rose et moi venons du monde de la pop et du rock. Il y a aussi les musiciens de l’Ensemble Court-Circuit qui ont, eux, une audace très contemporaine. Chacun donne des conseils aux autres, se nourrit des autres. Frédéric Verrières joue avec nos techniques vocales et nos cultures musicales très différentes et il nous ap-porte beaucoup, lui et toute son équipe.

chanson, théâtre, opéra, cinéma… Quels sont vos projets à venir ? Jusqu’à fin 2015, je serai sur les routes pour défendre mon 2e disque, Dans la peau. Cet album est sorti le jour de mes 22 ans. J’en suis très heureuse car je l’ai en grande partie composé seule. On y retrouve Babx à la réalisation, mais aussi la chanteuse Raphaële Lannadère, alias L, et sa pianiste, Donia Berriri. Toute ma famille musicale et aussi de vrais amis! Pour ce qui est du cinéma, j’ai terminé le tournage de Je suis à vous tout de suite, de Baya Kasmi, et je suis en train de faire celui de Kheiron, qui était dans Bref, un très beau scénario sur l’histoire de ses parents.

en tant que spectatrice, vous êtes férue de théâtre. Quelles sont les pièces qui vous ont marquée et celles que vous avez vues récemment ?J’ai évidemment adoré les dernières mises en scène de Guillaume Vincent que j’ai vues, aux Bouffes du Nord : La nuit tombe et Rendez vous Gare de l’Est. Et aussi Spleenorama de Marc Lainé, avec le fabuleux Bertrand Belin.

caroline rose, irrésistible comtesse Geschwitznée et grandie à Karlsruhe, caroline Rose arrive à Paris à 15 ans et monte plusieurs groupes métal (Mynx, straight). en 2009, elle décroche un premier rôle dans la pièce contemporaine La Mécanique des anges mis en scène par camille Rocailleux et thomas Guerry, un spectacle de danse contem-poraine inspiré du Rocky Horror Picture Show. en septembre 2011, caroline part en tournée aux États-unis, de nashville à new York, des studios tv de la fox à Arlene’s Grocery. Dès son retour, elle participe à The Voice, l’émission de tf1 et s’y fait repérer par Dove Attia qui lui propose d’in-tégrer la troupe de 1789, les amants de la Bastille. forte de ces expériences, la franco-Allemande est présélectionnée par l’Allemagne pour le concours 2014 de l’eurovision, où elle décroche la 2e place. Artiste complète, caroline compose, arrange et ré-alise, au sein de sa propre structure de production cR Productions. Paru en 2014, l’eP Grungesque préfigure un nouvel album, dont la sortie allemande est prévue en mars 2015. en attendant, caroline Rose est époustouflante dans Mimi, en comtesse Geschwitz, diva divine qui aurait pu être la muse de fellini, de fassbinder, de Wells ou de Wim Wenders. irrésistible !

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enfants sourds avec la structure qu’il a montée. Explorateur insatiable, il signe aussi les arrangements pour quinze cuivres des élèves des départements jazz de plusieurs conservatoires, et envisage un nouveau projet d’écriture pour le théâtre avec L’Attentat, best-seller de Yasmina Khadra, publié en 2005, au-tour du conflit israélo-palestinien, ainsi qu’une commande du gourou de l’underground new-yorkais, pour un nouveau chapitre de Masada Book.

Fin 2012, ce Savoyard de 34 ans a fait une entrée fracassante sur la scène jazz internationale avec son groupe The Electric Epic, et enchaîné un nombre impressionnant de dates dans tous les grands festivals. Poulain de John Zorn (qui a publié son premier album sur son label Tzadik), le saxophoniste français a sorti en septembre un second album autoproduit, Open Me, qui tient toutes ses promesses. Aujourd’hui, Guillaume Perret répond à des commandes d’écriture pour des ballets contemporains (no-tamment C de la B, en Belgique), organise des workshops pour

Ces artistes qui montent,

Guillaume Perret Sax Bomb

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ArrasThéâtreconcert-club #4 Jeudi 19 mars / 20:00

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son premier texte dramaturgique, une libre adaptation du Petit Poucet, depuis le point de vue du personnage de l’ombre : la femme de l’ogre. Puis, ce sera AbaTToir en 2011, carambolage entre les Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes et la mémoire de l’usine familiale dans le bassin minier. En venir aux fesses pour Bernadette A. c’est revenir à la base, au fon-damental. En prenant au mot l’adage tant entendu dans son enfance « parle à mes fesses, ma tête est malade », elle fait de Fesses un parcours jubilatoire où s’exprime l’urgence de vivre sans que ça passe par la tête.

Depuis toute petite, Bernadette a des étoiles plein les yeux et veut être dans le spectacle, mais sa famille, où personne n’évolue dans ce milieu, montre des réticences. À 18 ans, elle décide, pour trouver sa voie, de partir « voir ailleurs ce qui se passe » : Espagne, États-Unis, Amérique Latine, elle parcourt le monde comme professeur, développant des ateliers théâtre pour aider ses élèves à apprendre la langue de Molière. « Au bout d’un moment d’errance, j’ai eu envie de me consacrer au théâtre ». Direction le conservatoire d’art dramatique d’Avignon, à 23 ans, puis le Samovar à Paris. Aidée par le metteur en scène Philippe Dormoy, elle monte la pièce VakHarms en 2006, un solo tissé à partir d’une sélection de textes courts de Daniil Harms. En 2009, le projet La Femme de l’Ogre amène Bernadette A. à écrire

qui montent… qui montent…

BerNaDette a. auteure-metteure en scène-comédienne culottée

FeSSeS (première)

