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JUILLET 2011 PRIX DU NUMÉRO : 18 Contextualisations du CERC Le cas de l’Asie du Sud-Est coordonné par Véronique Castelotti Jean Noriyuki Nishiyama Recherches et applications N°50 Directeur de la rédaction Jacques Pécheur Ministère de l’Éducation nationale – FIPF Secrétaire général de la rédaction Sébastien Langevin Présentation graphique CGI Conception graphique Jehanne-Marie Husson Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq – FIPF LE FRANÇAIS DANS LE MONDE 9 bis, rue Abel Hovelacque 75013 Paris Téléphone : 33 (0) 1 72 36 30 67 Télécopie : 33 (0) 1 45 87 43 18 Mél : [email protected] http://www.fdlm.org © Clé International 2011 Commission paritaire 0407T81661 La reproduction même partielle des articles parus dans ce numéro est strictement inter- dite, sauf accord préalable. LE FRANÇAIS DANS LE MONDE est la revue de la Fédération internationale des pro- fesseurs de français (FIPF) Comité de lecture de la revue Le français dans le monde / Recherches et applications Présidence du comité de lecture : Francis Carton (Université Nancy 2, France), Danièle Moore (Simon Fraser University, Canada) et Geneviève Zarate (INALCO, France) Comité de lecture Evelyne Bérard (Université de Franche-Comté, France) ; Robert Bouchard (Université Lumière Lyon II, France) ; Patrick Chardenet (Agence universitaire de la francophonie) ; José Carlos Chaves da Cunha (Universidade Federal do Pará, Brésil) ; Francine Cicurel (Université Sorbonne Nouvelle Paris III, France) ; Jean-Pierre Cuq (Université de Nice Sophia- Antipolis, France) ; Piet Desmet (Université catholique de Leuven, Belgique) ; Pierre Dumont (Université des Antilles et de la Guyane, France) ; Enrica Galazzi-Matasci (Université Catholique de Milan, Italie) ; Claire Kramsch (University of California, Berkeley, États-Unis) ; Jean-Emmanuel Le Bray (Université Stendhal Grenoble III, France) ; Pierre Martinez (Université de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis, France) ; Samir Marzouki (Université de la Manouba, Tunisie) ; Franz-Joseph Meissner (Justus-Liebig Universität Gießen, Allemagne) ; Jean Noriyuki Nishiyama (Université de Kyoto, Japon) ; Maria-Luisa Villanueva (Université Jaume I de Castellón, Espagne) ; Tatiana Zagryazkina (Université d’État de Moscou Lomonossov, Russie) ; Zheng Lihua (Université des Études étrangères du Guangdong, Chine).

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JUILLET 2011PRIX DU NUMÉRO : 18 €

Contextualisationsdu CERCLe cas de l’Asie du Sud-Est

coordonné par Véronique CastelottiJean Noriyuki Nishiyama

Recherches et applications N°50

Directeur de la rédactionJacques PécheurMinistère de l’Éducation nationale – FIPF

Secrétaire général de la rédactionSébastien Langevin

Présentation graphiqueCGI

Conception graphiqueJehanne-Marie Husson

Directeur de la publicationJean-Pierre Cuq – FIPF

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE9 bis, rue Abel Hovelacque 75013 ParisTéléphone : 33 (0) 1 72 36 30 67Télécopie : 33 (0) 1 45 87 43 18Mél : [email protected]://www.fdlm.org

© Clé International 2011Commission paritaire 0407T81661La reproduction même partielle des articlesparus dans ce numéro est strictement inter-dite, sauf accord préalable.

