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Texte du Comité Henry Sidambarom Page 1 Biographie 1863 Henry Moutou ALLAMELOU voit le jour le 5 juillet 1863 sur l’habitation « Source Pérou », chez ses parents, Joseph Sidambarom et Allamelou, tous deux travailleurs immigrés indiens engagés par M. Marc Bonaffé, propriétaire à Capesterre, de l’habitation « Grand Rivière ». 1865 Henry Moutou Allamelou est reconnu de son père le 15 décembre 1865, et s’appelle désormais Henry Moutou SIDAMBAROM. 1873 Le 8 juillet 1873, mariage de ses parents : Joseph Sidambarom et Allamelou. Il est scolarisé à la Capesterre. Son enfance porte l’empreinte familiale ponctuée des propos de ses parents qui reflètent les difficultés de leur quotidien, au sein de l’habitation, dans ses relations avec l’administration coloniale et de l’usine de marquisat. Ce contexte fait déjà de lui, un observateur privilégié, attentif aux problèmes des travailleurs de cette société coloniale. Il est un élève studieux et volontaire, car il a compris que cette langue française est un atout primordial pour déjouer les tracasseries administratives qui jalonnent le quotidien des travailleurs immigrés. Cette situation renforce sa détermination, il étudie avec conviction car il sait qu’il lui faut réussir, l’échec lui est interdit. Les efforts consentis durant cette scolarité portent leurs fruits. Il commence à prendre en charge la correspondance de son père avec qui il discute dans sa langue maternelle, le Tamoul. Dès le début de la colonisation l’église catholique joue un rôle important dans le processus d’intégration de la population indigène et des travailleurs immigrés. Des institutions religieuses font partie intégrante de la structure scolaire. Les instituteurs laïques et religieux sont ainsi nommés par décret du Gouverneur. Le soutien de la Sœur Théodora BONAFFE, enseignante au bourg de la Capesterre, lui permet de poursuivre sa scolarité à Pointe-à-Pitre à l’externat LES FRERES DE PLOERMEL, le lycée n’existait pas encore. 1881 Le 15 février 1881 il perd sa mère, il abandonne l’école à Pointe-à-Pitre et retourne à Capesterre où il a son premier emploi en tant qu’employé à la Perception.

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Texte du Comité Henry Sidambarom Page 1

Biographie

1863 Henry Moutou ALLAMELOU voit le jour le 5 juillet 1863 sur l’habitation « Source

Pérou », chez ses parents, Joseph Sidambarom et Allamelou, tous deux travailleurs

immigrés indiens engagés par M. Marc Bonaffé, propriétaire à Capesterre, de

l’habitation « Grand Rivière ».

1865 Henry Moutou Allamelou est reconnu de son père le 15 décembre 1865, et s’appelle

désormais Henry Moutou SIDAMBAROM.

1873 Le 8 juillet 1873, mariage de ses parents : Joseph Sidambarom et Allamelou.

Il est scolarisé à la Capesterre. Son enfance porte l’empreinte familiale ponctuée des

propos de ses parents qui reflètent les difficultés de leur quotidien, au sein de

l’habitation, dans ses relations avec l’administration coloniale et de l’usine de

marquisat. Ce contexte fait déjà de lui, un observateur privilégié, attentif aux problèmes

des travailleurs de cette société coloniale.

Il est un élève studieux et volontaire, car il a compris que cette langue française est un

atout primordial pour déjouer les tracasseries administratives qui jalonnent le

quotidien des travailleurs immigrés.

Cette situation renforce sa détermination, il étudie avec conviction car il sait qu’il lui

faut réussir, l’échec lui est interdit. Les efforts consentis durant cette scolarité portent

leurs fruits. Il commence à prendre en charge la correspondance de son père avec qui il

discute dans sa langue maternelle, le Tamoul.

Dès le début de la colonisation l’église catholique joue un rôle important dans le

processus d’intégration de la population indigène et des travailleurs immigrés. Des

institutions religieuses font partie intégrante de la structure scolaire. Les instituteurs

laïques et religieux sont ainsi nommés par décret du Gouverneur.

