100
FANZINE CULTUREL DE LA CARAÏBE MA ! 05 Avril 2012 CARIBBEAN ART GRAPHIC CARAIBE CARIBE ARTE PHOTO VIDEO THEATRE LITERATURE LITTERATURE TYPO MUSIC MUSIQUE Les «Ma» Magma - Mauduech - Mars Manhattan - Makabu Charly Champ libre Raymond Médélice Mariño Paysages int/ext-térieurs Toc, toc, toc ! Théâtre et compagnie Manette [poezi-peyi] Maharaj Le mot dit Madelaine Collectif f/3 Màs Agnès Dahan McCarthy 24 heures avec… Martial Topos corpus Mathieu Lignes haute tension Marie-Joseph In progress Madison Take the « M » train Magloire Haïti + cut = LM Maharaki Vivre ses rêves Maalkhéma R.A.C. Masse Doigts d’argent Sabas L’expérience de Ferry c 12 planches à suivre dans Boucan ! Guédon L’histoire imaginaire d’un peintre réel par Jack Exily

boucan 5

Embed Size (px)

DESCRIPTION

webzine about culture in the caribbean webzine cultural del caribe webzine culturel de la caraibe

Citation preview

  • F A N Z I N E C U L T U R E L D E L A C A R A B E

    MA !

    Boucan

    05Avril 2012

    CARIBBEAN ART GRAPHIC CARAIBE CARIBE ARTE PHOTO VIDEO THEATRELITERATURE LITTERATURE TYPO MUSIC MUSIQUE

    Les MaMagma - Mauduech - Mars Manhattan - Makabu Charly

    Champ libreRaymond Mdlice

    MarioPaysages int/ext-trieurs

    Toc, toc, toc !Thtre et compagnie

    Manette[poezi-peyi]

    MaharajLe mot dit

    MadelaineCollectif f/3

    MsAgns Dahan

    McCarthy24 heures avec

    MartialTopos corpus

    MathieuLignes haute tension

    Marie-JosephIn progress

    MadisonTake the M train

    MagloireHati + cut = LM

    MaharakiVivre ses rves

    MaalkhmaR.A.C.

    MasseDoigts dargent

    SabasLexprience de Ferry

    c12 planches suivre dans Boucan !

    GudonLhistoire imaginairedun peintre rel par Jack Exily

  • 42 Boucan {Avril 2012}

    85 89 MAALKHMAR.A.C.

    72 75 AGNS DAHANMI MS

    64 67 MARC MARIE-JOSEPHIN PROGRESS

    56 63 MANUEL MATHIEULIGNES HAUTE TENSION

    42 45 KEEGAN MAHAR A JLE MOT DIT

    29 36 ARMANDO MARINOPAYSAGES INTRIEURS-EXTRIEURS

    05 DITOSTAGE DE SURVIE

    06 07 LE BOUCHE OREILLE

    46 49 F/3RIK MADELAINE

    50 51 SBASTIEN MAR TIALTOPOS CORPUS

    38 41 DIDYER MANNE T TE{POEZI-PEYI}

    68 71 NINKO MADISONTAKE THE M TRAIN

    81 83 MAHAR AKIVIVRE SES RVES

    91 93 MARIO MASSEMARIO DOIGTS DARGENT

    91 93 CHRISTIAN SABASLEXPRIENCE DE FERRY

    60 BANDE DESSINEH E N R I G U E D O N R E V I S I T

    76 80 L AURENCE MAGLOIRE( H A T I + ) = L M

  • {Avril 2012} Boucan 03

    85 89 MAALKHMAR.A.C.

    72 75 AGNS DAHANMI MS

    64 67 MARC MARIE-JOSEPHIN PROGRESS

    56 63 MANUEL MATHIEULIGNES HAUTE TENSION

    42 45 KEEGAN MAHAR A JLE MOT DIT

    29 36 ARMANDO MARINOPAYSAGES INTRIEURS-EXTRIEURS

    10 27 THTRECONGRE ET HOMARD, THTRE FOUDIZ, L. SAINT-LOI, R. YOUNG, S. ADLE, H. BEUZE

    08 09 CHAMP LIBREDE LATELIER

    05 DITOSTAGE DE SURVIE

    06 07 LE BOUCHE OREILLE

    SOMMAIRE

    46 49 F/3RIK MADELAINE

    50 51 SBASTIEN MAR TIALTOPOS CORPUS

    52 55 BRIANNA M cC AR THY24 HEURES AVEC BRIANNA

    38 41 DIDYER MANNE T TE{POEZI-PEYI}

    68 71 NINKO MADISONTAKE THE M TRAIN

    81 83 MAHAR AKIVIVRE SES RVES

    91 93 MARIO MASSEMARIO DOIGTS DARGENT

    91 93 CHRISTIAN SABASLEXPRIENCE DE FERRY

    60 BANDE DESSINEH E N R I G U E D O N R E V I S I T

    76 80 L AURENCE MAGLOIRE( H A T I + ) = L M

  • 42 Boucan {Avril 2012}

    oucanest une publication de lagence50450 Le Mesnil-Villeman>> [email protected]

    Directeur de publication :Cdric Francillette >> [email protected]

    Relations publiques :Lara Montantin

    Journalistes :Guylaine Masini, Maxence Alavarna, Serena Laurent

    Correcteur :A.B.

    Conception graphique :Frdrique Blaize06 59 98 87 13>> [email protected]://www.creabook.com/bambi

    Iconographie : DR

    Rgie publicitaire :Merci de nous contacter au : 02 33 51 72 70 ou par mail : [email protected]

    B>>On le complment multimdia du webzine Boucan est une publication de lagence

    http://boucan-on.jimdo.com/

    siklnTypo-Tempte

    siklnMade it last

    SIKLN

    SIKLN

    SIKLN

    SiklnSikln

    Sikln

    Sikln

    SIKLN

    sikln Sikln

    SIKLN

    SIKLN

    Sikln

    Sikln

    siklnTypo-Tempte

    siklnMade it last

    SIKLN

    SIKLN

    SIKLN

    SiklnSikln

    Sikln

    Sikln

    SIKLN

    sikln Sikln

    SIKLN

    SIKLN

    Sikln

    Sikln

    B 5nBoucan est sur

    Remerciements aux artistes pour leur aimable participation

  • {Avril 2012} Boucan 05

    DITO

    on contents de voir notre pagination augmenter, nous avions dcid pour trenner ce numro 5 de finir le bouclage du webzine

    dans la carabe, in the French West Indies . Grave erreur ! Entre les cybercafs inexistants, le bas dbit et les ordinateurs qui

    tombent en panne technique, autant dire quil sagissait dun dfi perdu davance

    En dpit des difficults, nous nous battons toujours pour faire connatre

    lart dans la carabe.

    Pour plus de clart, dornavant, nous organisons la publication en regroupant

    les articles sous forme de thmatiques : dossier spcial, espace,

    littrature, arts visuels, nouveaux mdias et musique.

    Le rdactionnel de ce numro est particulirement riche. Il regroupe peintres,

    photographes, plasticiens, musiciens, potes et dclameurs, graphistes

    et ralisateurs vido. Laccent est mis sur le visuel, qui permet une

    apprhension immdiate de luvre des artistes. Cest pour cette raison

    que nous nhsitons pas typographier les textes si ncessaire.

    noter le premier article dune srie de trois sur le collectif photographique f/3,

    bas Paris et la suite de notre dcouverte du travail de Christian Sabas

    qui aborde la cration de son Muse dArt Brut en Guadeloupe.

    Noubliez pas daller vous promener sur la page multimdia de Boucan, B>>On :

    http://boucan-on.jimdo.com/

    Vous pourrez y visionner une vido de lartiste Raymond Mdlice en relation avec

    sa rubrique Champ libre et une prsentation du projet Ferry du peintre Sabas

    Bonne lecture !

    NStage de survie Cdric FrancilletteDirecteur de publication

    B>>On le complment multimdia du webzine Boucan est une publication de lagence

    http://boucan-on.jimdo.com/

    5

  • COUP DE CUR

    Combien de temps vais-je devoir encore patienter ? Ne pas se laisser rebuter par cette premire de couverture faon trs publicit Ushuaa . Kettly Mars sest vu dcerner en 2011 le prix Prince Claus, pour la qualit de son uvre littraire. Kettly Mars parle de Hati, son peuple, son pays, avec une grande libert dcriture. Son regard pointu sur la socit, lui vite les clichs. Elle aborde les thmes du sexe, du pouvoir, de largent, de la violence avec finesse et lgance. Elle montre en passant par lintime, le dsarroi de son peuple toujours en qute didentit. Saisons sauvages de Kettly MarsMercure de France - 2010Disponible en Folio

    BOUCHE

    VILLA MAGMA

    Comme la maisonVronique Hermann Sambin, chanteuse dorigine guadeloupenne met sa voix au service des artistes caribens sous la forme dun site internet Villa Magma . Cette plateforme ddie aux arts, nous renseigne sur des films, des spectacles vivants, des expositions et permet ses membres de se rencontrer sur Paris. Audrey Smith, conteuse de lassociation Ti Woch , sest associe au projet et propose des ateliers de lecture pour enfants. Elle dispense son approche originale du conte travers une pratique sensorielle : contes lus, raconts, chants, mims, ou accompagns dinstruments de musique.www.villamagma.com [email protected]

    MANHATTANYudit Vidal expose New York

    Yudit Vidal Faife, artiste cubaine que nous suivons depuis Boucan 2, continue sa carrire artistique en exposant ses toiles dans la galerie de la Compagnie Con Edison Building New York. Lvnement a, entre autre, t mdiatis par le CAW Magazine de Washington et le Brooklyn Eagle . Son nom fait maintenant partie du catalogue du Brooklyn Museum.

    www.yuditvidal.cu www.yuditvidal.com

    En haut : La cage sur la fentre droite : Visage avecfeuilles

    ne affiche apparat en d-cembre 1962 sur tous les murs des btiments pu-blics de Martinique. La

    Martinique aux Martiniquais , est le message que lon pouvait y lire. Dix-huit jeunes ojamistes martiniquais sont inculps en fvrier 1963 pour complot et atteinte lintgrit du territoire national, en dautres termes pour volont sparatiste.La narration se situe sur trois terri-

    toires qui interfrent les uns sur les autres. Cest une conjonction entre :- des tudiants antillais Paris, im-pliqus dans le conflit algrien,- des groupes rvolutionnaires en Martinique issus de la rbellion contre les CRS de dcembre 1959, - et des figures mdiatiques impli-ques dans le conflit algrien en Al-grie (F. Fanon et M. Manville).

    www.filmsmarigot.com

    U

    LES FILMS DU MARIGOT

    Laffaire de lOJAM

    Phot

    os Y.

    Vida

    l

    La Martinique aux Martiniquais est un documentaire ralis par Camille Mauduech, bas sur des tmoignages direct de membres de lOJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique). Laction se situe dans les annes 60 F

    ilms d

    u Mar

    igot

    Fi

    lms d

    u Mar

    igot

    DR

    F.

