approche centrée patient

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    Interet et limites de lApproche Centree sur le Patientdans une Demarche Educative vis-a-vis du patient

    diabetique de type 2 en medecine generale. Approchephenomenologique exploratoire (etude DEADIEM)

    Alain Moreau

    To cite this version:

    Alain Moreau. Interet et limites de lApproche Centree sur le Patient dans une Demarche

    Educative vis-a-vis du patient diabetique de type 2 en medecine generale. Approchephenomenologique exploratoire (etude DEADIEM). Education. Universite Claude Bernard- Lyon I, 2013. French.

    HAL Id: tel-01027772

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01027772

    Submitted on 22 Jul 2014

    HAL is a multi-disciplinary open access

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    destinee au depot et a la diffusion de documents

    scientifiques de niveau recherche, publies ou non,

    emanant des etablissements denseignement et de

    recherche francais ou etrangers, des laboratoirespublics ou prives.

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    N dordre: 246 Anne 2013

    THESE DE LUNIVERSITE DE LYON

    Dlivre par

    LUNIVERSITE CLAUDE BERNARD LYON 1

    ECOLE DOCTORALE E2M2

    DIPLOME DE DOCTORAT

    (arrt du 7 aot 2006)

    soutenu publiquement le 5 dcembre 2013

    par

    M. Alain MOREAU

    Champ disciplinaire Mdecine Gnrale

    TITRE :

    Intrt et limites de lApproche Centre sur le Patientdans une DmarcheEducative vis--vis du patient diabtique de type 2 en mdecine gnrale

    Approche phnomnologique exploratoire (tude DEADIEM)

    Directeur de thse : Pr.Jean Franois MORNEX

    Jury :

    Mme le Pr. Martine LAVILLE Prsident du jury

    M. le Pr. Jean Franois MORNEX Directeur de thse

    M. le Pr. Etienne VERMEIRE Rapporteur externe

    M. le Pr. Grard BOURREL Rapporteur externe

    M. le Dr. Arnaud SIMEONE Membre du jury

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    UNIVERSITE CLAUDE BERNARD - LYON 1

    Prsident de lUniversit

    Vice-prsident du Conseil dAdministration

    Vice-prsident du Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire

    Vice-prsident du Conseil Scientifique

    Directeur Gnral des Services

    M. Franois-Nol GILLY

    M. le Professeur Hamda BEN HADID

    M. le Professeur Philippe LALLE

    M. le Professeur Germain GILLET

    M. Alain HELLEU

    COMPOSANTES SANTE

    Facult de Mdecine Lyon EstClaude Bernard

    Facult de Mdecine et de Maeutique Lyon Sud

    Charles Mrieux

    Facult dOdontologie

    Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques

    Institut des Sciences et Techniques de la Radaptation

    Dpartement de formation et Centre de Recherche en

    Biologie Humaine

    Directeur : M. le Professeur J. ETIENNE

    Directeur: Mme la Professeure C. BURILLON

    Directeur : M. le Professeur D. BOURGEOIS

    Directeur: Mme la Professeure C. VINCIGUERRA

    Directeur : M. le Professeur Y. MATILLON

    Directeur : M. le Professeur P. FARGE

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    COMPOSANTES ET DEPARTEMENTS DE SCIENCES ET TECHNOLOGIE

    Facult des Sciences et Technologies

    Dpartement Biologie

    Dpartement Chimie Biochimie

    Dpartement GEP

    Dpartement Informatique

    Dpartement Mathmatiques

    Dpartement Mcanique

    Dpartement Physique

    Dpartement Sciences de la Terre

    UFR Sciences et Techniques des Activits Physiques et Sportives

    Observatoire des Sciences de lUnivers de Lyon

    Polytech Lyon

    Ecole Suprieure de Chimie Physique Electronique

    Institut Universitaire de Technologie de Lyon 1

    Institut Universitaire de Formation des Matres

    Institut de Science Financire et d'Assurances

    Directeur : M. le Professeur F. DE MARCHI

    Directeur : M. le Professeur F. FLEURY

    Directeur : Mme le Professeur H. PARROT

    Directeur : M. N. SIAUVE

    Directeur : M. le Professeur S. AKKOUCHE

    Directeur : M. le Professeur A. GOLDMAN

    Directeur : M. le Professeur H. BEN HADID

    Directeur : Mme S. FLECK

    Directeur : Mme la Professeure I. DANIEL

    Directeur : M. C. COLLIGNON

    Directeur : M. B. GUIDERDONI

    Directeur : M. P. FOURNIER

    Directeur : M. G. PIGNAULT

    Directeur : M. C. VITON

    Directeur : M. A. MOUGNIOTTE

    Administrateur provisoire : M. N. LEBOISNE

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    Remerciements

    A M. le Pr Jean Franois Mornex qui ma fait confiance et soutenu pour ce travail.

    A Mme la Pr Martine Laville qui a bien voulu accepter la prsidence de ce jury.

    A M. Arnaud Simone pour ses conseils aviss.

    A M. le Pr Etienne Vermeire, qui ma form lanalyse qualitative et bien aid structurer

    ce travail.

    A M le Pr Grard Bourrel qui ma fait connatre lapproche phnomnologique.

    Je les remercie chacun chaleureusement davoir accept de participer ce jury pour valuer

    mon travail.

    Je tiens tout particulirement remercier ceux qui ont particip ce travail.

    En tout premier lieu, Pierre Eric Danion qui a test DEADIEM et en fait sa thse de

    mdecine.

    Marie France Le Goaziou , ma complice dans cette aventure doctorale initie en 2007.

    Emmanuelle Barraud, Marie Flori, Gilbert Souweine qui ont aussi particip activement

    cette tude.

    Nadir Kellou, Marion Lamort Bouch et Irne Supper, pour leur relecture de larticle de

    synthse ACP pour la revue exercer , nos chefs de clinique du DMG qui reprsentent

    lavenir de notre discipline.

    Rmy Boussageon, Marc Chanelire, Christian Dupraz, Corinne Perdrix et Christophe

    Pigache pour leur aide et relecture de la synthse ACP dans exercer .

    Ce travail naurait jamais pu se faire sans le soutien de toute lquipe du DMG de Lyon .

    Et puis surtout un grand Merci Elisabeth pour son soutien.

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    Rsums

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    TITRE

    Intrts et limites de lApproche Centre sur le Patientdans une Dmarche Educative vis--

    vis du patient diabtique de type 2 en mdecine gnrale. Approche phnomnologiqueexploratoire(tude DEADIEM).

    ___________________________________________________________________________

    RESUME

    LApproche Centre Patient (ACP) permet sur le plan conceptuel la ralisation dune

    dmarche ducative vis--vis du patient diabtique de type 2. Mais la question de son

    fonctionnement se pose en pratique clinique de mdecine gnrale. Dans le cadre dune tude

    exploratoire qualitative phnomnologique, une Dmarche Educative DEADIEM a t teste

    auprs de 10 patients diabtiques de type 2 inclus par 5 mdecins gnralistes pour encomprendre son fonctionnement. Cette dmarche comprenait lexploration de la perspective

    du patient, ce qui est VRAI (Vcu, Reprsentation, Attentes, Important) pour lui, une

    dmarche explicative, des conseils hygino-dittiques adapts et un objectif de

    comprhension commune avec le mdecin avec valuation 3 mois de ses rsultats. En

    confrontant les donnes du discours avec les modles transthorique et transactionnel par

    procdure de triangulation thorique, cette dmarche a corrobor une dynamique dadaptation

    coping , des processus exprientiels et comportementaux favorisant ou pas des

    changements. Les mdecins traitants ont t sollicits pour parler de leur perception de la

    relation. Ltude a illustr linteraction symbolique qui existe entre des reprsentations

    personnages que chacun se fait de l'autre et qui peuvent bloquer ou faciliter la relation et la

    comprhension commune. Les mdecins traitants ont pu exprimer de manire raliste leurs

    limites et les difficults de la relation transfrentielle. A lissu de cette tude, lACP, enrichi

    par dautres modles, est apparue comme un processus thrapeutique systmique qui peut tre

    accessible tout mdecin gnraliste, enseignable et faire lobjet de travaux de recherche

    complmentaires.

    __________________________________________________________________________

    DISCIPLINE : Sciences Mdicales

    DOMAINE : Mdecine Gnrale, Sant Publique__________________________________________________________________________

    MOTS-CLES : Approche Centre Patient, Education Thrapeutique, Diabte de type 2,

    Mdecine Gnrale, Recherche qualitative phnomnologique

    ___________________________________________________________________________

    INTITULE ET ADRESSE DE L'U.F.R. OU DU LABORATOIRE :

    UMR 754 Rtrovirus, Evolution et Cancer INRA-ENVL-UCBL

    50 av Tony Garnier 69007 Lyon

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    TITLE

    Relevance and limits of Patient Centered Approach in Therapeutic type 2 Diabetic Patient

    Education in general practice. Exploratory Phenomenological qualitative research DEADIEM

    ___________________________________________________________________________

    ABSTRACT

    The Patient Centered Approach (PCA) allows, on the conceptual level, to undertake an

    educative counseling program for type 2 diabetic patients. The question of its efficiency

    remains unclear in everyday general practice. In the setting of an exploratory

    phenomenological qualitative research DEADIEM, an experiential educative counseling

    based on a patient centered care model, was tested on a population of ten type 2 diabetic

    patients selected by five general practitioners to understand it s functioning. This study

    investigated the patients perspective, their real experience, beliefs, expectations, preferences.

