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RÉALISATION 38 BARDAGE.INFO #03  MAI 2013 SURTOITURE ANGERS Ruban de surtoiture pour l’extension d’une maternité Le nouveau site de l’établissement hospitalier d’Angers vient prolonger naturellement le bâtiment principal grâce à un parement composite aluminium au calepinage similaire. ADELINE DIONISI L’ extension de la maternité d’Angers, située en bord de Maine, accueille les patientes depuis un peu plus d’un an. Le plan du bâtiment R+1 est classique pour ce type d’établissement avec en rez-de-chaussée, les urgences obstétriques et gynécologiques, les consultations et les salles de naissance et au premier étage, le plenum technique puis les bureaux médicaux. Cette organisation de l’espace intérieur est dissi- mulée par la façade qui imbrique les étages les uns dans les autres. La raison : le mur rideau se prolonge en une surtoiture qui, à l’image d’un ruban vient se dérouler et envelopper les différents niveaux de l’ensemble. La souplesse des courbes crée une « jupe qui entraîne le bâtiment jusqu’à son socle », décrit l’architecte Eric Saillard. Cependant, le bâti- ment ne tranche pas radicalement avec les lignes droites de l’édifice principal du centre hospitalier. « Rénové dans les années 1990, ce dernier a bénéficié d’une réhabilitation de sa façade. Elle a été habillée de panneaux composites de trois teintes différentes : blanc, gris et vert émaillé noir. Pour son extension, nous avons repris ce calepinage irrégulier multicolore afin de créer un dialogue entre les deux bâtiments. » Les lignes de l’un se poursuivent sur celles de l’autre, la dimension des panneaux est comparable... « Nous souhaitions créer un prolongement harmonieux avec l’existant tout en apportant une touche de modernité », justifie le maître d’œuvre. Le choix des couleurs a donc été adapté, tout en restant dans le même esprit de sobriété avec le remplacement du vert par du bleu-gris. Pour créer cette communication entre les deux ensembles, l’entreprise Axima, en charge de la réali- sation de la surtoiture, a dû être particulièrement 01 LES INTERVENANTS Maître d’ouvrage  CHU d’Angers Maître d’œuvre  architectes Rocheteau - Saillard Entreprise de bardage   Axima LES PRODUITS Parement de façade   et de surtoiture  Alucobond Membrane d‘étanchéité Parafor Solo GFM (Siplast) Isolant   Rockacier (Rockwool) 180 50 54 54 160 365 205 100 Potelet tube 80 x 80 Lisses COUPES SUR POTELETS

ANgeRS Ruban de surtoiture 01 d’une maternité · 2014. 1. 28. · 40 RÉALISATION SuRtOItuRE BARDAGE.INFO #03 maI 2013 vigilante au respect du calepinage des panneaux composites

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RÉALISATION38 BARDAGE.INFO #03 maI 2013SuRtOItuRE

A N g e R S

Ruban de surtoiture pour l’extension d’une maternité Le nouveau site de l’établissement hospitalier d’angers vient prolonger naturellement le bâtiment principal grâce à un parement composite aluminium au calepinage similaire. A d e L I N e d I O N I S I

L’extension de la maternité d’Angers, située en bord de Maine, accueille les patientes depuis un peu plus d’un an. Le plan du bâtiment

R+1 est classique pour ce type d’établissement avec en rez-de-chaussée, les urgences obstétriques et gynécologiques, les consultations et les salles de naissance et au premier étage, le plenum technique puis les bureaux médicaux. Cette organisation de l’espace intérieur est dissi-mulée par la façade qui imbrique les étages les uns dans les autres. La raison : le mur rideau se prolonge en une surtoiture qui, à l’image d’un ruban vient se dérouler et envelopper les différents niveaux de l’ensemble. La souplesse des courbes crée une « jupe qui entraîne le bâtiment jusqu’à son socle », décrit l’architecte Eric Saillard. Cependant, le bâti-ment ne tranche pas radicalement avec les lignes droites de l’édifice principal du centre hospitalier. « Rénové dans les années 1990, ce dernier a bénéficié d’une réhabilitation de sa façade. Elle a été habillée de panneaux composites de trois teintes différentes : blanc, gris et vert émaillé noir. Pour son extension, nous avons repris ce calepinage irrégulier multicolore afin de créer un dialogue entre les deux bâtiments. » Les lignes de l’un se poursuivent sur celles de l’autre, la dimension des panneaux est comparable... « Nous souhaitions créer un prolongement harmonieux avec l’existant tout en apportant une touche de modernité », justifie le maître d’œuvre. Le choix des couleurs a donc été adapté, tout en restant dans le même esprit de sobriété avec le remplacement du vert par du bleu-gris. Pour créer cette communication entre les deux ensembles, l’entreprise Axima, en charge de la réali-sation de la surtoiture, a dû être particulièrement

