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B-5 LES PAYSAGES DE RELIEF
PAYSAGES DE RELIEF page 271
RÉPARTITION GLOBALE SUR LE DÉPARTEMENT
Des reliefs linéaires
La complicité entre les principaux évènements structurauxet la géologie
PAYSAGES DE RELIEF page 272
GRANDES CARACTÉRISTIQUES
Le département du Cher appartient pour près desneuf dixièmes de sa surface aux systèmes des
bassins sédimentaires, c'est donc d'abord un paysde plaine. Nous avons vu que son altitude variaitentre 150 et 500 mètres NGF et que les amplitudestopographiques n'y excédaient jamais 300 mètres.Cette physionomie plane se traduit par despaysages ouverts dont l'horizon est le plus souventlointain. Les accidents topographiques sontd'autant plus remarquables qu'ils sont l'exceptionet le plus souvent visibles à distance. À l'instar desautres régions du Bassin Parisien, le système descuestas fonde la structure et la morphologie dunivellement. Comme le rappelle le carton ci-contre,présenté dans le chapitre A-311 qui fait apparaîtreles "complicités" entre la géologie et le relief, ilexiste trois séries d'escarpements linéairesmajeurs, qui sont par ordre décroissant d'ampleurla Cuesta du Crétacé, qui marque une puissanteséparation entre le Pays Fort et la ChampagneBerrichonne, le grand système de failles nord-sudau pied duquel coulent la Loire et l'Allier, qui aentre autres déterminé l'une des figures de reliefles plus emblématiques du département avec lescollines de Sancerre, et la cuesta du Bajocien ausud, plus modeste que les précédents maisnéanmoins bien visible au nord de Saint Amand-Montrond.
Le système des failles dont la dénivellationmoyenne est comprise entre une trentaine demètres au sud et deux cents mètres dans leSancerrois crée sur toute la longueur de la limiteest du département un versant qui regarde vers laNièvre et compose avec le Val de Loire et le Vald'Allier un paysage entièrement tourné versl'extérieur. Les deux lignes de cuestas ont desamplitudes fort différentes : celle du Bajocien ausud est fréquemment atténuée soit par l'érosionsoit parce qu'elle s'empâte sous des dépôtstertiaires (calcaire lacustre du Berry, sables etargiles). Elle n'a conservé une vigueur significativequ'au niveau de Saint Amand-Montrond où elleconstitue un escarpement bien visible sur lequels'adosse le site de la ville. La cuesta du Crétacé par
Ces trois types d'escarpements linéaires ont encommun d'être à la fois perçus à distance
comme l'horizon du paysage de plaine qui les jouxte,et de composer des paysages en tableau lorsqu'ilsont vus à distance moyenne. C'est ici l'effet decontraste avec la plaine qui fonde leur singularitéplus que leur amplitude réelle. Ils sont par ailleurs àla fois limites et paysages autonomes car ilscomposent un motif bien visible et organisé demanière spécifique : la pente, l'existence d'unsommet et d'un piémont induisent une répartitionorientée de l'occupation du sol, de la végétation etdu bâti. C'est une limite qui possède son épaisseurpropre et ses qualités particulières, ce sont enfinsouvent des paysages à enjeux forts car le reliefqui les détermine les rend particulièrement visibles.
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Des reliefs imbriqués et complexes
Les reliefs linéaires, horizon bleuté des paysages riverains
contre s'exprime d'une manière vigoureuse qui luidonne un rôle perçu de très loin d'horizonseptentrional de la Champagne Berrichonne. C'est àla fois son amplitude, comprise entre cent et cent
En plus de ces escarpements linéaires il existe unautre type de paysages déterminé par le relief,
qui sont des sites dans lesquels l'ampleur desdénivellations et la complexité morphologique "fontle spectacle". C'est le cas de l'extrémité sud dudépartement, où la présence de roches dures (grèsprimaires et roches cristallines) de cette Marched'Auvergne a déterminé des formes vigoureuses degorges et de crêtes vives : pentes raides, vallées enV ou en gorges, formes collinaires affirméescomposent des paysages montueux qui évoquentclairement leur appartenance au Massif Central. Ontrouve également ce type de figures dans uncontexte géomorphologique différent, celui du PaysFort, au nord de la cuesta du Crétacé. La puissancedes couches de la fin du Secondaire et la duretédes calcaires et oolithes qui les composent, laprésence de lits de grès très durs ont donné unrelief vif, incessamment disséqué par les trèsnombreux vallons qui descendent de l'escarpementvers la plaine et étirent en profondeur le relief de
la cuesta. La présence de fossés d'effondrementcontemporains des grandes failles ligériennesachèvent d'aviver ce relief (système de fossés etde failles qu'empruntent aux confins entre PaysFort et marges solognotes les rivières du bassin dela Sauldre). Ce sont des paysages très variés etcomplexes, qui font alterner collines et vallonsprofonds. La vigueur des reliefs sur les différentspaysages qui composent cet ensemble les rendgénéralement peu propices à l'agriculture intensive.Ce sont donc pour l'essentiel des sites qui sont ledomaine de la forêt, de l'herbage et le labour, sansêtre absent, ne s'y développe pas. Ces paysages quichangent peu car leur déterminant principal esthors de notre échelle de temps ont cependanttendance à voir reculer l'activité agricole etprogresser les bois, soit parce que des bois sontplantés, soit parce que les versants s'enfrichent. Ilexiste donc, nous le verrons, un risqued'homogénéisation de ces territoires. Uneexception cependant est la présence du vignoble
cinquante mètres et la grande ouverture visuelle dela plaine de Champagne qui en font l'un des reliefsmajeurs du département.
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Les paysages en tableau apparaissent lorsque le relief redresse la perspective et révèle la complexité de l'occupationdu sol
sur les pentes bien exposées (Sancerrois, Menetou-Salon ou du Verger Forestin dans la région de SaintMartin d'Auxigny), mais dans ce cas la singularité des paysages produits par ces cultures conduit à les rangerdans un ensemble particulier qui constitue les paysages de vignes et vergers, décrits dans le chapitre 6.
Les différenciations morphologiques évoquées ci-dessus ont conduit à définir trois types d'unités
de paysages déterminés par le relief : les tableauxlinéaires, les ensembles collinaires et les paysagesde gorges. Dans les premiers, nous trouverons lesversants de la rive gauche de la Loire et de l'Allier,bandes étroites qui se tournent vers la vallée et secomposent de l'escarpement et du ressaut de lapremière terrasse. La même figure se déploie de lalimite sud du département jusqu'aux collines duSancerrois et la partie nord a été dissociée en troisparties : les collines forestières qui ont ététraitées dans le chapitre 1, la butte de Sancerre,inféodée au paysage viticole et le dévers nord duSancerrois plus ample que les coteaux sud. Lacuesta du Pays Fort est classée dans les paysageslinéaires car elle est lue de cette manière depuis lamajeure partie de la plaine de Champagne, enfin lecoteau de Saint Amand est également perçu commeune césure puissante, au pied de laquelle s'insère laville. Les ensembles collinaires sont le cœur du PaysFort qui déploie ses collines profondément jusqu'aucontact avec la Sologne voisine, dans lequel a étéidentifiée la Motte d'Humbligny qui s'en détache
Trois types de paysages de relief différenciés
Typologie de l'ensemble des paysages de reliefs
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Le construit révélé par le relief
comme le point culminant et renferme sur ses flancs des sites tout à fait exceptionnels, et les Monts de laMarche. Enfin, la gorge de l'Arnon à l'amont de l'impressionnant seuil composé par le site de Culan constituel'unique paysage de "relief en creux", sur lequel s'appuie une portion de la limite avec l'Allier.
Ambiances, textures et couleurs
Le relief a pour effet de donner à la vue la plupartdes composants du paysage : dans un bocage, le
bâti se fait discret car il est généralementenchâssé dans la trame des haies alors que dans cecas, le redressement des perspectives par lesescarpements du relief mettent en évidencesilhouettes de villages, constructions et formes duparcellaire. Plus que tout autre, ces paysages sontdonc très sensibles à tout ce qui les anime. La tourhertzienne de Thauvenay, perchée sur le sommet de
la butte se voit de très loin. Les édifices posés àflanc de pente ou sur une crête montrent leursfaçades et leurs toitures, exprimant pour les plusanciens d'entre eux la nature du sous-sol qui lesporte. Les maçonneries de calcaires clairs mêlés degrès brun rouge du Pays Fort, les grès gris, beigeset roses de la Marche, les granites gris de la régionde Vesdun, les toitures de tuiles cuivréesparticipent à la personnalisation des paysages quiles accueillent.
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LISTE DES UNITES
PALETTES CHROMATIQUES
Couleurs d’hiver : symphonie de bruns et de mauves,ponctuée du vert émeraude fixe des conifères.
Couleurs de l'été : la haute densité des verts saturés
Couleurs du printemps, quand fleurissent épines,prunelliers et églantiers, quelques taches de lumière surfond de verdure ; les jeunes pousses éclairent etattendrissent l’uniforme verdure des conifères.
