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OUMANIe · Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer à ses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre

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A36 ans, Vasile Stoica montre la voie depuisplusieurs années aux handicapés physiques.Ils sont 2800 dans son judet de Timisoara,

dont plus de 400 enfants, bénéficiant d'une indemnitémensuelle de 13 à 40 € et d'une aide de 320 € pour acheter leur fauteuil roulantmanuel, ce qui correspond à son prix, un électrique valant dix fois plus.

Le jeune homme, originaire du village de Maguri, commune de Racatau, esttétraplégique de naissance et, de l'âge de un à sept ans, a subi treize opérationsdes membres, en vain. C'est alors qu'il a réalisé qu'il passerait sa vie dans un fau-teuil roulant.

En 1993, alors qu'il n'a que 23 ans, Vasile se lance tout seul dans sa premiè-re aventure, parcourant 340 km en quatre jours, entre Timisoara et Siofok enHongrie. La même année, il participe à de nombreuses compétitions et entame latraversée du continent. Après 40 jours et 3400 km, il arrive en France, parcourantquotidiennement entre 50 et 150 km, selon sa forme, à la vitesse 12 km/h.

Le tour du monde en fauteuil roulantEn 1995, le jeune athlète entreprend sa provocation suprême: le tour dumonde en fauteuil roulant. Hélas, les sponsors lui font défaut et, arrivéen Espagne, il doit faire demi-tour. Ce n'est que partie remise. Trois ansplus tard, ayant réuni le financement, Vasile réalise son rêve, traversanten 18 mois, la Roumanie, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne, la France,puis le Canada, les Etats-Unis, l'Australie, revenant par l'Egypte, laTurquie, la Bulgarie. Il est de retour en mai 1999.

Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer àses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre dans le livre des records en 2001, roulant vingtquatre heures sans interruption dans son fauteuil sur la piste d'un stade,battant de six heures la performance précédente réalisée par unCanadien. Puis, en 2003, il retraverse les Etats-Unis, empruntant lacélèbre "Route 66" qui le mène de Los Angeles à Chicago.

Rejoindre les J.O. de Shangaï de 2008, à coups de pédales

Le jeune homme du Timis n'entend pas en resterlà. Fondateur du club sportif pour personnes handi-capées de Lugoj, il s'apprête à un raid qui doit lemener, en 2008, à l'ouverture des JO pour handicapésde Shangaï, en Chine. Vasile devra parcourir 15 000km dans son fauteuil d'un coût de 3000 €. L'été der-nier, il s'est préparé en effectuant une nouvelle tra-versée du continent pour rejoindre le point considérécomme le plus occidental de la terre, le cap Finistère,en Espagne.

Comme à l'accoutumée, Vasile n'a emporté que leminimum de bagages, qu'il case sur son fauteuil :change de vêtements, nécessaire de toilette, une trous-se médicale, un appareil photo et une caméra vidéo,un ordinateur portable qui lui permet de rester en liai-son avec tous ses amis, les médias et surtout alimenter son site Internet (www.govasigo.ro). Pour son aventure chinoise à venir, ila trouvé un sponsor roumain, la société Medrom - fait suffisament rare en Roumanie pour être signalé - qui a baptisé très juste-ment cette expédition solitaire, "Les roues du courage".

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Livres Littérature OpéraMusique, Sciences Photos Dacia éternelleTémoignageTourisme Histoire, Humour, MédiasAbonnement, ChangeCoup de coeur

Numéro 40 - mars - avril 2007

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Pour ses premiers pas dans l'UE, la Roumanie s'est distinguée… par ses fauxpas. Une semaine après son entrée, Bucarest se singularisait en créant unetaxe sur les véhicules achetés à l'étranger, prétextant empêcher la transfor-

mation du pays en dépotoir de voitures d'occasion. Une violation flagrante de la librecirculation des biens, l'une des raisons d'être du marché unique, mais aussi une attein-te à la libre concurrence, puisque, en exonérant de ces droits les véhicules achetés surplace, le gouvernement roumain favorisait son marché intérieur. Les rappels à l'ordrede Bruxelles ne se sont pas faits attendre. Bucarest était immédiatement menacé desanctions et a été sommé de revoir sa copie, sous peine d'amendes très lourdes.

Cette "erreur de jeunesse" n'est cependant rien par rapport à la crise intense quevit le pays depuis le 1er janvier. La classe politique qui avait rongé son frein dans l'at-tente de voir l'adhésion à l'UE confirmée, s'est alors déchaînée. Sur fond de guerreouverte entre le président Basescu et le premier ministre Tariceanu, ministres, parle-mentaires de la majorité se sont empoignés au grand jour, devant une oppositionréjouie.Abasourdis, les Roumains ont été envahis par un sentiment de honte de se voirainsi représentés aux yeux d'une UE qu'ils étaient si légitimement fiers d'avoir rejoint.

Lettres de dénonciations mutuelles au sommet de l'Etat, accusations de corrup-tion, scandales, sexe, etc., tout a été étalé sur la place publique… et rien épargné à descitoyens, effarés de voir les graves problèmes du pays et de l'adhésion passer ausecond plan. La crise, loin d'être terminée, a atteint un tel paroxysme que la destitu-tion de Traian Basescu par le Parlement a paru un moment imminente, ce qui condui-rait les Roumains à un référendum pour la valider. La ministre de la Justice, MonicaMacovei, à laquelle députés et sénateurs reprochaient d'avoir mis en place un orga-nisme chargé de vérifier l'origine de leur enrichissement, votant une motion de censu-re à son encontre, n'a échappé à l'hallali que grâce à l'intervention du ConseilConstitutionnel. Mais son collègue des Affaires étrangères, Razvan Ungureanu a étécontraint de démissionner, sans être remplacé, Président et Premier ministre s'oppo-sant sur le choix de son successeur. Ainsi, la Roumanie n'a plus de représentant expri-mant ses positions au niveau international, alors que Traian Basescu est pour le main-tien du contingent militaire en Irak... et Calin Tariceanu pour son rapatriement !

A Bruxelles, on est consterné. Des voix s'y élevent, demandant l'application de laclause de sauvegarde qui mettrait l'adhésion de Bucarest en suspens. Pourtant laRoumanie n'a pas besoin de moins d'Europe … mais au contraire de davantage pourobliger ses dirigeants à prendre un chemin conforme aux intérêts de sa population !

Henri Gillet

Premiers pas… et faux-pas2 à 78 et 9

10 et 1112 à 15

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18 à 2021

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Les roues du courage de Vasile Stoica

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(1 € = 252 forints)*Au 1 mars 2007 ** 1 RON = 10 000 anciens lei

Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 40, mars-avril 2007

Traian Filip, 53 ans, n'était jamais sorti de son pays. Le 31 décembre au soir,il a pris sa Dacia, a parcouru la centaine de kilomètres séparant sa commu-ne de Stei (Judet de Bihor, Oradea) pour se rendre au poste frontalier de

Nadlac. Le menuisier voulait se rendre compte par lui-même si c'était vrai ce que l'onracontait depuis des semaines à la télévision: à minuit, les Roumains pourraient fran-chir la frontière avec leur seule carte d'identité.

Il dut bien se rendre à l'évidence. Même si le douanier hongrois hésita un momentà la vue du document, téléphonant à son supérieur, la barrière se leva. Quelqueskilomètres plus loin, Traian s'arrêta dans un bistrot encore ouvert, commanda un café,régla avec un billet de dix euros qu'il avait conservé et s'en retourna sagement chezlui. Sa nuit fut étrange. Etait-ce l'effet du café ou le sentiment confus qu'il venait devivre comme quelque chose d'important ? Il n'arrivait pas à fermer l'œil. L'image del'oriflamme bleu nuit aux douze étoiles, fièrement dressé, flottant entre les drapeauxroumains et hongrois, le hantait.

Ils ont été dix mille comme Traian - certains à bicyclette ! - à franchir les postes-frontières la nuit du réveillon entre la Roumanie et la Hongrie ou la Bulgarie pourprendre une simple tasse de café et se persuader qu'ils étaient bien devenus descitoyens européens, avant de rentrerchez eux et déboucher une bouteille dechampagne de Simleu ou de Târnave.

Piata Romana, des dizaines de mil-liers de Bucarestois fêtaient l'événement,scandant en cœur les dernières secondesqui les séparaient encore du Vieux conti-nent et s'embrassant dans une euphoriegénérale. Il faudrait remonter loin dansl'histoire de la Roumanie - et de celle dela France - pour trouver trace d'une lies-se populaire qui ne soit pas liée à un évé-nement tragique - l'issue d'une guerre -comme ce fut le cas le 1er décembre1918, lors de la réunification de laTransylvanie avec la Roumanie.

Certes, tous les Roumains n'étaientpas sortis dehors, l'émotion collective touchant surtout la capitale et les grandes villes.Mais ils étaient tous derrière leur poste de télévision pour vivre ce moment historique.

"On est Roumains… On rentrera dans l'UE à l'heure roumaine !"

Dès 21 heures, le 31 décembre, une vingtaine de journalistes battaient la semelledans l'attente de l'heure fatidique, au poste-frontière de Cenad (judet de Timisoara). Ilsavaient apporté des bouteilles de champagne roumain - avec la réglementationeuropéenne, il faut dire désormais mousseux - et du cozonac (brioche). Décalagehoraire aidant, l'incertitude régnait: serait-on en 2007 à minuit, heure de Bucarest alorsqu'il ne serait que 23 heures en Hongrie et à Bruxelles ?

Le commissaire Viorel Alexe, chef de la police des frontières du judet prit l'ini-tiative: "Si nous sommes Roumains - et c'est le cas - nous rentrerons dans l'UE à l'heu-re roumaine!". Sur cette fière déclaration - Cambronne aurait été là, il n'aurait pu seretenir de rajouter un mot à l'intention des Hongrois - il fit lever la barrière, à l'heuredite et à la seconde près… Et c'est ainsi que le journaliste d'"Evenimentul Zilei"("L'Evènement du Jour") fut le premier Roumain à sortir de son pays, en tant quecitoyen européen, muni de sa seule carte d'identité, au grand dépit du préfet deTimisoara qui avait revendiqué publiquement cet honneur, mais s'était fait doubler.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, FlorentParmentier, Astrid Hennekine,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Laurent Couderc, Marianne Rigaux,Antoinette Brouyaux, Vali, Gazdaru, Ionel Onet, Marian Vochin, YvesLelong, Peter Kononczuk, ThomasFerenczy... et Jules Verne !

Autres sources : agences de pres-se et presse roumaines, françaises etfrancophones, lepetitjournal.comédition de Bucarest, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet,fonds de documentation ADICA.Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1107 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: mai 2007

NADLAC

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Une tasse de café en Hongrie

Les autorités de Bucarest misentsur l'agriculture biologique, le secteurdes nouvelles technologies et le sportpour améliorer l'image de laRoumanie à l'étranger. Depuis la findes années 1990, les gouvernementsroumains ont à plusieurs reprisesinvesti dans des campagnes de mar-keting coûteuses qui n'ont pas vrai-ment eu l'effet escompté. A l'autom-ne, la ministre de l'intégrationeuropéenne, Anca Boagiu, n'avaitpas hésité à dépenser plusieursdizaines de milliers d'euros de publi-cité dans des médias britanniques etaméricains de prestige pour inciterles investisseurs étrangers à venir enRoumanie. "C'est avant tout en amé-liorant le niveau de vie des Roumainset en attirant davantage les investis-seurs étrangers que l'image du payschangera", a déclaré Peter Hurley,

Image de marque

Petits et grands

Avec ses cinq représentants, plusun Bulgare, le parti de la GrandeRoumanie (PRM), dirigé par le popu-liste Corneliu Vadim Tudor, connupour ses diatribes xénophobes, a per-mis la création d'un groupe parlemen-taire européen d'extrême droite, bap-tisé "Identité, Tradition, Souveraineté"(ITS) au Parlement européen deStrasbourg, en atteignant le seuilminimum de vingt inscrits. Son prési-dent n'est autre que Bruno Gollnisch,du Front National français. Faute d'ef-fectif suffisant, les députés d'extrêmedroite européens siégeaient jusqu'iciparmi les non inscrits, ce qui limitaitleur temps de parole et les subsidesde fonctionnement.

Coup de pouce à l'extrême droiteeuropéenne

VARSAND

Le ciel de Bucarest s’embrase pour fêter l’entrée dans l’UE,

le 31 décembre à minuit.

CENAD

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Quelques dizaines de mètres plus loin, le groupe fut obligéde stopper devant le poste frontière hongrois. L'heure c'étaitl'heure… et ici c'était celle de Budapest. Même l'immense tarteau chocolat et à la crème fouettée, sur laquelle étaient dessinésune carte et un drapeau de l'UE ne put amadouer les Magyars,qui refusèrent sèchement de participer à son partage.

Vengeance féminine

Les Roumains patientè-rent, débouchant quelquesbouteilles devant les magasins"Duty free" désormais fermés,entonnant l'hymne national"Desteapta-te, romane!"("Debout Roumain!) et "l'Odeà la Joie", lorsque le drapeaude l'UE fut hissé sur le poste-frontière. Il était 1 h 05 (heurede Bucarest), et des voituresavec gyrophare amenaient lespoliciers et douaniers roumainset hongrois qui tiendront désor-mais en commun le poste-frontière unique. La dernière barriè-re se levait… et le préfet de Timisoara tenait sa revanche: ilétait le premier Roumain à entrer dans l'UE !

Près de lui, une compatriote - première Roumaine dans lesmêmes conditions donc - se précipitait sur le chef du poste depolice hongrois, lui remettait un bouquet de fleurs et l'embras-sait sur les deux joues, non sans avoir lancé aux journalistes:"C'est ma façon de me venger… Il m'a fait parfois attendreplus de cinq heures !"

Des réflexes pas faciles à acquérir

A Oradea, la municipalité avait finalement renoncé à faireune chaîne humaine depuis l'hôtel de ville jusqu'au poste-fron-tière de Bors, distant d'une douzaine de kilomètres. Les habi-

tants préféraient se rendre compte par eux-mêmes qu'ils étaientadmis dans la famille européenne et, à l'heure dite, plus d'undemi millier prenait d'assaut les taxis ou leurs véhicules pourfaire un aller-retour en Hongrie. L'évêque orthodoxe roumainSofronie de Gyula, ville frontière hongroise où résidentnombre de ses compatriotes, retournait peu avant minuit dans

son pays natal, bénissant leposte frontière de Varsand,pour revenir immédiatement.Il jubilait comme un enfantdevant son exploit: être le der-nier Roumain à être rentré aupays avec un passeport et lepremier, quelques minutesplus tard, à le quitter avec sacarte d'identité.

A l'aéroport HenriCoanda de Bucarest, la sono-risation était obligée de rappe-ler sans-cesse aux passagersroumains en partance ou enarrivance qu'ils devaientdésormais emprunter les files

réservées aux voyageurs des pays de l'UE. Pour être sûr qu'ilne rêvait pas, un journaliste embarquait dans le premier avionet en ressortait deux heures plus tard à l'aéroport de Francfort,sans aucune difficulté.

Les Roumains pouvaient se frotter les yeux: ils étaientbien dans l'Union Européenne, comme le rappelait le midi lechef d'orchestre japonais, Zubin Mehta, leur souhaitant labienvenue ainsi qu'aux Bulgares en préambule au traditionnelconcert télévisé du Nouvel an donné par l'orchestre sympho-nique de l'Opéra de Vienne.

…Quelques heures auparavant, les frontières roumainess'étaient refermées devant les trois millions de Moldaves,obligés désormais de demander un visa pour aller rendre visi-te à leur famille, parfois distante de seulement quelqueskilomètres… mais qui habitent en Europe.

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pour être sûr qu'on était bien citoyen européen !

Bush, Blair et Basescu arrivent enEnfer. Le règlement prévoit qu'ils ontdroit de téléphoner dans le mondequ'ils viennent de quitter, en payant.Au bout d'un mois, les factures arri-vent. Pour 30 minutes d'entretienavec les USA, Bush doit s'acquitterde 100 dollars, Blair de 180 dollarspour ses conversations avec laGrande Bretagne. Arrive le tour deBasescu qui, lui, ne doit verser que15 dollars pour 300 minutes passéesavec la Roumanie au bout du fil. Lesdeux premiers protestent avec véhé-mence auprès de Lucifer qui leur pré-cise: "D'un Enfer à l'autre, c'est leprix d'une conversation locale".

Humour

Reporters sans frontières" etl'Agence de monitorisationdes médias de Roumanie

(soutenue financièrement par l'UnionEuropéenne) se sont montrées vivementchoquées par la décision du Tribunalconstitutionnel de réinscrire les délits depresse dans le code pénal. En effet, le 18janvier dernier, celui-ci a déclaré que lesamendements dépénalisant l'insulte et lacalomnie, adoptés en 2006, étaient anti-constitutionnels, en dépit des aviscontraires du gouvernement et duParlement. En juin 2006, la volonté poli-

tique de la ministre de la Justice, MonicaMacovei, avait finalement triomphé desrésistances, avec l'adoption par leParlement d'une réforme en profondeurdu code pénal, ce qui avait été saluécomme une avancée majeure de la démo-cratie pour le respect de la liberté de laPresse. La décision du Tribunal constitu-tionnel pourrait enterrer définitivementcette réforme, puisque ses décisions nepeuvent être contestées légalement. Elleintervient dans un contexte où de nom-breuses personnalités ont été mises encause par les médias.

Tentative de bâillonner la presse ?

L’Enfer sur terre

dessous d'un réveillon historiqueMédias

des journalistes "marron"faisaient chanter des personnalités

Un scandale de grande ampleur, touchant la Transylvanie, vient d'illustrercertaines mœurs du monde des médias que "Les Nouvelles deRoumanie", alertées par leurs correspondants-journalistes roumains sur

place, avait déjà évoquées, voici deux ans. En 2002, Liviu Man et plusieurs acolytesavaient lancé une dizaine de publications dans les judets de Cluj, Bistrita, Maramures,Bihor (Oradea) et Mures (Târgu Mures), formant le groupe de presse "Gazeta". Lepropriétaire avait engagé quelques journalistes véreux mais aussi des collaborateursayant travaillé dans différentes administrations et ayant accès à des informations sen-sibles permettant de faire chanter des politiciens ou personnes ayant occupé des fonc-tions importantes. Une campagne de presse virulente était lancée alors à leurencontre, relayée par chaque journal du groupe, révélant des malversations avérées ounon, mais toujours déformées jusqu'à ce que leur auteur souscrive des contrats depublicité… ce qui faisait stopper immédiatement les attaques.

Dans certains cas, ces pratiques, qui ont lieu dans tout le pays, ont continué jus-qu'à ce que les victimes cèdent une partie de leurs biens personnels. De nombreusespersonnalités - ce n'est pas difficile en Roumanie - ont été l'objet de ces chantages, lenom d'Emil Boc, maire de Cluj, ayant été évoqué. Le patron de "Gazeta" et sesproches collaborateurs ont été arrêtés.

Transylvanie:

Ion et Maria sont assis dans un parc.Ion lui demande: Ma chérie, tu étais bienà côté de moi quand j'avais la grippe.

- Bien sûr, mon amour.- Chérie, on était aussi ensemble

quand mes parents sont morts.- Tu sais bien que je suis toujours

avec toi- Quand j'ai eu mon accident, tu étais

aussi là.- Evidemment, je t'aime tellement

que je te suis partout.- C'est bien ce que je pensais…

Décidément, tu me portes la guigne !

La guigneIon s'engouffre dans un taxi qui

démarre en trombe. Il tape sur l'épaule duchauffeur pour lui indiquer précisémentoù il veut aller. Celui-ci se met à hurlerd'effroi, perd le contrôle de son véhicule,monte sur un trottoir et s'arrête àquelques centimètres d'une devanture.

- Que se passe-t-il donc ? demandeIon, interloqué.

- Excusez moi, mais je débute dansce métier et je ne suis pas habitué à ceque les clients me tapent sur l'épaule.Avant, pendant 25 ans, j'étais chauffeuraux Pompes Funèbres.

Imprudent

Les Roumains désigne-ront leurs 35 euro-députés au parlement de

Strasbourg, le dimanche 13 mai, aucours d'un scrutin à la proportion-nelle. Les citoyens membres del'UE, résidant en Roumanie, pour-ront également voter.

Les consulats roumains à l'é-tranger ouvriront des sections devote pour leurs ressortissants.

L'UE a demandé à la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein d'augmenter la contri-bution financière qu'ils doivent apporter à la Roumanie et à la Bulgarie depuisleur entrée dans la Communauté européenne. Ces pays, qui ne sont pas membres

de l'UE, ont toutefois accès à l'Espace Economique Européen qui leur permet de vendreleurs biens et leurs services comme les pays membres, à condition qu'ils contribuent aubudget de l'Union. L'UE, insatisfaite de leur participation au financement du développe-ment des dix derniers pays entrés dans l'UE, entend que, cette fois-ci, elle soit à la hauteurde leurs moyens… très importants pour la Norvège, pays occidental le plus riche du mondeavec ses gisements pétroliers. Initialement, l'UE demandait 70 M€ par an aux trois pays,mais a ramené ses prétentions à 65 M€, indiquant qu'elle ne bougerait pas.

La Norvège, l'Islande et le Liechtenstein avaient proposé 55 M€, dont 53 à la chargede la première. En cas d'échec des négociations, ces trois pays pourraient ne pas avoir unlibre accès aux marchés roumains et bulgares.

Euro-députés:élection le 13 mai

La Norvège appelée à mettre la main à la poche

“Et maintenant, tu crois toujours dans ces sornettes de Basescu etTariceanu, comme quoi rien, désormais,

ne peut nous arrêter sur la route de l’Europe !?” (Caricature de Vali)

Au même moment où Moscouenvoie une bombe atomique surWashington, les USA font la mêmechose, en sens inverse. Au cours deleur long voyage, les deux bombesse croisent au-dessus del'Atlantique:

- Salut bombe russe !- Salut bombe américaine !- Allons trinquer !La bombe russe vide une bou-

teille de Coca-Cola, amicalementofferte, et la bombe américaine enfait de même avec une bouteille devodka. La bombe américaine ne saitplus trop comment retrouver sonchemin, ce que voyant la bomberusse, compatissante, lui proposegentiment :

- Allez viens, je te ramène à lamaison !

Guerre froide

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Au printemps 2005, Brasov a accueilli le congrèsinternational des espérantistes des chemins de fer.Deux ans auparavant, ce sont les médecins espé-

rantistes du monde entier qui s'étaient retrouvé à Oradea, alorsque plusieurs autres congrès s'étaient tenus précédemment àTimisoara.

Malgré bien des aléas, l'espérantisme a survécu enRoumanie, étant pratiqué dans tout le pays et non seulement enTransylvanie. Il y est apparu deux ans seulement après sa nais-sance à Varsovie, en 1887, sous la forme d'un petit dictionnai-re résumant les principes de la langue imaginée par le docteurZamenhof. Son auteur, Marietta Frollo, d'origine italienne etqui se fera nonne par la suite, avait compris l'intérêt d'unelangue neutre et commune dans un pays où on parlait roumain,allemand, hébreu, hongrois et français.

Carmen Sylva, première reine espérantiste du monde

Le premier cours public d'espéranto vit le jour à Galati, en1904, grâce à l'aide d'un industriel, Heinrich Fischer. L'annéesuivante, après le premier congrès international de l'espéran-tisme qui s'est tenu à Boulogne sur Mer, apparaît le premiercours d'esperanto, tiré d'une méthode française, et publié régu-lièrement dans la revue de Bucarest "Progesele Stiintei" ("LesProgrès de la Science").

Une rencontre, en 1906, entre le Français Gabriel Robin etun des promoteurs de l'espéranto en Roumanie, M.I.Negreanu, se révéla décisive pour son développement, notam-ment dans la capitale, recevant l'aide de la reine Elisabeth,appelée "La première reine espérantiste du monde", et connuesous son pseudonyme d'écrivain de Carmen Sylva.

L'année 1907 constitue la date marquante de l'histoire del'espéranto en Roumanie. Exactement 20 ans après sa naissan-ce, est fondée à Bucarest la première association nationaled'espéranto de Roumanie, la Société Espérantiste Roumaine,créant un engouement à travers le pays. Les congrès natio-naux, les cours, les sociétés locales se développent dans l'en-

semble des régions, regroupant intellectuels et officiels de tousles rangs.

Interdit sous le communisme

Mais les dictatures n'aiment pas ce qui leur échappe etl'espéranto devient suspect sous Carol II, avant la SecondeGuerre mondiale, son caractère international faisant redouterqu'il ne devienne un nid de communistes. On lui met desbâtons dans les roues. Pour les mêmes raisons, les commu-nistes qui ont pris le pouvoir le tiennent en suspicion, l'imagi-nant cette fois-ci comme une courroie de transmission de"l'impérialisme".

Les réunions des espérantistes sont interdites, leurs publi-cations supprimées. Les pratiquants sont contraints d'abandon-ner cette langue et soumis à des tracasseries administratives;certains perdent leur situation, notamment des professeursd'université, d'autres sont arrêtés. Les rangs des espérantistesroumains se sont aussi vidés avec le départ des adeptes qui ontfui la guerre puis le communisme, la révision des frontièresd'après 1945 au profit de l'URSS et de la Bulgarie faisant aussiperdre nombre de personnes de valeur.

Malgré tout, la voix de l'espérantisme, comme celle de laliberté n'a pu être totalement étouffée, et est réapparue après la"Révolution" de décembre 1989. Cette fois-ci, l'adversaireétait ailleurs… la situation sociale et économique désastreuse,dans un univers où l'anglais avait pris le rôle de ce rêve uni-versel. Peu à peu, l'espéranto a refait son nid, comme le mon-trent les congrès qui se tiennent en Roumanie ou les quelquesouvrages publiés dans cette langue: "Eminescu en espéranto"(paru à Timisoara), une plaquette sur Brancusi (Los Angeles),une anthologie de la Roumanie (Zagreb, Croatie), de l'humourroumain (Arnhem, Pays Bas). Lors d'une réunion enRoumanie, un congressiste américain s'étonnant de la vitalitéde l'espéranto dans le pays malgré toutes les difficultés qu'il aeu à affronter, demandait, sous forme de boutade: "Maisl'espéranto, c'est un dialecte roumain… ou l'inverse ?".

Ionel Onet (Rotterdam) et Marian Vochin (Bucarest)

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

4

Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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BRASOV

CRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CHISINAU

CLUJ

Trois mille euros la carte d'identité roumaine

TÂRGOVISTE

Dans son roman "Kéraban le têtu",UE

Chroniqueur au journal "Le Monde", Thomas Ferenczi a relevé l'importance queprésentait pour l'UE, l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, pays qui

lui offrent son premier débouché sur la Mer Noire et font du Danube un fleuve-emblème qui lui est totalement intégré. A plusieurs reprises, le président Basescuavait insisté sur l'importance géo-stratégique de ce qui est appelé à devenir une

mer intérieure de l'Union Européenne dans les prochaines décennies… provoquant, en réponse, de simples haussements d'épaules de Bruxelles. Pourtant, comme le souligne Thomas Ferenczi, plus d'un siècle avant le

1er janvier 2007, Jules Verne avait pressenti le grand avenir qui allait s'offrir à la Mer Noire, future "Mare nostrum". N'est pas visionnaire qui veut.

Parce qu'il refuse de payer la nouvelle taxe imposée par les autorités otto-manes sur la traversée du Bosphore, un riche marchand de Constantinople,le seigneur Kéraban, décide de regagner sa villa de Scutari par le chemin

inverse: il fera le tour de la mer Noire pour rentrer chez lui sans s'acquitter de cetimpôt "inique" et "vexatoire", même si cevoyage doit lui coûter beaucoup plus cherque la modeste contribution demandéepar le gouvernement. Comme le train nelui plaît pas et que le bateau lui donne lemal de mer, il lui faudra parcourir en chai-se de poste, pendant quarante-cinq jours,près de 3 000 kilomètres à travers lesterres souvent inhospitalières qui bordentce vaste lac intérieur, connu dansl'Antiquité sous le nom de Pont-Euxin.

Le roman de Jules Verne qui racontecette tumultueuse odyssée s'intituleKéraban le têtu. Publié en 1883, il n'estpas le plus connu de l'auteur des Voyagesextraordinaires, mais il constitue unebonne leçon de géographie pour qui veuts'aventurer, sur les pas du seigneurKéraban, aux confins orientaux del'Europe. "Du moment que le seigneurKéraban prétendait suivre le périmètre dela mer Noire, son itinéraire allait d'abordse développer sur le littoral de laRoumélie, de la Bulgarie et de la Roumanie pour atteindre la frontière russe",explique l'auteur. Le voyageur passerait ensuite par la Bessarabie, la Chersonèse, laTauride, puis le Caucase et la Transcaucasie, avant de longer l'Anatolie jusqu'à retrou-ver le Bosphore "sans avoir rien payé de la taxe nouvelle".

Une zone qui attise les convoitises

Les pays qui entourent la mer Noire sont aujourd'hui l'Ukraine au nord, la Russieet la Géorgie à l'est, la Turquie au sud, la Bulgarie et la Roumanie à l'ouest. Avec l'en-trée de ces deux derniers Etats dans l'Union, celle-ci est désormais riveraine. Cette merqui fut naguère fortement insérée dans l'espace soviétique est devenue en grande par-tie européenne, et elle le sera plus encore quand la Turquie puis éventuellementl'Ukraine adhéreront à leur tour. L'importance stratégique de la mer Noire, lieu de pas-sage du gaz et du pétrole de la mer Caspienne et moyen d'accès à la Méditerranée parles détroits du Bosphore et des Dardanelles, n'est plus à démontrer. Elle explique lesconvoitises dont cette zone est l'objet depuis longtemps.

Un contrôle de la Police des fron-tières roumaine a permis de mettre àjour un trafic de cartes d'identité rou-maines permettant ainsi auxMoldaves de pouvoir pénétrer dansl'Union Européenne en présentantuniquement ce document, commecela est possible depuis l'entrée de laRoumanie dans l'UE. Les policiersavaient été intrigués par le manquede ressemblance de leurs titulairesavec leurs photos. Les quatrefemmes incriminées, voyageant envoiture, ont reconnu qu'elles étaientfait moldaves et qu'elles avaient payéchacune 3000 € pour celles-ci.

Le principe du trafic est relative-ment simple et presque imparable: unMoldave se rend en Roumanie léga-lement, avec les photos des candi-dats au départ. Là, il propose à desRoumains ressemblants de lui donnerleurs cartes d'identité contre 1000 €et d'aller déclarer leurs pertes à lapolice après qu'il leur aura donné lefeu vert par téléphone, une fois deretour.

Munis de ce vrai document, lesMoldaves "sosies" peuvent tenter leurchance. Ils le font généralement engroupe… les policiers des frontièresétant alors dépassés par l'afflux.

Comme la liberté, le rêve d'une langue universelle à survécu aux dictatures

Histoire L'espéranto est apparu en Roumanie deux ans après sa naissance à Varsovie (1887)

La Cour d'appel de Bucarest aannulé la partie du jugement decondamnation à mort du maréchal

Antonescu et des 19 membres de son gouver-nement "pour agression du peuple soviétique"en 1941 aux côtés des Allemands. “C’étaitlégitime, l'URSS ayant arraché la Bucovine etla Bessarabie à la Roumanie, à la faveur dupacte Ribbentrop-Molotov, en 1940”.

La guerre contre l'URSSdéclarée légitime

Les Roumains de l'exil ont continué à lutter contre la dictature commu-niste par tous les moyens à leur disposition, y compris la philatélie.Ainsi, pendant quinze ans, de 1954 à 1969, Traian Popescu a sorti 54

émissions philatéliques dédiées particulièrement à la famille européenne, danslaquelle la Roumanie devait avoir sa place, respectueuse de la liberté et des tradi-tions de chacun de ses membres. L'Europe, l'Unesco, la liberté, la lutte contre laterreur communiste, l'histoire de la Roumanie et Noël, constituent l'essentiel deces émissions, très recherchée aujourd'hui, et qui faisait bouillir de rage le régimede Bucarest incapable d'empêcher leur sortie. Leurs auteurs ont mis fin à leurentreprise quand ils ont estimé que leur but avait été rempli.

La Mer Noire, future "Mare nostrum"

La Résistance par les timbres

La carted’identité

est leSésame

pourentrer

dans l’UE.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Pourtant l'Union Européenne manque d'une stratégie clai-re à l'égard des pays de la région. En réalité, elle en a trois,souligne Marius Vahl, chercheur au Centre for EuropeanPolicy Studies (CEPS), un insti-tut bruxellois: l'adhésion pour laBulgarie, la Roumanie et laTurquie, la politique de voisina-ge pour l'Ukraine et la Géorgie,un nouveau partenariat straté-gique pour la Russie. Alors quel'Europe s'efforce de développerà ses frontières à la fois une"dimension nordique" et une"dimension euroméditerranéen-ne", elle ne s'est pas encoredotée, regrette cet expert, d'une"dimension mer Noire", fautedu soutien actif de ses membres.

La Bulgarie et la Roumanie se proposent précisément decontribuer à la recherche de cette nouvelle "synergie", selon

l'expression d'un autre analyste du CEPS, Fabrizio Tassinari,qui invite l'UE à concentrer ses efforts de coordination sur cinqsecteurs prioritaires: l'environnement, les transports, l'énergie,

la sécurité intérieure, la démo-cratie. L'Union Européennedevra faire preuve de beaucoupde détermination pour organisercette coopération. Il lui faudraassocier aux discussions laRussie et la Turquie, qui sont lesdeux principales puissances dela région. Avec l'une commeavec l'autre, les relations ne sontpas au beau fixe. Russes et Turcsont montré, dans leurs négocia-tions avec Bruxelles, qu'ils sontdes interlocuteurs opiniâtres.Relisons Jules Verne: l'entête-

ment du seigneur Kéraban n'a d'égal que l'obstination d'unautre de ses personnages, le Russe Michel Strogoff.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Histoire

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

TIMISOARA

CLUJ

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BRAN

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

MARASTI

Jules Verne avait pressenti l'évolution de cette zone stratégique

de l'UE alors que le Danube est devenu son fleuve emblèmeLes ossements du

maréchal Averescu ont-ils disparu du mausolée de Marasti ?

Al'occasion d'une visite du mausolée de Marasti,à l'est du pays, où sont enterrés les restes des6000 soldats roumains tombés en août 1917,

lors de la bataille de Marasesti, remportée sur lesAllemands par le maréchal Averescu, les autorités ont étésaisies de la disparition de son cercueil ainsi que de celuidu ministre de la Guerre de l'époque, le général ArthurVaitoianu. C'est un groupe de journalistes conduit par laDirection de la Culture du judet de Vrancea qui s'en estrendu compte, après s'être glissé dans la crypte où person-ne ne pénètre d'habitude. Les paysans du coin ont affirmé se souvenir qu'ils avaient vuun camion de militaires partir avec les deux cercueils, en 1979. Ils avaient pensé alorsque c'est Ceausescu qui en avait donné l'ordre pour récupérer le bâton de maréchal duvainqueur de Marasesti ainsi que les sabres et décorations des deux hommes, que lesdéfunts portaient sur eux, conformément aux pratiques de l'époque.

Une enquête a été ouverte. C'est à l'endroit même où le maréchal AlexandruAverescu avait enfoncé le front allemand à Marasti, commune voisine de Marasesti,que le mausolée a été élevé après la Première Guerre mondiale, à l'initiative du géné-ral Vaitoianu qui voulait que les soldats morts au cours de la bataille y soient inhuméset avait collecté les fonds pour sa construction. Après le conflit, le maréchal Averescua été Premier ministre du roi Ferdinand, à trois reprises. Il est mort en 1938. Lui et legénéral Vaitoianu avaient demandé à reposer auprès de leurs soldats.

Une équipe internationale depaléoanthropologues a étu-dié un crâne découvert en

Roumanie et vieux de près de 40 000 ans.Dans un rapport publié, lundi 15 janvier,dans les annales de l'Académie américai-ne des sciences (PNAS), ils révèlent quele fossile, baptisé Oase 2, a les mêmesproportions que des crânes d'Homosapiens mais présente aussi un front apla-ti et des molaires supérieures exception-nellement développées, typiques deNeandertal.

"Cette découverte pose des questionsimportantes quant à l'évolution deshommes modernes. Les différences entrece crâne et celui d'un homme actuelpourraient venir d'une régression de l'é-volution des humains ou refléter un troudans les échantillons paléontologiquesde la diversité humaine du paléolithiquemoyen", analyse Joao Zilhao, chercheur àl'université de Bristol en Angleterre et undes coauteurs de ces travaux.

Le paléolithique moyen a débuté il ya 300 000 ans pour s'achever voilà 30 000ans, avec la disparition apparente del'homme de Neandertal. Jusqu'à la décou-verte d'Oase 2, les scientifiques pensaientque l'Homo sapiens lui avait succédé,mais sans pouvoir établir s'il existait unlien entre ces deux espèces.

Le rapport conduit à voir les chosessous un autre angle: "Ce mélange detraits de l'homme moderne et de sonancêtre plus primitif pourrait résulterd'un mélange avec des populations deNeandertal alors que l'Homo sapiens serépandait en Eurasie occidentale", notele professeur Zilhao.

D'autres indices (fossiles, génétiqueset archéologiques), trouvés notammenten Roumanie, révèlent de nombreusesinteractions biologiques et culturellesentre les hommes modernes et des popu-lations anatomiquement primitives, ren-contrées lors de leur migration d'Afriqueen Eurasie, comme le Neandertal.

Un crâne vieux de 40 000 ansdécouvert en Roumanie, révèle un lien

entre homme de Neandertal et Homo sapiens

Ion, jeune villageois de Transylva-nie gagne une excursion à Paris etvient se renseigner auprès de songrand-père, qui y est déjà allé.

- Ah quelle chance, tu as fiston !Tu vas voir, c'est merveilleux. On nepeut rien rêver de mieux.

De mon temps, avec les copains,on allait dans les plus grands restau-rants, on ne payait rien, on comman-dait du champagne, çà ne nous coû-tait rien et on nous servait même unedeuxième bouteille, les Parisiennesnous tombaient dans les bras.

Tout le monde nous saluait bienbas, se poussait pour nous laisserpasser. Ah ! Quel pays magnifique…mais, je ne t'en dis pas plus, tu vasvoir toi-même...

Deux jours plus tard, Ion rentreprécipitamment de son voyage et,furieux, va trouver son grand-père.

- Qu'est-ce que c'est ces men-songes que tu m'as racontés ! J'aifait comme tu m'as dit, je suis allé àtoutes tes adresses; je suis descen-du à l'hôtel Meurice, j'ai été mangéchez Maxim's, j'ai trouvé une fille àPigalle…

En une journée, j'avais dépensé3000 € et il ne me restait plus unsou !

- Mais quelle compagnie tu aspris?

- Eh bien, je suis parti en avion,avec la Tarom

- Ah, ben c'est donc çà ! Moi,j'avais pris la Wehrmacht et on estpartis en tanks.

Le dernier Eurobaromètre, réa-lisé à la demande de Bruxellesà travers toute l'Europe en

septembre 2006, montre que lesRoumains sont parmi les Européens lesplus mécontents de leur sort. Ils ont demoins en moins confiance dans leurs ins-titutions, notamment la Justice, et n'atten-dent de changement que par l'UE. Leurssoucis sont aussi différents de ceux de lapartie occidentale du continent. LesRoumains sont préoccupés par la situa-tion économique, les salaires faibles et lacherté de la vie, les Occidentaux par lechômage, l'immigration et le terrorisme.

Mais si seule-ment 48 % desRoumains sont satis-faits de leur viequotidienne, contre72 % des citoyensdes nouveaux étatsmembres (ayantadhéré en 2004) et85 % des états fon-dateurs ou ayantrejoint l'UE avant

2000, leur optimisme individuel est plusélevé: 40 % contre 31 % pour la "géné-ration 2004" et 35 % pour les " ieuxpays". C'est un peu "Ion qui rit" et "Jeanqui grogne"… bien que le premier aitbeaucoup plus de raisons de craindrel'avenir et de se lamenter.

L'Eurobaromètre a permis aussi dedresser une carte de l'optimisme et dupessimisme de la Roumanie qui dessineles contours des régions développées etcelles à la traîne. Interrogés sur la façondont ils voient l'avenir, les habitants dusud et sud-ouest répondent que "va fi lafel de rau" ("çà ira aussi mal") ou "e

bine, dar va fi mai rau " "çà va, mais çàva aller plus mal").

Le nord-ouest, l'ouest et le sud-estont une attitude optimiste: "e bine, si va fimai bine" ("çà va et çà va être encoremieux"). Deux attitudes antagonistes sontrelevées dans l'est et le nord-est, c'est àdire en Moldavie. Si les uns répondent "ebine si va fi mai bine", dans les judetspauvres de Vaslui et Botosani, c'est l'in-verse qui prévaut: "e rau si va fi mai rau"("çà va mal et çà va être pire"). Un socio-logue, responsable de l'enquête enRoumanie, a expliqué ces différences ennotant que les plus optimistes avaientsouvent des parents partis à l'étranger,entrevoyant ainsi un autre avenir, lesautres étant restés sur place, sans pers-pective de voir leur situation évoluer.

A remarquer que dans le centre dupays - la Transylvanie - les avis sontréservés, les habitants interrogés répon-dant "nu stiu cum va fi" ("on ne sait pastrop comment çà va se passer")… "ptêtben qu'oui, ptêt ben qu'non"… Pourtant,il n'y a aucune trace dans l'histoire de larégion d'occupation par les Normands !

Même mécontents de leur sort, les Roumains sont plus optimistes que le reste de l'Europe

Ion qui rit... et Jean qui grogne

Humour

Le Baromètre de l’optimisme selon les régions roumaines.

Le Bosphore à Istanbul et la colline de Pierre Loti.

Ah, le bon vieux temps !

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

SIGHET

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PLOIESTI

CLUJ

IASI

L'inauguration du poste frontièreroumano-ukrainien de Sighetu-Marmatiei, un des très rares points depassage terrestre entre les deux pays,qui a réuni le président ukrainienViktor Iouchtchenko et le présidentroumain Traian Basescu, témoigned'un réchauffement des relations entreles deux pays. Même si plusieurssujets sensibles restent en suspens

"La Roumanie respectera la déci-sion de la Cour internationale de justi-ce (CIJ) de La Haye" a assuré le pré-sident Basescu, faisant référence aupartage du plateau continental de lamer Noire que se disputent les deuxpays. Viktor Iouchtchenko, le prési-dent ukrainien, est d'accord.

Depuis septembre 2004, et aprèsune série de vingt réunions infruc-tueuses, Kiev et Bucarest attendent ladécision de la CIJ - prévue fin 2008 -qui devrait mettre fin à plusieursannées de tension. En jeu, le contrôled'une partie de la mer Noire, réputéeriche en hydrocarbures. Les autoritésroumaines s'opposent notamment audésir de Kiev de créer une zone éco-nomique exclusive autour de l'île auxSerpents, un petit îlot inhabité de 17hectares situé au large des côtesukrainiennes qui a appartenu à laRoumanie jusqu'en 1948, avant derevenir à l'ex-Union soviétique.

La construction d'un canal par lesUkrainiens dans le delta du Danube,réserve naturelle protégée parl'Unesco est un autre sujet de dispute.Là encore Bruxelles devrait interve-nir.Traian Basescu a d'ailleurs assuréà son homologue que la Roumanieferait "le lien" entre l'Ukraine et l'UE.

La publication, lundi 19 février, des produits intérieurs bruts (PIB) régionauxpar habitant dans les vingt-sept pays de l'Union européenne (UE) confir-ment l'existence de fortes disparités. Calculés en 2004, ces chiffres mon-

trent un écart de 1 à 13 entre la région la plus pauvre - le nord-est de la Roumanie (23,6% de la moyenne européenne, soit 1 949 euros par an et par habitant) - et la plus riche,celle de Londres (302,9 %, 71 338 euros). L’habit européen ne fait pas le moine!

Sur l'ensemble des 268 régions considérées par l'office statistique européen,Eurostat, 70 disposaient d'un PIB par habitant inférieur à 75 % de la moyenne de l'UE(100 %). Ce faible niveau de richesse les rend éligibles pour obtenir les fonds struc-turels (subventions européennes).

Pour la période 2007-2013, 308 milliards d'euros ont ainsi été répartis pour aiderles régions les plus défavorisées. Tout nouveau membre du club européen depuis le1er janvier, la Roumanie (34 %) et la Bulgarie (33,2 %) comptaient, en 2004, avec laPologne (50,7 %) les 15 régions les plus pauvres de l'actuelle Europe des Vingt-Sept.

Le trio de tête est constitué par Londres (302,9 %), Luxembourg (251 %) etBruxelles (248,3 %). Le PIB de ces trois régions est cependant surestimé en raison duflux important de "navetteurs", c'est-à-dire des banlieusards qui viennent y travaillerquotidiennement. La première région française est l'Ile-de-France (174,5 %, 41 370euros) qui occupe le sixième rang derrière Hambourg (195,2 %) et Vienne (179,7 %).Parmi les 46 régions dépassant 125 % de la moyenne, l'Allemagne et le Royaume-Unien comptent huit, l'Italie sept et la France seulement une. Les capitales européennes setaillent la part du lion dans leurs pays à l'exception de Berlin (101,2 % pour unemoyenne nationale de 115,8 %). En Italie, le fossé persiste entre le Nord et le Sud.

Dans l'Hexagone, la moyenne s'établit à 112,3 % (26 619 euros). L'Ile-de-Franceest loin devant les autres régions : Centre-Est (109,4 %), Sud-Ouest (100,2 %), Ouest(99,3 %), Est (99 %), Méditerranée (98,6 %), Bassin parisien avec la Normandie(98,3 %), et Nord-Pas-de-Calais (89 %). En queue de peloton, figurent les départe-ments d'outre-mer (64,4 %).

Conflits frontaliers: Roumanie et Ukraine s'en remettent à l'UE

PIATRANEAMT

UE Tourisme

Clanta, citoyen européen

Un écart de un à treize, entre Londres région la plus riche de l'UE

et la Moldavie, la plus pauvre

Situé au pieds des monts Fagaras, Tilisca fait partied'une région où la résistance au pouvoir communis-te est restée très forte jusqu'à sa chute; c'est une des

raisons qui fait que le village est resté très authentique (JudetSibiu - commune Saliste - sur l' E 68 entre Sibiu et Sebes; àSacel, à 20 km de Sibiu, prendre à gauche jusqu'à Saliste, tra-verser le village à droite après le pont, longer la rivière, Tiliscaest à 4 km. Des plaques officiellesRetea Turistica indiquent les mai-sons hôtes du réseau OVR).

Ici, nous sommes dans lepays des bergers, des moutons etpartout la laine sèche au vent...Elena Iuga peut vous apprendreet vous montrer tout ce que vousvoulez sur ce fier peuple pastoraloù la transhumance n'a pas dispa-ru. Le costume traditionnel estencore porté par beaucoup d'habi-tants. En vous promenant, vousverrez plus d'une femme filer lalaine devant sa porte; elle pourravous inviter à voir son travail dans sa maison et vous fera goû-ter de merveilleux gâteaux.

A Tilisca, complément naturel de sa voisine Saliste, vouspouvez assister à tout le travail traditionnel de la laine y com-pris le filage et le tissage. Mais l'intérêt de la commune ne selimite pas à cette activité. Balades à pied, à cheval ou en char-rette dans les collines au-dessus du village, visite de bergeriesavec dégustation de fromages, vous attendent. Les promeneurspeuvent entreprendre des excursions en montagne dans le mas-sif de Cindrel et passer la nuit nuit dans une "cabana", pourdécouvrir, entre autre, le lac glaciaire de Iezerul.

Tilisca a aussi la chance de posséder un groupe folkloriqued'enfants de 6 à 14 ans, chanteurs-danseurs, connu loin à laronde et qui s'appelle "Ciobanasul".

Elena Iuga, l'initiatrice, et son association ont créé un petitmusée d'art traditionnel, avec des partenaires hollandais et lemaire. Il se trouve à côté de la mairie.

A Poiana Sibului, les riches palais en marbre des bergers témoins d'une époque révolue

A 25 km de Tilisca, à Poïana Sibului ou à Jina, 7 km plusloin, partout dans la rivière, on lave la laine puis on fait d'é-normes ballots que les camions emportent dans les filaturesroumaines et turques ! Dans un superbe paysage de montagnescouvertes de pâturages, vous découvrirez une cité où l'habitattraditionnel a disparu pour faire place à des "maisons palais"

où l'utilisation du marbre est loin d'être rare... Construits parles riches propriétaires de moutons, mais où ils n'habitent pastoujours, c'est la vitrine de leur réussite. Ils disaient autrefois"Les lei fondent comme neige au soleil, les moutons restent".Ils sont en train de déchanter !

En cherchant bien, dans le haut du village, il existe enco-re une maison en bois datant de 1760. Au milieu d'un petit

cimetière, une singulière petiteéglise avec un énorme toit de bar-deau culmine sur une colline.

Depuis Jina, la route qui des-cend dans la vallée de Sebes estimpraticable pour les voitures,mais pour les randonneurs c'estune belle balade de 10 km jusqu'àSugag.

Un circuit d'une journée envoiture vers Sebes et sa valléevaut vraiment la peine: Sebesavec sa forteresse, ses remparts etses tours, la vieille ville, de stylesaxe. Il faut remonter la vallée (N

67 C) jusque Scasiori, localité médiévale du 12ème siècle. Acôté, au petit village de Laz, n'hésitez pas à rendre visite àMaria Poenaru qui perpétue la tradition de la peinture d'icônesur verre et a rassemblé dans une petite pièce-musée, dans samaison, une collection d'icônes sur verre extraordinaire.

A Capâlna, on découvre les ruines Daces, puis Sugag estla dernière cité avant la montée vers le lac Vidra au pied desMuntii lotrului.

Foire aux animaux… et marché aux mariages

Plusieurs événement rythment l'année. Le premierdimanche d'août, se tient la fête des Bergers à Jina, villageaprès Poïana Sibului, puis, à partir du 15 août, le "Târgul deanimale", la foire aux animaux. Sur la montagne, au début ducarême, se fête l'"Hotaitele" ou marché au mariage.

Quel plaisir de se plonger dans la tradition pastorale etvoir la tonte des moutons, le lavage de la laine dans la rivière,le séchage etc. C'est passionnant, mais depuis quelquesannées, le lavage de la laine ne se fait plus traditionnellementpartout et cela amène des problèmes de pollution. La lainen'est plus complètement travaillée sur place, rentabilité oblige.Elena Iuga, en écologiste convaincue, se bat de toutes sesforces pour que la rivière retrouve sa pureté et que soit recher-ché un équilibre entre l'amélioration du niveau de vie et laconservation d'un environnement sain .

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

Tilisca, au pays des bergers des moutons et de la laine qui sèche au vent

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea TuristicaAu pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.

Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.

L’habit ne fait pas le moine

Depuis, le 1er janvier, lesRoumains peuvent voyagerlibrement dans l’UE, ce qui

n’est pas le cas des Moldaves qui doiventobtenir un visa -mission quasi impossible- ce qui conduit beaucoup d’entre-eux àessayer de devenir citoyens roumains.

1- Eh, attends un peu, mon portablesonne !

2 - Allo! Oh ! Non ! Pourquoi je doistoujours me taper les corvées !? Bon, jeviens!

3 - Qu’est-ce qui se passe Clanta ?Quelque chose est arrivé à la maison ?

- Tu parles ! Des amis de la famillede République Moldave sont là !

- Et çà suffit à te mettre en colère ?4 - Bien sûr, çà m’oblige à m’occu-

per de leur fille !- Clanta, t’es pas devenu fou ? C’est

super !

- Tu dis çà parce que tu ne la connaispas. C’est une peste !

5 - Elle se croit la plus jolie, la plusintelligente et moi, elle me prend pour unretardé avec une grosse tête, un paysandes Balkans; çà me met en boule !

6 - Allez, salut ! Je reviens dès quej’aurai réussi à me défaire de cette vieillepie !

- Allez, t’en fais pas Clanta !7 - Clanta, mon Clantinou à moi !

Comme je me languissais de toi ! Maisquel superman tu es devenu !

- Comment çà ? Je ne suis plus leretardé à la grosse tête, ni le paysan bal-canique?

8 - Mais non, c’était des bétises !Comment tu peux dire çà ? Tu es, tu es...Ah, zut, je n’arrive pas à trouver le mot !

9 - Allez, dis le !10 - Citoyen Européen, Clanta !

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

TILISCA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

SIBIUBRAN

Clanta citoyen européen(Clanta et son amie de Moldavie)

Tourisme

Le cœur des communes suissesbat en majorité pour la Roumanie

Le Conseil des Communes etRégion d'Europe de Suisse a menéen novembre 2004 une enquêteauprès de l'ensemble des com-munes suisses (2800) sur leur actionde coopération en Europe centrale etorientale. En 2004, 187 d'entre ellesont fait part d'un engagement dansl'espace concerné contre 275 lorsd'une enquête similaire en 1994. Cesont les communes moyennes (2000à 5000 habitants) qui se montrent lesplus actives. A noter la diminutionnotable en dix ans (-32%) des com-munes engagées en Europe centraleet orientale, concernant surtout lespetites collectivités de moins de1000 habitants.

Il est intéressant de constater quela Roumanie, comme en 1994, est lamieux dotée des 22 pays men-tionnés. En effet, 98 communes sur187 déclarent lui avoir accordé del'aide, c'est-à-dire plus de la moitiéd'entre elles, 17 indiquent une colla-boration avec Opération VillagesRoumains. On peut admettre quecertaines communes ayant déléguél'action à des associations, tous lesmembres actuels d'OVR, issus d'unengagement des communes dès1989, n'ont pas été pris en compte.La nature des actions des com-munes est prioritairement humanitai-re ou financière (2/5). Les autrescontributions des communes men-tionnées sont : les jumelages-parte-nariats, l'accueil de stagiaires, l'infor-mation ou la formation générale, laréalisation d'un projet d'assistancetechnique.

"Draculistes" américainsjaponais et allemands se précipitent

pour visiter le château de Bran

Le Château de Bran est un des plus célèbres monuments d'architecturemédiévale de Roumanie, et est connu à tort par les touristes du mondeentier comme étant le château de Dracula, le cinéma et la légende l'ayant

associé à l'image du prince Vlad Tepes. Le château de Bran, situé à environ 30 km deBrasov et à 200 km de Bucarest, a été construit au XIVème siècle, sur un rocher situéentre Magura et Dealul Cetatii, bénéficiant d'un panorama exceptionnel. La nécessitéde cette construction s'est imposée pour desraisons d'ordre stratégique et économique. Ilfallait faire face à l'expansion de l'EmpireOttoman, qui, au milieu du XIVème siècle,était devenu une menace pour les frontièresde sud-est de la Transylvanie et d'autre partprotéger l'importante route commerciale quedomine le château, qui faisait le lien entre laTransylvanie et la Tara Romaneasca (laValachie).

Le château est devenu dans l'imaginairel'antre de Dracula, tout simplement par l'idéeque les touristes, spécialement américains, japonais et allemands, se faisaient de celuidécrit par l'écrivain Bram Stocker dans le roman de fiction "Dracula". Mais cette réfé-rence, qui n'a aucune consistance historique, irrite fortement les Roumains qui semoquent de ces visiteurs, les appelant sur place les "Draculistes", même si de nom-breux marchands de souvenirs profitent de cette manne. La similitude est entretenuepar les différentes campagnes entreprises dans la région par Vlad Tepes qui n'hésitaitpas à faire empaler ses prisonniers turcs pour terroriser l'armée des envahisseurs de laSublime Porte. Pour punir également les marchands saxes de Brasov qui n'obéissaientpas à ses ordres en ce qui concerne le commerce dans les marchés de Valachie, le ter-rible voïvode mena une expédition qui passa par Bran, ce chemin étant le plus appro-prié pour aller de Brasov à Târgoviste, où il résidait.

Mais, l'histoire la plus connue serait celle liée à la période d'emprisonnement dedeux mois de Vlad Tepes en 1462, dans ce lieu où il avait été enfermé par le roi deHongrie Matei Corvin, qui l'avait vaincu. Celui-ci l'avait capturé à proximité du châ-teau du Pont de Dâmbovita, près de Rucar, situé à environ 25 km de Bran. Bien qu'au-cun document n'atteste ce fait, des historiens soutiennent cette hypothèse.

Et puis, un après-midi dont j'ai oubliéla date, j'ai réussi après plusieurs jours detentatives et une chance inouïe à obtenirune liaison téléphonique avec un parent.Quelques mots: "Ne vous inquiétez pas,tout va bien pour nous".

Les coups de téléphone affluaient àla maison. Des parents, des amis, desgens que l'on n'avait pas vu depuis desannées nous appelaient pour nous appor-ter leur soutien, exprimer leur sympathie.FR3 était venu interviewer Doina à lamaison.

En plein cœur des événements, l'unede nos amies, à qui nous avions pourtantdepuis longtemps décrit la situation dupays, est venue voir Doina pour lui dire :"Excuse-moi, Doina, de ne pas t'avoirassez crue". Bien sûr… Si M. GeorgesMarchais, secrétaire général du particommuniste français annonçait dans lemilieu des années 80 qu'il allait passerses vacances en Roumanie, sur le littoralde la Mer Noire, c'est qu'il n'y avait vrai-ment pas lieu de s'inquiéter !

Yves Lelong

“Si Georges Marchais passait ses vacances en Roumanie...c'est qu'il n'y avait vraiment pas lieu de s'inquiéter !"

(Suite de la page 45)

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Moldavie

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

PLOIESTI

ARAD DEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

SF. GHEORGHE

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

CHISINAU

SATU MARE

La Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant lefrançais en partage, communément appelée Sommet, est l'instance suprêmede la Francophonie; il se réunit tous les deux ans pour définir les grandes

orientations de manière à assurer son rayonnement dans le monde. La République deMoldavie s'est portée candidate, en 2005, à l'organisation du Sommet de 2012, par unelettre d'intention adressée au secrétaire général de l'Organisation Internationale de laFrancophonie, Abdou Diouf.

Certes, le succès de cette démarche n'est pas aisé; la Roumanie a dû patiemmentattendre son tour, et n'a pu obtenir l'organisation qu'après plusieurs candidatures. Mais,en l'occurrence, pour difficile qu'elle soit, la bataille n'est pas perdue. Le choix de laville retenue devrait s'opérer en 2008: le Sommet aura lieu au Canada cette mêmeannée, puis probablement en Afrique en 2010. Cela laisserait toutes ses chances à uneville européenne de l'emporter en 2012… et à Chisinau, si des poids lourds de laFrancophonie, comme Bruxelles et Luxembourg, qui n'ont pas encore accueilli lesommet, s'abstenaient de poser leur candidature. Spécialiste de la Moldavie, FlorentParmentier fait le point à ce sujet.

Ouverture sur les sphères linguistiques russophones et turcophones

"Après plusieurs tentatives, la Roumanie est donc devenue, en septembre 2006, lepremier pays européen en dehors dela France à accueillir le Sommet de laFrancophonie, qui regroupe 67 Etatset gouvernements. Bucarest, par sonpoids démographique (22 millionsd'habitants) et son attachement delongue date à la langue française, a puréussir cette mission, avant de rentrerau sein de l'UE en janvier dernier. Et,de fait, la Roumanie a su faire fructi-fier cet héritage et en faire un atoutpour son avenir, comme en témoignele projet du président Basescu de fon-der une université francophone àBucarest pour "diffuser cette culture dans les Balkans et la région de la mer Noire" .

Tout comme la Roumanie, la Moldavie fait partie de cette "Francophonie balka-nique". L'Albanie, l'ex-Yougoslavie et la Bulgarie y appartiennent également, àdesdegrés divers, mais à un niveau moindre que les "Latins orientaux" de Roumanie etde Moldavie.

Le principal atout de "Chisinau 2012" est peut-être ici: être le pays latin et fran-cophone qui ouvre le dialogue avec les aires linguistiques turcophone et russophone,toutes proches. Au début, presque exclusivement tournée vers l'Afrique et le Canada,la Francophonie a depuis recherché des coopérations auprès des représentants deslusophones (portugais), des hispanophones (espagnol) et des arabophones, et s'estmondialisée. La candidature de la Moldavie lui ouvre ainsi de nouveaux horizons.

Le pays le plus francophone de l'Europe Centrale et orientale

La Moldavie est en effet à la croisée de trois histoires de la Francophonie. La pre-mière vient avec l'empire Ottoman puisque les Phanariotes, familles stanbouliotes deriches grecs qui ont dirigé la principauté de Moldavie, s'exprimaient souvent enfrançais. La deuxième vient de la Bessarabie, puisque la cour impériale de Saint-Pétersbourg utilisait aussi le français.

Emporter l'organisation du sommetde la Francophonie ne doit rien auhasard. Pour 2010, le Sommet aenregistré les candidatures de laRépublique dem. du Congo, deMadagascar, du Tchad, du Canada /New Brunswick et du Cambodge.Pour prétendre l'emporter en 2012, laMoldavie ne peut compter sur sonpouvoir économique; l'organisationd'un tel Sommet a évidemment descoûts, mais peut également avoir desretombées concrètes. Chisinau doitdonc orienter plus particulièrementses efforts vers deux directions: lesinstitutions francophones et larecherche de partenaires.

Du côté des institutions franco-phones, il faut utiliser au maximumles possibilités offertes: les coopéra-tions techniques bien sûr, mais aussiles instruments de gestion desconflits, l'éducation, l'environne-ment... Il faut affirmer sa présenceafin de justifier son appartenance aumouvement, qui était essentiellementfranco-canado-africain au départavant de se "mondialiser".

Du côté des partenaires, laMoldavie peut compter sur laRoumanie, qui a obtenu l'organisa-tion du Sommet. Elle doit viser égale-ment les pays francophones de l'UE(Belgique, France, Luxembourg) ainsique la Suisse. Il faut également voirplus loin: Afrique, Amérique du Nord,Asie. Pour cela, les contacts accu-mulés par la Roumanie seront utiles,mais sans doute pas suffisants. LaMoldavie souffre ici du manque devisibilité de son appartenance franco-phone, et doit y remédier.

F.P.

