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RECUEIL DE RÉSUMÉS SYMPOSIUM SATELLITE de l’Observatoire Hydratation & Santé, Danone Eaux France Sponsor Platine des JFN Avec la participation de : Pr. Marc Fantino (Faculté de médecine, Dijon) Mme Pascale Hébel (CRÉDOC, Paris) Pr. Ivan Tack (CHU, Toulouse) Boire plus d’eau : quel impact pour notre santé ? 11 décembre 2013 Journées Francophones de Nutrition

Boire plus d’eau : quel impact pour notre santé2013/12/04  · Boire plus d’eau : quel impact pour notre santé ? 11 décembre 2013 Journées Francophones de Nutrition ÉDITORIAL

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Page 1: Boire plus d’eau : quel impact pour notre santé2013/12/04  · Boire plus d’eau : quel impact pour notre santé ? 11 décembre 2013 Journées Francophones de Nutrition ÉDITORIAL

RECUEIL DE RÉSUMÉS SYMPOSIUM SATELLITEde l’Observatoire Hydratation & Santé,

Danone Eaux France

Sponsor Platine des JFN

Avec la participation de : Pr. Marc Fantino (Faculté de médecine, Dijon)Mme Pascale Hébel (CRÉDOC, Paris)Pr. Ivan Tack (CHU, Toulouse)

Boire plus d’eau :quel impact pour notre santé ?

11 décembre 2013Journées Francophones de Nutrition

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ÉDITORIAL « Dis-moi combien tu bois, je te dirai l’état de tes reins ».

La canicule de 2003 nous a appris que la déshydratation par insuffisance d’apports d’eau pouvait avoir de graves conséquences pour la santé, parfois mortelles par déshydratation aiguë pour les sujets les plus fragiles, notamment les personnes âgées. Mais la population à risque est beaucoup plus large. Fautes d’études scientifiques, la relation entre consommation hydrique et santé rénale fut un thème longtemps négligé. Mais des travaux récents indiquent qu’un faible apport d’eau chronique peut être très délétère pour le rein qui a besoin d’eau pour bien fonctionner. Certes la lithiase rénale et l’infection urinaire, favorisées par une consommation hydrique quotidienne insuffisante, étaient des risques classiquement documentés. Mais un autre danger, beaucoup plus insidieux, résulte d’une modification du métabolisme propre des cellules des tubules rénaux lorsque leur travail de concentration des urines est accru pour compenser un déficit hydrique.

Le Professeur TACK nous apprendra, entre autres, que des données épidémiologiques récentes montrent une association négative entre le volume hydrique quotidiennement consommé et la fréquence des maladies rénales chroniques. Mais si ces études épidémiologiques ne peuvent que susciter l’hypothèse qu’un habituel faible apport d’eau favorise l’apparition de ces néphropathies, seul le décryptage des mécanismes physiopathologiques peut en apporter la confirmation. Or, des travaux en cours, d’équipes nord et centre-américaines, permettent d’entrevoir comment une hypo-hydratation récurrente peut provoquer une atteinte tubulo-interstitielle rénale en modifiant le métabolisme du fructose dont la production endogène est accrue par l’hyper-osmolarité due à la déshydratation.

Ces observations posent la double question des apports hydriques nécessaires pour se prémunir de tels dommages rénaux, et de savoir si les apports habituels de nos concitoyens couvrent ces besoins. En ce qui concerne les recommandations officielles, on ne peut qu’être surpris que ni le PNNS, ni l’INPES ne proposent, à côté des recommandations en matière d’activité physique et d’alimentation, d’utiles repères de consommation hydrique pour la population générale. D’autres agences officielles, notamment l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) recommandent un apport quotidien de 2 litres d’eau pour les femmes et de 2,5 litres pour les hommes. Or, les données de consommations, que nous montrera Madame Pascale HÉBEL, indiquent qu’une proportion notable de la population française reste très éloignée de ces niveaux d’apports de sécurité.

Il apparaît donc absolument nécessaire et urgent de disposer en France de repères de consommation hydriques clairs et simples. Aussi souhaitons que, dans le cadre de la réactualisation en 2014 des « Apports Nutritionnels Recommandés pour la population française », l’ANSES comble cette lacune et qu’un repère de consommation PNNS suive sans tarder.

Pr. Marc FANTINO

Le Pr. Marc FANTINO, médecin et Docteur ès Sciences, a conduit au Département de Physiologie Humaine / Service d’Explorations Fonctionnelles du CHU de Dijon, qu’il a dirigé pendant plus de 25 ans, des travaux de recherche fondamentale et appliquée sur le déterminisme métabolique, neurophysiologique et sensoriel du comportement alimentaire et de la régulation énergétique de l’Homme et de l’animal.Expert auprès de plusieurs entreprises et instances publiques nationales ou internationales, il a notamment été membre du Comité d’Experts Spécialisés en Nutrition Humaine de l’AFSSA (ANSES) de 1999 à 2008, et il a présidé le Comité d’attribution du logo du Programme National Nutrition Santé (PNNS) de 2004 à 2012.Il est actuellement directeur scientifique et médical de CRÉABio-Rhône Alpes, un nouveau centre de recherche clinique spécialisé dans l’étude des relations entre l’alimentation humaine et la santé.

