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Des barques et des voiles Il était une fois... Club Sète Doyen SPÉCIAL ESCALE A SÈTE 5ESCALE À SÈTE n La 3 e édition de la fête des traditions maritimes : le programme, les bateaux, les animations… HISTOIRE n Les barques de pêche traditionnelles. n L’école des mousses sur le Gabès. n Les peintres célèbres inspirés par Sète. n Les bateaux classés et restaurés. MÉMOIRES n Les musées de la mer à Sète et à Bouzigues. n Les maquettes Aversa et Ricciardi. n Récit d’un Cap-Hornier. $$,%),+'

Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

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"Il était une fois... des barques et des voiles". Le RC Sète Doyen a réédité et mis à jour sa brochure de 2012 à l'occasion de la fête des traditions maritimes "Escale à Sète" qui a eu lieu le week-end pascal.

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Des barques et des voilesIl était une fois...

Club

Sète Doyen

SPÉCIAL ESCALE A SÈTE5€

ESCALE À SÈTEn La 3e édition de la fête des traditions maritimes :le programme, les bateaux, les animations…

HISTOIREn Les barques de pêchetraditionnelles.n L’école des mousses sur le Gabès.n Les peintres célèbres inspirés par Sète. n Les bateaux classés et restaurés.

MÉMOIRESn Les musées de la mer à Sète et à Bouzigues.n Les maquettes Aversa et Ricciardi.n Récit d’un Cap-Hornier.

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Le Rotary Club Sète Doyencréé en 1931, est un clubser vice dynamique qui viten harmonie avec sa ville.A l’occasion de la troisièmeédition de la Fête des tradi-tions maritimes “Escale àSète”, organisée par l’asso -ciation animée par Wolf-gang Idiri, nous rééditonsen l’augmentant la brochure

dans laquelle nous nous étions efforcés, en 2012, de mettre en lumièreun aspect souvent occulté du patrimoine local, celui des anciens ba-teaux de pêche, des vieux gréements et des anciens chantiers navalsde la Plagette et de la Pointe-Courte.Mise à jour et remontée avec le soutien de Hexis, L’Adresse, Flam Im-primeur et KPMG cette brochure s’inscrit dans le thème choisi pourl’année rotarienne par le président international 2013-2014, Ron Bur-ton : « Agir avec le Rotary, changer des vies ». Le produit de sa venteva en effet contribuer à mener à bien les deux principales actions denotre club au cours de l’année de ma présidence.La première a permis de soutenir l’association “Espoir pour un Enfant”qui a pris en charge Fatou, une petite Malienne née avec de sévèresmalformations des membres inférieurs. Une double opération dans unservice d’orthopédie pédiatrique associée à une rééducation intensivea permis à cette fillette d’acquérir la marche et une certaine autonomie,avant de rentrer dans son village natal de la région de Mopti.La seconde action vise à l’installation de caméras vidéo dans le servicede néonatalogie de l’hôpital de Sète. La liaison “caméra/tablettes nu-mériques” permettra aux mamans et à leurs bébés séparés pour rai sonmédicale, de renforcer les liens psycho-affectifs si importants dans ledéveloppement du nourrisson.Cela représente bien sûr un engagement important qui est couvert,outre le produit de la vente de la brochure, par la recette d’un concertde pianistes organisé au théâtre Molière, en partenariat avec le conser-vatoire municipal de musique de Sète, Thau-Agglo, la scène nationale,la ville de Sète et la Banque Dupuy de Parseval.Un grand merci à tous ceux qui ont ainsi contribué à faire aboutir cesprojets fondamentalement rotariens.

LAURENT MARAVAL

PRÉSIDENT 2013-2014

au sommaireEscale à Sète 5Le programme, les temps forts,l ’interview de Wolfgang Idiri,les bateaux, les animations… Et Cettarames, l ’associationsportive de Sète qui a le plusd’adhérents.

Les vieux gréements 12Bateaux-bœufs, barquettes,nacelles… autant d’embarcationsqui ont sillonné la Méditerranéel ’étang de au et les canaux sétois.

Le Gabès 18La deuxième vie de ce trois-matstransformé en école de mousses.

Musée Paul Valéry 20Les bateaux et le port de Sète ont inspiré nombre de peintres de renom.

Patrimoine 22Les trois bateaux sétois classés monuments historiques.

Tradition 24L’association Voile Latine :restauration et sauvegarde des barques traditionnelles.Les musées de la mer de Sète et de Bouzigues.

Chantiers et maquettes 30André Aversa avec ses maquetteslivre l ’histoire des charpentiers de marine.La collection des bateaux Ricciardireconstitués au moindre détail.

Témoignage 37La vie de Georges Pelissa, le dernier Cap-Hornier sétois sur le quatre mats “Loire”.

Rotary, patrimoine et servicele mot du président

Rotary Club Sète Doyen 2014 : Il était une fois… des barques et des Voiles.Conception et réalisation Marie-Christine Giraudo. Photo de couverture Thierry Boulley

Impression Flam Editeur Imprimeur, Sète. ISBN 979-10-91704-76-2

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MARDI 15Parade d’arrivée des grands voiliers. Ouverture du village quai du Maroc.Du MARDI 15 au LUNDI 21Visite des grands voiliers.MERCREDI 16Journée “Escale Assiette” : présentation et dégustation des spécialités locales.JEUDI 17Journée Marine Nationale : accostage d’un bâtiment de guerre,expositions.VENDREDI 18Journée “Escale Bleue” : marraine Maud Fontenoy. Arrivée de 100 bateaux. Tavernes en fête...SAMEDI 19Grand défilé des équipages. Ouverture officielle. Concerts.Tournoi de joutes languedociennes, de rames traditionnelles...DIMANCHE 20Marché animé dans les halles. Concerts. Tournoi de joutesprovençales, vire-vire des voiliers...LUNDI 21 Messe de Pâques. Concert chants maritimes à l’église Saint-Louis.Concerts. Démonstration du capelet. Parade de départ sous voilesdes grands voiliers.

Du 15 Au 21 AVRiL TouT SuR LA MER ET SES MéTiERSVisites des bateaux, conférences, musiques, expositions,

animations, gastronomie, environnement… BATEAux. Avec le “Sedov” et le “Kruzenshtern”, plus de 100 navires historiques : voiliers traditionnels,voiles latines, bateaux vapeur, navires de travail : pêche, métiers du port, sauvetage...MuSiquES. Chants et musiques de marins du monde. Plus de 30 groupes internationaux sur scène, dans les tavernes ou en défilé. insolite : musiques portuaires des bordels de France.ConFéREnCES. Musées internationaux, projets d’envergure, histoire du port, rencontres avec les marins...ExPoSiTionS. Peintures, films, photographies, sculptures, maquettes...ExPoSAnTS. Littérature, arts, antiquités, habits de marins, puces nautiques...SPoRTS. Joutes languedociennes, provençales, capelet, rames et voiles traditionnelles...EnFAnTS. Village d’animations dédié aux enfants autour de la navigation traditionnelle : joutes sur chariot, contes maritimes, matelotage, reconstitution de voiliers, bassin de maquettes, accro-voiles,tyrolienne, cabestan...GASTRonoMiE. 50 restaurants et guinguettes partenaires. Recettes à base de produits maritimes locaux.EnViRonnEMEnT. Sauvegarde du patrimoine maritime naturel “Escale Bleue” sous le parrainage de MaudFontenoy. Dispositif fête propre, navettes fluviales, actions pédagogiques.

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Fête des traditions maritimes

Sète, escale des plus grandsvoiliers au monde

Plus d’une centaine de navires à Sète la semaine de Pâques avec pour principale

attraction deux des plus grands voiliers au mondele “ Kruzenshtern”, ci-dessus, et le “Sedov”.

Pour sa troisième édition “Escale à Sète” offre un festival de fêtes dédiées à la mer.©

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• Comment est née l’idée de cette fête des traditions maritimes ?Je suis du quartier haut ; je joue du hautbois pendantles joutes et j’ai accompagné les Mourres de porcs, legroupe sétois qui entretient la mémoire des musiques etdes chants de marins. Nous avons été invités dans plu-sieurs festivals bretons, à Paimpol ou Douarnenez.J’étais encore ado mais j’ai mesuré la force des traditionsmaritimes. Alors, petit à petit, en discutant avec lesgens d’ici — les pêcheurs, les jouteurs, les charpentiersde marine, les rameurs — l’idée à pris corps des’appuyer sur nos traditions toujours vivantes aussi bienmaritimes que gastronomiques, artistiques ou idiomatiquespour mettre en œuvre une manifestation aussi importanteque les festivals bretons mais avec notre identité et notrepatrimoine sétois.C’était frustrant de voir ce qui se faisait ailleurs alorsque nous avions tous les éléments pour réussir. Cette lé-gitimité sétoise à organiser une fête des traditionsmaritimes nous obligeait cependant à ne pas tomberdans le piège d’un festival de vieux gréements saupoudréde folklore. Il fallait que les gens soient au cœur del’événement, authentiques. Il fallait que l’organisation

soit au service de la manifestation et pas l’inverse. Ona tourné et retourné tout ça dans tous les sens, on avaitun peu la trouille parce qu’exploiter notre potentielsingulier, c’est une idée que beaucoup de gens ont eudepuis 50 ans. Puis on a fini par se lancer au bout dedix années de discussions avec les historiques —Artaud, Sabatier, Aversa, Nocca et bien d’autres. En 2010, sur une seule journée, Escale à Sète a attiré15 000 person nes. Pour la deuxième édition en 2012,on en a comp té entre 150� 000 et 200 000. On enattend au moins autant pour cette troisième édition.• Cela doit représenter un énorme travail d’organisation…Effectivement c’est un travail de folie d’autant que noussommes à 100% bénévoles. Au départ j’avais unemploi de commercial dans la presse régionale. J’aichangé pour un poste d’animateur de la ville à laMaison de la vie associative. Cela me permet d’avoirun emploi du temps plus souple tout au long de l’année.Dans les semaines qui précèdent la Fête, je me mets encongé pour ne faire que ça et malgré tout c’est speed.Autour de moi, il y a un noyau dur d’une quinzaine depersonnes qui fournissent un travail considérable avec

Wolfgang Idiri occupe un minusculebureau au rez-de-chaussée de la Maison des associations à Sète. La pièce déborde de livres,d’affiches, d’objets de toute sortetandis que lui, derrière un petitbureau, un œil sur l ’écran de sonordinateur, un doigt sur le clavierd’un de ses deux téléphones, estdébordé. Comment ne pas l ’être à quelques jours de la troisièmeédition d’ “Escale à Sète” où sont attendus plus de 200 000visiteurs ? Il prendra pourtant le temps de répondre aux questionsdu Rotary Club Sète Doyen.

Entretien avec Wolfgang Idiri

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une formidable générosité. Pendant la manifestation, ily aura plus de 200 bénévoles sur les quais. Il faut avoirun œil à tout pour que ça ne dérive pas, là où il y a dela musique, c’est de la musique de marin qu’on entendra,là où on mange, c’est des plats faits avec des produitslocaux qu’on servira. On ne veut pas de baraques àfrittes ni de soirées techno. On n’a rien contre le slam,les DJ, ou le Red Bull. Ce n’est juste pas le truc d’Escaleà Sète. Il faut donc veiller sans cesse à ce que ça nedérape pas. C’est pour cela qu’on a fait signer une charte à tous lesintervenants. Et là on sent bien qu’on est à la limite.Pour les 350 ans du port en 2016, il faudra renforcerl’organisation avec des délégations plus forte dans lesdomaines techniques et administratifs. C’est une grosseambition pour assurer la pérennité de l’événement enrestant résolument “trad”.• Comment êtes-vous parvenu à faire venir les grandsvoiliers que semblent truster les grands festivals ?Cela s’est fait de manière empirique, avec l’envie. Ona cherché auprès des ambassades, des structures asso-ciatives… Il y a eu des aventures humaines, des choses

qui se produisaient par ricochets, liées au fait que noussommes dans une démarche désintéressée. Cela aouvert pas mal de portes. On a eu envie de nous aiderparce que nous fonctionnons à l’huile de coude. C’estcomme ça que la première année en allant faire un tourà Barcelone on a vu un bateau turc et il a fait escale àSète en rentrant chez lui. Lors de la deuxième édition,c’est un affréteur allemand dont le bateau allait à Casa-blanca qui s’est arrêté chez nous. On a aussi écrit auxambassades. Les Russes ont répondu. Cette année ilsenvoient les deux plus grands voiliers du monde, le‘‘Kruzenshtern et’’ le ‘‘Sedov’’.Les grands voiliers c’est bien, ils attirent du monde. Onl’a vu avec le passage du seul ‘‘Juan Sebastian deElcano’’ pendant un week-end début février. Toutefoisleur prise en charge est lourde pour un petit budget de450 000 euros financés à 60% par le privé et à 40%par le public. Et nous restons fondamentalement attachésà mettre à l’honneur l’authenticité du port et des traditionsqui s’y rattachent. On est fier du brassage que cela pro-voque et des échanges qui se produisent.

PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN GIRAUDO

Tout ce qui touche à la pêche et aux embarcations traditionnelles de la région sera aussi très largement représenté au cours de cette manifestation.

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Parmi la centaine de bateauxprésents à Sète durant la semaine pascale quelques-unssont particulièrementremarquables. Page de gauche :B le “Sedov”, construit en1921, le plus grand voilier dumonde (117 m); dans la catégorie des 15-35 mètresC “Maria Gilberte” (1944),D “Amadeus” (1910), E “Les Chemins du Vent”(1948), F ”noctilo” (1930).Page de droite : G “SantaEulalia” (1918), un trois matspailebot de 47 m, remis à flotspar le musée maritime deBarcelone; I “Gyptis”, la copie d’un navire de la Grèceantique; et, tout droit sorti de “Pirates des Caraïbes”, J “Grâce”, la réplique exacted’un brick du xViiie siècle avecH son impressionnante mâture.

