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7/24/2019 Balazs Et Rosenberg. La Composante Universitaire Dans La Hirarchie Des Disciplines Hospitalires
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LA COMPOSANTE UNIVERSITAIRE DANS LA HIRARCHIE DES
DISCIPLINES HOSPITALIRESNote de recherche : Sur le choix d'un indicateurGabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner
Le Seuil | Actes de la recherche en sciences sociales
2005/1 - n156-157pages 115 118
ISSN 0335-5322
Article disponible en ligne l'adresse:
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2005-1-page-115.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Balazs Gabrielle et Rosenberg-Reiner Sylvie, La composante universitaire dans la hirarchie des disciplines
hospitalires Note de recherche : Sur le choix d'un indicateur,
Actes de la recherche en sciences sociales, 2005/1 n156-157, p. 115-118. DOI : 10.3917/arss.156.0115
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Distribution lectronique Cairn.info pour Le Seuil.
Le Seuil. Tous droits rservs pour tous pays.
La reproduction ou reprsentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votre
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ce soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur en
France. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.
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Quelle est la place accorde aux diff-
rentes spcialits dans les hpitaux
universita ires (CHU) a u regard des
discours poli t iques et des besoins
connus1 ? Lhpital apparat dordinaire
comme un univers homogne et le corps
mdical comme un tout. Sachant quil y
a deux grandes catgories de mdecins
hospitaliers titulaires (les prat icienshospitaliers et les praticiens hospitalo-
universitaires) aux statuts, aux carrires,
aux fonctions et aux salaires diffrents,
il nous a sembl quun a utre indicateur
permettrait de saisir la composante
universitaire relle des spcialits en
mesurant la part de professeurs agrgs
par spcialit.
Le statut des hospitalo-universitaires
est universitaire avant tout : chef de
clinique, matre de confrences des
universits-praticien hospita lier (MCU-
PH), professeur des universits-prati-
cien hospitalier (PU-PH). Lemployeur
est luniversit, cest--dire lducation
nationale, le salaire calcul sur la base
des gri l les de la fo nction publiq ue.
Lhpital verse aux hospitalo-universi-
taires des moluments, cest--dire les
honoraires dun officier ministriel q ui
ne font pas partie du salaire. Le salaire
universitaire reprsente 45 % du revenu
dun hospitalo-universitaire et les molu-
ments 55 %. La fonction des mdecins
hospita lo-universitaires est triple : ensei-
gnement, recherche et travail hospita-
lier. Le sommet de la hirarchie, dans
les hpitaux universitaires, est repr-
sent par les PU-PH. I l est exceptionnel
(bien que possible) quun non PU-PH
soit nomm chef de service. Leurs
nominations se font sur la base de propo-
si t ions f a i tes au comit consul ta t i fmdical de lhpital (CCM) par les diff-
rents chefs de service. Des praticiens
hospitaliers sigent au C CM, ma is ils ne
prennent pas part au vote. Les proposi-
tions du CCM sont ensuite transmises
luniversit. Un chef d e service PU-PH
cherche faire nommer PU-PH le plus
grand nombre possible de ses lves. Le
nombre de candidats dont les titres et
trava ux et les services rendus sont suffi-
sants pour tre nomms tant t rs
largement suprieur au nombre de
postes disponibles, ces nominations font
lobjet de t ractat ions entre les chefs de
service dun hpital universitaire.
Le pouvoir dun chef de service, son
aura et le prestige de sa spciali t
peuvent se dduire du nombre de PU-PH
qui l russit fa ire nommer. Cest
pourquoi le nombre de PU-PH dune
spcialit a sembl intressant retenir
comme indicateur de lintrt, de la
reconnaissance, bref du capital symbo-
lique que la collectivit des hpitaux
universitaires porte aux diffrentes
spcialits. Paris tant le lieu caract-
ristique de la concentration de la struc-
ture hospitalire, lenqute a port sur
huit hpitaux universitaires intra-muros,
au nord, a u sud, lest et louest, prfi-
gurant lespace des futurs ples hospi-
taliers parisiens; on a ensuite compar
le nombre de P U-PH dans les spcialitschirurgicales et en anesthsie-ranima-
tion dune part, et le nombre de PU-PH
dans les spcialits mdicales et celui
des urgences mdicales et/ou chirurgi-
cales, dautre part.
Lanesthsie-ranimation et les
urgences font actuellement partie des
spcialits o le nombre insuffisant de
mdecins est connu. Ces problmes ont
t relevs depuis plusieurs annes par
la presse et les manques sont reconnus
verbalement par les autorits de tutelle.
