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LES AMIS DU VIEUX ROGNES Association déclarée J. 0. 2.2.1977

ANNALES

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S 0 M M A I R E

- Editorial

- La sortie d'été des Amis du Vieux Rognes .... .... ..... J . de LANDER.

- Chapelle de St Marcellin Dégagement et restauration. Année 1980 ............... G. ALMES.

- Rougno ............................................... G. SALEN.

- Madame de Sévigné en Provence ....•................... L. A.

- Histoire de Rognes ................................... J.M. MARTIN.

~ 222' Fouquet d'Agout. Année 1535.

à 287. Village de Rognes. Année 1575.

• > -

z

EDITORIAL.

Le présent fascicule termine la deuxième année de nos publications

pouvons ainsi, faire un examen rétrospectif.

nous

1. Présentation et textes.

L'augmentation de largeur (4 cm) a permis, pour le fascicule précédent, de

réduire de moitié les frais de massicotage et de r endre plu s ai sées les mi s e s

en page des textes et des illustrations.

Pour les adhérents questionnés, les texte s semblent donner satisfaction ma i s ,

certains d'entre-eux, ne peuvent situer les lieux-dits dans la c ommune. No us

ne cachons pas les difficultés que l'on rencontre à la l e cture de notre "Histo i r

car, en 1820, son auteur situait la maison c ommune de 1315 ~A.2 page 88) ...

" à côté de celle d'Honoré PARRAUD, en haut de la rue St Ma rti n ... " c e l a éta it

précis il y a 160 ans, mais actuellement ? Mêmes incertitudes pour situer l' E­

glise St Martin (A 2 p. 98) préciser les rue s (p. lQl}, les propriété s (A 3 p.

148).

Nous allons nous efforcer de faire paraî t re l e plan du village tel qu'il é ­

tait vers 1820 en indiquant les noms des rues.

2. Sortie du 24 Aoùt.

Faite à l'initiative de M. GiJbert SALEN, dirigée et commentée ave c comp é ­

tence par notre concitoyenne Madame FUSTIER-DAUTIER, cette sortie nous a p e r mis

de visiter les Bastides et châteaux des environs : ARNAJON, le SEUIL, BOURGOGNE

et BEAULIEU. On lira avec intérêt le c ompte r e ndu qu'en a fait Mr. Je an de LAN ­

DER, passionné d'Histoire, che rcheur a s sidu à la Bibliothèque Méjanes et a ux

Archives d'AI X.

Madame FUSTIER-DAUTHIER est l'auteur du be l ouvr age : LES BASTI DES DE PROVE~­

eE ET LEURS JARDINS" Edité en 1977, 38 8 page s, nombreux de s sins e t pho togr aph i e ~

a collaboré à un o uvrage impo rtant de J .L. MASS OT : " MA IS ONS RURALES ET VIE PAY ­

SANNE EN PROVENCE". Edité en 1975 chez SERG c e d e r n ier o uvr age c omporte é ga l e ­

ment de très n ombreux des s ins et pho t ograph ies d o nt une v i ng t a i n e conce r ne Ro ­

gnes .

3. Objets de fouilles.

L'armoire murale destinée à recevoir les petits objets, a été réalisée,

sur les plans de Mr. G. ALMES, par l'Atelier CORREGAN et installée dans le

hall d'entrée de la Mairie. L'ouvrage, exécuté avec grands soins, a été of~

fert par la Municipalité. Au nom de tous les adhérents nous remercions bien

sincèrement Monsieur le Maire et ses conseillers. Dans cette vitrine, sont

actuellement déposés

- les petits objets et monnaies trouvés dans la Chapelle des Pénitents pro­

priété privée.

- les monnaies tirées des fouil les en cours à la Chapelle de St Marce llin ,

propriété communale.

4. Divers.

Notre présentation de l'Histoire de Rognes dans le 1er fascicule, préci­

sait que l'Association avait pouvoir juridique ; i l semble normal d'indiquer,

en complément, ce que la plupart des Associations de notre type indiquent sur

leurs publications en se référant à la loi du 11 Mars 1957

REPRODUCTION DES TEXTES ET ILLUSTRATIONS INTERDITE, SAUF AUTORISATION ECRI­

TE ; REFERENCE OBLIGATOIRE A L'AUTEUR ET A LA PUBLICATION. LES ARTICLES PUBLI­

ES DANS LES FASCICULES N'ENGAGENT QUE LA SEULE RESPONSABILITE DES AUTEURS.

Ce texte sera porté, dorénavant, sur tous les prochains numéros des "Anna­

les".

- Nous avons appris avec peine, le décès de notre conseiller et ami M. Aimé

GAUDIN, le 3 Juillet 1980 à MARSEILLE. Les obsèques o nt eu lieu à Rognes le 5

Juillet. Il était le Président du 3ème Age de pui s de nombreuses an n-ées et Con ­

seiller de notre Association dès sa création en 1977. Toujours dévoué et atten­

tif aux activités de son village o ù il était né l e 22 Mai 1904, il l'avait qui ­

tté vers l'âge de 14ans. Résidant à Marseille, il est retourné chez lui pour

sa retr a ite. Nous prions l es membres de sa fami lle de bien vouloir acce pter nos bien sincères condoléances.

Dé cembre 1980.

Le Président.

3

LA SORTIE D'ETE DES AMIS DU VIEUX ROGNES.

C'est par une magnifique après-midi que s'est déroulée, le vingt-quatre

août dernier, la sortie d'été de notre Association, au coeur du pays d'Aix,

sous la conduite de Mr et Mme BONNAUD et de Mr Gilbert SALEN, Mme FUSTIER-DAU­

TIER ayant bien voulu accepter de se joindre à nous pour animer et commenter

les visites prévues au programme.

Notre Vice-Président, Mr SALEN, avait choisi comme but de cette excursion

quatre bastides qui, bien que toutes de caractère typiquement provençal, sont

chacune en ce qui les concerne représentatives d'un style et d'une époque bien

particuliers.

