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Before Saison 2 (French Edition)ekladata.com/W4NGYMyI4cXF_WGwy3GPU3Mz33g/Before-Saison-2...Mais bon, elle a quand même l’un des plus beaux culs que j’ai jamais tenus dans mes

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GalleryBooksUndépartementdeSimon&Schuster,Inc.

1230AvenueoftheAmericasNewYork,NY10020Celivreestunefiction.Touteréférenceàdesévénementshistoriques,despersonnesoudeslieuxréelsseraitutiliséedefaçonfictive.Lesautresnoms,personnages,lieuxetévénementssontissusdel’imaginationdel’auteur,ettouteressemblanceavecdespersonnagesvivantsouayantexistéseraittotalementfortuite.Copyright©2015byAnnaToddL’auteurestreprésentéparWattpad.Tousdroitsréservés,ycomprisledroitdereproductiondecelivreoudequelquecitationquecesoit,sousn’importequelleforme.Titreoriginal:BeforePremièreédition:GalleryBooks,décembre2015GALLERYBOOKSetcolophonsontdesmarquesdéposéesdeSimon&Schuster,Inc.Couverture:©Simon&SchusterUK.Logoinfini:©GrupoPlaneta–ArtDepartmentPourlaprésenteédition:©2016,HugoetCompagnie34/36,rueLaPérouse75116ParisOuvragedirigéparIsabelleAntoniISBN:9782755625684

LAPLAYLISTDETessaETHardin. .«NeverSayNever»parTheFray«Demons»parImagineDragons

«Poison&Wine»parTheCivilWars«I’maMess»parEdSheeran«Robbers»parThe1975

«ChangeYourTicket»parOneDirection«TheHills»parTheWeeknd«InMyVeins»parAndrewBelle

«Endlessly»parTheCab«Colors»parHalsey

«BeautifulDisaster»parKellyClarkson«LetHerGo»parPassenger«SaySomething»parAGreatBigWorld,ft.ChristinaAguilera«AllYouEver»parHunterHayes

«BloodBank»parBonIver«NightChanges»parOneDirection«ADropintheOcean»parRonPope«HeartbreakWarfare»parJohnMayer«Beautiful

Disaster»parJonMcLaughlin«ThroughtheDark»parOneDirection«Shiver»parColdplay«AllIWant»parKodaline

«BreatheMe»parSia

. .

DEUXIÈMESAISON

PARTIEII

Pendant

J

1Toutesavie,ils’étaitconstruitunesolitudequil’empêchaitdesouffrir.Maislafilleprenaitchaquejourunpeuplusdeplace,tropdeplace.Elleconnaissaitmaintenantunepartiedelavéritésursonpère,la

part positive d’une vie en deux actes. La part sombre, il était le seul à la connaître et ne voulait pas la partager. Il ne voulait pasl’entraînerdanslechaosdesonenfance,dontelleauraitforcémentenviedel’aideràsortir.Sansl’ombred’undoute.Celaluifaisaitmald’avoiràchoisirentreladouleurqu’illuicauseraitengagnantleparietcellequ’elleprovoqueraitendémêlantles

nœudsdesonpassé.Ilavaitdécidédepartir.

. .

eviensàpeined’arriverdansmachambrequandjereçoisuntextodeMolly:ZEDEST AVECMISSBARBIEVIERGEDANSLACHAMBRE.RAMÈNETESFESSES,TOMBEUR.

Enécrivantmaréponse,jemedemandepourquoic’estMollyjustementquimevientenaide…QUOI?COMMENT TUSAIS?Putain,serait-elledemoncôté?JENESUISPASUNEBALANCE.Jepeuxpresqueentendresontonmoqueurtraverserl’écran.J’enfilemesbootsnoirs,l’intérieuren

estusé,maisj’attendsdelesruinercomplètementavantd’enchanger.Jelesaidepuisdesannéesetn’aijamaisrientrouvéd’aussiconfortable.Jesensquej’aiobtenudeMollytoutcequejepouvaissavoir,doncavantdemettreunpieddehors,

j’envoieuntextoàSteph:TESSAEST AVECZED?Saréponseestimmédiate:NANPASICI

Jesaisqu’ellement.J’écraselepiedcontrelapédaled’accélérateur.Putain,jenepeuxpaslaisserfaireZed.

. .Quandj’ouvrelaporte,TessaestsurlelitdeStephavecZed.Sonlitàelleestinoccupé.Unpetitlit,

avecZed.StephetTristansontlàaussi.Tessaestjusteassise,riendeplus,maisquandmême.ElleestavecZed.Surunlit.SurunlitavecZed.ÇasonnecommelapiredesrimesduDrSeuss1.Çamerendcomplètementfou.–Hémec,tupourraisfrapperunefoisdetempsentemps.Stephjoueladébile.Ellesavaittrèsbienquejedébouleraisici.Ellevoulaitquejelesache–c’est

pourçaqu’ellel’aditàMolly,j’ensuissûr.JesuisjusteétonnéqueMollym’enaitparlé.Stephmeregardeetsemetàrire.–J’auraispuêtreàpoil!Auraitpu?Aété,sesyeuxmalicieuxmelefontcomprendre.Ouais,jel’aivuecomplètementnue.

Etjesaisquesesseinssontmoitiépluspetitsquel’effetproduitparsessoutiens-gorgerembourrés.Maisbon,elleaquandmêmel’undesplusbeauxculsquej’aijamaistenusdansmesmains…J’avancedanslachambreetbalance:–Çan’auraitpasétéunedécouverte.TessaetTristantirenttouslesdeuxunetêtededixpiedsdelong.

–Oh!Tais-toi.Stephrigole.Elleadoreavoirl’attentionqu’ellerechercheenpermanence.–Vousfaitesquelquechose,lesgars?Jem’assiedssurlelitdeTessa,enfaced’eux.Aumoins,Zedn’estpassursonlit.Jesupposeque

c’estunesortedesoulagement…d’unecertainemanière.Àl’autreboutdelapièce,Zedafficheungrandsourire.Bordeldemerde,pourquoisourit-il?–Onvoulaitallerauciné.Tessa,tuviens?Tessameregarded’abord,puistournelatêteverslui.Ellesemblenerveuse.Elleestsurlepointde

direoui!Avantqu’ilnesoittroptard,j’interviens:–Enfait,Tessaetmoiavionsdesprojets.JefixeZedensigned’avertissement.Ilclignelentementdesyeuxcommepourmedéfier.Tristanne

ditpasunmot.Ilneveutpassemêlerdenoshistoires.C’estunmecbienenfait.Saufqu’ilsortavecunevraiegarce.–Quoi?s’exclamentStephetZed,àl’unisson.–Ouais,jesuisvenulachercher.MaisTessanebougepasd’unpoil.Elleresteassise.–T’esprêteouquoi?Ellesembleenpleinconflit,commesielleluttaitavecelle-même.Alorsquejem’apprêteàmedéplacerpourlaconvaincre,ellesecouelatêteetselèvedulit.–Bon,ben,àplustardlesgars!MavoixesttropforteetjepousseTessadehorssivitequ’ondiraitquejesuissouscokeouuntruc

danslegenre.Dehors, Tessame suit en faisant de petits pas rapides pourme rattraper. Ses jambes sont plutôt

grandesetsescuissesunpeuépaisses.J’imaginelestenirentremesmainspendantquejelaprends,penchéesurlecapotdemavoiture.J’essaiedenepaspenseràçaquandellesetrouvesiprèsdemoi.Monmembreestdouloureux, ilmesupplied’imaginer ladouceurdesapeauetcommej’aimeraisjustelaserrercontremoi…J’interrompslecoursdemespenséesquandjecomprendsquenoussommesarrivésàmavoiture.

Je lui ouvre la portière du côté passager.Mais pour une raison quim’échappe, je vois qu’elle nebougepas.Aulieudeça,ellerestelà,lesbrascroisés,cequimetsesseinsenvaleur.Elle cherche sûrement à me montrer qu’elle est en colère, mais là tout de suite, elle est juste

hypersexy.Jelaregarded’unairsarcastique:–D’accord,jemesouviendraideneplusjamaist’ouvrirlaportièreàl’avenir…Ellesecouelatête,etjesensqu’ellevaexploser.–C’étaitquoi,ça?Jesaispertinemmentquetun’espasvenumechercher,tuvenaisàpeinedeme

direquetunevoulaispassortiravecmoi!Ellehurleàprésent.Jejetteunœil,leparkingestloind’êtredésert.Ellenesemblepasremarquer

lesgensautourdenous.Tessan’apourtantpasl’aird’êtrelegenredefillequisedonneenspectacle,mêmesic’estladeuxièmefoisquenousnousengueulonsenpublic.Ellemerendcomplètementdingue.–Si,jesuisvenupourça.Maintenant,montedanslavoiture.Jefaisunsignepourluiindiquerdegrimperàl’intérieur,quej’aientièrementnettoyé–elleferait

mieuxdemonter.Maisellemelance,suruntondedéfi:

–Non!Siturefusesdereconnaîtrequetun’espasvenupourmevoir,jerentreimmédiatementetjevaisaucinéavecZed!C’estquoisonproblème?Elleditquejesuisgrossier,etvoilàcommentellemetraite?Hypocrite

ethargneuse,voilàcequ’elleest.Putain,maisjerépondsquoiàça?Devrais-je lui dire queMollym’a prévenu ? Bordel, non – Pinkie neme balancera plus jamais

aucuneinfo.EtpourquoiTessamemenacerait-elledesortiravecZed?Serait-elleaucourantdupari?Est-elledanslecoupavecSteph?Jene saispratiquement riend’elle, et là je lui trouveunpetit air absent. JepariequeSteph lui a

parlé.–Reconnais-le,Hardin,oujem’envais.Jen’arrivepasàdiscernersiellesejouedemoioupas.Ellesemblevéritablementcontrariée,ses

narinessedilatent–c’estplutôtcomique.Jevaismettreçasurlecomptedesonegoblessé.–Ok,d’accord.Jel’admets.Maintenant,montedanscettefichuevoiture.Jenevaispastesupplier.Je veux remporter le pari, mais c’est en train de devenir vraiment compliqué. Et je n’ai pas

l’intention dem’investir davantage si c’est pour que ce soitmon pote qui remporte la victoire. Jemonteducôtéconducteurtoutenlaissantlaportedesoncôtéouverte,sielleveutmonter.Sanssurprise,elles’exécute.Quandjesorsduparking,jesuishyper-énervé.J’avaisannulécerencard–j’étaisprêtàpartir–et

pourtant,voilà,jemeretrouveavecellemaintenant.Matêteestsurlepointd’exploseretmonespritbouillonnedeconfusion.D’uncôté,j’aienviedehurleretdebaissertouteslesvitrespourévacuerlescrisquim’étouffent,maisde l’autre, jesensuneformed’apaisementmonterenmoi, lentement,unapaisement empreint de sérénité. Je mets la musique pour arrêter de gamberger. Ça marched’habitude:desmecschantant,ouplutôthurlantdesparolessurlamortetleurdépressionàcoupsdecoupletsrépétitifs–avecdessolosdebatterietonitruantsquiaccentuentlarage.Tessa,quinesemblepasapprécierSlipknot2,tendlebraspourl’éteindre.Elleaducran,putain!–Netouchepasàmaradio.–Situdoistemontreraussidésagréable,jenevaispasmebaladeravectoi.Tessa me menace. Elle s’enfonce dans le siège en cuir pour rendre la situation encore plus

dramatique.–Ok,maisnetouchepasàmaradio.J’aidumalàrespirer,etmapaniquesenoiedanslebruit.Quandjetournelatêteverselle,jelavois

fixerlaradio,lesyeuxpleinsderage.Cettevisionatténueinstantanémentmamauvaisehumeuretmedonneenvied’éclaterderire,mêmesicen’estsûrementpaslemeilleurmomentpourfaireça.–Qu’est-cequetuenasàfairequej’ailleaucinéavecZed,d’abord?StephetTristanyallaient,eux

aussi.Tessarelèvelementonpoursoulignersaremarque.Oh,commeunesoiréeentrecouples?Nan,maisc’estquoiça?–JenepensepasqueZedaitdebonnesintentions.Commejenesaispasquoiajouterd’autre,jefixelaroute.Aprèsquelquessecondesd’unsilencepesant,Tessasemetàrigoler.Qu’est-cequiclochechezelle

?–Oh,parcequetoi,oui?Zedestgentilavecmoi,luiaumoins.

Ellenes’arrêteplusderire.Zedestgentilavecelle?Gentil?Ilapariéqu’ilpourraittedépuceler,chérie,maiscen’estpasunechoseàluidire.Sansdouteparcequemoiaussi.Jenedisplusunmot,Tessarestesursesgardes.Puisellecriepar-dessuslamusique:–Pourrais-tubaisser,s’ilteplaît?Jefaisunsignedetêteetmedisqueçalamettrasansdoutedemeilleurehumeur.–C’estvraimenthorriblecettemusique.Jesavaisqu’ellen’aimeraitpas;ilsuffitdelaregarderpoursavoirqu’elleécouteuncertaingenre

demusique.Totalementopposéaumien.MesdoigtspianotentsurlevolantetjeremarquequeTessafaitlamêmechosedistraitementsurses

cuisses.–Pasdutout.Maisçam’intéresseraitdesavoircequetuconsidèrescommedelabonnemusique.Jesourisenpensantàsaplaylistd’adolescente:’NSync,JessicaSimpsonet,sansaucundoute,des

morceauxdecetteépouvantablefilledugroupeMotherEngland.Çadoitêtreàpeuprèstout.Elleréfléchitàlaquestionquelquessecondes.–Ehbien,j’aimeBonIver,etaussiTheFray.–Çanem’étonnepasdetoi.Ungroupecathoetl’autrehipsteràmort.Riendebiensurprenantetpasassezpuissantpourmoi.–Qu’est-cequetuleurreproches?Ilsontuntalentfouetleurmusiqueestformidable.Elle a l’air complètement passionnée.Quandmes yeux croisent les siens, elle détourne la tête et

regardeparlafenêtre.–Ouais…ilsontuntalent.Unsuper-talentpourendormirlesgens.Tessamedonnegentimentunetapesurl’épaule.C’estunechoseétrangequelescouplesfonttoutle

temps,maispersonnenemel’avaitjamaisfait.–Detoutefaçon,c’estcommeça,jelesadore.Ellesouritfièrement.Ellesemblepasserunbonmoment.–Oùva-t-on?–Dansundemesendroitspréférés.Jene luidonnepasderéponseprécise.Elleestbien tropcurieusemais,commejem’yattendais,

elleinsiste.Elleesttropobsessionnellepours’enempêcher.–Etc’estoù?–Tuveuxtoujourstoutsavoiràl’avance,hein?J’essaiederenverserlasituation.–Ouais…j’aimebien…–Toutcontrôler?Ellegardelesilence.Jedécidedelaissertomberpourlemoment.Jeneveuxpasluimettrelapression.–Jetelediraiunefoisquenousyserons…c’est-à-diredanscinqminutestoutauplus.Alorsquenouscontinuonsderouler,Tessaregardeautourd’elle,désorientée.Jevoisqu’ellelutte

pour contenir sesquestions.Elle essaiede sedétendre, et çame facilite les choses.Puis je la voisfixerquelquechosesurlabanquettearrière.–Ilyaquelquechosequitefaitenviederrière?Jelataquine,etellesecouelatête.Unemèchedeseslongscheveuxtombesursonépaule,maiselle

larepousse.Sescheveuxontl’airsidoux.Jemedemandesic’estuneblondenaturelle.Jerepenseàsamèreetsuiscertainqueoui.–Qu’est-cequec’estcommevoiture?Ellefixeseschaussures.–UneFordCapri,c’estunevoitureancienne.J’aimemavoitureplusquemoi-même,etjesuishyper-fierdel’avoir.Tessaengagedoucementla

conversationtandisquejeluiparledesdétailstechniquesdemavoitureetdesaconduitesilencieuse.Ellesouritenhochantlatête.Mêmesijenesuispassûrqu’ellecomprennetoutcequejedis,c’estparticulièrementagréabledeparleràquelqu’undenormal,pourunefois.Quelquesminutesplustard,jetournelatêteverselleetlasurprendsentraindem’observer.Jesens

unepressionmonterderrièremanuqueetramperlelongdemacolonnevertébrale.Tropproche.Elledevienttropproche.C’estunjeu,Hardin.Traite-lacommeunpion.Jedétestequ’onmedévisage.J’essaiedegarderunvisageneutre.Elleestsicurieuse,etjesuisentraindemerendrecomptequej’aimeçaplusquejenelevoudrais.

J2

’emprunte un dernier chemin sinueux et arrête la voiture au bout d’un sentier gravillonné,surplombé de grands arbres. J’adore cet endroit ; personne ne vient jamais ici, et c’est parfait

commeça.Surtoutparunebellejournéecommeaujourd’hui.Ilestsirarequ’ilnepleuvepasdanslaPéninsule Olympique. Le ciel maussade est l’une de ces choses auxquelles j’étais habitué, ayantgrandiàHampstead;lesoleilsemontraitrarementpendantlasaisonautomnale.Tessaobservelesalentours,puisfroncelessourcils.–Net’inquiètepas,jenet’aipasamenéeicipourtetuer!J’essaiedeluiarracherunsourire;noussortonsdelavoiture.Elleposesonregardsurlechampdefleurssauvagesjaunes.Sesépaulessedétendentunpeu.Àquoi

pense-t-elle?–Qu’est-cequ’onestvenusfaireici?–Premièrement,unpeudemarche.Tessasoupireenmesuivantsur lecheminde terre,autrefoisunsentierherbacé.Elleadéjà l’air

renfrogné.Àquoiest-cequejem’attendais?–Pastropdemarche.Ellen’apasconfianceenmoietsembleêtredemauvaispoilaujourd’hui.Vasavoirquandnel’est-

ellepas?Monattentionseportesur lesnuagesdepoussièrequeformentmesbootsenfrappant lecheminsecetpoussiéreux.LespasdeTessasontsilencieux.Elleestd’unelenteurincroyable.–Bien,sionsedépêche,onpourrapeut-êtrearriveravantlecoucherdusoleil.Jelataquinealorsquenousatteignonsunarbreautourduquelestattachéunvéloabandonné,signe

quenousavonsdéjàparcourulamoitiéduchemin.Ilrestedoncenvirondeuxkilomètres.Passimal.Tessa ralentit encore, mais quand nous atteignons la rivière, son visage affiche une expressionradieuse. Elle reste sans voix, la bouche entrouverte et les yeux écarquillés. Comme si ce simpleruisseauaumilieudesboisétaitmagique.Aime-t-elleseulementnager?J’auraissûrementdûluiposerlaquestion.Je reste silencieux et la laisse prendre ses marques avant de lui demander quoi que ce soit.

Maintenantquenoussommesseulstouslesdeux,jen’arrivepasàpenseràunquelconquefoutusujetdeconversation.Peut-êtredevrais-jejusteallerdansl’eau?Tessan’apasbougéd’unpoil.Elledonnedespetitscoupsdanslapoussièreavecsachaussurepouréviterdemeregarder.Putain,quellesituationgênantedemerde!Jevaismebaigner.Quandj’ôtemont-shirt,jediscerneuninévitablepetitgémissementdanslabouchedeTessa.Ellene

parle pas beaucoup,mais chacun de ses états d’âme s’accompagne d’un son particulier.Un soupirquandellesourit,unrâlequandelleestencolèreetungémissementquandelleestexcitée.–Pourquoitutedéshabilles?Je crois qu’elle ne se rend pas compte de lamanière dont elle fixema poitrine. Elle se racle la

gorgeetcontinue:–Tuvastebaigner?Là-dedans?Elle pointe l’eau du doigt avec un air de dégoût.Bien évidemment,Mademoiselle Prude n’a pas

enviedemouillersesvêtementsnisescheveux.–Ouais,ettoiaussi.Jefaisçatoutletemps.

JefaissauterleboutondemonjeanpendantqueTessacontinuedeseplaindre.Ellenecessedemefixertandisquejemedéshabille.–Horsdequestion.Jenemebaignepaslà.L’eauestplusclairequedanslamajoritédeslacs.Cequiestprécisémentlaraisonpourlaquelleje

nesupportepascesfillescoincéesetsnobs,effrayéesàl’idéedesesaliroudesecasserunongle.–Etpourquoipas?Elleestsiproprequ’onpeutvoirlefond.Jemontrel’eauscintillante.Jepensaisqu’elleseraitplusimpressionnéequeça.Lefaitdenejamais

savoiràquoiellepensemeperturbe.–Etalors…ilyaprobablementdespoissonsetDieusaitquoilà-dedans!Ellehurle.Despoissons?Sérieux?C’estdoncçaquiinquiètecettefilleétrange?–Enplus,tunem’aspasprévenuequenousallionsnousbaigneretjen’aipasdemaillot.–Tuveuxmefairecroirequetueslegenredefillequineportepasdesous-vêtements?Tuvois,

alorstupeuxtebaignerenculotteetsoutien-gorge.Jeluisouris,crevantintérieurementd’impatiencedelavoirdansuntelattirail.Jesaisqu’ellenele

ferajamais.Lacolèregranditdanssesyeuxgristandisquej’attendssaréponse.–Jenevaispasmebaignerensous-vêtements,espècedemalade.Jevaisteregarder.Etelles’assiedsurl’herbe,auborddelarive.Ellecroiselesjambesetsourit.Denouveau,ellefixemoncorps.Cette fois, elle arrête son regard sur la forme que prend ma queue dans mon boxer. Ses joues

rougissent.Ellefaitminederegarderailleursetfaitsemblantdejoueravecdesbrinsd’herbequ’elletripoteentresesdoigts.Jecrieavantdesauterdansl’eau:–Tun’espasmarrante.Etenplustuteprivesdequelquechose!Puutaiiiin,l’eauestplusfroidequejepensais.Jenageverslariveopposée,làoùlesoleiltapetoute

lajournée.Latempératurechangeradicalement.–Elleestsuper-bonne,Tess!Tessalèvelesyeuxdesontasdebrinsd’herbes.Elles’ennuieàmourir,etjenesaisabsolumentpas

quoifaire.Ellenesebaignerapasavecmoi–jesuiscenséfairequoi?–Jusqu’ici,c’estpastrèsmarrantd’essayerd’êtreamiavectoi…Ellelèvelesyeuxaucieletexposesonvisageausoleil.–Enlèveteschaussuresetviensaumoinstetremperlespieds,situneveuxpasnager.Bientôtilfera

tropfroidpourtebaigner.Finalement,Tessaacquiesceet retire seschaussuresen lesdisposant soigneusementàcôtéd’elle.

Seschaussuressontvraimentbizarres–ondiraitdesboutsdetissuscotchésàunmorceaudecarton.Impossible qu’elles soient confortables. Elle roule ensuite le bas de son jean etmordille sa lèvreinférieureaumomentdetremperunorteildansl’eau.Je m’attends à ce qu’elle râle mais au lieu de ça, un large sourire illumine son visage. Je lui

demande:–Alors,elleestbonne,non?Elleregardeautourd’elleetpenchedenouveausatêteverslesoleil.–Allez,vienstebaigner.Jeplongematêtedansl’eaupourlaconvaincredemerejoindre.Quandjeremonteàlasurface,Tessasecouelatête.Elleneveuttoujourspassebaigner.MonDieu,

que cette femme est compliquée ! Je l’éclabousse, et elle hurle en reculant dans l’herbe. C’est lapremièrefoisquejemeretrouvedanscetendroitavecquelqu’un;c’estunpeuétranged’avoirdelacompagnieici.Que puis-je faire pour la décider à venir ? La journée entière sera gâchée si elle refuse de se

baigner.Ilfautquejenégocieavecelle.Maisqu’exigera-t-elleenretour?Cen’estpaslegenredepersonneàfairedescompromis…–Si tu viens dans l’eau, je promets de répondre à une de tes questions indiscrètes. Celle que tu

voudras,maisrienqu’une.Je lui propose cette idée à voix haute au moment où elle me vient à l’esprit. Elle est tellement

curieusequeçadevraitmarcher.–L’offreexpiredansuneminute.Jedoisluiimposeruntempslimiteouonrisqued’ypassertoutecettefoutuejournée.Jedisparais

sousl’eauenretenantmarespirationetnagequelquesmètresplusloin.JepariequeTessaestentraindemefusillerduregardàlasurface.Cettepenséemefaitrire,etjemanqueboirelatasse.–Tessa– j’aimerais justequ’ellecessederéfléchirautant,bordel–arrêtede teprendre la têteet

saute.Ellebaisselesyeuxverssesvêtements.– Je n’ai rien pour me changer. Si je saute dans l’eau tout habillée, je devrai rentrer avec des

vêtementstrempés.–Prendsmont-shirt.Àmaproposition,ellefroncelessourcilsetregardeleboutdetissuenquestionposésurl’herbe.–Allez,metsmont-shirt, ilestassez longpourquetu tebaignesavec,et tun’asqu’àgarder ton

soutien-gorgeettaculotte,siçatechante.J’apprécieraisvraimentqu’ellenegardepassessous-vêtements,maisc’estellequidécide,biensûr.Tessaregardeautourd’elle,prenantenconsidérationl’eauainsiquemoncorpsàmoitiénu,avant

definalementramassermont-shirtsurlesol.J’aigagné!–D’accord,maistourne-toietnemeregardepaspendantquejemechange…jeneplaisantepas!Quellepetitepimbêche!Elleposesamainsursahanchepoursedonnerunecontenance.Ça y est, le petit lionceau enragé est de retour. Je rigole, puis elle fait ce truc bizarre avec ses

hanches,enlesbasculantd’avantenarrière.Elleretiresonhauttoutencoinçantmont-shirtentresescuisses.Jemedétournerapidement.Jesuisungentleman–parfaitement.–Dépêche-toi,bonsang,sinonjemeretourne.Impatient, je lui faiscette remarqueaprèsavoircomptédansma tête jusqu’à trente. Je la regarde

furtivementpendantqu’elleplieetdisposesonjeanenparfaitelignedroiteavecseschaussures.C’estunevraiepsychopathed’alignerseschaussurescommeça.Uninstant,jemedemandecommentelleréagirait si jebalançaisseschaussuresdans l’eau.Elleserait folle. Je retiensunsourireet regardeenfin son corps. Ses jambes sont bronzées – c’est la première chose que je remarque.Mon t-shirtépouseparfaitementsoncorps.Putain,àcausedelatailledesesseins,let-shirtretombeàpeinesurlehautdesescuisses.Jepincel’anneaudemalèvreentremesdentsetapprécielavuequis’offreàmoi.–Hum…tuviensdansl’eau,ouiounon?Vas-y,saute!Jemeraclelagorgeetmeretiensdefixerlehautdesescuisses.–J’arrive,j’arrive.–Prendsunpeud’élan.

–Ok.Tessa respire un grand coup, puis se met à courir maladroitement vers l’eau, raide comme un

piquet.Ellepousseuncriperçant,secouvrelevisageenatteignantleborddelabergeets’arrêtenet.–Ohnon!Tuétaissibienpartie!Meséclatsderirerésonnentdansl’espacequinoussépare.Jelaregardedenouveau.Ellemefixe

ensouriantsouslesrayonsdusoleil.Çameperturbe.Quesommes-nousentraindefaire?Rigolerensembledansuncoursd’eau?C’estquoiça?OndiraitunfilmdeNicholasSparksoùlecouplequisedisputeestsimignonquelabande-annonceserépandcommeunetraînéedepoudresurInternet.Desfemmeslasséesdeleurquotidienquiespèrentavoirtrouvéunhérosderomanpourlessauver.Quellesconneries!Etellesfinissentsystématiquementavecunmaridemerdequin’enaurarienàfoutred’ellesetquiferatoujourspassersapetitepersonneavantsafemmeousafamille.–Jenepeuxpas!Ellesembleassezagitée.Aurait-ellepeurdel’eauenréalité?Seigneur.–Tuaspeur?–Non…jenesaispas.Si,unpeu.Jem’avanceverselle,puisprendsappuisurungrosrochersousl’eau.–Assieds-toiaubord,jevaist’aideràdescendre.Jelarejoinstandisqu’elles’assiedplusprèsdemoi.Elletentedecachersaculotteenserrant les

jambes,etj’appréciel’effort.C’estbienladernièrechosedontj’aibesoinmaintenant,unedistraction.Mesmainsagrippentsescuisses,etmaqueuedurcitinstantanément.Putain,c’estsafauteaussi!Ellen’aqu’àpasavoirdescuissessidoucesetattirantesquimedonnent

envied’yplongerlatête.–Prête?Je prends une grande inspiration et remonte jusqu’à sa taille. Ses hanches se fondent dans mes

mains,et je luttecommeun forcenépourgardermoncalme.Mesmainsmedémangent. J’aienvied’empoignerseshanches,delafairebasculeretdelaprendrelà,toutdesuite.C’est quoimon problème ? Je ne suis pas aussi excité d’habitude.C’est sa candeur et son corps

affolant?Oubienest-celechallengedelaposséder,pourbattreZed?Sapeauestbrûlantequandellerentredansl’eau.Jelalibère.L’eauluiarriveàpeineàlapoitrine.

Elleécartesesmainsdevantellepourenapprécierlafraîcheur.Ellealachairdepoule,etlespetitespointessursapeausontaccentuéesparlesrayonsdusoleil.–Nerestepasplantéelàcommeunpiquet.J’aibesoinquetubougespourquejenepassepastoutecetteputaindejournéeàtefixer.Elle fait semblant de m’ignorer, mais s’engage tout de même vers le milieu de la rivière. Elle

s’avanceetl’eauclairepénètresouslet-shirtquiremonte.Avantmêmequej’aieletempsderegarderailleurs,Tessaleremetenplaceettiredessusdumieuxqu’ellepeut.–Tuferaisaussibiendel’enlever.C’estclairquejenem’enplaindraispas.Tessa fronce le nez et donne une grande claque dans l’eau – putain, viendrait-elle juste de

m’éclabousser?Mêmesiçamefaitchier,jedoisbienreconnaîtrequeçam’amuse.–Tuasosém’éclabousser?Tessaéclatederireetrecommence.

Jesecouemescheveuxdégoulinantsetbondissurelle.Jelasaisisparlatailleetlafaiscouleraumomentoùsapetitemainremontepoursepincerlenez.Ellesepinceencorelenez?J’explosederire.–Jenesaispascequiestleplusdrôle,lefaitquetut’éclatesoulefaitquetutepinceslenezsous

l’eau.J’arriveàpeineàarticulertellementjeris.Tessas’avanceversmoiavecleregardd’unefemmeinvestied’unemission.Soudain,elletentede

m’enfoncerlatêtesousl’eau.C’estunetentativecomique.Assez.J’essaiedenepasfaireattentionaut-shirtquiflottemaintenantautourdesoncorps.Jenebougepas.Ellesemoqued’elle-même.Jemebidonne tellement que j’en ai des crampes d’estomac. Son rire est si doux ; ilme fait penser auxfleurssauvagesjaunesnousavonsaperçuesenarrivant.–Aufait,tudoisrépondreàunequestion,sijemesouviensbien.Jesavaisqu’ellen’oublieraitpas,maisj’aijustecruqu’elleattendraitunpeupluslongtemps.–C’estjuste.Unequestion,uneseule.Ellevasûrementmedemanderuntrucdébiledugenre«est-cequetestatouagest’ontfaitmal?».

J’observelabergeetmeprépareàcetteintrusiondansmavie.Savoixbriselesilence:–Quiaimes-tuleplusaumonde?C’estquoicebordel?C’estquoicegenredequestion?C’estvraimentbizarre,putain.Jen’aipasenvied’yrépondre.Je

n’aimêmepas de réponse.Àprésent, jememéfie encore plus d’elle et de ses conversations avecLandonsurmoi.Aimer?Quij’aimeleplusaumonde?Quiest-cequej’aimeleplus?Ehbien,j’aimemamère,jesuppose.Jeneluiaipasditdepuisdes

années,maisc’estquandmêmemamère.Çadoitêtreàpeuprèstout,exceptémoi-même.C’estmoique j’aime le plus. Je ne pense pas que « jem’aime plus que tout » serait lameilleure réponse àdonner,etpourtant.Néanmoins,jerépondsfranchement:–Moi-même.Ado,jenefaisaispaspartiedecesmecsquiavaientdespetitescopines.Doncjen’aipaseubesoin

d’êtrehypocriteendisantdefauxjet’aimeavantque,commen’importequid’autredumêmeâgequemoi,jesachevraimentcequecesmotssignifient.Jereplongesousl’eauquelquessecondesetlaisselecerveaudeTessaconstruiresespropreshypothèsesàcesujet.Saréponsearriveàlasecondeoùjeremonteàlasurface:–Jenetecroispas.Ettesparents?Et là, d’un coup, elle dépasse les bornes. Tessa Young n’a aucune putain de limite quand elle

commenceàposerdesquestionshyper-intimes.Sonregardestdouxetseslèvressontentrouvertesdansl’attentedemaréponse.Maisjehaissonregardpleindepitié.Arrêteça,Theresa.–Neparleplusjamaisdemesparents,d’accord?–Excuse-moi.C’étaitde la simplecuriosité.Tuétaisd’accordpour répondreàunequestion. (Sa

voixvacille.)Jesuisvraimentdésolée,Hardin.Jenet’enparleraiplusjamais.Jenesaispassijepeuxlacroire.Ellepréparequelquechose,jelesens.Elleestbientropintuitive

etinsistante.Jenelaconnaismêmepas,etellenesaitriendemoi,çac’estclair.Pourquois’autorise-

t-elleàmedemanderdestrucsaussipersonnels?L’après-midivaprendrel’unedecesdeuxdirections:onpeutsedisputerjusqu’àcequ’elleserue,

enragée,danssondortoir,oubienjelaséduisetluidonneenviederesteravecmoi.Je choisis ladeuxièmeoption. Jepréfère autantnepas faire le chemindu retourdansun silence

gênant.J’approchemesmainspour laprendrepar la taille.Soncorpsmesemble légerquandje lasoulèvehorsdel’eauetlajettequelquesmètresplusloin.Ellepoussedespetitscrisetagitesesbrasdans les airs comme un oiseau. Puis elle surgit à la surface, les cheveux ruisselants et les yeuxexorbités.Heureuse.Çaauraitpusepasserautrement,maisd’unefaçonoud’uneautrejel’airendueheureuse.–Tuvasmelepayer!Elle hurle joyeusement en nageant versmoi.Elle pense vraiment avoir une chance de riposter ?

Tessa s’approche encore plus près demoi, l’eau ruisselle sur son visage, sa peau estmouillée etluisante.Pourquois’avance-t-ellesiprès?Jedéglutislorsqu’ellecroisesesjambesautourdematailleetredressesoncorpspours’alignerau

mien.Jesuiscensémaîtrisercettesituation.Toutàcoup,elleseraiditetdécroisesesjambes.–Excuse-moi.Non,non.Jelessaisisetlesremetsenplaceautourdemataille.C’esttellementbondelasentircontremoi,si

chaude.Quandellepassesesbrasfrêlesautourdemoncou,unevaguedepaniquem’envahit.Je laregardeettentededéchiffrersonintention.C’estimpossible.–Qu’est-cequetumefais,Tess?Jepassedoucementmonpoucesursalèvreinférieuretoutetremblante.Sonsoufflechauds’évade

endelentesetprofondesrespirations.Legoûtdesaboucheestencorefraisdansmamémoire.J’aibesoind’ygoûterencore.–Jenesaispas…Ellenesaitpas.Jenesaispasnonplus.Aucundenousn’ad’emprisesurcequisepasse,ettoutpeut

dégénérertrèsvite.C’estcequejeveux.Cettefillesait-elleseulementàquelpointelleestsexy?Sait-ellequelasimpleformedesabouche

suffitàmefaireimaginerdeschosestrèscochonneslaconcernant?VisualiserTessaàgenouxdevantmoi,sabouchepulpeusegrandeouverte,salanguehumideetimpatientedemerecevoir,demefairedubien. J’ai envied’enfoncermon sexeentre ses lèvres etde l’exciter commeundingue. Jepeuxrendresoncorpscomplètementaccro,toutcommeellearendulemien.Saboucherosepâle,avecsalèvre supérieure gonflée, est hallucinante. Comme celles d’un personnage de dessin animé. Unpersonnagesexy,biensûr,commeJessicaRabbit.Putain,jeperdslatête.C’estpasbon.Heureusementquejen’aiaucunscrupuleàêtreunconnard.–Ceslèvres…quandjepenseàtoutcequ’ellespourraientfaire…Jem’arrêteetrepenseàlamanièredontsaboucheaspiraitlamiennedansmachambre.–Tuveuxquej’arrête?Je plonge mon regard dans le sien pour y trouver des signes de nervosité. Ses cuisses sont

fermementenrouléesautourdemoncorps,etjeprendsçacommeunnon.Jeluidonnequandmêmequelquessecondesdepluspourmerépondreavantd’attaquer.Ellepresseencoreplussoncorpscontrelemiensousl’eau.–C’estimpossibled’êtreseulementamis,tut’enrendscompte,hein?Àcesmots,elleprendunecourteinspirationtandisquejemepencheverselle.Meslèvresfrôlent

doucementsoncou,prèsdesonmenton.Sespaupièressontàmoitiécloses,etjedéplacemabouchesursesjoues,glissantsursapeaumouilléeavecdouceur.Quandj’arriveaupointsensiblejusteau-dessousdesonoreille,ellepousseungémissementquimesurprend.–Oh!Hardin.Cesmotsm’envoientunvéritableélectrochoc.Lesonestsirauque,commeunedemande.Demoi.

Je la retienscaptivedansmesbras,etmoncœurs’emballeà l’idéedem’enfoncerenelle.Ellen’ajamaisétébaiséeavant,pourtantjesuissûrqu’elles’estdéjàdonnéduplaisirtouteseule.Jeveuxl’entendregémirmonnom,encore.Toutcommej’aibesoindegoûteràsabouche,encore.–Jeveuxt’entendregémirmonnom,Tessa,encoreetencore.Laisse-moifaire.Jenereconnaisplusmavoixquilasupplie.Iln’yapasunbruit,hormisceluidesesprofondesrespirationsetdespetitsclapotisde l’eauqui

s’agitentenvaguelettesautourdenoscorps.Ellefaitouidelatête.–Dis-le,Tessa.Jeprendslelobedesonoreilleentrelesdentsetmordilledoucementsapeau.Ellegémitetbascule

contremoienhochantfurieusementlatête.Unhochementdetêtenesuffirapas,Theresa.Tuenasenvie,alorsdis-lemoi.–J’aibesoinquetuledises,Bébé,àvoixhaute,pourêtresûrquetuleveuxvraiment.Mesmainssedéplacentetremontentsousmont-shirtquicouvresoncorps.–Jevoudrais…Lesmots sortent de sa bouche en se bousculant. Je souris dans son cou brûlant. Elle soupire. Je

considère ces deuxmots comme une invitation suffisante. Je tiens fermement son corps contre lemien,maisellesecontractenerveusementàl’idéequejepuisselalâcher,sansdoute.Jecommenceàmarcherverslabergepoursortirdel’eau,Tessaaccrochéeàmoi.Sescuissessont

ouvertes,etellesecollecontremaqueueplusdureàchaquepasquejefais.En atteignant la berge, je la relâche et elle pousse un gémissement.Ce son envoie une décharge

directementdansmonbas-ventre.Jegrimpesurlabergeetmeretournepourl’aideràsortirdel’eau.Ellemerejoint,lesyeuxrivéssurmontorse.Jel’observetandisqu’elleregardeletatouagesurmonventre,unarbremortencrédansmapeau.Elledétestesûrementmestatouages,ellequivientdejenesais quelle ville de puritains. Sa mère catho lui a probablement enseigné que les gens avec destatouagesétaientlemalabsoluetdévoraientlesâmesouuneconneriedanslegenre.Tessaasûrementétéhabituéeàvoirletorseàlapeautoutelisseetparfaitementsoignéedesonpetit

ami. Je l’observe attentivement tandis qu’elle continue de me fixer en essayant de décoder montatouage.Soncopainn’enapas,j’ensuiscertain.Iln’ad’ailleurssûrementpaslamoindrecicatricesursapeau,nidanssonâme.Jem’écarted’elle,etellerestedebout,dansl’attentedemesinstructions.Jenesuisplussûrdecequejeveuxfaireavecelle.Ellefixetoujoursmapeau…Pourquoiest-elle

encore en train de fixerma peau ? Et, plus important encore, pourquoi est-ce que çame dérangeautant?J’aifaitcestatouagespourmoi,paspourqu’unemeufmejuge.

Etpourquoisuis-jeentraindemejustifier,bordel?Jen’enaijamaisrieneuàfoutredecequelesfemmespouvaientpenserdemoi.Jenepensequ’àlesbaiseretàlesfairejouirsousmescaresses,c’estentrenousunjeumutueletconsenti.Arrêtedepenser,Hardin.Jesuiscommeelleenfait,àtroppenseràtout.Qu’est-elleentraindeme

faire?Jevaisdroitaubut:–Tuveuxqu’onlefasseici?Oudansmachambre?Devrais-je labaiser ici? Jepourrais l’allongerdans l’herbe,écarter sescuisseset lui fairecrier

monnompendantquejedessineraisdepetitscerclessursonclitorisavecmalangue.Tessahausselesépaulestandisquej’ajustemonboxer.–Ici.–Tuespressée?Jesensl’attractiondesoncorpsverslemienetmedemandesiellelesentaussi.Jesaisqu’elleest

excitéeparmoi,c’estévident.Maisressent-ellecettemêmeirrésistibleenviedemetoucher?–Viensici.C’estunordre.Elles’exécute,lesjouesrouges,ets’avanceversmoienfaisantdespetitspaslents.

Plusvite…J’aienviequ’ellesedépêche.Jen’aipaslapatiencedejoueràcespetitsjeuxdeséductionmaintenant–j’aibesoindelasentir.

J’aibesoinqu’ellemesente.Jevaislabaiserici,surl’herbe.Jevaisl’allongerlàetcaresserchaquecentimètrede soncorps incroyablement excitant.Mon t-shirtnoir est trempé, complètementmoulésursoncorpscommeungantenlatex.Jedoisleretirer.Jem’emparedubasdut-shirtetlesoulèvepar-dessussatête.Enleverdelamatièremouilléen’est

pasunetâchefacile;ondiraitqu’ilveutrestercolléàelle,commemoijelesouhaiteaussi.Lapremièrepartiedelajournéeétaitconsacréeàsesbesoins,faireleschosesàsamanière,passer

un moment simple et sympa avec moi. La seconde partie se jouera à ma manière. Je n’ai pasl’habitudedefairelaconversationoud’êtrequestionnésurquij’aimeleplusaumonde.Cequej’ail’habitudedefaire,c’estmeservird’uncorpssensuelpourmedonnerduplaisir.

J

3Ilétaitsurlepointderemporterlepari.Ilétaitmûrpourgagner.Puisilcompritqu’iln’étaitpasdutoutmûrpourelle.