LE FRANÇAIS DANS LE MONDE est la revuede la Fédération internationale des pro-fesseurs de français (FIPF)

Comité de lecture de la revue Le français dans le monde /Recherches et applications

Présidence du comité de lecture : Francis Carton (Université Nancy 2, France), Danièle Moore (Simon Fraser University, Canada) et Geneviève Zarate (INALCO, France)Comité de lecture Evelyne Bérard (Université de Franche-Comté, France) ;Robert Bouchard (Université Lumière Lyon II, France) ; PatrickChardenet (Agence universitaire de la francophonie) ; JoséCarlos Chaves da Cunha (Universidade Federal do Pará, Brésil) ; Francine Cicurel (Université Sorbonne NouvelleParis III, France) ; Jean-Pierre Cuq (Université de Nice Sophia-Antipolis, France) ; Piet Desmet (Université catholique de Leuven, Belgique) ; Pierre Dumont (Université des Antilles etde la Guyane, France) ; Enrica Galazzi-Matasci (UniversitéCatholique de Milan, Italie) ; Claire Kramsch (University of California, Berkeley, États-Unis) ; Jean-Emmanuel Le Bray (Université Stendhal Grenoble III, France) ; Pierre Martinez(Université de Paris VIII Vincennes-Saint-Denis, France) ; SamirMarzouki (Université de la Manouba, Tunisie) ; Franz-JosephMeissner (Justus-Liebig Universität Gießen, Allemagne) ; JeanNoriyuki Nishiyama (Université de Kyoto, Japon) ; Maria-LuisaVillanueva (Université Jaume I de Castellón, Espagne) ; TatianaZagryazkina (Université d’État de Moscou Lomonossov, Russie) ; Zheng Lihua (Université des Études étrangères duGuangdong, Chine).

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Contextualiser le CECR ?VÉRONIQUE CASTELLOTTI, JEAN NORIYUKI NISHIYAMA ........ 11

L’utilisation du CECR pour les langues :une tension entre la réponse aux besoins de chaque contexte spécifique et la promotionde valeurs communesFRANCIS GOULLIER ............................................................ 19

Le CECR fonctionne en Europe comme un outil pourrésoudre les difficultés de chaque État membre à amé-liorer l’enseignement des langues vivantes. Par défini-tion, son utilisation peut et doit être adaptée. Même sescomposantes les plus transversales sont utilisées avecdes finalités et des modalités différentes. Pour quelquesusages et certains contextes, son contenu doit être enri-chi. Cette contextualisation est légitime mais pose laquestion de la préservation de la valeur de référencepaneuropéenne de l’échelle. En revanche, on perçoitnettement une tendance à réduire le CECR à ses dimen-sions techniques alors que son apport principal résidedans les valeurs qu’il promeut (autonomie de l’appren-tissage, respect de la diversité et valorisation du pluri-linguisme individuel…). Il est essentiel, pour penser lacontextualisation et l’adaptation, de comprendre lacohérence interne du CECR. Toutes ses composantessont déterminées par ces valeurs.

Mots clés : Cadre européen commun de référence pourles langues – besoins spécifiques – valeurs communes.

Pour une politique linguistique en faveurde la contextualisation du CECR en Asie du Nord-EstJEAN NORIYUKI NISHIYAMA ................................................ 28

Traduit en japonais, chinois et coréen, le CECR suscitel’intérêt d’enseignants et de chercheurs de différenteslangues en Asie du Nord-Est. La majorité d’entre euxs’intéressent, entre autres, à la grille d’évaluation com-mune ou à la perspective actionnelle, sans approfondirau fond sa portée politico-linguistique.

Cet article étudie, en illustrant le cas du Japon en parti-culier, les valeurs et la possibilité d’une contextualisationdu CECR en dehors de l’espace européen, et cela d’unpoint de vue politico-linguistique. L’auteur cherche àmettre en évidence des pistes de réflexion pour lacontextualisation du CECR en Asie du Nord-Est.

L’introduction du CECR à l’Université Préfectoraled’Osaka, un outil articulateur et intégrateurde contextes local/globalMARIE-FRANÇOISE PUNGIER .............................................. 38

Depuis quelques années, l’enseignement supérieur japonais est touché par un vent de réformes, qui affectentaussi le secteur des langues. Mais des exigences de

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cette nouvelle université – ouverture à l’international,apprentissage tout au long de la vie, etc. – entrent en par-faite résonance avec certains principes du CECR. Le tempsdes réformes ne serait-il pas alors l’occasion de rebondir,entre contraintes intérieures et dynamique internationale ?L’exemple du cursus de FLE à l’Université Préfectoraled’Osaka contribue à l’examen de cette question.

