Boris Mouravieff et l'esoterisme chretien

8/8/2019 Boris Mouravieff et l'esoterisme chretien

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BORIS MOURAVIEFFETL'SOTRISMECHRTIEN

Olivier SANTAMARIA (FNRS, CIERL-ULB)

Historien, philosophe, sotriste et matre spirituel, Boris Mouravieff

fut avant tout un homme inclassable. Professeur dhistoire luniversit

de Genve, il quitte ses fonctions officielles pour se consacrer

lenseignement sotrique. Russe expatri en Occident, il naffiche pas

lexclusivisme de certains orthodoxes lgard des autres confessions

chrtiennes. Slavophile, amoureux de la vieille Russie et de tout lOrientchrtien, il ne rduit pourtant pas sa pense religieuse la Tradition

chrtienne seule puisque, pour lui, la vritable Tradition nest ni Russe ni

Grecque et, plus largement, ni dOrient ni dOccident : elle est universelle.

Certains de ses commentateurs ont voulu faire de lui un orthodoxe ; or, sil

est indniable que Mouravieff a effectivement opt pour la religion de ses

anctres, il est nanmoins toujours rest distant de toute glise

institutionnelle. Pour lui, en effet, la foi du simple fidle, si elle suffit ausalut individuel, ne procure pourtant pas la pleine connaissance Gnsis.

Seule la connaissance, entendue comme une connaissance initiatique,

sotrique, peut faire parvenir le fidle la seconde Naissance, aux portes

du Royaume de Dieu, et lui permettre de guider lhumanit, par-del la

crise qui la menace, vers une destine heureuse. Cest cette

connaissance, transmise jusqu lui par la Tradition sotrique de

lorthodoxie orientale, que Mouravieff consacrera la plus grande part deses uvres et de son nergie.

Pour lui, la Tradition sotrique , bien quuniverselle par nature,

se rvle dune faon diffrencie en fonction des poques et de la

mentalit des peuples auxquels elle sadresse. Face un public

essentiellement Europen, il est naturel que Mouravieff ait prsent son

enseignement sous une forme chrtienne car, chrtien ou non, croyant ou

athe, lhomme europen est faonn par vingt sicles de culture

chrtienne. Par ailleurs, contrairement aux autres religions qui, bien


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quissues de la Tradition unique, ne sadressent toujours qu une fraction

de lhumanit, le christianisme a affirm ds ses origines un caractre

cumnique et universaliste. Pour ces deux raisons, lenseignement de

Mouravieff est donc profondment chrtien 1.

Quant l sotrisme , il signifie pour lui principalement une

mthode dinterprtation et de comprhension approfondie des textes

sacrs, associe des mthodes de perfectionnement de la Personne .

La doctrine sotrique est comprise comme un quivalent approximatif de

Gnose ou de Connaissance , au sens dune Connaissance vivante,

qui procure des niveaux de conscience levs, et qui transforme le sujet

lui-mme, comme lors dun processus initiatique2. Boris Mouravieff a

dailleurs voulu organiser son systme selon une structure de mouvement

initiatique : ltudiant prend connaissance en premier lieu de laspect

thorique et relativement extrieur de la doctrine ; ensuite il avance dans

la connaissance de celle-ci par diffrents paliers ; enfin il est initi la

pratique, qui requiert une intriorisation, un approfondissement et une

ralisation concrte, ce qui quivaut une vritable seconde Naissance.

1. Quelques lments biographiques

Boris Mouravieff est n Kronstadt le 8 mars 1890 et dcd

Genve en 1969, lge de 79 ans. Situe sur lle Kotlin (Golfe de

Finlande) en Russie, Kronstadt tait rattache administrativement Saint-

Ptersbourg et servait principalement de base navale. La ville de

Kronstadt est reste clbre pour avoir t lavant-garde des rvolutions

de 1905 et de 1917, ainsi que le sige de la Rvolte ponyme, qui

opposa les marins anarchistes et rvolutionnaires au pouvoir bolchevique

en 1921.

Fils du comte Pjotr Petrovi Muravev, amiral de la Flotte russe et

dernier secrtaire dtat la Marine de Guerre impriale, Boris tait

destin une carrire militaire ou politique. labdication du tsar en mars

1917, alors quil na que 27 ans, il est promu successivement capitaine de

frgate puis chef de cabinet naval du ministre socialiste rvolutionnaire


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Alexandr Fjodorovi Kerenskij dans le premier gouvernement provisoire

(sous la direction du prince Georgij Lvov). Il devient ensuite chef dtat-

major adjoint de la flotte de la mer Noire, nomm par le mme Kerenskij,

qui tait alors chef du gouvernement russe, jusquau renversement de ce

dernier lors du coup d'tat du 7 novembre 1917 qui marque le dbut de la

Grande Rvolution socialiste d'Octobre et les premires heures du

rgime bolchevique.

Ces vnements marquent la fin des activits politiques et militaires

de Boris Mouravieff. Ses crits et sa pense demeureront nanmoins

toujours empreints dun intrt rel pour la question politique ou

mtapolitique.

Linfluence spirituelle de son grand-oncle sera elle aussi et peut-

tre mme surtout dterminante. Andrej Nikolaevi Muravev, homme

de lettres issu de la noblesse russe, stait attach, lors de nombreux

voyages en Orient, retrouver une srie de manuscrits anciens touchant

aux fondements de la tradition orthodoxe. Il sera lauteur dune Histoire

de lglise de Russie3 ainsi que le fondateur du skite (groupe dermites

vivant sous lautorit dun monastre) russe Saint Andr au Mont Athos.