Ne pas compter uniquement sur la Roumanie

Chisinau est candidate à l'organisation

Le passage de la frontière roumaine était devenu un véri-table cauchemar. Après plusieurs heures d'attente, il fallaitvider entièrement la voiture et les bagages étaient minutieuse-ment fouillés. Heureusement que la présence de Caroline etJulie facilitait les choses. Cela procurait un souffle d'humanitédans l'accomplissement des formalités. Parfois aussi, un petitbakchich. Une fois, une simple boîte de comprimés d'aspirinea suffi pour écourter la fouille.

Nous restions à Timisoara. Nous faisions le plein d'essen-ce en Hongrie avant de passer la frontière, ce qui nous per-mettait de circuler sur place et de retourner jusqu'à Nadlac. Ily avait des pompes réservées aux étrangers dans les grandesvilles (une seule à Timisoara). Mais elles n'étaient pas toujoursapprovisionnées et faire le plein était un exercice aléatoire.Nous avons renoncé rapidement à circuler dans le pays, mêmepour aller voir les oncles et tantes de Doina à Calatele, petitvillage près de Huedin, dans la région de Cluj.

La mégalomanie grandissante de Ceausescu

En même temps que la misèregagnait, nous avons assisté, d'uneannée sur l'autre, au développementsournois de la mégalomanie deCeausescu, accompagné d'unepoussée grandissante du culte de sapersonnalité. Je me souviens de cesimages d'un reportage à la TV roumai-ne le montrant en visite dans unerégion inondée, juché sur un 4x4 AROroulant sur une chaussée submergée,se faisant applaudir par les gens massés (spontanément ?), lespieds dans l'eau, le long de la route,. Et ce, bien sûr, accompa-gné des commentaires dithyrambiques du journaliste de servi-ce. Complètement surréaliste.

Il n'y avait plus d'éclairage public. Les feux de signalisa-tion ne fonctionnaient plus. La télévision ne diffusait que deuxou trois heures par jour et pour quels programmes ! Je me sou-viens de ces films nord-coréens insipides qui "agrémentaient"les soirées des téléspectateurs roumains.

Lorsque nous avions passé la frontière, dès la traverséedes premiers villages et de la première grande ville, Arad enl'occurrence, souvent à la tombée de la nuit, nous étionsfrappés par cette tristesse et ce désespoir presque palpablesque dégageaient toutes ces silhouettes qui circulaient furtive-ment toujours avec un sac en plastique à la main. Au cas oùl'on trouverait par hasard une denrée devenue rare

Peur de prendre des photos

Pourtant, les panneaux de propagande se faisaient de plusen plus voyants et les slogans de plus en plus cyniques. On estpassé de "Traisca Partidul Comunist Roman" (" Vive le Particommuniste ") ou "Traisca Republica Socialista Romania" et

"Traisca Patria Noastra înfloritoare" ("Vive notre Patrie res-plendissante"), formules bien innocentes à l'échelle de la nor-malité d'une propagande, à "Ceausescu si Poporul"("Ceausescu et le Peuple"), "Traiasca Republica SocialistaRomania în frunte cu conducatorul sau iubit TovarasulNicolae Ceausescu" ("Vive le République Socialiste Roumaineet son bien aimé camarade Nicolae Ceuasescu"), en passantpar "Ceausescu, Epoca de Aur" ("Ceausescu, Epoque d'or").Ce sont des exemples, il y en avait bien d'autres.

La folie du dictateur était à la source de nombreusesrumeurs dont il était difficile de démêler le vrai du faux.Pendant un temps, il en fut une qui attribua à Ceausescu le pro-jet de faire démolir la cathédrale de Timisoara sous prétextequ'il ne supportait pas sa vue pendant qu'il faisait ses discoursau balcon de l'opéra. On ne parlait que très peu de cette situa-tion en France ou en Occident en général. J'ai lu une fois dansun organe de presse régionale une brève concernant le rapportque des observateurs danois avaient fait sur la situation enRoumanie. Comme s'il fallait être observateur accrédité et

danois de surcroît pour s'en aperce-voir! J'ai bien songé à prendre desphotos pour montrer la situation enFrance. Nous n'avions que notretémoignage oral. Je n'ai jamais oséfranchir le pas. Trop dangereux.

Noël 1989: angoisse et espoir

Mais divers événements ont com-mencé à attirer l'attention sur la situa-tion du pays comme l'émeute de

Brasov du 15 novembre 1987. En 1988, Noël Mamère présen-ta au cours de son émission Résistance un reportage réalisé parune équipe de télévision belge sur la situation réelle du pays.Enfin ! La même année, l'Opération Villages Roumains(OVR), initiée en 1988 en Belgique, puis étendue à d'autrespays d'Europe occidentale, a été à l'origine d'un importantmouvement de protestation contre la politique dite de "systé-matisation" des villages. Cette politique visait une mise encoupe réglée du monde rural par la destruction de l'habitat tra-ditionnel. Nous regardions tout cela avec un grand intérêt etbeaucoup de satisfaction.

Et puis, il y eut ce 18 décembre 1989 au matin, quand nousavons entendu à la radio que, à la suite de manifestations derue, Timisoara était "encerclée par les chars". Je vous laisseimaginer notre émotion. Dès lors, ce furent des jours d'attente,d'angoisse, d'incertitudes, des nuits blanches où, l'oreille colléeà la radio et les yeux rivés à l'écran, nous avons essayé de dis-cerner des voix ou des visages familiers, pour être enfin ras-surés sur le sort de nos proches. Pendant ce temps, le mondedécouvrait - ou a fait semblant de découvrir - ce qu'avait été lerégime de Ceausescu. L'inimaginable, l'incroyable se révé-laient en une indescriptible tourmente de fureur, de violenceet de confusion. (Lire la suite page 46)

"Les queues pouvaient durer plusieurs jours d'affilée"

Les années de galèreUn marchepied

Le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Chisinau.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Pour réussir dans son ambition,la Moldavie doit miser sur l'ap-pui des collectivités locales et

la coopération décentralisée qui englo-bent toutes les relations d'amitié, dejumelage et de partenariat, incluant diffé-rentes formes d'assistance et d'échanges,afin d'établir des contacts privilégiés.

Dans ce domaine, la Moldavie esttrès en retard sur la Roumanie, qui adéveloppé de nombreux liens par la baseavec la France et les pays francophones :on ne compte par exemple que moinsd'une dizaine de coopérations décentra-lisées franco-moldaves, contre plus d'undemi-millier de franco-roumaines.Proportionnellement à sa population, la

Moldavie devrait compter de 60 à 70coopérations décentralisées: il y a là undossier prioritaire à mi-chemin entre lesdomaines diplomatique, économique,culturel et humain à aborder.

Le mouvement francophone moldaveaurait tout intérêt aussi à s'appuyer sur lepilier économique, à solliciter les entre-prises francophones implantées enMoldavie, afin qu'elles participent à ceteffort collectif. Les grandes entreprisessont parfois réticentes à cette idée, maiselles doivent répondre à l'attente de leursclients. Certaines PME francophonesimplantées en Moldavie ont pu tirer par-tie d'une main d'œuvre francophone dequalité, dans des secteurs de pointe

comme l'informatique ou les centres d'ap-pels. Toutes ces entreprises peuvent êtremobilisées pour le projet Chisinau 2012.

Pour autant, l'économique ne doit pasnécessairement faire oublier la culture.La question linguistique et culturelle étaitsous le régime soviétique le combat d'in-tellectuels qui souhaitaient affirmer leurliberté. De même, le rôle des intellectuelsdans un pays en transition est essentiel,puisque la chute du système communisteimplique de se forger de nouveauxrepères. En un mot, les intellectuels etartistes francophones de Moldavie doi-vent agir comme des "faiseurs d'opi-nion", et se rassembler autour des valeursde la Francophonie et de l'UE. F.P.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Pouchkine lui-même était surnommé "le Français" aulycée pour sa maîtrise de la langue, avant d'être exilé àChisinau. La troisième est la Francophonie de la proche voisi-ne roumaine: elle a été plus massive que celle des autres paysd'Europe Centrale et Orientale. Et la population moldave estau deux tiers d'origine roumaine.

La candidature moldave est également légitime, au vu dunombre d'élèves et d'étudiants apprenant le français (55 % deslycéens). En proportion, Chisinau dispose même du taux leplus élevé de l'Europe Centrale et Orientale. Cet élément estessentiel puisqu'une " base populaire " peut soutenir la candi-dature. Chisinau peut aussi faire valoir sa richesse culturelle.

L'adhésion au mouvement francophone ne se réduitcependant pas à sa seule dimension linguistique et culturelle.Si la langue a constitué l'origine du regroupement, laFrancophonie a pris aujourd'hui une dimension politique: pro-motion de la démocratie, des droits de l'Homme et de la diver-sité culturelle, appui à l'éducation, la formation et la recherche,ou encore renforcement de la coopération au service du déve-loppement durable et de la solidarité. En un mot, laFrancophonie peut donc être mise au service des réformespolitiques et économiques que doit faire la Moldavie pours'intégrer à l'UE car, comme tous ses voisins, elle entend deve-nir membre de l'Union Européenne.

Suivre l'exemple des J.O.: encourager démocratie, Droits de l'Homme et société civile

Pour avoir des chances d'aboutir, la candidature deChisinau doit être consolidée. Tout d'abord, l'Etat a pleinementson rôle à jouer en la matière. Il doit se montrer le plus exem-plaire possible en matière de démocratisation et de droits del'Homme. Et là, il a encore beaucoup de chemin à faire. En

outre, c'est à la diplomatie moldave d'opérer un rapprochementavec les pays et les institutions francophones. Pourquoi pas-créer un poste de "secrétaire d'Etat à la Francophonie"comme à Bucarest, ce qui donnera une visibilité à la candida-ture moldave ? Enfin, les institutions de l'Etat peuvent montrerleur attachement à la Francophonie en traduisant en françaisune partie des sites officiels - ce que fait la Roumanie.

Ensuite, la réelle force du projet doit venir de la sociétécivile. Il convient d'associer au projet non seulement lesmilieux académiques, mais également les milieux écono-miques, ainsi que les réseaux de "coopération décentralisée"entre la Moldavie et les pays francophones.

Enfin, l'éducation a également son rôle à jouer. Il n'y aurapas de véritable fête populaire sans les élèves et les profes-seurs, qui sont les premiers concernés par l'apprentissage dufrançais. Au-delà, il est sans doute nécessaire de doter l'uni-versité moldave d'une "Chaire Senghor", telle qu'elles existentà Hanoï (Vietnam), Beyrouth (Liban), Lyon (France) ouMontréal (Canada).

L'avenir ne se prévoit pas, il se prépare. La Moldavie adonc tout à gagner en participant à la construction de ce que lesociologue français Dominique Wolton appelle la "francos-phère", c'est-à-dire cet espace francophone solidaire et tournévers l'avenir. Le Sommet de 2012 pourrait alors être uneconsécration pour la Moldavie comme pour la Francophonie,jouant le rôle entraînant pour la consolidation ou l'émergencede la démocratie, des Droits de l'Homme, de la société civile,comme le font par ailleurs les Jeux Olympiques ".

Florent ParmentierFlorent Parmentier est doctorant à l'Institut d'études poli-

tiques de Paris. Il co-dirige également le portail francophonede la Moldavie (www.moldavie.fr), qui dispose d'un forum"Chisinau 2012" (www.moldavie.fr/forum/).

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

PITESTI

CLUJ

BISTRITA

Témoignagedu sommet de la Francophonie en 2012

Associer les collectivités localesles milieux économiques et culturels francophones

Voici le quatrième et dernier volet des souvenirs d'Yves Lelong qui, à 55ans aujourd'hui, fait redécouvrir la Roumanie qu'il a découvert en1972. Après la période 1972-1976, puis post 1977, le journaliste se remé-

more la période des années 80, à la suite de son mariage avec Doina, Roumaine deTimisoara. Des années très difficiles où le jeune couple assiste, de France, et au filde ses séjours familiaux à l'effondrement des conditions de vie des Roumains.Jusqu'à la chute du régime.

La naissance de nos deux filles, Caroline et Julie en 1980 et 1984, nous donna lamesure de la situation dans laquelle le pays était en terrain de plonger. D'une fois surl'autre, nos visites avec deux jeunes enfants devinrent de véritables expéditions. Despénuries de toute nature s'étaient installées dans le pays. Il fallait tout prévoir et toutapporter avec nous. Finalement, c'est la raison pour laquelle nos séjours sur place s'é-taient espacés et raccourcis. Pas plus de 8 à 10 jours.

Il était plus simple de faire venir mes beaux-parents. Il n'y avait pas de difficultésinsurmontables. Au début, ils venaient séparément car l'un ou l'autre devait rester enotage au pays. Ils ne sont venus qu'une seule fois ensemble, en 1987, dès qu'ils furenttous les deux retraités. Mais nous devions alors financer leur voyage pour qu'ils puis-sent obtenir leur autorisation de sortie du territoire, car le prix du billet de train devaitêtre acquitté en devises.

Tickets de rationnement

Les tickets de rationnement étaientapparus pour le lait, le pain, l'huile, lesucre, etc. Les rayons de certains maga-sins d'alimentation paraissaient bienapprovisionnés mais, en fait, ils étaientgarnis des mêmes bocaux de gem (confi-ture) de prune ou de bouteilles de rachiuque personne n'achetait. La poussière quiles recouvrait était là pour en témoigner. Mais les étalages de viandes et de fromagesrestaient désespérément vides.

C'est à partir de 1981 que nous avons commencé à emporter avec nous toutes lesprovisions de bouche. J'avais acheté une remorque pour pouvoir tout transporter. Nosdeux filles étaient là et vous imaginez ce que l'entretien, pendant deux semaines dedeux très jeunes enfants, peut nécessiter: couches, lait, produits d'entretien et corpo-rels… Plus tout ce qu'il fallait prévoir pour nous.

Des queues interminables se formaient devant les magasins dès que l'arrivée d'unproduit de première nécessité était annoncée. Mais comment concilier toutes cesheures d'attente avec la nécessité d'aller travailler. Certains avaient trouvé la combineen payant des retraités pour faire la queue à leur place.

"Notre présence était une charge énorme"

Lorsque nous arrivions dans notre famille, c'était pour constater que "le vent souf-flait dans le réfrigérateur", comme le dit si joliment Doina. Son frère nous affirmaitavoir tout le temps faim. Si ce n'était pas la famine, c'était, en tout cas, très près de ladisette.

Il n'y avait plus d'essence. Des centaines de mètres de queue de voitures s'allon-geaient devant les stations-service. Des queues qui pouvaient durer plusieurs joursd'affilée dans l'attente d'une hypothétique livraison de carburant. Pour ne pas à avoirà attendre des heures, certains attachaient une corde, sur laquelle était fixé un cartonportant le numéro d'immatriculation, aux pare-chocs de la voiture qui précédait et decelle qui suivait de façon à pouvoir retrouver leur place en revenant.

Yves Lelong a accompagné l'unde ces innombrables convois huma-nitaires qui ont déferlés sur la Rou-manie dès la chute de Ceausescu. Ilse souvient:

“Je suis parti dès le 3 janvier1990. Je retiens deux moments fortsde ce premier voyage en Roumanie"libre" : le démontage des panneauxde propagande qui étaient installésau sommet des piliers du pont métal-lique qui enjambe le Mures, à la sor-tie d'Arad, en direction de Timisoaraet le siège du pavillon de mes beaux-parents par des dizaines de gaminsqui réclamaient des bonbons, desbiscuits et du chocolat.

Yves et Doina Lelong :

Décennie 80...

Le couple invité àtémoigner sur TF1 parJean-Pierre Foucaultdans “Sacrée soirée”

CHISINAUpour préparer l'entrée dans l'UE

La suite des événements, vous laconnaissez aussi bien que moi.

Mais pour nous, le retour à la nor-male, si j'ose dire, s'est fait par lagrande porte.

Le 17 janvier 1990, c'est en directet à la télévision, sur TF1 que Doinaa retrouvé sa famille au complet,invitée d'honneur de l'émission"Sacrée Soirée " de Jean-PierreFoucault.

Tout est bien qui finit bien, pour-rait-on dire… Mais curieusement,jamais nous ne pourrons nous dépar-tir de cette appréhension qui noussaisit encore lorsque nous appro-chons de la frontière roumaine”.

Y. L.

“Aujourd’hui encore,nousavons toujours la même

appréhension à l’approchede la frontière”

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Le Premier ministre Calin Tariceanu et le Président Traian Basescu se sontdisputés en direct mardi 20 février à la télévision ! Phénomène assez sur-prenant, même si les interventions à la télé par téléphone du Président sont

devenues monnaie courante ces derniers mois. Tout a commencé quand Calin.Tariceanu, invité sur TVR1, a affirmé que Traian

Basescu avait transmis une note au ministère de l'Industrie "en faveur" des intérêts dela société d'aluminium Alro Slatina. C'est alors que le Président est entré en scène, lavoix ferme mais d'humeur furieuse, déclarant que le Premier ministre n'avait "rien faitcontre les mafias du secteur de l'énergie", et ne pouvait pas dire "n'importe quoi surle chef de l'Etat, même s'il a un " nœud pap et une allure d'Européen !"..."Vous men-tez!" a rétorqué Calin Tariceanu qui a essayé de l'interrompre et a demandé "un dia-logue civilisé". Ce spectacle affligeant, inimaginable ailleurs, n'est qu'une illustrationsupplémentaire du climat qui règne au plus haut sommet de l'Etat.

"Conseillère très particulière" du Président

Depuis le 1er janvier dernier, la classe politique roumaine se défoule après avoirrongé son frein, pour ne pas compromettre la candidature du pays à l'UnionEuropéenne. Les Roumains ne lui auraient pas pardonné un échec.

La chose étant acquise, il n'a fallu que quelques jours pour donner libre cours àses règlements de comptes, attaques personnelles. On a ainsi successivement vu, lablonde et pulpeuse Elena Udrea, ex-conseillère "très particulière" du Président,rendre publique une lettre du Premier ministre sollicitant un coup de pouce pour réglerun dossier génant où était compromis son ami, le milliardaire Dinu Patriciu. Vrai oufaux ? Le Président, plein de sous-entendus, laissait entendre qu'il avait en effet vupasser "un billet" dans ce sens. Contre-attaque du Premier ministre révélant l'existen-ce d'autres "billets" mettant cette fois-ci en cause le Président dans des scandalesfinanciers… La boîte de Pandore était ouverte et les énergies pouvaient se déchaîner.

Elles entraînaient la démission du jeune ministre des Affaires étrangères, RazvanUngureanu, proche du président, et accusé par le chef du gouvernement de ne pasl'avoir tenu au courant de la détention par les Américains de deux soldats roumains ducorps expéditionnaire en Irak, soupçonnés d'avoir pris des photos d'une base militai-re. Depuis, Traian Basescu bloque la nomination de son remplaçant proposé par CalinTariceanu, la Roumanie se retrouvant sans ministre des Affaires étrangères .

Traian Basescu évite de justesse la destitution

En même temps, députés et sénateurs de la majorité entraient en jeu, se déchirantsuivant leur clan… sous les yeux réjouis de l'opposition ex-communiste du PSD,poussée en sous-main par Ion Iliescu. La première visée était la ministre de la Justice,Monica Macovei. Artisan, sous la pression de Bruxelles qui en avait fait une condi-tion à l'entrée de la Roumanie dans l'UE dès 2007, de la création de l'Agence natio-nale de l'intégrité, chargée de vérifier l'origine des avoirs des ministres et des élus.

Cette proche de Traian Basescu a été la victime d'un vote de motion de censureau sénat, soutenu discrètement par le Premier ministre, mais que la CourConstitutionnelle a déclaré non contraignant, lui permettant finalement de rester enplace. Députés et sénateurs - plus de 90 % d'entre eux auraient des dossiers intéres-sant la justice portant sur des "affaires" - avaient sauté sur l'occasion de se débarras-ser de cette gêneuse, elle-même l'objet de rumeurs quant à ses avoirs personnels.

Plus grave, profitant de cette déliquescence généralisée du Pouvoir, le PSD pous-sait au vote d'une motion entraînant la destitution du Président et conduisant à un réfé-rendum où une majorité simple de votants aurait suffi à mettre un terme à son man-dat. Très sérieuse, parce qu'elle avait reçu l'appui de parlementaires de la majorité(pro-Tariceanu) et des autres formations de l'opposition, la menace a plané pendantplusieurs semaines, la manœuvre étant même sur le point de réussir, avant d'êtreéventée à nouveau par le Conseil Constitutionnel.

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

DEVA

CLUJ

Le 15 janvier dernier, le roiMichel, entouré de sa femme, Anne,de la princesse Margareta, l'aînée deses cinq filles, et de son mari Radu,s'est rendu au siège de la CNSASoù tout citoyen roumain peut consul-ter les archives de la Securitate etautres organismes de surveillancede l'ancien régime communiste leconcernant.

L'ancien souverain n'a fait aucunedéclaration à la presse, mais seserait montré "captivé" parce qu'il alu dans les milliers de pages qui luisont consacrées, notamment par larévélation de l'existence d'un mou-chard parmi ses proches informantles autorités communistes de sesfaits et gestes pendant son exil enSuisse, puis en Angleterre.

La CNSAS possède quelquesdeux mille micro-films sur la familleroyale. Le Roi, âgé aujourd'hui de 86ans, devait retourner consulter cesarchives dans les semaines à venir.

Politique Jeu de massacre et cirque

Un mouchard dans l'entourage du roi Michel lors de son exil

Dacia éternelle

CHISINAU

La Logan a deja pris la place de la Dacia.

A la sortie de la scierie, la Dacia sert à emmener les provision de bois pour l’hiver.

Chargement de noix. Attention à l’ouverture des portes!

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Connaissance eet ddécouverte

Musique

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

La migration ou changement departi est un phénomène ancrédans les mœurs politiciennes

roumaines, qui ne contribue pas à amélio-rer la piètre opinion que les citoyens ontde leurs élus et dénature leur choix.

Il a été calculé que, depuis 2000, unmaire changeait d'appartenance chaquejour à travers le pays, le record étant déte-nu par l'année 2003… quand 37 % d'entreeux ont claqué la porte de leur parti pouradhérer à un autre. 2006 se contente de 27% car une loi, adoptée en juin dernier, atenté d'endiguer ces conversions qui nedoivent rien à la profondeur des convic-

tions des intéressés et tout à leurs arran-gements d'arrière-cuisine.

Bien sûr, suivant l'air du temps, lesbénéficiaires sont les partis qui ont levent en poupe et disposent du pouvoir dedistribuer les prébendes.

Depuis qu'ils sont aux commandesdu pays, en 2004, et pour la première fois,le nombre de maires du Parti Démocrateet du Parti National Libéral est plusimportant que celui de l'omnipotent PartiSocial Démocrate (ex-communistes).Celui-ci a chuté de 1704 élus à 1263 (surun total de 3179 maires), après son passa-ge dans l'opposition, son allié du Parti de

la Grande Roumanie (PRM), de l'ultra-nationaliste Vadim Tudor, voyant seseffectifs divisés par deux (de 82 à 41).Par contre, le PD du président Basescu aquasiment doublé de volume (de 392 à786), le PNL du Premier ministreTariceanu passant de 447 maires à 656.

Heureusement, la morale se vengeparfois, donnant aux Roumains la conso-lation de rire de ces pratiques. En l'annéerecord 2003, les maires se sont pressés dechanger d'étiquettes pour se précipitervers le PSD, donné largement vainqueur.Erreur funeste qui les a conduits à unemigration dans l'autre sens, depuis !

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

ALBAC

PITESTI

BISTRITA

CLUJ

Pour conjurer le sort, Traian Basescu a utilisé deux armes.Son populisme, bien que sa cote de confiance soit tombée de60 à 48 %. Les soirs de match du Steaua, le Président n'hésitepas ainsi à s'afficher dans le restaurant sélect et célèbre du"Tout Bucarest", le "Golden Blitz", tenu par le mari de sa"conseillère très particulière". Il y retrouve "l'homme quimonte" en Roumanie et président de ce club de football, GigiBecali, ancien berger devenu milliardaire… mélange deBernard Tapie, de Le Pen… et qui joue à l'Abbé Pierre, en dis-tribuant non pas des couvertures, mais des billets de banques.

Le Président a, lui aussi, annoncé un référendum portant

sur l'instauration du scrutin uninominal. Une véritable machi-ne de guerre contre les parlementaires qui n'en veulent surtoutpas, car ils seraient appelés à rendre des comptes personnelle-ment aux électeurs, alors que l'actuel scrutin de liste leur per-met de mener tranquillement leurs petites affaires, leur seulproblème étant d'obtenir une place éligible.

Il est possible qu'un "ni-ni" (ni référendum d'un côté, nide l'autre) arrive à calmer les ardeurs des deux camps… sousle regard atterré de Bruxelles - on y chuchote déjà que la clau-se de sauvegarde pourrait être appliqué à Bucarest en cas decrise majeure - mais aussi consterné et écœuré des Roumains.

SF. GHEORGHE

Depuis 2000, un maire a changé de formation politique tous les jours

Historiens hongrois et roumains vont collaborerpour rédiger, d'ici 2010, un volume commun d'his-toire de la Transylvanie destiné aux élèves des

deux pays. Il s'agit d'un pas énorme sur le chemin de la récon-ciliation mutuelle, tant le sujet demeure sensible et a donnélieu à de graves frictions entre les deux communautés, condui-sant à des conflits armés au cours des deux dernières guerres.La Transylvanie, sous contrôle hongrois pendant des siècles,alors que la population roumaine y était majoritaire, comprendtoujours des régions où la population magyare est la plusimportante et se sent frustrée.

Cette évolution considérable est à mettre au crédit del'Europe et de l'adhésion de la Roumanie à l'UE qui facilitentet obligent les pays membres à ces rapprochements. Mais elledoit aussi beaucoup à l'exemple de la réconciliation franco-allemande qui a montré le chemin en lançant à la rentrée der-nière dans les lycées des deux pays la première ébauche d'unehistoire commune, portant dans un premier temps sur la pério-de de l'Après-guerre avant de l'étendre à d'autres périodes.

Passage des frontières facilité

D'ailleurs cette décision roumano-hongroise a été

annoncée lors du second conseil des ministres tenu en com-mun par les deux pays, à la mi-novembre, le premier ayant eulieu en octobre 2005… sur le modèle franco-allemand.

Ce conseil a décidé de faciliter le passage des frontières enétablissant un poste de contrôle commun aussi bien routier queferroviaire, ce qui devrait réduire le temps d'attente. De lamême façon, les automobilistes pourront acquérir les vignettesdans les stations d'essence précédant l'entrée dans le pays voi-sin, afin de mettre un terme aux queues dans les officines ins-tallées aux postes frontières. Des projets communs d'infra-structures, d'enseignement, d'approvisionnements garantissantl'indépendance énergétique au niveau régional, d'utilisationdes fonds européens ont été également formulés.

Ces avancées ont été saluées par l'ambassadeur allemandà Bucarest, tout en provoquant une réaction sceptique duministre roumain de l'Education, Mihail Hardau, lequel, rap-pelant que le parti de la minorité hongroise de Transylvanie,l'UDMR, réclamait le retour à des écoles séparées pour lesdeux communautés, en a conclu "qu'un manuel d'histoire rou-mano-hongrois n'était pas pour demain". Le ministre rajoutait:"Certes, le 1er janvier 2007, nous renonçons aux frontièresgéographiques… mais il faudra encore se débarrasser desfrontières mentales ".

Histoire commune de la Transylvanie pour les élèves hongrois et roumains sur le modèle franco-allemand

Un violon défraie la chronique de la vie musicale roumaine depuis un demi-siècle. Qui, de Madalin Voicu, fils du plus grand violoniste roumain detous les temps, Ion Voicu (1923-1997, notre photo) et de la fondation por-

tant son nom ou de l'Etat roumain, est le véritable propriétaire du Stradivarius achetépar la Roumanie en 1956 et le seul qu'ellepossède? A cette époque là, plusieurs voixs'étaient élevées dans le pays pour que lejeune virtuose dispose d'un instrument à lamesure de son talent. Le dictateur GheorghiuDej avait envoyé en Suisse Ion Voicu fairel'acquisition d'un Stradivarius Elder, datantde 1702, l'un des quinze existant encore dansle monde et dont le prix est estimé aujour-d'hui à trois millions d'euros. L'artiste l'avaitnégocié pour 1,2 millions de lei - une sommeà l'époque - la facture étant établie à son nommais le paiement étant bien fait par l'Etatroumain. Il était convenu entre les deux que le violon resterait entre les mains de IonVoicu jusqu'à la fin de ses jours, puis reviendrait ensuite à un autre soliste.

Jusqu'à sa mort et pendant quarante ans, le virtuose tsigane, qui avait étudié auconservatoire Tchaïkovski, se présenta sur toutes les scènes du monde accompagné dece fabuleux instrument, jouant aux côtés de David et Igor Oïstrakh, Yehudi Menuhin,Leonid Kogan. Mais, en 1985, poussé par sa femme, Nicolae Ceausescu eut la mal-encontreuse idée de reprendre le violon au maître pour le confier au Musée nationald'Art… ce qui provoqua par ricochet une brouille entre le fils de Ion Voicu, Madalinet celui du couple de dictateurs, Nicu, jusque là amis comme larrons en foire.

La "Révolution" permit au musicien de récupérer le Stradivarius, sur décision duministre de la Culture, l'écrivain Andrei Plesu, qu'il conserva jusqu'à sa disparition le24 février 1997. Il demeure aujourd'hui dans le giron de sa famille et de la FondationIon Voicu qu'elle dirige.

Yehudi Menuhin appelé à la rescousse

Un arrangement intervint cependant en 1998, sous l'égide de Yehudi Menuhin. Ilfut décidé que le violon serait confié au gagnant d'un concours de virtuoses roumains,répondant à des exigences précises, et qui sera présidé par le violoniste anglo-améri-cain, d'origine russe, peu avant sa mort. Gabriel Croitoru, seul candidat retenu, fut pro-clamé gagnant… mais deux ans après, il n'avait toujours pas récupéré l'instrument.

En 2000, le nouveau ministre de la Culture, l'acteur Ion Caramitru, tenta de trou-ver un terrain d'entente pour qu'il soit restitué. Madalin Voicu, devenu député PSD etreprésentant des Tsiganes, exigea, pour le remettre, que le parc Ioanid de Bucarest soitdénommé Ion Voicu, que soit créé un concours international de violonistes, financépar l'Etat, portant son nom, et que soit réparée la maison où habitait sa mère, siègeofficiel de la Fondation Ion Voicu. Seule la première condition fut acceptée.

Depuis, Madalin Voicu s'estime le véritable propriétaire de l'instrument, estimanten outre que l'Etat roumain a été largement payé par les concerts que son père a donnéau nom de la Roumanie. Gabriel Croitoriu attend toujours son Stradivarius, lequeln'est pas apparu sur scène depuis près de dix ans, s'est abîmé faute d'utilisation et d'en-tretien, ce qui a nécessité une coûteuse réparation chez le maître luthier Pavel Onoaiede Cluj, en 2005. Pour l'instant, sans propriétaire légitimé, le prestigieux instrumentne peut pas être assuré et reste à la merci de dégradations ou de vol. Il est vrai que pourl'en protéger, cela coûterait 3000 € par mois.

Une équipe de six étudiants buca-restois travaille au premier micro-satellite roumain: Goliath, un cube de10 cm de côté, développé sur la based'un concept des chercheurs de laStanford University et la CaliforniaPolytechnic State University(CalPoly). Le satellite Goliath seralancé au mois d'octobre 2007 parl'Agence Spatiale Européenne et gra-vitera autour de la terre, à 640 kmd'altitude, à 8 km/s et transmettra parradio les informations recueillies àune station de réception qui serasituée dans les Carpates roumainesoccidentales.

Pendant une année, soit la périodede survie dans l'espace cosmique, lemicro-satellite aura trois missions:détecter les micro-météorites, mesu-rer l'intensité des radiations gammaet réaliser des photos de l'écorce ter-restre avec une caméra minuscule,conçue intégralement par les jeunesRoumains. Il faudra environ unesemaine pour qu'il transmette uneseule photo sur la terre: la puissancede la radio installée sur le satellite estde 1 watt, explique Mugurel Balan,l'étudiant chef de projet.

L'Agence spatiale roumaine étantle coordonnateur, le projet Goliath estfinancé par le Ministère de l'éducationet de la recherche et par deux firmesprivées. Le coût total ne dépasserapas 500 000 euros. En 2006, laRoumanie a investi dans larecherche spatiale environ quatre mil-lions de dollars.

Goliath, premier satellite roumainconstruit par des étudiants bucarestois

Le fils d'un grand virtuose et l'Etat roumain se disputent la propriété

d'un instrument d'une valeur de 3 M€

Sciences

Cher… très cher Stradivarius

à la tête de l'Etat… jusqu'à l'écœurement des Roumains

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Actualité

Dans le quotidien "Le Monde", Mirel Bran fait le point sur les subsideseuropéens que la Roumanie va recevoir après son adhésion à l'UE. "Lesquatre ordinateurs qui trônent sur les bureaux de la mairie de Contesti, vil-

lage situé dans une région pauvre du sud de la Roumanie, font le bonheur du maire,Ion Dulgheru. Depuis qu'il a doté sa modeste mairie de ces merveilles du mondemoderne grâce aux fonds européens, il a compris que la force de frappe de l' Unioneuropéenne, que la Roumanie a rejoint au 1er janvier 2007, peut atteindre son village.

En 2004, son modeste projet concocté avec une société de conseil, qui lui a coûté1 000 euros, lui a rapporté 20 000 euros. Victime de fortes inondations en 2005 - 86maisons ont été détruites -, Contesti s'est refait une beauté grâce à un projet de réha-bilitation d'un million d'euros principalement financé parles fonds octroyés par la Commission européenne.

Mais l'exemple de Contesti est-il transposable dans lereste du pays ? Comment la Roumanie va-t-elle dépenserles 32 milliards d'euros que la Commission lui a octroyésjusqu'en 2013* ? Depuis le début des négociations d'adhé-sion à l'UE en 2000, le gouvernement a divisé son territoi-re en huit grandes régions dotées d'agences de développe-ment afin de mieux distribuer la manne européenne.

Consultants pour monter les projets des agriculteurs

"La prise de décision concernant le financement des projets ne devra surtout pasêtre centralisée, a affirmé la ministre de l'intégration européenne, Anca Boagiu. Moncauchemar serait d'échouer à trouver des équipes compétentes pour monter des pro-jets au niveau des petites collectivités." Selon les représentants de l'UE en Roumanie,une banque de données centralisée recensant tous les projets devrait permettre d'évi-ter les doublons et de s'assurer que toutes les procédures ont été respectées.

Le dossier le plus ardu sera celui de l'agriculture. Les paysans représentent envi-ron 40 % des 22 millions de Roumains. Après la disparition des coopératives agricolesde production communistes, il y a dix-sept ans, la plupart d'entre eux ont récupéréleurs terres, mais leurs faibles ressources ne leur ont pas permis de les rentabiliser. LaRoumanie compte 4,5 millions de petites fermes, qui, pour la plupart, sont des exploi-tations de subsistance d'environ 2,5 hectares.

Entre les petits exploitants et une minorité (0,5 %) de fermiers qui disposent degrandes surfaces permettant la mise en place d'une agriculture mécanisée, la classemoyenne, seule capable d'attirer les fonds européens, n'existe presque pas.

Pour qu'elle voit le jour, les retraités sont incités à vendre ou à louer leurs terresaux jeunes afin que ces derniers puissent aménager des surfaces plus grandes et plusrentables. Pour chaque hectare de terre vendu, ils recevront une rente viagère de 100euros par an et par hectare, et 50 euros pour chaque hectare en location.

L'agriculture va bénéficier de huit milliards d'euros d'aides européennes jusqu'en2013. Les projets seront passés au crible par la Commission. Le coût d'une consulta-tion pour remplir un dossier de subvention risque d'être élevé pour le paysan roumain,dont les revenus ne dépassent pas 150 euros par mois. Pour éviter un blocage, leministère de l'agriculture rémunérera les consultants jusqu'en 2009 afin que leurs ser-vices soient gratuits pour les agriculteurs.

* Sur les 32 milliards d'euros de fonds européens distribués jusqu'en 2013 à laRoumanie, environ 19 milliards sont des fonds structurels destinés à réduire le déca-lage avec l'Union, qui sont accordés sans obligation de cofinancement. Pour le reste,Bucarest participera au financement. Environ 8 milliards seront octroyés à l'agricul-ture. Quatre milliards seront consacrés aux travaux d'infrastructures, si la Roumanieajoute un milliard d'euros par an au budget européen.

A l'occasion de sa visite àBucarest, fin janvier, Dominique deVillepin a laissé entendre que Gaz deFrance pourrait devenir partenaire duprojet de gazoduc Nabucco qui doitacheminer du gaz naturel d'Iran et duTurkménistan, passant par la Turquie,vers la Bulgarie, la Roumanie, laHongrie et l'Autriche, fournissant àl'Europe occidentale près de 25 mil-lions de m3 par an. Les travaux, d'uncoût de 4,6 milliards d'euros commen-ceront en 2008 pour s'achever troisans plus tard.

Cinq compagnies participent à ceprojet: Botas (Turquie), OMV(Autriche), MOL (Hongrie), Bulgargaz(Bulgarie), et Transgaz (Roumanie).Total (France), E.ON et RWE(Allemagne) sont également candi-dats pour être partenaire. Gaz deFrance opère déjà en Roumanie parl'intermédiaire de Distrigaz Sud,acheté voici deux ans. Le Premierministre français était le deuxièmeleader européen a visité la Roumaniedepuis son entrée dans l'UE, aprèsson homologue italien Romano Prodi.

Plus de 30 milliards d'euros de subventions de l'UE d'ici 2013

Economie

BUCAREST

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TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

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PITESTI

CLUJ

PLOIESTI

SIGHET

Gaz de France intéressé par le projet de gazoduc Nabucco

Maintenant, il faut partager le gâteau !

"Rome, l'une des villes où lesaffaires des Roumains sont floris-santes", note le journal Adevarul,relevant que 17 000 compagniesd'Italie ont des patrons roumains,selon des données fournies par laChambre de Commerce de Milan.Pour elle seule, Rome en compte2730 et semble être la ville préféréepar les investisseurs en provenancede Roumanie.

17 000 patrons roumains en Italie

plus belles voix de l'opéra à travers le monde, est revenue en France à la fin de l'année

“Aujourd'hui, je n'ai plus peur, mais je ne veux pasentendre parler de politique, même si le gouvernementCeausescu a toujours soutenu et encouragé ma carrière. Jeprécise que je n'ai pas quitté mon pays, je suis simplement par-tie faire une carrière internationale".

Des contrats jusqu'en 2012

Devenue la femme du ténor Roberto Alagna et sa partenairedans de nombreuses productions, la cantatrice s'explique sur sa

façon de concilier laville et la scène:

"C'est dans une Bohème, de Puccini, à Covent Garden, que j'airencontré Roberto. On s'est mariés deux ans plus tard à la find'une représentation de La Bohème au Metropolitan de NewYork. On ne se donne pas de conseil, chacun travaille dans soncoin. Lui, le bruit ne le gêne pas, moi, j'ai besoin de silence.Souvent, on découvre ce que l'autre a fait au moment de l'en-registrement ou de la répétition. Je n'ai ni coach ni professeurde chant. La technique vocale était un problème réglé pourmoi à 18 ans. A cette époque, je n'avais pas les moyens d'é-couter des disques, mais aujourd'hui j'ai tout entendu, toutécouté, et je sais exactement où je suis. C'est la moindre deschoses quand on a déjà des contrats jusqu'en 2012".

un caractère et des humeurs de diva

Fêtée et admirée à Paris et dansd'autres capitales du monde,celle qui, à 41 ans, est

considérée comme la meilleure interprètede sa génération, peut avoir le vertigequand elle repense à la phénoménaleaccélération donnée à sa carrière, par unefroide nuit de décembre 1989. Ceausescuvenait de s'enfuir en hélicoptère et sonrégime s'effondrait. Angela Gheorghiu,comme elle l'a confié plus tard, se terraitsous ses couvertures pour couvrir le bruitdes fusillades qui transperçaient la nuit dela capitale roumaine.

La jeune femme de 27 ans venait toutjuste de terminer l'Académie de musiquede Bucarest et était libre de tout contrat.Jusqu'ici, au cours de tournées à l'étran-ger, surveillée par des "gardes du corps",elle n'avait pas osé franchir le pas et leurfausser compagnie. L'exemple decollègues plus âgés, qui n'avaient jamaisrevu leur famille, l'effrayait. Mais cetteperspective grandissait peu à peu dansson esprit. Angela avait fait comprendre àses proches que "chanter était la chose laplus importante" pour elle et que

l'Occident offrait des horizons mirifiques.Révolution aidant, l'artiste n'aura

cependant pas à passer à l'acte. Sonimmense talent lui servant de passeport,elle sera rapidement engagée par leCovent Garden de Londres, triomphanten 1994 dans "La Traviata", une œuvrequi fait partie du registre habituel deschanteurs d'opéra roumain.

La suite n'est qu'un long tapis rougedéroulé devant ses pas. Aujourd'hui, lesplus grandes scènes la réclament, leschefs les plus célèbres lui tendent lesbras, les oeuvres les plus prestigieusesfigurent à son répertoire.

"Ne change jamais ta respiration"

La petite Moldave, née en 1963 àAdjud, dans une famille modeste où lepère était conducteur de locomotives,peut mesurer le chemin parcouru. Angelan'avait aucun repère artistique, aucunparent ne montrant de prédisposition pourl'art lyrique. Très vite cependant, la fillet-te a compris comment utiliser et modulersa voix. Dès la première leçon, le profes-seur lui demandant de lui faire écouter sarespiration, conclut: "Très bien, n'enchange pas".

Le reste fut un long apprentissage,dans une vie terne et de plus en pluspénible, au fur et à mesure que le régimes'enfonçait dans le délire du dictateur. Samère se levait tôt le matin pour faire laqueue à la boucherie et, le soir, les ruesrestaient désespérément plongées dansl'obscurité. Angela grandissait admirant

sa sœur aînée, Elena, elle aussi chanteuse,une splendide jeune femme qui disparaî-tra dans un accident de voiture, en 1996.

Mariés par le maire de NewYork... avant d'entrer en scène

Avec sa découverte de l'Occident, sarencontre avec Roberto Alagna (ci-contre, photo du couple) fut l'autre chocde sa vie. Les deux artistes s’étaient pro-duits ensemble sur la scène du CoventGarden. Mais, jusqu'en 1995, Roberto, detrois ans son aîné, veuf depuis peu, pri-vilégiait comme partenaire une autre can-tatrice roumaine, Leontina Vaduva.

Force de la nature, Angela s'imposaet éclipsa sa rivale. En 1996, le maire deNew-York, Rudolph Giulani, maria leténor et la soprano, divorcée de son pre-mier mari, un ingénieur roumain, justeavant qu'ils n'entrent en scène pour inter-préter "La Bohème" au MetropolitanOpera.

Depuis, les deux artistes se quittent lemoins possible, élevant la fille deRoberto et ayant adopté la nièced'Angela, toutes deux du même âge.Partageant leur vie entre leurs maisons deParis, Genève et Bucarest, parlant rou-main ou français, entourés de nombreuxproches, le couple ne peut toutefois igno-rer longtemps l'appel d'un public impa-tient d'écouter et de voir les deux montressacrés, réunis par une destinée que l'on nerencontre guère que dans les contes defée… ou les livrets d'opéra.

(Les Nouvelles de Roumanie n° 9,janvier-février 2002)

La vie comme un livret d'opéra

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ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

ADJUD

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJP. NEAMT

Croissance à plus de 7 % en 2006 et inflation sous la barre des 5 %

Economie

Florence Dobelle de la Mission économique de l'am-bassade de France à Bucarest a analysé le premierbudget européen de la Roumanie dans la revue men-

suelle de son organisme, relevant le fort développement queconnaît le pays et les premiers fruits apportés par les réformesentreprises depuis deux ans:

"Le budget 2007, adopté juste avant la fin 2006 et l'entréedans l'UE, prévoit une croissance réelle du PIB de 6,4% pour2007, une augmentation des salaires moyens réels de 12,4%,un taux de chômage de 5%, une dette publique de 1 % et untaux moyen d'inflation de 4,5%. Ce scénario concorde aveccelui de l'ensemble des experts économiques et de la BanqueCentrale, dont l'objectif cible d'inflation est de 4% pour 2007et de 3,2 % pour 2008. Rappelons que sur 2006, la croissances'est élevée à 7,2 %, l'augmentation réelle des revenus à plusde 10%, le taux de chômage a été limité à 5,1%, la dettepublique n'a pas dépassé 17%.

Quant à l'inflation, elle est tombée, en glissement annuel,sous la barre des 5% pour s'établir à 4,7% en novembre der-nier, permettant à la Banque Centrale d'atteindre ses objectifs.

Point central du programme de gouvernance de l'allianceD.A. ("Justice et Vérité"), le budget confirme le maintien de lacote unique ("flat tax") à 16%, dont les effets sur les recettesde fiscalité directe devraient être pleinement absorbés, voireau-delà, au terme de l'exercice budgétaire 2007.

Rappelons qu'à la différence du cas slovaque, la réforme

n'a pas touché la TVA, dont le taux commun est demeuré à19 % et le taux réduit à 9 %.

Revalorisation conséquente des retraites

Du côté des dépenses, le budget donne, sur le plan social,la priorité à la revalorisation des retraites. La loi de financespoursuit le processus de revalorisation des pensions inscrit auprogramme de gouvernance de l'alliance politique au pouvoir,qui s'est engagé à une hausse réelle des retraites de + 30 % d'icila fin 2008. Une hausse nominale de 17,6 % des pensions seramise en oeuvre dès le 1er janvier 2007, suivie au 1er sep-tembre d'un complément d'augmentation de 3,4 %.

Le budget met aussi l'accent sur les investissements. Il fixeun objectif de dépenses d'investissements publics égal à 6,6 %du PIB. La réalisation de cet objectif n'est cependant nulle-ment assuré. En ce sens, l'annonce du plafond de déficit publicde 2 % pour 2007 constitue avant tout un message politiquedestiné aux ministres et à l'administration, afin de les inciter àengager davantage de travaux et de modernisation.

Le budget intègre les politiques européennes. Il prend encompte la stratégie de Lisbonne en relevant l'effort consacré àla recherche publique qui bénéficiera d'une dotation à 0,5 % duPIB (contre 0,37 % en 2006). Il inscrit 2,24 milliards d'eurosde fonds structurels et de cohésion en recettes, accompagnésde dépenses de cofinancement de 0,6 milliards d'euros.

Si l'on compare les valeursnominales, c'est la monnaieroumaine qui a le plus pro-

gressé en 2006 - + 21% face au dollar- atteignant le meilleur taux de changedes six dernières années avec + 9%par rapport à l'euro. Aujourd'hui, letaux s'est stabilisé à 3,4 lei pour uneuro. Cette appréciation s'explique parplusieurs facteurs. Avec son entréedans l'UE, la Roumanie attire de plusen plus d'investissements étrangers etle leu devient une monnaie davantagedemandée. "Un cercle vertueux quidevrait continuer ces prochainesannées", assure Mugur Stet, porte-parole de la Banque Nationale deRoumanie. La progression du leu s'ex-plique aussi par une forte croissanceéconomique (7,5% en 2006) et unedésinflation continue (4,7% d'inflationen 2006).

Opéra

SALONTA

MAIERU

Le souvenir de Rebreanu plane sur Maieru

Liviu Rebreanu a grandi à Maieru,en Transylvanie, au nord du pays . Ily est retourné plus tard, écrivant plu-sieurs de ses livres dans sa maison,près d'une rivière affluent du Somes.Il travaillait la nuit, fumant force ciga-rettes, se couchant quand le soleil selevait.

Tard le soir, l'écrivain partait surles collines, goûtant le silence quienveloppait la nature. C'est là qu'ilavait appris à apprécier sa beauté.C'est de là qu'est né son lien très fortavec la terre. Rebreanu confiait sou-vent qu'il aurait aimé être fermier…bien que n'ayant aucun sens deschoses pratiques.

Heureux au milieu des gens simples

Les vieux habitants de Maieru gar-dent encore le souvenir de sa sil-houette arpentant les rues du village,les mains dans le dos, son regardbleu rêveur, saluant les uns et lesautres, s'arrêtant volontiers pourécouter patiemment les paysans.

L'écrivain se reconnaissait dansses gens simples, sobres, dignes,pleins de respect pour le prêtre, l'ins-tituteur, considérant la terre commesacrée. Il avait compris leur âme donton retrouve le souffle tout au long deses romans.

La mémoire de Liviu Rebreanuplane toujours sur Maieru, villagedont il aimait la vie et qui lui consacreun musée où on peut trouver plu-sieurs de ses objets familiers,comme la lampe à gaz dont il se ser-vait pour écrire.

A41 ans, la cantatrice roumaine Angela Gheorghiu est sans doute l'une desdernières stars du monde lyrique. Ses interprétations de Mimi (LaBohème), Juliette, Butterfly ou Tosca, de même que ses coups de coeur

et ses coups d'éclat, la placent en tête des sopranos lyriques du moment. On ne l'a plusentendue à Paris depuis 2001, quand elle chanta dans La Bohème de Puccini à l'Opéra

Bastille.En 2003, Angela Gheorghiu a triom-

phé au côté de Roberto Alagna, son mari,dans Roméo et Juliette, de Gounod, auxChorégies d'Orange, mais a annulé sa par-ticipation au rare Fiesque d'Edouard Lalo,programmé en juillet au Festival de RadioFrance et Montpellier. La cantatrice adonné, samedi 4 novembre, son premierconcert marquant son retour sur la scèneparisienne à la Salle Pleyel dans des airsd'opéra français et italiens et a récidivé le31 décembre au Palais Garnier. Elle s'estconfiée à plusieurs journalistes, et voicides extraits de ses interviews.

La Roumaine a la réputation d'êtreintransigeante et de refuser de travailleravec ceux qui ne lui plaisent pas… brefd'avoir un caractère épouvantable, finale-

ment de diva, ce qui la fait réagir: "Si je suis la seule à dire non, c'est que je meconsidère comme responsable du spectacle, au même titre que le directeur d'institu-tion, le chef d'orchestre ou le metteur en scène. Et moi, je suis toute seule sur scène,face au public. Le chef d'orchestre est de dos, dans la fosse, et le metteur en scène,chez lui. Certains n'ont pas le courage de venir saluer sur scène pour entendre leshuées ".

La Callas et la Securitate

Pour elle, il s'agit avant tout de conscience professionnelle: "Dans la Tosca, auCovent Garden de Londres, en juin, j'ai discuté les moindres détails. Mes collèguessont trop diplomates. Ils acceptent tout sans commentaires, comme sous le régimecommuniste".

Il lui est également reproché d'avoir une vision conservatrice de son art à l'heureoù les metteurs en scène d'opéra ont pignon sur rue ce qui lui amène cette réplique:"Dans l'opéra, on sert une partition qui a souvent cent ou deux cents ans. C'est tropfacile de se croire plus génial que Verdi et Schiller. Nous, les chanteurs, nous sommesbien obligés de chanter la musique telle qu'elle a été écrite, alors pourquoi les met-teurs en scène ne respecteraient-ils pas les oeuvres? Le public a le droit de savoir cequ'est une Tosca de Puccini, une Traviata de Verdi. Je veux bien être Jackie Kennedy,Marylin Monroe ou Madonna, mais qu'on m'écrive la musique pour cela".

A propos de Tosca, que la cantatrice a notamment incarnée dans le film de BenoîtJacquot, en 2001, elle nie avoir dit que la Callas n'a rien compris au rôle, commel'avait rapporté la presse: "Non, j'ai simplement dit qu'elle avait mal interprété cer-taines choses. Elle a interprété ce rôle de manière très hystérique dès le premier acte.Or, pour moi, Tosca ne tue pas dès le premier mot. C'est une femme amoureuse quiveut sauver son amant. C'est aussi une artiste aux prises avec un régime policier,comme avec la "Securitate". Je sais comment réagir: en Roumanie, j'ai eu des coupsde fil qui me demandaient de dire du mal de mes collègues ou qui me disaient : "Si tune chantes pas cette musique de propagande, pas de Puccini."

La grande soprano roumaine, l'une des

Le leu monnaie la plus performante au monde en 2006 ?

Anghela Gheorghiu:

Le budget d'Etat 2006 fait le point sur les rémunérations des fonctionnaires enétablissant une moyenne de leurs revenus, laquelle, contrairement au secteurprivé, dépasse le salaire brut en y incluant les avantages qu'ils perçoivent. Au

niveau des hautes administrations, pratiquement tous leurs responsables ont un salairenet mensuel dépassant largement celui du Président de la République (1200 €).

Ainsi, le président de la Cour Constitutionnelle, Ion Videa, gagne 1440 €; Dan RosuSaguna (Cour des Comptes, 1860 €), Stefan Cosmean (Autorité de Réglementation dugaz, 2340 €), Gabriela Anghelache, (Commission Nationale des Valeurs Mobilières,2600 €), Nicolae Crisan (Commission de surveillance des Assurances, 5350 €), etMugur Isarescu, qui figure au sommet (président de la Banque Nationale de Roumanie),7130 €. Singularité, le salaire net de Dan Georgescu, président de l'Autorité deRéglementation des Communications, est le seul à être confidentiel. Bien sûr, l'ensemblede ces personnalités multiplient leurs revenus par les avantages liées à leurs fonctions etles affaires réalisées depuis 1989.

Au sein des administrations, la moyenne des revenus nets varie également. Dans unpremier tiers supérieur, allant de 1300 à 800 €, apparaissent le personnel diplomatique,les cadres et employés de la Haute Cour de Cassation et de Justice, du Département natio-nal Anticorruption, de la Chambre des députés, ces derniers gagnant 300 à 400 € de plusque leurs collègues du Sénat et de la Présidence de la République.

La seconde tranche (800 à 400 €) concernela Justice et l'Economie: Office pourcombattre le blanchissement de l'argent sale, Cour Constitutionnelle, Cour des Comptes,ministère de l'Economie, Parquet général, ministère de la Justice, Conseil national del'Audiovisuel. Le dernier tiers, de 400 à 200 €, regroupe tous les autres ministères (édu-cation: 333 €), celui de l'Environnement fermant la marche, avec 231 €.

Le Président de la République gagne moins que les responsables des hautes administrations

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

La Logan a le vent en poupe. Sa toute nouvelle formule break l'a faite dési-gner voiture de l'année 2007 par "Le Figaro"; un modèle van vient de sor-tir et les versions diesel se multiplient, alors que la MCV 7 places en fait

un véhicule entre Scénic et Espace. Le groupe Renault peut se frotter les mains, d'au-tant plus que la Logan fait une percée remarquée sur le marché d'Europe de l'Ouest.Pourtant, plus les modèles se perfectionnent, plus le concept originel de la voiture éco-nomique s'effiloche. Annoncé, claironné même, à moins de 5000 €, par une cam-pagne publicitaire que l'on peutconsidérer aujourd'hui comme men-songère, le véhicule "le moins cher dumonde" n'a jamais été commercialisé àce prix, à commencer par la Roumanie.

Le modèle bas de gamme (LoganAmbiance 1,4 essence) est, et a étévendu dès le départ, 6400 € (+ 28 %).A ce prix, le véhicule n'a ni directionassistée (prévoir 405 € supplémen-taires), ni double airbag, ni système defreinage ABS, jugés indispensablesaujourd'hui pour la sécurité, même sila législation européenne est encore floue à ce sujet. Les versions diesel démarrent à7700 €. Par ailleurs, l'équipement intérieur est rudimentaire.

En France, la Logan de base coûte 7600 € (sans direction assistée) et le MCV7 places, 10 700 €.

Coup de massue sur les voitures d'occasion étrangères

La Renault-Logan pourrait avoir fort à faire dans les années à venir, Toyota et desfirmes asiatiques ayant annoncé leur intention de se lancer sur le marché de la voitu-re pas chère. Mais nombre de Roumains choisissent pour l'instant de se tourner versle marché d'occasion européen, préférant acquérir dans certains pays de l'UE des véhi-cules ayant peu ou moyennement roulé, possédant tous les équipements et aux prixéquivalents, voire inférieurs à celui d'une Logan.

Ils viennent cependant d'en être fortement découragés par le gouvernementTariceanu qui a imposé une taxation pouvant atteindre plusieurs milliers d'euros, voiredoubler leur prix, sur les voitures ramenées de l'étranger, dont c'est la première imma-triculation en Roumanie. Son montant prévu initialement a été multiplié plusieurs fois,lors de son examen devant les députés.

Raison invoquée: ne pas faire du pays le dépotoir des vieilles voitures polluantesdu continent et préserver l'environnement… ce qui fait sourire de nombreux observa-teurs quand on voit dans quel état celui-ci est par ailleurs, sans que le gouvernementn'ait sourcillé jusqu'ici.

Le Premier ministre, concessionnaire de Citroën en Roumanie jusqu'à sa nomina-tion, a été fortement suspecté de céder aux lobbies des constructeurs (Renault enRoumanie) et des importateurs de voitures neuves. Mal leur en a pris: la décisioncontroversée a entraîné une chute de 50 % des ventes de Logan au mois de janvier, lesacheteurs restant dans l'expectative, la situation ne paraissant pas claire.

Bucarest s'attire les foudres de l'UE… huit jours après y être entré

Cette mesure faisait d'autant plus mauvais effet que la Roumanie, entrée depuis àpeine huit jours dans l'UE, contrevenait grossièrement à la réglementation européen-ne qui exige la libre circulation des biens et des personnes, et faussait la concurrenceen protégeant son marché intérieur.

Economie

Mihai Panaitescu, 20 ans, endeuxième année universitaire à Turinoù il étudie grâce à une bourse del'Institut Européen de Design est legagant du concours de DesignPeugeot, lequel consistait à dessinerla voiture du futur de la marque. Lejeune roumain a conçu un modèlebaptisé "Flux", propulsé à l'hydrogèneavec un moteur à l'arrière, et deslignes et courbes très nouvelles pourPeugeot, tout en respectant sonesprit. Mihai Panaitescu a été conviéà Genève où le président de Peugeotlui a remis son prix. Il se rendra aussiau salon automobile de Francfort oùla "Flux" sera un des modèlesvedettes du stand du constructeur.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

BUZAU

SUCEAVA

BÂRLAD

PLOIESTI

CLUJ

Un Roumain de 20 ans gagnant du PrixDesign Peugeot

SIBIU

VASLUI

ALBA IULIA

Taxes, péages à venir, essence:

Son premier roman, Ion, est publié en 1920, après la réu-nification de cette province avec le Royaume roumain, à lafaveur du Traité de Versailles. Si ce texte, dont il a écrit la pre-mière version pendant l'occupation de la Roumanie parl'Allemagne, plonge ses racines dans les tensions sociales ausein d'un village transylvain, La forêt des pendus, paru peuaprès (1922), raconte la tragédie d'un jeune officier roumain del'Armée impériale, contraint de tuer d'autres Roumains pen-dant la Première guerre mondiale.

Le soulèvement paysan de 1907 inspire "La Révolte"

Avec ses romans, Liviu Rebreanu s'impose d'embléecomme le plus important créateur épique de la nouvelleRoumanie. De l'autre côté des Carpates, en ce pays danubienqui deviendra le sien, au nord des Balkans, l'écrivain découvreune réalité sensiblement différente de celle qu'il a connue enTransylvanie. Certes ses compatriotes vivent dans leur propreEtat, mais la misère des campagnes reste extrême. Loin deVienne et de Budapest, Bucarest, en marge de l'Europe, faitfigure de capitale bâtarde où règne le charme de l'espritfrançais mêlé aux langueurs orientales.

Le soulèvement paysan de 1907 contre les propriétairesterriens qui dépensent le produit de leur labeur en Occident,inspire à l'auteur La Révolte (1932), grande fresque de l'af-frontement entre les maîtres du Royaume et leurs serfs dépour-

vus du minimum nécessaire pour survivre.Depuis son arrivée en Roumanie, la création de Liviu

Rebreanu se situe en ce lieu, au milieu de la plaine étendue ausud des Carpates, où se heurtent les traditions du monde villa-geois et la sophistication citadine, surgie avec la modernité.

Mort deux jours avant l'entrée de l'Armée Rouge dans Bucarest

A 47 ans, l'écrivain a alors achevé ses œuvres principales.Plus concentrée, plus analytique, son roman Madalina, conçuquelques années plus tôt (1927), rappelle davantage, par saforce dramatique, les textes de l'Autrichien Stefan Zweig(1881-1942), enracinés dans le milieu viennois et leFreudisme, que les monumentales constructions réalistes, àl'architecture rigoureuse et impeccable, auxquelles ses lecteursétaient habitués, ainsi que le souligne Edgar Reichmann.

Reçu à l'Académie Roumaine en 1939, il y prononcera sondiscours d'intronisation, intitulé Eloge du paysan roumain,dans le droit fil de son œuvre, qui dresse une fresque del'amour violent ou déchirant que portent à leur terre ceux quivivent de ses entrailles ou veulent la rejoindre. Grand fumeur,Liviu Rebreanu disparaîtra le 1er septembre 1944, des suitesd'un cancer de la gorge, à Valea Mare, à l'âge de 59 ans. Deuxjours avant que l'Armée Rouge n’ait fait son entrée dansBucarest et que la Roumanie qu'il avait tant aimée ne dispa-raisse dans le bloc soviétique.

Liviu Rebreanu est le plus grand écrivain roumain de l'Entre Deux Guerres

Logan: le mirage

Tarom, deuxième pour la ponctualité

La forêt des pendus est ins-pirée par une réalité terrible,celle de plusieurs millions de

Roumains de Transylvanie, vivant sous lacoupe de l'empire austro-hongrois jus-qu'en 1918. Le héros du roman, ApostolBologa, est le fils d'un avocat de cetterégion. Il reçoit une éducation refoulantson âme roumaine, devient un officierloyal de l'Armée de François-Joseph,n'hésitant pas à voter en Cour martiale enfaveur de l'exécution d'un officiertchèque déserteur.

