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LE CANADA FRANÇAIS - ÉCONOMIE - www.canadafrancais.com - LE JEUDI 6 FÉVRIER 2014 B-2 I l y a dix ans, la Ferme Lochette faisait le pari de vendre sa production d’agneaux à même ses installations. Aujourd’hui, elle peut dire mission accomplie, avec 90% de sa viande vendue chez elle, ce qui fait d’elle le plus gros producteur du genre en Montérégie. La famille Waridel, propriétaire de la ferme de Mont-Saint-Grégoire, a un troupeau qui varie entre 400 et 500 têtes, dépendamment du moment de l’année. L’an dernier, elle a vendu 900 bêtes, dont plus de 800 à même ses installations du rang de Versailles. Ses performances lui ont permis de dépasser de trois fois le minimum requis par le programme d’as- surance stabilisation des récoltes (ASRA). Alexis Waridel, qui est actuellement en processus de transfert de l’entreprise avec son père Pierre, estime pouvoir faire grimper à 1000 le nombre d’agneaux ven- dus en 2014. Alexis Waridel vient d’ailleurs de remporter le prix Coup de cœur du Conseil économique (CLD) du Haut- Richelieu dans le cadre de la remise de la bourse d’accompagnement à la relève agricole pour «son implication et sa détermination». DÉCOUPE Ce qui rend la ferme Lochette parti- culière, c’est qu’elle possède sa propre boucherie avec chambre froide où les Waridel effectuent la découpe. Cette installation permet de faire des coupes qu’on ne retrouve pas dans les marchés d’alimentation. La ferme possède également sa propre boutique où l’on retrouve brochettes, gigots, saucisses, tourtières, rillettes, pâtés, viande froide et autres souvlakis, tout comme les traditionnelles épaules, jarrets et carrés. Cela lui permet également de desser- vir certains restaurants comme le Ritz à Montréal, Le Samuel et Le Comptoir à Saint-Jean-sur-Richelieu ainsi que L’Ô Vive de Venise-en-Québec. «Ça fait dix ans que nous développons le marché de la coupe, rappelle Alexis Waridel. Il y a eu beaucoup de bouche à oreille. Il y a eu tout un job de marke- ting et de fidélisation de la clientèle. Nous comptons sur beaucoup plus de variétés que dans les supermarchés. Nos clients sont très attachés à notre produit. Ils sont très au fait de l’achat local et se soucient de plus en plus de ce qui se retrouve dans leur assiette.» COMPÉTITION Malgré ses succès, la Ferme Lochette doit se battre quotidiennement contre la compétition féroce du secteur de la pro- duction ovine. Le combat est loin d’être gagné pour les producteurs québécois. Alexis Waridel estime leur part de marché autour de 30% à 40%, une donnée qui est restée relative- ment stable au cours des dernières années. «Ce n’est pas toujours évident, laisse-t- il tomber. Il faut toujours être en mode de contrôle des coûts pour conserver la tête hors de l’eau.» L’an dernier, le coût des grains a augmenté. On a soudainement vu apparaître beaucoup plus d’agneaux de l’Ouest canadien, des États-Unis et du Royaume-Uni sur les tablettes des marchés d’alimentation. Sinon, il faut se battre avec la Nouvelle- Zélande, qui compte plus de têtes d’agneaux que d’habitants. Sans oublier, fait remarquer Alexis Waridel, qu’ils pro- duisent à l’année sans frais de bâtiments, eux qui ne connaissent pas les rigueurs de l’hiver québécois. «C’est ce qui rend l’agneau québécois si différent, indique-t-il. En utilisant la technique de photopériode, l’agneau d’ici a une meilleure croissance. Il est abattu plus jeune et offre une viande plus tendre.» ASSURANCE STABILISATION Plusieurs se questionnent sur la logique de subventionner un secteur d’activité, comme la production ovine, qui n’est collectivement pas rentable. Pour Alexis Waridel, il y a dans le programme d’assu- rance stabilisation un choix de société. «C’est un choix social de décider de soutenir une production qui n’est pas aussi compétitive ici qu’ailleurs, plaide-t- il. Ça apporte une stabilité aux entreprises. C’est important, plus particulièrement dans les régions qui sont dynamisées par l’apport des producteurs.» Il fait remarquer que d’autres secteurs bénéficient de quotas qui sont décriés, entre autres, par l’Organisation mondiale du commerce. PROJETS La Ferme Lochette n’a