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BENOIT-BEAUDRY GOURD Angliers et remorqueur de bois T.E. DRAPER L'exploitation forestière et le flottage du bois au Témiscamingue Collège de 1 'Abitibi-Témiscamingue Cahiers du Département d'Histoire et de Géographie Travaux de recherches no. 5 Rouyn juin 1983

Angliers et le remorqueur T.E. Draper · 2018. 4. 16. · VIII Liste des plans et cartes: Les axes de peuplement de 1 'Abitibi-Témiscamingue. Le Témiscamingue en 1937. Les concessions

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1 :t 1

BENOIT-BEAUDRY GOURD

Angliers et 1~ remorqueur de bois T.E. DRAPER

L'exploitation forestière et le

flottage du bois au Témiscamingue

Collège de 1 'Abitibi-Témiscamingue

Cahiers du Département d'Histoire et de Géographie

Travaux de recherches no. 5

Rouyn juin 1983

1 AOUT 1983

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Mise en garde

La bibliothèque du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue a obtenu l’autorisation de l’auteur de ce document afin de diffuser, dans un but non lucratif, une copie de son œuvre dans Depositum, site d’archives numériques, gratuit et accessible à tous.

L’auteur conserve néanmoins ses droits de propriété intellectuelle, dont son droit d’auteur, sur cette œuvre. Il est donc interdit de reproduire ou de publier en totalité ou en partie ce document sans l’autorisation de l’auteur.

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Ouvrage publié par le Comité de la collection

Les Cahiers du Département d'Histoire et de Géographie.

Maurice Asselin, responsable Louise-Hélène Audet Guy Lemire Benoît-Beaudry Gourd Yvon Lafond Nicole Berthiaume

Maquette de la couverture: HEBERT/S IMARD Rouyn.

(C) Cahiers du Département d ' Histoire et de Géographie Collège de 1 ' Abitibi-Témiscamingue .

Dépôt Légal - 2e trimestre 1983 Bibliothèque nationale du Québec .

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Les Cahiers du Département d'Histoire et de Géographie

Déjà parus

Recueils d ' études

IV

. Cahier no. 1: Abitibi-Témiscamingue. Quatre études sur le Nord-Ouest québécois, 1974 (épuisé).

. Cahier no . 2: L'Abbittibbi-Témiskaming. Hier et aujourd'hui, (1975) (épuisé).

. Cahier no. 3: De l'Abbittibbi-Témiskaming, 1976 (épuisé).

. Cahier no . 4: De 1 'Ab bi tti bbi-Té'mi skami ng 4, 1977 (épuisé).

Cahier no. 5: De 1 'Abbittibbi-Témiskaming 5' 1979 (épuisé).

Monographies

Normand Paquin, Histoire de 1 'Abitibi-Témiscamingue, 1981, 206 p .

. Nicole Berthiaume, Rouyn-Noranda, 1981, 169 p.

Travaux de recherches

No. 1 Travaux du Séminaire sur 1 'histoire de 1 'Abitibi-Témiscamingue de l'Université du Québec, 1980, (épuisé).

No. 2 Benott-Beaudry Gourd, Mines et Syndicats en Abitibi-Témiscamingue, 1981, (épuisé).

No. 3 Benoît-Beaudry Gourd, Le Klondyke de Rouyn et Les Dumulon, 1982, 114 p.

No. 4 Maurice Asselin, La Colonisation de l'Abitibi. Un projet géopoli­tique, 1982, 17 1 p.

Aussi: Abitibi-Témiscamingue. Carte historique, 1980.

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VII

TABLE DES MATIERES PAGE

Liste des plans et cartes. VIII

IX Li~te des tableaux ....................... .

INTRODUCTION: LE PEUPLEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DU TEMISCAMINGUE 1850-1950. UN SURVOL HISTORIQUE ....... . 1

PREMIERE PARTIE: L1 EXPLOITATION FORESTIERE AU TEMISCAMINGUE. 13

A) L1 EVOLUTION DE L1 INDUSTRIE FORESTIERE AU TEMISCAMINGUE. . 14

1) Les chantiers du lac Kipawa et du lac Témiscamingue 1850-1917. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

2) La Riordon Pulp and Paper au Témiscamingue 1917-1925. 19

3) La Canadian International Paper au Témiscamingue 1925-1950.................... 23

B) LES TRAVAILLEURS FORESTIERS. L1 EVOLUTION DES CONDITIONS ET DES METHODES DE TRAVAIL. . . . . . 45

C) LE FLOTTAGE DU BOIS AU TEMISCAMINGUE. . . . . . . . . 55

DEUXIEME PARTIE: ANGLIERS, LE T.E. DRAPER ET LE FLOTTAGE DU BOIS SUR

Annexes:

1.

2.

3.

LES LACS DES QUINZE ET SIMARD. . 62

A) LE FLOTTAGE DU BOIS ET LE T.E. DRAPER~ . . . . . . 62

B) ANGLIERS, EVOLUTION D1 UN VILLAGE DU TEMISCAMINGUE. 77

Dro i ts de coupe pour les colons du Témiscamingue 1896 et 1907. . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . .

L•ordonnance du 13 sept embre 1939 su r les conditions salariales des travailleurs forestiers de la province de Québec. • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ·· .

Entrevues. Recherche T.E. Draper . Fiche s ignalitique ....

89

90

95

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VIII

Liste des plans et cartes:

Les axes de peuplement de 1 'Abitibi-Témiscamingue.

Le Témiscamingue en 1937.

Les concessions de la Riordon Pulp & Paper 1917-1925.

Les activités de la Canadian International Paper en 1948.

Les concessions forestières de la Canadian International Paper, Divi-sion Kipawa-Noranda 1925 et 1966. . . . . . ....... .

Les districts administratifs du ~1inistère des Terres et Forêts à partir de 1942. . • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les principaux bassins forestiers du Québec et de 1 'Abitibi-Témiscamin-gue. . . . . . . . . . . . . . .

Le flottage du bois sur les lacs Des Quinze et Simard ....... .

Page

3

10

22

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36

40

44

74 - 75

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1 IX

1 Liste des tableaux et graphiques: Page

Evolution de la population du Témiscamingue de 1975 à 1930. . . . . . 6

Le Témiscamingue. Statistiques agricoles de 1929 ..•... 7

Evolution de la population du Témiscamingue, de l'Abitibi et de la région de l'Abitibi-Témiscamingue de 1871 à 1976. . . . . . . • 11

Etat des opérations forestières dans la région de l'Outaouais supé-rieur 1880-1935. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Transferts de concessions du Témiscamingue de la Riordon Pulp & Pa-per à la Canadian International Paper en 1925. . . . . . . . . . . . 26

Volume des coupes de bois de la Riordon Pulp & Paper et de la Cana-dian International Paper sur leurs concessions du Témiscamingue et de l'Outaouais supérieur de 1918-19 à 1954-55. . . . . . . . . . . . 27

Volume des coupes de bois sur les concessions de la Canadian Inter-national Paper, Division Noranda, 1952-53, 1953-54, 1954-55. . . . . 35

Coupe annuelle de bois au Québec en millions de pieds cubes 1915-1955. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Production de bois de pulpe en Abitibi et au Témiscamingue, 1942-1966. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Volume des coupes de bois dans les forêts de la Couronne en Abitibi et au Témiscamingue, 1948-1962. . . . . . . . . . . . . 42

Volumes des coupes de bois dans les forêts de la Couronne en Abitibi-Témiscamingue par bassin forestier en 1948, 1949, 1950. . . . . 43

Nombre de chantiers ouverts au Témiscamingue et en Abitibi pour les années 1942 à 1947. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

Les remorqueurs de bois de la (Kipawa) Noranda Woods Division. 60

Fiche signalitique du T.E. Draper ... 76

Evolution de la popu l at ion d'Angliers, 1927-1981 .. 85

Maires et secrétaires -trésori er s de la municipalité d'Angliers de 1945 à 1981. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

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PRESENTATION

Ce texte constitue le rapport synthèse d'une recherche d'interprétation historique du bien historique classé le remorqueur de bois T.E. DRAPER d'Angliers. Le DRAPER se trouve aujourd'hui sur sa rampe de lancement à Angliers sur les bords du lac Des Quinze . Le remorqueur de bois té­moigne de la vie forestière au Témiscamingue et plus particulièrement du flottage du bois sur le lac Des Quinze et le lac Simard.

La recherche, commandée par la Corporation Les Promoteurs d'Angliers pro­priétaire du Draper et financée par le Ministère des Affaires culturelles du Québec comportait plusieurs aspects. Il s'agissait de réaliser une bibliographie thématique, d'élaborer un dossier de données brutes et d'ef­fectuer une recherche photographique et cartographique sur le sujet.

Le résultat de la recherche comprend un travail d'illustration photogra­phique (30 photog raphies format 16 x 20), une carte à grande échelle sur 1 'exploitation forestière et le flottage du bois et une synthèse histori­que. Le dossier des données brutes contient entre autres 16 heures d'en­trevues sur bandes magnétiques réalisées avec des pionniers d'Angliers.

La recherche fut effectuée entre septembre 1981 et avril 1982 par Carmel­le Dion, Benort-Beaudry Gourd et Jocelyne Saucier des PRODUCTIONS ABITI­BI-TEMISCAMINGUE INC. de Rouyn. Les Cahiers du Département d'Histoire et de Géographie publie ici une version remaniée du texte synthèse rédi­gée par Benoît-Beaudry Gourd.

Le Comité de la collection Rouyn Juin 1983.

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INTRODUCTION

LE PEUPLEMENT ET LE DEVELOPPEMENT DU TEMISCAMINGUE 1850-1950. ON SURVOL HISTORIQUE

L'Abitibi-Témiscamingue constitue une reg 1on â part au Québec.

Le Témiscamingue se peuple à la toute fi n du XIXe si~cle et les premiers

établissements permanents en Abitibi remontent à 1912. Ce retard dans le peuplement s'explique par 1 ' éloignement et surtout par 1 'absence de

bonnes voies d'acè~s naturelles. Le plateau laurentien dans son secteur le plus massif isola it au sud-est l 'Abitibi-Témiscamingue des régions préalablement aménagées du Québec.

L'Abitibi et le Témiscami ngue demeurent jusqu'au milieu du siè­cle dernier la terre séculaire des indiens Algonquins. Constitués en pe­

tits groupes sans lieu de résidence fixe, l es Algonquins se déplaçaient sans cesse à 1 ' intér i eur de ce vaste territoire riche en gibie r et en poisson. Aux XVIIe et XV II Ie siècles, la fourrure puis l'ardeur mission­

nai re vont attirer l es blancs ver s l es i mme nses soli tudes boisées du Té­

miscamingue et de l 'Abitibi. Explorateurs, ma rchands de fourrure et mis­sionnaire gagnent la région par la grande voie d ' eau qu i, de la rivière des Outaouais et du lac Témiscamingue, mène par l acs, rivières et portages

vers la Baie James. C'est l e chemin de fer qui à la fin du XIXe vient

rompre l'isolement de l'Abitibi-Témiscamingue. Le Canadien Pacifique en

atteignant le lac Témiscamingue en 1896 puis le Transcontinental en t ra­versant 1 ' Abitibi au début des années 19 10 ouvrent déf initivement l a ré­

gion au peupl ement blanc et à 1 'ex ploitation organisée des ressources.

Les Algonqu ins se sédentarisent peu à peu . Le développement blanc les

dépossède et les margina l ise.

Le vaste mouvement de colonisation intérieu re qui débute alors s'effectue le long de trois axes de pénétration et donne vie à troi s zo-

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nes de peuplement: le Témiscamingue, 1 'Abitibi rura1 et la zone miniêre de la Faille de Cadillac. La population de 1 'Abi.ti.bi-Témiscamingue pas ... se de quelques milliers au début du siêcle a 141,458 en 1951.

L'exploitation forestiêre et la colonisation agricole de la ré­gion, qui permettent la naissance des zones rura1es du Témiscamingue· et de l'Abitibi, demeurent indissociables. Les colons qui s'infiltrent au Témiscamingue derriêre les chantiers a partir de 1880 vont ijépendre long­temps de 1 •activité forestière qui 1 eur assure 1 e travail et 1 es débou­chés pour les produits de la ferme. En Abitibi, colons et bOcherons se lancent ensemble a la conquête du nouveau pays de colonisation. C'est toutefois le bois qui permet a 1 'Abitibi de se développer jusqu'aux an­nées 1930, avant que la première génération de colons commence a vivre de la terre.

Les compagnies forestières font leur apparition au Têmiscamin ­gue au milieu du XIXe siêcle. Des marchands de bois obtiennent du gou­vernement québécois de larges concessions dans les secteurs des lacs Ki­pawa, Témiscamingue, Des Quinze et Simard (Expanse a l'époque). Dispo­sant de puissants moyens, les compagnies se lancent a 1 •assaut des gran­des forêts de pins du Témi scamingue a partir de 1850. Les chantiers se concentrent d'abord autour du lac Kipawa et au sud du la.c Témiscamingue. Les zones de coupe gagnent ensuite le nord du lac Témiscamingue, puis le bassin des lacs Des Quinze et Simard. Quarante chantiers sont en opé­ration au Témiscamingue en 1885 et 2,000 hommes y travaillent écrit Au­gustin Chenier dans ses Notes historiques sur le Témiscamingue.

Derrière les chantiers vont s'infiltrer les col ons. L'antique mode d'occupation des terres vierges tel qu'il s'est déchainé depuis le début du XIX e siècle à travers toutes les Laurentides se répète au Témis­camingue. Le géographe Raoul Blanchard a très bien décrit le processus d'occupation du sol :

«En avant-garde s'avancent les ravageurs, sous les espèces des compagnies de bois et leurs chantiers; â grand renfort de

1

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1 les axes de peuplement .de l'Abitibi-Témiscamingue

1' •, ' •

·. '• ,

'.,. RIVIËRE HARRICANA .. , ·· ..

! Villes minières isolées

~Normétal

.... , ·,

.... Temiscaming

Axe du Témiscamingue: peuplement agricole

··· ------O.N.R. '. c.P. - Ville forestière isolée '• ' •,

bel-sur-Quévillon

... .. , ;> Axes de pénétration

LAC NIPISSING

ONTARIO ··. C.P. RIVIERE

·,'·, •·. OUTAOUAIS

RESERVOIR GOUIN

'~~~:~~ · ······• ·•••••• .... m!

Source: B. - Beaudry Gourd, Mines et syndicats en A bitibi-Témiscamingue, 1910 - 1950

···. '•

'---------~-----------------------·····-----------'

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destructions, coupes sauvages, feux de forêts, ils font place nette, ou du moins ouvrent de larges trouées qui ajournent la masse forestière.

Derrière eux, dans les espaces dégagés, progressent l es véritables colons , travail­lant chacun à leur défrichement, 1 'élargis­sant patiemment; peu à peu ces charn i ères d'exploitation se rejoignent; 1 'occupation se dilate le long des terrasses lacustres, et aboutit à la fondation de solides parois­ses» .

Il s'agit de colonisation spontanée. Des ruraux des vieilles régions du Québec venus en chantiers 1 'hi ver font connaître le «nouveau pays» et les qualités de la terre, et,souvent , s'y installent. Les pre­miers colons s'établissent dans le canton de Duhamel sur les bords du lac Témiscamingue, là oQ les Pères Oblats ont déjà commencé à défricher et à cultiver. L'action du clergé mérite d'être soulignée . Elle s'a vère en effet déterminante dans l'ouverture du Témiscamingue à la col onisation agricole. La Société de coloni sation du lac Témiscamingue, fondée en

1884 à 1 'init iative du haut cl ergé outaoua is, va oeuvrer activement au peuplement de la nouve lle région de colonisation. La Société s'occupe d'améliorer les communications avec l'Outaouais et de faciliter l'instal­lation des colons.

Les résultats se font sentir en moins d'une décennie . Le Témis­camingue compte que 37 famil les en 1885. On en dénombre par contre 300 en 1893. La colonisation a gagné les cantons de Guigues , Fabre et Laver­lochère. La population témi scamienne passe de quelques centaines à plus de 3,000 habitants en 1906 . Les cantons de Baby, Nédelec, Mazenod, Gué­rin et Latul ipe sont éga lement occupés. Au recensement de 1911, le Témis­camingue abrite 8,293 pe rsonnes.

La région durant ces années de colonisation s'est organisée. Un embranchement du Canadien Pacifique relie à partir de 1896 Mattawa au sud du lac Témiscamingue. La navigation sur le lac connaît alors un grand essor. De gros ba t eaux à vapeur navi guent entre le sud du lac et l es

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centres de colonisation du nord, aussi bien ceux de la rive ontarienne que ceux du Québec. Le Témiscamingue profite de plus a partir de 1905 du Témiskaming and Northern Ontario Railway. Il suffit aux Témiscamiens de traverser le lac pour emprunter le chemin de fer ontarien. Un embryon de réseau routier se développe et remplace graduellement les chemins de pénétration.

Le Témiscamingue se pourvoit également des cadres qui lui sont indispensables. Les paro i sses, structures a la fois administratives, so­ciales et religieuses, sont er1gees. La création des paroisses suit le rythme de la colonisation. Ville-r~arie, située à la Baie des Pêres du lac Témiscamingue, est créée la première en 1888. Ville-Marie constitue alors le point d'arrivée des colons au Témiscamingue et la porte d'entrée vers les cantons de colonisation. Apparaissent ensuite au début du siêcle

les paroisses de Saint-Bruno-de-Guigues, Lor rainville et Notre -Dame-du­Nord. Puis huit nouvelles paroisses voient le jour au cours des années 1910 : Fabre, Laverlochère, Béarn, Saint-Eugène-de-Guigues, Guérin, Néde­lec, Fugèreville et Latulipe.

Certaines de ces localités connaissent une expansion relative­ment rapide. Elles deviennent de peti t s centres administrat ifs et de services. Ville-Mari e, désignée comme chef-lieu du Témiscamingue vers 1890, s'impose comme l a capitale administrative de la nouvelle région. Saint-Bruno, Lorrainville et Notre-Dame-du-Nord prennent aussi une phy­sionomie de village. On y retrouve de petites industries de bois, des forges, des magasins. En 1913, Ville -r~arie compte 1,175 habitants, Saint­Bruno, 1,125, Lorrainville 1,000 et Notre-Dame -du - Nord 800 . Le Témisca­mingue constitue en 1921 une région de 11 ,700 habitants qui se concentren t dans les paroisses agr icol es créées autour du lac Témi scamingue. A 1 'ex­trême sud, la compagnie Riordon Pulp & Paper a érigé en 1918 une ville tout à côté de sa nouvelle pu l perie. La ville de Témiscaming abrite en 1921 environ un millier de personnes. Le «Vieux Témiscamingue» se trou­ve ainsi formé en attendant les plans de colonisation de la crise économi­que qui vont ouvrir sa partie nord au peuplement et ainsi le souder à la région des mines de Rouyn et à 1 'Abitibi.

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EVOLUTION DE LA POPULATION DU TEJ'I!ISCAJ'I[INGUE DE 1975 A 19 30

1875 1882 1885 1887 1891 1895 1896 1906 1913 1920 1925 19~

Mission du Témiscamingue 330 390 560 875 1072 1500 2100 1

Canton Duhamel 345 1

921 1 Canton Guigues 1

Canton Fabre 635 1

Cantons Baby e~ Laverlochère 300 1

Ville~ie (1880) 545 1175 1300 1200 1400 1

'

Notre-Dame du Nord ( 1896) 800 783 1132 1400

1 Lorrainville (1905) 1000 1100 1200 1275 Saint-Bruno de Guigues (1906) 11 25 1300 1285 1315

1

Fabre (1909) 675 898 876 i

720 1

1

Laverlochère (1909) 625 520 627 823 1

1

Béarn (191 0) 425 514 640 710 1

1.0 1

Saint-Eugène de Guigues (1911) 370 500 570 686

~reville (1912) 325 427 550 567 1

Guérin (1912) 550 500 625 661

Nédelec (1914) 150 575 600 625

Témiscaming (1919) 1

2500

Latulipe (1924) 125 125 320

Angliers (1925) 200 1

1

1

TOTAL TEMISCAMINGUE 330 390 560 875 1072 1500 2100 2111 7345 8364 9327 i 3.::.:::;~

SOURCE: :OOUCHER, R., La colonisation du Témiscamingue. Document d'interprétation sur la colonisation, Rouyn, septembre 1981

~ ~ - ---- - ~~ - - - - -- -- -- - ---- - - - ------ -- - ---- -

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LI: 1 t:.MJ ::,lAf'11NbUt Statistiques agricoles de 1929

Population: 18,229 ames (1930 )

Evaluation municipale:

Biens imposables ••• • ••.•••.•••. Biens non imposables ••••••.• . . .•• Barrage sur la Rivière des Quinze. Roula nt. • • • • • • • • • • . • • Automobiles: 692 .•••••.•. Terrain en culture: 84,133 acres Superficie totale: 349,727 acres

Tata 1. .

' ANIMAUX DE FERME

3,080 chevaux • •••.•.•• •.• .• •• 8,648 vaches lai t iêres •••.•.••.•.

10,196 autres bHes a cornes . 8,506 cochons ••• ••• •• 7,634 moutons ••.•.••.

12 chêvres • • •.• • •• 176 oi es •. • . • • .•. •• •.•. •.

75 dindes . • • • • • • . . • • . • . • . 155 canards . . . • • • . • • . . • • . •• 702 lapins ••.••••. • ... •••.

43 ,698 poules • •• • .• •••..• ••.•

""

469 ruches d ' abeilles •••••... •• •

Total.

RECOLTES

40,190 t onnes de foin ••••...• • • . . , 19,929 minots de blé. . • . • . • . . . . . 40,123 mi nots d'orge • ••.. • •• .. . ..

390,355 minots d' avoine • . •....•. •. • 18,357 minots de pois •...•....... 1,193 minots de sarrazin •. . . .. . ••. 9,018 minots de mélange ••.•••.•..

48,741 livres de trêfle rouge . .. •• •• . 27 , 947 livres de trêfle Alsike .

157,675 livres de mil. • . . . . .• .• • 146,856 minots de patates .•• . ••• • •.. 142,442 livres de choux ••• •• •..•••• 776,945 livres de navets . . • . . .• . • 258,325 livres de carottes • . ....•. • . 153,597 1 ivres de betteraves. . • • • • . • . 95,828 livres de concombres .•...••••. 72,367 1 ivres de tomates .• • .. . 16,622 douzaines de blé-d'Inde . . . • • • • 18,861 livres de fraises de jardin •.•. • • 29,750 paniers de bluets •••.•.••. ••

Total.

Grand tata 1. . ••

14 135 155.10$ 5 173 028,10 1 000 000,00 1 039 515,00

521 100 ,00

21 868/98,2U$

431 200,00$ 648 600,00 356 860,00 212 650,00

61 072,00 144,00 264 ,00 225,00 193,75 351,00

43 698,00 7 035 ,00

1 762 292,75$

401 900,00$ 24 901,25 24 073,80

195 177 ,50 55 071,00 1 371 ,95 5 410,80

12 185,25 6 148,34

15 767 ,50 133 170,40

4 273,26 6 679,45 5 166,5û 4 607 ,91 4 791,40 5 789,36 4 986 ,60 1 886,10

29,750,00

958 678,37$

24 589 769,32$

L'I NDUSTRIE LA ITIERE

Paroisses

Ville -1,1ar ie . . . .... .. . Laverlochêre . .. . .. . . . . Fugêrevill e . . . . . . .. . . St-Placide ..... . ... . . Guigues .. .. .... .. . . St-Eugêne .. .. .. .. .. . Lorrainville R-6 .. ..... . Lorrainville Village .. . .. . Fabre . • ........ .. . Notre -Dame-du -Nord . ..... . Néaelec (voir pius bas) .. . .

Paroisses

Nédel ec ...... .. ... . Guérin .. La tulipe . . . . . . . . . . . .

Beurre

89,915 l bs . 86,256 " 81,416 ' 1

69,416 '' 143,255 ' ' 110 , 748 ' 1

38,605 '' 126,468 ' ' 87, 503 ' ' 65,86 1 ' ' 37 ,384 ' 1

Fromage

4 ,475 lbs. 6 ,467 ' ' 5 ,842 ''

Production de beurre ..... 936,827 lbs. Production de fromage . . . . . 168,784 1

' •

Product i on de crême expédiée à 1 'extér i eur .

·;a 1 eur

25 625,78$ '24 582, 96 23 203,56 19 783,56 '30 827,67 d 568, 18 ll 002,43 36 043,38 24 938,36 19 370 .38 :è O 654.64

·---·---------

7077 .25$ l ü 120,05 7 021,64

247 595 .90$ 24 218,55 30 000-,00

TOTAL ... . .. . 301 804.45$

SOURCE : QU EBEC (PROV .) , DEPARTEMENT DE LA COLONISATI ON , DE LA CHASSE ET DES PECHERI ES, Le Témiscami ngu e agri­cole . Statistiques de 1929-1930 , Quéoec , 193 1.

