BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragédie Classique à Byzance

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  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    1/11

    Revue des tudes Grecques

    Ignace le Diacre et la tragdie classique ByzanceRobert Browning

    Rsum

    La reprise de l'tude et de la copie des textes des tragiques grecs est gnralement date de la deuxime moiti du xe sicle.

    Mais plusieurs tmoignages suggrent que ces textes furent l'objet de l'tude partir de la premire moiti du ixe sicle. Unmatre d'cole byzantin possdait un texte de Sophocle vers 930. Lon Choirosphakts semble s'tre occup des tragdiesclassiques au commencement du Xe sicle. Le Lexique de Photius a tellement plus de citations des tragdies conserves quede celles qui furent perdues dans l'antiquit, qu'on doit admettre que l'auteur basait sa compilation non seulement sur deslexiques antiques, mais aussi sur la lecture des textes tragiques. Le dialogue entre Dieu, Adam, Eve et le Serpent, d'Ignace lediacre, montre beaucoup d'chos de passages de la tragdie classique ; et puisqu' Ignace tait probablement matre d'colependant les premires dcennies du ixe sicle, et qu'une pigramme lui attribue la redcouverte de la grammaire, il estvraisemblable que c'est lui qui a rintroduit dans le programme scolaire Byzance l'tude des tragiques, depuis longtempsoublis.

    Citer ce document Cite this document :

    Browning Robert. Ignace le Diacre et la tragdie classique Byzance. In: Revue des tudes Grecques, tome 81, fascicule

    386-388, Juillet-dcembre 1968. pp. 401-410;

    doi : 10.3406/reg.1968.1058

    http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1968_num_81_386_1058

    Document gnr le 26/05/2016

    http://www.persee.fr/collection/reghttp://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1968_num_81_386_1058http://www.persee.fr/author/auteur_reg_434http://dx.doi.org/10.3406/reg.1968.1058http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1968_num_81_386_1058http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1968_num_81_386_1058http://dx.doi.org/10.3406/reg.1968.1058http://www.persee.fr/author/auteur_reg_434http://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1968_num_81_386_1058http://www.persee.fr/collection/reghttp://www.persee.fr/
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    IGN CE LE DI CRE

    ET L TR GDIE CL SS IQU E BYZ NCE

    Quand

    les

    Byzantins redcouvrirent-ils la

    tragdie

    grecque?

    En

    un sens, c'est un

    faux

    problme : il

    y

    avait toujours des

    manuscrits d Eschyle, de Sophocle

    et

    d Euripide Byzance,

    et

    sans doute

    se trouvait-il quelqu un pour les

    lire.

    Mais

    il

    s'agit plutt de savoir

    quelle poque les tragdies classiques reprirent place dans

    la

    culture gnrale byzantine,

    quelle

    poque elles redevinrent des

    textes

    scolaires, quelle

    poque on recommena

    les copier

    dans

    la

    nouvelle criture

    minuscule.

    Alphonse

    Dain,

    dans

    un article

    qui

    fait

    encore autorit, suggra

    que

    ce

    n'est

    qu au

    cours

    de

    la deuxime

    moiti

    du

    xe sicle

    qu on

    reprit l tude et la copie des textes potiques, en particulier

    de

    ceux des tragiques. Il ajoute : On s explique assez bien

    que les

    potes anciens aient t

    tout d abord ngligs. Le

    mouvement

    de

    pense du ixe sicle

    tait

    avant tout

    religieux

    et

    thologique

    :

    ce n'est qu au sicle suivant

    que

    la

    cour inspira le mouvement

    littraire.

    La posie, cette poque, est avant tout affaire

    d universitaires, et l'on

    sait

    le peu

    de

    rayonnement cette date

    de

    l'Universit de Constantinople

    (1).

    Mais

    il

    se peut que

    le

    contact avec

    les textes

    de l antiquit

    ait

    t

    repris

    d'une

    faon moins

    schmatique.

    La

    culture

    byzantine tait

    moins monolithique qu on

    ne

    le

    croit,

    et souvent des tendances

    bien diffrentes se

    manifestaient la mme poque.

    En fait,

    il

    y

    a

    maint indice d'un intrt assez vif pour le drame

    classique

    partir

    de

    la

    premire moiti du ixe sicle.