pas l’intention de rester assise sur son succès actuel. L’entreprise a plusieurs projets qu’elle aimerait bien mettre en branle sous peu. Alexis Waridel aimerait pouvoir auto- matiser le système d’alimentation des brebis. Idéalement, tout serait mélangé pour ne faire qu’un seul aliment balancé, question d’augmenter la productivité autant des employés que des animaux. Le jeune producteur ovin de 25 ans voudrait également se doter d’une clôture amovible qui permettrait une meilleure circulation des brebis et de leurs agneaux l’été dans les pâturages. Il voudrait également tenter une plus grande présence auprès des restaurants. Mais il sait que ce ne sera pas facile parce que les restaurateurs font affaire avec des distributeurs. n 90% DE SA PRODUCTION D’AGNEAUX VENDUE SUR PLACE Pari relevé pour la Ferme Lochette P our la deuxième fois en l’espace d’une année, Sears Canada annonce des coupures de postes partout au pays. Ils seront 624 à perdre leur emploi, dont 135 au Québec et aut- our de cinq au magasin du Carrefour Richelieu. Cette fois-ci, ce sont les directeurs de département qui écopent. Leur poste sera éliminé dans ce que la chaîne qua- lifie de «modification dans la structure des magasins afin d’améliorer l’efficience et augmenter l’efficacité de la chaîne de communication entre la direction et les équipes d’associés en magasin». La porte-parole de Sears, Alicia Richler, n’a pas voulu dévoiler combien d’em- ployés seraient touchés à la succursale de Saint-Jean-sur-Richelieu. Par contre, elle a affirmé qu’en moyenne, cinq personnes perdraient leur travail dans chaque maga- sin. Cela ne devrait toutefois pas affecter le service à la clientèle, car ce seront des cadres qui seront coupés. «La position de cadre intermédiaire sera éliminée, explique Mme Richler. Jusqu’à maintenant, chaque départe- ment, que ce soit les accessoires pour femmes, les chaussures pour hommes ou les électroménagers, possédait son propre directeur de département. Ces personnes étaient responsables de plu- sieurs tâches, notamment de s’assurer d’avoir des inventaires suffisants ou des changements visuels dans le magasin. Ces responsabilités seront dorénavant assumées par des cadres supérieurs dans la succursale qui pourront superviser un plus large éventail.» Cette nouvelle manière de faire devrait améliorer l’efficacité et permettre une communication plus directe entre les employés sur le plancher et la haute direc- tion, avance Mme Richler. DEUXIÈME VAGUE Il s’agit là de la deuxième vague de compressions chez Sears au cours des 12 derniers mois. À la fin de janvier 2013, le détaillant avait annoncé l’abolition de 700 emplois, soit 360 dans ses magasins, 300 dans les centres de distribution et les 40 autres au siège social. À Saint-Jean-sur- Richelieu, cette attrition avait affecté trois personnes. Sears Canada possède 181 magasins d’entreprise, 241 magasins locaux, plus de 1400 comptoirs de ramassage des commandes par catalogue et en ligne, 101 agences Voyages Sears et un service national d’entretien et de réparation. FUTURE SHOP Sears ne sera probablement pas le seul détaillant à réduire son personnel à Saint-Jean-sur-Richelieu au cours des prochains mois. Best Buy a annoncé qu’elle supprimera 950 postes à temps plein au Canada, ce qui inclut les succursales Future Shop. Au total, l’entreprise possède 265 magasins au pays, dont 27 Future Shop au Québec. Cette vague de compressions serait due à la popularité croissante des ventes en ligne. Il est impossible, pour l’instant, de déterminer de quelle manière le maga- sin du Carrefour Richelieu sera touché. Le directeur du marketing au Québec pour Future Shop, Thierry Lopez, n’a pas répondu à la demande d’entrevue formu- lée par Le Canada Français. n CHARLES POULIN [email protected] CHARLES POULIN [email protected] (Photo Rémy Boily) Le troupeau d’agneaux varie entre 400 et 500 têtes. Pierre et Alexis Waridel vendent 90% de leur viande à même leur ferme de Mont-Saint-Grégoire. (Photo Rémy Boily) (Photo d’archives) Cinq emplois de plus devraient être abolis au magasin Sears du Carrefour Richelieu. Sears va abolir cinq emplois de plus DES COMPRESSIONS AUSSI CHEZ FUTURE SHOP

