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3 AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par exemple pour la France). Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes. Une belle-mère encombrante

AVERTISSEMENT - Le Proscenium · Catherine: Chéri, tu peux faire le chèque ? Yvan: Excuse-moi, mais je peux savoir de quoi il s’agit, je pense que pour un montant pareil, j’ai

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AVERTISSEMENT

Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits (la SACD par

exemple pour la France).

Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par

la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que

les autorisations ont été obtenues, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit

s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions

(financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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Une Belle-mère encombrante

Comédie en 2 actes de

Jo Baron

Une belle-mère encombrante

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Une belle-mère encombranteDurée : 1 h 40 minutes

Le synopsis :

Madame Dupontel, qui vient de perdre sa maman dans un accident de voiture, décide de rapatrier les cendres de cette dernière chez elle. Ce qui ne convient pas du tout à son mari Yvan. Adèle, la femme de ménage, par maladresse, fait tomber le vase contenant les cendres et passe l’aspirateur. Par magie, l’aspirateur se met à bouger et parle à Adèle. En fait c’est l’esprit de la défunte qui charge Adèle d’enquêter sur son accident, soupçonnant son gendre d’avoir saboté le véhicule. Un inspecteur, sur les traces de Carlos, complice d’Yvan, arrive chez les Dupontel. Geneviève, diseuse de bonne aventure, voit des choses dans les soit-disant cendres de la défunte, éveillant des soupçons sur une vie très perverse de son mari. L’inspecteur, découvrant que la défunte a une sœur jumelle inconnue de tous, va s’en servir pour démasquer Yvan. Et si tout ceci n’était qu’un rêve !

Décor :

Salon traditionnel mais assez luxueux. On retrouve sur chaque mur la même photo de la belle-mère disparue.

Les personnages :

Yvan : Apparemment responsable de la mort de sa belle-mère. (166 répliques)

Catherine : sa femme (193 répliques)

Adèle : Femme de ménage, elle aspire les cendres de la mère de Catherine et devient dépendante de son aspirateur. (176 répliques)

Carlos : Acolyte d’Yvan, en lien avec la mafia. (53 répliques)

Geneviève : Liseuse de bonne aventure. (24 répliques)

L’inspecteur : Chargé de l’enquête. (51 répliques)

Anémone : Sœur jumelle de la belle-mère. (26 répliques)

Le livreur : il apporte les cendres. (4 répliques)

L’aspirateur : Voix off (haut-parleur fonctionnant avec des lumières synchro). (68 répliques)

L’auteur peut être contacté par courriel à l’adresse suivante : [email protected]

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ACTE 1

Scène 1

(Yvan, Catherine, Adèle, le livreur)

(Le salon est vide. Le téléphone sonne et au bout de quelques instants, Yvan arrive de l’extérieur, défait son manteau et l’accroche sur le porte manteau)

Yvan : Allo ! (il aperçoit la photo de da belle-mère décédée sur le mur avec un effet de surprise) Ah, c’est toi Nicolas ! (silence) Oui, je te remercie ! (silence) Catherine ça va, enfin c’est un peu dur pour elle … c’était tout de même ….(apercevant les autres photos) euh, non je dirais, c’est même très dur pour elle ! (silence) Un virage, tu sais ma belle-mère a eu son permis de conduire, mais comme on dit elle avait certainement du l’avoir dans un paquet de lessive. (Silence) Oh tu sais très bien, qu’entre elle et moi ça n’a jamais marché. Elle ne pouvait pas me sacquer, je ne pouvais pas la sacquer, en clair nous ne pouvions pas nous sacquer. Catherine ? …….. Qu’est-ce que tu veux, c’était quand même sa mère. (Silence. Il raccroche) Catherine ! Catherine ! (Catherine arrive, descendant l’escalier)

Catherine : Ah, tu es déjà arrivé ? (elle l’embrasse)

Yvan : Tu n’as pas entendu le téléphone sonner ?

Catherine : Non, je me séchais les cheveux !

Yvan : Ah ! Tu te séchais les cheveux, d’accord mais par contre, (désignant les photos) tu peux me dire ce que c’est que tout ça ?

Catherine : Voyons chéri, ça comme tu dis, c’est maman, c’est tout !

Yvan : Une seule photo n’aurait pas pu suffire ?

Catherine : C’est maman, elle n’est plus là, alors je veux qu’elle soit présente par ses photos … c’est tout !

Yvan : Bon sang, tu connaissais les relations qui existaient entre ta mère et moi, je conçois que tu sois très perturbée mais je te rappelle que je n’aimais pas ta mère et d’ailleurs personne n’aimait ta mère.

Catherine : Si moi !

Yvan : Evidemment, mais ça fait peu compte tenu de tous les gens qu’elle fréquentait. Franchement, une photo sur chaque mur. Pendant que tu y es, placardes-en aussi dans notre chambre ! (elle le regarde d’un air coupable). Non, ne me dis pas que …. (Il se précipite dans les escaliers. De la chambre). Ah non ! (Il redescend) Tu vas m’enlever toutes ces photos immédiatement !

Catherine : Non !

Yvan : (surpris) Comment ça non ?

Catherine : Je te signale que maman nous a laissé une jolie fortune, je me demande d’ailleurs comment elle ne t’a pas déshérité dans son testament.

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Yvan : J’en suis moi-même fort étonné. Finalement, elle avait peut-être une estime que je n’ai jamais remarquée !

Catherine : Tu rêves ! Alors, je penses que rien que pour cette raison, tu n’auras pas d’autre choix que de supporter le regard de maman dans toutes les pièces de cette maison.

Yvan : En fait, j’ai compris, quand j’en aurai marre, j’irai aux toilettes ou dans la salle de bain. (Rires de Catherine, il réagit) Non, non et non, pas dans la salle de bain. Tu m’imagines tout nu, devant le regard de ta mère. Tu me diras, il reste encore les toilettes (rires, Yvan s’emporte)

Catherine : Mais ce n’est qu’une photo ! (Elle regarde sa montre)

Yvan : Et dans la chambre, et notre intimité alors !

Catherine : Ne t’en fais pas, au cas où, je retournerai les cadres. Et puis (rires moqueurs) ce n’est pas tous les jours que ….

Yvan : (en aparté) Même disparue, elle continuera à m’emmerder!

Catherine : Tu dis chéri ?

Yvan : Rien ! Tu as vu Adèle ?

Catherine : Non, ce matin, elle est encore en retard (elle consulte ta montre) !

Yvan: A son prochain retard, elle aura droit à aller pointer à l’anpe, et arrête de regarder ta montre, ce n’est pas ça qui la fera venir plus vite ! (elle s’impatiente, ouvre la porte d’entrée pour surveiller l’arrivée de quelqu’un. Pendant ce temps, Yvan se sert un verre et s’approche d’une photo de sa belle-mère) Décidément, même là-haut, vous allez continuer à m’emmerder ! (lorsqu’il se retourne, le visage de la photo change avec la langue tirée) Franchement si vous continuez à ….. (Il revient devant la photo, aperçoit le changement, et recrache son verre) Catherine ! (elle revient)

Catherine : Tu m’as demandé chéri ?

Yvan : D’accord, tu voulais des photos de ta mère partout dans la maison, j’admets difficilement mais bon … mais ta mère en train de me tirer la langue, ça c’est trop !

Catherine : Comment çà ?

Yvan : Vois ça ! (la photo est revenue comme au début)

Catherine : Voyons chéri, que me chantes-tu là ?

Yvan : (qui ne comprend pas) Je ……je pense que ta mère, même plus de ce monde, est déjà en train de me faire péter les boulons !

Catherine : C’est ça, c’est ça ! (on sonne)

Yvan : Tiens, voilà Adèle !

Catherine : Ça m’étonnerait, tu l’as déjà vu sonner !

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Yvan : Tu as raison, alors c’est qui ? (elle va ouvrir. Un homme entre avec un paquet)

Le livreur : Bonjour Madame, vous êtes bien Madame Dupontel ?

Catherine : Exactement, vous avez un peu de retard ?

Le livreur : Excusez-moi madame, mais pour ce genre de livraison, je ne vous explique pas les paperasseries. (Il lui donne le paquet)

Catherine : Merci ! (elle porte le colis sur son cœur) Je vous dois combien ?

Le livreur : Six mille huit cents euros ! (Yvan s’interroge)

Catherine : Chéri, tu peux faire le chèque ?

Yvan : Excuse-moi, mais je peux savoir de quoi il s’agit, je pense que pour un montant pareil, j’ai le droit de savoir !

Catherine : Mais c’est une surprise !

Yvan : Une surprise pour qui ?

Catherine : Pour toi mon chéri !

Yvan : J’adore les surprises mais pour cette somme là, j’ai un mauvais pressentiment. (Pendant qu’il fait le chèque, Elle regarde avec affection les photos de sa mère. Yvan donne le chèque au livreur)

Le livreur : Messieurs dames ! (il sort)

Catherine : (s’asseyant sur le canapé) Bon, puisque c’est ta surprise, tu pourrais défaire le paquet. Attention, il y a un haut sur le paquet.

Yvan : Je te sens bien sûre de toi ! (il défait le paquet et en sort un vase) C’est ça la surprise, tu parles !

Catherine : Attention de ne pas le renverser !

Yvan : Qu’est-ce que tu veux qu’il y ait dedans. Un vase, tu parles d’une surprise, en plus il est assez banal !

Catherine : Ah, tu le trouves banal ?

Yvan : Et bien oui, banal de chez banal ! (réagissant) ne me dis pas que c’est ce vase que tu as payé plus de six milles euros !

Catherine : Eh bien si !

Yvan : Je peux comprendre ?