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L e S I N T e R v e N A N T S

Maître d’ouvrage CHU d’angers

Maître d’œuvre architectes Rocheteau - Saillard

Entreprise de bardage  axima

L e S p R O d u I T S

Parement de façade  et de surtoiture alucobond Membrane d‘étanchéitéParafor Solo GFm (Siplast)Isolant  Rockacier (Rockwool)

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Potelet tube 80 x 80

Lisses

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RÉALISATION 39BARDAGE.INFO #03 maI 2013 SuRtOItuRE

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La surtoiture toute en courbures du bâtiment lui donne sa forme originale avec un plenum et un étage réduit de moitié.

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Sur des platines pliées en retombée d’un seul côté, viennent se fixer les lisses afin de respecter l’encombrement imposé par l’architecte.

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Les parements sont alignés et les joints réguliers d’une extrémité à l’autre du bâtiment.

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RÉALISATION40 BARDAGE.INFO #03 maI 2013SuRtOItuRE

vigilante au respect du calepinage des panneaux composites aluminium colorés. Un réglage millimé-tré des ossatures en aluminium a notamment permis d’assurer l’alignement des parements et la régularité des joints d’une extrémité à l’autre du bâtiment et cela même en face interne du pli supérieur de la surtoiture. « Pour faciliter l’accès à cette partie de l’ouvrage, le recours à un échafaudage et une nacelle s’est avéré indispensable », souligne Philippe Leduc, chargé d’affaires chez Axima.

p O T e L e T S

Le traitement de la façade a été relativement simple avec la pose d’un système de bardage composé d’une ossature métallique, fixée à la structure béton par des pattes-équerres, et des parements composites aluminium. En revanche, la mise en œuvre de la surtoiture sur charpente métallique a nécessité plus de technicité… et de rapidité : « L’étanchéité du bâtiment devait être assurée le plus vite possible pour permettre aux autres corps d’état d’avancer leur partie », précise le chargé d’affaires. Ce paramètre a notamment conditionné le choix d’une membrane d’étanchéité bitumineuse mono-couche. Le complexe d’étanchéité comprend égale-ment une épaisseur de 150 mm de laine de roche. Pour mettre en place la surcouverture, les équipes d’Axima ont liaisonné des potelets métalliques sur la charpente à travers les bacs acier. Ces derniers, qui ont fait l’objet de relevés d’étanchéité, sont destinés à recevoir des lisses métalliques galvani-sées sur lesquelles viennent se fixer des rails en aluminium de type oméga cintrés dans le sens de la pente. Les parements composites aluminium viennent achever le système.

e N c O m b R e m e N T

Une mise en œuvre a priori classique mais qui, du fait des exigences de l’architecte, a nécessité quelques adaptations moins conventionnelles. « Afin de respecter l’encombrement souhaité par le maître d’œuvre, la hauteur du complexe ne pouvait dépasser celle des relevés d’étanchéité, soit 15 cm. Nous n’avons pas pu positionner l’ossature primaire directement sur les potelets. Elle a donc été liaisonnée aux plots avec des platines pliées vers le bas d’un seul côté. Les lisses sont fixées sur cette retombée à la même hauteur que les relevés d’étanchéité », explique Philippe Leduc (voir coupe).Neuf mois de chantier ont été nécessaires pour la réalisation de cet ensemble qui a reçu le prix départemental de l’architecture et de l’habitat social et de l’aménagement 2011 délivré par le CAUE du Maine-et-Loire. l

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Le calepinage similaire des deux bâtiments crée un dialogue entre eux malgré leur différence de forme.

