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Atlas YVES BUFFETAUT Atlas de la Première Guerre mondiale La chute des empires européens Nouvelle édition augmentée

Atlas de la Première Guerre mondiale - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782746736153.pdf · à plusieurs revues spécialisées (Batailles, Militaria), est rédacteur

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Atlas

YVES BUFFETAUT

Atlasde la Première Guerre mondiale

La chute des empires européens

« Pour la France, la Grande Guerre est la dernière épopée nationale : touchant toutes les familles, elle a profondément marqué la culture et l’imaginaire de tout un peuple. »

Atlas de la Première Guerre mondialeLa chute des empires européens

Plus de 80 cartes et infographies pour comprendre une période

charnière de l’histoire du monde : la Première Guerre mondiale.

La Grande Guerre, traitée dans sa dimension internationale,

des combats en Europe aux tensions au Moyen-Orient,

en passant par les révolutions russes et l’implication

des États-Unis.

La Marne, les Dardanelles, Verdun, la Somme : le déroulement

des grandes batailles qui ont marqué la guerre.

La chute des empires, la création de nouveaux États,

les rapports entre vainqueurs et vaincus sèment les germes

du prochain confl it mondial.

À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale,

cette nouvelle édition décrypte les origines, les enjeux et les

conséquences de la Grande Guerre, participant ainsi au devoir

de mémoire.

Illustration de couverture :

© Bettmann/CORBIS

Imprimé et broché en France

Nouvelle édition augmentée

Yves Buffetaut est docteur en histoire et travaille depuis trente ans sur la Grande Guerre. Éditeur et directeur d’Ysec Éditions, il a collaboré à plusieurs revues spécialisées (Batailles, Militaria), est rédacteur en chef de la revue Tranchées et a écrit de nombreux ouvrages d’histoire militaire.

Fabrice Le Goff, cartographe indépendant, a conçu et réalisé les cartes de cet atlas.

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Atlas de la Première Guerre mondiale

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© Éditions Autrement 2013

ISBN : 978-2-286-10848-9

Dépôt légal : janvier 2014

Imprimé et broché en France par l’imprimerie Pollina, France.

Achevé d’imprimer en décembre 2013.

Tous droits réservés. Aucun élément de cet ouvrage ne peut être reproduit, sous quelque forme que ce soit, sans l’autorisation

expresse de l’éditeur et du propriétaire, les Éditions Autrement.

Édition exclusivement réservée aux adhérents du Club

Le Grand Livre du Mois

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Atlas de la Première Guerre mondialeLa chute des empires européens

Yves Buff etaut

Cartographie : Fabrice Le Goff

LE GRAND LIVRE DU MOIS

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6 INTRODUCTION

9 LE MONDE EN 1914 10 La domination des grands empires

12 Les puissances économiques

14 La question des nationalismes

16 Le jeu des alliances

18 Les plans militaires et les armées européennes

20 Sarajevo et les déclarations de guerre

21

23 UNE FORME DE GUERRE NOUVELLE 24 Les avancées allemandes : le plan Schlieffen

26 La bataille de la Marne (I)

28 La bataille de la Marne (II)

30 Les défaites russes

32 La course à la mer

34 La stabilisation du front

36 Les offensives alliées de 1915

38 La Turquie en guerre et les Dardanelles

40 L’Italie en guerre

42 Verdun, 1916

44 La bataille de la Somme

46 L’avènement de la guerre sous-marine

48 Russie, Roumanie, Serbie et Bulgarie dans la tourmente

50 Arras et le Chemin des Dames

52 Mutineries et démoralisation

54 Les révolutions russes de 1917

56 La guerre au Moyen-Orient

ATLASde la Première

Guerre mondiale

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE4

OCÉANATL ANTIQUE

MerNoire

Merdu Nord

MerBaltique

Mer Médi ter ranée

5 175 4 425

4 0753 700

3 525

3 350

3 075

4 475

2 750

2 550

2 2752 000

1 850

1 700

1 675

1 675

1 5001 425

2 625

ALLEMAGNE

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AUTRICHE-HONGRIE

RUSSIE

FRANCE

ROYAUME-UNI

ESPAGNE

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NORVÈGE

PAYS-BAS

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SUISSE

ROUMANIE

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GRÈCE

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500 km

5 475

O C É A NI N D I E N

O C É A NA T L A N T I Q U E

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4009

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58 Les États-Unis entrent en guerre

60 La Russie quitte la guerre

62 Les offensives du général Ludendorff

64 Les contre-offensives alliées mènent à la victoire

67 UN MONDE NOUVEAU ET INSTABLE 68 Novembre 1918 : défaites et révolutions

70 Le traité de Versailles (28 juin 1919)

72 Le dépeçage de l’Empire austro-hongrois

74 La question des nationalités

76 La Turquie vaincue

78 Une Europe épuisée, des États-Unis vainqueurs

80 Le nouvel ordre mondial : la SDN

82 Les lieux de mémoire

85 CONCLUSION

ANNEXES 86 CHRONOLOGIE 88 BIOGRAPHIES 92 BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE ET LIEUX DE MÉMOIRE 95 INDEX GÉNÉRAL

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 5

xxxx

Arnim

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IV

xxxxVI

xxxxI

xxxxIII

xxxxVII

xxxxXVIII

Below

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xxxxII

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Paris

La Fère

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Namur

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Longwy

Gand

St-Quentin

Arras

Compiègne

Châlons-sur-Marne

Sedan

Bruxelles

Mons

Amiens

Dunkerque

Anvers

Dinant

YpresM

Ostende

St-Mihiel

Cambrai

Péronne

Soissons

MeauxChâteau-Thierry

Spa

Charleville-Mézières

Marne

Aisne

Oise

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ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE6

La première particularité de la Grande Guerre est son caractère universel et elle ne peut se comprendre sans une version géographique et cartographique qui rende compte à la fois des opérations militaires sur le terrain, qu’il s’agisse d’avances de

quelques centaines de mètres ou de quelques centaines de kilomètres, et des grandes redistributions territo-riales issues des traités de paix de 1919.Et pourtant, par un paradoxe de l’histoire, il est permis d’écrire que la Grande Guerre a subi la malédiction des cartes. Jamais, sans doute, la cartographie n’a été poussée aussi loin que pendant ce confl it, les cartes d’état-major au 1/80 000 ne suffi sant plus aux généraux. À mesure que la guerre s’enlisait dans les tranchées, les cartes usuelles devenaient inutiles. Il fallait sans cesse se rapprocher du détail puisque, faute de grandes offensives triomphantes, la guerre elle-même devenait une affaire de détail. C’est ainsi que les artilleurs ont demandé des canevas de tirs au 1/25 000, puis au 1/10 000. L’infanterie n’était pas en reste : il a fallu des plans directeurs à des échelles encore jamais vues dans l’histoire des armées. La Première Guerre mondiale s’est presque jouée sur des plans du cadastre, au 1/5 000, voire à une échelle plus grande. Comment reproduire autrement tel nid de mitrailleuses, tel abri d’infanterie, tel réseau de barbelés ?Ceci n’aurait pas eu de grandes conséquences si les cartes à très grande échelle n’avaient fi ni par envahir les murs des états-majors. Au 1/200 000, 1 centimètre = 2 kilomètres. Mais au 1/20 000, le centimètre ne représente plus que 200 mètres, 100 mètres au 1/10 000, et 50 mètres au 1/5 000. Ainsi, des avances sur la carte de 10 centimètres, qui auraient représenté

