BIGEARDL'HOMMAGE

OUVRAGECOLLECTIFTexteadditionneletdirectiond'ouvrage:

RenéGuitton

BIGEARDL'HOMMAGE

Tousdroitsdetraduction,d'adaptationetdereproductionréservéspourtouspays.

©ÉditionsduRocher,2011.

ISBN:978-2-268-0723-1

Donne-moilecourageetlaforceetlaFoi...(Prièredesparas)

ÀGaby,àMarie-France.ÀtouslesfilsspirituelsdeMarcelBigeard.

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d'état-major de l'armée de Terre, le général Cuche, gouverneurmilitaire des Invalides, le général Jean-Loup chinouilh,gouverneurmilitairedeMetzetpatrondel'arméedeterredanslarégionNord-Est.LeprésidentduConseilgénéraldeMeurthe-et-Moselle,MichelDinet,estprésentluiaussi.Dèsl'annoncedudécès, il a salué l'adversaire politique et évoqué le respectmutuel dans lequel tous deux se sont opposés, de lointainesannéesdurant.

Toujours dans les premiers rangs se tiennent d'autrespersonnalités:AndréRossinot,mairedeNancy,LaurentHénart,conseiller régional de Lorraine, le colonel Arnaud Weixler,commandant du 516e régiment de Train, de Toul, et plusgénéralement tous les hommes et femmes, médecins,infirmières... qui se sont dépensés sans compter pour MarcelBigeard, au cours des derniers mois, dont Me Anne-MarieQuenette, avocate et amiede la famille, JoëlleMorisse, la trèsdévouéeassistantesociale,etJérômeTachet,quiau-delàdesesfonctions de chauffeur, délégué du 516, était devenu tout à lafoislesecrétaireducenturiondelaRépublique,maisaussisonconfident.

L'organistedel'égliseSaint-LéondeNancy,DominiqueBredajoueaujourd'huiàToul.Sur l'orgueàquatreclaviers,soixante-sixjeux,ilinterprètelaMarchefunèbredeChopin,pendantqueles personnalités se saluent et regagnent la place qui leur estréservée,etqueleurindiqueleresponsableduprotocole.Aprèsle président Giscard d'Estaing, Hervé Morin vient saluerMadame et Mademoiselle Bigeard, puis Nadine Morano lesembrasse, et d'autres personnes encore saluent la famille ; lanoriadescondoléances.

LepèreRolandNoëlavaitunerelationamicaleaveclegénéralBigeard.Illuirendaitvisitedetempsàautre,plusfréquemmentdurantcescinqderniersmoisquilaissaiententrevoirunefindeplusenplusproche,puisquotidiennementjusqu'aujourultime.Aucoursdeleursentretiens,lesdeuxhommeséchangeaientdesréflexionssurlamort,etsurcetteviesupposéedansl'au-delà;de ces préoccupations spirituelles qui se font de plus en plusinsistantes lorsque l'onsent la finapprocher.MarcelBigeardapeu fréquenté les églises. Sa relation à Dieu se manifestaitsurtoutpar sadroiture, sa rigueurmorale, l'exigencequ'il avaitavant toutde lui-même, luiquivoulaitseprésenterdevant« lePèrebonDieu»,commeilaimaitàledire,«latêtehaute.»

Toutes lespersonnalitésétantàprésent réunies, lacérémoniepeutcommencer.LepèreRolandNoëls'avancealorsetprendlaparole.

HommageduPèreRolandNoëlMonGénéral,

Votredépartcréeungrandvide!

D'abordauprèsdeGaby,votrefidèleépouse,etMarie-France,votrefille.Toutesdeuxvousontveilléavecamour,chacuneàsamanière,maistoujoursprésentes.

Aux deux militaires mis à votre disposition par le 516erégimentduTraind'Écrouvesetqui, euxaussi,vousontveilléfraternellement.

Et puis, un grand vide auprès de ces milliers d'hommes,anciensetplusjeunes,maisaussidesfemmesqui,aurythmedesjours, vous adressaient des centaines de missives, vousremplissant le cœurde joieet réchauffantvotreesprit– lettresquevousmelisiezavec,pourcertaines,uneréelleémotiontant,ilestvrai,ellesétaienttouchantes,surtoutàlaparutiond'undevosnombreuxlivres,tellecelle-ci:«Lesannéescommencentàpeser sur mes épaules, mais je me redresse toujours en vousprenantpourexemple...»,ouencore:«J'auraisvouluêtrevotrefils. Pardon, mon Général, mais c'est vrai, parce que je vousconsidèreunpeucommelepèredelaFrance.»

Vousn'avezvécuquepourvotrepays:«MaFrance»,commevous n'avez jamais hésité à me le dire, cette France qui voustorturait l'esprit ces dernières années parce qu'elle necorrespondaitpasàl'imagequevousvousfaisiezd'elle.Unsoirque nous devisions tous les deux, vous m'avez confié : « J'aidonnéplusàmonpaysqu'àmafamille.»

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tempsquel'onnommeoubli,àquoibonavoirvécu?

–Lesursautducœur:«Resteavecnous,Seigneur!»

Cet instant glissé entre le crépuscule et les ténèbres, cetteheuresingulièrenousblessetousd'unsentimentd'errance.Maisà l'instantmêmeoù ledésespoirpointe sonnez,une ressourceultime,unesortedeforcegrappilléesurladémission,faitjaillirunedemandeempressée:«Resteavecnous,Seigneur.»

Cequiestcommedire:

«Toutnepeutsefinirainsi!Nousavonsensemblepassédesmomentsaugoûttropfort.

Nousavonscueillilesélansdelavieauborddesrivières.Desrivièresdesueur.

Nousavonsaccueillilescoupsdelamortdanslesrizières.Lesrizièresdelarmes.

Nousavonsrécoltélesfleursdesangetlesrangsdeshonneurslivrésàceuxquiluttent.

Nous n'allons pas nous quitter comme des étrangers sur unepirouettedelavie,aucouded'unsentier.»

Cequiestcommedire:

«Viennelafacedeceluiquirelieleshommesaumonde,àlavie,à lamort,à lasagesse,à la joie,audon,à l'amour,à leursfrères,àeux-mêmes.EtàDieu,bienentendu.Ques'éclaireenfinle visage de Christ jusque-là discret jusqu'au silence. Quel

dommagederéduirelaflammedenoscœursàn'êtreplusqu'unevaguemolledesouvenirsretombantsanseffetsurlesplagesdel'histoire.»

C'est à cette heure-là que l'homme revient totalement à lui-mêmedansl'ultimeréveilducœuravantlesommeildelamort.