Boris Mouravieff voque son souvenir et son influence en ces termes :

Personnellement, je moccupe de la Tradition en question

depuis ma jeunesse ; jen tais favoris aussi par certaines

indications dues la tradition de ma famille, issue dAndr

Mouravieff (mort en 1874), Chambellan la Cour impriale,

membre du Saint-Synode, fondateur du monastre de Saint-Andr au Mont-Athos. Ctait un grand voyageur. Il parcourut

lgypte, lAsie Antrieure, lArmnie, la Transcaucasienne, le

Kurdistan et poussa jusqu la Perse, et au del, les recherches

des dtails de cette Tradition sublime et des manuscrits des

premiers sicles de notre re. 4

Boris Mouravieff poursuivra la voie trace par son grand-oncle, en

sattachant toute sa vie retrouver puis enseigner ce quil appellera lui-


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mme la Tradition sotrique de lorthodoxie orientale ou plus

simplement la Tradition .

En 1920 il se rend Constantinople pour y suivre des confrences

donnes par Pjotr Demjanovi Uspenskij [Ouspensky] (Moscou, 1878

Londres, 1947), philosophe et matre spirituel dorigine russe. Ce dernier

lui fera rencontrer Georgij Ivanovi Gjurdiev [Gurdjieff] (Alexandropol

[Russie], 1866 Paris, 1949) qui lintroduira auprs de plusieurs personnes

en France, dans son Prieur de Fontainebleau ainsi qu Paris. Dans ses

articles et livres touchant lsotrisme, Mouravieff prendra certaines

distances par rapport ces auteurs, dont il juge les enseignements

fragmentaires. La controverse autour des Fragments dun enseignement

inconnu5, ouvrage dans lequel Uspenskij prsentait le systme de

Gjurdiev, est rvlatrice dune tension qui existait depuis le dbut entre

les trois hommes6.

Arriv en France en 1924, Mouravieff sinstalle Bordeaux et y

rencontre une Russe, Larisa Basov. Elle deviendra sa femme en 1936,

anne o ils sinstallent Paris. Jusquen 1941, il travaille comme

ingnieur consultant dans diverses compagnies ptrolires, tout en se

consacrant ltude et ses crits. Il rencontre aussi frquemment

Gjurdiev et quelques-uns de ses disciples au Caf de la Paix sur les

Grands Boulevards de Paris. Les dbats et controverses qui y prennent

place sont pour lui loccasion daffiner son propre point de vue. Pendant la

Deuxime Guerre mondiale, en 1944, refusant de collaborer avec les

Allemands, il est arrt par la Gestapo, mais parvient schapper en

Suisse avec sa famille. Alors g de 55 ans, il entreprend un cursus

universitaire lInstitut des Hautes tudes Internationales Genve, o il

dfend en 1951 une thse sur lAlliance Russo-turque pendant la priode

napolonienne. Quatre annes plus tard, il devient privatdozent

(enseignant en attente dune chaire universitaire) lUniversit de Genve

aprs avoir prsent une leon sur La politique de Pierre le Grand dans

la question dOrient . Cette fonction universitaire couronne ses

recherches dhistorien qui staient dj vues concrtises par la

publication de plusieurs ouvrages, notamment Le Testament de Pierre le


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Grand, lgende et ralit7 et La Monarchie Russe8, ainsi que plusieurs

articles9.

2. Lsotrisme, une philosophie de lhistoire

Outre son intrt pour lhistoire, Mouravieff sintresse la

spiritualit orthodoxe, ce qui lui vaut de donner un cours luniversit de

Genve quil intitule Introduction la philosophie sotrique d'aprs la

tradition sotrique de l'Orthodoxie orientale . Ce cours, qui runit

rgulirement une vingtaine dlves, sert de base la publication en

1961 dun premier volume de son uvre principale, Gnsis. tudes et

commentaires sur la tradition sotrique de lorthodoxie orientale,

volume auquel seront adjoints en 1962 et 1965 un deuxime puis un

troisime tome. Respectivement sous-titrs cycle exotrique , cycle

msotrique et cycle sotrique , Mouravieff y dfend lide quune

progression par degrs dans lenseignement de la doctrine est

indispensable pour accder au niveau sotrique. Il sagit selon lui de

passer des aspects externes (la profession de foi, les dogmes, qui sont

vrais mais dune faon relative car ils ne sont que lexpression formalise

dun mystre) aux aspects internes de la doctrine, cachs au regard du

profane, et qui constituent la vritable connaissance (gnsis, en grec).

Paralllement ses crits, Mouravieff anime entre 1961 et 1967 un

sminaire de recherches sotriques destin approfondir lenseignement

compil dans Gnsis. Le Centre dtudes Chrtiennes sotriques

(C.E.C.E.) se proposait en effet de dvelopper et de mettre en pratique la

doctrine sotrique, et plus largement de contribuer lmergence de

l Homme Nouveau , expression qui fait rfrence au mot de lAptre

Paul ;

Il vous faut abandonner votre premier genre de vie et

dpouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des

convoitises dcevantes, pour vous renouveler par une

transformation spirituelle de votre jugement et revtir l'HommeNouveau, qui a t cr selon Dieu, dans la justice et la saintet


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de la vrit. 10

Pour faire merger cet Homme Nouveau, celui dont lintelligence est

renouvele par le don de lEsprit, Mouravieff pense quil est ncessaire de

rendre publique la doctrine sotrique. Une nouvelle lite devrait alors se

mettre en place, consciente de la marche du monde et du rle quelle doit

y jouer, cest--dire uvrer faire progresser lhumanit dans une

nouvelle phase, tous gards dcisive, de son volution.

