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ASSOCIATION DES AMIS DES CABLES SOUS-MARINS Le NC Peter Faber - Document Alcatel BULLETIN N° 43 - AVRIL 2011

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ASSOCIATION DES AMIS DES CABLES SOUS-MARINS

Le NC Peter Faber - Document Alcatel

BULLETIN N° 43 - AVRIL 2011

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RENOUVELLEMENT DE VOTRE ABONNEMENT.

Ce numéro 43 du bulletin est envoyé aux membres de l'Association à jour de leur cotisation.Nous vous rappelons que le montant de la cotisation est passé à 15 Euros. (Décision prise par l'Assemblée Générale

du 13 juin 2009). Elle couvre la période de janvier à décembre et donne droit à 2 ou 3 numéros annuels.

Transmettez vos cotisations (et vos coordonnées pour les nouveaux adhérents) au Trésorier de l'AACSMà l'adresse ci-dessous :

Mr Gérard FouchardTrésorier de l'AACSM

40 Quai Hoche83500 LA SEYNE SUR MER

Site de l'association : www. cablesm.fr

SOMMAIRE

NUMERO 43 - AVRIL 2011

Articles Auteurs Pages

Couverture : Le NC Peter Faber Document Alcatel

Le billet du Président A. Van Oudheusden 2

La lettre de Jean Devos 3

La Grande Compagnie des Télégraphes du Nord Gérard Fouchard 4 à 14

Carl Frederich Teitgen Alain Van Oudheusden 15

Georges Suenson Alain Van Oudheusden 16 à 17

Le système EASSY Michel Rouilleault 18 à 21

La Nouvelle présentation du site Internet Francis Treissières 22 à 23

Changement de président à la FNARH Gérard Fouchard 24

Assemblée générale de l'AACSM Jean Louis Bricout 25

Le coin des livres et des sites Internet Rédaction 26 à 27

La vie de l'Association Rédaction 28 à 32

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LE BILLET DU PRESIDENT

Alain Van Oudheusden

Ce bulletin n° 43 poursuit l'étude des sociétés télégraphiques et, après Italcable. nous avons consacré une par-tie de l'espace éditoriale à la Grande compagnie des Télégraphes du Nord (GNTC). Gérard Fouchard a réussià trouver le livre souvenir publié en 1969 à l'occasion du centenaire de cette compagnie mal connue. Ceux qui

ont réparé les câbles de l'Atlantique Nord se souviennent sans doute du NC Northern et du carré du CommandantClooigard où l'aquavit coulait à flots. C'était une autre époque. GNTC exploitait alors des circuits télégraphiques surles câbles Icecan et Scotice dont un servait de " téléphone rouge ", entre l'Elysée et le Kremlin. En fait, il s'agissaitd'une ligne télégraphique reliant deux téléimprimeurs installés à la Maison Blanche et au Kremlin dont l'installation estdécidée par les deux Présidents Kennedy et Kroutchev après la crise des missiles (16 au 28 octobre 1962). En 1962,l'image de la compagnie danoise est toujours bonne parmi les puissants du monde.

La biographie de C F Teighen, président fondateur de GNTC et d'Edouard Suenson, directeur général puis présidentde la compagnie complètent l'étude. Edouard Suenson, officier de marine dans l'Escadre Française d'Extrême Orientaccompagnait l'Amiral Rozes en Chine et au Japon, ce qui lui a permis d'identifier les bonnes portes pour obtenir lesconcessions de sa future compagnie quelques années plus tard.

Michel Rouilleaux, d'Axiom, nous présente le projet Eassy qui complète le réseau mondial en desservant tous les paysd'Afrique de l'Est entre le Soudan et l'Afrique du Sud. Ce câble est particulier à plus d'un titre puisqu'il a été partielle-ment financé par la Banque Mondiale lorsqu'il est apparu que les opérateurs locaux ne pourraient jamais financer decâbles sous-marins dans la région. Puis après les incidents sur le réseau Internet survenus dans le détroit de Luzon,au large d'Ormouz et près d'Alexandrie, la diversification du réseau s'est imposée. Cette artère qui permet d'envisagerune capacité ultime de 4.7 Tbit/s (soit 1.000 fois la capacité du TAT 12 à sa mise en service en 1995) sera bien utileen cas de coupure de câbles sur les lignes fréquentées.

Notre ami Francis Treissières a terminé le présentation du site Internet. Nous avons pensé qu'une notice pour les uti-lisateurs serait bien utile. Par ailleurs, quelques fidèles amis ont répondu à notre appel, Alain Devrand et Jean ClaudeRoy dont nous publions, un conte, un poème et une reproduction d'une gouache sur le hissage de la barque à l'île auxMarins.

Notre Fédération change de président car Harry Franz, maintenant jeune retraité, cède sa place après 8 ans de prési-dence. Harry et le Conseil d'administration de la FNARH ont supporté nos projets. Il est personnellement à l'origine dela reconnaissance de notre association et de la subvention annuelle. Il faudrait que notre association suive l'exemplede la Fédération pour que notre bureau actuel largement retraité cède la place à une jeune équipe dynamique.

Enfin, vous trouverez également les rubriques habituelles. Parmi les informations de dernière minute, la création pro-chaine du service du Patrimoine de France Télécom regroupant les Archives et la Collection Historique.

A van Oudheusden

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LA LETTRE

Jean Devos

NOS CABLES ET LE PRINTEMPS ARABE !

Les évènements actuels dans le monde arabe me touchent beaucoup ! Il est vrai que toute la première partie de mavie professionnelle a été consacrée à la Méditerranée et aux liaisons sous-marines avec l'Afrique du nord et le Moyen-Orient. Il m'est impossible de compter le nombre de voyages et réunions au Maroc, à Alger, Tunis, Tripoli, Le Caire sansoublier Beyrouth et Damas ! Comment oublier les noms et les visages de tous ces interlocuteurs arabes de l'époque.Les images du printemps arabe me les remettent en mémoire. Je pense à eux et je me dis : Enfin !

Il est très satisfaisant de constater que ces changements sont rendus possible par l'Internet et donc par nos câblessous-marins ! Il y a une relation claire et directe entre ces révolutions et l'émergence dans ces pays de l'accès à la télé-phonie mobile et à l'internet. C'est une fois de plus la technologie qui change le monde ! On peut prédire sans risqued'erreur que tous ces câbles en cours d'installation autour de l'Afrique vont apporter de réels changements sur ce conti-nent ! On ne sait encore exactement lesquels mais ils vont sans doute nous surprendre !

ASN doit à l'Afrique du Nord, pour une grande part, d'être aujourd'hui un acteur majeur de notre domaine. A mon arriveà l'usine de Calais en juillet 1961, on fabriquait un Perpignan- Oran et tout le monde parlait encore de la première quefut alors le Marseille-Alger mis en service en 1957, après un court système expérimental posé entre Kelibia et BouFicha, en Tunisie. Il s'agissait de nos premiers systèmes avec répéteurs, offrant 60 circuits téléphoniques. C'étaient descâbles domestiques, puisque l'Algérie aura son indépendance en 1962 ! Le tout premier câble Marseille-Alger avait étéposé en 1871 ! Quand la guerre éclata en 1939, il y avait 10 câbles en service vers le Maghreb.

Durant ma période Calaisienne on fabriqua successivement France-Maroc (1967), Marseille-Tel-Aviv (1968),Marseille-Bizerte (1969), Marseille-Beyrouth (1970), Beyrouth-Alexandrie(1972), Marseille-Alger 2 (1972), Penmarch-Casablanca (1973) et Perpignan-Bizerte (1975). Mes premières négociations en tant que responsable de Submarcom(1977) furent pour le Marseille-Tripoli et Syrie Grèce. Un choc culturel pour un jeune ingénieur de 40 ans, mais unebonne école de commerce ! Plus récemment, ces pays ce sont connectés aux nombreux systèmes Europe-Asie et ontaussi développé leurs propres projets.

Il faut souligner le fait que ces pays méditerranéens ont des trafics relativement faibles entre eux. Les relations à l'in-térieur du monde arabe sont très limitées C'est le cas de l'Algérie avec ses voisins Maroc et Tunisie. Le commerceentre ces pays se fait souvent par l'intermédiaire de Marseille. Encore plus vrai pour la Libye, l'Egypte, la Syrie ! Il y làun potentiel de développement considérable. Espérons donc que l'explosion actuelle va déboucher sur de bonnessolutions, que ces pays vont se développer, et que les câbles sous marins vont pouvoir y contribuer pleinement. Onpeut aisément imaginer, un feston de grande capacité, une autoroute Maghreb - Mashreq sinuant depuis le Maroc jus-que la Syrie par Alexandrie. Et pourquoi ne pas rêver qu'Israël et la Palestine puissent s'y raccorder !

Plus personne n'oserait parler aujourd'hui comme le président américain James Buchanan dans son message inaugu-ral du premier câble transatlantique le 5 août 1858 adressé à la reine Victoria :

Puisse, avec la bénédiction de Dieu, le télégraphe atlantique être à jamais un lien de paix et d'amitié entre nosnations ! Puisse-t-il être un instrument destiné par la divine Providence à répandre par tout le monde la reli-gion, la civilisation, la justice et la liberté ! "

Mais qui peut nier que nos câbles sont des instruments servant la justice et la liberté ?

Jean DevosSubmarcom consulting Le 3 Mai 2011.

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LA GRANDE COMPAGNIE DES TELEGRAPHES DU NORD(1869 - 1973)

''RAPIDITE - SECURITE - SECRET ABSOLU''

G Fouchard

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Note de l'Auteur - Cet article est une traduction libre de l'ouvrage The Great Northern Telegraph Company, an outlineof the company's history - 1869 - 1969 (1) publié à Copenhague en 1969. Il est complété par des données de troispublications de :

Martin Iversen, du Centre d'Histoire des Affaires de Copenhague, publiée par l'Ecole de Commerce deCopenhague en 2002.

Dimitry Joukosky, directeur du Musée central AS Popov de Leningrad, publié lors du Colloque d'histoire destélécommunications de Villefranche sur Mer des 1-3 juin 1989.

Georges Wiart, publié dans les Dossiers de l'histoire calaisienne sur la station calaisienne du télégraphedanois.Cette compagnie danoise a travaillé en partenariat avec les PTT de Russie (devenue URSS pendant plus d'un siècle),à peine perturbée par les aléas de l'histoire. Elle bénéficiait d'une concession pour l'utilisation d'une liaison télégraphi-que de 13.000 Km qui reliait Leningrad à Vladivostok. Elle est devenue la fournisseuse de services à de nombreux paysd'Europe du Nord y compris la France et d'Extrême-Orient (Chine et Japon) car elle constituait une possibilité d'échap-per au réseau Britannique. Sa devise : Rapidité - Sécurité - Secret absolu était justifiée.

Nous la désignerons sous ses initiales anglaises GNTC (Great Northern Telegraph Company). Elle traverse toute l'his-toire du télégraphique entre 1869 et 1970 en accumulant les bénéfices mais, contrairement à Italcable par exemple,elle n'obtient de licence d'opérateur de service téléphonique. Elle cherche alors à se diversifier dans l'industrie. Est-ceune lutte pour la survie ou la construction d'un empire ?

Les débuts de la Great Northern Telegraph Co (1869 - 1914).