B-2 l n nI - CMI - - l uI I 2 Pari relevé pour la Ferme Lochette · 2014-02-05 · B-2 l n nI - CMI - - l uI I 2 I l y a dix ans, la Ferme Lochette faisait le pari de vendre sa production

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Page 1: B-2 l n nI - CMI - - l uI I 2 Pari relevé pour la Ferme Lochette · 2014-02-05 · B-2 l n nI - CMI - - l uI I 2 I l y a dix ans, la Ferme Lochette faisait le pari de vendre sa production

le canada français - économie - www.canadafrancais.com - le jeudi 6 février 2014B-2

I l y a dix ans, la Ferme Lochette faisait le pari de vendre sa production d’agneaux à même ses installations.

Aujourd’hui, elle peut dire mission accomplie, avec 90% de sa viande vendue chez elle, ce qui fait d’elle le plus gros producteur du genre en Montérégie.

La famille Waridel, propriétaire de la ferme de Mont-Saint-Grégoire, a un troupeau qui varie entre 400 et 500 têtes, dépendamment du moment de l’année. L’an dernier, elle a vendu 900 bêtes, dont plus de 800 à même ses installations du rang de Versailles. Ses performances lui ont permis de dépasser de trois fois le minimum requis par le programme d’as-surance stabilisation des récoltes (ASRA). Alexis Waridel, qui est actuellement en processus de transfert de l’entreprise avec son père Pierre, estime pouvoir faire grimper à 1000 le nombre d’agneaux ven-dus en 2014.

Alexis Waridel vient d’ailleurs de remporter le prix Coup de cœur du Conseil économique (CLD) du Haut-Richelieu dans le cadre de la remise de la bourse d’accompagnement à la relève agricole pour «son implication et sa détermination».

DécoupeCe qui rend la ferme Lochette parti-

culière, c’est qu’elle possède sa propre boucherie avec chambre froide où les Waridel effectuent la découpe. Cette installation permet de faire des coupes qu’on ne retrouve pas dans les marchés d’alimentation.

La ferme possède également sa propre boutique où l’on retrouve brochettes, gigots, saucisses, tourtières, rillettes, pâtés, viande froide et autres souvlakis, tout comme les traditionnelles épaules, jarrets et carrés.

Cela lui permet également de desser-vir certains restaurants comme le Ritz à Montréal, Le Samuel et Le Comptoir à Saint-Jean-sur-Richelieu ainsi que L’Ô Vive de Venise-en-Québec.

«Ça fait dix ans que nous développons le marché de la coupe, rappelle Alexis Waridel. Il y a eu beaucoup de bouche à oreille. Il y a eu tout un job de marke-ting et de fidélisation de la clientèle. Nous comptons sur beaucoup plus de variétés que dans les supermarchés. Nos clients sont très attachés à notre produit. Ils sont très au fait de l’achat local et se soucient de plus en plus de ce qui se retrouve dans leur assiette.»

compétition

Malgré ses succès, la Ferme Lochette doit se battre quotidiennement contre la compétition féroce du secteur de la pro-duction ovine.

Le combat est loin d’être gagné pour les producteurs québécois. Alexis Waridel estime leur part de marché autour de 30% à 40%, une donnée qui est restée relative-ment stable au cours des dernières années.

«Ce n’est pas toujours évident, laisse-t-il tomber. Il faut toujours être en mode de contrôle des coûts pour conserver la tête hors de l’eau.»

L’an dernier, le coût des grains a augmenté. On a soudainement vu

apparaître beaucoup plus d’agneaux de l’Ouest canadien, des États-Unis et du Royaume-Uni sur les tablettes des marchés d’alimentation.

Sinon, il faut se battre avec la Nouvelle-Zélande, qui compte plus de têtes d’agneaux que d’habitants. Sans oublier, fait remarquer Alexis Waridel, qu’ils pro-duisent à l’année sans frais de bâtiments, eux qui ne connaissent pas les rigueurs de l’hiver québécois.

«C’est ce qui rend l’agneau québécois si différent, indique-t-il. En utilisant la technique de photopériode, l’agneau d’ici a une meilleure croissance. Il est abattu plus jeune et offre une viande plus tendre.»

AssurAnce stAbilisAtionPlusieurs se questionnent sur la logique

de subventionner un secteur d’activité, comme la production ovine, qui n’est collectivement pas rentable. Pour Alexis Waridel, il y a dans le programme d’assu-rance stabilisation un choix de société.