Mouravieff combine en quelque sorte ses deux domaines de

prdilection (lhistoire et la spiritualit) dans une conception thologique

de lhistoire, mi-chemin entre une conception cyclique et une conception

strictement linaire de lvolution humaine. Pour lui, le temps peut tre

divis en trois11 phases qualitativement distinctes :

Selon la Tradition, lvolution humaine, aprs une longue

priode prhistorique, se poursuit dans une succession de trois

cycles : Cycle du Pre, que lhistoire ne connat

quincompltement ; Cycle du Fils, qui tend sa fin ; enfin, Cycledu Saint-Esprit, auquel nous parvenons actuellement 12

Cette ide nest pas neuve dans la pense chrtienne. Le moine

calabrais Joachim de Flore (1130 1202) avait, en effet, dj exprim une

conception de lhistoire expliquant lavancement de lhumanit comme un

dvoilement progressif des trois personnes de la sainte Trinit : lge du

Pre, associ la Loi, lge du Fils, associ la Grce, la Foi et lenseignement dogmatique de lglise charnelle, lge de lEsprit saint,

associ la surabondance de la Grce, la plnitude de la Connaissance

et de lAmour dune glise purement spirituelle. La postrit spirituelle de

cette doctrine, qui tend affaiblir la confiance dans linstitution

ecclsiastique et favoriser les mouvements spirituels indpendants, fut

particulirement importante notamment dans lmergence de lidalisme

allemand. Jusqu aujourdhui, elle demeure une rfrence incontournable bien que le plus souvent inconsciente pour nombre dassociations et


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de discours sotriques13.

Par ailleurs, dans la premire moiti du XXe sicle et en particulier

sous linfluence des reprsentants de la pense Traditionnelle 14, la

conception de lhistoire vue comme une succession de cycles fut ravive

par lapport de la pense hindoue et connut sous cette forme une certaine

fortune en Occident. Dans la bibliographie de Gnsis, pourtant assez

laconique, Mouravieff15 cite notamment les uvres de Ren Gunon, de

Lo Schaya, de Titus Burckhardt et de Frithjof Schuon, ce qui atteste sans

doute dune bonne connaissance de ce courant de pense et, partant, de

la doctrine des cycles cosmiques qui y est un thme rcurrent. Bien

que tmoignant de conceptions du temps et de lhistoire sensiblement

diffrentes, tous saccordent sur lide que le vingtime sicle constitue la

fin dun cycle dcisif dans lhistoire de lhumanit. Comme les penseurs de

lcole Traditionnelle, Mouravieff pense que le travail de renouvellement

spirituel de lhomme est particulirement important dans ce moment

critique quil appelle Priode de transition , o les dangers qui

menacent lhomme, le monde et leur avenir sont trs grands. Citant la

seconde ptre de Pierre, Mouravieff annonce que ce temps pourrait tre

celui dune catastrophe gnrale 16 :

En ce jour les cieux passeront avec fracas, les lments

embrass se dissoudront, et la terre, avec les uvres quelle

renferme sera consume. 17

Mais cette priode de crise, qui est en fait la Modernit, est en

mme temps porteuse de grands espoirs puisquelle pourrait conduire

lhomme des degrs de conscience jamais atteints auparavant : lre

du Saint-Esprit pourrait ainsi galement faire place, toujours selon la

prophtie de Pierre, de nouveaux cieux et une nouvelle terre o la

vrit habitera 18. Cela signifie premirement, pour Mouravieff, que

lhomme sera affranchi du travail et de la lutte pour lexistence : Du

simple fait de sa naissance, assure-t-il, lhomme sera dot de tout ce dont

il aura besoin pour vivre. Le luxe sera gratuit 19. En plus de nouvelles


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conditions matrielles, lhomme, du moins lhomme dlite, sera porteur

de dons spirituels, et en particulier celui de discerner naturellement le vrai

du faux, la vrit du mensonge20, ce qui signifie quil sera porteur de la

vraie Connaissance.

3. Lsotrisme, une connaissance cache

En effet, pour Mouravieff, la logique de lHistoire rclame un esprit

nouveau 21 et cet esprit nouveau, il lassimile la Gnose , la vraie

Connaissance qui doit succder la Foi, selon le mot de saint Paul.

Lide quil existe, lintrieur de la tradition chrtienne exotrique,

une tradition gnostique, sotrique, rvle par Jsus directement ses

Aptres, puis transmise par lintermdiaire de certains pres de lglise

leurs successeurs, est un lieu commun de la littrature gnostique que

notre auteur fait pleinement sien. Ainsi nous retrouvons cette ide dj

rpandue lpoque patristique, notamment chez Clment dAlexandrie

(c.150 c.220). Auteur des Stromates, matre de la Didascale

dAlexandrie22, clbre pour son exgse allgorique des critures,

penseur la charnire de nombreuses cultures (notamment des cultures

judo-chrtienne et grecque, bien entendu), grand mystique, Clment est

avec Irne de Lyon le pre du gnosticisme orthodoxe au sein de

lglise. Dfenseur dune vision rsolument sotrique de la doctrine

chrtienne, son uvre inspira beaucoup Mouravieff qui le cite plusieurs

reprises. Cest dailleurs en suivant son exemple quil rdige lui aussi des

Stromates, sous titres Recueil de notes sur lenseignement chrtien

sotrique.