    An explanatory procedure and adapted hygieno-dietetic counseling was proposed together

    with an objective of common ground between patient and practitioner. The results were

    evaluated after three months. By triangulating data extracted from the patients transcript

    with other trans theoretical model and transactional models, the study revealed coping

    dynamic, experiential and behavioral processes which favoured or not changes. General

    practitioners were asked to express their perception of the physician patient relationship. The

    study illustrated the symbolic interaction existing between the personal fronts

    representations that anyone has about others that may block or facilitate relation and common

    understanding. GPs have been able to express in a realistic way their limits and the difficulties

    of transferential relationship. At the end of the study, PCA, enriched by other modelsappeared as a systemic therapeutic process that can be of ready access to any GP, can be

    taught and must be the subject of further research.

    ___________________________________________________________________________

    KEY WORDS : Patient Centered Care, Therapeutic Patient Education, Type 2 Diabetes,

    General Practice, Phenomenological qualitative research

    ___________________________________________________________________________

    INTITULE ET ADRESSE DE L'U.F.R. OU DU LABORATOIRE :

    UMR 754 Rtrovirus, Evolution et Cancer INRA-ENVL-UCBL

    50 av Tony Garnier 69007 Lyon

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    Publications et communications

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    Revues internationales

    Moreau A, Carol L, Dedianne MC, Dupraz C, Perdrix C, Lain X, Souweine G. What

    perceptions do patients have of decision making (DM)? Toward an integrative patient-centered care model. A qualitative study by focus group interviews. Patient Education and

    Counseling 2012;87: 206211.DOI: 10.1016/j.pec.2011.08.010

    Moreau A, Aroles V, Souweine G, Flori M, Erpeldinger S, Figon S, Imbert P, Denis A, IwazJ, Riou JP, Ploin D.Patient versus general practitioner perception of problems with treatment

    adherence in type 2 diabetes: from adherence to concordance. Eur J Gen Pract.

    2009;15(3):147-53.

    Revues nationales

    Moreau A, Supper I. Effets des interventions ducatives sur la sant des patients diabtiquesde type 2. Revue de littrature. Exercer 2011; 99 (22):191-200.

    Moreau A, Boussageon R, Girier P, Figon S. Efficacit thrapeutique de leffet mdecinen soins primaires. Presse Med 2006;35:967-73.

    Moreau A, Dedianne MC, BornetSarassat L, Hauzanneau P, Labarre J, Terra JL. Attente etperception de la qualit de la relation entre mdecins et patients. Rev Prat Med Gen

    2004 ;674/675:1495-1498.

    Moreau A, Flicioli P, Senez B, Le Goaziou MF. Evaluation de la qualit de vie desdiabtiques (Etude QUODIEM Qualit de vie et Observance de Diabtiques de type 2 en

    Mdecine gnrale). Rev Prat Med Gen 2003;609 :520-24.

    Communications orales

    Moreau A, Danion PE, Simone A. Processus de changement de comportement et acquisition

    de comptences lors dune dmarche ducative dapproche centre patient chez des patientsdiabtiques de type 2. Poster comment Congrs Sant Education de lAFDET (Association

    Franaise pour le dveloppement de lducation thrapeutique) Paris 7-8 fvrier 2013.

    Moreau A, Danion PE, Simone A. Quelles acquisitions de comptences et changement decomportement se construisent lors dune dmarche ducative dApproche Centre Patient

    chez des patients diabtique de type 2 en mdecine gnrale? Communication Orale 12

    Congrs du Collge national des gnralistes enseignants. Lyon, 2012.

    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19883146http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19883146http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19883146http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19883146http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19883146
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    Chapitre de livre

    Moreau A, Boussageon R. Leffet nocebo: prise en charge par approche centre sur le

    patient. In : Maire P, Boussageon R (dir). Nocebo, la toxicit symbolique. CollectionThriaka Lyon J Andr diteur 2010, p 119-128.

    Moreau A. Leffet mdecin lheure de lEBM. In Maire P, Boussageon R. Placebo, leremde des remdes collection thriaka Lyon J Andr diteur 2008, p 81-87.

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    Liste des abrviations

    ACP : Approche Centre patient

    CEST : Cognitive-Experiential Self-Theory of Personality

    CNGE : Collge des Gnralistes Enseignants

    DEADIEM : Dmarche Educative d'ACP dans le DIabte de type 2 En Mdecine gnrale

    DMG : Dpartement de Mdecine Gnrale

    DMP : Dcision Mdicale Partage

    DT1 : Diabte de type 1

    DT2 : Diabte de type 2

    ECR : Essai Clinique Randomis

    FG : Focus Group

    FRCV : Facteur de Risque Cardio-Vasculaire

    HBM :Health Belief Model

    HTA : Hypertension Artrielle

    LCI : Lieu de Contrle Interne LCE : Lieu de Contrle Externe

    MG : Mdecine Gnrale

    MTT :Modle TransThorique

    QDV : Qualit De Vie

    RA : Risque Absolu RR : Risque Relatif

    RCC : Relationship Centred Care

    RMM : Relation Mdecin Malade

    RPC : Recommandation pour la Pratique Clinique

    SEP : Sentiment dEfficacit Personnelle

    SNA : Systme Nerveux Autonome

    SR : Systme Rationnel cognitif conscient

    SE :Systme Exprientiel motionnel prconscient

    TAR (Thorie de lAction Raisonne ) TCP ( Thorie du Comportement Planifi)

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    Table des matires

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    Introduction .............................................................................................................................. 19

    Chapitre 1 : Le diabte de type 2, interventions ducatives et adhrence thrapeutique ......... 23

    Chapitre 2 : Comptence Approche Centre Patient ................................................................ 29

    Chapitre 3 : Cadrage thorique de l'tude ................................................................................ 33

    1. Lapproche phnomnologique et anthropologique......................................................... 35

    2. Education thrapeutique .................................................................................................... 36

    3. Modle Transthorique du changement ............................................................................ 39

    4. Sentiment defficacit personnelle .................................................................................... 44

    5. Modle transactionnel ( coping ) ................................................................................. 47

    6. Interactionnisme symbolique et le "Soi" .......................................................................... 50

    7. Modle Approche Centre Patient .................................................................................... 52

    Chapitre 4 : Approche Centre Patient : un concept adapt la prise en charge ducative du

    patient prsentant un diabte de type 2 .................................................................................... 55

    1. Explorer la perspective du patient en tant que personne et couter sa narration ........ 57

    2. Comprendre la personne dans sa globalit biopsychosociale, historique et son contexte 59

    2.1 Rflchir sur Soi ......................................................................................................... 59

    2.2 Approche globale biopsychosociale ............................................................................ 59

    3. Sentendre, trouver un terrain dentente-comprhension commun entre mdecin et patient

    ............................................................................................................................................... 61

    4. Mettre en valeur la relation et lalliance thrapeutique.................................................... 63

    4.1 La relation- rencontre interactionniste symbolique .................................................... 63

    4.2 Comptence professionnelle communication-relation et attitudes thrapeutiques ...... 64

    4.3 Faire vivre une exprience relationnelle et porter attention aux motions .................. 68

    4.4 Travailler sur le Soi et la personnalit ......................................................................... 694.5 Crer un environnement didactique et recadrer en position mta ......................... 69

    5. Valoriser la Promotion de la sant dans une optique de ralisation de Soi ................ 71

    6. Mdecin comme personne rflexive, raliste et thique ............................................. 72

    6.1 Pratique rflexive : entre raisonnement, rsonance et reconnaissance des mcanismes

    transfrentiels ..................................................................................................................... 72

    6.2 La gestion raliste de lACP dans le temps et la continuit des soins......................... 72

    6.3 Position thique du mdecin et ACP ........................................................................... 74

    7. Limites de lACP............................................................................................................. 76

    7.1 Que reprsente lACP en situation de pratique courante? .......................................... 76

    7.2 Quels sont les obstacles identifis par rapport la pratique ACP ? ............................ 76

    Chapitre 5 : Etude qualitative phnomnologique DEADIEM ................................................ 79

    1. Introduction ....................................................................................................................... 81

    2. Mthode ............................................................................................................................ 82

    2.1 Droulement de l'tude et inclusions des sujets de l'tude .......................................... 82

    2.2 Description de DEADIEM .......................................................................................... 83

    2.3 Population de ltude ................................................................................................... 85

    2.3.1 Contexte Bio mdical et sociodmographique des patients ................................ 85

    2.3.2 Caractristiques des mdecins traitants ayant inclus les patients ........................ 87

    2.4 Mthode danalyse des donnes.................................................................................. 88

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    2.5 Dmarches thiques et rglementaires ........................................................................ 89

    3. Rsultats ............................................................................................................................ 90

    3.1 Rsultats de lvaluation clinique de lintervention DEADIEM................................. 90

    3.1.1 Auto Evaluation de latteinte des objectifs de changements et satisfaction

    exprime par les patients 3 mois aprs lintervention.................................................. 90

    3.1.2 Evaluation Bio cliniques de lintervention.......................................................... 92

    3.1.3 Evaluation globale ............................................................................................... 92

    3.2 Rsultats de lAnalyse thmatique.............................................................................. 93

    3.2.1 La perspective du patient (Vcu-reprsentation-connaissances-attentes -

    prfrence) .................................................................................................................... 93

    3.2.2 Rflchir sur Soi, utiliser des processus dfensifs et coping ............................... 97

    3.2.3 Processus cognitivo-motionnels exprientiels de changement .......................... 99

    3.2.4 Processus comportementaux de changement ................................................... 102

    3.2.5 Impact sur lobservance.................................................................................... 105

    3.2.6 Interaction terrain dentente, comprhension commune, concordance,

    alliance thrapeutique reprsentations personnages ............................................. 106