INTRODUCTION

20 kilomètres au 1/200 000, ne sont plus que de ridicu-les sauts de puce au 1/5 000 : 500 mètres. Des centaines ou des milliers d’hommes sont morts pour gagner quelques centimètres sur une carte, qui ne représen-taient que quelques centaines ou dizaines de mètres et non plus des kilomètres. C’est particulièrement frappant pour la période allant de l’automne 1914 à la bataille de Verdun, en 1916.Nous invitons le lecteur à ne pas succomber à la même malédiction de la carte que le général Joffre. Les cartes de cet ouvrage permettent d’appréhender, mieux qu’un long discours, les différentes phases d’un confl it aussi complexe. Mais la guerre est avant tout une aventure humaine faite de souffrance et de dévastation. Chaque fl èche qui se superpose à une ligne de tranchée corres-pond à des centaines ou des milliers de morts. Chaque petit cercle au milieu de l’océan correspond à un navire coulé, le plus souvent avec son équipage entier. Chaque changement de frontière s’accompagne de l’expulsion de milliers, si ce n’est de millions d’individus. Le but de cet atlas est de nous permettre de comprendre une époque charnière de l’histoire du monde. Elle a redéfi ni les rapports de force, non seulement en Europe, mais dans le monde entier. Ses répercussions politiques se font encore sentir aujourd’hui dans les tensions qui agitent la planète, dans les Balkans, au Moyen-Orient, en Afrique. D’une façon plus immédiate encore, elle a provoqué la Seconde Guerre mondiale et accéléré l’avènement des États-Unis comme première puissance mondiale.Pour la France, la Grande Guerre est la dernière épopée nationale : touchant toutes les familles, elle a profondément marqué la culture et l’imaginaire de tout un peuple.

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ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 7

Couleurs nationales

France

Belgique

Allemagne

Royaume-Uni

Canada

Autres symboles

Quartier général de groupe d’armées

Quartier général d’armée

Forteresse militaire, ville fortifiée

Voie ferrée

Canal

Types d’unités militaires

Infanterie

CavalerieAbréviations

BEFél.Ers.G.

GDRJäg.Ldw.QGRés.RFCterr.

British Expeditionary ForceÉléments deErsatz (réserve)GardeGroupe de divisions de réserveJäger (chasseurs)Landwehr (milice)Quartier généralRéserveRoyal Flying CorpsTerritoriale

xxxx

Taille des unités militaires

10xx

10e division de cavalerie française

Exemple :

ouxxx

xx

x

III

ou Armée

ou Corps

Divisionou 9

Brigade

Régiment

9e ARMÉE

IXe CORPS IX

COMMENT LIRE LES LÉGENDES DES CARTES ?

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LE MONDE EN 1914

88 ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

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ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 9

LE MONDE

EN 1914Au début du XXe siècle, la Belle Époque correspond à l’apogée de la puissance européenne. Certes, des signes avant-coureurs d’un déclin commencent à apparaître, mais nul ne peut penser qu’en l’espace de quelques années, un continent aussi fl orissant et dominateur va s’enfoncer dans une tragédie dont il ne se relèvera pas.D’un point de vue économique, la domination du Royaume-Uni commence à fl échir. La concurrence de l’Allemagne, en Europe, focalise l’attention des gou-vernements britanniques, mais c’est fi nalement outre-Atlantique que se produit le premier bouleversement : en 1910, les États-Unis deviennent la première puis-sance commerciale du monde.Sur le continent européen, les vieux empires semblent incapables de se réformer, que ce soit en Russie ou en Autriche-Hongrie. Une seule nation, récente puisqu’elle n’est unifi ée que depuis 1871, montre un dynamisme que rien ne semble pouvoir freiner : l’Allemagne. La France, nettement moins peuplée et moins puissante, a besoin d’alliances internationales pour espérer rivali-ser avec son encombrant voisin.

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 9

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LE MONDE EN 1914

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE10

La domination des grands empires

L’EUROPE À LA CONQUÊTE DU MONDE : DIFFÉRENTS MODÈLES DE COLONISATION

La colonisation n’est pas un phénomène

caractéristique du XIXe siècle. Déjà, dans

l’Antiquité, les peuples méditerranéens se

sont livrés à trois formes de colonisation :

le comptoir-escale, la cité indépendante et

la clérouquie, c’est-à-dire la constitution de

postes militaires peuplés de citoyens d’une

cité (en l’occurrence Athènes), qui doivent

un service militaire en échange d’un lot de

terre (cleros). La première forme de coloni-

sation « moderne » revient à Athènes et à la

ligue de Délos.

Portugal et Espagne : la colonisation de

masse. La colonisation moderne débute à

la fi n du Moyen Âge, lorsque l’Europe com-

mence à s’étendre et à conquérir. Elle a des

besoins en matières premières et ne produit

plus assez de métaux précieux pour frapper

la monnaie. Le Portugal, puis l’Espagne, se

lancent à corps perdu dans la colonisation et

fondent les deux premiers empires.

En raison d’une crise profonde au XIVe siè-

cle, la société portugaise a subi une muta-

tion spectaculaire : la vieille aristocratie ter-

rienne a été supplantée par la bourgeoisie

des villes et des ports. Bons navigateurs, les

Portugais descendent peu à peu les côtes

africaines, puis franchissent le cap de Bonne-

Espérance. Ils s’ouvrent ainsi la route de l’or

et des épices. Les Espagnols font de même,

mais leur empire est diff érent de celui des

Portugais, notamment en raison de son cen-

tralisme. Une administration nombreuse et

puissante gouverne les colonies, sous l’auto-

rité directe du Conseil des Indes, à Madrid.

La décimation des populations indien-

Au début du XXe siècle, le monde est divisé entre plusieurs vastes empires, essentiellement européens. Seule l’Amérique, du Nord comme du Sud, s’est émancipée, lors des siècles précédents, de la tutelle des pays européens. Ce fait doit cependant être relativisé, car il s’agissait de colonies de peuplement dont les classes dominantes – si ce n’est l’immense majorité de la population comme aux États-Unis – sont d’ascendance européenne. La Chine elle-même n’est plus que l’ombre d’un empire jadis puissant : la guerre des Boxers, au tout début du siècle, vient marquer en point d’orgue la domination européenne sur le monde entier.

nes entraîne un besoin de main-d’œuvre.

