Upload
phungmien
View
222
Download
2
Embed Size (px)
Citation preview
Atlas
YVES BUFFETAUT
Atlasde la Première Guerre mondiale
La chute des empires européens
« Pour la France, la Grande Guerre est la dernière épopée nationale : touchant toutes les familles, elle a profondément marqué la culture et l’imaginaire de tout un peuple. »
Atlas de la Première Guerre mondialeLa chute des empires européens
•
•
•
Plus de 80 cartes et infographies pour comprendre une période
charnière de l’histoire du monde : la Première Guerre mondiale.
La Grande Guerre, traitée dans sa dimension internationale,
des combats en Europe aux tensions au Moyen-Orient,
en passant par les révolutions russes et l’implication
des États-Unis.
La Marne, les Dardanelles, Verdun, la Somme : le déroulement
des grandes batailles qui ont marqué la guerre.
La chute des empires, la création de nouveaux États,
les rapports entre vainqueurs et vaincus sèment les germes
du prochain confl it mondial.
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale,
cette nouvelle édition décrypte les origines, les enjeux et les
conséquences de la Grande Guerre, participant ainsi au devoir
de mémoire.
Illustration de couverture :
© Bettmann/CORBIS
Imprimé et broché en France
Nouvelle édition augmentée
Yves Buffetaut est docteur en histoire et travaille depuis trente ans sur la Grande Guerre. Éditeur et directeur d’Ysec Éditions, il a collaboré à plusieurs revues spécialisées (Batailles, Militaria), est rédacteur en chef de la revue Tranchées et a écrit de nombreux ouvrages d’histoire militaire.
Fabrice Le Goff, cartographe indépendant, a conçu et réalisé les cartes de cet atlas.
Atl
as
de
la
Pre
miè
re G
ue
rre
mo
nd
iale
atlas1GM_couv1+4_GLM.indd 1atlas1GM_couv1+4_GLM.indd 1 16/12/13 16:1016/12/13 16:10
Atlas de la Première Guerre mondiale
GM1-3GLM.indd 1GM1-3GLM.indd 1 10/12/13 14:09:3710/12/13 14:09:37
© Éditions Autrement 2013
ISBN : 978-2-286-10848-9
Dépôt légal : janvier 2014
Imprimé et broché en France par l’imprimerie Pollina, France.
Achevé d’imprimer en décembre 2013.
Tous droits réservés. Aucun élément de cet ouvrage ne peut être reproduit, sous quelque forme que ce soit, sans l’autorisation
expresse de l’éditeur et du propriétaire, les Éditions Autrement.
Édition exclusivement réservée aux adhérents du Club
Le Grand Livre du Mois
GM1-3GLM.indd 2GM1-3GLM.indd 2 10/12/13 14:09:3810/12/13 14:09:38
Atlas de la Première Guerre mondialeLa chute des empires européens
Yves Buff etaut
Cartographie : Fabrice Le Goff
LE GRAND LIVRE DU MOIS
GM1-3GLM.indd 3GM1-3GLM.indd 3 10/12/13 14:09:3810/12/13 14:09:38
6 INTRODUCTION
9 LE MONDE EN 1914 10 La domination des grands empires
12 Les puissances économiques
14 La question des nationalismes
16 Le jeu des alliances
18 Les plans militaires et les armées européennes
20 Sarajevo et les déclarations de guerre
21
23 UNE FORME DE GUERRE NOUVELLE 24 Les avancées allemandes : le plan Schlieffen
26 La bataille de la Marne (I)
28 La bataille de la Marne (II)
30 Les défaites russes
32 La course à la mer
34 La stabilisation du front
36 Les offensives alliées de 1915
38 La Turquie en guerre et les Dardanelles
40 L’Italie en guerre
42 Verdun, 1916
44 La bataille de la Somme
46 L’avènement de la guerre sous-marine
48 Russie, Roumanie, Serbie et Bulgarie dans la tourmente
50 Arras et le Chemin des Dames
52 Mutineries et démoralisation
54 Les révolutions russes de 1917
56 La guerre au Moyen-Orient
ATLASde la Première
Guerre mondiale
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE4
OCÉANATL ANTIQUE
MerNoire
Merdu Nord
MerBaltique
Mer Médi ter ranée
5 175 4 425
4 0753 700
3 525
3 350
3 075
4 475
2 750
2 550
2 2752 000
1 850
1 700
1 675
1 675
1 5001 425
2 625
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
ROYAUME-UNI
ESPAGNE
EMPIREOTTOMAN
ITALIE
NORVÈGE
PAYS-BAS
BELGIQUELUX.
SUISSE
ROUMANIE
BULGARIE
GRÈCE
PORTUGAL
ALB.
MONT.
DANEMARK
SERBIE
FINLANDE
500 km
5 475
O C É A NI N D I E N
O C É A NA T L A N T I Q U E
RUSSIE
AFRIQUE-
OCCIDENTALE
FRANÇAISE
CHINE
INDE
PERSE
A
BRÉSIL
ARABIE
EUROPE
ARGENTINE
400
OCÉANATL ANTIQUE
MerMerNNoire
Merddu Nordd
MMMMMerBaltiBaltiltiquequequequequeq
Mer MMédi teédi ter ranée
5 175 4 425
4 0753 700
3 525
3 350
3 075
4 475
2 750
2 550
2 2752 000
1 850
1 700
1 675
1 675
1 5001 425
2 625
ALLEMAGNENENE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRRAANNNNNCNCCNCEC
RRROR AAAYAAOO UUME-UME-UMEUMEMUMUNUNNINIUNUUN
ESPAPP GNE
EMPIREOTTOMAN
IITTALIELIEIEEEALITT
NORNORVVÈÈGÈGÈGGV GEGRRR
PAYSAA -BAS
LBELGIQUGIQUGIQUEUEG EIGIQUEGIQUELLL X.UXUUUXU
SSESUISSSS
ROUMANIE
BULGAAAARRRRIEEARAAA
GRÈCEGRÈCEERÈCE
PORTUTUUGGGGGGGAAALALA
ALB..B
MMMONTNTTMONTTMOM .
DDANEMAARKRKKR
BISERBIBIS EEE
FIFIIFFIFINLFI ANDE
500 km
5 475
O C É A NI N D I E N
O C É A NA T L A N T I Q U E
RUSSIE
AFRIQUE-
OCCIDENTALETT
FRANÇAISE
CHINE
NDEIN EIN E
PERSE
A
BRÉSIL
ARABIAA EEE
REURRRUROPOPOOPEOPOPO
AARA G NEENTINN
4009
GM4-5_SOMMAIRE.indd 4GM4-5_SOMMAIRE.indd 4 10/12/13 14:17:3510/12/13 14:17:35
58 Les États-Unis entrent en guerre
60 La Russie quitte la guerre
62 Les offensives du général Ludendorff
64 Les contre-offensives alliées mènent à la victoire
67 UN MONDE NOUVEAU ET INSTABLE 68 Novembre 1918 : défaites et révolutions
70 Le traité de Versailles (28 juin 1919)
72 Le dépeçage de l’Empire austro-hongrois
74 La question des nationalités
76 La Turquie vaincue
78 Une Europe épuisée, des États-Unis vainqueurs
80 Le nouvel ordre mondial : la SDN
82 Les lieux de mémoire
85 CONCLUSION
ANNEXES 86 CHRONOLOGIE 88 BIOGRAPHIES 92 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ET LIEUX DE MÉMOIRE 95 INDEX GÉNÉRAL
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 5
xxxx
Arnim
Quast
IV
xxxxVI
xxxxI
xxxxIII
xxxxVII
xxxxXVIII
Below
Marwitz
Hutier
RUPPRECHT
KRONPRINZ
xxxxII
xxxxXVII
Böhn
Mudra Einem G
Lille
Maubeuge
Paris
La Fère
Laon
Reims Verdun
To
Namur
Liège
Longwy
Gand
St-Quentin
Arras
Compiègne
Châlons-sur-Marne
Sedan
Bruxelles
Mons
Amiens
Dunkerque
Anvers
Dinant
YpresM
Ostende
St-Mihiel
Cambrai
Péronne
Soissons
MeauxChâteau-Thierry
Spa
Charleville-Mézières
Marne
Aisne
Oise
Escaut
Somme
Merdu Nord
Meu
se
Lys BELGIQUE PAY
LU
Berlin
VienneBudapest
S
Rhénanie
Bavière
Saxe
Ports allemands
Front des Balka
Front
italien
MerBaltique
Merdu Nord
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
I
ITALIE
NORVÈGE
PAYS-BAS
BELG.