Tout le monde étant exact au rendez-vous nous avons quitté Rognes dès 14

heures en direction du Puy-Ste-Réparade et c'est ainsi que notre caravane com­

posée d'une vingtaine de voitures est arrivée peu de temps après sous les belles

frondaisons du château d'ARNAJON dont il ne nous a, malheureusement, pas été

possible de visiter l'intérieur, le propriétaire des lieux, Mr le Général PASCAi

étant absent à cette époque.

Le choix de cette bastide a été particulièrement judicieux à un double ti­

tre d'une part, en raison de la beauté de ses jardins et de sa salle de fraî­

cheur dont nous parlerons plus loin, d'autre part par son histoire qui est in­

timement liée à celle de la Seigneurie de Rognes.

En effet, au cours de la seconde moitié du XVI 0 siècle, Honorat d'Agoult

Seigneur de Rognes, déjà père de deux fils issus de son premier mariage avec

Catherine de Village, eut de ses secondes noces avec Madeleine Arquier un fils

Nicolas en faveur duquel il créa les domaines de Valfère et du Petit St-Paul,

mais ce dernier étant mort sans postérité mâle, son domaine de Valfère r ev i nt

tout naturellement à la seigneurie de Rognes. En 1655, Honor é de Raphelis d'A­

goult le vendit à André de Félix déjà seigneur de Beaulieu par son mariage avec

Marie Besson descendante et héritière de Guillaume de Jullien s e igneur de Beau­

lieu.

André de Félix ne garda Valfère que peu de temps et le céda le 23 Sept embré

1674, à Jacques Le Blanc, Trésorier Général de France auprès de la Province, gu i

prit le titre de seigneur de Valfère. Jacques Le Blanc mourut en 1692 laissant

une situation financière difficile de telle sorte q ue la Cour des Comptes d o nn a

à Jean-Baptiste Raphélis d'Agoult, son créancier, l'investiture de la seigneu­

rie de Valfère qui se trouva ainsi rattachée une deuxième fois à la seigneurie

de Rognes à qui Jean-François-André Le Blanc, petit-fils de Jacques , la rach e t ê

en 1750 reprenant ainsi le titre de seigneur de Valfère.

Au cours du XIX 0 Siècle, la propriété fut achetée par Mme DELUIL, née de

Solliers, qui à sa mort la laissa à sa nièce Mme Albert Pascal de Solliers

dont le fils est le Général Pascal propriétaire actuel. C'est à la même é­

poque que le domaine de Valfère prit le nom du quartier et devint ainsi Arna­

jon.

Il semble que la première demeure ait été un simple rendez-vous de chas­

se tout au moins un petit pavillon dont la façade s'ouvrait à l'est sur la

terrasse desservie par le perron en fer à cheval dont nous avons pu admirer

l'harmonie. Ce n'est qu'au XVIII 0 siècle que la maison fut considérablement

agrandie et c'est donc de cette époque que date la large façade orientée au

midi et sa cour qui se prolonge par une allée cavalière se perdant dans les

bois.

Incontestablement le charme et la beauté de ce château résident princi­

palement dans ses jardins à la française en terrasses datant du XVII 0 siècle,

coltUlle le pavillon primitif qu'ils prolongeaient vers l'est.

La terrasse supérieure est occupée au centre par le perron en fer à che­

val et, à chacune de ses extrémités, par un pigeonnier. Au rez-de-chaussée du

pigeonnier de droite nous avons vu un local assez extraordinaire de style

italien dont il n'existe que très peu d'exemplaires en France, dénoltUllé "Salle

de fraîcheur". Il s'agit d'une pièce octogonale couverte d'une coupole à tran­

ches. Dans les murs des niches encadrées de cariatides qui supportent la cor­

niche, la tête protégée par une corbeille de fleurs ; elles sont vêtues d'une

courte tunique joliment drapée. Tout l'intérieur est recouvert de coquillages

de teintes diverses qui forment, au plafont notamment, des arabesques délica­

tes autour d'une rosace pendante. Des tuyaux de plomb dissimulés dans les murs

permettaient d'envoyer sur les invités des jets d'eau, d'où le nom de la salle.

Au centre, une petite piscine hexagonale pavée de céramique.

La seconde terrasse est occupée par un grand plan d'eau dans lequel se

reflète la maison. Un escalier conduit au plan inférieur occupé à l'origine

par un immense espace de gazon dénomrné boulingrin, descendant en pente douce

jusqu'au portail qui servait à l'époque d'accès principal à la propriété.

La visite terminée nous avons pris la direction du château du Seuil par

une très jolie route qui serpente à travers les bois situés en contrebas du

versant sua de la Trévaresse.

La Bastide du Seuil appartenait vers le XIV 0 siècle à une famille AUDI­

BERT qui la céda par la suite au domaine voisin du Gran d St-Jean. Elle fût

rachetée au cours de la deuxième moitié du XVII 0 siècle par Antoine de Michae­

lis, consul d'Aix. La propriété érigée par la suite en seigneurie resta dans

cette famille jusqu'à la fin du XVIII 0 siècle passant ensuite entre diverses

mains ; elle appartient actuellement à la famille CARREAU-GASCHEREAU.

s

:

C'est au début du XVII 0 siècle que cette ancienne ferme fut aménagée en

bastide et prit son aspect actuel : un corps de bâtiment central orienté au mi­

di et représentant une façade à trois fenêtres sur trois niveaux, encadré par

deux ailes perpendiculaires terminées chacune par une tour, l'ensemble formant

ainsi une cour intérieure fermée sur trois côtés. Malgré son aspect le Seuil

n'était cependant pas un domaine fortifié car les tours contiennent seulement

des escaliers intérie urs destinés à la desserte indépendante d e chacune de s a i ­

les.

La cour ornée d'un magnifique cèdre se prolonge en contre-bas par un très

beau jardin à la française orné de deux lions en pierre et d'un bassin circu l a i­

re central ; en arri è r e -plan, un très beau bois aux essences diverses.

