b-boost.fr¨les-libres-et... · Facebook, Microsoft et Google font partie des 10 premierscontributeurs. ... prolongerait dans le futur, avec une ... Hardware. À l’heure actuelle

MODÈLES LI BRESET AGRI CULTURE

CollectionB-BOOST

Modèles libres et agriculture

Avec la participation de

Avec le soutien de


préface

“C’estde laconnaissancecommunequ’estnéel’agriculture” H.Pillaud

Est-il désormais possible de parler d’agriculture sansévoquer lenumérique?Ouiprobablement.Maispenserle futur de l’agriculture ne peut se faire sans l’intégrerdans la société dans laquelle nous vivons. Tous lesaspects de la vie sociale : l’économie, l’organisation dutravail, les relations interindividuelles, laculture, les loisirsse trouvent concernés par le numérique. Il n’est doncpas envisageable que l’agriculture fasse exception.L’alimentation, l’approvisionnement en énergie et ledéveloppement durable seront trois des grands enjeuxdu 21ème siècle. L’agriculture produit la nourriture,fournit de l’énergie renouvelable et va devenir unesourcedesolutionsencequiconcerne l’environnement.D’immenses défis sont devant nous : produire plus endisposant demoinsde ressources, demoinsd’eauet deterresarablesmaisenmobilisantplusdeconnaissances.La société numérique vient retourner la terre de sescertitudes, toute lachaînedevaleurde laproductionà laconsommation est bouleversée. Nous passons d’uneéconomie de marché à une économie de réseaux plusdurableoùl’agricultureauraunrôlemajeur.


L’agriculture a une tradition ancestrale de travail enréseau, c’est en agriculture que se sont développées lescoopératives, les mutuelles et de puissantesorganisationssyndicales,c’estdoncunterreau favorableà un développement de l’Open Source en matière denumérique. Les nouvelles technologies offrentl’opportunité de penser un modèle nouveau endéveloppant des modes d’organisation et destechniques nonpas en intégrant dunumériquemais enles pensant à partir des possibilités qu’offre lenumérique. Les techniques à mettre en place devrontêtre conçues avec les acteurs,aupremier rangdesquelsse trouvent les agriculteurs. Certaines techniquesagricoles traditionnelles sont louables et à préserver,d’autres restent à inventer. Elles seront dans la plupartdescasplusefficientesenrespectantdes logiquesOpenSource. Un travail inclusif de vulgarisation est à faireauprès de tous les acteurs, ce livre blanc s’y emploie.

HervéPillaud

Membre du Conseil National duNumérique -AgriculteurMembrefondateurdeDigitalAfrica


éditorial

Voilà maintenant plusieurs milliers d’années que leshommes partagent des connaissances issues de leursexpériencespouraméliorer leurvie.L’avènement du numérique a bouleversé les choses.Créer et partager de l’information est devenu si simpleque nous créons aujourd’hui 29 000 Go d’informationspar seconde (soit 4 fois le contenu de la bibliothèqueFrançoisMitterand,chaqueseconde).

La planète compte, en juillet 2018, pas moins de 4,12milliards d’internautes qui créent et consomment desinformations. Ce qu’il y a de formidable avec ce nouvelécosystème, c’est que tout le monde a son mot à dire.N’importequipeutaccéderà l’information, s’exprimeretcontribuer en quasi temps réel, de façon très simple etsouvent à très faibles coûts.Asedemander parfois si cen’est pas TROP simple... Alors comment est ce possiblemedirez-vous ?Grâceàdes contributeursqui ont fait lechoix de partager leur travail, convaincus par le faitqu’ensemble ils iront plus loin, plus vite et que chaqueéchange apportera une valeur ajoutée et de fait,bénéficieraàtous.

La première plateforme d’hébergement de projet OpenSource, Github, compte à ce jour 96millions de projetscréésetmaintenuspar31millionsdecontributeurs, soitune augmentation de 40% par rapport à 2017.


Facebook, Microsoft et Google font partie des 10premierscontributeurs.

Mais l’Open Source est avant tout un état d’esprit.Imaginez simplement que vous partagez une recette,unplan, une expérience, un logiciel... avec des milliers depersonnes ! Les personnes accèdent à votre propositiondevaleur sansdépenserde tempsoud’argent.Enretour,si votre proposition (votre recette, votre plan ou votreexpérience) interpelle, la force de notre société “enréseau” réside dans le fait que vous récupérerez descontributions vous permettant d’améliorer encore votreproposition de départ, et donc, d’innover beaucoup plusrapidement. Vous allez forcément vous enrichir etenrichir les autres. Tout le monde y gagne. L’OpenSource offre des dizaines d’exemples similaires etnotammentpour lemondeagricole.Lesprojets touchantle monde agricole commencent à apparaître dans cenouveau paradigme. Nous vous proposons d’entrevoirtoutes les richesses qu’il peut contenir, toutes lessolutions qu’il peut nous offrir pour relever les défisd’aujourd’huietdedemain...

David Joulin

Co-fondateuretCEOd'EkylibreCo-fondateurdeLaFermeDigitaleFilsd'agriculteur

I - Le monde agricole d'hier et d'aujourd'hui

1 - 1 950 : Une ferme qui produit pour son village

2 - Une entreprise agricole qui s'adapte au monde

2.1 - Les attentes des agriculteurs

2.2 - Les attentes des consommateurs

3 - 201 4 : La révolution numérique

II - Open, Quesaco?

1 - L'Open Source : définition et principes

2 - L'Open Data

3 - Les Open Standards

4 - L'Open Hardware

5 - L'Open Science

III - Agriculture et Open Source, Pourquoi?

1 - L'Open Source : Collaboration et interopérabilité

1 .1 - Plus d'utilisateurs pour plus de stabilité

1 .2 - Collaborer pour pérenniser

1 .3 - Mutualiser pour gagner du temps

1 .4 - Co-construire pour diminuer les coûts

1 .5 - Echanger pour progresser

2 - La diversité

2.1 - La diversité des besoins des utilisateurs en agriculture

2.2 - Le logiciel en tant que système d'information central

2.3 - La possibilité de créer un nouveau module spécifique

3 - La durabilité

3.1 - Qu'est-ce que la durabilité?

3.2 - L'objectif de durabilité en agriculture

3.3 - Ce que les logiciels open source apportent à la durabilité

IV - L'écosystème open source dans le monde agricole

1 - L'open data pour l'agriculture

2 - L'open hardware pour l'agriculture

3 - Tour d'horizon des projets open source pour l'agriculture3.1 - Les projets liés à la mécanique

Sommaire

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3.2 - Les projets liés au vivant3.2.1 - Les activités végétales3.2.2 - Les activités animales

3.3 - Les projets liés au numérique4 - L'exploitation agricole, un écosystème de plus en plus tourné vers

l'open sourceConclusion : Vers une agriculture connectée et collaborativeRéférencesRépertoire des projets

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(Source:HeikoJanowski63939 -Unsplash)


le monde agricole d'hier et d'aujourd'huiI

1 - 1 950 : Une ferme qui produit pour son

village

Présente dès l’an 9000 avant J.-C.,l’agriculture marque pour l’Homme lafin d’une vie de chasseur-cueilleur. Ases prémisses, l’agriculture étaitprincipalement une agriculture desubsistance ou vivrière où lesproductions de biens alimentairesrevenaient principalement à la familleou à des groupes restreints.

L’agriculture vivrière sert principalement ànourrir la population locale et n’est quetrès peu commercialisée. De nos jours,elle est toujours pratiquée par despersonnes gérant leur propre potagerpar exemple, et consommant leurpropre production.

Au fur et à mesure des années,l’agriculture a évolué avec de nouvellesmanières de cultiver la terre et denouveaux modes d’élevage, entraînantau fil du temps de réels et nombreuxchangements dans les habitudeshumaines de production et deconsommation.

“L’agriculture est fondée sur la domestication du vivant que ce soit dans le règnevégétal ouanimal.Ledéveloppement sur lepartageet la coopérationplutôtque surla compétition a construit l’agriculture au fil des siècles pour fournir à l’Homme cedont ilavaitbesoinnotammentenmatièred’alimentation."1

Travailauchamp (source :VladimirKudinov12755-Unsplash)

1 : Hervé Pillaud. “Le numérique pour offrir de nouvelles fabriques de biens communs àl’agriculture”,17avril20182 :Données issuesducolloque. “Agricultureen3D :Défense,Diplomatie,Développement”,5juillet2018


2 - 2010 : Une entreprise agricole qui s’adapte

au monde

Depuis cinquante ans, la production denourriture a été multipliée par 3, alorsque la population, elle, par seulement2,3. Et pourtant, 6 à 9 millions depersonnes décèdent chaque année de lafaim, et 850 millions sont victimes demalnutrition.2

2.1 - Les attentes des agriculteurs

Faceà l’accroissementde lapopulation,et à la pénibilité du travail, le principed’agriculture intensiveavule jour.Cetteintensification agricole, visant l’objectifpremier de productivité, requiert desinvestissements importants enmatièred’équipement, d’énergie, mais aussid’utilisation d’intrants (engrais, produitsphytosanitaires etc.). Apparaissentalors les premiers visages de lamécanisation massive desexploitations agricoles, puis lespremiers questionnements concernantles impactsenvironnementauxdirects.

Pour les agriculteurs et les ouvriersagricoles, l’agriculture intensive àtravers l’utilisation plus importantede matériels agricoles (tracteurs,machines, robots…) a permisd’améliorer instantanément les

conditions de travail au quotidien. Laproductivité étant plus importante, larentabilité des exploitations l’estaussi : nos fermes, plus compétitives,se retrouvent sur le devant de lascène commerciale nationale etinternationale.

Néanmoins, et comme stipulé ci-avant,ce type d’agriculture n’est pas sansimpact sur notre environnement,notamment via l’usage plus ou moinsmassif d’engrais ou de produitsphytosanitaires.Aujourd’hui, l’agriculteur est multi-casquettes. Il est à la fois agronome,trader, comptable, commercial, chefd’entreprise,manager…Aceci,s’ajoutentlesattentes,deplusenplus importantes,des consommateurs, clients directs ouindirects de nos exploitants. C’est alors,quelescompétencesencommunicationpour afficher professionnalisme, respectde l’environnement, bien-être animal,transparence des méthodes deproduction etc. deviennent inévitablesafin d’améliorer la confiance desconsommateurs.

2.2 - Les attentes des consommateurs

“La prise de conscience de notreenvironnement, nous faisantredécouvrir que notre planète estune chose finie qu’il faut protéger


pour le bien de l’humanité, peut faireprendre conscience de la nécessité defabriquer à nouveau des communs.L’agriculture peut y jouer un rôlenouveau et les technologies nouvellesde l’information représentent uneopportunité pour y parvenir.”3

Les consommateurs sont de plus enplus préoccupés par leur mode de vieet donc, de plus en plus soucieux de laqualité des produits et des moyens deproduction utilisés. De nombreusesrecherches permettent d’affirmer queles individus ont davantage le besoin depouvoir contrôler ou de porter unregard critique certes, mais avisé, sur cequ’ils consomment. C’est donc parl’impulsion d’une société plus exigeanteconcernant les problématiques liées àla santé et l’éthique, que l’agriculture dedemain tend à devenir plus durable,plus responsable, plus citoyenne.

L’agriculteur doit s’adapter sans cesseà son environnement (de la terre à lapopulation), aumonde.Quand « Durabilité - Responsabilité -Citoyenneté » est la nouvelle devisede l’agriculture contemporaine.Quand l’innovation et le numériqueservent cette devise.