    (1) Alphonse Dain. La transmission des textes littraires classiques de

    Photius

    Constantin Porphyrognte,

    Dumbarton

    Oaks Papers 8 (1954),

    33-47, en

    particulier

    p. 45.

    REG, LXXXI,

    1968/2

    n

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    402 ROBERT

    BROWNING

    D abord, un matre d cole byzantin

    de

    la premire moiti

    du xe sicle

    possdait

    un

    texte de Sophocle.

    Il s'agit

    de l'auteur

    anonyme d'un

    corpus

    de

    lettres

    conserv dans

    l Additional

    Manuscript du British

    Museum

    n

    36 749, que M.

    B. Laourdas et moi

    avons

    dit en

    collaboration (2). Bien

    qu aucune

    de

    ces

    lettres

    ne soit

    date avec prcision, elles

    semblent appartenir

    aux

    troisime

    et quatrime dcennies du xe sicle, comme je l ai suggr (3).

    Et l'on peut se permettre l'hypothse, qu un grammairien

    qui

    demandait

    un ami le retour

    de son

    Sophocle en

    avait

    besoin

    pour

    son

    travail

    d'enseignement.

    Puis il

    y

    a le cas de Lon

    Ghoirosphakts, homme

    d tat et

    diplomate sous

    Lon

    VI.

    Ghoirosphakts, qui tait pote

    et

    savant,

    fut

    l objet d attaques de

    la part

    de Constantin

    le Rhodien,

    qui

    l accusa de paganisme dans un pome

    bizarre

    et plein d'animosit (4),

    et

    d'Arthas de

    Gsare,

    qui publia

    un pamphlet contre

    Jui peu

    aprs 906. Parmi les griefs de cet acte d accusation se

    trouvent

    celui de

    s'intresser

    la

    musique antique

    les noms

    de Timothos

    et

    d'Aristoxne y

    figurent et

    celui

    d'tudier la tragdie classique.

    Citons le texte (5), qui, comme tout

    ce

    qu'crivit Arthas, n'est

    pas facile

    interprter :

    '

    ,

    .

    , , ,

    ,

    .

    *

    .

    , ^

    (2) .

    Laourdas,

    MB, Add.

    36749,

    58 (1954),

    196.

    (3)

    R. Browning,

    The Correspondence of

    a

    Tenth century

    Byzantine Scholar,

    Byzantion

    24 (1954)

    434-435.

    (4) Matranga,

    Anecdota

    Graeca II

    625-626.

    (5) Gompernass,

    Didaskaleion

    1 (1912) 304 ff. Le mme texte fut rdit,

    avec beaucoup d'erreurs et de bvues, par M. A. Changuine, Vizaniijskij

    Sbornik,

    Moscou-Leningrad

    1945,

    236-241.

    Voir

    maintenant l'dition par

    M.

    L. G. Westerink,

    signale dans

    la note

    additionnelle

    la

    fin

    du prsent

    article.

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    IGNACE LE DIACRE ET

    LA

    TRAGDIE CLASSIQUE BYZANCE

    403

    .

    ,

    .

    Ce

    qui

    semble tre

    dcrit dans

    ce

    texte peu clair est une sorte de

    cercle, o l'on lisait des tragdies classiques, et o peut-tre on

    essayait

    d'en donner une reprsentation dramatique rudimentaire.

    C'est cet

    intrt

    de

    la

    part de

    Ghoirosphakts

    qui explique pourquoi

    son correspondant Anastase

    le questeur,

    dans une

    lettre

    date

    par

    Kolias

    de

    la fin

    de 906,

    dit

    qu un Euripide ou un Platon serait

    embarrass pour trouver des

    louanges convenables

    ses mrites (6).

    Ensuite

    il y

    a

    le

    cas de Photius.

    Dans sa

    Bibliothque

    Photius

    n'inclut

    aucun

    texte

    dramatique.

    Les

    hypothses

    sur

    l occasion

    de

    la

    composition de

    la

    Bibliothque

    sont nombreuses

    (7).

