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ASCV
(Association Socio Culturelle de Vouillé)
ATELIER PATRIMOINE
Recueil de textes en poitevin
écrits par les élèves du
COURS DE PARLANJHE
PRESENTATION
Quelques participants au cours de poitevin-saintongeais de
l’ATELIER PATRIMOINE
de
VOUILLÉ
1
Cette présentation de l'ATELIER PARLANJHE de Vouillé a été écrite par Marie France Perron avec la participation de Joël Bonnin en 2012. Ce texte a été demandé par Eric Novak pour être inclus dans son livre: Patois et chansons de nos grands-pères en Poitou, Vienne et Deux-Sèvres
Passage du Parlanjhe : nous sommes à VOUILLÉ dans les Deux-Sèvres à 15 km de
Niort. Ce passage du Parlanjhe est le fruit de l’Atelier Patrimoine de l’ASCV
(Association Socio-Culturel de Vouillé). Cet atelier, 62 adhérents, œuvre depuis sa
création en 1998 à la promotion de tout ce qui constitue nos racines culturelles, é bén
sur noutre parlanjhe. Une des animations-phares est ce souper poitevin pour lequel
Joël, Ginette et Suzette proposent divers scénarios de sketchs en poitevin bien sûr ( le
défilé de mode, l’école, la bujhaïe, la tuerie dau goret, les vendanjhes, les battages).
Mais pour ça, il faut bien le connaître ce parlanjhe : et c’est ainsi que Ginette et
Maryvonne ont proposé un cours de parlanjhe.
De fin septembre à Pâques, les lundis soirs de 17h30 à 19h, à la Maison des
Associations, nous retournons à l’école ( c’est bien un retour puisque l’âge moyen
des 18 élèves inscrits au cours, surtout des filles, est environ de 60 ans malgré de
nouvelles inscriptions de jeunes).
Chaque lundi, de 10 à 12 personnes, arrivant de Vouillé en majorité mais aussi des
environs, Niort, St Maixent, le Marais, le Mellois, se réunissent pour assister à ce
cours, unique en son genre pour l’instant dans le département ( mais il a espoir
d’essaimer !).
Ces élèves ont tous parlé ou entendu le poitevin dans leur enfance ou aujourd’hui
dans leur entourage, et partagent l’amour de cette langue et le plaisir de (partager
(d’échanger ?)des savoirs. C’est un moment de bonheur partagé (collectif ?ou en
groupe ou ??? .
L’animation des cours est assurée par Maryvonne Barillot, auteure, conteuse,
journaliste à la radio locale D4B et surtout passionnée et détentrice de savoirs
encyclopédiques.
Quand elle est absente, c’est Ginette Bouffard qui prend la relève, Geneviève Proust-
Bouffard pour les aficionados de ses nombreux écrits ( voir son poème « on éleve pas
sés enfants per sàe ).
2
Dans la première partie du cours, de 17h à 17h30, les 4 ou 5 plus investis dans les
actions de l’atelier patrimoine avancent sur des projets; et après, les « élèves » du
cours arrivent… alors là, o cause ! o cause
« Les premières années, dit Joël, on travaillait plus l’écrit, aujourd’hui, on cause plus,
on est plus nombreux. »
Tout est prétexte à relancer la machine de cette langue, grippée pendant des années ;
tout est occasion pour faire ressurgir des savoirs enfouis et à partir d’un mot nous
voilà tous partis à donner, qui de son propre mot ( et oui, nous ne sommes pas tous
originaires de Vouillé), qui des savoirs que ce mot évoque, et le cours-participatif de
philosophie prend le relais du cours de littérature :
« _ ma voesine tirét de l’aeve au robinét, den sa coussote qu’a posai su sun sella… »,
Suzette lit à voix haute un texte de H. Nicolas et J. Gay. Mais elle déchiffre [ sela]
_ O se dit pa [sela], dit Maryvonne, deùs l, o se prononce [ill] é le e dau mitan ét
souent éscamoté. (Ol ét queme en françaes un dit in ptit é o s’écrit petit)
_ Ah oui, in [sia] !
_ Ché ma, le disiant in prdenia, dit Joël.
_ Ché ma, le disiant ine terasse, dit Bertrand. »
Mais il fallut expliciter les différents usages et les différentes formes de tous ces
récipients pour appréhender la compléxité de ce vocabulaire…et se réjouir de nos
différences. Il s’agit bien d’une certaine philosophie, d’une façon pluraliste de voir le
monde.
L’apprentissage du vocabulaire se fait aussi à la manière d’un abécédaire a parti d’in
mot çhi nous soune a l’arélle coume :
Adrigallàe : v. 1 : enlevàe le drigall, rénjhàe sés afaeres, rapapilotàe, rapilotàe,
saràe, ordràa…
2 : S’adrigallàe, s’acoutràe, s’abillàe mal, ou bé tot de trvér, a la degaloes, in petit
déguenellai.
Ulysse Dubois dans « le prchén cot qu’o moullerat » dit : « i munterae den le
pllanchét pr o z-adrigallàe ». Au jhour d’aneùt, ol at ine façun bén quemode
d’adrigallàe ché sàe : … ol é la prchéne fàere au drigall.
A l’occasion de la Fête à Ulysse organisée par l’atelier patrimoine le 27 novembre
2010, nous avions donné à traduire les mots suivants : daus aburéngues, in
biguenallous, crabaudàe, in éfourgna, l’enbouréll, éparàe, frdelloux, grlinàe,
grénguenasseries, in jhenellun, matroullàe et rabatàe . Il y avait quatre vingt
réponses dont une douzaine de personnes hors atelier qui avaient trouvé toutes les
réponses ; il y a vraiment de nombreux multilingues dans ce Sud-Deux-Sèvres.
Nous utilisons la grammaire du Poitevin-Saintongeais de Michel Gautier et le
dictionnaire de Vianney Piveteau, ils nous servent de base commune pour écrire.
Nous étudions la littérature poitevine-saintongeaise, textes anciens ou récents, écrits
en graphie normalisée ou pas (Ulysse Dubois, Robert Beau, A. Socquet, J-J. Chevrier,
Lacuve, Jônain …).
3
Et pour terminer le cours, nous écoutons religieusement des contes ou des chansons.
Chansons que nous reprenons tous en chœur : nous nous constituons ainsi un
répertoire que nous pouvons utiliser lors d’évènements comme celui de
l’inauguration de la plaque avec la photo de l’ancienne mare qui se situait à
l’emplacement de la nouvelle place des 5 villages. Cette journée a été aussi
l’occasion de proposer au public des charades et des devinettes auxquelles il était
invité à répondre. Par exemple ;
« Branli, branlant,
Rose, roujhe au mitan,
Qu’ét-o çheu ? »
Réponse : le feu
L’activité du cours ne se limite pas à l’étude de textes. Nous écrivons pour nous-
mêmes ou à l’occasion des concours organisés par la commission Parlanjhe de la
région, l’atelier de Poitiers ou la ville de Melle. C’est ainsi que l’atelier de Vouillé a
obtenu plusieurs prix régionaux :
un prix collectif pour une pièce de théâtre en 2007 « Le cours de parlanjhe de
Vouillé ».
un prix individuel pour pour un article de presse intitulé « A boere ou a
ménjhàe » attribué à Joël Bonnin.
Quelques-uns d’entre nous ont rejoint une association régionale « Parlanjhe
Vivant » pour s’impliquer un peu plus dans la défense du poitevin-saintongeais.
Si vous êtes intéressés, vous pouvez nous rejoindre et partager ce plaisir que nous
avons a causàe tous les lundis autour de noutre parlanjhe.
Contacter Joel Bonnin 05 49 75 68 57 ou 06 75 97 72 57.
4
Lés grands parapuis blleùs
Hén ?… que vous avéz bé trtouts içhi queneùyu
Çhés beas, çhés grands parapuis blleùs ?
É dessou vous en avéz bé vu de çhés brjhéres
Avéc toute une épaessour de jhupes é ine devantére
Assites au pai d’ine palisse bén a l’abri
En gardant in soulas de bàetes a daus foes pa bén aesàies a arami
É voui, çhés brjhéres, a lés reteniant, çhés parapuis entr l’épale é le cou
É a disparaessiant présque cunpllétement çhi-dessou.
A coutai, le chén, li, assis su sun dare, sen en avér l’aer
Survéllét avéc in ell bén émissai
Totes lés baetes çh’étiant praetes a muçàe.
Quant la brjhére avét ine visite, le galopét au-devant
En remuant la couéte tout in petit moument.
A ! ol étét souent le boun ami çh’enjhanbét ine muce
Pr veni surprendre la brjhére çhi, a daus foes, l’atenét pa !
Le chén le queneùssét bén, le sautrllét, sen brut, dare li
Le li luchét lés taluns, le se fasét tout petit.
Quant le se retrouviant, çhés jhénes, apràe çheùques jhous
Ol étét daus bijheries, daus bijheries a en rendre jhalous
Çhàus çhi se teniant den lés palisses bén cachais
É çhi birélliant tant que le pouviant de çhau coutai !
O durét a daus foes, ol ét sur, luntenp,
Le chén jhiaulét en lés regardant.
Ol avét maeme daus mouments qu’ol étét a bas qu’o roulét
Le parapui blleù, li, virét, virounét
Pr s’envolàe, la cane en hàut.
Quant ol araetét a la fin de se bijhàe
Tout roujhes, lés ells tot écrcallais
O regardét bén vite den le chanp
Vere si lés vaches aviant poet muçai a daus tenps,
É quant o réstét pu que çheùques taurilluns
O metét pa luntenp a rajhustàe lés cotelluns.
E la paure brjhére tot ébourifàie
Galopét avéc sun batun den le chanp voesin, éssoufllàie
Pr ramenàe bén vite lés écartàies.
É, mé, vesàutres, içhi… vous étéz bé trtouts au courant
De ce qu’arivit in jhou, a çhau paure Jhan.
L’alét, ét o pa, aus chanps a la brjhére,
Lae-bas, a coutai de sun grand chantié vér Léspiniére
Le labourét avéc sés jhements, la grande vrsane
5
Quant le veyit passàe, a motié seràie, lés bàetes a sa Susane.
Le se dépechit é le decit : « E… tant pi pr lés écoéssuns ! »
L’atachit bé lés deùs jhements, le lou dounit in picotin
Le travrsit le ranpi a coutàe çhi
É… le le veyit bé, tae, le grand parapui blleù
Çhi se drsét, le lun de la palisse, lae-su.
E la Susun lai étét motàie den lés foujhéres a in endrét bén frtai
Lae-bas au pai dau pu grand fragne futai.
A ! l’étét cuntent, l’étét cuntent, Jhan.
L’alét la saràe bétout den sés bras sa Susun !
L’avét le çheùr çhi rabatét çhi deden.
L’aprchit… l’aprchit tot cha petit, sen brut
É… quant le seyit présque rendu
Le soulevit le grand parapui blleù
Pr le dessu…
E pi… é pi… qu’ét-o que le veyit
Mé… qu’ét-o que le veyit ?
La memae Sidonie çhi rigolit, çhi rigolit
E çhi dessit
Pr dessu sés lunétes d’in petit aer chéti
« É ! bé… nun tu veùs, mun petit Jhan
Aneùt la brjhére, ol ét pa ta Suzun ! »
É noutre paure Jhan
É bé le s’en retornit, pardi, bén mal cuntent.
Pa rae qu’ol en at bé içhi, çhi se requeneùssant
Den l’istoere a çhau paure Jhan.
Ginette Boufffard2000
6
Lés chàuces
Hélas !Hélas !
Voure ét o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
1
Lés chàuces de nos grands-méres
Çhés chàuces de laene, çhés chàuces négres
Un lés vayét jhamae entéres
Un en vayét finalement ghére
Jhuste entr le tradiciounél patin
E le bas dau cotellun
Ol at que quant al étiant den le jhardin patroullàies
Qu’un lou trouvét ma foe une béle forme alunjhàie
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
2
Se poullàe den une chàuce, la jhanbe levàie
Réussi a fixàe de chaque coutai,
lés quatre jharetéles égaràies
Çhés jharetéles, voui, çhi se cachiant içhi-ilàe
Un tatounét, un fourgallét pr lés coéncàe
E quant un lés avét enfin sou lés déts
La chàuce, lai, avét ripai jhusqu’au molét
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
3
É ol avét çhéles çhi ribouliant ou çhi se godalliant
Mal retenues pr daus viélles jharetéles souvent
E bé lés fames çhi lés portiant çhés chàuces
Al aviant pa boune pràesse
Nun, al aviant pa boune renoumàie
A daus cops al étiant maeme vite degoullàies
Pasqu’ol étét a la couture de la chàuce
Qu’un vayét si ine fame avét in petit de cllasse !
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, nos chàuces ?
4
A l’école, in jhou, al aliriant, trtoutes, toutes lés draulàesses
Den le jhardin a la dame ramassàe daus màusses
7
A galopiriant, a se dépéchiriant tant é si bén
Qu’en se penchant a fasiriant vere tout… ce qu’a possédiant
A çhés draules çhi lae-bas lés ghétiant
A ! l’aviant tout vu au-dessu lés chàuces bén sur,
Mé… pr lés màusses… é bé o sayit brnique
Élas ! Élas !
Voure ét-o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
5
Pu tard ol at étai l’époque dau nilun ! A ! çhés chàuces
Ol ét vrae, al étiant pa bén épaesses
E prtant al étiant bé core pa mal chàudes.
E ma foe bén douces mae que rén
Quant le boun ami y passét la mén.
A ! o felét pa s’acrochàe, al étiant vite filàies
Ine malle étét poet facilement ratrapàie
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
6
E lés grands-méres d’avoure ol ét qu’a portant daus colants, daus caleçuns
A oui, ol at chanjhai en ùn rén de tenp
E pi çheù ét bén pu benaesai a enfilàe
In mouvement deçae in mouvement delae
E un ét praet a cavalàe.
Pa besén de zieutàe den le mirou
Si la couture ét dréte, si un at l’aer guenellouse
Ce qui cunte ol ét qu’o faut faere vite de nos jhous
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, çhés chàuces ?
7
Nos chàuces çhi ripiant su nos jhanbes
Çhi remuntiant hàut, hàut
Tout en hàut
É le hàut de la chàuce ét all pa pu pllésant
Que le bas de la chàuce ?
Élas ! Élas !
Voure ét o qu’a sant passàies, nos chàuces ?
Ginette Bouffard
2000
8
In çhénze d'Àut
Texte collectif par le cours de poitevin de Vouillé (2003)
A la Soterie, en pllén maràe poetevin, Sébastién s'en revént de faere in tour a sés
mouches a miàu, cachàies den ine poumeràie, au funs dau vrjhàe ben afrutajhai. Ol ét
de boune eùre, é prtant la jhornàie ét déjha achalante. O se mét tout d'in cot a
vezounàe é noutre abellour huche a sa fame :
– Caroline, tape la porte é la croesàie, autrement i ae bén pour que les abelles
aliant éssamàe den le ruchai de ta maraechine.
– Lés abelles ? Seriant al dun échapàies daus bournàes ? O manquerét pu que
çheù avoure !
A çhau moument, le jhéne chén vényit se sacàe en jhiaulant, den lés cotilluns de la
jhéne Caroline çh’avét sés beas éféts de maraechine é sun jholi coefi pr la fàete dau
çhénze d’Àut a Coulun. A sortét jhustement de la mésun, avéc sés deùs paneràies de
tourteas é çheùques pots de miàu, dau bun miàu biolojhique qu’a se gatét d’alàe
vendre a çhau grand marchai.
– É bé, qu’a dessit, ol ét pa den ma maraechine, qu’al éssamantçhés abelles, mé
den més cotilluns ! Ol ét le chén çhi lés at éfourénchàies ! Arache te dun de çhi
mun paure chén, va te foutre den le ramijhàe avéc tés abelles. I ae rén le tenp
de m’oçhupàe de ta fricassàie.
O fàut charjhàe toutes més afaeres den l’auto !
Queù chantiae més amis ! En vayant çheù, Sébastién, enpougnit sun bufour pr
endormi çhés bàetes ajhinàies. É pr chance, a sayiriant vitement éprbissàies.
Apràe, c’ét qu’o felét pa que l’éjhe lés deùs pais den le maeme bot pr préparàe la
tablle, lés brchéts, le parasol, le ban, pr calàe toutes çhés paneràies de tourteas
frmajhous de le coufre é surtout sen en ébrnàe çheùt.
Al en avét pris ine de çhé suàie la Caroline depeùs a matin pr çheùre sés tourteas !
A! çhéte fés al avét bé abenai ! Al avét poet nijhassai pr sur, pasqu’ol ét pa trjhou si
benaesai de lés réussi. Prtant toute petite, ché sa nenai a Lezai, s’en-étét o pa préparai
ine séquente fés devant lai !
Ol ét vrae qu’aneùt, sun frmajhe étét bén agoutai, que sés bllans d’eùs aviant bén
muntu, que la farine avét pa de grmelluns é pi çhau cot, al avét sunjhai a tout métre
den sa créme frmajhére, maeme le sucre ! O faut vous dire qu’in jhour, al avét laichai
le sucre den la poche. Alore au goût, o fasét pa le maeme éfét, parae ! La famille li
rapele cha moument pr la faere biscàe.