Catherine : Dans ce vase, en fait ce n’est pas un vase mais une urne, il y a quelque chose qui m’est très très cher. (Réagissant au bout de quelque temps)

Yvan : Non, ne me dis pas que ….. !

Catherine : Si, mon chéri, maman est dans cette urne, enfin je veux dire ses cendres sont dans cette urne !

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Yvan : (excité) Ah non, trop, c’est trop, les photos, les cendres…et tu veux les mettre où, ces cendres ?

Catherine : Ici, sur la télé !

Yvan : Non, non et non, à chaque fois que je vais regarder la télé, je …..il va falloir que tu choisisses, ta mère ou moi !

Catherine : Mais mon chéri, j’ai déjà choisi ! (Adèle entre) Ah, c’est vous. Vous avez vu l’heure ?

Adèle : Que madame et monsieur m’excusent, (apercevant les photos) j’ai été malade toute la nuit et je n’ai pas fermé l’œil ! (Catherine passe le doigt sur un meuble) Je sais madame, y’a du boulot ! Je m’y mets tout de suite !

Catherine : J’y compte bien ! Quant à nous, mon chéri, si tu veux bien, nous allons continuer notre conversation ailleurs ! (ils sortent)

Adèle : (les regardant partir) A ce que je vois, y’a encore des choses que je ne dois pas entendre ! (Catherine réapparaît)

Catherine : J’avais oublié, je vais vous demander de prendre un grand soin de ce vase !

Adèle : Encore un truc nouveau, décidément chez vous, vous aimez le changement. Vous avez du le payer cher ?

Catherine : Cela ne vous regarde pas, mais je puis vous assurer que sa valeur est inestimable et surtout sentimentale ! Avec mon mari, nous avons rendez-vous chez notre notaire, nous ne serons pas de retour avant une bonne heure (elle sort)

Adèle : (prenant le vase) Tu parles d’une mocheté ! (regardant les photos) Et puis, l’autre là ! Une photo sur chaque mur, elle va me donner le bourdon de bonne heure ! (elle pose le vase sur la table de salon et prend l’aspirateur. S’adressant aux photos) Bon c’est pas la peine de me regarder comme ça, je vais le faire le ménage ! (en aparté) bon sang, c’est quand même pas des photos qui vont me gâcher la journée ! Et faîtes-moi ci et faîtes moi-ça, ah ça, ça marchait ! En tout cas, vous, (regardant la photo) c’est pas le boulot qui vous aura fait clamser ! (en se retournant, elle fait tomber le vase avec le manche de l’aspirateur) eh merde, ça commence bien ! (le couvercle s’étant défait, les cendres se sont éparpillées sur le tapis) Le tapis, bon sang, le tapis, j’ai intérêt de le nettoyer avant le retour de la patronne. (Elle met l’aspirateur en route) Bon sang, je sais pas ce que c’est mais bon diou c’est coriace, (elle frotte) mais c’est que ça tacherait cette saloperie ! (elle insiste) Voila, ça y est, bon sang quelle saloperie ! (à une photo) Bon ça va, ça va, c’est pas à vous que je disais ça ! (baillant) C’est pas vrai, j’ai à peine commencé à bosser que je suis déjà crevée ! Je vais m’assoir cinq minutes pis on verra (elle s’assoit sur le canapé, baille de plus en plus et finit par s’endormir. A un moment, des éclairs éclatent, signifiant le début d’un rêve. Au bout de quelques secondes, l’aspirateur* se déplace vers Adèle. Le tuyau se relève derrière le canapé)

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Scène 2

(L’aspirateur, Adèle, Catherine, Yvan)

L’aspirateur : Alors la feignasse, c’est comme ça que vous travaillez ? (pas de réponse. La voix se fait plus forte) Allez, on se remue un peu, la technicienne de surface ! (Adèle commence à se réveiller)

Adèle : Qu’est-ce que c’est, je rêve, on aurait dit la voix de cette satanée ….

L’aspirateur : Attention à ce que vous allez dire ! (Adèle se réveille)

Adèle : Qu’est-ce que c’est que ce délire, je ne m’appelle pourtant pas Jeanne D’Arc. (L’aspirateur bouge et murmure) c’est pas vrai, un aspirateur qui parle ! Vous dîtes quoi monsieur l’aspirateur ?

L’aspirateur : Prenez l’écouteur !

Adèle : L’écouteur ? (réagissant et prenant le balai de l’aspirateur pour l’écouteur) Ah c’est un marrant, cet aspirateur, moi qui voulait le changer !

L’aspirateur : Ecoutez, je vais vous charger d’une mission ! (Yvan et Catherine entrent sans qu’Adèle ne s’en aperçoive)

Adèle : Une mission, quelle mission ? (pas de réponse) Allo, allo ! (Yvan et Catherine apparaissent devant Adèle, hébétée) Euh, ils …. Ils ont raccroché, ça devait sûrement être une erreur ! (elle pose doucement le tuyau par terre)

Catherine : (surprise, jetant un regard à Yvan) Bon écoutez Adéle, si vraiment ça ne va pas, retournez chez vous pour vous reposer. Nous allons nous arranger, vous passez une bonne nuit et nous verrons demain !

Yvan : (en aparté) Moi, ce que je pense, c’est qu’il faudrait la faire interner, son cas est désespéré !

Adèle : Ecoutez, je suis fatiguée, c’est vrai, mais je ne suis pas folle. Ce que je vais vous demander, c’est tout simplement de m’autoriser à faire une sieste pendant une heure et ce soir, je reste une heure de plus, c’est tout !

Catherine : Qu’est-ce que tu en penses Chéri ?

Yvan : De toute façon, quoique j’en pense, tu n’en tiendras pas compte !

Catherine : Tu as raison, (à Adèle) Bon, nous sommes d’accord. Nous vous laissons ! (ils sortent)

Adèle : (regardant sa montre) Tu parles, à cette heure là, je sais où ils vont …au pieu. Il va encore falloir je passe l’aspirateur pour pas entendre leur concert de ahhhhhhhhhh, ohhhhhhhh, encoooooooooooore, oh ouiiiiiiii !!. Je vous jure, ces Bourgeois, c’est comme les cochons plus ça devient …….

L’aspirateur : Taisez-vous, vous allez encore dire des âneries !

Scène 3

(Adèle, l’aspirateur)

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Adèle : Ah merde, j’avais oublié mon copain l’aspirateur ! En fait, grâce à vous j’ai carrément passé pour une conne !

L’aspirateur : Qu’est-ce que ça change ? Et puis, il faut vous méfier, il n’y a que vous qui puissiez m’entendre !

Adèle : (les mains sur les hanches) Ah ouais, et pourquoi ça ?

L’aspirateur : C’est vous qui m’avez libérée de ce vase horrible. Alors, pour vous remercier je vous ai donné le pouvoir de m’entendre !

Adèle : Tu parles d’un remerciement ! (elle réagit) Quoi, vous êtes la……

L’aspirateur : Attention à ce que vous allez dire !

Adèle : Euh …… vous êtes ….. nom de dieu ! Vous êtes la ….

L’aspirateur : La chère belle-mère, c’est ça et comme je viens de vous le dire, vous m’avez libérée de cet horrible vase et je vous en remercie !

Adèle : Me remercier, ça alors ! C’est bien la première fois que vous me remerciez de quelque chose ! Si j’avais su qu’il fallait attendre que vous soyez ad patres pour que vous puissiez me remercier, il y a belle lurette que je vous aurais trucidée.

L’aspirateur : Justement, parlons-en !

Adèle : De quoi ?

L’aspirateur : De l’accident !

Adèle : Ben quoi l’accident, tout le monde savait que vous conduisiez comme une savate alors personne a été surpris !

L’aspirateur : Faux !

Adèle : Quoi faux !

L’aspirateur : Ce n’était pas un accident, ma direction avait été sciée.

Adèle : Quoi, vous êtes sûre ?

L’aspirateur : Pas vraiment, mais c’est justement vous qui allez enquêter pour le confirmer. Et je suis sûre que mon abruti de gendre y est pour quelque chose !

Adèle : Je suis désolée mais c’est votre problème, je ne marche pas. C’est quand même pas un aspirateur qui va me donner des ordres !

L’aspirateur : Dîtes-moi, Adèle, vous aimez dormir ?

Adèle : Alors ça, dormir, entre bosser et dormir, j’ai vite fait mon choix ! Mais pourquoi vous me demandez ça ?

L’aspirateur : Tout simplement, parce que si vous ne faîtes pas ce que je vous dis, je vous empêcherai de dormir, vous ne pourrez plus jamais dormir !

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Adèle : Vous rigolez ?

L’aspirateur : Vous devriez savoir, que du temps de mon séjour sur terre, la rigolade ça n’était pas ma tasse de thé !

Adèle : C’est le moins qu’on puisse dire ! Bon, c’est d’accord, à partir de maintenant je suis Julie Lescaut (à réactualiser selon les séries télé policières du moment)

L’aspirateur : Bien, je viendrai aux nouvelles de temps en temps ! Attention, je raccroche, ils arrivent ! (l’aspirateur s’éteint)

Adèle : Alors là, c’est la meilleure, me voila obligée de jouer les Colombo pour une vieillerie d’aspirateur ! (Catherine et Yvan arrivent)

Scène 4

(Catherine, Adèle, l’aspirateur, Yvan)

Catherine : Adèle, j’ai une bonne nouvelle pour vous, le représentant en aspirateur va bientôt passer, vous allez enfin être débarrassée de votre vieux tas de jailles !

Adèle : Super ! (l’aspirateur se rallume)

L’aspirateur : Adèle, vous voulez toujours dormir ?

Adèle : (se reprenant) Euh …désolé madame, mais finalement, je me suis attachée à votre aspirateur, et j’ai changé d’avis, je le garde ! En plus, ça vous fera des économies !