Le soutien de la Sœur Théodora BONAFFE, enseignante au bourg de la Capesterre, lui

permet de poursuivre sa scolarité à Pointe-à-Pitre à l’externat LES FRERES DE

PLOERMEL, le lycée n’existait pas encore.

1881 Le 15 février 1881 il perd sa mère, il abandonne l’école à Pointe-à-Pitre et retourne à

Capesterre où il a son premier emploi en tant qu’employé à la Perception.

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1883 A Basse-Terre. Il a un poste de commis à l’ancienne < Direction de l’Intérieur > de la

Colonie de la Guadeloupe, puis il se fait muter au Bureau Central de l’immigration où il

est en contact avec l’ensemble des dossiers des immigrants Indiens.

Des amis, Arounassalon, Kaîlachon, lui font découvrir le chef-lieu. Le soir, il est un

assidu aux délibérations du Conseil général où il découvre les arcanes de la politique, il

s’y intéresse, il a découvert le lieu de pouvoir, où les élus décident des orientations qui

concernent le pays. Il y prend goût et s’intéresse dorénavant à la politique.

Il quitte le chef-lieu, il se rend à Pointe-à-Pitre, où il assure la direction d’une maison de

commerce située au 79 Boulevard Frébault. Fidèle à ses objectifs, il se lance dans la

politique, et lors des élections municipales en juin 1897, il est élu Conseiller Municipal

de cette ville.

Henry Sidambarom se maria à Capesterre le samedi 7 juin 1919. De cette union il eut

sept enfants.

1892 L’usine de Marquisat qui s’appelait à cette époque « Sucreries coloniales » était

hypothéquée au bénéfice d‘une banque, la Caisse Générale du Crédit Agricole. A la mort

brutale de son Directeur, cette banque fait saisir l’usine et poser les scellés et elle est

vendue aux enchères à la barre du Tribunal de Basse-Terre.

Henry Sidambarom se porte acquéreur et demande à sa banque à Paris de lui virer la

somme nécessaire.

Malheureusement l’épouse dudit Directeur n’admet point qu’un homme de couleur,

Hindou fils d’immigrés venus de l’Inde soit le propriétaire de l’usine de feu son époux.

Pour ce faire, elle exigea du tribunal que le paiement soit fait immédiatement sachant

que les fonds de Henry Sidambarom étaient en métropole et qu’il lui fallait environ un

délai d’un mois. L’usine est vendue à un autre qui s’est porté acquéreur. L’avoué de

Henry Sidambarom ne plaida point la cause qui lui avait été confiée, et c’est une affaire

qui ne s’est pas réalisée.

1897 Lors des élections municipales de la ville, au premier tour le 6 juin 1897, DANAE

obtient 958 voix. Le deuxième tour eut lieu le 13 juin et Henry SIDAMBAROM obtint

881 voix. Le 20 juin 1897 le conseil municipal élisait M Charles DANAË maire. Il fit

œuvre utile à l’hôtel de ville de Pointe-à-Pitre et déposa à la séance du 18 novembre un

rapport au nom de la Commission financière du Budget ordinaire de 1899 qui est

adopté à l’unanimité.

1900 Il retourne dans sa commune natale et en 1904 se fait inscrire sur la liste électorale en

vue des élections municipales.

1901 Décès de son père Joseph SIDAMBAROM.

1904 Il fait inscrire les indiens sur la liste électorale de la commune de Capesterre et lors du

Procès c’est encore lui qui se présente comme avocat pour leur défense.

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Il constitue une liste qu’il dirige. Malheureusement, à la suite d’une manœuvre ourdie

par ses contradicteurs, il est écarté du résultat de cette élection, au prétexte qu’un

indien ne doit point être Maire de la commune, d’une part, et que d’autre part

l’économie sucrière risque de perdre cette main d’œuvre qui ainsi émancipée,

inexorablement délaissera cette société de plantations. Toute cette affaire étant

également imbriquée dans un contexte politique.

