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au Niger des sites culturels et naturels le pillage

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au Nigerdes sites culturels et naturels

le pillage

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REPUBLIQUE DU NIGER

MINISTERE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION

DIRECTION DE LA FAUNE, DE LA PECHE ET DE LA PISCICULTURE

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE – UNESCO

CENTRE DU PATRIMOINE MONDIAL (WHC)

Atelier de Formation et de Sensibilisation des Forces de Défense et de Sécurité,

des professionnels du tourisme et des communautés locales sur le pillage

des biens culturels et naturels du Patrimoine Mondial tenu à Niamey

au Niger du 20 au 23 mars 2000

Edité par:

M. Mamadou Moustapha NIANG

M. Boubé NAGANDO

M. Seyni SEIDOU

Mme

Elizabeth WANGARI

Mars 2000

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Les appellations employées et la présentation des données qui figurent dans ce document n'impliquent de la part du Secrétariat de l'UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leursautorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les idées et les opinions exprimées ici n'engagent que les personnesdont elles émanent et ne reflètent pas nécessairement celles de l'UNESCO.

L’éditeur a fait tout son possible pour que les détails pratiques - tels que les références, les coordonnées des participants(adresses, numéros de téléphone/fax, etc.) - soient complets et corrects. Cependant, en raison de problèmes avec les communi-cations internationales, certains éléments n’ont pu être confirmés. Les auteurs sont entièrement responsables de la documenta-tion remise et doivent être contactés directement pour toute information supplémentaire.

Pour toute information sur les activités du Centre du Patrimoine Mondial (WHC), adressez-vous à :

Centre du Patrimoine MondialUNESCO, 7 place de Fontenoy75332 Paris 07 SP, Francefax : +33-1 45 68 55 70site web : http://www.unesco.org/whc

Maquette et mise en page: Eric Loddé

Publié en 2001 par l'Organisation des Nations uniespour l'éducation, la science et la culture7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP

Imprimé dans les ateliers de l'UNESCO

UNESCO 2001Imprimé en France

(WHC-2002/WS/2)

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TA B L E D E S M A T I È R E S

PR ÉFACE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

I NTR ODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

CHAP ITR E 1 – SYNTHÈS E DE S TRAVAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Session d’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Synthèse des exposés thématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

1- Présentation des objectifs de l’Atelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2- Présentation des patrimoines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

3- La protection des patrimoines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

4- Les stratégies de lutte contre les pillages des patrimoines

culturel et naturel du Niger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

CHAP ITR E 2 – COM M U N IQUÉ F I NAL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

CHAP ITR E 3 – RECOM MAN DATION S DE L’ATE LI E R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

CHAP ITR E 4 – AN N EXE S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

Allocutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Communications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Thème 1 : Présentation de la Convention concernant la protection

du patrimoine mondial, culturel et naturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Thème 2 : La Conservation de la diversité biologique au Niger . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Thème 3 : Pillage et protection du patrimoine archéologique au Niger . . . . . . . . . . . 75

Thème 4 : Les agents potentiels de pillage et de recel

du patrimoine culturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

Thème 5 : Rappel sur les faits préhistoriques et historiques

de la zone Nord du Niger. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

Thème 6 : Les fossiles nigériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

Liste des participants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

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La politique nationale en matière d'environ-nement et de développement durable qui

garantit l'usage équitable et rationnel des res-sources naturelles a été adoptée.

Les anciennes ont été amendées en vue d'yajouter les mesures législatives et réglemen-taires dans l'optique d'améliorer la gestion despatrimoines nationaux.

Pourtant en dépit de ce développement rapi-de, de nombreux problèmes subsistent, en parti-culier en ce qui concerne la mise en œuvre desmesures légales. Au Niger l'application du droitest sérieusement entravée, souvent à cause del'incompréhension par les populations et lesdécideurs pour les raisons suivantes :- La méconnaissance des valeurs des patri-

moines ;- le manque de concertation et le non-respect

des attributions des institutions ;- le manque en nombre suffisant de personnel

qualifié.

Cette situation amoindrit l'efficacité d'impor-tantes initiatives en faveur d'une gestion durabledes Patrimoines Nationaux.

Le Niger estime qu'il est temps de prêter uneattention croissante à la formation et à la sensibi-lisation dans les domaines de la protection despatrimoines naturels et culturels car si leur pilla-ge se poursuit à ce rythme, ils risqueraient de dis-paraître à jamais. Ainsi les générations futuresnous auraient accusés d'avoir été la cause de l'ap-pauvrissement de leurs patrimoines.

C'est pour empêcher et éliminer les actes et lescomportements nuisibles aux patrimoines natu-rels et culturels que cet atelier a été organisé.

Cet atelier reconnaît l'importance des valeursfondamentales des patrimoines aux yeux detoutes les communautés Nigériennes. Il recon-naît aussi que la survie de l'espèce humaine fai-sant partie intégrante de la diversité biologiquedépend de la sauvegarde et de la protection despatrimoines nationaux.

SEYNI SEYDOUDIRECTEUR DE LA FAUNE, DE LA PÊCHE

ET DE LA PISCICULTURE

P R É F A C E

LE NIGER, À L'INSTAR DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, A ASSISTÉ, CES DERNIÈRES ANNÉES À UN

DÉVELOPPEMENT REMARQUABLE DANS LE DOMAINE DU DROIT DE L'ENVIRONNEMENT EN VUE D'ATTEINDRE

LE DÉVELOPPEMENT DURABLE.

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Du 20 au 23 Mars 2000, s'est tenu à Niameyau Niger un Atelier de formation et de sen-

sibilisation des forces de défense et de sécuritésur le pillage des biens culturels et naturels duPatrimoine Mondial.

L'atelier, organisé par le Ministère de l'Envi-ronnement et de la Lutte contre la Désertificationen collaboration avec le Centre du PatrimoineMondial de l'Unesco, entre dans le cadre : i) de lamise en œuvre de la Convention concernant laprotection du Patrimoine Mondial, culturel etnaturel adoptée le 16 Novembre 1972 par laConférence Générale de l'Unesco lors de sa 17ème Session et, plus spécifiquement ii) desrecommandations de la vingt et unième sessiondu Comité du Patrimoine mondial tenue à Naplesen Italie en décembre 1997 où le comité a enga-gé instamment les Etats parties à la Conventiondu patrimoine mondial à protéger le matérielmobilier et immobilier dans les sites du patrimoi-ne mondial et à profiter de l’assistance del’UNESCO pour le renforcement des législa-tions, l’établissement de contacts avec les organi-sations appropriées et la diffusion d’informationssur les pertes.

La réunion de Niamey fait partie du pro-gramme d’urgence de réhabilitation de la réser-ve de l’Aïr et Ténéré élaboré par une mission del’UNESCO effectuée au Niger en 1998 etapprouvé par la vingt troisième session duComité du Patrimoine mondial. L’objectif prin-cipal de l’atelier était de préparer les Nigériensde toutes les catégories sociales, de toutes les

professions, à mieux cerner les valeurs des patri-moines nationaux, d'éveiller leur consciencesur l' importance des biens culturels afin de pré-parer les conservateurs si non les défenseurs despatrimoines nationaux de demain.

Parmi les objectifs spécifiques on peut citer :- assurer la protection du patrimoine culturel

et naturel contre les pillages et les recels;- former, sensibiliser et informer tous ceux qui

sont en contact avec la nature ou la culture ouceux qui sont chargés de la protection.

L'atelier a regroupé, pendant quatre jours, soixan-te un participants provenant de toutes les Régionsdu Niger, représentant le:- Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la

culture ;- Ministère des Finances ;- Ministère de l'Environnement, de la Lutte

contre la Désertification ;- Ministère de la communication ;- Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la

Recherche et de la Technologie (I.R.S.H.) ;- Ministère du Tourisme et de l'Artisanat ;- Ministère de la Défense nationale ;- Ministère de l'Intérieur et de l'Aménagement

du Territoire ;- Ministère des Affaires Etrangères et

l'Intégration Africaine ; et- La Société Civile (ONG, Gardes Tou-

ristiques, Agences de Voyages, etc.).L'UNESCO y était représentée par Dr ElisabethWANGARI, Spécialiste Principal de Pro-gramme pour l’Afrique et les Etats Arabes.

I N T R O D U C T I O N

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La cérémonie d’ouverture était présidée parMonsieur Souley Aboubacar, Secrétaire Géné-ral du Ministère de l’Environnement et de laLutte contre la Désertification représentant leMinistre empêché.

Les travaux se sont déroulés en plénière diri-gés par le bureau ci-après :- Président : M. TCHEKO Amadou, Chargé

d’Affaires à la Délégation Nigérienneauprès de l’UNESCO

- Vice présidente : Mme MAÏGA Salamatou,Ministère du Tourisme

- Rapporteurs : M. MAMANE Ibrahim,Commandant de la Brigade Territoriale dela Protection de la Nature (BTPN)M. Ali BIDA, Chef du Service Patrimoine(Direction de la Culture)

Enfin, une excursion au Parc de W a permis auxparticipants de mieux apprécier les ressourcesdu Patrimoine national et le défi que pose saprotection, et de discuter directement avec lesgestionnaires du site et la population autour desproblèmes liés à l’exploitation mais aussi à laconservation des ressources.

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S y n t h è s e

D E S T R A V A U X

CH

AP

IT

RE

1

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La session a été marquée par deux allocu-tions prononcées respectivement par la

représentante du Centre du Patrimoine Mondialde l’UNESCO et le Secrétariat Général duMinistère de l’Environnement et de la Luttecontre la Désertification représentant leMinistre empêché.

M. le Secrétaire Général, dans son discoursd’ouverture, a tout d’abord tenu à transmettreles encouragements personnels du Président dela République, Son Excellence Tandja MAMA-DOU et du Gouvernement de la 5èmeRépublique pour les efforts déployés par les dif-férents acteurs, chacun dans sa sphère de com-pétence, en vue de la Protection et de laConservation des Patrimoines Culturel etNaturel du pays. Il a ensuite souligné que la pré-servation de l’Environnement, la GestionDurable des Ressources Naturelles etCulturelles figurent parmi les préoccupationsmajeures comme disait le Président de laRépublique, dans son discours d’investiture “… le devenir de notre pays dépendra de notrecapacité à : renforcer et élargir les bases del’économie nationale à travers le développe-ment des filières agro- pastorales porteuses,l’utilisation judicieuse des ressources en eau, lapréservation de l’Environnement”.

En raison de sa situation historique et géo-graphique à cheval sur l’Afrique arabo-berbèreet l’Afrique noire, le Niger a été au centre d’undéveloppement culturel marqué par un traficsoutenu des productions culturelles et de la

diversité biologique. Cependant, le Niger s’estengagé dans la sauvegarde des trésors artis-tiques, culturels et naturels témoins silencieuxde guerres, de pirateries, ainsi que de com-merces florissants. Tout en insistant sur le faitqu’il est impératif de protéger les patrimoinesnationaux du Niger, il a conclu en souhaitantplein succès aux travaux de l’atelier.

Dans son discours, la Représentante du centredu centre du patrimoine mondial de l’UNESCOa d’abord exprimé son honneur de représenter leDirecteur Général de leur institution, MonsieurKoïchiro Matsuura. Elle a à son nom souhaitéplein succès à la célébration du trentième anni-versaire de la Francophonie au Niger qui coïnci-de fort heureusement avec la tenue de l’atelier.Après avoir situé le cadre de l’atelier, laReprésentante de l’UNESCO a rappelé que lepatrimoine mondial est l’héritage du passé, dontnous profitons aujourd’hui et que nous transmet-tons aux générations à venir. Il comprend desbiens et sites culturels et naturels, reconnuscomme ayant une valeur universelle exception-nelle. Ils ont disséminés un peu partout dans lemonde et ne sont malheureusement ni a l’abri demenaces de destruction et ou de disparition, nisuffisamment protégés à l’échelon national.

Afin de leur garantir un meilleur sort, unemobilisation internationale est donc nécessaired’où le rôle principal de la Convention du patri-moine mondial adoptée par l’UNESCO en1972 qui est un instrument qui permet aux Etatsd’assurer cette protection.

S E S S I O N D ’ O U V E R T U R E

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En signant la convention, les Etats s’enga-gent à préserver les sites sur leur propre territoi-re; sites dont certains peuvent être reconnuscomme patrimoine mondial. Leur préservationpour les générations futures devient alors uneresponsabilité partagée par l’ensemble de lacommunauté internationale.

La Représentante de l’UNESCO a informéles participants que la Réserve de l’Aïr et duTénéré a été inscrite sur la liste du Patrimoineen péril le 14 décembre 1992. Cette liste estconnue pour attirer l’attention du monde sur lesconditions naturelles ou anthropiques qui mena-cent les éléments caractéristiques qui avaient àl’origine permis l’inscription du site sur la listedu patrimoine mondial. Les sites en péril figu-rant sur cette liste font l’objet d’une attentionparticulière et de mesures d’urgence. Par rap-

port à ce point, elle a souligné les actions encours de l’UNESCO pour assister la Républiquedu Niger dans la réhabilitation de la réserve del’Aïr et du Ténéré. Dans le même cadre, desefforts sont entrepris par le Centre du Patrimoinemondial pour contribuer au renforcement desmoyens logistiques du Parc du W du Niger.

En conclusion, la Représentante del’UNESCO a cité les différents points relatifs àla recommandation de la vingt et unième ses-sion du Comité du Patrimoine mondial tenue àNaples en Italie concernant les mesures àprendre par les Etats parties pour lutter contre letrafic illicite des biens culturels et naturels.

En remerciant la République du Niger et enparticulier le Ministère de l’Environnement etde la lutte contre la désertification, elle a réitérél’importance de cet atelier pour UNESCO.

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1 – PR ÉS E NTATION DE S OBJ ECTI FS DE L’ATE LI E R

La première communication du jour a porté surles objectifs de l’atelier présentés par le ColonelSeyni Seydou, Directeur de la Faune, de la Pêcheet de la Pisciculture (DFPP). Avant d’entrer dansle vif du sujet, le Colonel Seyni a posé la pro-blématique et a rappelé les notions de patrimoinesnaturel et culturel. En effet, le Niger est très richeen éléments de type culturel. Ces biens culturelssont très remarquables dans la partie Nord dupays notamment dans l’Aïr–Ténéré, ses zonesadjacentes, et dans la partie ouest du pays.

La qualité de ces biens est analysée par lesarchéologues et reconnue comme des biens degrande valeur. Ces biens constitués par plu-sieurs séries de caractères à savoir des sites pré-historiques, des sites historiques et les paysagesculturels méritent une protection spéciale sur-tout parce qu’ils font l’objet de pillage par lestouristes et visiteurs sous l’œil innocent de lapopulation et des guides touristiques.

Par conséquent, l’objectif principal de l’ate-lier est de préparer les Nigériens de toutes lescatégories sociales, de toutes les professions àmieux cerner les notions de PatrimoinesNationaux et d’éveiller leur conscience sur leurvaleur, leur importance et leur intérêt.

Dans son intervention complémentaire, leProfesseur Boubé GADO, Directeur del’Institut de Recherche sur les SciencesHumaines (IRSH) a insisté sur le caractère pré-occupant de la disparition du patrimoine cultu-

rel comparée à celle du patrimoine naturel. Eneffet, le pillage des biens culturels entraîne sys-tématiquement la destruction du site, donc créeun vide sur le plan historique qui ne peut plusmalheureusement pas être comblé.

2 – PR ÉS E NTATION DE S PATR I MO I N E S

2.1 – LA CONVENTION DU PATRIMOINE MONDIAL

(présenté par Mr. Moustapha Niang)

La préoccupation de protéger le patrimoinemondial, culturel et naturel est devenue mon-diale, a réitéré Monsieur Moustapha Niang,Consultant de l’UNESCO lors de son exposésur le thème relatif à la présentation de laConvention concernant la protection du patri-moine mondial, culturel et naturel. Après avoirfait la genèse du processus de prise de conscien-ce collective et concertée pour la protection desbiens culturels et naturels, depuis la fin de la pre-mière guerre mondiale, M. NIANG a relaté lespremiers efforts consentis par la Communautéinternationale et qui ont abouti en 1965, lorsd’une conférence tenue à la Maison Blanche àWashington à l’ idée de concilier la conservationdes sites culturels avec ceux de la nature et enfinen 1972, à l’adoption de la Convention.

Parmi les raisons d’être de la conventionqu’il a évoquées figurent :i) les menaces de destruction qui pèsent sur le

patrimoine culturel et le patrimoine natureldues non seulement par les causes tradition-

S Y N T H È S E D E S E X P O S É S T H É M A T I Q U E S

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Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique14

nelles de dégradation mais aussi par l’évo-lution de la vie sociale et économique ;

ii) le fait que la dégradation ou la disparitiond’un bien du patrimoine culturel et naturelconstitue un appauvrissement néfaste du patri-moine de tous les peuples du monde, et que laprotection du patrimoine culturel et naturel auniveau national reste souvent incomplète ;

iii) l’évidence que la sauvegarde des biens cul-turels et naturels uniques et irremplaçables,à quelque peuple qu’ils appartiennent, pré-sente une importance pour tous les peuplesdu monde.

Après avoir familiarisé les participants à un cer-tain nombre de concepts relatifs aux patri-moines culturel et naturel, l’exposant a expliquéles dispositions de la convention relatives auxdevoirs des Etats parties dans l’identificationdes sites, ainsi que leur rôle dans la protection etpréservation des sites inscrits, le rôle de la com-munauté internationale dans la protection dupatrimoine mondial, le cadre institutionnel de lamise en œuvre de la convention, l’ utilisation dufonds du patrimoine mondial, les programmeséducatifs et le système de rapportage.

L’exposant a, avec des chiffres et images àl’appui, tenu en haleine l’assistance sur lacontradiction combien flagrante entre la posi-tion réelle de l’Afrique aux plans de sa repré-sentativité des biens culturels et naturels sur laListe du Patrimoine mondial par rapport auxdiscours habituels des africains sur la richessedu continent dans ces domaines. En conclusiona t-il dit, il nous manque nous Africains, uneprise de conscience sur les valeurs et l’intérêt denos patrimoines culturels et naturels et cetteinsuffisance doit être corrigée.

2.2 – LE PATRIMOINE CULTUREL NIGÉRIEN

(Présenté par le Docteur Boubé Gado et ses collaborateurs)

Introduction Prof. Gado a axé de façon plus spécifique sacommunication sur le patrimoine culturel

Nigérien. Il a particulièrement insisté sur lessites maintenant mondialement connus commele gisement de dinosauriens de Gadoufaoua,lessites paléolithiques du Kawar et du Djado(Segguedine), les sites néolithiques du Massifde l’Aïr et du Ténéré, les monuments funéraireset les stations de gravures rupestres du Massifde l’Aïr, les sites de métallurgies anciennes dela Falaise de Téguidit et du Massif de Termit(Sekkiret, Afunfun, Dô Dimmi, Termit-Egaroetc.), la statuaire funéraire anthropomorphe deBoura, les sites protohistoriques d’Iwelen et lessites et monuments anciens des fortins du Djadoet du Kawar, des villes anciennes de Marandet(Maranda VIème siècle après J.C.), d’Azelik-Takadda, d’Assodé, de Garoumelé, deKouchéwa, de Birnin’Adar, de Tondikwarey, deKareygorou, de Gabou et de Theim-Kareygousou etc.).

Du point de vue matériel archéologique, leNiger dispose de quelques pièces fossiles etobjets sans doute parmi les plus beaux et lesplus anciens de la sous-région. Par exemplechronologiquement, Ouranosaurus nigeriensisTaqueti du Musée National, le Sarcosuchusimperator, la céramique néolithique de la halle-barde d’Adrar Bous, les haches bipennes deGossololom Bô (collections Musée del’Homme), les disques Ténéréens, la tôle encuivre d’Intekebrine-1, les textiles anciens et lapointe de lance en cuivre d’Iwelen, etc.

Cependant a-il dit, des difficultés réellesentravent la protection du patrimoine cultureldu Niger qu’il a classées en deux catégories :dégradation et destruction des sites par lesphénomènes naturels (la désertification et ladégradation du couvert végétal, érosion éolien-ne et hydrique, fortes variations de tempéra-tures, etc.), et la dégradation et destruction liéesà l’action et à l’ignorance de l’Homme(Agriculture, le piétinement des sites de surface,des sites dénudés par érosion, le pâturage, lesvéhicules, les destructions de surface, etc.)

Enfin, l’auteur a suggéré que des mesuresjuridiques, administratives et de sensibilisation

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des populations surtout riveraines des sites etdes monuments, ainsi que actions vigoureusesde reconnaissances des sites et de fouilles desauvetages archéologiques soient prises ouentreprises par les institutions spécialisées del’Université Abdou Moumouni de Niamey encollaboration avec les autres services et orga-nismes concernés du pays dans le cadre de pro-grammes archéologiques d’urgence.

2.3 – LE PATRIMOINE NATUREL NIGÉRIEN

(présenté par le Colonel Seyni SEYDOU)

Le Colonel Seydou a d’abord défini les grandsgroupes qui composent le patrimoine natureldu Niger à savoir : Populations, Terres, Eaux,Faune, Flore et Ressources minérales). Il aensuite insisté sur son importance avant d’at-tirer l’attention des participants sur lesmenaces multiformes dont ils font l’objet. Eneffet, le Patrimoine naturel nigérien, subitd’énormes pressions anthropiques (coupesabusives, braconnage, surpâturage, surpêche,feux de brousse etc.) et des menaces naturelles(sécheresse, érosions hydrique et éolienne,ensablement, envahissement par des parcourset des écosystèmes aquatiques par des adven-tices, etc.).

Au Niger beaucoup d’espèces animales(addax, oryx, gazelle leptocère, autruche, loutre àjoue blanche, girafe etc) et végétales (Prosopisafricana, Kigelia africana, Kaya senegalensisetc) sont dans une situation extrêmement préoc-cupante du fait des pratiques humaines. La sauve-garde de ces espèces ne pourra s’envisager sansune action d’urgence à l’échelle du Niger où leurétat peut s’assimiler à une situation en péril pourdes raisons liées aux pressions anthropiques etnaturelles.

Malgré la dégradation de nos écosystèmes,observée ces dernières années suite à l’actioncombinée des sécheresses successives et del’occupation anarchique des terres par unepopulation en pleine expansion (taux d’accrois-sement de 3,3%), le Niger recèle encore d’im-

portantes potentialités biologiques. Le territoireNigérien présente plusieurs zones agro-écolo-giques qui vont de la zone désertique au nord àla zone soudanienne au sud. On y rencontre :• les écosystèmes de savane ;• les écosystèmes steppiques de plaines et de

montagne ;• les écosystèmes cultivés ;• les écosystèmes humides ;• les écosystèmes désertiques.La diversité biologique se répartit en fonctionde l’étagement bioclimatique du pays, qui, fortheureusement, a pour conséquence la présenced’une faune diversifiée et une flore très riche etvariée. La diversité biologique se répartit doncau gré des alternances physiographiques et bio-climatiques. Toute intervention dans le domainede leur gestion devra tenir compte du degré defragilité des équilibres des écosystèmes. Cettesituation recommande une meilleure connais-sance de la dynamique des écosystèmes et del’écologie des espèces animales et végétalesmenacées de disparition.

Au stade actuel de nos connaissances, la bio-diversité du Niger se présente comme suit :• 2 124 espèces végétales dont 1 461 appar-

tiennent à l’embranchement des angio-spermes;

• 3 200 espèces animales dont 168 espèces demammifères et 512 espèces d’oiseaux. Ceschiffres restent encore indicatifs surtoutqu’une mise à jour complète est à faire enmatière de connaissance de la diversité bio-logique dans notre pays surtout en ce quiconcerne les algues, les bactéries, les cham-pignons et les autres micro-organismes.

Pourtant dans le monde l’importance de la diver-sité biologique ne pose pas de doute car lesbesoins fondamentaux des populations ruralessont satisfaits à 90 % à partir des ressources bio-logiques. Tous ces produits sont d’origines végé-tale et animale.

Leur valeur écologique, esthétique, culturelle,religieuse, scientifique, pharmaceutique, techno-logique et spirituelle reste à déterminer.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 15

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Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique16

Exemple : 210 espèces végétales présentent ungrand intérêt dans le régime alimentaire de lapopulation.

Elles servent de nourriture aussi aux ani-maux sauvages et domestiques car 235 espècessont consommées. La pharmacopée tradition-nelle utilise 70 espèces et l’artisanat 127espèces.

Au plan spirituel et culturel, beaucoup d’es-pèces sont utilisées dans le cadre des cérémo-nies religieuses. La diversité biologique anima-le sert surtout à l’alimentation, la pharmacopée,le transport, le tourisme, la culture etc. Cesespèces jouent un rôle culturel et spirituel indé-niable en l’occurrence la totémisation de cer-taines espèces pour les ethnies.

Sur le plan économique, l’agriculture contri-buait en 1992 à :• 46 % à la formation du PIB ;• 85 % à la création d’emplois ;• 16 % des recettes totales d’exportation et• 100 % des recettes d’exportation hors l’ura-

nium.La contribution des différents sous-secteursdans la formation du PIB agricole est estimée en1995 comme suit :• Cultures pluviales et irriguées : 55 %• Produits d’élevage : 34 %• Forêts-Faune-Pêche : 11 %A titre d’illustration la valeur des produits agro-pastoraux est estimée à 262, 1 milliards de FrancsCFA en 1994-1995. A cela il faut ajouter la valeuréconomique non comptabilisée de la diversitébiologique, notamment le rôle qu’elle joue sur lecontrôle de l’érosion, la fertilisation biologiquedes sols, la protection contre la pollution (assai-nissement naturel des sols, des eaux et de l’air), lecontrôle du climat, l’ombrage, l’alimentationhumaine et animale, la pharmacopée moderne ettraditionnelle, le tourisme et l’agrément, la chasseet la cueillette etc.

La valeur de la diversité biologique est diffici-lement évaluable dans un pays en développementcomme le Niger où la fiscalité dans tous lesdomaines n’est pas maîtrisée.

Ce qu’il faut retenir est que toute notre vie sefait sur la base de nos ressources biologiques etl’économie du Niger en dépend strictement.

Après avoir présenté les lois et conventionssignées par le Niger, les politiques nationales etles réglementations en matière de protection duPatrimoine naturel, (partant du droit coutumier,l’influence islamique, la législation coloniale àcelle de la République du Niger), l’exposant apréconisé des actions prioritaires à prendre, àsavoir : L’amélioration de l’information, la sensi-bilisation et l’éducation du public, des décideurs,des hommes politiques ; la mise en œuvre desapproches de gestion durable des paysages ; lerenforcement des capacités institutionnelles etjuridiques pour mieux gérer les paysages et lesécosystèmes.

2.4 – LA DÉGRADATION DES PATRIMOINES : USAGES

ILLÉGAUX ET PILLAGES

2.4.1 – Les difficultés et entraves à la protection du patrimoine culturel national (présenté par le Dr. Boubé Gado et ses col-laborateurs)

Les handicaps actuels à la sauvegarde des sites etdes objets archéologiques sont multiples. AuNiger, ils peuvent être classés en deux catégories:dégradation et destruction des sites par les phéno-mènes naturels, dégradation et destruction liées àl’action et à l’ignorance de l’Homme.

2.4.1.1 – Les phénomènes naturels Les facteurs essentiels sont :• la désertification et la dégradation du cou-

vert végétal ;• l’ érosion éolienne et hydrique ;• les fortes variations de températures notam-

ment sur les parois rocheuses supportant lesgravures et peintures rupestres (et mêmeparfois l'enfouissement dans les dunes desable de ces gravures rupestres comme àAmakon sur la façade orientale duTakolokouzet dans le massif de l'Aïr ou àKourki dans la région de Téra).

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Au-delà de la destruction des sites, les phéno-mènes naturels ont également des actions néga-tives sur les objets eux-mêmes, tant sur les sitesque dans les réserves des laboratoires.

2.4.1.2 – Les phénomènes dûs aux actions de l’homme

Nous pouvons distinguer d’une part, les actionsindirectes de l’homme comme la multiplicationdes champs de culture, le piétinement des sites desurface, des sites mis à nu par l’érosion hydriqueou éolienne ou des dalles gravées, par toutensemble l’homme, ses troupeaux ou ses véhi-cules, le frottement contre les parois gravées, lesdestruction de surface, et d'autre part, les actionsdirectes et voulues de l'homme notamment leramassage de surface en ce qui concerne les arma-tures de pointes de flèches, le matériel de broyage,les poteries entières et les statuettes anciennes,ainsi que les récentes inscriptions de tifinagh surles mêmes parois gravées par les populations voi-sines ou des touristes en mal d’autographes (falai-se de Tiguidit, colline de Yassane, etc), et surtoutplus grave encore les fouilles archéologiquesclandestines, les ventes, achats et exportations illi-cites d'objets historiques et archéologiquesanciens et notamment des statuettes de Boura quiont pris ces dernières années des allures de cala-mités et d'hécatombes culturelles.

2.4.2 – La dégradation du patrimoine naturelnigérien(présenté par le Colonel Seyni Seydou)

La dégradation des systèmes naturels qui résultede la surconsommation et de l’usage abusif desressources naturelles, ainsi que l’incapacité d’ins-taurer parmi les peuples et les Etats un ordre éco-nomique approprié, conduit à l’effondrement desstructures économiques, sociales et politiques dela civilisation. La course aux ressources rares estgénératrice de conflits alors que la conservationde la nature et des ressources naturelles va dans lesens de la justice.

Par conséquent l’homme a le devoir d’ap-prendre à maintenir et à développer son aptitude à

utiliser les ressources naturelles, tout en préser-vant les espèces et les écosystèmes, dans l’intérêtdes générations présentes et futures. Pour parve-nir au développement durable, la protection del'Environnement doit faire partie intégrante duprocessus de développement et ne peut êtreconsidérée isolement.

Mais, dans les pays en développement tel quele Niger, les comportements nuisibles au maintiendes équilibres écologiques ne font que s’accen-tuer. C’est la preuve que nous sommes loin dudéveloppement tout court. Le patrimoine naturela subi et subit encore les pressions d’ordre anthro-pique et naturel.

2.4.2.1 – Les pressions d’ordre anthropiqueIl s’agit notamment :• des coupes abusives ;• du braconnage sous toutes ses formes ;• du surpâturage ;• de la surpêche ;• des feux de brousse sauvages ;• de l’usage abusif des produits de destruction

massive telle que la strichine ;• de la destruction des habitats ;• du bois énergie et de service.A cela, il faut ajouter les menaces naturelles.

2.4.2.2 – Les pressions d’ordre naturelElles s’articulent autour de :• la sécheresse ;• l’érosion hydrique et éolienne ;• l’ensablement.Au Niger il ressort que beaucoup d’espècesanimales (addax, oryx, gazelle leptocèra,autruche, loutre à joue blanche, girafe etc) etvégétales (P. africana, Kigelia africana, Kayasenegalensis etc sont dans une situation extrê-mement préoccupante du fait des pratiqueshumaines. Le statut de certaines d’entre ellesest particulièrement alarmant car elles sontdans un réel danger d’extinction à l’échelonmondial, la population étant passée en dessousdu seuil critique du renouvellement démogra-phique.

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La sauvegarde de ces espèces ne pourra s’en-visager sans une action d’urgence à l’échelle duNiger où leur situation peut s’assimiler à unesituation en péril pour des raisons liées à la pres-sion anthropique. Suite à ces pressions, la faunenigérienne affaiblie est allée se confiner dans lesaires protégées et les zones difficilement acces-sibles, mais improductives. Les zones prennentdonc une importance très particulière et devraientêtre l’objet de mesures de protection et dotées demoyens importants en provenance du Niger et dela communauté internationale.

3 – LA PR OTECTION DE S PATR I MO I N E S

3.1 – LA LUTTE CONTRE LE TRAFIC ILLICITE DES BIENS

CULTURELS À L’ÉCHELLE INTERNATIONALE

(présenté par Mr. Tcheko Amadou, Chargé

d’Affaires à la Délégation Nigérienne auprès de

l’UNESCO, Paris)

Le trafic illicite des biens culturels a pris aujour-d’hui des proportions inquiétantes. Il se classejuste après le trafic des stupéfiants et n’épargneaucun continent. Il tire ses sources du vol desmusées, des églises, des collections et surtout dupillage des sites archéologiques. Les causes dutrafic illicite des biens culturels sont nombreuseset variées. Il s’agit de :• L’importance du marché : le marché de l’art

s’est considérablement développé et brasseenviron 5 milliards de dollars de chiffre d’af-faires par an ;

• L’insouciance et la pauvreté des paysans : lespaysans aujourd’hui islamisés accordent trèspeu d’attache aux objets légués par leursancêtres animistes. Ils ignorent égalementl’intérêt que portent les scientifiques auxditsobjets pour la connaissance de leur proprehistoire. L’extrême pauvreté dans laquellevégètent les paysans les rend complices destrafiquants et autres touristes en quête du sen-sationnel ;

• L’insouciance de certains archéologues :certains archéologues sont à la solde des tra-fiquants et n’hésitent guère à saisir l’occa-sion des fouilles autorisées pour substituerdes biens culturels qu’ils revendent par lasuite sur le marché international ;

• La disparité des systèmes juridiques : la dis-parité des systèmes juridiques nationauxpose beaucoup de problèmes dans la luttecontre le trafic illicite des biens culturels ;

• La lutte contre le trafic illicite des biens cul-turels.

Pour être efficace, la lutte doit être menée tantsur le plan national qu’international.

Sur le plan national, chaque Etat doit sedoter tout d’abord d’une législation qui régle-mente les fouilles archéologiques ainsi que lecommerce des biens culturels notamment leurexportation ; et procéder également à l’informa-tion et à la sensibilisation des différents parte-naires sur les textes en vigueur et l’utilité desbiens culturels.

Sur le plan international : la lutte contre letrafic illicite des biens culturels est consacréepar deux importantes conventions : UNESCOde 1970 et UNIDROIT de 1995.

La Convention UNESCO vise à mettre unfrein au commerce illicite des biens culturels,principalement au niveau des autoritéspubliques et du droit public. Toutefois cetteConvention n’est malheureusement pas ratifiéepar la plupart des Etats dits du Marché de l’Art.à savoir la Suisse, l’Allemagne, le Japon,etc. àl’exception des Etats-Unis, du Canada, del’Australie et de la France. Elle ne traite paségalement la question selon une approche glo-bale pouvant prendre en compte les problèmesde droits privés telle que la validité du titre à unbien culturel emporté d’un pays déterminé enviolation de ses dispositions légales régissantl’acquisition et l’exportation de tels biens.

Cette Convention renferme de nombreuseslacunes ; c’est en grande partie pourquoil’UNESCO a confié à UNIDROIT l’élaborationd’une nouvelle Convention.

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La Convention d’UNIDROIT du 24 Juin 1995 Cette Convention est un large consensusentre des opinions, intérêts et traditions diffé-rents de nombreux Etats. Elle s’applique àdeux hypothèses distinctes à savoir lesdemandes de restitution d’objets culturelsvolés (chap. II) et les demandes de retourd’objets culturels exportés illégalement(chap. III).

3.2 – LES CONVENTIONS INTERNATIONALES

(présenté par Messieurs Seyni Seydou et Ali

Harouna)

En plus des conventions précitées, le Niger,soucieux de la conservation des ressourcesnaturelles desquelles les populations tirent l’es-sentiel des éléments nécessaires à leur vie estpartie à de nombreuses autres conventions par-ticulièrement du domaine de la diversitée biolo-gique. Il s’agit principalement de :• la Convention sur le Commerce internatio-

nal des espèces de faune et de flore sau-vages menacées d’extinction (CITES) ;

• la Convention sur la Conservation desEspèces Migratrices appartenant à la fauneSauvage (CMS) ;

• la Convention sur les zones humides diteConvention Ramsar ;

• la Convention sur la Lutte Contre laDésertification (CCD) ;

• la Convention sur la Diversité Biologique(CDB).

Après une présentation succinte des quatre pre-mières, un accent particulier a été mis sur laConvention sur la Diversté Biologique.

Qu’est-ce que la diversité biologique ?La Diversité Biologique ou, par abréviation laBiodiversité est l’expression de la variété de lavie sur la terre. Omniprésente, elle s’appliqueaux gènes, aux espèces, aux écosystèmes et auxpaysages de la planète du sommet des mon-tagnes jusqu’aux grandes profondeurs océa-niques.

Le terme biodiversité couvre donc troisacceptions :• La biodiversité génétique ;• La biodiversité systématique ;• La biodiversité écologique.Ensuite les fonctions de la diversité biologiqueet les différentes menaces dont il fait l’objet surle plan national et mondial ont été dévolopées.

On estime la diversité biologique mondia-le entre 5 à 10 millions d’espèces voir plusdont seulement quelques 1,4 million d’orga-nismes vivants sont décrits par les scienti-fiques.

Pourquoi conserver la diversité biologique ?La base du développement humain est la diver-sité biologique d’où l’homme tire tous les élé-ments essentiels à sa vie. On estime que 80 %de l’alimentation mondiale sont assurées pardes espèces animales et végétales (connexionvol. XVII, n°4, 1992). Plus de 90 % des pro-duits pharmaceutiques disponibles aujourd’huiproviennent de la diversité biologique ; dont25 % proviennent uniquement des plantes tro-picales.

C’est dans la diversité biologique quechaque espèce recherche, trouve et prélève lesressources qui lui sont nécessaires pour sonexistence. La survie de l’ensemble de ce“Puzzle” nécessite un équilibre permanent.

Pr. Inezdane ALZOUMA, février 1998Le constat est simple d’autant plus qu’il estclair pour tous que tous les êtres vivants y com-pris l’homme sont des éléments de la diversitébiologique et y tirent l’essentiel pour sa survie(eau, air, nourriture, habitation, transport, com-munication etc…). Vivant ou mort chaque formede vie contribue à l’équilibre écologique.Chaque forme de vie est unique et mérite qu’onla respecte indépendamment de sa valeur pourl’homme.

En plus des valeurs économiques, écolo-giques, biologiques, scientifiques, la diversitébiologique contribue dans toutes les sociétés

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 19

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au maintien et à la perpétuation des valeursliées à la culture, l’esthétique, au tourisme, aumythe, aux croyances etc.

La charte mondiale de la nature affirme quel’humanité fait partie de la nature et que la viedépend du fonctionnement ininterrompu dessystèmes naturels qui sont la source d’énergieet de matières nutritives.

La civilisation a également ses racines dans lanature, qui a modelé la culture humaine et influésur toutes les œuvres artistiques et scientifiques.

3.2.1 – La convention sur la Diversité BiologiqueLa Convention sur la Biodiversité a été signéepar 157 pays au sommet de la terre tenu en juin1992 à RIO de Janeiro, au Brésil. Il s’agit d’unAccord exécutoire qui établit un cadre pour laconservation de la biodiversité de la planète etpour l’utilisation durable des ressources biolo-giques.

La convention compte 42 articles et deuxannexes (identification et surveillance, arbitra-ge et conciliation). Pour entrer en vigueur, laconvention doit être ratifiée par 30 pays. Le 30septembre 1993 la Mongolie devenait le tren-tième pays à ratifier la convention, ce qui signi-fie que celle-ci est entrée en vigueur le 29décembre 1993. Ratifiée par plus de 170 Etatsla CDB vise les objectifs suivants :• La conservation de la diversité biologique ;• l’utilisation durable des ressources biolo-

giques ;• le partage juste et équitable des avantages

découlant de l’utilisation des ressourcesgénétiques

La mesure clé pour la mise en œuvre de la CDBest l’élaboration par tous les pays de stratégiesde conservation de la DB assorties d’engage-ments, surtout de la part des pays industrialisés,à mettre à la disposition des pays en dévelop-pement les fonds, la technologie et l’assistancenécessaires à la mise en œuvre des mesures deconservation reconnues dans les stratégies.

La signature de la Convention comporteégalement les engagements suivants :

• Les Etats signataires doivent favoriser surleur territoire l’accès aux ressources géné-tiques en vue d’utilisations respectueusesde l’environnement, le but étant de partageréquitablement les acquis de la recherche etles bénéfices issus de la commercialisationet des autres formes d’exploitation desditesressources ;

• les pays en développement doivent avoiraccès aux technologies nécessaires pourgarantir la conservation de la diversité bio-logique et l’utilisation durable de ses res-sources, à des conditions équitables et aussifavorables que possible, et dans le respectdes droits de licence ;

• les pays en développement doivent avoiraccès aux technologies employées pour latransformation de ses ressources qu’ilsfournissent, et être associés à la rechercheen biotechnologie ;

• les pays en développement doivent bénéfi-cier d’une assistance technique et scienti-fique, afin de pouvoir renforcer les struc-tures et les compétences requises pour uneutilisation durable des ressources biolo-giques ;

• les Etats signataires doivent envisager l’éla-boration d’un accord visant à garantir lasécurité d’emploi des organismes généti-quement modifiés par la biotechnologie(Biosécurité) ;

• les nations développées doivent apporterune aide financière aux pays en développe-ment pour leur permettre de mettre enœuvre la Convention. Le financement ini-tial de ces efforts sera assuré par trois insti-tutions des Nations-Unies vouées à l’envi-ronnement et au développement.

3.2.2 – Etat de mise en oeuvre de la Conventionsur la diversité biologique par le Niger

Le Colonel HAROUNA a tout d’abord rappeléque le Niger a ratifié la CDB le 25 Juillet 1995et qu’à ce jour, on note à ce sujet les réalisationssuivantes :

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1. la création par arrêté n° 053/PM/CNEDD du12 Juillet 1997, de la commission techniquenationale sur la DB présidée par le Directeurde la Faune, de la pêche et de la pisciculture ;

2. l’évaluation de la DB du Niger ; 3. l’élaboration de la stratégie nationale et du

plan d’action en matière de biodiversité quiconstitue pour le Niger un cadre de référen-ce et de planification de toutes les actions encours et à venir en la matière.

3.2.2.1 – L’evaluation de la diversite biologiqueDe l’évaluation de la biodiversité au Niger, il estressorti qu’au stade actuel des connaissances(insuffisantes) la diversité biologique du Nigercompte 2124 espèces végétales (dont 1461espèces pour les angiospermes) et au moins3200 espèces animales dont 16 espèces mam-mifères et 512 espèces d’oiseaux. On note éga-lement qu’au Niger, les besoins des populationssont satisfaits à 90% à partir des ressources bio-logiques (y compris le renouvellement de la fer-tilité du sol par la jachère).

