Au tempsd’AntoineWatteau

SOMMAIRE

2-3 Présentation des personnages

4-5 Antoine Watteau, un enfant de la paroisse Saint-Jacques

6-7 L’arrivée de Watteau à Paris

8-9 La formation du jeune peintre

10-11 Ses bienfaiteurs et ses amis

12-13 De retour à Valenciennes

14-15 Le costume

16-17 La Chute d’eau : un paysage rêvé

18-19 Reconnaissance officielle et fin de vie

20-21 Le voyage en Angleterre

22-23 Sur les traces d’Antoine Watteau à Valenciennes

24-25 La recette des poupelins

26-27 À faire toi-même

Au tempsd’AntoineWatteau

Les pâtissiers travaillent généralement chez les nobles. Ils les suivent dans leurs déplacements. Le sucre provient des Antilles mais reste très cher. Au XVIIIème siècle, on aime les tourtes, les croquantes et les entremets de crème de pistache. On raffole de la crème Chantilly, des gâteaux d’amande, et des croquantes au caramel. Les glaces sont aussi à la mode. On donne aux pâtisseries de jolis noms : croquets, croquignoles, gimblettes, oublies et poupelins* sont des “délicieusetés“ bien connues.

Antoine Watteau semble toujours un peu triste, est réservé, solitaire même. Il aime travailler seul loin des regards, le teint blanc et maladif mais dévoré de passion pour sa peinture. Jeune, Watteau dessine déjà beaucoup.

CHEZ MAÎTRE POUPELIN

Madeleine Poupelin est blonde comme les blés, parle beaucoup et n’a pas froid aux yeux. Elle a presque l’œil coquin et rêve de devenir comédienne dans une compagnie italienne.

Myrtille Poupelin est auburn, souriante mais timide et plus réservée que sa sœur. Elle désire travailler avec ses parents et reprendre l’échoppe quand elle sera grande.

*les poupelins étaient de délicieuses pâtisseries qui ressemblent étrangement à nos petits choux2 - 3

Issu d’une famille de couvreurs en

tuiles, Antoine a grandi dans l’un des

plus anciens quartiers de la ville, à

proximité de l’église Saint-Jacques,

située “au-delà“ de l’Escaut* et où il a

été baptisé en 1684.

Avec Myrtille et Madeleine, ils y

croisent très souvent des pèlerins*

en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Parfois, attiré par le cliquetis des

fuseaux*, le trio assouvit sa curiosité

par un burguet* entrouvert, découvrant

les dentellières à l’ouvrage au fond

d’une cave humide et sombre.

Leurs créations si fines donnent le ton

de la mode jusque dans la capitale !

ANTOINE WATTEAU, UN ENFANT DE LA PAROISSE SAINT-JACQUES

Ce dessin de l’église Saint-Jacques est tiré de l’Histoire ecclésiastique de la ville et comté de Valentienne de Simon Le Boucq (1591-1657)(Bibliothèque municipale de Valenciennes)

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* “Au-delà de L’Escaut“ : sur la rive gauche.* un pèlerin est une personne qui se rend dans un lieu saint pour prier. De nombreux fidèles se rendent à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne en pélerinage.* des fuseaux étaient des bobines en bois servant à enrouler le fil pour la fabrication de la dentelle.* un burguet était une porte d’entrée de cave située en façade d’une maison conduisant à un atelier de fabrication de dentelle.

Paris compte 665 rues dont la plupart sont de tout petits boyaux* qui se tordent, serpentent, s’étranglent, formant un corset trop serré. Que l’on soit misérable ou cousu d’écus*, que l’on circule à pied ou à cheval, on va très mal de la Porte Saint-Honoré à la Porte Saint-Antoine. Les venelles* encombrées, sombres et insalubres, sont propices aux accidents. Les immeubles et les ateliers débordent sur la rue. Les boutiquiers entreposent leurs marchandises sur le pas de porte et il n’est pas rare que princes et gueux* trébuchent sur un cochon.

L’ARRIVÉE DE WATTEAU À PARIS

Paris est une ville qui fourmille maisJean Antoine Watteau va pouvoir y étudier les figures et les costumescomme ici dans cette vue d’une femme de dos sur une escarpolette (balançoire).