LUX.
SUISSE
B
GRÈCE
SERBIE
ALB.
MONT.
DANEMARK
POLONAIS
TCHÈQUESSLOVAQUES
CROATES
SERBES
RO
xxxx
Arnim
asQuaastt
IV
xxxxxVII
xxxxI
xxxxIII
xxxxVII
xxxxxxXVIII
BelB ow
Marwitzz
Hutier
RUPPRECHT
KRONPRINZ
xxxxIIII
xxxxXVIIXV
Böhn
Mudra Einemm G
Lille
MaubeugMMa e
PPaPaPaririss
La Fèree
aonLaaoaon
RReReimmssms VVeerrddudunund
TTTToo
Namur
Liège
ongwyLongwyongwy
Gand
St-Quentinu n
ArArraasss
CoComompmpiègpiègngneegne
CChâhâlonlonsons-ns-ssur-r-MaMarnenee
danSedaSeda
Bruxelles
Mons
AAmAmieennsn
DDuDunkkeerrqquuqueee
Anvers
Dinant
YYpYppreeressssM
Ostende
SSt-Mt MihMihiehielielMihie
mbCamC mam rai
Péronne
SSoSoisoissosonsonsn
MMeaeaueauauxxCCChâChâteâteauau-hChâTThiehieriererryry
Spa
CharleCC ville-MézièrMM es
MMarneeee
Aisne
OOissee
EsE caut
SSoommmmme
Merdu NoNordrdrdrddd
Meu
seM
euM
eus
LyL syyBELGIQUE APAAAYYY
LUU
BerlinB
VViV enneeBudapesB t
énaniRhé e
Bavièvière
SSaxee
Ports allemands
FFFFFFFFrrront ddddeeess BBBaaalllkkka
FFFrrroont
italien
MMerBaltique
Merdu Nord
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
I
ITALIETT
NORVÈGE
PPPAPAPAPAAAAAPAAPAPAPAPAYYYYYYYYSYSYSYSYYAAAAAAAAAAAA -BAS
BELBB G.
LLLLUUXX.X.UX
SUISSE
B
GRÈCE
SERBIE
AAALB.A .A
MMONTMONT.
DAAAAAAN MAMAMARARAMAMARKRKRKNNEMN RNEMA
POLONAIS
TCTC ESHÈQUESSLOVAVV SQUES
CROATES
SERBES
RROO
2323 6767
GM4-5_SOMMAIRE.indd 5GM4-5_SOMMAIRE.indd 5 10/12/13 14:17:4810/12/13 14:17:48
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE6
La première particularité de la Grande Guerre est son caractère universel et elle ne peut se comprendre sans une version géographique et cartographique qui rende compte à la fois des opérations militaires sur le terrain, qu’il s’agisse d’avances de
quelques centaines de mètres ou de quelques centaines de kilomètres, et des grandes redistributions territo-riales issues des traités de paix de 1919.Et pourtant, par un paradoxe de l’histoire, il est permis d’écrire que la Grande Guerre a subi la malédiction des cartes. Jamais, sans doute, la cartographie n’a été poussée aussi loin que pendant ce confl it, les cartes d’état-major au 1/80 000 ne suffi sant plus aux généraux. À mesure que la guerre s’enlisait dans les tranchées, les cartes usuelles devenaient inutiles. Il fallait sans cesse se rapprocher du détail puisque, faute de grandes offensives triomphantes, la guerre elle-même devenait une affaire de détail. C’est ainsi que les artilleurs ont demandé des canevas de tirs au 1/25 000, puis au 1/10 000. L’infanterie n’était pas en reste : il a fallu des plans directeurs à des échelles encore jamais vues dans l’histoire des armées. La Première Guerre mondiale s’est presque jouée sur des plans du cadastre, au 1/5 000, voire à une échelle plus grande. Comment reproduire autrement tel nid de mitrailleuses, tel abri d’infanterie, tel réseau de barbelés ?Ceci n’aurait pas eu de grandes conséquences si les cartes à très grande échelle n’avaient fi ni par envahir les murs des états-majors. Au 1/200 000, 1 centimètre = 2 kilomètres. Mais au 1/20 000, le centimètre ne représente plus que 200 mètres, 100 mètres au 1/10 000, et 50 mètres au 1/5 000. Ainsi, des avances sur la carte de 10 centimètres, qui auraient représenté
INTRODUCTION
20 kilomètres au 1/200 000, ne sont plus que de ridicu-les sauts de puce au 1/5 000 : 500 mètres. Des centaines ou des milliers d’hommes sont morts pour gagner quelques centimètres sur une carte, qui ne représen-taient que quelques centaines ou dizaines de mètres et non plus des kilomètres. C’est particulièrement frappant pour la période allant de l’automne 1914 à la bataille de Verdun, en 1916.Nous invitons le lecteur à ne pas succomber à la même malédiction de la carte que le général Joffre. Les cartes de cet ouvrage permettent d’appréhender, mieux qu’un long discours, les différentes phases d’un confl it aussi complexe. Mais la guerre est avant tout une aventure humaine faite de souffrance et de dévastation. Chaque fl èche qui se superpose à une ligne de tranchée corres-pond à des centaines ou des milliers de morts. Chaque petit cercle au milieu de l’océan correspond à un navire coulé, le plus souvent avec son équipage entier. Chaque changement de frontière s’accompagne de l’expulsion de milliers, si ce n’est de millions d’individus. Le but de cet atlas est de nous permettre de comprendre une époque charnière de l’histoire du monde. Elle a redéfi ni les rapports de force, non seulement en Europe, mais dans le monde entier. Ses répercussions politiques se font encore sentir aujourd’hui dans les tensions qui agitent la planète, dans les Balkans, au Moyen-Orient, en Afrique. D’une façon plus immédiate encore, elle a provoqué la Seconde Guerre mondiale et accéléré l’avènement des États-Unis comme première puissance mondiale.Pour la France, la Grande Guerre est la dernière épopée nationale : touchant toutes les familles, elle a profondément marqué la culture et l’imaginaire de tout un peuple.
GM6-7_INTRO.indd 6GM6-7_INTRO.indd 6 10/12/13 14:24:4110/12/13 14:24:41
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 7
Couleurs nationales
France
Belgique
Allemagne
Royaume-Uni
Canada
Autres symboles
Quartier général de groupe d’armées
Quartier général d’armée
Forteresse militaire, ville fortifiée
Voie ferrée
Canal
Types d’unités militaires
Infanterie
CavalerieAbréviations
BEFél.Ers.G.
GDRJäg.Ldw.QGRés.RFCterr.