3 - 201 4 : La révolution numérique

La révolution numérique au service del’agriculture contemporaine, fait naître leprincipe d’agriculture de précision. Ceprincipe de gestion du parcellaire visantl’optimisation des rendements productifset des investissements (équipement,main d’oeuvre, matières premières…),repose principalement sur l’anticipationdes variabilités des milieux et desconditions entre différentes parcelles,voire même à une échelle intra-parcellaire. Cette nouvelle “intelligence”des sols est aujourd’hui possible grâce àl’usage d’outils connectés tels que lessmartphones, les capteurs connectés, lessystèmes de guidage à distance, larobotique, les drones etc.Cette 4e révolution a pour effet detransformer l’ensemble des pratiques etexpertises agricoles, et de fait, d’en créerde nouvelles.

L’Observatoire Agriculture TIC (OAT)en Aquitaine a recensé et questionnél’ensemble des usages du numériquepour l’agriculture, mais aussi etsurtout les impacts directs et indirectsde l’intégration de l’innovation au seindes exploitations. Dans le domaine

3 : Hervé Pillaud. “Le numérique pour offrir de nouvelles fabriques de biens communs àl’agriculture”,17avril2018


agricole, sont principalement utilisés leslogiciels de comptabilité, les logicielspermettant le contrôle et la traçabilitédes produits, les logiciels de gestion dela production et les outils numériquesau service de la production.

Selon une étude du projet RAUDIN(Recherches Aquitaines sur lesUsages pour le Développement desdIspositifs Numériques), l’utilisationdu numérique pour l’agriculture estmotivée par le gain de temps, lasimplification des démarches(administratives, règlementaires etc.), lasouplesse d’utilisation (ergonomie),l’optimisation du système de production,l’autonomie, l’archivage des données, lerespectde la réglementationet le fait quecela permette de créer des liens. Lenumériqueest ainsi devenuunmoyendere-créationdeliensocialetsociétal.

Pour les agriculteurs, l’usage d’outilsnumériques (Internet of Things - IoT)permet la création et l’accès simplifié àunnombre considérable de nouvellesconnaissances : les Data. En effet,l’ensembledesdonnées générées par lesnouvelles technologies, caractériséespar leur volume colossal, maintenantcommunément regroupées sous leterme “Big Data”, sont accessiblessimplement, mais sont-ellesvéritablement comprises ? L’agriculteur,

professionnel multi-casquettes, sedoit-il de devenir aussi un véritableData Scientist ? Les donnéesrécoltées doivent être exploitées,mais comment l’y aider ? Commentl’accompagner dans cette transitionpour une agriculture plus avertie,plus avisée ?On parle d’agriculture intelligentedès lors que nous sommes capablesd’analyser ces données récoltées etd’en établir des prédictions. Il estainsi essentiel de noter l’importancedes data analytics ou analyse desdonnées, car une donnée seule, nonregroupée, non comparée, non analyséenevautrien.

Il y a de quoi se perdre et seméfier face àcette multitude d’évolutions, de nouvelles“façons”, d’innovations… La virtualitéde ces données rendent les acteursdu secteur agricole parfois méfiantsquant à la transparence d’usage et lasimple propriété de cette donnée. Cephénomène lié à celui du besoin detransparence formulé par leconsommateur, nous amènent àévoquer l’inévitable Blockchain !Cette nouvelle technologie est paressence : immuable, transparente,infalsifiable, traçable. Basée sur leprincipe de la responsabilité multi-participants, la blockchain est LAréponse à la recherche desécurisation, de propriété et deconfiance.

(Source :LucasMarconnet680286 -Unsplash)


open, quesaco?II“L'OpenSource [...] porteaussiunmessageparticulièrementd'actualité : le logicielnouscontrôle, il est vital pour nous de contrôler le logiciel.Des pans de plus en plus grandsde notre vie sont sous lamaîtrise de logiciels. Un logiciel détermine si votre voiture vafreiner, un autre si votre pacemaker va faire battre votre coeur, et un autre peut-êtredéterminera pour qui vous avez voulu voter aux présidentielles. Le logiciel faitdésormaisplusquenous "rendre service", il nouscontrôle.Cen'estpasunmalensoi,àcondition seulement que nous le contrôlions aussi, que nous sachions ce qu'il faitexactement, et ayons le droit de lemodifier si besoin.Cette exigence première [...] estplusque jamaisessentielle.”4

1 - L’Open Source : définition et

principes

L’Open Source est un modèle dedéveloppement et de distribution d’idéesinitialement développé dans le mondedu logiciel, où il se voulait une réponseaux problèmes et limites de la propriétéducode.

Lemodèle se repose sur l’idée fondatriceque face au problème de “commentconcevoir et développer un produitrobuste, puissant et efficace ?”, lameilleure réponse est de rendreaccessibles à tous les technologiesimpliquées dans ce dernier. L’idée estd’embrasser des idéaux de transparence,développement collaboratif, et de

standards d’échange afin de pouvoirproduire lemeilleurproduitpossible.Eneffet,unproduitdont lesmécanismesinternes sont accessibles par tous peutêtre audité, étudié, amélioré et reproduitpar n’importe qui, contribuant à la santéet laqualitéde l’écosystème.

Malgré son côté qui peut sembleridéaliste, l’OpenSourcen’est pasun rêveirréalisable et n’est pas à négliger àl’heure actuelle. Selon une étude dePAC-CXP, le marché français de l’OpenSource a atteint4,46milliards d'euros en2017 sur un marché européen estimé à19,5milliards d’euros.Cette tendance se

4 : “Ceci est une Révolution : ce que l'Open Source a changé”—PatriceBertrand,Présidentde l'OpenWorldForum2012pourLaTribune,17/09/2012


prolongerait dans le futur, avec unecroissance estimée de l’Open Source à8,5%d’ici20215.

Après sesdémarragesdans lemondedulogiciel (avec notablement la fondationde l’organisation Open Source Initiative,qui défend la démarche Open Sourcedans lemonde), l’initiative a dépassé sondomaine d’origine et les principes qu’elledéfend sont désormais appliqués à biend’autresdomaines.

Ces domaines vont de l’OpenGovernment à l’Open Music ou l’OpenHealth

Quelques axes majeurs se distinguenttout particulièrement, au vu de leurtransversalité:• L’Open Data, qui s’oriente autour du

partagedesdonnées• LesOpen Standards, qui s’orientent

autourdeséchangesd’information

•L’OpenHardware,quis’orienteautourde laconceptionpartagéedematériel• L’Open Science, qui s’oriente autour

du librepartagedesétudes scientifiquesetde leursconclusions.

Les partisans de l’Open Source fontfréquemment remarquer que dans lemonde des contenus propriétaires, c’est“chasse gardée”, et qu’il est commun devoir des re-découvertes multiples de lamême innovation ou encore de voircertaines innovations ne jamaisatteindre le domaine où elles auraientpu et dû avoir un impact, car elles ontété gardées secrètes par chacun deleurspionniers.

À l’inverse, dans le monde de l’OpenSource, les trois axes mentionnéstravaillent souvent en symbiose afin des’améliorer les uns et les autres et servirde supports aux autres domaines. Onpeut imaginer un cerclevertueuxoùdescapteursOpenHardware collectent desdonnées partagées enOpenData—enutilisant des standards Open Standard,qui sont ensuite la base d’études etd’analyses publiées enOpen Science, letout contribuant au monde del’agriculture. Ou dans l’autre sens, onpeut imaginer que des études publiéesen Open Science permettentl’élaboration de nouveaux capteurs enOpenHardware.

Définition de l'open source par JohannesSpielhagenviaWikimediaCommons

5 : “ImpactduLogicielLibre&OpenSourceenFrance2017-2020” (05/12/2017)


2 - L’Open Data

L’idée derrière l’Open Data est simple :rendre accessibles les données que l’oncollecte permettant de mettre en placedes datasets6 plus larges, donc plusreprésentatifs et plus utiles à chacun. Lebut de l’Open Data est de permettre àtous de récupérer, croiser, analyser et re-publier les données collectées par lacommunauté.Il est intéressant de constater dans leclimatactuelaveccestensionsautourdela collecte de données personnelles,qu’un dataset Open Data ne peut pascontenir de données qui pourraientidentifier une ou un ensemble depersonnes.

Dans un monde travaillant de plus enplus à grande échelle, cette démarcheestcrucialeafindepouvoir :• d’unepart, analyser et voir se former

des tendances globales comme locales—analysesétant fortementaidéespar ladisponibilité d’un grand nombre devaleurscollectées ;

• d’autre part, développer des outilsutilisables par tous et se basant sur des

donnéesutilesetadaptéesà l’utilisateur.Dans le cadre du deuxième point, onpeut par exemple imaginer que ladisponibilité des données descollectivités locales puisse servir àdévelopper des outils utiles à tousindépendamment de leur localité,présentant par exemple les évènementsorganisés dans les alentours del’utilisateur, ou les espaces verts les plusproches...

La Loi pour une République Numérique,promulguée en 2016, s’inscrit dans cettedémarche en garantissant aux citoyensun droit à l’Open Data7. On constateaujourd’hui que 47% des départementsontpubliéunepartie de leurdonnéesenOpen Data, et que malgré un certainretard des communes, le nombre decollectivités pratiquant l’Open Data aaugmentéde33%entremarsetoctobre2018.Pour avancer sur le sujet, les collectivitéssont accompagnées par l’organisationOpenDataFrance qui promeut depuis2013 le mouvement Open Data enFrance.

Un aspect crucial de la démarche estl’interopérabilité de ces différentsdatasets. Il y a finalement peu d’intérêt àavoir un grand nombre de jeux dedonnées qui ne puissent pas être unifiéset recroisés les uns avec les autres, une

LogodumouvementOpenData (DavidMellor)

6 :Dataset= jeudedonnées7 : «Art.L.300-4. -Toutemiseàdispositioneffectuéesous formeélectroniqueenapplicationdu présent livre se fait dans un standard ouvert, aisément réutilisable et exploitable par unsystèmede traitementautomatisé. »


“TourdeBabel”versiondonnées.Pour s’assurer de cette interopérabilité,l’OpenData se repose sur des standardscommuns et ouverts qu’on appelle lesOpenStandards.

3 - Les Open StandardsLes Open Standards, aussi plus

communément discutés sous leur nomfrançais de standards ouverts, sont unensemble de spécifications de formatdes données et des protocolesd’échanges les régissant. Leur existenceetutilisationestparticulièrementcrucialeà la bonne mise en place de jeux dedonnéesOpenData.

Si à l’international on peut entendreparlerde standardouvert en référence àdes spécifications requérant des’acquitter de redevances ou droitsd’utilisation des brevets pour êtreimplémentées, en France un “standardouvert” est clairement défini commeétant libred’accèsetgratuitd’utilisation8,une définition similaire existe au niveau

de l’UnionEuropéenne.

Pour être considéré “ouvert”, unstandard doit avoir été publié par uneorganisation à but non-lucratif ou êtrespécifié dans l’implémentation d’unlogiciel dont la licence est reconnuecomme Open Source, être accessiblegratuitement par tous, et être utilisablesouscesmêmesconditions.

La mise en place de ce genre destandard, en plus de garantir uneinteropérabilité entre les différentsacteurs d’un domaine, a aussi unedimension de maintenabilité etd’accessibilité des informations dans letemps. En effet, un standard ouvert etmaintenu collectivement estindépendant de la vie de ses créateursinitiauxetne risquepasdedisparaîtreenmême temps que ces derniers. Unstandard ouvert peut ainsi permettre lapérennité de l’information à travers lesannées9.

L’existence de formats communs,ouverts et utilisés par tous permet aussid’améliorer la productivité desconcepteurs de logiciels et dematériels,puisquen’ayantpasà se conformeràunensemble de standards différents enfonction de leur interlocuteur, c’estautant de simplification de l’étape deconception. Repensons par exemple à

LesOpenStandards

8 : « Art. L. 2004-575 - 4. –7On entend par standard ouvert tout protocole decommunication, d'interconnexion ou d'échange et tout format de données interopérable etdont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d'accès ni demise enoeuvre. »9 : La définition des standards ouverts proposée par l’organisation freeknowledge instituteparlemêmedesurviede l’informationpour lesmillénairesàvenir.


l’époque pas-si-lointaine où chaquefabricant de téléphone proposait sonpropre standard de chargeur avantl’adoption du standard USB commestandardouvertde l’industrie.