3.2.2.2 – La stratégie et le plan d’action La stratégieLa stratégie doit permettre la mise en œuvred’une politique de réhabilitation et de redé-ploiement de la biodiversité au profit des stocksde ressources vivantes, donc, de l’économienationale.

Elle vise à :• assurer la conservation de la diversité biolo-

gique ;• utiliser durablement les éléments constitu-

tifs de la diversité biologique ;• assurer les conditions d’un partage juste et

équitable des avantages découlant de l'ex-ploitation de la diversité biologique et de seséléments constitutifs.

Seize (16) thèmes sont couverts par la stratégieà savoir :1) Ressources énergétiques ;2) Conservation (aires protégées, espèces

menacées, et conservation ex-situ…) ;

3) Faune sauvage ; 4) Ressources forestières ;5) Agriculture ;6) Elevage ; 7) Ressources minières ; 8) Aménagement du territoire ; 9) Biotechnologie et Biosérurité ;10) Gestion de l’eau et des ressources aquatiques ;11) Urgences environnementales ; 12) Participation des populations, de la société

civile et du secteur privé ; 13) Evaluations environnementales ; 14) Sensibilisation, formation, recherche ; 15) Cadre juridique et institutionnel ;16) Connaissances traditionnelles et valeurs spi-

rituelles.Tous les thèmes sont présentés suivant le cane-vas ci-après :- Problématique ;- Orientations stratégiques ;- Mesures proposées ;- Actions (en cours, en attente, nouvelles).

3.2.3 – Le plan d’action national sur la DiversitéBiologique

Les actions prioritaires retenues dans les dif-férents thèmes traités ont fait l’objet d’unregroupement et d’une harmonisation, afin deles insérer dans des ensembles cohérents for-mulés sous forme de projets et de pro-grammes.

Le plan d’action est ainsi constitué d’unensemble de programmes et projets présentéssous forme de fiches signalétiques, selon laméthode du cadre logique : secteur d’interven-tion, organisme responsable, problématique etjustification, objectif global, objectifs spécifiques,résultats attendus, activités principales, indica-teurs de suivi/évaluation, échelle d’intervention,principaux bénéficiaires, principaux partenaires,durée, date souhaitée de démarrage.

Les projets et programmes identifiés sontles suivants :• P1 : Développement et promotion des res-

sources d’énergie alternatives

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• P2 : Conservation des ressources géné-tiques

• P3 : Aménagement et utilisation durabledes écosystèmes

• P4 : Surveillance des éléments constitutifsde la diversité biologique

• P5 : Renforcement de capacité et appuiinstitutionnel

• P6 : Biotechnologie et biosécurité• P7 : Information, Education, Communica-

tion sur la Diversité Biologique.Le Niger poursuit également ses efforts deconservation de la diversité biologique en milieunaturel (aires protégées), et artificiel (musée,centre de recherche etc). Il dispose actuellementde cinq (5) aires protégées totalisant 6.6% de lasuperficie du territoire national, et poursuivra cesefforts de création des aires protégées afin d’at-teindre la norme internationalement admise (10%de la superficie du territoire).

3.3 – LA PROTECTION DU PATRIMOINE CULTUREL

NIGÉRIEN

(présenté par Mr. Boubé Gado et collabora-

teurs)

L'élaboration des textes réglementaires sur laprotection du patrimoine culturel nationalremonte à 1972 avec un projet de texte présen-té par Henri LHOTE, repris en 1973 par JeanSonnier, un consultant de l'UNESCO et inspirédes textes français et sénégalais. Mais ce projetde textes ne fut jamais adopté, malgré l’insis-tance de l'Institut de Recherches en SciencesHumaines (IRSH) de l'Université AbdouMoumouni de Niamey.

En 1980, Dr.Boubé Gado, Chef duDépartement d’Art et d’Archéologie duditInstitut a élaboré un autre projet de textes sur laprotection du patrimoine culturel notammenthistorique et archéologique. Les démarchesentreprises restèrent encore une fois vaines.

En 1992, le Ministère Chargé de la Culture,après une seconde consultation de l'UNESCO, arepris le texte déjà existant pour en faire un nou-

veau projet de loi, malheureusement sansconsulter tous les partenaires.

En 1996, ce dernier texte a été réhabilitépar le Ministère de la Culture et le Ministèrede l'Enseignement Supérieur, de la Rechercheet de la Technologie. Une première mouture aété envoyée à tous les Ministères etOrganismes concernés par la protection dupatrimoine culturel ainsi qu'au SecrétariatGénéral du Gouvernement. Les observationsformulées ont permis l'élaboration d'un projetd'ordonnance.

Une série de réunions de travail avait étéconvoquée le 15 Octobre et le 3 Décembre 1996par le Ministre de la Culture et de laCommunication pour amender le projet d'or-donnance.

Étaient présents les Représentants desDirections et Offices suivants :- Ministère de la Culture et de la

Communication, Direction de la Culture ;- Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la

Recherche et de la Technologie ;- Ministère de la Défense Nationale ;- Ministère de l'Hydraulique et de

l'Environnement ;- Direction de l'Environnement ;- Direction de la Faune, de la Pêche et de la

Pisciculture ;- Ministère du Tourisme et de l'Artisanat ;- Direction du Tourisme et de l'Hôtellerie ;- Office national du Tourisme ;- Institut de Recherches en Sciences Humaines

(I.R.S.H) ;- Ministère de l'Économie, des Finances et du

Plan ;- Direction Générale des Douanes ;- Ministère des Mines et de l'Énergie ;- Direction de la Recherche Géologique et

Minière.Le projet de textes initial a pu ainsi être scindéen un projet de loi plus concis et un projet deDécret d'application de la loi qui ont finalementété adoptés après quelques tribulationsmineures en 1997 :

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- Le texte de la Loi N°97-022 du 30 Juin1997 relative à la Protection, à laPréservation et à la Mise en Valeur duPatrimoine Culturel National comprend 69articles répartis en 10 titres ;

- Le texte du Décret d'application N° 97-407/PRN/MCC/MESRT/IA du 10 Novembre1997 fixant les conditions d'application dela loi relative à la protection, la conserva-tion et la mise en valeur du patrimoine cul-turel comprend 46 articles réparti en 8 cha-pitres.

Les deux textes sont axés sur :- les définitions et les dispositions générales

concernant l’identification et l’inventairenational des biens culturels, monument,ensembles et sites ;

- les dispositions applicables aux musées,aux conservatoires archéologiques et autresinstitutions similaires en matière de conser-vation de biens culturels ;

- le classement des biens culturels, monu-ments, ensembles et sites ;

- le Conseil National de Protection, deConservation et de Mise en Valeur duPatrimoine culturel, comme structure natio-nale de coordination des actions de tous lespartenaires et acteurs ;

En matière de patrimoine culturel ils sont axéssur :- l’importation, l’exportation et le transfert

international des biens culturels ; - la protection de biens culturels en cas de

conflit armé ;- les fouilles archéologiques et les décou-

vertes fortuites ; - les dispositions finales concernant les

droits, les devoirs, les pénalités et les sanc-tions.

Pour comprendre l'importance et l'enjeu deces textes il y a lieu de noter que le Nigerétait le seul pays africain pour ne pas dire dumonde jusqu’en 1997 à ne pas disposer detextes réglementant la protection de son patri-moine culturel malgré son importance,la

renommée et la reconnaissance internationaledont il jouit concurremment au pillage, à ladestruction et au trafic dont il est l’objet entoute impunité.

Il y avait vraiment lieu de faire diligencepour préserver et renforcer les acquis du patri-moine culturel national, pour sauvegarder lesmonuments, les sites et les ensembles les plusimportants du pillage et de la destruction :- par l'adoption, en amont, de textes de loi

appropriés et l'organisation en aval de cam-pagnes et d'actions de conscientisation, desensibilisation, de responsabilisation etd'implication des populations localesproches des monuments, ensembles et sitesde grande importance ;

- et par la mise en œuvre de projets derecherches sur le patrimoine culturel(recherches archéologiques, acquisition decollections ethnographiques, inventairesdes sites archéologiques et historiques,inventaires des collections ethnographiqueset des objets historiques contenus dans lespalais des chefferies traditionnelles, etc…)susceptibles d’intéresser, dans le cadre de lacoopération internationale et bilatérale, desorganismes comme l’UNESCO, l’UNIONEUROPEENNE, l'ISESCO, LA FRANCO-PHONIE (l’ACCT), l’IRD (ancien ORS-TOM), le CNRS ou certains Laboratoireset/ou Universités des pays amis.

3.4 – LA PROTECTION DU PATRIMOINE NATUREL

DU NIGER

(présenté par Mrs. Seyni Seydou et Ali

Harouna)

La sauvegarde de la Diversité Biologique nepourra s'envisager sans une action à l’échelleInternationale(convention) et National. LaProtection du Patrimoine Naturel nigérien passeinéluctablement par la mise en œuvre effectivede la politique nationale en la matière centréesur les principes directeurs pour un développe-ment rural publiés en Juillet 1992, le Plan

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 23

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National de l’Environnement pour unDéveloppement Durable (PNEDD) adopté en1998 et comportant huit (8) programmesmajeurs à savoir :- Programme d’Action National/Gestion des

Ressources Naturelles (PAN/GRN) dans lecadre de la lutte contre la désertification ;

- Programme Environnement et Pauvreté :population, sécurité alimentaire et santé ;

- Programme de Développement et GestionDurables des Ressources en Eau ;

- Programme Energie et DéveloppementDurable ;

- Programme de Gestion et UtilisationDurable des parcs, sites naturels et préhisto-riques du Niger ;

- Programme Conservation de la Biodi-versité ;

- Programme Environnement Urbain etAmélioration du cadre de vie ;

- Programme de Mise en place et de renforce-ment des capacités dans le domaine des légis-lations et institutions environnementales à tra-vers une politique de décentralisation.

La conservation, la Gestion et le développementdu patrimoine naturel du Niger est l’affaire detous les intervenants sous la responsabilité ins-titutionnelle du Ministère de l’Environnementet de la Lutte contre la Désertification.

A ce titre, le Ministère chargé del’Environnement a entre autres missions l’éla-boration des textes législatifs et réglemen-taires en matière de protection du patrimoinenaturel.

La Législation de la république du NigerAprès l’indépendance la République du Niger aconfirmé le statut d’aire protégée du Parc du“W” et a créé de nouvelles aires protégéesnotamment celle de la Réserve NaturelleNationale de l’Air et du Ténéré.

Le souci de protéger l’environnement naturelnigérien est consacré par les textes suivants :- Le Code Forestier qui régit le régime fores-

tier nigérien ;

- L’ordonnance n 97-001 du 10 Janvier 1997portant Institutionalisation des étudesd’Impact sur l’Environnement ;

- la loi n 98-07 du 29 avril 1998, portant lerégime de la chasse et de la Protection de lafaune et son décret d’application n° 98-295/PRN/ME/E du 29 octobre 1998 ;

- la loi n°98-042 du 7 décembre 1998 portantle régime de la Pêche ;

- la loi n°98-56 du 29 décembre 1998 portantloi-cadre sur l’environnement ;

Ce même souci apparaît dans les documentscomme la Charte Nationale et la Constitution dela République ;

Il ressort dans la pratique que ces textes ditsmodernes demeurent toujours influencés par lesDroits Coutumiers,Islamiques, et Coloniaux ;

Le corpus législatif nigérien est publié dans“le recueil des lois et règlements de laRépublique du Niger, 2ème édition, SecrétariatGénéral du Gouvernement” (1994).

4 – LE S STRATÉG I E S DE LUTTE CONTR E LE S

P I LLAG E S DE S PATR I MO I N E S CU LTU R E L

ET NATU R E L DU N IG E R

4.1 – LES STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LE

PILLAGE DU PATRIMOINE CULTUREL NIGÉRIEN

La protection des sites et d’une manière géné-rale du patrimoine culturel national ne pourraêtre véritablement assurée que si des textesadministratifs et juridiques appropriés existentet sont appliqués sans complaisance quant à lavente, l’achat et l’exportation illicite des biensculturels et notamment des objets archéolo-giques. Pour cela, il importe avant tout quetous les services concernés par la protection etle rayonnement culturel du pays unissent leursefforts afin de sensibiliser la population surl’importance historique, culturelle et psycho-logique du patrimoine archéologique et histo-rique.

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Si la Recherche sur le patrimoine culturelnotamment historique et archéologique, peutparaître, encore aujourd'hui, même aux yeux decertains chercheurs et spécialistes duDéveloppement, comme une activité derecherche de luxe, une science des pays riches,pourtant, nul n'est besoin de dire, aujourd'hui,qu'il est vital pour un peuple de connaître sonhistoire et les fondements de sa culture, afin des'assumer pleinement et d'en tirer les ressourcesénergétiques, psychologiques, morales et cultu-relles positives, nécessaires à son élan et à sonaspiration à un meilleur développement écono-mique et social .

Or, par delà les documents écrits notammentarabes dont la plupart ne remontent pas au-delàdu Xe siècle de l'ère chrétienne, par delà lestraditions orales historiques qui nous restituentla trame des évènements sans toujours nousdonner des repères chronologiques précis,l'histoire de notre continent en général, et cellede notre pays en particulier, notamment l'his-toire des civilisations matérielles du passé, nepeuvent être connues et restituées dans tousleurs aspects et dans toutes leurs dimensions,sans les apports inestimables des découvertesarchéologiques.

Il est donc tout à fait urgent et opportun queles voix les plus autorisées et les responsablespolitiques du pays attirent l’attention des popula-tions sur leur patrimoine archéologique, notam-ment les sites et monuments, auprès desquelselles vivent et dont elles peuvent assurer partiel-lement leur protection et même jouir de leurréhabilitation et de leur mise en valeur en ce quiconcerne l'artisanat et le tourisme.

Mais parallèlement à ces dispostions juri-diques, administratives et de sensibilisation despopulations surtout riveraines des sites et desmonuments, des actions vigoureuses de recon-naissances des sites et de fouilles de sauvetagesarchéologiques doivent être entreprises par lesinstitutions spécialisées de l’Université AbdouMoumouni de Niamey en collaboration avec lesautres services et organismes concernés du pays

dans le cadre de programmes archéologiquesd’urgence.

D’ailleurs,avec le Musée National de Niameyconnu de longue date comme un Muséed'Excellence, avec l’inauguration effectuée le 3Juin 1994 du Conservatoire Archéologique duDépartement d’Art et d’Archéologie de l'Institutde Recherches en Sciences Humaines (I.R.S.H.)et avec en plus un Institut de Radio-Isotopes(I.R.I.) déjà fonctionnel et entièrement perfor-mant pour effectuer les datations au 14 C, leNiger, possède, assurément, tous les atouts ettous les outils techniques pour devenir un grandpôle d'attraction qui pourrait même devenir uncentre d'excellence en matière de protection et depréservation du patrimoine culturel notammenthistorique et archéologique !

Même en ces temps de “vaches maigres” oùl’Etat n’arrive plus à assurer pleinement sonfonctionnement et où il est plutôt difficile, auseul niveau national, d'envisager, d'entreprendreou financer des campagnes de reconnaissances,d'inventaires et de fouilles de sauvetage dupatrimoine culturel et notamment historique etarchéologique coûteuses, il y a lieu d'innover etde réfléchir profondément sur la prise en comp-te de la protection et de la préservation du patri-moine culturel national comme partie intégran-te du développement économique et social, etce,avec la collaboration et l’appui des parte-naires extérieurs dans le cadre d’un partenariatvéritable et juste composé d’équipes derecherches pluridisciplinaires regroupant deschercheurs et services nationaux et des cher-cheurs et organismes de recherches internatio-naux et/ou des pays amis.

CONCLUS ION

C’est pourquoi il y a lieu de faire diligence :- pour préserver et renforcer les acquis du

patrimoine culturel national ;- pour sauvegarder les monuments, les sites et

les ensembles les plus importants du pillage

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 25

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et de la destruction, par l'adoption, en amont,de textes de loi appropriés et l'organisation enaval de campagnes et d'actions de conscienti-sation, de sensibilisation, de responsabilisa-tion et d'implication concrète des populationslocales proches des monuments, ensembleset sites de grande importance ;

- et par la mise en oeuvre de projets derecherches sur le patrimoine culturel,notamment archéologique et historique, sus-ceptibles d’intéresser, dans le cadre de lacoopération bilatérale et internationale, à lafois des organismes de recherches nigérienset des organismes comme l’UNESCO, laCEE, l'ISESCO, l’ACCT, l’ORSTOM, leCNRS ou certains Laboratoires et/ouUniversités des pays amis.

Stratégie de la lutte contre le pillage du patrimoine naturel du Niger - La poursuite des activités d’information, de

sensibilisation et de formation de tous lesacteurs intervenant dans la gestion des patri-moines, particulièrement les Forces deDéfense et de Sécurité et les Professionnelsdu Tourisme ;

- la définition des mesures incitatives pour lescommunautés locales en vue de la conserva-tion, de la protection et du développementdurable des patrimoines ;

- la création et/ou la révision des textes législa-tifs et réglementaires portant régime des

patrimoines aux fins d’un partage juste etéquitable des bénéfices issus de l’exploita-tion des biens culturels et naturels avec lescollectivités ;

- le renforcement et/ou la création des postesde contrôle des flux des patrimoines ;

- le renforcement de la collaboration avecles partenaires au développement ;

- la redynamisation et l’encouragement dela société civile pour renforcer les effortsde préservation des patrimoines nationauxentrepris par les services de l’état ;

- l’élaboration de la législation nationale enmatière de biosécurité ;

- le développement de l’approche participa-tive dans la gestion intégrée des ressourcesnaturelles ;

- l’application effective des textes législatifs etréglementaires en matière de patrimoines ;

- la mise en œuvre des conventions etaccords internationaux en matière de patri-moines naturels ;

- le renforcement des capacités institutionnelleset juridiques en matière de patrimoines ;

- la mobilisation des ressources financièrespour la mise en œuvre des programmesde : *gestion et utilisation durables desParcs, Sites naturels et préhistoriques duNiger.

* conservation de la biodiversité.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique26

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Session

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L'atelier de formation et de sensibilisationdes Forces de Défense et de Sécurité sur

le pillage des biens culturels et naturels dupatrimoine national s'est tenu à Niamey du 20au 23 mars 2000 dans les locaux de l'Ecole desMines et de la Géologie (EMIG).

Cet atelier de formation destiné particulière-ment aux groupes cibles suivants : l'Armée, laGendarmerie, la Police, la Douane, les Eaux etForêts, les Forces Nationales d'Intervention etde Sécurité, les Agences de Voyages, les guidestouristiques, les communautés de base vise lesobjectifs ci-après :• Assurer la protection du patrimoine cultu-

rel et naturel de notre pays contre le pilla-ge et le recel ;

• Sensibiliser et former le personnel chargéde la surveillance des frontières sur lesrôles qu’il doit désormais jouer dans lasauvegarde de notre patrimoine ;

• Informer et sensibiliser les Agences deVoyages, les guides touristiques et lespopulations locales sur les valeurs depatrimoines culturels et naturels de nosrégions respectives.

La cérémonie d'ouverture de l'atelier, présidéepar Monsieur le Secrétaire Général duMinistère de l'Environnement et de la luttecontre la désertification représentant leSecrétaire Général empêché a été rehausséepar la présence de Madame Elizabeth WAN-GARI représentant le Directeur Général del'UNESCO.

Dans son discours introductif, MadameWANGARI a tout d'abord transmis à l'assis-tance les salutations cordiales du DirecteurGénéral de l'UNESCO avant de faire le pointde la coopération entre le Niger et l'UNESCOparticulièrement dans le domaine de la protec-tion des patrimoines naturels et culturels. Ellea en outre, attiré l'attention des participantssur les lourdes responsabilités qui nousincombent quant au respect des patrimoines ;un héritage du passé que nous avons le devoirde transmettre aux générations futures.

La république du Niger a-t-elle rappelé, quia ratifié la Convention du patrimoine mondialen décembre 1976, dispose aujourd'hui dedeux (2) sites inscrits sur la liste duPatrimoine Mondial à savoir le Parc Nationaldu W et la Réserve Nationale Naturelle del'Aïr et du Ténéré. Avant de terminer son inter-vention, Madame la Représentante n'a pasmanqué de réitérer toute la disponibilité duCentre du Patrimoine Mondial de l'UNESCOpour soutenir les efforts du Niger dans lecadre de la protection et de l'inscription denouveaux sites sur la liste du PatrimoineMondial, une liste où l'Afrique est sous repré-sentée malgré sa richesse dans le domaine.

Dans son allocution d'ouverture, leSecrétaire Général du Ministère del'Environnement et de la Lutte contre laDésertification a d'abord transmis les encoura-gements personnels du Président de laRépublique à l'endroit de l'assistance pour les

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efforts combien louables et quotidiennementdéployés en vue de la protection et de la conser-vation des patrimoines culturels et naturels denotre pays. Le Niger a-t-il poursuivi, considère laprotection et la valorisation des patrimoines natio-naux comme un instrument extraordinaire decommunication inter-culturelle et donc, commeun instrument de paix. Après avoir démontré lesvaleurs intrinsèques de nos patrimoines et l'impé-rieuse nécessité de les protéger, le SecrétaireGénéral a une fois de plus réitéré toute la gratitu-de du gouvernement du Niger à l'endroit del'UNESCO pour ses appuis inestimables dontcelui ayant permis la tenue du présent atelier.

Enfin, le Secrétaire Général a invité lesparticipants au présent atelier à être assidus etattentifs aux informations qui seront commu-niquées, à participer pleinement aux débatsafin que les objectifs poursuivis par l'ateliersoient atteints.

Pendant les deux (2) premiers jours, lesparticipants ont entendu treize (13) communi-cations relatives aux trois principaux thèmesayant faits l'objet de débats.

Concernant le Thème N° 1 : traitant de laprésentation des patrimoines trois (3) commu-nications ont été entendues. Il s'agit de :• Les patrimoines dans le Monde et en

Afrique leur expression et leur intérêts ;• Le patrimoine naturel nigérien et ;• Le patrimoine culturel nigérien.Par rapport au Thème : N° 2 traitant de laprotection des patrimoines, huit (8) communi-cations ont été entendues. Il s'agit de :• La lutte contre le trafic illicite des biens

culturels ; (convention concernant la pro-tection du patrimoine mondial culturel etnaturel) ; les conventions internationalesrelatives au patrimoine naturel : BIODI-VERSITE - CITES - RAMSAR ;

• les textes législatifs pour la protection dupatrimoine culturel nigérien ;

• les textes législatifs et réglementaires pour laprotection du patrimoine naturel nigérien.

Enfin, le Thème N° 3 portant sur lesStratégies de lutte contre le pillage, deux (2)communications ont été entendues par l'ate-lier. Il s'agit de :• les stratégies de lutte contre le pillage du

patrimoine naturel ;• les stratégies de lutte contre le pillage du

patrimoine culturel.En prélude aux thèmes débattus, les partici-pants se sont penchés sur la question de lavalorisation des biens saisis à travers la créa-tion d'un cadre approprié permettant de lesconserver et de les protéger une fois récupé-rés.

C'est ainsi que les réflexions suivantes ontété dégagées :• la création d'un centre d'accueil des

espèces de faune sauvage illégalementdétenues ;

• la création de Musées de site et de pi-llage ;

• la poursuite de la création des Muséesrégionaux.

Aussi, après chaque communication, desdébats riches et souvent même passionnant,s'en ont suivi. La diversité et la qualité desinterventions ont permis aux participants deformuler 22 recommandations à l'endroit del'ensemble des acteurs impliqués dans la ges-tion et la protection des patrimoines culturelset naturels. Ces acteurs sont notamment :• le gouvernement du Niger, avec à lui seul

16 recommandations ;• l'UNESCO : 3 recommandations ;• les Organisation Non Gouvernementales :

1 recommandation ;• les agences de voyages : 1 recommanda-

tion ;• les Forces de Défense et de Sécurité :

1 recommandation spéciale. L'ensemble de ces recommandations quireprésentent les résultats de l'atelier sontconsignées dans leur intégralité dans le rap-port final.

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Par ailleurs, conformément au programmeinitial, les participants ont effectué dans lajournée du 22 mars 2000 une excursion qui lesa conduit au Parc National du “W” afin demieux toucher du doigt la réalité et le sens de

la notion de protection dans un site classépatrimoine naturel mondial.

Fait à Niamey, le 23 mars 2000

L'atelier

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 31

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Recommandations

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Considérant que le Niger est très riche enbiens culturels et naturels ; La qualité de

ces biens culturels (constitués par plusieursséries de sites préhistoriques et historiques etles paysages culturels), très remarquables dansla partie Nord et Ouest du pays notammentdans l’Aïr-Ténéré et ses zones adjacentes et leLiptako-Gourma, ayant été analysée par lesarchéologues et reconnue comme étant de gran-de valeur.

Considérant les menaces qui pèsent sur lespatrimoines naturel et culturel du Niger quifont l’objet de pillage par les touristes et visi-teurs sous l’œil innocent de la population et desguides touristiques ; L’ ampleur des pillagesoccasionnels et professionnels ainsi que lesactes de vandalisme se généralisant sur unebonne partie du territoire national;

Etant donné la volonté exprimée par leGouvernement de la République du Niger pourla préservation et la protection des biens natu-rels et culturels ; Notamment par :

Premièrement : La constitution adoptée parla République du Niger le 19 Juillet 1999, pré-voyant dans ses dispositions la gestion durablede l’Environnement et des ressources natu-relles ;

Deuxièmement : La ratification, par laRépublique du Niger, de la Convention concer-nant la protection et la conservation duPatrimoine Culturel et Naturel le 24 décembre1976 ; la Convention mondiale sur la diversitébiologique le 25 juillet 1995, la Convention sur

la lutte contre la désertification en 1995, laConvention RAMSAR le 30 Août 1987, laConvention CITES etc.

Troisièmement : L’identification et l’inscrip-tion des réserves naturelles de l’Aïr et du Ténéréet du Parc national du W sur la liste du Patrimoinemondial respectivement en 1991 et 1996.

Considérant la volonté du Niger de conti-nuer à étendre la superficie couverte par lesaires protégées qui a déjà atteint 6% par rapportà l'objectif de 10% du territoire national (normeinternationale établie par l'UICN) ;

Eu égard aux instruments juridiques dont leNiger s'est doté pour assurer la sauvegarded'éléments présentant un intérêt du point de vuehistorique et environnemental ; notammentl’adoption de :- la loi n° 97-022 du 30 Juin 1997 relative à la

protection, la conservation et la mise envaleur du patrimoine culturel et naturel et deson décret d'application n° 97-407/PRN/MCC/MESRT/IA du 10 Novembre 1997 ;

- la loi 98-56 du 29 décembre 1998 portant loicadre relative à la gestion de l’Environne-ment ;

- la loi 98-07 du 29 Avril 1998 relative à lachasse et à la protection de la faune sauvageau Niger et son décret d’application ;

- la loi 98-042 du 07 décembre 1998 portantrégime de la pêche ; etc.

Les participants à l'Atelier de Formation et deSensibilisation des Forces de Défense et deSécurité, des professionnels du tourisme et les

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communautés locales sur le pillage des biensculturels et naturels du Patrimoine Mondialtenu à Niamey au Niger du 20 au 23 mars2000 ont formulé les recommandations sui-vantes :1. Pour élargir la sensibilisation et l’informa-

tion sur le pillage des biens du Patrimoineculturel et naturel Nigérien et sur les exi-gences de sa protection, et attirer l'attentionsur l'obligation de respecter les lois inhé-rentes, qu'un prospectus informatif soit éla-boré et signé par le Ministère del’Environnement et de la lutte contre ladésertification en rapport avec lesMinistères du Tourisme et celui de laCulture. Ce prospectus doit être distribuéaux Ambassades, et affiché dans les hôtels,les aéroports et à la rentrée de chaque site duPatrimoine Mondial et distribué à toutes lesagences de voyages ;

2. que les Ministères chargés del'Environnement, de la Culture et de laCommunication, des Mines, de laRecherche, du Tourisme, de l’intérieur, dela Défense nationale, les Organisations NonGouvernementales, les organisations com-munautaires de base ainsi que toutes lesautres Institutions concernées mettent enœuvre une stratégie concertée pour assurerl'information et la sensibilisation de lapopulation, par les média en langueslocales, sur l’importance de la protectiondes patrimoines, le contenu des lois adop-tées et toute autre réglementation relative àl’exploitation, l’exportation, l’importation,et la vente des biens culturels et naturels. Laconcertation entre ces différents acteursdevra permettre aussi de mettre en place uncadre approprié chargé de concevoir et decoordonner les actions et les mécanismes deProtection des Patrimoines Culturel etNaturel ;

3. l'information et la sensibilisation desAutorités Politiques et des décideurs au plushaut niveau de tout le pays par le cadre

approprié décrit en 2. Dans ce même ordred’idées, il est recommandé, plus spécifique-ment, au cadre de concertation ainsi créé d’inscrire dans son programme une politiqueet des stratégies d’information et de sensibi-lisation des forces de défense et de sécuriténotamment dans les unités, les casernes, etles commissariats ;

4. l'implication des Organisations NonGouvernementales pour la traduction et unetrès large diffusion à l'intention des popula-tions locales, à travers les médias, de toutesles Conventions et les Lois Nationales rela-tives à la Protection des PatrimoinesCulturel et Naturel ;

5. la diffusion à la rentrée de chaque site dePancartes d'information sur la réglementa-tion et les interdictions relatives à l'exploita-tion des ressources du Patrimoine Culturelet Naturel ;

6. le renforcement de la collaboration entre leMinistère de la Culture, le Ministère desmines, le Ministère de la Recherche et leMinistère de l'Environnement pour l'inventai-re, le classement et l'inscription de sites natu-rels et culturels ;

7. dans l'identification de nouveaux projets,que la priorité ne soit pas seulement focali-sée sur la formation, l'information et larecherche mais aussi penser à des projetsgénérateurs de revenus pour les populationslocales afin de substituer progressivement lebraconnage, le pillage et autres activités illi-cites à de véritables préoccupations légalesprofessionnelles ;

8. le Ministère du tourisme et de l’Artisanatadopte des textes législatifs et réglemen-taires prévoyant la répartition des recettestouristiques entre les populations, les col-lectivités locales et l’Etat à l’image de lapratique en cours dans certains Ministèrescomme celui de l’Environnement et de lalutte contre la Désertification relative àl’exploitation du bois et de la faune sauva-ge ;

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9. le cadre de concertation doit donner l’im-pulsion aux Ministères de la Culture, de laRecherche et de l'Environnement afin quesoit définis des instruments et un mécanis-me approprié pour la réglementation del'exploitation et l’exportation des biens duPatrimoine Culturel et Naturel (Par exempleAutorisation de détention de biens, certificatd'exportation et permis d’exploitation etc.),et d’assurer leur large diffusion au niveaunational voire international ;

10. au Ministère du Tourisme de faire un lob-bying autour des biens culturels et naturelsdu Niger afin de développer le Secteur tou-ristique et son orientation vers le tourismede “vision” et cynégétique ;

11. que l'UNESCO et les autres partenaires audéveloppement continuent à appuyer leNiger dans l'identification et l'inscriptiondes sites mais aussi dans la mise on œuvrede projets durables orientés vers les secteursde développement, formation et informa-tion, et de recherche ;

11. compte tenu du fait que les OrganisationsNon Gouvernementales locales etInternationales, et les associations privées,jouissent d’une autonomie relative, sontde véritables alliés dans la lutte contre letrafic illicite et sa dénonciation, que lesMinistères chargés de l’Environnement, dela Culture, de la recherche etc. les associeau processus de protection des biens cultu-rels et naturels ;

13. compte tenu de leur valeur universelleexceptionnelle et parallèlement des menacesde dégradation dont ils font l’ objet, les par-ticipants au séminaire lancent un appel auMinistère de la culture pour identifier etdésigner dans les meilleurs délais des sitesculturels tels que la ville d'Agadez et lesgisements de dinosauriens de Gadoufaouaet d' In'Gall ;

14. que la République du Niger invite lesbailleurs de fonds potentiels à l'appuyerdans la réalisation des infrastructures de

recherches tels que les laboratoires, et lesconservatoires pour éviter la perte d'authen-ticité des biens par le fait de leur exportationà des fins d'études et d'analyses ;

15. les participants à l'Atelier invitent la com-munauté des bailleurs de fonds à concéderau Niger des fonds coordonnés parl'UNESCO pour l'acquisition des moyenslogistiques et matériels techniques adéquatsde lutte contre les pillages à savoir : véhi-cules tout-terrain, motocyclettes, GPS,jumelles, théodolite, radio de communica-tion, personnel bien formé etc ;

16. que le Gouvernement du Niger préconise leretour des biens exportés de façon illicite ense référant aux dispositions des Conventionssur le trafic illicite des biens culturels etnaturels ;

17. après avoir fortement approuvé l’idée duNiger de création de Musée de pillage, lesparticipants à l’atelier invitent l’UNESCOà supporter ce projet en vue de favoriser saréalisation dans les plus brefs délais pos-sibles. Le musée comprendra une zoned'exposition des biens naturels et culturels,et d'un centre d'accueil pour les animauxprotégés et d'autres infrastructures auxi-liaires ou de loisirs. Il sera ouvert aupublic national et international par le biaisde visites lucratives dont les fonds servi-ront à la création d'un fonds Nigérien deprotection et de valorisation du patrimoinenational ;

18. le Ministère de la Culture est invité à déve-lopper le plus rapidement possible lesaspects culturels de la réserve naturellenationale de l'Aïr et du Ténéré pour envisa-ger son inscription comme site mixte dupatrimoine Mondiale ;

19. l’Atelier recommande à la hiérarchie militairede respecter et de faire respecter toutes lesdispositions et clauses prévues par lesconventions internationales et les législationsnationales en vigueur au Niger sur la protec-tion des patrimoines naturels et culturels.

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Dans ce même esprit, les participants recom-mandent la création d’une brigade spécialede lutte contre le trafic illicite des biens cultu-rels et naturels au sein de la Police judiciaire ;

20. toujours dans le cadre de la préservation dupatrimoine naturel et culturel, les participantsjugent nécessaire que les Ministères chargésde l’Environnement et de la recherche systé-matisent l’étude d’impact sur l’environne-ment pour toutes exploitations pouvant mettreen danger l’intégrité et l’authenticité desbiens naturels et culturels ;

21. afin de contrôler la ruée vers l'exploitationdes espèces menacées du patrimoine natu-rel du Niger particulièrement les outardes,les participants à l'atelier invitent lesAutorités Nigériennes à renforcer la vigi-lance et à tenir compte de l’avis des ser-vices techniques compétents pour freinerce désastre ou fixer des quotas taxablesdont les recettes permettront la mise enœuvre de projets concrets au bénéfice de lapopulation locale ;

22. les participants à l'atelier encouragent leNiger, à travers les Secrétaires Générauxchargés de la Culture, de l'Environnement,et de la Recherche à reconnaître la valeur

universelle exceptionnelle des caravanes desel et les routes de fer bien connus dans lemonde entier en vue d'envisager leur nomi-nation comme paysages culturels pour leurinscription sur la liste du Patrimoine mon-dial.

Pour cela les Ministères concernés doiventdemander rapidement l'appui de l'UNESCOpour la préparation des dossiers de nomination.

Enfin, les participants à l’atelier encouragentles Autorités Nigériennes à poursuivre leureffort de culture de la paix indispensables pourun développement harmonieux et durable propi-ce à la préservation de l’environnement, et de ladiversité biologique et culturelle.

RECOMMANDATION SPÉCIALE

Les participants à l’atelier recommandent lacréation d’un comité de suivi & évaluation desrecommandations qui œuvrera pour leur appli-cation. La première évaluation de l’applicationdes recommandations est prévue en mars 2001.L’UNESCO est invitée à apporter son concoursfinancier pour le fonctionnement du Comité desuivi & évaluation et pour la réalisation de lapremière évaluation sous forme d’atelier.

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Madame la Représentante du Directeur Généralde l’UNESCO ;Messieurs les Représentants du CorpsDiplomatique ;Messieurs les Représentants des OrganisationsInternationales Gouvernementales et nonGouvernementales ;Mesdames et Messieurs les Séminaristes ;Honorables invités :

Permettez-moi en cette heureuse circonstancede m’acquitter d’un agréable devoir, celui devous transmettre les encouragements personnelsdu Président de la République, Son ExcellenceTandja Mamadou et du Gouvernement de la5ème République pour les efforts combienlouables que vous ne cessez de déployer chacundans sa sphère de compétence, en vue de laProtection et de la Conservation desPatrimoines Culturel et Naturel de notre pays etpartant de son développement.

Comme vous le savez la préservation del’Environnement, la Gestion Durable desRessources Naturelles et Culturelles figurentparmi les préoccupations majeures desAutorités de la 5ème République.

C’est pourquoi, Son Excellence Monsieurle Président de la République, dans son dis-cours d’investiture disait en substance, je cite :

“Mes chers compatriotes, le devenir de notrepays dépendra de notre capacité à : renforcer etélargir les bases de l’économie nationale à tra-vers le développement des filières agro-pasto-rales porteuses, l’utilisation judicieuse des res-sources en eau, la préservation de l’Envi-ronnement”.

Au demeurant, la création toute récente d’unMinistère de l’Environnement et de la LutteContre la Désertification constitue la preuvetangible de cet intérêt manifeste.

Mesdames, Messieurs,Honorables invités,

En raison de sa situation historique et géogra-phique à cheval sur l’Afrique arabo-berbère etl’Afrique noire, le Niger a été, pendant dessiècles, au centre d’un développement culturelmarqué et d’un trafic soutenu des productionsculturelles et de la diversité biologique.

C’est la raison de notre engagement pour lasauvegarde des trésors artistiques, culturels etnaturels témoins silencieux de guerres, de pira-teries, ainsi que de commerces florissants.

Il s’agit d’un témoignage immense, pour lasauvegarde duquel le Niger souhaite le soutienpermanent des partenaires au développement.

Le Niger considère la protection et la valori-sation des patrimoines culturel et naturel despeuples comme un instrument extraordinaire de

A L L O C U T I O N S

ALLOCUTION DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT

ET DE LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION

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communication inter-culturelle et donc, commeun instrument de paix.

La pleine adhésion du Niger aux conventionsinternationales, son engagement pour le renfor-cement des normes en vigueur sont impriméspar l’inscription de deux (2) sites à savoir :

La Réserve Nationale Naturelle de l’Aïr etdu Ténéré et le Parc National du “W” sur la listede l’UNESCO des biens les plus significatifs duPatrimoine Mondial. Ceux-ci constituent lapreuve tangible que notre pays est animé par unsentiment sincère d’appartenance à la commu-nauté internationale, avec laquelle nous souhai-tons partager la responsabilité d’un patrimoine àtransmettre aux générations futures ; c’est-à-dire un patrimoine qui permette à nos enfantsd’enraciner le sentiment de leur histoire et desvaleurs auxquelles se référer pour contribuer auprogrès de la civilisation humaine.

Mesdames, Messieurs,Honorables invités,

La Protection et le développement durable despatrimoines culturel et naturel nationaux per-met d’assurer l’avenir de notre environnement,car dans le contexte nigérien, l’environnementculturel et naturel va au-delà de la simpleconservation.

Cet ensemble fait partie de notre âme car ilconstitue notre patrimoine où notre culture s’estcristallisée à partir du cœur même de la nature.

Toutes nos traditions et philosophies tirentleurs racines de la nature. Le milieu naturel estle support de tous nos systèmes de production.Il est donc impératif pour nous de protéger nospatrimoines nationaux et je pense qu’il n’y a pasd’autres choix.

Cependant il nous faut admettre certainsfaits :

Tout d’abord, la pauvreté qui constitue unesérieuse menace pour nos patrimoines natio-naux est aggravée par une démographie galo-pante qui ne cesse de solliciter nos maigres etfragiles ressources naturelles et culturelles.

A celle-ci, il faut ajouter le manque de déve-loppement durable, je veux dire que la beauté,

la richesse et la splendeur de notre environne-ment naturel et culturel n’ont pas été suffisam-ment pris en compte dans leur dimension socio-économique.Mesdames, Messieurs,Honorables invités,Si nous voulons que notre patrimoine culturel etnaturel et nos populations survivent, il nous fauttransformer nos ressources naturelles en unpotentiel qui va au-delà des sources d’inspira-tion spirituelle et des intérêts immédiats, pourdevenir des forces capables de nous élever versde nouveaux horizons d’un développementdurable.

En d’autres termes, tout en préservant labeauté et la splendeur de la nature, nous devonsfaire de celle-ci une locomotive pour notredéveloppement socio-économique.

Les vertus des patrimoines culturel et natu-rel, ont été longtemps négligées, car l’attentions’est portée sur le développement, la productionet le progrès.

Malheureusement au moment où s’opéraitcette prise de conscience, une bonne partie denotre patrimoine avait été immolée et extraver-tie sur l’autel du progrès matériel et de l’enri-chissement.Mesdames, Messieurs,Honorables invités,

Je suis convaincu que les propos duPrésident Nelson Mandela, je cite : “je croisque les pays africains peuvent devenir leschefs de files mondiaux dans la préservationet la promotion de l’héritage naturel humain”fin de citation, deviendront une réalité lorsqueles populations, les décideurs et les parte-naires nous aident à trouver les réponses auxgrands maux suivants : Comment impliquerefficacement les populations locales dans lamise en valeur des ressources naturelles etculturelles ?

Comment faire en sorte que le tourismecontribue davantage à financer l’aménagementet la gestion des ressources naturelles et cultu-relles qui constituent ses matières premières ?

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique42

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Comment améliorer la gestion des sites parune meilleure formation du personnel tout enles dotant de moyens matériels, et financiersadéquats ?

Comment éradiquer le braconnage de lafaune sauvage et le pillage des trésors culturelset paléontologiques ?

Pour sa part, le Niger s’est engagé dans larecherche des solutions à ces enjeux et je nedoute point que nos partenaires œuvreront à noscôtés dans cette voie.

C’est dans ce cadre que le présent atelier estorganisé et financé par le Centre du PatrimoineMondial de l’UNESCO. Cet atelier vise lesobjectifs suivants :

Assurer la protection du patrimoine culturelet naturel de notre pays contre le pillage et lerecel ;• Sensibiliser et former le personnel chargé de

la surveillance des frontières (Police,Douane, Eaux et Forêts, Gendarmerie,Forces Nationales d’Interventions et deSécurité) ;

• Informer et sensibiliser les agences devoyages, les guides touristiques et les popu-

lations locales sur les valeurs des patri-moines culturels et naturels de nos régionsrespectives.