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8

L•industrie du bois va constituer pendant longtemps le moteur du

développement économique du Témiscamingue. Le travail dans les chantiers fait vivre la majorité des colons. Ce sont prês de 5,000 hommes qui s•ac­tivent dans les forêts du Témiscamingue en 1905. Les chantiers représen­tent aussi le principal débouché pour 1 •agriculture naissante du Témisca­mingue. Les entreprises forestières et le monde de la colonisation ne font pourtant pas toujours bon ménage, s•opposant réguliêrement au sujet de 1 •utilisation du terr i toire. Le droit du colon de tirer profit du bois sur ses terres demeure sans doute le plus grand point de friction entre les colons et les compagnies de bois.

Le .Témiscamingue connatt un ralentissement de sa croissance dé­mographique au cours des années 1920. On assiste aussi durant la décen­nie à la consolidation dé 1 •agriculture témiscamienne qui atteint sa ma­

turité. Le Témiscamingue possêde en 1929, 84,133 acres de terres en cul­ture. On dénombre sur les fermes 3,000 chevaux, 8,700 vaches et 10,000

autres bêtes à cornes. La va l eur des récoltes approche le million de dollars. Les paroisses du Témiscamingue produisent de plus cette année­là 937,000 livres de beurre. La vocation agricole de la région s•affir­me définitivement à la fin des années 1920. Le Témiscamingue compte alors plus de 18,000 habitants.

L•tndustrie forestiêre subit elle aussi des changements marqués au cours des années 1920. La pulperie de Témiscaming commence à produi­re. La Riordon contrôle maintenant au Témiscamingue d 1 immenses ét endues de forêt, ayant acquis les concessions de nombreuses compagnies pour as­surer 1•approvisionnement de son usine. L•exploitation du bois de pul­pe devient intensive. Les chantiers pénêtrent de plus en plus profondé­ment à 1 •intéri eu r des forêts du bassin des lacs Des Quinze et Simard. En 1925 la puissante Canadian International Paper achète la Riordon. La compagnie papetière va r ég ner sur 1 1 indust r ie du bois du Témiscamingue pendant un demi-siêcle . L•arrivée du chemin de fer! Ville-Marie et An­gliers en 1923, en pl us de stimule~ 1•agriculture, permet aussi aux co­lons et agriculteurs témi scamiens de faire le commerce du bois de pulpe

se trouvant sur leurs lots. La C.I.P. va en effet acheter régulièrement

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de grandes quantités de bois dans les paroisses du Témiscamingue traver­sées par le chemin de fer.

Le Témiscamingue voit durant les années 1930 son territoire agri­cole s'étendre. Les plans de colonisation de la crise économique donnent naissances à de nouvelles paroisses dans 1 'est témiscamien (Laforce et Moffet) et surtout au nord (Rémigny, Rollet, Montbeillard). Ces centres de colonisation vont combler l'hiatus entre le Témiscamingue, la zone mi­nière de Rouyn-Noranda et 1 'Abitibi. Cette reprise de la colonisation et le fort taux de nata l ité du monde rura l entraînent une augmentation rapi­de de la population du Témiscamingue qui passe de 20,609 habitants en 1931 à 40,471 en 1941 et 55,102 en 1951.

Le monde rural du Témiscamingue subit à partir de 1 'après-guerre de profonds changements . La venue de 1 'électricité dans les campagnes par le biais de la Coopérative d'électricité du Témiscamingue modifie les ha­

bitudes de vie des agriculteurs. La mécanisation du travail de la terre transforme l'agriculture qui graduellement se spécialise. On assiste éga­lement à la consolidqtion du domaine agricole, les grosses exploitations s'agrandissant au dépend des petites fermes. Ces changements coïncident dans la plupart des paroisses du Témiscamingue avec 1 'arrivée sur les fer­mes d'une nouvelle génération d'agriculteurs.

L'industrie forestière amorce elle aussi avec les années 1950 une période de changements. Le travail en forêt se mécanise. La main d'oeuvre va devenir de plus en plus spécialisée. Le temps oO les culti­

vateurs d'une paroisse montaient en chantiers à l' automne avec le contrac­teur du village apparart pratiquement révolu à partir de 1950. Les gran­des zones de coupe de la C.I.P. se sont considérablement éloignées du Té­miscamingue dans les années 1940 pour pénétrer au coeur des forêts des sources de l'Outaouais. Cependant, le bois f lotté depuis l'Outaouais supérieur, continue d'emprunter le système d'eau du Témiscamingue avant

d'aboutir à 1 ' usi ne de Témiscaming .

Le Témiscamingue a fait en 1950 son plein de population. Jamais

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CO'-\TÉ

TÊMISCfMINGUt 1937 Q

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---~ COIIITÊ D'4BITIBI

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ANNEE

1871 1881 1891

1901 1911 1921

1931 1941 1951

1956 1961 1966 1971 1976

SOURCE:

11

tVOLUTION DE LA POPULATION DU TtMISCAMINGUE, DE L'ABITIBI ET DE LA RtGION DE L'ABITIBI-TtMISCAMINGUE

DE 1871 A 1976

TEMISCAMINGUE ABITIBI RtGION

1 024 1 024 1 099 1 099 1 903. 1 903 4 280 2 405 6 685 8 293 2 063 10 356

11 764 14 807 26 571 20 609 23 692 44 301 40 471 67 689 108 160 55 102 86 356 141 458

57 661 99 578 157 239

60 288 108 313 168 601

60 312 114 725 175 037

54 656 122 244 166 900 52 392 87 939 140 331

BOILEAU, G., L'Abitibi-Têmiscamingue, Québec, Editeur officiel du Québec, 1979, (Collection Etudes et Dossiers, série Etudes régionales).

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le territoire ne sera si pleinement occupé. La désertion des campagnes touche déja toutefois de nombreuses paroisses du Témiscamingue, en parti­culier celles des marges. La po~ulation témi scamienne augmente encore lé­gêrement au cours des années 1950, mais le dëcl in est par la suite brutal: 60,288 habitants en 1961, 54,656 en 1971 et 52,392 en 1976.

Le Témiscamingue se constitue en quE!lques décennies. La région d'abord considérée comme un simple réservoir de bois, se peuple vérita­blement a partir du début du siêcle. Le «nouveau pays» de colonisation s'organise rapidement malgré son isolement par rapport a l'ensemble du Québec. La colonisation de 1 'Abitibi et le développement des mines de la Faille de Cadillac sortent vers le milieu des années 1920 le Témisca­mingue de sa solitude. La région québécoise reste néanmoins longtemps liée ~ar delâ le lac Témiscamingue au Témiskaming ontarien. La vocation agricole du Témiscamingue s'affirme sans équ 'ivoque dès le début de la deuxiême grande guerre. C'est toutefois 1 'exploitation de la forêt qui permet 1 'ouverture du territoire dans la deuxiême moitié du XIXe siècle

et qui donne pendant des décennies son impulsion au développement de la région. L'industrie du bois demeure par la suite essentiel le a sa sta­

bilité économique.

L'histoire du Témiscamingue apparaf t donc in t imement liée â 1 'ex­

ploitation forestière.

1

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PRE~1It:RE PARTIE : L 1 EXPLOITATION FORESTit:RE AU TtMISCAI11INGUE

On retrouve les premiêres traces de la coupe de bois au Témis­camingue a la fin du XVIIIe si~cle. Augusti n Chenier signa l e en effet dans ses notes historiques sur l e Témiscamingue la présence de bûcherons

au Témiscamingue en 1799. C'es t toutefois de la seconde moitié du XIXe si~cle qu 'il faut dater les vé ri tables débuts de 1 'exploitation fores­ti~re. On peu t dist inguer deux grandes pér i odes dans la mise en valeur des ressources de la forêt au Témiscamingue . La première s'étend de 1850 jusqu'a la fin des années 1910. Les chantiers font leur apparition au Témiscamingue du rant ces années; timidement d 'abord, puis de maniêre définitive a partir de 1880 . Les bûcherons s'attaquent alors aux gran­des forêts de pi ns qu'ils vont déc i mer en quelques décennies . Une deuxiè­me période s'ouvre avec la construction en 1917 de l'usine de pâtes de Kipawa par la Riordon Pu l p and Paper. La coupe du bois à papier s'inten­

sifie et devient bientôt prépondérante au Témiscamingue. La concentra­tion industrielle amorcée par la Riordon s 'accentue en 1925 lo r sque la Canadian International Paper achète l'usine et les concessions de la Rior­don. Le géant du papier règne alo rs en ma rtre sur les forêts du Témis­

camingue pendant plus d'un demi -siècle .

Il faut aussi toujours se rappeler que le Témiscamingue fait par­tie de l'immense bassin hydrographique de l'Outaouais supérieur. Le systè­me d'eau del 'Outaouais permet 1 •accès aux grandes étendues boisées et sur­tout rend possible le flottage du bois sur de très longues distances .

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A) L'EVOLUTION DE L'INDUSTRIE FORESTI[RE AU TEMISCAMINGUE

1) LES CHANTIERS DU LAC KIPAWA ET DU LAC TEMISCAMINGUE 1850-1917

L'exploitation des forêts du Témiscamingue s 'amorce véritable­

ment avec la seconde moitié du XIXe siêcle, bien que des chanti ers aient

existé avant cette date . La Compagnie de la Baie d ' Hudson par exemple cou­

pe du bois au Témiscamingue en 1810 pour pallier a la baisse des revenus

de la fourrure. Elle est de nouveau active en forêt de 1840 a 1843 dans

le secteur nord du lac Témiscamingue oQ elle opère trois chantiers. A

la même époque , des marchands de bois, les ~1cConnell, s'installent au sud du lac. En 1845, c'est la John Egan Company qui obtient des permis de

coupe autour du lac Témiscamingue. Ces premières expériences de coupe de

bois au Témiscamingue demeurent évidemment marginales . Elles annoncent

cependant un mouvement appelé a prendre une ampleur consi dérable.

Les compagnies forestières opérant dans le bassin de l' Outaouais inférieur commencent à partir de 1850 à s 'intél~esser aux grandes zones

boisées situées plus au nord, connues alors comme le Bloc A du Pontiac. Les revenus de vente de limites à bois et les droits de coupe perçus re­

présentent durant la seconde moitié du XIXe siècle l'une des plus impor­tantes sources de revenu s de 1 'Etat québéco is. Les autorités gouverne­mentales favorisent donc 1 'exploitation des ressources forestières en

mettant régulièrement en ven te aux enchères de très grandes concessions.

D'immenses étendues de forêt sont ainsi affermées durant les années 1860-1890. En 1868 par exemple, 5,664 mi lles carrés de li mites forestières si­

tuées en Mauricie et dans l'Outaouais sont offertes aux enchères. En oc­

tobre 1880, 3,243 mi lles carrés de concessions comprises dans le Bloc A

du Pontiac sont vendues . Plusieurs compagnies de bois obtiennent alors

de larges limites de coupe autour des lacs Kipawa, Témiscamingue, Des Quinze et Simard . De nouvelles concessions sont encore vendues au Témis­

camingue en 1885 puis en 1905 .

1

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Les marchands de bois pénètrent au Témiscamingue en remontant la rivière Outaouais. On retrouve donc les premiers chantiers au sud du lac Témiscamingue et près du lac Kipawa. Les zones de coupe gagnent peu à peu vers le nord et se déployent sur les deux rives du lac Témiscamin­gue. Augu stin Chenier signale en 1860 la présence d'un seul chantier au lac Témiscamingue, mais il en dénombre cinq en 1863. L'exploitation fo­restière connatt une expansion considérable au Témiscamingue jusqu'au dé­but du siècle. Plusieurs compagnies d'importance comme J.R. Booth~ Gillies Brothers, E.B. Eddy et McLaughlin opèrent dans la région du lac Kipawa. D'autres s'activent dans le secteur nord du lac Témiscamingue telles que Fraser & Co., W.C. Edwards, Bryson, Klock, Colonial Lumber. Les documents d'époque mentionnent également la présence durant les années 1900-1915 de

plusieurs autres compagnies: Hull Lumber, Hawkesbury Lumber, Ottawa Lum­ber, Sheppard & Morse~ Sherbrooke Lumber. La coupe du bois est également intensive sur la rive ontarienne du lac Témiscamingue, le long de la ri­vière Montréal et de la rivière Blanche.

Les concessions des compagnies couvrent en peu de temps la pres­que totalité du Tém iscamingue. Les marchands de bois règnent sur la ré­gion jusqu'aux années 1890. Les colons qui s'installent de plus en plus nombreux dans les cantons bordant le lac Témiscamingue viennent alors con­tester cette domination sur le territoire et 1 'utilisation des ressources. Des visions différentes du développement du Témi scamingue opposent les compagnies de bois jalouses de leurs privilèges et ;es colons et défen­seurs de la colonisation agricole comme les Pères Oblats P.E. Gendreau et C.A.M. Paradis. Les compagnies considèrent leurs droits de coupe comme inaliénables, tandis que les colons est iment que leurs billets de location

leur donnent droit à 1 'exploitat ion du bois se trouvant sur les terres concédées à la colonisation . Ces rapports conflictuels vont pa rfois abou­tir devant les tribunaux. La poursuite intentée en 1910 par Jacob Morin, un colon du canton de Guér i n, contre la Colonial Lumber va démontrer les contradictions entre les lois des Terres de la Couronne et les règlements de colonisation. Ces conflits iront pourtant en se résorbant à partir des années 1920 en raison à la fois de 1 'éloignement des chantiers des zones de colonisation et de mod i f i cations l égislatives en faveur des co-

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lons. Les compagnies foresti~res en s'approvisionnant directement au Té­miscamingue plutôt qu'à Pembrooke ou ~1attawa vont donner une impulsion â

1 'agriculture naissante. Et surtout le travail en forêt reste essentiel pour les colons du Témiscamingue pendant de longues années. Il y a en 1885, 2,000 bOcherons au Témiscamingue répartis en 40 chantiers. Et au début du siècle ce sont 5,000 hommes et 2,000 chevaux qu'on retrouve dans les forêts témiscamiennes .

L'importance de cette main-d'oeuvre laisse entrevoir 1 'ampleur de 1 ' exploitation forestière au Témiscamingue. Il n'exist~ pas de don­

nées statistiques pour la seule région du Témiscamingue avant les années 1940. Le Témiscamingue fait partie jusque là de 1 'agence de 1 'Outaouais supérieur dont les limites débordent le territoire témiscamien. L'agen­ce outaouaise forme en 1910 la plus grande région forestière du Québec avec plus de 26,000 milles carrés de concessions. Le Témiscamingue con­tribue très fortement à la production de bois imputée à 1 'Outaouais supé­rieur. Le nombre de billots coupés sur le territoire de 1 ' agence passe par exemple de 816,941 à près de 2,5 millions entre 1880 et 1890, décen­nie durant laquelle les compagnies de bois s'implantent définitivement au Témiscamingue. La production de 1 'Outaouais supérieur s'élève en 1915 à 4,9 millions de billots. La région constitue pendant une longue pério­de la principale zone de coupe du Québec. Les revenus tirés par le gou­vernement de la vente de limites à bois et des droits de coupe sont ré­vélateurs à ce sujet. En 1885 ces revenus s'élèvent à 530 115$ dont 354 290$ proviennent de 1 'agence de 1 'Outaouais supérieur. Les revenus de 1 'agence comptent en 1895 pour 559 540$ du total québécois de 806 051$. La part de l'Outaouais supérieur décroit par la suite mais son importan­ce demeure marquée. En 1915 1 'agence outaouaise contribue pour plus de 30% des revenus forestiers du gouvernement du Québec soit 690 023$ sur

un total de 1 736 605$.

Les compagnies forestières s'intéressent au départ aux pins .blancs, jaunes et rouges qui dominent les forêts des lacs Kipawa et Té-

miscamingue.

but du siècle.

Elles se préoccupent peu des autres essences jusqu'au dé­L'expansion de 1 'industrie des p~tes et du papier au Qué-

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ANNEE

1880

1885

1890

1895

1900 1905

1910

1915

1920

1925 1930

1935

SOURCES:

17

ETATS DES OPtRATIONS FORESTitRES DANS LA

RtGION DE L'OUTAOUAIS SUPtRIEUR 1880-1935

SUPERFICI E DES N0~1BRE DE ORO ITS PERCUS CONCESSIONS Mi. 2 BILLOTS COUPES PAR LE QUtBEC $

19,381 816 ,941 151,310. 18,870 1,389 , 799 253,344. 16,966 2,449,433 559,540. 20,822 2,483 , 101 431,335. 17,789 2,438 , 153 456,313.

16,311 3, 986,586 465,037. 26,335 3,010,174 345,413.

25,858 4 ,900~840 690,023. 25,645 3,785,800 600,034.

28,152 12 ,828 ,679 1,451 ,421.

29,959 20,961,579 1,470, 120.

28,593 16,630,726 703,642 .

RAPPORTS MINISTRE DES TERRES DE LA COURONNE ET DU MINISTRE DES TERRES ET FORËTS, 1880-1935.

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bec am~ne alors rapidement 1 'augmentation du volume de coupe des autres

rês~neux. L'agence de 1 'Outaoua i s supêr ieur rapporte en 1890 la coupe de plus de 2,4 millions billots de pin mais de seulement 16,966 billots d'é­pinette. La production de 1905 se chiffre a 3,166,841 pi~ces de pin et 819,745 billots d 'êpinette et de sapin. Les chiffres de production de

1915 rêvêlent la prépondêrance définitive de l a coupe du bois de pulpe

dans la rêgion de l'Outaouais supêrieur : 3,5 millions pi~ces de sapin

et d'êpinettes et 1,5 millions billots de pins . La mise en production

de la pulperie Kipawa a la fin des annêes 1910 vient consacrer la prêdo­

minance au Témiscamingue du bois de pulpe. En 1925, les compagnies de bois de 1 'Outaouais supêrieur coupent 8,885,273 pi~ces de sapin et d'épi­

nette et 3,95 millions bi l lots de pin. En 1930 le rapport est de plus de 19,5 millions bi llots de sapin et d'épinette pour 1,4 millions billots de pin. Les majestueuses forêts de pin du Témi scamingue sont a 1 'orêe

des années 1930 pratiquement dêcimées sauf dans le bassin du lac Kipawa

où, entre autres, la compagnie J.R . Booth va poursuivre ses activités. Ailleurs au Témiscamingue, les chantiers, sous la gouverne de la Compa­gn ie C.I.P .. , vont principalement approvisionner en bois de pulpe l'usine

Ki pa~tJa.

La construction de la pulperie du sud du lac Témiscamingue amè­

ne de profonds changemen ts dans 1 'industrie forestière au Témiscamingue.

Elle permet entre autres 1 'usinage sur place de la plus grande partie du bois coupé dans la région. Car, jusqu'alors, presque toute la production

des chantiers témiscamiens prenait par lacs et rivières la route du sud

vers la région de l'Outaouais. Quelques scieries transformaient sur pla­

ce le reste de la production foresti~re , principalement pour les besoins

de la construction. C'est Al ex Lumsden qui construit en 1888 la première

scier ie du Témiscamingue. Le «Lumdsen Mill», situé au sud du lac Témis­

camingue, non loin du lac Kipawa, demeure l ongtemps la seule scierie du Têmiscamingue . C'est la colonisat ion ag ricole qui permet le véritable essor des scieri es au Témiscamingue. Des petites unités de transforma­tion du bois s'implantent au cours de la période 1900- 1920 dans les prin­

cipales paroisses de colonisation témiscamiennes. Une publication du Mi­

nist~re de la colonisation dênombre en 1916, 19 scieries et 4 fabriques de

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portes et de chassis au Témiscamingue réparties dans neuf paroisses.

L•arrivée au Témiscamingue de la compagnie papeti~re Riordon et 1 1 él~ection de 1•usine de pâte soluble Kipawa marquent donc le début d•une nouvelle période dans 1 •exploitation de la forêt au Témiscamingue.

2) LA RIORDON PULP AND PAPER AU TEMISCAMINGUE 1917-1925

La Riordon Pulp and Paper constitue au début du siêcle une en­

treprise bien établie dans 1 •i ndustrie des pâtes et du papier au pays. Elle possêde entre autres une usine de pâtes solubles moderne â Hawkes­bury, dans la région de 1 •outaouais inférieur. La richesse des forêts du Témiscamingue 1 •incite a construire a partir de 1917 une autre usine au pied du lac Témiscamingue sur la rive québécoise de la riviêre Ou­taouais. Ce site est préféré â celui de Notre-Dame-du -Nord a 1 •extré­mité nord du lac, à 1 •embouchure de la riviêre Des Quinze. La pOreté de 1 1 eau du grand lac Kipawa qui se trouve a proximité et le potentiel hy­dro-électrique du Gordon Creek vont favor i ser 1 •emplacement du sud du Té­miscamingue, même si les zones de coupe de la compagnie se situent beau­coup plus au nord . La Riordon pour approvisionner son usine fait l•ac­quisition au Témiscamingue des concessions de neuf compagnies représen­

tant au total 2,538 milles carrés de territoire. Il s •ag it des conces­

sions suivantes: Hull Lumber Co. 216 mi 11 es carrés

Ottawa Lumber Co. 78 mill es carrés

Gi11ies Brothers 227 mi 11 es carrés

Fraser and Bry son 29 milles carrés

Sherbrooke Lumber Co. 50 mi 11 es carrés

Concession Hitchcock 300 mi 11 es carrés

Concessi on Bron son 475 mi 11 es carrés

Concession J.R. Nonaghan 48 mi 11 es carrés

Concession o•Brien 1,125 mi 11 es carrés

Ces immenses limites a boi s entourent les bassins forestiers des lacs Des Quinze et Simard et remontent três loin vers le nord jusque dans

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les cantons de Dufresnoy, Cléricy, La Pause et Preissac, reg1on des sour­

ces de la riviêre Kinojevis tributaire de 1 •outaouais. La frontiêre nord

du territoire de la Riordon correspond en fait a la ligne de partage des ·eaux. Ces concessions rachetées par la Riordon sont intactes sauf les concessions Monaghan et Gillies autour de la riviêre Des Quinze. On es­time a 1 'époque que ces limites renferment plus de 2,8 milliars de pieds

de bois ou 7 millions de cordes, de quoi garantir 1 •approvisionnement du

«Kipawa Mill» pendant longtemps . La Riordon Pulp & Paper batit aussi

tout a côté de son usine une ville moderne pour loger ses cadres, ses

techniciens et ses centaines de travailleurs. La ville de Témiscaming

appartient â la compagnie de papier qui y contrôle la vie collective. Une usine d'électricité de 28,000 C.V., érigée a proximité sur le Gordon Creek, fournit sa force motrice â la pulperi e. La Riordon met sur pied

une nouvelle division administrative pour d ~i riger ses opérations au Té­miscamingue. Le siêge de la Kipawa Woods Di vision est établi â Témis­

caming et un centre administratif secondaire est ouvert â Viïle-Marie. La Division Kipawa installe également un gros dépôt forestier au sud de

la Baie Gillies du lac Des Quinze. Le site est connu sous le nom de

«Riordon Depot».

Les opérations en forêt débutent à 1 •automne de 1918 et 1 •usine

entre en production peu aprês. Les zones de coupe de la Riordon se si­tuent au départ tout autour du lac Des Quinze et du lac Simard. Peu à

peu cependant les opérations forestières vont progresser vers le nord.

A partir de 1 •automne 1922, près de la moitié du bois coupé provient des chantiers situés au nord du Rapide Esturgeon, le long de 1 •outaouais su-

périeur et de la Kinojevis.

de pieds durant la première

1920-21, puis à 50 millions

La production de bois passe de 8 millions

saison de coupe de 1918-19 à 32 millions en

en 1924-25 . L' importance de la product i on et la pénétration des chantiers a 1 'intérieur des forêts de 1 •outaouais

supérieur oblige la Riordon à consolider 1 'organi sation de sa division Kipawa. Le bureau de Ville-Marie, qui sert de centre de transition pour

les marchandises et les hommes arrivant du sud par bâteau, est transféré en 1922 au dépôt Riordon. Le dépôt de la Baie Gillies, agrandi et moder­

nisé, devient alors le centre des opérations forestières de la Riordon

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au Témiscamingue. Le dépôt forestier comprend des bureaux, des dortoirs des entrepôts pour 1 'équipement et les provisions des chantiers, des ate­liers et des étables pour les nombreux chevaux qu'utilise la compagnie. Le Riordon Dépot sert aussi de point d'attache aux bateaux de drave de la Riordon .