4 - L’Open Hardware

L’Open Hardware (parfois appelé“matériel ouvert” ou “matériel libre”) estle pendant matériel de l’Open SourceSoftware. Comme son équivalentlogiciel, il désigne tous les produits(physiques cette fois) dont le “codesource” est ouvert à la consultation,modificationetdistributionpar tous.Le code source en question ici faitréférence aux plans du matériel, maisaussi aux fichiers de design, schémaslogiques et même dans certains cas lecode source littéral de la partie logicielledumatériel.Cetteapprocheouverteoùtoutdoitêtreaccessible et modifiable par quiconquele souhaite a pour but de promouvoirl’étude, la correction de problèmes etl’amélioration des produits OpenHardware.

À l’heure actuelle on note troisprincipaux types de contributeurs aumondede l’OpenHardware :• Lacommunautémakers10, qui aà la

fois porté la croissance de l’Open

Hardwaremais aussi étéportéepar elle.En effet, si beaucoup de makersconçoivent des produits OpenHardware, on trouve aussi beaucoupd’Open Hardware dans leurs outils —par exemple, les très populairescomposantsArduino,sontde l’Open11.

• Les fabricants de processeurs etautres composants participent aussi à lacommunauté Open Hardware,fréquemment via le sponsor deconcours de conception ou deprototypage dans lesquels une clauseexige le partage en Open Source desdesignsdesparticipants.

Un circuit imprimé avec le logo Open SourceHardware (AltzoneviaWikimediaCommons)

Une carte Arduino (Franky via WikimediaCommons)

10 :Makers : litt. “faiseurs/fabricants”—La culturemakers est unmouvement centré autourduprototypageetde laculture“Do-It-Yourself” (“Fais-lepar toi-même”).11 : “In particular, we believe that people should be able to study our hardware tounderstand how it works, make changes to it, and share those changes. / Particulièrement,nous croyons que les gens devraient avoir la possibilité d’étudier notre matériel afin decomprendrecomment il fonctionne,de lemodifier,etdepartagerceschangements.”


• La communauté scientifique quidéveloppe du matériel scientifique enOpen Hardware. La démarchescientifique étant basée sur la revuedes résultats et des méthodes par lespairs, le partage de la conception dumatériel utilisé pour la recherche estcohérent avec le fonctionnement de lacommunauté.

5 - L’Open Science

Le concept d’Open Science, ou descience ouverte, vise à favoriser ladiffusion sans entrave des publicationset des données de la recherchescientifique. Elle compte sur l’essor dunumérique pour assurer une largediffusion des données et publications.L’objectif de la science ouverte est deconstituer un écosystème au seinduquel la science et la recherche sontplus faciles d’accès, plus transparentes,et se démocratisent de plus en plus.Plusieursdomaines tels que la recherche

elle-même, l’économie, la formation,l’innovation, et plus largement la sociétépeuvent en tirer profit. L’Open Scienceest donc un terme relativement généralpuisqu’il concerne l’ensemble dessecteurs de la recherche, et notammentla recherche et l’innovation dans lemondede l’agriculture.

Dansundocument abordant l’accès auxdonnées pour la Recherche etl’Innovation en Agriculture, Les InstitutsTechniques Agricoles (ITA) analysent laproblématique de l’accès aux donnéesissues de l’activité agricole par lesactivités de recherche et d’innovation.Al’issue de cette étude, plusieurs pistessont énoncées pour améliorer l’accès etlavalorisationàcesdonnées.Dans le monde de l’agriculture, lesenjeux de la R&D se sont diversifiés cesdernières années avec notamment laprise en compte du bien-être animal ouencore de la préservation del’environnement. La R&D agricole sefonde essentiellement sur de le principed’expérimentation, et complète sonpanel d’outils grâce aux donnéesgénérées par les nouvelles technologies.Mais le développement du numériquedans les exploitations agricolesprovoque l’émergenced’unparadoxeauniveau de la collecte des données desexploitations. En effet, les agriculteursdotés de nouvelles technologies

UnéchantillonneurOpenSource (EasyLabAutoviaWikimediaCommons)


produisent énormément de donnéesnumériques. Le paradoxe réside dans lefait que ces données sont la plupart dutemps centralisées et privatiséesentièrement ou en partie par lesentreprises propriétaires des matérielsou logiciels générant ces données. S’ilsfournissent bien aux agriculteurs unesynthèse de ces données qui répondentà leurs besoins et attentes concernantl’exploitation agricole, les donnéesbrutes restent généralementinaccessibles à la R&D agricole. Orl’accès et la valorisation de ces donnéespar la R&D agricole permettrait uneamélioration conséquente de laconnaissance des systèmes agricoles envue du développement de servicesinnovants pour répondre auxproblématiques actuelles du mondeagricole et de son environnement. Il y aencore beaucoup à faire pour faciliterl’accès et la valorisation des données parlesorganismesderechercheagricoles.En France, la Ministre de l’Enseignementsupérieur, de la Recherche et del’Innovation Frédérique Vidal a déclaré :“Lascienceestunbiencommunquenousdevons partager le plus largementpossible. Le rôle des pouvoirs publics estde rétablir la fonction initialede la science,comme facteurd’enrichissementcollectif”.LePlannational pour la scienceouverte aainsi été annoncé le 4 juillet 2018,dévoilantunepolitiqueentroisaxes:

•généraliserl’accèsouvertauxpublications• structurer et ouvrir les données de la

recherche• s’inscriredansunedynamiquedurable,

européenneet internationale

Cette politique de la France s’inscrit doncdans les engagements internationauxqu’elleapris dans le cadreduPartenariatpour un gouvernement ouvert (OGP -Open Government Partnership),associant70paysdans lebutd’améliorerla transparence de l’action publique. Ceplan national s’inscrit également dansl’action européenne de l’AmsterdamCallforActiononOpenScience.

(Source :GabrielJimenez241711 -Unsplash)


agriculture et open source, pourquoi?III“Nous passons d’une agricultureintensive en utilisation d’intrants, à uneagriculture intensive en utilisation deconnaissances.”H.Pillaud

Pour l’agriculture, les objectifs dudéveloppement d’une solution OpenSourcesont :

• Permettre aux utilisateurs de seréapproprier leursoutils

• Développer une communautéd’utilisateurs autour de la solution(passifs, testeursouconcepteurs)

• Collaborer pour construire unesolutionpluscomplète,plusrapidement• Garantir la pérennité de la solution

sur le long terme•Multiplier les axes de diffusion via la

communauté

Dans le domaine de l’agriculture, ledéveloppement de solutions OpenSource, logiciels ou matériels, permetde favoriser la recherche et l’innovation.On assiste à la naissance de nombreuxprojets auxquels chacun peutcontribuer pour apporter des réponseset progresser dans de nombreuxdomaines, à la fois d’un point de vue

technique, économique ou encoreenvironnemental.

Face à l'émergence de nombreux outilspropriétaires, les outils agricoles OpenSource présentent d’importantsavantages si l’on souhaite développerde nouveaux outils personnalisés ouinnovants. Chercheurs, développeursou agriculteurs peuvent ainsi utiliser etcontribuer aux solutions Open Sourceexistantes et accessibles à tous pourconstruire leurs propres outils. Ne pasrecommencer à développer ce quiexiste déjà permet d’aller toujours plusloin et de rendre les outils de plus enplusaccessibleset intégrés.

Aujourd’hui, les agriculteurs utilisent deplus en plus de technologies afind’acquérir de nouvelles données etdonc une meilleure connaissance deleurs exploitations pour une meilleureprise de décision et une meilleuregestion.


1 - L’Open Source : collaboration et

interopérabilité

“Parce que le groupe sera toujours plusfortque leplus fortdugroupe.”12

Lepartage, l’échangeet la collaborationsont les valeurs fondamentales del’Open Source qui ne font pourtant pastoujours partie des habitudes desagriculteurs. Aujourd’hui, beaucouptravaillent encore de leur côté sanspartager leurs connaissances, ni au seind’une communauté, ni avec leur plusproches voisins. Petit à petit, avecl’arrivée des technologies sur lesexploitations, on observe unemodification du comportement desagriculteurs, véritables chefsd’entreprise, qui cherchent à allertoujours plus loin dans l’analyse et lagestion. Ils trouvent rapidementbeaucoup d’avantages dans le partageet l’échange des outils et des données.La démocratisation de leurs solutions,facilitée par l’Open Source, devientalors une force et non plus unemenace.

1 .1 - Plus d’utilisateurs pour plus

de stabilité

Dans l’agriculture, les données fourniespar les systèmes d’information etautres solutions connectées sontcruciales pour les utilisateurs etimpactent directement la prise dedécisionsur lesexploitations. Ilestdoncindispensable que les agriculteurs etautres acteurs de la filière disposent dedonnées fiables et adaptées à leurmétier.

Plus la communauté est étendueautour d’une solution Open Source,plus les profilsdes contributeurs serontdiversifiés,età tous lesniveaux:•Conception : l’OpenSource redonne

aux utilisateurs la possibilité de fairepartie intégrante de la conception deleurs propres solutions. La participationd’un grand nombre d’utilisateursvenant de divers horizons (élevage,maraîchage, grandes cultures,agriculteurs, conseillers, ETA…) permetà chacun de bénéficier d’outils les plusadaptés à leurs besoins en fonction deleurmétier.

• Développement : l’ouverture ducode des solutions Open Sourcepermet à chaque personnecompétente de le consulter et del’améliorer. La contributiondedifférents

12 : Revue TCS “Le groupe est toujours plus fort que le plus fort du groupe”.novembre/décembre2005,n°35,pp.30


profils de développeurs permet derendre le code plus robuste et donc deconférerplusdestabilitéauxsolutions.

• Tests : plus la communauté detesteurs et étendue, plus les retoursutilisateurs vont être nombreux etcohérents. Les utilisateursétant acteursdans le développement de leurssolutions, ces retours seront plusrapidement pris en compte pourapporter les correctifs nécessaires etaméliorer l’expérienceutilisateur.

1 .2 - Collaborer pour pérenniser

La mise en place d’un nouvel outilinformatique sur une ferme n’est pasanodine et demande un effort et untemps d’adaptation non négligeablespour les utilisateurs. En fonction del’ampleur du projet et des impacts quepeut avoir l’utilisation de ces solutionsdans les habitudes quotidiennes, il estsouventnécessairedemenerenamontune véritable conduite du changementsur le terrain.De plus, le système d’information d’uneexploitation centralise une très grandequantité de données capitales pourl’agriculteur et permet de conserver unhistorique sur plusieurs années. Outrele suivi et la gestion au quotidien,l'intérêt de ces outils à plus long termese trouve bien sûr dans la possibilité

d’effectuer des études comparatives,toujoursdansunobjectifd’améliorationcontinue des pratiques sur les aspectsagronomiques, économiques etenvironnementaux.Pour toutes ces raisons, lorsqu’unutilisateur fait le choix de mettre enplace un nouvel outil pourl’accompagner dans son quotidien, ilest important qu’il puisse se projetersur les bénéfices à long terme que celavaapporter,à luietàsastructure.Onvavoir en quoi la garantie de la pérennitéd’unesolutionpassepar l’OpenSource.