Mesdames, Messieurs,Honorables invités

C’est le lieu d’adresser au nom du Présidentde la République nos sincères remerciements etnotre infinie gratitude au Directeur Général del’UNESCO et au Directeur du Centre duPatrimoine Mondial de l’UNESCO, pour leurscontributions généreuses ayant permis la tenuedes présentes assises.

La cérémonie à laquelle nous assistonsreprésente pour le Niger, un pas de plus vers lareconnaissance de notre dépendance vis à vis dela nature et la culture et témoigne de notreferme volonté de préserver ces patrimoines quisous tendent notre vie.

Tout en souhaitant plein succès à vos tra-vaux, je déclare ouvert l’atelier de formation etde sensibilisation sur la protection des patri-moines nationaux.

Je vous remercie.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 43

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Monsieur le Secrétaire Général du Ministère del’Environnement et de la Lutte contre la déserti-fication;Messieurs les Représentants du CorpsDiplomatique ;Messieurs les Directeurs NationauxMessieurs les Représentants des OrganisationsInternationales Gouvernementales et nonGouvernementales ;Mesdames et Messieurs les Séminaristes ;Honorables invités

C’est pour moi un grand honneur de représenterl’UNESCO à cet important atelier, et pour voustransmettre les meilleures salutations duDirecteur Général de l’UNESCO MonsieurMATSUURA et son souhait de plein succès decélébration de la francophonie qui coïncideavec cet atelier de formation sur les aires et ledéveloppement durable et de lutte contre lepillage de la biodiversité biologique et culturel-le – les patrimoines nationaux.

Comme vous le savez cette réunion est orga-nisée dans le cadre de la Convention del’UNESCO concernant la protection et laConservation du Patrimoine culturel et naturel.

Le patrimoine mondial est l’héritage dupassé, dont nous profitons aujourd’hui et quenous transmettrons aux générations à venir. Ilcomprend des biens et sites culturels, reconnuscomme ayant une valeur universelle exception-nelle. Ils sont disséminés et ne sont malheureu-sement ni à l’abri de menaces de destruction etde disparition ni suffisamment protégés àl’échelon national. Afin de leur garantir unmeilleur sort, une mobilisation internationaleest necessaire. La Convention du patrimoinemondial adoptée par l’UNESCO en 1972 estl’instrument qui va permettre aux Etats d’assu-rer cette protection. Ce document légal interna-

tional ratifié à ce jour par 160 pays définit le pro-fil des sites à inscrire sur la liste du patrimoinemondial et la gestion du Fonds du patrimoinemondial. Il fixe le devoir des Etats parties.

Pour l’inscription et la préservation des sites,les Etats parties peuvent compter sur l’assistan-ce technique et financière prévue par laConvention, mais doivent aussi et surtout fairemontre de dynamisme propre.

Je voudrais, Monsieur le Secrétaire Généraldu Ministère l’Environnement et de la Luttecontre la Désertification, féliciter la Républiquedu Niger qui a ratifié cette Convention et qui ainscrit deux (2) sites sur la liste du patrimoinemondial à savoir le Parc National du W et laRéserve de l’Aïr et du Ténéré. En signant laconvention, les Etats s’engagent à préserver lessites sur leur propre territoire, sites dont certainspeuvent être reconnus comme patrimoine mon-dial. Leur préservation pour les générationsfutures devient alors une responsabilité partagéepar l’ensemble de la communauté internationale.

Monsieur le Secrétaire Général, les Réservesde l’Aïr et du Ténéré ont fait l’objet d’ inscrip-tion sur la liste de Patrimoine en péril le 14décembre 1992. Cette liste est connue pour atti-rer l’attention du monde sur les conditions natu-relles ou anthropiques qui menacent les élé-ments caractéristiques qui avaient à l’originepermis l’inscription du site sur la liste du patri-moine mondial. Les sites en péril figurant surcette liste font l’objet d’une attention particuliè-re et de mesures d’urgence.

Lors de la mission de Monsieur le Ministrede l’Environnement et de la Lutte contre laDésertification effectuée récemment au siège del’UNESCO à Paris, le Directeur Général del’UNESCO avait fourni la liste des actionsmenées sous le fonds du patrimoine mondialpour assister la République du Niger dans la

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique44

ALLOCUTION DU REPRÉSENTANT DE L’UNESCO

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réhabilitation de l’Aïr et du Ténéré et dansl’aménagement du Parc National du “W”.

En ce qui concerne le thème de cet atelier lecomité du patrimoine mondial lors de son vingtet unième session à Naples en Italie endécembre 1997 a noté l’augmentation alarman-te du trafic illicite de biens culturels dans lemonde entier et son impact sur de nombreuxsites du patrimoine mondial. Le comitéconscient de la vulnérabilité souvent accrue deces sites à ce type de crime après l’inscriptionsur la liste du patrimoine mondial par suite dudéveloppement de la publicité, de l’accès, de lapopularité et du caractère commercialisabled’objets associés à la culture concernée, a enga-gé instamment les Etats parties à la Conventiondu patrimoine mondial à :a) protéger le matériel mobilier et immobilier

dans les sites du patrimoine mondial par :• le renforcement des textes législatifs exis-

tants le cas échéant ou la promulgation deslois spécifiques ;

• le renforcement de la surveillance sur lessites concernés ;

• la mise en place d’une politique active desensibilisation des citoyens exploitant tousles canaux possibles, y compris publicitédans les médias et actions auprès des anti-quaires.

b) profiter de l’assistance de l’UNESCO pourle renforcement de leur législation, l’établis-sement de contacts avec des organisationsappropriées et la diffusion d’informationssur les pertes.

Le comité a également invité l’ICOMOS etl’UICN, le cas échéant en consultation avec lesautres organismes spécialisés, à inclure dans leurévaluation d’un site proposé pour inscription surla liste du patrimoine mondial une indication dela vulnérabilité du site au trafic illicite et lesmesures prises pour assurer sa protection ;

Le comité a invité tous les Etats parties à laConvention du patrimoine mondial à :

- Devenir parties, s’ils ne le sont pas déjà, à laConvention pour la protection des biens cul-turels en cas de conflit armé (Convention dela Haye, 1954) et à son Protocole, ainsi qu’àla Convention de l’UNESCO de 1970concernant les mesures à prendre pour inter-dire et empêcher l’importation, l’exporta-tion et le transfert de propriété illicites desbiens culturels ;

- Envisager de devenir parties à la ConventionUNIDROIT de 1995 sur les biens culturelsvolés ou illicitement exportés ;

- Attirer l’attention des Etats parties sur lanécessité de surveiller constamment le mar-ché des biens culturels et les encourager àutiliser les moyens disponibles pour éviterque des biens provenant du trafic illicite dessites du patrimoine mondial ne soient ven-dus sur leur propre territoire; ce qui seraitcontraire au devoir d’assistance mutuellestipulé dans l’article 6 de la Convention dupatrimoine mondial.

Cet atelier démontre que la conservation et laprotection des patrimoines nationaux sont laresponsabilité de tous les citoyens.

Une fois que les biens disparaissent ils sontpartis pour toujours. L’Afrique a souffert depuislongtemps à cause des pillages de ses biens.Aujourd’hui un grand nombre de biens africainsse trouve hors du continent.

C’est pourquoi cet atelier est très importantpour l’UNESCO et pour l’Afrique et nous vousen félicitons.

L’UNESCO remercie vivement laRépublique du Niger et en particulier leSecrétaire Général du Ministère de l’Envi-ronnement et de la Lutte contre la Déser-tification pour l’excellente collaboration avecl’UNESCO et pour le support à la Conventiondu Patrimoine mondial.

Nous vous souhaitons plein succès.

Je vous remercie.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 45

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Madame la Représentante du Directeur Généralde l’UNESCO ;Monsieur le Représentant de la Délégation duNiger auprès de l’UNESCO ;Messieurs les Directeurs Centraux ;Honorables participants.

Je voudrai encore une fois vous exprimer lessalutations, les encouragements et les remercie-ments de son excellence Monsieur TANDJAMAMADOU, Président de la République duNiger pour les efforts inlassables que vous faitespour une gestion durable de notre environne-ment. C’est le lieu également de vous réitérer ladétermination du gouvernement de laRépublique du Niger à faire de la sauvegarde del’environnement, de la valorisation de ses patri-moines naturel et culturel et de la culture de lapaix son crédot pour le développement harmo-nieux, équilibré et prospère de son peuple et del’humanité toute entière.

Il ne peut pas en être autrement dans un paysoù plus de 90 % de la population dépend directe-ment ou indirectement des ressources biolo-giques.Mesdames, Messieurs,

Pendant quatre (4) jours vous avez eu à pas-ser en revue les Conventions internationalesrelatives à la préservation du patrimoine naturelet culturel, l’état de gestion des patrimoines auNiger, longtemps immolés et extravertis pour leseul intérêt économique et sans se soucier deleur conservation et développement.

A la lumière des questions pertinentes susci-tées par les thèmes développés par les experts etles débats forts intéressants qui se sont suivis, ilest clairement ressorti que le pillage actuel et lesrecels des patrimoines culturel et naturel a étésurtout favorisé par l’ignorance de la valeur

affectée à certains objets archéologiques, préhis-toriques et historiques, du rôle joué par chaqueélément de la diversité biologique dans la bio-sphère, la faible popularisation des textes législa-tifs et réglementaires régissant leur gestion etc.

J’estime cette fois qu’au sortir du présentatelier d’information, de sensibilisation et deformation, vous êtes maintenant suffisammentavertis pour la préservation de l’environnementet de sa diversité biologique et culturelle etconscients de notre part de responsabilité faceà l’avenir de l’humanité et en particulier lesgénérations présentes et futures.

Du reste les stratégies et recommandationspertinentes retenues résultent de notre volonté àtous d’aller de l’avant dans la vision nouvelle denos patrimoines. Aussi l’excursion effectuée auParc “W” a été encore plus instructive et moti-vante car elle vous a permis de voir quelqueséchantillons du patrimoine culturel et naturel duNiger et leur lien indissociable avec l’environ-nement.

J’ose espérer que les leçons que vous aveztirées de ces assises seront utilisées à bon escientet transmis fidèlement à l’ensemble des person-nels des organisations que vous représentez.

Enfin, je voudrai réitérer nos remerciementset notre infinie gratitude au Directeur Général del’UNESCO et du Centre du Patrimoine Mondialet les autres partenaires de Coopération pour lessoutiens qu’ils n’ont cessé d’apporter au Nigerquand il s’agit du renforcement des capacités engénéral et de celui des patrimoines culturel etnaturel en particulier.

Je salue particulièrement Madame Wangariet Monsieur Théko Amadou pour leurs effortsinlassables ayant permis l’aboutissement effec-tif de nos programmes communs et leur partici-pation active qui a fortement contribué à la réus-

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique46

ALLOCUTION DE CLÔTURE DE MONSIEUR SEYNI SEYDOU, DIRECTEUR DE LA FAUNE,

DE LA PÊCHE ET DE LA PISCICULTURE REPRESENTANT LE MINISTRE DE L’ENVIRONNE-

MENT ET DE LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION

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site de nos présentes assises. Je remercie égale-ment, Monsieur Moustapha Niang pour sacontribution efficace à la réussite des travaux del’atelier.

Je dois vous assurer que le Niger fera bonusage des résultats auxquels cet atelier a abouti.Mes remerciements vont également à vous touspour votre contribution à la réussite de la pré-sente rencontre.

Tout en vous souhaitant bon retour dans vosfoyers respectifs, je déclare clos les travaux del’atelier de formation et de sensibilisation desforces de défense et de sécurité de la sociétécivile et des communautés locales sur le pillagedes patrimoines nationaux.

Je vous remercie.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 47

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GENÈSE DE L’IDÉE DE PATRIMOINE MONDIAL

Après la première guerre mondiale, naissancede deux courants :• Préservation des sites culturels ;• Préservation de la nature.En 1959, lancement d’une campagne internatio-nale pour sauvegarde des temples d’AbouSimbel de l’Egypte. La campagne a coûté 80millions de dollars U.S.• Participation d’une cinquantaine de pays ;• Prise de conscience internationale ;• Démonstration de partage de responsabili-

tés pour préserver le patrimoine culturel.D’autres campagnes de sauvegarde du patrimoi-ne culturel ont suivi notamment en Italie, auPakistan, en Indonésie etc.

L’UNESCO avec l’aide du Conseil interna-tional des monuments et des sites (ICOMOS)ébauche un projet de convention sur la protec-tion du patrimoine culturel.

En 1965, une conférence tenue à la MaisonBlanche à Washington demande la créationd’une Fondation du Patrimoine mondial :Naissance de l’idée de concilier la conservationdes sites culturels avec ceux de la nature

En 1968, l’Union mondiale pour la nature(UICN) formule des propositions.

En 1972, les propositions de UICN furentprésentées à la Conférence des Nations Unies surl’Environnent humain tenue en Stockholm.

Le 16 novembre 1972, la Conférence généra-le de l’UNESCO, lors de sa dix-septième ses-sion, adopte la Convention concernant la protec-tion du patrimoine mondial, culturel et naturel.

En 1975, entrée en vigueur de la convention.

RAISONS D’ÊTRE DE LA CONVENTION

Plusieurs parmi lesquelles :• menaces de destruction qui pèsent sur le

patrimoine culturel et le patrimoine natureldues par non seulement les causes tradition-nelles de dégradation mais encore par l’évo-lution de la vie sociale et économique;

• dégradation ou la disparition d’un bien dupatrimoine culturel et naturel constitue unappauvrissement néfaste du patrimoine detous les peuples du monde ;

• la protection du patrimoine culturel et natu-rel au niveau national reste souvent incom-plète ;

• sauvegarde des biens culturels et naturelsuniques et irremplaçables, à quelque peuplequ’ils appartiennent, présente une importan-ce pour tous les peuples du monde.

C O M M U N I C A T I O N S

THÈME 1 : PRÉSENTATION DE LA CONVENTION CONCERNANT LA PROTECTION DU

PATRIMOINE MONDIAL, CULTUREL ET NATUREL

Présenté par MOUSTAPHA NIANG, Consultant UNESCO

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BUT DE LA CONVENTION

Etablir un système efficace permettant à la com-munauté internationale de participer à la protec-tion collective du patrimoine culturel et naturelde valeur universelle exceptionnelle, organiséd’une façon permanente et selon des méthodesscientifiques et modernes.

CONTENU DE LA CONVENTION

• définition des concepts de patrimoine cultu-rel et naturel;

• devoirs des Etats parties dans identificationdes sites, ainsi que leur rôle dans la protec-tion et préservation des sites inscrits ;

• rôle de la communauté internationale dansla protection du patrimoine mondial ;

• description cadre institutionnel de la miseen œuvre de la convention ;

• utilisation fonds du patrimoine mondial,conditions et modalités de l’assistancefinancière internationale ;

• conception des programmes éducatifs etsystème de rapportage.

CADRE INSTITUTIONNEL DE LA CONVENTION

Les Etats parties :Ce sont les pays qui ont adhéré à la conven-tion.

L’Assemblée générale :Comprend tous les Etats parties à la convention.Elle se réunit une fois tous les deux ans durantla session ordinaire de la conférence générale del’UNESCO pour :• élire le Comité du patrimoine mondial ;• examiner le budget du Fonds du patrimoine

mondial ;• décider des questions de politique générale.

Le Comité du patrimoine mondial :Responsable de la mise en œuvre de la conven-tion :

• identifie, sur la base des propositions d’ins-cription soumises par les Etats parties, lessites culturels et naturels à inscrire sur laListe du patrimoine mondial ;

• examine les rapports sur l’état de conserva-tion des sites inscrits et demande aux Etatsparties de prendre des mesures lorsque dessites ne sont pas correctement gérés ;

• décide quels bien doivent quitter la liste dupatrimoine mondial pour être inscrits sur laliste du patrimoine mondial en péril ;

• détermine les moyens et les conditionsd’utilisation du Fonds du patrimoine mon-dial.

LE CENTRE DU PATRIMOINE MONDIAL

Créé en 1992 par le Directeur général UNESCOpour :• organiser les réunions annuelles du Bureau

et du Comité du patrimoine mondial ;• conseiller les Etats parties dans la prépara-

tion de leurs propositions d’inscription ;• organiser sur demande l’assistance tech-

nique ;• coordonner la soumission de rapports sur

l’état des sites et les mesures d’urgenceprises lorsqu’un site est menacé ;

• administrer le Fonds du patrimoine mon-dial ;

• organiser séminaires, ateliers, mise à jour dela liste du patrimoine mondial et bases dedonnées, etc.

Au sein UNESCO, il coopère avec SecteursCulture et sciences. A l’extérieur, il coopèreavec :• ICOMOS-Conseil international des monu-

ments et des sites ;• UICN-Union mondiale pour la conservation ;• ICCROM-Centre international d’études

pour la conservation et la restauration desbiens culturels ;

• OVPM-Organisation des villes du patrimoi-ne mondial ;

• ICOM-Conseil international des musées ;

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique50

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LA DIVISION DU PATRIMOINE CULTUREL

DE L’UNESCO ET LE SECTEUR DES SCIENCES

DE L’UNESCO.Ils coopèrent avec le Centre du patrimoinemondial dans l’exécution de projets opération-nels en collaboration notamment avecICCROM, ICOMOS et UICN

QUEL PATRIMOINE CULTUREL DOIT ÊTRE PROTÉGÉ ?

Les monuments :• œuvres architecturales, de sculpture ou de

peinture monumentales ;• éléments ou structures de caractère archéo-

logique ;• inscriptions ;• grottes ;• groupes d’éléments.

Tous doivent avoir une valeur universelle excep-tionnelle du point de vue de l’histoire, de l’artou de la science.

Les ensembles :Groupes de constructions isolées ou réunies,qui, compte tenu de leur architecture, de leurunité, ou de leur intégration dans le paysage, ont

Une valeur universelle exceptionnelle du pointde vue de l’histoire, de l’art.

Les sites :• Œuvres de l’homme, ou • Œuvres conjuguées d’actions anthropiques

et naturelles • Zones y compris les sites archéologiques,

ayant une valeur exceptionnelle du point de vuehistorique, esthétique, ethnologique ou anthro-pologique.

QUEL PATRIMOINE NATUREL DOIT ÊTRE PROTÉGÉ ?

• les monuments naturels constitués par desformations physiques et biologiques ou pardes groupes de telles formations,

ayant une valeur exceptionnelle du point de vueesthétique ou scientifique.

• les formations géologiques et physiolo-giques et les zones strictement délimitéesconstituant l’habitat d’espèces animale etvégétale menacées,

ayant une valeur exceptionnelle du point de vuede la science

• les sites naturels ou les zones naturellesstrictement délimitées.

ayant une valeur universelle exceptionnelle dupoint de vue de la science, de de la conserva-tion ou de la beauté naturelle.

LES DEUX PRINCIPES FONDAMENTAUX

DE LA CONVENTION

• Chacun des Etats parties à la Conventionreconnaît que l’obligation d’assurer l’identi-fication, la conservation, la mise en valeur etla transmission aux générations futures dupatrimoine culturel et naturel sur son territoi-re, lui incombe au premier chef et s’engage àagir à cet effet dans toute la mesure de sesressources.

• Tout en respectant pleinement la souveraine-ment des Etats sur le territoire desquels estsitué le patrimoine mondial, les Etats partiesreconnaissent que la communauté internatio-nale tout entière a le droit et le devoir decoopérer pour assurer la protection des biensinscrits sur la Liste du Patrimoine mondial.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 51

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RESPONSABILITÉS DE L’ETAT PARTIE

Le responsable est d’abord le Gouvernement dupays où se trouve le patrimoine inscrit sur laListe du Patrimoine mondial. L’Etat partie s’ef-forcera à l’identification, la protection, laconservation, la mise en valeur et la réanimationde ce patrimoine, et de :• Intégrer la protection de ce patrimoine

dans les programmes de planificationgénérale ;

• Mettre en place un ou plusieurs services deprotection, de conservation et de mise envaleur disposant de moyens d’accomplirles tâches assignées ;

• Pallier aux dangers qui menacent ce patri-moine en développant des études,recherches scientifiques et techniques et enperfectionnant les méthodes de préserva-tion ;

• Prendre des mesures juridiques, scienti-fiques, techniques, administratives etfinancières adéquates ;

• Favoriser la création ou le développementde centres nationaux.

RESPONSABILITÉS DE LA COMMUNAUTÉ

INTERNATIONALE

• Engagement de Tous les Etats parties àapporter leur concours à l’identification, à laprotection, à la conservation, et à la mise envaleur du patrimoine mondial si l’Etat sur leterritoire duquel il est situé le demande ;

• Engagement de chacun des Etats parties àne prendre délibérément aucune mesuresusceptible d’endommager directement ouindirectement le patrimoine mondial d’oùqu’il soit ;

• Participation au système de coopération etd’assistance internationales visant à secon-der les Etats parties dans leurs effortsd’identification et de protection du patri-moine mondial.

PATRIMOINE MONDIAL EN PÉRIL

Concerne les biens figurant sur la liste du patri-moine mondial pour la sauvegarde desquels degrands travaux sont nécessaires et pour lesquelsune assistance a été demandée aux termes de laconvention :

Biens menacés de dangers graves et précis, telsque :• Menace de disparition due à une dégrada-

tion accélérée ;• Projets de grands travaux publics ou privés ;• Rapide développement urbain et touristique ;• Destruction due à des changements d’utili-

sation ou de propriété de la terre ;• Altérations profondes dues à une cause

inconnue ;• Abandon pour raisons quelconques ;• Conflit armé venant ou menaçant d’éclater ;• Calamités et cataclysmes ;• Grands incendies ;• Séismes ;• Glissements de terrain ;• Eruptions volcaniques ;• Modification du niveau des eaux ;• Inondations ;• Raz de marée.N.B : le Comité a défini des critères précis pour l’ins-

cription des biens sur la Liste du patrimoine mondial

en péril.

ASSISTANCE INTERNATIONALE

Dans le cadre du Patrimoine mondial, l’assis-tance aux Etats parties repose essentiellementsur le Fonds du patrimoine mondial.

Le Fond du patrimoine mondial Créé en 1972. Les ressources proviennent :• Des contributions obligatoires des Etats par-

ties (1% de leurs contributions au budgetUNESCO) ;

• Des contributions volontaires des Etats parties ;• Versements, dons ou legs des Etats,

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique52

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l’UNESCO, autres organisations du systè-me des Nations Unies, organisations inter-gouvernementales, organismes privésetc. ;

• Fonds en dépôt alloués par les pays pourbesoins spécifiques ;

• Recettes de vente de produits concernant lepatrimoine mondial.

Il sert pour assister les Etats parties dans l’iden-tification. Priorité est accordée aux sites les plusmenacés y compris sites classés en péril.

CATÉGORIES PRÉCISES D’ASSISTANCE

Assistance préparatoire• Inventaire de sites potentiels (établissement

listes indicatives) • Propositions d’inscription ;• Demandes coopération technique, cours de

formation, réunions régionales

Coopération technique dans le cadre des projets • Participation experts, techniciens et main-

d’œuvre qualifiée pour bonne exécution deprojet approuvé ;

Assistance d’urgence• Aux sites en danger suite à de graves dom-

mages dus à des phénomènes soudains etinattendus.

Formation, dans la préservation du patrimoineculturel et naturel

Préparation des rapports périodiques sur la miseen œuvre de la convention et l’état de conservation• Renforcement de la sensibilisation sur la

Convention

Le processus pour participer au système de pro-tection collective du patrimoine culturel et naturelRatifier la Convention :• L’Etat partie soumet au comité une liste

indicative des biens (inventaire) qu’il envi-sage de proposer pour inscription, sur la

liste du patrimoine mondial, au cours des 5à 10 ans suivantes ;

• L’inventaire se fait suivant un formu-laire comportant (nom du bien, situationgéographique du bien, brève descriptiondu bien y compris justification de savaleur universelle exceptionnelle ;• Les biens naturels sont groupés selonles provinces biogéographiques et biensculturels selon les périodes et les airesculturelles ;

• L’Etat partie formule sa proposition d’ins-cription présentée sous la forme d’un for-mulaire comportant : Identification du bien,justification de l’inscription, description,Gestion, facteurs affectant le site, suivi,documentation, signature au nom de l’Etatpartie ;

• L’Etat partie envoie les propositions aucomité.

Si avant 1er Juillet, elles sont examinées aucours de l’année suivante. Si après 1er Juillet,elles sont examinées la seconde année consécu-tive.

BI BLIOG RAPH I E

UNESCO, Office de l’information du public,Qu’est-ce que : la protection du patrimoinemondial, culturel et naturel.

UNESCO/Centre du Patrimoine Mondial, 2000.Biens inscrits sur la liste du patrimoine mon-dial.

UNESCO/Centre du Patrimoine Mondial, 1999.Orientations devant guider la mise en œuvrede la Convention du patrimoine mondial.

UNESCO, 1972. La convention concernant laprotection du patrimoine mondial, culturel etnaturel.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 53

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I NTR ODUCTION

La protection de l’environnement et de sesressources naturelles est un devoir pour tousles Etats qui se respectent. Mais l’environne-ment, qu’est-ce que c’est ?

L’environnement est un mot nouveau dansde nombreuses langues, du moins tel qu’on ledéfinit aujourd’hui.

L’environnement décrit une région limitéeoù la planète entière, ainsi qu’une partie del’espace extra - atmosphérique qui l’entoure.Le terme “biosphère” utilisé en particulier parl’UNESCO, correspond à une des définitionsles plus vastes puisqu’il désigne la totalité del’environnement humain, la partie de l’universoù, d’après ce que l’on sait aujourd’hui, toutela vie est concentrée.

Les instruments juridiques internationauxcontiennent de nombreuses définitions trèsdifférentes de l’environnement.

La loi cadre relative à la gestion de l’envi-ronnement au Niger définit l’environnementcomme l’ensemble des éléments naturels etartificiels ainsi que des facteurs économiques,sociaux et culturels qui favorisent l’existence,la transformation et le développement dumilieu, des organismes vivants et des activitéshumaines.

Selon la Convention sur la responsabilitécivile pour les dommages résultant d’activitésdangereuses pour l’environnement (Conseilde l’Europe, adoptée au Lugane le 21 juin1993, article 2), l’environnement comprend :• les ressources naturelles telles que l’air,

l’eau, le sol, la faune et la flore, et l’inter-action entre les mêmes facteurs ;

• les liens qui composent l’héritage culturel; • les aspects caractéristiques du paysage.

Le souci de préserver la nature est apparu ily a très longtemps dans les croyances dediverses civilisations. Un des principes fonda-mentaux de l’Islam est que l’homme a reçu dela sagesse divine la planète en héritage.

Ainsi l’homme n’est qu’un simple gestion-naire de la terre et donc doit la garder, l’entrete-nir et la préserver honnêtement. Cela est vrai cardans toutes les religions du monde il y’a unecertaine concordance sur le respect de la natureet le caractère sacré de toute création.

Un des éléments fondamentaux qui apparais-sent dans toutes les définitions de l’Envi-ronnement est la diversité biologique définiecomme étant “la variabilité des organismes detoute origine y compris, entre autres, les écosys-tèmes terrestres, marins et autres écosystèmesaquatiques et les complexes écologiques dont ilsfont partie ; cela comprend la diversité au sein desespèces et entre les espèces ainsi que celle desécosystèmes”.

La conservation de la diversité biologique estune préoccupation commune de l’humanité pourles raisons suivantes :• la valeur intrinsèque de la diversité biologique

et de la valeur de la diversité de ses élémentsconstitutifs sur les plans environnemental,génétique, social, économique, scientifique,éducatif, culturel, récréatif et esthétique et

• l’importance de la diversité biologique pourl’évolution et la préservation des systèmes quientretiennent la biosphère.

Chaque forme de vie est unique et mérite qu’on larespecte indépendamment de sa valeur pourl’homme.

L’environnement est devenu l’une des valeursfondamentales de la communauté mondiale :c’est de sa sauvegarde et de sa protection que la

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THÈME 2 : LA CONSERVATION DE LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE AU NIGER

Présenté par SEYNI SEYDOU et ALI HAROUNA

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survie de l’espèce humaine dépend. Une tellereconnaissance ne peut être obtenue et assurée parla simple définition d’objectifs et de principespolitiques ; elle a besoin de la consécration socia-le que seul le droit a le pouvoir de conférer, pré-cisément en raison de son caractère fondamenta-lement permanent.

Cette prise de conscience a conduit à la nais-sance de textes législatifs et réglementaires auniveau national et des règles du droit internatio-nal de l’environnement.

1 – ETAT DE LA DIVERS ITÉ BIOLOGIQUE AU NIGER

Malgré la dégradation de nos écosystèmes,observée ces dernières années suite à l’actioncombinée des sécheresses successives et del’occupation anarchique des terres par unepopulation en pleine expansion (taux d’accrois-sement de 3,3%), le Niger recèle encore d’im-portantes potentialités biologiques.

Le territoire Nigérien présente plusieurszones agro-écologiques qui vont de la zonedésertique au nord à la zone soudanienne ausud. On y rencontre :• les écosystèmes de savane ;• les écosystèmes steppiques de plaines et de

montagne ;• les écosystèmes cultivés ;• les écosystèmes humides ;• les écosystèmes désertiques.La diversité biologique se répartit en fonctionde l’étagement bioclimatique du pays, qui, fortheureusement, a pour conséquence la présenced’une faune diversifiée et une flore très riche etvariée. La diversité biologique se répartit doncau gré des alternances physiographiques et bio-climatiques. Toute intervention dans le domainede leur gestion devra tenir compte du degré defragilité des équilibres des écosystèmes. Cettesituation recommande une meilleure connais-sance de la dynamique des écosystèmes et del’écologie des espèces animales et végétalesmenacées de disparition.

Au stade actuel de nos connaissances, la bio-diversité du Niger est composée de :• 2 124 espèces végétales dont 1 461 appar-

tiennent à l’embranchement des angio-spermes ;

• 3 200 espèces animales dont 168 espèces demammifères et 512 espèces d’oiseaux. Ceschiffres restent encore indicatifs surtoutqu’une mise à jour complète est à faire enmatière de connaissance de la diversité bio-logique dans notre pays surtout en ce quiconcerne les algues, les bactéries, les cham-pignons et les autres micro-organismes.

Pourtant dans le monde l’importance de ladiversité biologique ne pose pas de doute carles besoins fondamentaux des populationsrurales sont satisfaits à 90 % à partir des res-sources biologiques. L’essentiel des produitsindustriels sont d’origines végétale et anima-le. Leur valeur écologique, esthétique, cultu-relle, religieuse, scientifique, pharmaceutique,technologique et spirituelle reste à être déter-minée.

Exemple : Au Niger, 210 espèces végétalesrentrent dans le régime alimentaire de la popula-tion.

Elles servent de nourriture aussi aux ani-maux sauvages et domestiques car 235 espècessont consommées. La pharmacopée tradition-nelle utilise 70 espèces et l’artisanat 127espèces.

Au plan spirituel et culturel beaucoup d’es-pèces sont utilisées dans le cadre des cérémo-nies religieuses.

La diversité biologique animale sert surtout àl’alimentation, la pharmacopée, le transport, letourisme, la culture etc…

Ces espèces jouent un rôle culturel et spiri-tuel indéniable notamment dans la totémisationde certaines espèces pour les ethnies.

Sur le plan économique, l’agriculture contri-buait en 1992 à :• 46 % à la formation du PIB ;• 85 % à la création d’emplois ;• 16 % des recettes totales d’exportation et

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100 % des recettes d’exportation hors l’ura-nium.

La contribution des différents sous-secteurs dansla formation du PIB agricole est estimée en 1995comme suit :• Cultures pluviales et irriguées : 55 %.• Produits d’élevage : 34 %.• Forêts-Faune-Pêche : 11 %.A titre d’illustration la valeur des produits agro-pastoraux est estimée à 262, 1 milliard de FrancsCFA en 1994-1995. A cela il faut ajouter la valeuréconomique non comptabilisée de la diversitébiologique, notamment le rôle qu’elle joue sur lecontrôle de l’érosion, la fertilisation biologiquedes sols, la protection contre la pollution (assai-nissement naturel des sols, des eaux et de l’air), lecontrôle du climat, l’ombrage, l’alimentationhumaine et animale, la pharmacopée moderne ettraditionnelle, le tourisme et l’agrément, la chasseet la cueillette etc.

La valeur de la diversité biologique est diffici-lement évaluable dans un pays en développementcomme le Niger où la fiscalité dans tous lesdomaines n’est pas maîtrisée.

Ce qu’il faut retenir est que toute notre vie sefait sur la base de nos ressources biologiques, etl’économie du Niger en dépend strictement.

2 – POURQUOI CONSERVER LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE ?

La base du développement humain est la diversi-té biologique d’où l’homme tire tous les élémentsessentiels à sa vie. On estime que 80 % de l’ali-mentation mondiale sont assurées par des espècesanimales et végétales (connexion vol. XVII, n°4,1992). Plus de 90 % des produits pharmaceu-tiques disponibles aujourd’hui proviennent de ladiversité biologique. On estime que plus de 25 %de ce taux proviennent uniquement des plantestropicales.

C’est dans la diversité biologique que chaqueespèce recherche, trouve et prélève les ressourcesqui lui sont nécessaires pour son existence. Lasurvie de l’ensemble de ce “Puzzle” nécessite un

équilibre permanent. (Pr. Inezdane ALZOUMA,février 1998).

Le constat est simple d’autant plus qu’il estclair pour tous que tous les êtres vivants y comprisl’homme sont des éléments de la diversité biolo-gique et y tirent l’essentiel pour leur survie (eau,air, nourriture, habitation, transport, communica-tion etc…). Vivant ou mort chaque forme de viecontribue à l’équilibre écologique. Chaque formede vie est unique et mérite qu’on la respecte indé-pendamment de sa valeur pour l’homme.

En plus des valeurs économiques, écolo-giques, biologiques, scientifiques, la diversité bio-logique contribue dans toutes les sociétés aumaintien et à la perpétuation des valeurs liées à laculture, l’esthétique, au tourisme, au mythe, auxcroyances etc.

La charte mondiale de la nature affirme quel’humanité fait partie de la nature et que la viedépend du fonctionnement ininterrompu des sys-tèmes naturels qui sont la source d’énergie et dematières nutritives.

La civilisation a également ses racines dans lanature, qui a modelé la culture humaine et influésur toutes les œuvres artistiques et scientifiques.Pourtant, les hommes peuvent modifier la natureet, à cause de leurs actes ou de leurs conséquences,épuiser les ressources naturelles. Pour cette raison,il est de leur devoir d’admettre l’urgence qu’il y aà maintenir la stabilité et la qualité de la nature età conserver les ressources naturelles. Les béné-fices durables que l’on peut tirer de la naturedépendent du maintien des processus écologiquesessentiels et des systèmes essentiels à la subsis-tance, ainsi que de la diversité des formes de vieque l’homme, a d’une exploitation excessive oud’une destruction de l’habitat, a mis en danger.

3 – LES MENACES SUR LE PATR IMOINE NATUREL

La dégradation des systèmes naturels qui résul-te de la surconsommation et de l’usage abusifdes ressources naturelles, ainsi que l’incapacitéd’instaurer parmi les peuples et les Etats un

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ordre économique approprié, conduit à l’effon-drement des structures économiques, socialeset politiques de la civilisation. La course auxressources rares est génératrice de conflitsalors que la conservation de la nature et desressources naturelles va dans le sens de la jus-tice. Par conséquent l’homme a le devoir d’ap-prendre à maintenir et à développer son aptitu-de à utiliser les ressources naturelles, tout enpréservant les espèces et les écosystèmes, dansl’intérêt des générations présentes et futures.Pour parvenir au développement durable, laprotection de l'Environnement doit faire partieintégrante du processus de développement etne peut être considérée isolément.

Mais, dans les pays en développement telque le Niger, les comportements nuisibles aumaintien des équilibres écologiques ne fontque s’accentuer.

C’est la preuve que nous sommes loin dudéveloppement tout court. Le patrimoine natu-rel a subi et subit encore les pressions sui-vantes :• les coupes abusives ;• le braconnage sous toutes ses formes ;• le surpâturage ;• la surpêche ;• les feux de brousse sauvages ;• l’usage abusif des produits de destruction

massive telle que la strichinine ;• la destruction des habitats ;• le bois énergie et de service.A cela, il faut ajouter les menaces naturelles ;• la sécheresse ;• l’érosion hydrique et éolienne ;• l’ensablement.Au Niger beaucoup d’espèces animales(addax, oryx, gazelle leptocèra, autruche,loutre à joue blanche, girafe etc..) et végétale(P africana, Kigelia africana, Kaya senegalen-sis etc…) sont dans une situation extrêmementpréoccupante du fait des pratiques humaines.Le statut de certaines d’entre elles est particu-lièrement alarmant car elles sont dans un réeldanger d’extinction à l’échelon mondial, la

population étant passée en dessous du seuilcritique du renouvellement démographique.

La sauvegarde de ces espèces ne pourras’envisager sans une action d’urgence àl’échelle du Niger où leur situation peut s’assi-miler à une situation en péril pour des raisonsliées à la pression anthropique. Suite à cespressions, la faune nigérienne affaiblie estallée se confiner dans les aires protégées et leszones difficilement accessibles, et improduc-tives. Les zones prennent donc une importancetrès particulière et devraient faire l’objet demesures de protection et dotées de moyensimportants en provenance du Niger et de lacommunauté internationale.

4 — LA POLIT IQU E NATIONALE E N MATIÈR E

DE PR OTECTION DU PATR I MO I N E NATU R E L

4.1 – LA POLITIQUE NATIONALE DE GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES

La politique nationale de gestion des ressourcesnaturelles est consacrée par les principes direc-teurs pour un développement rural publiés enjuillet 1992. Ils sont organisés en quatre axes,parmi lesquels, la gestion des ressources natu-relles. Celle-ci réunit sept (7) stratégies à dévelop-per :• Restauration des zones les plus menacées dont

les bords des fleuves ;• Mise en œuvre d’une politique foncière adé-

quate et d’un cadastrage simple ;• Gestion rationnelle du capital forestier et des

pâturages ;• Protection de la faune : Protection intégrale

des espèces les plus menacées. Pour les autres,politique d’accroissement des effectifs et miseen valeur par le développement des activitéstouristiques et l’élaboration du plan d’aména-gement de la faune ;

• Préservation des ressources halieutiques ;• Gestion optimale des ressources en eau ;

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• Intégration multisectorielle des mesures etactions.

C’est dans ce cadre qu’un secrétariat permanentchargé de l’élaboration d’un code rural a été misen place. Il a pour objectif de mettre à jour lecadre juridique en classifiant les droits, devoirs,obligations et sanctions des parties concernées.Le code doit insister sur la gestion des aires pro-tégées, actualiser la nomenclature des espècesanimales et végétales menacées en accord avec laCITES et les autres conventions ratifiées par leNiger, définir le cadre de gestion de la biodiversi-té, systématiser les études d’impact, etc.

Une cellule de gestion des ressources natu-relles a aussi été créée à cet effet.

Puis ce fut la naissance après la conférence deRio de 1992, du Conseil national del’Environnement pour le développement durable(CNEDD) dont la mission principale est de :• élaborer un cadre national de référence défi-

nissant les politiques, les orientations, lesobjectifs, les stratégies et les programmesd’action en matière d’environnement et dedéveloppement durable ;

• concevoir et favoriser la mise en place descadres et des mécanismes institutionnels adé-quats garantissant l’indispensable synergieinter-sectoriel, la coordination et l’harmonisa-tion des actions se rapportant au PNEDD(Plan National de l’Environnement pour unDéveloppement Durable) ;

• favoriser la mobilisation et veiller à l’utilisa-tion rationnelle des ressources nécessaires àl’exécution du Plan National de l’Envi-ronnement pour un Développement Durable(PNEDD) ;

• favoriser un réel changement de mentalité etd’attitude vis à vis des ressources naturelles etd’une gestion rationnelle de l’Envi-ronnement ;

• veiller au respect des normes environnemen-tales dans toutes les activités de développe-ment économique.

Il est dirigé par un secrétaire exécutif appuyé pardes conseillers.

Le Plan National de l’Environnement pourun Développement Durable comprend huit (8)programmes majeurs suivants :• Programme d’Action National/Gestion des

Ressources Naturelles (PAN/GRN) dansle cadre de la lutte contre la désertifica-tion ;

• Programme Environnement et Pauvreté :population, sécurité alimentaire et santé ;

• Programme de Développement et GestionDurables des Ressources en Eau ;

• Programme Energie et DéveloppementDurable ;

• Programme de Gestion et UtilisationDurable des parcs, sites naturels et préhis-toriques du Niger ;

• Programme Conservation de la Biodi-versité ;

• Programme Environnement Urbain etAmélioration du cadre de vie ;

• Programme de Mise en place et de renforce-ment des capacités dans le domaine des légis-lations et institutions environnementales àtravers une politique de décentralisation.

4.2 – LE CADRE INSTITUTIONNEL

La protection du Patrimoine Naturel du Nigerest sous la responsabilité du Ministère del’Environnement et de la Lutte contre laDésertification.

Il est chargé de la conception, de l’élabora-tion et de la mise en œuvre des politiques enmatière d’Environnement et de lutte contre ladésertification.