J F Teitghen, entrepreneur danois fonde une première compagnie télégraphique en avril 1868, the Danish-Norvegian-English Telegraph Company. Il obtient des licences du Danemark, de la Norvège et du Royaume Uni et rachète unecompagnie exploitant un câble Danemark - Norvège posé en 1867 qui lui permet d'exploiter des liaisons en boucleentre les 3 pays. En septembre 1868, il pose un câble avec l'Angleterre entre Soendervig et Newbiggin, près deNewcastle. Il fonde une seconde compagnie, the Danish-Russian Telegraph Company qui a le même Conseild'Administration que la précédente et qui obtient une licence pour exploiter une liaison avec la Russie pouvant être pro-longée sur la Finlande.

Carl Friedrich Teitgen et le siège de GNTC à Copenhague en 1877

(1) - The Great Northern Telegraph Company, published by GNTC, FE Bording Ltd, Copenhague, 1 juin 1969

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Il propose alors à un concurrent norvégien The Norwegian-British Submarine Telegraph Company qui se propose deposer un câble direct entre la Norvège et l'Angleterre, de fédérer leurs entreprises pour lutter contre la toute puissantecompagnie britannique The Submarine Telegraph Company des frères Brett et de J Carmichael. En effet, celle-ci pos-sède tous les câbles sous-marins immergés dans la mer du Nord et la Manche (1.487 Km en 1877), impose ses prixet se conduit comme un monopole de fait.

La compagnie (GNTC) est fondée le 1er juin 1869 à Copenhague. La ligne avec la Russie est ouverte le 5 juin 1869entre Copenhague - Liepaja (Russie) et des câbles sont mis en service avec l'Angleterre et la Finlande avant la fin del'année 1869. Toutes les lignes de GNTC aboutissent au centre des PTT danois de Fredericia qui sera pendant plusd'un siècle le centre nodal international des 4 pays nordiques. Entre 1860 et 1871, la Russie construit la liaison télé-graphique trans-sibérienne entre Moscou et Vladivostok. Sans attendre la fin des travaux, JF Teitghen négocie avec legouvernement russe pour obtenir une concession pour exploiter un réseau en Extrême Orient. .

La mise en place du réseau d'Extrême Orient commence avec la création d'une nouvelle société, The Great NorthernChina and Japan extension Telegraph Co fondée le 9 janvier 1870 et dont la Direction Générale est confiée à un jeuneofficier de la Marine danoise, Edouard Suenson. Il a une expérience de l'Extrême Orient et dès mai 1870, il organisel'installation des atterrissements à Hong Kong, près de Shanghaï et au Japon. Le câble arrive par le navire danoisTordenskjold. Le câble Hong Kong - Shanghaï est posé le 18 avril 1871 et relie des centres déjà achevés. Shanghaï -Nagasaki et Nagasaki - Vladivostok sont posés pendant l'été de 1871. Parallèlement à l'installation, E Suensen doitrésoudre les interfaces entre alphabet Morse et les caractères chinois transcrits en groupes numériques. Il édita un dic-tionnaire spécifique qui a largement contribué au développement du télégraphe en Chine. La liaison entre l'Europe etl'Extrême Orient est ouverte au public le 1 janvier 1871. Le 23 février 1872, les deux compagnies Great NorthernTelegraph Co et Northern Extension fusionnent.

Le navire Tordenskjold utilisé pour transporter et poser les premiers câbles d'Extrême-Orient.A gauche Edouard Suenson dans son uniforme d'officier de la Marine danoise.

GNTC obtient le droit d'exploiter une liaison avec la France (décret du 24 octobre 1872) et le 1 août 1873, Fredericiaest relié à Calais par le câble Oye - Fano puis à Paris quelques années plus tard. Les lignes sur la Suède, la Norvègeet l'Angleterre sont doublées. C'est au tour de la Finlande (1877), la France (1891). Dans l'Extrême Orient, le câble deHong Kong est prolongé jusqu'à Amoy. En 1900, le réseau de GNTC est bien dimensionné, redondant et fiable tout enrestant dépendant des sections terrestres russes et chinoises.

Dès l'installation des premiers câbles, la compagnie organise l'entretien du réseau avec deux navires-câbliers. Ce futtout d'abord les 2 navires :

Le H.C Oersted est construit en 1872 aux chantiers Burmeister and Wain de Copenhague. C'est un navire de749 tonnes - 57,4 mètres de long - 8,6 mètres large et 4,9 mètres de tirant d'eau. Il est le premier navire câblier construitau monde, tous les autres navires de l'époque étant des navires convertis. Il est basé en Extrême Orient jusqu'en 1880puis dans les eaux Européennes. Il est ferraillé en 1922.

Le Store Nordiske (1) est construit en 1880 aux chantiers Burmeister and Wain de Copenhague. D'un tonnagede 882 tonnes - 61 mètres hors tout - 9,35 mètres de large - 4,35 mètres de tirant d'eau. Il passe sa vie entière enExtrême Orient en étant parfois loué au gouvernement japonais. Il est vendu en 1923 et ferraillé à Shanghaï.

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Le Tordenskjold est le navire de la Marine Danoise affrété pour la pose du réseau d'extrême Orient en 1870équipé temporairement avec un équipement de pose. Il est le premier navire danois à traverser le canal de Suez.

Le réseau de GNTC en 1907. On remarque le double-ment des liaisons ( à l'exception des liaisons situéesen extrémité de ligne).

La compagnie doit s'adapter à deux graves conflits : Lorsque la guerre russo-japonaise éclate la ligne Vladivostok - Nagasaki est inutilisable mais la route de

Kiatcha et la GNTC pour maintenir le trafic entre l'Europe et l'Extrême Orient venait d'ouvrir.Durant la première guerre mondiale, GNTC a maintenu son service grâce à un réseau bien diversifié mais cer-

taines régions n'étaient plus accessibles. Le trafic s'est considérablement accru pour plusieurs raisons (trafic officiel enhausse, suppression du codage des télégrammes et désorganisation des services postaux).

Comme toutes les grandes compagnies télégraphiques, à l'exception des compagnies allemandes, la GNTC aengrangé des bénéfices.

La compagnie achemine beaucoup de trafic officiel (administratif) d'Etats concédant des licences d'exploitation et béné-ficie ainsi d'une certaine garantie de trafic. Par contre, elle souffre de la concurrence des réseaux gouvernementauxsur des parcours régionaux reliant la Chine, le Japon et la Russie qui n'ont pas les mêmes charges d'exploitation. Elledoit également affronter la sévère concurrence de l'Eastern Telegraph. La clientèle européenne continentale (France,Allemagne, Suisse, Autriche) fait jouer la concurrence entre l'Eastern et GNTC.

De 1872 à 1928, le capital de la compagnie reste inchangé (27 millions de couronnes). Les revenus du télégraphe per-mettent dès l'origine de constituer un fond de réserve, de consolider les actifs, doubler les liaisons, et d'étendre leréseau. Les dividendes sont restés stables autour de 29 %. Les revenus des réserves sont restés bloqués dans unfond de réserves. Le Conseil suit donc une politique constante et sage pendant plus de 50 ans. En 1928, la gestionchange avec la constitution d'une Holding, la capitalisation des réserves et donc l'augmentation du capital donnant lieuà distribution d'actions et non de revenu

La ligne terrestre trans-sibérienne.

Revenons à cette ligne russe. Elle relie les stations sous-marines GNTC de Liepaja et Nystad (à l'Ouest) à Vladivostok.La construction commence en 1859. Oms est mis en service en 1861. La partie terrestre du réseau à travers la Russiedoit s'adapter à des conditions climatiques délicates. GNTC pose les câbles Shanghai - Vladivostok, Shanghai - HongKong et Vladivostok - Nagasaki en 1871. La mise en service de la ligne est prononcée le 1 janvier 1872.

Plusieurs compagnies sollicitent des concessions sur la ligne russe et à travers la Chine bien avant que les travauxsoient terminés. La compagnie Reuter par exemple qui vient d'obtenir la concession d'un câble sous-marin transatlan-tique reliant la France et les Etats-Unis (mis en service en 1869) ainsi que des compagnies britanniques. Le gouverne-ment russe choisit le Danemark. En octobre 1869, le gouvernement russe accorde une concession de 30 ans. L'accordprévoit le raccordement d'une ligne télégraphique mongole vers Pékin à condition qu'elle soit mise en service avantl'expiration de la concession (1899). Il tient compte de la réalisation prévue du réseau d'Extrême Orient.

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A l'origine, la ligne est exploitée par du personnel russe sauf les stations sous-marines de Liepaja et Nystad (à l'Ouest)et la station de Vladivostok (à l'Est) qui sont des centres de GNTC. La coopération technique est très étroite entre lepersonnel russe et la compagnie. Elle permet de rendre cette route rapide et sûre. Le trafic est important mais cher.D. Joukovski précise le tarif en vigueur dans son étude (2) : 4,88 F-or le mot pour un client au départ de Londres surl'Extrême Orient. Cette somme est ainsi partagée : 0,28 franc-or (GB), 1,72 (GNTC), 1,4 (Russie), 0,46 (Japon).

(2) Joukowski (Dimitri), La Russie, important maillon du système mondial de télécommunications, Colloque d'histoire des télécom-munications de Villefranche sur Mer des 1-3 juin 1989.

Le centre de Gothenburg dans les années 1930 etl'équipage d'inspection du trans-sibérien.

En 1904, le second itinéraire est ouvert à partir d'Irkoutsk par Kiatcha et la Chine permettant de rejoindre Pékin(Beijing). Lorsque la compagnie ouvre ses deux bureaux de Leningrad (1904) et de Pékin (1907), le trafic entre l'Europeet Pékin n'a que deux retransmissions à Irkoutsk et Leningrad.

L'exploitation est de la responsabilité de la compagnie danoise qui utilise les équipements Hughes importés (1865),Wheatstone (construits en Russie dès 1880), Baudot (à partir de 1904) et Murray (à partir de 1906). La coopérationentre la Russie et GNTC fût très bonne puisque GNTC réalise des poses de liaison en Mer Noire confiée à une filialeThe Black Sea Company.

La guerre de 1914-1918 - l'entre -deux- guerres - la compétition avec la radio et la récession.

Pendant la première guerre, GNTC continue ses activités normales, seules les activités d'entretien du réseau pouvaientêtre dangereuses à cause de la présence de mines. L'accroissement du réseau et de la technologie permet de faireface à une demande croissante. A la fin de la guerre le trafic se réduit mais les effets de la révolution d'octobre enRussie et les effets de la guerre civile entraînent l'interruption de la liaison avec Leningrad et la coupure de la ligne deSibérie au printemps de 1918.En janvier 1918, lorsque la Finlande devient indépendante, une ligne télégraphique estétablie entre Stockholm et Helsinki. En Janvier 1919, le centre de Liepaja est ouvert puis celui de Riga. Comme le câbleMoen - Bornholm - Liepaja est en service, la Lituanie est reliée au centre de Fredericia.

Une convention entre GNTC et l'URSS est signée en janvier 1922. Cela permet de rétablir la liaison Gothenburg -Leningrad en janvier 1922 et de prolonger le service sur Moscou à la fin de l'année 1922. En mars 1922, la ligne trans-sibérienne est rétablie après avoir été interrompue pendant 4 ans. En janvier 1923, la ligne directe Fredericia -Leningrad est ouverte sur le câble Stevns - Liepaja - Leningrad.

Le tracé initial de la ligne trans-sibérienne était Leningrad - Irkutsk - Blagovestchensk - Helampo - Harbin - Pekin maisil fût réduit en reprenant son tracé ancien entre Irkursk - Kiachta - Pekin et Irkursk - Vladivostok - Nagasaki. Pour desraisons politiques, les deux routes via Helampo et Kiachta ont été abandonnées dans les années 20. Une secondeligne dédiée à la compagnie est fournie par les autorités soviétiques entre Irkutsk et Vladivostok. Pendant longtemps,la compagnie exploite directement certaines stations de la route trans-sibérienne. Cette route est sans cesse amélio-rée de façon à permettre des transmissions automatiques sur des portions de plus en plus longues, l'efficacité et lavitesse de transmission étant sans cesse améliorées

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En 1932, la transmission directe de Leningrad à Vladivostok est possible, ce qui constituait alors le plus long circuittélégraphique du monde. En 1937, la ligne reliant l'Europe à l'Extrême - Orient est encore améliorée en étant exploitéeentre Helsinki et Nagasaki et tous les efforts portent désormais sur l'amélioration de la vitesse de transmission et laqualité du service. Ces efforts sont nécessaires car la compagnie doit faire face à une nouvelle forme de concurrenceavec la radiocommunication.

Les premiers circuits radio ont été ouverts avant la première guerre mondiale mais en nombre réduit sur les ondes lon-gues. Pendant et après la guerre, la technologie est considérablement développée et de nouvelles lignes sont ouver-tes. Or, le développement du trafic télégraphique international est sérieusement affecté par la crise entre 1930 et 1935au moment ou la radio prend son essor. Deux flux de trafic sont fragilisés, celui reliant l'Europe à l'Extrême Orient etcelui assuré par des compagnies européennes (relations à destination des colonies d'outre mer et de l'Amérique). Lerevenu annuel de la compagnie chute de 35 millions de Couronnes en 1920 à 15 millions de Couronnes en 1930.

La compagnie GNTC maintient sa qualité de service, sa rapidité de transmission et ses charges d'entretien et conservela préférence du public mais par ailleurs, les administrations donnent la préférence soit à leurs liaisons radio nationa-les ou à leurs compagnies de câbles si elles existent. Après 1935, la rapide croissance de la radio fragilise l'économiedu secteur câble en réduisant son trafic à acheminer et augmentant la part des charges d'entretien alors que les tarifsbaissent du fait de la concurrence. La guerre sino-japonaise de 1937 fragilisera également les activités de la compa-gnie.

La compagnie s'adapte aussi bien que possible à la conjonction de tous ces facteurs défavorables en améliorant sonorganisation, son innovation et sa productivité.

L'entretien du réseau.

Nous avons noté que le nombre des réparations a conduit la compagnie à mettre en place son service d'entretien descâbles des 1872 avec le pré-positionnement du HC Oersted à Shanghaï remplacé par le Store Nordiske 1 en 1881. Apartir de 1881, le HC Oersted est déplacé à Copenhague.

L'entretien du réseau a toujours été considéré comme l'un des éléments fondamentaux de la qualité de service offerteau client. Pour cette raison, la compagnie s'est toujours fortement impliquée dans l'exploitation et l'entretien de la liai-son trans-sibérienne mais également dans la maintenance des deux réseaux sous-marins. Au début de la mise en ser-vice des câbles, les défauts proviennent d'ancrages de navires mais aussi dragages de chaluts et autres engins depêche. Ce type de défauts se généralisant avec le développement des méthodes de pêche, la compagnie s'est enga-gée dans la protection des réseaux à titre individuel ou en partenariat avec d'autres compagnies pour développer deschaluts moins agressifs, distribuer les tracés des câbles et augmenter la résistance à la rupture des câbles.En dépit de toutes ces méthodes de prévention, la compagnie doit faire face à deux types de dommages bien spécifi-ques :

Les icebergs dérivant dans les eaux du Groenland ont conduit à étudier des tracés exempt de ce type de dom-mage en empruntant des vallées parallèles à la côte, inaccessible au frottement des icebergs sur le fond.Des vols de câble sur le réseau d'Extrême-Orient, l'acier et le cuivre étant revendus sur le marché. Au large de la Corée,plus de 100 Km de câble ont été prélevé sur le réseau de la compagnie en 1950.

Les câbliers Store Nordiske 2 (1922-1969) et Pacific (1922- ) chargé de l'entretien des câbles de la compagnie

Avec la pose des câbles reliant Shanghai à la Chine du Nord en 1900, la charge d'entretien s'accroît en Extrême Orientet un second navire devient nécessaire, il s'agit du NC Pacific. En 1923, le NC HC Oersted est remplacé par le NCEdouard Suenson et le premier Store Nordiske par un second navire du même nom

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. Avec ces 3 navires, la compagnie dispose d'une couverture exceptionnelle d'autant qu'elle peut compter à l'Ouest surl'aide de la flotte des PTT du Danemark (NC Peter Faber 1 et NC Krarup (1)." Le NC Pacific est construit en 1903 aux chantiers Burmeister and Wain de Copenhague. C'est un navire de1.570 tonnes - 115,5 mètres hors tout - 11,5 mètres de large - 6,9 mètres de tirant d'eau. GNTC partage sa propriétéavec Eastern Telegraph ce qui permet d'entretenir les deux réseaux des compagnies en Extrême Orient. Le navire estferraillé à Bombay (Mumbai) en 1950. " Le NC Edouard Suenson est construit par l'arsenal royal de Copenhague en 1922. C'est un navire de 1.560tonnes - 115,5 mètres hors tout - 11,5 mètres de large - 6,9 mètres de tirant d'eau. Il n'a qu'une seule hélice et unemachine à vapeur à triple expansion. Son équipement câble est fabriqué par Johnson et Phillips (comme le NC Pacific).Il possède 3 cuves de stockage de 1500 mètres cubes. Il est vendu pour être ferraillé en 1968 au chantier JernhavnenMasmedo." Le NC Store Nordiske 2 est construit à Nakskov en 1922 par le chantier local. C'est un navire de 1.462 tonnes- 116,5 mètres hors tout - 11,6 mètres de large - 6,9 mètres de tirant d'eau. Le navire est très semblable à l'EdouardSuenson. GNTC se sépare du navire en 1969. Acheté par un chantier japonais, il est appelé Ohtaka." Le NC Kabel (1) et le NC Karla sont des navires achetés par GNTC en 1939 et en 1941 pour faire face à dessituations ponctuelles. Ils ont été construits en 1918 et 1920 et ont été utilisés dans les eaux européennes. Le NC Kabelest vendu à l'URSS en 1940 et comme indiqué ci-dessus le Karla a sombré dans le golfe de Finlande le 12 janvier 1947en heurtant une mine." Le NC Northern est le dernier navire de GNTC. Le navire est construit à Gorinchen sous le nom de Dirpa Dan.Il possède une hélice directement manœuvrée par un moteur diesel de 1700 CV, le navire est mis en service en 1962.En 1967, GNTC l'achète pour remplacer le NC Edouard Suenson et le convertit en navire-câblier. Il est alors renforcépour se déplacer dans les glaces et muni d'un propulseur d'étrave à l'avant. Il est mis en service en 1968 sous le nomde NC Northern et basé soit à Copenhague, soit à Saint-Jean de Terre Neuve en remplacement du NC John Cabotpour l'entretien des câbles coaxiaux d'Atlantique Nord.

Lorsque les câbles coaxiaux remplacent les câbles télégraphiques, la répartition des participations dans les deuxréseaux de câbles sous-marins impose de nouvelles responsabilités dans leur entretien. A l'Est, l'opérateur japonaisKDD maintient le câble Naoetsu - Nakhodka avec le NC KDD Maru construit en 1967 et le NC Store Nordiske 2 quiétait basé à Hong Kong pendant la seconde guerre mondiale est retiré du service. A l'Ouest, le NC Edouard Suensonest, à partir de 1945, assisté par un navire affrété converti en navire câblier, le Karla pour la remise en état du réseau.

La maîtrise de l'entretien des réseaux oblige la compagnie à disposer de deux dépôts de câbles de réserve. A l'Est,le dépôt est situé à Woosung près de Shanghai. A l'Ouest, il est situé à Tuborg près de Copenhague. En 1919, le dépôtde Tuborg est transféré dans la zone hors douane du port de Copenhague.

Un dispositif d'entretien aussi performant était souvent mis à la disposition des autres compagnies ou Administrationsd'Extrême Orient ou d'Europe soit pour la pose de nouveaux câbles ou pour leur entretien.

La guerre de 1939-1945 et l'après-guerre. La remise en état du réseau télégraphique.

Le Danemark est envahi par l'Allemagne en avril 1940. Toutes les liaisons au départ de Copenhague sont interrom-pues et les difficultés ne font que commencer. De 1940 à 1945, le niveau de l'activité est au plus bas et aucun divi-dende n'est versé aux actionnaires. Le Conseil essaie de réagir en diversifiant ses activités vers les activités industriel-les. Le Directeur Général Bent Suenson s'en explique au Ministre du Commerce dans un courrier du 3 mars 1943 :

The war has, so to speak, stopped the activities of the Company. All its North Sea cables are blocked, the connectionto East Asia is blocked and the activities within East Asia have stopped… The state means that the countries withconcessions will get used to handling their telegraph traffic without assistance of the Company after the war (3)

Le 5 mai 1945, jour de la libération du Danemark, GNTC est dans une situation délicate. Il leur faut faire le point sur lasituation de la Compagnie, tenir compte de la guerre entre le Japon et la Chine, définir leur activités industrielles futu-res ou tout simplement fermer la Compagnie et distribuer la fortune collectée pendant " l'âge d'or d'avant-guerre " auxactionnaires. Le 18 novembre 1945, un groupe d'actionnaires danois propose d'investir leurs participations dans d'au-tres activités (4)

Quand les hostilités cessent, tous les câbles d'Extrême-Orient sont interrompus. En Europe, seuls les câbles au départde la Grande Bretagne sur les Iles Féroé et Islande, et entre la Suède et la Finlande sont restés intacts et les seulsrevenus proviennent d'Europe du Nord car le réseau reliant le Danemark à l'Angleterre, la Finlande et la Suède estremis en service quelques mois après la fin de la guerre. Il faudra attendre 1946 pour remettre en service le câble surl'URSS et 1947 pour rétablir les câbles avec la France. La station de Calais avait été complètement détruite par lesbombardements.

(3) Cité par M. Iversen - Lettre du 3 mars 1943.(4) Cité dans le procès verbal de la réunion du Conseil du 20 novembre 1945 (M Iversen))

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l'aide de toutes les autorités navales du Danemark, de Grande Bretagne, Russie, Finlande et Suède qui reconnaissentl'importance du rétablissement des lignes télégraphiques. Les services de déminage en dépit de la priorité donnée auxroutes de transport maritime aident la compagnie à sécuriser les zones de réparation. Pourtant, le 1er janvier 1947, leNC Karla saute sur une mine pendant une réparation dans le Golfe de Finlande et perd 16 membres d'équipage.

Le rétablissement des liaisons à l'Est était soumis à la signature d'un nouvel accord de la compagnie avec le Japon quisuivit le rétablissement de la liaison Nagasaki - Vladivostok en 1948. Pendant plusieurs années, seul le circuit Helsinki- Nagasaki était ouvert, puis un autre circuit etc… Progressivement, le trafic se rétablit au niveau d'avant-guerre. Lesautres câbles d'Extrême Orient sont tous remis en service mais la compagnie doit attendre l'accord des autorités chi-noises pour reprendre ses activités en Chine. Les représentants de GNTC considèrent que la Chine n'est pas recon-naissante compte tenu des efforts consentis pour développer le télégraphe en Chine.Du côté Ouest, un circuit avec la Pologne est rétabli en 1948 à partir des deux câbles existants. Or, la demande s'ac-croît considérablement depuis la fin de la guerre avec l'exploitation du service télex international. Les usagers deman-dent l'installation d'une ligne télex à domicile plutôt que de déposer leurs messages au guichet du public. Les ancienscâbles télégraphiques permettent d'exploiter le télex mais leur capacité est limitée et seuls, les nouveaux câblescoaxiaux sous-marins peuvent permettre de faire face à la demande croissante.

Le NC Edouard Suenson (vue générale et dans les glaces)

En 1950, le câble coaxial Danemark - Angleterre posé est la plus longue liaison du monde au moment de son inaugu-ration. Il fournit 24 circuits téléphoniques, capacité supérieure à celle des 3 câbles existants. En insérant des répéteursimmergés, la capacité est portée à 192 circuits téléphoniques qui permettent à GNTC d'offrir le télex à ses usagers,des circuits télégraphiques publics et des circuits téléphoniques loués à des entreprises. En outre, ce câble sert de sup-port aux circuits télégraphiques avec la France via Londres ce qui permet d'abandonner les câbles télégraphiques Oye- Fano. L'accord des administrations suédoise et Finlandaise permet également l'abandon des 4 câbles reliant leDanemark à ces deux pays.

En 1960, GNTC installe un nouveau câble sous-marin avec la Pologne pour remplacer celui de 1948. La compagnieachète ce câble de 60 circuits téléphoniques en copropriété avec les deux administrations qui exploitent en communle service téléphonique pendant que la compagnie se consacre au service télégraphique et télex et à la location de cir-cuits privés. La même année 1960, les administrations britanniques et suédoises installent une liaison et fournissent àla compagnie des circuits télégraphiques en location. Cela permet d'abandonner les deux câbles reliant la Suède auRoyaume Uni dont les frais d'entretien devenaient excessifs.

GNTC assure la promotion de 4 câbles reliant L'Ecosse aux îles Féroé et à l'Islande (Scotice) ainsi que l'Islande, leGroenland et le Canada (Icecan), en liaison avec la COTC (Canada) et les PTT du Danemark, d'Islande et de GrandeBretagne. Ces liaisons de 24 circuits téléphoniques sont mises en service en janvier 1962 et permettent d'abandonnerles câbles télégraphiques existants. La compagnie devient # opérateur téléphonique pour la première fois en fournis-sant le téléphone à l'organisation de l'aviation civile internationale (OACI) sous forme de circuits téléphoniques loués.La compagnie acquiert les centres de Thorshawn (50 % avec PTT Danemark) et de Fredericksdal (100 %). Par ailleurs,le NC Edouard Suenson est l'un des navires chargé de l'entretien des câbles fréquemment interrompus par les glacesau voisinage du Groenland.

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En 1967 après plusieurs années de négociation avec le Ministère des PTT soviétique et KDD (japon), un accord estsigné pour moderniser la traversée de l'URSS de façon à disposer d'une liaison moderne capable d'acheminer les ser-vices télex et téléphonique. Les lignes de 1872 sont remplacées par une liaison 120 voies. Le câble coaxial reliantNaoetsu (Japon) à Nakhoda (URSS) est mis en service en 1969 et la ligne sibérienne prévue pour 1872, un siècleaprès la liaison télégraphique. Les deux câbles télégraphiques de Vladivostok sont abandonnés.

Le réseau des câbles coaxiaux de 1969

La station de Thorsdavn (Féroé) et les équipements de télégraphie harmonique de Vestmanna (Islande) sur lesystème Iceland - Scotice mis en service en janvier 1962.

Depuis le début des années 60, la compagnie a dû faire face à une compétition sévère avec les opérateurs téléphoni-ques, le développement des systèmes sans fil (radio, hertzien et satellite), et une nouvelle répartition des revenus entreles opérateurs d'un même circuit. Toutes ces raisons font que la part de revenu des câbles sous-marins a diminué, lesréseaux télégraphiques étant intégrés dans les réseaux téléphoniques des opérateurs.

L'évolution de la période d'après-guerre décrite ci-dessus est traduite en chiffres par Martin Iversen dans son étude.On peut remarquer que la remise en service de quelques câbles avant 1950 permet de passer le CA à 16,2 M DKK etl'installation des câbles coaxiaux sur le Groenland en 1963 entraîne un revenu annuel de 32 M DKK en 1965. Noussommes toujours loin du revenu de la compagnie dans les années 1920 (30 M DKK). Les productions industrielles per-mettent des revenus de 22, 9 M DKK (1960) et 47,2 (1965) largement supérieurs au cœur de métier.

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La courbe des charges de la compagnie suit la courbe des revenus tout en restant supérieure. La Compagnie doit faireface à un grave défi. Sur le plan national, première société danoise en 1938, elle passe au douzième rang en 1970.Ce maintien parmi les 15 premières sociétés danoises n'est pas dû aux activités d'opérateur de télécommunicationmais à la diversification industrielle amorcée après 1945

La diversification industrielle : Lutte pour la survie ou construction d'un empire ?

Années 1946 1950 1955 1960 1965Revenus (M DKK)Télégraphe 7,3 10,6 16,2 16,6 32Capital & Divers 5,0 5,9 7,4 7,2 6,9Production 22,9 47,2Dépenses M DKKSalaires 7,2 7,2 8,2 9,2Total 12,7 13,5 18,4 18,7 8,1

Après 1945, la GNTC qui doit faire face à la réduction d'activités dans son " cœur de métier " cherche naturellement àse diversifier. Martin Iversen pose d'ailleurs la question : Lutte pour la survie ou Construction d'un empire ?(5) LaCompagnie dispose de disponibilités financières et elle peut faire face sans difficultés à la fin programmée des réseauxtélégraphiques face à l'émergence de la téléphonie analogique sur les câbles coaxiaux. Or, la technologie du téléphonea une structure bien particulière. Bidirectionnelle, une liaison téléphonique se compose de deux demi-circuits et peutêtre mise en place par les opérateurs publics (au Danemark, il s'agit de l'administration des PTT). A défaut d'espacede développement dans les colonies (C&W en Grande Bretagne ou FCR en France) ou de dérogation au Monopole(Italcable en Italie), les compagnies télégraphiques privées n'ont plus d'espace de développement dans la téléphonie.C'est le cas de GNTC mais également des compagnies américaines (Western Union et Commercial Cable). SeulesWestern Union et GNTC cherchent à se diversifier tout en restant au moins opérateur, la première dans les transfertsd'argent et la seconde dans la production industrielle.

Rappelons que GNTC produit depuis 1875 ses propres équipements télégraphiques et électro-mécaniques dans sonatelier de Copenhague plutôt que de l'acheter à l'étranger. La qualité de son équipement est reconnue par de nombreu-ses administrations qui l'achètent pour leurs propres besoins. Pendant la seconde guerre mondiale, la compagnie sediversifie en Angleterre près de ses bureaux de Newcastle et Londres.

A/S Union (1946 - 1953)

A l'automne de 1945, GNTC décide d'investir 500 M DKK représentant 25 % du capital d'une société de fabrication demachines à imprimer des livres de comptabilité pour une société suédoise mais l'affaire ne se fait pas. L'année sui-vante, Bent Suenson, étudie l'acquisition de la société danoise A/S Karv, fondée en 1938 et employant 35 personnes.Elle fabrique des caisses enregistreuses. Après sont achat, l'entreprise est rebaptisée A/S Union.

Pendant 8 ans, le chiffre d'affaire de la société ne dépasse pas 1 M DKK et en 1951, deux administrateurs de BNTCdemandent à s'en séparer. Deux ans plus tard la société est mise en liquidation alors qu'elle a 1,2 M DKK de dettes.Cette expérience montre au Conseil qu'il est beaucoup plus difficile de dégager des bénéfices dans le secteur indus-triel que dans les télécommunications.

A/S Storno (1947-1975)

En juillet 1947, deux jeunes ingénieurs, Erik Petersen et Svend Falck Larsen proposent à GNTC de développer deséquipements VHF fondés sur la technologie FM (modulation de fréquence). Pour eux, le marché existe, ils ont déjàfourni les pompiers danois et plusieurs compagnies d'aviation de l'aéroport de Copenhague. Petersen et Larsen cher-chent un support financier pour construire une unité de production. L'idée est présentée au Conseil qui confirme sonaccord le 7 août 1947. Storno devient un département de GNTC mais a une filiale comme le souhaitaient les fonda-teurs. A partir de janvier 1948, un investissement de 850.000 DKK est dégagé. En 1949 une première commande desPPT danois est enregistrée pour 239.000 DKK puis les exportations s'envolent à partir de 1950 au rythme de 2 à 3 MDKK par an. Pourtant les résultats ne sont pas satisfaisants. Une expertise indépendante démontre que les coûts deproduction et qu'un contrôle des prix est nécessaire. Le Conseil décide de filialiser l'activité et A/S Storno est fondé ennovembre 1958, onze ans après sa création

(5) Iversen (Martin J.), Struggling for survival or building an Empire ? The Great Northern Telegraph Company 1945 - 1970. EBHAconference 2001 - Copenhagu

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Les usines des entreprises Automatic et Storno

Niels Borge Bentsen est nommé directeur général. Il présente un bénéfice de 800.000 DKK dès 1959. La demande estétrangère (métro de Londres, compagnies de taxis en Norvège et en Suède, armées d'Afrique du Sud et d'Irlande. En1959, Storno est contacté par le géant américain Motorola pour devenir son agent en Europe. Les négociations durentdeux ans car GNTC hésite à conclure l'accord et l'affaire est classée en 1961. En 1960, Storno établit une coopérationavec l'anglais Southern Instruments qui produit les équipements en Angleterre pour l'ensemble du Commonwealth. En1962, les discussions s'ouvrent avec l'allemand Siemens qui signe une commande de 3 M DKK et une option pour 3ans pour un montant de 50 M DKK. La réputation de Siemens apporte beaucoup à Storno dont les commandes sontde 24 millions en 1963, 32,6 millions en 1965, 54 millions en 1966. Le directeur financier de Storno établit une straté-gie sur 5 ans avec une augmentation du chiffre d'affaires de 33 % par an. La direction de GNTC a toute confiance ensa filiale et se préoccupe davantage de télégraphie.

Pourtant, le risque de mauvaises prévisions et dépenses incontrôlées est toujours présent. Le rapport prévisionnel pré-senté au Conseil en avril 1969 annonce des prévisions de recettes de 60 M DKK. Les ordres des agents étrangers deFrance, Pays-Bas et Norvège sont comptabilisés alors qu'ils ne correspondent pas à des commandes réelles et ils setransforment en stocks que les agents ne peuvent pas payer. L'année suivante, en 1970, Siemens dénonce l'accordet, pour l'Allemagne, une différence de 25 M DKK apparaît entre les prévisions et la réalité. GNTC doit recapitaliser safiliale pour un montant de 10 M DKK. En 1971, Peter Vange le directeur général réduit la production et licencie plus de400 employés.

En 1974, le nouveau directeur Général de GNTC, Erik B Rasmussen, présente son analyse de la situation. Storno estsous-équipé pour faire face à la production de masse d'un équipement de haute technologie, il doit produire des équi-pements correspondant à des normes différentes et automatiser sa production de semi-conducteurs. Financièrement,sa situation est trop faible, son organisation n'anticipe pas sur le marché futur et sa direction trop réduite. Il conclutque GNTC doit, soit engager toutes ses ressources financières dans la future société Storno, soit la vendre à une firmeplus importante qui produit des téléphones portables. En 1975, la filiale est vendue à General Electric. Le présidentBent Suenson s'explique sur les raisons de la vente en 1977, le manque de capital et l'absence de liens entre les pro-ductions de la filiale et le métier de la maison-mère.

Great Northern Telegraph Works (1949 - 1967)

GNTC fabrique son matériel télégraphique depuis l'origine (1880). En 1945 une trentaine de personnes, des ingénieurstravaillent dans l'atelier appelé GNT Works. En 1949, le chiffre d'affaires décolle grâce à la modernisation de l'outil deproduction et la reprise de la vente des transmetteurs télégraphiques, le CA passe de 700.000 DKK en 1948 à 1,6 MDKK en 1952. Ensuite, le CA stagne car un nouveau type d'appareil, le téléimprimeur a fait son apparition et se géné-ralise aux extrémités des lignes télégraphiques qui a le double avantage d'être plus rapide sans demander de person-nel expérimenté. GNT Works commence l'étude de l'appareil en 1951, le modèle expérimental est disponible dès 1954et le prototype en 1956. La qualification de ce prototype est longue car il comporte de nombreuses imperfections. En1958, les études s'élèvent déjà à 1,7 M DKK. Le Conseil approuve la poursuite de l'étude mais demande qu'à l'avenir,tout projet de ce montant soit soumis à approbation de la maison - mère avant d'engager l'étude. Après quelquesannées d'hésitation et des contacts avec Ericsson, GNTC décide de ne pas se lancer dans une production de massealors que Storno est déjà à la peine.

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En 1962, compte tenu des bons résultats de Storno et de l'intérêt des administrations danoises et suédoises pour untéléimprimeur, l'étude reprend mais la compagnie américaine Western Electric (filiale d'AT&T) propose sur le marchéun appareil 50 % moins cher que l'appareil de GNT Works. En 1963, le Conseil apprend la dérive du coût de laconstruction de l'usine de production qui passe de 350.000 DKK à 800.000 DKK et celui des machines de productionsde 350.000 DKK à 1,1 M DKK. Les premiers appareils sont mis à la disposition des clients (PTT de Suède et duDanemark) qui notent des défauts de jeunesse et les livraisons prévues en 1965 sont suspendues. En 1966, 171 télé-imprimeurs sur 850 ont été fabriqués lorsque le Président de GNTC, Stevenius Nielsen, décide de suspendre les inves-tissements. Des discussions sont ouvertes avec l'entreprise suédoise Ericsson.

Comme Ericsson possède 49% de la compagnie danoise Telefon Fabrik Automatic A/S, l'accord prévoit la fusion deGNT Works dans cette société qui devient alors GN Automatic A/S où GNTC est majoritaire. Tout est en place pour le1 janvier 1968.

GN Automatic A/S (1968 - )

En 1968, GN Automatic SA dégage un CA de 77 M DKK mais le déficit est de 2 M DKK. Les années suivantes, Ericssonet GNTC doivent encore supporter les pertes de la nouvelle compagnie et Ericsson souhaite la mise au point d'un meil-leur produit. L'appareil est disponible en 1971 après 1 M DKK d'investissements chaque année. Dès lors, la productionrespecte les budgets prévus…

GNTC en France selon Jean Wiart (6)

A Calais, on l'appelait la Northern. Elle avait un bureau à Calais depuis la mise en service du câble Oye - île de Fanoe1873 dont on ignore l'emplacement jusqu'en 1882. Ensuite, le centre est hébergé dans le nouveau bâtiment de laGrande Poste de Calais Nord. Son bureau ouvrait au n° 1 de la rue Jean de Vienne. Ainsi le trafic pouvait quitter lesservices des PTT et emprunter directement les câbles sous-marins de Calais jusqu'à Fredericia. Le personnel du cen-tre était danois. A l'origine, le directeur s'appelait Mr Jens Petersen, qui fut remplacé par l'un de ses adjoints, Mr EJansen, lorsqu'il fût nommé à Paris en 1891. Cette année là, un second Oye - Fanoe est posé et la ligne est alorsexploitée directement de Fredericia à Paris. Toutes ces dispositions améliorent à la fois la sécurité de la liaison, la sécu-rité des messages et la rapidité de transmission.

Les deux liaisons ont fonctionné normalement jusqu'au 9 avril 1940 y compris pendant la première guerre mondiale.Le 9 avril 1940, les forces allemandes occupent le Danemark et la ligne est interrompue. Mr Olsen qui avait succédéà Mr H A B Hansen était alors chef de centre. Les 25 et 36 mai 1940, la grande poste de Calais Nord est anéantie parles bombardements.

En 1947, la Northern décide de remettre en service la liaison et Mr Hansen fût chargé de trouver un local, il obtient unelocation dans un immeuble réquisitionné par les forces d'occupation appartenant à la famille West au n° 3 du boule-vard Gambetta. La station repris son activité sous la conduite d'un technicien français Mr Brousse. Le ménage Hansens'installe alors à Calais pour un séjour de courte durée, étant nommé à Helsinski. Mr Petersen le remplace. En 1957,les deux câbles télégraphiques Oye - Plage - Fanoe sont abandonnés avec la mise en service du câble coaxial 192circuits reliant le Danemark à la Grande Bretagne. La liaison reliant la France au Danemark est transférée sur ce nou-veau câble et les deux bureaux de la Northern en France sont fermés définitivement.

Conclusion

En raison des difficultés de l'après-guerre, les revenus n'ont pas permis de verser de dividendes. L'année 1949 est laplus critique. Ensuite, chiffre d'affaires et revenus s'accroissent et permettent de verser un dividende de 9 %, le capi-tal de la holding étant de 18 millions KR (avec 1 £ = 18 KR). En 1969, année du centenaire, la compagnie semble sainemais elle a abandonné son activité principale sans pouvoir bénéficier d'une licence d'opérateur téléphonique.

En 1973, GNTC présente de ses activités pour la première fois de son histoire des comptes consolidés. Le Chiffre d'af-faires est de 599 M DKK dont 29 millions DKK représentent ses activités dans les télécommunications et 554 M DKKses activités industrielles. Dans ces conditions GNTC n'est plus un véritable opérateur de télécommunications.

BibliographieLes Annales télégraphiques (AT), Années 1855-1856, 1858-1865 et à partir de 1875.The Great Northern Telegraph Company, published by GNTC, FE Bording Ltd, Copenhague, 1 juin 1969.Nomenclature des câbles formant le réseau sous-marin du globe, Bureau International des Administrations télégraphiques, Berne,18 éditions entre 1877 et 1972.World's Submarine Telephone Cable Systems, NTIA, US Department of Commerce, Washington, 1990.Barthy-King (Hugh), Girdle round the earth, Heinemann, Londres, 1979.Iversen (Martin J.), Struggling for survival or building an Empire? The Great Northern Telegraph Company 1945 - 1970. EBHA confe-rence 2001 - Copenhague.Joukowski (Dimitri), La Russie, important maillon du système mondial de télécommunications, Colloque d'histoire des télécommu-nications de Villefranche sur Mer des 1-3 juin 1989.Haigh (Kenneth R.), Cableships and submarine cables, Londres, Adlard Coles Ltd, Londres, 1968 et 1978.Wiart (Georges), La station calaisienne du télégraphe danois, article publié dans les dossiers de l'histoire calaisienne.

(6) Wiart (Georges), La station calaisienne du télégraphe danois, article publié dans les dossiers de l'histoire calaisienne.

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Carl Fiedrich Teighen

Alain Van Oudheusden

Carl Fiedrich Teitgen est né le 19 mars 1829 à Odense (Danemark), fils d'un directeur d'un club social de la bour-geoisie locale. Excellent élève, il termine des études commerciales et part travailler 5 ans à Manchester(Angleterre) et fait des déplacements en Allemagne, Norvège, et Suède. En Angleterre, il s'initie au travail de

banquier, activité encore prisée dans son enfance au Danemark.

De retour au pays, il se marie à Vejstrup dans l'île de Funen le 8 août 1855 avec Laura Charlotte Jørgensen qui estalors âgée de 19 ans. La même année, il fonde sa propre maison de commerce installée à Copenhague mais cettepremière carrière est courte car deux ans plus tard, ayant été commis comme curateur dans une banqueroute, ildémontre un tel sens des affaires qu'il est invité a rejoindre la direction d'une banque privée qui le chargera de fonderla première banque privée danoise. Il introduit le chèque au Danemark. Dès lors, il est capable de bâtir de nombreuxprojets d'investissement et de fonder des nouvelles sociétés en plaçant son argent dans ces affaires

Carl Fiedrich Teitgen (1828 - 1901). Sa statue à Copenhague

Il fonde en 1868, la Grande Société des Télégraphes du Nord - Det Store Nordiske Telegraf-Selskab - The GreatNorthern Telegraph Company dont le siège se situe au centre de Copenhague qui s'impose comme un premier concur-rent sérieux de l'Eastern Telegraph britannique.

Tout en veillant au développement de GNTC, C F Teighen fonde de nombreuses affaires danoises dans tous les domai-nes. 1866 - Det Forenede Dampskibs-Selskab (The United Steamship Company), une compagnie de ferry devenue auj-jourd'hui l'une des plus grandes compagnies mondiale de ferry.1872 - A/S B&W . Baumgarten et William Waim, un constructeur anglais de navires à vapeur dès 1848, fondent leurchantier naval en 1872. 1881 - De Danske Sukkerfabrikker (sucre) et Danish Distillers deux sociétés du groupe qui sont à l'origine du plusgrand groupe danois Danisco A/S, grand groupe pharmaceutique et agroalimentaire fondé en 1989.1873 - Tuborg. Cette brasserie fondée par C F Teigen à Hellerup dans le quartier Nord de Copenhague est devenueune filiale de Carlsberg en 1970.1879 - Thingvalla Line est une compagnie de transport maritime fondée à Copenhague qui dessert New York - Kristinia(Oslo) et Kristiansand avec une flotte de 10 navires. En 1898, elle fusionne avec DFDS pour devenir ScandinavianAmerican Line.1982 - Kjøbenhavns Telefon Aktieselskab|KTAS société téléphonique qui, nationalisée deviendra Danish Telefon.

C F Teighen est également un philanthrope. Il construit plusieurs églises comme Marble Church à Copenhague,Taarbæk Church sur la côte de l'Oresund au Nord de Copenhague.

En 1896, C F Teitgen a une petite hémorragie cérébrale qui lui cause une paralysie faciale légère. Il reste affaibli pen-dant les dernières années de sa vie et doit se retirer de la plupart de ses activités Il décède le 19 octobre 1901 et unecérémonie est célébrée dans l'Eglise de Marble Arch le 25 octobre. Il est enterré à Lyngby le 29 octobre 1901

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Edouard Suenson

Alain Van Oudheusden

Edouard Suenson est né le 26 Juillet 1842 à Copenhague. Il est décédé le 21 Septembre 1921. Officier de marineet administrateur de la Société Great Northern Telegraph, Edouard Suenson est le fils du vice-amiral EdouardSuenson, le vainqueur de la bataille d'Heligoland qui oppose les flottes danoise et austro-prussienne. Cette

bataille livrée le 9 mai 1864 est la dernière bataille livrée entre des escadres en bois et la dernière impliquant leDanemark.

Edouard Swenson, officier de Marine en 1871 (à gauche) et Directeur Général de GNTC vers 1900 (à droite).

Edouard Suenson fils entre à l'Académie navale des cadets à 13 ans, en 1855 alors que son père commande l'Ecole.Il est nommé officier en 1861, lieutenant (First-Lieutenant) en 1868, et continue sa progression dans la hiérarchiejusqu'en 1901.

En 1862 et 1863, il effectue un voyage dans les Caraïbes et en Méditerranée sur la frégate Dagmar puis, en 1864 et1865, il participe à la seconde guerre des Duchés, embarqué sur la frégate Zélande. Il obtient ensuite un embarque-ment dans la Marine Française au service de l'amiral Roze chargé de l'escadre d'outre-mer en Extrême Orient(Indochine). Il participe en particulier à l'expédition punitive de Corée où il est blessé aux jambes. Il complète son tourdu monde par la Nouvelle Calédonie où il assiste à l'insurrection des années 1869 - 1870. Cette longue période dansl'escadre française, en particulier en Chine, lui permet de bien s'imprégner des mentalités asiatiques. A son retour auDanemark, il est affecté au Ministère de la Marine du général Waldemar Rudolph Raasløff. C'est sans doute à cetteoccasion qu'il rencontre F C Teighen. Celui-ci lui propose de retourner en Chine et une seconde carrière dans lescâbles sous-marins s'offre à lui.

C F Teitgen fonde la Northern China and Japan Extension Telegraph Company le 9 janvier 1870, il embauche ESwenson en mai qui part immédiatement installer les atterrissements de Hong Kong, de Shangaï et du Japon tout enpréparant les futures opérations de pose des câbles

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Si Suenson ne rencontre aucune difficulté au Japon, son intégration en Chine est plus délicate car il doit négocier desaccords avec les représentants du Commerce, des Douanes et de Sécurité Civile (Fire Départment) pour obtenir unatterrissement du câble. Finalement, il obtient un accord pour atterrir sur Guzlaff, un rocher situé dans l'embouchuredu Yangtse. De là, le câble touche Woosang, puis la rivière de Shanghaï jusqu'à Shanghaï. En août 1870, E. Suensonouvre à Shanghai le siège administratif de la compagnie. Parmi son travail, il faut prévoir la transmission des caractè-res chinois à l'aide de l'alphabet morse ; la compagnie édite un dictionnaire avant même la mise en service de la pre-mière liaison où chaque caractère chinois est représenté par un groupe de chiffre retranscrit en morse. Ce dictionnairemontre le niveau de développement de la correspondance télégraphique dans la Chine de l'époque mais égalementles difficultés de Suenson.

Les câbles sont commandés à l'industrie britannique et embarqués sur le navire de la Marine Danoise, le Tordenskjoldqui se charge également des reconnaissances préalables des tracés. Le navire arrive à Hong Kong en automne 1870.La campagne de pose du câble Hong Kong - Shangaï commence le 18 avril 1871 dans des centres déjà construits.Les 3 câbles suivants Shanghaï - Nagasaki, Nakasaki - Vladivostok et Vladivostok - Shanghaï installés au cours del'été de 1871 et immédiatement mis en service. Dès lors la mission d'E. Suenson est terminée, la Northern Extensionest en ordre de marche.

E Suenson épouse Camilla Lütken Magna le 28 juillet 1871. Elle est la fille du commandant Otto Von Lütken qui luidonne deux enfants Edouard Suenson qui deviendra ingénieur et Kay Suenson.

E Suenson représente la GNTC à la conférence de l'UTI de Berne qui prépare la troisième conférence des plénipoten-tiaires de Rome (1871). C'est au cours de cette conférence assombrie par la guerre franco-prussienne que les deuxaméricains Samuel Morse et Cyrus Field proposent d'approuver une procédure pour neutraliser les lignes télégraphi-ques en temps de guerre.

La route trans-sibérienne est officiellement ouverte au service public le 1er janvier 1872. CF Teitgen décide d'intégrerla société Northern Extension dans GNTC le 23 février 1872. Les deux conseils des compagnies sont regroupés ausein d'un seul et Swenson promu Directeur Général de la société Great Northern Telegraph Company (GNTC) en 1874.

Lorsqu'il prend la direction générale, la société connaît une prospérité exceptionnelle. Son capital est resté inchangéentre 1873 et 1928 (27 millions de Couronnes danoises) mais ses revenus se sont graduellement accrus pour attein-dre annuellement 20 % du capital. Il faut remarquer que toutes les extensions du réseau ont été financées sur ses res-sources propres. Lorsque C F Teitgen décède en 1901, E Svenson est tout naturellement nommé Président.

CF Teitgen a progressivement associé Suenson à ses sociétés, devenues les plus importantes au pays. En 1876, il estau Conseil d'administration de Svitzerske Salvage, puis dans Thingvalla et dans DFDS. En 1890, il préside une sociétéd'assurances et entre au conseil de la Banque privée. Il est au Conseil de la compagnie téléphonique KTAS, de FireNordic Insurance etc…

En 1881, il est décoré de la Croix de Commandeur de Dannebrog et en 1900 il obtient la médaille d'or du Mérite. Ilaccumule également les honneurs à l'étranger. Il est membre correspondant de la Royal Society of Arts de Londres,décoré du Double Ordre du Dragon chinois, de la légion d'honneur française, de l'ordre sacré Skat japonais, de l'ordredu Soleil Levant japonais, de l'ordre norvégien St. Olav, l'ordre de la Couronne de Prusse, de la Croix-Rouge russe, del'ordre de Sainte Anne (russe), de Saint Stanislas (russe), de l'Ordre de l'Etoile Polaire (suédois), de François Joseph(autrichien), de l'Ordre de Léopold (belge).

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LE SYSTEME EASSY

Par Michel Rouilleault

Le 16 juillet 2010, le constructeur européen, Alcatel-Lucent Submarine Networks livre le câble EASSy - EasternAfrica Submarine System -en temps et en heure (en réalité deux jours seulement après la date prévue au contratet ce malgré un grapinage de dernière minute), dans le budget imparti et surtout techniquement bien meilleur que

prévu. Une réalisation exemplaire qui cache pourtant une grande complexité d'environnement avant et pendant la construc-tion… Une aventure qui aura duré 6 ans !

Les prémices

Dès la fin 2003, un certain nombre d'opérateurs africains signent un premier MoU manifestant leur volonté de construirele premier câble à fibres optiques le long de la côte est de l'Afrique : le câble précédent dans la zone était un câbletélégraphique datant de l'ère coloniale britannique et hors service depuis la fin de la seconde guerre mondiale…Très vite, dans le projet on trouve des acteurs internationaux comme BT ou France Telecom mais surtout des acteursafricains comme MTN ou TSA qui serviront de tracteur au projet et de nombreux opérateurs locaux historiques ou nou-veaux comme Telecom Malagasy ou Zanzibar Telecom et des acteurs sans frontière maritime mais avide d'accéder àde la capacité internationale massive comme Botswana Telecoms (BTC).

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Le projet se développe avec l'aide de la Banque Mondiale et le C&MA est finalisé en octobre 2006. Cependant, le finan-cement semble alors loin d'être acquis, compte tenu de la participation de nombreux opérateurs africains de taille trèsmodeste. L'implication de fonds de développements, les DFI (pour Development Finance Institutions) apparaît alorsnécessaire pour donner corps au projet. C'est à ce moment que se dessine une solution de financement hybride, danslaquelle les " gros " opérateurs investiront en direct comme dans n'importe quel consortium alors que les " petits " serassembleront dans une " centrale d'achat " partiellement financée par les bailleurs de fonds.

C'est donc un montage complexe et complètement nouveau qu'il faudra mettre en place…Un chemin étroit et tortueuxoù les solutions sont à trouver au jour le jour pour faire travailler ensemble des acteurs très divers (opérateurs trans-nationaux, locaux, fonds publics et fournisseurs) dont les intérêts et contraintes sont très éloignés voire divergents.Le montage

Le consortium se compose donc de 15 acteurs, 14 opérateurs africains et multinationaux très impliqués dans la région:

- Bharti Airtel (Inde), - BT (Royaume Uni)- BTC (Botswana),- Comores Telecom (Union des Comores),- Etisalat (UAE),- France Telecom (France),- Telecom Malagasy (Madagascar),- Mauritius Telecom (Ile Maurice),- Neotel (Afrique du Sud),- Sudatel (Soudan),- TTCL (Tanzanie),- Telkom South Africa/ Vodacom (Afrique du Sud),- MTN (Pan-africain),- Zamtel (Zambie),

et d'une SPV (" Special Purpose Vehicle "), société conjointe créée pour la circonstance qui jouera le rôle de centraled'achat.

Ainsi, six bailleurs de fonds se mobilisent et demandent à Axiom de construire de toute pièce la SPV et de définir lesrègles du jeu pour y participer (participation à l'actionnariat, engagement d'achat anticipé, etc.). Celle-ci, la West IndianOcean Cable Company Limited (WIOCC) sera créée début 2007. A la demande des bailleurs de fonds, Axiom en assu-rera la gestion jusqu'au passage de relais à l'équipe permanente fin février 2009, devenant ainsi l'équipe qui négocie" contre " les DFIs les termes des emprunts. De droit mauricien, la société a ses bureaux installés à Nairobi.Les fonds de développement sont avant tout des banques, certes avec des objectifs louables de développement despays concernés, mais aussi avec la rigueur liée à l'utilisation de fonds publics (mais avec le recul, qui s'en plaindrait…).Il faudra donc construire un vrai plan d'affaires afin de convaincre ces partenaires financiers que ce n'est pas une aven-ture à fonds perdus et que les risques sont maîtrisés!

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Il n'y a pourtant que 75 m$ de dette à financer et environ 30m$ de fonds propres à lever mais il faut coordonner 5 bail-leurs de fonds (la DBSA jetant l'éponge en cours de route), 2 cabinets juridiques et une société de 11 actionnaires (denationalités différentes)… sans compter le fournisseur qui s'octroie un droit de regard sur les modalités et les sécuri-tés du financement de WIOCC et régulièrement les conditions contractuelles (prix, délais...) sont adaptées.

Les contrats de prêts, un ensemble d'une trentaine de documents " ultra-légaux " âprement négociés, sont signés finnovembre 2007, le contrat avec ASN se signe en mars 2008 et la mise en vigueur est prononcée le 12 juin 2008.

Maintes fois, on a cru voir cette construction (un château de cartes à l'époque !) s'effondrer lorsque des éléments inter-nes au projet (révision à la hausse du prix de construction, perte de partenaire, de DFI) ou externes (intervention duNEPAD, difficultés sur les autorisations d'atterrissement en Afrique du Sud, début de la construction de SEACOM) sontvenus fragiliser le travail déjà réalisé.

En final, les bailleurs de fonds sont :

La SFI, filiale de la banque Mondiale,L'AfDB, Banque Africaine de Développement,L'AFD, Agence Française de Développement,KfW d'Allemagne, etLa Banque Européenne d'Investissement (qui ne rejoindra le groupe que plus tard)

Et les actionnaires de WIOCC au moment de la mise en vigueur du contrat, auxquels s'est adjoint depuis la sociétéSeychelles Cable Systems :- Djibouti Telecom- Dalkom (Somalie)- Telkom Kenya, filiale d'Orange- UTL (Ouganda)- ONATEL (Burundi)- UCOM (Burundi)- Gilat Services- Zantel (Tanzanie)- TDM (Mozambique)- BTC (Botswana)- LCA (Lesotho)

Réunion du Procurement Group au Zululand (Mars 2009)

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Face à cette lenteur, le projet SEACOM, surfant sur la vague de besoin en fibre optique révélée par la longue promo-tion d'EASSY, se lance sur financement purement privé et prend une longueur d'avance et une mise en service 11 moisavant EASSy: l'itinéraire est sensiblement le même qu'EASSy et se prolonge vers l'Europe via le câble TE North initiépar Telecom Egypt et vers l'Inde à travers une branche possédée conjointement avec Tata.

La réalisation

Le feu vert, la mise en vigueur du contrat, est donné le 12 juin 2008 et la construction se déroule alors suivant le calen-drier prévu, dans les délais prévus, malgré les aléas typiques de ce genre de grands projets.Dès le début de construction, la situation de sécurité le long des côtes somaliennes se détériore, alors qu'elle était déjàpeu brillante. Le tracé est déplacé hors des eaux économiques de la Somalie et des moyens de sondage convention-nels, initialement envisagés, ne sont plus adéquats pour une bonne partie du tracé qui comporte environ 6 000 km enzone de piraterie. Finalement pour le " survey ", ASN propose d'utiliser un de ses navires câbliers, l'Ile de Sein, équipéd'un multi-faisceaux Fugro remorqué, sur lequel sont embarqués des commandos de la Royale. Cette opération est unsuccès, et la même configuration sera utilisée lors des poses, alors que les zones dangereuses se seront encore élar-gies. Néanmoins, cette situation engendre certains sacrifices : la branche de Mogadiscio ne peut être mise en œuvre (opé-ration marines difficiles, opérations à terre impossibles !) et un lien de substitution est en cours de construction entreBerbera (Somaliland) et Djibouti.Malgré un accrochage de dernière minute (pendant la recette finale) brillamment réparé par ASN avec un soutien arméde la marine yéménite, le système est livré à l'heure. Mieux, les tests optiques démontrent que le système est bien meil-leur que prévu, permettant d'envisager une capacité 3-4 fois supérieure à la capacité initialement prévu (certes les quel-ques améliorations techniques effectuées sur les terminaux qui passent à 40Gbit/s pendant la construction y contri-buent aussi).

Déjà les " upgrades "…

A l'origine, le système était envisagé avec 2 paires de fibres, équipées chacune à 32 longueurs d'onde à 10 Gbit/s cha-cune, soit 640 Gbit/s de capacité de conception (Design Capacity).

A la suite du bouclage financier de mars 2008, des investissements de dernière minute permettent d'envisager d'aug-menter la capacité totale du câble en ajoutant quelques répéteurs. C'est une des premières tâches du groupe d'achat(Procurement Group) qui négocie avec le constructeur de rajouter une vingtaine de répéteurs (de bande optique pluslarge) afin de pousser la capacité à 68 x 10G longueurs d'onde par paire de fibres, soit un système de 1,36 Tbit/s, cequi en fait le système le plus important sur la côte est de l'Afrique. La capacité initialement installée est également aug-mentée de 50%.

Tout récemment, et moins d'un an après la mise en service, le consortium a décidé la mise en place d'un upgrade d'icila fin 2011, permettant de porter la capacité allumée de 30 Gbit/s à 110 Gbit/s, voire 150 Gbit/s par paire de fibres.L'utilisation des tous nouveaux terminaux à détection cohérente à 40Gbit/s d'ASN pour cet upgrade permet d'envisa-ger une capacité ultime de 4.7 Tbit/s (en attendant mieux ! ?). Loin du " château de carte ", EASSy est donc devenuune des pierres angulaires du réseau optique africain et mondial !

Le succès de ce projet ne peut être mieux montré que par cette croissance du trafic en Afrique permise par EASSy,pour satisfaire les besoins d'accès à l'Internet, notamment pour les réseaux mobiles 3G : leur croissance est actuelle-ment considérable en Afrique et beaucoup plus rapide que prévu par les augures et autres analyses de marché.

Michel Rouilleault et Loic Le Fur - Mars 2011.

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Nouvelle présentation du site : cablesm.fr

Pour surfer sur notre nouveau site, connectez-vous sur : http://www.cablesm.fr

Cliquez sur le lien pour accéder à la nouvelle présentation du site :

Cliquez sur le lien pour accéder à la nouvelle présentation du site comme ci dessous

Les adhérents peuvent accéder aux rubriques qui leur sont réservées. Il leur suffit pour cela d'être identifiés.

Pour vous identifier, rien de plus simple, il suffit au préalable decréer un compte.

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Une nouvelle page s'ouvre, vous saisissez dans les cases :

- votre nom,

- l'identifiant (c'est le nom qui figurera dans la case iden-tifiant lors de la connexion)

- une adresse @mail valide (où vous recevrez l'@mail deconfirmation de votre inscription),

- le mot de passe de votre choix que vous répétez dans lacase vérification du mot de passe

- puis vous cliquez sur Enregistrez-vous

Sur la page d'accueil il apparait maintenant dans le cadre bleu clair le message suivant :" Votre compte a été créé et un lien d'activation a été envoyé à l'adresse e-mail que vous avez saisi. Notez quevous devez confirmer le compte en cliquant sur le lien d'activation présent dans l'e-mail avant de vous connec-ter. "

Sur votre messagerie, vous trouvez un mail émis par AACSM. (exemple) Bonjour XXX." Merci de vous être inscrit à AACSM.Votre compte a été créé, et doit être activé avant que vous ne puissiez l'utiliser.

Pour l'activer, cliquez sur suivant ou faites en un copier-coller dans la barre d'adresse de votre navigateur Internet:http://www.cablesm.fr/joomlacablesm/index.php?option=com_user&task=activate&activation=5030228d03e42a1740a2cb5c272ca321

Après activation, vous pourrez vous connecter à www.cablesm.fr en utilisant le nom d'utilisateur et le mot de passesuivants :- Utilisateur : (Nom que vous avez donné lors de votre enregistrement)- Mot de passe : (Mot de passe que vous avez donné lors de votre enregistrement)

Après avoir cliquez sur le lien, vous accédez au site avec le message suivant :" Votre compte a été activé avec succès, vous pouvez désormais vous connecter en utilisant l'identifiant et lemot de passe que vous avez choisi lors de votre inscription. "

Dans la colonne de gauche, il ne vous reste qu'à taper l'identifiant et le mot de passe puis de cliquer sur connexion

Le cadre connexion change Vous avez alors accès aux rubriquesréservées aux seuls membres enregis-trés.

Pour le moment, la seule rubrique réser-vée aux adhérents enregistrés est la rubri-que :Association/Fonctionnement

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Changement de président à la FNARH

Gérard Fouchard

L'assemblée générale de la FNARH s'est déroulée le 23 mars 2011 au studio Raspail à Paris. Alain Gibert suc-cède à notre ami Harry Franz qui a conduit la fédération depuis la libéralisation des deux entreprises FranceTelecom et La Poste dans des conditions difficiles et à la satisfaction des associations. Alain Gibert s'attaque à

une lourde tâche mais il a démontré combien il savait mener à bien des entreprises difficiles en organisant brillam-ment le colloque historique du Puy en 2009.

Pour ma part, je souhaiterais rendre hommage à Harry qui a soutenu notre association lorsqu'elle eut à affronter unemer forte. Harry a plaidé la cause de notre subvention annuelle après l'édition du livre Du Morse à l'Internet, nouspermettant ainsi de poursuivre l'édition d'un bulletin supplémentaire et de lancer notre site Internet.

Ci-dessus, debout de gauche à droite Marc Nunge (président par intérim), Harry Franz (président sortant),Mme Jacqueline Clec'h et Claude Pérardel (président fondateur). A la table, de gauche à droite, le trésorier

Alain Bernard (Assocation PACA) et Alain Gibert (nouveau président)

Le bureau (ci-dessous) a été reconduit.

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A S S E M B L E E G E N E R A L E D E L’ A A C S M

L'assemblée générale de notre association s'est déroulée le 22 janvier 2011 dans les locaux de la base nautiquede Saint Elme dans une ambiance agréable et de franche camaraderie. Tous les rapports ont été approuvés àl'unanimité et ils sont présentés sur le site internet de l'association www.cablesm.fr

Mr Treissières nous a fait une présentation de son travail et éditera une petite notice à l'intention desutilisateurs. Le bureau a été reconduit.

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Le coin des livres et des sites Internet

Rédaction

Bruit dans le monde du silence, lvre écrit par Made Ursula Pacaud-Meindl, qui est l’épouse du CDT Pacaud, comman-dant du NC Ampére

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13 avr. 2011

C'est un navire d'Alcatel-Lucent qui a finalement été choisi pour assurer la cinquième phase des opérations maritimes,relative à l'enquête sur l'accident de l'A330.

Le 1er juin 2009, l'Airbus A330 d'Air France, reliant Rio de Janeiro à Paris, disparaissait dans l'Océan Atlantique, avec228 personnes à bord. L'épave a été retrouvée dimanche 3 avril aux larges des côtes brésiliennes, à 3 900 mètres deprofondeur, un peu plus au nord de la dernière position connue de l'appareil accidenté.

C'est le navire " Ile-de-Sein " d'Alcatel-Lucent Submarine Networks (ASN), qui a finalement été préféré par le BEA(Bureau d'enquêtes et d'analyses) de l'Aviation civile, pour repêcher les débris de l'avion. Trois bateaux avaient déjàété pré-sélectionnés pour ces opérations : un navire du groupe français France Télécom, un de l'Américain PhoenixInternational et celui d'Alcatel.

L'" Ile-de-Sein " est équipé d'un ROV (Remotely Operated Vehicle ou robot submersible téléguidé), capable d'interve-nir à 4 000 mètres de profondeur, et pouvant remonter jusqu'à 200 kg à l'aide de bras articulés et jusqu'à 10 tonnes,grâce à un câble " ombilical ", le reliant au navire.

Estimée à plusieurs millions d'euros, l'opération de repêchage de l'épave et des corps des passagers, devrait démar-rer d'ici 1 mois. Le bâtiment se trouve actuellement dans les eaux des Canaries et devrait quitter le Cap-Vert le 21 avril,son retour étant prévu pour la mi-juin.

Le BEA espère retrouver les boîtes noires de l'appareil parmi les débris, car seuls les enregistreurs de paramètres duvol pourraient permettre d'éclaircir les conditions de la catastrophe, inconnues à ce jour. Jusque-là les seuls élémentstechniques connus sont une déficience des sondes Pitot de mesure de vitesse, qui, selon le BEA, ne peuvent expli-quer à elles seules l'accident.

Parallèlement, le navire américain qui a permis de localiser l'épave dimanche dernier, a quitté la zone vendredi, aprèsavoir pris quelques 15 000 clichés du champ de débris grâce aux " Remus ", des petits robots sous-marins autonomespouvant plonger jusqu'à 6 000 mètres de profondeu

Vol AF447 : un navire d'Alcatel-Lucent choisi pour remonter l'épave

VU SUR INTERNET

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LA VIE DE L’ASSOCIATIONUN AMI NOUS A QUITTE

Le 22 Février 2011 à Brest notre ami Pierre Ardus dit Dus nous a quittés.

De ses anciens compagnons,de la défunte DTRE, Service des Câbles sous-marins, un élan d'amitié unanime s'élèveà sa mémoire.Plus proche, des membres du personnel " machine ", il avait néanmoins, de par sa façon, de sa gentillesse et sa joiede vivre, la sympathie de tout son entourage.Méridional de naissance, c'est pour la Bretagne qu'il eut le coup de cœur, exerçant à loisir ses talents relationnels deboute-en- train. Il laisse en la mémoire de tous ses amis, cette jovialité permanente, fredonnant ses chansons favori-tes, de Brassens, Brel, Nougaro, … mais aussi les gueulant avec conviction lors des soirées de détente. C'était alors la révélation du " forban ", métaphore allégorique de notre regretté ARDUS Pierre.

Merci Nanard (Bernard Gillet) pour cette épitaphe.

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AU FIL DES ESCALES

Alain Devrand

FENETRES OUVERTES SUR UN MONDE MULTICOLORE

Il était une fois, il y a très longtemps, sur un bateau tout blanc, des hommes. Panachage d'humains d'une mêmenation mais de diverses régions. Chacun avec sa particularité; celui là, son langage, sa langue du terroir; celui-ci,son teint un peu plus basané que celui-là et, l'autre, cet autre qui était tout à la fois, baragouinant, bronzant pour res-

sembler aux deux autres. Peut-être il en avait-il un quatrième, plus farfelu que tous par son accoutrement vestimen-taire, sa pilosité développée, ses tatouages ternis par le temps.

Kaléidoscope d'une société se côtoyant durant des mois sans pour autant qu'il y ait de gros conflits ce qui amèneraientun dérèglement à la conduite des missions.

De haut en bas, de bâbord à tribord, chacun avait sa place. Celui là enviait l'autre à l'abri des intempéries, celui-ci repro-chait à celui-là d'être à l'air pur chaque jour et cet autre, <bouchon gras>, râlant sur les deux autres d'être toujours aujour, à l'air. Tout cela dans une ambiance bonne enfant.

Cent vingt âmes, tous services confondus : Pont, machine, service général, ingénieurs et techniciens terriens, parfoisplus marins que les marins. Des hommes prêts à se donner au maximum lorsque les travaux sont en cours. En mertrès souvent; allure 5 à 6 nœuds, plus ou moins 9 kilomètres/heure; de la patience, il en faut, de la minutie, encore plus.

Le câble qui se délove au fond d'une cuve, la machine qui ronronne doucement, la cuisine qui embaume l'atmosphèrefont un bourdonnement telle une ruche en pleine activité; sans oublier la passerelle où s'activent les hommes de quartet de surveillance du bon tracé sur une carte.

La vie, à bord, n'est nullement monotone pour qui sait occuper ses journées. Le travail prime, bien sur, mais il existedes loisirs à la portée de tout le monde. Belote, tarot, dominos, lecture, vidéo et bronzette. Faire le lézard par une expo-sition de quelques heures au soleil, dans un coin tranquille sur le pont, avec son bouquin, nourrit la peau d'un soleilhaut perché. Certains rougissent, d'autres brunissent et quelques uns cuisent. Notre infirmier, aux petits soins, enguir-lande copieusement ces imprudents. Rien n'y fait. Le lendemain sera le même rituel et tant pis pour les inconvénients.

En transit, d'autres activités. Regagner un port, un point ancrage d'une bouée marque offrent du repos bien mérité.Organisation de jeux, de concours dans le pont couvert, porcelet ou mouton cuit au barbecue sur la plage arrière.

Nous avons nos volontaires attitrés pour tourner la broche et surveiller la dorure de la couenne sans cesse arrosée.Délicat travail. Nous fournissons la bière car, la chaleur du feu, le soleil et l'ambiance font les lèvres se dessécher. Detoute façon, pourrions-nous laisser ces cuistots improvisés sans munitions?

Des panneaux de bois sur tréteaux servent de tables, des bancs sont confectionnés par le charpentier.

A la cuisine, le chef et son personnel confectionnent canapés, pour l'apéro, hors d'œuvre et accompagnement de laviande sous le regard attentif de quelques marins pour qui, une des principales préoccupations est, la nourriture.Chaque jour, ces quelques fines gueules viennent lorgner, sentir, goûter, donner un avis à ce chef, patient, devant tantde sollicitudes et de recommandations. Il faut que tout soit parfait. Lorsque la nourriture est bonne, tout va.

Quant aux grincheux insatisfaits, il y en a, comme partout. Ces gens là ne seront bien, nul part. Il faut faire avec.

L'océan est un élément incontrôlable. En une nuit, il peut être effrayant. Roulis, tangage, de bâbord sur tribord, le flotfrappe avec violence la coque du navire, les paquets de mer se jettent sur le pont, le vent hurle.

Le réveil est parfois brutal à celui-ci mal arrimé sur sa couchette. Celle du bas, çà va mais, celle du haut. On peut seretrouver sur le sol de la cabine, vite fait.

L'arrivée au port est un soulagement; un plaisir de retrouver le plancher des vaches mais pas avant d'avoir eu l'autori-sation de descendre à quai. Les formalités des autorités du pays d'arrivée peuvent prendre du temps et certains de cesagents pointilleux ne se contentent pas que de papiers. Petits cadeaux recommandés

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M'enfin, tout est paré, nous pouvons aller à terre. Repas froid le soir; certains prévoient dîner localement. Nous som-mes une vingtaine tous services confondus. Des taxis à la coupée, plus ou moins ou plutôt, plus que moins, bringue-balant, attendent. Six ou sept à l'intérieur et le convoi prend sa route. Direction le centre de la ville. Circulation en dés-ordre, des feux qui ne sont là que pour faire acte de présence, aucun respect. Le klaxon est prioritaire pour signalerà l'autre qui, aussi, klaxonne à qui mieux mieux. Çà double sur la droite sans complexe, sur la gauche pour se rabat-tre, le clignotant absent, sur la droite. Les policiers, à grands gestes et coups de sifflets, tentent de réguler tout ce flotde véhicules à quatre, à trois ou à deux roues.

Plus de trente à l'heure. Pas possible et pourtant il nous semble aller très vite. Les coups de freins sont secs. Le pié-ton n'est pas roi mais semble s'en ficher, louvoyant entre les véhicules. Que de tôles froissées, que de cris accompa-gnateurs, des moulinets de bras sortis par les vitres pour on ne sait quels arguments salutaires ou vengeurs.

Folklore pour l'étranger, routine pour l'autochtone.

Fast food avant l'heure. Les restaurants s'agglutinent le long de la rue poussiéreuse du quartier populaire où grouilleune masse de gens affairés à on ne sait quel travail. Les épaves roulantes, toujours bruyamment, rasent les trottoirs.Nous allons sur l'arrière de l'échoppe, près d'une baie vitrée qui a du mal à laisser passer la lumière tellement elle estsale, vraiment très sale. La salle surplombe un ruisseau que des rats et canards se chargent de récurer.

Nous étions donc, là, autour du grande table, assis sur des bancs pas souples et d'une propreté douteuse. Établisse-ment vieillot sans confort dont le patron souriant nous explique, à force de grands gestes, qu'il faut aller choisir nos bolsremplis de victuailles disposés en vitrine, sans vitre, juste protégée par un plastique.

Quel spectacle, quel choix d'odeur et de couleur dans tous ces petits bols proposés. Du riz, du maïs, des légumes cou-pés en dés, en lamelles, en rondelles, des vermicelles et pâtes. Quant à la viande, les morceaux sont tranchés, broyés,découpés.

Qu'est-ce? Nul ne le sait; du porc, du poulet, du bœuf, du chien ou du chat peut-être même du serpent en rondelles,en filets et du rat frit. Par contre, çà, c'est du poisson mais lequel? Des crevettes!!! Et ces abats... Ils flottent dans unliquide noirâtre relevé par une forte odeur d'épices.

Un peu réticent, nous désignons ce qui semblent mangeables. Personne ne veut se rétracter. Nous sommes venus;nous irons jusqu'au bout de cette expérience.

J'avais déjà, comme beaucoup venant du commerce, goûté à une cuisine tant asiatique, qu'africaine sans jamaisn'avoir eu de problèmes. Pourquoi aujourd'hui?

Les charmantes hôtesses nous apportent les bols choisis, des baguettes et un morceau de papier blanc, grisonnant,pour serviette. Tout est disposé en vrac sur la table. Une assiette en carton, la seule chose paraissant acceptable, estdevant chaque convive.

Un peu de riz, un peu de légumes, un peu de ci, de çà et la dégustation peut commencer. Les baguettes pas facilesà manipuler.

La plus simple façon, après avoir tout mélangé, est de porter l'assiette à la bouche et de pousser. Le rire, devant nostentatives, décontracte l'atmosphère. Nos restaurateurs ne sont pas les derniers, au contraire. Ils participent à l'am-biance bonne enfant de ces hommes de la mer.

J'oubliais, la boisson. L'eau et les glaçons, pas recommandés; jus fruits et boissons américaines, trop sucrés; restentla bière et un vin qui n'a de vin que le nom, sorti d'une macération de riz, pas mauvais du tout, après quelques gor-gées.

Combien de temps sommes-nous restés. Je ne m'en rappelle plus mais ce que je sais c'est que nous avons été rejointspar d'autres gars du bord, par des passants et passantes, que les chants fusaient. De la Belle de Cadix aux Filles deCamaret, du zizi de Pierre Perret à la beauté de la Corse, venaient s'ajouter des airs locaux langoureux et tendres denos nouveaux amis.

Il fallait se décider de rentrer à bord.

Nous demandons, en faisant glisser le pouce sur l'index, à plusieurs reprises, combien... Ce geste est international.

Avec sérieux, notre restaurateur entreprend de remplir des bols avec les produits d'identique contenu. Riz avec le riz,légumes avec légumes, poulet avec poulet et ainsi de suite.

Les pleins d'un côté, les vides de l'autre; comptage et règlement comme partout mais, le plus anecdotique est que lespleins sont remis en vitrine.

***Bon appétit***

Nous y sommes retournés le lendemain, en plus grand nombre, et avons eu un petit verre d'arak, alcool de riz au goûtde miel, très goûteux et facile à boire, en guise de bienvenue.

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DANS LES LUMIERES D'UN PORT

De Rio à Manille et de Djakarta à Douala

L'égout, à ciel ouvert, épousant le contourD'un arroyo séché par le feu de la Terre,

Inonde, d'une odeur, tout ce monde alentourDisparate et bruyant, qu'un rien peut satisfaire.

Sur sa moto-taxi, sans souci du danger,Le pilote louvoie entre les véhicules

Tout aussi fous que lui, jouant à dérangerA grands coups de klaxon, des trainards ridicules.

La route défoncée et cet engin pressé Me mènent au marché, la vitrine à touristes

Où un capharnaüm au fatras agencé,S'entassent des objets vieillis par des artistes.

Elle vit jour et nuit, jamais d'interruption.Gargotes de trottoirs aux senteurs exotiques

Boîtes à matelots ne font pas l'exceptionCe tout est égayé par des airs de musiques.

Souvenirs de vingt ans, souvenirs d'aujourd'huiSe fondent dans mon cœur comme un livre d'images.

La page se referme et le temps me conduitVers d'autres horizons qui ne sont point mirages.

Alain DEVRAND

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Tableau peint par Jean Claude Roy