Le dépôt profite de sa position privilégiée sur le lac Des Quin­ze. La Baie Gillies constitue, avant 1 'arrivée du chemin de fer à An­gliers, le secteur du lac le plus directement accessible a partir du Té­miscamingue rural. Un chemin de colonisation reliant Ville-Marie a La­tulipe passe a proximité. La situation centrale du dépôt facilite 1 'ap­provisionnement des chantiers répartis autour du lac Des Quinze et du lac Simard. La Riordon poss~de vers 1920~ 6 a 7 camps forestiers dans ce secteur, presque tous situés du côté nord des deux grands lacs. Cha­

que camp abrite de 60 a 85 hommes qui travaillent a salaire. Ce sont donc plusieurs centaines d'hommes qui s'activent au début des années 1920 sur les limites de la Riordon au Témiscamingue. La majorité des travailleurs prov iennent de 1 'Outaouais et de la région de la rivière Rouge oO la Riordon est implantée. Les Témiscamiens sont peu nombreux. Ils demeurent a cette époque sur leurs terres a couper du bois et a dé­fricher. La Riordon, avec l'arrivée du C.P .R. au Témiscamingue, peut ache­ter de grandes quantités de bois dans l es paroisses traversées par le rail. Les chantiers de la compagnie ne suffisent pas a approvisionner l'usine de Kipawa qui d'ailleurs ne fon-ctionne pas a sa pleine capacité durant ces années. La Riordon, va octroye r à d'autres compagnies le droit de coupe des autres essences se trouvant sur ses concessions. La W.C. Edwards Company par exemple fa i t la coupe durant les années 1920 du pin et du cyprès se trouvant autour du lac Des Quinze .

La Riordon introduit au Témiscamingue vers 1922 le système de la coupe du bois a contrat . Ce système est instauré entre autres a caur se de 1 'expansion des opérations foresti~res dans 1 'Outaouais supérieur et la région de la Kinojevis. Cet éloignement des zones de coupe amène d'ailleurs la Riordon a établir en 1924 un camp de drave sur l'Outaouais a proximité du Rapide Esturgeon. Le camp prend le nom de «Boom Camp».

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LES CONCESSIONS DE LA RIORDON

PULP & PAPER 1917-1925

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SOURCE: L'EXPLOITATION FORESTIERE ET LE FLOTTAGE DU BOIS AU TEMISCAMINGUE ET DANS L'OUTAOUAIS SUPERIEUR CARTE HISTORIQUE , AVRIL 1982 REALISATION: PRODUCTI ONS ABITIBI-TEMISCAMINGUE INC. RECHERCHES : BEl_\fOIT- BEAUDRY GOURB CAR1'0GRAPHIE : MARIO MELANCON

4 5 6 7 8

Concessrons 0' Brien

Sherbrooke lumber Concessrons Hitchock

Ottawa lumber

Concessions Bron son

Concessrons J. R . Monagha,.,., Gillies Brothers Hull lumbet

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La compagnie établit aussi un dépôt forestier sur la riviêre Kinojevis dans le canton de Rouyn pour approvisionner ses chantiers les plus éloi­gnés. Le «German Point Depot» devient également le centre des opérations de la Champlain Logging Company, le principal contracteur du secteur. Le système de l a coupe A contrat s'étend bientôt a 1 'ensembl e des opérations forestières. En 1924-25 , tout le travail en forêt sur les limites de la Riordon au Témiscamingue est effectué par des contracteurs, les fameux «jobbers». Les contracteurs dans le cadre de ce systême , exécutent a contrat 1 a coupe du bois dans un secteur déterminé. Ils assurent aussi le transport du bois jusqu'aux points d'empillage sur le bord des cours d'eau. La compagnie effectue elle-même le flottage des billots vers 1 'u­sine de Témiscaming. Les contracteurs sont responsables de loger les bO­cherons. Le système de la coupe à contrat va modifier le mode de rémuné­ration des travailleurs en forê t . Le travail à forfait ou la rémunéra­tion a la pièce remplace peu à pèu le salariat.

La Riordon Pulp and Paper transforme donc en quelques années 1 'exploitation foresti ère au Témiscamingue . La compagnie de papier en

rachetant les concessions de plusieurs petites compagnies amorce la con­centration des activ i tés forestières. L'entrée en production du «Kipa­wa Mill» consacre la prépondérance au Témi scamingue de la coupe du bois de pulpe. Et surtout 1 'instauration du système de la coupe à contrat bouleverse les modes de production. Cette évolution de 1 'industrie fo­restière au Témiscamingue va aller en s'accentuant avec 1 'achat en 1925 de la Riordon par la Canadian Internationa l Paper Company.

3) LA CANADIAN INTERNATIONAL PAPER AU TEMISCAMINGUE 1925-1950

La Canadian International Pa pe r Co.~ filiale à part entière de la compagnie américaine Internat ional Paper, absorbe en avril 1925 la Riordon Pulp and Paper Co. alors en difficultés finan cières . La C.I.P. devient propriétaire de l'usine Kipawa, de l a ville de Témiscaming, des concessions et des installations forest ières de la Kipawa Woods Division. La compagn i e entreprend aussitôt 1 'expl oitation systématique des forêts

du Témiscamingue et de 1 'Outaouais supérieur.

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La Canadian International Paper pour garantir les approvisionne­ments de 1 'usine de Témiscaming va pratiquer une politique de consolida­tion du territoire forestier de sa nouvelle Division Kipawa. La C.I.P. obtient par transfert en 1925 les quelques ~~,500 milles carrés de conces­sions de la Riordon. Elle ach~te par la suite réguli~rement de nouvelles limites de coupe principalement dans la région des sources de 1 'Outaouais. En 1927, par exemple, elle fait 1 'acquisition des concessions W.A.Estate, J.T. Charlton, Johnson and Kerr, Bourque et Hendrie a 1 'est du Bloc A, représentant au total 693 milles carrés de territoire. La Division Kipa­wa obtient ensuite en 1928 les limites de Hull Lumber, Laurentian Lumber et Bryson-Charl ton et ajoute 790 milles cartés a ses concessions. En 1930,

la C.I.P. fait 1 'achat de la concession John Lumsden dans la région du Grand Lac Victoria. La compagnie obtient aussi de nouvelles limites dans le secteur du lac Kipawa. Cette politique d'acquisition permet à la Di­vision Kipawa d'étendre considérablement son territoire qui couvre en 1938 plus de 4,000 milles carrés. D'autres compagnies poss~dent égale­

ment à 1 'époque des concessions au Témi scami ngue. Il s'agit de J. R. Booth, Consolidated Pul p, Lumsden Estate, James B. Klock, f•1cLaughlin Bro­thers, J.J. ~1cFadden, Haward Smith Paper, T~~miskaming Pulp and Paper et

le C.P.R .. La C.I.P. demeure cependant de loin le plus important conces­sionnaire forestier. Les concessions de la Division Kipawa s'étendent en 1944 sur plus de 4,881 milles carrés. J.R. Booth, le second conces­sionnaire en importance poss~de de son côté 1,005 milles carrés de ter­

rito ire.

La Canadian International Paper exploite au départ les limites forestières léguées par la Riordon. Ces concessions sont regroupées dans une unité forestière appelée Bloc A. Les nouvelles concessions obtenues dans 1 'Outaouais supérieur sont

pawa et la réserve Des Quinze.

1940.

div isées en deux unités, la réserve Ki­Elles seront protégées jusqu'aux années

La coupe du bois se poursuit donc autour des lacs Des Quinze et Simard et au nord du Rapide Esturgeon, principalement dans la région

du canton de Rouyn où la Champlain Logging Co. possède plusieurs gros

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chantiers. Le «boom» minier déclenché dans la région de Rouyn par la cons~ truction de la mine et de 1 •usine de smeltage Horne incitent la C.I.P. à accrottre considérablement à partir de 1927 le volume des coupes dans la partie nord du Bloc A. Les opérations forestiêres remontent d~s lors profondément vers les sources de la rivi~re Kinojevis. Le contracteur d•Amos Frank Blais obtient ainsi un important contrat de coupe dans le secteur du lac Preissac. Des chantiers sont aussi établis dans les can­tons de Du fresnoy, Cl éri cy et 1 a Pause. Un gros con tracteur, la Northern

Logging Company, op~re une nouvelle zone de coupe dans le canton de Bous­

quet. La Champlain Logging poursu it tout autour des villes naissantes de Rouyn et Noranda un programme de coupe intensive. La C.I.P. lui a octroyé dans la région mini~re un contrat de 15 millions pieds linéaires

de bois. La compagnie veut en effet récupérer le plus de bois possible avant que 1 •usine de smeltage de Noranda ne cause trop de dommage aux fo­rêts avoisinantes. Une nouvelle zone d•exploitation est également créée dans le canton de Clérion, le long de 1 •outaouais supérieur.

La crise économique de 1929 frappe de plein fouet 1 •industrie forestière. La production de bois chute partout brutalement au Québec.

La baisse est de 40% entre 1930 et 1933. Le volume de coupe de 1933 est revenu au niveau de 1893. Le volume de bois coupé par la DiVision Kipa­wa tombe en 1930 à 32 millions de pieds, alors qu•elle en produisait 50 millions cinq ans plus tôt. La récession s'atténue à partir de 1935. Les opérations de la C.I . P. reprennent alors au Témiscamingue et dans la région de Rouyn et la production remonte à 64 millions pieds de bois. De nouveaux seçteurs de coupe sont ouverts: La Baie Caron dans le canton de Bellecombe, le lac Roger dans le canton de Beaumesnil, et au Nord-Ouest la région des cantons de Pontleroy et Dufay . La production de la Division Kipawa atte i nt au cours de l a saison de coupe 1936-37 le sommet record de 80 millions pieds de bois. 62 millions ont été coupés directement sur les concessions de la compagn ie. De grandes quantités de bois sont achetées dans les zones rurales du Témiscamingue et de 1 'Abitibi. · La C.I.P. exploite de plus à contrat l es concessions de d ' autres compagnies

au Témiscamingue, principalement cell es de la Consolidated Paper. La product i on 1937-38 se chiffre à 16 millions pieds cubes de bois. 24% de

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1

1 1

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TRANSFERTS DE CONCESSIONS FORESTitRES AU QUtBEC ANNtE 1924 - 25

Noms des Superficie concess i onnaires faisant Région en

1 e transfert milles ca r rés

~~rn. Copping Ottawa Inférieur 62 Bay Sul phi te Co., Ltd. Lac-St -Jean - E 207 Bay Sulphite Co., Ltd. Gaspé-Est 165 Canad~an Pulpwood Corp. Bonaventure 0 281 Charles Angers Saguenay 27 A.B. Hunt Ottawa Supérieur 85

Succession Geo. H. Eaton Montmagny 27

Jos Dufour Matapédia 7 O. Gallant 1 1 2

Success i on Thos. Collins Ottawa Su péri eur 76 5/8

Brown Corporation Chaudière 6

Prince & Carveth Ot tawa Infér ieur 5

Brown Corporation Chaudière 1

Riordon, Co. Ltd. Ottawa Supérieur 2036 1/2

Riordon Co. Ltd. Ottawa Inférieur et 1080 1/2 St -f··Jaurice

~J. C. Edwa rds & Co. Ottawa Supérieur 490

Traders Bank 1 1 1 1 88

~OURCE: RAPPORT DU MINISTRE DES TERRES ET FORËTS, 1925

Noms des bénéficiaires du

transfert

Wm. Copping, Limited Port Alfred P. & P. Corn .

1 1 1 1

Lincoln ~1ill s, Ltd. Donohue Bros., Ltd.

Ltl James l~acla ren Co., The Eaton Land, Co. Cie Dufour Ltée. ~1rs. Jessie MacKay, (épouse de E. Sullivan~~

H.H. Johnson

Jos. & Xavier Poulin Il Port aux Quilles, Lbr. Lamontagne & Lepage

Canadian International Paper Co.

-Canadian International Paper Co.

E.B. Eddy Co., Ltd. The Strong Lbr. Co.

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VOLUME DES COUPES DE BOIS EFFECTUEES PAR LA RIORDON PULP AND PAPER (DIVISION KIPA~JA)

ET LA CANADIAN INTERNATIONAL PAPER (DIVISION KIPAWA-NORANDA) SUR LEURS CONCESSIONS DU TtMISCAMINGUE ET DE L' OUTAOUAIS SUPERIEUR

DE 1918-19 A 1954- 55

SAISON DE COU PE VOLUME DE BOIS COUPE

1918-19 8,000,000 pieds linéai res z 1919-20 21,000,000 0 Cl 1920-21 32,000,000 IX 0 1922-23 40,000,000 ....... IX 1923-24 50,000, 000

1924-25 50,000,000

1

1930-31 32,000, 000 1934-·35 64,000,000

IX 1935-36 80,000,000 LLI 1936 -37 80,000,000 o.. c:( 1937-38 16,000,000 pieds cubes o.. _] 1938-39 13,900,000 c:( 1939-40 7,500,000 z 0 1941-42 22,500,000 ....... 1- 1942-43 19,250,000 c:( z 1944-45 20,250, 000 IX LLI 1945-46 19,725,000 1-z 1946-47 19,725,000 ....... z 1947-48 20,100,000 c:( 1948-49 17,000,000 ....... Cl 1949-50 13,800, 000 c:( z 1950-51 17,100,000 c:( u 1951-52 28,300,000

1952-53 13,000, 000 1954-·55 18,000, 000

SOURCE : LIENERT, A., THE STORY OF KIPA~JA NORANDA l~OODS DIVISION, s .1.' CANADIAN INTERNATIONAL PAP ER, 1966

..

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ce volume de bois a été cou pé â contrat sur les concessions de la Conso­lidated Paper et de la Northern Ontario Power. La production subit en­suite une baisse ma rquée au début de la seconde guerre, tombant a 13,9 millions pieds cubes de bois en 1938-39 et a 7,5 millions en 1939-40.

La compagnie de papier doit au cours de ces années d'expansion, développer considérablement son organisation, particulièrement le réseau de dépôts qui approvisionnent l es camps des contracteurs forestiers. Dès 1927, la C.I.P. établit dans le canton de Cléricy un gros dépôt sur la Kinojevis . Un bureau administratif est ouvert à Amos pour encadrer les

opérations des contrac teu rs dans la région des sources de la Kinojevis. La C.I.P. ferme toutefois rapidement ce bu reau et consolide ses instal­lations à Cléricy que rejoint ma in tenant la nouvelle ligne de chemin de fer Taschereau-Rouyn. Le dépôt de Cléricy devient le centre des opéra­tions forestières dans le secteur nord du Bloc A. Un peti t dépôt est aussi aménagé au Rapide Bousquet pour les camps de la Northern Logging et un autre dans le canton de Clérion, à la jonction du ruisseau Clérion et

de la rivière Outaouais . Le dépôt Clé ri on va connattre la renommée à

1 'automne 1933 en devenant le point de départ de la grande grève des bQ­cherons de la région de Rouyn . Le Riordon Depot, à mesure que les opéra­tions forestiè res progressent vers l e nord, perd de son importance. La Division Kipawa constru it pa r exemple un centre administratif à Noranda

· en 1929 oQ sont transférés les services de la comptabilité, de 1 'inven­taire forestier et des opérations en forêt. En 1932, c'est le bureau chef de la Kipawa Woods Division qu i s'installe à Noranda. Puis, c ' est

en 1936 la création du dépôt de la Baie Caron pour les chantiers de la Basse Kinojevis et du lac Roger .

De nouveaux changements surviennent en 1938 à la structure d'or­ganisation de la Division Kipawa. Le centre des opérations du secteur des lacs Des Qui nze et Simard est transféré du dépôt Riordon à Angliers. Le programme de coupe autou r des deux lacs tire à sa fin et Angliers est mieux situé sur le circuit du fl ottage du boi s que le dépôt de la Baie Gi11ies. Le petit village établ i sur le lac Des Qui ze, à la décharge sur la ri­vière du même nom, est entre autres le terminus de la ligne du C.P.R. au

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Témiscamingue. Le Riordon Depot ne sert plus qu'a 1 'hébergement en été des chevaux de chantier et a 1 'hivernage des remorqueurs de bois. Le dé­pôt Cléricy est lui aussi fermé la même année au profit du dépôt r'1dJat­ters qui se trouve â la jonction de la Kinojevis et de la route et du che­min de fer entre Rouyn et Val d'Or. La fermeture du centre de Cléricy marque la fin des opérations forestières dans la région de la Haute Kino­jevi~. Plus de dix ans d'exploitation intensive ont épuisé les forêts des cantons de Dufresnoy, Cléricy, La Pause et Pre i ssac. Le centre de rkWatters sert à partir de la fin des années 1930 à approvisionner les camps de la rivière Kinojevis et des cantons de Joannes, Bousquet, Vau­dray et Cadillac.

Une nouvelle période de l'histoire de la Division Kipawa s'ou­vre avec les années 1940. Les forêts accessibles de 1 'unité Bloc A sont pratiquement décimées sauf un secteur â 1 'est de Rouyn-Noranda comprenant en gros les cantons de Joannes, Bousquet, Cadillac, Vaudray, Montanier et Darlens où 1 'exploitation forestière se poursuivra encore longtemps. Les limites de la C.I.P. autour du lac Des Quinze et du lac Simard sont épuisées à l'exception du secteur du canton de Devl in. Les changements

organisationnels de 1938 réflètent cette réalité . La Div i sion Kipawa se lance à partir de 1940 à la conquête des immensités bo i sées des sour­

ces pe 1 'Outaouais. Le dépôt de la Baie Carrière, ouvert en 1941 au sud du centre minier de Val d'Or, devient le centre des opérations forestiè­res dans l'unité «Kipawa Reserve». Plus de la moitié du bois arrivant à

l'usine de Témiscaming provient dès lors de cette zone d'exploitation qui ne cessera au cours des années de s'étendre vers 1 'est 1 e 1 ong du

Haut Outaouais.

Les opérat ions se concentrent jusqu'au milieu des années 1940 dans le district de la Baie Carrière qui comprend le réservoir Descelles créé par la construction du barrage du Rapide 7 sur 1 'Outaouais. En 1945, la C.I.P. amorce l'exploitation du secteur du lac Granet. Un dépôt est construit sur la rive est du lac et sera connu comme le dépôt Granet. Les syndicats coopératifs de travail de l'Abitibi se signalent dans ce secteur par leur productivité . La Kipawa Woods Division établit ensuite

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LES ACTIVITES DE LA CANADIAN INTERNATIONAL PAPER EN 1948

•.o. jo.

'~:l~-r-

~Papier-journal ®Pâte soluble (Î)Pâte au bisulfite écrue *Laboratoire de recherche

• Scieries .Mine de charbon .Usines de transformation '1 5 . .....,,

~Carton-planche et contreplaqués ·vTerres boisées

SOURCE:

(. c

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le dépôt Dozois à la croisée de la riviêre Outaouais et de la route Val d•or - Mont Laurier. Le contracteur John Murdoch obtient le contrat de coupe du bois sur les territoires devant être inondés par la construc­tion du barrage du lac Dozois. Il avait fait de même quelques années au­paravant pour les boisés inondés par les eaux du réservoir Descell~s. Puis à la fin des années 1940 le dépôt Denain est ouvert à la jonction des riviêres Denain et Chochocouane. Les opérations forestiêres attei­gnent bientôt la frontiêre orientale de la Division Kipawa.

La Kipawa Woods Division, créée en 1918 par la Riordon Pulp and Paper et réorganisée à partir de 1925 par la Canadian International Pa­per, devient en 1949 la Noranda Woods Division. Il s•agit là plus qu•un simple changement de nom. c•est aussi le juste reflet de 1 1état des ac­tivités de la C.I.P. au Témiscamingue et dans 1 •outaouais super1eur. Ses

opérations se concentrent durant les années 1950 et 1960 dans les districts des sources de 1 •outaouais. Les activités de la compagnie au Témiscamin­gue consistent principalement au flottage du bois qui arrive de 1 •outaouais supérieur en quantité toujours plus grande. McWatters le centre des opéra­

tions dans le secteur de la Kinojevis est devenu, le dépôt central de la Division Noranda. Les opérations dans les districts Granet, Dozois et Denain sont d~rigées à partir du dépôt de la Baie Carri êre. Les im­menses forêts des sources de 1 •outaouais vont donc assurer pendant des dizaines d•années 1 •approvisionnement en bois de 1 •usine de pâtes solu­

bles de Temiscaming.

Le «Kipa\IJa Mill» qui ne fonct i onnait qu•à 85% de sa capacité

avant la mise en valeur de la Réserve Kipawa va maintenant donner son plein rendement. Ce sont plus de 200,000 cordes de bois qui arrivent annuellement à Temiscaming à partir de 1942. La production de la sai­son 1941-42 s•élève à 22,5 millions pieds cubes de bois, un nouveau som­met dans l 1 histoire de la Division Kipawa. Le volume de coupe se main­tient par la suite autour de 19 millions de pieds cubes jusqu•en 1949.

La C.I.P. achête aussi du bois de manière systématique un peu partout en Abitibi et au Témiscamingue: 119,000 cordes par exemple en 1946,

150,000 en 1948 et 100,000 en 1952. La Division produit et achête alors

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assez de bois pour approvisionner pleinement 1 'usine Kipawa et alimenter d'autres installations de la compagnie au Québec.

La Canadian International Paper pour atteindre ces résultats va développer a un tr~s haut degré le syst~me de la coupe a contrat ins­

tauré par la Riordon. Il n'y aura en effet aucun camp de compagnie sur les limites de la Division Kipawa avant les années 1950. Ce sont donc

des entrepreneurs forestiers qu i effectuent a contrat la coupe du bois

pendant plus de 40 ans au Témiscamingue et dans la région de 1 'Outaouais supérieur.