    Blaiz

    e

    06 Boucan {Avril 2012}

  • MAKABU CHARLY

    vos aiguilles...Lorsque Charly lance sa marque de vtements customiss, il pense la plage de Martinique nomme Makabu. Son concept est la fois tendance et co-citoyen : il recycle des vestes de cuir, des blousonset des bottes et les transforme laide de motifs et de broderies. Il rcupre aussi des sacs de riz, quil dcoupe et remonte en les recomposant. Mlange de couleurs, de graphismeet de slogans, ses crations porter ou accrocher ( voir absolument ses tableaux textiles sur son site) ne sont pas uniquement vintage. Elles montrent cette facult actuelle des jeunes artistes mlanger les rfrences sans complexe. www.makabu.fr

    exposition Spiritualit, ri-tuels et imaginaires de la Ca-rabes a t monte dans le cadre dfini par le Sympo-

    sium international organis par la Rgion Martinique (31 oct. - 4 nov. 2011). Ce symposium intitul Lh-ritage africain : mythes, croyances re-ligions et imaginaires , accueille des anthropologues, des historiens et des artistes. Lexposition regroupait les uvres de treize artistes venus de la Carabe, entre autre : Tono Arias-Pelaez, Manuel Mendive Hoyo, Leroy Clarke et Ras Akyem Ramsay (qui a aussi t censur). Au bout de quatre

    jours, le conseil gnral dcida de fermer lexposition sans plus dex-plication. En regardant de plus prs les peintures de Ras Ishi Butcher, il est mme difficile de comprendre pourquoi a eu lieu une telle censure. Serait-ce un sexe en rection qui au-rait pu choquer une femme de notre poque ? Et bien, il est souhaiter pour lart en gnral, quelle ne mette jamais les pieds au Louvre bordel sculaire de femmes poil et dhommes bien membrs . Mais au fait combien a cot cette ex-position avorte la collectivit mar-tiniquaise ? bon entendeur

    L

    MARTINIQUE : LA CENSURE VERSION XXIE SICLE

    quand les autodafs ?Une exposition collective dartistes caribens ferme au bout de quatre jours ? Deux artistes reconnus coupables par des fonctionnaires de la pense bien comme il faut ? Pensez-vous que nous vous parlons de la Chine, de lIran ou de lAfrique du Sud ? Non, cela se passe bien en France, en Martinique. Bienvenu en lan double zro de la censure au soleil

    OREILLE

    CENSUR

    CENSUR

    Peintures de Ras Ishi Butcher, censures lors de lexposition Spiritualit, rituels et imaginaires de la Carabe fin 2011.

    M

    K

    MK

    M

    K

    M

    K

    {Avril 2012} Boucan 07

  • De

    late

    lier

    N Paris en 1956, il vit et travaille la Martinique depuis 1979. En juin 2011, il participe lexposition collective OMA Outre-Mer Art Contemporain organise

    par la Fondation Clment lOrangerie du Snat (Paris).http://youtu.be/UeA789nqns4page [email protected]

    Le V

    irtue

    l 2/5

    Raymond Mdlice est sur B>>Onle complment multimdia de Boucanhttp://boucan-on.jimdo.com/

    DR

    Te

    xte e

    t pho

    tos R

    . Md

    lice

    08 Boucan {Avril 2012}

  • Champ libre

    Je vis le rseau internet comme une extension virtuelle de latelier, comme un vecteur de monstration, de partage, et dchange, limage dune performance qui serait transversale, interconnecte, dcentralise et en temps rel. La varit des publications des internautes entre autres sur les rseaux sociaux que ce soit des lments picturaux, des photos, des textes, des vidos,

    des articles de presse ou des sons, agissent la manire dun flux. Les publications gnres dans un ordre de thmatique prcis ou bien alatoire, sont perues comme des esthtiques particulires. Les mouvements chorgraphiques du flux journalistique, culturel, hdoniste, narcissique et incantatoire finissent par donner du sens, cette installation protiforme, collective et virtuelle.

    {Avril 2012} Boucan 09

  • 42 Boucan {Avril 2012}

    RETOUR SUR VNEMENT

    Pourriez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?Aprs avoir suivi un parcours littraire, jai voulu me former aux mtiers du spectacle vivant. Dans un pre-mier temps, jai pass un baccalaurat (ni-

    veau licence en France) en Art Dra-matique, critique et dramaturgie lcole Suprieure de Thtre lUniversit du Qubec Montral. Cette formation trs complte jai pu tudier lhistoire du thtre, des dramaturges, travailler sur le son, les lumires, prendre des cours de jeu et fabriquer des marionnettes ma permis de comprendre la com-plexit de ces mtiers. Jai ensuite souhait me diriger vers le management culturel en entrant lIC.COM (Paris), avec une sp-cialisation dans le traitement de la paie des intermittents du spectacle.

    Dans un restaurant dsert, H. retrouve C. qui lui a fait parvenir une mystrieuse invitation. Plutt que de lui livrer demble la raison de cette convocation, C., pcheur de son tat, raconte H. lhistoire du congre et du homard, deux animaux qui, sous les mers, ont conclu une association heureuse et honnte . Au fil de ce huis clos o C. se fait de plus en plus provocateur et H. de plus en plus mfiant, les deux hommes se rvlent lun lautre, saffrontent et dcouvrent le pacte qui les lie. Balade dans les coulisses de la pice avec Ccilia Collomb, charge de projet

    Cci

    lia C

    ollo

    mb

    Char

    ge d

    e pro

    jet

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    Homard la Sauce Chien

  • {Avril 2012} Boucan 11

    Mon but tait davoir une percep-tion globale du mtier de charge de production. Textes en Paroles , structure qui promeut les critures dramatiques contemporaines dans la Carabe, tait la recherche dun charg de projet pour dvelopper ses actions autour de la promotion des auteurs de thtre. Javais le profil idal pour ce poste.

    Y avait-il de bonnes opportunits de travail en Guadeloupe en tant que charge de projet ?Retourner chez moi tait important. Jai grandi dans le milieu artistique et il me paraissait ncessaire dac-compagner les auteurs et les artistes de Guadeloupe dans la diffusion de leurs uvres et la communication de leurs pratiques Textes en Paroles a t une formi-dable opportunit de rentrer dans mon le, et dy apporter mon exper-tise afin de dvelopper des projets me tenant cur. >>

    CONGRE ET HOMARD , CEST

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    gauche et ci-dessus : Dominik Bernard

    w Percutant On ne sennuie pas, car cest une

    pice pleine de rebondissements

    w Dstabilisant On sort de ce spectacle en se

    posant des questions, sur ce qui

    est vrai, ce qui sest rellement

    pass. Est-ce un rve ? Un meurtre ?

    Qui est qui ?

    w ContemporainOn parle dun sujet trs banal

    (le trio : mari, femme, amant),

    et pourtant, la mise en scne

    et le texte apportent une vraie

    universalit cette thmatique.

    Conception : Nicolas Mrault

  • 12 Boucan {Avril 2012}

    a t slectionn, lors de lappel criture 2005/2006 par le comit de lecture de Textes en Paroles . Ce texte a t mis en lecture par des comdiens plusieurs reprises. Un premier projet de cration a eu lieu en 2010, pour lequel jai t sollici-te en tant que collaboratrice artis-tique. Lorsque Textes en Paroles a vu son projet critures dles valid dans le cadre du programme Interreg Carabes IV , nous avons voulu reprendre la production de ce texte pour offrir au spectateur une version plus aboutie. Dominik Ber-nard, dans ses intentions de mise en scne, souhaitait notamment in-tgrer un travail sur la vido.

    Quelles sont les personnes avec lesquelles vous travaillez ?

    Je suis au cur du projet. Ma place se situe au centre des diffrents ac-teurs : je travaille avec lquipe th-trale (comdien, technicien, auteur) mais aussi avec les prestataires (d-corateur, imprimeur, entre autre). Je mets en relation les meilleurs par-tenaires pour une volution coh-rente et efficace du projet.

    Avez-vous t confronte des difficults pour cette pice ?La difficult, malgr les moyens fi-nanciers importants dvolus lac-tion (fonds europen Interreg Ca-rabes IV), est de grer les aspects de trsorerie associative. Nous ne sommes pas une entreprise avec un fonds de roulement important. Pas facile dans ce cas de faire face au re-tard de paiement des subventions et de rglement de vente de spectacle, tout en continuant la programma-tion des actions. Cest un challenge de crer dans de bonnes condi-tions. part la scne Nationale de Guadeloupe, il ny a pas despace de cration spcifique au spectacle vivant. Les quipes de cration r-ptent dans des salles de runion ! La plupart du temps, les aspects techniques lumires, sons, vidos ne sont achevs que lors de la dif-fusion du spectacle, et non pendant la cration. Nous sommes frquem-

    >>

    RETOUR SUR VNEMENT

    Quel est votre rle dans le cadre dune pice de thtre ?Mon mtier consiste, faire abou-tir un projet culturel : depuis la conceptualisation, en passant par la recherche de financement, lorgani-sation, la diffusion et la communi-cation. Dans le cadre de la cration dune pice, il sagit de grer lor-ganisation de la cration : recherche de lieu de rptitions, diffusion du spectacle, communication autour du spectacle, gestion des budgets de production, contrats des artistes, etc. Il faut une grande polyvalence pour pouvoir mener bien chacune de ces tapes.

    Quand cette aventure thtrale a-t-elle commenc ? Congre et Homard est un texte qui

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    Dominik Bernard

    quipe artistique et technique :

    Mise en scne : Dominik BernardDistribution : Jol Jernidier, Dominik Bernardcollaboration artistique : ccilia collomb cration lumire : William Leclercq, roger Olivier scnographie : pascal cataye, Dominik Bernardcration vido : nicolas Mraultcostumes et habillage sonore : Dekaphotos de spectacle : Daniel Goudrouffe

  • {Avril 2012} Boucan 13

    Gal Octavia auteure

    La naissance dune pice de thtre est un processus long et incertain

    de lide lcrit, de lcrit la scne donc je suis agrablement surprise et forcment ravie de laventure Congre et homard . Jespre quelle se poursuivra encore, devant toutes sortes de publics. Jai voulu que ce texte soit la fois vaudevillesque et profond, drle et grave, surprenant et familier. Cest une histoire

    qui mle des choses diverses : lamour, la mort, les notions de dignit et didentit (ici lidentit masculine) travers mes conversations avec des spectateurs aprs les reprsentations (en particulier Avignon), jai eu limpression que la pice tait reue comme je souhaitais quelle le soit : elle fait rire, elle touche, elle ouvre aussi sur dautres rflexions personnelles. Je suis heureuse surtout que Dominik et Jol aient si bien su donner mes personnages de papier, le corps, la sensibilit, le temprament quil leur fallait. Cest un beau cadeau quils mont fait l.

    ment obligs de rduire nos ambi-tions artistiques pour nous adapter aux lieux et conditions de travail auxquels nous sommes confronts.

    Quelles sont les qualits requises pour ce type de poste ?Avoir les reins solides, tre poly-valent, savoir grer un budget Tendre vers lobjectif final, savoir : mettre en place les conditions per-mettant au projet de voir le jour, que ce soit sur un plan financier comme artistique.

    Quel est le projet qui vous tient le plus cur dans votre carrire ?Dune manire gnrale, je sou-haite mettre en valeur les artistes de nos rgions, et permettre lac-compagnement de ces derniers sur un plan professionnel. Il me semble important daider la professionna-lisation des compagnies de thtre et de danse.

    Accompagnez-vous des projets en dehors du thtre ?Je travaille dans le domaine assez riche du spectacle vivant. Textes en Paroles accompagne aussi des compagnies de danse, dans le mon-tage de leurs projets.

    [email protected]

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    D.

    Gou

    drou

    ffe

    M

    . Ibra

    him

    Jol Jernidier et Dominik Bernard

    Jol Jernidier

  • En quelques mots : votre mtier de met-teur en scne en Hati ? tant un vecteur de communication de masse, le thtre est utilis dans le but de sensibiliser, de distraire et de dnoncer. Le public hatien est habitu aux choses faciles et cest pour cette raison quil ne reconnat pas encore mon travail. Les comdiens de Foudiz et moi avons suivi des formations en art dramatique, en mise en scne et en administration culturelle, animes tant par des formateurs hatiens qutrangers. Cela nous donne un certain bagage dans laccomplissement des projets de spectacle.

