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Bazille et ses amis - Numilog

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BAZILLE ET SES AMIS

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GASTON POULAIN

BAZILLE " Ç;,7V.SES AMIS -

LA RENAISSANCE DU LIVRE 78, BOULEVARD SAINT-MICHEL, PARIS

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Copyright by La Renaissance du Livre, 1932. Tous droits de traduction,

d'adaptation et représentation réservés pour tous pays y compris la Russie (U. R. S. S.).

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BAZILLE ET SES AMIS

CHAPITRE PREMIER

Des Causses jusqu'à la Méditerranée, du Rhône à la Garonne, les volumes terrestres, végétaux ou construits, semblent à vif dans le vide. Nulle couche atmosphérique ne s'in- terpose afin d'unir le sol au ciel. La lumière totale confère à la vérité un caractère absolu. Le paysage est intégral, dépouillé de clairs- obscurs, pour ne conserver que le mystère concret de la matière.

Car celui-là seul demeure, et plus impéné- trable d'être tangible, en l'âpre splendeur, horizontale jusqu'à l'abstrait, de ces régions implacablement nettes, d'où émergent les vignes, trop basses pour orner la rigueur du plan, d'où les cyprès lancéolés érigent seuls leur invariabilité perpendiculaire. A certaines intersections de routes, veillant en leur or- gueilleuse entité, quatre villes surgissent,

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inhérentes à la majesté du grave Languedoc : Albi, Carcassonne, Nîmes et Montpellier. Cathédrales et remparts, jardins, aqueducs, arènes, arcs de triomphe, monuments de puis- sance, de plastique invincible, nés de siècles superbes, en établissent les points capitaux. Par la sévérité des larges blocs, que nulle anecdote n'allège, l'ampleur de la substance domine la forme, selon les lois d'une rigou- reuse logique.

La moins haute au-dessus des plaines, et de la mer étale plus proche que les autres, Mont- pellier condense son architecture autour de ce cabochon si bellement taillé, le Peyrou. A cette union présida une sagesse inspirée, si parfaite qu'il ne demeure nul vestige de la disparité des éléments, du paysage fondamen- tal et d'un style impérieux. Et cette colline corrigée est devenue cet immense autel aux assises de forteresse, où s'inscrit et se perpé- tue le règne du soleil.

De ce jardin bâti pour la contemplation, dominant les espaces lointains de sa magis- trale ordonnance, scellé à l'horizon par un aque- duc, qui répète à l'infini, en un rythme pe- sant, ses arches régulières, de ce jardin su-

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blime découle, sans que l'inégalité de cette alliance apparaisse, le système des rues aux activités innombrables.

Parmi ces rues, il en est une qui, voie de communication dans les premiers temps his- toriques de la France, alors que Montpellier était à peine une bourgade, prit, devenue au Moyen Age l'amorce du Chemin de Béziers, le nom de Chemin de Saint-Jacques, car peut- être fut-elle foulée par les pieds nus des pèle- rins de Compostelle. Lorsque les XVIIe et XVIIIe siècles l'auront cernée d'aristocratiques demeures, elle portera officiellement le nom de Grand'Rue, dont elle était digne, et que de- puis longtemps lui donnait le peuple.

En 1841, l'hôtel qui porte le numéro 11 de cette Grand'Rue (1) appartient à Jean-Fran- çois-Gaston Bazille, qui, viticulteur éminent,

(1) La maison en question appartenait au XVIIe siècle au conseiller Jean-Antoine de Thomas, seigneur de Lavé- rune. Sa veuve, Jeanne de Berger, la transmit par héri- tage à Hercule de Bocaud, président à la Cour des Comptes (testament du 7 septembre 1699). En 1726, le banquier François Périé l'acheta au président de Bocaud, et, en 1778, ses fils François et Jacques Périé la vendirent à Guillaume Bézard, négociant, au prix de 30 000 livres. Celui-ci la céda à son tour à la famille Bazille. L'immeuble, tel qu'il est présenté aujourd'hui, paraît être une construction du milieu du XVIIe siècle.

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sera plus tard membre du Conseil supérieur de l'agriculture, chevalier de la Légion d'hon- neur en 1866, officiér en 1875, sera élu séna- teur de l'Hérault en 1879, et recevra en 1887 la grande médaille d'or d'encouragement à l'industrie nationale, décernée tous les six ans, et attribuée précédemment à Boussin- gault et à Pasteur (1).