Pr. Marc FANTINO

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Les enquêtes « Comportement et Consommation Alimentaire » en France du CRÉDOC, font un relevé exhaustif des consommations alimentaires individuelles avec la méthode des carnets de consommation sur 7 jours. Les enquêtes sont réalisées tous les 3 ans, auprès d’un échantillon national représentatif de 1 200 ménages français, tous les individus du ménage (enfants de 3 à 14 ans et adultes de 15 ans et plus) sont interrogés. Les consommations sont relevées sur une période de sept jours consécutifs à l’aide d’un carnet de consommation. Les consommations de boissons sont relevées au même titre que les aliments. Pourtant, le fait que ce soit une enquête alimentaire peut faire oublier les consommations d’eau qui n’étant pas caloriques ne sont pas perçues comme des consommations d’aliments. Les consommations de boissons étant parfois déconnectées des actes de consommation d’aliments, elles peuvent ne pas être notées. Les questions méthodologiques sur la juste déclaration des boissons méritent d’être posées.

De ce fait, une enquête de consommation de liquides seule (eau & boissons) a été réalisée en 2012 en collaboration avec Danone. La comparaison des données de la CCAF2010 et de cette étude boisson de 2012 montre de légers écarts entre ces deux approches méthodologiques (environ 1 verre d’eau bue entre les repas pourrait échapper au recueil d’une enquête alimentaire). En tenant compte des biais des enquêtes, et en se référant aux dernières recommandations de l’EFSA, il apparaît que, en France, une très forte majorité de la population a des apports en eau insuffisants, notamment chez les enfants et les adolescents. Dans ce contexte, la question de l’importance de sensibiliser les Français à boire plus mérite d’être soulevée. Sur le plan qualitatif, la France est un pays où l’eau est la boisson majoritaire. Les boissons aux fruits plates et jus de fruits sont consommés majoritairement au petit-déjeuner et au goûter, alors que les boissons carbonatées sont bues au déjeuner, au dîner et au goûter chez les enfants. Les hommes d’âge moyen boivent significativement plus d’alcool. Ces différents points seront abordés lors de la présentation.

Mme Pascale Hébel

Enquêtes sur les comportements de consommation : savons-nous vraiment ce que les Français boivent ?

Pascale Hébel, directrice du département « Consommation » du CRÉDOC, intervient en conseil auprès de grands comptes des secteurs de la consommation et de la distribution. Toute son expérience professionnelle s’est construite dans le domaine de la consommation, puisqu’elle a commencé sa carrière à l’INRA, puis a participé au CRÉDOC à la création de l’Observatoire des Consommations Alimentaires au département « Prospective de la Consommation ». Elle a ensuite participé au développement d’outils d’évaluation des performances du mix du marketing en tant que consultante sénior « Modèles et analyses » chez AC Nielsen. Elle a ensuite dirigé le pôle « Marketing et Consommation » au BIPE jusqu’en 2004. Elle est coordinatrice de l’ouvrage « Comportements et Consommations Alimentaires en France », Tec & Doc, mai 2007 et décembre 2012, et chevalier de l’ordre national du mérite. Elle est ingénieur agronome (INA-PG 85) et docteur en mathématiques appliquées.

Mme Pascale Hébel

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Parce qu’un déficit hydrique sévère met rapidement en jeu la survie [1], l’homéostasie hydrique est finement et puissamment régulée. La fonction de concentration des urines, sous le contrôle de l’hormone antidiurétique (AVP), ainsi que la soif, assurent la stabilité de la pression osmotique interstitielle et le maintien du stock hydrique dans d’étroites limites de tolérance. Notre quotidien, loin du risque de déshydratation aiguë, comporte de multiples occasions de solliciter l’épargne hydrique : haute température ambiante, exercice physique, privation de boissons ou tout simplement l’habitude d’un faible apport. Dans ce cadre, l’impact du manque d’eau est plus modeste avec des troubles de l’humeur, une diminution des capacités cognitives mais aussi un risque accru d’infection urinaire et de lithiase rénale (revue dans [2]). Par contre, l’impact rénal de la sollicitation prolongée de la fonction de concentration des urines reste un objet de débat.