    Comment choisissez-vous les pices que vous montez ? Les thmatiques sont trs varies : le to-talitarisme, la protection de lenvironne-ment, lducation de la masse paysanne, la valorisation du vaudou comme lment de notre culture. Le point commun est le crole la langue de lmotion commune, du franc-parler. Cest un acte conscient pour la valorisation de notre langue.

    Que vous apporte dans votre mtier, le fait davoir dabord t comdien ?Mes expriences de comdien sont un atout pour moi dans la gestion du plateau. Cela me donne de la matire dans mon tra-vail avec les comdiens.

    Le passage entre jouer la comdie et monter des pices est-il facile ?Jai t assistant la mise en scne de deux spectacles : Jugement des ngres

    de la Compagnie Thomas Richard (2002) et Nwit Moun Fou de la Compagnie NIFE (2003). Ri ptchanm , conte crole de F-lix Morisseau Leroy, est ma premire cra-tion. La mise en scne a t ralise avec lassistance de Daniel Marcelin, mon pro-fesseur de thtre et responsable du petit Conservatoire, cole de thtre et des arts de la parole en 2004. Cette mme anne, jai t contact par la Compagnie Foudiz Thtre pour assurer la mise en scne de leur spectacle.

    Il me semble que vous avez cr votre propre compagnie ? Je nai pas t la gense de la Compagnie Foudiz Thtre . Je lai intgre trois ans aprs sa cration. Depuis, nous avons fait un bon bout de chemin ensemble

    Quels sont les avantages et les inconv-nients de votre profession ? Le comdien et le metteur en scne nont pas de statut en Hati. Nous sommes consi-drs, aux yeux de la loi, comme de simples techniciens. Il existe un manque de for-mation grave dans le domaine. Nous ne sommes que quelques privilgis avoir reu un savoir-faire. Labsence quasi-totale de salles de spectacle et de mcnes dans le pays sont aussi des inconvnients de taille.

    Dun autre point de vue, la mise en scne me permet de toucher des thmatiques qui minterpellent et que je partage avec les spectateurs. Je souhaite par ce mtier parti-ciper lducation du public en Hati.

    Billy Elucien et le Foudiz Thtre

    Anatl , Flix Morisseau Leroy, 2009Les textes dexpression crole de Flix Morisseau Leroy issus du courant de lethnodrame, mont beaucoup marqu. Jai choisi cette pice parce quelle minterpelle. Je nai pas la prtention de dire que je fais du thtre engag mais mes choix ne sont jamais hasardeux.

    Gwo Moso , daprs Lodyans Maurice Albert Sixto de 2007 et 2009Dans la compagnie Foudiz , lcriture des projets est assure par Nlio Joseph qui coordonne lassociation. Mon rle est dassurer la mise en scne des spectacles, la direction dacteur. Les tches sont rparties et bien dfinies.

    Le but mme du thtre, de part

    son tymologie, nest-il pas de

    dnoncer ? La mise en scne est un

    prtexte pour dire haute voix ce que je pense tout bas.

    B.

    Cher

    ilus

    Co

    urto

    isie j

    ourn

    al Le

    Nou

    vellis

    te

    Co

    urto

    isie j

    ourn

    al Le

    Nou

    vellis

    te

    D.

    Elici

    en

    14 Boucan {Avril 2012}

  • THTRE

    Billy Elucien en quelques datesActeur et metteur en scne, il sest form en suivant de nombreux ateliers dirigs par des artistes hatiens et trangers, entre autres au Thtre National dHati avec Daniel Marcelin, Pietro Varasso, Jean-Ren Lemoine, Chantal Guilbeau, Pierrette Dupoyet et plus rcemment Catherine Boskowitz.

    2003 : Intgre la compagnie Foudiz Thtre en tant que metteur en scne.

    2005 : Mise en scne du conte crole Ri Ptchanm de Flix Morisseau Leroy

    2005 : Mise en scne de la pice Foukifoura de Franketienne

    2007 : Mise en scne en compagnie de Albert G. Moleon de Gwo Moso daprs la Lodyans de Maurice Albert Sixto Festival Quatre Chemins

    2008 : Mise en scne du conte crole Sen Jan de Flix Morisseau Leroy

    2009 : Adaptation et mise en scne du texte crole Anatl de Flix Morisseau Leroy Festival Quatre Chemins

    2011 : Mise en scne des contes Sodo de F. Morisseau Leroy et Metrs dlo de P. Clermont Pan

    Billy Elucien est lun des organisateurs de deux manifestations annuelles, le Festival Kont anba tonl premier Festival de contes en Hati (depuis 2009) et Thtre et ducation (depuis 2005), sries de reprsentations thtrales dans des espaces non conventionnels et en milieu scolaire.

    http:// foudizetheatre.e-mons [email protected]

    Festival Kont anba tonel , Priodicit annuelleNous travaillons sur le 3e dition du Festival Kont anba tonl avec la conteuse franco-haitienne Mimi Barthlmy. Nous esprons trouver les fonds ncessaires pour assurer le succs de ce festival ralis en partenariat avec la Fokal et lInstitut Franais en Hati.

    Tourne scolaire Thtre et ducation depuis 2005 Thtre et ducation est un projet destin aux tablissements scolaires publics et privs de Port-au-Prince. Je lai dvelopp au sein de la com-pagnie thtrale Foudiz . Ses objectifs principaux sont dapporter le thtre vers dautres publics et dinciter les lves la lecture.

    Les circoncis de la Saint-Jean

    Laurat de la bourse Visas pour la cration, Carabe 2010 , jai t reu en rsidence de mise en scne La Rochelle davril juillet. Jai ralis des lectures-rencontres lvnement Lire en fte et la mairie de Pau.

    Pour plus dinformation sur les rsidences : www.institutfrancais.com

    Kilti Timoun , aprs janvier 2010

    ProjetsNous travaillons sur la 5e dition de Thtre et ducation . Par ailleurs, jai le projet de monter un auteur hatien de langue franaise Philippe Lerebours.

    Nous sommes aussi la recherche de partenaires nationaux ou internationaux, de festivals de thtre ou de contes dans les pays francophones et crolophones.

    J.

    Dur

    et

    Co

    urto

    isie j

    ourn

    al Le

    Nou

    vellis

    te

    Co

    urto

    isie j

    ourn

    al Le

    Nou

    vellis

    te

    G

    . Lec

    arre

    t & D.

    Elici

    en

    G

    . Lec

    arre

    t & D.

    Elici

    en

    N

    . Jos

    eph

    N

    . Jos

    eph

    N

    . Jos

    eph

    {Avril 2012} Boucan 15

  • Quelles sont les raisons qui vous ont amenes au thtre ?Jai rencontr le thtre par hasard. Jtais trs timide. Au dpart, il sagissait pour moi simplement de combler un grand vide. Puis, par la dcouverte dauteurs comme Aim Csaire, ou de grandes tapes de notre histoire, jai compris quen ralit cette discipline me construisait. Je me redressais progressivement en ayant accs toutes mes richesses culturelles. Je prenais conscience que javais t priv de lessentiel, comme la plupart dentre nous. Jai vite compris quon ne pouvait pas se passer de cette nourriture. Cest lun des meilleurs moyens de parler de soi, de se revisiter , et de nourrir lautre. Le thtre est un univers immense et un art total ! Je lui dois ce que je suis devenu. Il ma transform ! Je sais ce quil peut apporter au niveau collectif et individuel.

    Pourriez-vous nous parler des auteurs de thtre qui vous ont influenc ?Je citerais un des meilleurs auteurs contem-porains : Bernard-Marie Kolts. Son talent tait immense, et humainement ctait un grand monsieur. Il est parti trop tt.

    Votre engagement au thtre est pa-rallle un engagement politique il me semble ?Engagement total, simplement. Je my investis sans tricherie, sans hypocrisie. Jy vois mme une dmarche citoyenne. Le thtre cest avant tout, le miroir de la socit. Je regarde la mienne avec lucidit.

    Jy mets mon nergie. Jy apporte mon coup de pinceau pour la dpeindre. Et je le fais sans calcul. Je ne sais pas si on peut le comparer un engagement politique. Mais, je ne fais pas dans le politiquement correct, a cest sr ! Avez-vous pu observer des change-ments dans le thtre noir en 30 ans de carrire ?Difficile de rpondre cette question en quelques lignes. En positif, peut-tre que le nombre de metteurs en scne a augment. Et cest tant mieux ! Mais, nous avons en-core du mal exister. Quand je regarde le paysage national, peu de nos pices sont programmes et cette remarque con-cerne aussi cette anne de lOutre-Mer. En trs ngatif, nous navons toujours pas un espace culturel Paris. Croyez-moi, je ne me suis jamais autant battu pour ce projet. En 1998, avec mon pouse, nous avons pu crer Pantin, un centre culturel afro-carabe ouvert tous, avec un concept indit qui rpondait nos aspirations. Ce projet reprsenta un travail colossal de cinq ans. Ctait un chantier extraordinaire. Aucun responsable politique ne pouvait ignorer notre investissement. Nous avions sign une promesse de vente pour acheter un immeuble la Villette et asseoir dfinitivement le projet incluant, en plus des ateliers de formation et les activits du Centre, une salle de spectacles et une brasserie. Malheureusement, nous nous sommes trouvs en concurrence avec le projet de ltat. Je nai eu le soutien de

    Luc Saint-loy

    Trottoir Chagrin , 1992 Thtre municipal de Fort-de-France et 2009 Thtre Le vent se lve , ParisJeannot, le frre de Marlne est mort assassin sauvagement sur le pav parisien. Un an a pass, Marlne est devenue prostitue. Ses humeurs espigles stirent dans le soir comme la perce de lennemi en terre conquise. Mais cette nuit nest

    Sans les rseaux, pas despace,

    pas de moyens, pas de diffusion,

    peu de considration

    C.

    Allen

    Luc Saint-loy dans Lost heritage de Christian Lara, 2006

    1992 2009

    Y.

    Mam

    bert

    M

    . Rub

    inel

    >>

    16 Boucan {Avril 2012}

  • THTRE

    pas une nuit comme les autres. Marlne revient sur les lieux du crime. Elle y rencontre un homme mystrieux. Elle laffronte. Trottoir Chagrin est lespace, ce lieu dans lequel se droule ce face face. Deux misres noires dans la nuit parisienne hurlant un monde que la vie napprend pas, et qui courtisent La Mort.

    Luc Saint-loy en quelques dates1955 : Naissance Djibouti. Il passera son enfance en Guadeloupe, son le dorigine.

    1975 : Luc Saint-loy quitte la Guadeloupe pour la France mtropolitaine.

    1981 : Il sengage dans la troupe Thtre Noir aux cts de Darling, Tho et Pascal Lgitimus, dirig par Benjamin Jules-Rosette.

    1983 : Il fonde le Thtre de lA.I.R (Artistes Immigrs Runis) avec Marie-Line Ampigny quil rebaptisera le Thtre de lair nouveau en 1986.

    1991 : Sa pice Trottoir Chagrin est laurate du premier concours dcriture dramatique de la Soif Nouvelle organis par le Centre Dramatique Rgional de la Martinique. Cre en 1992 et diffuse sur France culture (Ralisation : Georges Peyrou).

    1992 : Bang Bang Solo nouvelle diffuse sur France Culture (Ralisation : Anne Lematre). De 1998 2004 : Cration du Centre culturel afro-carabe Pantin. 1998 : Lappel du 21 juin pour le 150e anniversaire de labolition de lesclavage. Cration dune fresque historique mettant en scne 450 personnages costums intitule : Les chos de la Mmoire et Les Milans du temps reprsentant lHistoire des peuples dAfrique, de la Carabe, de lOcan Indien, et des Amriques, et qui rassemble plus de 60 000 personnes dans les rues de Paris.

