Auguste Saudreau Les Divines Paroles

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Abb Auguste Saudreau, o.p.

Recueil d'Apparitions de Jsus aux Saints et aux Mystiqueslivre dit en 1882 sous le titre : Les Divines Paroles ou ce que le Seigneur a dit ses disciples dans le cours des sicles chrtiens

Prsentation du Rvrend Pre Auguste Saudreau DominicainQuelles sont ces Divines Paroles ? Ce ne sont pas, il est vrai, les paroles inspires par Dieu ses crivains sacrs ou prononces par Notre-Seigneur Jsus-Christ, dont l'ensemble forme les livres saints de l'ancien et du Nouveau Testament. Ce sont des paroles adresses des mes saintes par le Seigneur, le Dieu vrit et amour. Tantt elles se faisaient entendre dans l'air comme une voix venant du Ciel ; tantt elles paraissaient sortir de la bouche du Crucifix ; tantt elles taient prononces dans le mystrieux silence de ces mes pendant leurs sublimes extases ; tantt Notre-Seigneur les leur adressait de ses lvres dans ses divines apparitions. Nous affirmons que toutes ces paroles ont t empruntes des vies de saints et de saintes publies par leurs pieux et savants auteurs, avec l'approbation de l'autorit ecclsiastique. Nous les avons classes sous diffrents titres, pour qu'elles offrent des enseignements divins sur presque toutes les matires qui sont l'objet de la doctrine chrtienne : Sur Dieu et ses principaux attributs ; Sur Notre-Seigneur Jsus-Christ ; Jsus consolateur ; Jsus victime ; Sur toutes les vertus thologales et morales ; Sur la Foi et l'humilit ; Sur l'Esprance et la confiance ; Sur la mortification, la patience et l'amour de la Croix ; Sur la Charit envers Dieu et envers le prochain ; Sur le zle ; Sur la vie religieuse et ses trois vux ; Sur la perfection ; Sur l'union Dieu ; Sur le parfait abandon ; Sur les fins dernires ; Sur la prire et le saint office ; Sur le Sacrements et sur les dvotions. Nous avions recueilli ces Divines Paroles dans le but de rendre nos oraisons et nos prdictions moins infructueuses. L'exprience et les conseils de Religieux clairs nous donnant l'espoir que ces paroles pourraient faire du bien, nous les publions en les ddiant spcialement aux mes sacerdotales, religieuses, pieuses, toutes celles qui aspirent une union plus intime avec Dieu, par Notre-Seigneur Jsus-Christ. Notre-Seigneur Jsus-Christ a dit sainte Gertrude : Si tu veux avoir des reliques qui attirent avec efficacit mon cur vers celui qui les possde, lis le texte de ma passion, considre avec soin les paroles que j'ai prononces avec le plus d'affection, cris-les et conserve-les comme des reliques. mes pieuses, voici le livre qui renferme les paroles que Notre-Seigneur a adresses ses intimes. Acceptez-les, nous vous l'offrons comme un reliquaire sacr qui inclinera le cur de Jsus vers votre cur et vous inspirera de lui adresser souvent et toujours avec efficacit cette

prire : cur de mon Dieu, soyez le Dieu de mon cur. Nous vous l'offrons dans la pense qu'aprs les Saintes critures, c'est celui qui peut-tre vous fera mieux connatre et plus aimer le Seigneur votre Dieu. Chaque jour, prenez et lisez quelques pages de ce livre en disant votre me : Mon me, coute le Seigneur et nourris-toi de sa Parole. Nous protestons que nous nous soumettons pleinement aux prescriptions du dcret de Notre Trs Saint-Pre le Pape Urbain VIII, dcret expdi la Sacre Congrgation de l'Inquisition universelle de l'glise romaine, le 13 mars 1625, et confirm le 5 juillet 1634. Nous protestons encore de notre parfaite soumission au jugement de la sainte glise romaine.

Offrande Dieu du livre des Divines Paroles

Seigneur, voici le Livre de vos Divines Paroles, je vous l'offre prostern vos pieds ; puisse votre infinie bont l'accepter et le bnir, en disant de lui ce que vous avez dit du livre de sainte Mechtilde : Tout ce qui est crit dans ce livre a coul de mon cur divin et y reviendra ; tous ceux qui me cherchent avec un cur fidle y trouveront une cause de joie ; ceux qui m'aiment s'embraseront davantage en mon amour et ceux qui sont dans l'affliction y trouveront la consolation. Je vous l'offre, ce livre, vous suppliant humblement de faire pour lui ce que vous avez fait pour le livre de sainte Gertrude quand vous avez dit : Je presse ce livre contre ma poitrine, pour en pntrer toutes les lettres de la douceur de ma divinit, ainsi qu'un doux hydromel pntre une bouche de pain frais de pure fleur de froment, afin que celui qui, pour ma gloire, lira ce livre avec une humble dvotion en peroive un fruit de salut ternel. Je sanctifie en ce moment, par ma cleste bndiction, tout ce qui est crit dans ce livre pour le salut de ceux qui voudront y lire avec une humble dvotion. Je pntrerai de la douceur de mon amour divin et je fconderai toutes les paroles de ce livre qui m'est offert en ce moment. Quiconque venant moi avec un cur humili, voudra y lire pour l'amour de mon amour, je le prendrai en mon sein et lui montrerai, comme de mon doigt, les endroits qui lui seront utiles. Et de plus, je m'approcherai alors si prs de lui que, de mme qu'une personne qui a la bouche pleine d'arme exhale une douce haleine, sensible ceux qui l'approchent, je lui ferai sentir alors, avec efficacit, le souffle de ma divinit pour le salut de son me. Je vous l'offre, ce livre, en conjurant votre bonne Providence de le rpandre partout o il pourra faire du bien ! Je vous l'offre et je vous supplie, mon Dieu, de le couvrir de votre bndiction, afin que ces Divines Paroles produisent dans l'me de ceux qui les liront ces mmes fruits de grces et de vertus qu'elles ont produits dans l'me des saints qui les ont reues de vos lvres divines. Sainte-Baume (Var), 22 juillet 1883, fte de sainte Madeleine.

NIHIL OBSTAT D.DURESNE, CENSOR IMPRIMATUR Andegavi, die 25 Julii 1936. Josephus, Episcopus Andegavensis.

ProtestationHumblement soumis aux dcrets su Daint-Sige Apostolique, nous protestons qu' tous les faits rapports dans cet ouvrage, ainsi qu'aux pithtes de Bienheureux ou de Saint, s'il nous arrive de les attribuer des serviteurs de Dieu non canoniss, nous n'entendons reconnatre qu'une autorit purement humaine ; nous protestons en outre que tout cet ouvrage, nous le soumettons sans restriction aucune, et dans les sentiments de la plus respectueuse et filiale obissance au jugement de la Sainte glise

PREFACE D'AUGUSTE SAUDREAU L'ouvrage que nous donnons de nouveau au public fut compos en 1882 par notre oncle vnr, le Rvrend Pre Saudreau, dominicain, alors gardien de la Sainte-Baume 1. Quand les ditions faites de son vivant furent puises, nous crmes faire uvre utile en prparant une quatrime dition. Mais des retouches s'imposaient. Dans les premires ditions, toutes les citations taient sans rfrences ; l'auteur ne visant que l'dification, n'indiquait jamais ses sources. Nous avons pu, force de recherches, faire connatre les livres et les chapitres de ces livres o taient rapportes les paroles rvles; fort peu nous ont chapp. Il nous a paru bon d'augmenter ce recueil. Beaucoup de trs belles paroles pouvaient y tre ajoutes ; nous n'avons pas voulu en priver le lecteur. Cet appoint est considrable ; il forme plus de la moiti du prsent ouvrage. Des chapitres nouveaux ont t insrs, composs en trs grande partie de nouvelles citations. Certaines transpositions semblaient ncessaires, transpositions de paroles qui taient mieux leur place en d'autres chapitres, transpositions de quelques chapitres qui nous ont paru justifies. Ainsi les trois vertus thologales, qui taient spares, ont t rapproches ; l'ordre adopt nous a paru plus logique. Les textes ont t revus ; de presque tous les textes non franais nous avons pu trouver l'original, et quand nous l'avons cru meilleur, nous avons corrig la traduction. La plupart des titres ont t modifis ; nous nous sommes appliqu bien mettre en lumire dans le titre la pense principale qu'exprimaient les Divines Paroles, la vrit pratique qu'elles voulaient nous communiquer. C'est donc toute une refonte que nous avons faite, et nous l'avons faite sans scrupule, convaincu que si le vnr auteur avait t vivant, il et accept de grand cur ces modifications, ou plutt qu'il et lui-mme amend et perfectionn son uvre Dans cette cinquime dition (1936) ont t ajoutes un bon nombre de Divines Paroles fort instructives et trs touchantes. Quelle autorit faut-il attribuer aux paroles rvles que nous prsentons au lecteur ? Les thologiens nous enseignent que, alors mme qu'elles sont rapportes par les saints, on ne peut garantir avec pleine certitude la provenance divine des rvlations prives ; les plus saints eux-mmes ont pu parfois se tromper en croyant que c'tait Dieu qui leur parlait 2. Plusieurs de ces rvlations ont, il est vrai, t recommandes par l'glise, mais quand l'glise approuve ou mme recommande des rvlations prives, elle se borne dclarer qu'on peut les croire pieusement, qu'elles ne renferment rien de contraire son enseignement, qu'elles sont difiantes et salutaires. Nous dclarons donc que nous n'affirmons pas d'une manire certaine l'origine divine des paroles cites dans cet ouvrage. Les probabilits pour toutes ne sont pas gales ; pour les bien peser il faudrait considrer, entre autres choses, si elles sont rapportes par le personnage mme qui les a entendues ou par d'autres tmoins, si la personne qui les a entendues les a rapportes ou crites aussitt aprs, ou aprs un long intervalle. Sainte Thrse, la fin du livre de sa vie (ch.39), fait la dclaration suivantes : Beaucoup de choses que j'cris ici ne sont pas de ma tte, elles m'ont t dites par mon Matre cleste. Quand je dis expressment : j'ai entendu ceci, ou le Seigneur m'a dit, je me ferais grand scrupule d'ajouter ou de retrancher une seule syllabe ; quand je ne me rappelle pas tour ponctuellement, et qu'il peut y avoir du mien dans ce que je dis, je parle comme de moi-mme. Mais tous les privilgis du Seigneur ne prennent pas les mmes prcautions, et plusieurs ont pu traduire avec une exactitude moindre les penses qui leur taient communiques.1Le R.P. Sautereau naquit Saint-Lambert-du-Lattay (Maine et Loire) le 24 octobre 1821. En 1851, aprs plusieurs annes de ministre Angers, il entra chez les Dominicains. Jusqu' sa mort, il fut un prdicateur infatigable. En 1861, il succda au P. Lacordaire, comme provincial de France. Il a laiss la rputation d'un religieux de trs sainte vie et d'un zle admirable. IL mourut le 12 fvrier 1898 2Nous n'insistons pas sur ces principes, les ayant exposs plus longuement dans un autre ouvrage : L'tat mystique et les Faits extraordinaires de la vie spirituelle.