*un boyau est une petite rue*l’écu était une monnaie de l’époque*une venelle est une petite ruelle*les gueux sont les pauvres gens

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Antoine Watteau aura successivement à Paris deux maîtres. Claude Gillot, peintre et décorateur de théâtre, aime représenter des comédiens, surtout ceux de la commedia dell’arte, venus d’Italie comme Arlequin avec son masque et son costume bariolé. Puis il travaille avec le peintre Claude III Audran, décorateur d’intérieur : il réalise pour des châteaux et des hôtels parti-culiers des panneaux aux arabesques* légères. Il dessine beaucoup, saisissant sur le vif les attitudes des personnes qu’il côtoie. Il les rassemble ensuite dans d’élégantes conversations où l’on se fait la cour.

LA FORMATION DU JEUNE PEINTRE

*une arabesque est une ligne formée de courbes, inspirée de motifs végétaux stylisés.

*une arabesque est une ligne formée de courbes, inspirée de motifs végétaux stylisés.

Le Faune et L’Enjôleur, 1707-1708, Musée des Beaux-Arts de ValenciennesAntoine Watteau peint ces arabesques pour l’hôtel particulier de Nointel à Paris. On y voit un faune et des amoureux.

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Arrivé à Paris, Antoine rencontre Monsieur de Jullienne, riche marchand et directeur de la Manufacture des Gobelins qui collectionne très tôt ses dessins. Il se lie d’amitié avec le jeune comte de Caylus qui fréquente les Salons à la mode où se déroule la vie intellectuelle et artistique. Un jour, alors qu’il peint des tableaux en série* sur le Pont Notre-Dame, il rencontre celui qui deviendra son fidèle ami, un marchand de tableaux nommé Gersaint. Vient ensuite Crozat, un riche collectionneur de retour d’Italie... Ce dernier, qui décèle chez lui toutes les qualités d’un grand artiste, lui permet de consulter à sa guise l’ensemble de ses collections personnelles. C’est ainsi qu’Antoine puise dans les peintures et les dessins les sources d’une toute nouvelle inspiration pour ses œuvres à venir... rêvant de l’Italie et de son entrée à l’Académie...

SES BIENFAITEURS ET SES AMIS

Portrait de Jean de Jullienne par François de Troy (1645-1730), Musée des Beaux-Arts de ValenciennesJean de Jullienne (1686-1766) était un ami d’Antoine Watteau. Il a fait graver de nombreux dessins et tableaux de lui dans des livres appelés Recueil Jullienne.

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*tableaux en série : il s’agit de tableaux réalisés en grande quantité par plusieurs peintres à la fois (chacun peignant une seule partie du tableau et toujours la même comme par exemple un ciel, un personnage... etc.)

E n 1 7 0 9 , W a t t e a u r e v i e n t à Valenciennes, en raison du décès de son grand-père. I l y reste un an et y retrouve son amie d’enfance Myrti l le, devenue pâtissière. Il fréquente assidûment le sculpteur Anto ine Pater , dont i l fa i t le portrait. Il fait aussi la connaissance de son fils Jean-Baptiste qui deviendra plus tard son élève. En vi l le, i l rencontre beaucoup de soldats car c’est l ’année qui suit la bata i l le de Malp laquet, une terrib le défaite pour Louis XIV, ce roi qui a ime tel lement la guerre. Watteau peint les soldats dans des haltes où i ls se reposent.

DE RETOUR À VALENCIENNES

Ici à droite, le Portrait d’Antoine Pater (1670-1747) peint par Antoine Watteau.Ce sculpteur valenciennois avait du caractère, ce que Watteau rend très bien. Antoine Watteau avait un talent particulier pour capter la psychologie de ses modèles.

Watteau va dessiner les soldats sous toutes les coutures : au repos, en train de boire, debout, assis dans l’herbe, portant leurs armes, le tambour sur l’épaule...

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Ici à droite, le Portrait d’Antoine Pater (1670-1747) peint par Antoine Watteau.Ce sculpteur valenciennois avait du caractère, ce que Watteau rend très bien. Antoine Watteau avait un talent particulier pour capter la psychologie de ses modèles.

Watteau aime peindre les costumes. Á son époque, la femme porte la contouche*. La robe à la française est composée d’une pièce d’estomac* et de deux jupes drapées sur des paniers*. C’est aussi la mode de la croate*, de l’éventai l et des escarpins*. L’homme porte un justaucorps laissant passer l’épée, une veste, une culotte, une chemise à jabot, des bas, des soul iers à boucles et un chapeau. Watteau peint aussi la commedia dell’arte ; dans ce théâtre populaire ital ien, les acteurs sont masqués et portent des costumes colorésIls s’appellent Arlequin, Colombine, Pierrot et Pol ichinel le et jouent des histoires drôles pour se moquer des princes et des gens de la rue.