Les lointains s’éclairent d’un vert bleuté
Une barre vert bleue dense marque les horizons
Au loin une gamme des bruns qui vers l’horizon tire versle mauve
5-1 BUTTE D'HUMBLIGNY5-2 CŒUR DU PAYS FORT5-3 COTEAU DE SAINT AMAND5-4 CUESTA DU PAYS FORT5-5 VERSANTS DE LA LOIRE ET DE L'ALLIER5-6 DEVERS DU PAYS FORT5-7 LES MONTS DE LA MARCHE5-8 LES GORGES DE L'ARNON
L’ambiance colorée des paysages de relief se perçoit de deux manières : à distance lorsque le reliefconstitue un fond de tableau et fonde l’horizon et en vision proche quand on s’y promène. Dans les deux
cas les frondaisons des bois et haies qui les habillent leur offrent leur gamme de teintes.En vision lointaine, ce sont des verts bleutés en saison de végétation et des bruns mauves en hiver quisoulignent une côte, une butte, un escarpement ou les flancs d’une gorge. Vues depuis l’intérieur, ce sont lescouleurs et les textures des forêts et des bocages qui s’imposent : la végétation plutôt que le construit qui,peu dense, apparaît souvent comme un élément ponctuel mais ne fonde pas la palette chromatique. Les imagesci-dessous font apparaître dans leur moitié gauche les «couleurs vues de près» et dans leur moitié droite les«couleurs vues de loin».
5- 1 LA BUTTE D'HUMBLIGNYLe promontoire au pays des potiers
Point culminant du Sancerrois, avec ses 431 mètres d'altitude, la Motte d'Humblignydomine de sa silhouette le dévers de la cuesta du Pays Fort. Ce vigoureux éperoncalcaire surmonté de sables et d'argiles porte de belles forêts dans lesquelles le hêtrecôtoie le chêne et le pin. Sur les versants de ses reliefs boisés se déploie un bocagedense au sein duquel le village de La Borne s'est dédié à la terre cuite et a su devenirun lieu reconnu de la poterie berrichonne.
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COUPE
A
B
Trois bois en écrin autour du village de la Borne
La Motte d'Humbligny
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DESCRIPTION GENERALE
La butte d'Humbligny est,avec ses 431 mètres, le point
culminant du Pays Fort et duSancerrois, dépassant depresque 100 mètres la butte deThauvenay. C'est un éperon auxflancs abrupts, taillé dans lescalcaires crétacés par deuxvallées perpendiculaires ; lavallée de Morogues, quiconstitue sa limite sud et lavallée de la Grande Sauldre, quila borde à l'est.Les calcaires sont recouverts
d'une couche de sables etd'argiles de décalcification quiexpliquent la destination
essentiellement forestière decette petite unité. Elles'individualise au sein du cœurdu Pays Fort pour deux raisons,la forme singulière de ce reliefqui individualise fortement sasilhouette et la présence duvillage de la Borne, paradigme dela poterie en Berry. Ces deuxéléments font de la motted'Humbligny un haut lieutouristique de la région deSancerre. C'est un paysagemontueux et boisé, dont lesversants s'ornent de figuresbocagères denses qui sedéploient sur les pentes.
Structure du relief de la Motted'Humbligny
Les trois massifs qui enserrent laBorne en un écrin boisé
Le couvert boisé qui occupe leshauteurs se compose de trois
bois : le bois d'Humbligny et lebois de la Borne, qui sont desbois de production, structuréspar un réseau régulier et densed'allées forestières. La partienord du bois d'Humbligny,soumise au régime forestier, estgérée par l'Office National desForêts. Le troisième, le bois desMindons est un taillis d'aspectplus sauvage avec un systèmed'allées beaucoup moins dense.Ce couvert enserre le village de
la Borne et contribue au génie dulieu : le village des potiers est unendroit "qui se mérite" et qui,malgré sa notoriété et quelquespanneaux indicateurs, se donne àvoir dans une réelle intimité,sans aucune ostentation, ce quin'est pas le moindre de sescharmes. À l'instar del'ensemble des bois qui vêtentles stations les plus élevées duPays Fort, la végétationforestière est composée par lasérie du chêne pédonculé enmélange avec le chêne sessile et
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L'élégance des hêtres sur labutte d'Humbligny
Des figures bocagères demeurent, mais les haies s'effacent peu à peu,comme celle- ci, qui se réduit à une basse strate de ronces et quelques
percheaux isolés.
le hêtre, arbres des collinesbien alimentées en eau.Comme le montre la carte desformations végétales, le taillissimple et le taillis sous futaie defeuillus dominent largement etle bois d'Humbligny comportedeux parcelles en futaie(chênaie - hêtraie) au sud et aunord. Les enrésinements ne sontpas absents : futaies résineusespures ou sur taillis feuillu dansle bois d'Humbligny et dans lapartie nord des massifs. Sil'exploitation des feuillusdemeure dominante, laconversion en futaie se traduiten premier lieu par lesplantations de pins et d'autresrésineux.Au sud des trois bois, le relieftout en courbes sculptées depetits vallons descend vers lavallée de Morogues ; un bocagedense habillait les pentes et lescroupes de ce versant, dont ilreste quelques belles traces.
Vue vers l'ouest, le cœur du Pays Fort
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La Motte d'Humbligny : un livre ouvert sur le paysage
Le bois met en scène la motte sur la ligne de crête
L'équilibre subtil entre les figures paysagères du versant sud
Une double évolution se faitsentir : certaines pâturess'enfrichent puis se boisenttandis que le labour se développedès que la pente n'est pas tropcontraignante. Au stade actuel,cela produit des figures d'unegrande harmonie lorsque leslignes de semis accompagnent lescourbes du relief, qu'un équilibredemeure entre les espacesouverts et fermés et que lepaysage conserve une complexitéqui fonde son intérêt.
La Motte d'Humbligny coiffele sommet de la butte d'un
petit boqueteau au pied duquelse découvre un des plus beauxpanoramas du département. Enlieu et place de ce petit bois, lacarte de Cassini note la présenced'une chapelle qui donne àpenser qu'il y eût là au MoyenAge une motte féodale quiexpliquerait ce toponyme.Cet exceptionnel belvédèreoffre au regard une visionpanoramique qui montre versl'ouest la majeure partie du PaysFort et vers le sud la liaison avecles paysages de la plaine deChampagne Berrichonne.
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"La présence d'une terre, legrès, apprécié pour sarésistance, et l'abondance dubois de chauffage sont àl'origine de la poterie en Berry.La Borne en a fait son art" (inGuide vert du Berry). Si larégion de Mehun et Vierzons'est spécialisée dans la
porcelaine, La Borne est depuisles années vingt un centre trèsréputé pour la poterie, le grèsémaillé et la céramique. Lemusée et les ateliers d'unecinquantaine d'artistes etd'artisans mettent en scène laterre cuite et l'émail entretradition, modernisme et art
contemporain. Le village, àl’écart de la communed'Henrichemont est voué àl'expression de la terre, pavagesde briques, façades, œuvresd'art dans l'espace public etlieux d'exposition se conjuguentpour raconter l'union de l'argile,de la créativité et du feu.
Vue vers le sud, les paysages de Champagne et au second plan la série de buttes témoins qui constituent l'unité 12-2
La Borne et le poème de terre et de feu
La Borne, village des potiers
HenrichemontHumblignyIvoy-le-PréLa ChapelotteMoroguesNeuilly-en-SancerreNeuvy-Deux-Clochers
La perte de complexité des pentes et la régression de la complexité des figures paysagères.
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LES ENJEUX DU PAYSAGE
LISTE DES COMMUNES
La conservation de lacomplexité des motifs
paysagers du flanc sud de labutte constitue le principalenjeu paysager de cette unité :la double tendance à lafermeture des prairies sur lesfortes pentes et les petitesparcelles, le mouvement inverse
de mise en culture des fonds lesplus adaptés au déploiement desengins aratoires tend à produireune image binaire. Actuellement le panorama de lamotte d'Humbligny ne peut sedécouvrir qu'en passant àtravers des parcelles agricoleset le point d'où ont été prises
les photographies n'est pasdesservi par un chemin. Unaménagement sommaire et lenettoyage d'une partie deslisières qui limitent la vuepourraient permettre de créerlà un lieu de découverte dupaysage qui n'a pas d'équivalentdans cette partie du Pays Fort.
Depuis La Borne, l'ouverture vers la vallée de Morogues
Le village se situe à la limite sud-est de la communed'Henrichemont, sur la route deMorogues sur la tête du versantnord de la vallée de Morogues.L'implantation du village dansune clairière qui s'ouvre vers lesud lui offre des vues vers leversant méridional de la valléede Morogues qui se déploie aupied des pentes bocagères de labutte d'Humbligny.
5-2 LE CŒUR DU PAYS FORTLe pays montueux de l'arbre et des eaux vives
PAYSAGES DE RELIEF page 283
A
B
Un relief complexe, sculpté par le bassin de la Sauldre
page 284 PAYSAGES FORESTIERS
Le revers de la cuesta du PaysFort est profondément
disséqué par un réseauhydrographique inféodé aubassin de la Sauldre. Ce systèmequi s'écoule vers le nord est issude l'effondrement des terrainsde la Sologne qui a provoqué de
profonds creusements descouches calcaires déterminantle relief complexe et vigoureuxdu Pays Fort. Trois rivièresd'orientation sud-est/nord-ouest qui prennent leur source àl'amont de l'escarpementfondent la structure principale
de la topographie : la GrandeSauldre constitue la limiteorientale de l'unité, la Nèrechemine en son centre et laPetite Sauldre coule sur samarge occidentale.