    Ce

    qui

    est certain, puisque Photius

    le dit

    sans

    ambigut

    dans

    sa

    prface,

    c'est

    que les

    uvres enregistres

    dans

    la Bibliothque

    sont celles

    que

    Photius (et ses amis?) ont

    lues

    pendant

    une certaine

    priode et

    que son

    frre, auquel la

    Bibliothque

    est ddie,

    n a

    pas

    lues. Donc

    les

    arguments tirs du silence

    de

    Photius n'ont

    pas de validit

    gnrale.

    Il

    est vrai

    aussi que Photius tait le

    moins

    pote des hommes, et

    que

    dans ses lettres et ses

    homlies il est

    trs difficile

    de trouver

    une

    allusion

    la tragdie classique. Mais

    la

    question

    est

    de

    savoir

    s'il

    avait

    lu

    les

    tragiques

    et

    non

    s'il

    les

    apprciait. Si

    l'on

    passe

    au

    Lexique,

    uvre

    de sa jeunesse

    (8),

    je

    crois

    que

    cette

    question

    reoit

    une rponse claire. Dans le texte

    du

    Lexique

    dit par

    Naber les citations de

    la

    tragdie classique

    fourmillent. Il

    y

    a

    84 citations d Eschyle, 128 de

    Sophocle,

    95

    d Euripide. Le commencement du Lexique,

    dit

    par

    R.

    Reitzenstein,

    ajoute

    27 rfrences Eschyle, 63

    Sophocle, et

    49 Euripide (9).

    Malheureusement nous n avons pas encore de renseignements

    sur le nouveau

    manuscrit

    dcouvert

    en

    1959 Zavorda, qui

    contient

    (6) G.

    Kolias,

    Lon

    Choirosphacts,

    magistre,

    proconsul

    et

    patrice,

    Athnes

    1939,

    93.

    (7) V. A. Dain, op. cit., 40 ; H. Ahrweiler, Sur la carrire de Photius avant

    son

    Patriarcat,

    Byzantion

    58 (1966),

    356-361.

    (8) V. Amphilochia 21,

    G

    101,

    153

    :

    ,

    , .

    Mme

    Hlne Ahrweiler

    vient de montrer

    que la

    chronologie traditionnelle de

    la vie de Photius

    doit

    tre

    revise, qu'il

    naquit

    vers

    810, et que la composition

    du

    Lexique

    peut

    donc

    tre date de 830 ou peu aprs : H. Ahrweiler, Sur la carrire de Photius avant

    son patriarcat, B.Z. 58 (1965)

    348-363.

    (9) R. Reitzenstein,

    Der Anfang

    des

    Lexikons

    des Photios, Leipzig

    1907.

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    404

    ROBERT

    BROWNING

    le texte intgral du

    Lexique

    (10). Certaines de

    ces

    rfrences

    sont

    sans doute

    empruntes

    des uvres

    lexicographiques de l'Antiquit

    dpouilles

    par

    le

    jeune

    Photius. Mais une simple considration

    mathmatique suggre que

    la

    plupart

    sont

    le fruit de sa

    lecture

    directe

    des drames

    classiques.

    Des

    90

    drames

    d Eschyle

    connus

    dans l Antiquit (11),

    sept

    survivaient

    au

    Moyen Age. Or,

    des

    111

    citations d Eschyle dans

    le

    Lexique de

    Photius,

    47

    appartiennent

    ces sept. Pour Sophocle,

    les

    chiffres

    correspondants

    sont

    peu

    prs 125 et sept ; des 190

    citations

    dans

    le

    Lexique, 50

    appartiennent aux sept drames

    qui

    survivent.

    Quant

    Euripide,

    la Vie

    et la Souda parlent

    de 92 ou 98

    drames,

    les Alexandrins

    et

    les

    grammairiens

    de

    l Antiquit

    semblent

    en

    avoir

    connu

    75

    ou

    78

    ;

    nous

    en

    avons

    dix-neuf, dont un

    d'authenticit

    douteuse. Des

    144

    citations

    chez Photius, 94 appartiennent aux dix-neuf

    drames

    qui

    survivent. Ces chiffres sont frappants, et

    l'hypothse qui les

    explique

    le mieux est

    que

    le

    jeune

    Photius

    avait lu

    le mme corpus

    des

    tragiques

    grecs que

    nous lisons aujourd hui.