    2001 : Membre du premier comit dexpert thtre de la DRAC Guadeloupe.

    2005 : Il cre sa dernire pice Combat de femmes publie aux ditions Mnaibuc en 2007.

    Les enfants de la mmoire , 1999, Thtre de Gennevilliers Des extraits des discours de Delgrs, de Toussaint Louverture, des uvres dAim Csaire de Lopold Sdar Senghor et des chansons dEugne Mona sont dlivres par la bouche dun homme et dune femme, qui se redressent face au monde, parce que des bruits assourdis de plusieurs sicles viennent hanter leur mmoire. Ces voix sont peut-tre les ombres du pass Les anctres ne sont pas morts. Ils sont encore dans le souffle de leurs enfants : Ces Enfants de la Mmoire.

    Court-mtrage

    Luc Saint-loy a ralis son premier court-mtrage en 2000, au nom du combat men avec le Collectif galit autour des valeurs rpublicaines. En 2005, il crit quatre fictions courtes sur la discrimination lembauche, quil co-ralise avec Foued Mansour pour le compte de lAFIP travers un concept intitul La barrire des prjugs . Son dernier court-mtrage Map-Ternit est tourn intgralement en Guadeloupe en novembre 2007. Il obtient le prix du meilleur court-mtrage au Festival Vues dAfrique Montral en avril 2008, et le prix spcial du Jury au FEMI 2009 en Guadeloupe. Il prpare actuellement son premier long mtrage, intitul Trottoir Chagrin , librement adapt de sa pice de thtre du mme nom.

    Y.

    Mam

    bert

    Co

    llecti

    on LS

    E

    Colle

    ction

    LSE

    {Avril 2012} Boucan 17

  • Chemin dcole , 1997 au Thtre de la Tempte la CartoucherieAdapte du roman de Patrick Chamoiseau, cette pice nous raconte les premiers pas dun ngrillon qui avait commis lerreur de rclamer lcole. Le conteur nous convie suivre lapprentissage de la langue franaise lcole primaire des Antilles des annes 60. Le drame se noue du fait de linadaptation de lenseignement dispens. Trait sur le ton de la comdie, ce spectacle mlant, thtre, chant, danse, musique, est dune mouvante drision

    Combat de femmes , 2005au Thtre Aim Csaire de Fort-de-FranceCe soir-l, une chanteuse, dite La Divine , est en pleine sance de travail dans le sous-sol de son pavillon. Deux jeunes filles (dont celle de lartiste) entrent et lui signifient quelle est retenue prisonnire Lhumour teinte ce huis clos original.

    Luc Saint-loy

    personne et je me suis rsolu fermer. Aujourdhui, rien ne remplace cette structure, le vide est de plus en plus grand. Mais je nai pas envie de mtendre Il me faudrait plus de temps pour analyser tout a.

    Vous avez un parcours en-viable Y aurait-il quelque chose que vous aimeriez modifier si vous en aviez le pouvoir ?Jeune collgien, on mapprenait LAvare de Molire. Je lai vu avec lcole la Renaissance jou par la troupe de Jean Le Poulain : nous tions en 1970, je crois. Aujourdhui jai un fils qui est en 4e. Il apprend encore LAvare . Cest pas normal. On ne se pose pas les vraies questions. Si jen avais le pouvoir, je modifierais volontiers la relation qui existe entre les lus politiques et les porteurs de grands projets culturels. Ils ne sont pas lcoute des gens de terrain. Ils se privent du concours des meilleurs experts dans certains domaines. Je leur demanderais dinvestir encore plus dans le culturel en choisissant des projets qui rapportent sur le long terme. Lexprience est le bton des aveugles. Le gchis la emport sur le reste. Je nai pas le sentiment que les bons choix aient t faits. En trente ans, jen ai vu des pratiques, jen ai entendu des discours, et je nai pas not

    dactes forts. Regardez comme les choses se sont dgrades sous nos yeux. Je nai pas le sentiment quon ait voulu btir. Je nai pas le sentiment que lon veuille faire bouger les lignes. Jai cru en la rvolution culturelle, pour amliorer les comportements, cultiver les diffrences pour aboutir au Respect. Mais, on a laiss faire. Il ny a pas eu de grande ambition culturelle, ni de projets long terme, nous concernant. On ne nous autorise pas prparer lavenir. Cest triste pour nos enfants. Cest comme si nous vivions pour ne rien laisser demain. a me fait penser nos crations mortes-nes . Je sais que nous pouvons faire de vrais efforts pour amliorer notre sort. Jai souvent trs honte Mais ce serait trop long dvelopper ici.

    Toit Monde Production

    Toit Monde Production, est une socit que jai cre avec mon pouse, Astrid Siwsanker. Nous proposons aux professionnels des services annexes aux spectacles : costumes, accessoiresEt destination du public, nous sommes les spcialistes des tenues de soires en location, en fabrication ou la vente. Nous avons aussi un dpartement audiovisuel pour la production dmissions tlvises ou de films.

    www.toitmonde.com

    Co

    llecti

    on LS

    E

    http://youtu.be/qXHmnj8MVRQ

    Y.

    Mam

    bert

    Bwa Bril , cration en 1996 au Caf de la Danse Paris.

    >>

    18 Boucan {Avril 2012}

  • Le groupe 3canal performant la comdie musicale Jamit ! . Costumes de Robert Young en 2010

    20 Boucan {Avril 2012}

  • THTRE

    JAMIT ! Vous pouvez tre vous-mme, vous pouvez choi-sir dtre cariben et tre cariben est porteur dun nouveau sens chaque jour . Robert Young est un des grands designer cariben. Il vient de Trinidad et Tobago et pratique la technique de lappliqu qui est en quelque sorte sa signature. Il utilise des tissus naturels, mlange des motifs africains, ras-tafarians et arabisants. Il aime lexprimentation mais elle ne prendra jamais le pas sur la commo-dit du vtement.

    J.

    Hag

    ley

    {Avril 2012} Boucan 21

  • Comment et pourquoi avez-vous dcid un jour de dessiner des vtements ? The Cloth a commenc par une collaboration en 1986. Les prix sur les vtements imports avaient augment. Il y avait lopportunit pour de jeunes talents qui avaient de lentranement de crer des vtements au niveau local. Cette production tait destine aux particuliers. Nous nous sommes rassembls avec dautres artistes visuels. Nous avons commenc faire des vte-ments qui portent un message en nous basant sur des tissus et du matriel de Trinidad en abor-dant les grands problmes du moment.

    Pouvez-vous dcrire votre style ? The Cloth est une ligne de vtements pour les personnes qui aiment tre vues. La Visibilit est donc une mtaphore : il sagit de donner la parole et de permettre lexpression dans un espace go-graphique domin par des standards et des in-fluences extrieures. Elle se traduit par des com-binaisons de couleurs audacieuses, et parfois un volume ou une paisseur exagrs. La plupart des gens reconnaissent une ligne de vtements par ses formes et couleurs, mme si cela peut sembler un peu limit comme approche.

    Quelles sont les couleurs et les matriaux que vous aimez utiliser ? Nous ne privilgions pas de gamme colore chez The Cloth . Le noir est aussi important que le beige ou le bleu lec-trique. Nous avons tendance privilgier les ma-triaux naturels comme le coton, le voile et le lin avec de la soie et du satin, utiliss pour amener un contraste ou accentuer certaines parties.

    Do vous vient votre inspiration ? The Cloth nest pas oublieux des tendances glo-bales de la mode, mais maintient une esthtique forte en dpit de ce qui prdomine. La vibration solaire de Trinidad et Tobago et le mlange dy-

    namique de cultures et dappartenances jouent une influence importante, de mme que les po-litiques de rsistance et didentit.

    Comment travaillez-vous lorsque vous de-vez dessiner un costume de thtre ? La plupart des clients qui viennent chez The Cloth veulent se diffrencier. Lors de nos ru-nions pour dcider du design crer, nous dis-cutons du thme du spectacle et du message que les artistes souhaitent vhiculer. Ma signature stylistique de lappliqu (mor-ceaux de tissus cousus) peut tre utilise de manire littrale comme dans le cas de rcentes productions qui ncessitaient des vestes avec des mots. Nous pouvons dans ce cas, par la construction ou lutilisation de tissus spcifiques suivre le thme de la production pour dcliner des styles tout en suivant la ligne esthtique. Je ne collabore pas avec des productions qui cherchent avoir un contrle trop lourd sur le design final. The Cloth insiste sur lapport cratif qui nat de la discussion.

    Pouvez-vous nous parler de votre marque The Cloth ? The Cloth a t lance par Ro-bert Young, Camille Selvon et Nathalie Phillips en 1986. Ctait une poque trs politique et cela a conduit notre philosophie du design. Les premires pices de The Cloth arboraient des mots et des dessins srigraphis. Ctait voyant et diffrent de tout ce qui existait jusqu pr-sent. La marque cherchait valoriser le talent de jeunes gens, tout en donnant la parole une gnration qui sidentifiait ses racines locales, et ce dans une perspective globale.

    votre avis, quelles sont les qualits que doit possder un designer de vtements ? Un style clairement dfini et un regard fort qui valorise lesthtique dj tablie de la marque.

    Robert Young // Focus sur JAMIT !

    Nous essayons de crer des espaces

    de cration . Mais nous ne sommes soutenus ni par ltat,

    ni par les lites,ni par la masse.

    Nous devons nous battre

    Robert Young est particulirement inspir par des artistes comme CLR James, Peter Minshall, Keith Haring, Lloyd Best, et Christopher Cozier.http://www.facebook.com/theclothcaribbeanhttp://twitter.com/inside1www.thecloth.net

    A.

    Smail

    es

    22 Boucan {Avril 2012}

  • THTRE

    The Cloth a t cre en 1986 lors dune rcession conomique Trinidad et Tobago. Les quatre mots fondateurs de la marque sont : Folk (histoires rgionales),

    Revolution (changement), Restoration (conomie et environnement) et Integration (intgration). Sous les termes de folk et revolution , on peut englober le travail que Robert a ralis pour les groupes de carnaval appels les mas . Il a collabor avec le designer Peter Minshall, vainqueur dun Emmy Award pour les costumes dun de ses mas. Il a aussi produit des costumes pour les steelbands : CLICO Sforzata, Phase II pan groove, TCL Skiffle Bunch, Pamberi, Redemption Sound Setters, Invaders, Tropical Angel Harps, Fonclare. Ses vtements sont fabriqus par des artisans de Trinidad car il est trs impliqu dans la vie conomique de son le. Il supporte de nombreux projets de dveloppement local tels le Man to Man project en 2000, le United To End Racism (UER) group la confrence mondiale contre le racisme des Nations Unies, le Ymca MENtoring project de 2003 2005, etc. Depuis 2001, il prsente sa collection la Fashion Week de Trinidad et Tobago et la Fashion Week de la Carabe. Sa marque est vendue en Allemagne, Vancouver, aux tats-Unis et dans toutes les les de la Carabe. Parmi les artistes quil a habills, on peut citer : David Rudder, 3Canal et le Cut and Clear Crew, Gillian Moor et Ataklan, Roberta Flack, David Hinds et Roy Hargrove. Robert Young a reu un Award pour le meilleur costume pour la comdie musicale Jam it de 3Canal en 2010.

    Ph

    otos

    du sp

    ecta

    cle Ja

    mIt

    : J. H

    agley

    {Avril 2012} Boucan 23

  • Quel a t le dclencheur de votre orientation vers le jeu dactrice ? Jai fait un stage de thtre avec John Strasberg, le fils de Lee Strasberg, crateur de lActor Stu-dio aux tats-Unis. Jai eu le coup de foudre pour cette faon de travailler, trs raliste.