Soulignée par sa ripisylve, la vallée de la Nère serpente entre les côtes boisées
Description générale
Un relief complexe sculpté par trois rivières du bassin de la Sauldre porte unealternance de bois et de figures bocagères d'une grande richesse. La vigueur du relief,la diversité des scènes paysagères, les villages d'Henrichemont ou de la Chapelled'Angillon, les promenades en forêt et la proximité des zones viticoles font du Pays Fortun des emblèmes du département. Aux marches de Sologne, il sait demeurer unterritoire rural berrichon proche de son immémoriale image, malgré des évolutionsrécentes qui le conduisent vers une relative simplification liée à un recul constant duréseau de haies bocagères. Malgré cela, le relief qui fonde son identité demeureratoujours garant de sa singularité par les innombrables tableaux paysagers qu'il crée.C'est aussi un paysage chargé d'histoire avec Henrichemont, la ville qu'édifia Sully, seschâteaux et le souvenir d'Alain-Fournier.
COUPE
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Forêts et bocages
Des affluents perpendiculairesdéterminent un second ordre derelief ; ceux de la GrandeSauldre et de la Nère sontcourts et se contentent deremodeler légèrement lesversants de leurs vallées, laPetite Sauldre accueille sur sarive droite des affluents de plusgrande longueur, le Vernon et leLayon qui modèlent un relief faitde crêtes et vallons imbriqués.De nombreux étangs émaillent lecours de la Petite Sauldre et duVernon, autour desquels se sontdéveloppées de riches zoneshumides.
La trame verte du Pays Fort : bois, forêts et haies bocagères
Les milieux humides
Les lignes de crêtes laisséespar l'érosion sont
constituées par des calcaires etdes grès surmontés de sables etd'argiles, qui ont produit dessols propices à la sylviculturetandis que les versants et lesfonds de vallons se sontorientés vers l'herbage, dans unsystème bocager encore bienprésent comme le montre ladensité du réseau de haies surla carte ci-contre. Les principales forêts setrouvent sur l'interfluve quisépare les vallées de la GrandeSauldre et de la Nère (Forêtd'Ivoy, de Beaujeu, bois deNancray etc…) et au sud duVernon : forêt de Menetou, quis'installe en continuité desmassifs de la Butte d'Humbligny(cf.unité 5-1).Le bocage très dense dans toutela partie sud de l'unité composeun paysage souvent fermé, pleinde surprises car le relief met enscènes des motifsincessamment renouvelés. Unbocage dense compose unpaysage fermé, à vues courteslorsque le relief est absent
PAYSAGES DE RELIEF page 285
Lesenrésinementsdans la région
d'Ivoy
Le taillis, figure dominante des forêts et boqueteaux
Au nord de la forêt d'Ivoy, lepaysage s'ouvre au labour
page 286 PAYSAGES FORESTIERS
Les formations végétales dominantes
alors qu'ici c'est une successionde tableaux et de panoramascertes de faible ampleur maisqui offrent à ce territoire uneinfinie diversité qui en fait larichesse.
Au nord, le bocage est moinsdense, le réseau des haiess’éclaircit et les boqueteaux seraréfient, ce qui correspond à laprésence d'un relief moinsvigoureux : la conversion vers le
labour -qui suppose l'arrachaged'une grande partie des haies-est rendue possible parl'atténuation des pentes.
Trois figures enchaînées : à l'arrière-plan, le manteau forestiersur les crêtes, sur le versant les figures bocagères et au secondplan le vallon occupé par la ripisylve de la Petite Sauldre.
PAYSAGES DE RELIEF page 286
Les formations végétales sesont différenciées à partir
d'un taillis de feuillus originel :les bois et forêts sont aménagéspar la sylviculture et présententde nombreux exemples deconversion en futaie ou en taillissous futaie.
PAYSAGES FORESTIERS page 287
Une végétation diversifiée
Le hêtre en Pays Fort
PAYSAGES DE RELIEF page 287
Quelques exemples de futaiefeuillue peuvent êtreobservés, mais la tendance estplutôt à l’ aménagement enfutaie résineuse, de rapportplus rapide.
La périphérie des massifscomporte de nombreusesparcelles en pins, épicéas oudouglas, ainsi que des pinèdessur fond de taillis feuillu. Cetteformule présente l'avantage deconcilier les impératifséconomiques avec une diversitédu couvert boisé alors que lafutaie résineuse en monocultureoffre une image appauvrie dupaysage forestier. Lesboqueteaux bocagers sontessentiellement du taillisfeuillus parfois en mélange avecla pinède.
La forêt feuillue estcomposée de chêne,
châtaignier, de frêne dans lesvallons frais, de merisier ; lalisière s'orne d'une belle margede fougères, les forêtscollinaires renferment de trèsbeaux sujets de hêtres et dechênes sessiles, favorisés parla pluviométrie des hauteurs,mêlés aux chênes pédonculés.Les fonds de vallon sontoccupés par la saulaie frênaie(frêne commun, saule blanc,cendré et marsault, aulne,cornouiller, sureau). Lespaysages de bocages sont faitsde parcelles de prairiesmésophiles diversifiées(graminées et plantes à fleurs),ceintes de haies étagées àchêne pédonculé, frênes,ormeaux, cornouillers,
prunelliers, épines blanches,noisetiers, érables champêtreset églantiers. Sur les versants,les haies renferment chênes,châtaigniers, cornouillers,noisetiers, troènes communs,aubépines et charmes. Cettefigure compose également laplupart des lisières forestièresdes collines.
page 288 PAYSAGES FORESTIERS
La clairière d'Henrichemont, paradigme du Pays Fort
Dans la région d'Henri-chemont se trouvent deux
figures emblématiques de laqualité paysagère du Pays Fort,la vallée de Morogues, qui fait
partie de la cuesta (unité 5-6)et la clairière d'Henrichemont,en limite sud-ouest de laprésente. C'est une dépressioncreusée par la confluence du
Vernon et de la Petite Sauldre,et cernée par les hauteursboisées des forêts de SaintPalais, de Menetou etd'Humbligny.
Ce site figure le "coeur ducoeur" tant elle mêle intimementles figures qui le caractérisent ;avec ses ambiances bocagères,ses prairies fleuries et sesriches zones humides autour des
deux rivières, il pourraitreprendre à son compte leslogan de la Nièvre voisine qui seveut le "vert pays des eauxvives". Les bourgs d'Achères etd'Henrichemont qui en gardent
les entrées expriment égale-ment l'intime rapport entrel'habitat et le paysage natureldans cette région.
Structure paysagère de la clairière, site de verdures et d'eaux
Floraison vernale des prairies
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PAYSAGES FORESTIERS page 289
La partie occidentale du cœur du Pays Fort au milieu du XVIII°siècle (extrait de la carte de Cassini)
Urbanisation : bourgs groupés et habitat dispersé
Les paysages de la clairière, vus depuis les hauteurs d'Humbligny
Henrichemont dans son écrin bocager
PAYSAGES DE RELIEF page 289
L'urbanisation se répartitentre cinq bourgs regroupés
et un grand nombre d'écartsdans le milieu rural, hameaux etfermes isolées. Les villagesgroupés occupent les vallées ouleurs versants, sur des axesanciens de communication :Achères et la Chapelled'Angillon dans la vallée de laPetite Sauldre, Henrichemontsur le versant sud du Vernon,Ivoy-le-Pré sur le versant est dela Sauldre et La Chapelotte dansla vallée de la Nère.Henrichemont, bâtie par Sully audébut du XVII° siècle et laChapelle d’Angillon, édifiéeautour de son château au bordde la route royale de Bourges àGien (l'actuelle RD 940) sontnotées comme villes fortifiéessur la carte de Cassini.
Les deux cartes ci-aprèsmontrent l'évolution de ces deuxanciennes citadelles à partir deleur noyau initial : Henrichemonts'est déployé le long des routesrayonnantes autour du planrectangulaire originel en un tissulâche qui s'intercale dans unetrame de bois et de haies. Lalisibilité du noyau historiquegarde toute sa clarté, marquéepar les seuils entre le centrebourg et les faubourgs.
La Chapelle d'Angillon dont laplace forte était installée entrela route royale et le château
s'est essentiellementdéveloppée vers le nord etl'ouest sous l'influence de la RD940. Un maillage de jardins etde vergers, héritage de l'imageancienne, demeure entre le
centre bourg et ses extensions.Dans les deux cas, l'insertiondes zones urbanisées dansl'espace rural se fonde sur desstructures végétales en intimefusion avec le bâti.
Un bel exemple de grangepyramidale en Pays Fort
PAYSAGES DE RELIEF page 290
La Chapelle d'Angillon, influence de la RD 940 Henrichemont : trame végétale et trame bâtie
Le bocage abrite un construittrès spécifique, avec sesgranges pyramidales souvent àpans de bois, ses façades detorchis et son organisationtraditionnelle en "villages" dequelques feux souvent héritéesde structures mono familiales.