ArrasThéâtreJeudi 5 février / 20:30 Vendredi 6 février / 20:00 Samedi 7 février / 18:00

Navette gratuite au départ de Douai, le 5 février à 19:45 Tarif unique : 8 €

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Qui est Mohamed el Khatib ?Mohamed El Khatib n’a pas été l’assistant de Wajdi Mouawad. A intitulé son dernier texte Tous les tchétchènes sont pas des menteurs. A vécu à Mexico. Réalise des courts métrages. Attend impatiemment d’être victime de discrimination positive. Recherche encore activement la part de vivant dans le spectacle vivant. Comme tout auteur qui se respecte, il monte ses propres textes. Par engagement poétique et po-litique a priori mais surtout « parce que personne d’autre ne veut le faire ». En 2008, il co-fonde le collectif Zirlib réunissant danseurs, acteurs et plasti-ciens autour d’un postulat simple : l’esthétique n’est pas dépourvue de sens politique. La pièce À l’abri de rien signe l’acte de naissance littéraire et scénique de Zirlib à travers la seule question qui vaille la peine d’être traitée, avec tendresse, au théâtre : la mort. Le reste de son parcours ne sera que variations sur le sujet.

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MohaMed el Khatib… donner à voir le monde tel qu’il est !

Écriture fine, distance enjouée, Mohamed El Khatib souffle le neuf dans le théâtre d’aujourd’hui. Il y transporte les êtres qui peuplent le monde tel qu’il est. Non pour s’apitoyer sur le sort fait aux pauvres gens. Mais pour faire jouer les ressorts de la représentation, et révéler en quoi ceux-ci sont aux sources des asservissements contemporains. Après sheep (présenté à l’Hippodrome en 2013) dans lequel il auscultait nos comportements mouton-niers, celui qui revendique « le plateau comme terrain de jeu, d’expérimentation, de recherche et de risque pour prendre la parole » revient avec deux propositions : Moi, corinne Dadat et finir en beauté.

Propos recueillis par catherine Robert pour le journal la terrasse.

comment avez-vous rencontré corinne Dadat et pourquoi avez-vous choisi de travailler avec elle ? Alors que j’animais un atelier à Bourges en 2012, elle faisait le ménage dans notre salle de travail. Et ce qui m’a frappé, c’est qu’elle ne disait jamais bonjour, elle ne répondait pas. J’ai fini par l’interpeller en lui disant : « Mais vous ne dites jamais bon-jour ? » Elle s’est retournée et m’a répondu : « Vous voulez que je vous dise le nombre de fois dans ma vie où j’ai dit bonjour et on ne m’a pas répondu ? ». Ça a été le point de départ de nos échanges. Par la suite, je l’ai suivie pendant son travail avec la photographe Marion Poussier, et j’ai enregistré toutes nos conversations, mesurant ainsi à la fois la richesse et la néces-sité de faire entendre, sans complaisance, son témoignage, celui d’une ouvrière du lumpenproletariat aujourd’hui. Corinne a une qualité de présence phénoménale. J’ai eu envie qu’elle vienne parler elle-même de son travail afin de ne pas, une fois de plus, parler à sa place.

comment avez-vous composé ce spectacle ? Pourquoi faire jouer ensemble le corps de la femme de ménage et celui de la danseuse ? Les entretiens audios et vidéos ont duré plus de deux ans et servent de trame à l’élaboration de ce poème documentaire. L’écriture de ce spectacle a consisté à agencer la parole de Corinne Dadat puis de la faire s’entrechoquer avec des réalités (sémantiques, sociales, physiques) qui lui sont extérieures afin d’observer le résultat de ces frictions. Aussi, le premier contre-point est ma présence à ses côtés, car il s’agit avant tout de pro-longer notre rencontre sur scène en temps réel et de mettre en tension nos rapports ambigus – qui instrumentalise qui ? Qui est le plus exotique de nous deux ? Quel malaise peut susciter chez le spectateur la manipulation du vivant dont il est témoin ? Le second contrepoint relève de la volonté de confronter deux corps ouvriers à la fois instruments et la plupart du temps ins-trumentalisés et de voir ce qui, malgré la distance symbolique saillante qui existe, les rapproche au quotidien, notamment

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l’usure accélérée du corps et la souffrance qu’elle génère. La dan-seuse/contorsionniste (Élodie Guezou) et moi-même servons davantage de faire-valoir dans ce qui est un portrait intime de Corinne Dadat, singulière ouvrière, avec laquelle on s’applique, non sans ironie, à travailler l’art du cliché et du jeu théâtral à travers les représentations.

Finir en beauté ? Pourquoi ce titre ? est-ce la pièce écrite qui « finit en beauté » l’histoire qui a mal fini ? La fin peut-elle être belle ? En finit-on jamais ? La pièce com-mence mal, comme l’histoire, puisque dès le début elle (la mère) meurt, et que son fils (moi) est très très très très triste. Comment pouvait-il en être autrement ? Et pourtant je crois que ce drame est très beau. Alors j’ai retiré le point d’interrogation de façon à ce que la beauté dans le deuil soit ici un impératif catégorique. Sinon on est foutu.