    Quelles sont les principales difficults du mtier auxquelles vous avez t ou vous tes confrontes ?On ma trs vite fait comprendre quavec ma couleur de peau, il ne me fallait pas que je prtendre jouer des rles davocate ou de mdecin. Quen somme, je devais aussi me limiter dans mes prtentions financires parce que jtais une personne de couleur . Au bout de trois ans, jai dcid darrter cette mascarade.

    Ensuite, vous avez dcid de prendre la plume pour crire Marie-Thrse Bar-nab, Ngresse de France , comment lide a-t-elle merg ?Lide mest venue la suite de la comdie musicale Barnum , dans laquelle je jouais une vieille esclave (qui tait la premire at-traction que Barnum ait eue quand il a com-menc le cirque) et aussi grce un stage dcriture thtre avec Marie Duccheski et Belkacem Tatem. Quand je jouais Joice Heth, javais laccent crole, je caricaturais le personnage dans son comportement, ce qui le rendait drle Je me suis inspire de ce rle en dcidant dutiliser laccent crole (que les blancs aiment tant) pour dire des choses beaucoup plus acides. Seule en

    scne, en partie parce quconomiquement je navais pas de moyens financiers pour lhabiller de dcors ou payer dautres com-diens. Jy ai gagn en libert au final.

    Votre spectacle utilise lhumour pour parler de choses graves, il me semble ? On rit beaucoup mais il faut aussi sin-terroger sur le pourquoi de ce rire vous de me le dire

    Quel a t le retour du public sur cette pice ? Au dbut, les gens venaient me voir et me disaient Tu nas pas peur de dire tout a ? . Cest vrai que je prenais souvent partie les quelques blancs quil pouvait y avoir dans la salle. Ctait trs important. En 2002, mon affiche reprsentait un timbre avec mon portrait en Marianne. lpoque, ctait os et jtais la seule femme noire faire a.

    Sur quels projets travaillez-vous ?Je compte monter en 2013 (et cest de-main !) La Vritable Histoire de Mary Prince, esclave antillaise crit par Mary Prince avec le metteur en scne Grgoire Couette. Il sagit du premier tmoignage de cette qua-lit, crit par une esclave des Bermudes qui demandera son affranchissement en 1832 Londres. Elle raconte toute sa vie et cest extrmement fort. Il me semble ncessaire que ce texte soit entendu.Je ralise mon premier court-mtrage DIEP and Cie mais je prfre garder le suspense intact

    Souria ADLE

    La vritable histoire de Mary Prince, esclave antillaise , lecture au Thtre Rutebeuf Clichy, en 2010 pour la Commmoration de labolition de lesclavage. Premier tmoignage dune esclave sur sa condi-tion, crit avant labolition de lesclavage et publi Londres en 1831, ce rcit est enfin traduit en fran-ais. Mary Prince raconte avec pudeur et retenue son incroyable odysse. Ne aux Bermudes, ven-

    due lge de douze ans, elle est ballote de matre en matre, dle en le , jusqu Antigua. Puis elle suit son dernier propritaire en Angleterre o elle de-mande son affranchissement. Ce tmoignage prsente un intrt exceptionnel tant du point de vue politique quhistorique : po-litique, car le XIXe sicle voit aboutir la lutte pour la suppression de lesclavage ; historique, parce quil nous oblige entendre une voix que lon condam-nait au silence.

    Quon soit noir, blanc, jaune, bleu,

    il faut toujours se battre pour

    sauver sa peau.

    G

    . Lg

    er

    J.

    -C. L

    emas

    son

    J.

    -C. L

    emas

    son

    24 Boucan {Avril 2012}

  • THTRE

    Souria Adle en quelques datesComdienne, chanteuse et crivain, elle cre la compagnie Man Lala avec des amis, structure dont elle est la responsable artistique. La compagnie a pour objet daider et de promouvoir les talents afro-caribens dans lhexagone.Souria Adle ralise aussi des doublages pour des longs-mtrages et des sries.

    1993 : Barnum comdie musicale mise en scne par Jean-Pierre Lucet Interprtation de Joice Heth et de la chanteuse de blues (Thtre des Clestins)

    1994 : Arturo Ui mise en scne de Jrme Savary au Thtre de Chaillot

    1995 : Alex ou le livret des rves comdie musicale pour enfants - Cie Boomerang lEspace Jemmapes et au Thtre de lEuropen

    2000 : Les drles de ngresses extraits de Marie-Thrse Barnab de Souria Adle. Mise en scne de Luc Saint-loy au Thtre de Charenton et tourne aux Antilles

    2002 : Marie-Thrse Barnab - Ngresse de France de Souria Adle (Tourne au Caf de la Gare, la Cartoucherie, la comdie Bastille)

    2003 : Impair et pre de Ray Cooney, mise en scne de Jean-Luc Moreau. (Tourne)

    [email protected]

    Marie-Thrse Barnab, Ngresse de France 2002, au Thtre du Splendid

    Lors dun stage dcriture thtrale avec Maria Duccheski, Adle Souria prend conscience de limportance de la plume et va crire son premier spectacle, Marie-Thrse Barnab, Ngresse de France ! . Dans ce spectacle, elle reprend les traits dune tatie martiniquaise pour raconter de faon humoristique ses dboires en France hexagonale.Le personnage va apparatre sur scne pour la premire fois au Thtre de Charenton en avril 2000 dans le show Les drles de Ngresses devant un public essentiellement antillais et cest un succs. Le spectacle commence vivre Bagneux, au Caf de la Gare, la Comdie Bastille, deux reprises au festival dAvignon et dans de nombreux autres festivals. Grce Marie-Thrse Barnab, Souria Adle va enfin pouvoir vivre de son art alors quelle tait prte renoncer. Depuis 2002, elle a obtenu grce ce show plusieurs prix : - Prix du festival de lhumour de Bagneux (2002)- Prix du tremplin de lhumour de Clichy-sous-Bois (2005) - Prix du public du festival de Villard de Lans (2007)

    http://youtu.be/JFDp_0LqwSk

    Le croleSouria se bat pour la dfense du crole au Bac dans lhexagone. Elle demande ce que les croles puissent tre prsents au Bac en le-de-France comme cela est possible pour le breton ou le corse. En 2006, elle cre donc avec Tony Mango, le CCBH (Collectif pour le Crole au Bac dans lHexagone). Son militantisme a pay puisque depuis 2011, il est enfin possible de passer les croles martiniquais et guadeloupens au Bac en obligatoire et facultatif dans la capitale.http://www.creoleaubacdanslhexagone.org/

    R.

    Pid

    ry

    F.

    Fure

    y

    {Avril 2012} Boucan 25

  • Comment votre collabora-tion avec le thtre a-t-elle commence ? Jai eu la chance de pouvoir travailler en tant que stagiaire, latelier thtre du SERMAC, dirig par Lucette Salibur. Elle ma dabord confi la ralisa-tion des accessoires pour des pices de ses compagnies Le Thatre du Flambloyant et le Now Tat .

    Quels sont vos matriaux de prdilection et pour quelles raisons ?Jaime particulirement travailler avec la mousse, le ro-tin, le tissu, le bois et les tiges mtalliques. Ma priorit tant de concevoir des objets solides, lgers, faciles porter ou manier. De manire gnrale, tous types de matriaux peuvent tre utiliss en fonction de lef-fet recherch par le metteur en scne, mais galement en fonction des normes de scurit.

    Quelle est la pice que vous a demand le plus de travail et pourquoi ?Sans hsiter, je rpondrais : les deux automates gants dun spectacle pluridisciplinaire du SERMAC pour la commmoration du 21 mai 2008. Il ma fallu crer des techniques spcifiques pour la construction de larma-ture et le revtement des corps. Ensuite, jai d me pen-cher sur les mcanismes de simulation de la marche.

    Quavez-vous retir de votre exprience plastique avec le thtre ?Le thtre, par son organisation intrinsque, favorise la capacit travailler en groupe. Or en tant que plas-ticien, jtais plutt habitu crer en solitaire. Elle ma aussi amen un enrichissement technique, grce lutilisation et la recherche de matriaux et de tech-niques diverses. Cela a t trs profitable pour lvo-lution de mon vocabulaire plastique : forme, couleur, texture Enfin, jai maintenant la capacit de raliser des installations et des uvres surdimensionnes tout en gardant une bonne gestion de lespace.

    Quels sont vos projets actuels en rapport ou non avec le thtre ?En ce qui concerne le spectacle vivant, je travaille sur la conception daccessoires pour le SERMAC en mai et juillet 2012. Pour ce qui est de ma dmarche plastique, je prpare une rsidence sur lle de Gore au [email protected]

    Herv Beuze

    Costumes et dcors Bwa pwadou , spectacle enfants ralis avec lassociation Blosart (2003)

    Membre de lquipe de rali-sation du Chien f de Joby Bernab, RAAP Carabe (2007)

    Scnographie de la commmoration du 22 mai place Abb Grgoire (Fort-de-France), 2008 Ralisation de deux marionnettes gantes : Ogun et Shango

    26 Boucan {Avril 2012}

    D

    R

  • THTRE

    Herv Beuze en quelques dates1970 : naissance en Martinique1990-1997 : obtient le DNSEP lIRAVM - Institut Rgional dArt Visuel de la Martinique2011 : Professeur de volume lIRAVM et artiste plasticien, travaille en Martinique--------------- EXPOSITIONS2009 : Mes Martiniques , Galerie A. Arsenec (C.M.A.C)2007 : Matrices , Case Lo - Fondation Clment 2003 : Machinique , Muse de la canne Trois-letsDRAC, XXXVIIe congrs de LAICA Carabe sud 2001 : Lizin Kann , Centre culturel dpartemental de lAtrium--------------- CRATION DACCESSOIRES2008 : Scnographie de la commmoration du 22 mai place Abb Grgoire (Fort-de-France) Ralisation de deux marionnettes gantes : Ogun et Shango2007 : Membre de lquipe de ralisation du Chien f de Joby Bernab, RAAP Carabe2006 : Dcors et accessoires de la pice Agouloulan de Brard Bourdon - Atrium2004 : Scnographie et marionnettes : Pourquoi leau de mer est-elle sale ? crit par Ina Csaire, mise en scne et comdien : Jacques-Olivier Ensfelder2003 : Costumes et dcors de Bwa pwadou spectacle pour enfants, Association Blosart2002 : Costumes et accessoires La ka atan Godot Lucette Salibur, au Thtre du Flamboyant2000 : Ralisation marionnettes de La clef dor de Sylvie Joko - Association Cratif - CDRM1999 : Marionnettes de la pice Mamiwata de Lucette Salibur, au Thtre du Flamboyant

    Marionnettes de la pice Mamiwata de Lucette Salibur au Thtre du Flamboyant (1999)

    Costumes et accessoires La ka atan Godot Lucette Salibur au Thtre du Flamboyant (2002)

    Scnographie et marionnettes : Pourquoi leau de mer est-elle sale ? crit par Ina Csaire, mise en scne et comdien : Jacques-Olivier Ensfelder (2004)

    Ph

    otog

    raph

    ies et

    dessi

    ns de

    la do

    uble

    page

    : H. B

    euze

    {Avril 2012} Boucan 27

  • ESPACE

    >>

    a seule chose sacre est lacte pictural . Le ton est don-n, nous avons affaire un peintre particulirement proccup par lacte de

    peindre et dune manire gnrale par lespace pictural. Dans sa pein-ture, la reprsentation et le contenu sont deux concepts qui se mlan-gent en permanence, qui se glissent lun dans lautre. Car la peinture est une fin en soi, contrairement au de-sign ou larchitecture, qui nces-sitent de raliser ou de concrtiser une fonction spcifique indpen-damment de leur forme.