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Partout dans la ville et sur les quais tout ce qui a trait à la mer et à la navigation est représenté. Les métiers, comme cette barque de poste du Canal du Midi ou les bateaux de pêche des “petits métiers” qui côtoient les chalutiers et les thoniers. Maud Fontenoy, à gauche, porte-parole de la Commission océanographique de l’unESCo et marraine de la manifestation, présente, au cours de débats et de conférences, les actions à mener pour la protection des mers et des océans.Le côté ludique et festif n’est pas en reste avec dégustations de produits de la mer, animations,démonstrations, jeux pour les enfants et de nombreuxgroupe de musique venus du monde entier.

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Quand Alain Souchon chante son tube “Rame, rame. Ra-meurs, ramez” en 1980, Annick Artaud rame effectivement.La Sétoise vient de quitter l ’équipe de France d’aviron maiselle dispute encore les championnats nationaux qui lui ontvu emporter cinq titres. Bientôt celle qu’on appelle Miss seraentraîneur de club. La compétition la branche toujours maiselle a le sentiment qu’une pratique loisir attirerait beaucoupde monde.L’idée est bonne mais n’est pas du goût de son club. Elle setourne donc vers la rame traditionnelle, celle que pratiquaitdepuis toujours les pêcheurs sur de grosses barquescapables d’affronter la mer. La légende,« vraie qu’elle est vraie », dit qu’un per-sonnage de la Plagette, dont le sobriquetétait l ’Anglais, en ait eu une à l ’étatd’épave, en tout cas trop délabrée pour êtrerestaurée. Qu’à cela ne tienne, un moulageest réalisé en résine et une copie peut être construiteen matériau composite. Voilà la robuste barque sétoise, cou-sine des marseillaises et des catalanes.Une barque emblématique, un leader charismatique : il n’enfaut pas plus pour que naisse en 1995 le club de rame tradi-tionnelle, Cettarames. Quelque 20 ans après, le bébé est de-venu un solide gaillard : avec près de 400 membres à paritéhommes-femmes, c’est la plus grosse association sportive deSète. C’est un permis de ramer décerné à plus de 15000 en-fants des écoles ou des après-midi consacrées aux handicapés.Et c’est bien plus que cela, un état d’esprit.Tous les soirs de semaine, entre 18 et 21 heures, les cinqbarques amarrées devant l’ancien Palais consulaire à la croi-

sée des canaux de Sète et de La Peyrade, s’en vont faire ré-sonner dans le port et sur l ’étang le claquement des rames surlesquelles tirent avec entrain des “galériens” volontaires. Il y en a parmi eux qui ont été champions de France troisannées consécutives ou qui ont remporté sept fois la coupe deFrance. D’autres ont fait le tour de la lagune de Venise, laVogalonga (33 km), de la statue de la Liberté à New-York

ou de l’île de Sulkava en Finlande (70 km) ; certainssont allés pagayer sur le Canal du Midi, sur leseaux glacées du Saint-Laurent ou sur les “dragonboats” chinois à Shanghai. Aux beaux jours,

presque tous s’en vont brûler “30 calories”dans un mas de l ’autre côté de l ’étang au-tour d’une brasucade géante.Bref, Cettarames est présent sur toutes

les grandes manifestations de Sète, de laSaint-Louis à Escale à Sète en passant par

la Saint-Pierre ou encore Les Voix Vives et leDéf i des entreprises.

Fier aussi d’avoir contribué à la reconnaissance dela rame traditionnelle comme un sport traditionnel

faisant désor mais partie du patrimoine culturel immatérielde notre pays, comme la gastronomie, la pétanque ou la balleau tambourin.

A.G.Cettarames Siège social : 13, rue de Provence 34200 SèteTél. : 06 95 80 95 75courriel : [email protected] : www.cettarames.fr

“Rame, rame. Rameurs, ramez…”

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Du Rhône aux Pyrénées, le littoral languedocien est bordé d’étangs reliés à la mer par des graus s’ouvrant et se fermant

au rythme des crues des fleuves côtiers et au grè de coups de vents aussi violents que capricieux. Etait-ce pour ne pas affronter les tempêtes du large ? Etait-ce parce que les étangs étaient

suffisamment riches en poissons et en crustacés ? Toujours est-il que depuis l ’Antiquité, les provinces

languedociennes n’avaient guère été intéressées par la merqui leur apportait surtout la peste et les pirates barbaresques.

Il a fallu une volonté royale pour que le rocher de Cette deviennent un port ouvert sur le large mais aussi un port tourné vers l ’intérieur

grâce à ses connections à l’étang de au et encore plus au canal de Midi. Une situation unique sur le littoral qui fera de Cette ce port

où les tartanes traditionnelles des Catalans vont être adaptées au besoin de la pêche et du commerce par d’habiles charpentiers immigrés d’Italie du Sud et forts d’un savoir faire ancestral.

Bateaux-bœufs, barquettes, nacelles et autres tartanes

L’histoire singulière de l’imaginaire marin sétois

aul Valéry est né en1871 dans une maison(aujourd’hui disparue) detrois étages dont les dixfenêtres en façade don-naient sur le quai de laVille où venait s’amarrer

la plus importante flottille de bateaux-bœufs entreMarseille et Collioure. Le spectacle de ces em-barcations qu’on retrouve dans les cartes postalesanciennes et les œuvres de peintres fera à jamaispartie de son imaginaire. Si bien qu’ils sont lesprincipaux éléments constitutifs de la “singularité”que le poète attribuera pour l’éternité à son “île”natale : « Il n’y a pas dans toute la Méditerranéede bateaux de pêche aussi forts, aussi beauxque les nôtres ; rien au monde n’est plus gracieuxque la gerbe des antennes de nos bœufs, quandils sont tous à quai, bordant le port vieux jusqu’au

môle », déclarait-il au début des années trenteavec fougue aux élèves du collège qui finira parporter son nom en les invitant à lever les yeux deleurs livres et cahiers pour regarder, au levant,par dessus les toits, la mer.Au moment où il prononçait ce discours, Paul Va-léry était préoccupé par la montée en Europedes idéologies totalitaires qui s’employaient àformater des “hommes nouveaux” selon des“plans systématiques” pour constituer des popu-lations homogènes adaptées à l’économie et auxconditions de vie modernes. Ses craintes, on lesait, étaient fondées. La barbarie, qui faillit bienvenir à bout des libertés de l’esprit et de la culturesi chères au poète-philosophe, laissera des cica-trices longues à guérir. Ce n’est pas elle pourtantqui a fait disparaître ces fameux “bateaux-bœufs”du paysage sétois. Auraient-ils pu s’y incrustermalgré tout ? Les meilleurs peintres, tels Jules

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Troncy, Julius Hintz et Albert Marquet, continue-raient-ils à immortaliser leur retour au port, unefois la mer labourée ? Les touristes enverraient -ilsà leur famille des cartes postales représentantl’alignement de leurs antennes quai de la Consi -gne ? Le poète verrait-il, comme Valéry Larbaudjadis, « leurs mâts… inclinés, fichés dans lescoques comme des porte-plume dans l’encrier » ?Le progrès technique est le carburant de toutesles nostalgies. C’est grâce ou à cause de lui queces bateaux-bœufs ne sont plus que les illustra-tions d’ouvrages de souvenirs. Les chantiersAversa et Ricciardi ont construit à la Plagette lesderniers spécimens en 1932, et ensuite, ils adap-tèrent la charpente aux nécessités de la motori-sation. Déjà en 1953, dans un article publié parla revue “Navires et bois et industries connexes”,l’architecte naval Maurice Amiet déplo rait qu’ilne resta quasiment aucune unité de la quaran-

taine de paires qu’ait comptées Sète quand laville s’appelait encore Cette. La Direction régio-nale des affaires culturelles (Drac) qui est impli-quée dans la protection du patrimoine maritimeen Languedoc-Roussillon relève dans son recueil“Du négafol à la barraca” que le dernier survivantde ce bateau emblématique du port de Sète est“l’Espérance”, construit en 1881 à Agde etacheté par une famille de pêcheur sétois en1892 qui le rebaptisa “Le Dauphin” et l’exploitajusqu’en 1944 après l’avoir motorisé en 1938.Inscrit aux Monuments historiques en novembre2009, le bateau est actuellement coulé dansson premier port d’attache, Agde, où plusieurstentatives de renflouage n’ont pas été couronnéesde succès.Bref il faudra aller aux musées pour admirer lestoiles ou les maquettes les représentant (lire parailleurs) ou bien se plonger dans les livres pour

Sous les fenêtres

de la maison de Paul Valéry

le spectaclepermanent

des bateaux-bœufs

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se faire une idée sur les bateaux-bœufs, leurconstruction, leur gréement et leur technique depêche. Heureusement, les ouvrages de référencene manquent pas.Le “Guide des voiliers de pêche” du Chasse-Marée nous dit que : « de la tartane au bateau-bœuf, on est passé d’un bateau de charge poly-valent à un bateau de pêche extrêmementspé cialisé. Le bateau-bœuf est voué si exclusive-ment à la pêche en couple qu’il en a perdujusqu’à son nom d’origine. C’est un cas exem-plaire d’évolution technologique lié à une tech-nique de pêche, la pêche au bœuf ».Maurice Amiet nous explique pourquoi le bœuf :« Comme les “panneaux” n’existaient pas à cetteépoque et comme un seul bateau n’aurait pasété assez puissant pour traîner un chalut par 40ou 60 mètres de profondeur, ces bateaux se met-taient à deux pour faire ce travail, attelés commedes bœufs à une charrue, d’où leur nom…».En revan che Pierre Blasi estime lui dans son livre“Et voguent tartanes et voiles latines” que « lagé nèse du bateau-bœuf résulte d’une sorte d’effetpervers de la modernisation de la technique deconstruction des navires vers 1750 » avec l’aban-don du lourd mât de trinquet qui avait tendanceà faire piquer du nez les barques de pêche. Débar rassées de la polacre (voile pointue) et dela gui bre, ces barques vont subir un effet de bas-culement de la proue vers la poupe qui va amé-liorer la tenue aux vagues et faciliter la manœuvredes filets à l’arrière. Cette analyse est aussi cellede François Baudouin dans “Bateaux des côtesde France”.Les avis divergent aussi sur l’importance de l’équi-

page : de quinze à vingt selon Pierre Blasi en rai-son de la complexité de la manœuvre tant desvoiles que du filet, le gangui, avec sa poche de5 mètres; de quatre à cinq pour Bernard Vigneen raison de la simplification du gréement qui,par rapport à la tartane, ne comporte plus devoile de flèche, de ris, ni de cargues. En toutcas, Maurice Amiet rappelle que ces manœuvresne se faisaient pas sans difficultés ni sans risques :« L’antenne qui supportait la voile latine était silour de qu’elle n’était que très rarement amenée.Le haut de cette antenne se trouvait à 20, 22 mau-dessus de l’eau ; pour ferler la grand-voile, lesmousses grimpaient à cheval sur cet espèce demât de cocagne, et jusqu’en haut, ce qui était plu -tôt sportif et quelquefois dangereux, car avec fortemer, il arrivait que des chutes se produisent ».A la fin des années 30, plusieurs unités furentéquipées de moteurs suffisamment puissants pourqu’ils puissent pêcher seuls. Ils devinrent ainsipeu à peu des chalutiers comme les autres etperdirent leur gréement. Les fluctuations des cours du poisson et du coûtde l’armement finirent par les réduire à l’étatd’épaves dans les années 50 après que certainseurent été réquisitionnés pendant l’Occupationpar l’armée allemande pour patrouiller le longdes côtes.Ce destin n’est pas moins funeste que celui deslourdes barges qui ont sillonné pendant des dé-cennies les canaux et l’étang de Thau chargéesdes barriques et des vins qui faisaient la fortunede la ville. Dans “Sète – Métamorphoses”,Claude Bonfils note que « le bateau sétois, 19 m de long sur 5 de large, est quillé avec un

Au début du xxe siècle près de quarante paires de bateaux-bœufs étaient amarrés au quai de la Consigne.Photos extraites de “Sète Métamorphoses” de Claude Bonfils, ed. Equinoxe.

