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Galen, le prince des Syrénas, est en mission. Il doit retrouver une fille qui, paraît-il, a le pouvoir de communiquer
avec les poissons.
Emma est en vacances à la plage. Quand
elle tombe — littéralement, aïe ! — sur
Galen, les deux adolescents ressentent
immédiatement un lien particulier. Mais il faudra
plusieurs rencontres fortuites, dont une confron-
tation mortelle avec un requin, pour que Galen
soit persuadé du pouvoir d’Emma. Si seulement
il pouvait la convaincre qu’elle détient la clé de
son royaume…
Narré tour à tour du point de vue d’Emma et de
Galen, Poséidon raconte avec humour, mystère et
une bonne vague de romantisme la pétillante his-
toire de deux poissons hors de l’eau.
Anna Banks habite à Crestview, dans le Panhandle de
Floride, avec son mari et sa fille. Poséidon est son premier
roman.
AN
NA
BA
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S
L’hérItAGe deS SyréNAS
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ISBN 978-2-89752-154-7
TOME 2
CVT_T1.indd 1 2014-11-03 15:11
POSÉIDON
Traduit de l’anglais par Daphné Jacques et Sophie Beaume
POSÉIDON
Anna Banks
Copyright © 2012 Anna BanksTitre original anglais : Of PoseidonCopyright © 2014 Éditions AdA Inc. pour la traduction françaiseCette publication est publiée en accord avec Macmillan, New York, NYTous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.
Éditeur : François DoucetTraduction : Daphné Jacques et Sophie BeaumeRévision linguistique : Féminin plurielCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Katherine LacombeConception de la couverture : Rich DeasMontage de la couverture : Matthieu FortinPhoto de la couverture : © 2012 Andrejs ZaradskisMise en pages : Sébastien MichaudISBN papier 978-2-89752-154-7ISBN PDF numérique 978-2-89752-155-4ISBN ePub 978-2-89752-156-1Première impression : 2014Dépôt légal : 2014Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada
Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]
DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99Suisse : Transat — 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99
Imprimé au Canada
Participation de la SODEC.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Banks, Anna
[Of Poseidon. Français] Poséidon (L’héritage de Syrénas ; 1) Traduction de : Of Poseidon. Pour les jeunes de 13 ans et plus. ISBN 978-2-89752-154-7 I. Beaume, Sophie, 1968- . II. Titre. III. Titre : Of Poseidon. Français.
PZ23.B36Po 2014 j813’.6 C2014-941871-X
À ma mère, qui a cru que je pouvais tout faire, et à mon père, qui a aussi cru que je pouvais
tout faire, sauf le mal.
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Boum ! Je lui rentre dedans. Comme si on m’avait poussée par-derrière. Mais il ne bouge pas d’un poil. Il se contente de me prendre les épaules et attend. Peut-être attend-il que je retrouve mon équilibre. Ou que je reprenne ma dignité. J’espère qu’il a toute la journée.
J’entends des gens passer sur la promenade en bois et je les imagine en train de nous dévisager. Au mieux, ils pensent que je connais ce garçon, qu’on se fait une accolade. Au pire, ils m’ont vue tituber comme un morse éméché et entrer en collision avec ce parfait étranger, parce que je regardais la plage à la recherche d’un endroit pour poser tout notre attirail. Dans tous les cas, lui sait ce qui est arrivé. Il sait pourquoi ma joue est plaquée contre son torse nu. J’anticipe déjà l’humiliation totale qui m’attend quand je finirai par lever les yeux.
Les options défilent dans ma tête. Comme dans un folioscope.
Première option : m’enfuir aussi vite que mes gougounes à un dollar me le permettront. Le hic, c’est que mon dilemme actuel vient en partie du fait d’avoir trébuché dans mes san-dales. En fait, l’une d’elles manque à l’appel, probablement prisonnière entre deux planches. Je parie que Cendrillon,
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elle, ne s’était pas sentie aussi idiote, mais voilà, elle n’était pas aussi maladroite qu’un morse aviné.
Deuxième option : simuler l’évanouissement. Devenir molle et tout. Baver, même. Mais je sais que ça ne marchera pas : mes yeux palpitent trop, et puis une personne incons-ciente ne rougit pas.