    Armando MarioPlusieurs expositions solos son actif que ce soit aux tats-Unis ou en Europe, font dArmando Mario un peintre dj reconnu dans le milieu de lart et des collectionneurs. Peintre dorigine cubaine, mais vivant New York, il dveloppe sa rflexion actuelle autour de lespace. Cette notion a toujours t prsente, plus ou moins implicitement dans son uvre qui regroupe, peintures, dessins, et installations. Rencontre en trois dimensions

    L

    Ensemble duvres dArmando Mario, mises en scne par Boucan Ci-dessus Plus loin au Wifredo Lam Center de la Havane, 2002Ci-contre Oval Oval Office Pipeline 2009, Panamerican Art Projects (tats-Unis)

    Paysages -trieurs inexLespace reprsent

    {Avril 2012} Boucan 29

    Ph

    otos

    de la

    rticle

    : cou

    rtoisi

    e de l

    artis

    te

  • ESPACE SALON

    Vue ouverte , huile sur toile. Collection prive, 2007 (Porto Rico)

    Seconde partie de lexposition, consistant en une installation faite dobjets et de meubles appartenant au propritaire de la galerie. Ce pachyderme dobjets comme un lphant dAfrique projette une vido au mur. Enregistre en Belgique, elle montre des Belges parlant du Muse Tervuren et de ses collections. Ctait lopportunit, une fois de plus pour lartiste, dtablir une connexion entre art et contexte. En effet, sa dernire exposition personnelle en Belgique, lui avait dj permis damnager une relation entre la colonisation belge du Congo, le muse Tervuren et la galerie Grusenmayer dans laquelle avaient t exposes les uvres.

    Les contes de Tervuren , installation, 2007.Grusenmeyer Art Gallery Deurle (Belgique)

    ESPACE INTRIEUR

    Armando a ralis cette srie pour une exposition prvue dans la ga-lerie Fernando Pradilla en Es-pagne. Elle cristallise sa rflexion sur le dsastre. Le peintre revient sur les ides de chaos et de catas-trophes naturelles. En ce basant sur les intrieurs de maisons aban-donnes par leurs occupants, aprs Katrina, il donne voir la perte de tout, le combat de la nature contre lhomme. Mais plastiquement, ces images lui ont aussi servi dvelop-per, tout un arsenal de techniques et deffets picturaux. Dans plusieurs de ces uvres se mlangent labs-trait et le figuratif. La peinture et le pictural dans toute leur splendeur... Le peintre a toujours t attir par larchitecture, cest pour cette rai-son que depuis quelques annes, elle intervient dans ses uvres.Henri Van Lier postule que dans notre relation au monde, larchitec-ture serait prnatale parce que cest un espace englobant, une matrice

    diffrencie et tendue la mesure de nos actions . Pour Armando Mario, prnatale parait excessif parce que larchitecture est quand mme cre par lhomme. Si Van Lier se rfre a une espce dutrus, alors on pourrait dire que cest un ut-rus fragment, dissemblable et pas si confortable. Il semblerait que cela soit plus une aspiration de lar-chitecture quune ralit. Dans de nombreux cas, lespace architectu-ral nest pas fait la mesure de nos actions. Il suffit de penser larchi-tecture fasciste, aux glises, ou en-core larchitecture communiste, qui sont des espaces crs pour terroriser ou subjuguer lhomme. Cet espace dintrieurs reprsen-ts se trouve aussi lintrieur des limites du cadre, de la structure. Le peintre intgre les limites phy-siques de la toile et la rigueur du ca-drage comme des lments dcisifs de la cration de ses peintures. Le recul face luvre est primordial, car en travaillant frquemment sur des grands formats, il est important

    30 Boucan {Avril 2012}

  • CHAMBRE

    Seul , huile sur toile. Collection prive, 2006 (Paris)

    Le rcurrent homme noir en short est un ancien travail. Cette figure ne reprsente pas seulement lartiste (qui porte une identit raciale mixte) mais aussi le concept de lautre . Au lieu de marcher dans les rues de La Havane, cet homme noir explore les canons de lart occidental. Armando le mlange des uvres dartistes reconnus (Duchamp, Koons, Picasso) et cre des sayntes indites. Cet espace fictionnel la Woody Allen, nous montre une approche sarcastique de lart comme espace de pouvoir et dexclusion.

    Peinture sur peinture sur sac , installation, 2000LHUMAIN

    Lhomme a longtemps t lune des proccupations premire du peintre (voir encadr). Dans cette nouvelle approche, il ny a pas de discrimination entre lespace et le sujet. Le traitement pictural de la figure tend la fondre larchitec-ture. Ltre humain est vu comme une trace, une apparence, fragile et dpourvue de tout le pouvoir

    que le spectateur se trouve dis-tance. De cette manire, il prend conscience du tableau et de ce qui est reprsent. Dans le cas de ses installations, videmment, nous sommes en face dun espace thtral avec lequel le spectateur se mlange et est en-glob. Lchelle, les lumires et les objets forment la trame fictive n-cessaire pour communiquer lide quil souhaite dvelopper.

    distance, certaines pices peuvent tre perues comme

    des peintures abstraites. Lorsque le spectateur,

    sapproche, lhorreur se rvle avec une douce ironie.

    Croix Rouge , huile sur toile, 2006. De Nederlandsche Bank Collectie (Hollande)

    qui la caractrise. Lhomme nest quun lment de plus dans la sc-nographie. Avec la prdominance de lespace naturel ou architectu-ral, il abandonne, lhomme en tant quindividu suprieur, ayant une volont de visibilit gotique pour le remettre sa place vritable, dans la chaine de lvolution. Il savre alors, que le vritable protagoniste du tableau se trouve tre la lumire. La lumire et son absence (sites ptrochimiques et visions urbaines nocturnes) crent une dramaturgie qui symbolise le drame humain. Il y a un vague relent dEdward Hop-per, dans les couleurs, les espaces vides ou simplement peupls de silhouettes fantmatiques. Mais Armando Mario se rclame aussi dartistes europens tels douard Monet, Gustav Klimt et plus rcem-ment Peter Doig, Daniel Richter, Anselm Kiefer ou Neo Rauch.

    {Avril 2012} Boucan 31

    Ph

    otos

    de la

    rticle

    : cou

    rtoisi

    e de l

    artis

    te

  • ESPACE

    mort. Le passage ncessite un ef-fort de lhomme, une certaine r-sistance, lvaluation de ses limites, et cest peut-tre pour cette raison quil a quitt son apparence th-re pour se corporaliser.

    ESPACE TRANSITOIRE

    Lespace transitoire est un es-pace, que lon traverse, pour aller dun point un autre et avec une certaine intention. Lhomme ny est plus une ple apparition. Au contraire, il fait vivre ce lieu par son dplacement. Ces passages que reprsentent le peintre, sont loins dtre accueillants : couloir marin emprunt par les boat people, cou-loir terrestre parcouru pied faute de moyens. Ici lespace parle de prcarit, de dbrouillardise, mais aussi despoir. Et surtout, il intgre la notion de temps. Car, en le tra-versant, lhomme non seulement sinscrit dans le temps mais a aussi cette ambition de pousser-tirer son pass vers un futur qui serait plus clment. La transition implique une mtamorphose russie ou un chec qui peut mener jusqu la

    CORRIDOR

    La rivire , huile sur toile, 2009.

    Paradis personnel , installation.Marcelino Botin Foundation, 2002 (Santander, Espagne)

    Le mot patera est utilis en Espagne pour dsigner les radeaux quutilisent les immigrs dAfrique du Nord pour traverser la mer Mditerrane. Cette uvre est charnire dans la carrire de lartiste car avec elle, il abandonne la narration des aventures de lhomme noir en short . Il revient lide de lle, en faisant directement rfrence Cuba. Le type dautomobile quil met en scne est dorigine amricaine et les paires de jambes nous rappellent lart cratif du recyclage Cuba. Dun ct, nous avons le prestige social et de lautre labsence de progrs technologique : lacclration est impossible.

    La Patera (The Raft), installation. Biennale de La Havane, 2003 (Cuba)

    32 Boucan {Avril 2012}

  • Paradis personnel , installation.Marcelino Botin Foundation, 2002 (Santander, Espagne)

    JARDIN

    Maison verte , aquarelle sur papier. PanAmerican Art Gallery, 2008 (Miami)

    Ces peintures ont t ralises en 2009 pour son exposition personnelle la galerie PanAmerican Art Project de Miami. Cest le rsultat dune longue rflexion sur la dpendance nergtique de la socit nord amricaine. La galerie est dorigine texane, et ses propritaires sont dune certaine manire connects avec le monde du ptrole. Les structures ptrolires ont invent un type de paysages quil est impossible de sparer du paysage naturel (dsert, montagnes, etc.) dans ses endroits comme le Texas ou le Moyen Orient. Que nous le voulions ou non, elles seront une des multiples preuves de notre existence aprs notre disparition de la Terre.

    LAmrique forant 1 , huile sur toile, 2009.Panamerican Art Projects (tats-Unis)

    ESPACE EXTRIEUR

    Curieusement Armando na pas de formation en dessin darchitecture, mais il a tudi larchitecture et son histoire dans le cadre de ses tudes. Cette discipline le fascine et cest une des autres raisons pour les-quelles New York lattire spciale-ment. Dans cette srie, les maisons sont isoles de leur contexte et pla-ces sur un fond blanc.Cette technique picturale vite que le spectateur ne soit perturb par le fond. Il peut alors centrer toute son attention sur lobjet-maison. Les drivations symboliques ou conceptuelles de cette procdure sont infinies et il est vrai que lon peut, dans certains cas, ressentir lide dune lvitation, dune non-place, dun non-lieu. Or, la maison est le lieu primitif, o se forment ltre social, la famille, le lieu o lon retourne toujours. Cest len-droit o lon grandit. Sa valeur sym-bolique est incommensurable. Une maison dtruite signifie la perte de tout son pass, de son identit. La perte du refuge aussi.Le peintre mlange frquemment lartefact (lment construit par lhomme) et la nature. Dans ce cas

    prcis, les images partir desquelles il a peint ces maisons, sont des pho-tos de dsastres naturels. La mai-son se fait nature et vice-versa. Les catastrophes mettent en lumire dune manire vidente la fragilit de lhomme. La faillite du ration-nel face au naturel. Le triomphe du chaos sur lordre. Lentropie. Lordre tabli par larchitectonique se trouve totalement effac quand les forces naturelles se dchanent. Certaines de ces maisons viennent de la Nouvelle Orlans lors du passage de Katrina. Dautres sont issues du tsunami en Indonsie et en Asie. Par lutilisation du sup-port photographique pour raliser toutes ses uvres, le peintre est en prise directe avec lactualit.

    lge de la reproduction digitale, lacte de peindre

    est devenu, indpendemment de son contenu, un acte

    symbolique en lui-mme.

    {Avril 2012} Boucan 33

    Ph

    otos

    de la

    rticle

    : cou

    rtoisi

    e de l

    artis

    te

  • ESPACE

    >>

    CUISINE

    Les matriaux doivent

    tre utiliss pour tendre

    nos possibilits dexpression

    en tant quartiste.