Lors du développement d’une solutionOpen Source, tous les éléments sontmis à disposition de chacun et le codeest disponible sur des plateformespubliques. Si le créateur d’un projetdécide soudainement d'arrêter sonactivité, de stopper le développementet/ou lamaintenance de la solution, leprojet continuera à exister etl’utilisateur ne verra pas son outildisparaîtredu jourau lendemain.Grâceà l’Open Source, ce dernier auratoujours le choix de continuer à fairevivre sa solution de départ, soitdirectement lui-même soit en faisantappel à des personnes compétentes lecas échéant. En effet, à tout moment,n’importe quel nouveau collaborateurpourra s’intégrer au projet, le récupérer


et lepoursuivre.Ledeuxièmeatout important de l’OpenSource pour pérenniser la solutionpasse par la communauté. Lacollaboration de différents membresaux profils variés, et qui sont aussi desutilisateurs actifs sur le terrain, permetd’avoir une solution beaucoup plusvivante et évolutive, qui va s’adapter aufil du temps aux nouveautés et auxexigencesmétier.

1 .3 - Mutualiser pour gagner du

temps

En observant ce qui se fait aujourd’huidans le développement d’outilspropriétaires en agriculture, onconstate que certains élémentsincontournables sontsystématiquement re-développés àl’identique ou presque d’un projet àl’autre (par exemple dessiner sonparcellaire, enregistrer ses outils, sonpersonnel, données du sol…).Construire des nouvellesfonctionnalités à partir d’une baseOpen Source existante permet decontribuer à un projet beaucoup plusglobal tout en profitant du travail déjàeffectué en amont. Les développeursse concentrent ainsi sur les nouveautésà développer sans se préoccuper dusocle nécessaire, ce qui permet d’aller

plus loinbeaucoupplusrapidement.

L’Open Source permet de simplifier leséchanges et de développer beaucoupplus facilement des outilsinteropérables, c’est à dire capables decommuniquerentreeux.Grâceàça,enplusdugaindetempsendéveloppement, proposer des outilsfondés sur une base communepermetun gain de temps important pourl’utilisateur.Dans un premier temps, onva lui éviter la ressaisie de ses donnéeset le paramétrage de base d’un logicielà l‘autre.Dans un second temps, grâceà l’Open Source et à la possibilitéd’établir rapidement des partenariatsentre plusieurs outils ou projets, on vafaire en sorte de centraliser sesdonnées pour lui donner accès à uneinformation plus qualifiée, plussimplementetplusrapidement.

1 .4 - Co-construire pour diminuer

les coûts

Dès le démarrage d’un projet construitsur une base Open Source, le gain detemps pour les développeurs induitdirectement un gain économiqueimportant. En co-construisant ainsi, lesnouveautés sont reverséeset font vivreleprojetcequivapermettred’attirerdeplus en plus demonde et faire grandir


la communauté autour de celui-ci. Plusil y aura de contributeurs, plus il y aurade nouveautés dont chacun pourrabénéficier a posteriori, et qui plus est,seront compatibles avec ce qui avaitétédéjàfaitenamont.On assiste donc grâce à l’Open Sourceà un cercle vertueux, dynamisant, quipermet à tous d’économiser, tout enprofitant un maximum du travail dechacun.Ensuite, lorsqu’unoutilestdéjàenplaceetopérationnel sur le terrain, de nouvellesidées complémentaires naissentconstamment, toujours liéesàdesbesoinsréels exprimés par les utilisateurs.Lorsqu’une communauté est déjà active,les utilisateurs ont alors lapossibilité de seregrouper autour d’une mêmethématique, d’un même besoin pourdiscuter et mutualiser les ressources à lafois sur la conception mais aussi sur ledéveloppement. À plusieurs, lefinancement d’un nouveau modulespécifique,dédiéàunmétierenparticulierpar exemple, est plus accessible.Mutualiser lesdéveloppementspermetdediminuer fortement les coûts, ce qui peuts’avérer très important aujourd’hui pourdes utilisateurs finaux tels que desagriculteurs qui ont souvent assez peu deressources (humaines ou financières) àallouer au développement de projetsinformatiquesouautrestechnologies.

1 .5 - Échanger pour progresser

L’Open Source a pour objectif de servirl'intérêt général tout en offrant lapossibilité à chacun d’être acteur etapportersavaleurajoutée.

L’arrivée du numérique en agricultureces dernières années a permis de faireévoluer les pratiques, pour aller versune amélioration des performancesagronomiques, économiques etenvironnementales. En repartant debases déjà existantes, l’Open Sourcepermet aux personnes souhaitantdévelopper des nouveaux projets deR&D d’aller plus loin dans leursrecherchesetdeproposerdesoutilsdeplus en plus performants pourrépondre à cette demande croissante :analyserpluspouragirmieux.La philosophie d’échange et de partagediffusée par l’Open Source permet auxplus petites structures de bénéficier desolutions développées par des plusgrosses,ayantplusdemoyens.L’objectifest que chacun, individuellement, touten avançant de manière groupée,puisse suivre cette évolution vers uneagriculture durable plus performante etmoinscontraignante.


2 - La diversité

Avec l’Open Source, on a toujours lechoix. L’Open Source permet de sedétacher de structures centralisées etde donner plus d’autonomie auxutilisateurs. Plus généralement pour leconsommateur, faire le choix de l’OpenSource c’est choisir de disposerpleinementdesesressources.

2.1 - La diversité des besoins des

utilisateurs en agriculture

La réalisation d’une solution logicielleadaptée aux utilisateurs demande uneanalyse préalable des usages et desbesoins.Pour cela, il fautétudier la ciblevisée. Il faut aussi comprendre quellevaleur ajoutée peut apporter le logiciel.Or les besoins des utilisateurs peuventêtre très variés dans une mêmecatégorie.Derrière le terme “agriculture”se cache une immense diversité desbesoins. Cela s’explique par plusieursparamètres :

• l’activitéprincipalede l’exploitation :l’activité d’un céréalier est extrêmementdifférentedecelled’unéleveur laitier ;

• la diversité des activités au seind’une exploitation : le système actueltend vers la mono-exploitation mais ladiversification des activités telle qu’elle

est pratiquée dans un système depolyculture-élevage permet dediminuer le risque lié aux fluctuationsmétéorologiquesou financières ;

• l’implantation géographique : lerelief, le climat, le type de sol et lesressources hydriques sontfondamentaux dans le choix desproductionsréalisées ;• la taillede l’exploitation : lesbesoins

en solution logicielle des exploitationsdépendent de leur taille car l’intérêtéconomique de la solution développéeest étroitement lié aux revenus del’exploitation et à son indice de masseadministrative13;• la structuration juridique et fiscale de

l’exploitation : il existe de nombreusesformes juridiquesd’exploitations agricoles.La statut fiscal dépend en partie de laforme juridique utilisée dans l’exploitation.Les obligations réglementaires diffèrentellesaussienfonctiondecesstatuts.

Ces paramètres et leur nécessaireassociation expliquent pourquoi latypologie des exploitations agricolesest difficile à établir. Seules quelquescatégories d’exploitation sontunanimement reconnues. C’est le casdes éleveurs laitiers ou des céréaliersen grandes cultures. Or c’est cettetypologie des exploitations agricolesqui permet de réaliser une analyse des

13 : IMA ou Indice deMasse Administrative : Concept développé par la société Ekylibre enjanvier2016permettantà l’agriculteurdeconnaîtreprécisément sesbesoinsenéquipementlogiciel (objectifs :gainsde tempset financiers) suiteà l’étudeduprofilde sonexploitationetdesonéquipement logicielactuel.https://ekylibre.com/pmi


besoins des utilisateurs. Chaque typed’activité a à la fois des besoinscommuns et des besoins trèsspécifiques.Comment donc développer un logicielqui permette de répondre à desbesoinsspécifiquessidifférents?

2.2 - Le logiciel en tant que système

d’information central

Le modèle choisi se doit d’être le plusgénérique possible afin de répondre aumaximum de besoins communs à tousles exploitants. La communautédéveloppée autour de l’Open Sourcepermet d’analyser ces besoins trèsvariés et d’en déduire les axes dedéveloppement nécessaires à tous lesexploitants. Ainsi, tous doivent gérerleur production, saisir des factures,réaliser leur comptabilité, prévoir leursflux de trésorerie afin d’optimiser lagestion de leur exploitation. Mais tousn’ont pas besoin de gérer des capteursou des automates spécifiques à leuractivité. L’automatisation des serres deproduction est spécifique auxmaraîchers et horticulteurs disposantde grandes surfaces de serres. Leslogicielsdecontrôleetd’automatisationsont alors développés par les serristes.L’agriculteur peut être rapidementconfronté à l’utilisation de plusieurs

logiciels très spécifiques selon la façondontaétéconçue l’architectureglobaledu système d’information. Mais iln’existe pas toujours de systèmed’information centralisant toutes lesdonnées issues des différents logicielsde l’exploitation.

Il est donc nécessaire de construire unlogiciel interopérable rassemblanttoutes les données, c’est-à-dire unsystème d’information qui devientl’outil de gestion. L’interopérabilité estun enjeu important puisqu’il fautpermettre d’importer des donnéesissues d’outils spécifiques. Les logicielsOpen Source ont un grand intérêt àassurer cette interopérabilité puisquec’est un facteur différenciant. Lessolutions Open Source tendent versune interopérabilité croissante. Cetteinteropérabilitévadans lesdeuxsens : ilfaut pouvoir ajouter dans le systèmed’information des données issuesd’autres logiciels et il faut pouvoirutiliser l’information centralisée afin derépondreàdescontraintes.

Les obligations réglementaires desagriculteurs sont un exemple. Toutagriculteur doit pouvoir établir latraçabilité totale de sa production. Ils’agit d’un axe de développement deslogiciels Open Source, en tant que


besoin commun à tous les agriculteurs.Pourtant, les interventions réaliséessont spécifiques à une ou plusieursactivités. Le système d’informationpermettant de centraliser les donnéesdoitdoncpermettre l’intégrationde cesinterventions spécifiques. L’utilisateurhabitué à d’autres logiciels ne souhaitepas nécessairement en changer.L'interopérabilité des logiciels OpenSource permet cette intégration desdonnées. C’est un facteur d’adoptiondu système d’information OpenSource.

Mais les filières sont parfois tellementspécifiques que des outils spécialisésn’existent pas, parce que lemarché esttrop étroit ou que la filière n’est passuffisamment organisée pourmutualiser des frais de développementde solutions logicielles communes.Dans ce cas, le logicielOpenSource estunebasepour la créationd’unnouveaumodule répondant à un besoinspécifique.

2.3 - La possibilité de créer un

nouveau module spécifique

Le code du logiciel Open Source, pardéfinition, peut être utilisé par uncontributeur afin de servir de base à laréalisation d’un développement plus

spécifique. La contrepartie estl’obligation de reverser à lacommunauté les développementsréalisés par le contributeur. Ainsi, ladiversité de la communauté entourantle logiciel Open Source permet dedévelopperuneextensionqui répondraà des besoins spécifiques, augmentantla couverture fonctionnelle del’ensembledulogiciel.

Cette faculté répond à laproblématique de la diversité desbesoins des agriculteurs. Il n’est plusnécessairededévelopper le corpsde lasolutionmais seulementde répondre àun besoin plus spécifique à l’activité,aux méthodes de production ou à lataillede l’exploitation.Cette réutilisationdu code source permet ainsi deminimiser les coûts de développementet de rendre accessible à d’autresutilisateurs ce qu’ils ne pourraient pasforcément se permettre de développerpour eux-mêmes. Il existe en effet denombreux freins à la réalisation d’unlogiciel. Le coût du projet en est unmais la complexité de la gestion deprojet informatique pour un exploitantagricole est encore plus importante.Ainsi, seules les plus grandesexploitations peuvent se permettre deprendreuntel risque.


Le choix d’un logiciel Open Source estun compromis beaucoup plusacceptable pour de nombreusescatégories d’exploitation. Le soclecommun de développement, lacommunauté des utilisateurs et ladurabilité rendent cette solutionlogicielle accessible à la majorité desexploitations,etdoncdesexploitants.