Yvan : Mais enfin, Adèle ! Cet aspirateur a une bonne vingtaine d’années, il est grand temps de le changer !

Adèle : Il a peut-être plus de vingt ans, mais au moins, avec lui on peut aspirer n’importe quoi et ça risque pas de l’abîmer ! (l’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : Merci pour le n’importe quoi !

Catherine : Bon, puisque vous y tenez, je vais avertir le représentant !

Adèle : Merci madame ! Au fait madame, il y a quelque chose que je voulais vous demander ….

Yvan : Si c’est de l’augmentation, c’est non !

Adèle : Alors ça, avec vous, c’est de l’augmentation de boulot que j’aurai alors je préfère ne rien demander…..(à Catherine) non, c’est à propos de l’accident de madame la maman de madame ! (Yvan qui s’était assis pour lire une revue s’interroge)

Catherine : Ecoutez Adèle, me remémorer ce souvenir c’est ….

Adèle : Je sais madame, veuillez m’excuser, mais la voiture !

Catherine : Quoi, la voiture ?

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Adèle : Vous n’avez jamais vérifié si y’avait pas eu un problème mécanique ou je ne sais quoi !

Yvan : La voiture était neuve, alors ça m’étonnerait !

Catherine : C’est vrai, mais quand vous disiez « ou je ne sais quoi » qu’est-ce que vous vouliez dire ?

Adèle : Ben j’sais pas moi, votre maman n’avait pas une super réputation, alors quelqu’un aurait pu ….. (Yvan replie son journal)

Yvan : Voyons Adèle, qu’est-ce que vous êtes en train d’insinuer ?

Adèle : Ben je sais pas moi, mais quelqu’un aurait pu scier la direction pour se débarrasser de ….. (Yvan se lève, furieux)

Yvan : Catherine, franchement, de quoi elle se mêle, elle se prend pour Colombo. On la paye pour aspirer pas pour enquêter ! (il sort. L’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : En plein dans le mille !

Adèle : Ben alors, monsieur n’a pas l’air content !

Catherine : Ne vous inquiétez pas, ça lui passera. Mais continuez, ce que vous venez de dire ne paraît pas si idiot que ça. Qu’est-ce qui vous a fait penser qu’on avait pu vouloir la mort de maman ?

Adèle : L’aspi …. Enfin je veux dire, je lis beaucoup de romans policiers et tout ça m’aspire à beaucoup de déductions ! (l’aspirateur s’allume).

L’aspirateur : Bravo, vous vous en êtes bien tirée !

Adèle : Merci !

Catherine : Pourquoi vous me dîtes merci !

Adèle : Et ben ….(hésitante), je vous redis merci pour m’avoir permis de garder l’aspirateur.

Catherine : Par moment, vous me surprenez. Au fait Adèle, je vous dis de prendre beaucoup de précautions pour cette urne mais en fait, je ne vous ai jamais dit pourquoi !

Adèle : Ben ….

Catherine : (feignant la surprise) Ce sont les cendres de maman !

Adèle : Ah bon ! Une si grosse bonne femme a pu rentrer dans …… Excusez-moi madame !

Catherine : D’abord Maman n’était pas grosse, elle était confortable ! Et puis, c’est tout ce que ça vous fait ?

Adèle : Ben vous savez, vous êtes née poussière et vous retournerez poussière, pour une femme de ménage, y’a pas de quoi en faire une serpillère !

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Catherine : Vous avez de ces mots ! Bon, je vais vous montrer pour les baies vitrées, j’ai acheté un nouveau produit sur internet, ça m’a l’air très bien ! (elles sortent. Peu après, Yvan revient, il a son portable à la main, et s’assure qu’il n’y a plus personne)

Yvan : Carlos, c’est Yvan, y’a un blême ! (silence) Imagine-toi que notre poufiasse de femme de ménage est en train de foutre la zone, elle a demandé à Catherine, si on avait vérifié qu’il n’y ait pas eu de sabotage pour trucider la belle-mère ! (silence) Mais je sais pas moi, je ne sais ce qui lui a pris, de quoi elle se mêle ! (silence) Mais non, elle est toujours dans le garage, Catherine n’a jamais voulu s’en débarrasser (silence) Ben oui, on n’a pas le choix, fais ça au plus vite, au pire cette nuit avant que les flics ne s’en mêlent ! J’ai pas envie que ça me tombe dessus, c’est pourtant pas moi qui aie eu l’idée, mais ça risque de me retomber dessus ! (l’aspirateur s’allume).

L’aspirateur : Gagné ! Salopard, macho, destructeur de belle-mère ! Pas toi qui ait eu l’idée, mon œil !

Yvan : (toujours au téléphone) Demain, je ne veux plus voir de voiture dans le garage. Tu mets le prix que tu veux, c’est pas un problème. Salut ! (il range son téléphone qui sonne aussitôt) Allo ! Nicolas, y’a un problème ? (silence) Pour l’autre soir ? (il vérifie que Catherine n’est pas là), les deux mignonnes, putain la classe ! (silence) Tu me relanceras pour une autre soirée, je ne sais même plus leurs prénoms ! (silence) Cécilia et Carla ! Putain quelles chaudasses, ces nymphos, elles ont failli me faire péter le palpitant ! (silence) Excuses, j’entends Catherine qui revient ! (silence) Ouais, c’est ça, allez Salut Nicolas, t’inquiètes-pas, c’est pas un problème ! (Catherine qui revient, a entendu la dernière réplique)

Catherine : Qu’est-ce qui n’est pas un problème ?

Yvan : (pris de court) Euh, en fait Nicolas ne pourra pas passer demain au bureau pour …. Tu sais, son projet de piscine, il a un problème avec son architecte !

Catherine : Nicolas, une piscine ! Mais il ne sait pas nager et Rose-Marie non plus d’ailleurs !

Yvan : (se rattrapant) Je sais mais c’est pour faire un placement d’argent, c’est tout !

Catherine : Quelle idée ! Au fait, tu ne m’as pas dit comment ça s’est passé ta soirée avec tes collègues mardi soir !

Yvan : Mardi, ah bien, super soirée, on s’est bien déf…., enfin je veux dire on s’est bien amusés !

Catherine : En tous les cas, vous avez du fumer comme des pompiers, on sent encore l’odeur du tabac froid, c’est horrible, il faut aérer !

Yvan : Tu as raison ! Et je vais aller m’en griller une dehors, histoire de voir si la technicienne de surface, ou plutôt madame colombo, n’est pas en train de

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pioncer ou en train de fouiller dans notre vie privée ! (il ouvre la fenêtre virtuelle, face aux spectateurs. Il sort)

Catherine : (s’asseyant, prenant une revue) Je ne sais pas ce qu’il lui veut à Adèle, mais je trouve qu’il exagère ! (après quelques instants, on entend des cris d’engueulades) Qu’est-ce qu’il y a ? (Adèle entre, suivie d’Yvan. Catherine se lève) Mais enfin, Chéri, qu’est-ce qui se passe ?

Yvan : (coléreux) Il se passe, il se passe, que Madame Colombo était en train de fouiller dans notre garage. Catherine, je veux que tu la vires sur le champ !

Catherine : (prise de court) Mais enfin …….chéri, mais c’est moi qui ai demandé à Adèle d’aller chercher …… la tondeuse pour le gazon !

Yvan : (à Adèle) Et vous pensiez trouver la tondeuse à gazon sous la voiture !

Adèle : Ben sûr que non, mais quand vous m’avez trouvée par terre, c’est parce que je m’étais accrochée justement dans le fil de la tondeuse et pis je me suis cassé la gu… la figure.

Catherine : Vous vous êtes fait mal !

Adèle : Ah ben oui, surtout que monsieur m’a relevé avec une délicatesse, je vous dis pas, c’est mon genou qu’a pris ! (dépité, Yvan sort en claquant la porte) Ouh là, l’est pas content le monsieur ! (marchant vers la porte d’une manière assurée)

Catherine : Adèle !

Adèle : Oui madame !

Catherine : N’oubliez-pas, vous avez mal au genou !

Adèle : (confuse) Ah oui c’est vrai, j’avais oublié, oh qu’est-ce que j’ai mal, bon sang que ça ….

Catherine : Ça va, ça va, n’en faîtes pas trop !

Adèle : Madame !

Catherine : Oui Adèle !

Adèle : Excusez-moi de vous demander pardon, mais pour la tondeuse à gazon, j’ai pas trop compris, surtout au mois de décembre. Vous m’avez jamais demandé d’aller dans le garage !

Catherine : Bien sûr que non Adèle !

Adèle : Alors pourquoi vous avez dit que ….

Catherine : Ne cherchez pas à comprendre, je vous expliquerai ! Dîtes-moi Adèle, Geneviève a-t-elle téléphoné ?

Adèle : Geneviève ?

Catherine : Oui, Geneviève …… !

Adèle : Celle qui voit tout et qui sait tout ?

Une belle-mère encombrante

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Catherine : Oui, alors a-t-elle appelé ?

Adèle : Non ! Enfin, du moins je ne l’ai pas eu au téléphone !

Catherine : En fait, je vous dis ça, c’est parce que …. Je sais que vous ne croyez pas à ça, mais je lui ai demandé de venir lire dans les cendres de maman !

Adèle : Et à quoi ça va vous servir de lire dans les cendres de votre maman ?

Catherine : Simplement à savoir si là-haut, elle se porte bien ! (l’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : Dîtes-lui que ça va !

Adèle : Pas de problème, ça va !

Catherine : Quoi ?

L’aspirateur : Dîtes-lui que ça ira mieux quand son abruti de mari sera en tôle !