C'estmêmepourcetteheure-làquel'hommeaplongédans lavieavectoutel'énergiedesachairetdesonesprit.Sansqu'illesache quand il est au zénith. C'est pour cette heure-là qu'il aembrassé à plein bras les risques et les récompenses, qu'il aarpenté à grandes enjambées les nuages autant que les vallées,lesdjebelsblanchisdesoleilautantquelescouloirsfeutrésdel'assemblée.

–Lamagiedel'espérance:

Pourquoi ce retournement ? Entre la fatigue du soir et lesursaut du cœur, unemagie a opéré, c'est celle de l'espérance.Seulel'Espérancequivisel'au-delàdelamortvaaucentredelacible.

Quand l'avion lâche sa dernière corolle blanche aux fragilesracineshumaines, il ne tombepasmais il suit sonvol linéairedansl'espaceduciel.Demêmequandl'hommeajetésadernièreforceauseindutemps,ilpoursuitsonenvold'aigleverscecielsans bourrasques où coule la démesure personnelle de l'amourinfini.

Làtoutestpaixsansguerre.Làestlavictoiresanstrompetteettambour.Là est la vie dans la transparence et dans l'aisance du don

éternel.SaintMichel,priezpourlui.Amen.

*

AprèslaprièreduNotrePère,c'estàHervéMorind'intervenir,luiquiaeucettebellephraseàl'annoncedelamortdugénéral:«Brunoaquittélesondes.Sonnomvautseultouslestitresdegloire».BrunoavaitétélenomdecodedeMarcelBigeardpourlescommunications radio,pendant laguerred'Indochine.Etcesurnomluiestresté.

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souffrance de Diên Biên Phu et la désespérance des campsd'internement.

Vousn'aviezpasd'autrechoixcar,envousrendanthommage,nous rendons hommage à tous les combattants de la guerred'Algérie,qui,là-bascommelesergent-chefSentenac,ontlaisséleur corps et sacrifié leur vie, et à tous les autres qui en sontrevenus,marquésàjamaisdansleurâmeblessée.

Vousn'aviezpasd'autre choixcar, envous rendanthommagenousrendonshommageàceuxqui,commevousdanstoutesvosfonctions,mêmelesplusélevées,ontvouluresterauservicedupays,pourreconstruireunearméenouvelle,faisantfacealorsaupacte de Varsovie, époque difficile s'il en fût où le pacifismeébranlaitmêmelesportesdesquartiersmilitaires.

Vousn'aviezpasd'autrechoixcar,envousrendanthommage,nousrendonshommageauvieuxsoldatetàl'anciencombattantqui,ausoirdesavie,lorsquesesforcesphysiquess'amenuisent,continuadeservirsonpaysenpartageantcequil'afaitvivreetcombattre, et continuade témoigner jusqu'à l'extrême limitedesesforces!

Vousn'aviezpasd'autre choixcar, envous rendanthommagenousrendonshommageàtoutcequevousnousavezenseigné,quelavieestuncombat,quetoutseconquiertetsedéfend,querien n'est jamais donné, ni acquis pour toujours, mais surtoutqu'au-delàdesarmes,ilfautgardertoujoursintactecetteflammesecrèteetintérieurequenousappelonsl'espérance!

MercimonGénéral,pourvotrebaroud!Mercipourcedernierbaroud!AdieuBruno!

*

Mgr Luc Ravel est mal connu du grand public. Évêque auxarmées depuis novembre 2009, ce membre des chanoinesréguliersdeSaint-Victoraunparcoursbrillant.Filsdegénéral,on peut imaginer qu'il ait eu, peut-être plus qu'un autre, desprédispositions pour la chose militaire, d'autant plus que saformation fut avant tout scientifique. Polytechnicien, il estégalementingénieurdiplômédel'Écolenationalesupérieuredespétroles et des moteurs. Mais ce cursus est complété par desétudes de théologie et de philosophie, ce que l'on ressentnettement, tant dans son intervention en la cathédraledeToul,qu'aujourd'hui dans son homélie aux Invalides. Au-delà del'hommage au militaire, l'évêque nous donne à réfléchir àl'engagement total, sans réserve, sans concession, que l'hommeBigeardaeutoutesaviepour l'armée.Ilyestentrécommeonentre en religion, avec la Foi chevillée à l'âme, Foi dans lesvertusdel'arméeetdelapatrie.

HoméliedeMonseigneurLucRavelL'immense personnalité du général Marcel Bigeard, la

solennitésingulièredecetteéglisedessoldatsoùnoussommes(où tant de soldats prièrent) et la découverte récente d'uneformulefortemepressentd'évoquerunmariageétonnant.

Surunmurdumuséedesforcesarméessénégalaises,àDakar:« Si l'on veut obtenir le simple devoir, il faut montrer enexempleceuxqui l'ontdépassé.»,formuleattribuéeaugénéralPinson.

Voilà pourquoi je vais parler ici d'un étrange et formidablemariage, celuidu soldat etde lamystique.Mêmes'iln'estquepartiellementréaliséparleGénéralBigeard,savieestunappelàavancerencesens.

1.Lesvaleursmilitairesérigéesenmystique:

«Bigeardavéculesvaleursmilitairescommeunemystique»,meconfiaitunaumônierquil'abienconnu.Commeunereligionquinemarchequ'avec l'engagement total ;quinesupportepasqu'on cloche d'un pied sur l'autre en voulant se ménager desissues de secours, des retours en arrière et des chemins detraverse alors qu'il s'agit de se jeter dans le vide à travers uneporteouverteparlaconfiance.«Mavie,c'estunehistoiretroprapide.Laguerre,lagloire.J'aiaiméçaquoi!»(Bigeard)

Comme une religion qui n'avance qu'à force du témoignagepersonnel : « ce que je demande, je le fais ! » disait-il. C'estl'exemplaritéduchefvécuejusqu'aubout.

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Saint-Mandé entretenait tout particulièrement des liensd'amitié avec le général Bigeard. Mon prédécesseur, Robert-André vivien, avait été, en effet, un de ses proches camaradestoutaulongdesavie.

AunomduConseilmunicipaldeSaint-Mandé,etenmonnompropre, je vous adresse nos condoléances attristées que vousvoudrezbienpartageravecvotrefamille.

Je vous prie de croire, chère Madame, à l'assurance de meshommagesrespectueuxetdesplusattristés.

PatrickBeaudouin

MonsieurDominiqueBussereauSecrétaired'ÉtatchargédesTransports

Le18juin2010,

Madame,

Lorsque j'étais jeune militant de l'UDF en Charentes-Maritimes, le général Bigeard est venume donner le coup demaindécisif.

Jeluiengardeunevivereconnaissanceetledécèsdecegrandserviteur de la France m'a beaucoup peiné, comme tous lesFrançais.