. .’étalelet-shirtmouillésurl’herbeenguisedecouverturepourqu’ellepuisses’allongerdessus.Mesdoigtstremblentquandjeluiordonne:

–Allonge-toi.Jel’aideàs’installersurlesoletm’allongeprèsd’elle.Jeprendsappuisurmoncoudepourmieux

laregarder,sapoitrineopulenteofferte,sapeaulégèrementhâléequiscintilleausoleil.Ondiraitunepommerouge,juteuseetbrillante,quiattendquejelacroque.J’aivubeaucoup,beaucoupdefemmesbienplusdénudéesqu’elleà l’instant,maisputain,Tessaestcarrémenthorscompétition.Alorsquej’admirelacourbeallantdeseshanchesàsesseinssaillants,deuxpetitesmainstententd’interrompremonchampdevision.Jemeredresse;l’herbeestdouce,c’estl’undesseulsavantagesdelafoutuepluied’ici.J’attrapesespoignets,lesmaintiensécartésetlaregardedroitdanslesyeux.–Netecachejamais,pasavecmoi.–C’estjusteque…Sesjouesdeviennentrougesetelledétourneleregard.Jenelalaissepasterminersaphrase:–Non,jeneveuxpasquetucachestoncorps–tun’aspasàenavoirhonte,Tess.Ellen’apasl’airconvaincue.Quiestresponsabledesonmanquedeconfianceenelle?–Jesuissérieux,regarde-toi.–Tuessortiavectellementdefilles…Je savais qu’elle lancerait ce sujet. Qu’est-ce que ça peut bien lui faire que j’aie couché avec

d’autres filles ; nous ne sommes pas en couple et ne le serons jamais. Aucune des filles que jedraguais n’était comme Tessa ; certaines d’entre elles lui ressemblaient, mais d’habitude, je nem’intéresse pas aux filles innocentes et vierges. J’aime les femmes d’expérience qui saventexactementcommentmebaiser.Jenesuisleprofdepersonne.Surtoutpasdanscedomaine.HormisNatalie.Sapetitevoixagaçanterésonneencoreaufonddematête.Natalie,lagentillefille

de l’église, aucul trop rondpournepasêtreadmiréet auxcheveuxnoirscommedupétrole.Ellemanquaittellementd’expériencequ’ellen’arrivaitmêmepasàmettreunpréservatifsurmabite.Touslesdimanches,elleallaitaucatéchisme,chaquesemainedepuisqu’elleétaitsortiede l’utérusdesamère,etpersonneneluiavaitenseignéça.JeregardeTessadenouveau.–Aucunecommetoi.Ellesemblenerveuseetsidélicieusementpurequej’aienviedem’enfoncerenelle.–Est-cequetuasunpréservatif?Tessachuchotepresquequandelleprononcelemot«préservatif».Ena-t-elledéjàvuun?Natalie

oui,maisseulementdanslenoir.Pourquoisuis-jeentraindepenseràNatalie,bordel?JepourraisbaiserTessamaintenantet remporter lepari. Jepourraispénétrersoncorpschasteet

obtenircepourquoijesuisvenuici.Ellemeregardeintensément.Elleattend.Elledoitpenserqueje

suislegenredemecquiemmènedesmeufsicipourlesniquerdanslesbois.Etenparticulier,cellesquin’ontjamaisrienfaitavant.–Unpréservatif?Jerigoleetdécideàl’instantmêmedenepaslabaiserici.Mêmesij’enaienvie.–Jen’aipasl’intentiondecoucheravectoi.–Oh!Tessasembleembarrassée.Elleselève.–Oùvas-tu?Pourquoipense-t-ellequenousdevrionspartirparcequejenelabaisepas?–Oh…maisnon,Tess,cen’estpascequejevoulaisdire,c’estsimplementquetun’asjamaisrien

fait…jeveuxdireriendutout.Donc,jenevaispascoucheravectoi.Jetented’évaluersiellemecroit,puisajoute:–Aujourd’hui.Sesjouesrougeécarlateretrouventuneteinteàpeuprèsnormale.–Ilyabeaucoupd’autreschosesquejeveuxtefaireavant.Putain, ilyena tellement.Jevaisfaireensortequ’ellemesuppliedeles luifairedécouvrir.J’ai

besoinquesoncorpss’abandonnecomplètementsousmescaresses.Ellem’appartiendratoutentièreàcemoment-là.Elleestallongée,là,soncorpsoffertetprêt.Jevaismesurpasserpourelle.Jem’allongesurelle.Elletrembleunpeuquandquelquesgouttesd’eauruissellentdemescheveux

sursonvisage.Jesourisenlavoyantfermerlesyeuxdansl’attented’autresgouttes.–Jen’arrivepasàcroirequepersonnenet’aitjamaisbaiséeavant.Jepensevraimentchacundecesmots.J’aienviedepressermoncorpscontrelesienpourqu’elle

aitunaperçudecequil’attendquandçaarrivera.Jeprendsappuisurmoncoudeetcaressesoncou,puis fais courir doucementmesdoigts entre ses seins volumineux. Ils sont si doux, si gros que jepourrais les baiser, et débordent largement de mes mains. Ses tétons durs comme de la pierreattendent quema bouche les suce. Si je commence à la caresser vraiment, je n’arriverai jamais àgardermabitetranquille.Dieumerci,elleporteunsoutien-gorge.Mes doigts parcourent son ventre doux et moelleux. Elle frissonne et soupire. Ils s’aventurent

ensuitevers sachattemouilléeà la recherchedesonclitoris. Jecoincesonpetitboutonentremonpouceetmonmajeuretluidemande:–C’estbon?Ellenerépondpas.Sonsexeesttrempéetgonflédedésir;soncorpss’abandonnesousl’effetde

cette simple caresse. Je commence à peine à luimontrer ce que je peux lui faire ressentir. Jemepencheverslebasdesoncorpseteffleureseslèvresdesmiennes.–Est-cequec’estmeilleurquequandtulefaistoi-même?Je relâche sonclitoris et insèreun seuldoigt enelle. Jemedemandecequi luidonneduplaisir

quandelleestseule.Est-cequ’ellejouitensemasturbantouensedoigtant?J’ail’impressionqu’elleestplutôtclitoridienne,toutsimplement.–Alors?–Q…quoi?–Quandtutecaresses.Est-cequec’estaussibon?Ellenemerépondtoujourspas…Pourquoineveut-ellepasmeledire?C’esttellementbandantetexcitantdel’imaginerdanssonlit,lesjambesécartéesetsespetitsdoigts

entraindelacaresser.Contraintedefaire lemoinsdebruitpossibleparcequesacolocdort,maisarrivantjusqu’àl’orgasmeensecouvrantlabouched’unemain.Parfois,quandilesttroppuissant,jel’imaginemordresalèvrecharnueetretenirsesgémissementstandisqu’ellereprendconscience.J’aibesoin de savoir comment elle s’y prend.Mais elle continue de me fixer comme si ma tête étaitdevenueincroyable.Jeluiaijustedemandécommentellesemasturbait.Oh.Jecomprendssoudainqu’àl’évidence,MademoisellePrudenes’estjamaistouchée.–Attends…nemedispasquetun’asjamaisfaitçanonplus,si?Jecontinuedelatitillertoutenmedélectantdesentirlefruitdesonexcitationcoulerlelongdemes

doigts.–Tuestellementréactiveàmescaresses,tellementmouillée.Ellepousseungémissement.Cesonestsublime,putain.Jem’attardedenouveausursonclitoriset

lepressedoucementavantdelefaireroulerentremesdoigtshumides.–Qu’est-cequec’était…ça?Tessa gémit plus qu’elle ne parle. Toute résistance semble s’être désormais envolée sous mes

caresses. Je continue de titiller son clitoris. Je le frotte et le fais rouler entre mes doigts tout endessinantdepetitscerclesavecmonpouce.Tessarespiredeplusenplusfort.Sesjambesseraidissentet je sens qu’elle y est presque. Si proche. J’ai hâte de la voir perdre le contrôle devant moi. Jen’arrivepasàcroirequ’ellen’ajamaisressentil’extasequ’offrelesexe.Putain,elleestpasséeàcôtédequelquechose.Sondossecambredansl’herbe,projetantsesseinsplusprèsencoredemonvisage.J’aimeraislui

donnerjusteunpetitcoupdelangue.Iln’yapasdemalàça.Si,pourtant.Celamedéconcentrerait. Je l’embrasseencore,profondémentcette fois,et luidonne

exactementcedontelleabesoin.Jesuisentraindeluifairevivrequelquechosequ’ellen’ajamaisexpérimentéauparavant.Elleestsurlepointdeperdrepiedcomplètement,etc’estmoiquiensuislacause.Mescaresses.Moi.J’introduismamain libredanssonsoutien-gorgeetm’emparede l’undesesseinsparfaits. Je le

malaxepourluifaireressentirplusd’unesensationàlafois.Sesjambessemettentàtrembler.–C’estça,Tessa,jouispourmoi.Jel’encourage.Elleestallongéedansl’herbe,lesdentsenfoncéesdanssalèvreinférieure,lesjoues

écarlatesetlesyeux…sesyeuxsontsifougueux,putain.–Regarde-moi,Bébé.Jelasupplieenmordillantlapeaudesesseins.–Hardin…Savoixrauquemeforceàlaregarder.Elleestsisexy,tellementbandante,sansmêmelevouloir.Elle m’attire plus près d’elle et prononce mon nom. Elle respire si fort tout en essayant de

reprendrecontenance.–Tuasuneminutepourrécupérer.Endisantcesmots,jeretiredoucementmamaindesaculotte.Unedernièrecontractionprovoquée

parsonorgasmeagitesonventreoùmamain repose.Ellesoupire,et j’essuiemesmainssurmonboxer.Jebandetellementmaintenantquemavuesebrouille.Elleestrestéeallongée,uneexpressionbéate

surlevisagecommesiellevenaitdevivreleplusbeaumomentdesavie.Elleaimeraitdavantage,je

lesais.Dieusaitàquelpointjevoudraisluiendonnerplusdanslaseconde.Chaqueparcelledemoncorpsmeurtd’enviedes’introduireenelle.Jeveuxl’entendregémiretsentirsonsexeserréautourdumien.Pasaujourd’hui.Jenepeuxpas.Jemelèveetrécupèremonjeanainsiquemeschaussuressur la

berge.JesensqueTessanemelâchepasduregardpendantquejemerhabille.–Onrepartdéjà?medemande-t-elled’unepetitevoixhésitante.Veut-ellequejelafassejouirencore?Elledevientgourmandemaintenantqu’ellesaitlegenrede

sensationsincroyablesquesoncorpspeutressentir.–Ouais.Tuvoulaisresterpluslongtemps?–C’est juste que je pensais… je ne sais pas. Je pensais que peut-être tu voudrais que je te fasse

quelquechose…On dirait qu’elle se sent humiliée. Pourquoi ?Regrette-t-elle déjà dem’avoir permis de la faire

jouir?J’auraisdûm’endouter.Tessa se tourne et recouvre son corps.Elle essaie déjà dem’échapper.Attends, elle a dit qu’elle

pensaitquejevoudraisquelquechose.–Ohnon!Çava.Putain,j’aimeraistellementsentirtalanguebouillantelécherleboutdemaqueue,maisçanefait

paspartieduplan.Au lieu de ça, pour être sûr qu’elle comprenne bien que je vais vraiment apprécier quand ça

arrivera,j’ajoute:–Pourlemoment.Tessaacquiesceavantderenfilersonjeanetsont-shirt.L’observer remettre ses vêtements m’embrouille l’esprit. J’ai envie de remettre ça et de la

déshabiller encore. Elle s’agite sur ses talons comme si une sensation désagréable la démangeaitentre les cuisses. Elle ne devrait pas avoir mal ; je ne l’ai pas pénétrée. Elle n’a sûrement pasl’habitudedesesentirhumideàcetendroit.Cettepenséemefairerireetm’exciteàlafois.

. .–QUELQUECHOSENEVAPAS?Jeluiposelaquestionenm’engageantsurlesentiergravillonné.Lesoleilalégèrementdéclinésur

l’horizon,etl’airestdevenuplushumide.Ilvabientôtpleuvoir.–Jenesaispas.Pourquoies-tusibizarre,maintenant?Bizarre?Commentça?–C’estplutôttoiquiesbizarre.–Non,tun’aspasditunmotdepuisque…tusaisbien.Elleestbeaucouptroptimidepourdireleschosesfranchement.Jem’enchargeàsaplace.–Depuisquejet’aidonnétonpremierorgasme?–Euh…oui.Depuiscemoment-là,tun’aspasdesserrélesdents.Tut’esrhabilléetnoussommes

partis.J’ail’impressionquetutesersdemoiouquelquechosecommeça.Seservird’elle?Pourquoifaire?

Oh,jemesersd’elle.Bordeldemerde.Maisellen’ensaitrien.Cesontsimplementsesdoutesquiluifontcroireça.–Quoi?Biensûrquenon?Sijemeservaisdetoi,j’auraisobtenuquelquechoseencontrepartie.Jerisàmoitié.Quandjemetourneverselle,ellenerigolepasdutout.Sesyeuxsontrougesetunelarmecoulesur

sajoue.Putain.Ellepleure?–Tupleures?Qu’est-cequej’aidit?Je ne la comprends pas. Pourquoi est-elle si émotive ? Et surtout, pourquoi suis-je en train de

culpabiliser?Elleinterprètetoutmal.Elleasipeud’estimepourmoi,maisjenepeuxpasvraimentluienvouloir.Elleestsisensible.–Jenevoulaispastefroisser…excuse-moi.Jenesaispastrèsbiencequ’onestcensésfaireaprès

s’êtrepelotéscommeça,etpuisjen’avaispasl’intentiondetelarguerdevanttachambreetdepartirdemoncôté.Jepensaisqu’onpourraitpeut-êtredînerensembleouautrechose?Jesuissûrquetumeursdefaim.Je pose ma main sur sa cuisse. Elle me sourit et le poids dans ma poitrine disparaît presque

instantanément.–Alors,qu’est-cequetuvoudraismanger?Jenesaispasoùl’emmener.Jen’aijamaisdéjeunéseulavecunefemme.C’esttriste,jesais,mais

aveclesfemmes,jepasseleplusclairdemontempsailleurs.Tessa attrape ses cheveux emmêlés et les relève sur le dessus de sa tête en chignon. J’aime bien

quandsescheveuxsontcoifféscommeça…çamepermetdemieuxadmirersonvisage.–J’aimeàpeuprèstoutsijesaiscequec’est,exceptéleketchup.–Tun’aimespasleketchup?JepensaisquetouslesAméricainsadoraientça.Quellefilleétrange!–C’estpossible,maismoijetrouveçadégoûtant.Elleparaîtsisûred’elle,sifièreetdéterminée,enévoquantsondégoûtduketchup.C’estamusant.Ellerigoleavecmoi.–Justeunrepasnormal,alors?Lesilencedanslavoituredevienttroppesant.Jeluidemande:–Qu’est-cequetucomptesfaireaprèslafac?Merde,jeluiaidéjàposécettequestion.Putain,jesuisnulpourfairelaconversation.– J’ai l’intention de partir directement à Seattle. Je voudrais trouver un boulot dans unemaison

d’éditionoubiendevenirécrivain.Jesaisquec’estidiot,mais…Ellebaisseleregardetfixesesmains.Cen’estpasidiot;jepartagelemêmerêve.–Maistumel’asdéjàdemandé,tutesouviens?–Cen’estpasidiot.Jeconnaisquelqu’unauxÉditionsVance,cen’estpasàcôté,maistupourrais

peut-êtreposertacandidaturepourunstage.Jepourraisenglisserunmotaupatron.Vancetueraitpourengagerquelqu’und’aussibrillantqueTessa.–Quoi?Tuferaisçapourmoi?Ellen’enrevientpas.Jel’entendsautondesavoix.–Ouais.Sansproblème.Jehausselesépaules.Jedétestecettesoudaineattentionportéesurmoi.JesensTessas’agitersur

son siège. Ce n’est pas compliqué d’aider quelqu’un à obtenir un stage chez Vance. J’aideraisn’importequi.Vraiment.–Waouh,merci.Sérieux,j’aibesoindetrouverunboulotouunstagerapidement,etça,ceseraitle

rêve.Elletapedanssesmains.Littéralement.Commeuneenfantquivienttoutjustedegagnerunepeluche

géanteàlafoire.Çamedonneenviedesourire.

. .TANDISQUEJEMEGARE,Tessa sembleunpeuhésitante concernant ledîner. Je la rassureen

descendantdelavoiture.–Onmangesuperbienici.Lerestaurantestpresquevidequandnousnousinstallons.Unevieillefemmeimposantenousapportelesmenus.Jetentederegarderpartoutautourdenous

pournepascroiserleregarddeTessa.Unefoisnosplatscommandés,elleengage laconversation.Elleessaied’ensavoirplussurmon

enfance,maisjenelalaissepasfaire.Ellelaisseéchapper:–Monpèrebuvaitbeaucoup;ilnousaabandonnéesquandj’étaisplusjeune.Jenerépondsrien.Enfronçantlessourcils,jefixemonassietteetessaiedenepasl’imaginerpetite,

entraindesecacherdesapropreversiondemontarédepère.Surlecheminduretour,jerestepensifetconcentremonattentionàdessinerdespetitscerclessurla

jambedeTessaavecmesdoigts.–Tuaspasséunebonnesoirée?Saquestionestpleined’espoir.Nousarrivonssurlecampus.J’aipasséunebonnesoirée,ça,c’estsûr.J’aimeraisenpasserd’autresavecelleoùellegémirait

monnompendantquej’introduiraismesdoigtsenelle,encoreetencore.Maisaulieudeça,jeluidis:–Ouais,trèsbonneenfait.Écoute,jeteraccompagneraisbienjusqu’àtachambremaisjen’aipas

enviedesubiruninterrogatoireenrègledelapartdeSteph…Jemetournesurmonsiègepourluifaireface.Ladéceptionselitsursonvisagebienqu’ellelutte

pourconserverunsourirecrispé.–Jecomprends.Onseverrademain.Ilyaduregretdanssavoix.Jevoisqu’ellen’apasenviedepartir,etcettepenséemeplaît.Elleme

regarde fixement et attend que je dise quelque chose. Je ne parle pas mais avance la main pourrepousserunemèchedesescheveux.Jen’aipasgrand-choseàdire,maisjeveuxlatoucherencore.J’ai envie de ressentir cet apaisement intensequem’apporte son contact.Elle pose sa jouedans lecreuxdemamain.Ellesembleplusjeune,plusouverteetsurlepointdes’offriràmoi.Jel’attrapeparlebrasetluifaissignedes’approcher.J’aibesoindelasentirplusproche.Elles’exécute,grimpepar-dessus l’accoudoir et s’assied à califourchon surmes genoux. Son corps est encore chaud del’après-midiensoleillé.LesdoigtsdeTessatracentavecconvoitiselecontourdestatouagesdemonventre, qu’elle devine à travers mon t-shirt. Chacune de ses caresses m’envoie une déchargeélectrique.Malanguejoueaveclasienne,aspiranttoutcequ’ellemedonne.Jepassemesbrasderrièresondos

etlaserrefortcontremoi.Cen’estpasassez.J’aibesoindeplus.Jenesuisjamaisrassasiédecette

fille.Mesmainsparcourentsonventrechaudquandnoussommesinterrompusparlaplusodieusedessonneries.–Encoreunedetesalarmes?L’écrandesonvieuxtéléphoneestpetit,maisassezgrandpourquejepuisseylirelenom:NOAH.Soncherpetitcopain lycéenl’appellealorsqu’ellese trouvedansmavoiture,sa languedansma

bouche.Elleappuiesur«ignorer»etmesourit.Sérieux?Finalement,ellen’estpasaussiinnocentequejelecroyais.Unseulorgasmeaurasuffiàluienlevertouteconsciencemorale.Jecomprendsalorsqu’elleneluidirajamaisriendecequis’estpasséaujourd’hui.Pasunmot.Elle

vam’embrasser,sortirdelavoitureetappelersonpetitcopainBCBGàpeinelepiedposédanssachambre.Elle luidiraqu’elle l’aime,et luiaussi.Puiselle luiadressera lemêmesourirequeceluiqu’ellefaisaitquandjel’embrassais.Ellepassesalanguesurseslèvresetsepenchepourm’embrasserdenouveau.Non,non.–Jeferaismieuxd’yaller.Jesoupireenfixantlepare-brise.Jelasenssurladéfensive.–Hardin, je n’ai pas répondu. Je lui parlerai de tout ça. C’est juste que je ne sais pas quand ni

commentluidire…maisjeleferairapidement,jetelepromets.Ehbien,j’avaistortconcernantsamoralecorrompue.Maisc’estencorepirequetout.Elleapassé

l’après-midiavecmoi,etmaintenantelles’apprêteàrompreavecsonamourd’enfancedansl’espoirquejeleremplace?Non,non.Non.L’atmosphèreécrasantedelavoituremeprendàlagorge,alorsqueTessaattenduneréponsedema

part.–Luiparlerdequoi?Je le lui demande, tout en sachant pertinemment que je ne devrais pas avancer davantage sur ce

terrainminé.–Detoutça…Sesmainss’agitentdansl’airconfinédelavoiture,etjesuissurlepointd’étouffer.Oùavais-jela

tête en faisant toutes ces conneries avec elle ? J’aurais simplement dû la baiser. Pas de petit dînermignonàdébattreautourduketchup.Pasdediscussionsurnotreavenir.Maintenantelleveutcequetouteslesfemmesveulentàchaquefois,fairepartiedemavie.Ellesemontelatêtesielles’imaginequ’unetellechosepuissearriver.–Denous.Elleemploiedesmotscommenous,etc’esttropflippant,putain.–Nous?Tun’espasentraindemedirequetuvasrompreaveclui…pourmoi,si?Àprésentondiraitqu’ellepèsepluslourdsurmesgenoux.Voilàpourquoilesviergesnesontpas

montruc,mêmeNatalienel’étaitpas;elleavaitperdusavirginitéavecunmecdesonéglisepour«l’expérience».Tessafroncedessourcils,confuse.–Tuneveuxpas…quejelefasse?Putain,noussommessurunepenteplusqueglissante.

–Non.Pourquoituferaisça?Jeveuxdire,situveuxlelarguer,vas-y,maisnelefaispaspourmoi.–C’estjusteque…jepensais…–Jetel’aidéjàdit,jenesorsavecpersonne,Theresa.Elletressaille,blessée.Lasituationestentraindedevenirencoreplusdésastreusequeprévu.D’un

côté,j’aimeraispouvoirluidirequejenecherchepasàêtreunconnard,quec’estenracinéenmoi,danschacunedemescellules,quecen’estpasdemafaute.Nidelasienne.Saufquec’estdemafaute–c’estdemafautesijenepossèdepas,mêmepasuneinfimepartiedecetrucquifaitquelesgensontenviedes’accoupleretdevivreheureuxpourtoujoursenbatifolantdansleschamps.Jen’ensuistoutsimplementpascapable.–Tuesrépugnant.Elledescenddemesgenouxetramasserapidementsonportableetsonsac.Cettesoudainesensation

devidemeperturbe.Toutcommecetoragegrisfoncéquienvahitsesyeux.Ellehurleens’écartantdemoi.–Net’approcheplusdemoi,àpartirdemaintenant…etjeneplaisantepas!LavoixdeNatalieprononçantexactementcesmêmesmots,lesyeuxremplisdelarmes,retentitdans

matête.LesyeuxdeTessabrillentaussi,maisellesecontientparfierté.Noussommespareilsdanscedomaine ; cette énorme fierté irrationnelle que nous possédons tous les deux pourrait êtredangereuse.Tessaouvrelaportedelavoitureetensortsansmêmeseretourner.Elleclaquelaportièreaussi

fort que possible et se dépêche de traverser le parking. Je redémarre immédiatement la voiture etallumelaradioàfond.J’aibesoindebruitpourfairetairel’ouraganquiseformedansmatête.Mesmainsmedémangent,monespritcogiteàtoutevitesse.Natalie,Theresa,Natalie,Theresa.Nataliese tenaitdeboutsous leporchede lamaisondemamère,àHampstead.Elle tenait,pressé

contresapoitrine,unsacdelivrescouvertsdepapierfleuri.Sesyeuxétaientrougispardegrosseslarmes.Elleparlaitensanglotant:–Jet’enprie,Hardin.Jen’ainullepartoùaller.Elle me suppliait. Un nuage de buée se formait dans l’air froid devant elle chaque fois qu’elle

ouvraitlabouche.Jen’arrivaispasàlalaisserentrer.Jenepouvaispas.J’avaisapprisquesafamilleet son église l’avaient exclue, l’éjectant en même temps de ses deux refuges permanents. Elleparaissaitsijeuneàcemoment-là;sesyeuxbleusbrillaientdansl’obscuritétandisqu’elleattendaitdésespérémentquejechanged’avis.Jenel’aipasfait,pourtant.Putain,jenepouvaispas.Ellenepouvaitpasresterchezmoi.Mamère

n’étaitpratiquementjamaislà,etjemeseraisretrouvéseulavecellelerestedutemps.Qu’aurais-jepufaire?Jenevoulaisrienavoiràfaireavecelle,etmêmesij’enavaiseuenvie,jen’auraispasétéd’unetrèsgrandeaide.Monalcoolodepèrel’auraitréveilléeentitubantdanscettemaisonquisentaitle moisi tant les murs et le mobilier étaient imprégnés de fumée de clope. Où dormirait-elle s’ilrevenaittoutàcoup?Ilétaitpartidepuisplusieursannées,maismonespritpuérildegaminpensaitqu’ilpouvaitrentreràtoutmoment.Quelimbécilej’étais!Finalement,ilestrevenudansmavieetvitdansunegrandemaisonavecsonadorablepetitefamille,

et jehais lenombrede foisoùcettepenséeme traverse l’esprit. J’aidéménagédansunautrepayspourvivreplusprèsdelui,etmaintenantputain,ilenvahitmespenséestouslesjours.Unbruitdeklaxonmeramèneàlaréalité.Mesyeuxnesontpasconcentrés;lemondeau-delàdu

pare-briseesttrouble.Jecligneplusieursfoisdesyeuxetrèglelevolumedelaradio.Ilfautquejem’arrêtesurlebas-

côté.Ma poitrineme fait mal. Desmartèlements forts et constants sont en train deme broyer del’intérieur, faisant vibrer mes os. Des gouttes de sueur perlent sur mon visage. Ou serait-ce deslarmes?Gêné,jelesessuied’unreversdelamain.–Merde!Mon cri traverse l’atmosphère pesante. J’ai besoin d’air.Magorge se serre, j’ouvre engrand la

portièredelavoiture.L’airfraisprintanierpénètredanslevéhiculeetapaisemarespiration.LevisagedeNatalieapparaîtalorsdistinctementdansmonesprit.CeluideTessalerejoint.Lesdeux

fillessemoquentdemoi,ricanentetmetourmentent.Ellesseréjouissentdupouvoirqu’ellesontsurmoi.LesourirecomplicedeTessaestéclatant,etceluideNataliedisparaît.Putain,maisqu’est-cequim’arrive?IlfautquejeresteloindeTessa.Peuimportentcefoutuparietl’airridiculequej’auraiquandZedgagnera.Zed.Ilestlàleproblème.Jenepeuxpassupporterl’idéequ’ilpuisselaposséder.Soncorpsàlapeau

luisantedesueurquandilseserrecontreelle.Jefermelesyeuxetécrasemesjouesbouillantescontrelevolantfrais.Dansquelbordeljemesuis

fourré?

. .

QUAND JERETOURNEENCOURS, Tessa n’est pas assise à sa place. Son siège est vide, toutcommeceluideLandon. Jem’installeetprendsmon téléphone.Un textodeLoganmeproposedeprendreunverreàl’heuredudéjeuner.Jedéclinel’invitationetrangemonportabledanslapochedemon jean noir. Il est un peu serré,mais çame va.Mes jambes sont trop longues pour porter descoupes larges sans ressembler à un clown. Il y a une tache d’encre – ou peut-être une trace demaquillagequineveutpaspartir–surl’unedesmanchesdemont-shirtblanc.Jen’avaispasenviedefaireunelessive,sanscompterquecesmerdesquelesfemmessemettentsurlevisagepeuventêtretoxiques.Mespensées surmonhygiènedouteusesont interrompuesparTessaquientredans la salle. Je la

fixedroitdanslesyeuxenespérantqu’ellemeremarquetandisqu’elleavanceverslepremierrang.Je suisétonnéequ’ellenechoisissepasunautre siège.Sahainecontremoidoitêtreà sonapogéemaintenant.–Tess?J’ai chuchoté dans le petit espace entre nos sièges.Ellem’ignore,mais ses épaules ont tressailli

quandj’aiprononcésonnom.–Tess?Elleavalesasalive,etsapoitrinebougeàunrythmeinhabituellementlent.Latensionentrenousest

palpable;jepeuxlasentirirradierdenous.–Nem’adressepluslaparole,Hardin.Elleredresselesépaulespourmemontrerqu’elleestsérieuse.–Ohallez,arrête.J’essaiedelaconvaincreavecunsourire,maisçanemarchepas.Ellepassesalanguesurseslèvres.

–Jenerigolepas,Hardin.Fiche-moilapaix.–Ok,c’estbon,commetuvoudras.Sielleveutjouerlesdures,jepeuxlefaireaussi.Oh,jesuismêmeunputainderoiàcejeu-là.Landonsemêleàlaconversation,unairdepetitchiotinquietsurlevisage.–Çava,toi?–Oui,çava.Ellehochelatêteetseplacedemanièreàcequejenevoiequesondos.

. .LASEMAINEDÉFILEentrenuitsblanchesetappelsirrésistiblesdesbouteillespoussiéreusessous

l’évier. Ignorer cette tentation devient de plus en plus difficile. Le vendredi, je suis complètementvidé.Jeneressembleàrienetjemesenscommeunemerde.Quandj’arriveaucoursdelittérature,Landon,assisàsonbureau,cherchemonregardetm’interpelleaussitôt:–Ilfautquejeteparle.Je regarde autourdemoipourvoir àqui il peutbien s’adresser.Çanepeutpas êtremoi ;mais

Tessavienttoutjustedefranchirlaporte,alorspeut-êtrequesi?Ilmeconfirme,l’airgêné:–Oui,toi.Jem’assiedsàmaplaceetl’ignore.Jecroiselesjambessouslebureauetm’adossecontrelachaise

enplastiquerigide.– Je voulais te proposer de venir dîner chez nous dans quelques jours.Nos parents ont quelque

choseàt’annoncer.Ildoitserendrecomptedelaconneriequ’ilvientdedirecarilsereprendimmédiatement.–Mamèreettonpère.Nosparents?Ilestcomplètementcinglé?–Neredispluscegenredeconnerie,espècedeminable!Landonfrappedesmainssursonbureauetbonditdesonsiège.Qu’ilessaiepourvoir,putain.–Laisse-letranquille,Hardin!Tessahurleenattrapantmonbraspourm’empêcherdemejetersurLandon.Ellen’apprendradonc

jamaisàsemêlerdesesputainsd’affaires?Jelaissetomber.Rienàfoutre.Pourquoiavait-ellebesoindes’enmêler?–Tuferaismieuxdet’occuperdetesaffaires,Theresa.Tessasepencheverssonmeilleuramietluichuchotequelquechoseàl’oreille.Avoirunmeilleur

amiesttellementridicule,maisjesuissûrquecesdeuxidiotsemploientcetermeentreeux.–C’estjusteunsalecon.Iln’yariend’autreàdire.Landonaunpetitsourirenarquois.LesgloussementsdeTessam’irritentauplushautpoint.EllesetourneversLandon:–J’aiunebonnenouvelle!Gloups. Elle joue la comédie devant moi et s’imagine sûrement que je suis trop débile pour

remarquersoncomportementdegamine.–Ahoui?C’estquoi?–Noahvientmevoiraujourd’huietilvarestertoutleweek-end!Uneprofondebrûluredejalousies’emparelentementdemoietenflammechaqueparcelledemon

corps. PlusTessa tape desmains, plus je sensmon regard l’incendier de colère.La vision de son

sourireéclatantmefaitcontracterlesmainsdeplusenplusfortsurlebureau.–C’estvrai?C’estsuper!Landonluilèchelesbottesetaucund’euxnesembleremarquerquejefaissemblantdebâiller.

E

4Enmême temps qu’il apprenait à connaître la fille, ses peurs commençaient à prendre de l’ampleur. Il n’avait jamais vraiment eu deconcurrenceconcernantlagentféminine.Sesrendez-vouséphémèresn’étaientjamaismenacésparlaprésenced’autreshommes.Ça,c’étaitjusqu’àcequeleparfaitgarçonauxcheveuxdorésviennesepavaneravecunlivrerenfermantlesmillesecretsdelafille.

Ilsavaitquelegarçonavaitvulafillegrandir,qu’ilavaitétéàsescôtéslaplupartdutempsetqu’illaconnaissaitprobablementmieuxquepersonne.Ilétaitfaciledelehaïr,maisfinalementilcompritqu’iln’étaitpasunconcurrent.

. .navançantdanslecouloirquimèneaudortoirdeTessa,j’essaiedefairelevidedansmatête.Jene peux m’empêcher d’imaginer Tessa nue, allongée sous le corps de son petit ami. Son

cardigannouéautourdesesépaulespendantqu’illabaise.Sicetteimagenemerendaitpasmalade,jelatrouveraishilarante.JefrappeàlaportedeTessaaprèsavoirdéjàtournélapoignéepourentrer.Ellen’estpasferméeà

clé,cequisuggèrequ’elleetsoncopainn’ontrienprévudetropfou.Jelestrouveassissurlelitdanslenoir,etTessasursautequandellemevoit,mettantunpeudedistanceentreeux.Ellehausseletonquandelleserendcomptedel’identitédesonvisiteursurprise.–Qu’est-cequetuviensfaireici?T’esgonfléd’entrercommeça!Jesourisàcetadorablepetitcouple,toutenm’asseyantàl’extrémitédulitdeSteph.–JechercheSteph.Je mens effrontément en serrant les dents. Je me tourne vers Noah pour évaluer son degré de

contrariété.Est-iljustegentiloucoincécommeTessa?Tessavasûrementsepisserdessusquandjevaisprononcersonnom.–SalutNoah,contentdeterevoir.Jepenseàluiserrerlamain.Jesuissûrqu’ilesthabituéàcegenredeconventiondanssoncountry

club.–ElleestavecTristan,ilssontprobablementdéjàcheztoi.Elleappuiesurchaquemot,commesielleessayaitdemefairecomprendredepartir.Pasencore,Blondie.–Ahbon?JejoueaveclesnerfsdeTessa.–Vousallezàlateuftouslesdeux?Çarendraitlasoiréebienplusamusante.J’imaginedéjàlemectrouversaplacedanslafraternité–

lesmembres,aussiblondsquelui,leferaientpicoleràlasecondeoùilentrerait.Sonâmepureseraitcorrompue,etTheresan’auraitplusqu’àsetrouverunautremannequinblondAbercrombie.Durelavie.Ellemerépond:–Non…onn’yvapas.Onessaiederegarderunfilm.JevoislamaindeNoahbougerdansl’obscurité,etjegrincedesdentsenlevoyantsaisircellede

Tessa.Mêmedanslenoir,j’arriveàvoirqu’elleestmalàl’aise.–Tantpis.Bon,ben,jevaisyaller…Jetourneledos,etlapressiondisparaîtlégèrementdemapoitrine.

–Aufait,Noah…JemarqueunblancetobserveTessasedécomposer.–Ilestcooltoncardigan.Tessasemblesoulagéequandellecomprendquejenevaispasfairedescène.–Merci.IlvientdechezGap.Visiblementilignorequejememoquedelui.–Jel’auraisparié.Allez,amusez-vousbientouslesdeux.Àcesmots,jesorsdelachambre.Mapoitrineestenfeuquandjerefermelaporte.Quellepetitebite,cemec.

J

5Alorsquesaviecommençaittoutjusteàprendreunpeudesens,toutchaviradenouveau.Ilpensaitpouvoirtoutcontrôlerparfaitement:savie,elle,tout.Ilrésistaitàladoucetentationdel’amertumedel’alcool.Iln’enéprouvaitpaslebesoincommeavant,jusqu’àcequ’ilseretrouveautéléphoneavecsonpèrequiluidressauncondensédesanouvelle–etbienmeilleure–vie.Quandilraccrocha,iln’eutpasd’autrechoix.Ilseretrouvaitcomplètementseul,avecpouruniqueamieunebouteilledescotch.Elleétaitpresquevide;ilpouvaitainsiyvoirson

reflet.

. .’arrivedevantlamaisondeScottetmegareenpleinmilieudel’allée.Jedétestecetteputaindebelle baraque. Elle siègemajestueusement sur une pelouse verdoyante.Ken etKaren paient un

maxpourfaireentretenirleurgazon.Ilsenfontsûrementautantpoursefairebichonnereuxaussi.LanouvellefuturefemmedeKenadorevivreici,j’ensuiscertain.Elleaimesûrementdépenserl’argentdemonpèrepoursefairepapouiller.J’ailarage,putain.Jesuisfurieuxetpasassezbourrépouraffrontercesconneries.Quelgenredepèreestassezcon

pourannonceràsonfils,avecquiilvienttoutjustederenouer,qu’ilvaépouseruneautrefemme?C’estexactementpourcetteraisonque jenevoulaisrienavoiràfoutreavec lui,putain.Çamefaitchierden’avoireuqu’unquartdebouteilledansmonplacard.J’aimalaucrâne,lagorgesèche,j’aibesoin de sentir le scotch brûlant dans ma gorge. Ken a forcément plusieurs bonnes bouteillesoffertespardescollèguesenchandail,deretourdeleursvacancesenÉcosse.Monenfoirédepèrevaseremarier,etilmel’annoncecommeça:Karenetmoiallonsnousunir.Trèsprochainement.Nousunir?Quelgenred’expressionguindéedemerdeutilise-t-ildonc?Etpartéléphone,putain.–Nousallonsnousunir.Je répète cesmots enmontant lesmarchesduperrondeuxpar deux.Cemecpossèdedes arbres

tellementgrandsdanssonjardinquej’ail’impressiond’êtreperdudanslajungledeWillyWonka,oudanssonespèced’usine.Bref,peuimporte,c’estatroce.Avanttoutechose,j’aibesoind’unscotch.–C’estmoi!Mavoixs’élèvedansl’obscurité.Jesuisdanslamerde.Jesuissoûl,maispasautantquejelesouhaiterais.Ilmefautplusd’alcool.Et

Kenena.Ilenatoujours.Je frappe à la porte, pas de réponse. Lamaison est vachement trop grande.Connerie demaison

bling-bling,modèleenbriques.–Hé!Jehurledanslesprofondeursdujardinplongédansl’obscuritéetnereçoisquelastridulationdes

criquets en guise de réponse. Les voisins ont tous une petite lumière sous leur porche, et chaquemaisonpossèdeun4x4garédevant,lespare-chocstruffésd’autocollantsdeWCU.Toutlegratindesétudiantsdelahautevitdanscetterue.J’enfoncemonbonnetgrissurmatêteenespérantquecelamerendraencoreplusmenaçantauxyeuxdesvoisins.Landonouvrelaporteenboisavantmêmequejeréalisequejesuisentraindetambourinerdessus.

Mesarticulationssontàpeineguéries;lapeaun’ajamaisvraimentletempsdesereconstitueravantquejeneladéchireànouveau.–Hardin?Savoixestfaible,commesijevenaisdeleréveiller.–Non.Jepasse à côtéde lui pour entrer etmedirige tout droit vers la cuisine.Mon regard seposeun

instantsurleurcanapé;lahousseenfanfreluchesfleuriesdégueuquilerecouvremedonneenviedegerber.Ilmesuit,etjeparleplusfortpourqu’ilpuissem’entendre.–Jesuisquelqu’unquiluiressemblecommedeuxgouttesd’eau,saufquecetteversionpensequetu

esencorepluscon.J’ouvre leplacardde lacuisinepourentamermesrecherches.Mondonneurdesperme–c’est-à-

dire Ken – a jeté la plupart de ses bouteilles d’alcool depuis qu’il est sobre.Mais je sais qu’il aconservéaumoinsunebouteilled’unscotchexceptionnel.Peut-êtreest-ceunsouvenir,oupeut-êtreunetentation,maisjesaisqu’ill’affectionnebeaucoup–illachéritmême,putain.Jel’aientenduplusd’unefoisparlerdecettestupidebouteille,etavecplusdeplaisirqu’iln’enajamaiseuenparlantdesonproprefils.Illarangetoujoursàunendroitdifférent;jenesaispass’ilselacacheàlui-mêmeous’ils’ensertcommed’unindicateurpermanentdesasobriété.Quoiqu’ilensoit,elleestàmoimaintenant.–Ilsnesontpaslà.MamèreetKensontpartisenweek-end.Jelesaisdéjà.Jerestesilencieux.Jen’aipasenviedediscuteravecmonnouveaufuturdemi-frère.

Cetteidéemedonnelanausée.Jenesuispasfaitpouravoirunefamilleoudesfrèresetsœursquiveillentsurmoi,etviceversa.Jesuisfaitpourêtreseuletmedébrouiller.JepoursuismesrecherchesetmedirigemaintenantverslachambredeKenetKaren.Cettepièceest

immense.Assezspacieusepourconteniraumoinstroislitsking-sizedelatailledulitàbaldaquinquitrôneaumilieudelachambre.Ledressing,latabledenuitetlelitsonttousenmerisiersombre.LemêmequeceluidubureaudeKen.Putaindemaniaque.Lachambreestaffreuseetne ressembleà rien. J’espèrequeKenetKarensontheureux ici, avec

leurmobilierassortietleurnouvellepetitevie.Jetiresurlaficellepourallumerlalumièreetpassemesmainssurlesétagères.Mesdoigtsrencontrentdelapoussière,uneboîteet…duverre!Jackpot.Je la saisis délicatement, puis j’essuie la fine couche de poussière qui s’est accumulée depuis sa

dernièreexhibitionenpublic.Jeretireimmédiatementlebouchonetressensuneimmensesatisfactionenvoyantleplastiquesetordreenabîmantlejoint.Lescotchestchaudsurmalangueetpicoteunepetitecoupureàl’intérieurdemajoue.Jesavoure

l’épaisseetbrûlanteconsistancedeladouceliqueur.KenScottatoujoursadorésonscotch,c’estunvéritableamateur.Legoûtestincroyable–sidoux,etpourtantsiintenseàlafois.Personnellement,jetrouvequelescotchestunalcoolunpeuprétentieux.J’étaisaussidéçudedécouvrirquec’estleseulwhiskyquivientd’Écosse.Enfoirésdeflambeurs.Quoiqu’ilensoit,j’adorelegoût–l’undesrarestraitscommunsavecmonpère.J’aividélamoitiédelabouteille.J’ai latêtequitourne,maisjepensequejedevraislaterminer,

complètement.Pourquoipas?Monpèrenelaméritepas;ilneboitmêmeplus.Ilaperduledroitdeposséderunesimerveilleusebouteillequandiladécidéderevenirdel’enfer.Deplus, ilpossèdedéjàsuffisammentdeparfaitesetprécieuseschoses.Commesonnouveaufils,

parexemple.Ils’imaginemaintenantpouvoirmestopperdansmamissionquiconsisteàcequesonnouveaupapasesenteaussinulquemoi.Kenaunenouvelleetfutureparfaitepetitefemmequigardesoncellieretsonestomacremplis.Elle,ellen’apasbesoindetravaillerhuitheuresparjour,puisdepartirencourantàsonsecondjob.Ellen’apasbesoind’alignerlesfacturessurlatableendommagéedelacuisineafindechoisircellequ’ellenepourrapaspayercemois-ci.Quandnousnoussommesparléau téléphone, il semblaitpenserquenousallions trèsbienàHampstead. Je tiensmamèreenpartieresponsabledecetteillusion,mamèredontlafiertéestplusgrandeencorequesoncerveau.Samaisonestpropre,mêmeson frigo– iln’yaaucune traceapparente sur l’inox. Je lèchemes

doigtsetlesfaiscourirsurlemétal.Landonsefoutdemoietpestederrièremondos.–T’asbulabouteilleentière?Sesyeuxhagardsfixentlabouteillequisebalanceauboutdemonbras.–Non,ilenrestelamoitié.T’enveux?Lesmainslevées,ilreculedanslasalleàmanger.Jelesuis.–Non.Leparfaitfistonneboitpas.Commec’estmignon.–Jecroyaisquetuavaisarrêtédeboire?Jeme tourne vers lui en prenant appui, pour ne pas tomber, sur une grande commodepleine de

vaissellefineetétincelante.Putain,maisqu’est-cequ’ilensait?Mesdoigtss’enfoncentdansleboisdumeuble.–Qu’est-cequitefaitdireça?Il réalise soudain qu’il ne devrait peut-être pas dire ce genre de chose à un pauvre enfant

déséquilibré.Sesyeuxs’écarquillent.–Jevoulaisdire…Ilvameraconterdesconneries.–Arrête.Jeluitendslabouteilleàboutdebras,maisilreculedanslesalon.Ilnevapass’arrêterdeparler,

putain.Ilvamepousseràbout,encoreetencore–jen’aiaucuncontrôlesurluinisurriendecequiestentraindesepasser.Monconnarddepèrevasemarier,putain.Jesuisbourréetfouderage,etcepetitconcontinuedemeprovoquer.Mesdoigtsagrippentlescoinsduvaisselierprèsdemoi.Ilnesaitpass’arrêter.–Tonpèreadit…Maintenant, c’est à mon tour de le pousser dans ses retranchements : avant qu’il ne termine sa

phrase,jerenverselevaisselierdetoutesmesforcesetlâchelabouteilledanslemêmetemps.Landonhurlequelquechose,maislebruitdelavaissellefracasséem’empêchedel’entendre.–Sorsd’ici!Dégage!Jemebaisseetattrapelabouteilledanslemonceaudeverresbrisés,d’éclatsdeboisetdefragments

devaissellebleueetblanche.Jemesuiscoupéleboutdudoigt.J’aspirelesangtoutenm’assurantquelabouteilledescotchestbienfermée.–Tessaseraitvraimentimpressionnée!Saremarquemeparvientaumomentoùj’ouvrelaportedederrière.Tessa?J’aienviedeluidemandercequeTessapeutbienfoutredanscettehistoire,maisjeneveux

pas lui donner la satisfaction de savoir qu’il peut s’en servir pourm’atteindre.Quelle que soit laraison,ilpensequebalancersonnomvamefaireréagiretquej’enauraiquelquechoseàfoutre.Jenelelaisseraipaspenserqu’ilaraison.Jedécidedel’ignorer,mêmesicelamedemandeuneffort,etsorssurlaterrasse.L’airestdouxetcalme; ledébutdel’automnesefaitsentiret lesnuitsd’éténevontpastarderà

rafraîchir,pourenfindevenirglacées.Laprochainefoisquejedéconne,jemebarredansunendroitchaud.Tessaseraitvraimentimpressionnée,dis-jeàvoixhauteenmemoquantdelavoixdeLandon.Ila

voulujouerlesmalinsenmefaisantcomprendrequ’ellen’approuveraitpasledésordrequej’aiseménimacrisedecolère.Jegueuledansl’obscurité:–Tessa,Tessa,Tessa!Mêmecejardinestparfait.Ilestpresqueaussigrandqu’unterraindefootballaméricain,encadré

pardegrandsarbresquiapportentdel’ombrelejouretunvoilenoirlanuit.

. .J’AILATÊTEQUITOURNE,etlesilencen’aidepas.J’avaleuneautregorgée.Quelquesminutesplustard,legrincementdelaportemefaitsursauter.Tessasetientdansl’entrée,

faceàLandon.Elles’approchedemoiet,àchaquepas, jepeuxsentir labouteillepeserplus lourddansmesmains.Sesyeuxétincelantssontancrésdanslesmiens.Est-elle réelle?Sescheveuxblondssont sibrillants sous les lumièresdupatio.Elle irradie.Elle

froncedessourcils,maisellerayonne.Est-ellevraimentlà?Ilsembleraitqueoui…Àmoinsquelabouteillenecontiennedessubstances

hallucinogènes,elledoitêtrelà.–Qu’est-cequetufousici?JesuissonregardversLandonetmeraidis.Cetenfoiré.–C’estLandon…il…–Putain!C’esttoiquil’asappelée?Landonm’ignore,rentredanslamaisonetrefermelaportecoulissantederrièrelui.Tessapointesonindexversmoipourdéfendresonami:–Fiche-luilapaix,Hardin…Ils’inquiètepourtoi.Lefranginparfaitauneamieparfaite.Savoixestdouced’habitude,maispasquandelleesténervée.Sesyeuxsibeaux,tropparfaitspour

sonvisaged’ange.Jenepeuxm’empêcherdeladévisager;ellemedonnemalaucrâne.Jedoislutterpourdevineràquoiellepense,etlanuitaétélongue.Jem’assiedsàlatabledujardinetluifaissignedemerejoindre.Quandelles’assied,jeprendsuneautregorgée.Ellemefixeetsonregardestpleindereproches.