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Pour la mise en œuvre du pli de la surtoiture, le recours à un échafaudage et une nacelle s’est imposé.

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RÉALISATION 43BARDAGE.INFO #03 maI 2013 MOB

pA R I S

Façades bois et acier pour des logements sociaux à énergie positiveDans le 11e arrondissement parisien, la RIVP vient de réceptionner son premier immeuble à énergie positive. Un projet qui reposait sur une stricte limitation des besoins énergétiques, notamment de chauffage et donc sur la performance de l’enveloppe. b A S T I e N c A N y

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Le respect de la réglementation feu a imposé l’intégration en sous-face des balcons de panneaux sandwiches en laine de roche à fixations invisibles.

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Le bardage plan en clins à bords fermés est rapporté sur un système de mur à ossature bois (mOB), lui-même liaisonné aux nez de planchers.

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P roduire plus d’énergie qu’il n’en consomme. C’est l’ambition de cet immeuble de 14 appartements inauguré en février dernier

par la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP) dans le 11e arrondissement de la capitale. Présenté comme la première opération parisienne de loge-ment social à énergie positive, le bâtiment affiche des performances 35 % supérieures au plan Climat de la ville. Sur les postes réglementaires – chauf-fage, ECS, ventilation, éclairage et auxiliaires – ses besoins ne dépassent pas 32,6 kWhep/m²/an. Une consommation qui reste inférieure à la production annuelle des 127 m² de panneaux photovoltaïques installés en toitures. Pour répondre aux objectifs

énergétiques mais aussi à un SHON élevé (COS + 20 %), les architectes de l’agence Baudoin et Bergeron ont d’abord misé sur la compacité et la simplicité des formes. Résultat, le bâtiment se déploie dans la largeur, imposant aux concepteurs un travail minutieux sur l’éclairage naturel géré notamment par un puits de lumière central. Côté enveloppe, les ponts thermiques ont fait l’objet d’un traitement systématique. Les balcons ont été désolidarisés et accrochés à une structure métallique légère, maintenue contre la façade par des rupteurs thermiques. L’ouvrage se distingue également par son mode constructif mixte : une structure por-teuse en béton (refends et planchers) associée en façades à un mur à ossature bois fortement isolé. Préfabriqués en atelier, les panneaux intègrent trois couches d’isolation thermique dont 14 cm de laine de roche entre ossatures. Un choix technique que l’équipe de maîtrise d’œuvre explique par le gain en habitabilité. « À performance thermique équivalente, l’épaisseur globale de cette façade est très inférieure (30 cm) à celle d’une façade maçonnée (45 cm) ». Installés devant les nez de planchers, à la façon d’un mur-rideau, les panneaux sont liaisonnés au gros-œuvre par l’intermédiaire de sabots métalliques associés à un calfeutrement en laine de roche (70 kg/m³). L’ensemble est séparé de parements intérieures en BA 13 par une lame d’air. Côté extérieur, un complément d’isolation est placé entre le panneau OSB de fermeture et les tasseaux formant l’ossature du bardage.

b O î T e S S u p p O R T S

d e p e R S I e N N e S A R T I c u L É e S

L’habillage des façades joue également la carte de simplicité avec un bardage plan en clins à bords fermés prélaqués blancs, ponctué simplement de quelques touches orangées. Confiée à l’entreprise Batex, la mise en œuvre des cassettes a nécessité

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RÉALISATION44 BARDAGE.INFO #03 maI 2013MOB

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Un système de support en acier galvanisé fixé à l’ossature bois permet de gérer l’habillage des boîtes métalliques encadrant les doubles fenêtres.