Ol étét jhamae que la troesiaeme annàie qu’al en fasét de çhés tourteas. A lés avét
soupesais... L’aviant pa l’àer cabournes, ma foé, le fasiant pa la casquéte, al étét ben
cuntente de lai... É le tenp li durét d’alçe lés faere vere a Coulun.
– Éboujhoun nous ! qu’o dessit Caroline, enfin débarassàie de sés abelles,lés
9
pllaces sant au prmàer ocupant aneùt, i trouverae rén s’o cuntinue !
Tout en causant, al étét rendue sou le balét, a coutai de la voeture. Tout d’in cot a
s’ébrallit :
– Que le diablle séjhe pa pi ! O y at ine roue a pllat avoure ! Bé qu’ét o ? T’en
étàes tu pa rendu cunte Sébastién ?
– É i-nun poet ! T’énérve pa, i va la chanjhàe, ta roue.
– Pasqu’ol ét de maeme, i va me nalàe avéc la pllate, é i réserverae ma pllace.
Tarze pa, trjhou, a amenàe le charjhement.
Noutre maraechine galopit a sa mote, pardi, sautit den sun batea, é a grands cots de
pigoulle a se ghillit entrmi lés lentilles é lés rouches. Lés vérgnes é lés alàes aviant
bea la métre a l’unbre, al avét grand chàud quant al arivit a Coulun. A prnit quant
maeme le tenp de se moullàe le cagouét pr pa étre roujhe queme in pabou.
A! çhés béles barques flleùries qu’ol avét su l’aeve ! Mé a sunjhit qu’a véndrét lés
admiràe pu tard, quant al arét trouvai sa pllace.
C’ét qu’o felét qu Sébastién arive, avoure ; a se metit a trpegnàe en l’atenant. En
atenant ? Voall ! A pevét core ateni. Çhau paure ga étét pa au bout de sés miséres.
Ine fés su la route, vela t-o pa qu’en passant de cuntre sun chanp de garoull en jhéne
pousse, le manque de vrsàe den le foussai ! Qu’ét o dun que l’avét vu noutre
Sébastién ? Tout in épari de chebres den sun garoull ! É cunbé n-avét o de çhés chéns
gatàies de bàetes ? Au moén in cent ! É a maeme de gavagnàe sa récolte !
Vela in ga bén enpenacai asteure avéc çheù ! Le pevét poet laechçe çhau chantiae de
maemz... É Caroline çhi l’aténét !
– É bé ma grand mile foé danàie ! que le melounit, ol ét bé sur que le bun ghieù
ét pa avéc nous aneùt ! Çhau cot, ol ét trop fort ! Ol ét pa la prmére fés qu’a
venant çhés bougràesses de chebres, o m’étét bé d’évis qu’ol étét çhéles a la
Sidonieçhi fasiant çhét agat ! A me desét trjou qu’ol étét pa vrae !
Dame ! Ofelét que le sorte çhés bàetes d’içhi, é vitement, pr dessu le marchai.
Enrére, quement perét all o prouvàe ? Ine foto ! A voui ! Ine foto ! Le cherche sun
aparéll, fruchte prtout... É nun, o li revént que l’étét réchtai su la quemode.
– A! O serat pa dit qu’i laechrae passàe çheù... Faut qu’i retorne a la mésun.
De rajhe, le reçhule den la palice, é l’ésquinte ine ale... O le retarze poet, l’at qu’ine
idàie : préndre çhés saloperies de chebres su le fét.
Quant le revént a su chanp de garoull, avéc sun aparéll en état de marche, qu’ét o çhi
s’at passai ? O réchte pu que troes chebres ! É le chanp tout petatinai ! É avoure, pu
de preuve quasiment, prsoune den les parajhes. É Caroline çh’atént sa marchandise !
Le prénd quant maeme troes ou quatre fotos de çhés troes bàetes den l’agat,
çheùques chamelàies de crotes rechtàies su pllace, en se demandant voure çhau soula
de biques pevét bé étre passai...
L’at pa besén de cherchàe bén luntenp : su la route de Coulun, le lés retrouve : a se
rendant, soules crvàies, pardi... Les remells plléns de lét... pr la voesine !
– A ! tarze a crvàe de tarze a crvàe ! Chau cot, o fedrat bé trouvàe l’ocasiun de
s’éspllicàe, dazar ! C’ét qu’o vat faere de la perte çheù. Nous çh’avun tant
besén de l’arjhent de çhau garoull ! Mé çhi me crérat ? L’étét bé poussant
10
prtant çhau garoull çhéte annàie. I cuntiun bén dessu pr péyàe a la Sé Micha.
Queù métiàe ! Trjou daus aburéngues, faut trjou travallàe pr rén ! Quant i
sunjhe que i ae rabalai tant de tenp den çhau chanp ! Ol ét bé la paene de faere
de la qualitai é de cultivàe bio pr que çhés chebres o mettiant tout a la
perdiciun. Ét éle bé assuràie seùrement la Sidonie ? A ! misére de misére !
Caroline, pendant çhau tenp, soguet la petetine.
Al avét bén le tenp de sunjhàe qo’ol étét pa ine vie aesàie que l’aviant choesie en
s’énstalant den la mésun a sa nanai Cllémence. Çhéte mésun çhi l’avét vu grandezi,
çhéte mésun qu’a queneùssét jhusque den sés moéndres racoins é çhi sentét si bun au
préntenm, badijhounàie a la chàu avéc sun rosàe tout a flleurs...
Noutre Sébastién finissit trjhou bé pr arivàe a Coulun. Mé pr jhéndre Caroline, ol étét
ine àutre paere de manche. Le garit sen auto voure le peyit é le se perchit su ine borne
pr zieùtàe den çhau soula de munde. L’avisit in mouchenàes çhi se secouayét, den le
mitan de la pllace. Caroline l’avét aprçu lai-tout. Le se dépaechit d’enpougnàe deùs
panàes pr la rejhéndre a grandes éjhanbàies. O séyit pa sen détrviràe au passajhe,
çheùques mojhétes a Cllaudéte Fusea, lou voesine...
A fine force le s’apouyiriant su lou ban, sou le parasol, bén calais dare la tablle.
Caroline y avét éparai ine jholie nape que sa grand mére avét brodàie, çhéte nenai çhi
li avét apris a faere lés tourteas. Sur qu’a serét cuntente de vere qu’aneùt sa petite
draulàesse pevét si bén réussi sés frmajhous pr la faete dau péyis.
Tout lou fasi étét içhi : le miàu de lous abelles é lés tourteas... meù que su l’étalajhe
aus marchands de Niort ! Oi bén méllour que de l’acheti !
O y avét poet luntenp que l’étiant assis quant Sébastién avisit au mitan d’in
agrouajhe de munde, bén atrénchàie, la Sidonie çhi se retrquét den sun coustume de
maraechine.
– A! Bé çheù alore, ol ét in poe fort. La Sidonie se prmene endimoénchàie içhi, é
sés chebres sant en trén de runjhàe ma récolte ! A me la copirat, çhéle la !
T’énçhéte pa ma viélle,i te garde in chén de ma chéne. Ol ét tout su la foto, i te
garanti qu’o se passerat pa de maeme. I ariverae bé a te taupàe, crés pa !
Caroline cunprnét rén a ce que le melounét. Al avét bé vu que l’étét tout éfenallai en
arivant tout cuntant. A çhau moumentl’aviant bén meù a faere !
Pu tard, o felit que Sébastién s’espllique... O li en falit dau tenp a Caroline pr
cunpréndre çhéte tirolàie d’aburéngues... En veriant all pa bétout le bout bun sang ?
Zeus çhi s’aviant queneùghu içhi, o y at de çheù tout jhuste dis ans, le s’aviant dit
que le feriant la prmenade, ine fés les afaeres vendues... Caroline seyit bén machàie
dau tour qu’o prnét tout çheù. Al arét poet velu se fachàe avéc la voesine, çhi, d’in
àutre coutai, li rendét çheùques sarvices. A se raesounit, mé al ayit bén dau màu a
retenir Sébastien d’alàe chalinàe, su le cot, aus orélles a la Sidonie. Le se métiriant
d’assent pr repoussàe l’afaere au lendemoén. Étiant all pa çhi pr faere boune figure ?
11
O séyit tout in moument qu’o vendét poet ghére. La jhornàie lou pesét déjà bén su
les épales. Mé ine fés la colére amauduràie, le prniriant le tenp de regardàe in poe
passàe lés mundes.
A in moument dounai, o passit deùs fames çh’étiant assurément pa de çhaulun, sen
çheù, al ariant poet birellai çhés tourteas de çhéte façun. A repassiriant in cot, deùs
cots, é Caroline entendit çhéle çhi poussét le coude a l’àutre en ricassant :
– Regarde donc celle-ci, elle vend des gâteaux tout brûlés !
Entendant çhéte remarque toute apoéntuchàie, Caroline s’enpressit de partajhàe in
tourtea en deùs pi de copàe çheùques petits mourceas su ine assiéte. A la prsentit
aemabllement a çhés fames, é queme al aviant l’aer d’ésitàe a o portàe a lou goule,
Caroline lou z’ésplliquit que çhau négre de dessu, fasét vere qu’ol étét bun.
– Aléz mésdames, goutéz-y dun !
Ce qu’a fasiriant pardi, d’abord dau bout dau bec, pi al en reprénghiriant... Al
aviant l’aer d’y préndre goût ma foe, o se cunprnét aesaement a la goule qu’a fasiant.
Devant zéles, Sébastién de bun çheùr en ménjhit la moetai d’in a grandes goulàies,
pasque l’avét grand foém, li, a çhéle eùre. Avéc toutes çhés émotiuns, o y avét
luntenp que la soupe dau matin li acotét pu le jhabot. Le regardét çhés deùs fames chi
se luchiant les balots en ramassant les deréres mijhétes su lous déts.
– Ne penses tu pas que cette pâtisserie conviendrait parfaitement pour le
cocktail d’accueil des Japonais ?
qu’o dessit la pu ajhàie de nos deùs goutouses. É pi l’àutreçhi fasit vere qu’al étét
d’assent ! Caroline en créyét a paene sés orelles...
Sébastién en prfitit pr lou faere goutàe sun miàu toutes flleùrs. Al o touviriant a lou
goût çheù atout é en prénghiriant la moetai de ce que l’aviant aportai.
Nos deùs particuliéres achetiriant lés deùs paneràies é comoéndiriant ine fournàie de
tourteas toutes lés semanes pr le chatea de St Loup, la voure que d’apràe, o se rendét
daus beas mundes...
Caroline é Sébastién, tout ébaubis, se dessiriant que le vent avét bé quant maeme
virai é que la jhornàie finissét bén meù qu’al avét comoénçai !
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Le cour de poetevin
Par le cours de poitevin de Vouillé pour le concours d’écriture en parlanjhe (2007).
Récompensé par le 4ème prix.
Cette scène peut se jouer seule en intermède ou s’inclure dans une pièce sur la
difficulté d’exprimer son identité en plusieurs circonstances de la vie.
Plusieurs couples, d’âges différents, dans des situations de la vie d’aujourd’hui,
finissent par se retrouver ensemble, assis au cours de poitevin-saintongeais
récemment ouvert dans leur secteur.
Ici c’est un couple, plutôt jeune qui vient au cours.
Antoene assit au volant de sa voeture aténd Marie, le cause tout seùl.
Antoene : Ol ét pa vrae qu’al ét core au brlinou ! I alun étre en retard au cours de
parlanjhe. Atén, i va faere runfllàe le moteùr de ma voeture, o la ferat bé débornijhàe,
dazard.
(le moteur runflle, mé Marie sort pa)
I va cornàe ! Si a vént pa, i me nale tout seùl, s’a cuntinue ( le corne). Al o fét
éspràe ! Avec çhi ét o qu’a brdasse de maeme ?
(le cougne su le volant queme in enrajhai, o corne a faere sorti lés geléts de lous
creùs. Marie sort enfin é munte den l’auto).
Marie : Bé... qu’ét o que t’as ? Avun z-i pa le tenp ? Ol at bé trjhou çheùque chouse
çhi te mache, mun paure Antoene. Ol ét pa core sis eùres, t’o ves bé au cllochàe.
Antoene : L’avant pa core oghu le tenp de chanjhàe d’eùre, tu lés queneùs bé !
(Le démarant, le desant rén çheùques minutes é tout d’in cot, au poste çhi runfllét
tout cha petit, un entend Micha Cardinea, in jhornaliste çhi se mét a faere ine
causerie)
Le poste : O devént pu possiblle pr se dépllaçàe. La petrole enchérzit tant qu’a pet.
Un nous dit que bétout o n-en arat pu. O fedrat bé la renpllaçàe ! O serat bétout moén
cher de préndre dau vin, que les mundes savant pu déque n’en faere...
Antoene : A ! Ol at luntenp que i o z’ae dit ! I sé sur qu’ol ét poussiblle ! Tu velàes
pa me cràere !
Marie : Ol ét vrae que t’en dis daus afaeres, mé ol ét pa trjhou parole d’évanjhile !
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Antoene : É tàe, étét o dun si fin é si éntéressant çheù que tu racuntàes au brlinou
tout cuntent ? T’as rudement musai quant maeme, i sé pa ce que tu trouves trjhou a
dire ! Ét o daus paroles d’évanjhile ?
Marie : Tu vedràes savàe avéc çhi qu’i causàe, parae ? T’o saras pa ! É jhustement i
causiun de tàe !
(silence)
Antoene : Pr voure ét o qu’i passun de sàe ? Ol ét tàe çhi quemandes d’abitude.
Marie : I avun que de passàe pr la petite route apràe le punt de l’autoroute. O faut
préndre la boune muce çhau cot. Ol ét la deùsiaeme route a dréte.
(en maeme tenp a li fét vere sa gàuche)
Antoene : Bén sur qu’i m’en souvén ! La derére fés tu m’as fét virounàe i sé pa
cunbé de tenp den le vilajhe d’a coutai ! É core in cot, tu me fés vere la gàuche quant
tu dis a dréte ! O fedrét savàe ce que tu vaus ! Di, prén dun le volant ! Un ét jhamae si
bén sérvi que pr sé maeme !
Marie : I-nun, ol ét casiment neùt ! I aeme pa cundire a çhéle eùre, t’o sés bé !
Antoene : Tae ! Regarde çhau drigall avoure, qu’ét o qu’ol at su çhéte route ? Daus
moeceas de sablle, daus pàeres ! Ol ét barai ! A çhau traen, i sun pa rendus su le talle.
Queùl eùre ét o a force ?
Marie : I te répundrae pa, i ae pa ma muntre su mén ! Tu m’as télement trboulai que i
ae pa sunjhai a la préndre. É prdéque és tu si énpacient ? Quant tu m’aténs en
trpegnant é que t’és çhi a t’élupàe queme çheù, i sé pu ce qu’i fé, mén ! Tu me fés
pérdre tout més moyéns.
(silence... mimiques de facherie... )
I cré bén que i ae pa pris més afaeres, avéc. Ni mun panàe, ni la galéte que i avàe féte
pr tout le munde. Tu me feras tournàe en bourique !
Antoene : O serat de ma fàute, bén sur !
(o roule en silence çheùques segundes)
Bun avéc tout çheù i arivun den in çhu de sac, o y at pu le choes, o faut chanjhàe de
bout den ine chare.
Marie : O fét negre, un n’y vet pa mae que den la goule dau four ; i pevun écaçàe
queme de rén ! I va déssendre te ghidàe.
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Antoine : (énérvai) A nun ! Réchte içhi, o sufit de maeme, avéc tés idàies de préndre
lés petits vedéts ! I va bé réussi a reçhulàe tout seùl sen vrsàe den le foussai.
Marie : I rechte içhi pasque t’o dis. Tant pi pr tàe ! I va taesàe ma goule, atou, é tapàe
mun béc.i te laeche faere, pisque t’és trjhou pu fin que lés àutres.
Antoene : Ol ét de ta fàute tout çheù, t’avàes qu’a pa étre si brdasse au brlinou, i
nous ariun nalai pu tout. Si te m’avàes écoutai, a l’eùre qu’ol ét i seriun rendu avéc
lés àutres. Ol at pa boune mine d’arivàe de maeme trjhou en retard.
Tàe çhi dis que t’aeme tant çheù, le parlanjhe ! Tàe çhi dis qu’ol ét in vrae pllési,
queme ine caraesse, que tu dis, quant tu l’entends,bé finalement, a tant nijhassàe, tu te
punis tàe maeme, ma paure Marie !
(Antoene fét sa marche arére, o y at in petit moument qu’un entend que le poste. O
vesoune en musique)
Marie : I cré que t’y vas in poe fort çhau cot ! O me mache ce que tu dis. Ét o pa tàe
çh’at velu t’y remétre au poetevin ? T’avàes trjhou dit que quant t’en entendàes, o te
remétét den tés petits bots, qu’o te rapelét tun école, ta jhenéce é que tu velàes vere ce
qu’o dounét, d’o apréndre ?
Le poste : Météo de la semàene : O mollerat pa d’içhi uit jhours su le Poetou-
Chérentes. La secheréce ét a créndre pi que jhamae. Lés napes fréatiques se referant
pa çhét ivér, ol ét a créndre. Ol ét bén recoumandai dés avoure de pa gavagnàe l’aeve,
de pa lavàe les voetures, de faere atenciun aus arousajhes...