Adèle : Ça ira mieux quand votre abruti de mari sera en tôle ! (elle réalise sa gaffe)

Catherine : Voyons Adèle, vous devenez folle, vous traitez mon mari d’abruti et vous voulez le mettre en tôle !

Adèle : (réagissant) Excusez-moi ! La fatigue certainement, à force de lire des romans !

Catherine : (sortant) Mesurez-vous Adèle, vous savez bien que s’il n’en tenait qu’à mon mari, vous ne seriez plus là ! Excusez-moi, il faut que descende ! (elle sort)

Adèle : Des cendres, des cendres, mais bon diou, si l’autre cinoque vient, et s’il n’y a plus de cendres dans le vase, ça risque de boguer. Faut que j’arrange ça ! (elle se met à chercher de la poussière sur les meubles) J’ai plus de poussières sur les meubles. Bon sang, ma petite Adèle tu bosses trop bien ! (elle trouve un grand cendrier) Eh ben, mardi soir, ils ont du en fumer des tas de saloperies. En tout cas, ça m’arrange parce que ça va bien remplacer les cendres de la belle-mère, ils y verront que du feu ! (l’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : Quel humour ! (Adèle verse les cendres dans le vase)

Adèle : Excusez-moi, mais j’ai pas pu trouver mieux !

L’aspirateur : Je suis curieuse de savoir ce que la cinoque va bien pouvoir lire là-dedans ! (le téléphone sonne. Adèle répond)

Adèle : Domicile des Dupontel, j’écoute ! (silence) Ah, c’est vous, madame s’impatientait de votre coup de fil ! (silence) Oui oui, les cendres sont bien arrivées, vous pouvez venir faire de la lecture, pas de problème, y’aura certainement de quoi faire un roman ! (silence) Excusez-moi, c’était plus fort que moi ! (elle raccroche)

L’aspirateur : Vous en faîtes trop, vous allez tout gâcher ! (Catherine revient)

Catherine : C’était qui !

Une belle-mère encombrante

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Adèle : Au téléphone ? C’était la cin….. Geneviève ! Elle arrive dans une heure, elle va vous faire une lecture d’enfer ! (gênée) Excusez-moi, par moment je me lâche et je …..!

Catherine : Je sais que vous n’aimiez pas maman, mais elle ne vous aimait pas non plus alors estimez-vous heureuse que je vous garde ! Passez donc un coup de chiffon sur le vase au lieu de dire des âneries ! (elle obéit) Et attention de ne pas la renverser ! (elle sort)

Adèle : Vous l’aspirateur, si vous en rajoutez une, je vous massacre ! Et pis tiens, voila ce que je vais faire ! (elle débranche l’aspirateur) Comme ça, au moins vous allez la mettre en veilleuse !

L’aspirateur : Voyons, vous rigolez, là où je suis, je n’ai pas besoin d’électricité pour être au courant de tout !

Adèle : Bon, en fait, j’ai compris, si je ne veux plus vous entendre je n’ai qu’à sortir !

L’aspirateur : Exactement ma chère et n’oubliez-pas que je veux la preuve matérielle que mon gendre est responsable de ma mort et que je ne vous laisserai pas de répit tant qu’il ne sera pas condamné !

Adèle : (sortant) Bon d’accord, j’ai compris mais si vous avez un tuyau, pensez à moi ! (elle sort)

TABLEAU

Scène 5

(Adèle, Geneviève, Catherine, l’aspirateur)

(On sonne, Adèle va ouvrir)

Adèle : Madame Geneviève, madame vous attendait avec impatience. Tenez, entrez et asseyez-vous, le vase est sur la télé.

Geneviève : Voyons Adèle, ce n’est pas un vase, c’est une urne ! Voulez-vous le descendre de la télévision, je vous prie !

Adèle : Le descendre ….. ah, vous êtes une marrante vous !

Geneviève : Attention de ne pas le renverser !

Adèle : Vous en faîtes-pas, je suis pas assez bête ! (Catherine revient)

Catherine : Geneviève, je ne t’avais pas entendue arriver. Comment tu vas ? (elles s’embrassent)

Geneviève : Bien, bien, alors tu es toujours décidée à ce que je lise dans les cendres de ta maman !

Catherine : Oui, je veux savoir comment elle va là-haut !

Adèle : (en aparté) je sens qu’on va prendre une bosse de rires !

Une belle-mère encombrante

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Catherine : Adèle, merci de nous laisser !

Geneviève : La présence de votre bonne ne me dérange pas, du moins pour le moment, à condition qu’elle fasse silence !

Adèle : (en aparté) Oh ça va être dur, je sens que ça va être dur !

Geneviève : Adèle, pouvez-vous tamiser légèrement la lumière si ça ne vous dérange pas ? (Adèle s’exécute, l’air malin) Merci ! (gestuelle genre spiritisme) tu es née Poussière, et poussière tu es revenue !

Adèle : (en aparté) tu parles, ça, je pouvais le faire moi aussi !

Germaine : Mais poussières que vous êtes …… poussières, vous pouvez me parler. Poussières, poussières, je vous implore de me dire qui vous êtes !

Catherine : (empressée) Alors, ça dit quoi ?

Germaine : Chut, ne m’interromps-pas, je n’ai pas encore le contact, la connexion n’est pas toujours aussi simple, il faut me laisser faire! (Adèle déplace l’urne de quelques centimètres)

Catherine : Adèle, mais qu’est-ce que vous faîtes ?

Adèle : Avec l’SFR, des fois à 5 centimètres près ça marche mieux, c’est comme ça avec mon portable !

Geneviève : Ça y est, j’ai le contact, je vois je vois …..

Adèle : (à Catherine) Vous voyez, ça marche !

Catherine : (à Geneviève) Vous voyez ? Tu vois, et qu’est-ce que tu vois? (Adèle s’approche de Geneviève, impatiente)

Geneviève : Je vois, je vois une ……une femme …….

Catherine : Maman ! c’est Maman, comment va-t-elle ?

Geneviève : (surprise) Maman ! Qu’est-ce que …… (Adèle sourit)

Catherine : Alors comment va-t-elle ?

Geneviève : Euh, (hésitante) ce n’est pas ta maman, l’image n’est pas très nette ! Mais …

Catherine : Adèle, vous pouvez régler s’il vous plaît !

Adèle : Pas de problème ! (elle déplace l’urne)

Geneviève : C’est bon, c’est bon, ne bougez-plus ! En fait, c’est ….. c’est une jeune femme blonde et très jolie !

Adèle : Alors là, c’est sûr, c’est pas elle !

L’aspirateur : Fais gaffe à ce que tu racontes, satanée balayeuse !

Catherine : Mais alors, c’est qui, comment est-elle habillée ? (Adèle prête l’oreille)

Une belle-mère encombrante

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Geneviève : Gênée, c’est-à dire que …..

Catherine : (nerveuse) Que quoi …. Mais enfin qu’est-ce qui se passe ?

Geneviève : Je veux dire que cette femme n’est pas habillée, elle est complètement nue !

Adèle : Oh là, ça commence à être chaud !

Catherine : Mais enfin, qu’est-ce que ….

Geneviève : Oh là là ! (rire coquin)

Catherine : Qu’est-ce qui se passe encore ?

Geneviève : Je vois une deuxième femme aussi habillée que la première et et ….. (étonnement de Catherine) je vois aussi un homme !

Catherine : Il est tout nu ?

Geneviève : Non !

Catherine : Ah bon !

Geneviève : Il a juste gardé ses chaussettes !

Catherine : Un homme ! Mais qu’est-ce qu’il fait là ? A quoi ressemble t-il ? Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien faire tous les trois tout nus ? Et maman dans tout ça ?

Adèle : Je rêve ! (en aparté) C’est pas permis d’être aussi bouché ! Qu’est-ce qu’ils peuvent faire tous les trois nus ? J’imagine très bien les deux minettes en train de faire un tricot et pis le mec en train de faire un sudoku ! J’vous jure, y’en a vraiment ….. !

Geneviève : (à Catherine) Excuse-moi, mais …… (excitée) En ce moment, la partie que je voie ne peut franchement pas me donner son identité. En tous les cas, (rires) tout ce que je peux te dire, c’est que je peux t’assurer que ce n’est pas Rocco Siffredi ! (Adèle éclate de rire)

Catherine : Adèle, je vous en prie, c’est qui ce Rocco Siffredi ?

Adèle : D’après que c’est un gars qui fait des films pour nous !

Geneviève : Ça y est, je vois qui c’est ….. Oh ! (Elle arrête)

Catherine : Alors ?

Geneviève : (troublée) Tu es sûre que tu veux vraiment savoir ?

Catherine : Bien sûr, ceci me paraît bien étrange, mais je veux tout-de-même savoir !

Geneviève : C’est … tu es sûre sûre ?

Catherine : Geneviève, je veux savoir !

Geneviève : C’est ton mari !

Une belle-mère encombrante

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Catherine : Quoi, Yvan, tu es sûre d’avoir vu Yvan ? (geste affirmatif de Germaine)

Adèle : Oh là, ça va brûler ! (l’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : Salaud, queutard !

Catherine : (outrée) Tu veux dire, qu’en lisant dans les cendres de ma maman, tu as vu mon mari faire l’amour avec 2 femmes !

Adèle : Ah, ça y est, elle a compris !

Geneviève : Ça me gêne de te le dire, mais c’est bien ça ! Ma pauvre Catherine, je suis vraiment désolée ! C’est bien Yvan !

Catherine : Mais enfin, je ne comprends pas, et maman dans tout ça !

Geneviève : Voyons Catherine, tu ne t’imagines pas voir ta mère dans ce genre de scène. Je ne comprends pas, l’urne est bien la bonne ? Il faudrait peut-être que tu fasses une réclamation au funérarium !