Quandjereposeviolemment labouteillesur la tableenverre,ellefaitunbond.Elledevraitpartir,ellenedevraitpasêtrelà.Pourquoiest-ellevenue,detoutefaçon?Soncopainestavecelleceweek-end,prêtpourdesséancesdegroscâlins.Cettepenséemefaitfrémir.Landonn’avaitaucundroitdel’appelerpourqu’ellevienneici.–Roooh,vousêtestropmignonstouslesdeux.Etsiprévisibles!CepauvreHardinnevapasbien,

alors vous vousmettez à deux pourme tomber dessus etme faire culpabiliser d’avoir cassé cette

vaisselledemerde.Jeluisourisenluifaisantcomprendrequej’ail’intentiondejouerlesméchantscesoir.–Jecroyaisquetunebuvaispas.C’est plus une question qu’une affirmation. Elle essaie juste de comprendre qui je suis. Je la

déstabiliseetelledétesteça.–C’étaitvrai.Jusqu’àmaintenant.Cen’estpaslapeinedemeprendredehaut,tusais.Tun’espas

meilleurequemoi.Jelapointedudoigtenutilisantlamêmevieilletechniquederéprimandequ’elle.Ellenesemblepas

perturbéeparmongeste.Jeprendsunenouvellegorgée.–Jen’aijamaisprétenduêtremeilleurequetoi.Jeveuxjustesavoirpourquoitut’esremisàboire

toutàcoup.Jamaisjenecomprendraicequifaitcroireàcettefillequ’ellepeutsepermettrededemanderaux

genscequ’elleveut,commeça.Deslimites?Ellen’enaaucune.–Qu’est-cequeçapeuttefaire?Oùesttonpetitami,d’abord?Jeluibalancecettequestionenpleineface.Elleregardeailleurs,incapabledesoutenirmonregard.–Ilestrestédansmachambre.Jedésireseulementt’aider,Hardin.Elleessaiedesaisirmamain,maisjemereculeavantqu’ellepuissemetoucher.Quefait-elle?C’estunemauvaiseblague.Landonadûluidiredeveniricietdejouerlesgentilles

avecmoipourmecalmer,ouuneconneriedanslegenre.Ellenemetoucheraitpassansraison.–M’aider?Jericane.–Situveuxm’aider,ehbien,casse-toi.J’agitemamainquitientlabouteilleendirectiondelaporte.–Pourquoineveux-tupasmedirecequisepasse?Je savais qu’elle ferait ça. Ses cheveux sont déployés en vagues sur ses épaules. Elle porte des

vêtementssimplesetsembleplusjeunequejamais.Sesyeuxlâchentlesmiens.Ellebaissesonregardverssesmainsposéessursesgenoux.Parhabitude,j’enlèvemonbonnetpourmepasserlamaindanslescheveux.Jepeuxsentirl’odeur

du scotch transpirer de tousmes pores. La respiration de Tessa s’évacue dans un profond soupir.J’accordemarespirationàlasienneetmedemandecequejesuisentraindefoutre.Jepréfèrequ’elleparleplutôtqu’elleresteassiselàsansriendire.–Monpèreattend ladernièreminutepourm’annoncerqu’ilvaépouserKarenetque lemariage

auralieulemoisprochain.Ilyalongtempsqu’ilauraitdûmeledire.Etpartéléphone,enplus.JesuissûrquelepetitLandonlesaitdepuisunbonmoment,lui.LesyeuxdeTessasontrivéssurmoi.Elleal’airunpeusurprisequejemedévoileàelledecette

manière.Jen’avaispasprévuderentrerautantdanslesdétails.C’estlafauteduwhisky.–Ilavaitprobablementsesraisonspournepasteledire.Évidemment.Elleprendsadéfense.KenScottestcommeelle:beau,raffinéetendossanttoujoursle

meilleurrôle.–Tuneleconnaispas,iln’enarienàfoutredemoi.Tusaiscombiendefoisnousnoussommes

parléenunan?Dix,àtoutcasser.Toutcequicomptepourlui,c’estsagrandemaison,sanouvelle

futurefemmeetsonnouveauparfaitrejeton.J’avaleuneautregorgéeetm’essuieleslèvresdudosdelamain.–SituvoyaisletaudisdanslequelvitmamèreenAngleterre!Elleprétendqu’elleseplaîtlà-bas,

maisjesaisquecen’estpasvrai.C’estpluspetitquelachambredemonpèredanscettemaison.Mamèrem’apratiquementobligéàveniràlafacici,pourmerapprocherdelui…etonvoitcequeçaadonné!–Tuavaisquelâgequandilestparti?Jen’arrivepasàsavoirsic’estdelacuriosité,delapitiéousielleseposesimplementlaquestion.J’hésiteavantderépondre.– Dix ans. Mais déjà avant de partir, il n’était jamais là. Il était tout le temps au bistrot, il en

changeaittouslessoirs.Maintenant,c’estMonsieurParfait,quipossèdetouscestrucsdemerde.Jedésignelamaisonetlespotsremplisdefleursflamboyantesalignéssurlereborddelaterrasse,

complétantledécor.–Jesuisdésoléed’apprendrequ’ilvousaquittéscommeça,mais…Jel’interrompsnet.–Tupeuxgardertapitié.Elleestsanscesseen trainde trouverdesexcusesà tout lemonde.C’est frustrant,putain.Ellene

connaîtpasmonpère.Ellen’apaseuàendurertoutsonmerdierjusqu’àneplusenpouvoir,puisàendurersonabsencequandiladisparu.–Cen’estpasdelapitié.J’essaiejustede…–Dequoi?Mejuger?Jelapousseàrépondre.–Det’aider.D’êtrelàpourtoi.Çasonneplutôtbienquandelleledit.Dommagequ’ellenesacherienàproposdemoi.Ellenesait

pasquielleessaied’aider.Ilfautqu’ellecomprennequejesuisirréparableetqu’elleperdsontemps.Elledoitpartiretneplusjamaism’adresserlaparole.–Tuesvraimentnulle.Tunevoispasquejeneveuxpasdetoiici?Jeneveuxpasquetusoislà

pourmoi.Cen’estpasparcequ’ons’estunpeuamusésensemblequejeveuxavoirquoiquecesoitàfaireavectoi.Ettoi,tuabandonnestongentilpetitami,laseulepersonnequitesupporte,pourveniricietessayerdem’«aider».C’estvraimentpathétique,Theresa.Àcesmots,j’observesesyeuxgrissechangerenpierres.–Tunepensespascequetudis.Ellenemeconnaîtpas,etpourtantellearriveàlireenmoi.J’assènealorslecoupdegrâce.–Si,absolument.Rentrecheztoi.Jelèvelabouteilleensignedevictoireetm’apprêteàboirequandellemel’arrachedesmainsetla

balanceàtraverslejardin.–Qu’est-cequetufous?Elleestdingue?Jeterunebouteilledescotchdecettevaleurdanslejardin,commeça?Jeregarde

tourà tour sa silhouette se rueràgrandesenjambéesvers laportede la terrasseet labouteille. Jerécupèrelescotch,lelaissedecôtéprèsdelatablesurlaterrasse,puism’apprêteàlasuivre.Jeluttepourgardermonéquilibreetj’arriveàmerattraper.Jemeplantedevantelle.–Oùtuvas?

Jebaisselesyeuxverselleetl’empêchederentrerdanslamaison.Sescilsaccrochenttellementlalumièreduporchequ’ilsdonnent l’impressiondebrossersespommettes.Je lafixependantqu’elleregardesespieds.–JevaisaiderLandonàrangerlebazarquetuasmis,avantderentrerchezmoi.Savoixestpleined’assuranceetnelaisseaucuneplaceàladiscussion.Saufquejesuismaîtredans

l’artdetrouverl’espace,lafaille,aussipetitesoit-elle,pourimposermesarguments.–Etpourquoitul’aiderais?D’abordilmetrahitenl’appelantetmaintenant,ellem’abandonnepourl’aider,lui?–Parceque,contrairementàtoi,ilméritequ’onl’aide,lui.Sesmotssontcommedescoupsdepoignarddansmapoitrine.Ellemedéfieduregard.Ellearaison.Ilestlegenredemecavecquitoutlemondeveuttraîner.Ilnedémolitrienetnepète

pas les plombs en apprenant une mauvaise nouvelle. Il mérite qu’on lui accorde du temps et del’attention. Tout comme il mérite de vivre dans cette grande maison, d’y être accueillichaleureusementetd’yavoirsaproprechambre.Ilméritedesavourerdespetitsplatsfaitsmaison;iln’a pas à manger des trucs livrés dans une chambre vide, à l’intérieur d’une maison pleined’étrangersquilehaïssentensecret.Ellearaisonsurcepoint.Voilàpourquoijelalaissepasserpourretournerdanslamaisonsansrien

ajouter.Leregardqu’ellem’alancéenarrivantmehante.Jerejouelascènedansmatête,encoreetencore.

J’attrapemonportableetfaisdéfilerquelquesphotosquej’aiprisesd’elle.Surcelle-ci,ellemarchaitvers le ruisseau… ses cheveux étaient si blonds au soleil et sa peau étincelante. Elle était calme –nerveuse, sans doute –mais elle semble si paisible sur la photo.Elle est vraiment belle. Pourquoivoudrait-ellem’aider?Qu’est-cequeLandonluiaracontésurmoietmesproblèmesavecl’alcool?Je remets mon bonnet. Quelques minutes plus tard, je ne résiste pas à l’envie de retourner à

l’intérieur.J’ouvrelaporte,lesyeuxrougesetlatêteenvrac.–Tessa,est-cequejepeuxteparler,s’ilteplaît?Accroupi sur le sol, Landon muni d’un sac-poubelle ramasse les fragments de vaisselle. Tessa

secoue la tête. Je fixe son visage, puis mes yeux descendent rapidement le long de son corps ets’arrêtentsursondoigtensanglanté.Elleestentraindelepassersousl’eaudurobinet.Jemerueverselle.–Tuvasbien?Ques’est-ilpassé?–Cen’estrien,justeunpetitboutdeverre.Lacoupureal’airpetite,maisjen’arrivepasàlavoirclairement.Jesaisissamainetl’extirpede

l’eau.Lacoupurefaitenvironuncentimètredelongetn’estpastropprofonde.Çaira;elleajustebesoin d’un pansement. Sa main paraît si légère dans la mienne, si chaude. Ma respiration setemporiseàsoncontact.Jelâchesamainetellesoupireprofondément.JemetourneversLandon:–Oùontrouvedespansementsdanscettebaraque?–Danslasalledebains.Autondesavoix,jecomprendsquejel’agace.Danslasalledebains,jetrouvefacilementlapetite

boîtedepansementsetm’emparedugelantiseptiqueavantderetournerdanslacuisine.JeprendslamaindeTessadanslamienneunesecondefoisetappliquedugelsurleboutdeson

doigt.Ellem’observeattentivement…désorientée,sansdoute.Lespansementsmefontpenseràmamère

etàcettehorriblenuitilyalongtemps.JechassecessouvenirsetenveloppeledoigtdeTessadanslepansement.Jeréitèremademande:–Jepeuxteparler,s’ilteplaît?Ellehochelatête.Jesaisisalorssonpoignetetl’entraînedenouveausurlaterrasse.Nousaurons

plusd’intimitéàcetendroit;Landonnepourrapasnousentendre.Arrivésprèsdelatable,jerelâchesonpoignetettireunechaisedevantelle.C’estlemoinsqueje

puissefaire,jesuppose.Mamainestglacée,etmonpoulssembles’êtreralenti.Jemesenscalmeetdétendu.Jetraîneunautresiègeàtraverslepatio.Mesgenouxtouchentpresquelessiensquandjem’assieds

enfaced’elle.Tessaprendl’airdésintéressé.–Dequoiveux-tuparleraujuste,Hardin?J’enlèvemonbonnet,leposeentrenoussurlatableetpassemesdoigtsdansmescheveux.Jeme

sensvraimentcond’avoiragicommeuntrouduculquelquesminutesplustôt.Jeveuxqu’ellesachequejenesuispassonœuvredebienfaisanceousapetitepoupéecassée.Maintenantquel’adrénalinem’aquitté,jecommenceàprendreconsciencedelamerdequejesuis.Doucement,jeluidis:–Excuse-moi.Mesmotsrestentfigésdansl’air.Ellenerépondrien.–Tuasentenducequej’aidit?–Oui,j’aientendu.Elleaboie,lementonrelevéenl’air,ensignededéfi.Elleestencolère.Elleestencolère?Jesuisfurieux,putain.Ellevientici,s’immiscedansmesdramesfamiliauxet

n’acceptepasmesexcuses?Jetendslamainverslabouteilleetdévisselebouchon.Ellenemelâchepasduregardquandjefais

coulerleliquidedansmagorge.Jeluibalance:–Cen’estpasfaciledes’yretrouveravectoi.–Pasfacile,avecmoi?Turigoles!Qu’est-cequetuveuxquejefasse,Hardin?Tuessiduravec

moi…tellementdur.Seslèvrestremblentetsesyeuxcommencentàs’humidifier.Elletentederedressersesépaulesqui

s’affaissent;elleestplusquecontrariée.Jechuchote:–Jenelefaispasexprès.–Biensûrquesi,ettulesaistrèsbien.Tulefaisexprès.Personnenem’ajamaistraitéeaussimal

detoutemavie.Çanepeutpasêtrevrai.Jenesuispassiodieuxavecelle;ellen’apasdûaffrontergrand-chose

danssaviepourdirequ’ellen’ajamaisétéaussimaltraitée.– Alors, pourquoi est-ce que tu continues à traîner autour de moi ? Pourquoi tu ne laisses pas

tomber,toutsimplement?Sijesuissimauvais,pourquoinelâche-t-ellepasl’affaireavecmoi?J’ignorelapartiedemoncerveauquisedemandecommentjeréagiraissiellearrêtaitd’essayer.–Sije…Jenesaispas.Maisjepeuxt’assurerqu’aprèscequis’estpassécesoir,c’estcequejevais

faire.Jevaisarrêterlecoursdelittératureetjelereprendraiaudeuxièmesemestre.Sesbrasenserrentsesgenoux.Leventbalaiesescheveuxderrièresesépaules.Jemedemandesi

elleafroid.Je n’ai pas envie qu’elle abandonne le cours ; c’est le seul horaire régulier que nous avons

ensemble.–Non,nefaispasça.–Qu’est-cequeçapeuttefaire?Çat’éviteradecôtoyerquelqu’und’aussinulquemoi,non?Jesensdeladouleurderrièresesmots,maisjenelaconnaispasassezpourjugerdesasincérité.

J’aimerais bien pourtant. Je me demande combien de personnes la connaissent vraiment, la vraieTessa.Jeparledecelledont lessourcilsseplissentavantdesourire,cellequimèneuneviequesamèreestloind’imaginer.–Cen’estpascequej’aivouludire…C’estmoiquisuisnul.Jesoupireetm’adossecontremachaise.Sonregardmetransperce.–Necomptepassurmoipourtecontredirelà-dessus.Seslèvressontpincées.Elleessaiedesaisirlabouteille,maisjesuisplusrapidequ’ellecettefois.–Parcequetuesleseulàavoirledroitdetesoûler?Ellemeregarde,lesyeuxrivéssurl’anneaudansmonarcadesourcilière.–J’aicruquetuvoulaislajeter,encore.Jelalui tends.Jen’aimepasqu’elleboive,maisellesembleprêteàsebattreetmoinon.Jeveux

justequ’elleresteici.J’aimelecalmequim’habitequandelleestlà.Elles’étrangleaumomentd’avalerlescotch.–Tuboissouvent?L’autrejour,tum’aslaisséentendrequetunelefaisaisjamais.Çayest,ellemepassesurlegril.–Ladernièrefois,c’étaitilyasixmoisenviron.Sixmoisquiviennentdesevolatiliserd’uncoup,pourrien.Bienjoué,t’esqu’uncrétin,Hardin.– Si j’ai un conseil à te donner, tu feraismieux de ne pas boire du tout.Ça te rend encore plus

mauvaisqued’habitude.Sontonseveuthumoristique.Maisjesaisqu’elleestsérieuse.–Tupensesvraimentquejesuisunemauvaisepersonne?Jecontinuedefixerlesolenattendantsaréponse.Ellevamedireoui.C’estcequetoutlemonde

répondrait.–Oui.Jenesuispassurprisparsaréponse,mêmesiquelquepartj’avaisespéréqu’elledisenon.–Tutetrompes.Enfin,tuaspeut-êtreraison…Jevoudraisquetu…Je ne suis pas une si mauvaise personne, si ? Je pourrais m’améliorer, pour elle, si elle me le

demandait.Jel’observeetremarquequeseslèvrestremblentenattendantquejeterminemaphrase.J’aienvied’êtrequelqu’undebien.Jeveuxqu’ellelepense.–Tuvoudraisquejequoi?Elle semble impatiente. Elleme rend la bouteille, et jem’assieds sur la table sans reprendre de

gorgée.Commentrépondreàçasansavoirl’airpathétique?Jepourraisarrêterdeboireetêtreplussympa

aveclesgens.Oujusteavecelle.–Rien.Jen’arrivepasàtrouverlesbonsmotsavecelle.

–Jeferaismieuxdem’enaller.Elleselèvepours’éloignerdemoi.Ellemarchetropvite,etjeneveuxpasqu’elleparte.Jedois

redoublerd’efforts.–Net’envapas.Jemelèvepourlasuivre.Quandelles’arrête,sonvisageestsiprèsdumienquejepeuxsentirune

vagueodeurdescotchdanssonhaleine.–Pourquoi?Pourquetumejettesd’autresinsultesàlafigure?Sesmotsm’atteignentplusqued’habitude.Ellemetourneledosetjem’élanceverselle.Jel’attrape

parlebrasetlatireversmoi.–Nemetournepasledos!Jeluihurledessus.Ellen’apasledroitdeveniricipourremuerlamerdeetsebarrer.J’enaiplus

quemarredecesgensquimefontsubirça,putain.–Ilyalongtempsquej’auraisdûlefaire!Tessamerepousse.– Je me demande même ce que je fais ici ! Je suis venue à l’instant même où Landon me l’a

demandé!Ellemegueuledessusmaintenant.Sonvisageestrougedecolèreetsaboucheremuetropvite.Elle

passesalanguesurseslèvrespourleshumidifieretterminersatiradeenflammée.–J’ailaissémoncopainenplan,moncopainqui,commetul’asdittoi-même,estlaseulepersonne

capabledemesupporter,pourveniràtonsecours!Sesmotss’enfoncentunàundansmachair.Elleavraimentlaissésoncopainpourvenir.Ellen’a

aucuneautreraisond’êtreici,sicen’estpourmoi.Peut-êtrequejenesuispasaussimauvaisqueça,aprèstout.Etpeut-êtrequ’ellelesent.–Tusaisquoi?TuasraisonHardin, jesuisvraimentnulle.Jesuisnulled’êtrevenueici, jesuis

mêmenulled’essayer…Sansréfléchir,jeréduisl’espaceentrenousetécrasemabouchecontrelasienne.Ellemerepousse

ettentedesedébattre,maisjepeuxsentirsoncorpss’abandonnerdansmesbras.–Embrasse-moi,Tessa.Jelasupplie.J’aibesoind’elle.–S’ilteplaît,embrasse-moi.J’aibesoindetoi.Dans une dernière tentative, j’essaie de faire en sorte qu’elle me rende mon baiser. Ma langue

effleureseslèvresscelléesquifinissentpars’ouvrircomplètement.Puis,soudainelles’abandonneàmoi, totalement, sans retenue.Ellesepencheversmoi, soupirantcontremapoitrine.Mesmainsseposentalorssursesjoues,pourrecueillirsonvisageetlasavourerdavantage.Jepassemalanguesursa lèvre inférieure, cequi la fait frissonner. J’enroulemesbras autourd’elle et l’attire fermementcontremoi.Soudain, un bruit retentit dans lamaison et Tessa s’écarte demoi. J’arrête de l’embrasser,mais

gardemesbrasautourd’elle.– Hardin, il faut vraiment que je m’en aille. On se fait du mal l’un à l’autre. On ne peut pas

continuer.Ellesementàelle-même.Onpeutcertainementtrouverunesolution.–Maissi,onpeut.Jenesaispasd’oùmevientcettelueurd’espoir,maisellemefaitdubien,là,danslecreuxdela

poitrine.–Non.Tumedétestesetj’enaimarredeteservirdepunching-ball.Jenesaisplusoùj’ensuis.Une

fois, tu me dis que tu me trouves insupportable et une autre fois, tu m’humilies juste après mapremièreexpérienceintime…–C’estvrai,j’aimerdé.J’ai besoin d’expliquer ce qui s’est passé, de lui dire qu’ilm’arrive parfois de tout faire foirer

exprès. J’ai toujoursété commeça.Quand j’avaisdouzeans,magrand-mèreavoulum’organiserunefêted’anniversaire.Elleavaitenvoyédescartonsd’invitationetachetéuntrèsbongâteau.Lejourdemafête,j’airacontéàtoutlemondequ’elleétaitannuléeetmesuisenfermétoutelajournéedansma chambre pour bouder. Je n’ai même pas touché au gâteau. Je merde parfois… mais je peuxtrouverunmoyend’arrêterça.Sic’estpourpouvoirembrasserTessaetlasentirseperdreenmoi,alorsjeferain’importequoi.J’essaie de l’interrompre, mais elle m’en empêche en posant son doigt sur ma bouche. Si elle

n’avaitpasdepansement,jeseraisdéjàentraind’embrassersacoupure.–Uneautrefois,tum’embrassesendisantquetuasbesoindemoi.Jen’aimepaslapersonnequeje

suisavectoietjedétestecequejeressensquandtumedisdeschoseshorribles.–Quellepersonnees-tuquandtuesavecmoi?J’aimequielleest.C’estunebienmeilleurepersonnequelaplupartdesgens.–Unepersonnequejeneveuxpasêtre.Unepersonnequitrompesonpetitamietpleuretoutesles

cinqminutes.Savoixsebrise.Elleahontedelapersonnequ’elleestdevenueàmoncontact.Jemesensmerdeux.

Jeveuxqu’ellesoitheureusedepasserdutempsavecmoi.Jeveuxqu’ellemedésireautantquejeladésireaussi,irrésistiblement.–Tusaisquelleestmaversiondecettepersonne?Monpouceglisselelongdesajoueetsesyeuxsefermentlégèrementsousmacaresse.–Laquelle?Seslèvresbougentàpeine.L’atmosphèreentrenousestcalmeàprésent,elleattendmaréponse.Jerépondsfranchement.–Tuestoi-même.Jepensequec’esttavraiepersonnalité,maisquetut’inquiètesbeaucouptropde

l’opiniondesautrespourt’enapercevoir.Etjesaislemalquejet’aifaitaprèst’avoirtripotée.Ellefrémitenm’entendantparlersicrûment.–Excuse-moi…aprèsnotreexpérience.Jesaisquej’aieutort.Jemesentaistrèsmallorsquetues

descenduedelavoiture.–Çam’étonnerait.Ellelèvelesyeuxauciel,m’ignorantcomplètement.–Je te jurequec’estvrai.Jesaisquetupensesquejenesuispasquelqu’undebien…maisavec

toi…Je n’arrive pas à terminer ma phrase. Elle est en train de creuser en moi, de plus en plus

profondément,etc’estterrifiant.–Laissetomber.–Terminecequetuallaisdire,Hardin,oujem’envaissur-le-champ,jeneplaisantepas.Jesaisqu’elleneplaisantepas.Elleattend,lamainposéesurlahanche,lesyeuxdurscommedela

pierre.

–Avectoi…j’aienvie…dedevenirquelqu’undebien,pourtoi…Jeveuxêtrequelqu’undebienpourtoi,Tess…Jeprendsunegrandeinspiration,etellearrêtederespirer.

–Ç

6Quandellecommençaàluimettrelapressionpourofficialiserleurrelationetobtenirdespreuvesd’engagement,ilpaniqua.Ilsesentitcommeunanimalsauvagetraquéetprisaupiège.Lacageétaitcelledelafranchise,etellemenaçaitdel’yenfermersansqu’ilpuisseenéchapper. Il nevoulait pas la perdre,mais plus les jourspassaient, plus il lui était difficile de la garder à ses côtés.Elle retournait lasituation,remettantencausedeschosesque,selonlui,ellenepigeraitjamais.Quandelleenvoulutplus,ellel’exigeaetn’acceptariend’autrequeouicommeréponse.Maisquand,àsontour,ilréclamaplus,ellelerepoussa,prétextantmilleexcuses.

. .

anepourrapasmarcherentrenous,Hardin,noussommestropdifférents.Etd’abord, tunesorsavecpersonne,jeterappelle.

Ellem’incendieets’écartedemoi.J’espèrequ’ellen’apasl’intentiondepartir.Ondiraitquetoutesnosconversationsportentdésormaissurlefutur.Semarier,vivreensemble,rompre,nepasrompre.Tessaéprouvecebesoindeplanifiersavieentière,maispasmoi.Àcestade,ilsembleévidentquejenesaispascommentgérerlegenredepressionqu’ellem’impose.Malgrétout,ellepersisteàvouloirquejedeviennequelqu’undebienpourelle.–Nousnesommespassidifférentsqueça.Nousaimonslesmêmeschoses,leslivres,parexemple.Jedoistoujoursmejustifierauprèsd’elle.–Encoreunefois,tunesorsavecpersonne,c’estbiencequetuasdit?–Jesais,maisnouspourrions…êtreamis?Amis?Vraiment,Hardin?Lafrustrationselitdanssesyeux.–Jecroyaist’avoirentendudirequenousnepouvionspasêtreamis?Etjeneveuxpasêtreamie

avectoi,ausensoùtul’entends.Toi,tuveuxtouslesavantagesdupetitamisansavoiràt’impliquerdansunerelation.Jerelâchemonétreinteetvacille,maisrécupèrerapidementmonéquilibre.–Pourquoiest-cesicompliqué?Pourquoias-tubesoindemettreuneétiquettesurtout?J’appréciederetrouverunpeud’espaceentrenousetderespirerunpeud’airfrais,sansvapeurs

d’alcool.–Parceque,Hardin,mêmesijen’aipasfaitpreuvedebeaucoupderetenuecesdernierstemps,j’ai

durespectpourmoi-même.Jerefused’êtretonjouet,surtoutquandcelaimpliquequetumetraitescommeunemerde.Elleagitesesmainsenl’air,exaspérée.–Et,detoutemanière,jenesuispaslibre,Hardin.Elle se sert de ce mec comme excuse ? Oh, franchement ! Qui essaie-t-elle de berner ? Je lui

répondssèchement:–Etpourtant,c’estavecmoiquetuesencemoment.Elle est en traindemenarguer en agitant sonpetit ami au-dessusdema tête et, pourtant, elle se

plaint quand je fais la même chose avec Molly. Dans sa situation, elle ne semble pas y voird’inconvénient.Cesoirl’alcooln’arrangepasleschoses,jesuisassezintelligentpourlesavoir,maisassezconpourcontinuerdemecomportercommeunemerde.Jesuisaussisuffisammentalcoolisépourn’enavoirrienàfoutre.Commed’avoirréduitlasalleàmangerdemonpèreenmiettes.Ellesortlescrocsetsabouchesetordenunegrimacemenaçante.–Jel’aimeetilm’aime.

Sesmotsmedéchirentlapoitrine.Lesderniersm’atteignentjusqu’àlamoelle.Jem’écarted’elleetcognedanslachaise.Rienàfoutredemonmanqued’équilibre.–Nemedispasça.Jelèveunemaincommepourmeprotégerdesesparoles.Ellenecèdepaspourtant;elleestfollederage,commesielleallaitmesauteràlagorge.–Tudisçaparcequetuescomplètementsoûl.Dèsdemain,tuterappellerasquetumedétestes.Ladétester?Ladétester?Commesijepouvaisladétester!Consterné,jereculeettentedeportermonattentionsurlesarbresdontlevertestsiéclatanticià

causedelapluie.–Jenetedétestepas.Situpeuxmedire,enmeregardantdroitdanslesyeux,quetuveuxquejete

laissetranquilleetquejenet’adresseplusjamaislaparole,jeleferai.Jen’aipasenviedel’entendreprononcercesmots–ilsmetueraient–maissiellelepense,sielle

veutvraimentquejem’efface,jeleferai.–Jetejurequ’àcetteminute,jenem’approcheraiplusjamaisdetoi.Ilsuffitquetuledises.J’essaied’imaginermaviesiellen’enfaisaitpluspartie.Elleemporteraitavecelletoutcequilui

donnedurelief.Jepoursuisavantqu’ellenepuisserépondre.–Dis-le,Tessa.Dis-moiquetuneveuxplusjamaismevoir.Jenepeuxpasl’envisager.Jem’approched’elleetcaressesesbrasduboutdemesdoigts,cequilui

donnelachairdepoule.Seslèvress’entrouvrent.Jem’approcheplusprèsetluimurmure:–Dis-moiquetuneveuxplusjamaissentirmesmainssurtoi.Jepressemesdoigtslelongdesoncou,lecaressedoucement,puisdescendslelongdesonépaule.

Ellechavirepresqueàprésent,incapabledesortirunson.Jemepencheencoreplusprès.Monvisageestàmoinsd’uncentimètredusien.Jepeuxsentirlesfrissonssursapeau;cefaibletressaillementcaptenotreattentionàtouslesdeux.–Disquetuneveuxplusjamaisquejet’embrasse…Jeparleplusbasetelletremble.–Dis-lemoi,Theresa.J’insistesurchacundecesmotsquejeneveuxpasvoirsortirdesabouche.J’entendsàpeinequandelleprononcemonnom,maissenssonsoufflecontremeslèvres.–Tunepeuxpasmerésister,Tessa,pasplusquejenepeuxterésister.Ellesemblehésitantemaispaseffrayéeparceconstat.Jeluidemande,enpressantmabouchecontre

seslèvres:–Resteavecmoicesoir.Tessamelâchedesyeuxpourregarderlamaison,puisellerecule.Jemeretournepourcomprendre

cequiluiafaitpeurmaisnevoisrien.Elleditqu’elledoityaller.Non,ellenepeutpaspartir.Jenesuispasencoreprêtàrestertoutseuldanscettemaison.Jenepeux

pascroirequejevaisresterici.–Bordel.Jepassemesdoigtsdansmescheveuxenrâlant.–Jet’enprie,reste.Justecettenuit,mêmesitudécidesdemainmatindemedirequetuneveuxplus

mevoir…Jeneveuxpasqueçasoituneoption,maismalheureusementc’enestune.

–S’ilteplaît,reste.Jet’ensupplie,cequin’estpasdansmeshabitudes,Theresa.Jen’aijamaissuppliépersonnedemavie.Est-cel’alcoolouellequimerendcomplètementdingue

?Jenesaispas.Tessahochelatête.Sesyeuxbrillentsouslalumièreduporche.–Maisqu’est-cequejevaisdireàNoah?Son nom me fait l’effet d’un coup de poignard et me rappelle qu’elle n’est à moi que

temporairement.J’aibesoindeplusdetempsavecelle.–Ilm’attendetj’aiprissavoiture.Ellel’alaissédanssachambre?Pourmoi?Jenesaispasquoienpenser.Ont-ilsrompu?Sait-ilqu’elleestlà,avecmoi?Jemedemandesile

garsconnaîtseulementmonprénom.Putain,çamerendmaladedenepassavoircequ’elleressentpourmoi.Stephnemelâcherarien,etTessaencoremoins.Fait-elle à cepoint attentionà ceque soncopainpeutpenser ? Je fixe l’arrièrede lamaison.La

vignevierges’infiltrepartoutdanslemurenbriques.Leslumièressontsivives.Jelasuspected’êtreentraindecomprendrebrusquementlasituation.–Tun’asqu’àluidirequetudoisresterparceque…jenesaispas.Neluidisrien.Qu’est-cequ’il

vafaire?JesuiscurieuxdecomprendrepourquoiNoahsembleavoirautantdepouvoirsurelle.Ellesoupire

; sa lèvre inférieure se gonfle. Elle a vraiment l’air inquiète. Que pourrait-il bien se passer de sigrave…iliraittoutbalanceràsamaman?Elleadix-huitansmaintenant–elleestaucourant,non?–Detoutefaçon,ildoitprobablementdormir.C’estvrai;ilasûrementl’habitudedeseplieraucouvre-feudulycée.Tessasecouelatête.Jem’adossecontrelereborddelaterrasse.–Non,iln’aaucunmoyenderentreràsonhôtel.Hôtel ?Cemec va dormir dans un putain d’hôtel ?Est-il seulement assez vieux pour louer une

chambreparsespropresmoyens?–Sonhôtel?Attends…ilnedortpascheztoi?Jesuisdéconcerté.–Non,ilaprisunechambreàl’hôteld’àcôté.Ellebaisseleregardverslaterrasseenboisetfrottesespieds,malàl’aise.–Ettuydorsaussi?–Non,lui,ilestlà-bas,etmoidansmachambre.Ellemerépondtoutbas,l’airembarrassé.Ellegardelesyeuxrivésausol.J’y crois pas, putain. Est-ce qu’il l’aime ? Aime-t-il seulement les femmes ? Je veux dire,

franchement,regarde-la!–Ilesthomo?Jenepeuxm’empêcherdeluiposerlaquestion.Ill’estforcément.Àmoinsqu’illatrompe,cequi

seraitvraimentmerdique–maisarrangeraitterriblementmesaffaires.Nonpasqu’elleneluifassepaslamêmechose.LabouchedeTessas’ouvred’horreur.–Biensûrquenon!Jetrouveçadinguequ’ellenevoieriend’anormalàcequesoncopainneveuillepasresteravec

elle.

–Excuse-moi,maisilyaquelquechosequicloche.Àsaplace,jeseraisabsolumentincapablederesterloindetoi.Jetebaiseraisàlamoindreoccasion.C’estvrai.Jelaréveilleraischaquematin,monvisageenfouientresescuisses.Jelamettraisaulit

touslessoirsenluifaisantperdrelatêteetcriermonnom.Le rouge lui monte aux joues et elle détourne le regard. J’adore la manière dont mes mots la

choquent.L’obscuritéest en traindemedonnermalaucrâne.Lesarbresbougentbeaucoup.Leurstroncs se tordent dans desmouvements bizarres. J’ai envie de rentrer dansma chambre, seul avecelle.Surtoutaprèslanuitquej’aieue.JemetourneversTessaetnepeuxdécrochermonregarddeseslèvresentrouvertes.–Onrentre?Lesarbressebalancentdanstouslessens.Çadoitêtrelesignequej’aibeaucouptrop

bu.LeregarddeTessasedirigeverslamaison,puisversmoidenouveau.–Tudorsici?Jesecouela têteetattrapesamain.Ellereste ici,elleaussi.Jenepeuxtoujourspascroirequeje

vaispasserlanuitdanslamaisondeKenaprèstouteslesmerdesquecemecm’afaitsubir.–Ouais,ettoiaussid’ailleurs.Allons-y.Jelaprendsparlamainavantqu’ellen’aitletempsdechangerd’avis.Quandnousentronsdanslamaison,elle tentededégagersamaindelamienneenmarchantplus

vitequemoi.J’accélèrelepasenpassantdanslacuisine.Il reste toujours un peu de bazar sur le sol. Un tas de morceaux de porcelaine brisée déborde

maintenantdelapoubelleetleséclatsdeverreontétébalayés.Landonpeutbiennettoyercebordel.C’est lui qui va vivre avec mon connard de père, après tout. La vérité, c’est qu’il vit déjà avec.D’autres personnes ou d’autres choses m’ont remplacé auprès de Ken Scott. Le scotch, les bars,Karen,Landonetcettegrandemaison.Ils’éparpilletellement.Pourtant,iln’ajamaislaissédeplacepourmoidanssavie,jusqu’àl’annéedernière.Etils’imaginequejevaisallermieuxavectoutecettemerde?Putain,non.JeresserremamainautourdecelledeTessatandisquenoustraversonslamaisonetmontonsles

escaliers. Putain, il y a trop de portes ici. Il ne faudrait pas que nous entrions dans la chambre deLandonparerreuretletrouvionsentraindesebranler.Nousatteignons finalement ladernièreporteauboutducouloir.Pendant toutce temps,Tessaest

restéesilencieuse,etçameva.Jen’aipasenviedeluimettretroplapression,j’essaiejusted’arrêterdepenseràmondonneurdesperme,cegrosnaze.La chambrederrière la porte est plongéedans l’obscurité. Je tâtonnepour trouver l’interrupteur.

Tessachuchotedanslenoir:–Hardin?Le rideau, légèrement ouvert, laisse pénétrer un rayon de lune. Je relâche la main de Tessa et

m’avanceunpeuplus.Impossibledemettrelamainsurcefoutuinterrupteur.Jecontinuedepassermamaincontrelemurlisse,maisjenetrouverien.C’estquoicebordel?De l’autre côté de la chambre, j’aperçois les contours d’une table, et d’une lampe peut-être. Je

m’avancedoncaveuglémentverselle.Leboutdemachaussurecognecontrequelquechosededuretjetombepresqueparterre.–Putain!Siçasetrouve,cettechambren’amêmepasdeputaindelumière.CommesiKenetKarenavaient

justeenviedesefoutredemagueule.Puisj’atteinslatable,etmesdoigtssententunabat-jour.–Bingo!Jetrouvel’interrupteuretpréviensTessa:–Jesuislà.L’ampoulefaitunpetitdéclic,etlalumière,étonnammentfortepourunesipetitelampe,m’aveugle.

Jeclignedesyeuxplusieursfoisetbalaielachambreduregard.Machambre.Machambrequejen’aijamaisutilisée.Jamais.Lelitmefaitpenseràceuxdeshôtelsdemauvaisgoût.Lesmurssontpeintsengrisclair,avecdes

plinthesblanches le longduplancher.Les rayuresdu tapissontpresqueeffacées.Appuyécontre lemurdufond,lelitestridiculementgrandavecunemontagnedecoussinsdécoratifsempilésàlatêtedelitenluxueuxboisdemerisier.Leseul intérêtquepourraitavoircelitd’êtreaussi immense,ceserait queTessay soit allongéenue, sur la couettegris foncé.Malheureusementpourmoi, ellenel’estpas.Ellesetientdeboutcontrelebureaudumêmestylequelelit,surlequeltrôneunMactoutneuf.Enculésdeflambeurs.Jepassemamainderrièremanuque.–C’estma…chambre.Jenesaispasquoidired’autre.Tessamordillesalèvreinférieureetmedemande:–Tuasunechambreici?Cette chambre neme ressemble pas, pas lemoins dumonde.Mais techniquement, c’est bienma

chambre.Kenm’a dit plusieurs fois, qu’elle était pourmoi, rien que pourmoi. Comme si j’étaiscenséêtreimpressionnéparlelitàbaldaquinouparl’écrand’ordinateurgéant.Jebafouille,malàl’aise:–Ouais…enréalité,jen’yaiencorejamaisdormi…jusqu’àcesoir.J’espèrequ’ellenechercherapasàensavoirplus,maisjesaisdéjàqu’ellelefera.Uncoffreassezvolumineuxse trouveaupieddu lit. Jesupposequ’iln’aqu’uneseule fonction :

contenirlamultitudedecoussins.Jeluitrouveuneautreutilitéenm’asseyantdessuspourretirermesboots.Tessam’observe.Elleestprobablementdéjàentraindecompilerunelistedequestionsàmeposer,commelapetitechosecurieusequ’elleest.J’enlèvemeschaussetteset lesenfoncedansmeschaussures.J’aiquelquespetitesentaillessurlacheville.Deséclatsdeverreontdûatterrirdansmachaussure.Génial,putain.Tessadoitavoirterminésalistepuisqu’elles’approchedemoietdemande:–Ah!Commentçasefait?Je prends une grande inspiration et décide de lui répondre franchement au lieu de raconter des

conneries.–Parcequejeneveuxpas.Jedétestecettemaison.C’estlavérité.Jedétestevraimentcetendroit.Jedétestequemonlitdanslamaisondemamèreen

Angleterrepossèdeunmatelastaché,etlamêmecouetteetlesmêmesdrapsdepuismonenfance.Tandis queTessa intègremes réponses franches et élabore sa prochaine question, je déboutonne

monpantalonet le faisglisser le longdemes jambes.LesyeuxdeTessa,dans levague jusque-là,s’écarquillenttoutàcoup,immédiatementalertésdemevoirdeboutenboxerdevantelle.–Qu’est-cequetufais?–Jemedéshabille.

Je saisqu’elle aimeposerdesquestions,maispourquoi faut-il que laplupartd’entre elles soientaussiinutiles?–Jeveuxdire,pourquoi?Elle fixemon entrejambe.Si elle pense être subtile en essayant de prétendre qu’elle n’est pas en

traindepenseràmabite,làtoutdesuite,elleéchouelamentablement.Mesyeuxrencontrentlessiens.–Parcequejen’aipasl’intentiondedormiravecunjeanserréetdesboots.Jerepousseunemèchedemescheveuxtombéesurmonfront.–Oh!J’attendsqu’elle dise autre chose,mais elle ne le fait pas. J’observe ses yeux tandis que j’enlève

mon t-shirt. Son regard se pose sur mon cou, puis sur mon ventre, parcourant chacun de mestatouagesnoirs.Celuiqu’elle fixe leplus longtemps, c’estmonarbre. Jemedemande si elle aimecettepartiedemoiousiellelarebute.L’attentionqu’ellemeportemerendnerveux.Jenesaisjamaisquoifairequandellem’inspectecommesiellefaisaitunétatdeslieux.Chaquecentimètredemapeauviséparsonregardfrissonne.Maisaulieudelachaleurquej’aipuylireauparavant,j’yperçoisunesorted’airlointainetcurieusementglacé.Concentréesurmoncorps,Tessamefixetoujours.Jelasurprendsenluilançantmont-shirt.Elle

esttellementcaptivéequ’ellenelerattrapepasassezvite.Jemedemandecequ’ilfaudraitfairepourqu’ellesemettenueetquejepuisseobserversoncorps.Mesyeuxposéssurellescruteraientchaquecentimètre,chaqueimperfectionquipourmoin’ensontpasmaisquilafragilisentmalgrétout.J’aimeraissavoiràquoiellepense.J’aimeraislaconnaîtredavantage.Jememetsàimaginercequi

se seraitpassé si je l’avais rencontréed’une toutautremanière.Elleauraitpuêtreunevoisinequis’arrêtechezmoipourm’emprunterdestrucsetjel’auraisquestionnéeautantquej’auraisvoulu.Jeluiauraisdemandépourquoielleposetoujoursautantdequestionsetpourquoiellefroncetoujourslessourcilsquandelleestdésemparéeouencolère.Jeluiauraisdemandécequ’elleveutfairedesavie.Jeluiauraisdemandésiellepeutêtreindulgenteetm’accordersonpardon.Mais nous sommes dans la réalité et, dans la réalité, je suis un étranger pour elle. Elle ne sait

pratiquementriendemoi.Siellesavaitneserait-cequelamoitiédesconneriesquej’aifaites,elleneserait plus aussi intriguée. Mes tatouages, ou du moins son intérêt pour eux, disparaîtraient. Sonattitudesarcastiquefaceàmoncomportementdeviendraithaineuse.Jedoisyfaireattention,parcequesimonmystèredisparaît,elledisparaîtra,elleaussi.Putain,toutçamefaittournerlatête.L’effervescencedanslaquellejemetrouvaisestentraindese

dissiper, et mon crâne est sur le point d’éclater. J’ai besoin de faire évoluer cette situation trèsrapidement.–Tupeuxlemettrepourdormir.Jesupposequetuneveuxpasdormirensous-vêtements.Encore

que,moi,jen’aieriencontre.–Jepeuxdormirtouthabillée.Maissontonesttoutsaufconvaincant.Ellen’apasenviededormiravecsajupeencombranteetson

chemisierample.J’aimeassezsonchemisier; lacouleurbleuciels’accordebienavecsesyeux.Jen’aijamaiseudepenséedecegenreavant…Ils’accordebienavecsesyeux?Çaveutdirequoiaujuste?Cettefillemedétraqueencoreplusquelescotchingurgitécesoir.–Commetuvoudras.Situn’aspasenvied’êtreàl’aise,çateregarde.

Jem’avanceverslelit,attrapelepremiercoussinquejetrouveetlebalancesurlesol.Tessasembleoffusquée.Oupeut-êtrel’est-elleparcequejesuisàmoitiénu.Jenesaispas.Ellese

dirigeverslepieddulitetouvrel’horriblecoffre.–Hé,nelesjettepasparterre,ilsserangentlà.Commesijenelesavaispas!Elles’imaginequejen’aijamaisvucegenredecoussinsavant?Ou

que,sousprétextequej’aiétéélevéseulementparmamère,jenesaispascommentrangerdespilesdetrucsencotonhorsdeprixdansuncoffre?Non, Hardin, elle veut simplement aider… J’essaie de négocier avec moi-même. Mon esprit

s’emballe toujoursvers lapiredes interprétationspossibles,et jedétesteça,putain.Mesdoutesmerongentvivant.J’enattrapeunautre,encoreplusridicule,etlebalancesurletapis.Ellegrogneetrâletoutensepenchantpourleramasser.AlorsqueTessajouelesfemmesdeménage,j’agrippelacouetteetgrimpesurlelit.Personnen’ya

jamaisdormiavant,jelesens.C’estcommesijem’allongeaisdansdesnuages.C’estmêmeencoremieuxqu’àl’hôtel.JevoisTessam’observeraumomentoùjepassemesmainsderrièrelatête.Ellepassesontempsàmeregarder.Jepassemontempsàlaregarder.Jecroiselesjambespendantqu’elleenfoncelederniercoussindanslecoffreavantdelerefermer.

Maniaquequ’elleest.Va-t-elle rester debout toute la nuit ? Je préférerais qu’elle se débarrasse de ses vêtements

encombrantsetmerejoignedanslelit.–Tunevaspasrâlerparcequetudoisdormirdanslemêmelitquemoi,si?–Non,ilestassezgrandpournousdeux.Sonsourirenedévoileaucuntrouble,maiselleesttrahieparsesmainstremblantesquitriturentla

peauautourdesesongles.Elleestd’humeurtaquineàprésent.J’adoreça.–Voilà,çac’estlaTessaquej’aime.Je plaisante mais remarque que ses yeux s’agrandissent légèrement. Je balaie la question du

pourquoiloindemonesprit.Pasaujourd’hui–jenevaispasm’accrocheràcettepenséeaujourd’hui.Tessa monte maladroitement sur le lit après s’être débarrassée de ses chaussures. Elle reste

complètement habillée et s’installe sur le bord du grand lit, le plus loin possible de moi. Elles’allonge.J’aienviedemerapprocherd’elle,maisj’aipeurqu’ellesoiteffrayéeettombedulit.Jerigoleenl’imaginantparterre.Ellesetourneversmoi.–Qu’est-cequ’ilyadesidrôle?Ellefaitencorecetrucavecsessourcils.Elleestadorable,putain.–Rien.Jemens.Jenepensepasqueluidirequejel’imaginaisfaireunechutearrangeraitmoncascesoir.