La Canadian International Paper en vertu de ce système donne à

contrat à un entrepreneur la coupe du bois dans un secteur déterminé. Le contrat prévoit que le contracteur effectue la coupe du bois selon les indications de la compagnie et assure le transport des billots jusqu'à

un point d'empilage du bois sur un cours d'eau, (la «Dump»). Le contrac­teur est responsable de la construction et de 1 'entretien de son camp et

de ses chemins en forêt . Il recrute lui-même ses travailleurs, les loge et les nourrit. Il doit voir à 1 'approvisionnement de son camp pour les hommes et 1 es chevaux. Le «jobber», comme on 1 • appelle, fournit aussi les chevaux et les équipements pour le transport du bois. La C.I.P.

encadre três étroitement ses contracteurs. Elle entretient dans chaque

camp un commis qui tient les livres du contracteur et contrôle sa pro­

duction. Ce sont les mesureurs de la compagnie qui évaluent le volume de coupe du jobber. Un inspecteur de district et un chef-commis surveil­

lent l'évolution des opérations des contracteurs d'un secteur. Chaque

district forestier de la Division établit un programme annuel de coupe

avant de déterminer le nombre de contrats octroyés et de fixer le prix

des contrats. Le programme de coupe du district de Cadillac pour 1960 par exemple se présente ainsi:

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1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1

33

Con tracteur Volume de coupe Type de bille

O. Turgeon 2 ,550 cun i ts 4 pi eds O. Jetté 15,000 12 David 10,000 12 R. Gaulin 8 , 500 4 o. Ju tea u # 1 10,000 12 o. Juteau # 2 1,700 8 o. Juteau # 3 2,950 4 E. Rodr igue 2,550 4 J . Lefebvre 2,550 4 Paradis et Fi l s 3,000 · 4 et 12

Syndicat de t rava il Pa lmaroll e 4 ,000 12

J.P. ~1ercier 3,400 4

Total di strict 66,200 cunits 24 ,000 cu nits - 4 pieds 1, 700 cunits - 8 pieds

40,500 cu ni ts - 12 pieds

Le prix des contrats est alors fixé. Il va r ie sel on la densité du bo i s, la qua lité du t er ra i n, l es distances de transport etc . . Un dos­

s ier de la C. I. P. nous donne l e portra i t suivant de deux contrats octroyés

en 1960 da ns le di str i ct de ~·1dJatters:

Contrat no. 10 - 23L - 60 Contrac t eur : Yvon Laquerre Volume : 8 ,000 cor des de bois Pr ix un i t aire : 16, 25$/corde Valeur du contrat : 130 ,000$

Etablissement du prix uni taire : Coupe: 9,50$/ corde Sk iddage : 2, 25$/co rde Transport : 3,65$/corde Retenue (overhead):0 ,85$/corde

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Contrat no. 10 - 7L - 60 Contracteur: R. Gaulin

Vol ume: 6,000 cordes Prix unitaire: 15,40$/corde Valeur du contrat: 92 400$

Etablissement du Coupe:

Skiddage:

prix unitaire: 9,00$/corde

2,00$/corde Transport: 3,55$/corde Retenue (overhead):0,85$/corde

La marge de manoeuvre du contracteur demeure extrêmement limitée. La C.I.P. soutient donc ses contracteurs en finançant leurs opérations et en leur fournissant des provisions et de 1 'équipement. Seuls les gros

entrepreneurs peuvent dans ce syst~me garder une certaine autonomie. Au départ les gros contracteurs comme Champlain Logging viennent de 1 'exté­rieur de la région. Par la suite plusieurs «jobbers» du Témiscamingue et de l'Abitibi parviennent à ce statut. On peut mentionner par exemple, Frank Blais d'Amos et Odilon Gingras de Latulipe durant les années 1925-45 ou Edgar Turpin de Rouyn au cours des années 1950. Les gros contrac­teurs employent souvent plusieurs sous-contracteurs qui exécutent à for­fait des tâches spécifiques ou des parties . de contrat. Les contracteurs Masse et Boucher du Lac Saint-Jean effectu,ent ainsi en 1944-45 un gros contrat de 5 millions pieds cubes de bois dans le district de la Baie Carri~re avec un groupe de 12 sous-contracteurs dont plusieurs provien­nent de la région. La Canadian International Paper innove au Québec en donnant en 1943 un contrat au syndicat coopératif de travail de Roque­maure dans le secteur de la Baie Caron. En 1945 10 syndicats de travail sont actifs dans le district du lac Granet et 14 l'année suivante. Ins­tallés tout autour du lac Granet, ces 14 syndicats de travail s'unissent au sein de la Fédération des chantiers coopératifs de 1 'Ouest québécois. Les chantiers coopérati fs produ i sent cette année-là 25% de tout le bois coupé dans la Division Kipawa. La C.I.P., effrayée par la formule coo­pérative, réduit considérablement à partir de 1948 le nombre de contrats octroyés aux syndicats de travail. On ne r etrouve plus en 1953 que trois

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1

35 VOLIJ}!E DU BOIS COUPE SUR LES CONCESSIONS DE LA CANADj:AN !tirER­NATIONAL PAPE:R, DIVISION NORANDA, EN AlliTIBI- TElii SCAMIN:;UE DU­RANT LES SAISONS 1952- 53, 1953-54 ET 1954- 55 (en· pied cube) ,

t COJ:!'RAC'-r'EUR PRODUCTI ON

1952-5 3 1953-54 1954-55

J, P, ALLEN t 36 , 69', 29 , 818

G. BELLEROSl~ 428,773 504,88~ 529,172

B; 3S0U ~ n:..ss::m 923 ,477

R. DISSON 756,212

E. COTE 579 ,6 78 546 ,164 309 ,140

C, I. P. CAHP # 1 322' 268 775,600

C. I.Y. CANP # 2 493 , 775 1 , 004 , 044 1,124 , 565

C. I. P, CAHP # 3 629 ,197

A. DES JARDitJS 82,129 69,824

L. CACNotl 65 , 4?2 39~ ,51 0 358 ,499

R. CAULIN 141 ,440 209,106 478,726

L. GAUTHI ER 536 ; 193 487,297

A. GI RARD ·318 , 988 474 ,052 402 ' 3t8

F . JACKSOH 12:\472 : ~) , 8 1 0

o. JE'l'"r:E 341,833 589 ,457 4 33,965

G. JETTE 231, )58 247 1785

A. LAJWf.E 11 6 ,191 636,219

R. LAV0 \ 1::' 269, 418 424,868 i 5 39 ,820

HASSE & OOL'C: lŒR 1,072,696 1 ,096, 797

1 883,26'

1-'IA!'St- ( r, ~ r;N0N ) *'l.600 HA~~~f. (i 'i !ATNE) 536,584

i"!AS;":E; (I ~ H) 284,626

R. M0 RI !IJ 479 ,?02 755 ,785 870,877

G . NOLE!' 350 , 300 706.991 561 ,515

~' · NO LET 295,686 376,832

A. ID! RIF:fl 477,053 582.857 575,728

f\OGER RI VER LIJT·!DER 500 ,890

R. ROY 606 , 53' 94,091

SYNDICAT COO P. PALitAROLLE 736, 758 620 , 370 562,500

Fr.D. CI!A tli'I ERS COOP,

1 1 , 028,438 724.289 431 ,802

SYNDI CAT COOP . ROQUUtAURr 617,449 506 ,685 410,709

w. SIMARD 707.112 74,5 35

R. TRU!BLAY 555,345 496,408 350,567

o. 'fU!lGEON 430,579 364,551 201.114

E. TliRP!N 566, }70 594, 712 549,476

R. TTJRPIN 519,471 1,066,426 844 ,286

THOMFSON RIVER 2,159 ,990

'fOTAL 9,531,590 18, 278 ,660 16,055,265

WTAL CAMPS C.l.P, 493,775 1 '326 ' 312 2,529, 362

'fOTAL CAMPS CHANT , COOP , 2, 382,645 1 , 851. 344 1,405,011

NOMBRE DE CAMPS 20 35 30

CAMPS C, I , P. 1 2 3

CAMPS CI!AIII' , COOP. 3 3 3

CAMPS COIII'IIACTE'URS 16 30 24

ffiODUCTION BILLOTS 12 pq 8 , 601,632 13, 387,876 10,361,681

PRODUCTION BILLOTS 6po 1 ,2}3,803

PRODUCTION BILLOTS 4po 1 '118,888 4,667' 329 3,989,423

sotmcE·: CANADIAN INTERNATIONAl PAPE:R , NORANDA DIVISION, Production ave ruee of lim.i t O'Pal.·a.tiona aea.eono , 9' ·?-51, s,l , mai 1955

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1

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1925 1966

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SOURCE: LIENERT, A. , THE S'l'ORY OF KI PA\tiA NORANDA VJOODS DIVIS I ON , s .l., CANADIAN I NTERNATIO ­NAL PAPER, 1966

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37

camps coopératifs sur les 35 camps forestiers de la Division Noranda.

La compagnie commence a partir des années 1950 a prendre direc­tement en charge la coupe dans certains secteurs de ses concessions. Et encore son implication dans les opérations en forêt se fait lentement. Durant la saison de coupe 1954-55, par exemple la C.I.P. n'opère que tr9is camps sur les trente en activité. Il faut attendre le milieu des années 1960 avant que les camps de la compagnie occupent une place vraiment si­gnificative.

La Canadian International Paper ne saurait à elle seule résumer l'ensemble des ac.tivités de l'industrie forestière au Témiscamingue. El­le occupe évidemment une position prépondérante tant par 1 'importance de ses concessions que par le volume de ses coupes et la taille de .ses i~s­

tallations. Son influence sur le monde forestier au Témiscamingue s'avè­re déterminante. La compagnie n'est toutefois présente que dans le sec­teur du bois de pulpe. D'autres compagnies d'importance sont également actives au Témiscamingue dans le domaine du bois de sciage. Il faut men­tionner bien sar la compagnie Booth à l'oeuvre dans la région du lac Ki­pawa. Il faut aussi souligner la présence d'entreprises comme la Roger River Lumber qui opère une grosse scierie à Angliers durant les années 1940 et 1950 et possède des limites de coupe dans le canton de Villars au nord du lac Des Quinze. Les nombreuses scieries de village qu'on re­

trouve un peu partout au Témiscamingue contribuent aussi de manière si­gnificative à la vie de l'industrie forestière régionale. La formule coopérative, malgré de nombreuses tentatives ne réussit pas à prendre racine dans le secteur forestier au Témiscamingue. Le contraste est grand avec la réussite du mouvement des syndicats de travail forestier

en Abitibi à l a même époque.

Les statistiques par districts administratifs qu'établit le Mi­nistère des Terres et Forêts à partir de 1942 donnent le portrait de l'é­volution de la production forest i ère du Témiscamingue. La région pro­duit par exemple entre 4% et 6% du bois de pulpe coupé au Québec au cours de la période 1940-1965 sauf durant les années 1954-58. Le Ministère

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fournit aussi régulièrement des statistiques les terres de la couronne au Témiscamingue. dans le total québécois évolue entre 7.3% en

sur le volume des coupes sur La part du Témiscamingue 1950 et 4.1% en 1956. t-1al-

heureusement 1 'irrégularité des statistiques sur le volume des coupes sur les terres privées rend difficile la présentation du tableau complet de la production forestière du Témiscamingue. Pour 1 •année 1949 par exem­ple, le volume des coupes sur les terres de la Couronne s'établit à 40,484,166 pieds cubes de bois et celui des terres privées a 32,640,285 pieds cubes.

Les statistiques du Ministère s'avèrent intéressantes à plus d'un niveau. Elles révèlent ainsi 1 'importance des différents bassins fores­tiers de la région. La production forestière de l'immense bassin de l'Ou­taouais supérieur .è.emine de loin celles des bassins Kipawa, Harricana et

lac Abitibi.

1

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COUPE ANNUELLE DE BOIS AU QUËBEC EN ~1ILLIONS DE PIEDS CUBES 1915-1955

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n:KRES DE LA COURONNE ET TERRAiNS PRiVfS.

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TCTAL DES COJ DC.S AN~JUE L:._f S Ei-.J MiLUON5 8E PiEDS CUBES.

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SOURCE: RAPPORT DU MINISTRE DES TERRES ET FORËTS DE LA PROVINCE DE QUËBEC POUR L'ANN~E 1956

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I.ES DISTRICTS AD!>!INISTRATIFS DU ·~IIHSTERE DES TEI'RES EI' FOREI'S DU QUEBEC A PARTIR DE 1942

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1 ANNtE

1942

1944

1946

1948

1950

1952

1954

1956

1958

1960

1962

1964

1966

41

PRODUCTION DE BOIS DE PULPE EN ABITIBI ET AU TtMISCA~1INGUE

POUR LES ANNtES 1942 A 1966 (en cordes de bois)

ABITIB I TtMISCANINGUE QUtBEC

175,529 202,963 5,103,951

99,260 261,741 4,238,702

214,974 289,022 5,302,328

321,914 382,7 13 6,784,996

174,957 366' 716 6,059,483

348,538 346,908 7,412,677

29 7,851 137,456 5,895,592

435,471 179,221 6,665,090

531,965 199,436 7,952,113

383 ,000 202,000 5,828 , 000

182,000 236,000 6,753 , 000

168 '000 280,000 6,068,000

129,880 257,000 7,169,000

SOURCES: RAPPORTS DU 1,1INISTRE DES TERRES ET FORËTS, 1943 à 1967

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ANNEE

1948

1950

1952

1954

1956

1958

1960

1962

42

VOLUME DES COUPES DE BO IS DANS LES FORtTS DE l.,A COURONNE EN ABITIBI ET AU Tt}!ISCMUNGUE

DURANT LES ANNEES 1948 ~ 1962 (en pied cube) .

ABITIBI TtNI5CAIHNGUE QUEBEC - -

23,356,559 40,459,494 538 ,434 '729

20,447,968 26,954,256 367,983,338

57,395,064 38 '771 ,80!5 621,235,399

40,627,131 27,913,774 481,817,409

52,987,646 26,391,073 637,609,330

34,802,244 19,762,504 476,520,407

42,506 ,482 24,031,928 547,296,120

40,711,229 20 , 204 , 23 :~ 564,251,036

SOURCES: RAPPORTS DU MINISTRE DES TERRES ET FO RETS, 1949 a 1963

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ANNtE

1948

1949

1950

43

VOLUNE DES COUPES DE BOIS DANS LES FOR[TS DE LA COURONNE EN ABITIBI -TnHSCAHINGUE PAR BASSIN FORESTIER

EN 1948, 1949 ET 1950 (en pied cube)

OUTAOUA IS KIPAHA LAC ABITIBI

37,553,750 5,696,947 3,737,237

32, 216,451 10,633,972 957' 164

20 ,205,421 7,205,427 1,506,544

HARRICANA

3,913,452

4,482,238

4,759,414

SOURCES: RAPPORTS DU MINISTRE DES TERRES ET FOR[TS, 1949, 1950, 1951 1

1

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ES PRINCIPAUX BASSINS FORESTIERS DU QUEBEC ET DE L 1 ABI TIBI-TEHISCJ\.ii1INGUE

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B) LES TRAVAILLEURS FORESTIERS. L'EVOLUTION DES CONDITIONS ET DES ME­THODES DE TRAVAIL.

Les bûcherons des premiers chantiers du Témiscamingue provien~ nent des vieilles régions rurales du Québec. Ils se déplacent sur de très longues distances pour gagner les zones d'exploitation forestiêre. Ces travailleurs itinérants changent fréquemment de région et d'employeur.

Le terme de «bûcherons -voyageurs» ou encore plus simplement de «voyageurs» correspond bien â leur mode de vie. Ils sont 2,000 dans les chantiers du Témiscamingue en 1885, et pratiquement 5,000 vers 1910. Les «voya­geurs», même avec la colonisation et le peuplement du Témiscamingue , vont continuer jusqu'à 1 'orée des années 1930 à constituer la masse des forestiers de la région. Les compagnies recrutent habituellement leur main-d'oeuvre dans leurs régions d'origine. Les hOcherons de la Riordon au Témiscamingue sont ainsi originaires, pour la plupart, de 1 'Outaouais, de la Gatineau et de la Rouge oa la compagnie est déjà implantée. Les colons du Témiscamingue forment'la main-d'oeuvre d'appoint.

L'introduct ion du système de la coupe à contrat va entraîner une évolution de la main -d'oeuvre. Les gros contracteurs de la Riordon puis

de la C.I.P. continuent d'embaucher des hOcherons-voyageurs. Les voya- · geurs de 1 'entre-deux guerre se montrent beaucoup plus indépendants. Ils gagnent souvent les chantiers à partir de la fin des années 1920 en pas­sant par la région minière de Rouyn oa s'agite une nombreuse population flottante de prospecteurs, de mineurs, de forestiers.

Les bOcherons sont recrutés sur place pour les chantiers de la rivière Kinojevis et de 1 ' Outaouais supérieur . Les voyageurs ne se sen­tent aucunement liés au contracteur et souvent changent de camp en cours

de saison.

L'essor de la colonisation au Témiscamingue favorise aussi 1 'é­mergence de contracteurs locaux. Le jobber du Témiscamingue recrute ses

hommes dans sa paroisse

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et. parfois, dans plus d'une paroisse. Les bOcherons témiscamiens sont différents des voyageurs. Ils sont a la fois agriculteurs et bOcherons. Le travail en forêt constitue leur principal revenu. L'argent ramené des chantiers sert par la suite au développement des fermes. Un étroit ré­seau de relations fami liales, sociales et économiques attachent les co­lons-bGcherons a 1 ' entrepreneur du village. Le jobber Odilon Gingras de Latul ipe est ainsi le marchand-général, le maTtre de poste et le maire en plus d'être actif dans la commission scol aire. Son influence s'étend

sur tout 1 'est du Témiscamingue. Les hommes d'une paroisse suivent habi­tuellement le contracteur chaque automne vers le secteur de coupe obtenu de la C.I.P. Le contracteur témiscamien donne souvent a forfait des parties de contrat a des membres de sa famille ou a des groupes de sa pa­roisse. Les bUcherons du Témiscamingue forment donc une main-d'oeuvre ho­mogêne, disciplinée et peu mobile contrairement aux voyageurs. Ces dif­férences se manifestent lors de la grêve des bOcherons du Clérion en no­v~mbre 1933. Ce sont 1 es voyageurs tra va i 11 a nt pour 1 es contractèurs de Rouyn qui déclenchent la grêve et marchent sur le centre minier oQ se trouve le siêge de la Division Kipawa. Les forestiers témiscamiens quit­tent de leur côté les chanti ers de la Kinojevis et du Clérion pour rega­gner leurs paroisses. Il s y attendent avec leurs jobbers la fin du mouve­ment de grêve.

Les bûcherons en provenance du monde rural régional sont sans doute au milieu des années 1930 plus nombreux dans les chantiers de la Divis ion Kipawa que les voyageurs. La main-d'oeuvre se fait cependant moins nombreuse. Augustin Chenier évalue en 1936 a 1,600 le nombre des travailleurs en forêt au Témiscamingue. On en compte 3,000 au total dans les chantiers de la Division Kipawa. Les plans de colonisation des an­nées de crise va amener dans les chantiers de la région un nouveau con­tingent de colons-bOcherons. Ces colons qui s'installent dans les dizai­nes de nouvelles paroisses créées en Abitibi et au Témiscamingue par les plans possèdent souvent une expérience du travail en forêt. Bon nombre de ces nouveaux colons sont de jeunes hommes qui prennent três vite la route des chantiers et se préoccupent peu du travail de la terre. La main-d'oeuvre subit un net rajeunissement de ses effectifs. 40% des

L l

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2,000 hommes en forêt dans les chantiers de 1a Division Kipawa en 1946 ont moins de 21 ans. La pénurie de main~d'oeuvre qui. touche le secteur forestier durant la guerre incite les contracteürs a engager les garçons capables de travailler avec le pêre. L.a famille obtient souvent a for .. fait un petit secteur de coupe. Cette pénurie qui se maintient dans l'après-guerre pousse la C.I.P. a octroyer des contrats de coupe· aux syn~

dicats Coopératifs de travail de l'Abitibi, pu is de nouveau à faire appel a de gros contracteurs de 1 'extérieur, du lac Saint-Jean et de la Gaspé­sie principalement. Ces jobbers1 comme John ~1urdoch et Masse et Boucher,. financent eux-mêmes leurs opérations et arrivent dans la région avec leurs hOcherons et leur équipement.

La main~d 'oeuvre forestière subit a partir de 1950 cte nombreu ... ses mutations. Une époque prend fin. Le temps des voyageurs et des co­lons-hOcherons est révolu. Le métier de bOcheron se spécialise. Le tra­vail en forêt se mécanise et la durée de la saison de coupe s'allonge. Les colons du Témiscamingue qui ont percé en agriculture délai.ssent le:s chantiers et se consacrent au développement de leurs fermes. Les autres vont souvent faire du travail en forêt leur gagne-pain et 1 'agriculture devient pour eux tr~s margina le. Les conditions de travail en forêt au Témiscamingue évoluent aussi cons idérabl emen t au cours de la période étu~ diée. Il est difficile d'établir le portrait précis et détaillé de l'é~

volution des cond itions salariales des bOcherons du Témiscamingue. Les documents d'époque font hab i tuellement état pour le ~ébut du si~cle d'un salaire de 1,00 $par jour de travail. Les salaires de la Riordon du­rant ses années d'activ ités au Témiscamingue (1918-25) va ri ent selon les témoignages entre 28$ et 32$ par mois. Le système de la coupe à contrat modifie à partir de 1922 ce mode de rémunération. Certains bOcherons continuent d'être salariés tandis que l es autres sont payés à forfait par les contracteurs habituellement au taux de 10$ par co rde de bois dé­bité en longueur de 16 pieds,

La crise de 1929 va réduire en poussière les gains réalisés par les travailleurs au cours des années 1920. Le salaire de base retombe en 1932 à 26$ par mois de 26 jours de travail . Le s hOcherons travail-

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lan~ a forfait touchent 0,02$ du billot et 2,75$ du mille pieds linéaires de bois. En réalité les bOcherons du Témiscamingue touchent rarement du­rant les années de crise leurs pleines rémunérations. Les salaires men­suels réels dans les chantiers de la Kipa\'Ja L~oods Division oscillent plu­tôt entre 15$ et FO$. Cette chute brutale des salaires qui soulève le mécontentement des bOcherons est a 1 •origine de la grève du Clérion. En

.novembre 1933, la grêve éclate dans les camps de la C.I.P. installés dans la région de Rouyn autour des dépôts de Cléricy et du Clerion. 2,500 hom­

mes sont en forêt a 1 •époque dans ce secteur qui compte 38 camps. 700 bQcherons marchent sur le centre minier et manifestent devant le siège de la Division Kipawa a Noranda. Les grévistes exigent 35$ par mois ou 0,035$ du billot, un contrat de travail et de meilleures conditions de vie en forêt. La grêye qui paralyse les opérations de la C.I.P. pendant plu­sieurs semaines est durement réprimée par les forces policiêres. Le rap­port d•enquête gouvernementale recommande 1 •abolition de la coupe a con­trat qui oblige les jobbers a accepter les conditions imposées par la C.I.P, et a exploiter les bOcherons. Le gouvernement du Québec intervient pour établir des conditions minimales de travail dans le secteur forestier. Le salaire minimum est fixé en 1935 a 37$ par mois de 26 jours d•ouvrage. Les bOcherons d•expérience travaillant a forfait peuvent alors gagner jusqu•a 65$ par mois. En 1939, le gouvernement établit par ordonnance les conditions salariales des travailleurs de la forêt. Le salaire mini­mum pour les bOcherons d•expérience est porté a 45,00$ par mois et celui des jeunes travailleurs inexpérimentés et des hommes !gés est fixé a 30$ par mois. J_a rémunération a forfait est établie a 2,00 $les 100 pieds cubes de bois débités en longueur de 4 pieds, 1,60$ pour le bois de 8 pieds, 1,20$ pour le 12 pieds et 0,80$ pour le 16 pieds. Le salaire men­suel minimum est haussé a 52$ durant la guer re. La C.I.P. introduit aus-si durant ces années un systême de prime (0,21$/jour) pour les bOcherons travaillant a la piêce. La rémunération de base se situe a 55$ en 1949, et elle varie entre 60$ et 70$ en 1953.

Cette évolution des salaires des bOcherons du Têmiscamingue et ete la région de l 10utaouais supérieur s•accompagne d•une amélioration marquée des conditions de travail et de vie dans les chantiers. Augustin

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Chenier nous décrit ainsi la vie en forêt au Témiscamingue durant les an­nées 1880 :

«D 1abord c•était la cambuse enfumée oQ il n•y avait pas de milieu entre le chaud et le froid, les lits de bois écorcés (on les appelait bunks) avaient pour matela s des branches de sapin, ils étaient contruits aussi larges que possible afin de contenir plus de dormeurs et ainsi ménager 1•espace. Le lever se faisa it avec le soleil et, apr~s le déjeuner , on partait pour la journée, ap­portant avec so i le repas du midi, car le retour ne se faisait qu•avec la brunante. L1 histoire de la soupe aux pois en poche est vécue: on faisait geler de grande marmi te de soupe aux pois contenant une ou deux bri ­ques de lard salé. Le midi, 50, 60 hommes · devaient dîner ~ côté des arbres abattus. Comme on ne pouvait faire sui vre la batterie de cuisine au travail, une seule casserole était mise au fond d 1 une poche avec tout ce qui devait contribuer~ combler les appétits. Près du feu, chacun s•arrangeait pour avoir sa part ... ».

Le travail qui s•étend d•une noirceur~ 1•autre ne cesse en fait que le dimanche. Les bûcherons quittent rarement les camps durant la saison de coupe. Les bûcherons du Témiscamingue des années 1880-1910

travaillent dan$ le plus grand isolement. Les chantiers sont éloignés

des régions d •origine et souvent même des villages Témiscamiens naissants.

Les conditions de confort et d•hygiène sont désastreuses. Les travail­leurs sont soumis~ 1 •arbitraire des compagnies de bois qui retiennent sur leurs maigres salaires le coat du logement (la «pension») et des pro­visions individuel l es (la «van») . Les conditions de vie en forêt s•amé­liorent au cours des années 1920 et 1930 mais elles demeurent cependant encore déplorables. Le rapport du t·1inistère des Terres et Forêt de 1930

décrit comme médiocres ou très mauvaises les conditions d•hygiène dans 781

des 3,144 camps forestiers du Québec. Le rapport d•enquête sur la grève des bûcherons de Rouyn constate le prix él evé de la «van» dans les chan­tiers de la Division Kipawa, l e manque de confort et d 1 hygiène des camps et 1 • absence de servi ces médicaux élémentaires. Les enquêteurs na x ime

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et Louis Morin notent même que des hommes sont astreints a des taches normalement effectuées par les chevaux comme 1e transport du bois, !.,'en­quête rapporte aussi que les heures de travail ~'étirent sur plus de 12

heures par jour avec seulement 20 minutes de prévues pour le d'i'ner en fo .. rêt.

L'ordonnance de 1939 va réduire la semaine d'ouvrage a un maxi­mum de 60 heures. La reglémentation gouvernementale am~ne aus·si 1 'amél io­ration du confort dans les camps. Le traditionnel camp de bois rond iso­lé sommairement avec de la mousse est peu a peu remplacé par des bâ:ti­ments construits en planche et mieux entret~::mus. t.,es camps sont pourvus de lits avec matelas et couvertures. La nourriture devient plus saine et plus variée. L'isolement des camps est rompu par la création d'un impor­tant réseau de chemins forestiers. La pénurie de main-d'oeuvre et les pressions syndica l es jouent un rôle important dans 1 'amélioration des conditions de vie des travailleurs de la forêt. La main-d'oeuvre fores­tiêre est devenue avec les années 1950 et 1960 une main-d'oeuvre spêcia­lisée et recherchée.

Les méthodes de travail et la vie en forêt connaissent au cours de la période étudiée des profondes transformations. Un monde sépare le mode de travail des voyageurs de J.R. Booth au lac Kipawa a.u début du siêcle et les bOcherons de la C.I.P. qui s'activent dans les chantiers du district de la Baie Carriêre dans les années 1950. !.,es opérations forestiêres vont quand même se dérouler selon un processus qui se modi­fie guère au fil des saisons de coupe.