La grande rgle qui doit nous conduire, quand on nous rapporte des rvlations prives et quand le tmoin est vraiment digne de foi, est celle que donne saint Paul : Ne mprisez pas les prophties, mais prouvez tout et retenez ce qui est bon. (1 Thess.,5,20.) prouver les paroles rvles, c'est surtout les rapprocher des enseignements de la foi ; garder ce qui est bon, c'est retenir ce qu'elles prsentent de certain et d'difiant. Remarquons que les saints, indpendamment des paroles qu'ils entendent ou croient entendre, reoivent certainement de Dieu, par le moyen des dons du Saint-Esprit, de grandes et prcises lumires ; quand ils parlent, quand ils exposent leurs penses, les lumires dont ils sont combls par le Seigneur donnent beaucoup d'autorit leurs paroles ; ils sont encore le plus souvent l'cho du Saint-Esprit, mme s'ils ne rapportent pas des paroles sorties de la bouche de Dieu ; et s'ils se trompent en croyant inspires les penses qui viennent d'eux, encore est-il que ces penses sont le fruit de leurs rflexions et des illuminations de la grce. Supposez mme qu'aucune des paroles qui sont ici prsentes au lecteur ne ft de Dieu, il est certain que cet ouvrage serait encore trs difiant, trs instructif et rempli d'une doctrine trs conforme la doctrine rvle. Notre-Seigneur y apparat vraiment tel qu'il se montre dans l'vangile, plein d'amour, de bont, de misricorde et de saintet. Que le lecteur nous permette de lui faire une recommandation : qu'il ne cherche pas en lisant ce livre satisfaire sa curiosit et dvorer avidement un grand nombre de pages ; il serait du et il n'en retirerait gure de profit. La plupart des paroles ici rapportes ont plus de profondeur que d'clat ; elles gagnent tre lues posment, tre savoures, tre relues encore. Certaines personnes qui ne peuvent s'astreindre une marche trop mthodique l'oraison, et qui pour ce motif ne gotent gure la plupart des livres de mditation, ont pourtant besoin de quelque bon livre pour se mettre dans de pieuses penses au dbut de ce saint exercice ; la lecture d'une ou de plusieurs des paroles de cet ouvrage pourrait beaucoup les aider. Certes, nous n'avons pas donn ici tous les enseignements que les saints ont attribus au Seigneur. Ainsi dans le beau livre des dialogues de saint Catherine de Sienne, nous n'avons pris que des extraits; D'autres pourront faire des recueils plus complets. Tel qu'il est, celui Que nous prsentons au lecteur pourra faire du bien : c'est notre seule ambition et c'est notre doux espoir.

CHAPITRE I : Encouragements divins lire, mditer et faire connatre aux autres les paroles rvles1. Le Seigneur ordonne dcrire ses paroles Sainte Thrse3 entendit un jour le Seigneur lui dire : Tu sais que je te parle quelquefois. Ne manque pas dcrire mes paroles, car si elles ne te sont pas utiles toi-mme, elles pourront ltre dautres (Relation, 52.) Et une autre fois : Ne manque pas dcrire les avis que je te donne, afin de ne pas les oublier. Puisque tu aimes avoir par crit ceux qui te viennent des hommes, comment regardes-tu comme une perte de temps dcrire ceux que tu reois de moi ? Un temps viendra o les uns et les autres te seront ncessaires. (Relation, 64). Le confident et le confesseur dAngle de Foligno 4 ayant transcrit les paroles du Seigneur que lui avait rapportes la bienheureuse, celle-ci craignit quil ne se ft gliss dans ces pages quelque erreur. Le Seigneur dit Angle : tout ce qui est crit ici est vridique, il n'y a rien de mensonger. Et une autre fois : Tout ce qui a t crit l'a t selon ma volont et vient de moi Je le scellerai. (Traductions Doncur, pp.81 et 181, et Ferr, pp 85, 249) Il lui fut encore dit : Fais crire, la suite des paroles que vous dites ceci : qu'on rende grces Dieu de tout ce que vous crivez. (Doncur, p.84; Ferr, p.89) Mme recommandation faite par le Seigneur sainte Brigitte 5 : Moi, Dieu, j'ai plusieurs enfants qui sont retenus dans les piges du dmon. Mon amour leur envoie les paroles de ma bouche par une femme. Entendez donc, vous, Frre Pierre 6, crivez en langue latine ce qu'elle vous dira de ma part en langue vulgaire, et je vous donnerai pour chaque lettre, non de l'or et de l'argent, mais un trsor qui ne vieillira jamais. (Rvl. Extrav., ch. 48) Sainte Gertrude7 rpugnait donner par crit ses rvlations, elle s'excusait en se disant qu'elle avait assez fait de vive voix pour l'utilit du prochain, mais le Seigneur lui opposa cette parole qu'elle avait entendu lire la nuit mme aux Matines : Si le Seigneur n'et voulu faire connatre sa doctrine qu' ceux qui taient prsents, il n'y aurait eu que des paroles et rien d'crit. Mais aujourd'hui ses paroles sont aussi crites pour le salut d'un plus grand nombre. Et il ajout : Je veux avoir dans tes crits un tmoignage irrcusable de ma divine tendresse, pour ces derniers temps o je me dispose faire du bien un grand nombre; (Liv. 2, ch.10) Pendant que j'crivais aujourd'hui dans ma cellule, raconte sainte sainte Vronique Juliani8, jentendis une voix intrieure qui me dit : " Je suis avec toi, que veux-tu de plus ? " Cette voix me paraissait tre celle du Seigneur. Elle me causait tant de contentement que jtais comme3Sainte Thrse naquit en 1515 et mourut en 1582. Les citations sont faites daprs la traduction du P. Bouif, ou daprs la traduction des Carmlites, Paris, Beauchesne, ou sur loriginal : Obras de Santa Teresa de Jesu, par D.Vicente de la Fuente, 1881. 4Sainte Angle de Foligno mourut en 1309. Le livre des visions et instructions de la bienheureuse Angle de Foligno a t crit par son confesseur, le Pre Arnaud. (Traduction par le p. Doncur. Par M.J. Ferr, par Hello.) 5Sainte Brigitte, morte en 1373, princesse sudoise, fonda, d'aprs les ordres reus de Dieu, l'ordre du Saint-Sauveur, qui rendit d'minents services la religion jusqu' ce qu'il ft dtruit par les protestants. Les rvlations de sainte Brigitte ont t recommandes par le concile cumnique de Constance et par les papes Boniface IX (bulle de canonisation), Urbain VI et Martin V. Nous les citons d'aprs la traduction de Jacques Ferraige, rdite en 1859. 6Le P.Pierre tait un moine bndiction, sous-prieur de son couvent. 7Sainte Gertrude (1256-1302) vcut au monastre d'Helfta, en Saxe. Nous la citons d'aprs l'dition latine, Paris, Oudin, 1875, et d'aprs la traduction faite par les Bndictines de Solesmes, Paris, Oudin, 1878. 8Sainte Vronique Juliani, ne en 1660, mourut en 1727. Elle avait souvent assur que les instruments de la Passion taient imprims dans son cur. On voulut, aprs sa mort, vrifier ses dclarations ; tout se trouva conforme ce quelle avait dcrit. Nous citons toujours son journal, rcemment publi et dit par le P. Pizzicaria, S. J. , Couvent des Capucines, Citta di Castello, Italie.

hors de moi ; cependant je continuais dcrire. A la fin ne le pouvant plus, je voulus me mettre faire oraison. Mais de nouveau jentendis la voix qui me dit : " cris ; la fatigue que tu prouves mest agrable autant que loraison, parce que ces choses (que tu cris) seront de grand profit aux mes. Donc cris tout. Ce sont mes uvres, nen doute pas. " (Diario, 13 settembre 1697.) Tes crits iront dans le monde entier, pour ma gloire et le bien des mes. " (23 maggio 1697.) Ma fille, dit le Seigneur Madeleine Vigneron 9, je veux vous dcouvrir les grces que vous avez reues de moi, votre Epoux, et que vous les criviez avec les manquements que vous y avez apports la vrit vous y souffrirez beaucoup, le dmon vous tourmentera de toutes manires, mais, ma fille, ayez bon courage, je vous assisterai ; les tourments passeront, et si vous persvrez, il sera enfin confondu et votre Jsus rgnera tout pur dans votre cur. " (Ire part., ch. Ier.) Le Sauveur fit le mme commandement la bienheureuse Varani dcrire les rvlations quil lui avait faites sur ses souffrances intrieures. (Opere spirituali, p. 53.) Les directeurs de sainte Marguerite-Marie10 lui avaient ordonn dcrire les grces merveilleuses quelle recevait, mais elle prouvait une vive rpugnance le faire ; son divin Matre len reprit : Pourquoi refuses-tu dobir ma voix qui te demande de mettre par crit ce qui vient de Moi et non de toi, car tu ny as pour ta part quune simple adhrence ; considre ce que tu es et ce que tu mrites, et tu pourras connatre do vient le bien que tu possdes. Pourquoi crains-tu puisque je tai donn pour asile le lieu o tout est rendu facile. " (ditions Gauthey, I, p. 109.) Comme Marguerite en accomplissant cette obissance ressentait toujours la mme peine et sen plaignait Notre-Seigneur : " Poursuis ma fille, poursuis, il nen sera ni plus ni moins pour toutes tes rpugnances ; il faut que ma volont saccomplisse ", lui dit Jsus. (II, p. 39.) Notre Seigneur dit Marie-Cleste11 : " Bien aime de mon cur, cris de moi. Ce que je tai communiqu dans le secret, dis-le publiquement. Car ma volont est que tu manifestes les vrits que tu as reues de ma sagesse sur mon Incarnation et la magnificence des uvres que jai accomplies en prenant la nature humaine. Oh ! que de secrets sur ma vie et ma mort sont caches aux hommes ! Je te commande donc dcrire de moi afin que mon nom soit glorifi sur la terre. " (Vie, p. 362.) Jsus dclara plusieurs fois Sur Benigna Consolata 12 la mission qu'Il voulait lui confier, et lui fit comprendre quelle devait tre son instrument. Ayant dit quelque chose Jsus du dsir que javais de faire connatre ses misricordes, Il me dit : " Mais oui, tu le peux; tes crits sont destins les faire connatre. Toute parole que tu cris chante ma misricorde. Ecris le plus que tu le peux. Je veux avoir besoin de toi, pauvre petit rien, pour faire parvenir aux mes mes misricordes. " (Pp. 103, 104.)

9Madeleine Vigneron (1628-1667) vcut Senlis, puis Paris dune vie trs difiante, quelle termina aprs sept annes de maladies et de souffrances hroquement endures. Son directeur, le P. Mathieu Bourdin, minime, a publi ses mmoires, qui contiennent des choses remarquables. (Paris, 1689.). 10Sainte Marguerite-Marie (1647-1690). Nous citons d'aprs l'dition de ses uvres par Mgr Gauthey. 11La vnrable Marie-Cleste Costarosa (1696-1795) fut cette sainte religieuse que Notre-Seigneur chargea de faire savoir saint Alphonse de Liguori quIl lavait choisi pour fonder un Ordre nouveau, qui fut lOrdre du Trs saint Rdempteur. (Vie, par le R. P. Favre, Paris, librairie Saint-Paul, 1931.) 12Sur Benigna-Consolata Ferrero, ne Turin (1885), entre au couvent de la Visitation Cme, le 30 dcembre 1907, y mourut en odeur de saintet le 1er septembre 1916. Elle reut ds sa jeunesse les missions de Jsus. Le Sauveur l'appelait d'abord de son nom de baptme, Maria. A sa prise d'habit, elle reut le nom de Benigna-Consolata et Jsus l'appela ds lors Benigna. Les citations sont extraites, soit de la notice en italien, faite par le couvent de Cme, soit de la Vie, traduite en franais, imprimerie Roudil, 3 quai Saint-Clair Lyon.