La nacellerépond depuis

l’Antiquité aux besoins

fondamentauxde la vie

sur le littorallagunaire

Page 15: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Les Allemands réquisitionnèrent les bateaux-bœufs pendant l’occupation pour en faire des patrouilleurs. Carte postale ancienne/DR

tirant d’eau de 1,60 m pour la traversée del’étang à la voile. Il transporte entre Marseillan,Mèze et Sète quatre-vingt demi-muids, la majeurepartie en pontée pour faciliter les transbordementseffectués par l’équipage. On démâte à hauteurde la Pointe Courte et l’on se déhale dans lescanaux, à la perche, jusqu’au chai de destina-tion. Plus tard on adjoindra un moteur Bolinderpour la propulsion et le treuil ». Trop tard pour lasurvie de ces bateaux car le temps des barriquesest compté comme celui du négoce.Unique en leur genre, ces “pinardiers” avaientpourtant, selon Pierre Blasi, une forte ressem-blance avec le “mourre de pouar” dont il conser-vait le “grouin” et le plan de voilure tout en ayantdes formes hypertrophiées. Cela amène l’auteurà penser que « les charpentiers de marine trans-alpins ont certainement imprimés leur patte dansles réalisations locales ». Patte, savoir-faire, les familles entières qui débar-quent de la région de Naples et créent les chan-tiers qui auront pour nom Aversa, Scotto, Ric-ciardi, Stento, n’en manquent pas : « Ceschar pentiers (…) excellaient dans la constructionde gozzi, ces petites embarcations de pêche quel’on trouve sur le littoral italien. Travaillant en fa-mille, à des prix défiant toute concurrence, ilsont su rapidement conquérir le marché de la

construction navale en bois dans la plupart desports (…) du Languedoc », note Bernard Vignequi ajoute : « Construite à l’aide du gabarit Saint-Joseph, la barquette se différencie des mourresde pouar et des barques catalanes par la légé-reté de la construction (…). Ce qui caractérise labarquette, c’est son capian, particulièrement tra-vaillé ». En tout cas après avoir été adoptée parles pêcheurs, la barquette intéressera les plaisan-ciers qui lui assurèrent sa pérennité.Contrairement aux grosses unités, les “nacelles”,bateaux de travail des petits métiers, ont mieuxrésisté à l’outrage conjugué de la motorisation etdes nouveaux matériaux. Est-ce parce qu’ellesétaient parfaitement adaptées aux lagunes qui,de l’embouchure du Rhône aux Pyrénées, étaientleur véritable royaume ?L’étang de Thau est une petite mer intérieure, avecdes tempêtes redoutables. Le danger étant toute-fois moins grand qu’en haute mer, la présencedans ses eaux de nombreuses espèces de pois-sons (muges, daurades, loups, anguilles) et co-quillages (palourdes, clovisses, huîtres, moules,oursins, escargots) y a favorisé dès l’Antiquité lapêche comme en attestent les hameçons, lespoids de filet en céramique ou les navettes deremaillage en bronze de l’époque gallo-romainemises au jour à la pointe du Barrou lors de fouilles

Construite en trois jours, une nacelle

pouvait durer cinquante ans

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archéologiques. Au XIIIe siècle, l’évêque d’Agdeprélevait le vingtième des prises faites par lespêcheurs qu’il avait autorisé à poser des filetsdans l’étang. Un siècle plus tard les types defilets sont réglementés pour la première fois.« Antique comme la vie sur le littoral lagunairedu Languedoc (…), la nacelle répond depuis etparfaitement à deux besoins fondamentaux, ga-gner sa vie et se déplacer (…). Sa longévité etla fidélité de ses utilisateurs s’expliquent aisément :elle est simple d’entretien, inusable et sutout necoûte pas très cher. Ici le pêcheur à sa nacellecomme le paysan à sa charrette », lit-on dans laplaquette éditée pour l’exposition “Le négafol, lebarquet, la nacelle : les barques de l’étang deThau” qui a eu lieu de juin 1996 à décembre1997 au Musée de Bouzigues. Cette expositiona permis de faire le point sur les quatre formescaractéristiques et originales de nacelles dont ona compté jusqu’à plus de mille unités sur l’étangen 1900. Douze modèles ont été construits dans la région :Le négafol mesure de 13 et 14 pans (1 pan =25 cm). Il est manœuvré à la partèque ou auxavirons. Il est utilisé notamment pour la pêche àla boîte (lire page de droite le récit de GérardRéthoré). La plus grande concentration de néga-fols se trouvait dans le quartier du Pont-Levis oùils étaient parfaitement adapté aux hauts-fonds.Le barquet mesure de 15 à 16 pans. Il est utilisépour des pêches plus lointaines dans des eauxplus profondes. A la Pointe Courte, les pêcheursl’utilisaient pour pêcher à l’arselière dans les petitsfonds de l’étang Noir. La nacelle mesure de

17 à 22 pans. Elle est manœuvrée à la par-tègue, aux rames ou à la voile latine. Elle a étédes années durant le bateau de prédilection desostréiculteurs de l’étang et servait d’annexe auxbateaux-bœufs et aux chalutiers.Le marinier atteint 26 pans. Manœuvré à larame et à la voile latine, il était destiné à lapêche à la traîne le long du littoral.« Toutes les nacelles, du négafol au marinier,étaient construites selon le même procédé et dansle même matériau, le pin. Embarcation simple,aux formes développables, d’un type presqueprimitif, elles ne comportent aucun élément su-perflu ni dans leur construction ni dans leur grée-ment. Pointues aux deux extrémités, avec unetonture très prononcée, la nacelle est une embar-cation très élégante et ses qualités marines sontétonnantes (…) La construction était solide et,bien entretenue, une barque pouvait espérer vivreune cinquantaine d’années », lit-on encore dansla plaquette de présentation de l’exposition. An-dré Aversa se souvient qu’il ne fallait pas plus detrois jours à son oncle Jacques pour construireces nacelles dont la typologie a été établie grâceaux notes qu’il a laissées sur six petites feuillesde calepin (lire page 30).Grâce à quelques passionnés, notamment lesmembres de l’Association Voile latine de Sète etdu Bassin de Thau, il reste à Sète et dans ses en-virons des nacelles restaurées et regréées en étatde naviguer, prolongeant ce « règne sur la meret l’étang » dont Paul Valéry faisait remonter l’ori-gine aux Phéniciens.

ALAIN GIRAUDO

Ci-dessus, une nacelle traditionnelle équipée de voile latine, bateau de prédilection des ostréiculteurs de l’étang. Photo extraite de ”Voiles Latines”, éd. Chasse marée/DR.A droite, le “bateau sètois”, qui transporte entre Marseillan et Sète de lourdes barriques est démâté à la Pointe Courte et arrive au chai poussé par des perches. Photo extraite de “Sète en cartes postales anciennes”/DR.

A la fin des années 30

les bateauxont été

motorisés et ont perdu

leur gréement

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J’ai découvert le “négafol” à l ’occasion d’une partie depêche dans les années 60.J’avais alors une vingtained’années et j’étais avide de découvrir Sète, ainsi que la vie et la manièred’être des Sétois, aussiquand un de mes amis,André, pilote du port dont la jeunesse s’étaitécoulée dans le quartier du Pont-Levis m’invita un jour à la pêche c’est avec le plus grand plaisirque j’acceptais.Il faisait beau ce jour-là,pas de vent ce qui étaitessentiel d’après mon ami, (je le compris par la suite).Assis dans une nacelle nousremorquions une petiteembarcation dont les bordsavaient environ 40 cm dehauteur et sa largeur 90 cm.Le fameux négafol !Arrivés sur les “tocs”, bordsde l’étang où la profondeurne dépasse pas un mètre,mon ami André me montra ses équipements, la fouineou foène - longue percheterminée par un trident - et une grande boîte deconserve ronde dont le fond

avait été remplacé par unevitre au joint parfaitementétanche, ce qui permettaitd’observer le fond de l’eauallongé sur le bateau. Il m’invita à le rejoindresur le négafol merecommandant la prudence ce qui était superflu car dès que mes pieds seposèrent dans le frêle esquif, je recherchais vite la position allongéepour éviter tout incident.André déplaçaitl’embarcation en plantantla fouine dans le sable tout en observant le fond de l’étang avec sa boîte.Allongé à l’autre extrémitédu négafol, j’observais moi aussi le fond avec une boîte sans participer au déplacement du bateau et j’écoutais les explicationsde mon ami.Du sable, des herbes dont les tiges ondulaient au grédes courants, parfois unpetit crabe dérangé parnotre passage et quis’enfonçait dans le sable, des coquilles…et tout à coup André me dit« regarde, un traf ic ! » 

et il me fait comprendre que les soles, se posant sur le fond laissent des tracesdiscrètes avant de serecouvrir de sable avec leurs nageoires pour secamoufler, et au bout dutraf ic, avec l ’expérience on peut distinguer les yeuxdu poisson et parfois le dessin de l ’extrémité de la tête. Evidemment,malgré la descriptiond’André je ne voyais rien.Un rapide coup de fouine et une petite sole quiremuait au bout du tridentétait remontée dans le barquet.Je me promettais d’être plus attentif à la prochainealerte ! Et rapidementAndré signalait un autretraf ic, il n’était pas questionde me le montrer avec lebout de la perche, la soleméf iante se serait enfuie,mais en me décrivantl’herbier où elle se trouvaitje distinguais le fameuxtraf ic et au bout le poisson,qui fut vite remonté dansl’embarcation.Notre pêche prenait petit à petit l ’allure de la pêche

miraculeuse ! jusqu’aumoment ou André décida de rejoindre la nacelle pourprendre son salabre1 etramasser des caramotes2. Je restais donc seul à borddu négafol pour continuernotre pêche.La matinée passa très vite, bien sûr le rythme de la remontée des solesavait changé, mais quandmême, l ’expériencecommençait à venir, le coup de fouine était plusprécis, la recherche destraf ics plus eff icace, si bien que captivé parl’action, même la positioninconfortable sur ce barquetde bois était oubliée. Vers midi ce fut le retour au Pont-Levis et je rentraistout f ier avec ma pêche à lamaison.

GéRARD RéThoRé

1) salabre : filet fixé sur un cadre debois triangulaire avec un manche quipermet de le faire glisser sur le fond enle poussant devant soi. Ce que lepêcheur ramasse est déposé sur labarque et trié, on rejette herbes et alguesdans lesquelles se cachent lescaramotes.2) caramotes : ce sont les petitescrevettes de l’étang, qui vivent dans lesherbiers sur les hauts-fonds.

La pêche de Gérard sur un négafol©

MC G

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l est pour le moins curieux,alors que Sétois et Mont -pel liérains ont toujoursentre tenu un antagonismeexacer bé, que ce soit àun natif du “clapas” queSète doive son école d’ap-

prentissage maritime.Paul Bousquet, natif de Montpellier, était chapelieret fournisseur des armées de la République puis

de l’Empire. Ayant amassé une fortune considé-rable, il la légua par testament au départementde l’Hérault en précisant sa volonté : la créationd’une école de mousses ouverte en priorité auxorphelins de la marine originaires de l’Héraultet dont moralité et bonne conduite soient recon-nues. Ce legs d’un montant de 775 000 F(l’équivalent de 2,5 millions d’euros) permisd’édifier une école près de la jetée de Frontignanen 1842.Que peuvent apprendre des apprentis marins

dans une école sans bateau ? En 1859, un an-cien brick, le “Faber” est remorqué depuis Toulonjusqu’à Sète par le “Brasier”. Il est permis depen ser que grâce à ce voilier à deux mats lesélè ves purent se familiariser «à border la mi sai -ne» et à tous les termes qui désignent le matérielde manœuvre et les apparaux de mouillage.Fin 1871, un aviso (ou une petite goélette ?) le“Marceau” remplace le “Faber” devenu vétuste.Il sera rebaptisé “Hérault” en 1880 en l’honneur

du département qui était le légataire universeldu chapelier Paul Bousquet.C’est en 1902 que l’école est transférée sur le“Gabès”, une canonnière longue de plus de45 m, équipée d’un moteur de 370 cv, de troismats goélette et de quatre canons. Elle avait as-surée plusieurs missions dans l’océan Indienavant cette dernière affectation.Pendant 49 ans pourtant, la silhouette bien par-ticulière de ce bateau intégra le site du vieuxbassin, amarré au quai de la Consigne ou au

Ecole d’apprentissage maritime de Sète

Les moussaillons du “Gabès”

I

L’histoire de l ’école d’appren tissage maritime Paul-Bousquet, établieactuellement à la pointe du Barrou, à Sète est indissociable pour les anciens

Sétois de celle du “Gabès”, bateau école basé dans le vieux bassin de 1902 à 1952. Mais revenons à l ’origine de l ’histoire…

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TémoignageElève en 1962/63 (sur le “Paul Bousquet”) c’est là que j’ai appris mon métier. Tous les matins nous lui faisions la toilette, astiquant les cuivres (il y en avait un tas) brossant le pont à grande eau, nous prenions plaisir à le rendre beau. Il restait une partie de la machine alternative, une cathédrale de bronze, dans la coque plusieurs ateliers :matelotage, forge, menuiserie, salles de cours, réfectoire, dortoirs. La coque était envahie d’une épaisseur de moules. J’ai demandé à la ville de Sète des nouvelles de ce bateau et il m’aété envoyé une photocopie d’un article de presse relatant le démembrement de ce navire. Cette année, dans une quinzaine, quelque 50 ans après, je vais revoir cette ville et refaire la sortie de la gare SNCF, jeter un coup d’oeil sur ma droite, mais je ne le reverrai pas, sinon la carte postale avec le mont Saint-Clair en arrière plan que je tiendrai dans la main.

D.M. Témoignage et photo recueillies sur le site home.nordnet.fr consacré au “Gouverneur Général Lépine” devenu le navire école “Paul-Bousquet”.

môle Saint-Louis. Dans les derniers mois de ladeu xième guerre mondiale le “Gabès” futtransféré sur l’étang de Thau (les élèves étantalors logés à Balaruc dans un ancien couvent),ce qui lui évita le sort tragique du cargo “Cens”coulé dans l’avant-port par les Allemands.De nombreux marins furent formés à cette écolequi prônait travail et discipline ; et bien souventdes parents sétois brandissaient la menace d’unembarquement sur le “Gabès” pour venir à boutd’ados récalcitrants…C’était l’époque des bateaux-bœufs, et les mous -ses qui devaient grimper sur l’antenne pour serrerou larguer la voile devaient faire fi du vertige etavoir force et témérité pour effectuer ces manœu -vres par tous les temps. Il faut remarquer quedans certaines familles de pêcheurs, quandl’enfant n’était pas doué pour les études, l’ap-prentissage se faisait sur le bateau familial.En 1950, le “Gabès” fut remplacé par le pa-quebot “Gouverneur Général Lépine”. Ce navire

de 110 m de long fut amarré en face de la gareet, à la demande de la chambre de commercede Sète, il fut rebaptisé “Paul-Bousquet” en hom-mage au fondateur de l’école. Ce bateau quipouvait accueillir 292 passagers fut réaménagé,et c’est 132 élèves qui vivaient à son bord. Ilsassuraient l’entretien du navire ainsi que le quartde nuit à la coupée. Matin et soir avait lieu lacérémonie des couleurs. Les récréations se pas-saient sur le gaillard d’avant.A la fin de l’année scolaire, en juin 1972, ladernière promotion quitta ce navire devenu àson tour trop vétuste. Sa démolition les annéessuivantes mis fin aux années maritimes de l’écoled’apprentissage. L’établissement a rejoint la terreferme à la pointe du Barrou.

