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AVEC MARIJO
SISTERO
N
La perle de la Haute-Provence, Sisteron, est une petite localité d’environ 8 000 habitants. Bâtie au bord de la Durance, elle constitue la halte idéale entre Alpes et région méditerranéenne, entre Dauphiné et Provence.Déjà, il y a 4 000 ans, le site était occupé. Il constitua aussi une étape des Romains sur la voie Domitienne reliant l’Italie au delta du Rhône.Après avoir été propriété des comtes de Forcalquier, puis de Provence, Sisteron passa par testament au roi de France, Louis XI , en 1483, en même temps que toute la Provence.Entre 1562 et 1594, la cité connut les guerres de religion.Elle fut le siège d’un évêché à partir du Ve siècle jusqu’à 1801.Au XVe siècle, pour se protéger des exactions des bandes barbares, cette ville décida de se doter de 12 tours reliées entre elles par des remparts. Le danger passé, la destruction se fit progressivement par manque d’entretien ou pour les commodités de la circulation. Cinq tours subsistent encore au centre de la ville.
« De gueule à un grand S
couronné, accompagné
de deux fleurs de lis posées une sur chaque flanc, et en
point de deux
annelets, tous d’or ».
Située à 485 m d’altitude, Sisteron est une ville qui se révèle
accueillante dès le premier abord. Toute fleurie, jouissant de
300 jours d’ensoleillement et
d’un ciel bleu le plus souvent, elle justifie le titre de l’un des « plus
beaux détours de France ». Cependant,
il faut noter que, passé la barrière constituée
par le rocher de la Citadelle, les quartiers
sont beaucoup plus frais. Il peut y avoir jusqu’à dix degrés de différence!. Vauban appelait d’ailleurs la face nord « l’hiver »!
Avec 18 mètres de hauteur, elles sont les plus hautes tours
d’enceinte en France.
La cathédrale Notre-Dame et Saint-Thyrse, appelée aussi Notre-Dame des Pommiers, chef-d’œuvre de l’art lombard-provençal, fut construite dans la deuxième moitié du XIIe siècle. Saccagée par les Protestants au XVIe siècle, son clocher abattu, elle fut complètement restaurée au XVIIe.C’est un sanctuaire sans transept, dont le vaisseau central est formé de cinq travées qui communiquent avec les bas-côtés par des arcades légèrement brisées.Elle possède un retable du XVIIe siècle et plusieurs belles œuvres picturales dont deux toiles de Mignard. Malheureusement, à cause d’un office au moment de mon passage, je n’ai pu prendre de photos.
Au-dessus du chœur, une coupole sur
trompes. On peut remarquer celle qui
vient d’être restaurée, au-dessus de l’autel
du bas-côté de droite.
De la voie principale, la route Napoléon qui relie
Grenoble à Marseille, un coup d’œil sur la vieille ville dont les toits de tuiles rouges
sont majoritairement
anciens.
La ville était divisée en quatre quartiers, reliés entre eux par
tout un lacis de petites rues, ruelles souvent tortueuses, couverts, escaliers…
La première tour avec horloge remonte à 1564. Celle-ci fut remplacée par une horloge à pendule au
XVIIe et coiffée d’un campanile de fer forgé en
1839.
Sur la place de l’Horloge, la fontaine Saint-Tropez.
D’abord nommée fontaine du Chasal des bœufs, puis
Fontaine de la Place, au XIVe, elle prit son nouveau nom
lorsqu’en 1822, on la surmonta d’un monument en
l’honneur de Mgr Louis-Jérôme de Suffren de Saint-Tropez qui s’était battu afin
d’obtenir un canal d’arrosage pour le pays sisteronais au
XVIIIe siècle! Dominant l’ensemble, on aperçoit la
Citadelle.
Elles arborent de magnifiques
portes sculptées.
Beaucoup de maisons des XVIe et XVIIe siècles
dans ce quartier, une datant même
du XIIIe.
Quelques ruelles étroites…
La fontaine Ronde, du nom de son ancien
bassin, fut établie, en 1419,
grâce aux libéralités de la Reine Yolande,
veuve de Louis II, Régente de Provence.