La saison ne débute pas a la même époque dans toutes les ré­gions du Québec. Les compilat i ons du ~inistère des Terres et Forêts pour la période 1942-1947 montrent qu'au Témiscamingue 1 'ouverture des chan­tiers se fait surtout au début de 1 'automne (septembre - novembre). En Abitibi, l'ouverture de la saison de coupe se pou r suit par contre jus­qu'en janvier. La saison s'ouvre avec 1 'établissement du camp en forêt. Une équipe de forestie rs se rend três tôt a 1 'automne dans le secteur de coupe construire un camp ou parfois restaurer un camp abandonné le

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printemps précédent. Le camp est établi a proximité d'un cours d'eau pour faciliter 1 'approvisionnement en eau des hommes et des bêtes et aussi pour limiter les dista nces de transport du bois. La taille du camp et le nom­bre de b~timents varient selon 1 'importance du chantier. Le camp comprend comme corps principal un ou plusieurs grands dortoirs («sleep camp»). Dans les petits camps la cu isine est à même le dortoir mais habituellement la cuisine et la grande salle a manger attenante forment un b~timent à part

(«cookerie»). On trouve aussi une étable pour les chevaux et les animaux

a viande, uh abri pour le foin des bêtes, une cache à provisions («meat hot.ise») et une maison pour l'administration («office»). Parfois les gros camps possèdent une forge. Le système de la coupe à contrat introduit dans les camps de nouveaux bâtiments. Le jobber amêne sa famille en fo­rêt et parfois permet à d 'autres de faire de même. La résidence du con­tracteur, quelques capanes individuelles et les logements des mesureurs et du commis de la compagnie viennent ainsi s'a jouter. Les camps consti­tuent donc souvent des ensembles de taille.

Evidemment les camps établis au Témiscamingue durant la pério­de 1880- 1910 sont petits et rudimentaires. Les plus gros peuvent, selon des témoignages d'époque , abriter 40 hommes. Ceux de la Riordon comptent jusqu 'a 75 travailleurs . Les camps vont ~rendre de 1 'ampleur avec la C.I.P. au cours des années 1930 et 1940. Les gros jobbers engagent régu­lièrement une centaine d'hommes, parfois plus de 150. Pendant longtemps les bâtiments du camps seront construits avec l e bois trouvé sur place sur le modêle de la «log cabin». Les bûcherons bâtissent les cabanes en

bois rond et l es isolent pour l'hiver avec de la mousse ou de l'étoupe. Le tott est fait de petites billes de bois et recouvert de gros papier à couverture. Les planchers des logements sont faits de bois équarri sur une face. L'étable et les bâtiments auxiliaires sont édifiés sommai­rement. La qualité des camps va s'améliorer au cours des ans . Les bâ­timents en planche apparaissent au cours des années 1930 et remp l acent peu à peu les cabanes de rondins. En 1950, le temps oa les bûcherons s'entassaient dans des cabanes froides et humides et dormaient à plusieurs sur des plateformes recouvertes de foin ou de branches de sapin semble révolu. Les grands dortoirs en planche comprenant des lits individuels

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~10IS

JANVIER

FtVRIER

~1ARS

AVRIL

NAI

JUIN

JUILLET

AOOT

SEPTEf.1BRE

OCTOBRE

NOVEMBRE

DtCEMBRE

TOTAL

NOHBRE DE CHANTIERS OUVERTS CHAQUE NOIS AU Tt~1ISCArHNGUE ET EN 1\BITIBI

POUR LES ANNtES.1~42 a 1947

Tl:mSCANINGUE ABITIBI QUtBEC ..

Nür1BRE % NOr1BRE (~ 10 N0~1BRE

4 .9 62 9.3 674

1 .2 32 4.8 356

1 .2 13 :2 316

24 5.4 10 1.5 275

28 6.3 20 3 669

3 .7 ' 29 4.3 562

6 1.3 28 4.2 381

33 7.4 30 4.5 1048

91 20 .3 56 8.4 2670

. 133 29.8 144 21.5 3492

103 23 163 24.4 3028

20 4.5 81 12.1 1315

447 100 668 100 14,786

%

4.6

2.4

2.1

1.9

4.5

3.8

2.6

7.1

11.8

20.6

20.6

8.9

100

NOMBRE DE CHANTIERS OUVERTS~ L'AUTOMNE (SEPTEMBRE-OCTOBRE-NOVEMBRE)

ABITIBI: 363 CHANTIERS 54.3%

TEJ1ISCAt1INGUE: 327 CHANT! ERS 73.1%

QUtBEC: 9,190 CHANT! ERS 62.1%

SOURCE: RAPPORT DU f'UNISTRE DES TERRES ET FORËTS, 1948

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sont alors répandus dans les camps des contracteurs de la C.I . P.

Les hommes, les animaux, les provisions et l'équipement arrivent au chantier à 1 'automne par eau, la seule voie d'accès pendant longtemps

aux zones de coupe . Ville-Marie et plus tard Notre-Dame-du-Nord servent de point d'entrée en forêt aux voyageurs des années 1880 à 1910. Le Rior­don Depot de la Baie Gillies à partir des années_ 1920 puis par la suite Cléricy, Rouyn, McWatters, Cadillac et Baie Carrière jouent ce rôle.

L'ample~r du système d'eau du Témiscamingue et de la région de 1 'Outaouais

supérieur permet pendant des décennies l'accès à d ' immenses régions fores­tières. Puis à partir des années 1940 et 1950, la Division Kipawa déve­

loppe un important réseau de chemins forestiers entre ses dépôts et ses chantiers.

Les méthodes de travail en forêt au Témiscamingue demeurent long­

temps immuables. L'outillage se résume à la hache et au godendart, la

grande scie dentelée. Les grosses billes de pin coupées en longueur de l6 et de 12 pieds sont tirées et charriées avec des chevaux. Le recours

aux jobbers pour la coupe du bois de pulpe permet l'apparition au Témis­

camingue du «bucksaw», la petite scie à lame amovible. Selon les témoi­

gnages de bOcherons de la Ri ordon, c'est la Champlain Logg i ng Company qui introduit le «bucksaw» dans les chantiers de la Kinojevis. Le «buck­

saw» reste l'outil de base jusqu 'aux années 1950 alors que l'utilisation

de la scie mécanique commence à se généraliser.

Les bQcherons s'attaquent en équipe à un secteur de forêt. Ceux

de la Riordon travaillent en équipe de 4 à 5 hommes: 2 bacherons, un ou

deux charretiers («skidder») et un homme («rouleur») qui empile les bil­lots en tas («bunch») pour le transport vers un cours d'eau proche. Une

équipe de coupeurs de chemin de 2 à 3 hommes ass i ste souvent le premier

groupe . Les travailleurs des contracteurs de la C. I.P. fonctionnent en équipe de trois hommes, 2 bQcherons et un charretier. L'instauration du système de la coupe à contrat amène souvent les jobbers à diviser les con­trats entre plusieurs groupes de bQcher ons travaillant à la pièce. Cer­taines tâches comme l 'ouverture et l' entretien des chemins continuent par

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contre à être exécutées a salaire. C'est la mesure déterminée par le mep sureur de la C.I.P. et inscrite au reg·istre du camp par le commis de la compagnie qui fait foi du rendement du bOcheron et de la production du contracteur.

Le bois coupé en forêt est transporté avant la fin de 1 'hiver et empilé sur les bords d'un cours d'eau («dump»). Tout le transport en fo­rêt s'effectue pendant des décennies à l'aide de chevaux. Selon Augustin Chénier, il y a 2,000 chevaux dans les chantiers du Témiscamingue au dé­but du siècle. En 1936, 500 chevaux se trouvent dans les camps de la Di­vision Kipawa. On en compte 600 en 1944 et 800 en 1946. Le camion et le tracteur font timidement leur apparitiori au milieu des années 1930. Ce sont deux jobbers de la région qui expérimentent les premiers la mécani­sation du transport du bois: Henri Perron de 1 'Abitibi avec des camions dans le canton de Duprat et Edgar Turpin avec des tracteurs dans Joannes. La C.I.P. poursuit 1 'expérience dans le secteur de la Baie Caron et du lac Roger. Pu is les Syndicats Coopératifs de travail réunis au lac Gra­net dans l_'après-guerre utilisent sur une grande échelle des camions. Les chevaux demeurent toutefois indispensables aux opérations en forêt. Les tracteurs et les camions n'effectuent que le transport de grosses charges de bois sur de longs trajets. Il y a ai nsi 60 camions et 30 trac­teurs dans les chantiers de la Division Kipawa en 1946 et encore 800 che-vaux.

La saison de coupe se termine au printemps avaht le dégel. Les hommes, les animaux et le matériel quittent les chantiers .en suivant les cours d'eau gelés. Commence alors le flottage du bois.

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C) LE FLOTTAGE DU BOIS AU TnUSCAtUNGUE

Les comp~gnies et les marchands de bois progressent au Témisca­mingue a partir de 1880 le long des grandes pièces d'eau et de leurs tri­butaires. C'est par eau que les bOcherons acc~dent en forêt et c'est par eau que le bois e~t évacué des chantiers et transporté vers le sud rlu

Québec. Les grosses billes de bois sont dravées et flottées ~ur les ruis­seaux et les rivières, puis regroupées en estacades sur les principaux

lacs po~~ être remorquée~ par bateau. Les compagnies eff~ctuent souvent des travaux («improvement») pour augmenter le débit des cours d'eau et

. faciliter l,e flottage du bois.

Le lac Témiscamingue constitue la pièce maîtresse du flottage du bois au Témiscamingue. Plusieurs cours d'eau d'importance ·se jettènt dans

le lac comme les rivières A La Loutre, Des Quinze, Bl~nche et Montréal. Plus au sud le grand lac Kipawa se déverse dans le lac Témiscamingue par le ruisseau Gordon. La drave débute à la. fonte des glaces. Les draveurs, équipés de longue pièce de bois munie d'une pointe d'acier («g~ff»), gui­dent le bois sur les ruisseaux et les rivières. Ils se déplacent dans de

. longues embarcations étroites appelées «pointers». Augustin Chéni~r donne

une qonne description du rude métier:

«La période du flottage était pour les voya­geurs (elle existe encore) la plus rude, en même temps que la plus périlleuse de sa dure vie: passer des journées entiêres a rouler sur des billes flottantes, se jeter ~usq~'à 1 a ceinture dans 1 'eau glacée du printemps pour faire suivre les pièces récalcitrantes," parcourir, sur de longues distances, les ri­ves enchevêtrées des ruisseaux, enfonçant jusqu'aux genoux dans une vase gluante ou butant sur un corps mort, pendant que la longue gaffe se cherche un chemin à travers les aulnaies, aller jusqu'au milieu des ra­pides impétueux libérer le train de bois arrêté dans sa descente par un obstacle in­visible, risquer de s'engouffrer avec les

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bi 11 es dans 1 a v ri 11 e d'un remous, demeurer tout le jour tremp~ jusqu'a la c~intur~~ avec la perspective de reprendre, le l~nde­main, dans les mêmes habits humides, les mêmes travaux et les mêmes p~rils, telle ~tait la vie de nos draveurs pendant deux, trois mois et plus».

Les billes de bois aboutissent au lac T~miscamingue et sont re­group~es à 1 'embouchure des riviêres. Les compagnies constituent souvent à cet endroit des r~serves de bois («holdin9 gapp»). Le bois est ens~ite remorqu~ en estacades vers le sud du lac et la riviêre Outaouais.

Les principales compagni~s s'unissent en 1887 pour flott~r lè bois en commun sur le lac Témiscamingue. Elles organisent la Upper Ottawa Boom Improvement Company, mieux connue au Témiscamingue commè 1 'I.C.O. L'I.C.O. s'occupe a partir de cette date du flottage de tout le bois cou­P~ au T~miscamingue jusqu'â Pembropke, Hull et Ottawa: L'a compagnie jus­qu'en l895, ne flotte que du bois carré. Puis les compagnies exp~dient leur bqis en billots ronds. Le bois de pulpe est flott~ jusqu'aux instal­lations de E.B. Eddy & Hull. L'I.C.O. possède sur le lac T~miscamingue de nombreux bateaux de diff~rents types qui regroupent les billes de bois, forment les estacades et les remorquent vers le sud. Des gros bateaux~ vapeur munis de roues a aut>e effectuent le remorquage du bois jusqu'au d~but dus iècle. On peut mentionner ici les noms du Rat, du Beaver et du Seal. Des bateaux à h~l ice comme le Lady ~1into, l'Alexandra, le Queen, le Lark, le ~Jabis les remplacent par la suite. Un bateau de soutien («sup­ply boat») ravitaille les remorqueurs et les equipages. L'Albert remplit longtemps ce rôle pour 1 'I.C.O. La formation des estacades est accomplie par des remorqueurs auxiliaires surnomm~s les «Alligators». Ces longs bateaux plats d ' une quarantaine de pieds de long sont équip~s de chaudiè­re à vapeur et de roues à aube. Ils sont par la suite mOs par des h~li­

ces.

L'arrivée de la Riordon Pulp and Paper ~u T~miscamingue et la construction du «Kipawa Mill» en 1917 ont pour effet d'augmenter les opé­rations de flottage au T~miscamingue. Le trajet du bois qe pulpe se ter..,

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mine maintenant a Témiscaming on une grosse réserve de bois est établie. La Riordon entretient sur place des remorqueurs pour manoeuvrer le bois arrivant des chantiers du nord du Témiscamingue. Les concessions de la Riordon se trouvent autour des lacs Des Quinze et Simard et, plus au nord, dans la région comprise entre ces deux lacs et la ligne de partage des eaux. Ces lacs et leurs affluents fo~ment un impressionnant système d'e~u au coeur des fo rêts témiscamiennes. Par le lac Rémigny, la rivière Soli­taire et le lac Opasatica, les chantiers vont progresser profondément en

direction du nord-ouest. La rivière Kinojevis amènent les bOcherons jus­que dans la région du canton de Rouyn. Au sud, la rivière Des Quinze assure la sortie du bois vers le lac Témiscamingue.

La compagnie Riordon à mesure que ses opérations en forêt pren­nent de l' ampleur va développer un circuit de flottage sur les lacs Des

Quinze et Simard. Le dépôt Riordon sur· la Bai e Gillies du lac Des Quinze sert de point d'attache aux équipes de draveurs et aux remorqueurs. La ferme Morrison, a proximité du dépôt est le centre d'hivernement des Alli­gators de la Riordon. Les bateaux conduisent les hommes et 1 'équipement en forêt à 1 'automne et flottent le bo i s à partir du printemps. Les es­tacades de bois sont remorquées depuis les points de regroupement des bil­lots jusqu'au barrage ~'Angliers établi à la décharge du lac Des Quinze. Le bois coule ensuite à bil l e libre jusqu'au lac Témiscamingue. Le cours de la rivière Des Quinze est tourmenté et comprend plusieurs rapides. La Riordon maintient une équipe de drave au Rapide des Iles pour prévenir les embâcles. Elle poste aussi à partir de 1922 des draveurs au barrage du Pouvoir Des Quinze à la ·tête oe la rivière. L'I. C.O. attend le bois à Notre-Dame-du-Nord oa elle a établi une réserve de bois. La progression des chantiers le long de l'Outaouais supérieur au-delà du Rapide Esturgeon

amène la Riordon à installer .en 1924 un camp de drave à 1 'embouchure de la rivière au nord du lac Simard. Le camp, appelé «Boom Camp», prend une gran­de importance avec 1 ' expansion des opérations forestières vers le nord. De grandes quantités de bois arrivent maintenant par la Kinojevis et 1 'Ou­taouais des chantiers de la Champlain Logging Co. Le jobber installé au dépôt de German Point sur la Kinojevis assure le flottage du bois jusqu'au Boom Camp. Des draveurs, à 1 'aide de pointers

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et de petits remorqueurs, regroupent 1e bois dans des estç,c9,des pouvant contenir plusieurs dizaines de milliers de billes. !.,es A11 igators re~ marquent ensuite le bois depuis le Boom Camp jusqu'a Angliers. Plusieurs Alligators se succêdent de 1918 a 1925 sur le lac Des Quinze et le lac Simard. On peut mentionner le Gertie, le t'torrison, le Sturgeon, le Cham~ plain, 1 'Inwood et 1 'Expanse.

La C.I.P. entreprend a la fin des années 1920 la consolida tion du systême de flottage êtabli par la Riordon Pulp and Paper au Témiscamingue. Les opérations de drave au nord du R~pide Estufgeon sont assumées a con~ trat jusqu'en 1928 par les gros contracteurs de la Divisipn Kipawa. Frank Blais, le plus ·gros jobber d'Amos, drave· le bois par la Kinojevis, depuis le lac Preissac jusqu'au lac Routhier prês de Rouyn. Champlain Logging s'occupe du flottage jusqu'au Boom Camp. La C.I.P. prend ensuite en char~ ge toutes les opérations de flottage sur 1 'ensemble de son territoire.

La Canadian International Paper met en service en 1929 et 1930

sur le lac Des Quinz~ et le lac Simard deux grosses unités de remorquage. Le T.E. Draper lancé en 1929 a la Baie Gillü~s est un três gros bateau de 100 tonnes et mesurant 61 pieds de long. Le Draper va effectuer le remOr~ quage du bOis su r le lac Des Quinze. Le remorqueur demeure en service jusqu'a la fin des opéra tions de la C.I.P. au Témiscamingue au milieu des années 1970. Le J.A.H. Henderson entre en fonction 1 'année suivante sur le lac Simard. Cet autre remorqueur, plus petit que le Draper, traîne les estacades de bois depu is le Boom Camp jusqu'au «Grassy Narrow», le bras d'eaù reliant le lac Simard et le lac o~~s Quinze. C'est dans ce

~ . 1 ~ecteur du Grassy Nar~ow que le Draper et le Henderson se rejotgnent et s'échangent leurs estacades·. Le Henderson est ret iré des opérations de flottage a la fin des années 1950 et remplacé par 1 ' Expanse, un remor~

queur· de 53 pieds . Des Alligators et des bateaux de ravitaillement sou~ tiennent le travail des grosses unités. Les Alligators sont graduellement remplacés a partir de 1936 par des bateaux plus étroits a coque d'acier et mas par des moteurs a essence. La puissance de ces petits remorqueurs est constamment augmentée par la C.I.P. passant de 20 c.v. durant les années 1930 a 50 c.v. en 1947 puis a 90 c.v. en 1953. Les fameux pointers

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restent en service jusqu'aux années 1950 puis sont remplacés par des ca ­

nots à moteur .

Le bois remorqués sur les deux lacs aboutit au barrage d'Angliers où la C. I . P. a établi une réserve de bois et une passe à billot . La Kipa ­wa Woods Division fait en 1938 d'Angliers l e centre de ses activités de flottage dans 1 e secteur du 1 ac Des Quinze et du lac Sima rd. Le Ri ordon Depot se trouve maintenant trop éloigné du circuit principal du flottage.

Il sert uniquement au remisage des bateaux l'hiver jusqu'en 1955 . La C.I.P .

maintient aussi des équipes de draveurs au «Pouvoir Des Quinze» et au Ra­

pide des Iles. Les remorqueurs de 1 'I.C.O. accrochent ensuite deux ou trois des estacades rassemblées à l'I le du Chef près de Notre -Dame-du-Nord . et se dirigent vers Témiscaming. L'augmentation constante du volume de bois coupé au Témiscamingue et dans l'Outaouais supér ieur amène l'I.C.O.

à se doter de très gros remorqueurs . Le J.P . Murer et le J.P . Fleck qui

sont en activités sur le lac Témiscamingue dans 1 'a près-guerre sont des

puissants bateaux capables de remorquer plu sieurs estacades de bois conte­

nant jusqu'à .300,000 billots. Au sud du lac, le bois de pulpe destiné à

l'usine Kipawa est laissé à la pointe Opémica . Un gros remorqueur de la

C . I.P ~ le Wilda , le remorqueu r f rè re du Draper , fait la navette entre la réserve de bois d 'Opémican et 1 ' usine de Témi scami ng.

La Division Kipawa, avec la progression de ses activités au coeur

de la région de l'Outaouais supér i eur , doit régul i èr.ement allonger son cir­cuit de flottage et organiser de nouveaux secteurs de remorquage . La cons­truction de barrages sur l'Outaouais au Rapide 2 et au Rapide 7 et la cons­

titution de vastes réservoirs d'eau comme les réservoirs Descelles et Do­

zois obligent la C.I. P. à remorquer le boi s sur de très longues distances . Le dépôt de la Baie Carr i ère devient à partir de 1942 le centre des opé­rations de flottage da ns la région des sources de l'Outaouais. Les remor­

queurs de la Baie Carri ère tirent les estacades de bois sur le réservoir Descelles , le lac Granet et le Grand Lac Victoria . Le Descelles, un re ­morqueur de 55 pieds , et le Pon tl eroy sont les principaux bateaux opérant

dans ce secteur . Le bois aboutit au Rapide 7 où la C. I . P. a installé une réserve de bois . Le bois coule ensuite à bi ll e libre jusqu 'au Boom Camp.

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NORANDA WOODS DIVISION, CANADIAN INTERNATIONAL PAPER

NOM DU RE~10RQUEUR

T.E . Draper

J.A.H . Henderson

Expanse

Wilda Des ce 11 es Pontl eroy Nédelec

Loisel le

W. D. tkCosh Harrison R.C . Kelly

Cooper Devlin

CarrH!re Granet Tante t1arie

Lépine

Bousquet

t·lcKenzie

~1a zerac Wasp ~·/.A. Bertrand Cléricy Clérion Vaud ray Bout in ~~a rti na - B ~rrias

Pascal is Jourdan Vas san Tante ~rtha Namanash Cons ta nee Expanse

CATtGORIE

240 c.v.

140 c.v.

280 c.v.

240 c . v. 180 c .v. 135 ou 90 90 c.v.

90 c . v.

90 c.v . 90 c .v. 90 c . v.

90 c.v . 50 c.v .

40 c .v. 40 c . v. 40 c.v.

40 c.v .

40 c.v.

40 c.v.

20 c .v. 20 c . v. 20 c.v . 20 c.v . 20 c.v . 20 c.v . 20 c.v. 20 c.v .

20 c.v. 20 c.v. 20 c . v. 20 c.v . 20 c.v .

?

?

Alligator

c.v.(?

SECTEUR D'OPtRATIONS

Lacs Des Quinze Angliers Lacs Des Quinze Boom Camp Lacs Des Quinze Boom Camp Témiscaming Baie Carri~re Réservoir Dozois Lacs Des Quinze Angliers Lacs Des Quin ze Angliers Baie Carri~re Baie Carri!'!re

et Simard -

et Simard -

et Simard -

et Simard -

et Simard -

Outaouais supérieur - Rapide 2 (?) ?

Lacs Des Quinze et Simard -Boom Camp Baie Carri!'!re Baie Carrière Lacs Des Quinze et Simard -Gras sy Na rrov1

Lacs Des Quinze et Simard -Grassy Narrov1 Lacs Des Quinze et Sima rd -Grassy Narrow Lacs Des Quinze et Simard -Gras sy Na rrow Baie Carrière Baie Carri!'!re Baie Carri~re Rivi~re Kinojevis - ~lcWatters

Rivière Kinojevis - ~1cWatters

Rivière Kinojevis - McWatters ?

?

?

?

?

?

?

Baie Carrière Baie Carril!re Lacs Des Quinze et Simard -Angliers

inconnu Sources: LI ENERT, A., The (Ki pawa) Noranda Woods Di v1 s 1 on, 1966

CODE: ?

(?) incertain Archives pnvées Gaétan Lavictoire et Yvon Desjardins, Rouyn

Reche rches-entrevue~, Productions Ahitibi-Témiscamingue, février­mars 1982

Compilation: Productions Abitibi-Témiscamingue inc . , mai 1982.

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La Division Kipawa possede aussi quelques petits remorqueurs au ~épôt de McWatters pour traTner le bois sur la riviere Kinojevis.

Le circuit de flottage qui s•étend maintenant sur plusieurs cen­taines de milles est divisé en secteurs d 1opérations, les principaux étant ceux de Baie Carriêre, d 1 Angliers et du lac Témiscarningue. En 1~50, le bois coupé dans le secteur du lac Granet parcour't plus de 250 milles de voies d•eau avant de parvenir à Témiscaming. 7 millions de billots de bois arrivent chaque année au lac Témiscamingue des chantiers de la C.I.P. Une grande quantité de billes se perdent toutefois le long du circuit. Des équipes de draveurs et des remorqueurs doivent effectuer au cours de 1 •été

une vaste opération de récupération («sweep»). La récupération permet par exemple de remettre â 1 •eau dans le seul district d 1Angliers plus de 40,000

billots échoués ~n une seule saison .

Le lac Des Quinze et le lac Simard constituent la plus importante zone de flottage de la Kipawa Woods Division. La C.I.P. maintient dans ce secteur sa plus grosse unité de remorquage, le T.E. Draper.