British Expeditionary ForceÉléments deErsatz (réserve)GardeGroupe de divisions de réserveJäger (chasseurs)Landwehr (milice)Quartier généralRéserveRoyal Flying CorpsTerritoriale
xxxx
Taille des unités militaires
10xx
10e division de cavalerie française
Exemple :
ouxxx
xx
x
III
ou Armée
ou Corps
Divisionou 9
Brigade
Régiment
9e ARMÉE
IXe CORPS IX
COMMENT LIRE LES LÉGENDES DES CARTES ?
GM6-7_INTRO.indd 7GM6-7_INTRO.indd 7 10/12/13 14:24:4110/12/13 14:24:41
LE MONDE EN 1914
88 ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
GM8-21.indd 8GM8-21.indd 8 10/12/13 14:31:4410/12/13 14:31:44
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 9
LE MONDE
EN 1914Au début du XXe siècle, la Belle Époque correspond à l’apogée de la puissance européenne. Certes, des signes avant-coureurs d’un déclin commencent à apparaître, mais nul ne peut penser qu’en l’espace de quelques années, un continent aussi fl orissant et dominateur va s’enfoncer dans une tragédie dont il ne se relèvera pas.D’un point de vue économique, la domination du Royaume-Uni commence à fl échir. La concurrence de l’Allemagne, en Europe, focalise l’attention des gou-vernements britanniques, mais c’est fi nalement outre-Atlantique que se produit le premier bouleversement : en 1910, les États-Unis deviennent la première puis-sance commerciale du monde.Sur le continent européen, les vieux empires semblent incapables de se réformer, que ce soit en Russie ou en Autriche-Hongrie. Une seule nation, récente puisqu’elle n’est unifi ée que depuis 1871, montre un dynamisme que rien ne semble pouvoir freiner : l’Allemagne. La France, nettement moins peuplée et moins puissante, a besoin d’alliances internationales pour espérer rivali-ser avec son encombrant voisin.
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 9
GM8-21.indd 9GM8-21.indd 9 10/12/13 14:31:4710/12/13 14:31:47
LE MONDE EN 1914
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE10
La domination des grands empires
L’EUROPE À LA CONQUÊTE DU MONDE : DIFFÉRENTS MODÈLES DE COLONISATION
La colonisation n’est pas un phénomène
caractéristique du XIXe siècle. Déjà, dans
l’Antiquité, les peuples méditerranéens se
sont livrés à trois formes de colonisation :
le comptoir-escale, la cité indépendante et
la clérouquie, c’est-à-dire la constitution de
postes militaires peuplés de citoyens d’une
cité (en l’occurrence Athènes), qui doivent
un service militaire en échange d’un lot de
terre (cleros). La première forme de coloni-
sation « moderne » revient à Athènes et à la
ligue de Délos.
Portugal et Espagne : la colonisation de
masse. La colonisation moderne débute à
la fi n du Moyen Âge, lorsque l’Europe com-
mence à s’étendre et à conquérir. Elle a des
besoins en matières premières et ne produit
plus assez de métaux précieux pour frapper
la monnaie. Le Portugal, puis l’Espagne, se
lancent à corps perdu dans la colonisation et
fondent les deux premiers empires.
En raison d’une crise profonde au XIVe siè-
cle, la société portugaise a subi une muta-
tion spectaculaire : la vieille aristocratie ter-
rienne a été supplantée par la bourgeoisie
des villes et des ports. Bons navigateurs, les
Portugais descendent peu à peu les côtes
africaines, puis franchissent le cap de Bonne-
Espérance. Ils s’ouvrent ainsi la route de l’or
et des épices. Les Espagnols font de même,
mais leur empire est diff érent de celui des
Portugais, notamment en raison de son cen-
tralisme. Une administration nombreuse et
puissante gouverne les colonies, sous l’auto-
rité directe du Conseil des Indes, à Madrid.
La décimation des populations indien-
Au début du XXe siècle, le monde est divisé entre plusieurs vastes empires, essentiellement européens. Seule l’Amérique, du Nord comme du Sud, s’est émancipée, lors des siècles précédents, de la tutelle des pays européens. Ce fait doit cependant être relativisé, car il s’agissait de colonies de peuplement dont les classes dominantes – si ce n’est l’immense majorité de la population comme aux États-Unis – sont d’ascendance européenne. La Chine elle-même n’est plus que l’ombre d’un empire jadis puissant : la guerre des Boxers, au tout début du siècle, vient marquer en point d’orgue la domination européenne sur le monde entier.
nes entraîne un besoin de main-d’œuvre.
Comme les émigrés d’origine européenne
ne suffi sent pas, l’Espagne, puis les autres
colonies européennes, s’emparent d’escla-
ves sur les côtes africaines pour les déporter
vers le Nouveau Monde.
En 1494, le traité de Tordesillas sépare le
monde en deux : le domaine portugais
et le domaine espagnol. Ceci n’est pas du
goût des autres puissances européennes qui
veulent se lancer dans la conquête coloniale :
la Hollande, la Grande-Bretagne et la France.
L’ère des compagnies : le mercantilisme.
Les grandes compagnies ouvrent une nou-
velle période. Les pays qui disposent de
capitaux privés importants, l’Angleterre et la
Hollande, inaugurent le règne des compa-
gnies à charte, qui disposent du monopole
du commerce avec des faveurs douanières.
C’est ainsi que la Compagnie anglaise
des Indes orientales obtient, dès 1600, un
monopole du commerce et la pleine pro-
priété des territoires qu’elle peut acquérir.
Cette phase de la colonisation est appe-
lée mercantiliste, car il ne s’agit alors que
de s’enrichir, sans chercher à peupler ou à
exploiter directement les autres pays.
L’esprit du siècle des Lumières, puis la
révolution industrielle mettent à mal cette
doctrine. Nombre de colonies se révol-
tent contre leur métropole : les États-Unis
se détachent de l’Angleterre ; les colonies
sud-américaines, de l’Espagne et du Por-
tugal. Le second système colonial apparaît
entre 1870 et 1880, et va dominer au début
du XXe siècle. Il est fondé sur la conquête de
pays entiers, afi n d’en exploiter les matières
premières et parfois de les peupler....O C É A N
P A C I F I Q U E
DOMINION DU CANADA
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
MEXIQUE(1821)
BRÉSIL(1822)
ARGENTINE(1816)
GAGU
S
CÔ
HONDURASBRIT. (1862)
PANAMA
GUYANE
HOLL.FR.
TERRE-NEUVE
ALASKA
CUBA(1902)
GROE
BRIT.
ÉQUATEUR(1830)
COLOMBIE(1830)
VENEZUELA(1830)
PÉROU(1821)
BOLIVIE(1825)
PARAGUAY(1811)
URUGUAY(1828)
CHILI(1818)
RÉP. FÉD.D’AM. CENT.
(1821)
ST-DOMINGUE(1821)
A
Îlesdu Cap
T
Falkland(1833)
Porto Rico(É.-U., 1898)
Guad.Mart.Barb.Gren.Trinité
Curaçao
Hawaï(É.-U.)
Tahiti(Fr., 1842)
Bahamas
St-Pierre-et-Miquelon
Bermudes
Jamaïque HAÏTI (1804)
AllemagneBelgiqueDanemarkEmpire ottomanEspagneFranceItalieJaponPays-BasPortugalRoyaume-UniRussie
Date de prisede possession
Dated’indépendance
(1898)
(1902)
LES EMPIRES À LA FIN DU XIXe SIÈCLE
GM8-21.indd 10GM8-21.indd 10 10/12/13 14:31:4910/12/13 14:31:49
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 11
LE COLONIALISME À LA FRANÇAISE : L’ESPRIT DE LA IIIe RÉPUBLIQUE
La révolution industrielle propulse
l’Angle terre sur le devant de la scène dès
le début du XIXe siècle. Son économie a
besoin à la fois de matières premières et
de débouchés pour ses produits, tandis
que l’accroissement de sa population
impose des colonies de peuplement. Si
la France lui emboîte le pas avec un cer-
tain retard, l’impérialisme, sous la IIIe Répu-
blique, est considéré comme une néces-
sité absolue et une question de prestige
national. En France, un homme politique
symbolise à lui seul le colonialisme :
le très républicain Jules Ferry.