A ce titre, il exerce les attributions sui-vantes :• l’élaboration et l’application des textes

législatifs et réglementaires visant la sau-vegarde, le rétablissement et le renforce-ment des équilibres nécessaires au déve-loppement et à la gestion durable des res-sources naturelles, notamment les zoneshumides, les terres, les ressources fores-tières, halieutiques, fauniques et apicoles ;

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• l’élaboration et l’application des texteslégislatifs et réglementaires en matière desurveillance de l’environnement, de pré-vention et de lutte contre les pollutions etnuisances, et d’amélioration du cadre devie ;

• l’élaboration et l’application des texteslégislatifs et réglementaires en matière debiosécurité, d’évaluation environnementaleet des études d’impact ;

• la définition et la conduite des stratégies enmatière d’aménagement et de gestion desressources naturelles, de préservation del’Environnement et de lutte contre la déser-tification ;

• la coordination des activités relatives auxétudes d’impact sur l’Environnement ;

• l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi/évaluation et la coordination des plans,programmes et projets en matièred’Environnement et de lutte contre ladésertification, en vue de la lutte contre lapauvreté et de la promotion d’unDéveloppement Durable ;

• le renforcement des programmes et desprojets en matière d’Education Environne-mentale (E.E), y compris leur suivi/évalua-tion ;

• la promotion et le développement partici-patif et décentralisé des actions d’aména-gement de l’espace rural et des écosys-tèmes, notamment à travers les pro-grammes de gestion des terroirs ;

• la promotion des opérations de développe-ment en matière de :

• la restauration des terres et aménagementdes bassins versants par la conservationdes eaux et du sol et la défense et restaura-tion des sols : CES/DRS ;

• la lutte contre les feux de brousse ;• la lutte contre les plantes envahissantes ;• la fixation des dunes et lutte contre l’ensa-

blement ;• l’aménagement des forêts ;• le boisement et reboisement ;

• la création et gestion des massifs forestierspublics à rôle écologique, récréatif, culturelet scientifique ;

• l’aménagement et gestion de la faune sauva-ge et des aires protégées ;

• l’aménagement et développement despêcheries ;

• l’organisation et gestion de la chasse et de lapêche ;

• l’organisation de l’exploitation des produitsforestiers ;

• l’intensification de l’Aquaculture et del’Apiculture ;

• la conservation et utilisation durable de ladiversité biologique ;

• la protection, restauration et gestion durabledes zones humides ;

• la promotion des initiatives contribuant àl’amélioration du cadre de vie, à traversl’aménagement d’espaces verts, des parcsd’agrément et la lutte contre les pollutions etnuisances ;

• la conception, la réalisation et le contrôledes études, des inventaires, des enquêtesstatistiques dans les domaines de l’environ-nement, de la lutte contre la désertificationet de la gestion des ressources naturelles ;

• l’élaboration, la mise en œuvre et lesuivi/évaluation des programmes de sensibi-lisation, d’information, de formation etd’encadrement des différents acteurs inter-venant dans les domaines de l’Envi-ronnement, de la lutte contre la désertifica-tion et de la gestion des ressources natu-relles ;

• la coordination, le suivi et l’application desconventions et accords internationaux dansles domaines de l’Environnement, de la luttecontre la désertification, des forêts, de lafaune, de la pêche, de l’aquaculture et del’apiculture ;

• la définition et le suivi de la mise en œuvrede la politique de recherche et d’améliora-tion des connaissances en matièred’Environnement, de lutte contre la déser-

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tification et de conservation de la diversitébiologique ;

• la vulgarisation des résultats desrecherches en matière d’Environnement,de lutte contre la désertification et de ges-tion des ressources naturelles ;

• la tutelle des organismes ruraux et urbainsà caractère coopératif et mutualiste spécia-lisés dans les domaines del’Environnement, de la lutte contre ladésertification et de la gestion des res-sources naturelles ;

• la tutelle des projets, des établissementspublics, des sociétés d’économie mixtespécialisés dans les domaines de l’envi-ronnement, de la lutte contre la désertifi-cation et de la gestion des ressources natu-relles ;

• les relations et le partenariat avec les insti-tutions et organismes nationaux concer-nés, les organisations régionales et inter-nationales spécialisées dans le domaine del’environnement, de la lutte contre ladésertification et de la gestion des res-sources naturelles.

La Direction de la Faune, de la Pêche et de laPisciculture est l’organe chargé de laProtection du Patrimoine Naturel. Il est dirigépar un Directeur.

Le Directeur de la Faune, de la Pêche et dela Pisciculture est chargé de l’organisation, del’animation et de la coordination des activitésdes services sous tutelle et fixer leurs attribu-tions.

A ce titre, il est chargé de :• L’élaboration des politiques, stratégies et

programmes nationaux en matière defaune, d’apiculture, des aires protégées depêche et aquaculture ;

• l’élaboration des projets de textes législa-tifs et réglementaires en matière de faune,d’apiculture des aires protégées de pêched’aquaculture ;

• la conception et l’élaboration des pro-grammes d’information, de sensibilisation

et de formation des acteurs en matière defaune, d’apiculture, des aires protégées depêche et aquaculture;

• l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des plans d’aménagement et degestion de la faune, de l’apiculture, desaires protégées, des zones humides et despêcheries en rapport avec les directionconcernées ;

• la participation à l’élaboration des budgetsde la direction ;

• la coordination des activités des pro-grammes, projets dans les domaines de lafaune, de l’apiculture des aires protégéesdes pêches et de l’aquaculture ;

• l’appui aux populations locales et au sec-teur privé pour la valorisation de la faunesauvage et des ressources halieutiques ;

• la définition des thèmes de recherchesdans le domaine de la faune, de l’apicultu-re, des aires protégées de pêche et aqua-culture ;

• l’application des textes législatifs et régle-mentaires en matière de faune, de l’apicul-ture, des aires protégées et de pêche etaquaculture ;

• le suivi et la coordination de la mise enœuvre de toutes les conventions, accordset traités relatifs aux domaines de la faune,de l’apiculture, des aires protégées et despêcheries en rapport avec les directionsconcernées ;

• le suivi des écosystèmes naturels classéssous conservation et de leurs ressources ;

• la gestion des équipements et matérielsmilitaires mis à la disposition de la direc-tion ;

• le suivi des ressources fauniques, halieu-tiques et de leurs habitats ;

• le suivi des relations avec les institutionset organismes nationaux, régionaux etinternationaux spécialisés dans le domainede la faune, de l’apiculture, des aires pro-tégées de la pêche et de l’aquaculture;

• l’élaboration des rapports d’activités.

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4.3 – LA RÉGLEMENTATIONS EN MATIÈRE

DE PROTECTION DU PATRIMOINE NATUREL

Avant l’établissement des structures modernes,les populations locales géraient les ressourcesNaturelles renouvelables du milieu naturel defaçon empirique.

Les données archéologiques font apparaîtreque les populations de cueilleurs et de chasseursont partout précédé les populations d’éleveurset d’agriculteurs.Ces dernières ont, cependant,continué de pratiquer une activité de chasse etde Cueillette, dans un contexte coutumier.

4.3.1 – Le droit coutumier Dans les civilisations africaines animistes, laterre avait une valeur mythique, de même queles éléments associés comme les rochers, lesarbres, la faune, les produits halieutiques, etc.Sa gestion était le fait de la collectivité, parl’intermédiaire du collège des sages. Il nepouvait y avoir d’appropriation privée dudomaine naturel.

Les habitants avaient des droits d’usage,variables selon les régions; constituant le droitcoutumier. Ainsi, dans de nombreuses régionssoudano-guinéennes, il existait des bois sacrésau niveau de chaque village. Ces bois consti-tuent des sortes de réserves de faune et de flore.Certaines espèces végétales (baobab, karité,tamarinier…) et animales (chacal, lion, varan,francolin…) étaient strictement respectées pourleur production de fruit et les valeurs qu’ilsreprésentent dans leurs rites.

La chasse était réservée à une caste d’initiésqui en déterminaient les pratiques et enexcluaient les non-initiés. Ce sont ces élémentscoutumiers qui ont constitué le code de gestionde la nature, grâce auquel un équilibre s’estlongtemps maintenu en Afrique intertropicaleentre la pression anthropique et les capacités derégénération de l’environnement.

Les droits coutumiers sont reconnus par lalégislation moderne nigérienne (dans le codeforestier, par exemple) qui les cite, sans les

énoncer. Il aurait été utile, pour expliquer cer-taines pratiques qui s’observent de nos jours, deréaliser une étude socio-historique de ces droitscoutumiers en ce qui concerne la gestion del’environnement. Bien des distorsions provien-nent d’une incompréhension des mobiles desinterdits modernes, en contradiction avec descoutumes solidement ancrées parce que prati-quées depuis d’innombrables générations.

4.3.2 – L’influence islamique L’implantation progressive de l’Islam enAfrique sub-saharienne depuis le xvème siècle aeu pour conséquence de modifier la philosophiede l’homme vis-à-vis de son entourage naturel.Le caractère sacré de la terre n’est pas une réfé-rence des textes fondateurs de la religion musul-mane. Autre cause de déséquilibre, la croyanceselon laquelle “aucune créature de Dieu ne peuten exterminer une autre” (génocide, éradicationd’espèces). Cela dégage l’homme de toute res-ponsabilité comme cause (directe ou indirecte)de disparition d’espèces sauvages (du gibier enparticulier).

Cette philosophie islamique a tendance à sesubstituer progressivement au droit coutumier,créant, par des excès de chasse, ou par desdéséquilibres profonds dans les écosystèmes,des portes ouvertes à la désertification.

4.3.3 – La législation colonialeAu début du XXème siècle, les colonisateursont essayé d’introduire en Afrique un systèmede gestion des ressources naturelles proche decelui en usage dans leur métropole. La législa-tion, au Niger, était celle de l’A.O.F, ayant pourprincipe :- La propriété des terres sans maîtres à l’état ; - La mise en place d’un régime mixte (moder-

ne et coutumier) ; - La création d’aires protégées à statut arbi-

traire.La mise en œuvre de la législation s’est faite surle mode répressif, avec éventuellement des dépla-cements autoritaires des populations. En même

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temps qu’elle faisait disparaître le rôle magico-religieux de la chasse et des usages qui la com-mandaient, la colonisation introduisait des tech-niques et des moyens de chasse sophistiqués,extrêmement destructeurs ). C’est au cours de lacolonisation qu’a été codifiée la commercialisa-tion de la chasse par vente de permis de petite,moyenne et grande chasse, par la vente des tro-phées, etc.

Parmi les textes de cette époque relatifs à laprotection du milieux naturels, on peut noter :- Le décret du 10-03-25 sur la réglementa-

tion de la chasse et institution de parcs derefuge en Afrique Occidentale française ;

- le décret du 16-04-26 : Emplacement etdélimitation de 15 parcs, mais sans applica-tion pratique ; prévoyait le parc du MoyenNiger, les parcs de Say et Diapaga quideviendront le P.N. W.

- la Convention de Londres (8 novembre1933) ;

- le décret du 13-10-36 instituant dans l’inté-rêt de la science et du tourisme des ParcsNationaux et réserves à délimiter par leschefs de possession ;

- l’arrêté du 13-11-37 du gouverneur sanc-tionnant ce classement et l’appellation duParc National du W et interdisant touteexploitation, toute chasse et toute capture ;

- le décret n° 54-04-54, relatif à la protection dela nature dans les territoires africains relevantdu Ministère de la France d’outre-mer, pro-mulgué en A.O.F. par l’arrêté 39-06 S.E.T. ;

- l’arrêté 9109 SE de 1954, réglementant l’ac-cès aux réserves de faune et la circulation àl’intérieur de celles-ci. Ce texte imposel’achat d’un “permis de tourisme” délivrépar les Eaux et Forêts, pour un montant égalau permis de petite chasse. Il a été abrogépar l’arrêté 6907 du 16-08-1956 ;

C’est au cours de la période coloniale qu’ont étécréées les premières aires protégées nigé-riennes. Le Parc du w servira d’exemple inter-national au développement les aires protégées(convention internationale de Londres de 1933).

L’identification du site du futur ParcNational du W du Niger a été réalisée par levétérinaire Fiaisson, en 1926. Le texte fonda-teur de cette aire protégée est l’arrêté 13-02A.E./SZ du 13-11-1937, réservant l’appellationde “parc du W” à la partie des cercles deNiamey et de Fada N’gourma et définissant leslimites provisoires et les limites des zones deprotection partielle du parc. Le décret de 1937précisait que les îles et les deux rives du fleuveNiger faisaient partie du parc. Il interdisait lescoupes de bois sur les rives et le prélèvement dubois mort. La chasse et les récoltes étaient inter-dites, ainsi que la pêche aux poissons et auxmollusques.

En 1937, les villages situés dans l’aire proté-gée furent déménagés autoritairement dans larégion de Tamou. Des traces de ceux-ci peuventencore être observées dans le Parc National(remparts de défense, meules, broyeurs).

L’arrêté 4676 S.E.F. du 25-06-1953, portantclassement en forêt domaniale et en réserve defaune du W du Niger définit pour cette aire deslimites identiques aux limites actuelles, mais letexte indique une superficie de 330.000 hectares(226.000 actuellement).

Ces limites sont la rivière tapoa, le fleuveNiger, la rivière Mékrou, le tripoint frontalierNiger/Dahomey/Haute-Volta et une droiteidéale recoupant la tapoa. Cette réserve estalors affranchie de tous droits d’usage : doncles populations locales ne peuvent plus yexercer leurs droits coutumiers (chasse, paca-ge, cueillette, foresterie). Seule l’exploitationd’un petit gisement de jaspe est tolérée auxayants droits, dans la région de Nattingou,vers la tapoa, de façon saisonnière (du 1-11au 31-05).

L’arrêté constitutif du Parc National du w duNiger, du 04-08-1954, définit le statut du parc“au sens de l’article 2 de la convention interna-tionale de Londres (08-11-1933)”. Cet arrêtéconcerne la réserve totale de faune et la forêtclassée dite du W du Niger, telle qu’elle estdéfinie par les arrêtés n° 76-40 SEF (03-12-

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1952), n° 26-06 SEF (14-04-1953) et n° 46-76SEF (26-06-1953). Les droits d’usage sontdéfinis pour la partie nigérienne par les arrêtés26-06 et 46-76.

Autre réalisation de l’époque coloniale, laforêt classée et la réserve totale de faune deGadabedji, créée en 1955, pour la protectionde l’oryx dammah.

4.3.4 – la Législation de la république duNigerAprès l’indépendance la République du Nigera confirmé le statut d’aire protégée du Parc du“ W” et a créé de nouvelles aires protégées.

Le souci de protéger l’environnement natu-rel nigérien est consacré par les textes sui-vants :

L’Ordonnance n° 74-16 PCMS du 23 août1974 fixant le régime forestier;- L’ordonnance n° 97-001 du 10 janvier

1997 portant institutionalisation desétudes d’impact sur l’Environnement.

- La loi 98-07 du 29 avril 1998, portant lerégime de la chasse et de la Protection dela faune et son décret d’application n° 98-295/PRN/ME/E du 29 octobre 1998.

- La loi n°98-042 du 7 décembre 1998 por-tant le régime de la Pêche.

- La loi n°98-56 du 29 décembre 1998 por-tant loi-cadre du régime de l’environne-ment.

- Les Ordonnances du Code Rural fournis-sent des précisions quant à la conservationde la faune sauvage (cf. article 100 à 108).

Ce même souci apparaît dans les documentscomme la Charte Nationale et la Constitutionde la République.

Le corpus législatif nigérien est publiédans “le recueil des lois et règlements de laRépublique du Niger, 2ème édition,Secrétariat Général du Gouvernement”(1994).

Comme vous le voyez le cadre législatifexiste. Il ne reste que sa popularisation et sonapplication.

5 – LA CON S E RVATION DE LA B IOD IVE R S ITÉ

ET LE S CONVE NTION S I NTE R NATIONALE S

5.1 – LA CONSERVATION DE LA DIVERSITÉ

BIOLOGIQUE

Conscient des menaces qui pèsent sur lesespèces animales et végétales, tant sauvages quedomestiquées et du fait que la détérioration decette diversité biologique pourrait compromettrela durabilité des activités rurales et hypothéquerune sécurité alimentaire déjà précaire, le Nigers’est engagé dans l’élaboration d’un programmenational de gestion des ressources Naturelles(PGRN) dont les grands axes sont définis dansles “principes Directeurs d’une politique dedéveloppement Rural au Niger” adopté en 1992.Ce document constitue un véritable référencielpour toutes les interventions en milieu rural.

La conservation et l’utilisation durable de ladiversité biologique y tiennent une place dechoix.

Au plan Juridique, le pays s’est doté d’uncertain nombre d’instruments juridiques qui per-mettent de préserver au mieux la diversité biolo-gique tout en la rendant accessible aux humainspour la satisfaction de leurs besoins spéci-fiques.Il s’agit des principes d’orientation ducode rural (1992),du code forestier en cours derévision, la loi cadre sur l’Environnement, leslois sur la chasse et la pêche dejà citées et dedivers textes reconnaissant la libre associationdes populations dans le cadre de leurs activitésprofessionnelles.

Il faut aussi noter que le pays s’est doté d’uneconstitution reconnaissant le Niger comme étantun Etat de droit dans lequel les individus sontlibres de leurs opinions et dans laquelle ladécentralisation comme mode de gouvernance etde responsabilisation des populations ont étéconsacrées.

Il faut également noter que le Niger a signé etratifié plusieurs conventions Internationalesrelatives à la conservation de la biodiversité.Nous y reviendront.

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Et en application de certaines de ces conven-tions le Niger s’est doté d’un plan national del’Environnement pour un DéveloppementDurable (PNEDD),dont l’élaboration a été coor-donnée par le Conseil National del’Environnement pour un DéveloppementDurable. La conservation de la biodiversité occu-pe une place importante dans ce plan.

Dans ce cadre il a été élaboré en décembre1998, la stratégie nationale et le plan d’action surla conservation de la diversité biologique. Cesdeux documents sont soumis à l’adoption desautorités compétentes.

Plusieurs institutions interviennent aujour-d’hui sur les ressources biologiques tant du pointde vue de leur conservation que de leur utilisa-tion. Il s’agit :• Des institutions de recherches (INRAN,

Université, ICRISAT, IRED) ; • Des Ministères :

- de l’Environnement et de la Lutte Contrela Désertification (DFPP, DE, CSF),

- du Développement Rural (CGRN, DA,DPV, CMS),

- des Ressources en Eau,- des Ressources Animales,

• Des organismes non gouvernementaux natio-naux et Internationaux etc.

Malheureusement les actions menées par toutesces institutions sont le plus souvent isolées etponctuelles.

Les communautés locales n’y sont pas tou-jours associées et leur savoir et savoir-faire leplus souvent ignorés.

Il était dès lors urgent pour un pays commele Niger où la population tire l’essentiel desbiens pour sa subsistance des ressources biolo-giques d’élaborer et surtout de mettre en œuvreune politique de conservation et d’utilisationdurable de celles-ci.

5.1.1 – Qu’est-ce que la diversité biologique ?La Diversité Biologique ou, par abréviation laBiodiversité est l’expression de la variété de lavie sur la terre. Omniprésente, elle s’applique

aux gènes, aux espèces, aux écosystèmes et auxpaysages de la planète du sommet des mon-tagnes jusqu’aux grandes profondeurs océa-niques.

Le terme biodiversité couvre donc troisacceptions :- La biodiversité génétique ;- La biodiversité systématique ;- La biodiversité écologique.

Que signifie la conservation de la biodiversité ?La conservation de la biodiversité signifie fairedurer la vie sur terre.

5.1.2 – Importance de la biodiversitéLa Biodiversité est d’une importance vitalepour l’humanité à maint égards :

Sur le plan économique : elle fournit lesmatières premières de nos aliments, de notrehabillement, de nos médicaments et de noshabitations ainsi que celles d’activités majeurestelles que le Tourisme ;

Sur le plan scientifique : elle assure la protec-tion et l’entretien des sols, la régulation du climatet la photosynthèse (ensemble des phénomènesphysiologiques qui permettent aux plantes chlo-rophylliennes de produire des molécules orga-niques glucides à partir de molécules de gaz car-bonique atmosphérique et d’eau, en présenced’énergie lumineuse). Des valeurs intangibles,attestées par la manière dont la nature inspire,peintres, poètes et musiciens y sont égalementassociées.

Nous ne savons pas quelle part revient à labiodiversité dans le maintien des caractéristiquesvitales des écosystèmes telles que la productivitéprimaire et la décomposition. Alors que les scien-tifiques ont recensé et décrit quelque 1,4 millionsd’espèces d’organismes vivants, ils ne sont pasd’accord sur l’effectif total des espèces présentessur terre.

Les estimations varient entre 5 à 10 millions,et certaines atteignent même 80 millions oud’avantage, et nous en savons encore moins sur lavariabilité génétique à l’intérieur des espèces.

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Ce qui est certain, c’est qu’avec l’accroisse-ment des pressions humaines, les écosystèmes semodifient et se morcellent rapidement (70 à80.000 ha). Des espèces sont en voie de dispari-tion et les réservoirs génétiques s’amenuisent ;tout cela à un rythme sans précèdent dans l’his-toire et qui va s’accélérant.

Etant donné les limites de nos connaissancessur les origines, le maintien et la fonction écolo-gique de la biodiversité, nous n’avons qu’une idéetrès imprécise des effets de ces pertes sur le bonfonctionnement de la biosphère.

Et par voie de conséquence nous manquons debases scientifiques pour planifier un développe-ment durable. C’est pourquoi l’élucidation deseffets à long terme de l’appauvrissement pose unproblème clé à toute l’humanité.

Le problème de la biodiversité est maintenantet manifestement, dans l’arène politique interna-tionale (Déclaration de Rio sur l’Environnementet le développement).

5.2 – CONVENTIONS INTERNATIONALES EN MATIÈRES

DE BIODIVERSITÉ RATIFIÉES PAR LE NIGER

De nombreuses Conventions ratifiées par leNiger concourent à la conservation de la BD :

Il s’agit principalement de :• la convention des zones humides d’impor-

tance internationale appelée convention“RAMSAR” (30/8/87) ;

• la convention sur le commerce internationaldes espèces menacées d’extinction(CITES) ;

• la Convention sur la Lutte Contre laDésertification (1995) ;

• la Convention Cadre des nations unies sur leChangement Climatique ;

• la Convention sur la Conservation desespèces Migratrices appartenant à la faunesauvage ;

• la Convention du Patrimoine Mondial del’UNESCO ;

• la Convention sur la Diversité Biologique(27/07/95) etc.

5.3 – CONVENTION SUR LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE

La diversité biologique de la planète – la viesous toutes ses formes et dans toutes ses combi-naisons – est précieuse pour des motifs écolo-giques, génétiques, sociaux, économiques,scientifiques, éducatifs, culturels, récréatifs etesthétiques.

Elle est essentielle pour l’évolution, ainsique pour la Conservation des systèmes d’entre-tien de la vie de la biosphère. La préservation etl’utilisation durable de la diversité biologiquesont vitales pour satisfaire les besoins des com-munautés humaines en matière de santé, d’ali-mentation et autres nécessités de base, tout enprotégeant l’équilibre et la stabilité des écosys-tèmes.

Hélas, ce patrimoine a déjà été sérieusemententamé par certaines activités humaines. Il estessentiel de stopper ce processus destructeur etd’investir massivement pour préserver la diver-sité biologique. Les coûts d’un tel effort serontlargement compensés par les bénéfices environ-nementaux, sociaux et économiques qui enrésulteront.

Nous devons impérativement protéger ladiversité biologique et en utiliser durablementles composantes, d’une manière juste et équi-table. Par utilisation durable, il faut entendredes formes et un rythme d’exploitation qui necompromettent pas la capacité naturelle derenouvellement des ressources, mais qui garan-tissent au contraire la satisfaction des besoins etaspirations des générations présentes et futures.Cette exigence s’applique à toutes les utilisa-tion, y compris celles liées au matériel géné-tique des plantes, des animaux et autres orga-nismes vivants. Nous devons également veillerà la conservation des écosystèmes, milieuxconstitués d’éléments organiques et inorga-niques qui forment un tout solidaire.

Les nations ont des droits sur leurs res-sources biologiques, mais elles ont aussi la res-ponsabilité d’en préserver la diversité et de lesutiliser d’une manière durable.

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Qu’est-ce que la Convention Mondiale sur laBiodiversité (CBD) ?La Convention sur la diversité biologique a étésignée par 157 pays au sommet de la Terre tenuen juin 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil. Il s’agitd’un accord exécutoire qui établit un cadre pourla conservation de la DB de la planète et pourl’utilisation durable des ressources biologiques.

La convention compte 42 articles et deuxannexes(identification et surveillance, arbitrageet conciliation). Pour entrer en vigueur, laconvention doit être ratifiée par 30 pays. Le 30septembre 1993 la Mongolie devenait le trentiè-me pays à ratifier la convention, ce qui signifieque celle-ci est entrée en vigueur le 29décembre 1993.

La convention compte aujourd’hui plus de170 pays membres. Elle vise les objectifs sui-vants :- Conservation de la diversité biologique ;- Utilisation durable des ressources biolo-

giques ;- Partage juste et équitable des avantages

découlant de l’utilisation des ressourcesgénétiques.

La mesure clé pour la mise en œuvre de la CDBest l’élaboration par tous les pays, de stratégiesde conservation de la DB, assorties d’engage-ments, surtout de la part des pays industrialisés,à mettre à la disposition des pays en développe-ment les fonds, la technologie et l’assistancenécessaires à la mise en œuvre des mesures deconservation reconnues dans les stratégies.

Les gouvernements qui signent laConvention s’engagent à :• identifier les composantes de la diversité

biologique qui doivent bénéficier d’effortsde conservation particuliers et surveiller lesactivités susceptibles de leur nuire ;

• mettre en œuvre des stratégies, plans ouprogrammes nationaux pour la conservationet l’utilisation durable de la diversité biolo-gique ;

• instituer des lois pour la protection desespèces menacées, créer des réseaux d’aires

protégées et promouvoir dans les régionsadjacentes un développement respectueuxde l’environnement ;

• réhabiliter et restaurer les écosystèmesdégradés et promouvoir la réhabilitationdes espèces menacées, en aidant les com-munautés locales à contribuer à ces efforts ;

• mettre en place des mécanismes pourcontrôler les risques découlant de la modifi-cation d’organismes par la biotechnologie ;

• évaluer, en consultation avec le public, l’im-pact sur l’environnement de projets mena-çant la diversité biologique, de façon àcontrôler ou limiter les risques ;

• surveiller ou éradiquer les espèces exogènesmenaçant l’équilibre des écosystèmes, deshabitats ou des espèces indigènes, et enempêcher l’introduction ;

• intégrer la conservation et l’utilisationdurable de la diversité biologique et à lanécessité de la préserver, par le biais desmédias et de campagnes d'information etd'éducation.

De nombreuses communautés indigènes etlocales dépendent étroitement des ressourcesbiologiques. Les gouvernements devraient pré-server les méthodes traditionnelles de conserva-tion et d’utilisation durable de la diversité bio-logique et s’en inspirer aussi largement que pos-sible, en associant pleinement les populationsconcernées à leurs efforts. Ces dernièresdevraient bénéficier directement de l’applica-tion de leur savoir.

La signature de la Convention comporte éga-lement les engagements suivants :• les Etats signataires doivent favoriser sur

leur territoire l’accès aux ressources géné-tiques en vue d’utilisations respectueuses del’environnement, le but étant de partageréquitablement les acquis de la recherche etles bénéfices issus de la commercialisationet des autres formes d’exploitation desditesressources ;

• les pays en développement doivent avoiraccès aux technologies nécessaires pour

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garantir la conservation de la diversité bio-logique et l’utilisation durable de ses res-sources, à des conditions équitables et aussifavorables que possible, et dans le respectdes droits de licence ;

• les pays en développement doivent avoiraccès aux technologies employées pour latransformation de ses ressources qu’ils four-nissent, et être associés à la recherche enbiotechnologie ;

• les pays en développement doivent bénéficierd’une assistance technique et scientifique,afin de pouvoir renforcer les structures et lescompétences requises pour une utilisationdurable des ressources biologiques ;

• les Etats signataires doivent envisager l’éla-boration d’un accord visant à garantir lasécurité d’emploi des organismes généti-quement modifiés par la biotechnologie(Biosécurité) ;

• les nations développées doivent apporterune aide financière aux pays en développe-ment pour leur permettre de mettre enœuvre la Convention. Le financement initialde ces efforts sera assuré par trois institu-tions des Nations-Unies vouées à l’environ-nement et au développement.

5.4 – ETAT DE MISE EN ŒUVRE DE LA CONSERVATION

DE LA DIVERSITÉ BIOLOGIQUE AU NIGER

Le Niger est partie à la Convention sur laDiversité Biologique qu’il a signée en juin 1992et ratifié le 25 juillet 1995. Les réalisations sui-vantes sont enregistrées :• La création de la commission technique

nationale sur la biodiversité ;• L’évaluation de la diversité biologique du

Niger ;• L’élaboration de la stratégie nationale et

du plan d’action en matière de biodiversi-té qui constitue pour le Niger un cadre deréférence et de planification de toutes lesactions en cours et à venir en matière dediversité biologique.

Commission technique nationale sur la biodiversitéElle est créée par arrêté n°053/PM/CNEDD du12 juillet 1997 et présidée par la Direction de laFaune, de la Pêche et de la Pisciculture. Elle apour membres tous les acteurs intervenant dansl’utilisation de la biodiversité.

Evaluation de la diversité biologique du Niger

5.4.2.1 – Importance de la D.B. au NigerAu Niger, la DB est fondamentale pour l’éco-nomie rurale. Les besoins des populationssont satisfaits à 90 % à partir des ressourcesbiologiques (y compris le renouvellement dela fertilité du sol par la jachère). Il en est demême de leur valeur écologique esthétique,culturelle, religieuse, scientifique, pharma-ceutique et technologique.

La stratégie doit permettre la mise enœuvre d’une politique de réhabilitation et deredéploiement de la biodiversité au profit desstocks de ressources vivantes, donc, de l’éco-nomique nationale.

La diversité biologique du Niger se répartitau gré des alternances physiogéographiques etclimatiques.

Au stade actuel des connaissances, ladiversité biologique du Niger compte 2 124espèces végétales (dont 1461 espèces pour lesangiospermes) et au moins 3 200 espèces ani-males dont 168 espèces de mammifères et 512espèces d’oiseaux.

Ces chiffres restent encore indicatifs dufait que nos connaissances biologiques engénéral ne sont pas parfaites, particulièrementsur les algues, les bactéries, les champignonset autres micro-organismes.

Dans le domaine de la DB végétale, 210espèces présentent un grand intérêt dans lerégime alimentaire de la population, particu-lièrement pendant les périodes de disettes etde famine.

Les plantes sauvages consommées fournis-sent un apport riche en éléments essentiels,

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complétant ainsi le régime alimentaire à basede céréale (mil, sorgho, riz…).

En ce qui concerne l’alimentation du bétail235 espèces sont utilisées. En pharmacopéetraditionnelle 270 espèces servent à diversusages. Dans l’artisanat, 127 espèces sontconcernées.

Sur le plan culturel et religieux, beaucoupd’espèces rentrent dans le cadre de certainescérémonies.

Quant à la diversité biologique animale, lesgrands domaines de son utilisation sont l’ali-mentation, la pharmacopée traditionnelle, letransport, le tourisme, etc.

Il est à signaler que le Niger constitue un pôleimportant dans la gestion des mouvementsmigratoires des espèces aviaires et qu’il est leseul pays au monde abritant encore à l’état natu-rel des espèces rares, telles que l’addax et l’oryx.

Malgré l’importance écologique, écono-mique et socioculturelle de la DB, la gestiondurable des ressources est confrontée à descontraintes de plusieurs ordres.

5.4.2.2 – Constats faits sur l’Etat et la gestionde la DBDe manière générale, les contraintes et leslacunes liées à la gestion de la DB sont nom-breuses. Parmi les plus apparentes on peut rete-nir :• l’insuffisance de la connaissance de la DB

et de ses éléments constitutifs ;• l’absence de programmes et projets spéci-

fiques liés à la DB ;• l’inadaptation de certains textes régissant la

diversité biologique ;• l’implication insuffisante des populations

dans la gestion de la diversité biologique ;• l’insuffisance des actions de sensibilisation,

d’information et de formation ;• la non prise en compte de la biodiversité

dans la conception et la mise en œuvre desactions de développement ;

• les conditions climatiques globalementdéfavorables ;

• les pressions multiples et croissantes sur laDB et ses éléments ;

• une forte croissance démographique et soninégale répartition spatiale en inadéquationavec les potentialités des différentsmilieux ;

• la difficulté d’accès à certaines régionsenclavées et au relief accidenté ;

• la difficulté d’accès à l’eau liées auxcontraintes topographiques et géologiques.

5.4.3 – Objectifs de la stratégie nationale et duPlan d’action en matière de biodiversité Outil de référence orienté dans la direction de lavision nationale en matière de la diversité biolo-gique elle vise à :• assurer la conservation de la diversité biolo-

gique ;• utiliser durablement les éléments constitu-

tifs de la diversité biologique ;• assurer les conditions d’un partage juste et

équitable des avantages découlant de l'ex-ploitation de la diversité biologique et de seséléments constitutifs.

Pour atteindre ces objectifs généraux, cinq (5)objectifs stratégiques ont été définis. Les objec-tifs stratégiques généraux :• Elaborer un cadre spécifique de référence

et d’harmonie pour tous les secteurs ayanten charge la gestion de la diversité biolo-gique ;

• Promouvoir l’intégration multisectorielledes programmes et des actions en faveur dela diversité biologique ;

• Améliorer les connaissances des ressourcesde la diversité biologique et assurer un suivirégulier biologique ;

• Concevoir les modèles et techniques de ges-tion intégrés et durables des ressources de ladiversité biologique ;

• Promouvoir les travaux de recherche sur lacompréhension du climat et utiliser aumieux les résultats y afférents dans la ges-tion de la biodiversité (lutte contre lasécheresse et la désertification, sélection

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d’espèces et de variétés adaptées, conser-vation, économie de l’eau, etc…).

5.4.4 – Les thèmes couverts par la stratégie Sur la base du rapport d’évaluation de la DBdu Niger, des bilans régionaux réalisés dans lecadre du PNEDD et d’autre part, du texte dela convention sur la DB, seize (16) thèmesprioritaires ont été retenus pour constituer lesaxes fondamentaux du document de stratégienationale. Les seize (16) thèmes couverts parla stratégie sont les suivants :• Ressources énergétiques ;• Conservation (aires protégées, espèces

menacées, et conservation ex-situ…) ;• Faune sauvage ;• Ressources forestières ;• Agriculture ;• Elevage ;• Ressources minières ;• Aménagement du territoire ;• Biotechnologie et Biosérurité ;• Gestion de l’eau et des ressources aqua-

tiques ;• Urgences environnementales ;• Participation des populations, de la socié-

té civile et du secteur privé ;• Evaluations environnementales ; • Sensibilisation, formation, recherche ;• Cadre juridique et institutionnel ;• Connaissances traditionnelles et valeurs

spirituelles.Tous les thèmes sont présentés suivant lecanevas ci-après :• Problématique ;• Orientations stratégiques ;• Mesures proposées ;• Actions (en cours, en attente, nouvelles).

5.4.5 – Le plan d’action national de la D.BLes actions prioritaires retenues dans les diffé-rents thèmes traités ont fait l’objet d’un regrou-pement et d’une harmonisation, afin de les insé-rer dans des ensembles cohérents formulés sousforme de projets et de programmes.

Le plan d’action est ainsi constitué d’unensemble de programmes et projets présentéssous forme de fiches signalétiques, selon laméthode du cadre logique : secteur d’interven-tion, organisme responsable, problématique etjustification, objectif global, objectifs spéci-fiques, résultats attendus, activités principales,indicateurs de suivi / évaluation, échelle d’in-tervention, principaux bénéficiaires, princi-paux partenaires, durée, date souhaitée dedémarrage.

LISTE SOMMAIRE DES PROJETS ET PROGRAMMES

IDENTIFIÉS

P1 : Développement et promotion des res-sources d’énergie alternatives.

P2 : Conservation des ressources génétiques.P3 : Aménagement et utilisation durable des

écosystèmes.P4 : Surveillance des éléments constitutifs

de la diversité biologique.P5 : Renforcement de capacité et appui insti-

tutionnel.P6 : Biotechnologie et biosécuritéP7 : Information, Education, Communica-

tion sur la Diversité Biologique.Conformément aux engagements pris dans lecadre de la C.D.B.le Niger entend poursuivre éga-lement ses efforts de conservation de la diversitébiologique en milieu naturel (aires protégées), etartificiel (musée, centre de recherche etc.).

LES AIRES DE CONSERVATION DE LA D.B. AU NIGER

Historique1926 : Premières identifications de sites desti-

nés à la sauvegarde de la grande faune.Cela correspond aux constats de dimi-nution de la faune sauvage, principale-ment à la suite d’une pression de chasseexagérée (chasse dite sportive et chassetraditionnelle cumulant leurs effets).

1937 : Création de la première aire protégéenigérienne, le parc du W ;

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1954 : Apparition d’une législation colonialeen Afrique de l’ouest ;

1955 : Création de la réserve de Gadabedji ;1962 : Création des réserves de Tamou et de

Dosso, constituant des zones tamponpour le parc du W ;

1988 : Création de la réserve de l’Aïr et duTénéré ;

1991 : Inscription des réserves de l’Aïr et duTénéré au Patrimoine Mondial ;Inscription du Parc national du W sur laliste du Patrimoine Mondial.

6.2. LISTE DES AIRES PROTÉGÉES ACTUELLES

6.2.1 – Parc National du W du NigerSon statut date de 1954. Cette aire occupe226.000 hectares, dans l’extrême sud-ouest dupays.

6.2.2 – Réserve de faune de Gadabedji (et forêtclassée) :Son statut date de 1955. Cette aire occupe76.000 hectares, dans le centre du pays.

6.2.3 – Réserve de faune de TamouSon statut date de 1962. Elle constitue une zonetampon pour le Parc National du W du Niger.

6.2.4 – Réserve de faune de DossoSon statut date de 1962. Cette aire occupe306.000 hectares, dans le sud-ouest du pays. Elleconstitue une zone tampon pour le Parc Nationaldu W du Niger.

6.2.5 – Réserves de l’Aïr-TénéréIl s’agit d’une réserve naturelle nationale avec, enson centre, une réserve intégrale appelée“Sanctuaire des Addax”. Le statut de ces deuxréserves date de 1988. Ces deux aires occupent77.360.000 hectares, dans l’extrême nord-ouest du pays. Cette aire est inscrite depuis1991 sur la liste du Patrimoine mondial naturelet, depuis 1992, sur la liste du Patrimoine enpéril.

Le Niger compte donc actuellement cinqaires protégées au titre de la biodiversité. Leursurface totale est de 8,41 millions d’hectares,soit 6,6% du territoire national.

LES PROJETS D’AIRES PROTÉGÉES

Un recensement des aires protégées poten-tielles a été réalisé au cours du séminaire-ate-lier d’Iférouane (1989).

Département de Tillabéri Ce département qui comprend toute la rivedroite du Niger recèle d’importantes ressourcesfauniques et floristiques. Les principales zonesforestières du pays s’y trouvent. Plusieurs sitesd’intérêt écologique ont été identifiés.

La zone de Goroubi-Sirba, qui fait suite à laRéserve de Tamou est envisagée comme zonecynégétique. Cette zone semble encore riche engros mammifères (buffles, hippopotames, anti-lopes, gazelles). Un inventaire fonctionnel decette zone devrait être rapidement entrepris, afinde connaître toutes ses potentialités. En effet, desrassemblements importants d’oiseaux ont étésignalés dans la région de Makalondi. Il est vrai-semblable qu’en raison de sa dimension, unzonage précis devra définir les statuts des diffé-rentes parties, de façon à assurer au mieuxconservation et développement humain.

La zone d’Ayorou, située sur le fleuve prèsde la frontière malienne, pourrait constituerune réserve fluviale (oiseaux aquatiques, hip-popotames, crocodiles, lamantins, poissons)qui constituerait un équivalent amont de lazone aval protégée dans le cadre du PN/WN.

La zone d’In Ates pourrait constituer unezone cynégétique (gazelles, outardes).

Département de Dosso Nord-Boboye : Il est urgent de définir un péri-mètre de protection dans la région de Kouré, afinde conforter la protection des dernières girafes del’Ouest Africain. Des études ont été développéesdepuis 1992 sur cette espèce.

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Un projet du F.E.D. est actuellement encours d’exécution qui laisse augurer d’une solu-tion positive pour la biodiversité et le dévelop-pement des populations locales. Cette réserveserait la seule consacrée à l’écosystème de“brousse tigrée” caractéristique de cette régionbioclimatique.Réserve partielle de faune de Dosso : Cette réser-ve qui protège le PNW/N sur la rive gauche duNiger n’a jamais reçu de statut particulier. Lesparties les plus faciles à exploiter, sur le planagro-pastoral, sont actuellement occupées par despopulations généralement sédentaires. Un zonagepermettrait de sauvegarder, sur les plateaux etdans les zones rocheuses, d’importants espaces deformations forestières susceptibles d’être revalo-risés et gérés rationnellement.

Département de Tahoua La zone d’Abalak-Mayata prolonge la réserve defaune du Tadress. Elle pourrait devenir une réser-ve de faune (singes, gazelles, outardes).

Zone de Tilia-Tassara : cette zone frontalièreavec le Mali abrite une faune sahélo-saharienne(gazelles dorcas et dama, outardes). Elle pourraitêtre constituée en zone cynégétique.

Mares de Tabalak, Kao, Dan Doutchi : ceszones humides constituent des habitats impor-tants pour les oiseaux migrateurs (canards,cigognes, chevaliers). Elles pourraient devenir àterme un site Ramsar.

Département de Maradi Nord-Dakoro : au nord de la zone sahélienne,cette zone abrite encore des effectifs appréciablesde gazelles, outardes et autruches. Elle pourraitêtre aménagée en zone cynégétique et constituerun tampon permettant de réhabiliter la Réserve deGadabedji.

Forêt de Baba N’Rafi : la forêt de BabaN’Rafi, contiguë du Nigéria abrite gazelles,autruches et un troupeau d’une centaine d’élé-phants. Cette zone, en contact avec des activitésagricoles, mériterait un statut de protection et unprogramme de gestion adapté.

Lac de Madarounfa : plan d’eau entouré deforêts classées, le lac est un important lieu dereproduction et d’hivernage d’oiseaux migrateursou sédentaires.

Département de ZinderZone du Termit : Cette région à l’écart des axes decirculation a conservé un ensemble fauniqueunique en Afrique (Oryx, addax, mouflons, ga-zelles, guépards, autruches, outardes). Ce sitepourrait devenir un parc national permettant laréhabilitation de l’oryx dammah. Un classementnational rapide de cette zone permettrait d’envisa-ger son inscription sur la liste du PatrimoineMondial.

Département de Diffa Vallée de Komadougou, Lac Tchad : il s’agitd’une zone d’habitats humides, où la faune asouffert des périodes de sécheresse de la décen-nie passée. D’importantes populations de mam-mifères mériteraient une protection et une valo-risation.

Département d’AgadezZone du Tadress : immense zone à cheval sur lesdépartements d’Agadez, Tahoua, Maradi, Zinder.Elle a déjà fait l’objet d’un pré-classement. Samise en œuvre permettrait de la soustraire auxconvoitises périodiques de richissimes princesarabes qui viennent y exercer un braconnagescandaleux.