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DEUXIn1E PARTIE: ANGLIERS, LE T. E. DRAPER ET LE FLOTTAGE DU BOIS SUR LES LACS DES QUINZE ET SIMARD

Le flottage du bois dans la ~égion des lacs Simard et Des Quin­ze demeure jusqu'aux années 1910 limité a la drave des billes de pin provenant des chantiers des cantons de Nédelec et de Guérin oO, entre autres, la Colonial Lumber est active. Le volume des coupes et 1 'éloi­gnement de ses camps forestiers amênent la Riordon a organiser a partir de 1918 un circuit de flottage du bois sur les deux grands lacs du Té­miscamingue. La Canadian International Paper prend la relêve en 1925 ~t

développe les opérations de flottage sur une três grande échelle. La C.I.P. met en service sur cette vaste étendue d'eau de três gros remor­queurs comme le T.E. Draper.

Le village d'Angliers, devient le centre des opérations de flot­tage dans la région. La croissance du village Témiscamien est intime­ment liée à l'évolution du flottage du bois sur les lacs Des Quinze et Sima rd.

A) LE FLOTTAGE DU BOIS ET LE T.E. DRAPER

La Riordon Pulp and Paper doit donc três tôt voir à 1 ' organisa ~

tion du flot tage de son bois vers le lac Tém i scamingue. Ses chantiers sont éloignés de la ri viêre Des Qu inze et dispersés autour des deux grands lacs du centre du Témiscamingue.

Le dépôt Ri ordon établi en 1918 au fond de la Baie Gillies sert auss i aux opérations de flottage de l a compagn i e . Plusieurs Alligators assurent le remorquage du bois sur l es deux lacs, depuis les points de formation des estacades à 1 'embouchure des rivières jusqu'au barrage d 'Angliers. Les Alli gators sont de larges bateaux en bois d'une quaran­taine de pieds de longueur . Ils sont équipés d'une grosse chaudière à

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a v~peur. Ils fonct~onnent au début . av~c des roues a aube puis sont mOs par h~lic~s. La Rior~on çpqstitue a plusieurs ,ndroits sur letra­j et des remorqueurs de_& r~serves de bois pour a li men ter 1 eurs chaudiêr~s. L~s Alligators tirent les estacad~s d~ bois en utilisant un treuil et une l ou rd,e q.ncre. Cette technique de remorquage permet aux Alligators ~t à leurs trains de bois de se tirer . ~ l 'a ide d'un treuil et d'un gros cab1e de pl usieur$ mi lli er$ de piect$ de l ong j~squ' au point de chute cte 1 'ancre qui sert de contrepoids. L'opérat i on répétée des centaines de f oi s permet au remo rqueu r et à sa charge de bois d' ava nce r lentement vers Ang l iers a la vitesse de moins de l / 2 mi l le par heure. L'équipage d'un Al l i gator se compG se de,? homme s qui t r availl ent en rotation: 2 c~pitai-

r

nes, 2 mécaniciens, 2 hommes de pont et un cui s inier. Les hommes vivent sur vn chaland tra~nê en remorque. Les pointers et des batea~x de dra­ve soutiennent les Alligators dans les opé rations de flott~ge. La Rior,.. don assure aussi le flqttage diJ bois d~s autres compagnies aetive~ dqns le sectau~ comme la W.C. Edwarps installée a Angliers.

La progression des opération~ de la compagnie sur 1 'O~taouais supérieur au-delit du Rapide ~sturgeon ent.ra'tne 1 'établissem~nt en 1n4 du Boom Camp à 1 'embouchure de la rivière ~ur le lac Sirnilrd. Ce c~mp devient le poin~ d~ dé~art du circuit central de flottage sur les lacs Des Quinze et Simard. Les Alligators de la Riordon prennent en remorque ~1.1 ~oom Cpmp une ou peux est~caq~$d~ bois, puis $€ dirigent lentem~nt vers Angliers. ~es trains de bois empruntent le nord du lac Simard et,

· P(.lSSant devant 1 a grande 'île Bry$on, pa vi guent en di rection du Gr~ssy l

Marrow, le bras d 'eau qui relie les deux lacs. le long trajet se pour-suit sur le lac Des Qvin?e ver~ la Baie Gi llies , Les Alligators bifur­quent ensuite vers le nord, vers Angliers. De la le bois est flotte a bille l ibre jusqu'au lac Témiscamingue . La Riordon, pour faciliter le pas sase du boi s mai nt ient sur le cours de la r i vière Des Quinze plusieurs équipes de draveurs. Le voyage du Boom Camp a Anglie rs s'étend sur plu­sieurs jours. Sa .du rée dépend des .condi t ions de na vigation, Le dlpOt Riordon sert dé po in t d'attache a~x bateaux . Les remorqueurs, après avoir monté les hommes et les provis ions vers les chantiers~ ~a fi~ ·

qe la saison d~ f l ottage, sont h i ve rn~s a lq ferme Morrison â pr0ximité

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du d~pôt for~sti~r.

La Canadia~ Iriternaiionai.P~pe~ · q~i prend en cha~ge le~ op~rations

de flottage sur le lac Des Quinze et le l ac Simard en 1925 va èonsid~ra~

b 1 ement d~ve i opper '1 es 'méthodes de remorqÜage et de f1 at tage du bais.

Elle commence par r emplacer a la fin des années 1920 l e~ Alligators par

d~ux gros remorqueurs, le T.E. Draper ~t le J.A.H. Henderson.

Le Draper est appelé ainsi en 1 'honneur du créateur de la Kipawa

Woods Division . C'est T.E. Draper , alors gérant de la Division de La

~o~ge de.la compagnie Riordon, qui met sur pied en 1g1a la Division Kipa­

wa. Pendant20ans (1918-39), comme gérant de .cette division, il joue un

. )"ôle majeur dans l'expan?iOn de l'industrie du bois au T~miscamingue. . . t~ 1 • .. . , • • • • .• . • • • ·' • : • ; • • .:: • • • • • ' .. •

.Le Draper, construit par la John Ingli~ Company de Colling~ood·én Onta-,_l . •

rio, est assembl~ et mis à l'ec;tu à la Baie Gillies. On exp~die en effet

le remorqueur en p ièces' pa~ èhe~i·n i:t~ fer ' Ju~quià Angliei-s. · Des âttela­

ges de ch~vaux transportent ensuite les ~normes piêces du Draper à la Baie

Gil i ie s ·. · Les dim~n~i~ns' du bra'per.;-sont ·i ~prèssibnh~htes· . .. Il.-mesure 61

pie~s de longueur ei plus de 17 p ied~ 1 de largeur . Ses ~up~rstr~~tures • •· ·· ' • • ·• • • ' 1 ' · ' . · • • · • , • r . . . . • •

sont longues de 40 pieds et hautes de'l5 pieds. 'Le bateau 'pese'lOO ton-

nes et possède un ti ra nt d.' eau de 9 pieds. Un énorme moteur Fa i rbank'

de 240 c.v. ~ccupé pratiquement toute'iacëtle du r·emorqueur. Unçompar-.. ~

timent d'ans le nez du bateau, auquel on accède par le pont avant, sert ~ ; ' .

de poste d'~quipage . La cuisine et le~ · J~gements du second capitaine,

d'un m~canicien ~t du cuisinier se trouvent sur le premier pont . Le ca­

pitaine loge derrière le poste de pilotage sur le deuxième pont. Le Dra ­

f:1e r compte un ~quipage de 7 hommes: . le capitaine et son second, deux m~­ca~iciens (ing~nieur),· deux hommes de ~ont («deck-hand») et le cuisinier.

Les hommes t ra vaillent en équipe "de trois pa r quart de 6 heures. A son

lancement en 1929, l e T.E. Draper remorque le bois sur le circuit prin-• ' 'r 1

·c.ipal de flottage entre le B~om Camp et An9Ïiers .. Le. bateau est êquip~ d'un gros. cable d'acier («Tow line») pour tirer les estacades de bois.

• • • ' . ; • 1 ' ~- . 1 • 1 • i t

C'est le m~canièien en calé qui· conduit .le moteur sur· indfcations· du ·

capitaine. L~ transmis~ion des ordres de manoeuvre se fait avec une . • ! · . . ,f .

cloche dans un code simple: 'un 'coup pour l e d~part , 2 coups .-pour ·maéhi-

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ne a~r i ère~ 3 pour ralentir et quatre pour avant toute. Puis la C.I.P.

met en service en 1930 le J.A.H. Henderson. Le Henderson, du nom de 1 'in­génieur-chef de la compagnie, est aussi construit par la société Inglis. Le bateau parvient tout assemblé a Angliers. Le Henderson est en effet de dimension plus modeste que le Draper. Il est moins long d'une douzai­ne de pieds et surtout sa coque est peu profilée de manière à s'adapter ~ la faible profondeur du lac Simard. Le Henderson est par contre muni d'un puissant treuil et d'une grosse ancre de plus de 700 livres. Con­

trairement au Draper, ce nouve~u remorqueur tire ses estacades de bois

en utilisant la méthode des Alligators. Le bateau est équipé d'un mo­teur de 140 c .v. Les superstructures du Henderson sont peu développées car 1 • équipage de 7 hommes vit sur un cha 1 and. La Divis ion Ki pawa avec 1 'arrivée de ce deuxième remorqueur divise le circuit de remorquage sur

les lacs Simard et Des Quinze en deux ·zones d'opérations. Le Henderson effectue le remqrquage du bois entre le Boom Camp et le secteur du Gras­

sy Narrow oO le rejoint le Draper arrivant d'Angliers. La jonction se

fait entre la Baie Fl~ury sur le lac Des Quinze et l'île Bryson. Le

Draper se ~end parfois directement au Boom Camp pour assister le Hender­son et maintenir la cadence du flottage. ~e flottage du bois s'effectue

jour et nuit sans arrêt durant toute la saison du flottage. Des millions

de billes de bois flottent maintenant du Boom Camp jusqu'a Notre-Dame­

du-Nord, sur le lac Témiscamingue.

La Division Kipawa consolide ensuite son organisation. Les Alli­

~ators sont ainsi remplacés a partir du milieu des années 1930 par des

~etits remorqueurs a coque d'acier et mOs par des moteurs a essence de

20, 40 et 50 c.v., puis de 90 c.v. dans 1 'après-guerre. Les «90» par

exemple sont des bateaux de 30 tonnes mesurant prês de 35 pieds. Ces remorqueurs auxiliaires tirent le bois comme 1~ Henderson en employant

un treuil et une lourde ancre. Les bateaux servent a la formation des estacades et à leur ouverture dans les rése rves de bois. Ils exécutent

aussi des tâches de soutien comme le ravitaillement des camps de drave ·et des équipages des remorqueurs.

La structure administrative de la compagnie est également modi-

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fiée pour r~pondre a la croissance des opérations de flottage sur les

lacs Des Quinze et Simard. La Lake Expanse Booming and Drtving Company

est formée par la C.I.P. et obtient un droit de flottage pratiquement

exclusif sur les deux lacs le long du circuit central. Le centre des opérations de flottage est transféré en 1938 a Angliers oa la C.I.P.

fait l'acquisition des ins tallations de la compagnie W.C. Edwards. Le

dépôt Riordon de la Baie Gillies ne sert à partir 4e cette date qu 'au

remisage des remorqueurs durant la saison froide. En 1955, · le Dépôt

est fermé et vendu a l a compagnie de bois de sciage Paradis et Fils.

La construction de ponts sur le Grassy Narrow au début des an­nées de guerre force la C.I.P. à modifier son système de flottage et à

établir un nouveau camp de drave. Le camp du-G1rassy Narrow, construit

sur la plus grande des î l es· occupant le bras d'J~au entre le lqc Des Qu i n­

ze et le lac Simard, sert à partir des années 1940 de pivot aux opéra ­

tions de flottage. Des draveurs soutenus par des petits remorqueurs,

des «20» et plus tard des «40», assurent le passage des billes de bois

sous les ponts du Grassy Narrow. L'étroitesse du chenal rend maintenant

impossible le passage des estacades de bois d'un lac à 1 ' autre. Seuls

les bateaux peuvent naviguer sous les ponts du Grassy Narrow. Les esta ­

cades de bois amenées du Boom Camp par le Hende r son doivent maintenant

être ouvertes et les billes de bois libérées sont flottées sous 1 'un des

ponts. ~e bois est aussitôt reformé en estacade et pris en remorque par

le T.E. Draper. Le circuit de flottage sur les lacs ne se modifie guère

après 1 'établissement du camp de'G~assy Narrow. La Div ision Kipawa va

toutefois améliorer sans cesse ses méthodes de flottage. Plus .de 100

estac&des de bois, remorquées à la cadence de 6 à 10 par semaine, par­

viennent à Angliers à partir du milieu des années 1940. Chaque camp,

chaque remorqueur remplit une fonction préc i se :

Le Boom Camp

Ce camp de drave établi en 1924 sur la rivière Outaouais à 2 mil­les du lac Simard et à 5 milles du Rap i de Esturgeon constitue un rouage

important dans le système de flottage de la Divisi on Kipawa. Une gros -

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se réserve de bois retient les billots arrivant de l'Outao1,.1ais supérieur

et de ses affluents. Des millions de billots s'entassent sur la rivière depuis le Boom Camp jusqu'au pied du Rapide Esturgeon. Les draveurs re­

groupent les billes à 1 'intérieur des estacades de bois et forment des trains de bois en liant ensemble deux ou trois estacades. ~e Henderson vient à cadence régulière prendre en remorque les estacades et ramener des estacades vides.

Plus d'une douza ine d'hommes travai llent au Boom Camp au cours des an nées 1940 et 1950. Plusieurs bâtiments composent ce camp de dra­ve: un grand dortoir, une cuisine, un ent repôt et un bureau . Des petits

remorqueurs participent aux opérations, d'abord des Alligators, puis des «40» et des «50». Le Devlin, un «50» , est le plus connu des remorqueurs

du Boom Camp. Les remorqueurs descendent parfois l es trains de bois à

la sort i e de la rivière sur le lac Simard où des piliers d'attache («pier»)

ont été construit.

Les.draveurs du Boom Camp fo rment chaque semaine environ 6 esta.,. cades d~ bois que le Henderson tire deux à deux vers le Grassy Narrow. Le trajet dure de 15 à 18 heures par beau temps, plus d ' une journée lors­

que la navigation devient diffic i le . Le Henderson doit souvent se mettre

à l'abri dans une baie du lac Simard po ur éviter la dislocation de ses estacades. Le trajet de retou r avec les estacades vides s'effectue en

3 ou 4 heures. Le~ estacades, auss i appelées bôme, («boom»), sont for­

mées de 50 à 60 grosse~ billes de bois reliées aux extr~mités par des chaînes. Les estacades de bois que remorquent le Draper et le Henderson

contiennent de 40 à 50,000 billots. Les bateaux tirent habituellement deux estacades à 1 a foi s, accrochées l'une derrière 1 'autre . Les esta ­cades employées sur les lacs Des Quinze et Simard par la Divi sion Kipa­

wa sont formées au début de bi1les rondes de pin ou d'épinettes. La

technique de l'estacade double - ou de l' estacade à deux rangs de billes

-est utilisée jusqu'aux années 1950. La C. I.P . se sert par la suite d'estacades simples faites de grosses billes de pin de Colombie Britan­

niq~Je qui sont équ·arries pour facilite r le travail des draveurs. r

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Le Grassy Narrow

Cet étroit passage ~·eau entre le lac Simard et le lac Des Quin-ze constitue pendant plusieurs années le point de rencontre du Draper et du Henderso~ . C'est dans ce secteur que les remorqueurs s'échangent leurs estacades. Le chenal du Grassy Narrow, malgré · son étroitesse per­met le passage des bateaux et des trains de bois. La construction de ponts au début des années 1940 amène 1 'installation d'un camp de drave à cet endroit pour assurer le passage du bois sous 1 ' arche des ponts . Ce camp d'une quinzaine d'hommes comprend un do r toi r , un bâtiment pour 1 'admi­

nistration et la cuisine . Les drayeurs du Grassy Narrow ouvrent les es­tacades de bois arrivant du Bmom Camp et flottent les billots sous 1 'un des ponts. Ils reforment les ~stacades en aval pour le T.E. Draper. Des pointers et des «40» assistent les draveurs . L'étroitesse du passage et

son engorgement amènent souvent les «40» et parfoi~ le Henderson à tra­verser le chenal et à tirer les estacades préparées pour le Draper à 1 'a­bri de la Baie Fleury à 3 milles du camp.

Un gros réservoir de carburant est i nstallé par l a C.I.P. sur un promontoir rocheux à proximité du camp du Grassy Narrow . Le Draper et le Henderson s'y ravitaillent à chaque trajet. Un chaland muni de gros­ses citernes et remorqué par le praper permet le transport de 1 'essence depuis Angliers. Les draveurs du Grassy Narrow voient aussi à 1 'entre­tien des estacades du Draper. Une partie des estacades sont au séchage chaque saison pendant que les autres sont utilisées en rotation. Les estacades du Henoerson sont entretenues au Boom Camp.

Le trajet du T. E. Draper entre le Grassy Narrow et Angliers dure

~ de 24 à 36 heures selon les conditions de navigation. Le Draper se rend directement à la réserve de bois d'Angliers jusqu ' aux années 1940. Les difficultés de navigation dans le chenal d'entrée d'Angliers amènent la C.I.P. a installer à la Pointe Marianne,à quelques 7 milles avant Angliers, des points d'attache pour les ·estacades de bois. Le Draper abandonne alors ses estacad~s à 1 ' abri de la Baie Marianne. Un petit

remorqueur fait la navette entre Pointe Marianne et la réserve d'Angliers.

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Le Loiselle, un «90», effectue longtemps ce trajet qui dure 12 heures, Le «90» est ainsi nommé en 1 'honneur de Fernand Loiselle, gérant du dis .. trict d'Angliers et artisan de la modernisation des méthodes de flotta­ge. L'échange des estacades entre le Dràper et lè Loise11e se fait aus­si parfois plus près d'Angliers, a la Pointe du Pin Rouge.

Angliers

Le village sert dès les années 1920 de camp de drave a la Rior­don pour le flottage du bois sur la riv i ère Des Quinze. La C.I.P. fait en 1938 d'Angliers le centre d'opération de toutes ses activités dans la région des lacs Des Quinze et Simard. La compagnie achète dans le vil­lage le grand entrepôt de W.C. Edwards Co. qui se trouve près de 1 'eau et des voies ferrées du Canadien Pacifique. De 1 'autre côté de la ri­vière Des Quinze, â proximité du barrage, la C.I.P. construit des bâ:ti­ments pour loger et nourrir ses travailleurs et des résidences pour ses cadres.' Plus de 15 hommes travaillent au flottage du bois a Angliers comme draveurs ou sur les remorqueurs. C'est a partir du dépôt d'An­gliers que la C.I.P . approvisionne les camps de drave et ravitaille les remorqueur~ en vivre et carburant. Des bateaux auxiliaires comme le Né­delec, un «90», remplissent cette fonction.

Les draveurs en poste a Angl iers ouvrent les estacades de bois amenées par le Draper puis par le Loiselle et passent les billots dans le barrage. Le dépôt d ' Angliers est fermé 1 'hiver jusqu'en 1947. Puis la repr i se des opérations forestières dans le secteur des lacs Des Quin­ze et Simard amène à Angliers une di zaine de nouveaux travailleurs. Le dépôt de la C.I.P . fonctionne maintenant à 1 'année. La fermeture du dé­pôt Riordon en 1955 entraTne la construction à Angliers d'une rampe pour sortir 1 es gros remorqueurs de 1 • eau et voir à 1 eur entretien. Les ac­tivités de la Kipa~tJa Woods Division a Ang li ers sont à l eur apogée au dé­but des années 1960.

Rivière des Quinze et Rapide des Iles

La Riordon puis la C.I.P. doivent maintenir des équipes de dra-

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veurs en fonction sur le parcours de la riviêre Des Quinze pour prévenir les inévitables embâcles dans les rapides de la riviêre. Le camp de Ra­pide des Iles abrite jusqu'a une quinzaine d'hommes. Longtemps la C.I.P. recrute les draveurs de ce camp parmi les Algonquins de la réserve de No­tre-Dame-du-Nord. Une douzaine de draveurs sont aussi en poste au Pou­voir Des Quinze à quelques mil l es d'Anglier s. Ces hommes flottent le bois dans la passe à billots du barrage de la Northern Quebec Power. Des

draveurs seront aussi en fonction plus tard aux barrages de 1 'Hydra-Qué­bec de Première Chute et de Rapide des Iles. Le bois en arrivant à No­

tre-Dame-du-Nord tombe sous la juridiction de 1 'I.C.O.

Le flottage du bois se déroule aussi sur des circuits secondai­res. Les remorqueurs de la C.I.P. vont réguliêrement chercher du bois sur le lac Simard ou le lac Des Quinze. Ce bois est coupé par des job­bers locaux ou acheté des colons et des cultivateurs de la région. Le Draper et parfois le Loiselle remorquent vers Angliers des estacades de bois à partir de la Baie Pauvreté et de la Baie Klock du lac Simard, et à partir de la Baie Barrière, de la Baie du Tigre et de la Baie Gillies du lac Des Quinze. Une autre opération de flottage consiste en la ré­cupération (le «glanage») des billes perdues durant la saison de flot­tage, la fameuse «sweep». Le glanage du bois sur les lacs Des Quinze et Simard occupe une vingtaine de draveurs. Des pointers et un «20» ou un «40» servent à 1 'opération. Le glanage permet de récupérer chaque saison de 30 à 50,000 billes de bois. La C.I.P. va octroyer à partir des années 1960 la grande «sweep» annuelle à des contracteurs locaux.

La Division Kipawa accroît sans cesse au fil des ans le volume

de bois flotté sur les deux grands lacs du Témiscamingue. La puissance

des remorqueurs est augmentée à la fin des années 1950. Le Draper est pourvu d'un moteur plus puissant et plus moderne qui permet au capitai­ne de guider directement le régime du moteur. Le Henderson est retiré du service et remplacé par 1 'Expanse. Ce remorqueur de 53 pieds de longueur et de 16 pieds de largeur est a font plat pour naviguer sur le lac Simard. L'Expanse ne possède pas de treuil et d'ancre de remorquage. Il tire comme le Draper les trains de bois sur la puissance de traction

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des hélices. L'équipage de 6 hommes (2 capitaines, 2 hommes de pont, 1

mécanicien et un cuisinier) vit a bord d'un chaland. L'arrivée des «90» contribue également a la modernisation des opérations de flottage. Le haut degré d'organisation du flottage du bois sur les lacs Simard et Des

Quinze permet vers 1970 le remorquage de plus de 200 estacades de bois vers Angliers. Le Draper tire alors 3 et 4 estacades a la fois de maniê­re à alimenter les grosses unités de l'I.C.O. comme le J.P. ~1urer.

La vie des draveurs et des hommes d'équipage des remorqueurs se

transforme aussi au fil des ans. Une centaine d'hommes travaillent au

flottage du bois dans le district d'Angliers durant les années 1940 et

1950. Le flottage s'effectue sans arrêt de la fonte des glaces jusqu'à

tard à 1 'automne. La semaine de travail est de 6 jours de 12 heures

pour les draveurs et de 7 jours pour les équipages des remorqueurs. Le

remorquage ne s'interrompt jamais. Les bateaux ne viennent pratiquement

jamais a quai durant la saison de flottage. Les hommes du Draper, et du

Henderson naviguent sur les lacs pendant plus de 4 mois sans mettre pied à terre. La vie sur les remorqueurs est frugale et monotone. Certains

anciens du Draper parlent encore du bateau comme d'une prison et du pos­

te d'équipage à côté du moteur comme du donjon. Les marins travaillent en équipe par quart de 6 heures et plus tard de 12 heures. Chaque hom­

me fait un quart de jour puis un quart de nuit. La vie des hommes à

bord va s'améliorer au cours des années 1960. Les équipages du Draper et de 1 'Expanse vont pouvoir descendre à terre un jour aux deux semaines,

puis à tous les dimanches.

Seuls les premiers cap i taines doivent posséder certaines quali­

fications pour naviguer, soit un certificat de capacité de capitaine du

Ministêre des Transport du Canada. Les équipages sont formés de dra­

veurs qui suivent la f ili êre d ' expérience menant des pointers aux «40»,

puis aux «90», et finalement sur le Draper, le Henderson et l'Expanse.

Les hommes sont recrutés dans les paroisses autour des lacs Simard et

Des Quinze. Les deux derniers capitaines du T.E. Draper par exemple viennent de Moffet. Ces hommes ont appris a naviguer três jeunes sur les lacs avec des membres de leurs familles ou avec des draveurs d'ex-

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périence. Le circuit de flottage entre le Boom Camp et Angliers est sans secret pour eux. L'expérience des équipages s'avêre extrêm~ment impor­tante pour la C.I.P .• Les remorqueurs ne possêdent en effet aucun ins­trument de navigation. Les capitaines sont dépourvus de cartes marines. La navigation de jour comme de nu i t, par beau temps comme par gros temps, se fait de maniêre artisanale. La profondeur de 1 'eau par exemple est encore vérifiée durant les années 1960 a 1 'aide d'une pesée au bout d'un filin!