3 - La durabilité

Pourquoi l’Open Source en agriculturepeut être envisagé comme unesolutiondurable ?L’Open Source est avant tout uneaffaire de culture, de confiance, dequalité et de portabilité et cela par lepartage.L’Open Source propose le savoir enlibre accès. Il s’agit d’une co-construction d’un outil, celui-ci étantmodifiable tout au long de sa vie. Sonouverture à des contributeurs externespermet à n’importe qui de pouvoirs’approprier l’outil et/ou de contribuer,permettant de ne pas dépendre d’unestratégie, d’une entreprise ou du bonvouloirdequelquespersonnes.

3.1 - Qu’est-ce que la durabilité ?

La durabilité fait appel à un doubleconcept. C’est d’abord la notion de cequi dure dans le temps, au sens de lapérennité. Mais cela évoque aussi, demanière beaucoup plus générique, leprincipede “développementdurable”.Le rapport Brundtland de 1987 définitle développement durable : “Undéveloppement qui répond auxbesoinsduprésent sans compromettrela capacité des générations futures àrépondreauxleurs14.”Le développement durable de touteentitépoursuitcetobjectif depérennitépour les générations futures. Il reposesurtroispiliers :

• La dimension environnementalevise à préserver les ressources,maintenir les équilibres et réduire lesrisques liésà l’environnement.

• La dimension sociale poursuitl’objectif de satisfaire les besoins detous, tout en respectant un principed’équitéentre lesgroupessociaux.•Ladimensionéconomiqueconsiste

à promouvoir la croissance dans lecadre d’une économie responsable,favorisant une répartition équitabledesrichesses.

Le développement durable consiste àassocierdemanièreéquilibrée,ces trois

14 :RapportBrundtland. “Notreavenirà tous”,1987


dimensions qui sont à la foisdépendantes sur le long terme maisparfois aussi en opposition à courtterme. C’est le cas logique desdimensions environnementale etéconomique.Le développement durable est unenouvelle approche qui date d’environtrente ans. Compte tenu du modèleéconomique poursuivi dans la plupartdes pays et de la concurrencemondiale, il peineà s’imposerauniveauinternational. Pourtant, il poursuit desfinalités qui nous concernent tous.L’agriculture est un enjeu majeur dudéveloppementdurable.

3.2 - L’objectif de durabilité en

agriculture

Depuis 1992, la PAC15 intègreprogressivement des objectifs dedéveloppement durable en agriculture,notamment en matière de protectionde l’environnement : “Elle encourageles agriculteurs àprotéger et à valoriserl’environnement en les rémunérantpour la prestation de servicesenvironnementaux”16. Il s’agit demesures incitatives visant à encouragerles agriculteurs à aller au-delà desobligations réglementaires en matièrede respect de l’environnement. La PACprévoit ainsi des contrats agro-

environnementaux permettantd’allouer une aide financière à cesagriculteurs volontaires, afin decompenser les coûts supplémentaireset/oupertesde revenus liésà l’adoptiondecesmeilleurespratiques.L’alimentation est un enjeu majeur dudéveloppement durable. Elle associeles trois piliers du développementdurable :• la préservation de l’environnement

par une production agricolerespectueuse ;• le social dans le but de nourrir la

planète dont la population ne cessed’augmenter,• l’économie qui doit permettre de

produire une alimentation à un prixaccessibleetavecune juste répartition.

La préservation des sols est lefondement de l’agriculture de demain.Les crises alimentaires mondiales ontdes causes multiples dont ladégradation des sols cultivables. Ladésertification des sols est liée à leurappauvrissement et au réchauffementclimatique.C’estunrisquemajeurcar laremise en culture d’un sol prendplusieurs dizaines d’années et supposela mise en oeuvre de moyensconsidérables.

L’enjeu de durabilité en agriculture

15 :PolitiqueAgricoleCommune16 : “Mesuresagro-environnementales”


conditionne la capacité de l’Homme àsubvenir à ses besoins actuels maisaussi aux besoins des générationsfutures. Cela a amené le parlementeuropéen à voter “le 30 mai 2016 unerésolution sur les solutionstechnologiques pour une agriculturedurable”17.Nous devons donc accepterque “le numérique bouleverse toute lachaîne de valeur de la production à laconsommation” . L’agriculturedoitdoncévoluer pourdevenir plusdurable.Pourcela, elle doit également s’appuyer surdesoutilsplusdurables.

3.3 - Ce que les logiciels Open

Source apportent à la durabilité

La commission européenne a publiéune communication officielle le 25 juin2013 (COM(2013) 455 final), danslaquelle elle reconnaît la nécessité defaire appel à des normes ouvertes lorsde la mise en place de solutionslogicielles nécessitant une conservationfiable des données et solutions sur lelong terme. Le rapport indique que l’onévite ainsi les problèmes de migration,d'interopérabilité et de verrouillage desdonnées18.

La commission européennerecommande l’usage de logiciels OpenSource en cas de besoin de très longs

17 :Livreblanc, “la3ème révolutionnumériqueagricole”,p1518 :Livreblanc, “la3ème révolutionnumériqueagricole”,p2219 : Victor Chang, Hugo Mills, Steven Newhouse. “From Open Source to long-termsustainability: Review of Business Models and Case studies”, OMII-UK, University ofSouthampton,13septembre2007

cycles de vie des ressourcesnumériques.Ellepréconisedecréerdescommunautés durables liées à chaquesolution de logicielOpen Source (OSS)dans laquelle les formats de fichierouverts sont implémentés. Ainsi, leslogiciels développés seront fournis surune plateforme ouverte (par exemple,GitHub ou équivalente) sous les deuxlicences spécifiques : "GPLv3 ouultérieure"et "MPLv2ouultérieure".

Une telle recommandationde lapartdela commission européenne prouve dela durabilité des logiciels Open Source.Cette durabilité a d’ailleurs étéreconnue dans une étude portant surles modèles économiques de logicielsOpen Source19. Ce document présenteplusieursétudesdecaspourdémontrercomment les logiciels Open Sourcepeuvent atteindre une durabilité à longterme en adoptant les modèlescommerciauxpertinents.

La recherche de durabilité enagriculture ne peut être atteinte quepar l’utilisation de solutions logicielleelles-mêmes durables comme le sontlessolutionsOpenSource.

(Source :HenriBe 98915 -Unsplash)


L'écosystème Open Source dans le monde agricole

1 - L’Open Data pour l’agriculture

“L’agriculture génère une quantité importante de données diffuses, éparpillées, sansquenous sachions vraiment àquini àquoi elles servent. L’utilisationde cesdonnéesnous (agriculteur, consommateur, distributeur…) préoccupe. [...] Les possibilitésoffertes sont énormes en matière de compréhension, de prévision, d’alerte, deplanification,d’évaluationdeperformance,demodélisation,desimulationetc.20”

En ce qui concerne l’agriculture, les données ouvertes et partagées sontgénéralementdesdonnéesmétéorologiques, l’occupationdes sols ou la localisationdes cultures en France (le fameux RPG - Registre Parcellaire Agricole21 issu desdéclarations PAC) ou encore des données agrégées (statistiques) comme lesvolumesdeproductionsdecultures, lesrendements,etc.

Permettre aux utilisateurs et aux agriculteurs d’accéder aux données ouvertes offrelapossibilitéde les auditer, de les compléter,permettant alors leurenrichissementetune réelle précision dans les prédictions. Fournie par le Ministère de l'Agriculture etde l’Alimentation, par les Établissements Publics sous tutelle et les collectivitésterritoriales, la plateforme de données ouvertes du gouvernement(http://data.gouv.fr) permet ainsi à tout utilisateur de rechercher ces données maisaussid’ycontribuerdans lebutd’avoirdesdonnéesprécises, localeset fiables.22

Concernant plus spécifiquement lemonde agricole,l’initiative API-AGRO (http://www.api-agro.fr) initiéepar les Instituts Techniques Agricoles et les

Chambres d’Agriculture, a su fédérer un grand nombre d’acteurs publics et privésautourd’uneplateformededonnées etd’algorithmes (notammentdesOutilsd’Aideà laDécision).

IV

20 :HervéPillaud. “Lesmeuniersde ladonnée”,20mars201821 : Data Gouv. “Registre parcellaire graphique (RPG) : contours des parcelles et îlotsculturauxet leurgroupedeculturesmajoritaire”22 :DataGouv. “AgricultureetAlimentation”


La plateforme par nature ouverte et multifilières permet à des acteurs ou desécosystèmesexistants (fédérationsdans ledomaineanimal ou végétal parexemple)de rendre visibles et accessibles leurs données, notamment à travers la technologiedeswebAPI (ApplicationProgramming Interface).Laplateformeattacheunegrandeimportance aux informations techniques (métadonnées) et juridiques (indicationclairede la licence). Laplateformen’apas vocation àhéberger lesbasesdedonnéesmais plutôt à être référence sur l’accès aux données. On y retrouve cette fameusenotion de mise en réseau de jeux de données ouverts, en partie référencés parproducteur,par filièreetpar thème.

2 - L’Open Hardware pour l’agriculture

De nombreux FabLabs se développent pour permettre la démocratisation d’outilsmatériels libres. Il s’agit de laboratoires locaux ouverts à tous qui permettentd’encourager l’innovationdanstous lesdomaines.L’agriculture et l’Open Source sont donc des domaines avec de fortes valeurscommunes.De fait, de nombreux acteurs dumonde agricole ont décidé d’allier cesdeux domaines pour ainsi se tourner vers une agriculture plus durable. La diversitédes moyens et techniques utilisés montre une certaine richesse des pratiquespossiblesen faveurd’unmondeplusdurable.

3 - Tour d’horizon des projets Open Source pour l’agriculture

Cesdernièresannées,denombreuxprojetsOpenSourceet libresontvu le jourdansle secteuragricole.Cettepartiemetenexerguequelquesprojetset sontclassifiésdelamanière suivante : les projets liés à lamécanique, les projets liés au vivant et lesprojets liésaunumérique.https://github.com/beaorn/awesome-agriculture

(Source :FedericoRespini314377 -Unsplash)


3.1 - Les projets liés à la mécanique

FarmBot :RoryAronsonet le robot jardinier

Lors d’un TEDx Talk (https://www.youtube.com/watch?v=9CJt4MFn22M), RoryAronson, fondateur de FarmBot, met en avant deux paradigmes dominants dans lasociété : lapolycultureet lamonoculture.

La polyculture est la culture de plusieurs espèces de fruits et/ou légumes sur unmême espace. Il n’y a généralement pasd’utilisationdepesticidesmais cette cultureest minutieuse et requiert une charge de travail importante. De fait, de moins enmoins d’agriculteurs font de la polyculture. Ainsi, ces derniers s’oriententmajoritairement vers la monoculture. La monoculture est la culture d’une seule etmêmeespèce surunmêmeespace.Cemodèle impliquedoncgénéralement l’usagedepesticides

PourRoryAronson,cesystèmeestdéjàbientropancien et d’un point de vue technique, les outilsn’ontque trèspeuévoluéencentans.En créant FarmBot, il met en avant un troisièmeparadigme, qui serait lui, le résultat d’unecombinaisondesdeuxprécédents.Effectivement, ce robot jardinier est un outilpermettant un système de polyculture

automatisée. Intelligent, ilestcapablededétecteretd’arracher lesmauvaisesherbes,d’arroser précisément chaque fruit ou légume selon ses besoins. Il suffit seulementde le programmer en fonction de la disposition de son potager. Il s’adapte en

Lapolyculture Lamonoculture

LerobotFarmbot(Source :https://farm.bot)


fonction des besoins et est doté d’unecaméra, cequi luipermetde surveiller lescultures et détecter les mauvaisesherbes. Farmbot est géré depuis uneinterface web sur une interface « draganddrop » (“glisseretdéposer”), intuitive.