    3.2.7 Perceptions de la relation thrapeutique par les mdecins traitants .................. 108

    3.2.8 Mdecin en tant que personne ........................................................................... 109

    Rflexivit, Rsonance motionnelle et transfrentielle ............................................ 109

    Ralisme ..................................................................................................................... 109

    Questionnement sur le sens ........................................................................................ 109

    Validation member checking ............................................................................... 109

    Chapitre 6 : Triangulation des donnes de DEADIEM .......................................................... 113

    1. Triangulation des donnes avec le MTT et le SEP ......................................................... 117

    1.1 Processus exprientiels et comportementaux ............................................................ 117

    1.2 Prendre en compte le concept de Soi, le sentiment defficacit personnelle (SEP) et la

    conscience de Soi ............................................................................................................. 119

    2. Triangulation des donnes avec le modle transactionnel .............................................. 120

    3. Triangulation avec le modle interactionniste symbolique ............................................ 122

    Chapitre 7 : Proposition de modlisation de lACPcomme systme thrapeutique intgrateur

    dautres modles ..................................................................................................................... 127

    Chapitre 8 : Discussion .......................................................................................................... 133

    1. Rsum des principaux rsultats ..................................................................................... 135

    2. Points forts de cette tude ............................................................................................... 135

    3. Limites et biais de l'tude ................................................................................................ 136

    3.1 Biais d'investigation li au chercheur ........................................................................ 136

    3.2 Biais dchantillonnage............................................................................................. 136

    3.3 Biais de recrutement .................................................................................................. 1373.4 Biais d'interprtation (Fiabilit, validit, crdibilit)................................................ 137

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    4. Perspective de recherche ................................................................................................. 139

    Conclusion .............................................................................................................................. 141

    Bibliographie .......................................................................................................................... 145

    Annexes .................................................................................................................................. 155

    Annexe 1: Intervention DEADIEM .................................................................................... 157

    Annexe 2 : Analyse thmatique patient .............................................................................. 160

    Annexe 3: Analyse thmatique Mdecin ............................................................................ 180

    Annexe 4: Analyse illustrative de la dynamique intgrative de lACP autour du cas de Mr

    D .......................................................................................................................................... 192

    Annexe 5 Synthse par patient des facteurs favorables ou limitant les changements ....... 195

    Annexe 6 : Publications et avis comit dthique............................................................... 199

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    Tout mdecin doit rflchir sa fonction soignante dont lobjectif est de gurir le malade.

    Les anglais possdent 3 mots pour dcrire cette ralit complexe du soin et de la gurison :

    Cure- Care -Heal (1). Les avances de la mdecine scientifique (Evidence Based

    Medecine EBM) ont permis de trouver des remdes efficaces mdicamenteux, gestes

    chirurgicaux ou dispositifs mdicaux curatifs contre la maladie qui soignent pour gurir

    dfinitivement le corps (Cure). LEBM a permis de mettre en vidence des facteurs de

    risques de maladie que toute personne peut viter en prenant soin de soi et en faisant attention

    sa sant (Care). Comme tout nest pas gurissable, la mdecine peut aussi soigner en

    soulageant et cicatrisant les souffrances et les blessures de la vie de toute personne (Heal). Le

    Curing est plus centr sur la maladie. Le Caring et le Healing sont plus centres

    sur la personne.

    LEBM reprsente lidal valid de la perspective biomdicale mais nest pas toujours adapt

    au contexte psychosocial dune personne et ses perspectives auxquelles elle se confronte.

    Les populations incluses dans les ECR de lEBM ne sont pas forcment reprsentatives despopulations de patients complexes et poly pathologiques que lon rencontre en mdecine

    gnrale ambulatoire. Le conflit entre la subjectivit du patient qui raconte sa maladie et

    lobjectivit recherche par le mdecin peut tre un obstacle une pratique mdicale

    efficiente(2).

    Pour valoriser ces 2 dimensions Caring et Healing de la fonction soignante et mieux

    les articuler avec la dimension Curing , a t cr le concept dApproche Centre sur le

    Patient (ACP) reconnu internationalement ( Patient Centered Approach )(3). Il fait lobjet

    dun travail de recherche abondant et donc dune littrature abondante. Le mot mesh

    Patient Centered Care introduit dans la base de donnes Pubmed retrouve plus de12000 citations.

    La prise en charge dun patient diabtique de type 2 fournit une situation clinique qui permet

    de mettre en jeu les 3 dimensions de la fonction soignante du mdecin gnraliste telle que

    nous lavons dfinie prcdemment (curing, caring et healing).

    Les mdecins sont bien forms aux soins curatifs qui impliquent des remdes mdicamenteux

    ou gestes techniques quils ont la capacit prescrire et mettre en uvre. Par contre les

    mdecins sont moins bien forms aux soins prventifs et psychothrapiques qui ncessitent

    une implication de leur part comme remde (4) et thrapeute instrument de la gurisondu patient en tant que personne dans sa globalit (1).

    LACP permet sur le plan conceptuel la ralisation dune dmarche dducation

    thrapeutique vis--vis du patient diabtique de type 2 thoriquement adapte aux

    comptences du mdecin gnraliste. Mais la question de son ct oprationnel se pose.

    Comment le modle ACP fonctionne-t-il en tant que dmarche thrapeutique ducative de

    mdecine gnrale en pratique clinique ?

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    22

    Une deuxime question se pose. Comment peut-on comprendre sa pertinence, sa logique

    interne et sa cohrence en tant que processus thrapeutique ?

    Pour mieux comprendre le fonctionnement du modle ACP en mdecine gnrale, nous avons

    voulu, dans une perspective phnomnologique, crer une situation exprientielle proche

    de la pratique clinique en vraie vie de dmarche ducative dACP, observer et analyser

    les processus thrapeutiques luvre dans cette prise en charge chez les patients. Dans une

    perspective interactionniste, nous avons souhait pouvoir nous entretenir avec les mdecins

    traitants sur la perception de leur relation avec ces patients et de leur point de vue sur la

    dmarche ducative de faon mieux comprendre ce qui se passe dans le processus

    thrapeutique relationnel.

    Cette tude a donc deux objectifs :

    Lobjectif principal est dobserver de manire exprimentale et phnomnologique une

    dmarche ducative dACP en mdecine gnrale auprs de patients diabtiques de type 2 etrecueillir les perceptions des mdecins traitants sur leur relation avec ces patients pour

    comprendre les modalits de fonctionnement du modle ACP.

    L'objectif secondaire est de confronter ce modle ACP dautres modles pour mieux

    comprendre sa propre dynamique en tant que processus thrapeutique, lenrichir et proposer

    une modlisation, source d'enseignement dans une approche par comptence.

    Cette tude est exploratoire car elle vise mieux dfricher en quoi lACP peut tre un

    modle utile la pratique clinique des mdecins gnralistes, lenseignement des futurs

    mdecins et la recherche pour amliorer la fonction soignante et les rsultats cliniques despatients.

    Nous commencerons cette thse par un rappel sur le diabte de type 2 comme contexte de

    soins(chapitre 1), puis nous continuerons sur les enjeux de lACP en terme de comptence

    professionnel (chapitre 2). Le cadrage thorique de la thse(chapitre 3) concernera les

    modles qui peuvent interpeller le modle ACP. Il sera suivi dun article synthtique sur

    lACP(chapitre 4) comme concept adapt la prise en charge ducative du patient diabtique

    de type 2 avec ses limites partir dune revue de la littrature (soumis publication). Nous

    aborderons ensuite ltude qualitative phnomnologique exploratoire DEADIEMproprement

    dite (chapitre 5) que nous confronterons avec les modles du cadrage thorique dans le cadre

    dun travail de triangulation (chapitre 6). Ce travail a pu dboucher sur une proposition de

    modlisation de lACP comme systme thrapeutique (chapitre 7). Nous discuterons enfin des

    rsultats principaux, des points forts et des limites de cette tude ainsi que des perspectives de

    recherche qui peuvent sen dgager (chapitre 8) avant de conclure cette thse.

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    Chapitre 1 : Le diabte de type 2, interventions ducatives etadhrence thrapeutique

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    25

    Le Diabte de Type 2 (DT2) est un problme majeur de sant publique en France avec une

    prvalence estime autour de 4 % de la population (5).

    Ce syndrome multifactoriel associe des facteurs gntiques de formes polygniques

    (rarement mono gniques : 10% type MODY) des facteurs environnementaux (excs

    pondral, sdentarit) qui le favorisent et sur lesquels on peut agir.

    1) Sur le plan physiologique, linsuline intervient sur les 3 mtabolismes:

    Glucidique par captation du glucose au niveau musculaire, synthse du glycogne,

    meilleure utilisation du glucose par glycolyse et oxydation du glucose.

    Lipidique par inhibition de la lipolyse (diminution des Acides Gras Libres AGL) et

    stimulation de la lipogense partir du glucose.

    Protique par stimulation de la synthse des protines hpatiques et musculaires en

    rduisant leur catabolisme.

    2) Sur le plan physiopathologique,.

    Les altrations ne porteraient pas sur les gnes cls de laction de linsuline mais sur la

    rgulation nutritionnelle de lexpression de ces gnes (6).

    Une altration de la sensibilit linsuline des cellules des tissus adipeux, hpatiques et

    musculaires contribue ce quon appelle linsulinorsistance (7)(8). Au niveau du muscle, il y

    a une diminution de lutilisation du glucoseavec une diminution de la synthse du glycogne

    et de loxydation du glucose. Au niveau de ladipocyte, il y a une rsistance linhibition dela lipolyse qui, associe limportance de la masse adipeuse, entrane une augmentation des

    AGL dans le sang. Ces dAGL, capts par le muscle, entre en comptition avec loxydation

    du glucose (effet Randle). Les AGL stimulent la synthse des triglycrides , alors que le

    glycrol issu de la lipolyse stimule la production de glucose dorigine hpatique.