Selon Clment, les traditions secrtes ou mystres compils

dans ses propres Stromates furent transmis jusqu lui par une ligne de

matres spirituels, comme il lexplique :

Ces matres, qui conservent la vraie tradition du

bienheureux enseignement, issu tout droit des saints Aptres

Pierre, Jacques, Jean et Paul, transmis de pre en fils mais peu


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de fils sont limage du pre sont arrivs jusqu nous, grce

Dieu, pour dposer en nous ces belles semences de leurs

anctres et des Aptres (). Le Seigneur a consenti faire part

des divins mystres de cette sainte lumire ceux qui

pouvaient comprendre [Mt., 19, 11]. Ainsi donc, ce nest pas au

grand nombre que le Christ a rvl ce qui ntait pas la

porte du grand nombre, mais simplement une minorit quil

savait adapte, capable de recevoir la parole et dtre faonne

selon elle. 23

Sans aucun doute, cet enseignement sotrique tait lorigine

exclusivement oral, et cest par la tradition orale quil sest transmis jusqu Clment. Ce fait nempche pas le didascale alexandrin de

coucher sur papier les notes gnostiques 24 que sont les Stromates,

permettant ainsi au lecteur de progresser par lui-mme dans la

connaissance du mystre de la foi et des critures, et donnant par l

mme la tradition crite le statut particulier de transmetteur aussi

partiel et imparfait soit-il de la tradition orale. De ce fait, tout en veillant

conserver son statut suprieur lenseignement oral (quil dispensait lui-mme ses catchumnes), Clment nexclut pas la possibilit pour la

doctrine sotrique dtre transmise partiellement par des crits.

Boris Mouravieff explique ce principe de la faon suivante :

Lhermtisation de la science sotrique a t pratique

de tout temps. Le Pentateuque et lvangile en sont un

tmoignage. Mais, tout en cachant le sens exact de la Doctrine,

les Anciens prenaient soin de livrer aux profanes sous une

forme ou sous une autre une part du vrai qui pouvait

apparatre comme un schma complet. Cest ainsi qu travers

les sicles, ou mme les millnaires, travers les civilisations

teintes, ils donnaient aux chercheurs de lavenir les indications

suffisantes pour les inciter des investigations plus

approfondies. 25

Quelque dix sept sicles aprs Clment, notre auteur entend donc


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sinscrire dans la mme dmarche, rvlant par ses crits et par son

enseignement la tradition secrte des Anciens : non pas une simple

connaissance livresque, un savoir profane, mais la Connaissance

vivifiante, suprieure la Raison et la Foi 26. Mais contrairement ce

quaffirmait son prcurseur alexandrin, pour Mouravieff la Gnose divine

nest pas advenue avec le Christ. En effet, la Gnose avait dj t

prcdemment transmise lhumanit au cours du Cycle du Pre

(lhumanit adamique), mais sous forme de mystres : Mystres de

Promesse. Ceux-ci ne trouvrent toutefois leur entire justification quavec

lAvnement de Jsus-Christ, manifestation vivante et ralisation de la

promesse : Mystre de Ralisation. La Gnose et les initis qui en taient

dpositaires furent, par cet vnement capital, librs de la consigne de

silence qui pesait sur eux : un foisonnement de thories, denseignements

et de systmes put voir le jour, fonds la fois sur les Mystres de la

Promesse et sur le Mystre de Ralisation en Jsus, et qui tentaient

principalement dexpliquer la raison de limperfection du Monde et de la

prsence du Mal. Il rsulta de ces multiples spculations deux courants

majoritaires, que Mouravieff oppose de la faon suivante : une gnose

htrodoxe, qui attribuait cette imperfection une catastrophe cosmique

ou la malveillance du Crateur, et une gnose orthodoxe, qui axait son

enseignement sur la perfectibilit de lhomme qui marche la suite de

Jsus et sur la possible divinisation de son humanit par le moyen de la

deuxime naissance . Cest, selon notre auteur, cette seconde et

seule lgitime Gnose qui survcut, grce luvre des Aptres et des

grands docteurs cumniques de lglise et en particulier de lorthodoxie

orientale. Mouravieff pense que par ce fait, la tradition sotrique elle

aussi put tre prserve dans sa puret originelle, soit dans les temps

anciens labri de lhermtisme, dans les monastres grecs et russes

notamment, ainsi que dans les crits philocaliques27 ; soit dans le temps

prsent de faon dvoile, dans sa propre uvre littraire (en particulier

dans Gnsis qui en est lexpos complet) et spirituelle (les Stromates et la

pratique enseigne dans le C.E.C.E.). Pour notre auteur, en effet,


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GNSIS est la premire divulgation de lensemble, en

abrg, mais laissant au chercheur persvrant la possibilit

daller en profondeur, de la Gnse communique par Jsus,

aprs Sa Rsurrection, Pierre, Jean et Jacques, et qui constitue

le contenu de la Tradition Chrtienne sotrique 28

Cest donc aux racines , la source 29 de la Tradition

sotrique chrtienne que Mouravieff entend puiser afin de prsenter la

doctrine dans son intgralit : les textes sacrs de lAncien et du Nouveau

Testament, les commentaires dont ils font lobjet (commentaires

patristiques et en particulier ceux runis dans la Philocalie), ainsi que

lenseignement et la discipline reue par les personnes rgulirementinvesties dans leur fonction de matres spirituels (la Grande Confrrie

sotrique )30.

