Balazs Et Rosenberg. La Composante Universitaire Dans La Hiérarchie Des Disciplines Hospitalières

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    LA COMPOSANTE UNIVERSITAIRE DANS LA HIRARCHIE DES

    DISCIPLINES HOSPITALIRESNote de recherche : Sur le choix d'un indicateurGabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner

    Le Seuil | Actes de la recherche en sciences sociales

    2005/1 - n156-157pages 115 118

    ISSN 0335-5322

    Article disponible en ligne l'adresse:

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2005-1-page-115.htm

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Balazs Gabrielle et Rosenberg-Reiner Sylvie, La composante universitaire dans la hirarchie des disciplines

    hospitalires Note de recherche : Sur le choix d'un indicateur,

    Actes de la recherche en sciences sociales, 2005/1 n156-157, p. 115-118. DOI : 10.3917/arss.156.0115

    --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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    Quelle est la place accorde aux diff-

    rentes spcialits dans les hpitaux

    universita ires (CHU) a u regard des

    discours poli t iques et des besoins

    connus1 ? Lhpital apparat dordinaire

    comme un univers homogne et le corps

    mdical comme un tout. Sachant quil y

    a deux grandes catgories de mdecins

    hospitaliers titulaires (les prat icienshospitaliers et les praticiens hospitalo-

    universitaires) aux statuts, aux carrires,

    aux fonctions et aux salaires diffrents,

    il nous a sembl quun a utre indicateur

    permettrait de saisir la composante

    universitaire relle des spcialits en

    mesurant la part de professeurs agrgs

    par spcialit.

    Le statut des hospitalo-universitaires

    est universitaire avant tout : chef de

    clinique, matre de confrences des

    universits-praticien hospita lier (MCU-

    PH), professeur des universits-prati-

    cien hospitalier (PU-PH). Lemployeur

    est luniversit, cest--dire lducation

    nationale, le salaire calcul sur la base

    des gri l les de la fo nction publiq ue.

    Lhpital verse aux hospitalo-universi-

    taires des moluments, cest--dire les

    honoraires dun officier ministriel q ui

    ne font pas partie du salaire. Le salaire

    universitaire reprsente 45 % du revenu

    dun hospitalo-universitaire et les molu-

    ments 55 %. La fonction des mdecins

    hospita lo-universitaires est triple : ensei-

    gnement, recherche et travail hospita-

    lier. Le sommet de la hirarchie, dans

    les hpitaux universitaires, est repr-

    sent par les PU-PH. I l est exceptionnel

    (bien que possible) quun non PU-PH

    soit nomm chef de service. Leurs

    nominations se font sur la base de propo-

    si t ions f a i tes au comit consul ta t i fmdical de lhpital (CCM) par les diff-

    rents chefs de service. Des praticiens

    hospitaliers sigent au C CM, ma is ils ne

    prennent pas part au vote. Les proposi-

    tions du CCM sont ensuite transmises

    luniversit. Un chef d e service PU-PH

    cherche faire nommer PU-PH le plus

    grand nombre possible de ses lves. Le

    nombre de candidats dont les titres et

    trava ux et les services rendus sont suffi-

    sants pour tre nomms tant t rs

    largement suprieur au nombre de

    postes disponibles, ces nominations font

    lobjet de t ractat ions entre les chefs de

    service dun hpital universitaire.

    Le pouvoir dun chef de service, son

    aura et le prestige de sa spciali t

    peuvent se dduire du nombre de PU-PH

    qui l russit fa ire nommer. Cest

    pourquoi le nombre de PU-PH dune

    spcialit a sembl intressant retenir

    comme indicateur de lintrt, de la

    reconnaissance, bref du capital symbo-

    lique que la collectivit des hpitaux

    universitaires porte aux diffrentes

    spcialits. Paris tant le lieu caract-

    ristique de la concentration de la struc-

    ture hospitalire, lenqute a port sur

    huit hpitaux universitaires intra-muros,

    au nord, a u sud, lest et louest, prfi-

    gurant lespace des futurs ples hospi-

    taliers parisiens; on a ensuite compar

    le nombre de P U-PH dans les spcialitschirurgicales et en anesthsie-ranima-

    tion dune part, et le nombre de PU-PH

    dans les spcialits mdicales et celui

    des urgences mdicales et/ou chirurgi-

    cales, dautre part.

    Lanesthsie-ranimation et les

    urgences font actuellement partie des

    spcialits o le nombre insuffisant de

    mdecins est connu. Ces problmes ont

    t relevs depuis plusieurs annes par

    la presse et les manques sont reconnus

    verbalement par les autorits de tutelle.

    Il a donc sembl intressant de mettre en

    perspective les discours et la ralit de

    la position de ces spcialits dans la

    hirarchie de l hpita l [voir encadr

    Lhpital vu par la presse, p. 116].