Je vous prie d'accepter mes plus sincères condoléances avecl'expressiondemasympathieparticulièrementattristée.

DominiqueBussereau

MadameRachidaDatiDéputé-maire

Paris,le29juin2010,

Madame,

Je viens d'apprendre le décès du généralMarcelBigeard.Cegrand militaire fut un pilier de l'armée pendant quarante ans.Soncourage,saforceetsadéterminationfurentexceptionnels.

LaFrancevientdeperdreunepersonnalitéimportantedenotrenation.Sachezquejem'associe,commebeaucoupdeFrançais,àvotrepeinedanscettetristeépreuve.

En tant qu'élue parisienne, je tiens à vous faire part demescondoléanceslesplussincères.LeGénéralMarcelBigeardaetgardera une place importante dans le cœur des Français, ainsiquedansl'HistoiredelaFrance.

Je vous prie d'agréer, Madame, l'expression de maconsidérationdistinguée.

Bienàvous,

RachidaDati

MonsieurChristianEstrosiMinistrechargédel'Industrie

Paris,le21juin2010,

ChèreMadame,

C'est avec beaucoup de peine que je viens d'apprendre ladisparitiondevotre époux, legénéralMarcelBigeard.Hommed'action,decourageetdevaleurs,ilincarnaitpourdesmillionsdeFrançaislagrandeurdel'engagementmilitaireetlaforced'unespritlibre.

En cesmoments douloureux, je tiens à vous présenter, ainsiqu'à tous ceux qui vous sont proches, mes plus sincèrescondoléancesetàvousassurerdemaprofondesympathie.

Jevouspriedebienvouloircroire,Madame,à l'assurancedemesrespectueuxhommages.

Detoutcœuràvoscôtés,

ChristianEstrosi

AmiralPierre-FrançoisForissierChefd'état-majordelaMarine

Paris,le21juin2010,

Madame,

C'est avec une vive émotion que j'ai appris la disparition devotre époux, le général de corps d'armée Marcel Bigeard,survenule18juindernier.

Danscesdouloureusescirconstances,jetiensàvousexprimer,à vous ainsi qu'à votre fille Marie-France, mes sentiments deprofondecompassionetvouspriedebienvouloiracceptermestrèssincèrescondoléances.

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Boissy-le-Repos

Boissy-le-Repos,le18juin2010,

Madame,

Jeviensd'apprendreledécèsdenotreGénéral.Jeressensunegrandepeine;c'estunmembredemafamillequivientdepartir.Touslesparaspleurentaujourd'huileurgrandpatron.

Le cœur serré, les yeux remplis de larmes, nous sommesatteintsmais fiers de lui, tout comme nous savons combien ilétait fier de nous, ses petits gars, et sommes conscients de labelle manière dont il a su tenir jusqu'au bout et arriver à cepoteau final, nous donnant là encore une superbe leçon decourage.

«Êtreetdurer»,sadevise.Être?c'estfait.Durer?Nuldoute,ilferaécole.Nombredefutursofficiers,sousofficiers,hommesdetroupes,nemanquerontpasdesuivresonexemple.

NotreFrancevientdeperdreundesesplusgrandsfils.Ilestparti le jourde l'Appeldu18 juin1940dugénéralDeGaulle.Serait-ceun signedudestin ?NotreBruno, lui qui a toujourssoutenu que la France avait tant besoin de se réveiller et dereveniràdesvaleursd'honneuretdedignité.

Bruno,tavie,elleaeudelagueule!Làoùtuesmaintenant,soisheureux.J'espèredetoutmoncœurquetuesaumilieudetous ceux que tu as connus, ta famille, les anciens tombés detoutes ces guerres, ceux qui comptaient tant pour toi et puisaussi tes anciens ennemis, soldats allemands, adversairesvietnamiensetalgérienspourquituavaiségalementdurespect.

Quelle belle fête vous allez tous faire, vous qui êtes dans lavraielumièreetdébarrassésenfindelafoliedeshommes.

ChapeauBruno!

Ôlafille,viensnousserviràboire,lesparassontlà,perceuntonneau,carlarouteestlongueetlanuitnoire,etdemainnousferonslegrandsaut...

Avec tout le respect que je vous dois, Madame, je vousembrasse,vousetlesvôtres.

Mon épouse et moi-même vous présentons nos sincèrescondoléances.

PaulBachelard

P.-S.Jen'oublieraijamaislamanièredontjefusreçuunjour,chezvous,enprésenceduprésidentdel'AmicaledesanciensdeVitry-le-François.Égalementl'honneurquelegénéralm'afaitdepublier, dans son dernier livre, la lettre que j'avais envoyée auprésidentde laRépublique, concernantmon souhait de levoirélevéàladignitédemaréchaldeFrance.

MadameMarie-CarolineBarberot-DannaudBelus

Belus,le20juin2010,

ChèreGaby,

Nousnenoussommespasvuesdepuissi longtemps.Jecroisque la dernière fois, c'était à Paris en 1971. Je vous avais

présentémonfuturpremiermari,queMarcelvoulaitembaucherdanslesparas.

Je venais de retrouver la photo de cette première rencontre àBouar, où j'ai passé des moments inoubliables avec Roger etvoustrois,quandj'aiapprisqueMarcelvousavaitquittée.

J'enaiététrèsémue.Onl'imaginaitindestructible,etd'ailleursill'estdanslesmémoires,commeRoger,quiestpartiilyadéjàlongtemps,maisquisembleêtretoujourslà,enangegardien.

Ils se sont retrouvés aujourd'hui. Jepensequ'ils s'aimaient ets'estimaient,au-delàdespetitesdivergences.EtsiRogerétaitlàaujourd'hui, soyez sûrequ'il serait auprèsdevous, en souvenirdeMarcel.

Endehorsdela«figure»del'hommed'exceptionquetoutlemonde admire à raison, j'ai, moi, le souvenir d'un hommechaleureux,curieuxdetout,etprofondémentbonettendreaveclesplusjeunesetlesplusfragiles.

Jeme souviens qu'il m'appelait «ma petite caroline », alorsque j'étais déjà adulte et de grande taille. Quelle imageprotectriceetpaternelle!

Jemesouviensaussiquevousétiezpourmoiune famille,etuncouplemodèle.J'imaginequevotrevien'apasétéfaciletouslesjours,maisjepenseàlapertequ'ilreprésentepourvous,etjepartagevotrechagrin.

Je pense aussi à Marie-France. Il y a, dans les albums deRoger,desphotosd'elleetmoi,àBouar,maisj'aitoutdonnéàlafondation Charles de Gaulle, et je n'ai pas eu le temps de

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le général quand il occupait de hautes fonctions à la Défensenationale.