Il résume sa doctrine le 28 juillet 1885 en
déclarant devant les députés : « Le parti
républicain […] a montré qu’il faut autre
chose à la France ; qu’elle ne peut être
seulement un pays libre ; qu’elle doit être
aussi un grand pays, exerçant sur les des-
tinées de l’Europe toute l’infl uence qui
lui appartient, qu’elle doit répandre cette
infl uence sur le monde, et porter partout
où elle le peut sa langue, ses mœurs, son
drapeau, ses armes, son génie. »...
LE COLONIALISME À L’ALLEMANDE : UN POSITIONNEMENT DANS L’EUROPE
Paradoxalement, c’est le chancelier Bis-
marck qui fait de l’Empire allemand une
puissance coloniale. En eff et, en bon aris-
tocrate de Prusse-Orientale, son horizon
est purement continental. Après la vic-
toire de 1870, il s’eff orce d’isoler la France
en tissant des alliances avec ses voisins,
mais l’expansion de l’Allemagne outre-
mer ne l’intéresse pas.
Pourtant, le fait colonial inspire aussi quel-
ques appétits en Allemagne. Les indus-
triels et les commerçants, dès le milieu
du XIXe siècle, établissent des comptoirs,
notamment en Afrique orientale. Cédant
au désir colonial des villes de la Hanse,
Bismarck obtient quelques possessions
en Océanie en 1879. En 1884-1885, outré
par le protectionnisme anglais dans l’Em-
pire britannique, il obtient, grâce à des
conquêtes pacifi ques, le protectorat de
l’Allemagne sur plusieurs pays africains :
le Togo, le Cameroun, le Sud-Ouest afri-
cain (Namibie) et l’Afrique orientale.
O C É A NP A C I F I Q U E
O C É A NI N D I E N
O C É A NA T L A N T I Q U E
E M P I R E R U S S E
FRANCE
ALLEMAGNE
EMPIREOTTOMAN
ROYAUME-UNI
ESPAGNEPORTUGAL
AFRIQUE-OCCIDENTALEFRANÇAISE
C H I N E JAPON
I N D E
DOMINION D’AUSTRALIE
PERSE
ARABIE
ITALIE
AFRIQUE-ÉQUAT.FRANÇ.
LIBYE(1912)
DANEMARK
BELG.
PAYS-BAS
NIGERIA(1884-1900)
CAMEROUN(1884)
ÉTAT INDÉP.DU CONGO
(1885)CONGO FRANÇAIS(1875-1895)
ÉGYPTE(ottoman
sous contrôlebritannique,
1882)
SOUDAN(anglo-égyptien,
1898)
ABYSSINIE
OUGANDA
KENYA (1886)
TANGANYIKA(1886)
ÉRYTHRÉE(1889)
SOMALIEBRIT.
OBOCK
SOMALIEITAL.
RIO DE ORO
SÉNÉGAL(1854-1865)
GAMBIE(1816)GUINÉE PORT.
SIERRA LEONE
CÔTE D’IVOIRE (1883)CÔTE-DE-L’OR (1874)
TOGO (1884)DAHOMEY (1890)
KOWEÏT
OMAN
MAROC(1912)
ANGOLA(1891)
SUD-OUESTAFRICAIN
(1884)
UNIONSUD-
AFRICAINE(1910)
BECHUANA-LAND
(1884-1888)
RHODÉSIE
MO
ZAM
BIQ
UE
MADAGASCAR(1895-1896)
SWAZILAND (1907)
BASUTOLAND (1871)
MONGOLIE
CORÉE(Japon,1910)
FORMOSE(Japon, 1895)
PHILIPPINES(États-Unis, 1898)
INDOCHINEFRANÇAISE(1859-1893)SIAM
BIRMANIE(1886)
SUMATRA
JAVATIMOR
PAPOUASIE(Australie, 1906)
ARCHIPELBISMARCK
(1885)NOUVELLE-
GUINÉE
TASMANIE
NOUVELLE-ZÉLANDE
(1840)
SARAWAK (1888)
BORNÉOHOLL.
BRUNEI
MANDCHOURIE
TIBET
CEYLAN(1815)
AUTRICHE-HONGRIE
NYASSA-LAND
MALAISIE
ISLANDEGROENLAND
Maurice(1815)
Réunion
ADEN (1839)
ALGÉRIE(1830-1857)
TUNISIE(1881)
CAMBODGE (1863)
TONKIN (1882-1885)ANNAM (1882-1885)COCHINCHINE (1867)
LAOS (1893)
1
432
5
4
12
5
3
Canaries
Açores
Madère
Îlesdu Cap-Vert
Ascension (1815)
Ste-Hélène
Tristan da Cunha(1816)
Chypre
Socotra
Seychelles(1815)
Comores (1886)
Chagos(1814)
Cocos(1876) Nlles-Hébrides
(1906)
Nlle-Calédonie(1853)
Salomon(1893)
Mariannes(1899)
Guam(É.-U., 1898)
Carolines(1899)
Nlle-AmsterdamSt-Paul
KerguelenCrozet
Hongkong (1842)Macao (1862)
Maldives
Mayotte (1841)
Andaman(1852)
LIBERIA (1847)
Source : Atlas Bordas, Paris, 1990.2 000 km
Verbatim« Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles […]. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles
de la concurrence. » Jules Ferry, 1890.
GM8-21.indd 11GM8-21.indd 11 10/12/13 14:31:4910/12/13 14:31:49
LE MONDE EN 1914
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE12
Les puissances économiques
LE MONDE ÉCONOMIQUE EN 1913Certains auteurs ont écrit que la Première
Guerre mondiale était le résultat, entre
autres, de la crise économique de 1913.
Mais une étude des chiff res montre que
deux pays seulement ont connu une
récession de la production industrielle
cette année-là, la Suède et la France, avec
des reculs assez limités (respectivement,
– 3 % et – 2 %). Pour les autres pays, il
n’y a ni recul ni stagnation. À la crise des
années 1907-1909 a succédé une période
de croissance.
Progression industrielle. Au contraire,
la période qui précède 1914 est l’une des
plus favorables du XIXe siècle… si l’on
considère que celui-ci s’achève en 1914.
Aux États-Unis, le PNB augmente de 2 %
et le chômage baisse par rapport à l’an-
née précédente. La production industrielle
progresse fortement en Allemagne (+ 4 %)
et plus fortement encore aux États-Unis et
en Grande-Bretagne, avec 7 %, un chiff re
exceptionnel. Seule la Suisse fait mieux,
avec 10 %. La Belgique progresse aussi,
avec 3 %. Ce ne sont donc pas les mauvais
résultats de la Suède et de la France qui
pourraient faire parler de crise internatio-
nale, alors que les trois pays les plus indus-
trialisés se portent très bien.
Contrairement à ce qu’on pense généralement, les États-Unis sont devenus très tôt une puissance économique de premier plan. En termes de volume du PNB total, ils occupent la première place vers 1860 et, en termes de PNB par habitant, vers 1875. Quant à la production manufacturière, elle devient la première du monde vers 1890. La Grande-Bretagneperd ainsi sa première place dans le monde, mais elle est aussi menacée par l’émergence d’une nation bien plus dynamique qu’elle, l’Allemagne. Ce déclin annoncé n’est masqué provisoirement que par l’étendue de l’Empire britannique.