Troisième option : prier pour qu’un éclair me foudroie. Un coup de foudre mortel, dont on pressent l’imminence à cause de l’électricité dans l’air et de la peau qui se hérisse ; du moins, selon les manuels de science. Il pourrait nous tuer tous les deux, mais sincèrement, il aurait dû prendre garde à moi, quand il a vu que je ne regardais pas du tout.
Pendant une fraction de seconde, je crois que mes vœux sont exaucés, car je suis parcourue de picotements. Puis je me rends compte que cela vient de mes épaules. De ses mains.
Dernière option : pour l’amour du ciel, décoller ma joue de sa poitrine et m’excuser pour cette agression acciden-telle. Puis m’éloigner en clopinant sur mon unique sandale avant de défaillir. Avec ma chance, la foudre se contenterait de m’estropier, et il se sentirait obligé de me transporter quelque part de toute façon. Donc, je dois agir maintenant.
Je me détache doucement et lève les yeux. Mes joues en feu n’ont rien à voir avec les 31 degrés moites du soleil de Floride et tout à voir avec le fait que je viens de trébucher sur le gars le plus séduisant de la planète. Fantastiflippant.
— Euh, ça va ? demande-t-il, incrédule.Je crois distinguer l’empreinte de ma joue sur sa
poitrine.Je hoche la tête.— Ça va, j’ai l’habitude. Désolée.
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D’un haussement d’épaules, je le fais me lâcher. Le pico-tement continue, comme si une partie de lui était restée sur moi.
— Seigneur, Emma, ça va ? lance Chloé derrière moi.Le claquement calme des sandales de ma meilleure
amie dément le ton inquiet de sa voix. Si elle me croyait réellement blessée, cette sprinteuse née serait déjà à mes côtés. Avec un grognement, je me tourne vers elle, aucune-ment surprise de la voir afficher un sourire de la largeur de l’équateur. Elle me tend ma gougoune, que je me retiens de lui arracher des mains.
— Ça va. Tout le monde va bien, dis-je.Je me retourne vers le garçon, qui semble plus beau
chaque seconde qui passe.— Tu vas bien, pas vrai ? Rien de cassé ?Il cligne des yeux et acquiesce d’un bref signe de tête.Chloé appuie sa planche de surf contre la rampe de la
promenade et lui tend la main. Il la prend sans me lâcher du regard.
— Je m’appelle Chloé. Voici Emma, dit-elle. D’habitude, on trimbale toujours son casque, mais cette fois-ci, on l’a laissé dans la chambre d’hôtel.
J’ai le souffle coupé. D’ailleurs, je me demande quelle sorte de fleurs je vais apporter à ses funérailles, une fois que je l’aurai étranglée. J’aurais dû rester dans le New Jersey, comme l’avait dit maman. Je n’aurais pas dû suivre Chloé et ses parents. Qu’est-ce que je peux bien trouver à faire en Floride ? Après tout, nous habitons à Jersey Shore. Quand on a vu une plage, on les a toutes vues, pas vrai ?
Mais non ! Il fallait que je vienne passer la fin de l’été avec Chloé, car ce serait notre dernier été ensemble avant
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l’université et patati et patata. Et la voilà qui se venge du fait qu’hier soir, je ne l’ai pas laissée utiliser ma carte d’identité pour pouvoir se faire tatouer. Mais qu’espérait-elle ? Je suis blanche ; elle est noire. Et je ne suis même pas bronzée. Je suis du même blanc que les touristes canadiens. Si le tatoueur était capable de la prendre pour moi, alors il devrait changer de métier, non ? Je ne faisais que la protéger. Mais elle ne s’en rend pas compte. Je devine à son regard — elle avait la même expression la fois où elle a substitué du lubrifiant à mon gel antibactérien — qu’elle est sur le point de piétiner violemment ce qui me reste de dignité.
— Euh, tu ne nous as pas dit ton nom. Sais-tu son nom, Emma ? me demande-t-elle, comme par hasard.
— J’ai essayé, Chloé. Mais il n’a pas voulu le dire, alors je l’ai plaqué, dis-je, en levant les yeux au ciel.