Pourtant,jenepeuxmeretenirderireenlavoyantfairelamoue.–Si,dis-moi!Elle lève les yeux une seconde, puis avance volontairement sa lèvre inférieure.Malgré samoue

boudeuse,oupeut-êtreàcausedeça,j’aiuneenviefolledebaiserseslèvres.J’aihâtedelessentirdescendrelentementlelongdemaqueue.Jepenseàsatêteentraindemonteretdescendresurmoietcoincemonpiercingentremesdents.Lemétalestfroidsurmalanguebouillante.Jemetournesurlecôtépourluifaireface.–Tun’asjamaisdormidanslemêmelitqu’unmec,hein?Soitditenpassant,moinonplusjen’aijamaisdormiavecunefilledansunlit.Cen’étaitpasmon

truc.Jenesaispassiçal’estmaintenant,maisjusque-là,çameplaît.Jesuissoulagéquandellerépond:–Non.Je souris pour luimontrer l’effet que çame fait d’être le premiermec avec qui elle va dormir.

J’adoresavoirqu’illuirestetantdechosesàdécouvrir.D’unautrecôté,ilmerestetantdechosesàluimontrer,aussi.Tessa est face àmoi, allongée à quelques centimètres seulement demoi. Elle porte toujours ses

vêtementsencombrants,etçamerenddingue.Puiselletendlamainversmoietposesondoigtsurlafossettedemajouedroite.C’estunechosetellementsimple,etpourtantsiaffectueuse.Personne,pasmêmemamère,nem’atouchélevisagecesdixdernièresannées.Ilm’arriveparfoisd’embrasserdesfillespendantlesrelationssexuelles,maisjenelaissepasleursdoigtss’attardersurmoncorps.Je lui jetteun regardet la sensenpanique.Elle retire samain,mais je la saisisdenouveauet la

reposesurmajoue.C’esttellementagréabledelasentirmetoucher.Sescaressessontsidouces.Jeveuxqu’ellemetouchepartout.Jelataquine:–Jenesaispaspourquoipersonnenet’ajamaisbaisée.J’imaginequetonself-controldoitvraimentt’aideràrésister.Ilyaforcémentuneraisonpourqu’ellesoitaussipeuexpérimentée.C’estjustesurréalistequ’elle

n’aitabsolumentaucuneexpériencesansbonneraisonapparente.–Jen’aijamaisvraimenteubesoinderésister.Jenecroispassesmots,maisjecroissesyeux.Pourtant,c’esttellementdifficiledefaireconfiance.–Soittumens,soittuétaisdansunlycéepouraveugles.Jeregardesabellebouche.–Jebanderienqu’àregarderteslèvres.C’estlavérité.Ellen’aqu’àdescendresesmainspourenavoirlapreuve.Jesuisàdeuxdoigtsdele

luidire,maisjeneveuxpasgâchercemoment.Tessapousseunpetitcriétoufféenentendantmesmotscrus,etçameplaît.Jerigoleetréfléchisà

touteslesmanièresdelarendrecomplètementfollededésir.C’estcommeconduireunevoituretouteneuve,cetteexcitationquandtuentendslefaibleronronnementdel’enginpourlapremièrefois.Jeveuxlafaireronronner.J’aimeraislafairehurler,siLandonn’étaitpaslà.Jeveuxyallerdoucementcettenuit.Maisjevaisquandmêmeluimontrerquecequejeluiaifaitauruisseau,cen’étaitquel’undemesnombreuxtalents.Jepassemalanguesurmeslèvres,prendslamaindeTessadanslamienneetlaporteàmabouche.

Sarespirations’intensifiequandjefaispassersamainsurmeslèvreshumides.Sesmainstremblentquandjemordilledoucementson indexentremesdents.Ellegémit instinctivement,etmaqueuesecontractedansmonboxer.LesmainsdeTessasontchaudesquandjelespromènelelongdemoncou.C’esttellementbond’êtretouché.L’intensitéesttellequ’elletroublemessens.Leseffetsdel’alcoolsesontpratiquementdissipés,etmaintenantjesuiscomplètementàlamercidecetteblondebornéeetsexy.Tessaretiresamain,etjelaissetomberlamiennesurmongenou.Laseulechosesurlaquellej’arriveàmeconcentrer,c’estcetteempreintedouceetfraîchedesamainsurmapeau.Aprèsquelquessecondesdesilence,jeprendslaparole.Jesuiscurieuxetexcité,etjevaisprendre

dubontempsavecelle.Jereprendssamaindanslamienne.–Tuaimesquandjeteparlecommeça,avoue.Jelafixejusqu’àcequesapoitrinecommenceàsegonfleretsedégonflerdeplusenplusvite.Elle

détournelesyeuxetjepoursuis:–Jevoisbienqueturougisetj’entendslechangementderythmede

tarespiration.Réponds-moi,Tessa,sers-toideceslèvrespulpeuses.J’aimeraisqu’elles’enservepourbiend’autreschoses.Ellerestesilencieuse.Bendisdonc,moiqui

pensaisêtretêtu.Jeréduisencorel’espaceentrenousetenroulemesdoigtsautourdesonpoignet.LapeaudeTessavireauroseetellesembletroublée.Elleestaccro.Alorsquejem’attendsàcequ’ellem’avouesonattirance,ellemedit:–Tupeuxmettreleventilateur?Sérieux,Theresa?Ellemeprendpourunpigeon?Ellepensequejevaissortircommeçadecelit

confortableoùelleestallongéesiprèsdemoi?Jeregardesonvisage,sesyeuxgris.–S’ilteplaît…Ellechuchotetoutencontinuantdemefixer.Avantmêmederéalisercequejesuisentraindefaire,jesorsdulit.Putain,elleestdouée.Elleafficheunpetitairsatisfaitquandjeretournedanslelit.Sesvêtementsencombrantssemblent

aussiterriblementinconfortables.Sajupeestenlaine,unematièreaussichaudequ’unecouverture.–Situastropchaud,pourquoigardes-tucesvêtementsépais?Tessamefaitunsourireetlèvelesyeuxauciel.Jesuissérieux,pourtant…elles’habillehorriblementmal.– Tu devrais choisir des vêtements quimettent ton corps en valeur, Tessa. Les vêtements que tu

portesdissimulenttoutestesformes.Jejetteunœilàcequejepeuxvoirdesapoitrine,autantdirerien.–Sijenet’avaispasvueensoutien-gorgeetpetiteculotte,jen’auraisjamaisdevinéàquelpointton

corpsestsexy.Tajupeestunvraisacàpatates.Ellerigole.Çapassemieuxquejenel’auraisimaginé.–Etquesuggères-tu?Jedevraisporterdesbustiersenrésille?Ellehausseunsourciletattendmaréponse.L’imagedeTessadansunbustieretunminishortenjeanclignotedansmonesprit.–Non.Enfin,jenedispasqueçanemeplairaitpas,maisnon.Tudevraisjustet’habilleravecdes

vêtementsà ta taille.Cettechemisedissimule tapoitrine,biensûr,mais tesnichonsneméritentpasquetulescaches.–Tuvasarrêterd’utilisercelangage?Elle secoue la tête, et je rigole en revenant dans le lit. Je ne sais pas jusqu’à quel point je peux

m’allonger près d’elle. Je me rapproche donc doucement jusqu’à la frôler. Elle se redresse poursortirdulit.Mapoitrineseserre.J’espèrenepasl’avoirtropénervée,elleestcapabledepartir.–Oùtuvas?Tessatraverselachambreàpetitspas.–Mechanger.Elleramassemont-shirtsurlesol.Jesouris,contentqu’elleaimeleporterautantquej’aimelevoir

surelle.–Tourne-toietnet’avisepasderegarderendouce.Commesij’étaisungosse!Ellesaitpertinemmentquejevaislaregarder.–Non.–Çaveutdirequoi,«non»?Jeluirépondsfranchement.–Non,jenemeretourneraipas.Jeveuxtevoir.

Elleacquiescepuiséteintlalumière.Ellem’aeu.Quellepetitejoueuse!Jerâle,maisj’aimecettepetite partie de séduction qu’elle est en train de jouer. Je ronchonne suffisamment pour lui fairecomprendre que je ne vais pas être fair-play si elle ne l’est pas. J’entends quelque chose de lourdtomber sur le sol– la jupe. Je rallume la lampe, etTessa sursaute.Ellehurlemonnomcommesic’étaitungrosmot.–Hardin!Je lafixeetbalademonregarddeses jambesàsesyeux,puisredescendsdenouveau.Elleprend

uneprofondeinspirationetlèvelesbraspourenleversonchemisier.Lesoutien-gorgedeTessaestencotonblanc toutsimpleavec trèspeuderembourrage.Nonpasqu’elleenaitbesoin.Saculotteestassortie ; sa forme recouvre pratiquement tout son cul. Et son cul est parfait. Rond et excitant…J’adoreraislaprendredececôté-là,aussi.Jeluidisdansunmurmure:–Viens.Jenepeuxpasattendreunesecondedeplusavantdetouchersoncorps.Tessas’avanceverslelitet

j’ail’impressiond’assisteràunerevue.Putain,j’aimeça.J’aibesoindemieuxlavoir.Jemeredresseet m’adosse contre la tête de lit. Tessa rougit sous mon regard incandescent, et cela ne faitqu’accentuermonplaisir.Ellemerejoint,puisposesapetitemaindanslamienne.Jel’attireversmoi.Ellemechevauche,un

genou de chaque côté. J’adore quand elle se met comme ça. Mon imagination s’emballecomplètement.Tessaresteenéquilibrepourquenoscorpsnesetouchentpas.Jenelecroispas. Jeposedélicatementmesmainssurseshanchesetl’attirecontremoi.Ellesemordillelalèvre,etsonregardrencontrelemien.Jedétournelesyeuxenpremier,carjepeuxparfaitementsentirmaqueuesedurcir.LesjambesdeTessasontdoucesetlamanièredontmont-shirtestrelevésurseshanchessisexy.Jeluisourispourluimontreràquelpointelleestbelleetcommej’aimelasentircontremoi.–C’estbeaucoupmieuxcommeça.J’attendsqu’ellemerenvoiemonsourire,maisellen’enfaitrien.–Qu’est-cequinevapas?Jeposegentimentmamainsursajoue,ellefermelesyeuxetesquisseunsourire.Jemedemandesi

celaromptlesrèglesdupari.Jecroisquejesuisbienau-delàmaintenant.–Rien…C’estjustequejenesaispascequejedoisfaire.Enlavoyantgarderlesyeuxbaissés,jesaisqu’ellesesentgênée.Jeneveuxpasqu’elle ressenteautantdepression.Qu’importe lamanièredontelleme touche, je

vaisapprécier.Jenesaispascommentluiexpliquerautrementqu’enluimontrant.–Faiscedonttuasenvie,Tess.Arrêtederéfléchir.Tessaabaisse sesmainset s’apprêteàme toucher le torse.Commeellene le faitpas, je lève les

yeuxverselle.Duregard,ellemedemandelapermissiondemetoucher.Personnenem’ajamaisfaitça avant non plus. J’acquiesce, nerveux,mais excité à la fois. Son index effleure doucementmonventrejusqu’àmonboxer.J’essaiederesterimmobilemêmesij’aienviedel’agripperparlataille,delaretourneretdelabaiserlà,surlematelas.Jefermelesyeuxetsenssesdoigtssuivrelecontourdemestatouages.J’aimequandellefaitça.Elleretiresamainetj’ouvrelesyeux.J’aibesoindeplus.Jesuiscomplètementaccro.–Est-cequejepeux…euh…tecaresser?Hésitante,Tessaregardefixementlerenflementdansmonboxer.Putain oui ! J’ai envie de lui crier. Au lieu de ça, j’essaie de me contenir autant que possible.

J’acquiesceenhochantlatête.–Biensûr.Tessa semble nerveuse lorsque sa main atteint mon entrejambe. Ses doigts effleurent mon

renflementgrandissantavantdelecaresserlégèrement.Elledescendsamainencoreplusbastoutencontinuantdeletoucher.Sesdoigtsbougentdoucementdehautenbaslelongdemaqueuequigonfledeplusenplus.–Tuveuxquejetemontrecommentfaire?Jeveuxqu’ellesesenteàl’aise.Tessaaccepte,etjeprendssamaindanslamienne.Mesmainssonttellementplusgrandesqueles

siennesquesesdoigtsarriventàpeineàmesjointures.Jeguidenosdeuxmainslelongdemoncorpsetm’arrêteàhauteurdemonboxer.Jel’aideàentourermonmembredesamain.Là,çayest.Quandellecomprendqu’ellealecontrôleabsolu,sonregarddevientcoquinalorsquesonvisagecontinuedejouerlesinnocentes.Sespupillessontcomplètementdilatées,seslèvresentrouvertesetsesjouesroses.–Putain,Tessa.Nefaispasça.Jevaisexplosersielleaffichedenouveaucetteexpression.Tessame prend aumot et immobilise samain.Merde, j’ai oublié à quel point elle pouvait tout

prendreaupieddelalettre.–Non,non,pasça.Continueàfaireça.Jeveuxdire,nemeregardepascommetulefais.Tessabatdescilsd’unemanièresicandide.–Comment?–Aveccetairinnocent.Ceregardmedonneenviedetefairepleindechosescochonnes.Tellement,tellementdechoses,Theresa.Elleestnerveuseenbougeantsamain.Saprisen’estpasaussiserréequ’ellepourraitl’être,maisje

neveuxpasluienfairelaremarque.Elleapprendraparelle-mêmeetellepeutcomptersurmoipourl’aideràs’améliorer.Ellesemordillelalèvretandisquesalentecaressemefaitgémirsonnomdansunsouffle.S’ilnemerestaitplusqu’uneseulechoseàvivre,j’aimeraisquecesoitcemoment.–Putain,Tess,c’esttellementbon,tamainsurmoi.Mesmotsl’encouragent,maispeut-êtreunpeutrop.Elleresserredavantagesonétreinte,trop.–Passifort,Bébé.Jelaguidedoucement,enfaisantattentionànepasl’embarrasser.Ellem’embrasseetcontinuesalentecaresse.–Désolée.Ellechuchotedansmoncou toutenfaisantglissersa langue jusquesousmonoreille.Putainnnn,

c’esttellementbon.J’aibesoindelatoucher,jenevaispastenirlongtemps.Mesmainstrouventsapoitrine,maissonsoutien-gorgesedressecommeunmurentresoncorpset

lemien.–Est-cequejepeux…enlever…ton…soutien-gorge?Jeveuxsentirsoncorpssexy.Sousmont-shirt,jecaressesesseinsparfaits:rondsetpleins.Tessa

selaissefaire,lesoufflecoupé.Mesmainstremblentlorsquejedégraferapidementl’attacheetlibèresa poitrine. Je le balance par terre, remets mes mains sous son t-shirt et l’embrasse. Je pincelégèrement ses tétons tout durs, et elle gémit sous mes baisers. J’aime sa façon de m’embrasser,doucementmaispassionnément.Elleenroulesapetitemainautourdemonmembreetbougesamain

dehautenbas,encoreetencore.Tessamedonneduplaisir,dansmonlit,nuesousmesvêtements.–OhTessa,jevaisjouir.Jeperds tout contrôle.Tessa estdevenuexperte à tirerdes sensationsdemoi comme les ficelles

d’unemarionnette.Jesuisenfeuenmêmetempsquedansunocéandeglace.Jenepeuxm’empêcherde crier son nom. Je concentre mon attention sur ses baisers et caresse sa douce langue avec lamienne.Mesmainssonttoujourssursesseins.Sesgémissementsmefontcomprendrequ’elleadoreça. Alors que j’atteins le point culminant, mesmains retombent sur les côtés. La chaleur demonéjaculation qui se répand dans mon boxer ressemble au soulagement de laisser exploser un feud’artifice.Quandl’excitationcommenceàretomber,jeposematêteenarrièreetfermelesyeux.Tessareste

assisesurmescuisses.Jesuiscontent.Malgrélescroyancespopulaires,jesuismortmaissuisalléauparadis, j’ensuissûr.JesensTessadeveniranxieuse.Jerouvrelesyeuxet laregarde.Moiaussi jesuisunpeustressé.Jenesuispascertaindebieninterprétersespetitesmanies.Ellemesouritetçam’apaise.Jeluirendssonsourireetmepencheenavantpourl’embrassersurlefront.Ellesoupire,etj’aimelepetitbruitqueçafait.–Jen’aijamaisprisunpiedcommeça.J’aimequ’ellemefassevivredenouvellesexpériencesetj’aienviedeleluidire.–J’aiétésimauvaisequeça?Ellesemblehorrifiéedecetteconclusionhâtive.–Quoi?Non,tuasététrèsbonneaucontraire.D’habitudeilmefautplusqu’unecaressesurmon

boxer.Leregarddans levague,ellenerépondrien.Quelquechosevientdese refermer.J’essaiedeme

refaire les trentedernières secondesdansma têtepourvoircequiapu l’offenser. Jenepensepasl’avoirfait.Jedécidedeluidemander:–Àquoipenses-tu?Pasderéponse.Ellemereprochedenepasêtreassezcommunicatif,maisellesecomportede la

mêmefaçonavecmoi.–Allez,Tessa,dis-moi.Elle ne se livre pas mais attend de moi que je lui donne des explications approfondies en

permanence.Alors, jedécidede lachatouiller.Unevieille sérieque je regardaisenfantm’aapprisqueleschatouillessontunbonmoyendefaireparlerlesfemmes,toutenrestantdanslaséduction.Etc’estexactementcedontj’aibesoinmaintenant.–Ok…Ok!Jevaisteledire!Ses jambes galopent dans l’air comme celles d’un cheval. On dirait une folle avec son visage

crispé,toutesdentsdehors.Ellemedonnedescoupspourquej’arrêtedelachatouiller.Monventresetordderire.–Tufaislebonchoix.Alorsquejeprononcecesmots,jesensl’humiditédansmonboxer.–Maisattendsuneseconde,jedoisprendreunedoucherapideetchangerdeboxer.Jen’aipasprisdevêtementsderechangeavecmoietn’aiquequelquest-shirtsdanslecoffredema

voiture. Jeme lève et parcours la pièce du regard à la recherche d’une solution.La commode estpleinedevêtements;c’estKarenquimel’adit.J’airefusécetteidée–c’estflippant,vraiment,qu’elleaitrempliletiroirdevêtementspourquelqu’unquineveutrienàvoiràfaireavecelle.Rien à foutre. Je n’ai pas d’autre option, etKarenn’est pas si nulle que ça. J’ai réduit sa salle à

mangerenmiettes;jesupposequejepeuxluifaireplaisirenportantsesdonsdebienfaisance.Jeprieenouvrant le tiroir,mais toutespoirm’abandonnequandmesyeuxseposentsurunemontagnedecaleçonàcarreaux.Bleuetblanc,rougeetblanc,vertetrouge,rougeetbleu,blancetvert.Çan’enfinitplus. J’aienviede refermerviolemment le tiroir,mais jen’aipas lechoix. J’attrape lemoinscriard,unbleuetblanc,etletiensduboutdesdoigtscommes’ilétaitcontaminé.–Qu’est-cequ’ilya?Tessaseredresse,prendappuisursoncoudeetmeregarde.Jelafaisrire,elles’amusecommeune

folle.Jepeuxlevoirdanssesyeux.Chaqueminutepasséeavecellem’amèneàlaconnaîtremieux.–Ilestaffreux.Àcarreaux.Encoton.TailleXL.Quiachètecegenredetruc?–Iln’estpassimal.Je sens le mensonge. J’agite le monstrueux truc bleu et blanc à carreaux dans les airs tout en

secouantlatête.–Enfin,quandonn’apaslechoix…Jereviensdansuneminute.J’attrape l’horriblecaleçonetsorsde lachambresansmeretourner.Sur lecheminde lasallede

bains, je passe devant la chambre de Landon. Je collemon oreille contre la porte. Je ne suis passurprisd’entendreunpersonnagedefilmdirequelquechoseàproposdeselfes.Jefrappedoucementà laportepourêtresûrqueTessanem’entendepas. J’attendsqu’ilme réponde,mais ilest tard. Ils’estprobablementendormidevantTwilight.Jefrappedenouveau,etlaportes’ouvre.Audébut,sonvisage est détendu, jusqu’à ce qu’il réalise que c’estmoi. Jem’avance vers lui,mais il dresse sespoingsserrésdevantlui,surladéfensive.–Jenesuispaslàpourfoutrelamerde.Quelconnarddepenserquejevienspourça.Jevoisqu’ilnemecroitpas–pasunseulinstant.–Danscecas,qu’est-cequetuveux?–Jepeuxentrer?Jejetteunœilàl’intérieurdelapiècesombreetremarquelatailledelatélévisionsurlemur.Elle

fait au moins 1,50 mètre de largeur. Évidemment. Sur un autre mur, des maillots signés par desjoueurs sont accrochés dans des cadres dorés, probablement fabriqués par la gentille dame de laboutique. Elle les a sûrement assemblés avec sa propre sueur, juste pour Landon. Cemec sembleobtenir toutcequ’ilveut. Il fait seulementcinqcentimètresdemoinsquemoimais ilestbienplusmusclé.Alorsquejesuisgrandetmince,ilestpluspetitetathlétique.OndiraitpresqueuneversionplusjeuneetplusintellodeDavidBeckham.Ilporteunt-shirtWCUetunpantalondeflanelle.Soncasestvraimentdésespéré.Ilmeregardedehautenbasethausseunsourcilenvoyantlecaleçon.Jeluidissèchement:–Vate

fairefoutre–c’esttamèrequilesaachetés.Ilportesamaindevantsabouchepourfeindrequ’iln’estpasentrainderire.–Jesais,c’estpourçaquec’estdrôle.Ilsefoutdemoi,etçamerappelleàquelpointilestinsupportable.–Laissetomber.Jepassedevantluipourmedirigerverslasalledebains.J’auraisdûsavoirqu’ilréagiraitcomme

çaavantd’essayerdeluiparler.Illèvesesmainsdevantlui.

– Attends, excuse-moi. Je trouvais juste ça drôle parce que ma mère continue de m’acheter lesmêmes,bienquejepersisteàluidirequ’ilssonthorribles.Jenerigolepas,maisj’avouequel’idéeestassezdrôle.–JevoulaisteparlerdeTessa.Ilmeregarded’unairméfiant.Jel’observeseredresseretpincerleslèvres.–Oui,etalors?Jedégageunemèchedecheveuxdemonvisage.–Jevoulaism’assurerquetusachesqu’elleest…Illèvedenouveaulesmains,cettefoispourmecouperlaparole.–Tessasaitcequ’ellefait ;ellen’apasbesoinquej’interviennecommesiellenepouvaitpasse

prendreencharge.Savoixestgrave,maissansaucunemalveillance.Jenesaispasquoirépondreàça.Jepensaisqu’ilréagiraitcommeunenfoiré,enamiprotecteurqui

luidiraitderesterleplusloinpossibledemoi.Jerestehésitantdanslecouloir.–Bon…Jevaisallermecouchermaintenant.Avantqu’ilrefermelaporte,jeperçoisunsouriresursonvisage.Bon,c’estbizarre–maismieux

quecequej’avaisimaginé.Aprèsmadouche, je retournedans la chambre et trouveTessadans le lit, pelotonnéecommeun

chaton.Sesyeuxseposentdirectementsurlecaleçonquejeporte.Cettechosehideuse.–Ilmeplaît.Ellement.Cetrucestépouvantable,putain.Onnepeutmêmepasdevinerlatailledemonmembre.

Je la fusille du regard, puis éteins la lumière et attrape la télécommande. Je suis surpris que lefantaisisteMonsieurScottn’aitpasinstalléunefoutuetélévisionholographiqueàcetendroit.Jemetsunechaîneauhasard,histoired’avoirunbruitdefond,etrèglelevolumeauplusbas.Jemontedanslelit,m’allongeprèsdeTessaetlaregarde.–Alors,qu’allais-tumedire?Ellecoincesalèvreentresesdents.–Nefaispaslatimide,tuviensjustedemefaireprendremonpied,jeterappelle.Jerigoledevantl’ironiedesonembarras.J’enroulemonbrasautourd’elleetl’attireplusprèsde

moi.J’attendsqueTessaterminedefairesoncinéma.J’adoresamanièred’êtreinsoucianteparfois.J’ai

l’impressiondefaire ressortircetaspect-làchezelle,et j’ensuis fier.Quandmapetite tragédienneretrouvesonétatnormal,sescheveuxsonttoutemmêlés.Desmèchesonduléesretombentdevantsonvisage.Sansmêmeréfléchir,jecaressesescheveuxetrepousseunemèchederrièresonoreille.Elleportedeminusculespetitesbouclesd’oreilles.Çame rappelleunephasepar laquelle je suispasséavecmonamiMarkoùnousvoulionspercernoslobesd’oreille.Lessiensontfiniparêtreinfectés.C’étaitdégoûtantetçasentaitatrocementmauvais.Ilfautquejepenseàautrechose.J’embrassedoucementseslèvresetreportetoutemonattentionsurelle.–Est-cequetuesencoresoûl?Voilà.Encoreunexempledesanaturecurieuseetpressante.–Non,jepensequenotrepetitconcoursdehurlementsdanslejardinm’adessoûlé.–Aumoins,çaauraserviàquelquechose!Jenesaispasquoifairedemonbras.Jedevraisleposerdanssondos?Jenesuispassûr.Jeme

tourneversellepourl’effleurer.–Ouais,onpeutdireça.J’étendsmonbrasetmeconcentresurlamanièredontsatêtereposesurmapoitrine.Ellebougeà

chacunedemesrespirations,commesielles’étaitdéjàhabituéeàcetteposition.Çameplaît.Ellesourit.Unvraisourireéclatant,rienquepourmoi.–JecroisquejepréfèreleHardinquiatropbu.LeHardinquiatropbu…Jepeuxpresque entendre la voixdemamèrequi hurle à travers notre petitemaison : «Tu n’es

qu’unalcoolique,Ken!»J’écartecessouvenirsquimenacentderompreetruinercemomentavecelle.Elledisaitsûrementçapourrire,detoutemanière.Ilfautquej’apprenneàréfléchiravantdeparler.

PasserdutempsavecTessaestuntrèsbonentraînement.–Vraiment?–Çasepourrait.Sielles’imaginequesonimpertinencevamefaireoublierquej’attendstoujoursuneréponsedesa

part,ellesetrompecomplètement.Jeramènedonclaconversationsurletapisetluidis:–Tun’espastrèsdouéepourfairediversion.Maintenant,dis-lemoi.–Jepensaisseulementàtouteslesfillesavecquituas…tusais…faitdeschoses.Dèsqu’elleterminesaphrase,elletentedecachersonvisagecontremapoitrine.C’est à ça qu’elle pensemaintenant ? La seule chose à laquelle je pense,moi, c’est à quel point

j’adorelamanièredontsescheveuxsoyeuxchatouillentmonnezetqu’ellesentlavanillecommesielles’étaitplongéedansunflacondeparfumavantd’arriver.–Pourquoitupensesàça?Ellesoupire,commesijedevaiscomprendredequoielleparle.Jen’enaiaucuneidée.– Je ne sais pas…parce que je n’ai absolument aucune expérience contrairement à toi qui en as

beaucoup.DontStephfaitpartie.L’aigreurdanssavoixestplusqu’évidente.J’imaginequejeréagiraispareilsielleavaitbaiséavec

Zed.Cettepenséeestfurtivemaistranchante,plusquejem’yattendais.Jechassecetteidéedematête.Zedn’apassaplacedanscelitavecelle.J’aimeraisqu’ilpuissevoir

commentellemeregarde,désireused’attirermonattention.Jen’arrivepasàsavoirsielleestcontrariée, jalouseou justecurieuse.Parfois, j’arriveà lireen

ellecommedansunlivreouvert,maisàd’autresmomentslelivreestfermé.Puisquejen’arrivepasàsavoir,jedécidedesimplementluidemander.–Tuesjalouse,Tess?J’espèrevraimentqu’ellel’est.–Non,biensûrquenon.Ellementcommeunarracheurdedents.Je vaism’amuser un peu avec elle. On dirait que c’est ce qu’elle souhaite. Son corps est chaud

contre lemien.Jamais jenesuisrestéallongécommeça,dansunlit,àserrerunefillecontremoiaprèsavoir jouidansmonboxer.Jamais jenemesuissentiaussiconnectéàquelqu’unpendantunactesexuel.Jamaisjen’airessentiçaavant.Etdormiavecquelqu’undansunlit,encoremoins.–Alors,çanet’ennuiepassijetedonnedesdétails,hein?

Elles’empressedecrier:–Non,nefaispasça,s’ilteplaît!Je resserremon bras autour d’elle et rigole doucement. J’aime l’idée que ça puisse la déranger.

Plutôtme percer les tympans que de l’entendreme parler de quelqu’un d’autre, putain. Je fixe leplafondetmedemandesi j’aidéjà imaginéàquoi ressembleraientmesnuits si je lespassaisavecquelqu’un d’autre dans mon lit. Peut-être bourré, mais sinon jamais. Tessa est silencieuse, tropsilencieuse. Elle a dû s’endormir. J’attrape mon portable sur la table pour vérifier l’heure. Il estpresqueminuit.Jelaprovoque:–Tunevaspast’endormiraumoins?Ilestencoretôt.–Ahbon?LavoixdeTessaest lourdedesommeil.Elleallaitvraiments’assoupir surmoi.Franchement, je

pourraisdormiraussi,maisj’aienviedepasserplusdetempsavecelle.Ellebâille,jelèvelesyeuxauciel.J’aimeraisluimentiretluidirequ’ilestseulementdixheures.–Ouais,ilestàpeineminuit.Jepariequ’elledort chaquenuit leshuitheures recommandéespar lesmédecins.Voilàpourquoi

elleesttoujoursheureuseetentraindesourire.–Cen’estpassitôtqueça.Sonbâillementestencoreplusbruyantqueleprécédent.Elleestfacileàconvaincred’habitude,jevaisdoncvoircequejepeuxtenter.–Pourmoi,si.Etpuisj’aienviedeterenvoyerl’ascenseur.Tessaseraiditdansmesbras.J’imaginedéjàlerougeluimonterauxjoues.Sonespritestsûrement

en traindecogiterenpensantàma languechaudeethumidequiglisse le longdesachatteouquidessinedepetitscerclesautourdesonclitoris.Jeluidemanded’unevoixgrave.–Tuasenviequejelefasse?Jemetrompe?Ellefrissonneprèsdemoi.C’estlesignal.Ellelèvelesyeuxversmoietseslèvressefendentd’un

sourire.J’enroulemonautrebrasautourd’elleetnousfaisbasculerdoucementdemanièreàcequejemeretrouveau-dessusd’elle.J’imaginesaboucheouverte,enpleineextase,etsesdoigtsenfoncésdansmes cheveux. Je sens songoût sucré sur le bout dema langue.En réalité,Tessa enroule unejambeautourdemoietmetireplusprèsd’elle.Mesdoigtsremontentdesachevillejusqu’enhautdesacuisse.C’esttellementbondelasentirsousmoi.Soncorpsestsiexcitant.Jesuissûrqu’elleaétéenvoyée

icidansleseulbutdemetortureretdetestermonself-controljusqu’àl’extrême.Puisunepetitevoixdansmatêtemesignalequepeut-être,justepeut-être,elleaétéenvoyéeicipourlaraisonopposée.Peut-êtrequejesuisfaitpourêtreavecelle,pourluimontrerunenouvellemanièredevivre?C’estsûrementn’importequoi,maispeut-êtrequ’ellen’estpaslàpourmepunir–peut-êtrequ’elleestlàpourmesauver.–Tuessidouce…Jepromènedenouveaumamaindehautenbas,lelongdesesjambesexquises.Lesouvenirdece

quisetrouveenhautdecesjambess’imposeàmonespritetdansmoncaleçon.Ellefrissonneencoreetsapeausecouvredechairdepoule.J’aimequesoncorpsréagissetoujoursdecettemanièreàmoncontact.Sondésirnesemblejamaisfaiblir;soncorpsrépondàchacunedemescaresses.J’humidifiemes lèvres, embrasse l’intérieur de son genou. Sa peau si douce a un goût de vanille. Je pourraisdévorersoncorpsentierenuneseconde.Self-control…self-control…

–Jeveuxsavoirlegoûtquetuas,Tessa.Jeplongemesyeuxdanslessiensetattendssaréaction.Ellen’aaucuneidéedudegrédeplaisirque

jepeuxluiapporter.Malanguevalarendrefolle–ellesouhaiteraquejenem’arrêtejamais.LeslèvrescharnuesdeTessas’entrouvrent,etellesepencheversmoi,dansl’attentequej’embrasse

sabouche.Sonmanqued’expérienceestrafraîchissantetfrustrantàlafois.–Non,là,enbas.Jeposemamainsursaculotteentresesjambes,etelleretientsarespiration.Sapoitrinesegonfle

parà-coups.C’estcommesijepouvaissentirseshormonesdéchaînéesdanssoncorps.D’unedoucecaresse,jelatitille,etsaculottes’humidifiedeplusenplussousmesdoigts.Elleestdéjàtrempée,et je le luidis.Elleestsibelle.Sabeautéirradieencoreplusquandelleest

commeça,gonfléeetmouilléepourmoi.–Parle-moi,Tessa.Dis-moiàquelpointtuenasenvie.C’estuneobsession.J’aibesoindel’entendremesupplier.Mesdoigtscontinuentdelacaresseretseconcentrentmaintenantsursonclitoris.Ellegémit:–Je

voudraisquetucontinues.J’adoreça.–Tun’asriendit.Jenesaispassituasapprécié.–Çasevoit,non?Jemeredressepourm’asseoirsurmescuisses.Jenepeuxdétachermesmainsd’elle.Duboutdes

doigts,j’effleurelapeaudoucedesescuisses,cequilafaitsursauter.J’insistetoutenl’encourageant.–Dis-le.Pasdehochementdetête.Dis-moitoutsimplementcequetuveux,Bébé.J’aime tellement l’entendredire àquelpoint elle a enviedemoi.Ellemurmureet s’approchede

moi.–Jeveuxquetulefasses…J’essaiederetenirmesmainsetdelalaisservenirversmoipourmedirecedontelleaenvie.Jelèveunsourcil.–Quejefassequoi,Theresa?–Tusaisbien…quetum’embrasses.Jel’embrassesurlabouchedeuxfois.Elleserenfrogneetjecontinuedelanarguer.–C’estçaquetuvoulais?Ellemefrappelebras.Jeveuxl’entendremesupplier.–Embrasse-moi…là,enbas.Justeaumomentoùjebougepourluiobéir,Tessasecachelevisageetsecouelatête.Jenepeux

m’empêcherderiretandisquejesaisissesmainspourlesécarter.Sonairrenfrognés’intensifie.–Tufaisexprèsdemefairerougir.Enfait,elleestvraimentcontrariée.Àquelmomentest-cearrivé?Ellelèvelesyeuxaucielquandj’essaiedeluiexpliquerquejenepeuxpasm’enempêcher.Quej’ai

justevoulul’entendreprononcercesmots.–Oh!C’estbon,Hardin!Elletirelacouverturesurellepoursecacher.Merde.Elleestmaintenanttournéedel’autrecôtéet

fixelemur.Jedétestel’idéed’avoirpufairedequelquechosedesexuelunemauvaiseexpériencepourelle.Ce

litavecmoiestcenséêtresonrefuge,l’endroitoùellepeutselaisseralleretrenonceràtoutsaufau

plaisirquejeluidonne.J’aimerdé,etmaintenantcetteexpériencevalacontrarierchaquefoisqu’elleypensera.Jen’auraispasdûtantlapousseràbout.Toutestsinouveaupourelle.Jesuisunsombreidiot.Jedisdanssescheveux:–Hé!Jesuisdésolé.Je déteste me battre avec elle. J’étais juste en train de la taquiner ; je n’ai juste pas su quand

m’arrêter.Aucasoùellenel’auraitpasremarqué,jepeuxagircommeunvraiconparfois.–Bonnenuit,Hardin.Savoixestdure.Ellen’estpasd’humeuràplaisanter.J’utilisedonctoutelaforcequej’aienmoi

pourlalaissertranquille.Luimettreencorepluslapressionseraitladernièrechoseàfaire.Tuvois,j’apprends,j’aienviedeluidire.Jebredouille:–Trèsbien,têtedemule.Jevoissa respiration ralentir. Jepassemonbrasautourd’elleet tentede trouver lesommeil.De

tempsentemps,ellesoupireetmarmonnedeschosesincohérentes.Unefoisqu’elleestendormie,jem’assiedsetl’observependantunmoment.Jemedemandependantcombiendetempsellevaêtreencolèrecontremoietsijevaisenfinréussiràdevenirunbonpetitami.

J

7Savieétaitentraindechangersirapidementqu’ilarrivaitàpeineàsuivre.Ilétaitheureux…Enfin,ilavaitapprislesensdecemot.Sesjournéespassaienttropvitepourqu’ilréalisecequiétaitentraindesepasser.Quandelles’offritàlui,ilseréfugiadanssoncorpscommedansunabri.Elleluidonnalapartlaplusintimedesoninnocence,etillaprit,mêmes’ilsavaitquecen’étaitpasàluidelefaire.Maislavérité,c’estqu’ildésiraitqu’ellenel’apprennejamais.Ill’aimaitetl’utilisaitàlafois,incertaindelamanièredontilpouvaitconcilierles deux. Il l’aimait et savait que cela n’excusait pas toutes les erreurs qu’il était en train de commettre, l’une après l’autre.Mais ilespéraitpouvoirprofiterdechaqueinstantprisavecelleetpeut-êtrelaconvaincredeluiaccordersonpardon.

. .emegaresurleparkingdelarésidencedeTessaenmedemandantquelestmonputaindeplan.Pourtant,j’avaislesidéesclairesenpartantdechezmoi.J’avaisl’intentiondemerendredanssa

chambre,detoutluiraconteretdelasupplierdemepardonner.Cen’estpasunplantrèsjudicieux,maisc’est toutcequej’ai trouvé.Laculpabilitéquirongemesentraillesabesoind’être libérée.Jesuisterrifiéparcequivasepasserunefoisquejeluiauraitoutavoué,maiselleméritedeconnaîtrelavérité.Elledoitsavoir.J’aiprisunpetitverreavantdepartir.Justequelquesgorgéespourmedonnerducourage.Jenepeuxpluslatromperavecmesbaisersniladistraireavecmescaressesuneheuredeplus.IlyatoujoursdesplaceslibressurleparkingdubâtimentB,jepeuxmegarertoutprèsdutrottoir.

L’immeuble de son dortoirme fait penser à une vieillemaison pleine de fenêtres,mais la briquerouge foncé luidonneuncôté institutionnelassezsinistre.C’est l’endroit lemoinssurveillépar lepersonneldel’université.Jelesais–j’aiétévirédesbâtimentsAetD.J’écrisrapidementuntextoàStephpourluidiredelaissersonculloindelachambresielleestà

l’extérieur.Ellenemerépondpasimmédiatement,jesorsdelavoitureenespérantqu’elleneserapaslà.Endessous,ilyauntextodeTessaquimesouhaitebonnenuit.J’auraisdûluirépondre.Pourquoijesuissicon?Lecouloirestvide.JesuissinerveuxquejemeretrouvedevantlachambreB20aulieudelaB22

pendantcinqbonnesminutes,sansm’enapercevoir.Jen’arrivepasàdécidersijedoisfrapperàlaporteounon.Ellenem’attendpasvraiment,mais je suis sûrqu’elleest là.Non, jenedevraispasfrapper.Iln’yapasderaison.Quandjetournelapoignée,mesmainssemettentàtrembler.Laporteenboiss’ouvreencraquantquandjepénètredanslapièce.J’espèrenepasrecevoirunechaussureenpleinetêteoutombersurSteph,unebitedanslabouche.Justeaumomentoùmesyeuxcommencentàs’habitueràl’obscurité,lalampes’allume.–Qu’est-cequetufais?Tessaestassise,toutedroite,lesyeuxplissésàcausedelalumièrevive.JepasseàcôtédulitdeStephetm’arrêteàquelquesmètresdeTessa.–Jesuisvenutevoir.Quelquechoseenmoichangeets’apaisemaintenantquejelavois.Ellesetournesurlecôté,une

mainposéesurlahanche.Quandelleseredresse,sespiedsnusdépassentdumatelasetsescheveuxblondsonduléscouvrentlamoitiédesondos.Let-shirtencotonqu’elleporteal’airdoux.J’aienviedem’approcherpourtoucherlamatièresoyeusequicolleàsapeau.Jemeursd’enviedepassermesdoigts sur son front pour écarter lesmèches emmêlées sur son visage. J’ai besoin de toucher ses

lèvresquifontlamoue.Ellefroncelessourcils,ondiraitunpetitchatonencolère.–Pourquoi?Savoixestaiguëetplaintive.Ne sachantpasquoi fairedemoncorps, jem’assieds sur le fauteuil de sonpetit bureauenbois.

Aprèsunmomentd’hésitation,jerépondsfranchement.–Parcequetum’asmanqué.L’incrédulitéetlacolèreselisentsursonvisagetandisqu’ellelèvelesyeuxauciel.Est-cequejelui

aimanqué?Est-ceque jesuisunréconfortpoursesnuits,commeelle l’estpour lesmiennes?Jen’enaipaslamoindreidée.Ellesoupireetsesépauless’affaissent.–Danscecas,pourquoies-tuparti?Elleparledoucement.J’observesachambreuninstant.Pourunefois,sonlitestdéfait,lacouetteestentasauboutdulitet

l’undesoreillersmenacedetomberdumatelas.LecôtédeStephestendésordre,c’estunehabitude.Jememords l’intérieurde la jouepournepas rireà l’idéequeçadoit rendre folleTessa. Je suismêmesurprisqu’ellenerangepaselle-mêmelachambrequandelles’ytrouveseule.Ellelefaitpeut-être,quisait?Je hausse les épaules, etTessa croise ses bras sur sa poitrine.J’ai tellement de choses à te dire,

Tessa,s’ilteplaît,tais-toipourunefois…–Parcequetumecassaislespieds.Elles’énerveettapedespiedscommeunegaminedematernelle.–Ok.Jemerendors.Tuesbourréet,detouteévidence,tuvasencoretemontrerdésagréable.Ellesecouelatêteetfermelesyeux.Lavoirencolèremebrûlelapoitrine,mespoingsseserrent

d’irritation.J’essaiedelaconvaincrequejenesuispasdésagréable,justeunpeubourré,etquej’avaisenviede

lavoir.C’estdifficiledenepasallerm’asseoirprèsd’ellesurlelit.Jeveuxqu’elleserallongeetmelaisselatoucher.Jecontinueàluidéverserdesparolesmielleusespourtenterdelafairesourire.Maisellenes’ylaissepasprendre.–Tuferaismieuxdepartir.Puis elle s’allonge face au mur, me tournant le dos. Quelle petite fille bornée ! C’est à la fois

exaspérantetadorable.Sielleveutsecomportercommeunegamine,jelatraiteraicommetelle.–Eh,oh,Bébé,netemetspasencolère.Sesépaules secrispentet je regrettedenepaspouvoirvoir sonvisage.Mêmesi je l’aiditpour

l’embêter,lemotBébésonnetropbienencequilaconcerne.–Tuveuxvraimentquejem’enaille?Tusaiscequiarrivequandjedorssanstoi.Aufonddemoi,j’espèrequemavulnérabilitéparviendraàlatoucher.Ellesouffleexagérémentet jeretiensmarespiration.Jen’aipasenviedepartir.Jen’aipasenvie

qu’elleleveuillenonplus.–Trèsbien.Tupeuxrester,maismoijedors.Ellerestedanssoncoin.Jemedemandequelleseraitl’intensitédelagiflequ’ellemedonneraitsije

m’allongeaisderrièreelleousijelasaisissaisparl’épaulepourqu’elleseretourne.

Jem’enfichequ’elledorme,maisjepréféreraisquandmêmeprofiterdesacompagnie.J’avaisunemoitiédeplanenarrivant ici,etmaintenant,c’est justehorsdequestion.Elleestdéjàagacée ;elleseraitincapabledediscutersijeluibalançaistoutecettemerdemaintenant.–Quoi?Tuneveuxpasdormiravecmoi?Unefoisdeplus,ellemereproched’êtredésagréableetbourré.Jeluirépondsquecen’estpasle

cas,qu’elleestjusteentraindesecomportercommeuneenfant.Elleajoute:–Onnepeutpasdirequecesoittrèsgentil.D’autantplusquejen’airienfaitd’autrequeteposer

desquestionssurtonboulot.J’ailatêtequitourne;ellenepeutpass’arrêter,elleestenboucle.–Seigneur,tunevaspasrecommencer.S’ilteplaît,Tessa,laissetomber.Jen’aipasenviedeparler

deçamaintenant.Ilm’apparaîtsoudainquesijejouaiscartessurtable,lamajoritédenosproblèmesdisparaîtraient.