Nous avons été très aimablement accueillis par les propriétaires de cette

belle demeure qui nous ont invités, pour notre plus grand plaisir, à visite r

l'intérieur ce dont nous leur sommes extrêmement reconnaissants.

L'accès dans la demeure se fait par une porte centrale sur perron à quatre

marches dont l'encadrement est couronné d'un fronton frappé aux armes des Micha ­

ëlis et la bèlle menuiserie Louis XIII est surmontée d'une imposte à faisceaux

de bois rayonnants.

Nous avons pu admirer à l'intérieur un très beau vestibul e voûté e n pl e i n

cintre au fond duquel se déroule l'escalier orné d'une magnifique rampe à balus­

tres et de gypszries du XVII 0•

C'est véritablement à regret que nous avons dû quitter un aussi beau cad r e

et reprendre la route en direction de Puyricard pour gagner le château de Bour­

gogne où nous avons été accueillis par les propriétaire s, Mr et Mme de FABRY.

En 1770, Bruno Philibert AUDIER-MASSILLON issu d'une famille de parlemen ­

taires aixois acheta la terre de Bourgogne et décida d'y construire la b e ll e de ­

meure que l'on peut actuell ement y a dmirer. A sa mo r t , il légua la pro priété à

Pie rre-Antoine de FABRY premier présiden t de l a Cour Royale d' Ai x , mor t e n 1824

et quadrisaieul du propriétaire actuel.

La Bastide d'un style très clas s ique présente a u midi une faça d e à deux é ­

tages. Une première t e rras se au n i ve a u du r ez - de - c haussé e est o rné e d e d e u x f o n ­

taines adossées à un mure t . Un escalier de quelques marches c o nduit à un d euxiè­

me plan de b u is taillés à la fran ç aise autour d'une pi è c e d'eau rectang ulaire à

bord découpé. Quelques marches encore de part e t d'autre d'une fontaine c o~duis e

à un grand boulingrin fermé un peu plus bas par un joli b o sque t d e chê nes, or ­

meaux, bouleaux et cyprès.

La visite des jardins terminée, Mr et Mme d e FABRY on t t enu à nou s c ondu i ­

re à l'intérieur de leur demeur e où nous avons pu admire r à l o isir la belle or ­

donnance et la décoration des pièces ainsi qu'un très joli mob ilier d' é p o que .

Un grand vestibule central traverse la mais o n d e part e n part. A droit e ,

donnant au midi . le grand salon décoré de gypseries à mo tif s r e li g i e ux e t p ar

derrière la salle~à-manger. A gauche, et donnant également sur la façade un

très élégant petit salon. Nous avons remarqué également l'entrée de la cage

d'escalier soulignée par un arc en anse de panier.

Merci à Mr et Mme de FABRY pour leur charmant accueil et le temps qu'ils

ont bien voulu nous consacrer.

Nous repartons maintenant pour gagner l'ultime étape de notre sortie et

qui ne sera pas la moins intéressante puisqu'elle se situera dans le terroir

même de Rognes au château de Beaulieu, l'un des plus prestigieux témoins du

passé de notre cité.

L'histoire officielle de Beaulieu commence en 1576 sous le règne de

Henri III qui par lettres patentes érigea au bénéfice de Nicolas Thomas de

Sainte Marguerite, époux de Catherine d'Agoult, un fief sur une bastide dite

"La Grande" sise au terroir de Rognes quartier dit de Conil et de Barnoyne.

Ainsi reçoit enfin un état civil une bastide qui d'antiquité était nommée

"La Bastide du Seigneur de Rognes" ; elle devient désormais la seigneurie de

Beaulieu, de l'héritage de la maison de Rognes. Après la mort de Nicolas-Tho­

mas, son fils Jacques céda le 28 Avril 1617 moyennant trente mille livres la

seigneurie de Beaulieu à l'un de ses parents, Guillaume de Jullien qui le mê­

me jour arrondit son domaine en achetant à Honoré Albi seigneur de Brès une

partie de la bastide dite de la "Milhauùe".

Dès lors le domaine de Beaulieu est constitué et prend sensiblement la

physionomie que nous lui connaissons actuellement ; il passe successivement

entre les mains de Pierre Besson, gendre de Guillaume de Jullien, puis de Ma­

rie Besson sa fille mariée en 1647 à André de Félix, seigneur de Valfère et

qui, morte sans postérité vers 1687, lègue la seigneurie de Beaulieu à son

neveu Pierre d'oraison seigneur d'Antrages.

En 1705 Pierre d'oraison cède Beaulieu à Pierre Sarrebourg de Pontleroy

dont le fils Jacques fut déclaré en faillite ce qui provoqua la vente aux e n ­

chères du domaine en 1754 à Pierre Robineau, commissaire aux guerres à Mar­

seille. Beaulieu restera la propriété des Robineau jusqu'à la mort le 19 avril

1865 du dernier représentant de la famille, Armand-Joseph-Alexandre Robineau­

Beaulieu qui le légua à son cousin Raoul de Candolle don t les héritiers res­

teront propriétaires du domaine jusqu'en 1920 date à laquelle ils l e cédèrent

à Mr Joseph Barlet qui par la suite le vendit à son t o ur à l'actuel propriè­

taire Mr Robert TOUZET.

On pense généralement que la batisse fut commencée sur l' e mplacement de

l'ancienne bastide par Guillaume de Jullien dont les Besson et l es Oraison

continuèrent l'oeuvre pour lui donne r la physionomie qu'elle a sur une gravu­

re datée de 1705 et qui est, à peu de choses près, celle qu'elle p r ésente ac­

tuellement, les deux principales modifications interven~sdepuis lors étant

l'édification de quatre tours d'angle et le centrage de la porte d'entrée qui

à l'origine n'était pas au milieu de la façade mais dans la diagonale de celle­

ci, suivant la mode italienne. Le déplacement de la porte est situé dans la 2°

partie du XVIII 0 et l'édification des tours dans la première partie du XIX 0•

Dans la première version le château était entouré d'un immense parc consi­

déré comme .un des ensembles les plus remarquables de la région aixoise. Il fut

en partie remplacé dans le courant du XVIII 0 par le jardin à la française que

nous avons pu admirer à l'est du château ; des allées serpentant entre les mas­

sifs de buis conduisent ainsi à un magnifique bois aux essences diverses tandis

qu'au nord une très belle roseraie jette une note de couleur qui se détache sur

le fonds de verdure d'arbustes variés.

a

L'accès au château se fait par une cour d'honneur entourée d'une très belle

grille et ornée d'une magnifique foiltaine en marbre - naïades et tritons - due

sans doute au ciseau du sculpteur Christophe Veyrier.