Plusieurs travaux expérimentaux utilisant des modèles de réduction néphronique ont montré que la restriction hydrique, via l’action de l’AVP, accélère la dégradation du rein restant en recrutant la voie pro-fibrosante du TGF-β [3, 4]. Plus récemment [5, 6], le ralentissement sensible de la maladie rénale des rats PKhd1-/- (modèle animal de la polykystose autosomique dominante humaine), par une surhydratation prolongée a suscité une approche clinique homologue. Chez l’Homme, le blocage de la fonction d’épargne hydrique (par inhibition du récepteur de l’AVP ou de la sécrétion d’AVP via une surhydratation) améliore également le pronostic de cette redoutable pathologie rénale [7].

Ces observations très spécifiques ne permettent bien sûr pas une extrapolation aux 10 % de la population ouest-occidentale porteuse d’une maladie rénale chronique (MRC). En 2011, une étude transversale australienne réalisée sur un échantillon de sujets de plus de 50 ans de la région des Blue Mountains s’est intéressée aux relations entre alimentation et maladie rénale chronique [8]. Ce travail a montré pour la première fois un lien entre volume d’hydratation et insuffisance rénale : les sujets dont l’apport liquidien moyen était le plus important (3,2 L/jour) présentaient un risque relatif de développer une insuffisance rénale chronique inférieur réduit de moitié par rapport à ceux dont l’apport hydrique était le plus faible (1,8 L/jour). Peu après, une étude canadienne (suivi prospectif de plus de 2 000 sujets sur 6 ans) publiée par W. Clark [9] a montré, à partir de recueils urinaires de 24 heures, que les sujets, dont le volume urinaire est le plus abondant, présentent une réduction de moitié du risque relatif de déclin rapide de la fonction rénale par rapport à ceux dont le volume urinaire est le plus faible. Le même groupe a récemment publié une analyse des données sur la consommation liquidienne de la cohorte NHANES [10]. Les résultats de cette analyse rétrospective étayent les précédentes observations et indiquent que ce bénéfice dépend de la consommation d’eau.

En dépit d’un niveau de preuve encore intermédiaire, l’hypothèse qu’une sollicitation prolongée de la fonction rénale d’épargne hydrique soit associée à la majoration du risque de maladie rénale chronique, peut désormais être prise en compte. Des travaux complémentaires sont nécessaires, néanmoins la Société Américaine de Néphrologie recommande d’ores et déjà une hydratation « suffisante » (apport liquidien de 2 à 3 L/jour) au cours de la MRC [11].

Pr. Ivan TACK

Le Docteur Ivan Tack est Professeur de Physiologie Médicale et Néphrologue. Spécialisé en physiopathologie rénale, il dirige le service des Explorations Fonctionnelles Physiologiques du CHU et l’équipe de Physiologie Rénale de la Faculté de Médecine de Toulouse - Rangueil. Son activité hospitalière est centrée sur l’exploration des désordres hydro-électrolytiques, des maladies tubulaires et de l’impact métabolique et rénal des désordres nutritionnels. Parallèlement, il dirige une équipe de recherche dont la thématique est centrée sur la protection précoce contre les maladies rénales (UMR 1048, I2MC, Université Paul Sabatier, Toulouse). Le Pr. Tack est l’auteur de plus de 80 articles publiés dans des revues scientifiques internationales et collabore régulièrement avec la Haute Autorité de Santé pour les programmes concernant les maladies rénales. Il est membre des sociétés françaises et américaines de Physiologie et de Néphrologie. Il collabore depuis sept ans avec le Département Recherche et Développement du groupe Danone.

Pr. Ivan TACK

1 - Adolph EF & al., Physiology of Man in the Desert, Interscience publishers Inc. 1947

2 - Lotan Y & al., Curr Opin Nephrol Hypertens, 22 (Suppl 1): S1-10, 2013

3 - Bouby N & al., Am J Physiol, 258:F973-9, 1990 4 - Sugiura T & al., Kidney Int, 55:1800-10, 19995 - Nagao S & al., J Am Soc Nephrol, 17:222-7, 2006

6 - Wang X & al., J Am Soc Nephrol, 19:102-8, 20087 - Torres VE & al., Clin J Am Soc Nephrol, 4:1140-50, 20098 - Strippoli G & al., Nephrology, 16:326-34, 2011 9 - Clark WF & al., Clin J Am Soc Nephrol, 6:2634-41, 201110 - Sontrop JM & al., Am J Nephrol, 37:434-42, 201311 - NephSAP Program, J Am Soc Nephrol sup 12(4), 2013

Références

Résultats de nouvelles études sur l’hydratation : quel rôle dans la prévention des maladies rénales ?

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L’observatoire Hydratation & Santé a été créé en 2010 à l’initiative du pôle Eaux de Danone en France.

Il rassemble des expertises variées dans le domaine scientifique et médical. Les ambitions de l’Observatoire Hydratation & Santé sont triples :

• Encourager l’étude des comportements en matière d’hydratation

• Informer les professionnels de santé sur l’évolution des connaissances scientifiques

• Favoriser les actions d’éducation à l’hydratation auprès du grand public