ct de ces enseignements crits, il est ncessaire quil y ait

galement un enseignement oral afin de vivifier la lettre, de passer des

simples croyances, articles de foi, dogmes et credo (sans nier leur valeur

pdagogique et relative), une connaissance plus parfaite, une vritable

seconde naissance, qui ouvre les yeux de lintelligence au vrai sens de lavie, [] la signification de la mission du chrtien dans lre Nouvelle, []

la possibilit [qui] est offerte de sinitier cette Sagesse divine,

mystrieuse et cache 31. Mais, il faut le souligner, dans lesprit de

Mouravieff, il ne suffit pas de saisir en quelque sorte mentalement la

doctrine expose dans Gnsis pour parvenir cet tat de plnitude

spirituelle. Gnsis nest que lexpos de la doctrine : elle nest ni son

application, ni son interprtation, ni sa comprhension plnire. Auxlves expriments du Centre dtudes Chrtiennes sotriques, qui sont

par le fait mme des lecteurs attentifs de Gnsis, Mouravieff adresse des

Stromates, aussi appeles LArt de Vaincre, dans lintroduction desquelles

il rappelle que :

La lecture spontane de Gnsis, mme si elle est

attentive, rpte, faite avec lassiduit voulue, ne peutconduire quau Savoir de la Doctrine. Le lecteur sait que pour


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parvenir au niveau du Comprendre, il faut ajouter au Savoir

quelque chose dimpondrable, un epsilon. Les prceptes et les

exercices recommands dans les Stromates ont pour but daider

les tudiants gagner cet epsilon. Il leur ouvrira les chemins du

Comprendre qui, son tour, les conduira vers le Savoir-faire 32

La voie est donc difficile, faite de travail personnel et de dispositions

intrieures favorables. Cest la raison pour laquelle en de nombreux

endroits Mouravieff indique que lsotrisme nest pas une voie qui

convient tout le monde, mais quelle est au contraire rserve une

lite : car si lenseignement est transmissible dans ses formes, donc du

point de vue extrieur, en ralit lacquisition de la connaissanceinitiatique ne peut tre le fait que du travail personnel de chaque tudiant.

Ce travail comprend notamment un aspect de prire, dont il nest pas

inutile de dire ici quelques mots.

4. La tradition hsychaste

Lenseignement hsychaste est au centre de la pratique orthodoxede la prire, et ce depuis les origines chrtiennes. Le terme

hsychasme (du grec hsychia, la quitude au sens de calme

intrieur , de paix de lme ) dsigne une mthode spirituelle connue

dans tout lorient chrtien et en particulier dans les monastres dEgypte

ainsi que, plus tard, dans les monastres du mont Athos, mais aussi en

occident o, par lintermdiaire de Jean Cassien, elle fut connue des

premiers moines bndictins. Les Pres neptiques (du grec nepsis, sobrit , vigilance , lucidit ), parmi lesquels figurent vagre le

Pontique, Maxime le Confesseur ou Jean Climaque, qui sont lorigine de

cette tradition, apprennent rechercher et maintenir un profond silence

de lme et des passions par la prire ininterrompue et le souvenir

permanent de Dieu, et garder le cur en tat de recevoir la prsence de

lEsprit. Depuis le XIVe sicle, avec la victoire de saint Grgoire Palamas

(1296 1359) qui pousse loraison hsychaste jusque dans sesconsquences ultimes avec la doctrine de la dification de la personne par


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sa participation aux nergies divines contre les adversaires de cette

pratique spirituelle et de la thologie qui laccompagne, lhsychasme

devient en quelque sorte la doctrine officielle de lglise orthodoxe.

La publication de la Philocalie des pres neptiques viendra renforcer

ce mouvement33. Ce livre, qui est une sorte danthologie de textes portant

sur la prire hsychaste, verra le jour en grec la fin du XVIII e sicle et

sera, travers sa traduction slavonne34, lorigine du renouveau spirituel

russe du XIXe sicle dont les Rcits dun plerin russe35 sont lexemple

littraire le plus clbre. Comme lcrit Elisabeth Behr-Siegel, la Philocalie

fut, pendant la premire moiti du XIXe sicle [] la nourriture spirituelle

prfre des moines russes 36. Il ny a donc rien dtonnant ce que Boris

Mouravieff le considre comme une source spirituelle de premier ordre.

Conformment la tradition hsychaste, Mouravieff enseigne une

technique de prire, en apparence simple, qui consiste rpter

inlassablement, jusqu dix ou vingt mille fois par jour, linvocation

suivante : Seigneur Jsus-Christ, Fils de Dieu, aie piti de moi, pcheur .

Cette prire porte le nom de prire de Jsus , car sa puissance provient

de linvocation du nom divin, ou de prire du cur , car elle se fait

depuis la tte en direction du cur considr comme le centre de la

personne et le rceptacle privilgi de la prsence divine37.