    Lobsit surtout abdominale est associe un tat inflammatoire avec production de

    cytokines adipokines libres par le tissu adipeux alors que ladiponectine est abaisse

    (protine amliorant la sensibilit linsuline). Des perturbations du mtabolisme du cortisol

    (antagoniste de linsuline) interviendraient aussi dans linsulinorsistance. Chez le patient

    diabtique, il existe une absence de compensation de linsulinorsistance par le pancras(alors quelle existe chez lobse non diabtique)

    Une altration de la scrtion dinsuline intervient aussi. Linsuline est secrte ltat basal

    de manire discontinue pulsatile avec des oscillations priodiques rapides (10-15 min) et plus

    lentes (60-120 min). Chez le diabtique, il y a diminution de la scrtion oscillatoire rapide

    entranant lhyperglycmie postprandiale en particulier et surtout une altration du 1er

    pic

    dinsulino-scrtion. On retrouve donc une altration la fois quantitative et qualitative de la

    scrtion dinsuline. Il y a enfin une dtrioration des cellules bta de Langerhans du pancras

    par glucotoxicit lie lhyperglycmie chronique et lipotoxicit lie llvation des

    triglycrides et AGL.

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    26

    Par ailleurs, lhyperglycmie chronique entrane une glucotoxicit responsable de la micro

    angiopathie au niveau du rein, de la rtine et du nerf.

    Le syndrome mtabolique prcde souvent le diabte de type 2. Il associe une dyslipidmie

    (avec baisse du HDL < 0.4 et une augmentation des triglycrides), une HTA, une intolrance

    au glucose (entre 1.1 et 1.25) et une obsit androde (TT >102 chez lhomme et >88 cm chez

    la femme). Il favorise linsulinorsistance.

    3) Quelles consquences en pratique sur le plan hygino-dittique ?

    Agir sur le mode de vie en luttant contre la sdentarit et en proposant un quilibre dittique

    permet de diminuer linsulinorsistance. Lactivit physique facilite un captage de glucose

    non insulinodpendant par le muscle. La rduction des lipides consomms diminue le taux

    dAGL favorisant ainsi une diminution rapide de linsulinorsistance. Leur rductionprolonge concourt la perte de poids qui diminue aussi linsulinorsistance avec des

    rsultats moins rapides. La consommation des lgumes verts, fruits et lgumineuses ralentit

    labsorption des glucides et lipides attnuant la raction hyperglycmique post prandiale.

    Le traitement du diabte ncessite donc une prise en charge dittique et la promotion de

    lactivit physique qui impliquent le patient dans des changements de comportement et des

    acquisitions de comptences. A cette prise en charge hygino-dittique, sassocie le plus

    souvent la prise mdicamenteuse. La prise en charge thrapeutique du patient diabtique va

    donc faire intervenir la globalit de la fonction soignante du mdecin (Cure, Care et Heal)

    pour empcher lapparition des complications et sa consquence, une dgradation de la qualitde vie(9).

    4) Les interventions ducatives sont elles efficaces ?

    Plusieurs tudes ont montr lintrt dintervention dans le domaine hygino-dittique plus

    ou moins associ des mdicaments dans la prvention du DT2(10)(11). Ces interventions

    semblent au moins aussi efficaces que les interventions pharmacologiques. Dans une mta

    analyse de 13 ECR, la modification du mode de vie a abouti une rduction de lincidence du

    diabte denviron 50 %(12). Des conseils personnaliss(dittique et activit physique)

    permettent une prvention de la survenue dun diabte de type 2 chez des sujets ayant une

    intolrance au glucose (13). Des rsultats similaires ont t obtenus chez des patients en

    surcharge pondrale, ayant une hyperglycmie modre jeun. La modification du mode de

    vie ou lutilisation de la metformine associe des conseils dhygine de vie classiques sont

    plus efficaces que de simples conseils classiques isols dans la prvention ou lapparition du

    diabte de type 2 (14).

    Une revue de littrature rcente (15)a montr une efficacit des interventions ducatives sur

    lamlioration de lHbA1c (et ce dautant plus quil existe un dsquilibre glycmiqueimportant). Lamplitude de leffet de rduction de lHba1c varie de 0,3 % 1 %. La revue

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    constate lefficacit des interventions ducatives sur lacquisition de connaissances, la

    comprhension de la maladie, et la qualit de vie au moins court terme. Des Essais

    Cliniques Randomiss (ECR) rcents suggrent une efficacit des interventions ducatives

    cibles sur lactivit physique et la dittique. Les modles les plus efficaces reposent sur la

    participation du patient ( empowerment ) et le travail dapprentissage en groupe.

    Lducation doit se baser sur une relation collaborative pour en accroitre lefficacit. Les

    interventions effectues pendant une longue priode et des renforcements rguliers sont plus

    efficaces que des interventions ponctuelles. Le travail en quipe semble plus efficace. Il ne

    semble pas y avoir de diffrences entre professionnels sils sont forms pour cela.

    Les mdicaments sont un peu plus efficace sur lHba1c que les interventions ducatives(entre

    0.5 et 1.5 %)(16). Mais on peut penser que le rapport bnfice / risque reste en faveur des

    interventions ducatives par rapport aux mdicaments qui ne sont pas dnus deffets

    secondaires indsirables. On peut cependant noter que des effets indsirables potentiels

    comme lanxit ou la dpression par exemple ne sont jamais valus de manire formelledans les ECR qui valuent les interventions ducatives. Le manque dECR ne permet pas de

    conclure lefficacit des interventions ducatives sur des critres de jugement clinique de

    morbi-mortalit en soins primaires. Le seul ECR qui pouvait avoir la puissance ncessaire

    avec un suivi de plus de 5000 patients DT2 pendant 9 ans n'a pas montr l'efficacit d'une

    intervention sur le style de vie sur des critres de morbi-mortalit(17). Il en est de mme des

    mdicaments du diabte de type 2 qui nont pas fait la preuve de leur efficacit sur des critres

    de morbi-mortalit comme pour le metformine (18).

    5) Une adhrence problmatique

    Ladhrence du patient diabtique au projet thrapeutique laisse dsirer surtout dans sa

    dimension hygino-dittique qui demande des changements de comportement de la part du

    patient(19).

    Dans une tude transversale sur les difficults dadhrence des patients diabtique de type 2

    au traitement (20), 39 mdecins gnralistes (MG) ont inclus 521 patients de type 2 en rgion

    Lyonnaise et Grenobloise.17 % des patients avaient des difficults dadhrence

    mdicamenteuse, 42 % des difficults dadhrence activit physique et 62 % des difficultsdadhrence dittique. En cumulant ces 3 types de difficults dadhrence, 29 % des patients

    dclaraient ne pas avoir de difficults dadhrence, 31 % prsentaient des difficults

    dadhrence occasionnellement pour au moins un type de difficults dadhrence et 41 %, des

    difficults dadhrence frquentes pour au moins un type de difficults dadhrence. Il y avait

    concordance entre les difficults dadhrence exprimes par le patient et la perception quen

    avait le mdecin dans 70 % des cas. En analyse multi varie (modle de rgression

    logistique), 6 critres taient associs de manire significative des difficults dadhrence :

    patients diabtiques de type 2 plus jeunes, isols, dpressifs, ayant un vcu de contrainte dans

    la prise de mdicaments avec un dsquilibre glycmique (repr par lHbA1C) et une

    obsit.

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    Les causes des difficults dadhrence au traitement sont multifactorielles. On retrouve des

    raisons lies la perspective du patient vis--vis du traitement (vcu, croyances, priorits) ,

    la faon de prescrire du mdecin, la qualit de la relation-communication mdecin patient

    mais aussi des facteurs sociaux externes (21). On est pass de la notion dobservance-

    compliance connotation de soumission-obissance dans le cadre dune relation paternaliste

    la notion dadhrence et de concordance qui implique plus le patient dans une dcision

    partage avec le mdecin. Un nouveau concept merge actuellement la suite de recherches

    qualitatives qui explorent les perspectives des patients et leur intention adhrer au traitement

    (ou pas) et des recherches quantitatives qui quantifient les facteurs externes responsables des

    difficults dadhrence. Ce concept insiste sur le rle du professionnel comme soutien

    ladhrence du patient par un choix inform aprs avoir explor sa perspective sur son

    intention ou pas dadhrer ( informed choice and supportive adherence ) (22).

    Lamlioration de ladhrence au traitement pour prvenir des complications redoutables peut

    passer par une dmarche ducative dACP.La loi HPST (Art. L. 4130-1 du code de la santpublique) a reconnu le rle du gnraliste dans lducation pour la sant (23). Mais

    l'ducation thrapeutique ncessite des acquisitions de comptences aussi bien du ct patient

    que du ct mdecin. Le patient doit dvelopper son expertise dtre acteur de sa propre sant

    et le mdecin son expertise aider le patient dans ce sens en amliorant ses comptences.

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    Chapitre 2 : Comptence Approche Centre Patient

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    LACP fait partie des comptences reconnues des mdecins gnralistes en Europe(24). A la

    suite dun long processus qui a dmarr en 1974 Leeuwenhorst, lors de la Second

    European Conference on the Teaching of General Practice, la WONCA Europe a dfini les

    caractristiques de la discipline mdecine gnrale - mdecine de famille en 2002. Parmi

    celles-ci, on retrouve la capacit dvelopper une approche centre sur la personne dans

    ses dimensions individuelle, familiale, et communautaire . Ce concept ACP est cependant

    assez mal connu de la plupart des mdecins gnralistes dans une logique dapproche par

    comptence qui est une notion relativement rcente en France.