Entre adaptation du CECR et ajustementdu contexte : proposition de deux outilspour la contextualisation du CECR au JaponFUMIYA ISHIKAWA, ÉVELYNE ROSEN ................................... 48

L’introduction du CECR au Japon soulève nombre dequestions concernant le contexte et la contextualisation.Faisant suite à une définition de ces deux notions (selonRobert & Rosen, 2010), deux outils de référence, utilesdans une perspective de contextualisation, seront pro-posés : le premier vise une mise à plat des tensions ter-minologiques liées à la traduction du CECR en japonais,le deuxième tente de cerner les caractéristiques desinteractions en classe selon les contextes « hétéro-glotte »/« homoglotte ».

L’autonomie : un objectif de formationFRANCIS CARTON .............................................................. 57

Mettre en œuvre cette orientation, qu’est l’autonomisa-tion de l’apprenant de langue, dans des contextes cul-turels, sociaux, géographiques, didactiques différentsde ceux dont elle est issue renvoie à plusieurs ques-tions : que faut-il entendre sous ce terme ambigu qu’estl’autonomie ? Qu’est-ce qu’apprendre à apprendre ?

Quelles problématiques la mise en place d’une forma-tion à apprendre soulève-t-elle ? Comment questionnerles raisons qui justifient le bien-fondé de l’idée d’auto-nomie ? Quels paramètres institutionnels, culturels etdidactiques sont mis en jeu autour de son applicationsur le terrain ?

Favoriser une conscience et une compétenceplurilingue au Japon grâce à une démarche portfolioVÉRONIQUE CASTELLOTTI .................................................. 67

Le Japon, comme la grande majorité des pays du mondeaujourd’hui, constitue de fait une société multilingue etmulticulturelle, même si ce n’est pas souvent ainsi que laplupart de ses citoyens se la représente et si peu d’entreeux, sans doute, se reconnaîtraient spontanémentcomme des plurilingues. De nombreux habitants duJapon ont donc, selon des modalités différentes et avecdes profils variés, des expériences de la diversité et de lapluralité linguistique et culturelle, mais qui ne s’accom-pagnent que rarement d’une conscience de ces phéno-mènes, et encore moins de leur valorisation.L’apprentissage des langues, dans ces conditions, selimite le plus souvent à la réalisation d’exercices pure-ment scolaires, sans que ne soient explicitées ses pos-sibles implications sociales, ni les relations entre lesdifférents apprentissages linguistiques.On s’interrogera dans cette contribution sur les possiblesapports d’une démarche de type « portfolio » pour don-ner du sens aux apprentissages linguistiques, favoriser lamotivation et dynamiser l’apprentissage. On s’inspireraen particulier de ce qui a été mis en œuvre dans certainsportfolios des langues européens, dans la lignée desorientations du CECR, pour favoriser une activitéréflexive visant à associer conscience et autonomie dansl’apprentissage et conscience du plurilinguisme.

Mots clés : portfolios des langues, plurilinguisme, compé -tence plurilingue et pluriculturelle, contextualisation,autonomie dans l’apprentissage.

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As the majority of countries today, Japan is in point offact a multilingual and multicutural society even thoughmost of its citizens do not perceive it as such. Very fewof them would equally define themselves as plurilin-guals. Many Japanese people have actually experien-ced both linguistic and cultural diversity as well asplurality in several ways, this also depends on theirvarious profiles. However, the are rarely aware of theirexperiences of plurality let alone that of its value.In such conditions, language learning is often restrictedto linguistic drills without precisions on either social orsymbolical implications possible. Likewise, the links bet-ween the different exercises remain unexplained.This work will question the efficiency of the “portfolio”approach when it comes to making language learningmeaningful, motivating and dynamic. We will refer tothe initiatives undertaken through some European Lan-guage portfolios which, in the continuity of the CEFR,aim at encouraging a reflexive activity by linking aware-ness and autonomy in the process of acquiring plurilin-gual awareness and competence.