L e S I N T e R v e N A N T S

Maître d’ouvrage Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP)

Cabinet d’architectes  Baudouin Bergeron architectes

Entreprise générale  Francilia

BE thermiquePouget Consultants

BE économieLGX Ingénierie

Charpente et murs à ossature bois  Ducloux

Bardage  Batex

L e S p R O d u I T S

Cassettes ST Evolution (arcelormittal)Panneaux sandwichesPromistyl Feu 3506 (arcelormittal)

l’intégration de cornières fixées latéralement aux tasseaux verticaux. « Cette ossature secondaire nous a permis d’assurer le réglage du parement et de rattraper les faux-aplonds. Au passage, c’est également la preuve qu’il est impossible de dissocier la réalisation du parement de celle de l’ossature, y compris sur ce type de panneaux préfabriqués », souligne Jacque Tribout, dirigeant de l’entreprise.Comme souvent, les concepteurs ont imposé des exigences d’alignement strictes avec les menuiseries extérieures disposées en quinconce. Particularité de ces baies : certaines sont équi-pées d’un système d’occultation asymétrique qui permet alternativement de capturer les rayons du soleil par réflexion sur la face interne d’une

persienne en acier inoxydable réfléchissante, ou de s’en protéger par une persienne métallique ajourée. Autre élément distinctif de ces façades : l’implantation de doubles fenêtres surlignées par des boîtes métalliques aux dimensions variables. « Nous avons conçu ces cadres à l’image de poutres-caissons », indique Jacques Tribout, « un système de support en acier galvanisé fixé à l’ossature bois nous permettant de gérer le retour horizontal des cassettes. Le tout riveté forme un cadre en acier de 5 mm d’épaisseur suffisamment résistant pour sup-porter le mouvement des persiennes articulées ». Continu sur toute la hauteur de l’ouvrage, le pare-ment acier se transforme en surcouverture à partir du R+5. Côté jardin, la façade ouest présente peu d’éléments de bardage. L’isolation thermique par l’extérieur est assurée par des panneaux en polystyrène sous enduit. Seuls les balcons métal-liques vont faire l’objet d’un habillage spécifique. « La structure métallique des balcons ne permettait pas de respecter la règle du C+D imposée par la règlementation feu. Des panneaux sandwiches en laine de roche ont donc été rapportés en sous-face », indique Jacques Tribout.À l’arrivée les performances de cette enveloppe devraient limiter les consommations de chauf-fage à 8,1 kWhep/m²/an. Soit, sur ce poste, une charge divisée par cinq par rapport à un bâtiment RT 2005. l

Surcouverture sur bacs profilésLe pan incliné du R+5 a été traité comme une toiture avec des bacs profilés en alliage d’aluminium (Kalzip). Un système qui comprend des pattes inox spécialement conçues pour se fixer sur les joints debout des bacs. Le dispositif permet ainsi de liaisonner à la couverture un réseau de lisses, elles-mêmes supports des cassettes. Ce brisis est prolongé par une verrière zénithale alimentant en lumière la circulation verticale de l’immeuble.

c O u p e h O R I z O N TA L e S u R b A R d A g e e T m e N u I S e R I e 0 3

Support en acier galvanisé

Jambage en acier laqué

Cassette ST Évolution

mOB - triple isolation

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RÉALISATION 47BARDAGE.INFO #03 maI 2013 POlyCARBONAtE

g u j A N - m e S T R A S

Le polycarbonate fait son showLe nouvel hôtel B&B de Gujan-mestras ne passe pas inaperçu. La mise en œuvre de la façade en polycarbonate aura permis à l’entreprise GCEB de traiter un matériau inhabituel en bardage rapporté. A d e L I N e d I O N I S I

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L’insertion de profil de type T dans la lame d’air du complexe de bardage crée des ombres reprenant l’image des pins alentours.

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L’hôtel est situé en bordure de la voie rapide qui relie Gujan-mestras à arcachon, dans une zone d’activités ludiques.

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Les couleurs et les lignes verticales des panneaux de polycarbonate intègrent le bâtiment dans son environnement.