Comme les émigrés d’origine européenne

ne suffi sent pas, l’Espagne, puis les autres

colonies européennes, s’emparent d’escla-

ves sur les côtes africaines pour les déporter

vers le Nouveau Monde.

En 1494, le traité de Tordesillas sépare le

monde en deux : le domaine portugais

et le domaine espagnol. Ceci n’est pas du

goût des autres puissances européennes qui

veulent se lancer dans la conquête coloniale :

la Hollande, la Grande-Bretagne et la France.

L’ère des compagnies : le mercantilisme.

Les grandes compagnies ouvrent une nou-

velle période. Les pays qui disposent de

capitaux privés importants, l’Angleterre et la

Hollande, inaugurent le règne des compa-

gnies à charte, qui disposent du monopole

du commerce avec des faveurs douanières.

C’est ainsi que la Compagnie anglaise

des Indes orientales obtient, dès 1600, un

monopole du commerce et la pleine pro-

priété des territoires qu’elle peut acquérir.

Cette phase de la colonisation est appe-

lée mercantiliste, car il ne s’agit alors que

de s’enrichir, sans chercher à peupler ou à

exploiter directement les autres pays.

L’esprit du siècle des Lumières, puis la

révolution industrielle mettent à mal cette

doctrine. Nombre de colonies se révol-

tent contre leur métropole : les États-Unis

se détachent de l’Angleterre ; les colonies

sud-américaines, de l’Espagne et du Por-

tugal. Le second système colonial apparaît

entre 1870 et 1880, et va dominer au début

du XXe siècle. Il est fondé sur la conquête de

pays entiers, afi n d’en exploiter les matières

premières et parfois de les peupler....O C É A N

P A C I F I Q U E

DOMINION DU CANADA

ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

MEXIQUE(1821)

BRÉSIL(1822)

ARGENTINE(1816)

GAGU

S

HONDURASBRIT. (1862)

PANAMA

GUYANE

HOLL.FR.

TERRE-NEUVE

ALASKA

CUBA(1902)

GROE

BRIT.

ÉQUATEUR(1830)

COLOMBIE(1830)

VENEZUELA(1830)

PÉROU(1821)

BOLIVIE(1825)

PARAGUAY(1811)

URUGUAY(1828)

CHILI(1818)

RÉP. FÉD.D’AM. CENT.

(1821)

ST-DOMINGUE(1821)

A

Îlesdu Cap

T

Falkland(1833)

Porto Rico(É.-U., 1898)

Guad.Mart.Barb.Gren.Trinité

Curaçao

Hawaï(É.-U.)

Tahiti(Fr., 1842)

Bahamas

St-Pierre-et-Miquelon

Bermudes

Jamaïque HAÏTI (1804)

AllemagneBelgiqueDanemarkEmpire ottomanEspagneFranceItalieJaponPays-BasPortugalRoyaume-UniRussie

Date de prisede possession

Dated’indépendance

(1898)

(1902)

LES EMPIRES À LA FIN DU XIXe SIÈCLE

GM8-21.indd 10GM8-21.indd 10 10/12/13 14:31:4910/12/13 14:31:49

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 11

LE COLONIALISME À LA FRANÇAISE : L’ESPRIT DE LA IIIe RÉPUBLIQUE

La révolution industrielle propulse

l’Angle terre sur le devant de la scène dès

le début du XIXe siècle. Son économie a

besoin à la fois de matières premières et

de débouchés pour ses produits, tandis

que l’accroissement de sa population

impose des colonies de peuplement. Si

la France lui emboîte le pas avec un cer-

tain retard, l’impérialisme, sous la IIIe Répu-

blique, est considéré comme une néces-

sité absolue et une question de prestige

national. En France, un homme politique

symbolise à lui seul le colonialisme :

le très républicain Jules Ferry.

Il résume sa doctrine le 28 juillet 1885 en

déclarant devant les députés : « Le parti

républicain […] a montré qu’il faut autre

chose à la France ; qu’elle ne peut être

seulement un pays libre ; qu’elle doit être

aussi un grand pays, exerçant sur les des-

tinées de l’Europe toute l’infl uence qui

lui appartient, qu’elle doit répandre cette

infl uence sur le monde, et porter partout

où elle le peut sa langue, ses mœurs, son

drapeau, ses armes, son génie. »...

LE COLONIALISME À L’ALLEMANDE : UN POSITIONNEMENT DANS L’EUROPE

Paradoxalement, c’est le chancelier Bis-

marck qui fait de l’Empire allemand une

puissance coloniale. En eff et, en bon aris-

tocrate de Prusse-Orientale, son horizon

est purement continental. Après la vic-

toire de 1870, il s’eff orce d’isoler la France

en tissant des alliances avec ses voisins,

mais l’expansion de l’Allemagne outre-

mer ne l’intéresse pas.

Pourtant, le fait colonial inspire aussi quel-

ques appétits en Allemagne. Les indus-

triels et les commerçants, dès le milieu

du XIXe siècle, établissent des comptoirs,

notamment en Afrique orientale. Cédant

au désir colonial des villes de la Hanse,

Bismarck obtient quelques possessions

en Océanie en 1879. En 1884-1885, outré

par le protectionnisme anglais dans l’Em-

pire britannique, il obtient, grâce à des

conquêtes pacifi ques, le protectorat de

l’Allemagne sur plusieurs pays africains :

le Togo, le Cameroun, le Sud-Ouest afri-

cain (Namibie) et l’Afrique orientale.

O C É A NP A C I F I Q U E

O C É A NI N D I E N

O C É A NA T L A N T I Q U E

E M P I R E R U S S E

FRANCE

ALLEMAGNE

EMPIREOTTOMAN

ROYAUME-UNI

ESPAGNEPORTUGAL

AFRIQUE-OCCIDENTALEFRANÇAISE

C H I N E JAPON

I N D E

DOMINION D’AUSTRALIE

PERSE

ARABIE

ITALIE

AFRIQUE-ÉQUAT.FRANÇ.

LIBYE(1912)

DANEMARK

BELG.

PAYS-BAS

NIGERIA(1884-1900)

CAMEROUN(1884)

ÉTAT INDÉP.DU CONGO

(1885)CONGO FRANÇAIS(1875-1895)

ÉGYPTE(ottoman

sous contrôlebritannique,

1882)

SOUDAN(anglo-égyptien,

1898)

ABYSSINIE

OUGANDA

KENYA (1886)

TANGANYIKA(1886)

ÉRYTHRÉE(1889)

SOMALIEBRIT.

OBOCK

SOMALIEITAL.

RIO DE ORO

SÉNÉGAL(1854-1865)

GAMBIE(1816)GUINÉE PORT.