GÉRARD RÉTHORÉBibliographie : Pied Marin Pied à terre. Le travail des hommes sur le port. Par un collectifd’auteurs sous la direction de l’association : Histoire et vie étonnantes d’un port. Imprimésur les presses de Grafiche Zanini Bologne Italie. 2003.Le Sauvetage en mer. Un siècle au large de Sète. Par André Mouret. Editions GraphiCopie Sète 1981. Sète au baiser de sel. Par Charles Agniel Les Editions la Lambrusque Nice 1966.

Ci-dessus, à gauche, huile sur toile (72,9 x 53,9 cm) de Toussaint Roussy, “A Bord de l'Hérault”, 1897, musée Paul Valéry, Sète. Exercices de voile, de boxe, de canon, de rames… la vie sur “l’Hérault” et ensuite sur le “Gabès” n’était pas de tout repos pour les jeunes mousses.

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Uneformation

à la rigueurmilitaire pour les apprentis

marins

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Le port de Sète et ses bateaux

les collections du MuséePaul-Valéry

Arrivé très jeune à Paris, où il demeure jusqu’à la fin de sa vie,Hintz livre de nombreuses vues des ports des côtes françaises qu’il a aimé parcourir.En 1849, il donne, dans l’écriture romantique aux tonalitésharmonieuses qui le caractérise, une interprétation du port de Sète saisie depuis le môle Saint-Louis et offrant une richedescription des bateaux qui l’animent. Au-delà d’un premier plan représentant l’extrémité du môle et les hommes qui s’y activent, on observe sur la gauche une barque à fond platvenant de décharger des tonneaux de l’un des nombreux voiliers de commerce à quai tandis qu’à l’arrière-plan le chenal conduisant au canal royal est encombré de bateaux de pêcheégalement à quai. Dominant l’alignement des bâtisses sur le quai de la Consigne,l’église Saint-Louis, construite en 1703, n’est pas encoresurmontée de la statue de la Vierge qui ne sera érigée qu’en 1866.

Vue de la ville et du port de Sète, 1849 Huile sur toile, 75 x 112 cm

Julius Hintz Hambourg 1805 – Paris 1862

Riches d’environ 4 000 œuvres, les collections du Musée Paul Valéry comptent unensemble de plus de 700 peintures, essentiellement des XIXe et XXe siècles, qui,pour beaucoup d’entre elles, témoignent de l’intérêt porté à l’île singulière par denombreux artistes. Qu’il s’agisse, au XIXe, de Jongkind, Mols, ou Hintz, des SétoisJules Troncy ou Toussaint Roussy, et, au XXe, de Marquet, du groupe Montpellier/Sète réuni autour de François Desnoyer ou de la génération de la Figuration Librenotamment représentée par Robert Combas et les frères Di Rosa, ils en donnèrentde multiples représentations et se firent parfois l’écho des événements historiqueslocaux. Le port de Sète fut au cours du XIXe et jusque dans l’Entre-deux-guerres ausiècle suivant, un de leurs sujets favoris. A la fois port de pêche et de commerce,alors spécialisé dans le commerce des vins avec l’Algérie et l’Afrique du Nord,Sète (dont le nom était orthographié Cette jusqu’en 1928) grouille d’une activitéqui enthousiasme les peintres tout autant que le caractère exceptionnel du site.Outre leur qualité plastique, la plupart des œuvres réalisées revêtent aujourd’huiun véritable intérêt historique par les divers témoignages qu’elles offrent sur lesactivités du port et sur la diversité des bateaux que l’on y rencontrait. Retenons, à titre d’exemples, quatre œuvres des XIXe et XXe siècles, de quatre ar-tistes de différentes origines : le peintre allemand Julius Hintz, le Flamand RobertMols, le Sétois Jules Troncy et le Bordelais Albert Marquet.

MAÏTHÉ VALLÈS-BLEDDIRECTRICE DU MUSÉE PAUL-VALÉRY

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Formé à l’académie d’Anvers, Mols fut également l’élève du peintrefrançais Jules Dupré proche de l’école de Barbizon. Partageant sa vie entre la Belgique et la France, il donna de nombreuses marines relevantd’une approche à la fois sobre et réaliste.C’est depuis la mer qu’il saisit en 1891 cette vue du port et du mont Saint-Clair qui revêt à plusieurs titres un véritable intérêt historique. Certes depar la représentation des bateaux en activité – au premier plan sur lagauche une barque catalane, bateau de pêche traditionnel jusqu’au débutdu xxe siècle, au second plan sur la droite un paquebot à voile et à vapeursortant du port – mais aussi et surtout par le témoignage apporté à la foissur la topographie de la ville à la fin du xixe siècle et sur des constructionsaujourd’hui disparues : la citadelle Richelieu domine le mont Saint-Clair àcette époque encore peu construit et peu boisé, l’alignement des maisonsau pied de la colline telles qu’elles se présentaient avant leur destructionpendant la deuxième Guerre mondiale et, à l’extrémité du môle, derrière le phare, l’ancien fort militaire détruit lors des bombardements de 1944.

En 1924, Marquet découvre Sète à l’occasion d’un voyage entrepris avec Puy etManguin, qui les conduisit de Belle-ile-en-Mer à Bordeaux, puis à Bayonne avant de longer les Pyrénées pour rejoindre la côte méditerranéenne. Arrivé à Sète en juillet, il est séduit par la ville et décide de s’y installer pour l’été,laissant ses amis poursuivre sans lui leur périple vers la côte catalane. il loge avec sa femme au Grand Hôtel, où il occupe une chambre donnant sur le Canal royal, et loue à proximité du môle Saint-Louis un petit logement lui offrant une vueplongeante sur le port.De sa fenêtre dominant le quai, ou se rendant directement sur le motif, Marquetréalise un ensemble de vues des canaux et du port dont la plupart comptent, comme celle-ci, parmi ses chefs-d’œuvre. Le sujet principal du bateau réside sansdoute moins ici dans l’activité du port que dans la délicatesse particulière de la lumière, ses vibrations sur l’eau et sur les toiles blanches des voiles latines, les contrepoints sombres des petites barques des pêcheurs, du môle, du brise-lames, d’un cargo à vapeur qui s’éloigne dans le lointain ou bien encore des ombresdémesurément étirées par l’heure matinale.

Comptant parmi les meilleurs peintres sétois du xixe

siècle, Jules Troncy fut l’un des illustrateurs del’Ampélographie de Viala et Vermorel, le monumental

Traité général de viticulture en sept volumes, publié de 1901 à 1910, qui décrit 5 200 cépages

et en recense 24 000. il livre ici une interprétationréaliste de l’activité bouillonnante du port de Sète

à la fin de xixe siècle, s’attachant particulièrement à lanarration des bateaux. Au centre de la composition,

l’activité des bateaux-bœufs rentrant de la pêches’oppose au statisme des grands voiliers à quai le long

du môle Saint-Louis tandis que le tout premier plan est réservé à deux frêles embarcations : sur la gauche

une barque dotée d’un auvent rouge qui protège du soleil deux promeneurs, sur la droite une barque

de pêcheurs rentrant au port.

Albert Marquet Bordeaux 1875 - Paris 1947

Voiliers à Sète, 1924Huile sur toile, 64 x 80 cm

Robert Mols Anvers 1848 – Anvers 1903

Port de Cette, 1891 Huile sur toile, 110 x 210 cm

Jules TroncySète 1855 – Sète 1915

L'Entrée du port de Cette, 1892 Huile sur toile, 81 x 122 cm

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Le “Saint-Pierre” chantier Luigi Aversa 1909

Le “Saint-Pierre” est amarré sur la rive gauche du canaldédiée aux vieux gréements à Palavas. La ville qui en estpropriétaire l’utilise lors des manifestations patrimonialeset des fêtes en mer avec un équipage propre. Cette bar -que catalane à voile latine typique a été remise dans sonétat d’origine lors d’un chantier de restauration effectué àSète en 2008-2009 sous la direction d’André Aversa,dont le grand-père, Luigi, avait été le charpentier de cettebarque, en 1909. Elle était alors destinée au patron-pêcheur Vincent Liguori qui utilisait un filet dérivant pourpêcher des poissons bleus — sardine, anchois, maquereauet thon selon la saison.Construit en chêne avec la technique du “gabarit Saint-Joseph” importée par les charpentiers italiens à la fin duXIXe siècle (sans plan et avec une réglette graduée à toutfaire), le “Saint-Pierre” est à 70 % dans son état originel.D’une longueur hors tout de 10,16 m, la catalane a unpont en lattes de pin d’une longueur de 9,75 m pour unelargeur de 2,89 m, pont percé de panneaux avant etarrière. Son gréement supporte près de 80 m² de voilure.Son capian traditionnel est décoré d’une étoile à cinqbranches. Son franc-bord assez bas facilitait la manœuvredu filet.André Aversa a réalisé trois maquettes du “Saint-Pierre”qui montrent les différentes étapes de la construction : as-semblage des membrures, pose des bordées, barqueachevée et gréée. Ces maquettes ont été elles-mêmes ins-crites à l’inventaire des monuments historiques en 2009.•

“Du négafol à la barraca/Le patrimoine maritime en Languedoc-Roussilon” par Hélène Palouzié,conservatrice aux monuments historiques, Christian Jacquelin, conseiller pour l’ethnologie etMichel Descossy, photographe. Cet ouvrage de la collection DUO fait le point, sous l’anglede la protection, sur le programme de recherche, conservation et valorisation du patrimoinemaritime et lagunaire en Languedoc-Roussillon, programme initié et soutenu par la DRAC.

Monuments historiques

Trois bateaux classés à SèteSix bateaux font l’objet demesure de protection par les “Monuments historiques”sur les rivages du Languedoc-Roussillon. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) en a établi le catalogue dansun ouvrage de la collectionDuo paru en septembre 2011sous le titre “Du négafol à la barraca/Le patrimoinemaritime en Languedoc-Roussilon”. Trois embarcations sur les six sont liées au patrimoinemaritime sétois, le “Saint-Pierre”, classé monumenthistorique, les deux autres, le “Gracchus Babeuf” et le“Tarzan” étant inscrits à l’inventaire des monumentshistoriques.

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Amarré en 2008 par William Chérino, d’abord auquai François-Maillol, puis au quai de la République, le“Tarzan” a été démâté en 2012 avant de prendre lechemin d’un chantier naval breton où sa restauration,prise en charge par le Fonds de dotation des bateaux dupatrimoine, devait s’achever mi 2014. Désormais appelé“MH Tarzan” (MH pour monument historique) cette goé -lette construite en 1950 à Sfax (Tunisie) par le chantier

Manno pour les frères Marinello a été classée en 2009.Elle mesure 33 m de long sur 4,50 de large et déplace35 tonnes ; ses deux mâts portent des voiles quadrangu-laires comme les felouques sur le Nil.D’abord utilisée pour la pêche à l’éponge dans le golfede Gabès, elle est ensuite transformée en chalutier pourla pêche au large des côtes tunisiennes. La famille Mari -nello en est spoliée lors de la proclamation de l’indépen-dance de la Tunisie par Bourguiba en 1956. Elle par vientnéanmoins à s’enfuir du pays à son bord en 1957 etelle arrive à Sète via la Corse où l’accueil n’est pas trèsfavo rable. “Tarzan” n’obtient l’autorisation de pêcher enchalutier qu’en 1960. Il poursuit cette activité jusqu’en1977. Il est alors aménagé en bateau de plaisance, sespropriétaires successifs lui faisant subir de nombreusestransformations.Ultime représentant des gangaviers, cette flotte de bateauxitaliens construits en Tunisie pour la pêche à l’éponge, le“MH Tarzan” est un « témoin acteur » de l’histoire de l’in-dépendance de la Tunisie et du bouleversement de lapêche sétoise avec l’arrivée des bateaux d’origine pied-noire. Sa restauration achevée, il doit revenir à Sèteavec un programme de navigation de mars à décembrenotamment pour des opérations de découverte et d’ap-prentissage du patrimoine maritime en milieu scolaire.•

“Le Gracchus Babeuf”chantier Joseph Buonomo, 1954

Ancré au port de pêche de Bouzigues, derrière le Muséede l’étang de Thau, le “Gracchus Babeuf” est une desdernières nacelles entièrement authentique. Alors que lesMonuments historiques en dénombraient encore une cen-taine en 1990, ils n’en comptaient plus qu’une vingtainequinze ans plus tard, en raison de leur changement dedestination (de la pêche au travail conchylicole) et del’installation de moteur hors-bord (coupure de la poupeet installation d’un tableau arrière).Apparues au XVIIIe siècle, les nacelles ont constitué legros de la flotte des étangs du Languedoc-Roussillon auXIXe siècle en raison de leur parfaite adaptation à lapêche dans de faibles tirants d’eau grâce à leur fondplat et leur simplicité de construction.Réalisé en pin en 1954 à Méze par le charpentier dema rine Jospeh Buonomo pour la pêche à la palangre ouau filet sur l’étang de Thau, le “Gracchus Babeuf” mesure26 pans (un pan : 0,25 m) de long. Il est doté d’un mâtvertical, incliné vers l’arrière et gréé d’une voile latinebordée sur une antenne (vergue). Des tolets per met tentde fixer des rames pour naviguer lorsque le vent tombe.L’étrave et l’étambot sont droits et nettement inclinés.