Le nouvel hôtel B&B de Gujan-Mestras (Gironde), ouvert depuis novembre 2012, aura été une première pour la chaîne hôte-

lière, l’architecte Christophe Blamm et GCEB, entreprise spécialisée dans l’enveloppe du bâti-ment. La raison : la mise en œuvre en façade d’un bardage rapporté ventilé en polycarbonate alvéolaire. « Nous recherchions un matériau qui combine la couleur, les effets de transparence et de réflexion de lumière et des alentours. Tout en respectant une enveloppe budgétaire raisonnable. Le polycarbonate a répondu à nos attentes, justifie le maître d’œuvre qui poursuit : la peau translucide aux trois tons de vert reflète la pinède tout en lui faisant écho. Elle diminue de fait l’empreinte pay-sagère du bâtiment et donne une lecture imprécise et ambigüe des volumes construits. La position du soleil, la luminosité, l’angle de vue, associés aux qualités plastiques du polycarbonate, changent progressivement l’apparence du bâtiment sans l’alourdir. » Pour traduire ce parti pris esthétique en solu-tion de bardage rapporté ventilé, l’entreprise GCEB a dû se familiariser avec le matériau et ses contraintes. En effet, son utilisation dans ce type de mode constructif reste encore rare (voir article p. 32). Or, si la composition du système mis en œuvre sur la façade de l’hôtel n’est, en théorie, pas différente d’un complexe classique (un isolant de 120 mm d’épaisseur en laine de roche est fixé mécaniquement sur le support béton, l’ossature en aluminium réglable est posée verti-calement à l’aide de pattes-équerres et soutient les panneaux de bardage), le mode de pose, lui, a nécessité quelques adaptations. « L’avis technique du procédé n’étant pas encore publié, nous avons multiplié les échanges avec le fabricant en amont du projet afin d’appréhender au mieux le complexe », précise Stéphane Fayard, directeur d’exploitation chez GCEB.

Première particularité, les plaques de polycarbo-nate de 16 mm d’épaisseur viennent se clipser dans des connecteurs intégrés à l’ossature métal-lique. « L’accroche du panneau est insérée en force dans le connecteur. Une fois fixé, il ne peut plus bouger », explique Julien Gatefait, conducteur de travaux pour GCEB. Le procédé paraît simple mais il ne supporte aucune approximation quant au positionnement de l’ossature. « Les parements font exactement 1,04 m de large. L’espacement entre chaque profil doit strictement respecter cet écartement », ajoute-t-il. Une problématique qu’il a donc fallu anticiper notamment lors du calepinage effectué en collaboration avec le menuisier. Ce dernier devait, lui aussi, se plier à cette contrainte pour l’implantation de ses précadres. En pratique, une fois le coup de main pris, l’installation des panneaux n’a pas posé de problème particulier : « Même s’ils peuvent mesurer jusqu’à 8 m de longueur, ils restent très légers et donc faciles à manipuler », souligne le conducteur de travaux. En un mois et demi, les 1 500 m² de façade étaient mis en œuvre.

m O d e d e F I x AT I O N

Ce mode de fixation des panneaux soulève néan-moins la question de la dilatation du matériau. La lame d’air ventilée de 50 mm de largeur prévue

L’ombre des pins investit la façadePour accentuer l’analogie entre le bâtiment et la pinède environnante, l’architecte a souhaité créer des effets d’ombres de troncs d’arbre au sein même de la façade. « Nous avons inséré des profils en aluminium de type T laqués noir dans la lame d’air, écartés de deux centimètres par rapport aux panneaux », explique Stéphane Fayard. Une technique simple mais l’effet est efficace.

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RÉALISATION48 BARDAGE.INFO #03 maI 2013POlyCARBONAtE

dans les recommandations techniques et inté-grée au complexe permet de minimiser les effets de surchauffe des plaques exposées à l’ensoleil-lement. « Nous avons positionné une butée en pied de chaque profil vertical pour empêcher le panneau de dilater vers le bas », ajoute Julien Gatefait. Il reste libre de bouger en partie haute pour éviter les déformations. « En revanche, latéralement, il est bloqué dans les connecteurs. Même s’il est souple et solide, en plein soleil, il pourrait avoir tendance à bomber », explique Stéphane Fayard.

u N N O N - T I S S É p e I N T

Derrière la simplicité des longues bandes verti-cales colorées, simplement interrompues par le recoupement des lames d’air tous les deux niveaux imposé par la réglementation incendie, se cache un autre procédé inédit pour l’entreprise d’étanchéité. La transparence du matériau associée à une iso-lation par l’extérieur laisse apparaître la couleur de la laine de roche et les éléments de fixation. « Les deux verts soutenus sont assez sombres pour camoufler ces éléments. En revanche, les bandes blanches n’étaient pas assez opaques », souligne Julien Gatefait. Un voile non-tissé (initialement

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Le recoupement des lames d’air imposé par la réglementation incendie suit la forme du bâtiment.