Progression du commerce. Sur le plan
des échanges, l’année 1913 est également
très bonne : la valeur des exportations aug-
mente de 6 % et leur volume, de 5 %. L’an-
née 1914 commence très bien et, selon les
données dont on dispose, on peut affi r-
mer que la première moitié de l’année est
excellente. Il n’y a donc aucune raison pour
écrire que certains pays ont voulu sortir de
la crise par la guerre. Peut-être peut-on
plutôt parler de rivalité économique....
RUSSIE ET JAPON, DEUX ADVERSAIRES EN PLEIN ESSOR ÉCONOMIQUE
La Russie, en raison des problèmes diplo-
matiques et politiques qui la secouent,
apparaît comme un empire très fragile au
début du XXe siècle, mais d’un point de
vue économique, tel n’est pas le cas : elle
est en train de devenir une puissance de
premier plan. Partant de plus loin que ses
principaux concurrents, elle connaît une
croissance époustoufl ante. De 1890 à 1900,
sa productivité industrielle augmente de
126 %, sa croissance est le double de celle
de l’Allemagne et le triple de celle des États-
Unis. En 1913, l’Empire russe a dépassé le
Royaume-Uni et devient la troisième puis-
sance économique, derrière les États-Unis
et l’Allemagne.
Jusqu’alors très dépendante des inves-
tisseurs étrangers, la Russie recouvre son
indépendance fi nancière : en 1914, le capi-
tal russe possède 51 % de l’économie natio-
nale, contre seulement 35 % en 1905.
Le Japon aussi sort de son isolement poli-
tique et économique. L’ère Meiji voit tout
d’abord la dissolution du système féodal.
L’État se centralise et l’empereur dispose
d’un pouvoir très étendu, presque absolu.
La révolution industrielle commence vrai-
ment à partir de 1860, avec un État qui
assure, à la fi n du XIXe siècle, entre 30 %
et 40 % des investissements et contrôle
presque totalement l’industrie lourde,
notamment l’armement et le chemin de
fer. À cette époque, l’industrie principale
au Japon est le textile ; elle représente 70 %
des entreprises. À la diff érence de l’Europe,
la main-d’œuvre y est féminine à 67 %. En
1914, le Japon est devenu la quatrième
nation exportatrice de textiles.
À partir de 1895, l’industrie lourde se déve-
loppe rapidement, notamment la construc-
tion navale, avec de grands groupes
comme Mitsubishi. Elle représente 26,7 %
de l’économie japonaise en 1914. Contrai-
rement à la Russie, le Japon n’est absolu-
ment pas endetté et ses capitaux sont
purement nationaux. Cela dit, le Japon
n’est pas encore une puissance économi-
que de premier plan. Sa part du PIB mon-
dial ne représente que 2,6 %, contre 5,3 % à
la France, 8,3 % à la Grande-Bretagne, 8,6 %
à la Russie, 8,8 % à l’Allemagne et 19,1 %
aux États-Unis.
Contrairement aux pays européens, direc-
tement concernés par une guerre qui va se
dérouler sur leur territoire et entraîner des
bouleversements politiques immenses, le
Japon, tout comme les États-Unis, sortira
renforcé de la Première Guerre mondiale....
QUAND LE PÉTROLE N’ÉTAIT PAS ENCORE DE L’OR NOIR…
En 1914, à l’âge de la machine à vapeur,
on consommait surtout le charbon dont
l’Europe et les États-Unis étaient largement
pourvus. Le premier puits de pétrole a été
inventé par le célèbre « colonel » Edwin
Laurentine Drake, aux États-Unis, en 1865.
Vers 1900, la production annuelle de
pétrole est de 21 millions de tonnes par an,
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE12
Verbatim« En 1914, les États-Unis
avaient un retard de près d’un demi-siècle sur les pays les plus avancés d’Europe en matière de lois sociales mais
les salaires réels des ouvriers y étaient les plus élevés. »
P. Bairoch, Victoires et déboires.
GM8-21.indd 12GM8-21.indd 12 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 13
ce qui représente 30 millions de tonnes en
équivalent charbon, alors que la consom-
mation annuelle en charbon est à l’époque
de 800 millions de tonnes ! Cependant, au
début du XXe siècle, les besoins en pétrole
commencent à croître, avec le développe-
ment de l’automobile et la possibilité de
son emploi dans les chaudières des navires.
L’essentiel de la production vient alors des
pays industrialisés, notamment des États-
Unis. Les autres pays n’assurent alors que
12 % de la production mondiale et la part
du Moyen-Orient, si écrasante aujourd’hui,
ne représente que 0,5 %....
LA PREMIÈRE CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE
Les diff érentes nations industrielles sont
déjà très liées entre elles à la fi n du XIXe siè-
cle. En 1907-1908, une crise économique
secoue le monde entier pour la première
fois. Elle trouve son origine aux États-Unis
et résulte d’une faillite due à la spécula-
tion, en l’occurrence celle d’une entreprise
engagée dans la spéculation sur le cuivre,
dont le cours a chuté. Cette société
entraîne dans sa chute une grande ban-
que, ce qui provoque des faillites en chaîne.
Les milieux fi nanciers sont alors pris d’une
véritable panique, connue depuis sous le
nom de « Roosevelt Panic ».
Aux États-Unis, la crise fi nancière se trans-
forme très vite en grave crise économi-
que. Les chiff res sont parlants : en 1908,
la production industrielle recule de 8 %.
Le chômage passe de 3 % en 1907 à 8 %
en 1908. Quant au PNB par habitant, il est
frappé encore plus durement, reculant de
10 %. Seule l’agriculture n’est pas touchée,
puisqu’elle progresse de 2 % en 1908. Ceci
montre que cette crise correspond exacte-
ment à une crise économique selon nos
critères actuels.
En Europe. Ce phénomène atteint aussi
l’Europe, notamment l’Allemagne et la
Grande-Bretagne. Le schéma est assez
similaire. L’agriculture continue de pro-
gresser mais, dans les autres domaines
économiques, une récession évidente
apparaît. Le PNB par habitant recule dans
la plupart des pays fortement industrialisés
de l’époque : Autriche, Belgique, France,
Grande-Bretagne, Pays-Bas, Suède. Notons
que l’Allemagne parvient à y échapper. La
Grande-Bretagne est particulièrement tou-
chée, notamment avec une baisse impor-
tante de la production industrielle : – 7 %.
Il s’agit du plus net recul depuis 1826 ! La
Grande-Bretagne n’est pas la seule aff ec-
tée, puisqu’en plus des États-Unis, l’Alle-
magne, la France et la Suède subissent une
diminution de leur production industrielle
soit en 1907, soit en 1908.
Dans le reste du monde. L’Australie et
le Canada sont touchés et la production
recule en Espagne, en Suisse et au Japon.
Autant dire que le monde industrialisé
dans son ensemble est concerné.
Le commerce. Fatalement, le commerce
international connaît une régression
importante : la valeur des exportations
diminue de 7,8 %, soit la plus forte baisse
depuis 1850, date de mise en place des
statistiques en ce domaine. Mais cette crise
est vite surmontée et les chiff res redevien-
nent positifs dès 1909.
OCÉANATL ANTIQUE
MerNoire
Merdu Nord
MerBaltique
Mer Médi ter ranée
5 175 4 425
4 0753 700
3 525
3 350
3 075
4 475
2 750
2 550
2 2752 000
1 850
1 700
1 675
1 675
1 5001 425
2 625
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
ROYAUME-UNI
ESPAGNE
EMPIREOTTOMAN
ITALIE
NORVÈGE
PAYS-BAS
BELGIQUELUX.
SUISSE
ROUMANIE
BULGARIE
GRÈCE
PORTUGAL
ALB.
MONT.