    Si

    l on accepte

    la

    nouvelle

    chronologie propose par Mme Ahrweiler,

    la jeunesse

    de

    Photius

    se

    place autour

    de l an 830 ou

    peu

    aprs,

    sous le rgne de Thophile, et dans

    la

    priode de l'activit de

    notre dernier tmoin,

    Ignace

    le Diacre et Skeuophylax,

    plus

    tard

    mtropolite

    de

    Nice.

    Ignace

    fut

    l lve du patriarche Taraise (mort

    en

    806), dont

    il crivait la biographie, et l ami intime

    de son

    successeur

    Nicphore

    (dpos

    en

    815

    et mort en

    828 ou

    829),

    dont

    il fut

    aussi

    le

    biographe.

    La date

    de

    sa mort est inconnue, mais elle fut postrieure

    842 (12).

    Outre ces

    deux biographies, Ignace a compos une

    srie

    de rsums

    des fables d sope

    en

    ttrastiques ambiques, une monodie sur

    son lve Paul en vers anacrontiques, quelques

    pigrammes,

    un pome ambique

    sur Thomas

    le

    Slavon

    sans

    doute

    crit

    (10) V.

    L.

    Politis, Die Handschriftensammlung des Klosters

    Zavorda und

    die

    neuaufgefundene

    Photios-Handschrift, Philologus

    105

    (1961)

    136-144.

    Voir la note additionnelle la

    fin

    du prsent

    article.

    (11)

    Le chiffre exact est

    sans

    importance. La Souda parle de

    90;

    la liste

    du

    Codex Mediceus donne

    72 titres,

    auxquels nous pouvons

    ajouter encore

    une demi-douzaine tirs

    d'autres

    sources

    ;

    la

    Vie donne un

    total de 70, mais

    dans

    un passage videmment corrompu.

    (12) V.

    F. Dvornik, La Vie

    de

    saint Grgoire le Dcapolite

    et

    les Slaves

    macdoniens

    au IXe

    sicle, Paris 1926, 26.

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    IGNACE LE DIACRE ET

    LA TRAGDIE

    CLASSIQUE

    BYZANCE

    405

    aprs la

    dfaite

    et la mort

    de l'usurpateur

    en

    823

    qui

    est perdu,

    des lettres,

    qui

    semblent

    galement

    perdues,

    une Vie de

    saint

    Grgoire

    le

    Dcapolite, et un dialogue dramatique

    entre le Serpent,

    Adam,

    Eve et Dieu

    (13).

    Ignace

    dit

    lui-mme

    que

    son matre Taraise

    l'initia

    l tude

    de

    la posie

    classique (14).

    Les quelques chos

    d Homre

    et

    de

    la

    tragdie classique que prsente

    la

    Vie de Nicphore

    furent nots

    il y

    a 80 ans (15) ;

    les

    deux autres

    textes en prose en offrent

    encore

    quelques exemples. Mais c'est surtout dans le

    dialogue

    d Adam,

    Eve

    et le Serpent qu Ignace fait preuve d'une

    connaissance directe

    de

    la tragdie antique. C'est un pisode

    dramatique comportant

    un

    prologue,

    des entres et des sorties, des dialogues, d abord

    entre Eve

    et le Serpent, ensuite

    entre Eve

    et

    Adam,

    et finalement

    entre Dieu et Adam ; il

    y

    a une vraie priptie, car la situation

    des principaux

    personnages

    est

    bien diffrente

    la

    fin de

    ce qu elle

    tait au commencement. Tout cela

    ne

    s apprenait pas chez

    George

    de

    Pisidie, modle prfr

    de

    la posie ambique byzantine, et

    indique plutt une connaissance,

    ne

    ft-elle

    que

    superficielle,

    de la tragdie

    classique.

    Ensuite,

    il

    y a dans

    ce

    bref texte une

    srie

    d chos verbaux de

    Sophocle et

    d Euripide,

    dont

    la

    plupart n'ont

    pas

    t nots par

    Millier.