La rationalisation des opérations de flottage va sensiblement ré­duire la main-d'oeuvre de la C.I.P. dans le secteur d'Angliers. Le nom­bre de préposés au flottage sur les lacs passe d'une centaine vers 1945 à une trentaine en 1970. On ne trouve plus a cette date que 2 ou 3 hom­mes au Boom Camp. Deux draveurs suffisent au Grassy Narrow oQ letra­vail est fait à contrat par des hommes de Moffet. Il n'y a plus que 5 à 7 hommes à Angliers et moins d'une douzaine sur la rivière Des Les équipages du Draper et de 1 'Expanse sont réduits à 5 hommes. tant le volume de bois flotté atteint de nouveaux sommets.

Quinze. Et pour-

Le système de flottage du bois sur les lacs Simard et Des Quin­ze organisé par la Ri ordon Pulp and Paper et perfectionné par la C.I.P. se trouve vers 1960 à son apogée. Le district d' Angliers constitue le secteur névralgique du circuit de flottage de la Div i sion (Kipawa) No­randa qui s'allonge du Réservoir Dozois jusqu 'à l 'usine à papier du sud du lac Témiscamingue. Le flottage du bois sur le circuit central des lacs Des Qu i nze et Simard cesse à partir du milieu des années 1970. La Canadian Internat ional Paper décide alors de fermer son usine de Tém is­caming et de quitter la région. Les remorqueurs de la compagnie conti­nuent encore quel ques temps à naviguer sur les deux lacs procédant à

une dern i ère opération de récupération du bois. Les bateaux sont ensui­te montés à terre et vendus. C'est l e cas entre autres du T.E. Draper.

Le T.E. Draper constitue l 'unité de remorquage la plus presti­gieuse de la C.I.P .• Ce remorqueur est pendant près d ' un demi siècle la clé de voute du système de f l ottage sur les lacs Simard et Des Quinze.

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Il assure entre le Grassy Narrow et Angliers le plus long trajet du cir­cuit de flottage. Le Draper est sans doute aussi le plus gros b~timent à avoir navigué sur les deux lacs. C'est le plus puissant remorqueur de 1 a C. I. P.. Il permet a 1 a compagnie de mai nt en ir régulier 1 e flot de bois sur les lacs. C'est le Draper qui traverse au lac Simard pour sou­tenir le Henderson et 1 'Expa~se par gros temps. C'est encore lé T.E. Dra­per qui va chercher le bois des contracteurs et des colons au fond des baies du lac Des Quinze et du lac Simard.

L'histoire du Draper et 1 'histoire du flottage du bois sur les lacs se confondent donc. L'histoire du Draper est aussi intimement liée à celle d'Angliers. Le village témiscamien va vivre au rythme de la na­vigation et des opérations forestiêres.

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LD r--..

Le flottage du bois sur les lacs Des Quinze et Simard

1. RAPIDE 7: réserve du bois arrivant des chantiers de 1 10utaouais supérieur et remorqué en estacades sur le réservoir Descelles.

2. RAPIDE DE L'ESTURGEON: le rapide de 1 'Outaouais cons­titue la limite nord du territoire du district d'An­gliers de la C.I.P.

3. BOOM CAMP: camp créé par la Riordon en 1924. Point de regroupement du bois arrivant à bille libre et de formation des estacades devant ètre remorquées par le HENDERSON etplus tard par 1 'EXPANSE:

4. GRASSY NARROW: passe étroite liant les lacs Des Qu1nze et S1mard. C'est dans ce secteur que le T.E. DRAPER et le HENDERSON se rejoignaient jusqu'en 1939. La construction de ponts amena 1 ' établissement d'un camp et d'une réserve de bois où les estacades de bois arrivant du Boom Camp étaient ouvertes puis re­formées plus bas.

5. RIORDON DEPOT: c'est à la ferme MORISSON du Riordon Depot que les remorqueurs de bois comme le T. E. DRA­PER et le HENDERSON sont montés à terre à 1 'automne jusqu'au milieu des années 1950.

6. POINTE MARIANNE: c'est à cet endroit que le T.E. DRA­PER laissait habituellement ses estacades de bois . Un plus petit remorqueur, un «90» comme le LOISELLE, les amenait ensuite à la réserve d'Angliers.

7. POINTE DU PIN ROUGE: le T.E. DRAPER y laissait aussi à l 1occasion ses estacades de bois.

8. ANGLIERS: centre des opérations de flottage du bois sur les lacs Des Quinze et Simard établi en 1938 par la C.I.P. A partir d'Angliers le bois flotte à bille libre jusqu'à Notre-Dame-du-Nord.

9. POUVOIR DES QUINZE: la Northern Quebec Power y entret1ent une équipe de draveurs jusqu'à sa nationalisation. La C.I.P. prend alors la relève.

10. RAPIDE DES ILES: la C.I.P. entretenait une équi­pe de draveurs et un camp à cet endroit pour con­trôler le flottage du bois à travers les rapides et plus tard le barrage construit par Hydra-Québec en 1967.

11. PREMIERE CHUTE: la C.I.P. entretient une autre équipe de draveurs à partir de 1968 à ce barrage d'Hydra-Québec.

12. NOTRE-DAME-DU-NORD: les billes arrivant d'Angliers par la r1v1ère Des Quinze sont regroupées en estaca· des à cet endroit. Les remorqueurs de la UPPER IM­PROVEMENT CO. (I.C.O.) viennent chercher les estaca­des à l 'Ile du Chef .

13. BAIE DE QUATRE MILLES:

14. RUISSEAU DU POISSON BLANC:

15. PETITE RIVIERE ROGER:

Points de formation des estacades de bois de la ROGER RIVER LU~1BER

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T.E. DRAPER - ANGLIERS

FICHE SIGNALETIQUE

Dimension

Constructeur

Lancement

Années d•activités

Equipage

Capitaines 1929 - 1977

Propriétaires

coque: 61 pieds longueur, 17,6 pieds largeur.

superstructures: 40 pieds longueur 15 pieds hauteur maximum

poids: 100 tonnes (approx.)

tirant d•eau: 9 pieds.

John Inglis Company, Collingwood, Ontario.

Baie Gillies, lac Des Quinze, 1929.

1929 - 1977

7 hommes, puis 5 hommes.

Georges Smith, Alfred Ayotte, Siméon Vallée, Lionel Fortin, Arthur Paquette.

Canadian International Paper Co., 1929-1978 Genco Shipping Limited, 1978-1981 Corporation Les Promoteurs d•Angliers, mai 1981.

Classé Bien culturel par le Ministêre des Affaires culturelles du Québec, 6 août 1979, dossier 11-517.

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B) ANGLIERS, rvoLUTION D'UN VILLAGE DU TrMISCAMINGUE

La naissance d'Angliers est liée â sa situation privilégiée sur le système d'eau du Témiscamingue. Angliers se développe au rythme de 1 'industrie forestière , du flottage du bois et de la navigation sur le lac Des Quinze et le lac Simard.

La position d'Angliers a la tête de la rivière Des Quinze est déterminante. La rivière permet le passage entre deux grandes nappes d'eau du Témiscamingue, le lac Témiscamingue et l es lacs Simard et Des Quinze. La rivière tient son nom des 15 rapides qui parsèment son par­cours. La rivière Des Quinze coule en cascades vers le nord du lac Té­miscamingue. La rivière constitue dès le début du siècle la voie natu­relle de pénétration des compagnies de bois vers les forêts du bassin des lacs Des Quinze et Simard. Notre-Dame-du-Nord, à 1 'embouchure de la rivière est la porte d'entrée vers les chantiers de la région. Les bateaux assurant la navigation sur le lac Témi scamingue déposent les

bUcherons -voyageurs a Notre- Dame -du - Nord, qui gagnent ensuite les chan­tiers pa r les chemins de portage. La rivière est aussi utilisée pour

le flottage du bois .

Le potentiel hydroélectrique de la rivière Des Quinze in téres­se très tôt les compagni es forestières et le gouvernement du Québec. Un rapport du Ministère des Terres de la Couronne évalue en 1905 la puis-

, sance des principaux rapides à plus de 63,000 chevaux vapeur:

Rapide de la Tête 4,420 c.v. Rapide des Erables: 6,120 c . v. Rapide des Cyprès 6,800 c . v. Rapide Kakake 15,640 c.v. Big Pipe stone et Little Pipe stone 3,060 c.v. Rapide des Il es 28,220 c. v.

63,660 c. v.

Le rapport fait suite à une demande de l a Bronson Company pour

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obtenir les pouvoirs d•eau de toutes les chutes de la Rivière Des Quinze. Seuls le rapide des Iles et le rapide Kakake sont finalement concédés en 1909 a E.A. Walberg et M.J. o•Brien. Les premiers barrages sont érigés a la tête de la rivière. Le gouvernement fédéral construit d•abord un bar­rage â la décharge du lac Des Quinze pour régulariser le débit de 1 •eau sur 1 •outaouais. Le barrage inonde les basses terres du l ac Simard et du lac Des Quinze. Une usine hydroélectrique est ensuite b!tie sur le rapide Ka­kake. L•usine de la Quinze Power Company- par la suite Northern Quebec Power - est construite vers 1922 et entre en service en 1923. Sa puissan­ce est portée de 17,500 c.v. a 40,000 c.v. en 1929. La fonction essentiel­le du Pouvoir Des Quinze est de fournir en énergie électrique (25 cycles) les mines du nord Ontario, puis celles de Rouyn et de Val d•or.

La construction des barrages et de l •usine hydroélectrique attire dans la région d 1Angliers plusieurs centaines de travailleurs. Un gros

camp de construction est établi a 3 mill es du lac Des Quinze. Il comprend une trentaine de grands logis, une cuisine, un entrepôt et une écurie pour les chevaux. Le camp est relié par un chemin de pénétration a Notre­Dame-du-Nord oD arrivent par bateaux les provisions et les hommes. Un petit village d•une dizaine de maisons demeure a la fin des travaux de cons­truction pour loger les ouvriers de 1 •usine et les draveurs. Le chantier est aussi relié au village du barrage du lac Des Quinze que les voies fer­rées du C.P.R. viennent de rejo i ndre. Le développement de la région d•An­gliers s•amorce a 1 •aube des années 1920. La localité prend forme d 1abord comme porte d•entrée sur la région et carrefour de communications, puis

comme centre forestier.

Lè secteur nord de la rivière Des Quinze est intégré a Saint- Eugè­ne-de-Guigues lors de 1 •érection civile de cette paroisse en 1919. Le ter­ritoire de la municipalité comprend le Pouvoir Des Quinze et le village d1Angliers. Les terres demeurent toutefois propriétés de la Couronne. Le village d 1 Angliers se développe autour de 1920-23. La partie rurale appa­raTt plus tard vers 1930 avec la colonisation du nord du canton de Baby.

Angliers prend donc vie au début des années 1920 lorsque se déve-

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loppe son rôle de carrefour des communications ~ la tête de la riviêre Des Quinze. Le Riordon Depot de la Baie Gillies sert au départ de porte d'en­trée sur la région. Puis Angliers s'impose dans cette fonction grâce au chemin de fer. L'embranchement du Canadien Pacifique vers le lac Des Quin­ze construit vers 1922-23 se révèle un puissant outil de croissance. An­gliers devient un des pôles des communications triangula ires entre le Té­miscamingue, la nouvelle région minière de Rouyn et le Nord ontarien. An­gliers est la tête de pont du Vieux Témiscamingue vers le canton de Rouyn, site d'importantes découvertes minières.

Angliers connatt un premier essor a partir de 1922. La construc­tion du Pouvoir Des Quinze et du chemin de fer maintient dans le secteur des centaines de travailleurs pendant quelques années. L'arrivée du C.P.R. à Angliers et 1 'établissement d'une gare consolident le petit noyau de po­pulation installé près du barrage. Les cheminots viennent se mêler aux forestiers de la Riordon et des autres compagnies. Beaucoup de voyageurs gagnent les chantiers du l ac Des Qui nze par Angliers oa de grosses pen­sions comme celle de Conrad Coulombe servent aux bûcherons itinérants. Le Dépôt Riordon reste cependant le centre des opérations forestières de la compagn i e de bois. La venue du chemin de fer à Angliers réduit par contre le rôle du dépôt de l a Baie Gillies dans la navigation sur les deux grands lacs de 1 'Est du Témiscamingue. Angliers devient à partir de 1923 le point de départ de la navigation vers la zone minière de Rouyn. La Compagnie de navigation de Ville -Marie établit alors un service régulier de navigation entre Angliers et le Rapide Esturgeon. De l ongs pointers motorisés permet­tent aux passagers de continuer le voyage vers le canton de Rouyn en em­pruntant les rivières Outaouais et Ki nojevis . Cette route d'eau du Témis­camingue demeure jsuqu ' à 1 'arrivée du chemin de fer à Rouyn en 1927 1 'une des grandes voies de pénétrat i on ver s la région minière naissante. La Com­pagnie de navigati on de Ville -Marie possède durant ces années trois gros bateaux sur ce ci rcuit de navigation, l e Sa int -Bruno, le Booth et le Sunshi­ne. Conrad Coulombe d ' Angliers opère auss i un gros chaland motorisé pour le transport sur l es deux l acs . Les déc ou ve r tes mi nières de Rouyn attirent

vers Angliers des dizaines de prospecteurs et de travaill eu rs miniers. Ils arrivent par le t rain et pa r tent en bateau vers le ~amp minier du lac Osisko.

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L'intensité de la ruée mini~re am~ne même 1 'établissement a Angliers d'une grosse base d'hydravions. Laurentide Air Service assure en 1924 et 1925

une liaison aérienne réguli~re entre Angliers, le lac Osisko et Haileybury. Le village du lac Des Quinze reste pendant plusieurs années au coeur des communications entre le Témiscamingue et le centre minier naissant de Rouyn­Noranda. La première route entre Rouyn et le Témiscamingue construite vers 1925-26 aboutit aussi a Angliers. Notre-Dame-du-Nord supplante plus tard

Angliers dans cette fonction de centre de communications. L'exploitation forestière et le flottage du bois contribuent également a 1 'essor du villa­ge. La compagnie Edwards possède un entrepôt et un magasin a Angliers. La

Riordon entretient des équipes de draveurs au barrage d'Angliers, au Pouvoir Des Quinze et au Rapide des Iles. Les forestiers animent la vie du petit village au printemps et à 1 'automne.

Angliers constitue à la fin des années 1920 un village d'une cen­taine de personnes. On dénombre une vingtaine d'habitations. Le barrage d'Angliers et le termi nus du Canadien Pacifique donnent de 1 ' emploi à une dizaine de personnes. La C.I.P. vient d'acheter la Riordon et commence à

développer les opérations de flottage sur les lacs Simard et Des Quinze.

Une petite entreprise de pêche fonctionne dans le village. Le commerce de Jos Gobinski cong~le l e poisson et 1 'expédie vers le sud par le chemin de fer. Le village n'est toutefois pas organisé. Angliers est tourné vers

les lacs. Une mauvaise route relie le village au nord du Témiscamingue et à Rouyn. Seule la ligne du C.P.R. assure pendant plus de 10 ans 1 'ancrage

d'Angliers au Vieux Témiscamingue.

Le mouvement de colonisation des années de crise économique vient rompre 1 'isolement d'Angliers . Les colons pénètrent dans le canton de Ba­by par le chemin de fer . Les premières familles arrivent des paroisses du Témiscamingue et s'installent vers 1930 dans les rangs 5 et 6. Les colons s'établissent librement sur les bonnes terres au centre du canton autour de la station de Geoffroy . Le plan Gordon dépose ensuite dans le canton plusieurs familles venues du sud de la province. Ces colons viennent con­solider le rang 6 et ouvrir les rangs 11, 13 et 15. En quelques cinq ans, une soixantaine de familles se sont implantées sur des lots de colonisation

1

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du canton de Baby au sud d'Angliers. Les colons vivent des tr~vaux de colonisa ti on et de la vente du bois de pulpe a 1a C.I.P.. ~e point d'em~ barquement du bois se trouve a la stati on de Geoffroy dans 1e rang 5,

Un petit ensemble prend forme dans le rang le plus peuplé d'Angliers au ... tour de la station du C.P.R •• On trouve a Geoffroy une école, un magasin et quelques habitations serrées autour de la gare. ~'existence de Geof ... froy illustre bien la lenteur de l'amalgame entre le village d'Angliers et sa parti e rurale. Le chemin de fer est la seule voie de communications entre les rangs 5 et 6 et l e village. Les chemins de rang apparaissent seulement a la fin des années 1930 et relient d'abord la zone de colonisa­tion du canton de Baby a Laverloch~re. Les contacts entre le village tour­né vers la forêt et la navigation et le monde de la colonisï3.tion demeurent fort limités jusqu'aux années 1940.

Les chiffres de la population illustrent les effets du mouvement de colonisation. La population passe d'une centaine d'habitants a prati­quement 500 en 1939. Angliers s'organise m~me si le village continue d'ap­partenir à la municipa l ité de Saint-Eugêne . Des commerces s'installent dans le village . Des écoles sont construites a Angliers et dans les rangs 5, 6 et 13. La paroisse de Saint-Viateu r a été créée en 1929 et est des­servie par ~1gr Geoffroy jusqu 'en 1938. L'Abbé Albert Simard devient alors le premier curé résident d'Angliers. Le vil l age profite du mouvement de colonisation a un autre titre. Les colons de Rémigny, de Moffet et de La­force transitent en effet par la gare d'Angliers. Puis les bateaux de Con­rad Coulombe les transportent avec leurs animaux et leurs provisions vers les terres bordant les lacs Des Quinze et Simard.

Plusieurs facteurs vont se conjuger au début de l a guerre pour fa ­voriser un nouvel essor d'Angliers et sa constitution comme entité civile autonome . Le développement de sa fonction foresti~re explique en bonne partie la croissance d'Angliers au cours des années 1940, Le dynamisme du premier curé résident s'avère également déterminant dans 1 'organisation collective de la pa roisse .

La Canadian International Paper s'instal le a Angliers en 1938 et

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fait du village le centre de ses opérations de flottage dans le secteur. La C.I.P. rachète d'abord 1 'entrepôt de la compagnie W.C. Edwards dans le village. Elle établit ensuite de 1 'autre côté du barrage un camp pour ses draveurs et des résidences pour ses cadres. La C.I.P. donne durant les années 1940 du travail â une vingtaine d'hommes a Angliers même et a une centaine dans la région des deux lacs. Angliers sert aussi de centre

des opérations forestières de la compagnie dans la région. Plusieurs con­tracteurs locaux travaillent pour la C.I.P. autour des lacs. La compagnie achète aussi beaucoup de bois des colons. Angliers devient de plus en 1955, après la fermeture du Riordon Depot, le centre d'entretien des remorqueurs

de bois. Le chenal d'entrée à Angliers est approfondi et un atelier de ré­paration des bateaux s'ajoute aux installations de la C.I.P.. C'est à par­tir d'Angliers que la compagnie ravitaille les remorqueurs et les camps de

drave.

Une autre entreprise forestière va aussi contribuer de manière marquante à 1 'essor économique d'Angliers au cours des années 1940 et 1950. La Roger River Lumber s'installe à Angliers au début de la guerre. La com­pagnie possède des droits de coupe dans le canton de Villars au nord du lac Des Quinze. Les opérations en forêt débutent à 1 'automne 1940 . Une scie­rie est ensuite construite au printemps 1941 à Angliers. Les concessions de la Roger River sont intactes. On y trouve du pin, du cyprès, du bouleau et du bois de pulpe que la compagnie revend â la C.I.P .. Les chantiers des

jobbers de la Roger River Lumber sont en activités autour du ruisseau du Poisson Blanc («Fish Creek»), de la Baie des Quatre Milles et de la petite riviêre Roger. Les camps forestiers des contracteurs de la compagnie abri­tent entre 50 et 60 hommes. Ce sont donc plusieurs centaines de bûcherons qui travaillent en hiver dans les forêts du lac Des Quinze pour alimenter la scierie d'Angliers, l'une des plus importante au Témiscamingue à l'épo­

que. La sci erie fonctionne de mai à octobre et fournit de 1 'emploi à plus de 40 personnes. Elle produit chaque saison de 50 à 60,000 pieds de bois. Le bois débité en planches et en madriers est destiné aux marchés exté­rieurs. La compagnie a érigé sa scierie à proximité de la gare du C.P.R. et tout au bord de 1 'eau. La Roger assure elle-même le flottage de son bois sur le lac Des Quinze . Une quinzaine de draveurs soutenus par un

Alligator, puis par un «40» , travaillent l'été à la formation des estaca-

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des de bois et~ leur remorquage vers la scierie d'Angliers. Les bateaux

de la compagnie remorquent des petites estacades de 5,000 billots ou des trains de bois franc («crib») de 500 billots.

La Roger River Lumber va faire la prospêritê d'Angliers dans 1 'aprês­guerre. La compagnie recrute ses travailleurs â Angliers et dans la rêgion des lacs. La proximitê des chantiers du lac Des Quinze incite les bOche­rans de l a région~ travailler pour les jobbers de la Roger. La compagnie

de bois est pendant plus de 15 ans le plus gros employeur d'Angliers. Ce

sont principalement les colons installés dans le canton de Baby qui travail­

lent dans les chantiers et a la scierie . La présence de cette entreprise

retarde certainement le dépeuplement des rangs de la paroisse.

Le développement de sa fonction forestiêre permet a la fin de la

guerre~ Angliers de s'organiser de façon autonome. L'êrection de la parois­

se en municipalité va s'imposer avec la croissance de la population. Le

conseil de la municipalité de Saint-Eugêne demande en 1944 la division du

territoire afin de faciliter la municipalisation d'Angliers. Saint- Eugêne est prêt ~ céder la moitié des revenus perçus de la Northern Quebec Power.

La loi érigeant la municipalité de village d'Angliers et la muni­cipalité scolaire de Saint-Viateur-d'Angliers est sanctionnée le 24 mai

1945. la requête de municipalisation est prêsentée par 1 'entrepreneur

Conrad Coulombe, le marchand Ernie Bab i e, Rêginald Foisy, Harry Malaison et le curê Simard. Angliers est formé d'une partie de la municipalité du canton de Guérin et des territoires de Saint-Eugène dans le canton de Baby.

Les nouvelles divisions municipales s'adaptent aux divisions paroissiales.

L'évaluation des immeubles de la Northern Quebec Power est partagée égale ­

ment entre Saint-Eugêne et Angliers . La premiêre élection a lieu . le 8 juin

1945. Le maire Conrad Coulombe et les échevins Jos Gobinski, Ubald Dusseault,

Henri Perreault, Réginald Foisy et Daniel Gagliardi sont élus par acclama­tion. Le conseil nomme Harry Malaison secrétaire-trésorier de la municipa­

lité. Le cu ré Simard est le premier président de la Commission scolaire et Léo Lanthier son secrétaire-trésorier. Albert Simard jusqu'à son départ

de la paroisse en 1948 s'active avec le maire Coulombe à doter Angliers des

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services essentiels. La municipalité s'organise en quelques années. Le syst~me d'aqueduc et d'égoOt est construit. Le village puis la campagne environnante sont pourvus en électricité. Le service quotidien de la pos­te est établi. La Commissions scola i re construit en 1946 une école centra­le de 6 classes au village et instaure le transport des écoliers de la cam­pagne, véritable innovation dans le syst~me scolaire québécois de 1 'époque. Une caisse populaire est aussi fondée. Le réseau de chemins entre Angliers et sa partie rurale prend forme et rapproche la population du village et celle de la campagne.

Angliers se trouve a son apogée au milieu des années 1950. La Ro­ger River Lumber et la C.I.P. font vivre le village. Le chemin de fer et

le Pouvoir Des Quinze so~tiennent aussi 1 'économie d'Angliers. Le secteur rural atteint sa pleine maturité, tous les rangs ouverts a la colonisation dans le canton de Baby sont occupés. La Coopérative d'électricité introduit 1 'électricité dans les fermes. Plusieurs cultivateurs, des rangs 5 et 6 prin­

cipalement, poss~dent déja de bonnes fermes. La population d'Angliers pas-se de quelques 500 habitants en 1940 a plus de 800 en 1952. Une bonne partie de la population est regroupée au village qui compte plus de 60 maisons.