La visite des jardins terminée, Mr et Mme TOUZET nous ont accueillis au

seuil de leur demeure dont ils ont eu l'extrême gentillesse de nous faire les

honneurs.

Nous visitons au rez-de-chaussée, à gauche du vestibule d'entrée, la grande

salle à manger où nous admirons notamment de très belles pièces de porcelaine et

d'argenterie et le petit salon attenant très agréablement meublé

L'escalier modernisé au XVIII~ a été doté d'une belle rampe en fer forgé.

Le revers des volées est entièrement peint à la détrempe de panneaux d'époque

Louis-Philippe hauts en couleurs, musiciens et danseurs en costumes d'époque -

bannières frappées de représentations ironiques de la justice et de l'armée .

Sur le palier du I 0 étage, nous avons visité à gauche une ravissante cham­

bre à alcôve ornée de gypseries et de guirlandes décoratives au-dessus des por­

tes dans le style Louis XVI.

A droite, un très grand salon dont les murs sont tapissés de papier tr è s

ancien à motifs pompéiens. Nous avons particulièreme nt admiré les consoles en

bois doré Louis XVI surmontées de glaces de même style, le remarquable mobili er

à prédominance Louis XV et Louis XVI ainsi que les trois magnifiques lustres de

cristallerie.

En redescendant nos hôtes nous conduisent dans un r emarquable salon de d é ­

gustation, situé à droite du vestibule, que Mr TOUZET a fait aménager avec un

goût très sûr dans une ancienne cuisine. Les murs sont ornés de très jolies boi­

series dans lesquelles sont aménagées des niches où sont exposées les bouteilles

les plus vénérables de la production vinicole de Beaulieu qui a acquis, grâce

aux efforts et à la compétence de ses propriétaires, une renommée mondiale.

Là, une très agréable surprise nous attendait sous la forme d'un délicieux "KI R"

confectionné avec l'un des meilleurs crus de la cave du propriétaire.

Après cette pause très apprécié, .Mr BONNAUD a exprimé ses impressions sur

les visites efiectuées dont la dernière, le château de BEAULIEU, était l'apo­

théose. Il a adressé ses Iélicitations et remerciements à Madame DAUTIER qui

a dirigé et commenté les visites ainsi qu'a .Mr et Mme TOUZET pour leur acc~eil

très cordial.

Mr TOUZET nous a procuré ensuite le plaisir de faire connaissance avec ses

remarquables cave qui représentent certainement le dernier cri en matière d'a­

ménagements : cuves en métal spécial qui ont la propriété de pouvoir être mi­

ses sous température dirigée, locaux eux-mêmes dotés de l'air conditionné.

Nous avons aussi été très intéressés par l'installation d'embouteillage et le

stockage des bouteilles qui s'effectue suivant une méthode moderne dans de bel­

les caves anciennes, garantie d'une paifaite conservation du vin.

Que Mr et Mme TOUZET soient très vivement et très sincèrement remercié~

pour l'accueil chaleureux qu'ils nous ont réservés et qu'ils ve~illent b i en

accepter nos compliments sincères pou r leurs réalisations dans tous les domai­

nes.

La visite de Beaulieu terminée, nous nous sormnes séparés à regret après

une après-midi si agréable et si vite passée dont nous remercions et félici­

tons très vivement les organisateurs en souhaitant que le printemps prochain

offre une nouvelle occasion de rencontre à un nombre plus grand e ncore d'Amis

du Vieux Rognes.

Nous remercions également d'une manière tout-à-fait par t iculière Mme FUS­

TIER-DAUTIER qui a mis si g entime nt à notre portée son érudition et sa connais­

sance approfondie du patrimoine artistique du pays d'Aix.

Jean de LANDER.

9

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CHAPELLE SAINT MARCELLIN

DEGAGEMENT ET RESTAURATION ANNEE 1980.

Le sondage à l'entrée de l'habitation de l'ermite a été étendu et son point

central se situe en x 5 - y 5.

Trois inhumations n° 5, 6 et 7 sont mise au jour.

La tombe n° 5 est à caisson de pierre, sans fond, orientée Est-Ouest. Elle

contient la partie supérieure des ossements d'un squelette, en connexion anato­

mique. Un blocage de la tête, à alvéole maintient le crâne comme dans la tombe

n° 3 décrite dans les Annales n° 3. Une dalle dè couverture protège les ossement s

en place. Les dalles de parement formant caisson sont fichées dans le sol. Le.

corps repose directement sur la terre. Il ne porte aucune parure et le mobilier

est absent. Cette sépulture antérieure à la sépulture n•3 s'appuie vers l'Est

sur le mur maçonné. Une pierre placée en diagonale appartient à la tombe n° 3

et sépare les deux inhumations. On remarque qu'une tuile est posée à la tête du

caisson, elle remplace la pierre de tête enlevée lors du creusement de la sépul ­

ture n° 3.

La tombe n° 6, est à caisson de pierre et de tuile. Quatre lauzes sur champ

une tegul~ ferme la p artie Est, elles forment le plan de cette inhumation s om­

maire, et renferment les ossements en connexioa anatomique d'un nouveau-né. Sor

orientation est sensiblement différente des cinq inhumations décrites avant. L' ~

xe géographique se déporte de quelques degrés vers le Nord. Le caisson ne poss è ­

de pas de dalle de couverture et la lauze côté Ouest est absente. Cette p e tite

tombe par son orientation différente e t sa construction rudimentaire est diff i ­

cile à dater, le mobilier étant là aussi absent.