    Je les

    range

    dans

    deux catgories, d abord

    les citations

    directes ou

    les

    allusions

    des

    passages prcis

    des tragiques, ensuite

    les

    emprunts

    plus

    gnraux

    la langue

    de

    la

    tragdie :

    (13)

    La Souda conserve une

    liste

    des uvres, qui est loin d'tre complte.

    La

    Vie

    de Tarais

    fut

    dite

    par I.

    A.

    Heikel,

    Ada Societatis Scientiarum

    Fennicae 17 (1889) 395-423; celle de Nicphore, par C. de Boor,

    Nicephori

    anhiepiscopi

    Constantinopolitani

    opuscula historica,

    Leipzig

    1880, 139-217;

    celle de saint Grgoire

    le

    Dcapolite, par F. Dvornik, La Vie

    de

    saint Grgoire

    le Dcapolite

    et

    les Slaves macdoniens

    au IXe

    sicle, Paris 1926. La monodie

    sur Paul se

    trouve chez Matranga, Anecdota Graeca II

    664

    ;

    les quatre pigram-

    mes,

    dans

    Y

    Anthologie

    Grecque

    15.

    29-31,

    39

    ;

    les

    ttrastiques sopiques,

    chez

    O. Crusius, Babrii Fabulae Aesopeae, Leipzig

    1897,

    264-285. Le dialogue

    dramatique

    fut dit pour la

    dernire fois par C.

    F. Millier, Ignatii Diaconi tetrasticha

    iambica 53, versus in

    Adamum

    143; Kiel 1886. Selon H. G. Beck, Kirche

    und

    theologische

    Literatur

    im

    byzantinischen

    Reich,

    Munich

    1959, 511

    des

    lettres

    attribuables

    Ignace furent

    publies

    par M.

    Gedeon,

    ,

    Constantinople

    1903 ;

    mais

    cette

    dition m'est

    inaccessible,

    comme elle l'tait

    M.

    Beck.

    Certains

    aspects

    de la biographie d'Ignace

    ont t rcemment discuts

    par

    G. Marenghi, Ignazio diacono

    e

    i tetrastici

    giambici, Emerita 25 (1957)

    487-498.

    (14) Heikel,

    op. cit.,

    423.

    (15)

    Millier, op. cit., 15.

  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    7/11

    406 ROBERT BROWNING

    1.

    71 .

    cf. S.

    Ph. 55

    (16).

    75

    .

    cf.

    . Andr. 85

    ,

    .

    118 .

    cf. .

    .

    .

    438

    .

    126

    ;

    *

    .

    cf. S. AL

    923

    *

    , (17).

    128

    cf.

    S. O.C. 1440

    , .

    136

    .

    cf. .

    . 697

    ,

    ', .

    2.

    1 ,

    cf. S.

    Tr. 506

    * .

    3

    *

    cf.

    S.

    frg. 548.2

    .

    19

    .

    cf.

    .

    Suppl. 991 * ' .

    S. Ai.

    857

    .

    35

    .

    cf. Aniiatl. Bekkeri

    108.31

    '.

    46

    .

    cf.

    .

    Andr.

    121

    .

    52

    .

    cf. . .

    1004

    (18).

    (16)

    Dj

    not

    par

    Millier,

    op.

    cit., 30,

    n.

    5.

    (17)

    C.

    F. M uller,

    Philologus

    46

    (1881),

    172.

    (18)

    Mais peut-tre est-ce chez Athanase

    qu'il

    faut chercher la source de la

    phrase : cf. De incarn. verbi 3-4

    .

  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    8/11

    IGNACE

    LE DIACRE ET

    LA TRAGDIE

    CLASSIQUE A BYZANCE

    407

    56

    .

    cf. S.

    Ph.

    1054 * .

    63

    , .

    -, etc.

    se

    trouve en fin

    de

    trimtre

    quatre

    fois

    chez

    Euripide,

    Phoen. 115, Hr.

    23,

    H F

    564,

    Suppl. 1193.

    73 .

    prcd d'un gnitif de substantif se

    trouve en

    fin de

    trimtre trois fois chez Sophocle, treize fois chez Euripide.

    125

    .

    cf.

    S.

    Ph.

    150

    .