La famille Bazille fait partie de cette grande

(1) Gaston Bazille était le fils de Jean-Jacques Bazille époux de Laure Tandon, lui-même fils de Marc-Antoine Bazille, époux de Suzanne Fréjéfon, lui-même fils de Paul- David Bazille, époux de Magdeleine Albus, lui-même fils de David Bazille, maître orfèvre, époux de Suzanne Fraissinet lui-même fils de Pierre Bazille, maître orfèvre, époux de Magdeleine Mutanier, lui-même fils de Paul Bazille, maître arquebusier, époux de Jeanne Drilholle. La famille Bazille, que l'on croit être originaire de Montpellier, y était établie dès le xvie siècle. A la création (1779) de la Société des Beaux-Arts de Montpellier, subventionnée par les États du Languedoc, deux Bazille, l'un négociant, l'autre orfèvre, se trouvent parmi les membres fonda- teurs, aux côtés du maréchal Duc de Biron, du comte de Périgord, des archevêques de Narbonne et de Toulouse, de l'évêque de Montpellier. Le souvenir de Marc-Antoine Bazille, président de l'Administration centrale de l'Hé- rault, grand-père de Gaston, a été gardé à Montpellier, pour avoir adressé en 1798 une lettre au ministre de l'In- térieur pour lui demander d'accorder au muséum annexé à l'École de dessin de Montpellier « une part dans le superflu des riches collections de tableaux et de dessins dont Paris surabonde ». Requête qui, d'ailleurs, ne fut pas agréée.

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bourgeoisie protestante, spécifiquement mé- ridionale, toute pleine encore de souvenirs héroïques, et dont l'austérité est plus hautaine qu'hermétique. A cette époque, la société protestante forme encore une caste à part, vivant sur un pied d'égalité sociale absolue avec les catholiques, sans que les obligations, les relations municipales existant entre les deux confessions puissent fléchir en rien le préjugé qui, dans la vie privée, les contraint souvent à s'ignorer.

Le 6 décembre de cette année 1841, Mar- guerite Vialars, épouse de Gaston Bazille, mit au monde, en la maison conjugale, un enfant du sexe masculin, qui reçut les prénoms de Jean-Frédéric (1).

(1) L'an mil huit cent quarante et un, le sept décembre à onze heures du matin, dans l'Hôtel de Ville de Mont- pellier, devant nous, Alexandre Roume-Roy, chevalier de la Légion d'honneur, adjoint à la mairie, faisant par délégation du maire les fonctions d'officier de l'état civil, a comparu le sieur Jean-François-Gaston Bazille, pro- priétaire, âgé de vingt-deux ans, domicilié à Montpellier, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né le jour d'hier à neuf heures du soir dans la maison de son père, 11, Grand'rue, de lui déclarant et de dame Camille, Victorine-Marguerite Vialars, son épouse, âgée de vingt ans, domiciliée aussi en cette ville. Auquel enfant il a donné les prénoms de Jean-Frédéric. Lesdites déclara- tions et présentation ont été faites en présence des sieurs

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M. Gaston Bazille était, dans toute la force du terme, un juste. Il pouvait paraître grave, mais sa loyauté, sa générosité le faisaient apprécier de tous ceux qu'il approchait. Entre ce père équitable et bon et une mère très douce et très aimante, le petit Frédéric - traverse des jours heureux, que nul événe- ment saillant ne vient accentuer ; il croît en insouciance et en sagesse. A l'âge de cinq ans, il accompagne ses parents dans un voyage à Paris. Il visite avec eux le Jardin des Plantes et, la main guidée, écrit à sa grand'mère : « Papa jetait du sucre. Le gros singe le pre- nait, et le petit n'en pouvait point manger ; ça me faisait beaucoup de peine. » Ce n'est ni un enfant prodige, ni un enfant terrible. Ses facultés naturelles d'expansion sont per- pétuellement contenues par la réserve de son entourage, où l'on pousse très loin la pudeur du moindre sentiment. André-Maria-Frédéric Vialars, propriétaire, âgé de soixan- te-deux ans, aïeul maternel du nouveau-né, et de Marc- Antoine-Jules Bazille, propriétaire, âgé de vingt-neuf ans, son oncle paternel, tous deux domiciliés en cette ville. Et ont le père et les témoins signé avec nous le présent acte, après lecture faite.

F. VIALARS, JULES BAZILLE, GASTON BAZILLE, ROUME-ROY adjoint.

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Peu de temps avant la mort de son grand- père, Frédéric Vialars, il écrit à son père : « Fais tout ce que tu pourras pour guérir bon- papa, nous désirons beaucoup être près de lui pour le soigner. Nous voudrions bien qu'il se guérisse. Maman pleure tant qu'elle peut, tant ça lui fait de la peine. Je suis sage à la pension et appliqué. Je fais tout ce que je peux pour remplir mes devoirs et pour que tu soies bien content. »

Il a maintenant huit ans. Dans quelques mois, il entrera au lycée.