Lesoucic’estqu’elleaussipartiraitaveceux.–Pourquoituasbucesoir?Çam’avaitl’aird’êtreunebonneidée.J’étaistriste,angoisséetn’arrivaispasàmettredel’ordre

dansmespensées.Respirerl’alcooldevaitrendremesconfessionsmoinsgraves,moinsinjurieuses.Commediredeschosesincohérentessousl’effetdel’alcool,etsielleréagitmal,reniermesparoleslelendemain.Putain,jenepeuxpasm’arrêterdementir.–Je…jenesaispas…j’avais justeenvied’unverre…oudeux.Tuneveuxpasarrêterd’êtreen

rognecontremoi?Jet’aime.Je l’aimevraiment et j’ai besoind’êtreprèsd’elle. Jedétestequandelle est furieuse contremoi,

maisd’unecertainefaçon,unpeumalsaine,lefaitqu’elles’inquiètepourmoimeréconforte.Àchaquesecondequipasse,sacolères’estompe.–Jenesuispasenrognecontretoi.Maisjeneveuxpasfairemarchearrièredansnotrerelation.Ça

nemeplaîtpasquetut’enprennesàmoisansraison,puisquetut’enaillessansriendire.Siquelquechosetedéplaît,jepréfèrequetum’enparlesouvertement.C’estquoicedélire,DrPhil3? Ilmefautunmomentpourcomprendrequ’elleestentraindeme

parlercommesinousétionsuncouplelégitime,alorsquenousensommestrèsloin,mêmesiellearompu avec le parfait petit ami aux cheveux dorés. Elle tient des propos incohérents sur lacommunication,alorsquetoutcequ’ellefait,elle,c’estseretournerdanssonlitetm’ignorer.Jemesuiscasséleculpourcettefille,etellen’esttoujourspascontente.J’essaied’êtreraisonnable,denepas laissermacolèreprendre ledessus,maisc’estvraimentdifficileavecquelqu’uncommeTessaquiappuietoujourslàoùçafaitmal.Jeriposte:–Tunesupportespasdenepastoutcontrôler.Jen’enrevienstoujourspasqu’ellechercheàmedonnerdesconseilssurlamanièredegérerles

choses.Commesiellesavaittoutetquesamanièredepenserétaitlameilleure.–Pardon?Savoixsebrise.Ellesepencheenavantenappuyantsescoudessursesgenoux.Jeluidisqu’elleestunemaniaqueducontrôle,cequ’ellenie.Elle me demande si, tant qu’on y est, j’ai d’autres reproches à lui faire, et je lui demande

d’emménageravecmoi.Ellesembleaussistupéfaitequejel’imaginais.Bienqu’unpeusurprismoi-mêmed’avoirchoisicemomentprécispourlancerlesujet,jepréfèreêtredirectavecelle.Elleétudie

attentivementmonvisage,commesielleessayaitdemémorisercequejeluidissurcetappartement.Elleestfolledejoie,jelevois.Maishésitanteaussi,etellelecachetrèsmal.Jeluiprouveraiqu’iln’yaaucuneraisond’avoirpeur.Jepeuxcontinueràdevenirmeilleurpourelleetlarendreheureuse.Jesaisquej’ensuiscapable.L’atmosphère entre nous vient de changer radicalement. Elle mordille sa lèvre inférieure et me

taquine.J’aihâted’emménageravecelle.Unouragandevéritésflotteau-dessusdenostêtes,tourbillonnant,s’intensifiant,prêtàsedéverser

à tout moment. Je fais comme si nous étions dans un roman et qu’elle me pardonnera, commeElizabethapardonnéàDarcy.Sinousétionsdesmotssurunepage,elleseretrouveraitdenouveaudansmes bras, peu importerait la gravité demon erreur, juste comme Catherine. Tout ce qu’ellevoudrait, c’est l’excitation que j’apporte dans sa vie et il lui serait impossible de s’éloigner, toutcommeDaisy.Lemalheurnepeutpasnousatteindresinoussommesensécuritédansnotrepropremonde,dansnotrepropreappartement,dansnotrepropreroman.Cetendroitseracommeuneforteresse,pasuneprison,jeleluiprometsintérieurement.Lesmots

meurentsurleboutdemalangue,etjemetournedenouveauverselle.Ellemefixe,trahieparsesyeuxbrillantsd’excitation.–Alors,tuvasvenirhabiteravecmoi?Disoui,Tess.Jet’enprie,disoui.Elle rouledesépaules, et jedevine labretelle rosed’unsoutien-gorge. Jecroyaisqu’ellen’avait

quedessous-vêtementsencotonnoiroublanc.Jecontinuedefixersonépaule,espérantapercevoirautrechose.–Seigneur!Unechoseàlafois.Pourl’instant,jevaisarrêterd’êtreencolèrecontretoi.Ça,c’estsavisionducompromis.–Maintenant,viensmerejoindre.Elles’allongedanslelitettapotelaplaceàcôtéd’elle.Soudain,jemetransformeenpetittoutou,

heureuxquesonmaîtrelelaissemontersurlelit.Jedéboutonnemonjean,lefaisglisserlelongdemesjambesetlebalancesurunepiledecahiersprèsdulitdeSteph.JeregardeTessadontlesyeuxrivéssurmont-shirtmefontcomprendresilencieusementquejedevraisaussileretirer.Lefincotondesont-shirtlarendsexy,maiscen’estriencomparéàlaTessaportantmont-shirt.J’aimetellementqu’elledormeavec.Quandjel’enlèveetleposedevantelle,sonvisagesefendd’unmerveilleuxsourire,puiselleretire

lesien.Sapeaulisseest tellementsexy,commelamanièredontsonventresecreuseverssadoucepoitrine.Mesyeux sortentpresquede leurorbite à lavuede sa lingerie.Ellem’avaithabituéàducotondoux,sansbalconnet,sansrienpourmettresapoitrineenvaleur,pasàunsoutien-gorgepush-upendentelle.–Putain!Attends,c’estquoiça,putain?Cettefilleestfoutrementsexyetnes’endoutemêmepas,putain.Sesjouessecolorentd’unrouge

profondetfiévreux.Ellemurmure:–Je…jemesuisachetédessous-vêtementsaujourd’hui.Elle est gênée alorsqu’elle ressemble àunedéesse avec sa longue chevelureblonde, ses jambes

lissesetseslèvrescharnuesentrelesquellesmabitemeurtd’enviedes’enfoncer…Je me demande quels autres achats elle a bien pu faire aujourd’hui et s’il serait difficile de la

convaincredemefaireunshowprivéenessayanttoutdevantmoi.

Jen’aijamaisétéaussiexcitéparunefemmedetoutemavie.C’estunebombesexuelle,putain,sansmêmeessayerdel’être.Ellen’imaginemêmepasàquelpointlesfemmestueraientpourêtrecommeelleetavoirsescourbessexy.–Jevoisça…putain!Tessasecouelatête.–Tuterépètes!Elle adorem’entendre dire ça, pourtant. Tessa rayonne sousmes compliments et c’est vraiment,

vraimentagréable.Jem’étonnetouslesjoursqu’ellenesevoiepastellequ’elleest.Jeluirépèteàquelpointelleestbelle,etellesouritencoreplus.Jen’arrivepasàdétachermonregarddesesseinsarrondisetnepeuxempêchermabited’enflerdansmonboxer.Tessafixelegonflementquiétirelecotonnoirdemoncaleçon.Sesyeuxsontgourmands.Ellepassesalanguesurseslèvresavantdelesmordillerlégèrement.Elle

meditquelquechose,maisjeseraisincapabledediredequoiils’agit,mêmesimavieendépendait.–Humm…Peu importe ce qu’elle me dit, je suis d’accord. Je ne pense à rien d’autre qu’à son corps qui

m’appelle;c’estcommesielleétaitfaitepourmoi.Jeposeungenousurlelit,m’allongedoucementsurelleetembrasseseslèvreshumidesetgonflées.Salangueestunmélangedeveloursetdescotch,douceetintense.Elleglissesurlamienne,meblesseetmesoigneàlafois.Jesuisentraindejouerunjeudangereux.Jemarchesurunfil,maisj’aidéveloppéunvraitalent

d’équilibriste.Sielles’installeavecmoi,elleverraàquelpointjesuisprêtàdevenirunmecbien.Elleverraqu’uneerreurn’estrien,comparéeàl’amourquejeluiporte,comparéeàcequejepeux

devenirpourelle.Sa bouche est avide. Elle excelle à ce petit jeu : sa langue s’enroule autour de la mienne, et je

deviensplusaccroàchaquesonqu’elleémet.Jepassemamaindanssacheveluresoyeuseenessayantdésespérémentdemerapprocherd’elle.Jepressemoncorpscontrelesienpourycaressermaqueueavant de m’enflammer totalement. Le soulagement que je ressens en me frottant contre elle meterrifie.Ellecontrôlemoncorpsetmonesprit,etjenesaispascequ’elleenfera.Jeprendsappuisurmoncoudepouradmirersabeauté.Saboucheestrosefoncémaintenant,etdans

matête,jefaislalistedetoutesleschosesquejemeursd’enviedeluifaire.Monautremaineffleureladoucedentellerosesursesseins;lafinematièrearriveàpeineàlescontenir.Lentement,tendrement,jepromènemesdoigtslelongdesonbalconnet,soussabretelle,avantde

lesglisser à l’intérieurde son soutien-gorge. Je sens sespetits tétons toutdurs. Je suis auparadis,putain.–Jen’arrivepasàsavoirsijeveuxlegarder…Je pourrais passer chaque heure de chaque journée allongé ici, contre elle qui attendrait mes

caresses.Jepinceleboutdesesseins,etellegémitdesurprise.Jeveuxsentirsesseinsnusdansmesmains.–Ceserasans!Je suis excité et impatient. Je dégrafe son soutien-gorge et quand elle cambre le dos, jemanque

d’éjaculerdansmonboxer.Jemalaxesapoitrinegénéreuse, lapressantvers lehautet lebas, justepourobserverleurmanièresiparfaitedebouger.Sesseinssontexceptionnels–ilsm’obsèdent.–Qu’est-cequetuveuxfaire,Tess?Putain, j’ai enviede tout faire avec elle. J’ai envied’essayerdes choses jamais faites avant et de

renouvelermesexpériencespasséesd’unenouvellemanière.–Jetel’aidéjàdit.Ellegémit,poussantsapoitrinedansmamain.Quellepetitecoquine!Sommes-nousprêts?Est-elleprête? Jepensequ’elle l’est.Elleest simouilléeque j’aperçois sa

culotteluireàlalumièredelalampe.Jepromènemesdoigtslelongdesonventrejusqu’àl’ourletdesaculotteendentelle.J’essaiede

me contrôler,mais elle gémit. J’ai besoin de l’entendre prononcermes sons préférés. Putain, ellevientdemeprendreentresesdoigts.Mes mains se dirigent vers sa chatte. Je tapote doucement son pubis gonflé et sens sa culotte

mouillée. Son odeur sucrée emplit la pièce et j’ai envie de la goûter. Mes doigts s’enfoncentcomplètementenelleen faisantdesmouvementsdeva-et-vient.Ellepousseuncriqui s’insinueenmoi,puisellem’entouredesesbraspourpressersoncorpsbandantcontrelemien.Elleestsiétroiteautourdemesdeuxdoigts.Ellegémitchaquefoisquejepénètresonsexe.LesmainsdeTessasontfrénétiquesquandelletrouvemonmembreenérection.Elleleprendentre

sespaumes,lesaisitetlecaresseàtraversmonboxer.–Tuessûre?J’aibesoinqu’elleensoitabsolumentcertaine.J’aibesoinquecesoitaussiparfaitpourellequece

leserapourmoi.Sarespirationesthaletanteetilluifautunmomentavantdecomprendrequejeluiparle.Sabouche

estouverte,sesyeuxécarquillés.–Oui,jesuissûre.Arrêtedeteposerdesquestions.Jepenchematêteverselleetgloussedanssoncou.L’ironiedelasituationmetue!Normalement,

c’est ellequi réfléchit trop,maismaintenant les rôles sont inversés. Je suis si prèsde laposséder,enfin, et cet instant est gâché par ce stupide pari. La culpabilité que je porte en moi depuis quej’éprouve des sentiments pour ellem’envahit. Je suis en lutte contremoi-même : le gentil garçonamoureuxdelagentillefilleetlemauvaisgarçontropbrisépouraimerquiquecesoitsontentraindemener un combat acharné. Chacun d’eux attend quelque chose de différent de la princesse. LegarçonennoirestmisK.-O.Jemurmurecontresabouche:–Jet’aime.Tulesais,hein?Sent-ellelapaniquedansmavoix?Sic’estlecas,ellen’enmontrerien.Ellem’embrasse,lentementetdélicatement.–Oui…Jet’aime,Hardin.LesjambesdeTessatressautentlégèrement,commesisoncorpspouvaitàpeineendurerleplaisir

de mes doigts faisant des va-et-vient dans sa chatte si serrée. Des gémissements désordonnés luiviennenttandisquedesimagesclignotentdansmonesprit,desimagesdesoncorpstremblantsouslemienpendantque je rompssachairetprendspossessiond’elle.Maispas tantqu’ellenefaitpas lepremierpas…C’estlalimiteànepasdépasser.Mabouches’activesursoncoud’unenouvellemanière,jelèchesapeausidouceetsenslachaleur

desonsangenparcourirlasurface.Elleestàmoi.–Hardin…jesuis…Ellegémitquandjemeretire.Elleestsimûre,siprêteàêtredévorée,putain.Soudain,jesuisunhommeaffamé.J’aibesoinque

mabouche la goûte. Je recule sur le lit, fais glisser sa culotte et écarte ses cuisses. L’odeur est sidouce,siaddictive.Jen’aijamaisrienexpérimentéquiressembleàcettefaimrugissantenmoi.Meslèvres picorent tendrement un chemin invisible jusqu’à son bas-ventre. Son sexe est trempé. Je nepeuxm’empêcherdesoufflerdessusetsesgémissementsm’enchantent.Jesoulèvesonculetplongematêteentresescuisses.Songoûtenvahitmessenstandisquemalanguelalècheplusfort,plusprécisément.Elles’accroche

auxdrapspournepascrier.–Dis-moiquetutrouvesçabon.Jeluiparleenm’assurantdelâcherunsoufflecontreelleàchaquemotprononcé.Ellesuffoque.–Tellement…Jel’aspireetlalèche,l’amenantàuntorrentdegémissementsetdetremblements.Jeveuxluidonnertoutel’excitationdontelleabesoin.–C’estça,Bébé,jouispourmoi.Jeveuxlesentirsurmalangue.Cequ’ellefait.Jeplaneavecellealorsqu’elleaunorgasmepourmoi.Jenesuisplusenivrépar

l’alcoolmaisparlepouvoir.Je grimpe sur son corps,ma bite explorant son ventre, et je l’embrasse.Elle sort de son état de

transe,l’airrassasiée,etm’embrasseavecfougue.Elleenveutencore.Jesuisimpressionné.–Est-cequetues…Jeluiredemandepourêtresûr.Ellehochelatêtefrénétiquementetpresseseslèvrescontrelesmiennes.–Chut…oui,jesuissûre.Elleplantealorssesonglesdansmondosetreprendmabouchedanslasienne.Sabouchesucela

mienne, sa langue cherche à se frayer un chemin entremes lèvres. Je suis stone de nouveau. Elledescendmonboxer surmeshanches, puis le longdemes jambes.La sensationd’être nu et si durcontresapeaumerendfou.J’aibesoindem’enfoncerenelle,depossédersoncorps.Rien ne sera plus pareil. Aucun de nous deux n’en sortira indemne. Elle ne sera plus cette fille

innocente;elleseraunefemmeavecuneviesexuelle.Elledevracocherlacaseviesexuelleactivechez ledocteur.Un jour, elle semarieraet raconteraà sonmecqu’ellem’abaisé.Chacunede sesconversations sur ses expériences sexuelles passées sera habitée parmoi. Je ressens une immenseculpabilité,maisaussiuneextrêmesatisfaction.C’estuneexpériencelibératriceeteffrayanteàlafois.–Tessa,je…Jedoisluidire.Moncorpsestentraindelafendreendeux.–Chut…Ellen’aaucuneidéedecequ’elleestentraindedire.Jesenslepoidsdemoncorpssurlesien,enparfaiteadéquation.J’observesonvisagepourgraver

cetteimageàjamaisdansmamémoire.–Mais,Tessa,ilfautquejetedisequelquechose…–Chut.Hardin,s’ilteplaît,arrêtedeparler.Maintenant,ellemesupplie.Sesyeuxsontremplisd’amouretd’excitation.Mavieesten trainde

basculer,et làmaintenant toutdesuite, jevais toutchanger.Elleprendlecontrôledelasituationetavant que je ne puisse dire un mot de plus, elle colle ses lèvres contre les miennes. Sa main est

enrouléeautourdemonmembreenérection.Ellemebranle,m’exciteetmefaittaire.J’ailesoufflecoupéquandsonpoucepassesurmonglandhumide.–Jevaisjouirsiturefaisça.J’ai envie de sentir ses doigts délicats caresser mon nœud et m’exciter jusqu’à m’obliger à la

supplierpourenavoirplus.Maissurtout,j’aibesoindem’enfoncerenelle.Maintenant.Jesupposequ’ellen’apasdepréservatif

etjemesensunpeuhonteuxd’enavoirunavecmoi,parhabitude.J’aiquelquesrèglesquandils’agitdesexe,etutiliserunpréservatifenestuneobligatoire.Tessam’observetandisquej’attrapemonjeansurlesoletfouilledanslespoches.J’ail’impression

d’êtreunpervers,àconserverunpréservatifdansmonportefeuilleenprévisiond’uncoup.LeregardbrûlantdedésirdeTessachasseimmédiatementcettepenséeetjeretournedanslelitavec

lepréservatif.J’attendsqu’elleme leprennedesmains,maisellene le faitpas.Biensûr, imbécile,ellen’enaprobablementjamaisvuunendehorsdesescoursd’éducationsexuelle.–Est-ce…Je ne sais pas comment m’y prendre pour lui demander si elle veut essayer de me le mettre.

Certainesfemmesaimentçaetd’autresnon.Ellemonteleton:–Situmedemandesencoreunefoissijesuissûre,jetetue.Jelacroissurparole.Jedécidedoncdechoisir l’optionnumérodeuxquiestdeprofiterdecemoment tantqu’elleest

avecmoi.Jesecouelatêteetluimontrelepréservatif.–J’allaisdire,est-cequetuveuxm’aideràlemettreoujelefaistoutseul?Jeseraisplusrapide,ça,c’estsûr.Tessamordilleseslèvresetsemblenerveuse.Monsexemefaitmaltantjesuisexcité.J’aipresque

enviedelabaisersanspréservatif.Jedoismerappelerqueceseraituneputaindemauvaiseidée.Pasquestion.–Oh.Jeveuxbient’aider,maistuvasdevoirmemontrercommentonfait.Elleesttellementtimideetsisexy,putain.Sesseins,lourdsetronds,sontentraindemedistraire.Il

fautquej’accélèreleschoses.–Ok.Tessas’installecontremoi, les jambescroisées.Jesuiscontentdeluimontrer,maisenréalité, je

l’aidéjàpresquemis.En fait, je suisdéjà surelle,m’installantpour lapénétrer.Ellegémitenmegriffant ledoset les

bras.Elleenveutplus,elleestentraindejouir,etc’estcequej’attendsd’elle.

. .–CEN’ESTPASSIMALpourunefilleviergeetunmecbourré!Tessaplaisanteunefoisquelepréservatifestenplace.Jeluirappellequejenesuispasbourréet

quesesparolesinsolentesm’ontfaitdessoûler.Curieuse,ellemedemande:–Etmaintenant?Jeguidesamainpourlaposersurmabite.–Impatiente?Elleacquiescedelatête.

–Moiaussi.Jesuisimpatient.Jen’aijamaisautantdésiréquelquechose.Ellecontinuedemebranler,monmembredurenroulédanssamain.Jemedéplaceentresesjambes

enlesécartantavecmongenou.Unefoisdeplus,sachattemouillepourmoi.–Tuestrempée,çavaêtreplusfacile.Je la respireencore.Elleest si réactive,çamerendcomplètementdingue,putain. J’embrasseses

lèvres,lescoinstoutdouxdesabouche,sonnez,seslèvresdenouveau.Sonbrasestenrouléautourdemoi,etjeprendsunegrandeinspirationquandellem’attireencoreplusprèsd’elle.Jemefrottecontresonsexehumideetsuissurlepointd’exploser.Elleestimpatienteetm’attireplusprèsencore.Jelapréviens:–Doucement,Bébé,doucement.Jel’embrassesurlatempe.Jeneveuxpasluifairemal.Jeneleferaispas,sijeledevais.–Çavatefaireunpeumalaudébut,donctumedissituveuxquej’arrête,ok?Jelaregardedroitdanslesyeux.Sespupillessontcomplètementdilatées,sesjouesbrûlantes,etses

cheveuxsontétaléssurl’oreiller.–D’accord.Elledéglutitnerveusement.Jelaregardepourluirappelerensilencecombienjel’aime,combien

j’ai besoin d’elle et combien je tiens à elle. Après avoir pris une grande inspiration, je trouvel’orifice et pousse doucement à l’intérieur. Elle est si étroite qu’en la pénétrant, mon sexe bute àchaquecentimètre.Jem’arrêtequandsesyeuxseferment.Jeluidemande,lesoufflecourt:–Çava?Ellehochelatête,leslèvrespincées.Elleestsichaude,siserréepourmoi.Jegémispendantqu’elle

grimace:–Putain.Elleseresserreencore.–Est-cequejepeuxbouger?Putain, j’aibesoindebouger.Jesavaisqu’ellemeferaitdécollerauparadis,mais jen’auraispas

cruqueçaseraitextraordinaireàcepoint.Elleprenddepetitesinspirationsavantderépondredoucement.–Oui.J’yvaislentement,nevoulantpasluifairemal.Àchaquebaiserquejeluidonne,jesenssapression

surmonbras se relâcher.Soncou, sabellebouche, sonnez. J’aimechaqueparcellede soncorps.Chaqueparcelledemoncorps.Jeluirépèteàquelpointjel’aimetandisque,lentement,jevaisetviensenelle.Sesyeuxsontmi-

clos,maisellenemontreaucunsigne inhabitueld’inconfort.Aprèsunevingtainedesecondes,ellen’atoujourspasréponduetjem’arrête.–Est-ceque…bordel…est-cequetuveuxquej’arrête.Ellesecouelatête,et jefermedenouveaulesyeux.J’imaginechaquepartiedesoncorpssousle

mien.Sapeaulisse,soncorpsépousant lemien.Elleestàmoimaintenant,etpour toujours,mêmequandnousauronsquittécelit.Jemaintiensmonallureetellegardesesbrasautourdemoi.Jesensmon cœur battre et prendre vie dansma poitrine, tandis que jem’envole au septième ciel. Je n’aijamaisprisuntelpied.

Jemesensvivantetexceptionnel.Etquandjeplongemesyeuxdansceuxdemonamour,ellemeregardeaussiaveccettemêmeadmirationradieuse.Quelquepart,jesaisquetoutirabiendésormais.LaforcedeTessamesurprendencorealorsqu’unelarmesilencieusecoulelelongdesajoue.Je

l’embrasseetlacomplimentecommeellelemérite.–Putain,Tess,tuestropbonne,Bébé.Jet’aimetellement.Jepassemamaindanssescheveuxetsucelapeaudesoncouensueur.–Jet’aime,Hardin.C’esttoutcedontj’aibesoinmaintenant.Avecfougue,j’embrassesabouche,lècheseslèvresetaspiresalangue.–Oh,Bébé,jevaisjouir.Çava?Monmembre est enflammé, la peau de Tessa est luisante de sueur, nous sommes complètement

accrosl’unàl’autre.Tessahochelatêteetm’encourageàmerépandreenelle.Àcemoment,jevoueunehaineprofonde

à cette barrière entre nous. Je veux la remplir – je veux la fairemienne par tous lesmoyens. Seslèvres sucent la peau sous mon cou et je frissonne. Mon corps s’abandonne au plaisir. Je laisseéchappersonnomàtraversmesdentsserréestandisquej’atteinsl’orgasme.Puisjeposematêtesursapoitrineettentederetrouvermonsoufflependantqu’ellecaresseparesseusementmapeau.Tout a changémaintenant. J’ai tout changé entre nous. Je la berce en ignorant volontairement le

poidsdelavéritéquimenacedemeconsumervivant.Etalorsquejel’apaise,jepriejenesaisquelleforceinvisiblepourquemesmotsnesetransformentpasencendres.

T

8Pour lui, les choses commençaient à se dégrader et plus les jours passaient, plus le fragile château de cartes qu’il avait construitchancelait. La moindre allusion à ses mensonges le faisait paniquer, et il était prêt à tout pour élaborer de nouveaux plans. Il étaitconvaincud’êtremauditdepuisl’enfance…iln’yavaitpasd’autreexplicationàtoutelasouffrancequ’ilavaitdûendurer.Ilfinitparsedemander si Tessa était une bénédiction ou sa plus grande malédiction. Il l’avait, tout entière, et pourtant elle lui échappait, chaquesecondeunpeuplus.

. .essaestà sonstage lorsque jeme rendsdanssachambrequelques joursplus tard.Mollym’aracontéqueStephétaitàcranetsurlepointdepéterlesplombs.J’aibesoindeluiparleravant

queçan’arrive.Quandj’arrivesurplace,jetrouveStephétendueentraversdulit,sescheveuxrougesenpagaille.

Desmèches bouclées sont coincées dans des pinces à cheveux. Sonmaquillage est sombre : deuxombres grises recouvrent ses paupières et la font ressembler à une versionmorbide de la blondecalifornienne.Sapeauestblancheetseslèvresrougefoncé.–Ellen’estpaslà.Stephrefermel’écrand’ordinateurdeTessa.Qu’est-cequ’ellefout?–Jesuisjusteentraindematerdesfilms.Détends-toi,espècedepsycho.Jem’emparedel’ordinateursurlelitetlecoincesousmonbras.–C’estàtoiquejevoulaisparler.Elleseredressesursescoudes.Sesseinspointentsousletissudesarobemoulante,révélantplus

qu’iln’enfautpourserincerl’œil.–Meparlerdequoi?Leregardglacial,elleattendmaréponse.J’aitoujourssuquequelquechosenetournaitpasrond

chezelle,maisjen’arrivetoujourspasàenévaluerledanger.Toutlemondepossèdeun,voiredeuxpetitspètesaucasque,maisencequiconcerneSteph,ondiraitquec’estbienplusqueçaparfois.Jepensaisquec’était une fille cool,mais finalement, elle ressembleplus à laversion roussede cettetaréed’AmyDunne4.–Tusaistrèsbien.Jem’assiedssurlelitdeTessaetmetourneversStephquicomprendl’allusion:–Mollyt’aappelé.Elleestentraindevirersalepetitegarce.Tunetrouvespas?Stephrelèvelatêteets’assied.– Je n’ai pas l’intention de dire quoi que ce soit à Tessa. Je sais bien que la seule raison de ta

présenceiciestdemesupplierdenerienluibalancer.Jenevaispaslefaire.–Etjesuiscenségoberça?Pendantquejelaquestionne,ellepassesalanguecontresesdents.–Jemefousquetumecroies.Çanem’amuseplus.Toutçamefatigue,etjecommencemêmeàme

sentirunpeumalpourelle.Pourêtrehonnête,çamesurprendvraiment.–Ahbon?

JemedécaleversleborddulitdeTessaetlaissetombermesbrassurmesgenoux.Ellesemetàrire–unriresauvageetaigu.Jesoupire.J’auraisdûm’endouter.–Non,biensûrquenon!Pourtant,jesuisfatiguéedetoutça.Jel’observetirersurlebasdesarobepourmedévoilerencoreplussondécolleté.Jedétournele

regard.JesuislàpourTessa.Jenedoispasfairedescène.–Jesuissûrequetuenasbientôtterminéavecelledetoutefaçon.Bientôtterminéavecelle?Elleapétéunplomb?–Tul’asbaisée–maintenanttuenasterminéavecelle.C’estcommeçaquetufonctionnes.Non?LeplusbizarredanscequeditSteph,c’estqu’ellen’enaabsolumentrienàfoutredemoi.Elleest

justeentraindefaireunconstat.Étantdonnémonpassif,sonanalysepourraitêtrejuste,saufquej’aipassébienplusdetempsàtravaillerTessaquen’importequid’autre.Tessam’adonnéenviedemebattrepourelleparcequ’ellelemérite.Dommagequej’aitoutfoutu

enl’air.Jemeraclelagorge.–Non.Jen’enaipasterminéavecelle.Stephlèvelesyeuxaucieletpassesalanguesurseslèvres.–Jesaisbien.Tul’asbaiséecombiendefoismaintenant?D’ailleurs,elleesttoujoursaussiétroite

?Jeveuxdire,vuquetudétruistout.Mesyeuxdoiventsortirdeleurorbitequandellemeregarde,carelles’écartedemoi.–Alors,ellel’est?Jesuissûrequ’elleestbonneettul’asbienutilisée.Maintenanttupeuxpasserà

autrechoseetellepeuts’enaller.Jelavoisassezcommeça.–Tunel’aimesvraimentpas.Jepassemamainderrièremanuque.TessapensequeStephest sonamie,et jen’aipasenviede

m’enmêleràmoinsd’yêtreobligé.Enrevanche,sijamaisStephessaiedeluifairequoiquecesoit,jem’enchargerai.–Non,pasvraiment. Ilest tempsdepasseràautrechose.Largue-laet retourne te fairesucerpar

Mollytouslesdeuxjours.–JevaiscontinueràvoirTessa.Jene saispascomment lui expliquer. Jeneveuxpasqu’elle ait encoreplusdepouvoir surmoi,

maisjen’aipasnonplusenviequ’elles’imaginequeTessan’estpasunerencontredéterminantedansmavie.Ellen’enestpasune,maisjepriesanscessepourfaireensortequeçamarche.EtcenesontpaslesaffairesdeSteph.Putain,c’estunbordel,unbordelmonstrueux.–Pourquoit’eslà,Hardin?Jesaisquecen’estpasjustepourt’assurerquejenediserien.Ellerepassesalanguesurseslèvresetpressesescoudesdechaquecôtédesapoitrinedelamanière

lamoinssubtiledumonde.Mestempesmebrûlentsoudainement.Jemelève.–T’escomplètementfollesitut’imaginesquejevaistetoucher!–Tessan’ariendespécial.Jenecomprendspascetteobsessionquevousavezpourelle,Zedettoi.–Zedn’arienàfairedanscetteconversation.Mesmains sont tremblantes. Je vois bien que Steph est de plus en plus satisfaite d’elle et de la

réactionqu’elleprovoquechezmoienmentionnantZed.Nelalaissepast’atteindre,Hardin.

Elle fait exprès de me blesser et je la laisse faire. C’est quoi ce truc que ma grand-mère avaitl’habitudededire?Merde,jenem’ensouvienspas.–Zedestplutôtconcernépourtant…–Tagueule!Jeserremesmainsl’unecontrel’autreetlesporteàmonvisage.J’enfouismonnezdedans,puis

inspireetexpire.Sijesuisvenuici,c’estpourluiparlerdesinquiétudesdeMollyetm’assurerqueTessanepuisse

pasm’êtrearrachéeàcaused’unactefououvicieuxdeSteph,maismaintenantquejesuislàetqueStephsecomportecommeunêtreexceptionnellementmonstrueux,jen’aiqu’uneenvie,franchement,c’estd’agircommeunconnard.Stephsecomportecommelareinedesconnassesetmedonnel’impressiondenepasêtredifférent

deceluiquej’étaisavantderencontrerTessa.Quelquepart,jepensaisêtredevenumeilleurqueStephouquelesautres,maisnon.J’auraiuneplacejusteàcôtéd’ellepourbrûlerenenfer.Jenepeuxm’empêcherdelaprovoquer.Jevaisfaireensortequ’ellesesenteaussimalquemoi.Je

laregardeetluiadressemonpirerictus.–Tuferaispeut-êtremieuxdet’occuperdetonproprepetitamietdesamanièredetoujoursfixer

Molly.Jelesaisurprisplusieursfoisensemble…Jeraconted’autrestrucssureux–jenesaismêmepasquoi,enfait–etletempsdeterminermes

mensonges,sesyeuxhumidesetrougeécarlateannoncentmontriomphe.–Tumens!Elletentederetenirseslarmes.Jetetiens.–Non,dommagepourtoi!Je range l’ordinateurdeTessadans le tiroir leplusélevéde sacommode. Jedois sortirdecette

chambre,etvite.JemetireavantqueStephait le tempsd’ajouterquoiquecesoit.Quandj’arriveàmavoiture, je

commenceàreprendremesespritsetréaliselaconneriequejeviensdefaire.Stephn’estpascommelaplupartdesfilles.Ellenevapasdécoléreretattendrelebonmomentpourfrapper.Cettefilleestirrationnelle, et je l’imagine bien révéler chaque détail du pari à Tessa en prenant soin de toutexagérer.Jedoisjustetoutluiraconter–jedoisraconteràTessacettehorriblevéritéavantqu’elleneledécouvreparquelqu’und’autre.C’estentraindemerendrefou.Jeressorsdelavoitureetretourneverslachambreafindetrouverunautreterraind’ententeavec

Steph.Maisdèsquej’arrivedevantlaporte,j’entendslavoixdeTessa.Bordel.Jecolleuneoreillepourécouterleurconversation.C’estTessaquiparle:–JenepensepasqueTristans’intéresseraitàelle;j’aibienvulafaçondontilteregarde.Iltient

vraimentàtoi.Jecroisquetudevraisl’appelerpouravoiruneexplicationaveclui.Jepressemonoreilleplusfortcontrelaporteenpriantpourquepersonnenepasseparlà.–Ets’ilestavecelle?Stephavraimentcrutoutescesconneries?–Jesuissûrequenon.Tessaréconfortesacoloc.–Qu’est-cequetuensais?Parfois,oncroitconnaîtrelesgens,maisonsetrompe.

Merde.Stephvatoutluibalancer.Ellevatoutluidiremaintenant,putain!–H…J’ouvrelaporteetentredanslachambre.–Salut…Ellesontl’aird’êtretrèsproches;quelqu’und’extérieurs’ylaisseraitprendre.–Heu…jerepasseplustard?Stephselève.–Non,jevaisallerretrouverTristanpourm’excuser.MerciTessa.ElleprendTessadanssesbrasetmefixepourmefairecomprendrequ’ellen’apasditsondernier

mot.Diversion–j’aibesoindefairediversion.AlorsqueStephs’apprêteàpartir,jedemandeàTessa:–T’asfaim?–Oui,enfait,j’aifaim.Ellepassesesmainssursonventre.Absorbéeparceque jeviensdedire, ellene semblepas remarquer le regardbizarreetpleinde

hainequemelanceSteph.

J

9Laparanoïas’emparadelui,l’entraînantdeplusenplusloind’elle.Iltentadeseraccrocheràlamoindrepetitelueurd’espoird’avoirlaviequ’ilvoulaitavecelle.Ilessayades’entirerenmettantdiversplansenplacepoursauverlaseulebonnechosequiluisoitjamaisarrivée.Ilimplorasesennemis,suppliasesamisdegarderlesilence.Aucundesesplansnepouvaitfonctionner.Aucund’euxnepourraitdissimulercequ’illuiavaitfait.Ilsavaitque,bientôt,toutluiexploseraitauvisage.

. .’emmène Tessa au centre commercial, où le sort continue de s’acharner sur moi. Nous nousinstallonspourdîneravantdedéciderdansquelsmagasinsaller.Laparanoïamesubmerge,me

poursuitpartoutoùjevais.Jen’arrêtepasdepenseràcequeStephapuluidire.Est-elleaucourantdetoutcequejeluiaicaché?Meverra-t-elleenfincommejesuis,unepersonneindigned’elle?Je pioche dansmon assiette, perdu dansmes pensées. Tessamange lentement et ne cesse deme

regarder.Quecherche-t-elle?Dessignesdetrahisonsurmonvisage?–Onpourraitcommencerpartatenue.Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai accepté d’aller au mariage de mon père. Ça va être

tellementbizarre,putain.Àcestade,fixerTessaestleseulmoyend’oubliertoutelamerdequis’estpasséeilyaplusdetroismois.–Toi,aumoins,tuaslachanced’êtrebelle,quoiquetuportes.Maflatterielafaitrougir.–Cen’estpasvrai.Et toi, il fautabsolumentquetulaisses tombertonlook«jemefousdemon

look,parcequejesuisparfaitdetoutefaçon».Ellerigole,etcettevisionapaiseunpeuladouleurdansmapoitrine.–Pourtant,c’estlecas,non?Jeluisouris.Elleaussiportecelook.Bienplusquemoi,etsansmêmeessayer.LeportabledeTessasemetàvibrersurlatable.Ellesecomportedemanièreplutôtnormalepour

quelqu’unquisaitavoirétéutiliséecommeun jouet.Peut-êtresecomporte-t-elleainsiexprèspourdétournermonattention,jusqu’àcequ’ellepuissesejouerdemoietobtenirsarevanche.Oupeut-êtrequ’ellenesaitvraimentpas?–C’estLandon.Elleme confirme le nomque je vois s’afficher sur l’écran.Mon cœur cesse de s’emballer. Elle

répondau téléphoneet j’observesabouchependantqu’elleparle.Ellemordille sa lèvre inférieurependantquelquessecondesetmedévisagedespiedsàlatête.Ilfautquejetrouveunmoyendel’empêcherderesterseuleavecSteph.Àpartirdemaintenant,j’ai

besoindegarderunœilsurelle.J’aiététropimprudentdanstoutecettehistoire.Ilfautqu’elleresteenpermanenceàmescôtés.–D’accord.Jevaisfairemonpossiblepourleconvaincredemettreunecravate.Inutilededemanderdequielleparle.Ellepressesamaincontresa joueetposesoncoudesur la table.Elleestadorablementdirective.

Maisunecravate?Bonnechance,surtout!TessalanceunnouveausujetdeconversationavecLandon,maismonattentiondévieverslecentre

du restaurant, où se tiennent Zed, Jace et Logan. Ils sont tous habillés d’une manière différente.

Chacund’euxessaiederenvoyeruneimageprécisedesonidentitéàtraverssesvêtements.LoganestunesortedepunkBCBGavecunvisagedebébé.C’estlemoinsvicieuxdestrois.Zed,c’estlegrandbrunténébreux.Avecsavesteencuir,ondiraitunmannequinenpleindéfilé,mêmeaumilieudececentrecommercialdemoyennegamme.Ilestcomplètementdéplacé.Jaceressembleàundélinquant,celuiquetouteslesadolescentesdevraientfuir.Jemelève,abandonnantmonplateausurlatable.–Jereviens.Dieumerci,elleestautéléphone,doncellenemesuivrapas.Pastoutdesuitedumoins.Logansepassedubaumesurleslèvresquandjelesrejoins.Jaceaunairterriblementsuffisantsur

levisageetZedsembleplutôtstressé.–Jesuiscontentdetevoir,moiaussi.C’est Logan qui parle en tapant du pied contre le lino pendant que Jace se marre, d’un rire

hystériqueetaigu.Touslestroisontlespupillesdilatées,etdepetitesveinesrougesstrientleursyeux.Ilssententl’herbeetlavieilleclope.SiZedetTessas’embrassaient,aimerait-ellelegoûtdetabacsursalangue?–Qu’est-cequevousfoutezlà,lesgars?JeguetteTessaducoindel’œil.–Oùça?Dansuncentrecommercial?Je prends une grande inspiration et menace Jace en silence. S’il fait tout foirer aujourd’hui, je

n’auraiaucunproblèmeàluifairemal.–Ontraînaitjustedanslecoin.Loganhausselesépaulesetmeregardeavecunairentendu.Ilsaitpourquoijesuisinquietetmefait

comprendreimplicitementqu’ilsnesontpaslàpourça.Ilinsiste:–Vraiment.Jemedétendsunpeu.–Oùesttonpetitanimaldecompagnie?Jacetirelalangued’unemanièrerépugnante.ZedgrincedesdentstandisqueLogannousignoreetfixel’écranfissurédesoniPhone.–Oh!Elleestlà-bas.Jesuisàdeuxdoigtsd’étranglerJace.Cemecestdelapireespèce.Unpeucommemonancienpote

Markquiprenaitlesgenspourdesjouetsmaisneressentaitaucunremordsdesesactesdemerde.Jesuppose que je suis pareil, pourtant, jeme dis en repensant au pari.D’autant qu’à la fin de ce jeuauquelnotregroupeaparticipé,c’estmoiquiairemportéleprix.–Arrêtetesconneries!Je m’avance vers lui, menaçant. Jace sourit d’unemanière diabolique. Il adore voir que je suis

troubléparsafaute.Ilappuielàoùçafaitmalpendantquenousparlons.Illesait,jelesais,etbientôtTessalesauraaussi.–Ellevientparici.Logancontinuedefixersonportable,maisnousprévientquandmêmedel’arrivéedeTessa.J’ailes

mainsmoites.Mesongless’enfoncentdansmespaumes,mettantlapeaudemesarticulationsàrudeépreuve.Ilsvontdétruiremaviemaintenant,ici,danscecentrecommerciald’unevillepourriedesÉtats-Unis.–Salut,Tessa,commenttuvas?Zedsedirigeversellepourlaserrerdanssesbras.Jepourraisfacilementlesluiarracher.

Jaceme fixe, un air amusé dans ses yeux injectés de sang : –Hardin, tu neme présentes pas tacopine?–Euh,si.Jefaisungestedelamainentreeuxencomptantlessecondesquisemblentdureruneéternité.–Tessa,uneamie.Tessa,jeteprésenteJace.Tessafroncelessourcilsdecolère.Jeregardeautourdemoi,désemparé.Pourquoiest-elleénervée

?J’étudiesonvisageetattendsqu’ellemeregarde.EllenelefaitpasetdemandeàJace:–VousêtesàWCU?Pourquoia-t-elletoujoursbesoindefaireparlerlesgens?Ilestévidentqu’ellen’apasl’habitude

d’êtreensociété.Ondiraitqu’ellen’aaucunsavoir-vivre.–Ahnon,putain!Lafac,c’estpasmontruc.JacerigoletandisqueTessasedétendunpeu.–Maissitouteslesfilleslà-bassontrouléescommetoi,jeveuxbienreconsidérermaposition.Tessasembleunpeueffrayée,etjecomptementalementtouteslesnuancesdebleuquelevisagede

Jacepourraitprendresijel’étranglais.–Onvasurlesdockscesoir.Vousdevriezvenirfaireuntour,touslesdeux.Faireuntour?Vatefairefoutre,Zed.–Cesoir,cen’estpaspossible.Peut-êtreuneprochainefois.Findelaconversation.–Pourquoicen’estpaspossible?JacemeprovoqueclairementdevantTessaetZed.–Elletravailledemain.Jepasseraipeut-êtredanslasoirée.Seul.Histoire demettre les choses bien au clair. Cette situation ne se reproduira plus jamais. Ça sera

difficile,maisjesuisassezfoupourpenserquejepeuxpeut-êtreyarriver.Jegagnelepari,elleestàmoi,etZedpeutallerbrûlerenenfer,pourlepeuquej’enaiàfoutre.–Dommage.Jeluttepourmecontrôler.JacesefoutdemoiensouriantàTessa.Ilagiteau-dessusdematêtele

jeudiaboliqueauquelj’aiacceptédeparticiper,commesij’étaisunpetitratdevantunbonmorceaudefromage.–Ouais,jevousrejoindraiplustard,enrentrant.Jeluimensetréfléchisàcequejevaisbienpouvoirfairedelui,putain.Ilestentraindetâter le

terrainpourtrouverlebonmomentpourraconterlepariàTessa…c’estlegenredecetenculé.Maisjesaisquesi je luienparle,çaneferaquel’encourageràouvrirsagrandegueuleou,pire,çaluidonneral’idéedelefaires’iln’yapasdéjàsongélui-même.

. .Tessalesfixealorsqu’ilss’éloignenttouslestrois,sonregardenvoiedeséclairs.Jenedispasun

mot et la suis chez Macy’s. Elle est folle de rage. Elle accélère le pas comme une gamine, unemanièreinsupportabledemarquersadésapprobationetdefairesacrisedenerfs.–Qu’est-cequetuas?Rienneva jamaisavecelle.Jedisoufaisquelquechosequinefautpas, lechatd’uninconnul’a

regardéedetravers…ilyatoujoursuntruc.–C’esttoiquimeledemandes,Hardin?

–Oui,jeteledemande!C’esttoiquiasserréZeddanstesbrasiln’yapascinqminutes!Jeluihurledessus.SesbrasautourdeZedsontlaseulechoseàlaquellejepeuxpensermaintenant,

etc’estellequicommenceàmeprendrelatête?–Tuashontedemoiouquoi?Jeveuxdire,jepeuxcomprendre,jenesuispasexactementunenana

cool,maisjecroyais…Jenecomprendspasoùelleveutenvenir.Ellepensequej’aihonted’êtreavecelle?Pourquoitire-

t-elletoujourscegenredeconclusion?–Quoi?Maisbiensûrquenon,jen’aipashontedetoi.Tuesfolleouquoi?Elleestvraimentfolle.Nouslesommestouslesdeux.–Pourquoim’as-tuprésentéecommeuneamie?Tun’arrêtespasdemedemanderdevenirvivre

avectoietaprèstudisàtespotesquejesuisuneamie?Ellehausseletonunpeuplusàchaquemotprononcé.–C’estquoitonplan?Tuveuxmecacher?Jerefused’êtrelesecretdequiquecesoit.Sijenesuis

pasassezbienpourquetesamissachentquenoussommesensemble,alorsjepréfèrequ’onenrestelà.Commentpuis-jelaprésenterautrementquecommeuneamie?Ellevamehaïrplusquesonpire

ennemiquandmon tempsseracomptéavecelle.Ellevaut tellementpluspourmoiqu’unsecret. Jen’essaiepasdelacacher.Jeneveuxpascontinueràladissimuler.Jeveuxlaprésenterfièrementetmontrer à tous les connards qu’elle est àmoi. Rien qu’àmoi.Mais je suis trop con pour être enmesurede faire fonctionner les choses entrenous.Voilàpourquoi je suis obligéde cacher la plusbellechose,leseultrésordetoutemavie.Jedoislaplanqueraulieudelalaissers’écloreausoleil,etçametue.–Tessa!Bordel…Jecontinuede la suivre.Elle jetteun regardvers la cabined’essayagedans le rayon femmesdu

magasin.Jelapréviens:–Jevaisentreravectoi.Jesuissérieux.J’aimeraislasuivreàl’intérieurdelacabineetlabaisercontrelemiroir.Ellehausselessourcils,leslèvrespincées.Ellesaitparfaitementquejelasuivrai.Jelasuivraisdans

lesentraillesdel’enfersiellemeledemandait.–Ramène-moichezmoi,toutdesuite.Laramenerchezelle?Toutçaàcausedecettestupidedispute?Tessaconfirmesapositionens’élançantdevantmoipoursortirdumagasin.Unefoisarrivésàma

voiture,j’essaiedeluiouvrirlaportière,maisellenemelaissepasfaire.–Çayest,tuasfinidefairetascène?–Unescène?Non,maisturigoles?Elleesthorsd’ellemaintenant.–Jenevoispasoùestleproblème,j’aiditquetuétaisuneamie,etalors?Cen’estpascequeje

voulaisdire.J’aiétéprisaudépourvu.Cequiestàmoitiévrai.–Situashontedemoi,jeneveuxplusjamaistevoir.Savoixtremble.Elleessaiederetenirseslarmes.Jelaconnaisassezmaintenantpoursavoirqu’elle

est en traindeplanter ses ongles dans ses cuisses et que ses yeuxgris sont remplis de larmes.Denouvelleslarmesquis’ajoutentàtoutescellesquejeluiaidéjàfaitverser.–Nemedispasça.