    A la suite du travail de la mission Evaluation des comptences professionnelles des

    mtiers de la sant au cours de laquelle a t labor un rfrentiel mtier et

    comptences des mdecins gnralistes(25), le Collge National des Gnralistes

    Enseignants (CNGE), collge acadmique de la discipline mdecine gnrale, a dvelopp

    une approche par comptence dans la formation initiale des futurs mdecins gnralistes.

    Une comptence est un savoir agir modulable, adaptable, pour aborder une situationclinique ou professionnelle authentique et complexe. (26) Etre comptent, cest mettre en

    uvre une pratique professionnelle pertinente, performante, contextualise en vue de rsoudre

    une situation problme en mobilisant des ressources personnelles (savoir, savoir faire, savoir

    tre) mais aussi des ressources externes quil faut combiner. Avoir des ressources est donc

    une condition ncessaire mais non suffisante pour tre reconnu comme comptent . Le

    rfrentiel mtier dtaille les activits et tches que doit effectuer le professionnel pour

    assurer un rle et une fonction dont les buts sont dfinis par la socit. En rsum, la

    comptence permet daccomplir des taches pour remplir un rleet une fonction soignante.

    Le CNGE a plac la Relation- Communication- Approche centre patient au sein dun modledit de la marguerite des comptences comme comptence centrale et transversale avec 5

    autres types de comptences. Deux autres ptales de la marguerite (la prise en charge globale,

    la gestion de la complexit, lducation, la prvention dpistage, sant individuelle et

    communautaire) font aussi partie du concept global de lACP(cf. schma). Mais le contenu

    de ces comptences reste flou et sujet discussion (27).

    Figure 1Marguerite des comptences en Mdecine Gnrale

    Premier recours

    Urgences

    Prise en charge

    Globale

    Complexit

    Continuit

    Suivi

    Coordination

    des soins autour

    du patient

    Education en sant

    Dpistage

    Prvention

    Sant individuelle

    &communautaire

    Relation

    Communication

    Approche centre

    patient

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    Pour dvelopper et apprcier les comptences mises en uvre, il faut confronter ltudiant ou

    le professionnel des situations problmes complexes et prototypiques. Le CNGE a dclin

    toutes ces comptences dans 16 situations cliniques illustrant au mieux la diversit de la

    pratique en mdecine gnrale. La prise en charge du patient diabtique de type 2 fait partie

    de ces 16 situations cliniques complexes prototypiques qui permettent dinfrer la comptence

    dun mdecin gnraliste si elles sont gres de manire pertinente(25).

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    Chapitre3 : Cadrage thorique de l'tude

    Lapproche phnomnologique de ltude se justifie par lobjectif de comprendre commentfonctionne ce modle ACP comme processus thrapeutique capable de faire changer des

    comportements de sant et donc damliorer des rsultats cliniques en situation de vraie

    vie et dexprience vcue. Nous avons besoin de connatre les diffrents concepts et

    modles qui permettent de comprendre ces processus de changement de comportement et leur

    pertinence comme processus thrapeutique. Pour ce faire, nous interpellerons le modle

    ducation thrapeutique, le modle transthorique de la motivation au changement, le modle

    socio cognitiviste du sentiment defficacit personnelle, le modle transactionnel dajustement

    ( coping ) de la psychologie de la sant et le modle relationnel interactionniste de la

    sociologie comprhensive et psychologie sociale. Nous dcrirons ensuite les basesconceptuelles de lACP et ses origines.

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    1.Lapproche phnomnologique et anthropologique

    A travers des symptmes, le mdecin cherche des signes pour construire un diagnostic de

    maladie et apporter une rponse thrapeutique adapte qui a t exprimente au mieux par

    des ECR (To cure). Le malade de son cot vit ses symptmes comme une exprience de la

    maladie travers des signes dont il cherche le sens. La dmarche phnomnologique consiste

    observer le sens immanent de lexprience du sujet dans une attitude douverture au prsent

    concret en train de se faire et dtre vcu(28). Lexprience est une rencontre entre nous

    et ce qui est , entre soi et le monde, qui est vcue comme une perception (Merleau-Ponty

    1964). La phnomnologie concerne aussi bien le domaine de lobservation clinique des

    phnomnes observs que la comprhension empathique de lexprience vcue par la

    personne et le sens quelle lui donne (29). Du ct des patients diabtiques, la perspective

    phnomnologique vise comprendre ce qui se cachent derrire les comportements en

    sant : Quelle perspective la personne a-t-elle de sa maladie ( au dpart sans symptme) et

    de sa prise en charge ? Comment la personne construit ses connaissances et ses

    comptences partir de sa rencontre avec son diabte ? Comment dveloppe t elle sa

    motivation changer (ou pas) ses comportements ? comment sadapte son diabte et

    selon quelle finalit ? Du ct mdecin, la perspective phnomnologique, au-del de la

    perspective biomdicale, sintresse la manire dont il peroit et comprend la problmatique

    du patient, sa relation et lalliance thrapeutique qui se construit au fil du temps avec ses

    difficults et ses limites partir de son exprience vcue.

    De manire convergente, lanthropologie mdicale est concerne par tout ce qui touche

    lexprience humaine et aux fondements de la culture, en particulier la souffrance humaine et

    les pratiques destines contrler les dsordres lis la maladie. Elle porte une attentionparticulire sur ce qui touche aux significations de la maladie et son vcu, le syndrome de

    lexprience... ensemble de paroles, de vcus et de sentiments qui de faon spcifique vont de

    pair au sein dune socit (30). Lide que la biomdecine est le reflet direct et objectif de

    lordre naturel en dehors de la culture est fortement remise en cause par lanthropologie et la

    sociologie en particulier dans sa dimension normative. Toute mdecine mle le rationnel

    lirrationnel, lattention au corps physique mais aussi aux proccupations morales touchant la

    maladie et la souffrance. Le travail de culture consiste transformer la misre humaine en

    maladie et souffrance et la contrer par lartde gurir . Lanthropologie sintresse aux

    rcits qui rorganisent lexprience de la maladie et les pratiques sociales qui influent sur le

    comportement et le ressenti.

    Le rel connaissable est un rel phnomnologique en activit et en interaction que chacun

    exprimente et se construit par la mdiation de reprsentations symboliques qui jouent un rle

    actif et interprtatif(31). Il ny a pas dopposition entre thorie (spculative et scientifique) et

    pratique (utilitaire et technicienne). Aprs tout, Newton a bien conu sa thorie de la

    gravitation en vivant lexprience dune pomme qui tombe

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    2. Education thrapeutique

    Selon lOMS, L'ducation thrapeutique du patient devrait permettre aux patients d'acqurir

    et de conserver les capacits et comptences qui les aide vivre de manire optimale leur vie

    avec leur maladie. Il s'agit, par consquent, d'un processus permanent, intgr dans les soins,

    et centr sur le patient (32). On peut aussi la dfinir comme une rencontre singulire entre

    un professionnel qui a ses modles, son rfrentiel et une personne qui a ses propres

    conceptions et perspectives dans une optique dlibrative dapprentissage(33). Lducation

    thrapeutique sadresse des personnes malades pour les aider bien grer leur maladie et

    leur traitement, prvenir les complications vitables et sadapter toute volution de la

    maladie, afin quil soit autonome. Cette ducation doit contribuer amliorer leur qualit de

    vie. Pour faciliter leur comprhension mutuelle, tant en matire de vcu de la maladie que de

    qualit de vie et de compliance thrapeutique, les changes entre acteurs de soins et personnes

    malades sont des atouts incomparables (34).

    Lducation pour la sant du patient vise une " culture de sant " en amont de la maladie qui

    sintresse aux comportements de sant et au mode de vie. Elle sinscrit dans une dmarche

    globale de promotion de la sant et intgre tous les niveaux de prvention (primaire,

    secondaire et tertiaire). L ducation thrapeutique du patient ( ETP) restreint le champ de

    lducation du patient au domaine de la thrapeutique, curative ou prventive. Elle fait partie

    intgrante de la fonction soignante(35).Mais ces deux types dducation ont un but commun :

    acqurir des comptences pour entretenir et dvelopper son capital sant (36)

    Lducation thrapeutique de manire clectique emprunte son mode de fonctionnement

    beaucoup de modles thrapeutiques. Mais dans le domaine de lapprentissage des

    comptences, elle sarticule principalement autour de 2 modles complmentaires (33) :

    Le modle cognitivo-comportemental de lapprentissage

    Lapproche cognitivo-comportementale favorise plutt la transmission des savoirs et des

    savoir-faire par exposition avec des variantes dadaptation en fonction des capacits

    cognitives du patient et de son contexte socioculturel. Lapprentissage par laction cognitivo-

    comportementale prend en compte la faon dont la personne traite linformation, sa

    motivation, ses croyances, la gestion des motions et des penses automatiques, le

    renforcement positif des russites, la rptition des comportements appris, le recours aux

    mtacognitions et lanalyse que le patient fait de son problme. Laction se situe dans unealliance thrapeutique, une interaction langagire et le rle mdiateur du professionnel.

    Lapprentissage vise modifier le mauvais comportement en vue dadopter le bon

    comportement, de favoriser ladhrence du patient une approche biomdicale objective. Les

    savoirs acquis et comptences sont cumulatifs. Les savoirs complexes sont constitus de

    savoirs lmentaires. Les objectifs atteindre sont progressifs. Il faut sexercer et mettre en

    application pour maitriser.