Antoene : S’i velun pa sechàe tout debout, t’aras qu’a pllantàe moén de bouçhéts
çhéte annàie, o serat trjhou çueù d’épargnai.
Marie : Tu rigoles ? O vedrét meù causàe de tun garoull, o fedrat bé que tu sunjhes a
en faere moén grand. T’en avàes casiment 100 éctares l’étai deràe. Le desant au poste
qu’o vaut meù senàe daus poes, daus feves, de la rabéte... T’as qu’a t’y métre au lieu
de causàe de més flleurs, çheù ol ét ine goute d’aeve a coutai daus arousajhes den lés
chanps.
Antoene : Taese te dun ! Si tu crés ce que le desant a la télé !
(O roule en silence, Antoene a tapai la goule au poste)
Antoene : Ol ét vrae que si tout le munde atént sun voesin pr quemoénçàe a
épargnàe, o perét duràe in moument. Ol ét bé a chaquin de faere in petit jhéste si i
velun que nos draules trouvissiant ine tére voure un pet vivre.
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Marie : Qu’ét o çhi te prénd, avoure, t’as vu l’aghulle au cunteur ? Sunjhes tu pa au
radar qu’o y at su çhéte route ? O manquerét pu que çheù, qu’i atrapun in prouçaes pr
dessu le marchai !
Antoene : I virun su le centre çhau cot, ol ét pa pu lén, i ve lés chandéles dau borc çhi
brlutant.
Marie : Araete dun içhi, qu’ o y at de la pllace. Ol at pa l’aer d’avàe grand munde !
Queùl eùre ét o dun ? Lés chandéles sant pa core alumàies lae-su ? Noutre réjhente ét
al malade ?
Antoene : Ol ét pet étre chanjhai de sale de cllasse, i va alàe vere pr dare. Aten, i
déssen.
Marie : Mae tou, i cré bén qu’ol ét Éléne qu’i ve lae-ba. Qu’ét o qu’a fét avéc sun
pén sou le bras ? Bunjhour Éléne !
Éléne : Mé qu’ét o que vous faséz la, touts deùs ?
Marie : I arivun au parlanjhe tae pardi, é tàe ? Véns tu pa ou bé arives tu avéc tun
casse croute de sàe ?
Éléne : Vous savez bé qu’ol a pa cour aneùt !
Marie : Pa cour aneùt ?
Antoene : (çhi revént jhuste) Pa de cour aneùt ?
Éléne : Dame, pr le parlanjhe, vous arivéz ine semàene en avance ou bé ine semàene
en retard. Mé ol ét sur qu’o n-en at pa aneùt.
Marie : É bé ! Ol étét bé la paene de se praessàe de maeme !
Antoene : Ol étét bé marcai su tun calepin, Marie ?
Marie : Mun calepin ? I ae pa regardai. Ol ét bé tàe, tantout, çh’at demandai a qeùl
eùre o felét que tu séjhes de retour pr alàe au parlanjhe ? I t’ae dit 5 eùres au pu tard
pasqu’i te queneù. d’au cot, mén i ae fét ma grimolequeme i avàe dit le deràe cot. Ol
ét sur que i ae pa regardai més papàes. I t’ae fét cunfiance.
Éléne : Vous seréz chites pr veni préndre in petit cafét a la mésun !
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Marie : Si tu vaus ! Vela ce qu’ol ét de velàe segre sun oume sen réflléchi.
(Al entoune ine petite chançun que l’avant apris au cour é que le chantant touts lés
troes)
A que lés fames sant baetes dundaene
D’obéyi a lou mari, dame voui !
D’obéyi a lou mari (bis)
Ol é bén fét pr nous àutres, dundaene
I en recauserun de çhéte drolerie, dame voui !
I en recauserun de çhéte drolerie (bis)
Antoene : Le prchén cot, tu m’aras ghére, dundaene
I écouterae pa ce que tu dis, dame voui !
I écouterae pa ce que tu dis (bis)
Ensemblle : Malgré toutes nos bouqueries dundaene
I t’aeme bén mon petit mari, dame voui !
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La bujhàie
Cette scène a été écrite par Suzette pour l’animation du souper poitevin 2007
Çheù çhi se passe au lavour dau Lanbun a Vouillé :
Victoire :
– Bunjhour lés fames (é bise de çhi, bise de laé), quement qu’o vat ? O fét ine
chaleùr fole aneùt. I vén d’édrajhounàe daus jhoutes é i sé lasse crvàie. I trouve
que le Lanbun a diminuai, o y at moén d’aeve qu’o y at uit jhours, trouve-tu pa,
Mélanie ?
Mélanie :
– Pet-étre bé,avoure que t’o dis. Mé d’apràe lés jhornaus, le desant qu’o y at in
bouleversemenr cllimatique, ol ét pet-étre çheù !
Sidonie :
– Bé i serun bé oblijhàies de nous y faere, mé o serat drolement enbétant.
Quement qu’i ferun pr rinçàe noutre bujhàie ? Alun, métun nous a l’ouvrajhe
pasque i sun pa en avance é o fàut qu’i passe au blleù quant i serae rendue.
Victoire :
– Mén, i quemence pr lés lénçàus, l’avant bén détrenpai é o décole tout seul.
(pan, pan, pan avec le batour, a secouaye le lénçàu). Jhaque, vén m’aedàe a métre
çhau lénçàu su le brchét pr que le s’agoute. O serat moén lourd den la brouéte.
Sidonie :
– Çhéte semane, i en ae que deùs, mé tout pllén de mourceas pasque lés draules
avant chanjhai de chemises é de çhulotes a matin, o n-en fét toute ine rabalàie.
Mélanie :
– Deséz dun, lés fames, avéz vous pa vu lae-bas, en face, o y at in moument qu’i
la zieute, é bé la Florence a pa de sarviétes ujhiéniques aneùt, é i la trouve in peu
bllanquéte. Ét-o qu’a serét core prise ? Ah bé ! Al at pa besun de çheù, al at bé assé
de draules de maeme. Enfin, i verun bé lés prchéne fés.
Victoire :
– Eh bé di dun, Sidonie, i ae entendu dire que ta felle at in bounami, ét-o vraé ? É pi maeme que le s’entendant bén touts deùs.
Sidonie :
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– Bé ol ét vrae, é maeme que le dét venir dimoénche en çhénze pr réçunàe é i sé
pa ce qu’i va faere queme çhusine. Aràes tu ine idàie, té, Mélanie ?
Mélanie :
– Ah bé tu me prens in peu de court, o fàut bé que tu métes lés petits pllats den
lés grands, pardi. Si tu fasàes de la tàete de vea a la vinaegréte, ol ét bun,çheù é pi
ol ét a la mode de çhés tenps. Enfin i en recauserun. t’as qu’a venir me vere ine
seràie la semane prchéne avec ta brocherie, é i te poeyerae le cafet.
Victoire :
– Ah bé mén, o fàut qu’i me méte debout. Çho jhenellun me gàte les jhenalls. O
y at surement pa assé d’épaessour de palle. I sé sure que la palle d’avaene arét meù
convenu, al ét pu douce. I o z-ae bé dit a Jhaque, mé le s’en fout, l’avét pa le tenp.
Zélie et Léon passent sur le pontavec leurs valises
Sidonie :
– Eh regarde dun çhi passe su le punt lae-bas... Ah bé voui, Léon Ingrand é Zélie
çhi se rendant a pai dépeùsla gare d’artenai. Le revenant dau mariajhe de lou draule
lae-bas en Normandie. Alore, Zélie, quement qu’o s’ét passai çhau mariajhe ?
Aviéz-vous ine béle mariàie ? Ét-éle aemablle çhéte bru ?
Zélie :
– Ah, me cause pa de çheù, un sét pa ce qu’o dounerat, mé al ét ine vrae
normande pasqu’al ét bén pijhàude.
Toutes les femmes éclatent de rire
Victoire :
– Bé que le diablle lés enporte ! Lés oumes fasant la meriéne ! Vous avéz vu
çheù ! Aléz lés gas revelléz vous pu vite que çheù é venéz nous aedàe a remuntàe
lés brouétes su le punt pr le petit grinpinet, ol ét qu’a sant lourdes, mé o vous
fatigurat pa trop qu’o m’ét d’avis. Dis dun Jhaque, entends-tu pa queme la roue de
la brouéte sile ? O fedrat que tu métes de l’eùle en arivant. O me leve la pea de
dessu l’échine.
Jhaque :
– I ae pa oghu le tenp, io ferae le prchun cop qu’o moullerat, sous le balét.
Suzette Bonnaud
2007
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La tuerie de goret
Animation du souper poitevin du 24 Octobre 2009
3 hommes discutent à une table, dont 1 de la ville. 1 quatrième arrive.
(Jho) Alors mes cochons, vous avez pas core la grippe porcine
(Andrai) Non, i vont bén.
(Marcel) Vens dunc boere un cop avec nous.
(André) Chette grippe l’en causant trjhou bé tout pllein.
(Raymond) Mais de toute façon, il faut dire la grippe A.
(Jho) Oui, au début, le l’ant appelée la grippe mexicaine. Comme les
Mexicains etiant pas contents, le l’ant appelée la grippe porcine. Mais comme
les gorets etiant pas contents zeus tous, le l’ant appelé la grippe A, comme si ol
était la prmere.
(Marcel) O velait peut être meu, parce que daus dictuns et daus proverbes sur
les gorets o n’en a tout pllen.
(Jho) Copains comme cochons.
(Raymond) Du lard ou du cochon.
(Marcel) Cochon qui s’en dédit.
(Andrai) O faut pas confondre cochonnaille et cochonnerie
(Raymond) Dans le cochon tout est bon, de la queue au menton.
(Jho) I entends trjhou bé silàe ?
(Marcel) Oui, ol est chez Mimi que le tuant le goret.
(Andrai) Voui, même que l’at pas l’air d’accord atou.
(Raymond) Ca se fait toujours de tuer le cochon dans les fermes
(Andrai) Oui. De même les jhens savant ce que le munjhant. Ol est pas chés
saloperies de super marché.
(Raymond) Je n’ai jamais assisté à ça. Expliquez moi comment ça se passe.
(Jho) D’abord, o faut mettre le goret dans la mue, chette espece de cage, lé bas.
Ol est pas souvent aisé de le faire rentràe chi dedans. On dirait que les gorets
sentant ce qui va lou arrivàe.
(Marcel) Une foes dans la cour, o faut l’attachàe à un abre ou bé une barre
piquaïe dans la terre.
(Andrai) Aprae, on l’assoume et on le pique là (montrer du doigt). O faut yétàe
le sang dans une poele en essayant de pas en perdre
(Raymond) Le sang c’est pour faire les boudins ?
(Marcel) Oui, mais o faut pas arretàe de le brassàe, aussi ben dans la poêle que
dans le sella, pi on y met un peu de vin pr que le caille pas
(Andrai) I me rappelle, une foé, chez François. Le goret bougeait pu, o venait
pu de sang, alors le l’ant détaché. Pendant cho temps François a été cherchàe le
pineau. Ol est la traditiun de boere un cop quand le goret est mort. Pendant que
le trinqiant, cho goret s’a sauvé. Le pu rigolo,ol est que l’avait ramassé le
coutea dans sa goule et que le se sauvait avec. Ben, ches gars étiant ben
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embêtés, ol a fallu que le galopiant le goret jusqu’à l’autre bout dau villajhe. I
peux vous dire que l’en en entendu causàe un moument.
(Raymond) Quand le cochon est mort, Qu’est-ce qu’on fait ?
(Andrai) O faut le grillàe. D’autre foé, o se faisait à la paille, mais avoure, o se
fait au gaz.
(Marcel) Pi aprae, o faut le grattàe pr le nettoyàe. On prend une teublle ou une
boite à sardines voure qu’on a fait daus crus avec une pointe, ou bé un coutea.
En fait o faut pu que l’ejhe de poils, pr finir ol est comme si on le rasait.
(Raymond) Et ensuite ?
(Andrai) O faut l’installàe sur chette échalle, pi on la dresse cuntre une
muraille, avec le goret la tête en bas. Là on le vide et on cope les quartaes.
Pendant qu’on finit de décopàe le goret, les femmes lavant les tripes.
(Jho) Bé men, chette jhournaïe, i fais ben attenciun que mon coutea traine pas
sur la tablle. I veux pas que le sente les tripes.
(Raymond) Les tripes, c’est pour faire les boudins ?
(Jho) Voui.
(Bertrand) Pendant qu’une équipe râclle les tripes, une autre s’occupe de la
viande et pele les oignons. On prend la viande de la gorge. On mouline les
oignons et on les met à revenir dans le chaudrun. Quand le sont revenus
comme o faut, on met la viande hachaïe. O faut qu’o mijhotte un moument
dans le chaudrun à feu doux. Pi o faut o brassàe souvent per pas qu’o prenne au
chu, o dure plusieurs heures. Quand la viande est cheute, on voit une petite
auréole brunatre tout le tour dau chaudrun. On retire dau feu, et on assaisoune,
sau, poivre et quatre épices. On ajoute le sang en filet sans arretàe de brassàe.
Chacun goûte et dounne son avis. I peux vous dire qu’ol embaume dans toute
la maisun. Pi on met la viande dans les tripes avec l’ouillette à boudins, et on
attache les boudins avec dau rafia.
(Raymond) Les boudins, c’est fait au poids, vous les faites tous pareils ?
(Jho) Nun. Pr pas être vulgaire, i dirai qu’ol est la virilité l’houme chi fait la
lunjhou daus boudins.
(Marcel) La quoe ?
(Andrai) Le veut dire qu’ol est la lunjhou de la couette dau gars chi fait la
mesure. Et o y at daus endrets que le devant pas être ben lungs
(Raymond) Et une fois que les boudins sont faits ?
(Marcel) On fait chauffàe de l’aeve pr les ébouillntàe.
(Jho) Aprae, on les met sur un melou et on les passe à la couanne pr que le
brillant.
(Raymond) Et ensuite, on fait quoi ?
(Andrai) La jhornaïe est déjà ben avançaïe, le reste o se passe le lendemain.
(Marcel) La viande a été mise au frae pr qu’elle sejhe ben ferme
(Jho) Ol est là qu’on débite le goret. On fait les gratins, les pâtés, les routis, les
rouelles.
(Andrai) Les gratins sont copés en cubes, pi on les fait çheure dans un
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chaudrun. Les pâtés zeus sont hachés. I ai souvent tourné chette manivelle.
Avoure, o y a daus hacheuses électriques, o se fait sans peine.
(Jho) Pi o fallait chauffàe le four. A daus endrets, le servait qu’à cheu, alors o
fallait un moument avant que le sejhe à temperature. On y faisait çheure le
routis, chacun dans un pllat, les pâtés dans les patissieres . Avant que tout sejhe
çheut, o fallait souvent la chandelle pr tout sortir dau four.
(Marcel) La viande se mettait atou dans le salou, une couche de sau et une
couche de viande, et ansi de suite. Mais aneut, o se met dans le congelateur o
va tout pllein pu vite.
(Andrai) O y a atou, la sauce à la couanne, la sauce à la pire, la bllanche et la
negre.
(Raymond) C‘est quoi tout ça ?
(Marcel) La sauce à la pire bllanche se fait avec les poumons, ol est un peu
caoutchouteux. La sauce à la pire negre se fait avec le foie. La sauce à la
couanne comme son nom l’indique, se fait avec la couanne. O y avait ren de
perdu parce que (en chœur) : dans le cochon tout est bon, de la queue au
menton. Ol est bun la sauce à la couanne, mais ol est gras. T’as inérêt à o
munjhàe tant qu’ol est chaud. O s’appelle atou dau colle balots.
(Andrai) Avec le reste daus tripes, on fait l’andouille, atou.
(Jho) I ai une histoire de goret men tou. Le voisin de mon beau frere avait un
goret savant, le savait comptàe.
(Marcel) Un goret chi sait comptàe? Ol existe pas cheu.
(Jho) Si, si. Le l’aviant appelé Archimede, Et les jhens veniant de loin pr voere
chau goret comptàe.
(Andrai) Bé comment faisait all pr comptàe ?
(Jho) Le patron disait : Archimede, 4+5 ? Et chau goret faisait : neuf, neuf,
neuf. Ou bé 6 et 3 ? Neuf, neuf, neuf. O faisait trjhou neuf. Un jour o y at un
gars chi fit remarquàe que chau goret disait trjhou neuf. Le paysan desit :
Archimede, 6 et 2 ? Chau goret : neuf, neuf. Le paysan rentre dans le tet, fout
un grand cop de ped au çhu dau goret, et alors : hui, hui, hui .
JB
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Acrostiche
Abellour dau dimoénche vat o
Bournàe pr braechàe
Efarvoyài pr çhés petites bàetes.
Lisour, si o t’arive
Laeche zou vite
E va dun faere la meriéne
Jho Bounin
2009
23
Cabrnot La Chaline
Histoire racontée par Odile. 17 Février 2009
Ol ét ine istoere çhi m’at étai cuntàie pr ma tante Rollande (la seùr a ma mére)
Ol ét l’istoere d’in mec... Nun, i m’ae trunpai, çheù, ol ét Coluche çhi o dit...
O fét qu’ol ét l’istoere d’in ga den in vilajhe. L’étét a travallàe den sés chanps. Le se
dépéchét pasque le veyét bé que le ciàu se négrsissét é l’avét bé pour qu’o moulle
avant que l’éyisse fini sun ouvrajhe.