Originellement appelée “A nous deux !”, cette nacelle aété rebaptisée “Gracchus Babeuf” lorsqu’elle a étédonnée par son propriétaire, Sébastien Cruze, à l’Asso-ciation Voile latine de Sète. Régulièrement entretenue,elle n’a jamais subi de transformations sensibles.•

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Le “Tarzan” chantier Manno, 1950

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Voile Latine de Sète et du Basssin de Thau

La mémoire restaurée

L’association Voile Latine de Sète et du Bassin de au a été créée en 1988avec pour objectif la sauvegarde et la promotion du patrimoine maritime

local, au travers de multiples activités : restauration et maintenanced’embarcations traditionnelles, d’outils, de sites ; utilisation

de ces embarcations pour la régate, la promenade ou la pêche ; apprentissageet transmission de savoir-faire - navigation, pêche, charpenterie…

ujourd’hui, l’associationcompte 70 adhérents etdispose de deux salariés,une secrétaire et un char -gé de communication. Ellepossède une flottille de ba-teaux gréés en voile latine

(barques catalanes, nacelles, barquettes mar-seillaises) qui sont amarrés soit dans le port deSète soit dans celui de Bouzigues, dans le pro-longement du Musée de l’étang de Thau. Unsentier du patrimoine (en cours de réaménage-

ment) permet de découvrir ces embarcationsen remontant du môle Saint-Louis vers la Plagettele long des canaux. On trouve notamment le“Saint André”, une catalane sortie des chantiersStento en 1947 que l’association a restauréeen 1988.En 2002, l’association a racheté à Nanou deSantis le dernier chantier de construction navalesétois (chantier dit de “la Plagette”) menacé dedémolition. Implanté là en 1930 par la familleAversa (lire page 28), c’est là qu’ont étéconstruites les dernières grosses unités de pêche

Vieux gréements de l’association Voile Latine dans le port de Bouzigues. © Thierry Boulley/DR

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Page 25: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

en bois. Soutenue par la ville de Sète et laDrac Languedoc-Roussillon, la Région et le dé-partement l’association a commencé à restaurerle site pour lui conserver sa vocation initiale(entretien, restauration -et construction- de bateauxselon les techniques de charpenterie de marinetraditionnelles). En 2004, ce projet a été cou-ronné par le premier prix Carrefour-Journées eu-ropéennes du Patrimoine (Ministère de la cultureet de la communication) dans la catégorie “pa-trimoine architectural”.Plusieurs embarcations sont en cours de restau-ration dont, ci-contre, en bas, “Attends-moi, j’ar -rive” de la famille Martinez.Certains samedis (voir calendrier de l’association)il est possible d’y suivre un atelier de matelotage(connaissance et confection des nœuds) avantde participer à un déjeuner convivial. Tout aulong de l’année, l’association participe à diversrassemblements et régates de vieux gréementset assure des activités pédagogiques. En outrel’association a participé à des études et des re-cherches qui ont donné lieu à des publicationscomme “Contribution à l’histoire des chantiersnavals de Sète” (2002). Ces travaux accordent une large place aux en-quêtes orales : le recueil des mémoires auprèsde pêcheurs et de charpentiers grâce au travaildu “vidéaste” de l’association, Jean-Marc Roger.Une lettre d’information est éditée périodique-ment ; relatant l’actualité de l’association.En 2002, l’association a collaboré, avecd’autres associations du littoral, à la rédactiondu premier manuel de “L’école d’Eole” (pro-gramme d’activités pédagogiques et de loisirsanimé par l’Agence Méditerranéenne de l’Envi-ronnement) : Le vent, la navigation et le patrimoinemaritime. Ces recherches ont été valorisées par des ex-positions comme “Le négafol, le barquet et lanacelle, les barques de l’étang de Thau” (Muséede l’étang de Thau, Bouzigues, juin 1996 àdécembre 1997), “La pêche aux bateaux-bœufs” (avec l’Office Départemental d’ActionCulturelle (ODAC), Sète, 1998 et 2001) ouencore ”Charpenterie navale, du crayon à l’her-minette” (Sète, 2005).

Voile latine de Sète et du Bassin de Thau24, rue des chantiers La Plagette 34200 SèteTél. : 04 67 74 32 60Site : www.voilelatine-sete.frBlog : www.voilelatineste.info

Le chantiernaval de

la Plagettepermet de

garder vie auxembarcationstraditionnellesdu Languedoc.

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Page 26: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

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Les barques traditionnelles

Le chemin du patrimoine

En flânant de la Plagette au môle Saint-Louis le long des canaux, le promeneur peut découvrir au fil de ce “chemin du patrimoine”

quelques-unes des plus belles vieilles barques restaurées ou en cours de restauration par les membres de l ’association Voile latine de Sète

et du Bassin de au. Régulièrement de nouvelles embarcations remises à neuf rejoignent les bords des quais.

uLes barques en cours de restauration au chantier de La Plagette : un travailminutieux pour les refaire à l’identique en utilisant au maximum leur matériaud’origine.

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Page 27: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

De haut en bas de gauche à droite : v“Chrisylvanat”, chantierCandela (1959). w“La Voilà”, chantier Stento (1972). x”LePointu”, chantier Aversa (1958). y“Antiphrite”, chantier Stento(1958). z”Aubane”, chantier Stento (1948). {“Damienne”,chantier Candela (1958).|“Saint-André”, chantier Stento (1947).©

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Après plusieurs mois de travaux sur l’ancien sited’Ifremer, le Musée de la Mer, ci-dessus, promisen 2012 dans ces pages par le maire FrançoisCommeinhes, a été ouvert au public en avril2014 à l’occasion d’Escale à Sète. Campé surla Cor niche et tourné vers le large, le bâtimentaffiche ainsi sa vocation, raconter l’histoire deshommes qui se sont accrochés ici entre étang etmer en pêchant, en joutant, en commerçant, enconstruisant... Tableaux, dessins, documents pho-tographiques, symboles et souvenirs de voyageslointains, objets et instruments sont mis en scèneavec des vidéos et des bornes interactives pourfaire le lien entre hier et aujourd’hui.L’exposition permanente proposera la collectionde pavois et de lances, transférée du muséePaul-Valéry, ainsi que des chariots d’entraînement,des drapeaux de jouteurs, des costumes ancienset récents à côté du “Défilé de joute” peint parToussaint Roussy et d’un tableau représentant letournoi grandiose donné le 22 mai 1823 enl’honneur de la duchesse d’Angoulême. Despan neaux explicatifs, des affiches, des cérami -ques… permettront aux néophytes d’en apprendreun peu plus sur ces combats dont les premièrestraces remontent à l’Egypte pharaonique. La dé-couverte des joutes s’achève dans deux piècesoù sont projetés des vidéos et des films sur letournoi de la Saint-Louis.Le port, construit à l’embouchure du canal duMidi pour assurer un débouché aux produits duLanguedoc, est mis en majesté dans la suite dela visite. Des cartels, des documents et desobjets d’époque illustrent les deux siècles qui

amènent la ville à son âge d’or au XIXe sièclequand des travaux formidables sont entreprispour creuser le bassin du Midi, lancer denouveaux ponts sur les canaux ou ériger le brise-lames. Il faut pour réaliser tout cela faire appel àune main d’œuvre venue de plus en plus loin.Sète change. Elle compte jusqu’à 27 000 habi-tants en 1875. L’industrie de la tonnellerie prendson essor. Le transport de bois et de marchandisesse développe. L’activité portuaire entraîne desmétamorphoses et des mutations économiques.Sète devient un des ports exportateurs parmi lesplus importants. De nombreux tableaux et docu-ments photographiques montrent la vie animéedes quais où portefaix, marins, mous ses, pilotes,lamaneurs, pêcheurs, scaphandriers, douanierset négociants se bousculent. La présence deschalutiers amarrés aux quais donne à la ville savéritable identité. La construction navale bat sonplein. Une bande chronologique permet au visi -teur de comprendre les ruptures, les permanenceset les enchaînements qui ont forgé le destin deSète jusqu’à aujourd’hui.La visite se termine par la découverte des ma -quettes réalisées par André Aversa (lire pages30 à 34), issu d’une grande lignée de charpentiersde marine, pour témoigner de ce qu’a été l’ac ti -vité des chantiers navals sétois : dans une grandesalle sont exposés bateaux-bœufs, nacelles, bar-quettes… au 1/8e et 1/25e. Une dernière salleévoque ce qu’était l’école de mousses autour dela maquette du “Gabès” (lire pages 18-19) elleaussi réalisée par André Aversa.PAGE RÉALISÉE AVEC LE SERVICE COMMUNICATION DE LA VILLE DE SÈTE

Musées de la mer et de l’étang

Les gardiens de la tradition

Les pavois de joutes, créés

par des peintrescélèbres ou anonymes,

une expositionincontournable

du musée de la Mer

de Sète

Page 29: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

L’idée de conserver et de mettre en valeur les instrumentsde la tradition conchylicole et de la pêche prend naissance en 1981 à Bouzigues.

Cette collection va connaître un réel succès.Grâce à ce succès, un projet de plus grandeenvergure va voir le jour. Au printemps 1991 le Musée de l ’étang de Thau ouvre ses portes devant le port de pêche du village de Bouzigues.Parmi ses nombreux attraits la présence àses abords d’un petit port de pêche vouspermet d’y accoster grâce à un ponton quevous veniez de Sète, Mèze, Balaruc… on peut également voir de près les

activités maritimes, les fermes aquacoles, les parcs et les mas ostréicoles.Le Musée de l ’étang de Thau doit présenter  une mise en scène des objets. Aussi le parti pris adopté par LaureGigou, conservateur en chef départemental des Musées(service du patrimoine du Conseil Général de l ’hérault)

a été de présenter les objetsdans la situation de leurutilisation. La mémoire de l ’étang est ainsi exposéeen associant les informationsscientif iques,archéologiques, historiques,ethnologiques et techniques,provenant des recherches des différents instituts etuniversités. Pour mieux connaître la viede l’étang, la DirectionRégionale des AffairesCulturelles du Languedoc-Roussillon  a programméplusieurs bourses derecherches pour les étudiantsen ethnologie.

La vie de l’étang mise en scène à Bouzigues

Barques à gréement latin se reflétant dans les eaux du port de Bouzigues.

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Page 30: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

La construction navale a été “importée” à Sète à la fin du XIXe sièclepar les immigrants italiens qui s’installèrent au Souras-Bas, avant

de migrer vers les quais de la Bordigue puis de l ’Amour (à côté de la gare)pour enfin se concentrer soit à La Plagette soit à la Pointe-Courte.

Entre les deux guerres les chantiers exploités par les familles Aversa, Stento,Scotto, Ricciardi, Camarrota, employèrent plus de cent charpentiers.

En plus des nacelles traditionnelles (plus de 1000), il fallait construire ouréparer catalanes (plus de 100), bateaux-bœufs (près de 80), mais aussi

entretenir les barges du canal et de l ’étang. C’était l ’âge d’or de la charpentebois et de la voile latine. Une époque révolue en dépit de l ’adaptation

des embarcations aux contraintes de la motorisation : le dernier chalutier en bois, le “Sétori” a été construit en 1987 et il n’y a plus de charpentier

de marine depuis que Nanou De Santis a cédé le chantier de la Plagette àl ’association Voile latine. Outre des clichés jaunis par le temps et des récits

historiques, il subsiste aussi de cette période les maquettes d’André Aversa etde la famille Ricciardi que le RC Sète Doyen présente ici.

Des chantiers aux maquettes Aversa

Cent ans d’histoire au 1/10e

Construction du “Joseph François”; premier chalutier à “cul de poule“ pour le patron pêcheur Joseph nocca sur les chantiers Aversa en 1945.