2. Bndictions promises ceux qui ont crit les paroles divines Paroles du Seigneur sainte Gertrude : " Celui qui transcrira ce livre 13 recevra chaque trait qui s'y trouve les flches de lamour que je lui lancerai de mon divin Cur et qui exciteront dans son me les sentiments les plus dlicieux dune divine suavit. " (Prologue.) " Le travail de la personne qui a crit ce livre mest aussi agrable que si elle avait suspendu en mon honneur autant de cassolettes quelle y form de lettres. " (Liv. V, ch. III.) " Dis au frre qui crit quand tu parles, dit le Seigneur sainte Angle de Foligno, de travailler se faire petit. Il est aim du Dieu tout-puissant. Dis-lui daimer le Dieu tout-puissant. " (Ch. L.) 3. Le Seigneur a aid ceux qui ont transmis aux hommes ses paroles Sainte Mechtilde14 sachant que deux de ses Surs -dont lune ntait autre que, semble-t-il, que sainte Gertrude- crivaient un livre de toutes les rvlations qui lui avaient t faites, disait au Seigneur : Do puis-je savoir que tout ce qui est crit est vrai, puisque je ne lai ni lu ni approuv ? Et encore le lirais-je que je ne men rapporterais pas parfaitement moi-mme. Le Seigneur lui rpondit : " Je suis dans les curs de celles qui dsirent tentendre, en excitant chez elles ce dsir. Je suis leur intelligence lorsquelles tentendent, qui leur fait comprendre ce que tu leur rapportes. Je suis aussi dans leur bouche lorsquelles en parlent : je suis dans leur main lorsquelles lcrivent, en tout je suis leur aide et leur cooprateur ; et de la sorte tout ce quelles dictent et crivent en moi et par moi qui suis la vrit, est vrai Ce quelles crivent, bien que manquant de llgance avec laquelle je te lai communiqu, toutefois avec laide et la coopration de ma grce, recevra le cachet et la confirmation de ma vrit. Tu mas dailleurs si souvent pri de ne pas te laisser sduire par lesprit derreur, que tu as toute raison de croire que ma bont ta exauce en ce point. " (V e part., ch. XXII.) Plus tard, quand le livre fut achev, le Seigneur lui dit : ne crains rien, cest moi qui ai tout fait ; tout est donc mon ouvrage. Le don que tu as eu vient de moi, et aussi vritablement que tu las reu de mon Esprit, de mme cest mon esprit qui a pouss vraiment celles-ci crire et poursuivre ce travail. Elles ont en vrit crit daprs mon Esprit tous les mots de ce livre, qui ternellement brilleront dans leurs couronnes devant mes yeux. " (Vie part. , ch. 31.) Sainte Gertrude, dont une autre Sur crivait galement les rvlations, reut du Seigneur la mme assurance : " Puisque tu sais que ma volont est que ce livre soit crit, pourquoi te troubler ? Cest moi en effet qui pousse celle qui lcrit, et je laiderai fidlement. " (Prologue.) 4. Pourquoi Dieu choisit les simples pour tre ses interprtes On avait dit la Sur Mechtilde15 que le livre contenant ses rvlations seraient brl. Hlas Seigneur, dit-elle, mavez-vous donc fait illusion en mordonnant dcrire ce livre ? Dieu apparut aussitt son me afflige, et tenant ce livre dans sa main droite, Il dit : " Ma bien aime, ne soit pas trouble ce point ; on ne peut brler la vrit. Celui qui me le prendra des mains devra tre plus fort que moi Considre avec attention mes paroles et vois avec quel amour elles manifestent mes secrets et ne doute plus de toi-mme. " Et comme lhumble Sur objectait son ignorance et sa misre : " Ma fille, reprit le Seigneur, beaucoup de gens perdent leur or prcieux par leur ngligence, ils ne suivent pas la voie qui les auraient conduits une cole suprieure Jai toujours cherch pour accorder mes dons spirituels les plus humbles, les plus petits. Les hautes montagnes ne peuvent recevoir la rvlation de mes grces, car mon13On sait que le livre de sainte Gertrude nest gure autre chose que lensemble des instructions quelle reut du Seigneur. 14Sainte Mechtilde (1241-1298) vcut dans le monastre dHelfta en Saxe. (Rvlations, texte latin dit par les Pres Bndictins, Paris, Oudin, 1877 ; traduction franaise par les mmes, Oudin, 1978.) 15Mechtilde de Magdebourg, morte vers 1293, aprs avoir pendant de longues annes vcu saintement, isole au milieu du monde, entra dans le monastre dHelfta o vivait alors sainte Gertrude et sainte Mechtilde. Ces deux grandes servantes de Dieu ont rendu tmoignage sa saintet et la vrit de ses rvlations. (Rvlations de la Sur Mechtilde, traduction franaise, Oudin, Paris, 1878 ; dition latine, Oudin, 1877.)

Esprit-Saint les fait couler dans les humbles valles. Beaucoup qui passent pour savants dans les critures ne sont mes yeux que des insenss. Cest pour moi une grande gloire et cest pour la sainte chrtient (l'glise), une force puissante de voir une bouche ignorante donner des leons, daprs mon Esprit-Saint, aux langues rudites. " (Introduction, V.) Le frre Henri16 ayant manifest son tonnement des rvlations faites Sur Mechtilde, le Seigneur dit celle-ci : " Demande-lui comment il se fit que les aptres aprs avoir montr une si grande timidit, parurent si hardis quand ils eurent reu le Saint-Esprit demande-lui comment Daniel prit la parole, quand il ntait quun enfant, quil convainquit de mensonge les vieillards iniques et quil dlivra Suzanne. " (Liv.II, ch. XXII.) 5. Fruits que doivent produire les paroles divines Le Fils de Dieu dit sainte Brigitte : " Les paroles que vous entendez dans vos rvlations raniment comme une bonne boisson ceux qui dsirent la charit, elles chauffent les froids, elles apaisent les troubls, elles affermissent les faibles desprit. " (Liv.V, n 11.) A la Sur Mechtilde furent dites ces paroles : " Jenvoie ce livre tous les gens dglise, bons ou mauvais, parce que si les colonnes se renversent, ldifice ne peut plus se soutenir Cest moi qui lait fait, ne pouvant plus me retenir de rpandre au dehors mes faveursDans ce livre toutes les mes dsoles, troubles trouveront leur consolation, mais ceux qui chercheront ailleurs leur consolation recevront de ces paroles un trouble plus grand encore. " (Introduction, VI.) " Ce livre est crit avec le sang de mon cur. " (Liv. II, ch. XII.) Sainte Gertrude entendit le Seigneur lui dire : " Si quelquun veut lire en ce livre pour son progrs spirituel, je lattirerai prs de moi de telle sorte quil semblera que je tiens le livre dans mes mains et que je massocie sa lecture Jaspirerai le souffle de ses dsirs qui viendront mouvoir mes entrailles en sa faveur ; je lui inspirerai le souffle de ma divinit, et mon esprit renouvellera son intrieur. " (Prologue.) " Je retrouve partout dans le livre linexplicable douceur de lamour divin, qui la fait crire ; jy respire la suave odeur de la bonne volont de la personne qui lcrit, enfin je suis agrablement flatt dy contempler limage de ma gratuite bont, qui se manifeste chaque page. " (Liv. V, ch. XXXIII.) " Je pntrerai de la douceur de mon amour divin et je fconderai toutes les paroles de ce livre qui a t vraiment crit sous limpulsion de mon esprit. Quiconque venant moi avec un cur humili voudra y lire pour lamour de mon amour, je le prendrai en mon sein, et lui montrerai, comme de mon doigt, les endroits qui lui seront utiles et je lui ferai sentir le souffle de ma divinit pour le salut de son me. " (Ibid., ch. XXXIV.) Semblables promesses furent faites sainte Mechtilde : " Tout ce qui est crit dans ce livre a coul de mon Cur divin et y reviendra Tous ceux qui me recherchent avec un cur fidle, trouveront dans ce livre une cause de joie, ceux qui maiment sembraseront davantage de mon amour et ceux qui sont dans laffliction y trouveront la consolation. " (Liv. II, ch. XLIII.) 6. Les paroles divines ont aussi pour but de gurir les hommes de leurs pchs Sainte Brigitte fut charge de transmettre son archevque les paroles suivantes : " Vous admirez pourquoi je parle. Mais " levez vos yeux, voyez et coutez. Demandez comment je suis mpris de tous, rejet de tous ; personne ne veut mavoir en son amour. Le cur de lhomme est dvor par une cupidit insatiable du levant jusquau couchant, cruel mme jusqu verser le sang de son prochain. Tout le monde shabille avec orgueil. Les hommes se livrent la volupt comme des animaux. Quels sont les dfenseurs de la foi; en trouve-t-on qui combattent les ennemis de Dieu, o sont ceux qui donnent leur vie pour le Seigneur ? Vous trouverez bien peu dhommes qui soient mes amis. Pensez ces choses et vous verrez que je ne parle pas sans sujet Prenez donc mes paroles et voyez si elles sont, non pas pourries, mais pures et entires, si elles tmoignent une foi saine et droite ; voyez si elles sont dignes de mon or, si elles conduisent de lhonneur du monde lhonneur de Dieu, de la voie de lenfer la16Ctait un dominicain savant et vertueux..

sublimit du ciel. " (Rvl extrav., 51.) 7. Les pchs des hommes peuvent empcher le fruit des paroles divines Toutes les uvres de Dieu peuvent tre combattues par les cratures. Ainsi il peut se trouver des obstacles qui empchent, au moins momentanment la parole divine de porter son fruit ; le Seigneur la dclar en ces termes sainte Brigitte : Ce royaume (de Sude) est souill par un grand pch qui depuis longtemps reste impuni ; cest pourquoi mes paroles ny peuvent fructifier, comme je lexpliquerai par une comparaison. Si lon plantait en terre un noyau sur lequel on mettait un fardeau pesant, la tige ne pourrait monter. Le noyau tant bon, ne pouvant pousser en haut, pousserait en bas et tendrait trs profondment ses racines ; et aprs, non seulement il portera de bons fruits, mais encore il anantira tout ce qui soppose sa croissance, et il stendra par-dessus lobstacle. Ce noyau signifie ma parole, qui ne peut fructifier en ce royaume, raison du pch ; elle profitera plus ailleurs jusqu ce que, ma misricorde grandissant, lendurcissement de cette terre et de ce royaume soit t. " (Liv. V, ch. XII.) Ainsi beaucoup duvres divines combattues persvrent dans la prire et le sacrifice, elles nen produisent que de plus grands fruits. 8. Il ne faut pas mpriser les rvlations divines Sainte Gertrude se demandait pourquoi le Seigneur la pressait de manifester ce qui est crit dans son livre, car elle nignorait pas que certains petits esprits feraient peu de cas de ses dons et sen serviraient comme dun texte calomnies. Le Seigneur lui dit : " Pour ceux qui voudraient calomnier ces dons, que le pch leur en retombe sur leur tte. (Liv. I er, ch. XV.) Je ne souffre pas ceux qui pervertissent le sens de ces rvlations et qui parlent contre ces crits ; au reste je triompherai deux comme des autres. " (Liv. V. ch. VII.) Celui qui, pouss dune veine et orgueilleuse curiosit, faussera le sens de ce livre, je ne le supporterai pas et je nhsiterai pas le renverser par ma vertu divine et le couvrir de confusion. " (Liv. V. ch. XXXIV.) " Moins il y a du vtre dans ces crits, plus ils sont de moi, dit le Seigneur, dit le Seigneur Madeleine Vigneron, sachez que mon dessein nest autre que davancer votre perfection et non point de la retarder. Les dmons qui ont fait passer la conduite de ma vie pour criminelle, bien quelle fut linnocence mme voudraient encore faire passer pour telle la conduite que je tiens sur votre me, quoi quelle fut remplie de mes plus grandes misricordes Quand ces crits viendraient tre mpriss comme un rcit qui passe par la croyance, cela ne doit point vous dcourager, puisque les hommes ont condamn ce quils mont vu faire dextraordinaire ; quoique je lai autoris par des raisons divines et que ce ft pour leur salut, ils nont pas laiss de me perscuter jusqu me procurer la mort. Ainsi ces crits pourront bien tre condamns de plusieurs esprits sur cette raison que lon na point accoutum dentendre des choses semblables ; mais ils doivent savoir que cette condamnation fonde sur cette seule raison est trs injuste et trs injurieuse ma misricorde, que jtends extraordinairement sur qui il me plat. " (Ire part., ch. XI.) 9. Il faut lire peu la fois, puis mditer et relire souvent les divines paroles Le Seigneur dit Mechtilde : " Quand une colombe vient un tas de bl elle ne lemporte pas tout entier, mais elle y choisit ce qui lui plat davantage ; fais de mme lorsque tu entends ou que tu lis la parole de Dieu, et que tu ne peux tout retenir dans ton esprit, recueilles-en pour toi quelques traits, sur lesquels tu exerceras ta mmoire, pensant ainsi : Voyons, quest ce que ton Bien-Aim tannonce dans cette lecture. " (IIIe partie., ch. XLI.) Et Sur Mechtilde de Magdebourg : " Ce livre nannonce au monde que moi seul, et il rvle dignement mes secrets. Quiconque voudra bien comprendre ce livre, devra le lire neuf fois. " (Introduction, VI.)

