Aragon, A Marguerite Porete Et Quelques Autres

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  • 8/16/2019 Aragon, A Marguerite Porete Et Quelques Autres

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     A Marguerite Porete et quelques autres 

    Au large  

    Pensées vives et blanches

    dont le mercure vient doucement corrompre l'or du temps

    transparences anéanties des béguines

    qui fluent au soleil cramoisi de l'Histoire

    libres tant que défaille le pouvoir d'en rien dire

     

    Pensées d'un très vieux rouge mêlées à ce sable qui tangue

    semblables en leur rondeur lisse et noire à ces olives

    d'où se dresse la fierté des algues au flot montant

    Pensées blondes et pourtant d'où coule l'obsidienne

    de cette nuit si chaude et tendre de l'être qui s'enfuit

    électrisant nos ciels de silencieux orages

     

    Le temps emplit nos coupes

     

    Rien

    hors boire cette fêlure fée

    cette perte

    et choyer au foyer de nos corps

    le souffle et l'incendie de la conscience

     

    Le roi des elfes glisse à la crête des vagues

    sous la poudre des siècles luit la noirceur neuve de son regard

    Dans la cendre le joyau mat de l'unité

     

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    dans l'évidence ténue des cendres

    hors de tout doute

    immédiat

    vertige de certitude

     

    Bref

    l'un

    que l'on ne saurait dire

    Présent pourtant

    caresse

    à la peau comme à l'âme

    inévitable

    respiration de certitude

     

    Présent

    au coeur de vos fragments

    présent

    dans l'éclair même de la fracture

    Inexpugnable

     

    Et silence

     

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    Aussi cette clarté que vous prêtez aux choses

    c'est bévue

    et quoique multiplient ombres et spectres à l'écran

    au fond des choses rien n'est sûr

    hors de ce coeur battant de toute preuve

     

    Lavez vos yeux, lisez le prisme

    Il n'y a là

    voyez

    que l'eau de votre histoire,

    narquoise qui secoue d'un beau rire

    les hoquets de ces cystres où votre sang se perd

     

    Confiez aux nuages vos rêveries d'espace1

    et soufflez ces fumées

    Plus jamais ne reverrez vos mères

     

    Les retours ne sont lourds que d'absence

    leurs poids sont faux

    et leurs mesures mensonges

     

    Rien qui revienne ne saurait être amour

     

    1"Nous avons appelé notre cage l'espace, et ses barreaux déjà ne nous contiennent plus"

      Louis Aragon . La nuit de Moscou

     

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