Le garçon esquisse un sourire. Cette ébauche de sourire laisse imaginer à quel point un véritable sourire serait étourdissant. Les picotements reprennent de plus belle, et je me masse les bras.
— Hé, Galen, es-tu prêt à…Nous nous retournons vers une fille menue aux cheveux
noirs, qui lui tapote l’épaule. Elle s’interrompt sitôt qu’elle m’aperçoit. Même sans la similarité de leur chevelure sombre, de leurs yeux violets et la perfection de leur teint olive, j’aurais compris qu’ils sont parents juste à leur manie de dévisager les gens.
— Je m’appelle Chloé. Voici mon amie Emma, qui semble-t-il, vient d’entrer en collision avec ton copain Galen. Nous étions en train de nous excuser.
Je me pince l’arête du nez et compte jusqu’à 10, mais vraiment, j’aurais besoin de me rendre jusqu’à 50. Cela me
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donnerait plus de temps afin de m’imaginer arrachant les extensions capillaires de Chloé.
— Emma, que se passe-t-il ? Tu n’es pas en train de sai-gner du nez, j’espère ? lance-t-elle avec jubilation.
Du bout des doigts, Galen me soulève le visage. Du coup, j’ai des fourmis au menton.
— Tu saignes du nez ? Fais voir, dit-il.Il fait aller ma tête d’un côté à l’autre, se penchant pour
bien voir.Et j’atteins le summum de l’embarras. Trébucher est déjà
gênant. Trébucher sur quelqu’un est pire. Mais si ce quelqu’un a un corps à rendre jalouses les statues grecques et pense qu’on s’est cassé le nez sur ses pectoraux, eh bien, c’est là qu’on s’aperçoit que le fait de trébucher est très loin de l’euthanasie.
Il est visiblement surpris par ma réaction quand je tape sa main et fais un pas en arrière. Sa copine/parente semble interloquée que je reproduise la position du garçon : bras croisés et sourcils froncés. Je parie qu’elle n’a jamais atteint le summum de l’embarras.
— Ça va, j’ai dit. Pas de sang, pas de faute.— Voici ma sœur Rayna, dit-il le plus naturellement du
monde.Le rictus de Rayna est aussi naturel qu’un sourire
arraché sous la menace d’un couteau. C’est un sourire uni-quement de convenance, celui avec lequel on remercie sa grand-mère lorsqu’elle nous offre un pull couleur chou pourri tricoté à la main. Je pense au pull au moment où je lui rends son sourire.
Galen observe la planche de surf abandonnée contre la rampe en bois.
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— Les vagues ne sont pas idéales ici pour le surf.Galen n’est pas doué pour la conversation. Tout comme
sa sœur, son attitude paraît forcée. Mais, contrairement à elle, il ne manifeste aucune hostilité voilée, seulement un malaise, un peu comme s’il manquait d’expérience. Puisqu’il semble faire cet effort pour moi, je coopère. Je regarde avec ostentation les crêtes émeraude du golfe du Mexique qui s’écrasent paresseusement sur le rivage. Un homme est immergé jusqu’à la taille, un bambin dans les bras. Il saute à l’apogée de chaque vague, au rythme de la houle. Comparée aux vagues de ma région, la marée ici me rappelle les manèges pour enfants.
— On le sait. On la prend seulement pour flotter dessus, dit Chloé, indifférente au fait que Galen s’adressait à moi. On vient du New Jersey, alors on sait ce qu’est une vraie vague.
Tandis qu’elle se rapproche, Rayna recule d’un pas.— Hé, c’est bizarre, dit Chloé. Vous avez tous les deux
la même couleur d’yeux qu’Emma. Je n’ai jamais vu ça. J’ai toujours cru que c’était parce qu’elle était terriblement pâle. Aïe ! Ça va me faire une marque, Emma, lance-t-elle en frot-tant son biceps fraîchement pincé.