vous considérez que la création est un geste « social et esthé-tique ». Pouvez-vous expliciter cette double caractéristique ? comment tiennent-elle ensemble ? Je considère que l’esthétique n’est pas dénuée de sens politique. Ça suppose de penser chaque geste artistique comme un acte sensible/social et réciproquement. Cela ne tient que par le souci de confronter en permanence l’expérimentation artistique la plus radicale avec des modes de partage/diffusion les plus directs possibles dans un rapport quotidien. Autrement dit, concer-nant le travail que l’on mène au sein du collectif Zirlib, il s’agit de fabriquer des objets « sensibles » à caractère plus ou moins « spectaculaire » cherchant à créer de la singularité à petite échelle et produire du discernement au-delà de l’art. Ces ten-tatives interrogent la domestication du vivant sous toutes ses formes et les modes de résistance à imaginer. Les dispositifs mis en œuvre tentent ainsi de ré-animer une relation intime entre un amateur d’art et une présence esthétique immédiate, et de réintroduire du désir non-consumériste.

comment avez-vous composé la pièce ? Quel en est le maté-riau ?Je voulais écrire un texte sur l’enfance à partir d’entretiens réa-lisés avec ma mère. Le 20 février 2012, la mort a tout court-cir-cuité. Dès lors, j’ai réuni l’ensemble du « matériau-vie » à ma disposition entre mai 2010 et août 2013. Je n’ai pas toujours demandé les autorisations utiles. Je ne me suis pas posé la ques-tion de la limite, de la décence, de la pudeur. J’ai rassemblé ce que j’ai pu et j’ai reconstruit. Tout est allé très vite et sans prémé-ditation. Ça a donné lieu à un récit composite (et tragiquement drôle) : extraits de journaux, e-mails envoyés et reçus, messages téléphoniques, sms, bribes d’échanges avec le père, transcrip-tions d’enregistrements, vidéos… Récemment j’ai retrouvé cette définition que j’avais notée dans un carnet : « Condoléances : Marques d’affection affligées plus ou moins maladroites destinées à compatir avec l’être « orphelin ». Ces témoignages, embarrassants pour celui qui les formule, consternant pour celui qui les reçoit, sont le fruit d’une convention aussi désuète que les conventions théâtrales. »

« Je n’ai jamais pu éviter d’apporter le réel sur scène et dans mon travail d’auteur. Dans mon théâtre, le document est un atout, un outil, l’essence même de ce qui va faire mon écriture et mes représentations. » Pouvez-vous expliquer cela ? Le point de départ est toujours une rencontre. Rencontre avec une femme de ménage, un éleveur de mouton, un électeur du Front national, un marin. À partir de ces rencontres, se mettent en place des protocoles de recherche qui aboutissent à des formes dont chacun peut s’emparer immédiatement. L’écriture n’existe pas a priori, elle ne précède ni une pièce, ni ne s’applique à copier le réel, mais elle émerge en temps réel avec l’environnement dans lequel on s’immerge. C’est ainsi que pour la prochaine création, j’aimerais m’installer à Hénin-Beaumont pendant plusieurs mois pour côtoyer deux communautés de la population française amenées à devenir sinistrement majoritaires : les chômeurs et les électeurs du Front national…

Moi, corinne dadatMohamed El Khatib

DouaiHippodromeMercredi 14 et jeudi 15 janvier / 20:00

Tarif unique : 8 €

Finir en beautéMohamed El Khatib

ArrasThéâtreLundi 12 et mardi 13 janvier / 20:00

DouaiHippodromeMercredi 14 et jeudi 15 janvier / 21:15

vendredi 16 janvier / 20:00 samedi 17 janvier / 18:00

Tarif unique : 8 €

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Mohamed à Corinne :

« … je lui dis qu’est-ce qui te plairait

d’avoir dans ta vie ? Elle me répond

une augmentation ! Je lui dis

d’accord, on va augmenter ta réalité,

on va mettre des capteurs sur ton balai. »

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Finir en beauté un livre et

une web appli en construction consultable sur finirenbeaute.eu

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Finir en beauté – Pièce en 1 acte de décès, un livre

Mohamed El Khatib voulait écrire un texte à partir d’entre-tiens réalisés avec sa mère. Le 20 février 2012, la mort in-terrompt tout. Sur le lit d’hôpital, sa mère l’interroge : « Pas d’opération ni rien ? – Non, rien. Ils ne peuvent plus rien faire. » L’émiettement intérieur du fils orphelin s’incarne dans un récit discontinu et composite : extraits de journaux, e-mails envoyés et reçus, messages téléphoniques, sms, bribes d’échanges avec le père, transcriptions d’enregistrements, vidéos… Le matériau intime embrasse fiction et documentaire. Ces instantanés de vie évoquent la famille, le pays, la langue maternelle, le souvenir, le deuil. À travers cette cartographie à la fois émouvante, caustique et souvent drôle, Mohamed El Khatib propose une singulière épopée autobiographique de part et d’autre de la Méditerranée. Ce texte est le fruit éditorial de sa recherche scénique menée entre 2011 et 2014 : il est édité aux éditions de L’L.

Finir en beauté, une application numérique

Un projet initié et coordonné par le collectif Zirlib en écho à la création théâtrale finir en beauté – pièce en 1 acte de décès, en collaboration avec Labomedia, le Tandem Douai-Arras et l’Université d’Artois – Faculté de droit Alexis de Tocqueville, Douai.

La mort est rarement prévisible. Quand elle survient, elle tranche brutalement notre quotidien et c’est dans l’affolement qu’il nous faut prendre un certain nombre de décisions urgentes auxquelles nous n’avions pas réfléchi, pour nous et pour nos proches.