CONCLUS ION

Le Niger renferme un important patrimoine natu-rel d’ou les populations tirent l’essentiel des élé-ments nécessaires à leur vie.

Ces ressources naturelles sont aujourd’huimenacées par les pressions anthropiques et natu-relles de toutes sortes qui font craindre desconflits potentiels entre les différents utilisateurs,une insécurité alimentaire persistante, la dispari-tion de certaines espèces et une érosion génétique.

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A l’effet de la conservation et de la gestiondurable des ressources au profit des popula-tions locales et pour l’humanité, le Niger s’estdoté de nombreux textes législatifs et régle-mentaires notamment la loi cadre surl’Environnement, les lois relatives à la chasseet la protection de la Faune sauvage, et à lapêche etc.

Le Niger a également ratifié de nom-breuses conventions, accords et traités inter-nationaux relatifs à l’Environnement et dispo-se de nombreux plans et programmes cadresde référence pour la gestion durable des res-sources naturelles.

L’existence de tous ces instruments etoutils démontrent combien le Niger est enga-gé sur le plan national et international àconserver et gérer durablement ses ressourcesnaturelles.

La gestion durable des ressources nécessi-te : la mise en œuvre effective de tous cestextes, la mobilisation des moyens financiers,humains et matériels, le renforcement descapacités qui font malheureusement cruelle-ment défaut au Niger, un des pays les pluspauvres de la planète.

En somme, la gestion des ressources natu-relles est une responsabilité collective.Toutefois, les actions prioritaires suivantesdoivent être entreprises :• La poursuite de l’information, la sensibili-

sation et l’éducation des forces de défenceet de sécurité du public, des décideurs, deshommes politiques ;

• La mise en œuvre des approches de ges-tion durable des ressources naturelles etdes paysages ;

• Le renforcement de nos capacités institu-tionnelles et juridiques pour mieux gérerles paysages et les écosystèmes ;

• Les politiques économiques et socialesdoivent appuyer la conservation de laBiodiversité et son utilisation durable ;

• Le renforcement de la collaboration avecles autres pays pour conserver et utiliserde façon durable la biodiversité.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

LEBERRE Michel O., sci, H.D.R., 1995.Mission d’assistance préparatoire enRépublique du Niger, dans le cadre de laconvention du Patrimoine Mondiale.

ABOUBACAR Awaïs et SEYDOU Seyni,1999. Utilisation durable de l’eau, desZones Humides et de la diversité biolo-gique dans les écosystème partagés (Bénin,Burkina Faso, Niger et Togo).

Commission Technique sur la DiversitéBiologique (décembre 1998), la stratégienationale et plan d’action en matière deDiversité Biologique.

KIRS Alexandre, 1997. Introduction au droitinternational de l’Environnement.

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1 – LA S ITUATION DE LA R ECH E R CH E

AR CHÉOLOG IQU E AU N IG E R E N 1999

1.1 – L’ÉVENTAIL DES RECHERCHES

ARCHÉOLOGIQUES DE 1959 À 1999

Les principaux axes de la recherche archéolo-gique au Niger concernent la Paléontologie, laPréhistoire, le post-néolithique, l’Age desmétaux, la Période ancienne et la Périodecontemporaine. Dans tous ces domaines lesdécouvertes et des études importantes ont étéeffectuées sous la direction administrative et/ouavec la collaboration scientifique et techniquede l’Institut de Recherches en SciencesHumaines (I.R.S.H.) de l'Université AbdouMoumouni de Niamey :- des gisements de dinosauriens et de croco-

diliens parmi les plus importants du Monde,et datant de la fin du Jurassique à la fin duCrétacé, il y a 150 à 100 Millions d'années,dans le Sud-Ouest du Massif de l'Aïr etnotamment à Gadoufaoua au sud-Estd’ Agadez dont le site est “avec le gisementde Tendaguru (... en Tanzanie) le plusimportant Gisement d’Afrique” par PhilippeTAQUET du Muséum d'Histoire Naturellede Paris de 1965 à 1975, par Neumann en1983 et par Paul Sereno à partir de 1993 ;

- des gisements paléoenvironnementaux etpaléoclimatiques du Bassin du Lac Tchad,des Massifs de Termit et de l'Aïr, du Ténéré,du Ténéré du Tafassasset, du Kawar, duDjado, de l'Azawagh, entre autres, par lesChercheurs de l'ORSTOM, du CNRS et duPALYDHAF (Faure 1956-1987, Maley1973-1989, Servant 1973-1983, Servant-Vildary 1978 et 1980, Rognon 1976-1993,

Fontes 1984-1988, lang 1979-1986, Gasse1984-1990, Durand 1979-1986, Mathieu1979 et 1980 pour le bassin du Lac Tchad,Roset et Quechon 1974, Quechon 1974-1989, Paris, Person, Quechon et Saliège1992 pour le Massif de Termit ; Roset 1971-1993, Quechon, Morel 1973-1986, Paris1984-1992, Person et Saliège 1986-1993pour :

- le Ténéré ; Paris et durand 1986, Paris,Person, Quechon et Saliège 1992 et 1993pour le Massif de l'Aïr et l'Azawagh ;Goulet-Quer, Grebenart, Paris, E. et S.Bernus, Cressier, Poncet, 1972-93 pour larégion d'In'Gall et Tegiddan' N'Tesemt,Aumassip 1984-1993, Ferhat et Striedter1991, Vernet 1989-1993, Vernet et Striedter1992, Aumassip et Tauveron 1993 pour leDjado, l'Aïr septentrional et l'Ahaggar) etpar les Chercheurs Allemands desUniversités de Berlin et surtout deWûrzburg dans le Tibesti, le Fezzan, leDjado, le Tchigaï, le Manguéni, le Kawar etle Ténéré (Busche 1982-1992, Grunert1986-1991, Schultz 1980-1992, Baum-hauwer 1986-1993, Hagedorn 1986 et 1988,Stengel 1989 et Volkel 1987-1991),

- des gisements concernant la géomorpholo-gie et la géologie du quaternaire,l’Acheuléen, l’Atérien, le Néolithique et lesmonuments funéraires du Nord-Est du mas-sif de l’ Aïr par la “British Aïr MountainsExpedition 1970” sous la direction scienti-fique de J. Desmond Clark de BerkeleyUniversity de Los-Angeles aux U.S.A.,

- des gisements paléolithiques acheuléensdatant d'il y a 34.000 à 60.000 ans dansl'Adrar Bous et le Takolokouzet notamment

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THÈME 3 : PILLAGE ET PROTECTION DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE AU NIGER

Présenté par Dr. BOUBÉ GADO (IRSH-DARA), Dr. ABDOULAYE MAGA (IRSH-DARA),

et Dr. OUMAROU AMADOU IDE (IRSH-DARA)

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par Jean Maley, Michel Servant et Jean-PierreRoset de l'ORSTOM de 1970 à 1974,

- des gisements paléolithiques atériens dansl'Adrar Bous par Jean Maley, MichelServant et Jean-Pierre Roset de l'ORSTOMet surtout dans le Kawar et le Djado parThierry Tillet et Robert Vernet du CNRS,

- des gisements paléolithiques acheuléensdatant d'il y a 34.000 à 60.000 ans dansl'Adrar Bous et le Takolokouzet notam-ment par Jean Maley, Michel Servant etJean-Pierre Roset de l'ORSTOM de 1970 à1974,

- des gisements paléolithiques atériens dansl'Adrar Bous par Jean Maley, MichelServant et Jean-Pierre Roset de l'ORSTOMet surtout dans le Kawar et le Djado parThierry Tillet et Robert Vernet du CNRS,

- des gisements préhistoriques paléoli-thiques et surtout néolithiques du Niger-Ouest par Robert Vernet du CNRS,

- des recherches préhistoriques par Jean-Pierre Roset, Michel Servant, Jean Maleyet Gérard Quechon de l’ ORSTOM de1970 à 1974 et par Gérard Quechon de1980 à 1985 dans le bassin du Lac Tchad,le Massif de Termit, le Ténéré et les bor-dures orientales du Massif de l’Aïr sur lepaléoclimat, l’Acheuléen, le Néolithique,l’ Art rupestre et les débuts de la métallur-gie du fer datant du XVe avant J.C., c'està dire plus de 3.400 ans avant nos jours,dans le massif de Termit ;

- des gisements néolithiques parmi les plusvieux du Monde et notamment du gisementde Tagalagal, dans les Monts Bagzanes,daté d'il y a 10.000 ans avant nos jours, etdont la céramique est peut-être la plusancienne du Monde, par Jean-Pierre Rosetde l'ORSTOM,

- des gisements des débuts de la métallurgiedu cuivre datés d'il y a 3.800 à 3.200 ansavant nos jours, soit 2.000 ans avant JésusChrist, au Sud-Ouest de l'Aïr par DaniloGrebenart, Pierre-Louis Gouletquer et

Suzanne Bernus de la R.C.P. 322 du CNRSdans le cadre du Programme Arché-ologique d’Urgence d’Ingall et de Tegidda’N‘ Tesemt de 1977 à 1981,

- des gisements des débuts de la métallurgiedu fer le long de la Falaise de Téguiditdatés du début au milieu du Ier Millénaireavant Jésus Christ datés par DaniloGrebenart du CNRS,

- des gisements post-néolithiques de“l'époque des chars” et notamment du sited'Iwelen, au Sud du Mont Greboun, oùsont situées en corrélation gravuresrupestres, site d'habitat et monumentsfunéraires, et qui a fourni le plus vieuxchale et la plus vieille tunique ou boubouféminin du Niger, datés de 800 après JésusChrist, par Jean-Pierre Roset et FrançoisParis de l'ORSTOM de 1980 à 1992,

- des gisements et stations d'art rupestre del’Est et du Nord-Est du Massif de l'Aïr parJean-Pierre Roset de l'ORSTOM de 1970 à1987,

- des sites médiévaux des villes anciennes deMarandet, d'Azelik/Takadda/ Tegidda et deIn-Todok datés respectivement, du VIe auXIIe siècle pour Maranda, du XIVe auXVIe siècle pour Takadda et du XVe auXVIe siècle pour In-Todok, par DaniloGrebenart, Suzanne et Edmond Bernus,François Paris et Patrick Cressier duCNRS et de l'ORSTOM,

- des sites des mosquées anciennes et autreslieux saints du Massif de l'Aïr pour leurarchitecture par Suzanne BERNUS etPatrick Cressier du CNRS,

- des gisements et des monuments funérairesdu Massif de l'Aïr essentiellement parFrançois Paris de l'ORSTOM de 1977 à1992,

- des gisements préhistoriques, post-néoli-thiques et historiques du Sud-Est Nigériende 1980 à1983 par le Regrété Jean-PierreMaître de l'ORSTOM, mort héroïquementà la tâche à Zinder en 1983,

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- des sites préhistoriques et rupestres du mas-sif du Djado par le Programme deRecherche sur le Holocène de la BordureMéridionale du Sahara conduit par leG.D.R. 848 (Algerie-France -Allemagne-Niger) sous la direction de GinetteAumassip du CNRS, et avec la collabora-tion de K.H. Striedter (Institut Froebenius),Najib Ferhat (Université d'Alger), AmadouIde Oumarou (FLSH-Université Abdou,Moumouni de Niamey), Michel Tauveron(CNRS) et Robert Vernet (FLSH-UniversitéAbdou Moumouni de Niamey et CNRS),

- des gisements historiques notamment lesite de la ville ou structure “tracée” deTondikwarey à 125 km au sud-ouest deNiamey datée du XVe au XVIIe siècle dansl’Ouest du Niger par Pablo Toucet de 1959à 1960,

- des sites post-néolithiques, protohistoriquesou historiques comme les “tombo” du Zigi,de Rozi, de Kareygooru et du Goruwol àperles en quartzite “atakurma hiri” et àperles en terre cuite “perles de Yatakala”par Chevot Guy de Beauchêne du CNRS de1962 à1969 et par Boubé Gado et leDépartement d'Art et d'Archéologie del'I.R.S.H, notamment dans la vallée du fleu-ve Niger et le Dallol Bosso de 1970 à 1977;

- des recherches archéologiques par HenriLhote du CNRS notamment de 1970 à 1974sur la préhistoire et l’Art rupestre de l’Ouestet du Nord-Ouest de l’Aïr, les monumentsfunéraires et les sites historiques du Massifde l’Aïr et de ses pourtours occidentaux etméridionaux,

- des sites post-néolithiques anciens ou histo-riques du Système des sites de Karygooru etGosogooru dans la Vallée moyenne du fleu-ve Niger un peu en amont de Niamey carac-térisés par deux séquences de peuplement,une première séquence, plus ancienne, avecses vases et ses statuettes anthropomorphesvotives, l'abondance de ses perles en quartzet en quartzite à Kareygorou, à Gosogooru,

à Kareybangu, à Bangule et à Ndunga datésdu début du Ve siècle au XIIe siècle aprèsJ.C. et la seconde séquence, plus récente,avec ses six tumuli ou “mausolées présumésde rois Moosi ou Gurmance”, alignés lelong du fleuve à Kareygooru-Birniwol etdatés du XIIIe siècle au XVe siecle, parBoubé Gado et le Département d’Art etd’Archéologie de l’Institut de Recherchesen Sciences Humaines (I.R.S.H.),

- des sites post-néolithiques anciens ou histo-riques du Système des sites de Yatakala, deYaasaan, de Firghun et d'Ayeru sur les deuxrives de la Vallée moyenne du fleuve Nigeret le long du Gooruwol, caractérisés parl'abondance de perles fines en terre cuite,une céramique de très grande facture ou degreniers à base piriforme et à couvercle etune céramique de dimension moyenne àengobe rouge-brun et lisse sur 4 mètresd’épaisseur à Yaasaan, à Yatakala, à Firghunet à Beibataan datés du début du VIIe siècleau XIIe siècle après J. C., par Boubé Gadoet le Département d’Art et d’Archéologiede l’Institut de Recherches en SciencesHumaines (I.R.S.H.),

- des sites post-néolothiques anciens ou his-toriques du Système des sites de Theim-Kareyguusu dans la vallée fossile salée deL'Anzuru, caractérisés, eux-aussi, par unecéramique de très grande facture et unecéramique de dimension moyenne à engoberouge-brun et lisse sur 3 mètres d’épaisseur,à Theim-Kareyguusu, à Arku et àNyezukoyo datés de la fin du IX e siècle auXIIe siècle après J.C., par Boubé Gado et leDépartement d’Art et d’Archéologie del’Institut de Recherches en SciencesHumaines (I.R.S.H.),

- des sites post-néolithiques anciens ou histo-riques du Système des sites de Yatakala, deYaasaan et de Firghun sur les deux rives dela Vallée moyenne du fleuve Niger et le longdu Gooruwol, caractérisés par l'épaisseur dela couche archéologique de 4 mètres, l'abon-

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dance des perles fines en terre cuite, unecéramique de très grande facture et unecéramique de dimension moyenne à engoberouge-brun, à Yaasaan, à Yatakala, à Firghunet à Beibataan datés du début du VIIe siècleau XIIe siècle après J.C., par Boubé Gadoet le Département d’Art et d’Archéologiede l’Institut de Recherches en SciencesHumaines (I.R.S.H.),

- des sites post-néolithiques anciens ou histo-riques du Système des sites de Gabu et deKandaji sur les deux rives du fleuve Nigerd'amont en aval du village de Kindaji, carac-térisés par l'épaisseur de la couche archéo-logique de 5 mètres et par l'abondance deleur belle céramique carénée et à engoberouge-brun et lisse sur 5 mètres d’épaisseurnotamment à Gabu datés du début du VIIesiècle au Xe siècle après J.C., par BoubéGado et le Département d’Art et d’Arché-ologie de l’Institut de Recherches enSciences Humaines (I.R.S.H.),

- des sites post-néolithiques anciens ou histo-riques du Système des sites de Bura et deLurgu caractérisés par leur art et leur statuai-re funéraire anthropomorphe en terre cuite eten stéatite datés du début du IIIe siècle auXIIe siècle après J.C. par Boubé Gado et leDépartement d’Art et d’Archéologie del’Institut de Recherches en SciencesHumaines (I.R.S.H.) de l980 à 1988,

- des sites de métallurgies anciennes de laVallée moyenne du fleuve Niger(Arrondissements de Téra, de Tillabéry etde Kollo) par Nicole Echard du CNRS,Boubé Gado et le Département d'Art etd'Archéologie de l'I.R.S.H. de 1987 à 1989,

- des sites à céramique néolithique et proto-historique de la région de Tanout au sud dumassif de l’Aïr par Soumana Garanke duDépartement d'Histoire de la Faculté desLettres et Sciences Humaines del’Université Abdou Moumouni de Niamey,

- des stations d'art rupestre du Massif de l'Aïret du Djado par Christian Dupuis du CNRS

(1984-1993) et Mohammed Akotey sous ladirection de Ginette Aumassip du CNRS(1993),

- des gisements préhistoriques de l’AzawaghOriental par Abdoulaye Issaka Maka (Dara-Irsh Université Abdou Moumouni deNiamey) sous la direction de François Parisde l’ORSTOM de 1988 à 1993.

Il faut ajouter à ces recherches l’InventaireNational des Sites et Monuments Historiqueseffectué en Août-Septembre 1989 par une équi-pe pluridisciplinaire interministérielle sous latutelle du Ministère chargé de la Culture et sousla direction scientifique de Boubé Gado del'IRSH, sur l’ ensemble du territoire national en1989 et les études de faisabilité et l’établisse-ment des fiches techniques des musées régio-naux effectuée par la même équipe en 1990.

C'est donc une somme de connaissancesinédites, variées et fondamentales que mettent ànotre disposition les archéologues et les spécia-listes des sciences de la terre avec de nouvellesdonnées et une meilleure compréhension del'histoire des paléoenvironnements et des chan-gements climatiques depuis plus de 150.000ans, avec les découvertes “des technologies depointe” préhistoriques et anciennes commecelles, notamment et entre autres, de la céra-mique néolithique la plus ancienne du mondedatée de 10.000 ans avant nos jours, des outilslithiques perfectionnés en pierre verte duNéolithique Ténéréen, d'une métallurgieancienne du cuivre datant du début du IIeMillénaire avant Jésus Christ et d'une métallur-gie ancienne du fer du milieu du IIe Millénaireavant Jésus Christ qui sont parmi les plusvieilles du Continent, sans oublier la découver-te d'une tunique et d'un chale de laine de couleurdatant de 800 ans après Jésus Christ représen-tant les textiles les plus vieux du Niger et celled'une statuaire et un art funéraires et/ou votifsde vases, d'éffigies et de statuettes en terre cuiteet en pierre des plus originaux et inconnus jus-qu'alors dans la région, et datant de la fin du IIesiècle au début du Ve siècle après Jésus Christ.

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La découverte et la qualité des études et ana-lyses de tant de gisements et de sites archéolo-giques, et surtout l'importance scientifiquesous-régionale, continentale et même mondialedu matériel archéologique, des datations et desrésultats obtenus,ont placé et propulsé d'embléela sous-région et le Niger au rang des zones lesplus connues dans ce domaine, et ont offert auxhistoriens, aux géographes et aux spécialistesde l'Environnement et du Developpement, untrès large faisceau de connaissances et derepères chronologiques sur les paléoenvironne-ments et l'occupation humaine du SoudanCentral et de l'espace nigérien en particulier, destemps les plus reculés à l'époque contemporaineactuelle.

1.2 – LES DIFFÉRENTS PROGRAMMES ET MISSIONS

QUI ONT SOUS-TENDU LES RECHERCHES

ARCHÉOLOGIQUES

Les programmes et projets de recherchesarchéologiques les plus importants qui ont étémis sur pied sur le territoire de la République duNiger l'ont été dans le souci de developper nonseulement les recherches dans les zones les pro-metteuses et les plus ménacées mais aussi defaire en sorte que l'ensemble du territoire natio-nal soit plus ou moins couvert ne serait-ce qu'auniveau des reconnaissances et de l'inventairearchéologiques.

Mais avant “l'ère des programmes et des pro-jets”, il y a eu d'abord et pendant longtemps“l'ère des missions et des expéditions”.

1.2.1 – Les “missions et expéditions derecherches archéologiques”Avant 1966, date de la création de la Sectiond’Archéologie du Centre Nigérien deRecherche en Sciences Humaines (CNRSH),c'est à dire l’actuel Département d'Art etd'Archéologie de l'Institut de Recherches enSciences Humaines (IRSH) qui a lui-mêmereçu cette dénomination avec son intégrationforcée à l'Université de Niamey en 1974, il était

difficile d’établir la liste sinon par compilationbibliographique et de parler des programmes,des projets et des résultats des recherchesarchéologiques effectuées au Niger surtout parles missions de recherches étrangères et notam-ment françaises. Le peu qu’on puisse dire, c’estque toutes ces missions se sont presque exclusi-vement limitées à la partie saharienne du pays etnotamment l’Aïr et à ses pourtours.

Les missions et expéditions de recherches paléon-tologiques : 1966-1975 Celles-ci ont été menées par une équipe depaléontogistes français du CNRS et du Muséumd’Histoire Naturelle de Paris avec la collabora-tion puis sous la direction scientifique dePhilippe Taquet de 1966 à 1975 essentiellementsur le site de dinosauriens de Gadoufaoua à 170km du sud-est d’Agadez.

Le Pavillon de Paléontologie, le crâne decrocodilien Sarcosuchus Imperator, lesempreintes de dinosaure, le squelette du dino-saurien Ouranosaurus Nigérensis Taqueti, letronc silicifié exposés actuellement au MuséeNational du Niger à Niamey, divers articles etune thèse de doctorat d’État “Géologie etPaléontologie du gisement de Gadoufaoua”sou-tenue par Philippe Taquet en 1973, la reconsti-tution du dinosaurien Afrovenator Abakkinsisen1997 et bientôt celle d’un des plus grandssauropodes jamais mis au jour par Paul Sereno,ont été les résultats les plus marquants de cesrecherches.

Les missions archéologiques de Pablo Toucet :1959-1963Avant d’entreprendre la réalisation de son gran-d'oeuvre que fut le Musée National de Niamey,Pablo Toucet effectua quelques reconnaissancesarchéologiques et surtout des reconnaissanceset des fouilles de sondages dans la région deTorodi et sur le site de Tondikwarey à 100 kmde Niamey. Si des résultats probants n’ont paspu être obtenus, il n’en demeure pas moins queToucet a laissé un important rapport de fouille

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illustré d'ailleurs par le cinéaste en herbesqu'était à l'époque Moustapha Alassane qui futavec Ammani Fanga et Amadou Moussa parmiles premiers collaborateurs nigériens qui l'aidè-rent dans sa tâche de réalisation du MuséeNational. Ce rapport peut encore servir à lareprise des travaux sur ce site.

Les missions archéologiques de Chevot Guy de Beauchêne : 1962-1970Cet Archéologue Français entreprit, d’aborddans le cadre de missions de recherches fran-çaises (1962-1965), puis plus tard, en tant queResponsable de la section d’archéologie duCNRSH (1966-1970), des tournées de recon-naissances préhistoriques et archéologiquesdans l’Ouest du Niger et le Massif de Termit quiont fait l’objet de plusieurs communications àdeux congrès d’Archéologie Africaine, mais lepeu d’indications laissées sur place à l'IRSH surles récoltes archéologiques elles-mêmes ontdiminué l’intérêt scientifique que pouvaientrevêtir les activités de ce chercheur au Niger.

Les missions archéologiques de l’ORSTOM via le Tchad : 1969-1972 Les premières missions préhistoriques etarchéologiques de l'ORSTOM au Niger ont étéeffectuées à partir de la Mission ORSTOM deN'Djaména au Tcahad et elles furent animéespar Roset, Servant, Malley et Quechon pour lesétudes de paléoenvironnements, de géologie, depréhistoire, d'archéologie et d'art rupestre. Lestravaux de ces Chercheurs, accessoirement dansl’Aïr, et, surtout, dans le Massif de Termit ontpermis, pour la première fois dans l’histoire dela recherche archéologique au Niger, l’acquisi-tion d’une collection scientifique de matérielarchéologique lithique par le Musée National deNiamey. Cette collection est exposée auPavillon de Paléontologie. J.P. Roset a montéaussi une exposition de gravures rupestres auPavillon des Collections Ethnographiques dumême Musée. Ces Chercheurs qui étaient àl’époque basés à N’Djaména au Tchad ont

transféré au CNRSH à Niamey, en 1973, tout lematériel archéologique nigérien récolté aucours de leurs missions. Quechon s’est proposéd’en compléter l’étude dans le courant de l’an-née 1981. Divers articles parus dans des revuesspécialisées ou dans les cahiers de l’ORSTOMont illustré l’ensemble des travaux des missionsarchéologiques de l’ORSTOM de cette époque.

Outre la découverte de nombreux sites pré-historiques, dans le Massif de Termit, l’impor-tance de ces recherches était apparu avec unintérêt scientifique nouveau, après desrecherches similaires, effectuées le long de lafalaise de Tiguidit. On avait, en effet à cetteépoque, découvert dans ce massif, les tracesd’une métallurgie ancienne du fer remontantentre le Xème et le VIIème siècle avant l’èrechrétienne que l’on pensait trop ancienne pourl’Afrique subsaharienne jusqu’à ce que d’autresdatations obtenues ailleurs en Afrique et surtoutdans la même région soient venues aujourd’huireculer cette antériorité jusqu’au milieu du IIeMillénaire avant Jésus Christ.

Les missions archéologiques d’Henri Lhote :1969-1974Outre ses recherches sur l’art rupestre nigérienqui ont fait l’objet de trois publications : “Lesgravures rupestres du sud-ouest de l’Aïr”, “Versd’autres Tassili”, puis “Les gravures rupestresde l’Oued Mammanett”, Henri Lhote avaitentrepris des recherches préhistoriques, archéo-logiques et historiques, parfois vivement criti-quées dans le monde scientifique, dans l’Aïr,notamment à Arlit, à Marandet et avait partici-pé à la polémique passionnée maintenant défi-nitivement tranchée de la localisation de l'em-placement de la ville médiévale de Takaddavisitée par le voyageur andalous Batutta en1353. Une partie des collections récoltées parHenri Lhote au cours de ses recherches est stoc-kée à l’IRSH de Niamey et attend toujoursd’être étudiée tandis qu'une autre partie, nonmoins importante, notamment une cinquantainede squelettes humains néolithiques du site néo-

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lithique du Dispensaire actuel d'Arlit, est nor-malement entreposée au Musée de l'Homme,Place du Trocadéro à Paris.

La mission archéologique anglo-américaine de 1970 Sous la responsabilité scientifique du préhisto-rien américain J. Desmond Clark del’Université de Berkeley (Californie, LosAngeles, U.S.A.), une équipe anglo-américainedénommée “British Aïr Mountains expedition1970”, effectua des recherches surtout géolo-giques, préhistoriques et archéologiques dans leNord de l’Aïr et notamment sur le pourtour del’Adrar Bous pendant six mois. Il en est résultéplusieurs publications d’articles dans les revuesspécialisées anglo-saxonnes et une expositionde préhistoire avait été montée à l'Université deBerkeley, mais hélas! depuis cette date, aucunobjet de cette collection n'a pu être encore rap-patrié au Niger malgré les engagements desResponsables de l'Expédition.

Les missions archéologiques de boube Gado à lasection d’archéologie du CNRSH : 1970-1977Les reconnaissances effectuées par Chevot Guyde Beauchêne se poursuivirent jusqu'en 1970,date à laquelle Boubé Gado prit le relais.

De 1970 à 1974, il entreprit des tournéesdans l’Ouest du pays et notamment des son-dages à ROZI dans le Bas Dallol Bosso, avantde concentrer à partir de 1975 ses activités surle système des sites de Kareygorou et d'élaborerenfin le premier projet nigérien de recherchesarchéologiques avec “Le Programme derecherche archéologique du Niger-Ouest :Vallée moyenne du fleuve Niger”. Ce Pro-gamme a connu plusieurs phases et developpe-ments avec les fouilles du site de Kareygooru-Birniwol de 1975 à 1977, les reconnaissancesdans les secteurs de Torodi- Bossebangou-Téraet dans les secteurs de l'Anzourou et du Dalloljusqu'à Shatt et Bonkoukou de 1977 à 1982 etles sondages et les grandes fouilles de BURA àpartir de 1983. Les premiers résultats des activi-

tés de recherche de Boubé Gado ont fait partie del’Exposition préhistoire et archéologie nigé-riennes, IRSH, Avril 1980 au Musée National deNiamey et les fouilles de Bura ont donné despièces -maîtresses qui ont constitué l'essentiel etle clou de l'Exposition Universelle “Vallées duNiger” qui a eu lieu à Paris d'Octobre 1993 àFévrier 1994, puis à Leyden aux Pays-Bas deMars 1994 à Juillet 1994 avant d'entamer une iti-nérance africaine dans tous les pays riverains dugrand fleuve.

Les missions archéologiques de J.P. Roset et de la mission ORSTOM du Niger à Niamey :1974-1980Après le Massif de Termit, ce Chercheur del’ORSTOM a entrepris entre 1974 et 1980 desrecherches sur le néolithique et l’art rupestre dela bordure orientale du Massif de l’Aïr. En plusde l’exposition sur les gravures de la frange Estde l’Aïr montée au Musée National de Niamey,les résultats de ses travaux sont exposés auPavillon d’Exposition Temporaire du mêmeMusée dans le cadre de l’exposition Préhistoireet archéologie Nigériennes, IRSH, avril 1980.Les récoltes archéologiques sont à l’étude et M.Roset assurera à partir de fin 1980 leProgramme de recherche archéologique desbordures orientale et occidentale du Ténéré duTafassasset en collaboration avec F. Paris.

Les missions archéologiques de Thierry Millet duDépartement d’histoire de la Faculté des lettreset sciences humaines de l’Université de Niamey :1977-1980Ce Préhistorien Français, qui était alorsAssistant à l’Ecole des lettres et scienceshumaines de l’Université de Niamey, entreprit,dans le cadre de cette Ecole, des travaux derecherche sur le paléolithique du Kawar et duDjado dont les résultats servirent non seulementde documents didactiques à l’enseignement desétudiants du Département d’Histoire del’Université de Niamey mais furent aussi l’objetd’une thèse de spécialité en 1980 : “Contri-

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butions à l’étude des industries paléolithiquesdu Bassin Tchadien septentrional” et d’une par-tie de “l’Exposition Préhistoire et ArchéologieNigériennes, IRSH, Avril 1980” du MuséeNational.

Le survol des recherches archéologiqueseffectuées au Niger de 1959 à 1980 montre lesdifférentes régions couvertes dans ce domainejusqu’en 1980 et celles qui ne le sont pascomme tout le Niger-Centre de Dogondoutchi àZinder et tout le Sud-Est Nigérien de Gouré àNguigmi. Les programmes de plus en pluscohérents et complémentaires qui furent menéspar la suite permirent dans une certaine mesurede corriger ce déséquilibre.

1.2.2 – Les programmes de recherches archéologiques à court ou à long terme

Programme de sauvetage archéologique de la région d’Ingall et de Tegidda’N Tesemt :1977-1980Ce programme franco-nigérien, le premier dugenre, a été essentiellement pris en charge parles archéologues et anthropologues français dela RCP 322 du CNRS (Geneviève Calame-Griaule, Edmond et Suzanne Bernus, PierreLouis Gouletquer, Danilo Grebenart etc.) et del’ORSTOM (F. Paris) et le personnel scienti-fique et technique du Département d'Art etd'Archéologie de l'IRSH (Boubé Gado,Mohammed Fani Maïfada Ganda et AmadouBrah, Doulla Sindy, Hima Himadou etc.). Il acouvert pratiquement le Sud de l'Aïr (jusqu’àla frange méridionale de la falaise de Tiguidit)et le Sud-Est (jusqu’à Tchin Tafidet au Nord-Ouest de Teguiddan Tessoum) et il a permis ladécouverte d’une métallurgie ancienne ducuivre datant du début du IIe Millénaire avantJ.C. à Afunfun, du XIV° Siècle et du VII°Siècle avant J.C. à Sekkiret près de TeguiddanTessoum. Ceci a permis de prendre en consi-dération la découverte faite par Roset etQuechon d’une métallurgie ancienne du ferdatant d’entre le X° et le VII° Siècles avant J.

C. dans le Massif de Termit en 1973, alors queces chercheurs n’avaient pu à l’époque selivrer qu’à de timides affirmations, étant donnéles dates assez réculées par rapport au courantscientifique diffusionniste en cours. La miseen place du Programme a été motivée par lesrecherches minières et notamment uranifèresqui avaient lieu dans la zone. Il a représenté legenre d’action ponctuelle qui aurait été souhai-table sur tous les autres périmètres derecherches minières. La portée scientifique desrésultats déjà obtenus a montré la nécessité del’importance à accorder à l’orientation natio-nale en matière de recherches par rapport auxinitiatives individuelles. Il a montré aussi lanécessité, pour l’État nigérien, de participertoujours plus concrètement, sur le terrain, auxrecherches qui se font sur son territoire, enfavorisant la formation des cadres et des tech-niciens nigériens, en y apportant sa contribu-tion en personnel scientifique et technique etsa contribution financière comme, parexemple, pour la construction de la base del’IRSH d’Agadès, la mise à disposition de sonmatériel de recherche et de ses moyens detransport.

Les résultats déjà obtenus par l’équipe duProgramme de sauvetage archéologique de larégion d’In Gall et de Teguiddan'Tessoum fontpartie de l’exposition Préhistoire et archéolo-gie Nigériennes, IRSH, Avril 1980. Diversarticles de J.P. Gouletquer, D. Grebenart et S.Bernus etc., portant sur ce point ont déjà parudans des revues spécialisées et l'ensemble duProgramme a fait l'objet de six numéros de lacollection des Etudes Nigériennes publiées parl'I.R.S.H..

Programme de recherche archéologique du Niger ouest Ce Programme couvre les départements deNiamey et de Dosso et il est pris en charge parBoubé Gado et le Département d'Art etd'Archéologie de l’IRSH depuis 1975, d'abordavec les maigres crédits alloués à ce Dépar-

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tement sur les fonds de recherche accordés àl'IRSH, puis grâce à un financement de laCoopération Française surtout à partir de 1982.Cette insuffisance de financement avait ralenticonsidérablement l’avancement des travaux, etle Département avait dû concentrer essentiel-lement ses activités le long du fleuve Niger et,de façon plus restrictive, sur les fouilles du siteà statuettes en terre cuite de Kareygorou à 15km en amont de Niamey. Ce n'est qu'ensuiteque le projet a pu s'étendre à l'ensemble de lavallée moyenne du fleuve Niger, à la région deBolsi, de Tera, de l'Anzourou et de Tillabery.

Il peut,dans la phase actuelle,revêtir uncaractère d’urgence avec la construction duBarrage de Kandaji et la ménace de pillage dessites à statuettes, et il devrait être alors refor-mulé en tant que “Programme de recherche etde sauvetage archéologique de la valléemoyenne du fleuve Niger”, les fonds néces-saires pouvant être demandés à l’Autorité duBarrage de Kaindaji et à d'autres bailleurs defonds.

Programme de recherche archéologique des bordures orientale et occidentale du Ténérédu Tafassasset : 1980-1985Ce projet préparé avec l’accord de l’IRSH etpris en charge par les archéologues del’ORSTOM, J.P. Roset et F. Paris, avec unfinancement ORSTOM, débuta en Octobre1980 et fut axé sur le néolithique, les monu-ments funéraires et l'art rupestre de la régionafin de compléter les recherches qui se fai-saient plus au sud, dans le même domaine,dans le cadre du Programme de sauvetagearchéologique de la région d’In Gall et deTeguiddan 'Tessoum et ce qui avait été faitdans le Massif de Termit. On connait aujour-d’hui, à travers le monde, les développementset les résultats importants et inédits auxquelsa abouti ce Programme avec la céramique néo-lithique de Tagalagal, la pointe de cuivred'Intekebrin, les textiles et les gravuresrupestres d'Iwelen pour ne citer que ceux-ci.

Programme de recherches archéologiques et histo-rique du Kawar : 1981-1983Ce projet élaboré par le Département d’Histoirede la Faculté des Lettres et Sciences Humaines(FLSH) et le Département d’Art et d’Archéolgiede l’Institut de Recherches en SciencesHumaines (IRSH) de l’Université de Niameydevait couvrir le Kawar et le Djado et s’attèler àl’étude du paléolithique, de l’archéologie post-néolithique, protohistorique et médiévale et del’histoire du Kawar. Si ce programme auqueldevaient participer Thierry Tillet et Dierk Lange,tous deux, à l’époque, Enseignants à la Facultédes Lettres et Sciences Humaines de l’Universitéde Niamey, avait pu être mis sérieusement surpied dans les domaines concernés, et si lesrecherches avaient abouti à des résultats concrets,on aurait obtenu alors un ensemble de travauxcroisés couvrant la préhistoire, l’archéologie etl’histoire de cette région. Ce programme auraitpu faire la jonction scientifique qui s’avéraitnécessaire entre les travaux déjà effectués parRoset, Servant, Malley et Quechon dans le Massifde Termit, ceux entrepris par J.P. Roset et F. Parisdans le cadre du Programme de recherchesarchéologiques des bordures orientale et occiden-tale du Ténéré du Tafassasset qui avait débuté enOctobre 1980 et ceux auxquels devaient s’attelerJ.P. Maître, Mamadou Makama et ZakariMaikorema dans le cadre du Programme derecherches archéologiques et historiques du sud-est nigérien qui vit le jour en 1981.

Il est apparu alors clairement que les diffé-rents programmes de recherches archéolo-giques,déjà exécutés ou en cours de préparationou d’exécution au Niger, devraient completerles travaux déjà effectués dans le Massif de l’Aïret le Massif de Termit,mais surtout s’intégrerdans une programmation à long terme à l’échellenationale, qui, à partir du Djado, devrait aboutirau Kawar et au Massif de Termit en direction duBassin Tchadien d’une part, et du Ténéré duTafassasset et de la bordure septentrionale etorientale du Massif de l’Aïr jusqu’à la falaise deTiguidit en direction du Niger-Centre, et jus-

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qu’à Tchin Tafidet en direction de la vallée del’Azawak et du Bassin Nigérien, d’autre part.Les futurs projets devraient alors couvrir obli-gatoirement toutes les zones non encore explo-rées ou autant que faire se peut, tout le Sud-EstNigérien, le Centre du pays du Sud de la falai-se de Tiguidit à la région de Maradi et deZinder, l’Adar-Doutchi-Majjia du Sud de laFalaise de Téguidit à la région de Tahoua-Birni-N’Konni et la Vallée de l’Azawak endirection des Dallols Bosso et Mawri et dufleuve Niger.

Mais des aléas de toute sorte et surtout lemanque de financement n’ont pas permis laconcrétisation de ce Programme.

Programme de recherches archéologique et historique du sud-est nigérien Ce fut dans le souci de combler le “vide” lais-sé au sud du massif de Termit, que l’IRSH avaitélaboré un projet de Programme de recherchesarchéologique et historique du sud-est nigérien.

Si l’on commençait, en effet, à pouvoirsituer l’évolution préhistorique et postnéoli-thique des zones géographiques plus ou moinshomogènes comme le Tassili des Ajjers, l’Aïr,l’Ahaggar, si l’on commençait à entreprendrel’étude des bordures de vallées fossilescomme le Tafassasset et le Kawar et de petitsmassifs intermédiaires comme le massif deTermit, il n’en restait pas moins que de vasteshiatus se manifestaient dans notre connaissan-ce de régions et d’axes probables de peuple-ment comme la vallée de l’Azaouak (en direc-tion du bassin nigérien) ou comme la vallée dela Dilia (en direction du bassin tchadien), hia-tus dont le “débroussaillement” permettrait lajonction d’avec ce que nous savions sur la val-lée et tout le bassin nigérien ou sur le plateaude Baoutchi et la vallée de la Bénoué.

Des données archéologiques élémentairesfaisaient défaut et le but de l’enquête serait dedéfinir la part des abords du lac et de la Diliadans le développement de Termit et de sarégion, dont on connaissait l’importance, à

des titres divers, depuis les recherches de G.Quechon et de J.P. Roset.

Ce programme s’inscrivait, d’autre part,dans le cadre des recherches paléoclimatolo-giques et paléogéographiques que menaientdepuis plusieurs années, dans le Sud-Est dupays, des géologues de la Faculté desSciences, et notamment Alain durand et AndréPouclet.

Au niveau thématique enfin, il complèteraitles recherches de C. Quechon, Servant-Malleyet Roset à Termit et celles des archéologues dela RCP 322 et de l’ORSTOM, dans la régionau sud-ouest d’Agadès (dans le cadre d’unautre projet, le Programme de sauvetagearchéologique de la région d’In Gall et deTéguiddan Tessoum), sur la transition du néo-lithique à la métallurgie ancienne et les déve-loppements de cette dernière.

La portée scientifique du programmearchéologique impliquait l’importance du pro-gramme de recherche historique. En outre,c’est bien au nord de la région que fut décou-verte, dans le Massif de Termit, une métallur-gie ancienne du fer datée déjà d’entre le X° etle VII° Siècles avant J.C. et c’est aussi au sudde cette région à Daïma et sur le Plateau deBaoutchi que fut découverte la Civilisation deNok et une métallurgie ancienne du fer datéedu VI° Siècle avant l’ère chrétienne. A cesdonnées scientifiques, il fallait ajouter que,dès la fin du IX° Siècle, après J.C., Al-Yaqubi,auteur arabe qui écrivit entre 872 et 891,signalait le développement de certainsroyaumes et communautés historiques négro-africaines dont le Kanem (le Kanem-Borno),les “H.sh.a” (les Hausa ?), Maranda (l’actuelMarandet au Sud-ouest d’Agadez, Gobirancien ou futur Gobir ?), Kawkaw (Kukya,futur Songhay) et Ghana. Il apparaissait alorsnettement que le Sud-Est Nigérien, qui fut entotalité ou en partie intimement lié à l’histoiredu Kanem-Borno, ait donc fait partie des pre-mières grandes zones de développementsocio-économique et socio-culturel du Bilad-

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Al-Sudan ; celles-ci ont, les premières, accédéà une formation étatique dans tout le Soudannigéro-tchadien.

Il méritait, de ce fait, une attention scienti-fique particulière, et la connaissance de sonpassé historique aurait été une contributionimportante à l’histoire de cette partie duSoudan central où s’était maintenu, à traversheurts et malheurs, et avec ses ères de gloire,pendant plus de onze siècles, l’Empire duKanem-Borno.