CHAPITRE II : Dieu AmourI. Les qualits de l'amour divin1. Amour de Dieu le Pre pour son Fils et du Fils de Dieu pour son Pre Le Pre ternel parla ainsi par la bouche de sainte Madeleine de Pazzi 17 : lme de mon Verbe, se tenant dans mon sein, me regarde et je la regarde moi-mme avec un regard de contemplation, dadmiration, damour, danantissement, de puret, de paix, de conseil, de pit, de libralit, de misricorde, de justice, de bont, de sagesse, de puissance, de communication, de vrit, dunion, dternit, de clart, de transformation et de glorification O ma fille, pouse de mon fils unique, coutez attentivement, si vous voulez comprendre ce que je vais vous dire : au moment o lme du Verbe entra dans mon sein (au jour de lAscension) elle me regarda, mais dun regard ineffable et incomprhensible pour vous, et ce regard fut pour elle la source dune joie immense. Sans doute elle jouissait dj de la gloire auparavant, puisquelle ne cessa de mtre unie depuis son Incarnation, mais elle en reut alors une aurole plus clatante que je lui donnais en rcompense de la victoire quelle venait de remporter sur la mort et le pch ; comme aussi de lobissance et de lamour avec lequel elle avait accompli luvre de votre Rdemption, que je lui avais impose, amour si ardent et si immense que nulle crature ne peut sen faire une ide, bien loin de le comprendre. La beaut de cette me, rehausse par la splendeur de cette gloire nouvelle et par cet amour immense, que je voyais dans mon Verbe pour la crature, me plut tellement, quau moment ou elle entra dans mon sein et fixa ses regards sur moi, je fixais aussi les miens sur elle, et ce regard rciproque, qui rendit plus ardent ce foyer damour et plus clatante cette gloire de la divinit, fit jaillir sur la terre une abondante et ineffable rose de grces Demande de lme : Dites-moi, je vous prie, mon Pre, ce que le Verbe regardait dans votre sein. Rponse du Pre : Il regardait la divinit et lgalit quil tient de moi, qui suis, en qualit de Pre le principe et la source vitale de la Trs Sainte Trinit, laquelle son me tait unie en moi. Il regardait avec une complaisance infinie cette Essence divine qu'Il avait reue de moi, et son me se contemplant en moi comme dans un miroir voyait les grces immenses, les trsors infinis qui Lui avaient t communiqus par cette union et quelle recevait un titre nouveau en vertu de ce regard. (Ire part., ch. XXIV.) 2. Dieu nous a aims avant de nous crer et cet amour est tout gratuit Notre-Seigneur dit sainte Catherine de Gnes 18 : Si tu savais combien jaime les mes tu ne pourrais plus jamais savoir autre chose en cette vie ; car cette connaissance te ferait mourir ; et si tu vivais, ce serais par leffet dun miracle Mon amour est infini et je ne puis quaimer ce que jai cr. La cause de mon amour nest autre que lui-mme, et comme tu nes pas capable de lentendre, demeure en paix et nentreprends pas de chercher ce que tu ne saurais trouver. (Dialogue, IIe part., ch. V, p. 347.). Seigneur, disait la mme sainte, quest ce donc que lhomme dont vous avez tant de soin ! Je ne sais si vous tes son Seigneur ou son serviteur ; il semble que lamour vous ait aveugl tel point que vous ne connaissiez plus nos misres. Le Seigneur lui rpondit : Tu demandes une17Sainte Madeleine de Pazzi (1566-1607) fut carmlite, Florence. Elle avait de frquentes extases, pendant lesquelles elle faisait connatre ce que Dieu lui rvlait. Parlant tantt en son nom, tantt au nom du Pre, ou du Verbe ou du SaintEsprit. Six secrtaires crivaient alors ce qui sortait de ses lvres, puis quand elle tait revenue de son extase, sur lordre de la Mre Prieure, elle rvisait ce qui avait t crit. (uvres, recueillies par le P. Brancaccio, traduites par Don Anselme Bruviaux, Paris, Palm, 1873) 18Sainte Catherine de Gnes (1447-1510) a crit un trait du Purgatoire et les Dialogues. (Vie et uvres, par le vicomte de Bussires, 2e dition, revue par le P. Millet, Paris, Allard, dition Italienne, Gnes, 1847.)

chose si grande que tu ne saurais la comprendre ; mais pour contenter ton intelligence faible et pauvre, je ten montrerai quelque chose ; si je ten donnais une plus claire vue, tu ne pourrais vivre, moins que la grce ne te soutnt Sache dabord que je suis Dieu immuable et que jaimais lhomme avant de le crer. Je laimais dun amour infini, pur, simple, sans cause aucune ; je ne puis pas ne pas aimer ce que jai cr et destin selon son degr contribuer ma gloire. De plus jai amplement pourvu lhomme de tous les moyens convenables pour parvenir sa fin. Je lui ai accord des dons naturels et des grces surnaturelles, qui, de ma part, ne lui manquent jamais. De plus mon amour infini lentoure par divers moyens et voies afin de le soumettre ma providence, et je ne trouve rien qui me soit contraire que le libre arbitre dont je lai dou. Je combats toujours ce libre arbitre par lamour jusqu ce que lhomme me le donne et men fasse un prsent ; puis, aprs lavoir accept, je le rforme peu peu par une opration secrte et avec un soin amoureux et jamais je ne labandonne que je ne lai men la fin laquelle il est destin. (III e part., ch. 1er, p. 372.) 3. Dieu nous aime malgr nos dfauts quIl combat sans cesse Quant ton autre question : pourquoi jaime cet homme qui mest si contraire et qui est plein de misres, dont linfection monte de la terre au ciel, je te rponds : cause de mon infinie bont et du pur amour dont jaime lhomme, je ne puis marrter ses dfauts, ni cesser de faire mon uvre, laquelle consiste le combler toujours de bien. Je lui montre ses faiblesses ma lumire et les lui fais connatre ; lorsquil les connat, il les pleure, et lorsquil les pleure, il sen purifie. Mais je suis offens par lhomme lorsquil met obstacle lopration que jai ordonne pour le mener sa fin, en dautres termes lorsque mon amour ne peut agir selon les besoins de la crature ; cet obstacle cest le pch. Quant cet amour que tu demandes connatre, tu ne saurais le comprendre, car il na ni forme ni mesure ; tu ne peux le connatre par la voie de lentendement, parce quil nest pas intelligible ; il se connat quelquefois par ses effets. Quiconque qui naurait pas perdu la foi et verrait les effets que je produis dans les hommes par ces rayons damour que je rpands secrtement dans leurs curs, en serait certainement enflamm tel point quil ne pourrait vivre, car la vhmence de cet amour le rduirait nant. Quoique la crature soit presque toujours dans lignorance cet gard, tu vois cependant que pousss par cet amour inconnu, des hommes abandonnent volontairement le monde, les biens, les amis, les parents ; les autres amours et les plaisirs leur deviennent alors odieux. Cet amour porte lhomme se vendre pour tre esclave, devenir sujet des autres jusqu' la mort ; il augmente tellement quil ferait endurer mille martyres, comme lexprience le fait voir continuellement. (Dialogue, III e part., ch. Ier.) . 4. Lamour de Dieu pour nous est toujours en veil L'ternel dans son Ineffable clmence jeta sur Catherine (de Sienne) 19 un regard plein de tendresse et voulut lui expliquer comment la divine providence ne manque jamais personne. Il sexprime ainsi : O ma fille bien aime, combien de fois te lai-je rpt, oui je veux faire misricorde au monde et assister chacun selon ses besoins ; mais lhomme ignorant trouve la mort o jai plac la vie et il se rend ainsi cruel lui-mme. Moi je veille toujours et je veux que tu saches que ce que je donne chacun est rgl par mon infinie providence. Avec ma providence jai cr lhomme et quand je lai regard en moi-mme, je me suis passionn pour la beaut de ma crature, car il mavait plu de la crer mon image et ma ressemblance. (Dialogue, ch. CXXXV, n1 et 2.) Sainte Brigitte vit un jour, assis entre les saints sur un sige majestueux, Jsus-Christ, qui19Sainte Catherine de Sienne (1347-1380) fut, pendant sa courte vie, lune des saintes les plus favorises de communications clestes. Les unes nous furent transmises par le bienheureux Raymond de Capoue, son confesseur qui la sainte les fit connatre ; les autres furent recueillies par ses secrtaires pendant ses extases, et formrent le Livre de la divine doctrine ou le Dialogue. Alors, en effet, Dieu le Pre parlait en elle et elle rpondait. (Dialogo della divina Providenza, nuova edizio secondo un inedito codice,Bari, 1912, et traduction Cartier, Paris, Lethielleux, 193 ; Vie, par la Comtesse de Flavigny, Paris, Santon, 1880.)

lui dit ces paroles : Je suis la vraie charit ; tout ce que jai fait de toute ternit je lai fait par amour ; de mme tout ce que jai fait et ferai procdera de mon amour. Mon amour est aussi grand et aussi incomprhensible maintenant quil ltait le jour de ma passion, quand par ma mort, dans un excs damour je dlivrai des limbes tous mes lus. Sil tait possible que je mourusse tout autant de fois quil y dmes en enfer, je souffrirais pour chacune delle comme je souffris alors pour toutes ; mon corps serait encore tout dispos endurer tous ces tourments. (Liv.VII, ch. XIX.) 5. Lamour de Dieu pour nous est fort, ternel, plein dardeur O Seigneur, disait Mechtilde de Magdebourg, aimez-moi beaucoup, aimez moi souvent, aimez-moi longtemps Elle entendit cette rponse : Que je taime souvent, cela est dans ma nature, car je suis moi-mme lamour. Que je taime fortement, cest selon mon dsir, car je veux tre fortement aim. Enfin que je taime longtemps, cela est du ressort de mon ternit, car je suis sans fin. (Liv. IV, ch. V.) Sainte Mechtilde vit le Seigneur ouvrir la plaie de son trs doux Cur, et il lui dit : Regarde toute ltendue de mon amour pour le bien connatre ; tu ne pourras le trouver nulle part plus clairement que dans les paroles de l'vangile car on nen jamais entendu qui exprimassent un amour plus fort ou plus tendre que celles-ci : Comme mon Pre ma aim, ainsi je vous ai aim (Jean XV, 9), ainsi que dautres semblables que jai adresses tant mes disciples qu mon Pre en comblant ceux-l de mes bienfaits. (I re part., ch. XXI.). Un jour Notre Seigneur dit sainte Angle de Foligno : Ma fille, ce nest pas pour rire que je tai aime. Cette parole, crit la chre sainte, me porta dans lme un coup mortel, car mes yeux souvrirent, et je vis dans la lumire de quelle vrit cette parole tait vraie. Je voyais les actes, les effets rels de cet amour et jusquo, en vrit, il avait conduit le fils de Dieu. Je vis ce quil supporta dans sa vie et dans sa mort pour lamour de moi par la vertu relle de cet amour indicible qui lui brlait les entrailles. Non, non, il ne mavait pas aime par moquerie, mais dun amour pouvantablement srieux, vrai, profond, parfait, et qui tait dans ses entrailles. Et alors, mon amour moi, mon amour pour lui mapparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici, ma douleur devint intolrable, et je mattendais mourir sur place. Et dautres paroles vinrent qui augmentrent mes souffrances : Ce nest pas par grimaces que je me suis fait ton serviteur, ce nest pas de loin que je taie touche. Eh bien ! moi, mcriai-je, cest tout le contraire. Mon amour na t que plaisanterie, mensonge et affectation. Je nai jamais voulu approcher de vous en vrit, pour partager les travaux que vous avez endurs pour moi, et que vous avez voulu endurer ; je ne vous ai jamais servi dans la vrit et dans la perfection, mais dans la ngligence et dans la duplicit. (Hello, ch. XXXIII ; Doncur, p.240 ; Ferr, p. 341.) Une nuit que sainte Mechtilde se trouvant veille saluait le Seigneur du plus profond de son cur, elle Le vit venir elle du palais du ciel et lui dire en plaant son Cur divin sur son propre cur : Une abeille ne se prcipite jamais dans les prs verdoyants pour y butiner parmi les fleurs avec plus davidit que je suis prt venir dans ton me quand elle mappelle. (IIe part., ch. III.) Un jour, la mme sainte sinclinant sur le sein de son Bien-aim entendit lintrieur du Cur divin rsonner comme trois battements : Ces trois battements, lui dit le Seigneur marquent trois paroles que jadresse lme aimante. La premire est : viens, c'est--dire spare-toi de toutes les cratures ; la seconde est : entre, avec la confiance dune pouse ; la troisime : dans le lit nuptial qui est le Cur divin. (I re part., ch. XX.)