    Le trou , huile sur toile, 2006. Galerie Jean Brolly (France)

    TECHNIQUE

    Bien quil ait pu tudier toutes les techniques, Armando Mario prfre, de loin, la peinture, pour laquelle il a t mieux form. Il pratique aussi la sanguine, les pas-tels et laquarelle. Son rapport laquarelle est chromatique, il ne lexploite aucunement au niveau de la transparence. Il sen sert en fonc-tion de ses intrts expressifs. En tant que peintre, il nhsite pas re-jeter les clichs que lon attribue certaines techniques picturales. Ses aquarelles sont denses et vibrantes. LorsquArmando dcouvre une image qui lintresse, que ce soit pour son thme ou pour sa capa-cit devenir une peinture, il com-

    mence sa toile. Il travaille par addi-tion, soustraction, coupant, collant et appliquant ensuite les couleurs de diverses manires, pour en ex-primenter les possibilits chroma-tiques. Il prfre lhuile et en gn-ral, cest limage qui va lui dicter le format de la toile, bien quil ait une prdilection pour les grands for-mats. Le plus difficile pour lui est de se retrouver devant la toile vierge et de choisir la premire couche de couleur quil va appliquer. Lorsquil travaille, il ne pense ja-mais lutilisation de la perspective alors quelle est prsente dans pra-tiquement tous ses travaux rcents. La cause en est quil utilise des photographies quil trouve dans les magazines ou sur internet. En-

    suite, il dfinit son espace pictural en fonction de la couleur et des relations chromatiques. Il nutilise jamais le model pour amener une illusion de profondeur. Au niveau de la reprsentation, il mne une recherche globale, dans laquelle est absorbe la combinaison de labs-

    34 Boucan {Avril 2012}

  • Il ne sagit pas de symboles, mais bien plus dune association dides qui convergent et qui produisent une nouvelle signification. Labsurde joue un rle fondamental, il capte lattention en premier lieu, puis fait rflchir. Armando nutilise pas un langage codifi. Ses images sont des reprsentations ralistes dans la plupart des cas. il a juste besoin dun spectateur intelligent et surtout patient. Il se pose la question de la disparition de lhumanit. Quaviendrait-il de la nature ?

    Quels objets resteraient et comment seraient-ils intgrs ce nouveau monde sans homme ? Jusqu quel point, ce qui est construit par lhomme, cest--dire la culture (matrielle dans ce cas) est naturelle, sintgre-t-elle ou dtonne dans la nature ? Ce sont toutes ces questions qui ont motiv cette srie. Avec une teinte politique parfois, comme le Panda rendu muet par son scotch rouge sur la gueule, rfrence directe la libert dexpression en Chine.

    Mustang recycle , pastel sur papier, 2010 Le panda qui ne pouvait pas parler , pastel, 2010

    La nuit lintrieur de la maison du peintre , huile sur toile,2006. Collection prive, Paris

    trait et du figuratif. Il dsintgre limage figurative par la couleur et impose labsence de rfrences spatiales. Cest un acte inconscient, comme une pulsion picturale qui le pousse dtruire la reprsentation traditionnelle de lespace la re-cherche dune plus grande libert expressive, qui puisse le librer de la tyrannie du concept ou de la lit-tralit. Enfin Armando, retravaille les images quil trouve sur des logiciels comme photoshop. Limage est mo-difie et convertie en une surface ambige oscillant entre labstrait et le figuratif. Le logiciel est un outil, qui permet davancer rapidement en direction des solutions pictu-rales recherches par le peintre.

    {Avril 2012} Boucan 35

    Ph

    otos

    de la

    rticle

    : cou

    rtoisi

    e de l

    artis

    te

  • ESPACE COMBLE

    ARMANDO MARIO

    Le peintre sest pris de passion pour lart ds lenfance. Son pre tait ingnieur en mcanique, et aimait beaucoup dessiner. Quant son grand-pre paternel, il restau-rait les glises de Santiago de Cuba, ville dans laquelle Armando est n. Sa famille est essentiellement com-pose de scientifiques, de docteurs et dingnieurs. Sa mre est physi-cienne, ses oncles chimistes, vtri-naires, etc. Une famille ddie aux sciences en quelque sorte. Il a suivi des tudes la facult dducation artistique de lInstitut suprieur pdagogique Jos Varona. Cette formation permet la suite denseigner lart dans les coles. Linstitut pdagogique lui a peu apport au niveau de sa carrire ar-tistique, en ce qui concerne la tech-nicit et la varit des techniques artistiques, car il venait de finir un cycle de sept ans lcole dart de Santiago de Cuba. Il faut savoir qu Cuba, lducation artistique commence ds le plus jeune ge, si bien que la personne qui le sou-haite peut raliser un cycle complet de douze ans dtudes artistiques. Linstitut a toutefois donn une meilleure amplitude ses connais-sances thoriques de lart. Ayant une dmarche plus intuitive que conceptuelle, il sent lorsque

    Armando Mario1968 : Naissance Santiago de Cuba.

    1980-1987 : cole provinciale

    dart Joaquin Tejada (Santiago de Cuba)

    1987-1992 : Facult dducation Artistique de lInstitut Suprieur pdagogique Enrique Jos Varona (La Havane, Cuba)

    2004-2005 : Rijksakademie van beeldende kunsten.Amsterdam, Hollande

    EXPOSITIONS PERSONNELLES : 2012 : Peintures rcentes de lanne du manifestant , galerie The 8th floor (New york)

    2009 : Amrique fore . Pan American Art Projects Miami, Floride

    2007 : Les contes de Tervuren , Grusenmeyer Art Gallery Deurle, Belgique Intrieurs , Fernando Pradilla Gallery, Madrid, Espagne 2006 : Crash/Clash , Hof &Huyser Gallery, Amsterdam, Pays-Bas La nuit lintrieur de la maison du peintre , Galerie Jean Brolly, Paris, France

    EXPOSITIONS COLLECTIVES :2011 : The (S) Files , biennale du Muse del Barrio. (New York)

    2010 : Sans masque Johannesburg Art Gallery. Johannesburg, Afrique du sud. Chlodes , Mattress Factory Museum. Pittsburg, Pennsylvanie Synergies , Latinamerican Art in Spain. MEIAC. Badajoz (Espagne) 2009 : Prgrination . Arte en la Ermitas de Sagunt. Valencia (Espagne) Cuban Avant-garde : Contemporary Cuban Art from the Farber Collection. Lowe Art Museum. Universit de Miami, Floride Chlodes , Centre Wifredo Lam, La Havane.

    2008 : Dconstruction , Hof & Huyser Gallery, Amsterdam, Holland Farber Collection, Jordan Schnitzer Museum of Art, Californie Visions publiques, Visions prives , Muse dArt Contemporain de Vigo, Espagne Quelque chose et quelque chose dautre , Exposition Oce Art Foundation au Museum Van Bommel van Dam, Venlo Hollande

    [email protected]://youtu.be/zW5myCoRrmohttp://youtu.be/74AGT89WKIw

    la toile est finie. Alors il se retient. Pour cette raison, il revient sur la mme image maintes reprises et en ralise plusieurs versions. Toute peinture est un acte manqu, une tentative entre ce que lon veut et ce qui sort, et par consquent jamais se termine. Et il demande la mme exigence au spectateur : en crant une tension dans ses tableaux pour communi-quer une ide, il postule que celui-

    ci soit apte monopoliser sa capa-cit regarder et sentir. Sil devait dfinir quand se ter-mine la peinture, et bien ce se-rait lorsquelle quitte son studio et quelle est accroche dans une autre maison. Alors quest la peinture ? Une fe-ntre par laquelle nous regardons une portion du monde visible comme lcrivait Erwin Panofsky ? Cest possible

    Un homme, debout en haut dun escalier sapprte descendre dun immeuble qui nexiste plus. Immobile, ptrifi comme une statue, il nous renvoie au silence et la solitude. Nous sommes dans laprs-bombe ou aprs-ouragan, dans un paysage urbain pouvant tre emprunt au photo-reportage.

    Venant de nulle part , huile sur toile. 2006 (Galerie Jean Brolly, France)

    Maison brumeuse , huile sur toile, 2008

    36 Boucan {Avril 2012}

    Ph

    otos

    de la

    rticle

    : cou

    rtoisi

    e de l

    artis

    te

  • [poezi-peyi]Q

    uelle est votre forma-tion initiale ?Jai fait des tudes de comptabilit. Je suis fan des chiffres la base. Je me suis en-

    suite orient vers le socioculturel en me spcialisant dans la conception de projets. Je voulais faire bouger les choses. Jai donc exerc comme directeur adjoint dune des plus im-portantes maison de quartier de la Seine Saint-Denis.

    Quelles sont les circonstances qui vous ont amen la posie ?Je pense que jai toujours t pote. Cependant, quand on est lve, le systme ducatif tente de vous caser dans une filire littraire ou scienti-fique. Au collge, jcrivais dj des lettres potiques que mes amis sap-propriaient pour sduire les filles. Par la suite, arrivant au lyce jai eu

    un dclic pour la lecture. Jai dvor la littrature antillaise dcouvrant la beaut des uvres croles. Cest cette poque que jai publi mes premiers textes potiques dans des ouvrages collectifs raliss par le pote Claude Danican. La posie sest impose au fur et mesure. Aprs avoir multipli les crits per-sonnels, je me suis dcid les par-tager avec le public.

    Quel pote tes-vous ?Je suis un passionn de la beaut des mots. Chaque mot est une porte sur un univers diffrent. Chaque vers est un coup de fouet vers lin-connu. Je suis un pote libre avant tout, qui se laisse envahir par son histoire. Certains diront que beau-coup de mes textes sont engags. Il me semble que ce nest pas le pome qui dfini lengagement mais bien le lecteur, travers ce quil est.

    POSIE

    A.

    Bard

    ail

    38 Boucan {Avril 2012}

  • Quels sont les thmes que vous abordez dans votre criture, vos sources dinspirations ?Jcris sur tous les sujets de lamour lidentit, en passant de la culture la vie. La vie est belle et les mots aident vivre, au-del des maux. Mais javoue que notre histoire dHomme guadeloupen, cariben, antillais, noir, somme dune addi-tion de cultures et de terres me touche particulirement. Je suis noir, non pas black au got rak. Je suis fils de viol temporel

    Quel est votre tat desprit lorsque vous crivez ?Mon tat desprit !!! (sourire) Je cesse dtre moi pour minscrire au-del dun simple tre de chair et de sang. Je deviens infiniment petit ou infiniment grand. Je de-viens luniversel et mes mots sont des courants dair qui refroidissent,

    qui rchauffent et qui doivent per-mettre aux lecteurs de se retrouver. Jaimerais quils permettent lHomme dtre humain.

    Que souhaitez-vous transmettre vos lecteurs ?Lenvie !!! Lire la posie pour cer-tains peut paratre barbant, voire inutile. Cest pour cette raison que nous, potes, sommes considrs comme parents pauvres de la lit-trature. Or la posie est aussi pa-radoxalement la base de toute lit-trature. Je disais donc, lenvie de croire, de vivre, dexister. La posie, quand elle vous trouve ou du moins quand vous la laissez vous toucher, vous permet dexister et vous ar-rache un sourire de plaisir et ceci mme quand elle est douleur.

    On vous dit marqueur de mots, pourriez-vous nous en dire plus ?Marqueur de mots est un crolisme qui montre lencre dans laquelle je trempe ma plume. Je suis crole et mme en crivant dans la langue de Molire, mon rythme est celui dun pote crolo-phone. Le marqueur de mots crit ses origines, ses racines, ce quil est.