    Essayons maintenant d'atteindre

    quelques

    prcisions sur

    la

    vie

    et l'activit d Ignace. Les donnes sont

    peu

    nombreuses, mais

    on peut tout de

    mme en

    tirer quelque chose. Il tait lve et protg

    du patriarche Taraise, et devint ensuite son secrtaire personnel

    et stnographe

    (19). Cet

    emploi

    cessa

    sans doute

    avec

    la

    mort

    du

    patriarche

    en

    806. La

    Souda

    dsigne Ignace comme

    ,

    . Donc il poursuivit sa carrire dans les

    cadres

    du

    clerg

    de

    Sainte-Sophie,

    carrire

    couronne

    de

    faon

    normale

    par

    son lvation l piscopat. Mais

    le

    occupe

    une

    place

    leve

    dans

    la hirarchie

    de

    la Grande

    glise.

    Ignace dut y arriver

    en

    passant par

    des

    chelons

    infrieurs.

    La cl du problme est donne par le mot

    ,

    dans

    la Souda, et par le titre de

    attribu Ignace

    dans

    un des

    manuscrits des ttrastiques

    sopiques (20).

    Ignace enseignait

    la grammaire

    ,

    c'est--dire l'art

    de

    lire la

    littrature classique,

    dans une cole dpendant de

    la Grande

    glise. Plus

    tard,

    au

    xiie

    sicle,

    il

    y

    avait

    tout un rseau

    d coles

    moyennes et

    suprieures

    qui

    fonctionnaient

    sous l'gide

    du

    Patriarche,

    et

    dont les professeurs

    taient

    souvent

    levs l piscopat

    (21).

    Il serait risqu

    d'extrapoler

    ce

    systme jusqu

    la

    premire moiti du

    ixe

    sicle ; et M. H.-G. Beck

    (19) V.

    I. A.

    Heikel, op. cit.,

    423.

    (20)

    Cod. Vindob. Philol.

    gr.

    178, fol. 341.

    (21)

    V. R.

    Browning,

    The Patriarchal School at Constantinople in the

    twelfth

    century,

    Byzantion 32 (1962) 167-202; 33 (1963) 11-40.

  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    9/11

    408

    ROBERT BROWNING

    vient de nous

    rappeler

    que l'existence mme d'une

    cole

    Patriarcale

    avant

    la fin du

    xie sicle

    n'est

    qu une

    hypothse

    (22).

    Nanmoins

    il

    est

    certain

    qu

    Constantinople l'glise

    se

    chargeait

    de donner aux futurs clercs ainsi qu aux

    lacs

    l ducation profane

    et

    traditionnelle qui tait indispensable aux

    cadres

    levs

    du

    clerg.

    Le

    pome

    anacrontique sur

    la mort

    de son

    lve Paul

    confirme

    qu Ignace tait

    professeur.

    Krumbacher, pour des motifs sur lesquels nous

    reviendrons,

    distingue Ignace le

    , auteur de quelques

    pigrammes et du pome funbre

    anacrontique,

    d Ignace le diacre

    et

    mtropolite, auteur

    des

    Vies,

    des ttrastiques, et du

    dialogue

    dramatique (23). Et Marenghi, bien qu il reconnaisse

    l'identit

    du

    diacre

    et

    du

    grammairien

    s'tend

    sur

    le

    contraste

    entre

    les

    deux

    rles

    que jouait Ignace (24).

    Ces

    hsitations,

    ces doutes

    sont

    dus au manque de

    comprhension

    de

    la

    carrire d Ignace

    protg d'un patriarche,

    diacre et

    professeur de

    grammaire

    dans

    une cole patriarcale, skeuophylax, vque

    une carrire normale

    Byzance.

    Ce

    qui

    amena Krumbacher distinguer deux

    auteurs homonymes,

    ce fut l'pigramme A. P. 1.109, intitule

    '

    .

    .

    Puisqu on

    y

    fait

    allusion

    aux

    trois

    empereurs

    Basile

    I,

    Constantin

    et Lon, ce petit pome doit

    avoir

    t crit aprs

    870

    ; il ne peut donc

    tre

    attribu Ignace,

    qui

    naquit

    vers

    780. Il est

    vraisemblable

    que

    cette pigramme est l'uvre d'un homonyme de notre diacre,

    qui vcut

    une ou

    deux

    gnrations plus tard.