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Selon l’heure et l’angle de vue, les jeux de lumière modifient l’apparence de la façade.

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prévu pour les toitures-terrasses) préalablement peint en vert a donc été liaisonné à l’isolant à l’aide de fixations complémentaires. « Nous avons réalisé des tests en atelier afin de définir quel type de peinture pouvait convenir et en apprécier le résultat », ajoute le conducteur de travaux. C’est finalement une peinture pour intérieur qui a été appliquée en raison de sa bonne tenue sur le non-tissé. Pour Stéphane Fayard, ce chantier a permis d’enri-chir le savoir-faire de l’entreprise : « Nous avons beaucoup appris de ce chantier et élargi notre palette de compétences. Malgré son apparente simplicité, la mise en œuvre du polycarbonate répond à des règles strictes qu’il faut respecter pour assurer la durabilité de la façade ». l

Le traitement des panneauxafin d’éviter les phénomènes de condensation à l’intérieur des panneaux et empêcher les insectes de pénétrer dans les alvéoles, les tranches en partie haute et basse de chaque plaque ont été couvertes d’un ruban micro-perforé.

L e S I N T e R v e N A N T S

Maître d’ouvrage B&B Hotels

Maître d’œuvre Blamm architecte

Entreprise de bardage GCEB

L e S p R O d u I T S

Isolant TI 416 (Knauf Insulation)Panneaux de bardage Danpalon BRV, couleurs : cristal, vert et vert empire (Everlite)Voile non-tissé  Écran NTS (Soprema)

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50 BARDAGE.INFO #03 maI 2013lOGEMENtS RÉALISATION

R e N N e S

concilier exigences thermiques et sécurité incendie

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Les tours ont été brisées en leur centre afin d’en alléger la masse.

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NPR

«Casé Alté : premier bâtiment basse consom-mation de Rennes Métropole ». C’est ainsi que le promoteur Secib promeut

les cent vingt-huit appartements de cet ensemble de logements du quartier de la Courrouze répartis en trois fois deux tours en R+10. « Celles-ci sont brisées en leur centre afin d’en alléger la masse », justifie l’architecte Olivier Perrocheau. L’appel à projet date de 2006. Il s’agit de notre première opé-ration avec isolation thermique par l’extérieur. Moins courante à l’époque, cette solution s’est imposée pour garantir un minimum de ponts thermiques au niveau de l’enveloppe et pouvoir ainsi prétendre au label. » Une épaisseur de 100 mm de laine de verre a été ainsi rapportée sur le gros œuvre en béton. Afin de ne pas interrompre cette isolation et limiter au maximum les déperditions thermiques, « une laine minérale a été interposée entre les balcons et la paroi en béton », explique Vincent Guillo, chargé d’affaires bardage pour l’entreprise SNPR. De l’isolant en verre cellulaire a également été positionné sur les balcons en départ de bardage. « Nous avons opté pour ce produit car, de par sa mise en œuvre, il est particulièrement exposé au rejaillissement des eaux de pluie. Celui-ci a une absorption à l’eau nulle. Il répondait, également, à nos critères de réaction au feu et de résistance thermique. »

S É c u R I T É I N c e N d I e

Car cette exigence de performance énergétique a impacté la gestion de la réglementation incendie et de la règle C+D. De par leur hauteur, les tours

La règle du c+dLa valeur C correspond à une distance minimale entre deux baies superposées. Le D se rapporte à la saillie de plancher destinée à limiter la propagation d’un incendie extérieur d’un étage à l’autre. Ces deux éléments sont définis soit dans l’arrêté relatif à la classification des façades vitrées par rapport au danger incendie (arrêté du 10 septembre 1970), soit dans l’instruction technique relative aux façades (n°249 du 21 juin 1982). L’article 14 de l’arrêté du 31 janvier 1986, modifié par l’arrêté du 18 août 1986 précise que « les valeurs C et D, exprimées en mètres, doivent être liées par une relation définie en fonction de la masse combustible mobilisable (m, exprimé en mJ/m2. Elle exclut les menuiseries, les fermetures et les garde-corps) ». Pour les bâtiments de la quatrième famille, la règle exige :n C+D ≥ 0,80 m si m ≤ 25 mJ/m2

n C+D ≥ 1 m si 25 mJ/m2 < m ≤ 80 mJ/m2

n C+D ≥ 1,30 m si m >80 mJ/m2

Pour intégrer les problématiques énergétiques et incendie au nouvel ensemble de logements rennais, des dispositions constructives particulières ont été nécessaires. A d e L I N e d I O N I S I