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Page 31: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

ndré Aversa a été inscritsur le registre de l’état civilde Sète le 11 avril 1928.Il aurait tout aussi bien pufigurer sur celui de Mar-seille. Il a raconté pourquoidans un entretien filmé,

“Mémoires d’un charpentier de marine à Sète”.Voilà l’histoire. Son grand père paternel, un Ita -lien prénommé Luigi, avait embarqué très jeunesur des goélettes qui cabotaient le long descôtes méditerranéennes. Une avarie avait contraintl’un des bateaux sur lequel il servait en tant quecuisinier à faire escale à Sète. Le port dû lui rap-peler son Italie natale. Il s’en souvint quand toutela famille Aversa quitta la péninsule dans lesannées de troubles qui ont suivi l’unification duRoyaume par la Maison de Savoie. Au lieu deposer sa valise, comme le reste de sa famille, àMarseille où allèrent alors de nombreux char-pentiers dema rine italiens,Luigi s’installadonc à Sète en1885 où il fera sou -che après avoir épouséune fille de Gaéta en1899. Comme il avait plusle goût de la char pente quede la cuisine, il commença parfaire de petites réparations, puisconstruisit des nacelles avant des’installer vraiment comme char-pentier en 1902 au bord duquartier des pêcheurs napolitainsau Souras-Bas.« A Sète, il y avait beaucoupde barques catalanes, mais laplupart étaient construites ducôté du Roussillon et je croisque mon grand-père est à labase des premières catala -nes à Sète », se souvientAndré Aversa qui aune véritable dévo-tion pour ce grand-père qu’il n’a pasconnu mais qui fondaune dynastie de char-pentiers de marine.Après la guerre de 14-18, deux desfils de Luigi, Joseph et Jacques, ont quitté le Sou-

ras-Bas pour installer le chantier sur la berge ducanal latéral près de la gare. L’entreprise connutlà son premier essor. En 1930, l’aménagementdu quai les empêche de faire glisser dans ethors de l’eau les barques. Le chantier déménageà la Plagette où il y aura jusqu’à cinq chantiersdifférents. Le travail y était fait à ciel ouvert jus -qu’à ce qu’André Aversa érige un hangar de350 m² pour construire de grosses unités à l’abrides intempéries. Faute d’avoir un fils pour lui suc-céder, André Aversa céda l’affaire en 1983 àl’un des ses anciens apprentis, Nanou De Santis(qui lui-même finit par la transmettre en 2002 àl’association Voile Latine de Sète et du bassin deThau — le chantier étant désormais le derniervestige de cette activité).« En un siècle, nos trois générations ont progres-sivement utilisé les trois différentes méthodes deconstruction. Luigi se servait du fameux gabaritde Saint-Joseph, avec uniquement le gabarit dumaître couple et une réglette graduée donnantles largeurs des membrures du milieu. Ce procédédemandait beaucoup d’expérience et un boncoup d’œil. Mon père utilisait la méthode de lademi-coque qui permettait d’obtenir l’ensembledes membrures en grandeurs réelle sur un plan -cher. Quant à moi, j’ai eu la chance de connaîtrele dessin et de pouvoir construire avec desplans », a expliqué André Aversa dans un docu-ment qu’il a consacré aux embarcations produitespar les chantiers familiaux. Quand avec Michel Sabatier, nous avons renduvisite à André Aversa, chez lui, à flanc du montSaint-Clair, il était en train de mettre la dernièremain à une petite chaise d’enfant en bois quiserait peinte en bleu. « Un cadeau de naissance »,a précisé le charpentier qui, à bientôt 84 ans,continue de façonner sans relâche le bois aprèsavoir commencé à travaillé sur le chantier deson père à douze ans tout en suivant une for ma -tion en menuiserie. « Ici, il a tout fait de sesmains », nous a dit fièrement son épouse enmon trant les boiseries et les meubles du salon,no tamment la table à manger en marqueteriesur laquelle étaient étalés les documentspour un livre en préparation sur l’histoire

de lachar -

pente de marine et les bateaux de larégion.

Avant de les décrire, André Aversa les are produits :catalanes, bateau-bœuf, nacelles,

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2000 heuresde travailpour cette

maquette debateau-bœufau 1/10e avecson gréement

complet

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Page 32: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

mourres de pouar, pilotines et même chalutiers àl’échelle 1/10e. Ces maquettes étaient le motifpremier de notre rendez-vous. Elles sont-là, ausous-sol de la villa, sous des bâches qui les pro-tègent de la poussière en attendant de prendreleur place au Musée de la Mer promis prochai-nement aux Sétois.« Son savoir-faire, André Aversa le perpétuedans sa collection de maquettes. Il passe à lesdessiner et à les construire autant de temps queles originaux en nécessitaient pour leur fabrication.Cette qualité, ces techniques, cet amour de labelle matière font autant partie du patrimoine deSète que les vers de Paul Valéry ou les chansonsde Brassens.» Propos du maire, François Com-meinhes, lorsque André Aversa avait fait don àla ville de ces merveilles dont certaines sontinscrites à l’inventaire des monuments historiques.En attendant de prendre place dans le Muséede la Mer que projette de réaliser la communedans les anciens locaux d’Ifremer, elles sont là, às’ennuyer au sous-sol de la villa, dans l’atelier etune chambre mitoyenne. Ici, sur les établis, entreles outils, il y a trois maquettes du “Saint-Pierre”(lire page 20) qui montrent les différents stades

de la construction d’une catalane : le squelettedes membrures, les bordées posées, barqueache vée et gréée. Peinte aussi alors que les deuxpremières sont en bois vernis : « Celles-ci ne per-mettent pas l’erreur. Si je me rate un peu sur ladernière, je mets du mastic pour boucher et avecun coup de peinture par-dessus personne neverra rien. Avec les maquettes en bois vernis, ilfaut que tout soit parfait de la taille à l’ajustage ». Dans la pièce à côté, on peut admirer un ba-teau-bœuf de 2 m de long et de 2,20 m dehaut auquel il ne manque pas la moindre poulieni le moindre cordage. Il a fallu près de 2000heures de travail pour terminer ce chef d’œuvre,presque autant que pour construire le modèleoriginal, le “Royal” qui mesurait 14 m avec uneantenne de 22 m et qui embarquait 15 tonnesde gravier comme lest. « Le mousse faisait lesinge sur l’antenne pour rouler la voile. Et il n’yavait pas de couchette pour le patron, il nelâchait jamais la barre : “bateau de bois, marinde fer” on disait en ce temps là », note AndréAversa en commentant un fait divers récent : « Ja-mais un bateau comme ça ne se serait échoué àl’America Club ou au môle ».

Les maquettesd’André

Aversa onttrouvé place dans le tout

nouveaumusée

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Page 33: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Enfin il y a un grand tableau qui dresse latypologie des nacelles : « Il y avait douzemodèles dans la région. Ce tableau a été faitavec les indications de mon oncle Jacques.C’était le spécialiste des nacelles. Il lui fallaittrois ou quatre jours pour en faire une. Le premieril traçait, le deuxième il “usinait”, le troisième, ilmontait. Il avait toutes les cotes dans la tête. Il afinit par m’écrire les relevés sur six feuilles depapier. Il y avait tout, les négafols de 13 et 14pans pour la chasse ou la pêche à la boîte (lirepage 17), le barquet de 15 ou 16 pans, les na-celles de 17 à 22 pans pour le travail surl’étang, et le marinier de 26 pans pour la pêcheà la traine le long du littoral ».« Charpentier de marine ! On est tenté de direquel beau métier, parfois dur, au bord de l’étang,aux quatre vents, mais tellement prenant… Métierqui ne s’apprend pas à l’école ni avec des livresmais sur le tas, en commençant très jeune, aucontact des anciens, on découvre la magie dela construction dont on ne peut plus se passer, uncertain virus du métier. Malheureusement les chan-tiers ont fermé les uns après les autres… ».

PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN GIRAUDO

Page de gauche : maquette de la barque catalane le “Saint-Pierre” construite en 1909 par Louis Aversa et toujours à flot. Au second plan la maquette du chalutier “Capricieux” le premier construit à Sète avec un arrière à tableau.Ci-dessus, André Aversa devant le squelette d’un bateau-bœuf. A droite, de haut en bas : les étapes successives de la construction des barques catalanes; une nacelle de 17 pans à l’échelle 1/5e; la maquette de la barquette “Toi et Moi” construite en 1942pour la famille Aversa selon le gabarit “Saint-Joseph”.

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Page 34: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

’arrière grand-père ma-ternel de Bernard Bressona vu le jour à Gaeta(nord de Naples) au XIXe

siècle. Selon la légendefamiliale, Jules Ricciardiavait gagné Marseille oùil devait s’embarquer pour

les Etats-Unis, mais le bateau venait de partir. Safemme étant sur le point d’accoucher, Juleschercha du travail en attendant le prochainbateau. Quelques mois plus tard Anges Ricciardi a bienvu le jour, mais ses parents ne montèrent pasdans le nouveau bateau en partance pour l’Amé-rique du Nord ni dans les suivants. Jules était charpentier de marine. Il y en avaitbeaucoup à Marseille qui étaient aussi arrivésd’Italie à cette époque, moins à Sète. La familles’établit donc au pied du mont Saint-Clair. Le pre-mier chantier Ricciardi vit le jour sur les ber ges dela Bordigue près de l’actuelle Chambre de com-merce et d’industrie. Puis, au fil de l’aménagementdes berges, il se déplaça d’abord sur le quai de-vant la gare et enfin à la Pointe Courte.Anges se maria avec Juliette qui était la fille dupatron du chantier Scotto. Anges prit la suite deson père Jules. Les affaires pros pé rèrent mais lechantier ferma quand Anges prit sa retraite – « à

plus de 80 ans » se souvient Bernard Bresson.Son grand-père n’avait pas de fils pour prendrela relève. Sa fille, Jeanine, avait épousé un ingé-nieur béton entrepreneur de maçonnerie, RogerBresson, le père de Bernard.Quand Roger a pris sa retraite, il a trouvé leslivres dont s’étaient servi Jules et Anges pourconstruire les embarcations traditionnelles deSète, « quatre précis de construction navale, deslivres de maths en fait », précise Bernard àpropos des gros volumes qui reposent sur un bu-reau dans l’appartement de sa mère. Du coup l’ingénieur béton a muté en ingénieurmaquette. Avec une patience infinie, il a noté,me suré, tracé, découpé, assemblé de fines la -mel les de bois parfois taillées dans des caissesd’oranges pour reconstituer catalane, nacelle,mourre de pouar, barquette, bateau-bœuf auxquelsil ne man que pas le moindre détail. « Il n’y avait pas de soucis pour lui faire un ca -deau à Noël, le dernier modèle de micro-perceu se-ponceuse faisait son bonheur » se rap-pelle avec amusement Bernard Bresson.Un de ces chefs-d’œuvre avait été exposé aumusée Paul-Valéry à côté d’une maquette d’AndréAversa. Bernard Bresson nous a permis de pho-tographier les autres, présentés ici, qui ont étérépartis entre les membres de la famille après ladisparition de Roger en 2000.

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Les plans de Jules Ricciardi, les maquettes de Roger Bresson

Une affaire de famille

Avec unepatienceinfinie,

il a mesuré,tracé, découpé,

assemblé de fineslamelles

de bois…

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Page 35: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Ci-contre, mise à l’eaud’un bateau-bœuf au chantier Ricciardi en octobre 1932(archives BernardBresson).Les quatre maquettesont été réalisées selonles plans de JulesRicciardi par songendre Roger Bresson.

Bateau-bœuf

Mourre de pouar

Tartane

nacelle pontée

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Page 37: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Georges Pélissa s’est établi en 1920 à Sète où il résida jusqu’à la fin de sa vie. Quand GérardRéthoré apprit que cet ancien marin âgé de 77 ans dont il était l ’opticien avait été cap-hornier, il lui demanda de recueillir ses souvenirs. Le 11 février 1974 Gérard Réthoré a ainsiinterviewé Georges Pélissa dans la petite maisonde plain-pied qu’il occupait à la Plagette. Ce fut un homme « heureux et rayonnant » qui amena Gérard Réthoré vers des horizons

lointains à bord de voiliers de légende. Décrypté 40 ans après, ce récit nousfait découvrir le pot-au-noir de l ’Equateur puis la tempête dans lescinquantièmes hurlants — sur un quatre mâts barque métallique de plus de 100 mètres de long avec 5 000 tonnes de nitrate embarquées au Chili — à faire des épissures, manger du lard et des patates, échanger des servicescontre des quarts de rouge, casser la glace recouvrant les vergues…

Entretien avec Georges Pelissa

Le dernier Cap-Hornier sétois

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Maquettte du quatre mâts barque la “Loire” de l’armement Bordes à bord duquel Georges Pélissa franchit le cap Horn en 1916.

Page 38: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

eorges Pélissa naît en1897 à Saint-Laurent-de-la-Salandre (P.O.) dansune famille de marins. Ilperd sa mère à 9 ans. A10, il embarque commemousse sur un chalutier.Un cousin de son oncle

qui en a la charge est capitaine sur “l’Antoinette”.Le cousin encourage l’oncle à placer le gaminsur un long courrier. A 14 ans, Georges Pélissapasse pour la première fois le cap Horn à bordde “l‘Espérance”. Le voyage dure sept mois.Avec une vingtaine de jours scotchés dans le“pot au noir” à l’alignement de la Croix duSud. A son retour en France, la Première GuerreMondiale a éclaté. Son bateau est réquisitionné.Il part pour les Dardanelles et Salonique. Puis ilfait le transport de charbon entre la France etl’Angleterre. Victime d’une otite, Georges Pélissaest débarqué à Nantes. Il sort de l’hôpital aumoment de la mobilisation de sa classe. On luipropose de rejoindre l’escadre à Toulon ou dereprendre la mer pour le long cours.« Le capitaine d’armement c’était monsieur Salin(je connais tout le monde, ces officiers, qu’estce que vous croyez !) et il a dit : “Allez, qu’estce que vous préférez mieux : aller à Toulon ou

partir au long cours sur un voilier ?” Au lieud’aller à Toulon, je préférais mieux un voilier,parce que j’avais goûté à la Méditerranéeavec les sous-marins qu’y avaient ! Et alors j’aidis : “ Je pars au long cours !”. Et je suis partisur la “Loire”. J’en ai bavé des ronds dechapeau moi, je vous le dis ! oh, oui ! oh, oui !Il nous a souqué ce capitaine. En arrivant, àSaint-Nazaire, j’ai débarqué et j’ai préféré re-tourner au service. »Le 5 avril 1916, Georges Pélissa embarquedonc à Nantes sur la “Loire”, dont l’équipageest composé de deux bordées : « C’est pas dif-ficile, il y a 16 et 16, 32 matelots, il y a un no-vice par bordée, ça fait 34, un mousse parbordée (ces mousses, c’est les femmes de mé-nage, ils font le carré des officiers), alors ça fait36, après vous avez 4 officiers — le comman-dant, le second capitaine, le premier lieutenant,le second lieutenant — alors ça vous fait 40,après vous avez 2 maîtres d’équipage, unpour chaque bordée, ça fait 42, et vous avezle charpentier et un mécanicien. Le charpentier,lui distribue l’eau tous les matins (on vous endonne pas pour se laver, juste pour boire); et lemécanicien, lui s’oc cupe des deux chaudières— pas pour faire marcher le bateau, pour fairele chargement et le déchargement, c’est des

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Je suis partisur la “Loire”.J’en ai bavédes ronds

de chapeau,moi, je vous

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quai de la Fosse à nantes vers 1910.© Messagerie Hachette/DR