Pourmapart,jegarderaitoujoursenmémoirelesouvenird'ungrand homme, d'un grand patriote, mais aussi d'un homme decœur.

Ayant17ansàl'époque,j'aiencoreenmémoireladéchiruredudésastre de Diên Biên Phu, avec son cortège d'horreurs et devexations.

Brunorejoindratoussespetitsgars,surleterrainouailleurs.

Cependant ne soyons pas tristes. L'avenir concerne nosgénérationsfutures,enfantsetpetits-enfants.

Croireetoser...unpas,encoreunpas...Jegardecesdevisesenmoi,commeleferontbeaucoupd'entrenous.

Ayons une forte pensée pour tous nos garçons présents surtouslesfrontsdeconflit.

Chère Gaby, comment vous adresser toute mon admirationpourvotreprésenceauprèsdeBrunopendanttantd'années,avecdespériodesquicomportaientdesdifficultésdetoutessortes.

Je prierai pour la paix et le repos du général. Jem'associe àtousvosproches,famille,amis,anonymes,officiels.

Bruno resteet resteraunmodèledevie,denon renoncementpournoustous,anciensetplusjeunes.

Je vous adresse mes sincères condoléances, mon profond

respect.

Biencordialement.

JeanChartier

MonsieurRobertChaudronUchaud

Uchaud,juin2010,

ChèreMadame,

Jeviensjoindremapeineàlavôtre,etvousadressermestrèssincèrescondoléances.

En février dernier, j'adressais au général des vœuxd'anniversaireàl'occasiondeses94ans.

Ilm'a répondu. Jen'en revenaispas.Quelgrandhommeétaitvotreépoux!

En 1955, j'appartenais au 3e régiment de parachutistescoloniaux,souslesordresducolonelBigeard.Quellefierté!

J'ai 74 ans aujourd'hui. J'ai toujours suivi son exemple, et lesuivraijusqu'àmamort.

Le20juin2010,ilyavait5ansquemonépousedécédait.

Croyez,jevousprie,Madame,àmaprofondetristesse.

Jevousadressemestrèssincèrescivilités.

RobertChaudron

MonsieurPhilippeChevalierNay

Nay,juin2010,

ÀMarcel,

J'espère de toutmon cœur que l'âme du vieux soldat resteralongtempsdanslesbrumeslégendairesdelacuvette,etcommedu coton celle-ci veillera sur les collines où tous tes frèresd'armesreposentetattendenttonretour.

Ils ne seront plus seuls si loin de la mère patrie. Que taprésence les rassure et que tes cendres nourrissent les fleurssauvagessurlestombesanciennes.

Elles brilleront le soir venu, à la lumière des lucioles, etmonterontlagardeavechonneuretfidélité.

Reposeenpaix,soldatBigeard.

PhilippeChevalier

MadameVirginieCluzelMarseille

Marseille,le22juin2010,

Madame,

C'est avec une grande tristesse que je viens d'apprendre le

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mestrèssincèresetattristéescondoléances,àpartageravecvotrefilleMarie-France.

Ilsn'oublierontpas,au-delàde lapersonnalitéexceptionnellede ce grand soldat, la véritable affection qu'il nourrissait pour«sespetitsgars»duContingent,dontsontissuslaplupartdesofficiersderéservedenosarmées.

Jevouspriedecroire,Madame,àl'expressiondemonprofondrespectetdemesmeilleuressalutations.

AndréDeis

P.-S.Jevousjoins,pourinformation,copiedelacirculairequej'ai adressée hier soir, à la quarantaine de responsablesrégionauxdelarégion.

Extrait:

Cherscamarades,

Notre ami, le colonel Pakula, vient de me transmettre unmessage du chef d'état-major de l'armée de Terre sur lesmodalités des hommages qui seront rendus au cher disparu. Ilimporteque lemaximumdecadresde réserve soitprésent lorsdes hommages qui sont dus à cette remarquable personnalité.J'ai, par ailleurs, appris que Valéry Giscard d'Estaing seraitprésentenlabellecathédraledeToul,quejeconnaisbien,àsesobsèquesdemainà15heures.

En dehors de ses « exploits » militaires, je rappelle que legénéralBigeard s'était battu énergiquement, en1996, contre lasuppressiondelaconscription(nousétionségalementquelques-

uns, à l'UNOR, sur cette ligne), décidée par qui nous savons.[...] Je rappelle aussi que leGénéral qui avait, au cours de sacarrière, commandé aussi bien des soldats de métier que desappelés, avait dit, au coursd'une réunionde la commissiondedéfense nationale tenue dans une salle du sous-sol du PalaisBourbon(etaumomentoùsedécidaitlesortdelaconscription)et avec son légendaire franc-parler, « qu'avec une trouped'appelés,bieninstruitsetbiencommandés,ilmettraitlabranléeàn'importequelleunitédeprofessionnels».

Rappelonsaussiquedansl'Oranais,en1957sijenem'abuse,etpour«lepunir»desesproposquigênaientlesespritsbienpensants,onl'avaitnomméchefdecorpsd'unrégimentde«brascassés»hirsutesetmallavésquel'ondiraitaujourd'huiissusde«quartiersdifficiles».En l'espacedequelquesmois,après lesavoirtondus,leuravoirmislacasquetteBigeardsurlecrâne,età l'appui de quelques coups de pied au cul bien placés, il enavaitfait,desonpropreaveu,unedesmeilleurestroupesqu'ilaitjamaiscommandée.

Depuis de nombreuses années (et je sais que nous étionsnombreux dans ce cas), je lui adressais en début de chaqueannée, mes vœux et mes meilleurs souhaits, surtout pour sasanté. Ily répondait systématiquement,enannotantdesamainlacopied'unarticlequileconcernait.

C'est avec beaucoup de peine, ce dernier 18 juin (quellecoïncidence), que j'ai appris sa disparition. C'est aussi avecsurprise, car j'avais fini par croire, même si je le savais trèsmalade depuis environ un an, qu'un tel héros était éternel.Rappelons-nousl'épopéedeNghiaLoen1952,oùBigeard,àlatêtede sonbataillon,marchant jour et nuit pendantprèsd'une

semaineparlabrousseetlespitons,aréussiàéchapperàdeuxrégimentsvietslancésàsestrousses,ramenantseshommesdansles lignes françaises, avec des pertes infimes. Force est deconstaterquelacamardeafiniparl'emporter.

Salutl'artiste!

MonsieurPierreDelageLimoges

Limoges,le22juin2010,

TrèschèreMadame,

Jeprendslecourage,aujourd'hui,devousécrirecesquelqueslignes, pour vous présentermes sincères condoléances pour ledécèsdevotremari.