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RÉALISATION 51BARDAGE.INFO #03 maI 2013 lOGEMENtS

R e N N e S

concilier exigences thermiques et sécurité incendie

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Les poteaux croisés viennent renforcer le soutien des balcons.

du Casé Alté appartiennent aux bâtiments dits de la quatrième famille. Elles relèvent donc de l’arrêté du 31 janvier 1986 modifié le 18 août 1986. « Du fait de la désolidarisation des balcons par rapport aux façades, l’espacement entre les baies, d’un niveau à l’autre, n’était plus suffisant pour répondre aux exigences du C+D, souligne le chargé d’affaires. Pour respecter la réglementation, nous avons donc rajouté des cornières en acier galvanisé entre chaque niveau. » Ce système a permis d’augmenter la valeur (de 375 mm à 1725 mm) entre le linteau d’une menuiserie et l’appui de celle de l’étage supérieur et obtenir ainsi une distance suffisante (voir coupe).

L A m e S e m b O î T É e S

Quant à la mise en œuvre des parements, elle a demandé une précision qui contraste avec la sim-plicité de son aspect visuel. « Les tours se lisent prin-cipalement dans leur forme. Nous ne souhaitions pas multiplier les niveaux de lecture avec un bardage trop expressif », souligne Olivier Perrocheau. Le naturel domine donc avec des couleurs gris métallisé sur trois faces et simili bois côté balcon. Deux types de parement ont été employés. Le pre-mier comprend 6 000 m² de lames en aluminium de 300 mm à emboîtement fixées sur une ossature en acier posée horizontalement. « Ce système de liaison ne supporte pas l’approximation car une fois mise en place, les lames ne peuvent plus bouger, explique Vincent Lesage, dirigeant de SNPR. Le calepinage doit donc être particulièrement ajusté et respecté à la lettre. Cette caractéristique a impacté le travail des menuisiers et celui du gros œuvre qui ont adapté

L e S I N T e R v e N A N T S

Maître d’ouvrage Secib

Maître d’œuvre Tetrarc

Entreprise de bardage SNPR

L e S p R O d u I T S

Parements de façade aluform, Fundermax ExteriorIsolant en laine minérale  Façade 032 B (Knauf Insulation)Isolant en verre cellulaire  Foamglas T4 (Pittsburgh Corning France)

leurs mesures au positionnement des lames. » Côté balcon, 2 600 m² de panneaux stratifiés viennent habiller terrasses et loggias ainsi que l’ensemble des rez-de-chaussée. La première des trois tours et ses 44 appartements ont été livrés en septembre 2011 après une quinzaine de mois de travaux. Ils sont aujourd’hui habités. Les deux autres bâtiments avec 42 logements chacun devraient être achevés début mai. l

T R A I T e m e N T d u c + d A u d R O I T d e S b A L c O N S

poteaux croisés pour maintenir les balconsDésolidariser les balcons de la paroi en béton est une configuration efficace en matière de réduction des déperditions thermiques. Dans le cas du Casé alté, elle a néanmoins né-cessité de mettre en œuvre d’autres soutiens à leur maintien que les seuls trois points d’accroche (par bandes noyées) prévus en façade. « Les poteaux croisés n’ont pas qu’un rôle esthétique, rappelle l’architecte. Ils consolident également les loggias. »

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Isolant en verre cellulaireEuroclasse aCornière

en acier galvanisé fixé mécaniquement au support

Isolant laine minéraleEP : 100 mmR : 3,12 m2 K/WEuroclasse a1

Panneau de bardage

Pente balcon