Tot d’in cot, o petit in de çhés cot de chaline, é o se métit a moullàe queme vache çhi
pisse ! "Ça pleuvait, ça ventait, ça faisait des éloeses" (çheù, ol ét mun pére çhi o z’at
écrit den ine rédijhaciun, créyant écrire dau bun françaes!)
O fét que mun ga se desit : "o fàut qu’i me méte a l’abric".
O y avét den çhau chanp in chagne cabrnot (ve savez bé ce qu’ol ét!). Le courit se
métre a l’abric den çhau creùjhe.
Bé vàu, vela la chaline çhi cheùt su l’abre é le cope en deùs !
Mun ga n’at pa demandai l’arjhent de sun rechte ; le se sauvit ché li, mé l’avét oghu
la pour de sa vie !
Dépeùs çhau tenp, lés mundes dau péyis l’avant apelai "Cabrnot La Chaline"
En tot cas, o fasét core rigolàe ma tante Rollande quoure a m’o at racuntai.
Odile Martin
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Létre au bounoume Nàu
Ol ét core bétout Nàu. I sun çhi ine petite grouàie de poetevins é i vedriun te
demandàe çheuque çhouse, a tàe çhi ves si bén de lae-su é çhi sés queme ol ét su
çhéte taere au jhour d’aneùt.
O nous érale le çheùr de vere tout ce çhi se passe den le munde. I sunjhun a noutre
jhenéce voure ol étét bén lén de touts çhés éparis de brluteries é voure ine oranjhe ou
troes croquétes en chocolat fasiant noutre bouneùr pr l’annàie.
Sunjhes tu que çhé nous-autres tu méts sous lés élls a daus jhénes çhi avant maeme pa
d’uvrajhe ine débauche d’afaeres que l’avant qu’a regardàe sen pere o z-achetàe ? O
nous fét de la paene.
Mé nous, i aviun au moén trjhou oghu déque ménjhàe é de l’aeve a boere.
Tu ves bé qu’ol ét pa le ca pr ine grande part de noutre pllanéte.
Alore i vedriun te demandàe de partajhàe a touts lés draules de la taere lés tas de
paçhéts que tu prmenes pr en aportàe a touts çhés-la çhi avant rén de rén, ni a boere ni
a ménjhàe.
T’at o jhamae venu a l’idàie de tendre la moén a touts çhés peùplles çhi fasant daus
çhilométres é daus çhilométres pr trouvàe la goulàie d’aeve qu’o lou fàut ? Tàe çhi
fés si bén brlutàe lés chandéles den nos cuntràies, tu saràes bé trouvàe l’énerjhie pr
d’àutres çhouses pu utiles.
É quement peràes tu arétàe tous çhés bras çhi tenant daus armes ? Ét o daus jhouéts
de Nàu, çheù ? Ves tu pa qu’o fét soufri lés peùplles çhi sant forçais de se nalàe de
ché zeùs ét qu’o fét béréde de misérous.
É pr touts çhés jhents malades de mauvaes màus, peràes tu pa bufàe a l’arelle de
çheùques savants daus soluciuns pr gari tout çheù ? O nous fend le çheùr de vere tant
de misaere, é i créyun qu’ol at que tàe pr métre fin a tout çheù...
Bounoume Nàu, de lae-su, verse dun ine ou deùs jhéntàies de pouvre d’étéles au
dessus de touts lés maleùreùs de la taere, prtout den le munde, pr que touts lés oumes
é lés fames é lés draules pejhant vivre é ménjhàe a lou fém.
Verse z-en atout su touts lés dounours de leçuns pr lés apaesàe, zeùs çhi créyant si
bén faere en métant le munde a la détrvire.
Épare daus tunbrolàies de bun-sens pr que la pae déssende den lés çheùrs.
I sunjheriun pu a toutes çhés brluteries... I apréndriun a nous ofri daus mitanes bén
chàudes tricotàies avéc amour, ine boete de mouchenàes, in bounét, in cache col, é
noutre pllési serét cent fés pu grand de dounàe é de recevre en sunjhant que tout le
munde en at sa part.
De noutre Poetou, avéc tout ce qu’i savun, que periun z-i faere pr qu’o chanjhe in
petit ?
Chantàe ? Ol ét ce qu’i savun faere.
Texte collectif 2009
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Bout de billét de Mérlusine
Ce billet a été écrit par Marie-France Perron en 2009
Yannick ét apouai au jhardrin daus istoeres a Pougné-Hérissun, au nenbourell
dau munde, lés 29, 30 é 31 de çhau moes d’àut, pr rencuntràe lés vesitours é ébauràe
in novea éspéctaclle, Dodo.
Paris, le 15 d’àut 2009.
Bé le bunjhor a tàe, Yannick.
I pe pa te vesitàe a Hérissun, te pes z-ou cunprendre mé i velàe tot de maeme te
causae de moun istoere que te queneù déjha bén, te l’as cuntàe (enrére pa tot queme i
aràe velu). I va retornàe dessu mé i veùdrae sultout te dire queme i vé le munde
d’aneùt : i n-en ae grous a dire.
Mérlusine qu’i m’apele, i seù pu véll que lés foeres de Jhençàe. I seù pa naeçhue
den le Poetou, te z-ou sés bén. I vén d’Ecosse ; d’Albanie, tot fin jhusce ! I me seù
sacàie çhi den le Poetou, queme Sébastien Bertrand çhau Maraechin qu’a naeçhu au
Liban obe queme lés Vendéyéns qui vénghirant den la Viéne devér 1950. I seù dun
ine migrante queme tote ma seguence.
La migraciun, asteùre, ol ét noutre afaere, a nous trtouts. Censément, i apartenun
trtouts a daus peùplles que lés téres que le sant a zeù, sant jha rapilotàie, queme lés
Rroms, daus peuplles sen « territoire compact » queme z-ou dit Marcel Courtiade,
profaessour de Rromani a l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales
(INALCO).
. Enrére, o n-en at maeme qui disant que mae, Mérlusine, i venghit putout içhi
au cénquiaeme séclle ac le peùplle daus Taifales.
I t’ae vu, Yannick, aus jhornàies de parlanjhes en fàete a Jhençàe le 7 de mae
2009, ac Philipe Souché : i ae bén remarcàe que lés raports entr identetai, parlanjhe é
lés péyis sant jha acadais : ol ét in saprai mijhét. Fàut-o quemençàe pr la quésciun de
la Vendàie ? Vaudràe-t o pa meù nous apouàe pr sunjhàe a çhéle quésciun de la
migraciun daus oumes (çhélés qu’arivant é çhélés qui s’nalant) ? Pasqu’ol ét çheù la
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démoucracie locale. Quement qu’un pét faere avéc lés parlanjhes quant que lés
mundes sant égallais ?
Pasque, apràe aver jhouai ripe de Lusignan, ol at bén faughu in aut cop
m’apouàe den in aut endrét : avoure, i seù avéc d’àutres étres, fantoumes queme mae,
daus oumes é daus fames qui vesicant, avirais é danais de çhau munde, ac pa de
papàe é pa de ché soe. O n-en at qui s’fasant gripàe lou travall, é d’àutres arçhinous
de la fém. I ae dun trovai ma pllace entrmi lés malurous den lés cavanis de la capitale.
I assaye trjhou a bati le munde (te sés bé qu’ol ét mun métàe) mé avéc daus idàies
asteùre. I sunjhe a qu’ét o qu’i sun ac pa de papàe, queùl identetai avun z-i ? Avun z-i
ine identetai « déterritorialisée » ? La çhulture qu’ét a la crésàie de la poulitique é
daus péyis ét pa aesie au jhor d’aneùt ; ol ét lae qu’ét la crise.
I avun tot pllén soufri de l’Etat- Naciun, de çhau mariajhe entr le féll é la mére.
Quant o m’ae demandai ma naciounalitai, i répund qu’al ét poetevine ( pr afiliaciun) é
i di étou qu’i seù ine citéyéne francése (pr la votaciun). Quant o mét d’in coutai la
naciounalitai é pi de l’àutre coutai la citéyénetai, o pét resunjhàe a nos péyis, çhélés
voure i vivun é çhélés qui fasant noutre istoere ; o pét resunjhae a noutre identetai
qu’ét érajhàie é qui chanjhe souvent (ol at pa que lés fàies qui se chanjhant). Su ma
carte d’identetai i vaudràe bé marcàe itou fumelisce, dame bllanche, encharjhai de
missiun pr lés chaumasses urbénes ; parlanjhe matrnàu : poetevin-séntunjhaes é
tamazirt ; parlanjhe patrnàu : françaes é angllaes ; acoutumàies : sabbat, begnassouse,
dance de l’anguelle (la tribale fusiun dau Poetou é la tradiciounale orientalo-
maraechine au sun de la veuze) …I aràe pu écrire tout pllén d’afaeres que te t’fighure
pa.
Queme lés Occitans, i ae den l’idàie que lés Poetevins sant in peuplle sen téres
ramoucelàies en in maeme endret pasqu’ol at daus Poetevins prtout den le munde. Si i
velun faere duràe, prfitàe é avoluàe noutre parlanghe poetevin-séntunjhaes, ol arat de
besén de solidaeretai internaciounale (den lés cavanis de la capitale, i ae pu apprendre
cunbén ol aemeràe bén meù écoutàe lés immigrais, le sant bén pu acotais a la garantie
dau patrimoene que çhélés qu’avant jhamae parti de ché zeus).
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I aràe core bén dés chouses a dire dau fesaghe de cuntràies « hétérotopiques »
mé i sunjhe qu’ol at itout de quoe dire a prpous de la racuntaciun de ma léjhende,
queme ma petite jhenéce saboulàie : daus afaeres souventefoes capàies : i avàe in
pére qu’étét pa lae, ine mére qui trmét la maudiciun é deùs seùrs carviràies… o fàut
dire que den ma parentajhe, i avun la pire en torse é le jhabot de coutai. Mé vela
prdéque i ae l’istoere que i ae : trere in oume bun é qui m’écoute (maeme si l’ét in ptit
nice), bati daus forteràesses, obe aver ine chanbre pr màe tote seùle (queme Virginia
Woolf). Tot çheù a pa enpaechai qu’i méte au munde daus draules bistraques é
psicousous.
« Mektoub », ol ét queme çheù, lés oumes le sant feblles. Mé quant maeme, la
rencuntre ac lés crétiéns, pr nousàutres lés fàies, ol ét trjou in grandessime bouneùr.
Enrére, le disant que le lés fasant brallàe, mé avoure le lés fasant rogolàe itou. Bén
dame !
Et o çheù la révoluciun, in maelenjhe d’utopie é de téres ? Pi l’amour, te pes
trjou raevàe ( te z-ou ses bén itou).
Travalle bén den ta yourte a tun tiatre de l’ouménetai é més cunplluments a ta
parçounerie.
I te bijhe bén fort mun Dodo é a l’avantajhe !
Mérlusine
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A boere ou a ménjhàe
Ce texte a été présenté au Grand Concours : Auteurs d’articles de presse réalisés en
Occitan et Poitevin Saintongeais de 2010. Il a reçu le 1er prix en Poitevin
saintongeais.
Au jhour d’aneùt, lés éspécialisces desant qu’o y at présque pu de petrole. Le desant
qu’o n’en at core pr quarante a céncante annàies, ghére mae.É dau lan qu’ol ét parti,
le pris de la petrole risque fort d’enchérzi pasque lés jhisements serant pu lén en maer
é atout pu bas den la taere. Dun o serat pu malaesai de tiràe çhau saprai or négre.
O y at tot pllén d’énvenciuns pr renpllacàe la petrole, i va ve z'en dounàe cheuques
ines :
Lés voetures à moteùr éléctrique ac daus piles recharjhablles. Ol ét prévu de
faere daus bateries çhi se chanjherant den lés éstaciuns services coume un fét
le pllén d’éssence. O fàut dire que le rendement d’in moteùr éléctrique ét de
quatr-vénts-dis dau cent, alors que çhau d’in moteùr a esplosiun ét de trente
sis a quarante dau cent.
La pile a cunbustiblle ou moteùr a hydrojhéne. Ol ét la conbisun de
l’hydrojhéne çhi ét den l’aeve, den l’air ou bé prtout allour vour qu’o n’en at.
Den çhau cas, le moteùr déchete rén que de la vapeur d’aeve, dun la poluciun
ét moén que rén à la sortie dau moteùr.
Lés agrocarburants çhi venant comme lou num o dit, de l’agriçhulture.
La récupéraciun daus gaz çhi venant daus élevajhes, ol ét le métane.
Le moteùr a aer cunprimai.
Lés algues élevàies den daus bassins (pacajhes) pr faere de la petrole.
Pr que le péyis séjhe pu autonoume, lés jhens çhi nous gouvérnant avant décidai de
forçàe su lés agrocarburants.Qu’ét o qu’ol ét au jusce ? Ol ét dau cunbustiblle çhi
vént de pllantes cultivàies pr les paesans : le diester é l’étanol.
Le diester, ol ét de l’eùle çhi ét tiràie dau soulall ou daus rabétes pr préssajhe.
Le rendement ét à pu pràe de cent litres pr troes cents à quatre cents
çhilogrames de gràenes, o faet sis cents vént cénc à sét cents céncante litres
per éctare. Si un o chanjhe en barélls o n’en fét quatre à cénc per éctare.
L’étanol ét fét ac daus pllantes çhi avant dau suc. Ol ét le bllai, le garoull, lés
jhoutes, la cane a suc. Çhés pllantes sant mises à frmentàe, pi le jus ét boulli
pr faere l’étanol.
L’idàie ét que totes çhés afaeres çhi venant daus pllantes fasant moén de CO2 que la
petrole (tout cunbustiblle fét dau CO2), vu que le rejhiteriant au maximum, le
parajhe dau carbone que l’ant ménjhai durant lou craessence. Mé a çheù o fàut
ajhoutàe toutes lés poluciuns liàies a lou craessence. O fàut faere marchàe lés
tracteùrs pr labouràe, pr senàe, pr faere lés drogajhes cuntre lés maladies, lés
parasites é les "mouvaeses" erbes. Toutes çhés drogues phitosanitaeres sant
poluantes den les chanps, é i ve parle pa de la poluciun pr lés fabricàe. Pr que çhés
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pllantes poussiant bén é qu'a fasant dau rendement o fàut de l'engrae çhi polue li
tout, avant é apràe avàe étai mis den les chanps. En se décunposant, l'azote ferét dau
protoxyde d'azote çhi ét deùs cents quatre vént sése foes pu mouvaes pr l'éfét de
sére que le CO2. Ac tout çheù , pr faere poussàe çhés pllantes, o fàut atou de
l'aeve.Or ol ét quesciun que l'aeve quemence à mancàe, é o serat pire si le cllimat
continue à s'achauduràe.Pr faere poussàe toutes çhés pllantes, o fàut surtout daus
chanps, é çheu, ol at déque s’émouvàe. O fedrat de moé en moé de chanps pr o
senàe, é le servirant pu pr dounàe a ménjhàe aus jhens. Si on regarde çhi se passe au
Brésil, çhi produit vént é in é demi dau cent de ses besuns en énerjhie ac lés
agrocarburants, ol ét pa trop trlusant. Sés besuns en taeres cultivablles augmentant
tout le tenp é ol ét de maeme que la fouràet amazouniene disparét.
Au jhour d'aneut, o y at den le munde entre uit cents milluns et in millasse de jhens
çhi arrivant pa à ménjhàe a lou foém. Ol ét çartaenement pa en réservant daus taeres
pr les agrocarburants qu'ol irat meù. Çheù, o fét pour, pasque, rapeléz vous, o y at
deùs annàies, çhés paures jhens çhi ariviant pa a s'afiàe, zeùs é lou famille, avant fét
lés ribeleries de la foém pr manifestàe cuntre l'augmentaciun daus coutements de la
ménjherie. Entr tenp, çhés coutements avant tout pllén moén baessai que lés
coutements daus matéres prméres.
En deùs mile uit en France, la cunsoumaciun de petrole pr lés transports étét de
soessante é in milluns de litres. Si le govarnement vaut sacàe dis dau cent
d'agrocarburants den l'éssence ou le gasoil, o représente uit cent quarante cénc miles
éctares pr ine aere labourablle de cent quatre vént quatre miles çhilométres carais.
Pr finir, si un trouve pas d'àutres sources d'enerjhie, i cré que den ghére de tenp, o
fedrat choesi entre dounàe a boere aus voetures oubé dounàe a ménjhàe aus jhens. »
Joel Bonnin
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Cop de goule
Concours "Ecris-z-ou de maeme 2011
I sé pa cuntent. Nun, pr sur que i o sé pa.
Si les abelles disparaessant, l’ouménetai disparaetra trois ans apràe.
Si i cite Einstein, ol ét parce qu’o faet cheùques annaies que le perit jhaune ét rendu
chez nous. I vau causàe de çhés burgàuds asiatiques. Le deboullant les ruches pasque
que le menjhant les abelles pr abechàe lous larves. O sufit de cénc de çhés burgàuds
pr qu’ine ruche arive à rén.
Or rén n’ét fét pr les exterminàe vraement. Le sant pa cllassés queme nuisiblles
pasqu’ol at pu de sous den les caesses de l’état. Prtant, o y at pa luntenp, au bea tenp,
noutre président at bé reussi à trouvàe daus sous pr alàe garochàe daus bunbes su la
goule à Kadhafi. Chéle afaere at coutai que 1,2 milluns d’euros pr jhour. O faut cràere
que Kadhafi ét un nuisiblle li tout.
Dépeùs, o n’en at in daus deus çhi at disparu. Mé étét o bé le pu danjhérous pr
l’ouménetai?
Jho Bounin
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La balade aus pissenlits
Suzette a écrit ce texte en souvenir de la balade aux pissenlits qui avait lieu autrefois
à Souché
O devét étre den les annàies soessante-dis-uit ou soessante-dis-neùv a l’école
primaire de Souché.
Pendant ine réuniun de parents d’éléves, Anne Marie dessit :
"Prdéque feriun nous pa in bal queme l’existét au Robinson au moes de frvràe ? Le
l’apeliant : la balade aus pissenlis.
L’idàie cheùsit pa den in panàe crujhai é i étiun d’assent ; Alore nous vela teurtouts en
train de cherchàe quement qu’i aliun nous y préndre.
Pr quemençàe ine éçhipe de nousàutres irét ramassàe daus cochéts den lés prais de
Souché au bord dau Lanbun ; ine àutre irét récuperàe daus eùs avec sun boucllun den
lés férmes daus alentours ; mé o felét lés faere çheùre pr que le séyissiant durs ; çheù,
o posét pa de probléme, a la cantine de l’école lés grandes gaméles seriant utilisàies
pasque le samedi matin o y avét pa de çhusine a faere. Ine àutre éçhipe s’ocuperét dau
tivoli a instalàe den in chanp pasque un pevét pa ocupàe le préau. O felit dun
demandàe la prmissiun au prpriétaere çhi demeùrét tout pràe de l’école ; le refusit
poet, ben sur. Ol étét pa ine mince afaere pasque in orçhéstre étét nécessaere pr
animàe tout çheù. Lés jhens veùdriant dansàe, dau moén y o éspéiun fort. Ol étét tou
in chabanet pasqu’o felét ine éçhipe pr servi lés dançours a tablle : ine assiéte de
cochéts avec deùs eùs durs é pi a boere atou.
Çheùques moes passiriant pr métre tout çheù au poént é enfin la date arivit. Le tivoli
avét été instalai dés le vendredi au sàe. É pa tard le samedi matin, tout le munde se
métit a l’uvrajhe pr triàe lés cochéts, lés lavàe, faere çheùre lés eùs avec assé d’aeve
pr pa que le satiant au pllafun. O felét o survellàe pr pa gavagnàe la marchandise ; é
lés draules étiant pa loén de nos cotilluns, vous o créyéz bé. O felit métre lés tablles,
daus napes en papàe bllan, daus bans... Touts çhés préparatifs duririant ine boune
partie de la jhornàie. I veliun que rén manque pasque les instituteurs veniant dançàe.
Ol étét in événement, ine prmére queme un dit ché nous.
O dançit ine boune partie de la neùt, o ménjhit, o chantit... I aviun bén rigolai. Mé
apràe tout çheù ol étét pa fini. Ine fés lés dançours partis, o felit tout remétre en
pllace, faere lés cuntes é tout le sént frusquin. Eh bé i pe vous garanti que quand i
nous avun couchai, i étiun bén cuntents é que les jhanbes nous rentriiant den le corp.
I cré bé que dépeùs sa créaciun ùe bal existe core mé o se fét a Noron den ine grande
sale. Lés parents d’éléves se cassant pa la tàete : l’achetant lés cochéts touts pràets, é
lés eùs durs atou. Ol ét bén pu sinplle, bén sur, mé ol at pa le maeme atrae qu’avec
tous lés préparatifs, mé ol ét le prougraes.
Suzette Bonnaud
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Tot le munde vat en quéque part
Texte écrit par Marie-France Perron en 2011
Tot le munde vat en quéque part, mé çhau quéque part a pa trjhou étai de la maeme
afaere.
Prmére écouaciun :
Quant i étàe moujhassoune, i m’assoulajhàe dare lés vaches, dessu la palle,
aleùre o fesét :
Çhiure + palle = dau vrae bun foumàe
Deùsiaeme écouaciun :
Mun pére qu’avét trjhou màu den lés jhenells, l’avét trouvai ine chàere prçaie den le
bourié de Matha. E l’avét mi çhau trone dessu in sella au funs de l’éçhurie,
aleùre o fesét :
Çhiure + ine felle de Sud-ouest = I vous di qu’ o sentét pa abun !
Troesiaime écouaciun :
Le prougraes at amenai lés quemoditais endeden lés mésuns,
aleure o fét :
Çhiure + éssue-çhu + aeve = in grou gavegnajhe d’aeve boune a boere
Quatriaime écouaciun :
Pr ménajhàe l’aeve, lés écolojhisces fesant asteur daus toelétes séches,
aleùre o fét :
Çhiure + sciure = bounure dau jhardrinàe
E vous, voure que vous aléz rougnàe çhulote ?
33
Tarmast
Ol ét le désért. I nous nalun en "4x4", Souad ét la lai-tout, i alun a sun école a
Tarmast. Ol at felu qu’a lou dise, aus écolàes que faut veni a l’école que quant le
soulall ét levai é que çheùques jhours, le sénmedi é le dimenche, o faut restàe ché
sé ; é atou qu’ol at daus vacances. Ol ét pr çheù que Souad, lou maetràesse ét avec
nous. Prtant, le devant marchàe troes eùres pr veni a pai. É Souad, o li faut la
jhornàie pr veni d’Agadir si a trouve çheuquin pr l’enmenàe.
I travrsun trjhou çhau désért, i sun brouétais. O y at rén que daus dunes, daus péres,
çheuques chebres jhuchàies den daus "arganiers". Enfin i arivun. l’école ét pérdue
den çhéte imensitae. I avun jhuste le tenp de rentràe que deùs draules arivant d’i sé
pa voure, pi deùs àtres, pi toute ine grouàie avec daus ells écarcallais.
Le nous fesant voer lou cllasse, touts fiérauds, le tabllau, lous cahiers, lous créuns bén
tallais, é pi le poel pr se chaufàe l’iver. O me rapele mun école a Brûlain, le pllési
que i aviun a apprendre chaque jhour daus novéles afaeres a écrire avec daus béles
létres queme zeùs.
O y at prtant daus afaeres qui chanjhant : ol ét écrit en arabe é pi en françàes é o y at
la fotografie dau ràe dau Maroc acruchàie dessu le tabllau. É pi surtout, nous i
aviun l’aeve maeme si o felét punpàe pr l’avàe, pi i aviun l’électricetai. Ol ét pr
çheù qui fasun ce qu’o fàut pr qu’al y véne.
Micheline Dubois
2011
34
Agate é les milans négres
Al ét néssùe a Brulain, o y at çheùques annàies den ine famelle de paesans. Avoure, a demeùre a
Niort ét queme al ét a la retraite, a segue lés cours de l’atelier « parlanjhe » de Vouillé dépeùs deùs
ans. Al at participai au cuncours çhéte annàie en 2012 pr le prmàe cop. Avéc François, sun féll
(fils), al at écri in cunte « Agate ét les milans négres », l’istoere d’ine famelle de marénauds dau
bord de l’estaere de la Gironde, voure que l’at séjournai in moument é l’avun aghu le deùsiéme
pris »
Vous savéz trtouts qu’ol ét lés érundéles qu’anunçant le bea tenp. Mé d’àutres oseas
arivant atou pr anunçàe les jhornàies soulallàies queme lés milans négres su le bord
de l’estaere de la Gironde. Aneùt, çheuques ins sant rendus ché nous atou, a cause de
l’achalement de la pllanéte. Le venant de bén loén, d’Afrique, en-çae dau Sahara,
voure qu’o fét trjhou chàud maeme l’ivér. A daus foes, le nous enmenant daus gréns
de sablle den los pllumes queme daus cartes postales de çhés peyis loénténs. Mé, le
sant atou lés roes de l’enbélesissement, le rabalant tout ce que le trouvant pr faere lou
nic : bréngalles, guenelles, ficéles … Ol ét pr çheu que quant vous levéz lés ells é que
vous veyéz daus pllacres de couleùr a la tàete daus grants abres, o fàut sunjhàe aus
milans négres.
Au bea tenp, lés milans négres se fesant la pichenàude : cha deùs, le se tenant pr les
pates é le dançant den lés aers : muntàies en chandéle, déssendes en feùlle morte. Et
pi, le fasant mine de parti chaquin de leù coutai, le se raprchant a toute brzingue pr
meù s’évitàe au deràe moument.
Lés milans négres sant daus oseas majhestueùs, acrobatiques é talentueùs ; mé le
pouvant atou étre danjhéreùs. Làesséz me vous cuntàe l’istoere d’Agate, ine
draulàesse qu’at fét ine épourablle rencuntre avéc lés milans négres é qui éspére pu
jhamae en vere.
Au bord de l’estaere de la Gironde, o demeùre ùne famelle de marénauds : le pére, la
mére é lés deùs draules. Leù z-ouvrajhe, ol ét de rabalàe daus jhuns den lés caribots.
Ol ét nijhassant é crvant.
In sàe, le màetre leù dissit : « Vous avéz bén travallai, i vous doune voutre jhornàie
de demén, prfitéz-en bén ». Le lendemén matin, le pére dissit a sa draulàesse, Agate :
« I alun a la foere, touts deùs, avéc ta mére. Tàe, tu vas gardàe tun petit frére, i cuntun
su tàe, ma felle ». E pi, lés vela partis.
Sénpllement Agate ét bén megnoune, al adore sun petit frére, mé al ét balàude. A le
laesse jhouàe den le vrjhàe. Pi, al y sunjhe pu é quant al y ressunjhe, l’at disparu.
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Agate sét pa déque faere : « Qu’ét o qu’at enmenai mun petit frère ? » Chrche prtout,
rén. A leve la tàete, al argarde lae-su é qu’ét o qu’a vét ? Ol at bé deùs dosaenes de
milans négres qui volant vér l’étranjhe ; é pi su lés ales dau pu grant de zeùs, sun petit
frére. Agate saute pr dessu le cllun pr assayàe de lés ratrapàe, mé ol ét que le sant
déjha lén.
A se mét a galopàe, ol ét le quemencement d’ine virounàie épourablle. En chemin, a
rencuntre ine vélle bruleùse. Vous savéz, ol ét çhés grousses bousines qui
transformant lès fruts en goute.
- Di me dun, vélle bruléuse, voure ét o que le sant partis lés milans négres ?
- Boé de ma goute é i t’o dirae.
- A, nun, la goute, ol ét pr lés grants dadéts, tu pes la gardàe, i en boeràe jhamae.
Pi, a cuntinue sa viràie é a croese in ceraesàe :
- Voure ét o que sant sacais lés milans négres ?
- Menjhe de més ceràeses é i t’o dirae.
- A, nun, lés ceràeses o doune la chiasse, tu pes lés gardàe, i en menjheràe jhamae.
Pi, a cuntinue sa viràie é a croese ine grousse oalle :
- Di me, l’oalle, voure ét o que le sant partis lés milans négres ?
- Boé de mun lét é i to dirae.
- A, nun, le lét ol ét pr lés quenots, tu pes le gardàe, i en boeràe jhamae.
Pi, a cuntinue sa viràie é a la fin dau cunte, a croese in ragundin. A li arét bé dounai in
cop de pai, mé a finit pr li demandàe :
- Di me, ragundin, voure ét o que le sant partis lés milans négres ?
- Bé sur que i o sé, le sant partis ché la sorcére daù marae.
- A, é voure ét o qu’a demeùre ?
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Le ragundin li fét vere la dirécciun avéc sa couéte.
Agate arive a la mésun de la sorcére dau marae. Ine mésun tallàie den in abre jhéant.
E tout en-su de çhél abre, a vét lés milans négres. Al aprche prudentement sen faere
de brut, a pousse la porte tout docement é al aprcet sun frére qui dort queme in
ralirun.
Op, a l’acrapougne pi a cuntinue sa viràie pr s’en retornàe a sa mésun. Mé, lés milans
négres lés avant vus. Le se lançant apràe zeùs. L’alant lés ratrapàe, l’alant lés
agrichàe é pi lés dépeçàe pr lés dounàe a menjhàe a la vélle sorcére dau marae, o li
ferat a réçounàe pr ine grousse semaene.
A çhau moument, a croese ine oalle. A li dit :
- Cache me, stepllét.
- Boé de mun lét, é i te cacheràe.
Den in moument paréll, pa le tenp de trcoesàe. Agate boét le lét de madame l’Oalle é
pi se cache den sa boure de lane. Lés milans négres pevant pu lés vere, alore a se
remét en chemin.
A cuntinue sa viràie mé lés milans négres lés veyant in cop de mae, le lés acoursant.
L’alant lés retrapàe, l’alant lés agrichàe é pi lés dépeçàe pr lés dounàe a menjhàe a la
vélle sorcére dau marae, o li ferat a réçounàe pr ine grousse semaene.
A çhau moument, a croese in ceraesàe. A li dit :
- Cache me, soupllét.
- Menjhe de més ceràeses , é i te cacherae.
Den un moument paréll, pas le tenp de trcoesàe. Agate menjhe lès ceràeses de
mossieù le ceraesàe é pi se cache sou sun larjhe feùllajhe. Lés milans négres pevant
pu lés vere, alore a se remét en chemin.
A cuntinue sa viràie mé lés milans négres lés veyant in cop de mae, le lés acoursant.
L’alant lés ratrapàe, l’alant lés agrichàe é pi lés dépeçàe pr lés dounàe a menjhàe a la
vélle sorcére dau marae, o li ferat a réçounàe pr ine grousse semaene.
A çhau moument, a croese ine vélle bruleùse. A li dit :
- Cache me, stepllét.
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- Boé de ma goute, é i te cacheràe.
Den un moument paréll, pas le tenp de trcoesàe. Agathe boét la goute de madame la
bruleùse é pi se cache den sa bedasse de çhuvre. Lés milans négres pevant pu lés
vere, alore a se remét en chemin.
A se précipite jhusqu’a sa mésun, bare la porte avant que lés milans négres sejhant
revenus. Al at pa le tenp de bufàe que sés parents revenant de la foére. Le demandant
a Agate :
- S’ét o bén passai ?
E Agate di :
- Oéll, o falét pa vous en fàere.
é ol ét de maeme que çhéte istoere se finit.
Micheline Dubois
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Le traen çhi sort Micheline de sun « traen-traen »
I va vous passàe lés détalls entr le moument voure qu’al a décidai qu’al éràe é pi la
jhornàie voure qu’ol at falu partir.
Pasque Micheline (petit-num prédestinàe) ol ét ine paesane de çhaulun çhi at jhamae
sorti de sun créus. Si, en auto, pr ala a la foere a Brioux, a cha cop qu’a pevét quant
sun ouvrajhe étét finie a tenp ; pi, ùne fés pr an a çhéle de Javarzay pr achetàe daùs
piruns é a çhéle de Niort pr se prmenàe. Autrment, rén ; ah si, in véyajhe a Lourdes,
aussetout mariàie, avéc la paroece, mé ol étét en car. En traen, jhamae. Aloer, ol ét
tout ine afaere.
Micheline al ét pu que toute seùle ché lai. Sun oume, l’ét mort, ol at bé dis annàies.
Sés parents atout, a lès at soignais jhusqu’a leu deràe souflle. Lés deus draules sant
mariais allour ; é la draulàesse, la petite deraére, çhéle dunt al se serét bén passai, al a
fét daus études pendant i sé pa cunbén d’annàies, al ét «docteur» mè a soigne pa lés
malades. Alez dun y cunprendre çheuque chouse. A demeùre a Paris ; ol ét, pr çheù
qu’a dét prendre le traen.
Quoure ét o que tu véndras me voer ? Dépeùs cunbén de tenp qu’al o demande ? Ol
ét pa qu’al o velét pa, o li fasét maeme pllési d’y alàe. Mé, ce çhi la tabutét, ol étét
çhau véyajhe en traen. Daniel t’enmenerat a la gare de Niort é i véndrae te chrchàe su
le çhai de la gare a Paris. Tu peraes pa te pérdre. L’avant ajhetai le billét, avour a pet
pu çhulàe.
I ae di çhi vous passerae lés détalls entr la décidaciun é le jhour de partanjhe. Prtant, o
l’enpaechét de dormir la neu. Si a s’endormét, a s’évellét, a ressautét, a se créyét
çheute dau traen ou bé çhau traen s’araetét jhamae, le rolét a toute brzingue jhusqu’a
se bourdàe den ine grande muralle. In matin, au lieu d’ouvrir aus poules, al ouvrit aus
lapins. L’étiant prtout éparais den la cour, al a passai la matinàie a lé galopàe.
Bun, ol ét aneùt qu’al i va. Sa valise ét préte, lé tout. Le billét ét bin pllaçai den sa
bourse avéc le papàe voure qu’al a écrit l’adràece é le lumérot de teléfoune de sa felle
(de çhau tenps, o i avét pa de portablle, ol étét quant le TGV a quemençai a passàe a
Niort). Al ét muntaie den le traen, apouàie a sa pllace, in cop de subllot é le traen ét
parti. A la fin dau cunte, ol étét pa la paene de s’en faere tout sét passe bén. Avoure ol
a pu qu’a atenir Paris. Al ét cuntente, o passe trjhou çheùquin, a voét pa le tenps
passae.
Mé, velat o pa qu’al at besén de pissàe !! Prtant, al o z-a fét jhusce avant de partir é al
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a rén bu dépeùs. Mae, al y sunghe, mae o la présse. Prtant, al at pa envie de boujhae,
o fàut déjha réussir a se métre debout é pi apràe a pa brandijholàe. E voure ét o qu’ol
ét ? Sen fall li at fé voer en muntant.
A pe pu tenir, o fàut y alàe. Debout, o va ; a prent sun sac su sun épale, o va ; al
avance, o va ; al ouvre la porte dau vagun, o va ; pi çhéle daus aesances, o va ; a
rentre, o va trjhou. Ol ét pa pu grant que le crnun aus chebres, fét qu’a tént debout. A
fét sés afaeres, o va ; a resort, a referme la porte, o va ; çhéle dau vagun ét uvérte, a
passe é pi a sét pa ce çhi se passe, çhéte porte se referme avant qu’a séjhe passàie. Al
at bé çhulàe, mé sés lunétes chéusant a bas. Voét pu rén !! Al acrapougne sun sac tant
qu’a pet. Ol a çheuquin çhi la ramene a sa pllace. A s’assit, al ét toute ébrlobàie, sés
lunétes sant posàies su sés jhenells, copàies en déus pr le mitan. Que faere ? Le
cuntroleur vént la voer, le la recunsole. Pi, la revént li colàe sés lunétes avéc dau
chaterton. Queume lés veres sant pa cassais, a pe lé remétre. A veùdrae bé s’argardàe
den ine gllace mé a veù pa retournàe aus aesences, pa quésciun ! Avoure, a
débournijhere pa de sa pllace jhusqu’arive. Le voéyajhe se finit bén. Sa felle ét la çhi
l’atént. Pr sur qu’al a bén rigolai quant a l’a vu avéc sés lunétes recollàies.
Apràe çhéle aburéngue, Micheline a cuntinuai a voéyajhàe pasque sa felle a étét
demeùràe en Allemagne, pi en Tunisie et pi atout en Turquie. Queume ol étét de pu en
pu loén, a prnàe pa le traen, a prnàe l’aviun. Ce çhi fét qu’o y avét pu de porte çhi se
fermiant toute seule é que tout se passat trjhou bén.
Micheline Dubois – juin 2012
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Polite
Ce texte a été écrit pour le concours d’écriture en parlanjhe de 2012. Il a été
récompensé par le prix spécial du jury.
Le s’apele Pol, mais den le vilajhe, tout le munde l’apele Polite.
Polite ét in ga çhi vive tout seùl. Queme cunpagnàie, l’at in chén çhi s’apele Tempete,
pi in chat çhi s’apele Mine. Ce que le fét ? L’ét paesan, ou bé agriculteur queme un
dit au jhour d’aneùt. L’at ine petite bricole d’à pu pràe trente éctares. Le fét core sa
farme à l’ancienne, queme sun pére. Le fét daus jhoutes é daus chous pr dounàe à
menjhàe a sés vaches pi à sés chebres. L’ét benaese quant l’ét den ses chanps ou bé
que le soegne ses baetes. Mais o y at ine afaere çhi li pllét pas : ol ét sa grandour. Le
mesure in métre soessante, é le se trouve trop petit. Ol ét pet étre pr çheu que l’ét tout
seul avec ses bàetes.
Chau tantou, quant le se rend réçounàe, le remet daus buches den sa çheùsinére à
boes, avant qu’a crve. En munjhant sa soupe, le sunjhe qu’o serait tenp que le fasse
dau boes. Ol ét vrae qu’à force de prendre daus buches, le moéçea diminue bén raide.
Le sunjhe que l’at un grous fragne taetard su le chemin de Bea Soulall, à coutai dau
chanp au Courlis. Le Courlis ét in voesin que les mundes apelant de maeme pasque
l’ét jhàut su pates, é que l’at in grand nàes. Aussetout que l’at débarassai sa tablle, le
prépare sa musette, pasque le sét que l’arat pa de trop de toute la seràie pr buchàe
çhau fragne. Den sa musette, le mét ine chopine de rapai, in mourcea de poén é daus
gratuns. Le coutea, li, l’ét trjhou den sa poche, pràet à sarvir, à copàe ine ficéle, ou bé
goçàe in bout de boes. Apràe, le vat s’oçhupàe de ses outis. Le doune in petit cop de
lime su les dents de la tronçouneuse, pr qu’a cope bén. Le doune atou in cop
d’aghusette su sa sarpe, pi le verifie avec sun pouse qu’a cope bén lai-tou. Le vat
cherchàe sun échale à ralunjhe é le met tout çheu den la caesse çhi ét atelaie au
tracteur. Avant que l’éjhe fini de charjhàe ses afaeres, le chén at déjha sauté den la
caesse. In cop que tout ét charjhé, le s’en vat, jhuché su sun tracteur, en pibolant.
In cop rendu su pllace, le met sun echale cuntre l’abre é le grave den la tàete pr voer
queme o se prsente. Ine fés en jhat, l’at ine sourprise : sun fragne ét cabourne.
L’argarde bén quement qu’ol ét fét, pasque le vaut pa s’ébrnàe ine jhanbe, ou bé
cheùre a bas. Den in racoén de çhele cabourne, le vét qu’o y at ine petite bàete çhi
dort. Queme l’aeme pa faere de màu aux bàetes, le la prent avec précociuns den sa
moén, pr pa la révellàe, pi atou, pr pa se faere mordre. In cop que le la tént den sa
moén, le se rent cunte qu’ol ét in ralirun. Le descent de l’abre é le vat apouàe çhele
petite baete den sa musette. L’éspére qu’en étant den le négre, o la révellerat pa. Pi
den sa musette, al entendrat in petit moén le bru de la tronçouneuse.
Toute la seràie, Polite cope daus branches. A cheùsant a bas en fasant in brut de boes
fracassai. Quant ol at deus ou troes branches a bas, le descent pr les copàe à in métre,
pi les agolàe avec sa sarpe. Apràe, le remunte den l’abre pi le cope core deus ou troes
branches é ainsi de suite. L’ouvrajhe avance bén, ol ét vrae que Polite, le sait s’en
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sarvir, de ses outis. Demi le tenp le boet in cot à sa chopine pr se moullàe le
gorguenea, pi le reprent sun ouvrajhe de pu béle. In cop que le fragne ét buchai, le
ressemblle à la taete à Polite : o y at pu rén dessus. Avoure que l’at fini sun uvrajhe, le
vat cherchàe le ralirun pr le ressacàe den la cabourne. Le l’argarde dormir den sa
moén, pi qu’ét-o çhi li prent? Trjou ét-o qu’avant de le remuntàe den l’abre, le le
caresse pi le li fét in petit bisou su la taete. A çhau moument, le ralirun se revelle é se
met a se chanjhàe en ine béle fame. Mé ine vrae béle fame avec daus piàus aussi
jhaunes que les bllais, pi daus ells d’in blleù, qu’un arét dit la maer. Polite ét pa
pourichous, l’at pa le fiel melai, mé ét-o de la pour ou bé de la sourprise ? Trjhou ét-
que l’ét tout ébobai. Le se demande bén çhi se passe.
Chéle fame li espllique qu’al ét ine fàie, qu’al ét den la pea d’in ralirun dépeùs bén
raide de tenp, a cause d’in sort çhi li avait été jhité pr ine sorcére.
-Tu m’as délibéràe dau sort çhi fasàe de mén ine petite bàete. T’as qu’à faere deus
vœux, i va faere en sorte que le se réalisant tot de suite pr te rmarciàe.
Polite reflléchit pa luntenp :
-I vaudràe mesuràe entre in métre quatr-vénts é in métre quatr-vénts-dis, pi avàe les
maemes piaus qu’à vént ans.
La fàie cllaque daus déts, é Polite se met à grandzir, a grandzir, pi ses piaus à
poussàe. Ol ét formidablle, fàierique : sun panetot, sa chemise, sa çhulote,
grandzissant en maeme tenp que li.In cop que l’ét rendu à in métre quatr-vénts-cénc,
le s’araete de grandzir, é l’at les maemes piaus que quant l’était jhéne.
A çhau moument, la fée cllaque core daus dets, é a disparàet den in jhenre de brume
çhi éblouit Polite.
Noutre ga rechte tout in moument acotai à sun tracteur pr se remettre de çhele
aventure. Pi le ramasse ses outils. O li ét d’avis que la taere ét pu basse que
d’acoutumàie. Le sublle sun chén çhi avét oghu grand pour li-tou, é çhi s’avét sauvé
en jhiolant. Su le chemin dau retour, le sublle pa. L’at la taete core toute plléne de
çheu çhi vént de l’y arivàe. En arivant au vilajhe, les jhens l’argardant passàe avec in
draule d’air, queme si le requeneussiant pas çhau grand ga çhi mene le tracteur a
Polite.
Quant l’arrive ché li, le rentre den sa mésun queme d’habitude. Mais çhau sàe, le se
pete la taete au palantrajhe. O li faet grand mau au calea, pi au çhu atou, pasque le
cheut dessus. Le se dit qu’ol ét rudement grave pasque l’y voet pu ren. Le tâtoune
autour de li pr trouvàe deque l’aedàe à se relevàe. La seule afaere que le trouve, ol ét
sun lit. A vrai dire, l’avét raevai en dormant, pi l’avét cheù de sun lit.
Alors, Polite se recouche, en se frotant la taete. Le sunjhe qu’ol ét pa ine boune afaere
de velàe étre pu grand que la nature o z’at velu. Avant de se rendormir, le se dit en li
maeme que Coluche avét rudement résun, quant le desàet que la boune lunjhour pr
les jhanbes, ol ét quant les pais touchant à bas.
Jho Bounin
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O faut métre lés points su lés "i"
Histoire véridique racontée et écrite par Suzette
Lucien pi Milléne s’en anghiriant faere lés coumissiuns a Niort avéc la Rosalie.
– Pendant qu’i va ché le dentiste, va cherchàe daus pastilles Jhab, qu’o dessit
Milléne.
– Bé d’acord, que le répundit.
Le vela parti ché Delestre le farmacién.
– Bunjhour, i vedrae daus pastilles Jhab, s’il vous pllét.
– On ne connaît pas cette marque. C’est pour quoi ? La gorge ? La toux ?
– Ah ! Bé i en sé rén.
Le farmacién regardit su sun grous livre sen rén trouvàe, bén sur.
– Nous sommes désolés, nous n’avons pas vos pastilles.
Le s’en anghit ché Clémot : Maeme répunse
– Mais on peut les remplacer par des Pulmoll.
– Ah ! Nun ol ét daus pastilles Jhab qu’o faut.
Alore, l’en ayit mare. Le retournit voere Milléne ché le dentiste.
– Eh bé, tu me créraes si tu vaus, i ae passai deùs farmacies é i ae pa trouvai tés
pastilles Jhab. Prsoune sét ce qu’ol ét.
Le fou rire la prénghit.
– Bé ol ét pa étounant. Ol ét daus rundéles pr bouchàe lés crus aus castroles. O
felét alàe a La Ménajhére.
– Bé dame, t"avàes qu’a o dire pu doure, i arae pa aghu l’aer si béte.
Suzette Bonnaud
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Quant i aliun aus chanps
Ce texte biographique a été écrit par Suzette pour l’animation du souper poitevin
2014 dont le thème était : les bergères
D’àutrefés, a la sortie de l’ivér, au moes de Mars ou Avrall, o y avét toute ine
cérémonie pr préparàe les chebres a la grande sortie dau bea tenp. I lou tenàe lés
pates é mun grand pére prnét sun sécateur pr lou paràe les nelles pr qu’a pejhant
marchàe a l’aese.
Quant i alàe aus chanps la métive, ol avét in soulas de chebres devant lés vaches é in
grand bouc bllan aus larjhes cornes çhi alét devant toute la brjhérie. Quant tout
çheù passét devant ché Léontine Naude, a pevét pa s’enpaechàe de s’escllamàe :
- Ol ét çhau bea bllan çhi m’en at fét quatre d’in cop.
Bén sur qu’al étét cuntente de ses quatre chebreas, o li fasét in revenu. A chaque fés
qu’i passe devant sa mésun, i la reve core acotàie a sa fenàetre é i ressunjhe a çhéte
réflexiun.
Cho bouc bllan servét atou a d’àutre chouse quant i gardiun lés vaches den lés
couteas apràe la laiterie, le nous servét de munture, i muntiun su sun échine a tour
de rôle. Ol étét in peu dur aus fesses mé i teniun sés cornes queme in guidun de
biciclléte, é tagadac, tagadac, o dévalét la pente tant qu’o pevét avec sés bosses é a
daus fés o cheùsét tout d’in moécea, mé i nous releviun é i requemenciun. Quant i
nous rendiun ché nous au sàe, au moument d’atachàe lés chebres den le tét, mun
grand-pére desét :
- I cunpren pa çheù, que çhés draules sentant le bouc de maeme, l’odeùr ne vént
prtant pa rén qu’en lés atachant.
Mé le bounoume aghit ine idàie ; de la ferme voure que i abitiun, le se postit den la
cour é le nous observit faere noutre manejhe den lés couteas, l’aghit vite cunpris
de voure qu’o venét çhéte odeùr ; le cunprenghit atou prdéque que çho bouc bllan
se jhitét su le fén de sun ratea, paure diablle, le crvét la foém, l’avét pa le tenp de
menjhàe tant que l’étét au chanp.
Nous, i aviun noutre casse-croute de la muséte : ine graessàie de frmajhe mouc avec
de l’all vért ou bé ine graessàie de gratuns. O nous calét l’éstouma.
Bon aléz, a meriéne, venéz qu’i nous rendun.
Suzette Bonnaud
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Boune annàie
Traduction collective en 2016 d’un texte proposé par Micheline Dubois
A trtouts, ine boune annàie
Bé vàu, i sun core rendus au coumencement d’ine annàie neùe
Lés annàies passant de pu en pu vite
Alore, ol ét bé le moument de vous souhétàe a trtouts ine boune annàie
é pi la santài bén sur, qu’ol ét la pu grande de toutes lès richéces dau munde
E pi pllén de bouneùre
I vous bijhun bén fort
A betout pr boere in p’tit cot, pa de l’aeve, bén sur
Pr faetàe çhéte annàie neùe
Vous m’o diréz
pr qu’i pare daus patates, qu’i chrche le frmajhe mouc
pr qu’i arouse la pllace avec la coussote
E qui la ghençe avec le balai, é qui passe la cénse
Bén sur, o fedrat qui sunjhe a chitàe mun devantàu (ma devantére)
qui me sért a éssujhàe lés plleurs aus draules
tout queume avec un coin de çhau la
o m’arrive d’éssujhàe les meùblles
o, vous savez bén sur
le me sért de dorne pr ramenàe lés patates
E atout lés poumes melàies dau celàe
I vous dit a trtouts
Boune annàie
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La chace aus lumas
Ce texte a été écrit par Joël pour la journée des langues maternelles 2016 qui a eu
lieu à Saint Jean d’Angely en Charente Maritime
O faut qu'i vous racunte ce qu'i vén de vere den çhau livre. Meù que çheù ! I va vous
o lire, autrement, vous o crérez pa :
Deréres nouvéles sientouses :
L'INRA é le CNRS (vous savez bé ce qu'ol ét) avant mis au poént apràe 10 annaies
d'étuderies ensenblle, ine façun révoluciounaere pr ramassàe daus lumas pr n'inporte
queù tenp. Maeme au mitan dau moes d'Aou quand ol at mae de çhénze jhours qu'ol
at pa moullai.
D'apràe ce que le métant, o fàut dau materiel :
– 1 taule
– 1 martea
– 1 pile
– 1 arousour pllén d'aeve
– 1 goume
– 1 épuisete
(Pr emenàe tout çheu, o faut au moén ine brouete).
In kit peret étre en vente dés l'annaie prchéne
Alore quement qu'o marche ?
– O faut tapàe su la taule avec le martea pr faere le brut de la chaline ( le brut
revelle le luma)
– Faere daus éloises avec la pile
– Faere moullàe avec l'arousour. Le luma sent çhéle boune odeùr de terre
moullaie é le décide de sortir. Le s'en vat, tout cuntent, mé l'arive voure qu'ol at
pa moullai. Alore le décide de s'en retournàe. Le fét demi tour çhu su poénte, é
pr faere moén d'éforts le repasse su la trace que l'at laissai en s'en alant.
– Sen perdre de tenp, avant que le revéne, avec la goume o faut éfaçàe sa trace su
a pu pràe lun de maeme. Le luma arive, le vét pu sa trace. Le s'araéte, le se drce
su ses pates de dare, le regarde é le vét sa trace un petit pu loén. Le se reçhule,
le prént sun élan, é le saute pr reçheure su sa trace.
– Ol ét a çhau moument, quand l'ét en l'aer qu'o faut l'atrapàe avec l'épuisete.
I sé pa si o marche bén, mé o me senblle conpllicai. Alore i cré bé que le prchén cop,
pr alàe aus lumas, i aténdrae qu'o moulle.
Jho Bounin
46
Cagoullou
Ce texte a été écrit par Marie-France pour la journée des langues maternelles 2016
qui a eu lieu à Saint Jean d’Angely en Charente Maritime
Màe, i di pa « luma », i di « cagoulle ».
Alore, i va vous racuntàe l’istoere de Cagoullou.
Aneùt, ol at cheù daus saprais boullards, é li, Cagoullou, o li vat bén çhau tenp, o li
cunvént çhéte aeve qui se méle a sa bave ; o li fét drsàe lés cornes.
E le s’en vat, fiéraud, vér més salades.
Tot d’in cop, ol arive ine loche bén grasse, tote trluisante, d’ine couleur, moun ami, a
vous fére mal aus ells.
Cagoullou en ét tot chavirai, émouvai, …
E bén, créyéz me si vous veléz, a passe devant li, sans méme l’argardàe.
Mé éreureusement, Cagoullou at ine idàie : le s’enquille su la trace de çhéte loche, é
coume çheù, o glisse bén meù.
E le vela parti coume si l’étét su in monoski.
L’at vite fét de la ratrapàe, mé pu moyén de s’araetàe : le zi passe dessu, le roule troes
tours é le se redresse devant lé !
« Rien ne sert de courir tout seul »
O vaut meù argardàe si ol at pa in étranjhé qui passe.
Marie-France Perron
47
Le luma é la loche(après l’histoire de Marie-France)
Ce texte a été écrit par Solange pour la journée des langues maternelles 2016 qui a
eu lieu à Saint Jean d’Angely en Charente Maritime
E bén, çhelle istoere !
Tun cunte at ni couéte ni tàete !
Dépeu que le munde é munde,
Prsoune a jhamae vu in luma çhi galopét apràe ine loche !
Pr déque faére é voure que le se naelét apràe la ramaie ?
Le velét chenassàe avec çhéte bàete sen coquelle ?
Màe i di qu’ol y at maelenjhe dau jhenre !
Enfin, le bun Diou a bè fai lés lumas hermasexuàus…
Alore, in luma é ine loche… qu’ét o qu’o pet dounàe ?
Paure badole tun cagoulle !
O l’ét vrae que lés lumas le sortant apràe la ramaie
Mé a enpraetàe in chemin ripous
Le devèt se doutàe qu’o li arivàerét daus aburéngues
En allant vitement, un fèt pllanjhement daus boulitaies.
O l’arét été pu pruden de faere ine opéraciin escargot !
Solange Clerc
48
Pa de lumas(après l’histoire de Solange)
Ce texte a été écrit par Suzette pour la journée des langues maternelles 2016 qui a eu
lieu à Saint Jean d’Angely en Charente Maritime
Vous me vasséz avéc vos istoeres de lumas çhi bavant, çhi sentant mauvaes,
é fasant la course !
Mén, i aeme pa lés lumas, i lés ramasse pa, i lés çhusine pa ,
Tout çheù o me passe pr dessu lés cornes.
Mé quant maeme o faut qu’i vous cunte ine istoeres de luma çhi bave pa, çhi saute pa,
é se ramasse pa. O m’y fét jhuste sunjhàe.
Ine jhéne felle velét achetàe de la dentéle ou bé dau riban pr enbélezi ine robe qu’a
velét portàe a la noce a sa cousine ;
- Memé faut que tu vénjhes avéc mén a Nior pr choesi de quoe garni ma robe.
Al o velét bé é lés vela parties toutes deùs a biciclléte a toute brzéngue su Nior. A
muntant la cote de Copegorjhe, pi apràe o coule tout seùl.
Rendues a l’avenue de Limojhe a posant lou munture den in garajhe, fét éspràe.
É lés vela çhi se nalant a pais vérs le « Gaspillajhe » (o fàut o faere pr in magasin,
s’apelàe gaspillahge ) ol étét prtant la pu grande mércerie da la réjhiun.
– Bonjour mesdames, que puis-je pour vous ?
– I vedràe de la dentéle ou dau riban pr assorti a ma robe qu’ét couleùr « gorjhe
de pijhun » en maeme tenp a li tendit in brzelle de crépe georjhéte.
– Je vois qu’o répounit çhau bél oume çh’avét l’àer de cunpréndre le parlanjhe.
Le farfoullit den troes ou quatre tirétes en prmenant le petit bout de tissu qu’o li avét
dounai la jhéne felle.
– voila qui conviendrait bien que le dessit, en li fasant vere in riban brodé jhuste
in peu cllér avéc daus petits lumas queme motifs entre daus feùlles é daus
flleùrs.
– O voui ! ol ét jholi parae mémai aregarde?
– A ! çhés petits lumas çhi, i trouve pa qu’o fét abillai, o y at pa d’àutre chouse
– Le sortit daus disaenes de roleas de béles dentéles mé rén pllését tant a la jhéne
felle que le prmàe qu’al avét vu.
A fine force a prnit sun ribun avéc sés petits lumas.
– Combien en faut-il ?
– Pr métre en bas pi aus manches é au col, ol en fàut bé dis métres
– Conbé vous dé z-i ? qu’a demandit poliment
– Pour chaque mètre un baiser mademoiselle !
– O fét men afaere, ol ét ma grand-mére çhi vat vous poeyàe, u’o dessit la jhéne
felle en se nalant en rigolant avéc sun ruban.
Susette Bonnaud
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Ine prdric çhi chrchét daus amis
Ce texte a été écrit pour le concours d’écriture en parlanjhe de 2017 par Odile
Martin et Chloé Chansault (15 ans). Il a été illustré par Sarah Chansault (13 ans). Il
a reçu le 1er prix.
Ine prdric épouràie, cagnouse, chrchant amitance
Jhamae étét abordàie.
Sun voesin, l’échardric,
Aemai de trtouts pi populaere
Prtant sensiblle é bén ouvért,
Avét bén essayai
Tot pllén de foés de l’énvitàe.
Mé la prdric efarouchàie
Çha foés se défilét.
Ol ét vràe que pr se faere daus amis,
Sa pour étét in grous proublléme.
Mé ben décidàie a y remédiàe,
La prdric avét chrchai su sen ordinatour
in moyén de chanjhàe sun vivanjhe.
Lés réseas souciaus avant fét sun bouneùr.
Tote la jhornàie su "Facebook" ou "Twitter"
A ghétàe, coéntàie su sun cadrant,
Lés novéles demandes d’amis ou bé "followers".
Bén sur, a fasét atenciun :
Pa de pllace den sés amis pr lés "hackers",
Pa d’aligators é grands condors.
Al acéptét que lés fotos de profil.
Cachàie den lou prsounalitai,
A chrchét sen ame seùr.
In koala arivai d’Asie,
Dou, amitous, grand véyajhour,
in bea jhour la demandit coume amie.
Senbarjhinàe, pi enjhominàie, al at bén velu.
En a paene in quart d’eùre,
Béréde de méssajhes sant envoyais.
É pu le parliant, pu la prdric en aprenét.
Al en étét sure, çhau koala étét pr lai.
O felét le rencuntràe.
Le se dounirant rendéz-vous prae d’in ragoullét,
A l’unbre daus banbous, a l’eùre prévue.
La prdric éfenallàie, tenét pu en pllace.
50
Dare lai, l’aeve se mouvét.
A se retornit, mé devant lai
Se tenét in crocodile fort é ajhile.
D’ine voé rouénche le desit :
"Sacrai prdric ! Daus koalas, o n’at pa içhi !"
Fier se sun cop, le crocodile agriche la prdric.
Moraitai :
Atenciun aus fausses identetais
Chrchez pa pu lén que le bout de vetre nàes.
Lés vràes amis sant trjhou çhés çhi d’a coutai.
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Le moenea daus chanps é le moenea daus viles
Ce texte a été écrit pour le concours d’écriture en parlanjhe de 2017 par Joël
Bonnin. Il a été illustré par Mathilde Canteau 9 ans. Il a reçu le prix de
participation.
Le moenea daus chanps énvite le moenea daus viles
A veni ché li passàe çheuque tenp.
Çhau-çhi, se desant qu’o seret in endrét trançhile,
Dit voui a l’énvite su le chanp.
Aussitout,ac sun baluchun, le laesse sa vile
Pr alàe retrouvàe le moenea daus chanps.
E vela çhés deùs oseas çhi volinant lén de la vile
En-su daus routins, daus palisses é daus chanps.
Daus tours, l’en faesant daus cents é daus miles
En cherchant dèque à se métre sou la dent,
Quant le moenea daus viles s’ébralle : dau crotin !
O faet in moument que i en ae pa vu autant.
Ol et bé sur que i alun faere in sapré fuchtin.
Prtant, qu’o dit le moenea daus chanps,
I m’ae laessai dire que den ta vile,
O y at daus voetures ac neùv, dis chevàus.
Ol ét pa ce que tu cràes, lén s’en fàut.
O pete, o pete, çhés caesses,
Mé on vive pa ac daus prmésses.
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Bunjhour
(Rimes en ou) Ce texte a été écrit par Micheline pour la journée des langues
maternelles 2017 qui a eu lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Dialogue
(s’adraessant aus jhens dau groupe)
Bunjhou bunjhou trtouts !
(Prsoune répund)
Bunjhou bunjhou, bunjhou,
I sé maetre de l’école de brllouOl ét mén çhi sé tout !
Quand un vous dit bunjhour
Que répundéz vous ?
(prsoune dit rén)
Rén de rén ? ét o que vous avéz pour ?
Bunjhou bunjhou… ét o tout ?
Que deséz vous quant un vous dit bunjhou ?
Tàe le tégnous, é tàe le bavassous,
É tàe le morchous ?é tàe le barassou ?
É tàe çh’ét bllan queme frmajhe mou ?
É tàe le trjhou fagnou ?
(grand silence daus éléves)
(Vérs le publlic en insistant)
-É vous que deséz-vous si un vous dit bunjhou ?
Ayéz pa pour, deséz zou :
- bunjhou dit le publlic.
- bravo ! avoure a vous ! (vérs lés éléves)
Silence
- bunjhou, fi de louc, deséz zou !
- zou ! qu’o répund toute la cllasse
La maetraesse en se nallant :
I en ae tout mun sou de vous trtouts
Finisséz la touts seùls la leçun dau mots en OU
OU !OU !OU !
Micheline Dubois
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Daus rimes en "ou"
Ce texte a été écrit par Solange pour la journée des langues maternelles 2017 qui a
eu lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Coume vous o veyéz
Nousàutres, i sun de Voullé
Pa Voullé a coutai de Pouèçhié
Ni Voullé lés Maràes
Mé çhàu pràe de Niort, den le Poetou.
Le Poetou, vour un faesét veni daus bardous
Avéc daus luns poels tot bourallous.
A Voullé, i sun çheùques’ins
A veni cha léndi tantout
Pr tots lés tenps,
Qu’o séjhe nuajhous, brumallous,
Moullassous bedun naevous,
Que le fréd séjhe rigourous
Que lés chemins séjhant ripous
Ou bè sou le souléll, tot pouvrous
Nousàutres i sun pa daus çhu-cendrous
I venant trtouts
Pr causàe noutre parlanjhe çhi nous rend urous.
I sun pa daus barassous
Ni daus draules d’arous.
O en at bén çhi sun in petit apialous
Mé i en queneù pa de merlous
É pa yin çhi séjhe rechignous.
O y at Suzette sen sun bea pallous
Danièle é sun grand bagou
Odile de la Gatine çh’ét parlanjhouse lai-tou
Bertrand é sés cunplliments umourous
Marie-France çhi fét poussàe daus pabous
Mireille çhi sarat causàe coume nous bétout
Jhoèl qu’ét pa brvochour maeme si ol ét in godallous
Micheline aneùt partie allour
Maryvonne é sés cuntes idallous
E… màe çhi vous ae grafegnai chés rimes en ou
Si o vous dit
55
Venéz dun vous-atou
Vous, lés biguenallous,
Vous, lés ferdellous ,
Vous, lés neutrolous ,
Vous, lés nijhassous,
Vous, lés rabalous,
Vous, lés tréncallous
E vousàutres lés zirous …
Quetquedeou !! quetquedeou !!
Solange Clerc mars 2017
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Le musicour
Ce texte a été écrit par Joel pour la journée des langues maternelles 2017 qui a eu
lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Çhau ga, çhi ét musicour,
L'aeme bén alàe s'assire sous le pruniou,
a la poénte dau jhour.
Le vént ecoutàe les oseas, çhés beas chantours
Çhi avant pour daus chaçours
É çhi venant s'apouàe é chantàe den çhau pruniou.
Le prmàe que l'entent, ol ét le marle moquous
den le carai de chous.
Apràe, dare les pabous,
ol ét le loriou,
çhi ét in bun subllour li-tout.
L'entent le coucou
Çhi at l'aer de s'amusàe a cache-cache quand le fét coucou,
É qu'un le vet pa trjhou.
Pi o y at atout le cracassou.
Mé l'entent pa le rossignou,
Ni l'hibou
Çhi chantant la neùt mé pa le jhour.
In cop, l'at cru entendre le louc :
Ouhhh, ouhhh.
Mé ol at in moument que ché nous
Ol at pu de louc.
Ol étét sun fellou
Çhi uchét : t'es ou ? T'es ou ?
O felét que l'ale au fourniou
Chaufàe le four avec les fournallours,
É faere çheure les tourteas frmajhous
Pr ses copins parlanjhous
Çhi deviant arivàe au tantout.
Jho Bounin
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Le bllanchissour
Ce texte a été écrit par Suzette pour la journée des langues maternelles 2017 qui a eu
lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Yér qu’ol étét tout fouagnous
Tout moullassous, tout baudrllous,
I prénghi mun bllanchissour
E réstit a l’abric den le fourniou.
Voure que ma grand mére fasét sés frmajhes mous
I me méti a l’ouvrajhe... Tout d’in cot in bardou
Morchou, morvou, tout bourallous
Passit au chemin de ché nous
Le se métit tout debout
Pis le ricandit coucou coucou
Bunjhou, bunjhou
Le me fasit grand pour
I en chesi den la pénture avéc le barboullou
Çhau bardou desét : pént-zou pént –zou
I savàe pa queù pèce y coudre atou
Ni voure métre mun bllanchissour.
I prénghi l’ésujhou encruchai au pendrllou
I m’ésujhi la goule é le cou
Pr étre présentablle pr le grand jhour.
E i laechi çhau bardou tout fou
Faere sés àers de folichou !
Suzette Bonnaud
58
Rencuntre
Ce texte a été écrit par Bertrand pour la journée des langues maternelles 2017 qui a
eu lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
L’àutre jhour
Cuntre Mougun en Poétou,
Le fall dau picou
Çh’étét poét in bun marchous
Se cruchit su sun bardou,
Pr in tenp moullassous
Pr alàe binochàe lés chous
Dau Pére Bedou.
Su le chemin boudrallous
Le rencuntrit Marie-Lou
Çh’arivét dau vilajhe de Trlllou.
En petarou
In panàe ajhaumurai de frmajhous
De chabichous
E de vin dau Hàut-Poétou.
O déboulit in grand Garou
Çhi li fasit grand pour.
Ol étét le draule d’au picou
Çhi fasét coucou, coucou
A Marie-lou
Le se saquit den un chagne cabassou
Marie-lou li huchit : di me zou ! di me zou
Qu’ol ét de mén que t’és amourous !
T’és poét in chaçour
T’és poét in chéti marlou,
Ni in rabalous, ni in bignallous.
I t’atén dare le fourniou
Pr que tu me fasses daus bisous
É daus calinous
Mun petit canallous
A bétou dare le fourniou !
Bertrand Faucher
59
Travallouses é Travallous
Ce texte a été écrit par Maryvonne pour la journée des langues maternelles 2017 qui
a eu lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Citoyens citoyénes (aparté : i me sé trunpai)
Travallouses Travallous
jhouun au garou veléz-vous ?
(respiraciun ; pi en scandant queme ine cuntine pr ordre alfabétique lés mots en ou :
Vous trtouts !
Lés Abellous abrious
Lés Batallous, lés barassous
Lés çhusinous, lés chacotous,
Lés discutous, lés dodallous,
Lés ébrnous, lés terallous,
Lés filosofous, lés fagotous,
Lés galopous de louc garous,
Lés huntous de tout, lés pourous
Lés iragnous, lés idallous,
Lés jhardinous sen z-arousou,
Lés kagnous, lés cajholous,
Lés labourous é lou lirou,
Lés maniérous dau chabichou,
Lés noçous niagassous,
Lés oublious de tout,
Lés petrolous leùrous,
Lés quéncallous frlinous,
Lés rafistolous, lés raboutous,
Lés sabatous, lés sabounous,
Lés tracassous taesous,
Lés usajhous d’ésiou,
Lés véllous é lés vezous,
Lés yodelous musicous,
60
Lés pa zirous de ché nous. _(petite pause)
Den çheùques jhours
Ét o pa ? I voterun trtouts
Mén çhi clleùte é vous atou
Mé queme i avun pa le sous
I serun trtouts den lés chous.
É çhi qui serat le louc Garou?
You !
Maryvonne Barillot
61
Le haïkou dau Poétou
Ce texte a été écrit par Marie-France pour la journée des langues maternelles 2017
qui a eu lieu à Chaillé Les Marais en Vendée
Ol ét daus brdassous!
Ol at Fillou pi Macrou
Etou Hamou, Melanchou é Lepénou,
trtouts barassous picsous.