La tombe n° 7 est à caisson de pierre, orienté vers l'Est . Sans fond et

sans dalle de couverture, elle est for~ée par un parement de lauzes placée s sur

le champ entourant le squelette d'un adulte. Cette inhumation s ' apparente à la

tombe n•5 , sa profondeur est identique ainsi que son mode de construction . Le

mobilier en est absent et les ossements res tent in-6it u .

La partie de la fouille se trouvant à l'aplomb Sud de la murette maç o nné e

de l'ermite à été élargie vers le Sud. Le mur maçonné se termine en y 7 con tre

le safre taillé en escalier. Le retour de ce mur n ' est pas vis ible. Nous ne po~

vons pas donner au bâtiment formé en partie par ce mur une orientation et une

destination précise.

Au niveau d'arasement de ce mur entre des profondeurs variant de-55 cm

à · - 85 cm, des fragments de poterie de type pégaus, sont mêlés à du charbon

de bois et à des éclats de pierres portant la trace rougeâtre d'une forte

température.

Des couches succesives de cendres, de terres noirâtres et de fragments

de pierres éclatées sous le feu, indique une source de chaleur intense toute

proche. L'on pense à un incendie détruisant le .bâtiment où à un très gros

foyer placé à proximité du mur de l'ermitage actuel.

Une zone empierrée en x 5 - y 4, à - 50 cm de profondeur peut être un

niveau de destruction, un sol, où un chemin d'accès. Seule, une extension de

la fouille peut nous apporter une réFonse sûre.

Plus vers le Sud, deux petits sondages, nous montrent que le socle de

safre remonte pour presque effleurer le sol dans le milieu de la parcelle.

Il plonge ensuite rapidement pour passer sous le mur Sud, limite de la pro­

priété.

C'est dans un petit sondage, que l'on a découvert deux fragments de cé­

ramique ~igillée, du 1er siècle ap. J.C., appartenant à un vase de type Dra­

gendoff 36 (1). Un décor à la barbotine orne le bord du vase, d'une feuille

d'eau.

Ces deux artéfact~f)les seuls d'une période antique, peuvent provenir de

la villa gallo-romaine du quartier des Cannes.

Trois sondages ont été effectués dans la chapelle, à l' e ntree, au cen­

tre de la nef et dans le choeur.

La fouille prés de l'entrée fait apparaître une tombe et l'angle d'un

mur.

La tombe n•B à caisson, placée dans l'angle Sud-Ouest d'un ancien bâti­

ment, probablement l'église du 9ème siècle, est formée par des ~egulae pour

le fond et les parements et par des dalles en couverture. Le squelette d'un

adulte les bras le long du corps regarde vers l'Est. Les ossements sont dans

un mauvais état de conservation. Mêlé à la terre d'infiltration, un niveau

de cendre et de charbon de bois peut indiquer un dépôt d'offrandes brûlées

renfermant des brisures de coquilles d'oeufs.

(1) DECHELETTE. Les vases céramiques ornés de la Gaule romaine, 2 Vol. 1 904 .

(2) fragments de poteries

11

La présence de ce rite est unique sur le site, les autres tombes sont rem­

plies de terre d'infiltration et vierges de tout mobilier.

Trois dalles en calcaire blanc et fin, recouvrent l'ensemble de l'inhuma ­

tion. Les tuiles à rebords servant de parois sont d'aspect rougeâtxe, plus min­

ces que celles utilisées pour recouvrir les toitures des habitations gallo-ro­

maines. Elles portent une trace de doigt, en demi cercle, recoupée par un trait

sur le bord le plus étroit.

Ces tegulae sont comparables à celles déjà trouvées dans les tombes n°1 et

2. Une datation antérieure au Xème siècle peut être donnée à cette tombe, l'une

des plus ancienne du site. Sa présence dans le coin d'un bâtiment prouve sa si­

tuation voulue, quand celui-ci existait ou que ses murs étaient encore visibles.

Un petit réceptacle placé au nord du caisson et le touchant dans sa partie

médiane et supérieure , contenait des débris d'ossements humains. Deux tegulae

posées en bâtière protégeaient ce dépôt.

Les murs jouxtant en retour, les deux côtés de l'inhumation, sont les par­

ties basses des f ondations d'un édifice de forme rectangulaire orienté Est-Ouest.

Les bases de ce mur d'une largeur de 82 cm sont d'appareillage grossier, le o

premières assises étant posées sur le c h amp, pour assurer un meilleur appui du

mur.

La fouille centrale de la chape lle nous permet de dégager la suite de ce

mur sensiblement parallèle aux murs de la chapelle ac tuelle.cnc inhuma ti on n°9 ,

en pleine terre nous fait découvrir le squelette ~ui , examiné par le Docteur

HARMAND serait celui d'une jeune femme. Orienté regardant vers l'Est, ses osse ­

ments sont en connection anatomique, l es avant bras repliés. Elle ti en t proba­

blement un chapelet, des grains sont retrouvés à ce t e ndroit. Une cavité est

creusée dans l e safre pour recevoir la tête et la partie haute du corps.

Au Sud de cette sépulture et la touchant , un caisson r ud imentaire formé de

tegulae contient des fragments d'os et de calottes crânienne de corps différents

Ce dépôt d'ossements pose de nombreuses questions. S'il s'agit d 'ossements

trouvés lors du creus ement de la tombe de la jeune femme, pou~quoi y a-t-il f or­

mation d'un caisson et non pour le corps qui allait être déposé à côté. Il pour­

rait s'agir de deux inhumations appartenant à deux périodes différentes. Ces

tombes sont protégées par la construction de caissons réalisés au mois de sep­

tembre 1980, recouverts de dalles jointées au mortier.