    Elle

    fut sans doute,

    comme les

    pigrammes

    qui

    la suivent

    dans

    Anthologie,

    copie

    sur une inscription de l'glise mme. Mais les autres

    pigrammes

    attribues Ignace (A.P. 15.29-31,

    39),

    qui

    se trouvent toutes

    ensemble dans une autre section

    de

    Anthologie, et

    qui

    ne

    peuvent

    tre

    des copies

    de

    textes pigraphiques, n'ont rien

    voir

    avec

    A.P.

    1.109.

    L une

    d'elles

    {A.P.

    15.30)

    est

    ddie

    la

    mmoire du

    mme

    Paul, dont

    la mort fournit le

    sujet

    du pome anacrontique

    ;

    (22) V. H.-G. Beck, Bildung und Thologie

    im friihmittelalterlichen

    Byzanz,

    Polychronion, Festschrift F. Dlger,

    Heidelberg

    1966,

    69-81.

    (23)

    . Krumbacher, Geschichte

    der byzantinischen

    Literatur, 2e d., 1897,

    720.

    (24)

    G. Marenghi, op. cit., surtout pp.

    492-6.

  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    10/11

    IGNACE

    LB

    DIACRE ET

    LA

    TRAGDIE CLASSIQUE BYZANCE

    409

    une

    autre

    {A.

    P.

    15.31)

    est

    une

    pitaphe

    de

    Samuel,

    diacre

    de

    la

    Grande glise, donc

    collgue de

    notre Ignace ; la troisime (A. P.

    15.39),

    ddicace

    d'un livre et d'un livre de

    grammaire

    plutt

    que de thologie

    mrite

    d'tre cite :

    '

    ,

    ,

    ,

    ,,

    .

    Nous sommes ncessairement au royaume des

    hypothses.

    Mais

    l'hypothse la plus

    conomique

    est

    de

    supposer

    que

    ces

    quatre

    pigrammes,

    ainsi

    que

    le

    pome

    anacrontique,

    appartiennent

    l Ignace,

    diacre

    de Sainte-Sophie

    et

    professeur dans une cole

    patriarcale, que nous connaissons comme auteur

    des

    Vies,

    des

    ttrastiques et du

    dialogue

    dramatique. Il tait fier

    de

    ses

    connaissances

    en

    matire de mtrique et de posie. Et il

    avait

    redcouvert

    la grammaire, depuis longtemps

    oublie . Tout cela rappelle

    ce

    que

    dit

    Komtas,

    diteur

    d Homre, dans

    des

    pigrammes qui

    dans Anthologie Palatine {A.P. 15.36-38)

    prcdent

    immdiatement celle d Ignace que nous venons de citer. Komtas est

    probablement identifier un

    professeur de

    grammaire,

    Constantinople

    en

    863

    et

    sans doute

    bien

    avant

    cette

    date.

    Ces pomes

    de Komtas furent composs comme prface ou ddicace de

    sa

    diorthose d Homre. L pigramme d Ignace peut avoir

    t la

    prface d'une dition d'un texte tragique. En tout cas

    il

    semble

    certain qu il

    connaissait

    certaines

    pices de

    Sophocle et

    d Euripide,

    et, en

    tant que professeur de langue

    et

    littrature classiques, les

    expliquait

    et

    les faisait

    copier.

    Les ttrastiques sopiques

    sont

    galement

    lis

    son

    activit professionnelle, car

    les fables

    d sope

    taient

    toujours

    tudies et expliques dans les coles byzantines.

    L activit professorale d Ignace appartient aux rgnes de Lon V,

    Michel II et Thophile, priode dont on ne saurait trop souligner

    l'importance pour la civilisation byzantine (25).

    Il

    tait

    contemporain de Jean le Grammairien,

    le

    dernier patriarche iconoclaste

    et

    sans doute

    le plus grand savant

    de son poque

    (26),

    de vingt ans

    plus

    g

    que Lon le Mathmaticien,

    qui

    devint

    mtropolite de

    (25)

    V. dernirement R. J. H. Jenkins, Byzantium: the Imperial Centuries,

    AD

    610

    to

    1071,

    Londres

    1966, 146-152

    ; .