SIERRA LEONE

CÔTE D’IVOIRE (1883)CÔTE-DE-L’OR (1874)

TOGO (1884)DAHOMEY (1890)

KOWEÏT

OMAN

MAROC(1912)

ANGOLA(1891)

SUD-OUESTAFRICAIN

(1884)

UNIONSUD-

AFRICAINE(1910)

BECHUANA-LAND

(1884-1888)

RHODÉSIE

MO

ZAM

BIQ

UE

MADAGASCAR(1895-1896)

SWAZILAND (1907)

BASUTOLAND (1871)

MONGOLIE

CORÉE(Japon,1910)

FORMOSE(Japon, 1895)

PHILIPPINES(États-Unis, 1898)

INDOCHINEFRANÇAISE(1859-1893)SIAM

BIRMANIE(1886)

SUMATRA

JAVATIMOR

PAPOUASIE(Australie, 1906)

ARCHIPELBISMARCK

(1885)NOUVELLE-

GUINÉE

TASMANIE

NOUVELLE-ZÉLANDE

(1840)

SARAWAK (1888)

BORNÉOHOLL.

BRUNEI

MANDCHOURIE

TIBET

CEYLAN(1815)

AUTRICHE-HONGRIE

NYASSA-LAND

MALAISIE

ISLANDEGROENLAND

Maurice(1815)

Réunion

ADEN (1839)

ALGÉRIE(1830-1857)

TUNISIE(1881)

CAMBODGE (1863)

TONKIN (1882-1885)ANNAM (1882-1885)COCHINCHINE (1867)

LAOS (1893)

1

432

5

4

12

5

3

Canaries

Açores

Madère

Îlesdu Cap-Vert

Ascension (1815)

Ste-Hélène

Tristan da Cunha(1816)

Chypre

Socotra

Seychelles(1815)

Comores (1886)

Chagos(1814)

Cocos(1876) Nlles-Hébrides

(1906)

Nlle-Calédonie(1853)

Salomon(1893)

Mariannes(1899)

Guam(É.-U., 1898)

Carolines(1899)

Nlle-AmsterdamSt-Paul

KerguelenCrozet

Hongkong (1842)Macao (1862)

Maldives

Mayotte (1841)

Andaman(1852)

LIBERIA (1847)

Source : Atlas Bordas, Paris, 1990.2 000 km

Verbatim« Un mouvement irrésistible emporte les grandes nations européennes à la conquête de terres nouvelles […]. La politique coloniale est une manifestation internationale des lois éternelles

de la concurrence. » Jules Ferry, 1890.

GM8-21.indd 11GM8-21.indd 11 10/12/13 14:31:4910/12/13 14:31:49

LE MONDE EN 1914

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE12

Les puissances économiques

LE MONDE ÉCONOMIQUE EN 1913Certains auteurs ont écrit que la Première

Guerre mondiale était le résultat, entre

autres, de la crise économique de 1913.

Mais une étude des chiff res montre que

deux pays seulement ont connu une

récession de la production industrielle

cette année-là, la Suède et la France, avec

des reculs assez limités (respectivement,

– 3 % et – 2 %). Pour les autres pays, il

n’y a ni recul ni stagnation. À la crise des

années 1907-1909 a succédé une période

de croissance.

Progression industrielle. Au contraire,

la période qui précède 1914 est l’une des

plus favorables du XIXe siècle… si l’on

considère que celui-ci s’achève en 1914.

Aux États-Unis, le PNB augmente de 2 %

et le chômage baisse par rapport à l’an-

née précédente. La production industrielle

progresse fortement en Allemagne (+ 4 %)

et plus fortement encore aux États-Unis et

en Grande-Bretagne, avec 7 %, un chiff re

exceptionnel. Seule la Suisse fait mieux,

avec 10 %. La Belgique progresse aussi,

avec 3 %. Ce ne sont donc pas les mauvais

résultats de la Suède et de la France qui

pourraient faire parler de crise internatio-

nale, alors que les trois pays les plus indus-

trialisés se portent très bien.

Contrairement à ce qu’on pense généralement, les États-Unis sont devenus très tôt une puissance économique de premier plan. En termes de volume du PNB total, ils occupent la première place vers 1860 et, en termes de PNB par habitant, vers 1875. Quant à la production manufacturière, elle devient la première du monde vers 1890. La Grande-Bretagneperd ainsi sa première place dans le monde, mais elle est aussi menacée par l’émergence d’une nation bien plus dynamique qu’elle, l’Allemagne. Ce déclin annoncé n’est masqué provisoirement que par l’étendue de l’Empire britannique.

Progression du commerce. Sur le plan

des échanges, l’année 1913 est également

très bonne : la valeur des exportations aug-

mente de 6 % et leur volume, de 5 %. L’an-

née 1914 commence très bien et, selon les

données dont on dispose, on peut affi r-

mer que la première moitié de l’année est

excellente. Il n’y a donc aucune raison pour

écrire que certains pays ont voulu sortir de

la crise par la guerre. Peut-être peut-on

plutôt parler de rivalité économique....

RUSSIE ET JAPON, DEUX ADVERSAIRES EN PLEIN ESSOR ÉCONOMIQUE

La Russie, en raison des problèmes diplo-

matiques et politiques qui la secouent,

apparaît comme un empire très fragile au

début du XXe siècle, mais d’un point de

vue économique, tel n’est pas le cas : elle

est en train de devenir une puissance de

premier plan. Partant de plus loin que ses

principaux concurrents, elle connaît une

croissance époustoufl ante. De 1890 à 1900,

sa productivité industrielle augmente de

126 %, sa croissance est le double de celle

de l’Allemagne et le triple de celle des États-

Unis. En 1913, l’Empire russe a dépassé le

Royaume-Uni et devient la troisième puis-

sance économique, derrière les États-Unis

et l’Allemagne.

Jusqu’alors très dépendante des inves-

tisseurs étrangers, la Russie recouvre son

indépendance fi nancière : en 1914, le capi-

tal russe possède 51 % de l’économie natio-

nale, contre seulement 35 % en 1905.

Le Japon aussi sort de son isolement poli-

tique et économique. L’ère Meiji voit tout

d’abord la dissolution du système féodal.

L’État se centralise et l’empereur dispose

d’un pouvoir très étendu, presque absolu.

La révolution industrielle commence vrai-

ment à partir de 1860, avec un État qui

assure, à la fi n du XIXe siècle, entre 30 %

et 40 % des investissements et contrôle

presque totalement l’industrie lourde,

notamment l’armement et le chemin de

fer. À cette époque, l’industrie principale

au Japon est le textile ; elle représente 70 %

des entreprises. À la diff érence de l’Europe,

la main-d’œuvre y est féminine à 67 %. En

1914, le Japon est devenu la quatrième

nation exportatrice de textiles.