Vers un apprentissage autonome des étudiantsde français langue étrangère : une expériencevietnamienneLÊ THI PHUONG UYEN ET SON ÉQUIPE (PHAM DUY THIEN,TRAN LE BAO CHAN, HUA TRAN NGUYEN KHOI,LUU MINH TUAN, LE PHAM MINH TUAN) ..................... 76

L’expérience de l’équipe des formateurs vietnamienss’inscrit dans l’approche actionnelle (CECR, 2001) selonlaquelle on apprend une langue non seulement pourcommuniquer mais aussi pour réaliser des tâchesensemble. L’équipe cherche aussi à répondre aux ques-tions suivantes : comment développer l’autonomie chezles étudiants pour les préparer aux différents métiers uti-lisant le français ? Qu’entendons-nous par autonomiede l’apprenant, quels en sont les résultats observables ?C’est dans cette perspective que nous avons demandéà des groupes d’apprenants de 18 ans de réaliser unprojet collectif (production d’un recueil d’articles depresse en français) au cours du premier semestre del’année universitaire 2008-2009. Le projet étant effec-tué, vient le moment du bilan. Dans notre communica-tion, nous décrirons la réalisation du projet, les outilsutilisés (outils multimédia, Internet, journal de bord), lesdifficultés rencontrées, l’évolution des attitudes obser-vées chez les étudiants, les modalités d’évaluation ainsique les mesures de régulation. Nous analyseronsensuite les conditions de réussite de l’entreprise, lesmodifications des rôles (enseignant-apprenant) et desactivités d’enseignement-apprentissage que génèrel’objectif d’autonomisation chez les étudiants. Notrecommunication vise aussi à montrer comment, dans lesconditions du Vietnam, certains formateurs ont mis enœuvre les principes de l’approche actionnelle et de l’au-tonomisation de l’apprenant.

Mots clés : autonomie, pédagogie de projet, approcheactionnelle, contextualisation.

Quelle place pour l’autonomie de l’apprentissage dansles cultures d’enseignement-apprentissage en Asie ?Du rôle incontournable à donner à un portfolio d’auto-évaluation adapté aux cultures éducatives locales.NADINE NORMAND-MARCONNET ...................................... 84

Le Portfolio Européen des Langues connaît aujourd’huiune diffusion quasi mondiale. Peut-on le considérercomme un outil d’auto-évaluation transposable avecsuccès dans le contexte asiatique ? Quel est le poids dela culture éducative locale par rapport à ce type dedémarche pédagogique innovante ? De récentesrecherches menées sur un public asiatique et orientalmontrent qu’une analyse des variables sociolinguis-tiques des acteurs concernés combinée à un travail surleurs représentations en matière d’auto-évaluationcontribue à une adaptation réussie de ce type d’outil.Mots clés : auto-évaluation, autonomie, culture éduca-tive, portfolio, représentations sociales.

The European Language Portfolio is now widely spreadaround the world. Could it be recognized as a success-fully adapted tool in Asia? In an innovating pedagogicalprocess, what is the impact of the local educationalhabits? Recently conducted research in Asia andMiddle-East countries are showing that an analyse ofsocial and linguistics characteristics combined to a work

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on involved actors’ images about self-assessment arerequired to succeed in transforming this type of toolaccordingly to specific context.Keywords: Autonomy, cultural and educational context,portfolio, self-assessment , teachers’ images.

