BUJUMBURA MEDIAS-TIC 2012Quel impact pour le métier de journaliste?

Philippe LalouxBujumbura, le 29 mai 2012

mardi 29 mai 12

TRIPLE CRISE

> existentielle: le journaliste se sent menacé (concurrence des «amateurs», compétences...

> économique: le secteur est sous pression

> industrielle: nouveaux outils de production, nouvelles «lignes du temps» industrielles, rythmes continu (bouclages permanents)

mardi 29 mai 12

STRESS> journalistes> mais aussi: éditeurs

mardi 29 mai 12

Les journalistes vont peut-être devoir travailler plus,mais ils devront surtout travailler autrement,

pour ne pas travailler deux fois (pour chaque support)

Ils vont aussi devoir (un peu) abandonner leur stylopour de nouveaux outils

mardi 29 mai 12

•La fracture numérique n’est pas seulement dans les différences socio-économiques en matière d’équipement, elle est aussi une question de «posture mentale»

•Et, aussi, souvent, dans une certaine forme «d’inculture numérique» largement répandue (journalistes et cadres)

mardi 29 mai 12

«INCULTURE NUMÉRIQUE»

> Soit on maîtrise les enjeux, mais pas la pratique (problème de compétences)> Soit l’inverse (problème de vision)> Soit ni l’un ni l’autre... (gros problème)

> ralentit les mutations> freine l’innovation> Engendre des erreurs (recrutement, technologies, stratégies éditoriales, choix organisationnels...)

mardi 29 mai 12

LES JOURNALISTESSONT-ILS PRÊTS?

mardi 29 mai 12

Au-delà des compétences à acquérir, le pas vers les médias numériques

est peut-être plus simple à franchir qu’on ne l’imagine.

OUI, ils sont motivés pas le Web

mardi 29 mai 12

• Dès qu’on leur parle d'autre chose que de course à la vitesse,

• qu’on leur explique l’intérêt des réseaux sociaux,

• qu’ils mesurent la puissance du journalisme de données,

• qu’ils vibrent à l’adrénaline du direct,

• ou qu’ils imaginent le plaisir à faire du web-documentaire,

>>>>

alors ils sont psychologiquement prêts à faire du web.

mardi 29 mai 12

Pourtant, en interne, ils râlent et traînent des pieds.

Quels sont les freins ?

mardi 29 mai 12

• Un manque notable de stratégie globale («Si on moins on savait un peu où on va...»)

• Une organisation pas adaptée («Bon, comment faire rentrer un peu de Web là-dedans»)

• L’existence de «castes» savamment entretenues par les rédactions traditionnelles («les p’tits jeunes, ils sont sympas, mais bon, ce n’est pas du journalisme»)

• Les équipes web développent un sentiment d'infériorité

• L'absence d'explication sur l’audience du site (l’égo...)

• La sensation que le plaisir n’est pas possible. Or, on peut, vraiment, s’éclater....

mardi 29 mai 12

Le web, par son aspect technique, est un apprentissage ingrat, proche de la musique.

Oui, il faut faire un effort, oui il faut répéter, rater, se concentrer.

Mais quand cela fonctionne, que vous recevez des messages de félicitations, alors le plaisir est décuplé par rapport au sentiment

dérisoire de voir son article placé en Une.

C'est... autre chose.

mardi 29 mai 12

DES JOURNALISTES(ET DES ÉDITEURS)