L’APPLICATION Finir en beauté vous permettra d’exprimer vos dernières volontés auxquelles les proches que vous avez choisis auront accès. Ils seront ainsi informés de vos souhaits quant à votre fin de vie, l’usage de votre corps, vos envies en matière de funérailles, vos recommandations relatives à votre héritage et la possibilité de laisser des messages à vos proches sous différents supports.

Cet espace numérique, nous l’avons souhaité facilement acces-sible, parfaitement sécurisé, simple d’utilisation, rapide, moins fastidieux que des démarches notariales tout en assurant une légitimité juridique à ces données personnelles.

L’APPLICATION Finir en beauté est le résultat d’une réflexion menée par un groupe de recherche composé de scientifiques, de juristes, d’artistes, de programmeurs, d’étudiants et d’en-seignants-chercheurs, de personnels de santé, de membres d’association de soins palliatifs et de citoyens de différentes nationalités.

Finir en beauté est une application qui permet :

* de consigner ses dernières volontés dans un espace sécurisé uniquement consultable par les proches que vous aurez choisis. L’enjeu est de permettre à nos proches (environnement restreint) de consulter, à notre mort, nos dernières volontés via une plateforme interactive.

Finir en beauté recueillera vos volontés funéraires sur différents points :

� En cas d’accident ou de maladie, vos souhaits en tant que patient en matière de fin de vie (traitements de la douleur, mesure d’alimentation et hydratation artifi-cielle, réanimation, interventions chirurgicales…)

� L’usage de votre corps (don d’organes, autopsie…)� Vos choix funéraires : inhumation, crémation ou autres

pratiques.� Vos demandes en terme de rituels funéraires.� La possibilité de laisser des témoignages/messages (tex-

tuels, vocaux) à destination de son entourage.� Des recommandations dans la gestion de votre héritage.

* de contrôler votre fin de vie numérique

Cette webappli en construction est consultable sur : www.finirenbeaute.eu

dédicaceÀ l’issue de chaque représentation de Finir en Beauté,

Mohamed El Khatib dédicacera son livre

lecture-dédicaceMardi 13 janvier / 18:00

La Grand Librairie, 21 rue Gambetta, 62000 ArrasMohamed El Khatib lira quelques passages de

Finir en beauté – pièce en 1 acte de décès, et dédicacera son livre.

préSentation de l’applicationSamedi 17 janvier à partir de 19:00

DouaiHippodrome

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Corps de ballet Marion PoussierElles sont partout et on ne fait pas toujours grand cas de leur existence : les femmes de ménage. Déconsidérées socialement – c’est le dernier des métiers mais c’est aussi le premier car on l’exerce souvent quand on ne peut en faire aucun autre. La photographe Marion Poussier et l’auteur Mohamed El Khatib ont rencontré Corinne Dadat, femme de ménage avec laquelle ils ont décidé de faire un spectacle de danse. Pour la vérité mise en scène, ils ont demandé au réel de leur prêter des gestes, en initiant à partir du projet Moi, corinne Dadat, une série de portraits de femmes officiant dans l’entretien et dont le principal diplôme est leur corps. Ils ont posé leur regard sur ces corps ouvriers à Bourges, Marseille, Évry, Amboise, Douai, Vire, Orléans, Hénin Beaumont… Ces femmes sont légion et ils ont fait de cette armée invisible un corps de ballet.

Qui est Marion Poussier ?Photographe. Elle travaille sur les corps invisibles – les vieux, les très jeunes ou encore les précaires de la rue d’Avron à Paris – et s’astreint par une esthé-tique du quotidien à traduire l’ordinaire de « mondes spécifiques » qui nous sont étrangers. Elle a reçu en 2006 le prix Lucien et Rodolf Hervé pour sa série de photographies sur l’adolescence. Intitulée (un été), cette série a été exposée lors des Rencontres Internationales de la Photographie (Arles) sous le parrainage de Raymond Depardon et a rejoint la col-lection de la Fondation Cartier pour l’art contempo-rain ainsi que le Fonds national d’art contemporain.

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expoSitionDouaiHippodrome

Du 14 janvier au 21 févrierEntrée libre, aux horaires d’ouverture de la billetterie

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l’europe vue par…

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le projet actuel et final de ta série You will not like what comes after America s’intitule The Civil Wars et a démarré très op-portunément à la veille des élections européennes à Bruxelles, capitale de l’europe, où il était présenté en avant-première. en europe, l’extrême droite, l’islamisme et l’antisémitisme ont connu une poussée importante durant la dernière décen-nie. l’engagement politique n’est-il plus possible que dans les extrémismes ?You will not like what comes after America est en effet une série de projets sur la « pensée extrême », la pensée extrémiste, de Breivik à Dieudonné et du 9/11 à ces soldats de Dieu d’au-jourd’hui. Pour préparer notre projet, nous avons enquêté dans les milieux salafistes et de la droite radicale belges. Mais nous avons aussi interrogé un groupe de gens choisis plus ou moins au hasard, pour savoir ce que la Belgique ou l’Europe représen-taient à leurs yeux. Or les réponses à ces recherches prélimi-naires offrent une image double : tandis que les extrémistes du côté des salafistes ou de la droite radicale veulent évidemment revenir aux modèles traditionnels (l’État de Dieu d’une part, l’État national ethniquement défini de l’autre), le dénominateur commun du centre petit-bourgeois, dont je pense également faire partie, est essentiellement négatif. Plus personne ne veut de guerres entre les États ni de grands empires, mais ceci mis à part, ils n’ont pas beaucoup d’imagination. D’une certaine façon, l’Europe actuelle semble être un dispositif pour éviter le retour de la vieille Europe, à l’instar de la Belgique qui, lors de sa création, était simplement envisagée comme un État-tampon entre les grandes puissances – un élément pacificateur avec une identité difficile et, en fin de compte, impossible.