Contextualiser l’apprentissage autodirigédans l’enseignement supérieur au JaponMITSURU OHKI .................................................................. 94

L’objectif de cet article est de vérifier si l’intégration del’apprentissage autodirigé peut permettre de régler lesdeux grands problèmes auxquels se heurte l’enseigne-ment des langues étrangères à l’université au Japon :nombre d’heures de cours insuffisant et motivationbasse des apprenants. Dans le Cadre, l’accent est missur la mise en œuvre de l’apprentissage autodirigécomme formation continue, et non pas comme forma-tion dans le cadre des institutions éducatives, reposantsur le présupposé que l’apprenant ne possède pas assezde compétences d’apprentissage autodirigé et que l’apprentissage autodirigé ne doit se faire que dans l’environnement où l’apprenant autonome est capablede prendre lui-même toutes les décisions concernantl’apprentissage. Or, selon la théorie de la motivationdéveloppée par Deci et Ryan, l’autonomie favorise lamotivation : plus l’apprenant apprend en autonomie,plus il est motivé. Des enquêtes sur le niveau de com-pétence d’apprentissage autodirigé et sur la motivationont été ainsi menées auprès des apprenants de françaisdans le but de savoir si l’intégration de l’apprentissageautodirigé peut apporter des solutions quant à l’insuffi-sance du nombre d’heures de cours et la faiblesse de lamotivation des apprenants.

The aim of this paper is to verify if the integration of self-directed learning into the curriculum can solve the twomajor problems facing foreign language teaching inJapanese universities: insufficient school hours and lowmotivation of learners. The Common European Frame-work of Languages emphasizes the implementation ofself-directed learning as lifelong education, not as anapproach to training in educational institutions, based onthe assumption that the learner does not possess suffi-cient skills for self-directed learning and self-directed lear-ning must be done in an environment where theindependent learner is able to make for him or her self alldecisions concerning learning. According to the theory ofmotivation developed by Deci and Ryan, autonomy pro-motes motivation: the more a learner learns in an auto-nomous way, the more motivated they become. Thus weconducted investigations on the skill level of self-directedlearning and motivation of students learning French inorder to establish whether the integration of self-directedlearning can bring about solutions to the problems ofinsufficient school hours and the weak motivation.

Contextualisation du CECR au Japon : pour un dialogue entre cultures éducativesLAURENCE CHEVALIER ..................................................... 105

Le CECR semble susciter des réactions assez diverses auJapon. Quoi qu’il en soit, étant devenu incontournabledans le domaine de la didactique des langues, la ques-tion s’est rapidement posée de savoir comment cetEuropéen pouvait s’adapter au contexte japonais, trèséloigné de ceux pour lesquels le Cadre a été pensé. Par-tant du principe que les options didactiques sont indis-sociables du contexte dans lequel elles évoluent, cetarticle s’interroge sur la recevabilité de certaines notionsdidactiques sous-tendant le CECR dans la culture édu-cative locale, où les pratiques d’enseignement véhicu-lent des représentations à première vue difficilementcompatibles avec les notions mentionnées. La confron-tation des unes et des autres en un dialogue entre cul-tures éducatives représente une étape nécessaire dansla réflexion sur la contextualisation du CECR au Japon.

Mots clés : culture éducative, contextualisation, CECR,yakudoku, représentations.

The Common European Framework (CEF) has beenreceived in Japan with a variety of reactions. Nonethe-less, as it is a major work in the field of language tea-ching and learning, the question of its possibleadaptation to the Japanese context, which is very diffe-rent from that for which the CEF was created, wasquickly raised. Bearing in mind the principle that tea-ching methodologies cannot be dissociated from thecontext in which they are practiced, this paper considersthe way a certain number of didactic notions, all centralto the CEF, are integrated into the local educational cul-ture, where teaching practices carry representations thatseem hardly compatible with them. As a consequence,a bringing together of these notions with local teachingpractices and representations, in the form of a dialoguebetween two educational cultures, appears to be anecessary step for a better understanding of how bestto contextualize the CEF in Japan.