À partir de 1895, l’industrie lourde se déve-

loppe rapidement, notamment la construc-

tion navale, avec de grands groupes

comme Mitsubishi. Elle représente 26,7 %

de l’économie japonaise en 1914. Contrai-

rement à la Russie, le Japon n’est absolu-

ment pas endetté et ses capitaux sont

purement nationaux. Cela dit, le Japon

n’est pas encore une puissance économi-

que de premier plan. Sa part du PIB mon-

dial ne représente que 2,6 %, contre 5,3 % à

la France, 8,3 % à la Grande-Bretagne, 8,6 %

à la Russie, 8,8 % à l’Allemagne et 19,1 %

aux États-Unis.

Contrairement aux pays européens, direc-

tement concernés par une guerre qui va se

dérouler sur leur territoire et entraîner des

bouleversements politiques immenses, le

Japon, tout comme les États-Unis, sortira

renforcé de la Première Guerre mondiale....

QUAND LE PÉTROLE N’ÉTAIT PAS ENCORE DE L’OR NOIR…

En 1914, à l’âge de la machine à vapeur,

on consommait surtout le charbon dont

l’Europe et les États-Unis étaient largement

pourvus. Le premier puits de pétrole a été

inventé par le célèbre « colonel » Edwin

Laurentine Drake, aux États-Unis, en 1865.

Vers 1900, la production annuelle de

pétrole est de 21 millions de tonnes par an,

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE12

Verbatim« En 1914, les États-Unis

avaient un retard de près d’un demi-siècle sur les pays les plus avancés d’Europe en matière de lois sociales mais

les salaires réels des ouvriers y étaient les plus élevés. »

P. Bairoch, Victoires et déboires.

GM8-21.indd 12GM8-21.indd 12 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 13

ce qui représente 30 millions de tonnes en

équivalent charbon, alors que la consom-

mation annuelle en charbon est à l’époque

de 800 millions de tonnes ! Cependant, au

début du XXe siècle, les besoins en pétrole

commencent à croître, avec le développe-

ment de l’automobile et la possibilité de

son emploi dans les chaudières des navires.

L’essentiel de la production vient alors des

pays industrialisés, notamment des États-

Unis. Les autres pays n’assurent alors que

12 % de la production mondiale et la part

du Moyen-Orient, si écrasante aujourd’hui,

ne représente que 0,5 %....

LA PREMIÈRE CRISE ÉCONOMIQUE MONDIALE

Les diff érentes nations industrielles sont

déjà très liées entre elles à la fi n du XIXe siè-

cle. En 1907-1908, une crise économique

secoue le monde entier pour la première

fois. Elle trouve son origine aux États-Unis

et résulte d’une faillite due à la spécula-

tion, en l’occurrence celle d’une entreprise

engagée dans la spéculation sur le cuivre,

dont le cours a chuté. Cette société

entraîne dans sa chute une grande ban-

que, ce qui provoque des faillites en chaîne.

Les milieux fi nanciers sont alors pris d’une

véritable panique, connue depuis sous le

nom de « Roosevelt Panic ».

Aux États-Unis, la crise fi nancière se trans-

forme très vite en grave crise économi-

que. Les chiff res sont parlants : en 1908,

la production industrielle recule de 8 %.

Le chômage passe de 3 % en 1907 à 8 %

en 1908. Quant au PNB par habitant, il est

frappé encore plus durement, reculant de

10 %. Seule l’agriculture n’est pas touchée,

puisqu’elle progresse de 2 % en 1908. Ceci

montre que cette crise correspond exacte-

ment à une crise économique selon nos

critères actuels.

En Europe. Ce phénomène atteint aussi

l’Europe, notamment l’Allemagne et la

Grande-Bretagne. Le schéma est assez

similaire. L’agriculture continue de pro-

gresser mais, dans les autres domaines

économiques, une récession évidente

apparaît. Le PNB par habitant recule dans

la plupart des pays fortement industrialisés

de l’époque : Autriche, Belgique, France,

Grande-Bretagne, Pays-Bas, Suède. Notons

que l’Allemagne parvient à y échapper. La

Grande-Bretagne est particulièrement tou-

chée, notamment avec une baisse impor-

tante de la production industrielle : – 7 %.

Il s’agit du plus net recul depuis 1826 ! La

Grande-Bretagne n’est pas la seule aff ec-

tée, puisqu’en plus des États-Unis, l’Alle-

magne, la France et la Suède subissent une

diminution de leur production industrielle

soit en 1907, soit en 1908.

Dans le reste du monde. L’Australie et

le Canada sont touchés et la production

recule en Espagne, en Suisse et au Japon.

Autant dire que le monde industrialisé

dans son ensemble est concerné.

Le commerce. Fatalement, le commerce

international connaît une régression

importante : la valeur des exportations

diminue de 7,8 %, soit la plus forte baisse

depuis 1850, date de mise en place des

statistiques en ce domaine. Mais cette crise

est vite surmontée et les chiff res redevien-

nent positifs dès 1909.

OCÉANATL ANTIQUE

MerNoire

Merdu Nord

MerBaltique

Mer Médi ter ranée

5 175 4 425

4 0753 700

3 525

3 350

3 075

4 475

2 750

2 550

2 2752 000

1 850

1 700

1 675

1 675

1 5001 425

2 625

ALLEMAGNE

SUÈDE

AUTRICHE-HONGRIE

RUSSIE

FRANCE

ROYAUME-UNI

ESPAGNE

EMPIREOTTOMAN

ITALIE

NORVÈGE

PAYS-BAS

BELGIQUELUX.

SUISSE

ROUMANIE

BULGARIE

GRÈCE

PORTUGAL

ALB.

MONT.

DANEMARK

SERBIE

FINLANDE

500 km

6 750

5 475

4 850

4 000

1 550

O C É A NP A C I F I Q U E

O C É A NI N D I E N

O C É A NP A C I F I Q U E

O C É A NA T L A N T I Q U E

RUSSIE

AFRIQUE-

OCCIDENTALE

FRANÇAISE

CHINE JAPON

INDE

AUSTRALIE

PERSE

CANADA

ÉTATS-UNIS

BRÉSIL

ARABIE

MEXIQUE

EUROPE

NOUVELLE-ZÉLANDE

ARGENTINE

Sour

ce :

Paul

Bai

roch

, Vic

toire

s et

déb

oire

s (to

me

2), H

istoi

re é

cono

miq

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soc

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du

mon

de d

u XV

Ie s

iècl

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nos

jour

s, Fo

lio h

istoi

re, G

allim

ard,

Par

is, 2

002.

PNB (produit national brut)par habitant (en équivalentdollars de 1995)400

2 000 km

PNB PAR HABITANT DES PAYS INDUSTRIALISÉS EN 1913

GM8-21.indd 13GM8-21.indd 13 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50

LE MONDE EN 1914

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE14

La question des nationalismesLa question des nationalismes agite l’Europe entière depuis le traité de Vienne qui, en 1815, solde défi nitivement l’héritage de la Révolution française et de l’Empire. Trois pays dominent alors l’Europe : la Russie, la Prusse et surtout l’Autriche qui, sous la férule de Metternich, empêche toute émancipation des peuples tentant de réaliser leur unité – Allemands, Italiens, Slaves d’Europe du Sud. Le statu quo perdure jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, puis l’Autriche subit une série de défaites militaires contre les Français, les Piémontais et les Prussiens, qui permettent la création d’une Italie indépendante, puis d’un Empire allemand en 1871.

Dantzig

Königsberg

Memel

Varsovie

Cracovie

Amsterdam

Strasbourg

Lyon

Marseille

Hambourg

Kiel

Gênes

Villersexel

Langensalza

Sedan

Bapaume

St-Quentin

BerlinLa Haye

Munich

Budapest

Rome

Turin Venise

Florence

Bruxelles

Prague

ZagrebTrente

Francfort

CologneDresde

Naples

Stuttgart

Brême

LübeckRostock

Copenhague

Breslau

Trieste

Sarajevo

Bénévent

MetzForbach

Frœschwiller

MagentaSolferino

Lissa

Castelfidardo

Sadowa

Düppel

Vienne

Berne

Custoza

MentanaCorse

Sardaigne

Sicile

Bornholm

Rhin

Danube

MerAdr ia t ique

M E RM É D I T E R R A N É E

MerTyrrhén ienne

Merdu Nord

MerBal t ique

R O Y A U M E D E P R U S S E

AUTRICHE-HONGRIE

EMPIREDE

RUSSIE

EMPIRE

OTTOMAN

FRANCE

ROYAUME

BOSNIE

HERZÉGOVINE

CROATIE

CARINTHIE

CARNIOLE

DALMATIE

VÉNÉTIE

CONFÉDÉRATION

HELVÉTIQUE

ROYAUME

DE SARDAIGNE

GRAND-DUCHÉDE TOSCANE

ÉTATS

DE

L’ÉGLISE

SAVOIE

ROYAUME

DE BELGIQUE

GRAND-DUCHÉDE LUX.

ROYAUMEDE DANEMARK

ROYAUMEDE SUÈDE

ET DE NORVÈGE

BOHÊMEGALICIE

ROYAUMEDE BAVIÈRE

ROYAUMEDE

WURTEMBERG

MECKLEMBOURG

SCHLESWIG

HOLSTEIN

OLD

ENBO

URG

GRA

ND

-DU

CHÉ

DE

BAD

E

PATRIMOINEDE ST-PIERRE

LOMBARDIE

COMTÉDE NICE

STYRIE

MORAVIE

ROYAUME

DES

PAYS-BAS

ALS

ACE

LORRAINE

NASSAU

DES

DEUX-SICILES

Sour

ce :

Atla

s Bo

rdas

, Par

is, 1

990.

Batailles (1859-1871)

Territoire prussien en 1863

Territoire acquis par la Prusseen 1865 (Lauenbourg)

Territoire occupé par la Prusseen 1864, annexé en 1866

Territoire annexé par la Prusseen 1866

Territoire annexé par l’Empireallemand en 1871(Alsace-Lorraine)

Limites de la Confédérationd’Allemagne du Nord(1866-1871)

Limites de l’Empire allemand(1871-1918)

Unité allemande

Unité italienne

Autriche-Hongrie (après 1867)

Territoire sarde en 1858

Annexions sardes en 1859

Annexions sardes en 1860

Annexions sardes en 1861

Annexions italiennes en 1866

Annexions italiennes en 1870

Territoires sardes cédésà la France en 1860

Cisleithanie

Transleithanie300 km

UNITÉS ALLEMANDE ET ITALIENNE 1854-1871

GM8-21.indd 14GM8-21.indd 14 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 15

DEUX ÉTATS NOUVEAUXLe congrès de Vienne, en 1815, conforte

la place hégémonique de l’Autriche en

Europe. Celle-ci domine l’Italie et l’Allema-

gne, myriade de petits États et de princi-

pautés. Pourtant, des mouvements natio-

naux apparaissent. Ils sont contenus par le

chancelier autrichien Metternich. En 1848,

un vent révolutionnaire secoue l’Europe

entière, mais échoue.

En Italie, Victor-Emmanuel et son premier

ministre, Cavour, s’allient avec Napoléon III

pour constituer une Italie indépendante.

Cette coalition bat les Autrichiens en

1859. Victor-Emmanuel devient roi d’Italie

en 1861. En Allemagne, c’est le chancelier

Bismarck qui impose la Prusse comme

puissance européenne. Il vainc le Dane-

mark en 1864, puis l’Autriche en 1866 et la

France en 1870. En 1871, le roi Guillaume Ier

est couronné empereur d’Allemagne....

L’AUTRICHE ET LA SERBIEL’une des principales causes de tension

en Europe du Sud est l’antagonisme

larvé entre l’Empire austro-hongrois et

la Serbie. En 1903, le roi de Serbie pro-

autrichien est assassiné par la Main noire,

une organisation nationaliste serbe. Dès

lors, la politique serbe devient franche-

ment anti-autrichienne. En 1908, l’an-

nexion de la Bosnie-Herzégovine par

l’Autriche provoque une très vive tension ;

la Serbie ne renonce à la guerre qu’en rai-

son des pressions de la Russie, alliée tradi-

tionnelle des Serbes, peuple slave. Sur le

papier, l’Empire austro-hongrois est plus

puissant que la petite Serbie, mais c’est un

empire malade. Avec moins de 1 % de la

population détenant 40 % des terres, c’est

l’État le plus inégalitaire d’Europe.

En outre, la domination des Autrichiens et

des Hongrois sur tous les autres peuples

est écrasante : cette inégalité ethnique

aff aiblit encore davantage la cohésion de

l’État. Tous les ingrédients sont réunis pour

une situation explosive....

DEUX CONFLITS DANS LES BALKANS

En 1912, la Serbie constitue l’Entente balka-

nique en s’alliant avec la Grèce et la Bulgarie

pour évincer les Turcs de leurs dernières

possessions d’Europe. La guerre éclate en

octobre 1912. Très vite, l’Empire ottoman

est battu et contraint d’abandonner tous

les Balkans, à l’exception de Constantinople

(Istanbul) et d’une petite partie de son

arrière-pays. Celle-ci demeure aujourd’hui

encore la seule partie européenne de la

Turquie. Les vainqueurs de 1912 ne tardent

pas à s’entre-déchirer pour le partage de la

Macédoine. Une nouvelle guerre éclate en

1913, dirigée cette fois contre la Bulgarie,

qui manifeste les ambitions les plus grandes

dans les Balkans. Confrontée à une coalition

réunissant la Grèce, la Serbie, le Monténé-

gro, puis la Roumanie et l’Empire ottoman,

la Bulgarie est logiquement battue. Elle le

paie lors du découpage défi nitif de la Macé-

doine, tandis que la Serbie devient la pre-

mière puissance régionale des Balkans.

Athènes

La Canée

Constantinople

Sofia

Belgrade Bucarest

Gallipoli

Tirana

Bregalnica

Monastir

Salonique

Kumanovo

Lüleburga

Tchataldja

Kirk-KilissaEdirne

Iannina

Shkodër

Durrës

Skopje

Cattaro

Ruse

Pirot

Sarajevo

Smyrne

Larissa

Plovdiv

Craiova

Mitrovica

Galatz

Varna

Burgas

Corinthe

Orsova

Silistrie

Cetinje

Pleven

Jassy

Crète

Rhodes

Cy

cl a

de s

Sp

or

a

de s

Îl

es

I

on

ie

nn

es

(unifiée en 1885,royaume en 1908)

(royaume en 1881)

(royaume en 1910)

(indépendanteen 1913)

(royaume en 1882)

(italien en 1912)

(annexée parl’Autriche-Hongrieen 1908)

Eubée

Lesbos

Chio

Lemnos

MerNoire

MerIon ienne

MerÉgée

M E RM É D I T E R R A N É E

Danube

Danube

Mer de Marmara

EMPIREOTTOMAN

EMPIRERUSSE

AUTRICHE-HONGRIE

ROUMANIE

BULGARIE

THRACE

ALBANIE

MACÉDOINE

CHALCIDIQUE

DODÉCANÈSE

BOSNIE-HERZÉGOVINE

MONTÉNÉGRO

TRANSYLVANIE

SERBIE

GRÈCE

ITALIE

par la Bulgarie

Batailles des première(octobre 1912-avril 1913)et deuxième (juin-juillet 1913)guerres balkaniques

Territoires acquis en 1913 (lors des traités de Londres,Bucarest et Constantinople) :

par la Grèce

par le Monténégro

par la Roumanie

par la Serbie

200 km

Sour

ce :

Atla

s Bo

rdas

, Par

is, 1

990.

LA GUERRE DES BALKANS 1912-1913

Verbatim« Des milliers de femmes et d’enfants morts de faim, des révolutionnaires devenus brigands […] : tel est le tableau de la vie sociale dans les provinces libérées. »

Léon Trotski, 1912, à propos de la

Macédoine.

GM8-21.indd 15GM8-21.indd 15 10/12/13 14:31:5010/12/13 14:31:50

LE MONDE EN 1914

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE16

Le jeu des alliances

LES FORCES EN JEU À LA VEILLE DE LA GUERRE

Les pays belligérants ont des popula-

tions de taille variée. L’Allemagne, forte

de 65 millions d’habitants (dont 40 mil-

lions de Prussiens), domine les autres

pays développés par sa population et

par la puissance de son armée. La France

compte 40 millions d’habitants et ne peut

Face au développement d’intérêts contradictoires, les grandes nations européennes cherchent à se prémunir contre la guerre. L’exemple du XIXe siècle a montré que les pays isolés étaient souvent vaincus, comme l’Autriche face à la coalition franco-piémontaise. Avant même le tournant du siècle, plusieurs nations signent des alliances, afi n de créer des blocs extrêmement puissants, établissant un équilibre de la terreur avant l’heure. Mais la formation de deux grands blocs – la Triple Alliance tout d’abord, puis la Triple Entente – va mener droit à la catastrophe lorsque le désir de guerre l’emportera. L’Europe entière basculera alors dans la guerre.

prétendre rivaliser avec l’Allemagne en

termes d’eff ectifs qu’en imposant un long

service militaire (trois ans) qui permet de

garder trois classes d’appelés dans l’armée

active. L’Angleterre, à l’opposé, ne possède

qu’une petite armée de métier, en grande

partie dispersée dans son immense

empire. La Russie, humiliée neuf ans plus

tôt par le Japon, dispose des eff ectifs théo-

riques les plus élevés, mais leur valeur est

faible. Seul le poids du nombre joue en sa

faveur. L’Autriche-Hongrie est composée

de tellement de peuples diff érents que

son armée est de valeur très inégale.

Pour toutes ces raisons, l’Allemagne pense

pouvoir gagner rapidement une guerre

européenne. ...

5 971 000

3 000 000

4 500 000

4 017 000

290 000

50 000

230 000

1 251 000

117 000

200 000 280 000

210 000

40 000

975 000

1915

19141917

1915

1916

1916

OCÉANATL ANTIQUE

Merdu Nord

MerNoire

MerBal t ique

M e r M é d i t e r r a n é e

ALLEMAGNE

SUÈDE

AUTRICHE-HONGRIE

RUSSIE

FRANCE

ROYAUME-UNI

ESPAGNEEMPIRE

OTTOMAN

ITALIE

NORVÈGE

PAYS-BAS

BELGIQUE

LUXEMBOURG

SUISSEROUMANIE

BULGARIE

GRÈCE

SERBIEPORTUGAL

ALBANIE

MONTÉ-NÉGRO

DANEMARK Puissances centrales

Effectifs mobilisés par les :

Puissances alliées

États neutres, entrés ensuiteen guerre aux côtésdes puissances centrales

États neutres, entrés ensuiteen guerre aux côtésdes puissances alliées

États demeurés neutres

Année d’entrée en guerre1915

50 000

500 kmSource : Martin Gilbert, The Routledge Atlasof the First World War, Routledge, New York, 2002.

LES EFFECTIFS MILITAIRES DES BELLIGÉRANTS

GM8-21.indd 16GM8-21.indd 16 10/12/13 14:31:5110/12/13 14:31:51

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 17

LES PUISSANCES EUROPÉENNES ET LE JEU DES ALLIANCES

Les alliances de Bismarck. Après la guerre

de 1871, la donne diplomatique est bou-

leversée et la France isolée. Afi n d’éviter

toute menace de revanche, Bismarck

cherche à accroître le poids de la nou-

velle Allemagne en Europe. Pour cela, il

prône la politique de la main tendue à

son adversaire d’hier, l’Autriche. N’avait-il

pas déclaré en 1866, au soir même de la

victoire prussienne de Sadowa : « Il faut

maintenant travailler à faire des Autri-

chiens des amis » ?

En 1872, Bismarck obtient un premier

grand accord international, l’Entente des

trois empereurs, signé par l’Allemagne,

l’Autriche et la Russie. En 1882, il isole un

peu plus la France en faisant signer un

accord entre l’Italie, l’Autriche et l’Alle-

magne : la Triplice. La Russie est cette fois

hors-jeu. Il est vrai qu’après sa victoire de

1878 contre les Turcs, une conférence

internationale à Berlin a été nécessaire

pour calmer ses ambitions.