DANEMARK
SERBIE
FINLANDE
500 km
6 750
5 475
4 850
4 000
1 550
O C É A NP A C I F I Q U E
O C É A NI N D I E N
O C É A NP A C I F I Q U E
O C É A NA T L A N T I Q U E
RUSSIE
AFRIQUE-
OCCIDENTALE
FRANÇAISE
CHINE JAPON
INDE
AUSTRALIE
PERSE
CANADA
ÉTATS-UNIS
BRÉSIL
ARABIE
MEXIQUE
EUROPE
NOUVELLE-ZÉLANDE
ARGENTINE
Sour
ce :
Paul
Bai
roch
, Vic
toire
s et
déb
oire
s (to
me
2), H
istoi
re é
cono
miq
ueet
soc
iale
du
mon
de d
u XV
Ie s
iècl
e à
nos
jour
s, Fo
lio h
istoi
re, G
allim
ard,
Par
is, 2
002.
PNB (produit national brut)par habitant (en équivalentdollars de 1995)400
2 000 km
PNB PAR HABITANT DES PAYS INDUSTRIALISÉS EN 1913
GM8-21.indd 13GM8-21.indd 13 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50
LE MONDE EN 1914
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE14
La question des nationalismesLa question des nationalismes agite l’Europe entière depuis le traité de Vienne qui, en 1815, solde défi nitivement l’héritage de la Révolution française et de l’Empire. Trois pays dominent alors l’Europe : la Russie, la Prusse et surtout l’Autriche qui, sous la férule de Metternich, empêche toute émancipation des peuples tentant de réaliser leur unité – Allemands, Italiens, Slaves d’Europe du Sud. Le statu quo perdure jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, puis l’Autriche subit une série de défaites militaires contre les Français, les Piémontais et les Prussiens, qui permettent la création d’une Italie indépendante, puis d’un Empire allemand en 1871.
Dantzig
Königsberg
Memel
Varsovie
Cracovie
Amsterdam
Strasbourg
Lyon
Marseille
Hambourg
Kiel
Gênes
Villersexel
Langensalza
Sedan
Bapaume
St-Quentin
BerlinLa Haye
Munich
Budapest
Rome
Turin Venise
Florence
Bruxelles
Prague
ZagrebTrente
Francfort
CologneDresde
Naples
Stuttgart
Brême
LübeckRostock
Copenhague
Breslau
Trieste
Sarajevo
Bénévent
MetzForbach
Frœschwiller
MagentaSolferino
Lissa
Castelfidardo
Sadowa
Düppel
Vienne
Berne
Custoza
MentanaCorse
Sardaigne
Sicile
Bornholm
Rhin
Danube
MerAdr ia t ique
M E RM É D I T E R R A N É E
MerTyrrhén ienne
Merdu Nord
MerBal t ique
R O Y A U M E D E P R U S S E
AUTRICHE-HONGRIE
EMPIREDE
RUSSIE
EMPIRE
OTTOMAN
FRANCE
ROYAUME
BOSNIE
HERZÉGOVINE
CROATIE
CARINTHIE
CARNIOLE
DALMATIE
VÉNÉTIE
CONFÉDÉRATION
HELVÉTIQUE
ROYAUME
DE SARDAIGNE
GRAND-DUCHÉDE TOSCANE
ÉTATS
DE
L’ÉGLISE
SAVOIE
ROYAUME
DE BELGIQUE
GRAND-DUCHÉDE LUX.
ROYAUMEDE DANEMARK
ROYAUMEDE SUÈDE
ET DE NORVÈGE
BOHÊMEGALICIE
ROYAUMEDE BAVIÈRE
ROYAUMEDE
WURTEMBERG
MECKLEMBOURG
SCHLESWIG
HOLSTEIN
OLD
ENBO
URG
GRA
ND
-DU
CHÉ
DE
BAD
E
PATRIMOINEDE ST-PIERRE
LOMBARDIE
COMTÉDE NICE
STYRIE
MORAVIE
ROYAUME
DES
PAYS-BAS
ALS
ACE
LORRAINE
NASSAU
DES
DEUX-SICILES
Sour
ce :
Atla
s Bo
rdas
, Par
is, 1
990.
Batailles (1859-1871)
Territoire prussien en 1863
Territoire acquis par la Prusseen 1865 (Lauenbourg)
Territoire occupé par la Prusseen 1864, annexé en 1866
Territoire annexé par la Prusseen 1866
Territoire annexé par l’Empireallemand en 1871(Alsace-Lorraine)
Limites de la Confédérationd’Allemagne du Nord(1866-1871)
Limites de l’Empire allemand(1871-1918)
Unité allemande
Unité italienne
Autriche-Hongrie (après 1867)
Territoire sarde en 1858
Annexions sardes en 1859
Annexions sardes en 1860
Annexions sardes en 1861
Annexions italiennes en 1866
Annexions italiennes en 1870
Territoires sardes cédésà la France en 1860
Cisleithanie
Transleithanie300 km
UNITÉS ALLEMANDE ET ITALIENNE 1854-1871
GM8-21.indd 14GM8-21.indd 14 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 15
DEUX ÉTATS NOUVEAUXLe congrès de Vienne, en 1815, conforte
la place hégémonique de l’Autriche en
Europe. Celle-ci domine l’Italie et l’Allema-
gne, myriade de petits États et de princi-
pautés. Pourtant, des mouvements natio-
naux apparaissent. Ils sont contenus par le
chancelier autrichien Metternich. En 1848,
un vent révolutionnaire secoue l’Europe
entière, mais échoue.
En Italie, Victor-Emmanuel et son premier
ministre, Cavour, s’allient avec Napoléon III
pour constituer une Italie indépendante.
Cette coalition bat les Autrichiens en
1859. Victor-Emmanuel devient roi d’Italie
en 1861. En Allemagne, c’est le chancelier
Bismarck qui impose la Prusse comme
puissance européenne. Il vainc le Dane-
mark en 1864, puis l’Autriche en 1866 et la
France en 1870. En 1871, le roi Guillaume Ier
est couronné empereur d’Allemagne....
L’AUTRICHE ET LA SERBIEL’une des principales causes de tension
en Europe du Sud est l’antagonisme
larvé entre l’Empire austro-hongrois et
la Serbie. En 1903, le roi de Serbie pro-
autrichien est assassiné par la Main noire,
une organisation nationaliste serbe. Dès
lors, la politique serbe devient franche-
ment anti-autrichienne. En 1908, l’an-
nexion de la Bosnie-Herzégovine par
l’Autriche provoque une très vive tension ;
la Serbie ne renonce à la guerre qu’en rai-
son des pressions de la Russie, alliée tradi-
tionnelle des Serbes, peuple slave. Sur le
papier, l’Empire austro-hongrois est plus
puissant que la petite Serbie, mais c’est un
empire malade. Avec moins de 1 % de la
population détenant 40 % des terres, c’est
l’État le plus inégalitaire d’Europe.
En outre, la domination des Autrichiens et
des Hongrois sur tous les autres peuples
est écrasante : cette inégalité ethnique
aff aiblit encore davantage la cohésion de
l’État. Tous les ingrédients sont réunis pour
une situation explosive....
DEUX CONFLITS DANS LES BALKANS
En 1912, la Serbie constitue l’Entente balka-
nique en s’alliant avec la Grèce et la Bulgarie
pour évincer les Turcs de leurs dernières
possessions d’Europe. La guerre éclate en
octobre 1912. Très vite, l’Empire ottoman
est battu et contraint d’abandonner tous
les Balkans, à l’exception de Constantinople
(Istanbul) et d’une petite partie de son
arrière-pays. Celle-ci demeure aujourd’hui
encore la seule partie européenne de la
Turquie. Les vainqueurs de 1912 ne tardent
pas à s’entre-déchirer pour le partage de la
Macédoine. Une nouvelle guerre éclate en
1913, dirigée cette fois contre la Bulgarie,
qui manifeste les ambitions les plus grandes
dans les Balkans. Confrontée à une coalition
réunissant la Grèce, la Serbie, le Monténé-
gro, puis la Roumanie et l’Empire ottoman,
la Bulgarie est logiquement battue. Elle le
paie lors du découpage défi nitif de la Macé-
doine, tandis que la Serbie devient la pre-
mière puissance régionale des Balkans.