A ce moment, son mythe intime commence à se manifester. Il passe pour être paresseux ; il « s'applique », cependant, obtient, en cin- quième, deux seconds prix et un accessit de calcul, ce qui n'empêche pas son professeur de lui déclarer qu'il n'entrera jamais qu'à l'École polytechnique de Monte-Carlo. L'an- née scolaire suivante lui est encore moins fa- vorable : un unique accessit de narration le vient récompenser (1). On n'imprimera plus

(1) Interne au lycée impérial de Montpellier (M. Fabre, proviseur), il obtient en cinquième, dans sa deuxième division, un prix de religion protestante (M. le pasteur

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son nom dans les palmarès. Le lycée l'a ennuyé affreusement, parce qu'il s'y est senti enfermé ; il éprouvera jusque dans sa maison cette im- pression et ne s'installera pour apprendre ses leçons qu'à demi étendu, au troisième étage, sur le rebord de sa fenêtre, que sa mère, tremblante, ordonne aussitôt de barrer de fer.

Sa joie de vivre n'est complète que pen- dant les grandes vacances, celles surtout au cours desquelles il accompagne son père à Cha- monix et à Genève, voyage pendant lequel il écrit, n'ayant pas quinze ans, devant le Rhône : « On dirait du bleu de Prusse qui coule. »

Cette simple phrase témoigne qu'il est déjà au courant des choses de la peinture, et cela, bien probablement, parce qu'il approche Al- fred Bruyas, ami des siens, qui tient presque en face de chez les Bazille, en son logis du 8 de la Grand'Rue, un cénacle exceptionnel (1), où

Corbière, professeur), un deuxième prix de version latine, un quatrième accessit de calcul. En 1855-56, M. Jourdain proviseur, il passe de l'internat à l'externat, il obtient seulement un premier accessit de narration française.

(1) Il retrouve également chez Bruyas son cousin Louis Bazille, qui offrira à leur hôte un pastel de Delacroix pour la galerie qu'il donne à la ville ; il y rencontre encore, parmi

b les relations de sa famille, celui qui deviendra le beau-père de son frère Marc, et que Courbet appelle, dans une lettre

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trônent tour à tour Cabanel et Courbet, Cour- bet qui vient d'attaquer la lumière méridio- nale dans La Rencontre (1).

Mais ces échappées heureuses sont rares ; il n'achève ses études que pour en commen- cer d'autres. Bachelier ès sciences le 5 avril 1859, il prend en novembre sa première ins- cription à la Faculté de médecine. Il a exprimé son désir d'être peintre ; ses parents ne l'ont point entendu ainsi. Qu'il fasse de la peinture, ils l'admettront, à condition qu'il ait une si- tuation stable.

Il suivra donc pendant trois ans les cours de l'auguste institution, traversant pour s'y rendre des sites d'une très noble architec- ture. C'est l'hôtel Saint-Côme, radieusement

à Bruyas : « Votre charmant ami Louis Tissié », ainsi qu'un excentrique, Fajon, qui pose pour Courbet, et qui se déguisera en Arabe pour aller vendre du raisiné à Paris, et deux statuaires, les Baussan père et fils. C'est à Louis Tissié que Bruyas offre, en 1849, un portrait de lui par Glaize, portrait qui est actuellement la propriété de la famille Bazille.

(1) C'est pendant le séjour de Courbet à Montpellier que lui fut offert un banquet au bord du Lez, au cours duquel un toast fut porté « à ceux qui luttent ». Courbet, d'ailleurs, ne devait pas oublier la cité languedocienne, puisque, peu de jours avant sa mort, il exécuta de mé- moire un croquis du Peyrou.

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discret, ancien collège de chirurgie, dû aux libéralités de François de la Peyronie, et construit par Jean-Antoine Giral, auquel nous devons, ainsi qu'à Daviler, le Peyrou. Puis, du côté de la Faculté, un quartier de bâtisses colorées en bistre, en bleu, en rose, qui gardent un caractère d'estampe, à cause du cahotage de leurs toits presque plats, gaufrés de tuiles ocres et carminées, et de leurs petites portes cintrées, élargies parfois en devantures de boutiques. Contre la Faculté enfin, la cathédrale. Tours et murailles hautes, cylindres et cubes choisis et assemblés selon des directives transcendantales, décor d'émail multicolore, qui domine la ville basse, mais que surplombent les quartiers environnant le Peyrou, auxquels la joignent d'abruptes ruelles, chemins dont les vertigineux détours ménagent la saisissante impression d'englou- tissement qui émane du spectacle de ce majestueux sanctuaire, placé en contre-bas d'humbles façades.

En trois autres lieux se partagent les loisirs de Frédéric : la propriété de ses parents, sise sur les bords du Lez ; Méric, où habita Louis XIII en 1622, et d'où fut bombardée Mont-

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pellier, qu'il assiégeait. La ferme de Saint- Sauveur, qui appartient aussi à M. Bazille, et la plage de Palavas, dont elle est proche. Frédéric s'imprègne du caractère nettement languedocien de ces paysages, qui vont en quelque sorte subsister en lui à l'état latent.