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    Le modle constructiviste de lapprentissage

    Lapproche constructiviste se centre sur la comptence de la personne agir dans un

    environnement social et un contexte donn (savoir agir en situation complexe). La

    connaissance est considre comme une construction mentale de lapprenant en interaction

    avec son environnement dans le cadre de 1exprience vcue et une confrontation au rel. Les

    connaissances antrieures vont se transformer au contact de nouvelles informations, de la

    rsolution de problme en situation et dun questionnement de la personne dans une

    interaction thorie / pratique qui donne du sens la situation, dans un contexte social et

    motionnel donn. Le travail collaboratif facilite les apprentissages grce aux interactions

    relationnelles (31). Le thrapeute se positionne, dans une relation daide en co-constructeur

    dans un objectif daccompagnement de la personne dans ses choix en lui permettant de

    dvelopper son propre concept de soi (estime de soi, confiance en soi, sentiment

    defficacit personnel SEP, sentiment dautodtermination, dautogestion ) et de transfert de

    comptence pour tre dans la maitrise de sa vie. Lautovaluation des russites et des erreursstimule les apprentissages. La subjectivit nest plus combattre mais reconnue comme

    singularit et ralit incontournable avec son systme de valeurs, ses reprsentations, ses

    habitudes de vie, ses projets de vie, ses dsirs. Le patient devient dcideur, acteur, auto-

    observant plus quobservant, dans le cadre dune auto-normativit ngocie avec la

    normativit mdicale en acceptant les limites du patient face ses capacits dautonomie(33).

    Dans la culture anglo-saxonne, le terme de "counselling" accompagne souvent celui

    dducation thrapeutique ( therapeutic patient education ). Pour Whitlock (37), le termede counselling est utilis de manire large et peut sentendre comme relation daide, dmarche

    ducative, avec une dynamique interactive collaborative entre patient et mdecin qui permet

    dintervenir sur un changement de comportement actif du patient dans une optique

    thrapeutique ou prventive. Pour lui, la modlisation du changement de

    comportement tourne autour de 2 grands types de thories : des thories centres sur la

    personne avec principalement le modle Transthorique de Prochaska (les tapes du

    changement et les processus cognitivo-comportementaux qui laccompagnent) et des thories

    centres sur un processus interactif entre une personne et son contexte social avec la thorie

    Social cognitive de Bandura et le rle dterminant du sentiment defficacit personnelle SEP.

    Mais dautres modles tentent dexpliquer le comportement et leur changement.

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    38

    Dans le Health Belief Model (38), les changements de comportement dpendent des

    croyances que le patient peroit de sa sant.

    Pour changer de comportement, il faut :

    Ressentir de lintrt pour la sant Ressentir un processus morbide comme une maladie, se sentir risque de maladie,

    croire dans le diagnostic dun mdecin (perception devulnrabilit)

    Ressentir la gravit potentielle ou actuelle dune maladie (perception de la gravit)

    Percevoir le bnfice agir contre la maladie / cot, limplication, leffort faire pour

    agir contre une maladie, les obstacles ressentis (Perception bnfice/ risque)

    Percevoir les stimuli et les dclencheurs internes ou externes permettant de mobiliser

    des dispositions psychologiques et de pousser agir (les dclics, les signaux

    dclencheurs et cls dactioncue to action ).

    La thorie de laction raisonne (TAR) et du comportement planifi (TCP) de Ajzen (39)fait

    intervenir le rle important des croyances de la personne dans lintention dadopter un

    comportement dans un contexte psycho-social. Les cognitions sociales fournissent des normes

    sociales qui se traduisent par des normes subjectives perues qui interviennent dans

    lintention de changer de comportement. Les croyances relatives aux consquences des

    comportements et lvaluation de ces consquences aboutissent des attitudes gnrales qui

    interviennent aussi dans lintention de changement de comportement. Ajzen a complt le

    modle prcdent en intgrant le contrle comportemental peru driv du SEP de Bandura et

    que lon retrouve aussi dans le modle transactionnel : suis-je capable dadopter et decontrler ce comportement ? Est-ce que cela donne de bons rsultats ? (attentes de rsultats).

    Nous avons choisi de nous appuyer sur le modle transthorique du changement et le SEP

    pour le cadrage thorique de la thse.

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    39

    3. Modle Transthorique du changement

    Lobjectif de lducation thrapeutique est de permettre des changements de comportement.

    Le modle transthorique(40)dcrit un processus par tape dans le temps en fonction de

    lvolution de la motivation pour le changement de comportement.

    Ce modle dcrit 5 stades :

    Au stade pr-contemplatif, la personne na pas denvie de changement dans un futur

    proche. Elle le manifeste par une indiffrence, un vitement, du dsintrt, de

    linconscience, de la sous-information ou du dcouragement.

    Au stade contemplatif, elle a lintention de changer avec reconnaissance dun

    problme, conscience des risques lis au comportement. Mais les bnfices du

    comportement lemportent encore sur les cots du changement. La balance

    dcisionnelle entre cots/ bnfices, le pour / le contre peut produire une ambivalence,

    une divergence-dissonance cognitive qui maintient cette tape sur une plus ou moins

    longue priode.

    Au stade prparation, elle labore un plan daction pour modifier le comportement

    avec mise en place dun dispositif rel (comme par exemple la rduction du nombre de

    cigarettes dans larrt tabac) et recherche daide.

    Au stade de laction, elle met en application concrtement des dispositifs de

    changement par des processus comportementaux avec des modifications identitaires.

    Cest une des 5 tapes du changement de comportement alors que lon peut lidentifier

    comme le changement lui-mme.

    Au stade de maintien, il sagit de poursuivre les efforts pour prolonger laction, dtre

    vigilant pour viter la rechute.

    Mais ce processus peut tre suivi dune rechute qui ncessitera de renclencher un nouveau

    processus de changement ce qui lui donne une dimension cyclique.

    Selon Prochaska, ce processus global de changement est associ six processus cognitivo-

    motionnels (lis lexprience et aux caractristiques de la personne: penses, sentiments-

    motions, vcu) et quatre processus comportementaux.

    Les 6 processus cognitivo-motionnels exprientiels :

    - La prise de conscience-sensibilisation au risque ( consciousness raising ) :

    La personne ressent des dclics et des signaux pour agir ( cue to action ) aprs un travail

    dobservation, de confrontation la ralit des faits, de comprhension du comportement

    problme et dinterprtation positive vis--vis du changement. Lobjectif de lintervention du

    professionnel est une sensibilisation cognitive au risque dans le cadre dune dmarche

    explicative personnalise par entretien et des techniques de feed back.

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    40

    - Le soulagement motionnel ( dramatic relief ) :

    Les expriences de comportement problme sont vcues ngativement et ont besoin dtre

    soulages. Leur expression fait pencher la balance dcisionnelle du ct du changement quand

    les avantages du maintien deviennent moins intressants que les cots du changement.

    Lobjectif de lintervention du professionnel est de laisser parler les vcus motionnels,

    valider les ressentis et encourager la rflexion.

    - La rvaluation de lenvironnement ( environmental reevaluation ) :

    La prise de conscience des effets ngatifs du comportement nocif sur lenvironnement

    (entourage proche ou social) entraine une rvaluation de la balance dcisionnelle dans le sens

    du bnfice/cot de ne pas changer. Lobjectif de lintervention du professionnel est de

    favoriser la rflexion.

    - La libration sociale ( social liberation ) :

    La personne prend conscience que son comportement ne correspond pas aux normes sociales.

    Des ressources externes permettent la personne de retrouver un pouvoir sur sa vie

    ( Empowerment ) et de faire pencher la balance dcisionnelle dans le sens du changement.

    Lobjectif de lintervention du professionnel est de donner la personne les moyens de ragir

    par des ressources externes.

    - La rvaluation de soi ( self reevaluation ) :

    La personne auto-value son comportement problmatique actuel comme faisant partie de sa

    personnalit. Elle se rend compte en mme temps quadopter un nouveau comportement

    valorisera son identit. Lobjectif du professionnel est de travailler sur limage de soi, la

    clarification des valeurs, la valorisation de la sant comme modle, le renforcement des

    lments positifs attendre du changement en insistant sur les cots ne pas changer. Il faut

    aussi continuer valider les sentiments et les difficults perus et faire expliciter les

    dissonances cognitives et ambivalences. Ce processus permet de passer de la contemplation

    la prparation du changement.

    - La libration de soi ( self liberation ) :

    Sengager changer devient pour la personne un besoin, une croyance et une conviction entoute libert tout en ayant conscience des difficults. Lobjectif du professionnel est de

    vrifier que la personne a la capacit et les outils pour changer, insister sur les bnfices et

    encourager des initiatives concrtes et les dcisions symboliques. Ce processus permet le

    passage du stade de prparation action. On le retrouve aussi dans lentretien motivationnel

    et le SEP.

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    41

    Les 4 Processus comportementaux

    - La relation daide ( helping relationships ) :

    Rechercher de laide, une alliance thrapeutique auprs de professionnels, un soutien auprs

    de lentourage, souvrir, avoir confiance en lautre favorise le changement de comportement.L'objectif du professionnel est d'y rpondre et d'aider identifier les personnes aidantes de

    l'entourage.

    - Le contre- conditionnement ( counter conditioning ) et la substitution :

    La personne doit trouver des stratgies alternatives, des solutions de rechange au

    comportement problmatique pour maintenir le changement. Lobjectif du professionnel est

    de les proposer, de contrecarrer les sentiments de perte et valoriser les avantages apports par

    le changement.