Jepassemamaindansmescheveuxpoisseux.J’aienviedemelesarracher,parpoignées.–Tessa,qu’est-cequitefaitcroirequej’aihontedetoi?C’estcomplètementridicule,putain!Jen’aiaucuneraisond’avoirhonted’elle;çadevraitmêmeêtrelecontraire.Pourmesamis,elle

n’estqu’uneblague;chaqueputaindemomentquej’aipasséaveccettefillevadésormaisêtreréduitànéant.J’ensuisresponsable,etellevas’enrendrecomptetôtoutard.Etiln’yarienquejepuissefairepourstopperce trainenmarchequis’apprêteàbrisermavieenmillemorceaux,unefoisdeplus.Jevenaistoutjustedecommenceràlareconstruireetj’aitoutfoutuenl’air.–Amuse-toibienàtafête,cesoir.Ellecontinueàfairelatête.–Arrête!Jen’yvaispas.J’aiditçajustepourqueJacelaissetomber.Cequi est vrai. Jen’ai pas envied’aller àune stupide fête. J’ai enviede rester enfoncé entre les

cuissesdeTessatoutelanuit.–Situn’aspashontedemoi,alorsemmène-moiàcettefête.J’auraisdûmedouterqu’ellebalanceraitça.Toutestunjeupourelle,tout.C’estmoiquidécide,putain.–C’esthorsdequestion,bordel!

. .ÉVIDEMMENT,NOUSSOMMESALLÉSàcetteputaindefête.TheresaYoungaobtenucequ’elle

voulait,unefoisdeplus.Pluslesjourspassentetplusjemeconfortedansmonpropremensonge,bienplusquejeveuxbien

l’admettre. Je fais semblant denepasvoir que tout est en trainde s’effondrer doucement, que cespetitsmorceauxdetoutcequinousretientensemblesontentraindes’effriterunpeuplusàchaqueminuteoùjegardelesilence.Jenepeuxpasluidire.JenepeuxpasouvrirlaboîtedePandoreetlalaissernousdétruire.Lavéritévanousanéantir;iln’yapasd’autreissuepossible.C’estinexorable.AussiinexorablequemonamourpourTessa.–Bien…bienvenuecheznous!Je hurle dans l’appartement quand l’agent immobilier nous laisse enfin seuls. J’ai cru qu’il ne

partirait jamais.Tessarigoleencouvrantsabouchedudosdesamaintandisquejem’avanceverselle.JelaprendsdansmesbrasetremercieleCieldemepermettredepasserencoreunpeudetempsavecelleavantqu’ellenemesoitarrachée.Jeméritebienunpeudebonheur tantquec’estencorepossible,non?Jen’arrivepasàcroirequenoushabitonslàmaintenant.Çasembletellementirréel.Sesgrandsyeuxsontcurieux,excitésetpleinsdeviecommejamaisjenelesaivusdepuisqueje

l’ai rencontrée. Je lui ai offert sa liberté dans un grand élan de générosité. Je lui ai donné un belappartement dans lequel elle peut être elle-même. La version d’elle que personne ne juge et dontpersonnen’exige rien.Samèren’estpas làpour luidirede sebrosser les cheveux,niStephpourtrouverdesmoyensperversdeluifairedumal.–Siquelqu’unm’avaitditilyadeuxmoisquejevivraisavectoi,etmêmequejesortiraisavectoi,

j’auraispuéclaterderireouluimettremonpoingdanslafigure.Jesourisetprendssonvisageentremesmains.Elleestsichaude,sesjouessibrûlantesd’excitation.–C’estpasgentil,ça!Ellemeprendpar la tailleetseserrecontremoi.Satêteest lourdesurmapoitrine.Elleestmon

ancrage. Je ne me rappelle pas que ma vie ait jamais été si parfaite. Je suis en train d’occultercomplètementlacatastrophequifoncedroitsurmoi,mais,àcetinstant,mavieestparfaite.C’est un soulagement d’avoir notre espace à nous. Finies les fêtes, les colocs et les douches

collectives.Moncœurbatcontresajoue,etjemedemandesiellepeutsentirmaparanoïagrandissante.–Notrelitànous!Jetentel’humourpourmasquermonangoisse.–Onvaavoirbesoindequelquestrucs,commedelavaisselle,parexemple.Plus ilyadechoses ici,plusceseradifficileaumomentdepartir.Putain, jesuiscoincédansce

mensongeetjesuisentraindelaligotertoutenparlant.Cettefillemerveilleusenemepardonnerajamais.Jamais.J’yréfléchiraiplustard.Jetrouveraiunmoyen.Elleposesamainsurmonfrontenlepressantlégèrement.–Tutesensbien?Tutemontresincroyablementcoopératifaujourd’hui.Sonhumoursarcastiquemefaitl’aimerencoreplus.Jeportesamainàmeslèvresetlacouvredebaisers.–Jeveuxsimplementêtresûrquetoutteconvientici.Jeveuxquetutesentescheztoi…avecmoi.Etc’estcequejeressens.JenemesuisjamaissentiautantchezmoiquedepuisqueTessaasignéles

papierspouremménagericiavecmoi.Meréveilleravecsonalarmeinsupportabletouslesjoursestdevenuelachosedontj’aileplusbesoin,quelquechosequimemanquaitsansmêmelesavoir.–Ettoi?Est-cequetutesenscheztoi,ici?Sa voix est pleine d’espoir. Un espoir précaire, pourtant… elle s’attend à ce que je donne une

réponse cruelle surnotrevie àdeux. Jepeux levoir dans sesyeux ; elle est pleined’espoir,maiss’attendaupirevenantdemoiparcequec’esttoujourscequ’ellerécolte.–Aussisurprenantqueçapuisseparaître,oui.Je lui réponds franchement en essayant de sonner aussi juste que possible. J’aime vraiment cet

endroit,avecelle.–Ondevraitallercherchermesaffaires.Puiselleenchaîneenparlantdeslivresetdesvêtementsdontjemesuisdéjàoccupé.Jesouris.–C’estdéjàfait.Ellepenchelatête,enpleineconfusion.–Quoi?–J’aiapportétoutestesaffaires,ellessontdanslecoffredetavoiture.Jenepouvaistoutsimplementpasattendre.Jevoulaisqu’ellevoiecetendroitetn’enpartejamais.

J’aibesoinqu’ellenepartejamaisd’ici,ilfallaitdoncqu’ellesoitconfortablementinstalléetoutdesuite.–Commenttusavaisquej’allaissigner?Etsij’avaisdétestécetappart?Ellelèveversmoiunvisagepleindecuriositéetdedéfi.–Jesavaisquesicelui-cineteplaisaitpas,j’entrouveraisunautre.Elleacquiesceenréalisantquejesuistrèssérieux.–Ok…ettesaffairesàtoi?–Ons’enoccuperademain.J’aidesvêtementsderechangedansmoncoffre.–Oui?D’ailleurs,commentçasefait?

–Jen’ensaisrien.Jesupposequ’onnesaitjamaisquandonpeutenavoirbesoin.Ilvautmieuxêtreprévoyant.Elleestcurieuse,sicurieuse.Jegardedesvêtementsdansmoncoffrepourpleinderaisons;elle

n’aimeraitpasconnaîtrelaplupartd’entreelles.– On va faire des courses ? On a besoin d’un tas de conneries pour la cuisine et d’un peu de

nourriturepourpréparerledîner.Aumomentoùnoussortonsdanslehall,Tessasetourneversmoi:–Ok.Tumelaissesconduireta

voiture?–Jenesaispas…Jelataquine.Évidemmentqu’ellepeutlaconduire.

PartieIII

Après

10. .

Ilétaitfinalementdevenul’hommequ’iln’auraitjamaiscrupouvoirêtreunjour.Ilcanalisaitsacolèreàtraversl’écritureetcommençaitàsesentirfierdelui.Elleétaitl’uniqueraisonquil’avaitamenéàempruntercettevoie-làetilseseraitagenouillédevantellepourlaremercier,chaquesecondedesavie,s’ill’avaitpu.Ellerestaàsescôtésjusqu’àcequeçadeviennetropdestructeurpoureuxdeux.Puiselle lui donnadu temps pour apprendre à régler seul ses problèmes.Mois aprèsmois, elle l’encouragea dans ses choix et lui donnatoujoursl’enviedesebattrepouravancer.Durantcettepériode,chaquemoisoùilréussissaitàrestersobre,ilrecevaitunecartedanssaboîteauxlettres,àl’ancienne,avecson

nom et un cœur. Il la connaissait assez pour savoir qu’elle vivaitmal les longsmois qu’ils passaient séparés l’un de l’autre.C’étaitl’enferpourelleetunpurgatoiresansfinpourlui.Quandlesmotsmanuscritsdesonjournaldevinrentdeslignessurdespagesimprimées,ellen’appelapasdetoutelasemaine.Ilsavait

qu’elleavaitlulelivreetilétaitsûrqu’elleavaitpassétoutsontempsàfairelescentpasdanslepetitappartementqu’ellepartageaitavecsonfrèreàlui.Entre-temps,luiavaitdéménagéetsefamiliarisaitavecunenouvellevilleventeuse,hérisséed’immensesbuildingsoùl’ontrouvaitdeshot-dogsetoùonparlaitbase-ballàchaquecoinderue.Ilnesesentaitpaschezlui,maisellevenaitluirendrevisiteplussouventqu’il leméritait.Lesjoursdéfilèrentainsi,àtravailler,àattendreunappelouunemaild’elle,àplanifierlaprochainefoisqu’illaverrait.Plusildevenaitdigned’elle,etplusilcommençaitàaimerl’hommequ’ilvoyaitchaquematindanslemiroir.Quandladitesemaines’achevaetqu’ellefinitparl’appeler,savoixsebrisadèslespremiersmotsqu’elleprononça,etilnesutquoi

luirépondre.Ilvoulaitqu’ellecomprennequejamaisdeuxpersonnesn’avaientautantétéfaitesl’unepourl’autre.Ellelefélicitapoursonlivre,maisavecunefroidedistance.Ilcommençaitàselasseretàsedemandersiceseraitça,savie:seuldanssonappartementenétageélevé,àmangerdesplatstoutprêtsenregardantdesrediffusionsdesépisodesdeFriends.Quelquessemainesplustard,soncœurs’emballaquandellel’appelapourluidirequ’elleviendrait luirendrevisite,carelledevait

assisteràunmariagedanssaville.Elledansaavecluitoutelanuitpuisrestacontresoncorps,danssonlit,pendanttroisjours…Jusqu’àcequ’elleparte,emportantsoncœuravecelle.Àsontour,ilallalavoir,danscettevilleeffervescentequ’estNewYorkCity.Ilfutimpressionnéparlanouvelleviequ’elleymenait,

maislaplacequ’iloccupaitdanssonanciennevieluimanquait.Pourelle,toutsepassaitplutôtbienlà-bas,avecsesamisetsafamille.Quantàlui,ilentretenaitunevieimaginaireavecelleetnefaisaitqu’attendresavenuepourenfaireuneréalité.Elleétaitsonseulespoird’avoir une belle vie, aussi il continuait de lui prouver qu’il était devenu unemeilleure personne qu’auparavant.Bienmeilleure. Plusvivante.À unmoment donné, quand son évolution commença à transparaître de diversesmanières dans son attitude avec les autres, alors

vinrentaussidepluslourdesresponsabilités.Sonfrèresouffraitd’unchagrind’amour,etils’assurad’êtreprésentpourlui,deluiparleretdel’aideràtraversercettemauvaisepasse.Dedifférentesfaçons,plusoumoinsimportantes,ilsesentitutilepoursafamille.Son frère lui demandad’être témoin à sonmariage.Elle était là, rayonnante d’amourpour lui, et ils comprirent ensemble, avecun

immensebonheur,quele tempsdeleurséparationétaitarrivéàterme.Ilsétaientdeuxadultesàprésent,mieuxarméspouraffronter lemondeensemble.Ilavaitcesséd’êtreégoïste;elleavaitcomprisquielleétait.Leurséparationleuravaitfaitdubien,etmaintenant,ilsétaientprêtsàcommencerleurvieensemble.Ensemble, ils souffrirent de peines de cœur – bien plus fortes que toutes celles qu’ils s’étaient infligées mutuellement les années

précédentes–etparfois,ilsnesavaientpass’ilspourraientpoursuivreleurrelation.Lejourleplussombredetousfutceluioùiljetalesaffairesdelachambrepréparéepourl’enfantqu’ilsvenaientdeperdre.Ilsedemandas’ilavaitétépuni,siseserreurspasséesétaientlacausedeladisparitionqu’ilsdevaientendurer.Lejourdelanaissancedesonpremierenfantfutunenouvellenaissancepourluiaussi.Ressuscité,vivantdenouveau.Ilavaitparcouru

tantdecheminetavaittellementchangé.Ensemble,ilsavaientatteintunniveaud’amouràlafoisplusgrandetplusprofond.Comprendreleschosesluidevenaitpossible.Lesdoigtsdesafilleétaientminuscules,maisellelesavaitenroulésautourdesoncœur.Ilobservalafillequ’ilavaitaiméependantdesannéesdevenirunefemme,puislamèredesonenfant.Iln’yavaitriendeplusbeau…Jusqu’aumomentoùelledevintmèrepourlasecondefois,deleurpetitgarçon.Alorsque leursenfantsgrandissaient,cethommenouveauetsafemme…sesentaientplus jeunesquelquepart, retombantamoureux

chaquejour,encoreetencore.Ilsesentait tellementchanceux,sibéni,si incroyablementfierde laviequ’ilsavaientconstruiteensemble ; iln’arrivaitpasàcroire

quelputaindeveinardilétait.

. .

U

ZedChaque romana saproprevisionduhéros romantique.Laplupartd’entreeuxutilisentd’ailleurs cettemétaphoreclassique,dontnousavonstousfiniparnouslasser:letriangleamoureux.WickhamamentiausujetdupèredeDarcypourgagnerl’affectiond’Elizabeth.JayGatsbyainvitéetenivréDaisyBuchanan,luioffrantuneviequesonmari,Tom,nepouvaitluiprocurer.Lintonétaitlechoixraisonnédemon héroïne préférée,Catherine Earnshaw, qui l’a choisi après avoirmené une vie de passion destructrice avecHeathcliff.Même unloup-garou bronzé etmusclé a tenté de remporter le cœur de la toujours-très-spirituelle Bella Swan face à un vampire amoureux àpaillettes.Ceschémaaétéexploitédesmilliardsdefoisetpuisqu’il l’avaitvécuà traversceshistoires, il trouvaamusantdeseretrouver lui-

même dans son propre triangle amoureux. Dans son histoire à lui, le mauvais-garçon-qui-voulait-devenir-un-saint, malgré un père àproblèmes, tentedegarderéloignéelepluspossible laviergeinnocenteetbornéedugarçonsensibleetbranchéquichercheàsauvertouteslesfleursetlaplanèteenl’espaced’unejournée.Lesgrandsclassiquesseterminentsouventparlamortprécipitéedelaplupartdes personnages ou par la naissance de bébés à moitié vampires. Mais ils ont tous un fil conducteur : l’un des deux hommes n’acarrémentaucunechance.Etencequiconcernaitsa relationavecelle, ilnesavaitpassi le faitqu’elle tiennebeaucoupà luisignifiaitqu’ilgagneraitàlafin.Pourtant,ilsontquandmêmedumérite,cesautresmecsquireviennentdanslapartieaprèsavoirperdufaceàl’incontestableélu.

. .neautrefête.Uneautredecesfêtespleinesàcraqueroùtoutlemondefaittoujoursexactementlamêmechose,justeunjourdifférent.Lesboissonscoulentàflotsdanslesgobeletsrouges,et

la musique résonne de chambre en chambre. Chaque nouvelle personne que j’ai croisée dans lecouloiravait l’airde se faireencorepluschierque laprécédente. Je trouvedoncbizarrequecettesoiréededébutd’annéesoitplusbondéequel’andernier.D’oùviennenttouscesgens?Sesont-ilslassésd’eux-mêmesaupointdevouloirseraccrocheràungrouped’autrespersonnespoursedonnerl’illusiond’avoiruneviesocialeexcitante?Jecommenceàcomprendrequelavieàl’universiténetient qu’à ça. Celle de Washington est très différente de là où j’ai grandi, en Floride, mais lesuniversitésseressemblenttoutesoùquevoussoyez.Jem’adossecontrelemurprèsdelaportedelasalledebainstoutenmeplaignantàvoixhaute:–J’aienviedepisser.Quelquesinstantsplustard,unepetiteblondeauxcheveuxonduléssortdelasalledebainsetpasse

prèsdemoienfixantlesol.Elleporteunt-shirtàmancheslonguesquitombeparfaitementsurlescourbesdeseshanches,malgrésonbaggytroplarge.–Pardon.Ellesouritautapisparterreavantdemedépasseretdedisparaîtredanslecouloir.J’entredanslasalledebainsetfermelaporte.Lepetitespacesentlavanillesynthétique.C’estassez

troublant.Jepissedoncrapidement,melavelesmains,ouvrelaporte…etentreencollisionavecunemeute de filles. L’une d’entre elles me détaille de la tête aux pieds, les yeux écarquillés. Je peuxpratiquementlirecequ’ellepense.Elleouvrelabouchepourparler,maisquandjeregardederrièreelle, la blonde aux hanches de dingue se tient en haut des escaliers. Je l’observe chercher quelque

chosedanssapochearrière,maisnerienensortir.Ellepassesalanguesurseslèvresetlèvelesyeuxauciel.Onvoittoutdesuitequ’elleadutempérament.J’aimisunpointd’honneurànepaschercherderelationavecquiquecesoitpendantunbonmomentaprès l’histoireavecTessa,etpourtantmevoilà en train de me diriger vers la blonde. Je ne cherche rien de sérieux, mais une simpleconversationdécenteàcemomentprécisnemedéplairaitpas.Aumomentoùj’atteinslehautdesescaliers,sapetitemains’enrouleautourdubarreaumétallique

d’une manière très délicate. Je fais quelques pas vers elle tandis qu’elle descend lentement etprudemmentlesmarchesbienqu’elleportedesbaskets.Sescheveuxsontépaisetdescendentjusqu’aumilieudesondos.Jevoissesyeuxparcourirlafoule.Elleesttrèsréceptiveaumondequil’entoure–je peux le dire à sa manière de poser ses yeux sur chaque visage. Cherche-t-elle quelqu’un ? Jeregardesesdentss’enfoncerdanssalèvresupérieureetdécidedem’approcher.Lebasdesonjeanestroulé,etjedistinguelaformed’uneétoileprèsdesacheville.–Tucherchesquelqu’un?Quand elle tourne son visage versmoi, ses grands yeuxmarron, presque trop grands pour son

visage,luidonnentunairunpeueffrayé.Ellefroncelessourcils.–Mesamis,maisjepensequ’ilssontpartis.–Oh.Tuveuxquejet’aideàlesretrouver?Ellecontinuedebalayerlapièceduregard,puisderrièremoi,etsoulèvetoutàcouplacasquettede

base-balld’unmecquipasseàcôtédenous.Ilrâle,maisellesouritd’unairgênéetsembleunpeudésemparée.Jemedemandepourquoielleafaitça.–MonamiJohnporteunecasquette,luiaussi.Je n’arrive pas encore à déterminer si elle est agressive ou juste timide,mais j’ai bien envie de

savoir.–Tunepeuxpaslesappeler?–Non,monportableestdanslesacdemacopine.Jenevoulaispasleprendreavecmoi.Jesavais

quejen’auraispasdûvenirici.Lesfêtes,c’estpasmontruc.Ellehausseletonetcommenceàagitersesmainsdanstouslessens.–MaisMacym’asuppliéeencoreetencore.Ellem’aditqueceseraitdrôleetqu’onne resterait

qu’uneheure.Avecunpetitsoupirdecolère,ellefroncesonnezetjemordillemalèvrepourmeretenirderire.Ellerougit,embarrassée.–Quoi?–Rien.Elleestvraimentmignonne.–Tuveuxboirequelquechose?–Jeneboispassouvent.Savoixestdouce.–Passouventoujamais?–Parfois,maiscertainementpasauxsoiréespleinesdegensquejeneconnaispas.–Oui,jecomprends.Jesourispourluifairecomprendrequejetrouveçacooldenepasressentirlebesoindesemettre

minablecommelerestedesfillesici.Oudesmecs,d’ailleurs.

–Cen’estpascommesijenepouvaispasm’amusersansmedéfoncer.–Ok.J’acquiescedelatête,jelatrouvedeplusenplusattirante.–Ehbien,jepeuxt’apporterdel’eauouunsodaettupeuxresteravecmoietmesamisjusqu’àce

queturetrouveslestiens?–Heu,jenesaispas.Elleregardeverslesalonpleind’inconnus.–Jeneconnaispersonne,etlesfêtescommecelle-cisontplutôtbizarres.Sonregardseposesurdeuxmecsbourrésencerclantunebanded’étudiantesdepremièreannéeen

robescourtes.Ellen’apastort.Nates’avanceversmoidel’autreboutdelapièce,etjeregardedenouveaucettefilleintrigante.–Écoute,sachequesituneveuxpasrestericitouteseule,tueslabienvenuepourtejoindreànous,

là-bas.Jeluimontrelegroupeetobservesesyeuxs’agrandirendécouvrantlacentainedetatouagesque

nousdevonstotaliserànoustous.Jeplaisante:–Ilssontpluscoolqu’ilsenontl’air.Ellesouritetj’ajoute:–Enfin,certainsd’entreeux.Elleme surprend en étouffant un petit rire, puis enme suivant quand je rejoinsmon groupe de

potes.ElleremerciepolimentTristanquiselèvepourluicédersaplacesurlecanapé.Çafaitunbailquejenel’aipasvu,maisjesuiscontentqu’ilsoitrevenudeLouisiane,célibataireetofficiellementremisdetoutessesconneriesavecSteph.–Ànotredernièreannéedanscetteputaind’université!IllèvesongobeletettrinqueavecLogan.Mollynousrejointets’installesursesgenoux.–Ben,paspourmoi…J’aiencoredeuxansàtirer.IlyaduregretdanslavoixdeNate.Lafilleavecquiilsort–Briana,jecrois–lèvelesyeuxauciel,marmonneuntrucgrotesquegenre

je-la-joue-tragédienneetattrapesongobeletpourprendreunenouvellegorgée.–J’auraisdûfaireuneécoledecommerce.Lafac,çacraint,putain.Naterejettelatêteenarrière;lafillel’observeavecamusementet,d’untondereproche,répond:–

Jet’avaisditdefairecestagedanscesalondetatouage.Illèvelesyeuxaucielettiresurlapetitebretellequiretientletopdelafille;onvoitunetraceplus

clairesursapeaubrune,maisjesuissûrqu’ellen’enarienàfoutre.–J’ysongeencore.Franchement,çamesembleêtreunebonneidéepuisqu’ilgalèrevraimentàterminersesétudes.Mollymontredudoigtlafillerencontréedanslecouloir:–Bref,assezparlédecesplansdecarrièreàlacon.Quiest-ce?–C’est…Jelaregardepourqu’ellem’aide.J’aioubliédeluidemandersonfoutuprénom.–Therise.J’entendsunpetitaccentquejen’avaispasremarquéplustôt.Bonsang.Mollysemarreens’appuyantcontreLogan:–Tutefousdemoi!

Jacefaitunrictustoutenléchantlesbordsd’unefeuilleàroulerqu’iltientdanslesmains:–Joliprénom.–Tuveuxjoueràunjeu,Therise?DéfiouVérité?Mollyapriscettevoixquejeluiconnaistropbien.Ellemeregardeetjesecouelatêteenlafixant.–Personnen’aenviedejoueràcettemerde.Theriseestpaumée.Ellesembleanxieuseetlégèrementmalàl’aise.–Oh,allez.Jepariequeçaseramarrant.JacecontinueetMollyacquiesce.–Ouais,vusonlook,tupeuxpeut-êtregagner…Loganmetsamaindevantlabouchedesacopine.Jen’arrivetoujourspasàcroirequecesdeux-là

soientensemble.–Ferme-la!Ellerouledesyeuxmaisobéitetrestesilencieusemêmequandilretiresamaindesagrandegueule.–Necomptezpassurmoipourparticiperàunremakedel’annéedernière.C’étaittropdramatique.Loganembrasse l’épaulenuedeMolly.Ellesourit,pourdevraicette foisetd’unairbienmoins

diabolique.Therise me regarde en haussant un sourcil, puis observe chaque membre du groupe et leur

comportementsoudainincompréhensible.–Ques’est-ilpassél’annéedernière?–Rien!Jejetteunœilàmesamisenespérantqu’ilsfermentleurgueule.Jevienstoutjustederencontrer

cettefille–c’esttroptôtpourlabombarderavectoutescesconneries.–Unmecquis’appelleHard…Mollynepeutjustepaslafermer.Logans’énerve:–OnnevapasencorereparlerdeHessa5 !Ondiraituncouplede télé-réalitéquepersonnen’est

supposémentionner.LacopinedeNateintervient:–C’estquoiputain,Hessa?Mollylèvefièrementlamainethurle:–C’estmoiqui l’ai trouvé ! J’ai lesdroitsd’auteurdece truc. J’ai trouvéunnomàces tarés et

j’espèrebienqu’ilsm’inviterontàleurmariage.Ellesemarre.Lespointesdesescheveuxsontd’unrosepassé;ellen’apasdûrefairesacoloration

depuisunmoment.Coupésaucarré,ilssontpresqueblondsmaintenant.–Ilsnevontpassemarier.J’en ai vraiment ras-le-bol d’entendre parler de ces deux-là. J’en aimarre de voir les statuts de

TessasurFacebook.ElleesttellementheureuseàNewYork;Hardinesttellementheureux;toutlemondeesttellementheureux,putain.Hourrapoureux.–Pastoutdesuite,maisjeparieraisbienlà-dessus.Etmoi?Jegagnerai.Elleadessinéaucrayonnoirdepetitscerclesautourdesesyeux,etquandelleclignedel’œil,elle

ressembleàunchat.Loganenrajouteunecoucheenhochantlatête,l’airtrèssûrdelui.

Commesicemariageétaituneévidencepourtoutlemonde.Mollylèvelamainpourobtenirlesilence.–Enfinbref, avantquevousarriviez tous,nousétionsen trainde revivre legrand récitde l’ex-

petiteamiedeZed.–Ellen’étaitpasmapetiteamie.Jeserrelesdents.Merde.Quiaparlé?Jace,peut-être?Theriseselèveetfaitcraquersesdoigtsmaladroitement.–Bon…C’estlemomentoùjem’envais.Elleaunsourirehésitant,puiss’éloigne.Jedoisavoir l’airpeiné, agacéou furieux– je ressens toutescesémotionsà la fois–parceque

Loganclaironne:–Tuferaismieuxdelalaisserpartir;turisquesjustedetefaireunnouvelennemi.Elleasûrementunpetitamiquicrèveratespneus.Apparemment,mespotesontdécidédemefairechiertoutelasemaineaveclelourdhistoriquede

meserreurspassées.Commejem’attendsàcequemavieamoureusenesoitqu’unenchaînementdedésastres,macolère

setrouveunpeuatténuée.Jen’aipasl’énergiedem’énerver,vraiment,surtoutquandils’agitencoreettoujoursdelamêmechose.–Jenesavaispasquecettefilleétaitfiancée,etjesuisàpeuprèscertainquec’étaitelle,etpaslui,

quim’afaitcettemerde.JegrincedesdentsenmesouvenantdecequeJonahSotoafaitàmavoiture.Cemecnedevraitpas

avoirunposted’enseignantici.Unvraimalade.Natehausselesépaulesetprenduneautregorgée.–Arrêtedecoucheravecdesmeufsquetuneconnaispas,alors.–Çafaitplusd’unan,etcommentj’étaiscensésavoirquesonfiancéallaitdevenirprofici?Ceweek-end-làavaitétéundésastre.Si j’avaissuque lafilleétaitenboîtepourfêtersonpropre

enterrementdeviedejeunefille,jeneseraispasrentréavecelle.Jeveuxdire,ilyauneraisonpourque la tradition impose qu’elles portent des boas en plumes adhésives, de faux diadèmes et cetteécharpe sur laquelle on peut lire ENTERREMENTDEVIEDE JEUNE FILLE ou un truc dans legenre.C’estcommeunevignetted’avertissementpourempêcherlesmecsdefairequelquechosedestupide–oulesempêcher,elles,defairequelquechosedestupide.L’écharpeestgenrelapremièrechosequetudoisenlever.Donclefaitqu’ellesoitlàdevraitsuffireàrappeler«ahouais,ellevasemarier».Danscecasprécis–c’étaitlelendemain.C’étaitbienmaveine, laseule foisdemavieoù j’avaisuncoupd’unsoir,voilà le résultat. (J’ai

sansdouteamenémesamisàcroireàuneversionglobalementexagéréedemaviesexuelle,maisilsn’ontpasbesoindesavoir.)Lemecétaitcool,plusquejenel’auraisétéjusqu’àcequ’ilessaiedemefairevirerduprogrammedesciencesetsebattepourempêcherHardindesefairevirer.Personnen’avaitl’airdesedemanderpourquoiunjeuneprofesseurprenaitladéfensed’unfauteurdetroublesqu’il ne connaissait même pas. C’était des conneries, mais à la fin de la journée, j’étais contentqu’Hardinnesoitpasexclu.–Vous êtes qui pour raconter de lamerde surmoi, de toute façon ? – j’agitemon bras vers le

groupe–parcequeMollyiciprésenteabaiséaveclamoitiéd’entrevous.

–Faisattentionàcequetudis.ToutlemondesecrispeàlamenacedeLogan.Maisplutôtquedem’engueuleraveclui,jechoisisd’allerrattraperlanouvellefille.Jenelaconnaispas,maiselleal’aircooletelleestvraimentcanon.Oui,ellemerappelleTessa,et

oui, ilm’afallubeaucoupde tempspourm’enremettre,etpeut-êtrequec’estunemauvaise idée–maisn’est-cepaslecaspourlaplupartdeschoses?Toutçatournedansmatête.Jemelèvepourlaretrouver.JenevoulaispasquelasituationavecTessaenarrivelà.Jetenaisàelle,oui,maisjemesuisfait

rattraperparmajalousiestupideetmonbesoinmesquindemevengerd’HardinquiavaitcouchéavecSamantha.J’aimaisvraimentbeaucoupTessa,maismessentimentspourellen’étaientrien,comparésàcequeHardinressentaitpourelle.Samanthaétaitextraordinaire;elleétaitdrôleetunpeuplusâgéequemoi.Çam’excitait,maiselle

était sauvage.DepuisquecettehistoireavecTessaest finie, j’ai souventpenséquesa relationavecHardinétaitidentiqueàcellequej’avaisavecSamantha.MaisSamanthaacouchéavecHardinetnevoyaitpasoùétaitleproblème.Elles’estcomportéecommesic’étaituntrucnormalàfaire,coucheravecl’undemespotes.Luis’enfoutaitaussi,biensûr.Maismoi,jenem’enfoutaispas.J’étaisanéantietfurieux,etj’ailaissécessentimentsgrandiren

moi, en attendant le bon moment pour me venger. Tessa me faisait confiance, même après monimplicationdanslepari.Jesuisceluiquiluiadonnétouslesdétails,etelleesttoujoursvenueversmoiquandelleenavaitbesoin.C’étaitleproblèmejustement:ellenevenaitversmoiquelorsqu’ill’envoyaitpromener,etça,çanemeconvenaitpas.Jen’avaispasenvied’êtresanscesselesecondchoix.Detoutefaçon,ilyavaittropdetensionpourmoi.Etunefoislasatisfactiond’atteindreHardinpassée, ça devenait éreintant de continuer de venir à son secours et d’être témoin de leur relationimmature.J’aurais dû la laisser seule dès que son psychopathe de copainm’a frappé, la première fois.Au

contraire,sacolèren’afaitquem’inciteràcontinueretàgagner.Pourquoiaurait-ilpucoucheravecSamantha,participeraupari,puisunefoisquetoutallaitbien,quetoutétaitenordre,déciderquelejeuétaitfini,quejedevaism’arrêterdem’enpréoccuper?C’étaitsiimmature.Jem’enrendscompteàprésent.Jen’auraispasdûallerdanslamaisondesa

mèrecettenuit-là,etjen’auraispasdûdirelamoitiédesconneriesquej’aidites.Mastupiditéfaitquejesuiscélibatairedepuis,etçafaitplusd’unanquejen’aiplusentenduparlerdeTessa.Cequiesttriste,c’estqueçamemanquedeparleravecelle.J’ai entendu dire qu’elle avait déménagé à New York City avec son ami Landon. Mais je sais

qu’Hardinne tarderapas à la suivre là-bas.Bienque jedéteste l’admettre, il y aquelque chosedespécial entre eux.Aussi tarés qu’ils soient, je n’ai jamais vu deux personnes se battre autant l’unepour l’autre. C’est clair qu’Hardin ne lamérite pas,mais ce n’est pas àmoi dem’enmêler. Plusmaintenant.Je sors et inspecte le jardinpour retrouverTherise. Je la repèreperchée sur lemuret depierres

fissuré,cequimerappelleunautresouvenir.Elleramassedespetitsmorceauxdumuret,etquandjem’approched’elle,ellesursaute.–Attends.Jelèvemamainensignedepaix.–Jepeuxt’aideràretrouvertesamisouquelqu’unpourteraccompagner.

–Jenesaispas.Ellem’observeavecméfiance,cherchantpeut-êtrelessignesd’unserialkillersurmonvisage.–Jeveuxseulementteraccompagneràlamaison.Mesamissontdegrandesgueules,maisaucun

d’eux ne te fera jamais demal. Je viendrai avec toi si tu veux. J’ai bu, donc je ne peux juste pasconduire.Jelèveunsourcil;ellesecouelatête.–Waouh,donclepunkbeaugosseauraitdelajugeotefinalement.Ellesouritensemoquantgentimentdemoi.–Parfois.Jemepencheversellepourluiserrerlamain.–Jem’appelleZed.Ellehésitependantunmomentavantd’acceptermamain.–Enchantée,Z…ed.Elleprononcemonnomcommesielleavaitpeurdel’avaler.–Enchanté,aussi,Therise.

L

LandonIl détestait cegarçonparfait avantmêmede l’avoir rencontré.Quand sonpère lui annonçaqu’il allait avoir unnouveau frère, c’étaitcommesitoutlemondes’attendaitàcequ’ilseréjouissedecettenouvelle.Toutàcoup,ilétaitcensés’intéresseràdeschosescommelafamille,lesdînersetlespâtisseriespourêtreàlahauteurdunouveaufilsdesonpère.Quand il fit laconnaissancedecetautregarçon,sahainenefitques’intensifier. Il savaitqu’iln’avaitaucuneraisonde lehaïrsice

n’est de la pure jalousie,mais il le détestait quandmême. Il ne connaissait pas le nomdes athlètes, ne suivait pas le sport comme lenouveaufilsdesonpèreetiln’arrivaitpasàcharmerlesinvitéspendantlesdîners.Ilsavaitqu’ilnepouvaitpasrivaliseraveclegarçon,mais alors que sa vie changeait, il comprit qu’il n’avait jamais vraiment eu besoin de le faire. Ilmena une lutte acharnée – bien tropacharnée–pourgardersesdistancesavecl’EnfantRoiqui,finalement,deviendraitsonmeilleurami.

. .estroispremièrespenséesquimetraversentl’espritchaquejoursont:C’estmoinsbondéiciquejenel’auraiscru.

J’espèrequeTessanetravaillepasaujourd’huipourquel’onpuissetraînerensemble.Mamèrememanque.Oui, je suisbienendeuxièmeannéeà l’universitédeNewYork,maismamèreest l’unedemes

meilleuresamies.Mamaisonmemanquebeaucoup.Çam’aided’avoirTessa;elleestlelienquimerapprocheleplus

demafamilleici.Jesaiscequefonthabituellementlesétudiants;ilspartentdeleurmaison,ilsonthâtedequitterleur

villenatale,maispasmoi.Ilsetrouvequej’aimelamienne,mêmesijen’yaipasgrandi.J’avaisunplanaumomentdem’inscrireàNYU; iln’a justepas fonctionnécomme je l’avaisespéré. J’étaiscenséemménagericietcommencermafuturevieavecDakota,mapetiteamiedelonguedate,depuisle lycée. Jen’avais justepaspenséunesecondequ’elledécideraitdepassercettepremièreannéeàl’universitéencélibataire.J’étaisanéanti.Jelesuistoujours,maisjeveuxqu’ellesoitheureuse,mêmesicen’estpasavecmoi.Ilfaituntempsfrisquetdanscettevilleaumoisdeseptembre,maisilnepleutpratiquementjamais,

comparéàWashington.C’estdéjàça.Surlechemindutravail,jevérifiemonportable,commejelefaisunecinquantainedefoisparjour.

Mamèreestenceintedemapetitesœur,jeveuxdoncm’assurerdepouvoirprendreunavionetmerendrelà-basleplusvitepossibles’ilsepassequoiquecesoit.Jusqu’àprésent,lesseulsmessagesquej’aireçusd’ellesontdesphotosdesplatsincroyablesqu’elleconcoctedanssacuisine.Cen’estpasuncasd’urgence,maisbonsang,cequesespetitsplatsmemanquent.Jemefrayeunchemindanslesruesbondéesetpatienteaupassagepiétonavecunefouledegens,

principalementdestouristesavecdelourdsappareilsphotoautourducou.JerisdiscrètementquandunadolescentbrandituniPadgéantpourseprendreenselfie.

Jenecomprendraijamaisceréflexe.Quand les lumières virent au jaune et que le signal du passage piéton commence à clignoter,

j’augmentelevolumedemamusique.Ici,mesécouteurssontvissésàmesoreillespratiquementtoutelajournée.Laville est tellementplusbruyanteque je l’avais imaginé.Çam’aided’avoir un trucpourm’en

protégerunpeuetquitransformecevacarmeenunemusiquequej’aime.Aujourd’hui,c’estHozier.Je porte même mes écouteurs en travaillant – dans une oreille du moins, comme ça, je peux

toujoursentendre leshurlementsdesclientsquicommandent leurcafé.Aujourd’hui, jesuisunpeudistraitpardeuxhommeshabillésentenuedepirateentraindesecrierdessus,et,alorsquej’entredanslemagasin,jebousculeAiden,lecollèguequej’apprécielemoins.Il est grand, bien plus grand quemoi, avec des cheveux blonds, presque blancs ; il ressemble à

DragoMalfoy,cequime faitunpeupeur.Au-delàdecette ressemblanceavecDrago, il lui arriveparfoisd’êtregrossier.Ilestsympaavecmoi,maisj’aibienvusamanièredereluquerlesétudiantesquiviennentauGrind.Ilsecomporteavecellescommes’ilétaitdansuneboîtedenuit,pasdansuncafé.Illeursourit,flirte,etellessetortillentdegênedevantsonregardde«beaugosse».Jetrouveça

assezrépugnant.Iln’estpassibeau,enfait;peut-êtrequejeleverraisautrements’ilétaitplusgentil.–Faisgaffe,mec.Aidenmedonneunclaquesurl’épaulecommesinoustraversionsensembleunterraindefootball

américain,lesmaillotsdelamêmeéquipesurledos.Ilestentraindebattresonrecorddelourdeuraujourd’hui…Jemedirigeverslefonddumagasinpourm’éloignerdelui,puisattachemontablierjauneautour

de la taille et consultemonportable.Après avoir pointé, je tombe surPosey, une fille que je doisformer pendant plusieurs semaines.Elle est sympa.Discrète,mais bosseuse. J’aimequ’elle prennetoujourslescookiesgratuitsqu’onluioffrechaquejourcommemotivationpourrendrelesheuresdetravailunpeumoinspénibles.Laplupartdesapprentisn’enveulentpas,maiselle,elleenamangéunchaquejourdelasemaineentestantdenouvellessaveurs:chocolat,noixdemacadamia,sucreetunmystérieuxarômeverdâtrequejepenseêtreunproduitlocal,natureletsansgluten.Adosséecontrelamachineàglace,jelasalueenluiadressantunsourire.–Hé!Sescheveuxsontplaquésderrièrelesoreilles.Elleestentraindelirecequiestindiquésurledos

d’unsacdecafémoulu.Ellelèvelesyeuxversmoi,m’adresseunfurtifsourirepoli,puisretourneàsalecture.–C’estinsenséqu’ilsvendentquinzedollarsunsipetittrucdecafé.Je rattrape de justesse le paquet de café qu’ellem’a lancé, au point qu’ilme glisse presque des

mains,maisjefinisparl’empoignerfermement.–Nous…Jelacorrigeenrigolantetreposelesachetsurlatableoùellel’apris.–Nousvendons.–Jenetravaillepasicidepuisassezlongtempspourmesentirconcernéeparle«nous».Puis,elleattrapeunbandeauenrouléautourdesonpoignetetlefaitglissersursescheveuxbouclés

auburn.Elleenaunedecesmasses !Elle lesattachesoigneusement,puismefait signequ’elleest

prêteàsemettreautravail.Poseymesuitdans lasalleetattendprèsde lacaisse.Cettesemaine,elles’entraîneàprendre les

commandes des clients et apprendra sûrement à préparer les boissons bientôt. Prendre lescommandes, c’est ce que je préfère. Je préfère de loin parler aux gens plutôt que deme brûler àchaquefoislesdoigtssurcettemachineàexpresso.Jesuisentraind’arrangermonpostequandlaclocheau-dessusdelaportesonne.Jejetteunœilà

Poseypourvérifierqu’elleestprêteet,biensûr,elleestdéjààmescôtés,paréeàaccueillirlesaccrosaucafédumatin.Deuxfilless’approchentducomptoirendiscutantbruyamment.L’unedesdeuxvoixm’interpelle. Je regarde alors dans leur direction et aperçois Dakota. Elle porte une brassière desport, un short ample et des baskets claires. Elle doit terminer sa course à pied ; si elle avaitl’intentiond’aller à un cours de danse, elle serait habillée unpeudifféremment.Elle porterait unecombinaisonmoulanteetseraittoutaussibelle.Ellel’esttoujours.Dakotan’estpasvenuedepuisplusieurssemaines ; jesuissurprisde la trouver là.Etçamerend

nerveux;mesmainstremblent,etjemeretrouveàappuyerbêtementsurl’écrandel’ordinateur.SonamieMaggymevoit lapremière.Elle tapote l’épauledeDakotaqui se tourneversmoi,ungrandsourireauxlèvres.Soncorpsestrecouvertd’unelégèrecouchedesueur,etsesbouclesbrunessontrelevéessauvagementenchignonsurlehautdesatête.

. .–J’espéraisquetutravaillerais,dit-elleenmesaluantd’abord,puisPosey.Ellel’espérait?Jenesaispasquoipenser.Jesaisquenousnoussommesmisd’accordpourrester

enbonstermes,maisjen’arrivepasàsavoirsic’estjusteuneconversationentreamisouplusqueça.–Hé,Landon.Maggymesalueaussi.Jesourisauxdeuxetleurdemandecequileurferaitplaisirdeboire.–Uncaféglacéavecunsupplémentdecrème,merépondent-ellesenduo.Ellessonthabilléesquasimentàl’identique,maisMaggyparaîtfadeàcôtédelapeaudoréecomme

uncarameletlesyeuxbrunslumineuxdeDakota.Jememetsenmodeautomatique,attrapedeuxgobeletsenplastiqueetlesplongedanslebacàglace

pour récolterdesglaçons.Puis jeprends lacarafedecafédéjàprêteetversesoncontenudans lesgobelets.JesensleregarddeDakotasurmoi.Jemesensplutôtmalàl’aise,etquandjeremarquequePoseym’observeaussi,jeréalisequejepourrais–jedevrais,certainement–luiexpliquercequejesuisentraindefaire.–Tun’asqu’àverserlecafésurlaglace;ilaétépréparélaveillepourêtrefroidetpournepas

fairefondrelaglace.Ce que je lui raconte est vraiment élémentaire, et je me sens presque débile de dire ça devant

Dakota.Nousnesommespasdutoutenmauvaistermes–nousnesortonssimplementplusensemblenineparlonscommenousavionsl’habitudedelefaireavant.J’aiparfaitementcomprisqu’ellemetteun terme à nos trois ans de relation. Elle était à NewYork City avec de nouveaux amis, dans unnouvelenvironnement,et jenevoulaispas la retenir. J’aidonc tenumapromesseet suis restéamiavec elle. Je la connais depuis des années et tiendrai toujours à elle. Elle étaitma deuxième petiteamie,mais lapremièrevraierelationquej’aieuejusqu’àprésent.Auparavant, j’aipasséunpeudetempsavecSo,unefemmedetroisansplusâgéequemoi,maisavecquijenesuisqu’ami.Dakotaaété superavecTessaaussi.Elle l’aaidéeà trouverun jobdans le restaurantdans lequelellebosse

actuellement.–Dakota?Lavoixd’Aidencouvrelamienneaumomentoùjeleurdemandesiellesveulentquej’ajoutedela

crèmefouettée.C’estcequejefaisavecmesproprescafés.Perplexe,j’observeAidenquisedirigeverslecomptoiretsaisit lamaindeDakota.Ilsoulèvesa

maindanslesairs,etelletournoiedevantluiavecungrandsourire.Puisellemejetteunregard,s’écartedequelquescentimètresetluiditd’unemanièreplusneutre:–Jenesavaispasquetutravaillaisici.JeposemonregardsurPoseypournepasm’incrusterdans leurconversation,puis faisminede

consulterlesemploisdutempssurlemurderrièreelle.Ellepeutêtreamieavecquielleveut,çanemeregardepasvraiment.Aidenluirépond:–Jepensaisl’avoirmentionnéhiersoir.Jetoussepourdétournerl’attentiondusonétrangléquejeviensdelaisseréchapper.Heureusement,personnenesemblel’avoirremarqué.SaufPosey,quifaitdesonmieuxpourcacher

unsourire.JeneregardepasDakota,mêmesijesensqu’elleestmalàl’aise;enréponseàAiden,ellerigole

delamêmemanièrequel’afaitmagrand-mèreenouvrantsoncadeaudeNoëll’annéedernière.Cemignonpetitbruit…Dakotarendaitmagrand-mèresiheureusequandelleéclataitderiredevantleschantsringardsdupoissonenplâtresursafausseplanchedebois.Quandellerigoledenouveau,jesais qu’elle est, pour le coup, vraiment mal à l’aise. Cherchant à rendre cette situation moinsembarrassante,jeluitendslesdeuxcafésavecunsourireetluidisquej’espèrelarevoirbientôt.Avant qu’elle ait pu répondre, je souris de nouveau etm’éloigne vers le fond de la boutique en

montantlevolumedemesécouteurs.J’attends que la cloche sonne de nouveau pour signaler le départ de Dakota et Maggy, mais je

comprendsquejen’arriveraiprobablementpasàl’entendreàcausedumatchdehockeydelaveillequi se joue dansmes oreilles.Même avec une seule oreillette, le bruit de la foule en délire et lesclaquementsdescrossescouvriraientlesond’unevieilleclocheencuivre.JeretournedanslasalleettrouvePosey,dépitée,faceàAidenentraindefrimerenluivantantsescompétencesàproduiredelavapeur de lait. Le nuage de vapeur qui monte devant ses cheveux blonds-blancs lui donne un airétrange.–Ilm’aditqu’ilsétaientàl’écoleensemble,danscetteacadémiededanse.Poseychuchotequandj’arriveprèsd’elle.Je m’immobilise et lève les yeux vers Aiden qui semble ailleurs, probablement perdu dans son

propremondemerveilleux.–Tuleluiasdemandé?Jeluiposelaquestion,impressionnéetunpeuinquietdecequ’ilapuluidireausujetdeDakota.Poseysecouelatêteetattrapeungobeletenmétalpourlerincer.Jelasuisjusqu’àl’évier,puiselle

ouvrelerobinet.– J’ai vu ta réaction quand il lui a pris la main, donc j’ai pensé que je devais simplement lui

demandercequ’ilyavaitentreeux.Ellehausselesépaules,cequifaitbougersonépaissechevelurebouclée.Sestachesderousseursontplusclairesquelaplupartdecellesquej’aivuesetéparpilléessur le

hautdesesjouesetsursonnez.Seslèvressontpulpeuses–avecunepetitemoue–etellefaitpresque

ma taille.Ce sontdeschosesque j’ai remarquées lorsdu troisième jourde formation,quandmonintérêtpourelles’estenflammé,jesupposel’espaced’uninstant.Jemeconfieàmanouvelleamieenluitendantuneserviettepouressuyerlegobelet:–Jesuissortiavecellependantunmoment.–Oh,jenepensepasqu’ilssortentensemble.ElleseraitfolledesortiravecunSerpentard.QuandPoseysourit,mesjouess’enflammentetjerigoleavecelle.–Tul’asremarqué,toiaussi?Jeglisselebrasentrenousetattrapeuncookiementhepistachepourleluioffrir.Ellesourit,meprendlecookiedesmainsetenmangelamoitiéavantmêmequej’aieeuletempsde

revisserlecouverclesurlaboîte.