Page 39: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

petites chaudières verticales, voyez,qui donnent la vapeur pour lestreuils, voilà. Nous étions 44,45, sur le bateau parce quenous avions un pilotin maiscelui-là, il payait, pour devenircapitaine au long cours, ilpayait 5 F par jour, il appre-nait le métier et je l’ai rencontréà Nantes en 1930, oui, Mon-sieur Leblanc... »Deux bordées, il n’en faut pasmoins pour manœuvrer sans cessepar tout temps ce géant des chantiers deSaint-Nazaire à la coque métallique, longue(100 m) et effilée (12 m de large), dont lesmâts qui atteignent 54 m supportent un nombreimpressionnant de voiles aux noms fleurant bonl’aventure — cacatois, perroquet volant, perroquetfixe, hunier volant, misaines, marquises, focs,trinquette, latine, artimon… La journée s’écouleau rythme des quarts. A chaque quart, pouréconomiser la toile, éviter l’usure des pouliesou en fonction des changements météorologiques,les jeunes grimpent dans la mâture pour tantôtserrer, tantôt larguer la toile : « Oh! oui, c’estdes tonnes de voiles ! A chaque voyage on faitun jeu de voile. Parce que le vent, le ventarrache tout ! Vous savez, les maillons d’écoute,vous voyez ça partir comme des langues defeu, comme des fusées, ça part, ça voltige. Etla toile, une voile toute neuve, est arrachéedans le mauvais temps. D’ailleurs, c’est pas dif-ficile, d’abord on commence à mettre les voilesde mauvais temps en quittant Saint-Nazaire,jusqu’au large des Açores, on garde ces voilesparce que dans l’Atlantique il fait plutôt mauvaistemps. Saint-Nazaire, c’est 44° Nord alors onmet les voiles neuves et quand on a passé lesAçores, jusqu’au travers de Buenos Aires,

jusqu’au golfe de Sainte-Catherinequ’on appelle, on garde les voilesde beau temps — elles ont fait unvoyage mais elles sont bonnesquand même. Et après on remetles voiles de mauvais tempspour le cap Horn. Les soutessont pleines à bloc, c’est un ma-gasin. Et quand on a passé lecap on remet les voiles de beau

temps, les voiles d’été, elles sontgrises parce qu’elles ont déjà été

brulées par le soleil, par le mauvaistemps, et là on commence à faire de la pro-

preté. Tous les jeunes font ce travail, et en reve-nant, jusqu’au cap on a toujours ces voilesquand même et on fait la peinture. Et au cap,avec le froid — vous savez quand vous tombezpendant un voyage entre les 54°et 57° Sud,là, vous sentez la fraîcheur des montagnes deglace — il faut monter larguer les voiles s’il nefait pas trop de vent, on largue la toile, avecune martelette, vous savez comme ont lesmaçons pour piquer les briques ou le plâtre.On pique pour faire tomber la glace pourpouvoir larguer les voiles, c’est glacé ! Vousavez toujours les doigts gelés. Même que deshommes là-haut, ils étaient tellement gelés qu’ilsne pouvaient plus descendre des vergues. Alorson les attachait pour les descendre avec descordes ».La “Loire” fera l’aller-retour au Chili en moins de70 jours. Cette fois, le voyage de Georges Pé-lissa dure près de neuf mois tant les conditionsau passage du cap Horn à l’aller sont éprou-vantes. En raison des légendes sur les cannibalesque se transmettent les marins, ils redoutent quele navire soit drossé sur la côte : « C’est l’hiverlà bas, je vous dis le 13, le 14 juillet. A 5 heu -res le matin, le ciel est rouge, la terre est rouge...

Les dents de la mer« Les requins on commence à les voir au large de Cayenne. Vous commencez à voir des petits poissons, les pilotes, vousdites “ils sont pas loin”. Vous prenez des grosses boîtes vides de 5 kilos, vous les remplissez de charbon, d’escoubilles, vousles jetez. Elles font pas un pli ! Ils avalent la boîte entière ! Ils attaquent la boîte tout ce que vous jetez, ils avalent laboîte en fer ! Je vous le dis, ils sont gros. on en avait fait le mât du pavillon de la baleinière avec leurs os. Quand il y enavait un au bout d’une ligne le capitaine faisait donner un peu au vent pour l ’embarquer et, au palan, on le montait. Il se débattait, le pont tremblait, on lui mettait un gros manche dans la gueule pour l ’étouffer, alors certainsramassaient les ailes parce que dans les ailes il y a de petits os, ces petits os, ils les nettoyaient, les travaillaient. Ils servaient à faire des poulies pour les petits bateaux, pour faire des porte-cigarettes, ils servaient pour mettre desaiguilles. Mais on ne le mangeait pas, le requin. Quand on le mettait sur le pont ça sentait déjà la mort. Alors on le partageait et on le jetait à la mer, on le donnait à manger aux autres requins. »

D’un côté la terre avecles sauvages,

de l’autre les icebergs !

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c’est la Terre de Feu qu’on appelle. Toutes voilesdehors, et on marchait, on marchait... à midijuste, voilà un petit nuage de rien du tout. Ils’est formé un petit nuage dans l’espace detrois minutes, peut-être pas. Et le bateau s’estpenché comme ça, la grêle passait d’un bordà l’autre. Les voiles, il n’en restait plus aucune,il restait que les brigandines de derrière. Non,non, on n’a pas démâté, tout est parti, la toile,les élingues, les fils d’acier, tout. Et personnen’est tombé à la mer. C’était midi, ils mangeaientdans le poste, il n’y avait que l’homme debarre et les officiers en bas. Il restait que lesvoiles de derrière et il fallait passer entre lesmontagnes de glace d’un côté et de l’autre, laterre avec des peaux rouges, des sauvages.Oui, à ce moment là oui, il y avait encore dessauvages. Ils mangeaient le monde, ils ontmangé l’équipage de la “Madeleine”. La “Ma-deleine”* s’est perdue on ne les a pas retrouvés,non jamais, ils ont été mangés par les anthropo-phages. Et de l’autre côté c’était les icebergs.On a passé le détroit et vers une heure, on avaitcommencé à remettre la toile et on est passé,c’est pour ça qu’on s’est retrouvés dans lemauvais temps, on a rencontré le mau vaistemps, et là on est restés 29 ou 30 jours – parbeau temps ça aurait pris pas plus de 10jours ! Dans la journée vous sentiez la fraicheurde la terre, alors le soir le capitaine nous met taitvent arrière pour nous éloigner un peu, mais lescourants nous rapportaient “maï” le lendemain,et on est restés jusqu’à temps qu’est venu lebeau temps, les vents favorables et on a pu re-joindre le Chili. Voilà la vie des marins ! »Arrivé à Taltal où une cargaison de nitrate doitêtre embarquée, l’équipage est consigné àbord. Le chargement est assuré par les Chiliens :« Nous les marins, on fait rien du tout. Le nitrate

est chargé sur des chalands parce qu’il n’y apas de port, c’est une plage comme vousdiriez entre Villeroy et la Corniche. Le chalandplat va de la plage au bateau. Il y a un écha-faudage au milieu de la cale et un homme seulse prend les sacs et se les place, chaque sacest jeté et personne les touche. Après, il fautdes pioches pour les arracher. Donc on n’estpas descendus, jamais, parce que c’était laguerre — pour pas qu’il y ait d’histoire ! »Sur le chemin du retour, au travail dans lamâture, s’ajoute l’entretien du bateau : « En re-venant, jusqu’au cap on a toujours ces voilesquand même et on fait la peinture. On peint lesvergues, on peint ce qu’il y a en fer, et lecapitaine nous regarde avec les jumelles. Lecapitaine nous regarde si tout se fait bien. Etaprès le cap Horn, alors là, avec un morceaude toile raide, du sable et du potassium à vif,on fourbit tous les cabillots, ceux qui sont en fercomme ceux qui sont en bois. » Les marins n’ont que le dimanche matin poursouffler un peu. Ils en profitent pour faire de latoilette : « Le dimanche alors on nous donne unseau d’eau, 6 litres d’eau, dans des seaux enbois et ça nous sert pour nous laver, pour nousraser et pour laver le linge. Vous mettez le lingepar terre, vous vous changez et vous vouslavez et toute cette eau se récupère sur le lingemouillé, vous le savonnez, vous le frottez bienet vous le rincez à l’eau de mer, voilà. Le di-manche matin on travaille pas, il y a que si il ya mauvais temps alors là, tout le monde sur lepont, c’est pas payé, il n’y a pas d’heure ni derepos là. »La nourriture servie à bord est aussi monotoneque le travail. « A midi, c’est du lard que le cui-sinier à fait dessaler le soir et fait cuire avecdes pommes de terre bouillies ; le soir, haricots.

« La Croix du Sud, il y a une étoile au milieu et une étoileà chaque coin de la croix, et ça bien en ligne, les quatreétoiles forment la croix, c’est pour ça que l ’on dit, la Croixdu Sud ! Et les navigateurs, les “ceusses” qui faisaient laligne de Buenos Aires ou tout ça, enf in là-bas quoi ! ilsbaptisaient les passagers. Au moment de la ligne,l ’équateur, quoi, alors on prépare des grandes lessiveusesen bois, on les remplit d’eau et de savon, on fait de lagrosse mousse et il y a le coiffeur avec un grand rasoir enbois. Alors on demande un volontaire pour faire le roi etun volontaire pour faire la reine. Tout le monde est

volontaire ! Et avec un balai, on vous passe la savonnadedans la f igure, voyez, et il vous rase. Et à la reine, ils luifont prendre le bain avec un balai brosse. Et après, avec la manche à eau, on fait prendre la douche à tout lemonde, tout ceux qui sont sur le pont. Ca, c’est le baptêmede la Croix du Sud, pour “ceusses” qui passent l ’équateurpour la première fois, les autres non, parce qu’il y en a qui font la ligne de Buenos Aires souvent. Mais ceux qui l ’ont pas passé, ceux pour qui c’est la première fois,alors on choisit le roi et la reine… Et là, si vous trouvezles alizées, vous f ilez avec toutes les voiles. »

Les baptisés de l’Equateur

Le dimanchematin

les marins se lavent, se rasent

et font leurlessive…

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On fait roussir un peu d’oignons dans unepoêle et avec l’eau de ces haricots qu’on nousdonne le soir nous on fait la soupe. Commepain c’est des galettes. On les met dans un sacen toile, on les écrase et on fait la soupe, çafait comme de la purée, voilà ! Et le jeudi, alorslà, on nous donne du corneed beef, une boitede 5 kilos par bordée. On mettait le corneedbeef sur des pommes de terre coupées entranche et on passait ça au four. On avait aussiune sardine chacun. Et deux fois par semaine,le jeudi et le dimanche, on avait de la confiture,c’était le dessert. On avait aussi un quart de vinpar repas. Quand on avait fait un gros travaild’effort, changer les voiles par exemple ourem placer des voiles qui étaient parties parmau vais temps, on nous donnait un quart devin de plus. La goutte on nous en donnait 5 cl,c’est comme un dé à coudre. »Pour améliorer ce médiocre ordinaire, les marinscalent quelques lignes avec lesquelles ils pêchent.« Aux Açores il y a des thons blancs, des mar-souins, des thons rouges et des daurades, desgrosses daurades comme ça. Au lieu de nousdonner du lard, alors là il nous faisait un platde poisson et après on mettait une tranche delard et du poisson, on le mettait au four et onnous faisait du pâté. »

Les albatros qui, une fois posés sur le pont n’ar-rivent plus à prendre leur envol en raison deleur envergure, sont aussi des prises de choixpour les marins : « La viande, on la faisait cuireet on la mangeait, après on faisait du pâtéavec le reste, c’était bon à manger. Le requinnon, on le mangeait pas. Les albatros, ils ont 3mètres d’envergure, au bout de l’aile ils ont unecouronne et les femelles elles sont toute blancheet grise en dessous et les pattes jaunes. Cespattes, on les nettoie bien, on les fait sécher,puis après on les vernit. On en fait des porte-manteaux. D’autres font des bateaux. Ils mettentdeux ans, trois ans pour faire des petits bateauxmais tout fait en os d’albatros. Les os, c’est comme de l’ivoire. Ils font lebateau en bois, après avec des bouts d’os ilsmettent plaques par plaques comme ça, et arri-ment avec des petits bouts d’os car ils sauventtoutes les parties des os, alors ils pointent et ilspercent et c’est fait comme un bateau, pareilpour les poulies. Ils mettent deux ans, trois ans,cinq ans, tout ça dépend de la grandeur dubateau, mais vous savez ce sont des miniatures,faut voir ça ! Ils ont une patience d’ange ceslongs courriers. »Cette patience n’est pas forcément désintéressée.A bord l’unité “monétaire” est le quart de vin

Routes des longs courriers pour le Chili. Extrait “Les Derniers Cap-Horniers français”. Matelots dans les vergues du petit hunier fixe. © Gluck/DR

Les albatrosune fois posés

sur le pontn’arrivent

plus à prendreleur envol.