LE COSTUME

*la contouche est une robe d’intérieur sans ceinture avec des plis dans le dos (que l’on appelle aussi robe à la française ou robe à la Watteau)*la pièce d’estomac est un tissu très décoré placé sur le devant de la robe*les paniers sont des armatures que l’on porte sous la jupe *la croate est une bande de dentelle que l’on porte autour du cou*les escarpins sont des chaussures à talons hauts en soie brodée

Watteau aime particulièrement dessiner les comédiens et montre souvent avec beaucoup de précision les instruments de musique de son époque.

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On joue beaucoup la comédie à Valenciennes au XVIIIème siècle comme on peut le voir dans cette Scène de carnaval de Carel Jacob de Crec (début XVIIIème siècle, Musée des Beaux-Arts de Valenciennes). On se trouve ici chez le prince de Croÿ au château de l’Hermitage (forêt de Bonsecours à Condé-sur-l’Escaut) et ses serviteurs jouent des rôles et de la musique pour lui et ses amis.

*la contouche est une robe d’intérieur sans ceinture avec des plis dans le dos (que l’on appelle aussi robe à la française ou robe à la Watteau)*la pièce d’estomac est un tissu très décoré placé sur le devant de la robe*les paniers sont des armatures que l’on porte sous la jupe *la croate est une bande de dentelle que l’on porte autour du cou*les escarpins sont des chaussures à talons hauts en soie brodée

Au XVIIIéme siècle, l’Italie et sesnombreux sites archéologiques éveillent la curiosité des artistes.Les paysages de ruines et les dessins de la Rome antique font partie de l’apprentissage des peintres.Bien que ce soit son rêve, Antoine Watteau n’a pas la chance d’y séjourner.C’est dans les carnets de voyage et de dessins des autres peintres qu’il puise son inspiration. La Chute d’eau est un paysage* au centre duquel se trouve représentée la grande cascade de Tivoli, près de Rome.Après avoir disparu, ce tableau a été retrouvé par un collectionneur privé, qui l’a récemment déposé au Musée de Valenciennes, ville natale d’Antoine Watteau.

LA CHUTE D’EAUUN PAYSAGE RÊVÉ

*un paysage est la vue d’une région que l’on observe et dessine depuis un endroit précis.

*un paysage est la vue d’une région que l’on observe et dessine depuis un endroit précis.

Antoine Watteau, La Chute d’eau, avant 1715,dépôt des Amis Américains du Musée du Louvre,Musée des Beaux-Arts de Valenciennes

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En 1717, pour être reçu membre de l’Académie des Beaux-arts, Watteau présente aux académiciens son morceau de réception*: Le Pèlerinage à l’île de Cythère*. Le secrétaire de séance raye le titre proposé et note ”une fête galante”. Cette expression désigne dès lors un nouveau genre qui connaîtra un immense succès. Watteau a de nombreux admirateurs et acheteurs. Il travaille et vend beaucoup en France et à l’étranger.Malheureusement il est atteint d’une terrible maladie des poumons, la tuberculose, qui l’emporte fort jeune, en 1721, à l’âge de trente-sept ans.

RECONNAISSANCE OFFICIELLE ET FIN DE VIE

*un morceau de réception est l’œuvre que doit exécuter l’artiste afin de montrer son savoir-faire le jour où les académiciens votent pour l’accueillir dans leur assemblée.*Cythère est une île dédiée à Vénus, déesse de l’amour dans la mythologie grecque.

Le Pèlerinage à l’île de Cythère (ou L’Embarquement pour Cythère) d’Antoine Watteau est conservé au Louvre, à Paris. Des couples d’amoureux s’en retournent chez eux. Ils quittent l’île de Cythère où ils ont passé un moment. Certains montent dans un bateau. D’autres sont encore devant la statue de la déesse de la beauté Vénus et retardent l’heure du départ.

*un morceau de réception est l’œuvre que doit exécuter l’artiste afin de montrer son savoir-faire le jour où les académiciens votent pour l’accueillir dans leur assemblée.*Cythère est une île dédiée à Vénus, déesse de l’amour dans la mythologie grecque.