6. Lamour de Dieu pour nous est dune profondeur infinie. Il marriva, raconte Marcelline Pauper20, qutant au lit une voix forte mveilla, me disant : Lisez. Je vis une grande lumire et une main qui me prsenta ce mot crit en lettres dor : amour . Je considrai fort attentivement l O qui se trouve au milieu de ce mot, dont la figure tait trs parfaite. La voix me dit : Considre et je vis dans cette main crit de mme en caractres dor : Croix, lO galement au milieu dune beaut infinie et il me fut dit : Lun sprouve par lautre. (Vie, ch. VI.) 7. Le cur de lhomme fait les dlices de Jsus Le Cur de Jsus se rvlait sainte Mechtilde : Rien ne me donne autant de dlices que le cur de lhomme, dont je dois toutefois souvent me passer. Jai tous les biens en abondance, le cur de lhomme seul mchappe souvent. ( IV e part., ch. XXXIV.) 8. Les maux comme les biens viennent de lamour Notre-Seigneur, dit Sur-Marie-aime de Jsus21, me montra quil mavait cre pour lui en me plaant dans le chur de ses vierges ; que de mme que dans la cire une partie est recueillie pour brler devant son tabernacle, et lautre pour des usages vulgaires, de mme il mavait attire dans le clotre afin que son amour me consumt en sa sainte prsence. Puis Il lui dcouvrait de combien de maux elle et t afflige en cette vie, si elle avait eu le malheur dtre assez ingrate pour Lui prfrer une crature ; et elle comprit que la vengeance de ce cleste Epoux et t une vengeance damour dans le seul but de la ramener Lui. Et NotreSeigneur lui dit : Si lpouse infidle et t si ardemment aime, combien penses-tu que doit ltre lpouse fidle ? 9. Lamour souffre de ne pouvoir donner tant l'glise devant le Saint Sacrement, raconte Madeleine Vigneron, Notre-Seigneur me fit connatre que le refus des grces Lui est insupportable, car Il nest dans le Saint Sacrement que pour les communiquer. Ne trouvant personne sur qui dcharger son amour, cet amour est comme un feu renferm qui Le consumerait entirement sil en tait capable et qui Lui causerait beaucoup plus de souffrances que son Pre ne Lui en avait envoy sur la croix. (Vie, II e part., ch XV) 10. Jsus est heureux davoir souffert pour nous La vigile de sainte Claire, Marguerite de Cortone 22 aprs avoir reu dvotement le corps du Fils de Dieu, lentendit lui dire : Fille bnie, pour lamour de qui jai pris un corps dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie, quelles soient bnies, ces peines auxquelles je me suis soumis pour toi ! Quelle soit bnie aussi mon Incarnation. Bnis soient galement les travaux que jai endurs ! Bni soit enfin lamour qui ma uni aux hommes ! Je compte peu de justes en ce moment parmi mes enfants par rapport au nombre des mchants. Nen euss-je quun seul dans le monde, je bnirais cause de lui toutes les souffrances que jai endures. (Sa vie, par son confesseur, traduction Brivain, ch. V, 44.).20Marcelline Pauper (1663-1708) entra dans linstitut des Surs de la Charit de Nevers, cinq ans aprs sa fondation ; elle y vcut trs saintement et fut trs favorise du Seigneur. Sa vie, crite par elle-mme, fut publie par le P. Bouix, S.J., Nevers, 1871 21Sur Marie-Aime de Jsus, carmlite de Paris, vcut de 1839 1874. Sa vie a t publie par les Carmlites exiles Natoye, province de Namur, Belgique. 22Sainte Marguerite de Cortone (1247-1297), aprs avoir vcu neuf ans dans le dsordre, se convertit (1273) et rpara les fautes de sa jeunesse par une pnitence hroque. Aprs sa mort, de nombreux et clatants miracles furent opr par son intercession. Son confesseur, le P. Giunta Bevegnati, a crit sa vie intime (Traduction par labb Brivain, Lyon, Nouvellet, 1900.)

Notre bon Sauveur me dit, raconte Julienne de Norwich 23 : Vois combien je tai aime. Ce qui tait me dire : ma bien-aime vois donc, moi qui suis ton Seigneur et ton Dieu, ton crateur et ton bonheur sans fin, quelle satisfaction et quelle joie je trouve dans ton salut, et par amour pour moi, rjouis-toi avec moi. Je tai aime ce point quavant de mourir pour toi, je le dsirais ardemment. Et maintenant que je lai fait, aprs avoir souffert volontiers tout ce que jai pu souffrir, mes souffrances les plus affreuses sont changes en une joie, en un bonheur ternel pour toi comme pour moi. Comment pourrait-il se faire que si tu me demandes nimporte quoi de ce quil te plat, je nprouve pas un grand plaisir te laccorder. (Xeme Rvlation, trad. Meunier, p.96.) Es-tu contente de ce que jai souffert pour toi ? dit Julienne de Norwich le bon Sauveur. Oui mon bon Matre, soyez-en bni. Eh bien si tu en es satisfaite, je le suis encore davantage ; c'est pour moi une joie, un bonheur, une satisfaction sans fin d'avoir endur ma passion pour toi, et si je pouvais souffrir encore plus, je le ferais. (Ch. 22.) Il est heureux parce que ses souffrances sont la cause de notre bonheur : Tant que jai t sur la terre, a-t-il dit Marguerite de Cortone, mon corps na pas eu un seul jour de bonheur complet, et pourtant jenivre ici-bas mes amis des joies clestes en leur donnant le repos et la paix. (Vie intime, IX, 38.) 11. Lamour de Dieu est gratuit La Mre Franoise de la Mre de Dieu24 tant un jour dans un profond sentiment de sa bassesse et de son indignit, disait Notre Seigneur : Vous savez ce que je suis ; que ne faites-vous vos misricordes des mes qui vous soient fidles, pourquoi vous arrter un si chtif rien ? Il lui dit : Je sais bien que vous ntes rien, et ce nest pas cause de ce que vous tes, mais parce que vous avez drob mon cur. Oui, par ma seule bont, je me suis laiss drober mon cur, et parce que par ma misricorde, je me suis tabli en vous, je ne puis rien vous refuser. (Vie. Ch. XIII, P 186.) Une autre fois, le Seigneur lui dit : Celles auxquelles je veux me donner ne doivent pas penser quelles sont mieux disposes que les autres, mais je veux me donner elles pour les exciter maimer et me servir plus fidlement. Quand je suis venu sur la terre, je ny ai trouv que pcheur et pchs, et je nai pas laiss de venir pour les attirer moi. Ainsi, quoiquil y ait de limperfection dans une me, je ne laisse pas de me donner elle pour lattirer par ma bont. (Vie, ch. XXVIII, p .384.) 12. Dieu aime certaines mes dun amour de prfrence Dieu dit un jour sainte Vronique Juliani : Je tai choisie pour ma plus grande gloire. Ce qui te manque, je le supplerai par ton amour. Je veux te faire tant et de si grandes grces, que tu deviennes un incendie damour : tu seras embrase et tu communiqueras tes ardeurs au prochain comme je le voudrai ; et joprerai tout par ton intermdiaire. Mais je te fais savoir que dsormais je ne veux plus dingratitude, mais fidlit et pur amour. (Diario, 10 giugno 1699.) Combien dmes aimes dun amour de prdilection, prvenues de grces de choix, ne rpondent pas aux desseins de Dieu ! 13. La fidlit rend lme plus chre Dieu A une personne, trs vraisemblablement sainte Gertrude qui nous a transmis ce fait, qui priait pour sainte Metchilde le Seigneur dit : Ma bien-aime pour qui tu mas si souvent rendu des actions de grce, entre les vertus insignes quelle possdait, ma plu surtout pour les suivantes : pour son parfait renoncement elle-mme, pour lunion parfaite de sa volont et de23Julienne de Norwich fut une sainte recluse, dont la vie qui dura un sicles scoula dans la ville de ce nom, en Angleterre (1342-1442). (Rvlations, London, 1902; traduction de P. Meunier, O. S. B.,Paris, Oudin, 1910.) 24La mre Franoise de la Mre de Dieu (1615-1671), religieuse dune saintet minente, fut suprieure des Carmels de Dieppe et de Pont-Audemer. Vie, Paris Lecoffre, 1906.)

la mienne, car elle na jamais voulu que laccomplissement de ma volont et toutes mes uvres et mes jugements avaient toujours son assentiment. Ensuite elle tait trs compatissante, portant secours et consolation avec une admirable affection tous les affligs. Quatrimement elle aimait absolument le prochain comme elle-mme et de toute sa vie elle na fait aucun mal au prochain. Cinquimement elle eut un cur tranquille et pacifique et jamais elle ne permit quil y sjournt rien qui pt troubler mon repos en elle rendez-moi grces pour tout le bien que jai opr et opre encore en elle et que joprerai dans toute lternit, spcialement pour ces dlices et ce doux repos que jai gots en elle, pour ce courant de flicit que jai vers en elle, pour la sainte opration de mon Esprit en elle, et pour la parfaite jouissance qui me permettait de goter en elle mes dlices les plus chres 25. (Ve part., ch.XXVI.) 14. Jsus intercde prs de son Pre pour lme imparfaite et indiffrente Dans sa jeunesse la vnrable lisabeth Canori 26 bien que remplissant fidlement ses devoirs de religion ntait pas pieuse. Plus tard, comme elle demandait Jsus : Mon bien-aim Jsus, que pensiez-vous quand jtais si loigne de vous ? Peut-tre pensiez-vous mcraser des foudres de votre justice. Et Jsus, dit-elle, lui rpondit : Non, ma chre fille ; je plaidais ta cause auprs de mon Pre avec autant dinstances que si ma flicit et dpendu de la possession de ton amour. ( Ch. III..) Une autrefois Il lui dclara que ses ingratitudes navaient ni diminu, ni altr lamour quIl avait toujours eu pour son me et ne lavait pas empch de Lui accorder toutes les grces qu'Il lui aurait accordes si elle et correspondu fidlement. (Ch. XXXV.) Il lui avait donc t donn de regagner par sa gnrosit les pertes quelle avait faites.

II. Tendresses de Jsus15. Le Seigneur se plat nous redire son amour Toutes les fois que la vnrable Esprite de Jsus 27, du Tiers-Ordre de Saint-Dominique, prononait le trs saint Nom de Jsus, elle croyait entendre ce doux Sauveur lui rpondre dans le fond de son cur : Je te regarde toujours ! et lorsquelle disait : O tes-vous, mon Dieu ? elle croyait entendre la mme voix lui dire : Je suis dans ton cur, mon amour ! Quand elle levait les yeux vers le ciel, Dieu la remplissait dune pense trs vive de lamour quil avait pour elle ; elle croyait alors intrieurement ces paroles du prophte : Je tai aim de toute ternit ! Lorsquelle se sentait triste la vue de ses misres, elle croyait que Jsus lui disait : Je taime de tout mon cur. Un jour aprs la sainte communion, son me tant pntre de la pense de lamour quavait pour elle son Sauveur, Il lui dit : Mon pouse, ma fille, mon cur est toi, mon cur taime, tous les anges te regardent, et ils sont ravis de voir lamour que jai pour toi ! Ch. X.) Comme sainte Gertrude stonnait que Jsus la comblt de ses faveurs et de ses largesses divines, elle si peu digne, le Seigneur lui dit : Lamour ma forc. (Liv. III, ch. XVI)

25Sainte Gertrude qui a rdig le livre des Rvlations de sainte Mechtilde, nous y rapporte que le jour o mourut sa sainte amie, pas une seule me chrtienne dans le monde entier ne descendit en enfer. Les mchants, ou bien sils dcdrent en ce jour, obtinrent la contrition par les mrites de cette me si heureuse et si chrie de Dieu, ou bien, sils taient si pervers et si endurcis quils rsistrent toute grce, le Seigneur ne permit point quen ce jour leurs mes sortissent de leur corps pour ne pas laisser un si terrible jugement sexercer dans un jour de si grande solennit et dune si grande joie pour son cur. (Sainte Mechtilde, VIIe part., ch. XV.) 26La vnrable Elisabeth Canori vcut Rome (1774-1825) et se sanctifia dans ltat du mariage. (Biografia da Antonio Pagani, Roma, 1911.) 27Esprite de Jsus vcut Carpentras (1628-1658). (Vie, par Jean Dupont, publie par le P. Potton, Paris, Poussielgue, 1862.)