Il a donc sembl intressant de mettre en
perspective les discours et la ralit de
la position de ces spcialits dans la
hirarchie de l hpita l [voir encadr
Lhpital vu par la presse, p. 116].
Les sources ont t diversifies en
retenant quatre hpitaux dadultes,
lHpit al europen G eorges-Pompidou,
Cochin, Lariboisire, Saint-Antoine et
quatre hpitaux pdiatriques, Necker,
Sa int-Vincent-de-Pa ul, Trouss eau,
Robert-D ebr. Les sources utilises pour
Gabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner
NOTE DE RECHERCHE :Sur le choix dun indicateur
La composante universitaire dansla hirarchie des disciplines hospitalires
ACTES DE LA RECHERCHEEN SCIENCESSOCIALES numro 156-157 p.115-118
1.Une version antrieure de cet article a t prsente au Congrs de lAssociation de sociologie en langue franaise Lindividu social, autres ralits, autresociologie ?, Universit de Tours, 5-9 juillet 2004.
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On a recens par exemple entre 2000 et 2004 plus dune
centaine darticles du Monde, de Librationet dautres
journaux soulignant ce que Jean de Kervasdou intitule
la crise des professions de sant avec une insistan-
ce toute particulire sur les urgences, le manque dinfir-
mires et la future pnurie danesthsistes. Voici
quelques-uns des titres relevs (hors la priode de lacanicule de lt 2003) :
Lhpital qui senfonce, Le Monde, 5 fvrier 2000
Hpital public en souffrance, Le Monde, 4 fvrier 2000
Sant: une semaine de folie, Libration,21 janvier 2002
Embouteillages lhpital, Libration,2 novembre 2002
t hpital : danger, Libration, 13 juillet 2002
Hpital public : au bout du rouleau, Politis,11 dcembre 2003
Hpital au bord de la crise de nerfs , Le Monde,14 juin 2003
Les hpitaux publics sont au bord de la rupture, LeMonde, 28 novembre 2003
Lhpital dans de sales draps , Libration,24 dcembre 2003
SOS hpital public, Le Monde, 1erjanvier 2004
Lhpital vu par la presse
100
90
80
70
60
50
4030
20
10
0
Urgences
Anesthsi-Ra
Disciplines chirurgicales
Disciplines mdicales
Rpartition PU-PH/spcialits en nombre absolu Hpitaux dadultes
Hpital Europen Georges Pompidou Cochin Lariboisire Saint-Antoine
100
43
51
Graphique I
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Urgences md/chirurg/mdico-chirurgicales
Anesthsie-Ranimation
Disciplines chirurgicales
Disciplines mdicales
Rpartition PU-PH/spcialits en nombre absolu Hpitaux denfantsNecker Enfants Malades Saint-Vincent de Paul Trousseau Robert Debr
70
60
50
40
30
20
10
0
Adultes
Enfants
Rpartition PU-PH/spcialits en pourcentage
Hpitaux adultes et enfants
56
28
41
6367,1
31,4
28,9
4,53,31,10,7
Urgences Anesthsie Disciplines DisciplinesRanimation chirurgicales mdicales
G raphique III
G raphique II
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construire notre indicateur sont les
annuaires de lAP-HP. Nous avons pu
recenser les PU-PH pour lanne 2003
dans t outes les disciplines. O nt t
volontairement exclues les spcialits
de labora toire (chimie, bact riologie,
anatomopathologie, etc.), ainsi que la
radiologie.
Les premiers rsultats montrent la
persistance de la non-reconnaissance
des urgences et de lanesthsie tandis
que les spcialits mdicales et chirur-
gica les restent llite hospita lo-univer-
sitaire . La rpa rtitio n de PU -PH est
trs ingale selon les spcialits. Les
graphiques p. 116-117 montrent que les
disciplines mdicales ont la majorit des
PU-PH, ta ndis que les urgences ont tout
juste 1 % du nombre total des PU-PH.Pour ce qui est des services durgence,
dans la plupart des cas, un PU-PH de
mdecine ou de chirurgie en a la charge
thorique. En effet, ce PU-PH a une
double affectation : son propre service et
le service des urgences. Le mdecin hospi-
talier charg d e diriger effectivement le
service durgence est soit un praticien
hospitalier, soit un MCU -PH.
Les trois graphiques montrent la
rpartition d es PU-PH da ns les diverses
disciplines : la rpartition en nombrea b s o lu d es 1 49 P U -P H d a n s l es
hpitaux da dultes est dtaille dans le
graphique I ; la rpartition en nombre
absolu des 89 PU-PH dans les hpitaux
d enfants est dta i l le dans le gra-
phique II ; le graphique III montre la
compara ison des pourcentages respec-
tifs des PU -PH dans les diverses spcia-
lits dans les hpitaux dadultes et dans
les hpitaux denfants.