    Hemmerdinger,

    La culture grecque

    classique

    du vne

    au

    ixe sicle, Byzantion 34 (1964), 125-133.

    (26)

    V. Jenkins, op. cit., 134.

  • 7/25/2019 BROWNING, R., Ignace Le Diacre Et La Tragdie Classique Byzance

    11/11

    410

    ROBERT

    BROWNING

    Thessalonique vers 840 (27),

    et

    plus g d'une gnration que

    Photius (28),

    qui

    peut fort bien

    avoir

    t son lve.

    Nous

    nous

    trouvons dans

    un

    milieu

    o

    il

    y

    avait

    un

    effort

    srieux

    et continu pour reprendre un

    contact direct

    avec

    la

    littrature,

    la science et la

    philosophie de l'Antiquit.

    Est-ce Ignace

    qui

    a

    lui-mme ' retrouv Sophocle et

    Euripide

    ? C'est une question

    laquelle on

    ne

    peut rpondre. D ailleurs, c'est de

    peu

    d'importance.

    Peut-tre des textes de

    tragiques se

    trouvaient-ils parmi les

    manuscrits runis par Jean

    le

    Grammairien

    en

    814

    pour le concile

    iconoclaste

    de 815

    (29). En tout cas, nous avons

    montr que les

    tragiques taient connus d'un

    des

    principaux

    personnages du

    monde

    savant

    de

    Byzance

    dans la priode

    du

    deuxime iconoclasme.

    Car il ne faut

    pas

    oublier

    qu Ignace, malgr ses biographies

    de Taraise et de

    Nicphore, dut tre

    iconoclaste. Selon

    Mme

    Lipchitz,

    il

    est figur

    ct de

    Jean le Grammairien dans une des

    miniatures

    du

    Psautier Khloudov (30). Mais

    la reproduction qu elle

    a publie

    ne rend

    pas claire son identification

    des

    deux

    personnages,

    reprsents

    en

    train

    de badigeonner une image

    sacre.

    Gomme Lon

    le Mathmaticien, Ignace n tait pas un iconoclaste bigot, et

    il

    est

    probable qu il s'intressait

    peu

    la

    thologie. Sa plus

    grande

    proccupation

    tait

    la

    littrature,

    surtout la posie

    classique.

    C'est

    lui

    et

    sa

    gnration

    qu appartient

    l'honneur

    d'avoir

    remis

    en circulation la

    posie dramatique d Athnes (31).

    Birkbeck

    College,

    University of London. Robert Browning.

    (27) V. . . Lipchitz, Oerki

    istorii

    vizaniiiskogo obiestva

    i

    kultury: VIII

    pervaja

    polovina

    IX veka,

    Moscou-Leningrad

    1961, 348.

    (28)

    V. H.

    Ahrweiler, Sur

    la carrire

    de Photius avant

    son

    Patriarcat,

    B.Z. 58 (1965), 355.

    (29)

    Scriptor incertus

    de

    Leone Armenio, d. Bonn, 350, 9 ss.

    (30) V. Lipchitz,

    op.

    cit., pi.

    9.

    (31) Noie

    additionnelle.

    Deux

    ouvrages parus depuis

    que

    cet

    article

    fut

    envoy

    l'imprimerie

    mritent

    d'tre mentionns.

    Le

    texte

    du

    pamphlet

    contre Lon Ghoirosphakts est publi dans Arethae scripta minora, d. L. G.

    Westerink, Leipzig,

    Teubner,

    1968,

    200-212.

    M.

    Kyriakos

    Tsantsanoglou,

    dans

    .

    - .

    Thessalonique,

    Socit

    des tudes Macdoniennes, 1967, fournit une description

    dtaille

    du

    nouveau

    manuscrit

    du Lexique,

    conteste la

    datation de la naissance de Photius

    propose par

    Mme

    Ahrweiler, et date

    la composition du

    Lexique des

    annes

    876-

    886.

    Ses arguments sont

    bien sduisants.

    Mais, mme

    si

    on les

    accepte, il

    reste

    vrai que

    les premiers

    tmoignages de

    l'tude

    de la

    posie dramatique grecque

    appartiennent

    au

    neuvime et non

    au dixime sicle.

    R. B.