Jadis inclus dans la trame desbois et des haies, ces édifices sefont plus visibles à mesure ques'ouvre le paysage. «L e sgroupements d'habitations sefont par famille autour d'unecour ou d'un passage commun dela proportion d'une rue ou d'uneplacette. L'unité familialepossède (…) une mare qui fut lacarrière d'argile utilisée pour laconstruction (…)»47 .Le Pays Fort, fait de terre et debois imprime sa marque dans lesfaçades de maisons et lesbâtiments d'exploitation : le pande bois rempli de mortier deterre et de sable, la brique, letorchis voisinent avec desmaçonneries de pierres variéesque propose le sous-sol. Lescalcaires jaunes, les grèsferrugineux plus ou moins
rubescents composent avec lestuiles cuivrées une harmonie deteintes chaudes que seulesviennent contredire quelquestoitures d'ardoises,postérieures au début duvingtième siècle.Parallèlement au système anciendes "villages", des fermesisolées se sont développées aucours du vingtième siècle,souvent organisées en cour et neprésentant plus les formescaractéristiques del'architecture vernaculaire. Lesconstructions sont plus massiveset rectangulaires, les toits àdeux pentes sont fréquemmentcouverts d'ardoises. Enfin quelques constructions
récentes de bâtiments d'élevagede grand volume et de teintestranchées sont d'autant plusperceptibles que s'ouvre latrame des haies (voirparagraphe enjeux). L'évolutionrégressive des haies met enévidence le construit…
47. In "Restaurer en Pays Fort et en Sancerrois" CAUE du Cher
PAYSAGES DE RELIEF page 291
Découverte du patrimoine
Maintenir les qualités de l'espace naturel
Cette région est riche demonuments et de traces de
son passé. L'architecturevernaculaire est fort originale(voir paragraphe précédent) etde prestigieux édifices
émaillent l'ensemble de cespaysages : dans le cœurproprement dit ce sontHenrichemont, le château de laChapelle d'Angillon qui se miredans les eaux de son étang et de
ses douves ou le château de laVerrerie, qui se cache dans unsite magnifique en lisière de laforêt d'Ivoy.
Château de la Chapelle d'Angillon Château de la Verrerie
Les prairies humides : unbien fragile
La chaude richesse des couleurs des maçonneries et des enduits 48
48. In "Restaurer en Pays Fort et en Sancerrois" CAUE du Cher
LES ENJEUX DU PAYSAGE
La valeur de l'espace naturelen Pays Fort, c'est-à-dire du
milieu boisé et des milieuxhumides repose paradoxalementsur les modalités de sa gestion :c'est un milieu "naturel rural",qui doit beaucoup à des
LISTE DES COMMUNES
AchèresDampierre-en-CrotEnnordresHenrichemontIvoy-le-PréJars
La Chapelle-d'AngillonLa ChapelotteLe NoyerMenetou-SalonMéry-ès-BoisNeuilly-en-Sancerre
OizonParassySens-BeaujeuVillegenon
La construction d'édificesnouveaux, bâtiments
agricoles ou habitat individuelen périphérie des bourgs doits'établir dans le respect desgrands équilibres : préservationdes silhouettes en écrin dans latrame boisée, respect decertaines règles d'adaptation auterrain et d'implantation (éviterles points hauts et les versants
en vue), conserver les logiquesde groupement initiales, mettreen place des systèmesd'accompagnement plantés àpartir de la palette végétaleindigène.En ces lieux particulièrementsensibles, l'insertion desconstructions doit être étudiéedans le cadre de véritablesvolets paysagers des documents
d'urbanisme et des permis deconstruire qui interrogentnotamment les vues à distancedans les secteurs les plusouverts. Enfin l'étude d'unepalette de couleurs et dematériaux et l'utilisation duguide de recommandations duCAUE pour les restaurationssont ici indispensables.
PAYSAGES DE RELIEF page 292
L'enjeu de la diversité paysagère face à l'extension des labours : quelle image pour demain?
Les enjeux sur le bâti : s'insérer dans la cohérence initiale
pratiques ancestrales del'agriculture. L'équilibre desmilieux humides ne s'estmaintenu que parce qu'unepartie des fonds de valléeétaient pâturés, la tendance à lafermeture de ces biotopes estglobalement une régression.L'espace boisé proprement dit
est relativement stable, engrande partie géré par lessylviculteurs. La tendance àdévelopper la futaie résineusesur les périphéries de massifspeut comporter à terme unrisque de régression paysagèrecar cela a pour effetd'homogénéiser l'aspect des
lisières. Il serait souhaitableque les plans de gestion fussentprécédés d'une étude del'impact paysager desdispositions proposées et fassel'objet d'une concertation entreles différents acteurs dupaysage.
La diversité paysagère desparties bocagères est
actuellement remise en questionpar le développement de laculture sur les terres les moinspentues et la disparition deshaies : le bocage en perdant sacomplexité s'éloigne de l'imagedu Pays Fort, qui se fonde sur ledensité et la touffeur verte.
Cependant, l'ouverture decertains versants etl'accompagnement desondulations du relief par leslignes de semis produit uneimage qui, pour être différenten'est pas sans qualités. Levéritable enjeu est ici sur lanature de l'image future : si cespaysages doivent au moins
partiellement se modifier, versquoi tendent-ils ? L'évolutionobservée s'est produite dans lecontexte d'une réflexion sur lamutation du foncier car laplupart de ces communes sontremembrées. La réflexion sur lamutation du paysage ne reste-t'elle pas à conduire ?
L'évolution du bocage et ses conséquences (ici au sud d'Ivoy-le-Pré)
5- 3 LE COTEAU DE SAINT AMANDUn horizon qui témoigne de l'évolution du Boischaut
Fond de tableau du site de Saint Amand-Montrond, le coteau correspond à une cuestaintermittente qui sépare les assises du Jurassique inférieur et moyen (étage Bajocien).Ce relief vigoureux à l'ouest qui s'affaisse peu à peu vers l'est marque fortement le siteurbain et met en scène les différents états des paysages du Boischaut : forêts, bocagesdenses et bocages qui peu à peu s'ouvrent et se transforment. Porteur de scènes entableau diversifiées, ce coteau est un puissant révélateur des paysages du sud du bassinsédimentaire, proche de sa naissance aux confins du Massif Central.
PAYSAGES FORESTIERS page 293
COUPE
DESCRIPTION GENERALE
Un escarpement rectiligne qui s'affaisse lentement vers l'est
Les couches de calcaires durset d'oolithes qui surmontent
des assises argileuses ontdéterminé une cuestaintermittente qui épouse laforme en croissant des dépôtssédimentaires. Au nord de SaintAmand-Montrond, elle constitueune barre rectiligned'orientation est-ouest qui
provoque une inflexion versl'ouest du cours du Cher. Cetescarpement, d'une amplitudede cent vingt mètres environtranche nettement dans cepaysage du sud du Boischaut aurelief fort modeste. Sa vigueurdécroît d'ouest en est, sahauteur est maximale au nord-ouest de Saint Amand lorsque le
Cher le perce en une cluse quimarque le seuil de Bruères etl'entrée dans l'unité "vallée deCher" proprement dite et elles'affaisse régulièrement versl'est jusqu'au point où elle laissepasser l'Auron vers le nord dansune dépression peu marquée.
PAYSAGES DE RELIEF page 293
A
B
Vu depuis le sud, l'escarpement horizon du bocage
PAYSAGES DE RELIEF page 294
L'effacement progressif durelief détermine trois
séquences : c’est au nord deSaint Amand une falaise nettede laquelle l'érosion a détaché labutte témoin de Montrond quifonde le site de la ville et qui se
prolonge jusqu'à Les Vivons. Entre Les Vivons et Charenton-du-Cher, la côte est disséquéepar un réseau de petits vallonsperpendiculaires qui descendentvers la Marmande puis à l'est deCharenton, elle disparaît peu à
peu et s'ouvre sur la vallée del'Auron au droit du seuil du canaldu Berry, point de partage entreles bassins de la Loire et duCher.
Paysage de transition, la côteest témoin des paysages qui
la bordent : au droit du site deSaint Amand elle est surmontéepar le bois de Meillant qui coiffela falaise et en souligne l'effet
de fond de tableau, tandis qu'àl'est le bocage mêlé deboqueteaux se déploie sur sespentes et compose une série descènes en tableau. Elle est ainsipartagée en deux entités bien
distinctes : une barre boiséeunivoque à l'ouest et unensemble de scènes diversifiéesà l'ouest où le bocage ponctuéde boqueteaux habille lespentes. Le bois de Meillant qui
Carte du relief
Un relief qui s'atténue d'ouest en est
L'occupation du sol entre bocage et forêts
PAYSAGES DE RELIEF page 295
Les grands panoramas
domine la falaise est composéd'une futaie de chênes dans lapartie qui jouxte l'escarpementet d'un taillis feuillus dans lapartie nord avec quelquesparcelles de futaie résineuse.Les bois qui habillent la partiebocagère du coteau sont destaillis de pente calcaire sèche, àchêne pédonculé, chênepubescent, érable champêtre etrobinier.La côte met en scène lespaysages d'un bocage plus ou
moins ouvert, comme le montrela photographie ci-dessous. Latrame végétale se défaitprogressivement vers l'est, ainsila côte passe-t’ellegraduellement d'un reliefvigoureux entièrement boisé àun bocage dense puis à unpaysage de plus en plus ouvertqui montre les divers stadesd'évolution déterminant cetterégion du Boischaut. Dans unetrame inégale de haies, debouchures plus ou moins bien
entretenues, les prairies,composées par de bellespelouses calcaires s'intercalententre des parcelles cultivées quis'étendent dans la partieorientale du coteau. Pelouses etbois composent à l'ouest unensemble floristique qui ajustifié le classement de lapartie abrupte du coteau enZNIEFF. La valeur du milieunaturel accompagne ici legradient paysager ouest est.