Le volet archéologique de ce programmefut conduit par J.P. Maître, Préhistorien fran-çais dont la grande expérience en préhistoiresaharienne, notamment dans l’Ahaggar, étaitun atout exceptionnel qui lui permettait de por-ter l’accent sur la prospection préhistorique etarchéologique et l’étude des ensembles régio-naux comme le Kutus, le Munio, le Manga, leKadzell et la vallée de la Dilia.

Le volet historique, quant à lui, bénéficia dela collaboration de Zakari Maikorema et deMamadou Makama, tous deux HistoriensNigériens, qui devaient débuter d’abord par lescollectes des traditions orales historiques etprocéder ensuite à l'élaboration de monogra-phies spécifiques sur l’histoire précolonialedes différentes communautés et formationspolitiques de ce grand ensemble régional. Cevolet devrait aboutir logiquement à la liaisonnécessaire et à la vision d’ensemble de ces tra-vaux de recherches localisés dans la perspec-tive d’une histoire régionale avec l’apport desdonnées archéologiques récentes qui auraientété obtenues.

J.P. Maître avait pu élaboré déjà un rapportpréliminaire sur les sites préhistoriques etarchéologiques du Sud-Est Nigérien de Zinderà Nguigmi “Inventaire archéologique du sud-est nigérien” de 237 pages ronéotées quand lamort le surprit sur le terrain à Zinder en Février1983. Le volet historique fut concrétisé dansl'esprit par les travaux connus de MamadouMakama mais surtout de Zakari Maikorema surle Munio et le Kutus.

Le programme Azawagh Ce programme a été élaboré en accord avec leDépartement d'Art et d'Archéologie de l'IRSHen 1985 par François Paris, Edmond et SuzanneBernus, Alain Durand et Alain Person pour ser-vir de complément scientifique au Programmede Sauvetage Archéologique d'In'Gall etdeTegidda'N'Tesemt et au Programme derecherche archéologique des bordures orientaleet occidentale du Ténéré du Tafassasset etapprofondir la connaissance paléoenvironne-mentale et paléoclimatique de l'Oued Azawgh etpartant du Bas-Dallol Bosso et du fleuve Nigerà la confluence avec ses plus importantsaffluents fossiles.

Le programme de recherche sur l’hologène de la bordure méridionale Ce programme sur l'étude des paléoenvironne-ments et de l'occupation humaine pendant leHolocène a été mis sur pied en 1988 et conduitpar le G.D.R. 848 (Algerie-France-Allemagne-Niger) sous la direction scientifique de GinetteAumassip du CNRS, et avec la collaboration duDépartement d'Art et d'Archéologie de l'IRSH,de K.H. Striedter de l'Institut Froebenius, deNajib Ferhat de l’Université d'Alger, d'AmadouIde Oumarou (Etudiant Nigérien en thèse sousla direction de Ginette Aumassip), MichelTauveron du CNRS et de Robert Vernet duDépartement d’Histoire de la Faculté desLettres et Sciences Humaines (UniversitéAbdou Moumouni de Niamey). Les résultatsdéjà obtenu se révèlent de tout premier ordresur la connaissance du paléolithique, despaléoenvironnements et de l'art rupestre duDjado, du Kawar et des bordures septentrionaleet orientale du Ténéré du Tafassasset.

Le programme d’étude de la céramique néolithiqueCe programme a été mis sur pied par SoumanaGaranke du Département d’Histoire de laFaculté des Lettres et Sciences Humaines del’Université Abdou Moumouni de Niamey qui

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l’anime depuis quelques années sur les sitesdu Sud du Massif de l’Aïr et de la région deTanout.

Le programme archéologique du Niger-centre Ce programme proposé par Jean-Pierre Rosetà la demande du Département d'Art et etd'Archéologie de l'IRSH et que devait appuyerl'Equipe de Raynault travaillant sur des pro-jets de developpement et de santé dans laVallée de Maradi a permis de faire des mis-sions de reconnaissances à Birnin-lallé,Kushéwa et d'autres de la région en 1988.Malheureusement ce Programme n'a pas puêtre poursuivi jusqu'à son terme.

Le programme pré-historique du Niger-ouest :1993-1996Axé sur les rives Hausa et Gurma du fleuve

Niger en amont de Niamey, du Zarmganda-Anzuru à Téra et à la Sirba, ce programmepréhistorique qui devait être normalement unVolet du Programme archéologique et histo-rique du Niger-ouest, a été conduit en accordavec le Département d'Art et d'Archéologie del'IRSH, par Robert Vernet, Maître- Assistantau Département d'Histoire de la Faculté desLettres et Sciences Humaines (UnivrersitéAbdou Moumouni de Niamey. Le volet pré-historique qui est conduit ici, avec l'accord duDépartement d'Art et d'Archéologie del'IRSH, par Amadou Oumarou IDE qui a pré-senté en 1997 une thèse de Doctorat NouveauRégime sur les sites préhistoriques de laTapoa sous la direction scientifique de GinetteAumassip à partir de 1993.

2 – LE PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE

ET HISTORIQUE

A l’image de tous les pays du sud, le Nigerconnaît d’énormes difficultés pour protéger dupillage, de la dégradation naturelle et acciden-telle une bonne partie de son patrimoine cul-turel notamment archéologique. Si les objets

ethnographiques ont en effet été d’une maniè-re générale préservés, il n’en a pas toujoursété le cas pour le matériel archéologique dontl’intérêt scientifique et la valeur marchandeont dépassé, ces derniers temps, les frontièresnationales de beaucoup de pays de la sous-région et du Niger.

2.1 – SITES ET MONUMENTS

L‘éventail des recherches archéologiques etdes résultats obtenus montre que les sites,monuments et objets historiques sont extrême-ment nombreux, certains d’entre eux étantd’ailleurs maintenant mondialement connuscomme le gisement de dinosauriens deGadoufaoua,les sites paléolithiques du Kawaret du Djado (Segguedine), les sites néoli-thiques du Massif de l’Aïr et du Ténéré(Tagalagal, Temet, Adrar Bous, Areschima,Gossololom Bô etc.), les monuments funé-raires et les stations de gravures rupestres duMassif de l’Aïr (Tchin Tafidet, Iwelen, KoriAmakon, Kori Mammanett, etc.) et du Djado,les sites de métallurgies anciennes de laFalaise de Téguidit et du Massif de Termit(Sekkiret, Afunfun, Dô Dimmi, etc.), les sitesprotohistoriques d’Iwelen (dont le chale et latunique sont les plus vieux textiles jamaisdécouverts au Niger) et de Termit, les sites etmonuments anciens des fortins du Djado etdu Kawar, des villes anciennes de Marandet,d’Azelik-Takadda, d’Assode, de Garumele, deKushewa, de Birnin’Adar, de Tondikwarey, deKareygooru, de Bura, de Gabu et de Theim-Kareyguusu parmi tant d'autres déjà décou-verts ou à découvrir encore. Certains palais dechefferies traditionnelles comme ceuxd’Agades, de Zinder, de Dosso parmi tantd’autres, ainsi que les palais des anciens Gou-verneurs et même plusieurs bâtiments admi-nistratifs de l’époque coloniale, méritentd’être réhabilités et classés comme monu-ments historiques nationaux.

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2.2 – LE MATÉRIEL ARCHÉOLOGIQUE

Le Niger dispose de quelques pièces fossiles etobjets sans doute parmi les plus beaux, et lesplus anciens de la sous-région. Nous citerons enexemple chronologiquement, l’Ouranosaurusnigeriensis Taqueti du Musée National (qui estun dinosaure iguanodontidé), le Sarcosuchusimperator, la céramique néolithique deTagalagal datée de 9.330 ans BP, la hallebarded’Adrar Bous, les haches bipennes deGossololom Bô (collections Musée del’Homme), les disques Ténéreens, la tôle encuivre d’Intekebrine 1 datée de 3800 ans BP,les textiles anciens et la pointe de lance encuivre d’Iwelen datés de 800 après Jésus Christ,la “Statuette Janus” de facture et de port hiéra-tique pharaoniques en bronze antique deBirnin’Konni, les vases et statuettes funérairesanthropomorphes en terre cuite et les braceletsen bronze de Bura, les statuettes funérairesanthropomorphes en stéatite de Lurgu datés duIIe siècle au XIIe siècle après Jésus Christ.

En ce qui concerne les objets les plusrécents, nous pouvons signaler parmi les plussignificatifs, des armures et armements histo-riques comme le sabre de la chefferie deKantché et les objets du trône et les tambours deguerre de certaines chefferies traditionnelles.

2.3 – LES DIFFICULTÉS ET ENTRAVES À LA

SAUVEGARDE DU PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE

Les handicaps actuels à la sauvegarde des siteset des objets archéologiques sont multiples. AuNiger, ils peuvent être classés en deux catégo-ries : dégradation et destruction des sites par lesphénomènes naturels, dégradation et destruc-tion liées à l’action et à l’ignorance del’Homme.

2.3.1 – Les phénomènes naturelsLes facteurs essentiels sont :- la désertification et la dégradation du cou-

vert végétal,

- l’ érosion éolienne et hydrique,- les fortes variations de températures notam-

ment sur les parois rocheuses supportant lesgravures et peintures rupestres (et mêmeparfois l'enfouissement dans les dunes desable de ces gravures rupestres comme àAmakon sur la façade orientale duTakolokouzet dans le massif de l'Aïr ou àKourki dans la région de Téra).

Au-delà de la destruction des sites, les phéno-mènes naturels ont également des actions néga-tives sur les objets eux-mêmes, tant sur les sitesque dans les réserves des laboratoires. AuNiger, nous sommes surtout confrontés au pro-blème de conservation des objets métalliques ettextiles, qu’ils soient archéologiques ou ethno-graphiques, qu’ils soient stockés dans lesréserves du Conservatoire d’Art et d’Arché-ologie de l’IRSH ou exposés dans les vitrinesdu Musée National. En effet, pendant l’hiverna-ge l’humidité relative dans les salles dépassetrès nettement le seuil de tolérance autorisé, àcela s’ajoute le problème de température dont laconséquence immédiate est d’augmenter cettehumidité relative déjà importante. Ainsi, cesdeux facteurs ont tendance à accélérer la corro-sion des rares objets métalliques archéologiquestrouvés en fouille ou en surface, et des innom-brables objets ethnographiques du MuséeNational.

2.3.2 – Les phénomènes dus à l’action humaineNous pouvons distinguer d’une part les actionsdirectes et indirectes de l’homme par la multi-plication des champs de culture, les ramassageset destruction de surface, notamment en ce quiconcerne les armatures de pointes de flèches, lematériel de broyage, les poteries entières et lesstatuettes en terre cuite et en stéatite. D’autrepart, les ventes et achats illicites des objets, lesfouilles et exportations clandestines, le piétine-ment des sites de surface ou mis à nu par l’éro-sion hydrique ou éolienne ou des dalles gravées,par l’homme, ses troupeaux ou ses véhicules, lefrottement contre les parois gravées ainsi que

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les récentes inscriptions de tifinagh sur cesmêmes parois par les populations des régionsconcernées ou les touristes en mal d’autographe(falaise de Tiguidit), sont également des fac-teurs de dégradation de sites au Niger.

3 – LE P I LLAG E DE S S ITE S ET LE TRAF IC DE S

OBJ ETS DE L’HÉR ITAG E AR CHÉOLOG IQU E

MON D IAL

3.1 – L'ENVERGURE DU PHÉNOMÈNE AU NIGER

Au Niger le pillage et la destruction des sitesarchéologiques affectent essentiellement le Nordet le sud-ouest du pays à des degrés divers suivantle genre de site. Ces deux régions représententplus de 70% de la superficie totale du pays qui estde 1.267.000 Km2: c'est dire l'importance des élé-ments de connaissance du passé nigérien qui sontainsi irrémédiablement perdus à jamais.

Dans le Nord du pays plus où moins complè-tement désertique, ce sont surtout les sitespaléontologiques et préhistoriques situés dans lesergs ou mis à découvert par l’érosion hydrique etsurtout éolienne qui sont constamment menacéssinon complètement pillés par ramassage de sur-face des chasseurs de pièces lithiques ou mêmesdes chercheurs isolés qui se comportent commedes pilleurs clandestins,sans se soucier d'unequelconque autorisation de recherche ou defouilles, et ou par des touristes amenés par lesagences touristiques ou par peut-être aussi les“effets pervers” de la récente rebellion arméedont l'impact n'a pas encore été évalué en ce quiconcerne le patrimoine archéologique. Les seulesnuances sont que les sites situés dans les ergssont protégés naturellement tant qu’ils demeu-rent enfouis et que les sites historiques, connussuscitent moins l’intérêt des trafiquants.

Dans le sud-ouest nigérien la situation esttoute autre. Les sites préhistoriques, de toutefaçon moins spectaculaires que dans le Nord,passent inaperçus et ce sont les sites historiques

notamment les sites à statuettes votives et sur-tout funéraires en terre cuite et en pierre quisoulèvent l’engouement les pilleurs et des trafi-quants. Il faut dire en général qu’au Niger lasituation s’est aggravée avec l’itinérance del’Exposition Internationale “Vallées du Niger”en France, au Mali, au Burkina Faso, auNigeria, en Mauritanie, en Guinée Conakry etau Niger entre 1993 et 1998 qui a fait connaîtreles arts anciens de la longue vallée de 6200 kmdu fleuve Niger et qui a certes aussi par ricochetattiré l’attention des amateurs et trafiquantsd’art internationaux et notamment occidentauxsur les nouvelles découvertes comme l’art funé-raire en terre cuite et en pierre des systèmes desites de Bura en République du Niger. Le pilla-ge s’est trouvé ici accompagné de destructionfrénétique et systématique des sites il est vraipar des populations des plus paupérisées dumonde et à la limite extrême de la survie quoti-dienne. Dans le sud-ouest nigérien beaucoup desites ne sont pas donc seulement pillés mais toutsimplement détruits de 50 à 90% suivant quel’opération de creusement anarchique s'est avé-rée prometteuse ou non dès ses débuts.

Nous avons entrepris au niveau duDépartement d’Art et d’Archéologie de l’IRSHde l’Université Abdou Moumouni de Niameydepuis 1995 des campagnes de reconnaissancesdes sites plus ou moins pillés ou détruits maismême dans ce cas nous avons dû ruser ou riva-liser avec les pilleurs ou leurs espions tant lapression ou plutôt la demande internationale enstatuettes de Bura qui était devenue forte à par-tir de 1994 s’etait exacerbée entre 1995 et1998, alors même que l’Etat et les Autoritéspolitiques empêtrés dans les problèmes écono-miques faisaient peu de cas de leur patrimoinehistorique et archéologique national pour luiassurer une quelconque protection.

Dans le Sud-Ouest Nigérien les sitesdétruits à 90% sont ceux de Tobbofari, deTialugu, de Kiri-dan-Bonse, de Cibare Fisa-do,de Tondi-Mecirey, de Lurgu, de Bangare, deJaje-Tondi, de Jebu I et II, et certainement bien

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d’autres sites à statuettes votives ou funérairesen terre cuite et en pierre du système de sites deBura, Kareygooru et de Djebbu.

D’autres sites comme Windigalo, Tondi-Gundé, Harga toujours dans le système de Burasont détruits à plud de 50%.

Quelles sont les conséquences scientifiquesde ces pillages et destructions des sites archéo-logiques ? Pour le cas du sud-ouest nigérienc’est une catastrophe car tout un pan des infor-mations que l’on aurait pu obtenir sur l’histoireancienne de la région et surtout sur son artancien est perdu à jamais. Dans certaines zonesde la région tous les sites sont saccagés etdétruits systématiquement si bien que très peude sites reconnaissables en surface ont échappéaux pilleurs,et l’on peut estimer la destructionà près de 90% dans le pourtour de Bura, deBangaré et de Jebu.

Dans l’ensemble de la vallée moyenne dufleuve Niger environ deux sites sur trois oumême davantage sont ainsi atteints.

On peut illustrer l'importance du phénomèneet ses imbrications socio-éconmiques avecdeux cas de sites ou de groupes de sites affectés,celui du site de Tobbo Fari avec Tobbo lui-même et celui de Harga avec AyoubaAbdoulaye.

Par exemple la nécropole de Tobbo Fari alivré au pilleur plus de 300 statuettes funérairesen terre cuite, qui vendues entre 2.500 francsCFA (25 francs français ou 5 dollars US) et20.000 francs CFA (200 francs français ou 40dollars US) la pièce lui ont permis d’amasser unpécule de plus de 1.500.000 francs CFA soit plusde 30.000 francs français ou 6.000 dollars US,dans un pays où le PIB par habitant qui était de590 dollars US en 1980 (soit environ 2.950francs français ou 147.500 francs CFA aux tauxde 1990) était tombé à moins de 150 dollars US(soit environ 750 francs français) en 1994 pourun revenu annuel de 270 dollars US par habitant(1.350 francs Français ou 67.500 francs CFA) etcela au moment même où la dévaluation dufranc CFA intervenue en Janvier 1994 faisait

simplement presque naturellement doubler lesprix au Niger et notamment à Niamey. Ainsi onpeut estimer que Tobbo a gagné plus de 40 foisle PIB et près de 25 fois son revenu annuel en1994 en détruisant et le site et son champ de mil.

Le cas de Ayouba Abdoulaye commerçant duvillage de Harga, est différent de celui de Tobboqui a fait les excavations lui-même: c'est uncommerçant qui achète directement auprès desfouilleurs clandestins, constitue son stock etvient l’écouler à Niamey quand les antiquairesne partent pas le trouver sur place à Harga.

Il a reconnu avoir écoulé les objets prove-nant d’au moins une quinzaine de sites de larégion. Il estime qu’il a gagné environ2.000.000 de francs CFA (40.000 francs fran-çais ou 8.000 dollars US) entre 1994 et 1998,soit plus de 50 fois le PIB. Nous pensonsd’ailleurs que ce qu’il nous a déclaré est bien endessous de la réalité et qu’il a gagné au moins ledouble.

Donc très rapidement des échelles vonts’établir entre :- Les grossistes que sont les antiquaires éta-

blis à Niamey qui vendent sur placeenvoient vers Lomé directement exportentnotamment aux Etats-Unis ou en semi-gros-sistes qui font la navette entre Niamey et lacampagne ;

- Les intermédiaires si l’on peut dire indépen-dants qui viennent surtout des milieux des“chasse-touristes” à Niamey et qui vontdirectement dans les campagnes acheter ouse faire confier les objets surtout s’ils sontoriginaires de la région afin de les revendredirectement aux Européens à Niamey ;

- Les Européens qui vont directement dansles villages pour acheter les objets ;

- Les Européens qui vont eux-mêmes fairedes fouilles clandestines notamment dans larégion de Say et de Téra ;

- Les demi-grossistes des campagnes quiachètent et qui stockent pour vendre surplace ou en ville, qu’ils aient participé, eux-mêmes ou non du pillage physique des sites.

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Il y a un point particulier à souligner, avantcomme après la promulgation de la loi sur laprotection et la mise en valeur du patrimoineculturel la vente “pignons sur rue” à Niamey oudans d’autres des objets archéologiques, n’estpas considérée comme un scandale ou uneinfraction par la plupart de la classe dirigeantenigérienne en dehors des agents des institutionsdirectement concernées par la question.

Donc on ne peut réellement faire le rappro-chement avec la vente des stupéfiants et le traficillicite des objets archéologiques car ces der-niers sont vendus avec la même facilité quen'importe quel autre produit de l'artisanat outout autre objet ou bien touristique.

La collusion entre le pillage et le trafic desobjets archéologiques n'est que trop évidentepour le cas du Niger, qui à partir de 1994 estdevenu jusqu'en 1998 la plaque tournante dutrafic illicite des objets archéologiques pillésnon seulement dans le Sud-Ouest nigérien,mais aussi le Nord Nigéria (Etats de Sokoto etde Katsina), dans l'Est du Burkina Faso, dans leSud du Mali. Comme nous l'avons indiqué, lademande notamment des terres cuites, est deve-nue quasi obsessionnelle chez les antiquairesde Niamey avec comme indications des photo-copies du “Petit catalogue” et des photos du“Grand catalogue” de l'Exposition Inter-nationale “Vallées du Niger” afin de montrer lanature des objets demandés, notamment les sta-tuettes funéraires du système de Bura. Lademande est devenue tellement forte et la côtedes objets est montée crescendo durant toute ladurée de l'itinérance africaine de l'exposition“Vallées du Niger” que la quasi totalité desEuropéens habitant ou de passage à Niamey ouau Niger s'y sont mis que la force que leur don-nent leurs moyens financiers et ceci sans aucunétat d'âme malgré que quelques Européenscomme le géoloque français Yves Bonnot atti-raient malgré tout leur attention sur ce pillagetous azimuts. Il nous a même été apportée auDépartement d'Art et d'Archéologie une sta-tuette de pierre d'environ 1 mètre 50 cm de hau-

teur pour laquelle le pilleur demandait1.000.000 de francs CFA (10.000 francs fran-çais ou 1.500 dollars US) et que nous n'avionspas voulu acheter.

La plaque tournante du trafic de Niamey suittrois voies d'exportation :- La première est constituée par les achats

massifs d'objets faits par les Européens éta-blis notamment à Niamey et qui expédient“leurs propriétés” vers leurs pays d'origine,sûrs de l'impunité même quand la loi existe,car un pays grabataire surtout des pluspauvres du Monde, en constante perfusioninternationale, ne peut objectivement riencontre ses “propres sauveurs”;

- La deuxième est constituée par des trafi-quants nationaux, des “El-Haj” comme El-Haj Boubacar qui font avec deux ou trois“containers” pour les écouler notammentaux Etats-Unis. Chacun de leur retour estcommenté dans le milieu par le nombre devoitures et de villas qu'ils ont pu acheter àNiamey sans que cela émeuve outre mesurele pouvoir politique dont certains hautsdignitaires sont au courant et disent mêmed'un air un peu amusé que cela n'entrainepas à conséquence puisqu'il s'agit d'objetsanciens et sans valeur car la priorité étant detrouver à manger aux populations. Certainsde ces El-Haj comme El-Haj “Petit”se pro-mènent dans des véhicules tout-terrain avecun commando de fouilleurs “clandestins”,armés de carabine, peut-être pour tirer surles intrus qui oseraient les empêcher de sac-cager les sites archéologiques.

- Certains dignitaires trouvaient même queles défenseurs du patrimoine archéologiqueet historique n'ont pas leurs pieds sur terreet que c'est un comportement de Blanc quede s'intéresser et de défendre “ces chosesdu passé”. Il faut dire ici que l'attitude decertaines autorités politiques laissent per-plexes.

- La troisième filière est celle qui rejoint lesgrandes voies du trafic sous-régional avec

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comme centre de gravité, Lomé la capitaledu Togo, qui est le point de chute de la plu-part des objets pillés un peu partout enAfrique de l'Ouest et qui n'ont pas pu suivreles voies nationales directes.

C'est pour mieux connaître ces filières, qu'auniveau du Département d'Art et d'Archéologiede l'Institut de Recherches en SciencesHumaines (IRSH) de l'Université AbdouMoumouni de Niamey, nous avons aidé à l'en-cadrement de deux étudiants une française et unnigérien qui préparent des mémoires de maîtri-se sur la protection du patrimoine archéologiquede l'Afrique de l'Ouest avec un accent tout par-ticulier sur le pillage des sites et le trafic desobjets dans le Sud-Ouest.

4 – LE S PR OBLÈM E S LIÉS À LA PR OTECTION

DU PATR I MO I N E AU N IG E R

4.1 – PRISE DE CONSCIENCE DU PATRIMOINE

ET PROBLÈMES LIÉS AU CADRE INSTITUTIONNEL

ET LÉGISLATIF AU NIGER

Ce qui frappe dans la perception nigérienne,c'est que la notion de protection du patrimoineen général a semblé ne concerner, pendant long-temps et malheureusement chacun de son côté,que certains Ministères comme ceux chargés del'Hydraulique, de l'Environnement, del'Agriculture, de l'Elevage et subsidiairementcelui chargé de la Culture, sous-entendant par làque patrimoine signifie essentiellement envi-ronnements physique, hydrique, faunique, flo-ristique etc... lié étroitement à l'écosystème et àla recherche de l'autosuffisance alimentaire, lesaspects culturels notamment le patrimoinearchéologique et historique étant presque com-plètement occultés sauf quand on parle desmanifestations des traditions populaires ou de lamanne touristique et quelquefois accidentelle-ment de notre histoire. Il faut peut-être doréna-vant spécifier plus clairement “protection du

patrimoine environnemental et culturel” ou“étude d'impact sur l'environnement et le patri-moine culturel”.

Ce qui est plus frappant encore c'est que lesdifférentes structures nationales (Ministères,Services centraux, Administrations diversesetc...) qui se trouvent d'une façon ou d'une autreimpliquées dans la gestion des questions dupatrimoine, sont autant d'entités indépendantessinon des républiques autonomes qui gèrentchacune “son patrimoine” ou “sa conception dupatrimoine” en se donnant évidemment toutesles attributions exorbitantes qu'elles jugentnécessaires surtout quand se profilent en arriè-re plan des présupposés d'hyperstructures admi-nistratives, d'hyperstructures économiques ethélas ! toujours des questions de financement etsurtout de gestion de financement. Il est donctemps de chercher à améliorer cet état de faitpar des réunions institutionnalisées ou formali-sées, par un partenariat franc et loyal et par lareconnaissance équitable du rôle de tout un cha-cun, si l'on ne veut pas succomber comme par lepassé au syndrome de l'essoufflement ou del'éparpillement ou plutôt du refus de continuitémalgré la mise en place des structures récentesappropriées comme le Conseil National del'Environnement pour un DéveloppementDurable (CNEDD) créé en Janvier 1996 (et sur-tout l'Arrêté portant tutelle du CNEDD du 7Mai 1999) ou la mise en place de textes régle-mentaires complémentaires comme la Loi n°97-022 du 30 Juin 1997 relative à la Protection, à laPréservation et à la Mise en Valeur duPatrimoine Culturel National (et son Décretd'application n° 97-407/PRN/MCC/MESRT/IAdu 10 Novembre 1997). Il faut que l'on sedépartisse une fois pour toutes de cette tendan-ce où l'on feigne d'ignorer les autres partenairessans lesquels on ne peut avoir une actiondurable et efficace.

Une autre tendance de certaines autoritésnigériennes ou même de certains techniciensnigériens, c'est de faire peu de cas des élémentsles plus précieux de notre patrimoine culturel

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notamment archéologique et historique notam-ment les biens meubles et immeubles considé-rés comme des biens sans valeur que l'on peutallègrement “squater” détruire ou brader en uti-lisations souvent saugrenues ou en cadeauxpolitiques ou officieux ou officiels comme parexemple beaucoup de bâtiments historiques oucomme les ossements de dinosaures considéréscomme de “simples cailloux sans valeur” lais-sés à des chercheurs étrangers qui pourraient endisposer comme ils le voudraient ou comme “lecavalier de Bura” qui a servi de mascotte à“l'Exposition Internationale VALLÉES DUNIGER” qui devait être donné en cadeau à unPrésident étranger ou comme des statuettesjanus en terre cuite saisies ces dernières annéespar la Douane et données en cadeaux par unehaute Autorité à des Officiers étrangers à la find'un dîner d'adieu quasi-officiel, ou encorecomme une paroi rocheuse portant des gravuresrupestres détachée récemment pour être donnéeen cadeau à une association étrangère, mutilantet enlevant ainsi à notre pays et à l'espace terri-torial des différentes populations du Niger nonseulement l'essentiel de leur patrimoine culturelmais aussi les documents nécessaires à laconnaissance du passé le plus ancien des diffé-rentes régions et de leur culture, tout ceci dansun environnement médiatique d'encouragementde la Télévision Nationale qui diffuse quoti-diennement dans un de ses génériques uneimage qui semble être l'image d'une opérationde pillage de site archéologique du système dessites à statuettes en terre cuite funéraires deBura même si peut-être à l'origine l'intentionétait toute autre, car l'image était tirée d'undocumentaire sensé promouvoir et défendre lepatrimoine culturel.

Une fois pour toutes il faut que tous lesacteurs soucieux de la Protection del'Environnement et du Patrimoine culturel àl'échelle internationale (UNESCO, ICOM,UICN, WWF etc) comme à l'échelle nationale(les Ministères et Services chargés del'Hydraulique, de l'Environnement, de l'Agri-

culture, de l'Elevage, de la Culture, de laRecherche, du Tourisme etc.) ou même dépar-tementale (avec les démembrements de tous lesMinistères et Services impliqués), se disent etse convainquent que sans la concertation, lacollaboration, la participation et l'implication,de tous les acteurs qu'ils soient administrateurset/ou gestionnaires et/ou chercheurs, en amont,et sans la concertation, la collaboration, la par-ticipation, l'intégration, l'implication, la prise encompte véritable de l'intérêt des populationslocales qui sont en général très paupérisées cesdernières années si non quelquefois pendant lapériode de soudure en danger de survie, en aval,dans un partenariat franc et loyal aucune légis-lation internationale ou nationale, aucun dis-cours ou acte national ou international notam-ment moralisateur ou coercitif ou scientifique,ne peut être efficace à moyen terme et surtout àlong terme.

4.2 – LES PESANTEURS OU LES FREINS À LA LUTTE

CONTRE LE PILLAGE DES SITES ET DU TRAFIC

DES OBJETS ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES

AU NIGER

La situation du patrimoine archéologique natio-nal se caractérise par un pillage des sites et untrafic des objets archéologiques sans précédentsdans l'histoire du Niger.

La détérioration de la situation est telle quenotre pays est actuellement la plaque tournantedu trafic illicite des biens culturels de toute larégion ouest-africaine.

Parmi les causes aggravantes de cette situa-tion insoutenable et normalement révoltantepour tout responsable nigérien, nous pouvonsdistinguer :- les actions de proximité directes et indi-

rectes de l'homme, par les destructions etramassages occasionnels de surface, par lasystémisation aujourd'hui des fouilles clan-destines et du pillage des sites et surtoutpar la vente lucrative “pignons sur rue” et àtous les coins de rue des grands centres de

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notre pays, des objets archéologiquesdéterrés, mutilés et arrachés ainsi de leurscontextes d’origine et de leurs soubasse-ments culturels ;

- la lenteur non seulement dans la mise enapplication des textes réglementaires,notamment de la Loi N° 97-022 du 30 Juin1997 relative à la Protection, à laPréservation et à la Mise en Valeur duPatrimoine Culturel National et son Décretd'application N° 97-407/PRN/MCC/MESRT/IA du 10 Novembre 1997 maisaussi dans la mise en place de mesures d'ac-compagnement définies par la Loi commeun “Conseil National de Protection, deConservation et de Mise en valeur duPatrimoine Culturel dont la compositionsera fixé par décret pris en Conseil desMinistres” devant normalement regroupertous les acteurs nationaux et devant s’occu-per de façon concertée, équitable et loyalede l'établissement de l'inventaire et du clas-sement des sites et monuments nationaux etmême ceux à inscrire sur la liste duPatrimoine Mondial de l'Humanité ;

- et partant, quoiqu'on en dise, dans la pra-tique, un certain manque d'intérêt ou uneindifférence bon enfant ou profonde oumême parfois un cynisme qui laisse sou-vent perplexe, dont ont fait montre cer-taines Autorités et certains Technicienscompétents en la matière, le manque desensibilisation appropriée, les contrecoupsde l'insécurité conflictuelle passée ou rési-duelle actuelle, parfois aussi les contre-coups de “l'incivisme démocratique”, lesavatars de la dévaluation du franc CFA etla paupérisation toujours plus poignantedes populations, autant de facteurs qui sesont donc conjugués pour transformer unepartie de la population, notamment dans leSud-Ouest et le Nord de notre pays, enagent destructeur souvent complice etintéressé de son propre patrimoine culturelnotamment archéologique et historique

sous les regards blasés ou inconscients oumêmes souvent amusés des ActeursPolitiques ou Techniques.

5 – RECH E R CH E DE S VO I E S DE SALUT

ET I N NOVATION S

5.1 – MESURES PRÉVENTIVES DE CONTRÔLE,D’ATTÉNUATION ET DE COMPENSATION

Evidemment pour que la protection des biensculturels notamment archéologiques et histo-riques ne soit pas simplement théorique, ilimporte avant tout qu'une législation appropriéeet réaliste existe, mais il importe aussi, enamont comme en aval de celle-ci, que desmesures conservatrices d'accompagnement etde compensation concrètes soient prises afin,d'une part de décourager les velléités effrénéesde pillage et de destruction qui se sont emparéesactuellement des trafiquants établis dans lesgrands centres, et d'autre part d'intéresser etd'impliquer les populations locales dans la pro-tection et la mise en valeur de leur patrimoinearchéologique et historique.

Pour ce faire il y a lieu certainement quel'Autorité Politique au plus haut niveau :- attire l'attention des populations nigériennes

sur l'importance du patrimoine archéolo-gique et historique ;

- que cette Autorité fasse de sorte que dans unpremier temps cessent immédiatement l'ex-portation et le transfert illicites du matérielarchéologique et historique par des voiesaussi ouvertes que l'Aéroport Internationalde Niamey et les postes de douanes fronta-liers conformément à la loi ;

- et qu'elle entreprenne, dans un secondtemps, en collaboration avec tous les acteurspolitiques et administratifs centraux duPatrimoine, les administrateurs et promo-teurs du développement touristique, lesagences de tourisme, les autorités adminis-

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tratives et surtout coutumières locales et tousles acteurs du développement notamment, unpeu partout au Niger, les Compagnies derecherches minières et pétrolières qui détien-nent des permis, une campagne d'informa-tion, de sensibilisation et de formation despopulations sur l'intérêt local et nationalqu’elles ont à préserver leur patrimoine touten prévoyant des mesures d'accompagne-ment, d'atténuation et de compensation quiassureraient l'implication positive des popu-lations locales elles-mêmes.

Nous pensons que si elles sont bien informées,sensibilisées et intéressées, dans le sens d'uneimplication en matière de ressources humaines etde retombées financières directes pendant lesrecherches archéologiques ou ethnographiquesou indirectes par le biais d'une dynamique vigou-reuse et intégrée de création de musées régio-naux ou locaux et du développement promotion-nel des activités du tourisme et de l'artisanat, lespopulations locales peuvent prendre en charge,parce que justement elles y ont ou qu’elles s'ytrouvent intérêt, une partie de la protection dessites et des objets archéologiques et historiques :- par une auto-sensibilisation qui réduirait

peut-être les fouilles archéologiques clan-destines et le trafic tous azimuts des objetsarchéologiques effectués par la populationelle-même quand elle comprendra que lamise en valeur des sites peut être une sour-ce de revenu permanente pour la région,

- par le refus d'y conduire et de laisser les tra-fiquants nigériens et expatriés piller les sitesou acheter aujourd’hui sur place dans lesrues de Niamey et des autres grands centresdu pays et pour une bouchée de pain les élé-ments et les objets archéologiques les plusreprésentatifs des sites qui ont été ainsi sau-vagement pillés et souvent presque complé-tement détruits.

En résumé, parmi les premières mesures pré-ventives de contrôle, d'atténuation et de com-pensation qu'il faudrait envisager, il y a lieu deretenir :

- la sensibilisation et l'implication des popu-lations locales,

- l'appui à la recherche archéologique parmise en oeuvre de programmes derecherches archéologiques à travers descampagnes de reconnaissances, d'inventai-re de sites, des fouilles d'urgence en cas debesoin et des fouilles à moyen et à longterme, qui déboucheraient sur l'emploitemporaire de manoeuvres, de guides etd'informateurs locaux et l'emploi perma-nent de surveillants ou de gardiens de sites.La mise en oeuvre de programmes derecherches archéologiques d’urgence ou àmoyen terme et à long terme semble êtrela condition sine qua non de la faisabilité,de la fiabilité et de la viabilité de l’en-semble des actions à entreprendre. Cesrecherches doivent comprendre :

• en tout premier lieu la finition desreconnaissances archéologiques dans lecadre de cette étude et l’établissementd’un inventaire,• les fouilles de sauvetage ou d’urgencequand des objets archéologiques nom-breux ou importants sont atteints enprofondeur,• les fouilles complètes, d’urgence pourles sites importants particulièrementménacés pour cause de pillage ou deravinement, à moyen et à long terme,

- des travaux de laboratoire d’études, d’ana-lyses, de restauration et de conservationdes échantillons et des objets archéolo-giques récoltés :

• datations au 14C par l’Institut deRadio-Isotopes de l’Université ;• Abdou Mouni de Niamey ou par toutautre laboratoire étranger ;• datations de la céramique et des osse-ments ;• analyses pédologiques et pétrogra-phiques ;• analyses métallographiques des objetsen métal ;

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• détermination des ossements et decertains échantillons ;• travaux de photographie, de dessin, de cartographies, croquis et plans, et leur

traitement informatique;• travaux de restauration des objets.

- travaux de rédaction et de préparation de lapublication des résultats des recherches ;

- mesures de protection de certains sites pargardiennage ou surveillance ;

- mesures de conservation des objets archéo-logiques sur lesquelles nous allons insistersur les facteurs de dégradation des objetsque sont l’humidité relative, la température,la lumière, les pollutions, l’acidité des sols,les piétinements, l’érosion sont donc assezvariées selon la nature du terrain, selon lamatière première utilisée et selon le type destockage adopté. Etant donné les difficultésà préserver les objets détruits mécanique-ment et/ou chimiquement in situ sur le ter-rain, nous devons être en mesure d’assurerle stockage et la conservation des objetsrécoltés si certains produits de premièrenécessité, que nous n’avons pas actuelle-ment au niveau de l’Université AbdouMoumouni de Niamey nous sont fournis, àsavoir :

• des produits chimiques de consolida-tion des objets comme le paraloïd B72,l’acétate de cellulose, l’acétone, le gelde silice hygroscope, l’éthanol, leRhodopas M, le nitrite de dicyclohexy-lamine, le pioloform, le benzotriazoleBL 18, le sodium hydroxyde, le sodiumsulfite, le Wacker OH, le Thymol, lacolle Rock etc. ;• des produits ou appareillages tech-niques de traitement mécanique desobjets métalliques dégradés commel’agitateur magnétique, l’outillage dedentisterie, le touret flexible de dentiste,et le stylo d’architecte à fibre de verre.

- l'implication en matière de retombées finan-cières des populations locales non seule-

ment à travers la création d'emploi lié auxrecherches archéologiques et à la surveillan-ce des sites, mais aussi par l'appui à l'artisa-nat local pour la fabrication des doubles oudes copies d'objets archéologiques, la créa-tion de musées de plein air et in situ sur lessites archéologiques fouillés et leur intégra-tion dans un réseau ou circuit touristiquelocal intégré ;

- des campagnes de médiatisation sur la pro-tection du patrimoine archéologique et his-torique et le trafic illicite des objets archéo-logiques en direction de l'opinion nationale,des responsables politiques, administratifset traditionnels au niveau de toutes les enti-tés administratives régionales ou locales, etdans ce cas, l'on doit entendre impérative-ment des voix hautement autorisées deMinistre, de Premier Ministre et surtout duPrésident de la République, insister sur etencourager la protection du Patrimoine.

Au niveau de la sensibilisation et de la forma-tion des populations sises dans la zone de proxi-mité des sites et monuments, il y aura lieu d'at-tirer l'attention des populations au cours d'unetournée de campagne d'information et de sensi-bilisation sur les retombées financières presquepermanentes qui pourraient découler de la pro-tection, de la sauvegarde, de la valorisation et dela promotion du patrimoine culturel notammentarchéologique et historique.

Il est ici, sans doute, excessif de dire que lapromotion et la mise en valeur du patrimoineculturel et l'archéologie sont des pourvoyeursd'emploi et des promoteurs de développementcomme beaucoup d'autres activités du secteurtertiaire ou des entreprises semi-industrielles ouindustrielles, l'on peut pourtant faire com-prendre aux populations :- qu’à travers les recherches archéologiques

de nombreuses personnes pourraient êtrerecrutées, que se soit à titre temporaire entant manoeuvres sur les chantiers defouilles ou en tant que guides et informa-teurs pendant les campagnes de reconnais-

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sances archéologiques ou que se soit à titrepermanent en tant que gardiens ou sur-veillants ou guides de sites ou de muséeslocaux,

- que leurs artisans peuvent tirer bénéfice de lareproduction et de la copie des objets archéo-logiques. Par exemple il faut envisager que lesstatuettes, les dinosaures, les vases, les objetsde parure soient répliqués ou représentés entee-short avec le concours des archéologuesde l'Université Abdou Moumouni de Niameyet vendus au seul bénéfice des artisans.Naturellement, la promotion de ces doublesou ces copies d'objets se ferait en liaison avecdes antiquaires et avec le concours desMinistères chargés de l'Artisanat, de laRecherche, de la Culture et du Tourisme.

La sensibilisation portera aussi sur les possibili-tés financières qu'offrent la gestion et la protec-tion des sites dans le cadre de leur intégrationdans un circuit touristique régional par desdroits de visites versés aux gardiens et aux sur-veillants des sites.

Il faut terminer cette campagne de sensibili-sation en soulignant aux populations l'importan-ce de leur héritage culturel et archéologique quipourrait être une source de revenus perpétuelles'il est préservé mais aussi qui tarira définiti-vement si les sites archéologiques sont pillés etdétruits sans compter que l'on perdrait ainsi leséléments qui permettront la connaissance del'histoire et de la culture de toute la région.

5.2 – POUR UNE PRISE EN COMPTE DE LA

PROTECTION DU PATRIMOINE PHYSIQUE,NATUREL ET CULTUREL ET D’UNE

ARCHÉOLOGIE EN TANT QUE PARTENAIRES

ACTIFS DU DÉVELOPPEMENT

En Afrique, la promotion du patrimoine culturelnotamment archéologique et historique en parti-culier doit passer nécessairement par leur inté-gration réelle au processus de développement,ce qui sous-tend d'une manière ou d'une autre,non seulement une obligation de résultats dans

le domaine culturel et scientifique certes, maisaussi et surtout dans le domaine économique àtravers la promotion et l'exploitation judicieusesdes ressources archéologiques, à travers la sen-sibilisation, la formation, l'intéressement etl'implication sur le point de vue humain etfinancier des populations locales par le biais dela création d'emploi et à travers la promotion del'artisanat local et du tourisme régional.