— Tant mieux, dis-je sèchement.Je voulais leur demander à propos de leurs yeux
(d’ailleurs, ceux de Galen contrastent magnifiquement avec sa peau olive), mais Chloé vient d’anéantir mes chances de me remettre de mon humiliation. Je devrais me contenter du fait que mon père (et Google) avait eu tort : ma couleur d’yeux ne peut pas être si rare que ça. Certes, mon père a été médecin jusqu’à sa mort, il y a deux ans. Et il est vrai que Google ne m’a jamais déçue. Mais qui suis-je pour contester
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les preuves en chair et en os que cette couleur existe bel et bien ? Absolument personne. Cela tombe bien, car de toute façon, j’ai perdu toute envie de discuter. Je ne veux pas entraîner Galen dans cette conversation embarrassante. Ni donner la chance à Chloé de m’enflammer les joues davan-tage. Je veux juste que cela finisse.
Je passe devant Chloé en la bousculant et attrape la planche. À sa décharge, je dois reconnaître qu’à mon second passage, elle a pris soin de s’écarter. Je m’arrête en face de Galen et sa sœur.
— Ravie de vous avoir rencontrés. Désolée de t’être ren-trée dedans. Allez, on y va, Chloé.
Galen semble vouloir dire quelque chose, mais je fais demi-tour. Il a été beau joueur, mais je n’ai aucun désir de discuter de sécurité aquatique — ou de rencontrer un autre de ses proches hostiles. Rien de ce qu’il peut dire ne peut effacer le fait que l’ADN de ma joue est étalé sur sa poitrine.
Essayant de ne pas adopter une démarche trop mili-taire, je les dépasse et emprunte l’escalier qui mène à la plage d’un blanc immaculé. Chloé me rattrape en gloussant. Et je me décide pour des tournesols lors de ses funérailles.
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Les coudes appuyés sur la rampe, le frère et la sœur observent les deux filles qu’ils viennent de rencontrer enlever leur t-shirt — ce qui dévoile leur bikini — et patauger dans l’eau, leur planche flottant entre elles.
— Elle porte certainement des lentilles, dit Rayna. Ils en font de cette couleur, tu sais.
Il secoue la tête.— Elle ne porte pas de lentilles. Tu l’as vue comme moi.
Elle est des nôtres.— T’as perdu la tête. C’est impossible, regarde ses che-
veux ! On ne peut même pas appeler ça du « blond », c’est presque blanc.
Galen fronce les sourcils. Avant qu’il l’ait touchée, il avait lui aussi été déconcerté par la couleur de ses cheveux. Mais quand il l’a rattrapée dans sa chute, le seul contact de son bras a suffi à dissiper ses doutes. Les Syrénas sont tou-jours attirés par leurs semblables, ce qui les aide à se retrouver, même séparés par des kilomètres et des kilo-mètres d’océan. En général, cette attraction est simplement transmise par l’eau, milieu dans lequel ils peuvent deviner la présence d’un de leurs congénères. Il n’a jamais entendu parler d’une telle connexion sur la terre ferme — et jamais il
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n’en avait senti une aussi forte —, mais il sait ce qu’il a res-senti. Il ne réagirait pas ainsi — impossible — à la présence d’un être humain. Surtout considérant à quel point il les méprise.
— Je sais que c’est inhabituel…— Inhabituel ? Tu veux dire impossible, Galen ! L’option
« blonde » n’est pas incluse dans nos gènes.— Arrête d’en faire un plat. Elle est des nôtres. Ça se
voit qu’elle n’est pas à l’aise dans sa peau d’humaine. J’ai cru qu’elle allait s’assommer contre la rampe.
— OK. Admettons, même si c’est hautement impro-bable, qu’elle ait trouvé le moyen de renverser des milliers d’années d’évolution génétique en se décolorant les cheveux. Maintenant, explique-moi pourquoi elle traîne, non, pour-quoi elle part en vacances avec des êtres humains. Elle enfreint la loi ouvertement en barbotant dans l’eau avec son amie humaine détestable. Pourquoi, Galen ?
Il hausse les épaules.— Peut-être qu’elle ne sait pas qui nous sommes.— Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tout le monde sait
qui nous sommes !— Apparemment, non. On ne l’a jamais rencontrée
avant, n’oublie pas.Elle pouffe.— Es-tu déshydraté ? Notre marque est visible. Ce n’est
pas comme si on la cachait.— Peut-être pense-t-elle que c’est un tatouage,
suggère-t-il.— Un quoi ?— Regarde, Rayna. Tu vois les marques sur la cheville
de cette fille ?