La fouille du choeur de la chapelle après dépose de son dallage nous per ­

met de mettre au jour un ensemble maçonné trés import ant. D'un appareillage

grossier au niveau de la Ïondation reposant sur le saÏre, il devient plus soi­

gné dans le niveau le plus élevé du mur. Ce bloc de maçonnerie très solide de­

vait faire partie d'un bâtiment difÏérent de ceux trouvés jusqu'alors. Le mor­

tier jointant les pierres est d'une grande dureté.

Les bâtisseurs de la chapelle actuelle se sont servis de ce bloc maçonné

pour y appuyer le mur Sud du ch.oeur. Une fosse contenant des ossements mélan­

gés, se trouve dans un niveau intermédiaire entre la terre d'apport dite de

"Traspigut" et un cailloutis de rernblaiment.

La stratigraphie de la chapelle est formée dans le niveau inférieur d'un

socle de safre s'inclinant vers le mur Sud de la chapelle et passe sous ses

fondations. Sur ce niveau, de la terre de "Traspigut" provient, par ruissel­

lement, des collines portant ce nom et situées au Sud de St Marcellin. Au des­

sus de cet apport naturel, un remblai de terre, de cailloutis et d'éclats de

pierres montre un apport artificiel du début du 17ème siècle. C'est dans cet­

te couche que trois monnaies ont été trouvées. Au dessus un dallage de lauzes

minces, une dizaine de centimètres, forme le sol du début 17ème siècle.Le ni­

veau actuel de la chapelle est fait de carrea~x de terre cuite placés en dia-

gonale par rapport à l'axe de la nef. Ce carrelage repo se sur l e dallage 17ème

siècle par l'intermédiaire d'une chape de mortier à la chaux forma nt semelle.

Deux coupes Nord-Sud montrent les couches décrites, dans l a f ouille d e l'entrée

et de la nef de la chapelle.

Le mobilier découvert au cours des fouilles est constitué par 4 monnaies

et par divers fragments de céramique de type pégaus du haut moyen-âge e t par

des morceaux de poteries vernissée s à glacure s du 17ème et 18ème siècle.

Trois monnaies, pro v i ennent du ni veau se trouvant sous le dallage du

17ème siècle. Perdues à l'occasion de l a p o s e de celui -ci, où mél èe s au x r em­

blais appo rtés, ce sont deux doubl e t o urno i s roy aux , n° 10 1 e t 102, e t u n d ou­

ble tournois féodal n° 105. Leur émissio n s s e situent e ntre 1625 e t 1643.

Double Tournois. Cuivre. N° 10 1. LOUIS XIII.

LVD. XIII. D.G. FR. ET. NAV. Buste âgé laur é à droite.

R;l!<DOVBLE TOVRNOIS. 1640 Trois lis.

13

14

Double Tournois. Cuivre n° io2. LOUIS XIII

LOVIS XIII. D.G.R.D.FR.ET.NA. Tête laurée à gauche.

R/>ja DOVBLE TOVRNOIS . .1643. Trois lis (Coin de Warin)

Double Tournois. Cuivre. N° 105 . Frédéric Henri de NASSAU.

Prince d'ORANGE.

+ FRED.HENR.D.G.PRIN.AVRA. Buste à droite

R/ DOVBLE TOVRNOIS. Trois trèfles simulant des lis.

Date illisible.

Sans un petit sondage réalisé à l'extérieur de la chapelle et vers l'Est,

une monnaie n° 104 est trouvée, à 50 cm au dessous du niveau actuel du sol de

la parcelle. (3)

Il s'agit d'un sol d'AIX, dont la photographie est reproduite sur la cou-

verture de dos des Annales n° 3 .

Sol d'Aix. Cuivre. n° 104. LOUIS XV . 1771.

LUDOV.XV.D.GRATIA. Tête laurée à droite , au dessous un coeur.

R/ FRANCIAE ET NAVARRAE (losange) 1771.

Ecu échancré, couronné ; dessous & (Atelier de frappe d'AIX- EN - PROVENCE).

Son poids est de 6,llgr, et sa qualité de frappe et de conserva t ion : très beau .

La céramique provenant des fo u illes est de deux origines, l'une du hau t

moyen âge et du moyen âge avec le type pégaus, l'autre du .!7ème et .18 siècle

avec la poterie à glacures.

(3) CIANI Louis. Les Monnaies Royales Françaises de Hugues Capet à Louis XVI.

Paris 1926.

Les fragments de la poterie pégaus appartiennent pour la plus grande part,

au sondage profond du Sud de la murette maçonnée. Dans la chapelle les morceaux

de poteries sont rares, les niveaux ayant été bouleversés au cours des construc­

tions succesives des chapelles et du réaménagement de leurs sols. Les fragments

de pégaus sont de deux types. Les uns grisâtres, mats d'un aspect finement lissé.

La pâte brune est assez tendre. Les autres sont légèrement lustrés, noirâtres.

La pâte grise, rose près de la surface est dure, le dégraissant fin. L'engobe

est irrégulier et éclaté. Cette poterie très mal connue par les archéologues a

été fabriqué du VIIIème siècle au XIIIèrne siècle. Elle constituait des formes

appartenant à de la vaisselle . : plats, assiettes, pichets. Ces poteries sont

quelquefois décorées de guillochis et d'autres décors géométriques discrets.

Intrigués par un bloc de pierre, en calcaire régional, apparaissant hors­

sol à l'extrémité de la murette maçonnée, nous l'extrayons du sol ou il était

à demi enterré. Après l'avoir basculé, brossé, et débarassé de sa gangue de ter­

re, nous nous apercevons qu'il s'agit d'un autel antique. Sa partie supérieure

est percée d'un oculus et les côtés s'ornent de cinq rangées de baguettes . Son

entablement est simplement formé d'un léger ressaut. L' o culus aurait pu être

creusé par la suite pour christianiser cette pierre considérée comme paienne.

Il aurait pu contenir une relique. Une gorge d'appui dans !'Oculus peut rece­

voir une plaque de fermeture. La faible profondeur de la cavité exclu toute

possibilité de pose d'une croix.