L'amplitude du relief met enscène de manière
spectaculaire le bocage et la
vallée du Cher, comme le montrel'image du point de vue de laTour Malakoff au hameau des
Vivons.
Les figures évolutives d'ouest... ...en est
Le bocage, la vallée du Cher et les confins de la marche révélés par le coteau de Saint Amand
PAYSAGES DE RELIEF page 296
LISTE DES COMMUNES
Le principal enjeu se fonde surles mutations des structures
bocagères dans la partieorientale du coteau ; en effetl'ouverture de la trame deshaies a deux effets : unesimplification de l'image entableau offerte par le relief et
la mise à nu des édifices. Lesbâtiments agricoles ethabitations qui étaient jadisenchâssés dans leur écrinvégétal ne se distinguaient quepar leurs toitures alorsqu'aujourd'hui ils se lisentclairement. Ceci suppose une
exigence qualitative nouvelle etune particulière attention àporter à l'étude d'implantation,de formes, de volumes et decouleurs lors de la constructionde bâtiments nouveaux.
ArpheuillesBruère-AllichampsCharenton-du-CherLa CelleMeillantSt Amand-MontrondSt Pierre-les-EtieuxVernais
LES ENJEUX DU PAYSAGE
5- 4 LA CUESTA DU PAYS FORTLa mise en scène du Pays Fort
L'escarpement de la cuesta du Crétacé marque une puissanteséparation entre la plaine de grande culture de la ChampagneBerrichonne et les paysages de bois, d'eaux vives et de bocages duPays Fort. Ligne de partage des paysages, c'est aussi un ensemblede sites imbriqués, linéaires dans la partie occidentale et fait demicro-sites en écrin à l'approche du Sancerrois. Modelé par undouble réseau hydrographique né des bassins de l'Yèvre et de laSauldre, ce paysage à la fois complexe dans son approche interneet très simple dans une lecture à distance pose la question de saprotection.
PAYSAGES FORESTIERS page 297 PAYSAGES DE RELIEF page 297
AB
km
PAYSAGES DE RELIEF page 298
Un escarpement modelé par un double réseau hydrographique
Une situation de regard sur les paysages de Champagne Berrichonne
Vue sur le piémont et la plaine depuis Parassy
DESCRIPTION GENERALE
L'escarpement du Pays Fortse décompose en deux
parties, d'une part une falaiseabrupte qui correspond à lacouche dure des oolithes etcalcaires jaunes des premiersétages du Crétacé et d'autrepart des couches de calcaires etde marnes plus tendres,empâtées par des dépôts depente, qui en constituent lepiémont (unité 10.4). La falaise,relativement étroite à l'ouestd'Humbligny est modelée par decourts ruisseaux affluents del'Yèvre qui descendent vers lesud. La partie située à l'est de la
Motte d'Humbligny, disséquéepar la Sauldre et ses ruisseauxaffluents qui se dirigent vers lenord est plus évasée. Entre ledébut du Sancerrois et le sitede Bourges, cet escarpementfonde la limite nord de la plainede Champagne Berrichonne.L'unité se termine à l'ouest avecl'entrée dans les paysagesmarqués par le vignoble : lanature du relief ne change pasmais c'est la présence dupaysage viticole qui créel'identité du site (narthex duSancerrois).
COUPE
La cuesta organise unevéritable mise en scène des
paysages de la ChampagneBerrichonne. La partieoccidentale est lue comme unebarre qui fait l'horizonseptentrional de la plaine et quioffre de nombreuses vues surses paysages. La route qui jointParassy, Menetou-Salon etVignoux-sous-les-Aix chemineen crête de l'escarpement etmontre à la fois piémont etplaine.
Les bourgs implantés sur lacrête accompagnent cettesituation de regard vers l'aval,en particulier Menetou-Salon,
dont l'espace public central estun vaste rectangle orienté luiaussi vers l'aval, ce qui a poureffet de magnifier l’orientationgénérale du paysage.
Le relief et le réseau hydrographique
PAYSAGES DE RELIEF page 299
À l'est d'Humbligny, les paysages en écrin
Morogues, le site paradigme
Dans la partie orientale"épaisse" de la cuesta, le
recreusement par un systèmeplus complexe de vallons donneun nouvel aspect au paysage ; lerelief linéaire se complexifie etgénère toute une séried'espaces intimistes composéspar les vallons boisés dont un
très bel exemple est la vallée deMorogues. Tout se passe commesi le paysage désirait se fairemystérieux et clos avant lagrande ouverture sur lespaysages viticoles, ménageantainsi une transition par effet decontraste d’une grande qualité.C'est une succession d'espaces
fermés qui offrent des vues enfenêtre sur la plaine ets'enchaînent les uns aux autres,faisant alterner des coupesboisées et des vallons parsemésde prairies dans lesquelles leconstruit se dissimule.
La vallée de Morogues est lepoint d'orgue de cette partie dela cuesta, vallée en écrin elleoffre au regard dans un cadreboisé une dépression bocagèredans laquelle s'insère le bourg,dominé par le château sur leversant en lisière de forêt.
La succession de clos boisés
Fenêtre sur les espaces ouverts
La vallée de Morogues et l'enchaînement des vallons et des crêtes
Menetou-Salon, regard vers le sud-est
L'église deMorogues, un
sobre poème depierres
PAYSAGES DE RELIEF page 300
Le château, adossé au versant forestier
La vallée de Morogues, schéma de la structure paysagère
Morogues, village de val est enson site comme enfermé, lepaysage s'y lit par les crêtes quile limitent, boisées à l'ouest etlaissant apercevoir à l'est lespremiers moments du vignoblesancerrois. Seul émerge leclocher de son église d'untardif roman, dans un subtil
dialogue avec les tours duchâteau des Maupas, dont lenom (Malus passus le "mauvaispassage") donne à penser quecette vallée en écrin fut aussiun défilé bien gardé… Moroguesc'est aussi le sous-sol du PaysFort qui s'exprime dans sesfaçades, mêlant end'harmonieuses compositionsles clairs calcaires et lessombres grès ferrugineux.
PAYSAGES DE RELIEF page 301
LES ENJEUX DU PAYSAGE
Ce paysage a conservé uneoccupation du sol fondée sur
le taillis et les pelousescalcaires, les pentes nepermettant pas la conversionpartielle vers le labour qui s'estopérée ailleurs. En revanche, cesfaibles dispositions agricoles etla régression de l'élevage sur les
pâturages dans les terroirs auxparcellaires exigus setraduisent par une tendance àl'enfrichement et au boisementnaturel. Ces sites courent lerisque de se fermer encoredavantage et de voir disparaîtreles effets de fenêtre versl'extérieur. Ce joyau précieux
est en danger d'étouffement sides mesures d'entretien ne sontpas prises.Par ailleurs la fermeture desespaces peut être à l'origine dequelques dérives et incivilités,comme le montre l’insolitephotographie du bas de la page àgauche.
La protection de l'ensemble dela cuesta semble une optionnécessaire pour susciter à lafois une réflexion sur la gestiondes paysages qui la composentet éviter que ce sanctuairepaysager ne se banalise. Lesexemples comme celui de laphotographie ci-dessous font
sans doute exception, mais lamise en situation par le reliefimpose une grande attention vis-à-vis de l'implantation de toutélément nouveau : l'image ci-dessous à droite montre parexemple l'impact d'uneconstruction récente decouleurs claires en tête de
coteau. Une protection despaysages et un encadrementstrict des mutations s'imposentet pourraient faire l'objet d'unecharte paysagère globale sur lePays Fort permettant dehiérarchiser les questions… etles réponses.
Quelques figures des pelouses calcicoles
Curieuse rencontre au détour d'un chemin à l'ouestde Morogues
L'impact des constructions récentes
Richesse des paysages et du milieu naturel… un patrimoine en danger ?