Le déclin d'Angliers s'amorce ensuite vers 1960. La construction de nouveaux barrages sur la rivi~re Des Quinze donne un certain regain de vie à Angliers mais ne parvient pas à freiner la l~nte érosion de 1 'économie du village et le dépeuplement de sa campagne. La brusque fermeture de la scierie de la Roger River Lumber en 1957 apr~s plus de 15 ans d'activités porte un dur coup à Angliers. La compagnie de bois cesse ses opérations même si le deux-tiers de sa concession du canton de Villars reste encore à

exploiter. L'économie du village témiscamien qui repose en três grande par­tie sur la scierie et les chantiers de la Roger est ébranlée. L'industrie du sciage dans 1 'Est témiscamien se déplace alors vers la Baie Gillies où Paradis et Fils opère une grosse scierie.

La désertion de la campagne touche aussi Angliers. Trop de culti­vateurs dépendent encore de la forêt à la fin des années 1950. Le départ

de la Roger River les prive d'une importante source de revenus. Ils aban-

1 1 1

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tVOLUTIO N DE LA POPULAT ION o•ANGLIERS

1927 - 1981

ANNtE NOMBRE D1 HABITANT

1927 106 1932 228

1934 256

1938 495

1942 590 1946 539 1950 738 1954 660

1958 660 1961 677

1966 850 1971 595 1975 425

1979 380

1981 385

SOURCES : Le Canada ecclésiastique Dossier Angliers, Evêché, Diocêse de Rouyn-Noranda

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MAIRES El' SECRETAIRES- TRESORIERS DE LA MUNICIPALITE D'ANGLIERS DE 1945 A 1981.

MAIRES

NOM

CONRAD COULOMBE

J . P. VACHON

ALEX BERUBE

HENRI FALARDEAU

GEORGES BELLEHUMEUR

UBALD DUSSEAULT

LID LANI'HIER

UBALD DUSSEAULT

HORACE McDOUGAL

LOUIS BEAULIEU

TONY PELUSO

FERNAND COULOMBE

DENIS ARPIN

SECRETAIRES- TRESORIERS

HARRY MALAISON

LEOFOLD LEMAIRE

P.A . DULUDE

HENRI LEMIRE

E. MAJOR

ALFRED DUVAL

E. MAJOR

D. COULOMBE

RICHARD BERUBE

. BERNADEI'TE PELUSO

DUREE DU TERME

JUIN 194~) A JANVIER 1947

JANVIER ·~ 947 A J ANVIER 1948

JANVIER ~ 948 A MAI 1953

MAI 1953 A MAI 1955

MAI 1955 A NOVEMBRE 1955

NOVEMBRE 1955 A MAI l 957

MAl 1957 A JANVIER 1959

JANVIER 1959 A MAI 1961

MAI 1961 A MAI 196 3

MAI 196 3 A MAI 1965

MAI 1965 A MAI 1967

MAI 1967 A NOVEMBRE 1971

NOVEHBRE ·1 71 A ---

JUIN 1945 A AOUT 1947

AOUT 1947 A MAI 1949

MAI 1949 A MARS 1954

MARS 1954 A JANVIER 1959

JANVIER 1959 A NOVEMBRE 1966

NOVEMBRE 1966 A JUILLET 1967

JUILLET 1967 A J UILLET 1969

J UILLET 1969 A J UIN 1974

J UI N 197 4 A ~3.8PI'EMBRE 1975

SEPI'EMBRE 197"J A

SOURCES: PROCES- VERBAUX DE LA MUNICIPALITE D' ANGLIERS , 1945-1981

1

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donnent la terre surtout dans les rangs ouverts par les plans de colonisa­tion. Ces rangs vont se dépeupler rapidement. L'agriculture a Angliers se maintient à partir des années 1960 uniquement dans le centre du canton Baby, dans les rangs 5 et 6.

La construction des usines hydroélectriques de Premiêre chute et de Rapide des Iles par l' Hydra -Québec ramêne la prospérité à Angliers pen­dant quelques années. Des dizaines d'hommes de métiers résident à Angliers. Plusieurs habitants du village travaillent aussi à la construction. La po­pulation d'Angliers qui a chuté à 670 habitants en 1963 remonte à 880 en 1969. La reprise est éphémêre. Le déclin d'Angliers se poursuit au cours

des années 1970. La fin des opérations de flottage sur les lacs Des Quin­ze et Simard et le départ de la C.I.P. marque la fin des activités fores­tiêres d'envergure dans la région. La population d'Angliers se stabilise

autour de 380 habitants en 1980. Bon nombre d'entre eux vivent encore de la forêt.

Le déclin du village amêne les citoyens d'Angliers à regrouper en

1975 les services collectifs dans un cent re communautaire adjacent à 1 'é­cole centrale . On y retrouve l'église, la caisse populaire, l'administra­tion municipale et les organismes du milieu .

L'un d'eux, les Promoteurs d'Angliers, oeuvre à restaurer le T.E. Draper classé comme bien culturel, et à faire connaître l'histoire de l'ex­ploitat ion de la forêt et du f l ottage du bois dans la région des lacs Si­mard et Des Quinze . L'imposant remorqueur monté à terre à Angliers en 1977 pour la dernière fois témoigne de 1 'ampleur des opérations de flottage sur les deux lacs.

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Annexes

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89 DROITS DE COUPE POUR LES COLONS DU TSMISCAMINGUE 1896 ET 1907

TARIF DES DROITS DE COUPE 1896

Voici le tarif des droits de coupe fix~ par les r~glements:

h@ne et noyer noir, par pied cube ••••••••••••••• ••••••••••••• in blan et pin rouge, merisier, bois blanc, c~dre, ~pinette ,

orme, fr@ne, ~pinette rouge et tout autre bois carr~. par pied cube •••••• •••••••••••••••••••••••••••• •••• •••••••••

-illots de pin blanc, bois d'estacades et de dimension et tout autre bois destin~ a @tre sei~. except~ le pin rouge , 1'~­pinette, la pruche, le cypr~s. le sapin et le c~dre, pa r mesure ~talon de 200 pieds, mesure de planche, ~tant 1'~ ­quivalent de $1.30 par 1,000 pieds ••••••••••.•• • •• ••• •• •.

ILes billots de pin blanc de 11 pouces et moins de diamètre , provenant des t@tes d'arbres seulement , sont sujets a un droit de 80 cents par 1000 pieds mesure de planche) .

.illots de pin rouge, par ~talon de 200 pieds mesure de plan-. che, ~tant l'équivalent de 80 cts par 1000 pieds •.• .• •••

;illats d'~pinette, de pruche, de cypr~s. de sapin et de cêdre, par ~talon de 200 pieds mesure de planche, ~tant 1 ·~qui­va lent de 65 cts par 1000 pieds • •••••• • ••• ••••••• • ••• • •••

lois de chauffage {franc), par corde de 128 pieds cubes • ••• ••• Jois de chauffage {mou), par corde de 128 pieds cubes •• ••• • ••• nerches de c~dre n'exc~dant point 12 pieds de longueur - pa r

cent ••••••••••••••• •• ••••••• •••••••• • •••• •••••• •• • ••• • •• • 'iquets de c~dre - par cent •••••••• •••• •• • •• ••• • ••••• ••••• •••. 'erches d'autres bois que du c~dre et n 'exc~dant point 12 pieds

de longueur - par cent ••••• ••• •••••••••.• ••••••• •• ••••••• Piquets d'autres bois que du c~dre- par cent •• ••. •••• • • •• • ••• ardeaux de c~dre ou de pin {courts) par mi lle •• ••• •• ••••• •• • • ;ardeaux de eMre ou de pin {longs) par mille •• •••••••• •• ••••• 'oteaux de t~l~raphe, de t~l~phone ou de lumi~re !!lectriqu!!,

en c~dre ou autre bois, n'exc!!dant point 10 pouces de diam~tre a la base ou au gros bout- par pied lin!!aire . ••

1itto- exc!!dant 10 pouces de diam~tre a la base, par pied li-n!!aire ••••••••••••••• ••••••• •• ••• •••••••.••• •.•. • .•• •. •• •

lormants et traverses de chemin de fer de toute esp~ce de bois - chaque •.••••••.•••••••••••• •••• •••••••••••••• • .•• •• .• . •

•ruche et bois a lattes par corde de 128 pieds cubes •• •••••• •. Ecorce de pruche, par corde de 128 pieds cubes •• ••••• •• •• • . •• . •etits billots de pin, c~dre, !!pinette, merisier ou autres

bon, ~n•êXcl!"d;rnt point 10 pieds de longueur ni 10 pou­ces de diamètre au petit bout, pour bardeaux , bobines , planches de petite dimension , par corde de 128 pieds cu-bes •••••••• •••••••••• •••••• ••••••••• •• ••• •• ••••.• •• • •• • .•

'etits billots d'épinette n'exc!!dant point 10 pieds de longueur ni 10 pouces de diam~tre au petit bout, pour pulpe a pa­pier, par corde de 128 pieds cubes ••• •• ••• .• • •• •••. • . • . •.

ienoux, courbes, varangues de meri sier , et autres bo i s qu i entrent dans la construction des va isseaux , non !!num!!-r!!s dans la liste qui pr!!c~de, - un droit ad valorem ••• ••

SOURCE: GUIDE DU COLON , 1896, 1907.

4 centins

2

26

16

13 20 10

30 15

15 10 10 15

,,

1/4 centin

1/2 ' '

2 centins 20 32

25

40

10 pa r cent

TARIF DES DROITS DE COUPE 1907

Voici le tarif des droits de coupe fix!! par les r~glements:

Bois carr!!, par pied cube:

Ch@ne et noyer noir •••• •••• •• ••••••••• •••••• ••••••••••••••.••• Autres bois . . .......... .. .................................... .

Billots de sciage, bois d'estacade et de dimension, par mille de planche :

4 cent! 2

Epinette, pruche, sapin, cypr~s. c~dre, bouleau et tremble.... 65 Pin rouge .. ... .. .. . ........................................... 80 Pin blanc et autres bois ...................................... $1.30

Boi s de chauffage , par corde de 158 pieds cubes savoir:

Boi s f ranc... ......... .. .... ........ ... ....................... 20 Bois mou. ..... . .. . . ... ... ... . .. . . . . .. .............. . ... . ...... 10 Bois de pul pe, par corde de 128 pieds cubes...... . ... . ........ 65 Avec réduction de 25 cents par corde sur bois fabriqué en pate

a papier dans la Puissance du Canada.

Perches n 'excédant pas douze pieds de longueur, par cent:

Perches de c~dre. .. . .. • .. .. .. . .. • .. • . . . . . . . • • . .. . . • . .. . . • . . . . • 30 Perches d'autres bois............. ... .. . .. .. ... . .............. 15

Piquets, par cent:

Piquets de c~dre.... . . . . . ... .. .. . .. . .... .. .................... 15 Piquets d'autres bois ....... , ................................. 10

Bardeaux de c~dre ou de pin, par mille:

Bardeaux courts ................ .. ...... . ... . .. ... . ............ 10 Bardeaux longs .. ..... . .. .. ..... . .. ... ............ . ............ 15

Poteaux de tout bois pour fils électriques, par pied linéaire:

Poteaux de dix pouces ou moins de diamètre a la base.......... 1/4 Poteaux de plus de dix pouces ù.; tfiamëtre . ~ la base........... l/2 Dormants de chemins de fer de tout bois, chacun........... . ... 2 Lattes de pruche , par corde de 128 pieds cubes... . ... . ........ 20 Ecorche de pruche , par corde de 128 pieds cubes . .............. 32

Tout bois coupé en vertu de licences est sujet aux droits comme suit :

Boi s carré, pa r pied cube :

Chêne et noyer noir . . . .... .. ... . ..... . . . .. . . .................. 4 Autres bois ....... . ...... . .. . . .... . .. .. . . . . . .. . ... . ........... 2

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L'ORDONNANCE DU 13 SEPTEMBRE 1939 SUR LES CONDITIONS SALARIALES DES TRAVAILLEURS FORESTIERS DE LA PROVINCE DE QUEBEC

LES SALAIRES AUX BUCHERONS

Comme par les années précédentes, le gouvernement s'est efforcé de protéger la main -d'oeuvre ouvrière par une ordonnance en date du 13 septemb re 1939 (2047-39) sous 1 'empire de la Loi I Geo. V, Chapitre 30, qui décrétait:

a) un salaire m1n1mum de 45,00$ par mois de vingt-six jours d'ou ­vrage en plus de la nourriture et du logement, pour les ouvriers expérimentés;

b) un salaire minimum de 30,00$ par mois de vingt -six jours d'ou ­vrage en plus de la nourriture et du logement, pour les jeunes gens inexpérimentés, les hommes âgés et les infirmes;

c) un e semaine d'un maximum de 60 heures de travail pour tous les ouvriers à salaire autres que les c isinier s , les aides-cuisines , les marmitons , les hommes d'écurie et les charretiers;

d) une rétribut ion a taux et demi aux ouvr iers ordinaires, pour t out travail indispensable a faire le dimanche;

e) rémunération à forfait de:

2,00$ les 100 p.c. pour les bois débités en 4' de longueur. 1, 60 $ 1 es 100 p.c. pour les bois débités en 8 ' de longueur. 1,20$ 1 es 100 p. c . pour les bois débités en 12 1 de longueur. 0,80$ les 100 p.c . pour 1 es bois débités en 16' de longueur

avec déduction maximum de 0 ,60$ par jour pour la nourriture et l e logement ;

f) l ' obligation pou r les concessionnaiY"es et les entrepreneurs d' em­ployer, dans toute la mesure du possible, comme ouvriers, des rés idents de la province de Québec et auss i celle d'acheter les provisions, articl es de consommation et instruments de travail

g)

de commerçants de la province, et ce, aux prix du marché;

1 ' obligation pou r les concessionnaires et les entrepreneurs de:

i pourvoir leurs employés d'engagements signés et con­formes à 1 'esprit et a 1 a 1 ettre de 1 'ordonnance;

ii pourvoir leurs employés d'un état de compte final et détaillé a l'expiration de leur contrat ou de leur en ­gagement;

iii aff icher dans un endroit bien visible de chaque chan­tier, une liste de prix des effets susceptibles d'être vendus ou loués à toutes personnes employées aux opé­rations forestières;

1

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iii i

iiiii:

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d ' afficher dans un endroit en évidence , dans chaque chantier, le prix de la pensi on et 1 'échelle des sa­laires;

de fournir, avec toute la diligence humaine possible, tous les renseignements requis par le Ministre des Ter­res et Forêts, dans la forme et les formalités éditées par lui, concernant l'application de l'ordonnance.

SALAIRES AUX FLOTTEURS DE BOIS

En date du 13 mars 1940 (No 1168-40), une nouvelle ordonnance était éditée pour protéger les préposés au flottage des bois, dont les points principaux peuvent ètre résumés comme suit:

a) Le salaire minimum quotidien pour les ouvriers ordinaires est établi à 3,00$ par jour dans une semaine de du rée maximum de 60 heures de travail; tout temps supplémentaire devant être ré­munéré au taux de .35 cts de 1 'heure, celui du dimanche au taux de . 45 cts de 1 'heure;

b) le salaire minimum pour les jeunes gens , dans les mêmes conditions que celles de l'alinéa précédent: de 2,00$ par jour, . 25 cts de 1 'heure et .35 cts de 1 'heure respectivement;

c) une échelle de salaires minima dressée pour les ouvriers spé­ciaux, à savoir:

i de 50,00$ par mois de 26 jours avec maximum de 60 heures de travail par semaine , avec supplément de .30 cts 1 'heu re, pour travail excédant la semaine, et de .35 cts 1 'heure le dimanche, pour préposés aux opérations accessoires au flottage;

ii de 52,00$ par mois, .30 cts l'heure et .35 cts l'heure comme sus dit, pour trieurs et assortisseurs de billes;

iii cuisiniers ... ..... ...... 90,00$ par mois calendrier ass . cuisiniers ......... 58,00$ par mois calendrier marmitons ........ .... .. . 50,00$ par mois calendrier cha rreti ers ...... . ...... 60 ,00$ par mois calendrier hommes d'écurie .. . .. ... . 58,00$ par mois calendrier

iii i : cheval . ... ......... ..... 12 ,50$ par mois calendrier couple de chevaux ....... 25 ,00$ par mois calendrier

d) de 50,00$ par mois de 26 jours , pour une durée maxi mum de 60 heures par semaine , et un supplément de . 30 cts 1 'heure pour travail excédant la semaine et de .35 cts, pour travail du dimanche, en faveur des ouvriers employés durant la période qui précède le début de la manipu la tion des billes pour le flottage;

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e) 1 'employeur ne peut, ni directement, ni indirectement, rete­nir à 1 'ouvrier, à même son salaire, aucune somme pour payer les frais d'assistance médicale, d'hospitalisation, de postes de secours, de pension, de logement, le coat des outils brisés ou dévalorisés par l'usage;

f) sont a la charge de 1 'employeur, les frais de transport de tous les ouvriers, a partir du point d'arrivée de ceux-ci par voie quelconque de transport public en commun (chemin de fer, bateau ou autobus) jusqu'au chantier ou jusqu'à leur endroit de travail. Sont également à la charge de 1 'employeur, à partir du dit point d'arrivée, les frais de pension et de logement encourus par ses ouvriers ou employés en cours de route. Cependant, 1 'employé qui quitte de son propre vouloir le camp oD il est employé, sans mo­tif valable, avant que ne se soient écoulés 15 jours de la date de son engagement, n'a droit à aucun frais de transport, ni au paie­ment de sa pension et de son logement en cours de route.

g) 1 'employeur n ' est pas obligé de payer le salaire à un ouvrier qui volontairement quitte sa tàche et ne veut pas travailler, ou est empêché de le faire par suite d'une maladie résultant d'un acci­dent personnel ;

h) il ne doit pas être chargé à 1 'ouvrier qui quitte volontairement son travai l , même sans motif valable, la pension et le logement pour la période durant laquelle il a effectivement été employé;

i) aucune cha rge ne doit être faite à 1 'employé (sauf au jumper) pour son transport et le transport de ses bagages depuis 1 ' endroit de son travail jusqu'au point d'embarquement le plus rapproché d'ice­lui ou j usqu 'à la plus prochaine, non plus pour sa pension et son logement en cours de route.

REMARQUES SUR L'APPLICATION DE CES ORDONNANCES

D'une maniere générale, on peut affirmer que ces ordonnances ont eu pour effet de maintenir la rétribution des ouvriers forestiers à un ni­veau convenable ou, du moins, de faire disparaître les abus les plus criants. Elles ont été dans 1 'ensemble bien observées, et les plaintes, relativement peu nombreuses, se sont avérées, dans un grand nombre de cas, sans fondements, après enquêtes.

A la base de 1~ pl upart des dérogations à la lettre et à 1 'esprit des ordonnances , i l y a des conventions agréées en marge d'elles par employeurs et par employés, des interprétations intéressées dans le cas oD le texte n'était pas suffisamment clair , abandon de la part des concessionnaires de leurs responsabilités d'empl oyeurs, exigences déraisonnables de la pa r t de certaines catégories d'ouvriers.

Dans les travaux d ' opérations forestiê res, les travailleurs expé­rimentés n'aiment pas l e salaire minimum, parce que les employeurs ont ten­dance à 1 'établir comme le salaire commun qui les désavantage. Les employeurs ne 1 'aiment pas davantage parce qu ' il n ' est pas productif d'un grand rendement et cherchent à le corriger en le faisant dépendre d'un minimum de rendement souvent au détriment du travailleur. Le travail à forfait qui est de beaucoup

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celui que les ouvriers expérimentés aussi bien que les employeurs préfèrent, est cependant difficile d'application, parce que pour en fixer une juste ré­tribution, il faut une étude préalable des conditions de travail que bien peu de gérants d'exploitations sont en mesure de faire. Il faut se rappeler, en effet, que les conditions de travail en forêt sont excessivement variables selon la densité et la nature des peuplements, la topographie, les conditio.ns climatériques, les facilités d'accès, les distances a parcourir, etc ..• et défient 1 'analyse, ce en quoi elles contrastent singuli~rement de celles qui peuvent être établies dans une usine ou devant une machine où la standardisa­tion est possible.

Comme dans le cas du salaire mi nimum, le prix A forfait minimum, bien que davantage lié au rendement, tend lui aussi a devenir un prix maximum ou, du moins, le plus commun, malgré les conditions de travail. D'autre part, il peut aussi arriver que le prix a forfait minimum soit trouvé injustifié dans des conditions particulièrement faciles et que 1 'on voit alors 1 'employeur don­ner les chances d'exploitation difficiles a forfait et les tr~s faciles à sa­laire, pour éviter, dans un cas comme dans l'autre, de payer le fort prix.

Il est clair, cependant, que les conditions idéales ne peuvent être atteintes, ni par 1 'édiction de salaires minima ou moyens, ni par des prix a forfait minima ou moyens, parce que le travail forestier ne se prête pas fa­cilement a la standardisation. N'empêche, cependant, qu'en l'absence d'une technique élaborée en ce domaine, la rémunération pour la protection des ou­vriers, ne peut être l aissée sans inconvénients au jugement des seuls employeurs, attendu qué ces derniers, à cause de la puissance de leurs moyens d'action, ont besoin d'une act ion modératrice.

Il est à es pérer que patrons et ouvriers puissent en arriver à débat­tre eux-mêmes ces questions d'intérêt commun sans 1 'intervention directe de 1 'Etat, mais, en attendant, le gouvernement a dO remplir son devoir en venant en aide aux travailleurs et en substituant ses ordonnances aux conventions que décrétaient souvent l es employeurs eux-mêmes concernant le traitement de leur main-d' oeuvre et les conditions du travail forestier.

Au cours du mois d 'aoOt dernier, la réglémentation du travail des ouvriers forestiers a été tran~férée de la juridiction du Minist~re des Ter­res et Forêts à celle du Minist~re du Travail, en sorte que le Service Fores ­tier sera libéré de cette délicate fonction de surveillance de 1 'application des ordonnances régissant le travail forestier. Espérant que les spécialistes de ce minist~re pourront, avec plus de compétence, acheminer les questions ouvrières forestières vers les meilleures solutions, nous continuerons d'y apporter, lorsque requis, tout notre concours et notre plus vive sympathie.

SOURCE : RAPPORT DU MINISTRE DES TERRES ET FORETS, 1940.

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T.E. DRAPER, ANGLIERS RECHERCHE HISTOIRIQUE

ENTREVUES DOCUMENTS SONORES

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NOMBRE D'ENTREVUE NOMBRE DE BOBINES DUREE TOTALE

9 19 16 heures

Vitesse d'enregistrement: 7,5 Décodage des entrevues : 55 p. (minutage At-IPEX ATR-1 00)

---------r-------------------t-------------.-----r-------·-INTERVENANT

-1 Gaétan Lavictoire

Omer Cormier

Fernand Loiselle

Paul Gagnon

Henri Perreaul t

Jeanne ~fa rl <:au

Giovanni Perreault

Arthur Paquette

Marcel Plouffe

TYPE D'INTERVENANT

-Commis dépOt (C.I .P. ), Angliers - surintendant district, Baie Carri~re

et Angliers (C.I.P . ).

- Fils de colon a Angliers - travailleur forestier (Roger River

Lumber), Angliers (Deck Hand).

-Travailleur forestier (Riordon Pulp & Paper), Riordon DépOt (Deck Hand)

- surintendant, (C.I.P.), district Angliers.

- BOcheron et draveur (Roger River Lum­ber), (Deck Hand)

-draveur (C.I.P.), (Deck Hand et Capitaine 90).

- BOcheron, (Riordon Pulpe & Paper) - travailleur, Pouvoir Des Quinze - Capitaine (Conrad Co~olornbe et Roger

Ri ver lumber).

-femme de colon -ag n cLi lttur ~Angliers.

- BOcheron et draveur (Riordon Pulp & Paper),

- draveur, Pouvoir De~ Quinze (Northern Quebec Power).

- Draveur au Grassy Narrow (C.I.P . ) - Capitaine de 1 'Expanse (C.I.P.) -Capitaine du T.E . Draper (C.I.P.)

-Draveur au Boom Camp (C.I.P.) - Deck Hand et 2e Cap1 ta :ne du T.E.

Draper (C.I.P.).

LIEU ET DATE ENTREVUE

Rouyn 10 et 12 février 1982

Rouyn 9 et 15 février 1982

Ville-Marie 16 février 1982

Angliers 18 février 1982

Angliers 23 février 1982.

Angliers 2 mars 19B2

Angliers 2 mars 1982

floffet 11 mars 1982

1·1offet 11 mars 1982

DUREE NOMBRE BOfl!rl

2.30 h. 3 1

2.00 h. 2

2.DO h. 2

2.30 h. 3

1.30 h. 2

1.00 h.

1.40 h. 2

1. 50 h. 3

1. 00 h.

E

--1----'--• --------· ·- -··· ·-·· ··--·----- ------'------'-·------------4-----····-·--Recherches et pré··entrevues : Jo ce 1 y ne Saucier

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Entrevues et décodage des entrevues: Benott-Beaudry .Gourd Réalisation: Productions Abitibi-Têmiscamir;g;Je !ne ., Rouyn.

DE