    Les sources ont t diversifies en

    retenant quatre hpitaux dadultes,

    lHpit al europen G eorges-Pompidou,

    Cochin, Lariboisire, Saint-Antoine et

    quatre hpitaux pdiatriques, Necker,

    Sa int-Vincent-de-Pa ul, Trouss eau,

    Robert-D ebr. Les sources utilises pour

    Gabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner

    NOTE DE RECHERCHE :Sur le choix dun indicateur

    La composante universitaire dansla hirarchie des disciplines hospitalires

    ACTES DE LA RECHERCHEEN SCIENCESSOCIALES numro 156-157 p.115-118

    1.Une version antrieure de cet article a t prsente au Congrs de lAssociation de sociologie en langue franaise Lindividu social, autres ralits, autresociologie ?, Universit de Tours, 5-9 juillet 2004.

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    Gabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner

    On a recens par exemple entre 2000 et 2004 plus dune

    centaine darticles du Monde, de Librationet dautres

    journaux soulignant ce que Jean de Kervasdou intitule

    la crise des professions de sant avec une insistan-

    ce toute particulire sur les urgences, le manque dinfir-

    mires et la future pnurie danesthsistes. Voici

    quelques-uns des titres relevs (hors la priode de lacanicule de lt 2003) :

    Lhpital qui senfonce, Le Monde, 5 fvrier 2000

    Hpital public en souffrance, Le Monde, 4 fvrier 2000

    Sant: une semaine de folie, Libration,21 janvier 2002

    Embouteillages lhpital, Libration,2 novembre 2002

    t hpital : danger, Libration, 13 juillet 2002

    Hpital public : au bout du rouleau, Politis,11 dcembre 2003

    Hpital au bord de la crise de nerfs , Le Monde,14 juin 2003

    Les hpitaux publics sont au bord de la rupture, LeMonde, 28 novembre 2003

    Lhpital dans de sales draps , Libration,24 dcembre 2003

    SOS hpital public, Le Monde, 1erjanvier 2004

    Lhpital vu par la presse

    100

    90

    80

    70

    60

    50

    4030

    20

    10

    0

    Urgences

    Anesthsi-Ra

    Disciplines chirurgicales

    Disciplines mdicales

    Rpartition PU-PH/spcialits en nombre absolu Hpitaux dadultes

    Hpital Europen Georges Pompidou Cochin Lariboisire Saint-Antoine

    100

    43

    51

    Graphique I

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    50

    40

    30

    20

    10

    0

    Urgences md/chirurg/mdico-chirurgicales

    Anesthsie-Ranimation

    Disciplines chirurgicales

    Disciplines mdicales

    Rpartition PU-PH/spcialits en nombre absolu Hpitaux denfantsNecker Enfants Malades Saint-Vincent de Paul Trousseau Robert Debr

    70

    60

    50

    40

    30

    20

    10

    0

    Adultes

    Enfants

    Rpartition PU-PH/spcialits en pourcentage

    Hpitaux adultes et enfants

    56

    28

    41

    6367,1

    31,4

    28,9

    4,53,31,10,7

    Urgences Anesthsie Disciplines DisciplinesRanimation chirurgicales mdicales

    G raphique III

    G raphique II

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    Gabrielle Balazs et Sylvie Rosenberg-Reiner

    construire notre indicateur sont les

    annuaires de lAP-HP. Nous avons pu

    recenser les PU-PH pour lanne 2003

    dans t outes les disciplines. O nt t

    volontairement exclues les spcialits

    de labora toire (chimie, bact riologie,

    anatomopathologie, etc.), ainsi que la

    radiologie.

    Les premiers rsultats montrent la

    persistance de la non-reconnaissance

    des urgences et de lanesthsie tandis

    que les spcialits mdicales et chirur-

    gica les restent llite hospita lo-univer-

    sitaire . La rpa rtitio n de PU -PH est

    trs ingale selon les spcialits. Les

    graphiques p. 116-117 montrent que les

    disciplines mdicales ont la majorit des

    PU-PH, ta ndis que les urgences ont tout

    juste 1 % du nombre total des PU-PH.Pour ce qui est des services durgence,

    dans la plupart des cas, un PU-PH de

    mdecine ou de chirurgie en a la charge

    thorique. En effet, ce PU-PH a une

    double affectation : son propre service et

    le service des urgences. Le mdecin hospi-

    talier charg d e diriger effectivement le

    service durgence est soit un praticien

    hospitalier, soit un MCU -PH.

    Les trois graphiques montrent la

    rpartition d es PU-PH da ns les diverses

    disciplines : la rpartition en nombrea b s o lu d es 1 49 P U -P H d a n s l es

    hpitaux da dultes est dtaille dans le

    graphique I ; la rpartition en nombre

    absolu des 89 PU-PH dans les hpitaux

    d enfants est dta i l le dans le gra-

    phique II ; le graphique III montre la

    compara ison des pourcentages respec-

    tifs des PU -PH dans les diverses spcia-

    lits dans les hpitaux dadultes et dans

    les hpitaux denfants.