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Il désigne un homme qui monte l’escalier.— Vois-tu cet homme ? Il a des marques, que les
humains appellent des « tatouages », sur tout le corps. Peut-être a-t-elle pensé…
Rayna l’interrompt.— Je t’arrête tout de suite. Si elle était l’une des nôtres,
elle reconnaîtrait le trident.Galen hoche la tête. Elle a raison. Un Syréna de la famille
royale est reconnaissable par le petit trident bleu sur son ventre. Puisqu’ils sont en tenue humaine de plage, la marque est bien visible sur eux deux. Donc, elle a les cheveux blonds, non, blancs, et elle ne les a pas identifiés comme des membres de la famille royale. Mais il sait ce qu’il a ressenti. Et ses yeux…
Rayna grogne.— Oh, non.— Quoi ?— Tu fais cette tête-là.— Quelle tête ?— Celle que tu fais quand tu crois avoir raison.— Vraiment ?Il observe Emma. À califourchon sur la planche, elle
éclabousse la figure de son amie avec acharnement. Il sourit.— On ne rentre pas à la maison, hein ? dit Rayna alors
qu’elle s’appuie contre la rampe.— Le Dr Milligan n’appelle pas pour rien. S’il trouve ça
intrigant, il a probablement raison. Tu peux partir si tu veux, mais moi, j’ai l’intention de me pencher là-dessus.
Le Dr Milligan est un des rares humains auxquels Galen fait confiance. Si le scientifique avait eu l’intention de révéler l’existence des Syrénas, il l’aurait fait le jour où Galen lui
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avait sauvé la vie, plusieurs années auparavant. Le Dr Milligan lui avait renvoyé l’ascenseur en niant catégori-quement avoir vu Galen, et ce, même quand ses partenaires de plongée avaient alerté la presse. Depuis, ils s’étaient liés d’amitié en partageant des sushis, des baignades l’après-midi et, plus particulièrement, des informations. Directeur du Gulfarium, situé près de la côte, le Dr Milligan est un océanographe reconnu dont les relations le mettent en excellente position pour surveiller les activités de ses collègues.
Hier, le Dr Milligan a laissé un message pressant sur le répondeur de Galen pour l’informer de la présence d’une Syréna blonde à forme humaine au Gulfarium. Dès qu’il en a pris connaissance, Galen a traversé le golfe à la nage en une journée. Si le Dr Milligan voit juste au sujet des apti-tudes d’Emma, il n’a pas seulement démasqué une Syréna qui enfreint les règles. Le bon docteur pourrait avoir décou-vert la clé pour unifier les deux royaumes.
Mais puisque la discrétion n’est pas la première des qualités chez Rayna (quand elle était jeune, elle se trahissait elle-même), Galen est conscient qu’il ne peut lui révéler ce secret. De toute façon, il n’est même pas certain d’y croire lui-même. À supposer qu’il y croie vraiment et qu’il puisse le prouver, est-ce qu’Emma remplirait son devoir ? D’ailleurs, où se cachait-elle ? Et pourquoi ? Tout était mystérieux au sujet d’Emma. Ni son nom, ni sa peau, ni ses cheveux ne sont typiques d’une Syréna. Et la façon dont ses lèvres se coloraient quand elle rougissait lui coupait presque le souffle.
— Quoi ? lui demande sa sœur.— Rien.
Galen, le prince des Syrénas, est en mission. Il doit retrouver une fille qui, paraît-il, a le pouvoir de communiquer
avec les poissons.
Emma est en vacances à la plage. Quand
elle tombe — littéralement, aïe ! — sur
Galen, les deux adolescents ressentent
immédiatement un lien particulier. Mais il faudra
plusieurs rencontres fortuites, dont une confron-
tation mortelle avec un requin, pour que Galen
soit persuadé du pouvoir d’Emma. Si seulement
il pouvait la convaincre qu’elle détient la clé de
son royaume…
Narré tour à tour du point de vue d’Emma et de
Galen, Poséidon raconte avec humour, mystère et
une bonne vague de romantisme la pétillante his-
toire de deux poissons hors de l’eau.
Anna Banks habite à Crestview, dans le Panhandle de
Floride, avec son mari et sa fille. Poséidon est son premier
roman.A
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