Il permet de visualiser des données telles que les caractéristiques de chaque planteprésenteauseinde laculture.Le logiciel permet d’obtenir des informations quant aux besoins des plantes (enluminosité, en eau, en espace etc). Le robot est capable de planter lui-même lesgrainesà l’endroitadéquatetd’entretenir lesplantes.Cette invention révolutionnaire Open Source permet au consommateur d’avoir lecontrôle sur lachaînedeproductionde sesaliments. Par sonprincipe, l’OpenSourcepermetunecertainedécentralisationdutravaildesressourcesnaturelles.

AKERKITS:AaronMakaruk,TristanCopleySmith: ledéveloppementd’uneagricultureurbaine

La start-up AKER offre la possibilitéd’acquérir des espaces de culture chezsoi, en milieu urbain. Ils conçoivent ainside nombreux kits : composteurs à vers,kit modulaires pour l’agriculture urbaine,poulaillersouencore ruches.Leurbutestdepermettreaux citadinsdepouvoir créer un habitat naturel sansavoir besoin d’un large espace. Les

designsde leurs structures sontOpenSource.AKERpermet lacréationd’espacesdeculture et offre toute une panoplie de kits avec plans. Leur solution permet uneproduction à faible coûtdans lamesureoù leprixdes structures est également plusabordable.Lors d’une interview, Aaron Makaruk un des fondateurs d’AKER, évoquel’importance de l’influence du jardinage urbain pour l’avenir en terme dedéveloppement durable. Avec AKER, la mission est de réintégrer la nature et

Farm fromanywhere

Transformyoururbanhomeintoyourveryownfarm (Source :https://akerkits.com)


l’agriculture dans les villes en rendant les outils et les connaissances à la populationpour cultiver et créer des écosystèmes, le but étant qu’ils soient accessibles au plusgrandnombre.

OpenSourceEcology :MarcinJakubowskietsonapportpour laconstructionet réparationd’enginsagricoles

L’Open Source Ecology est née d’unconstat paradoxal : les recherches en lienavec l’écologie étaient principalementprivées et exclusives par opposition à saprincipale mission : pouvoir transmettreune connaissance ouverte pourl’ensemble de la population. Avec l’OpenSource Ecology, le but principal est deconstruire et promouvoir l’Open SourceEconomy qui permet ainsi de créer du savoir, dans l’objectif de permettre à lapopulationd’accéderàunmodedevieplussain.

Dansunedémarchededéveloppementdurable,avec l’OpenSourceEcology,MarcinJakubowskimet en place le « Global Village Construction », une solution innovantepermettantderendreaccessibles laconstructionet laréparationd’enginsagricoles.« Le Global Village Construction Set est une plateforme technologique ouverte quipermet la production aidée des cinquantemachines industrielles nécessaires pourconstruireunepetitecivilisationavec tout leconfortmoderne."Il est parti d’un constat : lesmachines agricoles ne sont généralement pas fiables etsont extrêmement coûteuses. De plus elles sont l’entière propriété des fabricants(plans,maintenance,etc.)Pour répondre à ce problème, il décide de développer sa solution enOpen Source,permettant à n’importe qui d’avoir accès aux différents plans de construction :l’agriculture est alors à la portée de tous. Des contributeurs du monde entierparticipent à l’alimentation de la documentation sur les outils agricoles, ce quil'enrichit davantage et fait profiter au plus grand nombre des améliorations. Tout lemondepeutavoir l’opportunitédecontribueraux innovations.

Schémadesmachinesnécessairespour laconstructiond’unepetitecivilisation (Source :

https://opensourceecology.org)


Pour Marcin Jakubowski, l’Open Source participe à la créativité humaine. Par lacollaboration,ellepermetunediversitéetunemultiplicationdes innovations.

FarmHack:communautémondialed’agriculteursqui construisentetmodifient leurspropresoutils.

Sur lemême principe de l’Open Source Ecology et de l’Atelier Paysan,Farm Hack est une communauté de personnes qui construisent elles-mêmes desoutilsetmachinesnécessairesauxagriculteurs.FarmHackaétécrééen2010parungroupe d’agriculteurs. Les contributeurs développent, documentent et construisentles outils. Les plans et schémas sont ensuite reversés à la communauté dans lerespectduprincipede l’OpenSource.

ROSAgriculture :Créerunécosystèmepourredonnerde l’autonomieauxagriculteursavec la robotique

Au départ, le système d'exploitation du robot (ROS) est un ensemble debibliothèques de logiciels et d'outils qui vous aide à créer des applications de robot :despilotesauxalgorithmesà lapointede la technologie,enpassantpardepuissantsoutilsdedéveloppement, le toutenOpenSource.Par la suite, ROS (Robotic Operating System) Agriculture s’est développé. C’est unecommunauté Open Source qui vise à responsabiliser les agriculteurs avec les outilsrobotiques. Elle travaille en étroite collaboration avec les écoles, les industries et lesgouvernementspouréduqueretpromouvoir la robotiqueagricole.

(Source :http://rosagriculture.org)


L’AtelierPaysan :Coopératived’auto-construction

L’atelier paysan est une coopérative d’auto-construction de matériel agricole. Elle offre lapossibilité aux agriculteurs de pouvoir fabriquerleursoutilset leur fermeenautonomie.

L’origine de ce collectif est issue de l’idée selonlaquelle les savoirs paysans devaient être remis aucoeur de l’industrie agricole et notamment pour lecasde l’agriculturebiologique.

L’atelier paysan est composé principalement depaysans, salariés, ou encore de structures dudéveloppement agricole, et a été créé pour laréappropriation des savoirs paysans et de leurautonomie dans le domaine des agro-équipementspour l’agriculture biologique. A ce jour, l’atelierpaysan a pu créer une quarantaine d’outils OpenSource, ainsi qu’un guide de l’auto-construction qui compile en 250 pages lesplansde16outilsadaptésaumaraîchagebiologique.L’AtelierPaysansouhaiteconstituerunesorted’Encyclopédie libreetparticipative, unpot commun dans lequel chacun pourrait librement abonder et piocher enressources adaptées pour l’agriculture biologique. Selon la coopérative, les savoirspaysanssontdes«bienscommuns», librementdiffusablesetmodifiables.

FarmLabs :uncollectifpluridisciplinairepour lapromotiond’uneagriculturedurable

Le collectif FarmLabs forme une communauté autour de plusieurs domaines telsque l’Open Source, l’IoT (Internet of Things), l’agriculture durable, l’optimisation desressources ou encore les fermes intelligentes. Il est formé de scientifiques,d’agriculteurs ou encore d’ingénieurs. Ce collectif souhaite mettre en avant lesbienfaits d’une agriculture durable par le biais de conférences, de recherches en

Amisbricoleurs,perdezvoscomplexes.

(Source :https://latelierpaysan.org)


laboratoire, d’ateliers, d’expériences ou encore de collaboration avec des acteurs dumonde agricole. Leur objectif est de faire réagir le grand public sur samanière deconsommer,maisausside l’informer.

Isoblue: leprojetdegestiondedonnéesOpenSource

Isoblue est un outil qui permet auxagriculteurs de récolter des données issuesde leurs tracteurs et de leurs machines, surleur exploitation. L’outil est Open Source etles plans et documentation pour saconception sont disponibles en ligne etgratuitement.

Il est capable d’établir des diagnostics sur les tracteurs et de récupérer les donnéesdirectementsur lesmartphonedesonutilisateur.Cet outil a été conçu pour qu’il soit facilement réalisable par un grand nombred’agriculteurset reposedoncsurquatreprincipesmajeurs :•Facile àconstruire “Easy tobuild” : de ladocumentationgratuiteestdisponibleen

lignepour laconceptiondel’appareil.• Facile à déployer “Easy to deploy” : L’agriculteur a seulement à connecter l’outil

une première fois sur l’Isobus de samachine. L’outil est par la suite autonome. Sondéploiementestdoncsimpleet rapide.• Connecter à la machine “Connected Ag Machinery” : L’utilisateur a accès aux

statutsde lamachineetsesdonnéesentempsréel sur laplateforme.•Partagedesdonnéesde lamachine “AgMachineData sharing” : lesdonnéesdes

utilisateurs sont récoltés afin d’améliorer et de reverser les améliorations auxutilisateurs(améliorationpartagée)

Leboitier Isoblue (Source:https://isoblue.org)


3.2 - Les projets liés au Vivant

3.2.1 - Les activités végétales

Laprotectiondesgraines :contre lecontrôleduvivant

Les premiers intrants pour la culturesont les semences. A l’origine, lessemences sont générées par les planteselles-mêmes et les agriculteurs lesdistribuaient et échangeaient entre eux.Néanmoins, après la seconde guerremondiale, pour produire plus vite, il estdécidé que les semences doivent êtresélectionnées et inscrites dans uncatalogue permettant de les référenceret de distinguer les plus productives. Ce système profite ainsi aux industriels quicréentdes semences stériles, plus résistantes et plusdociles.En effet, ces semencesindustrielles n’étant plus capables de se reproduire, celles-ci doivent être recrééestous les ans, car elles ne génèrent pas d’autres graines.Du fait de leur similitude, lesplantesprovenantdecesgraines sontplus faciles àproduireenmasse, elles seraientplus résistantes aux maladies et aux insectes pour certaines, c’est pourquoi lamonoculture devient de plus en plus pratiquée. Ces pratiques ne sont pas sansconséquencepuisquecelaaffecte labiodiversité.De nombreuses variétés disparaissent donc : selon un rapport de l’ONU, 75 % de ladiversitédesculturesaétéperdueentre1900et2000, cequiestconsidérable.

Il est également nécessaire de rappeler que lorsque les semences sont déposéesdans un catalogue, celles-ci sont alors la propriété du concepteur : les cinq plusgrandesmultinationalessemencièrescontrôleraient lamoitiédumarchédesgraines.Cemonopoleprovoquedoncunefortedépendance.Ilestégalement importantd’ajouter que les paysansn’ont pas lapossibilitéd’inscrireleurs propres semences dans le catalogue. En effet, si un agriculteur souhaite

Moissonchampsdeblé(source :MericTuna186605 -Unsplash)


référencer ses propres semences, cela lui coûtera plus de 6 000 euros auxquelsdoivent s’ajouter lemaintien au catalogue à savoir plus de 2 000 euros pour les dixpremières années. Il leur est donc difficile aujourd’hui, dans le système dittraditionnel,d’échangeretdevendre leurssemencesendehorsducatalogueofficiel.

Le 22mai 2018, de nouvelles mesures ont été prises par l’Union Européenne. Cesmesures vont permettre aux agriculteurs (en mode de production biologique) devendre à partir de 2012, leurs semences sans qu’elles soient inscrites au catalogueofficiel. Cette réforme va permettre de freiner le monopole des grandesmultinationales et d’avoir un fort impact sur une agriculture plus durable et deproximité.

Dans l’objectif de contrecarrer ces organisations et protéger la diversité, plusieursprojetsontvule jour.

Le Réseau Semences Paysannes en est un premierexemple. Ce réseau constitué de plus de 70organisations fait la promotion de la biodiversité etdes savoir-faire paysans. Le réseau s’est donnécomme mission de promouvoir les modes degestion collectifs et de production des semencespaysannes et souhaite une reconnaissance dessavoir-faire paysans au niveau juridique etscientifique.

Aussi, depuis 1999, l’association françaiseKokopelli milite pour « La Libération de laSemence et de l’Humus et la Protectiondela Biodiversité alimentaire ». Elle participeà la conservation de nombreusesvariétés de semences paysannes soit environ 2 700 variétés.De plus, elledistribue gratuitement des graines reproductibles aux paysans du mondeentier, principalement les plus démunis, afin qu’ils redeviennent autonomes etmaîtresde leurproductionagricole.