Cette année 1904, a vu l’ouverture du procès intitulé : Procès Politique

« Contestation des droits électoraux » opposée par le Gouverneur de la

Guadeloupe, M. le Vicomte de la Loyère aux fils d’Hindous nés à la Guadeloupe.

Ce procès débute au tribunal de Capesterre le mardi 23 février 1904, avant les

élections municipales, Le Gouverneur est débouté.

Le 27 juillet de la même année, un deuxième procès a lieu au tribunal de paix de Basse-

Terre qui prononce un jugement ordonnant au Maire de Capesterre de procéder à la

radiation des Indiens de la liste électorale de sa commune.

1910 Il fonde en 1910 « l’OBÖLE DES TRAVAILLEURS » la première société de secours

mutualiste de la commune dont il fut le président ininterrompu pendant 35 ans, et en

1948, il en est le président honoraire.

Il fonde plusieurs syndicats dont « les ouvriers agricoles » qui s’est affirmé lors de la

grande grève de 1910 ou SIDAMBAROM rédigea tant pour le syndicat qu’en son nom

personnel rapports et autres documents qu’il fallait produire, lesquels figurent en la

brochure publiée par maître SALINIERE, Conseiller à la Cour d’Appel, chargé par la

commission d’enquête en Guadeloupe sur les causes des conflits qui ont occasionnés

cette grève.

Il construit le premier cinéma théâtre dans la commune. Il est ensuite Président de la

section de la ligue des Droits de l’Homme de Capesterre.

1919 Le samedi 07 juin 1919, Henry Sidambarom épouse à Capesterre Rose Nagaman

NAREMBIN.

1923 Ce dossier voit son épilogue le 21 avril 1923. Monsieur Raymond POINCARE PRESIDENT DU

CONSEIL DES MINISTRES donne des instructions aux Gouverneurs des trois Colonies pour le

rétablissement des travailleurs indiens dans leurs droits.

Cette date du 21 avril 1923 marque le point de départ d’une nouvelle ère pour ces

travailleurs qui sont désormais libres de bénéficier de tous leurs droits sans contestation

aucune.

1937 Son épouse Rose NAGAMAN NAREMBIN décède le 25 avril 1937.

1944 En Janvier 1944 il est nommé Juge de Paix suppléant du canton de Capesterre, fonction

qu’il occupe durant 5 ans, jusqu’en 1948. Cette fonction lui permit de préparer

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correctement l’élection municipale du 5 juin 1945, en mettant à jour la liste électorale

par la prise de 1500 jugements de régularisation pour éviter toute contestation du

scrutin.

Son implication dans l’économie de l’île est peu connue. Elle s’inspire en partie de la

formation reçue de ses parents et des nécessités du contexte local.

1948 le Conseil municipal de la commune de Capesterre prend une délibération afin de lui

attribuer la légion d’honneur, délibération renouvelée en 1950. Demande votée par le

CONSEIL GENERAL de la GUADELOUPE lors de sa séance d’octobre 1950.

1952 Agé de 89 ans, Il décède dans sa commune natale en début de soirée du samedi 21

septembre 1952.

Certains Guadeloupéens ont toujours étouffé l’action de Henry Sidambarom, au

prétexte qu’il s’agissait de quelques indiens de Capesterre.

M CLEMENTEL, Ministre des Colonies a lui, sans esprit partisan, donné à cette affaire

toute sa dimension:

Lettre de Paris du 26 septembre 1905 adressée à M CICERON, sénateur de la

Guadeloupe.

Je cite. . .

…. Je dois en outre vous informer que la question de nationalité des fils d’immigrants

hindous fait en ce moment l’objet d’une étude de mon Département et du Département de

la Justice en vue de la reprise de l’immigration anglo-indienne dans nos trois vieilles

colonies. La question d’Etat soulevée par M. Sidambarom est donc des plus délicates à

résoudre et intéresse également tous ceux qui ont la même origine que lui.

Le Ministre des Colonies,

Signé : CLEMENTEL