Les exercices spirituels, qui sadressent ncessairement aux

tudiants possdant un certain bagage thorique, ne sarrtent toutefois

pas l. Sans entrer dans de nombreux dtails qui risqueraient dalourdir

notre expos, notons que Mouravieff leur assigne globalement trois

objectifs, en conformit avec la structure tripartite de ltre humain :

corps, me, esprit. Ces objectifs sont la matrise du corps (le Moi corporel),

la matrise de la Personnalit (le Moi personnel), et la prise de contact

avec les niveaux suprieurs de la conscience (le Moi rel)38. Il sagit l

dune reprise de la classique tripartition tablie par les stociens et reprise

par les pres de lglise :practik, gnosis phusik, theologik.

5. La fin de lsotrisme : lAmour


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Si lenseignement est intgr, vcu et ralis jusquau bout, grce

la pratique et ltude de la doctrine, alors selon Mouravieff ltudiant est

en mesure de passer de la Foi lEsprance puis, au-del de celle-ci, la

Connaissance ou Gnose :

Ainsi, sans la Foi au cur, il est impossible datteindre,

au sens sotrique, lEsprance. Et sans lune ni lautre, on ne

parvient jamais Gnsis, la connaissance vivante [].

Le langage imag de la Tradition appelle la triade : Foi,

Esprance, Connaissance : lEpe triple tranchant, ou encore la

Lame triangulaire 39

Mais cette triade ne ralise pas encore elle seule la seconde Naissance

promise lhomme dlite. En effet, il ne sagit l que dtapes, certes

ncessaires, mais non suffisantes, car le but ultime de toute ralisation

spirituelle est lAmour. Seul lAmour, comme lenseigne Mouravieff aprs

saint Paul, est un tat non plus partiel et transitoire, mais dfinitif. Pour lui,

la Foi et la Connaissance seront amenes disparatre lorsque sera

accompli ce qui est parfait :

Or le parfait, cest lAmour qui comprend en lui

laccomplissement de toutes les vertus, de toutes les prophties,

de tous les mystres et de toute Connaissance [cf. I CO., 13] 40

Il convient dinsister encore un instant sur ce point, car par celui-ci

Mouravieff se distingue de la plupart des auteurs gnostiques (qui

sarrtent gnralement la question de la connaissance ), tout en se

rapprochant dun discours quon dirait volontiers mystique . Il se

conforme en cela la Philocalie et, plus gnralement, toute pense

vraiment chrtienne, qui fait ncessairement de lAmour le terme de

lconomie du salut. Pour rsumer ce qui a t dit sur ce sujet, et pour

rappeler la vision cyclique de lhistoire prcdemment expose, citons

encore Mouravieff :


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La face du monde change. Le Cycle du Fils, comme

jadis celui du Pre, arrive son terme. Avec le Christ, la Loi

reue par Mose prit fin (Rom. 10, 4) et fut remplace par le

rgime de la Foi, de lEsprance et de lAmour (I Co. 13, 13).

prsent, avec les guerres et les rvolutions du sicle, avec les

progrs extraordinaires de la science positive, nous sommes

entrs dans la priode transitoire dont la signification est

douvrir laccs au Cycle du Saint-Esprit. Au cours de cette

priode, la Foi sera progressivement remplace par la

Connaissance et lEsprance sera abolie dans

lAccomplissement. Ce sera le triomphe final de lAmour 41

Cette victoire de lAmour, qui pargnera au genre humain la

catastrophe gnrale prophtise par saint Pierre, devrait assurer la

venue de lre du Saint-Esprit et, par lui, apporter sur Terre la Lumire, la

Vrit et la Vie42. Cest du moins lesprance de Boris Mouravieff, et la

phrase sur laquelle il conclut son cycle des trois volumes de Gnsis, soit

lexpos thorique de la Tradition sotrique .

6. Lenseignement pratique de la gnose : le C.E.C.E.

Laspect pratique, concret, de lenseignement gnostique de Boris

Mouravieff tait assur par le Centre dtudes Chrtiennes sotriques

ainsi que par les groupes de travail quil supervisait. Ces groupes devaient

tre composs dun maximum de douze membres nombre dont la

symbolique apostolique est certainement voulue se runissant une fois

par semaine pour traiter dun aspect particulier de la doctrine. Le principe

de fonctionnement voulait que chaque membre choisisse un passage de

Gnsis propos duquel il mditait et prparait un expos dune trentaine

de minutes. Il sensuivait une discussion laquelle chacun devait prendre

part. Conformment lordre que Mouravieff a voulu donner son uvre,

les sujets devaient tre choisis dabord dans Gnsis I : cycle exotrique,

en suivant lordre des chapitres, puis dans Gnsis II : cycle msotrique,

avant datteindre le volume de Gnsis III : cycle sotrique. Quelques


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runions extraordinaires, au cours desquelles des membres du Comit

directeur du C.E.C.E. ou des confrenciers extrieurs taient reus,

devaient galement animer la vie des groupes de recherche43.