(Source:https://kokopelli-semences.fr)

(Source:https://semencespaysannes.org)


D’autresorganismesmilitentpour laprotectiondessemences dont Open Source Seeds.Open SourceSeeds crée des variétés de légumes libres de droit.Le but est de protéger les semences du brevetageet des certificats d’obtention végétale. Ilsdéfinissent une Licence Semence Libre (Open

Source Seed Licence) qui stipule que « Toute personne est en droit d’utiliserla semence, de la multiplier, de l’améliorer, de s’en servir pour des sélectionsultérieures, etde la transmettredans lecadre légalexistant. Personnen’estautoriséàbreveter la semence ou la protéger avec un certificat d‘obtention de variété. Tout.edétenteur.rice de la semence se doit de conférer les mêmes droits et obligationsqu’il.elleaobtenuà lapersonneàqui il.elledonne lasemence. »

OpenfoodNetwork : créerdenouveauxetmeilleurssystèmesalimentairesdans lemonde

Open Food Network est un projet crééen 2012 par deux femmes, Serenity Hillet Kirsten Larsen, persuadées que c’estau niveau de l’infrastructure dedistributionque “lenœuddesproblèmes

se trouve”.C’est en effet selon elles que le schéma centralisé est basé surl’exploitation intensive des ressources, du sol et sur la supériorité des grosproducteurs.L’objectif de ce projet est donc d’apporter une infrastructure de distributionalimentaire comme “un commun”. C’est à dire, décentraliser les systèmesalimentaires pour transférer le pouvoir des distributeurs aux producteurs enapportant une alternative face aux conglomératsdedistributeurs et industries agro-alimentaires.Open Food Network a conçu une infrastructureweb, unemarketplace d’échangesainsi que des espaces de partage de connaissance afin de réduire le fossé entreproducteursetconsommateursetd’améliorer lacommunicationet les interactions.

(Source :https://openfoodnetwork.org)

(Source :https://opensourceseeds.org)


OpenFoodNetworkestcaractérisécommeunprojetopencar :• ilestOpenSource (codesourcesurGithub) ;•basésurunmodèletransparent ;• iln’apasdemodèlededistributionimposé (B2B,B2C,etc.) ;•pasde limitationaulocal (ladécentralisationest lebutprincipal) ;•pasdebusinessmodel imposé (unhub choisit s’il prendunemargeoupas– cela

peutêtreorganiséparungroupedebénévoles) ;•pasdedésintermédiation (l’entreprisequi créeunhuba sonpropre siteweb, son

nom, son logo etc…Open FoodNetwork apporte la partie e-commerce de leur site,ainsi qu’une solution back-office pour simplifier la gestion et la coopération avecd’autreshubs.).

3.2.2 - Les activités animales

OpenBeeLab:UnprogrammederecherchesLibresetOpenSourceautourdesabeilles

OpenBeeLab est un programme de recherche regroupantplusieurs projets autour des abeilles. Ces projets peuventêtre des logiciels ou des matériels, des capteurs ou encoredes publications et sont libres et accessibles à tous. Unerucheconnectéeprovenantdeceprogrammede recherchead’ailleursétéinstalléesur le toitduCAPCdeBordeaux.

Leprogrammeaégalementdéveloppédespesons connectésOpenSourcepour lesruches. Les plans et processusde fabrication sontdisponibles pour tous sur leur siteweb.

OSbeehives :Gérersa ruchegrâceà l’IoTet l’IntelligenceArtificielle

OSbeehives est une application poursmartphone permettant la gestion de sonélevaged’abeilles.Avec laBuzzBox, l’utilisateurala possibilité de récolter des données sur les

(Source :docs.osbeehives.com)

(Source:https://openbeelab.org)


abeilles notamment sur leur santé, leuractivité, la présence ou non de la reine, leurmort ou encore sur leur fourmillement. Cecapteur permet donc la détectiond’éventuels problèmes et d’en comprendrela source. L’application est présentée demanière à visualiser les données sous formede graphiques détaillés. En plus de fournirdes données à ses utilisateurs, l’applicationpermet à chacun de se constituer son propre serveur pour stocker ettraiter lesdonnéesbrutespour larecherchescientifiquenotamment.OSbeehives est né d’une initiative qui consistait à promouvoir et techniciserl’industrie apicole en construisant un réseau mondial d’apiculteurs et en identifiantles causes et les solutions à la détériorationde la santédes colonies.AaronMakarukenest le fondateur.

PiggyBank: labanquegénétiqueporcineenaccès libre

Piggy Bank est une association à but nonlucratif fondée par Brady Lowe dans leMissouri, aux États-unis. Elle répond à uneproblématique : le coût trop élevé de lagénétique porcine et le manque deconnaissance commerciale et demarketing des petites exploitationsfamiliales.

Leur solution : construire et développer un sanctuaire génétique pour les porcs deraces anciennes tout en créant une base de données de documents et outils decommercialisationetmarketingpour les fermes familiales.C’estun réseaugratuit,enlibreaccèspour leséleveurs.A traversceprojet,PiggyBanksouhaite :•éviter ladépendanceexcessiveàunesourcede revenusuniqueetdominante ;• soutenir la singularitédes fermes localeset familialesdansun secteur agricolede

plusenplusmondialisé ;

LaBuzzBox (Source :https://docs.osbeehives.com)

(Source :http://piggy-bank.org)


• maintenir et favoriser la diversité en créant un “sanctuaire” génétique etpromouvoir l’accèsouvertà l’information ;

• protéger les porcs de races anciennes et créer des ressources éducatives pourtoute lacommunauté.

3.3 - Les projets liés au numérique

Ekylibre: logicieldegestiond’exploitationagricolefrançais

Le projet Ekylibre a vu le jour fin 2007 sousl'impulsion du SACEA (Service d’Aide et de Conseilaux Exploitants Agricoles). Cofinancé en 2008 et2009 par l’Union Européenne et le Conseil Régionald’Aquitaine, il a pour but de mettre au point unlogiciel libre et Open Source de gestion des TrèsPetites Entreprises (TPE) agricoles. Fin 2014, DavidJOULIN etBrice TEXIERdécidentde créer la sociétéEkylibrepourcommercialiser le logiciel.

Elle verra le jour début 2015.Depuis lors,la société se développe en affichantclairement ses valeurs : le partage etl'innovation.Ekylibre apporteune solutionOpenSource au service de lagestiondesexploitations agricoles. En effet, Ekylibrefonctionne sur le principe d’une interface

Les logicielsEkylibreetClic&Farm (Source :Ekylibre)

https://ekylibre.com/


web intuitive permettant ainsi de faciliter la gestion des stocks, la gestioncommerciale ainsi que la traçabilité de la production. Cet ERP (Enterprise ResourcePlanning) voit ses différents modules communiquer entre eux pour limiter aumaximumladoublesaisie.

Ekylibrepropose lacentralisationde l’ensembledesdonnéesde l’agriculteurdans lebutde lui simplifier son travail degestionetde lui fairegagnerdu temps…précieux.Ekylibre est issu dumonde « libre » et distribué sous licenceGNUAGPL 3. Il peutdoncs’adapterauxbesoinsdechaqueexploitationetêtreaméliorérégulièrementetàvolonté.

Le libre repose sur le principe suivant : lamodification et la duplication du logicielsont permises et légales. Le but étant de laisser le contrôle du programme et lapossibilité de partage à l'utilisateur.Pour qu'un logiciel soit considéré comme libre etOpen Source, il doit être sous licence libre et donc réunir au moins trois critèresfondamentaux :

• L'accès aux sources. L'accès aux codes sources est indispensable pour quel'utilisateurpuissevoircequele logiciel fait réellement.

• Le contrôle de l'utilisateur. Cette caractéristique confère aux utilisateurs lapossibilité de regarder en détail les fonctionnalités du logiciel. Cela diminue lesrisques de dissimulation de fonctionnalités malveillantes. Les utilisateurs peuventégalementmodifier le logiciels’ils lesouhaitentgrâceàceprincipe.

•Lacommunauté.Leprincipedu« libre» reposeaussi sur lacommunautéquiseforme autour d'un logiciel. En effet, plus une communauté est active et importante,plus le logiciel est qualitatif et fiable. Le but est d'intégrer à l'édition d'un logiciel libreunegrandedimension collaborativepermettant à chacund'apporter ses remarques,avisetmodificationsafind'améliorerencontinule logiciel.

En plus de proposer une application centralisée, Ekylibre porte un fort intérêt à latransparence concernant les données de l’agriculteur : protection, sauvegarde etentièrepropriétédesdonnéesauxutilisateurs.


FarmOS:uneapplicationwebfacilitant lagestiondesaferme

FarmOS est une application web pour lagestion de la ferme, la planification et latenue de dossiers. Elle permet de gérer sonespace, ses plantations, ses animaux, seséquipements ouencored’analyser la qualitédusol.LeprojetestOpenSourceetaacquisune importante communauté dedéveloppeursetdebêta-testeurs.

Cagette.net :un logiciel librequi facilite les interactionsentreproducteursetconsommateurs

Cagette.net est un logiciel libre permettant defaciliter le contact entre producteurs etconsommateursgrâceàdes initiativescitoyennes.Eneffet, ilpermetauxproducteursde :•automatiserdesprisesdecommandes,•générerdesrécapitulatifsdecommande,•gérerdescataloguesdeproduits,•organiserdes livraisons.

Cagette.net permet le rassemblement de bénévoles/consommateurs sur une zonedelivraisonpours’approvisionnerauprèsdesproducteurs locaux.Cagette.net apporte ainsi la possibilité de consommer “local”, en toute transparencesur la provenance et les modes de culture des produits, et offre égalementdavantaged’indépendanceauxproducteurs locaux.Aujourd’hui, Cagette.net regroupe plus de 1 000 producteurs, 440 groupesde consommateurs, 20 000 foyers actifs et 10 000 commandesparmois.

(Source : https://www.cagette.net/)

(Source : https://farmos.org/)


AgriTux : logicieldegestionOpenSourcepour lesuivid’exploitationsagricoles

Agritux est un logiciel de gestion Open Source pour lesuivi d'exploitations agricoles. Il permet de faire le suiviparcellaire de l’exploitation agricole.Il garde une trace detous les intrantsetdetoute lamaind’œuvreutiliséspourune culture donnée et permet d'éditer les documentsobligatoirescommelecahierdeculture.

AgroSense:gestionagricoleetagriculturedeprécision

AgroSense est une solution de gestion agricole et d’agriculture de précisiondéveloppée par l’entreprise Corizon, société spécialisée en développementinformatique,crééeen2013etbaséeauxPays-BasetenEspagne.Elleproposequatrefonctionnalitésprincipales :• la gestion de l’exploitation agricole (“FarmManagement”) avec la cartographie

desparcelles ;• laconnexionà l’Isobusafindecentraliser lesdonnées, lesanalyseret les relieraux

tâchesquotidiennes, interventions... ;•un localisateurde récoltes (“HarvestLocator”)afindepartager,directementavec

leconsommateur, les informationssur lesproduitsde l’exploitationagricole ;• l’agriculture de précision (“Precision Agriculture”) en unifiant le format des

donnéeset faciliter l’utilisationdestechnologiesd’agriculturedeprécision.

Captured'écrande lasolutionAgroSense (source:https://agrosense.eu/)

(Source :http://agritux.net/)


OpenFoodFacts : répertoireOpenSourcedesproduitsalimentairesdumondeentier

OpenFoodFactsestunprojet citoyenàbutnon lucratif créé par des milliers devolontaires à travers le monde. Il est né en2012 en France et a pour objectif derépertorier tous les produits alimentaires duglobe. C’est une base “open” c’est-à-direqu’elle est alimentée par le plus grandnombre et faite pour tous les

consommateurs en accès libre. Les produits suivent une catégorisation spécifique(classification NOVA) afin de mettre en évidence le degré de transformation desaliments. Chaque aliment est ensuite précisément détaillé (caractéristiques produit,listedes ingrédients, informationsnutritionnelles,nutriscore,etc.)Aujourd’hui, plus de 9 000 personnes ont contribué au projet et référencé 600 000produitsde200pays.