16. Comment Jsus prend ses complaisances dans lme fidle Elles sont touchantes les louanges adresses par Jsus Sur Mechtilde : Tu es une lumire devant mes yeux, tu es une lyre mes oreilles, tu es la voix de mes paroles, tu es lhonneur de ma sagesse, tu es une vie dans moi vivant, tu es une louange dans mon existence. Liv. IV, ch. IX.) Et une autre fois : Tu es mon dsir, tu es le sentiment de mon amour, tu es un doux rafraichissement pour mon sein, tu es un baiser puissant de ma bouche, tu es la joie dlicieuse de mes merveilles. Je suis en toi et tu es en moi ; nous ne pouvons tre plus rapprochs, car nous sommes tout deux fondus et passs en une seule forme et nous resterons ainsi ternellement sans nous lasser jamais. (Liv. IV, ch. X.). Je tai dsire avant le commencement du monde ; je te dsire et tu me dsires. Quand deux dsirs ardents se rencontrent, cest lamour parfait. (Liv. VII, ch. XVI.). 17. Jsus prend ses dlices dans tout ce que ses bien-aims font pour Lui Sainte Gertrude disait au Seigneur : Je ne puis rien trouver sur la terre en quoi je puisse me plaire, sinon vous seul, mon Seigneur si doux. Et moi, rpondit le Seigneur, je ne trouve au ciel et sur la terre aucunes dlices sans toi, parce que je tassocie par lamour toutes mes joies en sorte que je ne jouis daucune douceur que je nen jouisse avec toi ; car plus il y a pour moi de douceur, plus il y a pour toi de fruit. (Liv. I er, ch.XI.) Mon amour sest tellement enlac en toi que je ne puis vivre heureux sans toiCelui qui a toujours t priv dun membre, nen prouve pas de douleur, comme celui qui on le coupe lorsquil a grandi ; aussi depuis que jai plac mon amour sur toi, je ne pourrais souffrir que nous fussions spars. (Liv. III, ch. V.) Lil de ma divinit se plat dune manire ineffable sarrter sur toi, que jaie cre si belle et si agrable en tout par tant de grces et de faveurs dont je tai enrichie. Mon oreille reoit comme les sons de la plus douce harmonie, toutes les paroles damour que tu madresses quand tu me pries pour les pcheurs ou pour les mes du purgatoire, ou que tu reprends, ou que tu instruis, ou que tu profres de quelque manire que ce soit une parole pour ma gloire. Quand mme il ny aurait aucune utilit pour personne ou aucun rsultat, toutefois raison de ta bonne volont et de lintention pure qui na que moi pour objet, cela rsonne avec suavit dans mes oreilles et vient mmouvoir jusquau fond de mon divin Cur. Lesprance aussi qui te fait sans cesse soupirer aprs moi exhale pour moi une odeur dlicieuse. Tes gmissements et tes dsirs sont mon got plus agrables que les mets les plus exquis. Enfin je trouve dans ton amour les charmes des embrassements les plus doux. (Liv.III, ch. I.) Une nuit que Gertrude, force par la maladie, navait pu rester que fort peu de temps Matines : Que peut-il vous revenir de gloire, mon Seigneur dit elle, des courts instants quune indigne comme moi a pu consacrer aux divins offices ? Quel avantage, lui fut-il rpondu, un poux peut-il retirer des tendresses que son pouse pendant lespace dune seule nuit lui prodigue pour contenter son propre cur ? Or aucun poux na jamais pu trouver autant de charme aux caresses de son pouse que je nen gote mme dans le court instant o mes lus me donnent leur cur pour que je me dlecte avec eux. (Liv. IV, ch. XXXVIII.) 18. Aime-moi, puisque je taime Marguerite de Cortone, toute confuse des paroles de tendresse que Jsus lui adressait, sen regardait comme trs indigne et disait : Si ces paroles flatteuses que je viens dentendre sont celles de lennemi qui se transforme en ange de lumire, je tordonne de cesser de parler et de tloigner. Celui qui te parle, rpondit Jsus, est Celui que tu as crucifi, Celui qui ta ressuscite de la mort du pch, Celui qui tappelle aux amertumes de la pnitence, par lesquelles lme se purifie de toute souillure. Moi, ton Rdempteur, que tu aimes et que tu recherches en tout, je te dis que tu es ma fille bien-aime , que je veux tenrichir des dons les plus prcieux de ma grce ce point que nulle femme de ton temps nen a encore reu de si grandsAime-moi donc, puisque je taime. Publie mes louanges et je te louerai et te ferai louer dans le monde entierToutes les grces que tu as reues jusqu ce jour ne sont rien en comparaison de celles que je te rserve, car lil ne saurait voir, le cur noserait penser ni

croire aux grces sublimes que je me dispose taccorder Ma fille, mon Pre taime, ma Mre et tous les saints aussiTu es ma fille, parce que tu mobis. Tu es mon pouse, parce que je suis ton seul amour; tu es ma Mre parce que tu accomplis dans la mesure de tes forces les volonts de mon Pre et jajoute que sur la terre il ny en a pas que jaime plus que toi. Cependant que ces paroles ne te remplissent pas de prsomption, car ces consolations tu ne les a pas encore achetes ; un temps viendra ou tes souffrances tapprendront le prix que ma cot ton salut. Seigneur Jsus, pourrai-je supporter ces peines ? Jen ai souffert de plus grandes pour toi, ma fille , rpondit Jsus. (Vie intime, ch. IV, 3, 7, 8.) 19. Les invitations affectueuses de lEpoux divin. Jsus dit sainte Vronique Juliani : Je suis ton Epoux. Quand donc te dcideras-tu maimer vritablement ? Je suis tout toi ; je viens toi pour tattirer en moi ; je viens toi pour faire une seule chose avec moi ; je viens toi pour te transformer toute en moi. (Diario, 18 giugno 1697.) Le Seigneur, dit la bienheureuse Marie-Madeleine Martinengo 28, dans son infinie bont madressait intrieurement des paroles dune cleste douceur. Si, transperce de douleur pour mes pchs, je Lui demandais pardon, Il me rpondait dans le sanctuaire intime de mon cur : Ma fille, tu as t dj purifie dans mon sang. Si je Lui demandais sa sainte dilection, je voyais souvrir son divin Cur. Il plaait dans cette fournaise damour mon cur qui restait enflamm de saintes ardeurs. Si je lui disais : Mon Dieu, je suis toute vous, Il me rpondait : Et moi, ma fille, je suis tout toi. A chaque parole que je lui adressais, jentendais en retour des paroles de vie ternelle qui me liqufiaient de douceur. Elle ntait encore que pensionnaire. (Vie, ch. II.) Le vnrable Bernard-Franois de Hoyos29 ayant pass par des preuves intimes trs pnibles, reut, le 15 aot 1730, la faveur du mariage spirituel : Dsormais, lui dit le Seigneur, tu es moi et je suis toi ; tu peux te dire et signer Bernard de Jsus ; tu es Bernard de Jsus et je suis Jsus de Bernard ; mon honneur est le tien, et ton honneur est le mien. (Vida, ch. XII.) Ma fille disait le Seigneur la bonne Armelle 30, tu est la fille de lamour. Jsus dit Sur Saint-Martinien31 , le 17 octobre 1861, aprs la sainte communion : tu es mon pouse, tu es ma fille, tu es chre, oui, bien chre mon Cur ; ma Mre et mes saints taiment ; mon Pre et lEsprit-Saint te voient ; ils contemplent avec plaisir le triomphe de ma grce en toi. Je taime, mais aime moi bien, toi aussi. Ne crains pas, je serai toujours avec toi ; mais sois-moi bien fidle. Fais connatre tout ton pre spirituel et obis en tout et partout. Demande-moi ce que tu voudras, car je suis ton Epoux, mais aussi ton Crateur, ton Dieu, ton Pre ; demande, ne crains pas. Une autre fois, le 1er novembre 1861, Jsus lui dit encore : Aime-moi et je taimerai ; si mon Cur a besoin dtre aim, le tien en a aussi besoin. Prends part mes peines et je prendrai part aux tiennes.

28La bienheureuse Marie-Madeleine Martinengo (1687-1737) fut une clarisse capucine du monastre de Brescia ; elle a t batifie par Lon XIII, le 3 juin 1900. (Vie par le R.P Ladislas, de Vannes, Paris, Poussielgue, 1901) 29Le vnrable de Hoyos (1711-1735), de la Compagnie de Jsus, fut un grand aptre de la dvotion au Sacr-Cur, quil contribua rpandre dans lEspagne. (Vida, por el Padre Vicente Agusti, Barcelona, 1896.) 30Armelle Nicolas (1606-1671) tait une humble servante qui passa la plus grande partie de sa vie Vannes o elle mourut en grande rputation de saintet. 31La Sur Saint-Martinien (1831-1862), religieuse de la Congrgation de Saint Charles dAngers, passa sa vie dans le soin des malades. Elle pratiqua dhroques vertus. On a publi deux petits volumes de ses lettres son directeur. (En vente la Communaut de Saint Charles, Angers.)

20. Ma bien-aime est moi et je suis elle Jsus adressait parfois Sur Marie-Josphe Kumi 32 des paroles dune ineffable tendresse : Jai une pouse qui demeure cache en mon Cur et qui est au gr de mon Cur ; elle a ma forme ; elle est vtue de la couleur de mon vtement, elle tient les clefs la main, et en vritable pouse, elle rgne sur les inpuisables trsors de ma charit. Les flches de son amour blessent mon Cur. Le sien est toujours ouvert pour que je puisse y venir volont et me soulager par sa tendresse des injures que je reois des hommes. La bonne volont de son cur ma tellement charm que je lai faite matresse de mes trsors ; elle est enrichie de lor de mon pur amour ; plonge dans la mer insondable de la paix, et pourtant elle ne s'y abreuve pas (c'est--dire elle ne recherche pas sa satisfaction) ; elle se trouve sur la terre et ne la touche pas, parce quelle ny est attache rien. Elle ne voit pas le ciel, parce quelle agit moins pour lui que par amour. Elle slve chaque jour plus haut dans la perfection de lamour parce quelle sabaisse dans son nant. Elle est imprime dans mon Cur et moi dans le sien. (Vie, ch. IX.) 21. Le duel damour Dans une lettre sainte Jeanne de Chantal, le P. Galice, barnabite, raconte un combat mystrieux qui stait engag entre le divin Matre et sa fidle servante Anne-Marguerite Clment33 dont il tait le directeur : Notre-Seigneur vint assaillir son cur de la plus vive blessure damour quelle eut encore prouv et il lui dit : Je veux tenrler dans ma milice, je veux te couvrir de mes armes Je veux tapprendre devenir habile au combat, non pas contre le monde et le diable ; ce sera contre moi-mme que tu te serviras de mes propres armes ; il faut que nous entrions dans la lice pour combattre nous deux. Il lui montra ensuite une armure complte et se servit des armes dont parle saint Paul pour lui en donner lexplication. Lamour doit commencer cette guerre, continua le divin Matre, le mme amour la poursuivre et ton pauvre cur lachever. Je ne veux point dautre but mes coups que ton cur mme. Je prtends le faire mourir damour. Puis comme un habile archer Il lana trois flches brlantes du feu de son amour dans le cur de sa servante, qui crut quelle en perdrait la vieMais le combat ntait pas achev ; elle devait combattre son tour. Jsus donc lui ordonna de se remettre sur pied et de porter des coups son Cur divin. Voici ton blanc, ditIl en lui montrant ce Cur ? et le but de tes flches. Cette jeune guerrire, se sentant peu habile, faisait rsistance : Quoi Seigneur, blesserai-je votre divin Cur. Avec quelles armes puis-je le faire ? Tes flches, repartit Jsus, ne sont autres que les mouvements de ton amour envers moi ; aime-moi donc et tu blesseras mon Cur. Elle le pera en effet par la force de lamour que lamour mme alluma en elle et fit une ouverture suffisante pour se cacher dans ce Cur adorable, o Jsus lunit Lui. (Vie, de 1915, p. 279.) Une autre fois, ctait la veille de la fte de la conversion de saint Paul, son divin Epoux lui dit : Tu me perscutes plus violemment que Saul, mais bien diffremment, car tu me perscute par la violence de lamour ; tu ne me donnes point de repos Tu as bless mon Cur par la pointe de tes dsirs et par les flches de tes amours ; tu as t si impitoyable que tu mas bless de toutes parts. Elle vit le Cur divin tout couvert de plaies, dont une tait assez grande pour lui donner entre. Elle y fut tire par cet Amant victorieuxLe lendemain Jsus revenant elle, lui dit : Je veux mon tour entrer dans ton cur et y amener toute la Trinit. Et le Pre y prit place, ainsi que le fils et le Saint Esprit. (Ibid., p. 438.). Jsus lui dit encore : Je suis un aigle royal qui ne se nourrit que de curs. (p. 413.)