Page 42: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Quatre-mâts barque sur lequel Georges Pélissa a franchi pour la seconde fois le Cap horn au cours d’un voyage qui duraprès de neuf mois, la “Loire” avait réussi à rallier Iquique sur la côte chilienne au départ de Portland en Angleterre en 66 jours en 1900. C’était un navire de marche. Lancée à Nantes en 1897, la “Loire” a été démantelée en 1924 aprèsavoir traversé la guerre de 14-18 en échappant aux sous-marins allemands. Il était célèbre pour avoir réalisé lesauvetage du clipper anglais “Dalgomar” en 1913. Le vaisseau qui pouvait déployer 4 300 m² de voile (60 % de la tailled’un terrain de foot) était l ’un des fleurons de l ’armement Bordes qui compta jusqu’à 46 voiliers et employa jusqu’à 1 400 matelots, assurant la moitié des importations européennes de nitrate jusqu’au déclenchement des hostilités. La compagnie, fondée en 1847 par Antoine-Dominique Bordes associé au capitaine Le Quellec, sera dissoute en 1935après avoir vu son activité décliner tout au long des années 20 en raison de la concurrence des “vapeurs”.

rouge. En échange de quoi les anciens rendentde menus services ou apprennent le métier auxjeunes : « Il fallait payer pour apprendre sinonvous n’appreniez rien, vous n’appreniez qu’àserrer la toile ou à laver le pont. Si vous étiezm’en foutiste, vous n’appreniez rien. Si vousvous en fichiez des quarts de vin vous appreniez.Parce que les vieux, ceusses qui sont à lavoilerie, ils savent coudre. T’as pas de casquette ?Allez pour quatre quarts, c’est vite fait. Mais ilsdéfendent de regarder. Allez pour voir donne-moi cinq quarts, donne-moi trois quarts… J’endevais encore trente-cinq ou quarante de quartsau retour en France voyez, mais j’ai appris àfaire des épissures, à faire des tresses, destresses carrées, à faire une casquette, à faireun pantalon, à tailler des bottes. Je sais le faire,qu’est-ce que vous croyez ? J’ai appris. »Après neuf mois de mer, sans aucune nouvelle,le retour à terre n’est pas facile. « Quand on ar-rive, quand on est jeune, alors qu’est ce qu’oncherche ? Les femmes ! A la mer, on n’y penseplus, on ne pense pas qu’on a eu mauvaistemps, on ne pense pas qu’on a souffert, onpense à rien. Les vieux longs courriers, voussavez ce qu’ils faisaient ? Ils encaissaient lemois, enfin le voyage, mais quand ils partaient,ils le devaient presque ! Ils passaient un mois àterre dans les bistrots sur le quai de La Fosse àNantes. Vous en avez entendu parler du quaide la Fosse ? C’est là qu’on ramassait tous leslongs courriers. Ils venaient tous dans ces mai -sons, alors vous aviez les femmes, vous aviezle manger et vous couchiez à bord. Vousn’aviez pas de sous alors on vous faisait créditjusqu’au moment du départ. Alors le capitained’armement vous faisait une avance sur levoyage et les tenancières, elles venaient àbord avec la liste : untel me doit tant, untel medoit tant. Le capitaine les réglait avant de vousdonner vos sous. Vous alliez au marchand de

linge à côté du pont transbordeur, vous n’aviezpas de linge, vous n’aviez pas de sous, vousdisiez « portez-moi un bleu, un ciré, une paillasseet deux couvertures », alors il marquait, vousn’aviez pas besoin de sous ! Et ceux qui étaientmariés, ils déléguaient. S’ils touchaient 80 Fpar mois, ils déléguaient 40 à la femme et ilsavaient 40 pour payer leurs dettes quand ils ar-rivaient de voyage. La compagnie envoyaittous les mois 40 F à la femme. »Georges Pélissa embarquera ensuite pourl’Egypte ou les Amériques sur des vapeurs plusrapides et plus confortables que les grands voi-liers. « Je vous dis qu’au lieu de faire trois-quatre mois de mer, les vapeurs passent par ledétroit de Magellan et arrivent dans les vingtjours au Chili. Et à l’arrivée, ça coutait moinscher. Mais la vie n’était pas la même, on man-geait du frais parce qu’on prenait du bétail àbord, des moutons, des poulets, des cochons,des veaux… Sur les voiliers, non ! Les deux outrois porcelets, ils étaient pour le carré des offi-ciers, pas pour les autres. Pourtant à bord deces voiliers, on avait une bonne mentalité.Jamais je n’ai vu, non jamais, de dispute.Jamais rien. C’étaient les jeunes qui faisaient latable, qui lavaient les assiettes, nettoyaient leposte. Les vieux, non ! On leur portait à mangeret on leur servait le quart de vin. On leur disait“fais-moi une paire de sandales” et ils nous ré-pondaient “allez va, bois ton quart ”. Alors onleur devait un quart. »

PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD RÉTHORÉ

*L’armement Bordes a eu deux navires appelés “Madeleine”, prénom de leur marraine, l’épouse d’Alexandre Bordes. Le premier était un quatre-mâts barque lancé à Nantes en 1895. Alors qu’il avait commencé à charger sa cargaison de nitrate, iI chavira le 24 juin 1911 avant d’avoir pu s’échouer lorsqu’un ouragans’abattit sur la rade d’Iquique. C’est sans doute à ce naufrage que fait échos Georges Pélissa. La “Madeleine 2” était un trois-mâts construit en 1902 à Rouen. Il a été coulé le 31 juillet 1917 par un sous-marin allemand une vingtaine de jours après le début de son voyage. Les rescapés furent recueillis par lesteamer américain “Santa Cecilia” et débarqués le 4 août à Casablanca.

La “Loire”, un fleuron de l’armement Bordes

Quand onarrive, quandon est jeune

alors qu’est cequ’on cherche ?Les femmes !

Page 43: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

une action dans la fête

A l’occasion d’Escale à Sète, le Rotary Club Sète

Doyen, grâce à l’un de ses membres éminents

et la complicité de plusieursRotariens, a créé dans

la pure tradition des bars de ports une taverne digne

des meilleurs pubsd’Outre-Manche.

Deux soirées sur invitationuniquement dont

les bénéfices seront verséesaux Blouses Roses de Sète.

L’enseigne de la taverne a été réalisée par Gérard

Réthoré sur un modèle deMarie-Christine Giraudo.

Remerciements

“Bateaux des côtes de France”, FrançoisBeaudouin, Ed. Glénat, 1990“Bateaux et embarcations à voilure latine”, Jules Vence, Paris, 1897“Cette hier, Sète aujourd’hui”, C & H Gevaudan, Ed. GraphiCopie“Chantiers Aversa et collection”, Andrée Aversa, 2066“Et voyagent tartanes et voiles latines…”, Pierre Blasi, Ed. Edisud , 2000“Guide de la manœuvre des petits voilierstraditionnels”, Ed. Chasse-Marée/Armen, 2001

“Guide des voiliers de pêche”, Ed. Chasse-Marée/Armen, 2000“L’aventure de la voile 1520-1914”, Donald Macintyre, Ed. Albin Michel, 1970“Le négafol, le barquet, la nacelle – les barques de l’étang de Thau”, Ed. Musée de l’etang de Thau, 1996“Le pointu”, Carnet du patrimoine n°4, Conseil général du Var, 2004“Les contraintes, l’aléatoire et la ruse – ethnologiedes techniques de pêche dans l’étang de Thau”,Vincent Giovannoni, Ed. L’Harmattan, 1995

“Les derniers cap-horniers français”, Louis Lacroix,Ed. Maritimes et d’Outre-Mer, 1968“Les nacelles du Languedoc”, Christian Dorques et Bernard Vigne, Ed. Chasse-Marée n°62, 1992“Pied marin, pied à terre –le travail des Hommessur le port –Sète-Frontignan-Bassin de Thau”,ouvrage collectif sous la direction de l’associationHistoire et vie étonnantes d’un port, 2003“Sète – Méthamorphoses”, Claude Bonfils, Ed. Equinoxe, 1991“Voiles latines”, Jean Huet, Philippe Rigaud,Bernard Vigne, Ed. Chasse-Marée, 2004

Bibliographie

Le Président et les membres du Rotary Club Sète Doyen remercient chaleureusement tous ceux qui ont permis la rédaction et l’illustration de cette brochure consacrée au patrimoine nautique de Sète et du bassin de au, et en particulier :• André Aversa, charpentier de marine• Bernard Bresson, petit-fils de Jules Ricciardi• Maïté Vallès-Bled, conservatrice du Musée Paul-Valéry• L’Association Voile latine de Sète et du Bassin de au• Le Musée de l’étang de au• Le Musée de la Mer et des traditions maritimes de Sète• Le Musée national de la Marine• L’association Cettarames• Les services de communication de la Ville et de l’Office de Tourisme de Sète • L’association Escale à SèteLe Président et les membres du Sète Doyen adressent aussi leurs vifs remerciements aux annonceurs qui ont contribué à soutenir les actions du club à l’occasion de la publication de cette brochure : • L’Adresse, agence de la Corniche• Flam Imprimeur • Hexis • KPMG.

Le théâtre Molière écrin d’une œuvre rotarienneDans le cadre du théâtre Molière somptueusement rénové, le Rotaryclub Sète Doyen a présenté ven dredi 18 avril un récital de pianistesau profit du ser vice de néonatalogie de l‘hôpital de Sète-Bassin deThau dans lequel pourront ainsi être installées des caméras de vidéo-surveillance permettant aux mères de grands prématurés de garder uncontact avec leurs nourrissons.Cette action a été réalisée en partenariat avec Thau-Agglo, la Ville deSète et la Banque Dupuy de Par se val que le Rotary club Sète Doyenremercie chaleureusement ainsi que les interprètes qui se sont pro duitsbénévolement : Françoise Albert-Arnal et Geneviève Ibanez, Jean-JacquesDi Tucci et Patricia Rydzok, Guy et Adrian Sbarra et Xavier Seigle.

Page 44: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Le premier Rotary Club a étéréuni en 1905 à Chicagopar un jeune avocat, PaulHarris, qui souhaitait que lesacteurs de chaque groupeprofessionnel agissent ensem-ble dans un esprit de cama-raderie et de bonne volonté

pour servir ceux qui en ont besoin.Le Rotary est aujourd’hui une organisation mon-diale de plus de 1,2 million de membres issusdu monde des affaires, des professions libérales,de la société civile. Les membres des Rotaryclubs, appelés Rotariens, apportent un servicehumanitaire, encouragent l’observation de hautesnormes éthiques dans le cadre professionnel, etaident à développer bonne volonté et paix àtravers le monde.Le Rotary compte plus de 33 000 clubs répartisdans plus de 200 pays et territoires. Les clubssont apolitiques, non religieux et ouverts à toutescultures et croyances. La devise du Rotary, Servird’abord, indique bien que son objectif principalest le service à autrui, dans les collectivités, surles lieux de travail et à travers le monde.Le Rotary Club de Sète Doyen1 s’inscrit résolumentdans cette perspective. Il a fêté ses 80 ans en2011. Il est le plus ancien club service de l’Hé-rault. Avec le “Markethon”, il contribue a la re-cherche d’emploi sur le bassin de Thau. Avec“Espoir en Tête”, il participe au financement desrecherches sur les maladies du cerveau. Avecles “Entretiens d’embauches”, il initie les élèvesdu lycée Joliot-Curie à éviter les pièges du recru-tement. Avec la “Banque alimentaire”, il collectedes denrées de premières nécessités pour lesplus démunis. Avec “Mon sang pour les autres”,il aide l’Etablissement français du sang dans lescampagnes de dons. Depuis 1972, le RC SèteDoyen participe aussi à la sauvegarde de l’ab-

baye Saint-Félix-de-Montceau qui est un des tré -sors médiévaux de l’agglomération sétoise.Depuis 2006, le RC Sète Doyen édite une bro-chure dont les bénéfices permettent de financerdes actions locales et internationales. Le club aainsi :> contribué à la formation d’un chien d’aveugleen 2007 ;> acheté des containers de survie pour Haïti en2008 ainsi qu’un chariot pour permettre auxhandicapés de prendre des bains de mer ;> fourni des ordinateurs portables à des élèvessétois en difficultés ;> accueilli deux étudiants américains et envoyéaux Etats-Unis une lycéenne sétoise pour une an-née scolaire ;> créé et électrifié une école dans un villagemalgache ;> électrifié un village laotien ;> financé un jeu de voile pour l’équipage dulycée de la mer Paul-Bousquet engagé dans leDéfi des ports de pêche.La brochure 2014, qui est une réédition mise àjour et augmentée de l’édition 2012, se proposede donner un coup de projecteur sur l’histoire etle patrimoine maritime de l’île singulière à l’oc-casion de la troisième édition d’Escale à Sète.Soutenir le RC Sète Doyen, c’est contribuer à :> l’éradication de la polio dans le monde ;> la lutte contre les maladies du cerveau enFrance ;> la pérennité de l’association Seamen’s Clubde Sète ;> l’installation d’un système de vidéo-surveillancedans le service de néonatalogie de l’hôpital deSète-Bassin de Thau.

1) Un second Rotary Club, le RC Sète Bassin de Thau a été créé en 1992, son siègesocial est à l’hôtel l’Orque Bleue.A l’occasion de son 80e anniversaire, le RC Sète Doyen a édité un livre “1931-1981Il était une fais le RC Sète Doyen”, disponible dans les meilleures librairies sétoisesau prix de 24 euros.

Le Club de Sètes’inscrit

résolumentdans

les principesédictés par

le fondateurdu Rotary

Paul Harris

RoTARY CLuB SèTE DoYEn n°11052 District 1700. Siège: Grand Hôtel, 17, quai de Mal de-Lattre-de-Tassigny 34200 Sète - France

Réunions : les jeudis (1er et 3e du mois, apéritif à 19 heures ; 2e et 4e du mois, dîner à 20 heures ; 5e du mois, dîner mixte à 20 heures). Site internet : rotarysete.ning.com. Courriel : [email protected].

Page 45: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

Jackie Chan

NOUS SOMMES À ÇA D’EN FINIR AVEC LA POLIO

Nous avons aujourd’hui la possibilité de changer le monde. Pour qu’aucun enfant ne soit plus jamais paralysé par la polio.

Passez à l’action. Faites-vous entendre. Donnez. Écrivez une page d’histoire.

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Page 46: Brochure 2014 du Rotary Club Sète Doyen

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