Catherine : Tu as raison, il doit y avoir une erreur, je vais téléphoner ! (elle prend l’annuaire, recherche le numéro) Alors, …..voila ! (elle fait le numéro) Oui bonjour, madame …… à l’appareil, excusez-moi, mais vous m’avez livré hier l’urne contenant les cendres de ma maman ! (silence) Oui, c’est cela, mais je pense que vous avez fait erreur, ce ne sont pas les cendres de ma maman ! (silence) Comment je peux le prouver (silence) C’est simple, j’ai une amie qui a essayé de lire dans les cendres, et ça correspondait pas du tout ! (silence) Oh ! (elle raccroche) Le malotru !

Adèle : Qu’est- ce qu’ils vous ont dit !

Catherine : Ils ne m’ont pas cru !

Adèle : (en aparté) Tu m’étonnes ! (Yvan revient) Oh là, voila l’Apollon qui revient !

Yvan : (ironique) Ah, Mademoiselle Geneviève, qu’est-ce que vous m’annoncez de beau aujourd’hui ?

Catherine : Yvan, je t’en prie, je sais que tu ne crois pas dans tout ça, mais j’ai demandé à Geneviève de lire dans les cendres de maman !

Yvan : Mon dieu, ça devait être intéressant, je suis désolé d’avoir manqué ça. Alors, qu’est-ce que vous avez lu de passionnant dans les cendres de Belle Maman ?

Adèle : Oh là, c’était pas la bonne question !

Catherine : Geneviève, dans ce que tu as vu, quel indice de confiance ?

Geneviève : Généralement, du quatre vingt dix pour cents !

Catherine : Intéressant, intéressant mais il y a tout de même un blême….

Yvan : A ce que je vois, je ne suis pas dans les confidences ! (Gênée, Geneviève se lève)

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Geneviève : Bon écoute Catherine, je vais vous laisser. Si tu as encore besoin de moi, dis-le moi mais vérifie avant la matière à exploiter, ça évitera bien des problèmes ! (Elle embrasse Catherine) Messieurs-dames ! (elle sort, Adèle la suit)

Scène 6

(Yvan, Catherine, Adèle, l’aspirateur)

Yvan : Qu’est-ce qu’elle a voulu dire la diseuse de bonne aventure ?

Catherine : Que tout simplement, elle pense qu’il y a eu erreur et que ce ne sont pas les cendres de maman !

Yvan : C’est bizarre mais pourtant je la sens comme si elle était présente !

L’aspirateur : Faux cul !

Yvan : Et admettons qu’il y ait eu erreur, tu comptes faire quoi ?

Catherine : Pour le moment je ne sais pas, mais ce qu’elle a dit ou plutôt ce qu’elle a vu était tout de même intéressant !

Yvan : Et qu’est-ce qu’elle a vu la voyeuse de pacotille ?

Catherine : Alors là, c’est pas banal, on serait cru sur canal plus un samedi soir à 2 h du matin. Tu vois ce que je veux dire ?

Yvan : Tu veux dire que ce qu’elle a vu c’était …..

Catherine : Eh oui, c’était cochon, pour être direct, c’était une partouze avec deux femmes blondes et un homme !

Yvan : Ta Geneviève, elle doit être en manque, elle a juste fantasmé pour satisfaire ….

Catherine : Oh mais alors là, ça ne me gêne pas qu’elle fantasme mais ce qui me gêne c’est de fantasmer avec toi !

Yvan : Quoi, avec moi !

Catherine : Oui toi, l’homme de la partouze c’était toi !

Yvan : Quoi, moi ?

Catherine : Oui même qu’elle a dit qu’elle ne risquait pas de te confondre avec Rocco Siffredi. Je ne sais pas ce qu’elle a voulu dire par là, mais ça ne doit être flatteur pour toi !

Yvan : Franchement Catherine, j’espère que tu ne vas tenir compte des conneries de cette mégère.

Catherine : Indice de confiance quatre vingt dix pour cents ! (elle sort. Yvan reste seul et sort son portable)

Yvan : Allo Nicolas, c’est Yvan ! (silence) Excuse-moi mais pour mardi dernier, quelqu’un a du cafeter, ma femme se doute de quelque chose ! (silence) Non, je n’y comprends rien, sa copine, tu sais celle qui se prend pour Nostradamus,

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elle a vu dans les cendres de ma belle-mère, une scène qui ressemble drôlement à la soirée de mardi. De toute façon, je ne crois pas à ces conneries alors je pense qu’une des filles a du cafeter (silence) Bon, si tu le dis, en tout cas, si cette femme là a ce pouvoir, elle est vachement dangereuse ! (silence) Non, je n’ai rien à me reprocher, à part évidemment cette escapade mais bon je te laisse, à plus ! (il raccroche et refait un autre numéro) Allo Carlos ! (il regarde autour pour s’assurer que personne n’entende) Pour ce que je te proposais pour la voiture, j’ai changé d’avis ! (silence) Mais non, je ne laisse pas tomber mais on va faire autrement car j’ai réfléchi, si la voiture est volée, les flics vont rappliquer tandis que si on change l’arbre de direction, ils n’y verront que du feu, tu piges ? (silence) T’inquiètes, je vais proposer à Catherine de partir en week-end et comme ça, tu auras le temps de faire ton boulot ….. allo ! allo ! saloperie de portable ! (il raccroche. Catherine revient)

Catherine : Toujours au téléphone, les affaires reprennent à ce que je vois !

Yvan : C’est ça, c’est ça, j’ai du travail, à plus tard ! (il prend sa veste et s’apprête à embrasser Catherine). Ah, j’oubliais, ce week-end, je pensais qu’on irait à la villa pour nous reposer. Qu’est-ce que tu en dis ?

Catherine : (surprise) Pourquoi pas, mais ça te prend, comme ça, tout d’un coup, d’aller à la villa alors qu’il fait un temps à rester au lit !

Yvan : Et bien c’est justement, on restera au lit là-bas, et on n’aura pas cette satanée Adèle à nous espionner !

Catherine : De toute façon, elle restera là pour garder la maison !

Yvan : Franchement Chérie, avec l’investissement qu’on a mis dans le système de sécurité, tu ne va pas t’embêter avec Adèle !

Catherine : Peut-être, mais son contrat inclut le samedi et le dimanche !

Yvan : Tu la mets en congé exceptionnel, c’est tout !

Catherine : Je te trouve soudainement bien généreux ! Si maman était là ……

Yvan : S’il te plaît, promets-moi au moins une chose !

Catherine : Quoi donc ?

Yvan : Tu laisses les cendres de ta mère ici !

Catherine : Bien sûr, par contre je vais en profiter pour un peu de ménage sur place.

Yvan : Si tu y tiens ! (Il l’embrasse et sort en croisant Adèle)

Catherine : Ah, Adèle vous tombez bien !

Adèle : Y’a un problème madame ?

Catherine : Non, au contraire, ce week-end, vous ne travaillerez pas !

Adèle : Ah bon, pourquoi ?

Catherine : Mon mari et moi partons à la villa pour deux jours !

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Adèle : Et la maison !

Catherine : Voyons Adèle, avec tout le dispositif de sécurité que nous avons installé, il ne peut rien arriver. Par contre !

Adèle : Par contre quoi madame ?

Catherine : Mardi soir dernier, vous êtes partie vers quelle heure de la maison ?

Adèle : Mardi mardi, voyons, (elle réfléchit) Ah si, je me rappelle, monsieur m’a demandé de partir plus tôt !

Catherine : Pourquoi ?

Adèle : Il m’a dit qu’il recevait des personnes importantes et que sa secrétaire s’occuperait de tout !

Catherine : C’est tout ce qu’il vous a dit ?

Adèle : Ah non ! Il m’a dit aussi de ne pas vous le dire ! Vous me connaissez, moi c’est pas le genre, si j’avais pas eu envie de vous le dire je vous l’aurais pas dit !

Catherine : Merci !

Adèle : De rien ! Vous partez quand ?

Catherine : Demain matin, je monte préparer mes affaires et nous partirons tôt demain ! (Elle prend l’escalier) Au fait Adèle, à la villa j’ai un peu de ménage à faire, je vais vous emprunter l’aspirateur !

Adèle : Mais madame !

Catherine : Qu’y a t’il encore Adèle ?

Adèle : Comment je vais travailler si j’ai plus d’aspirateur ?

Catherine : Bon sang Adèle, vous êtes pénible, puisque je viens de vous dire que vous êtes en congé ce week-end !

Adèle : Ah ben ça c’est vrai, excusez-moi madame ! (Catherine disparait. L’aspirateur s’allume)

L’aspirateur : Il n’est pas question que je parte à la villa !

Adèle : Qu’est ce que vous voulez que j’y fasse ? Et pis ça vous fera une sortie !

L’aspirateur : Si vous ne faîtes rien, je vais vous empoisonner la vie !

Adèle : C’est déjà fait. En plus, en étant avec eux, vous allez peut-être apprendre des choses !

L’aspirateur : Vous parlez, j’espère au moins qu’ils ne vont pas ranger l’aspirateur dans la chambre ! (Adèle regarde par la fenêtre)

Adèle : Mince, c’est quoi tous ces flics dans la rue ?

Une belle-mère encombrante

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L’aspirateur : Des flics ?

Adèle : Ben oui, y’a une voiture de flics dans la rue, il doit se passer quelque chose de grave !

Catherine : (De la chambre) Adèle, vous voulez venir m’aider s’il vous plaît !