PAYSAGES DE RELIEF page 302
LISTE DES COMMUNES
AubingesFussyHumblignyMoroguesMenetou-SalonNeuilly-en-SancerreNeuvy-Deux-ClochersParassySt Georges-sur-MoulonVasselayVignoux-sous-les-Aix
5- 5 LES VERSANTS DE LA LOIRE ET DE L'ALLIERQuand le Cher se tourne vers la Bourgogne
PAYSAGES DE RELIEF page 303
Une étroite bande de terrain descend deshauteurs forestières qui dominent laLoire et l'Allier et fonde la limite entre leCher et la Nièvre. C'est un paysaged'interface, boisé et agricole,qu'émaillent fermes et manoirs.Essentiellement perçu depuis le fond devallée et la rive droite, isolé des paysagesde l'ouest par le manteau forestier duplateau, il ne se laisse percer qu'en deuxpoints, les débouchés de l'Aubois et de laVauvise sur le Val de Loire.
COUPE
DESCRIPTION GENERALE
Entre Mornay-sur-Allier et Saint Bouize, lesvallées de l'Allier et de la Loire sont limitées à
l'ouest par le coteau constitué par les terrainscalcaires recouverts des sables et argiles duBourbonnais composant les interfluves avec l'Auboiset la Vauvise. Ceux-ci forment un bombement d'uneamplitude comprise entre 50 et 1OO mètresrecouverts par les paysages forestiers de l'Auboiset du ressaut boisé de la Loire. Les cours des deuxfleuves occupent généralement sur ce tronçon lapartie est du val : la rive droite constitue le versant
A
B
CD
vif tandis que le coteau de rivegauche est un versant de pentemoyenne, dont le piémont setermine sur la terrasse alluvialedes fleuves qui constitue unétroit replat au-delà duqueldébutent les paysages de vallée.La terrasse accueille une chaînede villages qui se sont installéshors du domaine des crues de laLoire. Ce versant isole lespaysages du Cher de la vallée etse tourne vers la Bourgognevoisine, à l'exception des deuxseuils que fondent lesconfluences de l'Aubois et de laVauvise avec la Loire. Le versantse présente d'une manièreconstante : une pente régulièreest occupée par des boisements
en taillis et des espaces enpâture ou en culture, au pied delaquelle se succèdent desvillages régulièrement disposésen pied de coteau et réunis parune route parallèle au canallatéral. La terrasse et la chaînedes villages ont été décrits avecles unités 3-1 (vallée de l'Allier)et 3-6 (vallée de la Loire), leversant proprement dit serésume à la bande de terrainpentue qui sépare lesboisements des interfluves desgrandes vallées. Ils secaractérisent par leuroccupation mixte, agricole etboisée et la présence denombreux manoirs et grossesfermes ornées qui se sont
installés sur des positionsdominantes par rapport à lavallée.
Morphologie des paysages en rive gauche de la Loire et de l'Allier : le double confinement du versant et de l'espaceboisé
PAYSAGES DE RELIEF page 304
PAYSAGES DE RELIEF page 305
Le bâti en balcon sur la vallée
Les nuances
Dans la partie du Val d'Alliersituée en amont de la
confluence, le versant présentela structure commune à toutel'unité, à l'exception de larencontre entre les deuxfleuves où l'ampleur du coude dela Loire et l'étalement de laconfluence dans les sables de laplaine alluviale se calent àl'ouest sur un coteau plus douxque domine nettement leversant de la rive droite. Ce siteoffre à la Nièvre le point de vuedu Bec d'Allier depuis lequel sedécouvre le Cher dans la régionde la vallée de Germigny.
Le château d'Apremont dominant l'Allier
Château et ferme manoir à Saint Léger-le-Petit
Châteauvert à Marseilles-lès-Aubigny, le bien nommédans son écrin de verdure
Depuis le point de vue du Bec d'Allier à Marzy (Nièvre), le bourg deCuffy sur la terrasse, surmonté par le versant et l'ouverture sur lespaysages de la vallée de Germigny
PAYSAGES DE RELIEF page 306
La vue générale depuis la rive droite : versant etmanteau forestier constituent l'horizon
En vision plus rapprochée seuls apparaissent la ripisylvede la Loire et le versant
Les séquences de lecture du paysage du Val depuis la rive droite (Pouilly-sur-Loire)
Les vues prises depuis la rivedroite et depuis la valléemontrent que l'occupation du solest composée essentiellementde boisements incluant quelquesespaces agricoles ouverts,composant une marqueterieverte et dense. Le gradient deboisement va en décroissant dusud au nord. Au droit de l'Allier,les versants paraissent envahispar les bois qui le surmontent,entre le Bec d'Allier et laChapelle-Montlinard les pâtureset quelques champs cultivéscomposent un dessin binaire etdans la partie septentrionale,l'occupation du sol est équilibréeentre les bois et l'espaceagricole, avec une nettetendance à l'extension de laculture sur les pentes les plusfaibles, comme si après avoircôtoyé les bocages boisés de lavallée de Germigny, le versant sefaisait miroir de la ChampagneBerrichonne, avant de laisser laplace aux hautes figures duSancerrois.
PAYSAGES DE RELIEF page 307
LES ENJEUX DU PAYSAGE
LISTE DES COMMUNES
Si la partie sud semblerelativement stable le
versant de Loire proprement ditconnaît une évolution sensible,surtout au nord de La Chapelle-Montlinard. Cette ouverturedonne à cette section une plusgrande sensibilité paysagère : il
y a lieu ici d'examiner avec sointout projet de construction debâtiment, notamment agricolesusceptible de s'implanter ensommet ou à flanc de coteau.La section comprise entre le Becd'Allier et la ChapelleMontlinard risque de se trouver
à terme confrontée au problèmedu maintien de ses espacesouverts, pour ce qui concerne lespetites parcelles qui tendent às'enfricher.
Apremont-sur-AllierArgenvièresBeffesCours-les-BarresCuffyHerryJouet-sur-l'AuboisLa Chapelle-MontlinardMarseilles-lès-AubignyMornay-sur-AllierNeuvy-le-BarroisSt BouizeSt Léger-le-Petit
PAYSAGES DE RELIEF page 308
5- 6 LE DEVERS DU PAYS FORTLa transition entre Pays Fort et val de Loire
Au nord deSancerre le versants'élargit en unplateau creusé devallons profonds quise termine au droitde la vallée de laLoire en un coteauvigoureux. Enarrière du coteau lepaysage est unemosaïque de bois, depâtures et decultures qui faittransition entre lavallée et le PaysFort.
PAYSAGES DE RELIEF page 309
COUPE
Carte du relief (les courbes de niveaucorrespondent à 5 mètres dedénivellation)
PAYSAGES DE RELIEF page 310
DESCRIPTION GENERALE
Coteau et vallons, un double système
Forme schématique de l'enchaînement des reliefs entre la plaine alluviale, le versant et les hauteurs du Pays Fort
Au nord du Sancerrois, leversant de la rive gauche
est profondément disséqué pardes vallons perpendiculaires quidescendent vers la Loire ens'enfonçant dans des sédimentstertiaires. Le relief du coteau,d'une amplitude de cinquante àsoixante mètres s'en trouveétiré vers l'intérieur des terreset compose avec le Pays Fort unetransition beaucoup plusgraduelle que celle qui partage levallée et la ChampagneBerrichonne. D'autre part lavallée n'est plus directement
dominée par les grandes failles,qui sont ici en recul et sontempâtées par des dépôts depente caillouteux et argileux quiles rendent peu visibles. Ledévers du Pays Fort s'étendentre la ligne de faille surlaquelle prennent naissance lesvallons et la terrasse de la Loire.
Le paysage du dévers se diviseen un versant abrupt au droit dela rive gauche du lit majeur de laLoire et un plateau percé devallons parallèles qui oriententl'espace vers la vallée.
PAYSAGES DE RELIEF page 311
LES ENJEUX DU PAYSAGE
LISTE DES COMMUNES
BannayBelleville-sur-LoireBoulleretLéréSury-près-Léré
L'harmonie de ces paysages sefonde sur le relatif équilibre
entre les diverses formesd'occupation du sol. Il existedeux risques de voir cette
stabilité s'altérer, soit parl'extension des cultures, soitpar le reboisement ; ces deuxphénomènes traduisent larégression de la prairie, dont
quelques signes s'observent surle terrain : enfrichements etdébuts de boisementsspontanés.
La couverture boisée du dévers duPays Fort
Envahissement par la ronce,développement des ligneux, uneparcelle en voie d'enfrichement
Le plateau ondulé, revêtu de sa mosaïque de bois, prés et cultures, danslaquelle se dissimule à demi l'habitat
Une couverture boisée intermittente
C'est un paysage en mosaïque,qui fait alterner des bois et
boqueteaux et des parcellesouvertes, à peu près dépourvuesde haies qui sont occupéesmajoritairement par des prairiesauxquelles se mêlent descultures. Les courbes du relief,soulignées par le contraste
entre les boisements et lesparcelles ouvertes, le jeu descouleurs entre labours etprairies composent un territoired'une belle harmonie quiaccueille en son sein le bourg deBoulleret ainsi qu’un ensemble dehameaux et de fermes isoléescaractéristiques du Pays Fort.