Les prises de parole difficiles chez les apprenantsvietnamiens : Vers un enseignement contextualiséde la communicationDIEP KIEN VU ............................................................... 113

Les apprenants vietnamiens éprouvent beaucoup de dif-ficultés à s’adapter à des stratégies d’apprentissage detype communicatif. Face à ces apprenants qui, influencéspar leur contexte culturel et institutionnel, limités parleurs habitudes d’apprentissage, sont donc mal préparésà une attitude active, les nouveaux courants méthodolo-giques européens se révèlent d’une fonctionnalité peuévidente. Cet article tentera d’expliquer les blocages desapprenants vietnamiens par l’influence de leur culture

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traditionnelle (influence du confucianisme, notion de collectivité, question de face, relation enseignant-apprenant…) et de proposer, pour encourager leursprises de parole, une démarche plutôt éclectique quidevrait préconiser la contextualisation et la prise encompte des particularités culturelles des apprenants.

Vietnamese students nowadays often deal with manydifficulties to adapt to the communicative methods. Forthese learners who are influenced by their cultural andinstitutional context, and limited by their training prac-tice, it is very hard to integrate their active attitudes tosuch the methods. As a result, the new current Europeanlearning methods seem not to be effective. This articlewill try to explain the constraints of Vietnamese learnersto those methods in term of Confucian influences, com-munity concepts, face question and teacher-studentrelationships… and propose, to encourage their com-municative skills, an eclectic method which takes thecontextualization and Vietnamese cultural characteris-tics into consideration.

La perspective actionnelle en contexte coréen :difficultés, enjeux et exploitations pour une adaptationDONG-YEOL PARK .......................................................... 120

Cette étude aborde deux aspects de la réception de laperspective actionnelle privilégiée par le CECR dans lecontexte coréen, contexte très éloigné des pays pour les-quels cette perspective a été conçue. L’auteur de cetarticle présente, dans un premier temps, le contexte de laréception de cette perspective dans l’environnement par-ticulier de l’enseignement du français en Corée du Sud, desorte à expliquer des difficultés socioculturelles et éduca-tives. Dans un deuxième temps, il se focalise, selon l’angledu praticien sur le terrain coréen, sur les enjeux pourcontextualiser cette perspective et l’exploiter dans le butde stimuler la motivation des apprenants et de répondreaux divers problèmes structuraux du milieu éducatif.

This study looks at two aspects of the reception of theaction-based approach favored by the CECR in theKorean context where this perspective has rarely beendeveloped or applied. First, it presents the context ofthe reception of this perspective in a unique environ-ment of teaching French in Korea in order to explainsocio-cultural and educational difficulties. Next, itfocuses on issues to contextualize the action-basedapproach and its exploitation in order to stimulate lear-ner’s motivation and cope with various structural pro-blems in an educational environment

CECR et « prise de conscience interculturelle » :une définition pour les étudiants japonais de français MARIKO HIMETA ............................................................. 131

Le CECR classe la « prise de conscience interculturelle »parmi les savoirs plutôt que les savoir-être. Or, si

l’apprenant lui-même parvient à prendre en compte sasubjectivité dans sa définition de la relation entre la culture cible et la sienne, cette capacité ne peut-elle pasêtre reconnue comme une « prise de conscience inter-culturelle » ? L’article présente un outil en cours d’éla-boration, susceptible de favoriser le développement decette compétence, ainsi que les sous-compétencesdécouvertes, au fil des expérimentations, chez les utili-sateurs-étudiants japonais de français.

CECR et contexte chinois : regards croisésDAVID BEL, XU YAN ........................................................ 140

Cet article se propose de mettre en valeur les points com-muns et surtout les points de divergence entre les diffé-rents aspects du Cadre et la réalité de l’enseignement/apprentissage du FLE en Chine par un jeu de regardscroisés. Au delà des comparaisons, convoquer le Cadredans le contexte chinois peut avoir une force explicativeou, à tout le moins, descriptive, de ce dernier aussi inat-tendue que pertinente. Les auteurs s’appuient sur diffé-rentes sources d’informations (revue de la littérature,connaissance du terrain) ainsi que sur la présentationd’une enquête sur l’utilisation possible des niveaux deréférence et les enseignements tirés de la mise en placed’une formation calée sur le CECR dans une universitédu sud du pays, l’Université Normale de Chine du Sud,tous deux constituant les premières tentatives réelles decontextualisation du CECR en Chine.