Adèle : J’arrive madame ! (montant l’escalier) Je ne comprends pas, y’a les magasins bleus dans le bas de chez vous ! (Une porte s’entr’ouvre)

A suivre

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ACTE 2

Scène 1

(Adèle, l’aspirateur, Catherine, Yvan, Carlos)

(Nous sommes le lundi matin. Adèle entre, pose sa veste sur le porte manteau)

Adèle : Ah bou diou, qu’ça fait du bien de pas bosser le week-end ! J’espère que les patrons sont déjà rentrés et qu’ils sont de bonne humeur !

L’aspirateur : Je confirme, nous sommes bien rentrés ! (elle tousse)

Adèle : Ah c’est vrai, je vous avais oublié. Alors, ça s’est bien passé ? (l’aspirateur tousse) Eh ben, ça pas l’air d’aller. L’air de la mer ne vous convient pas ?

L’aspirateur : C’est pas ça mais ma fille a fait le ménage dans toutes les pièces de la villa, alors maintenant, je ne suis plus toute seule ! (elle éternue) J’ai du mal ….

Adèle : (ironique) Arrêtez de vous plaindre, c’est pas ça qui va vous faire mourir !

L’aspirateur : C’est d’un goût ! (Catherine et Yvan descendent)

Catherine : Ah Adèle, vous êtes là ?

Adèle : Evidemment, si Madame me voit c’est que je suis là !

Yvan : Ça commence bien ! (voyant le cadenas sur la malle) Nom de Dieu !

Catherine : Qu’est-ce qui t’arrive ?

Yvan : (Hors de lui) Qui a mis un cadenas sur la malle ?

Catherine : C’est moi chéri, samedi matin, quand tu attendais dans la voiture, j’ai mis ce cadenas pour pas que d’autres souris rentrent dans la malle !

Yvan : (très énervé) Mais ça va pas, tu crois peut-être qu’une souris est capable de soulever le couvercle de la malle. Il doit simplement y avoir un trou, c’est tout !

L’aspirateur : Il s’énerve, il s’énerve, s’il s’énerve c’est qu’il est coupable de quelque chose !

Adèle : Vous vous énervez, si vous vous énervez, c’est que vous êtes capable de quelque chose !

Catherine : Adèle, voyons !

Yvan : Vous la technicienne de surface, on ne vous a rien demandé !

Catherine : Mais enfin chéri !

Yvan : Tu as la clé ?

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Catherine : Bien sûr que j’ai la clé ! (sortant la clé de son sac) Bon sang, quel cinéma pour si peu !

Yvan : (assis sur la malle) Ecoutez, je ne suis pas très bien, merci de me laisser seul un petit quart d’heure !

Adèle : (en aparté à Catherine) J’voudrais pas dire mais j’ai l’impression que votre mari frise la dépression !

Catherine : Taisez-vous Adèle et laissons-le ! (Dès qu’elles sont sorties, Yvan se précipite sur le cadenas et l’ouvre. Il ouvre la malle et la referme aussitôt)

Yvan : (assis sur la malle) Putain, c’est pas vrai ! (il rouvre la malle et la referme) Si c’est vrai ! C’est la tuile !

Catherine : Ça va chéri ?

Yvan : Ça va, ça va mais laissez-moi encore un peu de temps !

Catherine : Dis-moi chéri, est-ce que ça te dérange de manger de la viande froide ce midi ?

Yvan : (Hors de lui) De la viande froide, non surtout pas de la viande froide ! Tu veux me faire mourir ou quoi !

Catherine : Ça va, ça va, c’est pas la peine de t’énerver comme ça !

Yvan : Je ne m’énerve pas ! (toujours assis sur la malle) Et merde, comment je vais faire ? (on frappe de la malle) Entrez ! (on frappe de nouveau) Entrez !

Carlos : (voix caverneuse) Comment veux-tu que je sorte, tu es assis sur la porte !

Yvan : (Rêveur) Hein !

Carlos : Je te répète que tu es assis sur la porte d’entrée !

Yvan : (Réagissant. Il se lève et ouvre la malle) T’es vivant !

Carlos : (De la malle) Evidemment Ducon, si j’te cause c’est que j’suis encore de ce monde !

Yvan : Ouah !

Catherine : (De l’extérieur) Chéri, tu vas bien ?

Yvan : Ouais ouais ça va mieux !

Catherine : Alors, on peut entrer ?

Yvan : Non attendez encore un peu ! Mes nerfs ne sont pas encore tombés ! (il sort Carlos qui a du mal à reprendre une position normale et marche un peu en canard)

Carlos : Excuse-moi mais deux jours dans la même position, ça laisse des traces ! Dis-moi qui a mis un cadenas que je le trucide !

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Yvan : C’est Catherine et tu ne lui feras rien, la belle-mère ça suffit ! Mais dis-moi, comment t’as fait pour tenir le coup sans becqueter pendant trois jours ?

Carlos : Oh alors là, t’en fais pas, j’étais pas en peine, en entrée je me suis avalé trois pages de l’avocat du diable, ensuite j’ai ingurgité le premier acte du dindon de Feydeau et …pour le dessert, j’ai pas trouvé de dessert ! C’est une putain de librairie là-dedans !

Yvan : Je ne t’imaginais pas cultivé …et t’as pas eu soif !

Carlos : Pas de problème, pour étancher ma soif, j’ai absorbé l’intégrale d’histoire d’O ! (rires)

Yvan : Ouais ! (à Carlos, toujours accroupi) Moins fort s’il te plaît et pis tu vas pas rester comme ça pendant six mois !

Carlos : D’abord tu me files un peu de bouffe parce que tes gâteaux apéro ça fait un bail qu’ils sont digérés et surtout tu me ramènes à boire !

Yvan : D’accord, mais d’abord tu vas filer par le jardin d’agrément et tu te mettras dans le petit cabanon au fond. J’irai te voir en temps voulu et je t’amènerai la bouffe et à boire ! De toute façon, dans ce petit cabanon, il n’y a que moi qui y vais ! Bon, maintenant, tu peux essayer de te redresser !

Carlos : T’es marrant, j’peux pas !

Yvan : (se dirigeant vers la fenêtre) Ah tu peux pas ! Merde, les flics reviennent ! (à ce moment, Carlos se redresse) Ah bah tu vois, quand tu veux ! (Carlos se dirige vers la fenêtre)

Carlos : Ils sont où les keufs ? (Il comprend) T’es vraiment une enflure !

Yvan : Pas de leçon de morale veux-tu !

Catherine : (de l’extérieur) Alors chéri ? Ça va, tu es calmé ?

Yvan : (poussant Carlos, montrant le jardin) Allez va ! Tu vois c’est le cabanon au fond, je te rejoins dès que je peux ! (Il remet un peu d’ordre et referme la malle) C’est bon, vous pouvez revenir ! (Catherine et Adèle entrent)

Catherine : Alors ça y est, tu es calmé ? Bon sang, mais qu’est-ce que tu faisais ?

Yvan : Ça va, ça va, je suis calme. Et puis tu vois, de m’énerver ça m’a donné faim. Adèle, vous pouvez me préparer un plateau repas ?

Adèle : A dix heures du matin ! Et monsieur veut manger quoi ?

Yvan : Ce que vous voulez, du saucisson, du rôti froid et un peu de fromage !

Catherine : Tiens je croyais que tu ne voulais pas de viande froide !

Yvan : Et bien, j’ai changé d’avis !

Adèle : (moqueuse) Et avec ça, qu’est-ce que monsieur prendra comme boisson ?

Une belle-mère encombrante

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Yvan : De l’eau !

Adèle : (ironique) Et du château la pompe pour monsieur ! C’est ben la première fois que je vous vois boire de l’eau en mangeant !

Catherine : Adèle, ça suffit !

L’aspirateur : Il veut peut-être un peu de cyanure avec tout ça !

Adèle : Vous voulez peut-être aussi un peu de cyanure avec tout ça ?

Yvan : Je vais la tuer !

Adèle : (ricanant) Si vous me tuez, qui c’est qui va vous préparer le plateau ? (elle sort)

Catherine : Laisse là donc dans son délire ! Bon, alors explique-moi maintenant, tu as un de ces comportements en ce moment ! On n’arrive plus à te suivre. J’espère pour toi que ça va passer. Ah j’oubliais ! L’inspecteur m’a appelé sur mon portable !

Yvan : (surpris) Qu’est-ce qu’il voulait ?

Catherine : Il me demandait si nous n’avions toujours pas vu ce fameux Carlos, tu sais cet affreux personnage avec une cravate moche de chez moche ! D’après que c’est un dangereux psychopathe en cheville avec la mafia !

Yvan : Tu sais, on exagère toujours !

Catherine : Autrement, tu sais que nous avons encore rendez-vous avec le notaire ce matin à dix heures trente ! (consultant sa montre) Tu as tout juste le temps de déjeuner ! (Adèle apporte le plateau) Tiens, voila justement le plateau ! Bon appétit mon chéri ! (il se met à table mais hésite à manger)

Adèle : Pour quelqu’un qui voulait déjeuner à dix du mat, je ne vous trouve pas un appétit terrible !

Yvan : (se défilant) Euh, en fait je déjeunerai plutôt au retour ! (Il prend sa veste et sort avec Catherine)

L’aspirateur : J’ai plein de choses à vous raconter. Ouvrez bien grand vos oreilles !

Adèle : J’écoute, je suis toute ouïe ! Vous voulez que je prenne l’écouteur ?

L’aspirateur : Non, ça ira comme ça ! Ecoutez, le Carlos que vous recherchez a passé tout le week-end dans la malle !

Adèle : Ah, c’était lui la souris qui grignotait ?

L’aspirateur : Exactement et maintenant il est réfugié dans la cabane au fond du jardin !