Le fonctionnement interne du Centre et des groupes de travail, la

frquence et la procdure de leurs runions, tmoignent dune certaine

ambition de la part de Mouravieff. Il sy consacre dailleurs pleinement

partir de 1962, aprs avoir quitt lUniversit de Genve. Plusieurs

branches secondaires du C.E.C.E. seront cres dans un certain nombre

de villes, notamment Paris, Lille, Bruxelles, et mme au Caire et au

Congo44. Le matre leur adresse rgulirement des Bulletins

dinformation 45, ainsi quoccasionnellement des conseils spirituels runis

sous le nom de Stromates. Hlas, quelques annes plus tard, suite de

graves problmes de sant, il meurt Genve d'une crise cardiaque, le 28

septembre 1966. Le C.E.C.E., et a fortiori les groupes dtude constitus

sous sa direction, cessent prmaturment leurs activits. Sa veuve, Larisa

Mouravieff se chargera de faire paratre plusieurs chapitres indits des

Stromates et de veiller sur les archives du Centre, quelle dpose

finalement la Bibliothque Publique et Universitaire de Genve o un

Fonds Boris Mouravieff est destin lusage des chercheurs intresss.

Depuis le mois de mai 2000, l'Association Boris Mouravieff, cre

Paris, s'est fixe pour but principal de veiller la continuit de la diffusion

de l'uvre sotrique de Boris Mouravieff, notamment en rditant les

trois tomes de Gnsis, ainsi quen runissant en un volume divers articles

qui taient devenus introuvables46.

7. Quelques conclusions

Depuis sa jeunesse, mis sur la voie par son grand oncle ainsi que par

diverses rencontres (notamment celles dUspenskij et de Gjurdjiev), Boris

Mouravieff sest intress de prs lsotrisme et la Tradition

orthodoxe. la fois dans ses cours lUniversit de Genve, dans ses

volumes de Gnsis et au sein du C.E.C.E., il enseigne une doctrine quil

estime tre la tradition sotrique . Cette Tradition, universelle dans


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son essence, aurait t rvle lhumanit sous divers aspects, mais

cest sous sa formulation chrtienne quelle est vritablement parvenue

son niveau dfinitif, car le christianisme est lui-mme universel. La

doctrine aurait t enseigne par Jsus ses Aptres, puis par eux aux

saints pres de lglise : elle est donc, comme le dit Mouravieff,

fondamentalement chrtienne . Il en expose les divers aspects en

sappuyant sur les textes bibliques vtro- et no-testamentaires, sur les

commentaires patristiques compils dans la Philocalie, ainsi que sur une

srie dexercices spirituels conformes la tradition hsychaste.

Lenseignement de Boris Mouravieff, rsolument initiatique, comprenait

donc des aspects thoriques (tude de la doctrine) et pratiques (exercices

spirituels et ralisation de lenseignement). Le but de cet enseignement

est de faire parvenir ltudiant des degrs de conscience suprieurs et,

finalement, la ralisation plnire de sa Personnalit, par la seconde

Naissance qui assure lentre dans le Royaume de Dieu. Ltudiant,

devenu homme dlite, est alors charg de prparer lhumanit une

phase cruciale de lhistoire : la Priode de transition qui marque

lentre dans le Cycle du Saint-Esprit .


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1 Sur ces questions, voir Gnsis, Neuchtel (Suisse), d. de La Baconnire, 1969, t. 1,pp. 13, 14.2 Cf. Faivre A., Boris Mouravieff , in : Dictionary of Gnosis & Western Esotericism,Leiden (Pays-Bas), Londres, Brill, 2005, t. 1, pp. 806, 8073 Saint-Ptersbourg, 1838. Le livre sera traduit en anglais par le Rvrend R.W.Blackmore, Londres, d. John Henry Parker, 1842 (rd. Montana, d. KessingerPublishing Co, 2004)4 Les quelques lments biographiques sont tirs de la prface Mouravieff B., critssur Ouspensky, Gurdjieff, et sur la Tradition sotrique chrtienne, Dervy, Paris, 2008,pp. 7-28, et du site de lAssociation Boris Mouravieff, lments bibliographiques ,http://www.association-boris-mouravieff.com/index.html5 Paris, Stock, 1950 [19612]6 Dans son article Ouspensky, Gurdjieff et les Fragments dun enseignementinconnu (1957), in : crits sur Ouspensky, op. cit., pp. 95-138, Mouravieff expliqueles points quil juge problmatiques dans la mthode denseignement de Gjurdiev etdans le systme dUspenskij.7 Neuchtel (Suisse), d. de La Baconnire, 1949.8 Paris, Payot, 1962

9 Pour une bibliographie complte, voir Mouravieff B., crits sur Ouspensky, op. cit.,pp. 341, 342.10 Eph. 4, 22-24.11 En ralit Mouravieff dnombre tantt trois, tantt cinq phases, selon le point devue quil choisit. Les cinq phases sont (avec leur lment dclencheur) : 1. Cycleprhistorique (chute dAdam), 2. Cycle du Pre (Dluge des Eaux), 3. Cycle du Fils(Destruction du Temple), 4. Cycle du Saint-Esprit (Hiroshima), 5. Mille ans sans guerre= Millnium (lAccomplissement : soit le Dluge du Feu, soit de Nouveaux Cieux et uneNouvelle Terre), cf. Gnsis, Neuchtel (Suisse), d. de La Baconnire, 1969, t. 2, p. 74.12 Ibid, t. 1, p. 19.13 Sur ce point on consultera les tudes du P. de Lubac H., La Postrit spirituelle de

Joachim de Flore. vol. 1, De Joachim Schelling, Paris, Lethielleux, 1979, vol. 2, De