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Six remarques autour et au-delàde la contextualisation du CECRHENRI BESSE .................................................................. 150

Il s’agit de rappeler quelques faits et évidences parfoisoubliés quand on parle de la « contextualisation » duCECR hors de cette Europe pour laquelle cet ouvrage ad’abord été conçu, ce qui revient à l’inscrire dans un cadre,d’ordre historique et épistémologique, plus large queceux généralement adoptés par les contributions à cenuméro. Cadre précisé en six remarques portant : 1) sur lanotion de « contextualisation » telle qu’elle est utilisée endidactique des langues ; 2) sur le contexte institutionneldans lequel le CECR a d’abord été conçu ; 3) sur le dis-cours didactique même qui le constitue ; 4) sur sa traduc-tion dans d’autres langues que celles du Conseil del’Europe ; 5) sur la question de savoir s’il faut adapter leCECR aux différents contextes dans lesquels on l’implante,ou bien ajuster ces contextes, autant qu’il est possible, au

CECR ; 6) sur le passage d’un monolinguisme-culturalismenational, dominant en Europe depuis plus d’un siècle, à uncertain plurilinguisme-culturalisme transnational mieuxadapté au monde actuel.

Mots clés : contextualisation, Conseil de l’Europe, Communauté européenne, discours des méthodes,monolinguisme-culturalisme national, plurilinguisme-culturalisme transnational

The object of this paper is to recall a number of facts andself-evident truths which are sometimes forgotten whenthe contextualisation of CECR is discussed outside ofEurope, for which the present work has primarily beenintended. It falls in other words in a wider epistemologi-cal and historical framework than is generally the casewith the contributions in the present issue. Six remarksclarify this further. They bear on 1) the notion of contex-tualisation as used in the didactics of languages; 2) theinstitutional context within which CECR first appeared;3) the very discourse which constitutes it; 4) its translationin languages other than those of the Council of Europe;5) whether CECR should be adapted to the variouscontexts where it is introduced, or, conversely, whetherthose contexts should be adapted inasmuch as possibleto CECR; 6) the shift from the century-old national mono-linguilism-monoculturalism currently predominant inEurope to a certain transnational multilingualism-multi-culturalism better adapted to the present world.

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Les enquêtes sociolinguistiques au serviced’une diffusion optimale du françaisFRÉDÉRIC MAZIÈRES..........................................................164

Dans cet article, nous démontrons qu’il y aurait desavantages à mettre en place, dans les lycées français (oudans les Alliances françaises), des enquêtes sociolin-guistiques dont les résultats pourraient contribuer à laconception des politiques et des planifications linguis-tiques de la France et des pays francophones.

Mots clés : diffusion du français, analyse systémique,enquêtes sociolinguistiques, planifications linguistiques

In this article, we demonstrate that there would haveadvantages to set up in French High Schools (or in FrenchAlliances) sociolinguistic surveys, the results of witchcould contribute to the conception of policies and lin-guistic planning of France and French-speaking countries.

Varia

APPEL À CONTRIBUTIONS

La revue Le français dans le monde – Recherches et applications invite les jeunes chercheurs à soumettre des articlesoriginaux. Ceux-ci seront évalués de manière anonyme par le comité de lecture pour une publication dans larubrique Varia. Les articles proposés, qui ne seront pas des résumés de thèse, seront ancrés dans le champ de ladidactique des langues et devront répondre aux critères d’un article scientifique du domaine.

Les articles sont à envoyer aux coordinateurs de la rubrique Varia :

Pierre Dumont : [email protected]

Pierre Martinez : [email protected]

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