est-ce tout ce qui reste de l’idée européenne ?« Nous sommes la première génération pour qui l’Europe n’est plus une idée, mais une réalité », m’a écrit Karim Bel Kacem, un des acteurs de The Civil Wars, quand je lui ai demandé son avis sur cette question. Et c’est bien ça : l’Europe est une réa-lité, bien qu’extrêmement disparate, et nous devons apprendre à vivre avec elle, un peu comme les bâtards réprouvés chez Shakespeare. The Civil Wars n’est donc pas simplement l’an-nonce d’une catastrophe, ni un lamento de la post-histoire, et pas non plus un pamphlet du pessimisme culturel. Il s’agit plutôt de proposer une réponse possible à un vide spécifiquement eu-ropéen qui est aussi, comme nous voulons le montrer, un vide privé et individuel.

Milo Rau, The Civil Wars

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Pendant six mois, le metteur en scène Milo Rau et son équipe se sont intéressés en Belgique au sort de jeunes gens partis se battre en Syrie pour l’instauration d’un État de Dieu. Ils ont interviewé leurs parents et leurs frères et sœurs, leurs avocats et leurs adversaires politiques. Mais que racontent ces canevas de vies sur l’Europe du début du XXIe siècle ? Quelles sont les lignes de conflit qui s’y dessinent ? Qu’en est-il de la perte d’identité des sociétés occidentales, si souvent invoquée, et annoncée par des intellectuels conservateurs tels que Thilo Sarrazin en Allemagne ou Richard Millet et Alain de Benoist en France ? Le projet européen est-il vraiment sur le point d’être « réduit en miettes par les islamistes et les nationalistes », comme le prédisait Anders B. Breivik dans Breiviks erklärung, ce projet théâtral si controversé de Milo Rau ? Avec the civil Wars, Milo Rau revient à des questions qu’il avait abordées il y a près de dix ans avec sa pièce d’agit-prop Bei Anruf Avantgarde (2005) et son adaptation des Bacchantes, Montana (2007), présentées dans de nombreux festivals. Comment les crises sociétales se traduisent-elles dans les biographies des citoyens ? Que signifient concrètement la révolte et l’extrémisme ? Et quel est vraiment le rapport entre théâtre et politique ?

entretien réalisé par Rolf Bossart

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the civil WarSMilo Rau

ArrasThéâtreVendredi 20 février / 20:00 Samedi 21 février / 18:00

Tarifs de 9 à 20 €

À la base, The Civil Wars ne traite ni d’une europe sur le point d’éclater, ni de la figure du djihadiste européen, mais des bio-graphies des acteurs – et, au bout du compte, du rapport que chacun entretient vis-à-vis de son père, de son dieu, de son métier…Effectivement. The Civil Wars a parcouru un très long chemin : des djihadistes et du sentiment national belge aux biographies des acteurs. Mais pour y arriver, il y a eu des recherches et des répétitions qui nous ont permis de dégager le noyau narratif des événements objectifs. On réalise que les symptômes sont sans intérêt, parce que le poids dramatique se cache ailleurs. Ma conclusion politique du cycle de projets You will not like what comes after America, dans le cadre duquel nous avons in-terviewé bon nombre d’extrémistes, c’est que l’islamisme et le déclin européen ne représentent pas concrètement un danger réel ni mortel pour le continent ; ils constituent cependant un récit public extrêmement puissant, et donc aussi biographique. Mais pour le comprendre, il est utile d’envisager ce vide évoqué comme une question existentielle universelle, aussi bien dans le grand tout imaginaire de l’Europe que dans l’intimité de ses habitants, qu’il s’agisse d’un djihadiste ou d’une actrice. Pourquoi ce trou béant dans l’existence individuelle – qu’il faut combler avec un rôle ou un texte étranger – a-t-il soudain commencé à concerner la majorité des gens ? Et qu’est-ce qui fait qu’il va en résulter quelque chose de monstrueux ou de beau, ou un peu des deux ? C’est ainsi que nous sommes revenus à une échelle plus petite, comme dans un mythe antique : de tous ces su-jets terribles qui nous ont préoccupés ces dernières années, des Breivik, des soldats de Dieu et des populistes de droite que nous avons invités sur scène ou devant la caméra, il ne reste que les « petites » histoires, celles qui sont les plus intimes. Car ce sont les mères, et surtout les pères, qui sont déterminants : les dominants et les absents, les empreintes existentielles et ce que nous en faisons.

ce qui signifie que les acteurs disent en quelque sorte leur « propre texte » ? À propos de « leur » Belgique, « leur » djihad, « leur » guerre civile, « leur » europe ?Tout à fait. Soudain, ça n’avait plus aucun sens pour moi de leur faire réciter, par exemple, le texte d’un jeune combattant syrien ou d’un vieux SS (il en existe encore quelques-uns en Belgique). À moins que cela ait un lien avec eux. À moins que cela per-mette d’expliquer quelque chose. Sara De Bosschere, Karim Bel Kacem, Sébastien Foucault et Johan Leysen, ce sont quatre acteurs européens avec des parcours vraiment « typiques ». Et c’est là ce qui nous intéresse dans The Civil Wars : brosser un tableau de l’Europe, de toute la comédie humaine de notre temps, à partir de la vie de quatre personnes – quatre acteurs, leurs parents, leurs fantasmes, leur travail…