A la Faculté, il est loin d'être un étudiant de valeur. Il est reçu à son premier examen avec la note « satisfait » ; il est ajourné au deuxième et reçut au troisième avec la même note que la première fois. Mais, le 30 juillet 1862, il quitte définitivement ses professeurs et ses camarades (1).

Entre ses cours, il est parvenu à prendre quelques leçons de dessin avec les Baussan, modeleurs de mince envergure, et ces leçons, agissant de pair avec l'effervescence créée à Montpellier par la présence de Courbet, n'ont fait qu'augmenter son désir d'aller travailler à Paris.

Des mois ont été nécessaires pour que M. et Mme Gaston Bazille se rangent à l'avis de leur

(1) Les professeurs de Baziîle à la Faculté de médecine de Montpellier furent MM. Golfin, Ribes, Bouisson, Dumas, Fuster, Martins, Jaumes Alquié, Dupré, Benoît, Anglade, Béchamps, Courty, Rouget.

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fils et se décident à le laisser partir. La Fa- culté de médecine de Montpellier a toujours été l'une des premières du monde ; Frédéric est heureux chez lui. Cette sorte d'exil ne s'explique que par le fait d'une volonté ten- due vers l'art. Ses parents cèdent enfin, mais demeurent intransigeants sur la question du doctorat en médecine.

Il arrive dans la capitale en novembre, et la nostalgie de la lumière le saisit aussitôt. Il est pourtant parti plein de vaillance, ainsi qu'en témoigne cette lettre écrite à sa mère, une demi-heure après avoir, pour la première fois, franchi le seuil de sa petite chambre : « Le 2 novembre 1862. En passant devant Méric, j'ai aperçu vos fusées d'adieu; tout le wagon était en admiration. A Lyon, j'ai visité le musée, qui contient de belles choses, mais qui est bien inférieur à celui de Montpellier. Je suis aussi allé voir les statues du Rhône et de la Saône, que je n'ai pas trouvées fort belles, malgré leur réputation... Ma chère mère, ne t'inquiète pas, je suis fort gai et fort heureux. »

Mais, désormais, son existence a changé.

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Presque tous les matins, c'est la brume ou la pluie d'automne, le ciel gris, presque autant que les pavés, et les maisons grises aussi, comme leurs toitures d'ardoises, inconnues chez lui. L'après-midi à peine commencé, la nuit se dilue, engloutissant la ville. Rien d'ana- logue aux soirs flamboyants de Méric ou du Peyrou ; un peu de clarté laiteuse ou soufrée parfois entre les nuages, l'humidité plus péné- trante, plus insensiblement glacée, les jours diminuent.

La solitude assombrit encore ses pensées. Il se met donc en quête d'un atelier où il sera susceptible de s'instruire. Par l'intermédiaire de M. Castelnau, son concitoyen, il échoue chez Gleyre : « J'ai commencé cette semaine à m'occuper à arranger mon train de vie. M. Bou- cher Doumenecq, l'ami de M. Eugène Cas- telnau, peintre (1), a eu la complaisance de me présenter chez M. Gleyre, peintre. Nous sommes allés dans son atelier particulier, il m'a beaucoup regardé de la tête aux pieds, mais ne m'a pas adressé la parole ; il parait

(1) Castelnau (Alexandre-Eugène), Montpellier, 1827- 1894. Artiste-peintre dont le musée de Montpellier con- serve deux toiles.

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qu'il est ainsi avec tout le monde, par timi- dité. J'ai commencé à dessiner, mais ce n'est qu'après-demain que je fais mon entrer so- lennelle à l'atelier ; il paraît que l'on va se moquer de moi, mais cela m'est assez égal.

« Lundi. — J'ai fait aujourd'hui mon entrée à l'atelier, et il m'a fallu payer la masse, c'est- à-dire 30 francs, plus trois mois d'avance : 30 autres francs, ce qui, ajouté aux 15 francs que j'ai payés pour ma bienvenue, a for- tement baissé ma caisse... Mon entrée à l'atelier s'est effectuée sans trop d'encombre ; on m'a fait chanter ; on m'a fait tenir sur une jambe, etc., etc., toutes choses ennuyeuses, mais on va me laisser tranquille maintenant ; j'ai commencé une académie dessinée, et j'ai vu avec plaisir qu'il y avait beaucoup d'élèves de ma force, ou plutôt de ma fai- blesse... »

Il organise sa vie très régulièrement, par- tageant ses heures de travail entre l'atelier et la Faculté, et ses rares loisirs entre le théâtre et la musique, qu'il aime avec passion. « Ne crois pas que je reste à ne rien faire, je

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787-6-32. — CORBEIL. IMPRIMERIE CRÉTÉ.

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