«C’est un choix social de décider de soutenir une production qui n’est pas aussi compétitive ici qu’ailleurs, plaide-t-il. Ça apporte une stabilité aux entreprises.

C’est important, plus particulièrement dans les régions qui sont dynamisées par l’apport des producteurs.»

Il fait remarquer que d’autres secteurs bénéficient de quotas qui sont décriés, entre autres, par l’Organisation mondiale du commerce.

projetsLa Ferme Lochette n’a pas l’intention

de rester assise sur son succès actuel. L’entreprise a plusieurs projets qu’elle aimerait bien mettre en branle sous peu.

Alexis Waridel aimerait pouvoir auto-matiser le système d’alimentation des brebis. Idéalement, tout serait mélangé pour ne faire qu’un seul aliment balancé, question d’augmenter la productivité autant des employés que des animaux.

Le jeune producteur ovin de 25 ans voudrait également se doter d’une clôture amovible qui permettrait une meilleure circulation des brebis et de leurs agneaux l’été dans les pâturages.

Il voudrait également tenter une plus grande présence auprès des restaurants. Mais il sait que ce ne sera pas facile parce que les restaurateurs font affaire avec des distributeurs. n

90% de sa production d’agneaux vendue sur place

Pari relevé pour la Ferme Lochette

P our la deuxième fois en l’espace d’une année, Sears Canada annonce des coupures de postes

partout au pays. Ils seront 624 à perdre leur emploi, dont 135 au Québec et aut-our de cinq au magasin du Carrefour Richelieu.

Cette fois-ci, ce sont les directeurs de département qui écopent. Leur poste sera éliminé dans ce que la chaîne qua-lifie de «modification dans la structure des magasins afin d’améliorer l’efficience et augmenter l’efficacité de la chaîne de communication entre la direction et les équipes d’associés en magasin».

La porte-parole de Sears, Alicia Richler, n’a pas voulu dévoiler combien d’em-ployés seraient touchés à la succursale de Saint-Jean-sur-Richelieu. Par contre, elle a affirmé qu’en moyenne, cinq personnes perdraient leur travail dans chaque maga-sin. Cela ne devrait toutefois pas affecter le service à la clientèle, car ce seront des cadres qui seront coupés.

«La position de cadre intermédiaire sera éliminée, explique Mme Richler. Jusqu’à maintenant, chaque départe-ment, que ce soit les accessoires pour femmes, les chaussures pour hommes ou les électroménagers, possédait son propre directeur de département. Ces

personnes étaient responsables de plu-sieurs tâches, notamment de s’assurer d’avoir des inventaires suffisants ou des changements visuels dans le magasin. Ces responsabilités seront dorénavant assumées par des cadres supérieurs dans la succursale qui pourront superviser un plus large éventail.»

Cette nouvelle manière de faire devrait améliorer l’efficacité et permettre une communication plus directe entre les employés sur le plancher et la haute direc-tion, avance Mme Richler.

Deuxième vAgue

Il s’agit là de la deuxième vague de compressions chez Sears au cours des 12 derniers mois. À la fin de janvier 2013, le détaillant avait annoncé l’abolition de 700 emplois, soit 360 dans ses magasins, 300 dans les centres de distribution et les 40 autres au siège social. À Saint-Jean-sur-Richelieu, cette attrition avait affecté trois personnes.

Sears Canada possède 181 magasins d’entreprise, 241 magasins locaux, plus

de 1400 comptoirs de ramassage des commandes par catalogue et en ligne, 101 agences Voyages Sears et un service national d’entretien et de réparation.

Future shop

Sears ne sera probablement pas le seul détaillant à réduire son personnel à Saint-Jean-sur-Richelieu au cours des prochains mois.

Best Buy a annoncé qu’elle supprimera 950 postes à temps plein au Canada, ce qui inclut les succursales Future Shop. Au total, l’entreprise possède 265 magasins au pays, dont 27 Future Shop au Québec.

Cette vague de compressions serait due à la popularité croissante des ventes en ligne.

Il est impossible, pour l’instant, de déterminer de quelle manière le maga-sin du Carrefour Richelieu sera touché. Le directeur du marketing au Québec pour Future Shop, Thierry Lopez, n’a pas répondu à la demande d’entrevue formu-lée par Le Canada Français. n

charles [email protected]

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le troupeau d’agneaux varie entre 400 et 500 têtes.

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cinq emplois de plus devraient être abolis au magasin sears du carrefour richelieu.

Sears va abolir cinq emplois de plusdes compressions aussi chez Future shop