et quel est ce temps dans lequel nous vivons ?C’est un temps sans père, car les modèles y font terriblement défaut. Avec Nelson Mandela, c’est une des dernières figures réellement politiques qui a quitté le monde. Il ne reste plus qu’un tas de technocrates qui font leur travail dans des institutions anonymes telles que le Parlement européen ou l’ONU, sans que

personne ne sache ce qu’ils y font concrètement, et encore moins quelles sont leurs convictions politiques. Nos pères, les pères des acteurs, ils ont tous sombré avec l’économie de marché libérale dans laquelle ils ont grandi – ou ils en sont devenus fous. Quant à nos mères, elles ont essayé, encore et encore, de concilier les exigences contradictoires de cette époque, de sauver leur famille et d’aimer leur travail. Et maintenant, nous sommes arrivés à un point de l’histoire de l’Europe où des centaines, des milliers de jeunes gens adoptent des convictions religieuses ultra-conser-vatrices et préfèrent aller mourir pour un État de Dieu en Syrie plutôt que de dépérir dans l’absence d’utopie, que ce soit dans une banlieue bruxelloise ou parisienne.

il n’existerait donc plus d’utopie politique pour l’europe ?Disons du moins qu’il faut continuer à la chercher. L’activiste politique belgo-libanais Dyab Abou Jahjah, qui nous a accompa-gnés durant notre enquête, avait prophétisé lors de la deuxième édition des Berliner Gespräche : « Soit nous trouvons une his-toire commune, soit nous aurons une guerre civile en Europe d’ici quelques années. » Ce qui, à mon avis, est une formulation plutôt optimiste. D’après ce que vient de révéler une étude de la NASA, la catastrophe écologique est devenue inévitable et le XXIe siècle va connaître de terribles guerres climatiques. Pour ceux qui s’intéresseraient à une description plus ou moins perti-nente de ce qui attend notre planète à partir du milieu du siècle : c’est assez bien décrit dans l’Apocalypse de Jean.

Avec Nelson Mandela, c’est une des dernières figures réellement politiques qui a quitté le monde.

Il ne reste plus qu’un tas de technocrates qui font leur travail dans des institutions anonymes telles que

le Parlement européen ou l’ONU, sans que personne ne sache ce qu’ils y font concrètement, et encore moins quelles sont leurs convictions politiques.

Milo Rau

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l’europe vue par…

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orpheuS in the land oF the living : a SMuggler’S opera

andcompany&Co.

DouaiHippodrome Mardi 3 & Mercredi 4 février / 20:00

Navette gratuite au départ d’Arras le 3 février à 19:15 Tarifs de 9 à 20 €

andcompany&Co. Orpheus in the Land of the Living :

a Smuggler’s Opera

Lorsque Monteverdi et Gluck

rencontrent Frontex (ndlr, l’agence

chargée de la coordination de la

sécurité des frontières extérieures

de l’Union européenne) et des

réfugiés (en bateau)… Voilà le sujet

passionnant de cet « opéra des

passeurs » qui pose la question :

pourquoi l’Europe ferme-t-elle ses

portes ? Visiblement, parce que

nous ne voulons rien perdre,

et encore moins partager.

Frankfurter Allgemeine zeitung

La question de l’Europe et de ses valeurs aujourd’hui en crise sont au centre de la pièce. Comme Orphée, lors de sa montée vers le monde supérieur, l’Europe devrait se retourner sur son passé, et se remémorer l’époque où les hommes cherchaient à la fuir et non à la rejoindre. De fait, Orpheus associe l’ironie à l’art de la mémoire et célèbre la diversité et la différence plutôt que l’homogénéité et l’intégration. Il y a dans ce spectacle comme dans les projets précédents, une très grande qualité de jeu associée à une grave légèreté. Et toujours cette nécessité de poser des questions qui obligent à l’examen de conscience.

Diablog.eu

DoSSier

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des rendez-vous « Jeu de la dispute théâtrale et philosophique », sous forme de Pro et Contra, au Théâtre d’Arras de 19h à 21h, le lundi 9 février, le lundi 16 février et le lundi 30 mars. Ce dispositif de jeu en équipes met en situation des participants qui s’affrontent sur une position, pour ou contre un sujet donné tiré au sort. Les équipes sont coachées par un comédien et chaque joueur est amené à argumenter sur une position pour emporter l’adhésion du jury. Ce jeu de dialectique permet d’épouser un point de vue qui peut être étranger, et ainsi d’être dans une forme de théâtralité. À travers ces expériences, l’objectif est de développer et d’encourager une réflexion philosophique de façon ludique et vivante, pour démontrer que l’exercice de la pensée n’est pas seulement réservé à quelque-uns.

Dans le cadre d’un projet d’action culturelle mené avec la Cie Balagan Système, le Tandem Douai-Arras propose à tous, à par-tir de 16 ans, des rendez-vous de formation à la Lecture à voix haute avec le metteur en scène Grégoire Ingold : ils auront lieu de 10h à 18h, le samedi 14 février et le samedi 4 avril au Théâtre d’Arras et le samedi 21 février à l’Hippodrome de Douai. Cet atelier gratuit a pour but de donner quelques clés pour être à l’aise à l’oral, clarifier la prononciation à voix haute d’un texte en prose ou en vers et partager le goût du texte lu. L’exercice se fera autour des textes d’auteurs contemporains. Sont proposés aussi

en tournéeDu 24 novembre au 11 avril sur l’Artois et le Douaisis

atelierS lecture à voix haute et Jeu de la diSputeGratuits / inscription obligatoire auprès de [email protected] ou au 03 21 60 61 01

les artistes en résidence

BalaGaN SyStème

couLiSSeS

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etc) mais aussi des titres moins connus (Shadows, Annabelle… ) d’une façon brute et empreinte d’émotion, où plane l’ombre de deux grands influences de sa vie. Entouré de Misja Fitzgerald Michel à la guitare et de Thomas Bramerie à la contrebasse notamment, Hugh Coltman sera en résidence de création du 5 au 13 février au Théâtre d’Arras et offrira 2 concerts, en avant-première.