    - Lautocontrle ( stimulus control ) et le contrle interpersonnel ( interpersonal system

    control ) :

    La personne met en place des stratgies alternatives dautocontrle, dvitement des

    situations risque et de neutralisation de linfluence ngative de certaines personnes dans des

    situations problmatiques. Lobjectif du professionnel est didentifier les risques de rechute

    et dinfluence de personnes associes au comportement risque, de planifier le suivi,

    renforcer la motivation interne et rvaluer les obstacles persistants.

    - Le renforcement du maintien et gestion des imprvus (reinforcement management,

    contingency management) :

    La personne renforce son SEP, se sent valorise et rcompense dans ses efforts, sait grer

    les contingences et les imprvus pour maintenir ses changements. Lobjectif est de renforcer

    le SEP en insistant sur les capacits atteindre les objectifs fixs, valoriser les aspects

    positifs dj acquis, favoriser plus un systme de rcompense que de punition et dapprendre

    sadapter. Ce processus permet le maintien.

    Ces 4 processus comportementaux permettent la ralisation des tapes action et maintien

    Le professionnel devra reconnatre les stades du patient et le processus de changement dupatient pour faciliter le bon processus au bon moment.

    A ces dix processus, le MTT rajoute 2 variables dpendantes de chaque personne : le SEP et

    la balance dcisionnelle. Prochaska a repris le modle dcisionnel de Janis pour en extraire

    cet lment cl qui dcrit bien lambivalence que chaque tre humain peut rencontrer dans des

    choix faire entre le pour et le contre du changement (41)

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    42

    Quel lien retrouve-t-on entre processus de changement et stades de changement ?

    Prochaska a tent de situer laction des diffrents processus en fonction des stades du

    changement (cf. tableau 1)

    Tableau 1Les processus qui permettent la progression entre les stades de changement selonProchaska(42)

    Prcontemplation Contemplation Prparation Action Maintien

    Prise de conscience-sensibilisation

    Soulagement motionnel

    Rvaluation de lenvironnement

    Rvaluation de Soi

    Libration de Soi

    Renforcement du maintien

    Relation daide

    Contre conditionnement

    Autocontrle ContrleInterpersonnel

    Quelles sont les preuves EBM de la pertinence du MTT dans les processus de

    changement ?

    Un ECR (43) a compar 2 populations de DT1et DT2 (n : 1029). Un groupe de patients

    ayant bnfici dune intervention dveloppe partir du modle transthorique (MTT) at compar un groupe recevant des soins usuels (SU). Lintervention visait lutilisation de

    lauto-surveillance glycmique, larrt de tabac et lquilibre dittique chez des patients au

    stade pr action selon le MTT pour ces 3 auto-soins . Les critres de jugement taient les

    dispositions au changement, les capacits dauto-soins, et lamlioration du contrle du

    diabte. Les dispositions au changement un stade action dans les 3 domaines

    dintervention taient significativement suprieures dans le groupe MTT/SU. Le taux

    dHba1c tait significativement diminu uniquement chez les participants qui taient passs

    laction. Il nya pas eu de rduction de poids significative lie lintervention sur lquilibre

    dittique sauf pour ceux qui bnficiaient de lintervention sur lauto-surveillance associe.

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    43

    Dans une revue de littrature faite par Prochaska (42) regroupant 12 tudes correspondants

    12 comportements de sant et une mta analyse de 48 comportements de sant, on a retrouv

    une association entre balance dcisionnelle et stade de changement : largumentation

    contre tait statistiquement plus importante au stade de prcontemplation et

    largumentation pour progressait au stade de contemplation.

    Ce modle transthorique essaie de considrer les diffrentes caractristiques de chaque

    thrapie de manire complmentaire. Les thrapies cognitives exprientielles ou psycho-

    analytiques sont plus adaptes aux stades pr-contemplatif et contemplatif alors que les

    thrapies existentielles et comportementales correspondent mieux aux stades prparation et

    action. LACP fournit ces 2 composantes cognitivo-motionnelles et comportementales.

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    44

    4.Sentiment defficacitpersonnelle

    Mobiliser le patient pour le changement, cest aussi comprendre et sintresser son

    concept de Soi , la reprsentation que la personne se fait delle mme travers la

    connaissance de soi, lestime de soi, la confiance en soi et surtout le SEP qui semble tre le

    dterminant essentiel du changement de comportement (44)(45).

    Le SEP (terme synonyme : Self Efficacy, auto efficacit) est une croyance de la personne

    en sa capacit agir pour accomplir une performance et produire des rsultats souhaits

    (44). Les gens agissent quand leurs croyances defficacit et leurs attentes de rsultats les

    amnent penser que leffort semble en valoir la peine. Ils attendent des actions quelles

    produisent des rsultats souhaits et croient quils peuvent les accomplir .Cette croyance en

    la maitrise d'un problme sassocie la capacit dauto - valuer les consquences (positives

    ou ngatives) probables de ses actes (Attentes de rsultats) et la croyance relative au lieu

    de causalit, le lieu de contrle (LC). Ce LC est une reprsentation qui fait dpendre

    lorigine dun vnement ou dun problme (comme le diabte) soit de facteurs internes (LCI)

    sur lesquels la personne peut agir, soit de facteurs externes (LCE) comme la chance, le destin,

    le hasard(46). La croyance defficacit et de russite est un meilleur prdicteur de

    laccomplissement de la performance que le Lieu de contrle (44).

    Ce systme de croyance sur soi exerce son contrle et sa rgulation en feed back sur les

    actions, processus cognitifs, les tats motionnels, les motivations et les tats physiologiques.

    Quand on exerce un contrle, on utilise des comptences cognitives, motionnelles,

    comportementales, des connaissances procdurales et des processus dadaptation pour

    obtenir une performance en vue dun rsultat.

    Le SEP ncessite une valuation de soi (self evaluation) et de ses capacits personnelles par

    rapport la performance accomplir. Cette auto-valuation doit tre pertinente et raliste.

    Le SEP sappuie sur dautres capacitscomme celles effectuer des activits qui ont des

    aspects dsagrables, ennuyeuses frustrantes (Sentiment defficacit autorgulatrice) ou le

    Sentiment optimiste defficacit personnelle.

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    45

    Dans le MTT(47), le SEP est une variable importante qui explique le passage dune tape

    une autre dans le changement. Il existe un lien inversement proportionnel entre le sentimentde confiance que le patient a dans sa capacit changer par rapport la tentation du maintien

    du comportement risque.

    Figure 2 : SEP /maintien du comportement

    Les sources de SEP sont au nombre de 4 :

    1. Lexprience vcue de succs dans la maitrise grce des efforts persvrants face

    des obstacles est la premire source de SEP. Lexprience permet une meilleure

    connaissance de soi ou image de soi par construction cognitive. Les croyances

    defficacit sont la fois produits et constructeurs dexpriences. La personne a

    tendance minimiser les expriences contraires aux croyances sur soi et renforcer

    les expriences conformes aux croyances.

    2. Lexprience vicariante modlisante est une deuxime source de SEP. Voir des

    personnes similaires soi agir avec succs augmente les croyances defficacit (par

    exemple, dans des groupes de pairs). Les personnes recherchent des modles quitransmettent des connaissances, des stratgies efficaces et des comptences travers

    leurs expriences vcues.

    3. La persuasion verbale est la troisime source de SEP. Les stimulations persuasives

    defficacit dun ducateur (parent ou professionnel) sont positives si elles sont

    ralistes, adaptes, cohrentes et congruentes avec les capacits de la personne. Le

    feed back valuatif soulignant les capacits et les progrs accomplis plus que des buts

    non atteints augmente le SEP. Mieux vaut un feed back positif portant sur 75 % de

    gains que ngatif sur 25 % de dficiences. Les critiques dprciatives entrainent une

    baisse de SEP, le doute, lvitement du dfi, la diminution de la motivation et le

    dcouragement. Les critiques constructives accroissent le SEP.

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    4. La capacit relier symptmes physiologiques, ressentis et motions fait aussi partie

    des sources de SEP. Les personnes peuvent prter une attention particulire des

    sensations corporelles internes , se focaliser sur leurs sensations dsagrables lies

    lanxit(transpiration, hyperventilation, palpitations ) et les interprter en termes

    de faiblesse, dinefficacit, de handicap limitant. Par contre, les personnes qui ont un

    SEP + peroivent moins leur tension physiologique et interprtent plus positivement

    leur activation physique.

    Reprer des signes infra cliniques de dsquilibres glycmiques chez un diabtique et faire le

    lien avec un comportement permet de mieux apprendre. Reprer ses perceptions internes

    sensorielles permet de mieux contrler ses besoins(48). Lducation thrapeutique vise

    percevoir des signes de son corps jusqu'alors inconnus pour en comprendre le sens(49).

    Les tats dhumeur ont un impact sur la cognition et lvaluation de lefficacit personnelle.

    Ils influencent lattention, linterprtation, la connaissance et la mmorisation desvnements. Lhumeur positive active des succs. Les pisodes dhumeur dpressive

    activent une image de soi dincomptence et de non-valeur. La dpression abaisse les

    croyances defficacit qui affaiblit la motivation et produit une faible performance aggravant

    la dpression.