32Marie-Josphe Kumi (1763-1817), religieuse dominicaine du couvent de Wesen, au diocse de Saint-Gall, en Suisse, y mena une vie admirable dhumilit, de pnitence et damour. Sa vie a t publie en 1906, par Masson, Lyon, Vitte. 33La mre Anne-Marguerite Clment (1593-1661) fut reue en 1617 dans lordre de la Visitation, Annecy, 1 par saint Franois de Sales et sainte Jeanne de Chantal. Forme par ces deux grands serviteurs de Dieu, elle mena une vie trs sainte et fut lune des plus remarquables religieuses de lordre naissant. Elle fonda les monastres de Montargis et de Melun. (Vie, par les Visitandines, Paris, 1686 ; nous avons donn une nouvelle Vie en 1915, Paris, Tqui.)

22. Jsus ses intimes agonisants Peu de temps avant de mourir, Angle de Foligno dit ceux qui lentouraient : Jsus Christ, Fils de Dieu, ma prsente au Pre. (Ferr, p. 515 ; Doncur, p. 349.) Et plus tard elle entendit ces paroles : O mon pouse, toute belle, toi que jai aime en vrit, je ne veux pas que tu viennes moi charge de douleurs, mais pare de la joie innarrable. Il convient au roi de revtir celle quil aima depuis longtemps dun manteau royal. Et on me montra un manteau de lumire, capable de vtir une me Et le Verbe me dit : Viens, ma bien aime, que jai aime dun grand amour ; viens, car tous les saints tattendent en grande joie. Je ne te confierai ni aux anges ni aux saints ; je viendrai en personne et je tenlverai moi-mme. Tu es telle quil faut pour me convenir ; tu es trs haute devant ma Majest. (Hello, ch.LXX ; Doncur, p. 352 ; Ferr, p. 519.)

III. Jsus veut tre aim23. Le ciel doit tre dsir par amour On demande, dit le Seigneur Brigitte, pourquoi les peines de lenfer ne sont point vues. Si les peines de lenfer taient vues comme elles sont, lhomme scherait de crainte et chercherait le ciel non par esprit damour, mais par crainte. Or cest parce que personne ne doit dsirer le ciel par crainte de la peine, mais par la charit, que je cache la peine des damns. (Liv. V, ch. II.) 24. Donne-moi ton cur Souvent la divine Sagesse se montrait Henri Suzo34 sous une forme dune exquise beaut et avec un sourire plein de grce et de majest ; elle lui disait : Mon fils, donne-moi ton cur. Ne crains rien, je serai avec toi. Je te secourrai dans toutes les peines, parce que je taime dune manire toute spciale. Pour preuve de ma tendresse, je veux changer ton nom. Tu ne sera plus Frre Henri, tu seras Frre Amant ; si le monde lignore, les anges du ciel le sauront, et les hommes mmes lapprendront un jour, afin quils voient combien mes serviteurs me sont chers. (uvres, trad. Cartier, 41, daprs Surius.) 25. Je taime beaucoup plus que tu ne maimes ! Le Seigneur me provoquait lamour, rapporte sainte Angle Foligno, et Il disait : ma fille chrie, ma fille et mon temple ! ma fille et ma joie ! Aime moi, car je taime beaucoup plus que tu ne maimes. Parmi ces paroles, en voici qui revenaient souvent : ma fille, ma fille et mon pouse, que tu mes douce ! Puis Il ajoutait : Oh ! je taime beaucoup. ma fille et mon pouse ! je me suis pos et repos en toi ; maintenant pose-toi et repose-toi en moi. Tu as pri mon serviteur Franois. Franois ma beaucoup aim, jai beaucoup fait en lui, mais si quelque autre personne maimait plus que Franois, je ferais plus en elle. (Hello, ch. XX ; Doncur, p. 60 ; Ferr p. 49.) Et Il se plaignait de la raret des fidles et de la raret de la foi et Il gmissait et Il disait : Jaime dun amour immense lme qui maime sans malice (sans doute : sans mler lamour quelle a pour moi quelque autre affection drgle). A une telle me je ferais de plus grandes grces quaux saints des sicles passs, par qui Dieu fit les prodiges quon raconte aujourdhui. Or, personne na dexcuses, car tout le monde peut aimer ; Dieu ne demande lme que lamour car il aime, lui, Il est lamour de lme. Et qu'elles sont profondes ces dernires paroles, ajoutait Angle, Dieu ne demande lme que de laimer ! Il mexpliquait sa passion et tout ce quIl a fait pour nous et Il ajoutait : Regarde bien ; trouves-tu en moi quelque chose qui ne soit pas amour ? Il se plaignait de trouver en ce34Le bienheureux Henri Suzo (1295-13 66), n Uberlingen, prs du lac de Constance, fut dominicain ; il a laiss des crits justement clbres. Nous empruntons dordinaire la traduction de P. Thiriot, Paris, Lecoffre, 1899.. dition allemande, Munich, 1876).

temps peu de personnes en qui il puisse dposer sa grce (Ch. XX, Bolland., n 50, 51 ; Ferr, p.83 ; Doncur, p.79.) Tu ne peux jamais rpandre sur moi de parfums si doux, dit le Sauveur Sainte Mechtilde, que de me faire reposer sans interruption dans ton me. (Liv. IV, 9.) Jsus parlait de mme Sainte Brigitte : O toi ma fille, que jai choisie pour moi, aime-moi de tout ton cur, non pas comme un fils ou une fille, ou comme les parents aiment leurs enfants, mais plus que tout ce qui est au monde ; car moi qui tai cre, je nai pargn aucun de mes membres pour lamour de toi, et jaime tellement ton me, que jaimerais mieux tre crucifi une autre fois, si ctait possible, que de men priver. (Liv, I er, ch. Ier.) 26. Jsus, pour tre plus aim, communique quelque chose de son amour La Mre Anne-Marguerite Clment voyait souvent Notre Seigneur qui se rjouissait de la conqute de son cur, comme ferait un victorieux qui sest assujetti un royaume. Une fois ce bon Sauveur lui fit connatre la joie quIl avait eue de sincarner pour elle. Elle voulut Lui donner son cur en retour, mais elle se souvint quelle lavait mis dans le Cur de Dieu et quelle navait plus rien offrir. Jsus lui dit Donne-moi celui que je te donne ; dsormais tu auras les uvres de ce cur nouveau ; pour cela met ta main dans le mien pour y puiser tout ce que tu voudras. Et que peut-on puiser dans ce cur divin, si ce nest lamour ? (Vie, 1915, p. 437.) 27. Jsus cache son amour pour aviver nos dsirs Le divin Sauveur me dit, raconte sainte Angle de Foligno : Je taime dun amour immense, mais je ne te le montre pas, je te le cache Mes yeux voient tes dfauts, mais c'est comme si je ne men souvenais plus. Jai dpos, jai cach en toi mon trsor. Comme Il me cachait, me disait-Il, son amour cause de mon impuissance le porter : si vous tes, lui dis-je, le Dieu tout-puissant, vous pouvez me donner la force de porter votre amour. Il rpondit : Tu aurais alors ce que tu dsires et ta faim diminuerait ; je veux au contraire que tu me dsires, que tu aies faim de moi, que tu languisses damour. (Hello, ch. XXI ; Ferr, p. 79 ; Doncur, p.78.) 28. Les prfrs de Jsus. Ils doivent tout faire par amour Jsus dit Gertrude-Marie35, pendant sa retraite de 1902 : Jai des prfrences pour toi ; tu dois en avoir pour moi. La preuve de mes prfrences, ce sont mes grces de choix ; la preuve des tiennes, ce sera ta gnrosit. Tu prpares ton anne, tu cherches les moyens de me faire plaisir, et moi, ton Dieu, je te prpare mes faveurs. Plus tu sens le besoin de me donner, plus mon cur sent le besoin de te combler de faveurs. Change tout en or de lamour ; transforme chacun de tes actes en une pice dor pour payer la dette des ingrats. A mesure que tes rpugnances augmenteront, que la vertu te deviendra plus pnible, donne davantage et plus joyeusement (Ch. VI.) Jsus ma dit : Je tenrichis pour que tu enrichisses les autres. (Ch. CXCIV.) 29. Adorable jalousie de Jsus Sainte Rose de Lima36 vit la Vierge du Rosaire abaisser ses regards, avec un visage joyeux, sur lenfant-Jsus quelle tenait dans ses bras, puis la regarder elle-mme. Le divin Enfant en fit autant et dit : Rose de mon cur, soyez pour toujours mon pouse fidle. ( Vie, ch. XVI.)35Gertrude-Marie (1870-1909), religieuse de Saint-Charles dAngers, simple et modeste, vcut dune vie irrprochable ; elle fut trs favorise du Seigneur. Des mes peu prudentes stant crues, aprs la lecture du livre qui raconte sa vie, favorises de grces extraordinaires, le Saint-Office a voulu empcher ces abus ; mais la sentence quil a porte pour arrter la diffusion de cet ouvrage ntait pas une condamnation proprement dite, et le livre na jamais t mis lIndex. Les passages que nous citons sont tous conformes la saine doctrine. 36Sainte Rose naquit et mourut Lima (1586-1617). (Vie, par Masson, Lyon, Vitte, 1896.)

Il est dit dans lcriture que Dieu est jaloux ; en effet, toute rivalit lui dplat, nexistt-elle que dans une fleur. Rose de Lima cultivait des fleurs pour les autels, ses soins surtout se portaient sur un basilic qui, cause de son parfum, lui semblait plus digne dtre offert au Roi des cieux. Un matin, elle trouva sa plante chrie dracine. Sensible cette perte, elle se retirait en gmissant, lorsque Jsus vint sa rencontre, et lui dit: pourquoi vous affligez-vous? Moi, qui suis la fleur des champs, je vous reste. Ntes-vous pas plus heureuse de me possder que votre basilic et toutes vos plantes parfumes, qui ne durent quun instant ? Je veux tre votre basilic, et cest pour cela que jai dtruit lautre. Reversez donc sur moi lamour que vous lui portiez. Ds lors, toutes les fleurs devinrent indiffrentes Rose, et Notre Seigneur laima plus tendrement que jamais, comme il le fit connatre une pieuse femme de Lima : Je porte ma Rose, lui dit il, dans lendroit le plus intime de mon Cur, parce que le sien est tout moi, et que jen ai seul la possession tranquille. (Ch. XX.) Aime-moi de tout ton cur, de toutes tes forces et de toutes tes puissances, disait Jsus Anne-Marguerite Clment, car je ne veux pas que tu aimes autre chose que moi. Je veux tre lunique roi de ton cur. Si tu maimes, je te pardonnerai tous tes pchs ; lamour est la pnitence que je te demande. Aime-moi donc, ma fille, car je suis ton Dieu et ton salut. (Vie, 1915, p. 461.)