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5- 7 LES MONTS DE LA MARCHELes marges du Massif Central
PAYSAGES DE RELIEF page 313
COUPE
A
B
Le relief le plus vigoureux et le plus complexe du département
PAYSAGES DE RELIEF page 314
DESCRIPTION GENERALE
Monts de la Marche et gorges d'Arnon : carte du relief
Les Monts de la Marche renferment les reliefs les plus altiers du département, avec unpoint culminant à 500 mètres d'altitude sur sa limite sud. Les couches sédimentairesmontent à la rencontre des terrains anciens du Massif Central puis leur cèdent la place,créant un paysage qui se prolonge largement dans les Combrailles voisines. Pays decollines vives et de vallons profonds et touffus, parfois creusés en véritables gorges,la Marche porte un bocage dont la maille est plus serrée que dans le Boischaut. Reliefvigoureux et densité du couvert arboré composent un paysage assez fermé, quelque peuaustère mais présentant toutefois de subtiles nuances. C'est un pays qui ne se montrequ'à ceux qui veulent bien prendre le temps de l'arpenter en ses richesses : la grandevariété de ses édifices faits des matériaux si divers qu'offre son sous-sol, le charmede ses étangs et de ses ruisseaux frais et profonds ou le spectacle d'une verte pâturepiquetée de moutons ou de bœufs blancs.
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Un bocage dense où paissent moutons et bœufs
L'extrémité sud dudépartement n'appartient plusau Bassin parisien mais auMassif central. Au droit deCulan passait au Secondaire laligne du littoral qui séparait lamer des terres émergées. Lesous-sol ne se fonde plus ici surles assises secondaires mais surles roches beaucoup plusanciennes de l'ère primaire. Descouches sédimentaires faites degrès et de schistes se mêlent àdes roches métamorphiques
nées de la cristallisation desschistes et cristallophylliennesqui correspondent au socleprimordial. C'est un ensemblebeaucoup moins ordonné que lesassises en croissant du bassinparisien et qui mélange desroches très dures (granites,gneiss, grès), et des roches plustendres (micaschistes etsurtout schistes). Cettestructure composite donne unrelief très varié, fait de formesimbriquées sans direction
préférentielle clairementvisible. L'érosion a modelé cesterrains selon une directiongénérale qui va vers le nord,mais les différences dematériaux donnent une grandevariabilité aux formes de relief.Le paysage en tire une image demoutonnement de collines plusou moins abruptes qui s'élèventjusqu'au point culminant dudépartement, à Préverangesavec ses 500 mètres NGF.
La montée du relief vers les hauteurs de Préveranges à l'extrême sud du département
Un bel exemple de bouchure avec les deux "hôtes" de la Marche, le bœufblanc et le mouton
Les monts de la Marche sontoccupés par les figures
bocagères les plus denses qu'aitconservé le Cher. Les mauvaisesdispositions de leurs sols pour laculture les ont destiné toutnaturellement à l'herbage aveccependant quelques parcelles enpolyculture prises commeactivité de complément pour uneproduction animale (quelquesfourrages et cultures desubsistance). La ressourcenaturelle est ici la prairie,essentiellement pâturée maisaussi fauchée pour les fenaisonsd'hiver. Les parcelles étaient detaille modeste, encloses de haiesétagées avec une haute strate àchêne pédonculé et châtaignier,parfois mêlé de hêtre, souventde frêne dans les stations desfonds et pentes de vallons fraiset une basse strate à prunellier,troène commun, fusain d'Europe,ronce, noisetier, charme, queremplacent les saules et lessureaux dans les vallons tandis
que le saule blanc et le frênesupplantent le chêne dans lastrate arborée. Les haiesétaient entretenues pour le boisde chauffage, bien recherchédans ces terres froides etparfois en fourrage vert decomplément (taille annuelle desfrênes en particulier). Lesprairies sont le domaine desbœufs et des moutons ; laMarche et l'extrême sud duBoischaut ont les plus grandesdensités de bovins et d'ovins àl'hectare de tout le
département. Moins abondantesque dans le Boischaut, lesbouchures, ces haies deprunelliers d'aubépine etd'églantier taillées basdemeurent et nombre de haies"montées" apparaissent commed'anciennes bouchures dontl'entretien a été abandonné.L'impression de fermeture quidomine ce paysage étaitvraisemblablement beaucoupmoins prégnante, il y a unevingtaine d'années.
PAYSAGES DE RELIEF page 316
Touffeur verte, densité et austérité
La densité du bocage composeun paysage fermé, aux vues
généralement courtes, caléespar des haies opaques ettoujours proches. Seul le reliefoffre parfois au détour d'unchemin des perspectives plusouvertes, d'où émerge lasilhouette bleutée du sommetd'une colline. Ainsi les hauteursde Préveranges qui marquent latransition entre le Cher etl'Allier ou les collinesgranitiques de Vesdun auxformes abruptes se lisent par-dessus la trame bocagère. C'estune impression de touffeurverte qui s'impose, le vert
sombre des haies, l'émeraudesaturé des prairies qu'animentavec l'éveil des beaux jours lesfloraisons vernales éclairées dujaune des boutons d'or. Les eauxsont très présentes, ruisseauxcoupés d'étangs et rivières maisces eaux se font discrètescomme digérées par le relief etla trame des arbres : les étangssont cachés dans les bois ou parle réseau des haies, les rivières,encaissées en gorge ne sedécouvrent qu'au derniermoment.C'est un pays parfois austère,froid en hiver qui montre que ladouceur berrichonne a fait ici
place à la rudesse auvergnate. Ilexiste une réelle différence depratiques et de modes de vie enun mot de culture entre les paysde bassin sédimentaire et lesmassifs anciens. Il existe bienici une différence de paysage :l'ordonnancement du grandbocage du Boischaut a disparu,laissant le terrain à un "fouillisgaulois". Les gens de la Marchesont fils des Arvernes, à n'enpas douter et la frontièred'Auvergne déborde quelque peula limite régionale. La Marche setourne plus vers les Combraillesque vers le Berry.
Étang à Préveranges
Une image de la "touffeur verte" à Saint Saturnin
PAYSAGES DE RELIEF page 317
Le bâti à demi caché dans le bocage exprime la diversité du sous-sol
La répartition du construit esttypique des zones bocagères,
fait d'un grand nombre d'écartscorrespondant à des hameaux
unifamiliaux de quelques feuxqui regroupent l'habitat et lesbâtiments d'exploitation.
Une très belle "voûte verte" en forêt de Maritet àChâteaumeillant, une figure précieuse… à préserver del'épareuse…
Bovins et figures bocagères au premier plan : haieétagée, bouchures, chêne de plein vent bien taillé parles animaux et terres labourées au second plan : uneimage de la relative mixité de certains secteurs de laMarche
Une répartition cependant inégale
La carte ci-contre montre unétat à peu près exhaustif
des formes bocagères etboisées à la fin des années 1990.L'arc boisé central correspondà des grès argileux du Trias(Forêt de Maritet au nord-ouest, bois de Saint Saturnin aucentre et bois de la Roche àl'est de la gorge de l'Arnon).Le bocage très dense sur lamajeure partie de l'unitéprésente quelques figuresd'éclaircissement pararasement des haies etagrandissement du parcellaire.Ces figures correspondent soità des ébauches de conversion àla culture, peu significatives,soit à des exploitations ovinessur grandes surfaces où leshaies ont été remplacées pardes clôtures à moutons maiscela ne remet pasfondamentalement en causel'image de densité de la Marche.
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Il y a peu de noyaux importantsd'habitat groupé à deuxexceptions près : Culan, quimarque la porte septentrionalede la Marche et de la gorge del'Arnon et Préveranges sur salimite sud. Les chefs-lieux descommunes sont en généralconstitués par un petit noyauregroupé de façon rigoureuseautour du clocher de l'église,dont le croquis ci-dessous
montre un exemple (SaintPriest-la-Marche).La complexité du sous-sols'exprime dans les matériaux deconstruction traditionnels, lesschistes, micaschistes, grès plusou moins bigarrés, les briques,les enduits de teintes variéesdonnent une palette danslaquelle seules les blancheursdes calcaires sont absentes.Schistes et ardoises cohabitent
avec des tuiles aux teintesnuancées, du rouge cuivré auxbruns des argiles chargéesd'oxydes. Les toits de tuilesfréquents dans les écartsjettent une note colorée dans lamasse des frondaisons, l'ardoiseest plus fréquente dans lesquelques noyaux regroupés descentre-bourgs.
Les écarts insérés dans la trame bocagère
L’insertion de Saint Priest-La-Marche
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Richesse et polychromie des matériaux de construction : grès, schistes, micaschistes, briques, pans de bois, enduits,tuiles et ardoises
La fermeture des parcelles (vue générale et détail montrant l'envahissement par les ronces)
LES ENJEUX DU PAYSAGE
Ce territoire montre dessignes de mutations, dont
certaines sont engagées depuisquelques décennies : larégression des bouchurestémoigne d'un changement dansles pratiques de l'agriculteur.L'arasement des haies dans leszones de bocage éclaircies estun autre signe de modificationdes conditions d'exploitation (ledéveloppement des grandsélevages ovins, par exemple,suppose nous l'avons vu unallégement des structuresbocagères). Ces évolutions nesont pas nécessairementrégressives en termes de valeur
paysagère ; en effet l'ouverturepartielle de certains sites peutmettre en évidence des motifsautrefois invisibles. Le rapportavec les étangs et zoneshumides gagnerait en certainslieux à être moins confidentielet l'ouverture de fenêtres, legain d'une certaine profondeurdes tableaux paysagers peutêtre lu comme unenrichissement. Cependant cesmodifications, pour lentesqu'elles fussent ont toujoursété le fait de logiquesindividuelles d'exploitation ; iln'y a pas de stratégie paysagèreglobale qui prît en compte
l'image à terme des monts de laMarche. La simple loi de la miseen valeur du terroir risque deconduire à terme à un doubledémembrement de cespaysages, par excèsd'ouverture en certainsendroits et excès de fermetureen d'autres. Si la Marche n'estpas comptabilisée à l'échelle dudépartement parmi les régionsconnaissant une forte dépriseagricole, des abandons deparcelle et des boisementsspontanés sont visibles sur leterrain, dont certaines partiestendent à se fermer davantage.