L

ChristianLesliensquiunissentunefamillesontcensésêtreindéfectibles.Noussommessupposésaimernosparents,nosfrères,nossœursettouslesautresmembresdenotrefamillesimplementparcequelemêmesangcouledansnosveines.Quand il était petit, il s’interrogeait beaucoup là-dessus. Devait-il aimer l’homme qui rentrait en titubant et dont la lourde voix le

réveillait régulièrement lanuitalorsqu’ilavaitécole le lendemain?L’hommesurqui il trébuchaitenentrantdans lesalon,affalé là,contrelesocledelacheminée,tentantpéniblementderetirerseschaussures?Lepetitgarçonsetenaitcachéderrièrelemuretobservaitl’hommesedébattreettombersurlesol.Puisilsehâtaitderetournerdanssachambreenévitantdejustesselachaussurequel’hommelançaitcontrelemur,frôlantsatêtedepeu.Ildétestaitcesnuitsetcomptaitlesjoursjusqu’àcequel’amitrèssouriantdesamamanrevienneàlamaison.Ilrêvaitquel’amidesa

mamansoit sonpapa.Peut-êtrequecet autrehomme l’emmènerait avec lui, avait-il l’habitudede sedemander. Il se souvenaitdecethomme,toujoursunlivresouslebras.Ilparlaitdeslivresaveclegarçon,luienracontaitlesintrigues.Illefaisaitsesentirintelligentetplusgrand.Ilsesouviendraittoujoursdupremierlivrequel’hommeluiavaitoffert.Celivredevintrapidementlepremiervéritableamidugarçon.

Engrandissant,ilconstataquel’amidesamamanvenaitdemoinsenmoinssouventetqu’illuimanquait,toutcommeseslivres,pendantses longues périodes d’absence. Cependant, même pendant les années rebelles de l’adolescence, quand l’homme arrivait, il avaittoujours un livre avec lui. Le garçon savait que samaman aimait son ami, mais il ne se doutait pas que toute sa vie dépendait d’unmensonge.

. .amaisonestsilencieuse.JejetteunœilàKim,endormiesurlecanapé,etàKarinaallongéesurson ventre ; les petites mains de la fillette sont agrippées au pull de sa maman. Kim s’est

endormieenluiparlantdemoietdemonaccent.Elleracontaitàlapetitefillequ’elleauraitlaplusadorabledesvoix,unmélangeentrelesdoucessonoritésdesamamanetl’accentdiaboliquedesonpère.«Diabolique»,disait-elle.Ellepeutparler!Elleestlafemmelaplustêtueetlaplusdiaboliquedumondeentier.Etjel’aimecommeunfou.Kimberly, qui fut ma secrétaire avant de devenir mon associée, a un vrai don pour repérer les

talents. C’est peut-être la raison pour laquelle ellem’a épousé.Ou alors, c’est juste qu’elle adorevraiment,maisvraimentbeaucoup,monfils,Smith.C’estdifficiledefaireautrement.Unepiledepapiersestposéedevantmoisurlecomptoir:c’estuncontratpourlerestaurantdeNew

York que nous ouvrirons l’année prochaine. Aussi excitant que ce projet puisse être, il n’est riencomparéàmonbébé.Désormais,mesinvestissementsdanslesrestaurantss’étendentdeWashingtonàNewYorkenpassantparLosAngeles.Maisc’estsanscomparaisonaveclebonheurdevoirmafillegrandir,chosequejen’aipaseulachancedefaireavecmesautresenfants.Jeregardedenouveaumafemme;elleronfleplusfortqued’habitude.J’enprofitealorspourfaire

untrucadorableetaffectueux,lafilmeravecmonportable.Lecontratattendrademain.Mafemmememanque.Jel’observerespirer;lebruitqu’elleproduitestépouvantable.J’appuiesur«enregistrer»et,doucement,medirigevers lecanapé.Enmoinsdecinqsecondes,

elleouvrelesyeux,remarqueimmédiatementletéléphonedansmamain,ettoutàcoup,jemesenscond’avoirperturbésontempsdesommeilalorsqu’elleenasipeuencemoment.Monamourmurmured’unevoixdouceetendormie:–Tun’espascensétravailler?Puiselleétiresonbrasau-dessusdesatêteengardantsesyeuxrivéssurKarina.–Oui,machérie,maist’emmerderestbienplusamusant.Jerigole,etelledonneuncoupdepieddansmadirection.Karinas’agitesursapoitrineetouvreses

petitsyeuxrondspourobserversesodieuxparents.–Voilà,tuasréussi,meréprimandeKimberlyavecunsourire.Elles’assiedtoutensoulevantKarina.Jetendslesbrasversmafilleet,délicatement,Kiminstallele

paquettoutdouxdansmesbras.–Mamerveilleusepetitefille.JeparledoucementàKarinaenenfonçantmonnezcontresapetitejouerebondie.Ellebâilledans

un sourire et, à cet instant, elleme ressemble incroyablement. Smith etHardin ont eux aussi cettepetitefossettequiapparaîtquandilssourient.Jemesouviensd’AnneetKendiscutantdesprénomspourlepetitgarçonquiallaitnaître,unenuit

oùnousétionsdeboutdanslacuisine.LeventredeTrishétaitsigrosqu’ellenepouvaitmêmeplusfaireseslacets.Kenavaitproposé:«J’aimebienNicholasouHarold.»Harold?Non.Nicholas.Encoremoins.Trishavaitsouritendrementenpassantsesmainssursonventre:«Harold.J’aimeassez.»Admettons.Jenedétestaispasceprénom,çanesonnaitsimplementpas juste.Cegarçon,dans le

corpsdeTrish,étaitrobuste.Illuidonnaitdescoupstoutelanuitetgrandissaitsivitequ’ildétendaitsapeauàencraquer.C’étaitunbagarreur,cegosse…leprénomHarold–Harry–était tropdoux,tropcalme.J’étaisintervenuavantqueKennepuissedirequoiquecesoit:«C’esttropcommun.Quepensez-vousd’Hardin?»C’étaitleprénomquejesouhaitaisdonneràmonpremierenfantalorsquejen’étaisencorequ’un

ado.Quandj’étaisplusjeuneàHampstead,jepensaisquej’écriraisunjourunsuper-romandontlepersonnageprincipals’appelleraitHardin.Unprénompeucommun,maistrèsconventionnelpourlavieilleAngleterre.Trishl’avaitprononcéàvoixhautepoursentircommentilsonnaitsouslalangue.«Hardin.Jenesuispassûre…»Maisquandelleavaitregardésonmari–dequij’étaissijalouxàcetinstant–,ilavaitsimplement

haussélesépaules,indifférentmaisessayantdeparaîtrecourtois.Calmement,ilavaitrépondu:«Çasonnebien.»Sesépauless’étaientsoulevéesdenouveau,etTrishavaitfaitunimmensesourire.«Hardin?…Hardin.–Nousavonsdoncleprénom.»Kenavaitsemblévisiblementsoulagé.Trish n’avait l’air ni étonnée ni dérangée par son attitude désinvolte alors qu’ils choisissaient le

prénom de leur premier fils. Or, c’était important pourmoi, et je savais que ça l’était aussi pour

Trish.Je me disais que Ken aurait dû s’en préoccuper plus que ça, mais il était à l’université et avait

beaucoup de travail. À l’époque, je lui trouvais des excuses. Il étudiait beaucoup, et les rumeursdisaientmême qu’il avait commencé à sniffer de la coke pour préparer ses examens. Ses pupillesétaientanormalementdilatées,maisildevaitbeaucoupréviser,jecomprenaisça.Quiétais-jepourlejuger?Mais je savaisqu’il avaitéchouéà tenir le rôledupèreparfait auprèsdupetitbonhomme,sansdouteavait-ilessayé,longtempsavantquelemômesoitlà.Çamedérangeaitplusqueçan’auraitdû,vulasituationdanslaquellejem’étaismis.

. .VINGTANSPLUSTÔT…

Lesoleilestbrûlantetardentpourunmoisd’avrilàHampstead.Trishestallongéeprèsdemoidansl’herbe.Leventfouettesesépaischeveuxbrunssurmonvisage,cequ’elletrouveêtrelemomentleplusdivertissantdesseizedernièresannéesdesavie.Laplupartdutemps,elleestplutôtmaturepourson âge, notamment quand elle développe ses théories sur les dirigeants de cemonde.Mais à cemomentprécis,ondiraitqu’elleaonzeans.Jerepousselescheveuxdesonvisagepourlavingtièmefois.Alorsquejem’écarted’elledequelquescentimètres,jeluidemandeeffrontément:–Tun’étaispascenséecoupercetteénormetignasse?La semaine dernière, elle avait annoncé qu’elle voulait couper ses cheveux court pour prouver,

quelquechose,maisjenesaisplusquoiaujuste.Leparc d’HampsteadTowne est presquedésert aujourd’hui, et le rire deTrish résonne entre les

arbresquiencerclentnotrecarréd’herbe.Nousnousretrouvonsicisouvent,mêmesi,laplupartdutemps,Kenmanquenosrendez-vouscarilesttropoccupé.–Jel’avaisenvisagé,maisc’estbientropamusantfinalement.Trishrapprochesoncorpsdumienetfouettedenouveaumonvisagedesescheveuxbruns.Ilsont

uneodeurdefleursetdementhe.C’estunparfumquim’attire toujours.Soncorpsestcollécontremonflanc,etellepassesajambeau-dessusdelamienne.Jedevraisl’enlever,maisjenelefaispas.C’esttropagréable.–Etsilesbébésnaissaientavecdelongscheveux?Saquestionsortdenullepart,maiscen’estpasdutoutsurprenant.TrishPowellestréputéepourses

fameusesquestions.Etsiceci?Etsicela?C’estsontruc.Jetrouveçabizarreetcoolàlafois.Elleesttellementdifférentedesautresfillesdemonécole–mêmelesfillesdenotreuniversiténesontpascommeelle.Sacheveluresauvageestlapremièrechosequej’airemarquéequandjel’airencontrée,etmaintenantilsembleraitquecesoitmonplusgrosproblème,cemardiaprès-midi.–Avons-nousvraimentséchélescourspourparlerdebébésquisortiraientduventredeleursmères

avecdescoupesderocker?J’ouvrelesyeuxetroulesurleventrepouravoirunemeilleurevisiond’elle.Elleapleindetaches

de rousseur. J’ai enviede les relier entre ellesduboutdesdoigtspuisde lavoir battredes cils etfermerlesyeuxdeplaisir.–Non,jesupposequenon.Elle rigole, et je suis son regard vers l’ombre qui s’approche de nous. Je vois les yeux deKen

s’illuminerquandildévisageTrish.

Elle lui renvoie son sourire tandis qu’il se fraye un chemin à travers les hautes herbes, et Kenressemblesoudainàquelqu’unquivientdegagneràlaloterie.Jenesaispassielleserendcomptedequellemanièreillaregarde.Jel’aitoujoursremarqué–maisj’aiprisl’habitudedeprétendrequeçanemefaisaitrien.Toutlemondesaitque,denousdeux,c’estluilemeilleur.Lesoleilcommenceàmebrûlerlapeau.Jemelèveetposemamainsurmonfrontpourfairede

l’ombre.–Jevaisyaller,j’aiunrencard.Je passemesmains surmon short en jean. En voyant leur teinte brune surmon jean délavé, je

m’émerveilleencored’avoirautantbronzécetété.Trishmelefaitremarquerpresquetouslesjours.Sûrementparcequenouspassonsbeaucoupdetempsensemble.Trishlèvelesyeuxaucieletnousmurmurequelquechosed’assezcoquinàtouslesdeux.Lerouge

monte légèrement aux joues rebondies deKen. Ses cheveux commencent à devenir longs et assezfilassesdanslecou.Descernessombresencerclentsesyeuxmarronàforced’étudierpourpréparerl’examend’entréedesonécolededroit.KenScottestlemeilleurétudiantdenospromosrespectivesàTrishetàmoi;jenesaispascommentquelqu’uncommeluiafinipardevenirnotremeilleurami.Je suppose que Trish est meilleure étudiante que moi. Elle est à la fois le soleil et la vague,rayonnantecommeunfeud’artificeetfroidecommedelapierre.Ellesaitlâcherquandillefautmaisaussifairepreuvedeténacitéetd’intelligencedansd’autrescirconstances.J’aitoujoursaiméçachezelle.–Jepeuxteparleruneminute?Je me lève quand Kenm’interroge et se rapproche un peu de moi ; il me dépasse de quelques

centimètres.J’acquiesceetattendsqu’ilengagelaconversation,maisenvoyantsonregardrivésurTrish,jecomprendsqu’ilveutquenoussoyonsseuls.D’unpetitgeste,jeluifaiscomprendrequejesuis prêt à le suivre, nous avançons de vingtmètres, près d’un vieux banc enmétal. Il s’assied lepremierettapotel’espacevideàcôtédelui.Il a l’air si sérieux,devrais-jem’inquiéter ?Un jeunecouplepasse à côtédenous,maindans la

main.Kenattendqu’ils’éloigne,etmesinquiétudesredoublentjusqu’àcequ’ilparleenfin.–Jevoulaisteparlerdequelquechose.Sessourcilssefroncent,lefaisantparaîtrebienplusvieuxquesesdix-septans.–Tun’espasmourantaumoins?Jeluidonneunpetitcoupd’épaule,etilsedétendunpeu.Ilsecouelatête.–Non,non.Rienàvoiravecça.Unbruitentrelerireetlericanementnerveuxsortdesabouche.Qu’est-cequipeutbienlestresseràcepoint?J’aimeraisjustequ’ilcrachelemorceau.D’unetraite,

illâche:–Je-veux-demander-à-Trish-de-devenir-ma-femme.À présent, je souhaiterais lui enfoncer ses paroles au fond de la gorge, ou pire encore, qu’il

s’étouffeavec.Ok, peut-être pas quelque chose d’aussi affreux,mais n’importe quoi d’autre. Toutsaufça.–Dedevenirta…quoi?Jeluttepournepasmedécomposer.Kenrouledesyeux.

–Mafemme,imbécile.J’aienviedeluidirequ’ilnepeutpasl’avoir,quecen’estpasjustequecesoitluiquiluidemande

enpremier.Laisse-la choisir, j’ai enviede lui dire.Elle est censée être àmoi depuis toujours, j’aienviedeluibalancer.Aulieudequoi,jeluidis:–Pourquoimeledireàmoi?Monamiserassiedsurlebancetposesesmainssursesgenoux.–Jevoulaisjustem’assurer…Lesmotssemblentretenusdanssagorge.Etdanscesilence,soudain,jecomprendsquejesuiscoincé.Jedoischoisirentreêtrehonnêteavec

monmeilleuramioulerendreheureux.Impossibledefairelesdeux.Jemefendsd’unsourireetchoisissonbonheurplutôtquelemien.JenesuispassurprisquandTrishacceptelademandedeKen,maisjementiraissijedisaisquejene

m’étaispasaccrochéaufaibleespoirque,peut-être,ellem’aimaitaussi.Maiselleaimeencorepluslastabilité, et l’année suivante, jeme force àpenser àTrishuniquement commeà la fiancéedemonmeilleurami.Parfois,quandilss’embrassentdevantmoipuisqu’ilssedétachentl’undel’autre,jelasurprendsà

meregarder,commepouravoirmonapprobation.Jem’accrocheàunefaiblelueurd’espoir,cequirendmonannéeextrêmementdifficile.Quandjebaise,jepenseàelle.Quandj’embrassequelqu’un,j’aisongoûtdanslabouche.Jedoisarrêter.Audébut,c’estplutôtfacile.Jecessedecomparertouteslesfillesavecquijesorsàelle.Ellecesse

deglissersamaindanslamiennequandnousdiscutons.Jecommenceàvoirlemondesousunautreangle,maintenantquejenelavoispluscommel’ancredemavie.Ellenemeretientplusici.Plusriennemeretient.Jemesensdésormaisàl’étroitàHampstead.Jelesais.Trishlesait.Mêmelaboulangerieducoinse

posedesquestionssurmoncomportementcesdernierstemps,etsurlefaitquemespetitesexcursionshebdomadairespouracheterdessucreriessesontréduitesàzéro.Soudain, j’aspire davantage à découvrir le monde qu’à rester vivre dans cette ville. J’ai envie

d’allerauxÉtats-Unis,loindesespritsfermésdemescamaradesquin’ontaucunprojetd’avenir–etencoreplus,loindemesdeuxamoureuxpréférés.Enuninstant,jesuisdevenulacinquièmeroueducarrossedansnotrepetitebande,entreKen,Maxetleursfemmes.J’aienvied’enapprendreplussurlemonde,surlesgensengénéral,etjenepeuxpasm’enterrerici.Toutlemondeautourdemoiestdéjàbienenraciné.Ilsontouvertdescomptesenbanqueetchoisiuneuniversitélocale.Jevoisd’icileurambitions’arrêternetaumomentdeprendreleurpremierjob,lemêmequeceluid’undeleursparents.Ilsseconfortentdanscerôleetn’ontjamaisessayéd’enchercherunautre.Trish est devenue l’une d’entre eux. Autrefois étudiante passionnée par les arts, elle n’assiste

pratiquementplus à aucuncours aujourd’hui.Elle etKenont emménagédansunpetit appartementprèsdelafacdedroit,pourgagnerdutemps.Dernièrement,ilneressembleplusàrientellementiltravaille.Chaquefoisquejelevois,ilestderrièreunepiledelivres.Désormais,Trishtientpluslerôledemèrequeceluidefemmepourlui.Elleprogrammesesalarmeschaquesoir,s’assurequesesvêtementssontpropresetdisposéssursonlitlematin,luipréparesoncafé,sonpetitdéjeuneretsonrepasdumidi.Ellel’attendlesoiràlamaison,lenourritdebonspetitsplatschaudset,enretour,Kenl’ignore,luipréférantseslivres.Chaquejour,lemêmescénariofastidieuxserépèteenboucle.Elle

n’estpluslafilleenfleursd’autrefoisquiaimaitprendredesrisques.Elleestunefemmequiattend,surmenéeetenmanquedesommeil.Grâceàsesefforts,lepetitappartementesttoujourspropre,etelleamêmeréussiàluidonnerducharme.Trisharecueilliunchatonerrantet l’asurnomméGat,commel’undemespersonnagespréférés.JesuspecteKendesefoutreroyalementdecettecréature,commedunomqu’elleluiachoisi.Ellejouedemoinsenmoinsàsonjeudes«Etsi…»del’époquequej’adorais,etexprimedeplus

enpluscequis’apparenteàdel’anxiétéchronique.Ellenes’adonneplusàsesenvoléesfantaisistesquinousamusaienttant;aulieudeça,elles’inquièteàchaqueinstant,etjenesuispluspourelleuncompagnondejeudansunchampd’herbesmaisquelqu’unquidoitlarassurer,mêmesijenetienspaslapremièreplacedanssoncœur.Malgré tout, elle garde son humour – et je prie Dieu chaque nuit pour qu’elle ne le perde pas

complètement.Plusjepasselavoiretplusellesembleseconsumer.Jefaisl’effortdeluirendrevisitechaquesemaine,puisdeux foispar semaine,commeelleme ledemande.Kens’absentedeplusenplus longtemps, laissant leur maison de plus en plus vide. Elle partage ses craintes avec moi etchuchote ses questions les plus sombres dans l’obscurité de la pièce. Je prétends avoir toutes lesréponses,etentantquebonamiducouple,jel’encourageàpartagersespeursavecsonmari.Jesuisrapidementamenéàregrettercettedécision.Unenuit,l’unedesraresoùKenestàlamaison

etn’étudiepas,noussommestouslestroisassisautourdelatabledelacuisine,unverredewhiskyàlamain.Pendantuneconversationassezembarrassanteoùnousessayonsdenousteniraucourantdenosviesmutuelles,Kenremplitdenouveausonverre,sanss’embêteràmettredesglaçons–ilnelefaitplusjamais.Trishlâcheungrandsoupir,selèveetsedirigeverslepetitsalonpours’asseoirsurl’accoudoirdu

canapé.–Etsilemondeentiertenaitsousuneclocheenverredanslachambred’unenfantextraterrestre,

commeunesortedefourmilière?Jejureraisquel’accentdeTrishs’intensifiechaquefoisqu’elleboit.–Quellequestiontordue!Jerenifle,etlewhiskybrûlemesnarines.Kennesouritpas,lescoinsdeseslèvresneseredressent

mêmepaslégèrement.Jemelèvepourm’étireretpournepasêtreseulassisàcettetableaveclui.–Trèsbien.Etsilemondes’éteignaitdemain,nousprouvantàtousquenousperdonsnotretempsà

travaillersiduretàdormirsipeu?Ses yeux luisent dans la pièce sombre.Gat grimpe sur ses genoux, elle passe ses doigts dans sa

fourrurecouleurdefeu.Jeréfléchisàsaquestion.Si jemouraisdemain,saurait-elleàquelpoint jesouffrepourelle?À

quelpointjel’aime?Kenfinitparrire,maislaremarquequisuitn’estpasceàquoijem’attendais.–Travaillerdur?Commesituyconnaissaisquelquechose!Il sourit franchement maintenant, la tête inclinée en arrière d’une manière sinistre, les mains

s’appuyantsurlatable.TrishprenduneprofondeinspirationetGatsemblesentirlamenace.Jenelesai jamaisvussedisputer,maissic’est lecas, je seraisducôtédeTrish.Lechat sautesur lesolets’éloigneensedandinantdanslecouloir.Jedevraislesuivre–jedevraispartiretresterendehorsdeça–maisjenepeuxpas.Kenportesonverreàseslèvresetavalelerestedelaliqueurbrune.

–Pardon,maisjen’aipasdûbienentendre.Trishserrelesdents.J’ignorelamanièredontmesmainstremblentsouslatablequandilselèveetcommenceàhausser

leton.J’ignoremonenviedeleplaqueretdelesecouerjusqu’àcequ’ilseréveilledel’étatdemort-vivantdanslequelilestcesdernierstemps.Unétatdanslequelilsemetàluicrierdessus,àl’insulterethurlerdeschosesterriblesàsonsujet.J’ignorelafaçondontmonestomacs’embrasecommeunvolcanquandellelegifle.J’ignorelamanièredontseslarmesbrûlentlapeaudemesbrasquandjelatiens contre moi sur le canapé, après qu’il est sorti faire un tour, complètement soûl, à conduirequelquepartalorsqu’ilestincapabledemarcherdroitMaisaprèsqu’ils’enestallécommeunouragan,sansmêmeprendrelapeinedeseretournerquand

jel’appelais,jesuiscontentqu’ilsoitenfinparti.–Ets’ilnerevenaitpas?LeslèvresdeTrishtremblenttandisqu’ellecommenceenfinàsecalmer,satêtesurmapoitrine.–Ets’ilrevenait?Ellesoupireetserremesmainsdanslessiennes.Je baisse les yeux sur elle, etmon cœur se serre. Elle est si belle.Même quand ses lèvres sont

rougesd’avoirétémordilléesetquesesyeuxsontgonflésdelarmes.Elleestcalmemaintenant.Sesyeuxsontrivéssurmeslèvres.–Etsijemetrompaissurl’hommequejepensaisconnaître?Trishposecettequestionàtoutevitesse,etlasuivantelasuitdeprès.–Etsijepréféraisavoirdel’attentionplutôtqu’uneviestable?Ellesembleagitée,ellepassesesdoigtsdanssonépaissechevelurebrune.Puisellesetournevers

moienredressantlesépaules.–Etsijeconfondaisl’amitiéavecl’amour?Tupensesquec’estcequenousfaisons,Kenetmoi?Ellebaisselesyeuxversmesmainsquiseposentsurellesansmêmequejeleréalise.–Jenesaispas.Jeretiremesmainspourlespasserdansmescheveux,puism’enfoncedenouveaudanslecanapé.

J’aiconfonduamitiéetamourenchoisissantl’amitiéaudétrimentdemessentimentspourTrish,etmaintenant,mesmeilleursamisontconstruitunevieensemble.Leproblèmequ’ilsaffrontentn’estpasunmanqued’amourmaisunmanquedetemps.C’esttout.Ill’aime,etsiellem’aimaitmoi,ilyalongtempsqu’ellemel’auraitdit.Elles’agenouilleprèsducanapé,justepourpouvoirmetoucher.Samainpassedansmescheveux

pourlesrepousserenarrière.–Etsicen’étaitpassisimple?Sedoute-t-elledecequejeressenspourelle?Est-celaraisonpourlaquelleelles’approchedemoi,

unpeuplusprès,alorsquesapoitrinesesoulèveàchaqueinspiration?Lorsque sonvisage se retrouveàmoinsd’uncentimètredumien, elleme regardedroitdans les

yeux.–T’arrive-t-ildepenseràmoi,parfois?Notrehaleineestchargéedewhisky,bienquenousayonsbeaucoupmoinsbuqueKen.Etvoilà,je

mentionneKen,encore ;c’estcommesi saprésenceenvahissaitcetappartement.Luipeutsentir sapoitrinesoussesmains.Ilpeutcaresserlapeaublanchedesonventre,sescuisses.Seslèvrestouchentlessiennes.Ilpeutlagoûter…

Etjamaisçanem’arrivera,jamais.Jeluiréponds:–Jenedevraispas…Maisjeseraisidiotdenepaspenseràseshanchesfinesetàsapeauparfaite.Jel’aivuegrandir,et

fantasmersurellefaisaitpartiedemeshabitudesquotidiennes.Trishestsatisfaitedemaréponse.Jelevoisàsamanièredeselécherleslèvrestoutenfixantles

miennes,àlafaçondontsabouches’entrouvrelégèrement.Est-cequeçaveutdirequ’elleadéjà…ehbien,penséàmoi?Pourquelleautreraisonmeposerait-ellecettequestion?Quandsonregardseplantedanslemien,puisdenouveausurmabouche,jesenstouteraisonettout

self-control m’abandonner. J’enfonce ma main dans ses cheveux et écrase mes lèvres contre lessiennes.Jeprendssabouchedoucement,goûtantsalangue,seslèvres.Elleestàmoiàcetinstant,etnous en profitons tous les deux. Rapidement, elle devient plus impatiente, plus directe dans sesmouvements.Ellemeplaqueausol,puismonteàcalifourchonsurmoi.Danssonregard, je lisunprofond soulagement quand elle fait de nouveau glisser sa langue dans ma bouche. Je gémis ensoulevantmeshanchespourrencontrerlessiennes.Jebandeetjeveuxqu’ellelesente.Sesdoigtsenlacent lesmiens,puis lesguidententre ses jambes.Memontreràquelpointelleest

mouillée l’excite follement ; elle estprête à avouer sondésirpourmoi. Je suisprêt aussi et le luimontreenécrasantmonbassincontrelesien;ellepousseunrâleetmesupplied’allerplusloin.Pouvons-nous…–Etsionnoussurprenait?Elles’écartedemoiuneseconde.Jenesaispassiçamedérangeraitplusqueçafinalement.–Etsionnenoussurprenaitpas?Cettequestions’adresseàelle-même.Puisellecoupecourtàd’autrespotentiellesinterrogationsen

introduisantsalangueentremeslèvresetendéboutonnantmonpantalon.Samainglisseàl’intérieurpourempoignermonmembre,etjemefondsenelle.Toutesmescraintes–êtresurprisparunKenfouderage,savoirqu’ellenem’appartientpasetlestressquim’envahitquandjepenseàlalaisserseuleici–sesontévanouiesenunclind’œil.Laseulechoseàlaquellejepensec’estm’enfoncerenelle,lasentirtoutentièreàmoi.Je fais glisser mon pantalon en même temps que mon boxer. Sa bouche me goûte, sa langue

m’exploreetlèchemesveinesgonfléesjusqu’àlabase.Ellefermelesyeuxetsavouredemeprendreenentierdanssabouchehumide,jusqu’aufonddesagorge,puiselleseretire.Ellecommenceàsedétendrequandelles’activesurmoid’unemanièrerapidebienquetrèsefficace.Ellemedonneduplaisircommesic’étaitladernièrefoisqu’ellemegoûtait.C’estvrai,elleneleferaplus.Alors,jeluidemande:–Allonge-toi,faceàmoi,lesjambesécartées.Jeveuxteregarder.Jedois la contempler intensémentpourqu’elle resteà jamaisgravéedansmamémoire.Trish se

déplaceaumilieudutapis, traînant la tablebasseenboissur lecôté.Ellesedéshabillerapidement,maisjem’enfichecarl’observerlefaireestleplusimportant.Salonguerobeencotontombeàsespieds, et ses doigts sont déjà en train de dégrafer son soutien-gorge blanc tout simple.Mes yeuxsuivent lescourbesde soncorps ; ses tétons sedurcissentquandmon regard sepose sureux.Sonventreestferme;lesmusclesdesonbustesecambrentplusbas,auniveaudeseshanches.J’aidespalpitationset jemesenslourdquandjelarejoins.Elleestallongéesurletapis,écartant

grand les jambes pour moi. Mon membre se dresse violemment entre nous, j’effleure sa chatte

mouillée.Jejureraispouvoirsentiràquelpointelleestétroite.Jem’approcheplusprès,mecolleàelleet commenceà la remplirdoucement.Putain, j’ai l’impressiondem’enfoncerdansungantdeveloursquandjelapénètre,dansunmouvementdeva-et-vient.Jamaisjenepourraim’arrêter.Jesuisdéjàcomplètementaccroàelleetj’enveuxdavantage.LesyeuxdeTrishserévulsentdeplaisir,etjesaisquejenevaispaspouvoirmeretenirtrèslongtemps.Jem’enfonceprofondémentenelleàlongscoups de reins et elle enroule ses cuisses autour de ma taille. Elle est en train de jouir, « siviolemment », gémit-elle en agrippant mes bras pendant que je la baise plus fort encore. Je merépandsenelle,enespérantquecenesoitpaslapremièreetladernièrefoisquejepourraipossédersoncorpsdecettemanière.Jesenssarespirationsaccadéecontremonépaule.J’embrassel’empreintemouilléelaisséeparmalanguesursoncou.Quelques minutes plus tard, nous revenons à la réalité dans un tumulte de bras et de jambes

endoloris,desueuretdesoufflescourts.Trishestassisesurlesol,lesjambescroisées.Jesuisassissurlecanapé,essayantdegardermesdistancesautantquepossible.–Etsinousnepouvionsplusnousarrêter?Elleposed’abordsonregardsurmoi,puisverslatabledelacuisine.Jenesaispastropquoifaire.Jenesaispascequejeveuxnicequ’elleveut.Jenesaispascequiest

possible,alorsbêtementjeluiréponds:–Nousn’avonspaslechoix,jeparslemoisprochain.Mêmesiellelesait–mêmesiellem’aaidéàréservermonbilletd’avion–,elletournesubitement

latêteversmoi,commesielleapprenaitcettenouvellepourlapremièrefois.Puis, sans dire un mot, elle hoche la tête, et nous ressentons tous les deux un déferlement de

culpabilité,desoulagementetdeperte,pourquelquechosequenousn’avonsjamaisvraimenteu.

. .LEMERVEILLEUXPRÉSENT…

Kenétaitmonami–jediraismêmemonamileplusproche–etj’étaiscomplètementobsédéparsafemme.J’aimaislafoliedecettefemmeetlefeuquibrûlaitenelle.Elleétaitstimulanteetbrillante–mesfaiblesses.Cequenousfaisionsétaitinacceptable,ellelesavait.Ellelesavait,maisc’étaitplusfortquenous.Nousétionscoincés,victimesd’unmauvais timingetdemauvaischoix.Chaquefoisque jem’effondrais,épuiséethaletantsursoncorpsnu, j’essayaisdemeconvaincrequecen’étaitpasdenotrefaute.Nousnepouvionsjustepasnousenempêcher,onn’ypouvaitrien.C’étaitlafautedel’univers,descirconstancesdecettesituation.J’ai été élevé ainsi. Plus jeune, onm’avait enseigné que rien n’était dema faute.Monpère avait

toujours raison,mêmequand il avait tort, et il avait appris à son fils aînéà raisonnerde lamêmemanière.J’étaisunenfantpourrigâté,exceptéparl’argent.Encompagniedemonpère,j’aiapprisàdevenirarrogant.Monpèren’ajamaisreconnuaucunedeseserreurs,iln’ajamaiseubesoindelefaire.J’aiapprisquedanslavieilyauraittoujoursquelqu’unsurquirejeterlafaute.Puisj’aiessayéd’êtreunpèredifférent,unmeilleurpère.Kimberlymeditquejefaisdubonboulot.Ellem’encensebienplusquejelemérite,maisjeprends

cequ’ellemedonne.Illuiarriveaussidemecritiquer,parfois–sonvocabulaireestalorspirequeceluidemespotesdefacaprèsavoirdescendutoutunpackdebièresbonmarché.–TupeuxmettreKarinaaulit,jet’attends.

Kimberlym’embrassesurlajoue,medonneunepetiteclaquesurlesfessestoutenmefaisantunclind’œiletsouritmalicieusementensedandinantverslachambre.J’aimecettefemme.Karinafaitunpetitrotdanssonsommeil,alorsjetapotedoucementsondosavecmamain.Ellelève

unedesespetitesmainsetagrippelamienne.Jen’arrivetoujourspasàcroirequejesuispèredenouveau.Jesuisvieuxmaintenant.Deszones

grisescommencentàapparaîtreicietlàdansmescheveux.AprèsqueRoseestdécédée,nouslaissantseulsSmithetmoi,jenem’attendaispasàavoird’autres

enfants.Ni àdécouvrir que j’en avaisdéjà euunautre.Pire encore, de lamanièredont les chosesavaientdémarré,jenem’attendaispasàavoirunfilsdevingtetunansdansmavie,unhommequiseraitcommeunami.Hardinfutmonplusgrandregretcommemaplusgrandejoie.Jem’inquiétaisbeaucouppoursonavenir.Tellementquejel’aiembauchéauxéditionsVance,justepourm’assurerqu’ilauraitunjob.Cequejenesavaispas,c’estquec’étaitunputaindegénie.Ilavaittantdedifficultésàl’adolescence

que je pensais qu’il gâcherait tout ou qu’il finirait sa vie avant même qu’elle n’ait vraimentcommencé.Ilétaittoujourstellementencolère.Cepetitmerdeuxafaitvivreuncalvaireàsapauvremère.J’aiobservéHardin, jeunegarçonseuletperturbé,devenirunbrillantauteurdebest-sellersetun

avocatpourlesenfantsdéfavorisés.Jen’auraispaspurêvermieuxpourlui.Smiths’inspired’Hardinsurtouslesplans,àl’exception,évidemment,desestatouages,sujetsurlequelilsadorentsedisputer.Smith les trouve kitsch et Hardin adore lui montrer chaque nouveau tatouage qu’il arrive, on sedemandecomment,àintégreràceuxqu’iladéjà.Je baisse les yeux versma beauté endormie dans son berceau et, alors que j’éteins la lampe de

chevet sur la commode, je fais la promesse silencieuse à cette douce et précieuse petite fille dedevenirlemeilleurdespapas.

H

SmithPlus jeune, il ne savait pas comment être unmodèle pour les autres. Que quelqu’un puisse vouloir lui ressembler était un putain demystèrepourlui,etpourtantcefutlecasdupetitgarçon.Lepetitgarçonàfossetteslesuivaitpartout,chaquefoisqu’illuirendaitvisite.Alorsquelegarçongrandissait,luiaussidevenaitplusmature.Cepetitgarçonfiniraitpardevenirl’undesesmeilleursamis,etletempsqu’ildevienneaussigrandquelui,ilseraitsonfrèrepourdevrai.

. .ardinvientàlamaisonaujourd’hui.Jesuisencoreplusexcitéqued’habitudeparcequ’iln’estpasvenudepuisplusieursmois.Lorsdesondéménagement,ilavaitpromisdevenirmerendre

visitedetempsentemps,autantquepossible,disait-il.J’appréciequ’ilait tenusapromessejusqu’àprésent.Cesderniersjours,monpèren’arrêtepasdemedonnerdestrucsàfairepourm’occuper,comme

desdevoirsdemaths,viderlelave-vaisselleousortir lechiendeKimpourqu’ilfassesesbesoins.J’aimebienpromenerlechien,Teddy–ilestgentilettoutpetit,jepeuxdoncleporterdansmesbrasquand il est trop fainéant pour marcher. Mais je reste quand même vraiment excité par la visited’Hardin.C’étaitunelonguejournéeaujourd’hui,entrel’école,maleçondepianoetmaintenantlesdevoirs.

J’entendsKimberlychanterdansl’autrechambre.Bonsang,cequ’elleestbruyante.Parfois,jemedisqu’elle pense chanter juste, donc je ne lui dirai pas la vérité.Quelquefois, ses notes haut perchéeseffraientmêmesonpetitchien.Chaquefoisqu’ilvientàlamaison,Hardinm’apporteunlivre.Jeleslistoujours,nousenparlons

unpeuet,plustard,nousnousécrivonsàleursujet.Parfois,ilmedonnedeslivrescompliquésquiutilisentunlangagequejenepeuxpascomprendre,oudeslivresquemonpèremeconfisquecarilpensequejesuistropjeunepourleslire.Ils’ensertalorspourfrapperlatêted’Hardin,avantdelesmettredecôtépourquejeleslise,«unjour».JetrouveçadrôlequandHardinditdesgrosmotsàmonpère,cequiaccompagnegénéralementles

coupssursatête.Unefois,Tessam’aracontéqu’Hardinavaitl’habitudedem’apprendredesgrosmotsquandj’étais

plusjeune,maisjenem’ensouvienspas.Tessameracontetoujourspleind’histoiressurquandj’étaispetit.Ellebavardeplusquen’importequid’autre,saufKim–personneneparleautantniaussifortqueKim.Tessan’enestpasloin,pourtant.Quand je passe la porte d’entrée, le système d’alarme sonne plusieurs fois. Je tourne la tête et

aperçois l’écran de laTVdu salon allumé.Le visage d’Hardin, avec son gros nez, prend toute laplace sur l’écran. Je vois son coumaintenant, et ses tatouages donnent l’impression qu’il est toutgribouillé.Jerigoleetj’appuiesurleboutonduhaut-parleur.Hardinmedemande:

–Tonpèreaencorechangélecode?C’estdrôleparcequeseslèvresbougentplusvitesurl’écranquesavoixàtraverslesenceintes.Savoixestpratiquement lamêmequecelledemonpère,maisplus lente.Magrand-mèreetmon

grand-pèreparlent commeeuxparcequ’ils sonteuxaussinésenAngleterre.Monpèreditque j’ysuis allé quatre fois, mais la seule fois dont je me souvienne, c’est l’année dernière, quand noussommesallésaumariagedesonami.Monpères’estblessépendantceséjour–jemerappellequesajamberessemblaitàunmorceaude

viandequ’onauraitmoulinépourlefairecuireetlemanger.Çam’afaitpenseràTheWalkingDead.(Mais il ne faut pas lui dire que j’ai trouvé unmoyen de regarder les épisodes.) J’ai aidéKim àchangersespansements,c’étaitvraimentdégueu,maisaufinal,iladescicatricestropcool.Kimadûletrimballersurunechaiseroulantependantunmois;elleaditqu’ellelefaisaitparamourpourlui.Sijamaisjemeblessaisaupointd’êtreenchaiseroulante,jesuissûrqu’ellemepousseraitmoiaussi.J’ouvreàHardinetvaisdanslacuisine.J’entendsseschaussurespiétinerlesoldusalon.Kimentredanslacuisine:–Smith,chéri,tuveuxmangerquelquechose?Aujourd’hui, ses cheveux tombent en boucles autour de son visage ; elle ressemble à son chien,

Teddy,dontlespoilssonthirsutes.Jesecouelatêtepourluisignifierquenon,etHardinnousrejoint.–Moioui.J’aifaim!–Jenet’aipasdemandétonavisàtoi.J’aidemandéàSmith.Ellepasselesmainssursarobebleue.Hardinrigole,plutôtfort.Quandilsecouelatêtecommeça,ilmeressemble.–Tuvoiscommentellemetraite?Elleesthorrible.Jerigoleaussi.Kimditqu’Hardins’enprendàelle.Ilssonttropdrôlestouslesdeux.Kimouvrelefrigoetensortunecarafedejusdefruits.–Tupeuxparler!Hardinrigoledenouveauets’assiedsurunechaiseprèsdemoi.Danssesmains,iltientdeuxpetits

paquetsemballésdansdupapierblanc.Pasderubannidepetitmot.Jesaisquec’estpourmoi,maisjeneveuxpasavoirl’airimpoli.Je les fixe en essayantde lire le titredes livres à travers lepapier,mais çane sert à rien. Jeme

tourneverslafenêtreetfaisminederegarderdehorspournepasparaîtretropmalélevé.Hardinposelespaquetssurlebar,etKimmetendunverredejusdefruitsavantdeserendredans

le garde-manger pour chercher des chips. Mon père dit toujours à Kim de ne pas me laisser enmanger,maisellen’écoutepas.Monpèreditqu’ellen’écoutejamaisrien.J’attrapelesachet,maisHardinmelepiqueetl’agitequelquessecondesau-dessusdematête.Ilmesourit.–Jepensaisquetun’avaispasfaim.Letrousoussalèvreressembleàunpointquequelqu’unauraitdessinésursonvisage.Ilavaitun

piercingavant,jem’ensouviens.Jeluidistoujoursdeleremettre,maisluimeditd’arrêterd’écouterTessa.–Maintenant,j’aifaim!Jebondiset luiarrache lesachetdesmains,etçacraquedrôlement.Hardinhaussedesépauleset

semblecontent.Ilmetrouvedrôle.Ilmeledittoutletemps.Une fois que j’ai ouvert le sachet, il prend une grosse poignée de chips et les enfourne dans sa

grandebouche.–Alors,tun’ouvrespastescadeauxavantd’avoirdeschipspleinlabouche?Desmiettesdechips s’éparpillentautourde luiquand ilparle, etKimgrimace.Elleappellemon

pèreenhurlant:–Christian!JerigoleetHardinfaitsemblantd’avoirpeur.J’écartelesachetdechips.–Ok,puisquetumeledemandes,jeveuxouvrirleslivresd’abord.Hardinprendlesdeuxpaquetsetlestientbienserréscontresapoitrine.–Deslivres,hein?Qu’est-cequitefaitcroirequejet’aioffertdeslivres?–Parcequec’estcequetufaistoutletemps.Jeluimontreleplusgrosqu’ilfaitglissersurlebar.–Touché.Jenesaispasbiencequecelasignifie.Oubliantmesbonnesmanières,jedéchirelepapierjusqu’àcequelacouverturecoloréeapparaisse.

C’estungarçonavecunchapeaudesorcier.Jelisletitreàvoixhaute:–Lachambredessecrets.J’adorecettesérie!Jevienstoutjustedeterminerleprécédent.JeregardeHardindégagersescheveuxdesonvisage.Jesuisd’accordavecmonpère–ildevraitse

lesfairecouper.IlssontaussilongsqueceuxdeKimmaintenant.Ilpointelelivredudoigt:–C’estencoredelapartdeLandon.Iladorelepetitsorcier.Monpèreentredans lacuisineet jurecontreHardinqui luidonneune tapesur l’épaule.Kimles

traitedegaminsetmeditquejesuisplusadultequ’eux.–Ehbien,c’estgentildesapart.Smith,tut’assurerasdebienremercierl’amideTessa.Hardinsemoquedelaremarquedemonpère.–L’amideTessa?C’estmonfrère.Ilsourittoutengrattantlestatouagessursesbras.Jeveuxdestatouagescommelessiensquandje

seraiplusgrand.Monpèreneveutpas,maisKimm’aditqu’unefoisquejeseraipartidelamaison,ilnepourrapasvraimentm’enempêcher.Jepourraiavoirtoutcequejeveuxquandjeseraiplusgrand.Jeluifaisremarquer:–Cen’estpas

tonvraifrère.Monpèrem’aexpliquéqueLandonn’étaitpassonfrèrepourdevrai.Lesourired’Hardins’agrandit,puisilhochelatête.–Ouais.Maisc’estmonfrèrequandmême.Jem’interrogesurcequ’ilveutdireparlàpendantqueKimdemandeàmonpères’ilafaim.Hardin

regardeautourdeluidanslacuisine.Ilal’airunpeutristetoutàcoup.Jeluidemande:–Tonpapaestmonpapa.DonclamamandeLandon,c’esttamaman?Hardinfaitnondelatête,etmonpèreembrasseKimsurl’épaule,cequi,biensûr,lafaitsourire.