Oya(C-Libre) :ERP librepour les industriesagroalimentairesetcoopératives

L’ERP a été développé par la société C-Libre en 2005.Oya est né d’une collaboration entre la sociétéSYNERG’IAA, des industriels de l’agro-alimentaire etl’Association Régionale Des Industries Alimentaires enAquitaine (ARDIA). Leur volonté a été de créer un

logiciel modulaire, destiné aux Petites et Moyennes Entreprises pour répondre auxexigencesréglementairesdetraçabilitédesproduits.La solution cible plusieurs typologies de secteurs et en particulier, les industriesalimentaireset lescoopérativesagricoles.Oya a donc été développé sous la formed’un logiciel libre afin d’avoir unmodèle dedéveloppement ouvert et collaboratif. Néanmoins, ce modèle diffère des modèles“OpenSource”car lecodesourcede lasolutionn’estpasdisponiblepar leplusgrandnombre.Seulement lesclientsOYAbénéficientdecelui-ci.

(Source:http://www.oya-erp.net/)

(Source :https://fr.openfoodfacts.org/ )


Qgis :Systèmed’informationgéographique libreetOpenSource

Qgis est un Système d’InformationGéographique professionnelle libre et OpenSource.C'est un projet officiel de la fondation OpenSource Geospatial (OSGeo). Il est compatible

avec la grande majorité des systèmes d’exploitation (Linux, Unix, Mac OS X,Windows et Android) et intègre de nombreux formats vecteur, raster, base dedonnéeset fonctionnalités.L’outil propose de nombreuses fonctionnalités principales et des extensions enfonction des attentes et besoins des utilisateurs. Ceux-ci ont la possibilité devisualiser, gérer, éditer, analyser des données et composer eux-mêmes des cartes àimprimer.

Centipède: le réseauRTKouvert“Le projet Centipède vise à créer un réseau de bases RTK ouvertes et disponiblespour toute personne se trouvant dans la zone de couverture. Le réseau, ouvert,pourra également être complété et étendu. Le projet est développé et coordonnépar la plateforme DISA (CNRS/INRA) en se basant sur l’implantation géographiquedes instituts de recherche de Charente-Maritime Nord pour offrir une couverturetotale du territoire dans le triangle La Rochelle, Rochefort et Niort. Il est soutenufinancièrement par la Région Nouvelle-Aquitaine et mutualise les moyens entre leGeves duMagneraud, le LIENSs (CNRS/Université de La Rochelle), l'INRA de Saint-Laurent-de-la-Préeet laZoneatelierPlaine&valdeSèvre.Cette technologie permettra entre autres à ces instituts et aux acteurs extérieurs,

(Source :https://qgis.org/fr)


d’effectuerdes relevésexpérimentauxdehauteprécisiongéographique,d’accomplirdes relevés photographiques grâce aux drones volants et d’automatiser la conduitehaute précision des véhicules agricoles afin d’augmenter la précision, la qualité et latraçabilitédes interventions.Un prototype de système d’autoguidage haute précision Open Source estégalement en cours de test, il permettra d’équiper un matériel de traction pourseulement500€,etd’automatiser lesdéclenchementssur lematériel tracté.”

SchémadufonctionnementCentipède,J.ANCELIN (source :https://www.agrotic.org/ressources/projet-centipede-le-rtk-en-reseau-ouvert-pour-geolocaliser-les-donnees-environnementales-et-autoguider-les-

vehicules-agricoles/)


L'OpenSourcedans l'exploitationagricole,source :Ekylibre

(Source : JezzTimms 33299 -Unsplash)


Conclusion

vers une agriculture connectée et collaborative

L’agriculture, Mère nourricière desHommesdepuisdes tempsanciens,n’apourtant de cesse de vivre avec sontemps et de se réinventer.Nous l’avonsvu au travers ce document, les enjeuxsont colossaux. Nous devons trouver lemoyen de nourrir une populationmondiale toujourscroissanteetavecdesterresarablestoujoursmoindres.

Heureusement les initiatives sontnombreuses et l’ère du numériquepermet d’entrevoir des solutionsinenvisageables jusqu’alors. L’intelligencecollective de l’être humain est confortéepar des données numériques toujoursplusqualitatives,qui l’aideradanssaprisede décision avisée pour trouver dessolutionsdurables.

Les réflexionset l’étatd’espritde l’OpenSource prônent le partage des savoirset des outils, afin que tout un chacunen soit bénéficiaire. Appliqué àl’agriculture, cemodèlemène vers unechaîne de production responsable : leconsommateur re-devient acteur deson alimentation, l’agriculteur a accès àdes modes de production plus sainspour l’environnement.

Mais les bienfaits du numériquecollaboratif ne s’arrêtent pas là. Nousl’avons détaillé dans cet ouvrage, lesoutils partagésenassurent lapérennitéet l’interopérabilité des données créeun écosystème polyvalent et sécurisé.Les échanges sont fluidifiés, voireaccessibles publiquement (Cf. 2.2L’open data), dans un objectif communde croissance et d’innovation. Lessystèmes deviennent ainsi plusintelligents à la lumière de ce nouvelagrégat de connaissances et de leurvalorisation, lesalgorithmesdeviennentplus transparents et auditables, et toutceci est favorisé par lamécanique bienhuiléede lacommunauté, travaillantdeconcert pour développer, tester, utiliseretaméliorer.

Devant ce modèle qui a déjà fait sespreuves, les méthodes de travailchangent. Nous voyons ainsi sedémocratiser les diffusions libres deschéma matériels (Cf. 2.3 L’openhardware) et de recherches etavancées scientifiques (Cf. 2.4 L’openscience).

Dans le domaine de l’agriculture, les


pensées évoluent également. Nousavons précédemment cité quelquesprojets Open Source agricoles, liés à lamécanique, au numérique et au vivantet autour desquels se fédèrent descommunautés (Cf. 4.3 Des projetsOpen Source pour l’agriculture). Lesenjeux sont encore une fois, lesmêmes: apporter une innovation et unecroissance communes tout en se ré-appropriant le savoir-faire et s’enassurer latransparence.

Ainsi, sur des marchés toujours pluscompétitifs et où l’agriculteur est tantôtagronome, tantôt comptable, il est vitalde concevoir des outils génériquesdialoguant entre eux. La diversité desactivités, la structuration juridique,l’implantation géographique sontautantdeproblématiquesqu’il convientde prendre en compte par l’exploitantpour assurer ses objectifs depréservation et d’économie. Il faut parailleurs noter que les administrationsont leur rôle à jouer et il est notable desouligner que la Politique AgricoleCommune encourage les pratiquesplusdurables.

Les innovations technologiques sontdésormais présentes dans tous lessecteurs d’activités, l’agriculture nefaisant pas exception. Les géants de la

“Tech” investissent en masse dans lesoutils du futur. Nous avonsprécédemment évoqué la technologieblockchain, ce registre décentralisé etinaltérable, et qui la rendparticulièrement propice à des besoinsde traçabilité. Tour à tour, les grandesentreprises technologiquesde la SiliconValley proposent à leur clients desservices clef en main, contribuant àl’adoption massive de cettetechnologie. Et le secteur alimentairen’est pas à la traîne : IBM est à l’originede l’initiative IBM Food Trust, uneblockchain pour permettre auxconsommateurs de suivre l’origine desproduits. Initiative à laquelle a d’ailleursadhéré le géant de la distributionfrançais Carrefour, novateur dans sondomaine, et qu’il présente comme ungage de transparence auprès de sesconsommateurs.

Il semble que la machine soit lancée.Quelque soit la forme que prend lablockchain de demain, les besoins detransparence seront de plus en plusd’actualité, et l’agriculture aura sa carteà jouer : le bien-être animal, le respectde l’environnement et la traçabilité desproduits seront autant de facteursdifférenciants,gagesdequalité.

La place de l’Open Source dans tout


cela ? Le consortiumHyperledger, créépar la fondation Linux, regroupedesgéantsde la “Tech”, de la finance, et de l’industrie pour promouvoir des plateformesblockchainouvertes,durableset interopérables.

Dans un autre registre, les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon,Microsoft)misent aussi sur l’agrégation des données (Big Data) et leur exploitation vial’intelligence artificielle. Derrière ce terme, se cache des algorithmes capables dedéduiredes relations complexesentredesdonnées,qu’il seraitdifficilepourunêtrehumain de corréler.Ces avancées se retrouvent déjà dans nos vies et, appliquées àl’agriculture, lesgainssontetpourraientêtreconsidérables.Autraversduprismedel’intelligence artificielle,nouspouvonspenser à ces robots agricoles plus intelligentset autonomes, et réagissant aux besoins de chaque plante. Des outils d’aides à ladécision seraient, par exemple, àmême de proposer des semences et de planifierdes interventions adéquates, en fonction de la nature du sol, du climat, desrendements souhaités, le tout dans un objectif d’une agriculture responsable,soucieusede l’environnement.

L’agriculture de demain semble alors voir son avenir lié au numérique, pouraméliorer nos modes de productions actuels et inventer les outils du futur, ens’aidant des partages des connaissances.Alors, peut-être, arriverons-nous à relevertous les défis qui se présenteront, par une agriculture axée sur la durabilité, laresponsabilitéet lacitoyenneté.

Epidemaïs (source:ChristopheMaertens461658 -Unsplash)


Références• Agriculture et Alimentation - Data.gouv.fr. (s. d.).https://www.data.gouv.fr/fr/topics/agriculture-et-alimentation/• Ceci est une Révolution : ce que l’Open Source a changé. (s. d.).https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20120917trib000719886/ceci-est-une-revolution-ce-que-l-open-source-a-change-.html• Communique de presse - Syntec NumeriqueEtude_Open_Source_-_06_12_2017_-_OK_pour_diffusion_0.pdf. (s. d.).https://syntec-numerique.fr/sites/default/files/Documents/Communique_de_presse_-_Syntec_Numerique_Etude_Open_Source_-_06_12_2017_-_OK_pour_diffusion_0.pdf• M. de l’Europe et des A. (s. d.). Agriculture - Forum L’agriculture en 3D :défense, diplomatie, développement (Paris, 05.07.18).https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/politique-etrangere-de-la-france/sante-securite-alimentaire-nutrition-et-agriculture-durable/actualites-et-evenements-sur-les-themes-de-la-sante-de-la-securite-alimentaire/actualites-et-evenements-lies-a-la-securite-alimentaire-et-a-l-agriculture/article/agriculture-forum-l-agriculture-en-3d-defense-diplomatie-developpement-paris-05• Finansdepartementet, & E-delegationen. (2009). Strategi för myndigheternasarbete med e-förvaltning: betänkande av E-delegationen. Stockholm: Fritzes.• Les meuniers de la donnée. (2018, mars 20), http://www.hervepillaud.com/les-meuniers-de-la-donnee/• Livre blanc, “la 3ème révolution numérique agricole”, p15. (s. d.).• Pillaud, H. (2018). Hervé PILLAUD | Le numérique pour offrir de nouvellesfabriques de biens communs à l’agriculture. http://www.hervepillaud.com/le-numerique-pour-offrir-de-nouvelles-fabriques-de-biens-communs-a-lagriculture/• Victor Chang, Hugo Mills, Steven Newhouse. “From Open Source to long-termsustainability: Review of Business Models and Case studies”, OMII-UK, Universityof Southampton, 13 septembre 2007. (s. d.).


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