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L'évolution des pratiquesagricoles, c'est aussi la
construction de bâtimentsd'élevage, qui tendent às'implanter dans les zones lesplus dynamiques, donc lespaysages les plus ouverts, oùchaque édifice se fait plusvisible que dans le cœur dubocage.Une réflexion qualitativedevrait être menée entre lesresponsables de la professionagricole et les servicesinstructeurs. En ces temps decrise des filières animales quivise particulièrement les deuxprincipales productions de laMarche, ce territoire doits'interroger sur son imagefuture. Il existe sans doute unenjeu à ne pas négliger qui sefonde sur la qualité des sites.
Les bois, les nombreux étangs, laproximité du lac de Sidiailles, duChâteau de Culan et du vignoblede Châteaumeillant sont autantd'atouts pour cette région. Untourisme léger destiné auxamateurs de randonnées, deverdure et d'architecturevernaculaire est d'autant plusenvisageable que le canton deChâteaumeillant estrelativement bien doté encapacité d'hébergement. Danscette région qui a lieu des'interroger sur son avenir, unecharte paysagère serait àmettre en œuvre afin deprendre en compte lesdéveloppements à venir, d'enenvisager les modalitésbudgétaires pour en fixer desobjectifs clairs et de dégagerles moyens de les tenir.
Enfin un dernier point méritedêtre souligné : la photographied'une voûte verte sur la RD 3 enforêt de Martinet est l'occasiond'évoquer l'entretien desdépendances vertes des routes.Si l'entretien est régulier, il estparfaitement possible de rendreces figures compatibles avec lesimpératifs de sécurité, il suffitpour cela de surveiller la cimedes arbres afin de ne conserverque des brins fins et des boissains.Une formation à destination desagents chargés de l’entretiendes dépendances vertes seraitici tout à fait souhaitable.
Départ en friche, premier stade révélant la déprise agricole
DEUX EXEMPLES DE MISE EN ÉVIDENCE D'ÉDIFICES AGRICOLES PAR L'OUVERTURE DU BOCAGE
L'impact de bâtiments d'élevage de grand volume et deteintes claires
Cette belle grange semble un peu "flotter" sur sa crête
LISTE DES COMMUNES
ChâteaumeillantCulanPréverangesSaint-Maur
SidiaillesSt Priest-la-MarcheSt Saturnin
5- 8 LES GORGES DE L'ARNONUn ailleurs dans le bocage
Profondément encaissé dansson cours amont, l'Arnons'enfonce dans une gorgeque rejoignent des vallons enarête de poisson. Ce coursintimiste qui se coule dansles plis convexes d'unpaysage souligné par leslignes des bouchures, estponctué par deuxévènements paysagers : lelac de Sidiailles, vasteretenue d'eau destinée àalimenter le sud du Cher etqui accueille une base deloisirs et le seuil de Culan,site exceptionnel et marquesolennelle d'une porte entreMarche et Boischaut quesemble protéger uneforteresse, âgée de huitcents ans, que révèle unviaduc de pierre hérité duXIX° siècle.
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COUPE
DESCRIPTION GENERALE
Le cours amont de l'Arnondébute son parcours dans le
Cher en entaillant profondémentdes couches de roches dures,d'abord du socle primaire, fait
de roches cristallophylliennes etde grès durs puis d'unesuccession de sédiments desétages les plus anciens dusecondaire, grès durs et
schistes plus tendres, qui donnedes séquences dont le profilvarie entre gorge étroite enboyau et vallée en V évasé.Cette vallée en gorge est la
A
B
figure la plus lisible sur la cartedu relief de la Marche qui figuredans le paragraphe précédent.Le rythme des profils enchaînésest à l'origine de deux des"temps forts" de ce paysage, laretenue d'eau de Sidiailles et leseuil de Culan qui sont à la fois
spectaculaires, mis en scène, etfort prisés des visiteurs. Horsde ces deux évènementsmajeurs le parcours de la gorgedans le bocage se lit peu à peu àmesure que l'on s'en approche ;les vallons "en arête de poisson"qui le rejoignent orientent
progressivement l'espace versle profond thalweg de l'Arnon.Dans le contexte d'un bocagerelativement transparent etsoulignées de bouchures, lescourbes convexes du reliefannoncent la gorge plus qu'ellesne la montrent.
Un paysage de courbes puissantes affirmé par le graphisme des bouchures oriente le regard vers l'Arnon
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Le lac de Sidiailles, un paysage anthropique
C'est une retenue d'eau d'unesuperficie de 90 hectares,
qui fut aménagée en 1976 dansune portion légèrement évaséede la gorge creusée dans desmarnes triasiques afin destocker les eaux de l'Arnon pouralimenter en eau potable lapartie sud du département. Unebase nautique et une plage desable qui ont été réalisées à la
pointe du Carroir dans un cadreagréable raccordé aux cheminsde randonnée de la région enfont un des lieux d'appeltouristique de cette région.
Le lac de Sidiailles
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Le lac de Sidiailles, un site créé de main d'homme qui a su parfaitement "faire paysage"
Schéma structurel du seuil de Culan
Culan, un seuil entre deux mondes
Sur le cours de l'Arnon, Culanest un événement majeur
pour trois raisons qui sont sasituation, la manière dont il en atiré parti et la qualité desédifices qui fondent sonidentité. La situation : Culan estun verrou sur le haut cours de larivière qui sépare deuxséquences distinctes tant auniveau de l'Arnon qu'à celui despaysages qui le bordent, bocagedense au sud, espace plus ouvertau nord. Culan est localisé surl'articulation entre Marche etBoischaut. Le parti que le villagetire de cette situation :dominant de plus de trentemètres le fond de thalweg, Culans'est installé en parfaite
position de gardien de la vallée…et de surveillance de l'entour.Les édifices : le château,magnifique forteresse du XII°siècle remaniée au XV° quiappartint à Philippe Auguste etoù séjourna Louis XI montre undes rares exemples de hourdsde bois encore présents.Prolongeant de ses murailles lafalaise de la gorge et fait de lamême pierre il figure l'essencemême de la forteresseimprenable.
Le réaménagement récent desjardins au pied des murailles desescaliers d'accès enrichitencore ce prestigieuxmonument.
Le village ancien, ramassé àl'ombre du monument s'est vuadjoindre au XIX° siècle desfaubourgs industrieux avecl'arrivée du chemin de fer. Cedernier offrit à Culan un secondédifice spectaculaire avec leviaduc aux arches de pierre quienjambe la gorge et parachèvel'idée de porte fondatrice del'identité culanaise.
Le chemin de fer n'existe plusmais le viaduc est devenu unsentier qui offre une vueexceptionnelle sur la vallée etles bocages qui l'entourent.
Le village ancien et le château…. Et le problème de l'intégration des bâtiments récents….
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Le château, la falaise, une harmonie écrite dans lapierre, un intime mélange entre nature et œuvre humaine
Les arches de pierre de l'ancien viaduc ferroviaire. Le viaduc, un sentier entre … ciel et Arnon
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LES ENJEUX DU PAYSAGE
LISTE DES COMMUNES
Le principal enjeu pourrait serésumer ainsi : demeurer à la
hauteur de ses propres qualités.La retenue d'eau de Sidiaillesest un lieu touristique dans uncadre paysager rural intimistequi ne subit apparemment pas depressions liées à lasurfréquentation, mais qui peutà terme se trouver confronté àdes problèmes d'aménagementdes accès ou desstationnements, voire à la
redéfinition d'une capacitéd'hébergement. Le tourismevert est en pleine expansion etle sud du Cher a certainement unrôle à jouer, ce qui suppose dedéfinir des objectifs paysagersclairs.Pour ce qui concerne Culan, lestemps forts du site ne posentpas de problème majeur lechâteau, les jardins, la façadesur la gorge et le vis-à-vis avecl'ouvrage composent un
ensemble parfaitementcohérent. En revanche, l'enjeude découverte du paysage àtravers le chemin du viaduc estinsuffisamment exploité ; unsentier aménagé, raccordé avecdes circuits de randonnéepermettrait de valoriser le site,mais fixerait un autre niveaud'exigence pour l'aménagementdes extensions du bourg versl'ouest.
CulanPréverangesSidiailles
À l'amont de Culan, le paysage en "arêtes de poisson" qui semble converger vers lagorge de l’Arnon.
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