Adèle : Intéressant, de plus en plus intéressant, finalement même sans l’inspecteur on va mener l’enquête tambour battant, et vous allez rire, car on garde le meilleur pour la fin ! Madame votre fille et moi-même avons rencontré l’inspecteur et

Une belle-mère encombrante

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je peux vous dire qu’il a monté un plan qui me plaît bien. J’ai toujours rêvé de faire du théâtre et bien là, je vais en faire, et je vous jure qu’on va bien rigoler !

L’aspirateur : Evidemment, je ne peux pas en savoir plus !

Adèle : tsitsit ! Je garde la surprise. Maintenant je ….(regardant le plateau) le plateau, je comprends c’est pas monsieur qui avait faim. A nous deux monsieur Carlos, je vais vous servir le repas du condamné !

L’aspirateur : Vous voulez faire quoi ?

Adèle : Je vais porter le repas à monsieur Carlos, mais avant je prends la clé et hop en cabane !

L’aspirateur : C’est pas dangereux ?

Adèle : Mais non, je vais prendre ma grosse voix « Carlos, c’est Yvan, je t’apporte la bouffe !». Il va ouvrir, il prendra le plateau et hop, trois tours de clé et l’inspecteur aura juste à le cueillir ! Bon, maintenant ma chère, je vous laisse avec vos poussières ! (l’aspirateur éternue) A vos souhaits !

TABLEAU

Scène 2

(Yvan, Anémone, l’aspirateur, Adèle)

(Yvan se trouve seul le canapé, il lit une revue. Au bout de quelques instants, la porte s’ouvre, une dame ressemblant à la belle-mère entre)

Yvan : (lisant) Et merde, même sur les revues people faut que je retrouve encore des photos de la belle-mère. Elle me suit, bon sang je la sens partout où je vais, c’est dingue !

Anémone : Catherine, tu es là ma chérie ? (Yvan semble reconnaître la voix, se lève, se retourne et crie à la De Funès)

Yvan : Ah ! Ah ! (Il s’écroule sur le canapé)

L’aspirateur : La frangine, qu’est ce qu’elle fout ici celle là ? (Adèle arrive, faisant un clin d’œil à Anémone) En plus, elle a mis ma perruque et ma robe, elle est pas gênée !

Adèle : Monsieur, monsieur, ça va pas ? Décidément, je serais vous, j’irais voir le toubib. A ce train là, vous n’allez pas vivre vieux !

Yvan : (se réveillant) Ma belle-mère, je viens de voir ma belle-mère !

Adèle : Vous venez de voir belle maman ! Oh là là ! (mettant la main au front d’Yvan) Monsieur doit avoir une grosse fièvre !

Yvan : (Excité, il se lève) Je ne suis pas malade, je n’ai pas de fièvre et je dis que je viens de voir ma belle-mère !

Adèle : Voyons monsieur, vous savez bien que votre belle mère ne fait plus partie de ce monde et qu’elle ne vous embêtera plus !

Une belle-mère encombrante

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L’aspirateur : C’est ce qu’on verra !

Yvan : Mais je l’ai vue, de mes yeux vue !

Adèle : Admettons, et elle se trouvait où ?

Yvan : (se retournant) Elle était là …Ah (il aperçoit Anémone et se cache derrière Adèle) Elle est là, devant vous !

Adèle : Mais enfin monsieur, je ne comprends pas, je ne vois personne !

Anémone : Alors, mon gendre, ça vous a fait plaisir de trucider belle maman !

Yvan : Vous avez entendu, elle vient de parler !

Adèle : J’ai rien entendu, qu’est-ce qu’elle a dit ?

Yvan : Euh ….. elle a dit Bonjour mon cher gendre, comment allez-vous ?

L’aspirateur : Menteur !

Yvan : Mais enfin Adèle, vous n’allez pas me dire que vous ne la voyez pas !

Adèle : Ecoutez, dans cette pièce je ne vois que deux personnes, vous et moi !

L’aspirateur : Et moi !

Adèle : Ecoutez, vous êtes obsédé par la mort de votre belle-mère, c’est pour ça que vous la voyez partout ! (elle tire Yvan sur le canapé) Asseyez-vous et ne regardez plus derrière le canapé ! Vous voulez que je vous apporte des aspirines ? (il s’assoit, se met la tête sur les genoux. Anémone vient s’assoir à côté de lui, il relève la tête)

Yvan : Ahhhh !

Adèle : Alors, elle est où cette fois-ci !

Yvan : (apeuré) Elle est assise à côté de moi sur le canapé ! Regardez !

Adèle : Mais je ne vois rien !

Yvan : Mais si, elle est là, à côté de moi !

Adèle : Bon admettons ! Et est-ce qu’elle dit quelque chose ?

Anémone : Alors on voulait récupérer la fortune de belle maman !

Yvan : Euh …. Elle a dit qu’elle était contente de nous léguer sa fortune !

L’aspirateur : Oh l’enflure !

Adèle : Bon écoutez monsieur Dupontel ! Je serais vous, j’irais prendre une bonne douche ou plutôt un bain pour vous relaxer et vous verrez, après vous irez mieux ! (elle entraine Yvan vers la salle d’eau pendant qu’Anémone lui fait un signe d’au revoir de la main) Mais bon sang, qu’est-ce que vous regardez ?

Yvan : Elle me fait un coucou avec sa main !

Une belle-mère encombrante

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Adèle : Vous voyez, finalement elle était gentille avec vous belle maman ! (ils sortent. On entend le bain qui coule)

Anémone : (Regardant les photos sur les murs) Bon sang, je savais que la frangine se la pétait dans le narcissisme avec un grand N, mais à ce point là !

L’aspirateur : Elle a pas changé celle-là !

Anémone : (Apercevant l’aspirateur) Bon sang, pour des gens du grand monde, je trouve que leur aspirateur daterait de la guerre quatorze. Après tout, pour aspirer les saloperies, c’est bien tout ce qu’il faut !

L’aspirateur : Saloperie toi-même ! (Adèle revient)

Adèle : Il est dans son bain, on va être tranquille au moins un bon quart d’heure ! Franchement, j’en reviens pas de la ressemblance ! Quand l’inspecteur vous a présentée, heureusement que vous nous aviez averties Madame et moi sinon c’était un coup pour clamser !

Anémone : Ecoutez, j’espère que le beauf est coupable, parce que je n’ai pas que ça à foutre. Et pis, m’obliger à enfiler ces horreurs, ça frise le sacrifice !

L’aspirateur : Horreur toi-même !

Adèle : Dîtes-moi, c’est bizarre, madame ne m’avait jamais parlé de sa sœur jumelle !

Anémone : Oh alors là, ma fille, c’est normal. La frangine s’est barrée de chez nous sans crier gare. Même pas un mot pour nos parents. Tout ça parce qu’elle a eu le béguin pour un aristocrate de pacotille !

L’aspirateur : Pacotille toi-même ! Un aristocrate qui a monté un empire, faut pas l’oublier ! (Adèle enlève son gilet qu’elle pose sur l’aspirateur) Mais ça va pas, je vais étouffer là-dessous !

Anémone : Pourquoi couvrez-vous l’aspirateur ?

Adèle : Je sens une vieille odeur de poussière et ça me gêne ! Alors vous disiez ?

Anémone : Je disais que depuis que la frangine a quitté le domine familial, elle nous a ignorés alors nous aussi on l’ignore !

L’aspirateur : (voix étouffée) Poufiasse !

Adèle : Mais alors, qu’est-ce qui vous a décidée à venir ?

Anémone : C’est simple, le poulet m’a dit que si je refusais de collaborer, je faisais obstruction à la justice et je risquais le tribunal !

Adèle : Le poulet, le poulet, je l’avais oublié ! (Elle ouvre côté jardin) Monsieur l’inspecteur, je vous avais oublié !

Une belle-mère encombrante

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Scène 3

(L’aspirateur, Adèle, Yvan, l’inspecteur, Anémone, Catherine, Carlos)

L’inspecteur : (Entrant) Alors ?

Adèle : Pour le moment rien, mais la mascarade marche plutôt bien, ça me plaît bien votre truc, je vais bientôt me mettre à faire du théâtre ! Monsieur ne sait plus trop où il en est, il est parti prendre un bain !

L’inspecteur : (à Anémone) Ecoutez, quand il reviendra, provoquez-le violemment pour le faire sortir de ses gonds. Vous verrez, à un moment il va craquer ! (le portable de l’inspecteur sonne) Excusez-moi ! (il répond) Toujours pas, mais cherchez bon sang, il ne peut pas être loin ce satané Carlos ! (Adèle fait des signes) Attendez ! (masquant son téléphone) Qu’est-ce que vous avez à gesticuler ?

Adèle : Cherchez plus, je l’ai trouvé !

L’inspecteur : Vous avez trouvé qui ?

Adèle : Carlos, j’ai trouvé votre Carlos !

L’inspecteur : (au téléphone) Je vous rappelle ! (il raccroche) Vous dîtes que vous avez trouvé Carlos ?

Adèle : Exact ! (elle ouvre la malle et en sort la cravate) Jolie cravate monsieur l’inspecteur !

L’inspecteur : (vérifiant la photo) D’accord, mais c’est tout ce que vous avez ?

Adèle : Vous pensez bien que non, vous trouverez le propriétaire de la cravate dans le petit cabanon au fond du jardin ! (elle donne la clé à l’inspecteur, perplexe et lui montre la cabane) Vous voyez, c’est là-bas, vous n’avez plus qu’à aller le cueillir !

L’inspecteur : (à Adèle) N’oubliez-pas le dictaphone ! (elle sort l’appareil en souriant) Franchement, si un jour vous voulez changer de boulot, dîtes-le moi !

Anémone : Comment vous faîtes !

Adèle : Vous voulez dire, comment vous avez fait ? C’est simple, j’ai deviné qu’il s’était caché dans la malle, je l’ai pris par le colbaque et je l’ai trainé jusqu’au cabanon c’est tout !