La voix de Nat King Cole a bercé l’enfance de Hugh Coltman. La musique de cette légende du jazz était présente chez lui, grâce à sa mère, qui l’écoutait régulièrement et qui lui a transmis la passion de ce répertoire. Après une longue aventure au sein du groupe de blues anglais The Hoax (pour lequel il a été nommé Meilleur Chanteur en 1998 par le magazine Blueprint), le succès de ses deux albums solo Stories From The Safe House et Zero Killed, et deux années en tournée, en tant qu’invité du pianiste de jazz Eric Legnini, le plus français des chanteurs britanniques a décidé de rendre hommage à ce musicien-chanteur hors pair et, indirectement, à sa mère. Avec Shadows – Songs of Nat King Cole, Hugh revisite quelques standards (Nature Boy, Mona Lisa,

hugh coltManShadows Songs of Nat King ColeNouvel album à paraître en septembre 2015

ArrasThéâtre Date supplémentaire Samedi 14 février / 20:00

Tarifs de 9 à 20 €

les artistes en résidence

HuGH ColtmaN

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Stages de pratique artistiqueLes stages ont lieu le samedi (14h30-18h30) et le dimanche (10h30-13h + 14h-17h30). Ils sont ouverts à tous, à partir de 15 ans (sauf indication contraire). Tarifs : 22 € / 18 €, pour les adhérents ayant une place pour le spectacle en lien avec le stage. Inscription obligatoire auprès de [email protected] ou au 03 27 99 66 60

Autour de De PassageStage théâtre/marionnettes Intervenant : un comédien du Théâtre de RometteDouaiHippodrome les 31 janvier et 1er février

Autour d’Une femmeStage théâtreIntervenant : Philippe MinyanaDouaiHippodrome les 14 et 15 février

Répétition publique Gratuit / inscription obligatoire auprès de [email protected] ou au 03 21 60 61 01

Autour du concert de Vanessa Wagner, Wilhem Latchoumia, Marie Vermeulin et Cédric Tiberghien En résidence de création au Théâtre d’Arras, ces quatre pianistes d’exception vous invitent à pénétrer la salle des concerts, pour une répétition publique, suivie d’un temps d’échange.arrasthéâtrele jeudi 05 février à 18h30

ConférenceAnimée par Yannic Mancel, conseiller artistique, enseignant et dramaturge. Gratuit sur réservation pour les adhérents du Tandem Douai-Arras. Renseignements et inscription auprès de : [email protected] ou au 03 21 71 76 35

Autour d’Une femmePhilippe Minyana au cœur du renouvellement des écritures dramatiques contemporaines. En partenariat avec l’Université Pour Tous de l’Artois université d’artois (arras)le mardi 10 février de 17h à 19h

Regards croisésAutour de Finir en beautéÀ l’issue de la représentation du spectacle de Mohamed El Khatib, échangez avec l’artiste, des personnels soignants et des bénévoles, sur la question de l’accompagnement des personnes en fin de vie. En partenariat avec le Centre hospitalier d’Arras et l’Association des soins palliatifs du Douaisis arrasthéâtrele lundi 12 janvier avec le Dr Michèle Tjean, oncologue au Centre hospitalier d’Arras.DouaiHippodrome le vendredi 16 janvier avec l’Association des soins palliatifs du Douaisis.

Autour de FessesConférence « Le nu : éloge du corps ou indiscrétion », par Marie-Paule Botte, directrice des publics et de la communi-cation au Musée de la Chartreuse, et Bernadette A. En partenariat avec le Musée de la Chartreuse à Douai. Renseignements et inscription auprès de : [email protected] ou au 03 27 99 66 60DouaiHippodrome le lundi 02 février à 18h30

Autour de Love I ObeyEn résonance avec l’exposition Le château de Versailles en 100 chefs-d’œuvre. Conférence sur la musique du XVIIe siècle, suivie d’une intervention musicale par l’équipe artistique du concert Love I Obey. En partenariat avec le Musée des Beaux-Arts d’Arrasmusée des Beaux-arts d’arras le samedi 28 février à 15h

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Autour des spectacles

Directeur de la publication Gilbert Langlois

Responsable de la publication Amandine Haegelin

Graphisme Altstudio.be

Impression Imprimerie VincentTirage 20 000 ex.