IV. Dlicatesse de Jsus30. Combien Jsus est sensible ce que lon fait pour Lui et contre Lui Pendant que Franoise de la Mre de Dieu vaquait avec activit ses fonctions de matresse des novices, Notre Seigneur la tenait toujours bien prs de Lui, soit pour laider dans sa charge, soit pour procurer sa sanctification personnelle. Si quelques-unes de celles dont Notre-Seigneur lui donnait le soin se laissaient aller en quelque dissipation ou infidlit, Il sen plaignait elle, lui disant : Une telle ma fait telle et telle chose. Si dautres fois ces mes embrassaient quelques pratiques de vertu avec fidlit, Il sen rjouissait avec elle, lui disant : Telle sur que vous aimez a fait telle chose pour moi. Comme fois elle admirait cette bont et cette familiarit de Notre-Seigneur, et en tait toute confuse, Il lui dit : Quest-ce quun pre ne fait point pour son enfant? Pourquoi vous tonnez-vous ; ne suis-je point votre pre ? (Vie, ch. XIII.) 31. Bndictions accordes ceux qui font du bien aux amis de Jsus Le Seigneur dit Marguerite de Cortone : Ma fille, si je considrais les uvres des habitants de Cortone, ils mriteraient dtre chtis de diffrentes manires, mais eu gard leur respect et leur dvouement pour toi, je leur ferai grce et ils nauront rien souffrir du pril qui les menace. Jaccorderai la mme faveur tous ceux qui par amour pour moi taimeront et te protgeront. Au contraire, jaffligerai ceux qui te molesteront soit par leurs paroles, soit par leurs actions, soit mme dans le cur. Aussitt la sainte intercda pour ceux-ci, lexemple de Mose priant pour sa sur et pour ceux qui loutrageaient. (Vie intime, ch. VI, 11.) Une autre fois le Seigneur lui dit : Dis tel Frre Mineur (le P. Giunta) de te visiter et de te consoler par amour pour moi. Je len rcompenserai par de grandes grces sur la terre et par une gloire plus grande dans le cielTous ceux pour lesquels tu me prieras en ressentiront de suite lheureux effet. Je vais plus loin en tassurant que jaime ceux qui taiment ; et ceux qui ne taiment pas ne sentiront point la saveur de ma grce. (Ibid., ch. IX, 26.) Sache, dit un jour le Seigneur la vnrable Marie-Cleste, que je donne des grces et des bienfaits tous ceux qui taiment ou qui te font quelque bien, et je recevrai comme fait moi-mme ce quon te fera toi, car je me rjouis de voir aim ce que jaime. Vois donc jusquo va mon amour pour toi. (Vie, p. 154.) Combien le Seigneur est un ami fidle et dlicat ! Na-t-il pas dit son peuple : Si tu

coutes ma voix et si tu fais tout ce que je te dis, je serai lennemi de tes ennemis et jaffligerai ceux qui taffligent. (Exode, XXIII, 22). Auparavant il avait dit Abraham : Je bnirai ceux qui te bniront et je maudirai ceux qui te maudiront. (Gense, XII, 3.) Sil a dit : Toutes les fois que vous aurez fait de pareilles uvres de charit au moindre de mes frres, cest moi que vous laurez fait (Matth., XXV, 40 ), combien est-il plus sensible encore tout ce que lon fait pour ou contre ses vrais amis ! 32. Bonts de Dieu pour les amis de ses amis Parlant de Sainte Mechtilde une autre religieuse, qui semble bien avoir t sainte Gertrude, le Seigneur dit : Tous ceux qui laimeront cause de moi, je les attirerai moi avec plus de douceur et dintime suavit ; ceux qui me loueront ou me rendront pour elle des actions de grces et me fliciteront davoir lu et perfectionn une telle me, je donnerai ce qui leur aura plu davantage en elle, et jajouterai mme ce qui my aura plu davantage moi-mme. Quand elle sera ses derniers moments et que je viendrai pour la prendre avec moi, vous qui alors avec dsir et dvotion prparerez vos curs pour ma grce, me remerciant pour les bienfaits que je lui ai dpartis, je vous donnerai selon vos dsirs les grces suivantes : certains je verserai les consolations spirituelles ; dautres jaccorderai, soit lillumination de lme, soit la ferveur de lamour ; dautres une sagesse intelligente ou une utile doctrine quelles enseigneront au prochain, dautres lavancement dans la religion afin quelles servent dexemple autrui. (Ve part., ch. XXVI.) A tous ceux qui ont confiance en toi, dit Jsus sainte Lutgarde 37, et qui seront aims de toi, je ferai du bien cause de toi. (Ch. VIII.) Et un jour qu'elle priait pour un pcheur, le Seigneur lui rpondit : Voici que je lui pardonne parce quil sest confi en toi ; je ferai la mme misricorde ceux que tu aimes et qui mettent en toi leur esprance. (Ch. IX) Comment se fait-il, pensait une fois la Mre Franoise de la Mre de Dieu, que ce sont toujours les mmes pour lesquelles Notre-Seigneur maccorde toujours ses grces particulires ? Et elle Le priait de se donner toutes. Jsus-Christ lui demanda ; Naimez-vous pas celles qui maiment ? Elle rpondit : oui, mon Seigneur, et je voudrais leur faire quelque bien, parce quelles vous aiment. Il lui dit : et moi aussi, jaime qui vous aime et comme vous navez rien leur donner, je veux y suppler et me donner moi-mme aux personnes qui vous aiment. (Vie, ch. XXVIII, p. 384.) Je prendrai soin de rcompenser ou de venger tout ce qui te sera fait, a dit Jsus Sainte Marguerite-Marie. (Ed. Gauthey, II, p. 192.) Et Sainte Angle de Foligno : demande-moi une grce pour toi, pour tes compagnons, pour tout ceux que tu veux, et prpare-toi recevoir, car je suis beaucoup plus prt donner que toi recevoir. ( Hello, ch. XX ; Doncur, p.61 ; Ferr, p. 51.) 33. Jsus aime nos amis plus que nous ne les aimons Franoise de la Mre de Dieu suppliait instamment Notre Seigneur de dlivrer une me du purgatoire. Jsus lui dit avec un grand tmoignage damour : Je suis saint et ma saintet ne peut souffrir aucune impuret. Jai plus de dsir de la dlivrer quelle et vous nen avez ; mais il faut que mon ordonnance soit accomplie ; jexcite prier pour elle 38. (Vie, ch. X, p. 130)

V. Les plaintes de l'amour34. Le Cur de Jsus est bien mal pay de ses bienfaits Un jour, le Saint Sacrement tant expos, Marguerite-Marie vit son bon Matre tout clatant de gloire, avec ses cinq plaies, brillantes comme autant de soleils. De sa sacre humanit sortait des flammes, surtout de sa divine poitrine. Layant ouverte, Il lui dcouvrit son divin37Sainte Lutgarde vcut de 1182 1246 ; on la appele la Marguerite-Marie belge. (Vie, par le P. Jonquet, oblat de Marie, Bruxelles la Basilique nationale, 1907.)

Cur, les merveilles de son amour et jusqu quel excs il lavait port aimer les hommes dont Il ne recevait que de lingratitude : Ce qui mest plus sensible, lui dit il, que tout ce que jai souffert en ma passion. Sils rendaient quelque retour mon amour, jestimerais peu ce que jai fait pour eux, et voudrais, sil se pouvait, en souffrir davantage ; mais ils nont que des froideurs et rebuts pour tous mes empressements leur faire du bien. Mais, du moins, donne-moi ce plaisir suppler leur ingratitude, autant que tu pourras en tre capable. (Ed. Gauthey, II, p. 71.). Une autre fois laimable Cur de Notre-Seigneur se prsenta Marguerite-Marie, en lui disant ces paroles : Jai une soif ardente dtre honor des hommes dans le Saint Sacrement, et je ne trouve presque personne qui sefforce, selon mon dsir, de me dsaltrer, usant envers moi de quelque retour. (II, p.876.) Il disait encore : Si tu savais combien je suis altr de me faire aimer des hommes, tu n'pargnerais rien pour cela J'ai soif, je brle du dsir d'tre aim (II, p. 600) 35. LAmour nest pas aim Marie-Dominique Moes39 tait encore une enfant quand elle entendit ces plaintes du Sauveur : Ah ! ma chre enfant, combien je suis content de trouver de la compassion chez toi ! Comme je trouve peu dmes qui maiment ! Au lieu damour je ne trouve que haine et mpris. Si seulement ces mes connaissaient lamour immense que je leur porte, il ne serait pas possible quelles me mconnussent un tel point. Combien je voudrais toutes les cacher dans mon cur ; mais non, elles ne le veulent pas. Elles passent ct de moi, comme si je navais rien fait pour elles. Ma chre enfant, je veux tablir ma demeure dans ton petit cur enfantin. Je my cacherai lorsque mes enfants ingrats my perscuteront. Ton cur doit partager mes souffrances Et parce que tu dsires tant souffrir davantage encore avec moi, jarrangerai les choses de manire te faire trouver de plus grandes douleurs dans tes maux dyeux, ainsi que de la ngligence et des privations au lieu de piti. Par ces souffrances et plusieurs autres tu seras prpare luvre que je veux accomplir par toi malgr toutes les contradictions et perscutions. (I Teil, Kap. II, n. 5, seite 41.) Le jour de la fte du Sacr-Cur, en 1859, Jsus dit Marie-Dominique : hommes aveugls, qutes-vous devenus ? Nai-je pas rpandu tout mon sang pour vous et ne me suisje pas donn moi-mme vous en nourriture ? Et tout cela ne suffit pas pour faire natre en vous un amour rciproque ? Ah ! quelle douleur pour mon Cur aimant ! (1 Teil, Kap. XIV, seite 224.). Notre Seigneur, dit encore la mme servante de Dieu, sest plainte moi de lingratitude des hommes envers son Cur si affectueux; Il sest plaint surtout des mes qui Lui ont promis une inviolable fidlit et qui malgr cela continuent de mconnatre son amour. Puis il me parla de ces mes ferventes qui procurent son Cur une grande joie et qui lui servent comme de refuge quand Il est repouss par tant dingrats. Heureuses les mes, dit Il, dans lesquelles je fais mon entre ; elles seront rendues participantes de tout le torrent de mes grces. (III Teil,38Sainte Mechtilde aprs sa mort apparut sainte Gertrude,qui lui demanda dintercder pour ceux quelle avait aims sur la terre dun amour spcial et de demander quils soient dlivrs de leurs dfauts. Elle rpondit sa sainte amie : Je reconnais clairement dans la lumire de vrit que toute laffection que jai pu avoir pour quelquun sur la terre est peine comme une goutte deau au regard de locan, compare cette affection si tendre dont est anim le Cur divin envers ceux que jaimais. Jy reconnais galement la disposition, avantageuse un point incomprhensible, par laquelle Dieu laisse lhomme certains dfauts, qui lui donnent lieu de shumilier et de sexercer, et ainsi de faire chaque jour des progrs vers le salut, tellement que je ne puis avoir mme la moindre pense de vouloir autre chose que ce que la sagesse toute puissante et la bienveillance trs sage de mon trs doux et trs sage Seigneur a ordonn de chacun selon son bon plaisir. Aussi pour une disposition si bien ordonne de la divine Bont, je ne puis que me rpandre en louanges et en actions de grces. (Sainte Mechtilde, VIIe part., ch. XII.) 39La Mre Marie-Dominique-Claire Moes (1832-1895), femme dune hroque vertu , trs favorise du ciel, fut la fondatrice du couvent des Dominicaines, Luxembourg. (Vie, par lAbb Barthel, recteur dudit couvent. Les citations seront toujours faites daprs ldition allemande, dont ldition franaise nest quun abrg.)

Kap. Vin, n. 3, seite 623, 624.) 36. Jsus a sans cesse sous les yeux le spectacle des pchs de tout lunivers Sainte Catherine de Sienne pleurait en pensant aux maux de l'glise Ma bien douce fille, lui dit le Seigneur tes larmes sont toutes puissantes, parce que elles sont rpandues par amour pour