«COMPÉTENTS»...mardi 29 mai 12

1 Bases générales : Réactivité Disponibilité Mordu d’infos Généraliste Rapide Maîtrise des techniques d’écriture Web Capacité de passer d’un sujet à l’autre Sens de la mise en scène Web Penser multimédia Ouvert, réceptif aux « phénomènes » Web Goût pour l’expérimentation, l’invention de nouvelles écritures et de nouvelles formes de narration Goût pour le travail en réseau, la collaboration avec le public et d’autres métiers Transparence liée à la nouvelle relation ouverte avec l’audience 2 Bases en outils de production et supports de diffusion: Capacité de piloter une production multimédia (vidéo, itw, sons..) Se servir de caméras vidéos, d’appareils photos, de smartphones Savoir associer des contenus textes, photos, vidéo, sons, graphiques sur un document Savoir transmettre les contenus en temps réel et maîtriser différentes temporalités Etre à l’aise avec toutes les plateformes multimédias Comprendre les spécificités liées aux mobiles et aux tablettes (écriture, alertes…) 3 Bases Web 1.0: Veille sur Internet Utilisation des moteurs de recherche Optimisation des moteurs de recherche (référencement) Flux RSS Bookmarks 4 Bases Web 2.0 : Savoir ouvrir rapidement un blog, Maîtrise des outils de partage médias (Flickr, YoutTube, Dailymotion...) Maîtrise professionnelle des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Tumblr, LinkedIn...) 5 Nouvelles techniques narratives: Cover It Live, Storify, Google Maps Tumblr Posterous UStream Soundcloud Webodoc etc. 6 Bases techniques: Savoir corriger une balise HTML Etre familier avec les outils d’infographies Savoir utiliser des données Etre à l’aise avec les outils en ligne open source, tags, API, CMS les plus fréquents 7 Travailler avec le public : Savoir vérifier l’info sur le web Savoir gérer les commentaires Faire contribuer les communautés Se servir des réseaux sociaux Savoir trouver les sources, les experts /// Mais aussi: 8 Maîtrise des outils d’édition du soir.be: CMS (GPS, Hermès) Plate forme de blogs (édition et plug in divers) Traitement photo (irfan view) Création et gestion des portfolios Gestion de l’interface d’admin des vidéos Edition multimédia: FinalCut, Soundcloud, ScreenFlow, Dipity... Plate-forme forums Création et gestion des chats Création de PDF et introduction dans GPS Montage son et introduction dans GPS Création de sondages Admin Widget (quickedit, footlive...) Capacité d’identifier et résoudre rapidement les bugs quotidiens 9 Qualités personnelles: Libre un week-end sur deux Horaires flexibles (tôt ou tard) Calme Gestion du stress Autonome Minutieux Rigoureux Ouvert d’esprit.. Intérêt pour tout. Excellente culture générale Perception des enjeux économiques des médias Capacité d’adaptation....

mardi 29 mai 12

«AGILITÉ NUMÉRIQUE»

mardi 29 mai 12

LES «FONDAMENTAUX»

Sans oublier

mardi 29 mai 12

En réalité, le Web ne change pas les fondamentaux du journalisme, il les améliore

•Esprit critique•Esprit de synthèse•Capacité de décoder des phénomènes complexes•Maîtrise de la langue•Excellente culture générale•Ethique•Déontologie

mardi 29 mai 12

Dans une économie numérique, il n’y a pas de valeur ajoutée possible sans le respectde ces fondamentaux

Bafouer ces principes, c’est détruire de la valeur.

mardi 29 mai 12

Ensuite vient «l’agilité numérique»

mardi 29 mai 12

L’ENJEU=

LA FORMATION

Faire évoluer la profession, sans la dénaturerUne manière de maîtriser son environnement

Apprendre à travailler autrement

Et... apprendre «à ne pas demander de travailler deux fois»

mardi 29 mai 12

Le besoin de formation ne concerne pas seulement les journalistes, mais aussi les cadres des rédactions.

Ce sont eux les plus fragiles face aux besoins de gestion intégrée de l'information multimédia,

multi-supports, multi-formats... 

mardi 29 mai 12

La formation se joue donc sur trois niveaux

1. En amont pour les futurs journalistes2. Formation continuée pour les journalistes3. Formation continuée pour les cadres de rédaction

mardi 29 mai 12

LA FORMATIONEN 3 GRANDS DÉFIS(*)(*) Perception personnelle

mardi 29 mai 12

1 RECOLLER AUX USAGES

Formation ne posait aucun souci tant qu'il y avait une cohérence entre l'offre de contenus, les modes de consommation et le modèle économique. L'innovation technologique a créé de nouveaux contenus, de nouveaux usages, de nouveaux modèles économiques. Le défi des formations est de coller à ces nouveaux outils, ces nouveaux modes de production de contenus, à ces nouveaux usages. 

mardi 29 mai 12

• Décloisenement des champs des compétences: L'usage de l'info ayant désormais plus de valeur (économique) que l'info en tant que telle, on demande aussi aux journalistes d'adopter une posture moins verticale par rapport à son audience, de rentrer dans une logique participative, d'échanges et d'en tirer les ressources (crowdsourcing). Ce journalisme-là ne rentre pas dans les cases, est à l'étroit dans le costume ni des organisations actuelles, ni dans la plupart des formations. 

mardi 29 mai 12

• Héritage du passé: formation généraliste + formation par «famille de médias» (télé, presse écrite, radio). Progressivement, on a ajouté une 4e famille: le Web. Mais objet flou, mal identifié... Trop souvent, ces filières web sont couplées auxx formation presse écrite, ce qui traduit une conception très vive du site internet comme simple version en ligne du journal papier, et du journalisme en ligne comme un journalisme papier «continué» via de nouveaux canaux.