Filsetpetit-filsd'officiersparachutistesetcolos,monenfanceaétébercéepar«Bruno»,SaintMicheletPau.

Je n'ai jamais osé écrire à votre mari, par pudeur, pardiscrétion. J'aurais aimé lui dire tout le profond respect etl'admiration que j'ai pour les valeurs qu'il transmettait à lajeunessefrançaise.

Mon grand-père et lui s'étaient croisés à Colomb-Béchar. Ilétait officier supérieur du territoire des oasis – colonel AndréDucher. Papa avait servi au 1er régiment de chasseursparachutistesàPau,en1967-1968.

Sachez,Madame,qu'aujourd'hui,à45ans,jetransmetsàmesenfants les mêmes valeurs que nos aïeux, et ce, grâce à des

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auxquelles il a eu l'extrême délicatesse de répondre à chaquefois.Unjour,en2009, ilm'amêmetéléphonédeuxfoisàmoncabinet. Jepeuxvous assurerque j'étaisprofondément ému, etau«gardeàvous»,mêmes'ilnemevoyaitpas.

LegénéralBigeardmefaisaitpartdelasortiedesonlivreMondernierround,quej'ailu,bienévidemment.Unlivresuperbe.

Sachezaussi,MadamelaGénérale,quelaphotodugénéralestdansmoncabinet,àlavuedesclientsquiviennentmevoirpourl'immobilier.

Étanttrèscroyant,catholique,jepriepourlegénéral,etvousaccompagnerai par l'esprit et la pensée spirituelle, le lundi21juinà15heures.

Encore une fois, Madame la Générale, je vous adresse mesplusrespectueusescondoléances,ainsiqu'àMadamevotrefille.

Jean-FrançoisFoliot

P.-S.Pardonnez-moidecelongcourrier,maisjenepouvaispasfaireautrement.Jenedevraispasvousledire,maisdeslarmesontcoulé surmonvisagequand j'ai appris la terriblenouvelle.En2008,j'avaisécritàMonsieurlePrésidentdelaRépubliquepour que le général Bigeard soit promu maréchal de France.Pourmoi,legénéralBigeardmérited'êtremaréchal.

MadameetMonsieurLouisdeFrancescoChampignysurMarne

Champigny,le21juin2010,

MonGénéral,

C'esten tantquefilleetpetit-filsducapitainede l'état-majordu Génie (1er régiment du Génie) que nous nous inclinonsdevant leFrançais etmilitairequi, toujours, s'estbattupour laFrance.

Monpèrea fait laguerre1914-1918,et il estdescendudanslestranchéesavecsessoldats.En1940,ilaétérappeléentantqu'officierderéserve,maisilétaitâgé.

Mamèrem'atoujoursinculquélerespectdemonpays,chosequej'aifaiteavecmonfils–lerespectavanttoutechose.

Monfilsetmoisommesdetoutcœurauprèsdeceuxquevouslaissez,maisvotresouvenirseratoujoursdansnoscœurs.

SalutmonGénéral.

LucienneetLouisdeFrancesco

MonsieurRolandFrançonBarberaz

Barberaz,le25juin2010,

Madame,

Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès dugénéralBigeard,cethommequiaétéetresteraunexemplepourtoutenotrefamilleetungrandnombredenosamis.

Néen1945,jefaispartiedeceuxquin'ontpaseuàsebattre

parcequed'autres,commevotremarietsescamarades,l'avaientfaitpournous.

Lors d'une visite à Toul, j'avais eu l'honneur d'exprimer augénéralBigeardnotrereconnaissanceetnotreimmenserespect.

J'avaiségalementpuvousdire,Madame,notregratitudepourl'avoiraidéàsurmontertantd'épreuves.

De tout cœur aujourd'hui, nous vous présentons, ainsi qu'àtoutevotrefamille,nosbiensincèrescondoléances.

RolandFrançon

MadameetMonsieurSteveGalipotSainte-Luce–Martinique

Saint-Luce,le18juin2010,

ÀGaby,àMarie-France

Nousvenonsd'apprendrecejourladisparitiondenotreMarcelbien-aimé.

En ce vendredi, jour de douleur pour les chrétiens et plusencore de commémoration du 18 juin 1940, qui fixe la fibrepatriotique des Français libres que nous sommes, grâce aucourageetàlavertudequelqueshommesetfemmesquiontosésedresserfaceàl'injustice,àl'innommable,nospenséesémues,àBrigitteetmoi,sedirigentversvousetvotrefille.

À l'image du grand Charles, votre mari était un hommeextraordinaire, avec ce cœur et cette conscience qui font les

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de Fiadana, à Tananarive, de ses visites à notre régiment,notammentpourlacommémorationdelaSaint-Michel,etenfinlors du dernier défilé de notre unité para dans la grande courd'HonneurdeFiadana,en facede lastatueéquestredugénéralGallieni. Le général Bigeard, pour cette ultime cérémonie,n'avaitpasvoululaprésiderenuniformeréglementaire,avecsonképiàfeuillesdechêne,maisenrevêtantsontreilliscamoufléetcoiffé de son béret rouge. J'ai retrouvé miraculeusement unephotographieque j'avaispriseà la findudéfilé. Jevous l'offreensouvenirdeluietdecettejournéehistorique.

Le général Bigeard fut le dernier commandant en chef destroupes de notre « armée d'Outre-Mer » sur le sol malgache,aprèsplusd'unsiècleetdemideprésencefrançaisedanscepaysque nous avons tant aimé. Je garde précieusement son livreAucunebêteaumonde, avec la dédicacequ'il rédigeapourmeremercierdecej'avaisaccompliauseindemonrégimentpara.

Jenepourraimalheureusementpasme rendre àToulpour lacérémonieprévueà lacathédrale,poursaluerunedernière fois« notre » Général, et m'incliner devant vous et votre fille, nepouvantplusmedéplacer.Jeleregretteinfiniment.

En vous demandant de croire en mes sentiments les plussincères, en cette profonde tristesse que j'éprouve en voyantpartir le général Bigeard, je vous prie d'agréer, Madame,l'expressiondemesrespectueuxhommages.

Jean-PierreHanus

ChasseurBernardHappelFleury-la-Vallée

Fleury-la-vallée,le18juin2010,

Madame,

En ce jour, 18 juin 2010, où je regardais la cérémonie du18juin1940enAngleterre,moncœurafaillis'arrêter.Jeviensd'apprendre, avec un immense chagrin, la mort de Monsieurvotremari,legénéralMarcelBigeard.