La rue du Glissoir, est
ainsi nommée
parce que sa pente se
transforme en patinoire
en hiver!
Sur une placette, on peut voir une ancienne cuve carrelée pour la fermentation du raisin. Vers 1820, 20 000 hectolitres de vin étaient produits chaque année à Sisteron. La vigne fut détruite
par le phylloxera, autour de 1860, et ne fut jamais replantée.
Les rues et ruelles très étroites, souvent très pentues, qui
permettaient de circuler d’un
quartier à l’autre, se nomment des
Andrônes. Ce nom a pu être emprunté au Grec, signifiant galerie entre deux
cours, ou à l’Italien, « androna », qui
signifie ruelle. La plus importante, ci-
contre, est constituée de 78 marches. C’est la Longue Andrône. Elle relie le centre
ville au quartier de Bourg-Reynaud.
Abandonnant la ville, nous partons à la découverte de la
Citadelle qui ne fut démilitarisée qu’en
1920. La montée sera parfois bien rude sous le chaud soleil estival
qui cogne dur!
Ce site a été fortifié de tout temps. Il ne reste rien de l’oppidum des Voconces, rien du castrum romain, pas davantage du castel du Haut Moyen Age. La première mention d’un château remonte au XIe siècle.La Citadelle, que l’on voit aujourd’hui, est constituée d’un ensemble qui a fortement évolué à travers les âges. Le rempart supérieur et le donjon remontent au XIIIe siècle Les guerres de religion vinrent augmenter la nécessité d’avoir une défense efficace. Ce n’est pourtant qu’en 1589, avec un obscur ingénieur, Jean Sarrazin, que commencent les travaux d’importance. Lui succèdera Raymond Bonnenfant, ingénieur royal chargé de la Provence. C’est un étagement d’ouvrages bastionnés avec deux enceintes au nord et trois au sud. En 1692, Vauban conçoit un ambitieux projet avec relèvement des courtines, mais ne seront réalisés que la poudrière et son puits… La Citadelle prendra son aspect actuel sous Louis-Philippe, à partir de 1840. en reprenant quelques idées de Vauban, notamment le relèvement des courtines!
Ce plan, photographié à l’entrée de la forteresse, donne une bonne idée de son importance. Elle est dominée en son point le plus élevé par le donjon et la chapelle construite au
XIVe siècle.
Le bastion du Roy, date de la fin du XVIe
siècle.
L’une des portes de la forteresse.
Pendant la dernière guerre mondiale, des hommes
furent détenus en ce lieu, avant leur déportation en Algérie ou en Allemagne.
Un peu plus haut!
Cet escalier, qui s’enfonce très profondément, fut
construit au XIXe siècle, pour relier la Citadelle à la porte nord de la ville, elle
aussi reconstruite.
C’est de la citadelle que l’on a les meilleurs points de vue sur la ville!
Ultime étape de la montée : il faut
atteindre le donjon et la chapelle Notre-Dame du Château portée par des arcades que reçoivent de puissants piliers. Elle fut détruite aux trois-quarts par les
bombardements alliés en 1944, puis restaurée pour servir de cadre à
des expositions de prestige.
A gauche, le chemin de ronde du XIIe siècle,
donnant accès au donjon et ci-dessous, des vues
vers le nord et la Durance.
Le prince Jean-Casimir Vasa, futur roi de
Pologne, accusé de complot contre la France, fut retenu prisonnier dans
le donjon, sur ordre de Richelieu, du 13 février au 16 août 1639. Dans des locaux très étroits, on
peut voir le logement des serviteurs au Ier étage et au 2e, le cachot du prince.
De la citadelle la vue est parfaite sur l’autre côté de la Durance, le village de
Saint-Dominique et le rocher de la Baume.
Dans la chapelle restaurée, des vitraux du verrier Claude Courageux.
Pour terminer notre balade, allons découvrir, à
l’extrémité d’une avancée, côté
Durance, la guérite du Diable. Sa
construction ne dut pas être facile en
raison du vide qu’elle surplombe!
Musique : Dreaming – Ernesto Cortazar
Informations prises sur place
Photos, conception et réalisation :Marie-Josèphe Farizy-Chaussé
Juillet 2010
AU
REVOIR