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En 1719, Watteau est en Angleterre, il est malade et consulte à Londres un célèbre médecin, le docteur Mead. Mais le brouillard et l’isolement aggravent son état. Comme un reporter qui prend des notes, Watteau dessine les gens autour de lui d’une façon si vivante qu’on a presque l’impression de les voir bouger sur le papier. Il dessine les costumes anglais. Plus confortables et plus simples, ils in-fluenceront plus tard la mode française. Aux robes fleuries ou unies, dans les dessins de Watteau, vont succéder les robes à rayures inspirées de la mode anglaise.

LE VOYAGE EN ANGLETERRE

Watteau est trop malade pour avoir le temps de mettre ses études de costumes anglais dans ses peintures.

C’est Jean-Baptiste Pater (1695-1736), qui a été son élève quelques temps, qui peint les costumes à rayures typiquement anglais dans ses tableaux, comme Les Délassements de la campagne et Le Concert champêtre (Musée des Beaux-Arts de Valenciennes)

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Si Myrtille et Madeleine avaient la possibilité de nous rejoindre en traversant les siècles qui nous séparent, el les se retrouveraient à l’ombre de l’église Saint-Géry au pied d’une fontaine pensée par Jean-Baptiste Carpeaux* pour rendre hommage à Watteau. Elles s’apercevraient également que ce joli square arboré porte aujourd’hui le nom d’Antoine Watteau. De même, dans les jardins du Musée des Beaux-arts, elles pourraient assister avec beaucoup d’émotion à son couronnement... Ce groupe*, composé d’un buste de Watteau accompagné d’un personnage féminin, est un hommage rendu par le sculpteur Henri Lombard* à l’ensemble de son œuvre.

SUR LES TRACES D’ANTOINE WATTEAU À VALENCIENNES

* Jean-Baptiste Carpeaux était un grand artiste valenciennois, Grand Prix de Rome, ayant vécu au XIXème siècle* un groupe est une sculpture comportant plusieurs personnages* Henri Lombard était un sculpteur français renommé, lui-aussi Grand Prix de Rome

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Fais bouillir 20 cl d’eau avec une pincée de sel, 1 cuillère à soupe de sucre, et 100 g de beurre.

Aussitôt le beurre fondu, ajoute 130 g de farine et remue bien hors du feu. Cuis cette pâte

5 min sans cesser de remuer puis retire la casserole du feu. Incorpore ensuite 1 œuf entier,

3 jaunes d’oeufs, de la muscade et enfin 2 ou 3 blancs d’œufs fouettés en neige.

Fais de petits tas sur une plaque de cuisson, saupoudre de sucre et cuis le tout à four doux

pendant 30 min (150°C - th 4/5).

Tu peux ensuite fourrer tes choux de gelée de fruits (ou de crème) pour former des poupelins

comme au XVIIIème siècle.

LA RECETTE DES POUPELINS

Fais bouillir 20 cl d’eau avec une pincée de sel, 1 cuillère à soupe de sucre, et 100 g de beurre.

Aussitôt le beurre fondu, ajoute 130 g de farine et remue bien hors du feu. Cuis cette pâte

5 min sans cesser de remuer puis retire la casserole du feu. Incorpore ensuite 1 œuf entier,

3 jaunes d’oeufs, de la muscade et enfin 2 ou 3 blancs d’œufs fouettés en neige.

Fais de petits tas sur une plaque de cuisson, saupoudre de sucre et cuis le tout à four doux

pendant 30 min (150°C - th 4/5).

Tu peux ensuite fourrer tes choux de gelée de fruits (ou de crème) pour former des poupelins

comme au XVIIIème siècle.

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Au temps d’Antoine Watteau est édité à l’occasion de la réouverture du musée des Beaux-Arts

de Valenciennes, et de l’exposition temporaire “Rêveries italiennes, Watteau et les paysagistes

français du XVIIIème siècle“, autour de l’œuvre récemment redécouverte la Chute d’Eau.

Textes : Gaëlle Cordier, Françoise Dehont, Annie Dubreuil, Véronique Letailleur

Dessins originaux : Philippe Bertaux

Pages Dress code, création originale : Yveline Bertaux

Musée des Beaux-Arts de Valenciennes

Boulevard Watteau - 59300 Valenciennes

Tél : 03 27 22 57 20 - Fax : 03 27 22 57 22

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