    En tant que pote guadeloupen o vous placez-vous entre lcriture et loralit ? Jai la chance de dclamer souvent devant des publics de scolaires, >>

    [poezi-peyi]

    BIBLIOGRAPHIE

    Auteur de recueil de posies : Larmes des mots , ditions Ng Mawon2009

    Mots de couleur , ditions Ng Mawon2006

    uvres collectives : Perles de mots pou Manman Gwadloup , ditions Aliage, 2007 Ka mots potik , ditions Aliage, 2005

    Membre fondateur du Rseau Potique Guadeloupe Association ALIAGE (Alliance pour la Libre Initiative dActivits Gnrales et ducatives), groupement artistique visant dmocratiser la posie, et promouvoir une posie antillaise et crole. Mise en place de spectacles potiques sur le territoire de la Guadeloupe, de lhexagone et de lAfrique francophone (Sngal)

    Membre de la Socit des Potes Franais, association fonde en 1902 reconnue dutilit publique dont la mission est de promouvoir la posie de langue franaise. (2009)

    Crateur de concours de posie comme le Trophe de posie du Nord Grande Terre Guadeloupe 2010

    http://www.reseau-poetique.com/

    Didyer Mannette est un marqueur de mots de la commune de Morne--lEau. Il est le fondateur des ditions Ng Mawon et uvre pour la diffusion de la posie en Guadeloupe.

    Didyer Mannette et Jean-Louis Bonit du rseau potique

    A.

    Bard

    ail

    D

    R

    {Avril 2012} Boucan 39

  • dadultes, de connaisseurs ou de non-initis. Certains de mes textes ont la vocation dtre dits. Aprs avoir entendu vibrer mes mots, lcoutant doit, selon moi, partir en qute de lui-mme. Dclamer devant un public reprsente un ins-tant de partage. Entendre le rythme du pote permet davoir accs ses motions et ses ressentis. Dailleurs, on retrouvera bientt certains de mes textes en chanson. Mais avant tout, le travail dcriture est la base de mon art.

    Comment laborez-vous la composi-tion de vos recueils ?Le travail dcriture est toujours difficile puisque le pote crit dabord pour lui mais quil ne peut omettre ses lecteurs. crire un re-cueil est un travail long. A linstar de certains crivains, je suis perfec-tionniste. Je produis beaucoup ; sen suit le prilleux moment du choix. Il y aura les publis, les non pu-blis, qui paratront peut-tre un jour, et les autres qui finiront dans un fichier de mon ordinateur. Aprs cette phase, le comit de correction donne son avis, le graphiste pr-sente sa vision, il ne reste plus qu esprer que le lecteur sera sduit.

    Il me semble que vous avez cr une maison ddition

    Les ditions Neg Mawon est au d-part une aventure de promotion de la posie. Nous nen sommes quon dbut du priple car nous com-mencons rellement nous structu-rer. En effet, lunivers du livre nest pas simple et encore moins facile. Notre volont Catherine Manne, Anglique Dsire, Stphane Oura-dou et moi-mme respectivement associe, correctrice, graphiste est de faciliter laccs la publication duvres teintes de couleurs an-tillaises. Il nest pas ais de se faire diter, et mme au niveau national cela demeure un parcours du com-battant. Pourtant, en Guadeloupe, nous avons une production littraire fertile. Les ditions Neg mawon dispose dun nouveau local dans la zone industrielle de Jarry. Nous y rencontrons et conseillons des per-sonnes dans la dmarche de rali-sation de leur ouvrage. Cela peut tre compte dauteur ou dditeur. Nous essayons de toujours rpondre et dorienter avec efficacit.

    Vous appartenez un rseau po-tique en Guadeloupe, pourriez-vous nous en dire plus ? Le rseau potique a t initi voil trois ans par le pote Claude Da-nican et moi-mme. lpoque, je voulais faire connaitre la po-sie sous une forme autre que le

    >>

    Notre volont est de faciliter laccs la publication duvres teintes de couleurs antillaises

    Didyer Mannette

    Didyer Mannette est n Morne--leau. Aprs des tudes de comptabilit, il se dirige vers lcriture et devient correspondant de presse pour le quotidien local. En 2001, il migre vers lhexagone afin de concrtiser son dsir daider et de construire en devenant directeur adjoint de la maison de quartier de Saint-Denis, en rgion parisienne. Paralllement, il continue sa carrire de pote-crivant en publiant en 2005 son recueil Mots de couleur , premier volet dune trilogie des mots.En juin 2006, Didyer Mannette, dcide de revenir sur son le natale. Il devient chef dentreprise. En outre, trs intress par lunivers littraire, il sinvestit dans la production et la publication duvres antillaises en crant les ditions Neg mawon . Il se consacre galement la vie associativeet politique en sengageant pour le dveloppement de son territoire.

    [email protected]

    simple contact du livre et du lec-teur. Claude a tout de suite adhr et nous avons ensemble, construit ce rseau. Il sagit de posie dans sa forme la plus classique, nourrie dautres arts qui nous paraissent tout aussi potiques. Sur scne, se produisent plusieurs potes, des musiciens, des chanteurs, des conteurs, des danseuses, et aussi un peintre. La posie est mise en va-leur, avec ses mots, ses cadences, ses couleurs. Cest un spectacle vivant qui sduit. Nous nous produisons dans les coles de Guadeloupe, mais aussi dans lhexagone et mme au Sngal, o nous avons particip au festival de la Ville de Gore en 2010. Chaque anne, nous propo-sons un spectacle sur un thme dif-frent en fonction de notre public.

    POSIE

    Didyer Mannette lors dune reprsentation du rseau potique

    A.

    Bard

    ail

    D

    R

    40 Boucan {Avril 2012}

  • LANMOU

    Ka ki pli bl ki lanmouOn nonm on fanmD k ttiy ansammD ti men poz alantou a on timoun

    Ka ki pli bl ki lanmouD fw ,d s, d zanmi, d fanmiYonn ka gad ltYonn ka apiy si lt.

    Ka ki pli bl ki lanmouOn pp ansanm-ansanmPa ka svi av kouto-a-d-lanmKa gad an sans a vlkan-la

    Ka ki pli bl ki lanmouKa ki pli bl ki lanmouMadanm, Ka ki pli bl ki lanmouMisy, Ka ki pli bl ki lanmou

    Lanmou s on sak plen obaroMwen ka ba-w tibwen Ba on dt titak voy restan pou moun toupatou....

    LAISSE

    Ne pleure pas douce mre, Laisse filer le vent dans ses voiles,Laisse-le sen aller,Laisse, laisse.

    Garde les souvenirs du premier jourCes moments de chimre si courts, Ces afflux de baratin sans lendemainLaisse, laisse.

    Raconte ton fils les beaux jours,Les songes de gamins heureuxLes espoirs de terres conqurirLaisse, laisse.

    Laisse filer le temps du souvenir,Abats les murs inutilesFais confiance votre avenirLaisse, laisse.

    Laisse le pre sen allerLaisse la maternit tenvahirLaisse ton fils tout contre toi Laisse, Laisse

    {Avril 2012} Boucan 41

  • Keegan Maharaj est un jeune activiste culturel qui vit Trinidad et Tobago. Le talent quil exerce est celui du spoken word ou encore le mot dclam en public avec ou sans musique.

    Le

    INTERVIEW

    ditm toKeegan Maharaj

    Sortie de lalbum de Washigon

    C.

    Mah

    araj

    42 Boucan {Avril 2012}

  • ourquoi avez-vous choisi les mots comme moyen dex-pression privilgi ?En avanant dans ma vie, jai pris conscience que

    les mots sont les seuls composants qui mappartiennent rellement. La plupart des meilleurs moments que jai vcus, ont t prcds de

    mots. Ils sont la manifestation de mes sentiments et de mes penses sincres. Cela se traduit sur la scne de temps en temps. En labsence de mots, il ne reste plus grand chose.

    Depuis combien de temps pratiquez-vous lcriture ?En fait, je suis crivain depuis que jai environ sept ans. Mais, jai lim-pression que cela fait une ternit.

    Quels sont les artistes qui vous ont particulirement influenc et que vous aimez ?Je partage peut-tre cette particula-rit avec des millions de personnes mais Bob Marley a fait partie de mon espace cratif depuis que jai lusage de la parole. Il a t suivi de prs par Nasio Fontaine qui est la fois mon grand ami, pre et men-tor. Actuellement, je mintresse au pote, chanteur et crivain proli-fique Gil Scott Heron dont la vie et la mort ont un impact trs fort sur moi. Une autre artiste qui nest pas directement lie au niveau du style ou du message avec les prcdents est Karen Carpenter. Ce que je peux dire cest que jai toujours aim ses vibrations et que jcoute sa mu-sique lors de moments prouvants. Ces personnes ont t l pour moi lorsque jen avais le plus besoin, et mme maintenant, lorsque je me

    sens seul, je me souviens de mes dbuts travers leurs musiques, leurs mots et leurs vies.

    Quel est le contexte culturel dans le-quel vous vivez sur lle de Trinidad et Tobago ?Trinidad est un lieu de guerre, lintrieur comme lextrieur. Cer-tains indiens et africains sappr-cient mais beaucoup dentre eux se dtestent royalement. Avec un certain succs, dautres ar-tistes ont peint cette fausse image de camaraderie et dunit travers des formes artistiques discutables comme le Modern Day Soca et le chutney. La lutte pour vivre en har-monie continue. Nos politiciens sont des chiens, avides davoir toujours plus dos ronger. Nous sommes maintenant culturellement parlant,

    P

    >>

    W a t e r t h e r o o t s o f y o u r s o u l w h e n t h e y a r e d r y .There will be days when you will taste salt running from your eyes.On these days, take your two hands and lift your spirits .F o r o n t h e s e d a y s , o n l y y o u c a n .There will be no call ing on Elohim tonight, for he is asleep.S e e k s o l a c e i n t h e G o d o f t o m o r r o w .Rinse away all uncertainty and let now, be now.W h a t i s y e s t e r d a y , b u t a l l t h a t i s o l d a n d w e a r y .

    Even fresh memories are stale with past scents.

    One day Away

    Performance lvnement Studio Talk (Trinidad)Performance au Tabernacle Londres

    1804

    Prod

    uctio

    ns

    Z.

    Edwa

    rds

  • >> un peuple agonisant. Il nous faudra plus que des chansons de rjouis-sances, jubilations et divrogneries pour nous sauver.

    Quels sont les thmes que vous ai-mez dvelopper dans votre posie ?Le racisme, la ralit. LAfrique

    et lInde et leurs similarits sous-jacentes au milieu de leurs criantes diffrences. Jutilise un sens de lhu-mour la fois, cinglant et drle pour aborder des questions srieuses.

    Vous avez travaill avec un groupe nomm Washikong, pouvez-vous nous parler de cette exprience ?Avec plaisir ! Washikong est comme un de mes enfants, qui serait all en cole prive durant une longue priode, cest dire sil a de limpor-tance pour moi Ctait la premire fois que japparaissais en tant que pote de langage parl (quivalent du Slam), appuy par un groupe entier. Mike Coppin, producteur et as de la trompette, Suresh Rao (guitariste) et moi-mme avons d-velopp lide dun progrs cultu-rel possible travers les mots et la musique. Nous avons appel notre style 3e world fusion. Washikong occupe une place importante dans mon cur et cette exprience y

    sera toujours prgnante. Il y a de grandes chances que lon collabore de nouveau lavenir.

    Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez en ce moment ?

    Aujourdhui je suis avec un groupe qui sappelle Freetown Collec-tive. Mais en ralit nous sommes plus que de simples chanteurs ou potes. Nous sommes des activistes, nous travaillons lmergence de la vrit par le biais de la musique.

    Londres, avant la formation du groupe Freetown Collective.Keegan prend la pose dans un magasin de musique Londres

    Theres that smile There goes that laugh So many new age expressions The theater is filled tonight Theyre showing old movies with Charles Bronson and Vivien Leigh How the black man found hope in white film How Gil found hope in white powder Among other things I look inside myself and saw someone el