Jen'aipasbesoindevousdiretoutel'estimeettoutlerespectquej'avaispourcegrandmilitaire,cegrandhéros.Jenepensaispasqu'ilauraitétéemportésirapidement.Ilétaitrobuste,solide,courageuxetpleindebonnevolontéetd'estimepourlaFrance,l'Armée,ettoussesparas.

Jecomprendscombienvousêtesatteinteainsiquetoutevotrefamilleparcedeuilaussicruel.

Ilesttoujoursdouloureuxdeperdreceuxqu'onaime,maislaséparation est plus pénible quand ils nous ont accompagnéslongtempssurlechemindescombatsetdelavie.

Nous Français, militaires et paras, conservons de celui quevous pleurez le souvenir attendri d'un homme de cœur, decourage,debienfaisanceenverssachèrepatrielaFrance.

Veuillez recevoir,Madame, et toute votre famille, toutesmessincères condoléances et l'expression de mes sentimentsdistinguésetrespectueux.

BernardHappel

MonsieuretMadameChristianHardy

LaVarenneStHilaire

LaVarenne,le7juillet2010,

ChèreMadame,

Mon dernier courrier remonte au 12 février dernier. Je nesavaispasquejesouhaitaisàBrunosondernieranniversaire.Le14étaitundimancheet,deplus,lejourdelaSaint-Valentin.

Je tiens à vous présentermes plus sincères condoléances carun immense vide s'est créé brutalement, ce matin du 18 juindernier, jour symbolique où la vie a décidé de quitter votreadmirableépoux.C'étaitsondernierclind'œil.

Jepenseavoirdeuxansdemoinsquevotrefille–jesuisnéen1944–et jemesouviensdemonenfance,quand j'écoutais lesinformations d'Indochine des années 1952-1955, commentéespar mon grand-père qui m'expliquait tous les jours lesévénementsqui,selonlui,allaientse terminerpar l'abandondenos troupes à Diên Biên Phu, par notre lâche et incapablegouvernementdel'époque.

Mon grand-père était une personne admirable, qui avait lacapacité d'être un peu visionnaire et de pouvoir anticiper lesévénementsavantqu'ilsneseproduisent.

Ilm'ainculquéunequalitédel'époque:lesensdel'honneur.

Aujourd'hui, dans notre civilisation mondialiste, c'est unequalité pénalisante qui freine l'évolution sociale etprofessionnelle.

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condoléances.

J'aieul'honneurdeservirenAlgériedanslesecteurdeSaïda,au sein du « CommandoMaurice », sous les ordres de votremari,entantquesous-officierducontingent.

Rien neme fera oublier l'homme qu'il était : un homme, unchef,unvrai !parfoispas facilemais toujourssoucieuxdesessoldats.

J'aitousseslivres,desphotosprisessurleterrainetmêmeunpetitmotdeluimeremerciantdel'avoirfélicitépoursesétoilesdegénéral.

Pas d'inquiétude, il est aujourd'hui près de notre créateur àtous.

Veuillez agréer, Madame, l'expression de ma considérationdistinguée.

Jean-MarieLanglois

MonsieurJean-ClaudeLanoëNoyalPontivy

NoyalPontivy,le23juin2010,

Madame,

J'ai57ans.Jenesuispasmilitaire,maislefilsd'unmajordegendarmerie. Depuis 1978, je travaille dans l'enseignementcatholique duMorbihan pour l'éducation des jeunes qui noussontconfiés.

Jesuisunadmirateurdevotremari,del'hommeetdumilitairequ'il était.Lesvaleursqu'ildéfendait sontaussi lesmiennesetcellesquej'aivoulutransmettreàmesdeuxenfants.

L'und'eux,Pierre,ad'ailleursveillé lecorpsdevotremari lelundi soir aux Invalides. Il a aussi, lemardimatin, assisté auxhonneursmilitaires,toujoursauxInvalides.

Le18 juin, dansmon jardin, j'ai plantéunbuis aupiedd'unarbre. J'y ai posé aussi une petite plaque souvenir. Le drapeaufrançais en berne y restera jusqu'au jour où les cendres dugénéralserontdisperséessurDiênBiênPhu.

Jesuistrèsémudevousécrire.

Avec mes respectueux hommages, je vous prie d'agréer,Madame,maconsidérationdistinguée.

Jean-ClaudeLanoë

MonsieurGuyLanternierVersailles

Versailles,le30juin2010,

Madame,

C'estavecuneprofondeémotionetbeaucoupdetristessequej'aiapprisledécèsdevotremari.

J'avais eu la joie et surtout l'honneur de veiller à sa santélorsquej'étaistoutjeunemédecinmilitaireau516erégimentduTraindeToul.C'étaitdanslesannées1976-77-78.

Votre mari avait terminé sa mission de secrétaire d'État à laDéfense,ilestdevenudéputédeToulaprèsavoirétécandidatàVerdun puis à Toul, après le décès accidentel de la candidateMadameLeclerc.

Jevenaislevoirunefoisparmoisdansvotremaisonetc'étaitàchaquefoisunmomentexquis.Jel'examinais,puisilmegardaittoujours aumoins une heure et nous échangions sur la vie, sacarrière,sursesprojetsetlesmiens.Ilétaitdetrèsbonconseiletpleindesagesse.

Je vais vous rapporter une anecdote qui m'a montré et faitcomprendrecommentilsecomportaitavecsessubordonnés.

Un jour que la consultation était terminée et qu'il allait meraccompagneràlaporte,ilpleuvaitdescordes.J'étaisentenue,et il me dit que je ne pouvais pas sortir comme cela, enuniforme, que mes galons seraient trempés et mon uniformeinutilisable. Il prit alors un parapluie etm'accompagna jusqu'àmavoituredanslarue.Àl'arrivéeilétait trempédela têteauxpiedsetj'étaistotalementsec.Jemesuisditalors:«Àluiquidonne tout, est-ce que j'ai assez donné au cours de maconsultation?»

D'autres sauront mieux que moi qualifier votre mari, enparticulier ses camarades de combat. Pour moi il étaitsimplement un « homme », un vrai. Ma génération a eubeaucoup de chance, nous n'avons pas connu la guerre, et ilm'avaitditunjourque,bienquesoldat,ilnel'aimaitpas.Maisnous avons eu des exemples extraordinaires qui nous ontstructurés et construits : «Commevotremari, et encore parmilesvivantssonamiHéliedeSaint-Marc.»

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JelerejoinsaussidanssonpatriotismeetsaFoidecroireenunsursautpossible,àunerestaurationd'oùsurgiraànouveaulagrandeurdelaFrance.