La constitution d’un second bloc autour

de la France. Se sentant trahie par ses

anciens alliés, la Russie décide de se rap-

procher de la France. Cette démarche

marque les limites de la politique bis-

marckienne. Le prudent chancelier est

d’ailleurs bientôt destitué par le nouvel

empereur allemand, Guillaume II. L’Alle-

magne inaugure alors une politique exté-

rieure très tapageuse, avec nombre d’ac-

tions d’éclat destinées à faire comprendre

au monde entier que le pays occupe à

présent le premier rang en Europe. Cette

politique est assortie d’une course à l’ar-

mement qui inquiète tous les voisins de

l’Allemagne. Guillaume II veut aussi riva-

liser avec la Royal Navy, ce qui pousse la

Grande-Bretagne à sortir de son « splen-

dide isolement » pour se rapprocher

de la France. Ainsi la France réussit-elle

en quelques années à conclure des allian-

ces avec la Russie, puis avec la Grande-

Bretagne, en signant la fameuse Entente

cordiale de 1905.

En 1914, deux blocs opposés se font face

en Europe : la Triple Entente, qui com-

prend la Russie, l’Angleterre et la France,

et la Triple Alliance, regroupant l’Allema-

gne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.

OCÉANATL ANTIQUE

Merdu Nord

MerBal t ique

M e r M é d i t e r r a n é e

ALLEMAGNE

SUÈDE

AUTRICHE-HONGRIE

RUSSIE

FRANCE

ROYAUME-UNI

ESPAGNE

EMPIREOTTOMAN

ITALIE

NORVÈGE

PAYS-BAS

BELGIQUELUXEMBOURG

SUISSE

ROUMANIE

BULGARIE

GRÈCE

SERBIE

PORTUGAL

ALBANIE

MONTÉ-NÉGRO

DANEMARK

Puissances centrales

États anciennement associésaux puissances centrales, mais demeurés neutres lorsquela guerre a éclaté, et plus tardunis aux puissances alliées

Entente ou puissances alliées,à la suite des attaques allemandescontre la Belgique et autrichiennescontre la Serbie

États neutres

500 kmSource : Martin Gilbert, The Routledge Atlasof the First World War, Routledge, New York, 2002.

LES PUISSANCES EUROPÉENNES LE 4 AOÛT 1914

Verbatim« Un conquérant aime toujours la paix : il préférerait vous envahir sans rencontrer de résistance. »

Clausewitz, De la guerre.

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LE MONDE EN 1914

ATLAS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE18

Les plans militaireset les armées européennes

LE PLAN ALLEMANDLe plan Schlieff en prend en compte une

donnée stratégique de première impor-

tance : en cas de guerre sur deux fronts,

il sera nécessaire à l’Allemagne de vaincre

la France d’abord, avant de se retourner

contre la Russie. La durée de la mobilisa-

tion russe, estimée à six semaines, impose

une victoire éclair sur le front ouest. Tacti-

quement, Schlieff en prévoit une invasion

de la Belgique et du Luxembourg (pays

neutres) par une aile droite allemande

littéralement hypertrophiée : 53 divisions

d’active, sans compter les formations de

réserve et de remplacement, alors que

l’aile gauche ne compte que huit divisions,

chargées de tenir l’Alsace. Cette aile droite

doit s’enfoncer loin en Belgique avant de

se rabattre sur le nord de la France et d’en-

velopper Paris par l’ouest pour prendre à

revers toutes les armées françaises. Le plan

est audacieux et risqué....

LES PLANS FRANÇAISLe plan I, établi en 1875, prend en compte

toutes les faiblesses de la France révélées

par la défaite de 1870. Il impose un regrou-

pement des armées loin de la frontière, car

le pays a perdu toute sa ceinture fortifi ée

et son réseau ferré est perturbé. Il est donc

prévu de faire des eff orts très importants

dans trois domaines : la fortifi cation – afi n

de barrer la route à l’envahisseur –, la rapi-

dité de la mobilisation et la réduction de

la distance entre le lieu de regroupement

des armées et la frontière.

L’amélioration des défenses. Le plan

d’organisation défensive recrée une cein-

À peine la guerre de 1870 était-elle terminée que les états-majors français et allemand pensaient à l’inévitable revanche et préparaient des plans offensifs et défensifs. En 1914, la France en est à son 17e plan de guerre contre l’Allemagne ! Celle-ci dispose pour sa part, depuis la fi n du XIXe siècle, du plan Schlieffen, dont la portée est à la fois tactique et stratégique : il s’agit de permettre à l’Allemagne de gagner une guerre livrée sur deux fronts, en écrasant en six semaines l’armée française, pour se retourner ensuite contre l’armée russe. Le rôle de l’Autriche-Hongrie est purement subalterne et se borne à combattre le petit royaume de Serbie.

ture fortifi ée le long de la frontière. On

redoute alors que les Allemands ne cher-

chent à contourner ces défenses en violant

la neutralité belge. Dès 1878, les plans IV

et V prennent en compte cette hypothèse.

Ce n’est qu’en 1887, avec l’achèvement

des places fortifi ées de première ligne et

l’ouverture de nouvelles voies ferrées, que

le commandement français établit son pre-

mier plan à caractère off ensif, le plan VIII.

De multiples modifi cations interviennent

jusqu’au plan XVII, en vigueur en 1914.

Abbeville

Lille

Maubeuge

Paris

La Fère

Laon

Reims Verdun

Langres

Épinal

Belfort

Toul

Metz

Thionville

Cologne

Namur

Liège

Longwy

Gand

St-Quentin

Arras

Soissons

Châlons-sur-Marne

Trèves

Nancy

Mézières Sedan

BruxellesBonn

Aix-la-Chapelle

Morhange

Sarrebourg

Mons

Amiens

Boulogne

Rethel

Dunkerque

Givet

Ypres

Rhin

Meu

se

Marne Seine

Aisne

Moselle

Oise

Oise

Esca

ut

Somme

Seine

Man

che

Mer du Nord

FRANCE

ALLEMAGNE

BELGIQUE

PAYS-BAS

LUXEMBOURG

SUISSE

50 km

Source : Arthur Banks, A MilitaryAtlas of the First World War,Leo Cooper, Barnsley, 1989.

Ligne de concentration de l’armée allemande

Positions à atteindre avant le 23 août 1914

Positions à atteindre avant le 1er septembre 1914

Avancée de l’aile droite des armées allemandes

LE PLAN SCHLIEFFEN

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Atlas

YVES BUFFETAUT

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Imprimé et broché en France

Nouvelle édition augmentée

Yves Buffetaut est docteur en histoire et travaille depuis trente ans sur la Grande Guerre. Éditeur et directeur d’Ysec Éditions, il a collaboré à plusieurs revues spécialisées (Batailles, Militaria), est rédacteur en chef de la revue Tranchées et a écrit de nombreux ouvrages d’histoire militaire.

Fabrice Le Goff, cartographe indépendant, a conçu et réalisé les cartes de cet atlas.

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