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    47

    5. Modle transactionnel ( coping )

    La psychologie de la sant apparue dans les annes 80 aux Etats Unis, vise tudier les

    facteurs psychosociaux qui jouent un rle dans linitiation et lvolution des maladies. Elle

    tente de comprendre les processus biopsychosociaux qui expliquent cette influence. Lobjectif

    est doptimiser la prvention et la promotion des comportements de sant et la prise en charge

    des personnes malades(50). Elle sest dveloppe autour du modle transactionnel et la

    conception cognitive du stress de Lazarus (1984). Cette conception vise dpasser le modle

    de stress de Selye comme simple rponse physiopathologique non spcifique un

    stresseur. Elle dcrit un processus mdiateur transactionnel entre une personne et une

    situation problmatique. Le stress psychologique est une relation particulire entre une

    personne et son environnement qui est valu comme une mise lpreuve ou un

    dbordement de ses propres ressources et qui met en danger son bien tre (51).Cette auto

    valuation de la personne est phnomnologique. Cest un processus cognitif qui donne du

    sens la situation stressante et faonne une rponse motionnelle et comportementale. Cest

    la fois une rencontre et une raction.

    - Dans un premier temps, la personne peroit subjectivement la situation problme en fonction

    de sa personnalit (Stress peru)(50).Celle ci peut reprsenter un facteur de vulnrabilit avec

    certains traits de personnalit et dispositions psychologiques qui ont t reprs comme

    pathognes dans des tudes pidmiologiques, comme la personnalit de type A (impatient,

    agressif, comptitif, avec un dsir de russite et de reconnaissance sociale). On retrouve des

    dispositions psychologiques comme la pense opratoire (pense factuelle, coupe de la vie

    fantasmatique), lalexithymie (incapacit exprimer des motions), le nvrosisme (tendance

    ressentir les motions ngativement, amplifier des symptmes, se proccuper de sa sant

    et se sentir vulnrable) comme sources dchec de la rgulation motionnelle et de manire

    gnrale laffectivit ngative et toute disposition psychologique contenu motionnel

    dsagrable. A loppos, la personnalit comporte aussi des aspects protecteurs de Sant,

    salutognes , comme l'optimisme, linternalit du lieu de contrle, le sentiment de contrle

    personnel et dauto efficacit, la rsilience ou en gnral laffectivit positive qui est une

    tendance s'engager dans de nombreuses situations avec enthousiasme, nergie, intrt,

    plaisir, attention et prouver des sentiments agrables. Chacun va ragir vis--vis de

    situations stressantes en fonction de sa personnalit mais aussi de son environnement. Mais le

    stress peru dpend aussi de facteurs situationnels contextuels comme limprvisibilit dunecatastrophe naturelle, limminence d'un vnement stressant, lincontrlabilit dune situation.

    - Dans un second temps, la personne va valuer et percevoir ses ressources internes en termes

    de capacits de contrle de la situation Que puis-je faire dans cette situation ? . Le

    contrle peru est une croyance en la maitrise d'un problme ou dun stresseur particulier(

    je dispose des ressources personnelles pour affronter cette situation momentane ). Il est

    diffrent du Lieu de Contrle qui est une croyance gnralise durable comme disposition

    personnelle. La personne va aussi percevoir ses ressources externes en termes de soutien

    social Qui peut maider? . Le soutien social est un concept des annes 1970. Les tudes

    pidmiologiques ont montr que lisolement social est un facteur de dveloppement de

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    pathologies somatiques et psychiques. Le soutien social peru attnue le stress peru et

    renforce le contrle peru. Les aspects salutognes de la personnalit augmentent la

    probabilit de recevoir et percevoir un soutien social la diffrence des caractristiques

    pathognes de la personnalit (anxit, dpression, nvrosisme, personnalit de type A). Nous

    avons vu prcdemment que le soutien social fait aussi partie des processus comportementaux

    favorable au changement du MTT ( Helping relationships ).

    - En dernier lieu, la personne va sadapter, sajuster la situation et faire face( coping ). La

    stratgie dajustement-coping fait partie des mcanismes de dfenses et dadaptation issus de

    la biologie et de lthologie. Ladaptation est un concept large qui recouvre tous les modes de

    ractions rptitives et automatiques de lorganisme vivant (biologique et psychologique) qui

    interagissent avec les conditions changeantes de lenvironnement. Le coping vise de manire

    plus spcifique des ractions cognitivo-comportementales conscientes changeantes permettant

    un ajustement flexible des situations perues comme menaantes ou stressantes. Stress et

    coping sont lis en tant que processus transactionnel impliquant des actions rciproquesinteractives entre un sujet avec ses caractristiques propres et son environnement avec des

    caractristiques de situations spcifiques. La stratgie de coping vise modifier lattention, la

    signification subjective de lvnement ou les termes de la transaction personne-

    environnement par affrontement du problme.

    On distingue 2 grandes stratgies de Coping(52):

    . Un coping centr sur lmotion(dfensif passif).Il sagit de tentative personnelle pour

    rguler les tensions motionnelles induites par la situation. Carver a recens 14 stratgies de

    ce type comme la minimisation de la menace, la rvaluation positive, lauto-accusation,lvitement-fuite, la recherche de soutien motionnel pour obtenir sympathie et aide,

    lexpression des motions, lhumour prise de distance, lacceptation, le dsengagement

    comportemental avec rduction des efforts et laisser-aller, la distraction des penses par des

    activits drivatives, le dni, la religion, les drogues.

    . Un coping centr sur le problme (vigilant actif) avec 2 dimensions : la rsolution de

    problme (recherche dinformation, laboration de plan dactions) et laffrontement de la

    situation (efforts et actions directs pour modifier le problme, observance)

    Les 2 types de stratgies peuvent interagir si elles permettent la personne de maitriser unesituation stressante ou diminuer son impact. Chez le diabtique de type 2, la stratgie centre

    sur le problme est associe un meilleur contrle mtabolique (50). Lefficacit des

    stratgies de coping dpend de la situation. Si la situation est contrlable, le coping centr sur

    le problme est plus efficace mais si la situation est incontrlable, un coping motionnel peut

    protger. Le coping motionnel peut aboutir des comportements risque par non perception

    de symptmes, dlai pour consulter, abus de substances ou non observance alors que le

    coping centr sur le problme entraine une recherche active d'information, une attention aux

    symptmes, une adhsion au traitement et des comportements plus adapts.

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    49

    Le modle intgratif de Bruchon-Schweitzer et Dantzer(1994)(50) se propose dintgrer le

    modle biopsychosocial, propos par Engel (1980)(et retrouv dans le modle ACP) au

    modle transactionnel, propos par Lazarus et Folkman. Ce modle longitudinal systmique

    dapproche globale inclut la fois des antcdents socio-environnementaux, des vnements

    de vie stressants et des donnes biopsychosociales qui vont faire l'objet dun processus

    transactionnel.

    Cette dynamique globale aboutit des rsultats-issues reprs par un tat de sant physique

    sous forme de critres cliniques et para-cliniques objectifs ou de critres subjectifs sous

    forme de bien-tre, qualit de vie et satisfaction.

    Figure 3 Modle de Bruchon et Dantzer

    Dispositions

    Psycho

    -Facteurs

    protecteurs

    -Facteurs de

    vulnrabilit

    Antcdentsbiomdicaux.

    Environnement

    social

    Evaluation :- stress peru

    - contrle peru- soutien social peru

    Stratgiesdajustement

    - coping sur le

    problme

    - coping sur lmotion

    - recherche de soutiensocial

    Etat de santphysique

    Critres biomdicaux

    Bien treQualit de vie

    ANTECEDENTS

    = Prdicteurs

    TRANSACTIONINDIVIDUS

    ENVIRONNEMENT

    ISSUES

    = Rsultats

    Fonctionnement du

    systme physiologique

  • 7/24/2019 approche centre patient

    52/201

    50

    6.Interactionnisme symbolique et le "Soi"

    Le concept de Soi a t dvelopp dans le cadre de linteractionnisme symbolique qui

    appartient la sociologie comprhensive, phnomnologique et la psychologie sociale(53).

    Selon cette thorie, le systme social nest pas prexistant en tant que structure mais en

    constante construction par linteraction entre les individus dans un change de signification

    symbolique. Lindividu est un acteur qui interagit dans une dialectique transactionnelle avec

    son environnement en construisant un univers de sens. Il partage cette trame de sens avec

    autrui qui rend linteraction symbolique et permet une rciprocit des perspectives. A chaque

    instant, chacun se positionne par rapport lautre en ajustant et rvaluant ses propres

    perspectives et attitudes par rapport celles de lautre. Selon G Mead, le soi est un lieu de

    contrle, une instance de rflexion et rflexivit, de la dlibration intime, de lintelligence

    pratique un foyer de sens qui rgit le rapport au monde de lindividu.Le Moi est le

    Soi-objet connu (ce que je connais de moi) qui reprsente lensemble des rles intrioriss,

    des attitudes organises en lien avec lAutrui gnralis et le monde des conventions

    (lquivalent du Sur moi freudien). Le Je incarne le Soi sujet connaissant, prouvant et

    agissant de manire concrte dans linteraction(54). Lidentit se construit entre le moiet le

    je. Chaque individu joue un rle de moi social adapt lopinion que lautre ou le groupe

    dappartenance se fait de lui et qui a de la valeur pour lui. Lidentit est vulnrable et peut tre

    menace par des vnements de vie et de nouvelles situations critiques (par ex lannonce

    dune mauvaise nouvelle comme le diagnostic de diabte, lhospitalisation lors dune

    maladie, le deuil). Le regard des autres menace aussi lidentit par le risque de perte dobjets

    dattachement. Dans chaque identit, il y a une part didentique mais aussi de flexibilit avec

    une trame mouvante de reprsentations, valeur, de sens, de modles, de rles, daffects quiconstruisent une histoire propre, un style personnel de prsence au monde et lautre. Le

    sentiment de stabilit et de continuit provient de lhistoire de vie, en particulier sur le plan

    affectif pendant lenfance qui structure en ligne de force ou de vulnrabilit la personnalit de

    chacun.

    La