Dans le souvenir du général, votre époux,Madame, et aussipapa de Marie-France, sachez que mon épouse et moi-mêmesommes près de vous dans la peine et que, de tout cœur, nospenséesetnosprièresrejoignentlesvôtres.

JaneetCharlesMaupetit

MadamePauletteMayetLentilly

Lentilly,le18juin2010,

MachèreGaby,

Jesaisquevousallezêtreinondéedecourrier,maisjenepeuxattendre pour venir vous parler. J'ai tellement de chagrin !J'auraistantaimérevoirlegénéral,l'entendreautéléphone.Cesjours-ci, j'attendais qu'il soit un peu plus fort pour espérer luiparler.

Jepensetrèsfortàvous,chèreGaby,àvotredétresseimmense.Au moins, il était chez lui, chez vous. J'espère qu'il n'a passouffert.

Vous savez combien j'étais attachée à lui. J'ai tellementd'admirationpourlui,illesavait,etvousaussi.Ilfaitpartiedemavie,avecseslivresquejerelis,sesdédicaces,sesphotos,lesouvenir de nos rencontres à Toul, ses gentillesses quand ilrépondaitàmeslettres.Jesaisqu'ilrépondaitgentimentà tous

ceuxquiluiécrivaient,maismoi,celametouchaitbeaucoup.

MachèreGaby,jevousdevinedésemparéeetdésespéréeetilvousfautbeaucoup,beaucoupdecourage.

J'attendrai un peu pour vous envoyer cette lettre, qui seranoyée sous le flot des hommages. Je vous téléphonerai dansquelques jours pour vous assurer de mon amitié et de messentimentsaffectueux.

MeilleurespenséesàMarie-France.

Je vous embrasse, chère Gaby. Je l'embrasse lui aussi, moncherGénéral,àtraversvous.

Bientristement,toujoursfidèle.

PauletteMayet

MadameAndréeMesnierPontarlier

Pontarlier,le26juillet2010,

Madame,

Recevezmescondoléancestrèsémuesetjevouspriedecroireenmaprofondesympathiedanscedeuilsicruelquivousfrappe.

Moi-même j'ai beaucoup de peine,mais comparée à la vôtre,elleparaîtbienfaibleetpourtantsiréelle.

J'ai toujours aimé ce que représentait le général. Il savait,

même à distance, partager l'amour qu'il avait pour la vie, laFrance,ledrapeau,ledevoirettoutescesvaleursquej'oublie.

J'ailulaplupartdeseslivreset,unenuitdegrandedétresse,àla suite du décès de mon mari en août 2002, je lui ai écritplusieurs pages. Avec une joie immense et beaucoup deréconfort, j'ai reçusa réponse,etdepuis,àchaquepublication,oupourlesvœuxdefind'année,jeluienvoyaisuncourriersansoublierdevoussaluer.

Madame, ces écrits, je les garde. C'est un bien précieux.J'espère que mes enfants et petits-enfants recevront, à traverseux, tout ceque legénéral, aucoursde sa longueviecivileetmilitaire,voulaitfairepasser.

Madame,jevousremerciedemelire.Ilvousfaudrabeaucoupde courage pour vivre sans cet homme de caractère sicharismatique.Dans ses récits, il ne vous oubliait jamais.Desphotosdefamillelesillustraienttoujoursetl'amourqu'ilportait,à vous et votre fille, transparaissait, ce qui donnait aussi àchaquelecteurl'impressiondevousconnaîtreunpeu.

Madame,recevezmeschaleureusessalutations,etjecroisque,de là où ils sont, nos chers disparus nous aident à vivre sanseux.

AndréeMesnier

MonsieurFrancisMeyreSaint-Palais

Saint-Palais,le19août2010,

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Le 17 juin dernier, sur un site Internet pied noir où nousracontonsnossouvenirsd'enfance«es'mma»,j'avaisévoquéunendroit d'Algérie où je vous avais rencontrée. C'était dans lesenvirons d'Alger, dans la forêt de Sidiferruch où avait étéconstruite une station du collège de France, dirigée par le DrGaston Gros. Malheureusement cette station n'a jamaisfonctionné,caren1957elleavaitétéréquisitionnéeetoccupéepar les fameuxbérets rouges commandéspar votre époux, lorsdelabatailled'Alger.

Vous avez certainement beaucoup voyagé, si vous avez suivisesdéplacements,maispeut-êtrevousrappelez-vouscetendroitoùMonsieur etMadameGrosoccupaient unebellemaison aumilieu des fleurs et des pins, et où leur cuisinier Ali nouspréparaitd'excellentsgâteaux.Avecmesparents,nousyétionsparfoisinvitésparcecharmantcouple,etc'estlàquenousvousavionsrencontrée.

Jenesaispaspourquoicejour-là,j'aieuenviederappelercesouvenirsurlenet,deparlerdecettestationquepeud'Algéroisont connue et d'évoquer aussi votre nom. Était-ce de latransmission de pensée ? Malheureusement le lendemain,j'apprenaisavecbeaucoupdetristesseledécèsdugénéral,etj'aitenu, un peu tardivement, à vous adresser mes sincèrescondoléances, ainsi qu'à votre famille (je crois que vous avezunefillequidoitavoiràpeuprèsmonâge).

Recevez, Madame, l'expression de mes plus respectueusespensées,enespérantquelegénéralresterauneréférencepourlaFrance.

RenéePistoresi

GénéralPierrePorcherDinan

Dinan,le21septembre2010,

TrèschèreMadame,

15heuresviennentdesonneretjesuisavecvousparlapenséeau moment où sont célébrées, dans la cathédrale de Toul, lesobsèquesreligieusesdugénéral.

Ne conduisant plus que sur de courtes distances, et nedisposantpasd'unpointdechuteàParis,jenepourraipashélasassisterauxcérémoniesofficiellesdesInvalides.

Celui qui représentait la mémoire vivante des parachutistesvient de rejoindre tous ceux, célèbres ou simples combattants,quisontmortspourlaFrance.

Jegarderaifidèlementlesouvenirdesannéespasséessouslesordresde«Bruno»:lepaysthaï,l'Indochineavecle6,l'Algérieavecle3etnotrecollaborationàMadagascar.

Le généralm'a tout appris et j'ai essayé au fil des années desuivresadevise«Êtreetdurer».

Il a choisi de rejoindre, de façon anonyme, la cuvette où sesontaffrontésdeuxpeuplesquiétaientfaitspours'entendre.Ensautant surDiênBiên Phu, il savait que la partie était perduemais il a su galvaniser les troupes et sauver l'honneur de laFrance.

Mespensées,cetaprès-midi,vontaussiversvousquiavezsu

partagerensilencelesmomentsderéussiteetlespassagesplusdifficiles de la vie de votre mari. Vous savoir près de lui,physiquementoupar lapensée, l'abeaucoupaidé.Ilsavaitque«l'arrièretenait»etilpouvaitseconsacreràcentpourcentàsamission.