Sil va de soi que lurgence nest pas
le mode dentre exclusif lhpital, elle
reprsente un nombre dentres consi-
drable. Il est de to ute faon suprieur
au nombre de malades pris en charge
par la mdecine ou par la chirurgie. Pour
donner un ordre de grandeur, on compte
environ 45 000 malades par an aux
urgences mdico-chirurgicales pdia-
triq ues Necker et 60 000 par an
lhpital Robert-Debr. Le nombre de
malades pris en charge par les services
des urgences na q ue peu de poids dans
la nomination des P U-PH puisquils ne
tota lisent que 0,7 % dans les hpitaux
dadultes et 1,1 % dans les hpitaux
denfants.
Les disciplines chirurgicales totali-
sent 28,8 % des PU -PH . Lanesthsie,
qui prend en charge la to t a l i t des
malades de chirurgie a insi que les
malades de mdecine qui ncessitent
une explorat ion sans intervention chirur-
gicale, na pour sa part q ue 3,7 % du
total des PU-PH.
Ces donnes devront tre confron-
tes au nombre de malades admis ainsi
qu leur dure de sjour, mais on peut
nanmoins dj affirmer que lempriseuniversitaire est att este aussi bien dans
les spcialits adultes que pdiatriques,
et pour ce q ui est des hpitaux parisiens
intra-murostudis. Il y a une relative
homognit dans les hpitaux obser-
vs. Il resterait vrifier que la situa-
t ion est ana logue pour les CHU de
province. Ce t ravail pourrait tre tendu
diffrents espaces sociaux comme la
banlieue, les villes universitaires, les
petites villes.
On constate que lintrt port auxurgences ou aux disciplines dans
lesquelles la dsaffection de mdecins
est importante est le plus faible: elles
ont le moins de PU-PH de toutes les
spcialits. Tout se passe donc comme
si la valeur accorde aux diffrentes disci-
plines ta i t avant tout acadmique.
Lindicateur choisi nous permet de voir
que la valeur sociale du mdecin hospi-
talier dans un CHU est produite par
lUniversit. On peut en effet conclure
que, pour a ccorder des PU-PH aux diff-
rentes disciplines, l Universit ne
satt ache pas au nombre de malades ni
leur difficult, ni mme aux manques
reconnus pour la prise en charge des
malades. Les donnes prcdentes
montrent que, dans les spciali ts
tudies, la rpartition des PU-PH rpond
plus laccumulation dun capital univer-
sitaire spcifique q uaux difficults recon-
nues de linstitution hospitalire, lafflux
des patients et leurs pathologies.
La conscration universita ire de la
nomination comme PU-PH donne aux
titulaires la capacit lgalement recon-
nue dexercer des pouvoirs qui garan-
tissent la permanence de la division
sociale du travail. Cette sanction univer-
sitaire a la force sociale dune repr-
sentation collective ; elle institue un
ordre, une division lgitime entre les
catgories de mdecins. La diffrence
statutaire qui spare les PU-PH da utres
catgories de praticiens, universitaires
ou non, ouvre droit reconnaissance et
respect.
Cette noblesse mdicale qui a partie
lie avec ltat continue fonctionnersur des critres uniquement acadmiques
qui se situent hors des contingences
matrielles du moment. Lhpita l univer-
sitaire a une triple mission : soins, ensei-
gnement, recherche. Si les nominations
de PU-PH ne couvrent pas de faon
quitab le les dif frentes spciali ts
tudies, cest que le prestige accord
la mission de soins fait une subtile
diffrence ent re les soins destins
tous et qui font le quotidien du travail
de lhpital et les soins de pointe, sophis-tiqus, en l ien avec les recherches
actuelles, pouvant donner lieu des
publications prestigieuses. Comment
expliquer a utrement q ue les deux spcia-
lits qui soccupent de toutes les catgo-
ries de malades, les mdecins des
urgences et les mdecins anesthsistes-
ranimateurs, soient aussi peu repr-
sentes parmi les PU-PH ?
Si la hirarchie acadmique tient aussi
peu compte du nombre de malad es, de la
gravit de leur tat et des besoins de sant
de la population, cest aussi parce quil
nexiste pas au sein de lhpital universi-
taire de rel contre-pouvoir et parce q ue
ltat ne joue pas le rle de rgulateur
qui est thoriquement le sien. Il reste
alors se poser la question des raisons qui
conduisent laisser perdurer une situa-
tion aussi anachronique.
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