• Tant que le Web sera inféodé au print, la presse en ligne et le journalisme en ligne ne pourront totalement s'émanciper, acquérir une véritable identité.

• Cela renforce encore le décalage entre l'offre et une demande tournée de plus en vers le numérique.

mardi 29 mai 12

•Adéquation entre l'offre de formation et les attentes du marché. Rares sont les employeurs média, les éditeurs, les cadres de rédaction qui placent la maîtrise des langages et des outils propres au Web en tête de leurs critères de recrutement.

•Celui-ci continue à se faire sur des bases traditionnelles.

mardi 29 mai 12

2. POINTU OU GÉNÉRALISTE ?JOURNALISTE OU CODEUR?

> Le journalisme (en ligne) exige de la polyvalence> Comment acquérir de l'expertise dans ces domaines, alors même que l’on entre dans une ère de complexités> Besoin de décloisonner les métiers (journalistes, animateurs de communauté, infographistes, JRI, programmeurs...)> La polyvalence, ce n'est pas maîtriser tout, en même temps, c'est doser, hiérarchiser ses expertises, ses compétences, ses connaissances des savoir-faire. Expertise / Compétences / Connaissances

mardi 29 mai 12

• Impossible de former de manière pointue à tous les outils, dont la plupart pourrait s'avérer éphémère et périssable. Il faut transmettre une "culture numérique", des dispositions à l'innovation, une curiosité pour les nouveaux médias. Il faut donner du sens à leur démarche, de la pertinence éditoriale par rapport aux contenus, aux supports et aux usages.

• Ne former qu'à une liste fermée d'outils risque de transformer les journalistes en techniciens ou en esthètes, en oubliant la capacité d'évaluer la pertinence journalistique de chacun d'eux.

mardi 29 mai 12

• La fin des structures pyramidales. Nous avons besoin d'organisations du travail qui adaptent en permanence la complémentarité entre expertises et compétences.

• Ceci est incompatible avec les organisations pyramidales, rigides, et le cloisonnement fonctionnel. On parle désormais de «fonctionnement en essaim» où plusieurs expertises se concentrent sur une tâche

• (ex: Guardian qui a mobilisé 14 personnes, pendant un mois, sur le traitement et la vérification des données sur la guerre en Afghanistan collectées sur Wikileaks)

• Attention aux blocages culturels («l’aristocratie du journalisme traditionnel»).

• Nécessite aussi de revoir les organisations fonctionnelles, hiérarchiques, mais aussi l'aménagement et l'équipement des salles de rédactions (risques de coûts importants, mais cela commence par la posture...)

mardi 29 mai 12

3. OSER L’INNOVATION

•Attrait faible des jeunes journalistes (même les «digital native») pour les nouveaux médias. •Cellules «R&D» inexistantes (tant dans les médias que dans les écoles). Renforcé par le besoin des employeurs de disposer d'une main d’oeuvre directement opérationnelle.•Cela n’encourage pas le «journaliste hacker»

mardi 29 mai 12

• L’appropriation des outils est le meilleur gage de productivité

• L'harmonisation des polyvalences, la mise en oeuvre d'un travail collaboratif, l'incitation à l'apprentissage, au «bricolage» offrent quelques réponses aux défis lancés par l'innovation technologique

• Répondre aux problèmes de l’innovation, par l’innovation

mardi 29 mai 12

3 BOUTEILLES À LA MER

1. Instaurer l’éducation aux médias au coeur du parcours scolaire> Faire très tôt la différence entre Facebook et le New York Times, ça aide...

2. Créer/Réviser et renforcer les mécanismes des aides aux médias> susciter / accompagner les formations dans les rédactions> favoriser la création de cellules «R&D» dans les médias (sans pression du ROI)

3. Former les journalistes à l’entrepreneuriat éditorial (et leur assurer un statut correct)

mardi 29 mai 12

MERCI

mardi 29 mai 12