Les souvenirs denosdîners sur la terrassedeSonLaou lesdécrassages matinaux suivis d'un bain dans la rivière seronttoujoursprésents.

Sousmon indicatifde«Basile», j'ai faitceque j'aipupouraider«Bruno»,etj'aiessayéplustarddetransmettresonidéalauxjeunesquim'étaientconfiésdansl'activeoudanslaréserve.

Madagascaraétéladernièrerégionoùj'aiputravailleraveclegénéral,dansuntoutautredomainequel'actionmilitaire,maislà aussi j'ai retrouvé le patron lucide donnant des directivesclaires.

J'aibeaucoupadmiréetaimévotremari.Touslessouvenirsdesmoments passés sous ses ordres resteront gravés dans mamémoire.

Permettez-moi,Madame,devousembrasseretdevous redirecombien je garderai le souvenir dumerveilleux chef qu'était legénéral.

PierrePorcher

GénéralJeanPouliCluny

Cluny,le19juin2010,

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malettreanniversairequevousavezdûrecevoirvendredi.Ilnel'aura pas lue ! J'étais tellement heureuse à chacun de sescourriers,carilabouleversémavie.

Vousdeviezmeprendrepourunedemeurée.Quandl'adulationvaau-delàdeslimites(commetoutcequejefais–ilm'avaitditde toujours vouloir aller au-delà des limites...), oui, vouspouvez.

Ilaétéunmaître:façonsdevivreetdetravailler,idées,façondeparler,forcedecaractère...

J'aimeraisbiensûrsavoircomment il s'estéteint.Pourquoi le18juin?

Je lui avais promis d'aller à Diên Biên Phu lui rendrehommage, parole sera tenue. Je vous prie de bien vouloirm'indiquer le lieu exact, là-bas, de saprésence, le jouroù il yreposera.Jen'osepasvousappeler,vousdevezêtresisollicitée;jenesuisqu'uneadmiratriceparmitantd'autres...Maisj'irailà-bas.Sachezdoncquejesouffreàvoscôtésetvousprésentemessincèrescondoléances.

Ilavaitlesmotspourrendreheureux...

J'aimerais avoir les bons mots pour soulager votre peine.Malheureusement,faceàladisparitiond'unêtrecher,aucunmotn'estassez fort. Jevous joins lacopiede la lettreque je luiaiadresséece17juin.

Sachezquejenepourraijamaisoubliercettecorrespondance.LeGénéralestpourmoiéternel.

Messincèressalutations

N-S

Arconsat,le17juin,

Augrand-pèrederêve,

Il y a trois ans, je vous écrivais pour vous exprimer monadmiration(enfin,àcestade,c'estdel'idolâtrie,pournepasdiredeladévotion!).Jourpourjour,le18juin,vousmerépondiezde « garder le contact » en signant « Le grand-père para ».L'appeldugénéralabienétéentendu.

Vous avez bouleversé ma vie, m'avez procuré trois ansd'extrêmebonheur,quejen'aipuvousrendre.Detteàvie?oui.

Rien ni personne ne pourra jamais remplacer cette bellehistoire–cecontedefée.

Monseulregretestbiensûrdenevousavoirjamaisvu;maisDieu,onnelevoitpas...

Toul est pour moi une sorte de ville interdite. Il me seraitimpossibled'yallersans...

Avecmonextrêmereconnaissance,joyeux3ans!tenezbon.

Jevousembrasseaffectueusement

VotrefidèleN.

P.-S.JeremercieinfinimentMadamedebienvoussoigner.

Mesamitiés.

MonsieurH.delaSauzayBordeaux

Bordeaux,juin2010,

Àtoutevotrefamille,

En tant que fils d'officier du 6e bataillon colonial decommandosparachutistes, je tenaisàvousexprimer toutesmescondoléances pour la mort du « con glorieux », qui restait lesurvivant quand l'honneur, l'abnégation et la patrie avaientencoreunsens.

Ilnousmanqueraà tous,ceuxde l'ancienneFrance,paysquimalgré ses vicissitudes se relevait toujours, grâce à despersonnescommevotreparent.

J'ai appris, par lesmémoires demon père en Indochine, quedans lesmoments lesplusdifficiles, lesparaspensaientplusàleurscamaradesqu'audrapeau.Était-ceunsigneprémonitoiredeladécadencedusystème?

C'estavecune tristesseégoïsteque je suisde toutcœuravecvouspourledécèspaisiblede«Bruno»,quiressemblaittantàmonpère,troptôtpartidanscessacrificesinutiles.

Les camarades du para Bigeard seront heureux de le voirreveniraveceuxdanslajungledeDiênBiênPhuouailleursetselèverontpourlesaluer«impeccablementrasés».

Avecmesamitiésettoutmonrespect.

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Madame,

C'estavecémotionquej'aiapprisledécèsdugénéralBigeard.Grandsoldat,ilresteraunexemplepourtouslesanciensparas,ceuxprésentsetàvenir.

AprèsavoirluPouruneparcelledegloire,j'airecommencélacourseàpiedquejepratiquedepuisquotidiennement.

Ilresteraprésentdansmamémoirejusqu'àmesderniersjours.

Jetermineenvousprésentantmesplussincèrescondoléances.

ChristianRenaux,ancienparabelgenéen1944Béretpara12830

Béretcommando30065

MonsieurRenéP.AlicanteEspagne

Alicante,le30juin,

ÀMadamelagénéraleBigeardetsafamille,

Madame,

Jeparticipeàvotregrandetristesse.

Ilvousmanque,jelesais.Soyezcourageuse!

Lechapitredel'ordreéquestreduSaint-Sépulcredel'Espagneorientale auquel j'appartiens l'a évoqué dans ses intentions de

prièreslorsd'unemessesolennelleàAlicante.

Jegarde,encadrée,saréponsedevœux2009aveclamention:De Bruno... à René... ! comme au combat ! Voilà le grandhommedanssasimplicité.Quelhonneurpourmoi!

J'admiresonultimedécisiond'êtreànouveauauTonkinavecses camarades. Cela le fait encore plus grand et le met « au-dessusdetous»!

Acceptez,jevousprie,monprofondrespectetveillezsurvousMadamelagénérale!

RenéP.

CompositionetmiseenpagesréaliséesparCompo66–Perpignan

189/2011

ÉditionsduRocher28,rueduComte-Félix-Gastaldi

98000Monacowww.editionsdurocher.fr

ImpriméenFranceDépôtlégal:mai2011N°d'impression: