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6 BIOFIL N° 73 NOV. / DÉC. 2010 INDICATEURS Viticulture La vigne bio prend de la bouteille En France, la viticulture est l’une des filières végétales les plus dynamiques en bio, avec des surfaces de vignes en conversion en plein essor. Ces dernières années, cette production a enregistré le plus fort taux de croissance, soit plus de 20 % par an. En 2009, la hausse a été de 39 % par rapport à l’année précédente. Un record (1). F in 2009, 3 024 domai- nes viticoles étaient conduits en agricul- ture biologique, soit un bond de 39 % par rapport à l’an- née précédente. Cette forte progression, qui a dépassé les prévisions initiales, ré- sulte d’une très nette reprise de la dynamique de conver- sion (+73 % en surfaces) au niveau de toutes les appel- lations françaises. La vigne menée en bio s’étend sur 39 146 ha, – dont 21 654 ha en conversion –, soit 4,6 % de la surface totale du vigno- ble. Néanmoins, ce dyna- misme de conversion varie selon les régions françaises. Il dépend de l’importance de la filière viticole par rapport aux autres productions agri- coles, et de la conjoncture viticole globale qui, pour certaines appellations, est plutôt maussade. Les régions en tête Les trois principales régions viticoles, qui regroupent plus des deux-tiers des sur- faces en vigne certifiées et en conversion, connaissent une poussée bio très mar- quée : Languedoc-Rous- sillon (12 661 ha, +52 % par rapport à 2008), Provence- Alpes-Côte d’Azur (8 981 ha, +35 %) et Aquitaine (5 464 ha, +45 %). La croissance est également très puissante en Midi-Pyrénées (+64 %), en Rhône-Alpes (+51 %) et en Bourgogne (+43 %). En approchant les 10 % de sa surface viticole en bio, l’Alsace est la région la plus impliquée (lire p.9) , suivie de près par Provence-Alpes Côtes d’Azur (9 %) qui s’en- gage elle aussi à fond dans ce mode de production respec- tueux de l’environnement et de la santé. Les vignobles corses et la Lorraine se tour- nent de plus en plus vers la bio, et la Champagne, moins sensibilisée car assise sur sa renommée, commence à essaimer. L’Aquitaine est également concernée par ce phéno- mène : au total, près de 4 % de son vignoble est passé en bio. Dans certains dé- partements, les conver- sions sont massives (+111 % en Gironde, +183 % en Lot-et-Garonne). Aucune région viticole fran- çaise n’y échappe, petits et grands domaines ainsi que toutes les catégories de vins. Dans certaines appellations, les viticulteurs sont spécia- lement impliqués, à tel point que, par exemple, 30 % des producteurs de l’AOC Saus- signac ont des vignes en production bio ainsi que la quasi totalité dans l’AOC des Baux-de-Provence. La bio prend donc de la bouteille. Des perspectives à gérer Si cette tendance se pour- suit avec le rythme effréné observé depuis trois ans (+25 % en moyenne par an), la surface du vigno- ble bio français va doubler d’ici 2012. À titre stricte- ment indicatif, les informa- tions disponibles permet- tent d’estimer les volumes de vins produits en 2009 à partir des raisins bio certi- fiés à environ 680 000 hec- tolitres. Considérant les surfaces actuellement en conversion, les volumes disponibles devraient, au terme de la période de conversion, plus que dou- bler à l’horizon 2012, in- dépendamment de toute considération liée aux aléas climatiques. C. R-F (1) Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio parus en octobre 2010. L’agriculture biologique emploie de 20 à 30 % de main d’œuvre supplémentaire par rapport à l’agriculture conventionnelle. Elle participe à l’aménagement et à la valorisation des territoires ruraux. La viticulture bio, source d’emplois Surfaces en vigne bio

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6 BIOFIL N° 73 NOV. / DÉC. 2010

INDICATEURS

Viticulture

La vigne bio prend de la bouteille En France, la viticulture est l’une des filières végétales les plus dynamiques en bio, avec des surfaces de vignes en conversion en plein essor. Ces dernières années, cette production a enregistré le plus fort taux de croissance, soit plus de 20 % par an. En 2009, la hausse a été de 39 % par rapport à l’année précédente. Un record (1).

F in 2009, 3 024 domai-

nes viticoles étaient conduits en agricul-

ture biologique, soit un bond de 39 % par rapport à l’an-née précédente. Cette forte progression, qui a dépassé les prévisions initiales, ré-sulte d’une très nette reprise de la dynamique de conver-sion (+73 % en surfaces) au niveau de toutes les appel-lations françaises. La vigne menée en bio s’étend sur 39 146 ha, – dont 21 654 ha en conversion –, soit 4,6 % de la surface totale du vigno-ble. Néanmoins, ce dyna-misme de conversion varie selon les régions françaises. Il dépend de l’importance de

la fi lière viticole par rapport aux autres productions agri-coles, et de la conjoncture viticole globale qui, pour certaines appellations, est plutôt maussade.

Les régions en tête Les trois principales régions viticoles, qui regroupent plus des deux-tiers des sur-faces en vigne certifi ées et en conversion, connaissent une poussée bio très mar-quée : Languedoc-Rous-sillon (12 661 ha, +52 % par rapport à 2008), Provence-Alpes-Côte d’Azur (8 981 ha, +35 %) et Aquitaine (5 464 ha, +45 %). La croissance est également très puissante en Midi-Pyrénées (+64 %), en Rhône-Alpes (+51 %) et en Bourgogne (+43 %). En approchant les 10 % de sa surface viticole en bio, l’Alsace est la région la plus impliquée (lire p.9) , suivie de près par Provence-Alpes Côtes d’Azur (9 %) qui s’en-gage elle aussi à fond dans ce mode de production respec-tueux de l’environnement et de la santé. Les vignobles corses et la Lorraine se tour-nent de plus en plus vers la bio, et la Champagne, moins sensibilisée car assise sur sa renommée, commence à essaimer. L’Aquitaine est également concernée par ce phéno-

mène : au total, près de 4 % de son vignoble est passé en bio. Dans certains dé-partements, les conver-sions sont massives (+111 % en Gironde, +183 % en Lot-et-Garonne). Aucune région viticole fran-çaise n’y échappe, petits et grands domaines ainsi que toutes les catégories de vins. Dans certaines appellations, les viticulteurs sont spécia-lement impliqués, à tel point que, par exemple, 30 % des producteurs de l’AOC Saus-signac ont des vignes en production bio ainsi que la quasi totalité dans l’AOC des Baux-de-Provence. La bio prend donc de la bouteille.

Des perspectives à gérer Si cette tendance se pour-suit avec le rythme effréné observé depuis trois ans

(+25 % en moyenne par an), la surface du vigno-ble bio français va doubler d’ici 2012. À titre stricte-ment indicatif, les informa-tions disponibles permet-tent d’estimer les volumes de vins produits en 2009 à partir des raisins bio certi-fi és à environ 680 000 hec-tolitres. Considérant les surfaces actuellement en conversion, les volumes disponibles devraient, au terme de la période de conversion, plus que dou-bler à l’horizon 2012, in-dépendamment de toute considération liée aux aléas climatiques.

C. R-F

(1) Selon les derniers chiffres de l’Agence Bio parus en octobre 2010.

L’agriculture biologique emploie de 20 à 30 % de main d’œuvre supplémentaire par rapport à l’agriculture conventionnelle. Elle participe à l’aménagement et à la valorisation des territoires ruraux.

La viticulture bio, source d’emplois

Surfaces en vigne bio