Mais cet événement le transforme,faisant naître en lui la haine de l'Empireet rendant plus criant son amour de laRoumanie. La Guerre de 14-18 le conduità commander des soldats roumains quipartent à l'assaut de leurs frères, Bucarests'étant engagée aux côtés des Alliés.L'idée de la désertion le hante. Contraintà nouveau de participer au procès d'unpaysan roumain accusé d'espionnage, il

s'enfuit, est rattrapé et pendu.L'histoire est la transposition du

drame vécu par le frère de LiviuRebreanu, Emil, sous-lieutenant dansl'Armée des Habsbourg, déserteur etpendu, lui aussi.

L'idée du titre du roman est venue àson auteur d'un cliché qu'il avait vu mon-trant une forêt de gibets où pendaient dessoldats tchèques, à l'arrière du front autri-chien, en Italie. L'écrivain avait entendudire que des horreurs semblables avaientété perpétrées dans sa région de Bistrita.

Plus tard, Rebreanu a confié qu'en

écrivant cet ouvrage, la nuit, dans unsilence pesant, il entendait des petits grat-tements à sa fenêtre. Croyant et supersti-tieux, il en avait déduit qu'il s'agissait del'âme de son frère qui demandait unesépulture chrétienne. Ce qui le décida àpartir à la recherche de sa dépouille pourl'enterrer en terre roumaine. Ce n'estqu'une fois cette mission accomplie quel'écrivain put terminer tranquillement sonroman. Les grattements à la fenêtreavaient cessé…

Les principales oeuvres de Rebreanuont été portées avec succès à l'écran. PourLa forêt des pendus, le réalisateur LiviuCiulei, également interprète dans le film,a obtenu le prix de la mise en scène àCannes, en 1965. Cannes qui a décernéle prix de la première oeuvre à MirceaMuresan, avec mention exceptionelle,pour La Révolte (titre français l'Hiveren flammes), en 1966, année de la consé-cration d'Un homme et une femme.

"La forêt des pendus": une réalité terrible inspirée par le sort de son frère, et prix de la mise en scène au festival de Cannes

Selon un classement effectué parl'AEA (Association des CompagniesAériennes Européennes), Tarom sesitue au second rang des compa-gnies continentales pour la ponctua-lité, respectant les horaires de sesvols à 88,4 %. La compagnie roumai-ne es précédée de Luxair (Luxem-bourg) et suivie par SN BrusselsAirlines, puis CSA (RépubliqueTchèque). KLM (Pays Bas) se classe10 ème, Lufthansa (Allemagne)12ème, Air France 13ème, Iberia 20ème et British Airways 25ème.

Logan Break

déchirant de la terre

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Littérature

Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Bruxelles menaça alors d'autant plus fermement Bucarestde sanctions et amendes pour sa pseudo taxe environnementa-le qu'elle s'apprête à introduire une taxe sur la pollution desvéhicules qui sera identique dans tous les pays membres. Bienqu'annonçant qu'il ne réviserait pas sa position, le gouverne-ment Tariceanu a été obligé cependant de faire machine arriè-re, Bruxelles lui laissant jusqu'à début mars pour se conformerà la législation européenne et abandonner cette imposition.

L'automobiliste roumain est devenu une vache à lait

Ne voulant pas perdre la face, Bucarest a indiqué que sataxe restait toujours en vigueur, mais que son niveau pourraitêtre révisé, ajoutant cependant que tous ceux qui l'avaientacquittée depuis le 1er janvier ne seraient pas remboursés. Une

décision inique, qui ne surprend pas dans le contexte roumainet qui a de grandes chances elle aussi d'être considérée commeillégale, comme cela a été le cas en Pologne, qui avait procédéde la même façon en son temps.

Ainsi, l'automobiliste roumain est devenu une vache àlait… mais bien plus que ses autres concitoyens européens.Non seulement les taxes sur le carburant amènent le prix dulitre d'essence (1,1 €) pratiquement au niveau de celui prati-qué dans l'UE, mais le gouvernement a fait savoir que le péagedes futures autoroutes serait aussi du même ordre, soit 5 €

pour 100 km. Raison invoquée: financer leur construction. Lesalaire moyen roumain étant de 7 à 10 fois inférieur à celuid'un Occidental… Imaginons ce que dirait un Français devantpayer son plein de 50 litres d'essence, 5 à 600 € et les 900 kmde Paris-Marseille par autoroute, 400 €. Même avec la Logan,la voiture reste encore un mirage pour nombre de Roumains.

circuler devient hors de prix

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

R. VALCEA

CLUJ

BISTRITA

Liviu Rebreanu (1885-1944) est considérécomme l'un des romanciers majeurs duXXème siècle et le plus grand écrivain

roumain de l'Entre deux guerres. Egalement auteurde pièces de théâtre, d'articles, de nouvelles, éditeur,ce personnage considérable de la littérature roumai-ne, traduit dans une vingtaine de langues et traduc-teur lui-même d'œuvres universelles, a fondé etanimé des revues. Il a aussi dirigé le ThéâtreNational de Bucarest, la Société des EcrivainsRoumains… ce qui conduit ses compatriotes à leconsidérer comme le véritable fondateur du romanmoderne roumain et un monument national.

Elève roumain, hongrois, allemand

Aîné d'une famille d'instituteurs qui comptait quatorze enfants, Liviu Rebreanuest né à Târlisua (département de Bistrita-Nasaud), aux confins orientaux de l'empireaustro-hongrois sur le déclin, en Transylvanie, où vivent, à côté des Roumains majo-ritaires, des populations hongroises et germaniques.

Son père reçoit souvent à la maison la visite du grand poète roumain GeorgeCocbuc (1866-1918), qui est son ami. La formation du jeune Liviu reflète la diversitéethnique de sa province natale. Il fait ses classes d'abord à l'école où enseigne sonpère, à Maieru, puis successivement dans un lycée roumain, hongrois et allemand, àBistrita*, avant d'entreprendre des études supérieures à Budapest.

Officier de l'Armée impériale austro-hongroise

Malgré sa passion pour la médecine, le manque d'argent le pousse vers la carriè-re militaire. Un choix obligé qui pèsera à la fois sur sa destinée et sur son œuvre. En1905, il est promu officier de l'Armée austro-hongroise, envoyé en poste à Gyula, maisdécouvre très vite que sa vocation est ailleurs. C'est l'écriture.

A la veille de la Grande Guerre, l'effondrement de l'empire multinational se pro-file. Déjà les Roumains, frustrés par l'administration hongroise qui les exclut desaffaires publiques, tournent le regard vers le petit royaume danubien qui s'est consti-tué de l'autre côté des Carpates, où vivent réunis leurs frères en latinité des provincesde Moldavie et de Valachie. Liviu Rebreanu démissionne de l'Armée. Dépositaired'une culture centre-européenne, il gagne en 1909, la Roumanie, indubitablement savéritable patrie. C'est là que s'exprimera son grand talent d'écrivain.

"Sois grand comme Cosbuc"

Avant qu'il ne franchisse clandestinement les montagnes, son père l'emmène jus-qu'à la gare lui lançant du quai "Sois aussi grand que Cosbuc !". Quelques mois plustard, il sera arrêté, extradé et emprisonné à Guyla, à la demande des autorités austro-hongroises qui n'ont pas apprécié les conditions de son départ. Libéré en 1890, ilrejoindra aussitôt Bucarest. Malgré son origine roumaine, Liviu Rebreanu avait com-mencé par s'exprimer en hongrois. En réapprenant sa langue maternelle, le romancierentendait renouer avec les siens et affirmer son identité nationale. Ayant grandi dansun empire où l'intolérance était moindre que dans les pays voisins, il ne tomberajamais dans le piège de la dérive chauvine. Pour lui, partagée entre deux cultures ettypes de société, la Transylvanie demeure une seule terre, où plusieurs peuples, créa-teurs et porteurs de spiritualités devraient s'épanouir ensemble et non pas les unscontre les autres.

Traduit dans une vingtaine de langues

La forêt des Pendus est unroman clé à plus d'un titre; d'une partc'est le premier roman moderne lalittérature roumaine, d'autre part, enla faisant basculer du côté de la litté-rature européenne occidentale, il sepermet de mettre en scène le déchi-rement Orient/Occident du peupleroumain. Il faut voir dans cette œuvrebien plus que la mise en scène d'unépisode historique. Les Roumains leconsidèrent comme le miroir de leurconscience nationale. Enfin, il a ététraduit partout en Occident dans lesannées 60, sauf en France, en raisonen partie du célèbre film qui en a ététiré. C'est donc tout l'intérêt de le voirpublier en français grâce à la maisond'édition suisse Zoë.

L'institut Culturel roumain de Parisa célébré cet événement le 30 janvierdernier, en accueillant dans seslocaux la présentation de l'ouvragepar son traducteur Jean-LouisCourriol, cette réception étant suiviede la projection du célèbre film deLiviu Ciulei.

Espérons que les deux autresmonuments que sont Rascoala etIon, introuvables en français - sauf enpassant par les sites internet deslivres anciens - complèteront prochai-nement ce triptyque majeur del'œuvre de Rebreanu.

La forêt des Pendus de LiviuRebreanu, traduit par Jean-Louis Courriol;Edition Zoë (11 rue des Moraines casepostale 1972, CH-1227 Carouge Genève;diffusion Harmonia Mundi; 23 €, dispo-nible en librairie.

"La forêt des Pendus"enfin publié en français aux éditions suisses Zoë

CHISINAU

HUNEDOARA

Le ministère roumain des Finances a annoncé que la Syrieétait prête à rembourser 35% de sa dette de 118 millionsde dollars envers la Roumanie, contractée pendant les

années 1980, en 8 tranches et sur une période de 4 ans.Sous le régime de Nicolae Ceausescu, la Roumanie avait effec-

tué de nombreuses opérations économiques avec plusieurs paysétrangers. Ces derniers ont contracté au total plus de 2 milliards dedollars et un milliard de roubles de dettes auprès de Bucarest, et cejusqu'à la "Révolution" de décembre 1989. Le ministère desFinances assure que la Roumanie est actuellement en négociationavec la Libye et s'apprêterait à contacter Cuba, 2 pays qui se sont euxaussi endettés auprès de Bucarest. Tout comme l'Irak qui doit rem-bourser près d'un milliard de dollars d'ici 2029.

Immobilier: Magheru hors de prix

Un rapport de l'agence immobilière américaineCushman&Wakerfield, cité par le journalCotidianul,

montre que le boulevardMagheru, les ChampsElysées de Bucarest, estla 30ème zone commer-ciale la plus chère aumonde sur une liste de200. Les locataires d'unmagazin entre la PiataUniversitatii et la Piata Romana paient en moyenne unloyer mensuel de 70 euros par m2. En haut de ce classe-ment, la 5ème avenue de New York reste la plus chère aumonde avec un loyer mensuel de 1000 euros par m2.

La Syrie rembourse ses dettes

de la voiture à 5000 eurosL'amour

La société suisse Roche est actuellement à la recherche dechercheurs roumains et d'Europe de l'Est dans le domai-ne des biotechnologies, ayant des projets de développe-

ment de nouvelles molécules. Pour ce programme, la compagniealloue plus de 800 millions de dollars. Au plan mondial, Roche estla deuxième compagnie dans le domaine des biotechnologies.

Roche recherche des chercheurs roumains

L'équipe d'œnologues du vignoble de Murfatlar (judet deTulcea), un des plus importants de Roumanie, est désor-mais conduite par le Français Philippe Bonnet, diplômé

de l'Institut d'œnologie de Montpellier, créateur, en 1984, des pro-duits embouteillés "Bag in box" et ancien directeur de plusieurscoopératives viticoles dans les côtes du Rhone et l'Hérault.

Un Français à la tête du vignoble de Murfatlar

Ford Europe a annoncé son intention d'ouvrirune filiale de production dans l'usine Daewoode Craiova (Roumanie) où seront fabriqués les

nouveaux modèles de Fiesta. Cette décision pourrait êtredéfinitivement prise suite à l'abandon par Ford de l'usinede Valence (Espagne).

L'usine de Craiova avait appartenu au groupe coréenDaewoo, lequel a décidé d'arrêter sa production, puis ellea été acquise par le gouvernement roumain, qui avaitannoncé son intention d'en vendre 51% d'ici fin 2006. Ils'agit d'une installation en plein fonctionnement, localiséedans ce qui est considéré comme le "pôle d'attractionpour le développement de l'industrie automobile" - unezone où ont déjà investi d'autres constructeurs d'automo-biles et où il existe une industrie auxiliaire florissante.

Ford choisit la Roumanie plutôt que l'Espagne

Page 16: OUMANIe · Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer à ses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Sauvages fut le rêve le plus précieux des Roumains, ravagéspar un dilemme dont la version tranchante lancée par Cioran àParis ne faisant que tirer au clair: "Comment peut-on êtreRoumain?"

Perspectives roumaines; Du postcommunisme à l'inté-gration européenne, Sous la direction de CatherineDurandin, avec la collaboration de Magda Carneci (1989-2004). (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 25,5 euros, 304 p.).

Quinze ans de bouleversements. Membre de l'Otan, laRoumanie s'applique à intégrer I'Union Européenne en 2007.Un groupe d'experts, américains, français, moldaves et rou-mains venus d'horizons divers, anthropologie, économie, his-toire, sciences politiques, propose un état des lieux. Les ana-lyses portent sur le poids des mémoires, les évolutions identi-taires, les ajustements à l'ouverture occidentale et européenne,les comportements politiques, les incertitudes et les ambitionsdes intellectuels et des bâtisseurs de cathédrale... LaRépublique Moldave voisine est aussi étudiée.

Les processus de la privatisation en Roumanie et enBulgarie; Une transition confisquée?, Charles-Henri Lafont,(Coll. Entreprises et Management, 16,2 euros, 186 p.).

La Bulgarie et la Roumanie sont sans doute les paysd'Europe centrale et orientale les plus méconnus. Si on parlede leur spécificité, c'est pour mieux mettre en avant leur diffi-culté à "émerger". Ces deux pays ne sont-ils pas les seuls àavoir été écartés de la première vague d'élargissement deI'Union européenne à l'Est ? Au-delà de leurs problèmes struc-turels indéniables, il est intéressant de revenir en détail sur leprocessus économique de ces "transitions" et en particulier surles privatisations considérées comme la clef de voûte de laconstruction d'économies de marché prospères.

A l'Est du nouveau; La (re)production d'identités col-lectives et les questions linguistiques dans L'Europe post-communiste, Collectif - Préface d'Henri Boyer, (Coll. Langueet parole, 13 euros, 146 p.).

Au cœur de l'imaginaire ethno-socio-culturel intracommu-nautaire et intercommunautaire, les représentations partagéesde la/des langues occupent une place privilégiée ; ainsi, laquestion linguistique est une constante dans les Etatsconcernés par les contributions à cet ouvrage (qu'il s'agisse desEtats issus du Bloc soviétique ou de l'ex-Yougoslavie ou enco-re de la Roumanie). C'est de cette problématique qu'il est ques-tion dans cet ouvrage.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

16

Actualité

Social

Travailler change non seulement le niveau de vie des Roumains qui ont tentécette expérience, mais aussi leur mentalité, souligne un sondage fait parl'institut Gallup. "Ils sont près à démarrer une affaire et a en assumer les

risques, que ce soit dans le domaine du commerce, des services et, un peu moins, del'agriculture" conclut l'institut, relevant que 10 %, après leur retour au bercail, ontouvert une entreprise, 25 % sont décidés à le faire, alors que cette proportion n'est quede 3 % au niveau de l'ensemble de la population. 90 % des émigrés déclarent que pourréussir, il faut prendre des risques et 61 % que le travail a une importance très gran-de… un avis qui n'est partagé que par moins de la moitié de leurs concitoyens restéssur place. Plus même: si, à leur retour, ils sont beaucoup plus critiques à l'égard de lasituation en Roumanie, les émigrés sont pareillement beaucoup plus optimistes quandà l'avenir, alors que les autres sont habités par un pessimisme chronique qui leur faitbaisser les bras et soupirer: "C'est de pire en pire".

Des départs en trois vagues

Les sociologues ont observé que l'immigration roumaine s'est effectuée en troisétapes, depuis 1990. Limitée dans un premier temps, entre 1990 et 1995, touchantenviron cinq pour mille des Roumains, principalement issus des villes, elle concernaitsurtout des hommes entre 30 et 55 ans, ayant fait une école professionnelle ou le lycée,et partant vers Israël et la Turquie, recrutés par des officines d'intermédiaires.

Dans une seconde vague, de 1995 à 2002, les regards des candidats à l'émigrationse sont tournés vers l'Italie, puis toujours Israël, et l'Espagne. Leur nombre a doublé etles hommes étaient toujours les plus nombreux alors que les immigrés illégaux consti-tuaient la moitié des effectifs (53 %) contre 34 % dans la période 1990-1995.

Avec l'accès libre à l'Espace Schengen - troisième vague - travailler à l'étrangerest devenu un phénomène de masse, touchant entre 1 et 2,8 % de la population par an,les jeunes de moins de 30 ans constituant le plus fort contingent et les femmes faisantleur apparition, obtenant à 90 % des emplois comme femmes de ménage. Trois foisplus importante qu'il y a quatre ans, cette immigration prend aussi un caractère tem-poraire et touche maintenant en priorité les campagnes, le nombre de diplômés de l'en-seignement supérieur ayant choisi de s'exiler ayant beaucoup baissé.

Sans surprise, on constate que ce sont les régions les plus pauvres, la Moldavie(Iasi) et l'Olténie (Craiova), qui alimentent en priorité le flux migratoire, mais aussi leBanat (Timisoara), pourtant région la plus développée du pays, mais proche géogra-phiquement d'un Occident toujours tentateur.

Environ 1,8 million de Roumains expatriés

Au total, en 17 ans, un Roumain sur dix a eu une expérience de travail à l'étran-ger, et le nombre de ceux qui ont tenté l'aventure a été multiplié par six, bien qu'ilsaient appris que gagner de l'argent implique de travailler beaucoup plus durementqu'en Roumanie. On estime à environ 1,8 million les Roumains expatriés actuelle-ment, souvent temporairement, l'Italie étant la première terre de destination (34 %),devant l'Espagne (20 %). Près d'1,5 million, soit 8 % de la population, envisagent dele faire, mais pour la moitié, il s'agit davantage d'un espoir, alimenté par l'exemple desproches qui ont émigré, que d'un plan bien arrêté.

Environ 7 % des familles roumaines vivent des revenus des immigrés. En dehorsde ceux qui ont décidé d'investir dans une affaire, l'argent amassé sert en priorité àconstruire ou rénover une maison . Quant il en reste, pour la moitié des familles, il estdestiné à l'achat d'appareils électro-ménagers et, pour un tiers, à celui d'une voiture.

Depuis le 1er janvier dernier, lenouveau contrat de travail collectifprécise le niveau minimum dessalaires qui doit être pratiqué suivantla formation. Ainsi pour un employédiplômé universitaire, il ne pourraêtre inférieur à 350 € brut, soit 260 €net, ce qui représente deux fois lesalaire minimum (165 € brut et 120€ net, 1 € brut par heure et 0,75 €net). Le personnel qualifié ou ayantfait des études secondaires touche-ra, au minimum, 1,2 salaire mini-mum, des études supérieurescourtes, 1,5. Cette base de calcul estvalable jusqu'en 2010.

Salaire minimum à 120 € net

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ZALAUARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

BISTRITA Partir travailler à l'étranger change lesmentalités et donne l’esprit d’initiative

Roumanie avec les Editions l'Harmattan

Le journal Cotidianul écrit dans unarticle intitulé ''11 compagnies rou-maines dans le Dow Jones'', queselon Stere Farmache, directeurgénéral de la Bourse des ValeursBucarest (BVB), Dow Jones Indexeset Wilshire Associates ont inclus, le 2janvier 2007, plusieurs compagniesde Roumanie dans les indices DowJones Wilshire Global, ce qui les ren-dent plus intéressantes aux yeux desinvestisseurs. L'indice comprend 12449 compagnies de 59 pays et ilreflète l'évolution de l'économie mon-diale dans son ensemble. Parmi les11 compagnies roumaines il convientde citer Transelectrica, BancaTransilvania, Biofarm, La Banque rou-maine de Développement (BRD-Société Générale), Antibiotice,Petrom, Rompetrol Raffinage.

La Roumanie, qui a accueilli le sommet francophone en sep-tembre dernier, ne pouvait pas mieux terminer l'année 2006.C'est l'une de ses ressortissantes, aujourd'hui également

Française, Mariana Cojan Negulesco, qui a obtenu le prix Saint Exupéry2006 de la Francophonie pour son petit recueil de contes de Creanga,ouvrage bilingue, publié à la fois en France et dans le pays d'origine, doncla Roumanie, comme l'exige le règlement. L'écrivaine et traductrice a reçuson prix début décembre. Mariana Cojan Negulesco met depuis de nom-breuses années son talent au service de la culture roumaine qu'elle veutfaire connaître et comprendre aux enfants français, traduisant, adaptant descontes et légendes de son pays natal. Pas moins de neuf recueils en françaissont déjà parus dont La revanche du pain (2004), La petite bourse auxpièces d'or (2003), Conte des Carpates (1996), Le méchant Zméou(2001); ces quatre re-cueils bilingue sont parus dans la collection Légendesdes mondes, L'Harmattan; Mes années de sagesse (2004), Conte desenfants qui cherchent le bonheur (2006) publiés chez Albin MichelJeunesse. La franco-roumaine a écrit également pour les jeunes français unroman intitulé Au temps de Dracula (L'Harmattan Jeunesse, 2000).

Titulaire d'un doctorat en lettre à la Sorbonne, Mariana CojanNegulesco a fait ses études universitaires à Bucarest, devenant professeurde français dans son pays où elle a notamment publié une méthodologie del'enseignement de notre langue. Depuis son installation en France, elle arenoncé à l'enseignement pour devenir traductrice et interprète. Pour mieuxfaire connaître la littérature de son pays, elle a monté une "conférenceanimée" qu'elle présente aux associations qui en font la demande, avec uneamie comédienne française, Marie Rousseau.

Mariana Cojan Negulesco, 9 rue de la Première Division française libre,94 160 Saint-Mandé; Tel: 01 43 74 68 48 ou 06 12 46 32 81; e-mail: [email protected]

Mariana Cojan Negulesco reçoit le prix Saint Exupéry 2006 de la Francophonie

Parlant avec hauteur et détachement, surune chaîne de télévision, de sujets aussibien politiques que philosophiques,

Cristian Gava a impressionné ses compatriotes quilui auraient davan-tage donné quaran-te ans que les seizequi figurent à sonétat civil. L'ado-lescent est le plusjeune membre quel'Union des Ecri-vains n'ait jamaiscompté dans sesrangs. Cristianlisait dès l'âge de 4ans, publiait sespremières poésies,à 8 ans et s'apprête à sortir son premier roman, Laroute du bonheur. C'est surtout la dimension et ladiversité de sa culture qui le distinguent. CristianGava cite aussi bien Montaigne que Voltaire,évoque l'influence de Balzac et Dostoïevski et seréfère souvent à André Malraux.

Les critiques estiment cependant que l’adoles-cent doit encore mûrir son exepression littérairepour devenir un véritable écrivain.

A 16 ans, Cristian Gava est leplus jeune membre de l'Union

des Ecrivains Roumains

Onze compagnies roumaines dans le Dow Jones

Les “bons côtés” de l’émigration

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

PLOIESTI

Livres Michelin, Renault, Coca-Cola, Hilton en prise avec des mouvements sociaux

La maison d'édition L'Harmattan (5-7 rue de l'Ecole Polytechnique, 75 005Paris; www.editions-harmattan.fr, e-mail: [email protected]) a le mérite de faire découvrir en profondeur les sujets qu'elle abor-

de en proposant à ses lecteurs une panoplie impressionnante d'ouvrages, de recherchesQui en donnent le panorama le plus complet. Ainsi a-t-elle publié une dizaine de livresconcernant la Roumanie au cours du seul premier trimestre 2006 dont certains ne man-queront pas d'intéresser les passionnés de ce pays.

Roumanie 1944-1975, De l'armée royale à l'armée du peuple tout entier,Christophe Midan, préface de Catherine Durandin, (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 21,5euros,238 p.).

Le présent ouvrage se donne pour objectif d'analyser la construction de l'arméepopulaire roumaine pendant les trois premières décennies de son existence, c'est-à-dire du coup d'état du 23 août 1944, point de départ de l'infiltration communiste, jus-qu'en 1975, date à laquelle les transitions sont achevées et le modèle roumain "d'arméedu peuple tout entier" est bien arrêté. S'appuyant sur des textes d'époque, des docu-ments d'archives et sur les plus récents travaux roumains, il envisage la question sousun angle militaire mais surtout humain et s'attache à mettre en lumière le processus de"démocratisation" des forces armées.

L'épisode humanitaire roumain ; Construction d'une "crise", état des lieuxet modalités de sortie, Gautier Pirotte.(Coll. Questions contemporaines, 22 euros,265 p.). L'année 1989 fut un tournant du XXe siècle. Cette année, marquée par l'ef-fondrement des régimes communistes d'Europe centrale et orientale, s'acheva par unerévolution aussi spectaculaire qu'ambiguë en Roumanie. Ce soulèvement, apparem-ment populaire, a déclenché une vague humanitaire massive et brutale à I'Ouest qui seprolongea quelques mois encore après la découverte d'orphelinats mouroirs ou s'en-tassaient des enfants, laissés pour compte de la politique sociale du régime deCeausescu. Cet épisode n'est pas dénué d'intérêt pour I'action humanitaire, ouvrant cechamp à de nouvelles qualités professionnel1es.

Villages roumains, Entre destruction communiste et violence libérale, GérardAlthabe. Alina Mungiu-Pippidi. (Col1. Anthropologie critique, 22,5 euros, 266 p.)

Cet ouvrage décrit un monde rural roumain qui pendant près d'un demi-siècle aété modelé par le communisme et qui depuis treize ans est confronté à une réinsertiondifficile dans le marché capitaliste. Le mouvement historique dans lequel la paysan-nerie a été investie, en particulier depuis la fondation de I'Etat moderne à la fin du19ème siècle, a été reconstitué, et l'entrée programmée dans I'Union Européenne estreplacée dans la singularité de cette temporalité nationale.

Bucarest-Paris-Niamey et retour ou Souvenirs de 42 ans d'exil (1948-1990),Neagu Djuvara. (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 31 euros, 370 p.) Ce livre est le récit dra-matique - mais non dénué d'humour - des pérégrinations de l'auteur depuis qu'il a"choisi la liberté" jusqu'à son retour en Roumanie. Trois volets se présentent: 1- 1948-1961, le désarroi du patriote roumain devant la faiblesse des Occidentaux face à l'in-solente agressivité des Soviétiques. 2- 1961-1984, Conseiller diplomatique au Niger;aspects inédits de la naissance de I'OUA ou de la guerre du Biafra ou sur des person-nalités comme Sékou Touré, etc. 3- Choc des retrouvailles avec la Roumanie d'aprèsCeausescu; peinture au vitriol de la nouvelle "classe politique".

Les dilemmes de l'identité aux confins de l'Europe; Le cas roumain, MonicaSpiridon, (Coll. La philosophie en commun, 16,5 euros, 188 p.).

Comment peut-on être ce que l'on est? Tactiquement reformulée par Valéry, lafameuse question soulevée par Montaigne n'a jamais cessé de stimuler tel ou telimaginaire collectif à projeter des espaces originaires mémorables et des scénogra-phies symboliques élaborées. Ne pas être perçus par les Européens comme de Bons

Les éditions L’harmattan propo-sent également les 2 ouvrages sui-vants, dans la même collection :

Bucarest et l'influence françai-se; Entre modèle et archétypeurbain 1831-1921, B. Andrei Fezi.(Coll. Aujourd'hui l'Europe, 36 euros,456 p.)

Il y a plus d'un siècle, Bucarest vitau rythme de la France. Entre 1831et 1921, l'administration, la législationurbaine et l'enseignement urbain sontinspirés du modèle français. La plu-part des architectes roumains fontleurs études à Paris et un nombreimportant de bâtiments sontconstruits dans la capitale roumainepar des architectes français ce quivaudra à Bucarest le surnom de"Petit Paris des Balkans".

L'héritage urbain de Ceausescu;Le Centre civique de Bucarest,Ioana Iosa. (Coll. Aujourd'huil'Europe, 16 euros, 188p.).

En 1989, Ie communisme s'ef-fondre en Roumanie, ainsi que danstoute I'Europe de I'Est. LesRoumains héritent du deuxième bâti-ment de la planète en surface, ainsique d'une des plus grandes avenuesau monde. Il s'agit respectivement dela Maison du peuple et du boulevardde La Victoire du socialisme, réunisen un ensemble appelé Le Centrecivique de Bucarest. Celui-ci est denos jours le plus cité dans la plupartdes présentations de la Roumanie.Ioana Iosa le situe dans le contextede sa création (politique, idéologiqueet urbaine) et suit ses modificationsde sa naissance jusqu'à aujourd'hui.

Mieux connaître la

Pour les passionnésd’architecture

S'estimant exploités, leurs salaires insuffisants, leursconditions de travail trop dures, leurs droits syndi-caux non respectés, les employés des multinatio-

nales relèvent la tête, même si leursactions sont pour l'instant moins efficacesque dans le secteur public. Le mouvementa commencé voici deux ans; il s'étendaujourd'hui avec des grèves spontanées. Al'époque encore, Carrefour faisait la chas-se aux délégués syndicaux, mais aujour-d'hui le personnel n'hésite plus à se mettreen grève, comme celui de Renault-Dacia,mécontent de voir que la productivité quia augmenté de 180 % en 2006 ne s'est tra-duite que par de faibles augmentations desalaire. Chez Philip Morris Romania, lesdélégués syndicaux ont intenté un procèsà la direction réclamant le paiement de 250 000 € représentantdes arriérés de salaires, primes de nuit, de week-end sur 3 ans.

Des mouvements sociaux ont été engagés l'an passé àl'Hôtel Athénée Palace-Hilton pour des augmentations jugéeségalement trop faibles. Les syndicalistes de Coca-Cola

Romania avaient même commencé une grève de la faim enavril 2005, leur directions refusant de procéder à une augmen-tation de 18 %. Fin janvier, la Fédération des syndicats libres

du commerce s'est élevée contre unfinancement de 100 M€ accordé sanscontre-partie sociale par la BERD(Banque Européenne pour laReconstruction et le Développement) à lachaîne de magasins allemande Kaufland,indiquant que celle-ci obligeait sesemployés à ne pas se syndiquer, imposaitdes normes de travail impossibles à tenir(lecture de 40 codes-barre à la minute),sous peine de licenciement.

L'usine de Zalau (Salaj) de Michelin- l'une des trois que le groupe détient enRoumanie - est également actuellement

au centre d'un conflit, une action en justice ayant été engagéecontre la direction pour, selon le leader syndical Adrian Ilies,"exploitation jusqu'à l'épuisement des travailleurs, menacesde licenciement en cas de non-respect des normes de produc-tion, obstruction à l'activité syndicale".

L'affaire Wear Company n'estpas courante: 300 employéeschinoises d'un atelier de

confection de Bacau ont décidé de fairegrève. Certaines auraient par ailleurs vio-lenté leur patron et sont sur le point declaquer la porte

Fin janvier, Sorin Nicolescu, ledirecteur de la société de confectiontextile Wear Company de Bacau,affirmait avoir été "attaqué à coups defourchettes et de cuillères" par plu-sieurs dizaines de ses employées chi-noises.

Il comptait porter plainte contrecelles qui l'ont agressé. Tout a com-mencé vers le 20 janvier, quand les300 employées chinoises qui logentau sein même de l'entreprise, ont com-mencé une grève afin d'obtenir une aug-mentation de salaire conséquente (700euros) et de meilleures conditions de tra-vail.

Face à leur détermination et, d'aprèsSorin Nicolescu, à leur "attitude violen-

te", la direction de la société a décidé derenvoyer les protestataires dans leur pays.Prêt à payer leur billet retour en Chine,Sorin Nicolescu avait résilié le contrat de280 d'entre elles. "J'attends déjà 300 nou-velles employées, toujours de Chine, à

partir du 15 février", avait-il déclaré. Pourtant les représentants syndicaux,

ceux de l'ambassade de Chine à Bucarestet la direction de la société pensaient êtrearrivés à un accord il y a quelques joursen proposant un nouveau contrat assurant

un salaire d'environ 650 euros - cinq foisle salaire moyen net - au lieu des 250euros que ces employées chinoisesgagnaient jusqu'à présent.

Les spécialistes sont partis

A la mi-2006, Wear Companyavait fait la une de plusieurs quoti-diens nationaux après avoir recrutéces 300 ouvrières chinoises, suite à lapénurie de main-d'œuvre locale.

Une tendance qui pourrait s'ac-centuer car plusieurs autres sociétésroumaines, notamment dans le BTP,pensent déjà à recruter des ouvriersvenus d'Asie. Concernant le secteurtextile, Maria Grappini, présidente del'Agence patronale de l'industrie texti-

le, estime que "les grands investissementsont besoin d'une main d'œuvre de qualitéqui ne se trouve plus en Roumanie car lesmeilleurs spécialistes sont déjà partis àl'étranger."

F.C. (www.lepetitjournal.com)

Trois cent ouvrières du textile se mettent en grève et agressent leur patron

Les employés des multinationales relèvent la tête

Social

Les Chinoises de Bacau se rebiffent

L’usine Michelin de Zalau.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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"Tu te souviens certainement de notre collègue, l'institu-teur F… et de cette journée glacée d'hiver où j'ai été convoquéavec lui au Comité départemental du Parti communiste. Il n'apas accepté la carte du Parti et ses traces se sont perdues dansles prisons. Sa femme et ses jumeaux ont tant souffert ! Moi, jen'avais pas pris ce risque. Ce manque de courage m'avaitaffecté profondément. Accepter de vivre deux vies parallèles :une en moi et l'autre à l'extérieur n'a pas été facile".

Cette duplicité acceptée ne suffira cependant pas à sauverl'innocence des enfants devenues adultes. Ioana cherche à sedéfendre d'une quelconque compromission volontaire: "Noussommes entrées dans les rangs, nous avons été endoctrinéesparce que nous étions innocentes. Je laisse tourner dans matête cette idée, jusqu'à ce qu'elle devienne convaincanted'abord pour moi-même et puis pour les autres".

Mais les questions persistent et Ioana harcèle sa sœur quin'est rien d'autre pour l'occasion que son miroir, son double:"J'espère que le jour est proche où tu arriveras à te libérer ente dévoilant sans réticences, écrit-elle notamment à Mara.C'est comme cela qu'on arrivera à mieux cerner la périodeque tu préfères garder sous silence aujourd'hui. Tu as étéentraînée plus haut que moi dans la hiérarchie. As-tu acceptédes compromis ? Qui n'en a pas accepté ? Etait-il possible queles individus restent non impliqués ? Ceux qui affirment ne pasen avoir accepté sont des hypocrites, car les papillons dont laguillotine n'a pas coupé les ailes furent rarissimes".

Le difficile choix de partir

Ioana raconte ensuite son passé de pionnière puis son métierd'ingénieur qui la conduit parfois à travailler au plus près durégime; notamment lorsqu'elle doit mettre en évidence l'excel-lence des résultats de la production départementale à l'occa-sion de la venue du Conducator dans sa ville, ou lorsqu'ellereconnaît sur un chantier, auquel elle participe comme cadretechnique, un ancien camarade de faculté devenu prisonnierpolitique. Dans les deux cas, elle tait son désaccord et son res-sentiment. C'est qu'il en va de son poste, de sa vie, de sonfils… Alors la vie continue ainsi !... Jusqu'au jour où, toute-fois, la coupe est pleine. Les années 80 sont dures. Le pièges'est refermé sur ceux qui ont cru un temps aux mensongesd'Etat. Le pays tout entier est dans une impasse noire.

A ce moment-là du livre, on aurait aimé que les deuxsœurs nous en disent un peu plus sur leurs conditions de vied'alors et, surtout, sur leur état d'esprit de sœurs coupables. Iln'est pas là question d'un quelconque voyeurisme de lecteurmais plutôt d'un désir de voir s'approfondir une démarcheengagée d'honnêteté et d'autocritique.

Après tout, il ne dut pas être si facile que ça, pour Ioana,de quitter son pays dans une situation à laquelle elle avait toutde même contribué pour une part. L'intérêt pour son fils et sonavenir passa avant le nécessaire combat pour la liberté àacquérir en Roumanie. Rester debout n'eut-il pas été d'agirainsi ? Délicate question dont la réponse n'appartient qu'à ceux

qui se la posent dans les conditions requises. Impossible dejuger de l'extérieur. Affaire de conscience personnelle. Ioanadécide donc d'émigrer. Le syndrome paternel refait surface. Ils'agit de sauver les enfants. En l'occurrence, un fils. Et ne pasen faire un papillon sans ailes de plus. Peut-être était-ce effec-tivement la bonne solution !...

Française… à durée déterminée

Après avoir graissé la patte à la Securitate pour qu'elleferme les yeux sur cette sortie à trois sans retour prévisible,l'installation en France ne va pas de soi pour la famille deIoana. C'est tout d'abord la précarité professionnelle qui l'at-tend. Ainsi Ioana, d'ingénieur chimiste en Roumanie, en vientà faire quelques heures de repassage par semaine.

Des a priori persistants chez certains Français l'affectentégalement: "Tous ceux qui viennent de l'autre côté du rideaune sont que des criminels, des voleurs, des traîtres ou desextrémistes de droite". Par chance, il y a aussi les Français quise préoccupent du sort de la Roumanie et qui adhèrent à OVR(Opération Villages Roumains). Les Roumains de la diasporase révèlent êtreaussi un réconfortdans cette situa-tion d'émigrationdure à vivre. Etpuis, il y a cetteFrance qui estdécouverte danssa réalité. Il y a laLiberté, certes. Larichesse, certes.Mais aussi lescages d'escaliercrasseuses dans certains quartiers où se retrouvent les réfugiés.Les SDF dans la rue. Et puis la discrimination au travail.

Etrangère, femme et d'un certain âge, Ioana ne voit pas sesmérites récompensés lorsqu'elle parvient à faire ses preuvesdans une entreprise qui l'a embauchée pour une durée déter-minée. La seconde partie du livre porte d'ailleurs beaucoup surcette réalité du monde de l'entreprise en France. C'est queIoana n'a pas renoncé à progresser professionnellement. Maisce sera en vain car jamais il ne lui sera accordé en France unposte à durée indéterminée.

Au total, l'émigration se solde-t-elle par un constat defaillite ? Pas tout à fait car il y a Andrei, ce fils aimé qui a réus-si son parcours universitaire et qu'il a fallu soutenir pour faireces études afin qu'il n'ait pas à souffrir. Ne souffrira-t-il pas decette surprotection parentale et d'un monde professionnel cruelmême avec les diplômés ? Cela reste à prouver.

Bernard Camboulives“Semper Stare”, Roman témoignage de Cornelia Petrescu,

L'Harmattan - Lettres danubiennes, 2006. Traduit du roumain parl'auteur avec l'aide de Dominique Gigot. 340 pages, 29,5 Euros

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

18

SSociété

La direction de l'usine IMARd'Arad (ancien combinat de transfor-mation du bois) a décidé de conser-ver les meubles qui y avaient étécommandés début 1989 pour l'anni-versaire de Ceausescu et devaientprendre place dans son bureau dufutur Palais du Peuple (CasaPoporului), estimant qu'ils faisaientpartie du patrimoine du pays- Ilsseront exposés dans un pavillonconstruit à cet effet.

De nombreux acheteurs de l'é-tranger s'étaient manifestés, notam-ment anglais. Parmi eux, le chanteurElton John. L'ancienne direction s'é-tait proposée de les mettre en ventepour 300 000 €, un prix qui avaitdécouragé les potentiels acquéreurs.

Ces meubles - un bureau, unebibliothèque et un fauteuil - pesanttrois tonnes, avaient été réalisés ensix mois, sous la conduite de quatrechefs de projets, trois architectes, etrequérant l'intervention de 18 sculp-teurs... le tout sous la surveillancecontinue de la Securitate.

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

HUNEDOARA

CLUJARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEAPLOIESTI

SUCEAVASATU MARE

PITESTI

Evénements

deboutA Dumitra, deux siècles

Les meubles destinésà Ceausescu resteronten Roumanie

En 1997, Irina, 22 ans, du village de Dumitra (Judet de Bistrita-Nasaud),mère d'un enfant, mariée à Marian Lungu, 17 ans, était surprise à ramasser("voler" dira le procès-verbal) un sac de pommes de terres dans un champ.

Elle avait été condamnée à un an de prison. Comme elle était enceinte, l'exécution dela peine avait été retardée jusqu'à la naissance.

Angoissée à la perspective de laisser sa famille et d'être incarcérée, la jeunefemme et son mari ont entrepris d'avoir d'autres enfants… cinq depuis cette époque,retardant d'autant l'échéance. Pendant ce temps, Marian, qui se battait pour entretenirsa famille de plus en plus nombreuse, entreprenait toutes les démarches pour obtenirla grâce de sa femme, écrivant aux procureurs, juges, policiers chargés de l'enquête,élus.

Il se rendit même à la porte du palais présidentiel de Cotroceni, à Bucarest. Quece soit Constantinescu ou Iliescu, la réponse a été invariablement la même: "Votredemande a été repoussée". La dernière, identique, est arrivée fin janvier de Basescu.Il ne restait plus à Irina, après dix ans d'affres qu'à prendre le chemin de la prison. Cequ'elle va éviter pour l'instant… puisqu'elle est maintenant enceinte de cinq mois, pourla huitième fois.

Voici un an, Carmen Paunescu, femme de l'actuel sénateur et ancien barde deCeausescu, Adrian Paunescu, tuait pratiquement toute une famille au volant de son 4x 4, en doublant une file de voitures alors qu'un véhicule venait en fac; un colonel tuaitcinq personnes dans des conditions équivalentes. Tous les deux ont été condamnés àdes peines avec sursis.

Gigi Becali, Sorin Ovidiu Vântu et bien d'autres, qui ont volé des centaines demillions d'euros au pays, n'ont pas effectué un seul jour de prison.

Le personnage de Jean Valjean, qui a inspiré Victor Hugo, existait réellement. Ils'appelait Pierre Maurin et fut condamné à cinq ans de bagne pour avoir volé un painafin de nourrir les sept enfants affamés de sa sœur. Cela se passait en 1801... etl’Union Européenne n’existait pas encore.

L'adhésion à l'UE va mettre unterme aux grandes transhu-mances sur les principales

routes du pays, nationales eteuropéennes.Ainsi en ontdécidé les auto-rités sanitaireset vétérinairesr o u m a i n e s ,arguant de lal é g i s l a t i o ne u r o p é e n n e .Les véhiculestransportant lest r o u p e a u xdevront êtredotés d'unsystème de ventilation, effectuer aumoins deux poses en 24 heures et, au-delà de deux jours, un arrêt sera obliga-toire dans une ferme spécialement

équipée. Les moutons ne pourront pas,non plus, aller paître sur les terrainsprivés. En outre, la transhumance ne serapermise qu'avec un judet voisin (autre-

fois, les bergerse m m e n a i e n tleurs moutonsj u s q u ' e nA n a t o l i e ) ,après quel'itinéraire aitété approuvépar les autoritésde tutelle etqu'elles aientobtenu l'assu-rance que lestroupeaux ont

été vaccinés et déparasités. La commer-cialisation des produits d'origine naturel-le (lait, fromage) ne sera possible quedans le judet d'origine des animaux.

Réglementation européenne oblige: les moutons interdits sur les grandes routes

ONESTI

BRAN

R. VALCEA

BACAU

BISTRITAaprès, Jean Valjean s'appelle Irina

sœurs, l’une immigrée en France, l’autre demeurée au pays

Ceausescu n’est jamais “rentré” dans ses meubles... pour cause de révolution.

La France... ce sont aussi les SDF dans les rues.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Avec "Semper Stare" ("Toujours Debout"), Cornelia Petrescu brosse le por-trait autobiographique d'une Roumaine émigrée en France, écrivant à sa

sœur. Son objectif était "d'exprimer sa propre réalité en passant son auto-biographie par un filtre imaginatif". Aussi, n'est-on pas surpris de voir cohabiter,lecture faisant, une structure littéraire fictive et des souvenirs qui, eux, sont réels.

La structure fictive consiste en un dialogue à distance sous forme de lettreséchangées par deux sœurs, l'une restée au pays, l'autre émigrée en France. Ce ne sontpas là seulement deux espaces géographiques qui sont ainsi mis en confrontation mais

aussi deux tempéraments. L'une des deux sœurs,Ioana, celle qui vit désormais en France, à la veineplutôt poétique tandis que Mara, la sœur restée aupays, pense plutôt en historienne. Ainsi sont réunieslà les deux tendances de l'esprit indispensables pourtenter d'approcher la vérité au plus près, loin de toutevérité révélée par des certitudes intangibles.

Et des questions, Ioana s'en pose et en pose àsa sœur. Par exemple, celles-ci: Comment assurerl'avenir de nos enfants sans leur laisser méconnaîtrele passé ? Comment leur expliquer le mécanismeféroce dont nous avons été à la fois complices et vic-times ? D'emblée, ce roman séduit car il se situe dansun questionnement que tout Roumain ne peut éviterqu'au prix d'une malhonnêteté. L'avenir ne pourraêtre assuré sainement en Roumanie qu'en portant ceregard sur le passé.

Une famille prise dans la tourmente de l'histoire

Et ce passé est douloureux. C'est la guerre qui est d'abord évoquée par les deuxsœurs qui échangent des souvenirs d'enfance; leur enfance à Calinesti, village deBucovine habité en grande partie par des paysans ukrainiens et où le père est institu-teur. Les armées ne tardent pas à défiler en ce très beau coin de Roumanie.

C'est tout d'abord, en 1941, l'ordre du dictateur Antonescu donné aux armées rou-maines de franchir le Prut avec les Allemands d'Hitler pour récupérer la Bessarabie.C'est ensuite, à partir de 1944, l'arrivée de l'armée soviétique avec son cortège demisères. Les fillettes sont sans leur père, mobilisé, puis retenu comme prisonnier enURSS. Puis vient l'exil avec leur mère à travers le pays pour fuir les envahisseurs.

Jamais, pourtant, la haine ne semble emporter cette famille prise dans la tour-mente de l'histoire. Les Juifs sont montrés du doigt dans le pays pour leur collabora-tion avec les Rouges mais dans une lettre échangées entre les deux sœurs les chosessont remises à leur juste place: "Il est possible que, par réaction de défense, les Juifssoient devenus communistes en nombre plus important. Comme le disait notre père,les Roumains ne tardèrent pas non plus à côtoyer les puissants dès qu'ils comprirentqu'on n'avait pas le choix. Nous avons compris très tard que c'était cette maudite dic-tature qui était l'ennemie commune de tous ceux qui avaient vécu en paix autrefois".

La duplicité d'un père pour épargner ses enfants

La figure du père est d'ailleurs importante dans le témoignage des deux sœurs.C'est un homme usé et amaigri qui revient de sa détention en URSS et c'est un hommevaincu qui doit faire face à la dictature. Celle-ci le contraint à choisir la duplicité pourépargner un sort détestable à ses enfants.

C'est ce qu'il explique à sa femme dans une lettre jamais envoyée mais retrouvéeaprès sa mort en 1982:

Livres

La Roumanie revisitée après lachute des Ceausescu et le constatbrossé par Cornelia Petrescu à tra-vers son personnage de Ioana n'estpas des plus encourageants.

Il y a tout d'abord "cette publicitéenvahissante pour Coca-Cola qui nes'est pas gênée pour défigurer etcontaminer ce pays pur et pauvre,retardé et superbe. Et puis il y a lepauvre Roumain qui est tombé faci-lement dans le piège de celui qui etsprêt à faire n'importe quoi si c’estpour s'enrichir".

Au total, le livre de CorneliaPetrescu est une réussite car il a lemérite d'offrir des pistes deréflexions à tout Roumain qui voudrabien chercher à mieux comprendreson passé pour se préparer un ave-nir meilleur. Même si elles restentencore à approfondir, son livre portedéjà la marque du recul nécessaire.

De plus, les Français peuventaussi se sentir interpellés car ils sontinvités, tout autant que les Romains,à se poser quelques questions sur lemonde qu'ils sont en train d'offrir àleurs enfants.

Rester debout finalement, pourles uns comme pour les autres, n'estpeut-être rien d'autre que ce regardporté sur soi par l'autre.

Ce regard d'émigré qui observederrière lui celui qu'il était (et qu'iln'est déjà plus) et qui découvreautour de lui celui qu'il n'a pas envieforcément de devenir. Rester debout,c'est donc peut-être ce regard-là. Ceregard-là et sa prise en compte, biensûr.

B.C.

"Pays pur et pauvre,retardé et superbe"

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

19

SSociété

Lenteur des procédures, droits acquis, hostilité de l'opinion publique

BUCAREST

ORADEA

SATU-MARE

TIMISOARA

ARAD

R. VALVEA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

CALINESTI

PITESTI

CLUJ

Rester FOCSANI

BISTRITA

Des familles aristocratiques peinent toujours àrecouvrer leurs châteaux et propriétés en Europecentrale, nationalisés après la Seconde Guerre

mondiale. Ils poursuivent leur combat, mais beaucoup n'ontconnu jusqu'ici que des échecs cuisants. Malgré certainssuccès, les aristocrates buttent contre les lenteurs des procé-dures légales, les droits acquis ou l'hostilité de l'opinionpublique.

La Pologne n'a toujours pas de loi de restitution

En Pologne, 17 ans après la chute du communisme quiconsidérait l'aristocratie comme un "ennemi de classe", celle-ci attend toujours un loi sur les restitutions pour faire valoir sesdroits sur les fortunes ancestrales. La Pologne est le seul payspost-communiste à n'avoir toujours pas de législation destinéeà réparer "le pillage de l'Etat sur ses citoyens". Mais certainsaristocrates s'accrochent. Le duc Albert Czetwertynsky, soute-nu par plusieurs dizaines de partisans, a manifesté début juilletà Varsovie, devant l'ambassade des Etats-Unis. A cet endroit,au cœur de la capitale, se trouvait un palais de la familleCzetwertynsky jusque dans les années 50. Mais le régimecommuniste a accusé d'espionnage le père de l'actuel duc,Stanislaw, et a confisqué ses propriétés. Le site a été vendu auxEtats-Unis qui ont démoli le palais datant du XIXème siècle ety ont construit un bâtiment moderne.

Actuellement, moins de 40 % des Polonais sont favorablesà des restitutions, contre 60 à 75 % au début des années 90."Les gens se disent: pourquoi restituer leurs biens à ceux quivivent dans les palais, alors que moi et ma famille, on doit secontenter d'un appartement de 30 m2" rapporte un journaliste.

Le château de Bran rétrocédé à son ex-propriétaire, aujourd'hui Américain

En Roumanie, 90 % des quelque 128 000 demandes derestitution n'ont pas été satisfaites jusqu'à présent. Mais il y aeu des chanceux. Le célèbre château de Bran, connu comme laforteresse de Dracula, a été restitué en mai à son propriétaireDominic de Habsbourg (notre photo), le petit-fils de la reineMarie de Roumanie, aujourd'hui Américain et vivant auxUSA, 58 ans après avoir été confisqué par les communistes. Le

roi Michel se bat toujours pour récupérer son château de Peles,à Sinaia, mais on lui a rendu celui de Savârsin (judet d'Arad),où il a passé son enfance et où il séjourne fréquemment.

En Bulgarie voisine,l'ex-roi Siméon SaxeCoburg-Gotha, qui avaitquitté son pays en 1946pour y revenir d'exil il y aun peu plus de cinq ans etdiriger le gouvernementbulgare de 2001 à 2005,vit actuellement dans lepalais de Vrania à Sofia. Ila bénéficié d'une décisionde la Cour constitution-nelle de 1998 autorisant larestitution des propriétésroyales nationalisées.

La Hongrie a été poursa part le premier pays post-communiste à adopter, en 1991,une loi sur des compensations partielles des expropriations.Une agence d'Etat chargée du dossier a reçu à l'époque 817 811demandes de compensations partielles des expropriations.Celles-ci se sont alors chiffrées à 207 millions d'euros, suiviesd'une seconde vague de paiements en 1994.

En République Tchèque, 150 demandes successives d'un même requérant repoussées

En République tchèque, le descendant d'une famille aris-tocratique, Frantisek Oldrich Kinsky, né en Argentine, adéposé depuis 2003 pas moins de 150 demandes de restitutionde divers biens familiaux. Mais les requérants se heurtent dansce pays aux décrets Bénès, relatifs à l'expulsion de quelque2,5 millions d'Allemands de Tchécoslovaquie au lendemain dela défaite nazie, alors que la noblesse tchèque a souvent surl'arbre généalogique des branches allemandes.

Les décrets signés en 1945-46 par le Président tchécoslo-vaque de l'époque, Eduard Bénès, qui avaient confisqué lesbiens et privé de leur nationalité tchécoslovaque les Allemandsdes Sudètes, n'ont jamais été abolis.

Peter Kononczuk (AFP-Les Echos de Pologne)

Evénements

Les autorités roumaines ont retrouvé cinq bracelets de l'époque dace vieux d'environ 2.000ans qui avaient été dérobés du site archéologique de Sarmizegetusa Regia (le Alesia desDacs). Quatre d'entre eux ont été récupérés en juillet 2006 après avoir été rachetés à un

collectionneur américain de New York pour 236.000 euros. Ces joyaux, d'un kilo chacun et de 24carats, sont désormais exposés au Musée national d'histoire. Le cinquième a été retrouvé l'an passé

à l’occasion d'une exposition d'antiquaires au Grand Palais de Paris. L'inspectorat général de la police roumaine l'a présenté fin jan-vier, en présence du président Basescu. Bucarest serait encore à la recherche d'une dizaine d'autres bracelets du même type.

Trésors dacs récupérés

Les aristocrates d'Europe centrale peinent à retrouver leurs fortunes

La correspondance pathétique de deux

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Tsuica clandestine… “au pif” pour le fiscLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

Le château de Bran, plus connu sous le nomde château de Dracula, est à vendre pour60 millions d'euros et le Conseil départe-

mental de Brasov (centre de la Roumanie) étudiel'opportunité de l'acheter..

"Le château de Bran est très important pour letourisme de notre région. Nous avons mis en placeune commission, comprenant cinq membres duConseil, qui analysera à partir de la semaine pro-chaine l'opportunité de l'acheter", a déclaré de soncôté Aristotel Cancescu, le président du Conseil.

Début 2006, le château avait été restitué à Dominic de Hasbourg (68 ans), petit-fils de la reine Marie de Roumanie, 58 ans après avoir été confisqué par le régimecommuniste. Dominique de Hasbourg avait alors convenu avec le ministère de laCulture que le château resterait un musée pendant au moins trois ans et ne pourrait êtrevendu qu'à l'Etat roumain. Rebondissement à la mi-décembre, il a annoncé vouloir detoute façon vendre le château et a déposé une lettre d'intention auprès du Conseildépartemental de Brasov. De son côté, le ministre de la Culture et des Cultes, AdrianIorgulescu, considère que le prix demandé par Dominic de Hasbourg est "indécent etexagéré par rapport à la valeur réelle du château". Avant la rétrocession, le ministè-re avait estimé le domaine du château à 25 millions d'euros.

Ce château est crucial pour le tourisme du département de Brasov, il attire près de500.000 visiteurs par an, soit plus d'un million d'euros de recettes. Il doit sa notoriétéau prince sanguinaire roumain du 15ème siècle Vlad Tepes, dit l'"Empaleur", qui ainspiré le personnage de Dracula à l'écrivain irlandais Bram Stocker. Construit en1212 par les chevaliers teutoniques, le château a été offert en 1920 par les habitantsde Brasov à la reine Marie qui l'avait aménagé en résidence d'été.

En plus du château, le domaine comprend trois petites bâtisses, un terrain de plusde 70.000 m2, une collection d'objets d'art et des tableaux datant du 14ème siècle.

BUCAREST

ORADEASATU MARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

RESITA TARGOVISTE

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEAHUNEDOARA

Insolite

Plus de 3.000 locatairesBucarestois vont devoir quitter leurlogement dans le courant de l'année.C'est ce qu'a annoncé la mairie deBucarest qui prévoit la rétrocession àleurs propriétaires de maisons natio-nalisées pendant le régime commu-niste et la démolition de centaines delogements trop vieux. La municipalitécompte acheter environ 2.000 nou-veaux logements et reprendre 104hectares appartenant au ministère dela Défense pour construire plusieursmilliers d'appartements destinés auxpersonnes évacuées.

EvénementsLe patrimoine de la Roumanie menacéde passer dans des mains étrangères

Le château de Bran est à vendre pour 60 millions d'euros

Une enquête réalisée sur les jeunesde 15 à 29 ans et leurs attentesrévèlent leurs préférences pour

les Américains, 33,9 % d'entre-eux les met-tant en tête des étrangers avec lesquels ils semarieraient ou qu'ils souhaiteraient avoircomme parents. Suivent les Français(28,3 %), les Italiens (26,7 %), les Espagnols(25,8 %), les Anglais (25,6 %). Peu accepte-raient une union avec les Chinois (10,7 %),les Arabes (10,6 %), les Turcs (10,4 %), etencore moins les Tsiganes (6,5 %). 43 % nevoudraient pas avoir des drogués comme voi-sins, 36 % des homosexuels, 31 % desTsiganes, mais seulement 21 % refuseraientun voisinage avec des malades du SIDA ouporteurs du VIH.

Les jeunes préfèrent les Américains

Bucarest: plus de 3000 locatairesexpulsés

Un rapport d'Eurostat, le bureaueuropéen des statistiques, montreque la Roumanie enregistre toujoursl'un des taux d'accidents routiersmortels les plus élevés en Europe.Malgré des progrès, la Roumanie, laLettonie, la Lituanie et la Slovaquieont connu ces dernières années leplus grand nombre de tués sur lesroutes. La Roumanie (736 tués pour1 million de véhicules) et la Lettonie(752) sont les plus mal classées,alors que dans la plupart des paysde l'Ouest la moyenne est d'environ120-130 tués pour 1 million de véhi-cules. La construction d'un nouveauréseau autoroutier en Roumanie,devrait cependant réduire le nombred'accidents.

(www.lepetitjournal.com)

La Roumanie deuxième dans l'UEpour les tués sur les routes

Le prêtre orthodoxeDaniel Corogeanu (29ans), accusé en juin

2005 d'avoir provoqué la mortd'une nonne lors d'une séanced'exorcisme a été condamné hier à14 ans de prison ferme par le tribu-nal de Vaslui (est du pays). Quatrereligieuses, qui étaient présenteslors de ce rituel macabre, devrontpour leur part purger des peines de5 à 8 ans de prison. Selon lesaccusés, la jeune nonne était"possédée par le diable"; ils l'ontalors bâillonnnée puis enchaînéesur une croix pendant plusieursjours sans eau ni nourriture.

Prison ferme pour le prêtre exorciste

Janos Kocsi, un homme d'affaires hongrois excentrique prévoit de faireconstruire un château à l'endroit où la légende veut qu'Attila soit enterréet y a déjà acheté mille hectares de terrain dans les années 90. Construit

sur 6000 m2, l'édifice disposera de quatre tours de 28 mètres de haut, d'une salledu trône, d'une galerie des chevaliers, d'une salle d'armes, d'une chapelle, et seraflanqué d'un marché ainsi que d'un immense restaurant de 2800 m2. Le million-naire entend ainsi faire pièce à la Roumanie et à l'attrait de Dracula auprès destouristes, Attila "le fouet de Dieu" n'ayant, d'après lui, rien à envier à la réputa-tion de Vlad Tepes l'Empaleur quant à la terreur et la fascination qu'il inspire.

Autre argument garantissant le succès à ses yeux: la colline où les restesd'Attila seraient enfouis attire chaque année des milliers de pèlerins. Ses osse-ments provoqueraient des radiations, dégageant une énergie positive ayant laréputation de les guérir de leurs douleurs. Par ailleurs, Iapa Kincsem, seul joc-key dans l'histoire de l'hippisme à n'avoir jamais perdu une course y est né. Seuledifficulté pour les futurs visiteurs, le nom de l'endroit à retenir:Tapioszenmarton… c'est quand même moins simple que Bran.

Excédé par la corruption ambiante,un patron irlandais vivant enRoumanie a ouvert un bar dans le

centre de Bucarest qu'il a appelé "Faraspaga" ("Sans bakchich"), Strada GradinaIcoanei. Aidan Joyce adresse ainsi un pied denez aux fonctionnaires et politiciens qui l'ontsans arrêt volé ou taxé quand il a voulu s'éta-blir dans la capitale. Sa serveuse, Florentina,rend exactement la monnaie et donne unequittance à tous les consommateurs… ce quiles amène à lui laisser des pourboires.

L'Irlandais, qui est un des promoteurs dela campagne "Nu da spaga" ("Ne donnez pasde bakchich"), lancée l'an passé par l'ambas-sade britannique avec la collaboration desautorités roumaines, entend ouvrir dans laquartier un second bar à la même enseigne,destiné aux investisseurs étrangers qui selaissent entraîner par cette pratique.

Depuis le premier janvier, les paysans roumains nepeuvent plus fabriquer eux-mêmes leur tsuica,devant passer par un alambic agréé, acquitter des

taxes, et leur production étant limitée à un certain quota. Cetteréglementation a un tel succès auprès des bouilleurs de crû…que seulement cinq d'entre-eux se sont déclarés auprès de l'ad-ministration fiscale du judet de Gorj (Târgu Jiu), laquellesupervise l'affaire.

Dépité, le fisc a décidé d'envoyer ses inspecteurs à travers

la campagne pour débusquer les nombreux contrevenants, leurdonnant comme consigne de les repérer… à l'odeur d'alcoolémanant de la distillation. Ces limiers ne sont pas chauds pouraccomplir cette tâche, se doutant de l'accueil qu'ils vont rece-voir de la part de paysans remontés, qui fabriquent librementleur tsuica depuis des générations et ont peur de se voir confis-quer leur matériel. Faudra-t-il les faire accompagner par despoliciers, eux-mêmes se contentant de jouer le rôle de chienrenifleur ?

Dumitru Nicolae, le maire de Galati,s'enorgueillit du fait que sa villecompte le plus grand nombre de

couples ayant fêté leurs noces d'or dans le pays,1100 ayant déjà été comptabilisés en 2006. Pourles recenser, la municipalité a décidé de leurattribuer un prix de 130 € s'ils venaient sedéclarer en mairie. Du coup, l'administration n'apas eu à consulter les registres, septuagénaireset octogénaires envahissant ses bureaux.

Cosmin Covaciu, préfet d'Alba, a appelé les habitants du judet pos-sesseurs d'un téléphone mobile doté d'une caméra vidéo, à filmerles comportements délictueux des policiers et des fonctionnaires,

notamment quand ils exigent des bakchichs, et de lui transmettre les enregis-trements en les envoyant sur son e-mail personnel [email protected] ou en lui téléphonant. Garantissant l'anonymat, le préfet a indiquéqu'il voulait créer des prix et récompenses pour les meilleures vidéos, assurantque les coupables ainsi révélés seraient déferrés à la justice. Il a justifié soninitiative en affirmant qu'elle résultait du souhait de la population que les diffé-rentes administrations du pays aient désormais "un comportement européen".

Noces d'or Policiers roumains vidéo-surveillés

Bakchich prohibé

Jaloux de Dracula

“Parti en UE”... mais maintenant

sans visa et avec laseule carte d’identité.

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SINAIA

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

GALATI

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

A. IULIA

CLUJ

IASI

MAIERU

SSociété

32 21

Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Le Comité Olympique et Sportif Roumain (COSR) s'apprête à déposer sacandidature pour l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 2022. Il areçu le soutien de l'ensemble des fédérations concernées et a effectué les

première démarches auprès du CIO qui doit envoyer ce mois-ci une mission d'exper-tise pour savoir si la demande roumaine est recevable.

Les dirigeants sportifs roumains se sont pris à rêver, déclarant que c'était unmoyen de revigorer les disciplines hivernales, mais ils ont gardé les pieds sur terre,énumérant tous les obstacles, dont le principal est le manque de structures adaptées.

Pour l'instant, il n'existe aucun site équipé qui pourrait servir de base d'accueil. Leplus récent est la piste de bobsleigh de Sinaia, homologuée en 1976 pour recevoir leschampionnats européens junior mais qui n'a pas été modernisée depuis et ne peutaccueillir que des compétitions nationales. Les deux seuls patinoires et anneaux devitesse du pays, à Miercurea Ciuc et Bucarest, peuvent au maximum organiser desrencontres internationales pour juniors, que ce soit en patinage artistique et de vites-se. Même chose en hockey sur glace où les stades ne seraient conformes que pour deschampionnats mondiaux de division B. Bien sûr, il est à prévoir que, d'ici 2022, laRoumanie aura décollé économiquement et que l'organisation des J.O. serait pour ellel'occasion de s'équiper et de développer les sports d'hiver chez elle. Un autre élémentest cependant à prendre en compte: le manque d'enneigement des Carpates.

Si la Roumanie en est à sa 1ére candidature olympique, ce n'est pas le cas de laBulgarie, considérée aujourd'hui comme plus pauvre. En 1984, Sofia s'était proposéeen vain d'organiser les J.O. d'hiver, après qu'Ivan Slavsko, gendre du dictateur com-muniste Todor Jikov ait pris les commandes du Comité olympique bulgare, ce quiavait entraîné les disciplines sportives concernées sur une pente ascendante par lasuite. La Bulgarie avait réitéré sa demande plus tard, coiffée sur le poteau de deux voixpar la France qui l'avait emporté, organisant les Jeux d'Albertville de 1992.

TG. JIU

Désormais la qualité des produits a autant d'importance que le prixSports La Roumanie veut organiser les Jeux Curieux, mais craintif dans un premier temps,

le consommateur roumain est devenu moderne et avisé

Se penchant sur l'évolution du consommateur rou-main depuis la "Révolution", la revue mensuelle dela Mission économique de l'ambassade de France à

Bucarest a discerné trois phases: de 1990 à 1998, de 1999 à2002, de 2003 à 2006.

Son analyse montre que dans une première étape (1990-1998) l'explosion des importations a généré la diversificationde l'offre sur le marché et la croissance galopante de l'inflation,en entraînant la baisse du pouvoir d'achat, le prix était le critè-re d'achat décisif; l'enrichissement de l'offre surprend unconsommateur non-expérimenté, curieux, réticent, craintif ence qui concerne son avenir, mais ouvert au nouveau.

Le premier contact du consommateur roumain avec lecommerce moderne se fait en 1995 (ouverture du premiermagasin Metro); en 1998 on enregistre un boom de la consom-mation, qui ne sera dépassé qu'en 2003.

Entre 1999 et 2002, seconde étape, la consommation setempère et se diversifie; le consommateur manifeste un besoinde changement, un vif intérêt pour la nouveauté et il commen-ce à découvrir les marques; en 2001: Carrefour ouvre le pre-mier hypermarché de Roumanie.

A partir de 2003 (3ème étape), la qualité devient aussiimportante que le prix en tant que critère d'achat. deux ten-dances se manifestent:

a) le surendettement (explosion des crédits immobiliers età la consommation, la préoccupation pour le confort et lasanté, le consommateur devient de plus en plus exigeant).

b) l'explosion HI-TECH (le commerce moderne se déve-loppe, ainsi que les affaires en ligne, le consommateur est inté-ressé par les TIC et par les gadgets).

2003 enregistre un nouveau pic de la consommation.

Des courses devenues hebdomadaires

A partir de l'année 2000, le consommateur roumain a com-mencé à changer, lentement mais sûrement, ses habitudesd'approvisionnement. Il réalise, de plus en plus, ses achatshebdomadaires dans des hypermarchés, des cash & carry, deshard discount, des supermarchés modernes, des magasins debricolage et dans des centres commerciaux de type "MALL".La valeur du marché de la distribution de produits alimentairesa plus que doublé pendant la période 2001-2006, passant de 5milliards d'€ à 11 milliards d'€. On observe la même tendan-ce pour le marché des produits non-alimentaires qui a aug-menté de 6 milliards d'€ en 2001 à 12,7 milliards d'€ en 2006.Le taux d'augmentation le plus important a été enregistré parles médicaments, suivis par les produits électroménagers, pro-duits IT&C, les textiles, les meubles et les cosmétiques.

Taxe de concubinage imposé par le pope pour les couples ayant "fauté" avant le mariage

Voici un an, sur la recomman-dation instante du prêtrePetrica Bratu, 37 ans, le

conseil paroissial de l'Eglise de la TrèsSainte Pieuse Paraschiva de Valea Sarii("La vallée du sel", judet de Vrancea) ainstitué une taxe de concubinage (taxa de"preacurvie", comme l'ont baptisée lesvillageois… du mot “curva” qui veutdire "putain" !) sur les couples se mariantà l'église et qui ont eu des rapportssexuels avant la cérémonie. Celle-ci variede 50 lei à 300 lei (16 à 100 €)… suivantl'état de la mariée. Si elle se présente“enceinte jusqu'au menton” ou tenant par

la main son enfant - d'après le texte mêmede la délibération ("cu burta la gura") - letarif maximum est appliqué.

Le pope, approuvé par le maire, sefrotte les mains: un an après son applica-tion, les couples "qui vivent dans lepéché" qu'il avait recensés dans sa parois-se sont passés de 20 à 8. Il se justifie endisant vouloir rétablir les traditions de l'é-glise et ne pas supporter que "les filles quisont passées des bras d'un homme à unautre, puissent se marier en blanc", assu-rant en avoir discuté publiquement avecles fidèles, qui se sont montrés d'accordpour ne pas "bagatelliser" la symboliquede pureté des habits de mariage ("bagate-lizeaza taina casatoriei").

Après des recherches dans lesarchives paroissiales, le Père PetricaBratu avait d'ailleurs découvert que, voiciun siècle, l'Eglise intervenait de la mêmefaçon dans la vie des fidèles, demandantaux popes de lui dresser la liste de ceuxqui ne venaient pas régulièrement à la

messe. De façon qui se veut plus prochede la réalité sociale, il a déclaré vouloiraussi lutter contre le sort réservé auxenfants nés de rencontres éphémères,abandonnés ou confiés à des grandsparents trop vieux ou alcooliques, àmoins qu'ils ne soient délaissés par leursgéniteurs qui se séparent pour aller tra-vailler en Italie ou Espagne.

Les jeunes de la commune ne l'enten-dent pas de cette oreille. "Qu'est ce queçà peut lui faire qu'on se marie en robeblanche, en blue jean ("blugi") ou en cos-tume national" s'emportent certains, tan-dis qu'une fille plus terre à terre lance "Tune vas quand même pas te marier chaquefois que t'as un petit copain!". Et de reve-nir aussi à des préoccupations plussociales: "Si on choisit de vivre en coupleillégitime, c'est qu'on n'a pas les moyensde se payer un mariage; çà coûte tropcher. Rien qu'à la mairie, il faut déjà ver-ser une taxe de 300 lei pour recevoir lecertificat prénuptial".

Vie quotidienne

Médaille de bronze du 1500 mètres en 2004 aux J.O.d'Athènes, Maria Cioncan, 30 ans, s'est tuée le 21janvier sur une route de Bulgarie, au volant de sa

voiture. Elle en avait perdu le contrôle et s'est s'écrasée contre unarbre. L'athlète revenait d'un séjour d'entraînement en Grèce. Le

masseur l'accompagnant est sorti pratiquement indemne de l'accident. Son entraîneuret son partenaire d'entraînement étaient dans une voiture la précédant. Les uns et lesautres se sont heurtés aux policiers de la route bulgare qui, pour appeler une ambu-lance, ont demandé de façon insistante, et à plusieurs reprises, un bakchich de 20 €.Les secours sont arrivés une heure et demie plus tard. Inconnue jusqu'aux jeux olym-piques d'Athènes, Maria Cioncan avait causé une belle surprise à la Roumanie en ter-minant troisième de la finale du 1500 mètres. A 28 ans, l'athlète, originaire de Maieru(judet de Bistrita-Nasaud), voyait ainsi récompensé une carrière où elle avait dû s'im-poser par elle-même. Ses parents, très modestes, n'avaient pas les moyens de lui payerune paire de chaussures de sports et, enfant, la fillette s'entraînait en courant après sasœur autour de son village et en dévalant les collines du voisinage.

Embrassant sa médaille de bronze, Maria avait déclaré "Peu de gens savent com-bien la vie est dure à la campagne. Cette médaille va tout changer pour moi", rajou-tant une phrase restée célèbre: "Nu voi mai umbla in opinci" ("Je ne marcherai plusjamais en sabots"). Une tragique ironie veut que ce soit au volant de la Skoda Feliciaofferte par son entraîneur à la suite de sa brillante performance d'Athènes que l'athlè-te ait trouvé la mort.

Disparition de Maria Cioncan, médaille de bronze du 1500 m à Athènes

Olympiques d'hiver de 2022

Bucarest et la Roumanie nepossédant pas d'arène sportive vrai-ment digne de ce nom, le projet exis-te de remplacer le vieux StadeNational, situé dans l'immense com-plexe sportif Lia Manoliu de la capita-le, par un stade ayant caractéris-tiques et capacités d'accueil à l'éche-lon européen.

Hélas, passant par la démolitiondu vieux stade, il se heurte sansarrêt à des obstacles alors que celle-ci devait débuter au printemps etprendre environ deux ans avec lareconstruction.

Les dernières en date sont sus-citées par la demande de restitutiond'un terrain au même endroit de 5 had'une firme privée, SC Faur. SA, quiaffirme en avoir été la propriétaire.

La suivante tient à la venueannoncée de deux "monstres " dushow-business, George Michael etles Rolling Stones, dont les concertssont prévus respectivement les 14mai et 14 juillet. Les organisateursespérant attirer le plus grand nombrede spectateurs et réaliser un maxi-mum de bénéfices pour ces deuxévénements "phares" artistiques del'année, regardent donc du côté duStade National, lequel est la plusgrande enceinte sportive du pays. Cequi retarderait d'autant le démarragedes travaux de démolition.

Le futur stade aura une capacitéde 50 000 places, sera destiné aufootball et au rugby et disposerad'une piste d'athlétisme et de deuxtribunes. Son coût initial est estimé à160 000 €.

Les Rolling Stonescontrarient la démolition du Stade National

M. CIUC

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIeActualitéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Crucifix, icônes, voire petits autels, ont fleuri dans les écoles roumaines -pratiquement toutes publiques - après la "Révolution", la présence de cesobjets religieux étant interdite à l'époque du communisme. Leur envahis-

sement a amené des protestations et un débat vif s'est engagé dans le pays à ce sujet,qui promet de prendre de l'ampleur. Le Conseil National pour Combattre lesDiscriminations (CNCD) s'en est emparé pour recommander que "les symboles reli-gieux ne puissent être présents que lors des cours de religion ou dans les établisse-ments à vocation religieuse". Son président, Csaba Ferenc Aztalos a insisté: "LaRoumanie est un état laïc qui se doit de respecter tous les cultes en manifestant la plusstricte neutralité".

Ce n'est évidemment pas le même son de cloche du côté de l'Eglise OrthodoxeRoumaine (BOR) où on indique que les icônes ont été introduites, non pas à la suited'une loi, mais à la demande des parents et qu'elles répondent au caractère profondé-ment chrétien du pays, orthodoxe à 85 %. Des prêtres ont rajouté que leur présencen'avaient rien de discriminatoire car si elles apportaient une aide spirituelle aux élèvescroyant en Dieu, elles n'étaient considérées que comme de simples tableaux par lesautres… Ce qui a justement fait réagir un professeur, relevant qu'il existait ainsi deuxcatégories d'élèves et donc bien discri-mination: ceux qui recevaient une aide etceux qui n'en avaient pas.

Les esprits s'échauffent ainsi surfond de véritable laïcité et le gouverne-ment, qui en est pourtant garant d'aprèsla constitution, se garde bien de prendreparti, s'en lavant même les mains, àl'image du ministre de l'éducation MihaiHârdau: "Ces symboles ont pris placedans les salles de cours sans interven-tion de l'Etat qui n'a pas légiféré à cesujet… qui ne le concerne donc pas".Prenant ses "responsabilités", il a indi-qué: "C'est une initiative de la sociétécivile qui devrait relever davantage des autorités communales", ajoutant même "uneintervention du ministère serait totalement déplacée car elle apporterait une restric-tion à la liberté de conscience et d'opinion". Le ministre a promis cependant de sou-mettre le problème à la commission de l'Enseignement du Parlement.

Connivence entre Pouvoir et Eglise

Pour certains observateurs, ce débat a des racines plus profondes, remontant à laconnivence qui existait entre l'Eglise orthodoxe et le Pouvoir à l'époque du commu-nisme, l'histoire de ces relations n'ayant jamais été abordée depuis la chute du régimede Ceausescu. Les successeurs et héritiers du dictateur, pourfendeurs de la religionauparavant, sont devenus subitement ses défenseurs après les évènements dedécembre 1989, se précipitant dans les églises pour recevoir bénédiction sur bénédic-tion devant les fidèles… qui étaient aussi les électeurs.

Dans un pays avide de retrouver la libre expression de sa foi et qui avait porté lareligion au premier rang de ses valeurs, nouvelle nomenklatura et hiérarques ecclé-siastiques compromis ont ainsi conforté mutuellement leur situation et intérêts, faisantoublier qu'ils avaient des comptes à rendre.

Des parents d'élèves en guerre contre McDonald's

Plus de quatre cents parentsd'élèves de différentes écoles de Clujont fait circuler une pétition s'élevantcontre les méthodes des Fast-foodspour séduire et fidéliser leursenfants, estimant qu'elles menaçaientleur santé. Visant plus particulière-ment McDonald's, ils exigent quecelui-ci mette fin à ses pratiquesdans les établissements scolaires, dela maternelle aux collèges. Par lebiais de tournois sportifs ou autresactivités qu'il sponsorise, le géant dela mal-bouffe en profite pour s'intro-duire dans les écoles et mettre envente ses produits. Le ministère adéclaré que ce comportement n'étaitpas de son ressort mais de celui desétablissements; toutefois, un députéa déposé un projet de loi pour interdi-re cette façon de faire qui aurait étéutilisée dans plusieurs judets.

L'obésité des enfants est un sujetqui commence à inquiéter dans lespays de l'Est. En Pologne, ce sontCoca-Cola et Pespsi-Cola qui ontemployé des méthodes similairespour promouvoir leurs boissonssucrées auprès des élèves et en fairedes consommateurs dépendants.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

VASLUI

SUCEAVA

BACAU

PITESTIPLOIESTI

CLUJ

De nombreuses icônes et autres symboles religieux ont envahi

les écoles après la "Révolution"

Tintamarre desgrands jours à lamairie de Timi-

soara à l'occasion de la pré-sentation d'un projet deconstruction d'une égliseorthodoxe au beau milieud'un ensemble de blocs dequatre étages du quartiercentral des Typographes, enlieu et place d'une aire dejeu pour enfants.

Des centaines defidèles, pour la plupart retraités, mobilisés par les prêtres, s'é-taient déplacés pour soutenir bruyamment ce projet, approuvépar la municipalité voici dix ans, mais qui n'a pas l'heur deplaire aux occupants des immeubles concernés, venus aussi enmasse exiger son retrait. La future église qui ne sera ni petite,ni une cathédrale, occupera le quart des mille mètres carrés dela superficie libérée et, avec ses 17 mètres de hauteur dépasse-ra celle des blocs, leur cachant le soleil. Les riverains, qui neseront séparés, au maximum, que d'une vingtaine de mètres del'édifice, ont dénoncé le manque de consultation à ce sujet etune procédure menée à la sauvette.

"Nous allons être obligés de vivre au rythme des messes,des mariages, des enterrements" s'est indignée une opposante,un autre évoquant les cloches qui feront vibrer les carreaux etles fenêtres qui devront toujours être fermées pour éviter lebruit. "Nous avons besoin de silence" se sont exclamés desriverains âgés, s'attirant la réplique d'un fidèle: "Mais ce silen-ce, vous pourrez le trouver dans l'église".

Un partisan du projet tenta de rassurer ses adversaires enindiquant que la construction demanderait au moins dix ans,au rythme de l'arrivée des fonds qu'il faudra réunir, provoquantune véritable levée de boucliers. Un autre n'eut pas plus desuccès, s'efforçant de convaincre en assurant que les archi-tectes trouveraient bien des solutions pour atténuer les nui-sances. Les riverains se sont montrés d'autant plus révoltésqu'aucun des partisans de la future église n'habitait dans lesimmeubles concernés.

L'architecte chef de la ville a justifié son choix en indi-quant qu'il n'y avait pas d'autre possibilité et que le projet étaitparfaitement légal. Imprudemment, il ajoutait qu'il n'auraitd'ailleurs rien eu contre, s'il avait habité dans les blocs, provo-quant une vague d'indignation. Mais personne n'a eu la pré-sence d'esprit de lui dire: "Chiche !".

Depuis la "Révolution", la construction d'églises à la pellesemble être devenue une priorité nationale en Roumanie.

Des églises construites à la pelle à travers tout le pays

Riverains mécontents… les fidèles se font sonner les cloches

Enseignement

Biserica Alba, Bucarest.

La laïcité en passe de devenir un débat national

Religion

Le plus grand hôpital privé de Roumanie a étéinauguré à Bucarest. Le Life memorial hospi-tal (10 millions d'euros), sera ouvert à la mi-

mars. Il offre une capacité de 100 lits, cinq salles d'opé-ration et 40 bureaux. Le montant d'une journée dans unechambre simple s'élève à 100 euros, 50 pour unechambre partagée, tandis qu'une opération de l'appendi-cite revient à 350 euros. Les chambres sont touteséquipées d'un ordinateur, d'internet, d'une télévision etd'une salle de bain. La société qui a financé cet hôpital aannoncé qu'elle ouvrirait cinq autres infrastructures dumême genre dans le pays d'ici deux ans.

Par ailleurs, à la suite de la demande d'une clientèleaisée de la région de Timisoara qui ne voulait plus êtreentassée à douze dans des chambres communes sor-dides, les toilettes étant au fond du couloir, plusieurshôpitaux et maternités publiques (Hôpital du judet etmaternité Bega) de cette ville ont entrepris l'aménage-ment de chambres individuelles, dotées également detout le confort. Il en coûtera entre 25 à 30 € par jour auxpatients… les listes d'attente dépassant déjà trois mois.Les travaux ont été financés par des fonds privés.

Hôpitaux de luxe

L'entrée dans l'UE offre de nouveaux horizons aux cadresmédicaux roumains, en simplifiant les formalités pour leurembauche. Les médecins peuvent ainsi espérer des salaires

dix fois supérieurs à ceux qu'ils touchent actuellement. A Iasi, unefirme de placement belge a saisi la balle au bond, recrutant du person-nel médical pour des hôpitauxbelges et français dans tout le nord estdu pays (Suceava, Botosani, Piatra Neamt, Iasi). Elle organise descours de français gratuits d'une centaine d'heures pour débutants ou deperfectionnement. Ils ont lieu chaque week-end, sont répartis sur sixmois, et à leur terme les postulants partent aussitôt dans les pays inté-ressés. Les nouveaux diplômés sont également recrutés.

Le contrat est signé directement avec les hôpitaux demandeurs,couvre une durée de deux ans et peut être transformé en engagementdéfinitif. Un salaire mensuel de 1200-1400 € est proposé aux assis-tantes médicales et infirmières pour 8 heures par jour, heures doublespendant le week-end avec repos compensatoire.

D'autres firmes de placement proposent le même genre de ser-vices, percevant une commission de 400 à 500 € payée souvent par leshôpitaux ou cliniques. Mais l'offre ne satisfait pas toujours les cadresmédicaux à la recherche d'un emploi bien rémunéré. Lors d'une réu-nion organisée à l'ANPE de Iasi, du personnel médical au chômage arenâclé devant le salaire proposé, citant l'exemple de collèguesgagnant 2500 € par mois en Italie.

Cadres médicaux recherchés pour la Belgique et la France

Santé

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ActualitéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Environnement

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTIORAVITA

ROSIA M.

SINAIA

Raz de marée des

En 2006, le groupe Gabriel Resources (RMGC) a entrepris une campagne depublicité à la télévision pour faire passer son projet auprès du public, avecl'aval du Conseil National de l'Audiovisuel (CNA), son budget étant estimé

à 5 M€. Les téléspectateurs ont ainsi vu, à de nombreuses reprises, une compagnie quilégitimait son action en se vantant de faire construire des écoles, des maisons pour lestravailleurs, de créer des emplois, de veiller sur la préservation de la nature, montrantdes enfants heureux allant à la pêche. Cesspots dénonçaient le comportement extrémis-te des organisations de défense de l'environ-nement, RMGC apparaissant à la fois commeune victime de leurs agissements et commeun sauveur de la région. Ils se terminaient parune scène d'euphorie générale, avec larmesde joie et de remerciements quant la popula-tion apprenait que le projet était approuvé.

Un scénario contreproductif

Mais ce scénario a été totalement contre-productif auprès des Roumains: le parlementavait invité le public a donné son avis sur unsite Internet ouvert pour la circonstance. Au22 janvier 2007, sur 6617 participants, 6409(96,86 %) dénonçaient le projet de RMGCqui, à leurs yeux, menace le milieu, le paysa-ge, le patrimoine, entraîne le déplacement dela population, etc. Une question revenait sans arrêt: quel était le niveau de corruptiondes autorités pour que le projet ait autant avancé malgré toutes les nuisances attendueset l'avis de nombreux spécialistes qui l'ont dénoncé ? Avec cette précision: "S'il va jus-qu'au bout, on aura confirmation de nos suspicions".

La chasse aux diplômés fait grimper les salaires

Propagande de dernière minute ?En tout cas le calendrier était serré:l'étude d'impact de la RMGC devraitêtre publiée le 25 mars, et le rapportd'adhésion la Roumanie à l'UE, enavril 2006… Il ne le sera finalementqu'à la fin de l'année.

Depuis, les choses n'ont pas évo-lué et un grand point d'interrogationsubsiste sur l'avenir de la vallée.Cette histoire en suspens de RosiaMontana atteste que les autorités rou-maines n'ont pas encore acquis lacapacité institutionnelle et la maturiténécessaires vis-à-vis de l'enjeu envi-ronnemental, pour appliquer correcte-ment la législation européenne et enparticulier les procédures EIA dans lecadre d'un projet aussi dangereuxpour l'environnement. Dès le départde cette affaire, la corruption a étételle qu'Alburnus Maior désespèred'entendre un verdict objectif de lapart des autorités roumaines qui vontdécider du sort de Rosia Montana.

Dès lors, comme il y a 15 ans faceà Ceaucescu, il appartient à la sociétécivile internationale de se mobiliserpour empêcher l'irréparable: enEurope, ou ailleurs dans le monde,puisqu'un cas très similaire est entrain de se jouer au Chili, dans lavallée de San Felix (Cordillère desAndes). Là aussi, un très vaste terri-toire naturel d'une qualité inestimablerisque la destruction totale pour lesintérêts de quelques investisseursfinanciers. L'avenir de notre planète etl'urgence de sauvegarder les res-sources naturelles qui lui restent, necommande-t-il pas que priorité soitdonnée à l'intérêt général ? "

Antoinette Brouyaux

La corruption à l'œuvre(Suite de la page 29)

Aller et revenir de l'école est unvéritable cauchemar pour les 24élèves du village de Dealu

Mare, dans le judet de Vaslui. Chaque jour,il doivent effectuer 14 kilomètres aller-retour à pied pour se rendre à Bârlad, la villela plus proche, traversant une forêt, longeantle dépôt d'ordures de la cité. Dans cetterégion reculée de Moldavie, le thermomètredescend fréquemment à - 30° en hiver et leretour à l'école se fait à la nuit tombée. Lesenfants, qui ont peur pour leur vie, sontobligés de partir le matin dès six heures.

Les autorités affirment vouloir réglercette solution, mais il s'agit pour l'instant desimples promesses. Quant au maire de lacommune de Zorleni, Petru Cretu, dontdépend Dealu Mare, il estime que la distan-ce est trop courte et la route trop mauvaisepour faire venir un mini-bus.

Enseignement

Les jeunesd ip lômésont l'em-

barras du choix, sur-tout les plus spécia-lisés qui peuventdésormais comparerles offres d'emploi

d'un marché pris d'assaut par les multinationales. La chasseaux cerveaux s'aiguise et les salaires continuent de grimper

Garder les meilleurs éléments de son personnel et en trou-ver d'autres aussi bons devient de plus en plus difficile pourune entreprise qui a besoin d'employés à forte valeur ajoutée.La venue constante de nouveaux investisseurs étrangers enRoumanie qui raflent les plus talentueux explique en partie unmanque de managers ou ingénieurs de haut vol sur le marchédu travail. Conséquence, les salaires augmentent très nette-ment d'une année à l'autre. Les spécialistes en ressourceshumaines évaluent à environ 15% la croissance des hautssalaires de 2006 à 2007 (source: Cotidianul).

Les universités ne “produisent” pas suffisament de cadres

Mais selon Andreea Lupan, directrice des ressourceshumaines de l'agence de recrutement Barnett McCall, "de nou-veaux expatriés qualifiés vont arriver, non pas d'occident mais

de Moldavie, d'Ukraine ou de Serbie, et leurs exigences sala-riales seront moins élevées."

Cette pénurie de main-d'œuvre concerne la plupart dessecteurs, notamment celui des technologies de l'informationqui a grand besoin de programmeurs spécialisés. Et bien queles jeunes cerveaux ne pensent plus autant à s'expatrier, lesuniversités techniques, comme la Politehnica de Bucarest, nepeuvent pas approvisionner tous les postes.

Ceci dit, la plupart des grandes multinationales implantéesen Roumanie sont depuis plusieurs années très attentives à lafidélisation de leur personnel et à leur formation.

"A l'heure actuelle, les entreprises de renom savent trèsbien qu'elles doivent motiver leurs meilleurs employés en leurproposant un salaire conséquent. Mais ce n'est pas tout, il fautaussi offrir un environnement agréable avec un minimum destress et un plan de carrière transparent", a déclaré au LPJMihai Popa, responsable développement chez Akela (logicielsinformatiques).

Et puis, il y a aussi ceux qui décident de voler de leurspropres ailes. C'est le cas de Bogdan Mihailescu, jeune trente-naire patron d'une petite société de consultant en éditiondepuis environ un an. "J'ai travaillé pendant plusieurs annéescomme responsable informatique pour une grande sociétéétrangère à Bucarest. Ils m'ont fait voyager, mon salaire étaitplus que convenable. J'aurais pu me contenter de cette bellesituation mais j'ai décidé de prendre mon destin en main".

Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com)

Les jeunes cerveaux ne pensent plus autant à s'expatrier

14 kilomètres à pied aller-retour par moins 30°

Depuis le 15 janvier, les lycéens préparant le bac et leurs professeursont accès à un site sur Internet du ministère de l'Education, leur don-nant les douze mille variantes de sujets, soit une centaine par matière

et option, qui pourront leur être soumis lors de l'épreuve de fin juin et de son rat-trapage, fin août. Les professeurs avaient jusqu'au 15 février pour faire part deleurs éventuelles remarques,chaque établissement recevant la version définitivedans un catalogue remis à l'ensemble des enseignants et des élèves concernés.

Cette initiative, une première en Roumanie a été applaudie par les organisa-tions de parents d'élèves, car elle donne un cadre approprié à leurs enfants pourbûcher le programme, devrait les familiariser avec l'épreuve, tout en diminuantleur stress, et les motiver. Quant aux professeurs, ils sauront aussi mieux préparerleurs élèves en sachant comment "mener leur barque".

Le ministre Mihai Hardau a pris cette mesure à la suite du scandale de l'anpassé qui a vu des lycéens arborer les sujets du bac 2006 avant de rentrer en salled'examen, ce qui a failli faire annuler l'épreuve. Ils les avaient acquis auprès deprofesseurs ou de commissions pédagogiques moyennant bakchichs. D'autres s'é-taient empressés de suivre les "méditations" (cours particuliers) donnés par desenseignants, sachant qu'en retour ils pourraient aussi disposer des sujets. Leministre espère ainsi couper l'herbe sous le pied à cette corruption ambiante quiaffecte aussi l'enseignement.

Les variantes de sujets du bac accessibles sur Internet depuis la mi-janvier

Internautes contre le projet

Evidemment, les compa-gnies minières promet-tent toujours de dépolluer

les sites qu'elles envisagent d'exploi-ter. Mais ne nous y trompons pas: enRoumanie, une telle promesse nesera crédible que moyennant le ver-sement d'une caution financière suf-fisante pour garantir la réhabilitationdes sols et le traitement de toutel'eau polluée pour la rendre confor-me aux normes européennes. Or la

RMGC n'a versé aucune caution financière pour garantir cette réhabilitation, et sastructure juridique, une cascade d'off-shores, permettrait de dissoudre les responsabi-lités en cas d'incident ou de catastrophe.

La RMGC a aussi promis de traiter les anciens résidus de l'exploitation minièreréunis en un "stérile" au bas de la vallée. Mais qu'en sera-t-il exactement? Lorsque lesgisements rentables seront épuisés, l'exploitation cessera probablement. Sa duréeannoncée pour 14 ans pourrait alors se réduire à 8 ans… Autant d'années de travail enmoins, pour les ouvriers. L'impact économique de cette activité n'est en réalité pasplus garanti que la réhabilitation environnementale que celle-ci nécessitera".

Des promesses qui ne valent rien

“Ce que Ceausescu avait commencé,Gabriel Resources veut le terminer.

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Des perspectives noires pour

Directrice du Comité PECO (Pays d'Europe Centrale et de l'Est), AstridHennekine a présenté et plaidé pour la mise en œuvre d'un programmeeuropéen en faveur des Tsiganes, lors des dernières rencontres nationales

d'OVR France qui se sont tenues à Reims, en novembre dernier. Elle a rappelé que laFédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gensdu voyage (FNASAT) avait initié, en juin 2006, une telle démarche pour le dévelop-pement d'initiatives locales (dans le domaine de l'éducation informelle) pour l'inclu-sion des Roms et des Voyageurs en Roumanie, Bulgarie, Slovaquie et France. Dansson intervention, que nous présentons ci-dessous, Astrid Hennekine avait fait l'état deslieux de la scolarisation et de l'accès à l'éducation des Tsiganes en Europe.

Sédentarisés sous le régime communiste

"La majorité des Roms enEurope Centrale et Orientale estdéfavorisée dans de nombreuxdomaines, notamment dans celui del'éducation, mais également danscelui de l'emploi, de la santé, del'accès aux droits sociaux. C'est unesituation qui n'est pas propre à cetterégion, puisqu'on la rencontre defaçon aussi dramatique, et de maniè-re moins spectaculaire, dans tous lesautres Etats européens. II est impor-

tant de rappeler ici que les Roms des anciens Pays Communistes ont été sédentariséssous le communisme et le demeurent pour la plupart aujourd'hui, contrairement à laFrance ou à l'Irlande par exemple (où les modes de vie nomades sont très répandus).

La question de l'éducation des Roms en Roumanie, Bulgarie et Slovaquie, pose leproblème plus large de l'intégration des Roms. En effet, le faible taux de scolarisationdes enfants roms implique un grand nombre de conséquences, dont un manque de qua-lification des jeunes et des moins jeunes et de ce fait, une marginalisation croissantedans des pays accédant à l'Union Européenne, qui connaissent des changements éco-nomiques importants.

Dès lors, il s'agît de se poser la question de l'avenir des communautés roms dansun tel contexte. La Slovaquie a été la première à être confrontée à cela, ayant intégrél'Union Européenne en 2004. La France, elle, connaît une remise en cause sérieuse deson modèle d'intégration des populations immigrées et plus généralement de certainescatégories de sa population (Jeunes, Gens du voyage...).

Les nouveaux membres de l'UE que sont la Roumanie et la Bulgarie connaissenteux-mêmes des frictions importantes entre la population majoritaire et les Roms,quand bien même ils ont ratifié les différentes conventions internationales contre ladiscrimination et des textes tels que la Convention Cadre pour la protection desMinorités (1992), la Charte régionale des langues minoritaires, etc.

Dépendants d'une aide sociale, en outre insuffisante

Certains Roms vivant encore de manière traditionnelle ou misant leur développe-ment sur les circuits de l'économie informelle, parviennent toutefois à maintenir ou àdévelopper un niveau de vie acceptable. Sans préjuger de la situation qu'ils connaî-tront dans l'avenir, force est de constater qu'ils ne connaissent pas le sort du plus grandnombre. Pour la grande masse des Roms, exclus depuis parfois une quinzaine d'année,hors des circuits du travail et, dès lors, hors de toute vie sociale au sein de la sociétéglobale, les perspectives sont noires.

Bien que la Roumanie soitmembre de l'UE depuis ce 1er jan-vier 2007, l'Union européenne ne vapas reconnaître de façon automa-tique les diplômes roumains. Chaquepays membre est libre d'évaluer lesétudes universitaires d'un autre pays.Par ailleurs, certaines professions(médecins, infirmières, architectes)sont sujettes à des réglementationseuropéennes. Jusqu'en octobre2007, la Roumanie devrait bénéficierd'une période de transition nécessai-re pour répondre à ces standardseuropéens. Car mis à part les méde-cins et les architectes, de plus enplus de métiers doivent se soumettreaux normes mises en place parBruxelles.

Minorités

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

VASLUICLUJ

En Roumanie, un enfant

Reconnaissance des diplômes

Zéno, un des piliers d'Alburnus Maior, héberge chez luides jeunes militants qui viennent passer l'été sur place. Ilraconte volontiers qu'il a refusé ces offres de rachat de sa mai-son, pour des montants astronomiques: "même pour un millionde dollars je ne revendrais pas mon bien. Toute ma famille estnée et vit dans ce village. C'est ici que je veux vivre, et pasailleurs".

Guerre d'usure…

C'est ainsi que chaque habitant de Rosia Montana "a choi-si son camp", et qu'on trouve sur 40% des bâtisses les petitesplaques bleues et jaunes indiquant "propriété de la RMGC".En face, les maisons qui n'ont pas été vendues arborent en vert"Aceasta proprietate NU este de vanzare" (cette propriété n'estpas à vendre).

"Ce n'est pas facile la vie ici au quotidien", expliqueRoritsa l'épicière, qui indique aux visiteurs solidaires où trou-ver les responsables d'Alburnus Maior. C'est que les hommesde la RMGC sont partout. Ils se sont installés dans les maisonsachetées et y développent des activités de relations publiques

et de loisirs, en attendant de pouvoirtout raser. "Celui-là, c'en est un",indique-t-elle discrètement. "Vouscomprenez, leur présence ici, c'estune guerre d'usure". C'est pourquoile soutien des jeunes volontairesRoumains ou étrangers est le bienve-nu. Pour le moment, les habitants deRosia Montana n'ont pas le droitd'ouvrir des gîtes, l'activité touris-

tique étant bannie de la vallée, vouée à la mine. Les respon-sables locaux ont en effet accordé beaucoup d'avantages à lacompagnie minière. Quant au gouvernement roumain, audépart, il était également favorable au projet. Ensuite, il aeffectué un retrait. Enfin, suite à un changement de gouverne-ment, les autorités roumaines se sont montrées à nouveauenclines à laisser la RMGC concrétiser ses intentions.

… Puis de tranchées

Fin 2004, Alburnus Maior qui mène des actions sur le planjuridique et bénéficie de soutiens internationaux, gagne unemanche. Le président de Gabriel Resources, Frank Timis, estcontraint de démissionner. Le 19 avril 2005, le travaild'Alburnus Maior se voit couronné aux Etats-Unis par le pres-tigieux Goldman Environnemental Price qui est remis àStéphanie Roth. Le 15 juin 2005, le tribunal du départementd'Alba Iulia suspend le certificat d'urbanisme octroyé à laRMGC, ainsi que d'autres décisions communales jugées illé-gales pour cause de conflit d'intérêt. Des investigations crimi-nelles concernant la RMGC sont engagées par l'état roumain.

Au Parlement européen on introduit des clauses de suividu processus d'adhésion de la Roumanie à l'Union

Européenne,suite auconstat parles députéseuropéens de divers problèmes, dont celui de Rosia Montana.Une délégation s'étant rendue sur place, elle a pu manifester auplus haut niveau son inquiétude quant aux incidences du pro-jet de la RMGC sur l'environnement: quid d'une éventuellecontamination au cyanure, de la réhabilitation du site après safermeture? Le Commissaire européen à l'élargissement OlliRehn manifeste également ses inquiétudes pour le projetindustriel, de même que le ministre hongrois de l'environne-ment, Miklos Persanyi, qui somme le gouvernement roumaind'éviter que se reproduise le scénario de la pollution au cyanu-re en 2000 de la Tisza. Cette pollution était issue du centreminier de Baia Mare en Transylvanie.

A Rosia Montana (photo du centre ci-dessus), le traite-ment prévu est similaire, à ceci près que le réservoir d'eau etde cyanure prévu par RMGC est quarante fois plus large quecelui de Baia Mare ! Depuis, début 2006, un autre accident estencore survenu en Tchéquie. En janvier 2006, une nouvellefuite de cyanure à Baia Mare passe presque inaperçue enRoumanie mais fait la Une des journaux hongrois. Mais,durant toute cette période, la Rosia Montana Gold Corporationa redoublé d'efforts pour trouver de nouveaux alliés: le gou-vernement canadien, début août 2005, puis Raphaël Girard,ancien ambassadeur du Canada en Roumanie qui est alorsengagé comme directeur de l'entreprise. Ses contacts dans lesambassades servent désormais les intérêts de la RMGC àBudapest et à Bruxelles…

Les règles européennes bafouées

En 2006, malgré les permis bloqués imposant un moratoi-re sur les destructions de maisons, celles-ci se sont poursui-vies. Les militants d'Alburnus Maior s'inquiètent du manquede volontarisme du gouvernement roumain qui laisse agir uneentreprise n'ayant pas encore la capacité juridique d'opérer.Les paysans se sont vus refuser l'accès aux pâturages pourleurs animaux, les terrains communaux ayant été offerts enconcession à la RMGC. Les services publics (école, santé) ontété réduits. Les activités économiques autres que la mine étantinterdites, tout est fait pour saboter ce qui reste de vie à RosiaMontana. Les hommes de l'or préparent le terrain, avec lacomplicité des autorités…

Celles-ci sont pourtant tenues de respecter et de faire res-pecter les directives européennes qui imposent une étude d'im-pact (EIA, Environne-ment Impact Assessment). Celle-ci, envertu de la convention d'Aarhus, impose une consultation de lasociété civile et de la population directement visée par le pro-jet. Cette consultation n'avait pas encore eu lieu, début 2006.Puis, elle a été "préparée" à grands renforts de publicités van-tant les mérites de la RMGC à la télévision roumaine et dansla presse. (Lire la suite page 30)

et une odeur de cyanureApuseni résiste toujours à la menace de sa destruction

POIANA-MARE

Le Ministère a fixé les nouvellesrègles pour les enseignants qui veu-lent devenir directeur d'école ou decollège. Ceux-ci devront avoir desdispositions pour la gestion, savoirutiliser un ordinateur et parler unelangue étrangère de circulation inter-nationale (anglais, français, espa-gnol, russe).

Pour poser sa candidature, il seranécessaire d'avoir une expérienced'au moins cinq ans dans l'ensei-gnement, obtenu le grade didactiqueII et présenter un projet pédago-gique. Les nominations seront faitespour quatre ans incluant une périoded'essai de 3 mois.

Langue étrangèreobligatoire pour lesdirecteurs d'école

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

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Environnement

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

ROSIA M.

une communauté hors des circuits scolaires et du travail

Leur niveau d'éducation scolaire, souvent très insuffisant,ne leur permet pas d'avoir accès à des emplois qualifiés. Ilssont dès lors, de plus en plus dépendants d'une aide socialeinsuffisante. Dans ce contexte, parmi d'autres mesures, l'accèsde leurs enfants à la scolarisation est, plus que jamais, perçucomme une priorité émancipatrice et comme une possibilitéd'intégration.

Souvent scolarisés avec les handicapés mentaux

Des lors, com-ment favoriser lapromotion et l'in-clusion des Romsen Europe ?Comment faire dudroit à l'éducationpour tous, une réa-lité pour les Romsdans l'Europe dedemain?

Force est deconstater que bon nombre de stratégies nationales à grandsrenforts de projets visant à scolariser les enfants Roms ontéchoué. Les chiffres sont éloquents; en Bulgarie, par exemple,seuls 15% des Roms effectuent leurs cursus secondaire et au-delà. Ce chiffre atteint 10% en Roumanie. L'une des premièrescauses de ce phénomène est l'inadaptation du système éducatifau mode de vie et à la culture roms.

En effet, dans les pays d'Europe Centrale etOrientale, deux types d'écoles coexistent; les écolestraditionnelles au sein desquelles la minorité rom estquasiment absente, et les écoles spécialisées. Celles-cisont en fait des structures pour "élèves en difficulté"(dans les faits, pour enfants handicapés mentaux), lesparents roms étant amenés à placer leurs enfants dansces écoles puisque les programmes sont plus faciles àsuivre et les frais de scolarité pris en charge.

Cette marginalisation scolaire a pour conséquen-ce d'accentuer le phénomène d'exclusion dont sont vic-times les Roms. La ségrégation spatiale produit une sur-repré-sentation de la minorité dans certaines écoles (les écoles spé-cialisées, notamment). En outre, les Roms qui parlent lalangue romani, connaissent souvent un retard scolaire impor-tant, les cours étant dispensés dans la langue du pays.

Transmission du savoir par les récits et l'expérience

Il ne s'agit pas ici de penser que nous devons éduquer lesRoms parce qu'ils seraient mal éduqués mais de répondre à unepréoccupation des communautés Roms et de nos sociétés surl'accès à l'éducation. Il est question de "droit à l'éducation".Un des rôles essentiels de l'éducation est de permettre au

potentiel de chacun de s'exprimer. Il faut dès lors faire un tra-vail pour que l'accès à l'éducation tienne compte de ce que sontet souhaitent les Roms. Ce travail consiste dans un premiertemps à comprendre de quelle manière se transmet le savoirchez les Roms.

Les Roms n'accordent pas une grande valeur à l'éducationdispensée aux enfants des "Gadjé" (non roms). Pourtant lasagesse et la connaissance sont très appréciées de la populationrom mais elles s'acquièrent et se manifestent différemment de

l'éducation traditionnelle. La sagesse est transmise parles récits et l'expérience des personnes âgées, sous formed'histoire, de mythes, de proverbes... La richesse cultu-relle des Roms, leur expérience, leurs normes éthiques etleur philosophie sont sauvegardées grâce aux récits.

Les enfants roms apprennent hors de l'école unefaçon d'être pleinement humain. Par l'expérience, seulsou plus souvent avec leurs proches, ils apprennent aussià cerner ce qui les distingue ou les rapproche des autresRoms. Ils apprennent enfin à prendre l'initiative ducontact avec les non-Roms et à se constituer grâce à euxun capital de relations sociales. C'est aussi hors de l'éco-le et au sein de leur milieu qu'ils acquièrent les connais-

sances techniques et le savoir-faire relationnel qui leur per-mettront de maîtriser les activités artisanales, artistiques oucommerciales nécessaires à leur existence, de les combiner augré des opportunités pour en tirer un juste revenu.

Définir un vrai projet de société

C'est cette édu-cation informelleprodiguée endehors de l'écolepar les parents et lacommunauté quidoit ainsi êtreappréhendée parles non-Roms quiélaborent les poli-tiques éducatives et

les appliquent. En effet, si on ne comprend pas que le modeéducatif chez les Roms (en considérant par ailleurs que ce n'estpas une minorité homogène) est bâti autour de trois exigences,"la nécessité de s'identifier parmi les siens et avec eux, lanécessité d'établir un contact avec les Gadjé, la nécessité dedévelopper des activités économique", ces politiques auront dumal à être appliquées. Parallèlement à cela, il est nécessaireque les préjugés issus des populations majoritaires (hommespolitiques, société civile) évoluent. Car c'est un fait: les Romsvivent l'obligation d'une adaptation permanente à la réalité desGadjé (sans que ces derniers soient tenus à la réciproque). Pourcela, le dialogue et la connaissance réciproque facilitent lareconnaissance de l'altérité, essentielle à la pratique de ladémocratie. (Lire la suite page 26)

tsigane sur dix fréquente le collège ou le lycée

L'or aura-t-il raison de la raison ?

"L'or, c'est nous ", clamaient en2005 les jeunes volontairesd'Alburnus Maior. Les 26-27 et 28août, ils réunissaient 10.000 per-sonnes à l'occasion d'un "Fan-fest " àRosia Montana. Mais cette année-là,la Roumanie a aussi connu quatreéprouvantes périodes d'inondationsqui ont ravagé ses territoires au prin-temps, en juillet, en août et en sep-tembre. D'autres problèmes accapa-raient les énergies dans le pays, etl'épidémie de grippe aviaire s'an-nonçait déjà. Pendant ce temps, dansles Monts Apuseni, les habitants deRosia Montana continuaient de subirla guerre d'usure menée par laRMGC…

Appel était donc lancé aux forcescitoyennes et politiques européennes,pour se mobiliser en faveur de celopin de terre qui ne contient plusbeaucoup d'or, mais bien de l'eau,des sols fertiles, des forêts, et surtoutdes habitants fiers de leurs traditionsséculaires, prêts à mettre les petitsplats dans les grands pour accueillirles touristes de plus en plus nom-breux qui visitent leur beau pays. Unappel toujours d'actualité ".

A.B.

Pour plus d'informations :www.rosiamontana.org

Possibilité d'interviewer une per-sonne impliquée sur place: contactMichèle Dujardin, habitante de Durnalqui possède une maison dans lazone concernée - tél. 083/69.92.07ou, en Roumanie de Roxana Pencea(00 40) 0/723 024 300; e-mail: [email protected] .

Au terme du raid cycliste "Delta 60" organisé le long du Danube par OpérationVillages roumains Belgique, en juillet 2005, Antoinette Brouyaux s'était rendue àRosia Montana, dans les Monts Apuseni, et en a ramené une synthèse, publiée enfévrier 2006, qui raconte l'histoire vraie d'un village roumain résistant encore ettoujours à la folie destructrice d'hommes attirés par l'appât de l'or. Ce récit, tou-

jours d'actualité, fait le point. Il est aussi un rappel sur des évènements qui durentdepuis 1995 et menacent toujours de disparition une vallée.

Quinze ans après la belle aventure citoyenne d'Opération Villages roumains- qui jouit d'une grande notoriété en Roumanie - le village de RosiaMontana réveille les mêmes sentiments de révolte et de solidarité qui

avaient animé les initiateurs des jumelages avec les villages roumains menacés de des-truction par Ceausescu. Cette fois, la menace est industrielle: dans cette région aurifè-re exploitée pour son précieuxminerai depuis l'Antiquité, unecompagnie détenue à 80% par desinvestisseurs canadiens, envisagede détruire 4000 ha pour extraireles dernières particules d'or de larégion.

Naissance d'une résistance

Dès 1995, les habitants deRosia Montana entendent parlerdes projets de ces investisseurs, et dans un premier temps, ils se réjouissent des pers-pectives de nouveaux emplois dans la région. Mais les tractations entre la compagnieGabriel Resources et les autorités roumaines sont obscures, les menaces de destruc-tion et de pollution de la vallée se précisent.

En effet, vu que la région a déjà été largement délestée de son or, l'extraction dece qu'il en reste ne peut se faire qu'à grand renfort de cyanide, qui polluerait les solssur une large échelle: construction de deux énormes barrages pour retenir les eauxempoisonnées, expropriation de 2000 personnes, destruction de quatre montagnes, etanéantissement de sites archéologiques remarquables. Pollution des eaux et des sols,désert écologique et économique après 10 à 15 années d'exploitation…

Peu à peu, ces perspectives inquiétantes mobilisent les énergies pour créer uneassociation de défense du village, Alburnus Maior, du nom donné au site par les colo-nisateurs romains. On est alors en 2000.

David contre Goliath

Françoise Heidebroek (notre photo page suivante), une Belge qui vit à Bucarestet possède une maison dans un village voisin, se joint à l'action d'Alburnus Maior etentreprend des recherches pour instruire le dossier. Elle contacte aussi des députéseuropéens tandis qu'une jeune militante de Greenpeace, Stéphanie Roth, s'installe àRosia Montana. Elle y accomplira bénévolement un énorme de travail de médiatisa-tion de l'enjeu, qui touche visiblement l'opinion publique Roumaine. Stéphanie estbientôt rejointe par Steffi, Sorana et d'autres étudiants de Cluj. Ceux-ci consacrentdésormais leurs vacances estivales à organiser marches de protestation et festivals quiamènent à Rosia Montana des dizaines de milliers de jeunes. Une nouvelle générationmilitante est née en Roumanie…

Entre temps, investisseurs canadiens et gouvernement roumain se sont joints pourcréer la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC). Dès 2002, la RMGC entreprendde racheter au prix fort les maisons des habitants, tandis que certains résistent.

A Rosia Montana, une vallée des

La fièvre de l'or

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Minorités

BUCAREST

ORADEA

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ARAD

SIBIU

IASI

HARGHITA

CONSTANTACRAIOVA

MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

T. MAGURELE

CLUJ

COVASNA

PLOIESTI

Valoriser l’acquis familialet les métiers traditionnels

(Suite de la page 25)Les acquis de cette transmission

familiale ne sont aucunement certi-fiés, même s'ils permettent la maîtri-se de réelles compétences. Dans unsecond temps, il serait donc opportunde réfléchir a une valorisation de cesdernières.

Comme il existe en France un pro-cessus de validation des acquis del'expérience (auquel les Gens duVoyage en France ont du mal à accé-der), ne pourrait-on pas imaginer unmode de certification de certaines deces compétences sachant que c'estla polyactivité qui caractérise leurcompétence professionnelle, laquelleleur assure une mobilité profession-nelle pour répondre à des opportu-nités (exemple; tour à tour, récupéra-tion de métaux, travaux agricoles sai-sonniers, marchés, nettoyage defaçades) ?

Ainsi, par les objectifs visés dansun programme éducatif, la questionde l'éducation est sous tendue par unvéritable projet de société. La seulesphère de l'école s'en trouvedépassée même si l'implication desfamilles dans cette institution doit êtrerecherchée et développée".

La caricaturiste Vali a grandi parmi les Tsiganes, entre 1960 et 1980. Safamille habitait au "Mahala" quartier roumain périphérique de TurnuMagurele, ville antique roumaine située au confluent de l'Olt et du Danube.

Seules l'école et sa rue le séparaient du "Tabon", quartier Tsigane longeant la voieferrée. Justement, c'est à cette école où les enfants des deux communautés étaientmélangées, suivant la politique mise en œuvre par Ceausescu, qu'il a pu fréquenter descamarades tsiganes de son âge. Un épisode de sa vie qu'il se remémore avec émotion.

"Nous avions des relations très directes et formions des groupes mixtes decopains. Les enfants tsiganes sentaient bienqu'ils étaient rejetés, que les parents roumainsinterdisaient à leur progéniture de les fréquen-ter; mais nous passions par dessus çà. Dansnotre quartier, les Tsiganes avaient un com-portement à l'emporte-pièce, un peu primitif;ils avaient un sens incroyable de l'honneur.S'ils t'aimaient, c'était pour la vie et ils te fai-saient une confiance absolue.

"Si tu les méprisais, tu pouvais t'attendre à toutes les crasses"

Ainsi, voici quelques années, un copain tsigane revenu d'Espagne m'a demandé sije voulais lui vendre la maison que je venais d'hériter de mes parents, sachant que j'ha-bitais à Bucarest. Je lui ai indiqué le prix que je voulais… et le lendemain il est reve-nu avec une brassée de billets - c'était encore l'époque des anciens lei - qu'il a déposéesur la table. J'étais pris de court… on n'avait pas vu le notaire. Je lui ai expliqué queje n'avais pas de papiers à lui donner et qu'il n'avait ainsi aucune garantie de son achat." On se connaît " m-a-t-il expliqué en riant. Il est reparti avec les clés… et les docu-ments de vente n'ont été signés qu'un an après !

Quant les Tsiganes décidaient d'être ton ami, ils étaient très fidèles ; c'était unerelation magnifique, meilleure qu'avec les Roumains. Lorsque je retourne à TurnuMagurele, ils accourent vers moi, tombent dans mes bras, me traînent au restaurant, àla fois fiers et heureux, mettent un point d'honneur à payer toutes les additions.

…Mais si tu les méprisais ou les rejetais, tu pouvais t'attendre à toutes les"crasses". Ils pouvaient venir en groupe, te racketter dans la cour de l'école, voler tesaffaires. Mais les violences étaient pratiquement limitées à leur communauté où il arri-vait qu'ils aillent jusqu'à s'entretuer.

Une ville fantôme où le troc a remplacé les lei

Après la "Révolution", les choses ont radicalement changé, comme leur cadre devie. Ils ont perdu les quelques points de repère qu'ils avaient. Leur comportement amalheureusement dégénéré, comme vous avez pu le constater en Occident où beau-coup ont émigré. Aujourd'hui, j'ai des copains d'école dont j'ai appris qu'ils étaient enprison en Allemagne ou ailleurs.

Turnu Magurele est un exemple criant de ces bouleversements. Toutes les usinesont fermé à l'exception d'une seule, de confection, qui emploie des femmes pour unsalaire de misère. Les hommes restent à la maison, mais le plus souvent partent enEspagne. Il ne reste guère plus que les vieux. Quant ils meurent, leurs enfants vendentleur maison qui sont rachetées en masse par les Tsiganes, grâce à l'argent qu'ils fonten Espagne. Tout le centre leur appartient, mais la ville est morte car ils sont le plussouvent partis. Les immeubles sont laissés à l'abandon, restent inoccupées. Turnu estdevenue une ville fantôme. C'est surréaliste. Elle retrouve vie l'été, pendant une semai-ne, quand les Tsiganes reviennent d'Espagne. Ils font alors une fête "à tout casser",jour et nuit. Personne ne dort. Puis ils repartent et Turnu retombe dans sa léthargie.

Le caricaturiste de "Jurnalul National"

Sur place, à cause de l'immense pauvreté et de l'absenced'argent, on a réinventé le troc. Le tailleur coud des vêtementspour le cuisinier qui, en contrepartie, fait à manger pour safamille. Par la force des choses, l'entraide et la solidarité d'unepopulation miséreuse ont remplacé les comportement indivi-dualistes des Roumains qui, auparavant, avaient un salaire,pouvaient faire des projets".

"Jules Verne m'a aidé à les comprendre"

Vali revient sur cette période qui lui a permis de se lieravec ses copains tsiganes, comme de nombreux autres enfantsroumains de son quartier: "Enfant, j'ai beaucoup lu; un voisinécrivain m'y encourageait. Je dévorais les romans de JulesVerne. J'étais subjugué par ses personnages qui ne faisaient pasde différence entre eux, étaient mis sur un plan d'égalité. Celam'a beaucoup aidé à en faire de même avec mes copains tsi-ganes. Je leur donnais un coup de main à faire leurs devoirs.

J'ai noté aussi leur fascination pour la culture. L'écrivainAlmicar Petrescu avait publié un livre sur la Roumanie sous ledictateur Antonescu, mettant en scène un bulibasa (chef d'une

communauté tsigane) qui avait été déporté dans les camps deconcentration de Transnistrie. La communauté tsigane en aacheté tous les exemplaires et, chaque été, comme les adultesne savaient pas lire, ils demandaient aux enfants scolarisésde leur faire la lecture des chapitres les concernant. Ils n'enrevenaient pas d'être incarnés par le personnage d'un livreet avaient ainsi le sentiment d'entrer dans la postérité. Cetépisode me fait penser au film de Kusturica "Le temps desGitans".

Moralité pervertie des uns et jalousie des autres

Les relations entre Roumains et Tsiganes de Turnu-Magurele ont aujourd'hui bien changé. J'ai le sentiment que lesvoyages en Europe ont perverti leur sens de la moralité de voi-sinage, de l'honneur; ils sont devenus aussi plus citadins,moins spontanés, moins nature, plus calculateurs. Et, de leurcôté, leurs voisins roumains, qui sont très pauvres, ont un sen-timent de jalousie quant ils les voient revenir les pochesbourrées de billets. Je crois que l'univers d'autrefois qui avaitson charme, sa poésie, a définitivement disparu".

a passé son enfance à Turnu Magurele, parmi ses voisins et copains roms

Vali: "Quand tu respectais

Depuis début février, les Magyars deRoumanie d'origine hongroise ont parti-cipé à un "référendum" concernantl'autonomie de leur région. Cetteconsultation, organisée par le Conseilnational des Sicules (CNS) et qui s'ap-parente davantage à un sondage d'opi-nion, n'est cependant pas du goût deplusieurs dirigeants politiques

Depuis le 10 février et jusqu'àdébut mars, les Magyarsd'une vingtaine de localités

de Transylvanie (centre du pays) sontappelés à se prononcer sur une éventuelle

autonomie territoriale. Le PrésidentTraian Basescu a déclaré, lors d'uneconférence de presse avec son homo-logue hongrois Laszlo Solyom en visi-te officielle à Bucarest, qu'il jugeait ceréférendum "illégal". Traian Basescu acritiqué cet "acte non constitutionnelsur le territoire d'un État indivisible etsouverain." De son côté, le Présidenthongrois a affirmé que "l'autonomieculturelle (était) quelque chose denaturel au sein de l'UE (…) tandis quel'autonomie territoriale n'est possibleque si elle est en accord avec la consti-tution nationale."

Une démarche jugée "inutile"

La Constitution roumaine reconnaîtles droits de 18 minorités garantissantainsi la préservation des traditions, et pré-voit leur représentation au Parlement.Interrogé par lepetitjournal.com, VarujanPambuccian, leader du groupe parlemen-taire des minorités nationales à laChambre des députés, estime que "ceréférendum n'a pas de sens puisque lesMagyars ne pourraient pas supporterfinancièrement le fonctionnement d'insti-tutions propres. Sans budget viable pour

assurer l'indépendance territoriale, lesminorités doivent se contenter de l'indé-pendance culturelle et rester rattachées àune entité plus importante." De son côté,le président de l'Union démocratique desMagyars de Roumanie (UDMR) MarkoBela a jugé cette consultation informelle"inutile" car elle ne rentre pas "dans lecadre de la légalité."

Mures, Harghita et Covasna

Les Magyars sont le principal groupeethnique constitutif de la Hongrie: neufmillions y habitaient en 2004. Après ledémembrement de l'empire austro-hon-grois en 1920, ils ont constitué une mino-rité nationale en Roumanie. Celle-cicompte 1,4 million d'individus, dont500.000 Sicules magyarophones qui seconcentrent dans trois départementsconcernés par le "référendum": Mures,Covasna et Harghita. Même si les résul-tats ne seront connus que début mars, leConseil national des Sicules assure que"100% des habitants des zonesconsultées jusqu'à présent se sontdéclarés d'accord avec l'autonomie."

Marianne Rigaux (www.lepetit-journal.com - Bucarest)

les Tsiganes, ils te vouaient une amitié à vie"

Référendum sauvage des Magyars sur l'autonomie

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CONSTANTACRAIOVA

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GALATI

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SUCEAVA

BACAU

PITESTI

T. MAGURELE

CLUJ

COVASNA

PLOIESTI

Valoriser l’acquis familialet les métiers traditionnels

(Suite de la page 25)Les acquis de cette transmission

familiale ne sont aucunement certi-fiés, même s'ils permettent la maîtri-se de réelles compétences. Dans unsecond temps, il serait donc opportunde réfléchir a une valorisation de cesdernières.

Comme il existe en France un pro-cessus de validation des acquis del'expérience (auquel les Gens duVoyage en France ont du mal à accé-der), ne pourrait-on pas imaginer unmode de certification de certaines deces compétences sachant que c'estla polyactivité qui caractérise leurcompétence professionnelle, laquelleleur assure une mobilité profession-nelle pour répondre à des opportu-nités (exemple; tour à tour, récupéra-tion de métaux, travaux agricoles sai-sonniers, marchés, nettoyage defaçades) ?

Ainsi, par les objectifs visés dansun programme éducatif, la questionde l'éducation est sous tendue par unvéritable projet de société. La seulesphère de l'école s'en trouvedépassée même si l'implication desfamilles dans cette institution doit êtrerecherchée et développée".

La caricaturiste Vali a grandi parmi les Tsiganes, entre 1960 et 1980. Safamille habitait au "Mahala" quartier roumain périphérique de TurnuMagurele, ville antique roumaine située au confluent de l'Olt et du Danube.

Seules l'école et sa rue le séparaient du "Tabon", quartier Tsigane longeant la voieferrée. Justement, c'est à cette école où les enfants des deux communautés étaientmélangées, suivant la politique mise en œuvre par Ceausescu, qu'il a pu fréquenter descamarades tsiganes de son âge. Un épisode de sa vie qu'il se remémore avec émotion.

"Nous avions des relations très directes et formions des groupes mixtes decopains. Les enfants tsiganes sentaient bienqu'ils étaient rejetés, que les parents roumainsinterdisaient à leur progéniture de les fréquen-ter; mais nous passions par dessus çà. Dansnotre quartier, les Tsiganes avaient un com-portement à l'emporte-pièce, un peu primitif;ils avaient un sens incroyable de l'honneur.S'ils t'aimaient, c'était pour la vie et ils te fai-saient une confiance absolue.

"Si tu les méprisais, tu pouvais t'attendre à toutes les crasses"

Ainsi, voici quelques années, un copain tsigane revenu d'Espagne m'a demandé sije voulais lui vendre la maison que je venais d'hériter de mes parents, sachant que j'ha-bitais à Bucarest. Je lui ai indiqué le prix que je voulais… et le lendemain il est reve-nu avec une brassée de billets - c'était encore l'époque des anciens lei - qu'il a déposéesur la table. J'étais pris de court… on n'avait pas vu le notaire. Je lui ai expliqué queje n'avais pas de papiers à lui donner et qu'il n'avait ainsi aucune garantie de son achat." On se connaît " m-a-t-il expliqué en riant. Il est reparti avec les clés… et les docu-ments de vente n'ont été signés qu'un an après !

Quant les Tsiganes décidaient d'être ton ami, ils étaient très fidèles ; c'était unerelation magnifique, meilleure qu'avec les Roumains. Lorsque je retourne à TurnuMagurele, ils accourent vers moi, tombent dans mes bras, me traînent au restaurant, àla fois fiers et heureux, mettent un point d'honneur à payer toutes les additions.

…Mais si tu les méprisais ou les rejetais, tu pouvais t'attendre à toutes les"crasses". Ils pouvaient venir en groupe, te racketter dans la cour de l'école, voler tesaffaires. Mais les violences étaient pratiquement limitées à leur communauté où il arri-vait qu'ils aillent jusqu'à s'entretuer.

Une ville fantôme où le troc a remplacé les lei

Après la "Révolution", les choses ont radicalement changé, comme leur cadre devie. Ils ont perdu les quelques points de repère qu'ils avaient. Leur comportement amalheureusement dégénéré, comme vous avez pu le constater en Occident où beau-coup ont émigré. Aujourd'hui, j'ai des copains d'école dont j'ai appris qu'ils étaient enprison en Allemagne ou ailleurs.

Turnu Magurele est un exemple criant de ces bouleversements. Toutes les usinesont fermé à l'exception d'une seule, de confection, qui emploie des femmes pour unsalaire de misère. Les hommes restent à la maison, mais le plus souvent partent enEspagne. Il ne reste guère plus que les vieux. Quant ils meurent, leurs enfants vendentleur maison qui sont rachetées en masse par les Tsiganes, grâce à l'argent qu'ils fonten Espagne. Tout le centre leur appartient, mais la ville est morte car ils sont le plussouvent partis. Les immeubles sont laissés à l'abandon, restent inoccupées. Turnu estdevenue une ville fantôme. C'est surréaliste. Elle retrouve vie l'été, pendant une semai-ne, quand les Tsiganes reviennent d'Espagne. Ils font alors une fête "à tout casser",jour et nuit. Personne ne dort. Puis ils repartent et Turnu retombe dans sa léthargie.

Le caricaturiste de "Jurnalul National"

Sur place, à cause de l'immense pauvreté et de l'absenced'argent, on a réinventé le troc. Le tailleur coud des vêtementspour le cuisinier qui, en contrepartie, fait à manger pour safamille. Par la force des choses, l'entraide et la solidarité d'unepopulation miséreuse ont remplacé les comportement indivi-dualistes des Roumains qui, auparavant, avaient un salaire,pouvaient faire des projets".

"Jules Verne m'a aidé à les comprendre"

Vali revient sur cette période qui lui a permis de se lieravec ses copains tsiganes, comme de nombreux autres enfantsroumains de son quartier: "Enfant, j'ai beaucoup lu; un voisinécrivain m'y encourageait. Je dévorais les romans de JulesVerne. J'étais subjugué par ses personnages qui ne faisaient pasde différence entre eux, étaient mis sur un plan d'égalité. Celam'a beaucoup aidé à en faire de même avec mes copains tsi-ganes. Je leur donnais un coup de main à faire leurs devoirs.

J'ai noté aussi leur fascination pour la culture. L'écrivainAlmicar Petrescu avait publié un livre sur la Roumanie sous ledictateur Antonescu, mettant en scène un bulibasa (chef d'une

communauté tsigane) qui avait été déporté dans les camps deconcentration de Transnistrie. La communauté tsigane en aacheté tous les exemplaires et, chaque été, comme les adultesne savaient pas lire, ils demandaient aux enfants scolarisésde leur faire la lecture des chapitres les concernant. Ils n'enrevenaient pas d'être incarnés par le personnage d'un livreet avaient ainsi le sentiment d'entrer dans la postérité. Cetépisode me fait penser au film de Kusturica "Le temps desGitans".

Moralité pervertie des uns et jalousie des autres

Les relations entre Roumains et Tsiganes de Turnu-Magurele ont aujourd'hui bien changé. J'ai le sentiment que lesvoyages en Europe ont perverti leur sens de la moralité de voi-sinage, de l'honneur; ils sont devenus aussi plus citadins,moins spontanés, moins nature, plus calculateurs. Et, de leurcôté, leurs voisins roumains, qui sont très pauvres, ont un sen-timent de jalousie quant ils les voient revenir les pochesbourrées de billets. Je crois que l'univers d'autrefois qui avaitson charme, sa poésie, a définitivement disparu".

a passé son enfance à Turnu Magurele, parmi ses voisins et copains roms

Vali: "Quand tu respectais

Depuis début février, les Magyars deRoumanie d'origine hongroise ont parti-cipé à un "référendum" concernantl'autonomie de leur région. Cetteconsultation, organisée par le Conseilnational des Sicules (CNS) et qui s'ap-parente davantage à un sondage d'opi-nion, n'est cependant pas du goût deplusieurs dirigeants politiques

Depuis le 10 février et jusqu'àdébut mars, les Magyarsd'une vingtaine de localités

de Transylvanie (centre du pays) sontappelés à se prononcer sur une éventuelle

autonomie territoriale. Le PrésidentTraian Basescu a déclaré, lors d'uneconférence de presse avec son homo-logue hongrois Laszlo Solyom en visi-te officielle à Bucarest, qu'il jugeait ceréférendum "illégal". Traian Basescu acritiqué cet "acte non constitutionnelsur le territoire d'un État indivisible etsouverain." De son côté, le Présidenthongrois a affirmé que "l'autonomieculturelle (était) quelque chose denaturel au sein de l'UE (…) tandis quel'autonomie territoriale n'est possibleque si elle est en accord avec la consti-tution nationale."

Une démarche jugée "inutile"

La Constitution roumaine reconnaîtles droits de 18 minorités garantissantainsi la préservation des traditions, et pré-voit leur représentation au Parlement.Interrogé par lepetitjournal.com, VarujanPambuccian, leader du groupe parlemen-taire des minorités nationales à laChambre des députés, estime que "ceréférendum n'a pas de sens puisque lesMagyars ne pourraient pas supporterfinancièrement le fonctionnement d'insti-tutions propres. Sans budget viable pour

assurer l'indépendance territoriale, lesminorités doivent se contenter de l'indé-pendance culturelle et rester rattachées àune entité plus importante." De son côté,le président de l'Union démocratique desMagyars de Roumanie (UDMR) MarkoBela a jugé cette consultation informelle"inutile" car elle ne rentre pas "dans lecadre de la légalité."

Mures, Harghita et Covasna

Les Magyars sont le principal groupeethnique constitutif de la Hongrie: neufmillions y habitaient en 2004. Après ledémembrement de l'empire austro-hon-grois en 1920, ils ont constitué une mino-rité nationale en Roumanie. Celle-cicompte 1,4 million d'individus, dont500.000 Sicules magyarophones qui seconcentrent dans trois départementsconcernés par le "référendum": Mures,Covasna et Harghita. Même si les résul-tats ne seront connus que début mars, leConseil national des Sicules assure que"100% des habitants des zonesconsultées jusqu'à présent se sontdéclarés d'accord avec l'autonomie."

Marianne Rigaux (www.lepetit-journal.com - Bucarest)

les Tsiganes, ils te vouaient une amitié à vie"

Référendum sauvage des Magyars sur l'autonomie

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

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Environnement

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

DEVA

ROSIA M.

une communauté hors des circuits scolaires et du travail

Leur niveau d'éducation scolaire, souvent très insuffisant,ne leur permet pas d'avoir accès à des emplois qualifiés. Ilssont dès lors, de plus en plus dépendants d'une aide socialeinsuffisante. Dans ce contexte, parmi d'autres mesures, l'accèsde leurs enfants à la scolarisation est, plus que jamais, perçucomme une priorité émancipatrice et comme une possibilitéd'intégration.

Souvent scolarisés avec les handicapés mentaux

Des lors, com-ment favoriser lapromotion et l'in-clusion des Romsen Europe ?Comment faire dudroit à l'éducationpour tous, une réa-lité pour les Romsdans l'Europe dedemain?

Force est deconstater que bon nombre de stratégies nationales à grandsrenforts de projets visant à scolariser les enfants Roms ontéchoué. Les chiffres sont éloquents; en Bulgarie, par exemple,seuls 15% des Roms effectuent leurs cursus secondaire et au-delà. Ce chiffre atteint 10% en Roumanie. L'une des premièrescauses de ce phénomène est l'inadaptation du système éducatifau mode de vie et à la culture roms.

En effet, dans les pays d'Europe Centrale etOrientale, deux types d'écoles coexistent; les écolestraditionnelles au sein desquelles la minorité rom estquasiment absente, et les écoles spécialisées. Celles-cisont en fait des structures pour "élèves en difficulté"(dans les faits, pour enfants handicapés mentaux), lesparents roms étant amenés à placer leurs enfants dansces écoles puisque les programmes sont plus faciles àsuivre et les frais de scolarité pris en charge.

Cette marginalisation scolaire a pour conséquen-ce d'accentuer le phénomène d'exclusion dont sont vic-times les Roms. La ségrégation spatiale produit une sur-repré-sentation de la minorité dans certaines écoles (les écoles spé-cialisées, notamment). En outre, les Roms qui parlent lalangue romani, connaissent souvent un retard scolaire impor-tant, les cours étant dispensés dans la langue du pays.

Transmission du savoir par les récits et l'expérience

Il ne s'agit pas ici de penser que nous devons éduquer lesRoms parce qu'ils seraient mal éduqués mais de répondre à unepréoccupation des communautés Roms et de nos sociétés surl'accès à l'éducation. Il est question de "droit à l'éducation".Un des rôles essentiels de l'éducation est de permettre au

potentiel de chacun de s'exprimer. Il faut dès lors faire un tra-vail pour que l'accès à l'éducation tienne compte de ce que sontet souhaitent les Roms. Ce travail consiste dans un premiertemps à comprendre de quelle manière se transmet le savoirchez les Roms.

Les Roms n'accordent pas une grande valeur à l'éducationdispensée aux enfants des "Gadjé" (non roms). Pourtant lasagesse et la connaissance sont très appréciées de la populationrom mais elles s'acquièrent et se manifestent différemment de

l'éducation traditionnelle. La sagesse est transmise parles récits et l'expérience des personnes âgées, sous formed'histoire, de mythes, de proverbes... La richesse cultu-relle des Roms, leur expérience, leurs normes éthiques etleur philosophie sont sauvegardées grâce aux récits.

Les enfants roms apprennent hors de l'école unefaçon d'être pleinement humain. Par l'expérience, seulsou plus souvent avec leurs proches, ils apprennent aussià cerner ce qui les distingue ou les rapproche des autresRoms. Ils apprennent enfin à prendre l'initiative ducontact avec les non-Roms et à se constituer grâce à euxun capital de relations sociales. C'est aussi hors de l'éco-le et au sein de leur milieu qu'ils acquièrent les connais-

sances techniques et le savoir-faire relationnel qui leur per-mettront de maîtriser les activités artisanales, artistiques oucommerciales nécessaires à leur existence, de les combiner augré des opportunités pour en tirer un juste revenu.

Définir un vrai projet de société

C'est cette édu-cation informelleprodiguée endehors de l'écolepar les parents et lacommunauté quidoit ainsi êtreappréhendée parles non-Roms quiélaborent les poli-tiques éducatives et

les appliquent. En effet, si on ne comprend pas que le modeéducatif chez les Roms (en considérant par ailleurs que ce n'estpas une minorité homogène) est bâti autour de trois exigences,"la nécessité de s'identifier parmi les siens et avec eux, lanécessité d'établir un contact avec les Gadjé, la nécessité dedévelopper des activités économique", ces politiques auront dumal à être appliquées. Parallèlement à cela, il est nécessaireque les préjugés issus des populations majoritaires (hommespolitiques, société civile) évoluent. Car c'est un fait: les Romsvivent l'obligation d'une adaptation permanente à la réalité desGadjé (sans que ces derniers soient tenus à la réciproque). Pourcela, le dialogue et la connaissance réciproque facilitent lareconnaissance de l'altérité, essentielle à la pratique de ladémocratie. (Lire la suite page 26)

tsigane sur dix fréquente le collège ou le lycée

L'or aura-t-il raison de la raison ?

"L'or, c'est nous ", clamaient en2005 les jeunes volontairesd'Alburnus Maior. Les 26-27 et 28août, ils réunissaient 10.000 per-sonnes à l'occasion d'un "Fan-fest " àRosia Montana. Mais cette année-là,la Roumanie a aussi connu quatreéprouvantes périodes d'inondationsqui ont ravagé ses territoires au prin-temps, en juillet, en août et en sep-tembre. D'autres problèmes accapa-raient les énergies dans le pays, etl'épidémie de grippe aviaire s'an-nonçait déjà. Pendant ce temps, dansles Monts Apuseni, les habitants deRosia Montana continuaient de subirla guerre d'usure menée par laRMGC…

Appel était donc lancé aux forcescitoyennes et politiques européennes,pour se mobiliser en faveur de celopin de terre qui ne contient plusbeaucoup d'or, mais bien de l'eau,des sols fertiles, des forêts, et surtoutdes habitants fiers de leurs traditionsséculaires, prêts à mettre les petitsplats dans les grands pour accueillirles touristes de plus en plus nom-breux qui visitent leur beau pays. Unappel toujours d'actualité ".

A.B.

Pour plus d'informations :www.rosiamontana.org

Possibilité d'interviewer une per-sonne impliquée sur place: contactMichèle Dujardin, habitante de Durnalqui possède une maison dans lazone concernée - tél. 083/69.92.07ou, en Roumanie de Roxana Pencea(00 40) 0/723 024 300; e-mail: [email protected] .

Au terme du raid cycliste "Delta 60" organisé le long du Danube par OpérationVillages roumains Belgique, en juillet 2005, Antoinette Brouyaux s'était rendue àRosia Montana, dans les Monts Apuseni, et en a ramené une synthèse, publiée enfévrier 2006, qui raconte l'histoire vraie d'un village roumain résistant encore ettoujours à la folie destructrice d'hommes attirés par l'appât de l'or. Ce récit, tou-

jours d'actualité, fait le point. Il est aussi un rappel sur des évènements qui durentdepuis 1995 et menacent toujours de disparition une vallée.

Quinze ans après la belle aventure citoyenne d'Opération Villages roumains- qui jouit d'une grande notoriété en Roumanie - le village de RosiaMontana réveille les mêmes sentiments de révolte et de solidarité qui

avaient animé les initiateurs des jumelages avec les villages roumains menacés de des-truction par Ceausescu. Cette fois, la menace est industrielle: dans cette région aurifè-re exploitée pour son précieuxminerai depuis l'Antiquité, unecompagnie détenue à 80% par desinvestisseurs canadiens, envisagede détruire 4000 ha pour extraireles dernières particules d'or de larégion.

Naissance d'une résistance

Dès 1995, les habitants deRosia Montana entendent parlerdes projets de ces investisseurs, et dans un premier temps, ils se réjouissent des pers-pectives de nouveaux emplois dans la région. Mais les tractations entre la compagnieGabriel Resources et les autorités roumaines sont obscures, les menaces de destruc-tion et de pollution de la vallée se précisent.

En effet, vu que la région a déjà été largement délestée de son or, l'extraction dece qu'il en reste ne peut se faire qu'à grand renfort de cyanide, qui polluerait les solssur une large échelle: construction de deux énormes barrages pour retenir les eauxempoisonnées, expropriation de 2000 personnes, destruction de quatre montagnes, etanéantissement de sites archéologiques remarquables. Pollution des eaux et des sols,désert écologique et économique après 10 à 15 années d'exploitation…

Peu à peu, ces perspectives inquiétantes mobilisent les énergies pour créer uneassociation de défense du village, Alburnus Maior, du nom donné au site par les colo-nisateurs romains. On est alors en 2000.

David contre Goliath

Françoise Heidebroek (notre photo page suivante), une Belge qui vit à Bucarestet possède une maison dans un village voisin, se joint à l'action d'Alburnus Maior etentreprend des recherches pour instruire le dossier. Elle contacte aussi des députéseuropéens tandis qu'une jeune militante de Greenpeace, Stéphanie Roth, s'installe àRosia Montana. Elle y accomplira bénévolement un énorme de travail de médiatisa-tion de l'enjeu, qui touche visiblement l'opinion publique Roumaine. Stéphanie estbientôt rejointe par Steffi, Sorana et d'autres étudiants de Cluj. Ceux-ci consacrentdésormais leurs vacances estivales à organiser marches de protestation et festivals quiamènent à Rosia Montana des dizaines de milliers de jeunes. Une nouvelle générationmilitante est née en Roumanie…

Entre temps, investisseurs canadiens et gouvernement roumain se sont joints pourcréer la Rosia Montana Gold Corporation (RMGC). Dès 2002, la RMGC entreprendde racheter au prix fort les maisons des habitants, tandis que certains résistent.

A Rosia Montana, une vallée des

La fièvre de l'or

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Des perspectives noires pour

Directrice du Comité PECO (Pays d'Europe Centrale et de l'Est), AstridHennekine a présenté et plaidé pour la mise en œuvre d'un programmeeuropéen en faveur des Tsiganes, lors des dernières rencontres nationales

d'OVR France qui se sont tenues à Reims, en novembre dernier. Elle a rappelé que laFédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gensdu voyage (FNASAT) avait initié, en juin 2006, une telle démarche pour le dévelop-pement d'initiatives locales (dans le domaine de l'éducation informelle) pour l'inclu-sion des Roms et des Voyageurs en Roumanie, Bulgarie, Slovaquie et France. Dansson intervention, que nous présentons ci-dessous, Astrid Hennekine avait fait l'état deslieux de la scolarisation et de l'accès à l'éducation des Tsiganes en Europe.

Sédentarisés sous le régime communiste

"La majorité des Roms enEurope Centrale et Orientale estdéfavorisée dans de nombreuxdomaines, notamment dans celui del'éducation, mais également danscelui de l'emploi, de la santé, del'accès aux droits sociaux. C'est unesituation qui n'est pas propre à cetterégion, puisqu'on la rencontre defaçon aussi dramatique, et de maniè-re moins spectaculaire, dans tous lesautres Etats européens. II est impor-

tant de rappeler ici que les Roms des anciens Pays Communistes ont été sédentariséssous le communisme et le demeurent pour la plupart aujourd'hui, contrairement à laFrance ou à l'Irlande par exemple (où les modes de vie nomades sont très répandus).

La question de l'éducation des Roms en Roumanie, Bulgarie et Slovaquie, pose leproblème plus large de l'intégration des Roms. En effet, le faible taux de scolarisationdes enfants roms implique un grand nombre de conséquences, dont un manque de qua-lification des jeunes et des moins jeunes et de ce fait, une marginalisation croissantedans des pays accédant à l'Union Européenne, qui connaissent des changements éco-nomiques importants.

Dès lors, il s'agît de se poser la question de l'avenir des communautés roms dansun tel contexte. La Slovaquie a été la première à être confrontée à cela, ayant intégrél'Union Européenne en 2004. La France, elle, connaît une remise en cause sérieuse deson modèle d'intégration des populations immigrées et plus généralement de certainescatégories de sa population (Jeunes, Gens du voyage...).

Les nouveaux membres de l'UE que sont la Roumanie et la Bulgarie connaissenteux-mêmes des frictions importantes entre la population majoritaire et les Roms,quand bien même ils ont ratifié les différentes conventions internationales contre ladiscrimination et des textes tels que la Convention Cadre pour la protection desMinorités (1992), la Charte régionale des langues minoritaires, etc.

Dépendants d'une aide sociale, en outre insuffisante

Certains Roms vivant encore de manière traditionnelle ou misant leur développe-ment sur les circuits de l'économie informelle, parviennent toutefois à maintenir ou àdévelopper un niveau de vie acceptable. Sans préjuger de la situation qu'ils connaî-tront dans l'avenir, force est de constater qu'ils ne connaissent pas le sort du plus grandnombre. Pour la grande masse des Roms, exclus depuis parfois une quinzaine d'année,hors des circuits du travail et, dès lors, hors de toute vie sociale au sein de la sociétéglobale, les perspectives sont noires.

Bien que la Roumanie soitmembre de l'UE depuis ce 1er jan-vier 2007, l'Union européenne ne vapas reconnaître de façon automa-tique les diplômes roumains. Chaquepays membre est libre d'évaluer lesétudes universitaires d'un autre pays.Par ailleurs, certaines professions(médecins, infirmières, architectes)sont sujettes à des réglementationseuropéennes. Jusqu'en octobre2007, la Roumanie devrait bénéficierd'une période de transition nécessai-re pour répondre à ces standardseuropéens. Car mis à part les méde-cins et les architectes, de plus enplus de métiers doivent se soumettreaux normes mises en place parBruxelles.

Minorités

BUCAREST

ORADEA

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TIMISOARA

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BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

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TULCEABRAILA

SUCEAVA

VASLUICLUJ

En Roumanie, un enfant

Reconnaissance des diplômes

Zéno, un des piliers d'Alburnus Maior, héberge chez luides jeunes militants qui viennent passer l'été sur place. Ilraconte volontiers qu'il a refusé ces offres de rachat de sa mai-son, pour des montants astronomiques: "même pour un millionde dollars je ne revendrais pas mon bien. Toute ma famille estnée et vit dans ce village. C'est ici que je veux vivre, et pasailleurs".

Guerre d'usure…

C'est ainsi que chaque habitant de Rosia Montana "a choi-si son camp", et qu'on trouve sur 40% des bâtisses les petitesplaques bleues et jaunes indiquant "propriété de la RMGC".En face, les maisons qui n'ont pas été vendues arborent en vert"Aceasta proprietate NU este de vanzare" (cette propriété n'estpas à vendre).

"Ce n'est pas facile la vie ici au quotidien", expliqueRoritsa l'épicière, qui indique aux visiteurs solidaires où trou-ver les responsables d'Alburnus Maior. C'est que les hommesde la RMGC sont partout. Ils se sont installés dans les maisonsachetées et y développent des activités de relations publiques

et de loisirs, en attendant de pouvoirtout raser. "Celui-là, c'en est un",indique-t-elle discrètement. "Vouscomprenez, leur présence ici, c'estune guerre d'usure". C'est pourquoile soutien des jeunes volontairesRoumains ou étrangers est le bienve-nu. Pour le moment, les habitants deRosia Montana n'ont pas le droitd'ouvrir des gîtes, l'activité touris-

tique étant bannie de la vallée, vouée à la mine. Les respon-sables locaux ont en effet accordé beaucoup d'avantages à lacompagnie minière. Quant au gouvernement roumain, audépart, il était également favorable au projet. Ensuite, il aeffectué un retrait. Enfin, suite à un changement de gouverne-ment, les autorités roumaines se sont montrées à nouveauenclines à laisser la RMGC concrétiser ses intentions.

… Puis de tranchées

Fin 2004, Alburnus Maior qui mène des actions sur le planjuridique et bénéficie de soutiens internationaux, gagne unemanche. Le président de Gabriel Resources, Frank Timis, estcontraint de démissionner. Le 19 avril 2005, le travaild'Alburnus Maior se voit couronné aux Etats-Unis par le pres-tigieux Goldman Environnemental Price qui est remis àStéphanie Roth. Le 15 juin 2005, le tribunal du départementd'Alba Iulia suspend le certificat d'urbanisme octroyé à laRMGC, ainsi que d'autres décisions communales jugées illé-gales pour cause de conflit d'intérêt. Des investigations crimi-nelles concernant la RMGC sont engagées par l'état roumain.

Au Parlement européen on introduit des clauses de suividu processus d'adhésion de la Roumanie à l'Union

Européenne,suite auconstat parles députéseuropéens de divers problèmes, dont celui de Rosia Montana.Une délégation s'étant rendue sur place, elle a pu manifester auplus haut niveau son inquiétude quant aux incidences du pro-jet de la RMGC sur l'environnement: quid d'une éventuellecontamination au cyanure, de la réhabilitation du site après safermeture? Le Commissaire européen à l'élargissement OlliRehn manifeste également ses inquiétudes pour le projetindustriel, de même que le ministre hongrois de l'environne-ment, Miklos Persanyi, qui somme le gouvernement roumaind'éviter que se reproduise le scénario de la pollution au cyanu-re en 2000 de la Tisza. Cette pollution était issue du centreminier de Baia Mare en Transylvanie.

A Rosia Montana (photo du centre ci-dessus), le traite-ment prévu est similaire, à ceci près que le réservoir d'eau etde cyanure prévu par RMGC est quarante fois plus large quecelui de Baia Mare ! Depuis, début 2006, un autre accident estencore survenu en Tchéquie. En janvier 2006, une nouvellefuite de cyanure à Baia Mare passe presque inaperçue enRoumanie mais fait la Une des journaux hongrois. Mais,durant toute cette période, la Rosia Montana Gold Corporationa redoublé d'efforts pour trouver de nouveaux alliés: le gou-vernement canadien, début août 2005, puis Raphaël Girard,ancien ambassadeur du Canada en Roumanie qui est alorsengagé comme directeur de l'entreprise. Ses contacts dans lesambassades servent désormais les intérêts de la RMGC àBudapest et à Bruxelles…

Les règles européennes bafouées

En 2006, malgré les permis bloqués imposant un moratoi-re sur les destructions de maisons, celles-ci se sont poursui-vies. Les militants d'Alburnus Maior s'inquiètent du manquede volontarisme du gouvernement roumain qui laisse agir uneentreprise n'ayant pas encore la capacité juridique d'opérer.Les paysans se sont vus refuser l'accès aux pâturages pourleurs animaux, les terrains communaux ayant été offerts enconcession à la RMGC. Les services publics (école, santé) ontété réduits. Les activités économiques autres que la mine étantinterdites, tout est fait pour saboter ce qui reste de vie à RosiaMontana. Les hommes de l'or préparent le terrain, avec lacomplicité des autorités…

Celles-ci sont pourtant tenues de respecter et de faire res-pecter les directives européennes qui imposent une étude d'im-pact (EIA, Environne-ment Impact Assessment). Celle-ci, envertu de la convention d'Aarhus, impose une consultation de lasociété civile et de la population directement visée par le pro-jet. Cette consultation n'avait pas encore eu lieu, début 2006.Puis, elle a été "préparée" à grands renforts de publicités van-tant les mérites de la RMGC à la télévision roumaine et dansla presse. (Lire la suite page 30)

et une odeur de cyanureApuseni résiste toujours à la menace de sa destruction

POIANA-MARE

Le Ministère a fixé les nouvellesrègles pour les enseignants qui veu-lent devenir directeur d'école ou decollège. Ceux-ci devront avoir desdispositions pour la gestion, savoirutiliser un ordinateur et parler unelangue étrangère de circulation inter-nationale (anglais, français, espa-gnol, russe).

Pour poser sa candidature, il seranécessaire d'avoir une expérienced'au moins cinq ans dans l'ensei-gnement, obtenu le grade didactiqueII et présenter un projet pédago-gique. Les nominations seront faitespour quatre ans incluant une périoded'essai de 3 mois.

Langue étrangèreobligatoire pour lesdirecteurs d'école

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ORADEA

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TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTIORAVITA

ROSIA M.

SINAIA

Raz de marée des

En 2006, le groupe Gabriel Resources (RMGC) a entrepris une campagne depublicité à la télévision pour faire passer son projet auprès du public, avecl'aval du Conseil National de l'Audiovisuel (CNA), son budget étant estimé

à 5 M€. Les téléspectateurs ont ainsi vu, à de nombreuses reprises, une compagnie quilégitimait son action en se vantant de faire construire des écoles, des maisons pour lestravailleurs, de créer des emplois, de veiller sur la préservation de la nature, montrantdes enfants heureux allant à la pêche. Cesspots dénonçaient le comportement extrémis-te des organisations de défense de l'environ-nement, RMGC apparaissant à la fois commeune victime de leurs agissements et commeun sauveur de la région. Ils se terminaient parune scène d'euphorie générale, avec larmesde joie et de remerciements quant la popula-tion apprenait que le projet était approuvé.

Un scénario contreproductif

Mais ce scénario a été totalement contre-productif auprès des Roumains: le parlementavait invité le public a donné son avis sur unsite Internet ouvert pour la circonstance. Au22 janvier 2007, sur 6617 participants, 6409(96,86 %) dénonçaient le projet de RMGCqui, à leurs yeux, menace le milieu, le paysa-ge, le patrimoine, entraîne le déplacement dela population, etc. Une question revenait sans arrêt: quel était le niveau de corruptiondes autorités pour que le projet ait autant avancé malgré toutes les nuisances attendueset l'avis de nombreux spécialistes qui l'ont dénoncé ? Avec cette précision: "S'il va jus-qu'au bout, on aura confirmation de nos suspicions".

La chasse aux diplômés fait grimper les salaires

Propagande de dernière minute ?En tout cas le calendrier était serré:l'étude d'impact de la RMGC devraitêtre publiée le 25 mars, et le rapportd'adhésion la Roumanie à l'UE, enavril 2006… Il ne le sera finalementqu'à la fin de l'année.

Depuis, les choses n'ont pas évo-lué et un grand point d'interrogationsubsiste sur l'avenir de la vallée.Cette histoire en suspens de RosiaMontana atteste que les autorités rou-maines n'ont pas encore acquis lacapacité institutionnelle et la maturiténécessaires vis-à-vis de l'enjeu envi-ronnemental, pour appliquer correcte-ment la législation européenne et enparticulier les procédures EIA dans lecadre d'un projet aussi dangereuxpour l'environnement. Dès le départde cette affaire, la corruption a étételle qu'Alburnus Maior désespèred'entendre un verdict objectif de lapart des autorités roumaines qui vontdécider du sort de Rosia Montana.

Dès lors, comme il y a 15 ans faceà Ceaucescu, il appartient à la sociétécivile internationale de se mobiliserpour empêcher l'irréparable: enEurope, ou ailleurs dans le monde,puisqu'un cas très similaire est entrain de se jouer au Chili, dans lavallée de San Felix (Cordillère desAndes). Là aussi, un très vaste terri-toire naturel d'une qualité inestimablerisque la destruction totale pour lesintérêts de quelques investisseursfinanciers. L'avenir de notre planète etl'urgence de sauvegarder les res-sources naturelles qui lui restent, necommande-t-il pas que priorité soitdonnée à l'intérêt général ? "

Antoinette Brouyaux

La corruption à l'œuvre(Suite de la page 29)

Aller et revenir de l'école est unvéritable cauchemar pour les 24élèves du village de Dealu

Mare, dans le judet de Vaslui. Chaque jour,il doivent effectuer 14 kilomètres aller-retour à pied pour se rendre à Bârlad, la villela plus proche, traversant une forêt, longeantle dépôt d'ordures de la cité. Dans cetterégion reculée de Moldavie, le thermomètredescend fréquemment à - 30° en hiver et leretour à l'école se fait à la nuit tombée. Lesenfants, qui ont peur pour leur vie, sontobligés de partir le matin dès six heures.

Les autorités affirment vouloir réglercette solution, mais il s'agit pour l'instant desimples promesses. Quant au maire de lacommune de Zorleni, Petru Cretu, dontdépend Dealu Mare, il estime que la distan-ce est trop courte et la route trop mauvaisepour faire venir un mini-bus.

Enseignement

Les jeunesd ip lômésont l'em-

barras du choix, sur-tout les plus spécia-lisés qui peuventdésormais comparerles offres d'emploi

d'un marché pris d'assaut par les multinationales. La chasseaux cerveaux s'aiguise et les salaires continuent de grimper

Garder les meilleurs éléments de son personnel et en trou-ver d'autres aussi bons devient de plus en plus difficile pourune entreprise qui a besoin d'employés à forte valeur ajoutée.La venue constante de nouveaux investisseurs étrangers enRoumanie qui raflent les plus talentueux explique en partie unmanque de managers ou ingénieurs de haut vol sur le marchédu travail. Conséquence, les salaires augmentent très nette-ment d'une année à l'autre. Les spécialistes en ressourceshumaines évaluent à environ 15% la croissance des hautssalaires de 2006 à 2007 (source: Cotidianul).

Les universités ne “produisent” pas suffisament de cadres

Mais selon Andreea Lupan, directrice des ressourceshumaines de l'agence de recrutement Barnett McCall, "de nou-veaux expatriés qualifiés vont arriver, non pas d'occident mais

de Moldavie, d'Ukraine ou de Serbie, et leurs exigences sala-riales seront moins élevées."

Cette pénurie de main-d'œuvre concerne la plupart dessecteurs, notamment celui des technologies de l'informationqui a grand besoin de programmeurs spécialisés. Et bien queles jeunes cerveaux ne pensent plus autant à s'expatrier, lesuniversités techniques, comme la Politehnica de Bucarest, nepeuvent pas approvisionner tous les postes.

Ceci dit, la plupart des grandes multinationales implantéesen Roumanie sont depuis plusieurs années très attentives à lafidélisation de leur personnel et à leur formation.

"A l'heure actuelle, les entreprises de renom savent trèsbien qu'elles doivent motiver leurs meilleurs employés en leurproposant un salaire conséquent. Mais ce n'est pas tout, il fautaussi offrir un environnement agréable avec un minimum destress et un plan de carrière transparent", a déclaré au LPJMihai Popa, responsable développement chez Akela (logicielsinformatiques).

Et puis, il y a aussi ceux qui décident de voler de leurspropres ailes. C'est le cas de Bogdan Mihailescu, jeune trente-naire patron d'une petite société de consultant en éditiondepuis environ un an. "J'ai travaillé pendant plusieurs annéescomme responsable informatique pour une grande sociétéétrangère à Bucarest. Ils m'ont fait voyager, mon salaire étaitplus que convenable. J'aurais pu me contenter de cette bellesituation mais j'ai décidé de prendre mon destin en main".

Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com)

Les jeunes cerveaux ne pensent plus autant à s'expatrier

14 kilomètres à pied aller-retour par moins 30°

Depuis le 15 janvier, les lycéens préparant le bac et leurs professeursont accès à un site sur Internet du ministère de l'Education, leur don-nant les douze mille variantes de sujets, soit une centaine par matière

et option, qui pourront leur être soumis lors de l'épreuve de fin juin et de son rat-trapage, fin août. Les professeurs avaient jusqu'au 15 février pour faire part deleurs éventuelles remarques,chaque établissement recevant la version définitivedans un catalogue remis à l'ensemble des enseignants et des élèves concernés.

Cette initiative, une première en Roumanie a été applaudie par les organisa-tions de parents d'élèves, car elle donne un cadre approprié à leurs enfants pourbûcher le programme, devrait les familiariser avec l'épreuve, tout en diminuantleur stress, et les motiver. Quant aux professeurs, ils sauront aussi mieux préparerleurs élèves en sachant comment "mener leur barque".

Le ministre Mihai Hardau a pris cette mesure à la suite du scandale de l'anpassé qui a vu des lycéens arborer les sujets du bac 2006 avant de rentrer en salled'examen, ce qui a failli faire annuler l'épreuve. Ils les avaient acquis auprès deprofesseurs ou de commissions pédagogiques moyennant bakchichs. D'autres s'é-taient empressés de suivre les "méditations" (cours particuliers) donnés par desenseignants, sachant qu'en retour ils pourraient aussi disposer des sujets. Leministre espère ainsi couper l'herbe sous le pied à cette corruption ambiante quiaffecte aussi l'enseignement.

Les variantes de sujets du bac accessibles sur Internet depuis la mi-janvier

Internautes contre le projet

Evidemment, les compa-gnies minières promet-tent toujours de dépolluer

les sites qu'elles envisagent d'exploi-ter. Mais ne nous y trompons pas: enRoumanie, une telle promesse nesera crédible que moyennant le ver-sement d'une caution financière suf-fisante pour garantir la réhabilitationdes sols et le traitement de toutel'eau polluée pour la rendre confor-me aux normes européennes. Or la

RMGC n'a versé aucune caution financière pour garantir cette réhabilitation, et sastructure juridique, une cascade d'off-shores, permettrait de dissoudre les responsabi-lités en cas d'incident ou de catastrophe.

La RMGC a aussi promis de traiter les anciens résidus de l'exploitation minièreréunis en un "stérile" au bas de la vallée. Mais qu'en sera-t-il exactement? Lorsque lesgisements rentables seront épuisés, l'exploitation cessera probablement. Sa duréeannoncée pour 14 ans pourrait alors se réduire à 8 ans… Autant d'années de travail enmoins, pour les ouvriers. L'impact économique de cette activité n'est en réalité pasplus garanti que la réhabilitation environnementale que celle-ci nécessitera".

Des promesses qui ne valent rien

“Ce que Ceausescu avait commencé,Gabriel Resources veut le terminer.

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SSociétéLes NOUVeLLes de ROUMANIeActualitéLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Crucifix, icônes, voire petits autels, ont fleuri dans les écoles roumaines -pratiquement toutes publiques - après la "Révolution", la présence de cesobjets religieux étant interdite à l'époque du communisme. Leur envahis-

sement a amené des protestations et un débat vif s'est engagé dans le pays à ce sujet,qui promet de prendre de l'ampleur. Le Conseil National pour Combattre lesDiscriminations (CNCD) s'en est emparé pour recommander que "les symboles reli-gieux ne puissent être présents que lors des cours de religion ou dans les établisse-ments à vocation religieuse". Son président, Csaba Ferenc Aztalos a insisté: "LaRoumanie est un état laïc qui se doit de respecter tous les cultes en manifestant la plusstricte neutralité".

Ce n'est évidemment pas le même son de cloche du côté de l'Eglise OrthodoxeRoumaine (BOR) où on indique que les icônes ont été introduites, non pas à la suited'une loi, mais à la demande des parents et qu'elles répondent au caractère profondé-ment chrétien du pays, orthodoxe à 85 %. Des prêtres ont rajouté que leur présencen'avaient rien de discriminatoire car si elles apportaient une aide spirituelle aux élèvescroyant en Dieu, elles n'étaient considérées que comme de simples tableaux par lesautres… Ce qui a justement fait réagir un professeur, relevant qu'il existait ainsi deuxcatégories d'élèves et donc bien discri-mination: ceux qui recevaient une aide etceux qui n'en avaient pas.

Les esprits s'échauffent ainsi surfond de véritable laïcité et le gouverne-ment, qui en est pourtant garant d'aprèsla constitution, se garde bien de prendreparti, s'en lavant même les mains, àl'image du ministre de l'éducation MihaiHârdau: "Ces symboles ont pris placedans les salles de cours sans interven-tion de l'Etat qui n'a pas légiféré à cesujet… qui ne le concerne donc pas".Prenant ses "responsabilités", il a indi-qué: "C'est une initiative de la sociétécivile qui devrait relever davantage des autorités communales", ajoutant même "uneintervention du ministère serait totalement déplacée car elle apporterait une restric-tion à la liberté de conscience et d'opinion". Le ministre a promis cependant de sou-mettre le problème à la commission de l'Enseignement du Parlement.

Connivence entre Pouvoir et Eglise

Pour certains observateurs, ce débat a des racines plus profondes, remontant à laconnivence qui existait entre l'Eglise orthodoxe et le Pouvoir à l'époque du commu-nisme, l'histoire de ces relations n'ayant jamais été abordée depuis la chute du régimede Ceausescu. Les successeurs et héritiers du dictateur, pourfendeurs de la religionauparavant, sont devenus subitement ses défenseurs après les évènements dedécembre 1989, se précipitant dans les églises pour recevoir bénédiction sur bénédic-tion devant les fidèles… qui étaient aussi les électeurs.

Dans un pays avide de retrouver la libre expression de sa foi et qui avait porté lareligion au premier rang de ses valeurs, nouvelle nomenklatura et hiérarques ecclé-siastiques compromis ont ainsi conforté mutuellement leur situation et intérêts, faisantoublier qu'ils avaient des comptes à rendre.

Des parents d'élèves en guerre contre McDonald's

Plus de quatre cents parentsd'élèves de différentes écoles de Clujont fait circuler une pétition s'élevantcontre les méthodes des Fast-foodspour séduire et fidéliser leursenfants, estimant qu'elles menaçaientleur santé. Visant plus particulière-ment McDonald's, ils exigent quecelui-ci mette fin à ses pratiquesdans les établissements scolaires, dela maternelle aux collèges. Par lebiais de tournois sportifs ou autresactivités qu'il sponsorise, le géant dela mal-bouffe en profite pour s'intro-duire dans les écoles et mettre envente ses produits. Le ministère adéclaré que ce comportement n'étaitpas de son ressort mais de celui desétablissements; toutefois, un députéa déposé un projet de loi pour interdi-re cette façon de faire qui aurait étéutilisée dans plusieurs judets.

L'obésité des enfants est un sujetqui commence à inquiéter dans lespays de l'Est. En Pologne, ce sontCoca-Cola et Pespsi-Cola qui ontemployé des méthodes similairespour promouvoir leurs boissonssucrées auprès des élèves et en fairedes consommateurs dépendants.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

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IASI

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CONSTANTACRAIOVA

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BACAU

PITESTIPLOIESTI

CLUJ

De nombreuses icônes et autres symboles religieux ont envahi

les écoles après la "Révolution"

Tintamarre desgrands jours à lamairie de Timi-

soara à l'occasion de la pré-sentation d'un projet deconstruction d'une égliseorthodoxe au beau milieud'un ensemble de blocs dequatre étages du quartiercentral des Typographes, enlieu et place d'une aire dejeu pour enfants.

Des centaines defidèles, pour la plupart retraités, mobilisés par les prêtres, s'é-taient déplacés pour soutenir bruyamment ce projet, approuvépar la municipalité voici dix ans, mais qui n'a pas l'heur deplaire aux occupants des immeubles concernés, venus aussi enmasse exiger son retrait. La future église qui ne sera ni petite,ni une cathédrale, occupera le quart des mille mètres carrés dela superficie libérée et, avec ses 17 mètres de hauteur dépasse-ra celle des blocs, leur cachant le soleil. Les riverains, qui neseront séparés, au maximum, que d'une vingtaine de mètres del'édifice, ont dénoncé le manque de consultation à ce sujet etune procédure menée à la sauvette.

"Nous allons être obligés de vivre au rythme des messes,des mariages, des enterrements" s'est indignée une opposante,un autre évoquant les cloches qui feront vibrer les carreaux etles fenêtres qui devront toujours être fermées pour éviter lebruit. "Nous avons besoin de silence" se sont exclamés desriverains âgés, s'attirant la réplique d'un fidèle: "Mais ce silen-ce, vous pourrez le trouver dans l'église".

Un partisan du projet tenta de rassurer ses adversaires enindiquant que la construction demanderait au moins dix ans,au rythme de l'arrivée des fonds qu'il faudra réunir, provoquantune véritable levée de boucliers. Un autre n'eut pas plus desuccès, s'efforçant de convaincre en assurant que les archi-tectes trouveraient bien des solutions pour atténuer les nui-sances. Les riverains se sont montrés d'autant plus révoltésqu'aucun des partisans de la future église n'habitait dans lesimmeubles concernés.

L'architecte chef de la ville a justifié son choix en indi-quant qu'il n'y avait pas d'autre possibilité et que le projet étaitparfaitement légal. Imprudemment, il ajoutait qu'il n'auraitd'ailleurs rien eu contre, s'il avait habité dans les blocs, provo-quant une vague d'indignation. Mais personne n'a eu la pré-sence d'esprit de lui dire: "Chiche !".

Depuis la "Révolution", la construction d'églises à la pellesemble être devenue une priorité nationale en Roumanie.

Des églises construites à la pelle à travers tout le pays

Riverains mécontents… les fidèles se font sonner les cloches

Enseignement

Biserica Alba, Bucarest.

La laïcité en passe de devenir un débat national

Religion

Le plus grand hôpital privé de Roumanie a étéinauguré à Bucarest. Le Life memorial hospi-tal (10 millions d'euros), sera ouvert à la mi-

mars. Il offre une capacité de 100 lits, cinq salles d'opé-ration et 40 bureaux. Le montant d'une journée dans unechambre simple s'élève à 100 euros, 50 pour unechambre partagée, tandis qu'une opération de l'appendi-cite revient à 350 euros. Les chambres sont touteséquipées d'un ordinateur, d'internet, d'une télévision etd'une salle de bain. La société qui a financé cet hôpital aannoncé qu'elle ouvrirait cinq autres infrastructures dumême genre dans le pays d'ici deux ans.

Par ailleurs, à la suite de la demande d'une clientèleaisée de la région de Timisoara qui ne voulait plus êtreentassée à douze dans des chambres communes sor-dides, les toilettes étant au fond du couloir, plusieurshôpitaux et maternités publiques (Hôpital du judet etmaternité Bega) de cette ville ont entrepris l'aménage-ment de chambres individuelles, dotées également detout le confort. Il en coûtera entre 25 à 30 € par jour auxpatients… les listes d'attente dépassant déjà trois mois.Les travaux ont été financés par des fonds privés.

Hôpitaux de luxe

L'entrée dans l'UE offre de nouveaux horizons aux cadresmédicaux roumains, en simplifiant les formalités pour leurembauche. Les médecins peuvent ainsi espérer des salaires

dix fois supérieurs à ceux qu'ils touchent actuellement. A Iasi, unefirme de placement belge a saisi la balle au bond, recrutant du person-nel médical pour des hôpitauxbelges et français dans tout le nord estdu pays (Suceava, Botosani, Piatra Neamt, Iasi). Elle organise descours de français gratuits d'une centaine d'heures pour débutants ou deperfectionnement. Ils ont lieu chaque week-end, sont répartis sur sixmois, et à leur terme les postulants partent aussitôt dans les pays inté-ressés. Les nouveaux diplômés sont également recrutés.

Le contrat est signé directement avec les hôpitaux demandeurs,couvre une durée de deux ans et peut être transformé en engagementdéfinitif. Un salaire mensuel de 1200-1400 € est proposé aux assis-tantes médicales et infirmières pour 8 heures par jour, heures doublespendant le week-end avec repos compensatoire.

D'autres firmes de placement proposent le même genre de ser-vices, percevant une commission de 400 à 500 € payée souvent par leshôpitaux ou cliniques. Mais l'offre ne satisfait pas toujours les cadresmédicaux à la recherche d'un emploi bien rémunéré. Lors d'une réu-nion organisée à l'ANPE de Iasi, du personnel médical au chômage arenâclé devant le salaire proposé, citant l'exemple de collèguesgagnant 2500 € par mois en Italie.

Cadres médicaux recherchés pour la Belgique et la France

Santé

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

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SINAIA

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

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BACAU

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A. IULIA

CLUJ

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MAIERU

SSociété

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe SSociété

Le Comité Olympique et Sportif Roumain (COSR) s'apprête à déposer sacandidature pour l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver de 2022. Il areçu le soutien de l'ensemble des fédérations concernées et a effectué les

première démarches auprès du CIO qui doit envoyer ce mois-ci une mission d'exper-tise pour savoir si la demande roumaine est recevable.

Les dirigeants sportifs roumains se sont pris à rêver, déclarant que c'était unmoyen de revigorer les disciplines hivernales, mais ils ont gardé les pieds sur terre,énumérant tous les obstacles, dont le principal est le manque de structures adaptées.

Pour l'instant, il n'existe aucun site équipé qui pourrait servir de base d'accueil. Leplus récent est la piste de bobsleigh de Sinaia, homologuée en 1976 pour recevoir leschampionnats européens junior mais qui n'a pas été modernisée depuis et ne peutaccueillir que des compétitions nationales. Les deux seuls patinoires et anneaux devitesse du pays, à Miercurea Ciuc et Bucarest, peuvent au maximum organiser desrencontres internationales pour juniors, que ce soit en patinage artistique et de vites-se. Même chose en hockey sur glace où les stades ne seraient conformes que pour deschampionnats mondiaux de division B. Bien sûr, il est à prévoir que, d'ici 2022, laRoumanie aura décollé économiquement et que l'organisation des J.O. serait pour ellel'occasion de s'équiper et de développer les sports d'hiver chez elle. Un autre élémentest cependant à prendre en compte: le manque d'enneigement des Carpates.

Si la Roumanie en est à sa 1ére candidature olympique, ce n'est pas le cas de laBulgarie, considérée aujourd'hui comme plus pauvre. En 1984, Sofia s'était proposéeen vain d'organiser les J.O. d'hiver, après qu'Ivan Slavsko, gendre du dictateur com-muniste Todor Jikov ait pris les commandes du Comité olympique bulgare, ce quiavait entraîné les disciplines sportives concernées sur une pente ascendante par lasuite. La Bulgarie avait réitéré sa demande plus tard, coiffée sur le poteau de deux voixpar la France qui l'avait emporté, organisant les Jeux d'Albertville de 1992.

TG. JIU

Désormais la qualité des produits a autant d'importance que le prixSports La Roumanie veut organiser les Jeux Curieux, mais craintif dans un premier temps,

le consommateur roumain est devenu moderne et avisé

Se penchant sur l'évolution du consommateur rou-main depuis la "Révolution", la revue mensuelle dela Mission économique de l'ambassade de France à

Bucarest a discerné trois phases: de 1990 à 1998, de 1999 à2002, de 2003 à 2006.

Son analyse montre que dans une première étape (1990-1998) l'explosion des importations a généré la diversificationde l'offre sur le marché et la croissance galopante de l'inflation,en entraînant la baisse du pouvoir d'achat, le prix était le critè-re d'achat décisif; l'enrichissement de l'offre surprend unconsommateur non-expérimenté, curieux, réticent, craintif ence qui concerne son avenir, mais ouvert au nouveau.

Le premier contact du consommateur roumain avec lecommerce moderne se fait en 1995 (ouverture du premiermagasin Metro); en 1998 on enregistre un boom de la consom-mation, qui ne sera dépassé qu'en 2003.

Entre 1999 et 2002, seconde étape, la consommation setempère et se diversifie; le consommateur manifeste un besoinde changement, un vif intérêt pour la nouveauté et il commen-ce à découvrir les marques; en 2001: Carrefour ouvre le pre-mier hypermarché de Roumanie.

A partir de 2003 (3ème étape), la qualité devient aussiimportante que le prix en tant que critère d'achat. deux ten-dances se manifestent:

a) le surendettement (explosion des crédits immobiliers età la consommation, la préoccupation pour le confort et lasanté, le consommateur devient de plus en plus exigeant).

b) l'explosion HI-TECH (le commerce moderne se déve-loppe, ainsi que les affaires en ligne, le consommateur est inté-ressé par les TIC et par les gadgets).

2003 enregistre un nouveau pic de la consommation.

Des courses devenues hebdomadaires

A partir de l'année 2000, le consommateur roumain a com-mencé à changer, lentement mais sûrement, ses habitudesd'approvisionnement. Il réalise, de plus en plus, ses achatshebdomadaires dans des hypermarchés, des cash & carry, deshard discount, des supermarchés modernes, des magasins debricolage et dans des centres commerciaux de type "MALL".La valeur du marché de la distribution de produits alimentairesa plus que doublé pendant la période 2001-2006, passant de 5milliards d'€ à 11 milliards d'€. On observe la même tendan-ce pour le marché des produits non-alimentaires qui a aug-menté de 6 milliards d'€ en 2001 à 12,7 milliards d'€ en 2006.Le taux d'augmentation le plus important a été enregistré parles médicaments, suivis par les produits électroménagers, pro-duits IT&C, les textiles, les meubles et les cosmétiques.

Taxe de concubinage imposé par le pope pour les couples ayant "fauté" avant le mariage

Voici un an, sur la recomman-dation instante du prêtrePetrica Bratu, 37 ans, le

conseil paroissial de l'Eglise de la TrèsSainte Pieuse Paraschiva de Valea Sarii("La vallée du sel", judet de Vrancea) ainstitué une taxe de concubinage (taxa de"preacurvie", comme l'ont baptisée lesvillageois… du mot “curva” qui veutdire "putain" !) sur les couples se mariantà l'église et qui ont eu des rapportssexuels avant la cérémonie. Celle-ci variede 50 lei à 300 lei (16 à 100 €)… suivantl'état de la mariée. Si elle se présente“enceinte jusqu'au menton” ou tenant par

la main son enfant - d'après le texte mêmede la délibération ("cu burta la gura") - letarif maximum est appliqué.

Le pope, approuvé par le maire, sefrotte les mains: un an après son applica-tion, les couples "qui vivent dans lepéché" qu'il avait recensés dans sa parois-se sont passés de 20 à 8. Il se justifie endisant vouloir rétablir les traditions de l'é-glise et ne pas supporter que "les filles quisont passées des bras d'un homme à unautre, puissent se marier en blanc", assu-rant en avoir discuté publiquement avecles fidèles, qui se sont montrés d'accordpour ne pas "bagatelliser" la symboliquede pureté des habits de mariage ("bagate-lizeaza taina casatoriei").

Après des recherches dans lesarchives paroissiales, le Père PetricaBratu avait d'ailleurs découvert que, voiciun siècle, l'Eglise intervenait de la mêmefaçon dans la vie des fidèles, demandantaux popes de lui dresser la liste de ceuxqui ne venaient pas régulièrement à la

messe. De façon qui se veut plus prochede la réalité sociale, il a déclaré vouloiraussi lutter contre le sort réservé auxenfants nés de rencontres éphémères,abandonnés ou confiés à des grandsparents trop vieux ou alcooliques, àmoins qu'ils ne soient délaissés par leursgéniteurs qui se séparent pour aller tra-vailler en Italie ou Espagne.

Les jeunes de la commune ne l'enten-dent pas de cette oreille. "Qu'est ce queçà peut lui faire qu'on se marie en robeblanche, en blue jean ("blugi") ou en cos-tume national" s'emportent certains, tan-dis qu'une fille plus terre à terre lance "Tune vas quand même pas te marier chaquefois que t'as un petit copain!". Et de reve-nir aussi à des préoccupations plussociales: "Si on choisit de vivre en coupleillégitime, c'est qu'on n'a pas les moyensde se payer un mariage; çà coûte tropcher. Rien qu'à la mairie, il faut déjà ver-ser une taxe de 300 lei pour recevoir lecertificat prénuptial".

Vie quotidienne

Médaille de bronze du 1500 mètres en 2004 aux J.O.d'Athènes, Maria Cioncan, 30 ans, s'est tuée le 21janvier sur une route de Bulgarie, au volant de sa

voiture. Elle en avait perdu le contrôle et s'est s'écrasée contre unarbre. L'athlète revenait d'un séjour d'entraînement en Grèce. Le

masseur l'accompagnant est sorti pratiquement indemne de l'accident. Son entraîneuret son partenaire d'entraînement étaient dans une voiture la précédant. Les uns et lesautres se sont heurtés aux policiers de la route bulgare qui, pour appeler une ambu-lance, ont demandé de façon insistante, et à plusieurs reprises, un bakchich de 20 €.Les secours sont arrivés une heure et demie plus tard. Inconnue jusqu'aux jeux olym-piques d'Athènes, Maria Cioncan avait causé une belle surprise à la Roumanie en ter-minant troisième de la finale du 1500 mètres. A 28 ans, l'athlète, originaire de Maieru(judet de Bistrita-Nasaud), voyait ainsi récompensé une carrière où elle avait dû s'im-poser par elle-même. Ses parents, très modestes, n'avaient pas les moyens de lui payerune paire de chaussures de sports et, enfant, la fillette s'entraînait en courant après sasœur autour de son village et en dévalant les collines du voisinage.

Embrassant sa médaille de bronze, Maria avait déclaré "Peu de gens savent com-bien la vie est dure à la campagne. Cette médaille va tout changer pour moi", rajou-tant une phrase restée célèbre: "Nu voi mai umbla in opinci" ("Je ne marcherai plusjamais en sabots"). Une tragique ironie veut que ce soit au volant de la Skoda Feliciaofferte par son entraîneur à la suite de sa brillante performance d'Athènes que l'athlè-te ait trouvé la mort.

Disparition de Maria Cioncan, médaille de bronze du 1500 m à Athènes

Olympiques d'hiver de 2022

Bucarest et la Roumanie nepossédant pas d'arène sportive vrai-ment digne de ce nom, le projet exis-te de remplacer le vieux StadeNational, situé dans l'immense com-plexe sportif Lia Manoliu de la capita-le, par un stade ayant caractéris-tiques et capacités d'accueil à l'éche-lon européen.

Hélas, passant par la démolitiondu vieux stade, il se heurte sansarrêt à des obstacles alors que celle-ci devait débuter au printemps etprendre environ deux ans avec lareconstruction.

Les dernières en date sont sus-citées par la demande de restitutiond'un terrain au même endroit de 5 had'une firme privée, SC Faur. SA, quiaffirme en avoir été la propriétaire.

La suivante tient à la venueannoncée de deux "monstres " dushow-business, George Michael etles Rolling Stones, dont les concertssont prévus respectivement les 14mai et 14 juillet. Les organisateursespérant attirer le plus grand nombrede spectateurs et réaliser un maxi-mum de bénéfices pour ces deuxévénements "phares" artistiques del'année, regardent donc du côté duStade National, lequel est la plusgrande enceinte sportive du pays. Cequi retarderait d'autant le démarragedes travaux de démolition.

Le futur stade aura une capacitéde 50 000 places, sera destiné aufootball et au rugby et disposerad'une piste d'athlétisme et de deuxtribunes. Son coût initial est estimé à160 000 €.

Les Rolling Stonescontrarient la démolition du Stade National

M. CIUC

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Tsuica clandestine… “au pif” pour le fiscLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Le château de Bran, plus connu sous le nomde château de Dracula, est à vendre pour60 millions d'euros et le Conseil départe-

mental de Brasov (centre de la Roumanie) étudiel'opportunité de l'acheter..

"Le château de Bran est très important pour letourisme de notre région. Nous avons mis en placeune commission, comprenant cinq membres duConseil, qui analysera à partir de la semaine pro-chaine l'opportunité de l'acheter", a déclaré de soncôté Aristotel Cancescu, le président du Conseil.

Début 2006, le château avait été restitué à Dominic de Hasbourg (68 ans), petit-fils de la reine Marie de Roumanie, 58 ans après avoir été confisqué par le régimecommuniste. Dominique de Hasbourg avait alors convenu avec le ministère de laCulture que le château resterait un musée pendant au moins trois ans et ne pourrait êtrevendu qu'à l'Etat roumain. Rebondissement à la mi-décembre, il a annoncé vouloir detoute façon vendre le château et a déposé une lettre d'intention auprès du Conseildépartemental de Brasov. De son côté, le ministre de la Culture et des Cultes, AdrianIorgulescu, considère que le prix demandé par Dominic de Hasbourg est "indécent etexagéré par rapport à la valeur réelle du château". Avant la rétrocession, le ministè-re avait estimé le domaine du château à 25 millions d'euros.

Ce château est crucial pour le tourisme du département de Brasov, il attire près de500.000 visiteurs par an, soit plus d'un million d'euros de recettes. Il doit sa notoriétéau prince sanguinaire roumain du 15ème siècle Vlad Tepes, dit l'"Empaleur", qui ainspiré le personnage de Dracula à l'écrivain irlandais Bram Stocker. Construit en1212 par les chevaliers teutoniques, le château a été offert en 1920 par les habitantsde Brasov à la reine Marie qui l'avait aménagé en résidence d'été.

En plus du château, le domaine comprend trois petites bâtisses, un terrain de plusde 70.000 m2, une collection d'objets d'art et des tableaux datant du 14ème siècle.

BUCAREST

ORADEASATU MARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

TARGUMURES

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

RESITA TARGOVISTE

VASLUIBACAU

CRAIOVA

TULCEAHUNEDOARA

Insolite

Plus de 3.000 locatairesBucarestois vont devoir quitter leurlogement dans le courant de l'année.C'est ce qu'a annoncé la mairie deBucarest qui prévoit la rétrocession àleurs propriétaires de maisons natio-nalisées pendant le régime commu-niste et la démolition de centaines delogements trop vieux. La municipalitécompte acheter environ 2.000 nou-veaux logements et reprendre 104hectares appartenant au ministère dela Défense pour construire plusieursmilliers d'appartements destinés auxpersonnes évacuées.

EvénementsLe patrimoine de la Roumanie menacéde passer dans des mains étrangères

Le château de Bran est à vendre pour 60 millions d'euros

Une enquête réalisée sur les jeunesde 15 à 29 ans et leurs attentesrévèlent leurs préférences pour

les Américains, 33,9 % d'entre-eux les met-tant en tête des étrangers avec lesquels ils semarieraient ou qu'ils souhaiteraient avoircomme parents. Suivent les Français(28,3 %), les Italiens (26,7 %), les Espagnols(25,8 %), les Anglais (25,6 %). Peu accepte-raient une union avec les Chinois (10,7 %),les Arabes (10,6 %), les Turcs (10,4 %), etencore moins les Tsiganes (6,5 %). 43 % nevoudraient pas avoir des drogués comme voi-sins, 36 % des homosexuels, 31 % desTsiganes, mais seulement 21 % refuseraientun voisinage avec des malades du SIDA ouporteurs du VIH.

Les jeunes préfèrent les Américains

Bucarest: plus de 3000 locatairesexpulsés

Un rapport d'Eurostat, le bureaueuropéen des statistiques, montreque la Roumanie enregistre toujoursl'un des taux d'accidents routiersmortels les plus élevés en Europe.Malgré des progrès, la Roumanie, laLettonie, la Lituanie et la Slovaquieont connu ces dernières années leplus grand nombre de tués sur lesroutes. La Roumanie (736 tués pour1 million de véhicules) et la Lettonie(752) sont les plus mal classées,alors que dans la plupart des paysde l'Ouest la moyenne est d'environ120-130 tués pour 1 million de véhi-cules. La construction d'un nouveauréseau autoroutier en Roumanie,devrait cependant réduire le nombred'accidents.

(www.lepetitjournal.com)

La Roumanie deuxième dans l'UEpour les tués sur les routes

Le prêtre orthodoxeDaniel Corogeanu (29ans), accusé en juin

2005 d'avoir provoqué la mortd'une nonne lors d'une séanced'exorcisme a été condamné hier à14 ans de prison ferme par le tribu-nal de Vaslui (est du pays). Quatrereligieuses, qui étaient présenteslors de ce rituel macabre, devrontpour leur part purger des peines de5 à 8 ans de prison. Selon lesaccusés, la jeune nonne était"possédée par le diable"; ils l'ontalors bâillonnnée puis enchaînéesur une croix pendant plusieursjours sans eau ni nourriture.

Prison ferme pour le prêtre exorciste

Janos Kocsi, un homme d'affaires hongrois excentrique prévoit de faireconstruire un château à l'endroit où la légende veut qu'Attila soit enterréet y a déjà acheté mille hectares de terrain dans les années 90. Construit

sur 6000 m2, l'édifice disposera de quatre tours de 28 mètres de haut, d'une salledu trône, d'une galerie des chevaliers, d'une salle d'armes, d'une chapelle, et seraflanqué d'un marché ainsi que d'un immense restaurant de 2800 m2. Le million-naire entend ainsi faire pièce à la Roumanie et à l'attrait de Dracula auprès destouristes, Attila "le fouet de Dieu" n'ayant, d'après lui, rien à envier à la réputa-tion de Vlad Tepes l'Empaleur quant à la terreur et la fascination qu'il inspire.

Autre argument garantissant le succès à ses yeux: la colline où les restesd'Attila seraient enfouis attire chaque année des milliers de pèlerins. Ses osse-ments provoqueraient des radiations, dégageant une énergie positive ayant laréputation de les guérir de leurs douleurs. Par ailleurs, Iapa Kincsem, seul joc-key dans l'histoire de l'hippisme à n'avoir jamais perdu une course y est né. Seuledifficulté pour les futurs visiteurs, le nom de l'endroit à retenir:Tapioszenmarton… c'est quand même moins simple que Bran.

Excédé par la corruption ambiante,un patron irlandais vivant enRoumanie a ouvert un bar dans le

centre de Bucarest qu'il a appelé "Faraspaga" ("Sans bakchich"), Strada GradinaIcoanei. Aidan Joyce adresse ainsi un pied denez aux fonctionnaires et politiciens qui l'ontsans arrêt volé ou taxé quand il a voulu s'éta-blir dans la capitale. Sa serveuse, Florentina,rend exactement la monnaie et donne unequittance à tous les consommateurs… ce quiles amène à lui laisser des pourboires.

L'Irlandais, qui est un des promoteurs dela campagne "Nu da spaga" ("Ne donnez pasde bakchich"), lancée l'an passé par l'ambas-sade britannique avec la collaboration desautorités roumaines, entend ouvrir dans laquartier un second bar à la même enseigne,destiné aux investisseurs étrangers qui selaissent entraîner par cette pratique.

Depuis le premier janvier, les paysans roumains nepeuvent plus fabriquer eux-mêmes leur tsuica,devant passer par un alambic agréé, acquitter des

taxes, et leur production étant limitée à un certain quota. Cetteréglementation a un tel succès auprès des bouilleurs de crû…que seulement cinq d'entre-eux se sont déclarés auprès de l'ad-ministration fiscale du judet de Gorj (Târgu Jiu), laquellesupervise l'affaire.

Dépité, le fisc a décidé d'envoyer ses inspecteurs à travers

la campagne pour débusquer les nombreux contrevenants, leurdonnant comme consigne de les repérer… à l'odeur d'alcoolémanant de la distillation. Ces limiers ne sont pas chauds pouraccomplir cette tâche, se doutant de l'accueil qu'ils vont rece-voir de la part de paysans remontés, qui fabriquent librementleur tsuica depuis des générations et ont peur de se voir confis-quer leur matériel. Faudra-t-il les faire accompagner par despoliciers, eux-mêmes se contentant de jouer le rôle de chienrenifleur ?

Dumitru Nicolae, le maire de Galati,s'enorgueillit du fait que sa villecompte le plus grand nombre de

couples ayant fêté leurs noces d'or dans le pays,1100 ayant déjà été comptabilisés en 2006. Pourles recenser, la municipalité a décidé de leurattribuer un prix de 130 € s'ils venaient sedéclarer en mairie. Du coup, l'administration n'apas eu à consulter les registres, septuagénaireset octogénaires envahissant ses bureaux.

Cosmin Covaciu, préfet d'Alba, a appelé les habitants du judet pos-sesseurs d'un téléphone mobile doté d'une caméra vidéo, à filmerles comportements délictueux des policiers et des fonctionnaires,

notamment quand ils exigent des bakchichs, et de lui transmettre les enregis-trements en les envoyant sur son e-mail personnel [email protected] ou en lui téléphonant. Garantissant l'anonymat, le préfet a indiquéqu'il voulait créer des prix et récompenses pour les meilleures vidéos, assurantque les coupables ainsi révélés seraient déferrés à la justice. Il a justifié soninitiative en affirmant qu'elle résultait du souhait de la population que les diffé-rentes administrations du pays aient désormais "un comportement européen".

Noces d'or Policiers roumains vidéo-surveillés

Bakchich prohibé

Jaloux de Dracula

“Parti en UE”... mais maintenant

sans visa et avec laseule carte d’identité.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

34

Avec "Semper Stare" ("Toujours Debout"), Cornelia Petrescu brosse le por-trait autobiographique d'une Roumaine émigrée en France, écrivant à sa

sœur. Son objectif était "d'exprimer sa propre réalité en passant son auto-biographie par un filtre imaginatif". Aussi, n'est-on pas surpris de voir cohabiter,lecture faisant, une structure littéraire fictive et des souvenirs qui, eux, sont réels.

La structure fictive consiste en un dialogue à distance sous forme de lettreséchangées par deux sœurs, l'une restée au pays, l'autre émigrée en France. Ce ne sontpas là seulement deux espaces géographiques qui sont ainsi mis en confrontation mais

aussi deux tempéraments. L'une des deux sœurs,Ioana, celle qui vit désormais en France, à la veineplutôt poétique tandis que Mara, la sœur restée aupays, pense plutôt en historienne. Ainsi sont réunieslà les deux tendances de l'esprit indispensables pourtenter d'approcher la vérité au plus près, loin de toutevérité révélée par des certitudes intangibles.

Et des questions, Ioana s'en pose et en pose àsa sœur. Par exemple, celles-ci: Comment assurerl'avenir de nos enfants sans leur laisser méconnaîtrele passé ? Comment leur expliquer le mécanismeféroce dont nous avons été à la fois complices et vic-times ? D'emblée, ce roman séduit car il se situe dansun questionnement que tout Roumain ne peut éviterqu'au prix d'une malhonnêteté. L'avenir ne pourraêtre assuré sainement en Roumanie qu'en portant ceregard sur le passé.

Une famille prise dans la tourmente de l'histoire

Et ce passé est douloureux. C'est la guerre qui est d'abord évoquée par les deuxsœurs qui échangent des souvenirs d'enfance; leur enfance à Calinesti, village deBucovine habité en grande partie par des paysans ukrainiens et où le père est institu-teur. Les armées ne tardent pas à défiler en ce très beau coin de Roumanie.

C'est tout d'abord, en 1941, l'ordre du dictateur Antonescu donné aux armées rou-maines de franchir le Prut avec les Allemands d'Hitler pour récupérer la Bessarabie.C'est ensuite, à partir de 1944, l'arrivée de l'armée soviétique avec son cortège demisères. Les fillettes sont sans leur père, mobilisé, puis retenu comme prisonnier enURSS. Puis vient l'exil avec leur mère à travers le pays pour fuir les envahisseurs.

Jamais, pourtant, la haine ne semble emporter cette famille prise dans la tour-mente de l'histoire. Les Juifs sont montrés du doigt dans le pays pour leur collabora-tion avec les Rouges mais dans une lettre échangées entre les deux sœurs les chosessont remises à leur juste place: "Il est possible que, par réaction de défense, les Juifssoient devenus communistes en nombre plus important. Comme le disait notre père,les Roumains ne tardèrent pas non plus à côtoyer les puissants dès qu'ils comprirentqu'on n'avait pas le choix. Nous avons compris très tard que c'était cette maudite dic-tature qui était l'ennemie commune de tous ceux qui avaient vécu en paix autrefois".

La duplicité d'un père pour épargner ses enfants

La figure du père est d'ailleurs importante dans le témoignage des deux sœurs.C'est un homme usé et amaigri qui revient de sa détention en URSS et c'est un hommevaincu qui doit faire face à la dictature. Celle-ci le contraint à choisir la duplicité pourépargner un sort détestable à ses enfants.

C'est ce qu'il explique à sa femme dans une lettre jamais envoyée mais retrouvéeaprès sa mort en 1982:

Livres

La Roumanie revisitée après lachute des Ceausescu et le constatbrossé par Cornelia Petrescu à tra-vers son personnage de Ioana n'estpas des plus encourageants.

Il y a tout d'abord "cette publicitéenvahissante pour Coca-Cola qui nes'est pas gênée pour défigurer etcontaminer ce pays pur et pauvre,retardé et superbe. Et puis il y a lepauvre Roumain qui est tombé faci-lement dans le piège de celui qui etsprêt à faire n'importe quoi si c’estpour s'enrichir".

Au total, le livre de CorneliaPetrescu est une réussite car il a lemérite d'offrir des pistes deréflexions à tout Roumain qui voudrabien chercher à mieux comprendreson passé pour se préparer un ave-nir meilleur. Même si elles restentencore à approfondir, son livre portedéjà la marque du recul nécessaire.

De plus, les Français peuventaussi se sentir interpellés car ils sontinvités, tout autant que les Romains,à se poser quelques questions sur lemonde qu'ils sont en train d'offrir àleurs enfants.

Rester debout finalement, pourles uns comme pour les autres, n'estpeut-être rien d'autre que ce regardporté sur soi par l'autre.

Ce regard d'émigré qui observederrière lui celui qu'il était (et qu'iln'est déjà plus) et qui découvreautour de lui celui qu'il n'a pas envieforcément de devenir. Rester debout,c'est donc peut-être ce regard-là. Ceregard-là et sa prise en compte, biensûr.

B.C.

"Pays pur et pauvre,retardé et superbe"

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

19

SSociété

Lenteur des procédures, droits acquis, hostilité de l'opinion publique

BUCAREST

ORADEA

SATU-MARE

TIMISOARA

ARAD

R. VALVEA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

CALINESTI

PITESTI

CLUJ

Rester FOCSANI

BISTRITA

Des familles aristocratiques peinent toujours àrecouvrer leurs châteaux et propriétés en Europecentrale, nationalisés après la Seconde Guerre

mondiale. Ils poursuivent leur combat, mais beaucoup n'ontconnu jusqu'ici que des échecs cuisants. Malgré certainssuccès, les aristocrates buttent contre les lenteurs des procé-dures légales, les droits acquis ou l'hostilité de l'opinionpublique.

La Pologne n'a toujours pas de loi de restitution

En Pologne, 17 ans après la chute du communisme quiconsidérait l'aristocratie comme un "ennemi de classe", celle-ci attend toujours un loi sur les restitutions pour faire valoir sesdroits sur les fortunes ancestrales. La Pologne est le seul payspost-communiste à n'avoir toujours pas de législation destinéeà réparer "le pillage de l'Etat sur ses citoyens". Mais certainsaristocrates s'accrochent. Le duc Albert Czetwertynsky, soute-nu par plusieurs dizaines de partisans, a manifesté début juilletà Varsovie, devant l'ambassade des Etats-Unis. A cet endroit,au cœur de la capitale, se trouvait un palais de la familleCzetwertynsky jusque dans les années 50. Mais le régimecommuniste a accusé d'espionnage le père de l'actuel duc,Stanislaw, et a confisqué ses propriétés. Le site a été vendu auxEtats-Unis qui ont démoli le palais datant du XIXème siècle ety ont construit un bâtiment moderne.

Actuellement, moins de 40 % des Polonais sont favorablesà des restitutions, contre 60 à 75 % au début des années 90."Les gens se disent: pourquoi restituer leurs biens à ceux quivivent dans les palais, alors que moi et ma famille, on doit secontenter d'un appartement de 30 m2" rapporte un journaliste.

Le château de Bran rétrocédé à son ex-propriétaire, aujourd'hui Américain

En Roumanie, 90 % des quelque 128 000 demandes derestitution n'ont pas été satisfaites jusqu'à présent. Mais il y aeu des chanceux. Le célèbre château de Bran, connu comme laforteresse de Dracula, a été restitué en mai à son propriétaireDominic de Habsbourg (notre photo), le petit-fils de la reineMarie de Roumanie, aujourd'hui Américain et vivant auxUSA, 58 ans après avoir été confisqué par les communistes. Le

roi Michel se bat toujours pour récupérer son château de Peles,à Sinaia, mais on lui a rendu celui de Savârsin (judet d'Arad),où il a passé son enfance et où il séjourne fréquemment.

En Bulgarie voisine,l'ex-roi Siméon SaxeCoburg-Gotha, qui avaitquitté son pays en 1946pour y revenir d'exil il y aun peu plus de cinq ans etdiriger le gouvernementbulgare de 2001 à 2005,vit actuellement dans lepalais de Vrania à Sofia. Ila bénéficié d'une décisionde la Cour constitution-nelle de 1998 autorisant larestitution des propriétésroyales nationalisées.

La Hongrie a été poursa part le premier pays post-communiste à adopter, en 1991,une loi sur des compensations partielles des expropriations.Une agence d'Etat chargée du dossier a reçu à l'époque 817 811demandes de compensations partielles des expropriations.Celles-ci se sont alors chiffrées à 207 millions d'euros, suiviesd'une seconde vague de paiements en 1994.

En République Tchèque, 150 demandes successives d'un même requérant repoussées

En République tchèque, le descendant d'une famille aris-tocratique, Frantisek Oldrich Kinsky, né en Argentine, adéposé depuis 2003 pas moins de 150 demandes de restitutionde divers biens familiaux. Mais les requérants se heurtent dansce pays aux décrets Bénès, relatifs à l'expulsion de quelque2,5 millions d'Allemands de Tchécoslovaquie au lendemain dela défaite nazie, alors que la noblesse tchèque a souvent surl'arbre généalogique des branches allemandes.

Les décrets signés en 1945-46 par le Président tchécoslo-vaque de l'époque, Eduard Bénès, qui avaient confisqué lesbiens et privé de leur nationalité tchécoslovaque les Allemandsdes Sudètes, n'ont jamais été abolis.

Peter Kononczuk (AFP-Les Echos de Pologne)

Evénements

Les autorités roumaines ont retrouvé cinq bracelets de l'époque dace vieux d'environ 2.000ans qui avaient été dérobés du site archéologique de Sarmizegetusa Regia (le Alesia desDacs). Quatre d'entre eux ont été récupérés en juillet 2006 après avoir été rachetés à un

collectionneur américain de New York pour 236.000 euros. Ces joyaux, d'un kilo chacun et de 24carats, sont désormais exposés au Musée national d'histoire. Le cinquième a été retrouvé l'an passé

à l’occasion d'une exposition d'antiquaires au Grand Palais de Paris. L'inspectorat général de la police roumaine l'a présenté fin jan-vier, en présence du président Basescu. Bucarest serait encore à la recherche d'une dizaine d'autres bracelets du même type.

Trésors dacs récupérés

Les aristocrates d'Europe centrale peinent à retrouver leurs fortunes

La correspondance pathétique de deux

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

35

"Tu te souviens certainement de notre collègue, l'institu-teur F… et de cette journée glacée d'hiver où j'ai été convoquéavec lui au Comité départemental du Parti communiste. Il n'apas accepté la carte du Parti et ses traces se sont perdues dansles prisons. Sa femme et ses jumeaux ont tant souffert ! Moi, jen'avais pas pris ce risque. Ce manque de courage m'avaitaffecté profondément. Accepter de vivre deux vies parallèles :une en moi et l'autre à l'extérieur n'a pas été facile".

Cette duplicité acceptée ne suffira cependant pas à sauverl'innocence des enfants devenues adultes. Ioana cherche à sedéfendre d'une quelconque compromission volontaire: "Noussommes entrées dans les rangs, nous avons été endoctrinéesparce que nous étions innocentes. Je laisse tourner dans matête cette idée, jusqu'à ce qu'elle devienne convaincanted'abord pour moi-même et puis pour les autres".

Mais les questions persistent et Ioana harcèle sa sœur quin'est rien d'autre pour l'occasion que son miroir, son double:"J'espère que le jour est proche où tu arriveras à te libérer ente dévoilant sans réticences, écrit-elle notamment à Mara.C'est comme cela qu'on arrivera à mieux cerner la périodeque tu préfères garder sous silence aujourd'hui. Tu as étéentraînée plus haut que moi dans la hiérarchie. As-tu acceptédes compromis ? Qui n'en a pas accepté ? Etait-il possible queles individus restent non impliqués ? Ceux qui affirment ne pasen avoir accepté sont des hypocrites, car les papillons dont laguillotine n'a pas coupé les ailes furent rarissimes".

Le difficile choix de partir

Ioana raconte ensuite son passé de pionnière puis son métierd'ingénieur qui la conduit parfois à travailler au plus près durégime; notamment lorsqu'elle doit mettre en évidence l'excel-lence des résultats de la production départementale à l'occa-sion de la venue du Conducator dans sa ville, ou lorsqu'ellereconnaît sur un chantier, auquel elle participe comme cadretechnique, un ancien camarade de faculté devenu prisonnierpolitique. Dans les deux cas, elle tait son désaccord et son res-sentiment. C'est qu'il en va de son poste, de sa vie, de sonfils… Alors la vie continue ainsi !... Jusqu'au jour où, toute-fois, la coupe est pleine. Les années 80 sont dures. Le pièges'est refermé sur ceux qui ont cru un temps aux mensongesd'Etat. Le pays tout entier est dans une impasse noire.

A ce moment-là du livre, on aurait aimé que les deuxsœurs nous en disent un peu plus sur leurs conditions de vied'alors et, surtout, sur leur état d'esprit de sœurs coupables. Iln'est pas là question d'un quelconque voyeurisme de lecteurmais plutôt d'un désir de voir s'approfondir une démarcheengagée d'honnêteté et d'autocritique.

Après tout, il ne dut pas être si facile que ça, pour Ioana,de quitter son pays dans une situation à laquelle elle avait toutde même contribué pour une part. L'intérêt pour son fils et sonavenir passa avant le nécessaire combat pour la liberté àacquérir en Roumanie. Rester debout n'eut-il pas été d'agirainsi ? Délicate question dont la réponse n'appartient qu'à ceux

qui se la posent dans les conditions requises. Impossible dejuger de l'extérieur. Affaire de conscience personnelle. Ioanadécide donc d'émigrer. Le syndrome paternel refait surface. Ils'agit de sauver les enfants. En l'occurrence, un fils. Et ne pasen faire un papillon sans ailes de plus. Peut-être était-ce effec-tivement la bonne solution !...

Française… à durée déterminée

Après avoir graissé la patte à la Securitate pour qu'elleferme les yeux sur cette sortie à trois sans retour prévisible,l'installation en France ne va pas de soi pour la famille deIoana. C'est tout d'abord la précarité professionnelle qui l'at-tend. Ainsi Ioana, d'ingénieur chimiste en Roumanie, en vientà faire quelques heures de repassage par semaine.

Des a priori persistants chez certains Français l'affectentégalement: "Tous ceux qui viennent de l'autre côté du rideaune sont que des criminels, des voleurs, des traîtres ou desextrémistes de droite". Par chance, il y a aussi les Français quise préoccupent du sort de la Roumanie et qui adhèrent à OVR(Opération Villages Roumains). Les Roumains de la diasporase révèlent êtreaussi un réconfortdans cette situa-tion d'émigrationdure à vivre. Etpuis, il y a cetteFrance qui estdécouverte danssa réalité. Il y a laLiberté, certes. Larichesse, certes.Mais aussi lescages d'escaliercrasseuses dans certains quartiers où se retrouvent les réfugiés.Les SDF dans la rue. Et puis la discrimination au travail.

Etrangère, femme et d'un certain âge, Ioana ne voit pas sesmérites récompensés lorsqu'elle parvient à faire ses preuvesdans une entreprise qui l'a embauchée pour une durée déter-minée. La seconde partie du livre porte d'ailleurs beaucoup surcette réalité du monde de l'entreprise en France. C'est queIoana n'a pas renoncé à progresser professionnellement. Maisce sera en vain car jamais il ne lui sera accordé en France unposte à durée indéterminée.

Au total, l'émigration se solde-t-elle par un constat defaillite ? Pas tout à fait car il y a Andrei, ce fils aimé qui a réus-si son parcours universitaire et qu'il a fallu soutenir pour faireces études afin qu'il n'ait pas à souffrir. Ne souffrira-t-il pas decette surprotection parentale et d'un monde professionnel cruelmême avec les diplômés ? Cela reste à prouver.

Bernard Camboulives“Semper Stare”, Roman témoignage de Cornelia Petrescu,

L'Harmattan - Lettres danubiennes, 2006. Traduit du roumain parl'auteur avec l'aide de Dominique Gigot. 340 pages, 29,5 Euros

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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SSociété

La direction de l'usine IMARd'Arad (ancien combinat de transfor-mation du bois) a décidé de conser-ver les meubles qui y avaient étécommandés début 1989 pour l'anni-versaire de Ceausescu et devaientprendre place dans son bureau dufutur Palais du Peuple (CasaPoporului), estimant qu'ils faisaientpartie du patrimoine du pays- Ilsseront exposés dans un pavillonconstruit à cet effet.

De nombreux acheteurs de l'é-tranger s'étaient manifestés, notam-ment anglais. Parmi eux, le chanteurElton John. L'ancienne direction s'é-tait proposée de les mettre en ventepour 300 000 €, un prix qui avaitdécouragé les potentiels acquéreurs.

Ces meubles - un bureau, unebibliothèque et un fauteuil - pesanttrois tonnes, avaient été réalisés ensix mois, sous la conduite de quatrechefs de projets, trois architectes, etrequérant l'intervention de 18 sculp-teurs... le tout sous la surveillancecontinue de la Securitate.

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

HUNEDOARA

CLUJARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTA

CRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEAPLOIESTI

SUCEAVASATU MARE

PITESTI

Evénements

deboutA Dumitra, deux siècles

Les meubles destinésà Ceausescu resteronten Roumanie

En 1997, Irina, 22 ans, du village de Dumitra (Judet de Bistrita-Nasaud),mère d'un enfant, mariée à Marian Lungu, 17 ans, était surprise à ramasser("voler" dira le procès-verbal) un sac de pommes de terres dans un champ.

Elle avait été condamnée à un an de prison. Comme elle était enceinte, l'exécution dela peine avait été retardée jusqu'à la naissance.

Angoissée à la perspective de laisser sa famille et d'être incarcérée, la jeunefemme et son mari ont entrepris d'avoir d'autres enfants… cinq depuis cette époque,retardant d'autant l'échéance. Pendant ce temps, Marian, qui se battait pour entretenirsa famille de plus en plus nombreuse, entreprenait toutes les démarches pour obtenirla grâce de sa femme, écrivant aux procureurs, juges, policiers chargés de l'enquête,élus.

Il se rendit même à la porte du palais présidentiel de Cotroceni, à Bucarest. Quece soit Constantinescu ou Iliescu, la réponse a été invariablement la même: "Votredemande a été repoussée". La dernière, identique, est arrivée fin janvier de Basescu.Il ne restait plus à Irina, après dix ans d'affres qu'à prendre le chemin de la prison. Cequ'elle va éviter pour l'instant… puisqu'elle est maintenant enceinte de cinq mois, pourla huitième fois.

Voici un an, Carmen Paunescu, femme de l'actuel sénateur et ancien barde deCeausescu, Adrian Paunescu, tuait pratiquement toute une famille au volant de son 4x 4, en doublant une file de voitures alors qu'un véhicule venait en fac; un colonel tuaitcinq personnes dans des conditions équivalentes. Tous les deux ont été condamnés àdes peines avec sursis.

Gigi Becali, Sorin Ovidiu Vântu et bien d'autres, qui ont volé des centaines demillions d'euros au pays, n'ont pas effectué un seul jour de prison.

Le personnage de Jean Valjean, qui a inspiré Victor Hugo, existait réellement. Ils'appelait Pierre Maurin et fut condamné à cinq ans de bagne pour avoir volé un painafin de nourrir les sept enfants affamés de sa sœur. Cela se passait en 1801... etl’Union Européenne n’existait pas encore.

L'adhésion à l'UE va mettre unterme aux grandes transhu-mances sur les principales

routes du pays, nationales eteuropéennes.Ainsi en ontdécidé les auto-rités sanitaireset vétérinairesr o u m a i n e s ,arguant de lal é g i s l a t i o ne u r o p é e n n e .Les véhiculestransportant lest r o u p e a u xdevront êtredotés d'unsystème de ventilation, effectuer aumoins deux poses en 24 heures et, au-delà de deux jours, un arrêt sera obliga-toire dans une ferme spécialement

équipée. Les moutons ne pourront pas,non plus, aller paître sur les terrainsprivés. En outre, la transhumance ne serapermise qu'avec un judet voisin (autre-

fois, les bergerse m m e n a i e n tleurs moutonsj u s q u ' e nA n a t o l i e ) ,après quel'itinéraire aitété approuvépar les autoritésde tutelle etqu'elles aientobtenu l'assu-rance que lestroupeaux ont

été vaccinés et déparasités. La commer-cialisation des produits d'origine naturel-le (lait, fromage) ne sera possible quedans le judet d'origine des animaux.

Réglementation européenne oblige: les moutons interdits sur les grandes routes

ONESTI

BRAN

R. VALCEA

BACAU

BISTRITAaprès, Jean Valjean s'appelle Irina

sœurs, l’une immigrée en France, l’autre demeurée au pays

Ceausescu n’est jamais “rentré” dans ses meubles... pour cause de révolution.

La France... ce sont aussi les SDF dans les rues.

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

17

Actualité

PLOIESTI

Livres Michelin, Renault, Coca-Cola, Hilton en prise avec des mouvements sociaux

La maison d'édition L'Harmattan (5-7 rue de l'Ecole Polytechnique, 75 005Paris; www.editions-harmattan.fr, e-mail: [email protected]) a le mérite de faire découvrir en profondeur les sujets qu'elle abor-

de en proposant à ses lecteurs une panoplie impressionnante d'ouvrages, de recherchesQui en donnent le panorama le plus complet. Ainsi a-t-elle publié une dizaine de livresconcernant la Roumanie au cours du seul premier trimestre 2006 dont certains ne man-queront pas d'intéresser les passionnés de ce pays.

Roumanie 1944-1975, De l'armée royale à l'armée du peuple tout entier,Christophe Midan, préface de Catherine Durandin, (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 21,5euros,238 p.).

Le présent ouvrage se donne pour objectif d'analyser la construction de l'arméepopulaire roumaine pendant les trois premières décennies de son existence, c'est-à-dire du coup d'état du 23 août 1944, point de départ de l'infiltration communiste, jus-qu'en 1975, date à laquelle les transitions sont achevées et le modèle roumain "d'arméedu peuple tout entier" est bien arrêté. S'appuyant sur des textes d'époque, des docu-ments d'archives et sur les plus récents travaux roumains, il envisage la question sousun angle militaire mais surtout humain et s'attache à mettre en lumière le processus de"démocratisation" des forces armées.

L'épisode humanitaire roumain ; Construction d'une "crise", état des lieuxet modalités de sortie, Gautier Pirotte.(Coll. Questions contemporaines, 22 euros,265 p.). L'année 1989 fut un tournant du XXe siècle. Cette année, marquée par l'ef-fondrement des régimes communistes d'Europe centrale et orientale, s'acheva par unerévolution aussi spectaculaire qu'ambiguë en Roumanie. Ce soulèvement, apparem-ment populaire, a déclenché une vague humanitaire massive et brutale à I'Ouest qui seprolongea quelques mois encore après la découverte d'orphelinats mouroirs ou s'en-tassaient des enfants, laissés pour compte de la politique sociale du régime deCeausescu. Cet épisode n'est pas dénué d'intérêt pour I'action humanitaire, ouvrant cechamp à de nouvelles qualités professionnel1es.

Villages roumains, Entre destruction communiste et violence libérale, GérardAlthabe. Alina Mungiu-Pippidi. (Col1. Anthropologie critique, 22,5 euros, 266 p.)

Cet ouvrage décrit un monde rural roumain qui pendant près d'un demi-siècle aété modelé par le communisme et qui depuis treize ans est confronté à une réinsertiondifficile dans le marché capitaliste. Le mouvement historique dans lequel la paysan-nerie a été investie, en particulier depuis la fondation de I'Etat moderne à la fin du19ème siècle, a été reconstitué, et l'entrée programmée dans I'Union Européenne estreplacée dans la singularité de cette temporalité nationale.

Bucarest-Paris-Niamey et retour ou Souvenirs de 42 ans d'exil (1948-1990),Neagu Djuvara. (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 31 euros, 370 p.) Ce livre est le récit dra-matique - mais non dénué d'humour - des pérégrinations de l'auteur depuis qu'il a"choisi la liberté" jusqu'à son retour en Roumanie. Trois volets se présentent: 1- 1948-1961, le désarroi du patriote roumain devant la faiblesse des Occidentaux face à l'in-solente agressivité des Soviétiques. 2- 1961-1984, Conseiller diplomatique au Niger;aspects inédits de la naissance de I'OUA ou de la guerre du Biafra ou sur des person-nalités comme Sékou Touré, etc. 3- Choc des retrouvailles avec la Roumanie d'aprèsCeausescu; peinture au vitriol de la nouvelle "classe politique".

Les dilemmes de l'identité aux confins de l'Europe; Le cas roumain, MonicaSpiridon, (Coll. La philosophie en commun, 16,5 euros, 188 p.).

Comment peut-on être ce que l'on est? Tactiquement reformulée par Valéry, lafameuse question soulevée par Montaigne n'a jamais cessé de stimuler tel ou telimaginaire collectif à projeter des espaces originaires mémorables et des scénogra-phies symboliques élaborées. Ne pas être perçus par les Européens comme de Bons

Les éditions L’harmattan propo-sent également les 2 ouvrages sui-vants, dans la même collection :

Bucarest et l'influence françai-se; Entre modèle et archétypeurbain 1831-1921, B. Andrei Fezi.(Coll. Aujourd'hui l'Europe, 36 euros,456 p.)

Il y a plus d'un siècle, Bucarest vitau rythme de la France. Entre 1831et 1921, l'administration, la législationurbaine et l'enseignement urbain sontinspirés du modèle français. La plu-part des architectes roumains fontleurs études à Paris et un nombreimportant de bâtiments sontconstruits dans la capitale roumainepar des architectes français ce quivaudra à Bucarest le surnom de"Petit Paris des Balkans".

L'héritage urbain de Ceausescu;Le Centre civique de Bucarest,Ioana Iosa. (Coll. Aujourd'huil'Europe, 16 euros, 188p.).

En 1989, Ie communisme s'ef-fondre en Roumanie, ainsi que danstoute I'Europe de I'Est. LesRoumains héritent du deuxième bâti-ment de la planète en surface, ainsique d'une des plus grandes avenuesau monde. Il s'agit respectivement dela Maison du peuple et du boulevardde La Victoire du socialisme, réunisen un ensemble appelé Le Centrecivique de Bucarest. Celui-ci est denos jours le plus cité dans la plupartdes présentations de la Roumanie.Ioana Iosa le situe dans le contextede sa création (politique, idéologiqueet urbaine) et suit ses modificationsde sa naissance jusqu'à aujourd'hui.

Mieux connaître la

Pour les passionnésd’architecture

S'estimant exploités, leurs salaires insuffisants, leursconditions de travail trop dures, leurs droits syndi-caux non respectés, les employés des multinatio-

nales relèvent la tête, même si leursactions sont pour l'instant moins efficacesque dans le secteur public. Le mouvementa commencé voici deux ans; il s'étendaujourd'hui avec des grèves spontanées. Al'époque encore, Carrefour faisait la chas-se aux délégués syndicaux, mais aujour-d'hui le personnel n'hésite plus à se mettreen grève, comme celui de Renault-Dacia,mécontent de voir que la productivité quia augmenté de 180 % en 2006 ne s'est tra-duite que par de faibles augmentations desalaire. Chez Philip Morris Romania, lesdélégués syndicaux ont intenté un procèsà la direction réclamant le paiement de 250 000 € représentantdes arriérés de salaires, primes de nuit, de week-end sur 3 ans.

Des mouvements sociaux ont été engagés l'an passé àl'Hôtel Athénée Palace-Hilton pour des augmentations jugéeségalement trop faibles. Les syndicalistes de Coca-Cola

Romania avaient même commencé une grève de la faim enavril 2005, leur directions refusant de procéder à une augmen-tation de 18 %. Fin janvier, la Fédération des syndicats libres

du commerce s'est élevée contre unfinancement de 100 M€ accordé sanscontre-partie sociale par la BERD(Banque Européenne pour laReconstruction et le Développement) à lachaîne de magasins allemande Kaufland,indiquant que celle-ci obligeait sesemployés à ne pas se syndiquer, imposaitdes normes de travail impossibles à tenir(lecture de 40 codes-barre à la minute),sous peine de licenciement.

L'usine de Zalau (Salaj) de Michelin- l'une des trois que le groupe détient enRoumanie - est également actuellement

au centre d'un conflit, une action en justice ayant été engagéecontre la direction pour, selon le leader syndical Adrian Ilies,"exploitation jusqu'à l'épuisement des travailleurs, menacesde licenciement en cas de non-respect des normes de produc-tion, obstruction à l'activité syndicale".

L'affaire Wear Company n'estpas courante: 300 employéeschinoises d'un atelier de

confection de Bacau ont décidé de fairegrève. Certaines auraient par ailleurs vio-lenté leur patron et sont sur le point declaquer la porte

Fin janvier, Sorin Nicolescu, ledirecteur de la société de confectiontextile Wear Company de Bacau,affirmait avoir été "attaqué à coups defourchettes et de cuillères" par plu-sieurs dizaines de ses employées chi-noises.

Il comptait porter plainte contrecelles qui l'ont agressé. Tout a com-mencé vers le 20 janvier, quand les300 employées chinoises qui logentau sein même de l'entreprise, ont com-mencé une grève afin d'obtenir une aug-mentation de salaire conséquente (700euros) et de meilleures conditions de tra-vail.

Face à leur détermination et, d'aprèsSorin Nicolescu, à leur "attitude violen-

te", la direction de la société a décidé derenvoyer les protestataires dans leur pays.Prêt à payer leur billet retour en Chine,Sorin Nicolescu avait résilié le contrat de280 d'entre elles. "J'attends déjà 300 nou-velles employées, toujours de Chine, à

partir du 15 février", avait-il déclaré. Pourtant les représentants syndicaux,

ceux de l'ambassade de Chine à Bucarestet la direction de la société pensaient êtrearrivés à un accord il y a quelques joursen proposant un nouveau contrat assurant

un salaire d'environ 650 euros - cinq foisle salaire moyen net - au lieu des 250euros que ces employées chinoisesgagnaient jusqu'à présent.

Les spécialistes sont partis

A la mi-2006, Wear Companyavait fait la une de plusieurs quoti-diens nationaux après avoir recrutéces 300 ouvrières chinoises, suite à lapénurie de main-d'œuvre locale.

Une tendance qui pourrait s'ac-centuer car plusieurs autres sociétésroumaines, notamment dans le BTP,pensent déjà à recruter des ouvriersvenus d'Asie. Concernant le secteurtextile, Maria Grappini, présidente del'Agence patronale de l'industrie texti-

le, estime que "les grands investissementsont besoin d'une main d'œuvre de qualitéqui ne se trouve plus en Roumanie car lesmeilleurs spécialistes sont déjà partis àl'étranger."

F.C. (www.lepetitjournal.com)

Trois cent ouvrières du textile se mettent en grève et agressent leur patron

Les employés des multinationales relèvent la tête

Social

Les Chinoises de Bacau se rebiffent

L’usine Michelin de Zalau.

Page 37: OUMANIe · Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer à ses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre

Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

37

Sauvages fut le rêve le plus précieux des Roumains, ravagéspar un dilemme dont la version tranchante lancée par Cioran àParis ne faisant que tirer au clair: "Comment peut-on êtreRoumain?"

Perspectives roumaines; Du postcommunisme à l'inté-gration européenne, Sous la direction de CatherineDurandin, avec la collaboration de Magda Carneci (1989-2004). (Coll. Aujourd'hui l'Europe, 25,5 euros, 304 p.).

Quinze ans de bouleversements. Membre de l'Otan, laRoumanie s'applique à intégrer I'Union Européenne en 2007.Un groupe d'experts, américains, français, moldaves et rou-mains venus d'horizons divers, anthropologie, économie, his-toire, sciences politiques, propose un état des lieux. Les ana-lyses portent sur le poids des mémoires, les évolutions identi-taires, les ajustements à l'ouverture occidentale et européenne,les comportements politiques, les incertitudes et les ambitionsdes intellectuels et des bâtisseurs de cathédrale... LaRépublique Moldave voisine est aussi étudiée.

Les processus de la privatisation en Roumanie et enBulgarie; Une transition confisquée?, Charles-Henri Lafont,(Coll. Entreprises et Management, 16,2 euros, 186 p.).

La Bulgarie et la Roumanie sont sans doute les paysd'Europe centrale et orientale les plus méconnus. Si on parlede leur spécificité, c'est pour mieux mettre en avant leur diffi-culté à "émerger". Ces deux pays ne sont-ils pas les seuls àavoir été écartés de la première vague d'élargissement deI'Union européenne à l'Est ? Au-delà de leurs problèmes struc-turels indéniables, il est intéressant de revenir en détail sur leprocessus économique de ces "transitions" et en particulier surles privatisations considérées comme la clef de voûte de laconstruction d'économies de marché prospères.

A l'Est du nouveau; La (re)production d'identités col-lectives et les questions linguistiques dans L'Europe post-communiste, Collectif - Préface d'Henri Boyer, (Coll. Langueet parole, 13 euros, 146 p.).

Au cœur de l'imaginaire ethno-socio-culturel intracommu-nautaire et intercommunautaire, les représentations partagéesde la/des langues occupent une place privilégiée ; ainsi, laquestion linguistique est une constante dans les Etatsconcernés par les contributions à cet ouvrage (qu'il s'agisse desEtats issus du Bloc soviétique ou de l'ex-Yougoslavie ou enco-re de la Roumanie). C'est de cette problématique qu'il est ques-tion dans cet ouvrage.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

16

Actualité

Social

Travailler change non seulement le niveau de vie des Roumains qui ont tentécette expérience, mais aussi leur mentalité, souligne un sondage fait parl'institut Gallup. "Ils sont près à démarrer une affaire et a en assumer les

risques, que ce soit dans le domaine du commerce, des services et, un peu moins, del'agriculture" conclut l'institut, relevant que 10 %, après leur retour au bercail, ontouvert une entreprise, 25 % sont décidés à le faire, alors que cette proportion n'est quede 3 % au niveau de l'ensemble de la population. 90 % des émigrés déclarent que pourréussir, il faut prendre des risques et 61 % que le travail a une importance très gran-de… un avis qui n'est partagé que par moins de la moitié de leurs concitoyens restéssur place. Plus même: si, à leur retour, ils sont beaucoup plus critiques à l'égard de lasituation en Roumanie, les émigrés sont pareillement beaucoup plus optimistes quandà l'avenir, alors que les autres sont habités par un pessimisme chronique qui leur faitbaisser les bras et soupirer: "C'est de pire en pire".

Des départs en trois vagues

Les sociologues ont observé que l'immigration roumaine s'est effectuée en troisétapes, depuis 1990. Limitée dans un premier temps, entre 1990 et 1995, touchantenviron cinq pour mille des Roumains, principalement issus des villes, elle concernaitsurtout des hommes entre 30 et 55 ans, ayant fait une école professionnelle ou le lycée,et partant vers Israël et la Turquie, recrutés par des officines d'intermédiaires.

Dans une seconde vague, de 1995 à 2002, les regards des candidats à l'émigrationse sont tournés vers l'Italie, puis toujours Israël, et l'Espagne. Leur nombre a doublé etles hommes étaient toujours les plus nombreux alors que les immigrés illégaux consti-tuaient la moitié des effectifs (53 %) contre 34 % dans la période 1990-1995.

Avec l'accès libre à l'Espace Schengen - troisième vague - travailler à l'étrangerest devenu un phénomène de masse, touchant entre 1 et 2,8 % de la population par an,les jeunes de moins de 30 ans constituant le plus fort contingent et les femmes faisantleur apparition, obtenant à 90 % des emplois comme femmes de ménage. Trois foisplus importante qu'il y a quatre ans, cette immigration prend aussi un caractère tem-poraire et touche maintenant en priorité les campagnes, le nombre de diplômés de l'en-seignement supérieur ayant choisi de s'exiler ayant beaucoup baissé.

Sans surprise, on constate que ce sont les régions les plus pauvres, la Moldavie(Iasi) et l'Olténie (Craiova), qui alimentent en priorité le flux migratoire, mais aussi leBanat (Timisoara), pourtant région la plus développée du pays, mais proche géogra-phiquement d'un Occident toujours tentateur.

Environ 1,8 million de Roumains expatriés

Au total, en 17 ans, un Roumain sur dix a eu une expérience de travail à l'étran-ger, et le nombre de ceux qui ont tenté l'aventure a été multiplié par six, bien qu'ilsaient appris que gagner de l'argent implique de travailler beaucoup plus durementqu'en Roumanie. On estime à environ 1,8 million les Roumains expatriés actuelle-ment, souvent temporairement, l'Italie étant la première terre de destination (34 %),devant l'Espagne (20 %). Près d'1,5 million, soit 8 % de la population, envisagent dele faire, mais pour la moitié, il s'agit davantage d'un espoir, alimenté par l'exemple desproches qui ont émigré, que d'un plan bien arrêté.

Environ 7 % des familles roumaines vivent des revenus des immigrés. En dehorsde ceux qui ont décidé d'investir dans une affaire, l'argent amassé sert en priorité àconstruire ou rénover une maison . Quant il en reste, pour la moitié des familles, il estdestiné à l'achat d'appareils électro-ménagers et, pour un tiers, à celui d'une voiture.

Depuis le 1er janvier dernier, lenouveau contrat de travail collectifprécise le niveau minimum dessalaires qui doit être pratiqué suivantla formation. Ainsi pour un employédiplômé universitaire, il ne pourraêtre inférieur à 350 € brut, soit 260 €net, ce qui représente deux fois lesalaire minimum (165 € brut et 120€ net, 1 € brut par heure et 0,75 €net). Le personnel qualifié ou ayantfait des études secondaires touche-ra, au minimum, 1,2 salaire mini-mum, des études supérieurescourtes, 1,5. Cette base de calcul estvalable jusqu'en 2010.

Salaire minimum à 120 € net

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ZALAUARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

BISTRITA Partir travailler à l'étranger change lesmentalités et donne l’esprit d’initiative

Roumanie avec les Editions l'Harmattan

Le journal Cotidianul écrit dans unarticle intitulé ''11 compagnies rou-maines dans le Dow Jones'', queselon Stere Farmache, directeurgénéral de la Bourse des ValeursBucarest (BVB), Dow Jones Indexeset Wilshire Associates ont inclus, le 2janvier 2007, plusieurs compagniesde Roumanie dans les indices DowJones Wilshire Global, ce qui les ren-dent plus intéressantes aux yeux desinvestisseurs. L'indice comprend 12449 compagnies de 59 pays et ilreflète l'évolution de l'économie mon-diale dans son ensemble. Parmi les11 compagnies roumaines il convientde citer Transelectrica, BancaTransilvania, Biofarm, La Banque rou-maine de Développement (BRD-Société Générale), Antibiotice,Petrom, Rompetrol Raffinage.

La Roumanie, qui a accueilli le sommet francophone en sep-tembre dernier, ne pouvait pas mieux terminer l'année 2006.C'est l'une de ses ressortissantes, aujourd'hui également

Française, Mariana Cojan Negulesco, qui a obtenu le prix Saint Exupéry2006 de la Francophonie pour son petit recueil de contes de Creanga,ouvrage bilingue, publié à la fois en France et dans le pays d'origine, doncla Roumanie, comme l'exige le règlement. L'écrivaine et traductrice a reçuson prix début décembre. Mariana Cojan Negulesco met depuis de nom-breuses années son talent au service de la culture roumaine qu'elle veutfaire connaître et comprendre aux enfants français, traduisant, adaptant descontes et légendes de son pays natal. Pas moins de neuf recueils en françaissont déjà parus dont La revanche du pain (2004), La petite bourse auxpièces d'or (2003), Conte des Carpates (1996), Le méchant Zméou(2001); ces quatre re-cueils bilingue sont parus dans la collection Légendesdes mondes, L'Harmattan; Mes années de sagesse (2004), Conte desenfants qui cherchent le bonheur (2006) publiés chez Albin MichelJeunesse. La franco-roumaine a écrit également pour les jeunes français unroman intitulé Au temps de Dracula (L'Harmattan Jeunesse, 2000).

Titulaire d'un doctorat en lettre à la Sorbonne, Mariana CojanNegulesco a fait ses études universitaires à Bucarest, devenant professeurde français dans son pays où elle a notamment publié une méthodologie del'enseignement de notre langue. Depuis son installation en France, elle arenoncé à l'enseignement pour devenir traductrice et interprète. Pour mieuxfaire connaître la littérature de son pays, elle a monté une "conférenceanimée" qu'elle présente aux associations qui en font la demande, avec uneamie comédienne française, Marie Rousseau.

Mariana Cojan Negulesco, 9 rue de la Première Division française libre,94 160 Saint-Mandé; Tel: 01 43 74 68 48 ou 06 12 46 32 81; e-mail: [email protected]

Mariana Cojan Negulesco reçoit le prix Saint Exupéry 2006 de la Francophonie

Parlant avec hauteur et détachement, surune chaîne de télévision, de sujets aussibien politiques que philosophiques,

Cristian Gava a impressionné ses compatriotes quilui auraient davan-tage donné quaran-te ans que les seizequi figurent à sonétat civil. L'ado-lescent est le plusjeune membre quel'Union des Ecri-vains n'ait jamaiscompté dans sesrangs. Cristianlisait dès l'âge de 4ans, publiait sespremières poésies,à 8 ans et s'apprête à sortir son premier roman, Laroute du bonheur. C'est surtout la dimension et ladiversité de sa culture qui le distinguent. CristianGava cite aussi bien Montaigne que Voltaire,évoque l'influence de Balzac et Dostoïevski et seréfère souvent à André Malraux.

Les critiques estiment cependant que l’adoles-cent doit encore mûrir son exepression littérairepour devenir un véritable écrivain.

A 16 ans, Cristian Gava est leplus jeune membre de l'Union

des Ecrivains Roumains

Onze compagnies roumaines dans le Dow Jones

Les “bons côtés” de l’émigration

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Littérature

Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

15

Actualité

Bruxelles menaça alors d'autant plus fermement Bucarestde sanctions et amendes pour sa pseudo taxe environnementa-le qu'elle s'apprête à introduire une taxe sur la pollution desvéhicules qui sera identique dans tous les pays membres. Bienqu'annonçant qu'il ne réviserait pas sa position, le gouverne-ment Tariceanu a été obligé cependant de faire machine arriè-re, Bruxelles lui laissant jusqu'à début mars pour se conformerà la législation européenne et abandonner cette imposition.

L'automobiliste roumain est devenu une vache à lait

Ne voulant pas perdre la face, Bucarest a indiqué que sataxe restait toujours en vigueur, mais que son niveau pourraitêtre révisé, ajoutant cependant que tous ceux qui l'avaientacquittée depuis le 1er janvier ne seraient pas remboursés. Une

décision inique, qui ne surprend pas dans le contexte roumainet qui a de grandes chances elle aussi d'être considérée commeillégale, comme cela a été le cas en Pologne, qui avait procédéde la même façon en son temps.

Ainsi, l'automobiliste roumain est devenu une vache àlait… mais bien plus que ses autres concitoyens européens.Non seulement les taxes sur le carburant amènent le prix dulitre d'essence (1,1 €) pratiquement au niveau de celui prati-qué dans l'UE, mais le gouvernement a fait savoir que le péagedes futures autoroutes serait aussi du même ordre, soit 5 €

pour 100 km. Raison invoquée: financer leur construction. Lesalaire moyen roumain étant de 7 à 10 fois inférieur à celuid'un Occidental… Imaginons ce que dirait un Français devantpayer son plein de 50 litres d'essence, 5 à 600 € et les 900 kmde Paris-Marseille par autoroute, 400 €. Même avec la Logan,la voiture reste encore un mirage pour nombre de Roumains.

circuler devient hors de prix

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

R. VALCEA

CLUJ

BISTRITA

Liviu Rebreanu (1885-1944) est considérécomme l'un des romanciers majeurs duXXème siècle et le plus grand écrivain

roumain de l'Entre deux guerres. Egalement auteurde pièces de théâtre, d'articles, de nouvelles, éditeur,ce personnage considérable de la littérature roumai-ne, traduit dans une vingtaine de langues et traduc-teur lui-même d'œuvres universelles, a fondé etanimé des revues. Il a aussi dirigé le ThéâtreNational de Bucarest, la Société des EcrivainsRoumains… ce qui conduit ses compatriotes à leconsidérer comme le véritable fondateur du romanmoderne roumain et un monument national.

Elève roumain, hongrois, allemand

Aîné d'une famille d'instituteurs qui comptait quatorze enfants, Liviu Rebreanuest né à Târlisua (département de Bistrita-Nasaud), aux confins orientaux de l'empireaustro-hongrois sur le déclin, en Transylvanie, où vivent, à côté des Roumains majo-ritaires, des populations hongroises et germaniques.

Son père reçoit souvent à la maison la visite du grand poète roumain GeorgeCocbuc (1866-1918), qui est son ami. La formation du jeune Liviu reflète la diversitéethnique de sa province natale. Il fait ses classes d'abord à l'école où enseigne sonpère, à Maieru, puis successivement dans un lycée roumain, hongrois et allemand, àBistrita*, avant d'entreprendre des études supérieures à Budapest.

Officier de l'Armée impériale austro-hongroise

Malgré sa passion pour la médecine, le manque d'argent le pousse vers la carriè-re militaire. Un choix obligé qui pèsera à la fois sur sa destinée et sur son œuvre. En1905, il est promu officier de l'Armée austro-hongroise, envoyé en poste à Gyula, maisdécouvre très vite que sa vocation est ailleurs. C'est l'écriture.

A la veille de la Grande Guerre, l'effondrement de l'empire multinational se pro-file. Déjà les Roumains, frustrés par l'administration hongroise qui les exclut desaffaires publiques, tournent le regard vers le petit royaume danubien qui s'est consti-tué de l'autre côté des Carpates, où vivent réunis leurs frères en latinité des provincesde Moldavie et de Valachie. Liviu Rebreanu démissionne de l'Armée. Dépositaired'une culture centre-européenne, il gagne en 1909, la Roumanie, indubitablement savéritable patrie. C'est là que s'exprimera son grand talent d'écrivain.

"Sois grand comme Cosbuc"

Avant qu'il ne franchisse clandestinement les montagnes, son père l'emmène jus-qu'à la gare lui lançant du quai "Sois aussi grand que Cosbuc !". Quelques mois plustard, il sera arrêté, extradé et emprisonné à Guyla, à la demande des autorités austro-hongroises qui n'ont pas apprécié les conditions de son départ. Libéré en 1890, ilrejoindra aussitôt Bucarest. Malgré son origine roumaine, Liviu Rebreanu avait com-mencé par s'exprimer en hongrois. En réapprenant sa langue maternelle, le romancierentendait renouer avec les siens et affirmer son identité nationale. Ayant grandi dansun empire où l'intolérance était moindre que dans les pays voisins, il ne tomberajamais dans le piège de la dérive chauvine. Pour lui, partagée entre deux cultures ettypes de société, la Transylvanie demeure une seule terre, où plusieurs peuples, créa-teurs et porteurs de spiritualités devraient s'épanouir ensemble et non pas les unscontre les autres.

Traduit dans une vingtaine de langues

La forêt des Pendus est unroman clé à plus d'un titre; d'une partc'est le premier roman moderne lalittérature roumaine, d'autre part, enla faisant basculer du côté de la litté-rature européenne occidentale, il sepermet de mettre en scène le déchi-rement Orient/Occident du peupleroumain. Il faut voir dans cette œuvrebien plus que la mise en scène d'unépisode historique. Les Roumains leconsidèrent comme le miroir de leurconscience nationale. Enfin, il a ététraduit partout en Occident dans lesannées 60, sauf en France, en raisonen partie du célèbre film qui en a ététiré. C'est donc tout l'intérêt de le voirpublier en français grâce à la maisond'édition suisse Zoë.

L'institut Culturel roumain de Parisa célébré cet événement le 30 janvierdernier, en accueillant dans seslocaux la présentation de l'ouvragepar son traducteur Jean-LouisCourriol, cette réception étant suiviede la projection du célèbre film deLiviu Ciulei.

Espérons que les deux autresmonuments que sont Rascoala etIon, introuvables en français - sauf enpassant par les sites internet deslivres anciens - complèteront prochai-nement ce triptyque majeur del'œuvre de Rebreanu.

La forêt des Pendus de LiviuRebreanu, traduit par Jean-Louis Courriol;Edition Zoë (11 rue des Moraines casepostale 1972, CH-1227 Carouge Genève;diffusion Harmonia Mundi; 23 €, dispo-nible en librairie.

"La forêt des Pendus"enfin publié en français aux éditions suisses Zoë

CHISINAU

HUNEDOARA

Le ministère roumain des Finances a annoncé que la Syrieétait prête à rembourser 35% de sa dette de 118 millionsde dollars envers la Roumanie, contractée pendant les

années 1980, en 8 tranches et sur une période de 4 ans.Sous le régime de Nicolae Ceausescu, la Roumanie avait effec-

tué de nombreuses opérations économiques avec plusieurs paysétrangers. Ces derniers ont contracté au total plus de 2 milliards dedollars et un milliard de roubles de dettes auprès de Bucarest, et cejusqu'à la "Révolution" de décembre 1989. Le ministère desFinances assure que la Roumanie est actuellement en négociationavec la Libye et s'apprêterait à contacter Cuba, 2 pays qui se sont euxaussi endettés auprès de Bucarest. Tout comme l'Irak qui doit rem-bourser près d'un milliard de dollars d'ici 2029.

Immobilier: Magheru hors de prix

Un rapport de l'agence immobilière américaineCushman&Wakerfield, cité par le journalCotidianul,

montre que le boulevardMagheru, les ChampsElysées de Bucarest, estla 30ème zone commer-ciale la plus chère aumonde sur une liste de200. Les locataires d'unmagazin entre la PiataUniversitatii et la Piata Romana paient en moyenne unloyer mensuel de 70 euros par m2. En haut de ce classe-ment, la 5ème avenue de New York reste la plus chère aumonde avec un loyer mensuel de 1000 euros par m2.

La Syrie rembourse ses dettes

de la voiture à 5000 eurosL'amour

La société suisse Roche est actuellement à la recherche dechercheurs roumains et d'Europe de l'Est dans le domai-ne des biotechnologies, ayant des projets de développe-

ment de nouvelles molécules. Pour ce programme, la compagniealloue plus de 800 millions de dollars. Au plan mondial, Roche estla deuxième compagnie dans le domaine des biotechnologies.

Roche recherche des chercheurs roumains

L'équipe d'œnologues du vignoble de Murfatlar (judet deTulcea), un des plus importants de Roumanie, est désor-mais conduite par le Français Philippe Bonnet, diplômé

de l'Institut d'œnologie de Montpellier, créateur, en 1984, des pro-duits embouteillés "Bag in box" et ancien directeur de plusieurscoopératives viticoles dans les côtes du Rhone et l'Hérault.

Un Français à la tête du vignoble de Murfatlar

Ford Europe a annoncé son intention d'ouvrirune filiale de production dans l'usine Daewoode Craiova (Roumanie) où seront fabriqués les

nouveaux modèles de Fiesta. Cette décision pourrait êtredéfinitivement prise suite à l'abandon par Ford de l'usinede Valence (Espagne).

L'usine de Craiova avait appartenu au groupe coréenDaewoo, lequel a décidé d'arrêter sa production, puis ellea été acquise par le gouvernement roumain, qui avaitannoncé son intention d'en vendre 51% d'ici fin 2006. Ils'agit d'une installation en plein fonctionnement, localiséedans ce qui est considéré comme le "pôle d'attractionpour le développement de l'industrie automobile" - unezone où ont déjà investi d'autres constructeurs d'automo-biles et où il existe une industrie auxiliaire florissante.

Ford choisit la Roumanie plutôt que l'Espagne

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

La Logan a le vent en poupe. Sa toute nouvelle formule break l'a faite dési-gner voiture de l'année 2007 par "Le Figaro"; un modèle van vient de sor-tir et les versions diesel se multiplient, alors que la MCV 7 places en fait

un véhicule entre Scénic et Espace. Le groupe Renault peut se frotter les mains, d'au-tant plus que la Logan fait une percée remarquée sur le marché d'Europe de l'Ouest.Pourtant, plus les modèles se perfectionnent, plus le concept originel de la voiture éco-nomique s'effiloche. Annoncé, claironné même, à moins de 5000 €, par une cam-pagne publicitaire que l'on peutconsidérer aujourd'hui comme men-songère, le véhicule "le moins cher dumonde" n'a jamais été commercialisé àce prix, à commencer par la Roumanie.

Le modèle bas de gamme (LoganAmbiance 1,4 essence) est, et a étévendu dès le départ, 6400 € (+ 28 %).A ce prix, le véhicule n'a ni directionassistée (prévoir 405 € supplémen-taires), ni double airbag, ni système defreinage ABS, jugés indispensablesaujourd'hui pour la sécurité, même sila législation européenne est encore floue à ce sujet. Les versions diesel démarrent à7700 €. Par ailleurs, l'équipement intérieur est rudimentaire.

En France, la Logan de base coûte 7600 € (sans direction assistée) et le MCV7 places, 10 700 €.

Coup de massue sur les voitures d'occasion étrangères

La Renault-Logan pourrait avoir fort à faire dans les années à venir, Toyota et desfirmes asiatiques ayant annoncé leur intention de se lancer sur le marché de la voitu-re pas chère. Mais nombre de Roumains choisissent pour l'instant de se tourner versle marché d'occasion européen, préférant acquérir dans certains pays de l'UE des véhi-cules ayant peu ou moyennement roulé, possédant tous les équipements et aux prixéquivalents, voire inférieurs à celui d'une Logan.

Ils viennent cependant d'en être fortement découragés par le gouvernementTariceanu qui a imposé une taxation pouvant atteindre plusieurs milliers d'euros, voiredoubler leur prix, sur les voitures ramenées de l'étranger, dont c'est la première imma-triculation en Roumanie. Son montant prévu initialement a été multiplié plusieurs fois,lors de son examen devant les députés.

Raison invoquée: ne pas faire du pays le dépotoir des vieilles voitures polluantesdu continent et préserver l'environnement… ce qui fait sourire de nombreux observa-teurs quand on voit dans quel état celui-ci est par ailleurs, sans que le gouvernementn'ait sourcillé jusqu'ici.

Le Premier ministre, concessionnaire de Citroën en Roumanie jusqu'à sa nomina-tion, a été fortement suspecté de céder aux lobbies des constructeurs (Renault enRoumanie) et des importateurs de voitures neuves. Mal leur en a pris: la décisioncontroversée a entraîné une chute de 50 % des ventes de Logan au mois de janvier, lesacheteurs restant dans l'expectative, la situation ne paraissant pas claire.

Bucarest s'attire les foudres de l'UE… huit jours après y être entré

Cette mesure faisait d'autant plus mauvais effet que la Roumanie, entrée depuis àpeine huit jours dans l'UE, contrevenait grossièrement à la réglementation européen-ne qui exige la libre circulation des biens et des personnes, et faussait la concurrenceen protégeant son marché intérieur.

Economie

Mihai Panaitescu, 20 ans, endeuxième année universitaire à Turinoù il étudie grâce à une bourse del'Institut Européen de Design est legagant du concours de DesignPeugeot, lequel consistait à dessinerla voiture du futur de la marque. Lejeune roumain a conçu un modèlebaptisé "Flux", propulsé à l'hydrogèneavec un moteur à l'arrière, et deslignes et courbes très nouvelles pourPeugeot, tout en respectant sonesprit. Mihai Panaitescu a été conviéà Genève où le président de Peugeotlui a remis son prix. Il se rendra aussiau salon automobile de Francfort oùla "Flux" sera un des modèlesvedettes du stand du constructeur.

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEA

BUZAU

SUCEAVA

BÂRLAD

PLOIESTI

CLUJ

Un Roumain de 20 ans gagnant du PrixDesign Peugeot

SIBIU

VASLUI

ALBA IULIA

Taxes, péages à venir, essence:

Son premier roman, Ion, est publié en 1920, après la réu-nification de cette province avec le Royaume roumain, à lafaveur du Traité de Versailles. Si ce texte, dont il a écrit la pre-mière version pendant l'occupation de la Roumanie parl'Allemagne, plonge ses racines dans les tensions sociales ausein d'un village transylvain, La forêt des pendus, paru peuaprès (1922), raconte la tragédie d'un jeune officier roumain del'Armée impériale, contraint de tuer d'autres Roumains pen-dant la Première guerre mondiale.

Le soulèvement paysan de 1907 inspire "La Révolte"

Avec ses romans, Liviu Rebreanu s'impose d'embléecomme le plus important créateur épique de la nouvelleRoumanie. De l'autre côté des Carpates, en ce pays danubienqui deviendra le sien, au nord des Balkans, l'écrivain découvreune réalité sensiblement différente de celle qu'il a connue enTransylvanie. Certes ses compatriotes vivent dans leur propreEtat, mais la misère des campagnes reste extrême. Loin deVienne et de Budapest, Bucarest, en marge de l'Europe, faitfigure de capitale bâtarde où règne le charme de l'espritfrançais mêlé aux langueurs orientales.

Le soulèvement paysan de 1907 contre les propriétairesterriens qui dépensent le produit de leur labeur en Occident,inspire à l'auteur La Révolte (1932), grande fresque de l'af-frontement entre les maîtres du Royaume et leurs serfs dépour-

vus du minimum nécessaire pour survivre.Depuis son arrivée en Roumanie, la création de Liviu

Rebreanu se situe en ce lieu, au milieu de la plaine étendue ausud des Carpates, où se heurtent les traditions du monde villa-geois et la sophistication citadine, surgie avec la modernité.

Mort deux jours avant l'entrée de l'Armée Rouge dans Bucarest

A 47 ans, l'écrivain a alors achevé ses œuvres principales.Plus concentrée, plus analytique, son roman Madalina, conçuquelques années plus tôt (1927), rappelle davantage, par saforce dramatique, les textes de l'Autrichien Stefan Zweig(1881-1942), enracinés dans le milieu viennois et leFreudisme, que les monumentales constructions réalistes, àl'architecture rigoureuse et impeccable, auxquelles ses lecteursétaient habitués, ainsi que le souligne Edgar Reichmann.

Reçu à l'Académie Roumaine en 1939, il y prononcera sondiscours d'intronisation, intitulé Eloge du paysan roumain,dans le droit fil de son œuvre, qui dresse une fresque del'amour violent ou déchirant que portent à leur terre ceux quivivent de ses entrailles ou veulent la rejoindre. Grand fumeur,Liviu Rebreanu disparaîtra le 1er septembre 1944, des suitesd'un cancer de la gorge, à Valea Mare, à l'âge de 59 ans. Deuxjours avant que l'Armée Rouge n’ait fait son entrée dansBucarest et que la Roumanie qu'il avait tant aimée ne dispa-raisse dans le bloc soviétique.

Liviu Rebreanu est le plus grand écrivain roumain de l'Entre Deux Guerres

Logan: le mirage

Tarom, deuxième pour la ponctualité

La forêt des pendus est ins-pirée par une réalité terrible,celle de plusieurs millions de

Roumains de Transylvanie, vivant sous lacoupe de l'empire austro-hongrois jus-qu'en 1918. Le héros du roman, ApostolBologa, est le fils d'un avocat de cetterégion. Il reçoit une éducation refoulantson âme roumaine, devient un officierloyal de l'Armée de François-Joseph,n'hésitant pas à voter en Cour martiale enfaveur de l'exécution d'un officiertchèque déserteur.

Mais cet événement le transforme,faisant naître en lui la haine de l'Empireet rendant plus criant son amour de laRoumanie. La Guerre de 14-18 le conduità commander des soldats roumains quipartent à l'assaut de leurs frères, Bucarests'étant engagée aux côtés des Alliés.L'idée de la désertion le hante. Contraintà nouveau de participer au procès d'unpaysan roumain accusé d'espionnage, il

s'enfuit, est rattrapé et pendu.L'histoire est la transposition du

drame vécu par le frère de LiviuRebreanu, Emil, sous-lieutenant dansl'Armée des Habsbourg, déserteur etpendu, lui aussi.

L'idée du titre du roman est venue àson auteur d'un cliché qu'il avait vu mon-trant une forêt de gibets où pendaient dessoldats tchèques, à l'arrière du front autri-chien, en Italie. L'écrivain avait entendudire que des horreurs semblables avaientété perpétrées dans sa région de Bistrita.

Plus tard, Rebreanu a confié qu'en

écrivant cet ouvrage, la nuit, dans unsilence pesant, il entendait des petits grat-tements à sa fenêtre. Croyant et supersti-tieux, il en avait déduit qu'il s'agissait del'âme de son frère qui demandait unesépulture chrétienne. Ce qui le décida àpartir à la recherche de sa dépouille pourl'enterrer en terre roumaine. Ce n'estqu'une fois cette mission accomplie quel'écrivain put terminer tranquillement sonroman. Les grattements à la fenêtreavaient cessé…

Les principales oeuvres de Rebreanuont été portées avec succès à l'écran. PourLa forêt des pendus, le réalisateur LiviuCiulei, également interprète dans le film,a obtenu le prix de la mise en scène àCannes, en 1965. Cannes qui a décernéle prix de la première oeuvre à MirceaMuresan, avec mention exceptionelle,pour La Révolte (titre français l'Hiveren flammes), en 1966, année de la consé-cration d'Un homme et une femme.

"La forêt des pendus": une réalité terrible inspirée par le sort de son frère, et prix de la mise en scène au festival de Cannes

Selon un classement effectué parl'AEA (Association des CompagniesAériennes Européennes), Tarom sesitue au second rang des compa-gnies continentales pour la ponctua-lité, respectant les horaires de sesvols à 88,4 %. La compagnie roumai-ne es précédée de Luxair (Luxem-bourg) et suivie par SN BrusselsAirlines, puis CSA (RépubliqueTchèque). KLM (Pays Bas) se classe10 ème, Lufthansa (Allemagne)12ème, Air France 13ème, Iberia 20ème et British Airways 25ème.

Logan Break

déchirant de la terre

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

BUCAREST

ORADEA

BAIAMARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

ADJUD

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

CLUJP. NEAMT

Croissance à plus de 7 % en 2006 et inflation sous la barre des 5 %

Economie

Florence Dobelle de la Mission économique de l'am-bassade de France à Bucarest a analysé le premierbudget européen de la Roumanie dans la revue men-

suelle de son organisme, relevant le fort développement queconnaît le pays et les premiers fruits apportés par les réformesentreprises depuis deux ans:

"Le budget 2007, adopté juste avant la fin 2006 et l'entréedans l'UE, prévoit une croissance réelle du PIB de 6,4% pour2007, une augmentation des salaires moyens réels de 12,4%,un taux de chômage de 5%, une dette publique de 1 % et untaux moyen d'inflation de 4,5%. Ce scénario concorde aveccelui de l'ensemble des experts économiques et de la BanqueCentrale, dont l'objectif cible d'inflation est de 4% pour 2007et de 3,2 % pour 2008. Rappelons que sur 2006, la croissances'est élevée à 7,2 %, l'augmentation réelle des revenus à plusde 10%, le taux de chômage a été limité à 5,1%, la dettepublique n'a pas dépassé 17%.

Quant à l'inflation, elle est tombée, en glissement annuel,sous la barre des 5% pour s'établir à 4,7% en novembre der-nier, permettant à la Banque Centrale d'atteindre ses objectifs.

Point central du programme de gouvernance de l'allianceD.A. ("Justice et Vérité"), le budget confirme le maintien de lacote unique ("flat tax") à 16%, dont les effets sur les recettesde fiscalité directe devraient être pleinement absorbés, voireau-delà, au terme de l'exercice budgétaire 2007.

Rappelons qu'à la différence du cas slovaque, la réforme

n'a pas touché la TVA, dont le taux commun est demeuré à19 % et le taux réduit à 9 %.

Revalorisation conséquente des retraites

Du côté des dépenses, le budget donne, sur le plan social,la priorité à la revalorisation des retraites. La loi de financespoursuit le processus de revalorisation des pensions inscrit auprogramme de gouvernance de l'alliance politique au pouvoir,qui s'est engagé à une hausse réelle des retraites de + 30 % d'icila fin 2008. Une hausse nominale de 17,6 % des pensions seramise en oeuvre dès le 1er janvier 2007, suivie au 1er sep-tembre d'un complément d'augmentation de 3,4 %.

Le budget met aussi l'accent sur les investissements. Il fixeun objectif de dépenses d'investissements publics égal à 6,6 %du PIB. La réalisation de cet objectif n'est cependant nulle-ment assuré. En ce sens, l'annonce du plafond de déficit publicde 2 % pour 2007 constitue avant tout un message politiquedestiné aux ministres et à l'administration, afin de les inciter àengager davantage de travaux et de modernisation.

Le budget intègre les politiques européennes. Il prend encompte la stratégie de Lisbonne en relevant l'effort consacré àla recherche publique qui bénéficiera d'une dotation à 0,5 % duPIB (contre 0,37 % en 2006). Il inscrit 2,24 milliards d'eurosde fonds structurels et de cohésion en recettes, accompagnésde dépenses de cofinancement de 0,6 milliards d'euros.

Si l'on compare les valeursnominales, c'est la monnaieroumaine qui a le plus pro-

gressé en 2006 - + 21% face au dollar- atteignant le meilleur taux de changedes six dernières années avec + 9%par rapport à l'euro. Aujourd'hui, letaux s'est stabilisé à 3,4 lei pour uneuro. Cette appréciation s'explique parplusieurs facteurs. Avec son entréedans l'UE, la Roumanie attire de plusen plus d'investissements étrangers etle leu devient une monnaie davantagedemandée. "Un cercle vertueux quidevrait continuer ces prochainesannées", assure Mugur Stet, porte-parole de la Banque Nationale deRoumanie. La progression du leu s'ex-plique aussi par une forte croissanceéconomique (7,5% en 2006) et unedésinflation continue (4,7% d'inflationen 2006).

Opéra

SALONTA

MAIERU

Le souvenir de Rebreanu plane sur Maieru

Liviu Rebreanu a grandi à Maieru,en Transylvanie, au nord du pays . Ily est retourné plus tard, écrivant plu-sieurs de ses livres dans sa maison,près d'une rivière affluent du Somes.Il travaillait la nuit, fumant force ciga-rettes, se couchant quand le soleil selevait.

Tard le soir, l'écrivain partait surles collines, goûtant le silence quienveloppait la nature. C'est là qu'ilavait appris à apprécier sa beauté.C'est de là qu'est né son lien très fortavec la terre. Rebreanu confiait sou-vent qu'il aurait aimé être fermier…bien que n'ayant aucun sens deschoses pratiques.

Heureux au milieu des gens simples

Les vieux habitants de Maieru gar-dent encore le souvenir de sa sil-houette arpentant les rues du village,les mains dans le dos, son regardbleu rêveur, saluant les uns et lesautres, s'arrêtant volontiers pourécouter patiemment les paysans.

L'écrivain se reconnaissait dansses gens simples, sobres, dignes,pleins de respect pour le prêtre, l'ins-tituteur, considérant la terre commesacrée. Il avait compris leur âme donton retrouve le souffle tout au long deses romans.

La mémoire de Liviu Rebreanuplane toujours sur Maieru, villagedont il aimait la vie et qui lui consacreun musée où on peut trouver plu-sieurs de ses objets familiers,comme la lampe à gaz dont il se ser-vait pour écrire.

A41 ans, la cantatrice roumaine Angela Gheorghiu est sans doute l'une desdernières stars du monde lyrique. Ses interprétations de Mimi (LaBohème), Juliette, Butterfly ou Tosca, de même que ses coups de coeur

et ses coups d'éclat, la placent en tête des sopranos lyriques du moment. On ne l'a plusentendue à Paris depuis 2001, quand elle chanta dans La Bohème de Puccini à l'Opéra

Bastille.En 2003, Angela Gheorghiu a triom-

phé au côté de Roberto Alagna, son mari,dans Roméo et Juliette, de Gounod, auxChorégies d'Orange, mais a annulé sa par-ticipation au rare Fiesque d'Edouard Lalo,programmé en juillet au Festival de RadioFrance et Montpellier. La cantatrice adonné, samedi 4 novembre, son premierconcert marquant son retour sur la scèneparisienne à la Salle Pleyel dans des airsd'opéra français et italiens et a récidivé le31 décembre au Palais Garnier. Elle s'estconfiée à plusieurs journalistes, et voicides extraits de ses interviews.

La Roumaine a la réputation d'êtreintransigeante et de refuser de travailleravec ceux qui ne lui plaisent pas… brefd'avoir un caractère épouvantable, finale-

ment de diva, ce qui la fait réagir: "Si je suis la seule à dire non, c'est que je meconsidère comme responsable du spectacle, au même titre que le directeur d'institu-tion, le chef d'orchestre ou le metteur en scène. Et moi, je suis toute seule sur scène,face au public. Le chef d'orchestre est de dos, dans la fosse, et le metteur en scène,chez lui. Certains n'ont pas le courage de venir saluer sur scène pour entendre leshuées ".

La Callas et la Securitate

Pour elle, il s'agit avant tout de conscience professionnelle: "Dans la Tosca, auCovent Garden de Londres, en juin, j'ai discuté les moindres détails. Mes collèguessont trop diplomates. Ils acceptent tout sans commentaires, comme sous le régimecommuniste".

Il lui est également reproché d'avoir une vision conservatrice de son art à l'heureoù les metteurs en scène d'opéra ont pignon sur rue ce qui lui amène cette réplique:"Dans l'opéra, on sert une partition qui a souvent cent ou deux cents ans. C'est tropfacile de se croire plus génial que Verdi et Schiller. Nous, les chanteurs, nous sommesbien obligés de chanter la musique telle qu'elle a été écrite, alors pourquoi les met-teurs en scène ne respecteraient-ils pas les oeuvres? Le public a le droit de savoir cequ'est une Tosca de Puccini, une Traviata de Verdi. Je veux bien être Jackie Kennedy,Marylin Monroe ou Madonna, mais qu'on m'écrive la musique pour cela".

A propos de Tosca, que la cantatrice a notamment incarnée dans le film de BenoîtJacquot, en 2001, elle nie avoir dit que la Callas n'a rien compris au rôle, commel'avait rapporté la presse: "Non, j'ai simplement dit qu'elle avait mal interprété cer-taines choses. Elle a interprété ce rôle de manière très hystérique dès le premier acte.Or, pour moi, Tosca ne tue pas dès le premier mot. C'est une femme amoureuse quiveut sauver son amant. C'est aussi une artiste aux prises avec un régime policier,comme avec la "Securitate". Je sais comment réagir: en Roumanie, j'ai eu des coupsde fil qui me demandaient de dire du mal de mes collègues ou qui me disaient : "Si tune chantes pas cette musique de propagande, pas de Puccini."

La grande soprano roumaine, l'une des

Le leu monnaie la plus performante au monde en 2006 ?

Anghela Gheorghiu:

Le budget d'Etat 2006 fait le point sur les rémunérations des fonctionnaires enétablissant une moyenne de leurs revenus, laquelle, contrairement au secteurprivé, dépasse le salaire brut en y incluant les avantages qu'ils perçoivent. Au

niveau des hautes administrations, pratiquement tous leurs responsables ont un salairenet mensuel dépassant largement celui du Président de la République (1200 €).

Ainsi, le président de la Cour Constitutionnelle, Ion Videa, gagne 1440 €; Dan RosuSaguna (Cour des Comptes, 1860 €), Stefan Cosmean (Autorité de Réglementation dugaz, 2340 €), Gabriela Anghelache, (Commission Nationale des Valeurs Mobilières,2600 €), Nicolae Crisan (Commission de surveillance des Assurances, 5350 €), etMugur Isarescu, qui figure au sommet (président de la Banque Nationale de Roumanie),7130 €. Singularité, le salaire net de Dan Georgescu, président de l'Autorité deRéglementation des Communications, est le seul à être confidentiel. Bien sûr, l'ensemblede ces personnalités multiplient leurs revenus par les avantages liées à leurs fonctions etles affaires réalisées depuis 1989.

Au sein des administrations, la moyenne des revenus nets varie également. Dans unpremier tiers supérieur, allant de 1300 à 800 €, apparaissent le personnel diplomatique,les cadres et employés de la Haute Cour de Cassation et de Justice, du Département natio-nal Anticorruption, de la Chambre des députés, ces derniers gagnant 300 à 400 € de plusque leurs collègues du Sénat et de la Présidence de la République.

La seconde tranche (800 à 400 €) concernela Justice et l'Economie: Office pourcombattre le blanchissement de l'argent sale, Cour Constitutionnelle, Cour des Comptes,ministère de l'Economie, Parquet général, ministère de la Justice, Conseil national del'Audiovisuel. Le dernier tiers, de 400 à 200 €, regroupe tous les autres ministères (édu-cation: 333 €), celui de l'Environnement fermant la marche, avec 231 €.

Le Président de la République gagne moins que les responsables des hautes administrations

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Dans le quotidien "Le Monde", Mirel Bran fait le point sur les subsideseuropéens que la Roumanie va recevoir après son adhésion à l'UE. "Lesquatre ordinateurs qui trônent sur les bureaux de la mairie de Contesti, vil-

lage situé dans une région pauvre du sud de la Roumanie, font le bonheur du maire,Ion Dulgheru. Depuis qu'il a doté sa modeste mairie de ces merveilles du mondemoderne grâce aux fonds européens, il a compris que la force de frappe de l' Unioneuropéenne, que la Roumanie a rejoint au 1er janvier 2007, peut atteindre son village.

En 2004, son modeste projet concocté avec une société de conseil, qui lui a coûté1 000 euros, lui a rapporté 20 000 euros. Victime de fortes inondations en 2005 - 86maisons ont été détruites -, Contesti s'est refait une beauté grâce à un projet de réha-bilitation d'un million d'euros principalement financé parles fonds octroyés par la Commission européenne.

Mais l'exemple de Contesti est-il transposable dans lereste du pays ? Comment la Roumanie va-t-elle dépenserles 32 milliards d'euros que la Commission lui a octroyésjusqu'en 2013* ? Depuis le début des négociations d'adhé-sion à l'UE en 2000, le gouvernement a divisé son territoi-re en huit grandes régions dotées d'agences de développe-ment afin de mieux distribuer la manne européenne.

Consultants pour monter les projets des agriculteurs

"La prise de décision concernant le financement des projets ne devra surtout pasêtre centralisée, a affirmé la ministre de l'intégration européenne, Anca Boagiu. Moncauchemar serait d'échouer à trouver des équipes compétentes pour monter des pro-jets au niveau des petites collectivités." Selon les représentants de l'UE en Roumanie,une banque de données centralisée recensant tous les projets devrait permettre d'évi-ter les doublons et de s'assurer que toutes les procédures ont été respectées.

Le dossier le plus ardu sera celui de l'agriculture. Les paysans représentent envi-ron 40 % des 22 millions de Roumains. Après la disparition des coopératives agricolesde production communistes, il y a dix-sept ans, la plupart d'entre eux ont récupéréleurs terres, mais leurs faibles ressources ne leur ont pas permis de les rentabiliser. LaRoumanie compte 4,5 millions de petites fermes, qui, pour la plupart, sont des exploi-tations de subsistance d'environ 2,5 hectares.

Entre les petits exploitants et une minorité (0,5 %) de fermiers qui disposent degrandes surfaces permettant la mise en place d'une agriculture mécanisée, la classemoyenne, seule capable d'attirer les fonds européens, n'existe presque pas.

Pour qu'elle voit le jour, les retraités sont incités à vendre ou à louer leurs terresaux jeunes afin que ces derniers puissent aménager des surfaces plus grandes et plusrentables. Pour chaque hectare de terre vendu, ils recevront une rente viagère de 100euros par an et par hectare, et 50 euros pour chaque hectare en location.

L'agriculture va bénéficier de huit milliards d'euros d'aides européennes jusqu'en2013. Les projets seront passés au crible par la Commission. Le coût d'une consulta-tion pour remplir un dossier de subvention risque d'être élevé pour le paysan roumain,dont les revenus ne dépassent pas 150 euros par mois. Pour éviter un blocage, leministère de l'agriculture rémunérera les consultants jusqu'en 2009 afin que leurs ser-vices soient gratuits pour les agriculteurs.

* Sur les 32 milliards d'euros de fonds européens distribués jusqu'en 2013 à laRoumanie, environ 19 milliards sont des fonds structurels destinés à réduire le déca-lage avec l'Union, qui sont accordés sans obligation de cofinancement. Pour le reste,Bucarest participera au financement. Environ 8 milliards seront octroyés à l'agricul-ture. Quatre milliards seront consacrés aux travaux d'infrastructures, si la Roumanieajoute un milliard d'euros par an au budget européen.

A l'occasion de sa visite àBucarest, fin janvier, Dominique deVillepin a laissé entendre que Gaz deFrance pourrait devenir partenaire duprojet de gazoduc Nabucco qui doitacheminer du gaz naturel d'Iran et duTurkménistan, passant par la Turquie,vers la Bulgarie, la Roumanie, laHongrie et l'Autriche, fournissant àl'Europe occidentale près de 25 mil-lions de m3 par an. Les travaux, d'uncoût de 4,6 milliards d'euros commen-ceront en 2008 pour s'achever troisans plus tard.

Cinq compagnies participent à ceprojet: Botas (Turquie), OMV(Autriche), MOL (Hongrie), Bulgargaz(Bulgarie), et Transgaz (Roumanie).Total (France), E.ON et RWE(Allemagne) sont également candi-dats pour être partenaire. Gaz deFrance opère déjà en Roumanie parl'intermédiaire de Distrigaz Sud,acheté voici deux ans. Le Premierministre français était le deuxièmeleader européen a visité la Roumaniedepuis son entrée dans l'UE, aprèsson homologue italien Romano Prodi.

Plus de 30 milliards d'euros de subventions de l'UE d'ici 2013

Economie

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEA

SUCEAVA

BACAU

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CLUJ

PLOIESTI

SIGHET

Gaz de France intéressé par le projet de gazoduc Nabucco

Maintenant, il faut partager le gâteau !

"Rome, l'une des villes où lesaffaires des Roumains sont floris-santes", note le journal Adevarul,relevant que 17 000 compagniesd'Italie ont des patrons roumains,selon des données fournies par laChambre de Commerce de Milan.Pour elle seule, Rome en compte2730 et semble être la ville préféréepar les investisseurs en provenancede Roumanie.

17 000 patrons roumains en Italie

plus belles voix de l'opéra à travers le monde, est revenue en France à la fin de l'année

“Aujourd'hui, je n'ai plus peur, mais je ne veux pasentendre parler de politique, même si le gouvernementCeausescu a toujours soutenu et encouragé ma carrière. Jeprécise que je n'ai pas quitté mon pays, je suis simplement par-tie faire une carrière internationale".

Des contrats jusqu'en 2012

Devenue la femme du ténor Roberto Alagna et sa partenairedans de nombreuses productions, la cantatrice s'explique sur sa

façon de concilier laville et la scène:

"C'est dans une Bohème, de Puccini, à Covent Garden, que j'airencontré Roberto. On s'est mariés deux ans plus tard à la find'une représentation de La Bohème au Metropolitan de NewYork. On ne se donne pas de conseil, chacun travaille dans soncoin. Lui, le bruit ne le gêne pas, moi, j'ai besoin de silence.Souvent, on découvre ce que l'autre a fait au moment de l'en-registrement ou de la répétition. Je n'ai ni coach ni professeurde chant. La technique vocale était un problème réglé pourmoi à 18 ans. A cette époque, je n'avais pas les moyens d'é-couter des disques, mais aujourd'hui j'ai tout entendu, toutécouté, et je sais exactement où je suis. C'est la moindre deschoses quand on a déjà des contrats jusqu'en 2012".

un caractère et des humeurs de diva

Fêtée et admirée à Paris et dansd'autres capitales du monde,celle qui, à 41 ans, est

considérée comme la meilleure interprètede sa génération, peut avoir le vertigequand elle repense à la phénoménaleaccélération donnée à sa carrière, par unefroide nuit de décembre 1989. Ceausescuvenait de s'enfuir en hélicoptère et sonrégime s'effondrait. Angela Gheorghiu,comme elle l'a confié plus tard, se terraitsous ses couvertures pour couvrir le bruitdes fusillades qui transperçaient la nuit dela capitale roumaine.

La jeune femme de 27 ans venait toutjuste de terminer l'Académie de musiquede Bucarest et était libre de tout contrat.Jusqu'ici, au cours de tournées à l'étran-ger, surveillée par des "gardes du corps",elle n'avait pas osé franchir le pas et leurfausser compagnie. L'exemple decollègues plus âgés, qui n'avaient jamaisrevu leur famille, l'effrayait. Mais cetteperspective grandissait peu à peu dansson esprit. Angela avait fait comprendre àses proches que "chanter était la chose laplus importante" pour elle et que

l'Occident offrait des horizons mirifiques.Révolution aidant, l'artiste n'aura

cependant pas à passer à l'acte. Sonimmense talent lui servant de passeport,elle sera rapidement engagée par leCovent Garden de Londres, triomphanten 1994 dans "La Traviata", une œuvrequi fait partie du registre habituel deschanteurs d'opéra roumain.

La suite n'est qu'un long tapis rougedéroulé devant ses pas. Aujourd'hui, lesplus grandes scènes la réclament, leschefs les plus célèbres lui tendent lesbras, les oeuvres les plus prestigieusesfigurent à son répertoire.

"Ne change jamais ta respiration"

La petite Moldave, née en 1963 àAdjud, dans une famille modeste où lepère était conducteur de locomotives,peut mesurer le chemin parcouru. Angelan'avait aucun repère artistique, aucunparent ne montrant de prédisposition pourl'art lyrique. Très vite cependant, la fillet-te a compris comment utiliser et modulersa voix. Dès la première leçon, le profes-seur lui demandant de lui faire écouter sarespiration, conclut: "Très bien, n'enchange pas".

Le reste fut un long apprentissage,dans une vie terne et de plus en pluspénible, au fur et à mesure que le régimes'enfonçait dans le délire du dictateur. Samère se levait tôt le matin pour faire laqueue à la boucherie et, le soir, les ruesrestaient désespérément plongées dansl'obscurité. Angela grandissait admirant

sa sœur aînée, Elena, elle aussi chanteuse,une splendide jeune femme qui disparaî-tra dans un accident de voiture, en 1996.

Mariés par le maire de NewYork... avant d'entrer en scène

Avec sa découverte de l'Occident, sarencontre avec Roberto Alagna (ci-contre, photo du couple) fut l'autre chocde sa vie. Les deux artistes s’étaient pro-duits ensemble sur la scène du CoventGarden. Mais, jusqu'en 1995, Roberto, detrois ans son aîné, veuf depuis peu, pri-vilégiait comme partenaire une autre can-tatrice roumaine, Leontina Vaduva.

Force de la nature, Angela s'imposaet éclipsa sa rivale. En 1996, le maire deNew-York, Rudolph Giulani, maria leténor et la soprano, divorcée de son pre-mier mari, un ingénieur roumain, justeavant qu'ils n'entrent en scène pour inter-préter "La Bohème" au MetropolitanOpera.

Depuis, les deux artistes se quittent lemoins possible, élevant la fille deRoberto et ayant adopté la nièced'Angela, toutes deux du même âge.Partageant leur vie entre leurs maisons deParis, Genève et Bucarest, parlant rou-main ou français, entourés de nombreuxproches, le couple ne peut toutefois igno-rer longtemps l'appel d'un public impa-tient d'écouter et de voir les deux montressacrés, réunis par une destinée que l'on nerencontre guère que dans les contes defée… ou les livrets d'opéra.

(Les Nouvelles de Roumanie n° 9,janvier-février 2002)

La vie comme un livret d'opéra

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Musique

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

La migration ou changement departi est un phénomène ancrédans les mœurs politiciennes

roumaines, qui ne contribue pas à amélio-rer la piètre opinion que les citoyens ontde leurs élus et dénature leur choix.

Il a été calculé que, depuis 2000, unmaire changeait d'appartenance chaquejour à travers le pays, le record étant déte-nu par l'année 2003… quand 37 % d'entreeux ont claqué la porte de leur parti pouradhérer à un autre. 2006 se contente de 27% car une loi, adoptée en juin dernier, atenté d'endiguer ces conversions qui nedoivent rien à la profondeur des convic-

tions des intéressés et tout à leurs arran-gements d'arrière-cuisine.

Bien sûr, suivant l'air du temps, lesbénéficiaires sont les partis qui ont levent en poupe et disposent du pouvoir dedistribuer les prébendes.

Depuis qu'ils sont aux commandesdu pays, en 2004, et pour la première fois,le nombre de maires du Parti Démocrateet du Parti National Libéral est plusimportant que celui de l'omnipotent PartiSocial Démocrate (ex-communistes).Celui-ci a chuté de 1704 élus à 1263 (surun total de 3179 maires), après son passa-ge dans l'opposition, son allié du Parti de

la Grande Roumanie (PRM), de l'ultra-nationaliste Vadim Tudor, voyant seseffectifs divisés par deux (de 82 à 41).Par contre, le PD du président Basescu aquasiment doublé de volume (de 392 à786), le PNL du Premier ministreTariceanu passant de 447 maires à 656.

Heureusement, la morale se vengeparfois, donnant aux Roumains la conso-lation de rire de ces pratiques. En l'annéerecord 2003, les maires se sont pressés dechanger d'étiquettes pour se précipitervers le PSD, donné largement vainqueur.Erreur funeste qui les a conduits à unemigration dans l'autre sens, depuis !

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

ALBAC

PITESTI

BISTRITA

CLUJ

Pour conjurer le sort, Traian Basescu a utilisé deux armes.Son populisme, bien que sa cote de confiance soit tombée de60 à 48 %. Les soirs de match du Steaua, le Président n'hésitepas ainsi à s'afficher dans le restaurant sélect et célèbre du"Tout Bucarest", le "Golden Blitz", tenu par le mari de sa"conseillère très particulière". Il y retrouve "l'homme quimonte" en Roumanie et président de ce club de football, GigiBecali, ancien berger devenu milliardaire… mélange deBernard Tapie, de Le Pen… et qui joue à l'Abbé Pierre, en dis-tribuant non pas des couvertures, mais des billets de banques.

Le Président a, lui aussi, annoncé un référendum portant

sur l'instauration du scrutin uninominal. Une véritable machi-ne de guerre contre les parlementaires qui n'en veulent surtoutpas, car ils seraient appelés à rendre des comptes personnelle-ment aux électeurs, alors que l'actuel scrutin de liste leur per-met de mener tranquillement leurs petites affaires, leur seulproblème étant d'obtenir une place éligible.

Il est possible qu'un "ni-ni" (ni référendum d'un côté, nide l'autre) arrive à calmer les ardeurs des deux camps… sousle regard atterré de Bruxelles - on y chuchote déjà que la clau-se de sauvegarde pourrait être appliqué à Bucarest en cas decrise majeure - mais aussi consterné et écœuré des Roumains.

SF. GHEORGHE

Depuis 2000, un maire a changé de formation politique tous les jours

Historiens hongrois et roumains vont collaborerpour rédiger, d'ici 2010, un volume commun d'his-toire de la Transylvanie destiné aux élèves des

deux pays. Il s'agit d'un pas énorme sur le chemin de la récon-ciliation mutuelle, tant le sujet demeure sensible et a donnélieu à de graves frictions entre les deux communautés, condui-sant à des conflits armés au cours des deux dernières guerres.La Transylvanie, sous contrôle hongrois pendant des siècles,alors que la population roumaine y était majoritaire, comprendtoujours des régions où la population magyare est la plusimportante et se sent frustrée.

Cette évolution considérable est à mettre au crédit del'Europe et de l'adhésion de la Roumanie à l'UE qui facilitentet obligent les pays membres à ces rapprochements. Mais elledoit aussi beaucoup à l'exemple de la réconciliation franco-allemande qui a montré le chemin en lançant à la rentrée der-nière dans les lycées des deux pays la première ébauche d'unehistoire commune, portant dans un premier temps sur la pério-de de l'Après-guerre avant de l'étendre à d'autres périodes.

Passage des frontières facilité

D'ailleurs cette décision roumano-hongroise a été

annoncée lors du second conseil des ministres tenu en com-mun par les deux pays, à la mi-novembre, le premier ayant eulieu en octobre 2005… sur le modèle franco-allemand.

Ce conseil a décidé de faciliter le passage des frontières enétablissant un poste de contrôle commun aussi bien routier queferroviaire, ce qui devrait réduire le temps d'attente. De lamême façon, les automobilistes pourront acquérir les vignettesdans les stations d'essence précédant l'entrée dans le pays voi-sin, afin de mettre un terme aux queues dans les officines ins-tallées aux postes frontières. Des projets communs d'infra-structures, d'enseignement, d'approvisionnements garantissantl'indépendance énergétique au niveau régional, d'utilisationdes fonds européens ont été également formulés.

Ces avancées ont été saluées par l'ambassadeur allemandà Bucarest, tout en provoquant une réaction sceptique duministre roumain de l'Education, Mihail Hardau, lequel, rap-pelant que le parti de la minorité hongroise de Transylvanie,l'UDMR, réclamait le retour à des écoles séparées pour lesdeux communautés, en a conclu "qu'un manuel d'histoire rou-mano-hongrois n'était pas pour demain". Le ministre rajoutait:"Certes, le 1er janvier 2007, nous renonçons aux frontièresgéographiques… mais il faudra encore se débarrasser desfrontières mentales ".

Histoire commune de la Transylvanie pour les élèves hongrois et roumains sur le modèle franco-allemand

Un violon défraie la chronique de la vie musicale roumaine depuis un demi-siècle. Qui, de Madalin Voicu, fils du plus grand violoniste roumain detous les temps, Ion Voicu (1923-1997, notre photo) et de la fondation por-

tant son nom ou de l'Etat roumain, est le véritable propriétaire du Stradivarius achetépar la Roumanie en 1956 et le seul qu'ellepossède? A cette époque là, plusieurs voixs'étaient élevées dans le pays pour que lejeune virtuose dispose d'un instrument à lamesure de son talent. Le dictateur GheorghiuDej avait envoyé en Suisse Ion Voicu fairel'acquisition d'un Stradivarius Elder, datantde 1702, l'un des quinze existant encore dansle monde et dont le prix est estimé aujour-d'hui à trois millions d'euros. L'artiste l'avaitnégocié pour 1,2 millions de lei - une sommeà l'époque - la facture étant établie à son nommais le paiement étant bien fait par l'Etatroumain. Il était convenu entre les deux que le violon resterait entre les mains de IonVoicu jusqu'à la fin de ses jours, puis reviendrait ensuite à un autre soliste.

Jusqu'à sa mort et pendant quarante ans, le virtuose tsigane, qui avait étudié auconservatoire Tchaïkovski, se présenta sur toutes les scènes du monde accompagné dece fabuleux instrument, jouant aux côtés de David et Igor Oïstrakh, Yehudi Menuhin,Leonid Kogan. Mais, en 1985, poussé par sa femme, Nicolae Ceausescu eut la mal-encontreuse idée de reprendre le violon au maître pour le confier au Musée nationald'Art… ce qui provoqua par ricochet une brouille entre le fils de Ion Voicu, Madalinet celui du couple de dictateurs, Nicu, jusque là amis comme larrons en foire.

La "Révolution" permit au musicien de récupérer le Stradivarius, sur décision duministre de la Culture, l'écrivain Andrei Plesu, qu'il conserva jusqu'à sa disparition le24 février 1997. Il demeure aujourd'hui dans le giron de sa famille et de la FondationIon Voicu qu'elle dirige.

Yehudi Menuhin appelé à la rescousse

Un arrangement intervint cependant en 1998, sous l'égide de Yehudi Menuhin. Ilfut décidé que le violon serait confié au gagnant d'un concours de virtuoses roumains,répondant à des exigences précises, et qui sera présidé par le violoniste anglo-améri-cain, d'origine russe, peu avant sa mort. Gabriel Croitoru, seul candidat retenu, fut pro-clamé gagnant… mais deux ans après, il n'avait toujours pas récupéré l'instrument.

En 2000, le nouveau ministre de la Culture, l'acteur Ion Caramitru, tenta de trou-ver un terrain d'entente pour qu'il soit restitué. Madalin Voicu, devenu député PSD etreprésentant des Tsiganes, exigea, pour le remettre, que le parc Ioanid de Bucarest soitdénommé Ion Voicu, que soit créé un concours international de violonistes, financépar l'Etat, portant son nom, et que soit réparée la maison où habitait sa mère, siègeofficiel de la Fondation Ion Voicu. Seule la première condition fut acceptée.

Depuis, Madalin Voicu s'estime le véritable propriétaire de l'instrument, estimanten outre que l'Etat roumain a été largement payé par les concerts que son père a donnéau nom de la Roumanie. Gabriel Croitoriu attend toujours son Stradivarius, lequeln'est pas apparu sur scène depuis près de dix ans, s'est abîmé faute d'utilisation et d'en-tretien, ce qui a nécessité une coûteuse réparation chez le maître luthier Pavel Onoaiede Cluj, en 2005. Pour l'instant, sans propriétaire légitimé, le prestigieux instrumentne peut pas être assuré et reste à la merci de dégradations ou de vol. Il est vrai que pourl'en protéger, cela coûterait 3000 € par mois.

Une équipe de six étudiants buca-restois travaille au premier micro-satellite roumain: Goliath, un cube de10 cm de côté, développé sur la based'un concept des chercheurs de laStanford University et la CaliforniaPolytechnic State University(CalPoly). Le satellite Goliath seralancé au mois d'octobre 2007 parl'Agence Spatiale Européenne et gra-vitera autour de la terre, à 640 kmd'altitude, à 8 km/s et transmettra parradio les informations recueillies àune station de réception qui serasituée dans les Carpates roumainesoccidentales.

Pendant une année, soit la périodede survie dans l'espace cosmique, lemicro-satellite aura trois missions:détecter les micro-météorites, mesu-rer l'intensité des radiations gammaet réaliser des photos de l'écorce ter-restre avec une caméra minuscule,conçue intégralement par les jeunesRoumains. Il faudra environ unesemaine pour qu'il transmette uneseule photo sur la terre: la puissancede la radio installée sur le satellite estde 1 watt, explique Mugurel Balan,l'étudiant chef de projet.

L'Agence spatiale roumaine étantle coordonnateur, le projet Goliath estfinancé par le Ministère de l'éducationet de la recherche et par deux firmesprivées. Le coût total ne dépasserapas 500 000 euros. En 2006, laRoumanie a investi dans larecherche spatiale environ quatre mil-lions de dollars.

Goliath, premier satellite roumainconstruit par des étudiants bucarestois

Le fils d'un grand virtuose et l'Etat roumain se disputent la propriété

d'un instrument d'une valeur de 3 M€

Sciences

Cher… très cher Stradivarius

à la tête de l'Etat… jusqu'à l'écœurement des Roumains

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Le Premier ministre Calin Tariceanu et le Président Traian Basescu se sontdisputés en direct mardi 20 février à la télévision ! Phénomène assez sur-prenant, même si les interventions à la télé par téléphone du Président sont

devenues monnaie courante ces derniers mois. Tout a commencé quand Calin.Tariceanu, invité sur TVR1, a affirmé que Traian

Basescu avait transmis une note au ministère de l'Industrie "en faveur" des intérêts dela société d'aluminium Alro Slatina. C'est alors que le Président est entré en scène, lavoix ferme mais d'humeur furieuse, déclarant que le Premier ministre n'avait "rien faitcontre les mafias du secteur de l'énergie", et ne pouvait pas dire "n'importe quoi surle chef de l'Etat, même s'il a un " nœud pap et une allure d'Européen !"..."Vous men-tez!" a rétorqué Calin Tariceanu qui a essayé de l'interrompre et a demandé "un dia-logue civilisé". Ce spectacle affligeant, inimaginable ailleurs, n'est qu'une illustrationsupplémentaire du climat qui règne au plus haut sommet de l'Etat.

"Conseillère très particulière" du Président

Depuis le 1er janvier dernier, la classe politique roumaine se défoule après avoirrongé son frein, pour ne pas compromettre la candidature du pays à l'UnionEuropéenne. Les Roumains ne lui auraient pas pardonné un échec.

La chose étant acquise, il n'a fallu que quelques jours pour donner libre cours àses règlements de comptes, attaques personnelles. On a ainsi successivement vu, lablonde et pulpeuse Elena Udrea, ex-conseillère "très particulière" du Président,rendre publique une lettre du Premier ministre sollicitant un coup de pouce pour réglerun dossier génant où était compromis son ami, le milliardaire Dinu Patriciu. Vrai oufaux ? Le Président, plein de sous-entendus, laissait entendre qu'il avait en effet vupasser "un billet" dans ce sens. Contre-attaque du Premier ministre révélant l'existen-ce d'autres "billets" mettant cette fois-ci en cause le Président dans des scandalesfinanciers… La boîte de Pandore était ouverte et les énergies pouvaient se déchaîner.

Elles entraînaient la démission du jeune ministre des Affaires étrangères, RazvanUngureanu, proche du président, et accusé par le chef du gouvernement de ne pasl'avoir tenu au courant de la détention par les Américains de deux soldats roumains ducorps expéditionnaire en Irak, soupçonnés d'avoir pris des photos d'une base militai-re. Depuis, Traian Basescu bloque la nomination de son remplaçant proposé par CalinTariceanu, la Roumanie se retrouvant sans ministre des Affaires étrangères .

Traian Basescu évite de justesse la destitution

En même temps, députés et sénateurs de la majorité entraient en jeu, se déchirantsuivant leur clan… sous les yeux réjouis de l'opposition ex-communiste du PSD,poussée en sous-main par Ion Iliescu. La première visée était la ministre de la Justice,Monica Macovei. Artisan, sous la pression de Bruxelles qui en avait fait une condi-tion à l'entrée de la Roumanie dans l'UE dès 2007, de la création de l'Agence natio-nale de l'intégrité, chargée de vérifier l'origine des avoirs des ministres et des élus.

Cette proche de Traian Basescu a été la victime d'un vote de motion de censureau sénat, soutenu discrètement par le Premier ministre, mais que la CourConstitutionnelle a déclaré non contraignant, lui permettant finalement de rester enplace. Députés et sénateurs - plus de 90 % d'entre eux auraient des dossiers intéres-sant la justice portant sur des "affaires" - avaient sauté sur l'occasion de se débarras-ser de cette gêneuse, elle-même l'objet de rumeurs quant à ses avoirs personnels.

Plus grave, profitant de cette déliquescence généralisée du Pouvoir, le PSD pous-sait au vote d'une motion entraînant la destitution du Président et conduisant à un réfé-rendum où une majorité simple de votants aurait suffi à mettre un terme à son man-dat. Très sérieuse, parce qu'elle avait reçu l'appui de parlementaires de la majorité(pro-Tariceanu) et des autres formations de l'opposition, la menace a plané pendantplusieurs semaines, la manœuvre étant même sur le point de réussir, avant d'êtreéventée à nouveau par le Conseil Constitutionnel.

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

GALATI

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

DEVA

CLUJ

Le 15 janvier dernier, le roiMichel, entouré de sa femme, Anne,de la princesse Margareta, l'aînée deses cinq filles, et de son mari Radu,s'est rendu au siège de la CNSASoù tout citoyen roumain peut consul-ter les archives de la Securitate etautres organismes de surveillancede l'ancien régime communiste leconcernant.

L'ancien souverain n'a fait aucunedéclaration à la presse, mais seserait montré "captivé" parce qu'il alu dans les milliers de pages qui luisont consacrées, notamment par larévélation de l'existence d'un mou-chard parmi ses proches informantles autorités communistes de sesfaits et gestes pendant son exil enSuisse, puis en Angleterre.

La CNSAS possède quelquesdeux mille micro-films sur la familleroyale. Le Roi, âgé aujourd'hui de 86ans, devait retourner consulter cesarchives dans les semaines à venir.

Politique Jeu de massacre et cirque

Un mouchard dans l'entourage du roi Michel lors de son exil

Dacia éternelle

CHISINAU

La Logan a deja pris la place de la Dacia.

A la sortie de la scierie, la Dacia sert à emmener les provision de bois pour l’hiver.

Chargement de noix. Attention à l’ouverture des portes!

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Pour réussir dans son ambition,la Moldavie doit miser sur l'ap-pui des collectivités locales et

la coopération décentralisée qui englo-bent toutes les relations d'amitié, dejumelage et de partenariat, incluant diffé-rentes formes d'assistance et d'échanges,afin d'établir des contacts privilégiés.

Dans ce domaine, la Moldavie esttrès en retard sur la Roumanie, qui adéveloppé de nombreux liens par la baseavec la France et les pays francophones :on ne compte par exemple que moinsd'une dizaine de coopérations décentra-lisées franco-moldaves, contre plus d'undemi-millier de franco-roumaines.Proportionnellement à sa population, la

Moldavie devrait compter de 60 à 70coopérations décentralisées: il y a là undossier prioritaire à mi-chemin entre lesdomaines diplomatique, économique,culturel et humain à aborder.

Le mouvement francophone moldaveaurait tout intérêt aussi à s'appuyer sur lepilier économique, à solliciter les entre-prises francophones implantées enMoldavie, afin qu'elles participent à ceteffort collectif. Les grandes entreprisessont parfois réticentes à cette idée, maiselles doivent répondre à l'attente de leursclients. Certaines PME francophonesimplantées en Moldavie ont pu tirer par-tie d'une main d'œuvre francophone dequalité, dans des secteurs de pointe

comme l'informatique ou les centres d'ap-pels. Toutes ces entreprises peuvent êtremobilisées pour le projet Chisinau 2012.

Pour autant, l'économique ne doit pasnécessairement faire oublier la culture.La question linguistique et culturelle étaitsous le régime soviétique le combat d'in-tellectuels qui souhaitaient affirmer leurliberté. De même, le rôle des intellectuelsdans un pays en transition est essentiel,puisque la chute du système communisteimplique de se forger de nouveauxrepères. En un mot, les intellectuels etartistes francophones de Moldavie doi-vent agir comme des "faiseurs d'opi-nion", et se rassembler autour des valeursde la Francophonie et de l'UE. F.P.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Pouchkine lui-même était surnommé "le Français" aulycée pour sa maîtrise de la langue, avant d'être exilé àChisinau. La troisième est la Francophonie de la proche voisi-ne roumaine: elle a été plus massive que celle des autres paysd'Europe Centrale et Orientale. Et la population moldave estau deux tiers d'origine roumaine.

La candidature moldave est également légitime, au vu dunombre d'élèves et d'étudiants apprenant le français (55 % deslycéens). En proportion, Chisinau dispose même du taux leplus élevé de l'Europe Centrale et Orientale. Cet élément estessentiel puisqu'une " base populaire " peut soutenir la candi-dature. Chisinau peut aussi faire valoir sa richesse culturelle.

L'adhésion au mouvement francophone ne se réduitcependant pas à sa seule dimension linguistique et culturelle.Si la langue a constitué l'origine du regroupement, laFrancophonie a pris aujourd'hui une dimension politique: pro-motion de la démocratie, des droits de l'Homme et de la diver-sité culturelle, appui à l'éducation, la formation et la recherche,ou encore renforcement de la coopération au service du déve-loppement durable et de la solidarité. En un mot, laFrancophonie peut donc être mise au service des réformespolitiques et économiques que doit faire la Moldavie pours'intégrer à l'UE car, comme tous ses voisins, elle entend deve-nir membre de l'Union Européenne.

Suivre l'exemple des J.O.: encourager démocratie, Droits de l'Homme et société civile

Pour avoir des chances d'aboutir, la candidature deChisinau doit être consolidée. Tout d'abord, l'Etat a pleinementson rôle à jouer en la matière. Il doit se montrer le plus exem-plaire possible en matière de démocratisation et de droits del'Homme. Et là, il a encore beaucoup de chemin à faire. En

outre, c'est à la diplomatie moldave d'opérer un rapprochementavec les pays et les institutions francophones. Pourquoi pas-créer un poste de "secrétaire d'Etat à la Francophonie"comme à Bucarest, ce qui donnera une visibilité à la candida-ture moldave ? Enfin, les institutions de l'Etat peuvent montrerleur attachement à la Francophonie en traduisant en françaisune partie des sites officiels - ce que fait la Roumanie.

Ensuite, la réelle force du projet doit venir de la sociétécivile. Il convient d'associer au projet non seulement lesmilieux académiques, mais également les milieux écono-miques, ainsi que les réseaux de "coopération décentralisée"entre la Moldavie et les pays francophones.

Enfin, l'éducation a également son rôle à jouer. Il n'y aurapas de véritable fête populaire sans les élèves et les profes-seurs, qui sont les premiers concernés par l'apprentissage dufrançais. Au-delà, il est sans doute nécessaire de doter l'uni-versité moldave d'une "Chaire Senghor", telle qu'elles existentà Hanoï (Vietnam), Beyrouth (Liban), Lyon (France) ouMontréal (Canada).

L'avenir ne se prévoit pas, il se prépare. La Moldavie adonc tout à gagner en participant à la construction de ce que lesociologue français Dominique Wolton appelle la "francos-phère", c'est-à-dire cet espace francophone solidaire et tournévers l'avenir. Le Sommet de 2012 pourrait alors être uneconsécration pour la Moldavie comme pour la Francophonie,jouant le rôle entraînant pour la consolidation ou l'émergencede la démocratie, des Droits de l'Homme, de la société civile,comme le font par ailleurs les Jeux Olympiques ".

Florent ParmentierFlorent Parmentier est doctorant à l'Institut d'études poli-

tiques de Paris. Il co-dirige également le portail francophonede la Moldavie (www.moldavie.fr), qui dispose d'un forum"Chisinau 2012" (www.moldavie.fr/forum/).

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIU

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BRASOV

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CLUJ

BISTRITA

Témoignagedu sommet de la Francophonie en 2012

Associer les collectivités localesles milieux économiques et culturels francophones

Voici le quatrième et dernier volet des souvenirs d'Yves Lelong qui, à 55ans aujourd'hui, fait redécouvrir la Roumanie qu'il a découvert en1972. Après la période 1972-1976, puis post 1977, le journaliste se remé-

more la période des années 80, à la suite de son mariage avec Doina, Roumaine deTimisoara. Des années très difficiles où le jeune couple assiste, de France, et au filde ses séjours familiaux à l'effondrement des conditions de vie des Roumains.Jusqu'à la chute du régime.

La naissance de nos deux filles, Caroline et Julie en 1980 et 1984, nous donna lamesure de la situation dans laquelle le pays était en terrain de plonger. D'une fois surl'autre, nos visites avec deux jeunes enfants devinrent de véritables expéditions. Despénuries de toute nature s'étaient installées dans le pays. Il fallait tout prévoir et toutapporter avec nous. Finalement, c'est la raison pour laquelle nos séjours sur place s'é-taient espacés et raccourcis. Pas plus de 8 à 10 jours.

Il était plus simple de faire venir mes beaux-parents. Il n'y avait pas de difficultésinsurmontables. Au début, ils venaient séparément car l'un ou l'autre devait rester enotage au pays. Ils ne sont venus qu'une seule fois ensemble, en 1987, dès qu'ils furenttous les deux retraités. Mais nous devions alors financer leur voyage pour qu'ils puis-sent obtenir leur autorisation de sortie du territoire, car le prix du billet de train devaitêtre acquitté en devises.

Tickets de rationnement

Les tickets de rationnement étaientapparus pour le lait, le pain, l'huile, lesucre, etc. Les rayons de certains maga-sins d'alimentation paraissaient bienapprovisionnés mais, en fait, ils étaientgarnis des mêmes bocaux de gem (confi-ture) de prune ou de bouteilles de rachiuque personne n'achetait. La poussière quiles recouvrait était là pour en témoigner. Mais les étalages de viandes et de fromagesrestaient désespérément vides.

C'est à partir de 1981 que nous avons commencé à emporter avec nous toutes lesprovisions de bouche. J'avais acheté une remorque pour pouvoir tout transporter. Nosdeux filles étaient là et vous imaginez ce que l'entretien, pendant deux semaines dedeux très jeunes enfants, peut nécessiter: couches, lait, produits d'entretien et corpo-rels… Plus tout ce qu'il fallait prévoir pour nous.

Des queues interminables se formaient devant les magasins dès que l'arrivée d'unproduit de première nécessité était annoncée. Mais comment concilier toutes cesheures d'attente avec la nécessité d'aller travailler. Certains avaient trouvé la combineen payant des retraités pour faire la queue à leur place.

"Notre présence était une charge énorme"

Lorsque nous arrivions dans notre famille, c'était pour constater que "le vent souf-flait dans le réfrigérateur", comme le dit si joliment Doina. Son frère nous affirmaitavoir tout le temps faim. Si ce n'était pas la famine, c'était, en tout cas, très près de ladisette.

Il n'y avait plus d'essence. Des centaines de mètres de queue de voitures s'allon-geaient devant les stations-service. Des queues qui pouvaient durer plusieurs joursd'affilée dans l'attente d'une hypothétique livraison de carburant. Pour ne pas à avoirà attendre des heures, certains attachaient une corde, sur laquelle était fixé un cartonportant le numéro d'immatriculation, aux pare-chocs de la voiture qui précédait et decelle qui suivait de façon à pouvoir retrouver leur place en revenant.

Yves Lelong a accompagné l'unde ces innombrables convois huma-nitaires qui ont déferlés sur la Rou-manie dès la chute de Ceausescu. Ilse souvient:

“Je suis parti dès le 3 janvier1990. Je retiens deux moments fortsde ce premier voyage en Roumanie"libre" : le démontage des panneauxde propagande qui étaient installésau sommet des piliers du pont métal-lique qui enjambe le Mures, à la sor-tie d'Arad, en direction de Timisoaraet le siège du pavillon de mes beaux-parents par des dizaines de gaminsqui réclamaient des bonbons, desbiscuits et du chocolat.

Yves et Doina Lelong :

Décennie 80...

Le couple invité àtémoigner sur TF1 parJean-Pierre Foucaultdans “Sacrée soirée”

CHISINAUpour préparer l'entrée dans l'UE

La suite des événements, vous laconnaissez aussi bien que moi.

Mais pour nous, le retour à la nor-male, si j'ose dire, s'est fait par lagrande porte.

Le 17 janvier 1990, c'est en directet à la télévision, sur TF1 que Doinaa retrouvé sa famille au complet,invitée d'honneur de l'émission"Sacrée Soirée " de Jean-PierreFoucault.

Tout est bien qui finit bien, pour-rait-on dire… Mais curieusement,jamais nous ne pourrons nous dépar-tir de cette appréhension qui noussaisit encore lorsque nous appro-chons de la frontière roumaine”.

Y. L.

“Aujourd’hui encore,nousavons toujours la même

appréhension à l’approchede la frontière”

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Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverteLes NOUVeLLes de ROUMANIe

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Actualité

Moldavie

BUCAREST

ORADEA

BAIA MARE

TIMISOARA

PLOIESTI

ARAD DEVA

SIBIU

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGU MURES

SF. GHEORGHE

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

PITESTI

CHISINAU

SATU MARE

La Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement des pays ayant lefrançais en partage, communément appelée Sommet, est l'instance suprêmede la Francophonie; il se réunit tous les deux ans pour définir les grandes

orientations de manière à assurer son rayonnement dans le monde. La République deMoldavie s'est portée candidate, en 2005, à l'organisation du Sommet de 2012, par unelettre d'intention adressée au secrétaire général de l'Organisation Internationale de laFrancophonie, Abdou Diouf.

Certes, le succès de cette démarche n'est pas aisé; la Roumanie a dû patiemmentattendre son tour, et n'a pu obtenir l'organisation qu'après plusieurs candidatures. Mais,en l'occurrence, pour difficile qu'elle soit, la bataille n'est pas perdue. Le choix de laville retenue devrait s'opérer en 2008: le Sommet aura lieu au Canada cette mêmeannée, puis probablement en Afrique en 2010. Cela laisserait toutes ses chances à uneville européenne de l'emporter en 2012… et à Chisinau, si des poids lourds de laFrancophonie, comme Bruxelles et Luxembourg, qui n'ont pas encore accueilli lesommet, s'abstenaient de poser leur candidature. Spécialiste de la Moldavie, FlorentParmentier fait le point à ce sujet.

Ouverture sur les sphères linguistiques russophones et turcophones

"Après plusieurs tentatives, la Roumanie est donc devenue, en septembre 2006, lepremier pays européen en dehors dela France à accueillir le Sommet de laFrancophonie, qui regroupe 67 Etatset gouvernements. Bucarest, par sonpoids démographique (22 millionsd'habitants) et son attachement delongue date à la langue française, a puréussir cette mission, avant de rentrerau sein de l'UE en janvier dernier. Et,de fait, la Roumanie a su faire fructi-fier cet héritage et en faire un atoutpour son avenir, comme en témoignele projet du président Basescu de fon-der une université francophone àBucarest pour "diffuser cette culture dans les Balkans et la région de la mer Noire" .

Tout comme la Roumanie, la Moldavie fait partie de cette "Francophonie balka-nique". L'Albanie, l'ex-Yougoslavie et la Bulgarie y appartiennent également, àdesdegrés divers, mais à un niveau moindre que les "Latins orientaux" de Roumanie etde Moldavie.

Le principal atout de "Chisinau 2012" est peut-être ici: être le pays latin et fran-cophone qui ouvre le dialogue avec les aires linguistiques turcophone et russophone,toutes proches. Au début, presque exclusivement tournée vers l'Afrique et le Canada,la Francophonie a depuis recherché des coopérations auprès des représentants deslusophones (portugais), des hispanophones (espagnol) et des arabophones, et s'estmondialisée. La candidature de la Moldavie lui ouvre ainsi de nouveaux horizons.

Le pays le plus francophone de l'Europe Centrale et orientale

La Moldavie est en effet à la croisée de trois histoires de la Francophonie. La pre-mière vient avec l'empire Ottoman puisque les Phanariotes, familles stanbouliotes deriches grecs qui ont dirigé la principauté de Moldavie, s'exprimaient souvent enfrançais. La deuxième vient de la Bessarabie, puisque la cour impériale de Saint-Pétersbourg utilisait aussi le français.

Emporter l'organisation du sommetde la Francophonie ne doit rien auhasard. Pour 2010, le Sommet aenregistré les candidatures de laRépublique dem. du Congo, deMadagascar, du Tchad, du Canada /New Brunswick et du Cambodge.Pour prétendre l'emporter en 2012, laMoldavie ne peut compter sur sonpouvoir économique; l'organisationd'un tel Sommet a évidemment descoûts, mais peut également avoir desretombées concrètes. Chisinau doitdonc orienter plus particulièrementses efforts vers deux directions: lesinstitutions francophones et larecherche de partenaires.

Du côté des institutions franco-phones, il faut utiliser au maximumles possibilités offertes: les coopéra-tions techniques bien sûr, mais aussiles instruments de gestion desconflits, l'éducation, l'environne-ment... Il faut affirmer sa présenceafin de justifier son appartenance aumouvement, qui était essentiellementfranco-canado-africain au départavant de se "mondialiser".

Du côté des partenaires, laMoldavie peut compter sur laRoumanie, qui a obtenu l'organisa-tion du Sommet. Elle doit viser égale-ment les pays francophones de l'UE(Belgique, France, Luxembourg) ainsique la Suisse. Il faut également voirplus loin: Afrique, Amérique du Nord,Asie. Pour cela, les contacts accu-mulés par la Roumanie seront utiles,mais sans doute pas suffisants. LaMoldavie souffre ici du manque devisibilité de son appartenance franco-phone, et doit y remédier.

F.P.

Ne pas compter uniquement sur la Roumanie

Chisinau est candidate à l'organisation

Le passage de la frontière roumaine était devenu un véri-table cauchemar. Après plusieurs heures d'attente, il fallaitvider entièrement la voiture et les bagages étaient minutieuse-ment fouillés. Heureusement que la présence de Caroline etJulie facilitait les choses. Cela procurait un souffle d'humanitédans l'accomplissement des formalités. Parfois aussi, un petitbakchich. Une fois, une simple boîte de comprimés d'aspirinea suffi pour écourter la fouille.

Nous restions à Timisoara. Nous faisions le plein d'essen-ce en Hongrie avant de passer la frontière, ce qui nous per-mettait de circuler sur place et de retourner jusqu'à Nadlac. Ily avait des pompes réservées aux étrangers dans les grandesvilles (une seule à Timisoara). Mais elles n'étaient pas toujoursapprovisionnées et faire le plein était un exercice aléatoire.Nous avons renoncé rapidement à circuler dans le pays, mêmepour aller voir les oncles et tantes de Doina à Calatele, petitvillage près de Huedin, dans la région de Cluj.

La mégalomanie grandissante de Ceausescu

En même temps que la misèregagnait, nous avons assisté, d'uneannée sur l'autre, au développementsournois de la mégalomanie deCeausescu, accompagné d'unepoussée grandissante du culte de sapersonnalité. Je me souviens de cesimages d'un reportage à la TV roumai-ne le montrant en visite dans unerégion inondée, juché sur un 4x4 AROroulant sur une chaussée submergée,se faisant applaudir par les gens massés (spontanément ?), lespieds dans l'eau, le long de la route,. Et ce, bien sûr, accompa-gné des commentaires dithyrambiques du journaliste de servi-ce. Complètement surréaliste.

Il n'y avait plus d'éclairage public. Les feux de signalisa-tion ne fonctionnaient plus. La télévision ne diffusait que deuxou trois heures par jour et pour quels programmes ! Je me sou-viens de ces films nord-coréens insipides qui "agrémentaient"les soirées des téléspectateurs roumains.

Lorsque nous avions passé la frontière, dès la traverséedes premiers villages et de la première grande ville, Arad enl'occurrence, souvent à la tombée de la nuit, nous étionsfrappés par cette tristesse et ce désespoir presque palpablesque dégageaient toutes ces silhouettes qui circulaient furtive-ment toujours avec un sac en plastique à la main. Au cas oùl'on trouverait par hasard une denrée devenue rare

Peur de prendre des photos

Pourtant, les panneaux de propagande se faisaient de plusen plus voyants et les slogans de plus en plus cyniques. On estpassé de "Traisca Partidul Comunist Roman" (" Vive le Particommuniste ") ou "Traisca Republica Socialista Romania" et

"Traisca Patria Noastra înfloritoare" ("Vive notre Patrie res-plendissante"), formules bien innocentes à l'échelle de la nor-malité d'une propagande, à "Ceausescu si Poporul"("Ceausescu et le Peuple"), "Traiasca Republica SocialistaRomania în frunte cu conducatorul sau iubit TovarasulNicolae Ceausescu" ("Vive le République Socialiste Roumaineet son bien aimé camarade Nicolae Ceuasescu"), en passantpar "Ceausescu, Epoca de Aur" ("Ceausescu, Epoque d'or").Ce sont des exemples, il y en avait bien d'autres.

La folie du dictateur était à la source de nombreusesrumeurs dont il était difficile de démêler le vrai du faux.Pendant un temps, il en fut une qui attribua à Ceausescu le pro-jet de faire démolir la cathédrale de Timisoara sous prétextequ'il ne supportait pas sa vue pendant qu'il faisait ses discoursau balcon de l'opéra. On ne parlait que très peu de cette situa-tion en France ou en Occident en général. J'ai lu une fois dansun organe de presse régionale une brève concernant le rapportque des observateurs danois avaient fait sur la situation enRoumanie. Comme s'il fallait être observateur accrédité et

danois de surcroît pour s'en aperce-voir! J'ai bien songé à prendre desphotos pour montrer la situation enFrance. Nous n'avions que notretémoignage oral. Je n'ai jamais oséfranchir le pas. Trop dangereux.

Noël 1989: angoisse et espoir

Mais divers événements ont com-mencé à attirer l'attention sur la situa-tion du pays comme l'émeute de

Brasov du 15 novembre 1987. En 1988, Noël Mamère présen-ta au cours de son émission Résistance un reportage réalisé parune équipe de télévision belge sur la situation réelle du pays.Enfin ! La même année, l'Opération Villages Roumains(OVR), initiée en 1988 en Belgique, puis étendue à d'autrespays d'Europe occidentale, a été à l'origine d'un importantmouvement de protestation contre la politique dite de "systé-matisation" des villages. Cette politique visait une mise encoupe réglée du monde rural par la destruction de l'habitat tra-ditionnel. Nous regardions tout cela avec un grand intérêt etbeaucoup de satisfaction.

Et puis, il y eut ce 18 décembre 1989 au matin, quand nousavons entendu à la radio que, à la suite de manifestations derue, Timisoara était "encerclée par les chars". Je vous laisseimaginer notre émotion. Dès lors, ce furent des jours d'attente,d'angoisse, d'incertitudes, des nuits blanches où, l'oreille colléeà la radio et les yeux rivés à l'écran, nous avons essayé de dis-cerner des voix ou des visages familiers, pour être enfin ras-surés sur le sort de nos proches. Pendant ce temps, le mondedécouvrait - ou a fait semblant de découvrir - ce qu'avait été lerégime de Ceausescu. L'inimaginable, l'incroyable se révé-laient en une indescriptible tourmente de fureur, de violenceet de confusion. (Lire la suite page 46)

"Les queues pouvaient durer plusieurs jours d'affilée"

Les années de galèreUn marchepied

Le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Chisinau.

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Actualité

BUCAREST

ORADEA BAIA MARE

TIMISOARA

CLUJARAD

TILISCA

IASI

BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

TULCEA

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

SIBIUBRAN

Clanta citoyen européen(Clanta et son amie de Moldavie)

Tourisme

Le cœur des communes suissesbat en majorité pour la Roumanie

Le Conseil des Communes etRégion d'Europe de Suisse a menéen novembre 2004 une enquêteauprès de l'ensemble des com-munes suisses (2800) sur leur actionde coopération en Europe centrale etorientale. En 2004, 187 d'entre ellesont fait part d'un engagement dansl'espace concerné contre 275 lorsd'une enquête similaire en 1994. Cesont les communes moyennes (2000à 5000 habitants) qui se montrent lesplus actives. A noter la diminutionnotable en dix ans (-32%) des com-munes engagées en Europe centraleet orientale, concernant surtout lespetites collectivités de moins de1000 habitants.

Il est intéressant de constater quela Roumanie, comme en 1994, est lamieux dotée des 22 pays men-tionnés. En effet, 98 communes sur187 déclarent lui avoir accordé del'aide, c'est-à-dire plus de la moitiéd'entre elles, 17 indiquent une colla-boration avec Opération VillagesRoumains. On peut admettre quecertaines communes ayant déléguél'action à des associations, tous lesmembres actuels d'OVR, issus d'unengagement des communes dès1989, n'ont pas été pris en compte.La nature des actions des com-munes est prioritairement humanitai-re ou financière (2/5). Les autrescontributions des communes men-tionnées sont : les jumelages-parte-nariats, l'accueil de stagiaires, l'infor-mation ou la formation générale, laréalisation d'un projet d'assistancetechnique.

"Draculistes" américainsjaponais et allemands se précipitent

pour visiter le château de Bran

Le Château de Bran est un des plus célèbres monuments d'architecturemédiévale de Roumanie, et est connu à tort par les touristes du mondeentier comme étant le château de Dracula, le cinéma et la légende l'ayant

associé à l'image du prince Vlad Tepes. Le château de Bran, situé à environ 30 km deBrasov et à 200 km de Bucarest, a été construit au XIVème siècle, sur un rocher situéentre Magura et Dealul Cetatii, bénéficiant d'un panorama exceptionnel. La nécessitéde cette construction s'est imposée pour desraisons d'ordre stratégique et économique. Ilfallait faire face à l'expansion de l'EmpireOttoman, qui, au milieu du XIVème siècle,était devenu une menace pour les frontièresde sud-est de la Transylvanie et d'autre partprotéger l'importante route commerciale quedomine le château, qui faisait le lien entre laTransylvanie et la Tara Romaneasca (laValachie).

Le château est devenu dans l'imaginairel'antre de Dracula, tout simplement par l'idéeque les touristes, spécialement américains, japonais et allemands, se faisaient de celuidécrit par l'écrivain Bram Stocker dans le roman de fiction "Dracula". Mais cette réfé-rence, qui n'a aucune consistance historique, irrite fortement les Roumains qui semoquent de ces visiteurs, les appelant sur place les "Draculistes", même si de nom-breux marchands de souvenirs profitent de cette manne. La similitude est entretenuepar les différentes campagnes entreprises dans la région par Vlad Tepes qui n'hésitaitpas à faire empaler ses prisonniers turcs pour terroriser l'armée des envahisseurs de laSublime Porte. Pour punir également les marchands saxes de Brasov qui n'obéissaientpas à ses ordres en ce qui concerne le commerce dans les marchés de Valachie, le ter-rible voïvode mena une expédition qui passa par Bran, ce chemin étant le plus appro-prié pour aller de Brasov à Târgoviste, où il résidait.

Mais, l'histoire la plus connue serait celle liée à la période d'emprisonnement dedeux mois de Vlad Tepes en 1462, dans ce lieu où il avait été enfermé par le roi deHongrie Matei Corvin, qui l'avait vaincu. Celui-ci l'avait capturé à proximité du châ-teau du Pont de Dâmbovita, près de Rucar, situé à environ 25 km de Bran. Bien qu'au-cun document n'atteste ce fait, des historiens soutiennent cette hypothèse.

Et puis, un après-midi dont j'ai oubliéla date, j'ai réussi après plusieurs jours detentatives et une chance inouïe à obtenirune liaison téléphonique avec un parent.Quelques mots: "Ne vous inquiétez pas,tout va bien pour nous".

Les coups de téléphone affluaient àla maison. Des parents, des amis, desgens que l'on n'avait pas vu depuis desannées nous appelaient pour nous appor-ter leur soutien, exprimer leur sympathie.FR3 était venu interviewer Doina à lamaison.

En plein cœur des événements, l'unede nos amies, à qui nous avions pourtantdepuis longtemps décrit la situation dupays, est venue voir Doina pour lui dire :"Excuse-moi, Doina, de ne pas t'avoirassez crue". Bien sûr… Si M. GeorgesMarchais, secrétaire général du particommuniste français annonçait dans lemilieu des années 80 qu'il allait passerses vacances en Roumanie, sur le littoralde la Mer Noire, c'est qu'il n'y avait vrai-ment pas lieu de s'inquiéter !

Yves Lelong

“Si Georges Marchais passait ses vacances en Roumanie...c'est qu'il n'y avait vraiment pas lieu de s'inquiéter !"

(Suite de la page 45)

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Actualité

BUCAREST

ORADEABAIA MARE

TIMISOARA

ARAD

SIBIUBRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

SIGHET

BRAILA

SUCEAVA

BACAU

PLOIESTI

CLUJ

IASI

L'inauguration du poste frontièreroumano-ukrainien de Sighetu-Marmatiei, un des très rares points depassage terrestre entre les deux pays,qui a réuni le président ukrainienViktor Iouchtchenko et le présidentroumain Traian Basescu, témoigned'un réchauffement des relations entreles deux pays. Même si plusieurssujets sensibles restent en suspens

"La Roumanie respectera la déci-sion de la Cour internationale de justi-ce (CIJ) de La Haye" a assuré le pré-sident Basescu, faisant référence aupartage du plateau continental de lamer Noire que se disputent les deuxpays. Viktor Iouchtchenko, le prési-dent ukrainien, est d'accord.

Depuis septembre 2004, et aprèsune série de vingt réunions infruc-tueuses, Kiev et Bucarest attendent ladécision de la CIJ - prévue fin 2008 -qui devrait mettre fin à plusieursannées de tension. En jeu, le contrôled'une partie de la mer Noire, réputéeriche en hydrocarbures. Les autoritésroumaines s'opposent notamment audésir de Kiev de créer une zone éco-nomique exclusive autour de l'île auxSerpents, un petit îlot inhabité de 17hectares situé au large des côtesukrainiennes qui a appartenu à laRoumanie jusqu'en 1948, avant derevenir à l'ex-Union soviétique.

La construction d'un canal par lesUkrainiens dans le delta du Danube,réserve naturelle protégée parl'Unesco est un autre sujet de dispute.Là encore Bruxelles devrait interve-nir.Traian Basescu a d'ailleurs assuréà son homologue que la Roumanieferait "le lien" entre l'Ukraine et l'UE.

La publication, lundi 19 février, des produits intérieurs bruts (PIB) régionauxpar habitant dans les vingt-sept pays de l'Union européenne (UE) confir-ment l'existence de fortes disparités. Calculés en 2004, ces chiffres mon-

trent un écart de 1 à 13 entre la région la plus pauvre - le nord-est de la Roumanie (23,6% de la moyenne européenne, soit 1 949 euros par an et par habitant) - et la plus riche,celle de Londres (302,9 %, 71 338 euros). L’habit européen ne fait pas le moine!

Sur l'ensemble des 268 régions considérées par l'office statistique européen,Eurostat, 70 disposaient d'un PIB par habitant inférieur à 75 % de la moyenne de l'UE(100 %). Ce faible niveau de richesse les rend éligibles pour obtenir les fonds struc-turels (subventions européennes).

Pour la période 2007-2013, 308 milliards d'euros ont ainsi été répartis pour aiderles régions les plus défavorisées. Tout nouveau membre du club européen depuis le1er janvier, la Roumanie (34 %) et la Bulgarie (33,2 %) comptaient, en 2004, avec laPologne (50,7 %) les 15 régions les plus pauvres de l'actuelle Europe des Vingt-Sept.

Le trio de tête est constitué par Londres (302,9 %), Luxembourg (251 %) etBruxelles (248,3 %). Le PIB de ces trois régions est cependant surestimé en raison duflux important de "navetteurs", c'est-à-dire des banlieusards qui viennent y travaillerquotidiennement. La première région française est l'Ile-de-France (174,5 %, 41 370euros) qui occupe le sixième rang derrière Hambourg (195,2 %) et Vienne (179,7 %).Parmi les 46 régions dépassant 125 % de la moyenne, l'Allemagne et le Royaume-Unien comptent huit, l'Italie sept et la France seulement une. Les capitales européennes setaillent la part du lion dans leurs pays à l'exception de Berlin (101,2 % pour unemoyenne nationale de 115,8 %). En Italie, le fossé persiste entre le Nord et le Sud.

Dans l'Hexagone, la moyenne s'établit à 112,3 % (26 619 euros). L'Ile-de-Franceest loin devant les autres régions : Centre-Est (109,4 %), Sud-Ouest (100,2 %), Ouest(99,3 %), Est (99 %), Méditerranée (98,6 %), Bassin parisien avec la Normandie(98,3 %), et Nord-Pas-de-Calais (89 %). En queue de peloton, figurent les départe-ments d'outre-mer (64,4 %).

Conflits frontaliers: Roumanie et Ukraine s'en remettent à l'UE

PIATRANEAMT

UE Tourisme

Clanta, citoyen européen

Un écart de un à treize, entre Londres région la plus riche de l'UE

et la Moldavie, la plus pauvre

Situé au pieds des monts Fagaras, Tilisca fait partied'une région où la résistance au pouvoir communis-te est restée très forte jusqu'à sa chute; c'est une des

raisons qui fait que le village est resté très authentique (JudetSibiu - commune Saliste - sur l' E 68 entre Sibiu et Sebes; àSacel, à 20 km de Sibiu, prendre à gauche jusqu'à Saliste, tra-verser le village à droite après le pont, longer la rivière, Tiliscaest à 4 km. Des plaques officiellesRetea Turistica indiquent les mai-sons hôtes du réseau OVR).

Ici, nous sommes dans lepays des bergers, des moutons etpartout la laine sèche au vent...Elena Iuga peut vous apprendreet vous montrer tout ce que vousvoulez sur ce fier peuple pastoraloù la transhumance n'a pas dispa-ru. Le costume traditionnel estencore porté par beaucoup d'habi-tants. En vous promenant, vousverrez plus d'une femme filer lalaine devant sa porte; elle pourravous inviter à voir son travail dans sa maison et vous fera goû-ter de merveilleux gâteaux.

A Tilisca, complément naturel de sa voisine Saliste, vouspouvez assister à tout le travail traditionnel de la laine y com-pris le filage et le tissage. Mais l'intérêt de la commune ne selimite pas à cette activité. Balades à pied, à cheval ou en char-rette dans les collines au-dessus du village, visite de bergeriesavec dégustation de fromages, vous attendent. Les promeneurspeuvent entreprendre des excursions en montagne dans le mas-sif de Cindrel et passer la nuit nuit dans une "cabana", pourdécouvrir, entre autre, le lac glaciaire de Iezerul.

Tilisca a aussi la chance de posséder un groupe folkloriqued'enfants de 6 à 14 ans, chanteurs-danseurs, connu loin à laronde et qui s'appelle "Ciobanasul".

Elena Iuga, l'initiatrice, et son association ont créé un petitmusée d'art traditionnel, avec des partenaires hollandais et lemaire. Il se trouve à côté de la mairie.

A Poiana Sibului, les riches palais en marbre des bergers témoins d'une époque révolue

A 25 km de Tilisca, à Poïana Sibului ou à Jina, 7 km plusloin, partout dans la rivière, on lave la laine puis on fait d'é-normes ballots que les camions emportent dans les filaturesroumaines et turques ! Dans un superbe paysage de montagnescouvertes de pâturages, vous découvrirez une cité où l'habitattraditionnel a disparu pour faire place à des "maisons palais"

où l'utilisation du marbre est loin d'être rare... Construits parles riches propriétaires de moutons, mais où ils n'habitent pastoujours, c'est la vitrine de leur réussite. Ils disaient autrefois"Les lei fondent comme neige au soleil, les moutons restent".Ils sont en train de déchanter !

En cherchant bien, dans le haut du village, il existe enco-re une maison en bois datant de 1760. Au milieu d'un petit

cimetière, une singulière petiteéglise avec un énorme toit de bar-deau culmine sur une colline.

Depuis Jina, la route qui des-cend dans la vallée de Sebes estimpraticable pour les voitures,mais pour les randonneurs c'estune belle balade de 10 km jusqu'àSugag.

Un circuit d'une journée envoiture vers Sebes et sa valléevaut vraiment la peine: Sebesavec sa forteresse, ses remparts etses tours, la vieille ville, de stylesaxe. Il faut remonter la vallée (N

67 C) jusque Scasiori, localité médiévale du 12ème siècle. Acôté, au petit village de Laz, n'hésitez pas à rendre visite àMaria Poenaru qui perpétue la tradition de la peinture d'icônesur verre et a rassemblé dans une petite pièce-musée, dans samaison, une collection d'icônes sur verre extraordinaire.

A Capâlna, on découvre les ruines Daces, puis Sugag estla dernière cité avant la montée vers le lac Vidra au pied desMuntii lotrului.

Foire aux animaux… et marché aux mariages

Plusieurs événement rythment l'année. Le premierdimanche d'août, se tient la fête des Bergers à Jina, villageaprès Poïana Sibului, puis, à partir du 15 août, le "Târgul deanimale", la foire aux animaux. Sur la montagne, au début ducarême, se fête l'"Hotaitele" ou marché au mariage.

Quel plaisir de se plonger dans la tradition pastorale etvoir la tonte des moutons, le lavage de la laine dans la rivière,le séchage etc. C'est passionnant, mais depuis quelquesannées, le lavage de la laine ne se fait plus traditionnellementpartout et cela amène des problèmes de pollution. La lainen'est plus complètement travaillée sur place, rentabilité oblige.Elena Iuga, en écologiste convaincue, se bat de toutes sesforces pour que la rivière retrouve sa pureté et que soit recher-ché un équilibre entre l'amélioration du niveau de vie et laconservation d'un environnement sain .

Martine et Jean Bovon-Dumoulin

Tilisca, au pays des bergers des moutons et de la laine qui sèche au vent

Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea TuristicaAu pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.

Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.

L’habit ne fait pas le moine

Depuis, le 1er janvier, lesRoumains peuvent voyagerlibrement dans l’UE, ce qui

n’est pas le cas des Moldaves qui doiventobtenir un visa -mission quasi impossible- ce qui conduit beaucoup d’entre-eux àessayer de devenir citoyens roumains.

1- Eh, attends un peu, mon portablesonne !

2 - Allo! Oh ! Non ! Pourquoi je doistoujours me taper les corvées !? Bon, jeviens!

3 - Qu’est-ce qui se passe Clanta ?Quelque chose est arrivé à la maison ?

- Tu parles ! Des amis de la famillede République Moldave sont là !

- Et çà suffit à te mettre en colère ?4 - Bien sûr, çà m’oblige à m’occu-

per de leur fille !- Clanta, t’es pas devenu fou ? C’est

super !

- Tu dis çà parce que tu ne la connaispas. C’est une peste !

5 - Elle se croit la plus jolie, la plusintelligente et moi, elle me prend pour unretardé avec une grosse tête, un paysandes Balkans; çà me met en boule !

6 - Allez, salut ! Je reviens dès quej’aurai réussi à me défaire de cette vieillepie !

- Allez, t’en fais pas Clanta !7 - Clanta, mon Clantinou à moi !

Comme je me languissais de toi ! Maisquel superman tu es devenu !

- Comment çà ? Je ne suis plus leretardé à la grosse tête, ni le paysan bal-canique?

8 - Mais non, c’était des bétises !Comment tu peux dire çà ? Tu es, tu es...Ah, zut, je n’arrive pas à trouver le mot !

9 - Allez, dis le !10 - Citoyen Européen, Clanta !

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Actualité

Pourtant l'Union Européenne manque d'une stratégie clai-re à l'égard des pays de la région. En réalité, elle en a trois,souligne Marius Vahl, chercheur au Centre for EuropeanPolicy Studies (CEPS), un insti-tut bruxellois: l'adhésion pour laBulgarie, la Roumanie et laTurquie, la politique de voisina-ge pour l'Ukraine et la Géorgie,un nouveau partenariat straté-gique pour la Russie. Alors quel'Europe s'efforce de développerà ses frontières à la fois une"dimension nordique" et une"dimension euroméditerranéen-ne", elle ne s'est pas encoredotée, regrette cet expert, d'une"dimension mer Noire", fautedu soutien actif de ses membres.

La Bulgarie et la Roumanie se proposent précisément decontribuer à la recherche de cette nouvelle "synergie", selon

l'expression d'un autre analyste du CEPS, Fabrizio Tassinari,qui invite l'UE à concentrer ses efforts de coordination sur cinqsecteurs prioritaires: l'environnement, les transports, l'énergie,

la sécurité intérieure, la démo-cratie. L'Union Européennedevra faire preuve de beaucoupde détermination pour organisercette coopération. Il lui faudraassocier aux discussions laRussie et la Turquie, qui sont lesdeux principales puissances dela région. Avec l'une commeavec l'autre, les relations ne sontpas au beau fixe. Russes et Turcsont montré, dans leurs négocia-tions avec Bruxelles, qu'ils sontdes interlocuteurs opiniâtres.Relisons Jules Verne: l'entête-

ment du seigneur Kéraban n'a d'égal que l'obstination d'unautre de ses personnages, le Russe Michel Strogoff.

Les NOUVeLLes de ROUMANIe

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Connaissance eet ddécouverte

Histoire

BUCAREST

ORADEA

SATUMARE

TIMISOARA

CLUJ

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BRAN

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BRASOV

CONSTANTACRAIOVA

TARGUMURES

GALATI

TULCEABRAILA

SUCEAVA

BACAU

PITESTI

MARASTI

Jules Verne avait pressenti l'évolution de cette zone stratégique

de l'UE alors que le Danube est devenu son fleuve emblèmeLes ossements du

maréchal Averescu ont-ils disparu du mausolée de Marasti ?

Al'occasion d'une visite du mausolée de Marasti,à l'est du pays, où sont enterrés les restes des6000 soldats roumains tombés en août 1917,

lors de la bataille de Marasesti, remportée sur lesAllemands par le maréchal Averescu, les autorités ont étésaisies de la disparition de son cercueil ainsi que de celuidu ministre de la Guerre de l'époque, le général ArthurVaitoianu. C'est un groupe de journalistes conduit par laDirection de la Culture du judet de Vrancea qui s'en estrendu compte, après s'être glissé dans la crypte où person-ne ne pénètre d'habitude. Les paysans du coin ont affirmé se souvenir qu'ils avaient vuun camion de militaires partir avec les deux cercueils, en 1979. Ils avaient pensé alorsque c'est Ceausescu qui en avait donné l'ordre pour récupérer le bâton de maréchal duvainqueur de Marasesti ainsi que les sabres et décorations des deux hommes, que lesdéfunts portaient sur eux, conformément aux pratiques de l'époque.

Une enquête a été ouverte. C'est à l'endroit même où le maréchal AlexandruAverescu avait enfoncé le front allemand à Marasti, commune voisine de Marasesti,que le mausolée a été élevé après la Première Guerre mondiale, à l'initiative du géné-ral Vaitoianu qui voulait que les soldats morts au cours de la bataille y soient inhuméset avait collecté les fonds pour sa construction. Après le conflit, le maréchal Averescua été Premier ministre du roi Ferdinand, à trois reprises. Il est mort en 1938. Lui et legénéral Vaitoianu avaient demandé à reposer auprès de leurs soldats.

Une équipe internationale depaléoanthropologues a étu-dié un crâne découvert en

Roumanie et vieux de près de 40 000 ans.Dans un rapport publié, lundi 15 janvier,dans les annales de l'Académie américai-ne des sciences (PNAS), ils révèlent quele fossile, baptisé Oase 2, a les mêmesproportions que des crânes d'Homosapiens mais présente aussi un front apla-ti et des molaires supérieures exception-nellement développées, typiques deNeandertal.

"Cette découverte pose des questionsimportantes quant à l'évolution deshommes modernes. Les différences entrece crâne et celui d'un homme actuelpourraient venir d'une régression de l'é-volution des humains ou refléter un troudans les échantillons paléontologiquesde la diversité humaine du paléolithiquemoyen", analyse Joao Zilhao, chercheur àl'université de Bristol en Angleterre et undes coauteurs de ces travaux.

Le paléolithique moyen a débuté il ya 300 000 ans pour s'achever voilà 30 000ans, avec la disparition apparente del'homme de Neandertal. Jusqu'à la décou-verte d'Oase 2, les scientifiques pensaientque l'Homo sapiens lui avait succédé,mais sans pouvoir établir s'il existait unlien entre ces deux espèces.

Le rapport conduit à voir les chosessous un autre angle: "Ce mélange detraits de l'homme moderne et de sonancêtre plus primitif pourrait résulterd'un mélange avec des populations deNeandertal alors que l'Homo sapiens serépandait en Eurasie occidentale", notele professeur Zilhao.

D'autres indices (fossiles, génétiqueset archéologiques), trouvés notammenten Roumanie, révèlent de nombreusesinteractions biologiques et culturellesentre les hommes modernes et des popu-lations anatomiquement primitives, ren-contrées lors de leur migration d'Afriqueen Eurasie, comme le Neandertal.

Un crâne vieux de 40 000 ansdécouvert en Roumanie, révèle un lien

entre homme de Neandertal et Homo sapiens

Ion, jeune villageois de Transylva-nie gagne une excursion à Paris etvient se renseigner auprès de songrand-père, qui y est déjà allé.

- Ah quelle chance, tu as fiston !Tu vas voir, c'est merveilleux. On nepeut rien rêver de mieux.

De mon temps, avec les copains,on allait dans les plus grands restau-rants, on ne payait rien, on comman-dait du champagne, çà ne nous coû-tait rien et on nous servait même unedeuxième bouteille, les Parisiennesnous tombaient dans les bras.

Tout le monde nous saluait bienbas, se poussait pour nous laisserpasser. Ah ! Quel pays magnifique…mais, je ne t'en dis pas plus, tu vasvoir toi-même...

Deux jours plus tard, Ion rentreprécipitamment de son voyage et,furieux, va trouver son grand-père.

- Qu'est-ce que c'est ces men-songes que tu m'as racontés ! J'aifait comme tu m'as dit, je suis allé àtoutes tes adresses; je suis descen-du à l'hôtel Meurice, j'ai été mangéchez Maxim's, j'ai trouvé une fille àPigalle…

En une journée, j'avais dépensé3000 € et il ne me restait plus unsou !

- Mais quelle compagnie tu aspris?

- Eh bien, je suis parti en avion,avec la Tarom

- Ah, ben c'est donc çà ! Moi,j'avais pris la Wehrmacht et on estpartis en tanks.

Le dernier Eurobaromètre, réa-lisé à la demande de Bruxellesà travers toute l'Europe en

septembre 2006, montre que lesRoumains sont parmi les Européens lesplus mécontents de leur sort. Ils ont demoins en moins confiance dans leurs ins-titutions, notamment la Justice, et n'atten-dent de changement que par l'UE. Leurssoucis sont aussi différents de ceux de lapartie occidentale du continent. LesRoumains sont préoccupés par la situa-tion économique, les salaires faibles et lacherté de la vie, les Occidentaux par lechômage, l'immigration et le terrorisme.

Mais si seule-ment 48 % desRoumains sont satis-faits de leur viequotidienne, contre72 % des citoyensdes nouveaux étatsmembres (ayantadhéré en 2004) et85 % des états fon-dateurs ou ayantrejoint l'UE avant

2000, leur optimisme individuel est plusélevé: 40 % contre 31 % pour la "géné-ration 2004" et 35 % pour les " ieuxpays". C'est un peu "Ion qui rit" et "Jeanqui grogne"… bien que le premier aitbeaucoup plus de raisons de craindrel'avenir et de se lamenter.

L'Eurobaromètre a permis aussi dedresser une carte de l'optimisme et dupessimisme de la Roumanie qui dessineles contours des régions développées etcelles à la traîne. Interrogés sur la façondont ils voient l'avenir, les habitants dusud et sud-ouest répondent que "va fi lafel de rau" ("çà ira aussi mal") ou "e

bine, dar va fi mai rau " "çà va, mais çàva aller plus mal").

Le nord-ouest, l'ouest et le sud-estont une attitude optimiste: "e bine, si va fimai bine" ("çà va et çà va être encoremieux"). Deux attitudes antagonistes sontrelevées dans l'est et le nord-est, c'est àdire en Moldavie. Si les uns répondent "ebine si va fi mai bine", dans les judetspauvres de Vaslui et Botosani, c'est l'in-verse qui prévaut: "e rau si va fi mai rau"("çà va mal et çà va être pire"). Un socio-logue, responsable de l'enquête enRoumanie, a expliqué ces différences ennotant que les plus optimistes avaientsouvent des parents partis à l'étranger,entrevoyant ainsi un autre avenir, lesautres étant restés sur place, sans pers-pective de voir leur situation évoluer.

A remarquer que dans le centre dupays - la Transylvanie - les avis sontréservés, les habitants interrogés répon-dant "nu stiu cum va fi" ("on ne sait pastrop comment çà va se passer")… "ptêtben qu'oui, ptêt ben qu'non"… Pourtant,il n'y a aucune trace dans l'histoire de larégion d'occupation par les Normands !

Même mécontents de leur sort, les Roumains sont plus optimistes que le reste de l'Europe

Ion qui rit... et Jean qui grogne

Humour

Le Baromètre de l’optimisme selon les régions roumaines.

Le Bosphore à Istanbul et la colline de Pierre Loti.

Ah, le bon vieux temps !

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Au printemps 2005, Brasov a accueilli le congrèsinternational des espérantistes des chemins de fer.Deux ans auparavant, ce sont les médecins espé-

rantistes du monde entier qui s'étaient retrouvé à Oradea, alorsque plusieurs autres congrès s'étaient tenus précédemment àTimisoara.

Malgré bien des aléas, l'espérantisme a survécu enRoumanie, étant pratiqué dans tout le pays et non seulement enTransylvanie. Il y est apparu deux ans seulement après sa nais-sance à Varsovie, en 1887, sous la forme d'un petit dictionnai-re résumant les principes de la langue imaginée par le docteurZamenhof. Son auteur, Marietta Frollo, d'origine italienne etqui se fera nonne par la suite, avait compris l'intérêt d'unelangue neutre et commune dans un pays où on parlait roumain,allemand, hébreu, hongrois et français.

Carmen Sylva, première reine espérantiste du monde

Le premier cours public d'espéranto vit le jour à Galati, en1904, grâce à l'aide d'un industriel, Heinrich Fischer. L'annéesuivante, après le premier congrès international de l'espéran-tisme qui s'est tenu à Boulogne sur Mer, apparaît le premiercours d'esperanto, tiré d'une méthode française, et publié régu-lièrement dans la revue de Bucarest "Progesele Stiintei" ("LesProgrès de la Science").

Une rencontre, en 1906, entre le Français Gabriel Robin etun des promoteurs de l'espéranto en Roumanie, M.I.Negreanu, se révéla décisive pour son développement, notam-ment dans la capitale, recevant l'aide de la reine Elisabeth,appelée "La première reine espérantiste du monde", et connuesous son pseudonyme d'écrivain de Carmen Sylva.

L'année 1907 constitue la date marquante de l'histoire del'espéranto en Roumanie. Exactement 20 ans après sa naissan-ce, est fondée à Bucarest la première association nationaled'espéranto de Roumanie, la Société Espérantiste Roumaine,créant un engouement à travers le pays. Les congrès natio-naux, les cours, les sociétés locales se développent dans l'en-

semble des régions, regroupant intellectuels et officiels de tousles rangs.

Interdit sous le communisme

Mais les dictatures n'aiment pas ce qui leur échappe etl'espéranto devient suspect sous Carol II, avant la SecondeGuerre mondiale, son caractère international faisant redouterqu'il ne devienne un nid de communistes. On lui met desbâtons dans les roues. Pour les mêmes raisons, les commu-nistes qui ont pris le pouvoir le tiennent en suspicion, l'imagi-nant cette fois-ci comme une courroie de transmission de"l'impérialisme".

Les réunions des espérantistes sont interdites, leurs publi-cations supprimées. Les pratiquants sont contraints d'abandon-ner cette langue et soumis à des tracasseries administratives;certains perdent leur situation, notamment des professeursd'université, d'autres sont arrêtés. Les rangs des espérantistesroumains se sont aussi vidés avec le départ des adeptes qui ontfui la guerre puis le communisme, la révision des frontièresd'après 1945 au profit de l'URSS et de la Bulgarie faisant aussiperdre nombre de personnes de valeur.

Malgré tout, la voix de l'espérantisme, comme celle de laliberté n'a pu être totalement étouffée, et est réapparue après la"Révolution" de décembre 1989. Cette fois-ci, l'adversaireétait ailleurs… la situation sociale et économique désastreuse,dans un univers où l'anglais avait pris le rôle de ce rêve uni-versel. Peu à peu, l'espéranto a refait son nid, comme le mon-trent les congrès qui se tiennent en Roumanie ou les quelquesouvrages publiés dans cette langue: "Eminescu en espéranto"(paru à Timisoara), une plaquette sur Brancusi (Los Angeles),une anthologie de la Roumanie (Zagreb, Croatie), de l'humourroumain (Arnhem, Pays Bas). Lors d'une réunion enRoumanie, un congressiste américain s'étonnant de la vitalitéde l'espéranto dans le pays malgré toutes les difficultés qu'il aeu à affronter, demandait, sous forme de boutade: "Maisl'espéranto, c'est un dialecte roumain… ou l'inverse ?".

Ionel Onet (Rotterdam) et Marian Vochin (Bucarest)

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Trois mille euros la carte d'identité roumaine

TÂRGOVISTE

Dans son roman "Kéraban le têtu",UE

Chroniqueur au journal "Le Monde", Thomas Ferenczi a relevé l'importance queprésentait pour l'UE, l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, pays qui

lui offrent son premier débouché sur la Mer Noire et font du Danube un fleuve-emblème qui lui est totalement intégré. A plusieurs reprises, le président Basescuavait insisté sur l'importance géo-stratégique de ce qui est appelé à devenir une

mer intérieure de l'Union Européenne dans les prochaines décennies… provoquant, en réponse, de simples haussements d'épaules de Bruxelles. Pourtant, comme le souligne Thomas Ferenczi, plus d'un siècle avant le

1er janvier 2007, Jules Verne avait pressenti le grand avenir qui allait s'offrir à la Mer Noire, future "Mare nostrum". N'est pas visionnaire qui veut.

Parce qu'il refuse de payer la nouvelle taxe imposée par les autorités otto-manes sur la traversée du Bosphore, un riche marchand de Constantinople,le seigneur Kéraban, décide de regagner sa villa de Scutari par le chemin

inverse: il fera le tour de la mer Noire pour rentrer chez lui sans s'acquitter de cetimpôt "inique" et "vexatoire", même si cevoyage doit lui coûter beaucoup plus cherque la modeste contribution demandéepar le gouvernement. Comme le train nelui plaît pas et que le bateau lui donne lemal de mer, il lui faudra parcourir en chai-se de poste, pendant quarante-cinq jours,près de 3 000 kilomètres à travers lesterres souvent inhospitalières qui bordentce vaste lac intérieur, connu dansl'Antiquité sous le nom de Pont-Euxin.

Le roman de Jules Verne qui racontecette tumultueuse odyssée s'intituleKéraban le têtu. Publié en 1883, il n'estpas le plus connu de l'auteur des Voyagesextraordinaires, mais il constitue unebonne leçon de géographie pour qui veuts'aventurer, sur les pas du seigneurKéraban, aux confins orientaux del'Europe. "Du moment que le seigneurKéraban prétendait suivre le périmètre dela mer Noire, son itinéraire allait d'abordse développer sur le littoral de laRoumélie, de la Bulgarie et de la Roumanie pour atteindre la frontière russe",explique l'auteur. Le voyageur passerait ensuite par la Bessarabie, la Chersonèse, laTauride, puis le Caucase et la Transcaucasie, avant de longer l'Anatolie jusqu'à retrou-ver le Bosphore "sans avoir rien payé de la taxe nouvelle".

Une zone qui attise les convoitises

Les pays qui entourent la mer Noire sont aujourd'hui l'Ukraine au nord, la Russieet la Géorgie à l'est, la Turquie au sud, la Bulgarie et la Roumanie à l'ouest. Avec l'en-trée de ces deux derniers Etats dans l'Union, celle-ci est désormais riveraine. Cette merqui fut naguère fortement insérée dans l'espace soviétique est devenue en grande par-tie européenne, et elle le sera plus encore quand la Turquie puis éventuellementl'Ukraine adhéreront à leur tour. L'importance stratégique de la mer Noire, lieu de pas-sage du gaz et du pétrole de la mer Caspienne et moyen d'accès à la Méditerranée parles détroits du Bosphore et des Dardanelles, n'est plus à démontrer. Elle explique lesconvoitises dont cette zone est l'objet depuis longtemps.

Un contrôle de la Police des fron-tières roumaine a permis de mettre àjour un trafic de cartes d'identité rou-maines permettant ainsi auxMoldaves de pouvoir pénétrer dansl'Union Européenne en présentantuniquement ce document, commecela est possible depuis l'entrée de laRoumanie dans l'UE. Les policiersavaient été intrigués par le manquede ressemblance de leurs titulairesavec leurs photos. Les quatrefemmes incriminées, voyageant envoiture, ont reconnu qu'elles étaientfait moldaves et qu'elles avaient payéchacune 3000 € pour celles-ci.

Le principe du trafic est relative-ment simple et presque imparable: unMoldave se rend en Roumanie léga-lement, avec les photos des candi-dats au départ. Là, il propose à desRoumains ressemblants de lui donnerleurs cartes d'identité contre 1000 €et d'aller déclarer leurs pertes à lapolice après qu'il leur aura donné lefeu vert par téléphone, une fois deretour.

Munis de ce vrai document, lesMoldaves "sosies" peuvent tenter leurchance. Ils le font généralement engroupe… les policiers des frontièresétant alors dépassés par l'afflux.

Comme la liberté, le rêve d'une langue universelle à survécu aux dictatures

Histoire L'espéranto est apparu en Roumanie deux ans après sa naissance à Varsovie (1887)

La Cour d'appel de Bucarest aannulé la partie du jugement decondamnation à mort du maréchal

Antonescu et des 19 membres de son gouver-nement "pour agression du peuple soviétique"en 1941 aux côtés des Allemands. “C’étaitlégitime, l'URSS ayant arraché la Bucovine etla Bessarabie à la Roumanie, à la faveur dupacte Ribbentrop-Molotov, en 1940”.

La guerre contre l'URSSdéclarée légitime

Les Roumains de l'exil ont continué à lutter contre la dictature commu-niste par tous les moyens à leur disposition, y compris la philatélie.Ainsi, pendant quinze ans, de 1954 à 1969, Traian Popescu a sorti 54

émissions philatéliques dédiées particulièrement à la famille européenne, danslaquelle la Roumanie devait avoir sa place, respectueuse de la liberté et des tradi-tions de chacun de ses membres. L'Europe, l'Unesco, la liberté, la lutte contre laterreur communiste, l'histoire de la Roumanie et Noël, constituent l'essentiel deces émissions, très recherchée aujourd'hui, et qui faisait bouillir de rage le régimede Bucarest incapable d'empêcher leur sortie. Leurs auteurs ont mis fin à leurentreprise quand ils ont estimé que leur but avait été rempli.

La Mer Noire, future "Mare nostrum"

La Résistance par les timbres

La carted’identité

est leSésame

pourentrer

dans l’UE.

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Quelques dizaines de mètres plus loin, le groupe fut obligéde stopper devant le poste frontière hongrois. L'heure c'étaitl'heure… et ici c'était celle de Budapest. Même l'immense tarteau chocolat et à la crème fouettée, sur laquelle étaient dessinésune carte et un drapeau de l'UE ne put amadouer les Magyars,qui refusèrent sèchement de participer à son partage.

Vengeance féminine

Les Roumains patientè-rent, débouchant quelquesbouteilles devant les magasins"Duty free" désormais fermés,entonnant l'hymne national"Desteapta-te, romane!"("Debout Roumain!) et "l'Odeà la Joie", lorsque le drapeaude l'UE fut hissé sur le poste-frontière. Il était 1 h 05 (heurede Bucarest), et des voituresavec gyrophare amenaient lespoliciers et douaniers roumainset hongrois qui tiendront désor-mais en commun le poste-frontière unique. La dernière barriè-re se levait… et le préfet de Timisoara tenait sa revanche: ilétait le premier Roumain à entrer dans l'UE !

Près de lui, une compatriote - première Roumaine dans lesmêmes conditions donc - se précipitait sur le chef du poste depolice hongrois, lui remettait un bouquet de fleurs et l'embras-sait sur les deux joues, non sans avoir lancé aux journalistes:"C'est ma façon de me venger… Il m'a fait parfois attendreplus de cinq heures !"

Des réflexes pas faciles à acquérir

A Oradea, la municipalité avait finalement renoncé à faireune chaîne humaine depuis l'hôtel de ville jusqu'au poste-fron-tière de Bors, distant d'une douzaine de kilomètres. Les habi-

tants préféraient se rendre compte par eux-mêmes qu'ils étaientadmis dans la famille européenne et, à l'heure dite, plus d'undemi millier prenait d'assaut les taxis ou leurs véhicules pourfaire un aller-retour en Hongrie. L'évêque orthodoxe roumainSofronie de Gyula, ville frontière hongroise où résidentnombre de ses compatriotes, retournait peu avant minuit dans

son pays natal, bénissant leposte frontière de Varsand,pour revenir immédiatement.Il jubilait comme un enfantdevant son exploit: être le der-nier Roumain à être rentré aupays avec un passeport et lepremier, quelques minutesplus tard, à le quitter avec sacarte d'identité.

A l'aéroport HenriCoanda de Bucarest, la sono-risation était obligée de rappe-ler sans-cesse aux passagersroumains en partance ou enarrivance qu'ils devaientdésormais emprunter les files

réservées aux voyageurs des pays de l'UE. Pour être sûr qu'ilne rêvait pas, un journaliste embarquait dans le premier avionet en ressortait deux heures plus tard à l'aéroport de Francfort,sans aucune difficulté.

Les Roumains pouvaient se frotter les yeux: ils étaientbien dans l'Union Européenne, comme le rappelait le midi lechef d'orchestre japonais, Zubin Mehta, leur souhaitant labienvenue ainsi qu'aux Bulgares en préambule au traditionnelconcert télévisé du Nouvel an donné par l'orchestre sympho-nique de l'Opéra de Vienne.

…Quelques heures auparavant, les frontières roumainess'étaient refermées devant les trois millions de Moldaves,obligés désormais de demander un visa pour aller rendre visi-te à leur famille, parfois distante de seulement quelqueskilomètres… mais qui habitent en Europe.

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pour être sûr qu'on était bien citoyen européen !

Bush, Blair et Basescu arrivent enEnfer. Le règlement prévoit qu'ils ontdroit de téléphoner dans le mondequ'ils viennent de quitter, en payant.Au bout d'un mois, les factures arri-vent. Pour 30 minutes d'entretienavec les USA, Bush doit s'acquitterde 100 dollars, Blair de 180 dollarspour ses conversations avec laGrande Bretagne. Arrive le tour deBasescu qui, lui, ne doit verser que15 dollars pour 300 minutes passéesavec la Roumanie au bout du fil. Lesdeux premiers protestent avec véhé-mence auprès de Lucifer qui leur pré-cise: "D'un Enfer à l'autre, c'est leprix d'une conversation locale".

Humour

Reporters sans frontières" etl'Agence de monitorisationdes médias de Roumanie

(soutenue financièrement par l'UnionEuropéenne) se sont montrées vivementchoquées par la décision du Tribunalconstitutionnel de réinscrire les délits depresse dans le code pénal. En effet, le 18janvier dernier, celui-ci a déclaré que lesamendements dépénalisant l'insulte et lacalomnie, adoptés en 2006, étaient anti-constitutionnels, en dépit des aviscontraires du gouvernement et duParlement. En juin 2006, la volonté poli-

tique de la ministre de la Justice, MonicaMacovei, avait finalement triomphé desrésistances, avec l'adoption par leParlement d'une réforme en profondeurdu code pénal, ce qui avait été saluécomme une avancée majeure de la démo-cratie pour le respect de la liberté de laPresse. La décision du Tribunal constitu-tionnel pourrait enterrer définitivementcette réforme, puisque ses décisions nepeuvent être contestées légalement. Elleintervient dans un contexte où de nom-breuses personnalités ont été mises encause par les médias.

Tentative de bâillonner la presse ?

L’Enfer sur terre

dessous d'un réveillon historiqueMédias

des journalistes "marron"faisaient chanter des personnalités

Un scandale de grande ampleur, touchant la Transylvanie, vient d'illustrercertaines mœurs du monde des médias que "Les Nouvelles deRoumanie", alertées par leurs correspondants-journalistes roumains sur

place, avait déjà évoquées, voici deux ans. En 2002, Liviu Man et plusieurs acolytesavaient lancé une dizaine de publications dans les judets de Cluj, Bistrita, Maramures,Bihor (Oradea) et Mures (Târgu Mures), formant le groupe de presse "Gazeta". Lepropriétaire avait engagé quelques journalistes véreux mais aussi des collaborateursayant travaillé dans différentes administrations et ayant accès à des informations sen-sibles permettant de faire chanter des politiciens ou personnes ayant occupé des fonc-tions importantes. Une campagne de presse virulente était lancée alors à leurencontre, relayée par chaque journal du groupe, révélant des malversations avérées ounon, mais toujours déformées jusqu'à ce que leur auteur souscrive des contrats depublicité… ce qui faisait stopper immédiatement les attaques.

Dans certains cas, ces pratiques, qui ont lieu dans tout le pays, ont continué jus-qu'à ce que les victimes cèdent une partie de leurs biens personnels. De nombreusespersonnalités - ce n'est pas difficile en Roumanie - ont été l'objet de ces chantages, lenom d'Emil Boc, maire de Cluj, ayant été évoqué. Le patron de "Gazeta" et sesproches collaborateurs ont été arrêtés.

Transylvanie:

Ion et Maria sont assis dans un parc.Ion lui demande: Ma chérie, tu étais bienà côté de moi quand j'avais la grippe.

- Bien sûr, mon amour.- Chérie, on était aussi ensemble

quand mes parents sont morts.- Tu sais bien que je suis toujours

avec toi- Quand j'ai eu mon accident, tu étais

aussi là.- Evidemment, je t'aime tellement

que je te suis partout.- C'est bien ce que je pensais…

Décidément, tu me portes la guigne !

La guigneIon s'engouffre dans un taxi qui

démarre en trombe. Il tape sur l'épaule duchauffeur pour lui indiquer précisémentoù il veut aller. Celui-ci se met à hurlerd'effroi, perd le contrôle de son véhicule,monte sur un trottoir et s'arrête àquelques centimètres d'une devanture.

- Que se passe-t-il donc ? demandeIon, interloqué.

- Excusez moi, mais je débute dansce métier et je ne suis pas habitué à ceque les clients me tapent sur l'épaule.Avant, pendant 25 ans, j'étais chauffeuraux Pompes Funèbres.

Imprudent

Les Roumains désigne-ront leurs 35 euro-députés au parlement de

Strasbourg, le dimanche 13 mai, aucours d'un scrutin à la proportion-nelle. Les citoyens membres del'UE, résidant en Roumanie, pour-ront également voter.

Les consulats roumains à l'é-tranger ouvriront des sections devote pour leurs ressortissants.

L'UE a demandé à la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein d'augmenter la contri-bution financière qu'ils doivent apporter à la Roumanie et à la Bulgarie depuisleur entrée dans la Communauté européenne. Ces pays, qui ne sont pas membres

de l'UE, ont toutefois accès à l'Espace Economique Européen qui leur permet de vendreleurs biens et leurs services comme les pays membres, à condition qu'ils contribuent aubudget de l'Union. L'UE, insatisfaite de leur participation au financement du développe-ment des dix derniers pays entrés dans l'UE, entend que, cette fois-ci, elle soit à la hauteurde leurs moyens… très importants pour la Norvège, pays occidental le plus riche du mondeavec ses gisements pétroliers. Initialement, l'UE demandait 70 M€ par an aux trois pays,mais a ramené ses prétentions à 65 M€, indiquant qu'elle ne bougerait pas.

La Norvège, l'Islande et le Liechtenstein avaient proposé 55 M€, dont 53 à la chargede la première. En cas d'échec des négociations, ces trois pays pourraient ne pas avoir unlibre accès aux marchés roumains et bulgares.

Euro-députés:élection le 13 mai

La Norvège appelée à mettre la main à la poche

“Et maintenant, tu crois toujours dans ces sornettes de Basescu etTariceanu, comme quoi rien, désormais,

ne peut nous arrêter sur la route de l’Europe !?” (Caricature de Vali)

Au même moment où Moscouenvoie une bombe atomique surWashington, les USA font la mêmechose, en sens inverse. Au cours deleur long voyage, les deux bombesse croisent au-dessus del'Atlantique:

- Salut bombe russe !- Salut bombe américaine !- Allons trinquer !La bombe russe vide une bou-

teille de Coca-Cola, amicalementofferte, et la bombe américaine enfait de même avec une bouteille devodka. La bombe américaine ne saitplus trop comment retrouver sonchemin, ce que voyant la bomberusse, compatissante, lui proposegentiment :

- Allez viens, je te ramène à lamaison !

Guerre froide

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Les NOUVeLLes

de ROUMANIeNuméro 40, mars-avril 2007

Traian Filip, 53 ans, n'était jamais sorti de son pays. Le 31 décembre au soir,il a pris sa Dacia, a parcouru la centaine de kilomètres séparant sa commu-ne de Stei (Judet de Bihor, Oradea) pour se rendre au poste frontalier de

Nadlac. Le menuisier voulait se rendre compte par lui-même si c'était vrai ce que l'onracontait depuis des semaines à la télévision: à minuit, les Roumains pourraient fran-chir la frontière avec leur seule carte d'identité.

Il dut bien se rendre à l'évidence. Même si le douanier hongrois hésita un momentà la vue du document, téléphonant à son supérieur, la barrière se leva. Quelqueskilomètres plus loin, Traian s'arrêta dans un bistrot encore ouvert, commanda un café,régla avec un billet de dix euros qu'il avait conservé et s'en retourna sagement chezlui. Sa nuit fut étrange. Etait-ce l'effet du café ou le sentiment confus qu'il venait devivre comme quelque chose d'important ? Il n'arrivait pas à fermer l'œil. L'image del'oriflamme bleu nuit aux douze étoiles, fièrement dressé, flottant entre les drapeauxroumains et hongrois, le hantait.

Ils ont été dix mille comme Traian - certains à bicyclette ! - à franchir les postes-frontières la nuit du réveillon entre la Roumanie et la Hongrie ou la Bulgarie pourprendre une simple tasse de café et se persuader qu'ils étaient bien devenus descitoyens européens, avant de rentrerchez eux et déboucher une bouteille dechampagne de Simleu ou de Târnave.

Piata Romana, des dizaines de mil-liers de Bucarestois fêtaient l'événement,scandant en cœur les dernières secondesqui les séparaient encore du Vieux conti-nent et s'embrassant dans une euphoriegénérale. Il faudrait remonter loin dansl'histoire de la Roumanie - et de celle dela France - pour trouver trace d'une lies-se populaire qui ne soit pas liée à un évé-nement tragique - l'issue d'une guerre -comme ce fut le cas le 1er décembre1918, lors de la réunification de laTransylvanie avec la Roumanie.

Certes, tous les Roumains n'étaientpas sortis dehors, l'émotion collective touchant surtout la capitale et les grandes villes.Mais ils étaient tous derrière leur poste de télévision pour vivre ce moment historique.

"On est Roumains… On rentrera dans l'UE à l'heure roumaine !"

Dès 21 heures, le 31 décembre, une vingtaine de journalistes battaient la semelledans l'attente de l'heure fatidique, au poste-frontière de Cenad (judet de Timisoara). Ilsavaient apporté des bouteilles de champagne roumain - avec la réglementationeuropéenne, il faut dire désormais mousseux - et du cozonac (brioche). Décalagehoraire aidant, l'incertitude régnait: serait-on en 2007 à minuit, heure de Bucarest alorsqu'il ne serait que 23 heures en Hongrie et à Bruxelles ?

Le commissaire Viorel Alexe, chef de la police des frontières du judet prit l'ini-tiative: "Si nous sommes Roumains - et c'est le cas - nous rentrerons dans l'UE à l'heu-re roumaine!". Sur cette fière déclaration - Cambronne aurait été là, il n'aurait pu seretenir de rajouter un mot à l'intention des Hongrois - il fit lever la barrière, à l'heuredite et à la seconde près… Et c'est ainsi que le journaliste d'"Evenimentul Zilei"("L'Evènement du Jour") fut le premier Roumain à sortir de son pays, en tant quecitoyen européen, muni de sa seule carte d'identité, au grand dépit du préfet deTimisoara qui avait revendiqué publiquement cet honneur, mais s'était fait doubler.

Lettre d'information bimestrielle surabonnement éditée par ADICA(Association pour le DéveloppementInternational, la Culture et l’Amitié)association loi 1901Siège social, rédaction :8 Chemin de la Sécherie44 300 Nantes, FranceTel. : 02 40 49 79 94E-mail : [email protected] de la publicationHenri GilletRédactrice en chefDolores Sîrbu-Ghiran

Ont participé à ce numéro :Bernard Camboulives, FlorentParmentier, Astrid Hennekine,Martine et Jean Bovon-Dumoulin,Laurent Couderc, Marianne Rigaux,Antoinette Brouyaux, Vali, Gazdaru, Ionel Onet, Marian Vochin, YvesLelong, Peter Kononczuk, ThomasFerenczy... et Jules Verne !

Autres sources : agences de pres-se et presse roumaines, françaises etfrancophones, lepetitjournal.comédition de Bucarest, télévisions roumaines, Roumanie.com, LeCourrier des Balkans, sites internet,fonds de documentation ADICA.Impression : Helio Graphic11, rue Louis Armand44 980 Sainte-LuceNuméro de Commission paritaire:1107 G 80172; ISSN 1624-4699Dépôt légal: à parution

Prochain numéro: mai 2007

NADLAC

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Une tasse de café en Hongrie

Les autorités de Bucarest misentsur l'agriculture biologique, le secteurdes nouvelles technologies et le sportpour améliorer l'image de laRoumanie à l'étranger. Depuis la findes années 1990, les gouvernementsroumains ont à plusieurs reprisesinvesti dans des campagnes de mar-keting coûteuses qui n'ont pas vrai-ment eu l'effet escompté. A l'autom-ne, la ministre de l'intégrationeuropéenne, Anca Boagiu, n'avaitpas hésité à dépenser plusieursdizaines de milliers d'euros de publi-cité dans des médias britanniques etaméricains de prestige pour inciterles investisseurs étrangers à venir enRoumanie. "C'est avant tout en amé-liorant le niveau de vie des Roumainset en attirant davantage les investis-seurs étrangers que l'image du payschangera", a déclaré Peter Hurley,

Image de marque

Petits et grands

Avec ses cinq représentants, plusun Bulgare, le parti de la GrandeRoumanie (PRM), dirigé par le popu-liste Corneliu Vadim Tudor, connupour ses diatribes xénophobes, a per-mis la création d'un groupe parlemen-taire européen d'extrême droite, bap-tisé "Identité, Tradition, Souveraineté"(ITS) au Parlement européen deStrasbourg, en atteignant le seuilminimum de vingt inscrits. Son prési-dent n'est autre que Bruno Gollnisch,du Front National français. Faute d'ef-fectif suffisant, les députés d'extrêmedroite européens siégeaient jusqu'iciparmi les non inscrits, ce qui limitaitleur temps de parole et les subsidesde fonctionnement.

Coup de pouce à l'extrême droiteeuropéenne

VARSAND

Le ciel de Bucarest s’embrase pour fêter l’entrée dans l’UE,

le 31 décembre à minuit.

CENAD

Page 52: OUMANIe · Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer à ses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre

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A36 ans, Vasile Stoica montre la voie depuisplusieurs années aux handicapés physiques.Ils sont 2800 dans son judet de Timisoara,

dont plus de 400 enfants, bénéficiant d'une indemnitémensuelle de 13 à 40 € et d'une aide de 320 € pour acheter leur fauteuil roulantmanuel, ce qui correspond à son prix, un électrique valant dix fois plus.

Le jeune homme, originaire du village de Maguri, commune de Racatau, esttétraplégique de naissance et, de l'âge de un à sept ans, a subi treize opérationsdes membres, en vain. C'est alors qu'il a réalisé qu'il passerait sa vie dans un fau-teuil roulant.

En 1993, alors qu'il n'a que 23 ans, Vasile se lance tout seul dans sa premiè-re aventure, parcourant 340 km en quatre jours, entre Timisoara et Siofok enHongrie. La même année, il participe à de nombreuses compétitions et entame latraversée du continent. Après 40 jours et 3400 km, il arrive en France, parcourantquotidiennement entre 50 et 150 km, selon sa forme, à la vitesse 12 km/h.

Le tour du monde en fauteuil roulantEn 1995, le jeune athlète entreprend sa provocation suprême: le tour dumonde en fauteuil roulant. Hélas, les sponsors lui font défaut et, arrivéen Espagne, il doit faire demi-tour. Ce n'est que partie remise. Trois ansplus tard, ayant réuni le financement, Vasile réalise son rêve, traversanten 18 mois, la Roumanie, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne, la France,puis le Canada, les Etats-Unis, l'Australie, revenant par l'Egypte, laTurquie, la Bulgarie. Il est de retour en mai 1999.

Assoiffé de revanche sur le sort, mais surtout désireux de montrer àses compagnons d'infortune à travers le pays qu'il ne faut pas désespé-rer, le Roumain entre dans le livre des records en 2001, roulant vingtquatre heures sans interruption dans son fauteuil sur la piste d'un stade,battant de six heures la performance précédente réalisée par unCanadien. Puis, en 2003, il retraverse les Etats-Unis, empruntant lacélèbre "Route 66" qui le mène de Los Angeles à Chicago.

Rejoindre les J.O. de Shangaï de 2008, à coups de pédales

Le jeune homme du Timis n'entend pas en resterlà. Fondateur du club sportif pour personnes handi-capées de Lugoj, il s'apprête à un raid qui doit lemener, en 2008, à l'ouverture des JO pour handicapésde Shangaï, en Chine. Vasile devra parcourir 15 000km dans son fauteuil d'un coût de 3000 €. L'été der-nier, il s'est préparé en effectuant une nouvelle tra-versée du continent pour rejoindre le point considérécomme le plus occidental de la terre, le cap Finistère,en Espagne.

Comme à l'accoutumée, Vasile n'a emporté que leminimum de bagages, qu'il case sur son fauteuil :change de vêtements, nécessaire de toilette, une trous-se médicale, un appareil photo et une caméra vidéo,un ordinateur portable qui lui permet de rester en liai-son avec tous ses amis, les médias et surtout alimenter son site Internet (www.govasigo.ro). Pour son aventure chinoise à venir, ila trouvé un sponsor roumain, la société Medrom - fait suffisament rare en Roumanie pour être signalé - qui a baptisé très juste-ment cette expédition solitaire, "Les roues du courage".

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Numéro 40 - mars - avril 2007

Lettre d’information bimestrielle

Les

de

Pour ses premiers pas dans l'UE, la Roumanie s'est distinguée… par ses fauxpas. Une semaine après son entrée, Bucarest se singularisait en créant unetaxe sur les véhicules achetés à l'étranger, prétextant empêcher la transfor-

mation du pays en dépotoir de voitures d'occasion. Une violation flagrante de la librecirculation des biens, l'une des raisons d'être du marché unique, mais aussi une attein-te à la libre concurrence, puisque, en exonérant de ces droits les véhicules achetés surplace, le gouvernement roumain favorisait son marché intérieur. Les rappels à l'ordrede Bruxelles ne se sont pas faits attendre. Bucarest était immédiatement menacé desanctions et a été sommé de revoir sa copie, sous peine d'amendes très lourdes.

Cette "erreur de jeunesse" n'est cependant rien par rapport à la crise intense quevit le pays depuis le 1er janvier. La classe politique qui avait rongé son frein dans l'at-tente de voir l'adhésion à l'UE confirmée, s'est alors déchaînée. Sur fond de guerreouverte entre le président Basescu et le premier ministre Tariceanu, ministres, parle-mentaires de la majorité se sont empoignés au grand jour, devant une oppositionréjouie.Abasourdis, les Roumains ont été envahis par un sentiment de honte de se voirainsi représentés aux yeux d'une UE qu'ils étaient si légitimement fiers d'avoir rejoint.

Lettres de dénonciations mutuelles au sommet de l'Etat, accusations de corrup-tion, scandales, sexe, etc., tout a été étalé sur la place publique… et rien épargné à descitoyens, effarés de voir les graves problèmes du pays et de l'adhésion passer ausecond plan. La crise, loin d'être terminée, a atteint un tel paroxysme que la destitu-tion de Traian Basescu par le Parlement a paru un moment imminente, ce qui condui-rait les Roumains à un référendum pour la valider. La ministre de la Justice, MonicaMacovei, à laquelle députés et sénateurs reprochaient d'avoir mis en place un orga-nisme chargé de vérifier l'origine de leur enrichissement, votant une motion de censu-re à son encontre, n'a échappé à l'hallali que grâce à l'intervention du ConseilConstitutionnel. Mais son collègue des Affaires étrangères, Razvan Ungureanu a étécontraint de démissionner, sans être remplacé, Président et Premier ministre s'oppo-sant sur le choix de son successeur. Ainsi, la Roumanie n'a plus de représentant expri-mant ses positions au niveau international, alors que Traian Basescu est pour le main-tien du contingent militaire en Irak... et Calin Tariceanu pour son rapatriement !

A Bruxelles, on est consterné. Des voix s'y élevent, demandant l'application de laclause de sauvegarde qui mettrait l'adhésion de Bucarest en suspens. Pourtant laRoumanie n'a pas besoin de moins d'Europe … mais au contraire de davantage pourobliger ses dirigeants à prendre un chemin conforme aux intérêts de sa population !

Henri Gillet

Premiers pas… et faux-pas2 à 78 et 9

10 et 1112 à 15

16 et 17

18 à 2021

22 et 2328 à 30

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34 à 3738 et 39 40 et 41

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48 à 505152

Les roues du courage de Vasile Stoica