L’aspirateur : Menteuse !

Adèle : (reprenant son gilet) Peut-être mais ça fait du bien de le faire croire !

Anémone : De faire croire quoi ?

Adèle : (improvisant) Euh de faire croire …. Que vous êtes une revenante ! (on entend du bruit de la salle d’eau) Je crois bien que notre homme va réapparaitre, on va continuer à s’amuser, cachez-vous derrière le canapé ! (Anémone se cache et Yvan revient) Ah, alors monsieur va mieux !

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Yvan : Vous aviez raison, une douche m’a fait du bien ! C’est fou ce que la fatigue peut vous créer comme effet ! Un moment, je me suis cru cinglé !

Adèle : C’est vrai ça, vous vous rendez compte, en train de me dire que vous discutiez avec madame votre belle-mère ! C’est dingue ! (Yvan est occupé à regarder Adèle pendant qu’Anémone s’installe à côté d’Yvan. Elle surprend Yvan)

Anémone : Hum !

Yvan : (effrayé) Ha ! Ha !

Adèle : Ah non, c’est pas vrai que ça vous reprend !

Yvan : (apeuré) Elle est là, elle est toujours là, je suis fou, c’est ça je suis fou !

Anémone : (violemment) Dîtes-moi pourquoi vous avez voulu me trucider sinon je vais hanter vos nuits jusqu’à la fin de vos jours !

Adèle : Voyons monsieur, je pense que si monsieur à des choses à dire, il peut me les dire (clin d’œil à Anémone, elle met en route son dictaphone)

Yvan : Mais bon sang, Adèle dîtes-moi que je ne suis pas fou !

Adèle : Ben monsieur, j’voudrais pas dire, ça frise la débilité !

Anémone : Alors, tu vas avouer que c’est toi, sinon, je te le répète, je t’empêcherai de dormir. Toutes les nuits, je te harcellerai, tu me supplieras, tu m’imploreras !

Yvan : Assez !

Anémone : Alors !

Yvan : Je … c’est pas moi ….

Adèle : C’est pas vous qui quoi ? (Catherine entre)

Catherine : Bon sang, pas facile de faire une sieste avec tout ce bruit !

Yvan : C’est pas moi qui …. Enfin je ne voulais pas que ça se passe comme ça !

Catherine : (à Anémone) De quoi il parle ?

Yvan : Catherine, tu sais très bien que je n’aimais pas ta mère, elle aussi me détestait d’ailleurs, mais si j’ai souvent voulu lui faire du mal c’est moralement, pas physiquement, tu peux me croire !

Catherine : Pourquoi me dis-tu ça ? (L’inspecteur entre avec Carlos, menottes à la main) Allez avance (il l’assoit sur le canapé et fixe Anémone, jetant des regards à Yvan)

Yvan : (désignant Carlos) C’est lui, c’est lui le responsable !

Carlos : (voyant Anémone) C’est pas vrai, c’est pas possible, elle a pas pu s’en tirer !

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Catherine : C’est qui ?

L’inspecteur : C’est le Carlos que nous recherchions, votre femme de ménage l’avait enfermé dans le cabanon de jardin. (à Adèle) Alors ?

Adèle : (montrant son dictaphone) Bingo !

Carlos : (décontenancé) C’est quoi ce bordel ?

L’inspecteur : (à Anémone) Bravo madame, vous voyez, je vous l’avais dit que ça marcherait !

Yvan : (éberlué) Mais alors, vous êtes … vous êtes réelle ?

Anémone : Bien sûr mon vieux, tu me prenais pour le fantôme de la frangine ? Rassure-toi, celle là elle est … (réagissant) Pardon Catherine !

Yvan : Mais alors c’est un coup monté !

L’inspecteur : Exactement mon vieux, madame est la sœur jumelle de votre belle-mère, c’est moi-même qui ai demandé de jouer le rôle. (à Anémone) Je vous félicite pour votre prestation ! Maintenant expliquez-vous !

Yvan : (résigné) C‘est simple ! (à Catherine) Ta mère, c’est vrai, je rêvais de vengeance envers elle !

Catherine : De vengeance, mais pourquoi ?

Yvan : Mes parents avaient une société de produits de luxe dans un petit village qui s’appelle le Bama. Ta mère les a mis sur la paille !

L’inspecteur : Comment ça ?

Yvan : C’est elle qui leur fournissait la matière première, mais pas n’importe quelle matière première, c’était du toc !

L’aspirateur : Merde, comment il a su ?

Yvan : Mes parents ont été jugés pour fraude et ont été obligés de fermer la baraque au Bama. Alors j’ai eu idée de me venger et c’est là (montrant Carlos) que j’ai rencontré cet individu dans un café assez mal famé, je me suis mis à picoler et je lui ai tout raconté. Je lui ai alors dit que je voulais couper la direction à ma belle-mère, mais (s’excitant) je parlais de lui couper la direction du groupe et lui, qu’est-ce qu’il fait, il me téléphone, en me disant, ça y est, j’ai réglé le problème, ça va cartonner ! Ce con était allé scier la direction de la voiture de la mère de Catherine. Vous connaissez la suite !

Carlos : Oh là, excuses-moi, mais tes explications n’étaient pas claires ! Et je te signale que j’attends toujours mon blé !

Catherine : Vous allez sans doute attendre longtemps. Mais alors, tu t’es amouraché de moi seulement pour te venger de maman ?

Yvan : Au début oui mais …

Catherine : Mais quoi ?

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L’aspirateur : C’est pas vrai, elle va encore se laisser embobiner !

Yvan : Ton charme a eu raison de moi, et après j’ai du faire avec ton charme et le sacrifice de supporter ta mère avec ce qu’elle m’avait fait. (Montrant Carlos) Si je n’avais pas rencontré ce personnage, il ne se serait rien passé !

Carlos : Quand on ne veut pas rencontrer Carlos, faut pas venir trainer ses galoches n’importe où !

L’inspecteur : S’il te plaît, tu te la fermes, tu auras tout le temps de causer en tôle !

Carlos : Alors là, poulet ! Tu me connais mal ! Tu sais comment ils m’appellent les copains « Carlos la dérobade », alors si tu veux apprendre à me connaître, regardes-moi bien parce que dans peu de temps, j’aurai tiré ma révérence !

L’inspecteur : (mettant les menottes aux poignets de Carlos et de lui-même) C’est ce qu’on verra !

Catherine : Monsieur l’inspecteur, vous en pensez quoi ?

L’inspecteur : Je pense que votre mari m’a l’air sincère et que le coup n’a été monté que par notre cher Carlos !

L’aspirateur : Eh voila, ça y est, il va encore s’en sortir ! (Les lumières s’éteignent brusquement)

Adèle : Merde, c’est quoi ça ?

Catherine : Adèle, voulez-vous sortir la torche s’il vous plaît ? Il y en a une dans le tiroir du meuble télé ! (Adèle se dirige vers le meuble à tâtons)

Adèle : Bon j’y vais, rangez vous parce que j’y vois que dalle ! (elle ouvre le tiroir) Voila, alors ? Evidemment, elle ne fonctionne pas, enfin si c’est une pile normale, y’a qu’à … (elle tape sur la torche) Et voila ! (elle dirige la lumière vers le public) Y’a-t-il un électricien dans la salle ?

Catherine : Adèle, qu’est-ce que vous racontez ?

Adèle : Y’en a qui disent « est-ce qu’y a un pilote dans l’avion ? » et bien moi je dis « est-ce qu’y a un électricien dans la salle ? »

Catherine : Voyons Adèle, le problème ne vient pas de la salle, la panne doit certainement faire partie du scénario de la pièce !

Adèle : Vous croyez ? (elle se dirige vers le souffleur) Vous pouvez me prêter le texte !

Catherine : Adèle, voyons, vous vous égarez, l’auteur de la pièce et le metteur en scène ne vont pas être contents !

Adèle : Peut-être mais je veux être sûr que c’est pas une panne générale, parce que j’ai programmé mon magnétoscope pour enregistrer Koh Lanta alors …

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(éclairant le texte avec sa torche) Alors qu’est-ce qu’il dit l’auteur … ah voila ! « La lumière s’éteint brusquement et après quelques âneries improvisées par Adèle, la lumière revient » (la lumière revient) Et ben voila ! Merci quand même l’auteur pour les quelques âneries, ça fait toujours plaisir ! (elle reprend le scénario) Ensuite il dit, profitant du noir, Carlos et Anémone ont disparu et …. (Tous se tournent vers le canapé)

L’inspecteur : Merde, il s’est barré ! (il veut partir mais ses menottes sont reliées à Yvan)

Yvan : Hé là inspecteur, j’espère que vous avez la clé !

L’inspecteur : Non, il l’a emmenée !

Catherine : Et Anémone, (réagissant) mon dieu il a pris Anémone en otage !

L’aspirateur : C’est pas la peine de payer une rançon ! Je pense que le ravisseur va rappliquer dans peu de temps mais un peu diminué !

Adèle : C’est pas la peine de payer une rançon ! (elle redonne le texte au souffleur) Tenez, ça peut toujours servir ! Apparemment, si j’ai bien compris, c’est le ravisseur qu’il faut plaindre, pas la tantine !

Catherine : Qu’est-ce qui vous faire dire ça ?

Adèle : C’est l’aspirateur qui m’a refilé le tuyau !

Yvan : Pauvre fille, ça frise la folie ! (des bruits viennent de dehors) Qu’est- ce que c’est ? (Anémone entre, tenant Carlos par une oreille, habits déchirés et le visage marqué de bleus)

A suivre

Pour obtenir le texte intégral, contacter l’auteur à : [email protected]

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