Ondiraitqu’illafaitsouriretoutletemps.–Parfoiscertainespersonnespeuventsesentirdelamêmefamillesansavoirlesmêmesparents.Hardinmefixecommesij’étaissupposérépondrequelquechose.Jenecomprendsvraimentpasce

qu’il veut dire,mais s’il veut que Landon soit son frère aussi, ça neme dérange pas. Landon estvraimenttrèsgentil.IlvitàNewYork,doncjenelevoispassouvent.Tessaestlà-bas,aussi.Etmonpèreyaunbureau;trèsclairetquisentcommedansleshôpitaux.Hardinposesamainsurlamienneetjeleregarde.

–Cen’estpasparcequeLandonestmonfrèrequetunel’espasaussi.Tulesais,hein?Jesuisunpeugênéparcequ’ondiraitqueKimvasemettreàpleureretmonpèreal’aireffrayé.–Jesais.Jemepenchesurlelivred’HarryPotter.–Landonpeutêtremonfrère,luiaussi.Hardin a l’air heureux quand il sourit, et je lève de nouveau les yeux vers Kim pour regarder

l’expressiondesonvisage.–Ouais,biensûrqu’ilpeut.PuisilregardeKim.–Arrêtezçatoutdesuite,Madame!Ondiraitquequelqu’unvientdemouriràvoirvotreréaction.Mon père traite Hardin de tous les noms, et Kim fait un bond de côté pour éviter la pomme

qu’Hardinluibalance.Ondiraitunjoueurdebase-ballàlamanièredontil lalancedanslesairs…puiscroquededans,cequinousfaittousrire.J’attrapelesecondlivrequ’Hardinfaitglissersurlebar.Lepapierestplusdifficileàarracher,etje

mefaisunepetitecoupureàcausedel’undescoinsdulivre.Jegrimaceunpeutoutenespérantquepersonne n’aura remarqué. Si j’en parle, Kim voudra tout de suite me désinfecter et mettre unpansement,alorsquelà,j’aijustetrèsenviededécouvrircenouveaulivre.Une fois le dernier morceau arraché, je vois une grosse croix sur la couverture du livre. Je

prononceletitreàvoixhaute:–Dra-cu-la?J’enaidéjàentenduparler.C’estunlivresurlesvampires.Monpères’écartedeKimets’avanceprèsdubar.–Dracula?Tuplaisantesj’espère.Iln’amêmepasdixans!Iltendlamainpourrécupérerlelivre.Je regarde Kim pour chercher du soutien, mais elle pince les lèvres et lance à Hardin d’un air

sévère:–D’habitude,jesuisdetoncôté…Hardinlatraitedementeuse,maisellecontinuedeparler.–MaisDracula?Choisircelui-làparmitousleslivres?HarryPotteretDracula–quelmélange!Monpèrehoche la têteet reste immobilecommeunegrandestatue.C’est toujourssamanièrede

fairequandilveutmontrerqu’ilaraison.Auboutd’unmoment,Hardinlèvelesyeuxaucielettiresurlecoldesont-shirtnoir.–Désolé,mec,tonpèreestuncrétin.TupeuxlireLachambredessecretsmaintenant,etquand je

reviendrailaprochainefois,jet’enapporteraiunautre…–Unautresansscènesdeviolence.LaréflexiondemonpèrefaitsoupirerHardin.–Ok,ok.Pasdeviolence.Ilprendunedrôledevoixpourdireça.Jerigoledenouveau.Monpèresourit,etKimleprenddanssesbras.JemedemandecombiendetempsvapasseravantquejenerevoieHardin.–Quandest-cequetureviens?Hardinsefrottelementon.–Hmm,jenesuispassûr.Dansunmois,peut-être?Unmois,c’estvraimentlong,maisjesupposequelireHarryPotterseralongaussi…Hardinserapprocheunpeudemoietmechuchote:

–Jereviendraitoujoursett’apporteraiunlivreàchaquefois.–Commemonpapafaisaitavectoi?Sesyeuxseposentsurmonpapa.Notrepapa.Hardinnel’appellepaspapa,pourtant.Ill’appellepar

notrenomdefamille,Vance.Pasceluid’Hardin;lesienc’estScott.Çavientdesonfauxpapa.Quand j’aivouluappelermonpapaVance, ilm’aditque je seraispuni jusqu’àmes trenteans si

jamaisjerecommençais.Jen’aipasenvied’êtrepuniaussilongtemps,alorsjel’appellePapa.Hardinmontesurlachaise.–Ouais,commeilafaitavecmoi.Ilaencorecetairtriste,maisjen’ensuispasvraimentsûr.Hardinal’habituded’êtretoutletemps

triste,puisencolère,puisderigoler.Ilestvraimentbizarre.–Commenttusaisça,Smith?HardinrougitàlaquestiondePapaetmarmonne:–Neluidispas.Jetendslamainpourattraperleschips.–Hardinneveutpasquejeledise.Hardin se frappe le front, puis lemien, etKim nous sourit. Elle sourit beaucoup, tout le temps.

J’aimequandellerigoleaussi;çasonnebien.Monpères’approchedenous.–Cen’estpasHardinquifaitlesrèglesici,tutesouviens?Monpèreposesesmainssurmesépaulesetlesfrictionne.J’aimebienquandilfaitça.– Si tu me racontes ce qu’Hardin t’a dit, je t’emmènerai manger une glace et t’achèterai de

nouveauxrailspourtontrain.C’estmonjeupréféré.Monpèrem’achètetoujoursdenouveauxrailsàajouteràceuxquej’aidéjà.

Et lemoisdernier,Kimm’aaidéà toutemménagerdansunepiècevide, alorsmaintenant j’aiunepièceentièrerienquepourmestrains.Ondiraitqu’Hardintranspiretoutàcoup.Maisiln’apasl’airencolère,doncjemedisquejepeux

enparleràmonpère.Enplus,j’auraidenouveauxtrucspourmestrains.Jebrandislesgroslivres.–Iladitquetuluiapportaisdeslivrescommeceux-là.Etqueçalerendaitheureuxquandilétait

petitcommemoi.Hardindétournelatête,etmonpèreal’airsurprisparcequejeviensdedire.Sesyeuxbrillentetil

mefixeduregard.–C’estcequ’ilt’adit?Lavoixdemonpèreestbizarre.Tropbizarre.Jerépondsenhochantlatête:–Ouais,c’estcequ’il

m’adit.Hardinrestesilencieux,maismeregardedenouveau.Sonvisageesttoutrougeetsesyeuxbrillants

commeceuxdemonpère.JeregardeKim.Elleasesmainsdevantlabouche.–J’aiditquelquechosedemal?MonpèreetHardinrépondent«non,non»enmêmetemps.–Tun’asrienditdemal,petitbonhomme.Monpèreposel’unedesesmainssurmondos,l’autresurceluid’Hardin.

Quandilfaitça,Hardinsedégaged’habitude.Aujourd’hui,ilnebougepas.

N

HessaewYorkconnaîtl’undesesétéslespluschaudsquandTessaaccouched’Auden.Noussommesmardi,lejourdelasortiedemonnouveauroman.Tessaetmoisommesallongéssurletapiset

fixonsleventilateurduplafondquenousavonstoutjusteinstallélasemainedernière.Pouruneraisoninconnue,nouscontinuonsdedécorerconstammentnotrepetitappartement.Nous

savons que nous ne resterons pas ici, et pourtant nous persistons à dépenser de l’argent pour cetendroit.Quandnousavonsdécidésuruncoupdetêtederefairecomplètementlachambredenotrefilsalorsqu’iln’avaitquehuitsemaines, la tâches’estavéréebienpluspéniblequeceàquoinousnous attendions.À cause des travaux, le berceau d’Auden s’était retrouvé en pleinmilieu de notrechambre,aupieddulit.Jemesentaisoppresséetàl’étroit,commesinousétionsdesréfugiéssurunpetitbateauquidécidentde laisser lacabineprincipaleà leurenfantdecinqans,notrefilleEmery,pendantquenousprenonsleradeaudesauvetage.Tessadoreça.Certainesnuits,elles’endortlespiedscontrelatêtedelit,entenantlamaind’Emery.Laplupartdu

temps,jelaréveillepourlaremettredanslabonnepositionenmordillantsonoreilleouenmassantses épaules tendues. Sinon, j’enroulemes bras autour de ses jambes etm’endors comme ça.Quoiqu’il arrive, il fautque je la touche.Elle finit toujours contremoi aupetitmatin, àmordillermonoreilleouàmassermesépaulesàsontour.J’ai l’impressiond’êtreunvieillard ;mondosmefaitmalà forced’avoirbesoindeces foutues

positionspourécrire:avachisurlecanapéoulesjambescroiséessurlesolavecmonordinateursurlesgenoux.Tessapointeleventilateurdudoigt.–Ilestabîmé.Nousdevrionslerepeindre.Encemoment,lachambred’enfantestpeintedansunjaunepâleassezdouxpournefairenitrop

masculinnitropféminin.Nousvoulionsquecettepièceresteplutôtclairepouréviterdereproduirelesmêmeserreurs–etderevivrelemêmecalvaire–quelorsquenousavionssupposéquenotrefillevoudraitdesmurs rosebonbon.Nous lesavionsdoncpeintsdanscettecouleuravant sanaissance,jusqu’àcequ’Emeryserendecomptequ’ellen’aimaitpasvraimentlerose.Celanousavaitpristroisaprès-midientièresettroisbonnescouchesdevertpourrecouvrircettesacréecouleur.Nousavonsdonctirélesleçonsdecetteexpérience,etTessaaapprisquelquesnouveauxgrosmotsdemabouche.Elleatellementinsistésurlefaitquelejaunepasteldiscretétaittendancequenousavonsoptépourcette couleur ; tout lemonde sait que jeme dois de faire mieux que nos voisins et satisfaire mafemme. Ça, et aussi le fait que ça sera vraiment plus facile de repasser par-dessus quand Audencommenceraàexprimersespréférences.La chambre d’enfant possède toutes sortes de nuances de jaune. Je ne savais pas qu’il en existait

autantniqu’ellespouvaientdétonneràcepoint-là.Ellesproviennenttoutesdespetitesexcursionsde

TessachezIKEAetPotteryBarn,cequi,j’ensuissûr,arriveaumoinstroisfoisparsemaine.Elleytrouvetoutessortesdechosesqu’elleadoreetqu’elleserrecontresapoitrine,ens’exclamant:«Cecoussinirateeeellementbien!»ou«Cejouetestsimignonquejepourraislemanger!»Puislesobjets en question finissent sous l’un des coussins du canapé ou, au hasard, dans un coin de lachambred’enfantqu’elleestimen’êtrejamaisassezremplie.Aufinal,lapièceressembleàunegrossebouleàfacettesflamboyantes,sibienqueTessanepeut

pasyresterplusdedixminutessansavoirlanausée.Ellem’afaitpromettrequejenelalaisseraisplusjamaisdécorerunepièce–encoremoinsunechambred’enfant.Etmaintenant,elleveutquejerepeignetoutdenouveau.Qu’est-cequejeneferaispaspourcettefemme.Etjeferaisbienplusencore.Jefaistoutcequejepeux.Une chose que j’aimerais faire pour elle, si j’avais une baguettemagique, serait de réussir à ce

qu’elle laisseson travailaubureau.Elleest tellement fatiguéedepuisquelque temps,etçamerendfou,putain.Ellenelèverapaslepied,jesaisàquelpointelleadoresontravail.Sacarrière,c’estsontroisièmebébé.Ellebosseincroyablementdurpourréaliserlesplusbeauxmariagesquiaientjamaisexisté.Elleestdébutante,toutenouvelledanscemilieu,etpourtantelleestvraimentincroyable.Tessaétaitterrifiéeaumomentdemeparlerdesonchangementéventueldecarrière.Ellefaisaitles

centpasdansnotrepetitecuisine.Jevenaisjustederemplirlelave-vaisselleetdeterminerdeposerduvernissurlesonglesd’Emery.Jepensaism’ensortirplutôtbiendanscettenouvelletâche,maisEmeryafaitensortequeTessam’incendiequandj’aidéclaréque lecarnageque jefaisaissursespetitesmainsn’était pasmal, alorsqu’en réalité levernis rougedonnait l’impressionqu’elle avaitassassinéquelqu’un.Jenepensaispasquemesenfantspuissentavoirunetellesensibiliténiunsensdel’humouraussi

aiguisé.–Bon,j’aienviededéclinerlapromotionchezVanceetderetourneràl’école.Tessaavaitprononcécesmotssuruntonparfaitementneutre.Oudumoinscequejeprenaispourdelaneutralité.Emerys’étaitassiseensilence,n’ayantaucune

idéedel’impactqueleschoixdesadultespeuventavoirsurleursvies.–Vraiment?J’essuyaisuneassietteavecuntorchon.Tessaacoincésalèvreinférieureentresesdents,etsesyeuxsesontélargis.–J’yaibeaucouppensécesdernierstemps,etsijenelefaispas,jevaisdevenirfolle.Ellen’avaitpasbesoindeme l’expliquer.Tout lemonde rêvedechangementde tempsen temps.

Même moi, il m’arrivait de m’ennuyer parmi mes livres si bien que Tessa m’avait donné l’idéed’intervenircommeprofremplaçantdeuxoutroisjoursparmoisàValsa,l’écoleprimaired’Emery.C’estlàquetravailleLandon.Embauché, j’avaisdémissionné trois joursplus tard,maisce futuneexpérienceenrichissantequi

m’afaitgagnerdespointsavecmafille.Commetoujours,j’aiencouragéTessaàfairecequ’elledésirait.Jevoulaisqu’ellesoitheureuse,et

ce n’est pas comme si nous avions besoin d’argent. Je venais tout juste de signer mon prochaincontratavecVance,letroisièmedecesdeuxdernièresannées.L’argentgagnégrâceàAfterestallédirectement sur un compte pour les enfants. Bon, juste après avoir acheté à Tessa un cadeau quivoulaitdire«s’ilteplaîtpardonne-moid’êtreunputaind’idiotenpermanence».Quelquechosede

simple:unbraceletàbreloquesenmétalpourremplacerl’ancienquiétaitenfil.Auboutdequelquesannées,lesfilss’étaientabîmés,maisTessaavaitgardélesbreloques.Elleétait

complètement surexcitée en découvrant qu’il était possible d’en ajouter ou de les changer sur cenouveaubracelet.Leconceptmesemblaitassezdébile,maiselleadorait.Lematin suivant,TessaadiscutéavecVance,déclinépoliment lapromotion,puis,de retourà la

maison,apleurépendantuneheure.Jesavaisqu’ellesesentiraitcoupabledequittersontravail,maisqu’elle ne resterait pas contrariée longtemps. Je savais aussi que Kim et Vance la rassureraientquotidiennementenattendantlafindesesdeuxsemainesdepréavis.Quand elle eut à organiser lemariage de son premier client, elle hurla de joie et je l’observais

s’animer comme jamais. Jene savais toujourspaspourquoi cette femme insensée était restée avecmoi après toutes les conneries que je lui avais fait endurer étant plus jeune, mais j’étais contentqu’ellel’aitfait,putain.Neserait-cequepourlavoiraussiexcitéequemaintenant.Évidemment, Tessa avait tapé dans le mille pour ce premier mariage. Ensuite, elle avait eu

recommandationssurrecommandations,cequiluipermitd’engagerdeuxemployésaprèsseulementquelquesmoisd’activité.J’étaisfierd’elle,etellel’étaitaussi.Avecdurecul,çasemblaitfouqu’ellecraigned’échouer.Tessa faitpartiedecespersonnes insupportablesqui transformentenor toutcequ’ellestouchent.C’estunpeucequis’estpasséavecmoi.Elle ne faisait que travailler, travailler, et se surmenait encore,même juste après l’accouchement

d’Auden.J’insiste:–Tuasbesoind’unevraienuitdesommeil.Tuespratiquemententraindet’endormirlà,parterre,

enfixantleventilateur.Uncoupdecoudejoueurs’enfoncedansmahanche,etellemechuchotedanslecou:–Jevaisbien.C’esttoiquin’aspratiquementpasdormidelanuit.Je sais qu’elle a raison,mais les délais qu’ilme faut tenir neme permettent pas dem’accorder

beaucoup de sommeil. Par ailleurs, quand je bloque sur un passage, il reste figé dans ma tête etm’empêche de dormir. Pourtant, je n’aime pas l’idée qu’elle remarquemonmanque de sommeil,puisqu’elle s’inquiétera toujours bien plus pourmoi que je le feraimoi-même. Je glissemamainsoussont-shirtpourcaressersonventreetinsiste:– Je suis sérieux.Tu asbesoinde faireunbreak.Tu te remets tout justedupetitmonstrequi t’a

ouverteendeux.Elletressaille.–Arrête.Elle gémit en essayant de repousser ma main de sa peau douce. Je déteste qu’elle devienne si

complexéedepuisquenousavonsnotrefils.Lanaissanced’Audenacauséplusdedégâtsàsoncorpsqu’Emery,maispourmoi,ellerestetoujoursplussexyquejamais.Jenesupportepasl’idéequemacaressepuisselarendremalàl’aiseàcepoint.–Bébé…Jeretiremamain,justepourprendreappuisurmoncoude,puisjemetourneverselleensecouant

latête.Elleposedeuxdoigtstièdescontremeslèvresetsourit.–Jeconnaiscettepartieduroman.C’estlemomentoùtumesorslediscourshéroïquedumarisur

cequej’aiaccomplipouravoircescicatricesetàquelpointcetactemerendplusbelle.Tessadonneunetournuredramatiqueàchaquemot.Elleatoujoursétéunepetitemaligne.–Non,Tess,c’estlemomentoùjetemontrecequejeressensquandjeteregarde.Jeposemamainsursapoitrineetl’étreinsjusteassezfortpourl’enflammeretexcitersoncorps.

Unpetitbruits’échappedesaboucheavantmêmequ’ellenes’enrendecompte,puisellegémitquandjepincesestétonstoutdursàtraverssesvêtements.Elleenaenvie.Jelesais.Elles’offreàmoiouvertement,etjem’enflammeinstantanément.Mamain s’aventure rapidement sous son short.Évidemment,une tachehumide s’estdéjà formée

surledevantdesaculotte.J’adorelasensationdesonhumiditéetmeursd’enviedelasentirsousmalangue. Je retiremes doigts et les porte àmes lèvres. Tessa gémit, puis attiremon index et monmajeurdanssabouchepourensucerlesextrémités.Putain,cettefemmemerendfou.Sesyeuxsontplantésdanslesmienstandisquesesdentsmordillentmesdoigts.Jepressemabite

contresoncorpspourluifairesentiràquelpointsonpetitjeum’excite.Jetiresurlaficelledesonshortencoton,puislefaisglisserlelongdeseshanchesjusqu’àsespieds.Elledonnedescoupsdepiedénergiquesquandsaculotterestecoincée.Ellemeveut, là toutdesuite.Ellebouillonneautantque moi lorsqu’elle me déshabille. Le temps de me grimper dessus, elle a déjà retiré tous mesvêtements.LescomplexesdeTessasemblentavoirdisparuquandelleglisselelongdemoncorpsetapprocheseslèvreshumidesdemonmembretendu.Ellemecaresseduboutdesalanguebrûlanteetyrecueilleunegouttedemonsperme.Ellepoursuitsesmouvementsdeva-et-vient,meprenddeplusenplusprofondémentdanssabouchependantquejegémissonnom.Je repose ma tête contre le sol et empoigne sa poitrine. Ses seins sont encore gonflés par

l’allaitement – un changement physique qu’elle adore et dont il est clair que je ne me plains paspuisquejepeuxencoreplusm’amuseravec.–Putain,j’adoretesseins.Sabouchesucemaqueuesurtoutelalongueur.PuisTessameserreplusfortcontreelleets’activeplusvigoureusementavecsabouchetandisque

mapressionmonte.Aumomentoùjepassemamaindanssescheveux,elles’écarteetpassesalanguesurseslèvrestoutenmefixantduregard.Elleseredressesursescoudespourdéposersapoitrinesurmonbas-ventre.Jerespirefort,commeunpetitchienquiattendquesonmaîtres’occupedeluiaprèsavoirpasséunejournéeseulencage.Tessapressesesbeauxseinsl’uncontrel’autreetjeglissemabiteentreeux.Jemerépandssursapeauaprèsseulementtroismouvements.Ellesourittimidementetsesjouessontrougesdem’avoirdonnéautantdeplaisir.Elleserelève,puismeditenregardantsapoitrine:–Jevaisavoirbesoind’unedouche.Lesoufflecourt,j’attrapemont-shirtnoirsurlesolpourlepassersursesseins.Ellerepoussema

mainenmefaisantunegrimaceetsedirigeverslaporte.Aufildesans,elleappréciedemoinsenmoins que je nettoie nos fluides corporels avecmon t-shirt. Il semblerait que ce soit inapproprié.C’estàçaqueserventlesserviettes,mesermonne-t-elleàchaquefois.Jelasuisdanslasalledebainsenénumérantdansmonesprittoutcequejevaisbienpouvoirlui

fairepourluirendrelapareillesousladouche.Ses seins incroyables sont écrasés contre la vitre. Le miroir au mur est certainement l’un des

meilleursinvestissementsdecetappartement.

H

HessaPÂQUES

–ardin,Audenestdebout!LavoixdeTessatranspercemonsommeil.

–IlfautréveillerEmerypourqu’ilstrouventleurspaniersdePâques.Ellemesecouel’épauleetmesuppliedemelever.–Allez,Hardin!Elleparleàvoixbasse,maisuneexcitationàpeinecontenuetransparaîtdanssonchuchotement.Si

l’onmeréveilledecettemanièrejusqu’àlafindemavie,ehbien,jesuisunsacréveinard.Jegrognetoutenl’attirantcontremoi.Jepressemeslèvrescontresatempe:–C’estquoiceboucan?Je repousse quelquesmèches de ses cheveux qui tombent surmon visage. Topless, elle colle sa

doucepoitrinecontremonflanc.Ellesoupire,puisenroulesajambemalraséeautourdelamienne.Jefaisminedesursauterpour

plaisanter,etellemerepousseenrigolant.–Lesenfantsdoiventtrouverleurspaniersetjeveuxcommenceràpréparerlepetitdéjeuner,donc

tudoistelever.Etjustecommeça,commesiellen’étaitpasdutoutentraindem’exciter,elledétachesoncorpsdu

mienetsortdulit.–Allezviens,Bébé.Jerâleenregrettantlatiédeurdesoncorps.Elleouvrel’armoireetjejetteunœilàsapoitrinenue.Unsonplaintifs’échappedemagorge.Je

regrette de ne pas l’avoir réveillée plus tôt pour la garder au lit avecmoi.À cet instant précis, jeseraisenelle,enfoncéprofondémentdanssachaudeethumide…Unoreillerm’arriveenpleinefigure.–Sorsdulit!Tusaisquenousavonspleindechosesàfaireaujourd’hui.Je roule sur le lit king-size en soupirant, puis enfileun t-shirt avantqu’ellene lance autre chose

dansmadirection.Aprèsplusieursmois,ellevienttoutjustedefinirderedécorerlapièce;jesuissûrequ’elleneveutabîmeraucundesprécieuxembellissementschoisisavecledécorateurfoudontellem’aassuréavoirbesoin.Cemecétaitunimbécile.Ilapeintlesalonensaumonetadûrepasserunedeuxièmecoucheunesemaineplustarddansuneteinteunpeumoinsécœurante.–Jesais,chérie.Lespaniers,leslapins,lesœufsettoutescesconneries.J’observemonrefletdanslemiroiraccrochéaumuretpasselamaindansmescheveux.Puisjetire

mes cheveux en arrière avec le bandeau accroché autour de mon poignet, tout en remarquant leregard pressant de Tessa. Les coins de sa bouche tentent de rester immobiles, mais je vois bienqu’elleluttepourrestersérieuse.

–Oui,ettoutescesconneries.Ellefinitparéclaterderireetattrapesabrosseàcheveux.–NousdevonsêtrechezLandonà14heures.KarenetKenviennentd’atterriretjen’aimêmepas

commencéàpréparerlasaladedepommesdeterrequenoussommescensésapporter.Aprèsenavoirfiniavecseslongscheveux,ellemetendlabrosseavecunsourireespiègle.Jesecouelatête.Jen’aipasbesoindelesbrosser;mesdoigtsferontl’affaire.Jeluipropose:– Jem’occupe des pommes de terre pendant que tu te prépares.Maintenant, allons retrouver les

enfantspourqu’ilscherchentleurspaniers.Ellegrimace,estimantsansdoutequemacapacitéàcuiredespommesdeterreàsaplaceestune

optiondouteuse.Jesuispourtantparfaitementcapabledecuisiner…sitoutefoisonoubliel’épisodedeNoëldernier,quandj’ailaissébrûlerladinde.Tessaporteunpantalonencotonblancetunt-shirtbleumarine;sapeauestlégèrementhâléegrâce

autempspassédehorssurlaterrasseàs’occuperdesonpetitpotager.Elleadorenotrepetitjardin,iciàBrooklyn;c’estl’endroitqu’ellepréfèredanscettenouvellemaisonquejeluiaiachetéepourfêtermonnouveaucontratavecmonéditeur.Danslecouloir,elles’arrêteprèsdelachambred’Emery.–Réveille-laetrejoins-moidanslesalon.Puisellem’embrassesurlajoueethurleleprénomdesonfils.Jeluidonneunepetiteclaquesurlesfessesaumomentoùelles’enva,cequiluifaitleverlesyeux

auciel–commed’habitude.Enentrantdanslachambred’Emery,jelatrouveallongéedetoutsonlongsurlelit,seslongues

jambesdépassentdesapetitecouetteDisney.–Em.Jesecouedoucementsonbras.Elleremueunpeumaisgardelesyeuxfermés.Jerecommenceetelleseplaint:–Nooon.Puiselleseretournesurleventreetenfoncesatêtedansl’oreiller.Quellepetitecomédienne,celle-là!–Bébé,tudoistelever.Audenvatrouvertoustesœufsenchocolatsitunete…Etlà,ellebonditdulit, lescheveuxblondsenpagaille.Ilssontonduléscommelesmiensetépais

commeceuxdesamaman.–Iln’apasintérêt!Elleenfileseschaussonsenquittantlachambrecommeunefusée.Jelaretrouvedanslacuisineentraind’ouvrirtouslesplacardsengrand.–Oùestlemien?Tessa rigole tandis qu’Auden déballe maladroitement l’œuf en chocolat avec ses petits doigts

potelésavantdel’engloutirtoutentierdanssabouche.Ilmâcheunpeu,puisouvregrandlabouche.Tessasepencheversluietretireunmorceaud’aluminiumsursalangue.Ilsourit.Sespetitesdents

de travers sont recouvertes de chocolat. Il a perdu sa dent de devant la semaine dernière, c’estabsolumentadorable,putain.Jememoquedesonzozotement,parcequec’estundesavantagesd’êtreparent:jepeuxlesembêterquandçamechante.C’estcommeunritedepassage.Emeryseplaint,latêteenfouiedansleplacarddel’entrée.

–Maman!Papaacachélemien–pasvrai?C’estpourçaquejeneletrouvepas!Jerigoledevantsoncinéma.–Oui.Oui,ill’acaché.C’estunepetite filleadorable.Seulement,elle faitpreuvedebeaucoupd’insolenceetdepréjugés

pouruneenfantdeonzeans.C’estlaraisonpourlaquelleellen’apasbeaucoupd’amis.Emerypoursuitsesrecherchesdanstoutelamaisontandisqu’Audendévorelamoitiédesonpanier

defriandisesetjettedesmorceauxd’herbesynthétiquesurlesol.Jemetsmonnezdanslepanier:–Ilyaaussiuntambourlà-dedans.Ilhochelatête,labouchetoujourspleinedebonbons,maisseficheroyalement,semble-t-il,detout

cequin’estpasenchocolat.–Papa!Emeryentredanslacuisinelesmainsvides.–Peux-tumedire, s’il te plaît, où tu as cachémonpanier ?C’est tropdur.Plusdurque l’année

dernière.Ellesetientdebout,prèsdutabouretsurlequeljesuisassis,etenroulesonbrasautourdemataille.

Elleestsigrandepoursonâge.Elleessaiedem’amadouer,ensuppliant.–S’ilteplaîîîîîîîît.–Tunem’auraspas,machérie. Jevais tedonnerun indice,maisun câlin et unevoixdoucene

suffirontpasàmecorrompre.Tudoistravaillerpourobtenirleschoses,tutesouviens?Ellefaitlamoueetmeserreplusfortcontresapoitrine.–Jesais,Papa.Sanouvelletactiquemefaitsourireetj’observeTessapar-dessusmonépauleentraindesurveiller

Emeryd’unregardsuspicieux.–C’estunendroitoùtun’esjamais,jamais,allée.Làoùsetrouventlesvêtementsqueturefusesde

nousaideràplier.Jepassemamainderrièresondos,etelledétachesesbrasdemoncou.–Lamachineàlaver!Audens’estmisàhurler.Emerypousseuncriperçantetserueverssonfrèrepourluicaresserlehautdelatête.Ilsouriten

recevantlesfélicitationsdesagrandesœur,cequilefaitterriblementressembleràunpetitchiot.Uneminuteplustard,Emeryrevientencourantdanslacuisineavecsonpanier.Despetitsœufsde

Pâquesenchocolat tombent sur le sol,maiselle les ignoreetcontinuede fouillerdanssonpanierrempli. Tessa se lève pour aider Emery à ranger son bazar, bien que ça ne semble pas du tout lapréoccuper.Emery s’assied sur le sol, le panier posé sur ses jambes croisées, puis engloutit une poignée de

bonbonscolorés. Jeme tourneversTessaetAuden. Ilestdanssesbraset luientoure lecou.Danscetteposition,ilal’airpresqueaussigrandquesamaman.Putain,jemedemandecommentletempsapu filer si vite et comment j’ai pu –moi, le petitmerdeux taré et rebelle – faire des enfants aussicalmesetaimants.Jeveuxdire,Emerya eu sesphasesde colère, bien sûr.Commequandelle abalancéuneplante

contrelemur.Maisçaaétéviteréglé:ellem’afaitsortirdemesgonds.Horsdequestionderentrerdanscesdéliresd’enfantgâtée.Ellen’aaucuneraisond’êtreencolèreàonzeans.Pascommemoià

sonâge.Elleadeuxparentsquil’aimentetquisonttoujourslàpourelle.Vraiment,cesonttouslesdeuxdesuper-enfants.Tessaetmoisommesconstammentprésentspoureux.Ilsnepartentjamaissansuncâlin,unbaiser,

et récoltent au moins deux Je t’aime à la guimauve avant chaque fin de journée. Emery possèdetoujours les derniers trucs à la mode, ce qui lui permet de faire partie du groupe des enfantspopulairesde l’école. Jeneveuxpasquemes enfants soient commemoi, legamin avecdes trousdansseschaussures. Jeveuxqu’ilssachentcequeça faitdevouloirdeschoses,comme les jouets,puisqu’ilsapprennentàlesgagnerenfaisantdeschosessimplescommedescâlins,desbisousetdescompliments,dontilsnemanquerontjamaisenretour.Nousl’avionsdécidéaumomentoùilssontnés. Je ne deviendrai pas comme mon père. Aucun des deux. J’allais élever des enfants qui sesentiraient aimés et n’auraient jamais à se poser de questions ou à s’imaginer qu’ils sont seuls aumonde.Lemondeesttropgrandpouryêtreseul,particulièrementpourdeuxpetitsScott.J’aimisuntermeaucycleinfernaldespèrespourrisavantderuinerdeuxpetitesvies.Uneheureplustard,Emerys’estrendormie,unejambeenl’airsurledossierducanapéetunbras

ballantsurlecôté.Audenestsursondivanpréféré,supposéêtre«miniature».Tessal’arapportéàlamaisonmalgrémesprotestations.Cecanapé,arrivéentièrementrecouvertd’unmagnifiqueottomanhorsdeprix,prendbientropdeplacepourunsalondeBrooklyn.Commejen’aipaseumonmotàdirepourlesmeubles,mevoilàentraindefixermonenfantdesixans,assomméparsonorgiedebonbons,destracesdechocolatencorevisiblessurlecoindesonpetitmenton.Ilaprisdavantagedemoiquedesamaman.–Regardecommeilssontmignons.Je me retourne pour dévisager Tessa, elle a l’air épuisé ; ses yeux sont rouges et sa peau est

légèrementpâle.Jeposemeslèvressursesjoues,espérantleurredonnerunpeudecouleur.Ellesoupire,etjesens

sesmainsseposersurmonventre.Jeluidemande:–Qu’as-tul’intentiondefairependantcettepetitepausesieste?Elleprofitetoujoursdechaqueprécieusepetiteminutequereprésentelasiestedesenfants–quiest

deplusenplusbrève–pourfairedeschoses.Cettefemmeenfaittoujourstropmaisn’écoutepasunmotdecequejeluidis,donciln’yarienàfaire.Jel’observeentraindefaireunelonguelistedanssatête.–Ehbien…Puisellecommenceàbalancerdesbribesdephrasescomme«appelerFeepourlegâteau»ou«

faireensortequePoseyrevérifielesbouquets»etencored’autreschosesquejen’entendspas,quandjeposemamainsurl’entrejambedesonpantalonsouple.Ellemeregardeattentivementtandisquejetiresurlecordonetplongemesdoigtsdanssaculotte.–Cessedemedéconcentrer.Savoixestplaintive,maisellerapprochesoncorpsdumienpourquejeluidonneencoreplusde

plaisir.–Tutravaillestrop.Çafait treizefoisqueje le luidiscettesemaine,maiselle lèvelesyeuxaucielpourla treizième

fois.Puisellesaisitlepoignetquejen’utilisepasetposemamainsursapoitrine.–…Ditl’hommequinedortpaspendantplusieursjoursd’affiléequandilaunedeadline.

Elle est disposée à être déconcentrée aujourd’hui. Ça change un peu de d’habitude, et j’ai bienl’intentiond’enprofiter.Je la caresse vigoureusement en observant ses seins se balancer de haut en bas. Elle pousse un

gémissement,cequimefaitcomprendrequ’elleenveutplus.Jevaisleluidonner.J’attrape samain et la traîne dans le couloir. Ellemarche rapidement, impatiente d’arriver dans

notrechambre.Aumomentde franchir laporte,Tessa laclaqueviolemment,manquantaupassagedécrocherdumurunepeinturegéantedesenfants.Quandellem’aproposédelefaire,audébut,j’aitrouvéçaflippant.MaisTessaadoraitl’idéed’avoiruneimaged’euxàcetendroit,delatailled’unfoutupanneaupublicitaire.Laseulechosequej’aipuimposer,c’estqu’ilsoitinstalléàl’opposédenotre lit. Pas question que je fixe ce tableau fluorescent représentant une version abstraite demesenfantspendantquejebaisemafemme.Pasquestion,putain.–Viensici.Jel’inviteàs’installersurmesgenoux.Jesuisassissurlereborddenotregrandlit.Cesderniersmois,nousavonspartagéépisodiquement

notrelitavecnosdeuxenfants.Audenatraverséunephasedecauchemarsdurantlaquellejerestaiséveillétoutelanuitenmedemandantsic’étaitquelquechosequ’ilavaithéritédemoi.Jalousedesonpetitfrère,Emeryenavaitfaitautant.Ellevenaitmedemanderenchuchotantdelaprotégerdeses«mauvaisrêves»,cequin’étaitpasvrai.Elles’essuyaitlesyeuxcommesielleavaitdenouveausixansettoutletintouin.Lesdeuxs’allongeaiententrenous.C’étaitgénial,croyez-moi.–Hardin?LavoixdeTessaestdouceetrauque,etsesyeuxsontplantésdanslesmiens.–Àquoipenses-tu?Sesdoigtsparcourentmonventredehautenbasetsesongleséraflentdoucementmapeau.–Auxenfantsquandilsavaientl’habitudededormirdansnotrelit.Jehausselesépaulesensouriant.–Étrange.Ellepenchelatêteetunsouriresedessinesurseslèvres.–Cequiestétrange,c’estquec’estmoiquisuisdistraitalorsqued’habitudec’esttoi,machérie.Jejoueavecsestétonstousdurs,etellegémit.Jefaispassersont-shirtpar-dessussatête.Iltombe

sur le sol, puis elle secoue ses cheveuxen arrière, cequi lui donneun air sauvage avec ses jouesrougesetseslèvresroses.Chevelureblondesauvageetregardgourmand.Jelacaresseetpromènemes doigts le long de la doublure de son soutien-gorge noir en dentelle.Cette femmeporte de lalingerietellementsexy.Jeplongemesmainsàl’intérieuretsorssesnichons.–Allonge-toi,Bébé.C’estunordre.Ellefaitglissersonpantalonetsaculotte,s’endébarrassesur lesoletserallongesur le lit.Elle

attrapeunoreillerpour leglisser sous sa tête. Jecomprends toutde suitecequ’elleveutdans sonregard:elleveutquejem’occuped’elle.C’estcequ’ellepréfèrecesdernierstemps.Elleestfatiguée,déprimée,etsespiedsluifontmal.Elleveutdoncsimplementêtredorlotée.Elle

melerendra,biensûr–mafemmemerendtoujourscestraitementsdefaveurenprenantmabiteaufonddesagorge lesmatinsoù lesenfantsnouspermettentdedormirplus tardqueseptheuresdu

matin. Tessa soulève ses jambes, les replie, puis écarte les cuisses en grand, juste devantmoi. Jemordillemeslèvres,tentantdecontenirungrognementavantqu’ilnes’échappedemabouche.Elleesttrempée,luisantesouslalumière.Impossibledemecontrôleravecelle.Jemejettepresque

surelle,pressemaboucheouvertecontresapeaudouceetmouillée.Malanguelèchesanss’arrêteretvigoureusementsoncorps,puislasucedoucement.Elledécaleseshanchesenpoussantsoncorpscontre lemien.J’enroulemesmainsautourdeses

cuissesetl’attireviolemmentverslereborddulit.Elleglapit,unadorablepetitsonmêlantsurpriseetexcitation.Mesmains sont agrippées à soncul etmabouche ladévorependantqu’ellegémitmonnomparmidesouietdesmonDieuainsiqu’unmillierd’autreschosescochonnes.J’adore ses petites exclamations d’encouragement. Ça me donne envie de lui faire trembler les

jambesetserrerfortlesdraps.Maintenant,elleagrippemescheveux,àpleinesmains.Putain,cequec’estbon!Savoixsebrise.–Har-din…J’approcheundoigtverssachatteavantdel’yinsérer,cequilarendcomplètementfolle.Jedessine

depetitscerclessursonclitorisavecmalangue,lebutinantetl’encerclant.Jerépètecegesteencoreetencore.Quandellejouit,jegoûtelameilleuredessaveurs.Jeredresse la têtepourrespireretposematêtesursonventre tandisqu’ellereprendsonsouffle.

Elletiresurmescheveuxpourmetraînerverslehautdesoncorps.Jebandetoujoursetlefaitd’êtreallongésursoncorpsnunemelaisserienentrevoird’autrequelesexedanslalistedemesbesoinsetdemesdésirs.Tessalesait,c’estpourquoiellesecambredenouveaupoursefrottercontremoi.Enpressantmonmembredurcontresonsexehumide,jeluidemande:–Tuasenviequejetebaise?Tun’enaspaseuassez?–Jen’enaijamaisassez…Jegémisquandelleenroulesamainautourdemabiteet laguideà l’intérieurd’elle.Je resteun

longmomentcommeça,sansbouger,justeàobserveravecémerveillementsesyeuxserévulser.Sesseinssontécraséscontremontorse,sescuissesenrouléesautourdemataille.–Encore.Elle me supplie en souhaitant que je bouge à l’intérieur d’elle. Je m’exécute, et m’enfonce

rapidement.L’unedesesmainsestdansmescheveuxpendantquel’autregriffemondos.–Jenevaispastenirlongtemps.Pasdutout.Jesenssesjambesseresserrerautourdemoi,etj’atteinsl’orgasmeàcemoment-là,enluidonnant

lesdernierscoupsde reins.Soncorpsse liquéfieenmême tempsque lemien.Ellegarde lesyeuxfermés,etjem’écrouleprèsd’elle.Alorsque je récupèremon souffle, je jetteunœil àTessa.Sesyeuxbleu-gris sont ferméset ses

lèvresentrouvertes.Elleestaussibellequelepremierjouroùjel’airencontrée.Jeme souviens à peine dugosse que j’étais quand j’ai fait sa connaissance,mais depuis, chaque

détaildenotrevieensemblefusedansmatêtecommeunemélodie.Cette femme têtue refuse toujoursde semariercivilement.Maiselleestma femmequoiqu’il en

soit,etlamèredemesdeuxbeauxenfants.Nousenvoulonsaumoinsundernier,quandelleauraunpeumoinsdetravail.Jesuisanxieuxà l’idéededonnernaissanceàunautreenfantdanscemonde.Jesuisunpeuplus

inquietàchaquefois.Laresponsabilitéd’éleverd’honnêtesêtreshumainspèselourdementsurmesépaules,maisTessa

enportel’autremoitiéetmerassureenmedisantquenoussommesdesuper-parents.Jenesuispascommemonpère,j’aimaproprepersonnalité.Forcément,j’aicommismapartd’erreursmoiaussi,maisjepenseavoirpurgémapénitenceetavoirétépardonné.Jenesuispasparticulièrementcroyant,mais je sais qu’il existe quelque chosede plus grandqueTess etmoi dans ce vaste jeu ici-bas. Jen’avaisriendanscemondeetaujourd’huij’aitout.Jesuisfierdemoiàprésent.J’aperçoismaproprelumièredanslesyeuxdemesenfantsetj’entendsmajoiedansleursrires.Jesuisfierdecequej’apportedanslesviesdesadolescentsdelarégiongrâceauxfondsrécoltés

pour lacommunauté.J’ai rencontrédesmilliersdepersonnesdont lavies’est trouvéeaffectéeparmesmotssurdespages.Jemesuisbattusilongtempspourtoutgarderenmoi,maisunefoisquej’aitoutlaissésortir,moncœurs’estouvert.J’auraisétéégoïstedenepaspartagermesexpériences,denepasaiderlesadosquisouffrentdedépendanceetdetroublesmentaux.Aufildesannées,j’aiapprisàneplusmefocalisersurlepassémaisàsimplementregarderversl’avenir.J’aibienconsciencequemespenséesparaissenttrèsclichéesetcomplètementringardes,maisc’estpourtantlavérité.J’aierrédanslesténèbrespendantsilongtemps,j’aienvied’aiderlesautresenleurapportantdela

lumière.J’ai lebonheurd’avoirune familleque jen’auraismêmepaspu imagineren rêve,et j’élèvedes

enfantsquiserontbienmeilleursquejenel’aiété.LatêtedeTessaretombesurlecôté,etjerepoussesescheveuxdesonvisageendormi.Elleaété

mon repos,mon feu,mon souffle, ma douleur et qu’importe ce que nous avons traversé, chaquesecondevalaitlapeined’êtrevécuepourenarriveràlaviequenousavonsaujourd’hui.J’aientraînéTessaavecmoienenferetnousensommesrevenus,maisvoilàoùnousensommes.

Aprèstoutça,nousavonsconstruitnotrepropreversionduparadis.

FIN

RemerciementsJ’ail’impressionquelesremerciementspourcelivresontexactementlesmêmesqueceuxdesprécédents,maislesmêmesmerveilleusespersonnesm’ontaidéeàlesfaireexister–alorsmerciàtous!AdamWilson,unefoisdeplus,jeteremercied’avoirtravaillésiduravecmoi.Lapersonnequetuesetlapatiencedonttuassufaire

preuveavecmoim’onttellementappris.Nousavonsproduitseptlivresensemble(dontlalongueurs’apparenteàdix)enuneannée,etc’estjustecomplètementdingue!J’attendslestroisprochainsavecimpatience.KristinDwyer,t’eslameilleure,meuf!Tum’aidesàresterorganisée(autantquepossible,sachantquejecommencetoutjusteànoter

lesrendez-vousdansmonagenda).Mercipourtout!Wattpad,mercid’êtreencoremaplate-formeàcejour,d’êtrerestételsquevousêtesetdedonneràdesmillionsdegensl’opportunité

defairecequ’ilsaiment.UrsulaUriarte,c’estcomplètementfoudepenserquetuesrentréedansmavieentantqueblogueusefandemeslivresetquetues

maintenant l’une de mes amies les plus proches. Même si je n’arrive toujours pas à épeler ton nom correctement, tu es tellement,tellementimportantepourmoi,etpourHardinetTessa.Tulesaimesautantquejelesaime,etçacomptebeaucouppoureux.(Ilsmel’ontdit!)VilmaetRK,jevousaimetouslesdeux.Votreamitiéestsiprécieuseàmesyeux.Vousm’avezenseignélesdifférentesétapesdela

rédactiond’unlivreetavezsum’écouterquandilm’arrivaitdepaniquer.AshleighGardner,merci,jen’auraispaspuavoirmeilleuragent,etamie!Merciauxrédacteursetàl’équipedeproductionquionttravaillésiduretdansunlapsdetempsaussicourt.Un immense merci à toutes mes maisons d’édition étrangères, des éditeurs aux publicitaires en passant par tous les autres

collaborateurs.Vousavezabattu tantde travailpour traduire et commercialisermes livres à travers lemondeet ça compte tellementpourmoietmeslecteurs.J’aipassédesmomentsincroyablesàvisitertantdelieuxdifférentsetàrencontrertantdelecteursauxquatrecoinsdelaplanète.

Notes1.ThéodorSeussGeisel(1904-1991),ditDrSeuss,estunauteur-illustrateuraméricainconnupourseslivresd’enfantsutilisantdesrimes:Lechatchapeauté,LegrincheuxquivoulaitgâcherNoël…(NdT)2.Groupeaméricaindenumétal.(NdT)3.Talk-showaméricaindeconseilspersonnels.4.RéférenceaufilmGoneGirldeDavidFincher5.ContractiondeHardinetTessa.