© Photo couverture : Claude Gassian

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Visite insolite Renseignements et inscription auprès de : [email protected] ou au 03 27 99 66 60

Autour de Fesses – Éloge des fessesEn écrivant son solo Fesses, pour lequel elle a obtenu la bourse de découverte du Centre National du Livre, Bernadette A. a trouvé dans l’Histoire de l’art un terrain de jeu tout aussi exquis que drôle. Avec Éloge des fesses, une performance décalée, sérieusement calée sur les fesses, elle se permet avec beaucoup de liberté une lecture/interprétation d’œuvres où les fesses sont à l’honneur. Guidée par le Ways of Seeing de John Berger, Bernadette A. nous invite à porter un autre regard sur les œuvres, hors des sentiers académiques fidèles à l’Histoire. Une visite buissonnière où, plus que les penser, il fait bon vivre les œuvres ! En partenariat avec le Musée de la Chartreuse de Douai.musée de la Chartreuse de Douai le dimanche 15 février à partir de 15h

ExpositionAutour de Moi, Corinne Dadat« Le travail en corps, encore » Elaborée par des étudiantes du Master Expo-muséographie de l’Université d’Artois, cette exposition offre de poursuivre la réflexion sur la société actuelle et une vision contemporaine du travail, amorcée par le Tandem Douai-Arras avec des pièces comme Contractions, Love & Money ou RequieMachine, et développée cette année par Mohamed El Khatib, dans Moi, Corinne Dadat. Au travers d’œuvres d’art contemporain, de témoignages recueillis auprès d’artistes ou de professionnels du travail, l’exposition met en lumière les effets du travail sur le corps, rappelant à quel point celui-ci est en permanence sollicité. Par cette thématique, l’exposition invitera le visiteur à se questionner sur son expérience personnelle, en corps, encore… DouaiHippodrome et arrasthéâtreDu mercredi 14 janvier au samedi 21 févrierVernissage (DouaiHippodrome) le mercredi 14 janvier à 18h30. Décrochage (ArrasThéâtre) le samedi 21 février à 20h

Ciné goûterÀ l’issue du film De la neige pour Noël, les enfants sont invités à échanger sur le film autour d’un goûter. En partenariat avec Plan Séquence. Tarif unique : 4,10 €.le mercredi 21 janvier à 14h30

Festival International du Film d’ArrasLe temps d’une soirée, l’Hippodrome accueille le Festival International du Film d’Arras et diffuse en avant-première deux films du palmarès : le multiprimé The Fool de Yuri Bykov (Atlas d’argent, Prix du Public et Prix Regards jeunes 2014 / sortie nationale prévue en mars 2015) et Kertu d’Ilmar Raag (Prix du Public 2013 / sortie nationale le 4 février 2015). En présence de l’équipe du Festival et du réalisateur Ilmar Raag. Avec le soutien du Conseil Général du Pas-de-Calais. Tarif unique : 4,40 € le film.le jeudi 22 janvier à 18h et 20h30

Ciné droitLa projection de Viva la Libertà de Roberto Andó sera suivie d’un débat avec Éric Debruyn, professeur en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles au Lycée Faidherbe de Lille. En partenariat avec Plan Séquence et l’Université d’Artois. Tarif unique : 4,40 €.le mercredi 28 janvier à 20h30

Ciné rencontreRencontre événement avec Corinne Masiero à l’occasion de la sortie de Discount de Louis-Julien Petit. Pour l’occasion, l’Hippodrome rediffusera Louise Wimmer de Cyril Mennegun. Tarifs habituels.le dimanche 1er février à 15h et 17h30

reNDez-VouS

Au cinéma de l’Hippodrome

INFORMATIONS PRATIQUES

RéSERVATIOnS SuR PlACE ET PAR TéléPhOnEArrasTheatre 7, place du Théâtre 62000 ArrasRens. / Rés. : 03 21 71 66 16 Du mardi au vendredi de 13h30 à 18h30 et le samedi de 11h à 12h30 et de 13h30 à 18h30

DouaiHippodrome Place du Barlet BP 10079 59502 Douai CedexRens. / Rés. : 03 27 99 66 66 Du mardi au vendredi de 13h30 à 18h45 et le samedi de 14h à 18h45

Ou PAR InTERnET www.tandem-arrasdouai.eu

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orpheus in the land of the living

Finir en beauté

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Songs of nat King cole

Kudu

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Mimi - Scènes de la vie de bohème

le bruit des os qui craquent

le coeur cousu

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Mimi - Scènes de la vie de bohème

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Moi, corinne dadat

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Mimi - Scènes de la vie de bohème

dragging the bone

orpheus in the land of the living

Finir en beauté

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le coeur cousu

dragging the bone

Fesses

Finir en beauté

le bruit des os qui craquent

le coeur cousu

Moi, corinne dadat

une femme

la belle excentrique

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Danse / Vidéo

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Théâtre d’objets / vidéo

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Théâtre / Marionnettes

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Danse / Vidéo

Théâtre

Salon de Musique #3

Théâtre / Performance

Théâtre musical

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Opéra-slam

Théâtre

Théâtre / Performance

Théâtre

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Théâtre d’objets / vidéo

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Salon de Musique #2

Mourad Merzouki

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erik truffaz & gregory Maqoma

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guillaume vincent

Milo rau

Johanny bert

Mohamed el Khatib

vanessa Wagner, Wilhem latchoumia, Marie vermeulin et cédric tiberghien

Jean-pascal viault

Milo rau

rosemary Standley

Miet Warlop

andcompany & co.

Mohamed el Khatib

nathalie negro

claire dancoisne

Miet Warlop

bernadette a.

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cie tourneboulé

claire dancoisne

Mohamed el Khatib

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guillaume vincent

Mohamed el Khatib

Marcial di Fonzo bo

patricia petibon

www.tandem-arrasdouai.euLe Théâtre d’Arras et l’Hippodrome de Douai sont subventionnés par la Ville d’Arras, la Ville de Douai, le Ministère de la culture et de la communication,

le conseil régional du Nord-Pas-de-calais, le conseil général du Nord et le conseil général du Pas-de-calais.