Athènes
La Canée
Constantinople
Sofia
Belgrade Bucarest
Gallipoli
Tirana
Bregalnica
Monastir
Salonique
Kumanovo
Lüleburga
Tchataldja
Kirk-KilissaEdirne
Iannina
Shkodër
Durrës
Skopje
Cattaro
Ruse
Pirot
Sarajevo
Smyrne
Larissa
Plovdiv
Craiova
Mitrovica
Galatz
Varna
Burgas
Corinthe
Orsova
Silistrie
Cetinje
Pleven
Jassy
Crète
Rhodes
Cy
cl a
de s
Sp
or
a
de s
Îl
es
I
on
ie
nn
es
(unifiée en 1885,royaume en 1908)
(royaume en 1881)
(royaume en 1910)
(indépendanteen 1913)
(royaume en 1882)
(italien en 1912)
(annexée parl’Autriche-Hongrieen 1908)
Eubée
Lesbos
Chio
Lemnos
MerNoire
MerIon ienne
MerÉgée
M E RM É D I T E R R A N É E
Danube
Danube
Mer de Marmara
EMPIREOTTOMAN
EMPIRERUSSE
AUTRICHE-HONGRIE
ROUMANIE
BULGARIE
THRACE
ALBANIE
MACÉDOINE
CHALCIDIQUE
DODÉCANÈSE
BOSNIE-HERZÉGOVINE
MONTÉNÉGRO
TRANSYLVANIE
SERBIE
GRÈCE
ITALIE
par la Bulgarie
Batailles des première(octobre 1912-avril 1913)et deuxième (juin-juillet 1913)guerres balkaniques
Territoires acquis en 1913 (lors des traités de Londres,Bucarest et Constantinople) :
par la Grèce
par le Monténégro
par la Roumanie
par la Serbie
200 km
Sour
ce :
Atla
s Bo
rdas
, Par
is, 1
990.
LA GUERRE DES BALKANS 1912-1913
Verbatim« Des milliers de femmes et d’enfants morts de faim, des révolutionnaires devenus brigands […] : tel est le tableau de la vie sociale dans les provinces libérées. »
Léon Trotski, 1912, à propos de la
Macédoine.
GM8-21.indd 15GM8-21.indd 15 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50
LE MONDE EN 1914
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE16
Le jeu des alliances
LES FORCES EN JEU À LA VEILLE DE LA GUERRE
Les pays belligérants ont des popula-
tions de taille variée. L’Allemagne, forte
de 65 millions d’habitants (dont 40 mil-
lions de Prussiens), domine les autres
pays développés par sa population et
par la puissance de son armée. La France
compte 40 millions d’habitants et ne peut
Face au développement d’intérêts contradictoires, les grandes nations européennes cherchent à se prémunir contre la guerre. L’exemple du XIXe siècle a montré que les pays isolés étaient souvent vaincus, comme l’Autriche face à la coalition franco-piémontaise. Avant même le tournant du siècle, plusieurs nations signent des alliances, afi n de créer des blocs extrêmement puissants, établissant un équilibre de la terreur avant l’heure. Mais la formation de deux grands blocs – la Triple Alliance tout d’abord, puis la Triple Entente – va mener droit à la catastrophe lorsque le désir de guerre l’emportera. L’Europe entière basculera alors dans la guerre.
prétendre rivaliser avec l’Allemagne en
termes d’eff ectifs qu’en imposant un long
service militaire (trois ans) qui permet de
garder trois classes d’appelés dans l’armée
active. L’Angleterre, à l’opposé, ne possède
qu’une petite armée de métier, en grande
partie dispersée dans son immense
empire. La Russie, humiliée neuf ans plus
tôt par le Japon, dispose des eff ectifs théo-
riques les plus élevés, mais leur valeur est
faible. Seul le poids du nombre joue en sa
faveur. L’Autriche-Hongrie est composée
de tellement de peuples diff érents que
son armée est de valeur très inégale.
Pour toutes ces raisons, l’Allemagne pense
pouvoir gagner rapidement une guerre
européenne. ...
5 971 000
3 000 000
4 500 000
4 017 000
290 000
50 000
230 000
1 251 000
117 000
200 000 280 000
210 000
40 000
975 000
1915
19141917
1915
1916
1916
OCÉANATL ANTIQUE
Merdu Nord
MerNoire
MerBal t ique
M e r M é d i t e r r a n é e
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
ROYAUME-UNI
ESPAGNEEMPIRE
OTTOMAN
ITALIE
NORVÈGE
PAYS-BAS
BELGIQUE
LUXEMBOURG
SUISSEROUMANIE
BULGARIE
GRÈCE
SERBIEPORTUGAL
ALBANIE
MONTÉ-NÉGRO
DANEMARK Puissances centrales
Effectifs mobilisés par les :
Puissances alliées
États neutres, entrés ensuiteen guerre aux côtésdes puissances centrales
États neutres, entrés ensuiteen guerre aux côtésdes puissances alliées
États demeurés neutres
Année d’entrée en guerre1915
50 000
500 kmSource : Martin Gilbert, The Routledge Atlasof the First World War, Routledge, New York, 2002.
LES EFFECTIFS MILITAIRES DES BELLIGÉRANTS
GM8-21.indd 16GM8-21.indd 16 10/12/13 14:31:5110/12/13 14:31:51
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 17
LES PUISSANCES EUROPÉENNES ET LE JEU DES ALLIANCES
Les alliances de Bismarck. Après la guerre
de 1871, la donne diplomatique est bou-
leversée et la France isolée. Afi n d’éviter
toute menace de revanche, Bismarck
cherche à accroître le poids de la nou-
velle Allemagne en Europe. Pour cela, il
prône la politique de la main tendue à
son adversaire d’hier, l’Autriche. N’avait-il
pas déclaré en 1866, au soir même de la
victoire prussienne de Sadowa : « Il faut
maintenant travailler à faire des Autri-
chiens des amis » ?
En 1872, Bismarck obtient un premier
grand accord international, l’Entente des
trois empereurs, signé par l’Allemagne,
l’Autriche et la Russie. En 1882, il isole un
peu plus la France en faisant signer un
accord entre l’Italie, l’Autriche et l’Alle-
magne : la Triplice. La Russie est cette fois
hors-jeu. Il est vrai qu’après sa victoire de
1878 contre les Turcs, une conférence
internationale à Berlin a été nécessaire
pour calmer ses ambitions.
La constitution d’un second bloc autour
de la France. Se sentant trahie par ses
anciens alliés, la Russie décide de se rap-
procher de la France. Cette démarche
marque les limites de la politique bis-
marckienne. Le prudent chancelier est
d’ailleurs bientôt destitué par le nouvel
empereur allemand, Guillaume II. L’Alle-
magne inaugure alors une politique exté-
rieure très tapageuse, avec nombre d’ac-
tions d’éclat destinées à faire comprendre
au monde entier que le pays occupe à
présent le premier rang en Europe. Cette
politique est assortie d’une course à l’ar-
mement qui inquiète tous les voisins de
l’Allemagne. Guillaume II veut aussi riva-
liser avec la Royal Navy, ce qui pousse la
Grande-Bretagne à sortir de son « splen-
dide isolement » pour se rapprocher
de la France. Ainsi la France réussit-elle
en quelques années à conclure des allian-
ces avec la Russie, puis avec la Grande-
Bretagne, en signant la fameuse Entente
cordiale de 1905.