Evasé dans sa partie supérieure, il rappelÈ la forme de certains autels

gallo-romain, trouvés à LANGRES (3) en 1819 au faubourg d e LOUOT.

Sans inscriptions, il est donc anépigraphique, il porte sur le côté gau­

che et dans la partie inférieure une cavité certainement récente pouvant re­

cevoir un crampon de scellement. Cet autel a été renversé et entérré au moment

de la construction de l'ermitage et de sa mure tte où il d é limitait un passage

entrée jardin. Sa taille et son utilisation p o urrait être contemporaine de l'é­

tablissement gallo-romain des Cannes . Il devait être placé dans un temple où

dans un autre lieu sacré, à proximité d'habitations, où sur le site prééxistant,

celui de la chapelle actuelle. L'on sait que les chapelles o ù églises contem­

poraines sont situées et se superposent à des lieux antiques sacrés.

(3} ESPERANDIEU. Recueil Général des bas-reliefs, statues et bustes de la gaule

romaine. Terne I V.

15

Les sondages se situant à l'intérieur de la chapelle, sont aujourd'hui re­

bouchés, mais le dégagement du niveau de i9o9 se poursuit.

Ce travail de déblaiement et de restauration est long, demande souvent un

effort physique intense. Il doit être continué ; que ceux qui participent à ces

travaux soient remerciés.

Un peu de l'Histoire de ROGNES et de ses anciens habitants resurgit de la

terre peu à peu. La période du haut moyen-âge en milieu rural est presque in­

connue de nos historiens modernes. C'est grâce à ces travaux de quelques volon­

taires à St MARCELLIN que nous pourrons la définir et la décrire avec plus de

précisions et que nous pourrons comprendre et respecter nos vrais ancêtres de

l'an mil.

Guiral ALMES.

P.S: Les ossements provenant des tombes n°5 et 6 ont été déposés dans la

tombe ossuaire n°4.

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ROUGNO.

S'un ben cop lou vèses, amata dins sa gorgo

Emé sa vieio glèiso, sa font, soun lavadou,

Cumprendrès que tamben,l'ia uno bello vàuto

Que penequejo aquito, dins soun esquichadou.

D'un caire lou Foussa, sus sa grosso aclapado

Des e n~u cent n~u i tressaut mourtaleu

De l'autre lou Devin a l'esquino pelado,

Sa barro de roucas, au raiou dÔu souleu.

Moun daut, lou castellas, noblo descaladado,

Lou tron de Diéu dis orne a vougu l'acaba,

Lou pan de la fenestra, lambeu de l'estrassado,

Gincho ou nivoulun emé soun uei creba.

Téulisso founsarudo, sus de vièi façado

Quihado a bouboudre sus un escaladou,

Jusqu'a la Campanetto, carriero estransinado

Per s'ana desbaussa dins lou resquihadou.

Forço oustau flame nou, li fan l'envirounado,

Blanquineu, la pèu fino coumo d'enfant nouvèu,

Moulin de vènt ventru, porto desbadarnado,

Que an gausi sis alo a escouba lou cèu.

Es pas toujour eisa de counta soun pais,

De pinta soun vilage senso estre rababèu,

D'autant mai que lou nostre a rende ben requist

Mai sabes lou prouverbi que dis que chasque aucèu

Astrovo soun nis bèu.

Gilbert SALEN.

23

ROGNES.

Si par hasard vous le découvrez, blotti dans sa gouttière

avec sa vieille église, sa fontaine, son lavoir

Vous comprendrez que pourtant, il y a belle lurette

qu'il est là, sommeillant, dans son endroit étroit.

D'un côté le Foussa, sur son gros tas de ruines

Mil neuf cent neuf aux tressauts mortels

De l'autre, le Devin à l'échine pelée

Sa barre de rochers, où coule le soleil.

Là-haut, le Castellas, noble vieux tas de pierres

La colère des hommes a voulu l'achever

Le pan de la fenêtre, lambeau du saccage

Guigne dans les nuages avec son oeil crevé.

Toiture~profondes sur de~ vieilles façades

Perchées en désordre sur un escarpement

Jusqu'à la Campanette, rue toute rabougrie

Pour aller se jeter dans le "resquihadou".

Beaucoup de maisons neuves l'environnent

Palichonnes, la peau fine, comme des enfants nouveaux

Moulins à vent ventrus, portes béantes

qui ont usé leurs ailes à balayer le ciel.

Il n'est pas très facile de conter son pays

5e peindre son village sans être rabâcheur

D'autant plus· que le nôtre n'a rien de bien précieux

Mais vous connaissez le proverbe, qui dit que chaque oiseau

Trouve que soo nid est beau.

Gilbert SALEN.

24

Madame de Sévigné en Provence.

Marie de Rabutin-Chantal était Bourguignonne par son père, mais elle na­

quit chez son grand-père maternel, Philippe de Coulanges, à Paris, où elle de­

vait séjourner bien plus longtemps qu'ailleurs. A dix-huit ans elle épousa Hen­

ri de Sévigné, gentilhomme breton et duelliste enragé, qui trompa sa femme et

gaspilla sa dot. Le jour même de ses vingt-cinq ans, la marquise de Sévigné per­

dit cet indigne mari, tué en duel. Il lui laissait deux jeunes enfants, Fran­

çoise et Charles. Françoise était la préférée. Dans la célèbre correspondance

cette affection de Mine de Sévigné pour sa fille apparaît cornrne une passion ex­

clusive, tyrannique, et qui t .ournait à l'idolâtrie.

En janvier 1669 la marquise maria cette fille adorée au Comte de Grigna11

Elle avait espéré que ce mariage laisserait sa fille près d'elle. Mais bientôt

le comte est nommé lieutenant général de Provence. Il faut résider dans la pro­

vince qu'il doit gouverner. En février 1671, au grand désespoir de sa mère, Mme

de Grignan quitte Paris pour rejoindre son mari en Provence. Puisque sa fille

est en Provence, Mme de Sévigné y habite en esprit. "La Provence est mon pays ·

depuis que vous y êtes. C'est de là que viennent tous mes biens et tous mes

maux". Et voilà comment Mme de Sévigné, qui était déjà Bourguignonne, Bretonne

et Parisienne, devint aussi Provençale.