Il y a donc lieu d'imaginer de nouvelles stra-tégies de “marketing” du Patrimoine culturel etde l'Archéologie préhistorique et historique parleur intégration et leur prise en compte raison-nées dans les projets de développement et derecherches minières et pétrolières, dans le cadred'une prise en compte plus globale de la protec-tion de l'environnement et du patrimoine culturel,afin de leur assurer une impulsion suffisantecapable de les rendre générateurs de sources derevenus et de retombées financières pour la col-lectivité et les populations locales et d'être ainsiporteurs de mesures concrètes de contrôle, d'atté-nuation et de compensation face à d'éventuelspillages de sites et de trafic d'objets archéolo-giques et historiques comme c'est aujourd'hui lecas pour les tous les sites du Niger.

BI BLIOG RAPH I E

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1 – APE RÇU GÉ NÉRAL

Le commerce illicite du patrimoine culturel,notamment archéologique a pris des propor-tions inquiétantes ces dix (10) dernières années.Cette pratique, même si, elle est mal cernéedans le temps et dans l'espace, remonte à la plushaute antiquité.

Pour les pays africains, en général et en par-ticulier les pays riverains du fleuve Niger, le tra-fic des antiquités débute sans doute avec lacolonisation arabe et occidentale.

Les causes de ce commerce éhonté sontdiverses. Elles sont d'ordre culturel, politique,économique, administratif et judiciaire.Certaines de ces causes sont internes alors qued'autres sont imputables aux relations que lespeuples asiatiques, américains et européensentretiennent avec l'Afrique. C'est en réalité,une question complexe qui traduit les pro-blèmes socio-politiques, socio-économiques etsocio-culturels passés et actuels de l'Afriquenoire.

Les conséquences du trafic sont diverses,elles sont ressenties dans tous les aspects de lavie socioculturelle et économique de l'Afriquenoire dans son ensemble.

Sur le plan culturel, les pays victimes sontconfrontés au pillage des sites archéologiques,au vol dans les musées et les collections ouconservatoires de manière inquiétante. Cettesituation ne favorise pas la recherche ensciences humaines notamment la préhistoire,l'archéologie et l'histoire pour les périodes où iln'existe pas de sources écrites et où la traditionorale n'a pas son mot à dire.

Sur le plan économique, il y a lieu de souli-gner que les excavations non refermées, l'aban-don progressif des champs au profit des fouillesclandestines et parfois la destruction des plantsde mil comme dans le cas du site de Tobbo Farià Boura, ne peuvent que contribuer à l'amenui-sement des rendements et partant des récoltesagricoles. Le léger déséquilibre qui va sansdoute s'en suivre viendra s'ajouter aux autresaléas climatiques pour peser sur les économiespaysannes qui ne sauront plus faire face auxcycles des famines.

Le pillage des sites archéologiques et le voldans les musées sont des facteurs de décourage-ment du tourisme qui constitue aujourd'hui unesource importante de revenus pour beaucoup depays africains comme l'Egypte et le Kenya.

Les solutions préconisées pour l'enrayern'échappent pas au flou qui caractérise tout tra-fic et rejettent dos à dos populations, hommespolitiques et spécialistes des pays victimes aumême titre que les puissances occidentales quiorganisent les réseaux d’antiquaires.

2 – LE S CAUS E S DU TRAF IC DU PATR I MO I N E

CU LTU R E L E N AFR IQU E DE L'OU E ST

2.1 – LES FACTEURS EXTERNES

Elles sont entre autres, la curiosité archéolo-gique, l'extension du christianisme et de l'is-lam qui ont “paganisé” ou “satanisé” surtoutles croyances et les objets de culte africains, labataille culturelle (chaque peuple lutte pour

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 99

THÈME 4 : LES AGENTS POTENTIELS DE PILLAGE ET DE RECEL DU PATRIMOINE

CULTUREL

Présenté par Dr. BOUBÉ GADO (IRSH-DARA), Dr. ABDOULAYE MAGA (IRSH-DARA),

Dr. OUMAROU AMADOU IDE (IRSH-DARA) et ADAMOU BOUBÉ

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l'extension de sa manière d'être au détrimentdes autres, surtout ceux qui sont dominés,vaincus ou soutenus), l'influence du capitalis-me qui fait que “tout se vend et tout s'achète”,la promotion de l'objet archéologique africainet de l'art nègre consacrée par la publicationdes travaux d'éminents anthropologuescomme Marcel Griaule, Denise Paulme, JeanLaude, Jacqueline Delange, Michel Leiris oud'éminents archéologues et historiens commeRaymond Mauny, Henri Lhote, Cheikh AntaDiop, John Desmond Clark, Thurstan Shaw,Collin Flight, Joseph Kizerbo, Jan Vansina,Werner Gillon ou d'éminents paléontologuescomme les Leakey père et fils et YvesCoppens, les œuvres de peintres renomméscomme Picasso et la multiplication des descentres de recherches et des expositions sur laculture africaine.

Cependant, l'influence de l'extérieur nedoit pas faire perdre de vue la responsabilitédes Africains.

2.2 – LES FACTEURS INTERNES

L'ignorance des populations et des pouvoirspublics, l'insuffisance de cadre juridique et depersonnel, la pauvreté et l'instabilité politiqueet l'absence de planification du tourisme favori-sent l'intense activité des réseaux d'antiquaires.

En effet, par ignorance les pouvoirs publics,négligent, les investissements dans ce secteurles mesures de protection des vestiges du passéou l'application de celles-ci quand elles existent.

Pour les populations, le patrimoine archéolo-gique est rendu satanique et diabolique par despropagandes politico-religieuses s'appuyant surl'islam et le christianisme. De ce fait, ces objetsne peuvent qu'être destinés à la poubelle. Et,quand on a quelqu'un qui prend en charge leurdestruction ou leur éloignement souvent,moyennant même quelques billets de banques,on pense plutôt réaliser un grand profit.

L’insuffisance de personnel ne favorisentpas le contrôle et les inventaires nécessaires à

la conservation des objets dans les musées etla protection des sites. De même, celle oul’absence de législations, dans plusieurs pays,souvent victimes de pillage et de vol, encoura-ge les antiquaires et leurs complices.

Autant la pauvreté empêche souvent lesresponsables politiques à faire face au trafic,autant l'appât du gain amène les populations àoublier leurs activités peu productives pourprendre pelles et pioches à la demande desantiquaires. Quant aux “spécialistes” ouagents des services du patrimoine, s'ils nevolent pas dans les musées ou conservatoires,ils accordent de fausses autorisations derecherches ou d'exportation. Selon MonsieurSylla K., un des plus gros antiquaires deLomé, pour importer au Togo, des objetsarchéologiques, “il faut payer l'armée, lesdouanes, les notables et quelques fonction-naires des musées avant de pouvoir recevoirles pièces à Lomé”. Selon la même source,jusqu'en 1996, quatre à cinq mille hommescreusaient entre Jos et Sokoto, en présence del'armée nigériane... “localement presque tousles échelons administratifs prélèvent leurdîme au passage”.

Les guerres civiles chroniques ou lesguerres entre Etats africains à l’instar de laconquête coloniale favorisent la destruction,le vol et le pillage de vestiges archéologiques.Au Nigeria, on situe la braderie généraliséedes objets culturels entre les années 1967 et1970 marquant le début et la fin de la guerredu Biafra. Dans les pays sujets à des troublescomme le Liberia, les trafiquants opèrent àvisage découvert.

En l'absence d'un système de contrôle effi-cace, les touristes emportent des biens cultu-rels de leurs pays d'accueil. Dans beaucoup depays africains notamment en Afrique occiden-tale, beaucoup de touristes viennent dans lesalentours des Musées, hôtels, bars, restaurantpour acheter des objets culturels sans lamoindre inquiétude.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique100

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3– PAYS ET OBJ ETS LE S PLUS TOUCHÉS

PAR LE TRAF IC

En Afrique occidentale, les pays les plus touchéspar ce fléau sont le Mali, le Niger, la Guinée, leNigeria, le Burkina Faso. Mais, en général, il n'estpas facile de trouver un seul pays africain quiéchappe aux réseaux internationaux de trafic desbiens culturels.

Même les collectionneurs, marchands etmusées occidentaux qui entretiennent ce com-merce en sont souvent victimes.

A l'échelle internationale, les pays peuventêtre classés en trois grandes catégories:- les pays importateurs, ceux qui disposent de

gros collectionneurs, de musées et de mar-chands et organisent les réseaux d'antiquaires;

- les pays exportateurs, ceux dont les sites et lesmusées sont à la merci de pillages, de vols etde fouilles clandestines;

- les pays de transit, ceux qui disposent deports, d'aéroports et de facilités douanièresimportantes accordées aux importations debiens culturels. En Afrique de l'Ouest, onparle du Nigeria, Bénin, du Togo, du Ghana etde la Côte d'Ivoire.

Dans ces pays, les objets les plus recherchés parles antiquaires sont les statuettes en bois, en terrecuite, en pierre ou en métal; les ossements dedinosaures, de poissons fossiles…

4 – LE S C I R CU ITS DU TRAF IC DU PATR I MO I N E

CU LTU R E L

Il n'est nul besoin de démontrer que les réseauxd'antiquaires qui pillent le contient africain par-tent de l'Europe occidentale, de l'Amérique duNord et de l'Asie. Ces réseaux sont comparables àceux de la drogue en ce qui concerne les straté-gies. C'est pourquoi, il est difficile de déterminerla quantité d'objets pillés, volés, le nombre pilléde sites et les personnes impliquées par pays.

En effet, les services de lutte contre la droguearrivent à identifier les pays, les zones, les

champs, les usines et certains chefs de réseaux deproduction et de vente de la drogue. De même,lesservices, les observateurs ou victimes du traficdes biens culturels arrivent à identifier les pays lesplus touchés par ce phénomène, les sites les pluspillés, les objets les plus recherchés l'identité dequelques collectionneurs, musées, marchands,laboratoires, assurances et autres institutions dansla contrebande des objets culturels.

Dans tous les cas, il existe deux types de cir-cuits, un long et un court.

4.1 – LE CIRCUIT COURT

Le circuit court est celui des spécialistes (collec-tionneurs, chercheurs), des gros marchands et destouristes. Tous ces agents ont le désir d'acquérirdes vestiges paléontologiques, zoologiques, bota-niques ou des éléments d'une culture sur lesquelsils disposent d'informations plus ou moins pré-cises. Et, ils s'exportent sur les marchés et les sitesintéressés, cherchant des intermédiaires commer-ciaux qui peuvent être des marchands locaux etdes agents des services du patrimoine, des mines,de l'Agriculture ou de l'Aménagement du Terri-toire et des paysans qui vivent près des sites. Ilarrive que des diplomates et des responsables poli-tiques ou administratifs jouent ce rôle d'intermé-diaire, en facilitant ou en délivrant des autorisa-tions de recherches ou d'exportation fantaisiste etmême, en leur faisant don d'objets réquisitionnés.Chez les diplomates, le recel qui, consiste à déte-nir cachés des objets volés ou illicitement acquis,est la forme de complicité la plus pratiquée, comp-te tenu des avantages dont ils jouissent dans leurspays d'accueil ou dans leurs déplacements.

Les étapes de ce circuit sont généralement aunombre de trois, à partir du site, du marché et dumusée.

Pour les touristes, les objets sont directementaccrochés sur les murs de leur bureau ou leurdomicile. Quant aux collectionneurs, aux cher-cheurs et aux gros marchands, leur récolte passegénéralement par un laboratoire d'analyse pourplusieurs raisons :

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 101

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- le manque de laboratoire sur place pour lesfouilleurs clandestins ou autorisés, les collec-tionneurs.

- l'obligation surtout pour le revendeur d'obte-nir un certificat d'authenticité et de datationafin de monter la surenchère.

4.2 – LE CIRCUIT LONG

A ce niveau, il faut dire que les agents du traficsont les mêmes, les objets recherchés sont égale-ment les mêmes, c'est seulement la multiplicitédes étapes, la nature des transactions et les prix del'amont à l'aval qui font que ce circuit est consi-déré comme étant plus long que le précédent.

Une description des étapes peut donner leschéma suivant. Des objets, volés ou pillés sur unsite du Niger, comme Tobbo Fari, avant d'êtreentreposés en Amérique du Nord, en Europe ouau Japon et en Australie, peuvent passer parNiamey, un port quelconque (Abidjan, Lomé,Cotonou, Lagos...). Donc, il y aura plusieursintermédiaires. Le premier intermédiaire peut êtreun paysan de Boura, un marchand local ou unfouilleur clandestin.

Le second, un marchand, résident à Niamey etpossédant une boutique au Petit Marché, auChâteau 1 ou ambulant rodant autour des hôtelscomme “Taba Kadi”, du Musée National deNiamey ou même d'établissements scolairescomme le Lycée Lafontaine.

Dans les villes de l'Ouest africain abritant lesports, les objets en question peuvent, être en tran-sit pour non seulement leur poids, mais aussi etsurtout les facilités d'exportation, ou en état devente pour une question de marge bénéficiaire.Cette marge bénéficiaire devient très élevée selonque les objets sont commandés par un collection-neur Français, Belge, Allemand, Canadien,Américain ou Japonais; surtout s'ils sont exportéspar un marchand.

Ce circuit long est le plus jalonné de vol etde recel de vestiges archéologiques compte-tenu des prix pratiqués et des demandes insa-tiables des collectionneurs et surtout de la dia-

spora noire tels les Afro-américains et surtoutles immigrants négro-africains.

4. 3 – LES PRIX DES VESTIGES À TRAVERS CHAQUE

ÉTAPE DU CIRCUIT

Les objets, qu'ils soient volés dans les musées,achetés sur le marché ou issus de pillage de sitesarchéologiques,ethnographiques ou historiques,à un prix dérisoire dans les pays victimes, sontrevendus dix (10) ou cent (100) fois plus cherdans les pays dits importateurs. Cette flambéedes prix est fonction de la forte demande et dela prise de conscience de plus en plus aiguë desAfricains eux-mêmes de la valeur marchande deleur patrimoine culturel au fil du temps. Entre1989 et 1999, les prix des objets archéolo-giques ont connu une hausse sensible au niveaudes villages.

En effet, une tête de statuette qui se vendaitdans les villages comme Boura, Doulgou,Bandyo ou Tchekirey entre 250 F CFA et 750 FCFA, passait à 5.000 F CFA en 1992, entre10.000 F CFA et 20.000 F CFA en 1997 etmême jusqu'à 35.000 F CFA en 1999. SelonDeroux et Paringaux : Razzia sur l'art: Vols,pillages, recels à travers le monde, (p. 139), unpot tubulaire surmonté d'un cavalier a été venduà 200.000 F CFA.

A Niamey, au cours de la même décennie,une tête de statuette se vendait entre 50.000 FCFA et 150.000 F CFA ; un pot complet en terrecuite de bonne facture jusqu'à 350.000 F CFA.De même une pièce exceptionnelle se revendjusqu'à 850.000 F CFA.

A la côte, à Lomé, les pièces payées entre150.000 F CFA et 850.000 F CFA sont reven-dues deux ou trois fois leur prix de revient.Selon l'ouvrage indiqué ci- haut, une statuetteen terre cuite de Nok se négocie entre 700.000F CFA et 2.500.000 F CFA.

En Occident, une statuette en terre cuite sevend entre 60.000 FF et 600.000 FF à Paris,Bruxelles, Francfort, New York en fonction dugoût du demandeur.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique102

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A part ces statuettes, d'autres vestiges commeles outils lithiques, les perles, les ossements etvégétaux fossiles sont vendus çà et là mais, il nenous est pas facile de donner plus de précision surleur prix. Cependant, nous savons que les perleset les outils lithiques sont vendus à Niamey oudans certaines localités comme Birni N'Konni, àun prix dérisoire. A Niamey, par exemple un bifa-ce se vend au tour de 10.000 F CFA tandis qu'àKonni, des pointes de flèches nous ont été propo-sées à moins de 200 F CFA l'unité.

Comme on peut le constater, le circuit est trèsdivers et très ramifié et le trafic très lucratif sur-tout pour les antiquaires, les chasse-touristes et lesgrossistes exportateurs, aussi importe t-il d'appli-quer dans toute sa plénitude, le texte de loi régle-mentant notre patrimoine culturel avant que l'es-sentiel des objets encore inédits ne soit exportéillégalement hors du pays.

NOTE S

BONNOT H.,1996. Un exemple de pillage de sitearchéologique,1 pp. reprographiée, Niamey

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ROUX Emmanuel de et PARINGAUX Roland-Pierre, 1999. Razzia sur l'art : Vols, pillages,recels à travers le monde, Paris, Fayard, p.352 .

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 103

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La préhistoire est la science qui, se base sur desfaits positifs, recherche ce qui s’est passé avantque les hommes aient relatés par écrit les faitsdont ils étaient témoins. Elle embrasse toutl’âge de la pierre.

L’âge de la pierre est très long, et aussi trèsintéressant. Il débute avec l’homme ; il nous faitassister à ses progrès lents, mais incessants, tantphysiologiques et intellectuels qu’industriels, etnous conduit jusqu’à l’aurore des temps histo-riques.

Au Niger aucun reste humain rattaché auxpremières formes d'outils n'a été trouvé.Cependant, les traces de leur présence sont trèsnombreuses grâce aux différents artefacts.

La préhistoire est représentée au Niger pardeux grandes périodes : le Paléolithique et leNéolithique.

LE PALÉOLITHIQUE

Il commence avec la première pierre taillée parl’homme et couvre plus de deux millions d’an-nées ; défini comme étant la période pendantlaquelle l’espèce humaine a physiquement évo-lué passant du pré-Australopithèque à HomoSapiens-Sapiens, son système économique étaitbasé sur le mode d’exploitation naturelle desressources animales et végétales, c’est dire qu’àcette époque, l’homme luttait beaucoup pluspour sa survie que pour la transformation ou lamaîtrise de son environnement.

Pendant toute cette période du Paléolithiqueoù l’être humain était réduit à une vie de préda-tion faite de chasse, pêche et collecte (fruits etcoquillages), des hommes s'étaient établis dans

les régions supposées les plus accueillantes àsavoir l'Aïr, le Ténéré, le Kawar et le Djado ;c’est du moins ce que les outils en pierre ten-dent à nous dire du moment où au Niger, aucunfossile humain de type paléolithique n’a étédécouvert jusque là, malgré la présence d’in-dustries assez anciennes dont certaines remon-tent peut-être à environ un million d’années.

LE PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR : L’ACHEULÉEN

Appelé également Early Stone Age, il débute enAfrique avec les premiers objets taillés parl’homme ; deux espèces en étaient les auteurs :Homo Habilis en ce qui concerne les premierscampements et les plus vieux outils datés de 2,6millions d’années à 1,4 millions d’années etHomo Erectus en ce qui concerne la domestica-tion du feu et certains types d’outils spécialisésdestinés à la chasse et datés de 1,4 Ma à environ100.000 ans selon les régions.

L'acheuléen dont les débuts au Niger ne sontpas très bien connus, a été surtout reconnu dansle département d’Agadez où il a été trouvé insitu au Kori Tagueï et à Amakon dans l’est del'Aïr ainsi qu’à à Silemi, (Bilma) où l’industrieest constituée pour le quart de galets aménagésavec prédominance de polyèdres, de bifacesarchaïques, trièdres et pics. Le site avait anté-rieurement livré quelques rares hachereaux etquelques outils sur éclat. Le débitage Levalloisn'y a pas été reconnu, pour Thierry Tillet du faitdu fort pourcentage de galets et du caractèregrossier des bifaces il s’agirait d’une industrieappartenant à un stade avancé de l'Acheuléenancien.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 105

THÈME 5 : RAPPEL SUR LES FAITS PRÉHISTORIQUES ET HISTORIQUES DE LA ZONE

NORD DU NIGER

Présenté par Dr. BOUBÉ GADO (IRSH-DARA), Dr. ABDOULAYE MAGA (IRSH-DARA),

Dr. OUMAROU AMADOU IDE (IRSH-DARA)

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Le gisement B.K.1 (Blaka Kallia) qu'a faitconnaître Thierry Tillet (1978) au sud-ouest dupuits de Blaka Kallia (Niger), est rapporté àl'Acheuléen moyen par l'auteur. Le matérielconsiste en galets aménagés, bifaces et hache-reaux, nucléus, percuteurs, éclats

L’Acheuléen se rencontre également dansl’Adrar Bous où il pourrait se placer vers 60.000B.P. ; on le rencontre aussi à Dao Timmi,Toummo dans le Djado, Guézéda Keïta,Bourougou dans le Kawar, ainsi qu’à InAfalaleh, Achegour au Ténéré, Merguigara dansle Tchigaï et à Mangheni sur le plateau dumême nom.

LE PALÉOLITHIQUE MOYEN

Le paléolithique moyen qui commence environvers 200.000 ans pour se terminer vers 35.000ans, voire peut- être un peu avant le néolithique(11.000 ans) dans le Sahara, correspond engrande partie au Niger, à l'Atérien

L'Atérien, civilisation du Paléolithiquemoyen dérivant du Moustérien maghrébin et quise caractérise par un fort débitage Levallois etpar la présence d’un pédoncule d’emmanche-ment à la base des pièces est particulièrementabondant au kawar à partir de Segguedim, où ilpourrait être ancien ainsi que dans le Djado.

Les principaux sites du nord nigérien sont :Dans le Djado

- Ehi Woro- Kourizo- Yat - Aho-SalvadorDans le Kawar- Emi Bissoa- Seggedine- Chemidour- AneyDans le Ténéré, nous avons les sites de :- Greïn- Achegour- Tiffa

Dans le Tchigaï- Madama- Gam Sonosso - Chirfa Dans l'Aïr, les principaux sites sont :- Adrar Bous IVb - Kori Amakon

LE PALÉOLITHIQUE RÉCENT

Quelques sites importants de l’Aïr difficiles àrattacher directement au Néolithique ont étéclassés sites épipaléolithiques par leurs inven-teurs. Il s'agit des sites de l'Adrar NKiffi et deTemet respectivement datés de 7.300 ans et9.500 ans, leur particularité étant d'avoir uneindustrie fortement microlithique où la céra-mique paraît inexistante.

LE NÉOLITHIQUE

Le Néolithique qui débute vers 10.000 ans, setraduit à la fois par une amélioration de l'ou-tillage lithique et la sédentarisation des popu-lations, se caractérise en général par la domes-tication des plantes et des animaux, la fabrica-tion de la poterie destinée soit au stockage,soit à la cuisson des aliments, etc.

Cette nouvelle phase de l'évolution des cul-tures a considérablement modifié l'attitude del'Homme vis-à-vis de la nature, grâce à l'ac-quisition de nouvelles techniques.

En l’état actuel des connaissances, leNéolithique est sans doute la période la mieuxconnue de la préhistoire du Niger. Au départ,seules les régions de l’Aïr-Ténéré étaient réel-lement concernées par les recherches. Maisaujourd'hui, de nombreux sites ont été identi-fiés et étudiés dans le Djado, l'Azawagh,l’Ighazer, la falaise de Tiguidit.

Les séries de dates obtenues sur l'ensembledes sites étudiés montrent que le Sahara nigé-rien pendant l'holocène n'a jamais été vide.

Les principales activités liées à la néolithi-sation du Niger sont attestées par les vestiges

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laissés par les hommes préhistoriques etdécouverts par les archéologues.

Il s’agit entres-autres, de la chasse, prati-quée depuis le paléolithique, et dont la tech-nique semble s'être affinée sur certains sitescomme Temet, Tamaya Mellet 1, Taferjit, etc.où respectivement l'abondance des micro-lithes, des pointes d'ounan et des armatures deflèches, de même que les restes de faune trou-vés un peu partout, attestent de l'importancede cette activité dans l'économie des hommesde nos régions.

La pêche a également été pratiquée car lesnombreux harpons trouvés à Tamaya-Mellet,Taferjit, Adrar Bous et ailleurs, montrent quecette activité était pratiquée de manière certai-ne et organisée depuis au moins 5.000 BP.Quelques restes de poissons ont été égalementtrouvés notamment dans l'Azawagh.

Quant à l’élevage, les présomptions d'unedomestication des animaux existent à AdrarBous où le Ténéréen a été considéré commecontemporain des gravures bovidiennes trou-vées non loin du site, de plus les squelettes debœuf trouvés en connexion anatomique àAdrar Bous et à Aoukaré sont également unepreuve que le bœuf était domestiqué.

Par contre, la domestication des plantes auSahara est plus difficile à prouver que celledes animaux. Jusqu'à présent au Niger aucunetrace de graines cultivées n'a pu être trouvée,certainement à cause des difficultés de conser-vation liée aux phénomènes d'érosion ; c'estpourquoi, dans de telles circonstances, pourmontrer qu'au moins des graines cultivées ounon ont été consommées par les populationsnéolithiques on fait intervenir l’existenced’objets ou ustensiles domestiques comme lematériel de broyage et la céramique, ainsi queles microlithes géométriques dont certains ontpu être utilisées comme éléments de faucille.

Il peut se subdiviser en phase ancienne,moyenne et récente.

LE NÉOLITHIQUE ANCIEN

Ses débuts au Niger se situeraient autour du Xemillénaire. A cette époque, le climat était enco-re humide. Les sites datant de cette période nesont pas très nombreux et dans leur totalité, ilsont été reconnus dans les départements du nord(Agadez, Tahoua).

Les datations obtenues sur les sites de l'Aïret de l'Azawagh permettent de dire aujourd'hui,que la néolithisation au Sahara n'est pas le faitd'une introduction étrangère, mais bien le résul-tat d'un processus qui s'est très tôt localementdéveloppé grâce à la fabrication des premièrescéramiques, classées actuellement parmi lesplus anciennes au monde.

Les sites les plus connus et les plus impor-tants sont : Tagalagal et Adrar bous 10 dansl’Aïr, Tamaya-Mellet et Lekdarat dansl’Azawagh.

TagalagalGisement découvert en 1978 sur les MontsBagzanes dans l’Aïr par Jean-Pierre Roset ; sonoutillage lithique assez fruste se compose sur-tout d’éclats, grattoirs, racloirs, burins, pointesde flèches, haches et herminettes polies ainsique de matériel de broyage.

Sa céramique de forme sphérique dispose dedécor fait d’impressions pivotantes en lignespointillées ondées, appelé dotted wavy line.Datée de 9.370 ± 130 B.P et 9.330 ± 130 B.P,cette céramique constitue à l’heure actuellel’une des plus vieilles dans le monde.

Adrar Bous 10 Daté de 9130 ± 65 BP, son outillage se compo-se de pointes d’ounan, nucleus prismatiques,microlithes géométriques, lamelles à dos,meules etc., ainsi que des restes humains et defaune.

La céramique, assez abondante associée àl’industrie lithique, présente un décor fait d’im-pressions.

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Tamaya-MelletEnsemble de plusieurs sites situés dansl’Azawagh découvert par G.Le Rumeur et res-pectivement étudié par H.Lhote, F.Paris et A.Maga, et dont seuls Tamaya-Mellet 1 et 3 peu-vent être qualifiés de néolithique ancien si l’onexcepte la collection Le Rumeur de 1931,actuellement déposée au Musée de l’Homme àParis.

Le site de Tamaya-Mellet 1 est le plusimportant ; daté de 8.320 ± 240 B.P. il présenteun assez fort pourcentage de céramique et unoutillage lithique composé de pièces néoli-thiques comme les haches polies et le matérielde broyage ainsi que des outils de type épipa-léolithique comme les pointes d’ounan.

NÉOLITHIQUE MOYEN

Il se situerait dans une fourchette allant de7.000 B.P à 5.000 B.P, soit une période corres-pondant à une forte aridité en ce qui concerneles sites autour de 7.000 B.P et 6.500 B.P. A par-tir de 6.000 ans le climat était d'une manièregénérale redevenu un peu plus humide, malgréune certaine régression autour de 5.000 ans.

Durant toute cette période, des populationsse sont installées principalement dans l'actuelnord du pays : Aïr, Ténéré, Termit, Azawagh, eny développant un mode de vie basé pour moitiésur la production comme semblent l'attester lesinnombrable tessons de poteries, l'outillagepoli, le matériel de broyage, les restes alimen-

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Figure 1. Exemple d’outils de prédation : les armatures pédonculées de Tamaya-Mellet,(d’après A. MAGA, 1993).

1. Armature groupe D1. 2 Armature D 2. 3 à 6 Armatures D 3. 7.Armature D 9. 1O Armature D 10. 12, 25 Armatures D 18. 15, 17.37 Armatures D 19. 19 à 21, 23, 41 Armatures D 20. 16, 24. Armatures D 21. 28 à 3O, 34 Armatures D 33. 32 Armature D 34. 35 Armature D 26. 31 Divers 1. 39, 4O Divers 2. 36 Divers 3.38 Divers 4. 26 Divers 5. 18 Ebauche ? 8, 9, 11, 13, 14, 16, 18.22, 25, 27, 33, 42. Armatures pédonculées diverses.

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taires, les représentations gravées d'animauxdomestiques sur les parois rocheuses, et pourmoitié, un mode de vie fait de prédation,comme le prouvent les restes d'armatures depointes de flèches de divers formes, les restesd'animaux sauvages et de poissons, ainsi que lesgravures rupestres montrant des scènes de chas-se, etc.

Les principaux sites rattachés à cette périodesont : Adrar-Bous III, Takéné Bawat, Arlit 2&3,Madawela, Dogonboulo, Tamaya-Mellet et InTékébrine.

DogonbouloA Dogonboulo, outre l’outillage lithique com-posé d’éclats, haches taillées rarement polies,quelques herminettes, pics etc., il a été retrouvéun sol d’habitat où des restes alimentaires (pois-sons) étaient associés à des foyers.

Ce site daté de 6850 ± 250 B.P., fut pendantlongtemps considéré comme le plus ancien duNéolithique nigérien.

Adrar Bous IIIC’est un gisement découvert par la missionBerliet en 1959 dans le Ténéré. Le vestige leplus important celui qui a rendu le site célèbredans le monde, est l’outillage lithique étudié en1962 par J.Tixier. Cet outillage se compose sur-tout de microlithes (segments, triangles), delamelles à bord abattu, de grattoirs, perçoirs,racloirs, pointes de flèches, pointes d'ounan,haches, couteaux “Égyptiens” et d’objets spé-ciaux appelés disques. La matière première uti-lisée, est une roche verdâtre dénommée jaspevert.

La céramique sphérique à décor fait d’im-pressions est également présente sur le site.

Adrar Bous III, est le site de référence, (sitetype) d’une culture du néolithique saharien,appelée Ténéreen, qui s’étend du IVe au Ve mil-lénaire avant J.C et dont l'une des particularitésest d’être contemporaine d’un étage de l’artrupestre saharien appelé Bovidien. Le site a étédaté de 5.140 ± 300 B.P..

Takéné BawatEnsemble de plusieurs gisements situés dansl’Azawagh. Les recherches menées par F. Paris,ont permis d’identifier deux (2) sites de moyen-ne importance, classés comme néolithiquemoyen.

Le premier, celui de Takéné Bawat 1, couvreune superficie de 600 X 300 m. L’étude des col-lections a permis de constater surtout la grandediversité des grattoirs . D’autres outils lithiquespolis ou taillés ainsi que de la céramique et dela faune ont été trouvés. Le site a été daté de6.300 ± 200 B.P..

Le second gisement, plus petit (200X100 m)que le précédent, présente également un maté-riel nettement moins nombreux et moins variéen dehors des armatures de pointes de flèches.Cependant, sur ce site, la céramique y est plusimportante avec au total au moins huit (8)motifs décoratifs. Le site a été daté de 5.880 ±120 B.P..

In TékébrineEnsemble de sites situés dans l’Azawagh dontles deux plus importants, InTékébrine 1 et 6 dufait de leur datation appartiennent à deuxpériodes différentes.

Le premier, Intékébrine1, étudié par F.Pariset L.Bonnabel est plutôt un site de type post-néolithique tandis que Intékébrine 6, étudié parA..Maga apparaît plutôt comme un néolithiquemoyen. Son industrie lithique est très pauvre carce qui abonde c’est surtout le débitage et lematériel de broyage en particulier les broyeursdont la principale caractéristique est de présen-ter non pas comme d’ordinaire une ou deuxfaces de frottement, mais plusieurs ; par contrela céramique très variée, généralement décoréeest assez abondante avec un dégraissant souventfait de fibres végétales longues. Le site a étédaté de 5.095 ± 200 B.P. Avec ce site etquelques autres, prend fin le Néolithique moyende l'Azawagh et voire de l'ensemble de l'espaceNigérien.

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NÉOLITHIQUE RÉCENT

C’est sans doute la phase la mieux étudiée dunéolithique du Niger. Du point de vue chronolo-gie, elle commencerait au début du IIIe millénai-re avant J.C, pour se terminer selon les régionsentre 3.000 B.P. et 2.500 B.P. Autrement dit, dansles zones où l’occupation fut plus ou moins conti-nuelle pendant le néolithique, (Aïr, Ténéré,Termit, Azawagh) les populations sont passéesprogressivement au stade de fabrication des pre-miers objets métalliques, au moment où d’autresrégions, comme la vallée du Niger, étaient encoreau stade de la préhistoire.

Pendant cette phase, la production céramiques’est améliorée même qu’on constate un foison-nement d’objets de broyage (meules et molettes).Certains objets de prédation comme les harponsse font de plus en plus rares sauf sur quelquessites comme Taferjit (Azawagh). Par ailleurs, onassiste également à la disparition totale despointes d’ounan et d'autres objets de chasse abon-damment rencontrés dans les phases précédentes.

Quelques gisements intéressants méritentd'être décrits.

GossoloromSérie de plusieurs gisements dont les premiersont été découverts par la mission berliet en 1959avant d'être revisités en 1960 par Guy deBeauchêne et en 1974 par Jean-Pierre Roset etGérard Quechon qui en ont parallèlementdécouverts d'autres.

Un des éléments caractérisant le site deGossolorom, est la maîtrise avec laquelle lesTénéréens de ce site ont su tirer d'une très mau-vaise matière première (grès Quartzeux à grainsfins), une qualité d'outils exceptionnels, commeles disques ou les haches bipennes, alors que surla plupart des gisements Ténéréens, la matièrepremière de prédilection était les jaspes verts.De plus, en dehors des armatures de flèches etles disques qui sont de technique bifaciale, toutle reste a été retouché sur une face, en particu-lier les lames dites plates.

Figure 2 : Exemple d’outil de belle facture: Unehache bipenne en provenance de Gossololom(Photo, Musée de Homme).

OrubGisement de la falaise de Tiguidit (Agadez)découvert et étudié par D. Grebenart dans lecadre du Programme Archéologique d’Urgence.L’industrie se compose d’objets en pierre repré-sentés par du matériel de broyage, quelqueshaches etc., et une abondante céramique à partirde laquelle une typologie des différents vases aété établie. Il a été daté de 3.390 ± 100 B.P..

TaferjitLe seul site du néolithique récent connu avant1980 était Taferjit, découvert par G. Le Rumeuret étudié respectivement par H. Lhote, F.Paris etA.Maga. Son industrie lithique, particulière-ment abondante se compose d’éclats et lamesretouchés de diverses formes, de grattoirs, per-çoirs, coches, denticulés, haches et herminettes

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polies, matériel de broyage, de très nombreuseset très variées armatures de pointes de flècheetc.., ainsi que de la céramique et une importan-te quantité de harpons en os. Le site est daté de4.080 ± 110 B.P.

Chin TafidetImportant gisement de l’Ighazer, où FrançoisParis a pu identifier sur ce vaste site d'habitat,des zones supposées être des cimetières où lessépultures humaines et les restes d'animaux enconnexion sont très abondants. Les sépultureshumaines de même que le matériel lithique etcéramique, se rencontrent essentiellement dansla périphérie du site. L'âge du site est de 4.390± 80 B.P.

LES SITES D’HABITAT POST-NÉOLITHIQUE

On entend par site d’habitat post-néolithique,l’ensemble des vestiges dits anthropiques ten-dant à prouver l’existence d’une installationhumaine ancienne postérieure au Néolithiquemais antérieure à l’Histoire en un lieu donné.

Au Niger, ces types de sites sont particuliè-rement nombreux et se rencontrent dans toutesles régions du pays.

En 1979 déjà, Danilo Grebenart signalaitla découverte par Gérard Quechon et Jean-Pierre Roset à Termit de plus de 76 habitatspost-néolithiques parmi lesquels le site de DoDimmi daté de 1747 ± 110 B.P., soit 203 aprèsJ. C. Dans l'Azawagh, François Paris en adécouvert d'autres sur lesquels affleuraientdes squelettes humains, notamment dans larégion de Tarada.

Cependant, l'un des sites d'habitat postnéolithique les plus importants jamais trouvésau Niger, est certainement Iwelen où J.P.Roset et F. Paris ont essayé de mettre en rela-tion l'aire d'habitat et la nécropole funérairesituée dans les environs.

La culture développée par les hommesd'Iwelen tranche avec ce qui était connujusque là dans la région. Ils fabriquaient une

céramique “carénée ou campanulée à décorcannelé et festonné”, qui la différencie de lapoterie néolithique de l'Aïr ; quant à l'outilla-ge lithique il est peu riche et se caractérise parl'abondance de petits grattoirs discoïdaux enquartz. Une trentaine de datations radiomé-triques, permettent de placer l'ancien villageet la nécropole entre 3.400 B.P. et 2.200 B.P.

D'autres éléments importants comme lamétallurgie et les gravures rupestres, ont éga-lement été trouvés sur ce vaste gisement.

LA MÉTALLURGIE

C’est l’art d’extraire les métaux de leurs mine-rais, de les transformer en produits demi-finis etde les mettre en forme pour leur utilisation sousforme d’objets.

Apparu très tôt en Afrique, elle a pourtantsuscité les passions pendant plusieurs décenniesquand à son origine, même si aujourd’hui, grâceaux différentes recherches, l’on est passé de lathèse diffusionniste à la thèse d’une productionautonome, locale de cette métallurgie enAfrique.

Au Niger, les premières traces d'une métal-lurgie ancienne datent de 1976 et concernent larégion d'Eghawen Zegiren à Sekiret (Agades).Il s'agissait de quelques tas de scories de cuivreset de “fourneaux allongés” datés de 3.500 B.P.soit le IIè millénaire avant J.C et de “fourneauxronds” estimés à 2.500 B.P., soit le Iè millénai-re avant J.C.

Par la suite, de nombreuses autres décou-vertes furent effectuées tant pour le cuivre quepour le fer, sauf l’or dont on ne dispose encored’aucune trace en ce qui concerne son exploita-tion ancienne.

Dans tous les cas, au vu des résultats issus detoutes les fouilles jusque là menées au Niger, onpeut avec certitude affirmer que l’apparition despremiers objets métalliques dans l’espaceNigérien, se situe globalement dans l’état actueldes connaissances autour du IIè ou du IIIè mil-lénaire avant J.C.

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Le cuivreIl existe dans la nature sous forme combinée ouà l’état natif. Apparu dès le IIè ou IIIè millénai-re avant J.C, la technique la plus courante et laplus ancienne utilisée pour sa fabrication est lemartelage et à un degré moindre surtout pendantla période historique en Afrique, celle de lafonte à la cire perdue. Par ces différents procé-dés, on y obtient soit des objets en cuivre pur,soit en alliage cuivreux selon le type d’associa-tion : Bronze lorsqu’il s’agit d’une combinaisonentre le cuivre et l’étain, Laiton lorsque lecuivre est associé au Zinc etc.

A Iwelen, site situé dans l’Aïr et daté d'envi-ron 3.500 B.P. et où des objets finis ont été trou-vés (armatures de lance, petites lames etc...), lecuivre pourrait être encore plus ancien, demême que dans l'Azawagh où une petite “tôle”a été trouvée sur le site d'In Tékébrine I et datéde 3.800 BP.

Le cuivre a également été identifié à Azelik-Tegguida où son âge se situerait entre 3310 ±100 BP et 2.040 ± 90 B.P., ainsi qu’à Afunfun,Eres n’Enaden, Ikawaten, Tyeral, Tuluk etAghtauzu dans la région d’Agades. Tous cessites ont été datés entre 3.900 B.P. et 1.200 B.P.par Danilo Grébenart soit entre la fin du IIè mil-lénaire avant J.C et le IIIè siècle après J.C,même si des doutes persistent quand à leurappartenance réelle à l’âge du cuivre, du moinsen ce qui concerne certains sites.

Le ferSon apparition est également ancienne. AuNiger, la métallurgie du fer fait son apparitionpresque en même temps que le cuivre dans cer-taines régions du Nord du pays. Les plus vieuxtémoignages remontent à 4.000 B.P. à TermitEgaro, site étudié par G. Quéchon. Ici aussi, lesdatations obtenues font partie des plus élevéesdu Sahara.

Du reste, si l’on considère que c’est aussi auSud de la région de Tiguidit, à Daîma et le pla-teau Baoutchi au Nigeria que fut découverte lacivilisation de Nok et une métallurgie ancienne

du fer datée du VI° S avant l’ère chrétienne, il ya tout lieu de penser que le triangle, massif deTermit/Falaise de Tiguidit/Plateau de Baoutchifut l’un des plus anciens foyers de métallurgiedu fer sinon le foyer de production le plusancien de toute cette partie du Soudan Central,voire de l’Afrique de l’Ouest.

LES MONUMENTS ET NÉCROPOLES FUNÉRAIRES

Les monuments et nécropoles funérairesregroupent toutes les structures funéraires enpierre sèche ou en terre ayant servi de sépul-tures et contenant ou non un mobilier ou toutautre objet lié aux rites d’inhumation.

MONUMENTS FUNÉRAIRES À SUPERSTRUCTURE

Au Niger, dans l'état actuel des recherches lesplus anciennes inhumations sur site d'habitatproviennent de l'Azawagh et remontent au néo-lithique moyen, l'inhumation du mort s'effec-tuant dans une simple fosse sans superstructurelithique.

Les premières structures construites affec-tées à une inhumation n’apparaîtront en effetque vers 5.500 B.P., avec le type dit Bazina cir-culaire ou chouchet à l’Adrar Bous dans l'Aïr etles Tumulus à couloir et à enclos dans la régiond'Emi Lulu.

D'autres types architecturaux appartenantplus ou moins à la même époque holocène ontété également reconnus, il s'agit des tumulus enplate forme trouvés dans l'Aïr et des Tumulus encroissant, découverts dans le Nord et l'Ouest del'Aïr, ainsi que dans l'Ighazer, l'Azawagh et larégion d'Arlit et des tumulus composés généra-lement de simples tas de pierres et de la céra-mique difficile à caractériser.