Saint-Simon nos jours, Paris, Lethielleux, 1981.14 Par cette expression nous dsignons lcole de pense qui sest forme dans lesillage et la continuation de luvre du philosophe franais Ren Gunon. Appele cole Traditionnelle par ses reprsentants, elle prend le nom de Perennialism dansle monde anglo-saxon en rfrence la Philosophia Perennis dont ils se veulent leshritiers et continuateurs. Pour lhistoire de ce mouvement on lira, rcemment traduiten franais : Sedgwick M. J., Contre le monde moderne. Le traditionalisme et lhistoireintellectuelle secrte du XXe sicle, Paris, Dervy, 2008 [1e d. 2004].15 Il sagit l dune hypothse. En effet, la Bibliographie a t prpare avec lacollaboration du Docteur Albert-Jean Lucas , et il est difficile de connatre lexactemesure dans laquelle celle-ci reflte les sources authentiques de Mouravieff.16 On lira quelques-unes des considrations sur ce point dans son article Leproblme de lHomme nouveau , in : crits sur Ouspensky, op. cit., pp. 29-43.17 2 P., 3, 10-1118 2 P., 3, 13. Nous citons daprs la traduction de larticle cit en note 5.19 Le problme de lHomme nouveau , art. cit., p. 29.20 Ibid., p. 39.21 Cf. Gnsis, t. 1., p. 18.22 La Didascale (du grec , cole ) tait une clbre colecatchtique et thologique o furent forms quelques-uns des plus grandsthologiens et Pres de lEglise (not. Origne, Basile le Grand, Grgoire le

Thaumaturge, Grgoire de Naziance). Elle fut fonde selon la Tradition par saint Marc,mais plus vraisemblablement par Pantne au IIe sicle, didascale ( matre ) auquel

succdrent Clment et Origne.23 Stromates I, Paris, d. du Cerf, coll. Sources Chrtiennes , 1951, p. 52.24 Le titre complet de son grand ouvrage est Stromates de notes gnostiques selon la


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vraie philosophie.25 Gnsis, t. 1, pp. 129, 130. Il faut noter cet endroit que ce principe tel quexpliqupar Mouravieff ressemble de trs prs ce que les penseurs de lcole Traditionnellenomment Tradition primordiale . Sur ce point prcis on lira avec intrt larticledAntoine Faivre : Histoire de la notion moderne de Tradition dans ses rapports avecles courants sotriques (XVe XXe sicles) , in : Symboles et Mythes dans lesmouvements initiatiques et sotriques (XVIIe XXe sicles) : Filiations et emprunts,Arch La Table dmeraude (revue ARIES , hors srie), Milan Paris, 1998, pp. 7-48.26 Gnsis, t. 1, p. 287.27 La tradition orthodoxe appelle philocalique (qui signifie littralement amour de labeaut ) tout texte spirituel, mais ce vocable sapplique avant tout lanthologieralise par Nicodme l'Hagiorite et Macaire de Corinthe en 1782, aujourdhui appelePhilocalie des Pres Neptiques ou, plus simplement, la Philocalie. Mouravieff y renvoieen de nombreux endroits de son uvre. En dehors des ditions compltes, il en existeen franais une version abrge et facilement accessible : Grouillard J., PetitePhilocalie de la prire du cur, Paris, Seuil, coll. Points/Sagesse , 1979.28 Cit in : crits sur Ouspensky, op. cit., p. 8.

29 Gnsis, t. 1, p. 1030 Cf. Id.31 I Co., 2, 6. Cf. Ibid., pp. 14, 15.32 Introduction LArt de Vaincre. Les Stromates. Recueil de Notes surlenseignement chrtien sotrique , in : crits sur Ouspensky, op. cit., p. 261.33 Sur la rception de la Philocalie dans lglise orientale, il est indispensable de lireDeseille P., La spiritualit orthodoxe et la philocalie, Paris, Albin Michel, coll. Spiritualits vivantes , 2003 [19971]34 La Dobrotoljubi fut publie Saint-Ptersbourg en 1794 par les soins de PassiVelitchkovsk.35 Publis anonymement et pour la premire fois Kazan en 1865. La traductionfranaise des quatre premiers rcits fut dite en 1943 aux ditions de la Baconnire.

Sur le plerin russe et sur ce genre littraire : Evdokimov M., Plerins russes etvagabonds mystiques, Paris, d. du Cerf, coll. Patrimoines , 2004, pp. 145-192,

passim.36 Behr-Siegel E., La prire Jsus , in Dieu vivant, n8, p. 71, cit in Grouillard J.,Petite Philocalie, op. cit., p. 12.37 Pour une clarification de ces notions, on lira avec profit Serr J, Clment O., La priredu cur, Bgrolle (Maine-et-Loire), d. de lAbbaye de Bellefontaine, 1977.38 Cf. Gnsis, t. 1, pp. 233 sq.39 Gnsis, t. 2, p. 228.40 Gnsis, t. 1, pp. 18, 19.41 Gnsis, t. 1, p. 154.42 Gnsis, t. 3, p. 260.43 Le rglement du C.E.C.E. et des groupes de travail se trouve en annexe duvolume de Gnsis, t. 3, pp. 261-264.44 Association Boris Mouravieff, Elments bibliographiques ,http://www.association-boris-mouravieff.com/index.html45 Plusieurs de ces bulletins sont dits dans crits sur Ouspensky, op. cit., pp. 313-34046 Cest ce volume qui contitue les crits sur Ouspensky, op. cit.

Documents

Boris Mouravieff et l'esoterisme chretien