    Sil va de soi que lurgence nest pas

    le mode dentre exclusif lhpital, elle

    reprsente un nombre dentres consi-

    drable. Il est de to ute faon suprieur

    au nombre de malades pris en charge

    par la mdecine ou par la chirurgie. Pour

    donner un ordre de grandeur, on compte

    environ 45 000 malades par an aux

    urgences mdico-chirurgicales pdia-

    triq ues Necker et 60 000 par an

    lhpital Robert-Debr. Le nombre de

    malades pris en charge par les services

    des urgences na q ue peu de poids dans

    la nomination des P U-PH puisquils ne

    tota lisent que 0,7 % dans les hpitaux

    dadultes et 1,1 % dans les hpitaux

    denfants.

    Les disciplines chirurgicales totali-

    sent 28,8 % des PU -PH . Lanesthsie,

    qui prend en charge la to t a l i t des

    malades de chirurgie a insi que les

    malades de mdecine qui ncessitent

    une explorat ion sans intervention chirur-

    gicale, na pour sa part q ue 3,7 % du

    total des PU-PH.

    Ces donnes devront tre confron-

    tes au nombre de malades admis ainsi

    qu leur dure de sjour, mais on peut

    nanmoins dj affirmer que lempriseuniversitaire est att este aussi bien dans

    les spcialits adultes que pdiatriques,

    et pour ce q ui est des hpitaux parisiens

    intra-murostudis. Il y a une relative

    homognit dans les hpitaux obser-

    vs. Il resterait vrifier que la situa-

    t ion est ana logue pour les CHU de

    province. Ce t ravail pourrait tre tendu

    diffrents espaces sociaux comme la

    banlieue, les villes universitaires, les

    petites villes.

    On constate que lintrt port auxurgences ou aux disciplines dans

    lesquelles la dsaffection de mdecins

    est importante est le plus faible: elles

    ont le moins de PU-PH de toutes les

    spcialits. Tout se passe donc comme

    si la valeur accorde aux diffrentes disci-

    plines ta i t avant tout acadmique.

    Lindicateur choisi nous permet de voir

    que la valeur sociale du mdecin hospi-

    talier dans un CHU est produite par

    lUniversit. On peut en effet conclure

    que, pour a ccorder des PU-PH aux diff-

    rentes disciplines, l Universit ne

    satt ache pas au nombre de malades ni

    leur difficult, ni mme aux manques

    reconnus pour la prise en charge des

    malades. Les donnes prcdentes

    montrent que, dans les spciali ts

    tudies, la rpartition des PU-PH rpond

    plus laccumulation dun capital univer-

    sitaire spcifique q uaux difficults recon-

    nues de linstitution hospitalire, lafflux

    des patients et leurs pathologies.

    La conscration universita ire de la

    nomination comme PU-PH donne aux

    titulaires la capacit lgalement recon-

    nue dexercer des pouvoirs qui garan-

    tissent la permanence de la division

    sociale du travail. Cette sanction univer-

    sitaire a la force sociale dune repr-

    sentation collective ; elle institue un

    ordre, une division lgitime entre les

    catgories de mdecins. La diffrence

    statutaire qui spare les PU-PH da utres

    catgories de praticiens, universitaires

    ou non, ouvre droit reconnaissance et

    respect.

    Cette noblesse mdicale qui a partie

    lie avec ltat continue fonctionnersur des critres uniquement acadmiques

    qui se situent hors des contingences

    matrielles du moment. Lhpita l univer-

    sitaire a une triple mission : soins, ensei-

    gnement, recherche. Si les nominations

    de PU-PH ne couvrent pas de faon

    quitab le les dif frentes spciali ts

    tudies, cest que le prestige accord

    la mission de soins fait une subtile

    diffrence ent re les soins destins

    tous et qui font le quotidien du travail

    de lhpital et les soins de pointe, sophis-tiqus, en l ien avec les recherches

    actuelles, pouvant donner lieu des

    publications prestigieuses. Comment

    expliquer a utrement q ue les deux spcia-

    lits qui soccupent de toutes les catgo-

    ries de malades, les mdecins des

    urgences et les mdecins anesthsistes-

    ranimateurs, soient aussi peu repr-

    sentes parmi les PU-PH ?

    Si la hirarchie acadmique tient aussi

    peu compte du nombre de malad es, de la

    gravit de leur tat et des besoins de sant

    de la population, cest aussi parce quil

    nexiste pas au sein de lhpital universi-

    taire de rel contre-pouvoir et parce q ue

    ltat ne joue pas le rle de rgulateur

    qui est thoriquement le sien. Il reste

    alors se poser la question des raisons qui

    conduisent laisser perdurer une situa-

    tion aussi anachronique.

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