La fin du Néolithique et le post néolithiquevoient apparaître dans l'Aïr Oriental à Iwelennotamment une nouvelle forme architecturale,le tumulus à cratère. Cette forme de monumentcorrespond à Iwelen au site d'habitat daté de2.600–2400 B.P., F. Paris qui est à l'origine de la

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typologie des monuments funéraires du Norddu Niger en donne la définition :“Amoncellement d'allure tronconique, de blocsde pierre de dimensions variables, sans appa-reillage particulier et dont la partie sommitaleest évidée en cuvette”.

Dans la plupart des monuments fouillés,toutes formes architecturales confondues, lessquelettes généralement en assez bon état ontété trouvés en décubitus latéral, rarement dor-sal. Certaines inhumations sont accompagnéesde mobilier funéraire (poterie, matériel debroyage, ainsi que d'objets de parure).

Les auteurs de ces monuments ne sont pasconnus avec certitude malgré quelques hypo-thèses dont certaines sont tout à fait acceptables.Par contre, d'autres hypothèses tentent de démon-trer que la diversité des monuments funérairesdans le Nord du Niger, pourrait être liée aux

classes sociales des morts. Ainsi, d’après F. Paris,“les sépultures monumentales et plus particuliè-rement les formes les plus élaborées sont souventconsidérées comme des tombeaux de chef, leurssujets se contentant de formes plus simples”.

Dans tous les cas, une chose paraît évidente,ces superstructures ont été construites pour pro-téger les morts contre d’éventuelles profana-tions et/ou prédation. L’explication religieuseétant peut-être secondaire.

L’ART RUPESTRE

L'art rupestre du Niger constitué de gravures et depeintures, a très tôt été étudié dans les régionsNigero-Tchadiennes et dans la vallée du FleuveNiger.

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Figure 3 : Population Touareg du nord du Niger.Figure 4 : Gravures rupestres sur roche dans larégion de la vallée du fleuve Niger.

Figure 5 : Un puit d’eau dans l’Aïr.(Photos: Elizabeth Wangari)

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Dans l'Aïr, la plupart des recherches effec-tuées par H. Lhote et d’autres ont concernél'ouest du massif, où le style caballin estdominant tandis que le centre, l'est et le nord-est de ce même massif étaient délaissés.

Les lacunes concernant la bordure orienta-le de l'Aïr ont été comblées par J.P Roset etson équipe avec la découverte des stationsrupestres des Kori Taguei, Tazerzit, Tamakonet Iwelen.

La station du Kori Tamakon, située sur labordure orientale du Takolokouzet présentedes gravures antérieures à la période deschars.

Les représentations animales, concernentles bovidés (bovins et moutons) et une faunesauvage composée de girafes, lions, éléphants,antilopes etc.

Dans l'Aïr toujours, l'une des régionsrupestres les plus connues au Niger, l'ouedMammanett, constitue un ensemble regroupantplusieurs milliers de gravures représentant deshommes et des animaux obtenus le plus souventpar piquetage ou par trait incisé et/ou poli.

Le Djado, quant à lui offre à la fois des gra-vures isolées ou en forte concentration et despeintures quand existent des abris sous-roche.

Au Niger, en particulier dans le Sahara,l’art rupestre pourrait se subdiviser en quatregroupes :- l’art bubalin caractérisé par des gravures

au trait large et profond. Les animaux yoccupent une place majeure.

- l’art bovidien, dominé par le boeuf domes-tique.

- la période caballine qui est surtout mar-quée par l’apparition du char dans uncontexte bovidien final. La plupart desauteurs la voient débuter vers 3.500 B.P.Le métal fait son apparition, on le trouvedans l’armement (pointes de lances).L’apparition du cheval monté est plus tar-dive.

- la période caméline caractérisée par l’ap-parition du chameau, généralement datéedes derniers siècles précédants l’ère chré-tienne sur la foi de données historiques.

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LES VILLES MÉDIÉVALES

Le Niger compte beaucoup de villes ou fortifi-cations médiévales mentionnées par lesauteurs arabes et soudanais depuis le IXèSiècle ou les traditions historiques localescomme celles du Djado (fortin de Djado) etsurtout du Kawar (Aney, Djabba), dont cer-taines n’ont jamais été retrouvées ou identi-fiées clairement, comme celles du massif del’Aïr et de son pourtour (Azelik-Tegguida,Assodé, Marendet-Maranda etc.).

Parmi les villes les plus connues, il y aAzelik, située à environ 130 km d'Agadès oùen surface se rencontrent pèle mêle, tessons depoteries et meules dormantes, mais le plusimportant sur ce site, demeure certainement lesrestes d'habitat composés de “bâtimentsouvrant sur une seule cour” et trois mosquéesdont deux possédant en partie un minaret enpierre. De plus, des cimetières d'époque isla-mique ont également été trouvés tout autour dusite.

Azelik, nom actuel du site de l’ancienneTéguidda appelée Takadda par les auteursarabes et visitée en 1353 par le géographearabe Ibn Batutta, serait un centre d'exploita-tion et de commercialisation du cuivre natifdont on peut rencontrer sur le site des gra-villons “contenant des mouchetures de cupri-te”.

Une autre importante ville étudiée, estAssodé, située à une soixantaine de km de lapalmeraie de Timia. Ancienne capitale de l'Aïr,Assodé serait en fait formé de deux agglomé-rations concentrées sur un site de plus de 70ha. La date de création de la ville demeureencore mystérieuse, malgré la fourchette dedatation obtenue par J. P. Roset et J. F. Saliègeen 1977 sur de la céramique et qui situerait laville entre 1215 et 1414 soit entre le XIIIesiècle et XIVe siècle.

Assodé devait être un grand centre carava-nier où résidait le chef de la Tribu des KelOwey, l'anastafidet.

Le déclin de la ville à partir du 18e sièclesemblait être lié à l'émergence de la villed'Agadez où résidait le sultan de l'Aïr et à labaisse du trafic caravanier lié à l'insécurité desroutes.

CONCLUS ION

La recherche archéologique a été très dyna-mique au Niger de 1977 à 1992. Pendant ces 25années de grâce, les résultats obtenus ont bous-culé des idées reçues en ce qui concerne nonseulement le Paléolithique mais surtout leNéolithique et l’invention de la céramique il y a10.000 ans avant nos jours, la découverte de lamétallurgie du cuivre et du fer il y a près de4.000 ans, et le foisonnement de l’art, à traversles gravures et peintures rupestres, les tumulus,le mobilier et la statuaire funéraire en terre cuiteou en pierre, l’apparition des tissus ou le débutdes premières inhumations musulmanes. En peud’années le Niger est apparu comme une pro-vince capitale de l’archéologie Ouest-africaine,pourtant, cette impulsion très bénéfique a étégéographiquement très inégale et les régions duNiger-Centre et du Sud-Est sont restées encoretrès mal connues jusqu’à nos jours et ceci d’au-tant plus que la recherche archéologique connaîtaujourd'hui d'énormes difficultés faute demoyens adéquats en ressources humaines, enlogistique et surtout en ressources financières etce malgré la reprise des fouilles complètes àBura à partir de 1998. A cela s'ajoute l’aggrava-tion fulgurante ces dernières années du pillageet de la destruction systématique des sites etl’intensification du trafic illicite des objetsarchéologiques par des trafiquants d'objets d'artde toutes sortes, dans les villes comme dans lescampagnes, travaillant pour le réseau internatio-nal de ce que des journalistes du Monde ontappelé dans un récent ouvrage, du titre évoca-teur de “Razzia sur l’Art”.

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 115

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1 – LA SAGA DE S D I NAUSOR E S

Apparus au Trias, il y a 230 millions d'années,et dérivés, comme les Lépidosaures ouLépidosauriens, des Reptiles diapsides à deuxfosses temporales ou Thécodontes (thêké =boite, odous = dent) du Permien, les Dino-saures ou Dinosauriens (deinos = terrible,saura = lézard), nom commun désignant en faitun ensemble de deux ordres d'Archosauriensovipares, les Saurischiens ou Sauripelviens àbassin de type reptilien et les Ornithischiens ouAvipelviens à bassin de type oiseau, se develop-pent et dominent toute l'Ere Secondaire avantde disparaître à la fin du Crétacé.

Les Saurischiens ou Sauripelviens sont appa-rus vers la charnière Trias-Jurassique et sontrepartis dans deux sous-ordres : les Théropodes,grands carnassiers bipèdes (Allosaurus duJurassique Supérieur avec 12,80 mètres de longet 4,90 mètres de haut, Tyrannosaurus rex duCrétacé Supérieur, issu de l'Allosaurus, le plusgrand et le plus féroce des Carnosauriens, avecplus de 15,5 mètres de longueur et de 6 mètresde hauteur, Spinosaurus du Crétacé Supérieurd'Afrique du Nord avec 12 mètres de long et unecarène dorsale de 1,80 mètres) et lesSauropodes, herbivores quadrupèdes, terrestresou amphibies (genre Brachyosaurus ouMamenchisaurus du Jurassique de Mongolieavec 20 à 25 mètres de long et 15 mètres de hau-teur, genre Brontosaurus ou Diplodocus (diplos= deux, dokos = poutre) de la fin du JurassiqueSupérieur des Etats-Unis d'Amérique avec 30mètres de long, un cou serpentiforme, et pesant30 tonnes).

Les Ornithischiens ou Avipelviens apparusau Jurassique Moyen, c'est à dire plus tard queles Sauripelviens ou Saurischiens, se répartis-sent en quatre (4) sous-ordres et se divisent en :- formes bipèdes qui ont abouti au Sous-ordre

des Ornithopodes (Camptosaures d'Amé-rique du Nord et d'Europe bipèdes herbi-vores de 6 mètres de long, Iguanodontidésbipèdes herbivores atteignant 10 à 12 mètresde long et possédant une queue énorme, desmembres inférieurs petits comportant unpouce transformé en une arme efficace, etune sorte de bec comme l'IguanodonOuranosaurus Nigeriensis Taqueti duCrétacé Inférieur du Niger qui avait 7mètres de long et possédait comme lesPélycosaures du Permien une voilure dorsa-le, Hadrosaures ou “dinosaures à bec decanard”),

- et formes quadrupèdes qui ont abouti auxsous-ordres :

• des Cératopsiens (kera = corne) ou“dinosaures cornus” du Crétacéd'Amérique et de Mongolie (Tricératopsavec 9 mètres de long, une petite cornenasale et deux grandes cornes frontales ;• des Stégosaures (stegos = abri, toit) duJurassique et du Crétacé herbivores qua-drupèdes de 5 à 7 mètres de long, avecune tête minuscule munie d'un bec ana-logue à celui des oiseaux, le corps revê-tu d'une cuirasse d'os dermiques avecdeux rangées de plaques verticales tri-angulaireset une queue armée de quatrepointes osseuses (Stégosaurus long de 9mètres) ;

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 119

THÈME 6 : LES FOSSILES NIGÉRIENS

Présenté par Dr. Boubé GADO (IRSH-DARA), Dr. Abdoulaye MAGA (IRSH-DARA),

Dr. Oumarou Amadou IDE (IRSH-DARA)

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• et des Ankylosaures (agkulos = recour-bé, enserré) ou “dinosaures armés” duJurassique et du Crétacé quadrupèdesde taille petite ou moyenne, au corpsrecouvert d'une épaisse carapace der-mique et de fortes épines, sans dentureou à la denture faible (Nodosaurus(nodos = édenté) et les Struthiosaurusdu Crétacé Supérieur d'Amérique duNord et d'Europe qui avaient la tailled'un mouton, Ankylosauridés plus mas-sus et plus armés avec l'Ankylosaurus duCrétacé Supérieur d'Amérique du Nord,leur plus grand représentant, qui avait 10mètres de long et la taille d'un éléphant).

2 – LE S D I NOSAU R E S DU SAHARA N IGÉR I E N :

MORAD ISAU R US, SARCOSUCH US,OU RANOSAU R US, AFROVE NATOR ET C I E .

Au Crétacé Inférieur il y a plus de 120 Millionsd'années, une mer peu profonde ou fluviatilerecouvrait l'Afrique Saharienne et Sahélienne etla Méditerranée et le Golfe de Guinée commu-niquaient alors par le bassin de la Bénoué. Lesdépôts qui en résultèrent, formèrent lesgroupes des argiles de l'Ighazer et des grèsdu Tégama.

Le Crétacé Supérieur et l'Eocène connurenttrois transgressions marines venant du Massif

de l'Aïr, relief alors érodé et très pénéplané, etdeux autres venant du détroit de Gao, dont lessédiments composés d'argiles, de marnes et decalcaires argileux fossilifères furent recouvertsau Mio-Pliocène par des dépôts du ContinentalTerminal.

Ce sont les sédiments du ContinentalIntercalaire, déposés de la fin du Trias auCrétacé Inférieur, qui contiennent les gisementsde bois silicifiés et de dinosauriens, dont le plusimportant est celui de Gadoufaoua à 150 km auSud-Est d'Agadez.

Le nord du territoire du Niger offre unechance encore inégalée en Afrique de suivre ladynamique évolutive des vertébrés continen-taux sur toute la période Crétacé. Le groupe desgisements d'In Gall correspond à la période oùl'Amérique du Sud était encore rattachée àl'Afrique ; un peu plus tard, le groupe des gise-ments de Gadoufaoua correspond à la périodeoù la division des continents africain et améri-cain était imminente ; encore un petit peu plustard, le groupe des gisements d'In Abangaritcorrespond à la période où la séparation desdeux continents était en action ; plus tard enco-re, le groupe des gisements d'In Beceten corres-pond à la période où l'Afrique était devenue uneméga-île, complètement isolée de l'Amériquedu Sud et de l'Eurasie ; et enfin, le groupe desgisements de Tillia correspond à la période oùdes ponts étaient de nouveau établis entre

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique120

Tableau 1. Répartition stratigraphique des dinosaures du Niger d'après Paul Sereno de l'Université de Chicago.

Age en million d'années Etage Série Stratigraphique Principaux Gisements

70 Maastrichtien Mosasaures Shales Région de Tillia

100 ? Albien Série d'In Abangharit In Abangharit

110 ? Aptien Formation d'El Rhas Gadoufaoua

140 Néocomien Argiles de l'Irhazer In Gall - Marandet

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l'Afrique et l'Eurasie. C'est du moins le schémaque nous donne Paul Sereno.

De nombreux gisements de fossiles végé-taux, animaux, et surtout de vertébrés ont étémis au jour de 1960 à 1977 au Niger dansdiverses couches géologiques s'échellonnant :- du Permien Supérieur, il y a 250 Millions

d'années (avec des Cotylosauriens dans l'ar-gilogrès de Moradi, les plus anciens rep-tiles, anapsides, apparus au Carbonifère, il ya 360 Millions d'années, et qui se divisèrenten Captorhinomorphes dont Moradisaurusgrandis Taquet et en Diadectomorphes dontles plus grands étaient les Paréiasauridés,herbivores représentés justement par lePareiasaurus du Permien Supérieur quiatteignait 3 mètres de longueur et qui devaitressembler quelque peu aux vachesactuelles),

- au Trias Inférieur, il y a 230 Millions d'an-nées (avec une piste de Chirotherium detype primitif dans le grès de Teloua I),

- au Jurassique Supérieur et Néocomien, il ya 160 Millions d'années (avec des restes decrocodiliens, de poissons et de dinosauriensdans les argiles de l'Ighazer),

- à l'Aptien au Crétacé Inférieur, il y a 120Millions d'années (avec des crocodiliens etdes dinosauriens dans la série du Tégama àTamayya et notamment à Gadoufaoua),

- au Sénonien Inférieur au Crétacé Supérieur,il y a 100 Millions d'années (avec des pois-sons, des crocodiliens, des chéloniens àIbeceten),

- au Sénonien Supérieur au Crétacé Supé-rieur, il y a 70 Millions d'années (avec desrestes de crocodiliens à Termert), jusqu'auPaléocène, il y a 60 Millions d'années (avecdes crocodiliens, des poissons, des serpentsdans le Bassin des Iwillimeden).

La plupart des recherches paléontologiquesménées entre 1960 et 1977 ont été assuréesnotamment par des équipes françaises du CNRSet du Muséum d'Histoire Naturelle de Parissous la direction de Philippe Taquet de 1965 à

1972 avec un palmarès de découvertes dont lesétapes essentielles ont été :- la récolte en 1965 du crâne d'un

Crocodilien Mésosuchien de grande taillebaptisé Sarcosuchus imperator Brouin &Taquet 1966 à Gadoufaoua,

- la récolte en 1966 de deux squelettes com-plets de Dinosauriens Iguanodontidés, dedeux crânes de Chéloniens et d'un squelettede Lépidotes,

- la récolte en 1967 d'un crâne deCaptorhinomorphe baptisé Moradisaurusgrandis Taquet 1969 à Moradi près d'Arlit,

- la récolte en 1969 d'un crâne deParéiasaurien, reptile cotylosaurien, anapsi-de (sans fenêtre temporale) herbivore appa-ru au Permien Supérieur, à Ibadanane prèsd'Arlit,

- la récolte en 1970 d'éléments postcrâniensd'un Sarcosuchus imperator, d'élémentspostcrâniens d'un Carnosaurien de grandetaille du genre Spinosaurus et du squeletted'un petit Sauropode à Gadoufaoua,

- la récolte en 1972 d'un squelette completd'un Dinosaurien Iguanodontidé baptiséOuranosaurus nigeriensis taqueti à Gadou-faoua,

- la récolte en 1973 d'éléments attestant laprésence d'une deuxième espèce deCarnosaurien, d'une troisième espèce deCrocodilien Mésosuchien et d'une espèce deBatracien à Gadoufaoua.

Dans les conclusions générales de son livre“Géologie et paléontologie du gisement deGadoufaoua (Aptien du Niger)” publié par leCNRS en 1976, Philippe Taquet soulignait(pp.169-170) la richesse et l'importance scienti-fique des gisements paléontologiques du Nigeren ces termes :

“Grâce à une longue succession de dépôts conti-

nentaux, le Niger est un pays qui offre la possibi-

lité exceptionnelle de pouvoir étudier dans un

espace relativement restreint toute une série de

faunes d'invertébrés ; 26 gisements de vertébrés

sont en effet répartis dans 15 niveaux s'échelon-

Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 121

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nant du Permien Supérieur au Paléocène.

Quelques uns de ces gisements sont particuliè-

rement intéressants : ce sont les gisements de

Cotylosauriens du Permien Supérieur, le gise-

ment de Crocodiliens et de Dinosauriens de

Gadoufaoua d'âge Aptien et le gisement du

Sénonien inférieur d'In Beceten. Dans les gise-

ments du Permien (Moradi et Ibadanane) une

faune de Captorhinomorphes (Moradisaurus

grandis), les premiers à être sigalés sur le conti-

nent africain, et de Paréiasauriens y a été récol-

tée. (...). Quant au gisement de l'Aptien,

Gadoufaoua est avec le gisement de Tendaguru

(Jurassique Supérieur de la Tanzanie) le plus

important gisement de Dinosauriens d'Afrique.

La qualité de conservation et l'abondance des

fossiles de ce gisement ont permis à une mis-

sion paléontologique française d'y récolter pour

la première fois des squelettes complets de

Dinosaures. La faune comprend notamment

1 espèce de Coelacanthidé, 2 espèces de

Dipneustes, 1 espèce d'Amphibien, 3 espèces de

Crocodiliens dont une géante, 2 espèces de

Chéloniens et 7 espèces de Dinosauriens.

Le gisement du Sénonien Inférieur d'In Beceten

a livré la première faune continentale du

Sénonien Inférieur d'Afrique, faune qui com-

prend des représentants de plusieurs familles

dont l'évolution, les répartitions stratigraphique

et géographique sont encore très mal connues.

(. . .). Les gisements de vertébrés de l'Albien sont

caractérisés par l'association du Carnosaurien

Carcharodontosaurus saharicus et du Pristidé

Onchopristis numidus et par la présence d'un

Crocodilien Mesosuchien longirostre différent de

Sarcosuchus imperator. Les gisements de verté-

brés de l'Aptien sont remarquables par la présen-

ce d'un Carnosaurien différent de Carcharo-

dontosaurus saharicus, la présence d'Iguano-

dontidés, d'un Crocodilien Mésosuchien longi-

rostre géant : Sarcosuchus imperator. Il y a eu

semble-t-il de l'Aptien à l'Albien remplacement

d'une partie de la faune des Vertébrés. (. . .).

Ouranosaurus nigeriensis, un Iguanodontidé

gracile, élancé et de taille moyenne, se place

anatomiquement et stratigraphiquement entre

les Iguanodontidés du Crétacé tout à fait

Inférieur et les Hadrosauridés du Crétacé

Supérieur. Ses caractères permettent de mesu-

rer combien les différences deviennent faibles à

son niveau entre les Iguanodontidés et les

Hadrosauridés (...). Dans le gisement de

Gadoufaoua ont été retrouvés les restes d'un

deuxième Iguanodontidé dont les caractères

des os se rapprochent beaucoup plus de ceux

d'Iguanodon Bernissartensis que de ceux

d'Ouranosaurus nigeriensis. (...).

Il existe donc au Niger, dans l'Aptien, au moins

deux Iguanodontidés dont l'un, gracile, est rela-

tivement proche d'Iguanodon mantelli et l'autre,

trapu, est plus proche d'Iguanodon bernissarten-

sis. (. . .). Les deux Iguanodontidés du gisement

de Gadoufaoua viennent s'ajouter à la liste des

Iguanodontidés du Crétacé Inférieur et Moyen”.Parmi les fossiles récoltés par l'équipe de Taquet,le crâne du Crocodilien MésosuchienSarcosuchus imperator Broin & Taquet 1966 dugisement de Gadoufaoua, le moulage desempreintes d'un Dinosaure Sauropode duJurassique Supérieur des argiles de l'Ighazer auMont Arli et le squelette du spécimen type del'espèce Ouranosaurus nigeriensis taqueti dugisement de Gadoufaoua sont actuellementexposés au Musée National du Niger à Niamey.Un autre double de squelette d'Ouranosaurusnigeriensis taqueti est exposé “en prêt perma-nent” au Muséum d'Histoire Naturelle de Véniseen Italie tandis que d'autres ossements sont tou-jours en dépôt ou en étude à Paris.

Si depuis 1976 le nombre des gisements aencore augmenté avec la découverte en 1977par l'ingénieur hydraulicien allemand W.Newman d'un gisement de crocodiliens nonencore étudié à Tamayya Mellet, les recherchespaléontologiques ont été momentanément inter-dites entre 1977 et 1992 même si par ailleursplusieurs visites scientifiques ont été effectuéessur le terrain par des chercheurs italiens, alle-mands et néarlandais et même des conventionsont failli être signées pendant cette période.

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Mais c'est surtout l'année 1993 qui devientune année charnière dans la reprise desrecherches paléontologiques avec la convoitisedes chercheurs américains (USA) et japonais.Si la science est relancée ce n'est pas sans poserde problèmes à la déontologie élémentaire de laprotection de ce patrimoine fossile. LeMinistère et la Direction Nationale qui avaientdonné l'autorisation de recherche auxAméricains étaient les organismes d'Etat com-pétents en la matière et le zèle avait été pousséloin jusqu'à stipuler dans une correspondanceofficielle, en l'occurrence l'autorisation d'ex-portation que les ossements de dinosauriensétaient de “simples cailloux sans valeur” (sic !).

Après une série de mises au point entre lesMinistères et les Services Nationaux concernéset après des explications claires avec PaulSereno de l'Université de Chicago, une conven-tion de recherche a été signée en 1997 entrel'Université de Chicago et le Gouvernement duNiger à travers la Direction de la Recherche duMinistère de l'Enseignement Supérieur de laRecherche et de la Technologie, en accord avecl'Université Abdou Moumouni à travers laFaculté des Sciences et l'Institut de Rechercheen Sciences Humaines (I.R.S.H), et avec l'avalcontresigné d'un Représentant de l'Ambassadedes Etats-Unis d'Amérique à Niamey.

Cette convention qui stipule en son article 4que “les produits de toute recherche restent lapropriété exclusive de l'État du Niger et ne peu-vent quitter le territoire que conformément auxtermes de l'autorisation de recherche” a permisla continuation des recherches entreprises en1993 par l'Université de Chicago qui a séjournésur le terrain au Niger de Septembre 1997 àJanvier 1998 et le retour du squelette crâniendu Théropode (conservatoire d'Archéologie) enattendant le squelette post-crânien et le sauro-pode.

Une convention similaire devrait être signéeavec le Japon depuis 1997 mais encore aujour-d'hui en l'An 2000, le géologue japonais ShogiSato continue de piller illégalement des sites de

dinosauriens avec l'accord, si ce n'est la protec-tion d'hommes politiques influents duDépartement d'Agadez, qui semblent considé-rer que ce patrimoine fossile appartient à leurfief, sous-entendant par là à leur patrimoineprivé.

En 1993 donc une équipe de Chercheurs del'Université de Chicago (Illinois, U.S.A.) diri-gée par Paul Sereno a récolté à In Abaka dansla région d'In'Gall des ossements appartenant àdeux (2) espèces de dinosaures jusque-làinconnues ayant vécu il y a 130 millions d'an-nées. Le premier dinosaure, baptisé“Afrovenator abakensis” (le grand chasseurafricain d'Abaka) mesurait une dizaine demètres de long et était carnivore. Le secondétait un Sauropode herbivore de la famille desBrontosaures mesurant une vingtaine de mètresde long et doté d'un cou très allongé et d'uncorps massif.

Espèce très rare de dinosaure, l'Afrovenatorest actuellement le seul fossile complet de sonespèce et de cette épisode. Sa queue portait desdents en forme de poignard avec des bords cré-nelés qui lui servaient à déchiqueter des proiestrès grosses; c'est un grand carnivore contraire-ment à l'Ouranosaurus qui lui était herbivore.

Le second dinosaure était un Sauropode her-bivore de la famille des Camptosaures mesu-rant une vingtaine de mètres de long et dotéd'un cou très allongé et d'un corps massif. Cefossile est actuellement en étude à Chicago.

Une reconstitution d'Afrovenator Abakensisest exposée présentement au Pavillon dePaléontologie et Préhistoire au Musée nationalà Niamey (en même temps que l'iguanodontidéOuarosaurus Nigeriensis) à la suite de laconvention de recherche signée en 1997 entrel'Université de Chicago et le Gouvernement duNiger.

Les nouvelles données paléontologiquessont de 1993 à 2000 :Dans les argiles de l'Irhazer :- la découverte d' Afrovenator abakensis dont

on a parlé plus haut ;

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- la découverte du grand sauropode trouvé en1993 et clairement identifié en 1997-1998 enraison de découvertes complémentaires etdont mêmes de restes de spécimens juvénilesde la même espèce; Ce sauropode est, enl'état actuel des connaissances, le dinosaurede ce groupe le mieux documenté pour leCrétacé africain et également le seul sauro-pode de ce continent pouvant donner unereconstitution exacte de son crâne. Il corres-pond à un nouveau genre et une nouvelleespèce qui avait 20 mètres de long environ:Jobaria tiguidensis (de Jobaria, un démiurgede la mythologie touarègue). En conséquen-ce, grâce aux nombreux éléments trouvés, lareconstitution de ce dinosaure sera exhausti-ve et prendra place parmi les sauropodes lesmieux connus ostéologiquement. La connais-sance tirée de ces données permettront sûre-ment de mieux réévaluer la phylogénie de cegroupe de dinosaure.

- la récolte de restes d'autres animaux commele crâne d'un crocodilien indéterminé (nou-velle espèce?), ou de restes de poissons oumême une dent de dinosaure ornithopode, leseul et premier indice de ce groupe de dino-saure trouvé dans les Argiles de l'Irhazer.dans les gisements de Gadoufaoua ;

- la découverte d'un squelette désarticulé maisassocié d'un dinosaure théropode de la famil-le des Spinosauridés complet à environ 70%,mais dont il manque le crâne. Un crâne isoléde la même espèce a été cependant trouvé.Les Spinosauridés sont une famille importan-te de dinosaures car elle très rare et donc peuconnue. Le spinosaurien de Gadoufaoua estde très grande taille puisque la griffe dupouce de la main est environ 4 fois plus gran-de que celle d'Afrovenator. L'abondance denombreux restes semble indiquer qu'il n'estrare dans les gisements et représente un nou-veau taxon : le Suchomimus tenerensis (desuchos = crocodile ; de mimus = mimique etde Ténéré) et d'environ 11 mètres de lon-gueur ;

- la découverte de restes d'un second granddinosaure prédateur correspondrait à l'exis-tence d'au moins une espèce de théropodede la famille des Carcharodontosauridés. Lafamille des Carcharodontosauridés com-prend des dinosaures prédateurs parmi lesplus imposants que l'on connaisse (Sereno& al. 1998) ;

- la découverte de deux types de sauropodesde très petite taille pour ce groupe (envi-ron 10 mètres pour chacun d'eux), maisadultes. Le premier type est celui mention-né par Taquet et est un Diplodocoïde. Lesecond type, jamais cité dans la littérature,semble pouvoir être attribué à un Titano-saure ;

- la mise au jour de restes de ptérosaures (rep-tiles volants) dont la quantité et la qualitédes os trouvés viennent prendre une placed'honneur pour ce groupe sur le continentafricain ;

- la mise au jour de trois crânes du crocodilegéant de Gadoufaoua, Sarcosuchus impera-tor, de différente taille et d'excellente quali-té de préservation. Un des crânes, petit maisde bonne qualité a conservé son prémaxil-laire qui manque sur l'holotype du Musée deNiamey ;

- la récolte d'un autre crâne de crocodile depetite taille très bien conservé, différent deSarcosuchus imperator et semble dans unepremière approximation un nouveautaxon.

Ainsi les découvertes les plus importantesconcernent le carnosaurien AfrovenatorAbakensis, le grand sauropode des Argiles del'Irhazer ainsi que et le théropode spinosauridéde Gadoufaoua. Pour le sauropode, suffisam-ment d'os ont été trouvés pour se faire une idéeplus précise de ce dinosaure d'environ 20mètres de long. En ce qui concerne le spino-sauridé, sa découverte est exceptionnelle carun seul et unique squelette partiel de cettefamille était connu jusqu'alors dans le mondeen Angleterre.

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3 – RÉFLEX ION S SU R LA SAUVEGAR DE

DE S G I S E M E NTS

3. 2 – RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR LA PROTECTION

DU PATRIMOINE PALÉONTOLOGIQUE

ET ARCHÉOLOGIQUE NIGÉRIEN

La situation du patrimoine paléontologique etarchéologique national se caractérise par unpillage des sites et un trafic des objets paléon-tologiques et archéologiques sans précédentsdans l'histoire du Niger.

La détérioration de la situation est telle quenotre pays est actuellement la plaque tournantedu trafic illicite des biens culturels de toute larégion ouest-africaine.

Parmi les causes aggravantes de cette situa-tion insoutenable et normalement révoltantepour tout responsable nigérien, nous pouvonsdistinguer :- les actions de proximité directes et indi-

rectes de l'homme, par les destructions etramassages occasionnels de surface, par lasystématisation aujourd'hui des fouillesclandestines et du pillage des sites et sur-tout par la vente lucrative “pignons sur rue”et à tous les coins de rue des grands centresde notre pays, des objets paléontologiqueset archéologiques déterrés, mutilés et arra-chés ainsi de leurs contextes d'origine et deleurs soubassements géologiques et/ou cul-turels ;

- la lenteur non seulement dans la mise enapplication des textes réglementaires,notamment de la Loi N°97-022 du 30 Juin1997 relative à la Protection, à laPréservation et à la Mise en Valeur duPatrimoine Culturel National et son Décretd'application N° 97-407/PRN/MCC/MESR-TIA du 10 Novembre 1997 mais aussi dansla mise en place de mesures d'accompagne-ment définies par la Loi comme un “ConseilNational de Protection, de Conservation etde Mise en valeur du Patrimoine Cultureldont la composition sera fixé par décret pris

en Conseil des Ministres” devant normale-ment regrouper tous les acteurs nationaux etdevant s'occuper de façon concertée, équi-table et loyale de l'établissement de l'inven-taire et du classement des sites et monu-ments nationaux et même ceux à inscrire surla liste du Patrimoine Mondial del'Humanité ;

- et partant, quoiqu'on en dise, dans la pra-tique, un certain manque d'intérêt ou uneindifférence bon enfant ou profonde oumême parfois un cynisme qui laisse souventperplexe, dont ont fait montre certainesAutorités et certains Techniciens compé-tents en la matière, le manque de sensibili-sation appropriée, les contrecoups de l'insé-curité conflictuelle passée ou résiduelleactuelle, parfois aussi les contrecoups de“l'incivisme démocratique”, les avatars de ladévaluation du franc CFA et la paupérisa-tion toujours plus poignante des popula-tions, autant de facteurs qui se sont doncconjugués pour transformer une partie de lapopulation, notamment dans le Sud-Ouest etle Nord de notre pays, en agent destructeursouvent complice et intéressé de son proprepatrimoine culturel notamment archéolo-gique et historique sous les regards blasésou inconscients ou mêmes souvent amusésdes Acteurs Politiques ou Techniques.

Ce qui frappe dans la perception nigérienne,c'est que la notion de protection du patrimoineen général a semblé ne concerner, pendant long-temps et malheureusement chacun de son côté,que certains Ministères comme ceux chargés del'Hydraulique, de l'Environnement, del'Agriculture, de l'Elevage et subsidiairementcelui chargé de la Culture, sous-entendant par làque patrimoine signifie essentiellement envi-ronnements physique, hydrique, faunique, flo-ristique etc... lié étroitement à l'écosystème et àla recherche de l'autosuffisance alimentaire, lesaspects culturels notamment le patrimoinearchéologique et historique étant presque com-plètement occultés sauf quand on parle des

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manifestations des traditions populaires ou de lamanne touristique et quelquefois accidentelle-ment de notre histoire. Il faut peut-être doréna-vant spécifier plus clairement “protection dupatrimoine environnemental et culturel” ou“étude d'impact sur l'environnement et le patri-moine culturel”.

Ce qui est plus frappant encore c'est que lesdifférentes structures nationales (Ministères,Services centraux, Administrations diversesetc.) qui se trouvent d'une façon ou d'une autreimpliquées dans la gestion des questions dupatrimoine, sont autant d'entités indépendantessinon des républiques autonomes qui gèrentchacune “son patrimoine” ou “sa conceptiondu patrimoine” en se donnant évidemmenttoutes les attributions exorbitantes qu'ellesjugent nécessaires surtout quand se profilenten arrière plan des présupposés d'hyperstruc-tures administratives, d'hyperstructures écono-miques et hélas ! toujours des questions definancement et surtout de gestion de finance-ment. Il est donc temps de chercher à améliorercet état de fait par des réunions institutionnali-sées ou formalisées, par un partenariat franc etloyal et par la reconnaissance équitable du rôlede tout un chacun, si l'on ne veut pas succombercomme par le passé au syndrome de l'essouffle-ment ou de l'éparpillement ou plutôt du refus decontinuité malgré la mise place des structuresrécentes appropriées comme le ConseilNational de l'Environnement pour unDéveloppement Durable (CNEDD) créé enJanvier 1996 (et surtout l'Arrêté portant tutelledu CNEDD du 7 Mai 1999) ou la mise en placede textes réglementaires complémentairescomme la Loi n°97-022 du 30 Juin 1997 relati-ve à la Protection, à la Préservation et à la Miseen Valeur du Patrimoine Culturel National (etson Décret d'application n° 97-407 /PRN/MCC/MESRT/IA du 10 Novembre 1997). Il faut quel'on se departisse une fois pour toutes de cettetendance où l'on feigne d'ignorer les autres par-tenaires sans lesquels on ne peut de durable etefficace.

Une autre tendance de certaines autoritésnigériennes ou même de certains techniciensnigériens, c'est de faire peu de cas des élémentsles plus précieux de notre patrimoine culturelnotamment archéologique et historique notam-ment les biens meubles et immeubles considé-rés comme des biens sans valeur que l'on peutallègrement “squater” détruire ou brader en uti-lisations souvent saugrenues ou en cadeauxpolitiques ou officieux ou officiels comme parexemple beaucoup de bâtiments historiques oucomme les ossements de dinosaures considéréscomme de “simples cailloux sans valeur” lais-sés à des chercheurs étrangers qui pourraient endisposer comme ils le voudraient ou comme “lecavalier de Bura” qui a servi de mascotte à“l'Exposition Internationale Vallées du Niger”.

Une fois pour toutes il faut que tous lesacteurs soucieux de la Protection del'Environnement et du Patrimoine culturel àl'échelle internationale (UNESCO, ICOM,UICN, WWF etc.) comme à l'échelle nationa-le (Ministères et Services chargés del'Hydraulique, de l'Environnement, de l'Agri-culture, de l'Elevage, de la Culture, de laRecherche, du Tourisme etc.) ou même dépar-tementale (avec les démembrements de tousles Ministères et Services impliqués), sedisent et se convainquent que sans la concer-tation, la collaboration, la participation etl'implication, de tous les acteurs qu'ils soientadministrateurs et/ou gestionnaires et/ou cher-cheurs, en amont, et sans la concertation, lacollaboration, la participation, l'intégration,l'implication, la prise en compte véritable del'intérêt des populations locales qui sont engénéral très paupérisées ces dernières annéessi non quelquefois pendant la période de sou-dure en danger de survie, en aval, dans un par-tenariat franc et loyal aucune législation inter-nationale ou nationale, aucun discours ou actenational ou international notamment morali-sateur ou coercitif ou scientifique, ne peut êtreefficace à moyen terme et surtout à longterme.

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3. 2 – RÉFLEXIONS SPÉCIFIQUES SUR LA SAUVEGARDE

DES GISEMENTS

Les deux missions de 1993-1994 et 1997- 1998de l'équipe américaine sur le terrain ont permisà Paul Sereno de dégager des perspectives quantà la protection des gisements fossiles. Maisdeux missions d'experts de l'UNESCO avaientdéjà abordé le problème et certains servicesnationaux compétents chargés ont suiviconstamment le dossier et ont sonné à maintesreprises la côte d'alarme.

Les gisements de dinosaures du Niger sontun patrimoine exceptionnel tant par leur qualitéque leur répartition dans le temps. La qualité deces gisements est liée à la préservation remar-quable des squelettes mais également au faitqu'ils n'ont pas pour l'instant été visité par descommerçants dotés d'une logistique et sansscrupule.

Les gisements des Argiles de l'Irhazer noussemblent un peu moins en danger que celui deGadoufaoua pour deux raisons principales, l'en-sablement y est moindre et la monotonie de safaune attire moins les convoitises.

En revanche, Gadoufaoua est continuelle-ment balayé par l'Harmattan soufflant duTénéré et l'ensablement des gisements y estquotidien. D'autre part, en discutant avec desguides d'agence de voyage, nous avons apprisque des fossiles disparaissaient de saison en sai-son dû au ramassage.

Actuellement, donc, seulement deux agentsdégradent peu ou proue les gisements. Le pre-mier est l'érosion éolienne qui soit détruit, soitensable les sites. Cet agent est difficilementcontrôlable. Le second type de dégradation estlié au tourisme et au cadeau exotique peu coû-teux que représente un os de dinosaure.

Il est évident qu'une concertation entre lesdifférentes administrations nigériennes concer-nées, les populations locales et les scientifiquesest indispensable pour mener à bien la conser-vation d'un patrimoine étalé sur des milliers dekilomètres carrés. Rien ne sera dit de nouveau

dans les deux petits paragraphes qui suiventmais nous voulons marquer par là, notre sensi-bilité sur ce sujet.

Actions à court termeDifférentes actions à court terme peuvent êtremenées pour la préservation des gisements etdes fossiles :• Ce sont d'abord des actions directes sur des

fossiles d'intérêt scientifique et/ou touris-tique en pulvérisant des résines.

• Localiser et faire un inventaire des gise-ments pour suivre leur évolution.

• Effectuer des collectes raisonnées, par deséquipes de scientifiques, en accord avec leslois de l'état nigérien. Ceci permet d'enrichirdes collections de référence et de sauvegar-der à jamais des spécimens exceptionnels.

• Informer les agences de voyage des risquesencourus par la dégradation de ce patrimoi-ne et les sensibiliser à moraliser leurs clientssur leurs glanages intempestifs.

• Réaffirmer aux administrations locales, auxdouanes, aux forces de défense et de sécuri-té, etc., que des textes régissent le patrimoi-ne paléontologique du Niger (arrêté n° 204du Ministère de la Communication et de laCulture et loi n° 97-022 du 30 juin 1997).

Actions à long termeLes actions à long terme sont les plus coûteusesen matériel et en formation de personnel. Cesactions doivent être en concordance avec lesgrandes fondations internationales de typeUNESCO, UICN etc.. Un seul site de dinosaure,le Dinosaur Park en Alberta (Canada) figure surla liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO.

Une action comme celle des girafes deKouré peut-être un bon exemple à suivre pourpréserver des zones fossilifères au Niger.L'exemple de Kouré montre que si la populationest informée et si des guides, des gardes et destechniciens compétents sont formés, un patri-moine en danger peut être sauvegardé, mais ilfaut effectivement, pour cette partie du pays un

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peu désertique, une véritable prise de conscien-ce, une réelle volonté politique et administrati-ve, une implication transparente des popula-tions locales et partant tout de même desmoyens logistiques et financiers à la hauteur del'ambition affichée.

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Le pillage des biens culturels et naturels en Afrique 129

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ALI ABDOULAYE

Organe de gestion CITESAéroport de I Niamey

IBRAHIM MADOUGOU

B.P.T.N.Niamey (72 26 13)

DAREY JOUMANA

Direction Sécurité PubliqueNiamey (73 25 53)

BOUREIMA S. MAÏGA

Direction Sécurité Publique

DIÈYE OUMAR

Direction Général DouaneNy Aéroport (73 37 03)

MOUSTAPHA NIANG

B.P. 21586 Dakar, Sénégal

ELIZABETH WANGARI

UNESCO/Centre du patrimoine mondial7, place Fontenoy 75007 Paris, France

ABDOULAYE MAGA

IRSH/DARA/Université A.M.B.P. 318 (73 65 48)

OUMAROU AMADOU IDÉ

IRSH/DARA/Université A.M.

SMARHIL EMOUD

Poste Forestier/IférouaneB.P. 312 Arlit

SIDI ALITININE

Guide Réserve Aïr- TénéréB.P. 312 Arlit

ANOUSRA AÏTOK

Rep. Popul. Iférouane

ECHADJI SOULEYMANE

Pop. TchiroChef traditionnel

L I S T E D E S P A R T I C I P A N T S