Quand mère et fille sont séparées, la grande affaire de Mme de Sévigné est

de correspondre avec Mme de Grignan, d'attendre les le ttres de Provence, de les

lire et relire, de les communiquer aux amis, d'en faire admirer les bons endroits;

et d'y répondre, plusieurs fois par semaine, pour multiplier inlassablement le s

protestations de tendresse, donner les nouvelle s des parents et amis, tenir la

chronique de la cour et de la ville, et se fair e l'écho des grands évènements

comme des potins.

~Quand les lettres de Provence arrivent, c'est une joie parmi tous ceux qui

m'aiment, comme c'est une tristesse quand je sui s longtemps sans en avoir. Lire

vos lettres et vous écrire font la première affaire de ma vie."

Mais notre marquise ne connut pas la Provence seulement à travers les let­

tres de la comtesse. Elle fit elle-même trois séjours dans le Midi. Il fa ut ad­

mirer son courage, car, en ce temps-là, se transporter au château de Grignan,

près de Donzère, était une aventure, une rude et longue fati~ ue . Pour Mme de Sé­

vigné le voyage de Paris à Grignan durait au moins quinze j ours ; de Bretagne,

il falla it trois semaines. Installée chez sa fille et son gendre, Mme de Sévigné ,

épistolière infatiguable, donne encore à ses autres correspondants, cousins et

amis, maints détails sur les hommes et les choses de Provence.

Que dit-elle de notre pays ? Si l'on voulait relever toute la documenta­

tion éparse dans les centaines de lettres qui nous sont parvenues, il y fau­

drait un gros volume. Contentons nous de quelques détails.

En Provence, les voyages sont particulièrement dangereux. Quand on vient

du Nord, on descend le Rhône. "Le Rhône me fait une peur étrange" écrit-elle

en tremblant pour sa fille qui navigue sur ce fleuve. Et quand elle apprend

que Mme de Grignan a failli faire naufrage en le traversant, quelle épouvante

"Ce Rhône qui fait peur à tout le m.onde ! Ce pont d'Avignon ! Un tourbillon

de vent vous jette violenunent sous une arche Et quel miracle que vous n'ayez

pas été brisée et noyée dans un moment ! Je ne soutiens pas cette pensée, j'en

frissonne, et m'en suis réveillée avec des sursauts dont je ne suis p~s la mai­

tresse." Pour aller à Aix, il faut traverser "cette chienne de Durance". "Vous

vous moquez de la Durance. Pour moi, je ne reviens point de l'étonnement de sa

furie et de sa violence."

La marquise apprécie le soleil du Midi, mais comme le mauvais temps est

vite arrivé ! Elle écrit, de Marseille, le 25 janvier 1673 "Hier le temps fut

divin" et le lendemain " Le diable est déchainé en cette ville de mémoire

d'homme on n'a point vu de temps si affreux". Dans une lettre de février 1695

à son cousin Emmanuel de Coulanges, elle se moque gentiment.des gens du Nord

qui se font des illusions sur le climat de chez nous. "Madame de Chaulnes me

":r.:ande (=m'écrit) que je suis trop heureuse d'être ici avec un beau soleil ...

"Hélas mon cousin, nous avons cent fois plus froid qu'à Paris. Nous sonunes

"exposés à tous les vents ... Ils se battent entre eux pour avoir l'honneur de

"nous renfermer dans nos chambres. Nos doigts sont transis ... Contez un peu ce­

"la à notre duchesse de Chaulnes qui nous croit dans des prairies avec des pa­

"rasols, nous promenant à l'ombre des orangers."

L'assemblée des conununautés de Provence, ou états de Provence, sorte de

petit parlement provincial, se tenait chaque année à Lambesc. Je ne sais pour

quelles raisons cette modeste localité avait l'honneur d'être ainsi l~ capita­

le temporaire de la Provence. (Les Amis du Vieux Lambesc doivent être documen­

tés sur cette question). Ces assises donnent aux Grignan bien des soucis, que

partage Mme de Sévigné. "Je vous assure que je crains fort cette délibération .

Je suis plus occupée des affaires de Lambesc que de celles de Sain t-Germain "

où, à ce moment, réside la cour. Mais l'assembtée des conununautés est aussi

l'occasion de réjouissances. Ainsi, le 9 décembre 1690, l'Archevêque offre un

grand festin. On trouve bien curieux certains usages du pays. "Je n ' o ub lierai

jamais l'étonnement que j'eus quand j'y étais à la messe de minuit, et que j 'en­

tendis un homme chanter un de nos airs profanes au milieu de la me sse : cette

nouveauté me surprit beaucoup." Et voici un petit scandale, raconté par Mme de

Grignan dans une lettre p e rdue, et dont on ne trouve qu'un écho chez Mme de

26

Sévigné : "Nous avons .ri aux la.pues de cette .fille qui chanta tout haut à l'éj

glise cette chanson gaillarde qu'el~e confessait avoi.r chantée ailleurs ... Elle

ne pouvait faire autrement : le confesseur la voulait entendre, puisqu'il ne

se contentait pas de l'aveu qu'elle lui en avait fait. Je vois le bonhonune pâ­

mé de rire le premier de cette aventure."

Et avec la marquise saluons Jacquemart et Marguerite, qui sonnaient déjà

les heures avant son premier séjour à Lambesc.

27

Peut-être Mme de Sévigné s'est-elle promenée dans les environs de Lambesc,

peut-être même a-t-elle traversé notre village. Elle a sûrement entendu parler

de Rognes, dont le nom, cependant, ne se rencontre pas dans sa correspondance.

Mais il est bien vrai que la plus illustre des fenunes de lettres du Grand Siècle

a été notre voisine.

L.A.

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