Marie-France Perron
62
La Moujhasse
La moujhasse avét trpegnai en biscant avéc la couére dau cllun pr alàe vere lés
couràesses den lou tét, la chéne chicotant dare la fagotére, l’oualle remellant, la
mirole gorounante, é la bique au grous enbouréll bequelant den sun crnun.
In cot, la mén den sa migallére, al avét éralai sés cotilluns den l’euràie de
l’écouéssun de rabaneas, a la cruchetéle dau chemin de la Grousse Pàere de
Chanparnàe. Ol avét felu o z-adoubàe avéc daus frtelluns...
Al avét ghétai le ralirun çhi ramissét den le ramijhàe pllén d’arentéles é d’iragnes ;
é pi al avét réchtai ébaubie devant lés groles su la chalounére de jhoutes : ol étét a
bllanc de groles.
A se souvént qu’a se brdouérét en potrniant la brnàie aus goréts ou bé le mési aus
piruns en brdocant lés pordeneas.
Al alét atout a la fàere aus mules a Sét Tremoye, aus norins a Sét Moessant. É sés
viràies a Sét Pllasine, vere sun pepai apràe réci a brcicllete...
É pi avoure la moujhasse at apilotai, bourlin-bourlot lés bounes é lés moéns bounes
annàies.
O li cunvént core lés prtentalles brticllantes.
Vaut o dire que den sa tàete, al ét core ine mujhasse ?
Danielle Merlet
63
L’istoere de la Moujhasse
En 1939 quemencét la ghaere. Raoul, le menusàe avét dau boe sec bun a étre menusai
é l’at parti le prmàe de la coumune. Henriéte é Solanjhe, sa fame é sa felle restriant.
Raoul a été fet prisounàe en Alemagne den ine farme de l’àutre coutai de Berlin.
Henriéte é Solanjhe se débroulliriant queme a peviriant. Henriéte aedét lés voesins, a
fasét sun vrjhàe é pi al avét daus couràesses é daus lapins.
Raoul étét abellour atout, Henriéte l’avét vu faere, a s’y ét mi, al avét dun dau miàu.
Sun fraere l’y avét laechai sun "Kodak" vide, o la turlupinét ! In jhour al alit a "La
Civette" a Niort, é demandit daus pélicules.
– Mais, madame, nous nen avons pas.
A sunjhit é dessit :
– Jai du miel, si ça vous intéresse.
– Revenez avec votre miel et nous verrons.
Sitout dit, sitout fet. A revenit avéc sun miàu. La brciclléte revenit quasiment toute
seule tant mé qu’al étét cuntente. Lés fotos seyiriant bén réussies.
Pr le boe, al arét pu le vendre bén daus cots, mé a velét que le seyisse core içhi quand
Raoul vevéndrét, é l’a pu requençàe sun uvrajhe dés que le seyit rendu, le deràe de la
coumune...
O devét pa étre aesai de repréndre sa pllace entrmi sa fame é sa felle. D’apràe le
voesine Anete qu’at le maeme ajhe que Solanjhe, jhuste neùv moes apràe le retour de
Raoul, la Moujhasse naessit, le jhour dau prmàe d’Avrell. O mét d’avis qu’o y at pa
d’asard si al aféctioune la rigourdaene é bén rigolàe, çhéte moujhasse.
Aneùt, le sant touts troes partis. Ol ét ce que le m’avant racuntai, mé i sunjhe a tout ce
que i ae pa pu ou pa su lou demandàe.
Danielle Merlet
64
Le munde d’àutrefés é d’aneùt
Quant i étàe draule, den mun vilajhe au fun fon de la Gâtine, voure i sé néçhu, i
queneussàe in voesin, l’avét ine borderie, i aemàe bén causàe avec li, le me dessit :
tu voes mun draule, la machine tuerat l’oume.
Aneùt, den les fermes, pu besun de valet pr lés métives, lés feneries, lés labourajhes é
pr ramassàe les jhoutes ou lés poes de tére, lés machines a fesant tout çheù. Den le
munde daus travallours ol ét pareil é pi maeme den çhés bureas voure o y avét
pllén de munde, asteùre l’ordenatour a renpllaçai le cryun.
I cré bé que çhaul oume avét résun, o faut de moén en moén de munde pr faere le
travall, lés mundes fesant que couri é le sant mal den lou pea, souent ol ét le
chacun pr sé.
O fedrat in jhour faere peyàe lés machines, que le me dessit. O résoudrat poé le
problléme dau chaumajhe mé o pet métre in poa de beùre den le farci
D’autefés, lés mundes viviant petitement, aneùt la sociétai at créyé pllén de beséns,
rén nous manque mé i sun pa pu benaeses que nos anciéns, é i avun pa mé de sous.
En cunclusiun : l’arjhent ne se ramasse poé a brouétàie.
Bertrand Faucher
65
Fames de pésans d’aneùt
Lés pésans, lés péquenots, lés çhus terallous...
I aeme lés pésans, i lés queneù bén. Mé le sant pa assé assavantais pr se défendre, le
se laessant avàe pr lés técnocrates é lés politiques, é lous ouvrajhe trjhou praessàie
lés fét réçounàe de travér. Montesqieu o z-avét déjha dit.
I sé prtant pa naessue ché daus pésans, mun pepa étét menusàe, mé en me marianti ae
cheut den ine férme avéc le num de l’oume qu’étét la.
Ol at in petit chanjhai avoure, lés fames se sant rebifàies prtout, é un pet choesi sun
num. o y at daus sindicats pr défendre é pr faere entendre lés revendicaciuns daus
fames au jhour d’aneùt. Mé i cause daus annàies soessante, soessante dis. O faut
dire qu’ol at durai bén daus tenp voure que lés oumes se rendiant maeme pa cunte
de quement qu’o tornét lou férme.
Le s’en aliant a lous réuniuns, le s’en priviant pa, pr in voui, pr in nun, le sindicat de
ceci de cela, l’assenbllàie dau Crédit, le regroupementd’autre chouse... é benaeses,
le laechiant la férme tornàe avéc lés fames, lés méres, lés brus, lés nenais é lés
tantines...
É créyéz vous que le sunjhiant a zéles pr pu tard ? Ol étét den la nature daus fames de
s’oçhupàe daus draules, daus volalles, daus gorets, é pi daus àutres afaeres, tout ce
qu’o y avét a faere.
Den lés annàies soessante cénc, quatre vént, çhi créyéz vous çhi fasét groussi lés
goréts pr lés vendre é raportàe de l’arjhent en lés enmenant a l’abatoer ? Çhi qui
s’oçhupét daus vaches, çhi lés tirét pr vendre le lét a la copérative ? L’ouvrajhe
daus fames amenét de l’arjhent a la mésun mé lou tenp cuntét pa.
Tout le munde sét bé que lés fames batifolant den lés prés (Mme de Sévigné) pi den
lés porcheries, den lés éçhuries, lés téts aus poules é que l’ouvrajhe se fasét toute
seùle. Tout çheù dounét pa in statut a la fame ni ine recounaessance particuliére, ni
le drouét a la retraete. Sunjhéz dun, i avun jhamae rén fét, i avun pa cotisai. Qui
qu’arét oghu ine idàie de maeme ?
Men oume a cotisai pr li, mé li l’ét pu la, é i réchte toute seùle.
Quant ol at felu que mun draule a vént ans renpllisse daus papàes, pr rentràe den ine
grande école, un at bé vu que çhés formulaeres étiant pa pr lés pésans (ni lés
artisans ni lés coumérçants...).
Quant ol at felu dounàe daus informaciuns su lés parents, o y avét pa de case pr la
"conjointe" qu’avét élevai lés draules. Le séyit forçai avéc in péncement au çheùr
de métre "femme au foyer". I ae vu qu’o le machét. O li at fét sunjhàe que lés
fames aviant pa ghére de pllace den la sociétai. Le m’at regardai é le m’at dit :
"t’inçhéte pa meman, o vat chanjhàe".
Ol at de çheù déjha çheùques annàies, toutes çhés fames sant trjhou la, al avant besén
de se senti moén inçhétes pr lou z-aveni en sunjhant a tout çhau tenp voure qu’a
travalliant a jhournàu, pi ol ét trjhou parell aneùt, a se demandant quement serat-o
pr demén ? I sunjhecore au provérbe que ma nenai desét :
66
– Ol ét souent çhau çhi travalle çhi ménjhe la palle é çhau çhi fét rén çhi ménjhe
le fén.
Danielle Merlet
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Oseas d’amour
Oséle brçolét sa dupéte. Osea portétlunjhe couéte é écarcallét sés plluméts noblléts.
Lai fasét mine de parti, pi a revenét, virounét pi s’arolét é s’amodurét çha
moument. Li, in petit sàut a dréte, in àutre a gàuche, se raprchét é rou-rou-
roucoulét en énvitant la damoeséle oséle avéc daus petits biscouétis de tàete é de
couéte. Le s’avant fét daus rivérences, daus chatoullis, daus megnouneries, daus
béc a béc, é su la branche basse se sant acoubllais tendrement, folement,
passiounément den lés raes dau soulall levant.
Petit Rémi étét çhi, jhuchai den l’abre dépeùs in bun moument, le boujhét pa mae que
la branche lai maeme ; l’o z-at tout vu. l’at réchtai tout jhilot a raevàe daus eùres su
ce que le venét de vere...
O l’avét détrvirai, le savét pa prdéque... L’avét bé senti qu’o l’émuvét...
Avét all pa vu a la télé daus jhéstes qu’o senbllét a de l’amour qu’o se desét, daus
jhéstes que l’arét aemai pr li ; toute çhéte douceùr, çhés megnouneries. Prtant a
jhornàu, ol étét pa sun lot. l’atrapét pu souent ine avirmouche qu’ine caraesse.
Si l’étét çhi su çhét abre, ol ét pasqu’un velét pa de li a la mésun. L’étiant de trop a sis
draules den çhau petit lojhement de la citai... Sitou levai, le venét se canijhàe den
la crafourche d’in abre dau jhardin publlic...
O y avét que la, que le se sentét benaese ; maeme que le manquét l’eùre de l’école a
daus fés.
Çhau jhour ol ét sur que le sunjhét poét a la cllasse ! Nun ! Le s’imajhinét pr li, ine
façun de vive qui resenbllerét a çhés deùs oseas...
Li, quant le serét pu grand, le trouverét ine fame que l’aemerét paréll, doucement...
megnounant ; maeme si le pu souent ol étét pa si pllésant touts lés jhours le gardét
çhau moumentden in coin de sa tàete. O li fasét suportàe lés misaeres de la vie.
Pu tard, luntenp pu tard le resunjherét a çhés deùs oseas çh’étiant devenus queme sun
idàie de la vie. Çhau raeve a brçai toute sa jhenaesse...
Maryvonne Barillot
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Grlét grlét
Ce texte a été écrit par Solange qui l’a présenté à la journée des langues maternelles
2014
« Grlét grlét, sor de ton creù
Ou la sérpent menjhra tés eùs »
Aneu coum’ d’autrefoes, o n’a cor tout pllin dau grléts
E pa rén que den lés encougnàes daus feùs.
Leus chançuns renpllissiant l’aer chàud d’la sént jhan
Den touts lés caribots , lés prais bas ou les grands chanps.
I m’sé mise d’a jhnell pr lés regardàe
Le sant lusents coume daus soulàes céràes
O n’a daus petits et daus pu grous
Daus bén négres e daus pu rous
Motais sou la palaene, le chantant sen s’aretàe
Tertous d’in cop, toute la gran jhornaïe e à neuta
Mé su petit qu’l’entendant in brut
Veùrt ! le se saquant chaquin den leu creù.
Alore i prén in brén d’érbe bén flleùri
I le fét muçàe tot au funs dau creù
En le brléngant tot çha petit…
Pi i chante pr le fér sortir…
« Grlét grlét, sor de ton creù…
Ine foes, o l’ét ine sérpent qu’a segu !
« Grlét grlét, sor de ton creù
Ou la sérpent t’ piquerat au çhu »
Solange Clerc – janvier 2014
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Le renard é le petit prénce
Ceci est une traduction collective par le cours de poitevin de Vouillé du Petit Prince
de Saint Exupery, au moment où le petit prince rencontre le renard
Ol ét jhuste a çhau moument qu'o boutit le renard.
– Bunjhour qu'o dessit le renard.
– Bunjhour qu'o répundit bén pouliment le petit prénce qui se virit é vayit rén
dare li.
– I sé çhi, sou le poumàe.
– Çhi és tu, tàe ? Qu'o dessit le petit prénce. T'és bén bea.
– I sé in renard.
– Véns t'amusàe avec màe li prpousit le petit prénce. I sé si chagrin...
– I pe pa m'amusàe avec tàe, i sé sauvajhe qu'o dessit le renard, i sé pa apivrai.
– A pardun, fasit le petit prénce.
Mé apràe avàe resunjhai, l'ajhoutit :
– Qui qu'o veùt dire « apivràe ? »
– T'és pa de çhau lén, qu'ét o que tu cherches ?
– I cherche les oumes qu'o dessit le petit prénce. Qui qu'o veùt dire « apivràe ? »
– Les oumes, qu'o dessit le renard, l'avant daus fusalls é le chaçant. Ol ét bén
enbétant ! Le fasant venir daus poules atou. Le sant interessants rén qur pr
çheu. Tu cherches daus poules ?
– Nun, qu'o dessit le petit prénce i cherche daus amis. Qui qu'o veùt dire
« apivràe ? «
– Ol ét ine afaere qu'ét çheùte den les aburéngues, qu'o dessit le renard. O veùt
dire « s'acoutumàe aus àutres »
– S'acoutumàe aus àutres ?
– Bé sùr, qu'o dessit le renard. T'és core pr màe qu'in draule tout parell a cent
mille draules. É y ae pa besén de tàe. É t'as pa besén de màe atou. I sé pr tàe
qu'in renard parell a cent mille renards. Mé, si tu m'apivres, y arun besén l'in de
l'àutre. Tu seras pr màe tout seùl au munde...
– I quemence a cunpréndre, qu'o dessit le petit prénce. O y at ine flleùr... I cré
qu'at m'at apivrai...
– Ol ét poussiblle, qu'o dessit le renard. Un voet su tére toutes especes d'afaeres...
– Jhé ! Ol ét pa su tére, qu'o dessit le petit prénce.
Le renard paraessit surpris :
– Su ine àutre pllanete ?
– Voui
– Y at-o daus chaçours, su çhete pllanete ?
– Nun.
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– Çheu, ol ét énteraessant ! É daus poules ?
– Nun
– O y at rén de parfét, quenit le renard.
Mé le renard retornit a sun idaie :
– Ma vie ét trjhou la màeme. I chace les poules, les oumes me chaçant. Toutes
les poules se ressenbllant, é tous les oumes se ressenbllant. Le tenp me dure
dun in petit. Mé si tu m'apivres, o y arat coume dau soulall den ma vie. I
queneùtràe in brut de pas çhi serat rén coume les àutres. Les àutres pas me
fasant sacàe sou tére. Le tén me ferat sortir defore, coume ine musique. É pi tu
voés, ilàe, les chanps de bllai ? I ménjhe poé de pén. Le bllai pr màe, le sert a
rén. Les chanps de bllai, o me dit rén. É çheu ol ét bén triste ! Mé t'as les piaus
jhaunes coume l'or. Alore, o serat vrae bea quoure tu m'aras apivrai ! O me
ferat ressunjhàe a tàe quoure i vérae le bllai jhaune coume tes piaus. É i
aemerae le brut dau vent den les bllais...
Le renard se taesit é argardit luntenp le petit prénce :
– Soupllet, apivre me !
Vouillé 2017
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TABLE DES MATIERES
Présentation ….............................Page 01 Boune annàie ….......................... Page 45
Lés grands parapuis blleùs …............. 05 La chace aus lumas …......................... 46
Lés chàuces ….................................... 07 Cagoullou …....................................... 47
In çhénze D'Àut …............................. 09 Le luma é la coche …......................... 48
Le cour de poetevin …....................... 13 Pa de luma …..................................... 49
La bujhàie …...................................... 18 Ine prdric çhi chrchét daus amis ….... 50
La tuerie de goret …........................... 20 Le moenea daus chanps é le moenea
daus viles............................................. 52
Acrostiche …...................................... 23 Bunjhour …......................................... 54
Cabrnot La Chaline …........................ 24 Daus rimes en "ou" …......................... 55
Létre au bounoume Nàu …................. 25 Le musicour …..................................... 57
Bout de billét de Mérlusine …............ 26 Le bllanchissour ….............................. 58
A boere ou a ménjhàe ….................... 29 Rencuntre …........................................ 59
Cop de goule …................................... 31Travallouses é Travallous …................ 60
La balade aus pissenlits ….................. 32Le haïkou dau Poétou ….......................62
Tot le munde vat en quéque part ….... 33 La Moujhasse …...................................63
Tarmast …............................................ 34 L’istoere de la Moujhasse ….................64
Agate é les milans négres …............... 35 Le munde d’àutrefés é d’aneùt ….........65
Le traen çhi sort Micheline de sun
« traen-traen » …................................ .39
Fames de pésans d’aneùt …..................66
Polite …............................................... 41 Oseas d’amour …..................................68
O faut métre lés points su lés "i" ….... 43 Grlét grlét ….........................................69
Quant i aliun aus chanps …..........…... 44 Le renard é le petit prénce …................70
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