En 1914, deux blocs opposés se font face
en Europe : la Triple Entente, qui com-
prend la Russie, l’Angleterre et la France,
et la Triple Alliance, regroupant l’Allema-
gne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.
OCÉANATL ANTIQUE
Merdu Nord
MerBal t ique
M e r M é d i t e r r a n é e
ALLEMAGNE
SUÈDE
AUTRICHE-HONGRIE
RUSSIE
FRANCE
ROYAUME-UNI
ESPAGNE
EMPIREOTTOMAN
ITALIE
NORVÈGE
PAYS-BAS
BELGIQUELUXEMBOURG
SUISSE
ROUMANIE
BULGARIE
GRÈCE
SERBIE
PORTUGAL
ALBANIE
MONTÉ-NÉGRO
DANEMARK
Puissances centrales
États anciennement associésaux puissances centrales, mais demeurés neutres lorsquela guerre a éclaté, et plus tardunis aux puissances alliées
Entente ou puissances alliées,à la suite des attaques allemandescontre la Belgique et autrichiennescontre la Serbie
États neutres
500 kmSource : Martin Gilbert, The Routledge Atlasof the First World War, Routledge, New York, 2002.
LES PUISSANCES EUROPÉENNES LE 4 AOÛT 1914
Verbatim« Un conquérant aime toujours la paix : il préférerait vous envahir sans rencontrer de résistance. »
Clausewitz, De la guerre.
GM8-21.indd 17GM8-21.indd 17 10/12/13 14:31:5110/12/13 14:31:51
LE MONDE EN 1914
ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE18
Les plans militaireset les armées européennes
LE PLAN ALLEMANDLe plan Schlieff en prend en compte une
donnée stratégique de première impor-
tance : en cas de guerre sur deux fronts,
il sera nécessaire à l’Allemagne de vaincre
la France d’abord, avant de se retourner
contre la Russie. La durée de la mobilisa-
tion russe, estimée à six semaines, impose
une victoire éclair sur le front ouest. Tacti-
quement, Schlieff en prévoit une invasion
de la Belgique et du Luxembourg (pays
neutres) par une aile droite allemande
littéralement hypertrophiée : 53 divisions
d’active, sans compter les formations de
réserve et de remplacement, alors que
l’aile gauche ne compte que huit divisions,
chargées de tenir l’Alsace. Cette aile droite
doit s’enfoncer loin en Belgique avant de
se rabattre sur le nord de la France et d’en-
velopper Paris par l’ouest pour prendre à
revers toutes les armées françaises. Le plan
est audacieux et risqué....
LES PLANS FRANÇAISLe plan I, établi en 1875, prend en compte
toutes les faiblesses de la France révélées
par la défaite de 1870. Il impose un regrou-
pement des armées loin de la frontière, car
le pays a perdu toute sa ceinture fortifi ée
et son réseau ferré est perturbé. Il est donc
prévu de faire des eff orts très importants
dans trois domaines : la fortifi cation – afi n
de barrer la route à l’envahisseur –, la rapi-
dité de la mobilisation et la réduction de
la distance entre le lieu de regroupement
des armées et la frontière.
L’amélioration des défenses. Le plan
d’organisation défensive recrée une cein-
À peine la guerre de 1870 était-elle terminée que les états-majors français et allemand pensaient à l’inévitable revanche et préparaient des plans offensifs et défensifs. En 1914, la France en est à son 17e plan de guerre contre l’Allemagne ! Celle-ci dispose pour sa part, depuis la fi n du XIXe siècle, du plan Schlieffen, dont la portée est à la fois tactique et stratégique : il s’agit de permettre à l’Allemagne de gagner une guerre livrée sur deux fronts, en écrasant en six semaines l’armée française, pour se retourner ensuite contre l’armée russe. Le rôle de l’Autriche-Hongrie est purement subalterne et se borne à combattre le petit royaume de Serbie.
ture fortifi ée le long de la frontière. On
redoute alors que les Allemands ne cher-
chent à contourner ces défenses en violant
la neutralité belge. Dès 1878, les plans IV
et V prennent en compte cette hypothèse.
Ce n’est qu’en 1887, avec l’achèvement
des places fortifi ées de première ligne et
l’ouverture de nouvelles voies ferrées, que
le commandement français établit son pre-
mier plan à caractère off ensif, le plan VIII.
De multiples modifi cations interviennent
jusqu’au plan XVII, en vigueur en 1914.
Abbeville
Lille
Maubeuge
Paris
La Fère
Laon
Reims Verdun
Langres
Épinal
Belfort
Toul
Metz
Thionville
Cologne
Namur
Liège
Longwy
Gand
St-Quentin
Arras
Soissons
Châlons-sur-Marne
Trèves
Nancy
Mézières Sedan
BruxellesBonn
Aix-la-Chapelle
Morhange
Sarrebourg
Mons
Amiens
Boulogne
Rethel
Dunkerque
Givet
Ypres
Rhin
Meu
se
Marne Seine
Aisne
Moselle
Oise
Oise
Esca
ut
Somme
Seine
Man
che
Mer du Nord
FRANCE
ALLEMAGNE
BELGIQUE
PAYS-BAS
LUXEMBOURG
SUISSE
50 km
Source : Arthur Banks, A MilitaryAtlas of the First World War,Leo Cooper, Barnsley, 1989.
Ligne de concentration de l’armée allemande
Positions à atteindre avant le 23 août 1914
Positions à atteindre avant le 1er septembre 1914
Avancée de l’aile droite des armées allemandes
LE PLAN SCHLIEFFEN
GM8-21.indd 18GM8-21.indd 18 10/12/13 14:31:5210/12/13 14:31:52
Atlas
YVES BUFFETAUT
Atlasde la Première Guerre mondiale
La chute des empires européens
« Pour la France, la Grande Guerre est la dernière épopée nationale : touchant toutes les familles, elle a profondément marqué la culture et l’imaginaire de tout un peuple. »
Atlas de la Première Guerre mondialeLa chute des empires européens
•
•
•
Plus de 80 cartes et infographies pour comprendre une période
charnière de l’histoire du monde : la Première Guerre mondiale.
La Grande Guerre, traitée dans sa dimension internationale,
des combats en Europe aux tensions au Moyen-Orient,
en passant par les révolutions russes et l’implication
des États-Unis.
La Marne, les Dardanelles, Verdun, la Somme : le déroulement
des grandes batailles qui ont marqué la guerre.
La chute des empires, la création de nouveaux États,
les rapports entre vainqueurs et vaincus sèment les germes
du prochain confl it mondial.
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale,
cette nouvelle édition décrypte les origines, les enjeux et les
conséquences de la Grande Guerre, participant ainsi au devoir
de mémoire.
Illustration de couverture :
© Bettmann/CORBIS
Imprimé et broché en France
Nouvelle édition augmentée
Yves Buffetaut est docteur en histoire et travaille depuis trente ans sur la Grande Guerre. Éditeur et directeur d’Ysec Éditions, il a collaboré à plusieurs revues spécialisées (Batailles, Militaria), est rédacteur en chef de la revue Tranchées et a écrit de nombreux ouvrages d’histoire militaire.
Fabrice Le Goff, cartographe indépendant, a conçu et réalisé les cartes de cet atlas.
Atl
as
de
la
Pre
miè
re G
ue
rre
mo
nd
iale
atlas1GM_couv1+4_GLM.indd 1atlas1GM_couv1+4_GLM.indd 1 16/12/13 16:1016/12/13 16:10